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Aménorrhées
J. Young
Les aménorrhées sont un motif fréquent de consultation. L’absence de menstruations chez la fille de plus
de 15 ans, avec ou sans développement pubertaire, définit l’aménorrhée primaire (AP). L’interruption
des menstruations chez une femme réglée définit l’aménorrhée secondaire (AS). La distinction entre AP
et AS est artificielle puisque leurs causes se recouvrent. Simplement, les AP relèvent souvent de causes
chromosomiques et génétiques alors que les AS sont fréquemment secondaires à des maladies acquises.
Cependant, des causes génétiques peuvent se manifester par une AS et des causes acquises par une AP.
Après la puberté, l’absence de règles est physiologique pendant la grossesse, la lactation et la ménopause.
En dehors de ces périodes, toute aménorrhée, même après arrêt d’une pilule, est anormale et justifie une
enquête avant d’envisager une thérapeutique. L’existence d’une aménorrhée témoigne d’une atteinte
de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien ou d’une anomalie anatomique de l’utérus. L’exploration hor-
monale comprend les dosages des gonadotrophines luteinizing hormone, follicle stimulating hormone
(FSH), de l’estradiol. S’ils sont bas, on doit toujours doser la prolactine et faire une imagerie par résonance
magnétique de la région hypothalamohypohysaire. Si ces examens sont normaux, on cherche un déficit
pondéral. En cas de FSH élevée et de taux bas d’estradiol, une insuffisance ovarienne prématurée est sus-
pectée ; on réalise alors un caryotype et on cherche une anomalie du gène fragile X mental retardation
(FMR1) ou une atteinte auto-immune. Si ces examens sont normaux, on débute une enquête génétique
par des techniques de séquençage de nouvelle génération. En cas d’aménorrhée primosecondaire ou
d’AS, un syndrome des ovaires polykystiques est recherché compte tenu de sa forte prévalence, surtout
s’il existe des signes d’hyperandrogénie ou une anovulation chronique. Ici, l’échographie ovarienne avec
mesure du volume ovarien et comptage des follicules antraux est essentielle à côté des dosages hormo-
naux, particulièrement de testostérone. Devant une AP ou une AS, un traitement estroprogestatif sans
exploration préalable est toujours illégitime.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Gynécologie 1
Volume 12 > n◦ 4 > octobre 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1064(17)62535-0
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147-A-50 Aménorrhées
IOP :
Ovarite auto-immune
Chimiothérapie Syndrome de Turner et variants
Radiothérapie et délétions de l'X
Ovaire Mutation du gène FMR1 (X fragile)
Dystrophie ovarienne
polykystique (SOPK) (cf. Tableau 3)
(oligospanioménorrhée) dont la valeur sémiologique est simi- complété par une imagerie par résonance magnétique (IRM) pel-
laire. L’exploration d’une aménorrhée conduit nécessairement à la vienne, surtout chez une adolescente vierge et/ou en surpoids.
découverte de pathologies qui sont détaillées dans d’autres articles L’absence d’utérus, souvent associée à un vagin borgne, doit
de l’EMC. Pour cela, seuls les principaux aspects diagnostiques faire rechercher une anomalie anatomique telle que le syn-
sont évoqués ici. drome de Rokitansky [9] , mais aussi du tissu testiculaire dans
les canaux inguinaux dont la présence évoque des troubles de
l’hormonosynthèse ou de la réceptivité aux androgènes [10] . Dans
ces derniers cas, un caryotype est réalisé pour rechercher un
Exploration des aménorrhées chromosome Y. L’existence d’une gonade masculine peut être
primaires et secondaires confirmée par les dosages de l’hormone antimullérienne et de
testostérone qui montrent des taux très élevés.
Aménorrhée primaire L’existence d’une ambiguïté des organes génitaux externes fait
rechercher une dysgénésie gonadique, une hyperplasie congé-
Interrogatoire nitale des surrénales (associée dans ce cas à d’autres signes
d’hyperandrogénie) ou une anomalie de la biosynthèse ou de la
Devant une AP, la probabilité d’une cause génétique est impor-
sensibilité aux androgènes. Dans tous les cas, l’exploration d’une
tante (Fig. 1), il convient donc de rechercher l’existence, dans la
AP est complétée par un caryotype classique qui peut être amélioré
famille, d’autres individus atteints d’hypogonadisme, de retard
par des techniques permettant une haute résolution ou des hybri-
pubertaire ou d’aménorrhée. On réalise un arbre généalogique dès
dations in situ, utiles pour la recherche de grosses délétions des
qu’une cause familiale est suspectée. L’interrogatoire doit aussi
chromosomes sexuels [11] . Devant une AP chez une adolescente
rechercher une carence nutritionnelle, une maladie chronique,
ayant par ailleurs un développement des seins et de la pilosité, la
des traitements gonadotoxiques ou susceptibles d’avoir endom-
démarche diagnostique, après avoir vérifié l’absence de grossesse
magé l’endomètre [1, 3, 4] .
ou d’une agénésie utérine, est très similaire à celle d’une AS.
Examen clinique
Devant une AP, l’examen clinique cherche tout d’abord à préci-
Aménorrhée secondaire
ser le développement mammaire qui permet d’évaluer la sécrétion Les AS résultent dans la majorité des cas d’une pathologie
ovarienne d’estradiol (E2 ). En cas d’absence de développement des acquise (Fig. 1). Cependant, la découverte d’anomalies géné-
seins, qui s’accompagne toujours d’un taux d’E2 très bas, voire tiques est toujours possible, surtout si l’aménorrhée a été précédée
indétectable, le dosage plasmatique des gonadotrophines per- d’espacement des règles depuis la puberté, parfois malencontreu-
met de distinguer un déficit gonadotrope d’origine hypothalamo- sement masquée par un traitement estroprogestatif administré
hypophysaire d’une insuffisance ovarienne primitive (IOP) (cf. « pour régulariser les règles ». Un exemple paradigmatique est
infra). Dans le premier cas, on recherche une anosmie et d’autres constitué par les insuffisances ovariennes liées à des mutations du
signes évoquant le syndrome de Kallmann [5, 6] . Dans le deuxième gène de l’X fragile (fragile X mental retardation [FMR1]) qui se mani-
cas, la petite taille et le syndrome malformatif (inconstant) font festent cliniquement par des AS entre la deuxième et la troisième
évoquer un syndrome de Turner [7, 8] ou bien des signes cliniques décennie [12] .
évoquant une IOP syndromique (exemple : blépharophymosis) [4] .
En cas d’AP, l’examen gynécologique a aussi pour but de visualiser
la pilosité pubienne, de vérifier l’absence d’ambiguïté des organes
Interrogatoire
génitaux externes qui pourrait évoquer une anomalie du dévelop- L’interrogatoire recherche des causes évidentes comme un
pement sexuel, d’évaluer si possible la perméabilité et la trophicité rapport sexuel potentiellement fécondant, certaines prises médi-
du vagin et de visualiser le col. camenteuses (médicaments antidopaminergiques comme les
Il est complété par une échographie pelvienne faite par un écho- neuroleptiques qui élèvent la prolactine, des macroprogesta-
graphiste expert de cette région : il indique la présence, la taille et tifs entraînant atrophie de l’endomètre, corticothérapie), ou des
la position des gonades et l’existence (avec la taille pré- ou postpu- traitements agressifs pour la commande hypothalamohypophy-
bère) ou non d’un utérus. Cet examen peut parfois être utilement saire ou pour les ovaires (radiothérapie, chimiothérapie) [1, 3] ,
2 EMC - Gynécologie
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Aménorrhées 147-A-50
Adénome à prolactine ?
Tumeur ou infiltration de la région
hypothalamohypophysaire
avec hyper-PRL
de déconnexion ?
Figure 2. Arbre décisionnel. Stratégie diagnostique devant une aménorrhée. Astérisque : après exclusion d’un artefact par macroprolactine. PRL : prolactine ;
FSH : follicle stimulating hormone ; LH : luteinizing hormone ; SOPK : syndrome des ovaires polykystiques ; hCG : human chorionic gonadotrophin ; IRM : imagerie
par résonance magnétique ; CFA : comptage folliculaire antral.
une maladie endocrinienne ou chronique pouvant retentir sur semaines après un saignement menstruel signe l’absence de pro-
l’axe gonadotrope, le fonctionnement ovarien ou l’état nutrition- gestérone et donc une anovulation.
nel. L’histoire gynécologique et obstétricale est utile pour dater
l’ancienneté des troubles.
L’existence de bouffées de chaleur, inconstante, fait suspec- Exploration endocrinienne
ter une insuffisance ovarienne. En cas de douleurs pelviennes
cycliques, on s’oriente vers une cause utérine, d’autant plus qu’il Test aux progestatifs
existe une notion de traumatisme endo-utérin (curetage, interrup- Très utilisé jadis, il n’a en fait qu’une utilité diagnostique très
tion volontaire de grossesse). limitée. Ce test a comme but d’apprécier la sécrétion ovarienne
d’E2 d’une femme en aménorrhée. Il consiste en l’administration
Examen clinique d’un progestatif pendant dix jours : le test est dit « positif » si
surviennent des règles dans les cinq jours suivant l’arrêt du proges-
Devant toute aménorrhée inexpliquée, la mesure du poids et tatif. Ce test, qui rend compte de l’imprégnation par les estrogènes
de la taille avec l’établissement de l’indice de masse corporelle de l’endomètre, est au contraire négatif lorsque la carence estrogé-
(IMC, ou body mass index [BMI]), égal au rapport poids/taille2 , est nique est sévère, et ceci indépendamment de sa cause. Il n’a donc
nécessaire pour dépister une carence nutritionnelle relative [13] . En pas de valeur d’orientation du diagnostic étiologique. Il est donc
l’absence de signe d’appel orientant vers une cause particulière, progressivement abandonné.
l’enquête nutritionnelle est obligatoire, surtout si l’IMC est infé-
rieur à 22, et sera couplée à la recherche d’une activité physique
excessive.
Dosages hormonaux de première intention (Fig. 2)
Les signes d’hyperandrogénie (séborrhée, acné, hirsutisme) Les premiers examens complémentaires ont comme but
peuvent accompagner une aménorrhée. Ils orientent vers cer- d’écarter une grossesse méconnue (dosage d’human chorionic
taines causes, en particulier le syndrome des ovaires polykystiques gonadotrophin [hCG]), puis de rechercher une pathologie de la
(SOPK) ou plus rarement vers une hyperplasie congénitale des prolactine, un déficit gonadotrope (E2 bas avec concentrations de
surrénales, le plus souvent par déficit en 21-hydroxylase [14] . Une luteinizing hormone [LH] et de follicle stimulating hormone [FSH] non
galactorrhée doit aussi être recherchée mais, en pratique, ce signe élevées) ou une insuffisance ovarienne (E2 bas, concentrations éle-
clinique est d’une sensibilité et d’une spécificité assez médiocres vées de LH et surtout de FSH) [1] . Ils visent aussi à apporter des
pour reconnaître une pathologie de la prolactine [15] . arguments en faveur d’un SOPK (E2 comme dans un début de
Les signes de carence estrogénique sont aussi dépistés. Ils sont phase folliculaire, LH normale ou augmentée, FSH un peu basse
présents lorsque l’atteinte gonadotrope ou ovarienne est pro- ou normale, testostérone normale ou un peu augmentée). Ces
fonde. L’aménorrhée s’accompagne alors d’une sécheresse de la pathologies représentent en effet la grande majorité des causes
muqueuse vaginale, responsable d’une dyspareunie. L’examen d’AS [1] . Le dosage de l’antimullerian hormone (AMH) sérique, non
gynécologique est important pour apprécier l’état des muqueuses, remboursé par l’assurance maladie, n’est discuté, en deuxième
et visualiser le col et la glaire. L’absence de cette dernière en cas intention, qu’une fois les dosages ci-dessus réalisés et si le diag-
d’aménorrhée signe la carence estrogénique. Sa présence deux nostic reste incertain.
EMC - Gynécologie 3
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147-A-50 Aménorrhées
A B
C D
Figure 3. Aspects échographiques des ovaires normaux et pathologiques.
A. Ovaire droit normal chez une femme de 25 ans explorée dans le cadre d’une infertilité masculine. Noter la taille normale (5 cm2 , volume 6 ml) avec
quelques follicules antraux dont le comptage en trois dimensions a montré un chiffre normal de dix follicules par ovaire.
B. Aspect échographique d’un ovaire chez une femme de 34 ans atteinte d’insuffisance ovarienne primitive. Noter la petite taille (3 cm 2 , volume 4 ml) avec
un nombre réduit de follicules antraux (moins de 4/ovaire).
C. Aspect en échographie bidimensionnelle de l’ovaire droit chez une femme de 21 ans avec un syndrome des ovaires polykystiques. Noter une surface de
8 cm2 nettement augmentée (normale < 6 cm2 ) et de nombreux follicules antraux de moins de 10 mm.
D. Comptage folliculaire précis réalisé par l’échographie tridimensionnelle chez une patiente avec SOPK.
Imagerie ovarienne
Devant une AS d’origine incertaine, l’échographie des ovaires
est un complément utile des dosages hormonaux. Elle permet
d’apporter des éléments en faveur ou en défaveur d’un SOPK ou
d’une IOP (Fig. 3).
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8
7
6
5
UI/l
4
3
2
1
0
FSH LH FSH LH
Femmes normales AHF B
une atteinte gonadotrope plus profonde [16] . Au plan hormonal, à une supposée élévation de la prolactine. Cette erreur diagnos-
l’hyperprolactinémie se manifeste par une diminution variable de tique aboutit à des thérapeutiques inadaptées comme par exemple
l’E2 qui peut être bas ou bien dans les limites de la normale, les de traiter par la cabergoline une femme avec AH d’origine nutri-
gonadotrophines hypophysaires LH et FSH peuvent être toutes tionnelle. Il faut donc s’assurer que le laboratoire d’hormonologie
les deux basses, mais on peut parfois observer une baisse préfé- utilise un dosage reconnaissant peu ces macroprolactines. En cas
rentielle de la LH avec une FSH qui reste dans les limites de la de doute, un contrôle du dosage de prolactine sera fait après pré-
normale [16] . Ainsi, si devant une aménorrhée on trouve un E2 et cipitation du sérum de la patiente au polyéthylène glycol (PEG).
des gonadotrophines basses, le dosage de prolactine est impératif, Ces dosages erronés de prolactine sont fréquents et concernent
s’il n’a pas été réalisé en première ligne. au moins 10 % des sujets. Il s’agit donc d’un écueil que tout
Au plan mécanistique, bien que les causes d’hyperprolactinémie gynécologue doit connaître [15] .
se situent fréquemment à l’étage hypophysaire (prolactinomes),
l’effet antigonadotrope de la prolactine s’exerce de façon pré- Cadre général sur les AH normoprolactinémiques acquises
dominante sinon exclusive au niveau hypothalamique. Il a révélées par une AS
été clairement démontré que l’hyperprolactinémie diminue la Elles sont beaucoup plus fréquentes que les AH responsables
fréquence des pulses de LH par une atteinte hypothalamique d’AP (cf. infra). Elles peuvent être d’origine lésionnelle ou fonc-
qui diminue la libération de gonadotrophin releasing hormone tionnelle.
(GnRH) dans le sang porte hypothalamohypophysaire. La preuve Au plan physiopathologique, elles peuvent être définies comme
en est apportée par l’administration pulsatile de GnRH exo- l’incapacité de l’hypothalamus à libérer la GnRH avec une pul-
gène capable de rétablir une pulsatilité de LH, une fonction satilité de fréquence et d’amplitude compatibles avec un cycle
ovarienne cyclique et une fertilité normales, alors même que menstruel et une physiologie de la reproduction normaux. Cette
l’hyperprolactinémie persiste [17] . Très récemment il a été montré définition est en accord avec la bonne réponse à l’administration
que l’hyperprolactinémie induisait une diminution d’un peptide pulsatile de GnRH exogène qui rétablit la mécanique ovulatoire,
hypothalamique, la kisspeptine, qui est essentiel à la sécrétion de des règles et une fertilité [21] .
GnRH [18, 19] . L’exploration hormonale de ces patientes est parfois faite après
Pour conclure sur cette cause majeure d’aménorrhée, il test aux progestatifs, mais ceci n’est absolument pas nécessaire.
faut encore rappeler que l’établissement du diagnostic posi- Bien que ce test soit souvent négatif dans les AH, simplement du
tif d’hyperprolactinémie suppose de mesurer la prolactine avec fait de la profondeur de la carence estrogénique, il n’apporte pas
un dosage de bonne qualité reconnaissant le moins possible d’élément diagnostique important. De plus, il faut savoir qu’une
les macroagrégats de cette hormone qui sont une source très positivité du test au progestatif n’exclut pas le diagnostic d’AH
fréquente de fausses hyperprolactinémies et donc d’erreurs diag- avec déficit partiel en gonadotrophines où peut persister une
nostiques (voir ci-dessous) [15, 20] . Enfin, il faut se souvenir qu’une sécrétion résiduelle d’E2 .
hyperprolactinémie n’est pas synonyme d’adénome à prolactine. Au plan hormonal, les concentrations plasmatiques d’E2 sont
Tout traitement médical par des agents dopaminergiques (caber- le plus souvent basses dans les formes complètes mais parfois l’E2
goline, bromocriptine, quinagolide) sans imagerie hypophysaire circulant est dans les limites inférieures de la norme de début de
préalable doit être considéré comme une erreur médicale. cycle chez une femme normale. Les taux de LH et FSH sont parfois
« normaux », comparables à ceux d’une phase folliculaire précoce
Aménorrhées d’origine hypothalamique (AH) d’une femme normalement cyclée, mais une baisse préférentielle
de la LH avec une FSH normale est très évocatrice de ce diag-
avec prolactine normale nostic. Une baisse franche des deux gonadotrophines peut aussi
Comme cela vient d’être indiqué, il ne faut pas tomber dans le s’observer (Fig. 5).
piège des dosages peu fiables de prolactine qui donnent des valeurs Dans toutes les aménorrhées causées par un déficit en
élevées du fait de l’existence d’agrégats de prolactine (macropro- gonadotrophines, le test à la GnRH (appelée aussi luteinizing
lactines ou big prolactine) : poser le diagnostic d’AH à prolactine hormone-releasing hormone [LHRH]) est de valeur diagnostique
normale suppose de mesurer la prolactine avec des dosages fiables. médiocre ce qui fait qu’il est progressivement abandonné. En effet,
Le principal piège est cette macroprolactine qui peut faire croire dans une AH, il peut être négatif (absence d’élévation de LH et de
au médecin qu’il y a une élévation pathologique de cette hor- FSH après administration intraveineuse de 100 g de GnRH) ou
mone [20] . L’AH, en réalité normoprolactinémique, est attribuée positif. Il montre parfois une réponse préférentielle de FSH.
EMC - Gynécologie 5
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A B C
D E
Figure 7. Jeune femme mince (55 kg/1,66 m ; indice de masse corporelle à 21) de 18 ans ayant consulté pour spanioménorrhée et hyperandrogénie.
A à D. Noter la peau et les cheveux gras, et l’acné du visage et du dos. La testostérone sérique était augmentée à 0,9 ng/ml (normale 0,2–0,6) ainsi que la
luteinizing hormone (LH) (8,7 UI/l, normale : 2–6,4).
E. Aspect de syndrome des ovaires polykystiques à l’échographie ovarienne réalisée par voie vaginale (surface 8,7 cm2 , volume ovarien 11 ml et nombre de
®
follicules antraux par ovaire à 24). La prolactine, la 17-hydroxyprogestérone sous Synacthène et le freinage minute étaient normaux.
6 1,50
5 1,25
Androstènedione (ng/ml)
Testostérone (ng/ml)
4 1,00
0,75
3
0,50
2
0,25
1
0,00
0 Témoins SOPK
Témoins SOPK B
A
Figure 8. Taux sériques de 4-androstènedione (A) et de testostérone (B) chez des femmes normales et des femmes avec syndrome des ovaires polykystiques
(SOPK).
échographes modernes sont obligatoires et permettent dans la est variable : en cas d’hypercortisolisme sévère, l’E2 et les gonado-
majorité des cas d’identifier la tumeur responsable. Si ces imageries trophines peuvent être très bas, contrastant avec une testostérone
ne montrent pas clairement une tumeur virilisante, le diagnos- élevée. Ce profil doit faire remettre en cause le diagnostic de SOPK
tic de tumeur de la corticosurrénale est peu vraisemblable et le qui est parfois porté par excès [49] .
diagnostic différentiel se focalisera entre tumeur ovarienne et Lorsque le syndrome de Cushing est moins important, le profil
une hyperthécose/HAIRAN. Cette démarche diagnostique peut hormonal peut montrer des gonadotrophines « dans la norme »
nécessiter parfois la réalisation d’un cathétérisme simultané des avec un E2 aussi « normal » mais une testostérone (et andros-
deux veines ovariennes et d’une veine périphérique pour éva- tènedione) augmentées. Ce type de profil peut se voir chez les
luer le caractère unilatéral ou bilatéral de la sécrétion ovarienne femmes avec SOPK et on comprend donc que dans les diffé-
d’androgènes, mais cette éventualité est en réalité de plus en plus rents consensus [43, 44] , on recommande d’exclure un syndrome
rare avec les progrès spectaculaires de l’imagerie des surrénales de Cushing avant de porter le diagnostic de SOPK (Tableau 2).
et des ovaires, du moment où l’interprétation est faite par des Au moindre doute clinique, un dosage du cortisol libre dans les
radiologues ou spécialistes expérimentés. urines des 24 heures ou une consultation chez un endocrinologue
L’hypercortisolisme (syndrome de Cushing), indépendamment s’imposent vu la gravité potentielle d’un syndrome de Cushing.
de son étiologie, est une cause importante d’aménorrhée, le plus Les déficits en 21-hydroxylase sont aussi une cause classique
souvent secondaire. Celle-ci résulte essentiellement du déficit d’aménorrhée. Dans les formes classiques, le diagnostic étiolo-
gonadotrope induit par les glucocorticoïdes. Le tableau hormonal gique déjà porté à la naissance ou pendant l’enfance ne pose pas de
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Forme clinique Normal IOP incipiens IOP fluctuante IOP typique Figure 9. Histoire naturelle de
l’insuffisance ovarienne primitive
(IOP) avec les manifestations cli-
niques et les profils hormonaux à
chaque stade de l’évolution. FSH :
Sévérité follicle stimulating hormone ; IB :
inhibine B ; E2 : estradiol ; AMH :
hormone antimullérienne.
AMH AMH
Capital folliculaire
(« réserve ovarienne »)
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Normal Anormal
Analyse
pangénomique
CGH array
Recherche de
Si pas d’anomaile :
microdélétions/
whole exome
duplications
(étude de milliers
NGS par
de gènes)
exome ciblé
(dizaines de gènes)
avec caryotype 45,XO homogène [7] , la présentation clinique est ces femmes infertiles, des grossesses spontanées peuvent se pro-
celle d’une absence complète de développement mammaire avec duire [57] , alors qu’elles avaient été récusées en fécondation in vitro
une AP. Lorsque la disparition des follicules ovariens a lieu pen- (FIV) !
dant ou après la puberté, on observe un développement variable Devant toute IOP ne pouvant être expliquée par une atteinte
des seins avec une AP, une aménorrhée primosecondaire ou une chirurgicale, une chimiothérapie ou une radiothérapie, ou une
AS [7, 8] . auto-immunité, il est nécessaire de rechercher en premier une
La date d’apparition de l’aménorrhée dans l’IOP est très variable anomalie du caryotype (Fig. 10). Si celui-ci est normal, une ano-
(entre 14 et 40 ans) en fonction de l’étiologie et même si l’on malie du gène FMR1 responsable du syndrome de l’X fragile doit
ne considère que les seules causes génétiques (cf. infra). L’âge de être éliminée [7, 59] . Il s’agit de la cause génétique la plus fréquente
l’aménorrhée dépend aussi de la prise chronique d’une contracep- d’IOP pour laquelle en plus un conseil génétique est capital. Il
tion orale qui peut masquer ce symptôme alors que l’IOP s’est déjà y a en effet un risque majeur pour la femme atteinte de donner
constituée. Différentes études publiées indiquent que la majorité naissance à un garçon avec retard mental (syndrome de l’X fra-
des cas répertoriés se sont révélés par AS [54] . gile) compte tenu du caractère fluctuant de l’IOP dans cette cause
Les formes moins caricaturales d’IOP commencent à être génétique où existe une probabilité non négligeable d’ovulation
connues depuis une quinzaine d’années (Fig. 9) [4, 54–57] . Ceci spontanée [57–59] .
est lié à une meilleure connaissance de l’histoire naturelle de La connaissance des causes génétiques des IOP a fait un bond
cette maladie et à la réalisation de diagnostics plus précoces, spectaculaire au cours de ces dix dernières années. Ce pro-
par exemple quand une prédisposition familiale génétique a été grès a été possible d’une part par la génération de nombreux
découverte et que des sœurs d’une patiente sont suivies. Ces modèles murins mimant la pathologie humaine qui ont permis
formes atténuées précèdent l’IOP classique [55] : au début, une de découvrir certains gènes responsables [4, 52, 60–65] . Parallèlement,
IOP en constitution peut être silencieuse pendant des années, l’amélioration des techniques d’analyse génétique et l’apparition
puis se manifester sous forme d’une infertilité avec une mauvaise de séquençage de nouvelle génération (next generation sequencing
réponse à la stimulation ovarienne (formes dites « incipiens ») [NGS]) qui repose sur une technique de séquençage massif paral-
pour se compléter ensuite par des épisodes où alternent des phases lèle ont littéralement fait exploser l’exploration génétique des
d’aménorrhée/spanioménorrhée avec des périodes où des règles femmes avec IOP [52] . En NGS, il existe des techniques dites « de
régulières réapparaissent (IOP fluctuantes) [55–57] . L’exploration moyen débit » ou d’« exome ciblé » qui permettent d’analyser
hormonale de ces IOP fluctuantes montre des résultats très varia- des dizaines de gènes simultanément chez chaque patiente avec
bles en fonction du temps ; à des périodes avec FSH élevée et E2 IOP d’origine indéterminée [61] . Ces techniques sont de plus en
bas peuvent succéder d’autres avec FSH normale (Fig. 9) [58] . Chez plus utilisées pour le diagnostic étiologique dans des centres
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Figure 11.
A. Principales causes utérines d’aménorrhée. 1.
Agénésie mullérienne ; 2. adhérences utérines ; 3.
sténose cervicale ; 4. cloison vaginale ; 5. imperfo-
ration hyménéale ; 6. fusion des lèvres.
B. Agénésie utérine (visualisée en imagerie par
résonance magnétique) révélée par une aménor-
rhée primaire. V : vessie pleine ; U : absence
1 2 d’utérus.
5
6 A
spécialisés (Fig. 10). Dans des cas familiaux inexpliqués ou dans développement des seins est normal, on est a priori en présence
le cadre de la recherche clinique, des analyses de l’ensemble des d’un CAIS qui est confirmé par le séquençage du récepteur des
régions codantes de milliers de gènes (exome) peuvent être réa- androgènes [9] . Si la testostérone est basse, on va mesurer, par des
lisées (Fig. 10). Grâce à ces techniques, de nombreux nouveaux méthodes spécifiques, des précurseurs comme l’androstènedione
gènes d’IOP ont ainsi été découverts [52, 62–65] . Ces nouveaux outils et des métabolites comme la dihydrotestostérone (DHT). Si les
génétiques ont permis de mieux comprendre l’architecture géné- taux d’androstènedione sont très élevés, on suspecte un déficit en
tique de cette maladie, en particulier de découvrir que dans de 17-hydroxystéroïde déshydrogénase qui est aisément confirmé
nombreux cas, l’association de plusieurs gènes mutés en syner- par l’analyse génétique du gène codant cette enzyme [70] . Le déficit
gie provoquait la maladie (on parle d’oligogénisme) [61] . Grâce à en 5␣-réductase sévère se présente cliniquement par une AP, sans
ces techniques, on comprend mieux l’existence d’IOP d’origine utérus à l’imagerie, une absence de développement des seins et
génétique non familiales (dites « sporadiques »). La diffusion des une masculinisation postpubertaire [71] . Le diagnostic est suspecté
techniques de NGS commence à montrer que les IOP d’origine devant une testostérone très augmentée avec une DHT basse (ratio
génétique sont beaucoup plus fréquentes que ce que l’on pensait testostérone/DHT très élevé). Au moindre doute, le séquençage du
avant [52, 61] . gène SRD5A2 permet de confirmer le diagnostic.
Ces techniques ont aussi permis de montrer que l’âge Les AS d’origine utérine sont la conséquence de synéchies
d’apparition de l’IOP pourrait aussi dépendre du nombre utérines secondaires à des gestes traumatiques sur l’utérus
d’événements génétiques délétères portés par une patiente
donnée [61] .
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Aménorrhées 147-A-50
(curetages répétés, interruption volontaire de gestation, chirur- [20] Castinetti F, Morange I, Conte-Devolx B, Brue T. La macroprolactine :
gie pour myomes ou césarienne) [72] . Plus rarement en France, il quels enjeux cliniques. In: Young J, editor. Les hyperprolactinémies.
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Ainsi, les aménorrhées, très fréquentes en gynécologie, obligent [22] Laughlin GA, Dominguez CE, Yen SS. Nutritional and
à passer en revue les grands chapitres de la médecine de la repro- endocrine-metabolic aberrations in women with functional
duction. Leur diagnostic étiologique peut paraître complexe car la hypothalamic amenorrhea. J Clin Endocrinol Metab 1998;83:25–32.
liste de leurs causes est longue. Au plan pratique, un nombre res- [23] Couzinet B, Young J, Brailly S, Chanson P, Schaison G. Even after
treint d’entre elles sont très fréquentes donc à ne pas méconnaître priming with ovarian steroids or pulsatile gonadotropin-releasing hor-
avant de débuter tout traitement estroprogestatif. mone administration, naltrexone is unable to induce ovulation in
women with functional hypothalamic amenorrhea. J Clin Endocrinol
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Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts [24] Couzinet B, Young J, Brailly S, Le Bouc Y, Chanson P, Schaison
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Inserm U 1185, Unité 1185, Faculté de médecine Paris-Sud, 63, rue Gabriel-Péri, 94276 Le Kremlin-Bicêtre, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Young J. Aménorrhées. EMC - Gynécologie 2017;12(4):1-14 [Article 147-A-50].
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