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IOTHECA S. J.
Matson Satnt-Augusttn
ENGHIEN

DE J. B. A. VERDIER, S

Prêtre.
——A
LA TRADITION

DE LEGLISE
SUR

LE PECHE' ORIGINEL

ET SUR

JLA REPROBATION

DES

ENFANS MORTS
SANS BAPTESME.

A PARIS,
Chez Imbert de Bats, rue
Saint Jacques, à l'Image S. Benoist,
prés les Mathuri ns.

M. DC. XCVIII.
Avec Jpprobation & Privilege du Roy.
N
rA??RO BATI O N &ES
DoBenn.

NOUS sousigncz Docteurs err


Théologie de la Faculté de Pa
rie, Certifions que nous avons lû
par Tordre de ladtte Faculté, un Ou
vrage intitulé, La Tradition de ÍE-
glife sur le peche Originel, & sur
la reprobation des tnfans morts fans
Baptême, compose par M. * * * *
Docteur de ladite Facultéjdans lequel
nous n'avons, rien trouvé qui ne soit
conforme à la so.y &c aux Jxmnes
mœurs. Fait à Paris ce to^Novem-
bre 1697.

Di ia RotytHs:

J. JotLAtN Curé de S. Hilasrc;.


T Extrais d* Friviiegt dn £jft <ï ^
PAr Graee & Privilege du Roy, il est pet-
mis au Sieur * * * * Docteur en_
Tfc«áôgie de U ïaewltéde Patií, <Ie faiw
imprimer, verAeJBíjdittsibuex fis Ouvrage»
frf Uf Céremonies fur les Satremens, Cst
un pu pluficjtr» wjJurac$, conjointement pu
íeparement, en tctle marge, grandeur & ca
ractere, & autant de fajs qu'tl voudra pen
dant le temps de hnkannees, à compter du
jtur que iefli» Ouvrages ûsont acheves,
eftmprimer & mis en vente poae la prermèfí
fpiscnverm dudrt Privilège, avec desenÍM
à tons Ltbraires Selmprtrheurs,, & à toute au -
rrc forte de períonnes de ^imprimer , tmt-
ter ou eontrefatre en quelque mantere q uece
soit, àTjeincdc trais rauk U»re$ d'.aroeads, te
autres peines portées par ledit Privilege:Dp»'
né à Paris le quatrième Mars 169Ì. Signé ,
Par le Roy en ton Conseil, U Gtjistxìt,
& ícellé du grand Sceau de cire jaune.
Regisirésur le.li-vnt de U &tPPttH>**té
des Ltbraires 0 lmfnmeurs de Purtste lí.
Mars l6?z. Signé, f. AuBottlN, Sjnd/c.
Achevé d'imprimer pour la premiere fois,
le 1. Fevttert6 98.
Le Sieur * * * * a cede son ^Privilege
à Imbert de Bats, pour le prelent Ltvre
feulement, íuivant l'aceord fait entt'eux.
SON EMINENCE

MONSEIGNEUR
L E
CARDINAL

D'ESTRE'ES

O N S E 1G NEV R >

Le réle que vôtre Emmenee a de


tout temps fait paroitre pour la dé.
fense des verites de nojìre fainte Re
ligion 3 me porte' à lui demander
EPITRE
Vhonneur de sa proteBion' pour un
Ouvrage qui contient Yexplication^
d'un des principaux fondement de
nitre croyance , /savoir , la Tradi-
tion de V Eglife fur le peché Originel,
fur la Reprobation des enfant
morts fans Baptême : c'ejl un precis
de la doBrine de S. Augujlin contre
les Pelagiens , le sujet des combats &
des ViBoirts de ce S. DoBcur, &
tm */ st'est acquis une gloire & une
reputation qui ne finira jamais.
Ce sera pour moy , MONSEI
GNEUR une occafion de marquer pu*
bliquewent la vénerationfinguliere que
j 'ay pour vôtre merite pour toutes
les grandes qualites de l'efprit <&
du corps qui vousfont aimer & ejli
mer de ceux qui ont ïhonneur de
vous connottre. Car fans parler de la
gloire de vôtre illujlre Maison , ek
l'on veit en même temps , fur dijse
rentes títes , la Pourpre , la Mitre ,
les titres de Duc , de Maréchal de
France , d'Ambajsadeur , de Com
mandeur des Ordres du Roy , & de
Vice- Amiral; il n y a perfonne qui
ft admire vôtre érudition profonde ,
nne experience consommée , une pre
sence «esprit k qui rit» rìtchape ,
EPITRE.
des manieres nobles & genereuses , un
air de grandeur qui accompagne
tout ce que vous falt.es, un geri<e su
périeur propre pour les negotlations
les plus in^portantes, & pour traiter
les affaires les plus delicates. VItalie,
rAllemagne, le Portugal , & toutes
les autres Cours de rEurope , ont plu
fieurs fois admiré vôtre magnificence,
votre fagejse , vôtre prudence & vô
tre bonheur à faire réujsr vos entre
prises ; & la Franee pa r une jufie re
connaijsance pour tous les serviees que
,vous lui ave^rendus ne cejft defaire
des vœux pour 'la conservation d'une
fersonne qui lui est fi chere, & qui A
soutenu avec tant cthonneur la gloire
& la refutation de la nation. Je suis
avec Un tres-profond refpecl.,

MONSEJGNEVR,

Íìe Voire JÈMtnínci,

Le tres humb'e, & tres


obtìísaflttotvkcatr*.*.
AVERTISSEMENT.

Restexions fur les Auteurs des quatre


premiers fiecles, qui ont parlé
du peché Originel.

LA Tradition de TEglifè , que je


'iie suis proposé dans mon Ou
vrage, m'a porte à rechercher dans
les Auteurs les plus celebres, quel
ques passages considerables , pour é-
tablir dans chaque siécle la croyance
du peché Originel ; mais je me croi
obligé de déclarer qu il y a plusieurs
autres endroits dans les Peres, que
j'ai obmis pour ne poinr trop grossir
mon Ouvrage. S. Irenée seul au-
roit pû m'en fournir un tres-grand
nombre j je ne puis cependant en o-
mettre un dans lequel disputant con
tre les Encratites , il soutient con
tre ces heretiques , qu'Adam navoit
pas été damné , & il en apporte cet
te raison : Dieu , dit-il , ayant voulu
íauver les hommes, il étoit juste qu'il
commençât cette œuvre par le íalut
de celui qui a été formé le premier ,
AVÈkTisstMtnr.
d'autant qu'il étoit rout à fait dérai
sonnable , que Dieu qui étoit. venu
détruire les œuvres du Demon , a-
bandonnât celui qui avoit été le plus
blessé par cet ennemi du genre hu
main , & qui éroit tombé le premier
sous la captivité , en même temps
qu'il délivroit les enfans que ce pre-
Íuemier homme avoit engendré dans
a même Otptivìté.Cumfalvatttrhome,
eportet falvari tum tjui prior formatus
tjìhomo,fuomam irrationabile est illwrì
tjiïtàem.qHì vehementer ab inimìco U-
fus erat , & prior captivitatem paffus
est , dicere non eripi ab eo tjui vicetit
in'wicum, ereptosvero filios ejus quos
in eadem captivitate generavit.
Il est auflì necessaire de faire quel
que reflexion sur le sentiment d'Ori-
gene j quekjues-uns se sont imaginé
qu'ayant cru que les ames existoienc
avant que d'estre unies aux corps , il
n'avoit pû être persuadé du pechê
Originel; & que les passtges où il
semble en parler3n'ont aucun rapport
aux pechez de nos premiers parens ,
mais aux fautes de tous les peres Sc
meres qui se communiquent à leurs
enfans , ou aux pechez quetles ames
ont commis dans une autre vie selon
AVERTISSEMENT.
son principe de la precxillencc des
ames.
Mais telle opinion qu'Origene ait
euë sur l'exiftence des ames , s'il y en
avoit qui naissoient avec des sen-
timens de malice , ou si elles avoient
peché dans une autre vie avant que
d'estre unies à des corps , il eil tres-
seur qu'il a reconnu que la prevari
cation d'Adam a rendu tous les hom
mes pecheurs , & que son péché se
communique à tous ses descendans ;
comme Levi étoit , dit-il, dans A-
braham , aulsi tous les hommes ê-
InEptst. to'ent en Adam. Si Levi generation*
td&um quarta post Abraham nascìtur , in
lumbis AbrahA suijse perh'tbetur,mul-
to magis omnes homines qui in hoc
munào naseuntur & nati sunt , int
lumbis erant Aàa cum adhuc tjfet
in paradiso , & omnet homines curn
ipso vditt ipso expulst funt de para
difo ; & cum ipfe inde pulsus est , &
peripsum mort qu* ei prevarications
venerat t conftquenttr & in eos per-
tranfiit qui in lumbis ejus h<*bebantur.
ll dit que c'est une sentence absolue
que tous les hommes ont peché en
Adam , sans qu'on en puisse excepter
tbtd. aucun. Abjoluta stntentia pronmtitt
AVEmSSEMtTSír.
Ayostolm in emnts homines ntortfm
pertranjìifíe peccatì in eo ixquo em-
nes peccaverunt. Il declare que quand ,
l'Ecriture dit que tous meurent en t
Adam, 8c qu'ils sont to<;s condamnez
pour la reflèmblance de la prevarica
tion d'Adam , par ce mot d'Adam,
ce n'est pas tant d'un seul homme
que. de tout le genre humain , que
parle l'Ecriture , d'autant que la
malediction dont Adam a été char
gé , est commune à tout le genre hu
main. Voilà donc le peché dans
les hommes, non par des semences
de malice , qui. sont dans les ames,
mais à cause du peché d'Adam j 8c
rtrême comme dans de certaines ames,
H y a selon Origctie des semences
de bonté ; on ne pourroit pas dire
que tous les hommes sont conçus
dans l'iniquité , ainsi que cet Au*
teur l'asseure , si la corruption venoit
de ces semences du mal qui ne sont
pas dans toutes les ames j il est donc
clair qu'Origene a reconnu une sour
ce untverselle de la corruption com
mune à tous les hommes , qui est le
peché d'Adam que nous contractons.
1l s'est auflì trouvé des gens qui
Ont ôíe avancer que S. Cyprten é%
*iiij
'AVERTISSEMENT.
toit le premier des Peres Latins qui
avoir parlé clairemenrdu peché Ori
ginel , & qui pretend même le prou
ver. Parce que Tertullien ne s'est
pas expliqué sur cette doctrine ,
c'est pour cela que j'ai crû êere obli
gé d'ajoûter aux passages de cet Au
teur qui sont dans le corps de mon
Ouvrage , quelques autres qui sont
auflì formels, afin qu'on sott persua
dé que rien n'est mieux établi dans
la plus ancienne antiquité que la
croyance du peché Originel. Voici
donc comme parle Tertulljen :
Satan ayant seduit Adam , & lui
ayant fait transgresser le commande
ment de Dieu , a été caufe que
l'homme fut condamné à la mort , ôc
que cet homme a infecté de fa cor
ruption tous ceux qu'il avoit engen
dré , les rendant netitiers de sa
motío. " condamnation: Ver Satanam homo à
Antmât. . primordio cireuwvert tus,ut prAceptum
Dei excederet , & propterea inmortem
datus , exinde totum gems de [m se
mme inftBum , sua damnationis tra-
ducemsecit. Il déclare que Jesus-Christ
a purifié nostre chair de ses anciennes
souillures. Carnem nostram spiritua-
liter reformavit , exclhjts anúqaitAtls
AVEISTISSEM.ENT.
fordibus exptatam. Que le monde Ltb. »e
étant tombe dans la perdition par la ^Sfc.
faute d'Eve, il a recouvré le salut
parla Sainte Vierge. InEvam irrepfe-
rat verbum adificatorium mort'ts ; in
Virginem introducendum erat verbum
cxtruBorium vita , ut qttod per ejus-
modi sexum tbierat in pfditìonem ,
per eundem sexum redigeretur in fa
lut em. Que quand l' Apôtre dit que
n»us avons écé enfàns de colere par
nôrre nature, il attribue" à toute la
nature humaine le peché & la con
cupiscence de la chair , & que nous
tombons dans mille desordres à cause
que le Demon s'empare de nôtre na
ture qu'il a infecté dés le commen
cement par la semence du peché e Ltb
Diabolo captante naturam tjuam & »dverf.
ipíè jam infecit , deliBi semine illato. **"«•»
Il confesse que Jesus-Christ seul a été
exempt du peché dont toits les hom
mes sont coupables. Eamfuijse carnem
in Christo, enjus natura est in homine
peccatrix, & fie in illapeccatum eva- chrtstt.
cuatum , quod in Christo fne peccato
habeatur , tjHa in honine fine pecca
to non habebatur. Que Jesus-Christ
étant venu pour sauver tout ce qui é-
toit péri , on ne peut douter que toue
AVERTISSEMENT.
fhomme entier ne fût peri , à cause
de la transgression d'Adam qui avoit
eatrsé la perte de tous les hommes.
Hb. de Cum ad hoc se veniffe dieit, ut quod
itct. ftrnt Jalvum facsat ; q•»« dtcas pe-
eamtf, fiijst j Homme fine duh'w. Toumne ,
an ex parte > utique totem. Siq nidem
transgrejsa qua perditionis hum ana
caufa est, totem heminemmerito per
ditionis implevit. Totus falvus fiet ,
qui totus periit delinquendo. Il est aise
de conclure par ces passages, 8c par
ceux qu'on trouvera dans le corps de
mon Ouvrage , combien Tertullien
crotoit le peché Originel. Mais afin
d'en établir la croïanc'e sur des princi
pes incontestables,&l qui pnissient seff-
;VÙr| comme de demonstration en cette
matiere ; je veux encore fairtf voir
que dans ces premiers.siécles otìt a crû
rout ce que l'on croiu aujourd'huy
pour prouVer cette faute.
Principes generaux , par lesquels en
peut s'ajsurer qu 'tl n'y a rien de
plus clair dans les quatre premiers
fiicles, que la croyante du pecM
Originel.
N peut reduire tous les articles
V^/ necessaires pour la croyance du
AVERT/S SE ME NT.
pcché Originel,aux principes suivans,
Sue tous les hommes ont peché en A-
am, qu'ils sont morts en lui , qu'ils
ont tous eu besoin de Jesus-Christ
pour reparer leur chute ; que Jesos-
Chriû íeul conçu par l'operation du
S. Eíprit est né fans peché , que le
Baptême remet le peché aux petits en-
fans j & que ceux qui meurent sans ce
Sacrement sont damnez , que nous
contractons la peine & íe pcché d'A
dam. Or si tout cela a ére reconnu dans
les quatre premiers siécles , n'est-ce
pas être convaincu de la croyance uni
verselle de tous les peuples sur cet ar
ticle ; & que quand on trouveroit
quelques exprcífions obscures ou dout-
teuses, avant que cette question eût été
agitée, on doit les interpreter selon
les principes g. neraux qui ensuppofent
la croïance? II est à propos d'établir
cela le^ plus succinctement qu'il
se pourra. Je dis même que le peché
Originel , selon les Theologiens les
plus recens , est ou la privation de la
justice originelle , ou la concupiscen
ce avec la coulpc du peché, ou la
peine & la coulpe , & que tout cela a
eté reconnu dans les premiers siécles,
t. Que tous les hommes ont ftthi
M'ERTÎSSEMENT.
en Adam , fans en excepter les plus
jufies. Origene; AbsolutA ftntentìA
pronuntiavit Apofiolus in omnes ho
mmes monem pertranjìijp peccati in
to in tjHo omnet peccaverunt ; non efi
epHt in his Jingnlos quosque dtnume-
rart fartBortem , cum sufficiat Apostoli
sententia qua dìcit in omnes pertranfiif-
Homll.t.yè. Selon le même Auteur , períonne
i» Levtt. n,c^ cxempt jes soùtHures t n'eût. il
qu'un jour de vie. Selon Tertullien ,
Adam a infecté de fa corrupdon tous
ceux quil a engcmtré : ( de ttstimon.
anim.) Que l'ame detots ceux qui
ruinent demeure toujours coupable en
Adam. ( Lib. de Anim. ) Que le
monde est tombé dans la perdition
par la faute d'Eve. ( de cart e Christi.)
Que S. Paul attrtbué' à toute la nature
humaine le peché & la concupiscence
de la chair , que le Demon a infecté
nôtre nature dés le commencement par
la semence du peché. ( de ctrne Chri-
orat. i. sti. ) Qye cc n'c& point l'homme en
Cottt.; partie , mais tous les hommes quiîont
' ' tombez par la chute d'Adam . ( de Re-
surrtB.carn. ) S. Athanafe dit que
comme par la prevarication d'Adam
tout le genre humain est tombé dans
la feduction ; auífi tous les hommes
"ArERTlSSEtiENT.
participent à la victoire que leSauveur
a remporté sur le Demon.
Dydimedans son Livre du S. Esprit
expliquant ces paroles de S. Jean, tout
le monde est plongé dans le mal , dit
que cet Apôtre a parlé generalement ,
parce que nous naissons tous dans le
peché , &c que nôtre naissance même
est pleine de vice. Totus , ait, tjuod
emnesfub peccato ttafcimur , quoniam
ipfi ortus in vitio est.
Le Diacre Hilaire dans ses Com
mentaires sur S. Paul, établit que tous
les hommes ont peché en Adam,^**/t
in majfa ; que ce premier homme
ayant été cotrompu par le peché ,tous
ceux qu'il a engendrez, sont nez sous
le peché,& que comme totft les hom
mes viennent de,lui,tous aufli sont pe
cheurs, que par ce peché nous n'avons
pas seulement encouru la mort du
corps , mais encore celle de l'ame.
i. jQkí tous les hommes font morts en
Adam , & que cette mort est celle de
Fame. S. Justin dit que tout le genre T*yPb,
humain étoit generalement tombé
dans la mort par le peché d'Adam i
outre la cause particuliere que chacun
a a jouté à cette premiere , par ses pro
pres pechez. Atnsi ce Saint distingue le
peche commun que les hommes tirent
AVERTISSEMENT.
d'Adam,d'avec les pechez particuliers.
Origene assure que par la mort qui est
entrée dans le monde à cause du pechc
d'Adam , on doit entendre non seule
ment celle du corps, mais aussi celle de
1* ai l'ame. Et fer peccatum mors , illafine
Rom. dubìo mors de qua & Propheta dìctt ,
anima qu*. peccaverit ìffa morietur s
unius mortis banc corporalem morttm
tembram merito tjuis dixerit.
S. Athanase: Que nous mourons en
Orae. 4. t ^ caufe Je nôtre origine ter
restre.
3. Par le peche dAdam tous les hom
mes font devtnus mortels , sujets aux
peines , & aux douleurs , & enclins
au mal. S. Irenée dit que les hommes
par le peché d'Adam ont perdu la
perfection dans laquelle ils étoient
nez , l'image de Dieu , & qu'ils ont
perdu la vie.
S. Gregoire de Nyssc, que ce qui
t.»f.t- ^búille veritablement l'homrae , c'est
le pechc qu'il apporte en naissant , se
lon l'expression duProphete, ma Mere
m'a conçû dans le peché,& que c'est
Jesus-Christ qui ôte cette souillure
par la vraye circoncision,
dtp'œntt. ^ " Ambroise, que nous naissons tous
* 1. dans le peché , & que nôtre naissance
'AVERTISSEMENT. ^
même est vitieuse, conformement à ce
que dit David, Voilà que j'ai été con-
çû dans l'iniquité , & que ma merc
m'a enfanté dans le peché.
Et dans un autre endroit, il dit: Pen-
dant qu'Adam conserva l'innocencc , Davtd,
il ne s'apperceut pas qu'il fût nû ; il
commença à s'enappercevoir lorsqu'il
eut peché , & tous les hommes ont
été dépouillez en sa personne , & re
duits à la nudtté par succeíston de na
ture , étant devenus participans non
seulement de son crime , mais encore
de fa peine. In illo nudata est emnis
humant conditìo , perfnccejsonem na
tter* ; non foUem culpt , sed etiam
etrumntt obnoxia.
^. Lts Anciens tnt explictté com
ment fi faisait la transfufion dit'ftché
Originel. Origene qui a établi tant de
fois la croyance du poché Originel ,
s'est aussi appliqué à expliquer com
ment il se contracte , & comment il
se transmet ; il dit que par cela seul
qu'un enfant emprunte la matiere de
son corps de ce que ['homme com
munique à la femme au temps áe la
generation , 8c de ce que la femme y
contribue pendant qu'elle le porte
tUns son sein j on peut dire qu'il eft
AVE RTISSEMENT.
souillé par son pere & par sa mere, cè
qui fait qu'il a besoin oestre presenté
Hoœtl. devant l' Autel pour estre purifié. Owa-
t*. *? nis homo qui ingreditur hunemundum
hoc ipso quodin vulvà matris est po-
Jìtus , & cfHod mattriant corperis ab
origine paterni semimssumit , in patre
& inmatre contaminatus d'tci potest j
& ad altare offertur, ut ibiaurifice-
tur , tanqutm qui pnUutusfuerìt in
ipfa conceptione velpaterni seminis/oel
uteri materni.
Il se sert de la comparaison de Leví 9
qui paya la dixme à Melchifedech
long-temps avant fa naissance s pour
expliquer comment tous les hommes
ont peché en Adam avant que de naî
tre j & sont devenus coupables de la
Îtrçv^rjeation d'Adam ; ce qui marque
a transfusion du peché originel dans
tous ceux qui naissent par la voye or-
tb .n dinaire. Si Ltvi generations quart*
iptà ,'ap post Abraham nafeitur , in lumo'ts A-
Roœ. brah* suifleperhibetur ^ multo magis
emnes homines qui in hoc munâo nafi.
cuntur&nati funt , inlumbis trant
Ada cum adhuc ejset in paradift , tf
omnes cum ipso exfulfi sunt , C per
Ipsum mors qu* ti prtvaricAtione ve-
ptrsttConsequtnterejr in eos pertransiit
qui in lumbìs ejm hibtbmtw.
AVERTISSEMENT.
S- Gregoire de Nyssc dit que com- de Be3t;.
me dans la propagation naturelle de tud
toutes les especes, chaque animal en- orat' *"
gendre son semblable,de même l'hom-
me en communiquant sa nature en
communique aufll la corruption, &
d'un homme pecheur il en naît un
homme sujet aux mêmes dereglemenS.
S. Ambroise assure que depuis là Apo)^
chute d'Adam & sa condamnation, le Davtd,
peché a infecté toute la nature humti-
maine , Inftcit cnlpa naturam , en lui
communiquant cette concupiscence
qui avoit été condamnée en Adam ;
que nous avons tous peché dans le
premier homme , qui en communi
quant fa nature à ses defeendans , leur
a aulïì communiqué son péché. Ver
naturasucceffionem , cuis a quotjue ab
ttno in omnes transfufa jfuccejfìo est.
5. Les Peres ont reconnu la necejsté
de l'incarnatìon du Verbe , four repa-
rer lafaute £ Adam. S. Irenée prou
ve cela fort au long.
Eusebe de Cesaree établit la neceflì- .,
té de l'incarnation , afin que tous les & 5e-
hommes qui étoient tombez dans la m ,nst.
perdition dés le commencement par le N"
feché d'un feu 1, fassent retablis dans
innocence par la renaranon d'un seul.
AVERTISSEMENT.
Ailleurs il dit:Un seul homme n'étot'r
«nt. * Pas capable d'effacer les pechez de
Sabell. tout le monde , parce que tous les.
hommes naiísent enfans d'Adam , 8c
non de Dieu. Omnis homo quique pra-
gentes Ada eftsnativitatispeccarisfnb-
jacet.Que le Perc a envoyé íon Verbe
a cause d'Adam pecheur , c'est pour
cela que le Juge a été condamné à la
1)lace du coupable , 8c que celui qui est
a: vie a été crucifié pour celui qui é-
3bti toit mort. Mifit propter Adam pecca.
torCm ì venit ergo quiohedivit ad hact
& judicatur juaex ob condemnatum x
& crucifigitur vita pro mertuo. Mc-
thodius Evêque d'Olympe , mort en
joi. dans son troisiémeOiscourSjéea-
blit que L'homme ayant violé le com
mandement de Dieu , étoit devenu
mortel & corruptible , 8c que le Ver
be s'étoit fatt homme pour le délivrer
de la corruption ptr là mort & par
fa resurrection. Dans le 9. Discours il
confirme la même doctrine , que
l'homme avoir été creé immortel -,.
mais que son peché lùi ayant fairpan-
cher vers la terre , Dieu l'avoit rendu
mortel , de peur qu'il nc demeurât
çrerncllemens pecheur,
v S!. AUìtftóifi declare t que le Vetbe
AVERTISSE MtXlT.
s'étant chargé de nos foiblesses , Sc
ayant bien voulu porter en íâ person
ne la malediction que nous avions en
courue , il nous ressuscite & nous dé
livre de la malediction du peché,
5. Gregoire de Nazianze , refutant
les Apolinaristes, qui nient que Jesus-
Christ en t'incarnant eût pris une
ama comme nous,dit qu'il s'ensuivroit
que l'homme entier ne scroit pas íâu-
vé par l'incarnarioni selon l'ame & le otV' i+"
corps , quoi qu'il soit tombé tout en+
tier , & qu'il ait été condamné , à
cause de la désobéissance du premier
homme & de la fraude du Démon ,
& que par ce moyen la grace de Dieu
seroic moindre que la playe que
I'homme a recetrpar le peché»
6. QueJefttt-Christ ftHl a été farts
Îechè , parce tju il a été conceu par
operat ion du S . Esprit, On éeoit fi
fort persuadé que tous les hommes a-
voient contracté le peché d' Adam par
leur naissance,qu'onn'en exceptoit qtt«
Jessus^ Christ seul.Oïigene l'a dk plu
íieurs fbi&. S.Hilaire expliquant ces BFs. *
paroles , Sine iniqmtate cucurri & dk'
rexi \ prouve que ces parotes ne peu
vent convenir qu'à Jesos- Christ, par
ce que tous les hommes font conceus. _
dans le peché.. * * i],
AVERTISSEMENT.
fnP£4», S. Ambroise aflurc qu'il n'y avóit
que le Sauveur seul qui íûr capable de
nous racheter , parce qu'il n'y avoic
que lui seul qui fur exempt de peché, &
que tous les hommes étoient assujettis
au peché & à la chute d'Adam.
7. On croioit le Baptême necejsaire
aux petits enfans pour remettre en eux
le peché. S. Cyprien a prouvé fort au
long ceete proposition , m tis il n'a pas
été le seul des anciens qui ait eu ce sen
timent. Firmilien Evêque de Cesaré»,
dans sa Lettre à ce S. Martyr , dit que
le Baptême nétoye des souillures du
vieil hotïtmî , & qu'il remet l'ancien
peché qui no ts a donné la mort.
; Origene s'étoit expliqué de même
en parlant du Baptême des petits en-
Homìl foàs.Qjiaper baptifmi facramentum
14. tn ' nativitatis fardes deponuntur^ propte-
Lu6, rea baptifantur & parvuli.Ez ailleurs
il dit, s'il n'y avoit point de tache dans
les enfans , on n; les baptiseroit pas en
Komll.8. la remiffion des pechez. Sinlhil ejset
intevtt. -n pMrvllHs qM£ ai renùfftonem perti
nertt , gratin baptifmi superflua vi-
derjttr,
S. Irenée prouve que Jesus-Christ
est venu sauver ton? les hom.nes , les
Énftns & lísadulees, parce qu'il a éta
AVERTISSEMENT.
bli le Baptême , pour les uns & pour Ljb.
les autres : Omnes venit Christus per cap. ».
semetipsamfalvare , omnes qui per eum
renafcuntur in Deum, infantes & par-
vhIos, jnvenes & seniores.
S. Gregoire de Nazianze exhorte
tous les hommes à se faire baptiser par
l'exemple des enfans à qui on donne
ce Sacrement quand ils sont en queí-
Îuc danger. Quid de Us dices «h'% Ad- OM\V"
hc ttntra atate fint ,necaut damnum
aat gratiamsentiunt t An eos quoque
baptifamm ? ha prorfusst qnod peri'
culhm argent.
S. Athanafe pretend que comme la
Circoncision étoit la figure du Baptê- DeStbat.
me, elle avoit été ordonnée aux des- ^rajtr"
cendans d'Abraham, comme un re
mede contre la premiere condamna
tion du genre humain , & qu'elle fai-
soít en partie ce que le Baptême fait
plus pleinement dans la nouvelle Loy.
S. Hilaire aprés avoir dit que le pe- can. ».
ché ne vient pas d'ailleurs que de la tn Mith-
chute & de l'infìdelité de nos premiers
parens , ajoûte que depuis cette trans
gresston le peché a commencé à être
comme le pere de nôtre corps,& l'in-
fidelitc, la mere de nôtre ame , &
que quand noos recevons h Baptême,
APTRTISSBMENT.
nous sommes separez par la foret
de la parole de Dieu , comme par
ie tranchant d'une épée , des pechez
le nôtre origine , & qu'aprés avoir
dépouillé le vieif homme , nous
sommes renouveliez tant cr>, l'atne
qu'au corps.
Dtatogj. S. Jerôme", dans ses Dialogues
Ca p" ''contre les Pelagiens, se propose là
question » pourquoi on baptise le*
petits enfàns? It) il", répond que c'est
pour remettre ers eux le peché d'A
dam qu'ils ont contracté par leur
naissance. Die quasi qttare infante*
haptisentur ! XJt eh ptccata baptif-
mate dimittantur. Quid commernere
feccata ! Rtfptndehh tibi Evangelica
tuba x regnxvìt mors. ab Adam; qui
fArvulus est , parentis in b*ptìjht»
vinculo folvitur.
,S. Enfin on croioit la damnation
des petits enfant morts fans Baptême.
Et S. Cyprien n'est pas le seul entre
les Anciens qui la" dit , puisque
tous les baptiíbient , afin de remettr*
leurs pechez ., mais o» n'étoit pas;
d'accord fur les peines que Dieu leur
^ fàisoit endurer,
de Bapt. S. Gregoire de Nàaianae dit que
comme un enfenrqui vi^nt deaaîíœ,.
AVERTISSE MENT.
n'est coupable d'aucun crime y Sc
ne mérite aucune punition ; de mê
me celui qui vient de recevoir le
Eaprême , n'a aucun compte à rendre
pour toutes ses fautes paísées , d'au
tant qu'elles lui ont toutes été rerai-
fcs par la grace de Jessus-Christ , qui
opere dans ce Sacrement. Mais cet
te comparaison n'est pas juste , &
S. Gregoire nc prent cette innocence
des enníns que par rapport aux pe
chez actuels, & aux autres crimes
dont les adultes qui sé presentent au
Baptême sont ordinairement coupa
bles j ainsi c'est dans le même sens ,
uc les en fans ne font coupables
'aucun crime , qu'ils ne meritent
aucune punition , c'est-à-dire, que
n'ayant point les pechez actuels , i!s.
ne serom point punis pour ces fau
tes ; mais naiísant avec le peché O-
rigincl , ils en doivent porter là
pein; .
Le Diacre î-îilaire, dans. ses Com
mentaires sur S. Paul , dit que le
peché d'Adam cxduoit tous les homv
mes de l entrée du Ciel , & les rcte-
noit dans la. ptrtie superieure de.
Peníer , quoi qu'ils ne fustent pas pu
nis des toùrmens de l'enfer , à moins
qu'ils, n'euífcnc ajoûté d'autres pe
AVERTISSEMENT.
chez à celui qu'ils ehoient d'Adam.
Ailleurs il declare que la more du
Sauveur nous a déltvré de l'enfer ,
où nous étions retenus tant par qos
pechez propres que par le peché d'A
dam , qui est le pere de tous les pe
cheurs ; que c'est ce peché que S.
Paul a voulu marquer , lorsqu'il a
dit que le Sauveur avoit effacé &
attaché à sa -Croix la cedule qui
nous étoit contraire , &c que s'il n a-
voit effacé ce peché avec tous les au-
tres,il étoit seul capable de nous exclu
re de la resurrection & de nous tenir
prisonniers dans les enfers. Il établit
auflî que fans la fby én Jesus. Christ,
personne ne pqut estre 3c livré de ses
pechez , ni eviter l'enfer.
Aprés avoir ainíi expoíe les princi
pes fur lesquels est appuyé le peché
~ Originel , reconnus par les Peres des
Suatre premiers siécles , il fera aiíe
'entendre la doctrine de S. Augu
stin fur ectte matiere , & de fe con
vaincre qu'il n'a rien innové dans les
dtsputes contre les Pelagiens , qu'il a
suivie la plus pure &c la plus ancienne
Tradition de l' Eglise sur cette doctri
ne, qui est un d: s principaux sonde-
muts de nôtre sainte Reltgion.
PREFACE.
PREFACE

Idée generait du f e ehé Originel.

LA Doctrine du peché Origi


nel a de rout temps été regar
dée comme un des fondemens de
Religion Chrétienne , qui consiste;
principalement à croire en Jesus-
Christ , le nouvel Adam réparateur
de la faute du premier homme; celui-
ci par son peché nous avoit livré
au Demon, avant roême que de naî
tre , & Jesus-Çhrist nous a retiré
de cette servitude par sa Redemp*
tion.
Il n'y a rien, dit S. Augustin, qui
íoit plus constant que le peché Ori
ginel , 5c rien auflì de pl.ts difficile
a comprendre & à expliquer. Nihíl
ad pradicandum notius , nihíl ad
intelligendum ftcretius. Il est appellé
Originel, parce que nous le çon-.
tractons par nôtre origine, c'estvà-
dire que nous l'avons dés l'instint
de nôtre conception. Vnìcui^t h»*
? REFACE ..v
de Nar. mtn* A suA origine , id est à sut ge-
bí Gtat. nerationis initia peccatum inejse ,
Cap' comme l'explique S. Augustin. Ón
ne peut concevoir ce peché que com
me une corruption gcncrale de nôtre
nature , qui lui est arrivée en puni
tion du péché d'Adam ; c'est pour
cela que David gemifloit , non tant
des miseres ausqurlles nous sommes
sojets par nôtre naiísance, que de la
malice & de l'iniquité avec laquelle
nous sommes conceus : Ecct in ini-
5°' qu'ttatibns coneeptus sum. Et dans
un autre endroit , il reconnoît que
les hommes sont pecheurs & crimi
nels au moment qu'ils sortent du
ventre de leurs meres , pleins d'er
reurs 8c d'égaremens. Alitnatisunt
?s,57< ptecatorts À vulva , erraverunt ab
utero.
Mais S. Paul a encore mieux dé-
velopé la cause 8c les effets de cc
peché , en opposant la désobetssance
Hom. s" d'Adam aux humiliations de Jesus-
Christ; il apprend que comme Jesus-
Christ a eu fa justice propre qui a
été meritoire de la nôtre , auífi le
peché d'Adam a été la cause de ce
lui que nous contractons , qu'il nous
est communiqué, 8c. est devenu in
? REF ACE
rerr-ìeur $ propre à cbacun de Ces
deícendans, comme la grace de Je-
íus-Christ se communique interieu
rement à ses Elûs ; ou comme la
lepre , la peste , & les autres mala
dies contagieuses passent des peres à
leurs enfans. C'est ainsi que la cor
ruption d' Adam a été transmiseà ses
descendans.

Ce rìest pas feulement U peine dit


peché a 'Adam que nous contrô
lions, mais son peché même,

CE seroit une erreur de pretendre


qu'il n'y ait que les peines dont
Dieu a puni Adam qui soient com
muniquées à sa posterité j c'est une
necessité de croire que fa faute, &,
son péché nous est veritablement
imputez Dieu est trop juste , pour
punir des creatures qui sont inno
centes , & dans lesquelles il n'y a
rien de reprehensible. Il dit par
ses Prophetes: Anima yua peccaverit, __._.
ipsa morietur ; qu'il n exerce ses châ- Etetk.
timens que sur ceux qui seront trou
vez tachez du pché ; c'est de ses
paroles que les Pcres du I. Concile Can.
d'Orangs concluent que les petits
f REFACE
enfans naissent coupables de la faute
d'Adam, puis qu'ils sont sujetsà la
mort , 8c aux autres peines dont
Dieu a puni le peché du premier
homme : & le Sage admirant la ía
gesse divine , reconnoît la même
verité , que Dieu ne pqurroit se re-
íoudre à punir celui qui feroit /ans
tm sauee. Ipsum quotjue qui non debet
puníri condemnare, exterum ajìemas k
tua virtute,
Cest ce que S, Augustin repetc
tant de fois , que l'homme ayant c:é
creé pourle souverain bien , il ne
pourroit en erre privé dans l'autre
vie mourant fans Baptême, s'il n'a-
voit en lui quelque chose qui le ren
dît indigne de joutr de fa divine pre
sence dans l'Eternité ; 8c que Dieu
punissant les petits enfans d une auflî
grande peine que de les exclure du
Rayaume des Cieux ,. fa justice ne
pourroit exercer une telle rigueur
envers eux , s'ils nétoient crtminels
devant íës yeux.
Ce Saint Docteur se íert auflî de
ce que la pudeur nous fait rougir de
plusieurs mouvemms qui sc passent
dans nous j cette pudeur est une con
viction interieure qui nous dicte te
VREVACt'
bous apprend qu'il y a quelque chose
de criminel dans nôtre nature j nous
ne rougirions pas des pantons qui
sont naturelles, s'il n'y avoir quel
que choie de déreglé en elles ; tout
Ce que Dieu a fait étant parfait &
dans l ordre,on ne devroit point en
loygir.
L'argument le plus ordinaire de ce S.
Docteur se prend de la concupiscen
ce. Dieu nous ayant creé pour lui ,
avoit reglé d'homme de telle maniere
que son esprit devoit être soumis au
Créateur , & la chair devok être
dans la dépendance à l'égard de
teíprit.5 si donc il y a en nous tant
de diffir .ulté à faire le bien 5si la chair
entraîne si souvent l'esprit , ce desor
dre ne peut venir que du peché.
Mais ça été principalement à l'é
gard des petits enfans , que S. Au
gustin s'est appliqué à prouver qu'ils
naiíîbient avec le peché d'Adam ;
comme ils souffrent la. mort qui est
la peine de ce peché , c'est une ne-
ceflîté qu'ils en ayent contracté la,
faute ; & comme la grace de Jeíus-
Çhrist les rend justes devant Dieu r
il faut qu'ils soient sotiulez devant
íês.yeux avant que de recevoir ce
Saerement- â. ìí ij,
PREFACE
Et comme les Pelagiens ne cessoient
île dire que touc peche devoie être
libre & volontaire, & par confequent
actuel , d'où ils concluoient que íes
petits enfans n'étant pas libres , nc
pouvoient être coupables : S. Augu-
l«sect ^m kur r^Ponc^ i *lue ces petits en-
juatt. fans ont la tache du peché comms
une chose habituelle & permanente
en eux , quoi qu'ils n'en ayent pa$
, commis l'acte ; que l'on est reprehen
sible aprés Faction même du peché,
ainsi qu'on merite d'être recompensé
pour une bonne œuvre qui ne subsiste
plus ; que comme dans lc Baptême
on est justifié par la justice de Jesus-
Christ qut demeure dans fame du
baptisé j aussi on peut concevoir que
les petits enfans sont coupables
de la faute d'Adam par la tache ha
bituelle de ce peché qui se communi
que par la naissance : que selon Saint
Paul ceux qui ont l'h-tbitude à l'in-
temperance ou au larcin , ne poflè-
deront point le Roïaume de Dieu:
Neqae avarìtttetjueebrofi , netjue r*-.
faces Regnnm Dei poffidebunt. Cc
qui marque non seulement les actes
de ces viess , m lis les hab itudes j que
l'£vangtle qualifie bienheureux , non
PRE FACE
seulement ceux qui exercent les actes
des vertus , mais ceux qui en ont les
habitudes , tels que sont les pauvres
d'eíprit , les pacifiques , ceux qui
sont doux , mtsericonu'eux ; que l'a-
variceest un mal non seulement quand
elle prend le biend'autrui,mais quand
elle cherche à se l'approprier. Il pro- Ljb .
pose auflì les exemples de S. Pierre de bon©
qui est mort Martyr ayee S.Jean qui ^5°*;
n'a pas fini fa vie dans les supplices ,
& il dit qu'ils ont eu tous deux le
merite de la patience,comme le même
S. Jean &: Abraham ont eu le me
rite de la continence , quoi qu Abra
ham ait eu deux femmes , & que S.
Jean soit demeuré Vierge , parce qu'ils «
avoient la même vertu , l'un dans
lacte , & l'autre dans l'habitude ou
la disposition interieure. Sicut non est
impar meritum patients a in Peso qui
paffUs est , & in Joanne ejui pajsus non
est " fie non est impar meritum contì*
nentia in Joanne tjni nullas expertxs
est nuptlas , & in Abraham tjui fillot
generavit ; sed continentiam Joannet
in opere , Abraham in silo habita ha-
bebat. Ainsi il y a des dispositions in
terieures que Dieu voit au dedans de
nous, qui nous rendent agreables ou
PREFACE
désagreables à scç yeux , quoique
cela soit imperceptible aux hommes.
Explication de la concupifcence.
M Ais comme S, Augustin donne
souvent au peché Originel le
nom de concupiscence , il est neces
saire d'en dire quelque chose. L'Ecri-
ture marque assez que dans l'hommc
il y a un desordre habituel , un pen
chant au mal , 8c que les pechez a-
ctuels sont les actes de cette mauvaise
habitude. Que le peché ne domine
point en vous , dit S. Paul , de peur
que vous ne suiviez vos désirs dere
glez. Non ergo regnet peccatum in
Xom- t. vestro mortali empare , ut oVtdiatit
conckpifcemìis tjm. C'est Ce mal ha
bituel que l'Apôtre nomme le pechéj
je n'ai point connu le peché J dit-il ,
si ce n'est par la Loy. Peccatum non
cogttovì ^nipper legem . E r ex pli quant.
Rom. 7. en qUOj consiste cepechéjil ajoûte;ca£
je ne connoîtrois pas la concupiícen
ce, si la Loy ne me diíbit , tu ne con
voiteras pusiNam conchpifcentiam nef,
citbant,nïfi tex diceret ,non concttpìsces.
Il déclare encore que cette concupis
cence est un peché. Occafione accepta,
peccAtum per nundatum operatum est
In me omnem concupiscent iam. A l'oc-
casion du precepte , le peehé a operé
en moi toute concupiscence ; c'est-à-
dire toute sorte de mauvais desirs ,
comme ses actes propres.
Cette cotKupiscence n'est point ce
qu'on appelle rappetit sensitif , nì
íe concupiscible, ni aucune faculté
naturelle que Pieu ait mis en nous ,
car 8c Adam dans sa création , Ôc
Jesus- Christ même en prenant nôtre
nature , ont eu ces factlitez naturel
les j mais la concupiscence est un de
sordre qui est en nous dés nôtre ori
gine , qui nous éloigne de Dieu , &c
nous porte à ce qui est déreglé; ou,
comme parle S. Paul, c'est un pen
chant malheureux qui fait que la
chair 'se seûleve contre l'esprit, c'dst
à^dire, contre tout ce qui nous est
prescrit par lâ Loy de Dieu,; c'est
pour cela que S. Thomas dit .qu'on m>ìtv
^peùt rapporter tous les vices des .hate- qiiiíí
~ taes au peché Originel : Omnes defi.
Rus virtutum reduci . *d ptecatum ori
ginale t ainsi que S. Paul ap nés ayoir
dit que la chair desire ce qui est can- * " £
traire àTesprit , fait le dénombre^
ment de route sóite de crimes , pour
gnarquer que tous lcsjpechez viennW
TRETACE
de la concupiscence comme de la
source , comprenant non seulement
l'impureté , l'intempcrance , mais les
pechez spirituels , comme l'envie, les
querelles , les inimitiez: Manisesta
i t Si. sHnt °Tera CArnts • •" • Et S. Thomas
t.jl 1 l'appclle un déreglement de nôtre
ame , qui se détourne du souverain
bien , pour s'attacher à quelque
chose creee : Inordinatio virium ani
ma, qui vires ormes inerd'mate con-
vertuntur ad bonwn cemmutabile.
, Les Pelagiens prétendoient que la
concupiscence nons venpit de Dieu
comme un bien naturel pour nous
excitera la vertu; mais S. Augustin
a fait voir que Dieu nepouvoit être
auteur de ce désordre : car selon
1'Apôtre, la chair combat contre
l'esprit, & l'eíprit contre la chair ,
& ces choses sont opposées cntr'ellest
.,i,< Care coneufifeit adverfus ftiritum,
salât f. ^ sPtr,tuS «.àverfus carnem : hac t.
- ttim fibï invicem adverfantur.
- . Ce que ce S. Docteur explique ain
si, que par l'esprit il faut entendre
le'verb! DÎCa , ou son , EsPrît Saint * &
Bom. -comme Dieu n'est pas contraire. à
son Ouvrage , ny que l'Ouvrage de
Dieu ne lui est pas opposé , à moins
* que
'f REFACE
que cela ne soit une punition du pc-
ché ; c'est une necessité de dire que
Dieu n'est point Fauteur de la con
cupiícence: 8c il se sert encore d'un
autre passage de S. Paul , qui disoit
de lui , je sens une loi dans mes
membres qui repugne à la loi de mon
esprit: Video aliam legem in membris Ron «
meis repugnantem legi mentis mets
appellant la loi de l'esprit,celle qu'il
avoit appellée la Loi de Dieu. Con-
ieleBor Legi Dei secundìem interia-
rem hominem.
" 1l paroît aussi par S. Jacques que
Dieu ne peut être l'auteur de la con
cupiscence: car selon cet Apôtre ,
Dieu ne tente personne , c'est-à-dire
ne porte point au mal; mais chacun
y est sollicité , tenté par sa concupis- IíCob
cenec. Deus neminem tentat j unuf-
quique vere tentatur k concupiscent!* * >
sua ahstratus & UleiÌHS. Concn-
pìfcentia cum conceperit , ptrìt pecca-
tum. Et S. Jean avertissant les Fi
deles de ne pas aimer ce qui est dans
lc monde , en donne cette raison , ,,iMB,,
parce que tout ce qui est dans le
monde , est la concupiscence des
yeux , celle de la chair , & la super
be j il ajoûte que cette concupiscen-
6
PREFACE
ce vient du monde , c'est-à-dire de
nôtre nature , entant qu'elle a été
vitiée par le premier homme ; ce
n'est donc potnt l'ouvrage de Dieu,
comme l'explique si bien S. Ambroi-
se , dans ion Epître à l' Eglise de
Verceil. Et la raison se prend de ce
que tout ce qui sollicite ou porte au
mal , ne peut venir de Dieu ; &
comme la concupiscence nous y sol
licite non seulement en suggerant le
mal , comme fait le Demon j ni par
accident ou occasionnellement , com
me le vin , ou la veue' d'une femme ,
ou de l'or pourroient nous solliciter au
peché de Timpureté , ou de l' intem
perance , ou de l'avarice ; mais son
acte propre est d'émouvoir , & de
troubler. On peut voir S. Augustin
( Lib. 4- Contr. Julian Cap. tj. ôc
H' )

Comment U faute ts Adam a été re


parée , & du remede pour ejsacer
le peché Originel.

M Ais bien loin de s'étonner que


Dieu ait permis le peché d'A-
<îam , il faut plûtôt admirer que d'un
íì grand mal Dieu pu ait tiré deg
F R Et ACE
biens 8c des avantages si considera
bles pour nôtre salut & pour sa gloi
re. En effet, dit S. Augustin , Dieu
pouvoit-il faire voir d'une maniere ^sCne"
plus dtvine & plus éclatante com- rudf"*»
bien il estimait l'homme , tout es
clave du peché qu'il ctoit alors , que
d'avoir arrêté dans ses deíseins éter
nels , que le Verbe égal & consub
stantiel au Pcre , se fit homme pour
sauver les hommes , & que tirant nô
tre nature de la bassesse où die étoit,
il l'ait élevée jusqu'à la gloire de la
Divinité même , ensorte que Dieu
se fit homme , & que l'homme de
vint Dieu, & que le Sang du Fils de
Dieu répandu íùr la Croix , devint
le remede des pechez des hommes ,
& le íceau de la reconciliation de
Thomme avec Dieu j ainsi la reparav
tion du peché d'Adam , n'est pas
moins glorieuse à Dieu que sa créa»
tion.
Les SS. Peres ont dit mille belles
choíes pour faire voir combien fin-
carnation du Verbe étoit glorieuse à
Dieu aprés la chute de l'homme ;
faiíant eclatter sa bonté en rachetant
celui qui étoit si indigne de ses fa-
Tcurs i sa justice , en faisant que so«
PREFACE
Fils reparât nôtre faute , & satisfit à
son Pere pour nos pechez; fa sagesse,
en trouvant le moïen d'operer un st
grand Mystercjsa puissance , en unis
sant ce qu'tl y avoit de plus opposé,
le Créateur avec la créature. Le dessein
de Dieu en l'Incarnation a été , dit
S. Irenée , que le Demon ayant fait
tomber l'homme , & l'ayant rendu
son esclave, Dieu qui vouloir sauver
l!homme, ne fût point vaincu, &
que la Sagesse ne parût point avoir
eté trompee par cet esprit de malice:
1}t non vinceretur Dehí, nequc infir-
maretur Deus (jus. Car si lltomme
creé de Dieu pour le posseder fût de
meuré sous la puissance du Demon ,
la m dignité au serpent auroit en
Suelque façon prevalu sur la volonté
u Créateuri mais Dieu en voïant
son Fils qui a vaincu le Demon , qui
lui a ravi le premier homme qu'il re.
tenoit enchaîné comme fa proïe, lui
a rendu la vie & l'immortalité.
C'est aussi la doctrine de S. Augu-
stin,qu'il y a eu de tout lemps quel
que Sacrement institué de Dieu pour
effacer le peché Originel , & pour
rendre les hommes en fans de
Pieu ; & on ne doit pas croire , dtt
' PRETA CE
il j qu'avant que la Circoncision eût
été instituée, les serviteurs de Dieutjb
qui avoient la Foi de Jesus-Christ , eòn'J'.
qu'ils croioient se devoir incarner unJ"1'311
.1 • c Cap. tf.
jour , n ayent eu aucun sacrement ,
pour remettre aux enfans le peché
Originel , quoique Dieu pour quel
que cause qui nous est inconnue , n'ait
pas voulu nous marquer dans son .
Ecriture quel étoit ce Sacrement ;
étant certain , dit ce Perc , qu'ils a-
voient dés le commencement du mon
de des íacrifices. Et S. Bernard dit
la même chose. Qui ne sçait que ri 77
Dieu a institué des remedes pour ef
facer le peché Originel t dés le com
mencement du monde ì Quelques
Theologiens ont cru que la feule
foi des parens suffifoit pour remettre
ce peché aux enfans. D'autres ont
íbûtenu avec S. Augustin qu'on of-
froit des sacrifices , jusqu'à ce que la
Circoncision eûe été instituée , & que
pour lors le même remede qui avoie
été auparavant commun aux deux se
xes , n'avoit plus servi que pour
les filles.
Le sexe que Dieu a soumis à la Cir
concision, & la maniere en laquelle
il a commandé qu'elle se fit , marque
ô iij
TRETjfCE
aílèz l'origine du péché , qui vient
de l'homme ; sa propagation par
la generarion , là punition , en le fai
sant souffrir dans la partie de son
corps qui sert à la generation. C'est
pourquoi S. Augustin a dit tant de
fois que la Circoncision étoit la fi
gure du Baptême , & qu'elle étoit ne
ceísaire dans laLoi ancienne pour ef
facer le peché Originel , comme est
le Baptême dans laLoi nouvelle;nton-
trant à l'homme qu'il étoit criminel
dés sa naiísance, puisqu'on lui faisoit
íbufFrir un remede si violent auffi-t6t
qu'il venoit au monde.
Pour entendre comment se remet
k peché Originel , on doit suppoíée
que pour obeenir la rcmiífîon d'un
peché , il faut qu'il nc domine plus.
en l'arn? , ou qu'on le deteste par le
regret qu'on a de l'avoir commis ; ce
qu'opere la contrition qui change l'aP
section de l'ame , la détache de la
créature, & la porte à. Dieu ; &
qu'ensuite la tache du peché soit ef
facée, c'est à-dire l'oDligation à la
peine éternelle : or comme les enfans
ne font pas capables de contrition, Sc
que même cette douleur a pour objet
les pechez actuels , plutôt que l'OtU.
VREVACE
ginel; S. Augustin prétend que çpm-
me c'est la concupiscence qui fait lc
peché Originel , que l'effet du Bap-
. tême est de détruire en nous le re
gne de la concupiscence , en sorte
qu'elle ne nous entraîne plus au malj Lfb ( ^
la tache du peché j Reatus concupis- nupt„ u
cenÛA , n'y est plus , & cette con-
cuoiseence est tellemen. affoiblie ,
qu elle ne porte au peché que ceux
qui consentent à ses mouvemens ; la
grace du Baptême détruit le regne du
peché , elle renouvelle Thomme char
nel , & le fait tout spirituel : QhoJ. ta*xu j^.
vatnm est ex Spiritu , fpirltus est. Or
comme die S. Paul , la chair ne do
mine pl'.ts dans ceux qui íont bapti'
íèz , ils sont morts 8c ensevelis au'
peché : Mortuì peccato , inChrifít Rowìt.
Confepulti p;r baptismam in morttm.
On n'est plus fous ls joug & la ser
vitude du peché ; Vos in carne non Ro"" R
estis , seiin Spïntu. Ou comme dit
S.Jean, l'espritde Dieu, le germe
de la vie éternelle demeure erynous..
Omnis qui naturels de Dto. . ...semen
tpsms in ip(o manet. S. Augustin dé
clare que le libre arbitre des enfans
est délivré de la puissance du Demon Ep.st g<l
par lc Baptême : Que Jessus-Christ Vital".
PRETyíCE
répand dans l'ame de ces petits, quoi
que d'une maniere cachée & invisi-
Vb. t.de ble, l'illumination de fa grace , &
tu.tìp l~. ^ justification. Le Concile de Vien
ne parle des habitudes infuses, 8c des
vertus que le Baptême leur communi-
Seflt *. I11^ j & le Concile de Trente recon-
caji. 7, noît que ce Sacrement leur confere
la grace de la justification.

Si la concupifcence est détruite par U


BAptcmc,

QUe si on demande si la concu


piscence est détruite par le Bap
tême î On doit répondre que non ,
qu'elle reste dans ceux qui sont rege
nerez pour leur estre une occasion
continuelle de combattre: A d agonem
reliele est , manere in baptifatìs con-
cupifcentiam , comme dit le Concile
de Trente : mais elle n'est plus pe
ché dans ceux qui ont la grace ían
ctifiante, elle ne domine plus en eux,
elle ne les entraîne plus au mal, elle
n'est plus peché.
S. Paul déclare qu'il n'y a rien qui
merite la damnation dans ceux qui
Rom. 8. sont à Jesus Christ : Nihil est damna,
tionis Us <jui sunt in Christo Iesu;
PREFACE
c'eft-à-dire dans ceux qui ne mar
chent plus selon la chair , parce que
la loi de l'esprit les a délivré dela loi
du peché & de la mort; ce que lc
Concile deTrente applique à ceux qui
íbnt baptisez : & íelon S. Jacques la
concupiícence tente , íollicite , mais
elle n'engendre le peché que quand ^
elle a conecu le mal: ConùupisctntU J1C°,,,
cum etneeperit ptrit »m.Ce que
Julien Pomerc explique de ceux qui
consentent à ses mouvemens : Non J^Jji
concupìsctntitm innobìs ftntìtndo, sedeomm-
ti constntìtndo peccamm: S. Augustin P1,
a souvent établi la trême verité; Con- Ltb. t.
CUpiscentU cum parvulis nafeitar, intet'CCM
bœptt/atts a rtut u folvttur, m grundt- cap. 4.
bus ad agonem manets non Jîiiadil-
licita consent ienttbus nihil omnino no-
ci tura. On naît avec la concupiscen
ce ; ce qu'il y a de criminel en elle ,
est effacé par le Baptême , & ce<qui
en reste est pour nous une occasion
de combattre , elle ne nuit qu'à ceux
qui y consentent. Il déclare au ífi que
les justes, loríqu'ils diíent dans l'O-
raison Dominicale, pardonnez. nous
nos offeníes, ne demandent pas qu'on
leur remette la tache de la concupis
cence qui a été effacée en eux par le
PREFACE
Baptême , mais bien que Dieu leur
pardonne les autres pechez qu'il*
commetrent tous les jours lors qu'ils
L!b t consentent aux mouvemens de cette
ontr." t. concupiscence ; Non propter ìpsam
ç*p *?' ConcHflscenttam' , CUÌUS jam reatuslam
vacro regênerAtionis abstmptus eff ,
dicunt in orMìone baptiftti , dimitte
nabis debItA nostra ; sed propter ptc-
eAta qu* fiunt , five in ejus consenjitt-
ttibus. La grace du Baptême , dit en
core ce Pere , est victorieuse de la
concupiscence, die l'empêche de do
miner sur l'ame5la tenant comme cap
tive ; elle en arrête les mouvemens ,.
eomme fi elle étoit aflbupie & éreinv
«e ; & elle ne revit en nous que
quand nous coníentons au mal qu'elle
no ts inspire , 5c c'est pour lors qu'elle
rentre dans son domaine , en nous af-
ltb. t. sujettistant à ses désirs déreglez: Hoc
metit" concHpiscenti/t malum in renatis supe-
t.it. ratur & perimitur; superatur ne re
gnet , perimitwne vivat . nifi illic'tto
ctnfìnsH quodammoâo reviviscat , &
in regnum proprium , dominatianem-
sue rtvocetur.
TREFACE

Sentiment des Theologiens fur Tex-


plication du peché Originel j en
fuoy il consiste , & comment il ft
communique.

LEs Theologiens ont éprouvé


cc qu'avoir dit S. Augustin ,
qu'il n'y avoit rien de plus difficile
à expliquer que le peché Originel»
S. Anselme l'appelle la privation de
k justice originelle , dont nous de- Llk' A*
vtons cítre revêtus si Adam n eut vtrgtn»l.
point peché ; ' ainsi la nature étant CaP- ***
«épourveuë de la grace & dans l'im-
puiflance de se la procurer , noui
naissons enfans de la colere & exclus
de la, beatitude , parce qu'on ne peut
arriver au Ciel sans être sanctifiez.
Hoc peccatum quod originale dico t
aliud inttlligere netjueo in ipfis in
fantibus , nifi ipfam faBam per in-
obedientiam Adar justifia debits nu-
ditatem , per tjuam omnts sunt fìlii
ira , queniam & naturam accusat
fpontanea quamseeit in Adam justifta
atsertio , nec perfonas excusatrecupc-
randi impotentia , quam comìtatur
beatitudinis quoque nudites , utficut
sit*: fm omni justifta , ha fint absout
PREFACE
omnì beantudine , per tjuas duas nn-
ditates in hujus viut exîlìo pofiti futtt
& parentes. '
Pierre Alphonse , Auteur du 12.
siécle , qui florifloit en 1106. remar-
iedmo. tluc qu'Adam a peché par l'esprit &
par le corps ; que comme il a cru aux
suggestions du Demon, plûtôc qu'au
précepte du Créateur, Dieu l'a puni
en lui ôtant la grace \ & que la de
lectation qu'il a ressenti en mangeant
du fruit deffendu 1 a merité une pu
nition corporelle qui est la mort ; &
cet Auteur fait consister le peché O-
riginel dans l'esprit & dans le corps,
. &C dans les peines que Dieu fait res
sentir à l'un & à l'autre. Quia Ad*
peccatum duplex fuit , spirituals sci-
licet & corporale; spir'ttuale tjuidem,
tjuia Diabolo potius quam Dee cre-
âere , tjuod ad fpìritum penintt , &
ebedire elegif, corporale autem , quia
se in vetìti fruBus. dulcedine , quod
summum est corporis , delt Bavit ; idee
fane monem carnis & mortem ani
ma , pœnam seilicet duplieem in se
sustinuit.
Tract.,. Hugues de S. Victor' refute ceux
hom. qut dt (otent que Ic peché Ortgtnel n e-
c*p. xj. toi[ que l» debte que les hommes
P RSP JCE
•nt contractée à cause de la faute
d'Adam, 8c qu'ils n'en avoienr pas
le peché. Quidam dicunt tjuod origi
nale peccatum fit deliílum tjuo tentn-
tur omnes pro peccato primi homi.
ttis , quia pro Mo debetur omnibus
para aterna , nifi per grattant íibe-
rentur. Il montre que ce sentiment
est insoûtenable que les hommes
soient punis pour la faute de nôtre
premier pere , s'ils n'avoient point
contracté íòn peché ; & que selon
l'Apôtre , nousavons tous peché en
Adam ." In tjuo omnes peccaverunt ;
que nous avons été faits pecheurs par
fa désobeissance. Per unius inobtdien-
tiam peccAteres constituti sunt multi.
$i donc l'Apôtre nous appelle pe
cheurs , avant que d'êere regenerez ,
nous devons avoir le peché ausst bien
que la peine de cette faute. Ecce uipo-
stolus vocat eos peccatores ante qnant
regenerenwr, fed fi tantum ejset pm-
na & non culpa tn ijîis , non pecca-
tores ejstnt. II l'appelle ailleurs la pri
vation de la justice originelle. JustitU
eriginalis privatio dicitur originale K°n».
peccatum.
Lc Pape Innocent III. dit qu'A
dam étant tombé dans ce grand De*
PR E V ACE
ché qui a corrompu route-la nature
humaine , rous les hommes n'étoient
qu'un seul homme , & nous étions
tnpr 4 en cc^u' *ìu' a ^ ^'origine de ce que
Faenttem nous sommes ; & comme la concu
piscence qui est l'origine de tous les
pechez , & l'ouvragc du Demon
dans l" homme avoit infecté d'un poi
son mortel toutes les puissances de
l'ame & du corps d'Adam , & que
c'est par certe concupilcence qu'il a
été pere , il a fait passer en ses enfan?
comme dans les ruisseaux , cette mê
me corruption qui étoit en lui com
me en son principe : or quoi que lame
ne soit creée que pour le corps 5c
dans le corps , parce qu'elle le trou
ve plein d'une corruption habituelle,
entee dans le fond de la nature &C
dans le principe de la vie , en entrant
dans un corps corrompu , elle de
vient elle-même corrompue , comme
une liqueur prétieufe & d'une admi-
rableodeur,ctantverscèdans un vase
plein d'infection , s'y corromproit
ausst-tôt, ôc ne retiendroit rien de
cette excellence qu'elle auroit eue , si
elle avoit été creée toute feule. Ex
femimbus ergofœdatis atque corruptií
concisitur corpus ctrrHftwm parittr
TREFJC E
& fœdatum, eut Anima tandem infusa
corrumfitttr C fadatur , non ab in-
tegritatt vel munditià quam habertt
fi non unùreturfœdato corpori & cor.
rupto , tjnoniam & crtando infundi-
tur & infundendo creatnr ; stem tr-
go ex vase eorrupto liquor infusus cor-
nempitur j fie ex etntagio eorporis a-
nlma corrumfitur & fœdatur. Il a-
joûte que .cette soiiillure du corps fait
l'ame impure & la rend indigne de
voir Dieu , juíqu'à ce que cette ta
che ait été effacee par le Baptême ;
qu'il reste encore en nous une foibles-
se & une langueur qui nous porte au
peché ; mais qui n'est point peché #
íî nous n'y consentons point, & que
c'est en cela que le peché Originel est
effacé quant à fa tache par le baptê
me , mais ses actes restent en nous
aprés avoir été regenerez, ttecatum
originale compleBitur inseduo,vidtli-
cet labem & fomitem. Labet estfndi-
*at eorporis ex qna anima est trnmun-
da , & carentiâ divina vifionìs efi
digna , & ab hacfœditate vel immun-
ditia purgatur anima farvulì per bap-
tifrimm. fomes est infirmitas natura,
quAdam videlicet pajfibilis tjnalitas ,
Jtve fH*dam privath, ex qua prinù
P R'EFACE
wotas peccandi five concupifcendi
procedunt , & talit qualitas vel pri-
•vatìo manet post baptifmutn. Vnde
dicitur cjHod triginale peccatum tran
jit reatu , quoad labem , & remanet
afin quuntum ad femitem ex quefur-
gunt aBus vel motus peccandi.
Selon S. Thomas , le peché Ori
ginel est la privation de la justice ori
ginelle , entant qu'elle a rapport au
t.i.q.ïz. peché du premier homme: Inorigi-
*". 4" nali peccato du» sunt , quorum unum
tst aeseBus justifia originalis , aliud
autem est relatio hujus deseBus ad
peccatum primì hominìs , à quo per
vitiatam originem deducìtur.
~S. Bonaventure le nomme la pri-
pttt. t. vation de la grace & des vertus in-
Brevtto- fufes t avec Te penchant qu'il nous
Cap.7. donne au mal. Originale peccatum
est quod privat animam vita gratia
& virtutum reBitudinc , & pronom
reddit ad omne genus culpa.
Gilles le Romain , C&gidìus Ro«
ïe'p^eat manus, ne veut pas que le peché O-
ortg. riginel soit la privation de la justice
c»P. t• originellejmais que c'est l'obligation
à la peine du peché d'Adam , à cau
se que nous n'avons pas la justice ori
ginelle que nous devions avoir par
nôtre
TREF ACE
nôtre naissance. Dicamus ergo quod
originale peccatum , ratione qna dicit
carentiam originalis justifia, non est
formaliter culsa , sed ntagis habilitas
quadam ad culpam j ratione ver*
quk dicit deliÛum habendì eam\ ha-
bet tjHod su formaliser culpa. Ex eo
igieur tjhod tenemur vel debemus ha-
bere orìginalem justitiam , & non ha-
bemus eam , est nob'ts culpa origina-
lis.
Nicolas Lyran, Lyranus , établit
assez au long que le peché Originel 't c*?'
consiste dans la privation de la jufti- Rom.*
ce originelle que nous devions avoir.
Quia carentia ferseBionis tjttt debet
ineffe , culpabilis est in homine ; ideo
ejus carentia cum debit o eam habendi,
dicitur peccatum originale r ita quod
debitum habendi est ibi formate, íl
ajoute que le peche Originel est dans
Tarne , comme la forme reside dans
le sujet , & que la concupiscence en
cft la cause j ainsi que de mauvais
alimens íeroient la cause de la mala
die , & le corps en seroit le sujet:
Feccatum originale provenìt ex carne
eausaliter sed tamen in anima est
fubjeílive & formaliser yfie Rt infrmi-
tas est in cibo corrupto caufalixr tan-
? RE F ACE
Mm, qui* non est infirmitatis Jtts-
ceptivus, in corpore ver» cibato for-,
nalltf est &sub;eBive.
Gerson rapporte le sentiment de
quelques Theologiens de son temps,,
£?n<Tm qui faisoient consister ce peché origi-
xbçolog. nel dans le penchant que l'àme a de.
se tourner vers les choses creées ; 8c
q^te comme un rayon qui est dans..
l eau;, est obligé de suivre le mou
vement de cette eau j au flì l'ame unie
étroitement au corps , étoit emportée,
vers les choses sensibles , dans l'im-
puiísance de faire lè bien. Quidam,
dieunt c/uod orìgìnalis culpa fit neces
fitas concHpiftcndi malum cnm debita .
non concttpifccndi bonum , & ponunt
txemplum.de radio consignat o atjuaS,
tjmtnovetvtr aqua mota , & tjuiesce»-
se tjuiefìít. ij ajoûte que l'ame cstl
souillée en entrant dans le corps >,
comm? une personne qui tomberoic.
dans de labouë; que cette infection;
n'est pts seulement la peine, mais;
elle est.la coulpe même du pechè ;
que ce qu'tl y a de criminel est effacé.
par le Bap:êmî , mais que la peine.
reste roûjours, qui est d'être sujers;
aux actes 8c aux mîjuvemçns de la conr
cupiscence ; & qu'on peut concevoir.
PREFACE
comment les parens Chrétiens en qui
le peché originel est effacé > le com
muniquent à leurs enfans , comme
on voit qu'un Juifcirconcis engenlte
un incirconcis , & comme un grain,
de Med mis en terre se reproduit
avec la paille d'où il étoit détaché..
Ex íjuo patet cjuod peccatum arigina»
le est in anima tanquam in subjeBo &
«onjunílione ipfius ad corpus etntrahit-
vitlum illud , fieut tjuanio qu'à eadìf
in lutum , fœdatur & maculatur 5 ta
its autem anima inseUionen tantum est1
f<Kfta, sed etiam est culpa; ipsa vero.
culpa , qua macula est ,deletur in bap-
tifmo , sed remanet ipfapcena quantum .
ad motnm & atìum concupifetnti*.
Transmìttitur autem in proiem ah ee,.
qui curatus est, ficut Judœus circum.
eifus generat filiumcum prafMtìo , &~
granum purum feminatum procreat:
granumcum palea. . sitnM
Denis, le Chartreux explique ma Ut.
comment tous les hommes ont peché ^°Ux'
en Adamj Comme plusieurs membres
ne foat qu'un corps , ôí que les itb t.
tnernbres dépendent de là volonté du "*
même homme, pour êere en mouve
ment , c'est ainsi qu'étant tous en;
Adam nous avons peché en lui
PRVPACE
sa faute nous est imputée. D'où il
conclut -que le peché originel est la
désobéissance même du premiet hom
me imputée à sa posterité. Sìcut multtt
membra funt \num corpus, & fient
omnium membrorum funt attus volun-
tariiunâ volantate hominis,fic omnium
ttostrum originale peccatum est volun-
tate parentis in quo erat naturahu-
mana ficut in principio , & ideo im-
putatur twbìs.

Les héretiques qui ont combattu U


peché Originel.

AL'égard des heretiques qui ont


combattu le peché Originel >
outre les Pelagiens , dont il fera beau
coup parlé dans cet Ouvrage, on peut
comprendre les Carpocratiens , les-'
Ltb. j. quels au rapport de S . Clement d'A-
Sttemat. iexanelrie, dissoient qu'ils étoient en-
fans de Dieu par leur naissance , 8c
qu'il n'y avoií aucun desordre dans
la nature.
. Les Manichéens ne devoient poinc
auflì reconnoître le peché originel
s. Au 8- selon leur Doctrines puisqu'ils soû-
't*u tenoient que la concupiscence eift ce
qu'tl y a de mauvais en nous ae vc
T REF ACE
noit pas en punition du peché d'A
dam , mais que c'étoit l'ouvrage du
mauvais principe qui avoit produit
en nous une mauvaise substance. ip,
S. Bernard reprocha à Pierre A-
baillard de n'avoir pas des fcntimens
orthodoxes sur le peché originel j &c
ce S. explique dans une autre Epître
quelle pouvoit être Terreur d'Abail- bp,
lardjC'est que disant que Jesus-Christ
n'etoit venu au monde, & n'avoit
souffert , qu'afin de nous eníeigner
par ses paroles & par son exemple
comment il fàlloit .vivre, S. Bernard
concluoie que selon le sentiment d'A-
baillard , Adam n'auroit nui à ses
enfans que par son exemple , & ainsi
les enfans qui ne sont capables ni d'in
struction ny d'exemples n'auroient
point peché en Adam , & n'auroient
'point été rachetez par Jesus Christ.
S. Antonin écrit que les Albigeois
ne croioient pas le peché originel. U(
Au siécle passé , Erasine dans son
Commentaire fur le Chapitre 5. aux
Romains , avoit dit que tous les hom-
:mes avoient peché en Adam, en imi
tant sa faute , mais comme cette ex
plication étoit celle de Pelage , 5c
qu'on le soupçonnoit d'être Pelagien*
P R E F A C'E
tfans une seconde Edition de son Ou
vrages déclare qu'il condamnoit ces
hereEÌques , & qu'il reconnoissoit le?
pctíté Originel. Il saur pourtant a-
voiïcr qu'il ne l'a pas trop bien expli
qué.
De Bap- Zuingle dit que le peché Origi-
"ûn- nel n'est autre chose qu une langueur
ou maladie de l'ame qui nous est
communiquée par h. naiflànce , mai*
que cette maladie n'èst point peché ,
ni cause de la reprobation.
Les Anabaptistes se disent pursdés
kur naissance, & nient que le Bap
tême soit necessaire aux petits en-
fans j parce qu'ils n'ont rien à lave*
ny à expier..
Entre les Lutheriens, les uns com
me Mathias Illyricus , prétendent
que le peché Originel est une íubstan
ce mauvaise creée avec l'homme, ÔC
«n cela ils parlent comme les Mani
chéensj d autres que ce n'est qu'une
mauvaise disposition qui est m nous,
&c qui nous porte au mal.
Calvin & ceux de son parti , sou
tiennent que les enfansdesFideles sont
justes , & qu'tls naissent fans pecké.


LA TRADITION

DE L'EGLISE
SUR LE

PECHE ORIGINEL-. .
ET SUR LA REPROBATION

DES ENFANS MORTS

SANS BAPTESME*

Ce qiïil faut supposer pour U croyance


du peché Originel. , f

A liberté que certains Ecri


fÉP vains de nôtre tems se sont
donnez , de parler du peché
Originel , comme d'une cho
se qui n'étoit que peu connue" avant
S. Augustin ; 8c la maniere favorable
avec laquelle ils parlent de l'état des
i Tradition de s Eglise
enfans morts íáns Baptême, m'ont por
tez à chercher la Tradition de l'Eglise
fur crt Questions , aprés que j'aurai
tparqué ce qu'il faut supposer pour la
t . croyance du peché Originel.
Lc sentiment de l'Eglise sur cette
Question , est fondé fur ce principe ,
que Dieu créa le premier homme dans
1 innocence & dans U sainteté j c'étoit
Principalement en cela que confistoit
image & la ressemblance qu'il avoit
t Cenes avec ^e Gtèazeur. faciamus hominem
ad imaginent & fimilitudmem nostram.
Que la grace qui regloit son esprit &
son cœur , auifí-bien que toutes ses
autres operations , luá avoit donné cer
te droiture & cette rectitude queVE-
Eedes7. cr'turc attribue, htvtni tjuod sece-
rìt Dem heminem reSlum. Il étoit cç
nouvel homme dont parle S. Paul ,
qui avoit été creé selon Dieu dans la
Justice & dans la sainteté de la verité.
lfheí.4. Induite novtem hominem , qui fecundum
Deum creatus est in jujìitia & faníli-
tate veritatis. Graces , faveurs & avan
tages qu'tl perdit par sa désobéissance,
Ltb. 1. comme le marquent les S S. Peres , &
tt/etC entr'aurres S. Irenée, qui assure que
c*re[o nous retrouvons en Jesus-Christ ce que
*:ì7. :n nus avons perdu en Adam: & qui
fait dire à ce premier homme , que par
fur U fecbi Originel. j
íâ désobéissance il a perdu la íainteté
qu'il avoir reçûè' dans sa création. EAm
tjttam hahui k spirìtu far.Bitaxls sto-
lam, amifi per inobedientiam. S. iu-
gdstin dans plusieurs endroits de se;i
Ecrits déclare, que c'est la croyance dLll\.n
de l'Eglise Catholtque qu'Adam a été eap""1'
creé avec la grace.
En cet état, Adam joiiissoit de Dieu et
qui le rendoit bon par sa souveraine «
bonté, dit ce Pere ; il contemploit e* „ ^
avec un œil pur & une profonde « de ttvtt.
lumiere les beautez invisible» du « "P.
Créateur peintes dans le monde vi- et
sible j & comme son esprit suivoit «
Dieu sans aucune resistance , son«
corps suivoit son esprit fans aucune «
peine. Tous les arbres du Paradis lui «
offroient dans leurs fruits dont. Us «
étoient toujours couverts , une nour- «
riture délicieuse , & l'arbre de vie «
l'empêchoit de vieillir , & l'entre- te
tenoit en une vigueur toujours nou- «
velle. Il ne pouvoit craindre ni au- <t
cune maladie au-dedans de lui , ni m
aucune violence au dehors : une fan- «
té toujours égale regnoit dans son«
corps, & une parfaite tranquilité dans «
son ame. Comme ni le froid , ni la «
chaleur ne pouvoient alterer en au- «
'4 Tradition de FEglise
» cune sorte le calme 8c la serenité de
» ce Jardin de delices , auífi nulle crain-
» te Sc nulle inquietude ne pouvoît
« troubler la paix du cœur de celui
» que Dieu en avoit rendu le maître.
: / n Mais ce qui est encore tres-coníîde-
« ráble , c'est qu'il possedoit un empire
«absolu sur routes les impressions de
» ses sens , sur toutes les pensées de
tt son esprit , & tous les mouvemens
m de son cœur , sans qu'il lui pût ar-
« river la moindre chose ou dans l'a-
«me, ou dans le corps que ce qu'il
», lui plaisoit , & ce qui pouvoit con-
» tribuer à son bonheur.
» Adam ne possedoit pas cette sain-
Ltfe. teté ni cette felicité pour lui seul , il
àe tivtt/ „ devoit les transmettre à toute sa ra-
* 'iïCbi tous ses enfans , comme dit S.
n Augustin , seroient alors sortis de lui
m avec une innocence 8c une sainteté
» originelle , comme des ruisseaux
»j parfaitement purs d'une source tres-
*) pure.
ttbíde ,^Infi Adam, comme lc remarque
Genrf. le même Pere , étoit tcutt ensemble
adtttt. njortel & immortel ; mortel par la
"p" condition de son corps animal , qui
par ltíi-même devoit mourir ; & im
mortel par la grace de son Créateur ,
sur le peché Originel. j
qui lui avoit donné le nuir de l 'arbre
de vie pour l'empêcher de Ntcillir &
de mourir. Mortalis erat con^itione
cerporis animalis , immortalìj bemÇ_
cio Conditoris. Il auroit vécu sur la
terre avec les deseendans en, un état
si heureux autant qu'il eût plût à Dieu ;
& ils auroient éte tous ensuite trans
ferez dans le Ciel fans mourir , étant
certain selon l' Ecriture , que la mort
n'est entrée dans monde que par le
peché.
Mai» aprés qu'Adam & Eve eurent
peché , ils perdirent auflì-tôt la grace
& l'innocencc dont ils étoient revêtus ;
& se virent aíFujctis à toutes les pei-.
nes & à toutes les miseres que nous
reflèntons ; la chair se íouleva contre
l'cfprit , aprés que ceîui-ci se Rtt re
volté contre Dieu. En même - tems ,.
dit l'Ecriture, ils connurent qu'ils é- Cttl;ù
toient nuds , & se couvrirent de íèiiil v. y. ,
le&de Figuier : Elle avoit dit aupara
vant qu'étans nuds , ils ne rougifloient Ccn t
point ; ce qui marque les differentes v.. :j.
impreísions que reçut l'homme depuis^
fa chute , de celles qu'il reísentit avant
íôn peché. Tant que leur ame fut sou
mise à Dieu, dií S. Augustin, elle
,ne sentit point de revolte contre son ,
A iij
6 Tredition de FEglise
i;b i Crétteur : mais qu'il falloit qu'elle
dr ttv. rougît aprés son peché v de ce que
c" 17' s'étanr revoltée contre son Créateur
par íá desobéissance , son corps se soit
aussi revolté contre elle, Sc que par une
proportion digne de la Justice & de la
Sageííè de Dieu , sa punition fût de
venue semblable à son crime ; ils ne
sentoient point leur nudité dans l'état
d'innocence , parce qu'il n'y avoit
point en eux de concupiscence ; ils ne
fèntoient pour lors dans leur corps au
cun mouvement qui ne fût parfaite
ment bien reglé , & entierement sou-
oe Ge- m's * ^esprit. Ibifinft homo qua prius
nef. ad gratta veftiretur , tjuando in sua nudi-
1.<" ^b" tate nihìl iniecem patiebatur, A< ffi l'E-
II- eap. . - f . r r
ti. criture disant qu Adam & sa femme
s'allerent cacher devant la face du Sei
gneur , S. Augustin fait cette reflexion,,
ìbtd 1UC ^a Pre^ence de Dieu qui étoit toute
eap. j4. la joïe d'Adam dans son innocence»,
devint son supplice aprês1 son pe
ché , 8c qu'il ne put se resoudre à ex
poser aux yeux si purs de cette Maje
sté suprême sa nudité , qui étant la
peine honteuse de son crime , étoit
insuportable à ses propres yeux. Nec
jam lllam nuditatem andebar osttndere
tulibm otulis, qu* difpliccfat & fris*
sur le peché Originel. 7
Si Adam fut demeure dans l'inno-
cence où il avoit été creè , ses enfans
étans nez purs d'un pere tres-jur, au-
roient été comme lui des Image; vi
vantes & de la sainteté de Dieu , %r,
de la sienne propre : mais étant tom
bé dans le peché , qui par la plaïe pro
fonde qu'il lui a faite , l'a entierement
dereglé , & dans l'ame , & dans le
C :rps ; ses enfans ont porté l'image
de la corruption de leur pere , & toute
la nature humaine étant corrompue en
sa personne , est devenuë non-seule- j1*. *,
ment pecheresse , mais elle n'a plus en- fceôeup!
gendre que des pecheurs. Magno Mo "P* m.
primi farentis peccato , natura nostra
in detenus commutata ; non folumfaâa
eft peccatum , sed etiam gênait pecca-
trix.
Dieu avoit formé de grands des
seins fur la nature humaine, il vou-
loit lui communiquer la grace , la sain
teté & l'immortalité par le premier
des hommes ; mais apres la chute d'A
dam , il laissa le cours du monde en
íbn état naturel ; Dieu n'a pas dû em
pêcher les hommes de naître , & ils
n'ont pû naître d'Adam tout rempli
des peines & des effets du peché , fans
que les enfans ressemblassent à leur pe
A iiij
Z Tradition de F'EgliJl
re ; & il n'auroit pas été juste , com-
lîb j me dit S. Augustin., qu'Adam apréï
eont.ju- son peché eût engendré des enfans
«p"n P'us Pms *îue 'u'" etiam Adam me-
pares gïgnertt , quant ipse erat , non
erat œjuitœtis. Il n'est ni ctrange,ni in
juste que d'une Tige criminelle , il
ne naisse que des criminels. Nec mi-
rum , nee injufium est , quod radix
damnata profert damnatos. Toute la.
nature humaine étoit alors renfermée
en Adam qui en a été Je principe ;
nous étions tous en lui , comme les
enfans dans leur perc , les fruits dans
leur racine , les ruisseaux dans leur
Serm. fout'ce, dit encore S. Augustin. Secun-
tt. de dum propaginem carnìs in Adam era-
Apost. mus omnet tanquam in parente t tan
quam in radice , tanquam in foute. C'est
donc la privation de la justice origi
nelle, la revolte des passtons, les ex
cès de la concupiscence , la mort 8C
plusieurs autres choses semblables qui
sont les suites funestes , & la punition
du peché d'Adam , & qui se trouvent
dans tous ses descendans , parce qu'ils
ont contracté sa faute par la naissance
& l'origine qu'ils, tirent de lui..
furie peché Origines. p

JLa corruption generale de Vhomme ,


marquée dam tancien Testamtnt.

COmme l'Ecrhure est la regle de


nôtre Foi , que c'est le fondement
des veritez que nous devons croire y
il est neceflaire de la consulter, pour
sçavoir de quelle maniere elle parle
de la corruption de l'homme ; & on
connoîtra aisément, ques'il y tant de
desordres dans nôtre nature , ils ne
peuvent venir de Dieu qui nous a créez,
mais que ce sont les punitions qu'il
exerce envers nous , à cause du peché
de nôtre premier Perc. Non ejse na.
turam inflituti hominis,fed pœnam dam-
nati , comme dit S. Augustin.
Je dis d'abord que l'ancien Testament
marque évidemment les peines & les
miseres, ausquelles nous íommes sujets
dés nôtre naiílance y la pente & l'incli-
nation que nous avons au mal , la dif
ficulté de faire le bien, & tout ce
que nous appelions concupiscence , de
sordre de l ame , dereglement des pas
sions, corruption interieure : C'est ainsi
que Dieu en parle lui-même aptés
le Deluge , qu'il n'exterminera plus le
Genre humain par des châtimens uni
le Tradition de tEglije
verscls , parce que , dit-il , l'csprit de
l'homme Sc toutes les pensées de sorí
ae|j cœur sent portées au mal dés sa jeu-
nefle. Sensus enim & ctgitatie humant
rordis in malum prona sunt ab adoles-
centia sua -r dés son enfance.
Job , selon nôtre Vulgate , aísure
que nous sommes impurs dés le tems
''4' que nous sommes conçûs. Quis poteji
facere mundum de immundo conceptum
semine ? Quel autre que Dieu peut
purifier celui qui a été conçû dans l'im-
pureté ? Selon la Version des Scptan-
rcs, ce passage est encore plus expres
sif, il y a, que personne n'est sans souil
lure , non pas même Pensant qui ne
fait que naître. Nemo mundus afarde ,
ttec infans quidem eujus est untus diti
vita super terrant. Et on verra dans
cette Ouvrage que les S S. Peres ont
ainsi lû & «apporté ce passage pour
prouver le peché Originel.
David gémissoit à la vûë du peché
qu'il avoit dés sa naissance ; il assure
de lui-même , qu'il a été formé dans
l'iniquké , & que sa mere la conçû
dans le peché. Ecce in initjuìtatibttî
conceptus fum , & in peccatis emeepit
mt mater mea. S. Jerôme a traduit In
ktiquitw,fc\osx l'Hebreu. Plusieurs au
fur le pechi Originel. rt
tres Percs disent , que le Prophete ex
prime le peché Originel au pluriel ,
parce qu'il est la source funeste de tous
nos péchez. Et on ne peut entendre
de ses parcns les iniquitez dans leí
quelles il a été conçû , comme s'il eût
voulu parler du peché de ceux qui l'a-
voient engendré puisque ses parens
étoient justes & des gens de bien , c'est
pourquoi il a pretendu parler du pe
ché qu'il contractoit par sa naiflance ,
ainsi que font les autres hommes.
L'fccriture patle aussi de YAlliance
& du pacte que Dieu avoit fait avec
Adam , de transmettre sa justice ori
ginelle à tes deseendans , s'il fût de-
meure libre ; au moins c'est le sens
que S. Augustin & plusieurs autres
S S . Peres donnent à ces paroles , que
k Circoncision seroit la marque de
l' Alliance de Dieu avec les hommes, Gen »
pour remettre le peché Originel ; & v.n! 14.
que celui qui n'aurok point été circon
cis , seroit extermtné au peuple rparce
qu'il auroit violé cette Alliance. QhÌ4
paBum mewm irritum secit. Parce que ,
dit S. Augustin , il aura violé dans A-
dam la Loi que j'àurois donné au pre- Ukt*
mier homme , 8c qu'il est encore cou- de emt»
fable de cette desobéissance dans la-
tl Tradition de tEglise
quelle il est né , puisqu'il n'a point
reçu la Circoncision , qui est le reme
de que j'ai établi pour la reparer.
Et dans le Prophete Osée , Dieu íc
plaint de ce que les hommes sont pré
varicateurs de son Alliance , comme
Adam l'avoit été. La faute de ce pre
mier homme est proposée comme celle
que ses descendant ont imité & onr
contracté ; ils sont devenus criminels
osée*. coTtme lui , parce qu'ils ont desobéi
*', 7' à Dieu dans fa personnne. spfi autem
ficut Adam transgrejstsunt fattum tibì
pravaricati sunt in me,.
La corruption originelle de l'hom-
me se trouve encore dans le Livre de
la Sageíse , où le S. Esprit marque la.
ii\911'. malignité de nôtre nature , que la ma
lice est naturelle à l'homme , que nôtre
origine est maudite dés le commen
cement. Quoniam nequam est natte fo
rum , & naturalis malitia ipforum, ft-
men eortem erat maledïUum ab initio.
S. Augustin se sert de ce paísage , pout
{'rouver la dépravation de Fhomme pat
a , nupi e peché Originel, la pente qu'il a au
& ton. mail &c que ce peché. étant naturel,
R se communique par la generation. Et
qu'encore que dans cet endroit I' Ecri
ture ne parle que de la malediction.
sur le pechè Originel. tj
.donnée à Cham & à ses dcscendans,elle
-en insinué' une plus generale , qui est
celle que Dieu prononça coatre A-
dam , & contre toute sa Posterité , cc
qu'tl confirme par un paísage de Da
vid , qui dir , Que les méchans se sont
éloignez de l'équité dés le ventre de PC 5
leur mere ; qu'ils se sont égarez de v" '"
la droite voïe en sortant de leur sein.
Altenatifunt peccatores à vulvà , erra-
vjerunt ab uter*. Voyons comment l'E-
vangile s'explique fur cette matiere.

De quelle maniere rEvangile parle d»


pechi Originel.

QUoique la faute d'Adam ne soit


pas exprimée dans l' Evangile par
1e terme de peché Originel , cepen
dant il n'est pas difficile de l'y recon-
noître sous d'autres expressions , qui
marquent "la nature & les effets de
cc péché.
En effet , jesus-.Christ ayant établi
la neceísité du Baptême, en diíant,
que quiconque ne fera pas regeneré
par l'eau 8c par l'efprit , ne peut en
trer au Royaume de Dieu : il ajoûte ,
que tout ce qui est né de la chair , est
cfiair. Quod natum est ex carne , cAr» J°*".
14 TrAdhio» de sEglife
est , marquant ce que nous sommes par
la naissance que nous recevons de noj
parens , que nôtre nature est corrom
pue par le pcché , & qu'elle est indi
gne de paroître devant Dieu , & d'a
voir part à son Regne , si elle n'est
regenerée , ayant besoin de ce Bain sa
lutaire , comme d'un remede puissant
& efficace pour la purifier de son ini
quité , & la laver de ses taches.
Il reproche aux Juifs de ne pour
voir pas même dire de bonnes cho-
M»th. les ; parce qu'ils sont méchans , Quo-
*" modo fotestis bonA lotjHì , cìem fitis
malt? Que leur cœur est si vitié,
leur esprit si dereglé, leur malignité
si profonde , qu'ils ne peuvent juger
sainement des meilleures choses ; que
c'est pour cela qu'ils se portent si fa
cilement à suivre Terreur , à calomnier
les gens de bien , à combattre la ve
rité, Sc à persecuter ceux qui l'an-
noncent.
Le Sauveur repete souvent la même
chose : Il déclare juíqu'où va la pro
fondeur de nos plaies ; que c'est nôtre
- cœur qui en est la source j c'est de
jM*.'!ìj. hùí^it-il , que sortent les mauvaises
peníèes , les homicides , les adulteres ,
& les autres crimes qui souillent
.
sur le ftchè Originel. tj
l*homme. De corde exemt m/tla cogi-
tationes , homlcidia.... Tous les crtmes
viennent de ce principe corrompu ; ce
sont les fruits de ce mauvais arbre.
Ce qut marque non- seulement les pe
chez actuels que nous commettons ,
mais le peché même Originel , qui a
pour effet de corrompre le fond de
nôtre nature, de nous donner la pente
& l'inclinationau mal, & qui est com-
;me la source d'où coulent & d'où se
forment les autres pechez.
Jesus-Christ nous apprend que cet
te corruption nous est comme natu
relle , qu'elle nous est communiquée
par la naissance : Tout ce qui est né
de la chair, dit-il, est chair j ce qui
est né de l'efprit , est esprit ; & la nais-
íànce charnelle se fait par la genera
tion ordinaire ; le principe est corrom
pu , il reçoit cette corruption par la
naissance ; c'est-à-dire , par la propa
gation qu'elle transmet , 8C que les
peres la font successivement passer
d'eux en leurs enfans.
On trouve aussi dans l'Evangile ,
que personne n'est exempt de cette cor
ruption ; que tous les hommes sont
pecheuts : c'est pour cela que Jesus-
Christ est appellé l'Agneau de Dieu,
tí Tradition de rEglife
tjui ôte le peché du monde , qui toîllt
feccatum mundi ; C'est , selon les Pi
res, le péché Originel dont person
ne n'est exempt. Jclus - Christ est le
ícul qui est appellé Satnt dés fa nais
sance , ayant été conçû d'une Vierge
.par soperation du Saint-Esprit. Qt4ed
nasettur ex te fimBum, vocabitur Filins
tue. t. Dei : Aufli il dit à tous les hommes,
en parlant aux Juifs , Quis ex vobis
arguet me de peccato? Il est seul sans
peché , seul irreprehenstble ; & il défie
tous les hommes <le produire un seul
d'entr'eux qui soit sens tache. Quis
vestrum ftne peccato est ?
Nous sommes si criminels dés nôtre
naiísance , qu'on ne peut entrer au
jfoan. j. Royaume de Dieu , si l'on n'est re-
generé que ce qui sort du cœur &
de la touche de í'homme , le souille.
Qmí procedunt de $re , de corde exeunt ,
ea cointjuinant hominem. Que nous nais
sons du sang , de la volonté de la chair ,
de la volonté de l'homme.; c'est-à-dire,
nous naiísons de la concuptscence. Ex
/knguinibtts , ex voluntate carnìs, ex
loan. n -volmtAte viri : Et il faut naître de la
Grace, & de l'Eíprit de Dieu pour
lui plaire.
Je pourrois rapporter plusieurs au
tres
sur le pechi Origtnel. 17
rrcs endroits de l' Evangile , où les
mêmes choses sont marquées ; Com
me quand l'homme est comparé à une
Brebis égarée par son peché ; que Je
sus-Christ , comme un bon Pasteur ,
descend du Ciel le chercher , le recon
duire au Ciel. Nôtre misere est auíîì
representée dans cet homme , allant:
de Jerusalem à Jericho, dépouillé des.
dons de la grace , bleílè dans toutes. '
le*puiílances de l'ame , avec des plaies.
si profondes, que le Prêtre ni le Levite
n'avoient pû guérir , c'étoit la Loi Si
les Prophetes , qui n'avoient pû ope
rer nôtre guérison ; mais Jesus-Christ
le vrai Samaritain s'étant chargé' de
nos foibleûes , il a guéri par son In
carnation & par sa mort , toutes les
plaïes que le peché nous avoit faites ::
Il nous a tiré de l'impuissance où noua
étions d'aller au Ciel j il nous a me
rité les secours & les graces pour faite*
le bien. Nemo venit aà. me nifî Pater «
meus traxent eum.
lí Tradition de ^Eglife
La DeBrine des Apôtres , & princìr
salement de S. Paul, fur U
péché Originel.
LA Doctrine des Apôtres, sem-
bhble à celle de Jesus Christ , leur
divin Maître, mtrcjueauflì la corrup
tion universelle de notre nature. Tous
les hommes ont peché, dit S. Paul,
& tous ont besoin de la g'otrc de Dieu.
Omnes peccaverunt & destituuntur gl9-
n* Det: ^ y prouve, que les Juifs
& ks Gentils sont tous pécheurs ; qu'il
n'y a personne de juste. Judaos & Gr&-
cos omnes tjfè sub peccato , peut scri-
ftum est\ non est juflus, ne unus guident..
Ce qu'il repete ailleurs , que l'Ecriture
a teut renfermé sous le peché ; afin
que ce fût par la Foi de Jesus- Christ,,
3ue ceux qui croyent, reçussent l'eftec
e sa promesse ; Conclufitscriptura om-
nia sub peccato.
Les autres Apôtres parlent de mê
me ; S. Jean dit , Qu'il n'y a personne
íâns peché : Sì dixerimus tjuia peccatum
mn habemus ., ipfi nos sedHc'mus. Qu'il
*Jo»n.t. n'y a que J. C. seul qui soit fans tache
pour nous sauver & nous purifier de
nos iniquite7j dit S. Pierre. Ipsum im.
maeuUmm ^ncontaminutHm. Qui pteca*
sur le peché Origintl. 15
tum ntnsecit , nec inventus est dolus *«liPett .i
ore ejus. Qu'il est venu pardonner nos
pechez , parce qu'il étoit lans tache.
Apparu.it ut ptccata nostra tôlieret : .
& peccatum non est in et. Mais parce
que S. Paul , dans son Epitrc aux Ro
mains , a parlé d'une maniere plus éten
duë du peché Originel ; c'est une ne
cessité de nous y arrêter quelque tems.
Voici ses paroles.
Le peché t dit cet Apôtre , est entré Rom rf
dans le monde par unseul homme , dam ». u.
lequel tous ont ojsensé , & par le peché
U mort est entrée . & est ainíi pa/Tée
à tous les hommes.
Car jusqu'à la Loi , le peché étoit v ,f
dans le monde , quoiqu'il ne fut point
imputé , n'y ayant pas de Loi.
Et depuis Adam jusqu'à Moise , la v. ,4.
mort a regné même sur ceux qui n'a-
voient pas peché , tn desobéijsant à U
Loi comme Adam , qui étoit la figure
de celui qui devoit venir.
Toutefiis , il n'est pas de la grace
comme du peché ; parce que fi plujieurs ' 1
font morts d la verité par le peché d'un
seul , la grace neanmoins & le don de
Dieu s'est repandu beaucoup plus abon.
damment fur plufieurs , par la grace
d'un seul Homme , qui estJesus.Ôrnst
B ij
^o Tradition de V Eglise
w. it. Et il n'est pas du don de Dieu;,
comme du peché , qui est venu d'un seul
homme ; Car la condamnation est pro
noncée d'un seul peche , au lieu que la
grace nous justifie apres plufieurs pe-
>u.t7< chez.. Que fi par un seul homme, un pe
ché a fait regner la mort , a plus sorte
raifon ceux sur qui la graCe, le don
& la justice sont répandus , regnerons
dans la vie.
Comme donc par le peché £ un seul
homme , la condamnation est tombée sur
tous les hommes j ainfi la justice £un
seul communique à tous les hommes lA
justice de la vie.
Car comme plufieurs ont été fais pe-
+,t1. cheurs par la desobé 'fiance d'un seul
homme ; ainfi par l'obétjsance d'unseul,,
plufieurs feront rendus justes.
C'est sur ces passages, que les S S.
Peres & les Conciles ont principale
ment établit la croyance du peché O-
riginel ., c'est pourquoi il est important
d'y faire pluíkurs reflexions.
Le dessein de S-. Paul dans cette E-
pitre, est de confondre l'orgiieil des.
Juifs & celui des Gentils , en leur
prouvant qu'ils n'ont point merité la
connoissance de l'Evangile; que cetrc
grace étoit un pur effet de la miserí*
sur le ptchi Origtnel, zt
corde de Dieu ; Que les Juifs, à cause
de leur ingratitude , s'en.étoient rendus,
indignes ,. ayant crucifié Jesus-Œrist.,.
au lieu de le reconnoîere pour leur
Sauveur & leur Meflìe ; Que les Gen'-
tils , à cause de leurs desordres 8c de
leurs crimes , ne meritoient pas auífi
ceste faveur. Ainsi l'Apôtre reprimant
Torgueil de ces peuples , il commence
par les Jaifs j, leur montrant , que les.
œuvres de la Loi faites íâns la grace,
de Jesus-Christ , ne peuvent justifier :.
1l explique eníuite la fonction de Je-
sits-Christ comme Mediateur ^le fruit,
de son Incarnation & de sa mort , qui.
constste à efTacerle peché : & S. Paul,
remontant jusqu'à la: source , il dit,,
que ce peché est ceTui d'Adam ; que.
par un îeul homme le peché est entré
dans le monde. Per unum hominem pec-
catum intravitin hune munàum. Ainsi
voilà le premier pecheur , & quelle,
est l'étenduë & l'infection de ce peché.
in tjHo omnes pedaverunt.
Erasme , pour éluder la force de ce;
passage, préíendoit qu'il falloit dire,,
que ce peché étoit entré à cause d'un:
nomme , propter unttm hominem ,. 5c
non pas par un homme , per unum ho
minem :. Mais il s'est trompé ; puiíque.
ir Tradition de sEglise
dans le Grec & dans toutes les Ver
sions , il y a per unum hominem ; 8c
que les Conciles 8c generalement tous
les S S. Peres l'ont lû ainsi, comme
on le verra dans leurs passages , que
je raporteraî.
Zuingle & quelques autres Hereti
ques, vouloient entendre par le pe
ché ía peine du peché ; íçavoir , la
mort , expliquant ainsi YApôtre , qu'en:
punition du peché d'Adam , la mort
étoit entrée dans le monde : Mais S.
Paul distingue nettement le peché
d'avec la mort ; le péché , dit-il , est:
entré dans le monde par un seul hom
me; & par le peché la mort est entrée ,
& est ainfi p*jfîe a^eus les hommes. En»
fuite , dtstinguant ses effets de l'un 8t
de l'autre, il ajoûte j Le peché étoit
dans le monde , quoiqu'il ne fut pas
imputé riy ayant pas de Loi; & de*
puis Adam jusqu'à Mòife , la mort a
regné fur ceux qui rìavoient pas deso*
béí à la Loi. Ainsi l' Apôtre ne confond
pnnt le peché avec la mort , il les
dtstingue comme la cause & l'effet.
Les Pelaguns donnerent un íens qui
paroflôie plus plausible aux. paroles d«
l'Apôtrc : I's distinguerent dans le pe
ché d'Adam, la faute qu'ils voulotent
sûr le peché Originel, tj
Hli être personnelle , a avec le mau
vais exemple qu'il avoir donné par son.
peché j.& ils prétendoient , que l'A-
pôtre vouloir ículement dire , que tous,
les hommes ayant imite là faute d'A
dam par leurs crimes , le peché du pre
mier homme étoit entré dans le mon
de par imitation , 8c non pas par la
propagation , comme lexpliquent les.
Catholiques.
C'est à nous à fàire voir , que S.
Paul dir quelque chose de bien plus
fbrr que ce que lès Pelagiens lui at
tribuent, fcn ester , le deísein de S.
Paul est d'opposer Jesus- Christ à A-
dam , fa justice au peché du pre
mier homme , le remede à la peine.
Si plufieurs , dit-il , font morts par U
Jfeché d'un seul la grace s'est repandue
ftas abondamment par la grace d'un
seul Homme. Or la justice qui vient,
de Jesus-Christ n'est pas seulement une
imitation de la sienne , c'en est me ve
ritable participation. Sa Justtce, íâ
grace a été communiquée à ceux qui
n'a voient pû l'im<ter , comme aux Ju*.
stts, qui l'ònt precedé avant l'Ihcar-
nation ; les enràns ne sont justifiez
que par sa grace dans le Baptême , 8c
cependant ils ne sont pas en.éut de l'i-
ï4 Tradition de l Eglife-
miter : Comme donc la Justice du nou
vel Adam est interieure ,. qu'il nous,
rend justes par un insuíion de sa grace j,
aussi Adam nous a fait pecheurs, par
une tache ou souillure interieure , qui
íé communique à nôtre ame dans fa
production..
J'ajoûte, que comme on ne peut
imiter ce qu'on ne connoît pas , il y
auroit une infinité de peuples qui' ne
seroient point criminels , parce qu'ils
n'ont jamais oui parler d'Adam ; &
ainsi. en pechant , ils ne suivent ni l'e-
xcmple, ni le modele de ce premier
homme.
De plus, si lès hommes n'avotent,
peché qu'à cause qu'ils ont imité la.
desobéissance d'Adam, il faudroit di
re , que c'est par le Démon plutôt que.
par Adam que le peché a entré dans
lé monde ; puisque cet Ange rebelle
a été le premier qui s'est revolté con...
tre Dïeuj.& que c'est lui qui a íug
geré 8c tenté Adam , 8c qu'il l'à porté,
a l'imiter : Le peché de Satan a été.
le premier qui a été commis contre
Dieu. S. Augustin, lib. t. de peccatt.
merit. cap. &. 9. 10. lib. 1. cent. duas.
Epist. Pelagij , cap. 4, de Verbis A-
ftostòíi Serm. 14. Epist. 1?. íe sert de
cet
fur le peché Originel. 15
cet argument contre les Pelagiens.
Ajoutez à cela , que les Concile d'A
frique, celui de Mileve , le 1. d'O
range & celui de Trente, feíT. 5. cap.
4. ont condamné la distinction des Pe
lagiens , Scontdéfini, que le peché d'A
dam dont parle S. Paul , doit s'entendre
non de l'Imitation, mais qu'il s'est com
muniqué à tous ses desetndans, non-
seule men par imitation , mais par la
propagation. ltb
S. Augustin se sert encore d'un au- eontr.
tre paJTage de l'Apôtre , pour prouver
le peché Originel ; c'est lorsqu'il dit,
que si un seul est mort pour tous ,
tous donc sont morts ; & que Jesus-
Christ est rrtort pour tous , afin que
ceux qui vivent , ne vivent plus pour
eux-mêmes , mais pour celui qui est , Cor .
' mort Sc reísuscité pour eux. Si unuspro *, 14.
omnibus mortnus e(ì , ergo omnes mortui
funt , & pro omnibus Cbristus mortuus
est ; Ht & qui vivunt , jam non fibi vi
vant , sed ei qui pro ipfis mortuus esl &
refurrexit. Le même S. Docteur cite
aulïl l'Apôtre, qui dit, Que nous é-
tions par la Nature enfans de colere , g-j^g,
comme tous les autres. Eramus Naturâ
filii ira , ficut C ceteri. Julien vouloit
supprimer ie mot de Naturâ, pre*
G ^
%6 Tradition de l' Eglife
tendant qu'il y avoit des Exemplaire*
où ce mot ne se trouvoit peint : mais
S. Augustin le déne d'en produire un
seul , & assure qu'on l'y avoie lû de
tout tems dans les plus anciens Exem
plaires Latins. Nonne hinc admone-
ri debuijii ; antitjuam contra nos de
fends Catholicam fidem ; quia non se-
re invenitur Latinm Codex , fi non
i vobis nunc incipiat emendari , vel
potiut in mendum mutart , ubi non na-
turâ , fit seriptum. Qu,od HÛtjue ca-
vere debuts interpretum antiquittts ,nifi
etiamfideì bac tjftt antiqmtas,cuivestrA
capit refistere novitas. Il faut avouer
.que S. Augustin ne parle que des E-
aitions Latines , qui portoient toutes
ttaturâ ; Car S. Jerôme ne désaprouve
pas, que la force du Grec pouvoit
feulement porter, Eramus prorsus fi-
lij ira. Nous étions entierement en
cans de la Colere : il y a pourtant
.dans le <r>> Qvcnt Id est nuturà , par la
nature , non que Dieu nous ait creé
tels , mais nous le sommes devenus
Î>ar la faute du premier homme , com-
e dit S. Augustin, Tune vitium pro
naturà inolevit. Le vice nous est ve
nus comme naturel , depuis que nous
le contractons par nôtre naissance.
sur le péché OrigintU 17
iïrincìpcs fur lesquels est établie la
croiance du peché Originel.
IL est d'autant plus important «Te
rre instruits sur le peché Originel,
que c'est un des premiers & des prin
cipaux fondemens de la croïanec de
l'Eglise ; puisque l'Incarnation de Je-
sus-Christ, fa mort, les Sacremtns,
supposent que tous l<s hommes sont
infectez de cette tache : c'est ainsi que
s'en expliquent les Peres du Concile
de Mileve , tenu contre les Pelagiens.
Si la nature humaine eût été saine >
si les hommes euflent pû par eux mê
mes faire le bien ; si nôtre nature
n'eût point été souillée dans son ori
gine , ce feroit en vain que ce grand
Medecin feroit descendu du Ciel ; Sç
ainsi , c'étoit renverser toute la Reli
gion Chrétienne par ses fondemens,
2ue de ne pas croire ces veritez. Hte
uo smt tjuibus omnino totum quod
Christiani sumus , incitantur evertert,
La Redemption de Jesus- Christsuppt*
se le peché Originel,
UN des premiers principes de nô
tre Religion , est de croire , que
Tesits-Christ est íe Sauveur & le Re
ìS Tradition de t Eglise
dempteur de tous les hommes : or il
ne peut être tel , que tous les hom
mes ne soient pecheurs i parce que le
Salut & la Redemption supposent la
captivité spirituelle du peché ; ainsi,
tous les hommes étant pecheurs , ce
la se doit entendre principalement du
peché avec lequel ils naissent; autre
ment , il ne seroit pas Redempteur
de ceux qui mourroient avant l'usagc
de la raison, ou qui ne seroient pas
en état de commettre des pechez a-
ctuels ; ce qui est contraire à l' Ecri
ture qui dit , qu'il s'est donné pour
t.Ttm.t. la Redemption de tous. Qjti dedit se-
metipsum redemptionem fro omnibus.
Et S. Leon assure , que la Vierge a
enfanté son Sauveur & celui de tout
«etm. de le Genre humain. Beata Virgo Ma-
pattvtt. rIa unum Emmanuel gignere me-
ruit j qui eam & totum genus bumanum
rtdimere t/en«.S.Bernatdrepetc la mê-
Sítm de me chose : Virgo MariA omnium &
Advem. suum edidit Redemptortm. Il n'y a pas
^ un seul homme excepté de la Re
demption du Sauveur , non pas mê
me ía tres- sainte Mere ; & S. Thomas
t, *". assure , que c'est une Herésie pire que
3" p' celle de Pelage , d'avancer , que Jeíus-
- , Christ n'a pas racheté tous les hom
fur le pechè Originel. 29
mrspar fa Paulon , & qu'on en puiílè
exempter même sa Mere ou to.ue au
tre personne; ce que S. Augustin avoir
di avant tous. Quifqnis Christum non Ltb. ».
omnium Rtdempterem & liberaterem jf"'^
ajstr't, Pelagianus & Ceìestianus existit.
Or Jesus-Christ n'est Redempteur
qu'entant qu'il remet les pechez j c'est
la Doctrine de S. Paul , que Dieu
nous a rendu agreables à sa Majesté
dans son tres-cher Fils, dont le Sang
nous a rachetté , 8c nous a acquis la
rémiíîîon de nos pechez ; In illo ha- Eph. t.
tkhs Redemtionem per fanguinem ejus v" 7"
in remifftonem peccatorum. Ce que S.
Augustin explique de même. Chrijìus
dicitur redemijse animas servorum fut. In P£ jJ.
rum^uod peripsumfaBa est remijs»pec
catorum. Dans un autre endroit , il
assure, que s'il s'étoit riÉ trouver un
seul homme fans peche , Dieu n'au-
roit pas envoyé son Fils pour rachet-
ter les hommes : & comme il n'y a
que les malades qui ont besoin de Me
decin , 8c que les esclaves seuls , quiLtI,. je
peuvent être affranchis 8c mis en li- p«sea.
bereé, c'est pour cela, que Jesus- ^ustlt*
Christ a été envoyé aux hommes pour
être leur Medecin , & leur Liberateur.
Si petttitfit homo fine peccato efe, non
C iij
3» Tradition de FEglise
tnitteret Deut Filiw/t funm , fne perça-
to , ut redimeret homines à peccatir?..
fient ergo non est opus fanls medìcus „
fed maie habtntìbus , ita non est opus
liberis Rtdemptor , sed servis. S. Gre
goire Pape dit, qu'aucun des Anges n'a
été envoyé pour nous sauver ; mais que
VA tf la Sageste divine est venu elle-même
Moral, pour rachetter le Genre humain. Nul-
**' Ixs Angelorum Rtdemptor humant ge-
neris mittendm fuit , sed perfe.met ip-
fkm ptpiemia Deì venit , & totum hu-
manum genus à. culpâ redemit. Ainsi la
Redemptiouunivcrselledcjcius-Chrift
fuppose tous les hommes dans lepeché.
J'ajouterai encore ce que dit
S. Augustin , qu'il n'y a aucun Ca
tholique , qui oie avancer , que Jeíùs-
Ghrist n'est pas le Sauveur ni le Re
dempteur des»enfans. Car çourcpoi
les íàuvera-til , dtt ce Saint, s ils n'ont-
point la tache du peché Originel:
pourquoi les rachettera-t-il , s'ils ne
ltb. t. font point livrez à la tirannie du Dé-
*t*»P- mon , à cause de leur peché ì Quis au.
deat dicere Christum infantium SaL
vatorem nec Redemptorem f unde enim
tot salvos fâciet, st nulla in eh est origí.
ttalis Agntudìîpeccati unde eos redimet,
fi ntnfknt ptr originem vtnundati /ht'
sur le pechi Originel. }1
feccato; Negant certe infantes redimit
qui eos sub peccato tffe nolunt fateri :
nam unde redimuntur ? fi nulla pec-
eati servitute astriBi tenentur. Ce mê
me saint Docteur dit en tant d'endroits,
qu» nous avons été faits esclaves par
le peché á'Adam , & que nous som
mes faits libres par la Redemption
de Jessus-Christ. Propter primum ho- mps.7»;
miner» in quo omnes monuntur captì-
i)i faBi sumus , propter secundum rt-
dempti sumus. XJnde redempti , fi no»
ante captivi fuitnus ? Que si nous n'a
vions pas été esclaves sous la puissan
ce du Démon , à cause du peché d'A
dam , nous n'aurions pas besoin d'un
Redempteur. Ex prima tr^nfgreftone serm. ..
.primi hominìs univerfum genus huma- de "rb.
num captivatnm sub abl'tgatione pec-
cati , litlor Diabolus pojftdebat ; fi
tnim sub captivitate non teneremur ,
jam Redemptore non indigeremus ;
u'Adam n'avoit pas besoin de Re-
empteur avant sa chute. Cum Adam r„ 5^
fattus erat homo reelus , nte Media- ehtttd,
tore , nec Redemptore opus erat ; cum
vert totum genus humanum peccatase-
paraverunt k Deo , per unum Media-
torem reconciliari nos oportebat Deo.
íji . Tradition de sEglise

SECOND PRINCIPE.

La mort étant la seine du peché , elle


prouve que tous les hommes ont
contraBé le peché Originel.

SElon la Doctrine de S. Paul, ht


morr a entré dans le monde par
fcom. j. un homme. Fer unum hominem mors
intravit in mundum. Et ft lon le même
Apôtre , la mort est la peine du pe
ché , Stipendium ptecati mors. Et le
Concile
tw. 1. ju. de Carthage
Mileve, de 418.
prononcent & ce-
Anathème
contre quiconque dira , qu Adam a été
creé mortel ; en sorte qu'tl feroit mort,
soit qu'tl eût peché , ou qu'il n'eût pas
peché , parce que sa mort n'a point
été l'efFet du peché, mais une Loi de
la nature. Placuh quod fi quis dixe-
rit mortem non tffe pœnam peccati, j4-
nathemafit. Cela se trouve tant de fois
repeté dans S. Augustin ; entt'autres,
il dit , que la mort est pour les ju
stes , comme pour les pecheurs , par
ce qu'ils descendent tous d'Adam ,
Llb. hy. dont ils ont contracté le peché ; &c
íttt"°" *lue cc^ Pour cc'a qu'i's en subiísent
la peine : que Jessus-Christ innocent
fur le pechi Originel. jj
a voulu mourir , afin de nous ren
dre victorieux du peché 5c de lamorr.
Mors propter peccatum introivìt in or-
hem terràrum ; omnibus quippe homini-
bns tœm jujîis quam injustis propter
peccatum Ada quod prima natlvitate
traxerunt , mors temptralis ista debe-
tur. Nos autem peccato morimur vi£lit
Christus autem innocens mort volait ,
ut moriendo mortem nojîram captivaret.
Ailleurs , interrogeant Julien : dites-
moi , dcmande-t-il , si un petit enfant
navoit point de peché , pourquoi
mourroít-il si promptement ? puiíque
l'Apôtre nous assure , que la mort est
la cause du peché , & qu'elle en est
la peine. Dieu donc íeroit injuste , se
lon vôtre sentiment , de laisser mou- Lîb.
rir un enfant qui n'a point de peché ,e.om
pour lequel u'mentat d être pnye de la
vie. Dicergo quaremi mihì,fi pectatn.ft
parvulus nullum carnaltter natns attra-
xit , cur tam b^evi dierum forte mortis
astringitur ? Non enim me fngente t
sed Apoflolo pradicantet diílum est,
propter peccatum mors , & slipendta
peccati mo?s. Seà secundum errorem
vestmm Deus iniquus est ut qui mort
parvulum patiatur , non babentem pec
catum perquod pojfit vita privari. Il
34 Tradition de CEglise
preste encore Julien , lui objectant ,
qu'il doit reconnoître Dieu ou inju
ste , ou impuiísant , de permettre , ou
ltb. t. de ne pas empêcher les petits enfans
créez à son image , de mourir , s'ils
sont sans peché Originel. Vos ntgan-
tes peccatum originale in putros tra-
duci , proseUo cogimini dicere Deum
tjse invalidum vel injustutn , fub cu-
jus pottjiate imago ejus in parvulis
tantis mails affiigitur. Ailleurs , ce
Pere déclare , que si on ne peut com
prendre la nature du pechc Originel ,
on peut s'en aflurer par la mort , qui
cn est la peine & les suites ; ce qui
doit porter tous les hommes à en recon-
tîb. Je noître la verité. Quia originale pec-
Just. catum , cum quo parvulus nafatur ,
otulis carnis videre non pojsumus: om-
nes autem ex Adam carnalíter natos,
videmus' mortis legibus astringì; per
hoc quod videmus , id quod non vide
mus cogimur confiteri : fiteilius enitn
fierì potuit ut transeunte peccato pana
minime sequeretur ; quàm ut nullo co
mitante peccato , partem fumat pana ,
fui nihil habuit cuïpa,

sa

I
Jkr le peche Originel. jj;

TROISE'ME PRINCIPE.

De ce que fesus-Christ est mort four


tous , il s'ensuit que tous les hommes
font conçus dans te pechi Originel.

U Ne autre raison de S. Augustin*


pour prouver le peché Originel,
c'est que Tesus- Christ est mort pour
tous , commt S. Paul le dit en plu
sieurs endroits. Dans le tems auquel
nous étions encore pecheurs, Jesus-
Christ est mort pour nous : Cnm ad-
huc inimìcì ejsemus , Christus pro no- *°™. ï;
bis mortuus tst : Et ailleurs ; Que si '
un seul est mort pour tous , tous donc
font morts j & que Jesus-Christ est
mort pour tous : Quoniam mus pro
omnibus mortuus est , erge omnesmor- *, Co'J
tut sunt , & pro omnibus mortuus ejl
Christus. C'est le raisonnement de S.
Paul , que S.. Augustin applique à la
Question du pcché Originel ; 5c qu'il
prétend être si convainquant , qu'il
reproche à Julien d'être le plu», en- con»'»
durci, & le plus opiniâtre de tous]"1i»"-
lés hommes , de ne vouloir pas se ren
dre à une verité si clairement établie.
Tttns istt AfostolìCA EpistoU locus
j6 Tradition de s Eglise
fi te ab bac tua pravitate non corri-
gitt nimìs obduruisti. Et comme Juliên
vouloit excepter les enfans du raison
nement de S. Paul , & de sa propo
sition j S. Augusttn le preíse , en di
sant , que Jesus-Christ ne fera donc
pas mort pour eux : 8c comme on ne
peut dire qu'il soit mort pour ceux
qui n'ont point de peché , on doit
conclure , que les petits enfans sont
pecheurs , puisque Jesus-Christ est
mort pour eux. Hoc Apostoli diEìum,
parvulis exctptis , vis putarì ; ubi fi à
te qutram , fi non funt parvuli inter
peccatores habendi j quomodo pro eis
mortuus est Christus , qui pro peccan-
tibus mortuus est ; nnfquam legis in di-
vinis autoribus , mortuum effi Chri-
stum pro ijs qui nullum habutrunt pec-
catum ... , fitri autem non potuit ; Ht
Christus moreretur n'tfi pro mortuìs ,
id est pro peccatoribus .... Restat ut
in peccato mortuos ejp omnes pro qui-
bus mortuus est Christus , nemo neget,
nemo dubitet , nifi qui se negat aut du-
bitat ejse Chrìstianum.
S. Augustin repete souvent le même
Principe , & principalement dans les
Livres des Noces , & de la Concu
piscence. Quomodo parvuli rei nonJhntt
furie pechi Originel. 37
pro qtúbm mortuus efi Christus? ha- t.
bent ergo parvuli peccata origintlia , J "Jà".
fi pro illis traditus est Christus ; habtnt CUP-
cur eos falvos faciat , qttod venit in
hure mv.ndum peccatores fulvos fucere.
Voilà les principaux fonderhens , sut
lesquels faine Augustin a prouvé tant
de f.:is contre les Pelagiens, la croyan
ce du peché Originel. Voyons com
ment les SS. Peres fe sont expliquez
far cette Question dans chaque Siecle
de l' Eglise ; aprés avoir marqué quel
ques autres de leurs raisons sur cet
article,

jÍHtres raifonnemens , dont se servolent


les SS. f'eres , pour prouver le
peché Originel.

OUtre les principes que je viens


d'établir, les SS. Peres se ser-
voient encore de plusieurs autres rai
sons , pour prouver le peché Origi
nel. lls proposoient la necesstté du Ba
ptême : Jesus-Christ en a fait une Loi
pour toute sorte de personnes. Il a dir,
que quiconque ne fera pas regeneré,
ne pourra entrer dans le Royaume des
Cieux: Nijì quis renatus fuerit ex a-
quâ & SpmtufanBo,non potest introire Joan
-3$ Tradition de l'Eglift
regnmn cselerum. Scion la même E-
criture , le Baptême se donne en la
rémission des pechez: Baptifetur unus
que in remiffìonem peccatorum. Or si
les petits enfans , sur tout , n etoient
point morts par leur premiere naissan
ce ., ils n'auroient pas besoin de renaî
tre à la grace : s'ils n'avoient point de
peché , pourquoi les sauver , les plon
ger , les purtfier ? car les effets du
Baptême , sont de faire renaître au S.
Eíprit : Nifi quis renatus ; De mou
rir au peché , afin de mener une vie
nouvelle : ZJt mortui peccato , in no-
Ephtí". s.vitate vita ambulemusi De laver , de
purtfier : mundans eam lavacro aquœ i
Ttt. , De renouveller,dc regenerer: Ter lava-
rum regenerations & renovttionis ;
car il est certain que s'il n'y avoir
ni tache, ni souillure, ni crime, il
ne faudroit ni laver, ni sauver, ni
purifier , ni blanchir.
S. Augustin se fervoir encore des
ceremonies que l'Eglise employe en
administrant le Baptême, afin d'éta
blir la croyance du peché Originel :
il proposoit aux Pelagiens les Exorcis-
me6 , & les insufflations qu'on fai-
soit sur les petits enfans avant que de
les baptiser : on chassoit le Démon
fur U pecbê Originel. 35
pour les mettre en la possession de
Dieu ; & comme cette pratique s'ob-
servoit universellement par toute TE-
gliíe , S. Augustin concluoit , que
par tcute la Terre on croyoit que ks
enfans naifloient dans le peché, 8c
sous la tyrannie dù Démon ; puisque
dans toutes les Eglises on faisoit des
Exorcismes sur eux avant que de les
baptiser. Id tu commemorare timuìsti, L;h í
tanqttam ipseà toto orbe exsufflandus ef. tn ju-
ses , fi Ìohìc exsufflationi , <juâ frincent 1ta"'
mundi a parvulis eijcitur foras, contra-
dieere voluijses. S. Augustin dit à Ju
lien , qu'il se fût fait siffler par tout
le monde , s'il eût voulu nier , ou dé-
saprouver la coûtume qui s'observoit
far tout , d'exorciser les enfans. Or
esprit impur nc peut les tenir captifs
&c esclaves , qu'à cause de leur pe
chez : Dieu ne permettroit pas que son
Ouvrage , ou qu'une créature raison
nable creée à ion image, fût dés sa
naissance sous la tyrannie du Démon,
si le Démon ne se les étoit aíîujetis,
à cause de leurs pechez ; parce que ,
comme dit Jesus-Chrtst , on devient
esclave de celui qui nous a vaincu. A
qho qui s superAtur , ejus & Jervus efli-
çitnr.
4o Tradition de FEglise

Tradition des SS. Peres fur le peché


Originel. Combien est grande Vau
torité de ceux qui ont precedé les
Pelagiens.

LA Question .du peché Originel


1é;é disputée enere S.Augustin
cv tcs Pelagiens , par toute soree de
preuves : Us ont employé l'Ecritu-
re , & la Tradition des SS. Peres ;
& comme je me suis proposé la mê
me methode , il est à propos de re
lever , avec S. Augusttn , l'autorité
des Peres , qui ont précedé le tems
des Pelagiens ; & de saire voir com
bien cet argument est fort , combien
il est pressant ; & pour cela , je me
servirai des paroles mêmes de ce saint
Docteur. C'est dans son premier & se
cond Livre , contre Julien. Dans le
pr<mier il oppose les témoignages
d<s S S. Peres, morts dans la Com
munion de l' Eglise , aux calomnies
de Julien, qui avoit accusé S. Au
gustin d'approuver la Doctrine des
Manichéens j parce qu'il enscignoit ,
3ue tous les hommes heritoient d'A-
am le peché Originel. Il rapporte
fur ce, sujet des passages de S. Ire
sur le pèche Originel. 4s
née , de S. Cyprien , de Rheticius ,
Evêque d'Autun ; d'Olympe Evê
que en Espagne ; de S. Hdaire de Poi
tiers , & de S. Ambroise , qui prou
vent j que l'homme naît dans le pe
ché : mais parce que Julien en appel-
loit au témoignage des Peres Grees ,
S. Augusttn sc sert des passages de S.
Gregoire de Nazianze, de S. Basile,
des Peres du Concile de Palestine ,
& de S. Chrysostôme. Au Livre se
cond , aprés avoir montré que les
principaux argumens des Pelagiens,
contre le peché Originel , avoient été
résolus par les S S. Peres dans leurs E-
critt : il dit , que ce qui doit rendre
leur autorité plus considerable , c'est
qu'ils avoient dit des choses sans pré
occupation , avant que l' Heresie des
Pelagiens fût née , suivant en cela le
íentiment de l'Eglife. Nous avons «
montré ,dit-il aux Pelagiens , par des tt
autoritez invincibles , que ces saints t*
Evêques, qui ont vécu avant nous, «
ent enseigné la Foi que nous soute- «
nons , & ont renversé les argumens m
dont vous vous servez , non-seulement et
dans leurs d.fcours , mais auíE dans w
leav< Ecrks. . . .Nous vous avons rap- tt
por^é leurs semimens , qui sont bien n
4* TrAdít'ton de PEglìse
te clairs,,8c biens précis: ce n'est pas,
te tanc leur pouvoir que vous devez crain-
tedre, que celui de Dieu , qui en a tait:
« des Temples saints & sacrez» Us ont
<ej 'gé nôtre cause dans un rems, où;
ttils ne peuvent être soupçonnez d'avoir
,teu de lá faveur ou de la haine pour
M aucun des deux panis. Ils n'avoient
St aucune liaison , ni aucune affection,
«pour les uns, ni pour les autres ; ils
„ n'étoknt fâchez ni contre vous , ni
tt contre nous , ni nous ne les avons pû.
tt toucher de compaílìon. Ils ont con-
„ servé la Doctrine qu'ils ont trouvé-
s, dans l'Eglise ; ils ont enseigné ce qu'ils
tt avoieue appris. Ils ont donné à leurs
t{ enfuts ce qu'ils avoijnt reçû de leurs
tt peres. Nous ne leur avions pas encore
t, porté nôtre cause contre vous , & ils
u l ont jugée en nôtre faveur j ni vous,
ít ni nous . n'étions connus d'eux , & ce-
t( pendant ils ont prononcé pour nous í
4, nous n'étions pas encore en procès a-
K vec vous , & neanmoins ils nous
a ont tait gagner nôtre cause. .. .. Ces
tt Evêques étoient sçavans, pleins de ju-
wstice , de sagesse & d'équité. lis ont
ej détendu la verité avec force contre
m les nouveautez : on ne peut point dr..
^Et qu'ils ayenc manque ni d'eípr.ica
fur le ftchi Originel. xj
ni de science , ni de liberté. Si l'on et
aflètnbloit un Concile General de tout «
le monde , on auroit de la peine à trou- «
ver des Evêques de cette considera- «
tion en si grand nombre. Si Epifco-
falis Synodus ex toto orbe cengregare-
turt .mirum fi taies foffint illic facile
tot federe ; , tjnia nec isti uno ttmporê
fnerunt. ... Ils n'ont pas même vécu «
dans un même rems ; c'est l' Elite des te
plus grands hommes que Dieu a don- u
né à son Eglise en plusieurs Siécles. Ce
Vous voyez leurs témoignages ra> tl
maflcz dans un Livre , qui peut aller «
jusqu'à vous. Plus vousdevriez souhaiter K
les avoir pour Juges j si vous défendiez <t
la Foi de l'Eglisc , plus les devez-vous „
craindre en l'attaquant. J'csperc que «
leurs témoignages vous guériront de M
vôtre aveuglement, comme je le sou- tt
haite : mais si vous demeurez obstinez u
dans vôrrc erreur , ce qu'à Dieu ne H
pi ;iíc , il ne faut plus que vous cher-«
chiez de Tribunal pour vous justifier
mais pour accuser ces admira- M
bles défenseurs de la verité, S. Ire- e<
née, S. Cyprien, Kheticius , Olym- te
pe , S. Hilaire , S. Gregoire , S. Am- „
btoise, S. Basile, S.Jean Chtysostô- tt
me, S. Innocent, & S. Jérôme» a- M
D ij
44 Tradition de l'Eglise
*i vce tous ceux qui ont communiqué a-
»> vec eux; c'est-à-dire , toute l'Eglisc.
t' Si vous ptstez jusqu'à cet excés de
*t folie , il faudra vous répondre , en dé-
w fendant la Foi de ces grands Saints,
M comme on défend l'Evangile même
M contre les impies 8c les ennemis de
»' de la Religion. Vna est omnium Ca-
tholìcorum firma fides , qui per om-
nem homìnem peccatum intraffe in mun-
dum , in (fuo omnes peccaverunt uno
corde credunt,uno orefattntur, &vefiras
novitias p^afumptiones Catholìcà an-
tiquitatefubvertunt. Propter quam Ca-
tholtcam veritatem fanili & beatìsjt-
tni, in divin or nm eloquiorumpertraíìa-
tione clarisjemi Sacerdotes Irentus, Cy-
frianus , Rheticius , Olympius , Hi-
letr'm , Ambroftus , Gregorius , snno-
eentius ,Jomnes , Baftìius , quibu< vê
tis nolis , addo Hyerominum Prefrite-
rum , ut eos omittam qui nundum dor-
mierunt , adverfus vas proferant , de
omnium hominum peccato Onginalì ob-
noxiâ fuccejsone , sententiam. 'Unde
nemo excipitur, nifi Selus Me, quem
fine lege peccati concepit Virgo. On ne
peut rien ajoûeer à la force de largu-
Ittent tiré de l'autorité des S S. Peres:
& comme c ctoit fur nôtre sujet, que
fur le pechi Originel. 47
S. Augustin parloie de la sorte , il
paroît combien cette matiere est forte
ment établie. Voyons donc dans cha
que Siécle de TEglise , ce qui s'est pas
íe sur cette Question.

Sentiment des SS. Peres des trois pre


miers Siécles , fur le peché
Originel.

JsE commence la Tradition des Pe- s.justlnj


I res sur le peché Originel , par un
e nos plus anciens Ecrivains; c'est saint
Justin. Dans son Dialogue , contre
Tryphon , parlant du Baptême deJe
sus- Christ , il donne la raison pour la
quelle il a voulu être baptisé ; car é-
tant l'Agneau de Dieu , venu pour effa
cer les pechez , il n'avoit rien en lui otalog.
qu'il fallût laver t c'est pourquoi , dit "i?'.
S. Justin j nous devons tenir pour cer- *tt?h.
tain , que s'il se lave dans le fleuve
du Jourdain , 011 si le S. Esprit y pa
rut sous la figure d'une Colombe , ce
n'est pas qu'il eût besoin du Baptême
pour lui ; mais ce fut à cause du Gen
re humain , qui ayant peché par A-
dam , avoit metké la mort , en écou
tant la feduction du Serpent ; fans par
ler des fautes que chaque particulier
ft Tradition de FËglïse
commet toutes les sois qu'il peche.
Ad a mnem eum non ìdeo venijìe , pro
comperto habttnm , quod vel Baptifmi
lavatione , vel Spiritus in fpecie Co-
lumbâ, adventu. opus eì fuerit .. .. sed
humani generis causa , quod per Adam
in mortem & fraudent , seduelionem-
tjue Serpentis conciderat : Ht interim
propriam pro Je maligne agentis cu-
justj,ue culpam taceam. On ne peut
mieux distinguer le peché Originel
commun à tous les hommes, d'avec
leurs pechez actuels. Lc Genre hu- .
main est souillé ; voilà le peché de
là naeure ; d'où lui vient cette tache ?
c'est du peché d'Adam ; tache &
soúilleurepour laquelle Jesus-Christ a
principalement institué le Baptême ,
afin de laver & de purifier i'ame : 8c
quand on se trouve encore criminel
par sa propre malignité , Sc par les
sautes que l'on a commis deputs Tu-
sage de la raison , Jesus-Christ veut
bien les remettre par le Baptême a-
vec le peché Originel.
Le mi me Pere , dans son Apolo
gie à l'Empereur Antonin , marque
PefTct du Baptême , qui est de remet-
Ap»!og. tre jc pCC]1é d- nôrre premiere nais
sance , de nous illuminer , pour, gué
sûr It peché Originel. 47"
riír Iës tenebres , la corruption , & les
foiblefles avec lesquelles nous naissons,
Quando<imdempnorem nativitatem no-
stram ignorantes mutuâ parentummixtio-
ne intercedent' pregenerati sumHS,& in
malts moribus , pravâtjue confnetudint.
tÀuBi,&neneceffìtatis & ignorantìali-
bcri perntancamus, fèddeleilíís & scten-
Ù4L FilU ftamur} ac remijìiomm pecca-
ternm conje^mmur in aqnâ ; Chri-
Jius en'm dïxit , nìfî qu 'u renatus fuerU.
Dans les Ouvrages que i .. Irenée a s.trenf*.
fait contre les Heretiques de son tems, .
on y trouve la Doctrine du peché
Originel clairement expliquée..S. Au
gustin en a rapporté quelques endroits, ,
comme je le marquerai..
S. Irenée décrit le besoin que nous
avions de Jesus-Christ , & les effets
de Ql venue.", ç'a été principalement
pour reparer la faute d'Adam , & pour
nous procurer ce que ce premier pere
nous avoit fait perdre par le peché ;
cétoit d'avoir effacé en nous Titrage
de Dieu. Le Eils de Dieu , dit ce Pe
re , voulant operer nôtre Salut , s'est
incarné , afin de nous procurer ce que.
nous avions perdu en Adam ; sçavoir,
d'être à l'image & à la ressemblance-
de Dieu : & comme il n'etoit pas
4$ Tradition de FEglise
possible , que l'homme qui avoit ctéV
une fois vaincu 8c abatu par fa dé
sobéiísance , devint victorieux ; &c
comme aussi il étok impossible , que
celui qui éroit tombé Sc accablé sous
le poids du peché, fût íâuvé ; le Verbe
de Dieu Sc íbn Fils, a operé ces deux
choses en descendant du sein du Pere.
S. Irenée explique aussi l'opposition1
entre la saute d'Adam , & la repara
tion faite par Jesus- Christ j que com
me par la desobéissance d'un homme,
ttfc. t. tlu* a été k premier tiré du limon de
advers. la Terre, plusieurs ont été faits pe-
io.trf C" cheurs , & ont perdu la vie : aussi il
a fallu , que par l'obéissance d'un"
homme , qui le premier est né d'une
Vierge , plusieurs fussent justifiez , 8c
reçussent le Salut. . . Fdius Dei sem»
per existent apud Patrem , tjuando in-
earnatus est, é homo fabìus , longam
hominum expofttionem in jtipso reca-
fitulavit , in compendio nobis falutem
fortitans , ut tjuod perdideramus in A.
dam, id est , secundum itfìaginem &
semilìtvtdinem ejse Dei , hoc in Chrìste
Jesu reciperemut. Quia enim non erat
pojstb'le eum hom.nem , qu\ sentel vi.
Bus fm rat & eíisns per inobedientìam
replajmare , & ebtimre bravium «
sttr le peché Originel. 49
tìorix, ; ìterum autem impojfibile trat
ut falutem percip,eret qui fitb peccAto
ceciderat^ utraque operatus ejì Filius
Vtrbmn Deì existens , à Patre descen-
dens Et tjuem admodum per ino-
bedientiam unius hominis , qui primas
de terra rudì plafmatus est , peccatoret
faiìi funt multi , & amiserunt vitamt
ira oportet & per obedientianí unius
homiws tjui primus de Vìrgine natus
est , justìficari multos , & percipere
falutem.
Ce Pere die encarc ailleurs , que
les hommes ne pouvaient être gueris
de l'ancienne plaïe que le serpent leur
a faite , qu'en croïam en celui qui se
lon la ressemblance de la chair du
peché , à eté élevé sur la croix , &
attirant toutes choses à lui , a vivifié
les Morts: Non aliter salvari homines *
ab anttqua serpentts plaga , mjt ere-
dant in eum , tjuisecundum fîmìlitudi-
rtem tarnis peccati , in ligna Martirii
exaltatur a terra & omnia trahit ad
se , & vivificat mortuos. Saint Au
gustin Liv. 1. contre Julien Chapitre
2. rapporte ce passage avec un autre,
tiré du Livre 5. des Heresies où Saint
Irenée prouve comment l'obeïflance f.
de la sainte Vierge à reparé la désot °*'
y» Tradition de l'Eglise.
béïssance d'Eve. Comme Evedit-il,
£ut tellement seduite par les paroles
du mauvais Ange , qu'elle s'éloignarde
Dieu , en transgressant sa parole ,
Marie au contraire , receut si bien la
parole que lui porta un bon Ange ,
qu'elle conçut 8c porta Dieu en elle-
même , en se soumettant à la parole
divine, afin que cette Vierge sainte,
pû faire l'officc d'Avocate en faveur
d'Eve , & que comme la nature hu
maine avoit été assujettie à la mort
par une Vierge , elle en fût affran
chie par une autre Vierge. Qjtemad-
modttm Eva , per Angelicumsermonem
seduBa tst , ut ffugeret Dtum , pra-
faricata verbum tjus , ita & Mari*
ftr Angelicum sermonem evangelifata,
tst ut portartt Dtum , obedtetts ejus
ntsrbo , uti Virginit Eva,Vlrgo Marin
fierttAdvocata. Et tjuemadmodum asm
triBum est morti genus humattum ftr
Vtrgintnt, folvatur per Virginem.Ad-
hue enim fortoplasti peceato , per cor-
reptitncm primogeniti emend^tionem
ntccipitnte , serpentis prudentia devielâ
fer [emplicitatem columbA , vinculis
illit resolutisumus,per qua alligati cra-
mus morti. Saint Irenée a donc re
connu que par le peché du premier
Sur le pethé Originel. çi
homme , nous étions retenus dans les
liens de la mort & du peché,dont nous
sommes déliez par la grace de Je sus-
Chrtst , quia vaincu l'addrefle du
íèrpent;& qu'ainsi tous leshommes sont
co jpables du peché dés leur naiísance.
Il y a un passive dans Saint
cmenr d Alexandrte , qut pa- M1*ttj^
roît contraire à la doctrine du peché
originel ; c'est en écrivant contre les
Bahlidiens , & autres heretiques qui jttomiu
condamnoient le mariage : il s'écrie , t^g.H**
qu'on nous dise comment un enfant
qui ne vient que de naître a prevari-
qué j & comment celui qui n'a encore
rien sait , a pû tomber tous la male
diction d'Adam ; il ne leur reste donc
autre chose à dire , sinon que la gene
ration des enfans est un mal , & que
quand David a dit qu'tl avoitétécon-
ceu dans l'iniquité, il entendoit parler
d'Eve; mais quoi que la conception
íë fassedansle peché, ce n\st pas un
peché: Dìcant ergô nob'n , ubifornU
catus est infans natns , Vtl tjHomodofub
jìda cteidit execrettionem , qui nibil est
tstratus? Restat ergo ut d.cant mniant
tjs gentra:\ontm non seinta eam tjH4
est corporis sed etiam eam jute est ani-
m* , propttr quam etÌAm co,p»tJLt
Eij
, jj, Tradition de VEglise,
quattdo David dixit , in peccatis con
tesit me mater meA , dicit prophetice
tjuidemmatrem Evam, sed Eva fuit
mater viventium3Et fi in peccatis fue-
rit, conceptus ; sed non ipsse in pec-
catO, neque ver» ipse peccatum.
Mais je dis que dans ce passage ,
Saint Clement ne parle point du pe
ché originel , il veut feulement dé
fendre le mariage contre les heretiques
de son temps , qui abusoient des pa
roles de David , où il dit qu'tl a été
conceu dans l'iniquité. S. Clement
nie seulement que les enfans soient
coupables de la malediction d'Adam,
à cause de leur generation , comme si
elle eût été un peché j il avoue que
les enfans sont conçûs dans le peché ,
Sc que par la generation tls contractent
le pechéd'Adam: Et fi in peccatisfue-
rit conceptus. Mais il ne veut pas que
l'action du mariage soit un peené: que
si les premieres paroles de ce Pere pa-
roiflènt trop fortes , on peut dire
qu'il a cela de a mmun avec les au
tres SS. Peres , qu'en voulant com
battre les heresies de leurs temps , ils
les ont poussée quelque fois avec
des raisonnemens dont or pouvoit ci
ter des consequences fâcheuses pour
sur le peché Originel . jj
Y Église, & cela sans y faire attention*
ainsi quand S. Clement dit, comment
celui qui n'a rien fait , a-t-il pû tom
ber fous la malediction d'Adam ì ou
il parle des pechés actuels, ou bien il
n'avoit pas aísez en veuë la doctri
ne du peché originel. Cependant
comme il.reconnoît que l'on est con
çu dans le peché, quoique l'actedela
generation ne soit pas un peché, je pen
se qu'il a feulement voulu patler des
pechez actuels , dautant qu'expli
quant lik effets du Batême qu'on don-
. noit aux petits enfans,auífi-bien qu'aux tai. »•
adultes , il reconnoît qu'il nous éclai- eap."6 *,
re , nous purtfie , nous lave de nos pe
chez , & nous donne la grace : TinSli
illumittamHr, in filios aàoptamur , vo-
catur lavacrnmper (jnod peccata abster-
gimus , gratia tjHâ remittuntur pana
qua. peccatit debentur.
Quoiqu'on ait souvent accuíe Ori- ortgene.
gene d'avoir donné lieu à l'heresie des
Pl'l tgicns , ce ne peut être que par
rapport à la neceísité de la grace sur
laquelle il ne s'eíl peut-être pas expli
qué aísez clairement; car a l'égard
du peché originel , il en a parle en;
plusieurs endroits d'une mantere tres-
ckire 8c tres-évidente.
E iij
jf Tradition de V Eglise.
Si vous voulez sçavoir, dit-il, ce
que les SS. mêmes pensent de nôtre
naissance, écoutez David qui assure
qu'il a été conceu dans l'iniquitc , mar
quant que nôtre ame est souillée du pe
ché dés qu'elle est unie à nôtre corps,&
Hnmtî.». c*e^ au^ ce 1ue Job a rcconnu- Qt*od
tn Uyt fi phcet andire, quid et'uem áliifattíîi
ut' de ista Nativitate senstrint , audi Da
vid dìcentemjn iniquitatibus coneeptus
fur» t ostendens quoi quacumque anima
in carne nascitttr, iniquitatis & peccati
sorde polluitur, & propterea diSlum e/l
àj ;b , quia neme mundtu est a sor- '
de , nec jì unius diei fit vita ejus. Il
assure qu'on ne pourroit baptiser les
enfans en la remission des pechez , s'il*
ne naissoicnt avec le peché : Quid eau.
tbtd. fa fit,cum baptifma Ecelefiia in remisfio-
ttem peccatorumdeîur,fecutìdum Ecele
fia ebservantiametiam parvulisbaptis-
mum dari.,cum utique , fin'Mlejstt in
parvulis quodadremijstonem deberetó"
ad indulgentiam pertìntret , gratta
Butismi superstua videretur.
Dans une autre Homelie, il établit
que Jesus Christ seul est sans pe.hé :
8c c'est pour cela qu'il a dit que le
î*rince du monde n'àvoit aucun droit
fur lui :' au lieu que tout homme ve
nant au monde , dés qu'il est conce«
sur le pech'e Originel.
íl est auffi-tôt soiiillé par le peché du
premier Pere. Aiagnm facerdes J'sut^LÌn
qui selus peccatum non secit , & ad
quem Princes s bujus mundivenit , &
non invenit in eo quicquam....Omnis
qui ingreditur hune mundum , ex hoc
ipso cjHoâ in vulvâ matris pofìtus ma-
teriam corporis ab origine paterni se-
minisfumit, in patre & matre contamL
natus dici patest , quia nemo mundus
à forde , nec fi mius dieì suerh vita
ejus : omnis ergo homo in patre & ma
tre pollutus est. Il repere la même eho- Hom
se ailleurs : Sslus Redemptor peccatum tnxx.m-
nonhabuit, ideoinipso fole manfit &
ptrmanfit Spiritus SanBus..Constat r<j-
liífuos omnes atiquandofuìjse fub pec-
eato. Il déclare cn plusieurs endroits,
qu'on ne baptise les petits enfans que
pour les purifier des taches de leur
naissance: Quia per batismi sacramtn- Hom. 14.
,
tum nattvttatts . *fardes
r 1 deponuntur
j tn Luc
j""-"1"
propterea baptisantur & parvuli. II
assure que l'hostie que les meres of-
frotcm dans fancienne loy aprés leurs
couches , étoit pour obtenir la rcnrifc
sion du peché de l'enfant qu'elles
avoient mis au monde ; &c que c'est
delà que l'Eelise a appris des Apôtres
de baptiser les petits enfans , afinds
E iiij.
5Í Tradttion de /' Eglise
les purifier des souillures de leur nai£
. íance.
Ltb. on . Pro
.,/quo ',,
peecato offertur
11 ,. hic rpul-
cap tad **' unussNunqmd nuper eauus parvu-
«.om. lus peccare potuit i CT tune habet pec-
catum pro quo hostiam jubeturefferri à
fuo wmdus negatur quis tjse , Et fi
unius diei fuerit vita ejus Per
hoc & Eccltfia ab Apestolh traditio-
Hem fusscepìt , etiam parvulis baptif-
mum dare , fc'ubant enim quia ejsent
in omnibus genmna fardes peccati , quA
fer aquam & Spirttum S. ablui debe-
rent , propter quas ttiam corpus ipsum
Corpus peccati nominatur»
Terml- Les plus anciens Peres de l'Eglise
,ten' Latine ont reconnu le peché originel
auíïï-bien que les Grees ; je com
mence par Tertullicn , qui dit que
Tarne est: fouillée en Adam,tant qu'ellç
n'est pas regenc éecnJesus-Christ,qu*el-
le est impure & salie parle peché qu'elle
contracte dans le moment qu'elle est u-
ltb deA- ™c aUrCorPs'0>w»« unimaeo usqueinA-
«tmà dam censetureJs. ,donec in Christo recen-
Stp. *°'fèaturrtandiu immunda3quandiu recen-
seatur\peccatrix autim,quia immunda,
recipiens ignominiam excarnisfocietate.
DthaMm Ce même Auteur disoit à des femmes
Multer. Chrétiennes , íì vous aviez un peu de
fby , dés le jour que vous avez connu
lc Dieu vivant, 8c qu'clle^est la con
furie ptrhé Originel, yj
áition de la femme, nulle de vous n'au-
roit voulu se parer avec ajustemens ,
vous auriez plutôt affecté de vous
couvrir avec des habits grossiers, pour
representer en vos personnes Eve dans
les pleurs & ía Penitence » 6c pour
mieux expier par cet habit même de
penitence » le mal que vous avez tirez
de cette premiere femme, c'est-à-dire
l'ignominie du premier peché , & la
peine qu'elle a merité , pour avoir
causé la perte de tous les hommes.
Nttlla Utiorem habitum apptújset ,
pjualorem magls ajseBaret j ipsam cir-
cwnferent Evam lnventent & pani-
tentem, qua plenius , id quod de EvA
trahit , ignominiam dico primidcli-
Ui & invidiam perditionis humante %
omni sjti*faBionis habitu expiaret.
Il nc futt pourtant pas difeonvenk
que Tertullien prouve qu'on ne se doit
Ítointsi son empresser de faire baptiser
es enfans, à cause de leur innocence >
qu'il n'y a rien qui presse en un age
innocent de recevoir le baptême , &
Í)Uis qu'on ne leur do me pas encore
a diíposition du bien temporel , il est
raisonnable de ne leur pas confier líb
les biensdu Ciel. CunB^tio baptifmi Baptt
utiiitr est x prteifut tamen cire* par* CaP
j$ Tradition de FEgUse
vulos...Quid sestinat innocens <ttas ad
redemp nonem ptceatorum ?
Mais Tertullien n'appelle les enfans
un âge innocent , qu'à l'égard des pe
chez actuels , croïant que quand il n'y
avoit point de danger , il etoit à pro
pos d'attendre qu'ils eussent l'usage
de la raison 5 & cela est si vray que
Tertullien reconnoît 1. que le Baptême
à la vertu de remettre les pechez à
touj ceux qui le reçoivent. 2. que
WjJ. dans ie tcmpS de neceísité , on peut
' 1 baptiser à toutes heures & en tout
temps , fans estre obligé d'attendre
les Festes de Pâques ou de Pentecoste.
C'estoit non seulement le sentiment de
Tertullien, mais celuy des Evêques
d'Afrique j comme nous allons voir
reíolu dans un Concile tenu par S.
Cyprirn fur cette question.
S.Cyptt- Un Evêque d'Afrique nommé Fidus,
consulta S . Cyprien , pour sçavoir s'il
falloit baptiser les petits enfans aussi
tôt qu'ils étoient nez , & s'il ne falloit
pas attendre le huitième jour de leur
naissance pour leur donner ce Sacre
ment j comme on faissoit chez les Juifs
pour donner la Circoncision. S. Cy^
prien lui répondit qu'ayant fait assem
bler un Concile des Evêques d' Afri
furie ftché Origintl.
que , il y avoit été resolu qu'il ne fal-
loit point differer à baptiíer les enfans»
fjarce que par le Baptême ils reçoivent
a remiffion du peché qu'ils ont
contracté par la naissance qu'ils tirent
d'Adam; que si les hommes pouvoient
empêcher qu'on ne receût la grace de
Dieu , ce devroit être principalement
à l'égard des personnes avancées en
âge , à cause des grands pechez qu'ils
auroient commis ; mais si on ne doit
refuser à personne ía remiffion des
pechez , ni la grace du Baptême, quand
même aprés de grandspechez,on en fait
penitence , & on veut croire en Je sus-
Chrtst, c'est principalement à l'é
gard des enfans qu'on en doit ainsi
trser , qui étant nouvellement nez »
n'ont point d'autre peché que d'avoir
contracté la tache de l'ancienne mort
par leur premiere naissance qui les fait
naître en Adam selon la chair j & or*
doit estre d'autant plus porté à leur fai
re recevoir la remiffion de leur peché »
que ce n'est point par leur faute qu'ils
son: coupables , mais par celle d'un
autre. C'est pourquoy voici quel a été
nôtre sentiment dans un Concile. Nous,
ne devons exclure personne du Bap
tême , ni de la grace de Dieu , qui
€o Tradition de l' Eglise
est bon & misericordieux envers tous»
ce qui étant à observer pour toute sor
tes de personnes , nous croyons qu'il
lc faut principalement pratiquer à le-
gard des petirsenfans , qui ont d'autanc
plus besoin d'eftre secourus de nous 8c
par la misericorde de Dieu , que dans
îeur premiere naissance ; ils. ne font
autre chose que de fc demander par
leurs pleurs & íeurscris. Quantum ad
causaminfantium penintt , tjms dixisti
intra secundum vel tertium diem , qua
ttati sunt constitutos baptifari non op-
forttre , longe aìiud in concilio nostrg
visum est Kniverji judicavimus
nuttihaminum nato mìserìcordìam Dei
& gratiam denegandam porro fi
ttìam gravijsants deliEloribus f & in
Dettm mvthum ante peccantìbus , cura
pojìea credidtrint^remijsa peceatorum
datur, & à bapt'tsmo atque a gratìâ
nemo probibetur , quanta magir pro-
hiberi non debet infans , qui recent
natus nihil peccavit, nifi tjuod fecun
dum Adam carnaiìter natus, conta-
gium mortis antttju*, prima nativitatt
eontraxit , tjui aa rem'tjsam peccato
rum accipiendum hoc ipsofacilitts acce-
dit , tjuod illi remittuntur nonpropria
fed aliena ftetata. Etidcirco hacfuit
sur le pechè Originel gt
in Concilio nostra sententia à baptifme
attjue a gratiâ Dei , qui omnibus tnife-
ricors & benìgnus & pins est , nemi-
nem fer nos debere prehiberi. Quod ,
cumcircA univerfos observandumputa-
mus , qui hoc ipso de ope nostra ac de
divina mifericordia plus merentur^uod
in primo fiatim natìvitatis sua afin
plorantes ac fientes , nihil aliudfaciunt
quant deprecantur. Çe paísage est d'au
tant plus considerable que c'est la re
solution de tout un Concile d'Afrique;
auíli S. Augustin a fait valoir ce .té
moignage dans la dispute contrejulien. '"«
Il paroît par ces passages conjment la
doctrine du peché originel éreiLfc-
ceue" dans toute l'Eglise dans les trois
premiers siecles.
«
Les Peres da quatriime fiecle sur le
pechi Originel.

ÎE commence par S. Athanase à rap- s. Atfaa-


portcr les autoritez des PP. du 4. n.se.
siecle sur le peché originel. Ce Pere Ltb.
declare que là mort a entré dans leJel"«í.
monde , lorsque le Demon à suggeré Vetb"
à Adam de desobétr à Dieu , 8c de
puis fa prevarication , son peché s'est
communiqué à toute la nature humai-
(St Tradition de rEglise
ne. Áíors invidia diaboli mundum în-
vafit , excogitato inobedienùt in
venta , attjue ita ex inobedientia divì-
nl pracepti faBus est homo capax(u-
perfeminationis Diaboli , ac peccatnm
jam inde in natttrâ receptum , ad om-
ncrn concupifîentiam fiimulabat: non
tttmen ut Diabolus eam naturam fin-
xerit , fej. natura perverfio ex pr*.
varicatioke id efficit .... per prava-
ricatlonem mort tyrannidem habuit in
omnes.
H m tn ^C m^me ^erC dit a'HcurS, que
tttudom- depuis la chute d'Adam , la mort a éx
•ta m ht orao tnée à tous ses descendans ,la ter
re a été maudite , le Paradis fermé ,
l'Enfcr ouvert , 6c tous les hommes
corrompus & détenus sous la tyrannie
du Demon, jusqu'à Jesus-Chrtst.
Postquam ptecaverat & lapsus effet
hemo , eiustjue l.-psu perturbat is om-
ttibus^mors tnvaluipet ab Adamnfque
«d Chrijltan, terraque execrationi da-
tta ejstt , insenus apertus , paradifus
elansus , & tandem eorrupto Ó" ìnter-
rempto homint , infilmjset Diabolus
xontra ms.
Rheticius Evêque d'Autun , fat un
f^ih<" des Evêq tssdes G tules le plus en re-
*Aueun. puutton du temps de Constantin > cec
sur le peché Originel. g$
Empereur le choisit pour estre un des
J^tges de la cause des Donatistes , &
il assista au Concile de Rome dans le
q !el Cecilien fut absous en presence '
du Pape Melchiade ; il se trouva aufli
au t. Concile d'Arles. S. Jerôme le
met au rang des Ecrivains Ecclesia
stiques ; S. Augustin le cite contre les
Pelagiens , & rappor.ece passage pour
establir le peché originel : Ham igi-
tur ejfe principalem in Ecclefia indul-
gentiam , neminem prtterit , in tjuA
antìtjHi criminis tmne fondus exponi-
mus , & ignorantia nostra facinera
frisea delemus, ubi & veterem homi-
nem cum ingenitis sceleribus exuimus.
Olympius étoit un Evêque Eípa- oljrmpî-
gnol, il assista au t. Concile de To- u'-
lede en 405. S. Augustin le loue dans
le premier Livrecontre Julien Chap. 3.
& 7. & au Chap. 2. da même ou
vrage, il cite & rapporte le passage
suivant. Si fides unquam in terris in-
eerrupta manfiffet , ac vestigia defixa
tenuif t <su* fignatA deseruit, nun-
quan* protoplafii mirtifera trmsgref-
Jione vit'mm fpArftfiet in germine , Ht
feccatum eum homine naseeretur.
Saint Augustin rapporte deux paf- s. hìl»î-
sagedeS. Hilaire, k premier est ei- *tief,<»
4* Tradition de lEglise
ré de son Commentaire íur le Pseau-
me 118. où il ait qu'on peut se pro
mettre de vivre & de loiier leSeigneur,
quoy qu'on ait été coneeu dans l'ini-
quité , & que l'on naisse avec le pe
ché Originel. Vivere se in bac vitA
Propheta non repntat,quippe qui dixe-
rat , ecetìn initjuitatìbus conceptusfitm
& in deliílis peperit me mater mra , v
fc\t sub peccatì origine & sub peccati
iege ejsese natutn. Le même S. Hilaire
dans un autre endroit déclare , que
Jesus-Chrtst prenant nostre nature
n'a pris que la ressemblance du peché.
Ergo cum mijsus est in jimilitudìne
tamis peccati, nonfient carnem habuit
ita hctbuìt & peccatum, sed quia ex
peccato omnis caro est , a peccato , sci-
licet Adam parente dedufìus in fimilì-
tudine peccati carnis est mifìus , exi-
stente in eo , non peccato , sed peccati
carnis fimilitttdine. Dans les Com
mentaires fur S. Mathieu, il prouve
que le peché d'Adam a rendu l'hom-
ctn. to. me esclave du vice & du peché , &
que dans le Baptême nous sommes
délivrez par la vertu duVerbe des pe
chez contractez par nôtre naissance.
s. optas Qn trouvc dans S. Optat la croïance
de l' Eglise ties-bien établie. Il declare
que
fur le peché Originel. 6$
qjte dans le Btptême la grace y est.L&jj
communiquée comme un germe cele
ste pour nous creer de nouveau , &
la íainte Trinité pour faire renaître
spirituellement celuy qui n'étoie nê
qu'au siecle. Aíiscericœlestia & fpiri-
tuai' a fímïna, ut fanBo germìne nov*
pojst renascentium indohs procreariytf
dum Trinitas cum fide concordat , qui
natmfutratftculo renascatur spiritua-
Iher Deo : II declare que c'est la croï-
ance de tous les Fidcks que quiconque,
viene au monde quand il naîtrcir ttbi v;
de parens Chrétiens* il a en soi l'tsprit
impur , qu'il faut chasser le Dcmotï
dé son ame par des exorcismes & des
insufflations , afin que le S. Esprit y
Habite par le Baptême. Neminemfugie
quod omnishomo quinaseitur , tjuamvis
de ptrentibusChrìstianis naseatur , finet
fpiritu mundi ejse non f">[ftt , quemne^
cefîe fit amefalut are lnvaerum ab ho»
mine excludi & separari. Hoc exor»
cïfìmus operatur , per tjuem fp'tnmt
ifnmundks depelïitur , & in loca de
serta fugatur.
Ces passages font voir quel érohr
le sentiment de S. Optat sur lepechéf
originel : il est vray qu'il y a un sep
tième Livre atttibué a. ce Saint contre
66 Tradition de l'Egîlsè
Parmenien.Dans cet ouvrage l' Auteur
refurant l'objection des Donatistes qui
soutenoient qu'on ne pouvoit se reu
nir avec les Catholiques , parce qu'ils,
étoient les fils 8c les successeurs des.
Traditeurs, c'est-à-dire de ceux qui
avoient livré aux Payens les Livres:
Saints j cet Auteur diminue tant qu'il
peut l énormité de ce crime , & il'
montre que quand il seroit beaucoup
plus grand , & que ceux à qui les.
Catholiques succedent en seroient cou
pables , ils n'y auroient aucune part
& qu'on ne pourroit point le leur im
puter , n'y l'alleguer contre eux , comi.
me un sujet d'une legitime íeparation
ce qu'il prouve par Ezechiel , qui dit
que lc fils ne portera pas le peché de
fon pere , & il ajoute même que Seth
n'a pas été aoupable du peché d'Adam'
Nam mn pertinnit ad Seth filiumAd*
patris commijsttm.
Plusieurs Critiques croient que cc
septième Livre n'est pas de S. Optatv
qu'il ne contient qu'une repetition de
cc que ce Saint avoit établi dans le
*. le j & 4 Livre. Saint Jerôme ne
£ait mention que de ces six Livres. Et
Saint Optat luy même au Livre t. se
propose feulement cc qu'il doit traittes
far le fechi Originel. Cy
dans les six Livres ; le stile en est plat,
lampant , foible & biendisserent de
celui d'Optat qui est élevé , sans par
ler de la contrarieté qu'il y a entre eux;
cet Auteur diminue autant qu'il peut
l'énormité du crime de ceux qui a-
voient livré les Livres Sacrez pour être
brûlez ;, & S. Optat au Livre premier
declare que c'est un grand mal , égal
à celui du schisme , &c le traite de
peché mortel. Baronius attribue cet Adin
ouvrage au Pape Damase. Cela n'est jt4.
pas trop seyr. Quoi qu'il en soit de
V Auteur , il faut l'entendre des pecher
actuels , que les enfans ne contractent
point de leurs parens , car il y parle
feulement du peché de ceux qui a-
voient livré les Livres sacrez j Sc
par l'exemple de Scth , il veut seule
ment dire que le peché d'Adam n'a
pas empêché Seth de devenir un Saint,
ayant été juste devant Dieu. dé^eru*
Saint Cyrile de Jerusalem dit que satem.
depuis qu'Adam a été chassé du Para- Gat«h »
dis, la terre n'a produit que des epines.
Nous avons été perdus , faits aveugles,
Sc rendus morts: mais que Jésus»
Chrtst nous a delivré de tous ces
mmx.Per Satanam Adam pulsus est fa*
*difo, urram sfinifertvt tecefit,Qjà4
tf8 Tradhîtn de C Eglise
igitur dtcepti periimus , nun<fwd non
estfaltts? cecidimus , an non licet re/ùr+
gereì ex ceecatisumus , morttti fumus >
sed </ui La^fum excitavit mortuumt,„
S. Basile, viventem te multo fâcilius sttscitabit.
iójPs.jo. Selon S. Basile fe Prophete diíânt
qu'il a été concea dans le peché , ií
parle de la prévarication de nos pre
miers parens qui a été la source de
toutes nos miseres ; s'ils n'euflent poine
peché , ils ne seroient pas morts ni su
jets à la corruption, ny communiqué
leur peché étant devenus mortels
& corruptibles , ils nous ont engen
dré de même sujets au peché, à la con»
cupiscence & aux autres paflìons. In
inìtjhìtaúbHS conctptus sum , pravarL
eationem tjut irittio munit à. progeniu
toribus nostrip est commiffa , in medium
,produxit , & hune fintem ejs? falìum
fpfìrum stuentorum dicit. Si enim illi
non peccajsnt, mortis utitjue mulet am
non incurriffeht \ jamvero quia pecca-
verunt, t radin funt corruptions, cor-
ruptibiles autem fafli , confimiles ge-
nntre posteros, talibus jam cnncupijctnm
tía & voluptatis motìbus adherent.
Sàinc A tgustin rapporte un autre
passage de S. Basile, où il dit que
nousaaurions- pas. besoin de jeûnerait
sur U ficbi Originel. 6$
Adam & Eve n'euflènt point mangé du
fruit deffendu , 8c nous ne íérions pas
comme des,malades & des pecheurs qui
ont besoin de Jesus-Christ comme Homîr.
de nôtre Medecin , & de la peniten»
ce te du jeûne comme du rcmede qui
aous. guerira. Parce que nous n'avons,
pas jeune , ajoute ce Pcre „ nous som
mes bannis du Paradis ; jeûnons donc,
afin d'y rentrer.. Jtjunium In paradif»
praseriptum est primum iUud pra..
eeftum acefn Adam ne de ligno scien-
ti* boni & malt ederet : fi à lign»
yejun^JJ:t Eva , netjuatjHam hoc nttn,i
yt'junio opus haberemus ; in morbum
incidimus per peccatum , fanemur fer
pœnitemiam , ... Qu/wiom non ftju-
navimut. exulamus ìparadiso, jejunc-
mus igitur , ut ad illud postliminiìhre- .
vertamur.
La même doctrine se trouve dans S", s. Gre»
Gregoire de Nazianze, & S.. Augustin ^"uti*
en rapporte les pastages suivant , dans ze.
lesquels on voit que Jesus-Chrtst
eft venu reparer la faute du premier
homme, que nous étions tous morts otît }tí
par son peché , que l'intemperanec »t natalt
nous a perdu dans le Paradis , & q te Uum»
la gracede Jesus-Christ nous a justifié.
C'eUbramutDei, ad hommes adventum,
70 ' Tradition de l'Eglise
ut ad Deutn accedamus ; imo reversa-
mur t ac depofito veteri homine novum
induamus ; & fieut in Adam mortui
fumus ,, Ua in Christovivamus ....ubì
enïm abundavit peccatum , super abun-
davit & gratia, & fi gustum condem-
navit , quanto magis Christi paffim
fustificavitìCe même Pere declare auk
si que felonies paroles de Jesus- Chriít
le Baptême lave & ôte les souillures
de notre premiere naissance ; que
nous sommes coneeus dans l'iniquitéjôt
que nos meres nous engendrent dans
le peché. Persuadeat tibi Christi sermo
dicentis , neminem pojfe intrare in re-
gnum ccclorum , nifi renatut fuerit ex
atjuâ & Spiritu. Per hune prima na-
tivitatis macula purgantur , per quat
in iniquitatibus conciptuntur , & in
deliBis genuerunt nos matres nostra.

Tradition du cinquiime Jiecle.

JE commence ce cinquième siecle


paròaintChrisostomet^c comme les
sestoíní. Pelagiens se servoient de son autorité
pour soutenir lotr erreur,, je rappor-
teray ce qu'il y a de plus considera
ble dans ce Pere sur nôtre sujet.
H est feux d'abord que S* Chryso
JUr le peché Originel.
íome a reconnu en plusteurs endroits,
que la chute du premier homme à nui Ep. ad
â toutlecenre humain. Quando Adam o1ymPi-
. V, , t ^ . ara.
pecctvtt tllutt grave peceatum , & om-
negenus hominum h commune dam- "
navìt, de mmrore pœnas luebat. z. Que
depuis le peché d' Adam , l'homme c-
toit devenu sujet aux peines , aux ma
ladies , & à la mort , dont il étoit
exempt avant son peché. Quia primus Senm
homo adiudtcantt Deo de reatu ihcur- t.d"1»"
' ^ j k . r ftettti
rerat mtrtem , & eam delegavtt fuo
generi, transm'tjìtad posteros ^qmacor-
fere jam mortalis generaret & morti
obnoxios. j. Il avoiie que la pente au
mal & la concupiscence sont une suite
du peché dupremier homme ; expli
quant ces paroles de S. Paul, la mort
est entrée dans le monde par un hom- Rom.
me , il declare qu'outre le peché actuel
que chacun commet par ses actions ,
il y a le peché de la desobetssance d' A
dam , qui a perdu tous les hommes
& que u" on en demande les preuves ,,
il le prouve parçe que dans tous les
temps, même avant la Loy de Moyse ,
les hommes sont morts , à cause de la
transgression du premier Pere-, il a
cté la cause de la mort de tous íej,
deícendanspoux avoir desobéi à Dieu,,
Jl Tradition de s Eglise
de même que Iesus-Chriít en satisfais
sant à son Pere pour le peché des
hommes les a reconciliez avec luy, &
nous a fait part de fa justice, ôc
de fa redemption y si bien que quand"
un Juif demandera à un Chrétien ,
commentJessus-Christ à pû íauver tout
le monde , on l'interrogera de quelle
maniere à cause de la désobeissance
d'Adam seul tous les hommes ont été
condamnez , quoiqu'on ne doive pas
comparer D ieu avec le Demon , ni la
grace avee le peché , car le don de
Dieu est bien plus puissant pour sauver
les hommes , que n'a été le peché d'A
dam pour nous perdre; ou au moins
disons avec l' Apôtre, que si la faute
d'un seul homme à pû être la cause
de la per.tc de tous ses descendansj
croïrons-nous que la grace de Jcsus-
Ghrist soit moins puissante pour nous
íauver ? il est même bien plus conve
nable de sauver plusieurs en considera
tion du merite d'un seul , que d'en pu
nir une infinité pour le peché d'un
seul i & comme il est constant que
pour la faute d'Adam toute sa postert
té est devenue cr: minelle , on doit croi
re qu'en vertu, des merites de ] .sus-
Chxist.j:taus, les hommes peuvent erre
sauvez.
fur le pechèOrigìrtel. ift
sauvez : Ter unum hovùntm p ccatum
intravit in mundum : non ipfkm pecca-
tum tjuoâ à legis transgrejftone ortunt
est , fedillud quod ab Adam inobedL
cntiâ , ipsura ìllud , intjuam, peccatum
. .erat, ejuoà omnia perdebat. Et qua-
flam rti htfjHs probath fuerlt ! Nempt
qued horrtir.es ante legem interirtnt
& fient Adam omnibusàft enter mort it
.extttit , fte & Christus omnibusjustifie
eonciliator extitit.... ut cum tibijudaus
dixerit , quo patio uno reíle agents
Chrijt» , univerfus orbis falvus fatins
tst? p*jsn M* refpondere; tjno paBo
uno non ebediente Adam , univerfus
prbis condemnatus estì Quanquam nihiì.
fmile interse hábent peccatum &grattat
mors & vita , Diabolus & Deus..,„.
j4l:terum alterius peccato puniri non
admodum aquum atque convenìens cf-
fe videtur ; at alterum propter alterum
servari decentius. Igìtttr.fi iliudfaBum
fuit , multum magit hoc ft unius pec.
catum peremit omnes , multomagis unu.
as gratiaservare poterit..., Atque adets
Cbristum non modo tantum juvijfe ,
quantum Userat Adam; ftd GT tnult»
rnagis acmulto pltnius. Il est necessaire
de faire atrention aux paroles 4e S.
Chryíbstomc j il rsconnoît un péché
f4 Trtdìtìoft de? Eglise
actuel dans Adam , & qui a été cau
se de la perte du genre humain , & que
c'est de ce peché dont parle Saint Paul,
lorsqu'il dit que le peché a entré dans
le monde par un homme, feccatum
€fUod sb Adamì Inobedientia. .. omnla
ftrdebtt. Le desordre principal du
peché est de seiiiller l'arne^ c'est donc
cet effet que produit le pechç d'A
dam dans ses descendans il se fait
des objections sur la transmission de
ce peché, il s'en demande des preuves.
QHMam rei hujus probatio ftttrit? il le
prouve par ce que tous les hommes
ïbnt íûjets à la mort qui est la peine
du peché ; ils en ont donc la tache ,
autrement Dieu paroîttoit injuste de
punir de la peine deuë au peché , ceux
ïjui n'en seroiënt point infectez ; il
oppose même Adam communiquant
sa faute à ses deíctndsns , à ^esus-
Christ qui fait part c« sa grace a fous
its hommes. Quo paB» un» n6n abe-
dientt tsfdam ,. univer/hs orbis con-
dtmnatm est } La transmission de là
saute d'Adam luy sert de preuve pour
établir comment la grace dejesus-
Çhrist peut se communiquer à tous
,les hommes. ' .
II est'vray que-Saint Ghrysostonte
Jhr le pechi Originel,
dans ccttc Homelie explique de U
.mort , ce que S. Augustin avoit en
tendu du peché ., comme la désobeît,
sanœ d'un seul homme , dk-íl , a fait
plusieurs pecheurs , cette senten-
.cede l'Apostre semble avoir beaucoup
de difficulté: car comment se peut-
il faire qu'un seul homme ayant pe
ché , plusieurs soient devenus pecheurc
à cauíe de son peché > L'on conçoit
assez clairement que ce premier hom
me étant devenu mortel , il a été ne
cessaire que ses descendans fussent aus
si mortels ; mais quelle appatence ,
quelle raison y a-t-il qu'un homme
soit pecheur à cause de la désobetssan
ce d'uh autre ; que signtfie donc
en cet endroit le terme de pecheur , st
me sttmble qu'il nc veut dire autre
chose qu'un homme condamné au
supplice , serf de la peine , & sujet à
la mwt.Quidigiturhoclocoverbum hoc
jjccca.tot:es)JtgnificatM:hivideturfAm-
tumdem fignìfcare , quantum illud ,
sHpplicio tbnexii ac mertis rti.
Les Pelagiens concluoient de ce
passage, que S. Chrysostomc vouloir
feulement dire en cet endroit que noot
avons peché en Adam , parce que
nous sommes devenus sujets à la
?6 Tradition de l'Eglife.
peine de son peché , mais quand iï
íeroit vray que cet endroit ne íèroic
pas si décisif, il n'y est pas ausst con
traire. Les paroles de S. Paul peuvent
souffrir ces deux sens, que nous som
mes coupables du peche d' Adam , Sc
sujets à la peine de ce même peché. S.
Cnrysostome à reconnu l'un & l'autre
dans fes Homelies fur l'Epitre aux
Homtl. Romains , où il affûte que nous
«P. , t sommes devenus esclaves de nos pas
sions , & sujets aux revoltes de la
concupiscence par la désobeiísance de
nos premiers païens. Outre la more,
dit- il, que le pecfcé d'Adam nous a
causé , il nous a encore amené cette
foule de passions , & ectre difficulté
de faire le bien. Le corps , dfo-il enco
re, est devenu mortel , sujet à la con
cupiscence & au dereglement des pas
sions , semblable à ces chevaux in
domptez , il s'est revolté contre
l'efprit.
, .Or ce Sistheme de S. Chrysostome
est fort éloigne de celui des Pelagiens,
qui vouloient que la mort ne fut pas
une peine du peché d'Adam , mnis
une necessité naturelle , & S. Chry
sostome est d'un sentiment contraire,
i. Les Pelagiens disoient que le peche
fur le peché Originel. 77
cTAdam n'avoit porté aucun prejudi
ce à íâ posterité ; que les enfans rece-
voient seulement le Baptême pour pas
ser à un état plus parfait en devenant
les enfans adoptifs de Dieuj & Saint
Chrysostome avoiie que Jesus-Christ
les délivre de la dette qu'ils ont con
tractée en Adam. Les Pelagiens soû-
tenoient que la concupiscence & \z
revolte denos passions etoient del'in-
fiitution du Createur,& qu'il n'y avoit
aucun dereglement naturel , ëc Saint
Chrysostome eníeigne que ce sont des
suites sunestes du peché ; cela est bien
opposé au Pelagianisme j car recon-
noître toutes ces choses , n'est- ce pas
demeurer d'accord du peché Originel 1
Il faut bien se souvenir que les Peres.
conviennent toujours. de ce qu'tl y á
de fondamental dans la foy , & que
souvent ils ne sont dirferens que dans
les manieres d'expliquer les Mysteres,
ayant eu d'autres principes de Philo
sophie^ ayant été plus éclairez les uns
que les autres.LesPeres demeurent d'ac
cord de Implication du passage de S.
Pau!, que nous avons tous peché en
Adam ; l'Eglise Catholique fa tou
jours entendu du peché Originel *
mais les Percs Latins ont mieux ex.»
G iij
7$ Tradition de VEglise
pliqué cette verité que ks Grecs SC
entr'autres S. Augustin.
On voit donc que S. Chrysostomc
dans le fond est d'accord avec Saint
Augustin , mais que la maniere d'ex
pliquer cette verité est obseure & em-
baraflee en quelques endroits , &
quelquefois même elle se contredit ».
c est ainsi que sur l'Epitre aux Romains
se proposant cette difficulté d'oùvient
Honwo. que nous sommes sujets à la peine du:
peché j dont nous ne sommes pas cou
pables 1 il répond que nous pouvons-
tirerde grands avantages de cette pei
ne, la mort nous pouvant être un.
grand sujet de merite. Cette réponse
est difficile à comprendre j, car com
ment accorder que la mort étant une
peine du peché- d'Adam , Dieu y a
pû rendre sujets ceux qui ne sont point
coupables du péché de leur premier
Pere , parce que la mort peut être un
íujet de merite ? est-ce un grand sujet
de mrrite auxenfánsqui meurent sans.
Baptême ?.. Dieu peut- il rendre des in-
nocens sujets à là peine d'ùn péché oiV
ils n'ont aucune part , sous pretexte
que souffrant cette peine quelques uns
pourront meriter par leur souffrance. ì.
Cela ne se conçoit pas.
sur le peehi Originel. 7$.
Mais il y a des endroits plus clairs
dans S. Chrysostome. Tel est celuy
que S. Augustin cite qui est tiré de
l Homelie aux Neophites, où il parle
de la cedule du peché que nous a
laissé nôtre premier Pere , & que Je-
íus-Christ est venu effacer par l'estu'.
íìon de son sang. Vtnit semel Christas
invenit nostrum chirographum pater-
tfHtn , tjuod feripfit Adam. IIIe inìtium
induxit debìtì>nosstems auximus poste-
rìoribus peccatìs. Ainsi ce Pere distin
gue fort bien le peché Originel quç
nous avons tiré d' Adam , d'avec nos
péchez actuels ; & il dit que Jeíus»
Christ nous a délivré des uns & des
autres. C'est la remarque de S. Au
gustin sur ce paísage de S. Chrysosto
me. Audifhe hominem m fide Cathçlica „
trudìtum , distinguentem debituw pa<- oper.
terni chíroçraphi . quod btreditariumv"ot\
t , . t r ' t " j l. . eont.J
nobts tnbajtt , ab ets debms , quorum lun.
fer nost'a peecata seenus aecrevit. "P" *
Dans cette même Homelie il y 4
un passage plus difficile & dont le*
Pelagiens se fervoient pour deffendre
leur erreur ; c'est que ce Pere parlant
du Baptême des pettis enfans , decla
re qu'on les baptise quoi qu'ils soient
fanj tache, pour leur donner. la sain»
là Tradition de FEglìfe
tcté , la justice , l'adopiion 6c drott 2
Fhcrftagc cclestc. Hac de cmsA ettan*
infanttz baptïfamus , cnm non Jïnt
coinquinati peccatO,ht his detur vel ad-
datur funEiitas , justifta , adoptio , h&-
reditas, fraternisas Christi , ut ejm
tnembrA Jint. Ces paroles ont toute
l'apparence d'une Doctrine Pelagien
ne v voyons comment S. Augustin s'efï
demêlé de cette objection.
Il dit en premier lieu que S.Chry-
sostome n'est pas contraire à tant d'E
vêques & de Docteurs qu'il a nom
me? , qu'il n'est pas touchant le peche
Originel d'un autre sentiment que le.
Pape Innocent , que S.Cyprien , S.
Basile, & tant d'autres, y/hfit tttCon'
fiantinopolitanu^Joannes de bapt'tfmatt
parvuìorum , eorumque à paterni chi-
rograpìoïliberatïont per Christum , tot
ac tantis co'tpifcopis fuis , maxime Ro-
mano tnnocentio, Ctrthaginenjt Cy-
priano, Cappadoci Bajilio , Gregori*.
NduanT^en» , Gallo HilaVtà, Medìo-
tanenfi refistat tsfïnbrofio» Que ces.
Pères peuvent à la verité ne se pas.
accorder dans les opinions qui ne sont
pas de foy j áutrement non. jiliasunt
in tjuibut inter se alitjuando etiam
deBijstm regula Cátholiçt deftnsarei,
sar le pechi Originel. 8t
faîvâ fiâei compage non confinant, tît
alius alio de una re melius alitjuid di-
cit , & vertus; hoc auttm nnde nunc
agimus , ad ipfa fid'ei pertinetfunda-
menta. a. 'Il répond en expliquant fa
vorablement ce passage , & disant
qu'tl faut l'entendre non pas du peché.
Originel , mais des pechez actuels
que le Baptême n'efface pas dans les.
petits enfans, parce qu'tls ne les on c
pas commis. Peccata dixit parvulos.
non habere, sed propria. 3. Il dk que le
texte de Satnt Chrysostome à été
corrompu , & que c'est peut-être la:
faure de l'interptete ; il soûtient qu'tl.
n'y a pas, Cura ne» Jtnt coinqmnatí
peccato , mais peccatit. Cë qui contient
un sens 8c une Doctrine oica diffe
rente ; il le prouve par pluíieurs ma
nuscrits, 5c parl'Origiral Grec , &
il soupçonne quelques Pelagiens de
cette alteration ^ il dtt que pour tra
duire fidellement ce passage , il faut
lire ainsi : sde* & infantes bnptipt-
mut tjuamvìs peccata non habentes.
D.'ou il conclut , Vides certe non-
abeo diBnm ejse parvulos non cointjui-
vatos ejfe peccato fi<ve peccatis sednett:
habere peccata , intellìge propria..
Mais. coflime# Julien pouvoie lui:
il Tradition de FEglife
demander pourquoy S. Chrysostome
n'avoit pas dit propria ; il s'en fait une
objection: At, inquiet, curnpn addi-
dit ipsa prapria? Et il y répond en
disane que Saine Chrysostome par
lant à des Catholiques qui entendoient
& qui croyoient fa Doctrine de TE-
glise , U croyoit qu'on l'entendoit íuf
fisamment. Cur putamusìnifi quia dis-
futant in Catholicâ Ecclejìà , non se
aliter intettigì arbìtrabatur , talì qtta--
fiione nullus puìfabatur , vobis nondum
titigantibus securìus Uqutbatur. Lc 4.
moïín dont Sì Augustin se sert pour
répondre à ce paflage , c'est de mon
trer par d'autres endroits de Saint
Chrysostome comment il faut expli
quer celuy, cy ; il fait voir que cc
Pere a reconnu la corruption de la
nature , & la contagion du peché O-
s Am r'gmeh Pastons à Saint Ambroise,
torotse. Les Pelagiens prérendoient accuser
Saint Augustin d'estre le premier des
Peres qui eut enseigné la Doctrine
du peché Originel ; mais aprés leur
avoir prouvé le contraire par l'auto-
rité des anciens Peres , il s'est servi
principalement de celle de son Maî.
tte S. Ambroise. Auíiï trouve.t-on'
en plusteurs endroits de ses cicrits.
,/ *
sur te pechi Originel. Sf
^u'íl n'y a que Jesus-Christ seul qui
ait été sans peché. N(mo homimm fi-™J^'
ne peccatt fuit,, nifi solus Dom'mus
Jesus. Qte Jesus-Christ est le seul
de ceux qui sont nez d'une femme ,
qui n'a point été souillé dans sa con
ception. Solur per omnia ex nAtis
de f&mink SanBus in Concepxione
Domims Jesus qui terre»* cont*giattíL]"'
corrupteU immaculati pArtus ttovitate
mnsenfit. Et dans son Commentaire
fur líâïe , ït dit que personne n'est
íâns peché que Dieu seul , quiconque
est conceu par la voye ordinaire vient
au monde par le peché : Nemo fine
peccato , nifi solus Deus. Servxtum.
estigitur, utexviro & muliere , per
illam corpornm commì.'tionem , nemo
conceptus expers fit icliBì qui AUtem
expers ejl deliBi, expert est & hujut
tnodi conceptionis . S. Augustin rap
porte ce paiïagc dans son Livre con
tre Julien , & dans le t. de nuptiìs fr
concupifctnt. Dans le i. contre Ju
lien , il cite le íuivant qui est tiré
du Livre de ArcA Noe , quejeíus-
Chrift est le seul qui soit íans peché-
dans fa conception , parce qu'il a été
conçû d'une Vierge. Per unum Do-
minum Jtsum salut vtntura nmmikuti
14 Tradition de t Église
declar*tur , efuisolus potuìt justus Ht
conceptions ejse , eumomnis generatia
hominum erraret, nifi natus ex Vïr-
gine , generationis obnoxia vinculo
minime tentretur . . . . »mnes tnim fub
peecato nascimur , cìtm Me qui prA ca-
teris justut ejfe pmabatur dicat t Ecce
in iniquitatibus conceptus sunt. Saint
Augustin tire la même conséquence,
qu'il est constant , selon la Doctrine
de Saint Ambroise , que rous les hom
mes contractent par. leur naissance le
peché d'Adam, & que Jesus-Christ
seul en a été éxemt. B. Ambrofim so-
Ittm Christum eo tjnod natus fit ex Ma
ria Va.ginc , a vinculis cbnoxia ge
neratìonis ex cepìt , cateris omnibut
ex Adam fub peccati ebligatione nas-
eemibHT:
Sv Augustin Liv. r. contre Julien,',
& Liv. %. de Gratta & de peccatt
©rigin. cite encore ce que S\ Am
broise avoit dit dans son Livre con-
tre les Novatiens : que nôtre origine
est vkiée , étant conecus dans l'ini-
quité , & que Jesus-Christ seul en a
eté éxemt. Omnes he-mines fub peecato
îtafcìmttr, & ipsseortus noster m vitit
tst , dicente David, Ecce in iniquitati-
km conçeptm fum ; Chrifii autem
sur le pechi Originel. $f
tara damnavìt peccatum , cjuod nus-
<enào in se non fenftt. On trouve k
même choie dans un palîage tiré de
son ouvrage sur les Sacremens &
qui est rapporté par Saint Augustin
Liv. t. contre Julien. Omnes homines
ex concupifanti* voluptate conceptì
prius fubtunt contagiem deliUorum ,
tjuam vitalis aèris hujus auram fpi-
rando percipiunt. Dans son Apologie
pour David , il asture que nous som
mes souillez avant que de naîtte, par
ce que nous sommes conceus dans l'i-
niquké 8í dans le peché de nos pre
mters Peres , & que nous naiííbns a-
vec leur faute. Amequam naseimur
maculamur contagio ', quia omnes in
initjuitate concis imur & deiiBis gene
rat unumtjuemtjue Mater sua ; concì-
pimur tnim in peccatis partntum , &
in deiiBis eorum nafeimur.
Il y a aufli dans Saint Jerôme plu- s.T«S-
fieurs endroits où ce Pere établi lame.
même Doctrine; il prouve par Job,
par David, & par S. Paul que tous
les hommes font conceus dans le pe- .
ché. A nativitatis sue exordio fine^*^
peccato non est humant conditio t in
irììcjuìtatibus humana conditionis qui-
libet est conctptm. Et sur le Pfeaume
'16 Tradition de fEgítfì
34. il rêpete la même chose. rComi
prehendermt me iniqnìtatcs, id est ge.
ms httmanum circumdatur originalibus
peccatis, & non potui ut viderent ,
quia abstraBa fuerat illa lux verita-
tis. A la fin du j. Livre conrre les
Pelagiens -, il dit qu'il ne refute pas
leur erreur sur le peché Originel ,
parce que Saint Augustin l'a fait d'une
maniere si éloquente que ce feroit
porter du bois dans une Forêt j car
ou je dirois la même chose qwe Saint
Augustin , ce qui feroit íuperflu , oa
si j écrivois quelque choie de nou
veau , je ne pourrois rien apporter
J^'" de meilleur. A prolixiori traBatione
Pcug. fupersedendum cense0 , ne mihì illud
Horatii objiciam , in sylvam ne li
gna seras ; aut enim eadem diSiurum
me propono qua sA"ugustinus , ea
superfiuo j AHt fi nova , à c.arifstmo '
ingenia occupata melìora, U ajoûte ce
pendant qu'on ne baptise les petits
enfans que pour leur remettre le pe
ché d'Adam. Etiam infantes in re-
mijfienem peccatorum baptifandts in
fimilitudinem pravaricationis Adam
credatis.
Mais comme ce fut en ce temps
que parurent les Pelagiens , 8c qu'ils
sur le peche Originel, 87
«ombattirent k croyance du peche
Originel, il est à propos de voir ce
qui se paísa pour lors sur cette im
portante question ,si & Pelage a été le
premier qui ait nié cette verité.

Des Heretiques tjui ont combattu le


peché Originel.

ON prétend qu'Origene a don


né occasion à la Doctrine de
Pelage ; S. Jerôme l'appclle le Maî
tre »de Pelage. Pelagiani erroris
frincìpium. Et s'addrcflant à cet He
retique , il lui réproche d'avoir puisé
ses erreurs dans Origene : DoBrinA
tua Orìgtms ramusculus est. Cela ne
paroît pourtant pas dans lesécrits d' O- '
rigene,& il n'y a point d' AncienAuteur
qui ait parlé plus clairement de la
corruption de l'homme par le peché
d'Adam , & du peché Originel. Ce
jte peut estre qu'au sujet de la grace
qu'Origene a pû donner occasion au
Pelagianisme , étant seur que dans
son Livre des Principes il donne beau
coup au Libre arbitre.
Marius Mercator attribue à Theo- rktoâ».
dore de Mopsucste d'avoir enseigné áe
qu'Adam avoit été crêé mortel, & este.'™"
8? Tradition de tEglise
.<ju'il n'avoit point nui à la posterité
par son peché. Questio contra Cc.tho-
licam fidem c.pud nonnullos Syrorum,
& -precpuì in Cìiìcia k Theodoro
.tjuondam Episcopo oppidi Mvpfuesttni
jam dttdum mota .... progenitoret
videliccf humant generis Adam & £»
vam mortalts à Deo crettos , nec
tjuemtjuam posterorum fui pravarica-
tione tranfgreffi Uftjfe , sed ftbi tamum
noct'.ijst. Le même Auteur attribue
n ausst ce sentiment à Ruflnn. Hanc
intptam & nonmìnus inmicam nffx
fdei tjuajìionem sub sar.Bn recorda-
tionis Anastajio Romana Ecclefa sum-
mo Pontifce, Rufìnus quidam natient
Syrus Romam primum invexit. Le
Pere Garnier Jesuite a prétendu que
ce .Rufin n'étoit pas le Prestre d'A-
quilée,rnais un autre qui étoit Syrien :
cels est sans fondement , puisque Saint
Jerôme a toujours reproché au
Prestre d'Aquilée d'avoir été le maî
tre de Pelage. Le Pape Gelase accule
Rufin du Pelagianisme dans la censu
re des Livres, & l'Histoire nous ap
prend que Pelage étant allé à Rome
pour corrompre s'il eût pû la verité
jusques dans fa source, il y vécut dans
une grande familiarité avec Rufin ;
&
sur le péché Originel. iy
&C que Celestius Disciple de Pelage
s'autorisoit de luy à'Carthage, & qu'il,
sc prévaloir d'estre de son sentiment.
Il y a seulement lieu de s'étonner que
Marius Mercator dit que Rufin étoic
Syrien. , puisque G2nnade & Pal-
lade le nomment seulement Prestre
d'Aquilce "- il l'appelle peut - être
Syrien , parce qu'ilavoit demeuré 17..
ans en Syrie.
En 404. Pelage Moine Anglois PeU8í
du Monastere de Benchor , commen
ça à dogmatiser ; il s'aflbcia un.
compatriot» nommé Celestius. Saint celeMat
Jc'fôme dit qu'il étoie. de Scorie out
Hibernie , & qu'enltite il devinr
Chef de party j il défendit la Do
ctrine áe Pelage avec tant d'hardiefle
& de subtilité qu'on nomma Cele-
stiens , Celestiani , ceux qui en éteient
imbus , & elle fut condamnée sous,
ce nom par le Concile d'Ephese. Pe
lage & Celestius reduisirent leur Do
ctrine fur le peché Originel à cinq;
Arttcles., comme le rapporteMcrcator,.
dont le 1, ctoit qu'Adam avoit été
creé mortel j & qu'U seroir mort quand. /
même il n'auroit pas peché. ÛiiAm.
mortalem faílum , fui fivt feccaret ,
^vt non peccaret , ejfet. morìturm. x.

jft
J« Tradition dt ^Eglise
que íon peché n'avoit nui qu'à lui-mê
me, & non à fes defeendans. Pecca-
twn Ada Ipsum solúm lafît,. & non ge-
ttm humanwn. 3. Que les enfans qui
missent sont dans le même état qu'é--
toit Adam avant sa chûte. Infantes
qui nafctmturin eo statu sunt , inquo.
A dam fuit ante pravaricationem, 4.
Que par la mort d'Adam tous les.
honvnes ne sont point dévenus mor
tels. Nttjue per mortcm Ada omne ge-.
nus bumannm morìtur, quia neque ver
refurreUionem Ch'ifli omne gênas hu-
mamm, resurgit. 5; Quclèsenfans ont
lá vie éternelle , quoi qu'ils meurent,
fans B tptê.ne. Qjtoniam infantes , e-
tiamfi n$n baptìjtntur , habent vitam,
etterttam
Il s'enfuivoit dé cette Doctrine , ti
que le Baptême n'etok pas necessaire
pour être íauvé : 1, que la concupis
cence n'étoit pas mauvaiíe, comne
le repmche S. Augustin à Julien,
liane habere treum libido & amici-
lib, j. tiam meretur & helium , ut abs te &r~
Mtca. txpugntt** in te , & defendatur ad-
Ç»g. ult. ver/km me ? Qunmodó vis Ht arbitre**
tur adverfus acultum te dimica^e Ubi-
dinis , cum libros impleas lande libidU.
nisì 3. Que l'igapranw &.la diffiçul^
sur le peché Originel. jx
té que nous relîentons à faire le bien
n'étoir pas une peine du peché , mais
une futte de nô.re nature. Ignoran- r>t deno
tiam & difficultatem,Jine quibus Perseve-
homo nascitur , primerdia , non supplU Ctp.' x;.
cU dicebant ejse natura. 4. Que la
mort n'étoit pas une peine du peché.
Il y eut enccrc un celèbre Disciple Julten,
de Pelage nommé Julien i il fut
d'abord marié , & ensuite Evê
que de Capouë. Selon Gennadius, il
íe déclara bien moins contre la ne
cessité de la grace que contre le peché
Originel , 8C ayant resolu de se si
gnaler en écrivant contre S. Augustin,
il refuta par quatre Livres celuy que
ce Saint avoit fait Denuptiis & con»
cupìscentia. Saint Augustin y répondit
dans les six Livres dont le P. Ménard
nous a donné les premiers , & le P,
Vignier a donné les quatre derniers
qu'il a heureusement rencontré dans la
Bibliotheque de Clàirvaux. Tout ce
que Julien gagna dans cette dispute
qu'il eut avec S. Augustin , toute la
récompense qu'il r<ceut de sa revolte,
contre l'Eglise , fut de perdre son Sie
ge , d estre aprés sa déposition comme
un autre Caïn errant & vagabond ,
selon l'expression de S. Fulgenee.
.fr 1 Traàii'un ie tEglifg
Voïons les Conciles tenus dans rEglfc..
se pour, s'opposer à. la Doctrine de..
ces Novateurs.

Les Conciles tems contre Us PeUgitnt


ausujet du pechi Origtntl;.

LE's Conciles ont toujours été la:


voye ordinaire pour s'ássurcr de.
la croyance de l'Egltiè sur quelque,
dogme. C'est, dans ces saintes assem*
blées qu'elle s'explique sur ce qui a été'
crû dans les siecles précedens:. Ce fut;
par cette, voye que les Pelagiens fu
rent condamnez , &. on peut dire qu'il;
n'y a aucune heresie qui ait éic plus,
universellement condamnés , &. dans.,
un plus grand. nombre de Conciles te
nus en moins de vingt ans.
Le premier de ces Conciles fût tenu-
à Carthage environ l'an 4.1t. Cèle-
stiuss'y étant p; ésenté pour estre or
donne Prêtre , il fat déferé au Con
cile qui íè tenoit pour lors , auquel
préíidoit Aurele Evêque de cette.
Ville & comme il ne voulut point.
Kconnoîrre le peché Originel , com
me une chose de Foy , les Evêques.
rcxçommunierent , & il fut obltgé!
de se retirer d'Afrique. S. Augustin.
sur U pechi Originel. fj
XiS. de Gtstis PeUgiitt Cap. j. 8c 4.
rapporte quelque fragment de cc
Concile t on peut voir aussi le tu Sc
55. Chapitre au même Livre. Gc suc
Paulin Diacre de Milan, qui dénonça:
Celestius à Aurele.
Le r. Concile fut celui de Jerusa
lem en 4.1 f. Pelage s'étant retiré ea
eette Ville , y fut d'abord assez bien
receu de Jean Evêque de Jerusalem j.
mais Paul Orose qui: s'y trouva pour
lors l'ayant accusé sur les disputes
qu'il avoit eu contre S. Jerôme 8c
contre Saint Augustin ; Jean de Je
rusalem en présence du Synode V
yant fait entrer 8c interroger sur ses
opinions quarante sept jours aprés
te traitta d'heretique & de blaíphe-
mateur.. Voïez PauL Orose dans sotn
Apologie.
En 418'. fé tint Te Concise de
Diofpole en Palestine , où les erreurs,
de Pelage & de Celestius.furent con-
d'amnées , & eux. renvoyez. absous
Íjarcç qu'ils les désavouerent.; ainsi*
e Concile se laissa surprendre par la
dissimulation de ces heretiques V c'est;:
pour cela que S. Jerôme l'appelle une,
pitoyable assemblée.
Les Evêques. d'Afrique s'étoient;
5?4t Tradition de t Eglise
oncorc assemblez en 41 6. à Carthage
&c à.Mileve, où ils condamnerent
les fentimens atrribuez à Pelage, Sdes
anathematiserent ; ils, écrivirent au
Pape Innocent 1. qui approuva leur
Jugement.
En 417. íur la fin de l'année atl:
nombre de 214. comme le rapporte
Saint Prosoer dans sa Chronique , ,
ils s'assemblerent à Carthage, & ayant
rassemblé tout ce qu'on avoit écrit
contre Pelage & Celestius,ils l'envoìc-
rentau Pape Zozime afin qu'il les con
damnât.
En cette même année 417. le Pape
Zozime tint un Concile à Rome
dans là Basilique de S. Clement;
Celestius y comparut ; il fut interrogé
fur le Livre qu'il avoit fait contre lc
peché Originel , il répondit qu'il éj
toit prêe à Ce rétracter , & dit au Pape
Zozime qu'il condamneroit tout ce
que le S. Siège jageroit devoir estre
condamné.. Voïez S. Augustin , Libi
de ptccato originale Cap. y: Mîis Ce
lestius s'étant caché par artifice évita;
le Jugement du Pape dans cette aísem-,
blés j mais aptés que Zozime eut:
receu la lettre des Evêques d'Afrique
assemblez, à. Carthage en 418. il le
JSr U ftche OHginel: 9y
eondàmna hautement, comme lè rap
porte S. Augustin Ep. 157;
En ectee année 418. les Evêques
d'Afrique s'assemblerent deux fois \'
une lc t; jour de May , où ils firent
& Canons, contre les erreurs des Pe
lagiens i 8c l'autre au temps de
Tautomne.
Marins Mercator dans fa Preface
au Symbole dcThcodore de Mòpíucf-
te parle d'un Concile d'Evêques de
. lâ seconde Cîlicie tenu Tàn 4zj. con
tre Julien.. S. Profpt.r CArm. dé
Jhgrat'tSì & Celestin , Ep. Ad Nesto-
rinm, rapportent un Concile, tenu a
Constantinople par Atticus l'an 4zj.
où Pelage fut condamné. Le meme
S. Proíper , (Lib.contt ColUtor.
Gap. 41. ) parle d'un autre Concile
tenu à Rome par le Pape Celestin.
En 415. il s'en tint un autre à Car
thage contre Leporius. qui étok Pe*
l agi en , il y en eut au ffi plusieurs,
dans les Gaules. Enfin le Conctle Ge
neral d'Ephese confirma toutes ces.
ceníures, en condamnant pareillement
lès. erreurs de Pelage & de Celestius..
Peut-on voir une erreur plus univer
sellement condamnée ? ainsi, quand
fielage produisit ses opinions » . il at*
jtf TrAdition de r Eglise
raqua l'Eglisc universelle qui çtoír
dans la croyance du peché Originel,
cn Afrique, en Italie, en Orient,
dans les Gaules,. & generalement par
route la terre.
Nous avons dàns le I. Concile de
Carthage de Tan 4,18 la condamnation
des erreurs des. Pelagiens en autant de
Canons je rapporteray seulement icy
les deux premiers qui regardent le
peché Originel , car les autres sont
pour établir la necessité de la grace..
Le premier Canon prononce ana
thème contre quiconque dira qu'Adam,
a été creé mortel , ensorte qu'il se-
roitmort, soit qu'il eut peché , soit
qu'il n'eût pas peché , parce que íi
mort n'a pas ètéíxffct du peché , mais
une Loy de la nature.
Le z. Canon prononce anathème
contre ceux qui nient que l'on donne
le Baptême aux petits enfans pour re
mettre leur peché , qui est TOrigi-
nel' qu'ils tirent d'Adam ; que c'est
en ce sent qu'il faut entendre Saint
Paul , lorsqu'il dit que le peché est
entré dans le monde par un homme
en qui tous ont peche; que c'est une
regle de Foy que l'on baptisé les. en*
fins. pour effacer en eux certe faute
qu'ils
sur le pechè Originel. $j
ont contracté par kur natssance. j£>«i-
cumque parvulos recentes ab mers
matrum baptifandos negat , aut dicit
in remìfjtonem petcatorum eosbapt'sari,
sed nihil ex Adam trahere orìçinalis
peccati qttod regenerattonis lavaero ex
pietur , unde fit consequtnt Ht in eis
forma baptifnatis in remilstonem pee-
catorum non vere sed false intelligA^
tur t anathema fit. Qmniam non aliter
intelligendum est quod ait Apofiolut
per unum hominem ptecatum intravit
in munàum , & ita in omnes homines
pertranfiit , in tjun omnes peccaverunt,
nifi quemadmodum Ecclefia Catholica
ubique diffufa, semper inttllexit. Prop-
ter hanc erìtm regulant fidei , etiam
parvuli , qui nihil peccatorum insemet-
ipjls adhuc committere potuerunt , idea
in peccatorum remtsfionem veracìter
baptifantur , ut in eis regeneration*
mundetur , quod generations traxe-
runt.
La même Doctrine se trouve dans
le 2. Concile d'Orange , qui déclare c^.
que c'est contredire à S. Paul d'a
vancer que le peché d'Adam n'a nuit
qu'à lui seul , & non à toute sa po
sterité, que non seulement la mort
qui est une peine du corps, maisaus-
$S Tradition de s Eglise
ífi le peché qui est la mort de l'ame
se communique à rout le genre hu
main. St quis soli Ada pravaricatio-
ttem suam non etiam ejus propagini
aferit nocuiffe., Aut certe mortem tan-
tum corporis , qna pana peccati est ,
non autem & peccatum , quoà mors
est anima , per unum hominem in om-
ne genus humanum tranfijse testatur ,
injnstitiam Deo dabit , contradicens
Apostolo dicenti , per mum hominem
peccatum int ravit in mundum.
Le 6. Concile de Tolede de l'an
64.8. comprit dans le Symbole l'arti-
eap. t. de du peché Orgirìel ; nous voyons
dit-il , que le Fils de Dieu a pris nô
tre natute de la Sainte Vierge Marie
pour racheter les hommes des debtes
de leurs pechez qu'ils ont contracté
, par Origine de la desobéissance d'A
dam , ou qu'ils ont commis par leur
propre malice. Ex his tribus perfonii
solum filiumfatemur ad Redemptionem
generis humani propter culparum de.
bita, qua per inobedientiam Ada 0-
riginaliter & nostro libero arbitrio con.
traxeramus , refoluenda., humanìtatem
fine peccato de SanElàsemper Firgi.
ne Maria asumpsise.
pr le peehi Originel. 99

Les P^pes qui ont condamne let


Pelagiens.

LEs Evêques d'Afrique 8c de Nu-


midie, ayant condamné Pelage
& Celestius dan$ les Conciles tenuí
l'an 41 6. ils écrivirent au Pape Jhno- Inno'ç'(
cent le Jugement qu'ils avoient porté
envers ces deux heretiques & contre
cette Doctrine , afin d'ajoûter l'auto-
ritc du S. Siege à leur Jugement ,
d'autant plus que Celestius s'étoit a-
viíe d'appeller à Rome , & que le
bruit couroìt qu'Innocent le favori-
íbit. Ce Pape leur répondit par trois.
Lettres, la premiere est addreflec à
Aurelle 8c aux Evêques du Concile
de Carthage , dans laquelle il établit
la necessite de la grace. La seconde
est addreísée à Sylvain, à Valentin
& aux autres Evêques qui avoient af-<
sisté au Concile de Mileve , & il y
réfute en particulier l'erreur touchant
les enfans morts fans Baptême , que
les Pelagiens prétendoient avoir part
à la vie éternelle. Illud t/tro qnod eos
vestra fraternisas ajserit . pradicare ,
farvulos aterna vita pramiis abftjue
baptismaùs gratia ptjse donari , fer
ìoo Tradition de r Eglife
fatuum efl . . . . &videntur ipsum bap-
tifmum velle cajsœre : cum predicant
ho s habere , tjuod in eos creditur non
nist baptìfmate consenndum. Saint
tlb. t. Augustin releve extrêmement l'autotirc
c»P.e. 4c ce íPape. S. Innocentio vide quid
refpondeas , tjhì nihil al'md de bac
rè fapit , cjuam quod isti in quorum te
conventnm introduxt : de miferis par-
vulis ab originali malo , quod trahi-
tur ex Adam , per Christi gratiam
liberandis , unam cum eis tenet Chri-
flianam sententìam.
La troisieme Lettre d'Innosent est
sa réponse à einq Evêques qui lui
avoient écrit fur ce qu on le f>up-
çonnoit de favoriser Pelage , il dit
3u'il a fait aflez connonre par les
eux Lettres précedentes , fes senti-
núns touchant la Doctrine de ", cet
Heresiarque. Il hnit en les assurant
qu'il avoit lû le Livre de Pelage qu'ils
lui avoient envoyé , & qu'il l'avoit
trouvé plein de blaíj>hcmes. Ccleflius
ayane été condamne dans un Synode
de Carthage , en appçlla au Pape
Zozime , s'estorçant de prévenir l'ef-
prit de cc Pape en le faisant Juge de
fa cause : Zozime receut alíèz favo
rablement Celestius, écrivit aux Eve
sur le peche Originel. 101
qncs d'Afrique , 8c traitta ces que
stions qui croient pour lors agitées com
me de vaines subtilités, 8c de contesta.,
tions inutiles , ordonna aux accusa
teurs de Celestius de comparoître au
plutôt. Mais Zozimes'étant fait con- zo^m*.
vaincre de la mauvaise foy de Cele
stius , irrité de ce qu'on l'avoit trom
pé , écrivit à tous les Evêques une
grande Lettre par laquelle il condam
na les Articles de Celestius &C les ér-
cáts de Pelage. Nous n'avons point
cette Lettre entiere , mais feulement
quelques fragments rapportée par S.
Augustin & par Marius Marcator dans
laquelle il établit la transsusion du
peché d'Adam dans tous ses des-
cendans , la necessité du Baptême pour
remettre ce psché. Voicy ce que S.
Augustin en rapporte. Jpjius Domìni^
morte, mortis ab AdAtn omnibus nobis »doptai.
introduBâ. attjue tranf,nijft univerfe ani
me, iìludpropagatione contraBttm chiro-
graphum rumpitur , in tjHonttllm om-
nino natorum , antequamper baptìf-
mum liberetar , non tenetur obnoxius.
S. Augustin ayant rapporté ce paísage
fàit cette remarque que dans ces pa
roles du S. Siège on voit que U
croyance du pechc Originel est G.
1 iij
ici Tradition de fEglise
ancienne , si seurc , si constante qu'il
n'est permis a aucun Catholique n'en
douter. In his verbit Apostolicasedis
tam a*, tiqua atque fundata, certa Ó"
clara & Catholica fides, ut nefas ftt
de illa dubitare Chrijîiano

St a DoBrine de S. Augujtin fur le


pechi Originel.

IL faudroit presque transcrire tous


les Livres de S. Augustin contre les
Pelagiens , si on vouíoit sçavoir tout
ce que ce S. Docteur a dit touchant
le peché Originel ; je rapporteray seu
lement le précis de ses ouvrages Sc
de ses raisons. Les premiers ouvrages
qn'il fit contre les Pelagiens , sont les
trois Livres , de meritit & peccatorum
remiffìone : addreflèe au Comte Mar-
cellin , il y parle principalement de
la necessité du Baptême des enfans
pour remettre le peché Originel , ce
fût environ l'an 41 t. Deux ansaprés
il composa le Livre de la nature &
de la grâce , il y explique la chute du
premier homme & la necessité de la
grace; puis il fie íòn traité de la
grace de Jesus-Christ & du peché O-
Hgincl. Ensuite 1c Traité de la per
fur le perhé Originel, to j
section de la justice contre Celestiusj
& ses grands ouvrages contre Julien.
II n'y a rien que S. Augustin n'ait
employé pour combattre ses adversai
res j 5c il s'est servi de toute sorte
de raisons pour prouver la croyance
de l' Eglise. Taneôt il la justifié pat
l'Ecriture, par la Tradition des SS.
Peres , par l'exemple de la Circon
cision , par la necessité du Baptême ,
par les exorcismes & les insufflations
qu'on fait sur les petits enfans avant
que de les baptiser ; par l'empretfe-
ment qu'ont les parens defaire promp
tement baptiser leurs enfans , quand
il sont en quelque peril ; par toutes
les misées aufquels nous sommes su
jets, par la concupiscence qui nous
porte au mal. Mais comme les Pela
giens lui firent toute sorte d'obje
ctions aufquelles il a répondu si docte
ment , Sc h solidement ; je croy que
la Doctrine de ce S. Docteur, pa-
roîtra mieux dans son jour , en rap
portant de quelle maniere il a répon
du à tous les argumens de ces here
tiques.
fo+ Tradition de ïEglise

Réponse aux principales Objections


• des Pelagiens.

Tremiire ObjeBion prtse d'un pajfnge


du Prophete E"%echiel.

LEs Pelagiens disoient que Dieu


dans Ezechiel avoit assuré que la
tt. ' punttion des crimes ne tomberoit que
í'ur ecluy qui pecheroit , & que Pen
sant ne porteroit point l'iniquité du
Pcre. Anima qu* perierit, ipsa morte-
tur ; filius non portabit iniquitatem
Patrist Sc ils concluoient de ce passage
que les descendans d'Adam ne de
voient point porter la peine , & en
core moins la tache de son peché.
Saint Augustin leur répondit que
selon l'Ecriture , il y a plusteurs exem
ples bù les enfans sont punis pour la
faute de leur pere, tels furent les
descendans de Cham qui furent mal
heureux à cause de la malediction que
Noë lui avoit donnée ; que Roboam
perdit presque tous ses Etats à cau-
l'c du peché de Salomon son pere ,,
coà*' 1ue £^eu pumt tout IftaSl à cause
juUí'n. d'Achab j qu'il déclare dans l' Exode
CV" ( Chap. zo. ) qu'tl pwtira les fautes
sur le peche Originel. 105
des peres sur leurs enfans , jusqu'à la
troisième 3c 4. generation , il rappor
te plusieurs autres exemples , d'ou il
conclud que le passage d'Ezechiel eít
une promeíse q te Dieu fait à ceux
qui vivront sous le Nouveau Testa
ment, qu'ils ne seroient punis dans
l'autte vie que pour leurs propres pe
chez , & non pour celles cte leurs
parens: mais que dans l'ancienne Loy
Dieu châtioit souvent les enfans à
cause des fautes de leurs peres. Pro-
mijsonem Testament] novi , & fpirìta-
lis hareditatis ad alterum ftculum
pertinentit- Id enim agit gratia Re-
demptoris , utpatewum ehirographum
deleat , & nnusquifque prose rationtm
reddat ....
On peut encore ajoûter qu'il y a
plusieurs autres exemples dans l'Ecri-
ture d'enfans ou de peuples punis pour
les pechez de leurs peres , ou de leurs
Princes ; 1l y eût tant de mille hom
mes tuez pour expier le peché de Co-
ré , de Dathan , & d' Abiron ; tout
Sodom: fut détruit pour, le peché des
plus constdérables de fes Habitans ;
Josué ayant pris Jericho, fit tout pas
ser au fi] de l'épée, n'épargnant pas
même les enfans , Dieu fit perir 70.
to6 Tradhìan de f Eglise
mille hommes à cause du peché de
David.
Lorsque donc qu'Ezechiel dit que
Dieu ne punira pas les .entans pour
les fautes de leurs peres. Il parle de
ceux qui détestent, ou qui condamnent
la conduite déreglée de leurs parens ,
au lieu de les imiter. Filius qui vide-
rit peccAta fatris sui , timuerit , &
nonsecerìt ftmile eis. Ce qui est diffe
rent du peché Originel qu'on con
tracte nnlgré soy & avant sa naissan
ce ; ainst ayant déja le peché avant que
de naître , nous devons, en porter l»
peine & en ressentir les effets. Saint
Cf 7t. Augustin répond encore qu'Ezechiel
parle de la peine corporelle que les en-
fans ne subiront pas pour les fautes
de leurs peres , mais qu'il y a des pei
nes spirituelles & interieures dont Dieu
ïnthnU. jcs afliige. Ailleurs il explique ce pas
sage du peché actuel , & non pas de
l'Originel. S. Leon Ep. 84. S. Gre
goire Lib. 15. Moral. Cap. 2z. l'ont
aussi entendu de même j íçavoir que
le Prophete parle de la peine tempo
relle que les Juifs meritoient pour les
s pechez qu'ils commettoient aprés la
í. t7. Circoncision , apres laquelle le peché
•" Originel étoit effacé : S. Thomas pre-
sur le pechi Originel. 167
tend que Dieu faie quelquefois sentir
aux enfans les peines que leurs peres
out merité , afin d'affliger même leurs
parens en voyant ce que souffrent leurs
enfans ; & au/fi pour preserver leurs
enfans du mal & les empêcher d'i
miter le déreglem:nt de ceux qui leur
ont donné la yie.

Seconde ObjeBion tirée de Vexplica


tion de l'Epitre aux Romains.

SAint Paul dans son Epistre aux


Romains avoir dit que par la de- RonJt
sobéïflance " d'un seul homme, plu- !•
sieurs etoient devenus pecheurs ; ainsi
que par l'obéïíTance d'un seul plusieurs
avoient été justifiez.S/Vwf per inobedien-
tiam unius hominis peccatores conflitu-
ti ptnt multi,ita & per unius obeditio-
nem justi constitutntur multi. Les Pe
lagiens concluoient de ce paflage qu'on
ne devoit pts imputer le peché d'A
dam à tous les hommes , mais à ceux
feulement qui l'imitoient ; De même
que la justification que Jesus-Christ
nous a acquise par son sang , n'est
pas appliquée à tous les hommes ,
mais à ceux-là seulement qui croient
cn lui ôc qui sont justifiées.
toJ Tradition de l'Eglise.
Saint Augustin leur répondit que
Îar plusieurs , il falloit entendre tous
:s nommes , ainsi que l'Apôtre l'avoit
dir dans le verset qui precede. Sicut
per uniu s deliBum in omnes homines
in condemnationem,ita & per untus de
liBum in omnes hommes in fanttifica-
tionem. Que dans l' Ecriture souvent
le terme de plusieurs fc prend pour
signifier tous les hommes, qu'elle dir
d'Abraham qu'tl seroit le Pcte de
plusieurs Nations , aprés avoir mar^-
que que toutes les Nations seroient
benies dans sa posterité. Elle dit pareil-
ment que plusieurs, & que tous fe
ront justifiez par Jísus-Christ , non
que tous les hommes doivent être in
failliblement sauvez , mais parce qu'il
n'y en aura aucun de sauvé que par
Jesus-Christ , comme on dit que tout
íe monde entre par une porte , parce
que tous ceux qui entrent dans une
maison doivent paster par la porte :
auísi le peché d'Adam se répand sur
tous les hommes, ou f r plusieurs,
parce qu'il n'y en a aucun qui vienne
£lom. *' au monde qui n'en soit infecté. Cum
Jultan. <vtro mnltos , tjuod dixit postea , non
l4' vis intellìgi omnes , qttod prius dìxe-
rat , idet txistimMS di fiant fHìJft nutl
sur le pechê Originel. t e.y
fOS ; ne omnes intelligercntur : poteris
hoc dieere & de semine Abrutit cui
promijft sunt omnes gentes , non omnes
gentes ci fuijse promijsas , quia diBum
est allô loco , patrem muìtarum gtn-
tium posui te ha cum diììum
est per unius inobediemiam peccatores
constitutos ejse multos ; ipft fient multì
qui Ó omnes. Et rurfus dttlum est ,
per unius obedientiam justi constituen-
tur multì, non aliquibus exceptis , sei
eofdem multos , omnes oportet intelìigi:
non qttìa omnes justificantur in Christ»
sed quia omnes tjui justificantur , non
poflunt justtflcari quam in Christo
çmnesergo ad mortem per Adam , om
nes ad v'nam per Chriflum.
Les Pelagiens fuioient une instan
ce aíTez considérable à S. Augustin,
ils lui disoient si le peché d'Adam
nous est communiqué par la genera
tion : comme nous natsiòns d'un hom
me & d'une femme , l'Apôtre auroit
dit au moins , que les hommes sont
condamnez pour le peché de deux
personnes , lçavoir Adam & Eve ,
au lieu qu'il dit simplement pour lc
peché d'un seul homme : il parle
donc d'une faute qui n'a atriré la ma
lédiction sur les hommes , qu'entant
ito Tráiitum de VEgliji
qu'ils imitent ce premier Peré.1 *
Saint Augustin répond que l'ApÔJ
ttb i. tre auroit plutôt dit que le peché étoic
opetts. entré dans le monde par une femme
s" ' que par un homme , si cette faute
ne se fût communiqué que par imita
tion , & non par la generation : car
le peché a commencé par Eve , c'est
elle qui a sollicité son mary j mais
parce que dans la generation le mary
est le chef de la naissance . c'est pour
cela que l' Apôtre dit que c'est par un
homme que le peché s'est communi
qué à tous les hommes , parce qu'il
leur est transmis par la naissance , &
c'est pour cela que Jesus-Christ n'a
pas voulu être con çeu par la voye or
dinaire , parce qu'il dévoit naître fans
peché d'une femme. Cttr non vis at-
tendere propterea potins Apofiolum «-
rum dix'tffs hominem , per tjttem pecca-
tum intravit in mundum ; tjuiA non
imitationem , sed generationem volebàt
inttlligi ? Sicut enitn a muliere initium
peccati fuit , fie initium generationis
a viro est , prìor tnim vir seminat ,
ut ftminA pariat. Ideo per ununt ho-
nem peccatum intravit in mundum ,
quia persemen generationìs intravit ,
quod a viro excipiens ftemina concepit,
fur le pechi\Origintl ïtf
S^no more nasci noluit , tjui Çolut fine
feccato est natus ex faminâ.

'Troifième ObjeBion fur l'explication


d'unpajsage de la z^Ep, aux
Corinthiens.

JUlien pretendoit qu'il n'y avoit


point d'autre peebe que l'actuel ,
parce que S. Paul dit que Jesus-
Christ dans son jugement rendra à
un chacun selon qu'il sc sera compor
té dans son corps , soit le bien ou le
mal. Omnes nojs manisestarì oportttx eor;
ante tribunal Chrijìi , ut referat u-
nufquifqut propr'ucorporis , prout gef-
fìt ftve bonum , five malum. Perlòn-
ne donc , concluoit Julien , ne sera
reprouvé pour le peché d'Adam , 8c
chacun ne sera puni que pour ses
propres fautes.
Nous avons la réponse de S. Au- ub. t
eustin à ce passage , il dit à Julien to"t.
. t j ti a /t Illltan.
que ces paroles de 1 Apoítre ne regar- cap. n
dent que les adultes , & que si on
veut î'entendre des enfans , on doit
dire qu'ils comparoitront devant le
Tribunal de Jeíus- Christ tels qu'ils
Jont quand ils meurent ; c'est-à-dire
ou avec le peché d'Adam , & pour
ïïi Tradition de FEglise.
lors ils seront reprouvez^ ou bien corri*!
me revêtus de la justice de Jeíus-
Christ qu'ils auront receu dans le Bap
tême , & ils seront sauvez j & com
me ils sont redevables de leur predesti
nation à ceux qui les ont presenté à.
l' Eglise , qui ont fait pour eux la pro
fession de Foy , & repondu à toutes
ìcs demandes qu'on leur a fait avant que
de les baptiser ; ils auront auflì le
malheur d'etre reprouvez par la faute
d'Adam , s'ils meurent fans avoir re
ceu le Baptême ; c'est la Foy & les
réponses de ceux qui les ont presenté à
l'Eglise , qui leur procurera l'entrée au
Royaume des Cieux ; c'est le peché du
premier Pcre qui les en exclura : Om-
nes nos manifestarioportet Ante tribu
nal. . . . Quomodo'm parvulis accipis...
prepria corporis fui dìxit , quod ad
unumquemtjue in seipfì jam viventem
pertinet. Nam qmmodo reportat bo-
num , ut intret in regnum Dei , fi htc
reportat quìfque quod gfjjtt , nifi quia\
pertinet ad parvulum etiam tjuod per
alterum geffit , id est credidit ? fient
itaque quod credidit , pertinet ad eum
ut reportet bonum , hoc est percipiai
Dei regnum ;fic ad eum pertinet etiarn
fi non credidit , ut reportet conde m-
natio nis
sur le peché Originel. nj
rtationis judicium .... Vide ergo quam
importune nolis parvulum de Aliena ptc-
cato reportare malum ., & velis eum d»
aliena reíle faBo reportare malum;a-
lienum; quippe opus est, cum credidit
'per alterum fient alienum opus fuit ,
eum pectavit in altero.

Quatrième Objeclion prife des conse


quences que Julien tiroit du peché
Originel ; t. de ce que touttpechê doit
eflre volontaire, t. Quon ne peut
punir un peché qu'on n'a pk éviter,

OUtre les passages de rEcriture


& des SS. Pcres , les Pelagiens
fai soient encore plusieurs rai.sonnemens
Íjar lesquels ils pretendoientembrouil-
er la question , St embarasser les Ca
tholiques. Car diíoit Julien , il n'y
fteut avoir dé peché ; que l'on n'ayc
a lumiere pour connottrc cc qu'on
fait, otrla liberté pour pouvoir le
commettre, où s'en abstenir j ainsi il
futt au moins avoir l'usage de la raison,
pour se déterminer à une telle action.
De plus un Legiflateur telon les regle»
de la justice ne peut pjnir celui qui n'a
point été averty d'éviter une chose tous
peine de châtiment "> il ne doit rienrc-
K.
H4 Tradition de l'Egli/i
gler íìtr l'ordre de nôtre naissance,'
puis qu'elle ne dépend pas. de nous , 8c
que nous ne pouvons pas naître d'une
selle manjereou d'une autre. 3. Quand
même il feroit des Lois surjeela , elles
ne pourroient pas être suivies , puisque
cela n'est pas en nôtre disposition. Or
tout cela sc trouve daus les petits en-
fans , à l'égarddu péché Originel , ils
n'ont n'y la raison ni la. liberté pour
íè porter à le contracter où à l'éviter ,
il n'est pas en leur pouvoir de s'en c-
xempter , donc , concluoit cet hereti
que , Dieu qui est tres-sage & tres-
juste , ne peut avoir fait une Loy si
contraire aux lumieres de la raison Sc
de l'equiré. Pelage avoit proposé la
même difficulté comme le rapporte S.
Je pee- Augustin. Omnt bomm ac malum quo
o'"gtn. ve^ Itudabiles vel vituperabiles Jhmus t
non nobiscum oriturscdagitttr a nobis ;
capaces enim utr'mfque rtì , non fient
nafiimur , & ut fine vìrtute , ita &
Jìnevitio procremur;atque ante aBionem
propria votoutatis , idfolum inhomine
est, tjHod'Deus condidit.
Pour repondre à cette difficulté , je
dis qu'il est vray que nous ne pouvons
pas n'aître coupables de quelque pe
ché commis librement , & que nous
sur le peché Originel. H$
venons au monde fans aucune vertu ,
& fans aucun vice actuel ; mais il est
" faux que toue ce qui est en nous quand
nous venons au monde soit l'ouvrage
du Createur : il y a un desordre que
Dieu n'a point mis en nous , sçavoir
la concupiscence , ce desordre , ce pe
ché n'est pas libre en nous , nous a-
vons été conceus dans l'iniquité , par
une malheureuse necessité que le peché
d'Adam à cauíe. Si donc Pelage eut
bien fait attention à ce qu'il disoit , il
aurott veu que l'ame d'un enfant qui
vient au monde est entraînée vers les
objets sensibles corporels , qu'il y z
un desordre dans la nature dont Dieu
ne peut être l' Auteur , puis qu'il est
impossible de concevoir que Dieu faíTc
une ame pour aimer ce qui est moins
noble qu'elle , & pour estre depen
dante des passions Sc des mouvemçns
corporels.. Pelage auroit reconnu que
son principe est tres-faux. Jlme aBio-
ttem propria volontatis id solum in ho
mme est ejuoà Dehs eondidit. Il y a lx
concupiscence dont Dieu n'est point
l' Auteur ; il est vray que le bjen ou le
mal qui rendent un homme lotiable
ou blâmable , ne peuvent venir que
d; la liberté de l'horn.nv. Omnebanwn
Kij

»
róf Tradition de /' Eglise
ac malum .... non nobiscum oritur ±
sed agìtur a nobis. Cela est vray , mais
il est faux que nous venions au mon
de également capables de bien & de
mtl, puiíque nous naiísons sujets aux
revoltes de la concupiscence , ainíi
nous ne pouvons faire le bien sans la
grace de Jessus-Christ j il faut donc
remarquer la difference qu'il y a entre
un peché libre & volontaire , & un
desordre naturel tel qu'est le peché
sr, Originel.
* f Saint Augustin rejette la definition
pets, que Julien avoit donné du peché qu'il
devoit être libre & vobntair e , 5c dit
que cela est vray pour le peché actuel,
tmis non pas dans le peché Originel ,
qui est en même temps la peine du
,peché ; qu'tl y a des pechez d'igno
rance qu'on commet fans le sçavoir ,
d'autres d'habitude > où Ton est com
me forcé & entraîné au mal ., 8C que
c'est ainsi que le peché Originel se
contracte malgré nous, Multum errat
Juitanns , qui vel necejsttatem nullam
putat ejse peccandi , vel eam mn intel-
liglt iti'yts peccati ejse fœnam , quod
nalla neeejstate commijson est. Qu*
ex ìgnorantia fiant peccata , quodatn
^3rï necejstât ftunt , de his dicitur ,ign*-.
ran;l*i mtat ne memineris» Quod ge-.
sur U peché Originel. 117
îbís deliBorum fi non imputartt Deus
justuf , nam ea ftbi diraitti ptsceret
homo fidelis .... Qui etiam ex confue-
tudine, quafi ex secunda natura pec-
cant , quidaliud quant ntcejstatepec-
cant ! cnr ergo non credit tantum va-
luifîe primi hominis grande peccatum
ut eo vitiaretur univerfa hominum na-<
tura, quantum valet nunc in homìht
bono secunda natura.
S. Augustin accorde à Julien qu'on
ne nous peut rien prescrire .- avant
ue de naître ; mais Dieu commande
e se servir du remede qu'il a institué
pour remettre le peché Originel , fça- .
voir la Circonciíion avant Jesus-
Chríst ; & le Baptême depuis que
l'Eglise a été établie i & quand on n a.
pas receu ces Sacrtmens , il punit
ceux qui n'ont pas été purifiez des ta
ches de leur naiísance. Non pracipiturvtb.t;
homini quomodo naseatur ; sed pr*'^t'g
ceptum est quomodo ille viveret ; pra- e. ;7,
ceptumque violavit , à quo parente pec
catum originale dedm'ttur. Pracipitur
enim ut infans circumeidatur damnan-
dus nifi cireumcìdatur ....
Il a recours à son principe que ce
peché a été libre & volontaire dans
Adam, qui pouvoit ne le pas cotn
It8 Tradition de VEglise
mettre s'il eut voulu", 8c que nousn*
le contractons qu'à cause que nous é-
tions tous en Adam , & que nous a-
vons peché en luy , 8c comme selon
Heb. S. Paul Abraham paya la dixme pout?
tous ses descendans , étant regardé
comme le Pere & le Chef de tout ce
grand Peuple qui dévoit naître de lui,
aussi tous les hommes étoient en Adam,
ttb. & ont tous pechez eu luy . 1/ludyrimi-
cone. tus in paradiso datumpossibile acfacu
Jultan. t r. .À 1 J
t. i*. le suffit prœceptnm , quo eonttmpto
atcjHe violato , omnes ex uno homine
tantjttAm in majsa originis commune
Madhabere peccatum. Et pour arrester
tous les raiíonnemens des Pelagiens ,
il leur propose le precepte que Dieu
avoit fait de circoncire les enfans le
huitième jour aprés leur naissance ,
qu'autrement les enfans feroient dam
nez : surquoi S. Augustin dit comme
Dieu est bon & juste ; il peut sauver
qui il lui plaît sans merite , parce qu'il
est bon J mais il ne peut damner per
íonne qui ne l'ait merité parce qu'il est
juste ; pourquoy donc damneroit- il
un petit enfant qui n'auroit pas été
circoncis le huitième jour , s'il n'y
avoit rien dans efet enfant qui merita
a da mnation , car n'ayant fait aucua
sur le peché Originel, u9
inal , & ne pouvant obéir au precep
te que Dieu a fait de la Circonciston ,
c'est une neceílìec qu'il soit souillé dans
son origine , pour être ainsi réprouvé!
Bonus est Deus , justus est Deus j po- lM*4
test alìquos fine bonis meritis liberare
quia bonus est , non potest quemquam
fine meritis damnare , quia justus est ,
nullum meritum malum oBo dierum in
fans de propriispeccatis habtbat , cjua-
re damnaretur , nifi circumcideretur f
fi ex origine non trahebat.

Cinquième ObjeBion contre la fainteté


du Mariage, puisqu c'est par luy
quese communique lepeché Originel.

COmme les Pelagiens tachoient de


rendra les Catholiques odieux en
les accusant de condamner le Maria
ge comme faisoient les Manichéens >
parce qu'ils soûtenoient le peché Ori
ginel ; S. Augustin fit les Livres de
nuptiis & concupiscentia , qu'il addres-
sa au Comte Valere , où il fait voit
comment on doit distinguer dans le
Mariage ce qu'il y a de bon , & de
rinstitution du Createur , d'avec ce
désordre , qui a été causé par le peché
du premier Pere t Sc qu'on appelle
\to Tradition de F Eglise
la concupiscence ; il y a troischoset
dans Je Mariage qui. sont de l'institu-
Ub. t. tion du Createur. Prèles, fides,Sacra-
cap. xj. mentum : La generation des enfans ,
la fidélité que le mary & la femme
se doivent l'un à l'autre , & le Sacre
ment , c'est-à-dire que leur union est
la figure du lien indiísoluble qui est
entre Jesus-Christ 8c son Eglise ; u-
De feono.niort si sacrée qu'il ne leur est jamais
conjugal permis de repudier leurs femmes quand
mêmes elles seroient steriles. In nostris.
nupt'ús , dit S. Augustin , plus
valet fanílìtat Sacramenti , quam fœ-
cunditas uteri. Voilà les trois avanta
ges du Mariage selon lnstitution du
Createur ; mais il y a un desordre qui
s'est glissé parmy ces avantages , c'est
la concupiícence qui n'auroit point été
tH>. t. si Adam n'eut point peché. Carnis con-
* nevn„CMP'scer!t'a "on efl nuptiis imputanda ,
cup. _fed toleranda; nan est enim ex natH-
* 17' rali cônnubio veniens bonum , ftd ex
antiquo peccato accidensmalum. 1l dit
ailleurs que le Mariage a été institué
pour la generation des enfans , & non
pour communiquer le peché ; Dieu
air à Adam de croître & multiplier,
mais le peché qus contractent ceux
ui viennent au. monde ne derive pas
sur le peché Originel. rx*
du Mariage , mais du desordre arrivé
aux hommes qui usent du Mariage ,
& cela n'est que depuis qu'ils sont dé
chus de l'ctar dans lequel Dieu le»
•voit crée en la personne d'Adam ,
& de même qu'on ne peut excuser
un adulter sous pretexte qu'il en vient
quelque bien, qui est la naissance d'un
enfant , aussi on ne doit pas condam
ner le mariage à cause qu'il est com
me le canal par lequel coule le peché
Originel. C'est toujours I'ouvrage de
Dieu qui naît du Mariage & de l'a-
dulterc. Si le Mariage étoit une cho
se mauvaise, il le faudroit condamner;. LA' *•
s'il n'en arrivoit point de mJ à l'en- to.\t,
fant qui en provient , il ne scroit pas
necessaire de le regenerer; c'est donc ac
cuser Dieu que de condamner le Ma
riage ; mais c'est faire injure à la mi-
sericorde du Sauveur, qui i st venu
guerir nôtre nature , que de nier qu'il
y ait du desordre dans l'enfant qui est
le fruit du Mariage. C'est pour cela
qu'on ne doit ny excuser les adulte
res, à cause des enfansque Dieu pu-
met de naître de cette conjonction il-
legitin.e, ni condamner lc MarLge à
cause du peché Originel rjt e J. íus-
Çhristxtm.t par le Baptême.. Nuptiê
lit Tradition de P Eglise
institut£sunt caufa gênerandi , nonpee-
candi. Peccafum tjuod inde trahitur i
rfascentibus , non ad nuptias pertinet ,
fed ad malum qvtàd accidit hominibus
quorum cortjynBione fn'nt nuptiA: nus.
tiarum bonnm malo originali tjuod inde
trahitur , non potest accufari , peut
ttdulteriorum malum bono quod inde
pafeithr non potest exeusarí .... qua-
propter in hominibus naseentibus ne-
que excufanda sunt adulteria per ba-
r.um quod indekcondhore bonocrear
tum est tnec accusanda conjugia per
malum quod ibi a misericorde Salvalo.
re fanandum est .

Sixième ObjtBìon st les enfans des ju


stes & des gens de bten contraritnt
le peché orign el.

UN Argument des plus specieux


des Pelagiens , c'éeoie de se ser^
servir de l'cxernpledes parens Saints,
&c de conclure , qu'au moins leurs en
fants naiílbient fans peché ; que selon
l'Apôtre les branches participent à la
sainteté du tronc. Radix fanBa, ra-
mi faníli : Et que ceux qui n'ont point
de peché , ne peuvent lecommuniquet
ì, leurs deícendans. S. Augustin leur*
sar le peché Originel. t£j
souvent repondu à cette objection ; il
dit que la pieté des parens ne sert de
rien a l'égard du peché originel ; &
comme des parens estropiez dans leurs
corps ne laissent pas d'engendrer des
enfans qui ont tous leurs membres
complets ; auiîi il se trouve des pa- Ltb. g.
rents quoique sains , & de forte eo^.
complexion qui engendrent des enfans e. t.*
infirmes ; ou qu'au moins il est faux
qu'on ne puisse donner ce qu'on n'a
point , puisque souvent des aveugles
mettent au monde des enfans qui
voïent clair : que íì la paille , qnoique
íéparée du grain , nc laisse pas de de
meurer dans le grain , puisqu'elle sc
reproduit & qu'elle germe avec ce
grain j si un Olivier sauvage vient d'un
vray Olivier ; si un homme circoncis
peut engendrer un incirconcis , si un
' Payen & un Infidele peuvent naître
d'un Chrétien ,est-ceíune chose si éton
nante que k peché des parens qui a
été effacé par le Baptême , se trans
mette par eux dans les enfans qui
naissent d'eux ; Enfin il ajoûte que
quand on ne pourroit pas comprendre
comment le peché ie transmet , c'est
une neccflìté de le croire.
Mais les Pelagiens lui disoient , si
Lij
It4 Tradition de tEglise
ctm- le Baptême efface le peché originel,
patçnt * il s'enfuit que les parens Chrétiens en
bapttsez qUj cc peché a été effacé par ce Sacrç-
peuvent 1 1 . 1 \
í.ns- ment, ne le communtquent potnt a
mettre leurs enfans , & que ceux qui naissent
ortgtnel d'un pere & d'une mere baptisez , ne
contractent point cette faute. Saint
Uh. i. Augustin repondoit que la conçupis-
àe peç- cenec qui étoit ie propre *ffet du pe-
m«tt. cn° originel, étoit effacée, quanta
eap. j», la tache qui souille l'atne , mais que
fc son acte restoit toûjours: Tranfite
reatu , mature aSìu , parce qu'il reste
dans ceux qui sont baptisez une pente
actuelle au pechè ; Ex iìlà manente
ctncupiscentìA vetustate, quod nascitur
indiget Ht fartetur ; quiA parentes fi-<
delts & natì carnaliur (fr renatispi-
ritualiter , filios carnaliter gtnuerunt :
filii vero anttquim nascerentur , re-
nafti non potuerunt. Quoniam igitur
parentes baptisat} & justi non mente
gignunt , quia renati sunt , sed carne
quâ sunt adhuc vetufli ,ideo filiosmn
tam mente quam carne vetustos gignnntt
quia ut ait Scriptura , quod nascitur
ex darne caro eji, Cqmme les parem
engendrent par cet acte de la concu,-
piscence qui reste en eux aprés le
Jiaptéme, qui est chair , & qui lc$
Jar le ptchí OrìginiU t ft f
fait charnels ; c'est pour cela que leurs
enfans son: chair, selon TexprcíIIón de
l' Écriture ., que tout ce qui naît de la
chair est^hair , & que le peché leur
ell transmts , 8c qu'on les baptise pouf
effacer cette tache ; les parens n'engen*
drent pas par l'esprit , & par la grace
comme justes & comme Saints , mais
comme charnels , ainsi leur état de
grace n'empêche point qu'ils ne com
munique ut le peché à leurs eníans.
Pour bien entendra cecy , remar-.
quez qu'on peut considerer la concu
piícence en deux états differats, telle
qu'elle est dans les adultes regénerez
qui resistent aux attaques continuelles
qu'elle leur donne : car n'ayant pas
lc pouvoir d'arrester les mouvemení
de leurs Corps -, ils sentent bien des
plaisirs qui s'excitent en eux , . malgré
eux , mais ils y resistent genereuse
ment, 8c n'y consentent point. On
peut considerer la concupiscence dans
un autre état , telle qu'elle est dam
les enfans, qui n'ayant n'y le pou
voir d'arêter les mouvemens de leurs
corps, ny la liberté de resister aux
plaisirs qu'ils ressentent ; leur ame
est entierement tournée vers les corps»
& invinciblement attachée à ce qui
nS TrAdltìen de tEglìJi
leur donne da plaisir ; c'est ce desof.»'
dre naturel de fame uniquement atta
chée au Corps , que S. Augustin ap-
tft< pelle rtatut concupiscents # & qui
4e nup. Ç. . | , , , 1 rr .
te eon- ratt le peche ortgtnel. Hujhs cencu-
«P*. piscenrìA reatum regeneratio fòU di-
mìtth. Car la grace sanctifiante qui
nous est donnée dans le Baptême, ef
face k tache que ce desordre imprime
dans l'ame des enfans : de sorte que
quoi qu'en suite du Baptême les enfans
ne hilfcnt pas d'avoir l'ame tournée
vers les chofes sensibles , ce deíordre
ne leur est point imputé à peché , à
Cause de la grace sanctifiante qu'ils ont
receue. In eis qui regentrantur in Chri-
•a1^'i* A0 ' CHm rewtíslonem accipiunt pr»r-
**r' 1 ' Jus omnium peccatorum , utique necejfi .
tst m reatus etiam hujus lifiet adhuc
tnanemis concupiscentia remittatur , tt$
btpeccatum, Jìcut dixi , non impH-
Uturj
Cela se peut expliquer par la com
paraison d un adulte regeneré qui dort,
6c qui durant son sommeil est empor
té à des platsirs involontaires quí
s'excitent en luy sans qu'il s'enapper-
çoive ; en Ce moment son ame est
tournée vers les choses sensibles 8C
iorporelles , mais comme c'est un dc-
i •"
Sur te pechi Origlrtttt f17
sprdre qui n'est pas volontaire , Dieu
he le luy imputepoint à cause de lagra-
te sanctifiante qu'il a receu 5 Dicunç
laisse pas d'aimer l'ame de ce juste ,
quoi qu'elle soit dans le desordre , par
ce qu'elle a été regenerée auparavant;
Dieu hait lc desordre de l'ame des en-
fans qui n'ont pas receu le Baptême j
ils lui sont deíagreables , juíqu'à cc
qu'ils ayent été regenerez dans le Bap
tême , mais quand ils ont receu cc
Sacrement qui essace les taches quelejde.'
íordre de la cqncupiscenceavojt impri,.'
mé dans leur ame, &qui les empêche
d'être soiiillez par les autres rnouve-
mens de la concupiscence ausquels ils
sont sujets aptés le Baptême , ils soní
agreables aux yeux de Dieu qui ne kur
impute plus la concupiscence à peché , t
parce qu'ils n'en sont plus soiiillez ,
& qu'ils sont purifiez des souillure» . ,
precedentes. '
On voit par là comment il faut en
tendre ce que dit souvent S. Augustin ff
qu'aprés le Baptême la concupiscence mem îa
transtt reatu , au lieu que les autres «"eu-
pechez transeunt aBu , martent reatu. fe1st/""
Quand un homme a commis quelque p**i !e
crimed'action passe;mais il en reste une BaPiem'
certaine souillure dans l'ame que S.
L iiij
tit TrMditton de tEglise
Augustin appelle reatut t parce qu'elfe
tend l'homme coupable de la mort é-
ternelle ; car le mot de reatus dans S.
Augustin ne signifie pas feulement l'o-
bligation à la peine , qu'on appelle
reatuì culst. j au contraire dans le
Baptême la'concupiscence transit reatu,
parce que la souillure qui rend l'enfant
désagreable aux yeux de Dieu est ef
facée par la grace íanctifiante,. $c l'actè
de la concupiscence demeure manet
nHu , à cause que l'ame demeure tou
jours sujette aux revoltes deja concu
piscence , l'enfant n'étant pas délivré
aprés son Baptême de la captivité de
son corps , quoi qu'il ne soit plus dan$
le desordre,
íxpltea í-es Pelagiens faisoient plusieurs in-
ttond"an stances íur la generation des enfans nez
de^saL *fe parens Chrétiens : ils se scrvoient
Paul, d'un passage de S. Paul où il parle
t. cor. 7. ajng aux Corinthiens vos enfans é-
toient impurs , maintenant ils sonc
purs, FHii vestri immundi ejsent, nnne
Autem mundi sunt. Comme voulant
dire, avant que d'estre Chrétiens par
le Baptême , les enfans que vous met
tiez au monde étoient impurs, mais
presentement que vous avez receu le
Sacrement de la regeneration , vos en
fur Itfechi Originel. ity
fans qui naissent de parens purs , le
sont aussi ; d'où ces heretiques con
cluoient qu'au moins les enfans des
Chrétiens n avoient point le peché
originel.
S. Augustin
sortes de répond
sainteté;qu'il
qu'ily ya en
pht-j-*»*.
sieurs at«fCe'
une purement exterieure & qui ne re- «iieItt.
met pas le peche ; c est en ce iens qu on
sanctifie les Catecumenes avant le Bap
tême par les prieres , par les exorcis-
mes & par les autres ceremonies qu'on
fait fur eux , sans que cette sanctifica
tion leur procure la remisston de leurs
pechez, cela est reservé au Baptême :
que selon le même Apôtre une femme
infidelle est sanctifiée par un mary
fidel , non que cela signifie que cette
femme n'ait pas besoin de chan
ger de vie 5c de Religion pouí
être sainte , & de se faire baptiser pouc
être sauvée. Si donc l' Apôtre a dit
que les enfans des Fideles sont pursj
ou qu'une femme infidele est sanctifiée
ftar un mary fidel , il a parlé selon le
angage de l' Ecriture , de ce qui Jpre-
pare à la vraye justice & sainteté ; 8C
comme il est ordinairement plus fa
cile de convertir une femme infidele
qui conscn : à demeurer avec un rrtar%
jjp Tráâltìon de tZgllfì
fidele ,' ou que c'est même une diípdi
ittion à sa conversion que de vivre
avec ce mary Chrétien , que c est une
occasion de faire leurs enfans Saints t
en les faisant baptiser } que l'exemple
& ia persuasion de ce mary peut la
porter à l imiter : c'est ainsi que lci
parens Chrétiens procurant le Baptê
me à leurs enfans , les sanctifient , &
qu'on peut appeller purs ces enfans ;
au lieu qu'avant le Christianisme ces
enfans perseveroient dans l'infidelité
de leurs parens , 8c étoient impurs
çomme ceux qui leur avoient tdonné
la vie.
II y a encore un autre endroit de
RÉponse S. Paul qu'objectoient les Pelagiens t
paslV c e^en Parlant du Peuple Juif^ quí
je s.paul desçendoit des Patriarches Sc des Ju.i
ftes de l'anciennc Loy ; l'Apôtre dit
que quand la souche & la racine est
(ainte , les descendans & les branches
Hom.xj. le doivent estre aussi. Quod fidelibatht
santta, C» m*Jsa ; firadix faníla est,
Epìft. & rawi. S. Augustin leur répondit
ad Sttu.. que
J . les enfans des
,., Patriarches
r ff . etoient
. „
ôatnts, parce qu tls profeflotent la me-
jne Religion , qu'ils avoient les mê
mes Sacrements , qu'ils adoroient le
fncrae Dieu , & le se^voienc avec un
"Jhr le pechê Originel. tjl
Culte & des ceremonies saintes ; mais
n'ont pas qu'ils tussent Saints par leur
naissance , ce n'étoit qU'à caule qu'ils
avoient rcceu comme par droit d'he
ritage la même Religion & la foy de
leurs ancestres , que S. Paul les ap
pelle les branches Saintes,íorties d'une
louche qui étoit sainte.
On peut direauffi que S. Paul dans
ce passage à eu seulement en veuë
d'exciter les Juifs à croire en Jesus-
Christ, en leur disant que ç'étoit à
leurs peres qu'il avoit été predit com
me Messie j 6c que descendans de ces
homme Saints, ils devoient comme
de bons rejettons imiter leur foy j sem
blables aux branches d'un même ar
bre qui ne portent que de bon fruit j
jnais que plusieurs d'entre eux au lieu
d'imiter de si bons exemples , s'en sont
écartez en suivant leurs desirs dere
glez , & ftnt devenus des branches
separez de leur tronc, ou des Oliviers
sauvages entez sur un bon arbre.
Les Calvinistes paroissent estre d'ac
cord avec les Pelagiens sur la question
que nous traittons , ils prétendent que
le Baptême n'est pas necessaire aux en-
Fans des Chrétiens , que l'alliance de
Dieu faite ayee les parens se perpe
ÎJ t Traàltìtn de l Eglise
tue dans leurs descendans > ils se íêf^
vent pour cela des mêmes passages que
jc viens d'expliquer ; Calvin meme a-
joûte que comme la benediction de
Dieu fur Abraham fut promise à tou-
cenef. te íâ race , qu'il feroit son Dieu , 8C
L . '7. celui de ses descendans ; cet heretique
prétend auflì que dans l'Eglise les pa
ïens fidels engendrent des enfans ju
stes & Saints. Mais c'est faute de faire
attention à l'Ecriture , que cet hereti
que en abuse ainsi j car il est constant
que la benediction de Dieu promise à
^om, Abraham n'étoit que pour íes deseen»
t. 8e 9. dans selon l'esprit, comme S. Paul
l'explique , autrement il n'y auroit eu
Î[ue les Juifs qui euflènt eu part à
a benediction temporelle , aucun des
Gentils ne feroit parvenu àlaconnois-
sance de Jesus-Christ, & S. Paul ne
se seroit pas servi de ce passage pouf
établir l'universalité de rEglife. La
vocation des Gentils & des Juifs dans
la promesse de Dieu faite à Abraham
& à ses descendans, regarde ceux qui
font les vrais Fidels selon l'esprit j
& comme on ne le devient que par le
Baptême , c'est une neceflìte que les
enfans mêmes des Chrétiens reçoivent
ee Sacrement pour devenir les enfans
d' Ab» hant.
sur U peehe Orìgimï. ïjj
Calvin cite encore l' Apôtre loríque Stlat. ^
parlant d'Isaac , il dit qu'il est né
selon l'esprit, & non selon la- chair >
afin d'établir qu'Isaac representant tous
les enfans de l'alliance spirituelle , ils
naiísent selon l'esprit de parens Chré
tiens. Mais ce n est point le sens des
paroles de I' Apôtre ; il ne dit point
qu'Isaac ne soit point né selon la
chair & sans le peché originel , puis
que selon Jesus-Christ tout ce qui estjoán. y
né de la chair , est chair. S. Paul é-
tablit feulement qu'Isaac est ne d'une
maniere en quelque façon miraculeuse ;
qu'il est plus redevable de sa nais-,
sance à la main de Dteu qui avoic
promis ce fils de benediction à son
perc, quoi que fort avancé en âge ,
qu'à la nature} l'esprit de Dieu, son
bras , sa force , fa puissance y ont eu
plus de part que les forces naturelles
de son pere : ainsi on peut dire qu'il
est né par l'esprit , plutôt que par U
chair.
J'ajoûteray encore ce que dit le Expltea-
Sage en parlant de íbn origine , qu'il tto"d'u»
eut par fort une ame bonne , & qu'il d* î.$+.
a é;é uni a un corps qui n'avoit point 8,ffe-
été souillé ; Sortitus fum animam bo-
Vjtm , & Vtni ad corpus incehqmna- *»P. »,
.kj4 Tradition de sEglise
mm. Les Pelagiens se servoient auflî
de ce passage contre le peché origi-
ltb" 10 ne^' ^" Augustin l'explique de Jesus-
de e.e- Christ , la Sagefle incarnée qui seul a
»dHtt ^ conctu ^anS peché ; & en même
cip. |t8. remps(il avertir que tout ce que le Sage
s'attribuë dans ce Livre , ne peut con
venir au Sauveur , comme lorsqu'il
dit qu'il a été conecu d'un homme ;
c'est pour cela que ce S. Docteur ,
ajoûte que la bonté de l'amedu Sa
ge est une bonté morale qui confiste
non dans la grace qui sanctifie, mais
dans un bon naturel, 8c de bonnes
inclinations , ayant beaucoup de dis
position au bien , & de l'éloignement
pour le mal ; conformement à ce que
dit l'Ecnture dans un autre endroit
3ucés les
le Fidclles
ventre ont
de la
leur
crainte
mere.deTimor
Dieu

Domini curn fidelibns in vulvâ con-


creatus est. Comme auflî ce que Job
dit de lui , que la compasston lui est
comme naturelle: Ab utero venìt me-
cum mijemtio. Sc que ces expreflîons
íbnt outrées à les prendre à la lettre.
fur Itptchi Originel, ijj

Çeptìime objeBìsn^ut Dieu noussertit


,pour nous perdre , fi no s avions
le pecbé originel avant que de mttre,

MAis,disoient les Pelagiens^pour-


quoy Dieu .crée-t-ij des ames
qu'il voit devoir çere infectées du peché
Ortginel ì Dieu fatt-il des hommes
pour les perdre l Ahftt , dit S. Au
gustin , oonitAte sua Deusfacìt homi- uk.t.
nes , & primos fine peccat» ; & et- te "atu
teros fitb ptçcato , m ujus prosun- ç. ít.
Àarum JuArum çogitationum. Dieu
avoit crée le premier hommedans
l'état que sa sagesse demandoit ;
il avoit établi la propagation des espe
ces d'une manicre mânifhent sage ; le
premier homme a peché librement,
il est devenu sujet à la concupiscence :
Dieu change-t-il ses volontez ; il nc
veut rien qui ne soit ju ste : ce qu'il
yeut une fois , il le veut toûjeurs ,
il ne se corrtge pas , il ne se repent
pas ; mais,dira-t-on, à la bonne heurç
que Dieu ne change pas ses volontcz ,
pourquoy créoit-il des hommes , pui$
Su'il prévotoit que lejpremier homme
evoit causer un si grand mal par son
peché": Ohomi m quis es qui refpondeas
Ì3* Tradition de F Eglise
J)eo > C'est assez que vous fçachiez quí
Dieu a tiré un grand bien de ce dé
sordre ; il a donné son Fils à l'Eglise,
il a fait éclater sa misericorde sur les
Elus , & sa justice fur les reprouvez.
. De universo genere humant) , quamvis
ttuUus hominum fine forde feccati nafi.
catur, bon'um ille qui fumme tenus est
tperatur , allos faciens tanquam va-
fa misericerdia , qmos gratta di/iernat
ab eh , qui vafafunt ira ; alies tan
guant vafa ira , ut notasfaciat divitìas
gloria sua in vasa misericordia.

Huitiime ObjeBiongemmentse commu


nique le peché Originel.

IL reste encore une grande difficul


té pour expliquer comment le pe
ché Originel se communique à un en
fant dans le ventre de sa mere: car,
disoient les Pelagiens , ce n'est point
cet enfant qui peche , ny les parens
qui l'engendrent , n'y Dieu qui lc
forme j comment donc ce peché peut-
il se glifler , par quelle ouverture
ltt. t. s'insinué'-t-il ? Non jeccat iste qui nafi.
ie mtpt. rìtur , non feccat ille qui genuit , non
îup-C°n"fceMt *ste qtticondidit , per quas rimts
t. t»" ktter m prajìdia mmçtntia , peccatum
sur le fechè Originel. 137
fingis ingrejsum ì On peut répondre
a cette Objection , qu'il suffit que
sApôtre ait dit que lc peché est entre
dans le monde par un homme , pour
croire la transmiísion du peché Origi
nel ; on s'en doit tenir à cela t &C
même cela doit suffire à un Theolo
gien. Quis queeris latentem r'mam ;
cum habeat tpertiflìmam januam ! fer
mum hominem, ait yípostolus , fer
«mus deliBam, per inobedientiam unius
%»minis\quidqu*rU amfl'mtìqmd quarts
afertius ì quid inculcatius f
Quelques uns se servoient de cettfl!
difficulte pour expliquer l'origine de
l'ame , pretendant qu elle écoit corpo
relle , & une partie de celle de nos
parens , & que c'étoit ainsi que le pe
ché originel se communiquoit. Mais je r«I>
cette opinion est tres-Fausse. Nos ames lÌM dt
ne sont point une portion de la sitb- tIDe"
stance de Dieu, comme le pretendoient
les Manichéens , les Gnostiques & les
, Priscillianistes , ny une partie de celle
*de nos parens. La substance Divine
est immuable 8c indivisible. A'f ud Jaeob.
quem non est transmutant) , nez vìcìflì-
tudinis obmnbratìo. Dieu est 8c sera pí. lB. .
à jamais toujours le mème. Th idem
ifft et , & anni tnì non deficitnt. E\
rljS Tradition de FEglise
les S S. Peres nous apprennent qttt»
Dieu crée nos âmes au moment
qu'il les unit à nos corps , & que nos
parens n'ont aucune part à la produ-
*TttaIt ction ^e l'ame» 4mm* hominis oput
est Dei , me unquam ab homìnè gì..
'gnentìum originibuS prabeturt dit S,
ltb je Hilaire ou comme parle S. Ambroi-.
se, £x nullo homme generantut anime'
*• S. Jerôme traite de íentiment ridicule
de croire qUe l'ame soit engendrée pas
SwmS^ parens/ Satis ridendisunt qui pu-
' tant animas ex corporibus ftA , & tort
a Ùeó s sed k Corporum patentibusgè-
Herari. ïl assure que c'est k croïancff
de l'Egliíê que Dieu crée les amès. JEV-
ttb- j. cleítasticum dogma eflè , ut Deus que.
Rnán. animas fabrìcetuf. S. Chrysosto-
me déclare que Dieu seul est l'Auteur
Homtl. 3c .Je principe de notre a.me. u4nima nee
Jtta<h. generat nec genefatur, nec ullum agnof-
cit patrem prater eum t cujus .volunta-"
tate ereata est. S. Leon assure pareil
lement que c'est la Foy de l'Eglisc Ca
tholique que Dieu crée nos ames j
au moment qu'tl les unit à nos corps,
íptst. Catholica fides constante? pradicat, aU
tíu TlK 1HC verACHtr Antmt hominum ;
c*p. tt. prìusquam in fuis infpirarentur corpo-
ribus , nonfierit ttec ab ttlle Hneorptm
sur le peché Originel. tj%
fAtttur, nlst ab opifice Deo , qui ipsa»
fum est creator , & corporum. Al'égard
de S. Augustin il a fait plusieurs Trai
tez sur l'origine de l'Ame , où il éta
blit la même chose , & principalement
dans la lettre à S. Jerôme , où il ic
prouve par Ces passages de l'Ecriture :
fyd fingit fingillatim corda eorum . . . Pf- n.
Spiritus redeat adDeum qui dedit illum. ufc. Pt»<
Et dans ses Livres contre Julien , il hum3
dit que l'arae ne pouvant être vitiée
par son origine , puisqu'elle sort des
mains de Dieu , elle le de
vient en entrant dans le corps , com
me une liqueur fe gaste dans urt
Vaíê infecté de quelque mauvaise o-
deur. FrofeUo aut Htrumque vitiatum Llbt {:
tx homme trahitur . aut alurum in al- f.dv. J0''
tero tanqvam m vase vttta-
to corrumpitur, ubi occulta justifia di-
vina legis inciuditur. Ój*id autem
horum verum fit , libentius difeo , quant
dico , ne audeam docere quod nescio.
Au lieu que dans Adam , l'amed ttk^
vitiée avant le corps : .Ab animo cœpit
tlatio , & ad praceptum transgredisn-
dum inde confenfio , tune est" caro fail a
pecati. Dans nous c'est à l'occasior»
du corps que l'ame devient fouillée y
parce qu'elle est tytie à un cotps qui
M ij J
f 40 TrAdìtìon de l'Egllst.
descend d'Adam , & avec lequel elle
fait une partie de l'homme qu'elle ani-
tre.L'ame n'est point fille d Adam pat
íà création , ny avant son unton
avec le corps , mais celuy qu'elle ani
me avec le corps est deícendant d'A
dam ; c'est luy qui est pecheur 8c
criminel , au moment que l'ame est
jointe avec le corps. C'est pour cela
que Jesus-Chrtst voulant se revêtir de
nôtre nature, sa chair a été semblable
à celle du peché , comme dit S. Paul,
parce qu'elle étoit paisible Sc mortelle;
mais elle ne pouvoit être chair de
peché comme la nôtre , parce que la
concupiscence qui forme nôtre corps ,
& qui par l'infection du corps infecte
l'ame, n'a pû avoir aucune part à
Cette conception divine , qui a été
l'ouvr»ge du S. Esprit dans les entrail
les d't/neVierge. L'ame deJesus-Christ
«étant créée dans un corps qu'une Vier
ge a conceu, demeure toute pure j
comme au contraire une ame que Dieu
crée dans un corps né de la concupis-
ce, 5c tout íbiiillédans son origine,
devient toute souillée comme ce corps
avec lequel elle ne fait qu'un même
tout , & un mêm; homme.
Comme donc il y a des unaladiag
ser le ftchè Originel. 141
héréditaires telles que la lér>re , la
goutte ôc autres qui font attachees à des
familles entieres , fans que la transfu
sion de cette maladie originelle soie
interrompue par le cours & le nombre
des années , c'est ainsi qu'on peut St
representer la propagation du peché
originel. On voit non feulement des
maladies corporelles passer d'un corps
en un autre , mais des inclinations spi
rituelles. Il y a des vices tout de l'es-
prit , qui passent des peres auxenfansj
qui s'entretiennent dans des familles
Sc dans des Provinees par une succes
sion continuelle. Com:
Que si on trouve étrange comment mtm ua
de petirs innocens peuvent êtte crimi-
nels , n'étant pas capables de raison; toupable
S. Augustin répond qu'ils ont ét*VV£|*
corrompus dans la tige de la nature. 1
Ils n'ont point fait de mal volontaire
ment , mais ils ont celui qu'ils ont
tiré de leur source : In ramo nihil com- serra.tf.
miserunt , sed in radice perierunt t »i-de Vetk.
hil rnali habent , nifi tjuod de fente001*'
trtxerunt. Il explique cela par une
comparaison , comme un homme de
reglé dans sa vie , s'abandonne à dcá
passions criminelles, & contracte des
maladies habituelles , la goutte , h
1 41 Tradition de ?Eglise
gravelle & autres maladies qui paííéríí
ensuite dans ses enfansj un enfanr
auroit tort de se plaindre de souffrir la
peine d'un mal qu'il n'auroit pas
fait par lui-même , mais íéulemenc
dans ce Cens que quand son pere V»
fait volontairement , le fils etoit en
lui, ne composant qu'un même hom
me avec luijSc ainsi il a fait ce mal nort
par sa volonté qui n'étoit pas encore.,
mais par la volonté de celuy dans le
quel ce fils étoif comme dans la tige*
ttb, t. Sc fans lequel il ne seroit point. Re£la
impers, dicitur filios in parente seeijse , quoni-
am quand» ipsse secit , in illo fuerunt ,
ac fie ípfi atque ilîe unus adhuc fue
runt .... Si qnis intemperant'tà fibi pa.
dagramfaciat , eamque tranfmittat im
filios t quod ptpe Contingit , nonne
relie dicitur in tes illud tiitium de pa
rente tranfiijfe .. . .Qued ergo aliquo-
ties invenitur in corporis morbis , hoí
in illo il.'ius primi gemtoris antiquo ma-
gnoque peccato , quo natura humana
*om" i . miversa vitiata est, faBum esstnoverat,
corps 01 on demande Comment le corps
peut„ Peut communiquer sa corruption à
quer lame? CcS. Docteur repond que le
si eor- corpS (je l'homme dans lequel entre
à l'itne, 1 ame auih tot qu elle eit creee , els
fur le peche Originel. 14}
tftâînrenant ttne chair de peché , par- "
ce qu'il nyt de la concupiscence qui
est le principe de tous les pechez.
Lors donc que í'ame est formee dans
cette chais si impure j elle se trouve
toute appeíantie par cette union qui
lie si étroitement l'un avec l'autre ;
îl se fait comme un débordement de
la corruption du corps dans toutes
les puissances de l'ame ; & cette peste
Contagieuse l'infcctc & la remplir de
toutes parts. Anima corpori aggravan- áCGenfl|
da miscetur ; ebrnitur contavjone Dec- »<? L"t.
eau s ©. tnjtctt eam parttapata ex cap, t*t
corpore peccati colluvies.
La concupiícence > dit 'ce même
Pere , est cette ancienne & malheureu
se racine que le Demon a planté dans
le chef de tous les hommes , comme
dans le principe de la nature humai
ne , Cet Ange apostat auquel Dieu a
abandonné Thomme rebelle comme
le vainCu à son vainqueur , s'empare
de leur ame 5C de leur corps auflt-tôt
qu'ils sont conceus dans le sein de
leur mere , & il Croit les posseder par
ttn juste droit , Comme étant les fruits
d'un arbre qui lui appartient , & com
me les rejettons malheureux de cette
tige amerc qu'il a planté dans k pr&;
144 Tradition de FEglise
t!b. t.Je m'cr homme. Concupifcenti<e vulnut
supe. & gentrì humano infiíBum à Diabolo ,
ctpCU£jt î"'1^ f nafeitar , eogit ejse
sub Diabolo , tantjnam de suo frutict
frutìum jure decerpat : hicejlenimfru-
Elus ejus, ex an tiqua immunditìa jilr.
fe , quant plantavit in homine. Voilà
íclon ce Pcce eou: ce qui se passe dans
nôtre formation ; l'homme engendre
le corps, Dieu crée l'ame, le peché .
íbiiille le corps & l'ame , & le De-
r mon postede ìc l'ame 5c le corps. Naf-
cuntur hommes, hontine generante, Des
creante , peccato inficitntt , Diabolo
pojsdettte.

Neuviime ObjeBìon , fi Dieu peut


punir tons les hommes pour unefau-'
te tjul parot t aujs legere que colle
d'Adam.

U Ne instance qu'on a Couvent fai


te à S. Augustin , étoit de luy
ob jecter la faute d'Adam comme quel
que chose de leger , & qui ne meri-
toit pas que Dieu punît tous les hom
mes pour cela.Mais c*est en cela, dit ce
S. Docteur, que paroît la grandeur
de la faute d'Adam , puisque Dieu
la punit avec tant de rigueur ; il faut
furie fechi Originel. 14$
htême juger des deffenses que Dieu
fait,comme de ses Commandemens:&
de même qu'en ordonnant à Abraham
une choíe aufll difficile que d'immoler
íon fils unique , il a recompeníe l'o-
bcïísancede ce Patriarche d'une faveur
aussi constdérable que de le faire le
chef du Peuple choisi , l'ayeul du
Messie & de tous les Saints ; aussi
Adam ayant désobey en une chose qui
paroiíïbit aussi facile à observer, qu'il
c:oit facilede s'abstenir de manger d'un
certain fruit , ce qui étoit comme une
cípece de redevance que Dieu s'étoit
reservé pour faire connoîtra son do
maine &son cmpire,& Adam pouvant
même accomplir u<t précepte si facile
dans un état où il étoit sans passions ;
la désobeiísance a tellement déplu à
* Dieu , qu'il a employé les plus rudes
châtimens pour le punir.

Dixiime Objettion, e» qnoy confiste U


pechi Oxigiml.

LEs Pelagiens se prévaloient de


la difficulté que les Catholiques
avoient à expliquer en cjuoy consiste
le peché Originel ; S, Augustin leur,
disoit qu'à U verité il n'y avoit tien
í4 S Traditio» de ï Eglife
de plus obscur à déveloper que la
nature de ce peché ; que ses effets sort
trés-évidens par l'ignorance , la con
cupiscence & les autres peines aûfquel-
lcs nous sommes sujets ; Dieu etant
tres-justej ne pouvoit pas laiíser des
créatures innocentes dans de si erands
egaremens ; ce ne peut être que pour
la punition de la faute d'Adam , com
me l'Ecriture le marque. 11 suffit à un
Catholique de sçavoir cette verité, de
s'appuïer sur la foy qu'il a receu de
Dieu, & sur l'immobilité de fa paro
le ; c'est par ce moïen qu'on croit ce
que Dieu a dit sans y rien compren
dre ; cela est propre à tous nos Myste
res d'estre dirhciles à expliquer , quoi
qu'ils soient tres-veritables. LesPercs
Sc les Théologiens ne s'accordent pas
fur l'explication du peché Originel.
S. Augustin semble dire que c'est la
concupiscence, ce désordre qui nous
détourne de Dieu & nous porte aux
choses sensibles. S. Anselme soutenant
que la concupiscence reste aprés le
Baptême, lorsque le prêché est effacé,
a prétendu que le peche Originel étoit
la privation dê ]a justice & de la grace
qu'Adam avoit receudans l'ètat d'inno
cence , Stc que cette justice nous étoit
sur le peché Originel. t 47
redonnée par la grâce du Baptême. S.
Thomas 8c S. Bonaventure voulant
accorder ces deux opinions , ont sup
posé deux rebellions dans nôtre natu
re, l'une de la raison contre Dieu,
l'autre des sens contre la raison ; ils ont
appellé concupiscence cette derniere ,
ôc ont dit que la premiere étoit la pri
vation de la justice ; que toutes deux
ensembles sontlepeché: S. Bonaven
ture pretend que cette concupiscence
est ce qu'il y a de positif, & que la
privation de la justice est ce qu'il y a
de negatif. S. Thomas appelle la
concupiseence le materiel du peché :
& la privation de la justice le formel,
& conclud que le peché originel est
la concupiseence destituée de la justice
originelle.
Ambroise Catarin dans le Concile
de Trente déclara que pour expliquer
le peché originel , il falloit distinguer
le peché d'avec la peine d'icelui, que
la convoitise & la privation de la ju
stice originelle étoient les peines du pe
ché ; que partant il falloit que le peché
fut autre chose ; qu'il étoit même im
possible que ce qui n'avoit point été
peché en Adam , le fût en nous ; 8c
il soûtenoit que ny l'une ny l'autre
148 Tradition de l'Eglift
ftc furent point peché en Adam , veu,
que ny la privation de la justice , ny
la cqnvoitise n'étoient point des actions,
en Adam , 8c qu'ainsi elles ne le sont
point en nous ; 8c elles ne doivent être
en nous comme en luy que des effets
du peché ; il combattit au (Ç\ lá trans
miísion du peché par le moyen de la
generation , disant que comme si
Adam n'eût point peché , la justice
auroit été transmise non par la vertu
de la generation , mais par la íeule
volonté de Dieu , il falloit de même
trouver un autre moyen de la trans
fusion & communication du peché.
Ce qu'il explique de la sorte. Que
comme Dieu établit son alliance avec
Abraham 8c toute fa posterité t en le
faisant le pere des croyans : aussi de
même quand il dqnna la justice origi-
hclle à Adam 8c à tous ses defeendansj
il stipula avec lui au nom de tous ,
une obligation dç conserver cette ju
stice pour soi 8c pour eux par l'obíer-
Vation de son commandement j&qu'A-
dam l'ayant transgressé , il avoit per
du çette justice pour soy 8c pour les
autres , pour lesquels aussi il avoit en
couru, les mêmes peines j 8c comme
elles sont transmiíes en un çhatup?
fur U peche Oriqinet. 149
áuffi la transgresston d'Adam étoit cel
le d'un chacun de set enfans j de lui
comme de la cause , & des autres en
vertu du contract de de la stipulation,
de sorte que l'acte d'Adam qui est pe
ché actuel en lui , étant imputé aux
autres , est le peché originel , d'autant
que lui pechant , tout ic genre humaist
avoit peché.
Catarin se fondòit principalement sur
ec qu'il n'y a que l'acte volontaire qui
paisse être proprement peché , ÍC que
nulle autre chose ne peut en ceci être
volontaire , que la transgresston d'A
dam imputée à tous : & que quand S.
Paul dit , que tous ont peche en A-
dam , on ne peut entendre autre cho
se , sinon que tous ont commis le
même peché avec ltli ; il apporte pour"
exemple que si S. Paul dans l'Epistre
aux Hebreux dit que Levi avoit payé
la dixme a Melehifedech s quand A-
braham son bisayeul la payá ; de mê
me on doit dire que les descendans
d'Adam violerent le commandement
de Dieu, lors qu'Adam le tranfgrcíîa,
& ils furent rendus pecheurs en luy ,
Gomme en lui ils avoient receu la ju
stice , & qu'a:nsi , il n'étoit pasbesoirt
de recourir à l'acte de la generatio tr,
N iij
15© Tradition de FEglise
comme si cette action infectant la
chair, Fame en receût quelque infe
ction , ce qui est inconcevable com
ment un esprit peut recevoir inpreílìon
d'une chose corporelle. Il prouve ce
pacte de Dieu avec Adam par Ozée
6. par l' Ecclesiastique 4®. v. t. par
S. Augustin, & conclut que le seul
acte de la transgression d'Adam est le
peché originel d'un chacun ; qu'on
n'a jamais entendu que le peché fût au
tre chose que l'action volontaire con
tre la Loy ; enfin il ajoûte qu'encore
3u'Eve eût mangé du fruit avant A-
am , elle ne se reconnut point nue ;
cc ne fut qu'aprés le peché d'Adam,
d'où il conclut que comme le peché
d'Adam fut non feulement le sien pro»
pre mais aussi celuy d'Eve; ill'a été pa
reillement de toute sa posterité. Ii
explique auífi comment il arrive que
les enfansdes Chrétiens ont le peché
originel, parce que le pacte fut fait seu-
, lement avec Adam , & que chacun a
le peché par imputation de la transgres
sion d'Adam , avec laquelle les parens
qui engendrent n'ont rien de commun;
éc que si le fruit deftendueût été mangé
non par Adam , maispar quelqu'un de
ses deícendans , la posterité de celui»
sur le peché Originel. tjt
Cy n'en auroit point attirré de peché.
Les autres Theologiens disent ordi
nairement que ce peché n'est pas feu
lement la privation de la justice ori
ginelle, ic comme on ne definiroit
Fas bien l'orgucil la privation de
humilité, qu'elle se. conçoit mieux
en diíant que c'est un deíir dereglé
de sa propre excellence \ auífi en par
lant de peché originel , il faut mar
quer l'acte par lequel l'hommea de
sobéi' à Dicu,&s'est déterminé àdesirer
ôc à faire ce qui lui avoit étédéfendu.
L'Ecriture & S. Augustin ont sou
vent appcllé la concupiscence le peché
originel , à cause que c'est ensuite de
ce peché que nous nous portons vers
les choses sensibles. Non ergo regnet j^om. t,
peccatnm in vestro mortaii cerpare , ut
obediatis concupiscenttis vestris. Cette
concupiscence habintelle dont les a/les
font les desirs particuliers de differents
objets ; c'est ce mal habituel que S.
Paul appelle le peché: PeccAtum non Ron,, 7.
cognovi nifi perle ^em , 6c il nomme
ce peché la concupiscence: Nam con-
cupifeentiam nescìebam , nifi lexdice-
ret non concupisces . . . .peccatum sptra-
tum est in me omnem concupiseemUm.
S. Augustin parle toûjòurs comme l'E-
í$l Tradition de l'Ëglìse.
criture, que la seule infection de íi
ttb. r. concupiscence est là cause de la trans-
de n' su mission du péché. Hac concupiscentià
tt ton. qut solo /?re , 1 ts
, ex-
CU[,. òacramento regeneratton
e.13. piatur , proseBo peccati vinculumtra-
jicit in posteros. Il declare que íî quel
qu'un étoit cqnceu íans la concupis-
1{,i cence , il naîtroit sans peche, Pro in
de isti quem forte invenerìnt infantent,
non ex ilïïm hominis concupifcentià pro
creatum , illum dicant non tali pecea-
to fuijse obnoximn. Il dit que Jessus*-
Christ a été conceu fans peché, parce
qu'il est né fans la.concupiscence. Ca-
Co'itju- ro Christi contagium peccati originalis
Han. nontraxit, quia concumbentis concu-
**!, '5. pìscentiam non invenit.
il faut neanmoins convenir que lá
concupiscence n'est appellée peché que
parce qu'elle est l'effct du peché origt
nel , & la cause des pechez actuels i
c'est ainsi que S. Jacques le marque.
Jaeofc. 1. Concupifcentià cum conceperit , parìt
peccatum. Ce que S. Augustin expli-
ttb. í. que de même. VrofeBo <in his verbií
cont.îu- 1 v i.r.
Itan. partus a pAnente dtjcernt'ur : panent
« M. est concupiscentià partus peccatum :
sed concupifcentià non parìt , nifi con
ceperit j non concipit , nifi intellexerit,
hoc est admalum perpttrAndum obtime.
JitrUpechi Originel. tft
rit valuntatis ajfenfum ; La concupis-
piscence reste aprés le BaptêmejS.Paul
dit qu'il en ressentoit les impre filons.
Stntio Itgem in membris repugnantem *°m. 7.
legi mentis met.. , . caro concupifcit
adverfus fpiritum. S.Augustin decla- Gal»t |j
re auflî que la concupiícence n'est pas
peché dans ceux qui sont regenerez ,
a moins qu'ils n'y consentent. Concu. £tb< f.
.piseentia in renatïs jam nan est pecca- de nupt.
tum, p et ad illicitaepera nonconsen-
tiatur. Le Baptême, dit encore ce S.
Docteur, efface tout ce qu'il y avoit
de criminel dans nôtre naiísance , mais
il n'òte pas la concupiscence qui peut
nous porter au mal. Percìpiturin bap- ffit^.,
tifmo perfiBa novitas , & perseBafa. e. y.
ttitas ab Us mails noflris , tjuibus era-
tms rei,nsn ab iis, cunt quibus cansti-
gtnium est, ne ftmus rei. C'est ce que
le Concile de Trente a reconnu, déci
dant que la concupiscence reste dans
les baptisez pour leur être une occa
ston de merite.
Je n'ay rien di: de l'opinion d'ílli-
ricus un des Centuriatcurs de Magde-
bourg qui a écrit plusteurs ouvrages
pour établir que le peché originel est
une substtnce produite par le Demon
à son image & à sa ressemblance, 8C
154 Tradition de f Eglise
qui étoit imprimée à chaque ame à
cause du peché d'Adam , ce qui la
íbiiilloit. Mais c'est une pure rêverie;
il n'y a rien de substantiel que Dieu
n'ait produit , tout a cré fait par lui ,
& tous ses ouvrages sont bons. Vidit
tmïla qua secerat & erant valde bo
tta . . , . OmniA per ipsum fa fia funt.
Jamais Pere ny Concile n'a parlé de
cette image du Diable. Voïez Bellar-
min qui a refuté au long Topinion de
ce Protestant.
Suite de lA Traditton des Peres fur
le peehé Originel.
IL étoit necessaire de comprendre
dans la Doctrine de S. Augustin les
réponses qu'il a faits aux objections
des Pelagiens , puis qu'elles contien-
' nent tout ce qu'il y a de plus conside-
icd^AU" rablc dans les écrits de ce Pere íur le
jeandtte. peché originel. Nous parcourerons
adorai. ' presentement kS autres Peres. Je com-
tn sptr. rnenec p.tr S. Cyrille d' Alexandrie qui
k vetlt" declare que tous les hommes sont íît-
jers à la mort & à toute sorte de maux
à cause de la rmlrdiction prononcée
contre Adam. Nonne verum ejp ais,
mo .ti ohnox'tam fah~lam efìe homirium
i*b. j, naturam ex malediElo illo veterì ì Il
dit que Jesus-Christ s'est fait homme
sur U pechi Originel. t jr
afin de sanctifier nôtre nature qui étoit
corrompue par le peché ì Sed cerrup-
tam-hominis naturam author ipfe miser- . ..
tus est , caro faBus est , ut morte tole
ratâ , destrueret peccatum. ll prouve
aussi par David Ja corruption de
l'homme : Ecce in iniquitatibus concep-
tus sum .... impura ergo est natura,
ut<jUA transgresston & malediBione ,
corruptions fit obnoxia. C'est la Trans
gression d'Adam , & la malediction
de Dieu sur sa faute qui est cause que
nôtre nature est corrompue.
S. 'Isidore de Damiette rapporte
qu'on étoit persuadé de son temps que rèaeDt-
le Baptême qu'on donnoit aux petits m»tte
enfans , étoit pour effacer la tache du
peché qu'ils avoient contracté par leur
naiflance. Cur infantes baptifantur t
quidam aiant eot fpurcitiam 04m qu*
ob Adamitranfgreffionem adhumanatn
ftaturam transfusa est , eluere.Eg» ver»
hoc ^uidem etiamfieri perfuasum habeo.
Selon Julien Pomere la faute d'A
dam a attiré la malediction sur toute
fa
r posterité:
c » t il a transmis
t ,, \à rses enfans, ,.
11 JuItan'
la raute oc la petne deue a Ion peché; pomer.
Jesus-Christ est le seul qui ait été con- Jjj,be*'tta
ceu sans peché; il n'a pû ptendre leeomem?,
Eechéj mais il a subi les peines qui ciP# **
:ur çtoient deuës, afin de nous
ttê Tradition de T E^fl/e
exempter du peché & de ía peine qu íl
merite; car il est: mort seuLmenrpour
nôtre peché , ad lieu que chacun de
nous meurt pour sa propre iniquité , Sc
hon pour le peché d'un autre. Quia
Adam Vìud grave peccatUri commij!t ,
totum bumanum genus damnavit, Illt
tnlm in omnibus pojlerU culpam tránf-
mifit & pœnam. Christus autem foins
fine peccat» conceptus , culpam no-
stram fuscipere non potui<;sed desufeep-
tione Vanà nostre, Culpam nostrám abo-
levit & psenam. Me enim mortuus est
tic peccat» non fut , fed nostro " unujÇ.
quiftjHe autem nostrùm non alitno , sed
fito moriturpeccato.
p*«- S. Paulin Evêque de Noie écri-
5jef(" vant à Sevrre Sulpice, marque darts
sa Lettre que toutes nos foiblesses Sc
nos miferes viennent du peché d'A
dam qui à infecté tout le gente hu
main par fa prévarication. Pauper
ego qui adbuc terrenA imaginis fqua-
lore concretus fum , & plus de prima
quam de secundo Adam cmrnisfenfibut
& terrenit aElibus rtf,ro .... durat mi-
hi illud per A lamvirus paternum,<jnt
Hmve,-fît,ttcm generis fui pater prtvœ-
let.ricatus inficit. S. Augustin loue Saint
Paulin d'avoir reconnu par ce passage
fur lepechi Originel. IJ7
la Doctrine de l'Egliíe sur le peché
originel.
S, Leon explique la même croyance So.<
ì r 1 t1 . t » $erm. i.
cn pluueurs endrotts ; que la con- de Naú-
ceptjon de Jesus- Christ a été sainte , vtt.
parce qu'elle a été faite par l'opera-
tion du S. Esprit, 'au lieu que celle
des autres hommes n est pas ftns souil
lures; que nos parens, qui contribuent
. à nous donner la vie , nous commu
niquent austi le pcché.S/we virili se
mme editus est Chrijîus ex Virgine ,
quam non hurpanus etitus , sed Spiri
tus SanBus singelo atttflantefecun-
davit. Et cum in omnibus matribus
pon fiat fine peccati forde cenceptìo ,
h&c fala inde purgationem traxit , un-
de concepit. Ecnvant au Clergé de Ep. t};
Constantinople , il dit que depuis la
chute du premier homme à cause du
peché originel qui s'est communiqué
à ses deseendans , personne n'auroit
pû éviter d'être damné , si le Verbe
ne se fût incarné. T#lis erat omnium
à primis duBa genitoribusj;,tusa m or.
talium , ut originali peccato trarf unr
fi per prosteros , nullus petnam dam.
pationis evaderet, nifiFerbum caro fie-
ret. Il declare la necessité du, Baptême Ep-8í.
à l 'égard des petits enfans pour remet- íi^lc?t'
Ì58 Tradition de s Église
tre en eux le peché origtnel. A ftr-i
vulo recens nato usque ad decrefitum
senem , nullus prohibendtts est à. bapttf.
mo ; sed parvuli tantum vrigifudi mo-
riurttur peccato.
Tfceodo- Theodoret paroîtj d'abord avoir
parlé obscurement íùr le sujet que
nous traitons ; il semble qu'il ait vou
lu défendre le sentiment de Theodore
de Mopsueste cet ennemy declaré du
peché originel , & pour lequel il eut
tant d'estime. Vòicy la pensée de The-
doret. Dieu , dit-il , ayant crée Adam
tn ca,J raisonnable , il lui donna certains pre-
$. Ep.' ceptes, & il exigea des marques de
ad Rom. çQn obétssance envers celui qui l'avoit
creé , le menaçant de le punir s'il re-
fusoitde lui obéir : Adam fit un mau
vais usage de sa liberté , il transgreflà
le commandement que Dieu lui avoit
fait j & en punition de íâ faute il fut
sujet à la mort ; il ne put communi
quer à ses descendans qu'une chair
mortelle; c'est pour cela que nous a-
vons besoia des autres corps pour la
conservation du nôtre , il nous' faut
des alimens , des vestemens ; & com
me il est difficile de garder la mode
ration dans l'usage de ces choses , on
va dans l'excez , on tombe dans le
fter le peche Originel. tfr
peché , & par le peché on merite la
mort : ainsi la more a passé dans tous
les hommes qui pechent tous , & qui
meritent de mourir à cause de leurs
pechez. Dieit itaque Apojìolus , quod
cum Adam pecaffet , mortalisque prep-
ter peccatum faBus ejset , utrumque ad
genus permanavit. Ai omnes enim ho
mmes mors pervafit , quatenus omnes
peccaverunt. Non enim propter primi
purentis peccatwm , sed propter funm ,
unnfqutfque mortis deç/etum suseipit.
Il íembleroit que Theodoret auroit
voulu dire que la mort n'est pas mê
me la peine du peché d'Adam; & ail
leurs il paroît avancer que Dieu fit
Adam mortel en punition de sa faute,
& que c'est pour cela que les enfans
íónt sujets à la mort , aux passions ,
ôc aux foiblesses qui nous accompa
gnent : fans parler s'il leur a commu
nique son peché. Olim & à prineipio tnpf,?».
peccatum in naturam imperium obtinu-
it , quia mandati transgrejso Eva con-
ceptionem pracejst .. , . fi enim primi
parentes non peccasent , pœnam peccati
mortem non accepijpnt .... sed quoni-
ttm peccaverunt , interitui traditisur.r,
tnortales verofatti , taies procrearunt
filios j talefque itios concapiseentu &
itfò Tradition de tEglise
timores & velustates & mtroresex îr4
& invidU sccHtafnnt.
Ces pafl'ages ont leur obscurité , par
ce que Theodoret n'y explique ía pen
sée qu'à demi , ou. au moins il nc rap
porte que la moitié du sens des pasta-
ges qu'il commente ; il avoue que
Dieu punit tous les hommes à cause
du peché d'Adam , que c'est en puni
tion de cette faute que nous sommes
sujets à la mort $ mais s'il n'avoit voulu
dire que cela , cela ne sufHroit pas,
à moins qu'il ne suppose que nous
contractons aufli le peché de nos pre
miers parens j car Dieu imposant la
mort comme une peine , ne devroit
pas permettre celle des petits enfans ,
qui n'ont point commis de peché
qui merite d'estre puni de mort; si
donc ils meurent, ou si on les bap
tise aussi-tôe qu'ils sont nez, c'est à
cause qu'ils ont le peché de leur pre
mier Pere., & Theodoret se l'appelle
pas tant le peché d'Adam , que le pe
ché personnel de chacun de nous ,
parce que nous le contractons veri
tablement , & que nous en sommes
punis comme de nôtre propre faute.
tNon enim protter primi farentis yec-r
íatttm
jUrlepechi Originel. ttfr .
fatum ,sed propterfitum , Hnustjttìsquc tt*là'
tnortií decrttum fitscipit. . *om.
Il semble auffi marquer le peché "t tí. to„
originel dans son explication du Pscau-
me 50. il y reconnoîe le penchant que
nous avons au mal , la concupiscen
ce, le dereglement des passtons , com
me les suites & les effets du peché d'A
dam. Il s'explique plus clairement dan*
d'autres ouvrages : il dit que la bonté h1irr'j,
de Dieu l'emporte souvent sur sa justi- f.M.
ce, puisque selon le decret de sa ju- Cap'
stice, le premier homme ayant peché,
& ayant attiré plusteurs malheurs sur
sa posterité ; la divine misericorde
Voyant tous les hommes engagez dans
les liens du peché 8i dans la male
diction , leur a dom é J.sus-Christ
pour Sauveur , voulant que la justice
d'un seul remediât au peché de tous t
êc qu'il levât la malediction & la
condamnation que nous avions encou
rue par le peché d'un seul. Superas
benignitatis munificerttia juflitiam ì
justitìc namque decretum Cm m unus
ptccajset , univerfum getttts mòrti tra-
Âidit , divina autím misericordia, cum
emnes hamine s ejsent sub rnaledttìio , &
peccati Uqueis. ejsent irretiti , ptr n-
nius juiìitim dedit omntbus falutem.'..
O
tái Tradition de V Eglise
Cum fie ojîendifiet vnius justittam
communis peccatì remedium extitìjfe*..
fi enim cum unus peccafiít condemnœ-
tum est genus , multo itatjue justius e-
rat , e»s qui peccato subditi erantsup-
flicium subire. Ce passage servira ìt
entendre un autre , où Theodoret sem
ble dire que si l'on baptise les enfans
ce n'est pas pour remettre leur peché,
mais qne c'est comme le gage & le
tbtJ. seeau de leur salut. Non enim novacu-
C*1,' ' ' latn tantum imìtatur baptismus , pr*.
cedentîa auserens peccata. Si enim hoc
folum opns erat baptifmatis , quorsum
infantes baptifitmut , qui ptecatum non-
dum gustarunt ì Car Theodoret parle
des pechez actuels dont les enfans sont
incapables, peccatum nondum gusta
runt, puiscju'if a reconnu que tous les
hommes naissent infecter du peché.
d'Adam ; cequìl repete encore dans
Btalofj. ses Dialogues. L'Ortodoxe demande
comment la faute d'Adam a pû se
se communiquer à tout le genre hu
main; TEraniste répond en confirmant
8c en expliquant cette doctrine. Quo-
modo tioi videtur ejse justum» ut cum
jtdam fit prttceptum transgrejsus , ge-
vus qmque frimum partntem confiât*
tum fit f
sur U perhé úrigíneí. . lés
ïsichius Prestrc de Jerusalem á ex- tcjum.
pliqué tres-clairement le pecbé origi
nel ; il dit qu'on baptise les enfans
pour les purifier du peché d'Adam. Lìb
Ad hoc parvulo opus efl baptifmo , m ^vtt.
quia nemo mundus efl à forde, sordem CaP.*.
tamen quam ex Adam fucceffiene &
generatione traxit. II dit ailleurs qu'une Ltb
femme étoit impure sept jours aprés ca?. IU
avoir conccu , parce que les parens
engendrent un enfant qui est fbtiillé
du peché d'.Adam , & que David a
lui-même reconnu cette corruption.
Aiulierem septem dìebus dixit immun-
dam , quia fator immundus est , ut
pote hAres Adamì , qui per trAnsgref.
Jtonem immundus faBus tst , omne gc-
nus humanum fecit immundum .....
wnde David, in deliEîis coneepìt me
mater mta , non Çua matris peccatum
nlìquod accufant sed matrem naturam
appellans ; immunditiam peccati Ads
& Eva , in omne genus mfirum def-
tendijse fignificans.
Passons à Arnobe le jeune, on 2 Amt*,e
souvent accusé cet Auteur du Pelagia- le >eutM'
nisme , ayant avancé plusieurs propo
sitions contraires à la neceísité de la
grace , comme quand il a dit qu'il est
cn nôtre pouvoir de croire d'abord 3
Oi>
164 Tradition de T Eglise
Ps.jo. PtnS ^e mcriter la grace aprcs avoir
crû. In arbitrio est ut cPedas prias ,
utcum credideris , gratìamconftquaris.
On trouve plusteurs propositions sem
blables dans son Commentaire sut les
Pseaumesto3.to8. tzo.uí.LePape Ge-
lasedans son Synode Romain a mis les.
Ouvrages d'un Arnobc entre les Livres
Apocriphes,on croitque c'est du jeune
Arnobe dont il a vouluparler,parccqu'iI
lc nomme apres Caíuen & Faustc
qui lui ctoitfnt contemporains , plûtôt
que des Livres du Grand Arnobc Pre
cepteur de Lactance qui vivoir au troi
sième Siecle , & qui a écrit sept Li
tais, jo. vres pour juslifier nôtre Religion con
tre les Gentils. On trouve donc dans
Arnobe le jeune , qu'il semble dire
que par la naiísance nous portons
la peine impoíee par le peché d'Adam,
mais que nous n'avons pas son peché.
Non aixit David cum initjuitatibus
tonceptussnm , aut cum peccatis concept
me mater mea , sed in inifjuìtatibtít
conceptus fum , & inpeccatis concepit
me mater , dicendo matrem in fuis ini-
tjuitatibus eum concepijfe , fignavìt
(]<{:e. omne peccatom corde coneipitur ,
& ore consummatur. Hic autem qui
nascitur , sententiam Ad& habet , pec
ca.um vero suum non h»bc$\ Comra»
sur le peché Originel 1 6 t.
Arnobe a suivi la plupart des erreurs
de Pelage , je ne me mettrois pas fort
en peinî de ton autorité, s'il yavoit
quelque chose dans ses écrits de plus
formel contre le peché originel . mai»
ce paísage peut s'entendre dans un sens
Catholique, sçavoir que celui qui vient
au monde n'a point de peché propre
qu'il ait commis actuellement; il n'a
que celui qui suit la sentence que Dieu
a prononcé sur le peché d'Adam ,
c'est-à-dire il n'est coupable que du
peché du premier homme.
A l'cgard de S. Prosper un seul pas- S. P***1
sage fera voir sa conformité avec la Kespons.
Doctrine de S. Augustin , disant que ^, Caf,t"
la mort de Jesus-Christ est le seul re- objíct.
mede contre le pechc Originel que T,nee»r
tous les hommes tirent d'Adam. Con
tra VHÍms orìgmalis peccat', qtto in
uidam omnium hominum corrupta &
mortificatA naturA est , C unde omni
um concupiscentiurum morbus inohvit ,
verum ac potens . & PwË& reme-
iium est mors Fil:: Dtïjfpmim nostri
fest* Chrijìi.
Au temps du Pape Gelase , il s'é
leva un nommé Seaeque qui vouloit Sit*elafc
renouveller les erreurs de Pelage sur
le peche Originel } ôc fur la neceísité
ì6í Tradition de rEglise
de la grace , ce Pape écrivit une let
tre circulaire dans laquelle il condam
na cet heretique , & établit par l'au-
*d torité de Job , & par celle de David,
per1w-' comment le peché d'Adam s'est con*.
«», muniqué à tes descendans , par S.
Paul qui dit que nous naiísons enfans
de colere , & par Jesus-Christ qui a
déclaré que quiconque ne íëroitpas bap
tisé íèra condamné ; par les exorcif-
mes de l'Eglise avant que de baptiser,
enfin il conclut que tous ces passages
& ces exorciìmes de l'Eglife marquent
Visiblement que les enfans sont souil
lez d'une faute qu'ils n'ont pas com
mise, & qu'ils ont contractée par- leur <
naissance. Unde cum de proprìís aEti-
bus nullo reatu teneatur obstriBus , ni-
htl restat , nìfi ut foU fit vitiosk na-
tivitate poilutus ; & fi non fuerit my-
sterii christiani participatione munda-
tus , ttd vitam non potest pervenire
sempîternam. Hinc est quod exsuffijtn.
tur , & Cutechifantur infantes . ... Ce
Pape fait mention des Conciles ,. des
Evêques, & des Constitutions Impe
níes*, riales qui ont condamné les Pelagiens»
imyss. EufebeEtnissene parlant à la Sainte
ienattv. vterge, vous tçavez , lut dtt-tl , que
Dom. le Createur de toutes choies a voulu
fur le peché Originel. 16'J
naître de vous , & qu il a eiré de vous
le sang qu'il a répandu pour îa vie
du monde , & qu'il a prisde vous
dequoi payer pour vous même , parce
que personne ri'est exempt de la tache
originelle , non pas même la mere du
Redempteur. Jesus. Christ seul quoi
qu'il naine d'une mere debitrice par
elle-même , n'est point tenu 2 ía dette
de l'ancienne Loy. Initiator rerum
omnium ab te initiatur , pro mundi vi-
tâ pendendum de corpore tu» acces ie ,
ac de te efsumpfit , unde etiam pr§ te
solvat ~t a ptecati ením originalis ne-
xu nu lins immunis extitit , nec etiam
îpfa genitrix Redemptorir, folus enim
Chrijfut , licet de debitore naseatur ,
legisveteris debit0 non ttnetur.
Je choisirai feulement quelque» pas- J( Gw;
íages du Pape Gregoire , il dit que got.e
fî la grace nous rend Saints , c'est apres l9í
nôtre conception .t car dans cet état moral,
nous sommes dan6 l'iniquitê , & il Caf" "'
n'y a que Jesus-Chrift qui soit saint
dans la conception, tNos quippe & fi
sanBì efficimur , non tamen faníli con-
ctpimur ; quia natnrA corruptibilh con-
ditione constringimur, ut cum Prophet*
dicamus , ecce in iniquitatibus concep-
tus sur/i. Iíe antem folut tveraciter
1 ê% Tradition de t'Eglise.
sanBut est natus, qui ut ipsamnattt-
r& corruptibtìls conditlonem vïnceret t
ex commixtione camails copuìa non
tst conceptus. Il rcconnoh que le pe
ché originel est la cause de eoures nos
peines , de nos miseres, 5c des desirs
ttf,. t, dereglez que rtous ressentons. Qu<t
lm.Reg. tfí mater carnalis sensus , nift orìvì*
Ctp. t<- ' ,. , . ' .* ^ . <
nahs culpa ì quu ante peccatwn prtmt
hominis nulU membris HbHo inerat, sed
fìatim m ad culpam cecldit , pruritum
membforum senjìt , quia obedìentent
moturh earuis habere non potuit , yuan.
do ipsse Deo inobediens fuit. Il dit
ailleurs que si nous sommes conceus.
dans le pechc , ce n'est pas que Tacte
conjugal soie un peché , mais à cause
qu'Adam a desobéi à Dieu , son pe-
. ché s'est communiqué à ses deseen-
tn Fs. 4. , ,, , t ...
pœntt. dans . Haheo ex vetert borrnne pec-.
caturn , Ecce in Inltjultatìbus concep
tus fum. Non ideo hemlnes in peccatìt
Conclpiuntnr , qma peccatum ft conju.
gibus commlfceri ; sed quia k fiatH rr-
clitudinis primas homo peccando cor.'
rult , peccatl pœnam ad filios mijît.
fd5te., S. Isidore Evêque de Seville dit que
de Sevtl- i , ? . a.
U. la raute du premter homme s est com
muniquée à tous ses descendans , &
çomme nous sommes sumets à k more
, ' à cause
Jltr ìe pechi Originel. tfs
t cause de sa prévarication , auffi son m,, í;
peché est transmis en tous les hommes *t»te«t»
parla voye originelle. Ex primo ho-t^\'^x<'
mine in ejus filios culpapropagata est\
fient enim ex frima prevarications
per illum mors , ita & peccatum in om
ées hommes originaliter tranfit.
Gennade Prestrede Marseille expli- GenttJ
que la ceremonie d'exorciser les en- jt'Eett,
fans avant que de les baptiíer , pour »ogm.
les retirer de la puiflancedu Demon. e,p" **
Illud etiam eirca baptifandos in unìver-
so mundo Ecelefia uniformiser agit m
cum etiam parvuli non prius fontem
vitA adeant , tjuam exorcìfmis &exfuf-
fiationibus elerìcorum ffmtHS ab eit
immundus abigatur.
S. Pierre Chryfoloeue s'écrie 1 Qui *ierM
j , ° tc ji chryso-
ne gemtra pas de votr que la íauted un t„gu7e.
íèul a attiré la perte de tous les s«m,j*t<
hommîs ; que le peché d'Adam est
la cause de tous les, maux que nous
íbufrons 5 que celui qui pouvoit pro
curer tant de biens à ses enfans , pat
fa fidelité & ù. perseverance dans le
bien , leur ait attité toute forte de
malheurs par fa desobéïstancc 1 Quot
oeuhs non rtdigat in fontes , quand*
untMS lapsus extitit ruina cunBorum J
& unus culpa omnium deduxit ad fm-
%J9 Tradttion de TEglisè
nam , M parentis vitìum univtrfo ge-
neri exitinm ferule praparavit ; ipst
qui trat causa bonorum omnium , ja-
ttua fat!us est hie malorum , postent
tbfuit , qui facimre sua damnauit
mundum.
çedultut. Sedulius établit la necessité du Bap-
Êpfad'5' têmepour remetncle peché Originel
Hum. dans les enfans. Quia originali pecca-
to infantes immunts este non pojsunt ,
nifi ab ejus reatuper Christi baptifmum
refolvantur, manisestum est in Adam
ftccajse : ipso enim per peccatum çor-
rupto , omnes quos gentravit natì sunt
s f ^ Peceat0.
gínte." S. Fulgence propose la croïancc du
£A *L< Pec^ Originel comme un article de
pcrt. Foy , qu'il faut necessairement croire
», *#" pour ê:re Catholique. Firmijfime tene
& nullatenus dubites , omnem homi-
nem qui per concubitum viri & tnn-
lieris concipitur t cum peccato origina
li nasci , impietati susdit um , merti-
que fubjeElum , é eb hoc naturâ fi-
i'wm ira nasci, de quo Apostolus ait ,
cramas naturâ filii ira.
$. pesat- S. Cçsaire d'Arles, dit que Jesus-
Christ a effacé le peché Originel en
i.de ' prenant nôtre nature , & en mourant
?*s?k. pour nousf Christus peccatum origin*.
sur le pechi Originel. fji
le delevit ptr carnem Jimilem ptccati,
Ó" de peceato peccatum , id cst mor-
tem morte damnavit. Il dit encore
que Jesus-Christ a purifié les hom.,
mes du peché Originel par l'eau du
Baptême, & qu'ainsi il a détruit la
faute du premier homme. Christut
unicum av primum illud originale de-
èitum , sacri sentis undà vacuAvit ,
illud JtnguUre deliïïum primi hominit
interemh.
Je pourrois rapporter plusieurs au
tres Auteurs qui ont tous parlé com
me S. Augustin ; mais pour faire voir
combien les S S. Peres & les Theo
logiens ont été persuadez de la croy
ance du peché Originel, il n'y a qu'à
faire attention que plusieurs d'emre'eux
n'en ont excepté que Jesus-Christ seul
entre tous les hommes , sans y vouloir
comprendre sa Sainte Mere. D'autres
ont attrtbué à la Sainte Vierge d'avoir
été conceu sans peché : c'est ce que je
vais rapporter le plus brievement que
je pourray.

Pij
î Jt Tradition de FEglise

Ceux qui ont cru que Jesus -Christ


seul Avolt été conceu fans peché , &
qui rien ont point exempte la Sainte
Vterge,

IL faut ncccísaircment reconnoître


la diftcrence qu'il y a entre Jesus-
Christ ic sa Sainte Mere à l'égard
du peché Originel : C 'est un ar
ticle de Foy que Jesus-Christ à été
conceu íâns le peché, parce qu'il a
été formé dans les entrailles d'une
Vierge & par l'operatton du S. Es
prit ; mais ìa Sainte Vierge ayant été
conceuë par la voyc ordtnaire n'en
a pû être exempte que par une grace
& un privilege tout singulier , & en
core plusieurs Peres & Theologiens
n'ont pas reconnu cette faveur. En par
lant d'Ongene* de S. Ambroise , Sc
de S. Jerpme , j'ay rapporté leurs pas
sages qui disent que jeíûs-Christ est
le íeul d'entre tous les hommes qui
aft été conceu fans peché. S. Augu
stin i'a dit tant de fois, Lib. t. de
JJap. Solus Chrlstus fine peccato natut
tst , quem fine vlrlli complexu virg»
eonceplt. Sur S, Jean: Chrlstut solut
fit}t fin* peccato , solus fine macula.
furies tchè Originel. 17J
Au Livre a. du Baptême. Nullus ex-
titit homo de tjuo veraciter iìc'% pojstt
<juod nuBum babuerit omnino pteca-
tum ,excepto unoMcdiatore.hu Livre
5. contre Julien, Peccatum protoplasti
in omnes hommes per concupiscentiam
tranfit , in ìllum filum tranfite no»
fotuit , quem non ex Ma Virgo con-
cepit.
S. Leon s'est souvent expliqué dans Sctm »
les mêmes termes que S. Augustin: denattr.
Solus Christus inter homines innocen1
est natus , qui foins fine concupifcent
tia est conceptns.
S. Gregoire Pape parle de même:
Soins Christus in carne sua mundus a ub. x).
feccato extitit , qui per carnalem de Moca1'
leSlationem hue non venit.
S. Udephonsc Evêque de Tolede ou
l'Auteur du Livre de la Virginité , qui
porte son nom , prétend seulement
que la Vierge a été sanctifiée avant ,
que de naître, mais il ne parle point
de fa Conception ; ildirquec'est pour
cela que l'Église fait la Festc de fa.
Nativité, parce que le peché originel
lui a été effacé dans les entratlles de
fa mere , avant que de venir au mon
de. S. Virgo mfi in vero matrisf*n-
Uifisata fuijset , minime ejus Nativi*
«^4 Tradition de l'EgliJi
tas colenda fjsef, mnc autem quod att-
toritate Eccltfia celebratur, constat
Ulam S. Nativìtatem ab omnì ortgi-
mali peccato immmem tffè. Je ne íçay
si la Feste de la Nativité de la Vier
ge se faiíbir en Espagne au temps de
S, Ildephonse , íçavoir en 667. qu'il
est mort , ce qui me feroit douter s'il
est l' Auteur de ce Livre.
Il est vrai que dans la vie de S.
rai"i i' ^e^ep'10n^e rapportée dans les Siecles
Bcnedictins,il est écrit que ce Saint or
donna de faite celebrer avec solemnitê
par toute l'Espagne la Feste de l*
Conception de la Sainte Vierge. Vn-
de etiam Feflum Conctptionis S. Aia"
ria tjho scìlicet ipsa Concepta est , ce-
lebrari ce.nstituit , & e[us eonstituth-
me ptr totamfiifpantam solemniter co
lleur. On trouve aussi dans les Loix
itk.t» des Vvisigors , que fe Roy Er-
: v'ge ^r une Loy exprès pour obliger
les Juifs de celebrer les Festes des
Chrétiens , & entre ces Feftes on y
trbuve celle de la Conception de la
Vierge. Festum SanÛa Virginis Ma
ria , tjuo gltriofa Conceptìo ejusdem
Genitricis Domim celebratnr. Mais il
faut entendre cette Loy de la Feste de
la Conception du Verbe que nou*


sur le fechè Originel. ifs
appelions l' Annonciation , qui est"
dite la Conception de la Vierge , par
ce qu elle conceu son fils en ce jour
d'une maniere toute divine , ainíî
que les Grecs dans leur Menologe :
appellent la conception de sainte Anne
le jour qu'elle conceut la sainte Viergeí
ce fut cn cette Feste que les Conciles de
Tolede faisoient celebrer en Espagne au
mois de Decembre , huit jouts avant
Noël & que S. Ildcphonse ordonna de
faire avecunsolemntté.
Dans Sermon attribué à Ëusebèi'*e",,,.,-
_ * „ .r dtNatt».
fcmtíiene , la Vterge elt compnle au do».
rang de ceux qui sont conceu s dans
le peché ." A fcccati originalis nexu
nuìlus immunis extitìt. nec ipfa Gtni-
trix Redemftoris. tn cap.
Bede a auflt reconnu que Jcfus-Christ <, Lue'
seul avoit été conceu fans peché , par
ee qu'il est né d'une Vierge : lâto di-
ílnm est tjuoA ex tenasctxw sanElum..*
ad diflinBienem qnippe nostra fanfii-
tatis Jesus fingulariser SanElus nafei-
turus ajseritur: nos & fi SanEli ejjìci-
>nur , »o» tamen SanBi cancipimur ;
quad iffa natura corruftibilis cenditio-
ne constringimwr . . . . llle ergo foluí
veraciter fan Elus natus est, qui ex com.
mixtione carnalìs copuU eoneeftus mm
'st. , P iiij
* 17* Tradition de Ytgllfie
S.í Anselme déclare positivement
j*' que depuis Adam personne ne peut
hvmo. naître fans peché , & fans être íujet
•, à la damnation : & que c'est pour ce
la que l'Apôtre appelle pecheurs &
enfans de colere , les descendans d'A
dam, excepté Jessus-Christ qui est né
d'une Vierge. Nttllus ab Adam natu
raliser rtasci potest fine peccato adquoâ
setjHttur damnatio : tjuia omnes filin
Ada , exapttVirginìs Vilio t peccato-
tbfô. res & fiHos ira Apostolus prenun-
*{, tiat. Il avoit dit auparavant que la
Saiate Vierge avoit été conceuë dans
I le peché , quoique la Conception de
íôn Fils ait été tres-pure : Nam licet
iffa Christì Conceptio munda fi» , Vir-
fo tamen ipfit , unde astumpta est , m
initjuitatibus concepta est , & in pec-
tatis concepit eam mater ejus t & cum
originali peccato nata est. Cela se trou
ve repete en plusieurs endroits de S.
Anselme , cc qui fait voir que l' Ou
vrage intitulé Miracula de test* Con-
ceptionis n'est point de ce Saint , non
plus que le Li^re , De exordio huma
ntfalutis. quoi qu'on les lui attribue.
On voit que ce fut dans l'onziémc
& dans le douziém; siecle qu'on com
mença à disputer fortement fur h,
sur le ftchi Originel. 177
Conception de la Vierge. S. Bernard
ayant appris que l'Eglise de Lyon en
faisoit la Feste par une devotion sin
guliere, écrivit aux Chanoines de cette
Eglise une tres- belle Lettre, n'ap
prouvant pas qu'ils fissent cette Feste
avant que l'Eglise se fût expliquée sur Ip.a<1
ce sujet ; il dit entr'autres , qu'encore Lugdunt
qu on punie crotre que la Satnte Vterge
à été sanctifiée dans le ventre de fa -
Mere , ainsi que Jean-Baptiste , ou
/cremie: on doit convenir qu'il n'y
a aucun enfant des hommes qui ait
été conceu sans péché , & que Jesus-
Christ est le seul à qui ce privilege
à été accordé. Etfi qulbusdam vel
fmcls fillorum hominum dutum fit eum
fanBitate nasci ; nulli t*men donatum
est cum funBitate conclplt Ht uni fan*
faníliservMretur prorogative coneept hs,
ejkl ormes fanSlificaret ; foins abfque
feccato venltns pnrgatlonem faceret
pecc.ttorum. Soins itaque Dominusest
dt Splrltu Santìe concept* s , tjnifoins
ost In concepthne S Antins, <fho excepto,
d* caterls universos ex Adam natos
peccatum refpìcit. Il leur dit que la
Sainte Vierge n'a pû estre sanctifiée
avant que d'estre conecue , parce
qu'elle n'existok pas encore ; ni danj
t*]% Tradition de t Eglise
fttb. le moment de sa conception dans le
quel elle a contracté le peché ? B.
rirto ante eonceptum sanBificari mi
nime potuit , tjHoniam nonerat ; sednee
in ipso concept» , propter peccatnm
qued inerat. Dans un Sermon de
l'Aflomption il dit que la Sainte Vier
ge a éte purifiée du peché Originel
avant que de naître. B. Mariant om-
nimedis confiat ab originali peccata
fila Dei gratia, priustfuam nafieretur,
fuijse mandatant. Dans un Sefmon de
S. Jean -Baptiste il établit la même
chose i Quicutnqtte de majsa pravari-
eatrice mundunt ingredimur , pesttnt trL
ginalis peceati nobisetemtrahimHt. So*
lus iUe tjuì peccattem nonsecitt exêi-
pitttr .... cwn omnes hontines prater
Christum in iniquitatibus conetptifint >
neminem mortaRum intra materna vis
sera legimus fanBificatum , prater Je-
remìam & S. Johannem Baptistam ,
fKamqttam de fingulari Vtrgine nu11a
fit ambiguitat.
Hugues de S. Victor prétend que
selon la Doctrine de S. Augustin,
la Vierge à contracté le peché d"A-
' dam. Chrifìi caroprius fuit in Maria
jftSeat. triginali obligata peccato, fient Ah-
fujiinits ait i fitd operation* Spiritus
Jltr le pechi Originel. ^79
SanEll antequam a Dei Verbo assume-
retur, fuit à ptccato mandata.
Le Pape Innocent II. qui vivoit s«m. <r«
en 4. dtrïa même chose. Eva 7**-
dem suit fine culpà produBa , sed flias
produxit in culpa. Virgo autem glo-
fiofa, fuit t/uidem in cuisit produBa »
ftdfilium fine eulpà produxit.
Innocent III. en 1104. dit que leSerm. è»
S.Esorit la sanctifié dans les entrailles Purt6eM
de ía Mere. Spiritut S. quidem in
Vìrgint venerat , quandt in mer»
tnatris animant ejut ab originali pecca.-
to mundavit. Honoré III. en 1116.
parle de même. Tabernaculum id efí trm. d»
B. Virgmem Altijsmut sanblìficavit, VMt6t',
quod eam in utero matris ab originali
feccato mundavit. Ce qu'il repete dans
un Sermon de l'Aflbmption. A ma
cula peceati eriginalis , auod anima
contrahit in unione ad carnem semina-
liter propagatam , quidam ex fpeciali
privilegia in uteris matrum fuerunt
tnundati ante nativitatem , utjoannes,
& Jerentias , & B. Virgo, lieet de
ipsa non habeatur exprtjstm.
Le Maître »!es Sentences croit quetnj.dîfc
selon la Doctrine des SS. Percs la»"*"" *
chair de Jesus-Christ a été íoumise au
peché., dans 1a chair de fa Merc» Sa-
t8e Traâit'un de ? Eglise
ne credi oportet juxta SanBorum at-
testationis convenientiam , ipfam car
net» Filii Deì antetjuam conciitretur ,
peccatefuijfe obnoxiam in Maria , ftent
rdìtjHa Virgints caro.
Pierre Comestot en 1145. n'étoit
Serm de Pas ^'avis qu'on ,fìt la Feste de la
t. vtrg. Conception de laVierge, disant qu'elle
n'avoit été sanctifiée du peché Ori
ginel qu'avant que de naître. Fuit
B. Pirgo cmn culpa & pana concepta,
& ideo ejus conceptio non est celebran-
da ; sed quod fuerit in utero fanais-
cata j & ab originali peccato mun»
data.
Gilbert de la Porée Evêque d»
Poitiers en 1147. dans ^es Commen
taires sur Boèce ne distingue point la
Vierge dans fa Conception d'avec lc
reste des hommes. Corpus Cbrìsti ex
Maria fumptum est , qua ftcut cateri
hommes ex primorum parentumprava-
ricatione , peccato & morti subjace.
bat.
Albert le Grand va plus loin ; il
dit que c'est combatre le sentiment de
S. Bernard, & celui des Docteurs
.de Paris, de soûtenir que la Vierge n'a
pas été conceuë avec le peché Origi
nel. Dicere B. Virgiuent von frise
sur le ptchè Ortginel. t fi
ítficeptam in peccato originali , est }.
hAresu condemnata a B. Bernardo ,dtst.g
<5» ab omnibus Magistris Parifiis. On
voir que la Faculte a changé de sen
timent íûr cette question , puis qu'au-
jourd'huyelle oblige ceux qu'elle admet
dans son Corps de deffendre l'Imma-
culée Conception.
Alexandre Alais ( Halenfis ) prou
ve fort au long que la Vierge à dûIn
contracter le peché originel, puis qu'el-sum. a.
le a été conceuë par la voye ordinaire. *"
Nec este fuit M B. Virgo a parentibus
generata carnaliter origtnale peccatttm
in fui conceptione contraheret.
S. Bonaventure non seulement
prouve que la Vierge a contracté lemt.díft.
peché Originel, mais qu'il n'avoit \£'u'.
jamais oiiy dire ni lû dans aucuns
des Peres qu'elle en eût été preser
vée. Si B. Virgo non fuijfet conceptA
in peccato originali , tune carutjfet
merito mortit ....fi ptecamm non ha-
bttijset , Christi morte redempta non
futjset , tjuod est impium. Et iieo di-
cendum quod B. Virgo conçepta fuit
in peccato originali , & <jmd ejus
fanBtfcatio subsecuta est originalis
peccati contraBionem. Hoc autem di-
stndi mtdttt est commmior , r^tiçnám
ïtt Tradition de TEglise
lUiort & securior ; communier, qui*
id sert omnes tenent ; nullus autem
invenitur dixijfe de Us Patribus quog
vidimus aní audivunus auribus nostris,
B. Virginemfuijsc ab originali ptecat»
immanent infui conceptions.
Il n'y a pcríbnne qui ne sçache que
S. Thomas a seulement reconnu que
la Sainte Vierge avoit été sanctifiée
avant que de naître , mais que dans
sa Conception elle avoit cuc le peché
Originel. B. Virgo fuit in originali
SMu.dtst. peecatato conceptA. Voyez fa Somme
j. a.t.fc 3. p. q. 17. a 2. & ailleurs. Guil-
*• laume Evêque d'Auxerre rapporte que
Maurice Evêque de Paris defFendit
de faire la Feste de la Conception
In j. l. dans son Eglise. Quia B. Virgo fuit
Summae. f'ff iumyis yíbraha secundum seminalem
rationem, & ab ee descendit per aBum
concupifcentite , contraxit in fui * con-
ceptione peccatum originale. Et prof-
ter hoc Mauritius Epifcoput tarifien-
fit prohibait , ne Festum Conceptionis
ipjtus Parijìit celebraretur.
Le Pape Innocent V. en 1160. aprej
avoir ét4bli que la Vierge a été con-
ceuë dansée peché, conclut seulement
qu'on peuY croire pieusement qu'elle
cb a été purifiée un peu aprés que lV
fur le fechi Origtnel, tíj
.tne a été unie au cotps. B. Virgofuh ,„ dst j.
'm utero matris faníìificata , non ante W
Animationem , tjuod tune grasu capax a" *
tten erat , nec in tpsa animatione ,
quoi tune originalepeccatum non eon-
traxijfet ,& fie non eguìjset univerfali
Christi Redemptione , cjuod non est di-
cendum .... sed pte credendum tjuod
eltò post animationern à peccato fuerit
. fer gratiam mundata.
Clement VI. cn 1334. dans un Ser
mon sur le premier Dimanche de l'A-
vent dit qu'il ne juge pas à propos
de faire la Fcíle de la Conception de
la Sainte Vierge , parce qu elle a été
conceuë dans peché Originel. Vide-
turmihi cjuod de Conceptione B. Vir-
ginit non debeat fieri Festum .....
(juia Conceptio Virginis non fuitfan-
ìla t ut patet per multas autorisates
fanBorum.
Guillaume Ochan Docteur de Pa
ris & Cordelier parle de même. Con
ceda tjuod B. V'trgo fuit concepta. in tnt.stn:
peccato originali , ficutfatìs patet per *st' V*
, autorisates Augustini & Anselmi
ailegatas.
j£gidius Romain Archevêque de
Bourges prétend que c'est contredire
TEcriturc & les Percs , que de sou
tf4 Tradition àt tUglife
tenir que la Vierge n'a pas eu le prf-
In *. ché Originel. B. Virgo fuit concept*
guo<Ht- <m ptce/ltg originali .. . . & dictre eam
nonfuijse ita conceptam, est contradicere
S. Scriptht* t & diblis SanBorum M
tjr diare quodnonfuerit concept* ex
libidinc nec ex concubitu parentum ,
vel auod non fuerit membnem Christi.
tnt.quod Guido Evêque de Majorque pré-
ttbct.<ju. tend que c'est s'écarter du sentiment
'" des Peres , des Docteurs , des Cano
éistes 5c principalement de S. Augu
stin, de dire que la Vierge n'a pas eu
le peché Originel. Sequendo rationes
& Autorisates SS. Fatrum, Dobloram
& Cavonum, teneo tjuod B. Virgo
fuit conceptA in peceato originali. Et
fi aliter dicerem , timerem ne me S.
uiugustimt tanquam hareticum devL
tandum diceret.
S. Antonin rapporte qu'il avoit été
revelé à Sainte Catherine deStenne que
pan.htm la Vierge avoit été conccuc aveele pc-
pe'ttaro. futfse revelatw», B. Virginem
engtn, in originali peccato fuisfe conceptam,
se* posteA ab eodem futjse mandatant.
Hugues de Ferrare sur le chap. Fir-
nìffimt. De confterat. n'approuve pas
qu'on faflè la Festede la Conception
Oc la Sainte Vierge. B. Mari* Con*
cepti»
JUr le ptchi Originel. iR 5
eeptit non debet celebrari . quia in pec-
câto conceptA est , sed postmodum fuit
fibi dimijpem peccáttum originale.
S. Raymond de Pegnafort qui a .
compilé les Decretales dit auflì que la de '
Vierge a été conceuë dam le pechc **"ii"
comme le reste des hommes , & qu'il
n'y a que Jcsus-Christ qui en a esté e-
xempt. Non fit mentio de Festo Con
ceptions B. Virginis , quia non debet
celebrari, eo tjund in peccato concept*
fit fient cateri homines s excepta unies
Christi perfona.
Durand Evêque de Mende, par- tn r»:
le que de son temps on celebroit en "°n.
quelques Eglises la Feste de la Con- putifit«
ception , & que cela étoit fondé sur
quelque revelation faite à un Abbé ,
ce qu'il rejette comme n'étant pas au-
tentique, & ajoute que la Vierge a
été conceuë dans le peché Originel ,
& qu'ainsi on ne doit point faire de
Feste de sa Conception. Quidam f
ciunt Festum de Conceptions B. Virgi
nis ... . ajserentes hoc fuisse revelatum
suidatn Abbati in naufragio constitu-
to , tjuod r amen non est authenticum :
unde pradiBum Officium non est appro-
bandum , quiA concepta fuit in peccaH
tiS Tradition de l'Egtise,
Jean Beleeh Docteur de Paris n'ap-
«*e"Ìn Prouve Pas aussi l'Office ni la Ftste
de la Conception qu'on eclebroit dc.
son temps. Festum Conceptionis B*
Virginis quidam aliquando celebra-
runt , & forte adbuc celebrant , seà
non est autentica illasestivitas, imo vi*
detur prohibenda , quia B. Virgo fuit
in originali peccato. concepta , ftent
aliì.
Prarpositivus Docteur de Paris >
fcnatfie. dans fi Somme , soutient Popint»!*
.Vwj;. de S. Thomasvque la Vierge a été san
ctifiée dan* le sein de sa meve.B^irgo-
eontraxit in fui conceptione originale
feccatum , à quofuit in utero matrit
fer fanBificationem mandata.
Jean de Poiiilly , De Polliaco,zu(&
*gtf°* Docteur de Paris condamne absolu-
Su*.Y ment comme heretique ropinion de
Tlmmaculée Conception. Videturmi-
hi quod non poffìt ab alìquopro opinton
tu tueri, sed potins pro harefi reputa-
ri, quod B. yirgo non contraxerit
feccatum originale, vel quodfùerit ab
originali peccato praservata j quia
hoc est contra S. Scripturam & contrai
dift* SS. Patrufn Augustini, Anfel-
mi, Bernardi & aliorum^ Quod ft
quis tanté Umeritatis ejfet , qui pra*
sur le peché O riginel \ í-f
fumera contra testimonia tantorum
DoBorum ajserere B. firginem non
eontraxijfe peccatum originale , certt
contra talent tanquam contra htreti-
cwn , non cum argumentis , fed «liter
videlice r cum igne ejset procedendum.
Jean de la Tourbrûlée de Turre-
crematà, Espagnol , Cardinal de S.
Sixte dans son Commenraire fur le
Chapitre Firmijfime de consecrat , rap-
{jorte comment le Concile de Bâle fk
e Decretde l'ImmaculéeConception,'
que pour lors les Legats du Pape s?éw
toient retirez' , avec la plus grande
partie des Evêques , & qu'il n'y resta
que des gens fort prévenus de cette
opinion ,, & il déclare qu'il n'a pû
estre de ce sentiment. B. Virgo fuit
concepta in peccato oríginali , tum
-quod per ftminalem propagationemah
,tsfdamo descendit , tum quod indiguit
redemptions faBâ per Ch'istum; tum
ejuod AugnRlnm-, Eusebins, Leo #
Gregorim Papa , Anfdmtts & Ber-
nardm hoc expreste dicunt : tum etiam
</uod tfuamplnrimi & fere omnes Do-
ílores excellentiffimitam in TheologiA
quant Jure, quot nos collegimut ttfque
ad nunerum centenarium , hoc tenent >;
quorum [entértnai & loca Annotavi-
Qjj,
ï88 Tradition de l Eglife
mus in libro quem fecimus de Veritate
Coneeptionis , in minoribus conjlituti
Bafilea , dttm ibi facrum celebrttntur
Cencilium pro faciendà relatiene pr»
farte affirmative , ntbis per Patres
ConciUi commisa ; quam relationem
licet nos obtulerimus , saciendam in
fublicâ congregatione , jìcut de hoc
habitant suit publicum instrumentum ,
tam tamen sacere non potuimus , quod
tjHìbusdam schismaticis , difcordiapa-
tre Diabolo premovente , intentant ibuf
in eodem Concilio plurima scandala ,
Dominis Prafidentibus Papa Eugenil
recedentibus , oportuit etiam & nos
recedere- , tum ne prafintia nostra vi-
deretur favere confins impiorum.
Cet Auteur avoit fait un Ouvrage
dans lequel il prouve par l'autorité
de plus de cent Docteurs que la Vier
ge aveit esté conceuë dans le peché ,
nuis le parti contraire empêcha ce
Livre de paroîrre.
Oh voit par ces autorisez combien
on a crû dans les derniers siecles auífi-
bien que dans les premiers , que tous
les "hommes avoient contracté le po
ché originel , puis qu'outre Jesus-
, Christ tant d'habiles gens n'ont pû
se persuader que parsonne, pas mêra^
furie pèche Originel. \tf
ftfainteMere en ait esté exempte.il faut
pourtant convenir que plusieurs Au-
theurs ttes-felebres ont cru que Dieu
en avoit preservé la Meredeson Fils; il
ne fera pas hors de propos de rapporter
leurs témoignages.
Temoignages des plus Celebres Auteur*
qui on cru que la Sainte Vierge a-
voit été preservée du peché originel.
JE trouve la question de la Con- ub 4*2
ception de la Sainte Vierge agitée £."//pet"
entre S. Augustin & Julien. Ce Pe- eontiju-
lagien lui dissoir :Si tous les hommes ltan,e*p"
contractent le peché originel , il faut
donc aufll que vous y compreniez la
Sainte Vierge , & pour lors vous lui
faites plus d'injure que Jovinien , que
S. Ambroise & S. Jerôme ont si fort
condamné. Il ne lui contestoit fa
virginité que dans son enfantement ,
Sc vous la mettez sous la puissance
du Demon par fa Conception. Jh lia-
nus dixit ; verum ut ilit ( p. Am
bra fia )infensHsJovinianus arguitur,it4
vobi comparatut aljsetvitur....llle vir-
ginitatem Mariât partus condition»
difíolvit ; tu ipsam Mariant Diabol»
nascendì conditione transcrivis. S.
VUgustio. lui repond qu'tl n'a garde
tfo Tradition de FEglise
de soumettre Marie au Demon par
(a. naissance , parce qu'elle en a esté
delivrée par la grace de la renaissan
ce. Nen trtnscribimus Muriam Dia
bolo conditions noscendi ;sed ideo qui*
conditìo folvitur gratlà rtnafcendh
Ces paroles qui ne sont pas tout à fait
claires, marquent au moins que Saint
Augustin ne vouloit pas dire que la
Sainte Vierge eût été tous la puissance
du Demon ; c'est ce qu'U exprime
ailleurs d'une autre maniere en disant
que pour le respect qui est deu à
Jesus-Christ il ne veut point entendre
ltb. de parler de fa Sainte Mere quand il s'a-.
n«ur. & gjt dc peché. Exctpâ San&a Virgin*
|rtt eap. jtf4r.ta ^ fa qHa propter bonorem Do-
mini ,f nullam prorfns , cum de pecc/ttis
Hgitur t, haberi volo qutjlionem. Voilà
lá regle & la. moderation que S. Au
gustin íe prescrivoit. C'est sur ce prin
cipe que pendant plusieurs siecles on
s'est contenté de dire aprés S. Paul &
avec toute l'Eglif", que tous les hom-
" mes avoieht peché en Adam , & nais
saient avec le peché Originel; & qu'on
n'en exceptoit que Jesus-Chnst seul
3ui a été conceu d'une maniere toute
ivine ; mais environ l'onziéme 8c
ie douzième siecle , on disputa íûr la
fítr le peche Ortgneí. tjb
Conception de la Sainrc Vierge „
fçavoir íi Dieu l'avoir preíervée de
de la rache du peché Originel j oa
vir pendant quelque temps lesefprirs
partagez fur cetre question ; maisenfia
k pieté envers la Sainte Vierge , & le
degré de grandeur où sa dignité do
Mere de D ieu Ta voit élevée ht croire
pieufemenr que Dieu l'ávoit sanctifiée
dans îe moment qu'il créa son. amc t
& ce sentiment à prévalu , les Con
ciles, les Papes les Universitez l'ont
embrafle. L'Eglisc en a fait une Feste
& un Office particulier. Cela com
mença en France dans l'Eglise de
Lyon au temps de S . Bernard , corm-
me je l'ay rapporté. Plusieurs Con
ciles d'Angletere ordonnent cette Fe-
fte. Au rreizicme siecle , la dispute
s'échaufa entre les Jacobins & les.
Cordeliers ; ceux-cy soûrenoienr avec
Jean Scor celebre Docteur par
mi eux , que la Vierge avoir esté pre
íervée du peché Originel en fa con-
cepcton , les Jacobins disoient au con
traire aprés S. Thomas qu elle avoir
esté feulement purifiée 8c sanctifiée
avant fá naiísance y les U'niversi:ez en
crerent auísi en la même dispute , 8t
quoy qu'elles se trouvassent d!abordl
tft Trádition de l'Eglise
fnrtagées , vers la fin au treizième
ìecle , celle de Paris se déclara pour
ITmtftaculéc Conception * & la Fa
culté de Theologie défendit de soute
nir ou d'avancer le contraire ; elle fie
même un Decret par lequel, elle or
donna qu'aucun ne seroit receu au de
gré de Bachelier ni à celui de Do
cteur , qu'il ne s'obligeât par ferment
de tenir & de soutenir Ce qui avoit
esté determiné par ladite Faculté tou
chant la Conception de la Vierge Ma
rie , sçavoir qu'elle avoit esté preser
vée en sa Conception de la tache
du peché Originel : ce qui fut fi
exactement observé , que du temps
du Pape Clement VII. un Jacobin
nommé Jean de Monteson ayant prê
ché que l'opinion de ceux qui exemp
tent la Vierge du peché Originel ,
estoit contraire aux principes de laFoy,
â l' Ecriture 6c à la Doctrine des Pe
res de l'Eglise : cette proposition fut
censurée par la Faculté de Paris , com
me le rapporte Guaguin au Livre 9.
de l'Histoire de France , de quoy cc
Religieux ayant appellé au Pape , le
Decret de la Faculte fut confirmé par
Sa Sainteté , & ce Religieux obligé
de se retracter publiquement dans Pa
sur le peche Originel. ï^jf
fis , de cc qu'il avoir prêché fauflcment
& avec scandale.
Le Concile de Bâle qui commença
en Fan 143t. & dura juíques en 1442.
fit un Decret celebre en faveur de
l'Immaculée Conception. Il dit qu'il
ne faut pas douter que tout ce que l'on
avance sur la dignité Sc la sublimité
de la tres-sainte Vierge , ne retourne
à l'honneur & à la louange de son
Fils , 8c que ceux qui honorent la
grace & la sainteté de cette incompa
rable Mere , ne rendent gloire au
nom adorable de celui qui l a choisie
four íà Mere , & qui pour cet effet
a sanctifiée & ornee de ses plus pré
cieux dons ; d'où il faut inferer , que
si en toutes les autres choses , l'éclair-
ciísement de la verité qui vient de
Dieu , est capable de produire de
grands merites , on les doit particulie
rement esperer tres-abondans dans ce
qui concerne la conservation de ce
Temple mystique , que la premiere
& l éternelle Verité s'est preparée
avant tous les siecles pour y faire íâ
demeure ; ce qui d'ailleurs peut en
core être fort utile pour mettre la
{jaix dans l' Eglise , & pour resoudre
es questions qui regardent la sainteté
S
»?4 Tradition de l'Egltfe
de celle par laquelle la veritable patx
a été donnée au monde. jNous ayant
donc diligemment consideré les rai-,
sons & les autorités qui ont été depuis
plusieurs annçes alleguées de part &
d'autte dans les actions publiques dç
cc Concile , $c outre cela ayant en
core fait attentton à beaucoup d'autres
fur le même sujet, 8c toutes choses
meurement pensées j nous avons de-
íni & declaré que cette Doctrine là s
qui enseigne que la glorieuse Vierge
Marie Mere de Dieu , par une specia
le faveur de Dieu & par une grace
prévenante & operante , n'a jamai$
été actuellement assujettie au peché
Originel , mais qu'elle a toûjours été
lainteSí immaculée,& par confequent
exempte de tout peché originel &
actuel ; c'est une Doctrine remplie de
pieté & conforme au culte Ecclesiasti
que & à la Foy Catholique , à la
droite raison s $c à l'Ecriture Sainte,
& que comme telle elle doit estre ap
prouvée , tenue , & suivie par tous
les Catholiques , en sorte qu'il ne soit
permis cy-aprés à auçun de prêcher
où d'enseigner le contraire. Renouvel
ant outre cela {"institution de la Festc
Sft l'hojnnctu: dç h Sainte Conception

\
sur le pechi Originel, ï jj
clc la Vierge , laquelle par une an
cienne & louable coutume est celebrée
le huitième jour de Decembre , tant
à Rome que dans les autres Eglises.
Nos igitur diligenter inspeBis autho-
ritatibus & rationibus tjua jam i
fluribus annis in public is relationibut
ex parte mriupjue doBrina , coram hac
sanílà Synoio allegata sunt , aliifaut
etiam plurimis super hac rt vijìs , <£»
maturâ confideratione penfatis , Do-
Urinam illam dijserentem gloriofam
Virginem Dei gtnitricem Mariam,
fravenìtnte & operante divini Numi-
nis gratiâ fingulari numtjuam aBua
liser subjacuijse peccato originali , seA
immunemsemper fuijse ab omni origina-
U , & aíluali culpà , sanBamque &
immaculatam : tantjuam piam & con-
son am cultui Ecelefiastico , fdei Ca-
tho lie dt , reBa rationi . & facra Scrip-
tura ab omnibus Catholìcis appreban-
damfore , tentndam & ampleBendam
definimus , & declaramus : nulliqu»
de catero licitum tjse in contrarium
pradicare i
Il faut necessairement remarquer
que le Concile ne dit pas que la Do
ctrine de rimmaculée Conception soit
un article de Foy , comme lui impu..
Rij
îj£ Tradition de l'Eglise
tent faussement les heretiques , mai*
seulement qu'elle est conforme à la:
Foy Catholique , c'est à-dire qu'on
Ja peut tenit sans aucun peril d'er
reur. Tanqnam consonam fidei Ca-

En 1476. le Pape Sixte 4. voïanr


cc consentement presque universel des
Docteurs Catholiques , & la devotion
commune des Peuples pour honorer
la Conception immaculee de la Mere?
de Dieu , fit une Constitution qui
çommence, Cmn pracelfa , dans la
quelle il dit qu'il a crû être obligé
d'exhorter tous les Fideles de loiier
Dieu , & lui rendre actions de graces
de la Conception admirable de cette
Vierge Immaculée , instituant pour cet
<effet en l'Eglise des Offices & le Sa
crifice de la Meíse , auquel il les con?
vie d'afïìster x & donne desïndulgencej)
à ceux, qui le feront.
Et comme quelques-uns continuoient
de prêcher contre çet Office & cette
Fcste , ce même Pape fit une autre
Constitution l'an 1484. qui commence
?ipsi, Grave nimìs, par laquelle il
çondamna & censura les Livres, Dis
cours , Sermons & autres contre cette
fçstej défendit de dire , pfêchçr k
fur le pechè Origmtït Î97
bu écrire telles choses , sous peine
d'excommunication dont l'absolution
ícroit reservée au Siege Apostolique'
Il s'en trouva encore qui vouloienfi
l'appeller la Feste de la Sanctification
de la Vierge , 8c non la Feste de la
Conception , 8c ce Pape fit une troi..
siém: Ordonnance , défendant sous
peine d'excommunication d'appelleE
cette Feste autrement que la Feste da
la Conception de la Sainte Vierge. Je
dirai pourtant que les Jacobins jusqu'au
commencement de notre siecle avoient
continué de l'appeller SanBificatio B.
Virginis.
Jean Juvenal des Ursins dans l'Hi-.
stoire de Charles VI, en l'an 1387,
rapporte que l'Evêquc de Paris dans
une Aísemblée solemnelle de tout sort
Clergé condamna ceux qui oseroient
prêcher ou parler contre {'Immaculés
Conception de la Sainte Vierge.
A l égard du Concile de Trente ,
aprés avoir expliqué ce que l'on doit
croire touchant le peché Originel ,
que tous les deseendans d'Adam par
la voye ordinaire de la generation,
le contractent dés le premier instant
de leur vie , 8c qu'il est effacé paf
Je Baptême , il ajoûte: Ce Saint Coq*
.198 Tradition de PEglise
cile déclare neanmoins que ce n'efï;
point son intention de comprendre
dans ce Decret, où il est parlé du pe
ché Originel, la Sainte & Immacu
lée Vierge Marie Mere de Dieu ; mais
il veut & entend qae les Constitutions
de Sixte IV. soient observées sous
les peines y contenues , qu'il renou
velle. Declarat tamen hac fantta Sy-
rtodus , non ejse sua intentionis com-
prehendere in hoc deereto , ubi de pec-
cato orìglnali agitur , Btatam & lm-
maculatam VWginem Mariam , Deì
genitricem,fed obfervandas ejse Constì-
tutiones selicis recordationis Sixti Pa
pa Quarti , fub panis in eis Constitu-
tionibus contenus , quas innovat.
Paul V. par une Bulle de l'année
\6\6, défendit expressement de soute
nir ni mettre en avant dans les Le
çons publiques , ou dans les Theses ,
l'opinion contraire à l'Immaculée
Conception j & Gregoire XV. en
1621. étendit cette défense juíqu'aux
discours éc entretiens particuliers.
On voit par toute la íûitc de ce
Traité, quelle a été la Tradition de
l'Eglise sur le peché Origineljpassons
aux peines de ce peché , & parlons
de Fétat des enfans qui meurent íans
avoir receu le Baptême.
fur le peché Originel.

Dí la reprobation da enfant morts


ptns Baptême,

Comment ? Ecriture parle de ceux qui


n'ont pas été baptifez,

IL y a peu de questions Theolo^


ques où la préoccupation ait plus
de part que quand il s'agit de l'état
des enfans mores sans Baptême les
uns les condamnent impitoyablement
à des peines & à des supplices éternelsi
d'autres plus humains , touchez de
compassion du malheur de cesenrans,
ne peuvent íe persuader qu'ils soient
traitez avec tant de rigueur pour une
faute étrangère , & même leur pro
mettent une espece de félicité : mais
comme leur sort ne dépend point de
la bonne ou mauvaise volonté que
les hommes autoient pour eux , qu ils
sont entre les mains de Dieu qui en
dispose selon les regles de sa fageíîè
& de sa justice, fans avoir egard à nô
tre severité ni à nôtre indulgence ; ce
n'est point ausst à nous à consulter les
mouvemens de nôtre cceur , ni à sui
vre la compassion que nous inspire le
jmlheur de leur état pour traiter ectte
R iiij
ioo Tradition de T Eglise
question", il fau: seulement rechercher
ce qucl'Ecriture & les SS. Peres en ont
die , & comment ils se sont expliquer
fur ce sujet : c'est uniquemerit ce que
je me propose de faire , sans prendre
tl'autre parti que de suivre celui qui
est le plus conforme à la Tradition
de l'Eglise : jc commence par l'idée
que l'Ecriture nous donne de ceux qui
n'ont pas été baptisez. Elle nous re
presente l'homme dans íâ corruption
avant que d'estre regeneré ; elle l'ap-
pelle chair & l'homme charnel. Qttoà
natum est ex carne , caro est. Inca
pable d'entrer au Roïaume des Cieux.
Non potest introire in regnum Del. Elle
le traite comme un infidel, qui n'ayant
pas receu lc Sacrement de l illumina
tion , ne croit pas en Jessus-Christ qu'il
ne connoît pas , est exclus de la vie
éternelle, & reísentira pour toujours
les effets de la colere & des vengean-
" ces de Dieu. Qhì non credit in Fille t
non videbit vitam , sed ira Dei manet
super eum. Soumis à la tyrannie da
Demon , dont il suivra les suggestions
& les exemples pernicieux, enfant
g du Diablerie/ ex patre Diabolo estis,
& destderia patrìs vestris ftcïtis,
pbjet de condamnation , n'ayant pas
sur le pechè Originel. tot
feu la Foy en Jesus-Christ: Qui non Uue tj
crediderit , condemnabitur ; comme un
mauvais arbre qui ne porte point de
bon fruit qui merite d'estre coupé
& jette au feu: Omnis arbor non fit- tí
cìens fruBum bonum , excidetur &
in ignem mìttetur. Comme des objets
de malediction , destinez au feu éter
nel, lte malediBi in ignem aternum.
Dés qu'on suppose que les enfans
meurent avec le peché O; iginel , qu'il
ne leur fera jamais remis, puisqu'il
n'y a que le Baptême qui p.:iíTe pro
duire cet eífet en cette vie , ils sont
ce vieil homme dont ptrle S. Paul qui
nedoit point esperer la gloire de Dieu.
Omna peecaverunt & destituttmurglo- R,°^i• *
rta Dei. Ils lbnt lerfs & esclaves du
peché , les ennemis de Dieu , ils ont
toujours le poché dominant cn eux ,
& une repugnance à la foy de Dieu.
Ce sonr des vases de colere destinez Sc
preparez à la damnation. Ejse vafa ira Rom
aptaad irterkum. Estant morts dans le t.7.8e»
peché, ils y marcheront pour toujours.
Feccatis mortuos ejse , <y in Us ambu
lant. Le Demon 'les lie fous sa ry-G*I*,"**
Cannie comme des enfans iníidels,4gírt
tfficaciter in filiot infidelitatis. Enfin
ce font des enfans de ía colere de Dteu,
181 Tradition de l'Egllfi
objets de sa haine & de ses vengeart-
ïfkeí. t. CCS . Eratís jtaturâ filii in' Dei. Ces
expressions sont si fortes , 5c mar- -
quent un état si déplorable , qu'il ne
faut pas estre surpris si les SS. Peres
ont parlé si positivement de la damna
tion dts enfans morts sans Baptême ;
c'est ce qu'il nous faut établir aprés
que j'auray encore rapporté quelques
passages de l' Ecriture.

Les petits enfans ne peuvent estre sau


vez s'ils meurent fans Baptême.

L 'Eglise à reconnu de tout remps


la necessité du Baptême pour estre
sauvé, en sorte que les petits enfans
ne potívant avoir le pardon du peché
Originel que par ce Sacrement , ils
doivent necessairement estre reprou
vez. Jessus-Christ a étably cette veri
té lorsqu'il a dit que personne ne peut
entrer dans le Roïaume de Dieu, si
auparavant il ne renaît par l'eau 8c
totn. j. par je ^ Esprit. Nifì tjHis renatussuerit
ex atjHa & Spiritu S anB» , non potest
introire in regnum Dei. Les Conciles
& les SS. Petes ont aussi expliqué
ce passage de la necessité du Baptême;
9a ta trouvera plusieurs preuves dans
furie ptché Originel. 203
Cet Ouvrase.
Ji . * 0 i
ajoute que ceux qut n ont potnt
eu pare à la Redemption de ] .sus-
Christ j ne peuvent entrer au Ciel ;
c'est la Doctrine de S. Paul, quenoui
n'avons la remiflion de nos pechez ,
que pat l'application de son sang qui
a éte répandu pour remettre le pe
ché. In Mo habemus Reiemptienem per Ephes. 1.
sangmnem ejus in remijsonttn peccate-
rum. C'est nous appliquer le Redemp
tion qu'il a operée sur la Croix , que
de nous donner ces Sacremens , qui
conferent la grace qui feule nous peut
justifier, comme le dit S. Augustin. tn ps ^,
Christus dlcitur redemìjse animas ser-
vorum fuarum, quoà per ipsuwfaBa ejl
remijste peccatorum. Ce Pere dit en
core que le sang de Jcíús-Christ est
la clef du Ciel ; qu'avant sa passion
les ames des Justes éeoient detenues
dans les lieux souterrains : mais que
depuis fa mort ceux qui sont sancti
fiez & purifiez vont au Ciel. Sanguis .. .
Chnjtt referavtt ntbts jamam vtta Enthyrjg
aternt ; ante pajjionem Chrifii , om- e. x,i
nes fanBorum anima in inferno tene-
bantur ; post vero pajstonemejus ascen
dant in gUriâ.
S. Paul dit encore que si on n'a été He6i
104 Traâltlòn de í Eglise
lavé dans le Sang de Jesus-Christ j ôtí
ne peut entrer au Ciel. Habemut in-
troitum fanBornm per fanguinem ejus
gui initiavit nobis vlam novam. Et S.
Gregoire expliquant ces paroles aísure
que c'étoit le peché Originel qui em-
pêchoit les hommes d'entrer au Ciel
avant Jesus-Christ,qui a institué le Sa
crement de Baptême, afin de remettre
ce peché , & de faire venir tous les
hommes avec lui. Priusquam Redemy. " .
Moral' for nofltr morte sua humani generit
pœna'n folveret , omnes etiam juflos ,
.pofl egrejsum carnìs infert.i claustra te-
nebant ; eostjue ab ingnjsu regni cœle-
stis reatus §riginalis cnlj?x prohibebat.
tn Rom, La glose ordinaire sur l'EpîcreauX
*' Romains cite un passage attribué à
S. Augustin où il est dit que ça été
le peché originel qui nous a fermé
l'entrée du Ciel , & que ça été pour,
effacer ce peché, & rétablir les hom
mes dans leur premier droit que Je
sus-Christ s'est fait homme. Totalií
clausura janmt cœlestis est originale
peccatumt qnod omnts *b Adam con-
trabnnt.
Jurlepecht Originel xQj

Comment les Pères des quatre premier»


jiecles ont parlé de rétat desenfans
morts fans Baptême.

EN parlant du peché Originel ,.j'ay


rapporté plusieurs paísages des iS.
Peres qui marquent la neceísité du
Baptême pour remettre le peché ori
ginel , & combien sont a plaindre
ceux qui meurent prive? de ce secours,
mourans dans le peché , dont ils n'ont
pû recevoir la remiísion , comme le
dit S. Justin dans son Apologie. S.
Irenée compare celui qui n'est pas «n Ap«*.
baptisé à une terre desieichée , ou à loS'
un bois sec qui n'ayant point re-
çeu la roíée du Ciel par le íacré Bap
tême , doit estrc consideré comme une
terre maudite , ou comme un bois
qu'il faut jetter au feu. Sicut arida
terra , st non ptreipiat humorem , non
fruBificat, fie & nos lignum arldum>
existentes , per lavaarum ad vítam
proficimus.
S. Clement d'Alexandrie dit quei1bt-
fans le Baptême on est dans le peché, Cap" '»
<5c íujet aux peines ' du peché dans
les tenebres & dans les miseres j
que ce Sacrement rernet nos fautes,,
5*€ Traditton de FEglise
6 nous ouvre les yeux de l'eíprít pouf
ta. t. connoître Dieu. Lavacrnm fer quod
Pedag. piccata abstergimus , quo remittuntur
Op. t. yAnA ptccatIs debentur .... qui
tingimur , absterfis peccatis \liberum
habemus Spiritus octtlum % quo qmdem
solo qttod divinum est , intuemur.
S. Athanafe assure qu'on est tou
jours sous la puiflànce du Démon ,
OH?*" tant qu'on n'a pas receu le Baptême,
*t4' ainsi que les Iíraelites étoient sous la
tyrannie de Pharaon avant qu'ils
eussent paste la mer roùge. Baptif-
mi Jîgnum erat, qttod per rubrum marc
tranfit Ifraeliticus popnlm ; & ftent
illi tranfmìfli ejsugernnt inimicorum in-
fidiat , fie baptifati liberantur à ffiri-
tuali Pharaone & t/£gyptiis Damo-
nibm.
Lìb te ^' basile parle *k m&mç '» Quomed»
Sptrtt. s. mare baptifmi typwm gerens separat à
Op. /4. pharaone , fie Uvacram a JDiabolica
tyrannide.
S. Cyrille de Jerusalem déclare net
tement qu'il est impossible d'estre sau-
Catetb. vé fans le Baptême: Si quis nonBap-,
tifatnr , fitlutem mn habet.
S. Isidore de Damiette parlant des
effets du Baptême dans les enfans »
met qu'il efface en eux le peché Ori
sur le peché Originel. 107
gínel , & les délivre des supplices &
des peines qu'ils auroient soufferts
pour ce peché. Qgafisti cur infantes ;
paptifentur ? Quidam aiunt eos fpur-
titiem eam qua ob Adami transgreffìo-
nem ad humanam naturam transfufa estt
eluere. Ego hoc fieriperfuafum habeo .>
Verum alia multa beneficia nobis con-
cefîa est , neque enim solo supplicia
exempta est natura , fid etiam supernì
regenita est.
Le Pape Sirice ordonne de ne point
differer le Baptême aux petits enfans
qui sont en quelque danger, de peur
que mourans sans ce Sacrement , ils
ne perdent le Roïaume de Dieu avec
la vie, Infantibus in tjualibtt ntcejsuiî.*
tate fan8i unda baptifmatis omni vo-
lumus celeritate fuccuri, ne ad no-
stram pernitiem tendat animarum , fi
ttegato fonte falutari , exitns de facu-
lo , & Regnum perdat & vttam.
S. Ambroise assure que tous ceux
qui meurent avec le pechc Originel
font damnez , n'ayant pas été regene
rez par le sang de Jefus-Christ qui
seul peut effacer cette tache. Venitub.
Deminus ut folveret optra Diaboli ,EP.
tjf falvart quoâ perierat : manisestum
est omntt in Adam darma\ioni$ obm%
'toi Tradition dt FEgllso
xios ejse , nifi in Chriffo libtratl fut^
rint renascetrdo.
Je pourrois ajouter plusieurs autreá
paflages qui dkent la même chose.
& S. Irenée aísure qu'on ne peut estre
p», /' gueri ni purifié de la tache du peche
d'Adam , si on n'a la Foy de Jesus-
Christ, Non aliter falvari hommet
ab antiquâ serpentis plagâ , nifi cre-
dant in eum , quisecundum fimilitu-
dlnem carnìs peccati , in ligno mar
tyr» exaltatur à terra. Selon le mê
me Pere on ne peut estre sauvé que
tìb. f. par la grace de Jesus-Christ. Impojfi.
P.P' 10. yiif erat ut jaiHUm perdstret htma
qui fub peccato ceciderat , que à ope
rants est Filins Dei. Selon S. GreJ
goire de Nazianze on est mort en
Adam jusqu'à ce qu'on soit vivifié en
Jesus-Christ. In veteri Adamomortui
fumus , donec in Christo refurgamus
Si gustus condemnavit , quanto magis
Christi Paffto justifictvit i On a me
rité la damnation par le peché du
premier homme, dit S. Chrysostome:
Hom .to. ^fudldum quidem ex unoin condemna-
Xom. ttonem , att Apojtolus ; quta hoc Jtbt
vultì nempe quod & mortem & con-
demnationem unum quidem in omnet
afferrc potuit. Non feulement on est
dépouillé
sur le peché Originel. 209
dépouillé de îa grace , mais on est
couvert de playes comme le malade
qui alloit à Jericho , selon S. Am
broise, & l'on n'est guery de ses bles
sures que par l'application du sang de
Jcsus-Christ qui est le vray Samari
tain. Cave ne ante ttuderis , fient A- J^*''1"
dam nudatus est , mandati cale/lis cu-
Jlodiâ de(litutu s , ©" ex u tut fidei ve-
stlment* , & fte lethale vulnut acee-
fit , in que omne genus eccìdijset ha-
tnanum , mfi Samarìtanus Me defeen.
dens , vainera ejus acerba curafpt.
C'est reconnoître que lc Baptême n'est
pas necessaire pour estre sauvé , si
les enfans qui meurent fans ce Sa
crement ne sont pts reprouvez , dit
Innocent I. Qui parvulos alern* vitA
pramiis , abfque baptifmatis gratta do-
ttari pnjp desendant , ipsum baptlfmum
Vftte ca/fare mihi videntur , cum pra-
dicant hos habere , tjuod in eos non nifi
taptifmate credltur conserendum.
Il paroîe par tous ces passages que
les petits enfans qui meurent íans
Baptême , n'ayant ni la Foy de Jesus-
Christ, ni sa grace, ni l'application
de son sang, ní aucuns de ces Sa-
cremens, ne peuvent estre consideres
que comme exclus du Royaume de
il 6 Tradition de FÈdise
Dieu , & mis au rang des reprouvez;
& qu'à l'égard des peines qu'ils íouf-
frenr,les Peres ne les ont pas distingué
des autres reprouvez ; il n'y a que S.
Gregoire de Nazianze qui semblé di-
Çm.40. re qUe j)jeLJ ne jes pUmra pas Je la
peine du feu ; Car ce Pere considerant
les differentes manieres dont Dieu
punira ceux qui n'auront pas receu le
Baptême, parle de ceux qui n'ont pû
le recevoir ou parce qu'on ne le leur a
pas donné dans leur enfance , ou à
cause de quelque accident inopiné , ôc
dit qu'ils ne feront ni punis ni recom
pensez. Nec ctlesti gloriâ t nec sup-
flkiis à justojudìce afficientur. Mais
5. Gregoire veut dire feulement que
les enftns ne feront pas punis pour
n'avoir pas receu le Baptême , puis
qu'il n'étoit pas en leur pouvoir de se
le procurer ; mais ils le feront pour
le peché avec lequel ils sont nez , &
à cause duquel ils sont mons devant
Dieu , & objets de sa colere. Peut être
aussi que S. Gregoire cherchant à ex
cuser Us enfat:s qu' meurent sans Bap
tême , n'a prétendu autre chose sinon
qu'ils ne feroient pts punis comme les
adulre", : que le supplices de ceux-cy
seront plus giands à cause du nombre
sur le pechi Originel. 1 rj
íC dela'gricveté de leurs pechczjtctuels,
& que les peines des enfans feront
moindres, & comme parle S. Augu
stin j leur damnation sera moins vio
lente. Omnium damnations mitijsmk).
Je veux encore ajouter aux Pcres
Grees l" Auteur des Questions & des
Réponses aux Orthodoxes entre les Qnjst.j*
Ouvrages de S.Justin, qui met cette
difference entre ceux qui meurent aprés
le Baptême» &c ceux qui n'ont pas
receu ce Sacrement, que ceux- cy íone
exclus de tous les biens que Dieu a
promis à ceux qui auront été baptisez .
Cet Auteur ne parle pas des peines ny
des íupplices qu'ils souffriront , outre
la privation de la gloire éternelle:
Hoc discrimen est tnter baptifatos, &
non baptifatos parvulos , quod bapti-
fati bona iV.atjtts. per baptifmum rra-
huntur , obtinent , baptìfmo vero ca
rêmes , non obtintnt.

La DoBrine de S. Angu^in suri'état


des enfans morts fans Baptême , avec
l'histoirede tout te qui s' est pajfé de
son temps fur cette question.

CE fut au temps de S. Augustin


que la question que nous trai:
S ij
kit TrAiWmieVEglise
tons fut fort agitée ; les PelagíerlS Si
trusteurs autres personnes se donnerent
a liberté de dogmatiser sur ce que
devenoient les petits enfans morts fans
Baptême ; &: pour lors on s'expliqua
d'une maniere plus claire que l'on n'a-
voit fait jusqu'à lors ; si bien que pour
íçavoir quel a été le vray sentiment
de l' Eglise sur ce sujet , on doit s'en
tenir a eeque les SS. Peres en ont
écrit depuis l'héresit; de Pelage. S.
Augustin lui-même s'est expliqué d'uw
ne manicre plus exacte depuis ces he
retiques ; car auparavant s'étant fait
demander où feront les petits enfans;
qui n'ont ni merite ni demerite , com
me Dieu ne fait rien d'inudble „
& que toute chose trouve sa place
dans l'ordre qu'il a mis dans le mon
de ; il repond qu'ils ne feront ny pu-
îáb1et.'» nisni recompeníez, parce qu'ils n'ont
atbte. fait ni bien ni mal t & qu'on peut
Caf' s'imtginer un état qui tienne le mi
lieu entre faire le bien & commettre
le peché } qu'on p;ut se representer
Die t jugeant des gens qui t*e meritent
ni supplice ni recompense. Non tni n
metnendum tst , ne vìta powerit ejsl
meáui quAdam irtter reUe fafinm «í3
fur U peehi Originel. atj
ìjue ftccatum : & finttntìe judicit
media tjp nenpojstt inter pramium
etque suppliciant. U semblctoit que S.
Augustin aurou corrigé ce sentiment
dans 1 1 suite , puisqu'tl parle bien plus
positivement de la damnation des en-
fans ; la plûpart des qu-stions meri
tent d'estre agitées pour estre bien é-
claircics , & on peut s'aísurer du sen
timent d'un Auteur quand il a éxami-
jté une chose ass. z long-temps , qu'il
a répondu aux difficultcz qu'on lui
a proposé , & qu'il a defrendu juíqu'à
la mort une verité d'une manierc forte
& constante. C'est ainsi que S. Au
gustin a parlé depuis de la damnation
des enfans morts fans Baptême ; peut-
être auísi que S . Augustin distinguant
l'ceat des enfans Ai ceux qui font morts
dans la grace ou avec le peché , fans
determiner quel est cet état , si l'on
y souffre ou non , a seulement vou
lu dire que dans le gente de la dam
nation il y a une eípece particuliere
.pour ceux qui n'ont merité aucune ré
compense , ni aucun supplice poux
leurs pechez actuels , ou pour Lurs
actions propres & personnelles, tels
que sont les petits enfans , mais «'ils
jbs font pas. punis pour leurs propres
114 Tradition de tEgltfi
iniquitez , ils le seront pour le peché
d'Adam qu'ils onr contracté par leur
naiísance; ainst il y auroit un milieu
enrre une bonne œuvre & un peché
•ctuel , & l'originel ; comme il y
auroit une grande dtfference entre ré
compenser une bonne action & punit
un crime ; parce que les petits enfaru
dont parle íaint Augustin , n'ont ny
l'un ny l'autre , n'ayant qu'un peché
étranger qu'ils ont contracté } & non
qu'ils l'ayent commis. Mais laissons -
la ce passage & consultons les autres
écrits de saint Augustin.
Ce Saint établissant la neceísité du
Baptême pour remettre le peché Ori
ginel dans les enfans , concluoit que
ceux qui mourroient sans avoir receu
ce Sacrement , ne seroient jamtis sau
vez , puisque selon s Ecriture on ne
peut entrer dans le Royaume des
Cieux, si on n'est regeneré de l'cau
& de l'efprit ; cela donna occasion
à Pelage de distinguer deux sortes d'é
tats en l'autre vie , l'un appellé le
Roïaume des Cieux , & l'autre la
vie éternelle ; & comme cet heretique
ne pouvoit pas contredire les paroles
de Jesus-Christ, il soûtenok que le
Btptêm; doanoit seulem.nt droit au
sur le pechi Originel. nj
Itoïaume des Cieux, mais que ceux
qui mouroient sans Baptême jouiroient
de la vie éternelle. st 0»
S. Augustin a prouvé invincible- f,'1" dt"
ment que lelon 1 Ecrtture II n y a ìeRoïa*.
point de difference entre la vie éter- me d,°
tt 1 n t Dteud a-
nelle 5c le Royaume des Cteux; &vttlavtt
qu'ainíî cet état mitoyen émit pure-ítelnelle,
ment imaginaire & de l'invcntionde
Pelage. En effet Jesus-Christ aprés
avoir promis le Roïaume du Ciel à
ceux qui feront baptisez , ajoûte aus
si- tôt que cc Roïaume consiste à être
sauvé S>c à avoir la vie éternelle. Ut Joan. \\
omnìs tjui credit in eum non pereat ,
sed babeat vitam aternam. La recom
pense de ceux qui croient en Jesus-
Christ , c'est d'avoir la vie éternelle,
c'est de nc -point perir avec le monde,
mais d'estre sauvé par Jesus-Christ:
Vt falvuurtnundus per eum. Il assure
que celui qui ne croira pas en lui , JM»
n'aura point la vie. Qui incredulus '
est filio , nonhabebit .vitam. Il n'y a
dont point de vie à attendre pour les
enfans morts fans Baptême , puis qu'ils
n'ont point crû en Jesus-Christ. Sc
ion saim Paul la grace est la vie éter
nelle , celle-cy ne s'accorde qu'à ceux
qui ont receu la grace de Dieu. Gra- Rem. t
ftl 6 Tradition de FEglise
tia Dei vita trerna. S. Jean assure
qu'on n'a point la vie , quand on ne
croit pas au Fils , & qu'on n'a pas
pour fby le Fils de Dieu. Quinonha-
t">t",!, hetVìlitem Dti , vitAmnenh*bet. En
fin c'est une verité incontestable qu'il
n'y a point d'autre nom fous le Ciel
qui nous puiíse sauver que celui de
**' * , J..sus-Christ. Non tst alìud nome*
sub cœlo datum htminibus , in qu*
tporteat nos falves fieri.
S. Augustin déclare que la distin
ction des Pelagiens étoit une nou
veauté jusqu'alors inoiiie dans l'Egli-
se5 d'admettre une vie éternelle diffé
rente du Regne de Dieu : que selon
l'Evangile quand J. sus-Christ jugera
les hommes il les separera en deux
bandes 5 les bons feront à sa droite ,
& les médtans à fa gauche : qu'il fe
ra entrer les bons dans son Royaume;
mais que tous cenx qui n'y entreront
pas seront condamnez au feu éternel;
íì donc selon Pelage les enftns morts
fans Bap-ême ne pourront entrer dans
ce Roïaume , c'est une necesstté qu'ils
íbient reprouvez , & condamnez au
Setm.!4
ȓeVetbtt creu eternel.
, K Pnmus
_ . * htc
. . error tverpts-
_
ç»fR' ^HS *^ aurtbUs , extirpandus À menti-
" bus. Hoc nova?» in Ecclefiâ priìts inm-
d'mm
sur le peche Originel. tty
ttitum est , efft vitam xternam preter
Regnum Dei .... Venturus est Do-
minus judicaturus de vivis & mer-
tuis , duas fartes fafiurus est t dex-
teram & jinìstram. Sinistris diBurut
est , ite m ignem Aternum .... Dextrir,
venite, percipite Regnum .... tìanc Re-
gnum ntminat , kanc cum Diabolo
damnationem. Nullus reliíius est me
dius locus , ubi ponere queas infantes.' .
In dextra, ad Regnum utique sternum;
in Jinistrâ in ignem sternum ; qui non
in dextrà,proculdubio in Jinistrâ, Ergs
qui non in Regno , proculdubio in
ignem tternum .... Ecce expofuìt tì-
íi qu'tl jït Regnum & quid fit ignit
aternus ; ut quando confiteris farvulunt
non fmurum in Regno,fAtearisfuturum
in ignem tternum.
Le sentiment de S. Augustiun fut au
torisé par toute l'Eglise, & la distin
ction des Pelagiens fut universellement
condamnée. Le Concile de Diospole ctn. fi
en Palestine , decidaque les enfans qui
meurent sans Baptême ne peuvent a-
voir non feulement lc Royaume des
Cieux , mais aussi la vie éternelle.
Quod infantes non baptifati nonfolum
Regnum Cœlorum , verum etiam vitam
éternam non habtre pojftnt. Et , com- lp.:«
T
itS Tradition de l EgUfi
me lç rapporte S. Augustin dans íbíi
Epître à S, Paulin , on y condamna,
cette proposition de Pelage , que les
enfansquoi qu'ils ne soient pas bapti-
îçz, auront la vie éternelle. Infante*
tuant fi non baptisentnr, habtte vitam
aternam.
L'an les Conciles de Cartha
ge §: de Mileve condamnerent la
même doctrine \ ils firent huit Ca-.
nons contre ks erreurs des Pelagiens,
dans le troisième ils anathématisent,
ceux qui osent avancer qu'il y a
un troisième lieu particulier où les
çnfáns morts. sans Baptême vivenç
heureusement ; ils opposent à ce sen
timent les paroles de Jesus-Christ »
yul ne sent tntrer dans lt Royaume
de Dieu, s'il riest regeneré; &c que
quand l'Evangile a du qu'il y avoiç
plusieurs demeures dans la maison du
Pere Celeste , il n'a pas prétendu
marquer ce troisième lieu que les Pé
lagiens ont invente j quele Roïaunje
des Cieux n'est autre que la vie éter
nelle ; qu'on ne doit point croire que
ceux qui soat sous la puissance du
Pemon , & qui ne peuvent estre le$
coheritiers de Jeíus-Çhrist t puissent
|oij;r d? quelque bçatitude ; que qui.
fur le peche Originel. xtj|
conque est hors du Royaume de Dieu,
en est exclus , fera fans doute mis
i la gauche deJesus-Christ , au nom- conc."
bre des reprouvez. PUcuitut fiquis Mtlevtt.
dixerit , ideo dixijst dominum, in domo Un" ,
Patris mei manfiones multa funt , ut
intelligathr in Regno Cœlorum erit a-
lìquis medius, aut ullus alicubi locus ;
ubì beate vivant parvnli, qui Jtnt
baptifmo ex hac vita migrarunt , ftne
que in Regnum Cœlorum, qmd est vita
aterna , intrare non ptjsunt , anatht-
ma fit. Nan cum Domtnus dicat 0
nìfi quis renatut fiterit ex aqua dr
Spiritu 5. non intro'tbit in Regnurm
Cœlorum , quis Catholicus dubiteí
participer» Diabolifore eum , qui co
harts non meruit ejse Christ ì Qui e-
nim dextracaret, finistram proculdu-
bio incurret. U faut remarquer que
Photitfs cite ce Canon dans fa Colle-
ctkm. On le trouve auffi dans quel
ques manuscrits , & dans le Code
de l' Eglise Romaine donné par lc
Ii. Quesnel ; & il semble que S. Au
gustin parle de ce Canon , loríqu'il
dit dans ses écrits que la distinction
que les Pelagiens faissoient entre la
vie étemelle & le Royaume des
Ciewx , avoir été condamnée dans
Tij
íto Trailtìàn deVEgîìfì
un Concile d' Afrique ; neanmoins eé
Canon ne se trouve point dans l'anw
cien Code de l'Eglise d'Afrique, ni
dans celui de Denys le Petit ; je no
íçay même s'il a été connu de celui
qui a fait l'çcrit de la Grace envoyé
dans les Gaules avec l'Epîtrc du Pape
Celestin , mais il ne le cite pas , quoi
qu'il rapporte trois autres Canons de
ce Concile ., peut-être aufli que vou
lant seulement parler de lagrace,il n'a
insere que les Canons qui en avoient
établi la necesstté , íans rapporter
ceux ou celui dans lequel il hc s'a-
gissoit que des peines dont Dieu punit
èeux qui meurent fans Baptême.
Les Evêques d'Afrique ayant con,
damné» la distinction des Pelagiens ,
écrivirent au Pape Innocent I. afin
d'autoriser leur decision par le suffrage
du S. Siege. Ce Pape dans la répon
se qu'il leur fit , declare que c'eí|
une rêverie & une extravagance d'a
vancer que les enfans jouiront de la
vie éternelle quoi qu'ils meurent san?
baptême; ce qu'il prouve parce que
Jesus-Christ a dit que si on ne man
ge sa chair , on n'aura point la vie j
q"ue c'est anneantir la necessité 8c les
e'tíçt? du Baptême que d'aítribuçr §
sur le pecbi Ortginel, til
íetix qui ont éré privez de ce Sà*
crement, ce que Dieu n'a prómiS
qu'à ceux qui feròient regenerez ; que
Pelage 8t Cdlestitts ont inventé une
nouvelle maniete de parler , &£
qu'il les fâút exCommuniet s'ils ne
s attachent aux sentirrtens de l'Eglisej
Jllud quod ets vestra fraternisas affe.
rit predicaïe , parvulot vite Aternè
frtntiit i abftjue bàptifmatit gratì4
fojfe donar't , peffaìuúm efi : nifi enim
rnanducaverint carnem Filii hom'mis ,
non babebunt vitaftt ih semetipfis j
Qttì autem batte in eis fine regenera-
tione desendant , videntur mibi Ipsum
baptifma velle cajsare , cum pradi*
tant hon babere t quod in eos eredunt
ntnnìfi baptifmate conserendum. Qua-
re Pelagium Celestiumque , id est in*
ventores vocum novarum , sua va.
nifsmas consueverunt parare qHastìoner,
Ecclefiastica communion e privari t
Apostolici vigoris authoritate cense.
mus.
C'est conformément à cette Doctri..
ne que le Concile de Trente pronon- Se(f
ce anathème contre ceux qui nient que can.
le Baptême soit donné aux enfans
pour effacer le peché qu'ils onteon»
tracté d'Adam , & pour les faire en*
T ii;
itt Tradition de VEglise
trer dans la vie eternelle , & qui afïíî-'
renr qu'on peut obtenir la vie éter
nelle sans le Baptême. Si cjuis par.
vnlos recenses ab uterìs matrum bap-
tìfandas negut , etiam fifnerint à pa-
renûbus bAptifatis trtitAttt dicit in re-
tnifftonem qut dem pecratorum ets bap-
tifari ,' sed nihil ex Adam trahere o-
riginalis peceati , e/uod rtgenerationit
la vacre necefie fit expiari ad vîtan»
aternam consecjuendam t anathema fit.
t.,.. a..
sutte des _Pour revenir
_ maintenant
í.t i a à/,S. Au-t
preuves gustin , je dtrai qu tl s est servt de
de satn pl jsieurs preuves pour combattre la
dtsttnctton de la vte eternelle d avec
le Roïaume des Cieux : il repete sou
vent celle du Pape Innocent I. que
íì l'on ne peut avoir la vie qu'en man
geant la chaií de Jesu$-Christ, com
me elle ne sc donne qu'à ceux qui ont
été baptise? , c'est une neceímé de:
recevoir ce Sacrement , afin d'est»
admis à celui qui donne la vie et*
nous , & qui est le gage de la vie é-
ternelle. Delà il conclud que {es en-
fans morts sans Baptême ne pouvant
avoir la vie éternelle , J il ne leur
Ip. totf. reste que la mort éternelle. HAc au-
tem vita aterna negata , <juid nijs
mers mrn* remantbit i Que n'y aïanc
fkr te peche ÓrîglrteL 1 i\
{Joint un milieu entre Jesus-Christ 8c
e Demon , eeux qui n'appartiennent
point au Sauveur j doivent être éter
nellement avec le Diable, puisque
l' Ecriture dit que celut qui n'est pas
avec Dieu , est contre lui. Nec eft de pee.=
Ullus ulli medius locus , m p'ojfit tjfl '
nifi cum Diabolo , qui non est cmn c.p< .ft
Christs , dicente Scfiptura, qui non est
mecum , centrA me; est. AilleUrs il íe
raille des Pelagiens qui fous pretexte
de compassion pour les enfans leuc
fjromettoient au moins la vie éternel-
e, rie pouvant les faire eritrer danj
le Ciel ; vouscroïez, leur dit- il, être
officieux en ne voulatít pas ôter lá vie
à ces enfans , & tous rie pensez pas
Sue c'est vraïement les damnes que
e les exdure du Ciel ; c'est les mettre
dans un lieu d'extl', & quand ll n'y au-s
íôit autre douleui; à un homme exilé
2|Ue d'être privé de fa patrie Sc de la
bcieté de ses proches , lorsqu'il aime
tendrementees choses,conte z-vous cela
pour une legere peine ì Et c'est encore
un supplice plus grand pour Celui quí
aime fa patrie. Est - ce une lege
re peine aux hommes de ne pas desirer
le Roïaume des Cieux, &la societé de»
Saints? Ilsuuc qu'il y aitungíaná
T iií>
íi4 Tradition de FEglise
déreglement dans le cœur de ecluî
qui ne souhaite pas ces choses j que
s il les desire sans les pouvoir obtenir,
n'est-ce pas des peines & des íupplices
le plus grand ? Et S. Augustin obli-
geoit les Pelagiens selon leur distin-
Stà» ction de reconnoître le peché Origi-
nel ; car si les enfans étoient innocens,
i^d. c'étoit une injustice que de leur réíil
ier le Roïaume des Cieux , qui est
comme le patrimoine des créatures in
t<lligentes. Quare enim patrimonium
RegnìCœlorum abris Ut innocentaA tjuo
RegnumCalorum non acquiritur,profe-
50 mt^no bono fraudatur. Qua eji
ista justifiai Dictjuareì Quid esten-
dìt parvulus non baptifatus nullam ha-
htm culpam , nec de partnte tracions?
Quid ojfendìt , dicmihi, utnonintret
in Regmm Coelorum ì Videris tibi mi-
serìcors , quia non ausers ei vitam :
damnas tamen tjuem fparas à Regna
Cœlorum. Damnas non eum perçutis ,
sed in exilium mìttis. Nam & aui e-
xulant, vivunt; st Jani Junt , in dolo-
ribus corporis non funt , non torcjnen-
tur , non carceris tenebris affliguntur;
bac illisfola pana est,non efìe inpatria
51 amatnr patriatmagnapana-}st autem
tton amatur patria, pejor est cordispana.
f*rvHm malmn est in hominìs torde 4
sur le pechi Originel. ìzy
ejultton quantfoáttaum fanïlortm,q%i
nondefiderat Regnum Calorumj fi tten
defiderat, pana est de perverfitate ; st
tutem defiderat , pana est de frauda-
ta charìtate : sedfi, ejttod vis , par-
va est pana , & ipsa parva magna
est , fi nulla culpa est.
Cc S. Docteur expliquant ces pa
roles de l" Apôtre, que nous sommes
enfans de la colere par nôtre naiflan-
ce , dit que c'est meriter les vengean
ces & les supplices les plus grands
que d'être enfans de la peine ,
& de laeehenne. Vulmus & nos alLTl*?'
quando natura pin tra , Jtcut & cate- Joa».
ri; fi filii ira,filii vlndiÙa,filiî pana,
flil gehenna. Voilà l'état de ceux qui
meurent avec le peché Originel. Il
déclare l'embaras où il est de s'expli
quer sur les peines de ces enfans; a-
prés y avoir bien penfé , il ne peut les
exempter de la damnation , & dérou
tes les peines qui l'accompagnenr : Sed Ep. i*<
eum ad panas vemum est parvulorum,
ma*nis mihicrede coarBor angustìis ,
n* qmd refpmdeam prorfitt Invtnlo :
non folum eas panat dico , quas ha-
bet post banc vitam i/la damnatio, quò
necejss est trahantur , fi de corpert e-
KMrjnt fiat thristutn* graût, Sm)fa-
xté Tradition de tEglise
mento. Il proteste que dans un enfant
qui n'est pas baptisé , il y a une ta
che qui l'oblige de souffrir des sup-
tìVffc plice éeernels. Reatum tjse qui eunt
■"£*• k teneat aterni suppliât debitoretn. En-»
». }s." fìnjdit-il à Julien, vous estes obligé Atí
reconnaître que lesenfans baptisez se
ront sauvez , parce qu'ils ent crû par
la Foy de ceux qui les ont presenté
à l'Eglise j confeííéz donc aussi qu'ils
seront damnez comrn: tous Ceux qui
n'auront pas cru en Jesus-Christ , s'ils
tlb. e. meurent sans ce Sacrement. Vtlitií
Injultjtn. nolitis,.parvuloS crtdert co»fitemini in
'• Christum per corda & tra gestantiumi
trgo ad itíos ptrtinet Dtminiea Ma
sententia , qui non Credtderit sondent*
nabitur.
S. Augustin déclare cependant quff
les íuppltces de ces enfans seront les
fnehtrtd moindres .des peines de Penser. Mu
ft' 9t' tiffima omnium potna erit eorum qui
frater peccatum qnod originaliter con.
traxerunt , nullum infuser addiderant.
Que si ceux-la se trompent qui croient
qu'ils ne feront pas damnez , quoique
íéurs peines seront moindres que dans
tîb.t. je ceux qui auront des pechez actuels:
m"u.' P'test proinde re&e dici parvulos fine
bayúsmo decèdentes in damnation» m
furie fechè Originel. HJ
nium mitijsmafutur»s ; mnltum autem
fallit & fallitur , qui eas in dam-
natione phadicat non suturas. Enfin
'si selon l'Evangile ceux deSodo-.
me seront traitez avec moins de
rigueur que plusieurs autres peuples
plus obstinez & plus opiniâtr<s , on
Hoir être persuadé que Dieu agira
avec moins de severité à l'égard des
enfans qui seront damnez pour le seul
peché Originel qu'envers ceux qui au
ront encore leurs propres iniquitez. Ljb. fi
Si enim qmd de Sodomìtis ait , & u- «,"t,
tique non de folis Mis inttlligi voluit ,{jL ^
ttlius alto toltrabilïks in die judtcii pu
niesur ; quìs dubìtaverit parvulos non
baptifat os , quìfolum habent originale
feccatum , nec ullis propriis aggrs-
vantur , in dumnatìane omnium leJ
vijfîma futuros. Et comme Julien lut
objectoit qu'il auroit été plus avanta
geux pour ces enfans de ne pas naître,
puisqu'ils ne seroient venus au monde
S[ue pour être d.tmnezj S. Augustin
ui repartit , jc ne dis pas que les en
fans qui meurent fans Baptême feront
punis avec tant de rigueur qu'il leur
leroit plus expedient de n'estre pas ve
nus au monde. On peut seulement s'af-
Istrex que leurs supplices feront Le»
tl S Tradition JelÉglise
j^jj moindres de ceux que Dieu fera foui-»
«tpi 8- frir aux damnez dans Tenter. Eg9
non àìco parvulos fine Christi baptisé
mate ntórientet,tantâ pàtna efìe pleElen-
dos, Ut eìs non nafti potius expediret..*
S^uis dubitaVetit parvulos non bapti-
fatos in damnatione omnium leviffîmA
futuros ; Qua etjualis & quant» erit ,
qUamvìs deffìnire non pofftm j non ta-
men aadeo dicere , quod eis , ut nulli
tjfent , quam ut ibi ejfint , potius eX-
ptdiret. Remarquez que S. Augustin
appelle leur damnation la plus douce
... .r & la moindre en comparaison desati-.
tres damnez qui souffriront-potlr leufs
propres pechez.
Dans les Livres que S. Augustin à
fait sur l'Origine de l'Ame, il y traite
beaucoup de choses qui ont rappott
à nôtre sujet ; il fait voir que les en-
fans ne sçauroient estre sauvez que pár
le Baptême , & que l'on ne doit point
offrir de sacrifice pour ceux qui sostt
morts avant l'usage de raison sans a-
voir receu ce Sacrement : car, dit-il ,
on ne doit offrir le Corps de Jessus-
Ghrist que pour ceux qui Jsont les
membres de Jesus-Christ ; or on nc
peut estre membre de Jessus-Christ que
par le Baptême en Jefù.s-Chwst, 01»
furie pechè Originel., ïtf
fcat la mort pourj Jesus-Christ. Nifi
vaptismate in Çhristo, am morte pro
Chrísto. Il repond à l'exemple du bon
Larron en qui la Foy à suppleé le
Sacrement , §c à celui de Dinocrate
frere de Sainte Perpetue, enfant âgé
de sept ans, à qui Dieu accorda le
íalut par les prieres de cette Sainte,
comme il est dit dans les Adtes de son
martyre. A l'égard de çe dernier exem
ple , S. Augustin dit d'abord que n'é
tant point tiré d'un Livre Canonique,
il ne peut pas établir un dogme j Ôc
qu'au reste on ne sçait point si cet en
fant avoit é é bptisé ou non, Il re
fute auífi dans cetOuvrage ceux qui di
soient que les enfans étoient sauvez ou
damnez à cause du bien ou du mal
qu'ils auroient fait s'ils eussent vécu ; il
traite cette imagination de folie ; car
comment peut- on punir ou recompen
ser une personne pour des pechez ou
pour de bonnes actions qui ne sont
point & qui ne seront jamaisì Si ce
la étoit , nul baptise ne seroit jamais
cn scureté ; cat qui sçait s'il nau-
roit pas apostasie s'il eût vécu ì §c
comment accorder cela avec l'Ecritu-
re , qui dit d'un homme qu'il a été
enleve de peur que la malice de son
ijo Tradition de l'Église ,
peché nc le corrompît. Voyons les
autres Peres de l'Eglise sur nôtre
sujet.

Sentiment det Peres qui ont vécu de


puis S int Augustin ,fur l'état
des enfans nurtsfans Baptême.

LA reprobation des enfans aïant


été décidé dans les Conciles que
j'ay rapportez , on vit cela suivi par
tous les Pcres qui ont vécu depuis S.
Augustin. L' Auteurd'un Livre qui est
entre les Ouvrages de ce S. Docteur
( Author hypognostici ) * reconnoît
comme une verité Catholique qu'on
ne peut admette un troisième lieu sans
estre Pelagien ; & que les enfans é-
tant exclus du Roïaume des Cieux ,
U, . doivent necessairement estre damnez»
s'ils meurent sans Baptême. Primum
locum fides Qatholicornm divinâ au-
taritate regnum credidit ejse Cœlorum,
nnde non baptisatus excipitur. Secun-
dum gehennam , ubi omnis apostata ,
vel à Cbristi fide alierms , aternasup
plicia experittur. Tertium penitm igno-
ramns > imò non ejse in Scripturis
sanBis invenìemus. Finge Pelagiane
locum ex ojficinâ perverjî dogmatis
sur le pechi Originel, ijt
ìttl t níi alìeni a Christì gratia vitam
rtquiei 0" glor'u feflidere parvhli
ftfíint.
S. Leon ne veut pas qu'on reçoive |p. g**'
àTEglife les Pelagiens, a moins qu'ils ad Nteet,
ne protestent que les enfans morts sans
Baptême sont damnez.
En 493. un certain Seneque voulant
renonveller serreur de Pelage tou
chant le peché Originel; íe Pape Ge- Sj C*^f>
lase le refuta fart au long, &entr'autres Eptsc.pe»
il qualifie de proposition, impie & pro- pteeB'
fane de dire que les petits enfans ne
seront pas damnez pour le seul pe
ché Originel. De parvnlis quod ajsc-
rht finefacro bapttfmate prosolo origi-
ttaii peccato tten pofíe damnari. H&c
satis imfia , fmit profarta propefiti»
est. Dans cette Lettre il établit 1. qu'on
ne baptise les enfans en la remission
des pechez , que pour effacer en eux
le peché Originel -, &ç que comme or*
n'a la vie éternelle que par le Baptê
me , ceux qui sont privez de ce Sa-
çrement n'y peuvenl: parvenir, t. Que
Jesus-Christ Va déclaré en disant mê
me pour les enfans que si on ne man
ge fa chair on n'aura point la vie en,
£by : or être fans la vie éternelle ,
n.'est.çe pas être dans la mort çter-
ij t Tradition de TÊgfíse
nclle? Sine vità autem ejfe perpétua j
quid est nifi in martesempiternâ confii-
tui ? 3. Que le Roïaume des Cieux
est k même chose que la vie éternel
le, Jesus-Christ ayant dit que celui
qui ne fera pas regeneré n'entrera pat
au Roïaume des Cieux : or ne pou
voir entrer dans ce Roïaume , c'est
être puni de la damnation éternelle.
Nihil est ergo quod dicant , ejuodnon
renati infantes tantummodo inRegnum
Cœlorum ire non valeant , non autem
perpetua damnatione puniantur. Enfin
ce Pape condamne ceux qui vouloienc
admettre un troisième état entre lc
Roïaume des Cieux & la damnation,
Dicant igitur in morte perpetua con
stituti , fi non astimentur damnati ,
t»liant de medio neseio quem ipfiter-
tium quem decipiendis parvulit faciunt
heum. Ce n'est que pour trom
per les enfans & pour amuser les
fjeuples qu'on a imaginé cc troisième
ieu , & qu'on veut dtstinguer la dam
nation d'avec la mort éternelle ; qu'on
lit dans l'Evangile que ceux qui seront
à la droite ou à la gauche , seront
predestinez ou reprouvez,
c. Maxì- S. Maxime de Turin étoit dans le
me de même, sentiment puiíqu'il dit que lc
TutlB', - Baptême
fur le pechi Originel. ijj
lc Baprême retire de l'enfer , Sc
éteint les flammes qui auroient brûlé „ „
pour toujours ceux qut lerotent morts t. a=
íàns avoir receu ce Sacrement. Qua. tlteBK*
tst UU at,jua , quA confu)pit stammasí
qu* dum per haptifinum infunditur,
tartari restirtguit ardoreni ì . '. ' apud
inftros gehenna restinguitur.
Mais S. Fulgence est de tous les
anciens Peres celui qui s'est explique s. taU
plus clairement sur cette question , a- Sent*»
prés S. Augustin. Un Diacre nom»
mé Pierre , avant que d'entreprendre
le Voyage de la Terre Sainte , de
manda à S. Fulgence une regle de
Foy , pour se précautionner contre les
heresies; cc Saint lui écrivit un abre
gé de ce qu'il faut croire pour êtro
Catholique , 8c parlant des enfaní
qui meurent sans Baptême , rl dit;
Croïez fermem:nt qu'ils feront puni»
par le feu éternel -, car encore qu'ils
n'ayent point de peché propre , ils
ont contracté le peché Originel par
leur conception. íirmiflime tene t$*
nullatettHS Anb'aes , ntnfolum hominer
jam ratione mentes , vernm ttiam par-
vulos tjtti five in uteris matrum viverë
incipiunt y & ibì mtriuntHr ; ftve cmt
de mutribus nsd, [me S4cramento Can-
»J4 Traâítitn de lTEglise
íli Baptismatis , tjuod datur in nomi-
ne Patris & FUU & Spiritus SanBì,
de hoc Çachlo transeunt s ignis aterni
sempiternt supplicie puniendos. Quia
& fi propria aBionìs peccatum nullum
habuermt , originalis tamtn peccati
damnationem carnali conceptions dT
natìvitate traxerunt. Et à ía fin de
ces 44. articles de Fóy, ií lui re
commande tncore de les croire, de lçs
deffeadre & de regarder comme he
rettque tout ce qui y íéra contraire,
Hte interim cjHniraginta Capitula ad.
rtgulam vers fidei firmiffìmc pertinen-
t'te fideliser crede , fortrter tene , ve-
raciter patienterfue desende. Et Jr
quem contraria his dogmatifare cogno-
veris , tanquam pestemfuge , & tan-
tfuam hareticum abjiee.
S. Fulgence paroît avoir été fore
períuadé de ce sentiment ; il dit
3u on commence à être malheureux
és qu'on est infidel , que le peché
Originel nous fait naîre dans l'in-
fidelité , que c'est pour cela que quand
Tarn: n'auroit été qu'un jour ou ejue
l'espace d'une heure dans I * corps d u»
enftn: , c'est une neccíH.é que l'un 8C
l'autre souffre lu peine du feu éternet
dans la societé d<s Demons. Qh«!ìta$
sur le pechè Originel, ijf
tuait víte ab infidelitatt incifU , ijUi iìh. r.
áb êriginalU peccati reatu initimn fu- <k fide
mit. In quo quifquif vivere ita incL gaf Ve£*
fit , ut ante finiat vitam quant ab t.
fut obligation* fiflfatur ; fi unins diei%
vel uniut hora spath anima illa vixit
tu corsare , ntcefse est eam cum todem
COrpore interminabilia gehennasustint-
rtsupplicia, ubi Diabolus cum An-
gelitejus arfurus est in aternums qui
& pritnns peccavit , & ptecatum fri*
mus parentibuí ptrfuafit.
Ce Sairtt déclare encore que les en-
fans qui meurent fans Baptême , ne
font pas enlevez de ce monde pour
íouffrir moins dans l'autre vie ; mai»
plutôt de peur qu'ils ne fot?nt deli
vrez des peines destinées à punir leur
peché , èc que tel foin qu'ayent le9
peres d'ordonner que leurs enfans Ljfr, f.
íbierttbiaptisez , si cependant ces petits dt vers*,
meurent fans Baptême r tls leront cap. »,
condamnez au feu éternel. Parvulum
fine baptifmo decedentern non rapturm
»/ minus forqueretur , sed raptum ejse
M liberaretur.... Si vero parentum con-
fiieretur volmtas , illi qui Chrifliani
(Sutfs ut eorum filins baptifaretur , sol
licité voluernnt , instantiffìme enrave-
rum > mtequam baptisant»? , mortt
yt)
ìjá Tradition de l' Eglise
praventusaternis est ignibus deputatttf.
ttb. de Cela se prouve encore ailleurs dan»
Inearnat, s. Fuleence : Quemodo infantes fíne
te Gtat. / ° ^ ; . J.Ê
c. ». baptxfmatt mortuos aterms c ructattbut
damnat . ... & interminabiti deputat
incen dia i
s. Ptos- S. Prosper exclut de la vie éternelle
P" . non seule tnent ceux qui meurent
de tngrat &ns Baptême ; mais il dédare que
par nôtre origine nous sommes destin
nez à la mort éternelle, si nous mou
rons fans ce Sacrement. Nec quem-
tjuam in vitam aternam , rifi fonte
rtnatum , venturum ; infantefque reos
hoc munere folvi, tjuos prima ad mor—
ttm generaliser ed'tt origo.
L' Auteur du Livre de la Vocation
des Gentils entre les Ouvrages de S.
ttb. t. ProfpeV, dit que tous les enftns qui
*te voe. meurent fans Baptême panent à une
X"ìt. misere éternelle. Omnes parvuli ante
ttllum intelligenûa nftem, ante liberum
voluntatis arbìtrium , alii ad beatitu-
dinem aternam regtnerati ,' alii ad per-
Cap. 11. VetuAm wseriam transe unt non renati»
Ce même Auteur repete eela ailleurs,
que la damnation de ces enfans íëra
la m -me que celle des autres hommes.
De parvulis qulbus fine ullo b»na vo
luntatis memo in originali vmntrt
sur le perhé Ortgine!.
cum cateris martalibus causa commu
tât elí. II déclare encore qu'ils seront
damnez 8c exclus de la vie éternelle: LJj. t.;
Quid efl tjnod alienatur à sainte per- Cap. t-
petuâ tantx infantium multitude , tot-
«ut in his atatìbus hominum millia IX-
tra vitam reHnquntur aternam?
S. Cesaire d'Arles décrivant les ef
fets du Baptême dit qu'il remet lesCeíttr*
peché Originel, qu'il délivre de tous
les maux 8c suppliees éternels quié-
toient deus à cette faute, lllud finq^u- Homtf.
lare deliSlum pnmi homints interemit, p^fX.
malA immunera antìtjuis & recentìbus
vulneribus imprefsa , perpetuis gehen-
na vix expian ia supplicìis, ttrnà mer-
fione purgantur : uno memento stam-
marum pabala consumuntur, & anime
tjHét perditionì obnoxia fuerant , ill»
prima nativ'ratis ortu , falutifer» re-
ttascantur tccafa, g ~
Le Pape S. Gregoire dit qu'on ne g'0ire. ,
peut éviter les supplices destin z pour PaP'' .
le peché Originel , que par le Bap- Líb 4;
terne, h amm salwis unda nondìluit, M°r.i*
... . . Cap. t»
trtgmalts cuìpt suppltcta n»n amttttt,
Vtritas ptr se perhibet dicens, nifi juis
rena'us fuerit. Il dit ailleurs que ces
tourmens feront éternels pour ces pe
tits çnfans. NtnmUi pws a prajen
tjt Tradition de fÇgfísf
t\h, t. '* luce subtrahuntur t quartai prose*
Moral, rendtt èona malave merita aBlv A viteS
pervcniant. Quot quia k culpâ origi-
nis SacramentA salut it rnn liberant t
& hic ex proprio nihil egerunt , &
ituc ad tonnent* perveniunt . ... Per
petua quippe tonnenta percipinnt , qui
nihil ex proprià voluntate peccave-
runt.
Maxetr- Jon Maxence Auteur Grec quivi-
ttut. voie au sixième siécle , dans sa pro
fession de Foy , reconnoït que le Bap
tême délivre les enfans de la perte
& de la damnation éternelle. Prop-
terea recentes ab utero parvulos non
tan rum ut adoptionem mereantur , aut
propter Regmm Caelorum baptìfamm \
sed inremtjsonem peccatorum credimuf
baptifari, nepereant in aternum.
On trouve la même chose exprimée
AIrîrrre encore plus fortement dans le Poëme
Artte.
d'Alcime Avite fur la virginité, qu'ii
écrivit à fa sœur Fuscine . Dés qu'un
enfant cesse par îa mort d'etlre le fils
de fa m;re , il devient un enfant de
perdition ; 5c lesmeres pleurent quo£
qu'inutilement ceux qu'elles semblent
n'avoir engendré que pour être consu
mez par les flammes , parce qu'ils
font mous fans avoir reccule Baptême,
fur U peché Origtnes

Omnibus id vert gravius , fi firtr


lavacri
Divini expertes» tenerum mors invida
natum
Tracititat , dura generat um fìrte ge-
henna.
Qui mox utmatrìs ctjftvitstllus effer
ferditionis erit. Tristes tune tdit*
nolunt,
Qx*. fìammls tantum genutrunt pignon
ra matres. ~~-

Primaíîus prouve que la chair & Prtmat».


Tame étant infectés du peché d'Adam j Cif
fèronr punis tous les deux & damnés 4. Ep. ul
éternellement. Sed forte dicat aliquis, Konu
caro qu* ex travfg.estnre venit , juste
trahit originale peecatum , anima ve-
ro , tjua innocent n afeitur , mde tra
hit originale peccatum , ut finon bap
tisants infans moriatur , in aternum
damnetur > Audiat & agnofeat tjui*
magis anima pr'vnkm in Adampro <*p-
fetitu divin tatis s quàm caro pte-
cavh.
Fortunat dans la vie de S. Hiîaire Fottn*af'
parlant d'un enfanr mort fans Bap
tême , dit qu'il a perdu les biens de
ia vie presente , 8c est condamné aux
t+o Tradition de V EgVtfk
peines de l'autre. Post aliénât dies lrt-
fans fine baptìfmi regeneratione df-
funBus est , duplici morte damnatus ,
frAsentem vitam amìserat , & pœrtâ
futuri ftculi non carebat.
le t. Le 2. Concile de Braguc de l'za
■ejftie. Í71, 1UC c'e^ une necessité .que
les enfans qni meurent sans Baptême
perissent; 5/ forte dum infantes dif-
seruntur , fine gratta baptìfmi de bac
vitâ rtcejserint , necejse est ut ab Mit
eorum perditiorequiratur.
SàSiïh S- Isidore dcSevil!e Ies fait souf
frir dans l'enfer les peines destinées
pour les reprouvez, les damne pour
roûjours ; 8c dit que l'effet propre du
Baptême n'est pas de nous affranchir
des peines de cette vie presente, mais
de nous délivrer de la peine éternel
le qu'encourent ceux qui meurent sans
Ltfc. t." ce Sacrement. Pro solo reatu originali
de sum- luunt'mirìfernonv.pernatiinfantulivo:-
mo bono _J f . J s
Cap.114. nas , fi renovat 1 fer lavacrum non
fuerint , proinde Adt. causa nuperna-
tus infans , fi non regêneratur^damna-,
tur y<juta originis noxietate premitur.
Cur parvult originali peccato carentes
fer baptifmum & ttednm proprium
babentes deltftam , à bestiis pœnifqut
SAicrit Unianturî H*c causa est j
baptìfmus
fur le ptchè ùrigltftl. -i 41
ïnlmà pœna aterna, non a prafen-
tis vita fupplicìo liberat.
S. Eucher Evêque de Lyon appli- lib™*"*
que aux enfans morts fans Baptême tn c«tes,
les paroles du Prophete , que Dieu . ***
punira les prevaricateurs , parce qu'ils
font coupables de la prevarication
d'Adam. Parvuli nascuntur origina-
liter peccatores , sir eo modo funt pr*-
varicatores legis illius tjua in para-
difi data est , ut verum jît tjuoèL
fcriptum est , Et pravaricatores n-
futavit omnes peccatores terrât,
Sedulius dit que selon l' Apôtre; se^nut;
comme Jessus-Christ donne fa gracetncap.f
pour la justification de ceux qui la*dB.om-
reçoivcnt, Dieu a prononcé un ju
gement de condamnation pour ceux
qui meurent avec le peché d'Adam.
judic'urm tjuidem ex uno in condem-
nationem;de uno ergo quid,mfideliBoî
Quomodo ex uno delièlo in condemna-
tionem , nifi quia fuit ad condemna-
tionem etiam unum originale sec-
catumì Puis il ajoute que personne
n'est délivré de cette damnation que
ar lc baptême. Nullus hominum ab
Sac damnatione nift per lavacrum re
generat ionis in Christo lìberatur.
VAuteur des fausses D 1 «etales dans
X
MQt Yráàltìm dès Eglise
t'Auteur '3 quatrième Lettre qu'il attribue' à«
des pe. Pape S. Clement, recommande de
«etatet. rccourjr au Baptême f pareeque cc
Sacrement retire Tam: des peines &
des flames éternelles, & que ces eaux
ont la vertu d'éteinke le feu de
l'enfer. Baptifmus eripit de suppliciit
infirni , tjnc.fi donum quoddam ojse-
rtns De» Animas per baptìfmum con-
ftcratAS, Confngitt ad aqttts iflas t
ftittnimfftnt tjutt ptjsunt vimfnturi
ignis extìngutrt.
Photìot Photius étoit dans le même sentir
Godte |j. mentí rapp0rte sur Cc sujet le Ca
non du Concile de Milcve 8c de
Carthage dont j'ay parlé ci-dessus^
pour condamner ceux qui admet-
toient un troisième lieu en faveur des
enfans morts fansBaptême;&lis refute
par ce Canon , comme les Conciles
avoient fait à Têtard des Pclagiens,
s. Ansel- S. Anselme ( Lib. de Conceptu
. Originali Cap. 27 J. dit que si lç
peché Originel est un peché , c'est
úne neceísité que ceux qui meurent
ávec cette rache soient damnez. Si
Ortginale peccatum est aliquod peccM-
tum , necelfe est omnem hominem i*
to natttm , Mo non dimijfo , damaa-
t.ftent, rL Sw Bernard f Ep. t<u. ad Inno
fkr U peehi Originel. Xty
«ent.^ déclare que les enfans qui "
ttteurent fans Baptême , periront.
Infantes perire fi non baptisentur.
H,guede S. Vrctor f Tract.
de Sacram. Bapt. Cap.fi. ) prouve de &. Vte-
que selon S. Augustin les enfans qui t°1'»
n'ont point é;é baptisez feront dam- ,
nezi Quetritur de parvulis , fuifine
baptifmate moriuntur , non ex con-
temptH relìgionìs , sed quia non poteft
Jkccurri Us neceffìtatc aliquâ , Ht rum
falventur j Adquod dicitur quoi non Líb j.
falventur , ut multis in locis ostendit deAntm»
jÍHgufiïnm. Ce qu'il repere ailleurs: c,f"
Si aliqui fub peccato gtniti obeunt
farvuli ab tjne remeàio salutari , per-
timtsce juflit'wm Dei qui nihil debtt
alicni,sed damnat in fingulis malum,
quod non secit in eis.
Le Maître des Sentences prouve la
meme choie par pluhcurs atrorttcz. ire j«
Parvulisnm fuffiàt fides Ecctefiafi- Seme»-
neSacramente,quìA fi abaque baptìfmo "b. 4.
fuennt defuntli.eiam cum deseruntur^. 4-
ad baptìfnum, damnabuntur . multis
fient SS. autoritatìbus comprobatur.
Enfin le Concile d-. Florence dé
clare que les ames de ceux qui mou- s& tU
tent avec le peché mortel , ou feu
lement avec ì'originel, vont en enfer
Xij
f'm Tradition deîEglipt
poury estre punis, quoi que Jeutt pet*
pes soient inégales, lllorum Anima»
qui in aíluali peccato <vel solo orig'u
ttali deçedunt mox Itt insernum des-,
cendere , punis tamen dijparibus pu.
viendas. Et j'ay déja rapporté le Con*
cile de Trente qui déclare préciser-
ment qu'ils n'auront point la. vie
éternelle.
fjçs opinions de quelques Scolastiques
& Theologiens des derniers fiecles
fur fétat des enfans morts fans
Baptême.
ON ne peut assez se plaindre
de la maniere que plusieurs
Scolastiques ont entrepris d'expliquer
Ja question que nou,s traitons , puis,
que suivant leurs opinions particu
liers j ils se sont si fort écartez de la
Tradition desSS. Peres. Jufquà pre
sent, nous avons veu que tous d'un
commun consentement ont décidé la
damnation & la reprobation des
enfans morts fans Baptême ; main
tenant nous allons voir des gens
dogmatiser íûr cet état, & proposer
leurs rêveries & leurs imaginations
íans se soucier des Augustins , dej
Conciles , % de? décisions 4e \%rî
fur ìe fiche Òrlgìnel i+f
glise. J'ay déjt rapporté qu'au rernpá
de S. Augustin il le trouva un cer-.
tain Vincent qui croïoi t le peché O-.
riginel , fie qui cependant avançoií
que les enfans rmrts fans Baptêmd
iroient aux Royaume des Cieux. S. r ,
Augustin Ic refuta dans fes Livres dd
l'Otiginedc l'Ame.
Les Pelagiens ne furent pâs si har- tíb.t.t4
dis.) ils excluoient ces enfans du Ltb. t•
Royaume des Cieux , leur promettant p" ''»
seulement la vie éternelle, Nam etiam
jinon daptisentur, ptomittum eh ex. V*res"
tra ejmiem Regnum Dei , sed tamenat.'
tternam & beatam quamaant vitum
suant , comme le rapporte S. Augu
stin 5 & ils furent condamnez com»
me nous l'avons veU,
Pierre Lombard, auwement dit le ^»
Maître des Sentences, supposant avec Dtst. u;
lesPeres la reprobation de ces enfans,
l'explique seulement de ce qu'ils se
ront privez de la vue de Dieu ; maiá
il ne veut pas qu'ils souffrent lc feu
ni les autres tourmens de l'enfer j il
aj'oûte seulement qu'ils auront unei
vraye douleur interieure, 8c un regrec
d'avoir perdu la beatitude , & de ne.
pouvoir voir Dieu. *
S. Thomai semble dire qu'ils sej
X iij
" |4* " Trâdìtion de f "Eglise
ÇaxH. rónt punis dans Penser de la Mots
it Malo éternelle , mais qu'ils ne souffriront
'" aucune douleur ni interieure nr exte
rieure d'estre privez de la veuë de
Dieu;,
Serm.de Crson
. . , est venu jusqu'à cette ex-
Natvtt. tremtte , que de dtre que Dteuf
pïuvoit ftíre miíericord; à ce? en-
'*'ifans , & les (iu&ifht pat miracle
avant que de naîerejoríqu'il prevoiois
, " ' qu'ils mourroiene fans Baptême. II
ex. i e mê ne#les fcmnrcs enceinte»
à demander à Dieu: cette grace pour
leurs enfins , que comme il est le
Souverain Prestre de son Eglise, dont
1a puiíïahce n'est point attachée à ce
Sacrement, il veuille les consacrer
pa r f à mi i cri cord zDttem miserìçnrdiatm
falv/ttìonis sua non ita legibus com-
mur.ibus ac Sacrantentis atligaffe T
quin abftjtte prtjudïcío legis ejusdem
fojstt putros nondtem natos extra u-
ternm fanBificare gtati* sua bap-
tìsmo , velvirtHte Spiritus Sartíli..,
Áfatres hortamur ut d'ûigenter orent
Deum & Angelot ac SanEl&s & San-
ílat , <fuattnm infans mninm natus,
fiforte morìturus est , prius tjaam ad
baptismi fiuminis gratiam pervenire
Vóleat , iìgnemr ipfum Dom'mus fe^
sur lepechè Originel. 247
sus fummus Pontifex baptisrno Spiri.
tus SttnBi pr&veniendo mtsericordi-
ter consecrare. Quis tnìtn scit , fifor^
te exaudiat Deus ? Imo quis rion de-
ttotiut sperare VAleat, quodoratiottem
humilium & in fesperanttum negua-
qttam dtspìciat?
Gabriel Biel a eu la meme pert- rn ;
fée , croïant qu'il étoit convenable Dtst. 4.
tTattribuer cela à la misericorde di- *
vine , de ne pas punir ceux qui n'ont
point peché par leur propre faute.
Dans l'Hiiloire du Concile de
Trente , on y voit que les Domini
cains pretendoient que les enfans de
meureroient dans desLimbes ou lieu*
souterrains , fans y souffrir le suppli
ce du feu ; les Cordeliers les faisoient
vivre sur la terre 5c dans un lien
éclairé de la lumiere : d'aunes avattf
çoìent que ces enfcns philoso
pheroient , s'oecupans de la connois,
fance des Sciences Sc des Arts,
Catarin mêmeajoûtoit qu'ils feroient
visitez & consolez par les Anges &C
par les Saints bienheureux. Paludani
a crû qu'aprés la Resurrection ge- m4 cîst
nerale , la clarté du soleil penetrera 4*' su.t<
jusqu'aux Limbes des petits enfans ôç
qu'ils jouiront de ia lumiere danscç
TrAdition de FEglife
lieu. Salmerûn prétend qu'ils íëronr
fur la terre comme dans un Paradis
terrestre , s'oecupant de sciences ôc
de recherches curieuses ; qu'ils con
templeront Dieu dans ses Ouvrages ,
.qu'ils l'aimeront & le loueront.
Lestats établit que scion S .Thomas,
díatVet- Scot j Marsilius, & d'autres Schola-
but.t.ij. stiques , ces enfans comparoîtront au
jour du Jugement , qu'ils y seront
condamnez à la peine du dam , qui
est la privacion de la vûc de Dieu ;
tmis que comme la nature fera pouc
lors renouvellée Sc danssa perfection,
ils feront austì perfectionnez dans
leur entendement , & dans les autres
facultez naturelles ; si bien qu'étant
contens de leur sort, sans en desirer
un plus parfait , ils vivront ensemble
dans la joie Sc dans une union 8c
concorde parfaite, aimant Dieu 8c
le loiitnt d; ce qu'il les a preserver
du peché actuel , & des peines de
l'enfer, & de ce qu'il leur a accorde
tant de talens & de faveurs naturel
les ; qu'ils pourront même voir les
Anges , & glorifier Dieu leur Crea-
,' teur j autrement, disent ces Auteurs,
ces enfans seroient oisifs pendant
toute l eterniré , $c comme inuti" /
dans le monde.
sur U pechè Originel. 14$
Vasquez aflure que ces enfans n'au
ront aueun regret d'avoir perdu le1.1. D5r-
Ctel , parce que ce ne lera pas pour
leur faure qu'ils auront fait cette per
te ; c'est pout cela que demeurans
fur la terre aprés qu'elle aura été rc-
nouvellée par l'embrasement gêne
rai , ils jouiront de tous les biens na
turels, connoiíTans Dieu , le loiians,
l'aimans , menans une vie tranquille
& agreable.
Voilà jusqu'où va l'extravagance
desScholastiques, quand ils s'écartent
de la Tradition , & qu'ils suivent
leurs rêveries : pour les refuter il faut ~*
reduire toutes ces opinions à quatte
ou cinq questions ; Içavoir si on peut
dire fans heresie,t.q ìe Ces enfans ver
ront Dieu. t. Si l'on peut soutenir
qu'ils ne feront point touchez de ne
pouvoir voir Dieu. 3. Si on peut
admettre une beatitude natutelle pour
eux. 4. Si leur damnation fera eter- >
nclle. 5. Enfin s'ils souffriront la pei
ne du feu. Comme toutes «s choses
se trouvent ou condamnées ou établies
dans les Peres que j'ai citez j pour-
rois me dispenser de les traiter de
«ouveau, si cela ne me parroiífok
yenflake dooc éclaircir davantage.
i $o TrÀâìtlon dè 1*Église
cette question. Je le ferai cependant
tres- succinctement.

Si àn peut dire fans herejìe que les


enfans morts fans Baptême verront
Dieu , ou qu'ils ne seront point ton-'
the\de ne le point voir.

C'Est une heresie plu9 grande qua


celle des Pelagiens d'avancer
que les enfans morts sans Baptême
pourront voir Dieu j Ja premiere
ftcine du peché c'est la privation dfl
a veue de Dieu } Et Jcíùs-Christ
Jo»n. j. cxc]ut Ju Roïaume des Cieux ccujc
2ui n'auront pas été regenerez.Aufl|
lelestius étant interroge sur l'état dq
ces enfans, répondoit,jesçat le lieu où
ils ne vont pas , mais je ne sç mrois
" dire où ils vont , voulant marquee
qu'il sçavoit bien que leurs ame»
ae n'a^o'ent po'nt au Ciel & qu'elles;
feteat ne verroient point Dieu, mais qu'il
prtg.e.t. n'en sçavoit point davantage. Qm*
non eantscia , tjuo eam n'scio , com
me le rapporte S. Augustin.C'cst pê
cher contre les premiers principes
de la Religion de pretendre avec
Gerson , que Dieu íanctifiera} les enn
fans dans k ventre de leur mere , s'il
sur le ftché Originel. tfi
prevoir q l'ils meurent avant le Bap
tême ; c est , comme le dit S. Augu
stin, combatre les fondemens de la
Foy qui nous enseigne que les enfanj
seront damnez pour toujours , s'il*
ne sont délivrez par la grace de Je-
jfus-Christ qui se donne dans ses Sa-
cremens. C'est ainsi qu'il parle à la
fin de son Livre à Orosc contre les Ltk.
Priscillianistes & contre les Origeni- tomr.'
jtistes. Robufiifsimam ac fitndatiffi-^10^
tnam fidem , tjttà Christì Ecclejta nee
parvttles homines recentijfeme ratat
À damnation* credit, nifi fer grattant
nominis Christi , qnatn in suis Sa-
tramentis cotnmendavit , peffè libeu
rari. Voïez les Conciles Si les Peres
que j'ay rapportez.
Il me paroît aussi inconcevable
comment des Theologiens ont pû
avancer que ce&enfans ne feront point
touchez de la perte du Roïanme é-
ternel ; car fans parler qu'en tout
état ^ & que dans l'enfer même la
plus grande de toutes les peines c'est
d'estre privé de la veue de Dieu j
<;'est que dans le sentiment de ce*
Theologiens , ces enfans connoîtront
leur malheur .: ils seront presens au
Jugement universel , ils verront que
ìji Tradition de l Ëglífi
ceux qui avoient été baptisez seíotít
enlevez au Ciel, comment ne Conce-.
Vront-ils point de la douleur, dtt
chagrin , de la tristeíse de n'avoir pas
ireceu un Sacrement qui leur pouvoit
procurer un si grand bien î Car de
pretendre,comme fait Leífius, qu'ils
s'estimeront heureux de n'estre Das
condamnez au feu de l'enfer , qu ils
ttc seront point sensibles à la perte
du Ciel , & qu'ils ne s'en affligeront
point , c'est une pure rêverie. N'est-
il pas constant que la peine du dam
est infiniment plus grande que Celle
du sens , & qu'on conteroit pout
tien de souffrir , si on voioit Dieu
au milieu des íupplices 5 C'étoit cè
qui consoloit les Martyrs dans les
fourmens , 6c c'est ce qui nous sou
tient dans les maladies & dans lei
afflictions de cette vie , l'amour de
Dieu & l'esperance de le voir ; íl
saut même supposer Un grand aveu
glement pour n'estre pas plus touché
interieurement de la perte de Dieu ,
que l'on ne restentiroit de joïe d'être
exempt des douleurs corporelles. S.
ttb. t. Augustin dit que la vraïe peine d'une
",nt-Ja" ams creé à l'imaee de Dieu, c'est
d élire pour toujours exilee fans pojfa
'fur U ptehi Orig Intl. ì
yoir entrer dans son Roïaume.Pw»»
Vos exctllentijsmi amatores illius vi<»
t£ , fUefuturA estaterna ernn Chri-
Jio , nullam panam putatis ejse , ima
ginent Dei in aternum exulare a re
gna Dei ì... magna est pana , ut
imago non finatur introire in regnunt
Dei ; 8c il oblige les Pelagiens de
reconnoître le peché Originel ,
&c combien .cette faute est gran
de devant Dieu ; puisque Dieu le
punit avec tant de rigueur , que de
refuser son Roïaume à desenfans,
qui est le plus grand supplice , 5c le
plus considerable de íès châtimens.
Obsecro, aperite ocnlos qualescumqut,
ffr videte tjnâ justitiâ pana ista in-
fiigenda ft parvulo , tjttem çlaufis
eculis originali obnox'mm negatis ejst
peecato. Et ailleurs il établit que
comme des exilez peuvent ne sentir Serm. t$t
aucune douleur corporelle & gemir ^p^tt^**"
seulement d'être éloignez de leur
fjatrie ce qui leur est plus sensible que
es peines du corps , aussi quand les
enfans n'auroient ejue çe malheur
d'être exclus de la vuë de Dieu,&jde
la societé des Saints , ce seroit la
plus grande de' leurs peines. Nam
exniant, vivant ìfistni sunt , ia
ft j4 Tradition de PÉgïift
t dolortbus corperis non sunt , non ttfc
quentur , non carceris tenebris affli-
guntur, h te illìt sola pœna est , non
tfsein patria : fi amaturlpatrtM , n,a-
gnapœna;fi autem non rmatur patria,
pejor est cetdispœna. Tarvum malun
est in hominis corde, quisoeietatem non
<jHtrit Satíílorum , tjui non dtfiderat
regnum Cah rum ? Si non defider'at t
panA est de perverfitatc : fi autem
defiderat , pmnA est de fraudat* eba-
frf*,]TìA'ritAte. U dit encore qu'il n'y a au-
jm. eune peine dans certe vie comparable
à celle d'une ame qui ne peut voir
Dieu. S. Chryíòstome repete cela en
mille endroits , & sur tout ( Homil,
13. in Ep. ad Philip. S. Basile in Ps.
3 j.) tppelle le plus grand des supplices
celui de ne point voirDieu.
Je n'entre pas dans la comparaison
de Lcflius^qui dit que comme un
Paï fan ne se íòucierott pas de n'estre
point Roy , fçachant que cette di
gnité ne lui seroit point deuë , &Ç.
que ce ne serott pas pour lui un sujet
de. chagrin de n'tstre pas élevé sur le
Thrônc; auíïï ces enfans ne feront
point touchez de n'estre pas admis au
Ciel , sçachant que çela ne kur eí$
point deu ; çar Lessius. doit necçk
furie peehi Origtnel. itf
Taírement reconnoître qu'tl y a Cette
difference entre cc Païsan à l'égard
de h pourpre, & lesenfanspar rap
port à Dieu, que ce Païsan n'est point
desti :é à motV. :x tur l< Thrône j au
lieu que ces enfans , ainíi que le reste
jdes hommes, onté.c creez pour pos
seder Dieu, qu'ijs y tendent par une
impression naturelle comme à leur
çentre , & qu'tls sont capables , au
moins d'une capacité éloignée, de cet?
te souveraine beatitude.
En un mot li le péché Originel
est vraïement un peché , comme on
n'en peut douter , pmlqu'tl nuus rend
les objets de la colere de Dieu, inca
pables de son amitié , qu'il soiiil'e
l'ame Sc l'infecte ; c'est une necessité
qu'il y air quelque peine interieur»
pour le punir.
S'il y aura une beatitude naturelle
four les enf.ns morts fans
Baptême.
U Ne des plus extravagantes opir
nions est d'attribuer aux enfans
une beatitude naturelle , puisqu'ils,
feront, damnez pour toujours , &C
Ítrivez de la vûë de Dieu, ce qui est;
é plus grand de tous les suppltces j
«5* Yrfdltltft de tEglifi
outre que Y Ecriture n'a jamais parlfi
d'autre beatitude que de celle qui
* constste à voir Dieu dans le Ciel :
c'est même en quoi consiste la vie
éternelle selon Jesus-Christ. H<tc est
vita etttrna ut cognoscant te verum
Detem .... Beati mundo corde <juo-
niam ipst Detem videbunt. Les SS.
Peres n'ont point reconnu d'autre
felicité , & ont condamné cette pré
tendue' beatitude naturelle, lorsqu'ils
ont combattu les Pelagiens qui di-
ftinguoient la vie éternelle d'avec le
Roïaume des Cieux ; car quelle au
tre beatitude auroient pû s imaginer
les Pelagiens par leur vie éternelle,
qu'une felicité naturelle comme le
marque S. Augustin; Promittunt tu
lîb ì1 extra Recnum qutdem Dei . fid t*-
ç.gg. men Aternam & beatam yuandam vi.
tam suam. Et ce Pere. déclare que
c'est renouvelles l'heresie de Pelage
d'admettre un troisième état entre la
damnation & le Roïaume des Cieux.
Ltb. t. <Jt Non baptifntis parvulis memo pro-
fttp^" ?" mtttat mter damnationem & Regnnm
Coelorum tjuiet'ts vel faUcitatis cujuf-,
lìbet , attjue ubi libet quafi medium
locum ; hoc enim eis htrtfis PolagiA-
na promijtt. J'ay parlé ci- dessus de$
Perea
snr le péché Ortginel; ïjfc
Pejes qui rejettent un troisième lieu
eu état dans lequel on ne soie ní
heureux ni malheureux ; ainsi à plus
forte raison U.sPeres 8c les Conciles
ont condamné l'état de la feule béati
tude naturelle.
C'est bien s'éloigner des principes
de la Religion que d'attribuer une
beatitude à des >gens que l'Ecriture
& les Peres qualifient de damnez ,
de reprouvez , de perdus , de morts
éternellement. S. Cyprien dit que Ep-*4
ceux qut ne leront potnt regenerez
en Jesus-Christ periront. Le Pape
S irice, qu'ils perdent le Royaume de
Dieu & la vie: Regnnm amittmt &
vitam. S. Augustin expliquant les
paroles de l'institution de la Circon
cision, où il est dit que celui qui
n'aura pas été circoncis perira : Pe- c»Beí.t£
tibit anima Ma de populo suo., les en
tend de la mort éternelle , & les ap
plique de ceux qui meurent fans Bap
tême en p'usieurs endroits de ses Ou^
vrages. S. Profper appelle une mise- {^*»
re éternelle l'état de ces enfans. c.em.
De plus c'est qu'il est Ceu r qu'avant, c" l*'
le Baptême on est sous la puissance
du Demon , qu'on n'en sort que pac
Sacrement. C'est l'argument que
- - X7
25* r TrAditltn dt r Eglise
S. Augustin repetc si foUvcnt,loríqu'iZ
û serr des exorcifmesde l'Eglisepour
prouver qu'on est ennemi de Dieu ,
enclave du Demon & du peché a-
vant d'être regeneré ; les enfans qui
lbnt morts fans Baptême demeurenc
áonc sous la puissance de cet enne-
,hji j & peut-on en cet état les dire
bienheureux;
, Enfin dans le Concile de Floren
ce où fe fit la réunion des Grecs 8c
des Latins , il y a été décidé que les
ames de ceux qui meurent dans le
peché mortel , ou avec le peché Ori
ginel feulement , descendent auflì-
tôt en enfer poury être punies pour
leurs pechez , quoi que les peines;
fbient inégales. Illornm atttem ani-
mas ejux in aUtutli mortali pecc*to ,
vel solo erìginali decedunt , max in
insermftn dejeendere, petnis tamen dis.
ftribus puniertdas. Car encore que
les peines des enfans solent moindres
que celles qu'on fera souffrir aux per
sonnes qui ont commis des pe.chez
actuels & mortels > ce Concise dé
clare cependant qu' ils souffrent dans
l'enfer le châtiment que Dieu a desti
né pour punir le peché Originel.
Crtant à ceux qui prétendent quç
sur le peché Originel. l&
«esensans aprés la Resurrection ge
nerale seront tranquilles fur la terre a
s'occupoant à loiier Dieu ; cela est
tout-à-rait opposé à l'Ecriturc, qui
déclare que ceux qut sont mot ts , otí
qui sont en enfer , ne loueront point
le Seigneur. Non martui laudabunt
te Domine , netjue emrtes qai defeen»
durtt in infernum. Que dans l'enfer
on ne trouvera personne qui loue le
Seigneur. Ininferno tjuis confiteíilur
tibi ? Ce que le Prophete Baruc as
sure pareillement. Non mortui qui
sunt in infernum, dabun t honorem Ó"
justifcatìonem Domine.
De plus, comment concevoir que
des gens qui sont mauvais en cuxT
mêmes à caufe du peché qu'tls ont
contracté , & qut ne fera jamais efr
facé en eux , & par confequent qui
sont en aversion devant Dieu , qui
lui sont contraires , qui sont & qui
íè ront pour toujours les objets de fa
colere & de sa hatne,s'exercenr à loiier
& à bentr son nom , & à faire fa
volonté ?
D'où je conclus que cette beatitu
de naturelle est toue à fait imaginai
re , & entierement insoutenable, pu^s
quon. ne peut qualtfier de bienhet^
tíò Tradition de FEgli/i .
tcux ceux en qui il n y a que pefrJ
dition , damnation , enfer , géhenne
éternelle , & qui seront pour toujours
fous la tyrannie & la possession du
Demon.

Si la damnation des enfant mortsfant


Baptême sera êternelle.

GErfbn , Gabriel Biel , Catarín t


& quelques autres Theologiens>
touchez de compassion du malheur
des enfans qui meurent íâns Baptê
me , ont avancé q te leur damnation
ne dureroit que jusqu'à la fin defsie-
cles , & qu'aprés la Resurrection
generale, ils vivroient tranquillement
fur la terre. Catarin se sjnde íìtr
quelques passages de l'Ecriture où il
est dit que la mort qui est Tennemie
du monde fera détruite. Novijsmì
mimica mort destrntttp\ Que selon 1»
parole de Jefus-Chrtst le Prince du
monde en sera chassé pour lors Sc
"qu"ainsi il n'exereen plus fòn empire.
for aucun sujet: Tnpe prìmeps n>un-
di tjieietur foras^ Et que fè/on S.
Paul tous les hommes f?ront vivifiea
en Jefijs- Christ aprês la RcsurrecttoUj
'In Çkrijlo amntf v.VfficabíntHr» - .
sur le pechè Originel. i4ì
Le sentiment de ces Theologiens
me paroît non feulement singulier 5c
fort hardy , mais tres-perilleux en
matiere de Foy. Il est constant d'a
bord que ces passages de l' Ecriture
n'ont aucun rapport à l'état de ce*
Cnfans j que la mort fera détruite a-
prés la consommation des siecles,
parce que dans la Resurrection nos
corps feront immortels pour la gloire
ou pour la damnation : & le Prince
du monde fera détruit , en ce qu'il
n'exercera plus son emptre ni fa per
secution contre ceux que Jefus-Christ
a rachetez , il ne les tentera plus &
ne les sollicitera plus au mal. Et quand
S. Paul a dit que tous seront vivifiez
en Jeíùs Christ , il parle de ceux qui
auront eu part à fes graces & à fes
Sacrem?ns , & qui feront morts dans
son amitié. Ainsi ces passages ne peu>-
vent s'appliquer aux enfang mores
fans Baptême; on sçak que le De
mon rourmmtera pour toujours les
damnez dans l'enfèr , 8i que ces mê
mes damnez ne íeront jamais vivifiez
en J:sus- Christ; & par confequent
Catarin abuse lins doute des passage»
de l' Ecriture potu établir íbnopinioq
i€t tradition de VEglise
On peue auslî refuter cc sentiment
par l'autorité des SS. Pères qui ont
écrit contre Origenc & contre les
Origenistes qui croioient que les pei
nes des damnez finiroient un jour ;
car quand Dieu a établi une loi ge
nerale qui est reconnue" telle par l'E-
criture & par la Tradition , on n'en ^
doit excepter personne , à moins que
cette exception ne soit revelée ou con-,
tenuë dans l'Ecriture & la Tradition;
or la damnation de ceux qui n'auront,
pas été sauvez est marquée dans l'E
criture comme devant estre éternelle,
fans qu'on puiste apporter aucun pat
sage qui en abrege la durée en faveur
de qui que ce soit ; c'est donc à tort
qu'on en veut excepter les enfans,
Jesus-Christ a dit en gênerai que qui
conque n'aura pas été baptisé ne peut
entrer dans le Roïaumt des Cieux ,
Non pottfì introìrt in Regnum Cotlo-
rum. Il ne limite paint le temps ni
la durée > ç'eu est aflez pour croire
que jamais on n'entrera au Ciel sans
le Baptême j comme quand il dit que
Mtrct*. ccjuj qUj aura crû & aura été bapti
se , ferafauvé \ & que quiconque n«
croira paSj, fera couda m.té. Quiere*,
diderit & faftisntm futrit x J*lw*l
sur U peché Origine!. ì6f
iris, <fhì non crediderit, condtmnabì-
tur.
S. Augustin aprés avoir refuté le Ltb.«.
sentiment d'Origene,déclare que pour de ttrtr»
avoir voulu paroître trop misericor- Clp" V»
dieux , il a perdu l'érernité des biens
qu'il vouloit ô er aux Saints , & est
tombé dans les miseres éternelles ,
& dans la faufle beatitude qu'il vou
loit faire eíperer aux damnez. S^nà
in re misericerdiorproseSlofmt Orìge-
ttet, cjhì damnates post graviora pro
meritis & diuturniera supplicia , ex
Mis cruciatibus erutndos & sociandos
SanBis sfngelis credidit ; sed illum
fropter hoc non immerite reprobavit
£cclefia, quia & hoc in que miscrì-
cors videbatur amijtt ; fnctendo San-
íiis veras m'tftrias tjuibus panas lne-
rent , & falfas beatitud<nes , in tjui-
bus verum ac securum fempiternì bo
ni gandium non haberent.
Ce Saint Docteur se fait cette ob- ìUà.
jection ; . peut- être que la damnation CaP. *!•
ne fera éternelle que pour certaines
personnes , & non pottr tous les dam
nez ì Cela est vray , dit- il , si Dieu
l»a marqué , si la verité Ta déclaré ,
& non pàs si les hommes touchez de
l'jinforttine de leurs freres l'onc iman
1^4 TràditUn de tEglifi
giné ; mais Dieu n'en a excepté per
sonne , & c'est s'exposer à souffrir é*
ternellement ces peines , si on en veuc
ici bas par une faufle compaísion
contre l'ordre & la declaration de
Jesus-Christ en exempter quelqu'un:
il ne faut pas raisonner contre le pré
cepte de Dieu, mais on doit s'y sou
mettre , & si on croit que la vie bien
heureuse nc finira jamais , pourquoi
veut-on mettre des borne? à la durée
des supplices des damnez,puisque c'est
la même verité qui a marqué l'éter-
nité de l'un. & de l'autre de ces états?
uinforteDeì sententia vera tr'tt in qui-
tujdamjn aliisfalsaìlta pL ne hoc tritt
fi non (jHodDeus dixit,sed tjuod fufpi-
cantur homines plusvaUbit'.quod fieri
quia non potest , non argument art ad-
versus Deum , sed divino potins , dum
tempus est , parere pracepto , tjuisem-
piterno cupittnt carere fufplicto. De-
inde tjttale efl ttternum fufplicixm p*"*
igne diuturni temporis existimare , tfr
vkam aternam credere fine fine ì
Enfin S. Augustin a dit tant de
fois que les enfans seroient envoyez
au feu éternel, comme je l'ay rappor
té; & il assure qu'on nc doit pas
,distinguer entre brûler éternellement
furie peché Originel, itfj
Ss aller au feu éternel- Neque illud Ltb tt
dici hic poterie t in quo nonnulli ft fide le
ipfos feducunt, ignem ttternum diBam, °Q^'tf.
non ipfam cambufìiovem tternam ....
Cum & hoc prtvidens Dominas , sen-
ttnt'uemfuam concludit ita d'tcens , fie
ibunt Mi in combustioncm aternam ;
«rit ergo aterna combustio , fient

Le Pape S. Gregoire établit lc mê- MOm1.*


me principe que S. Augustin ; sça- e. »*•
voir que comme Jesus-Christ a pro
mis une vie fans fin à ceux qui fe-
roient sauvez, il a aussi ordonné que
la damnation seroit éternelle pour
ceux qui n'entreront pas au Roïau-
me des Cieux , & conclut ainsi: Ce
n'est pas que Dieu se repaisse du
supplice des miserables ; mais c'est
3u*étant juste , il ne se lasse point
c punir le peché dans ceux qui en
íbnt infectez. Omnipotent Deus , quo-
niarn pius est , miserorum cruciam
non paseitur ; quia autem jastus est ,
sbiniquorum ultione in perpetuant no»
fedutur.
Puis donc que S. Paul assure que
par le peché d'Adam tous les hom
mes feront damnez , il faut croire
que la damnation des enfans de qui
x66 Traihìen de sEglise
ce peché n'aura jpas été efíacé par le
Baptême , fera eternelle. Ter uniut
dtUttum in omnts hommes in condem-
VAtìonem.

Si let enfant mortsfans Baptêmesouf


friront U seine du f(h.

JE ne prendrai aucun parti fut


cette question , me contentant de
rapporter ce qui est dans les Con
ciles & dans les Peres fur ce sujet j
on peut voir leurs passages & leurs
senti mens dans la Tradition que j'en
ai fait ; j'ajouterai feulement que
je ne trouve dans l'Ecriture que deux
sortes d'états qui dureront apres la
Resurrection generale , celui de
la gloire , & celui de l'enfer ; dans
l'un on verra Dieu , dans l'autre
outre la privation de la veuë de
Dieu on souffrira pendant l'étcrnitè
la peine du feu. Jcsus-Christ cite de
vant lui tous les hommes , il appelle
ceux qui doivent posséder l'heritage
ecleste , & tous ceux qui n'y entrent
point font condamnez au feu éter
nel : lte u.AìediBi in igntm Atnnum.
ïp. 107 S- Augustin prouve que les. enfans
a* V" —morts íàris Baptême ressusciteront,
sur le peché Originel 167
& qu'ils comparoîtront avec les au
tres hommes au jugement universel,
& que Jesus-Chrill prononcera sur
leur érat , ainsi que sur toute sorte
de personnes , parce qu'tl est établi
Juge des vivans &c des morts , des
bons 8c des mauvais , & que selon
l'Evangile il aflemblera toutes les
Nations devant son Tribunal , 8c
que chacun y recevra selon qu'il '. .,
fr a n 1 * rt Lth. t
le íera trouve a la mort ; ce qu e- com.
tant dit si universellement , cela doit J"lt*n*
auíïï comprendre les enfans. Ce ' "~
Pere le repete en plusieurs en
droits.
Selon l'Evangile , Jesus-Chriíì
semblable à un Pere de famille as- Math
semblera tout le bled dans le gre
nier , 5C jettera au feu la paille.
Et ailleurs il est dit qu'au jour du Math
jugement les Anges separeront les
mauvais d'avec les justes , Sc les
envoyeront au feu. Exibunt Angelit
dr fèparabunt malos de media justo-
rnm , & minent eas in caminum
ign'tS,ibt eritstetus & firidor dentium.
Or comme on ne peut comprendre
les enfans mxts sans Baptême 'dans
cette invitation : Peneì les benits
de man Pere , puis qu'ils ne poste-
i£8 Tradition de T Eglife
deront jamais le Royaume du Ciel ,
il semble qu'ils son: destinez au feu
éternel , qui est le sort commun à
tous ceux qui n'iront pas au Cicí :
on nc peut les comparer au bon
grain j ils ne sont point ,bons ni
justes ; fi donc l'Evangile menace du
feu tous ceux qui n'auront point part
à l'heriuge celeste , il faudroit quel
que passage pour en exclure les en-
fans, ceqúine fe trouve point, 8c
même dans l' Apocalypse les grands
Apoe.te. & ics pents qui íeront trouvez
X1' morts j & dont les noms ne seront
pas écrits dans le Livre de <Vie ,
sont j'ettez dans un estang de feu.
Vidi mortuos ntagnos & fufillos ,
& judkati funt mortui ; & tjni non
inventas est in L'tbro Vita seriptus ,
mijsus est instagnum ignis.
On trouvera dans les passages de
S, Augustin , combien il a deffen-
du ce sentiment ; il dit entr'autres
que fi ici bas qui est le regne de la
misericorde , Dieu punit le peché i
Originel par tant de peines sensibles ,
d'afflictions , de miseres ; on doit
croire qu'il lui reserve de veritables
peines dans l'autre vie , qui est le
regne de la justice , & qu'il attend
sur le peché Originel. 1(9
ee temps pour manifester par les
çhâîimens, cc qu'il ne punit presen
tement que par des peiftest interieures. Ltb
In futur11m judiciumservatur ad ma- de Ltber..
nisefiutionem atque acerrimum set/sum*
miseria, quidquid nune occultijsuni
yìrtdicatkr.
On trouvera jusqu'au douziè
me siécle , que la plûpare des Pcres
ont parlé comme S. Augustin jusqu'à
innocent 11I. qui a crû que la. petne
du fçu nc serok que pour les peçhez cap.
actuels, & que Dieu ne punira les Matore*
enrans pour le peche Ortgtnel , qu en Bapu
les privant de la vision beatirtque.
Pœna orìainalìs peecttti , est enrentia
•vifionis Dei ; aílualis ver9 pecc&ti
fana, estgehenna perfetuAçruciatus..
El la plulpart des Theologicas l'çnt
suivi..
, Je soumets monOuvragc au Juge
ment dp la Sainte Eglise G. tboltquc
Apostolique & Romaine.

E I N.
T ABLE

DES MATIERES

de ce Livre.

CE qu'il faut supposer pour sá


croyance du peché Origi
nel, page t.
La conception generale de l'homme
marquée dans l'Ancien Testa
ment. . . 9.
De quelle maniere l'Evangile parle
du peché Originel. 31.
La Doctrine des Apôtres & princi
palement de S. Paul , íur le peché
Originel.. 18.
Principes sur lerqueîs est établie la
croïance du peché Originel. 27.
La Redemption de Jesus Christ sup
pose le peché Originel. ibid.

Second Principe.

La mort étant la peine du peché ,


DES MATIERES.
cfle prouve que tous les hommes
ont contracté le peché Origi
nel. 3*

Troisième Principe.

De ce que Jeíus-Christ est mort


(jour tous , il s'ensuit que tous
es hommes sont conçus dans le
p:ché Originel. 3$
Autres raisonnemens dont se ser-
voient lesSS. Peresj pour prouver
le peché Originel. 37
Tradition des S S. Peres sur le pc-
ché Originel. Combien est gran
de l'autorité de ceux qui ont pre
cedé les Pelagiens. . 40
Sentimens des SS. Peres des trois
premiers siécles, S. Justin. 47. S.
Irenée 47. S. Clement d' Alexan
drie. 5.1. Origene 55. Tenullien
j. S. Cyprien 58.
Les Peres du quatrième siécle , sur
le peché Originel. S.Athanafe 6 1 .
Rheticius d'Autun 6t. Olympius
Í3. S. Hilairede Poitiers 63. ' -
Optat 6+. S. Cyrille de Jerufale.ù
57. S'. Basille 68. i. Gregoire de.
Naziattze 64..
TJ BLE
S. Chrysoitome yu S. Ambroise
8». S. Jerôme 85.
Des heretiques qui ont combattu le
peché Originel. 87. de Theodore
de Mopsucste87. Pelage, Celestius.
8g. Julien 91.
Les Conciles tenus contre les Pela
giens au íîtjct du peché Origi
nel. 91.
Les Papes qui ont condamné les
Pelagiens. 99.
La doctrine de S. Augustin sur le
peché Originel. 101.
Réponse aux principales Objections
des Pelagiens.
Première Objection prise d'un pas
íage d'Ezechier. 104.
S.cun.íe Objection tirée de Texpli-
caiiondeltpître aux Romains. 107.
Troisième Objectton sur l'expKca-
rion d'un passage de la deuxième
Epître aux Corinthiens. m.
Quatrième Objection prise des con
fequences que Julien tiroir du pe
ché Ortginel \ 1. de ce que touc
peehé doit cftrc volontaire. 2.
Qu'on nc peut punir un peché
qu'on n'a pû éviter. 115'
Cit quiéme Objection contre la
. íainteté du. Mariage , puisque c'est
DES MATIERES.
par lui que se communique 1c
pcché Originel. u?"
Sixtème Objection , si les enfans
des justes 8c des gens de bien
contractent le peché Originel, m.
Septième Objection , que Dieu nous
ferok pour nous perdre , si nous
avions le peché Originel avant
que de naître.
Huitième Objection comment se
communique le pechc Origi
nel. 139'.
Neuvième Objection , si Dieu peut
punir tous lés hommes peur une.
faute qui paroisioit auln legere
que celle d'Adam. 144.
Dixième Objection , en quoi con
siste le pcché Originel. 145.
Suite de la Tradition des Peres sur
le peché Originel. 154.. S.Cyrille
d'Alexandrie 154. S. Isidore de
Damiette 155. Julien Pomere 155.
S. Paulin 156 S. Leon 157. Theo-
doret 158. Ifichius 1*3. Arnobc le
jeune 163. S. Prosper S. Ge-
lase 165. Eusebe Emyflere 16 6"..
S. Gregoire Ptpe t6y. S. Isidore
de Sevifie 168. Gennade 169. S.
Pierre Chrysologue 159. Sedulius
170. S. Fulgence S. Cesaire d'Ai
les. 170.
TA BLE
Ceux qui ont crû que Jesus-Christ
seul avoit été conceu sans peché
& qui n'en ont point excepte la
Sainte Vierge. 171.
Témoignages des plus celebres Au
teurs qui ont ctû que la Satnte
"Vierge avoit été preservée du pe
ché Originel. 189,
De la Reprobation des enfans morts
sans Baptême.
Comment l'Ecriture parle de ceux
qui n'ont point éìé baptisez. 199.
Les petits enfans ne peuvent être
sauvez s'ils meurent sans Baptê
me, xoi.
Comment les Peres des quatre pre
miers siécles ont p.trléde l'état des
enfans morts fans Baptême, zoj".
La Doctrine dí Saint Augustin sur
l'érat des enftns morts fans Bap
tême , avec l'Histoire de tout ce
qui s'est passé de son temps fur
cette question. m.
Sentimens des Peres qui ont vécu
depuis Saint Augustin , sur l'état
des enfans morts fansBaptêmc. 2.3©.
Les-opinions des Scholastiques Sc des
Theologiens des derniers siécles
sur l'état des enfans morts sans
Baptême. 144.
DES MATIERES.
Si l'on peut dire sans heresie que les
enfáns morts fans Baptême ver
ront Dieu , ou qu'ils ne seront
point touchez de ne le pouvoir
voir. Z50.
S'il y aura une beatitude naturelle
pour les enfans morts sans Baptê
me. 255,
Si la damnation des enfans morts
fans Baptême fera éternelle, 160.
Si les enfans morts fans Baptême
souffriront la peine du feu. 266.

Fin de la Table des Matieres.

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