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ET
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HEPATITES VIRALES
Jean-Pierre Vinel
b- phase d'état:
Il en existe trois formes principales :
hépatite ictérique :
L'asthénie persiste, la fièvre disparaît et après 5 à 7 jours, apparaît un ictère cutanéo-muqueux,
parfois associé à un prurit. C'est un ictère cholestatique comme en témoignent les urines foncées
et, s'il est très intense, les selles décolorées.
L'examen clinique est assez pauvre, notant parfois une hépatomégalie mousse, sensible liée à la
cholestase, et/ou une splénomégalie.
La biologie montre :
• une cytolyse dominant sur les ALT qui sont très élevées (50 à plus de 100 fois la
normale). Il n'y a aucune relation entre l'importance du taux des transaminases et le
pronostic.
• une cholestase, associant élévation de la bilirubine à prédominance directe, des
phosphatases alcalines et des gamma-GT.
• à la formule numération, une neutropénie est fréquente.
Parfois, la cholestase devient prédominante : la cytolyse diminue mais l'ictère s'intensifie. On
parle alors d'hépatite cholestatique. Cette forme peut simuler une rétention extra-hépatique et il
peut être nécessaire de vérifier la vacuité des voies biliaires par écho-endoscopie. La guérison est
souvent plus lente que dans les autres formes (3 à 4 mois).
- Hépatite anictérique :
C'est en fait la forme la plus fréquente (90% en moyenne), et d'autant plus que le patient est plus
jeune. Dans ces conditions, le plus souvent, le diagnostic n'est pas fait, à moins qu'un bilan
biologique soit demandé et trouve une cytolyse hépatique importante.
- Hépatite fulminante :
Elle évolue en quelques jours (hépatite fulminante) ou quelques semaines (hépatite
subfulminante) vers l'insuffisance hépato-cellulaire avec chute du taux de prothrombine, plus
particulièrement du facteur V, et apparition de signes d'encéphalopathie hépatique. En l'absence
de transplantation hépatique, la mortalité est de 50% à 90%, selon l'étiologie. En cas de guérison
spontanée, le foie régénère et il n'y a aucune séquelle.
Cette forme très rare (1/1000 formes ictériques) justifie par sa gravité la surveillance
systématique de l'état de conscience et du TP toutes les semaines, au cours de toute hépatite
cytolytique.
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c- évolution :
Elle se fait le plus souvent spontanément vers la guérison en 3 à 4 semaines. La guérison est
affirmée par :
• la normalisation des paramètres du bilan hépatique
• l'apparition de marqueurs viraux spécifiques.
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l'absence de cirrhose constituée.
a- La stéato-hépatite non alcoolique (ou NASH pour Non Alcoholic Steato Hepatitis) :
C'est probablement à l'heure actuelle dans les pays occidentaux, la cause principale
d'augmentation des transaminases. Dans la majorité des cas, l'affection est totalement
asymptomatique et découverte fortuitement à l'occasion d'un bilan biologique. Les perturbations
biologiques associent :
• une augmentation de la GGT, tandis que les autres éléments du syndrome
biologique de cholestase restent normaux. Cette anomalie peut être isolée.
• une cytolyse modérée (< 5 N) prédominant sur l'ALT.
Si une biopsie hépatique est faite, elle trouve des lésions similaires à celles de l'hépatite
alcoolique.
Le diagnostic est évoqué par le contexte de surpoids, de dyslipidémie (hypercholestérolémie et/ou
hypertriglycéridémie), et/ou de diabète.
Dans 10% des cas environ, l'évolution se fait vers la constitution d'une cirrhose.
Le traitement repose sur des prescriptions hygiéno-diététiques, le traitement du diabète et/ou des
anomalies lipidiques.
b- médicaments :
Beaucoup de molécules sont susceptibles d'être à l'origine d'une hépatite cytolytique ou
cholestatique, dont l'origine peut être immuno-allergique (halothane) ou toxique directe
(paracétamol). Le diagnostic repose exclusivement sur l'interrogatoire ; le traitement sur l'arrêt du
produit incriminé ou simplement suspect.
Cette toxicité potentielle de nombreux médicaments, conduit à contre-indiquer toute molécule
non strictement indispensable, chez un patient porteur d'une hépatite quelle qu'en soit l'étiologie.
c- toxiques :
industriels (solvants tels le trichloréthylène) ou non (amanite phalloïde).
d- ischémie hépatique :
telle qu'on l'observe dans le « coup de chaleur », lors de chocs de toutes causes, d'insuffisance
cardiaque droite ou de syndrome de Budd-Chiari aigu. La cytolyse est caractérisée par :
• une augmentation inhabituellement importante des transaminases (5 000
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à 10 000 unités)
• une AST supérieure à l'ALT.
e- hépatites auto-immunes :
Elles ont une présentation clinique très proche des hépatites virales, avec des formes aiguës
cytolytiques ou cholestatiques; des formes chroniques et une évolution rapide vers la cirrhose en
l'absence de traitement. Les éléments évocateurs du diagnostic sont :
• une prédominance féminine
• une hypergammablobulinémie importante (souvent > 25 g/l)
• d'autres manifestations auto-immunes associées (dysthyroïdie, diabète...) avec
souvent un contexte familial
• la présence d'auto-anticorps anti-muscle lisse et/ou anti-nucléaires (hépatites de
type 1) ou d'auto-anticorps anti-réticulum endoplasmique lisse (ou LKM1)
(hépatites de type 2) ou encore anti-SLA (Soluble Liver Antigen) (hépatite de
type 3).
Le traitement repose sur les corticoïdes généralement associés à l'azathioprine (Imurel®
2- autres causes :
• Maladie de Wilson, dont une hépatite cytolytique aiguë peut être une forme de
début
• déficit en alpha1 anti-trypsine
• hépatite radique
• parasitoses
De nombreux virus peuvent être la cause d'un hépatite. On peut les classer en trois
catégories :
• virus exotiques: fièvre jaune, fièvre de Lhassa, fièvre Ebola...
• virus banaux où l'atteint hépatique est habituellement contingente : virus
Epstein Barr (mononucléose infectieuse), cytomégalovirus, Herpes Simplex,
certains adénovirus et paramyxovirus...
• virus « alphabétiques », plus particulièrement hépatotropes : A, B, C, D et E (cf
tableau 1)
a- épidémiologie :
La contamination se fait par voie oro-fécale. On distingue 3 grands schémas
épidémiologiques :
• pays à niveau d'hygiène faible : le contage se fait le plus souvent dans l'enfance,
la maladie est asymptomatique et plus de 80% des adultes sont immunisés
• pays à niveau intermédiaire : la contamination est moins générale et plus
tardive ; de ce fait de grandes épidémies sont possibles
• pays à niveau d'hygiène élevé. En France en 1978, 50% des appelés au service
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militaire étaient immunisés ; en 1990, ils n'étaient plus que 21%. Les
circonstances de contagion peuvent être : locales à l'occasion de mini-
épidémies dans des collectivités, ou lors de voyages dans des pays à niveau
d'hygiène insuffisant. Le contage est plus tardif et la maladie plus souvent
symptomatique.
b- caractéristiques cliniques :
Le virus de l'hépatite A peut être responsable d'hépatites aiguës ou exceptionnellement
fulminantes. Il n'y a jamais de forme chronique.
Plus le contage est tardif, plus la proportion de formes symptomatiques ictériques est forte.
Dans l'ensemble, c'est une maladie bénigne, guérissant en 3 à 4 semaines.
c- marqueurs viraux :
Deux sont utilisés :
• l'IgM anti HA qui témoigne d'une infection active
• l'IgG anti HA, dont la présence signe un contage ancien avec le virus.
d- traitement :
- Curatif :
Il n'y a pas de traitement spécifique des hépatites aiguës A. On doit recommander :
• le repos
• d'éviter l'alcool et tous les médicaments non indispensables
jusqu'à la guérison.
Aucun régime alimentaire n'a fait la preuve d'une quelconque efficacité.
- Préventif
• non-spécifique: hygiène. Dans les pays à risque, proscrire la consommation
d'eau qui ne soit pas bouillie ou en bouteille capsulée, de fruits non pelés, de
crudités....
• spécifique: vaccination par virus inactivé (2 doses à 15 jours ou 1 mois
d'intervalle et rappel entre 6 et 12 mois). Elle s'adresse aux sujets exposés par
leur profession (personnels de crèches, de restauration, du traitement des eaux
usées...), aux adultes non immunisés (IgG anti HA négative) devant séjourner
en zone d'endémie ou exposés à un risque particulier (handicapés vivant en
établissements spécialisés, hémophiles, toxicomanes...).
b- caractéristiques cliniques :
Elles sont similaires à celles de l'hépatite A. Au cours d'épidémies dans des pays pauvres,
on a constaté des taux d'hépatites fulminantes de près de 20% chez des femmes au troisième
trimestre d'une grossesse. Mais d'autres facteurs (notamment la malnutrition) pourraient jouer un
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rôle.
c- marqueurs virologiques :
On peut rechercher le virus par PCR dans le sang et surtout dans les selles, pendant les 4
premières semaines de la maladie. Les anticorps anti-VHE, de type IgM et IgG, peuvent être
recherchés.
d- traitement
- curatif :
Il est identique à celui de l'hépatite A.
- préventif :
Il n'existe pas à ce jour de vaccin contre l'hépatite E. Les règles d'hygiène sont les mêmes que
pour la prévention non spécifique de l'hépatite A.
4-3- Hépatite B :
a- épidémiologie :
Elle est conditionnée par 4 caractéristiques :
• la virémie est prolongée du fait de l'existence de formes chroniques
• le nombre de particules virales circulantes est élevé
• le virus est présent dans tous les liquides biologiques
• le virus est très résistant, pouvant survivre plusieurs années à température
ambiante.
b- caractéristiques cliniques :
Les hépatites aiguës B n'ont pas de caractère distinctif. Chez l'adulte, dans 90% des cas la
maladie guérit et dans 10% des cas elle devient chronique. Chez le nouveau-né après contage
vertical, ces proportions sont inversées avec un passage à la chronicité dans 90% des cas.
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c- marqueurs virologiques :
Outre la PCR qui permet de rechercher et de quantifier la virémie, ils sont de 3 types
(tableau 2) :
• AgHBs : antigène de surface. Il est toujours présent en cas d'infection active.
L'anticorps anti-HBs est neutralisant. Sa présence affirme la guérison totale et
définitive de la maladie virale. L'Ag Hbs de synthèse est utilisé pour la
vaccination.
• Ag Hbc (pour Core) : il n'est jamais décelé dans le sang. Il suscite dès le début
de la maladie la formation d'anticorps spécifiques, de type IgM à la phase aiguë
puis IgG caractéristiques de la phase chronique.
• Ag Hbe et son anticorps. Il est considéré comme un marqueur de réplication. La
séro-conversion AgHBe-Ac antiHBe est le premier signe de guérison. Mais il
est moins fiable que la PCR. Ainsi il existe des mutants dont l'infection
pourtant active s'accompagne d'une négativité de l'Ag Hbe et d'une positivité de
l'Ac antiHBe (mutant pré-C, soit environ 10% des hépatites chronique B). Une
situation similaire est observée en cas de surinfection par le virus de l'hépatite
D.
d- traitement :
- curatif :
Il repose sur l'interféron alpha injectable, la lamivudine ou l'adéfovir ou le ténofovir (per os).
- préventif :
• non-spécifique : il repose sur le dépistage systématique de marqueurs
d'infection virale lors de don de sang, les règles d'hygiène, les campagnes
d'information des toxicomanes, l'usage de préservatifs chez les sujets à
partenaires sexuels multiples...
• spécifiques :
o immunisation passive : l'administration d'immunoglobulines spécifiques
anti-HBs est indiquée chez le nouveau-né de mère AgHBs positive, en
cas de blessure ou piqûre accidentelle chez les personnes non
immunisées. Elle doit dans tous les cas être associée à la vaccination.
o vaccination (deux injections à 1 mois d'intervalle puis à 6 mois, avec
rappel tous les 5 à 10 ans) : elle est recommandée chez le nourrisson, et
obligatoire chez les personnels de santé. Elle doit être proposée à tous
les sujets ayant des comportements à risque. Elle est contre-indiquée en
cas de sclérose en plaques et de réaction allergique après la première
injection.
4-4 Hépatite D :
Le virus Delta est un virus défectif, qui utilise l'enveloppe du virus de l'hépatite B : une infection
Delta n'est possible que si l'Ag Hbs est positif. L'épidémiologie de l'hépatite D est donc la même
que celle de l'hépatite B. En France, elle est presque exclusivement observée chez les
toxicomanes.
On décrit des :
• co-infections B-Delta : l'hépatite aiguë est plus sévère et le passage à la
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chronicité plus fréquent (environ 20%)
• sur-infections B-Delta : le contage Delta a lieu chez un porteur chronique de
l'Ag Hbs. Le risque d'évolution vers la cirrhose est accru.
Le traitement est le même que pour l'hépatite B :
• le traitement curatif est moins efficace en cas d'infection B+D
• le traitement préventif contre l'hépatite B protège contre l'hépatite Delta.
4-5- Hépatite C :
a- épidémiologie :
Elle est conditionnée par 3 caractéristiques :
• virémie très prolongée
• grande résistance du virus
• nombre de particules virales circulantes faibles
• le virus n'est généralement retrouvé que dans le sang
b- caractéristiques cliniques :
Les hépatites aiguës symptomatiques sont exceptionnelles. Plus de 80% des patients
développent une hépatite chronique. On considère schématiquement que :
• 30% développeront une cirrhose après une moyenne de 25 ans d'évolution
• l'incidence du carcinome hépato-cellulaire est de 4% à 5% par an chez les
patients cirrhotiques.
L'évolution vers la cirrhose est d'autant plus fréquente et rapide que :
• le patient est de sexe masculin
• le contage est tardif
• la maladie virale est associée à une consommation d'alcool régulière.
c-marqueurs viraux :
Les patients porteurs d'une hépatite chronique C évolutive ou guéris de l'hépatite ont des
anticorps antiVHC positifs. La présence d'une réplication virale active est attestée par la PCR et
est systématiquement recherchée en cas de sérologie positive.
.En présence d'une élévation inexpliquée des transaminases, une sérologie VHC positive
(contrôlée sur un deuxième prélèvement) suffit pour porter un diagnostic d'hépatite chronique C.
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La co-existence de transaminases normales et d'une sérologie VHC positive, doit faire réaliser
une PCR :
• soit elle est négative : il s'agit d'un patient qui a guéri d'une hépatite C (20% des
cas environ)
• soit elle est positive : c'est une hépatite C à transaminases normales. Cet état
coïncide habituellement avec des lésions hépatiques a minima. Mais le patient
doit être surveillé : les transaminases peuvent augmenter et la maladie devenir
évolutive.
En récapitulatif, en cas de transaminases élevées et de sérologie C positive, il s’agit d’une
hépatite C si la recherche du virus dans le sang par PCR est positive. Par contre si la PCR est
négative il ne s’agit pas d’une hépatite C et il faut rechercher une autre cause à l’élévation des
transaminases.
Il est utile de déterminer le sérotype ou le génotype (plus utilisé en pratique) du virus. Le type 1
(mais aussi les types 4 et 5) est plus résistant au traitement. Il peut également être utile de
déterminer la charge virale. Une charge virale forte de ce virus est un facteur de mauvaise
réponse au traitement.
d- traitement :
- Curatif :
Le traitement est indiqué lorsqu’il existe une augmentation des transaminases et une fibrose
modérée ou sévère (F2, F3 ou F4). L’évaluation de cette fibrose pourra se faire par des tests
indirects sauf en cas de co-morbidité (alcool, obésité) où la biopsies hépatique est utile. La
cirrhose décompensée est une contre-indication au traitement.
Il repose sur l'association d'interféron sous forme pégylée (forme retard administrée par voie
sous-cutanée une fois par semaine à dose adaptée au poids) et de ribavirine.pendant une durée de
6 mois en cas de virus C de génotype 2 ou 3 ; de 1 an pour les autres génotypes. En moyenne, la
guérison (définie par une normalisation des transaminases et une négativation durable de la PCR)
est obtenue dans 50% des cas. En cas d'échec, on observe habituellement une amélioration des
lésions histologiques, l'interféron ayant des actions anti-fibrosantes propres.
Les principaux effets secondaires du traitement sont le syndrome grippal, les céphalées,
l’asthénie, la dépression (risque de suicide), la dysthyroïdie, la chute de cheveux, la neutropénie
et la thrombopénie, pour l’interféron.
La ribavirine entraîne très souvent une anémie hémolytique et surtout elle peut être tératogène
rendant l’utilisation d’une contraception obligatoire pendant la durée du traitement. Cette
précaution s’applique même si c’est l’homme qui est traité.
Pour les génotypes 2 et 3 le traitement sera de 6 mois.
Pour le génotype il sera de 12 mois sauf si la PCR ne se négative pas à 3 mois ou si la virémie de
chute pas de 2 Log.
Dans tous les cas le sevrage de toute boisson alcoolisée devra être obtenu avant de débuter la
traitement.
- Préventif :
Il n'existe pas de vaccin contre l'hépatite C. La prévention repose donc sur le dépistage
systématique chez les donneurs de sang, et les précautions utilisées pour la prévention de
l'hépatite B.
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Tableau 1
Principales caractéristiques
des virus des hépatites
A B C D E
Génome ARN ADN ARN ARN ARN
Famille Picornaviridae Hepadnavirus Flaviviridae viroïde Caliciviridae
Incubation 2 à 6 semaines 1,5 à 6 mois 1 à 3 mois 1,5 à 6 mois 2 à 6 semaines
Hépatite aiguë
symptomatique 10% 10% 5% 20%
Hépatite 1/1000 formes 1/1000 formes
fulminante ictériques ictériques 0 ? 10% 20%
Hépatite
chronique
NON 10% 80% 20% NON
Tableau 2
Sérologie de l'hépatite B
201
Hépatite alcoolique
Jean-Pierre Vinel
L'hépatite alcoolique (HA) est une complication sévère d'un alcoolisme chronique. Elle
survient en moyenne après 5 ans d'alcoolisation et fait suite le plus souvent à une intoxication très
importante.
B- Signes :
Il existe tous les intermédiaires entre des formes asymptomatiques, fréquentes en France,
et des formes sévères, initialement décrites aux Etats Unis associant :
• douleurs de l'hypochondre droit, nausées, fièvre aux environs de 38°, ictère et
hépatomégalie régulière, le plus souvent douloureuse à la palpation. L'examen peut aussi
noter des signes d'alcoolisation chronique : parotidose bilatérale, couperose, conjonctive
injectées, trémulations des extrémités.
• hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, augmentation modérée des transaminases
(moins de 10 fois la valeur supérieure de la normale) prédominant sur les AST,
hyperbilirubinémie à prédominance conjuguée ; stigmates d'alcoolisation : augmentation
des GGT souvent très importante (jusqu'à 20 fois la normale) et macrocytose. Dans les
formes les plus sévères, le taux de prothrombine peut être abaissé.
• Il n'y a pas de signe évocateur d'HA aux examens d'imagerie. Mais les examens
complémentaires peuvent être utiles pour éliminer une autre affection : lithiase biliaire
compliquée, abcès du foie, tumeur tissulaire ou kystique hémorragique ou infectée, plus
rarement pneumopathie de la base droite... . En cas de doute, une biopsie hépatique,
éventuellement par voie transjugulaire en cas d'insuffisance hépato-cellulaire, peut
confirmer le diagnostic mais elle est rarement nécessaire.
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Les formes asymptomatiques sont le plus souvent découvertes à l'occasion d'un bilan
biologique. L'association de signes d'alcoolisation (augmentation des GGT et macrocytose) à une
cytolyse modérée prédominant sur l'AST est très évocatrice d'HA. Parfois encore ces formes sont
révélées par une biopsie hépatique quel que soit son motif.
C- Traitement :
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DIAGNOSTIC D’UN ICTERE CHOLESTATIQUE
Jean-Pierre Vinel
L’ictère est défini par une coloration jaune des téguments et des muqueuses, liée à une
augmentation du taux de bilirubine plasmatique. L’ictère cholestatique est lié à un trouble
de la formation ou de la sécrétion de la bile. Pratiquement toutes les maladies du foie et des
voies biliaires peuvent s’accompagner d’un ictère. On peut distinguer : 1- des ictères par
obstruction des voies biliaires (dits “ extra-hépatiques ”) qui sont habituellement dilatées, dont le
traitement repose sur la levée la plus rapide possible de l’obstacle ; 2 - des ictères liés à une
maladie des hépatocytes et/ou des petits canaux biliaires intra-hépatiques. Les éléments clés du
diagnostic sont : l’interrogatoire et l’examen clinique, les tests biologiques et l’échographie
hépatique.
1 - Rappel du métabolisme de la bilirubine :
Les étapes principales du métabolisme de la bilirubine sont résumées dans la figure 1.
Les deux causes les plus fréquentes d’ictère à bilirubine indirecte sont :
- la maladie de Gilbert, liée à un déficit partiel en glycuronyl-transférase, de transmission
autosomique dominante. C’est une anomalie fréquente (environ 2% de la population) et bénigne où
l’ictère n’est jamais intense.
- les hémolyses, où l’ictère s’accompagne d’une anémie et/ou d’une hyper-réticulocytose.
3 - Diagnostic étiologique :
3-1 - Interrogatoire :
Il va rechercher essentiellement :
1- facteurs de terrain :
- profession exposée à la transmission d’agent pathogènes
- grossesse en cours
- cholécystectomie
- néoplasie digestive ou non
- transfusion sanguine
204
- hépatite virale
- consommation abusive d’alcool
- infection VIH…
3-4-1- transaminases :
- > 20 N : recherche d’une hépatite cytolytique virale, médicamenteuse ou toxique
- modérément augmentées :
• ALT > AST : cas habituel sans signification particulière
• AST > ALT : hépatite alcoolique
205
3-4-4 - Electrophorèse des protéines :
Une hypergammaglobulinémie polyclonale fait évoquer une hépatopathie chronique sous-jacente.
Le type d’immuno-globuline en cause peut donner une orientation plus précise :
- Ig G des hépatites virales
- Ig A du foie alcoolique
- Ig M de la cirrhose biliaire primitive (CBP).
3-5-1 Echographie :
C’est l’examen de première intention. Elle recherche avant tout une dilatation des voies biliaires
qui signe la nature mécanique de l’ictère et impose la levée de l’obstacle pour éviter l’infection (ou
son aggravation) et à plus long terme la cirrhose biliaire secondaire.
Elle peut être prise en défaut :
- ictère très récent : il faut quelques jours pour que les voies biliaires puissent se dilater
- foie de cirrhose : l’absence d’élasticité du parenchyme ne permet pas la dilatation des voies
biliaires.
L’absence de dilatation des voies biliaires ne permet donc pas d’éliminer formellement un obstacle.
L’échographie peut également préciser l’état du parenchyme hépatique (régulier ou non, tumeur…),
du pancréas, de la vésicule biliaire, la présence d’une ascite, d’une splénomégalie…
- biopsie hépatique :
- par voie trans-pariétale ou trans-jugulaire, pour confirmer si besoin un diagnostic
d’hépatite ou de cirrhose.
- guidée sous échographie ou TDM pour le diagnostic des tumeurs
- TDM ou IRM :
- pathologie tumorale hépatique
- pathologie pancréatique tumorale (cancer, pseudo-kyste) ou inflammatoire (pancréatite
chronique)
- bilan d’extension des processus tumoraux (adénopathies, métastases…)
Un technique particulière, la bili-IRM, permet de visualiser les voies biliaires de façon non
invasive.
206
- écho-endoscopie :
pour explorer :
- la voie biliaire (lithiase, tumeur)
- l’ampoule de Vater et le pancréas
Elle permet de réaliser des biopsies-aspirations dirigées de masses tissulaires pancréatiques.
Examen clinique
Biologie
Bilirubine conjuguée
Bilirubine libre
(directe)
(indirecte)
Echographie
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Erythrocytes Chromoprotéines
Bilirubine indirecte
liée à l’albumine
UDP-glycuronyl-
transférase
Bilirubine
conjuguée
Sécrétion biliaire
BI BC
urines claires foncées
selles normales décolorées
prurit jamais parfois
tests hépatiques normaux perturbés
Tableau 1 : critères différentiels des ictères à bilirubine indirecte (BI) et conjuguée (BC)
208
Bilirubine Indirecte
Hémolyse Ictère
Maladie de gilbert
Bilirubine directe
Hépatites
Cirrhoses
voies
Tumeurs biliaires
bénignes non-dilatées
kystiques
malignes
Causes rares
Cholangiocarcinome
Lithiase
voies
biliaires
dilatées
Cancer du pancréas
Ampullome
vatérien
209
CAT devant un Ictère
CHOLESTASE
ECHOGRAPHIE
TDM
CP-IRM PBF
Echoendoscopie
CPR
Cholestase Cholestase
Calcul hépatocytaire canalaire
Hépatites CBP
Cancers
Cirrhose Cholangite
Adénopathies Maladies de sclérosante
Parasitoses surcharge
Figure 3
210
CIRRHOSES ET LEURS COMPLICATIONS
Jean-Pierre Vinel
La cirrhose constitue l’étape ultime de l’évolution de nombreuses maladies du foie. Elle est
caractérisée par une fibrose cicatricielle, évolutive ou non, qui désorganise l’architecture
lobulaire normale du foie et conduit à la formation de nodules. Le diagnostic de cirrhose est
donc par définition histologique. En fait, la présentation est souvent suffisamment typique pour
qu’une biopsie hépatique ne soit pas nécessaire.
Porter un diagnostic de cirrhose impose :
- de rechercher des complications qui peuvent indiquer un traitement spécifique ou faire
porter une indication de transplantation hépatique
- de mettre en place une surveillance des deux principales complications : les
hémorragies par rupture de varices et le carcinome hépato-cellulaire.
- de faire un diagnostic étiologique pour traiter la cause de la maladie et enrayer son
évolution
1-DIAGNOSTIC POSITIF :
1-1/ Clinique :
1-2/ Biologie :
Le bilan biologique peut être normal, ce qui n’exclut pas le diagnostic de cirrhose. En
l’absence de toute complication, on observe le plu s souvent :
- un syndrome rétentionnel anictérique caractérisé par une élévation modérée des
phosphatases alcalines et des GGT, tandis que la bilirubine reste normale.
- les transaminases peuvent être également augmentées.
- une hypergammaglobulinémie à l’électrophorèse. avec parfois un bloc β−γ
- une augmentation du Volume Globulaire Moyen, qui en présence d’une cirrhose
constituée, ne doit donc pas être considérée comme un signe d’alcoolisme chronique.
- une diminution du taux des plaquettes, témoignant d’un hypersplénisme.
211
1-3/ Examens complémentaires :
Ils sont utiles pour confirmer le diagnostic et rechercher des complications infra-
cliniques :
- la fibroscopie œso-gastro-duodénale peut trouver des signes d’hypertension portale
- l’échographie, la TDM et l’IRM montrent :
o les remaniements morphologiques du foie : aspect bosselé, atrophie,
o des signes d’hypertension portale : circulation collatérale, splénomégalie, lame
d’ascite…
o la présence éventuelle d’un carcinome hépato-cellulaire.
- la biopsie du foie est rarement indispensable. Elle peut être utile au diagnostic
étiologique.
2- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE :
C’est une étape indispensable. Seul le traitement de la cause peut permettre d’enrayer
l’évolution de la maladie hépatique et d’éviter l’apparition de complications.
3 DIAGNOSTIC DE GRAVITE :
Il repose sur la collection de 5 paramètres utilisés pour calculer le score de Child-Pugh
Nombre de points 1 2 3
212
COMPLICATIONS DES CIRRHOSES
1/ INSUFFISANCE HÉPATO-CELLULAIRE :
1-1/ Signes :
- Signes cutanés :
Au cours des hépatopathies chroniques, l’insuffisance hépato-cellulaire peut être suspectée
devant :
- des angiomes stellaires
- une érythrose palmaire, visible au niveau de la loge hypothénar
- des troubles trophiques de la partie inférieure des jambes (dermite ocre)
Aucun de ces signes n’est sensible ni spécifique.
- Ictère :
Il témoigne de l’insuffisance de la fonction biliaire. C’est un ictère cholestatique avec selles
décolorées et urines foncées, parfois associé à du prurit. La bilirubine directe prédomine ; la
gamma-GT et les phosphatases alcalines sont élevées.
Chez un patient porteur d’une cirrhose, avant d’attribuer un ictère à l’insuffisance hépato-
cellulaire, il est nécessaire d’éliminer les autres causes : notamment une infection virale, une
lithiase de la voie biliaire principale ou un cancer (cf chapitre CAT devant un ictère
cholestatique)
- Encéphalopathie hépatique :
a/ Physiopathologie :
La physiopathologie de l’encéphalopathie hépatique reste mal connue. Une hypothèse fait
intervenir un défaut de synthèse d’urée. Il en résulte une augmentation du taux sanguin
d’ammoniaque, substance neuro-toxique. Mais il existe des encéphalopathies sans hyper-
ammoniémie et des hyper-ammoniémies en dehors de toute insuffisance hépato-celllulaire.
b/ Signes cliniques :
Elle associe :
- une odeur caractéristique de l’haleine (fœtor hepaticus), en réalité assez rare
- des signes neurologiques :
- astérixis (ou flapping tremor), relâchement brutal et rapidement corrigé du tonus de
posture.
- rigidité de type extra-pyramidal avec signe de la roue dentée
- plus rarement signe de Babinski bilatéral ou à bascule ou crise comitiale généralisée.
Ces signes témoignent d’une irritation pyramidale, mais il n’y a jamais de signe de localisation.
213
- des troubles de la conscience classés en quatre stades : ralentissement idéo-moteur,
désorientation temporo-spatiale, coma vigile, coma aréactif.
c/ Signes biologiques :
. Le dosage de l’ammoniémie est un examen difficile à réaliser (prélèvement artériel, transport
immédiat dans la glace, jusqu’au laboratoire). Ce test n’est ni sensible, ni spécifique.
d/ Examens complémentaires:
Le tracé retrouve un ralentissement plus ou marqué , avec des ondes delta, mais toujours diffus et
symétrique, ce qui confirme l’origine métabolique des troubles.
Les autres examens (ponction lombaire, TDM ou IRM) sont normaux et donc utiles seulement
pour le diagnostic différentiel.
e/ Diagnostic différentiel :
Il est nécessaire d’éliminer les autres causes de troubles de la conscience : hématomes extra- ou
sous-duraux, méningite, tumeurs, accident vasculaire cérébral …
Chez les patients porteurs d’une cirrhose d’origine alcoolique, le diagnostic peut être très difficile
avec un delirium tremens ou une encéphalopathie alcoolique chronique.
f/ Diagnostic étiologique :
C’est un étape très importante : en dehors de l’insuffisance hépato-cellulaire terminale,
l’encéphalopathie hépatique a habituellement une circonstance déclenchante identifiable :
prescription de sédatifs (même à dose faible), hémorragie digestive, traitement diurétique
inadapté, insuffisance rénale, infection, erreur diététique (excès de protides)…
g/ Traitement :
Il repose sur :
- le régime hypo- voire a-protidique pour limiter l’apport en radicaux NH2, source
d’ammoniaque.
- la prescription
- de lactulose ou de lactitol par voie orale ou rectale
- ou d’un antibiotique non absorbé (type néomycine) qui en détruisant la flore réduit la
production intestinale d’ammoniaque.
- et bien sûr le traitement d’un facteur déclenchant éventuel.
214
2/ HYPER-TENSION PORTALE:
2-1/ Physiopathologie :
L’hypertension portale procède de deux mécanismes :
- une augmentation de la résistance à l’écoulement du sang dans le foie
- et une augmentation du flux artériel splanchnique dont l’association à un débit cardiaque accru
et une résistance vasculaire systémique abaissée, définit le syndrome hyper-cinétique.
Cette hyper-pression dans le système porte suscite le développement de réseaux veineux
collatéraux qui drainent le sang dans le système cave supérieur (varices œso-gastriques tributaires
du système azygos) ou inférieur (varice hémorroïdales). Les collatérales sous-muqueuses peuvent
se rompre, occasionnant des hémorragies digestives.
La cause du syndrome hyper-cinétique n’est pas connue avec exactitude. Plusieurs médiateurs
neuro-humoraux paraissent intervenir. On constate en particulier une augmentation de la
production de catécholamines, de rénine-angiotensine et de vasopressine. Ces substances
vasomotrices augmentent la rétention d’eau et de sel par le rein ce qui conduit à l’apparition
d’œdèmes et d’ascite.
2-2/ Signes :
a/ Clinique :
Le syndrome d’hypertension portale associe dans sa forme complète :
- circulation collatérale, visible au niveau des flancs
- splénomégalie
- ascite (cf chapitre Ascite).
b/ Biologie :
Il n’existe pas de signe biologique spécifique. Mais, habituellement on constate :
- des perturbations du bilan biologique hépatique
- une cytopénie : thrombopénie isolée, bi- ou pancytopénie. Ces anomalies sont liées à
l’hypersplénisme et ne sont qu’exceptionnellement à l’origine de complications.
c/ Endoscopie :
L’endoscopie digestive haute est le moyen le plus simple et le plus fiable de rechercher des
varices au niveau de l’œsophage et de l’estomac, où elles apparaissent sous la forme de cordons
sous-muqueux, généralement de couleur bleutée. L’endoscopie permet en outre d’apprécier la
taille de ces varices, ce qui a un intérêt pronostique : schématiquement, plus une varice est
volumineuse, plus le risque hémorragique est élevé.
Enfin, on décrit des modifications au niveau de la muqueuse gastrique (aspect en mosaïque,
muqueuse purpurique, ectasies vasculaires…) regroupées sous le terme de gastropathie
congestive. Ces anomalies elles mêmes peuvent occasionner des hémorragies.
215
- intra-hépatiques : cirrhose, tumeurs hépatiques, pathologies rares …
- sus-hépatiques : syndrome de Budd-Chiari, péricardite constrictive…
D/ Complications :
Elles sont au nombre de deux :
- ascite (cf chapitre)
- hémorragies
Les hémorragies liées à l’hypertension portale sont responsables du décès d’environ 1/3 des
patients porteurs d’une cirrhose, elles sont léthales dans 1/3 des cas et récidivent chez 2/3 des
survivants.
Elles peuvent s’extérioriser sous forme d’hématémèse et/ou de melœna. Le plus souvent la cause
est une rupture de varices œsophagiennes ou gastriques, plus rarement d’autres localisations
(duodénum, intestin grêle ou colon).
Le traitement comporte :
- la prévention de la première hémorragie chez un patient porteur de grosses varices
œsophagiennes, où l’on sait le risque élevé. Cela justifie la surveillance endoscopique
systématique de tout patient porteur d’une cirrhose. Cette prophylaxie repose sur la prescription
de ß-bloquants non cardio-sélectifs (Avlocardyl® ou Corgard®).
3/ CARCINOME HEPATO-CELLULAIRE :
Comme son nom l’indique, c’est un cancer épithélial développé aux dépens des hépatocytes.
3-1/ Epidémiologie :
- Descriptive :
Il existe une grande inégalité de répartition géographique : le cancer primitif du foie est beaucoup
plus fréquent en Afrique et en Asie (prévalence de 50 à 100 pour 100 000 habitants) qu’en
Europe ou en Amérique du Nord (prévalence < 10 pour 100 000 habitants).
L’âge moyen de survenue est de l’ordre de 35 ans dans les pays de forte incidence, tandis qu’il
est de 60 ans en Europe.
216
- Facteurs de risque :
- le virus de l’hépatite B : la répartition géographique des prévalences pour le cancer et l’hépatite
B est la même. Le génome viral s’intègre dans le génome des hépatocytes.
- le virus de l’hépatite C est également fortement associé au cancer
- autres facteurs :
- cirrhose qu’elle qu’en soit l’étiologie. En France, 90% des carcinomes hépato-cellulaires
surviennent sur cirrhose ; 20% des cirrhoses environ sont compliquées de cancer
- mycotoxines (aflatoxine) contaminant les céréales en Afrique et Asie
- androgènes anabolisants…
- Spécifiques :
L'alpha-fœto-protéine est un des marqueurs tumoraux les plus spécifiques. L'élévation de son
taux plasmatique au dessus de 100 ng/ml est très évocatrice de carcinome hépato-cellulaire.
Néanmoins, environ 25% de ces tumeurs ne s'accompagnent pas d'élévation du taux de l'alpha-
fœto-protéine, et d'autre part ce taux peut être élevé au cours d'affections autres :
- régénération hépatique après hépatectomie ou hépatite fulminante
- tumeurs germinales (dysembryomes testiculaires)
- beaucoup plus rarement : adénocarcinomes gastriques, pancréatiques ou intestinaux.
217
3-5 Diagnostic différentiel :
La découverte d'une masse intra-hépatique doit faire discuter toutes les tumeurs du foie.
L'augmentation du taux d'alpha-fœto-protéine lorsqu'elle est présente, est très précieuse.
En fait, toute tumeur développée sur un foie cirrhotique est, a priori, un carcinome hépato-
cellulaire.
3-6 Pronostic :
La croissance tumorale est de rapidité variable et l'on peut observer des survies prolongées. Mais,
en moyenne, cette survie n'est que de trois mois après le diagnostic. Le décès survient à l'occasion
d'une complication de la cirrhose (insuffisance hépato-cellulaire, hémorragie digestive) ou de la
tumeur (hémopéritoine, abcédation).
3-7 Traitements :
Le seul traitement curateur est la chirurgie. L’exérèse n'est possible que dans environ 5 à 15% des
cas (tumeur petite, uni ou pauci-focale, cirrhose non décompensée). Mais le risque de récidive est
très élevé (près de 100% à 5 ans).
De ce fait, le seul traitement véritablement curateur est la transplantation hépatique, qui n'est
réalisable que dans des cas très sélectionnés.
Les autre moyens thérapeutiques sont l'alcoolisation et la chimio-embolisation. La
chimiothérapie n'a pas à ce jour apporté la preuve de son efficacité.
Enfin, la vaccination contre le virus de l'hépatite B peut être considérée comme un traitement
préventif du carcinome hépato-cellulaire.
218
troubles cutanés
ictère
encéphalopathie
Insuffisance
hépato-cellulaire
Carcinome
Hépato-
cellulaire
Hypertension
Portale
ascite
splénomégalie
circulation
collatérale
Hémorragies
Troubles de la
conscience
Astérixis Fœtor
Hepaticus
Roue
Dentée
219
Syndrome
Hyperkinétique
Tension Débit
Artérielle Cardiaque ↑
Résistance
accrue Flux sanguin
Splanchnique ↑
Hypertension
Portale
Collatérales Splénomégalie
Ascite
Figure 3 : Physiopathologie de l’hypertension portale
Cirrhose
Surveillance
endoscopique
Varices
œsophagiennes
absentes ou petites
Grosses varices
œsophagiennes
ß-bloquants
non cardio-sélectifs
220
Radiofréquence
Exérèse
Transplantation
Chimio-embolisation
artérielle
221
Hémorragie digestive
par rupture de varices
oesophagiennes ou
cardio-tubérositaires
Traitement à la phase
aiguë
Contre-indication
Prévention secondaire des béta-bloquants
par béta-bloquants
Succès Récidive
Ligature
élastique TIPS
Transplantation ?
222
LES CIRRHOSES DE L’ADULTE
EN DEHORS DE L’ALCOOL ET DES VIRUS
Jean Pierre Vinel
1-1- Hémochromatose :
C’est la cause la plus fréquente de cirrhose après l’abus d’alcool et les virus. La prévalence est de
300 à 400 pour 100 000 habitants. Elle est due à une thésaurismose en fer de transmission
autosomique récessive. La mutation responsable de la maladie a été identifiée, ce qui a
considérablement simplifié la démarche le diagnostic.
- la classique triade :
- hépatomégalie à bord inférieur tranchant, témoignant d’une cirrhose
- diabète insulino-dépendant, difficile à équilibrer,
- mélanodermie, typiquement brun grisâtre, prédominant au niveau des zones découvertes,
des mamelons et des organes génitaux externes
223
1-1-2 - Diagnostic positif :
a - biologie :
- le meilleur examen pour dépister une hémochromatose est le taux de saturation de la
transferrine : tout taux supérieur à 50% doit faire rechercher la maladie.
- la sidérémie est habituellement augmentée mais cela n’est ni sensible ni spécifique
- la ferritinémie est le plus souvent augmentée mais elle n’a pas de valeur pour le diagnostic du
fait de son manque de spécificité. Elle permet de suivre l’efficacité du traitement.
b- imagerie :
on a décrit des modifications de la structure du foie en tomo-densitométrie (TDM) et en imagerie
par résonance magnétique (IRM). Elles n’ont, du moins à ce jour, aucun intérêt pour le
diagnostic.
c- anatomo-pathologie :
la biopsie du foie montre une sucharge en fer, par la coloration de Perls. Mais son intérêt
essentiel aujourd’hui est de rechercher la présence d’une cirrhose constituée.
d- génétique :
- le groupage HLA était utilisé pour l’enquête familiale, dans la mesure où il existe une
association forte entre le gène de l’hémochromatose et les gènes du groupe HLA. Cette
recherche n’a plus maintenant aucun intérêt.
a- hémochromatose primitive :
elle est d’origine génétique et obéit à une transmission autosomique récessive.
La mutation responsable de la maladie a été identifiée. Elle siège sur le bras court du
chromosome 6. Au niveau de la protéine trancrite elle consiste en une substitution d’une cystéine
en position 282 par une tyrosine : mutation C282Y du gène HFE. Elle se recherche par PCR sur
une simple prise de sang. Chez un patient porteur d’une surcharge en fer, sa présence à l’état
homozygote permet d’affirmer le diagnostic d’hémochromatose primitive. D’autres mutations ont
été décrites mais leur signification reste mal précisée.
b- hémochromatose secondaire :
le diagnostic est fait sur le contexte généralement évident :
- apport exogène massif en fer : traitement martial à forte dose au long cours, polytransfusions
- destruction intra-médullaire massive des érythroblastes : anémies sidéroblastiques, thalassémies
majeures …
1-1-4 - Traitement :
Il repose sur la saignée. Les manifestations cliniques apparaissent pour des surcharges
supérieures à 20 grammes de fer (le stock normal est de l’ordre de 1 gramme). 500 ml de sang
contiennent environ 250 mg de fer. Les saignés sont initialement réalisées toutes les semaines
jusqu’à normalisation du taux de ferritine et du coefficient de saturation de la transferrine. Elles
224
sont ensuite faites tous les 2 à 3 mois pour maintenir le stock en fer dans les limites de la
normale. La tolérance est appréciée sur des signes cliniques (asthénie, hypotension) et
biologiques (anémie).
Sous l’effet du traitement, la plupart des signes cliniques régressent. Mais la cirrhose est
irréversible, et sa présence expose au risque de carcinome hépato-cellulaire, dont la normalisation
des stocks en fer ne diminue pas l’incidence. Les troubles endocriniens et les manifestations
articulaires sont peu ou pas améliorés.
L’utilisation de chélateurs du fer (desferioxamine : Desféral®) n’a que des indications rares :
- contre-indications des saignées (mauvaise tolérance clinique, anémies)
- prévention des hémochromatoses secondaires chez les patients poly-transfusés.
1-2-1 Clinique :
a - manifestations hépatiques :
Le cuivre s’accumule initialement dans le foie. A l’occasion de la lyse des hépatocytes
déclenchée par sa toxicité, il est libéré dans le sang et va se déposer dans les autres tissus. Les
manifestations hépatiques sont donc les premières à apparaître. Les autres manifestations sont
toujours associées à une hépatopathie :
- hépatite aiguë cytolytique
- hépatite fulminante
- hépatite chronique
- cirrhose
La libération massive de cuivre en cas de cytolyse importante peut être à l’origine d’une anémie
hémolytique. L ’association hépatite-anémie hémolytique doit faire évoquer une maladie de
Wilson.
b- manifestations neurologiques :
Elles sont liées au dépôt de cuivre dans les noyaux gris centraux et valent à la maladie le nom de
“dégénerescence hépato-lenticulaire “ . Elles sont variées et peuvent aller jusqu’à la démence.
Les troubles neurologiques sont purement moteurs. On reconnaît schématiquement deux formes
selon que prédominent :
- le tremblement
- ou la rigidité et les contractures.
225
c - manifestations oculaires :
le cuivre se dépose au niveau de la membrane de Descemet. Il réalise l’anneau de Kayser-
Fleischer, qui, sauf exception, n’est visible qu’à la lampe à fente.
d - autres manifestations :
- ostéo-articulaires : ostéoporo-malacie, polyarthralgies
- cardiaques : myocardite
- rénales : amino-acidurie, hémoturie, lithiase
1-2-2 - Diagnostic :
a - biologie :
- cuprémie abaissée ( < 12 mmol/l)
- cuprurie élevée ( > 1 mmol/24 h)
- céruléoplasmine diminuée ( < 0,20 g/l)
b - anatomie-pathologique :
la biopsie du foie permet d’apprécier la surcharge en cuivre par des colorations spécifiques
(orcéine, rhodanine) et de doser le cuivre intra-hépatique. Un taux supérieur à 250 mg par
gramme de foie sec est pathognomonique de maladie de Wilson.
1-2-3 - Traitement :
Il doit être fait à vie. Il peut supprimer tous les signes de la maladie et ne doit donc être prescrit
que si le diagnostic est certain.
Il repose sur la D-pénicillamine (Trolovol ® : 1 à 2 g / j). Ce traitement expose à de nombreuses
complications : il impose une surveillance clinique et biologique très régulières. Son efficacité est
telle que la transplantation hépatique n’a que des indications exceptionnelles dans la maladie de
Wilson.
226
2 - CIRRHOSES BILIAIRES :
2-1-1- Clinique :
Les formes évoluées sont de diagnostic facile. Typiquement, il s’agit d’une femme de la
cinquantaine présentant :
- un prurit qui, souvent , a précédé les autres symptomes
- un ictère cutanéo-muqueux
- une mélanodermie, brun sale
- des xanthomes et des xanthélasmas
2-1-2 - Diagnostic :
a - biologie :
Le diagnostic repose sur la recherche des anticorps anti-mitochondries. Ils sont à la fois
sensibles et spécifiques, au point que, à quelques très rares exceptions près, leur absence élimine
le diagnostic de CBP et leur présence permet de l’affirmer.
Les autres signes biologiques ne sont pas spécifiques. Ils associent typiquement :
- syndrome de cholestase
- hypercholestérolémie
- hypergammaglobulinémie portant surtout sur les Ig M.
b - Anatomie pathologique :
La biopsie du foie montre des aspects évocateurs du diagnostic, notamment la présence de
granulomes lympho-plasmocytaires autour de canaux biliaires anormaux.
2-1-3 - Traitement :
a - étiologique :
L’acide ursodésoxycholique (10 à 15 mg / kg / jour) améliore les signes cliniques, biologiques et
histologiques de la maladie.
Dans les formes évoluées, une transplantation hépatique doit être envisagée.
b - symptomatique :
La cholestase chronique s’accompagne tôt ou tard d’une malabsorption de vitamines liposolubles.
Les malades doivent donc être supplémentés en vitamines A, D, E, K et en calcium.
Les patientes atteintes de CBP ont un risque accru de cancer du sein. Une surveillance soit être
assurée.
227
Le prurit, parfois intense, peut être traité par cholestyramine (Questran®). Les formes résistant à
ce traitement peuvent bénéficier de rifampicine, de puvathérapie, voire de plasmaphérèses.
Parfois le prurit est si intense qu’il peut justifier une transplantation hépatique.
3/ CIRRHOSES AUTO-IMMUNES :
Les hépatites auto-immunes, comme les hépatites virales, peuvent évoluer vers la cirrhose. Ce
sont des maladies rares ( 1 à 5 pour 100 000 habitants).
Elles s’observent surtout chez la femme jeune, dans un contexte de pathologie dysimmunitaire
personnel ou familial. Par comparaison aux autres hépatopathies chroniques elles se caractérisent
par :
- des transaminases plus élevées
- une hypergammaglobulinémie portant sur les Ig G, dépassant volontiers 30 g / l.
On individualise 3 types d’hépatites auto-immunes, selon le type d’auto-anticorps retrouvés dans
le plasma :
- type 1 : anticorps anti-muscle lisse et/ou anti-nucléaires
- type 2 : anticorps anti-réticulum endoplasmique lisse (ou liver-kidney-microsomes = LKM1).
- type 3. Elle est associée à la présence d’anticorps anti-SLA (pour soluble liver antigen), mais sa
recherche n’est disponible en routine.
Le traitement repose sur les corticoides, le plus souvent associés aux immuno-suppresseurs , type
azathioprine (Imurel®).
4/ CIRRHOSES MÉDICAMENTEUSES:
Des médicaments peuvent être à l’origine d’une cirrhose, pour peu qu’ils aient été consommés à
doses fortes et longtemps. Parmi eux : la vitamine A, l’amiodarone (Cordarone®), le
méthotrexate…
Le diagnostic repose sur l’élimination des autres causes de cirrhose et l’interrogatoire.
228
Le traitement consiste en l’arrêt total et définitif du produit incriminé.
5 AUTRES CIRRHOSES :
229
CLINIQUE BIOLOGIE ANA-PATH TRAITEMENT
- mélanodermie • augmentation :
HÉMOCHRO- - diabète - saturation de la •SAIGNÉES
MATOSE • ENQUÊTE
- insuffisance transferrine surcharge en fer FAMILIALE
poly- - fer sérique
endocrinienne - ferritinémie
• augmentation de
MALADIE - signes la cuprurie •D-PÉNICILLAMINE
DE WILSON •ENQUÊTE
neurologiques • diminution : surcharge en FAMILIALE
- anneau de -céruléoplasmine cuivre
Kayser-Fleischer - cuprémie
- prurit ACIDE
CBP - ictère anticorps - lésions URSODÉSOXY-
CHOLIQUE
- xanthomes anti- ductulaires
mitochondries - granulomes
• anticorps :
CIRRHOSES - anti-muscle lisse CORTICOÏDES
AUTO- ±
IMMUNES
femmes jeunes - anti-nucléaires aspécifique IMMUNO-
- anti-réticulum SUPPRESSEURS
endoplasmique
lisse
MÉDICAMENTS Interrogatoire aspécifique aspécifique ARRÊT DU
TOXIQUE
230
ASCITE
Jean-Pierre Vinel, Louis Buscail
1– DIAGNOSTIC POSITIF :
1-1) Clinique :
L'apparition d'une ascite se traduit essentiellement par deux signes :
. une augmentation du poids corporel.
. une augmentation du volume de l'abdomen.
La distension abdominale peut se traduire par trois signes cliniques :
. aspect en besace de l'abdomen sur le malade en décubitus.
. diastasis des droits.
. déplissement de l'ombilic.
La présence d'un épanchement liquidien est attestée par :
. une matité déclive des flancs.
. un signe du flot.
. un signe du glaçon.
L'ascite peut être accompagnée :
. d'oedèmes blancs, mous, prenant le godet et déclives (des membres inférieurs chez le
patient ambulatoire, de la région lombaire chez le patient alité).
. d'un épanchement pleural, le plus souvent droit
- et de signes d'hypertension portale : splénomégalie, circulation collatérale des flancs.
Par analogie avec les épanchements pleuraux, il est usuel d’utiliser le taux de protides pour
différencier exsudats (protides > 30 g/l) et transsudats ( protides < 30 g/l). Mais cela n’est vrai
pour les épanchements péritonéaux qu’en présence d’une cirrhose, auquel cas le dépôt de
fibres collagènes dans l’espace de Disse rend les sinusoïdes imperméables à l’albumine
(“capillarisation des sinusoïdes”). En l’absence de cirrhose, les sinusoïdes sont librement
perméables à l’albumine. Dans ce cas des épanchements typiquement mécaniques peuvent
avoir un taux de protides supérieur à 30 g/l C’est notamment le cas des ascites observées au
cours des insuffisances cardiaques congestives ou des syndromes de Budd-Chiari.
2- DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL :
. ballonnement.
. obésité.
231
. globe vésical
. tumeur de l'ovaire ou de l'utérus
En cas de doute, l'échographie permettra d'affirmer ou d'infirmer la présence de liquide dans
la cavité péritonéale.
3- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE :
4 - COMPLICATIONS
4-1) Mécaniques :
4-2) Infection :
5 - TRAITEMENT
232
Dans le cas de l’ascite du cirrhotique les indications dépendent du grade de l’ascite et du
degré d’insuffisance hépatocellulaire et rénale. Schématiquement on distingue 4 situations.
Ascite grade 1 : ascite indétectable cliniquement et uniquement visible à l’échographie. Il
n’y a pas de traitement médicamenteux mais il faut diminuer la ration en sel journalière.
L’échographie est capable de déceler des quantités d’ascite supérieures à 100 ml
Ascite grade 2 : ascite modérée avec distension symétrique de l’abdomen. La restriction
sodée (2 à 3 g/j) est la première mesure à prendre. Elle peut être associée aux anti-
aldostérone : Aldactone® (75 mg/j au début avec augmentation de le posologie jusqu’à 300
mg/j). La surveillance est clinique (poids) et biologique (natrémie, kaliémie, créatinine). La
perte de poids ne doit pas dépasser 0,5 kg/j en l’absence d’oedèmes et 1 kg/j si les oedèmes
sont présents. Si la réponse initiale est lente, la posologie peut être majorée jusqu’à obtenir
une perte de 1 kg la première semaine et ensuite une perte de 2 kg par semaine. En cas
d’inefficacité de ce traitement, testé sur 3 semaines, on associe alors le Lasilix® à la dose
initiale de 20 à 40 mg/j, progressivement augmentée si besoin, sans dépasser 120 mg/J.
Ascite grade 3 : ascite importante, distension abdominale marquée. En association au régime
désodé et aux diurétiques, les paracentèses sont nécessaires en apportant, pour compenser les
pertes protidiques, 8 g d’albumine par litre d’ascite évacuée, associées aux diurétiques et à la
restriction sodée.
Ascite réfractaire : Les ponctions évacuatrices itératives de grand volume avec expansion
volémique par l’albumine (14 g pour deux litres d’ascite évacuée) sont recommandées en
première intention. L’efficacité de la dérivation péritonéojugulaire est identique à celle des
ponctions répétées, mais ses complications fréquentes en ont limité les indications.
L’anastomose portocave chirurgicale n’est pas recommandée en raison d’une mortalité
prohibitive. Le TIPS constitue un équivalent hémodynamique de l’anastomose chirurgicale
latérolatérale. Il contrôle mieux l’ascite que les ponctions itératives mais n’améliore pas la
survie. Il peut aggraver l’insuffisance hépatique et favoriser la survenue d’une
encéphalopathie, en particulier chez les malades Child C. Chez des patients n’ayant pas
d’insuffisance hépatique terminale et sans encéphalopathie majeure pré-existante (Child B), le
TIPS est quoiqu’il en soit un moyen intéressant de contrôler l'ascite, durant la période
d'attente du greffon. Le seul traitement curatif est en effet la transplantation hépatique, avec
un taux de survie de 70 à 80% à 5 ans.
233
inférieur à 10 g/L, une antibioprophylaxie primaire par norfloxacine peut être également
proposée.
Tableau I
Diagnostic de nature
d’un épanchement intra-péritonéal
234
Tableau 2
Principales causes des ascites
Hypertension portale
Maladies du foie :
Cirrhoses
Schistosomiase
Hépatites graves
Métastases hépatiques
Maladie veino-occlusive
Syndrome de Budd-Chiari
Insuffisance cardiaque
Péricardite constrictive
Irritation péritonéale
Carcinose péritonéale :
Cancer de l’ovaire
Cancer de l’estomac
Cancer du colon
Maladie gélatineuse du péritoine
Mésothéliome
Pancréatite
Tuberculose péritonéale
Causes exceptionnelles
Maladie périodique
Insuffisance thyroïdienne
Syndrome néphrotique
Vascularites
Lupus érythémateux disséminé
Sarcoïdose
Gastro-entérite à éosinophiles
Endométriose…
235
Figure 1
Transplantation
Cirrhose Hépatique
Anatomose
Hypertension Portale porto-cave latéro-
latérale
Vasodilatation
Splanchnique
Shunt péritonéo-
jugulaire
Repos au lit
Perfusion de
colloïdes Hypotension
Artérielle
Régime sans
sel Rétention rénale
Diurétiques d’eau et de sel
Traitements non
médicaux
Ponctions ASCITE
évacuatrices
Traitements
médicaux
236
CANCER PRIMITIF (CARCINOME HEPATOCELLULAIRE – CHC)
ET AUTRES TUMEURS DU FOIE
Jean-Marie Péron
Résumé
Le carcinome hépatocellulaire (CHC) est le cancer primitif du foie le plus fréquent. Il
survient essentiellement sur un foie de cirrhose. Les principaux facteurs prédisposants à la
survenue d'un CHC sont l'hémochromatose, l'infection chronique par les virus B et C et la
consommation d'aliments contaminés par l'aflatoxine B1. Le diagnostic repose sur
l'échographie hépatique et le dosage de l'alphafoetoprotéine (αFP); il est confirmé par la
biopsie hépatique. Son pronostic est réservé du fait d'une aggravation des fonctions
hépatiques et de complications de l'hypertension portale. Les seuls traitements à visée curative
sont la résection, la destruction locale pecrcutanée et la transplantation hépatique mais le
risque de récidive est élevé.
1) INTRODUCTION
Les cancers primitifs du foie peuvent se développer à partir des hépatocytes
(carcinome hépatocellulaire et hépatoblastome), des cellules des voies biliaires
intrahépatiques (cholangiocarcinome) ou des cellules bordant les sinusoïdes (angiosarcome et
hémangioendothéliome). Le carcinome hépatocellulaire est le cancer primitif du foie le plus
fréquent. En Europe, il survient essentiellement sur un foie de cirrhose.
2) EPIDEMIOLOGIE
3) ETIOLOGIE
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4) ANATOMOPATHOLOGIE
L'examen macroscopique montre une tumeur développée à partir des hépatocytes. Elle
peut être encapsulée et nodulaire où diffuse à l'ensemble du parenchyme hépatique. Dans plus
de la moitié des cas il y a un envahissement de la lumière des veines portes intrahépatiques et
du tronc de la veine porte (à partir d'un foyer localisé elle envahit les vaisseaux portes et
donne des métastases dans le foie lui-même par l'intermédiaire des branches portales), dans
10% des cas une invasion des veines sushépatiques et dans moins de 5% des cas une invasion
de la lumière des voies biliaires. Le CHC est richement vascularisé par des branches de
l'artère hépatique. Le tissu hépatique extra tumoral peut être sain ou le plus souvent le siège
d'une cirrhose.
5) SEMIOLOGIE
Si la tumeur est de petite taille, l'examen clinique peut être normal en dehors des
signes de cirrhose. Si la tumeur est volumineuse la palpation peut retrouver une tumeur
unique sur la face antérieure du foie, ou s'il s'agit de tumeurs multiples une irrégularité de la
face antérieure. Le volume du foie peut être augmenté et la palpation douloureuse. Il peut
exister un ictère.
A l'auscultation un souffle systolique ou continu à renforcement systolique peut être
perçu.
Les tests hépatiques peuvent être normaux en cas de petites tumeurs sur foie sain.
Si la masse tumorale est plus volumineuse, les deux anomalies les plus fréquentes sont
l'augmentation des phosphatases alcalines et l'augmentation de la
gammaglutamyltranspeptidase (γGT) Ces anomalies témoignent d'une cholestase anictérique
en rapport avec la compression des voies biliaires intrahépatiques. Il existe alors une certaine
relation entre les anomalies du bilan hépatique et le volume du cancer. Les aminotransférases
peuvent être normales ou modérément augmentées.
- Alphafoetoprotéine sérique.
Cette glycoprotéine sérique est abondante pendant la vie foetale mais n'est présente
qu'à l'état de trace chez l'adulte (<20 ng/ml). C'est le marqueur diagnostique le plus important
de l'HCC. Elle est élevée dans environ 80% des cas de CHC (il y a donc 20% de faux
négatifs), au cours de certains carcinomes fibrolamellaires (20% des cas),
cholangiocarcinomes (5 à 10% des cas) et au cours des hépatoblastomes (90% des cas). Son
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élévation progressive sur un mode exponentiel lors de plusieurs dosages est très
caractéristique. Un taux supérieur à 500 ng/ml est pathognomonique.
L'αFP peut également être augmentée dans les dysembryomes malins et au décours
d'une hépatite aiguë, en particulier l'hépatite fulminante (elle est alors témoin de la
régénération hépatique). Au cours des 2 premiers trimestres de la grossesse, l'αFP est
comprise entre 30 et 100 ng/ml et au cours du dernier trimestre entre 100 et 300 ng/ml. Les
malformations foetales, en particulier celles du tube neural et la trisomie 21 peuvent entraîner
une élévation anormale de l'αFP chez la mère.
D'autres marqueurs sériques du CHC ont été décrits : décarboxyprothrombine, α-1-
fucosidase, fibrinogène anormal. Toutefois l'emploi de ces marqueurs pour le diagnostic ne
s'est pas jusqu'içi généralisé.
- Syndrome paranéoplasique.
Polyglobulie. L'incidence est variable mais peut atteindre 10% des patients. La
régression tumorale s'accompagne d'une réduction de la polyglobulie.
Hypoglycémie. L'hypoglycémie est plus fréquente chez les patients ayant une grosse
tumeur, sa prévalence peut alors être de l'ordre de 30%.
Hypercalcémie.
Puberté précoce et sécrétion de gonadotrophine. Peut se voir avec les HCC mais
surtout chez de jeunes enfants de sexe masculin ayant un hépatoblastome histologiquement
bien différencié.
Tomodensitométrie. Elle met en évidence la tumeur sous la forme d'une zone plus ou
moins hypodense, avec prise du produit de contraste ce qui témoigne de son caractère
hypervasculaire. Elle peut également permettre la visualisation de l'invasion d'une branche
porte.
Imagerie par résonance magnétique (IRM). Elle est essentiellement indiquée dans
le diagnostic différentiel de masses hépatiques, notamment avec les angiomes. L'aspect
habituel du CHC est hypo-intense en T1 et hyper-intense en T2.
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Au terme de ces explorations, le diagnostic est le plus souvent évident car il existe des
arguments de quasi certitudes (tumeur hépatique chez un cirrhotique avec élévation de l' FP
et/ou envahissement des branches portes), la biopsie est généralement inutile dans ce cas.
Elle est indiquée s'il persiste un doute diagnostic et si un traitement spécifique est
envisageable. C'est le seul moyen pour confirmer avec certitude le diagnostic de cancer du
foie. Elle donne également le type histologique. La ponction-biopsie est réalisée sous guidage
échographique ou tomodensitométrique.
Les contre-indications sont les troubles majeurs de la coagulation, le kyste hydatique,
la dilatation des voies biliaires, l'ascite et à un moindre degré l'angiome. Les principales
complications sont l'hématome, l'hémopéritoine, le cholépéritoine, le pneumothorax, la fistule
artérioportale et l'hémobilie (ces accidents sont exceptionnels).
6) EVOLUTION ET PRONOSTIC
La vitesse d'évolution du CHC est très variable mais en général la mort survient par
insuffisance hépato-cellulaire ou hémorragie digestive 6 à 12 mois après les premiers signes
cliniques. Les principales métastases extra-hépatiques sont pulmonaires et osseuses.
Il est donc proposé de diagnostiquer le cancer le plus tôt possible grâce au dépistage.
Celui-ci repose sur la définition des facteurs de risque, le premier étant la cirrhose. Le
dépistage repose sur la répétition, deux à trois fois par an, de l'échographie et du dosage de
l'αFP.
7) COMPLICATION
8) DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Le carcinome fibrolamellaire est une tumeur rare, 500 fois moins fréquente que
l'HCC. Il affecte l'homme et la femme entre 10 et 35 ans. Il n'y a pas d'association reconnue
entre le carcinome fibrolamellaire, les virus B et C, la cirrhose ou des désordres génétiques.
Cette tumeur survient donc typiquement sur un foie sans cirrhose.
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L'hépatoblastome est le cancer du foie le plus fréquent de l'enfant (50% des tumeurs
malignes) mais est exceptionnel chez l'adulte. Il se développe avant l'age de 3 ans et est plus
fréquent chez le garçon que chez la fille.
Le cholangiocarcinome est également moins fréquent que l'HCC. La forme
intrahépatique est plus rare que la forme développé à partir des voies biliaires extrahépatiques.
Dans 10% des cas il est précédé d'une maladie des voies biliaires : lithiase intrahépatique ,
syndrome de Caroli, cholangite sclérosante, affection parasitaire des voies biliaires (douve du
foie : Clonorchis sinensis en Chine, Opisthorchis viverrini en Thailande). Le thorotrast et
l'hémochromatose génétique sont également des facteurs de risque.
L'angiosarcome hépatique est une tumeur très rare atteignant principalement les
sujets entre 50 et 70 ans Dans environ un tiers des cas un facteur précis peut être impliqué
dans son développement : thorotrast, arsenic non organique, monomère de chlorure de vinyle,
pesticides, stéroïdes androgéniques ou anabolisant, oestrogènes, contraceptifs oraux et
hémochromatose.
L'hémangioendothéliome épithélioide touche l'homme ou la femme entre 30 et 70
ans.
Le diagnostic est posé sur un faisceau d'arguments radiologiques ou s'il persiste un doute,
après biopsie radioguidée.
- l'hyperplasie nodulaire focale : amas d'hépatocytes agencés dans des nodules fibreux
regroupés autour d'un pédicule fibro-vasculaire central pathognomonique, visible dans 30 à
50% des cas. Il ne dégénère jamais.
- Echographie : bien limité sans capsule, isoéchogene au parenchyme hépatique,
plage hyperéchogene centrale, arborisation vasculaire au doppler.
- TDM : hypodense SPC, prise de contraste massive et fugace à la phase artérielle,
avec homogénisation à la phase portale (coupes tardives). Plage hypodense centrale qui se
remplit à la phase tardive.
- IRM : hypointense en T1, discret hypersignal en T2, prise de contraste idem TDM.
Hypersignal de la cicatrice centrale en T2.
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Si la sémiologie radiologique est typique elle dispense de la PBF.
- l'adénome : nodule d'hépatocytes dont l'architecture est presque normale (sauf l'absence des
canaux biliaires) et qui à tendance à croître. Il peut être asymptomatique, se révéler par une
nécrose ou surtout une hémorragie. Il existe un risque de dégénérescence. Le diagnostic est le
plus souvent posé par la PBF. Son traitement doit être chirurgical.
- kyste biliaire : cavités tapissées d'un épithélium biliaire et remplis de liquides. Ils sont
diagnostiqués à l'échographie et ne posent de problème que s'ils sont volumineux et multiples.
Ils ne dégénèrent jamais.
9) TRAITEMENT
Les seuls traitements à visée curative sont la résection, la destruction locale percutanée
(alcoolisation, radiofréquence, injection d’acide acétique) et la transplantation hépatique,
toutefois un bilan préthérapeutique amènera à récuser ces traitements chez 80% des patients
en raison de la diffusion tumorale et/ou de l'insuffisance hépatocellulaire. Par ailleurs le risque
de récidive est élevé.
Elle est indiquée pour les petites tumeurs (< 5 cm de diamètre) chez les malades ayant
une cirrhose Child A mais est conditionnée par l'insuffisance hépatocellulaire. Elle consiste
selon les cas en une segmentectomie ou une hépatectomie droite ou gauche. La récidive est la
règle car il existe souvent des foyers métastatiques intrahépatiques au moment de l'opération
et parce que le foie peut dégénérer en plusieurs zones (50% de récidive à 5 ans).
C’est le traitement de choix du CHC car elle traite la tumeur et supprime l’état
précancéreux. Elle n'est utile que pour les petites tumeurs (< 5 cm). Le risque de récidive sur
le foie transplanté est également important et favorisé par l'immunosuppression.
la destruction par radiofréquence a replacé l’alcoolisation. Elle est indiquée pour les
petites tumeurs (<5 cm) et dont el nombre est < à 3. Ces traitements peuvent être proposés
chez les patients non opérables du fait de fonctions hépatiques altérées (Child B ou C).
Les patients avec une tumeur inférieure à 5 cm de diamètre sont proposés en priorité
pour la transplantation. En cas de CI, ils sont dirigés vers la résection si les fonctions
hépatiques sont préservées (Child A) ou la destruction locale si ce n’est pas le cas.
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LA LITHIASE BILIAIRE
Franck Lazorthes, Jean Escourrou
1- INTRODUCTION
La lithiase est la plus fréquente des affections biliaires. Sa prévalence est cependant
difficile à préciser car la majorité des patients sont asymptomatiques. De répartition
géographique inégale, elle dépend de facteurs génétiques et environnementaux. L'histoire
naturelle de la lithiase biliaire diffère d'un sujet à l'autre: Longtemps latente (patients
asymptomatiques: 80%), elle peut se manifester par des accès douloureux. La colique
hépatique représente la forme caractéristique de ces manifestations algiques. Elle peut
également donner lieu à des complications (cholécystite, lithiase choledocienne, angiocholite,
pancréatite aiguë...).
Calculs mixtes
Ce sont les plus fréquents (80 %), le cholestérol représentant au moins 50% de leurs
poids. Ils sont composés de couches concentriques de bilirubinate de calcium et cholestérol.
Ils sont jaunâtres, souvent multiples et de petites tailles (5 à 25-30 mm), polyédrique, radio-
opaques.
Calculs pigmentaires
Ils sont rares. Composés de bilirubine, carbonate et phosphate de calcium avec traces
de cholestérol. Vert foncé, noirâtres, de dimension très petite (< 5 mm), non radio-visibles.
2 – EPIDEMIOLOGIE
3 – PHYSIOPATHOLOGIE
La bile est constituée d'un mélange d'eau, de cholestérol (secrété par les hépatocytes),
de sels biliaires et de phospholipides. La solubilisation du cholestérol dans la bile (sous
formes de micelles) dépend de la concentration respective de ces éléments. En cas d'excés
d'un composant, on observe une déstabilisation de la solution avec formation de microcristaux
(bile lithogène ou sursaturée), étape préalable à la constitution de calculs vésiculaires.
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On peut schématiquement, quels que soient leurs types, résumer la formation des
calculs en 3 phases successives :
- Sursaturation en cholestérol
- Nucléation ou cristallisation
- Croissance
3.1.3. Croissance
Elle s'effectue à la faveur d'une stagnation de la bile, à partir des cristaux conglomérés
dans la matrice glycoprotéique du mucus. Dans les formes mixtes on observe une apposition
de pigments et sels calciques. Ceci aboutit après plusieurs mois ou années à la formation de
calculs.
- Age (avec recrudescence vers 35 à 45 ans, atteint un maximum vers 70-80 ans)
- Sexe féminin (3 x plus fréquente)
- Obésité
- Grossesse
- Facteurs ethniques : Prédominance en Europe et en Amérique du Nord
Rare chez les Noirs (< 4 %) Très élevée chez les Amérindiens ( > 75 % de la population des
Indiens Pima en Arizona)
- Médicaments: Œstro-progestatifs (par déséquilibre métabolisme glucido-lipidique,
ralentissement de la vidange vésiculaire par la progestérone) Hypolipémiants (Clofibrate®,
acide nicotinique...) par augmentation de la bile en cholestérol.
- Certaines affections : Maladie de Crohn, résections iléales (par malabsorption iléale
des acides biliaires et sursaturation de la bile en cholestérol).
Maladies hémolytiques (lithiase pigmentaire par excès de bilirubine non conjuguée)
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LITHIASE VESICULAIRE
Franck Lazorthes, Jean Escourrou
Elles sont indépendantes de la nature des calculs. Affection asymptomatique dans la majorité
des cas, les complications de la lithiase biliaire peuvent concerner la vésicule, la voie bilaire
principale et les organes de voisinage (foie, pancréas).
2-2. Diagnostic
Abdomen sans préparation: Informe sur le caractère radio-opaque des calculs.
Echographie abdominale (+++) montrant calculs échogènes avec cône d'ombre
postérieur, se mobilisant lors des changements de position. Paroi vésiculaire fine, absence de
dilatation des voies biliaires intra et extra-hépatiques.
2-3. Evolution
Pronostic moins favorable que la lithiase vésiculaire asymptomatique (25 % à 50% de
complications dans les années qui suivent)
2.4.Traitement
Traitement de la colique hépatique : Antispasmodiques (Spasfon® IV) et antalgiques.
Nécessité d'éliminer les calculs :
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LITHIASE DU CHOLEDOQUE
(ou lithiase de la voie biliaire principale)
Franck Lazorthes, Jean Escourrou
1 - DEFINITION :
La lithiase du cholédoque est due à la migration d'un calcul de la vésicule dans le cholédoque.
Elle détermine un obstacle à l'écoulement de la bile et un reflux de la bile vers le sang, c'est-
à-dire un syndrome rétentionnel.
2 - EPIDEMIOLOGIE :
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Le tableau typique d’une lithiase de la voie biliaire principale
COLIQUE HEPATIQUE
PUIS FIEVRE
-
PUIS ICTERE RETENTIONNEL
Puis REMISSION
4 – SIGNES RADIOLOGIQUES :
4.1. l'échographie :
Elle est de réalisation simple et sans risque. Elle ne visualise pas la lithiase du
cholédoque, mais met en évidence deux arguments indirects : la lithiase de la vésicule et la
dilatation de la voie biliaire principale secondaire à l'obstacle. Ces signes suffisent à confirmer
le diagnostic. Toutefois, il arrive que la voie biliaire principale ne soit pas dilatée.
L'échographie est suffisante dans la forme habituelle. Le diagnostic est simple, du fait
de l'association de la température, de la douleur et de l'ictère. Il est inutile d'opacifier la voie
biliaire principale D'ailleurs en cas de doute, l'évolution est caractéristique.
ECHOGRAPHIE
Signe direct :
- la lithiase du cholédoque n'est généralement pas vue
Signe indirect :
- la lithiase de la vésicule est habituelle (mais banale)
- une dilatation de la voie biliaire est fréquente (mais pas obligatoire)
5 - EVOLUTION
L'évolution normale est la rémission. En quelques jours, la douleur, la température et l'ictère
rétrocèdent. Toutefois, la récidive est habituelle et peut se faire sous une forme compliquée.
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Parfois, l'angiocholite a une forme particulièrement grave lorsque la bactériémie à
germes Gram (-) détermine un choc septique et lèse le rein. C'est l'angiocholite ictéro-
urémigène. Elle associe aux troubles précédents un choc cardio-vasculaire et une insuffisance
rénale aiguë (fonctionnelle, mixte ou organique). La mortalité de cette forme est élevée.
Ces deux risques font que toute lithiase du cholédoque doit être traitée.
6. FORMES CLINIQUES
6.1.2. Elle peut aussi se limiter à une douleur à type de colique hépatique. Elle
risque d’être attribuée à la seule lithiase de la vésicule. La lithiase du cholédoque risque d'être
ignorée, d'où la règle lors d'une cholécystectomie de pratiquer systématiquement une
cholangiographie per-opératoire à la recherche d'une lithiase du cholédoque.
6.2. Ictère isolé (l'obstacle est complet et persistant ; il est généralement le fait de
l'enclavement d'un calcul au niveau du sphincter d'Oddi).
Il n'y a ni température ni douleur. L'ictère est isolé, on le dit nu. Il fonce progressivement sans
rémission. Cette symptomatologie évoque un cancer. Le diagnostic est donc difficile.
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6.2.4. Cholangiographie par IRM : c’est un examen de qualité qui permet de
aussi de visualiser les calculs de la vois biliaire principale. C’est un examen non invasif très
utile si disponible.
ICTERE ISOLE
ECHOGRAPHIE
7 - TRAITEMENT
7.1. Bases
Le traitement doit être systématique puisque, en son absence, le risque de complication est
élevé. Il n'y a pas de traitement médical. Une antibiothérapie est nécessaire, soit dirigée sur les
germes présumés (entérobactéries), soit basée sur le résultat des hémocultures.
7.2. Méthode
7.2.1. Traitement chirurgical
Il consiste, après avoir enlevé la vésicule, à ouvrir la voie biliaire principale
(cholédocotomie), et à extraire les calculs. Il faut ensuite s'assurer de leur ablation complète
(par un examen endoscopique per-opératoire de la voie biliaire, c'est à dire une
cholédoscopie).
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- la plus habituelle consiste à mettre un drain (drain de KEHR) dans la cholédocotomie
et à la fermer de part et d'autre. Ce drain passe à travers la paroi abdominale et est mis en
déclive. Les déperditions biliaires sont compensées par des perfusions puis des boissons
alcalines (Vichy). Ce drain permet secondairement d'effectuer un contrôle radiologique
- rarement, la voie biliaire principale peut être fermée sans drainage, c’est la
cholédocotomie idéale.
Le risque vital est celui de toute intervention chirurgicale, c'est à dire qu'il dépend de l'âge et
de l'état général. Il est très faible chez les sujets jeunes et sans tare viscérale.
Elle fait suite à l'opacification des voies biliaires par cathétérisme endoscopique de la papille
(CPRE).
Elle consiste, grâce à l'endoscope introduit dans les voies digestives supérieures à cathétériser
le cholédoque et à sectionner le sphincter d'Oddi de façon à permettre l'expulsion des calculs.
Le risque opératoire est très faible, mais de cause locale (par exemple risque de pancréatite
aiguë) ; il est donc peu prévisible.
7.3. Indications
Les patients sont en règle opérés, ce qui permet de traiter simultanément la lithiase de la
vésicule et celle du cholédoque.
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CHOLECYSTITE AIGUE LITHIASIQUE
Franck Lazorthes
La cholécystite aiguë est une complication fréquente et grave de la lithiase de la vésicule. Elle
se manifeste en général par une colique hépatique associée à de la fièvre et à une défense
pariétale localisée à l'hypochondre droit. Ces manifestations cliniques caractéristiques sont
confirmées par l'échographie. La cholécystite peut être compliquée par une perforation de la
vésicule. Après un traitement médical à base d'antibiotiques, le traitement est systématiquement
chirurgical.
DEFINITION :
La cholécystite aiguë lithiasique est l'infection de la vésicule. Elle est généralement due à
l'obstruction du canal cystique par un calcul. La stase de la bile entraîne son infection.
Cette infection se transmet aux parois de la vésicule.
1 - EPIDEMIOLOGIE
Les complications de la lithiase vésiculaire sont fréquentes. On estime que 20 % des patients
porteurs d'une lithiase de la vésicule présenteront une complication, soit sous la forme d'une
cholécystite aiguë, soit sous la forme d'une lithiase de la voie biliaire principale.
Comme la lithiase de la vésicule, la cholécystite est plus habituelle chez la femme que chez
l'homme.
2 - SIGNES CLINIQUES
La cholécystite aiguë se manifeste par une colique hépatique et par un syndrome septique
d'apparition simultané.
2.1. Signes fonctionnels : la colique hépatique est la même que celle rencontrée lors des
autres manifestations de la lithiase biliaire. C'est une douleur de l'hypochondre droit irradiant en
ceinture et/ou dans l'omoplate droite, bloquant la respiration (inhibition respiratoire). Elle est en
cas de cholécystite aiguë persistante.
2.3. Signes physiques : l'examen clinique met en évidence des signes liés à la présence
d'un viscère infecté. La palpation de l'hypochondre droit déclenche :
- une douleur provoquée (signe de Murphy),
- une défense pariétale.
3 . SIGNES BIOLOGIQUES
L'hyperleucocytose à polynucléaire est la règle.
Habituellement Il n'y a pas de signe biologique de cholostase, mais cela est possible car parfois
l'inflammation de la vésicule est telle qu'elle comprime la voie biliaire principale.
L'augmentation de la bilirubine est alors modérée.
251
4. SIGNES RADIOLOGIQUES
5 - FORMES CLINIQUES
5.2. Le pyocholecyste
Parfois, le contenu de la vésicule est particulièrement septique. De ce fait, la fièvre et
l'hyperleucocytose sont particulièrement marquées.
- dans la cavité péritonéale : elle occasionne une péritonite biliaire . Le contenu septique de la
vésicule (il s'agit de la perforation d'une cholécystite) explique le caractère fébrile d'emblée de
la péritonite, mais aussi sa gravité.
252
Physiopathiologie de l’Iléus Biliaire
6 . EVOLUTION
Sous l'effet du traitement médical, la cédation de la douleur et de la température est obtenue
progressivement et de façon complète en quelques jours. Mais cette cédation n'est
habituellement que provisoire. En effet, la récidive est habituelle au cours des semaines ou des
mois qui suivent. Pour cette raison tous les patients doivent être opérés.
La récidive peut survenir sous une forme compliquée, par exemple de péritonite. L'intervention
doit donc être réalisée sans tarder inutilement c'est à dire au cours de la même hospitalisation.
7 - TRAITEMENT
Il est dans l'immédiat médical, puis secondairement chirurgical.
7.1. Médical.
Il vise à calmer la douleur et surtout à traiter l'infection par l'administration d'antibiotiques. Ces
antibiotiques sont soit des pénicillines à large spectre utilisés pour leur élimination biliaire
(Augmentin®), soit des céphalosporines (Rocéphine®), ou des fluoroquinolones (Ciflox®)
utilisés pour leur haute concentration tissulaire.
L'alimentation est interrompue, pour deux raisons. D'une part, pour ne pas entraîner la récidive
des douleurs puisque les aliments déterminent une contraction vésiculaire, et d'autre part, pour
permettre en cas d'urgence une intervention chez un patient à jeun.
7.2. Chirurgical.
7.2.1. Méthode
Chaque fois que cela est possible, la vésicule est enlevée (cholécystectomie) de façon à
traiter la complication et sa cause, c'est-à-dire la lithiase.
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Parfois, pour des raisons d'ordre général (risque opératoire élevé), ou d'ordre local (exérèse
vésiculaire dangereuse...) il n'est pas possible de faire une cholécystectomie. On se contente
alors de traiter la complication, en ouvrant la vésicule à la peau de façon à évacuer les calculs
et la bile infectée (c'est la cholécystostomie).
7.2.2. Indications
L'intervention chirurgicale est la règle. Elle est réalisée dès que les conditions sont
favorables du point de vue général ; en pratique dans les jours qui suivent l'admission.
7.2.3. Résultats :
7.2.3.1 Retour à domicile. L'ablation de la vésicule n'a pas de conséquence
fonctionnelle. La seule recommandation est d'éviter pendant quelques semaines des repas riches
en graisse.
7.2.3.2. Résultat à long terme. Il n'y a pas de risque de récidive après
cholécystectomie. Aucun suivi n'est nécessaire.
Calculs vésiculaires
Asymptomatiques dans 80 %
Cancer ICTERE
vésiculaire Obstruction
Cholécystite
suppurée
PANCREATITE
Cholécystite AIGUE
Hydrocholécyste gangréneus
Perforation
Péritonite localisée vésicule
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