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INTRODUCTION
Ce dernier chapitre de notre travail consiste principalement à caractériser les différents
types de roches utilisés dans la cité antique de Tipasa et à identifier les différentes altérations
affectant les pierres de construction. Il sera également question d’étudier la durabilité de ces
roches soumises à différents environnements par le biais d’une étude expérimentale in-situ et
au laboratoire.
TRAVAUX DE TERRAIN
III-2.1. Inventaire des roches utilisées
Suite aux nombreuses informations collectées et citées dans le chapitre précédent, nous
avons pu procéder à l’inventaire des roches utilisées dans la construction de la cité romaine de
Tipasa. Au cours de cette étude, l’objet principal était axé sur l’observation, en se basant sur
une série de critères que sont : l’aspect général et la texture, la couleur, la surface et la chimie
(réaction à l’acide chlorhydrique) de la roche. De ce fait, nous avons pu respectivement
identifier quatre (04) types de roches (Fig-III.1) qui sont les suivants :
▪ Le grès (Fig-III.1A) ;
▪ Le calcaire (Fig-III.1B) ;
▪ Le marbre (Fig-III.1C) ;
▪ La diorite (Fig-III.1D).
A B
C D
Fig-III.1- Différentes roches identifiées A) Grès ; B) Calcaire lumachellique C) Marbre
; D) Diorite.
Une fois les types de roches identifiés, notre seconde étape a été consacrée à l’analyse de la
dégradabilité des pierres de construction et ce en faisant une description des différents types
d’altérations observés sur place en se basant sur des critères propres à chaque type d’altération.
Chapitre III : Etude expérimentale 23
A B
Fig-III.2 A) Mécanisme d'alvéolisation ; B) Alvéolisation observée sur un des murs de la cité
antique de Tipasa.
Chapitre III : Etude expérimentale 24
Fig-III.3 - Action mécanique des végétaux observée dans la cité antique de Tipasa.
Toutefois, les crustacés font presque partie intégrante de la pierre. Leurs racines pénètrent
dans les fissures existantes de la pierre ou, même, en créent d’autres par la production d’acides
organiques. Ils sont donc capables d’entraîner à long terme une désagrégation granulaire
superficielle.
Fig-III.4 Lichens observés sur les pierres en œuvre de la cité antique de Tipasa.
- Les mousses
Ce sont des végétaux qui n’ont pas de racines. Elles se répandent souvent sur les monuments
mais se développent toujours en milieu humide. (Fig-III.5)
Fig-III.5 - Mousse observée sur les pierres en œuvre de la cité antique de Tipasa.
Suite à notre observation, quatre (04) zones de dégradabilité ont été définies (Fig-III.8). Ce
sont :
III.2.4.1. Zone faiblement altérée :
La dégradabilité dans cette zone est très faible ; l’abondance des alvéoles est quasiment
nulle ; le bloc de pierre se trouve dans un bon état (Fig-III.8A).
Chapitre III : Etude expérimentale 27
B
A
C D
Fig-III.8. Niveau de dégradabilité observé sur les blocs de pierre A) Faiblement altérée ;
B) Moyennement altérée ; C) altérée ; D) Très altérée.
La figure (III.9) montre une modélisation 3D d’un mur situé au niveau de l’amphithéâtre
indiquant les différentes dégradabilités observées au niveau de la cité antique de Tipasa.
Fig-III.9 Modélisation 3D d’un mur présentant les zones de dégradabilité observées au
niveau de la cité antique de Tipasa.
Chapitre III : Etude expérimentale 28
B
Fig-III.10 Essai ultrasonique A) Appareil ultrason ; B) Essai semi-indirect ; C) Essai indirect.
Chapitre III : Etude expérimentale 29
A C
D
ESSAIS ET METHODES
III-4.1. Essais d’identification physique
III-4.1.1. Détermination de la masse volumique apparente (NF P 94-410-2) :
La masse volumique apparente est une caractéristique habituellement mesurée sur les
pierres. Elle reflète leur degré de compacité et permet d’évaluer leur masse pour un volume
connu. La densité est le rapport de la masse volumique de l’échantillon et la masse volumique
de l’eau dans les mêmes conditions de mesure.
L’essai consiste en la mesure successive des paramètres de masse (M) et de volume (Vt) qui
caractérisent le même échantillon. De là, nous pourrons calculer sa masse volumique, voire la
densité, comme suit :
𝑴
𝛄= (01)
𝑽𝒕
La masse de l’échantillon a été obtenue par pesage ; la mesure du volume a été faite selon
deux méthodes :
III-4.1.1.1 Méthode géométrique :
Dans cette méthode, le calcul du volume a été fait à partir des mesures géométriques de
l’échantillon. La forme de notre échantillon est un cube de dimension 40x40x40 mm (LxLxH).
III-4.1.1.2 Méthode par immersion dans l’eau :
Le calcul du volume, dans cette méthode, consiste à déduire le volume de l’échantillon par
immersion dans l’eau ; l’échantillon a été préparé de façon à ce qu’il ait une forme simple afin
de pouvoir le paraffiner facilement ; la prise d’essai est immédiatement pesée (M), et est
paraffinée aussitôt après.
La prise d’essai paraffinée est ensuite pesée (Mp) puis immergée dans une éprouvette
graduée contenant un volume d’eau connu (V eau).
Une lecture a été faite après immersion de la prise d’essai qui indique l’élévation du niveau
d’eau ; le volume de l’échantillon est déduit à partir de la différence entre le volume d’eau +
échantillon (V eau + ech.) et le volume d’eau (V eau).
𝑷𝒔
𝜸= (𝑽𝒔+𝑽𝒑)−(𝑽𝒑)
(02)
Où :
Ps : masse sèche ;
Vs : volume de l’échantillon ;
Vp : volume de la paraffine.
III-4.1.2. Détermination de la porosité (NF P 94-410-3)
La porosité est la valeur utilisée pour décrire l'ensemble des vides (ou pores) d'un échantillon
de matériau solide donné. Elle peut être définie comme le rapport du volume des vides sur le
volume total de la pierre.
Pour la réalisation de cet essai, trois (03) cubes de 40x40x40 mm, de chaque type de roche,
sont testés (grès, calcaire, diorite) (Fig-III.14).
Chapitre III : Etude expérimentale 33
Avant le début de l’essai, les cubes sont mis dans l’étuve pendant 24h, à 105C° pour s’assurer
que tous les pores soient débarrassés de l’eau. Ils sont ensuite pesés afin de mesurer leurs masses
sèches (Ms) (Fig-III.14A).
Par la suite, un bac rempli d’eau est préparé dans lequel les cubes sont immergés. Des pesées
sont effectuées toutes les 24h jusqu’à atteindre la saturation des cubes et déduire leurs masses
saturées (Mh) (Fig-III.14B).
Étant donné que notre échantillon est saturé et que tous les pores sont remplis d'eau, le
volume des pores (Vv) est égal au volume d'eau (Vw) présent dans l'échantillon saturé.
Par définition, la porosité étant le volume d'eau gagné par l'échantillon, elle est définie par
la formule suivante.
𝑽𝒗
𝒏= × 𝟏𝟎𝟎 (03)
𝑽𝒕
Où :
Vv : volume des vides ;
Vt : volume total de l’échantillon
A B
Fig-III.14 Détermination de la porosité A) Echantillons après étuvage ; B) Essai en cours.
Où :
ms : masse saturée ;
m0 : masse initiale ;
m48h : est la masse de l'échantillon après immersion 48 h dans de l'eau à la pression
atmosphérique.
Où :
mf : masse finale ;
B C
A B
C
A
RESULTATS ET DISCUSSION :
III-5.1. Interprétation des enregistrements H/V bruit de fond :
Les enregistrements ont été réalisés dans la zone Ouest des ruines romaines, à savoir
l’amphithéâtre et le théâtre romain (Fig-III.21).
2°26’22 2°26’52
36°35’43 36°35’43
36°35’30 36°35’30
2°26’22 2°26’52
La gamme de fréquence du sol enregistrée dans notre site d’étude, est comprise entre 6 et
60Hz. Les différentes courbes H/V obtenues ont été interprétées selon leurs formes et leurs
fréquences (Fig-III.22).
A B C
Fig-III.23 Eprouvettes caractérisant les différentes roches identifiées A) Grès ; B) Calcaire ;
C) Diorite.
Qz
Flc
Vd Vd Bt
Btr Ar
Btr
Flg
x100 x100
Fig-III.24. Analyse microscopique du calcaire (sable coquillé à éléments roulés) : vue en LPA
Vd : Vide de dissolution ; Qz : Grains de quartz ; Ar : Algue rouge ; Br : Bryozoaire ; Flg : Fragment lithique de grès ;
Flc : Fragment lithique de calcaire.
2. Le calcaire lumachellique :
L’étude en lame mince (Fig-III.25) montre un calcaire riche en silice. Les éléments sont
constitués de fragments de lamellibranches (bivalves), d'échinodermes mais aussi d’algues
rouges. On note également la présence de fragments lithiques, de grès et de calcaire.
Le ciment carbonaté est sparitique en franges et en mosaïque. On note aussi l’importante
présence de porosité de dissolution.
Selon la classification de DUNHAM, la roche est un calcaire Grainstone à coquille de
lamellibranche.
Cette roche s’est probablement formée dans un environnement littoral, là où règnent des
conditions de fort hydrodynamisme et l’abondance d’algues et de lamellibranches.
Qz
Flg
Qz
Vd Qz Qz
Vd
Ar
Bv
FL
x100 x100
3. La diorite :
L’étude pétrographique de cet échantillon a révélé une roche très différente de celle décrite
précédemment. En effet, la roche montre une texture grenue à tendance porphyro-clastique. Les
cristaux de biotite sont de taille millimétrique (Fig-III.2B). Ils sont associés à des minéraux tels
que les plagioclases (Fig-III.2B). Des minéraux ferromagnésiens sont aussi présents dans cette
roche.
On observe également des pyrites hématitisées (altération de la pyrite), ainsi que des grenats,
qui se sont formés soit par hydrothermalisme ou métamorphisme.
Il est parfois très difficile de se prononcer sur leur nature exacte.
Ph
Gt
Bt
Pt
Ph
x100 A x100 B
Fig-III.26. Analyse microscopique de la diorite : vue en LPA
Gt : Grenat ; Bt : Biotite ; Ph : Pyrite hématétisée ; Pt : Plagioclase.
Chapitre III : Etude expérimentale 44
La résistance à la compression uniaxiale est de l’ordre de 22,88 MPa (état sec de référence),
ce qui est caractéristique des roches moyennement tendres. Cette moyenne résistance
mécanique est étroitement liée à la porosité de la roche. Toutefois, la principale constatation est
la forte diminution de la résistance à la compression mesurée sur les échantillons saturés par
rapport à celle mesurée sur les échantillons secs. La présence d’eau joue donc un rôle important
dans la résistance du matériau, car, entre état sec et état saturé, la résistance atteint 71,54% de
la résistance totale de la roche.
Chapitre III : Etude expérimentale 45
La présence d’eau dans les pores de la roche conduit à une réduction de la résistance
mécanique pouvant s’expliquer par une diminution de l’énergie de surface de contact entre les
grains constitutifs, et donc à une modification des liens intergranulaires (Ojo, 1990 ; Dessandier,
1995).
La résistance à la traction par flexion de ce calcaire donne une valeur faible de 5,74 MPa
(Tech. Ing C5360) pour une épaisseur de 40 mm, et ceci revient probablement à la porosité
assez développée dans la roche.
III-5.4.2. Le calcaire lumachellique :
Le tableau (III.2) montre les résultats physico-mécaniques du calcaire lumachellique,
obtenus.
L’analyse du tableau montre une densité moyenne de 2,30 g/cm3 (EN 13383) avec un écart
type de 0,156. Ceci peut s’expliquer par la nature pétrographique de l’échantillon, considéré
comme un conglomérat constitué de différents éléments et donc probablement de densités
différentes.
Les résultats de la porosité montrent que la roche présente une faible porosité de 9,13%
(Anon 1979). Ceci peut s’expliquer par la présence de porosité de dissolution qui n’est,
cependant, pas connectée.
L’essai au scléromètre montre un faible Ir de 27,60 (< à 40). Ceci implique une forte
absorption de l’énergie du choc par la surface, du fait de sa porosité.
Les résultats de la vitesse du son, obtenus en laboratoire, montrent une vitesse de 3809,52
m/s, caractéristique d’une vitesse du son moyenne. Cette propriété physique mesurée au
laboratoire chute de moitié par rapport à celle mesurée in situ. Cette dernière, de l’ordre de
1797,83 m/s, est due au fait que la roche est altérée ; ce qui diminue de ses caractéristiques
physiques.
Tab-III.2 Résultats physico-mécaniques du Calcaire lumachellique.
La résistance à la compression uniaxiale est de l’ordre de 16,56 MPa (état sec de référence),
ce qui est caractéristique des roches moyennement tendres. Cette moyenne résistance
mécanique est étroitement liée à la porosité de la roche.
Chapitre III : Etude expérimentale 46
La résistance à la compression uniaxiale est de l’ordre de 161,11 MPa (état sec de référence),
ce qui est caractéristique des roches très résistantes. Cette valeur est expliquée, tout simplement,
par l’excellente densité et la faible porosité de la roche. La même tendance à été, également,
observée dans cette roche. Cette propriété mécanique qui est beaucoup plus importante à l’état
sec, chute de 45MPa à l’état saturé.
Chapitre III : Etude expérimentale 47
La résistance à la traction par flexion de cette roche donne une valeur forte de 24,07 MPa
pour une épaisseur de 40 mm. Ceci peut être expliqué par la faible porosité mais également par
la pétrographie de cette roche, c’est-à-dire, en raison de la résistance des éléments qui la
constituent.
III-5.5. Propriétés hydriques
Le calcaire (sable coquillé à éléments roulés) :
L’ensemble des résultats obtenus sont mentionnés dans le tableau (III.4) ci-dessous :
Tab-III.4. Résultats des essais hydriques du calcaire (sable coquillé à éléments roulés).
Absorption Evaporation Capillarité
Wt Sr Wt Sr C
6,438 ± 0,228 92,114 ± 0,803 0,0546 ± 0,027 0,610 ± 0,043 75,66 ± 5,85
Wt : Teneur en eau, en fonction du temps (%), Sr : Coefficient de saturation, après une semaine (%),
C : Coefficient d’absorption capillaire (%).
1. Absorption libre d’eau
Les trois cubes testés ont pratiquement la même cinétique d’absorption. Ils montrent une
adsorption d’eau relativement importante entre 0 et 4 min, qui correspond sur le graphique à la
pente raide (Fig-III.27). Ceci peut être expliqué par la forte porosité et la connexion entre les
pores, permettant l’accès rapide à la circulation de l’eau pour une courte durée.
Au-delà de 4 min, la cinétique d’absorption devient plus au moins lente jusqu'à saturation
complète de l’échantillon.
Le degré de saturation après 48h est estimé à 92,11%, ce qui confirme la forte porosité du
calcaire et sa capacité rapide d’absorption. La saturation complète est atteinte après 4930 min,
soit au bout de trois jours et demi.
4 Cube 1
3 Cube 2
2 Cube 3
1
0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Temps (Heure)
2. Evaporation
L’interprétation des résultats a été faite en s’aidant des travaux réalisés par Rose, 1968 ;
Hammecker, 1993 ; Rousset-Tournier, 2001 ; Chentout, 2014.
La figure (III.28) montre les courbes traçant la perte de masse par unité de surface, en
fonction du temps des trois cubes testés.
L’analyse du graphique indique que les trois cubes montrent approximativement la même
cinétique d’évaporation. La première partie correspond à la partie linéaire de la courbe qui est
marquée par une perte en masse importante entre 0 et 3000 min, soit deux (02) jours. Ceci est
expliqué par la forte porosité de la pierre, du fait qu’elle soit connectée et forme donc des
canaux. Cette partie de la courbe correspond à la phase capillaire (stade capillaire) (Fig-
III.28A).
Entre 3000 et 4000 min, on remarque que la perte d’eau par évaporation ne suit plus la
même évolution linéaire. On observe un ralentissement dans le flux d’évaporation témoignant
d’un changement de régime dans le mécanisme de séchage. Cette partie de la courbe correspond
à la seconde phase de l’évaporation (stade funiculaire) (Fig-III.28B).
Au-delà de 4000 min, on constate une perte de masse quasi constante mais faible. Ceci est
due au fait que la surface évaporante est totalement sèche, alors que l’évaporation a lieu au cœur
du solide et se fait essentiellement par diffusion de vapeur d’eau. Cette partie de la courbe
correspond à la troisième phase (pendulaire) qui est principalement contrôlée par la structure
porale de la pierre (Fig-III.28C).
Evaporation
7
5
A
Wt (%)
4
Cube 1
3
Cube 2
2 Cube 3
B
1 C
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000
Temps (min)
3. Imbibition capillaire :
Les propriétés d’imbibition par capillarité d’une pierre sont directement liées à la taille et à
la forme des pores, ainsi qu’à la connectivité du milieu poreux.
Les courbes d’ascension capillaire des trois cubes testés sont représentées dans la figure
(III.29). On remarque, à partir du graphique, que les courbes présentent quasiment la même
cinétique de capillarité. La montée de l’eau par capillarité est justifiée par des courbes
d’imbibition linéaire.
Le tableau (III.4), figurant ci-dessus, montre le coefficient d’absorption capillaire C du
calcaire, d’une valeur de 75,66 %. Ceci indique que le calcaire montre une importante
absorption capillaire avec une vitesse d’absorption capillaire Va = 6.10-4 m/s, qui peut
s’expliquer par sa forte porosité.
Les résultats obtenus nous permettent de conclure que le calcaire présente des pores de tailles
assez importantes et une connectivité des pores assez développée.
Imbibition capillaire d'eau
6000
5000
4000
Δm/S (g/m²)
3000 Cube 1
Cube 2
2000
Cube 3
1000
0
0 2 4 6 8 10
Temps (√t)
Fig-III.29. Courbe d’imbibition capillaire du calcaire (sable coquillé à éléments roulés).
Le calcaire lumachellique :
L’ensemble des résultats obtenus sont mentionnés dans le tableau (III.5) ci-dessous :
Tab-III.5. Résultats des essais hydriques du calcaire lumachellique.
Absorption Evaporation Capillarité
Wt Sr Wt Sr C
3,106 ±0,144 98,358 ±1,744 0,072 ±0,02 0,283 ±0,038 34,83 ±3,42
Wt : Teneur en eau, en fonction du temps (%) ; Sr : Coefficient de saturation, après une semaine (%) ;
C : Coefficient d’absorption capillaire (%).
1. Absorption libre d’eau
En analysant les résultats, la toute première remarque à signaler est que les trois cubes testés
se superposent sur le graphe, témoignant d’une cinétique d’absorption quasiment identique. Ils
montrent une adsorption d’eau relativement importante entre 0 et 9 min, correspond sur le
graphique à la pente raide (Fig-III.30). Ceci est dû à l’espace poral de la roche.
Chapitre III : Etude expérimentale 50
2 Ech1
1,5 Ech2
1 Ech3
0,5
0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Temps (Heure)
Fig-III.30. Courbe d’absorption libre d’eau du calcaire lumachellique,
après une heure.
2. Evaporation
La figure (III.31) montre les courbes traçant la perte de masse par unité de surface, en
fonction du temps, des trois cubes testés du calcaire lumachellique.
L’analyse du graphique indique que les trois cubes montrent approximativement la même
cinétique d’évaporation. La première partie correspond à la partie linéaire de la courbe qui est
marquée par une perte en masse importante entre 0 et 1000 min, soit une durée de 16 heures.
Ceci est expliqué par le fait que l’eau emmagasinée par les calcaires lumachelliques est moins
importante que celle emmagasinée par le calcaire (sable coquillé à éléments roulés). Ceci induit
une perte en masse plus rapide, du fait de sa faible porosité. Cela correspond sur le graphe au
stade capillaire (Fig-III.31A).
Le stade funiculaire est compris entre 1000 et 3000 min, témoignant d’un autre régime
d’évaporation qui se traduit par une faible perte en eau, représenté sur le graphique par une
tendance quasi linéaire de la courbe (Fig-III.31B).
Au-delà de 3000 min, on constate une perte de masse quasi constante caractéristique du stade
pendulaire (Fig-III.31C).
Chapitre III : Etude expérimentale 51
Evaporation
3
2,5
2
A
Wt (%)
1,5 Cube 1
Cube 2
1
Cube 3
0,5 B
C
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000
Temps (min)
3. Imbibition capillaire :
Les courbes d’ascension capillaire des différents échantillons testés sont représentés dans la
figure (III.32). On remarque à partir du graphique que les courbes présentent des cinétiques de
capillarités plus ou moins différentes. La monté de l’eau par capillarité est justifiée par des
courbes d’imbibition linéaire.
Le tableau (III.5), cité ci-dessus, indique le coefficient d’absorption capillaire moyen C du
calcaire lumachellique d’une valeur de 34,83 %. Ceci indique que le calcaire montre une
moyenne absorption capillaire avec une vitesse d’absorption capillaire Va= 4.10-4 m/s qui peut
s’expliquer par sa faible porosité.
Imbibition capillaire
1400
1200 Cube 1
1000 Cube 2
Δm/S (g/m²)
800 Cube 3
600
400
200
0
0 2 4 6 8 10
Temps (√t)
La diorite :
L’ensemble des résultats obtenus sont mentionnés dans le tableau (III.6) ci-dessous :
Tab-III.6. Résultats des essais hydriques du diorite.
Absorption Evaporation Capillarité
Wt Sr Wt Sr C
0,980 ±0,011 87,517 ±6,884 0,335 ±0,07 0,608 ±0,01 26,22 ±0,09
Wt : Teneur en eau, en fonction du temps (%) ; Sr : Coefficient de saturation, après une semaine (%) ;
C : Coefficient d’absorption capillaire (%).
0,8
Wt (%)
0,6 Cube 1
Cube 2
0,4
Cube 3
0,2
0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Temps (Heure)
2. Evaporation
L’analyse du graphique (Fig-III.34) montre que les trois cubes testés ont pratiquement la
même cinétique d’évaporation. La première partie correspond à la partie linéaire de la courbe
qui est marquée par une perte en masse importante entre 0 et 500 min, soit une durée de 8
heures. Ceci est expliqué par le fait que l’eau absorbée par les cubes est moins importante que
celle absorbée par les deux variétés de calcaire. Cette partie de la courbe correspond au stade
capillaire (Fig-III.34A).
Entre 500 et 3000 min, on note un stade funiculaire assez lent. On observe un ralentissement
dans le flux d’évaporation témoignant d’un changement de régime dans le mécanisme de
séchage (Fig-III.34B).
Au-delà de 3000 min, le stade pendulaire est atteint (Fig-III.34C).
Evaporation
0,8
0,7
0,6 A
0,5 B
Wt (%)
0,4
C Cube 1
0,3 Cube 2
0,2 Cube 3
0,1
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000
Temps (min)
3. Imbibition capillaire
Les courbes d’ascension capillaire des trois cubes testés de la diorite sont représentées dans
la figure (III.35). On remarque à partir du graphique que les courbes présentent
approximativement la même cinétique de capillarité avec une importante absorption capillaire,
entre 0 et 60 min, qui est justifiée par des courbes d’imbibition linéaire.
Le tableau (III.6), cité ci-dessus, montre le coefficient d’absorption capillaire C de la diorite
d’une valeur de 26,22 %. Ce qui indique que la diorite montre une faible absorption capillaire
avec une vitesse d’absorption capillaire Va = 3.10-4 m/s qui peut s’expliquer par sa très faible
porosité.
Chapitre III : Etude expérimentale 54
Imbibition capillaire
500
450
400
350
Δm/S (g/m²) 300
250 Cube 1
200 Cube 2
150 Cube 3
100
50
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (√t)
Fig-III.36. La détérioration observée sur un des cubes testés, après 24 cycles d’immersion
et de séchage du calcaire (sable coquillé à éléments roulés).
Chapitre III : Etude expérimentale 55
La figure (III.37) montre les gains et pertes de poids des trois cubes testés. En analysant le
graphique, on constate que les cubes montrent approximativement la même cinétique de gain
et de perte en masse, avec toutefois une dispersion de valeurs qui est sans doute due à
l’hétérogénéité de la roche. Nous pouvons remarquer que les cubes (1) et (2) montrent un
pourcentage de gain et de perte variant entre 0,12% et 3,44%, tandis que le cube (03) donne un
pourcentage allant de 0,04% à 4,07%. Cette forte prise de masse est justifiée par la forte porosité
de la roche et par la connexion porale.
Les gains en masse sont caractérisés par une accumulation des sels à l’intérieur du réseau
poral de la roche. Les pertes en masse, quant à elles, sont caractérisées par une coloration de la
solution saline, due à la précipitation des sels qui occupent les pores et qui exercent une pression
considérable pour la détérioration de la roche.
2,5
Cube 1
2
Cube 2
1,5
Cube 3
1
0,5
0
0 5 10 15 20 25
Cycle
Fig-III.37. Evaluation de la détérioration du calcaire (sable coquillé à éléments roulés),
pertes et gains en poids des trois variétés.
La figure (III.39) montre les gains et pertes de poids des trois cubes testés. En analysant le
graphique, les pics observés attestent qu’il y a simultanément départ et gain de la matière. Nous
pouvons remarquer que les cubes montrent des pourcentages de gain et de perte différents, dus
probablement aux différentes dimensions des pores de la roche, mais également à la distribution
de ses composants (Ronny et al. 2018).
Les gains en masse sont caractérisés par une accumulation des sels à l’intérieur du réseau
poral de la roche, tandis que les pertes en masse sont caractérisées par une coloration de la
solution saline.
1
Cube 1
0,8
Cube 2
0,6
Cube 3
0,4
0,2
0
0 5 10 15 20 25
Cycle
III-5.6.3. La diorite :
La figure (III.40) montre un des trois cubes testés après 24 cycles d’immersion et de séchage.
Aucune détérioration visuelle n’a été observée sur les trois cubes testés. Mis à part une légère
coloration de la solution saline observée au bout du neuvième cycle, aucun détachement n’est
observé et les contours sont pratiquement intacts.
Fig-III.40. La détérioration observée sur un des cubes testés, après 24 cycles d’immersion et
séchage de la diorite.
Chapitre III : Etude expérimentale 57
La figure (III.41) montre les gains et pertes de poids des trois cubes testés. En analysant le
graphique, on constate que les cubes suivent la même cinétique de gain et de perte en masse,
due à l’homogénéité. Nous pouvons remarquer que les cubes (1) et (3) montrent un pourcentage
de gain et de perte variant entre 0,25% et 0,43%, tandis que le cube (02), donne un pourcentage
allant de 0,1% à 0,40%. Cette faible perte et gain de masse est justifiée par la très faible porosité
de la roche et par sa forte densité.
0,25 Cube 1
0,2 Cube 2
0,15 Cube 3
0,1
0,05
0
0 5 10 15 20 25
Cycles
Fig-III.41. Evaluation de la détérioration de la diorite, pertes et gains
en poids des trois variétés.
CONCLUSION :
Suite à la visite du site, quatre pierres ont pu être identifiées (sable coquillé à éléments roulés,
calcaire lumachellique, diorite et marbre) sur lesquelles plusieurs types d’altération ont pu être
identifiés (alvéolisation, action mécanique des racines des roches, contamination biologique,
salissures noires). A travers l’exploitation de visu de ces pierres, des niveaux de dégradabilité
ont pu être définis, du plus faible au plus avancé, présents notamment sur les pierres d’origine
sédimentaire.
Des essais in-situ ont alors pu être réalisés : l’essai à ultrason, qui a donné une idée sur
l’influence de la porosité d’un matériau sur la vitesse de propagation des ondes ultrasonores en
leur sein, ainsi que l’essai au scléromètre dont les résultats ont été représentatifs de la dureté
des roches. Les deux essais ont ainsi donné des renseignements relatifs aux paramètres
physiques de ces pierres. La méthode spectrale H/V bruit de fond a, quant à elle permis
d’énoncer des hypothèses à partir des gammes de fréquences obtenues.
Un échantillonnage a alors été établi et des éprouvettes préparées pour les essais de
laboratoire, qui ont permis de faire une série d’essais sur les trois variétés de roches prélevées
au niveau de la cité antique de Tipasa. Du point de vue pétrophysique, les roches étudiées sont
d’origine sédimentaire et magmatique, à savoir le calcaire et la diorite. Ces derniers présentent
des caractéristiques qui varient d’une manière considérable.
Chapitre III : Etude expérimentale 58
La pétrographie des roches a permis de préciser, en outre, la nature des roches utilisées et
laisse à définir trois structures différentes : un calcaire constitué majoritairement d’éléments
arrondis avec la présence de quelques microfossiles ayant une forte porosité, un calcaire
lumachellique constitué en majeur partie de microfossiles, caractérisé par une faible porosité,
et, enfin, une diorite de texture grenue, peu poreuse.
L’ensemble de ces essais a permis, d'une part, de caractériser les variétés recensées et, d'autre
part, d’expliquer la relation entre la pétrographie des roches et leurs paramètres géotechniques
mesurés. Effectivement, les roches poreuses, notamment les deux variétés de calcaire
présentent différentes caractéristiques dues à leur taux de porosité différent.
L’étude a également permis d’apprécier les caractéristiques physico-mécaniques ainsi que
les propriétés hydriques des trois variétés de roches. À partir des résultats obtenus, nous avons
pu constater que les paramètres physiques, mécaniques ainsi que hydriques ont une relation
étroite avec le réseau poreux de la roche.
Des différences notables entre les valeurs obtenues sur les essais in-situ et ceux obtenus
laboratoire ont pu être démontrées. En effet, la comparaison entre les essais non destructifs
réalisés sur le terrain et ceux réalisés au laboratoire confirment ou attestent que les pierres mises
en œuvre sont altérées avec un degré qui varie d'un bloc à un autre et d'un type de pierre à un
autre.
L'étude expérimentale menée sur les roches ou pierre prélevées au niveau de la Cité Antique
de Tipasa a permis de répondre aux questions posées en introduction sur :
- Les caractéristiques géotechniques des pierres mises en œuvre.
- Les pierres de substitution à mettre en œuvre dans le cas d’une restauration de la cité.
- Les types de traitements à utiliser pour limiter la dégradabilité des pierres mises en
œuvre.