Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Sommaire
À travers cette étude1, nous proposons une analyse des stratégies adoptées par les entreprises de
classe mondiale en matière de fabrication. Plus précisément, l’analyse de quatre études de cas
nous permet de constater que les meilleures pratiques de gestion jouent un rôle non négligeable
dans la mise en place et le déploiement des stratégies manufacturières.
En comparant le degré d’intégration des meilleures pratiques de gestion avec les stratégies
manufacturières de quatre divisions étudiées, on s’aperçoit que le degré d’imbrication
(embeddedness) des stratégies manufacturières de ces divisions avec les stratégies d’entreprise
(Corporate strategies) varie en fonction de la taille des entreprises, de l’incertitude et de la
turbulence de l’environnement. Par ailleurs, la prise en compte du degré d’imbrication des
stratégies, à partir d’une adaptation du modèle de Voss (2005ab, 1995), permettrait d’expliquer
les approches adoptées pour la formulation et la mise en place des stratégies manufacturières. Il
apparaît aussi que la durée de vie des produits influence le degré d’imbrication des stratégies.
Mots clés
Stratégies manufacturières; classe mondiale; meilleures pratiques de gestion; degré d’imbrication
des stratégies.
Abstract
We analyse operations strategies and best practices integration in four world-class high tech
divisions that operate in the industries of semiconductors, aeronautics, transport and
telecommunications.
Our exploratory research shows that the degree of embeddedness to corporate strategy varies
according to the size of the corporations and the uncertainty and turbulence of their environment.
Formulating, implementing and deploying operations strategies has not become simpler since
Skinner’s seminal work stated the fundamentals (1974, 1969). Barnes and Rowbotham (2004)
have observed “that managers have difficulty in assessing the strategic role played by their
operations in an internally consistent and coherent manner”(p. 701). The degree of
embeddedness –conceptualized through an extension of Voss’ model (2005ab, 1995)–, seems to
provide some practical explanations on this matter.
Keywords
1
Une synthèse de cette étude a été présentée à la 17th Annual Conference of the Production and Operations
Management Society, 2006 POMS : OM in the New World Uncertainties, April 28 – May 01, 2006,
Boston, MA, USA.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 1
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Introduction
Dans un contexte de plus en plus incertain et sous la pression de la concurrence sans
cesse accrue, les dirigeants des entreprises sont amenés à repenser leurs stratégies
manufacturières et à restructurer leurs opérations. On voit ainsi de nombreuses
entreprises innovatrices –tant du point de vue de leurs produits que de leur processus de
production et de gestion–, s’engager dans la formation de réseaux d’unités de production
entrainant la délocalisation voire même la fermeture d’usines.
Ces études de cas nous ont permis de constater, tel que déjà signalé dans la littérature
pertinente (Voss, 2005ab, 1995; Sohal et al., 1999; Schonberger, 1996, 1986), que les
meilleures pratiques de gestion jouent un rôle non négligeable dans la mise en place et le
déploiement des stratégies manufacturières. En comparant le degré d’intégration des
meilleures pratiques de gestion avec les stratégies manufacturières des quatre divisions,
on s’aperçoit que le degré d’imbrication (embeddedness) de leurs stratégies
manufacturières avec les stratégies d’entreprise (Corporate strategies), varie en fonction
de la taille des entreprises, de l’incertitude et de la turbulence de l’environnement. Par
ailleurs, la prise en compte du degré d’imbrication des stratégies, à partir d’une
adaptation du modèle de Voss (2005ab, 1995), permet d’expliquer les approches adoptées
pour la formulation et la mise en place des stratégies manufacturières. Il apparaît aussi
que la durée de vie des produits influence le degré d’imbrication des stratégies.
Afin de mieux spécifier les différents éléments d’analyse pris en compte dans cette étude,
nous examinons d’abord les principaux modèles qui intègrent des meilleures pratiques en
stratégie des opérations tout en identifiant les variables clés. Par la suite, nous explicitons
d’une part, le cadre conceptuel et la méthodologie de recherche retenue; et d’autre part,
nous présentons nos résultats et procédons à leur analyse. Par la même occasion, nous
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 2
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
formulons un ensemble de propositions qui constitueront les bases pour nos prochaines
recherches sur la dynamique de l’innovation et la reconfiguration des réseaux de
production.
Selon Voss et al. (1995, p. 3), les pratiques font référence aux «processus établis et mis
en place par les entreprises» dans le but d’améliorer la manière dont ces dernières gèrent
la fabrication. Quelques auteurs ont cependant remis en question la notion de «meilleures
pratiques» et suggéré plutôt l’utilisation de l’expression «pratiques prometteuses» (Voss
et Huxham, 2004 cité dans Voss 2005b; Leseure et al., 2004). Ungan (2004) souligne
d’ailleurs qu’il n’existe pas une définition du terme «meilleures pratiques» qui recueille
l’assentiment général. En ce sens, il cite Reider (2000) pour qui les meilleures pratiques
sont celles qui permettent l’atteinte des résultats escomptés.
Malgré les divergences, nombreux sont les auteurs qui ont répertorié ou analysé des
meilleures pratiques de gestion appliquées aux activités de production ainsi que leurs
effets sur la performance des organisations. Nous pouvons citer, par exemple, Boyle
(2006), qui a récemment développé un cadre d’analyse et identifié des pratiques
potentielles pour l’implantation de la flexibilité dans la fabrication ; Tu et al. (2001) qui
se sont intéressés aux pratiques axées sur le temps (time-based manufacturing practices),
et ce dans leur rapport à la production correspondant au «sur-mesure de masse»; Shah et
Ward (2003), qui ont analysé des pratiques supportant la production allégée (lean
manufacturing).
Dans cet ordre d’idées, Sohal et al. (1999:301) ont analysé des pratiques de production et
leur contribution au développement des capacités concurrentielles (competitive
capability), alors que Bolden et al. (1997) ont élaboré une taxonomie des pratiques de
soutien à la production. Par ailleurs, diverses approches d’analyse stratégique et de
formulation des stratégies des opérations qui sont proposées s’articulent autour des
meilleures pratiques de gestion, voire des ensembles de pratiques de gestion. L’école
anglaise en stratégie manufacturière, représentée principalement par les travaux de Hill
(2000, 1986) et de Voss (2005ab, 1995, 1992); l’école de Harvard, initiée par Skinner
(1985, 1974, 1969) ainsi que les approches axées sur la consultation, notamment celle de
Schonberger (1996, 1986), soulèvent toutes, de manière plus ou moins explicite, les
meilleures pratiques de gestion.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 3
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Hill (2000) apporte néanmoins quelques nuances à ce sujet. Reconnaissant que ces
pratiques contribuent de manière substantielle au succès des entreprises, l’auteur soutient
plutôt que leur «adoption doit être issue d’une décision stratégique cohérente» (Hill,
2000; p.163). Pourtant, la quête d’avantages concurrentiels et de l’amélioration de la
compétitivité qui s’est généralisée dans de nombreuses industries promeut inévitablement
l’adoption des meilleures pratiques de gestion. Les entreprises adoptent ces pratiques non
seulement parce qu’elles y associent des bénéfices, mais également, soit pour se
conformer aux exigences de leurs clients, de leurs partenaires et des règlementations, soit
dans certains cas, par imitation des entreprises à succès (Ungan, 2004; Leseure et al.,
2004).
Par ailleurs, au regard de la variété des pratiques de gestion existante, les entreprises ont à
choisir un ensemble1 de pratiques, ce qui peut, soit entraîner une fragmentation de leurs
actions, soit créer une distorsion ou des incohérences dans leurs directions stratégiques.
En ce sens, les défis majeurs auxquels sont confrontés les gestionnaires lors de l’adoption
des approches normatives (Harrison, 1998) concernent autant la conciliation des
multiples demandes que l’intégration des pratiques aux stratégies poursuivies.
En même temps, le rôle de la stratégie des opérations, analysé et discuté depuis plusieurs
décennies déjà (Swamidass et al., 2001ab; Hayes et Wheelwright, 1984; Skinner, 1969)
évolue vers une plus grande complexité au cours de ces dernières années. D’après
Dangayach et Deshmukh (2001), les principaux éléments qui ont retenu l’attention de ce
point de vue sont : le contenu et le processus de la stratégie des opérations, des évidences
empiriques de non hiérarchisation des stratégies, une tendance prononcée vers l’analyse
du noyau des compétences lors de la formulation de la stratégie des opérations. Il est à
signaler d’ailleurs que l’analyse du noyau des compétences en fabrication, lors de la
formulation de la stratégie des opérations, se rapproche davantage de la théorie des
ressources de la firme (Schroeder et al., 2002).
Dans cet ordre d’idées, il semble nécessaire de mieux comprendre comment les
entreprises articulent aujourd’hui leur dynamique des choix stratégiques en matière des
opérations, et en particulier, de déterminer les facteurs qui facilitent l’intégration des
pratiques dans les entreprises les plus performantes, celles qui relèvent de la «classe
mondiale».
1
Christiansen et al. (2003) ainsi que Shah et Ward (2003) utilisent l’expression «paquets de pratiques»,
traduction de bundles of manufacturing practices et practice bundles, respectivement.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 4
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Toutefois, la notion d’équilibre identifiée par Hayes et Wheelwright (1984) pour les
entreprises de classe mondiale, est davantage développée dans le modèle présenté par
Giffi et al. (1990) et Roth et al. (1992). Tel qu’illustré à la figure 1, ce modèle place la
qualité et le client au centre de toutes les considérations et montre clairement que le style
de management est déterminant. Ce même modèle attribue un rôle clé à la stratégie des
opérations et au développement des compétences en production mettant aussi en évidence
l’importance de la mesure de la performance, de la contribution du personnel ou les actifs
humains, de l’organisation et de la technologie. De plus, bien que la chaîne
d’approvisionnement n’y apparaisse pas de manière explicite, l’analyse des travaux des
auteurs (Giffi et al., 1990; Roth et al., 1992) montre que ces derniers avaient largement
cerné son importance.
Le modèle de Giffi et al. (1990) ou de Roth et al. (1992) devient ainsi un modèle
générique, intégrant des dimensions clés, où les meilleures pratiques de gestion sont
plutôt implicitement intégrées ou sous-jacentes aux dimensions identifiées. Il est à noter
que d’après Roth et al. (1992), le modèle visait à cerner les caractéristiques et les
tendances de la classe mondiale pour le 21e siècle.
Figure 1
Le modèle de la classe mondiale d’après Giffi et al. (1990) et Roth et al. (1992)
Style
de
management
Compétences
Stratégie
(capabilities)
des opérations
QUALITÉ des opérations
et
CLIENT
Mesure
de la Actifs Organisation Technologie
performance humains
Chaîne d’approvisionnement
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 6
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Le caractère générique de la classe mondiale est aussi soutenu par Feigenbaum (1992).
Selon cet auteur, les entreprises de classe mondiale présentent les six caractéristiques
communes suivantes :
Voss et al. (1995) ainsi que Collins et al. (1996) proposent cependant un modèle de la
classe mondiale qui se veut plus précis, voir figure 2. En s’appuyant sur des constats
empiriques, ces auteurs (Voss et al., 1995; Collins et al., 1996) établissent que les
entreprises de classe mondiale se distinguent particulièrement par leurs pratiques dans six
domaines d’action, à savoir : l’organisation et la culture, la logistique, les systèmes de
production, la qualité totale, l’ingénierie simultanée1 et la fabrication allégée, telle que
définie par Womack et al. (1990).
Figure 2
Le modèle de la classe mondiale d’après l’étude de Voss et al. (1995) et Collins et al.
(1996)
QUALITÉ TOTALE
INGÉNIERIE
SIMULTANÉE
FABRICATION
ALLÉGÉE
SYSTÈMES DE Performance
PRODUCTION opérationnelle
LOGISTIQUE
ORGANISATION ET CULTURE
introduit les systèmes de production en termes génériques. Ainsi, selon ces auteurs, les
entreprises de classe mondiale peuvent développer d’autres systèmes de production que
le juste-à-temps.
Ainsi, bien que les meilleures pratiques soient accessibles à toutes les entreprises, dans
les recherches empiriques il apparaisse clairement que le nombre d’entreprises de classe
mondiale est relativement très faible. Cependant, ces études ne tiennent en compte que
des éléments génériques d’analyse. Aussi, nous proposons ci-après un cadre conceptuel
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 8
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
d’analyse qui admet également les différences entre les approches utilisées par des
entreprises de classe mondiale.
À l’exception de Laugen et al. (2005), qui signalent que peu d’auteurs démontrent
effectivement que les meilleures pratiques amènent une meilleure performance, les
auteurs sont plutôt unanimes pour reconnaître que ces pratiques visent une meilleure
performance opérationnelle et organisationnelle (Sohal et al., 1999; Harrison, 1998;
Collins et al., 1996; Voss et al., 1995). L’hypothèse de base généralement émise à ce
sujet s’énonce comme suit : Les meilleures pratiques permettent de réaliser la stratégie
des opérations et par conséquence, contribuent significativement à la stratégie
d’entreprise. La figure 3 en donne une illustration.
Cette hypothèse de base est fortement supportée par les données de l’étude empirique de
Voss et al. (1995:14). Les auteurs sont même allés plus loin en définissant la classe
mondiale comme étant le stade où un certain standard est atteint tant en termes de
pratiques que de niveau de performance. D’ailleurs, et tel que présenté à la figure 2, aussi
bien Voss et al. (1995) que Collins et al. (1996) ont nommé leur modèle de la classe
mondiale : le «modèle pratique-performance». Selon Voss (2005ab, 1995), les meilleures
pratiques permettent non seulement une meilleure performance, mais dotent l’entreprise
de meilleures capacités (capabilities) –tel qu’illustré à la figure 3–, favorisant ainsi
l’amélioration de la compétitivité. Il faut noter que ces capacités ou compétences sont
également à la base du modèle de Giffi et al. (1990) et de Roth et al. (1992).
Figure 3
Modèle conceptuel du rapport entre la stratégie des opérations et les meilleures
pratiques
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 9
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Tel qu’illustré à la figure 3, les meilleures pratiques jouent ainsi un rôle central tant au
niveau de la formulation de la stratégie des opérations que de sa mise en œuvre, voire
même sur son déploiement car elles contribuent au développement des compétences
(capabilities) en production. Ces compétences en production sont alors des atouts
organisationnels difficiles à imiter et à transférer (Schroeder et al., 2002; Swink et
Hegarty, 1998).
Il apparaît ainsi d’une part, que l’adoption des meilleures pratiques de gestion est sous-
jacente à la classe mondiale, et que d’autre part, ces pratiques se conforment aux
principes fondamentaux de la théorie des ressources de la firme (Barney et al., 2001;
Barney, 1991) dans le sens qu’elles contribuent au développement des compétences
uniques, difficiles à imiter.
Variables à l’étude
Dans le cadre de cette étude, nous avons utilisé un échantillon par convenance, composé
de quatre entreprises de haute-technologie. Ces quatre études de cas ont été réalisées
suivant la méthodologie de Yin (1994). Compte tenue de la nature exploratoire de ces
études de cas, la taille de l’échantillon a été considérée adéquate (Eisenhardt, 1989). De
fait, l’exploration du sujet de notre intérêt, par l’entremise des études de cas, vise à nous
permettre le développement théorique (Eisenhardt, 1989) nécessaire pour nos recherches
futures qui porteront sur un échantillon représentatif d’entreprises.
À travers les études de cas, nous visons principalement à mettre en évidence les
approches utilisées pour la formulation de la stratégie des opérations par des entreprises
de classe mondiale. Par ailleurs, nous examinons l’état de l’intégration des meilleures
pratiques de gestion dans ces entreprises et analysons les principales caractéristiques des
systèmes de production mis en place et mis en œuvre.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 10
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Méthodologie de recherche
La question de recherche formulée pour cette étape de notre programme de recherche est
la suivante : «Quelles sont les principales caractéristiques des stratégies manufacturières
des quatre entreprises de classe mondiale retenues dans notre étude ?».
Compte tenue de la complexité des entreprises à l’étude, l’unité d’analyse retenue est la
stratégie manufacturière d’une de leurs divisions. De plus, afin de répondre à la question
formulée, nous avons établi les objectifs de recherche suivants :
Nous avons recueilli, d’une part, des informations à partir des données secondaires
publiques; et d’autre part, à partir des entretiens semi-structurés avec des responsables et
cadres de la production, voire même des utilisateurs des pratiques pour un des cas étudiés
(Lamy, 2006).
Étant donné que l’unité d’analyse est la stratégie manufacturière d’une des divisions dans
son contexte –à savoir, celui de la stratégie de la société d’appartenance–, la collecte des
données a donc porté autant sur les unités que sur les sociétés mères.
Nous avons ainsi réalisé quatre études de cas exploratoires, en profondeur (in-depth case
studies selon Yin, 1994), au sein d’entreprises de haute technologie appartenant à
différents secteurs. Ces quatre études de cas nous ont permis d’explorer, dans une
certaine mesure, les particularités de chaque secteur industriel concerné.
Tel que signalé au tableau 1, les paradigmes des décisions stratégiques en matière de
fabrication montrent que différentes approches –qualifiées de classe mondiale– sont
utilisées.
L’entreprise A dans son ensemble, suit l’approche classique de Schonberger en
combinaison avec la focalisation des usines, et ce depuis 25 ans environ.
De grandes différences existent donc entre les approches des divisions analysées.
Toutefois, à partir des données du tableau 1, on peut constater également que les
principaux dénominateurs communs des approches adoptées par les quatre divisions
étudiées sont : le paradigme de la production allégée, la philosophie de l’amélioration
continue (AC), et la flexibilité.
Tableau 1 – Description générale des sociétés impliquées dans les études de cas
Taille
Entreprise/ Industrie comparative Paradigme dominant les choix
Division des sociétés en matière de stratégie manufacturière
concernées dans les divisions analysées
1
Transports et (la société la Approche de Schonberger.
A Matériaux plus petite) Meilleures pratiques : JAT, CTQ, IE, AC et
composites Près de 15 production allégée.
usines à travers Focalisation des usines par produits et
le monde connaissances.
Amélioration continue, focalisation par
produit
Approche en évolution rapide vers le «fit»
B Aéronautique 2 de la stratégie manufacturière et la stratégie
d’entreprise.
Nombreuses pratiques dont notamment Six
Sigma, l’ingénierie simultanée, la production
allégée et le tableau de bord prospectif de
Kaplan et Norton
Approche de Hill.
Production par lot, très innovatrice,
Télécom- focalisation par produits et sous-traitance des
C munications 3 produits.
Nombreuses pratiques axées sur la qualité et
l’amélioration continue, la production
allégée et le développement de nouveaux
produits (méthode à jalon); pas de pratique
Six Sigma en tant que telle.
Sur-mesure de masse.
Semi- 4 La division effectue de la sous-traitance pour
D conducteurs et le reste de la société voire pour d’autres
ordinateurs (la société la entreprises.
plus grande, plus Système très flexible voire même agile,
de 1000 unités gestion de la chaîne d’approvisionnement
de production à très développée, diversité de pratiques axées
travers le sur la production allégée et l’amélioration
monde) continue.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 13
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
précisément, les arbitrages proposés par Skinner (1974), voir Schonberger (1986:203-
204). Nous pouvons alors formuler notre première proposition comme suit :
Les systèmes de production des divisions analysées sont partiellement caractérisés dans
leurs dimensions managériales par les approches traditionnelles dont la matrice produit-
processus élaborée par Hayes et Wheelwright (1984:209). Ce cadre d’analyse classifie les
systèmes de production selon les caractéristiques du produit –en termes de volume et de
variété–, et des processus, aménagement et flux des matières. Tel que démontré par
McDermott et al. (1997) et plus récemment Ahmad et Schroeder (2002), ce cadre ne
permet pourtant pas la caractérisation complète de tous les systèmes de production
observés, notamment celui de la division de la société D.
Il est à noter également que toutes les divisions se concentrent principalement sur le
business-to-business (B2B), c’est-à-dire, que leurs clients sont d’autres divisions ou
entreprises. D’ailleurs, l’entreprise A, fidèle à l’approche de Schonberger (1996) qui
signale que les entreprises de classe mondiale choisiraient leurs clients, privilégie de
manière radicale les clients de classe mondiale. De plus, les quatre divisions cherchent
constamment à améliorer leurs niveaux de service et les délais et, par conséquence, à
diminuer leurs coûts. Toutes les divisions accordent également la priorité à l’innovation,
ce qui était attendu considérant qu’elles exercent dans le domaine de haute technologie.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 14
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
La qualité se veut exceptionnelle dans toutes les divisions; celles-ci consacrent des
ressources importantes pour soutenir les pratiques axées sur la qualité. Certes, les
divisions reconnaissent que la qualité leur est essentielle pour rester dans le marché.
Cependant, les dirigeants sont conscients qu’à eux seuls, leurs niveaux de qualité
excellents ne garantissent pas leur succès sur leur marché. Leur performance en termes de
délais, de flexibilité, ainsi que sur le plan de l’innovation, constitue la base de leurs
avantages concurrentiels lorsque les exigences des clients sont satisfaites. Ces exigences
sont donc centrales pour les actions et décisions en ce qui concerne les choix stratégiques
de la fabrication. Le rôle joué par le client vient alors démontrer la pertinence du modèle
de la classe mondiale de Giffi et al. (1990) et Roth et al. (1992).
Les divisions visent pourtant une grande flexibilité quoique sous des formes diverses.
L’entreprise B notamment vise une grande flexibilité par rapport au nombre d’options
offertes pour le produit fini, alors que la flexibilité recherchée par les trois autres
divisions s’exprime plutôt en termes de volume, spécifications et délais. Nous pouvons
alors formuler notre deuxième proposition comme suit :
En dépit des différences existant entre les approches adoptées par les divisions, la logique
dominante en ce qui a trait au déploiement des stratégies manufacturières est la cohérence
et le «fit» stratégique (Hill, 2000; Slack et Lewis, 2001). Les quatre divisions démontrent
clairement la compréhension et l’adoption de cette logique. Toutefois, la taille des
entreprises étant comparativement très différente, l’implication de la haute direction par
rapport à l’adoption des pratiques varie d’une entreprise à une autre.
Le tableau 2 signale le rôle accordé à la production et aux pratiques par les entreprises.
On observe que ces rôles sont plutôt intrinsèques aux paradigmes des approches adoptées
pour la formulation des stratégies manufacturières (tel que décrits précédemment, au
tableau 1). L’approche de l’entreprise A se veut beaucoup plus axée sur la contribution
de la fabrication à la performance de l’entreprise tandis que les approches des divisions B
et C se veulent beaucoup plus managériales et moins centrées sur la production. Dans le
cas de la division C, on fait même appel à la sous-traitance très tôt dans le cycle de vie du
produit.
Pour l’entreprise A, cependant, les choix stratégiques sont définis par les pratiques; alors
que dans la division de l’entreprise B, les pratiques servent à assurer la cohérence, voire
l’intégration de la stratégie manufacturière et de la stratégie de l’entreprise. Dans les
divisions C et D, les pratiques supportent la stratégie manufacturière implantée.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 15
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Degré
Rôle de la d’intégration Durée Turbulence Degré
Entreprise/ Production Rôle des pratiques des pratiques à de vie des de d’imbrication
Division la stratégie principaux l’industrie des stratégies
manufacturière produits
Selon Lawrence et Lorsch (1967) «l’intégration est atteinte grâce à l’unité des efforts des
principaux spécialistes fonctionnels» (p. 86). Ainsi, le degré d’intégration des pratiques à
la stratégie manufacturière varie d’une division à une autre. Plus précisément, ce degré
diminue avec la taille des sociétés : plus la taille de la société est élevée plus faible est le
degré d’intégration. De plus, le degré d’intégration varie dans le même sens que la durée
de vie des principaux produits (core products) (voir cinquième colonne au tableau 2). Ce
portrait pourrait être attribué aux exigences de la fabrication, et notamment aux courts
cycles de fabrication caractéristiques des divisions C et D qui font en sorte que les
gestionnaires ne disposeraient pas suffisamment de temps pour atteindre l’intégration des
pratiques, au pire, que l’attention accordée à cette intégration consommerait des
ressources nécessaires à la flexibilité requise pour le soutien d’un flux constant de
nouveaux produits.
Selon Harrington et al. (2005), la turbulence s’exprime par «l’instabilité reliée au marché
dont des cycles d’innovation et de production plus courts, multiplicité croissante de
produits et horizons de planification plus courts» (p. 450). De plus, Schellenberg et Miller
(1998) observent que les stratégies de type «bureaucratiques», celles qui soutiennent des
structures et des mécanismes administratifs normatifs –propres à la adoption de diverses
pratiques–, s’avèrent moins effectives pour des organisations agissant dans des
environnements turbulents. Ces auteurs signalent :
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 16
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Notre échantillon montre alors que plus la durée de vie du produit est courte, plus la
turbulence de l’industrie –caractérisée entre autres par les changements introduits aux
spécifications des produits pendant une courte période de temps–, est élevée. Il est à noter
que les divisions C et D semblent s’accorder aux remarques de Harrington et al. (2005),
qui signalent que les entreprises se doivent d’être «rapides dans leurs stratégies
d’innovation, consistantes dans l’implantation et utiliser la turbulence» pour devancer les
compétiteurs dans le marché (p. 451). Ainsi, d’après notre échantillon, la turbulence de
l’industrie semble constituer un frein à l’intégration des pratiques à la stratégie
manufacturière.
Il faut signaler également que Voss (2005ab, 1995) a identifié trois «paradigmes»
distincts en stratégie manufacturière : la concurrence par la fabrication, les choix
stratégiques en fabrication et les meilleures pratiques (voir figure 4, à la page suivante).
D’après l’auteur, la concurrence par la fabrication est l’approche qui soutient que les
compétences de la fabrication (manufacturing capabilities) devraient permettre à
l’entreprise d’affronter la compétition, et que ces compétences devraient s’aligner aux
facteurs de succès, à la stratégie d’entreprise, à la stratégie marketing et aux demandes du
marché. Ce paradigme décrit donc en partie l’approche adoptée par l’entreprise A.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 17
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Enfin, le paradigme des meilleurs pratiques, qui selon Voss (2005ab, 1995) a amené le
concept de la classe mondiale, se concentre sur le développement continu des meilleures
pratiques dans tous les domaines de l’entreprise. Selon ce paradigme, un échec dans
l’implantation de la meilleure pratique de son industrie pourrait conduire l’entreprise à la
perte des avantages concurrentiels de la fabrication. Ce paradigme vient alors compléter
la description de l’approche adoptée par l’entreprise A, tel que signalé à la figure 4, qui
illustre également le positionnement des trois autres divisions.
Figure 4
Les cycles de la stratégie manufacturière, d’après Voss (2005a:1220).
A
B
D C
Pourtant, selon Voss (2005a), le chevauchement des trois paradigmes suit un cycle défini,
l’auteur explique :
the other actions may fail. This is the logical starting point and needs to be
revisited at regular intervals. The strategy for competing through
manufacturing will lead to the need to make key strategic choices. These in
turn will require the development of the world-class performance in the
areas chosen and by necessity the development of best in class practices.
The choice and focus of these will be guided in part by previous
approaches. The continuous improvement and development of process and
practice will lead to developing the company’s capabilities. These in turn
may enhance or change the way it chooses to compete through
manufacturing.
Les cas analysés se situent davantage aux zones de chevauchement voire même près du
centre du schéma de Voss (2005a, 1995). La figure 4 en donne une illustration. Ces cas
permettent effectivement de constater un chevauchement des trois paradigmes et pour
certaines des divisions, notamment le cas de l’entreprise A, deux des paradigmes
s’avèrent plus dominants. Par ailleurs, bien qu’ayant exploré les choix stratégiques passés
en matière de fabrication, nous n’avons pas réussi à documenter le processus itératif,
soutenu également par Lewis (2003). Nous constatons, bien évidemment, certains
changements et de l’innovation dans les approches adoptées, et en particulier dans le cas
de la division de l’entreprise B, qui semble être la division qui réussit mieux l’équilibre
entre les trois paradigmes (plus centrale). Les éléments déclencheurs des changements
sont attribués, d’après les dirigeants, aux caractéristiques de l’environnement des
entreprises et non à une itération volontaire ou systématique de l’approche adoptée pour
élaborer la stratégie manufacturière. Nous formulons alors notre sixième proposition
comme suit :
Sur la base des constats effectués dans les divisions étudiées, il apparaît également que la
turbulence de l’environnement des entreprises façonne les approches adoptées. Cet
élément n’est pourtant pas considéré dans le schéma de Voss (2005a, 1995). De fait, en
contexte de turbulence, Rigby (2001) signale que la haute direction doit constamment
surveiller trois dimensions : la source et le niveau de turbulence de l’industrie, le
positionnement stratégique de l’entreprise ainsi que sa force financière. Sur cette base, les
entreprises performantes, affirme l’auteur, profitent du contexte turbulent au lieu de le
subir, soit en agissant rapidement, soit en faisant des arbitrages et en se concentrant sur
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 19
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Ainsi, pour comparer l’influence de l’environnement, nous nous sommes appuyés sur le
degré d’imbrication des stratégies manufacturières avec celles des sociétés mères, tout en
considérant que : plus les hauts dirigeants sont impliqués dans les choix en matière de
fabrication, plus le degré d’imbrication est élevé. Tel que présenté au tableau 2 (dernière
colonne à droite), le degré d’imbrication des stratégies des divisions étudiées est similaire
au portrait du degré d’intégration des pratiques à la stratégie manufacturière.
Il est à noter que les recherches de Swamidass et al. (2001a), effectuées auprès des
entreprises manufacturières, sans mentionner la catégorie de la classe mondiale, montrent
que ces managers n’interviennent pas de manière significative dans les processus
décisionnels stratégiques. Swamidass et Newell (1987) avaient même observé «une
tendance à diminuer le rôle des managers des opérations dans les processus de prise de
décisions stratégiques lorsque l’incertitude de l’environnement augmente» (p. 522). Dans
une étude de trois cas, Swamidass et al. (2001b) constatent également que le processus de
formulation de la stratégie manufacturière n’est même pas formel. Ces auteurs
remarquent alors que la planification stratégique de la fabrication de haut-en-bas (top-
down manufacturing strategy planning) n’est pas évidente. D’ailleurs, Baines et al.
(2005), ont très récemment proposé un processus formel et rationnel pour guider les
manufacturiers dans leurs décisions concernant le positionnement stratégique.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 20
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Au regard de cet état de faits, nous formulons notre septième proposition comme suit :
Figure 5
Degré de turbulence, intégration des stratégies/pratiques et imbrication des stratégies
Élevée
4 D C
Décentralisation
Réseaux locaux
3 Focalisation Sous-traitance
Systèmes agiles
B
Turbulence
A
2 Centralisation
Réseaux globaux
Focalisation
Systèmes flexibles
Faible 1
1 2 3 4
Faible Élevé
Degré d’imbrication des stratégies
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 21
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Enfin, bien que nous n’ayons pas été en mesure de déceler le processus de construction
de leurs compétences en production, tel que suggéré par exemple, par Maslen et Platts
(2000), nos résultats supportent les fondements de la théorie de la ressource de la firme
dans son application à la fabrication (Schroeder et al., 2002; Swink et Hegarty, 1998).
Les divisions de classe mondiale étudiées adoptent des meilleures pratiques dans le but
de développer des compétences ou des capacités de production distinctes et non
imitables, et pour intégrer des connaissances externes. Leurs stratégies manufacturières se
composent d’éléments relevant des trois paradigmes identifiés par Voss (2005ab; 1995),
et combinés d’une manière unique, difficile de cerner et, par conséquent, difficile à
copier.
Conclusion
Dans ce cahier de recherche, nous avons essentiellement présenté l’analyse des approches
adoptées par quatre divisions d’entreprises de classe mondiale, en matière de stratégie
manufacturière. Les différences entre les approches observées nous amènent à considérer
que pour atteindre le niveau de performance des entreprises de classe mondiale, les
entreprises n’ont pas à suivre un pattern commun. En effet, les entreprises de classe
mondiale se caractérisent par le développement d’approches plutôt distinctes, qui
combinent d’une manière unique, tout en tenant compte de la turbulence de leur
environnement, les trois paradigmes identifiés par Voss (2005ab, 1995).
Finalement, nous avons par ailleurs formulé huit propositions qui constituent une base
pour nos recherches futures visant à mieux caractériser les réseaux de production qui
gagnent de plus en plus en importance dans l’environnement mondial. De ce point de
vue, nous planifions de réaliser une enquête à grande échelle qui nous permettra de
vérifier les propositions issues des résultats des études de cas présentés dans cette étude.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 22
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Références
Ahmad, S., Schroeder, R.G. (2002) «Refining the product-process matrix», International
Journal of Operations & Production Management, vol. 22, no 1, p. 103-124.
Baines, T., Kay, G., Adesola, S., Higson, M. (2005) «Strategic positioning: An integrated
decision process for manufacturers», International Journal of Operations & Production
Management, vol. 25, no 2, p. 180-201.
Barnes, D. (2002) «The complexities of the manufacturing strategy formation process in
practice», International Journal of Operations & Production Management, vol. 22, no
10, p.1090-1111.
Barnes, D., Rowbotham, F. (2004) «Testing the four-stage model of the strategic role of
operations in a UK context», International Journal of Operations & Production
Management, vol. 24, no 7, p.701-720.
Barney, J. (1991) «Firm resources and sustained competitive advantage», Journal of
Management, vol. 17, no 1, p.99-120.
Barney, J., Wright, M., Ketchen, D.J.Jr. (2001) «The resource-based view of the firm: Ten years
after 1991», Journal of Management, vol. 27, no 6, p.625-641.
Bolden, R., Waterson, P., Warr, P., Clegg, C., Wall, T. (1997) «A new taxonomy of modern
manufacturing practices», International Journal of Operations & Production
Management, vol. 17, no 11, p. 1112-1130.
Boyle, T.A. (2006) «Towards best management practices for implementing manufacturing
flexibility», Journal of Manufacturing Technology Management, vol. 17, no 1, p. 6-21.
Chakravarthy, B. (1997) «A new strategy framework for coping with turbulence», Sloan
Management Review, vol. 38, no 2, p. 69-82.
Christiansen, T., Berry, W.L., Bruun, P., Ward, P. (2003) «A mapping of competitive priorities,
manufacturing practices, and operational performance in groups of Danish
manufacturing companies», International Journal of Operations & Production
Management, vol. 23, no 10, p. 1163-1183.
Collins, R., Cordon, C. et Julien, D. (1996) «Lessons from the ‘Made in Switzerland’ study:
What makes a world-class manufacturer?», European Management Journal, vol. 14,
no 5, p. 576-589.
Corbett, L.M., Campbell-Hunt, C. (2002) «Grappling with a gusher! Manufacturing’s response
to business success in small and medium enterprises», Journal of Operations
Management, vol. 20, no 5, p.495-517.
Dangayach, G.S., Deshmukh, S.G. (2001) «Manufacturing Strategy. Literature review and
some issues», International Journal of Operations & Production Management, vol.
21, no 7, p. 884-932.
Devaraj, S., Hollingworth, D.G., Schroeder, R.G. (2004) «Generic manufacturing strategies and
plant performance», Journal of Operations Management, vol. 22, no 3, p. 313-333.
Eisenhardt, K.M. (1989) «Building theories from case study research», Academy of
Management Review, vol. 14, no 4, p. 532-550.
Feigenbaum, A.V. (1992) «World class companies are remarkably similar», Journal for Quality
and Participation, vol. 15, no 2, p. 10-12.
Frolich, M., Dixon, J.R. (2001) «A taxonomy of manufacturing strategies revisited», Journal of
Operations Management, vol. 19, no 5, p.541-558.
Giffi, C., Roth, A., Seal, G. (1990) Competing in World Class Manufacturing: America’s 21st
Century Challenge, Business One Irwin, Homewood, Ill., 410 pages.
Gunn, T. (1987) Manufacturing for Competitive Advantage. Becoming a World Class
Manufacturer, Ballinger Publishing Co, Cambridge, MA, 221 pages.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 23
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Harrington, D.G., Lawton, T.C., Rajwani, T. (2005) «Embracing and exploiting industrial
turbulence: The strategic transformation of Aer Lingus», European Management
Journal, vol. 23, no 4, p. 450-457.
Harrison, A. (1998) «Manufacturing strategy and the concept of world class manufacturing»,
International Journal of Operations & Production Management, vol. 18, no 4, p. 397-
408.
Hayes, R.H., Wheelwright, S.C. (1984) Restoring Our Competitive Edge, Competing Through
Manufacturing, John Wiley&Sons : New York, 427 pages.
Hill, T. (2000) Manufacturing strategy. Text and cases, 3e edition, Irwin McGraw-Hill, NY,
588 pages.
Hill, T.J. (1986) «Teaching manufacturing strategy», International Journal of Operations &
Production Management, vol. 6, no 3, p. 10-20.
Hum, S.-H., Leow, L-H. (1996) «Strategic manufacturing effectiveness. An empirical study
based on the Hayes-Wheelwright framework», International Journal of Operations &
Production Management, vol. 16, no 4, p.4-18.
Kaplan, R.S., Norton, D.P. (2001) The strategy-focused organization. How balanced scorecard
companies thrive in the new business environment, Harvard Business School Press,
Boston, 400 pages.
Lamy, N. (2006) Le niveau d’intégration entre les meilleures pratiques de gestion et la stratégie
de l’entreprise: Une étude de cas, mémoire de M.Sc., HEC Montréal, 190 pages.
Laugen, B.T., Acur, N., Boer, H., Frick, J. (2005) «Best manufacturing practices. What do the
best-performing companies do?», International Journal of Operations & Production
Management, vol. 25, no 2, p.131-150.
Lawrence, P.R., Lorsch, J.W. (1967) «New management job: The integrator», Harvard
Business Review, vol. 45, no 6, p. 142-151.
Lee, W.B., Lau, H.C.W. (1999) «Factory on demand: The shaping of an agile production
network», International Journal of Agile Management Systems, Vol.1, No. 2, p. 83-87.
Leseure, M.J., Bauer, J., Birdi, K., Neely, A., Denyer, D. (2004) «Adoption of promising
practices: A systematic review of the evidence», International Journal of Management
Review, vol. 5/6, nos 3/4, p.169-190.
Lewis, M.A. (2003) «Analysing organisational competence: Implications for the management
of operations», International Journal of Operations & Production Management, vol.
23, no 7, p. 731-756.
Maslen, R., Platts, K.W. (2000) «Building manufacturing capabilities», Int. J. Manufacturing
Technology Management, vol. 1, nos 4/5, p. 349-365.
McCutcheon, D.M., Raturi, A.S., Meredith, J.R. (1994) «The customization-responsiveness
squeeze», Sloan Management Review, vol. 35, no 2, p. 89-99.
McDermott, C.M., Greis, N.P., Fischer, W.A. (1997) «The diminishing utility of the
product/process matrix: A study of the US power tool industry», International Journal
of Operations & Production Management, vol. 17, no 1, p. 65-84.
Miltenburg, J. (1995) Manufacturing Strategy. How to formulate and implement a winning
plan. Productivity Press, Portland (Oregon), 372 pages.
Pine II, B.J. (1993) Mass customization. The new frontiers in business competition, Harvard
Business School Press, Boston, 333 pages.
Reider, R. (2000), Benchamarking strategies: A tool for profit improvement, Wiley; cité dans
Ungan (2004).
Rigby, D.K. (2001) «Situational strategies. A management tool for turbulent times», Strategy &
Leadership, vol. 29, no 6, p. 8-12.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 24
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Roth, A., Giffi, C., Seal, G. (1992) «Operating strategies for the 1990s: Elements comprising
world-class manufacturing » dans Voss, C. (éd.), Manufacturing Strategy. Process and
Content, Chapman & Hall, London, p. 133-165.
Sahin, F. (2000) «Manufacturing competitiveness: Different systems to achieve the same
results», Production and Inventory Management Journal, vol. 41, no 1, p. 56-65.
Schellenberg, K., Miller, G.A. (1998) «Turbulence and bureaucracy», The Journal of Applied
Behavioral Science, vol. 34, no 2, p. 202-221.
Schonberger, R. (1986), World Class Manufacturing. The Lessons of Simplicity Applied. The
Free Press: New York, 253 pages.
Schonberger, R. (1996), World Class Manufacturing. The next decades: building power,
strength, and value. The Free Press, New York, 275 pages.
Schroeder, R.G., Bates, K.A., Junttila, M.A. (2002) «A resource-based view of manufacturing
strategy and the relationship to manufacturing performance», Strategic Management
Journal, vol. 23, no 2, p. 105-117.
Shah, R., Ward, P.T. (2003) «Lean manufacturing: Context, practice bundles, and
performance», Journal of Operations Management, vol. 21, no 2, p. 129-149.
Slack, N., Lewis, M. (2001) Operations strategy, Prentice Hall, NY, 504 pages.
Skinner, W. (1969) «Manufacturing – the missing link in corporate strategy», Harvard
Business Review, vol. 47, no 3, p. 136-145.
Skinner, W. (1974) «The focused factory», Harvard Business Review, vol. 52, no 3, p.113-121.
Skinner, W. (1985) Manufacturing. The formidable competitive weapon, John Wiley & Sons,
N.Y., 330 pages.
Skinner, W. (1992) «Missing the links in manufacturing strategy» dans Voss, C.A. (éd.)
Manufacturing strategy. Process and content, Chapman & Hall, London, p. 13-25.
Sohal, A.S., Gordon, J., Fuller, G., Simon, A. (1999) «Manufacturing practices and competitive
capability: An Australian study», Technovation, vol. 19, p. 295-304.
Spring, M., Dalrymple, J.F. (2000) «Product customisation and manufacturing strategy»,
International Journal of Operations & Production Management, vol. 20, no 4, p. 441-
467.
Swamidass, P.M., Baines, T., Darlow, N. (2001a) «The role of manufacturing and marketing
managers in strategy development», International Journal of Operations &
Production Management, vol. 21, no 7, p. 933-948.
Swamidass, P.M., Darlow, N., Baines, T. (2001b) «Evolving forms of manufacturing strategy
development. Evidence and implications», International Journal of Operations &
Production Management, vol. 21, no 10, p. 1289-1304.
Swamidass, P.M., Newell, W.T. (1987) «Manufacturing strategy, environmental uncertainty
and performance: A path analytic model», Management Science, vol. 33, no 4, p. 509-
524.
Swink, m., Hegarty, W.H. (1998) «Core manufacturing capabilities and their links to product
differentiation», International Journal of Operations & Production Management, vol.
18, no 4, p.374-396.
Tu, Q., Vonderembse, M.A., Ragu-Nathan, T.S. (2001) «The impact of time-based
manufacturing practices on mass customization and value to customer», Journal of
Operations Management, vol. 19, no 2, p. 201-217.
Ungan, M. (2004) «Factors affecting the adoption of manufacturing best practices»,
Benchmarking: An International Journal, vol. 11, no 5, p. 504-520.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 25
Stratégie des opérations et meilleures pratiques de gestion :
une analyse de quatre cas d'entreprises de haute technologie
Upton, D.M., Kim, B. (1998) «Alternative methods of learning and process improvement in
manufacturing», Journal of Operations Management, vol. 16, no 1, p. 1-20.
Venables, M. (2005) «When lean is not enough», Works Management, vol. 58, no 1, p. 14-16.
Voss, C.A. (1992) Manufacturing strategy. Process and content, Chapman & Hall, London,
402 pages.
Voss, C. A. (1993) Made in Britain. London Business School, London, cite par Sohal et al.,
(1999).
Voss, C.A. (1995) «Alternative paradigms for manufacturing strategy», International Journal
of Operations & Production Management, vol. 15, no 4, p. 5-24.
Voss, C., Blackmon, K., Hanson, P., Oak, B. (1995) «The competitiveness of European
manufacturing – A four country study», Business Strategy Review, vol. 6, no 1, p. 1-25.
Voss, C.A. (2005a) «Original Paper. Alternative paradigms for manufacturing strategy»,
International Journal of Operations & Production Management, vol. 25, no 12, p. 1211-
1222.
Voss, C.A. (2005b) «Update. Paradigms of manufacturing strategy re-visited», International
Journal of Operations & Production Management, vol. 25, no 12, p. 1223-1227.
Voss, C., Blackmon, K., Hanson, P., Oak, B. (1995) «The competitiveness of European
manufacturing – A four country study», Business Strategy Review, vol. 6, no 1, p. 1-25.
Voss, C. et Huxham, C. (2004), «Problems, dilemmas and promising practices», Proceedings of
the 11th Annual Euroma Conference, p. 309-318, cités dans Voss (2005b).
Windhal, Ch., Andersson, P., Berggren, C., Nehler, C. (2004) «Manufacturing firms and
integrated solutions: Characteristics and implications», European Journal of Innovation
Management, vol. 7, no 3, p. 218-228.
Womack, J.P., Jones, D.T., Roos, D. (1990) The machine that changed the world, Macmillan,
N.Y., 323 pages.
Yin, R.K. (1994) Case Study research. Design and methods, 2e édition, Sage Publications,
London, 170 pages.
_______________________________
Copyright © 2006. HEC Montréal 26