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Un jeune manifestant
tué par balle à M’sila
P7
N° 6143 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com
Le pouvoir
face à la rue
L’ÉVÉNEMENT
APRÈS UNE FIN DE SEMAINE VIOLENTE
PHOTO : H. LYES
veille et ceux qui ont secoué plusieurs dès la matinée d’hier pour parer à
villes du pays. Cependant, des familles d’éventuels débordements après la
des jeunes arrêtés lors des émeutes prière du vendredi.
de jeudi se sont regroupées devant le Des prêches où les imams ont lancé
commissariat du «cinquième» qui a Avant-hier, des émeutiers à Bab El Oued des appels au calme. Des appels qui
été pris d’assaut par les manifestants la ne trouvent pas écho, dès lors que le
nuit de jeudi, au quartier des Trois Hor- clamé un quadragénaire qui dit garder vie. Nous sommes privés de tout, nous en a marre, il descend casser). Si les quartier de Belouizdad (Belcourt) a
loges. Elles sont venues réclamer la «un mauvais souvenir des événements sommes déjà morts», ainsi s’exprimait adultes désapprouvent les méthodes renoué avec l’émeute juste après la
libération de leurs enfants. On dénom- d’Octobre 1988». un groupe de jeunes. Certains d’entre utilisées par les jeunes pour exprimer prière. A l’heure où nous mettons sous
bre une vingtaine d’arrestations parmi Dans beaucoup de quartiers d’Alger, eux sont fiers de voir les chaînes de leur colère, ils estiment par ailleurs presse, le face-à-face entre un groupe
les manifestants. «Je n’ai pas eu de les manifestants se sont attaqués à des télévisions étrangères parler de leur que la situation actuelle pousse à une de jeunes et les forces de l’ordre se
nouvelles de mon fils depuis mercredi magasins et des locaux commerciaux. quartier. «Le monde entier découvre explosion sociale. «Nous sommes poursuit. Des émeutiers, surexcités,
soir et personne ne veut nous informer A Bab El Oued, les révoltés ont sac- que le peuple en a ras le bol», selon Sa- contre toute cette casse, sauf qu’on ne ont même tenté de pénétrer à l’inté-
de ce qu’il est devenu ni pourquoi ils cagé l’antenne de Mobilis et un distri- mir, un jeune de 22 ans, au chômage. comprend plus rien à ce pays. D’un rieur de la maison de la presse Tahar
l’ont arrêté», s’inquiète une femme, la buteur de Bellat. Le point de vente de côté on nous parle de 150 milliards Djaout. En somme, la situation reste
cinquantaine bien entamée. Renault de Triolet a été complètement APRÈS LA PRIÈRE, L’ÉMEUTE de dollars et de l’autre côté le peuple très tendue dans beaucoup de quar-
Non loin du commissariat de police, saccagé et plusieurs voitures brûlées. Pour eux, la vie chère, le chômage, la vit très mal. Ils (le pouvoir ndlr) aug- tiers. L’agitation pourrait reprendre à
l’atmosphère est plutôt paisible, mais La salle Atlas, récemment rénovée, a crise de logement et l’horizon bouché mentent les prix des produits de large tout moment et les informations qui
les habitants craignent la reprise des failli partir en fumée. A El Biar, quar- sont à l’origine de cette «révolte» consommation mais pas nos salaires. parviennent des autres régions du
émeutes à la tombée de la nuit. «On a tier réputé pour son calme, le magasin dans laquelle est plongé subitement Par contre, la police a bénéficié d’une pays ne sont pas pour rassurer. Si les
peur que ça reprenne ce soir. On a peur d’Adidas a été complètement dévasté. le pays depuis trois jours. Le slogan- augmentation de 50%, c’est complè- autorités politiques ne répondent pas
pour nos commerces, véhicules et la Même spectacle à El Afia, le quartier phare scandé des manifestants résume tement insensé», a tonné un fonction- aux revendications de la société, et si
sûreté des nos enfants ; c’est l’anarchie le plus chaud de Kouba, où le show- parfaitement le malaise social. «Za- naire. Chacun y va de son explication la colère reste au niveau de l’émeute
totale. Les jeunes de La Casbah et des room Dacia a été incendié. Les jeunes dou fi zit wa sucre, chaâb kareh rah à Bab El Oued où les forces de l’ordre sans prendre une forme organisée, le
autres quartiers environnants conver- ne sont pas du même avis. «Ça ne va habet y kesser» (ils ont augmenté les se font très discrètes à l’intérieur de risque d’un pourrissement n’est pas à
gent tous vers Bab El Oued», s’est ex- pas se calmer, on en a marre de cette prix de l’huile et du sucre, le peuple ce quartier populaire, dont le nom est exclure. Hacen Ouali
REPÈRES
Le transport
Cris et chuchotements Par Omar Berbiche quasi
introuvable
S
ommes-nous en train de vivre à exclusivement le fait de jeunes adolescents que l’ampleur et l’extension des foyers
rebours le même scénario des évé- mal dans leur peau, gagne des pères de fa- de contestation à travers le pays. En proie
lger donnait hier l’image d’une ville morte et angoissante.
nements d’Octobre 1988 au niveau
tant des faits que des lectures politiques
croisées des émeutes qui ont éclaté un
mille, c’est que la société va mal, très mal.
Et cela n’augure rien de bon pour la paix
et la cohésion sociales. Personne ne peut
aux mêmes difficultés de la vie, aucune
région du pays ne voudrait demeurer en
marge du mouvement. Restent ces actes de
A Une ville quasi paralysée. Sans transport. La rumeur sur
la reprise des émeutes après la prière vendredi, qui s’est répan-
peu partout à travers le pays depuis mardi nier cette vérité aujourd’hui, sauf ceux qui destruction des commerces et de certains due telle une traînée de poudre à travers tous les quartiers de la
dernier et que l’on tente de faire, à chaud, ne vont pas au marché ou qui ne comptent établissements publics et privés enregis- capitale, a plongé Alger dans un climat de peur et de torpeur
ici et là ? Mouvement spontané ? Manipu- pas leurs sous quand ils font leurs courses, trés que l’on ne peut que déplorer. Car le qui nous rappelle les années de plomb. Face à la vague de vio-
lation ? Règlement de comptes au sommet qui sont à l’aise, socialement parlant, qui meilleur moyen de discréditer un mouve- lences qui secoue depuis quelques jours le pays et à laquelle
entre clans du pouvoir sur fond d’enjeux profitent de manière directe ou indirecte ment social, c’est de laisser la confusion n’échappe pas la capitale, les Algérois se sont ainsi retran-
électoraux ? Réaction de la bête blessée : de la rente du système. Ceux-là ne pour- et le doute s’installer dans les esprits en chés chez eux. Pour se déplacer d’un endroit à l’autre, d’une
des milieux de la corruption, inquiets pour ront bien évidemment qu’avoir un autre mélangeant revendication et violence. En localité à une autre, il faut faire preuve d’ingéniosité. Tous
leurs affaires et leur devenir à la suite des regard sur ce mouvement de colère. La ne canalisant pas et en n’encadrant pas le les moyens étaient bons, y compris faire le trajet à pied. Bus
dossiers ouverts ainsi que de leurs par- question de la synchronisation des émeu- mouvement. et taxis étaient introuvables. «Pour venir de Draria à Alger,
rains, soucieux de placer le garrot là où il tes à travers le pays est en effet évoquée C’est l’une des plus grandes leçons à re- j’ai mis trois heures. Le seul bus que j’ai trouvé m’a déposé à
faudrait pour ne pas qu’on remonte plus par certains cercles pour signifier qu’il y tenir de ces événements. En verrouillant mi-chemin. Après n’avoir trouvé aucun moyen de transport,
haut la chaîne des responsabilités et de a un mot d’ordre et des mains maléfiques le champ syndical, en s’appuyant sur un j’ai été contraint de marcher sur une distance de plus de 5
l’accusation ? Ce sont là autant de pistes qui tirent les ficelles de derrière le rideau. syndicat maison, l’UGTA, qui porte une km. C’était très contraignant», témoigne un citoyen de Draria
et de questionnements avancés pour tenter Trop facile d’accuser à chaque fois de rage responsabilité politique pour n’avoir pas désabusé. Plusieurs personnes travaillant le vendredi n’ont
de cerner les tenants et les aboutissants de son chien quand on veut s’en débarrasser ! été à l’écoute des préoccupations des tra- pas trouvé de transport. «J’habite à Bouzaréah. Je n’ai trouvé
ces émeutes. En tout état de cause, quoi Il est établi dans la psychologie des foules vailleurs, le pouvoir a créé les conditions aucun moyen de transport. La station de bus était vide. Et
que l’on dise et que l’on pense, comme en que lorsque les ingrédients de la contesta- objectives du transfert du dialogue social pour venir à Alger-Centre où je travaille, j’ai été forcé de faire
octobre 1988, le terreau de la contestation tion sociale sont là, l’effet boule de neige dans la rue. Transposées sur un plan poli- appel à un ami qui a eu la générosité d’accepter de me trans-
sociale est bien réelle. Toutes les statis- est immédiat et inévitable. Même si la té- tique, ces émeutes posent, de manière plus porter», raconte Amine, infographe. La peur a visiblement
tiques, même officielles, le corroborent. lévision publique et les médias lourds cen- globale, la problématique de la démocratie gagné tout le monde. Même les «clandestins», qui constituent
La tendance haussière du taux d’inflation surent l’événement, le message se répand et des contre-pouvoirs dans le pays, qui souvent un palliatif au manque de transport, ont tous chômé.
a laminé le pouvoir d’achat des citoyens. partout ; l’Algérie reste encore une société sont les gages d’une société moderne où Certes, Alger est dépourvue, depuis belle lurette, de toute ani-
Les inégalités sociales ne font que se creu- de l’oralité et l’Algérien est aujourd’hui les problèmes de développement et les mation durant le vendredi. Comme elle éprouve un manque
ser. Les prix n’obéissent à aucune logique arrosé par les chaînes satellitaires qui re- crises qui traversent la société se règlent de transport en ce jour de repos plutôt religieux. Mais hier
économique et commerciale. A force de transmettent en boucle ce que la télévision par le débat à l’intérieur des institutions. Et régnait une atmosphère lourde dans les différents quartiers et
tirer sur la corde, elle finit fatalement par d’Etat n’ose pas montrer. Cela crée une le recours à la rue et à la contestation se fait rues de la capitale où les émeutes ont repris, comme attendu,
casser. Lorsque le suicide, qui n’est pas situation d’émulation. C’est ce qui expli- de manière pacifique et organisée. O. B. de plus belle. Cette situation tendue en dit long sur l’ampleur
du malaise social qui ronge le pays. M. A. O.
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 3
L’ÉVÈNEMENT
LA CONTESTATION POPULAIRE PREND DE L’AMPLEUR
PHOTO : SAMI K.
deurs politiques du pays et aux prononcé de discours à la nation
nouveaux quartiers résidentiels depuis sa réélection en avril
de Draria et de Chéraga, il était 2009. Il consacre l’essentiel de
pour ainsi dire impossible, hier, son temps à ses déplacements
de recueillir un avis officiel à l’étranger. En une année, il Hier après-midi dans le quartier Belouizdad (Alger)
sur la situation quasi insur- ne s’est déplacé que deux ou
rectionnelle qui prévalait dans trois fois à l’intérieur du pays. 2011. Puis plus rien ! Mépris ? «bunkerisés». Un constat ce- les émeutes, ont fini par être l’Etat et l’incapacité du pouvoir
plusieurs villes du pays. Les Sa dernière sortie date du mois Craintes d’attiser la colère de la pendant : face à ce black-out secouées par de violentes mani- à répondre aux besoins de la
services de sécurité ont été très d’octobre 2010. population ? Mauvaise évalua- institutionnel, la colère de la festations. population, alors que le pays
peu communicatifs concernant Le président de la République tion de la situation ? Difficile population n’a fait que monter L’ire de la population est attisée enregistre, grâce à l’exportation
l’étendue et le bilan de ces s’était rendu à Ouargla pour y de savoir ce qui se trame dans crescendo hier. par les scandales de corruption des hydrocarbures, des rentrées
émeutes que l’on explique par annoncer l’ouverture solennelle la tête des principaux décideurs Les villes de l’est du pays, qui en série qui ont éclaboussé ces d’argent record. Comme at-
la cherté de la vie et qui ont pour de l’année universitaire 2010- du pays qui semblent s’être étaient jusque-là épargnées par derniers mois le sommet de tendu, le département dirigé par
Mustapha Benbada a annoncé,
dans le courant de l’après-midi
LES SERVICES DE SÉCURITÉ SUR LE QUI-VIVE d’hier, la tenue aujourd’hui
d’un Conseil interministériel
u cinquième jour des émeutes déclenchées pour Dans le but également de ne pas attiser la colère des pierres sur la tête. Contrairement à la journée de jeudi
A dénoncer la hausse subite des prix des produits de
première nécessité, les services de sécurité semblaient
manifestants, les services de sécurité n’avaient, jusqu’à
hier, procédé à aucune arrestation. «Nous ne nous lais-
où elles s’étaient faites discrètes, les unités de maintien
de l’ordre de la DGSN avaient pris place hier au niveau
«pour examiner les moyens de
juguler la forte hausse des prix
de certains produits de large
dépassés face aux assauts répétitifs des jeunes des sons pas faire, mais nous faisons aussi en sorte que nos des principales artères de la capitale. consommation enregistrée ces
quartiers populaires des grandes villes du pays. Malgré face-à-face avec les jeunes ne s’éternisent pas. Disons Ces renforts étaient destinés à faire face à une éven- derniers jours». Une hausse à
la violence de la révolte, les éléments de la Gendar- que nous tentons uniquement de contenir les assauts tuelle reprise des manifestations après la prière du l’origine des émeutes. Cepen-
merie nationale et de la police ont, selon une source des manifestants pour éviter les dérives», témoigne un vendredi. Une rumeur avait circulé durant la matinée dant, il est peu probable que
proche de la Direction générale de la Sûreté nationale officier de police en civil rencontré jeudi aux abords et annoncé, en effet, que les jeunes voulaient en dé- cette annonce soit suffisante
(DGSN), reçu l’ordre de ne pas répondre aux provoca- de la place des Trois-Horloges, au niveau de Bab El coudre avec la police immédiatement après la prière pour calmer les émeutiers et
tions des émeutiers et de veiller seulement à ce que les Oued, à Alger. Visiblement exténué par les nuits blan- du vendredi. une population auprès de la-
«jeunes» ne s’en prennent pas aux casernes de gendar- ches qui leur sont imposées par les émeutiers, notre La rumeur n’avait pas tort puisque certains quartiers de quelle le pouvoir «corrompu» a
merie, aux commissariats de police et aux institutions interlocuteur avouera néanmoins qu’il n’est pas facile la capitale, comme Belcourt, ont connu un après-midi perdu toute crédibilité.
de la République. de rester zen lorsque vous recevez une avalanche de mouvementé, baigné de gaz lacrymogènes. Z. C. Zine Cherfaoui
Propos recueillis
«Il faut mettre fin à la dictature»
menacé, il pouvait toujours colmater, Il ne faut pas se presser. Il faut voir algérien. Il a d’ailleurs anticipé
Par Mohand Aziri mais maintenant, la donne est toute connaître la nature des mouvements un éventuel phénomène de contagion
autre dès lors que ces émeutes tou- de foule. Celles-ci prennent du temps en augmentant conséquemment les
Ces mouvements de protestation chent désormais la capitale du pays et pour ramasser et drainer les hésitants, salaires des policiers. Ils sont ainsi
n’ont pas de mot d’ordre et de slo- gagnent les grandes villes. Elles ont les indécis… Il va de soi que ça ne fait augmenté de 50% et recevront un rap-
gans clairs et unifiés, pourquoi ? accédé à une dimension nationale et que commencer. C’est un mouvement pel de 2008.
Cette explosion nous l’attendions bientôt elles auront une dynamique po- qui part de la base, qui a besoin de Si manipulations il y a, elles n’ap-
depuis longtemps. Elle était dans litique et sociale. Le problème le plus temps pour monter en puissance et paraîtront pas aujourd’hui. Il faut que
l’air du temps depuis que Abdelaziz important aujourd’hui, c’est le social. finira par imposer de lui-même les pro- le mouvement prenne assez d’impor-
Bouteflika, auteur d’un coup d’Etat Les Algériens le posent d’une manière blèmes politiques, socioéconomiques tance pour que les partis politiques, les
constitutionnel, s’est adjugé un troi- désespérée. Certaines gens vivent dans et culturels du pays. Pour ce qui est syndicats, la société civile puissent se
PHOTO : D. R.
sième mandat, envers et contre tous, l’aisance et l’opulence, d’autres survi- de la position attentiste, réservée, des retrouver et discuter des solutions qui
et en violation manifeste des lois et vent, vivent mal, ou ne travaillent pas anciens partis politiques, elle s’expli- mettront fin à l’impasse dans laquelle
règlements et de l’opinion publique. ou ont des salaires qui ne couvrent pas que par le fait que chacun observe et s’est engouffré le pays depuis plusieurs
Cette explosion était prévisible. De- une semaine de dépenses. attend de connaître l’issue du conflit décennies.
puis l’été, il ne se passait presque pas Ces émeutes ont pris de court qui oppose le DRS (Département fication de la société civile. Pour que l’Algérie retrouve la paix,
un jour sans qu’un quartier, une cité, aussi bien le pouvoir politique que du renseignement et de la sécurité) Pensez-vous qu’il y a une part de ce processus doit intégrer la démocra-
une région du pays… ne flambent. Les les formations de l’opposition, les à la présidence de la République. Si manipulation dans ce qui est en train tie, la liberté, la justice et les droits de
jeunes émeutiers de Annaba jusqu’à syndicats et organisations autono- ce mouvement de contestation est de se produire. Des pôles du pouvoir l’homme. Il faut dire que nous vivons
Tlemcen manifestent pour toutes sor- mes de la société civile. Ces derniers aujourd’hui l’émanation exclusive de seraient-ils en train de régler leurs dans un système dictatorial, nous vi-
tes de questions les concernant : loge- semblent complètement largués, im- la base, qu’il ait pu échapper à ces par- comptes par émeutiers interposés ? vons une dictature, si on y met pas fin,
ment, emploi, hogra, etc. Jusque-là, le puissants face à un mouvement sur tis, c’est aussi le résultat de l’entreprise Le mouvement social en Tunisie a nous aurons, cycliquement, à revivre
pouvoir ne s’était pas vraiment senti lequel ils n’ont aucune prise… d’écrasement, d’oppression et de paci- décidément mis en état d’alerte le pou- de pareils embrasements. M.A.
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 4
L’ÉVÈNEMENT
L’ÉVÉNEMENT
UN APPEL AU CALME A ÉTÉ LANCÉ À TRAVERS PLUSIEURS MOSQUÉES RÉACTIONS
◗ NOUAR LARBI, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CNAPEST :
du gouvernement
a religion au secours du aux biens publics ni à ceux des
agissements du gouvernement. La politique économique du
gouvernement n’est pas basée sur l’investissement réel. Le
gouvernement dépense de l’argent dans des investissements
sans créer réellement de richesses. A cela s’ajoute le coût
PHOTO :DR
produits de large consomma- la violence, l’imam a rappelé nécessité et le taux de chômage toujours élevé. 70% des Al-
tion. En direct à la télévision, que le pays est revenu de très gériens vivent dans des conditions précaires. La population
un imam d’une mosquée d’Al- loin, après une décennie de algérienne ne peut pas tenir plus que ça. Il ne faut pas oublier
ger a qualifié la destruction terrorisme. Il a relevé en outre Le prêche du vendredi a été consacré au retour au calme non plus un autre facteur majeur : la fermeture des champs
des biens d’autrui d’acte in- le progrès enregistré par l’Al- politique et démocratique. Toutes ces conditions ont mené à
terdit et sévèrement puni par gérie au cours de ces dernières cas lors de situation de crise, le «Il n’est pire aveugle que celui une explosion incontrôlée et désorganisée.»
l’Islam. Il a ainsi appelé les années. A entendre les imams spectre de la «manipulation». qui ne veut rien voir», a-t-il
parents à prendre leurs respon- parler, tout va bien en Algérie, De Constantine, le ministre précisé, appelant les jeunes qui
sabilités et à sensibiliser leurs et les dernières émeutes ne sont de la Jeunesse et des Sports, sont sortis saccager les édifices ◗ MEZIANE MERIANE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
enfants pour ne pas participer que des actes de folie commis El Hachemi Djiar, a appelé publics et les infrastructures DU SNAPEST : «CE QUI S’EST PASSÉ EN TUNISIE ARRIVE
à ces mouvements de révolte par des jeunes égarés. Ainsi, à la mobilisation de tout le commerciales à «réfléchir et à PAR EXTRAPOLATION EN ALGÉRIE»
sociale qui prennent l’allure le gouvernement semble donc monde pour protéger les jeu- voir tout ce qui a été réalisé en
d’un soulèvement populaire minimiser l’ampleur du ma- nes contre toute «tentative de Algérie en un laps de temps «C’était prévisible, avec l’inflation que nous avons toujours
qui nous rappelle les doulou- rasme social qui ronge le pays. manipulation». Selon lui, les quand même record». dénoncée. Ce qui s’est passé en Tunisie arrive par extrapola-
reux événements du 5 octobre Au lieu d’agir vite pour éviter jeunes et moins jeunes, qui se Mais qui manipule qui ? Et tion en Algérie. En Algérie, tous les produits alimentaires sont
1988. «Les jeunes qui partici- le pire, il tente de vieilles re- sont adonnés à des actes de pourquoi ? Le ministre ne le importés et la subvention des prix de produits de première
pent à des actes de destruction cettes qui semblent dépassées. violence dans plusieurs régions dit pas. Il se contente d’attester nécessité ne profite pas aux bas salaires. Il faut trouver un mé-
de biens d’autrui commettent Pris de court, les gouvernants du pays, ne doivent pas faire que les jeunes doivent com- canisme pour que la subvention de l’Etat arrive directement
un péché. Notre religion in- déploient d’abord «le bouclier l’objet, une seconde fois, de prendre qu’ils n’ont pas de aux bas salaires, en leur octroyant des aides sous forme de
terdit toute atteinte à autrui. religieux» et agitent ensuite, tromperies comme ce fut le pays de «rechange». primes.» D. R.
Il n’est permis ni de toucher comme cela a toujours été le cas durant la décennie noire. M. A.O.
IMAGES DE LA CHAÎNE
ACHAT PAR FACTURE, PAYEMENT PAR CHÈQUE
AL JAZEERA
ET REGISTRE DU COMMERCE
Le syndicat de la SNVI
Le ministère fait machine arrière dénonce la manipulation
es problèmes liés aux nouvelles condi- cette déstabilisation du marché portaient ministériel qui se tiendra aujourd’hui pour
L tions d’approvisionnement imposées
aux grossistes «ont été résolus», a affirmé
sur la fourniture par les détaillants (aux
grossistes et transformateurs) de docu-
examiner les moyens de juguler la forte
hausse des prix de certains produits de lar- L e syndicat de la Société nationale des véhicules industriels
(SNVI) a dénoncé hier «avec force» la manipulation d’ima-
le ministre du Commerce, appelant les ments sur leurs activités, notamment le ge consommation enregistrée ces derniers ges par la chaîne qatarie Al Jazeera, présentant des images
producteurs et importateurs d’huile et de registre du commerce, l’achat par facture, jours. Cette réunion se penchera notam- vidéo d’un ancien mouvement pacifique des travailleurs de
sucre «à annuler» toutes ces conditions et leurs comptes sociaux (bilan comptable), ment sur les textes d’application des lois l’entreprise comme se rapportant aux protestations enregis-
aux grossistes «à l’origine» de la hausse ainsi que l’utilisation du chèque pour les relatives à la concurrence et aux pratiques trées dans certaines villes du pays. Le syndicat de la SNVI
des prix de ces deux produits. Des milieux paiements de marchandises. L’annonce commerciales notamment l’aspect relatif à «s’étonne de voir que ces images sont le fait d’un montage et
proches des grossistes confirment en effet officielle se rapportant à cette annulation la définition des marges bénéficiaires des d’une manipulation, montrant des vidéo et des images d’un
que les nouvelles mesures à l’origine de devrait se faire au cours du Conseil inter- produits de large consommation. Z. C. mouvement pacifique des travailleurs de l’entreprise qui date
depuis longtemps et dont les revendications étaient d’ordre so-
cioprofessionnel», a souligné le syndicat. Il a, dans ce contexte,
BALISES dénoncé «avec force» la manipulation d’images par la chaîne,
«dont les visées inavouées sont contraires à l’éthique journa-
Une question d’anticipation Par Mohammed Larbi
listique». Les images vidéo en question, diffusées lors d’un
entretien avec un analyste algérien sur les actes de protestation
que connaît l’Algérie, montraient, en arrière-plan, des scènes
A
quoi servent les rapports et autres analyses de l’ONU ? monde se heurtent au prix de l’alimentation, dont l’augmentation d’un mouvement de protestation pacifique des travailleurs de
A croire qu’ils servent tout juste à remplir des meubles et a été de plus de 40% depuis juin 2007, soit en moins d’une année. la SNVI et même des images de maisons effondrées suite au
autres tiroirs. C’est la question que l’on se pose aujourd’hui Plus rien n’arrêtera cette tendance, car les cultures destinées aux séisme qui a frappé le centre du pays en 2003. (APS)
avec les émeutes contre la vie chère, et donc contre l’augmentation biocarburants tendent de plus en plus à remplacer celles destinées
de prix de certains produits, due selon l’explication officielle à à l’alimentation humaine, moins rentables, dont les produits se
celle des produits de base au plan international. Ce qui n’est pas
faux, sauf qu’une telle situation était prévue par des analyses de
situent désormais économiquement hors de portée de nombreux
habitants des pays pauvres. C’était en 2007. Selon Josette Sheeran,
CONDOLEANCES
l’ONU, conduites par l’universitaire suisse Jean Ziegler, et que cette situation provoque l’apparition d’un nouveau type de carence C'est avec une grande tristesse que nous avons appris
l’organisation internationale empêchée d’intervenir dans la politi- alimentaire dans ces pays, les gens n’ayant plus les moyens
que des Etats, a demandé au moins que soit observé un moratoire. d’acheter suffisamment de nourriture, abondante mais hors de prix. le décès de
N’hésitant pas à emprunter un discours volontairement alarmiste, Jean Ziegler, désigné rapporteur spécial sur le droit à l’alimenta- CHAIB AREZKI
et parlant même de plan d’assassinat, l’organisation internationale tion, n’a pas hésité à parler d’un «crime contre l’humanité qui est
a, d’emblée, souligné que l’accroissement de la production des commis lorsque l’on convertit un sol productif pour l’alimentation beau-frère de notre amie et collègue
biocarburants n’ira pas sans provoquer de sérieux problèmes au en terre à produire du biocarburant». On dira alors du système Nadjia Bouaricha
niveau alimentaire dans les pays les plus pauvres de la planète. «Le d’alerte mondial – à supposer qu’il existe réellement – qu’il a bien
changement d’orientation en faveur de la production des biocarbu- fonctionné, mais qu’en est-il au niveau des Etats. Qu’est ce qui a En cette pénible circonstance, le directeur et l'ensemble du personnel
rants a détourné des terres de la chaîne alimentaire», s’inquiétait été fait pour amortir cette rareté des produits alimentaires, et dans d'El Watan présentent à sa famille leurs sincères condoléances et l'as-
dès 2007 Josette Sheeran, la directrice du Programme alimentaire son prolongement, leur cherté d’autant que c’était là une tendance surent de leur soutien et de leur profonde sympathie. Puisse Dieu le
mondial (PAM). Mais la spéculation, ainsi que la demande sans lourde, supposée quant à elle s’opposer à un pétrole devenu cher,
cesse accrue, font que les matières premières voient leurs prix s’en- et rare ? Toute la stratégie mondiale s’en trouve ainsi bouleversée, Tout-Puissant accorder au défunt Sa Sainte Miséricorde et l'accueillir
voler. «C’est peut-être une très bonne affaire pour les agriculteurs et cela n’allait pas être sans répercussion au niveau des Etats. En en Son Vaste Paradis.
mais à court terme les plus pauvres sur la planète seront durement bout de course, ce sont ces derniers qui sont pressés de trouver la
frappés», ajoute Josette Sheeran. Les efforts contre la faim dans le solution appropriée, et il ne devrait pas en manquer. M. L. "A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons."
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 6
L’ÉVÉNEMENT
S
i, au début des années 1990
le Front islamique du salut
(FIS) dissous a bien failli
s’emparer du pouvoir par la voie
L dites «déloyales et frauduleuses» à l’origine
de la flambée des prix des produits de large
consommation. L’année 2011 démarre avec une
tension inflationniste qui pèse de tout son poids sur
des urnes, et si des organisations de le pouvoir d’achat des ménages. Cependant, s’agit-
la même mouvance continuent, il d’un bon calcul, celui de réduire la tension
aujourd’hui encore, à avoir de sociale qui se reflète sur le terrain à une offre
l’influence sur une très large frange tendue et une demande plus que jamais accrue de
de la population algérienne, cela est certains produits de première nécessité ? En réalité,
certes dû au fait qu’elles l’Etat a depuis toujours échoué dans sa mission de
instrumentalisent l’Islam à des fins régulateur, laissant au fil du temps les marchés
politiques, mais aussi et surtout à envahis par une coulée de lave impossible à
leur aptitude à exploiter les canaliser. Mais il semblerait que le mal soit aussi
conséquences pour le moins profond que l’océan, dans un pays où le paradoxe
désastreuses de la gouvernance du «Etat riche, peuple pauvre» est comparable à un
pays par un système incompétent et label propre à l’Algérie. Il y a une semaine, le pays
à bout de souffle. a fait valoir à nouveau son pesant d’or : des réserves
Parmi les motifs de mécontente- de change dépassant les 155 milliards de dollars et
ment populaire susceptibles de des recettes pétrolières de 55,7 milliards de dollars
constituer leur «fonds de commer-
PHOTO: H. LYES
à fin 2010. Le pays le plus riche du Maghreb valse
ce», on peut citer la détresse sociale au rythme d’une tension sociale grisâtre,
aggravée par une massification de matérialisée par des émeutes et, depuis une dizaine
la pauvreté que l’exode rural a af- d’années déjà, par le swurgissement et
fichée au grand jour dans les villes, l’aggravation du phénomène de la harga. A défaut
la gestion en vase clos des affaires Un Parlement qui donne son approbation à tout et à n’importe quoi
de répondre à ces maux par un remède préventif, le
publiques, les démoralisantes af- et bureaucratique qui a systématisé comme il est aujourd’hui à crain- qui exacerbe encore plus le ressen- gouvernement s’est lancé dans une cure dont
faires de corruption auxquelles le mépris, la «hogra» et le déni de dre, que dans les eaux troubles de timent des laissés-pour-compte. l’usage prolongé de perfusions sous forme de
sont mêlées des autorités politi- droit à l’encontre des populations l’islamo-populisme ou dans la vio- Incapable de trouver, de par l’es- petites doses salariales a montré ses limites. La
ques toujours en activité, la longue les plus vulnérables. Ce profond lence qui finit par discréditer des sence même de son organisation, la situation économique n’est pas aussi performante
éclipse médiatique du président de sentiment de mise à l’écart et d’in- actions que l’on pourrait pourtant force de se démocratiser, le pouvoir que ce qui est relevé dans les chiffres officiels du
la République et de certains mem- justice semble avoir été exacerbé, qualifier, de par la pertinence des pourrait cette fois encore être tenté gouvernement. Le chômage des jeunes continue à
bres influents du gouvernement, au cours de ces dix dernières an- doléances qui en furent à l’origine, par l’usage de la force publique se maintenir à des niveaux très élevés – aux
qui semblent avoir délégué leurs nées, par un scepticisme chronique de justes. Mais, quelle que soit la pour rétablir l’ordre qui risque de alentours de 25% selon le FMI – tandis que les
devoirs d’information et de sensi- que l’écrasante majorité des Algé- force politique ou sociale qui l’y lui échapper si la dynamique de diplômés de l’université et des écoles supérieures
bilisation citoyennes à des imams riens, y compris ceux faisant partie entraîne, la courte histoire de la contestation se poursuit et gagne représentent 12,4% seulement de la population
fonctionnarisés et, bien entendu, le de la classe moyenne, en est arrivée contestation populaire algérienne tout le pays. algérienne occupée, si l’on se réfère à une récente
partage inégal de la rente pétrolière à nourrir à l’égard de toute action montre, on ne peut plus clairement, La tentation pourrait, effective- étude de l’Office national des statistiques (ONS).
qui fait qu’une importante partie entreprise par des dirigeants issus que chaque fois que la population ment, être forte quand on dispose La même enquête révèle que 40,6% des travailleurs
de la population algérienne se d’un système politique en phase est descendue dans la rue pour ex- d’une pléthore de brigades antié- ont eu recours à leurs relations personnelles et
retrouve, en dépit de l’optimisme avancée de déliquescence, mais primer un besoin de changement, meute, de surcroît bien équipées. familiales pour trouver l’emploi qu’ils exercent.
des objectifs prétendument atteints toujours aux commandes d’un pays elle ne trouve au bout du compte Les émeutiers n’ayant pour l’instant Un exemple édifiant des maux qui rongent la
par le pouvoir en place, sans toit majoritairement peuplé par des que l’ancien système replâtré pour brandi que des doléances de nature société. Le gouvernement, conscient pourtant de
et sans emploi. Et, plus grave jeunes avec lesquels ils ne pourront l’occasion et toujours prêt à toutes économique et sociale (hausse des cet acide qui attaquait des années durant le métal
encore, au regard de la manière jamais partager la vision du monde les compromissions pour perdurer. prix des produits alimentaires de conservant cette fragile quiétude sociale, s’est
dont est gouverné le pays, sans et, encore moins, les aspirations. Et, à regarder de près, on ne voit base, chômage, mal-vivre, étouffe- trompé de modèle économique censé améliorer le
grand espoir de pouvoir y accéder Ce mode de gestion anachronique, pas comment il pourrait en être ment de la vie culturelle, restriction niveau de vie des ménages.
un jour. Cette importante frange imposé par un noyau dirigeant d’un autrement. En effet, pour tous ces des loisirs, absence de perspectives Le caractère rentier de l’économie algérienne ne
de la population, essentiellement âge avancé (74 ans en moyenne) a, hommes qui ont géré durant des d’avenir, etc.), il serait évidemment favorise aucunement la création d’emplois et de
rurale, à laquelle s’ajoute celle des à l’évidence, fini par mettre une années le pays sans partage, la mieux indiqué pour les autorités richesses. L’Etat injecte annuellement 15% de son
périphéries urbaines que les émeu- partie non négligeable de la popu- crainte est de devoir rendre compte politiques en place de répondre par PIB pour créer 3% de croissance. La dépense
tes d’octobre 1988 avaient mises lation algérienne en état de fronde du bilan de leur gestion désastreu- des ouvertures de dialogue plutôt publique, rassemblant le budget de fonctionnement
au-devant de la scène médiatique permanente. Mais faute d’organi- se, notamment pour ceux qui ont que par «la trique» comme il est, et les montants consacrés à l’équipement, dépasse
au grand étonnement des autorités sations démocratiques (partis poli- dirigé l’Algérie au cours de cette malheureusement, devenu coutu- les 6000 milliards de dinars. Ces chiffres, à eux
de l’époque qui venaient de les tiques, syndicats autonomes, ONG, dernière décennie durant laquelle mier. Les risques de graves dérapa- seuls, témoignent de la vulnérabilité du choix
découvrir a, en effet, toujours vécu etc.), constamment récupérées ou, l’argent du pétrole n’a jamais man- ges pouvant entraîner la perte de la économique du gouvernement qui n’accompagnait
sous le poids de l’humiliation subie à défaut, déstabilisées par les pou- qué. Le niveau très élevé des cohésion sociale ne seraient, dans point l’évolution sociale du pays. Les capacités des
et de la rage contenue, en raison voirs en place, la contestation ne réserves de change est même, trop ce cas, pas à exclure. ménages à épargner sont quasi-inexistantes, alors
d’un mode de gouvernance rentier trouvera l’occasion de s’exprimer, souvent, brandi comme un trophée Nordine Grim que le pouvoir d’achat ne fait que réduire davantage
le taux de consommation. Ceci dit, l’évolution du
MARCHÉ INFORMEL moral des ménages est en phase avec le rythme de
croissance du pays. Le chômage des jeunes et des
diplômés risque de s’alourdir, tandis que les
La décision qui a mis le feu aux poudres
a colère couvait depuis plus de deux mois. voix censée ne s’est élevée pour anticiper les du peu qu’il leur reste aux confins de la mar-
rémunérations des employés sont plombées par
une tension inflationniste insoutenable. Le choix
de thésauriser les revenus pétroliers (4800 milliards
L En application d’une directive hasardeuse de
la hiérarchie politico-administrative, les walis
conséquences indésirables de cette décision
désastreuse. C’est la fonction du politique. Ce
ginalité économique. Le marché de l’informel,
c’est avant tout la seule issue valide pour ne pas
de dinars enfouis dans le Fonds de régulation des
recettes) au détriment d’une économie diversifiée
ont reçu l’ordre de donner un coup de pied dans détachement est indicateur du fossé qui sépare crever de faim dans un pays où l’opulence est n’a fait qu’aggraver le phénomène de la harga.
la fourmilière du marché informel. Les effets de les élus et responsables des partis politiques, affichée sans vergogne tant par les nouveaux Pour ne citer que les chiffres de 2007, plus de 1500
cette stupidité politique n’ont pas tardé. Des qui s’inquiètent davantage de leurs privilèges, riches que par les dirigeants politiques, trop harraga, dont 1485 nationaux, ont été arrêtés et 83
centaines de milliers de petits vendeurs, à travers se moquant souverainement des oubliés de la confiants dans les fils barbelés qui surplombent corps repêchés. L’éveil du gouvernement, qui a
tout le pays, sont condamnés à l’inactivité. Et manne pétrolière. L’Algérie, déjà meurtrie par les murailles de leurs maisons. Les analyses qui annoncé hier une réunion interministérielle
c’est la tragédie économique pour leurs des années sombres, aurait peut-être évité cette mettent en avant les prix des denrées alimen- consacrée à l’évolution des prix, survient trop tard.
familles. flambée d’émeutes annonciatrice d’orages dé- taires manquent de pertinence. Le gamin qui Le mal est aussi profond que l’océan. Réduire la
La police, mobilisée en permanence par ca- vastateurs. lance des pierres contre les lieux publics et les crise à une simple envolée des prix menace de tuer
mions antiémeute, veille à faire place nette En effet, que deviennent aujourd’hui ces nom- policiers n’a peut-être aucune idée des prix des dans l’œuf toute tentative d’étouffer l’incendie. A
devant la mosquée Ketchaoua, dans la Basse breux jeunes gens étouffés par l’interdiction lentilles ou du sucre. Il est exaspéré parce qu’on l’ère d’un pétrole si cher (plus de 90 dollars le
Casbah, à Bab El Oued, Belcourt, El Harrach de survivre ? De quoi vivent leurs familles ? l’empêche d’exercer la seule activité qui le fait baril), l’Algérie continue d’offrir des salaires
et à la périphérie de la capitale. Ce programme, En touchant à ce secteur, qui est un véritable vivre, lui et sa famille. Coincés, dos au mur, ces moins élevés que ses voisins, comme pendant la
pondu avec une myopie politique déconcer- guêpier, nos bureaucrates, qui veulent du pro- jeunes gens qui ne demandaient rien à l’Etat période des vaches maigres. 52% des disponibilités
tante, concerne les 48 wilayas. L’état de préca- pre, n’ont pas eu conscience de la gravité de sont acculés à la rébellion par une grotesque des portefeuilles des ménages sont consacrées à
rité sociale s’est subitement aggravé pour les leur décision. Ils n’ont pas tenu compte des provocation. Ils n’ont rien à perdre, mais tout à l’alimentaire. S’offrir une cuisinière ou un simple
couches les plus vulnérables, condamnées à la conséquences funestes pour des milliers de gagner du chaos. En sont-ils responsables ? réfrigérateur Eniem est un véritable luxe.
famine et à la misère. Malheureusement, aucune familles qui, à défaut de salaires, se contentent Rachid Lourdjane Ali Titouche
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 7
L’ÉVÉNEMENT
HIER À BÉJAÏA COMME AU TEMPS DU PRINTEMPS NOIR M’SILA
PHOTO : EL WATAN
usé de bombes lacrymogènes. découdre avec tout ce
La veille, la ville a vécu une nuit qui représente l’Etat
particulièrement mouvementée. s’est soldé par la
Des manifestants ont mis le feu, dévastation de
vers 20h, à l’agence Sonelgaz, l’agence postale et du
qui vient tout juste d’être réno- Une artère du centre-ville de Béjaïa, desertée par les véhicules hier après-midi siège de la daïra de
vée, au quartier de Timezghra. une ville aux édifices publics d’une agence des assurances. été barricadée avant que n’éclate BNP-Paris-Bas et l’agence Mo- Aïn Hadjel. Les
Un des véhicules de service a été calcinés. A Tazmalt, 20 km au Dans la ville d’Ighzer Amo- l’émeute. Premières cibles, pre- bilis ont été entièrement sacca- émeutiers se sont
calciné à la place des Trois horlo- sud d’Akbou, le bilan n’est pas kane, les affrontements, qui ont miers dégâts : la salle des fêtes gés et pillés. Au niveau du siège heurtés aux policiers.
ges. Une dizaine d’autres ont mis moins sérieux. Tout ce qui sym- éclaté la veille entre manifestants et Sonelgaz. L’APC a vu sa salle de la wilaya, des policiers sont L’un d’eux a usé de
le feu dans le parc. La foule en bolise l’Etat est bon à être atta- et policiers, ont repris de plus de réunions saccagée et son parc sortis pour affronter les manifes-
furie a pris comme cible la sûreté son arme, tirant à
qué. Comme ailleurs, Sonelgaz belle dans la matinée d’hier. Les roulant brûlé. La brigade de la tants armés de pierres. L’air est
de daïra qu’elle a attaquée avec balles réelles,
demeure la cible privilégiée des alentours du siège de l’APC et gendarmerie a été assiégée. De- empesté de gaz lacrymogène au
des pierres. émeutiers. Et pas seulement. vraisemblablement
celui de la sûreté de daïra ont été vant le portail de celle de Souk El moment où nous mettons sous
L’Actel, la Poste et l’ADE ont Le tribunal a été saccagé, un transformés en un vrai champ de Tenine, un pneu a été brûlé. Les presse. sur la foule, tuant ce
subi de grands dégâts. Voyant camion à ordures n’a pas non bataille. Une source hospitalière Impôts, eux, ont été dévastés. A Oued Ghir, les premiers objets jeune homme de 18
venir le danger, certains fonc- plus échappé tout comme deux parle de plus d’une dizaine de Vers 14h, la protestation s’est hétéroclites sont jetés sur la voie ans.
tionnaires des services de l’ad- véhicules, dont un fourgon, du blessés légers parmi les policiers propagée dans les quartiers de la publique, à deux pas du siège de Les affrontements se
ministration publique se sont parc communal. évacués vers l’hôpital de Sidi ville de Béjaïa. A Ihhaddadden, l’unité républicaine qui abrite déroulent
précipités pour évacuer leurs ma- Le siège de la daïra, réduit en Aïch. Un autre policier a été Aâmriw, rue de la Liberté, pour des éléments des CNS, dont des présentement dans
tériels vers des lieux sûrs. Ceux cendres lors des événements blessé à Kherrata dans la nuit de ne citer que ceux-là, les rues sont renforts sont prêts à investir la plusieurs quartiers de
de l’Algérienne des eaux n’ont du printemps de 2001, a failli jeudi à vendredi qui n’a pas été jonchées de pneus et de bennes à rue. Quelques camions chargés la ville. L’agence
pas pu sauver leurs meubles, connaître de nouveau le même moins chaude. ordures brûlés, des mobiphones d’unités antiémeute ont pris la postale de la cité des
comme à Akbou où les émeutes sort. Les manifestants l’ont pris La RN9, qui a été fermée à la d’Algérie Telecom arrachés avec direction de la vallée hier et 1000 Logements a été
semblent avoir provoqué les plus pour cible comme le siège des circulation par quelque 300 jeu- leurs socles, de plaques de signa- avant-hier. Les prochaines heu-
contributions. L’on tentera même incendiée. S. Ghellab
importants dégâts. Les Akbou- nes manifestants au niveau de lisation, de débris d’abribus. Au res s’annoncent, vraisemblable-
ciens se sont réveillés hier dans des incursions dans le siège Baccaro, dans la ville de Tichy, a centre-ville le siège de banque ment, chaudes. K. Medjdoub
L’ÉVÉNEMENT
SAÏDA EL HAMRI, PETIT LAC ET CAVAIGNAC MASCARA
Nuit agitée Un policier blessé
Tout a commencé ce jeudi vers les
coups de 11 heures dans le quartier
périphérique des «Quatre cents
Oran en ébullition et des véhicules
’appel au calme lancé par jeunes émeutiers et les forces immobilier, de l’insécurité et
incendiés à Sig
logements». Des dizaines de jeunes,
des mineurs ont brûlé des pneus en
signe de protestation de la malvie et L les imams dans les mos-
quées d’Oran lors de la
de l’ordre. Des fourgons de
police de la brigade antiémeute
des conditions de vie précaires
dont le chômage. Ce sont no-
a tension a fini par rattraper Mascara. Un policier
déjà la panique semble s’installer,
même les bus ont craint d’être la proie
des projectiles. Retour au calme et
c’est vers 18h30 que les assaillants
prière du vendredi n’a pas eu
le résultat escompté. Quelque
temps après, ce fut le retour
aux émeutes dans les quartiers
étaient parqués devant les pla-
ces publiques, comme la place
du 1er Novembre, la place des
Victoires ou la place Hoche,
tamment, en plus de la cherté
de la vie, les raisons évoquées
par les riverains pour expliquer
leur mécontentement. «Ce
L a été blessé, hier, à 13h, au cours d’affrontements
qui ont repris dès le matin, dans le quartier popu-
laire des 230 Logements à Mascara, entre les jeunes ma-
d’El Hamri, Petit Lac et Saint- ces deux dernières délimitent n’est cependant pas en jetant nifestants et les éléments de la Sûreté nationale. Atteint
ont repris de plus belle en saccageant grièvement à la jambe, il a été évacué à l’hôpital. Les
tout sur leur passage au centre-ville, Pierre. A El Hamri, les pierres en quelque sorte le quartier des pierres qu’on va régler les
ont été remplacées par des populaire Saint-Pierre, situé en problèmes. La contestation, jeunes, dont certains encagoulés, lançant des pierres et
stoppés par les brigades anti-émeutes. autres projectiles, ont crié leur colère suite à l’interpella-
Les magasins et cafés ont baissé leurs cocktails Molotov et les jeunes plein cœur de la ville. C’est là comme en Europe, doit être
ont été plus déchaînés que les qu’ont été enregistrés, hier, et organisée et dans le calme», tion d’un jeune du quartier. Les policiers ont fait usage de
rideaux, des foyers de protestations gaz lacrymogènes, mais sans résultat. Les affrontements
sont apparus dans divers quartiers de jours précédents. Le boulevard pour la première fois au centre- affirme un habitant du quartier.
des Martyrs de la Révolution, ville, les premiers incidents. La police a procédé néanmoins ont baissé d’intensité après que les contestataires eurent
la ville : Hai Mejdoub,Village Boudia,
longeant le quartier, a été le Comme c’était le cas mercredi à quelques arrestations, selon reçu l’assurance d’un officier des services de l’ordre de
Boukhors , centre-ville ; on déplore
théâtre de violentes protesta- dernier, des bandes de jeunes des témoins. Hier, vers 17h, à relâcher le jeune qui, selon certains manifestants, n’avait
de nombreux dégâts notamment le
distributeur automatique de billets tions contre «la cherté de la vie curieux, parfois des adoles- El Hamri, les émeutes se pour- rien à voir avec les troubles qui ont eu lieu la veille. Jeudi
de banque de la grande poste, les et la hogra» tel que scandé par cents, se sont amassés tout le suivaient avec autant de rage. soir vers 19h, des centaines de jeunes ont investi sponta-
stations d’essence saccagées, les les jeunes protestataires. Fait long de la rue d’Arzew et de Selon nos sources, d’autres nément les rues de Mascara, Sig et Oggaz. Au chef-lieu
cabines téléphoniques détériorées, inhabituel hier, parmi les pro- la rue Mostaganem pour ob- arrestations ont été enregis- de la wilaya, les troubles ont éclaté, vers 19h, dans le
la poste de Boukhors a été elle aussi testataires, il y avait des pères server les échauffourées. Une trées parmi les manifestants. quartier populaire des 936 Logements, pour ne s’arrêter
ciblée. Des affrontements ont eu lieu de famille mais aussi des fem- ambiance mi-figue mi-raisin «Plusieurs émeutiers ont été que très tard dans la nuit, avant qu’ils ne s’étendent à
entre les forces de l’ordre et des jeunes mes qui, à partir des portes de règne dans ces lieux avec une présentés hier devant la jus- d’autres quartiers notamment la cité des 230 Logements,
surexcités jusqu’à une heure tardive, leurs maisons souvent en ruine, circulation piétonne presque tice», selon une source fiable la zone huit et le quartier Meddeber. Au début des événe-
et ce n’est que vers les coups de minuit scandaient des slogans pour ordinaire et un climat de ten- qui ajoute que les incidents en- ments, les jeunes ont exprimé leur colère par des jets de
que le calme est revenu. Contactés, «soutenir cette révolte» qui a sion entre la police et les jeunes registrés à Oran ont causé des pierres contre des véhicules civils qui empruntaient l’en-
les services de sécurité n’ont donné pour origine un malaise social récalcitrants. Tous ces quar- blessures à des policiers ayant, trée sud de la ville de Mascara. A l’arrivée des éléments
aucune information sur les éventuelles profond. Toutefois, selon des tiers concentrent une grande de manière générale, subi des des brigades antiémeute, la situation a connu une évolu-
arrestations ou le nombre de blessés témoignages recueillis sur pla- frustration de la population jets de pierres. tion inquiétante. Les agents de l’ordre ont été accueillis
déplorés dans les deux camps. ce, la grogne a été plus grande, à cause de la vétusté du parc R . K. et D. B. par des jets de pierres, bouteilles et divers projectiles
Sid Ahmed hier, à cause «des arrestations lancés par les manifestants, pour la plupart des jeunes.
opérées par les services de sé- Là, les policiers ont répondu par l’usage de gaz lacry-
mogènes. Selon un témoin oculaire, dans la cité des 230
AÏN DEFLA curité». A Petit Lac, cagoulés
pour certains et armés de ma- «NOUS NE SOMMES PAS Logements, une femme aurait été transférée à l’hôpital
traques et de pierres, les jeunes de Mascara après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Ces
Des blessés révoltés ont tenté de forcer les DES CASSEURS» affrontements, qui ont duré jusqu’à une heure tardive,
ceintures de sécurité encerclant n’ont pas fait de dégâts. A Sig, à 45 km de Mascara, les
et des dégâts leur quartier pour descendre au La nuit de jeudi a été agitée flambée des prix et le feu qui manifestants, en majorité des jeunes, ont tenu à exprimer
centre-ville et marcher jusqu’à leur mécontentement. Ils ont saccagé et brûlé rasant tout
matériels la place du 1er Novembre (ex-
au quartier Petit lac. Les
affrontements entre forces
nous ronge de l’intérieur»,
a dit un jeune protestataire. sur leur passage. «Les troubles ont éclaté spontanément
place d’Armes), mais le renfort de l’ordre et protestataires «Au lieu de nous laisser nous juste après 19h. Plusieurs édifices publics ont été sac-
Ils n’étaient qu’une cinquantaine sécuritaire était plus imposant. se sont poursuivis jusqu’à exprimer, on nous lance cagés, à savoir le Centre de loisirs scientifiques (CLS),
de manifestants tout au plus, mais L’ordre a été donné, selon nos 22h. A Petit lac, des bombes des bombes lacrymogène. la bibliothèque municipale, l’annexe de la commune
farouchement montés contre les sources, de cerner la révolte lacrymogènes ont été lancées Nous ne sommes pas des sise à la Nouvelle Ville et la nouvelle annexe d’Algérie
forces de l’ordre. Dans la nuit de jeudi dans les quartiers et empê- contre les manifestants dont casseurs, on veut juste dire Poste», nous dira une source de l’APC de Sig en ajoutant
à vendredi, des heurts violents ont cher son déplacement vers le qu’«une ambulance de l’établissement pénitentiaire de
la plupart portaient des aux gouverneurs du pays
opposé de jeunes manifestants dans Sig et deux autres véhicules ont été incendiés par les
centre-ville et les zones stra- cagoules. ‘’barakat el hogra’’ et la cherté
la ville de Khemis Miliana (est du manifestants.» Parallèlement, nous avons appris que des
tégiques économiques. Cette L’important dispositif de la vie nous consume». La
chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla). Les jeunes ont également manifesté, jeudi soir, leur colère
mesure a permis de minimiser sécuritaire bouclant ce même situation a prévalu
incidents se sont surtout concentrés dans la région d’Oggaz, à 65 km de Mascara. «Pas de
aux abords de la RN4, à hauteur de
les dégâts. Il n’y a pas eu de quartier a dissuadé ces jeudi dans la périphérie
casse à Oran, notamment dans jeunes de sortir de leur d’Oran, à Boufatis, Hassi dégats importants à signaler», nous dit-on. Un calme
l’école paramédicale, mitoyenne de précaire a régné sur Sig et Mascara et un important dis-
l’hôpital et du quartier Essalem. La les quartiers en ébullition. A quartier. Les manifestants Bounif et Fleurus. Un habitant
Oran-Centre, c’est plus tard, n’ont pu dépasser l’avenue de Boufatis dira : «Notre mal positif sécuritaire est déployé dans les grands quartiers
police antiémeute est intervenue en populaires. A. Souag
usant de gaz lacrymogènes et de jets vers 15h, que des incidents ont Sidi Chahmi, toutefois, ils ont est plus intense que celui des
d’eau pour disperser les protestataires été enregistrés, avec pour la exprimé leur colère en jetant habitants des grandes villes,
et riposter aux jets de pierres d’une première fois depuis le début
de la grogne, des échanges
des pierres aux éléments de
la brigade anti émeute et en
nous souffrons d’exclusion, en
plus de la cherté de la vie qui
BÉCHAR
extrême violence. Auparavant, les
jeunes mécontents avaient brûlé des
pneus à proximité de la gare routière,
de pierres et quelques tirs de
gaz lacrymogène entre des
incendiant des pneus. «Ces
flammes représentent la
n’est que la goutte qui a fait
déborder le vase.» R. K.
Echauffourées au
s’attaquant également aux poteaux quartier de Lahdeb
électriques et arrachant des panneaux
de signalisation en scandant des BLIDA u quartier de Lahdeb, à Debdaba, des échauffourées
slogans hostiles à l’Etat. A entre policiers et un groupe de citoyens ont éclaté
Le bilan de ces émeutes fait état
de trois policiers blessés en plus
de quelques dégâts matériels,
Week-end mouvementé hier, non pas à cause de la hausse de prix sur les produits
de large consommation, mais pour empêcher les agents
de la commune de démolir, à l’aide d’engins, 23 habita-
essentiellement des vitres brisées au es manifestations de colère En même temps, la commune de (20 km à l’ouest de Blida), des tions illicites. Les autorités locales concernées, présentes
niveau du tribunal, ont indiqué des
sources concordantes. En revanche, on
L prennent de l’ampleur dans la
wilaya de Blida. Après les quel-
l’Arbaâ (30 km à l’est de Blida)
a vécu une nuit mouvementée ;
dizaines de jeunes, qui n’ont
pas réussi à s’introduire dans le
sur les lieux, ont ordonné cette opération de démolition
confiée à la commune qui a pris un arrêté dans ce sens,
ne signale aucune interpellation. ques évènements déplorés mer- les protestataires ont saccagé plu- siège de l’APC, se sont dirigés en application de la loi fixant les conditions et modalités
Du côté du tronçon autoroutier qui credi, un déchaînement collectif sieurs édifices publics et incendié vers le siège de la CNEP qui, en de destruction des logements construits en infraction à la
traverse la wilaya de Aïn Defla, a été enregistré, jeudi soir, dans le bureau de poste, le siège de peu de temps, a été dévasté puis réglementation.
des sources locales ont indiqué diverses communes de la wilaya, l’agence BADR, l’unité de So- incendié. Policiers et agents de la commune ont été accueillis par
que des automobilistes ont été entre autres Blida, El Affroun et nelgaz et le service des impôts. Vendredi en début d’après-midi, des jets de pierres lancés contre eux qui ont blessé un
victimes d’agressions. Aucune Larbaâ. A la cité Ben Achour, Des sommes d’argent et du mobi- un mouvement de protestation policier et le conducteur d’un des engins de destruction.
source officielle n’a confirmé, sise aux frontières des communes lier ont été volés. s’est déclenché dans la localité L’opération d’achèvement de démolition a été menée à
hier, cette information. Ala faveur de Blida et de Ouled Yaïch, de Au même moment, la RN29 re- de Ouled Yaïch au lieudit «Stop». terme et deux personnes ont été arrêtées puis relâchées
du retour au calme, vendredi, les jeunes émeutiers ont caillassé le liant l’est de la wilaya de Blida au Des jeunes munis de sabres et après contrôle de leur identité. Interrogé, un responsable
agents d’entretien de la commune commissariat du 3e arrondisse- chef-lieu, a été prise d’assaut par d’objets contondants et tran- de l’APC affirme que la municipalité «agit dans une
ont entamé tôt les opérations ment. Un peu plus loin, au niveau des révoltés. chants se sont mêlés aux émeu- situation pareille en fonction des cas d’infraction signa-
de nettoyage des sites où ont de la cité 19 Juin, des dizaines de A l’aide de troncs d’arbres et de tiers, semant la terreur parmi les lés sur la base des P-V de constatation dressés par les
eu lieu des incidents, procédant jeunes en colère, scandant «ho- pneus en feu, cette route nationale passants. Au moment où nous organes compétents». Notons que pour le cas du site de
notamment au remplacement des gra», «marginalisation», «piston» a été barricadée en divers endroits mettons sous presse, aucun blessé Lahdeb sur lequel ont été érigées ces constructions illici-
ampoules brisées le long de la RN4 et «cherté de la vie», ont bloqué la et fermée à la circulation. Sur la ni arrestation ne sont à signaler. tes, les occupants ont acquis les assiettes foncières auprès
et à l’enlèvement des panneaux RN19. RN1, au niveau de l’échangeur Toutefois, une cellule de crise a d’un citoyen qui continue à défier depuis plusieurs mois
de signalisation routière jonchant Même constat au niveau des cités de Boufarik, des émeutiers ont été mise en place et un bilan pro- l’administration locale en prétendant être en possession
le sol. A signaler enfin que la rue Kamarise et Bouaïba, à la péri- bloqué durant plusieurs heures visoire des dégâts sera divulgué des titres de propriété de ces terrains alors que ceux-ci
reste à l’écoute des événements, ne phérie de la ville des Roses ; jus- la circulation routière, avant l’in- dans les prochaines heures. relèvent, affirme-t-on, du domaine public. Une plainte a
tarissant pas de commentaires. que dans la matinée de vendredi, tervention des forces de l’ordre. Asma Bersali été déposée auprès du tribunal contre ce citoyen par les
Aziza L. les barricades étaient en flammes. Dans la commune d’El Affroun et Mohamed Abdelli services domaniaux. M .Nadjah
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 9
L’ÉVÉNEMENT
TIPASA BOUMERDÈS
Les affrontements
ont fait des blessés Des édifices publics saccagés
dans les deux camps ension, colère, embrase-
L’ÉVÉNEMENT
PHOTO : EL WATAN
bombes lacrymogènes sont perceptibles sur les façades du CEM Chaïb
pour disperser les Salah et au niveau de la loge. Le siège de l’APC est
manifestants, en vain. également pris à partie par les émeutiers. Les deux
La tension ne faisait que portes principales de la mairie ont été défoncées
monter et les heurts ont et des dégradations sont relevées au niveau de la
duré plusieurs heures. Au Le siège de l’Agence nationale de l’emploi, à Bordj Bou Arréridj, saccagé structure et des documents du service des cartes
moment où nous mettions ordj Bou Arréridj et Ras El plusieurs voitures ont été incen- et l’inspection des impôts dans le grises. En début de soirée, la RN100, longeant la
sous presse, les émeutes
se poursuivaient et ne
cessaient de se propager
dans d’autres quartiers,
B Oued ont vécu deux jour-
nées infernales, soit jeudi et
vendredi. La ville de Ras El Oued,
diées. Cela s’est déroulé pendant
plusieurs heures. Les ménages qui
habitent au-dessus de l’agence Mo-
quartier les 500 Logements. Puis ils
ont dévasté et incendié complète-
ment l’inspection des impôts.
cité Boukarana, a été fermée à la circulation à l’aide
de carcasses de voitures enflammées. A l’heure où
nous mettions sous presse, des jeunes en furie ont
située à 30 km du chef-lieu de bilis, dans le quartier des Jardins, A Mansourah, à 30 km à l’ouest bloqué la RN100 reliant Ferdjioua à Chelghoum
tels que la Remonte, la wilaya, a renoué avec les émeutes ont dû quitter leurs domiciles, car de Bordj Bou Arréridj, des jeunes Laïd, à hauteur du pont surplombant l’autoroute, au
cité Annoual où les dans la nuit de jeudi à vendredi. A s’ils ne l’avaient pas fait, il y aurait ont bloqué la RN5 durant la nuit du nord de la cité. L’on apprend de source sûre, qu’une
manifestants auraient mis l’origine de ces manifestations, la eu des victimes. jeudi à vendredi pour un bon mo- vingtaine de jeunes émeutiers ont été interpellés.
le feu à l’auberge de hausse des prix et le chômage qui Vendredi, à l’aube, les forces an- ment et vandalisé les lampadaires M. Boumelih
jeunes. Une centaine de «frappent» la région. ti-émeute ont bouclé l’APC avec de plusieurs rues de la ville. Vers
jeunes en colère ont
assiégé durant plusieurs
Les échauffourées ont commencé
dans l’après-midi du jeudi, quand
un cordon de policiers armés de
matraques et stationné d’autres cas-
14h, juste après la prière, les mani-
festants, en majorité des jeunes, et KHENCHELA
heures le 2e plusieurs jeunes ont initié une qués et munis de boucliers, faisant même très jeunes, ont réinvesti la
arrondissement avant de
l’investir et de brûler deux
manifestation devant le siège de
l’APC. Ainsi, profitant de l’obscu-
face à la placette, au cœur du vieux
quartier. Mais ils n’ont pas pénétré
rue. Plusieurs quartiers où se trou-
vent les sièges de plusieurs édifices
Inquiétude
voitures de police. L’on
parle même de trois
policiers qui auraient été
rité, l’on a décidé de disposer plu-
sieurs barrages à divers endroits.
Les débordements étaient tels qu’il
dans les ruelles où les émeutes ont
continué une deuxième journée
consécutive.
publics, l’APC, le CPA, l’ANEM,
le CNEPD, la direction de l’emploi,
Mobils, Actel, la CNEP au centre-
des habitants
gravement blessés. En a flambée des prix des produits de large consom-
plein centre-ville, une
centaine de jeunes ont
devenait très difficile pour les for-
ces de l’ordre de les contenir. Dès
le début de la soirée, des affronte-
Les affrontements ont été plus vio-
lents dans la mi-journée d’hier. Plu-
sieurs personnes ont été interpel-
ville, la CNAS et d’autres bureaux
appartenant à la direction de la
jeunesse et des sports, ont été com-
L mation suscite l’inquiétude des Khenchelis.
Cela s’est traduit dans la nuit de jeudi à vendredi
lancé des projectiles ments explosaient. lées, selon des manifestants. «Trop, plètement pillés ou brûlés. D’autres par une émeute au niveau de la route de Aïn Beïda.
contre la salle de cinéma Les émeutes se sont rapidement c’est trop ! Les prix augmentent de jeunes ont jeté des pierres contre la En colère, les jeunes ont bloqué la route en y brûlant
Maghreb et d’autres propagées dans les ruelles du cen- jour en jour», a expliqué Ahmed, un façade du siège de la wilaya. des pneus.
infrastructures. Par tre-ville. Des foules se sont rassem- jeune licencié au chômage depuis Les policiers en faction ripostent Difficilement, les services de sécurité ont réussi à
ailleurs, à Bir El Ater, des blées, apparemment spontanément, plus de trois ans. «Et comme nous avec des gaz lacrymogènes. En rétablir l’ordre. Cette hausse subite et non justifiée
manifestants ont fermé en de nombreuses parties du quar- n’avons pas un cadre d’expression même temps, des manifestants ont des prix des aliments de base a engendré un désé-
pendant plusieurs heures tier. Elles ont dévasté et pillé plu- pour pouvoir communiquer avec détruit des panneaux de signalisa- quilibre dans le budget des ménages, particulière-
la route à l’aide de sieurs édifices publics et répandu les autorités, nous avons choisi la tion routière et les lampadaires à ment ceux qui ont un bas revenu.
barricades, avant de s’en leurs contenus dans la rue, avant rue pour montrer notre méconten- coups de barres de fer. Les services Beaucoup affirment que «la vie devient cher, le
prendre au siège de d’y mettre le feu. Il s’agit princi- tement», ajoute-t-il. des urgences de l’hôpital Bouzidi pouvoir d’achat inatteignable», qu’ils sont «dans la
l’opérateur téléphonique palement du siège de Sonelgaz, de Au chef-lieu de la wilaya, très vite, Lakhdar ont enregistré plusieurs tourmente en réalisant que (leur) budget ne fera pas
Nedjma et de mettre le feu quatre lycées, deux CEM, l’Actel, l’ambiance est devenue électrique blessés dans les deux camps. Face le poids devant cette flambée». D’autres s’en pren-
aulocal de l’inspection Mobilis, du siège de la daïra, de aux quatre coins de la ville. Les jeu- à ce climat, les commerçants ont nent à l’Etat, disant que ce dernier «doit prendre ses
d’école primaire. l’agence d’emploi, la bibliothèque nes ont caillassé l’agence Djezzy, la baissé rideau, de peur de voir leurs responsabilités, qu’il doit impérativement jouer son
Lakehal Samir de la poste, le parc de l’APC où CNEP, la banque Société générale boutiques vandalisées. Adlène B. rôle de régulateur du marché». Kaltoum Rabia
CONSTANTINE
Nuits d’émeutes dans plusieurs quartiers
ier à 15h, la localité de Hamma des pneus incendiés, de troncs d’ar- tanément dans plusieurs quartiers minutes après des unités des brigades passant près du commissariat du
H Bouziane s’est embrasée faisant
écho aux émeutes déclenchées la nuit
bres et de blocs de pierre, criant des
slogans hostiles à l’Etat et à la police
populaires de la ville de Constantine.
Des centaines de jeunes en colère ont
antiémeutes ont été déployées sur
les lieux, sans pour autant recevoir
12e arrondissement a été fermée à la
circulation durant deux heures avant
de jeudi à vendredi un peu partout qu’ils n’ont pas hésité à caillasser, les envahi la rue à Oued El Had, où le l’ordre d’intervenir de crainte de d’être dégagée avant minuit par les
à travers la wilaya de Constantine. obligeant même à rester confinés boulevard de l’ALN a été fermé à la provoquer des affrontements avec les services de l’ordre qui réussiront
Résistante depuis l’affaire Toufouti, la à l’intérieur du commissariat. Plus circulation avec des pneus brûlés et émeutiers. Mais il semble que le mou- à maîtriser la situation. A Boudraâ
rue de cette localité s’est enflammée loin, à Zighoud Youcef, des hordes des blocs de pierre, selon des témoins vement a déjà fait tache d’huile. Salah (cité El Bir), Benchergui, El
de nouveau à tel point qu’elle donnait de manifestants ont complètement oculaires. L’on a signalé ainsi que plusieurs Ménia et Kontoli, des manifestants
l’aspect d’un champ de bataille. saccagé le lycée technique et jeté des Une panique générale a régné dans les groupes de jeunes ont envahi la RN3 ont fermé la route à l’aide de pneus
Un membre de cette famille a même micro-ordinateurs par les fenêtres. lieux. Les rumeurs sur un mouvement menant vers El Khroub, au niveau enflammés et de blocs de pierre. Dans
été arrêté bien avant le déclenchement Le siège de la recette des impôts, la de protestation ont circulé comme une du quartier populaire du 4e km, alors d’autres quartiers, à la Nouvelle ville
des émeutes (12h), sous «le prétexte», gare ferroviaire et des abris bus ont été traînée de poudre, poussant tous les que des émeutiers ont fait de même et Aouinet El Foul (centre-ville), des
nous dira son frère, «qu’il s’apprêtait également saccagés. commerçants à baisser rideau. Selon au quartier de l’Emir Abdelkader, où jeunes ont tenté également d’obstruer
à fomenter une émeute». Des groupes La RN3 a été fermée par les émeu- les riverains, des abribus installés des pneus ont été brûlés au rond-point la voie. A Aïn Smara, des émeutes
de jeunes en furie sillonnaient les tiers. Jeudi, vers 19h30, des émeutes récemment par les services de la se trouvant à proximité du tribunal de viennent d’éclater…
rues qu’ils avaient barricadées avec spontanées ont éclaté presque simul- commune ont été détruits. Quelques Ziadia. La route de Djebel Ouahch, S. Arslan et Dj. Belkadi
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 11
L’ÉVÉNEMENT
I D É E S - D É B AT
voulant faire du bien pour autrui. Chasser leurs de notre incompétence en matière de définition et
idées pour babiller une gloire ne mène à rien et ne de clarification d’une stratégie de développement
fait qu’accroître un narcissisme maudit. Quand durable. Cette situation embarrassante n’arrête
on chasse ces idées de nos esprits et qu’on fait Ferhat Abbès aux côtés de Abane Ramdane, Krim Belkacem, Mehri et Lacheref pas de s’ancrer en nous et de nous inscrire avec
de l’ombre à leur auteur, on n’a pas le droit, en les pays malheureux, damnés et maudits.
réalité, de dire ensuite qu’on est vivant. Quel Cependant, nous ne pouvons pas avancer dans
jugement peut-on avoir de nous-mêmes lorsque beaucoup de choix. Soit on s’enferme dans notre fin de mois, le nouvel avoir du CCP comme les un climat de peur et de méfiance. La perplexité
l’on croise dans notre vie des personnes de valeur «trou à rats», pour, justement, créer dans l’espa- vieux retraités ? qui guette pratiquement tous les Algérien(nes),
précieuse et que l’on ne profite même pas de les ce qu’on peut avoir dans un «F3» délabré notre Que pouvons-nous faire avec des jeunes qui en- sans exception est d’ordre psychologique. Il
écouter, afin d’apprendre, au moins, à apprécier petit monde, ou bien partir là où les harraga sou- tament la harga pour terminer leur processus de nous faut un climat serein pour éduquer un es-
la valeur humaine ? haitent aller !... L’itinéraire d’une troisième voie vie dans la mer ? prit clairvoyant et critique. La liberté de penser
Ferhat Abbas, une figure historique que Dieu a n’est toujours pas créé et ne peut être disponible Que pouvons-nous faire avec des jeunes qui ont et de parler est plus que jamais recommandée
bien aimée, a trouvé la «raison» et voulait nous dans les conditions actuelles !... décidé aveuglément de terroriser une société pour construire une confiance réciproque. Cette
la transmettre pour qu’on puisse construire, en- M. Moulessehoul (Yasmina Khadra) avait rai- déjà angoissée et embarrassée ? liberté qui s’entretient dans un climat social ergo-
semble, notre cher pays. Il avait hâte de ne plus son de dire dans une interview que les Algériens Où va l’Algérie ? Une autre question qui nous nomique est nécessaire pour accoucher de «l’Al-
voir son pays sombrer dans l’arrogance, le mé- se soucient de laisser une villa à leur progéniture, fait penser, encore une fois, à un autre drame hor- gérien typique» qui pourrait représenter son pays
pris et l’indifférence, et a insisté inlassablement mais personne ne pense si, lui, a bien laissé une rible qui s’est collé pour se graver à jamais dans dignement et ne jamais songer à déshonorer ou à
pour impulser et faire boiser sa pensée politique nation. Effectivement, posons-nous les questions la mémoire collective. renier sa patrie pour la remplacer par une autre.
et ses idées modernes, ouvertes sur le monde suivantes : où allons-nous ? Quel sens avons- Je n’essaie de faire le procès de personne et Pour conclure, il est regrettable de dire que
contemporain. nous donné à notre vie et à notre avenir ? Com- je n’essaie pas non plus d’alarmer la société, l’hommage en question ne peut avoir lieu et nos
Il n’a pas écrit pour nous raconter ses blessures ment serait l’avenir des enfants qui n’ont rien fait d’autant plus que moi-même je fais partie de martyrs «chouhada» ne peuvent reposer en paix,
personnelles ; il n’a pas été rancunier ; il n’avait pour mériter cela... ? ce malheureux monde. Mais, paradoxalement, tant que le chantier de la construction d’un Etat
pas non plus de haine vis-à-vis de certains com- En tout cas, ce qui est actuellement sûr, c’est que j’essaie d’être debout pour contrer la maladresse fort n’a pas démarré. Nous avons les moyens et
patriotes qui l’ont ridiculisé. Il avait dans ses la représentation qu’on a conçue ne nous mène qui s’est prescrite dans notre société et s’est nous pouvons le réaliser à condition que nous
yeux la patrie, l’Algérie, et pour elle il a pardonné nulle part, et ne peut, en aucun cas, nous aider élargie comme une gangrène destructible. Je nous aimions et que nous nous faisions confian-
à tous ceux qui, de près ou de loin, étaient res- à progresser. Ferhat Abbas, de son côté, nous a crois qu’aujourd’hui le moment est venu de ce, les uns aux autres. Pas comme un frère d’une
ponsables de ses propres souffrances et douleurs. fait savoir à la page 51 que «le pouvoir n’est rien poser les vraies questions qui font peur, mais en même famille, mais plutôt comme un frère d’une
L’essentiel pour lui c’était l’Algérie. Elle était quand il n’est pas au service d’un idéal partagé même temps des questions fondées qui libèrent même République.
son souci majeur. Elle était la priorité des prio- avec le peuple.» Dans notre situation, que pou- les corps et les esprits malades, et construire, Nous devenons frères quand nous nous soumet-
rités. Elle était placée au sommet. Tout ce qui vons-nous faire avec des responsables politiques en même temps, la stabilité, l’ordre et la paix tons, à l’aide d’une volonté collective, aux exi-
peut être important pour un être humain devient qui ont tourné le dos au peuple et ignoré, depuis, sociale. Cela dit, nous vivons quotidiennement gences et aux lois de notre République.
nécessairement secondaire pour elle. son existence ? dans la violence. Elle se généralise pour toucher Ferhat Abbas nous a laissé une phrase dans la
Ferhat Abbas était virulent avec toutes les per- Que pouvons-nous faire lorsque l’on voit dans un toutes les personnes dans toutes les structures et page 59 de son testament, qui explique que «le
sonnes qui pouvaient mettre en péril l’intérêt de Etat fragile des partis politiques qui n’ont aucun dans tous les secteurs. Arrêtons de dire qu’elle nouveau départ ne viendra que de la libre dispo-
l’Algérie et des Algérien(nes). Aucune exception organe qui fonctionne pour ranimer le corps de la est limitée uniquement aux enfants et aux fem- sition de chaque citoyen algérien obéissant à la
n’était tolérée. société, assécher avec insistance uniquement les mes. Elle est générale parce qu’elle touche tout loi de la majorité.» En attendant que ce jour se
Jadis, l’Algérie pouvait se sentir protégée grâce caisses de l’Etat et du contribuable ? le monde, y compris les «hommes». lève, nous continuons à avoir des sentiments pour
à ces hommes intègres. De nos jours, ces person- Que pouvons-nous faire avec des députés en Nous vivons tous dans l’angoisse et dans la peur. notre premier Président et nous l’adorerons pour,
nes précieuses sont rares, et il est difficile, plutôt manque d’oxygène pour donner du souffle à la Ces dernières sont multiples et varient d’un cas au moins, lui rendre ce qu’il nous a bien donné
impossible, de trouver quelqu’un qui ressemble- vie politique et sociale ? à un autre. Il nous faut une vision générale et comme espoir. Il a voulu nous dire dans son tes-
rait à Ferhat Abbas. Que pouvons-nous faire avec des hauts cadres claire, et pour réaliser cela, il ne faut pas avoir tament (livre) qu’il sera vivant parmi nous et sera
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde qui corrompus qui ont donné à WikiLeaks l’occasion peur de poser les vraies questions. heureux à jamais quand notre pays sera prospère
facilite, malheureusement, la place et la recon- de nous marteler avec des informations pénibles, La problématique de la «domination» est un phé- et permettra à ses enfants, sans distinction, de
naissance aux prédateurs et aux véreux qui com- douloureuses et honteuses ? nomène qui fait partie de l’état naturel de l’être vivre heureux dans un environnement qui leur
promettent sans état d’âme l’intérêt public. Ce Que pouvons-nous faire avec certains universi- humain. Il faut avant tout reconnaître cela et le apprendra ce qu’est l’effort et leur permettrait de
monde donne particulièrement raison à ceux qui taires qui cherchent à avoir le grade le plus élevé, définir pour arriver, ensuite, à comprendre com- travailler et de persévérer pour faire accroître les
ne respectent ni le droit canon ni le droit positif. par n’importe quel moyen, pour toucher essen- ment les hommes ont réussi à domestiquer cet énergies et les compétences. L. M.
Actuellement, ce monde ne nous donne pas tiellement le «jackpot», et finir par voir, chaque état «sauvage» pour le faire fonctionner sociale- (*) Université d’Oran
&LETTRES
El Watan Samedi 8 janvier 2011 - 13
ARTS
FRONTON CARNET DE FESTIVAL A LA RENCONTRE DES MUSIQUES ANCIENNES
Nostalgie, quand tu
nous viens ! PAR AMEZIANE FERHANI
Comme toutes les substances légales, la nostalgie doit se
consommer avec modération. Au-delà, elle peut devenir
nocive et atteindre même la zone de jugement du
cerveau.
Lors d’un café avec deux vieux amis rencontrés par
hasard la semaine dernière, la discussion est tombée sur
la réouverture de la Cinémathèque d’Alger. A l’évocation
Volutes de luths
rentrer chez soi, les jambes lourdes et l’esprit chargé
d’images et d’idées…
Tout allait bien jusqu’à ce qu’un des deux amis affirme
qu’il n’y avait «plus rien aujourd’hui». Les trémolos de sa
voix ressemblaient aux notes de la chanson de Léo Ferré,
L
Avec le temps, tout s’en va… PAR FAZILET DIFF Ranajit Sengupta nous a fait découvrir la musique du nord de l’Inde. Et pour
Plus rien ? Oui, plus de vie culturelle, insista-t-il. Cette les délices du «sarod». Mandoline in- rendre honneur à Alger, qu’elle visite
idée est si typique des quadra et quinquagénaires. Les e public mélomane algé- dienne inventée au XIXe siècle, cet pour la première fois, elle clôt son ré-
désillusions, hélas motivées, les charges professionnelles rien révèle un potentiel instrument étonnant rivalise avec l’an- cital par «Mata nastarihou min wahchi
et familiales, l’âge aussi sans doute et la conscience d’écoute merveilleux qu’il cestral «sitar». Ranajit Sengupta est el habayeb» puisé dans notre patri-
aiguë des gâchis nationaux, ont fini par graver le spleen ne pouvait, jusque-là mon- passé maître dans son maniement. moine andalou.
dans leur âme et obscurcir leur vision déjà assistée par trer, faute d’occasions, et il D’abord surpris par les sons inhabi- Les puissants youyous qui fusent de la
des verres. La plupart d’entre eux ne sortent plus, sauf gagne en qualité et en di- tuels, nous suivons, sans grande diffi- salle attestent de la reconnaissance du
par nécessité ou pour s’entre-visiter et ressasser la versité à la faveur des ren- culté, ce merveilleux musicien au pays public, mais surtout de son admiration
mythologie du bon vieux temps, celle-là même qu’ils contres musicales désor- des Ragas… à voir Shirin Sengupta changer de re-
reprochaient à leurs parents. Eh bien, ils ont tort car, mais régulières. Le Festival interna- Quand Shirin Sengupta parle, c’est gistre et de style avec autant d’aisance.
archives à l’appui, sauf pour les salles de cinéma (drame tional de musique andalouse et des L’orchestre Artemandoline a littérale-
La géographie des
national), la vie culturelle actuelle est objectivement bien musiques anciennes participe grande- ment subjugué la nombreuse assem-
plus diverse et riche que celle des années 1970. Sans ment à cette avançée et sa cinquième blée venue pour la seconde soirée.
À L'AFFICHE
CARNET DE FESTIVAL À LA RENCONTRE DES MUSIQUES ANCIENNES
L
●●● ’Ensemble de malûf maghrébin, habitué
aux festivals internationaux, tel celui de
Testour où il s’est distingué en remportant
L’excellence était le premier prix de l’édition 2001de Sousse,
au rendez-vous. apportera ensuite la touche si caractéristi-
Un fabuleux que des grands orchestres, garants de la
mélange de sons préservation des œuvres authentiques du
et de mélodies style traditionnel. En provenance d’Alep
qu’on aurait (Syrie), l’Ensemble Ornina de musique arabe, dirigé
voulu ne jamais par Mohamed Qadri Abu Dalal, a revisité les grands
interrompre classiques syriens en y ajoutant ce petit cachet si par-
ticulier qui rend la musique de ce lointain Orient si
proche des Maghrébins. Le public de la salle Ibn
Zeydoun n’était pas arrivé au bout des surprises ré-
servées par ce festival si particulier. Dans son intitu-
lé, il est fait mention de «musiques anciennes» et, en
une soirée, nous avons accompli un bond de plu-
sieurs siècles en arrière avec le concert de Min Xiao
Fen, inédit en Algérie. L’artiste chinoise, connue
dans le monde entier et qui a travaillé avec les plus
grands, nous accompagne pour une véritable décou-
verte du «pipa», instrument typique de la musique
PHOTOS : D. R.
traditionnelle, vieux de plus de 2000 ans ! Sorte de
luth à quatre cordes, son nom se rapporterait aux
techniques à deux doigts. Les cordes sont pincées al-
ternativement d'avant en arrière. Avec cette véritable
machine à remonter le temps, le public est littérale-
le luth dans tous ses états et formes aura vraiment été semble Régional d’Alger est venu clore cette com-
ment fasciné par l’instrument et par la dextérité de
à l’honneur. Un rapide rappel nous indique que c'est munion des âmes en rendant hommage au grand maî-
l’artiste qui semble elle-même sortie d’une autre
en Orient qu'il faut rechercher les traces des premiers tre Abdelkrim Dali. Le public approuvera par une
époque. Retour vers l’Europe avec Pedro Joia, vir-
luths et précisément en Mésopotamie (voir encadré). longue standing ovation la qualité d’interprétation de
tuose portugais de la guitare flamenca et détenteur
Originaire de Colombie, Francisco Orozco est pro- la nouba Raml Maya. La justesse des voix et la préci-
d’une technique de trémolo absolument inouïe. Il est
bablement le dernier troubadour encore en exerci- sion instrumentale et orchestrale prouve encore l’at-
accompagné par Ricardo Ribeiro, lauréat de la gran-
ce… Il arrive sur scène avec pas moins de quatre tachement de la jeune génération pour ce patrimoine
de nuit du Fado et du Prix Amalia Rodriguès, excu-
luths ! Il les présente un à un avec une tendresse réel- ancestral. Rendez-vous est pris pour la 6e édition déjà
sez du peu ! Ce duo se veut «la matérialisation de
le. Une anecdote parmi d’autres qu’il contera entre programmée du 20 au 29 décembre 2011.
l’esprit andalou sous la perspective de deux musi-
deux complaintes médiévales, relate l’histoire de la Dans la plaquette de présentation, Rachid Guerbas,
Photo du haut : ciens portugais», comme se plait à le souligner Pedro
découverte de la représentation d’un luth ancien sur commissaire du festival, définissait celui-ci comme
Les chanteurs Joia. Pour sa part, Critina Bellu, violoncelliste flo-
la façade d’une cathédrale. D’origine arabe, le luth «une dynamique scène du généreux partage, un lieu
indiens Ranajit rentine, propose de revisiter une des œuvres maîtres-
s’est retrouvé là après 1492, année de la chute de où chacun s’enrichit de la culture et de l’expérience
et Shirin ses de Jean Sebastien Bach, La Première Suite pour
Grenade, dernière cité musulmane d’Andalousie… de l’autre, où chacun prend conscience du fabuleux
violoncelle solo. Connue surtout pour son prélude,
Francisco Orozco nous conviera à une cérémonie où trésor qu’il doit à l’autre et du privilège que chacun
cette œuvre est composée de six mouvements basés
il prendra tour à tour le rôle de narrateur, de chanteur a de se reconnaître dans l’autre.» Il n’avait pas exa-
chacun sur un rythme de danse au caractère marqué :
et de luthiste, explorant pour nous l’univers enchan- géré. F. D.
de la gravité de l’allemande au déchaînement de la
teur et magique de la musique ancienne, accompagné
gigue, en passant par une majestueuse sarabande et
d’un percussionniste d’exception, Alvaro Garido.
des menuets sautillants.
POURQUOI ANCIENNE ?
Assurément l’un des moments les plus forts et les
Désormais habitué aux belles surprises et avide d’en
plus étonnants de cette semaine. C’est en hommage à
découvrir de nouvelles, le public se presse pour pren-
ces artistes venus des quatre coins du monde que
dre place. Ce soir, on annonce encore un autre instru- On qualifie généralement de musiques anciennes
nous avons consacré l’essentiel de notre propos. Ceci
ment étrange : le théorbe ! Derrière ce nom bizarre, celles qui ont été composées avant la fin du XVIIIe
ne diminue en rien le mérite des artistes algériens, à
se cache un instrument à cordes pincées, sorte siècle. Mais il s’agit plus d’un usage que d’une
eux toute notre reconnaissance pour les émotions
de grand luth, créé en Italie au XVIe siècle. Il définition précise et consensuelle et cette approche
partagées. L’excellence était au rendez-vous avec
apparaît comme un luth couplé à une basse. ne retient que la périodicité sans tenir compte des
chacun d’entre eux. Un fabuleux mélange de sons et
François Bonnet interprètera des œuvres ori- caractéristiques. D’autres chercheurs ont retenu
de mélodies qu’on aurait voulu ne jamais interrom-
ginales des XVIe et XVIIe siècles, écrites comme critère la continuité de transmission. Selon
pre.
spécialement pour cet instrument d’un eux, si une musique a été transmise régulièrement de
C’est d’ailleurs dans une salle archi comble que l’En-
autre temps. Extraordinaire voyage dans le siècle en siécle, elle n’est pas ancienne. S’il y a eu
monde sans frontières des sons mer- rupture dans la transmission et que des recherches
veilleux. Lors de la même soirée, change- Il existe aujourd’hui de nombreuses versions du
luth, mais toutes se rattachent au luth arabe, sont nécessaires pour la reconstituer et retrouver une
ment d’ambiance radical. L’Ensemble de «interprétation fidèle», cette musique est alors une
Meknès accompagne le mounchid el ûd, qui a donné, entre autres, naissance au luth
européen. Le modèle occidental apparaît en musique ancienne. Or, il existe des musiques très
Abdellah El Mekhtobi, dans la plus anciennes qui ont été transmises régulièrement dans
pure tradition marocaine. Les mu- Europe vers le IXe siècle. Ce sont les musulmans
qui l’y ont introduit pendant la conquête et le temps comme certaines musiques religieuses et
siciens rivaliseront d’agilité et folkloriques. De plus, la notion «d’interprétation
feront même de la surenchère l'occupation de l'Espagne de 711 à 1492. Les
Croisades, entre 1096 et la fin du XIIIe siècle, ont pu fidèle» a été récusée par plusieurs musicologues
musicale pour le plus grand comme subjective ou idéaliste. Les Anglo-Saxons
plaisir des spectateurs. aussi être un autre moyen de sa diffusion. Le luth
évoluera et passera de 4 cordes Sopranes à 5 retiennent pour leur part la notion d’interprétation
L’un est né à Malaga, l’autre «basée sur des sources historiques».
à Madrid. Javier Santaella cordes Alto, puis à 6 cordes Ténor et encore plus,
puisqu’avec l’avènement du contre-point, les Enfin, il faut souligner que ces catégorisations ou
et Mateo Arnaiz se sont débats se limitent souvent à l’univers culturel
connus à un cycle de per- cordes ajoutées le transformeront petit à petit en
un véritable «instrument-orchestre». européen, d’où la datation au XVIIIe siècle qui
fectionnement auprès du correspond à l’avènement de la musique classique
maître Albert Ponce. Les L’instrument est fait de bois. La «table» est
constituée d’une fine planche résonnante, souvent sur ce continent qui a suivi la période baroque. Contre
deux guitaristes décident cet ethnocentrisme, des musiciens et musicologues
alors de la création du de l’épicéa, avec généralement trois rosaces sous
forme de grilles décoratives sculptées dans la réclament une vision plus large de la musique
«Duo Axioma» qui offrira ancienne en y intégrant toutes les musiques pouvant
avec générosité et talent un table elle-même. Le dos en poire est composé de
lamelles de bois appelées «côtes» et collées bord être concernées par ce qualificatif et notamment
large éventail d’œuvres al- celles des pays du Sud. C’est cette attitude que défend
lant de la Renaissance à la à bord. La coque est renforcée à l’intérieur par des
bandes de parchemin collées. Le manche est manifestement le Festival d’Alger à travers sa
musique latine contemporaine. programmation.
Cette année, tout au long du festival, souvent en bois d’ébène.
A & L.
El Watan - Arts & Lettres - Samedi 8 janvier 2011 - 15
À LA VOLÉE
BRÈVES… …ET AUTRES NOUVELLES
débat aux USA et dans le monde h’sin, nouba zidan et nouba sika).
anglo-saxon. L’éditeur se défend Ces pièces académiques majeures
de vouloir faire du politiquement ont été enregistrées avec un orches-
correct. L’universitaire Sarah tre de 17 musiciens professionnels.
Churchwel critique l’attention ex-
cessive accordée au mot «nigger» : CHIFFRES
«Beaucoup de lecteurs ne savent Maghreb des Livres à Paris : rendez-vous en février Cinémas de l’Hexagone
pas faire la distinction entre un li- Organisé pour la 17e fois consécutive par l’asso- teurs qui viennent s’approvisionner en littérature
vre raciste et un livre avec des per- ciation Coup de Soleil, le Maghreb des Livres et autres ouvrages issus du Maghreb ou consa- Les salles de cinéma françaises ont enregis-
sonnages racistes ; le fait que la aura lieu cette année les samedi 5 et dimanche 6 crés aux thématiques de cette région. De nom- tré 206,5 millions d’entrées en 2010 selon
sympathie de l’auteur va claire- février 2011, toujours à l’Hôtel de Ville de Paris. breux hommages, débats et séances de dédicaces les dernières estimations du Centre national
ment vers Huck et Jim, et contre les Né en 1994 dans les locaux du CNL (Centre na- accompagnent la manifestation qui rassemble à de la cinématographie. Ce chiffre représente
esclavagistes (qui sont uniquement tional français du livre), le Maghreb des Livres a la fois des émigrés maghrébins mais aussi des près de quatre fois la population, ce qui
des adultes blancs), est occulté, été accueilli en 2001 par la Mairie de Paris, dès Français intéressés par la littérature maghrébine signifierait qu’en moyenne un habitant de ce
pour eux, par l’utilisation ordinai- l’élection de Bertrand Delanoë (d’ailleurs ancien pour ses contenus et/ou ses écritures. Seul évé- pays serait allé quatre fois dans l’année au
re du mot ''nègre", même si c’était membre de l’association organisatrice). Cette nement littéraire de France et même du monde, cinéma ou une fois par trimestre. Par rapport
pourtant le seul que des petits cam- année, ce sera la littérature et l’édition tunisien- entièrement consacré aux lettres du Maghreb, il à 2009, la fréquentation des salles a augmen-
pagnards illettrés des années 1840 nes qui seront à l’honneur. Etalée sur deux jours est devenu pour elles un rendez-vous précieux té de 2,7%. On compte environ 5500 salles
auraient utilisé pour décrire un es- seulement, le MDL acceuille jusqu’à 6000 visi- de promotion et de diffusion. de cinéma dont un tiers déjà équipées en
clave». matériel de projection numérique.
El Watan - Arts & Lettres - Samedi 8 janvier 2011 - 16
À VRAI DIRE
MOURAD BRAHIMI AUTEUR DE RIEN QU'UNE EMPREINTE DIGITALE
REPÈRES
en faire des reportages, il n’a pas rencontré un tribunal
PHOTO : D. R.
À LA PAGE
ROMAN "UNE SOIRÉE AU CAIRE" DE ROBERT SOLÉ ABÉCÉDARIUS
R
maternel. Et, au fur et à mesure de «Les vrais exilés, ce n'est pas eux. élaborer un traité qui
obert Solé, écrivain d'ori- l'avancement de l'intrigue, le nar- C'est nous qui sommes restés»,
gine égyptienne, revient serait utile à la résolution
rateur découvre ce passé qu'il confie Dina à Charles lors d'une des problèmes posés par
sur les traces de son nous transmet à son tour comme discussion.
enfance, de son adoles- les transactions
s'il voulait figer le temps et res- Charles doit annoncer à la gar-
cence et de son histoire commerciales, des
susciter l'Egypte de son enfance, dienne des lieux qu'elle doit la
familiale. «Nous avons quitté questions ayant trait à
celle de ses parents sur trois géné- quitter car les membres de la
l'Egypte comme des voleurs. Sans rations. Cette Egypte, terre d'ac- famille qui vivent à l'étranger ont l’héritage, du calcul des
au revoir ni merci, sans même cueil, terre natale que presque décidé de la vendre. Lors d'une aires et des surfaces
avertir les amis (…). Ce n'était en tous les membres de la famille ont soirée organisée par Dina dans la etc.…», écrit le génial
principe que pour un court séjour quittée «de leur propre gré, sur la maison symbole, Charles fait la mathématicien Al
au Liban», raconte Charles, le pointe de pieds, sans tarbouche ni connaissance de plusieurs person- Khawarizmi (IX siècle), dans l’introduction de son
e
narrateur de Une Soirée au Caire, trompette», révèle Charles, très nes, dont Amira, jeune Egyptienne œuvre magistrale, Hisab al-jabr wa el-mouqabala. Le
cinquième roman de R. Solé. attaché à la vieille Egypte. copte enseignant l'histoire à l'uni- calife abbasside, on le sait, avait réuni les plus grands
C'était en juin 1963. Depuis, ce La seconde temporalité concerne versité. «Le passé est passé», lui hommes de science de son époque dans son académie
départ forcé et provisoire a pris le temps présent. Grâce à sa pos- lance-t-elle en pleine figure. Cette Bayt el-hikma (La maison de la sagesse) en vue de
l'allure d'un exil pour la famille ture d'observateur de la vie égyp- phrase sonne comme une révéla- faire passer l’essentiel du savoir classique par des
proche et élargie de Charles. Ce tienne et à ses discussions avec tion pour Charles qui prend alors traductions vers la langue arabe. Al-Khawarizmi, qui
dernier a migré en France, pays des personnages majeurs et conscience qu'il a idéalisé le passé fut de la partie, devait encore établir des tables
qui «avait admirablement coloni- mineurs vivant au Caire, Charles et que «l'Egypte éternelle» n'exis- astronomiques et faire des relevés topographiques
sé (les) esprits et (les) cœurs» de nous immerge dans la dimension te pas. «Nous ne vivions pas au pour écrire un livre, non moins important, intitulé, La
cette famille syro-libanaise contemporaine de la vie égyp- paradis», avoue-t-il au moment Configuration de la terre.
d'Egypte. La scène se situe princi- tienne. Il ne se reconnaît plus dans où il passe en revue des événe- En d’autres termes, le savoir n’a jamais été un luxe,
palement au Caire, dans la maison «ce Caire grouillant et déglingué ments familiaux tragiques. Le mais bien une nécessité de tous les jours. On a donc
familiale que le grand-père mater- (…) ces ruelles sans trottoirs, passé est passé. Une autre histoire une idée sur l’impact de l’œuvre d’Al Khawarizmi dans
s'écrit aujourd'hui, monologue la vie des hommes et des civilisations d’une manière
Charles, à l'aube, à quelques heu- générale. André Malraux (1901-1976), ne disait-il pas
res de son rendez-vous avec à juste titre dans ses Antimémoires qu’un seul homme
Amira. pourrait être à l’origine de la splendeur de toute une
Ce roman du deuil d'un passé civilisation ? Al Khawarizmi en était un, à coup sûr,
représenté comme un paradis aussi bien pour la civilisation arabo-musulmane que
perdu renseigne sur l'histoire poli- pour la civilisation occidentale puisqu'il est à la base
tique, religieuse et sociale de de l’algèbre, discipline on ne peut plus
l'Egypte, du Caire, des quartiers révolutionnaire.
où réside la bourgeoisie... Il per- Justement, ce qui a toujours dicté l’intérêt de l’homme
PHOTOS : D. R.
ACCENTS
PARUTION DEUX LIVRES RÉCENTS SUR L'ALGÉRIE
E
que», l’arrachage des vignes comme praxis de la décolo- pour mourir d’une balle au cœur. Sans son exploration du
t quelle est la réception de soi à ce regard de l’autre, nisation (avec une inévitable comparaison entre vins passé – un voyage dans le temps et dans le sang – l’auteur
avec inévitablement la différence ou l’homologie algériens et français) et la culture marxisante véhiculée retrace le parcours d’un fils de pauvre, son éducation dans
qui en résulte ? Deux récits, écrits et publiés en par les coopérants techniques français – adulés de leurs le Jura rural et en Suisse, sa vie militaire en France, son
2010, proposent des lectures où se confrontent élèves ou étudiants, suspicieux pour le pouvoir qui, par affectation d’office en Algérie en août 1893, au moment
l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui, permettant de atavisme, n’apprécie guère les étrangers. Le pays réel n’a où meurt un célèbre voyageur en Algérie «fou du désert»
décrypter les images que se représentent les auteurs ainsi pas su ou voulu accumuler toutes ces richesses et a fini par (littéralement et dans tous les sens), Guy de Maupassant.
que l’accueil réservé à leurs œuvres. exiler ou éliminer son élite. Seules les femmes trouvent Comme Jules Jacques, qui va le devenir, il est question,
D’emblée, le livre de Francis Pornon constitue un pro- grâce aux yeux de l’écrivain, en leur qualité de médiatri- ici, de nombreux passionnés du Sahara : René Caillié,
gramme d’intention : En Algérie, sur les traces de Jean ces. Si Pornon émet sur elles des idées fausses, sinon Charles de Foucauld, Théodore Monod, J.M Gustave Le
Boudou(1). Dans ce «Carnet de voyage», l’auteur est à la saugrenues (notamment sur le Code de la famille qu’il n’a Clézio et le général Eugène Daumas, inspirateur de
recherche d’éventuels échos laissés par un enseignant de pas lu), ses lectrices ont été mitigées. D’aucunes se sont Jacques pour écrire une petite monographie, Aperçu géné-
français, de surcroît obscur poète, écrivant dans une lan- fait dédicacer longuement son récit de voyage paru lors du ral d’El Goléa.
gue minoritaire de l’Hexagone, l’occitan (comparé abusi- dernier SILA, tandis que l’auteur rapporte, dans ce même Il est démontré que l’étude du désert saharien a été
vement au kabyle). Pour ce faire, Pornon parcourt longue- livre, leurs réceptions critiques sur deux de ses titres, d’abord une affaire de militaires, ensuite de scientifiques,
ment Alger, brièvement Tizi Ouzou, puis se rend à Algérie, Algérie (1998) et Algérie des sources (2003). leurs alliés (quand les savants eux-mêmes n’étaient pas
Arbaâtache où a exercé, de 1968 à sa mort en 1975, son Toutes les jugent «exotiques», voire «colonialistes» tout officiers de palmes guerrières), et enfin, d’affairistes uto-
collègue, coopérant technique comme lui qui a enseigné à en s’interrogeant pourquoi un Français s’intéresse au pistes. On sait que ces derniers ont imaginé une mer inté-
Béjaïa de 1968 à 1971. Par touches successives, mêlant passé alors que les Algériens sont préoccupés de présent rieure reliée par un canal à partir de l’Atlantique ou de la
D’Alger à réflexions et pérégrinations réelles ou imaginaires, on et d’avenir. Méditerranée, projet qui intéressa un certain Ferdinand de
Timimoum, en découvre que ces deux soixante-huitards sont des huma- Commencé à l’aéroport d’Alger où un écrivain débarqua Lesseps et inspira à Jules Verne un de ses derniers romans
passant par nistes de gauche en rupture avec le Parti communiste pour une simple enquête littéraire, le récit écrit en France, d’anticipation, L’Invasion de la mer. On sait aussi qu’ils
d’autres lieux et français. Ils ont fui son centralisme stalinien et l’ordre entre août 2009 et mars 2010, se clôt sur un homme qui ont conçu un transsaharien devant relier la Méditerranée à
régions, deux occidental pour vivre plus en Algérie, «continent géogra- s’envole avec la découverte d’une ambivalence entre l’Afrique noire (la mythique Tombouctou !) et réduire
regards et deux phique et mémorial» dont Alger est référencée «La Algériens et Français : si des relations et des amitiés indi- Paris «à six jours des Tropiques», idée à laquelle adhéra
écritures, entre Havane de l’Afrique». viduelles existent dans un espace socioculturel précis, la Jules Jacques.
passé et présent, Le regard de Pornon est donc éminemment politique sur défiance entre peuples perdure. Et ce n’est certainement Doucey s’interroge sur ces entreprises coloniales, voire
déformations et un pays révolutionnaire porteur d’avenir. Aussi, convo- pas le «grand fleuve» de la Méditerranée qui les sépare, ces «ambitions impérialistes» devenues des serpents de
vérités. que-t-il l’histoire française encore présente sous ses mais bel et bien le «mur de la mémoire». mer des «illusions françaises en Afrique du Nord». Il livre
yeux : «rues coloniales», immeubles à «l’architecture Pour sa part, c’est une tout autre quête qu’entame Bruno de précieuses données sur les motivations des Français du
haussmannienne», bars (La Brass) et librairies (Charlot et Doucey, à la fois écrivain (romancier et poète), éditeur XIXe siècle de venir en Algérie : soit pour raison indivi-
Dominique à l’ex-rue Charras) du «quartier latin» d’Alger (aux éditions Seghers défuntes) et auteur reconnu d’une duelle, soit en vue de coloniser. Ce faisant, l’auteur initie
où aujourd’hui «on se déplace en toute tranquillité», somme quasi encyclopédique Le Livre des déserts (Paris, des méditations sur les fonctions du passé et des méfaits
constate l’écrivain qui a été aussi grand reporter durant les Laffont, Bouquins, 2006, 1280 p) dont une édition spé- qui lui sont liés, depuis la loi oubliée du 23 mars 1882 sur
années sombres du terrorisme. A ce beau centre-ville s’op- ciale pour l’Algérie a été préfacé par Chérif Rahmani sous l’état civil des «indigènes», à l’article 4 de la tristement
pose une autre ville, sale : trottoirs déglingués, immondi- l’intitulé Plaidoyer pour une fédération des déserts du célèbre loi du 23 février 2005, complété par le discours
ces, sinistres banlieues et son mode de vie typiquement monde. Dans L’aventurier du désert, l’itinéraire de Jules rigoureusement fustigé du président Sarkozy à Dakar en
méditerranéen : lenteurs et incivismes, «téléphone arabe», Jacques entre désert, désir et désertion(2), il écrit de l’in- 2007.
passion du football, combinazzione (des «islamistes térieur, essentiellement à Timimoun, puis à Paris, de Mais l’auteur se focalise en permanence sur son héros, en
reconvertis» en agents de change officieux, par exemple). février à juin 2010, entre mémoire et histoire, le récit revenant aux terrasses de Timimoun d’où il scrute le
Les seuls exotismes restent, pour l’écrivain promeneur, d’une vie, celle de son arrière-grand-oncle maternel, Jules Grand Erg occidental. Il tente de restituer les pensées de
ces signes extérieurs d’un pays musulman : appel du Jacques (1866-1900), un capitaine de l’armée mort près Jacques à travers sa correspondance et surtout ses photo-
muezzin, présence «obligatoire» des jeunes dans les mos- de Timimoun. graphies, collection de près de 200 vues stéréoscopiques
quées, séparation des sexes. L’Algérie des années 1970 Outre la recherche de la vérité historique liée à sa famille en plaques de verre. Ces documents donnent à voir des
surgit aussi, à tout instant, au moindre pas, non sans quel- et à sa passion des déserts, Doucey désire réhabiliter son paysages, des architectures, des scènes de la vie pastorale
avec une approche respectueuse des hommes et des fem-
mes, sans préjugés et sans haine. Au demeurant, Jules
Jacques ne voulait pas dominer l’espace du colonisé avec
un fusil, mais le reproduire avec un appareil.
En suivant l’itinéraire des anciennes caravanes, Doucey
part à la recherche du lieu où est mort son aïeul, le 5 sep-
tembre 1900, tué par des «pillards du désert», avec un
camarade du nom de… Depardieu. Aussi, le romancier
échafaude vite le scénario d’une scène de bataille digne du
film… Fort Saganne. Il achève son aventure quand il
apprend que Jules Jacques a été enterré sur place, puis à
Timimoun, et enfin – à l’indépendance – au cimetière du
Petit Lac à Oran, engloutissant les rêves d’une jeune vie
– et, par ricochet, de la colonisation. La gravité du sujet
n’empêche pas l’auteur d’user d’un langage poétique. Un
récit à thèse se veut aussi livre d’art : la mise en page est
originale, et les illustrations à la fois belles et instructi-
ves.
Edité par un spécialiste de la littérature de voyages dans
une optique forcément européocentriste, le livre de
Doucey se révèle, en définitive, un document intéressant
– d’un point de vue français – sur la colonisation du
Sahara algérien, une période peu connue du grand public.
La littérature sur le désert s’enrichit ainsi d’un beau livre.
Hamid Nacer-Khodja
(1) Francis Pornon, «En Algérie sur les traces de Jean Boudou, Carnet
de voyage», Alger, Lazhari Labter Ed. Sept. 2010, 130 p.
(2) Bruno Doucey, «L’aventurier du désert, l’itinéraire de Jules Jacques
PHOTO : D. R.
MODE
● L’ex-mannequin et comédienne marseillaise, Isabelle Caro, est morte dernièrement EAU DE TOILETTE DE LA SEMAINE
à l’âge de 28 ans des suites d’anorexie.
Engagée contre cette maladie, Isabelle «et c’est tout sauf la beauté, c’est tout le Cologne Royale De Dior
Caro avait, dans le cadre d’une campagne contraire». Son souhait était qu’en regar-
publicitaire contre l’anorexie, montré dant sa photo, «les jeunes filles compren- Cologne Royale pour hommes s’ouvre sur des notes fraîches
son corps nu et décharné. Cette publicité, draient la réalité morbide cachée derrière et aromatiques de bergamote. Puis très rapidement, un cœur
rappelons-le, avait créé la polémique en les clichés : les belles parures et belles pétillant et piquant de citron apparaît et se mélange à des
2007. Elle avait, en effet, posé devant coiffures des magazines féminins». Elle tonalités fleuries et
l’objectif du photographe vedette Oli- voulait alerter les consciences concer- légèrement amères de
viero Toscani pour une campagne parrai- nant cette maladie qui frappe certains néroli. Une facette propre et
née par la marque de vêtements italiens mannequins. «Cette photo sans fard et douce se dévoile
«No-I-ita», visant à mettre en exergue sans maquillage ne me met pas en valeur. tout doucement. La menthe
les méfaits de l’anorexie. Son décès n’a Le message est fort : j’ai du psoriasis, la renforce le côté étincelant
été révélé que la semaine dernière. L’un poitrine qui tombe, un corps de personne du citron, note-clé de la
de ses amis, le chanteur suisse qui devait âgée», avait-elle déclaré, en expliquant sa fragrance. De forme
enregistrer un clip vidéo avec la défunte démarche. cylindrique, le flacon de
sur justement une chanson mettant en Il est à noter qu’Isabelle Caro souffrait Cologne Royale laisse
exergue la maladie intitulée J’ai Fin, a d’anorexie depuis l’âge de 13 ans. Elle entrevoir un jus jaune clair.
révélé que «hospitalisée pendant 15 jours avait fait un coma en 2006 alors qu’elle Une élégante étiquette
pour une pneumopathie et dernièrement ne pesait que 25 kg pour 1m 65. Elle avait blanche vient orner le flacon
elle était très fatiguée, mais je ne connais pris la ferme décision de sa battre contre avec le nom de la fragrance.
pas la cause de son décès». cette maladie morbide. Au tout début de Le cabochon noir et strié
De son vivant, Isabelle Caro se plaisait à l’année 2010, elle pesait 42 kg. apporte une touche de
Isabelle Caro peu avant sa mort répéter que la maigreur engendre la mort R. M. contraste et d’élégance.
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 24
L’ÉPOQUE
ON VOUS LE DIT HÔPITAL DE NABEUL DE TUNISIE Café contre
Des harraga interceptés au large avion
d’Annaba
Vingt-cinq (25) candidats à l’émigration clandestine ont été
Deux Algériens Un avion, qui devait assurer
le transport de passagers de
Chicago à Francfort, n’a pas
à l’abandon
interceptés dans la nuit de mercredi à jeudi au large d’Annaba alors été en mesure d’assurer sa
qu’ils tentaient de rejoindre la rive nord de la Méditerranée à bord liaison et s’est finalement
d’une embarcation de fortune. Agés entre 19 et 35 ans, ces harraga, posé près de Toronto à cause
originaires des wilayas d’Annaba, d’El Tarf et de Skikda, ont pris ... d’une tasse de café.
le départ à partir de la plage de Oued Bagrat dans la commune de Le 3 janvier dernier, un
Seraïdi avant d’être interceptés à sept miles du littoral annabi et Boeing 777 de la compagnie
présentés devant le procureur de la République près le tribunal aérienne United Airlines,
d’Annaba. L’embarcation à bord de laquelle se trouvaient ces qui reliait Chicago à
passagers clandestins a été saisie par les gardes-côtes. Francfort avec à son bord
241 passagers, a dû être
détourné à cause d’une
Pas de vignette pour les véhicules tasse de café ! Alors que
au GPL l’appareil traversait une
zone de turbulence, le
café d’un des pilotes s’est
Les détenteurs de véhicules utilisant le GPL comme carburant sont renversé dans le cockpit,
exemptés, à compter du 1er janvier du paiement de la vignette touchant l’un des panneaux
automobile, à la faveur d’une disposition de la loi de finances (LF) de communication. Le
pour 2011. La mention de la carburation GPL doit être précisée liquide a finalement fini
dans le document du contrôle technique des véhicules pour par provoquer un court-
permettre aux conducteurs de justifier l’absence de vignette en circuit. Immédiatement, le
cas de contrôle routier. L’application de cette exemption devra transpondeur a affiché le
PHOTO : D. R.
encourager l’utilisation de ce carburant «propre», au moment où code alerte 7500.
le gouvernement s’apprête à donner toute son importance à un Plusieurs codes ont été
ambitieux programme national de développement des énergies Hôpital de Nabeul
établis dans l’univers de
renouvelables. l’aviation afin de permettre
aux contrôleurs aériens
eux Algériens dont l’état des, Miloud Tigrine, étudiant nifestées. L’oncle et le père
100 millions d’analphabètes dans
le monde arabe D est critique sont livrés à
eux-mêmes à l’hôpital
de Nabeul après plus d’une se-
en informatique, et Habib Ba-
chiri, libraire, étaient plongés
dans un coma profond. Admis
de Habib Bachiri, dont l’état
est jugé désespéré, sont sur
le point de rentrer en Algérie.
de connaître l’identité, la
position, et la situation
d’un avion. Le code 7500
a pour signification le
maine. Asphyxiés pendant leur à l’hôpital du gouvernorat de Au niveau de l’hôpital, ce sont détournement ou une
Les données émanant de l’Organisation arabe pour l’éducation, sommeil par une fuite de gaz à Nabeul, ils sont dans un état les Algériens qui font office
la culture et les sciences (Alesco) font état de 100 millions intervention illicite sur
l’intérieur de la maison qu’ils stationnaire sept jours après d’infirmiers, le personnel pa- l’appareil.
d’analphabètes dans le monde arabe, soit 35,6% de la population, avaient louée à Hammamet, l’accident. ramédical local n’ayant aucune
indique jeudi un communiqué de l’Office national d’alphabétisation Conséquence, il a été
deux jeunes Algériens sont en Un de leurs proches se trouve considération, fusse-t-elle hu- détourné sur Toronto, au
et d’enseignement pour adultes (ONA), à l’occasion de la train de lutter entre la vie et la à leur chevet. Contacté par manitaire, à l’égard des deux
célébration de la Journée arabe d’alphabétisation. Célébrée le Canada. Les voyageurs ont
mort au niveau de l’hôpital de téléphone, il dira son désarroi malades et de leurs proches. été invités à passer une
8 janvier de chaque année, cette journée vise à sensibiliser à la la ville de Nabeul où ils ont et son inquiétude. Selon son C’est le frère de Miloud qui
nécessité de rallier les centres d’alphabétisation. En Algérie, pour nuit à l’hôtel afin d’être
été évacués. Partis pour passer témoignage recueilli hier à fait office d’infirmier et de acheminés à destination le
l’année scolaire 2010-2011, quelque 428 900 personnes, dont les fêtes de fin d’année, les 17h, Miloud Tigrine se trou- brancardier. Une fois notre
385 034 femmes, seront alphabétisées, la stratégie ayant accordé lendemain.
4 jeunes Mostaganémois ne vait dans un état stationnaire accent identifié, nous dira le
la priorité à la femme, aux zones rurales et à la tranche d’âge s’attendaient pas à une telle tandis que Habib Bachiri, le jeune Tigrine, le tarif des taxis
entre 19 et 45 ans, compte tenu du rôle éminent de cette catégorie
dans la société, prévoit le communiqué de l’Office national
tragédie. C’est durant la nuit de libraire, faisait l’objet de soins subit une conséquente aug- Discovery
d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes.
jeudi à vendredi que le drame
est survenu.
intensifs.
L’entretien a été interrompu en
mentation. C’est pratiquement
au bord des larmes que notre en panne
Seul un membre du groupe raison du transfert du malade interlocuteur conclut la com-
Le statut de la liberté de la presse a pu s’extirper au prix de
mille efforts de cette maison
vers le service d’hémodialyse
de l’hôpital. Lors d’un second
munication.
A Mostaganem, une foule
La Nasa a décidé, hier, de
reporter une nouvelle fois
en débat particulière. C’est lui qui par- contact, notre témoin, qui se compacte a enterré Fayçal Bel- le lancement de la navette
viendra à alerter les secours, trouve être le frère de l’un hadj au cimetière de Mazagran, Discovery, prévu le 3
Un colloque international sur la liberté d’expression se tiendra le mais ces derniers sont ap- des malades, nous apprendra non loin de son grand-père et février. L’Agence spatiale
26 janvier au siège de l’Unesco à Paris. Près de 300 particpants paremment arrivés trop tard. que les autorités consulaires de son frère décédé deux an- américaine veut prendre
prendront part à cette rencontre internationale qui confirmera En effet, le jeune Fayçal Bel- algériennes, bien qu’informées nées auparavant. son temps pour réparer
que le principe de la liberté d’expression est le fondement des hadj, étudiant en 4e année par les autorités tunisiennes Ici, tout le monde prie pour les fissures détectées en
droits de l’homme. Plusieurs représentants de gouvernements, de de zootechnie, a été retrouvé ainsi que par les familles des qu’un miracle ait lieu à Na- novembre et décembre.
décideurs et de lauréats du Prix mondial pour la liberté de la presse, mort. Ses deux autres camara- victimes, ne se sont point ma- beul. Yacine Alim L’Agence spatiale
ainsi que les représentants des principales organisations non américaine n’a pas terminé
d’effectuer les réparations
gouvernementales et des professionnels des médias prendront part EHU D’ORAN sur Discovery, qui devait
à cette rencontre mondiale. Les débats de cette journée porteront
sur le statut de la liberté de la presse dans le monde, la sécurité des
professionnels des médias ainsi que le changement du paysage
médiatique à l’ère du digital.
Disparition de deux caméras initialement être lancée en
novembre dernier.
Selon un communiqué
a disparition de deux caméras au niveau de responsable a indiqué au ministre que toutes les
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Que fera
Bouteflika ? Par Omar Belhouchet
es Algériens sont mécontents et le font savoir.
une visite officielle en Algérie place au Conseil de sécurité de Afrique, et sa 10e source d’im-
du dimanche 9 au 11 du mois l’ONU lors des derniers chan- portation dans le monde. Ce- ge de sécurité en cas de forte baisse du prix du pétrole,
en cours, a appris El Watan. pendant, l’Algérie ne constitue comme en 1986.
gements des membres non-per-
Cette visite est la première du Lawrence Cannon, ministre pas un important marché d’ex- Le calcul des autorités n’a pas tenu compte des attentes
manents. Cette visite permettra
genre d’un officiel canadien de canadien des Affaires étrangères de la population. La jeunesse se sent exclue du partage
aussi aux hommes d’affaires portation pour le Canada. En
de cette richesse ; le sentiment de frustration et de colère
ce rang, après celle, en 2006, Medelci. Visite éminemment canadiens qui font partie de 2009, elle était son 45e marché
de l’ancienne gouverneure gé- est d’autant plus fort.
politique, elle permettra, selon l’alliance d’affaires Canada- d’exportation dans le monde et
nérale du Canada, Michaelle Les jeunes vivant dans les quartiers populaires, s’entas-
le langage diplomatique d’usa- Algérie de venir préparer une son troisième marché d’expor-
Jean. Plusieurs collaborateurs sant dans des logis d’un autre âge, ont définitivement
ge, de passer en revue toutes les future mission de l’alliance en tation en Afrique, après l’Afri-
perdu tout espoir…
du ministre canadien feront par- questions d’intérêt commun. Algérie, et ce, bien que le dé- que du Sud et le Maroc.»
Est-ce l’avènement d’un nouvel Octobre 1988 ? La
tie du voyage. Bien que le pro- Lawrence Cannon s’envolera placement du ministre Cannon Les émeutes qui embrasent l’Al-
crainte est de voir l’embrasement s’installer dans la du-
gramme de cette visite n’ait pas après pour Doha, au Qatar, où se soit fait sans eux. Selon un gérie ne semblent pas perturber
rée. Y a-t-il eu de la manipulation pour faire sortir les
été dévoilé, il est fort probable il prendra part à une réunion rapport parlementaire canadien, ce projet de visite décidé il y a
jeunes dans la rue ? Probablement que les luttes de clans,
qu’il sera reçu par le Président multilatérale. Depuis l’arrivée «en 2009, le commerce bilatéral quelques semaines. Apparem-
perceptibles depuis quelques semaines, ont aggravé le
ou le Premier ministre en plus, des conservateurs au pouvoir au de marchandises entre les deux ment, «un autre chahut de
pourrissement du climat politique.
bien sûr, des entrevues avec son Canada, en 2005, et leur aligne- pays avait atteint 4,1 milliards gamins» n’arrêtera pas la terre Que va faire, à présent, le président de la République ?
homologue algérien Mourad ment sur la politique des Répu- de dollars, soit 352 millions de de tourner ! Samir Ben A-t-il les capacités de reprendre les choses en main ?
BOUIRA Il est de sa responsabilité directe et de celle des autres
décideurs du pays de tout entreprendre pour empêcher le
pays de sombrer dans le chaos. L’Algérie a besoin de po-
UN JEUNE ENTREPRENEUR KIDNAPPÉ À M’CHEDALLAH litiques fondées sur le respect du citoyen et des libertés
■ Un jeune entrepreneur, âgé d’une Concernant les auteurs du kidnap- dant, d’autres sources avancent que et d’une démarche économique audacieuse, qui favorise
trentaine d’années, a été enlevé, ping, on ignore encore s’il s’agit d’un les kidnappeurs auraient appelé la fa- la création d’emplois.
dans la nuit du jeudi 6 janvier, près groupe terroriste ou de bandits. Son mille de la victime pour leur expliquer L’autoritarisme a fait son temps, les dirigeants de notre
de son domicile dans la commune véhicule a été retrouvé, hier, près du qu’ils ont besoin d’argent sans pour pays sont tenus de tirer les leçons de ce que nous vivons.
de M’chedallah, située à une quaran- village de Semmache, au nord de la autant fixer la somme à payer. Au mo- Sinon, le pire est à craindre.
taine de kilomètres à l’est de Bouira. commune d’Al Adjiba, a-t-on appris. ment où nous mettons sous presse,
L’entrepreneur a été kidnappé vers Aucune rançon n’a été demandée par aucune nouvelle information n’a filtré
20h, à en croire certaines sources. les ravisseurs jusqu’à présent. Cepen- à ce sujet. COMMENT JOINDRE EL WATAN
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POINT ZÉRO Maison de la presse Tahar Djaout du week-end
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