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El Watan LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Samedi 8 janvier 2011

Un jeune manifestant
tué par balle à M’sila
P7
N° 6143 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

LA CONTESTATION POPULAIRE PREND DE L’AMPLEUR

Le pouvoir
face à la rue

■ Des scènes d’émeute se sont


propagées hier dans des villes et des villages du pays
■ Lors des prêches du vendredi, les imams ont appelé au calme
■ Le ministre du Commerce annonce l’annulation des
«conditions imposées aux grossistes et détaillants» qui ont
PHOTO : H. LYES

généré, en partie, la hausse des prix des produits de base.


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El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 2

L’ÉVÉNEMENT
APRÈS UNE FIN DE SEMAINE VIOLENTE

Un vendredi de psychose à Alger


● Le spectacle des magasins saccagés montre l’intensité de la violence des affrontements de la veille.
eule activité du jour, le prêche lié à la révolte d’Octobre 1988. Leur

S du vendredi. Du reste, les rues


de la capitale sont habitées par
le fantôme des émeutes qui a obligé
présence pourrait être assimilée à une
provocation. La tension reste vive. Un
hélicoptère de la police a survolé la
de nombreux Algérois à rester chez capitale durant toute la journée. La
eux. En effet, Alger a valsé au rythme forte présence des forces antiémeute
des affrontements avec les forces de au niveau des axes menant vers Bab El
sécurité. A Bab El Oued, théâtre de Oued est là pour le rappeler.
violents affrontements entre manifes- Elles ont pris position dans des en-
tants et forces de l’ordre les nuits de droits sensibles. Des camions de po-
mercredi et de jeudi, le climat reste lice sont positionnés au niveau de la
tendu. Le spectacle des magasins sac- Direction générale de la Sûreté na-
cagés montre l’intensité de la violence tionale (DGSN). Le même dispositif
des affrontements de la veille. sécuritaire est déployé à la place des
Au sortir des mosquées après la tradi- Martyrs.
tionnelle prière du vendredi, des petits La sécurité est renforcée également
groupes se sont formés dans les coins autour du siège de l’APN. A la place
des rues et les quelques cafés ouverts, du 1er Mai, c’est un impressionnant
commentant les événements de la dispositif policier qui a pris position

PHOTO : H. LYES
veille et ceux qui ont secoué plusieurs dès la matinée d’hier pour parer à
villes du pays. Cependant, des familles d’éventuels débordements après la
des jeunes arrêtés lors des émeutes prière du vendredi.
de jeudi se sont regroupées devant le Des prêches où les imams ont lancé
commissariat du «cinquième» qui a Avant-hier, des émeutiers à Bab El Oued des appels au calme. Des appels qui
été pris d’assaut par les manifestants la ne trouvent pas écho, dès lors que le
nuit de jeudi, au quartier des Trois Hor- clamé un quadragénaire qui dit garder vie. Nous sommes privés de tout, nous en a marre, il descend casser). Si les quartier de Belouizdad (Belcourt) a
loges. Elles sont venues réclamer la «un mauvais souvenir des événements sommes déjà morts», ainsi s’exprimait adultes désapprouvent les méthodes renoué avec l’émeute juste après la
libération de leurs enfants. On dénom- d’Octobre 1988». un groupe de jeunes. Certains d’entre utilisées par les jeunes pour exprimer prière. A l’heure où nous mettons sous
bre une vingtaine d’arrestations parmi Dans beaucoup de quartiers d’Alger, eux sont fiers de voir les chaînes de leur colère, ils estiment par ailleurs presse, le face-à-face entre un groupe
les manifestants. «Je n’ai pas eu de les manifestants se sont attaqués à des télévisions étrangères parler de leur que la situation actuelle pousse à une de jeunes et les forces de l’ordre se
nouvelles de mon fils depuis mercredi magasins et des locaux commerciaux. quartier. «Le monde entier découvre explosion sociale. «Nous sommes poursuit. Des émeutiers, surexcités,
soir et personne ne veut nous informer A Bab El Oued, les révoltés ont sac- que le peuple en a ras le bol», selon Sa- contre toute cette casse, sauf qu’on ne ont même tenté de pénétrer à l’inté-
de ce qu’il est devenu ni pourquoi ils cagé l’antenne de Mobilis et un distri- mir, un jeune de 22 ans, au chômage. comprend plus rien à ce pays. D’un rieur de la maison de la presse Tahar
l’ont arrêté», s’inquiète une femme, la buteur de Bellat. Le point de vente de côté on nous parle de 150 milliards Djaout. En somme, la situation reste
cinquantaine bien entamée. Renault de Triolet a été complètement APRÈS LA PRIÈRE, L’ÉMEUTE de dollars et de l’autre côté le peuple très tendue dans beaucoup de quar-
Non loin du commissariat de police, saccagé et plusieurs voitures brûlées. Pour eux, la vie chère, le chômage, la vit très mal. Ils (le pouvoir ndlr) aug- tiers. L’agitation pourrait reprendre à
l’atmosphère est plutôt paisible, mais La salle Atlas, récemment rénovée, a crise de logement et l’horizon bouché mentent les prix des produits de large tout moment et les informations qui
les habitants craignent la reprise des failli partir en fumée. A El Biar, quar- sont à l’origine de cette «révolte» consommation mais pas nos salaires. parviennent des autres régions du
émeutes à la tombée de la nuit. «On a tier réputé pour son calme, le magasin dans laquelle est plongé subitement Par contre, la police a bénéficié d’une pays ne sont pas pour rassurer. Si les
peur que ça reprenne ce soir. On a peur d’Adidas a été complètement dévasté. le pays depuis trois jours. Le slogan- augmentation de 50%, c’est complè- autorités politiques ne répondent pas
pour nos commerces, véhicules et la Même spectacle à El Afia, le quartier phare scandé des manifestants résume tement insensé», a tonné un fonction- aux revendications de la société, et si
sûreté des nos enfants ; c’est l’anarchie le plus chaud de Kouba, où le show- parfaitement le malaise social. «Za- naire. Chacun y va de son explication la colère reste au niveau de l’émeute
totale. Les jeunes de La Casbah et des room Dacia a été incendié. Les jeunes dou fi zit wa sucre, chaâb kareh rah à Bab El Oued où les forces de l’ordre sans prendre une forme organisée, le
autres quartiers environnants conver- ne sont pas du même avis. «Ça ne va habet y kesser» (ils ont augmenté les se font très discrètes à l’intérieur de risque d’un pourrissement n’est pas à
gent tous vers Bab El Oued», s’est ex- pas se calmer, on en a marre de cette prix de l’huile et du sucre, le peuple ce quartier populaire, dont le nom est exclure. Hacen Ouali

REPÈRES
Le transport
Cris et chuchotements Par Omar Berbiche quasi
introuvable
S
ommes-nous en train de vivre à exclusivement le fait de jeunes adolescents que l’ampleur et l’extension des foyers
rebours le même scénario des évé- mal dans leur peau, gagne des pères de fa- de contestation à travers le pays. En proie
lger donnait hier l’image d’une ville morte et angoissante.
nements d’Octobre 1988 au niveau
tant des faits que des lectures politiques
croisées des émeutes qui ont éclaté un
mille, c’est que la société va mal, très mal.
Et cela n’augure rien de bon pour la paix
et la cohésion sociales. Personne ne peut
aux mêmes difficultés de la vie, aucune
région du pays ne voudrait demeurer en
marge du mouvement. Restent ces actes de
A Une ville quasi paralysée. Sans transport. La rumeur sur
la reprise des émeutes après la prière vendredi, qui s’est répan-
peu partout à travers le pays depuis mardi nier cette vérité aujourd’hui, sauf ceux qui destruction des commerces et de certains due telle une traînée de poudre à travers tous les quartiers de la
dernier et que l’on tente de faire, à chaud, ne vont pas au marché ou qui ne comptent établissements publics et privés enregis- capitale, a plongé Alger dans un climat de peur et de torpeur
ici et là ? Mouvement spontané ? Manipu- pas leurs sous quand ils font leurs courses, trés que l’on ne peut que déplorer. Car le qui nous rappelle les années de plomb. Face à la vague de vio-
lation ? Règlement de comptes au sommet qui sont à l’aise, socialement parlant, qui meilleur moyen de discréditer un mouve- lences qui secoue depuis quelques jours le pays et à laquelle
entre clans du pouvoir sur fond d’enjeux profitent de manière directe ou indirecte ment social, c’est de laisser la confusion n’échappe pas la capitale, les Algérois se sont ainsi retran-
électoraux ? Réaction de la bête blessée : de la rente du système. Ceux-là ne pour- et le doute s’installer dans les esprits en chés chez eux. Pour se déplacer d’un endroit à l’autre, d’une
des milieux de la corruption, inquiets pour ront bien évidemment qu’avoir un autre mélangeant revendication et violence. En localité à une autre, il faut faire preuve d’ingéniosité. Tous
leurs affaires et leur devenir à la suite des regard sur ce mouvement de colère. La ne canalisant pas et en n’encadrant pas le les moyens étaient bons, y compris faire le trajet à pied. Bus
dossiers ouverts ainsi que de leurs par- question de la synchronisation des émeu- mouvement. et taxis étaient introuvables. «Pour venir de Draria à Alger,
rains, soucieux de placer le garrot là où il tes à travers le pays est en effet évoquée C’est l’une des plus grandes leçons à re- j’ai mis trois heures. Le seul bus que j’ai trouvé m’a déposé à
faudrait pour ne pas qu’on remonte plus par certains cercles pour signifier qu’il y tenir de ces événements. En verrouillant mi-chemin. Après n’avoir trouvé aucun moyen de transport,
haut la chaîne des responsabilités et de a un mot d’ordre et des mains maléfiques le champ syndical, en s’appuyant sur un j’ai été contraint de marcher sur une distance de plus de 5
l’accusation ? Ce sont là autant de pistes qui tirent les ficelles de derrière le rideau. syndicat maison, l’UGTA, qui porte une km. C’était très contraignant», témoigne un citoyen de Draria
et de questionnements avancés pour tenter Trop facile d’accuser à chaque fois de rage responsabilité politique pour n’avoir pas désabusé. Plusieurs personnes travaillant le vendredi n’ont
de cerner les tenants et les aboutissants de son chien quand on veut s’en débarrasser ! été à l’écoute des préoccupations des tra- pas trouvé de transport. «J’habite à Bouzaréah. Je n’ai trouvé
ces émeutes. En tout état de cause, quoi Il est établi dans la psychologie des foules vailleurs, le pouvoir a créé les conditions aucun moyen de transport. La station de bus était vide. Et
que l’on dise et que l’on pense, comme en que lorsque les ingrédients de la contesta- objectives du transfert du dialogue social pour venir à Alger-Centre où je travaille, j’ai été forcé de faire
octobre 1988, le terreau de la contestation tion sociale sont là, l’effet boule de neige dans la rue. Transposées sur un plan poli- appel à un ami qui a eu la générosité d’accepter de me trans-
sociale est bien réelle. Toutes les statis- est immédiat et inévitable. Même si la té- tique, ces émeutes posent, de manière plus porter», raconte Amine, infographe. La peur a visiblement
tiques, même officielles, le corroborent. lévision publique et les médias lourds cen- globale, la problématique de la démocratie gagné tout le monde. Même les «clandestins», qui constituent
La tendance haussière du taux d’inflation surent l’événement, le message se répand et des contre-pouvoirs dans le pays, qui souvent un palliatif au manque de transport, ont tous chômé.
a laminé le pouvoir d’achat des citoyens. partout ; l’Algérie reste encore une société sont les gages d’une société moderne où Certes, Alger est dépourvue, depuis belle lurette, de toute ani-
Les inégalités sociales ne font que se creu- de l’oralité et l’Algérien est aujourd’hui les problèmes de développement et les mation durant le vendredi. Comme elle éprouve un manque
ser. Les prix n’obéissent à aucune logique arrosé par les chaînes satellitaires qui re- crises qui traversent la société se règlent de transport en ce jour de repos plutôt religieux. Mais hier
économique et commerciale. A force de transmettent en boucle ce que la télévision par le débat à l’intérieur des institutions. Et régnait une atmosphère lourde dans les différents quartiers et
tirer sur la corde, elle finit fatalement par d’Etat n’ose pas montrer. Cela crée une le recours à la rue et à la contestation se fait rues de la capitale où les émeutes ont repris, comme attendu,
casser. Lorsque le suicide, qui n’est pas situation d’émulation. C’est ce qui expli- de manière pacifique et organisée. O. B. de plus belle. Cette situation tendue en dit long sur l’ampleur
du malaise social qui ronge le pays. M. A. O.
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 3

L’ÉVÈNEMENT
LA CONTESTATION POPULAIRE PREND DE L’AMPLEUR

Le pouvoir face à la rue


e violentes émeutes du point de départ Fouka, une pe-

D pain aux portes du pou-


voir Près d’une semaine
après le début des émeutes, les
tite localité de Tipasa. Tous les
policiers accostés ou sollicités
ont gentiment refusé de s’ex-
autorités continuent à se retran- primer à la presse. Toutefois, un
cher dans un profond mutisme. officier de police a indiqué sous
A l’exception de l’intervention, le couvert de l’anonymat que
jeudi, devant les caméras de «cette explosion sociale était
la télévision et les micros de prévisible depuis longtemps eu
la Radio nationale, du minis- égard à la misère, aux inégalités
tre du Commerce, Mustapha sociales et à la chute drastique
Benbada, qui est revenu sur les du pouvoir d’achat». «Tout cela
«raisons» de la flambée des prix figure dans les rapports que
de certains produits de large nous envoyons régulièrement à
consommation, comme le sucre nos chefs», a-t-il poursuivi.
et l’huile, et qui, par ailleurs, a
promis «un retour à la normale AUX ABONNÉS ABSENTS
à partir de la semaine prochai- D’habitude, très prolixes, cer-
ne», aucun responsable impor- tains membres du gouverne-
tant de l’Etat n’a encore daigné ment étaient injoignables du-
s’adresser à la population pour rant toute la journée. Connus
la rassurer. Au moment où les pour leur éloquence, le Premier
rumeurs évoquant un embrase- ministre tout autant d’ailleurs
ment général se sont répandues que le président de la Républi-
comme une traînée de poudre et que sont, également, restés aux
où, à Alger, les manifestations abonnés absents. Le chef de
se sont étendues jeudi soir à la l’Etat qui, pour ainsi dire, vit
station balnéaire de Staouéli ces derniers mois à la marge de
où résident les principaux déci- la vie politique nationale n’a pas

PHOTO : SAMI K.
deurs politiques du pays et aux prononcé de discours à la nation
nouveaux quartiers résidentiels depuis sa réélection en avril
de Draria et de Chéraga, il était 2009. Il consacre l’essentiel de
pour ainsi dire impossible, hier, son temps à ses déplacements
de recueillir un avis officiel à l’étranger. En une année, il Hier après-midi dans le quartier Belouizdad (Alger)
sur la situation quasi insur- ne s’est déplacé que deux ou
rectionnelle qui prévalait dans trois fois à l’intérieur du pays. 2011. Puis plus rien ! Mépris ? «bunkerisés». Un constat ce- les émeutes, ont fini par être l’Etat et l’incapacité du pouvoir
plusieurs villes du pays. Les Sa dernière sortie date du mois Craintes d’attiser la colère de la pendant : face à ce black-out secouées par de violentes mani- à répondre aux besoins de la
services de sécurité ont été très d’octobre 2010. population ? Mauvaise évalua- institutionnel, la colère de la festations. population, alors que le pays
peu communicatifs concernant Le président de la République tion de la situation ? Difficile population n’a fait que monter L’ire de la population est attisée enregistre, grâce à l’exportation
l’étendue et le bilan de ces s’était rendu à Ouargla pour y de savoir ce qui se trame dans crescendo hier. par les scandales de corruption des hydrocarbures, des rentrées
émeutes que l’on explique par annoncer l’ouverture solennelle la tête des principaux décideurs Les villes de l’est du pays, qui en série qui ont éclaboussé ces d’argent record. Comme at-
la cherté de la vie et qui ont pour de l’année universitaire 2010- du pays qui semblent s’être étaient jusque-là épargnées par derniers mois le sommet de tendu, le département dirigé par
Mustapha Benbada a annoncé,
dans le courant de l’après-midi
LES SERVICES DE SÉCURITÉ SUR LE QUI-VIVE d’hier, la tenue aujourd’hui
d’un Conseil interministériel
u cinquième jour des émeutes déclenchées pour Dans le but également de ne pas attiser la colère des pierres sur la tête. Contrairement à la journée de jeudi
A dénoncer la hausse subite des prix des produits de
première nécessité, les services de sécurité semblaient
manifestants, les services de sécurité n’avaient, jusqu’à
hier, procédé à aucune arrestation. «Nous ne nous lais-
où elles s’étaient faites discrètes, les unités de maintien
de l’ordre de la DGSN avaient pris place hier au niveau
«pour examiner les moyens de
juguler la forte hausse des prix
de certains produits de large
dépassés face aux assauts répétitifs des jeunes des sons pas faire, mais nous faisons aussi en sorte que nos des principales artères de la capitale. consommation enregistrée ces
quartiers populaires des grandes villes du pays. Malgré face-à-face avec les jeunes ne s’éternisent pas. Disons Ces renforts étaient destinés à faire face à une éven- derniers jours». Une hausse à
la violence de la révolte, les éléments de la Gendar- que nous tentons uniquement de contenir les assauts tuelle reprise des manifestations après la prière du l’origine des émeutes. Cepen-
merie nationale et de la police ont, selon une source des manifestants pour éviter les dérives», témoigne un vendredi. Une rumeur avait circulé durant la matinée dant, il est peu probable que
proche de la Direction générale de la Sûreté nationale officier de police en civil rencontré jeudi aux abords et annoncé, en effet, que les jeunes voulaient en dé- cette annonce soit suffisante
(DGSN), reçu l’ordre de ne pas répondre aux provoca- de la place des Trois-Horloges, au niveau de Bab El coudre avec la police immédiatement après la prière pour calmer les émeutiers et
tions des émeutiers et de veiller seulement à ce que les Oued, à Alger. Visiblement exténué par les nuits blan- du vendredi. une population auprès de la-
«jeunes» ne s’en prennent pas aux casernes de gendar- ches qui leur sont imposées par les émeutiers, notre La rumeur n’avait pas tort puisque certains quartiers de quelle le pouvoir «corrompu» a
merie, aux commissariats de police et aux institutions interlocuteur avouera néanmoins qu’il n’est pas facile la capitale, comme Belcourt, ont connu un après-midi perdu toute crédibilité.
de la République. de rester zen lorsque vous recevez une avalanche de mouvementé, baigné de gaz lacrymogènes. Z. C. Zine Cherfaoui

Me ALI YAHIA ABDENOUR. Président d’honneur de LADDH

Propos recueillis
«Il faut mettre fin à la dictature»
menacé, il pouvait toujours colmater, Il ne faut pas se presser. Il faut voir algérien. Il a d’ailleurs anticipé
Par Mohand Aziri mais maintenant, la donne est toute connaître la nature des mouvements un éventuel phénomène de contagion
autre dès lors que ces émeutes tou- de foule. Celles-ci prennent du temps en augmentant conséquemment les
Ces mouvements de protestation chent désormais la capitale du pays et pour ramasser et drainer les hésitants, salaires des policiers. Ils sont ainsi
n’ont pas de mot d’ordre et de slo- gagnent les grandes villes. Elles ont les indécis… Il va de soi que ça ne fait augmenté de 50% et recevront un rap-
gans clairs et unifiés, pourquoi ? accédé à une dimension nationale et que commencer. C’est un mouvement pel de 2008.
Cette explosion nous l’attendions bientôt elles auront une dynamique po- qui part de la base, qui a besoin de Si manipulations il y a, elles n’ap-
depuis longtemps. Elle était dans litique et sociale. Le problème le plus temps pour monter en puissance et paraîtront pas aujourd’hui. Il faut que
l’air du temps depuis que Abdelaziz important aujourd’hui, c’est le social. finira par imposer de lui-même les pro- le mouvement prenne assez d’impor-
Bouteflika, auteur d’un coup d’Etat Les Algériens le posent d’une manière blèmes politiques, socioéconomiques tance pour que les partis politiques, les
constitutionnel, s’est adjugé un troi- désespérée. Certaines gens vivent dans et culturels du pays. Pour ce qui est syndicats, la société civile puissent se
PHOTO : D. R.

sième mandat, envers et contre tous, l’aisance et l’opulence, d’autres survi- de la position attentiste, réservée, des retrouver et discuter des solutions qui
et en violation manifeste des lois et vent, vivent mal, ou ne travaillent pas anciens partis politiques, elle s’expli- mettront fin à l’impasse dans laquelle
règlements et de l’opinion publique. ou ont des salaires qui ne couvrent pas que par le fait que chacun observe et s’est engouffré le pays depuis plusieurs
Cette explosion était prévisible. De- une semaine de dépenses. attend de connaître l’issue du conflit décennies.
puis l’été, il ne se passait presque pas Ces émeutes ont pris de court qui oppose le DRS (Département fication de la société civile. Pour que l’Algérie retrouve la paix,
un jour sans qu’un quartier, une cité, aussi bien le pouvoir politique que du renseignement et de la sécurité) Pensez-vous qu’il y a une part de ce processus doit intégrer la démocra-
une région du pays… ne flambent. Les les formations de l’opposition, les à la présidence de la République. Si manipulation dans ce qui est en train tie, la liberté, la justice et les droits de
jeunes émeutiers de Annaba jusqu’à syndicats et organisations autono- ce mouvement de contestation est de se produire. Des pôles du pouvoir l’homme. Il faut dire que nous vivons
Tlemcen manifestent pour toutes sor- mes de la société civile. Ces derniers aujourd’hui l’émanation exclusive de seraient-ils en train de régler leurs dans un système dictatorial, nous vi-
tes de questions les concernant : loge- semblent complètement largués, im- la base, qu’il ait pu échapper à ces par- comptes par émeutiers interposés ? vons une dictature, si on y met pas fin,
ment, emploi, hogra, etc. Jusque-là, le puissants face à un mouvement sur tis, c’est aussi le résultat de l’entreprise Le mouvement social en Tunisie a nous aurons, cycliquement, à revivre
pouvoir ne s’était pas vraiment senti lequel ils n’ont aucune prise… d’écrasement, d’oppression et de paci- décidément mis en état d’alerte le pou- de pareils embrasements. M.A.
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 4

L’ÉVÈNEMENT

Réactions des partis


Propos recueillis par S. Rabia détresse, n’a d’intérêt à ce que son pays sombre une nouvelle
fois dans le chaos et l’anarchie.»

◗ KASSA AÏSSI, chargé de la


communication au FLN ◗ RCD : «Nous devons
«Il faut attendre la réunion transformer un rejet en projet»
«Sitôt les premières émeutes enregistrées, le Rassemblement
du bureau politique» a instruit ses instances régionales, dans le pays comme en
émigration, pour mettre en place des cellules de veille. Le
«En ce moment (vendredi) nous sommes en train de suivre la RCD n’a eu de cesse d’alerter, à travers l’ensemble de ses
situation sur le terrain. Nous récoltons le maximum d’infor- structures, sur la gravité de la crise sociale et politique qui
mations et demain (aujourd’hui) il y aura une réunion d’abord s’éternise en Algérie. La dégradation continue du niveau de
du bureau politique, ensuite de l’instance de coordination qui vie de l’écrasante majorité de nos concitoyens, notamment
regroupe en son sein les membres de l’Exécutif, des présidents les jeunes et les femmes, a provoqué plus de 9000 émeutes
des commissions au niveau du Parlement et des cadres FLN en Algérie pour la seule année de 2010. Ces manifestations
des organisations de masse (UNJA et UNEA, entre autres).» décrites, à juste titre, comme la conséquence d’une inflation
Kassa Aïssi s’est excusé de ne pouvoir faire de déclaration. débridée, connaissent aussi des raisons plus profondes (…).
Il fallait donc attendre le communiqué qui devait sanctionner Face à une misère rampante, le pouvoir réagit par le mépris,
la réunion du bureau politique. Seulement, le responsable du la répression ou la corruption. Ce qui se passe dans la rue
FLN coupera court à l’entretien pour suivre une déclaration à algérienne est la conséquence directe d’un autisme politi-
chaud du secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, que qui fausse depuis toujours la volonté citoyenne par la
sur la BBC. fraude électorale, préalable au détournement de la richesse
nationale au profit de castes d’autant plus voraces qu’elles se
◗ MILOUD CHORFI, chargé savent illégitimes. Phénomène aggravant, la fermeture de tout
de la communication au RND espace d’expression et d’organisation autonome ne laisse que
l’émeute et la rue comme moyen et place pour la contestation.
«Une provocation de Quelle que soit l’issue des événements en cours, ils auront
déjà contribué au renforcement de la résistance citoyenne et à
certaines parties et des la disqualification du système en place. Outre qu’il est le seul
et l’unique responsable de l’incurie nationale, le pouvoir est
lobbies de la spéculation» mal venu pour se désoler ou s’indigner des actes de violence
enregistrés ici et là. Quand un régime n’a que la censure, le
Suite aux manifestations qui se sont déroulées ces deux der- mépris et la répression à opposer aux citoyens, il est dans
niers jours à cause de la flambée des prix des produits de large l’ordre des choses que ceux-ci se défendent par le seul recours
consommation et de première nécessité, «nous regrettons qui leur soit laissé : la protestation improvisée. (…) Le RCD
les pertes et les dégradations qu’ont eu à subir les édifices s’associe et soutient toutes les initiatives citoyennes expri-
publics et privés. Nous dénonçons les provocations de cer- mant une colère légitime.»
taines parties et des lobbies de la spéculation qui sont der-
rière l’augmentation des prix et profitent de ces moments pour ◗ Bouguerra Soltani (MSP)
jouer avec les sentiments de la jeunesse et le pouvoir d’achat.
L’objectif est de sauvegarder leurs intérêts suite aux dernières «Rejet des actes
décisions prises par le gouvernement en vue d’organiser le
marché et de protéger l’économie nationale. Nous appelons de vandalisme»
à la sagesse, le gouvernement s’attelle à trouver des solutions
adéquates et définitives à cette situation». Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP),
Bouguerra Soltani, a exprimé hier à El Oued son rejet des ac-
tes de vandalisme, déplorant les pertes matérielles enregistrées
◗ Parti socialiste des travailleurs (PST) suite au mouvement de protestation contre la cherté de cer-
tains produits de large consommation qui a touché plusieurs
«Une jeunesse si pauvre villes du pays. M. Soltani a indiqué que «les revendications du
peuple qui aspire à la justice sociale, à l’emploi et à la stabi-
dans un pays si riche» lité sociale sont légitimes mais nous rejetons le vandalisme et
la destruction».
«Partout, les jeunes ont dit leur colère face à l’envolée des prix L’Etat algérien reconnaît la nécessité de consacrer la justice
des produits de base ; ils ont dit leur détresse devant l’absence sociale, mais sans le recours au saccage et à la destruction, a-t-
d’un logement ; ils ont dit leur désespoir devant la rareté des il estimé, appelant au dialogue avec toutes les catégories de la
emplois ; ils ont dit leur malheur dans une vie sans loisirs, société, seul moyen à même d’éliminer les tensions. «Le défi
dans un pays prison que l’Europe leur interdit de quitter, dans sécuritaire a été relevé dans notre pays et les citoyens aspirent
une société bloquée, en crise. Jeunesse si pauvre dans un pays à l’amélioration des conditions de vie», a-t-il souligné. Et
si riche… Ils ont crié leur haine des nouvelles classes possé- d’ajouter que «l’Etat algérien a également relevé le défi des
dantes, leur refus de la corruption, leur rejet de l’humiliation infrastructures mais le citoyen n’en mesure pas l’importance
et leur détermination contre la répression.» tant il est absorbé par ses préoccupations».
M. Soltani a également fustigé ceux qui tentent d’exploiter
◗ Parti de la liberté cette crise précisant que «l’Algérie est en mesure de trouver
les issues adéquates tant au plan matériel qu’humain». APS
et de la justice (PLJ)
«Aucun Algérien n’a intérêt
à ce que le pays sombre ◗ L’UGTA appelle à prendre
une nouvelle fois dans des mesures «urgentes»
le chaos et l’anarchie» L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a
appelé hier les pouvoirs publics à prendre des
«Les événements dramatiques vécus dans la capitale et certai- mesures «urgentes» pour contrer avec «fermeté»
nes villes de l’intérieur du pays relancent le débat sur l’état de la spéculation sur les prix des produits de large
droit et la capacité de gestion de ses dirigeants. Le PLJ, tout consommation. «L’UGTA sollicite les pouvoirs publics
en condamnant les actes de pillage et de destruction qui ont afin de prendre des mesures urgentes et appropriées
visé les biens publics et les propriétés privées dans certains à l’effet de contrer avec fermeté la spéculation sur
quartiers, rend responsable le pouvoir de ce profond malaise les prix des produits de large consommation», a
né de l’injustice sociale, du verrouillage de la scène politique indiqué le secrétariat national de l’UGTA dans un
et médiatique et du développement de l’impunité et de la cor- communiqué repris par l’APS. Réunie pour examiner la
ruption à grande échelle. situation qui prévaut «actuellement» dans certaines
Il l’invite à ouvrir immédiatement un dialogue avec toutes les localités, l’organisation syndicale a condamné
sensibilités politiques et les forces actives dans la société en «vigoureusement» ces actes de «spéculation» qui ont
vue de trouver une solution durable à la tension actuelle. Le conduit à «une augmentation des prix touchant les
PLJ lance également un appel au calme et invite les jeunes à produits de large consommation, notamment l’huile et
ne pas recourir à la violence pour exprimer leurs revendica- Reportage photo réalisé dans différents
le sucre», a ajouté le communiqué. APS quartiers de la capitale par H. Lyes
tions légitimes. Aucun Algérien, quel que soit le degré de sa
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 5

L’ÉVÉNEMENT
UN APPEL AU CALME A ÉTÉ LANCÉ À TRAVERS PLUSIEURS MOSQUÉES RÉACTIONS
◗ NOUAR LARBI, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CNAPEST :

Les imams à la rescousse «L’ÉMEUTE EST UNE CONSÉQUENCE DES AGISSEMENTS


DU GOUVERNEMENT»
«Je suis contre la casse et la destruction des biens publics
et privés. Mais ce qui se passe est une conséquence des

du gouvernement
a religion au secours du aux biens publics ni à ceux des
agissements du gouvernement. La politique économique du
gouvernement n’est pas basée sur l’investissement réel. Le
gouvernement dépense de l’argent dans des investissements
sans créer réellement de richesses. A cela s’ajoute le coût

L politique ! Encore une


fois, se trouvant face à
une situation explosive, le gou-
privés. Chacun de nous doit
faire preuve de responsabilité
et empêcher tout dérapage de
surélevé des infrastructures. Les émeutes sont également la
conséquence de la fermeture du champ politique et syndical.
L’activité politique, en Algérie, se résume aux partis de l’Al-
liance présidentielle (Le Père, le Fils et le Saint Esprit). Les
vernement tente de jouer la nos jeunes», indique cet imam syndicats autonomes sont chassés. Le mouvement associatif
carte de la foi. Hier, lors de la qui estime qu’il ne sert à rien se résume en des associations de courtoisie. Si des partis
prière du vendredi, les imams de saccager des magasins ou politiques encadraient ces jeunes, le mécontentement pourrait
ont appelé, comme attendu, de brûler des bus. Les actes de s’exprimer pacifiquement. Actuellement, les jeunes ne dispo-
au calme et à la responsabilité. violence ne peuvent, d’après sent d’aucune formation citoyenne.»
Comme s’ils avaient reçu des lui, atteindre les responsables,
instructions, plusieurs imams, mais pénalisent en revanche la
◗ IDIR ACHOUR, CHARGÉ DE COMMUNICATION DU CLA :
notamment des mosquées de population. Dans son prêche,
la capitale, ont axé leur prêche cet imam a longuement insisté «LA POPULATION ALGÉRIENNE NE PEUT PAS TENIR PLUS
sur les dernières jacqueries en- sur l’importance qu’accorde QUE ÇA»
registrées à travers les différen- l’Islam à la paix et à la sécurité «Toutes les raisons logiques sont réunies pour que ça explose.
tes régions du pays suite à une des biens et des personnes. Es- Les trois éléments essentiels sont la mauvaise politique sala-
hausse inexpliquée des prix des timant que rien ne peut justifier riale, l’augmentation incontrôlée des produits de première

PHOTO :DR
produits de large consomma- la violence, l’imam a rappelé nécessité et le taux de chômage toujours élevé. 70% des Al-
tion. En direct à la télévision, que le pays est revenu de très gériens vivent dans des conditions précaires. La population
un imam d’une mosquée d’Al- loin, après une décennie de algérienne ne peut pas tenir plus que ça. Il ne faut pas oublier
ger a qualifié la destruction terrorisme. Il a relevé en outre Le prêche du vendredi a été consacré au retour au calme non plus un autre facteur majeur : la fermeture des champs
des biens d’autrui d’acte in- le progrès enregistré par l’Al- politique et démocratique. Toutes ces conditions ont mené à
terdit et sévèrement puni par gérie au cours de ces dernières cas lors de situation de crise, le «Il n’est pire aveugle que celui une explosion incontrôlée et désorganisée.»
l’Islam. Il a ainsi appelé les années. A entendre les imams spectre de la «manipulation». qui ne veut rien voir», a-t-il
parents à prendre leurs respon- parler, tout va bien en Algérie, De Constantine, le ministre précisé, appelant les jeunes qui
sabilités et à sensibiliser leurs et les dernières émeutes ne sont de la Jeunesse et des Sports, sont sortis saccager les édifices ◗ MEZIANE MERIANE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
enfants pour ne pas participer que des actes de folie commis El Hachemi Djiar, a appelé publics et les infrastructures DU SNAPEST : «CE QUI S’EST PASSÉ EN TUNISIE ARRIVE
à ces mouvements de révolte par des jeunes égarés. Ainsi, à la mobilisation de tout le commerciales à «réfléchir et à PAR EXTRAPOLATION EN ALGÉRIE»
sociale qui prennent l’allure le gouvernement semble donc monde pour protéger les jeu- voir tout ce qui a été réalisé en
d’un soulèvement populaire minimiser l’ampleur du ma- nes contre toute «tentative de Algérie en un laps de temps «C’était prévisible, avec l’inflation que nous avons toujours
qui nous rappelle les doulou- rasme social qui ronge le pays. manipulation». Selon lui, les quand même record». dénoncée. Ce qui s’est passé en Tunisie arrive par extrapola-
reux événements du 5 octobre Au lieu d’agir vite pour éviter jeunes et moins jeunes, qui se Mais qui manipule qui ? Et tion en Algérie. En Algérie, tous les produits alimentaires sont
1988. «Les jeunes qui partici- le pire, il tente de vieilles re- sont adonnés à des actes de pourquoi ? Le ministre ne le importés et la subvention des prix de produits de première
pent à des actes de destruction cettes qui semblent dépassées. violence dans plusieurs régions dit pas. Il se contente d’attester nécessité ne profite pas aux bas salaires. Il faut trouver un mé-
de biens d’autrui commettent Pris de court, les gouvernants du pays, ne doivent pas faire que les jeunes doivent com- canisme pour que la subvention de l’Etat arrive directement
un péché. Notre religion in- déploient d’abord «le bouclier l’objet, une seconde fois, de prendre qu’ils n’ont pas de aux bas salaires, en leur octroyant des aides sous forme de
terdit toute atteinte à autrui. religieux» et agitent ensuite, tromperies comme ce fut le pays de «rechange». primes.» D. R.
Il n’est permis ni de toucher comme cela a toujours été le cas durant la décennie noire. M. A.O.

IMAGES DE LA CHAÎNE
ACHAT PAR FACTURE, PAYEMENT PAR CHÈQUE
AL JAZEERA
ET REGISTRE DU COMMERCE
Le syndicat de la SNVI
Le ministère fait machine arrière dénonce la manipulation
es problèmes liés aux nouvelles condi- cette déstabilisation du marché portaient ministériel qui se tiendra aujourd’hui pour
L tions d’approvisionnement imposées
aux grossistes «ont été résolus», a affirmé
sur la fourniture par les détaillants (aux
grossistes et transformateurs) de docu-
examiner les moyens de juguler la forte
hausse des prix de certains produits de lar- L e syndicat de la Société nationale des véhicules industriels
(SNVI) a dénoncé hier «avec force» la manipulation d’ima-
le ministre du Commerce, appelant les ments sur leurs activités, notamment le ge consommation enregistrée ces derniers ges par la chaîne qatarie Al Jazeera, présentant des images
producteurs et importateurs d’huile et de registre du commerce, l’achat par facture, jours. Cette réunion se penchera notam- vidéo d’un ancien mouvement pacifique des travailleurs de
sucre «à annuler» toutes ces conditions et leurs comptes sociaux (bilan comptable), ment sur les textes d’application des lois l’entreprise comme se rapportant aux protestations enregis-
aux grossistes «à l’origine» de la hausse ainsi que l’utilisation du chèque pour les relatives à la concurrence et aux pratiques trées dans certaines villes du pays. Le syndicat de la SNVI
des prix de ces deux produits. Des milieux paiements de marchandises. L’annonce commerciales notamment l’aspect relatif à «s’étonne de voir que ces images sont le fait d’un montage et
proches des grossistes confirment en effet officielle se rapportant à cette annulation la définition des marges bénéficiaires des d’une manipulation, montrant des vidéo et des images d’un
que les nouvelles mesures à l’origine de devrait se faire au cours du Conseil inter- produits de large consommation. Z. C. mouvement pacifique des travailleurs de l’entreprise qui date
depuis longtemps et dont les revendications étaient d’ordre so-
cioprofessionnel», a souligné le syndicat. Il a, dans ce contexte,
BALISES dénoncé «avec force» la manipulation d’images par la chaîne,
«dont les visées inavouées sont contraires à l’éthique journa-
Une question d’anticipation Par Mohammed Larbi
listique». Les images vidéo en question, diffusées lors d’un
entretien avec un analyste algérien sur les actes de protestation
que connaît l’Algérie, montraient, en arrière-plan, des scènes

A
quoi servent les rapports et autres analyses de l’ONU ? monde se heurtent au prix de l’alimentation, dont l’augmentation d’un mouvement de protestation pacifique des travailleurs de
A croire qu’ils servent tout juste à remplir des meubles et a été de plus de 40% depuis juin 2007, soit en moins d’une année. la SNVI et même des images de maisons effondrées suite au
autres tiroirs. C’est la question que l’on se pose aujourd’hui Plus rien n’arrêtera cette tendance, car les cultures destinées aux séisme qui a frappé le centre du pays en 2003. (APS)
avec les émeutes contre la vie chère, et donc contre l’augmentation biocarburants tendent de plus en plus à remplacer celles destinées
de prix de certains produits, due selon l’explication officielle à à l’alimentation humaine, moins rentables, dont les produits se
celle des produits de base au plan international. Ce qui n’est pas
faux, sauf qu’une telle situation était prévue par des analyses de
situent désormais économiquement hors de portée de nombreux
habitants des pays pauvres. C’était en 2007. Selon Josette Sheeran,
CONDOLEANCES
l’ONU, conduites par l’universitaire suisse Jean Ziegler, et que cette situation provoque l’apparition d’un nouveau type de carence C'est avec une grande tristesse que nous avons appris
l’organisation internationale empêchée d’intervenir dans la politi- alimentaire dans ces pays, les gens n’ayant plus les moyens
que des Etats, a demandé au moins que soit observé un moratoire. d’acheter suffisamment de nourriture, abondante mais hors de prix. le décès de
N’hésitant pas à emprunter un discours volontairement alarmiste, Jean Ziegler, désigné rapporteur spécial sur le droit à l’alimenta- CHAIB AREZKI
et parlant même de plan d’assassinat, l’organisation internationale tion, n’a pas hésité à parler d’un «crime contre l’humanité qui est
a, d’emblée, souligné que l’accroissement de la production des commis lorsque l’on convertit un sol productif pour l’alimentation beau-frère de notre amie et collègue
biocarburants n’ira pas sans provoquer de sérieux problèmes au en terre à produire du biocarburant». On dira alors du système Nadjia Bouaricha
niveau alimentaire dans les pays les plus pauvres de la planète. «Le d’alerte mondial – à supposer qu’il existe réellement – qu’il a bien
changement d’orientation en faveur de la production des biocarbu- fonctionné, mais qu’en est-il au niveau des Etats. Qu’est ce qui a En cette pénible circonstance, le directeur et l'ensemble du personnel
rants a détourné des terres de la chaîne alimentaire», s’inquiétait été fait pour amortir cette rareté des produits alimentaires, et dans d'El Watan présentent à sa famille leurs sincères condoléances et l'as-
dès 2007 Josette Sheeran, la directrice du Programme alimentaire son prolongement, leur cherté d’autant que c’était là une tendance surent de leur soutien et de leur profonde sympathie. Puisse Dieu le
mondial (PAM). Mais la spéculation, ainsi que la demande sans lourde, supposée quant à elle s’opposer à un pétrole devenu cher,
cesse accrue, font que les matières premières voient leurs prix s’en- et rare ? Toute la stratégie mondiale s’en trouve ainsi bouleversée, Tout-Puissant accorder au défunt Sa Sainte Miséricorde et l'accueillir
voler. «C’est peut-être une très bonne affaire pour les agriculteurs et cela n’allait pas être sans répercussion au niveau des Etats. En en Son Vaste Paradis.
mais à court terme les plus pauvres sur la planète seront durement bout de course, ce sont ces derniers qui sont pressés de trouver la
frappés», ajoute Josette Sheeran. Les efforts contre la faim dans le solution appropriée, et il ne devrait pas en manquer. M. L. "A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons."
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 6

L’ÉVÉNEMENT

À L’ORIGINE DU MOUVEMENT DE CONTESTATION CHÔMAGE


DES JEUNES,
Un système politique BAS SALAIRES…
Le mal est
qui sécrète le désespoir profond
e gouvernement veut traquer les pratiques

S
i, au début des années 1990
le Front islamique du salut
(FIS) dissous a bien failli
s’emparer du pouvoir par la voie
L dites «déloyales et frauduleuses» à l’origine
de la flambée des prix des produits de large
consommation. L’année 2011 démarre avec une
tension inflationniste qui pèse de tout son poids sur
des urnes, et si des organisations de le pouvoir d’achat des ménages. Cependant, s’agit-
la même mouvance continuent, il d’un bon calcul, celui de réduire la tension
aujourd’hui encore, à avoir de sociale qui se reflète sur le terrain à une offre
l’influence sur une très large frange tendue et une demande plus que jamais accrue de
de la population algérienne, cela est certains produits de première nécessité ? En réalité,
certes dû au fait qu’elles l’Etat a depuis toujours échoué dans sa mission de
instrumentalisent l’Islam à des fins régulateur, laissant au fil du temps les marchés
politiques, mais aussi et surtout à envahis par une coulée de lave impossible à
leur aptitude à exploiter les canaliser. Mais il semblerait que le mal soit aussi
conséquences pour le moins profond que l’océan, dans un pays où le paradoxe
désastreuses de la gouvernance du «Etat riche, peuple pauvre» est comparable à un
pays par un système incompétent et label propre à l’Algérie. Il y a une semaine, le pays
à bout de souffle. a fait valoir à nouveau son pesant d’or : des réserves
Parmi les motifs de mécontente- de change dépassant les 155 milliards de dollars et
ment populaire susceptibles de des recettes pétrolières de 55,7 milliards de dollars
constituer leur «fonds de commer-

PHOTO: H. LYES
à fin 2010. Le pays le plus riche du Maghreb valse
ce», on peut citer la détresse sociale au rythme d’une tension sociale grisâtre,
aggravée par une massification de matérialisée par des émeutes et, depuis une dizaine
la pauvreté que l’exode rural a af- d’années déjà, par le swurgissement et
fichée au grand jour dans les villes, l’aggravation du phénomène de la harga. A défaut
la gestion en vase clos des affaires Un Parlement qui donne son approbation à tout et à n’importe quoi
de répondre à ces maux par un remède préventif, le
publiques, les démoralisantes af- et bureaucratique qui a systématisé comme il est aujourd’hui à crain- qui exacerbe encore plus le ressen- gouvernement s’est lancé dans une cure dont
faires de corruption auxquelles le mépris, la «hogra» et le déni de dre, que dans les eaux troubles de timent des laissés-pour-compte. l’usage prolongé de perfusions sous forme de
sont mêlées des autorités politi- droit à l’encontre des populations l’islamo-populisme ou dans la vio- Incapable de trouver, de par l’es- petites doses salariales a montré ses limites. La
ques toujours en activité, la longue les plus vulnérables. Ce profond lence qui finit par discréditer des sence même de son organisation, la situation économique n’est pas aussi performante
éclipse médiatique du président de sentiment de mise à l’écart et d’in- actions que l’on pourrait pourtant force de se démocratiser, le pouvoir que ce qui est relevé dans les chiffres officiels du
la République et de certains mem- justice semble avoir été exacerbé, qualifier, de par la pertinence des pourrait cette fois encore être tenté gouvernement. Le chômage des jeunes continue à
bres influents du gouvernement, au cours de ces dix dernières an- doléances qui en furent à l’origine, par l’usage de la force publique se maintenir à des niveaux très élevés – aux
qui semblent avoir délégué leurs nées, par un scepticisme chronique de justes. Mais, quelle que soit la pour rétablir l’ordre qui risque de alentours de 25% selon le FMI – tandis que les
devoirs d’information et de sensi- que l’écrasante majorité des Algé- force politique ou sociale qui l’y lui échapper si la dynamique de diplômés de l’université et des écoles supérieures
bilisation citoyennes à des imams riens, y compris ceux faisant partie entraîne, la courte histoire de la contestation se poursuit et gagne représentent 12,4% seulement de la population
fonctionnarisés et, bien entendu, le de la classe moyenne, en est arrivée contestation populaire algérienne tout le pays. algérienne occupée, si l’on se réfère à une récente
partage inégal de la rente pétrolière à nourrir à l’égard de toute action montre, on ne peut plus clairement, La tentation pourrait, effective- étude de l’Office national des statistiques (ONS).
qui fait qu’une importante partie entreprise par des dirigeants issus que chaque fois que la population ment, être forte quand on dispose La même enquête révèle que 40,6% des travailleurs
de la population algérienne se d’un système politique en phase est descendue dans la rue pour ex- d’une pléthore de brigades antié- ont eu recours à leurs relations personnelles et
retrouve, en dépit de l’optimisme avancée de déliquescence, mais primer un besoin de changement, meute, de surcroît bien équipées. familiales pour trouver l’emploi qu’ils exercent.
des objectifs prétendument atteints toujours aux commandes d’un pays elle ne trouve au bout du compte Les émeutiers n’ayant pour l’instant Un exemple édifiant des maux qui rongent la
par le pouvoir en place, sans toit majoritairement peuplé par des que l’ancien système replâtré pour brandi que des doléances de nature société. Le gouvernement, conscient pourtant de
et sans emploi. Et, plus grave jeunes avec lesquels ils ne pourront l’occasion et toujours prêt à toutes économique et sociale (hausse des cet acide qui attaquait des années durant le métal
encore, au regard de la manière jamais partager la vision du monde les compromissions pour perdurer. prix des produits alimentaires de conservant cette fragile quiétude sociale, s’est
dont est gouverné le pays, sans et, encore moins, les aspirations. Et, à regarder de près, on ne voit base, chômage, mal-vivre, étouffe- trompé de modèle économique censé améliorer le
grand espoir de pouvoir y accéder Ce mode de gestion anachronique, pas comment il pourrait en être ment de la vie culturelle, restriction niveau de vie des ménages.
un jour. Cette importante frange imposé par un noyau dirigeant d’un autrement. En effet, pour tous ces des loisirs, absence de perspectives Le caractère rentier de l’économie algérienne ne
de la population, essentiellement âge avancé (74 ans en moyenne) a, hommes qui ont géré durant des d’avenir, etc.), il serait évidemment favorise aucunement la création d’emplois et de
rurale, à laquelle s’ajoute celle des à l’évidence, fini par mettre une années le pays sans partage, la mieux indiqué pour les autorités richesses. L’Etat injecte annuellement 15% de son
périphéries urbaines que les émeu- partie non négligeable de la popu- crainte est de devoir rendre compte politiques en place de répondre par PIB pour créer 3% de croissance. La dépense
tes d’octobre 1988 avaient mises lation algérienne en état de fronde du bilan de leur gestion désastreu- des ouvertures de dialogue plutôt publique, rassemblant le budget de fonctionnement
au-devant de la scène médiatique permanente. Mais faute d’organi- se, notamment pour ceux qui ont que par «la trique» comme il est, et les montants consacrés à l’équipement, dépasse
au grand étonnement des autorités sations démocratiques (partis poli- dirigé l’Algérie au cours de cette malheureusement, devenu coutu- les 6000 milliards de dinars. Ces chiffres, à eux
de l’époque qui venaient de les tiques, syndicats autonomes, ONG, dernière décennie durant laquelle mier. Les risques de graves dérapa- seuls, témoignent de la vulnérabilité du choix
découvrir a, en effet, toujours vécu etc.), constamment récupérées ou, l’argent du pétrole n’a jamais man- ges pouvant entraîner la perte de la économique du gouvernement qui n’accompagnait
sous le poids de l’humiliation subie à défaut, déstabilisées par les pou- qué. Le niveau très élevé des cohésion sociale ne seraient, dans point l’évolution sociale du pays. Les capacités des
et de la rage contenue, en raison voirs en place, la contestation ne réserves de change est même, trop ce cas, pas à exclure. ménages à épargner sont quasi-inexistantes, alors
d’un mode de gouvernance rentier trouvera l’occasion de s’exprimer, souvent, brandi comme un trophée Nordine Grim que le pouvoir d’achat ne fait que réduire davantage
le taux de consommation. Ceci dit, l’évolution du
MARCHÉ INFORMEL moral des ménages est en phase avec le rythme de
croissance du pays. Le chômage des jeunes et des
diplômés risque de s’alourdir, tandis que les
La décision qui a mis le feu aux poudres
a colère couvait depuis plus de deux mois. voix censée ne s’est élevée pour anticiper les du peu qu’il leur reste aux confins de la mar-
rémunérations des employés sont plombées par
une tension inflationniste insoutenable. Le choix
de thésauriser les revenus pétroliers (4800 milliards
L En application d’une directive hasardeuse de
la hiérarchie politico-administrative, les walis
conséquences indésirables de cette décision
désastreuse. C’est la fonction du politique. Ce
ginalité économique. Le marché de l’informel,
c’est avant tout la seule issue valide pour ne pas
de dinars enfouis dans le Fonds de régulation des
recettes) au détriment d’une économie diversifiée
ont reçu l’ordre de donner un coup de pied dans détachement est indicateur du fossé qui sépare crever de faim dans un pays où l’opulence est n’a fait qu’aggraver le phénomène de la harga.
la fourmilière du marché informel. Les effets de les élus et responsables des partis politiques, affichée sans vergogne tant par les nouveaux Pour ne citer que les chiffres de 2007, plus de 1500
cette stupidité politique n’ont pas tardé. Des qui s’inquiètent davantage de leurs privilèges, riches que par les dirigeants politiques, trop harraga, dont 1485 nationaux, ont été arrêtés et 83
centaines de milliers de petits vendeurs, à travers se moquant souverainement des oubliés de la confiants dans les fils barbelés qui surplombent corps repêchés. L’éveil du gouvernement, qui a
tout le pays, sont condamnés à l’inactivité. Et manne pétrolière. L’Algérie, déjà meurtrie par les murailles de leurs maisons. Les analyses qui annoncé hier une réunion interministérielle
c’est la tragédie économique pour leurs des années sombres, aurait peut-être évité cette mettent en avant les prix des denrées alimen- consacrée à l’évolution des prix, survient trop tard.
familles. flambée d’émeutes annonciatrice d’orages dé- taires manquent de pertinence. Le gamin qui Le mal est aussi profond que l’océan. Réduire la
La police, mobilisée en permanence par ca- vastateurs. lance des pierres contre les lieux publics et les crise à une simple envolée des prix menace de tuer
mions antiémeute, veille à faire place nette En effet, que deviennent aujourd’hui ces nom- policiers n’a peut-être aucune idée des prix des dans l’œuf toute tentative d’étouffer l’incendie. A
devant la mosquée Ketchaoua, dans la Basse breux jeunes gens étouffés par l’interdiction lentilles ou du sucre. Il est exaspéré parce qu’on l’ère d’un pétrole si cher (plus de 90 dollars le
Casbah, à Bab El Oued, Belcourt, El Harrach de survivre ? De quoi vivent leurs familles ? l’empêche d’exercer la seule activité qui le fait baril), l’Algérie continue d’offrir des salaires
et à la périphérie de la capitale. Ce programme, En touchant à ce secteur, qui est un véritable vivre, lui et sa famille. Coincés, dos au mur, ces moins élevés que ses voisins, comme pendant la
pondu avec une myopie politique déconcer- guêpier, nos bureaucrates, qui veulent du pro- jeunes gens qui ne demandaient rien à l’Etat période des vaches maigres. 52% des disponibilités
tante, concerne les 48 wilayas. L’état de préca- pre, n’ont pas eu conscience de la gravité de sont acculés à la rébellion par une grotesque des portefeuilles des ménages sont consacrées à
rité sociale s’est subitement aggravé pour les leur décision. Ils n’ont pas tenu compte des provocation. Ils n’ont rien à perdre, mais tout à l’alimentaire. S’offrir une cuisinière ou un simple
couches les plus vulnérables, condamnées à la conséquences funestes pour des milliers de gagner du chaos. En sont-ils responsables ? réfrigérateur Eniem est un véritable luxe.
famine et à la misère. Malheureusement, aucune familles qui, à défaut de salaires, se contentent Rachid Lourdjane Ali Titouche
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 7

L’ÉVÉNEMENT
HIER À BÉJAÏA COMME AU TEMPS DU PRINTEMPS NOIR M’SILA

Les localités se soulèvent Un jeune


manifestant
’est un vrai remake des tué par balle
C tragiques événements du
printemps noir qui n’ont
pas encore bouclé leur dixiè-
Un jeune émeutier de
18 ans a été tué par
me anniversaire. Hier, un autre balle, dans l’après-
grand centre urbain de la vallée midi d’hier lors
de la Soummam, après Tazmalt, d’affrontements avec
Akbou et Ighzer Amokrane, s’est les forces de police
transformé en champs d’émeu- dans la commune de
tes. Sidi Aïch s’est ainsi embrasé
Aïn Hadjel. En outre,
à son tour pour être livré en fin de
matinée à un face-à-face enfiévré trois policiers ont été
entre des manifestants en colère blessés dans les
qui ont dressé des barricades sur mêmes circonstances.
la RN26 à la sortie sud de la ville, L’acharnement des
et des unités antiémeute qui ont manifestants à en

PHOTO : EL WATAN
usé de bombes lacrymogènes. découdre avec tout ce
La veille, la ville a vécu une nuit qui représente l’Etat
particulièrement mouvementée. s’est soldé par la
Des manifestants ont mis le feu, dévastation de
vers 20h, à l’agence Sonelgaz, l’agence postale et du
qui vient tout juste d’être réno- Une artère du centre-ville de Béjaïa, desertée par les véhicules hier après-midi siège de la daïra de
vée, au quartier de Timezghra. une ville aux édifices publics d’une agence des assurances. été barricadée avant que n’éclate BNP-Paris-Bas et l’agence Mo- Aïn Hadjel. Les
Un des véhicules de service a été calcinés. A Tazmalt, 20 km au Dans la ville d’Ighzer Amo- l’émeute. Premières cibles, pre- bilis ont été entièrement sacca- émeutiers se sont
calciné à la place des Trois horlo- sud d’Akbou, le bilan n’est pas kane, les affrontements, qui ont miers dégâts : la salle des fêtes gés et pillés. Au niveau du siège heurtés aux policiers.
ges. Une dizaine d’autres ont mis moins sérieux. Tout ce qui sym- éclaté la veille entre manifestants et Sonelgaz. L’APC a vu sa salle de la wilaya, des policiers sont L’un d’eux a usé de
le feu dans le parc. La foule en bolise l’Etat est bon à être atta- et policiers, ont repris de plus de réunions saccagée et son parc sortis pour affronter les manifes-
furie a pris comme cible la sûreté son arme, tirant à
qué. Comme ailleurs, Sonelgaz belle dans la matinée d’hier. Les roulant brûlé. La brigade de la tants armés de pierres. L’air est
de daïra qu’elle a attaquée avec balles réelles,
demeure la cible privilégiée des alentours du siège de l’APC et gendarmerie a été assiégée. De- empesté de gaz lacrymogène au
des pierres. émeutiers. Et pas seulement. vraisemblablement
celui de la sûreté de daïra ont été vant le portail de celle de Souk El moment où nous mettons sous
L’Actel, la Poste et l’ADE ont Le tribunal a été saccagé, un transformés en un vrai champ de Tenine, un pneu a été brûlé. Les presse. sur la foule, tuant ce
subi de grands dégâts. Voyant camion à ordures n’a pas non bataille. Une source hospitalière Impôts, eux, ont été dévastés. A Oued Ghir, les premiers objets jeune homme de 18
venir le danger, certains fonc- plus échappé tout comme deux parle de plus d’une dizaine de Vers 14h, la protestation s’est hétéroclites sont jetés sur la voie ans.
tionnaires des services de l’ad- véhicules, dont un fourgon, du blessés légers parmi les policiers propagée dans les quartiers de la publique, à deux pas du siège de Les affrontements se
ministration publique se sont parc communal. évacués vers l’hôpital de Sidi ville de Béjaïa. A Ihhaddadden, l’unité républicaine qui abrite déroulent
précipités pour évacuer leurs ma- Le siège de la daïra, réduit en Aïch. Un autre policier a été Aâmriw, rue de la Liberté, pour des éléments des CNS, dont des présentement dans
tériels vers des lieux sûrs. Ceux cendres lors des événements blessé à Kherrata dans la nuit de ne citer que ceux-là, les rues sont renforts sont prêts à investir la plusieurs quartiers de
de l’Algérienne des eaux n’ont du printemps de 2001, a failli jeudi à vendredi qui n’a pas été jonchées de pneus et de bennes à rue. Quelques camions chargés la ville. L’agence
pas pu sauver leurs meubles, connaître de nouveau le même moins chaude. ordures brûlés, des mobiphones d’unités antiémeute ont pris la postale de la cité des
comme à Akbou où les émeutes sort. Les manifestants l’ont pris La RN9, qui a été fermée à la d’Algérie Telecom arrachés avec direction de la vallée hier et 1000 Logements a été
semblent avoir provoqué les plus pour cible comme le siège des circulation par quelque 300 jeu- leurs socles, de plaques de signa- avant-hier. Les prochaines heu-
contributions. L’on tentera même incendiée. S. Ghellab
importants dégâts. Les Akbou- nes manifestants au niveau de lisation, de débris d’abribus. Au res s’annoncent, vraisemblable-
ciens se sont réveillés hier dans des incursions dans le siège Baccaro, dans la ville de Tichy, a centre-ville le siège de banque ment, chaudes. K. Medjdoub

AKBOU TIZI OUZOU

Dans la peau d’un émeutier Affrontements


A kbou. Jeudi après-midi. Plu-
sieurs centaines de jeunes
gens assiègent le tribunal flam-
émeutier aux yeux larmoyants
et qui arrive à peine à articuler
ses mots entre les râles. Effecti-
vement, le gaz vous sort les yeux
des «arch». Pour beaucoup, la
situation n’a guère changé, une
dizaine d’années plus tard. Ils
pointent au chômage, traînent
que la caravane de fourgons
blindés fait son apparition, pré-
cédée du célèbre «Moustache»,
au centre-ville
bant neuf de la ville. Pour tous de longues clameurs s’élèvent es escarmouches ont éclaté, hier, en milieu d’après-midi
ces insurgés, c’est ce palais de
justice qui symbolise le mieux
l’injustice qui les frappe.
Armés de pierres et de cocktails
de leurs orbites, vous brûle les
poumons et vous fait suffoquer
en quelques secondes. Il faut
replier rapidement à la recher-
leurs guêtres dans la cité ou
vendent des petits riens pour
survivre.
Le plus casé d’entre eux est
dans les airs. Une pluie de pro-
jectiles s’abat de toutes parts
sur les nouveaux venus. Les
heurts entre les deux belligé-
D dans la ville de Tizi Ouzou. Vers 15h, de jeunes manifes-
tants du quartier des Genêts se sont accrochés avec des élé-
ments des forces de l’ordre au centre-ville, avant que les troubles
ne se propagent à d’autres quartiers, comme la cité du 5 Juillet près
Molotov, ils partent à l’assaut de che d’un air plus respirable. gardien de parking. Parmi les rants ont gagné en intensité. La de la gare routière, la cité des Fonctionnaires, à hauteur du siège de
la citadelle de verre défendue Quand un émeutier se replie, il y émeutiers, il n’y a pas que les nuit tombe, mais elle n’entame la wilaya et la cité CNEP, au centre-ville.
par quelques unités antiémeute a toujours un autre pour monter gens de la ville d’Akbou. Les en rien la volonté des insurgés Aucun mot d’ordre n’a été scandé par les manifestants qui sont
réfugiés sur le toit du bâtiment. au front et prendre sa place au renforts sont arrivés des villages d’en découdre avec les policiers. descendus spontanément dans la rue et dont la moyenne d’âge ne
De temps à autre, les policiers pied levé. voisins. Les montagnards sont En haute ville, le siège de Sonel- dépasse pas les 25 ans. Le boulevard Lamali Mohamed, qui longe
se montrent timidement et tirent Derrière les premières lignes venus en découdre avec cet gaz a été ravagé par les flammes. l’hôpital Nedir Mohammed, a été fermé à la circulation automo-
une bombe lacrymogène sur les où se passe l’essentiel du com- ennemi intime qui s’appelle «le Celui de la régie communale bile ainsi que la rue des Eucalyptus, mitoyenne de la caserne mili-
émeutiers avant de regagner leur bat, les troupes se reposent ou pouvoir». Entre temps, un autre des eaux également. Vers 22h, taire. Les jeunes se sont servis de bacs à ordures, de blocs de béton,
cachette. Il ne reste plus grand- s’occupent de la logistique. Il y front s’est ouvert. Un groupe de l’essentiel des combats tourne de barres de fer ainsi que d’autres objets hétéroclites pour dresser
chose des fenêtres des étages a ceux qui sont chargés de ravi- jeunes s’est attaqué au commis- autour du commissariat où se des barricades sur les venelles qui mènent au centre-ville.
du bas et toute la façade porte tailler en projectiles et les spé- sariat. Les «combats» durent des sont positionnés les renforts de Les manifestants s’en sont pris, notamment à la 1re sûreté urbaine
les stigmates des coups reçus. cialistes en confection de cock- heures. Vers la fin de l’après- police qui tirent à la fronde et au située au cœur de la ville avec des jets de pierres et différents pro-
Un cocktail Molotov atterrit au tails Molotov. Manifestement, midi, une nouvelle fait rapide- fusil à grenades lacrymogènes. jectiles.
dernier étage. il y a de l’expérience chez tous ment le tour des émeutiers : les Vers 23h, des groupes de jeunes La riposte des forces antiémeute ne s’est pas fait attendre pour
Les flammes commencent à ces jeunes qui ont déjà fait les renforts antiémeute arrivent ! se ont introduits dans l’enceinte disperser les manifestants en usant de gaz lacrymogène. Jusqu’à
dévorer le mobilier. L’échange longues campagnes de la guerre Une bonne heure plus tard, lors- d’un collège qui est aussitôt 17h, la situation n’était pas encore maîtrisée. Une vingtaine de jeu-
de projectiles et d’insultes entre mis à sac. Les jeunes ressortent nes ont barricadé le boulevard Abane Ramdane, près du siège de
les policiers et les émeutiers avec des fauteuils, des ballons, la CNEP, dont des vitres ont volé en éclats par des jets de pierres.
se poursuit à une cadence de
métronome. Des bouteilles de
LOGEMENTS SQUATTÉS des ustensiles de cuisine et tout
ce qu’ils peuvent chaparder.
Jeudi dernier, des heurts ont eu lieu au quartier des Genêts, vers
23h.
vinaigre circulent parmi les jeu- Les logements sociaux achevés et en attente de livraison ont L’obscurité est propice à tous les Les affrontements ont duré jusqu’à une heure tardive de la nuit
nes émeutiers. Chacun reçoit été squattés, à Akbou, dans le sillage des événements qui se guets-apens. C’est un véritable avant que les forces antiémeute ne parviennent à contenir la situa-
quelques gouttes pour s’asper- sont déroulés hier et avant-hier. D’après une source locale, combat de rue qui se déroule à tion. Dans le même temps, un autre groupe de jeunes a improvisé
ger les mains, le visage et les tous les logements – quelque 500 unités sociales – réalisés présent avec des attaques et des un rassemblement à la place de l’ancienne mairie avant qu’ils ne
vêtements. sur les sites de l’ex-caserne et de Tiharkatine, ont été occupés replis stratégiques. Un policier soient, à leur tour, chargé par la police. Des incidents similaires se
De l’avis de tous, les gaz la- par des citoyens qui ont trouvé dans la situation de troubles de est touché par un cocktail Mo- sont produits jeudi à l’entrée de la ville d’Azazga. Par ailleurs, le
crymogènes sont, cette année, ces derniers jours l’occasion propice de passer à l’action. lotov. Les émeutiers ne baissent match de championnat de football que devait disputer, aujourd’hui,
particulièrement irritants. «Il Le même phénomène s’était produit lors des événements du pas les bras. Ceux qui sont partis la JSK face au MC Eulma au stade du 1er Novembre, a été reporté
est vraiment dosé ce gaz ! Il n’a printemps noir de 2001. Pour libérer les logements squattés, ont promis de revenir demain. à une date ultérieure. Les services de sécurité craignent que l’évé-
rien à avoir avec celui de 2001, les autorités ont dû recourir à la force publique. Jusqu’à avant- La nuit est encore longue. nement ne déborde de son cadre sportif et ne tourne à l’émeute.
a dine el lefth !», plaisante un hier, 30 unités étaient encore squattées. K. M. Djamel Alilat Nordine Douici
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 8

L’ÉVÉNEMENT
SAÏDA EL HAMRI, PETIT LAC ET CAVAIGNAC MASCARA
Nuit agitée Un policier blessé
Tout a commencé ce jeudi vers les
coups de 11 heures dans le quartier
périphérique des «Quatre cents
Oran en ébullition et des véhicules
’appel au calme lancé par jeunes émeutiers et les forces immobilier, de l’insécurité et
incendiés à Sig
logements». Des dizaines de jeunes,
des mineurs ont brûlé des pneus en
signe de protestation de la malvie et L les imams dans les mos-
quées d’Oran lors de la
de l’ordre. Des fourgons de
police de la brigade antiémeute
des conditions de vie précaires
dont le chômage. Ce sont no-
a tension a fini par rattraper Mascara. Un policier
déjà la panique semble s’installer,
même les bus ont craint d’être la proie
des projectiles. Retour au calme et
c’est vers 18h30 que les assaillants
prière du vendredi n’a pas eu
le résultat escompté. Quelque
temps après, ce fut le retour
aux émeutes dans les quartiers
étaient parqués devant les pla-
ces publiques, comme la place
du 1er Novembre, la place des
Victoires ou la place Hoche,
tamment, en plus de la cherté
de la vie, les raisons évoquées
par les riverains pour expliquer
leur mécontentement. «Ce
L a été blessé, hier, à 13h, au cours d’affrontements
qui ont repris dès le matin, dans le quartier popu-
laire des 230 Logements à Mascara, entre les jeunes ma-
d’El Hamri, Petit Lac et Saint- ces deux dernières délimitent n’est cependant pas en jetant nifestants et les éléments de la Sûreté nationale. Atteint
ont repris de plus belle en saccageant grièvement à la jambe, il a été évacué à l’hôpital. Les
tout sur leur passage au centre-ville, Pierre. A El Hamri, les pierres en quelque sorte le quartier des pierres qu’on va régler les
ont été remplacées par des populaire Saint-Pierre, situé en problèmes. La contestation, jeunes, dont certains encagoulés, lançant des pierres et
stoppés par les brigades anti-émeutes. autres projectiles, ont crié leur colère suite à l’interpella-
Les magasins et cafés ont baissé leurs cocktails Molotov et les jeunes plein cœur de la ville. C’est là comme en Europe, doit être
ont été plus déchaînés que les qu’ont été enregistrés, hier, et organisée et dans le calme», tion d’un jeune du quartier. Les policiers ont fait usage de
rideaux, des foyers de protestations gaz lacrymogènes, mais sans résultat. Les affrontements
sont apparus dans divers quartiers de jours précédents. Le boulevard pour la première fois au centre- affirme un habitant du quartier.
des Martyrs de la Révolution, ville, les premiers incidents. La police a procédé néanmoins ont baissé d’intensité après que les contestataires eurent
la ville : Hai Mejdoub,Village Boudia,
longeant le quartier, a été le Comme c’était le cas mercredi à quelques arrestations, selon reçu l’assurance d’un officier des services de l’ordre de
Boukhors , centre-ville ; on déplore
théâtre de violentes protesta- dernier, des bandes de jeunes des témoins. Hier, vers 17h, à relâcher le jeune qui, selon certains manifestants, n’avait
de nombreux dégâts notamment le
distributeur automatique de billets tions contre «la cherté de la vie curieux, parfois des adoles- El Hamri, les émeutes se pour- rien à voir avec les troubles qui ont eu lieu la veille. Jeudi
de banque de la grande poste, les et la hogra» tel que scandé par cents, se sont amassés tout le suivaient avec autant de rage. soir vers 19h, des centaines de jeunes ont investi sponta-
stations d’essence saccagées, les les jeunes protestataires. Fait long de la rue d’Arzew et de Selon nos sources, d’autres nément les rues de Mascara, Sig et Oggaz. Au chef-lieu
cabines téléphoniques détériorées, inhabituel hier, parmi les pro- la rue Mostaganem pour ob- arrestations ont été enregis- de la wilaya, les troubles ont éclaté, vers 19h, dans le
la poste de Boukhors a été elle aussi testataires, il y avait des pères server les échauffourées. Une trées parmi les manifestants. quartier populaire des 936 Logements, pour ne s’arrêter
ciblée. Des affrontements ont eu lieu de famille mais aussi des fem- ambiance mi-figue mi-raisin «Plusieurs émeutiers ont été que très tard dans la nuit, avant qu’ils ne s’étendent à
entre les forces de l’ordre et des jeunes mes qui, à partir des portes de règne dans ces lieux avec une présentés hier devant la jus- d’autres quartiers notamment la cité des 230 Logements,
surexcités jusqu’à une heure tardive, leurs maisons souvent en ruine, circulation piétonne presque tice», selon une source fiable la zone huit et le quartier Meddeber. Au début des événe-
et ce n’est que vers les coups de minuit scandaient des slogans pour ordinaire et un climat de ten- qui ajoute que les incidents en- ments, les jeunes ont exprimé leur colère par des jets de
que le calme est revenu. Contactés, «soutenir cette révolte» qui a sion entre la police et les jeunes registrés à Oran ont causé des pierres contre des véhicules civils qui empruntaient l’en-
les services de sécurité n’ont donné pour origine un malaise social récalcitrants. Tous ces quar- blessures à des policiers ayant, trée sud de la ville de Mascara. A l’arrivée des éléments
aucune information sur les éventuelles profond. Toutefois, selon des tiers concentrent une grande de manière générale, subi des des brigades antiémeute, la situation a connu une évolu-
arrestations ou le nombre de blessés témoignages recueillis sur pla- frustration de la population jets de pierres. tion inquiétante. Les agents de l’ordre ont été accueillis
déplorés dans les deux camps. ce, la grogne a été plus grande, à cause de la vétusté du parc R . K. et D. B. par des jets de pierres, bouteilles et divers projectiles
Sid Ahmed hier, à cause «des arrestations lancés par les manifestants, pour la plupart des jeunes.
opérées par les services de sé- Là, les policiers ont répondu par l’usage de gaz lacry-
mogènes. Selon un témoin oculaire, dans la cité des 230
AÏN DEFLA curité». A Petit Lac, cagoulés
pour certains et armés de ma- «NOUS NE SOMMES PAS Logements, une femme aurait été transférée à l’hôpital
traques et de pierres, les jeunes de Mascara après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Ces
Des blessés révoltés ont tenté de forcer les DES CASSEURS» affrontements, qui ont duré jusqu’à une heure tardive,
ceintures de sécurité encerclant n’ont pas fait de dégâts. A Sig, à 45 km de Mascara, les
et des dégâts leur quartier pour descendre au La nuit de jeudi a été agitée flambée des prix et le feu qui manifestants, en majorité des jeunes, ont tenu à exprimer
centre-ville et marcher jusqu’à leur mécontentement. Ils ont saccagé et brûlé rasant tout
matériels la place du 1er Novembre (ex-
au quartier Petit lac. Les
affrontements entre forces
nous ronge de l’intérieur»,
a dit un jeune protestataire. sur leur passage. «Les troubles ont éclaté spontanément
place d’Armes), mais le renfort de l’ordre et protestataires «Au lieu de nous laisser nous juste après 19h. Plusieurs édifices publics ont été sac-
Ils n’étaient qu’une cinquantaine sécuritaire était plus imposant. se sont poursuivis jusqu’à exprimer, on nous lance cagés, à savoir le Centre de loisirs scientifiques (CLS),
de manifestants tout au plus, mais L’ordre a été donné, selon nos 22h. A Petit lac, des bombes des bombes lacrymogène. la bibliothèque municipale, l’annexe de la commune
farouchement montés contre les sources, de cerner la révolte lacrymogènes ont été lancées Nous ne sommes pas des sise à la Nouvelle Ville et la nouvelle annexe d’Algérie
forces de l’ordre. Dans la nuit de jeudi dans les quartiers et empê- contre les manifestants dont casseurs, on veut juste dire Poste», nous dira une source de l’APC de Sig en ajoutant
à vendredi, des heurts violents ont cher son déplacement vers le qu’«une ambulance de l’établissement pénitentiaire de
la plupart portaient des aux gouverneurs du pays
opposé de jeunes manifestants dans Sig et deux autres véhicules ont été incendiés par les
centre-ville et les zones stra- cagoules. ‘’barakat el hogra’’ et la cherté
la ville de Khemis Miliana (est du manifestants.» Parallèlement, nous avons appris que des
tégiques économiques. Cette L’important dispositif de la vie nous consume». La
chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla). Les jeunes ont également manifesté, jeudi soir, leur colère
mesure a permis de minimiser sécuritaire bouclant ce même situation a prévalu
incidents se sont surtout concentrés dans la région d’Oggaz, à 65 km de Mascara. «Pas de
aux abords de la RN4, à hauteur de
les dégâts. Il n’y a pas eu de quartier a dissuadé ces jeudi dans la périphérie
casse à Oran, notamment dans jeunes de sortir de leur d’Oran, à Boufatis, Hassi dégats importants à signaler», nous dit-on. Un calme
l’école paramédicale, mitoyenne de précaire a régné sur Sig et Mascara et un important dis-
l’hôpital et du quartier Essalem. La les quartiers en ébullition. A quartier. Les manifestants Bounif et Fleurus. Un habitant
Oran-Centre, c’est plus tard, n’ont pu dépasser l’avenue de Boufatis dira : «Notre mal positif sécuritaire est déployé dans les grands quartiers
police antiémeute est intervenue en populaires. A. Souag
usant de gaz lacrymogènes et de jets vers 15h, que des incidents ont Sidi Chahmi, toutefois, ils ont est plus intense que celui des
d’eau pour disperser les protestataires été enregistrés, avec pour la exprimé leur colère en jetant habitants des grandes villes,
et riposter aux jets de pierres d’une première fois depuis le début
de la grogne, des échanges
des pierres aux éléments de
la brigade anti émeute et en
nous souffrons d’exclusion, en
plus de la cherté de la vie qui
BÉCHAR
extrême violence. Auparavant, les
jeunes mécontents avaient brûlé des
pneus à proximité de la gare routière,
de pierres et quelques tirs de
gaz lacrymogène entre des
incendiant des pneus. «Ces
flammes représentent la
n’est que la goutte qui a fait
déborder le vase.» R. K.
Echauffourées au
s’attaquant également aux poteaux quartier de Lahdeb
électriques et arrachant des panneaux
de signalisation en scandant des BLIDA u quartier de Lahdeb, à Debdaba, des échauffourées
slogans hostiles à l’Etat. A entre policiers et un groupe de citoyens ont éclaté
Le bilan de ces émeutes fait état
de trois policiers blessés en plus
de quelques dégâts matériels,
Week-end mouvementé hier, non pas à cause de la hausse de prix sur les produits
de large consommation, mais pour empêcher les agents
de la commune de démolir, à l’aide d’engins, 23 habita-
essentiellement des vitres brisées au es manifestations de colère En même temps, la commune de (20 km à l’ouest de Blida), des tions illicites. Les autorités locales concernées, présentes
niveau du tribunal, ont indiqué des
sources concordantes. En revanche, on
L prennent de l’ampleur dans la
wilaya de Blida. Après les quel-
l’Arbaâ (30 km à l’est de Blida)
a vécu une nuit mouvementée ;
dizaines de jeunes, qui n’ont
pas réussi à s’introduire dans le
sur les lieux, ont ordonné cette opération de démolition
confiée à la commune qui a pris un arrêté dans ce sens,
ne signale aucune interpellation. ques évènements déplorés mer- les protestataires ont saccagé plu- siège de l’APC, se sont dirigés en application de la loi fixant les conditions et modalités
Du côté du tronçon autoroutier qui credi, un déchaînement collectif sieurs édifices publics et incendié vers le siège de la CNEP qui, en de destruction des logements construits en infraction à la
traverse la wilaya de Aïn Defla, a été enregistré, jeudi soir, dans le bureau de poste, le siège de peu de temps, a été dévasté puis réglementation.
des sources locales ont indiqué diverses communes de la wilaya, l’agence BADR, l’unité de So- incendié. Policiers et agents de la commune ont été accueillis par
que des automobilistes ont été entre autres Blida, El Affroun et nelgaz et le service des impôts. Vendredi en début d’après-midi, des jets de pierres lancés contre eux qui ont blessé un
victimes d’agressions. Aucune Larbaâ. A la cité Ben Achour, Des sommes d’argent et du mobi- un mouvement de protestation policier et le conducteur d’un des engins de destruction.
source officielle n’a confirmé, sise aux frontières des communes lier ont été volés. s’est déclenché dans la localité L’opération d’achèvement de démolition a été menée à
hier, cette information. Ala faveur de Blida et de Ouled Yaïch, de Au même moment, la RN29 re- de Ouled Yaïch au lieudit «Stop». terme et deux personnes ont été arrêtées puis relâchées
du retour au calme, vendredi, les jeunes émeutiers ont caillassé le liant l’est de la wilaya de Blida au Des jeunes munis de sabres et après contrôle de leur identité. Interrogé, un responsable
agents d’entretien de la commune commissariat du 3e arrondisse- chef-lieu, a été prise d’assaut par d’objets contondants et tran- de l’APC affirme que la municipalité «agit dans une
ont entamé tôt les opérations ment. Un peu plus loin, au niveau des révoltés. chants se sont mêlés aux émeu- situation pareille en fonction des cas d’infraction signa-
de nettoyage des sites où ont de la cité 19 Juin, des dizaines de A l’aide de troncs d’arbres et de tiers, semant la terreur parmi les lés sur la base des P-V de constatation dressés par les
eu lieu des incidents, procédant jeunes en colère, scandant «ho- pneus en feu, cette route nationale passants. Au moment où nous organes compétents». Notons que pour le cas du site de
notamment au remplacement des gra», «marginalisation», «piston» a été barricadée en divers endroits mettons sous presse, aucun blessé Lahdeb sur lequel ont été érigées ces constructions illici-
ampoules brisées le long de la RN4 et «cherté de la vie», ont bloqué la et fermée à la circulation. Sur la ni arrestation ne sont à signaler. tes, les occupants ont acquis les assiettes foncières auprès
et à l’enlèvement des panneaux RN19. RN1, au niveau de l’échangeur Toutefois, une cellule de crise a d’un citoyen qui continue à défier depuis plusieurs mois
de signalisation routière jonchant Même constat au niveau des cités de Boufarik, des émeutiers ont été mise en place et un bilan pro- l’administration locale en prétendant être en possession
le sol. A signaler enfin que la rue Kamarise et Bouaïba, à la péri- bloqué durant plusieurs heures visoire des dégâts sera divulgué des titres de propriété de ces terrains alors que ceux-ci
reste à l’écoute des événements, ne phérie de la ville des Roses ; jus- la circulation routière, avant l’in- dans les prochaines heures. relèvent, affirme-t-on, du domaine public. Une plainte a
tarissant pas de commentaires. que dans la matinée de vendredi, tervention des forces de l’ordre. Asma Bersali été déposée auprès du tribunal contre ce citoyen par les
Aziza L. les barricades étaient en flammes. Dans la commune d’El Affroun et Mohamed Abdelli services domaniaux. M .Nadjah
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 9

L’ÉVÉNEMENT
TIPASA BOUMERDÈS
Les affrontements
ont fait des blessés Des édifices publics saccagés
dans les deux camps ension, colère, embrase-

e bilan des affrontements entre les forces de T ment et violents heurts


entre manifestants et bri-
Deux gendarmes
blessés à Sidi
L l’ordre et les jeunes émeutiers au niveau de la
wilaya de Tipasa depuis mercredi soir, selon
des sources concordantes, fait état de blessures de 4
gades des forces de l’ordre. Les
jeunes des localités de Boumer-
dès sont sortis, eux aussi, dans
la rue pour exprimer leur colère
Daoud
policiers et 2 jeunes manifestants. Une vingtaine de Deux gendarmes ont été blessés,
manifestants ont été interpellés. Les heurts violents contre la mal-vie et les multiples
problèmes dont ils souffrent de- hier vers 13h, dans un attentat à la
avaient eu lieu aux quartiers de Kerkouba (Koléa) et bombe qui a eu lieu non loin de la
Aïn Messaoud (Chaïba), dans les quartiers populai- puis plusieurs années. Ils étaient
des dizaines à avoir investi les es- localité de Sidi Daoud, à 45 km à l’est
res de Fouka, Hadjout et Bourkika. Mercredi soir, de Boumerdès. L’engin explosif avait
à Douaouda, un jeune manifestant avait été grave- paces publics, défiant les forces
de l’ordre et bloquant plusieurs été placé au bord de la route menant
ment atteint par un engin explosif qu’il tenait dans vers Sahel Boubarak, apprend-on de
sa main. Il a aussitôt été évacué en urgence, après axes routiers. Leur révolte a causé
d’importants dégâts matériels, source locale. La déflagration a été
avoir maladroitement manipulé le cocktail Molotov, suivie de tirs nourris des terroristes
lors des affrontements avec les forces de l’ordre. comme ce fut le cas au chef-lieu
de wilaya et au niveau des cen- qui se seraient embusqués dans les
Trois policiers avaient été légèrement blessés par les parages, ajoute la même source.
manifestants. Jeudi soir, la violence s’est propagée tres urbains de Bordj Menaïel,
Boudouaou, Khemis El Khechna R. K.
vers l’Ouest pour atteindre les localités de Bour- PHOTO : D. R.
kika, Meurad et Hadjout. Mais c’est à Bourkika et les Issers. Les scènes les plus
qu’un haut degré de violence a été enregistré. Les
forces de l’ordre étaient contraintes d’utiliser les
violentes ont été enregistrées
dans la soirée d’avant-hier jeudi Un magasin de
bombes lacrymogènes pour faire reculer les émeu-
tiers et les disperser. Par ailleurs, ces mêmes forces
à la cité des 800 Logements de
Boumerdès, où des jeunes s’en Les mêmes scènes partout à travers le pays stockage de
de sécurité avaient fait appel aux éléments de la
Protection civile pour évacuer un jeune manifestant
sont pris au bureau de poste et
aux véhicules stationnés devant un dépôt de boissons gazeuses des communes des Issers et Bordj Cevital dépouillé
très mal en point par les gaz lacrymogènes. Depuis
la nuit de jeudi à vendredi, l’alerte a été observée
le siège des Douanes algériennes. appartenant à un particulier. Menaïel sont revenus à la charge
Les émeutiers se sont emparés La protesta s’est répandue com- pour manifester leur méconten- aux Issers
par les éléments de la police et de la gendarmerie de tout matériel de valeur qui s’y me une traînée de poudre à travers tement face à la cherté de la vie. Un important magasin de stockage
au niveau des axes routiers stratégiques et les dif- trouvait. Ces scènes, traduisant le plusieurs localités de la région. A Les heurts ont débuté peu de des produits agroalimentaires
férentes localités de la wilaya de Tipasa. Après la ras-le-bol des jeunes de la région, Souk El Had et Béni Amrane, des temps après la fin de la prière du appartenant au groupe Cevital a été
prière du vendredi, le calme continuait à régner. ont été précédées par la fermeture dizaines de jeunes ont envahi, vendredi. pris d’assaut, hier vers 18h, par de
R.A.S sur tout le territoire de la wilaya jusqu’à la fin de plusieurs axes routiers desser- dans la soirée de jeudi, la RN5 et Les manifestants ont tenté de jeunes manifestants aux Issers, à
de l’après-midi. Néanmoins ; la nuit risque encore vant le quartier. ont obligé un camionneur à vider mettre le feu aux édifices publics. l’est de Boumerdès. D’importantes
d’être agitée, comme ce fût le cas des précédentes Au même moment, d’autres son chargement de sable carré- Aux Issers, les forces de l’ordre quantités d’huile ont été volées par
soirées, en dépit de l’appel au calme de quelques heurts opposaient les forces de ment sur la voie. La route n’a été se sont positionnées aux alen- les manifestants en furie. Le dépôt
notables. Dans la soirée de jeudi à vendredi, des jeu- l’ordre aux jeunes de Boudouaou, rouverte qu’en fin de journée, tours du bureau de poste et du est situé au lieudit La Carrière, à
nes de la ville de Cherchell n’ont pas trouvé mieux qui venaient de saccager, eux après l’intervention musclée des siège de la daïra, afin d’éviter les 2 km au sud du chef-lieu communal.
que de s’attaquer à des enseignes lumineuses et des aussi, l’agence postale du chef- gendarmes. Des affrontements saccages. Idem à Bordj Menaïel Les manifestants auraient profité de
vitrines appartenant à des particuliers pour laisser lieu communal, un bloc de la ont éclaté également à Zemmouri où le gros des affrontements a eu l’isolement de l’endroit et de l’absence
exploser leur colère. M’hamed H. faculté de droit et une annexe de et Tidjellabine. Certaines sources lieu devant le siège du tribunal des forces de l’ordre et sont passés à
l’APC. Même atmosphère à Khe- font état de plusieurs dizaines de pénal, qui avait été pris d’assaut l’action pour s’emparer des produits
mis El Khechna où l’on fait état blessés parmi les manifestants et par les émeutiers dans la journée qui y étaient stockés. R. K.
d’actes de vandalisme ayant ciblé les policiers. Hier, ces jeunes d’avant-hier. R. K. et H. D.
CHLEF
Les manifestations TIARET, UN VENDREDI...
se poursuivent Après une matinée relativement calme,
à Chettia
R ebelote. Après une accalmie de quelques
heures, les manifestations ont repris, hier à
la violence a repris dans l’après-midi
n climat de suspicion teinté d’une fébrilité annoncée demain de l’ambassadeur de France à locale dans la précarité, subsiste à Tiaret un vide
15h à Chettia, commune limitrophe de Chlef. Des
jeunes ont de nouveau bloqué la RN4 Chlef-Ténès
U remarquée a caractérisé la rue hier à Tiaret. Tiaret, de la grève gelée à la dernière minute par criant en matière de communication. La société
Elle était peu peuplée, mais c’est paradoxalement les syndicats des transports et de la grogne qui a civile est absente, les citoyens désemparés ont
et l’artère principale de la ville à l’aide de pierres et le marché hebdomadaire et le marché aux puces secoué la petite bourgade de Bougara. Au-delà été relativement apaisés depuis que le ministre du
de pneus enflammés. De nombreux automobilistes au centre-ville qui ont fait le plein. Les nouvelles des surenchères et des réalités socioéconomiques Commerce a pris la parole sur l’unique.
ont dû rebrousser chemin, comme nous avons pu le font état de pneus brûlés la veille aux quatre coins qui ont fait glisser des pans entiers de la société A. Fawzi
constater sur place. Des unités antiémeute ont été du chef-lieu, notamment à l’angle séparant le
dépêchées sur les lieux, appuyées par les éléments populeux quartier cité Bouhenni Mohamed et
de la sûreté urbaine.
La veille, des affrontements violents ont eu lieu en-
l’hôpital sur les hauteurs de la ville. Les jeunes de
«la cité» auraient saccagé les abribus mais ils ont
Jeunes incendiaires à Hassi Bahbah (Djelfa)
tre les services de sécurité et les manifestants. Ces été contenus dans leur élan par des éléments de la l’instar des autres wilayas, celle de Djelfa Et c’est ce qui est arrivé ! Les administrations
accrochages ont duré jusqu’à une heure tardive de
la nuit. Des dégâts sont à signaler à l’agence com-
police antiémeute dépêchés sur les lieux.
Les mêmes scènes de pneus brûlés et de pla-
A a connu elle aussi de sérieux remous dans visées sont les sièges de la daïra et de la commu-
l’après-midi d’hier. En effet, après deux tenta- ne, essentiellement où sont abrités le service des
merciale d’Algérie Télécom, alors que le réseau ques de signalisation arrachées ont caractérisé tives avortées, la première ayant eu lieu dans affaires sociales, les services de la subdivision
d’éclairage public a été vandalisé. Les forces de certains carrefours. Depuis le carrefour dit de la nuit de jeudi à vendredi dans le quartier po- de l’urbanisme et de la construction, l’agence
l’ordre ont procédé à l’arrestation d’une vingtaine Mechraâ Sfa à la cité Cadat, pas loin de la ré- puleux de Boutrifis à Djelfa-Ville où quelques postale, le siège de Sonelgaz ainsi que celui des
de jeunes à Chettia. sidence du wali, un pneu brûlé a vite été éteint pneus ont été brûlés et qui a vite été maîtrisée impôts, pratiquement toutes les institutions de
Pour beaucoup, ce mouvement de colère est la par des éléments de la brigade de gendarmerie sans suite. L’autre s’est produite juste après la l’Etat ont subi de graves préjudices matériels.
goutte qui a fait déborder le vase, car le malaise cou- proche vers minuit. L’air était vicié et d’aucuns prière du vendredi au niveau de la nationale Après quoi, cela a failli être le tour du commis-
vait depuis longtemps dans cette localité déshéritée appréhendaient l’après-prière du vendredi. Les une traversant le village de Ouled Obeidallah sariat, n’était la vigilance de quelques éléments
qui compte plus de 85 000 habitants. En avril 2008, prêches tournaient pour l’essentiel dans les à quelques encablures du chef-lieu de wilaya irréductibles de la police, car le plus gros des
celle-ci avait connu des manifestations violentes qui mosquées autour du commerce tel que préconisé vers Laghouat et qui a été marquée surtout par effectifs a été appelé en renfort à Alger.
se sont soldées par des dommages importants cau- par les préceptes religieux et des appels subtils l’interruption de la circulation routière pendant Toutes les portes et fenêtres des bâtiments ciblés
sés aux édifices et services publics. Les motifs de la au calme. C’est à partir de 15h que les choses se une demi-heure, et ce, grâce à l’intervention ont été saccagées avant d’avoir incendié l’inté-
révolte sont pratiquement les mêmes : hausse des gâtent. Nos sources font état d’une descente des énergique des services de sécurité. rieur de ces sièges. La riposte fut donc timide
prix des produits de large consommation, pauvreté, jeunes au lycée Belhouari du côté de Volani. Cet En revanche, la troisième a fait mouche, puisque à telle enseigne que les manifestants avaient
chômage galopant et surtout précarité des condi- établissement a été dévasté au moment où près du pas moins de six édifices ont été les cibles de les coudées franches et l’air de se balader, car
tions de logement. Rappelons que Chettia compte marché de la même cité, les pneus ont commencé plusieurs centaines de jeunes en pleine hystérie ! les effectifs sécuritaires étaient loin de pouvoir
plus de 7000 habitations en préfabriqué datant du à brûler. Les commentaires n’ont pas cessé pour Si l’on ignore comment l’attroupement a pris rivaliser avec la marée humaine qui ne faisait
séisme de 1980, dont la plupart sont dans un état de autant dans les cafés. Ils tournaient autour de la naissance, l’on sait par contre que ces jeunes, qu’aller de l’avant. La circulation routière est
délabrement avancé. Malgré les incessants appels corruption, du manque de perspectives, de l’ab- au vu de leur nombre exponentiel au fur et à toujours paralysée au niveau de Hassi Bahbah
de détresse, les pouvoirs publics ne semblent pas sence d’une assemblée élue au chef-lieu. L’évé- mesure qu’ils progressaient sur la route prin- et la situation reste tendue à l’heure où nous
avoir pris la mesure de la gravité de la situation et nement que vit l’Algérie est vécu localement cipale qui est en même temps la RN1, étaient mettons sous presse. Le bilan provisoire fait état
s’obstinent à tourner le dos aux revendications légi- dans un contexte marqué par le sit-in observé comme obnubilés par une idée fixe, à savoir tout d’un policier blessé admis aux urgences.
times des citoyens. A. Yechkour par les travailleurs de BTK/SNVI et de la visite détruire sur leur passage. Aek Zighem
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 10

L’ÉVÉNEMENT

TÉBESSA BORDJ BOU ARRÉRIDJ MILA


Des jeunes
encagoulés Grande tension aux Quatre
policiers
quatre coins de la ville
Des émeutes ont éclaté
hier à Tébessa peu après
la prière du vendredi. Les
premiers attroupements
se sont formés au quartier
blessés
El Djorf, des jeunes es affrontements entre des dizaines de ci-
encagoulés se sont
attaqués d’abord, à coup
de pierres, aux voitures et
aux passants, avant de
D toyens et les forces de l’ordre ont eu lieu,
dans la nuit de jeudi dernier, à Mila, préci-
sément dans le quartier populeux de Senaoua, sur
les hauteurs sud de la ville. Les manifestants ont
saccager des arrêts de investi la route principale traversant ce quartier, en
bus, les feux tricolores et la barricadant avec des pneus incendiés et des blocs
d’arracher carrément le de pierre. A l’arrivée des brigades antiémeute, des
carrelage devant le siège accrochages s’en ont suivis jusque vers minuit. La
du CFA. Les manifestants riposte des émeutiers a été énergique. Une source
ont même essayé à policière contactée fait état de quatre policiers légè-
maintes reprises de rement blessés, atteints par les jets de pierres. Une
fermer le carrefour du tension sociale est également signalée à Chelghoum
quartier par des Laïd, où des dizaines de jeunes habitants se sont
barricades au moyen de livrés au saccage des édifices publics. Des grilles
blocs de pierre et de métalliques ont été arrachées, des vitres cassées et
pneus brûlés. Des des documents détruits jonchant le sol. Tel est le
affrontements ont éclaté spectacle désolant qu’offre le technicum Kheira
avec les forces de l’ordre Zerrouki sis à la cité Abdellah Bacha. A une cen-
qui ont fait usage de taine de mètres plus loin, des traces de destruction

PHOTO : EL WATAN
bombes lacrymogènes sont perceptibles sur les façades du CEM Chaïb
pour disperser les Salah et au niveau de la loge. Le siège de l’APC est
manifestants, en vain. également pris à partie par les émeutiers. Les deux
La tension ne faisait que portes principales de la mairie ont été défoncées
monter et les heurts ont et des dégradations sont relevées au niveau de la
duré plusieurs heures. Au Le siège de l’Agence nationale de l’emploi, à Bordj Bou Arréridj, saccagé structure et des documents du service des cartes
moment où nous mettions ordj Bou Arréridj et Ras El plusieurs voitures ont été incen- et l’inspection des impôts dans le grises. En début de soirée, la RN100, longeant la
sous presse, les émeutes
se poursuivaient et ne
cessaient de se propager
dans d’autres quartiers,
B Oued ont vécu deux jour-
nées infernales, soit jeudi et
vendredi. La ville de Ras El Oued,
diées. Cela s’est déroulé pendant
plusieurs heures. Les ménages qui
habitent au-dessus de l’agence Mo-
quartier les 500 Logements. Puis ils
ont dévasté et incendié complète-
ment l’inspection des impôts.
cité Boukarana, a été fermée à la circulation à l’aide
de carcasses de voitures enflammées. A l’heure où
nous mettions sous presse, des jeunes en furie ont
située à 30 km du chef-lieu de bilis, dans le quartier des Jardins, A Mansourah, à 30 km à l’ouest bloqué la RN100 reliant Ferdjioua à Chelghoum
tels que la Remonte, la wilaya, a renoué avec les émeutes ont dû quitter leurs domiciles, car de Bordj Bou Arréridj, des jeunes Laïd, à hauteur du pont surplombant l’autoroute, au
cité Annoual où les dans la nuit de jeudi à vendredi. A s’ils ne l’avaient pas fait, il y aurait ont bloqué la RN5 durant la nuit du nord de la cité. L’on apprend de source sûre, qu’une
manifestants auraient mis l’origine de ces manifestations, la eu des victimes. jeudi à vendredi pour un bon mo- vingtaine de jeunes émeutiers ont été interpellés.
le feu à l’auberge de hausse des prix et le chômage qui Vendredi, à l’aube, les forces an- ment et vandalisé les lampadaires M. Boumelih
jeunes. Une centaine de «frappent» la région. ti-émeute ont bouclé l’APC avec de plusieurs rues de la ville. Vers
jeunes en colère ont
assiégé durant plusieurs
Les échauffourées ont commencé
dans l’après-midi du jeudi, quand
un cordon de policiers armés de
matraques et stationné d’autres cas-
14h, juste après la prière, les mani-
festants, en majorité des jeunes, et KHENCHELA
heures le 2e plusieurs jeunes ont initié une qués et munis de boucliers, faisant même très jeunes, ont réinvesti la
arrondissement avant de
l’investir et de brûler deux
manifestation devant le siège de
l’APC. Ainsi, profitant de l’obscu-
face à la placette, au cœur du vieux
quartier. Mais ils n’ont pas pénétré
rue. Plusieurs quartiers où se trou-
vent les sièges de plusieurs édifices
Inquiétude
voitures de police. L’on
parle même de trois
policiers qui auraient été
rité, l’on a décidé de disposer plu-
sieurs barrages à divers endroits.
Les débordements étaient tels qu’il
dans les ruelles où les émeutes ont
continué une deuxième journée
consécutive.
publics, l’APC, le CPA, l’ANEM,
le CNEPD, la direction de l’emploi,
Mobils, Actel, la CNEP au centre-
des habitants
gravement blessés. En a flambée des prix des produits de large consom-
plein centre-ville, une
centaine de jeunes ont
devenait très difficile pour les for-
ces de l’ordre de les contenir. Dès
le début de la soirée, des affronte-
Les affrontements ont été plus vio-
lents dans la mi-journée d’hier. Plu-
sieurs personnes ont été interpel-
ville, la CNAS et d’autres bureaux
appartenant à la direction de la
jeunesse et des sports, ont été com-
L mation suscite l’inquiétude des Khenchelis.
Cela s’est traduit dans la nuit de jeudi à vendredi
lancé des projectiles ments explosaient. lées, selon des manifestants. «Trop, plètement pillés ou brûlés. D’autres par une émeute au niveau de la route de Aïn Beïda.
contre la salle de cinéma Les émeutes se sont rapidement c’est trop ! Les prix augmentent de jeunes ont jeté des pierres contre la En colère, les jeunes ont bloqué la route en y brûlant
Maghreb et d’autres propagées dans les ruelles du cen- jour en jour», a expliqué Ahmed, un façade du siège de la wilaya. des pneus.
infrastructures. Par tre-ville. Des foules se sont rassem- jeune licencié au chômage depuis Les policiers en faction ripostent Difficilement, les services de sécurité ont réussi à
ailleurs, à Bir El Ater, des blées, apparemment spontanément, plus de trois ans. «Et comme nous avec des gaz lacrymogènes. En rétablir l’ordre. Cette hausse subite et non justifiée
manifestants ont fermé en de nombreuses parties du quar- n’avons pas un cadre d’expression même temps, des manifestants ont des prix des aliments de base a engendré un désé-
pendant plusieurs heures tier. Elles ont dévasté et pillé plu- pour pouvoir communiquer avec détruit des panneaux de signalisa- quilibre dans le budget des ménages, particulière-
la route à l’aide de sieurs édifices publics et répandu les autorités, nous avons choisi la tion routière et les lampadaires à ment ceux qui ont un bas revenu.
barricades, avant de s’en leurs contenus dans la rue, avant rue pour montrer notre méconten- coups de barres de fer. Les services Beaucoup affirment que «la vie devient cher, le
prendre au siège de d’y mettre le feu. Il s’agit princi- tement», ajoute-t-il. des urgences de l’hôpital Bouzidi pouvoir d’achat inatteignable», qu’ils sont «dans la
l’opérateur téléphonique palement du siège de Sonelgaz, de Au chef-lieu de la wilaya, très vite, Lakhdar ont enregistré plusieurs tourmente en réalisant que (leur) budget ne fera pas
Nedjma et de mettre le feu quatre lycées, deux CEM, l’Actel, l’ambiance est devenue électrique blessés dans les deux camps. Face le poids devant cette flambée». D’autres s’en pren-
aulocal de l’inspection Mobilis, du siège de la daïra, de aux quatre coins de la ville. Les jeu- à ce climat, les commerçants ont nent à l’Etat, disant que ce dernier «doit prendre ses
d’école primaire. l’agence d’emploi, la bibliothèque nes ont caillassé l’agence Djezzy, la baissé rideau, de peur de voir leurs responsabilités, qu’il doit impérativement jouer son
Lakehal Samir de la poste, le parc de l’APC où CNEP, la banque Société générale boutiques vandalisées. Adlène B. rôle de régulateur du marché». Kaltoum Rabia

CONSTANTINE
Nuits d’émeutes dans plusieurs quartiers
ier à 15h, la localité de Hamma des pneus incendiés, de troncs d’ar- tanément dans plusieurs quartiers minutes après des unités des brigades passant près du commissariat du
H Bouziane s’est embrasée faisant
écho aux émeutes déclenchées la nuit
bres et de blocs de pierre, criant des
slogans hostiles à l’Etat et à la police
populaires de la ville de Constantine.
Des centaines de jeunes en colère ont
antiémeutes ont été déployées sur
les lieux, sans pour autant recevoir
12e arrondissement a été fermée à la
circulation durant deux heures avant
de jeudi à vendredi un peu partout qu’ils n’ont pas hésité à caillasser, les envahi la rue à Oued El Had, où le l’ordre d’intervenir de crainte de d’être dégagée avant minuit par les
à travers la wilaya de Constantine. obligeant même à rester confinés boulevard de l’ALN a été fermé à la provoquer des affrontements avec les services de l’ordre qui réussiront
Résistante depuis l’affaire Toufouti, la à l’intérieur du commissariat. Plus circulation avec des pneus brûlés et émeutiers. Mais il semble que le mou- à maîtriser la situation. A Boudraâ
rue de cette localité s’est enflammée loin, à Zighoud Youcef, des hordes des blocs de pierre, selon des témoins vement a déjà fait tache d’huile. Salah (cité El Bir), Benchergui, El
de nouveau à tel point qu’elle donnait de manifestants ont complètement oculaires. L’on a signalé ainsi que plusieurs Ménia et Kontoli, des manifestants
l’aspect d’un champ de bataille. saccagé le lycée technique et jeté des Une panique générale a régné dans les groupes de jeunes ont envahi la RN3 ont fermé la route à l’aide de pneus
Un membre de cette famille a même micro-ordinateurs par les fenêtres. lieux. Les rumeurs sur un mouvement menant vers El Khroub, au niveau enflammés et de blocs de pierre. Dans
été arrêté bien avant le déclenchement Le siège de la recette des impôts, la de protestation ont circulé comme une du quartier populaire du 4e km, alors d’autres quartiers, à la Nouvelle ville
des émeutes (12h), sous «le prétexte», gare ferroviaire et des abris bus ont été traînée de poudre, poussant tous les que des émeutiers ont fait de même et Aouinet El Foul (centre-ville), des
nous dira son frère, «qu’il s’apprêtait également saccagés. commerçants à baisser rideau. Selon au quartier de l’Emir Abdelkader, où jeunes ont tenté également d’obstruer
à fomenter une émeute». Des groupes La RN3 a été fermée par les émeu- les riverains, des abribus installés des pneus ont été brûlés au rond-point la voie. A Aïn Smara, des émeutes
de jeunes en furie sillonnaient les tiers. Jeudi, vers 19h30, des émeutes récemment par les services de la se trouvant à proximité du tribunal de viennent d’éclater…
rues qu’ils avaient barricadées avec spontanées ont éclaté presque simul- commune ont été détruits. Quelques Ziadia. La route de Djebel Ouahch, S. Arslan et Dj. Belkadi
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 11

L’ÉVÉNEMENT

BATNA ANNABA JIJEL


Merouana
et Barika Bombes lacrymogènes Des communes
s’embrasent touchées par
Les rumeurs folles et
persistantes sur l’imminence
d’émeutes à Batna ont été
et tirs de sommation les émeutes
confirmées hier. Alors que
neus brûlés et jets de pierre ont marqué la soirée de jeudi au
dans la capitale des Aurès le
mouvement est annoncé
pour aujourd’hui, hier, les
villes de Merouana et de
P niveau des hauteurs de la ville de Jijel et plus précisément à
Ayouf. Spontanément, des jeunes ont commencé à s’aggluti-
ner, puis ont fermé la route menant à la trémie avec des pneus et des
blocs de pierre. L’intervention des forces de l’ordre a permis de rouvrir
Barika ont été secouées par la voie. Seulement, les émeutiers de l’entendaient pas de cette oreille,
de violentes émeutes. Dans ils se retrouvent à la sortie opposée de la trémie, près de la mosquée
la commune de Merouana Omar Ibn Khattab, pour s’en prendre aux policiers. Deux véhicules
(40 km à l’ouest de Batna) de de la sûreté, qui se trouvaient au rond-point, au dessus de la trémie,
dizaines de jeunes ont dû fuir devant l’avalanche de pierres qui commençait à s’abattre
surchauffés ont, au matin, sur eux. Des lampes de l’éclairage public ont volé en éclats, alors
pris d’assaut l’agence que des cabines téléphoniques seront saccagées. Quelques minutes
commerciale de Sonelgaz, plus tard, une escouade de policiers arrive. Les jeunes les affrontent à
laquelle a été totalement coups de pierres puis se faufilent au milieu des blocs d’habitations de
saccagée. L’antenne locale la cité des Martyrs Abdi et des quartiers résidentiels de Ayouf. C’est
de l’ANEM subira le même le plus important événement enregistré cette nuit de jeudi à vendredi.
sort, alors que l’agence Les autres émeutes - ou tentatives - ont été constatées au niveau de
bancaire El Baraka et le certains quartiers de Jijel comme celle du 18 Février, communément
tribunal s’en sortiront avec appelée Ekété ou encore M’Kasseb à l’est de la ville et El Arayech
de moindres dégâts. Un autre à l’ouest. Les autres communes ayant connu des troubles sont celles
groupe a barré la route d’El Kennar, Sidi Abdelaziz, Taher (localité de Bazoul), El Aouana
reliant le chef-lieu de et El Milia. Dans cette dernière, il s’agissait beaucoup plus d’une
commune au village de Ali tentative d’émeute près de la cité du 5 Juillet ; les forces de l’ordre
Nemer, alors que des avaient rapidement dispersé les émeutiers. A El Kennar, par contre,
habitants de la cité des 800 la RN43 a été bloquée. Des informations que nous avons recueillies
Logements ont bloqué de font état d’un rançonnage des automobilistes pour leur permettre de
leur côté la RN 86 entre poursuivre la route. A Sidi Abdelaziz, une dizaine de véhicules ont
Merouana et Ras Laâyoun. A été la cible de jets de pierres. A El Aouana, des jeunes ont essayé de
PHOTO : EL WATAN
Barika (100 km au sud de bloquer la RN43 près de la cité Berrahal, mais la situation de normalité
Batna), des groupes a été vite rétablie. Ces troubles ont causé des blessures à une dizaine
d’émeutiers ont attaqué de policiers, alors qu’au moins une quinzaine de jeunes ont été arrêtés.
aussi un bureau de poste, le Cette montée au créneau des jeunes intervient après une journée de
tribunal et quelques rumeurs sur l’éclatement d’émeutes ici et là dans la région ainsi que
commerces. Ici et là, les Les agents antiémeute face à des jeunes révoltés les informations arrivant des autres wilayas du pays touchées par les
forces antiémeutes ont troubles. La matinée de ce vendredi a été par contre calme. Fodil S.
e climat de tension en s’attaquant directement 1945 ont toutes connu des
riposté, tentant de
circonscrire le mouvement.
Aucun bilan officiel n’a été
L qui pesait depuis jeudi
sur la ville de Annaba
s’est traduit hier après la
aux policiers. L’intensité
des émeutes est telle que les
manifestants ont arraché
émeutes et les routes ont été
bloquées. La RN44 reliant
Annaba à la commune de
GUELMA
rendu public pour le moment
au sujet d’éventuels blessés
ou des arrestations. Ces
prière du vendredi par le
déclenchement d’émeutes
les poteaux de l’éclairage
public à l’aide desquels ils
Berrahal a été également
coupée à la circulation au Des jeunes
à la cité coloniale Bor- ont bloqué le boulevard. lieudit TCA (Kherraza).
émeutes qui risquent de faire
tache d’huile dans la région
met El Gaz. Des jeunes et
moins jeunes ont, en effet,
Au cours des échauffou-
rées, les forces antiémeutes
Bien qu’elle n’ait pas été
concernée par des mouve-
bloquent la RN21
interviennent en écho aux bloqué le boulevard d’Afri- ont eu recours aux bombes ments de protestation, la es habitants de la commune d’Héliopolis située à quelques
événements qui secouent
depuis 3 jours Alger et Oran.
que qui relie le centre-ville
à la cité plaine Ouest (les
lacrymogènes et aux tirs
de sommation, notamment
localité de Sidi Salem est
actuellement surveillée de
D encablures du chef-lieu de la wilaya de Guelma ont bloqué
hier, après la prière du vendredi, la RN21 axe routier Annaba-
Le motif est le même, à savoir Allemands) usant de pneus après qu’un des leurs eut près par un important dis- Guelma à hauteur du pôle universitaire de cette commune, au
la hausse des prix des brûlés et autres objets hété- été grièvement blessé par positif sécuritaire installé moyen de pneus enflammés et autre matériaux hétéroclites. Les
matières de première roclites. une avalanche de coups de depuis avant-hier pour pa- raisons de ce mouvement de protestation, mené par des jeunes, est
nécessité. Nouri Nesrouche L’intervention des éléments pierres. rer toute éventualité. la cherté de la vie et l’exclusion sociale. Sur les lieux, l’obstruction
antiémeutes a réussi néan- La situation s’est aggravée A l’heure où nous mettions de la route a provoqué des embouteillages sur les hauteurs d’Hé-
SOUK moins à disperser la foule
après une brève résistance.
davantage en fin d’après-
midi où les mouvements
sous presse, les mouve-
ments de protestation se
liopolis, obligeant les automobilistes à faire demi-tour vers Guel-
ma ou à emprunter des détours, notamment vers la commune d’El
AHRAS Quelques minutes après, ce
sont les jeunes de la grande
de protestation ont atteint
la majorité des quartiers du
poursuivaient, notamment
à la cité Didouche Mourad
Fedjoudj ou Hammam Ouled Ali. Au moment où nous mettions
sous presse, les commerçants, craignant des débordements entre
Le centre-ville cité populaire Didouche
Mourad (ex-Lauriers roses)
chef-lieu de wilaya et même
ceux extra-muros. Ainsi,
et l’hélicoptère de la police
survolait les hauteurs de la
les services de sécurité et les émeutiers, ont commencé à baisser
rideau. En fin de journée, des émeutes ont éclaté à Guelma-ville,
secoué située en amont de Bormet
El Gaz, qui ont pris le relais
les cités La colonne, Oued
D’heb et celle du 8 Mai
ville. M.-F. G. à la cité Bourouayah et à Bab Skikda où des affrontements entre
manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu. Karim Dadci
Deux policiers ont été
blessés par des jets de
pierres dans les émeutes qui JEUDI SOIR À SÉTIF
ont secoué la ville de Souk
Ahras, dans la nuit de jeudi à
vendredi ; et des dégâts
matériels ont été signalés au
niveau des artères
Des troubles et plusieurs blessés
es troubles ont éclaté jeu- Nedjma qui sera saccagé. belle. L’intervention des for- cules de particuliers ont été nes de dossiers ont été calci-
principales où des
manifestants ont saccagé
D di soir vers19h au niveau
de la ZHUN-nord de Sétif où
Situé non loin du marché des
1014 Logements, le siège
ces de l’ordre a évité le pire.
La descente des protestatai-
endommagés. Ces incidents
se sont poursuivis jusqu’à
nés. Il convient de souligner
que des habitants de Salah
des voitures, des des jeunes ont scandé des slo- précité n’est plus qu’un tas res fera une victime : l’agent une heure tardive de la nuit Bey (chef-lieu de daïra situé
lampadaires, des étals de gans hostiles au pouvoir. Les de gravas. Le mobilier et les de sécurité en faction reçoit de jeudi à vendredi. La RN75 à 52 km au sud de l’antique
commerçants et des bacs de manifestants ont coupé la rue équipements ont été totale- un coup de couteau. Ayant a été en outre coupée dans Sitifis) ont, après la prière du
plantes ornementales au à l’aide de troncs d’arbres, de ment incendiés. engendré un climat de pani- sa partie reliant Hammam vendredi, coupé hier la RN28
niveau de la place des blocs de pierre, de poubelles Les pertes occasionnées se que en ville, ces actions n’ont Soukhna à Aïn Lahdjar. reliant l’agglomération pré-
Martyrs. Hier, un calme et de pneus incendiés. Des chiffrent à des centaines de pas épargné d’autres localités Le chemin Bazer Sakhra-El citée à Aïn Oulmene. Epar-
précaire régnait à travers les abribus sont détruits, des po- millions de dinars. Le cof- de la wilaya. Eulma a connu le même sort. gnée la veille, El Eulma, la
quartiers de Laâlaouia, teaux de signalisation sont fre de l’opérateur a été en A Draâ El Miaâd, des jeunes L’agitation a atteint son pic deuxième ville de la wilaya, a
Hamma Loulou et Berrel arrachés par les manifestants, outre vidé de son contenu. Le ont coupé la RN28 reliant à Ramada (bourgade dépen- connu hier des heurts. Selon
Salah, cités populeuses, qui s’en prennent aux deux quartier populaire de Bizard leur bourgade à Aïn Oulme- dante de la commune de Aïn certaines indiscrétions, ces
ébranlées la veille par des arrondissements du coin. La a connu les mêmes scènes. ne, chef-lieu de daïra, situé Lahdjar) où des émeutiers affrontements auraient fait 90
regroupements de plusieurs colère des jeunes s’est ampli- Attaqué par des jeunes en à 32 km à l’est de Sétif. En ont mis le feu à l’annexe blessés dont 70 policiers.
dizaines de manifestants. fiée devant le siège de l’opé- furie, le siège de la direction plus de la perturbation de la administrative de la localité. Kamel B. et Lakhdar B.
A. Djafri rateur de téléphonie mobile générale d’Eriad l’a échappé circulation, plus de 20 véhi- Des ordinateurs et des centai-
El Watan Samedi 8 janvier 2011 - 12

I D É E S - D É B AT

Ferhat Abbas : l’humaniste


Par Larbi Mehdi (*)
(2e partie et fin)

ment, afin qu’il soit un moyen producteur de sens


et de richesse. Hobbes ne s’est pas trompé quand
a mélancolie de Ferhat Abbas et son cha- il a soulevé ce problème philosophique, à s’avoir

L grin n’arrêtaient pas de s’accroître. Ils


augmentaient après l’indépendance, quand
son pays s’est davantage éloigné des valeurs de
«La guerre de tous contre tous». Comme Emile
Durkheim, de son côté, ne s’est pas trompé, lui
non plus, quand il a développé dans une thèse de
liberté et d’égalité, que les martyrs «chouhada» doctorat en sociologie intitulée De la division du
ont hardiment irriguées par leur sang, afin qu’el- travail social, que l’utilité économique que peu-
les fleurisse nt et prospèrent en Algérie. vent développer les uns et les autres fait reculer
Demain se lèvera le jour, un rêve dont il s’est effectivement, la guerre de tous contre tous.
acharné de voir l’aurore et son soleil rayonner En Algérie, chacun veut dominer l’autre, parce
sur l’Algérie à chaque fois que sa tête finissait de qu’en réalité chacun de nous ne connaît pas l’uti-
caresser l’oreiller. lité de l’autre pour lui, socialement. En dehors
Pourquoi ne l’ont-ils pas écouté ? Pourquoi ne des fonctions naturelles, aucune autre fonction,
l’ont-ils pas pris au sérieux ? Pourquoi n’ont-ils que ce soit au niveau économique ou politique,
pas épousé ses idées ?... C’est de la bassesse et ne s’est développée pour donner un nouveau sens
de la mesquinerie quand on fait semblant de ne à la vie sociale collective.
pas reconnaître chez ces personnes la qualité Aujourd’hui, nous vivons mal et nous subissons
d’être, tout simplement, des humanistes humbles des effets négatifs à cause de notre maladresse et
PHOTO : D. R.

voulant faire du bien pour autrui. Chasser leurs de notre incompétence en matière de définition et
idées pour babiller une gloire ne mène à rien et ne de clarification d’une stratégie de développement
fait qu’accroître un narcissisme maudit. Quand durable. Cette situation embarrassante n’arrête
on chasse ces idées de nos esprits et qu’on fait Ferhat Abbès aux côtés de Abane Ramdane, Krim Belkacem, Mehri et Lacheref pas de s’ancrer en nous et de nous inscrire avec
de l’ombre à leur auteur, on n’a pas le droit, en les pays malheureux, damnés et maudits.
réalité, de dire ensuite qu’on est vivant. Quel Cependant, nous ne pouvons pas avancer dans
jugement peut-on avoir de nous-mêmes lorsque beaucoup de choix. Soit on s’enferme dans notre fin de mois, le nouvel avoir du CCP comme les un climat de peur et de méfiance. La perplexité
l’on croise dans notre vie des personnes de valeur «trou à rats», pour, justement, créer dans l’espa- vieux retraités ? qui guette pratiquement tous les Algérien(nes),
précieuse et que l’on ne profite même pas de les ce qu’on peut avoir dans un «F3» délabré notre Que pouvons-nous faire avec des jeunes qui en- sans exception est d’ordre psychologique. Il
écouter, afin d’apprendre, au moins, à apprécier petit monde, ou bien partir là où les harraga sou- tament la harga pour terminer leur processus de nous faut un climat serein pour éduquer un es-
la valeur humaine ? haitent aller !... L’itinéraire d’une troisième voie vie dans la mer ? prit clairvoyant et critique. La liberté de penser
Ferhat Abbas, une figure historique que Dieu a n’est toujours pas créé et ne peut être disponible Que pouvons-nous faire avec des jeunes qui ont et de parler est plus que jamais recommandée
bien aimée, a trouvé la «raison» et voulait nous dans les conditions actuelles !... décidé aveuglément de terroriser une société pour construire une confiance réciproque. Cette
la transmettre pour qu’on puisse construire, en- M. Moulessehoul (Yasmina Khadra) avait rai- déjà angoissée et embarrassée ? liberté qui s’entretient dans un climat social ergo-
semble, notre cher pays. Il avait hâte de ne plus son de dire dans une interview que les Algériens Où va l’Algérie ? Une autre question qui nous nomique est nécessaire pour accoucher de «l’Al-
voir son pays sombrer dans l’arrogance, le mé- se soucient de laisser une villa à leur progéniture, fait penser, encore une fois, à un autre drame hor- gérien typique» qui pourrait représenter son pays
pris et l’indifférence, et a insisté inlassablement mais personne ne pense si, lui, a bien laissé une rible qui s’est collé pour se graver à jamais dans dignement et ne jamais songer à déshonorer ou à
pour impulser et faire boiser sa pensée politique nation. Effectivement, posons-nous les questions la mémoire collective. renier sa patrie pour la remplacer par une autre.
et ses idées modernes, ouvertes sur le monde suivantes : où allons-nous ? Quel sens avons- Je n’essaie de faire le procès de personne et Pour conclure, il est regrettable de dire que
contemporain. nous donné à notre vie et à notre avenir ? Com- je n’essaie pas non plus d’alarmer la société, l’hommage en question ne peut avoir lieu et nos
Il n’a pas écrit pour nous raconter ses blessures ment serait l’avenir des enfants qui n’ont rien fait d’autant plus que moi-même je fais partie de martyrs «chouhada» ne peuvent reposer en paix,
personnelles ; il n’a pas été rancunier ; il n’avait pour mériter cela... ? ce malheureux monde. Mais, paradoxalement, tant que le chantier de la construction d’un Etat
pas non plus de haine vis-à-vis de certains com- En tout cas, ce qui est actuellement sûr, c’est que j’essaie d’être debout pour contrer la maladresse fort n’a pas démarré. Nous avons les moyens et
patriotes qui l’ont ridiculisé. Il avait dans ses la représentation qu’on a conçue ne nous mène qui s’est prescrite dans notre société et s’est nous pouvons le réaliser à condition que nous
yeux la patrie, l’Algérie, et pour elle il a pardonné nulle part, et ne peut, en aucun cas, nous aider élargie comme une gangrène destructible. Je nous aimions et que nous nous faisions confian-
à tous ceux qui, de près ou de loin, étaient res- à progresser. Ferhat Abbas, de son côté, nous a crois qu’aujourd’hui le moment est venu de ce, les uns aux autres. Pas comme un frère d’une
ponsables de ses propres souffrances et douleurs. fait savoir à la page 51 que «le pouvoir n’est rien poser les vraies questions qui font peur, mais en même famille, mais plutôt comme un frère d’une
L’essentiel pour lui c’était l’Algérie. Elle était quand il n’est pas au service d’un idéal partagé même temps des questions fondées qui libèrent même République.
son souci majeur. Elle était la priorité des prio- avec le peuple.» Dans notre situation, que pou- les corps et les esprits malades, et construire, Nous devenons frères quand nous nous soumet-
rités. Elle était placée au sommet. Tout ce qui vons-nous faire avec des responsables politiques en même temps, la stabilité, l’ordre et la paix tons, à l’aide d’une volonté collective, aux exi-
peut être important pour un être humain devient qui ont tourné le dos au peuple et ignoré, depuis, sociale. Cela dit, nous vivons quotidiennement gences et aux lois de notre République.
nécessairement secondaire pour elle. son existence ? dans la violence. Elle se généralise pour toucher Ferhat Abbas nous a laissé une phrase dans la
Ferhat Abbas était virulent avec toutes les per- Que pouvons-nous faire lorsque l’on voit dans un toutes les personnes dans toutes les structures et page 59 de son testament, qui explique que «le
sonnes qui pouvaient mettre en péril l’intérêt de Etat fragile des partis politiques qui n’ont aucun dans tous les secteurs. Arrêtons de dire qu’elle nouveau départ ne viendra que de la libre dispo-
l’Algérie et des Algérien(nes). Aucune exception organe qui fonctionne pour ranimer le corps de la est limitée uniquement aux enfants et aux fem- sition de chaque citoyen algérien obéissant à la
n’était tolérée. société, assécher avec insistance uniquement les mes. Elle est générale parce qu’elle touche tout loi de la majorité.» En attendant que ce jour se
Jadis, l’Algérie pouvait se sentir protégée grâce caisses de l’Etat et du contribuable ? le monde, y compris les «hommes». lève, nous continuons à avoir des sentiments pour
à ces hommes intègres. De nos jours, ces person- Que pouvons-nous faire avec des députés en Nous vivons tous dans l’angoisse et dans la peur. notre premier Président et nous l’adorerons pour,
nes précieuses sont rares, et il est difficile, plutôt manque d’oxygène pour donner du souffle à la Ces dernières sont multiples et varient d’un cas au moins, lui rendre ce qu’il nous a bien donné
impossible, de trouver quelqu’un qui ressemble- vie politique et sociale ? à un autre. Il nous faut une vision générale et comme espoir. Il a voulu nous dire dans son tes-
rait à Ferhat Abbas. Que pouvons-nous faire avec des hauts cadres claire, et pour réaliser cela, il ne faut pas avoir tament (livre) qu’il sera vivant parmi nous et sera
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde qui corrompus qui ont donné à WikiLeaks l’occasion peur de poser les vraies questions. heureux à jamais quand notre pays sera prospère
facilite, malheureusement, la place et la recon- de nous marteler avec des informations pénibles, La problématique de la «domination» est un phé- et permettra à ses enfants, sans distinction, de
naissance aux prédateurs et aux véreux qui com- douloureuses et honteuses ? nomène qui fait partie de l’état naturel de l’être vivre heureux dans un environnement qui leur
promettent sans état d’âme l’intérêt public. Ce Que pouvons-nous faire avec certains universi- humain. Il faut avant tout reconnaître cela et le apprendra ce qu’est l’effort et leur permettrait de
monde donne particulièrement raison à ceux qui taires qui cherchent à avoir le grade le plus élevé, définir pour arriver, ensuite, à comprendre com- travailler et de persévérer pour faire accroître les
ne respectent ni le droit canon ni le droit positif. par n’importe quel moyen, pour toucher essen- ment les hommes ont réussi à domestiquer cet énergies et les compétences. L. M.
Actuellement, ce monde ne nous donne pas tiellement le «jackpot», et finir par voir, chaque état «sauvage» pour le faire fonctionner sociale- (*) Université d’Oran
&LETTRES
El Watan Samedi 8 janvier 2011 - 13

ARTS
FRONTON CARNET DE FESTIVAL A LA RENCONTRE DES MUSIQUES ANCIENNES

Nostalgie, quand tu
nous viens ! PAR AMEZIANE FERHANI
Comme toutes les substances légales, la nostalgie doit se
consommer avec modération. Au-delà, elle peut devenir
nocive et atteindre même la zone de jugement du
cerveau.
Lors d’un café avec deux vieux amis rencontrés par
hasard la semaine dernière, la discussion est tombée sur
la réouverture de la Cinémathèque d’Alger. A l’évocation

PHOTO : D. R. LA CHANTEUSE CHINOISE MIN XIAO FEN


de ce lieu mythique, comme des bouffées de chaleur, que
de souvenirs nous sont remontés à la mémoire ! Ces trois
dinars qui nous donnaient droit aux merveilles du
cinéma universel ! Ces deux enjambées qui, de la Fac à la
rue Ben M’hidi, nous transportaient dans un autre
monde ! Ces séances du week-end où nous avions sous la
main les plus grands réalisateurs de la planète pour des
débats qui se prolongeaient jusqu’à trois heures du
matin ! Ainsi, sont revenus Momo Brahimi dont les
envolées lyriques étaient un instant attendu ; cet aveugle
qui ne ratait aucune séance et en savait plus sur les films
que le plus voyant d’entre nous ; le Novelty sur la place
Emir Abdelkader qui était une annexe de la
Cinémathèque ; les longues marches nocturnes pour

Volutes de luths
rentrer chez soi, les jambes lourdes et l’esprit chargé
d’images et d’idées…
Tout allait bien jusqu’à ce qu’un des deux amis affirme
qu’il n’y avait «plus rien aujourd’hui». Les trémolos de sa
voix ressemblaient aux notes de la chanson de Léo Ferré,

L
Avec le temps, tout s’en va… PAR FAZILET DIFF Ranajit Sengupta nous a fait découvrir la musique du nord de l’Inde. Et pour
Plus rien ? Oui, plus de vie culturelle, insista-t-il. Cette les délices du «sarod». Mandoline in- rendre honneur à Alger, qu’elle visite
idée est si typique des quadra et quinquagénaires. Les e public mélomane algé- dienne inventée au XIXe siècle, cet pour la première fois, elle clôt son ré-
désillusions, hélas motivées, les charges professionnelles rien révèle un potentiel instrument étonnant rivalise avec l’an- cital par «Mata nastarihou min wahchi
et familiales, l’âge aussi sans doute et la conscience d’écoute merveilleux qu’il cestral «sitar». Ranajit Sengupta est el habayeb» puisé dans notre patri-
aiguë des gâchis nationaux, ont fini par graver le spleen ne pouvait, jusque-là mon- passé maître dans son maniement. moine andalou.
dans leur âme et obscurcir leur vision déjà assistée par trer, faute d’occasions, et il D’abord surpris par les sons inhabi- Les puissants youyous qui fusent de la
des verres. La plupart d’entre eux ne sortent plus, sauf gagne en qualité et en di- tuels, nous suivons, sans grande diffi- salle attestent de la reconnaissance du
par nécessité ou pour s’entre-visiter et ressasser la versité à la faveur des ren- culté, ce merveilleux musicien au pays public, mais surtout de son admiration
mythologie du bon vieux temps, celle-là même qu’ils contres musicales désor- des Ragas… à voir Shirin Sengupta changer de re-
reprochaient à leurs parents. Eh bien, ils ont tort car, mais régulières. Le Festival interna- Quand Shirin Sengupta parle, c’est gistre et de style avec autant d’aisance.
archives à l’appui, sauf pour les salles de cinéma (drame tional de musique andalouse et des L’orchestre Artemandoline a littérale-

La géographie des
national), la vie culturelle actuelle est objectivement bien musiques anciennes participe grande- ment subjugué la nombreuse assem-
plus diverse et riche que celle des années 1970. Sans ment à cette avançée et sa cinquième blée venue pour la seconde soirée.

musiques est bien plus


conteste, la programmation d’aujourd’hui l’emporte sur édition a marqué en beauté la fin de Originaire d’Espagne, cet ensemble
l’intensité des souvenirs. Et ils ont tort pour eux aussi car l’année 2010. est exclusivement constitué d’instru-
ils ratent de belles choses comme celles relatées
ci-contre. Cependant, là où ils ont raison, c’est que de nos
L’Ensemble régional d’Alger, qui a
ouvert les festivités, ne pouvait que ramassée qu’elle en a l’air. ments d’époque : mandolines baro-
ques, guitares renaissance et baroque,
jours, l’acte de «consommation» culturel ne se prolonge nous ravir. Sous la direction de cheikh luth renaissance et viole. Leur pro-
plus, ou peu. Avant, il y avait un film ou une pièce de Zerrouk Mokdad, le remarquable so- gramme est un florilège des plus belles
temps en temps, mais on en parlait durant un trimestre liste, fils de Cherchell Ismaïl Hakem, a compositions de la Renaissance espa-
au moins, on s’accrochait, on s’étripait même, on rendu un bel hommage au maître du gnole et italienne, dans un enchaîne-
apprenait, on se passionnait… Et la culture, oui, réside genre, Dahmane Benachour. Juste déjà un enchantement. Mais quand ment quasi parfait.
d’abord dans l’échange pré et post-spectacle. Mais avoir après, le public était emporté par une elle chante, elle est divine ! Elle com- Ce festival aura réussi à satisfaire les
raison ici leur donne encore tort car s’ils allaient à ces gamme de sons venus d’un ailleurs pas plète le voyage initiatique entamé par plus difficiles mélomanes. Accompa-
spectacles et activités, ils pourraient les enrichir et si lointain qu’on pourrait le penser. En son musicien de mari, par des chants gné de sa guitare classique, Michel Sa-
rencontrer les jeunes d’aujourd’hui et peut-être aussi les effet, la géographie des musiques est d’une élégance rare et, autres passerel- danowsky, interprète et compositeur
jeunes qui demeurent encore enfouis en eux... bien plus ramassée qu’elle en a l’air. les, certains y retrouvent mêmes des d’exception, a proposé un ensemble
Ainsi, le système modal de la musique intonations de l’«achwiq» de nos mon- de pièces issues d’un ingénieux mé-
du sous-continent indien est constitué tagnes de Kabylie ou des Aurès. Shirin lange entre l’esprit flamenco et les
ZESTE D'ÉCRITURE
de «ragas» comparables au «tubu’» de nous invite à une exploration musicale techniques de composition et d’exécu-
la musique andalouse. du «khyal», un des nombreux styles de tion les plus modernes. Suite page 14
«Il remarqua la manière inconfortable
dont les enfants étaient assis et fut frappé MAIS ENCORE...
par l’usure de leurs pauvres vêtements.
Triste spectacle ! Les enfants de ■ À L’AFFICHE Suite : A la rencontre des musiques anciennes -Volutes de luths 14
l’indépendance n’étaient pas beaux à voir ■ À LA VOLÉE Oscar Nyemeyer/Stephane Hessel/Le retour de Chaouli/Cinéma de l'Hexagone... 15
et recevaient une éducation lamentable : ■ À VRAI DIRE Mourad Brahimi, auteur de "Rien qu'un empreinte digitale" 16
ils grandissaient dans une atmosphère ■ À LA PAGE Roman : "Une soirée au Caire" de Robert Solé /Abécédarius 17
funèbre.»
■ ACCENTS Parution : Deux livres récents sur l'Algérie, nouvel exotisme et mémoire 18
Abdelhamid Benhadougga
La Fin d’hier (1977) Pour écrire à Arts & Lettres, bienvenue sur notre adresse email : arts-lettres@elwatan.com
El Watan - Arts & Lettres - Samedi 8 janvier 2011 - 14

À L'AFFICHE
CARNET DE FESTIVAL À LA RENCONTRE DES MUSIQUES ANCIENNES

L
●●● ’Ensemble de malûf maghrébin, habitué
aux festivals internationaux, tel celui de
Testour où il s’est distingué en remportant
L’excellence était le premier prix de l’édition 2001de Sousse,
au rendez-vous. apportera ensuite la touche si caractéristi-
Un fabuleux que des grands orchestres, garants de la
mélange de sons préservation des œuvres authentiques du
et de mélodies style traditionnel. En provenance d’Alep
qu’on aurait (Syrie), l’Ensemble Ornina de musique arabe, dirigé
voulu ne jamais par Mohamed Qadri Abu Dalal, a revisité les grands
interrompre classiques syriens en y ajoutant ce petit cachet si par-
ticulier qui rend la musique de ce lointain Orient si
proche des Maghrébins. Le public de la salle Ibn
Zeydoun n’était pas arrivé au bout des surprises ré-
servées par ce festival si particulier. Dans son intitu-
lé, il est fait mention de «musiques anciennes» et, en
une soirée, nous avons accompli un bond de plu-
sieurs siècles en arrière avec le concert de Min Xiao
Fen, inédit en Algérie. L’artiste chinoise, connue
dans le monde entier et qui a travaillé avec les plus
grands, nous accompagne pour une véritable décou-
verte du «pipa», instrument typique de la musique

PHOTOS : D. R.
traditionnelle, vieux de plus de 2000 ans ! Sorte de
luth à quatre cordes, son nom se rapporterait aux
techniques à deux doigts. Les cordes sont pincées al-
ternativement d'avant en arrière. Avec cette véritable
machine à remonter le temps, le public est littérale-
le luth dans tous ses états et formes aura vraiment été semble Régional d’Alger est venu clore cette com-
ment fasciné par l’instrument et par la dextérité de
à l’honneur. Un rapide rappel nous indique que c'est munion des âmes en rendant hommage au grand maî-
l’artiste qui semble elle-même sortie d’une autre
en Orient qu'il faut rechercher les traces des premiers tre Abdelkrim Dali. Le public approuvera par une
époque. Retour vers l’Europe avec Pedro Joia, vir-
luths et précisément en Mésopotamie (voir encadré). longue standing ovation la qualité d’interprétation de
tuose portugais de la guitare flamenca et détenteur
Originaire de Colombie, Francisco Orozco est pro- la nouba Raml Maya. La justesse des voix et la préci-
d’une technique de trémolo absolument inouïe. Il est
bablement le dernier troubadour encore en exerci- sion instrumentale et orchestrale prouve encore l’at-
accompagné par Ricardo Ribeiro, lauréat de la gran-
ce… Il arrive sur scène avec pas moins de quatre tachement de la jeune génération pour ce patrimoine
de nuit du Fado et du Prix Amalia Rodriguès, excu-
luths ! Il les présente un à un avec une tendresse réel- ancestral. Rendez-vous est pris pour la 6e édition déjà
sez du peu ! Ce duo se veut «la matérialisation de
le. Une anecdote parmi d’autres qu’il contera entre programmée du 20 au 29 décembre 2011.
l’esprit andalou sous la perspective de deux musi-
deux complaintes médiévales, relate l’histoire de la Dans la plaquette de présentation, Rachid Guerbas,
Photo du haut : ciens portugais», comme se plait à le souligner Pedro
découverte de la représentation d’un luth ancien sur commissaire du festival, définissait celui-ci comme
Les chanteurs Joia. Pour sa part, Critina Bellu, violoncelliste flo-
la façade d’une cathédrale. D’origine arabe, le luth «une dynamique scène du généreux partage, un lieu
indiens Ranajit rentine, propose de revisiter une des œuvres maîtres-
s’est retrouvé là après 1492, année de la chute de où chacun s’enrichit de la culture et de l’expérience
et Shirin ses de Jean Sebastien Bach, La Première Suite pour
Grenade, dernière cité musulmane d’Andalousie… de l’autre, où chacun prend conscience du fabuleux
violoncelle solo. Connue surtout pour son prélude,
Francisco Orozco nous conviera à une cérémonie où trésor qu’il doit à l’autre et du privilège que chacun
cette œuvre est composée de six mouvements basés
il prendra tour à tour le rôle de narrateur, de chanteur a de se reconnaître dans l’autre.» Il n’avait pas exa-
chacun sur un rythme de danse au caractère marqué :
et de luthiste, explorant pour nous l’univers enchan- géré. F. D.
de la gravité de l’allemande au déchaînement de la
teur et magique de la musique ancienne, accompagné
gigue, en passant par une majestueuse sarabande et
d’un percussionniste d’exception, Alvaro Garido.
des menuets sautillants.
POURQUOI ANCIENNE ?
Assurément l’un des moments les plus forts et les
Désormais habitué aux belles surprises et avide d’en
plus étonnants de cette semaine. C’est en hommage à
découvrir de nouvelles, le public se presse pour pren-
ces artistes venus des quatre coins du monde que
dre place. Ce soir, on annonce encore un autre instru- On qualifie généralement de musiques anciennes
nous avons consacré l’essentiel de notre propos. Ceci
ment étrange : le théorbe ! Derrière ce nom bizarre, celles qui ont été composées avant la fin du XVIIIe
ne diminue en rien le mérite des artistes algériens, à
se cache un instrument à cordes pincées, sorte siècle. Mais il s’agit plus d’un usage que d’une
eux toute notre reconnaissance pour les émotions
de grand luth, créé en Italie au XVIe siècle. Il définition précise et consensuelle et cette approche
partagées. L’excellence était au rendez-vous avec
apparaît comme un luth couplé à une basse. ne retient que la périodicité sans tenir compte des
chacun d’entre eux. Un fabuleux mélange de sons et
François Bonnet interprètera des œuvres ori- caractéristiques. D’autres chercheurs ont retenu
de mélodies qu’on aurait voulu ne jamais interrom-
ginales des XVIe et XVIIe siècles, écrites comme critère la continuité de transmission. Selon
pre.
spécialement pour cet instrument d’un eux, si une musique a été transmise régulièrement de
C’est d’ailleurs dans une salle archi comble que l’En-
autre temps. Extraordinaire voyage dans le siècle en siécle, elle n’est pas ancienne. S’il y a eu
monde sans frontières des sons mer- rupture dans la transmission et que des recherches
veilleux. Lors de la même soirée, change- Il existe aujourd’hui de nombreuses versions du
luth, mais toutes se rattachent au luth arabe, sont nécessaires pour la reconstituer et retrouver une
ment d’ambiance radical. L’Ensemble de «interprétation fidèle», cette musique est alors une
Meknès accompagne le mounchid el ûd, qui a donné, entre autres, naissance au luth
européen. Le modèle occidental apparaît en musique ancienne. Or, il existe des musiques très
Abdellah El Mekhtobi, dans la plus anciennes qui ont été transmises régulièrement dans
pure tradition marocaine. Les mu- Europe vers le IXe siècle. Ce sont les musulmans
qui l’y ont introduit pendant la conquête et le temps comme certaines musiques religieuses et
siciens rivaliseront d’agilité et folkloriques. De plus, la notion «d’interprétation
feront même de la surenchère l'occupation de l'Espagne de 711 à 1492. Les
Croisades, entre 1096 et la fin du XIIIe siècle, ont pu fidèle» a été récusée par plusieurs musicologues
musicale pour le plus grand comme subjective ou idéaliste. Les Anglo-Saxons
plaisir des spectateurs. aussi être un autre moyen de sa diffusion. Le luth
évoluera et passera de 4 cordes Sopranes à 5 retiennent pour leur part la notion d’interprétation
L’un est né à Malaga, l’autre «basée sur des sources historiques».
à Madrid. Javier Santaella cordes Alto, puis à 6 cordes Ténor et encore plus,
puisqu’avec l’avènement du contre-point, les Enfin, il faut souligner que ces catégorisations ou
et Mateo Arnaiz se sont débats se limitent souvent à l’univers culturel
connus à un cycle de per- cordes ajoutées le transformeront petit à petit en
un véritable «instrument-orchestre». européen, d’où la datation au XVIIIe siècle qui
fectionnement auprès du correspond à l’avènement de la musique classique
maître Albert Ponce. Les L’instrument est fait de bois. La «table» est
constituée d’une fine planche résonnante, souvent sur ce continent qui a suivi la période baroque. Contre
deux guitaristes décident cet ethnocentrisme, des musiciens et musicologues
alors de la création du de l’épicéa, avec généralement trois rosaces sous
forme de grilles décoratives sculptées dans la réclament une vision plus large de la musique
«Duo Axioma» qui offrira ancienne en y intégrant toutes les musiques pouvant
avec générosité et talent un table elle-même. Le dos en poire est composé de
lamelles de bois appelées «côtes» et collées bord être concernées par ce qualificatif et notamment
large éventail d’œuvres al- celles des pays du Sud. C’est cette attitude que défend
lant de la Renaissance à la à bord. La coque est renforcée à l’intérieur par des
bandes de parchemin collées. Le manche est manifestement le Festival d’Alger à travers sa
musique latine contemporaine. programmation.
Cette année, tout au long du festival, souvent en bois d’ébène.
A & L.
El Watan - Arts & Lettres - Samedi 8 janvier 2011 - 15

À LA VOLÉE
BRÈVES… …ET AUTRES NOUVELLES

OSCAR NYEMEYER PALAIS DE LA CULTURE Résistant durant la Guerre


OSCARS
La fleur de l’âge Une palette
Mondiale, déporté au camp de
Buchenwald, l’un des rédacteurs Bouchareb sur des charbons ardents
La valeur n’attend pas le nombre
des années. Cette célèbre répartie
d’artistes de la Déclaration universelle des
droits de l’homme en 1948, Le 25 janvier aura lieu la phase finale de sélection des nominés pour les
ambassadeur de France, Stéphane Oscars. La cérémonie finale, la 83e du genre, aura lieu le 27 février.
de la pièce Le Cid de Corneille est Dans 17 jours donc, Rachid Bouchareb saura si Hors-la-Loi sera retenu
devenue un adage mondial. On Hessel, 93 ans, fait l’objet d’une
campagne violente des milieux ou non pour l’Oscar du meilleur film étranger. Présenté sous le pavillon
peut le lire autrement : le nombre algérien, le film aurait de grandes chances de passer ce cap et peut-être
des années n’attente pas à la valeur. sionistes. Sammy Ghozlan, direc-
teur du BNVA (Bureau national de d’accéder au pinacle. Les spécialistes comme les superstitieux sont
A 103 ans, le Brésilien Oscar d’accord pour l’affirmer : les premiers par métier, les seconds parce
Nyemeyer, le plus célèbre architec- vigilance contre l’antisémitisme),
le poursuit en justice pour «antisé- que jamais deux sans trois, puisque Bouchareb a été déjà deux fois no-
te au monde, continue à travailler. miné.
Après avoir dessiné la capitale de mitisme et incitation à la haine
son pays et semé des projets dans le raciale». Pierre André Taguieff,
monde entier (dont les universités directeur de recherche au CNRS, AHMED REDA HOUHOU
de Bab Ezzouar et de Constantine,
une partie de l’EPAU d’El Har-
l’a traité de «serpent vénimeux».
Que lui reproche-t-on ? Un livre Encore méconnu
de 30 pages, Indignez-vous ! deve- Lors du colloque tenu en fin d’an- qui a lui-même consacré une thèse
rach), il suit actuellement la réali- née à Constantine sur le parcours et un téléfilm à cet écrivain, s’effor-
sation de plusieurs édifices qu’il a Le 3e Salon d’Automne, inauguré nu un best-seller avec 500 000
fin octobre 2010, se poursuit exemplaires tirés. Il y dénonce littéraire et militant d'Ahmed Redha ce de promouvoir la mémoire de
conçus, dont un bâtiment en forme Houhou, considéré comme le pre- Reda Houhou et d’inciter à la re-
d’escargot sur la corniche de jusqu’au 30 janvier 2011. Avec 68 toutes les injustices du monde et,
artistes algériens présentant 130 entre autres, la politique d’Israël, mier auteur algérien d’un roman de cherche sur ses œuvres. Plusieurs
Niteroi, ville située sur l’autre rive langue arabe, le romancier et uni- admirateurs de l’écrivain espèrent
de la baie de Rio. Cette constuction œuvres de peinture, de sculpture et affirmant qu’il ne recherche pas la
d’autres disciplines des arts plasti- paix. Hessel appelle d’ailleurs au versitaire Waciny Laredj a souligné que ses œuvres seront rééditées et
abritera la fondation à son nom. qu'il «restait beaucoup à faire en traduites. Certains d’entre eux re-
ques, l’exposition permet de pren- boycott des produits israéliens.
dre la température de l’expression Ses détracteurs essaient même de matière de connaissance et de mise cherchent son premier roman qui
DÉBAT picturale dans notre pays. Le Salon mettre en doute son passé de résis- en valeur de l'œuvre et du parcours s’intitulerait La Belle de La Mecque
Politiquement n’impose aucun style et se caracté- tant. Ce qui les enrage au vrai, de Houhou, même si le colloque a
réuni des spécialistes affirmés de
et qu’il aurait édité en Arabie Saou-
dite, lors de ses études dans ce pays.
correct
rise aussi par une bonne représen- c’est que Hessel est juif et que son
tation des artistes de l’ensemble du engagement contre le nazisme est l'écrivain-martyr». Waciny Laredj,
pays. On y découvre de nouveaux indiscutable.
talents comme l’on peut contem- TAGHIT
pler les œuvres d’artistes confir-
més. Cette diversité a fini par for- MUSIQUE Oasis hollywoodienne ?
ger la personnalité de la rencontre. Le «retour» Le président de l’APC de Taghit fait de la promotion intelligente de sa ville.
de Chaouli
Son organisation durant la saison Il vient de déclarer à l’APS que la fameuse oasis qu’il administre, à 97 km
froide (il devient un salon autom- de Béchar, chef-lieu de wilaya, est «devenue une région privilégiée pour le
ne-hiver) lui donne un motif sup- tournage de films et autres documents cinématographiques». Depuis l’an-
plémentaire d’attraction des pu- née 2008, une dizaine de films, entre longs et courts métrages de fiction ain-
blics. Une bonne sortie pour les so- si que documentaires, ont été tournés dans la cité saharienne ou les sites en-
litaires, les couples, les groupes ou vironnants. C’est d’ailleurs à Taghit qu’a été réalisé le long métrage de
les familles nombreuses. Faites-y Mohamed Soudani, Taxiphone El Mektoub, récemment sélectionné au Fes-
un tour. tival du film arabe d’Oran. La région présente des atouts importants pour le
septième art. Les résultats enregistrés sont encore modestes mais très en-
Un éditeur américain s’apprête à STEPHANE HESSEL courageants au regard du volume de films produits en Algérie. Un outil in-
rééditer les œuvres les plus
connues de Mark Twain, Les Aven- Indignez-vous ! téressant de promotion touristique, voire de création d’emplois.

tures de Tom Sawyer (1876) et Les


Aventures de Huckleberry Finn
(1884). Ces classiques de la littéra-
ture américaine sont aussi des œu- Formé dans la tradition classique
vres majeures de la littérature mon- andalouse, et notamment à l’asso-
diale de jeunesse. L’hebdomadaire ciation El Fakhardjia et au Conser-
Publishers Weekly vient de révéler vatoire municipal d’Alger, l’artiste
que l’éditeur a décidé de remplacer populaire, Nacerddine Chaouli, re-
le mot «nigger» (nègre) par «sla- vient de manière marquée à ses
ve» (esclave). Dans le premier premières amours. Il vient de sortir,
ouvrage, qui raconte l’amitié entre avec le soutien de l’ONDA (Office
Tom et Jim, l’esclave en fuite, le national des droits d'auteur et droits
mot «nègre» apparaît 219 fois. Cet- voisins), un coffret comprenant
te nouvelle a entraîné un immense quatre noubas (nouba maya, nouba
PHOTOS : D. R.

débat aux USA et dans le monde h’sin, nouba zidan et nouba sika).
anglo-saxon. L’éditeur se défend Ces pièces académiques majeures
de vouloir faire du politiquement ont été enregistrées avec un orches-
correct. L’universitaire Sarah tre de 17 musiciens professionnels.
Churchwel critique l’attention ex-
cessive accordée au mot «nigger» : CHIFFRES
«Beaucoup de lecteurs ne savent Maghreb des Livres à Paris : rendez-vous en février Cinémas de l’Hexagone
pas faire la distinction entre un li- Organisé pour la 17e fois consécutive par l’asso- teurs qui viennent s’approvisionner en littérature
vre raciste et un livre avec des per- ciation Coup de Soleil, le Maghreb des Livres et autres ouvrages issus du Maghreb ou consa- Les salles de cinéma françaises ont enregis-
sonnages racistes ; le fait que la aura lieu cette année les samedi 5 et dimanche 6 crés aux thématiques de cette région. De nom- tré 206,5 millions d’entrées en 2010 selon
sympathie de l’auteur va claire- février 2011, toujours à l’Hôtel de Ville de Paris. breux hommages, débats et séances de dédicaces les dernières estimations du Centre national
ment vers Huck et Jim, et contre les Né en 1994 dans les locaux du CNL (Centre na- accompagnent la manifestation qui rassemble à de la cinématographie. Ce chiffre représente
esclavagistes (qui sont uniquement tional français du livre), le Maghreb des Livres a la fois des émigrés maghrébins mais aussi des près de quatre fois la population, ce qui
des adultes blancs), est occulté, été accueilli en 2001 par la Mairie de Paris, dès Français intéressés par la littérature maghrébine signifierait qu’en moyenne un habitant de ce
pour eux, par l’utilisation ordinai- l’élection de Bertrand Delanoë (d’ailleurs ancien pour ses contenus et/ou ses écritures. Seul évé- pays serait allé quatre fois dans l’année au
re du mot ''nègre", même si c’était membre de l’association organisatrice). Cette nement littéraire de France et même du monde, cinéma ou une fois par trimestre. Par rapport
pourtant le seul que des petits cam- année, ce sera la littérature et l’édition tunisien- entièrement consacré aux lettres du Maghreb, il à 2009, la fréquentation des salles a augmen-
pagnards illettrés des années 1840 nes qui seront à l’honneur. Etalée sur deux jours est devenu pour elles un rendez-vous précieux té de 2,7%. On compte environ 5500 salles
auraient utilisé pour décrire un es- seulement, le MDL acceuille jusqu’à 6000 visi- de promotion et de diffusion. de cinéma dont un tiers déjà équipées en
clave». matériel de projection numérique.
El Watan - Arts & Lettres - Samedi 8 janvier 2011 - 16

À VRAI DIRE
MOURAD BRAHIMI AUTEUR DE RIEN QU'UNE EMPREINTE DIGITALE

«D’abord un roman sur l’absurde»


Les erreurs et les machinations judiciaires ont toujours révolte, je croyais bien naïvement qu’à son retour de Sans doute pas mes goûts, mais ma perception de la
week-end, le juge allait lire son dossier, se rendre poésie par exemple, et de certaines valeurs qui l’accom-
nourri la littérature. compte de la situation et nous libérer. Comme cela n’a pagnent. La beauté, la liberté, l’amitié, l’amour, la soli-
pas été le cas, j’ai entamé la rédaction d’une lettre au darité n’ont plus le même sens ou, disons, la même
PAR AMEZIANE FERHANI président Boudiaf. Puis, j’ai décidé d’entamer à partir intensité qu’auparavant. Elles ont pris pour moi une
du 1er mai une grève de la faim, simplement pour qu’on dimension bien plus élevée et vivante, vécue au quoti-
Quand vous êtes sorti de l’Ecole Nationale d’Ad- m’explique la raison de mon inculpation, car je l’igno- dien même.
ministration, diplôme en poche, comment envisa- rais. Finalement, cette lettre au président Boudiaf a été De plus en plus de personnes de votre génération
giez-vous votre carrière ? le premier acte d’écriture de Rien qu’une empreinte et de la précédente écrivent des témoignages, des
Avant d’en sortir, j’y suis entré et c’était avec une digitale, son ébauche ou son amorce si l’on peut dire. récits sur l’histoire ou leurs histoires… Comment
haute idée de cette école et de son rôle dans la construc- De là, le texte initial s’est enrichi, agrandi, développé expliquez-vous cet engouement ?
tion du pays, idée que je continue à caresser. Mais je jusqu’à ce que je lui donne la forme qu’il a Très certainement le besoin de communiquer. J’ai lu
n’avais pas l’ambition de devenir un être à part. Avant aujourd’hui. plusieurs livres ou textes de ce type et, effectivement, il
d’être diplômé de l’ENA, je fréquentais beaucoup les Ecrire dans ces moments difficiles répondait à y a un engouement, un désir de dire et de se dire. Tous
quel besoin ? Vous écriviez pour vous, pour vos avo- les textes ne représentent pas le même intérêt, sans
cats, pour qui en fait ? doute, mais j’estime que dans certains cas c’est voler
Il y avait sans doute dans cette démarche d’écriture notre histoire, commettre un crime que de pas témoi-
plusieurs motifs à la fois. Dans cette situation, on pense gner. Je pense au témoignage et au courage de Mohamed
à son épouse et ses enfants, à ses amis et parents, avec Garne qui continue à vivre la guerre de Libération natio-
le désir de leur décrire la réalité des faits, car je ne dou- nale, je pense à ceux qui ont écrit en faisant les grandes
tais pas de leurs convictions à mon sujet. On pense aux révolutions.
autres aussi, ceux que l’on ne connaît pas. On pense à Malgré ce qui vous est arrivé, vous êtes toujours
soi aussi, car écrire, c’est s’affirmer. Mais je peux dire au service de l’Etat. Voyez-vous cela comme une
que le besoin de témoigner dominait. Sans doute aussi mission, un sacerdoce, sinon un idéal ?
le besoin d’échapper à la folie en essayant de décrire ce Pas du tout. Après ce qui m’est arrivé comme vous
qui se passait, de poser des questions, de chercher des le dites, je suis resté cinq années sans pouvoir mettre les
réponses, de trouver une logique à ce qui me paraissait pieds dans un bureau, dans une administration. Quand je
à la fois irréel et terriblement réel. En un mot, de voir m’en approchais, je tremblais de tout mon corps. Le
plus clair ! traumatisme s’était installé. La reprise a été une épreuve
Vous avez mis longtemps à écrire votre livre. Ce de ce qu’il y a de plus pénible, mais disons, pour sim-
temps était-il celui d’un recul nécessaire ? plifier, que c’est mon métier, et c’est ce que je sais faire
Le récit de ces événements a été écrit durant les cinq de mieux et cela m’a aidé à surmonter.
mois et vingt jours de détention. Mais la justice n’a pas Aujourd’hui, après avoir publié ce livre, pensez-
cessé de nous poursuivre après notre libération. Le har- vous à vous consacrer à l’écriture ? Si oui, serait-ce
cèlement judiciaire a duré seize longues années. Ces toujours sur le mode autobiographique ?
seize années ont constitué pour moi le travail de réécri- La plupart des lecteurs qui ont lu Rien qu’une
ture de ce qui est devenu aujourd’hui Rien qu’une empreinte digitale et que j’ai pu rencontrer m’ont
empreinte digitale. demandé de continuer à écrire. Peut-être bien, mais ça
Sur la couverture du livre, il n’est pas fait men- ne sera certainement pas sous le mode de l’autobiogra-
tion du genre. Comment le qualifiez-vous ? Récit, phie. Ce sont des circonstances précises qui m’ont
roman autobiographique…? amené à écrire sur ce qui m’est arrivé et avec cette façon
J’ai voulu que Rien qu’une empreinte digitale soit d’écrire.
d’abord un roman sur l’absurde plus que sur mon cas Pour cette interview, que devrait-on, selon vous,
précis. A la différence du Procès de Kafka et de écrire à côté de votre nom ? Auteur ? Ecrivain ?
L’Etranger de Camus, (attention, sans vouloir me com- Témoin ?
parer à ces géants de la littérature !), les faits relatés Auteur de Rien qu’une empreinte digitale. Plus tard,
dans ce livre sont réels et le «héros» de ce roman survit nous verrons… (rires). A. F.
aux événements. Kafka ne pouvait imaginer situation
plus absurde et Camus a eu beau assister à des procès et

REPÈRES
en faire des reportages, il n’a pas rencontré un tribunal
PHOTO : D. R.

plus absurde que celui que nous avons connu. Un tribu-


nal pire que ceux de l’Inquisition, de plus un tribunal
surréaliste, où c’est l’accusé qui réclame les aveux et le Issu d’une famille modeste, Mourad Brahimi est
juge qui garde le secret. Camus n’a pas vécu dans sa
né le 15 mai 1955 à Tlemcen. Après ses études
chair cette sanction plus terrible que la prison : l’isole-
ment, cette torture qui ne laisse pas de trace et qui vous primaires et secondaires dans sa ville natale, il
milieux des artisans et des ouvriers et j’avais toujours eu entre à l’Ecole Nationale d’Administration et se
de l’admiration, du respect et de la fascination pour leur pousse à la mort ou à la folie…
«Vous savez que Avez-vous pris des libertés avec la réalité de ce voue à la carrière publique. Pour son premier
amour de la perfection, le souci du détail et de l’ensem-
pour un ble, l’idée du travail bien fait. C’est sans doute pour que vous avez vécu pour les besoins de l’écriture ou poste, il est chargé des affaires juridiques et du
fonctionnaire, il cette raison qu’une fois mon diplôme obtenu, je n’avais toute autre raison ? contentieux au sein de l’exécutif de la wilaya de
est très mal vu pas une vision de «carriériste», mais simplement, ce qui L’intérêt de Rien qu’une empreinte digitale réside Djelfa. Il est nommé ensuite directeur général de
d’avoir des goûts n’est pas si simple au fond, cette obsession du travail aussi dans le fait qu’à aucun moment je n’ai ressenti le l’OPGI (Office de gestion et de promotion
littéraires ?» bien fait. besoin de modifier un détail, à part sans doute le prénom immobilière) de cette wilaya. L’année des faits
Se trouver du jour au lendemain emprisonné et d’un prisonnier. relatés dans son livre Rien qu’une empreinte
accusé de malversations vous a-t-il mené à récuser En écrivant, aviez-vous en tête un modèle en tête, digitale, il se trouvait dans la wilaya de Médéa où
votre idéal de jeune énarque ? un livre, un auteur ?
Non, mais j’étais conscient de tenir une histoire uni- il avait été affecté en tant que chef de daïra. Il est
Non, à aucun moment. Que des autorités aient choisi, incarcéré et, après 5 mois et 20 jours de
pour nous emprisonner, le dossier le mieux géré, celui que dans son genre, une de ces histoires sans doute
parmi les plus absurdes au monde où la raison s’égare détention, il est libéré, le 12 octobre 1992. Il a
qui constitue sans conteste notre fierté, la mienne et
celle de l’équipe qui a travaillé avec moi, nous donnait au point de disparaître souvent complètement. Une his- gagné tous ses procès, obtenant sa
l’impression de vivre un cauchemar. A l’évidence, nous toire qui s’est passée dans mon pays et dont j’ai eu la réhabilitation, alors qu’un procureur avait
étions les victimes d’une guerre menée par des Algériens chance d’être le témoin, je peux dire principal. réclamé pour lui la réclusion à perpétuité.
contre l’Algérie. Souvenez-vous de cette terrible pério- D’ailleurs, quels sont vos goûts littéraires ? Actuellement, ce père de quatre enfants exerce
de : un ministre de la République qui sillonnait le pays Je suis tenté de vous répondre : même sous la torture, des fonctions administratives à la wilaya d’Oran.
pour fermer, devant les caméras de télévision, les usines je ne vous les dévoilerai pas. Vous savez que pour un De son livre, l’écrivain et journaliste Yahia
et les unités de production du pays et mettre les tra- fonctionnaire, il est très mal vu d’avoir des goûts litté- Belaskri a écrit : «Dans cette description
raires ? Demandez à Hamid Nacer Khodja, poète et
vailleurs à la porte, des intégristes brûlant des usines, hallucinante défilent des rêves brisés, des
des procureurs de la République emprisonnant des auteur de nombreux ouvrages ce qu’il en coûte. Pourtant,
dans notre histoire ancienne et celle des autres aussi, destins contorsionnés, des idéaux foulés aux
cadres gestionnaires, les islamistes les égorger… pieds». L’ouvrage a connu un grand succès de
A quel moment précis avez-vous commencé à prenez le cas d’Ibn Khaldoun, les administrateurs
étaient souvent des gens de lettres, des écrivains, etc. librairie en Algérie.
écrire sur votre «affaire» ? En prison ou à votre
libération ? Teniez-vous un journal ? Même si vous tenez à les dissimuler, dites-nous si Mourad Brahimi. Rien qu’une empreinte digitale.
J’ai été arrêté le 22 avril 1992, et malgré ma grande vos goûts littéraires ont changé depuis que vous avez Casbah Editions, Alger. 2009. 144 p.
vécu cette expérience d’écriture ?
El Watan - Arts & Lettres - Samedi 8 janvier 2011 - 17

À LA PAGE
ROMAN "UNE SOIRÉE AU CAIRE" DE ROBERT SOLÉ ABÉCÉDARIUS

«Le passé est passé» Question


Une œuvre intense que la récente Charles qui a recours à des ana-
lepses au cours desquelles il
pas partis. Quelques-uns ont fait
le choix de rester. Dina fait partie
de probabilité
actualité d’Alexandrie vient donne libre cours à ses souvenirs de ce groupe minoritaire qui a PAR MERZAC BAGTACHE
dramatiquement rejoindre. d'enfance, et par le biais du jour-
nal intime hérité de son oncle
continué à vivre dans ce pays où
ses ancêtres ont élu domicile.
«C’est le calife, Al
Mamoun, qui m’exhorta à

R
maternel. Et, au fur et à mesure de «Les vrais exilés, ce n'est pas eux. élaborer un traité qui
obert Solé, écrivain d'ori- l'avancement de l'intrigue, le nar- C'est nous qui sommes restés»,
gine égyptienne, revient serait utile à la résolution
rateur découvre ce passé qu'il confie Dina à Charles lors d'une des problèmes posés par
sur les traces de son nous transmet à son tour comme discussion.
enfance, de son adoles- les transactions
s'il voulait figer le temps et res- Charles doit annoncer à la gar-
cence et de son histoire commerciales, des
susciter l'Egypte de son enfance, dienne des lieux qu'elle doit la
familiale. «Nous avons quitté questions ayant trait à
celle de ses parents sur trois géné- quitter car les membres de la
l'Egypte comme des voleurs. Sans rations. Cette Egypte, terre d'ac- famille qui vivent à l'étranger ont l’héritage, du calcul des
au revoir ni merci, sans même cueil, terre natale que presque décidé de la vendre. Lors d'une aires et des surfaces
avertir les amis (…). Ce n'était en tous les membres de la famille ont soirée organisée par Dina dans la etc.…», écrit le génial
principe que pour un court séjour quittée «de leur propre gré, sur la maison symbole, Charles fait la mathématicien Al
au Liban», raconte Charles, le pointe de pieds, sans tarbouche ni connaissance de plusieurs person- Khawarizmi (IX siècle), dans l’introduction de son
e

narrateur de Une Soirée au Caire, trompette», révèle Charles, très nes, dont Amira, jeune Egyptienne œuvre magistrale, Hisab al-jabr wa el-mouqabala. Le
cinquième roman de R. Solé. attaché à la vieille Egypte. copte enseignant l'histoire à l'uni- calife abbasside, on le sait, avait réuni les plus grands
C'était en juin 1963. Depuis, ce La seconde temporalité concerne versité. «Le passé est passé», lui hommes de science de son époque dans son académie
départ forcé et provisoire a pris le temps présent. Grâce à sa pos- lance-t-elle en pleine figure. Cette Bayt el-hikma (La maison de la sagesse) en vue de
l'allure d'un exil pour la famille ture d'observateur de la vie égyp- phrase sonne comme une révéla- faire passer l’essentiel du savoir classique par des
proche et élargie de Charles. Ce tienne et à ses discussions avec tion pour Charles qui prend alors traductions vers la langue arabe. Al-Khawarizmi, qui
dernier a migré en France, pays des personnages majeurs et conscience qu'il a idéalisé le passé fut de la partie, devait encore établir des tables
qui «avait admirablement coloni- mineurs vivant au Caire, Charles et que «l'Egypte éternelle» n'exis- astronomiques et faire des relevés topographiques
sé (les) esprits et (les) cœurs» de nous immerge dans la dimension te pas. «Nous ne vivions pas au pour écrire un livre, non moins important, intitulé, La
cette famille syro-libanaise contemporaine de la vie égyp- paradis», avoue-t-il au moment Configuration de la terre.
d'Egypte. La scène se situe princi- tienne. Il ne se reconnaît plus dans où il passe en revue des événe- En d’autres termes, le savoir n’a jamais été un luxe,
palement au Caire, dans la maison «ce Caire grouillant et déglingué ments familiaux tragiques. Le mais bien une nécessité de tous les jours. On a donc
familiale que le grand-père mater- (…) ces ruelles sans trottoirs, passé est passé. Une autre histoire une idée sur l’impact de l’œuvre d’Al Khawarizmi dans
s'écrit aujourd'hui, monologue la vie des hommes et des civilisations d’une manière
Charles, à l'aube, à quelques heu- générale. André Malraux (1901-1976), ne disait-il pas
res de son rendez-vous avec à juste titre dans ses Antimémoires qu’un seul homme
Amira. pourrait être à l’origine de la splendeur de toute une
Ce roman du deuil d'un passé civilisation ? Al Khawarizmi en était un, à coup sûr,
représenté comme un paradis aussi bien pour la civilisation arabo-musulmane que
perdu renseigne sur l'histoire poli- pour la civilisation occidentale puisqu'il est à la base
tique, religieuse et sociale de de l’algèbre, discipline on ne peut plus
l'Egypte, du Caire, des quartiers révolutionnaire.
où réside la bourgeoisie... Il per- Justement, ce qui a toujours dicté l’intérêt de l’homme
PHOTOS : D. R.

met également de comprendre pour les mathématiques, c’est le besoin quotidien


l'histoire, le statut social et écono- avant tout. On le constate depuis les Sumériens qui
mique de la minorité catholique étaient déjà parvenus à enregistrer sur des tablettes
des Shawam en Egypte, leur d’argile les premières numérotations relatives aux
apport au développement du pays transactions commerciales sur les bords du Tigre, en
nel, George Bey Batrakani, le roi parsemées de tas de détritus... Ce ainsi que leurs liens et rapports à
du tarbouche, avait achetée à Irak.
vacarme, cette cohue, ces relents la France qui avait adopté à leur Au treizième siècle, c’est au tour de l’Italien Leonardo
Garden City, aux abords du Nil. d'essence et de friture...». Il égard une attitude protectrice. Ce
Ce roman à l'écriture tendre, triste Fibonacci (1170-1250), d’avoir l’honneur de faire, à
Il revient sur sa revient sur sa terre natale avec le roman qui raconte l'histoire d'un
et d'une grande intensité émotion- quelques différences près, la même percée que son
terre natale avec sentiment de n'être «ni vraiment exilé dont le destin vient faire
nelle, qui échappe pourtant à la écho à celui de milliers d'exilés
prédécesseur, Al Khawarizmi, mais dans le monde
le sentiment de d'ici, ni tout à fait de là-bas». En
mélancolie et à la nostalgie, met Egypte, il est considéré comme contraints de quitter leur terre occidental. Ce natif de Pise vint rejoindre son père qui
n'être «ni tenait un comptoir commercial dans la ville de Béjaïa,
vraiment d'ici, en scène l'histoire familiale et «un demi-Egyptien» voire un natale pour s'enraciner sur d'autres
nationale de Charles. A la fois «khawaga» ou encore un égyptia- terres devenues par les forces de alors l’un des grands pôles de civilisation dans l’aile
ni tout à fait occidentale du monde arabo-musulman. Il y apprit la
de là-bas» narrateur témoin et personnage nisé. En dépit de son amour pour choses des foyers. Par ailleurs, ce
principal, son point de vue revêt son pays et de son attachement à roman incite à prendre conscience langue arabe et développa un intérêt certain pour les
une dimension essentiellement la terre où il est né, il est triste, de la nécessité de faire passer le mathématiques, tout particulièrement pour celles
interne et intime. Charles et les mélancolique, nostalgique passé afin de vivre sereinement le ayant trait à la quotidienneté des hommes. A son
membres de sa famille vivent lorsqu'il se remémore le passé et présent. Nadia Agsous retour à Pise, il écrivit son grand traité, Liber abbaci
désormais sur des terres d'accueil le sort que l'histoire a réservé à sa qui est à l’origine de l’introduction en Italie, puis en
devenues, par la force des choses, Robert Solé, «Une soirée au Caire», Europe et dans tout le monde occidental, de la
famille, ces catholiques du Editions du Seuil, 2010, 210 p.
des foyers de vie. Il a été investi Moyen-Orient, Melkites de rite numérotation indo-arabe. Jusqu’à son époque, on
d'une mission, ô combien délicate, byzantin, protégés par la France ; continuait à faire usage de chiffres romains, somme
auprès de la belle et attachante ces «Chawam» qu'on appelait les toute incapables de se mettre au diapason de la
Dina, veuve de son défunt oncle. «Syriens», devenus dans les nouvelle science qui commençait à faire son chemin
C'est essentiellement pour cette années 1920 des «Syro-Libanais» vers la Renaissance.
raison qu'il revient au Caire. Mais d'Egypte. Les pratiques arithmétiques et algébriques
avant de révéler la nature de cette C'est ainsi que le narrateur parle nécessaires à la vie de l’homme sur cette terre ont,
mission, l’auteur nous invite à de la difficulté d'être Egyptien et grâce à Al Khawarizmi et, plus tard, Fibonacci, permis
nous promener dans le Caire à de la peur qui noue son ventre à de générer d’autres trouvailles, beaucoup plus
travers deux temporalités. chaque retour sur le sol natal : complexes et d’une utilité sans faille qui ont changé le
La première renvoie au temps «peur d'entrer en Egypte, peur de monde. Quelle est donc cette probabilité qui a fait
précédant la migration dans une ne pouvoir en sortir. Peur de naître Al Khawarizmi à l’époque abbasside, et
Egypte magnifiée et idéalisée que minoritaire en pays musulman», Fibonacci, bien avant la gouvernance de la famille
Charles se représente comme une confie Charles, qui passe en revue éclairée des Médicis, en Italie ? Question d’ordre
«oasis» voire un paradis perdu. l'histoire familiale, l'apport des métaphysique, pourrait-on hasarder, qui ne
Cette temporalité est restituée par Syro-libanais à l'Egypte. Tous les s’apprêterait pas à la spéculation mathématique
le truchement de la mémoire de Syro-Libanais ne sont cependant toyour1@yahoo.fr
El Watan - Arts & Lettres - Samedi 8 janvier 2011 - 18

ACCENTS
PARUTION DEUX LIVRES RÉCENTS SUR L'ALGÉRIE

Nouvel exotisme et mémoire


Comment des écrivains français actuels, voyageant dans que nostalgie pour les quinquagénaires devenus interlocu- aïeul qui, en dépit du casque colonial, n’a pas été un colo-
teurs de Pornon qui n’a rencontré que des francophones. nialiste (il a exercé la fonction de topographe ou de «géo-
notre pays, le perçoivent-ils ? Y sont évoqués entre eux la foi en un «socialisme spécifi- graphe en uniforme») et n’a subi le baptême du feu que

E
que», l’arrachage des vignes comme praxis de la décolo- pour mourir d’une balle au cœur. Sans son exploration du
t quelle est la réception de soi à ce regard de l’autre, nisation (avec une inévitable comparaison entre vins passé – un voyage dans le temps et dans le sang – l’auteur
avec inévitablement la différence ou l’homologie algériens et français) et la culture marxisante véhiculée retrace le parcours d’un fils de pauvre, son éducation dans
qui en résulte ? Deux récits, écrits et publiés en par les coopérants techniques français – adulés de leurs le Jura rural et en Suisse, sa vie militaire en France, son
2010, proposent des lectures où se confrontent élèves ou étudiants, suspicieux pour le pouvoir qui, par affectation d’office en Algérie en août 1893, au moment
l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui, permettant de atavisme, n’apprécie guère les étrangers. Le pays réel n’a où meurt un célèbre voyageur en Algérie «fou du désert»
décrypter les images que se représentent les auteurs ainsi pas su ou voulu accumuler toutes ces richesses et a fini par (littéralement et dans tous les sens), Guy de Maupassant.
que l’accueil réservé à leurs œuvres. exiler ou éliminer son élite. Seules les femmes trouvent Comme Jules Jacques, qui va le devenir, il est question,
D’emblée, le livre de Francis Pornon constitue un pro- grâce aux yeux de l’écrivain, en leur qualité de médiatri- ici, de nombreux passionnés du Sahara : René Caillié,
gramme d’intention : En Algérie, sur les traces de Jean ces. Si Pornon émet sur elles des idées fausses, sinon Charles de Foucauld, Théodore Monod, J.M Gustave Le
Boudou(1). Dans ce «Carnet de voyage», l’auteur est à la saugrenues (notamment sur le Code de la famille qu’il n’a Clézio et le général Eugène Daumas, inspirateur de
recherche d’éventuels échos laissés par un enseignant de pas lu), ses lectrices ont été mitigées. D’aucunes se sont Jacques pour écrire une petite monographie, Aperçu géné-
français, de surcroît obscur poète, écrivant dans une lan- fait dédicacer longuement son récit de voyage paru lors du ral d’El Goléa.
gue minoritaire de l’Hexagone, l’occitan (comparé abusi- dernier SILA, tandis que l’auteur rapporte, dans ce même Il est démontré que l’étude du désert saharien a été
vement au kabyle). Pour ce faire, Pornon parcourt longue- livre, leurs réceptions critiques sur deux de ses titres, d’abord une affaire de militaires, ensuite de scientifiques,
ment Alger, brièvement Tizi Ouzou, puis se rend à Algérie, Algérie (1998) et Algérie des sources (2003). leurs alliés (quand les savants eux-mêmes n’étaient pas
Arbaâtache où a exercé, de 1968 à sa mort en 1975, son Toutes les jugent «exotiques», voire «colonialistes» tout officiers de palmes guerrières), et enfin, d’affairistes uto-
collègue, coopérant technique comme lui qui a enseigné à en s’interrogeant pourquoi un Français s’intéresse au pistes. On sait que ces derniers ont imaginé une mer inté-
Béjaïa de 1968 à 1971. Par touches successives, mêlant passé alors que les Algériens sont préoccupés de présent rieure reliée par un canal à partir de l’Atlantique ou de la
D’Alger à réflexions et pérégrinations réelles ou imaginaires, on et d’avenir. Méditerranée, projet qui intéressa un certain Ferdinand de
Timimoum, en découvre que ces deux soixante-huitards sont des huma- Commencé à l’aéroport d’Alger où un écrivain débarqua Lesseps et inspira à Jules Verne un de ses derniers romans
passant par nistes de gauche en rupture avec le Parti communiste pour une simple enquête littéraire, le récit écrit en France, d’anticipation, L’Invasion de la mer. On sait aussi qu’ils
d’autres lieux et français. Ils ont fui son centralisme stalinien et l’ordre entre août 2009 et mars 2010, se clôt sur un homme qui ont conçu un transsaharien devant relier la Méditerranée à
régions, deux occidental pour vivre plus en Algérie, «continent géogra- s’envole avec la découverte d’une ambivalence entre l’Afrique noire (la mythique Tombouctou !) et réduire
regards et deux phique et mémorial» dont Alger est référencée «La Algériens et Français : si des relations et des amitiés indi- Paris «à six jours des Tropiques», idée à laquelle adhéra
écritures, entre Havane de l’Afrique». viduelles existent dans un espace socioculturel précis, la Jules Jacques.
passé et présent, Le regard de Pornon est donc éminemment politique sur défiance entre peuples perdure. Et ce n’est certainement Doucey s’interroge sur ces entreprises coloniales, voire
déformations et un pays révolutionnaire porteur d’avenir. Aussi, convo- pas le «grand fleuve» de la Méditerranée qui les sépare, ces «ambitions impérialistes» devenues des serpents de
vérités. que-t-il l’histoire française encore présente sous ses mais bel et bien le «mur de la mémoire». mer des «illusions françaises en Afrique du Nord». Il livre
yeux : «rues coloniales», immeubles à «l’architecture Pour sa part, c’est une tout autre quête qu’entame Bruno de précieuses données sur les motivations des Français du
haussmannienne», bars (La Brass) et librairies (Charlot et Doucey, à la fois écrivain (romancier et poète), éditeur XIXe siècle de venir en Algérie : soit pour raison indivi-
Dominique à l’ex-rue Charras) du «quartier latin» d’Alger (aux éditions Seghers défuntes) et auteur reconnu d’une duelle, soit en vue de coloniser. Ce faisant, l’auteur initie
où aujourd’hui «on se déplace en toute tranquillité», somme quasi encyclopédique Le Livre des déserts (Paris, des méditations sur les fonctions du passé et des méfaits
constate l’écrivain qui a été aussi grand reporter durant les Laffont, Bouquins, 2006, 1280 p) dont une édition spé- qui lui sont liés, depuis la loi oubliée du 23 mars 1882 sur
années sombres du terrorisme. A ce beau centre-ville s’op- ciale pour l’Algérie a été préfacé par Chérif Rahmani sous l’état civil des «indigènes», à l’article 4 de la tristement
pose une autre ville, sale : trottoirs déglingués, immondi- l’intitulé Plaidoyer pour une fédération des déserts du célèbre loi du 23 février 2005, complété par le discours
ces, sinistres banlieues et son mode de vie typiquement monde. Dans L’aventurier du désert, l’itinéraire de Jules rigoureusement fustigé du président Sarkozy à Dakar en
méditerranéen : lenteurs et incivismes, «téléphone arabe», Jacques entre désert, désir et désertion(2), il écrit de l’in- 2007.
passion du football, combinazzione (des «islamistes térieur, essentiellement à Timimoun, puis à Paris, de Mais l’auteur se focalise en permanence sur son héros, en
reconvertis» en agents de change officieux, par exemple). février à juin 2010, entre mémoire et histoire, le récit revenant aux terrasses de Timimoun d’où il scrute le
Les seuls exotismes restent, pour l’écrivain promeneur, d’une vie, celle de son arrière-grand-oncle maternel, Jules Grand Erg occidental. Il tente de restituer les pensées de
ces signes extérieurs d’un pays musulman : appel du Jacques (1866-1900), un capitaine de l’armée mort près Jacques à travers sa correspondance et surtout ses photo-
muezzin, présence «obligatoire» des jeunes dans les mos- de Timimoun. graphies, collection de près de 200 vues stéréoscopiques
quées, séparation des sexes. L’Algérie des années 1970 Outre la recherche de la vérité historique liée à sa famille en plaques de verre. Ces documents donnent à voir des
surgit aussi, à tout instant, au moindre pas, non sans quel- et à sa passion des déserts, Doucey désire réhabiliter son paysages, des architectures, des scènes de la vie pastorale
avec une approche respectueuse des hommes et des fem-
mes, sans préjugés et sans haine. Au demeurant, Jules
Jacques ne voulait pas dominer l’espace du colonisé avec
un fusil, mais le reproduire avec un appareil.
En suivant l’itinéraire des anciennes caravanes, Doucey
part à la recherche du lieu où est mort son aïeul, le 5 sep-
tembre 1900, tué par des «pillards du désert», avec un
camarade du nom de… Depardieu. Aussi, le romancier
échafaude vite le scénario d’une scène de bataille digne du
film… Fort Saganne. Il achève son aventure quand il
apprend que Jules Jacques a été enterré sur place, puis à
Timimoun, et enfin – à l’indépendance – au cimetière du
Petit Lac à Oran, engloutissant les rêves d’une jeune vie
– et, par ricochet, de la colonisation. La gravité du sujet
n’empêche pas l’auteur d’user d’un langage poétique. Un
récit à thèse se veut aussi livre d’art : la mise en page est
originale, et les illustrations à la fois belles et instructi-
ves.
Edité par un spécialiste de la littérature de voyages dans
une optique forcément européocentriste, le livre de
Doucey se révèle, en définitive, un document intéressant
– d’un point de vue français – sur la colonisation du
Sahara algérien, une période peu connue du grand public.
La littérature sur le désert s’enrichit ainsi d’un beau livre.
Hamid Nacer-Khodja

(1) Francis Pornon, «En Algérie sur les traces de Jean Boudou, Carnet
de voyage», Alger, Lazhari Labter Ed. Sept. 2010, 130 p.
(2) Bruno Doucey, «L’aventurier du désert, l’itinéraire de Jules Jacques
PHOTO : D. R.

entre désert, désir et désertion», Bordeaux, Ed. Elytis. Oct. 2010,


168 p.
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 19

MODE

MARTINE SOME. Styliste burkinabaise


LES DERNIERES NEWS
«Le transfert des New vintage III
de Yves Saint-Laurent
connaissances est important»
Présente dernièrement à Al- je suis devenue costumière.
La maison Yves Saint-
Laurent lance New Vintage
III, 3e édition d’une
Le marché de la haute couture est-il collection capsule soucieuse
ger dans le cadre d’une ren- réel au Burkina Faso ? du respect de
contre organisée par le réseau Je dirai qu’il existe difficilement, car l’environnement et fondée
d’artisanes d’art algériennes les produits importés dominent à 100% sur la récupération, le
le marché local. Ces dix à vingt dernières recyclage et la création
Res’Art, la styliste burkinabai- années, les gens ont commencé à prendre durable. Stefano Pilati, D.A. de la maison, recycle des tissus
se, Martine Some, s’est livrée conscience que notre artisanat, c’est notre inutilisés des collections passées et les adapte. En édition
en toute modestie à notre jeu richesse. Nous sommes un pays enclavé. limitée et numérotée à Paris, Londres et New York.
Nous n’avons pas de ressources naturelles
de questions/réponses. Elle à part l’artisanat, le soleil et quelquefois la
nous donne un aperçu sur pluie. Nous essayons avec persévérance Obsedia, une nouvelle marque
l’artisanat de son pays. de concilier tout cela pour nous faire un
espace, nous permettant de vivre le mieux Givenchy
possible. Aux commandes de la direction
Propos recueillis par
Avez-vous un aperçu sur tout ce qui artistique de Givenchy depuis
Nacima Chabani PHOTO : M. SALIM se fait en matière de mode en Algérie ? 2005, Ricardo Tisci lancera, en
C’est la première fois que je viens en
Pourriez-vous revenir sur votre par- février prochain, une nouvelle
Algérie. Je ne sais pas quel mot utiliser
cours artistique ? ligne de sacs nommée Obsedia.
pour remercier les organisatrices de cette
Je suis styliste burkinabaise. J’ai suivi, Le créateur continue à affirmer
rencontre, à savoir le réseau d’artisanes
en 1993, des cours dans une école de cou- son goût pour le gothique
d’art algériennes Res’Art. Heureusement
ture et de stylisme au Burkina Faso. C’est détourné en parant le classique
Martine Some que je suis dans le cinéma. J’ai un petit
une formation de trois ans, mais moi j’ai sac en cuir noir de la marque
aperçu à travers les films. J’ai fait des
suivi cette formation en un an parce que en vue de moderniser leurs outils de travail d’un nouvel emblème sulfureux
recherches personnelles pour découvrir
nous sommes une grande famille. On a be- et leurs techniques de tissage pour une plus : un fermoir habillé d’une croix
les richesses du monde entier, notamment
soin de pousser tout le monde pour que tout grande visibilité internationale du produit en plexiglas et d’un anneau
d’Afrique. J’ai pu mettre la main sur des
le monde avance. Je suis également mem- artisanal burkinabé. métallique. Elevé dans le sud de
produits de Res’Art. Je trouve que c’est
bre d’une coopérative de confection bap- Vous avez basculé dans ce métier l’Italie, Ricardo Tisci s’est souvent inspiré de son éducation
le parcours qu’il fallait que je fasse, afin
tisée Kazi’S. Cette coopérative, qui existe par passion mais également par filia- pieuse pour créer son univers sombre et envoûtant, et avait déjà
d’améliorer ou ajouter à ce que nous avons
depuis 2003, regroupe entre autres des tion, puisque votre défunt père était un apposé ce motif sur des accessoires lors du défilé printemps-été
comme connaissance, comme artisanat
teinturiers, des couturiers, des tisserands et brillant couturier traditionnel… 2011, où les tops avaient défilé au son de la musique de Salem.
aussi. Je souhaite que ce genre de ren-
des vanniers. Je suis également costumière J’ai effectivement basculé dans ce mé- Après avoir signé une nouvelle campagne audacieuse en faisant
contre se multiplie à travers l’Afrique. Je
de cinéma. Je travaille avec les créateurs tier par passion et par amour. Peut-être que poser le mannequin albinos Stephen Thompson, Ricardo Tisci
demeure persuadée que c’est un rêve qui
et les metteurs en scène de cinéma et de je suis venue dans ce métier parce que mon dévoilera sa nouvelle ligne d’accessoires en février prochain
se réalisera grâce aux efforts des uns et des
théâtre. J’habille également les musiciens. papa a été couturier traditionnel. Il nous dans les boutiques de la marque.
autres. Nous avons des richesses pourquoi
Mon objectif, c’est de pouvoir habiller a quittés assez tôt. Je l’ai découvert bien
ne pas les partager.
ce monde là avec tout ce que nous avons après. Peut-être que c’était dans les gênes
comme artisanat textile, modernisé. J’ai ? Je ne le savais pas, car ma maman ne me
Des projets en perspectifs ...
Il est vrai que la coopérative existe
Les baskets Blockorama édition
donc eu besoin de différents membres de la l’avait pas dis à temps. Je pense que le sty-
coopérative. C’est au fur et à mesure que je lisme est inné chez moi. J’essaye dans mon
depuis un bout de temps. Nous sommes
toujours dans la recherche des connaissan-
#7 de Pierre Hardy
me suis dis qu’il est peut-être mieux qu’on travail de concilier tout mon savoir, afin
ces et de la formation pour améliorer nos Après les paysages de Miami pour la
se mette ensemble en coopérative, pour que cela soit utile à d’autres personnes.
techniques de fabrication et de production Colorama édition #5, les œuvres de
mieux fonctionner et mieux agir. C’est là Vous avez un rapport particulier avec
et de trouver le marché local. Il est là, le Gilbert & Georges pour la
qu’est née l’idée de la coopérative. Au ni- le domaine du 4e et 7e arts puisque vous
marché local, mais il faut insister à acheter Nubuckorama édition #6 et les
veau de celle-ci, j’essaye de coordonner les êtes costumière…
plus. Il faut aller à la recherche du marché graffitis pour la Colorama Graff
travaux et de trouver de la formation pour Effectivement, je suis costumière dans
extérieur. Parmi les souhaits de la coopé- édition #6, la 7e édition des
les membres. Car la plupart des artisans tout ce qui est mis en scène. Ce sont
rative en 2011, c’est de mettre en place une baskets montantes unisexes
sont des personnes qui travaillent tradition- des espaces d’expression où le destin
structure dans la formation qualifiée des devenues cultes de Pierre Hardy
nellement dans leur village, dans la péri- m’y a amené. Je me suis retrouvée dans
personnes travaillant dans les différents s’inspire cette saison de l’art du
phérie de la ville ou encore au centre-ville mon véritable élément. Ce qui est en
domaines de l’artisanat textile. Le transfert collage. Le modèle Blockorama
sans moyen, sans espace d’expression. La moi c’est réveillé. Je n’ai suivi aucune
des connaissances et du savoir-faire est très édition #7 explore l’univers
coopérative s’est fixée comme objectif de formation dans le domaine du cinéma.
important. N. C. géométrique cher au créateur de
réunir le maximum de femmes tisserandes C’est plutôt par apprentissage que chaussures parisien, avec
l’imprimé «Cube Perspective»
MORT D’ISABELLE CARO EX-MANNEQUIN ANOREXIQUE emblématique de la marque mêlé à
des empiècements de cuir de
couleurs et textures différentes façon

Le revers de la maigreur patchwork. Comme chaque saison, la basket collector est


distribuée en édition très limitée, 500 exemplaires seulement.

● L’ex-mannequin et comédienne marseillaise, Isabelle Caro, est morte dernièrement EAU DE TOILETTE DE LA SEMAINE
à l’âge de 28 ans des suites d’anorexie.
Engagée contre cette maladie, Isabelle «et c’est tout sauf la beauté, c’est tout le Cologne Royale De Dior
Caro avait, dans le cadre d’une campagne contraire». Son souhait était qu’en regar-
publicitaire contre l’anorexie, montré dant sa photo, «les jeunes filles compren- Cologne Royale pour hommes s’ouvre sur des notes fraîches
son corps nu et décharné. Cette publicité, draient la réalité morbide cachée derrière et aromatiques de bergamote. Puis très rapidement, un cœur
rappelons-le, avait créé la polémique en les clichés : les belles parures et belles pétillant et piquant de citron apparaît et se mélange à des
2007. Elle avait, en effet, posé devant coiffures des magazines féminins». Elle tonalités fleuries et
l’objectif du photographe vedette Oli- voulait alerter les consciences concer- légèrement amères de
viero Toscani pour une campagne parrai- nant cette maladie qui frappe certains néroli. Une facette propre et
née par la marque de vêtements italiens mannequins. «Cette photo sans fard et douce se dévoile
«No-I-ita», visant à mettre en exergue sans maquillage ne me met pas en valeur. tout doucement. La menthe
les méfaits de l’anorexie. Son décès n’a Le message est fort : j’ai du psoriasis, la renforce le côté étincelant
été révélé que la semaine dernière. L’un poitrine qui tombe, un corps de personne du citron, note-clé de la
de ses amis, le chanteur suisse qui devait âgée», avait-elle déclaré, en expliquant sa fragrance. De forme
enregistrer un clip vidéo avec la défunte démarche. cylindrique, le flacon de
sur justement une chanson mettant en Il est à noter qu’Isabelle Caro souffrait Cologne Royale laisse
exergue la maladie intitulée J’ai Fin, a d’anorexie depuis l’âge de 13 ans. Elle entrevoir un jus jaune clair.
révélé que «hospitalisée pendant 15 jours avait fait un coma en 2006 alors qu’elle Une élégante étiquette
pour une pneumopathie et dernièrement ne pesait que 25 kg pour 1m 65. Elle avait blanche vient orner le flacon
elle était très fatiguée, mais je ne connais pris la ferme décision de sa battre contre avec le nom de la fragrance.
pas la cause de son décès». cette maladie morbide. Au tout début de Le cabochon noir et strié
De son vivant, Isabelle Caro se plaisait à l’année 2010, elle pesait 42 kg. apporte une touche de
Isabelle Caro peu avant sa mort répéter que la maigreur engendre la mort R. M. contraste et d’élégance.
El Watan - Samedi 8 janvier 2011 - 24

L’ÉPOQUE
ON VOUS LE DIT HÔPITAL DE NABEUL DE TUNISIE Café contre
Des harraga interceptés au large avion
d’Annaba
Vingt-cinq (25) candidats à l’émigration clandestine ont été
Deux Algériens Un avion, qui devait assurer
le transport de passagers de
Chicago à Francfort, n’a pas

à l’abandon
interceptés dans la nuit de mercredi à jeudi au large d’Annaba alors été en mesure d’assurer sa
qu’ils tentaient de rejoindre la rive nord de la Méditerranée à bord liaison et s’est finalement
d’une embarcation de fortune. Agés entre 19 et 35 ans, ces harraga, posé près de Toronto à cause
originaires des wilayas d’Annaba, d’El Tarf et de Skikda, ont pris ... d’une tasse de café.
le départ à partir de la plage de Oued Bagrat dans la commune de Le 3 janvier dernier, un
Seraïdi avant d’être interceptés à sept miles du littoral annabi et Boeing 777 de la compagnie
présentés devant le procureur de la République près le tribunal aérienne United Airlines,
d’Annaba. L’embarcation à bord de laquelle se trouvaient ces qui reliait Chicago à
passagers clandestins a été saisie par les gardes-côtes. Francfort avec à son bord
241 passagers, a dû être
détourné à cause d’une
Pas de vignette pour les véhicules tasse de café ! Alors que
au GPL l’appareil traversait une
zone de turbulence, le
café d’un des pilotes s’est
Les détenteurs de véhicules utilisant le GPL comme carburant sont renversé dans le cockpit,
exemptés, à compter du 1er janvier du paiement de la vignette touchant l’un des panneaux
automobile, à la faveur d’une disposition de la loi de finances (LF) de communication. Le
pour 2011. La mention de la carburation GPL doit être précisée liquide a finalement fini
dans le document du contrôle technique des véhicules pour par provoquer un court-
permettre aux conducteurs de justifier l’absence de vignette en circuit. Immédiatement, le
cas de contrôle routier. L’application de cette exemption devra transpondeur a affiché le

PHOTO : D. R.
encourager l’utilisation de ce carburant «propre», au moment où code alerte 7500.
le gouvernement s’apprête à donner toute son importance à un Plusieurs codes ont été
ambitieux programme national de développement des énergies Hôpital de Nabeul
établis dans l’univers de
renouvelables. l’aviation afin de permettre
aux contrôleurs aériens
eux Algériens dont l’état des, Miloud Tigrine, étudiant nifestées. L’oncle et le père
100 millions d’analphabètes dans
le monde arabe D est critique sont livrés à
eux-mêmes à l’hôpital
de Nabeul après plus d’une se-
en informatique, et Habib Ba-
chiri, libraire, étaient plongés
dans un coma profond. Admis
de Habib Bachiri, dont l’état
est jugé désespéré, sont sur
le point de rentrer en Algérie.
de connaître l’identité, la
position, et la situation
d’un avion. Le code 7500
a pour signification le
maine. Asphyxiés pendant leur à l’hôpital du gouvernorat de Au niveau de l’hôpital, ce sont détournement ou une
Les données émanant de l’Organisation arabe pour l’éducation, sommeil par une fuite de gaz à Nabeul, ils sont dans un état les Algériens qui font office
la culture et les sciences (Alesco) font état de 100 millions intervention illicite sur
l’intérieur de la maison qu’ils stationnaire sept jours après d’infirmiers, le personnel pa- l’appareil.
d’analphabètes dans le monde arabe, soit 35,6% de la population, avaient louée à Hammamet, l’accident. ramédical local n’ayant aucune
indique jeudi un communiqué de l’Office national d’alphabétisation Conséquence, il a été
deux jeunes Algériens sont en Un de leurs proches se trouve considération, fusse-t-elle hu- détourné sur Toronto, au
et d’enseignement pour adultes (ONA), à l’occasion de la train de lutter entre la vie et la à leur chevet. Contacté par manitaire, à l’égard des deux
célébration de la Journée arabe d’alphabétisation. Célébrée le Canada. Les voyageurs ont
mort au niveau de l’hôpital de téléphone, il dira son désarroi malades et de leurs proches. été invités à passer une
8 janvier de chaque année, cette journée vise à sensibiliser à la la ville de Nabeul où ils ont et son inquiétude. Selon son C’est le frère de Miloud qui
nécessité de rallier les centres d’alphabétisation. En Algérie, pour nuit à l’hôtel afin d’être
été évacués. Partis pour passer témoignage recueilli hier à fait office d’infirmier et de acheminés à destination le
l’année scolaire 2010-2011, quelque 428 900 personnes, dont les fêtes de fin d’année, les 17h, Miloud Tigrine se trou- brancardier. Une fois notre
385 034 femmes, seront alphabétisées, la stratégie ayant accordé lendemain.
4 jeunes Mostaganémois ne vait dans un état stationnaire accent identifié, nous dira le
la priorité à la femme, aux zones rurales et à la tranche d’âge s’attendaient pas à une telle tandis que Habib Bachiri, le jeune Tigrine, le tarif des taxis
entre 19 et 45 ans, compte tenu du rôle éminent de cette catégorie
dans la société, prévoit le communiqué de l’Office national
tragédie. C’est durant la nuit de libraire, faisait l’objet de soins subit une conséquente aug- Discovery
d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes.
jeudi à vendredi que le drame
est survenu.
intensifs.
L’entretien a été interrompu en
mentation. C’est pratiquement
au bord des larmes que notre en panne
Seul un membre du groupe raison du transfert du malade interlocuteur conclut la com-
Le statut de la liberté de la presse a pu s’extirper au prix de
mille efforts de cette maison
vers le service d’hémodialyse
de l’hôpital. Lors d’un second
munication.
A Mostaganem, une foule
La Nasa a décidé, hier, de
reporter une nouvelle fois
en débat particulière. C’est lui qui par- contact, notre témoin, qui se compacte a enterré Fayçal Bel- le lancement de la navette
viendra à alerter les secours, trouve être le frère de l’un hadj au cimetière de Mazagran, Discovery, prévu le 3
Un colloque international sur la liberté d’expression se tiendra le mais ces derniers sont ap- des malades, nous apprendra non loin de son grand-père et février. L’Agence spatiale
26 janvier au siège de l’Unesco à Paris. Près de 300 particpants paremment arrivés trop tard. que les autorités consulaires de son frère décédé deux an- américaine veut prendre
prendront part à cette rencontre internationale qui confirmera En effet, le jeune Fayçal Bel- algériennes, bien qu’informées nées auparavant. son temps pour réparer
que le principe de la liberté d’expression est le fondement des hadj, étudiant en 4e année par les autorités tunisiennes Ici, tout le monde prie pour les fissures détectées en
droits de l’homme. Plusieurs représentants de gouvernements, de de zootechnie, a été retrouvé ainsi que par les familles des qu’un miracle ait lieu à Na- novembre et décembre.
décideurs et de lauréats du Prix mondial pour la liberté de la presse, mort. Ses deux autres camara- victimes, ne se sont point ma- beul. Yacine Alim L’Agence spatiale
ainsi que les représentants des principales organisations non américaine n’a pas terminé
d’effectuer les réparations
gouvernementales et des professionnels des médias prendront part EHU D’ORAN sur Discovery, qui devait
à cette rencontre mondiale. Les débats de cette journée porteront
sur le statut de la liberté de la presse dans le monde, la sécurité des
professionnels des médias ainsi que le changement du paysage
médiatique à l’ère du digital.
Disparition de deux caméras initialement être lancée en
novembre dernier.
Selon un communiqué
a disparition de deux caméras au niveau de responsable a indiqué au ministre que toutes les

Une technique de chirurgie réussie


L deux blocs opératoires de l’établissement
hospitalo-universitaire (EHU) du 1er Novembre
démarches effectuées auprès de l’équipementier
allemand pour que celui-ci honore ses enga-
publié hier par la Nasa sur
son site Internet, il reste
énormément de travail
à Oran 1954 d’Oran, d’une valeur de plusieurs milliers
de dollars, et le différend opposant cette institu-
gements par le remplacement de l’équipement
endommagé ont été vaines. En réponse à cette
à faire sur le réservoir
externe de la navette
tion hospitalière au groupe allemand Siemens préoccupation, M. Ould Abbas a déclaré que et des modifications
Des techniques avancées en matière de chirurgie cardio-vasculaire à propos d’un équipement d’imagerie à réso- «si ce fournisseur persiste dans sa position supplémentaires seront
ont été appliquées avec succès à Oran. Au cours du second nance magnétique (IRM) qui a été totalement négative, nous serons dans l’obligation d’an- peut-être nécessaires. Les
semestre 2010, une centaine de patients ont subi une intervention endommagé lors de son installation il y a près nuler tous les marchés contractés avec lui». responsables de la Nasa
chirurgicale mettant en œuvre ces procédés modernes. Les deux de deux ans et dont le coût est de 14 milliards S’agissant des caméras présumées volées, «une doivent se rencontrer lundi
principales techniques adoptées dans ce domaine sont celles de de centimes, sont les principaux sujets sur les- enquête minutieuse sera engagée», a-t-il ajouté, prochain pour décider de la
la chirurgie dite «à cœur battant» et de «l’endoscopie assistée par quels est revenu plusieurs fois le ministre de la en insistant sur le fait qu’aucune indulgence ne marche à suivre.
un système robotique», est-il précisé. La première permet d’opérer Santé lors de ses discussions avec les cadres de sera accordée aux auteurs de détournement des L’Agence a, pour le moment,
le patient tout en maintenant l’activité normale du cœur, même l’EHU à l’occasion de l’inauguration, hier, du deniers publics. Le nouveau service des urgen- jugé plus sage d’attendre
pendant l’introduction de tuyaux extrafins dans les vaisseaux centre des urgences médico-chirurgicales de cet ces de l’EHU revêt un caractère très particulier encore quelques semaines
coronariens pour en traiter les dysfonctionnements. établissement. Celui-ci constitue le 24e service du fait qu’il n’intervient que dans des cas spé- pour le lancement de la
La deuxième technique s’appuie, quant à elle, sur la de cet EHU, dont l’ouverture remonte à 2004, cifiques tels que les maladies cardiovasculaires navette.
télémanipulation (via un bras robotique) offrant une très grande a indiqué le directeur lors de sa présentation et autres et ne peut en aucun cas recevoir des Celui-ci pourrait finalement
précision au chirurgien avec une incision de l’ordre de deux des activités ayant caractérisé cet établissement malades qui se présentent de leur propre chef. intervenir vers la fin février,
centimètres tout au plus, contre 30 cm pour l’endoscopie classique. ces six dernières années. A propos de l’IRM, ce A. Belkedrouci au plus tôt.
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El Watan - Samedi 8 janvier 2011- 27

SPORTS

ERIC GERETS. Entraîneur du Maroc ESS

«Remporter la double La piste


confrontation contre l’Algérie» Thyssen
L’équipe nationale est ren-
trée d’Irlande du Nord (…)
avez souhaité qu’il se décide
avant la fin de l’année 2010 ?
réactivée
e Belge Jean Thissen pourrait être le prochain entraî-
il y a eu cette erreur dé-
fensive qui a amené le but
de l’égalisation, est-ce que
la défense de l’équipe natio-
Je n’avais pas fixé de date à
Nacer Chadli pour faire son
choix. J’avais juste dit au joueur
qu’il devait prendre sa décision
L neur de l’Entente de Sétif (ESS). Cette piste aurait été
réactivée ces deux derniers jours par des dirigeants du
club des Haut-Plateaux. L’ancien joueur des Diables rouges
de Belgique et du Standard de Liège a entraîné plusieurs
nale ne vous inquiète pas ? pour être en paix avec lui-même clubs et sélections en Afrique. Il a même fait un passage en
Je ne suis pas mécontent de la et pour que les sélections de Algérie à la tête du MC Alger en 2008, après le départ de
prestation de ma défense. Au Belgique et du Maroc soient Fabro. Le Belge n’est pas resté longtemps à la tête du
contraire, j’ai été satisfait, même fixées. Evidemment, j’espère Doyen. Une source belge indique que l’intéressé a reçu une
si on a commis cette erreur à qu’il va choisir le Maroc, parce invitation de l’ESS et qu’il a déjà sollicité un visa auprès de
la fin de la rencontre. Je suis que pour son premier match l’ambassade d’Algérie à Bruxelles. Il voyagera en Algérie
également content de mon entre- joué avec nous contre l’Irlande lorsqu’il recevra le pré-contrat que doit lui transmettre la di-
jeu et de mon attaque. L’équipe du Nord son rendement était très rection de Sétif. Les deux parties se seraient mises d’accord
nationale a livré un bon match très bon. Sauf accident, Chadli autour d’un salaire avoisinant les 15 000 euros.
et méritait largement de gagner. figurera aussi sur la liste des Y. O.
Il y a eu, c’est vrai, cette erreur présélectionnés et probablement
en fin de rencontre, mais l’ar- dans la liste des 18 qui seront
bitre a commis auparavant une retenus pour affronter en match USM ALGER
erreur d’inattention en sifflant amical la Libye.
un penalty. Ce sont des choses
qui arrivent en football. Je sais
bien qu’il y a toujours des cho-
Que répondez-vous à
Abdelhak Benchikha qui a dé-
claré que l’Algérie va gagner
Hervé Renard
ses à améliorer sinon je n’ai rien ses quatre matchs restants
dans les éliminatoires de la pisté
PHOTOS : D. R.

à faire ici. J’ai été également


agréablement surpris par l’envie CAN, y compris sa double
de gagner et la détermination confrontation avec le Maroc
ervé Renard sera-t-il le futur entraîneur de l’USM
montrée par mes joueurs qui
ont tiré un trait sur le passé et
forfait contre l’Algérie…
Pour le moment, ce qui est im-
retour de Chrétien Basser, donc
on va être plus forts sur le côté
en mars et juin prochains ?
Que voulez-vous qu’il dise H Alger ? Selon une source proche du coach français, «le
contact est noué avec l’USM Alger depuis quelques jours».
veulent tous prendre un nouveau portant, c’est que la charnière droit. Si sur le côté gauche, on a d’autre ? L’Algérie a perdu pas
mal de points. Je pense que c’est Une invitation serait déjà partie d’Alger. Le technicien
départ en sélection. centrale m’a donné une grande un problème, on va le résoudre. français ne serait pas contre l’idée de travailler en Algérie,
Vous allez quand même satisfaction. Celui qui veut bâtir Est-ce que vous avez déjà bien de sa part de vouloir gagner
indique la même source. Il pourrait se déplacer à Alger dans
rencontrer un problème au une maison doit s’assurer que un système de jeu établi ou ses quatre matchs, parce que moi
les prochains jours pour discuter avec les dirigeants usmistes
niveau de la défense, puis- les fondations sont en bon état. allez-vous l’adapter aux aussi je pense exactement de la
et visiter les installations. Le projet lui plaît, il pourrait s’en-
que Chakib Benzoukane est Dans ce secteur, tout va bien. nombreux talents qui exis- même façon. Moi, je veux ga-
gager avec l’USMA si les deux parties trouvent un terrain
blessé et sera probablement On va également enregistrer le tent en équipe nationale ? gner même les matchs d’entraî- d’entente sur le plan pécuniaire.
On va jouer sur nos qualités. Ça nement. On va faire l’impossible En Angola, son dernier poste, Hervé Renard s’était engagé
MONDIAL 2022 serait bête si un entraîneur ve-
nait avec une philosophie de jeu
pour gagner contre l’Algérie
chez elle. Imaginez qu’on gagne
avec la Fédération angolaise pour un salaire de 35 000 euros
mensuels... qu’il n’a pas toujours perçu à temps. Ce qui a
et n’avait pas les joueurs qu’il cette double confrontation, ce
BLATTER «S’ATTEND» À CE QUE faut pour la mettre en place. J’ai sera une grande fête au Maroc.
entraîné son départ d’Angola. Y. O.

LE MONDIAL SE JOUE EN HIVER joué contre l’Irlande du Nord


sans numéro 10, mais avec deux
L’équipe nationale va-t-elle
faire une préparation spéciale
Le président de la FIFA, Joseph Blatter, a déclaré vendredi pour la numéros 8, puisque Boussoufa
était blessé. Contre la Libye, je
avant d’affronter les Fennecs ?
La préparation de ce match se
MCA
première fois qu’il s’«attendait» à ce que la Coupe du monde 2022
au Qatar se déroule en hiver plutôt qu’en juin-juillet, comme
d’habitude. «Je m’attends à ce qu’elle (la Coupe du monde, ndlr) se
déroule en hiver, parce que quand vous jouez au football, vous
ne vais pas tout changer, mais je
dois modifier quelques détails.
Vous ne confirmez donc
déroulera à huis clos parce que
je ne vais pas montrer ce que j’ai
en tête à la télévision. Je suppose
Le Club Africain
devez protéger les principaux acteurs, les joueurs», a déclaré le
président de la FIFA à Doha au Qatar, où débute vendredi la Coupe
pas que Carcela sera re-
tenu contre la Libye ?
que mon confrère algérien va
procéder de la même manière.
veut Mokdad
Bien évidemment, mais on doit Est-ce que votre objectif e Mouloudéen Abdelmalek Mokdad est dans le viseur
d’Asie des nations (jusqu’au 29 janvier). La chaleur est l’une des
principales interrogations qui entoure le choix controversé du Qatar
pour l’accueil du Mondial 2022, les températures pouvant y
suivre un peu la forme du joueur
parce que je ne vais pas appeler
reste toujours de gagner la
Coupe d’Afrique des Nations ?
L du Club Africain (Tunisie). Les responsables du club
tunisois ont sollicité l’agent du joueur pour son éventuel
dépasser les 40° en été. M. Blatter avait déjà lancé cette idée au quelqu’un qui ne joue pas ou qui Bien sûr. Dans ma vie de foot- transfert en Tunisie. Les prestations du joueur lors des
mois de décembre. Le président de l’UEFA, Michel Platini, s’était n’est pas en forme. balleur, j’ai toujours joué pour matches aller et retour de la finale de la coupe de l’UNAF
également prononcé pour une «réflexion globale» sur une Que pensez-vous du cas de gagner. J’ai une grande motiva- ont convaincu les dirigeants tunisiens sur la valeur du
éventuelle organisation du Mondial 2022 au Qatar en janvier, Chadli qui a demandé un dé- tion. Si on se qualifie et avec une joueur mouloudéen.
plutôt qu’en juin ou juillet. Le sélectionneur allemand, Joachim Löw, lai supplémentaire pour réflé- bonne préparation, on a un bon Sauf retournement de situation, Abdelmalek Mokdad de-
et Franz Beckenbauer, membre exécutif de la FIFA, s’étaient chir avant de prendre sa déci- coup à jouer. vrait rejoindre le Club Africain dans les prochains jours.
également déclarés favorables à cette idée. AFP sion définitive, alors que vous In Le Matin (Maroc) Y. O.

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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Samedi 8 janvier 2011


COMMENTAIRE

Que fera
Bouteflika ? Par Omar Belhouchet
es Algériens sont mécontents et le font savoir.

L Toutes ces dernières années, les signes annon-


ciateurs se sont multipliés : boycott massif des
élections législatives et de l’élection présiden-
tielle de 2009 qui a consacré une totale rupture entre le
pouvoir et les citoyens, un taux de chômage très élevé
chez les jeunes, un pouvoir d’achat qui stagne, rogné par
une inflation non maîtrisée...
A ce climat social très tendu se greffe une vie politique
totalement bloquée et surtout minée par les rumeurs et
manœuvres autour d’une éventuelle élection présiden-
tielle anticipée. Le président Bouteflika n’est plus l’hom-
me politique qu’on avait connu à ses débuts, tonitruant,
pesant de tout son poids sur la vie politique, discourant à
longueur de journées... L’homme est aujourd’hui totale-
IL ARRIVE DEMAIN ment effacé ; est-il gravement malade ? Son état de santé
réel est un secret bien gardé. Les Algériens sont, de ce
fait, inquiets et s’interrogent.

Le ministre canadien Les affaires de corruption dévoilées par la justice – qui


mettent en jeu des sommes colossales, touchent y com-
pris l’entreprise publique Sonatrach, l’un des grands
symboles de la stabilité du pays –, les prétentions réelles

des AE en visite en Algérie


Montréal (Canada) blicains américains et sur celle dollars d’exportations vers l’Al-
ou supposées de Saïd Bouteflika à vouloir «hériter» de
son frère aîné la magistrature suprême, alors qu’il n’a
ni son charisme ni ses dons de tribun, ajoutent au mé-
contentement généralisé. L’Algérie est depuis quelque
De notre correspondant du gouvernement israélien, gérie et 3,8 milliards de dollars temps déjà installée sur un volcan. La flambée des prix
l’image de ce pays a radicale- d’importations en provenance de certains produits essentiels à la consommation des
awrence Cannon, minis- ment changé sur la scène di- de ce pays». «L’Algérie était, en ménages n’a été qu’un détonateur. Grâce aux réserves

L tre canadien des Affaires


étrangères, doit effectuer
plomatique internationale à tel
point qu’il n’a pas pu avoir une
2009, la plus importante source
d’importation du Canada en
en devises du pays, évaluées à 160 milliards de dollars,
le pouvoir a voulu s’assurer une crédibilité auprès des
milieux financiers internationaux et se doter d’une mar-
PHOTO : DR

une visite officielle en Algérie place au Conseil de sécurité de Afrique, et sa 10e source d’im-
du dimanche 9 au 11 du mois l’ONU lors des derniers chan- portation dans le monde. Ce- ge de sécurité en cas de forte baisse du prix du pétrole,
en cours, a appris El Watan. pendant, l’Algérie ne constitue comme en 1986.
gements des membres non-per-
Cette visite est la première du Lawrence Cannon, ministre pas un important marché d’ex- Le calcul des autorités n’a pas tenu compte des attentes
manents. Cette visite permettra
genre d’un officiel canadien de canadien des Affaires étrangères de la population. La jeunesse se sent exclue du partage
aussi aux hommes d’affaires portation pour le Canada. En
de cette richesse ; le sentiment de frustration et de colère
ce rang, après celle, en 2006, Medelci. Visite éminemment canadiens qui font partie de 2009, elle était son 45e marché
de l’ancienne gouverneure gé- est d’autant plus fort.
politique, elle permettra, selon l’alliance d’affaires Canada- d’exportation dans le monde et
nérale du Canada, Michaelle Les jeunes vivant dans les quartiers populaires, s’entas-
le langage diplomatique d’usa- Algérie de venir préparer une son troisième marché d’expor-
Jean. Plusieurs collaborateurs sant dans des logis d’un autre âge, ont définitivement
ge, de passer en revue toutes les future mission de l’alliance en tation en Afrique, après l’Afri-
perdu tout espoir…
du ministre canadien feront par- questions d’intérêt commun. Algérie, et ce, bien que le dé- que du Sud et le Maroc.»
Est-ce l’avènement d’un nouvel Octobre 1988 ? La
tie du voyage. Bien que le pro- Lawrence Cannon s’envolera placement du ministre Cannon Les émeutes qui embrasent l’Al-
crainte est de voir l’embrasement s’installer dans la du-
gramme de cette visite n’ait pas après pour Doha, au Qatar, où se soit fait sans eux. Selon un gérie ne semblent pas perturber
rée. Y a-t-il eu de la manipulation pour faire sortir les
été dévoilé, il est fort probable il prendra part à une réunion rapport parlementaire canadien, ce projet de visite décidé il y a
jeunes dans la rue ? Probablement que les luttes de clans,
qu’il sera reçu par le Président multilatérale. Depuis l’arrivée «en 2009, le commerce bilatéral quelques semaines. Apparem-
perceptibles depuis quelques semaines, ont aggravé le
ou le Premier ministre en plus, des conservateurs au pouvoir au de marchandises entre les deux ment, «un autre chahut de
pourrissement du climat politique.
bien sûr, des entrevues avec son Canada, en 2005, et leur aligne- pays avait atteint 4,1 milliards gamins» n’arrêtera pas la terre Que va faire, à présent, le président de la République ?
homologue algérien Mourad ment sur la politique des Répu- de dollars, soit 352 millions de de tourner ! Samir Ben A-t-il les capacités de reprendre les choses en main ?
BOUIRA Il est de sa responsabilité directe et de celle des autres
décideurs du pays de tout entreprendre pour empêcher le
pays de sombrer dans le chaos. L’Algérie a besoin de po-
UN JEUNE ENTREPRENEUR KIDNAPPÉ À M’CHEDALLAH litiques fondées sur le respect du citoyen et des libertés
■ Un jeune entrepreneur, âgé d’une Concernant les auteurs du kidnap- dant, d’autres sources avancent que et d’une démarche économique audacieuse, qui favorise
trentaine d’années, a été enlevé, ping, on ignore encore s’il s’agit d’un les kidnappeurs auraient appelé la fa- la création d’emplois.
dans la nuit du jeudi 6 janvier, près groupe terroriste ou de bandits. Son mille de la victime pour leur expliquer L’autoritarisme a fait son temps, les dirigeants de notre
de son domicile dans la commune véhicule a été retrouvé, hier, près du qu’ils ont besoin d’argent sans pour pays sont tenus de tirer les leçons de ce que nous vivons.
de M’chedallah, située à une quaran- village de Semmache, au nord de la autant fixer la somme à payer. Au mo- Sinon, le pire est à craindre.
taine de kilomètres à l’est de Bouira. commune d’Al Adjiba, a-t-on appris. ment où nous mettons sous presse,
L’entrepreneur a été kidnappé vers Aucune rançon n’a été demandée par aucune nouvelle information n’a filtré
20h, à en croire certaines sources. les ravisseurs jusqu’à présent. Cepen- à ce sujet. COMMENT JOINDRE EL WATAN
Rédaction centrale Rédaction de l’édition
POINT ZÉRO Maison de la presse Tahar Djaout du week-end
1, rue Bachir Attar 16016 weekend@elwatan.com

La règle du feu Par Chawki Amari


Place du 1er Mai. Alger
Tel : 021 68 21 83/84/85
Fax : 021 68 21 87
Rédaction sportive
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u quatrième jour d’émeute, le régime commence à sortir qui sont en train de mettre le pays à feu et à sang. Quel est ce

A de son silence et à admettre qu’il y a quelque chose qui


ne va pas dans le pays, terre pourtant prospère où l’in-
flation a officiellement été ramenée à 5% et le chômage à 10,
lobby capable de faire sortir dans la rue tout un pays ? L’hono-
rable officiel ne le dit pas, tout comme Hachemi Djiar, ministre,
qui parle de «manipulation». Mais devant l’embrasement gé-
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Administration
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Contributions - Idées-Débat
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selon les récents chiffres de Ouyahia. En mode vibreur pendant néral, tout le monde commence à se poser des questions, à tort Supplément Economie
deux jours, il a donné dans un premier temps ordre aux médias ou à raison, sur une colère spontanée ou un coup de main pour Rédaction nationale du journal suppeco@el watan.com
lourds d’expliquer cette révolte qui touche pas moins de 20 pousser les jeunes dans la rue. Seul réconfort, le régime, pour
nationale@elwatan.com
villes du pays par des «casseurs isolés», des espèces de Wisi- l’instant, n’a pas encore osé parler de la main de l’étranger, ce Archives et documentation
goths sortis de nulle part pour en finir avec l’Algérie. Peu après, qui constitue indéniablement un gros progrès. En tout état de Tel : 021 68 21 83/84/85
il a sommé l’APS, agence officielle gouvernementale, d’admet- cause, la révolte est là et au vu des conditions socioéconomi- Fax : 021 68 21 88 documentation@elwatan.com
tre des «mouvements de protestation», pesant soigneusement ques, du coût de la vie et de la fermeture de tous les canaux Rédaction Web (elwatan.com) Service Publicité
ses mots, comme un kilo de farine. Entre temps, le Premier d’expression de débat, l’Algérie n’a besoin de personne pour
ministre, premier concerné et patron du RND par ailleurs, était s’énerver. Que va-t-il se passer ? Personne ne le sait vraiment, redactionweb@elwatan.com pub@elwatan.com
trop occupé à compter ses réserves de change et c’est Seddik la situation est devenue incontrôlable. Mais ceux qui ont ruiné Tél : 021 67 23 54
Rédaction des bureaux régionaux Tél : 021 67 17 62
Chiheb, vice-président du RND à l’APN, qui a parlé. Pour lui, ce ce pays doivent partir ou s’amender, arrêter le sucre ou boire
sont des lobbys qui ont fait ça. Ce ne sont donc plus des cas- de l’huile bouillante en public, qu’ils soient du clan Bouteflika, region@elwatan.com Fax : 021 67 19 88
seurs isolés ou des protestataires, mais des groupes d’intérêt Toufik ou cheb Tchoutchou.

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