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SAUVAGNAT, F. “Hallucinations psychotiques et énonciation. La voix, dans et hors la cure”, Numéro
thématique, Revue Psychologie Clinique, n. 19, p. 93-125, 2005.
hallucinations (interrupted sentences, hallucinatory insults). Consequently, two aspects
must be differntiated in the Lacanian theory of enunciation : 1) the cut or separation,
derived from the Pichonian discortantiel, 2) the designation of the subject, which Lacan
constructs by identifying the Jakobsonian C/M shifter with the Pichonian personne
ténue. On the other side, the Pichonian personne étoffée is corrected as being in fact the
material of the fantasy, the core of which is the object of the drive.
Dans plusieurs publications (Sauvagnat 1983, 1990, 1997, 2002), nous avons montré
que la théorie lacanienne du signifiant n’était pas, comme on le croit trop souvent, le
résultat d’une sorte de placage de théories linguistiques sur l’expérience analytique,
mais qu’il fallait au contraire tenir compte du fait que pour Lacan, le « signifiant dans le
réel » (Séminaire “Les psychoses”, 1955), le signifiant à l’état pur, si l’on peut dire,
apparaît lors d’expériences psychotiques sous les espèces d’interprétations délirantes et
d’hallucinations verbales. Plus encore que la référence à Clérambault, la référence au
principal inspirateur de celui-ci, Jules Séglas, est essentielle. Que nous dit ce dernier ?
Sa thèse essentielle est que les hallucinations verbales, loin de devoir être considérées
comme des « erreurs de perception », comme le voulait Esquirol, sont avant tout à
comprendre comme des formes pathologiques de langage intérieur. Il a effectivement
démontré que les hallucinations auditives psychotiques sont pratiquement toutes
proférées par le sujet de façon plus ou moins perceptible. Cette hypothèse a été
confirmée par toute une ligne de recherches encore bien vivante actuellement, dans
laquelle les mouvements du larynx et du pharynx du sujet halluciné sont observés, les
proférations à voix basse sont captées et leur sonorité augmentée et régulièrement, on
vérifie que le contenu même des hallucinations dont se plaint le patient correspond bien
à des proférations (Sauvagnat 1997).
Mais il y a évidemment aussi une thèse subsidiaire : si les hallucinations verbales sont
bien une pathologie du langage intérieur, on peut renverser cette proposition et se
demander si on ne peut pas décrire toute une série de configurations plus ou moins
continues allant du vécu d’hallucination (vécu d’étrangeté, d’écho, d’annexion par un
Autre mystérieux de nos propres proférations) à un vécu d’appropriation, dans lesquels
le sujet, se parlant à soi-même comme dans le Lieutenant Gustel d’Arthur Schnitzler,
s’éprouve au contraire être lui-même dans la parole qu’il ne destine à personne d’autre.
Jules Séglas s’était contenté de décrire une telle continuité entre l’hallucination
psychomotrice verbale et toute une série de proférations involontaires d’intensité
croissante. L’idée que nous allons soutenir dans les lignes qui suivent est que la théorie
de l’énonciation de J. Lacan est une façon de décrire ce qui fait la différence entre des
cas où la parole est vécue comme totalement étrangère au sujet, et le cas normal où
celui-ci se sent être le maître d’une parole qu’il peut considérer comme un simple
instrument de sa pensée. Une telle perspective n’est pas à vrai dire isolée dans notre
champ. Dans un horizon culturel différent, Lev Vygotsky avait soutenu que le langage
tel qu’il est utilisé par l’adulte est le résultat final d’une difficile transition, chez
l’enfant, entre des proférations infantiles asémantiques et phonétiquement libres, et la
reprise du langage formel tel qu’il est utilisé par son entourage. Nous allons proposer
une lecture de la notion d’énonciation telle qu’elle est utilisée par J. Lacan, dans
laquelle nous allons voir que cette notion essaie précisément de répondre à cette
question de savoir quel type de rapport entretiennent, d’une part, l’expérience des
hallucinations verbales chez le psychotique et, d’autre part, l’expérience de la
profération normale d’un sujet névrotique, parfaitement certain que c’est bien lui qui
parle au moment où il le fait. Cette utilisation de la notion d’énonciation est à notre avis
particulière à J. Lacan et à certains de ses élèves. Elle est à distinguer d’un certain
nombre d’usages classiques de la notion de cette notion.
Quant au forclusif, second aspect de la négation, il est « constitué par des mots comme
rien, jamais, personne, plus, guère , etc. [ainsi, naturellement, que pas, qui possède en
outre des pouvoirs de "surnégation"] et s'applique aux faits que le locuteur n'envisage
pas comme faisant partie de la réalité. Ces faits sont en quelque sorte forclos, ainsi
donnons-nous à ce second morceau de la négation le nom de forclusif ». Pour les
auteurs, les idées touchées par le forclusif sont « expulsées du champ des possibilités
aperçues par le locuteur ». Lorsque Mme Jourdain déclare à propos de Covielle, dans Le
Bourgeois Gentilhomme, « Je ne veux point qu'il me dise rien », la particule forclusive
« scotomise en somme la possibilité […] qu'elle se refuse à envisager ». La chose est
d'autant plus frappante dans le cas du repentir, où ce désir d'expulsion hors de la réalité
porte sur des choses du passé. Damourette et Pichon citent à ce propos un article de J.
Marcillac qui écrivait dans Le Journal du 18 août 1922 : « L'affaire Dreyfus c'est pour
moi un livre qui est désormais clos. Il dut se repentir de l'avoir jamais ouvert ». Voilà
qui, pour Damourette et Pichon, constitue un exemple particulièrement frappant,
éclairant les mécanismes de l'énonciation sous sa forme la plus pure : celle de
l'inconscient. « Le langage, écrivent-ils, est pour celui qui sait en éclairer les images un
merveilleux miroir des profondeurs de l'inconscient. Le repentir est le désir qu'une
chose passée, donc irréparable, n'ait jamais existé ; la langue française, par le forclusif,
exprime ce désir de scotomisation, traduisant ainsi le phénomène normal dont la
scotomisation, décrite en pathologie mentale par M. Laforgue et l'un de nous, est
l'exagération pathologique ».
- le forclusif indique que le fait considéré n'apparaît pas dans mon champ de
connaissance : l'exclusion porte ici sur un ensemble, et non sur ses éléments.
Le troisième aspect concerne les deux formes que connaissent les pronoms personnels,
qui lui aussi sera repris et critiqué par J. Lacan. Ils relèvent de la « répartitoire
d'empersonnement » et deux séries sont à relever : les pronoms personnels agglutinatifs
(dits aussi ténus : je, tu, il…), c'est à dire « aussi étroitement unis au verbe que s'ils
étaient coalescents » et soumis au même accent d'intensité du point de vue de la
scansion ; d'autre part les pronoms personnels indépendants (dits étoffés : moi, toi,
lui…), ayant une rhèse (accent d'intensité) à eux ; mis à part le fait qu'ils exigent
l'accord du verbe, leur syntaxe est très proche des celle des noms propres. La « physe
d'empersonnement ténue » exprime « la substance personnisée uniquement en ce qu'elle
a à jouer, dans l'ocurrence, son rôle de personne grammaticale ». Lorsque le sujet est
uniquement représenté par la personne ténue, « il se dépouille de ce qui n'est pas la
notion de locuteur », il « s'intimise ». Cette personne ténue est « bien plus endo-
psychique, bien plus spiritualisée que la personne étoffée moi, laquelle est jusqu'à un
certain point, vue de l'extérieur comme pourrait l'être une autre substance ». La
personne ténue se présente en outre comme « continue et identique à elle-même ». En
revanche, la personne étoffée ajoute à cette présentation « tous ses caractères tant
essentiels qu'accessoires », au point de se sentir parfois étranger à soi-même : vu
introspectivement, « le moi […] peut laisser tomber des pans entiers de lui-même, et y
voir surgir de nouveaux appartements ». Au contraire de la personne ténue, qui pour les
auteurs se caractérise par sa continuité, la personne étoffée est particulièrement adaptée
pour exprimer la dépersonnalisation, dans la mesure où ses identifications lui sont au
départ étrangères. Damourette et Pichon citent ainsi plusieurs auteurs évoquant la
transformation d'un personnage selon plusieurs identités successives. Nous avons donc
chez Damourette et Pichon une série de notations tout à fait consistantes sur la notion
d'énonciation, même si le terme n'est pas employé par eux et même si, pourrait-on
ajouter, leur vocabulaire technique rend parfois leur propos peu abordable.
C'est néanmoins Roman Jakobson dans son fameux article de 1957 (mais dont les
parties essentielles étaient prêtes dès 1950), "Les Embrayeurs, les catégories verbales et
le verbe russe", qui a été le plus directement mis à contribution par J. Lacan, et très
probablement du fait de ses références à la théorie de l'information, alors un sujet
extrêmement brûlant. Tant le message que le code, nous indique Jakobson, peuvent être
traités comme objets d'emploi ou de référence : un message peut renvoyer soit au code,
soit à un autre message ; d'autre part, la même chose est vraie de toute une unité de
code. À partir de là, quatre « types doubles » peuvent être distingués : M/M, C/C, M/C
et C/M. Jakobson discute d'abord du discours cité (M/M), en évoquant fort
classiquement les recherches de V. N. Volochinov, mais, contrairement à Todorov, il ne
considère pas qu'il s'agisse ici d'énonciation. Puis il considère que le type double C/C
correspond aux noms propres, qui « désignent quiconque porte ce nom » : Fido désigne
un chien qui s'appelle Fido, sans qu'il existe aucune propriété spéciale de « fidoïté » ; la
nomination n'est qu'un sec renvoi au code, sans aucun contenu, estime Jakobson, qui
s'appuie ici largement sur la théorie purement arbitraire de la nomination développée
par Bertrand Russell. Vient ensuite le mode autonyme (M/C), qui désigne « toute
interprétation ayant pour objet l'élucidation de mots ou de phrases, qu'elle soit
intralinguale (circonlocution, synonymes) ou interlinguale (traduction) ». Il s'agit
toujours d'un « message renvoyant au code ». Enfin viennent les embrayeurs (en anglais
shifters, C/M), dont la nature sémiologique a été, pour Jakobson, établie par l'étude d'A.
W. Burks sur la classification des signes selon Peirce. Burks, estime Jakobson, a montré
que les pronoms sont à la fois des symboles (associés conventionnellement à des objets)
et des index (en relation existentielle avec des objets). « Le mot "je" désignant
l'énonciateur est dans une relation existentielle avec l'énonciation, donc il fonctionne
comme un index », écrit-il. Jakobson critique la lecture proposée par Husserl, qui
insistait uniquement dans ses Recherches logiques sur le caractère interchangeable des
locuteurs de la première personne et celle proposée par B. Russell, qui estimait que les «
particuliers égocentriques » ne s'appliquent jamais à plus d'une chose à la fois. En fait,
la vraie caractéristique des embrayeurs, estime Jakobson, est d'être des constituants du
code linguistique qui renvoient obligatoirement au message. Jakobson insiste également
sur le caractère sophistiqué des shifters, qui ne sont acquis que très tardivement par les
jeunes enfants, et leur concurrence avec les noms propres (C/C), qui constituent le
premier type d'autodésignation. Il montre très finement à quel point les shifters peuvent
avoir un caractère inquiétant pour certains enfants, qui ne s'habituent pas aisément à des
termes aussi aliénables que les pronoms personnels, après avoir eu l'expérience d'un
nom propre inaliénable. Certains, par réaction « tentent de monopoliser le pronom
"moi" ; dans d'autres cas, certains sujets refusent de dire leur patronyme, retrouvant en
cela des pratiques propres à certaines sociétés traditionnelles ».
Si nous nous penchons maintenant sur la façon dont le notion d'énonciation est
thématisée chez J. Lacan, nous notons d'emblée deux choses. D'une part, les références
sont assez nombreuses – Henry Krutzen note 46 références en se basant uniquement sur
les séminaires de J. Lacan – et elles sont très principalement concentrées sur une
construction théorique particulière, celle du graphe du désir, qui est construit dans la
continuité du séminaire sur la lettre volée (Séminaire I), c'est à dire d'une application de
la cybernétique à la psychanalyse comme l'a montré J.-A. Miller. Nous nous bornerons
ici essentiellement à discuter la présentation développée de ce graphe dans "Subversion
du sujet et dialectique du désir". Une première constatation : c'est avec le concept
d'énonciation que J. Lacan essaie de saisir la réalité du sujet de l'inconscient. Dès la
septième page de ce long article, nous constatons que J. Lacan propose de définir le
sujet « à partir de la définition strictement linguistique du Je comme signifiant ». Il n'est
alors « rien d'autre que le shifter ou indicatif qui dans le sujet de l'énoncé désigne le
sujet en tant qu'il parle actuellement ». Il faut probablement comprendre index au lieu
d'indicatif. Cette indication, estime Lacan, va bien au-delà de la signification : le shifter
désigne le sujet de l'énonciation « mais ne le signifie pas ». Il est de même tout à fait
possible que dans un énoncé, aucun signifiant ne représente le sujet de l'énonciation. Tel
est, estime Lacan, le cas du ne explétif, qui est un signe d'énoncation beaucoup plus net
que les pronoms eux-mêmes, à qui est donc dévolue la lourde charge de différencier la
désignation et la signification. Il propose les exemples suivants :
1) « Puisse la charge que nous lui donnons, les faire s'y reprendre, avant qu'il ne soit
avéré qu'ils n'y comprennent rien ». Dans ce cas, indique Lacan, le ne a une « valeur
d'attaque » qui renvoie à une énonciation singulière. Si en revanche le ne explétif n'était
pas employé, l'énonciation serait élidée dans l'impersonnalité du nous.
2) « Mais je crains ainsi qu'ils n'en viennent à me honnir ». Dans ce cas l'explétif insiste
sur « la crainte alléguée de l'avis de ma répugnance » (autrement dit, la crainte d'être
rejeté), où se manifeste l'énonciation. Si en revanche l'explétif était supprimé, explique
Lacan, il s'agirait d'une assertion timide, l'énonciation n'étant plus séparée de l'énoncé.
Le sujet serait alors situé dans l'énoncé avec lequel il se confondrait.
La question de l'énonciation peut également être posée sous la forme suivante : « Qui
parle ? ». S'inspirant du ne explétif, Lacan considère alors qu'il faut « tout ramener à la
fonction de coupure dans le discours ». Dès lors « le discours dans la séance analytique
ne vaut que de ce qu'il trébuche ou même s'interrompt ». La structure du sujet serait
celle d'une « discontinuité dans le réel », « coupure dans la chaîne signifiante » ; le sujet
ne venant à l'être qu'en « disparaissant de [son] dit » : c'est une « énonciation qui se
dénonce », un « énoncé qui se renonce », une « ignorance qui se dissipe », une «
occasion qui se perd ». L'illustration la plus parfaite de cette figure du sujet est donnée,
pour Lacan, par le fameux énoncé d'un patient obsessionnel : « Il [le père] ne savait pas
qu'il était mort », rapporté par Freud dans ses "Formulations sur les deux principes de
l'advenir psychique". L'existence du sujet y est affirmée sous condition d'un non-savoir
du père, présenté comme un souhait, conséquence ultime de la définition du sujet de
l'énonciation comme désigné par le ne explétif : « Il ne savait pas… un peu plus il
savait, ah ! que jamais ceci n'arrive ! Plutôt qu'il sache, que je meure. Oui, c'est ainsi
que ce Je vient là, là où c'était : qui donc savait que j'étais mort ? ». Le je est donc alors
un « être de non-étant », doublement : sa subsistance s'abolit à partir du savoir propre au
signifiant et, d'autre part, la mort symbolique est le point d'où jaillit son existence :
mortifié par le signifiant, le sujet se refuse à se réduire à une pure désignation. À partir
de là, le sujet ne se soutient pas d'une globalisation, mais bien au contraire d'un objet qui
est le témoin d'un refus de savoir, en même temps qu'il noue le désir du sujet au désir de
l'Autre.
La thèse de Lacan concernant la différence entre ces deux niveaux est simple. Pour lui,
le sujet psychotique ne connaît que l’étage inférieur, qui décrit deux configurations: soit
l’hallucination verbale (entre A et s(A)), soit la prépsychose ( entre m et i(a)). Ce niveau
inférieur décrit donc le dilemme psychotique : soit être parlé par les hallucinations, soit
raser les murs dans la prépsychose. En revanche, l’étage supérieur décrit la
configuration névrotique où le sujet assume la division de l’Autre à l’aide du montage
du fantasme, qui lui garantit à la fois une sorte de mainmise sur le désir de l’Autre et
une séparation minimale par rapport aux caprices de celui-ci.
On voit que ces deux instances ne mettent en jeu que les catégories jakobsoniennes du
code et du message. La thèse de Lacan est la suivante : ce mouvement est celui de
l'hallucination, au sens que donne Séglas à l'hallucination psycho-motrice verbale
(réception anormale du discours intérieur) en tant que le sujet ne peut s'abriter derrière
aucune négation qui pourrait le couvrir. « Messages de code et codes de message se
distingueront en formes pures dans le sujet de la psychose, celui qui se suffit de cet
Autre préalable ». J. Lacan évoque ici la façon dont il a réparti les deux types
d'hallucinations du Président Schreber :
1) D'une part, un code constitué de messages sur le code (ce que nous pouvons écrire,
en usant des formules jakobsoniennes : C=M/C).
2) D'autre part, des messages réduits à ce qui dans le code indique le message (ce que
nous pouvons écrire, en usant des formules jakobsoniennes : M=C/M).
Nous devons néanmoins faire ici une incise : que se passe-t-il lorsque le sujet de
structure psychotique n'est pas encore halluciné ? Ici il faut, nous semble-t-il, évoquer la
façon dont le moi est décrit par J. Lacan sur son graphe 58. Le trajet propre au moi, m
<--- i(a) (c'est à dire allant de l'image virtuelle dans le miroir au moi), est situé au-
dessous du trajet s(A) ---> A, que nous avons décrit précédemment, mais également au-
dessus du $ (point de départ de la boucle de la signification) et de I(A), point
d'aboutissement de la boucle de signification. Deux particularités sont annoncées pour
le trajet du moi :
1) Ce trajet (A ---> i(a) ---> m -----> s(A) ), est en court-circuit sur $ ---> I(A), c'est à
dire qu'il permet de ne pas effectuer ce trajet tout entier, qu'il coupe avant d'aboutir au
lieu du code (A). Ce court-circuit permet d'éviter l'effet de signification métaphorique,
c'est à dire les formations de l'inconscient pour le sujet névrotique ; cet effet est
catastrophique dans le cas du sujet psychotique, pour qui il produit des phénomènes de
type hallucinatoire.
2) Le moi ne s'achève que par une voie de retour sur s(A) ---> A, par un trajet $ --- i(a)
--- m ---> I(A), qui est dit métonymique, c'est à dire qu'il se règle non pas sur le « je du
discours » (C/M, c'est à dire A ---> (s(A)), mais sur un objet sans cesse repoussé à
l'infini, que Lacan précise ailleurs comme étant le phallus maternel. Le réglage du sujet
psychotique sur la « métonymie de la signification » correspond à ce que « Damourette
et Pichon prennent pour la personne étoffée », et que Lacan considère bien plutôt
comme un leurre.
(S(A barré) <--- s<>a <--- d <--- $ (D) ), mais aussi comme effet de retour entre A (le
code) et s(A) le symptôme. Ce mouvement est la stricte doublure du mouvement de
retour formateur du moi, l'un comme l'autre partent du code et aboutissent au
symptôme. La thèse de Lacan est ici que le fantasme fournit véritablement au moi son
étoffe, dans cette doublure réalisée par le second étage du graphe, par l'accollement
entre :
Nous avons tenté, par ces quelques brèves notations, de préciser la nature exacte de
l'usage de la notion d'énonciation en psychanalyse – tout particulièrement chez J. Lacan,
qui semble avoir été le premier à en imposer la notion – et la torsion qui lui avait été
imprimée à partir de son emprunt par rapport à la linguistique. Il nous est apparu évident
d'emblée que cet emprunt n'était pas une importation directe, comme semblaient le
soutenir certains linguistes, mais qu'il était orienté par ce que l'on pouvait savoir des
troubles du langage chez les sujets psychotiques, qui fournissait d'emblée un contraste
frappant pour mieux saisir la nature de l'énonciation chez le sujet névrosé. En revanche,
la prévalence des apports de Pichon et Jakobson est incontestable. À partir de là, nous
avons noté une frappante dissymétrie :
1) l'énonciation en tant que prise de distance par rapport à l'énoncé est envisagée par J.
Lacan à partir du discordantiel selon Pichon, ou du moins à partir des critiques faites par
Pichon à la notion de négation explétive ; dès lors, nous notons une expansion de ce
versant de l'énonciation vers la notion de coupure, de scansion de séance, mais
également vers la notion de modalités séparatives de l'énonciation névrotique.
Nous aurions à compléter cette étude par l'examen des hallucinations propres à la
schizophrénie, où le caractère discordant – au sens de Falret cette fois-ci – est prévalent,
ce qui implique pour J. Lacan de remettre en question la notion même d'une chaîne
signifiante, pour lui préférer la notion d'une tresse d'anneaux qui se dénoue.
Références
Burks, AW, "Icon, Index, Symbol", Philosophy and Phenomenological Research, IX,
1949.
Kussmaul Adolf: Die Störungen der Sprache, Leipzig, FCW Vogel, 1877.
Lacan, J: "Subversion du sujet et dialectique du désir" in Ecrits, Seuil, Paris 1966.