Sunteți pe pagina 1din 8

Marcel Lathuillière

Un grand problème du moment : l'habitat indigène


(Algeria et l'Afrique du nord illustrée, revue mensuelle, noël 1938, n°68)

(copié depuis http://alger-roi.fr)

Dans les pays civilisés de la vieille Europe tout être humain dispose d'un toit
pour s'abriter contre le froid, la pluie et la chaleur. Le foyer évoque pour chacun
une forme de confort, variable suivant le rang social, mais toujours inséparable
de l'idée d'intimité familiale, de sécurité, de protection contre l'hostilité
mystérieuse et indéfinissable d'un monde extérieur de confuses menaces.
En Algérie, des millions d'indigènes ignorent ce bien-être et vivent
précairement sous la tente ou dans des gourbis sordides, bien faibles abris pour
protéger leurs habitants contre les rigueurs d'un climat qui, au Sud de la zone
côtière très tempérée, est souvent rude et venteux.
A côté de cette plèbe qui depuis des siècles erre à travers de vastes étendues, au
hasard des ressources qui peuvent s'offrir à elle, la population musulmane des
villes et des villages est à peine plus favorisée car elle connaît le taudis
surpeuplé, cause de déchéance morale et physiologique.
Le problème de l'habitat indigène se pose impératif, très complexe et
particulièrement difficile à résoudre. Tout concourt à le compliquer : la
mentalité des intéressés eux-mêmes qui, habitués à une existence rudimentaire,
sont peu aptes à apporter à l'entretien d'un logement digne de ce nom le soin
désirable ; la modicité de leurs ressources qui rend toutes les opérations
immobilières tentées en leur faveur forcément déficitaires ; leurs coutumes qui
ne permettent pas l'adoption de solutions aussi économiques qu'il serait
souhaitable ; enfin, dans bien des cas, leur atavisme de nomades qui les pousse
à quitter certains endroits, pourtant bien choisis, pour reprendre une vie errante
d'un charme parfois supérieur à l'attrait du confort.
On a beaucoup écrit, beaucoup parlé depuis que le Gouvernement Général de
l'Algérie a inscrit l'habitat indigène à son programme de grands travaux car rien
ne suscite plus d'intérêt que les conceptions généreuses laissant entrevoir des
transformations sociales et économiques importantes. Chacun en a envisagé les
conséquences sous angle particulier : évolution et assimilation progressive des
indigènes, amélioration de l'hygiène et diminution de la mortalité,
accroissement des besoins et des ressources d'individus vivant jusqu'ici repliés
sur eux-mêmes. D'excellentes idées ont été émises concernant la réalisation de
ce programme, cependant on s'est vite aperçu de l'impossibilité d'assurer avant
longtemps le gîte à la totalité des mal logés. Il suffit d'aligner quelques chiffres
pour s'en apercevoir.
Evaluons à quatre millions d'individus- la population d'Algérie dépourvue de
logis convenables (ce chiffre est inférieur à la réalité). Supposons que chaque
famille se compose de huit personnes, il faudrait construire cinq cent mille
logements d'une valeur minimum de vingt mille francs pour abriter l'ensemble
de cette population. C'est donc dix milliards que l'Algérie et la Métropole
devraient avancer pour résoudre imparfaitement le problème, car dans bien des
cas pareil effort serait stérile s'il n'était pas complété par une organisation
économique parallèle ; il serait en effet impossible d'envisager la perception
d'un loyer même minime pour la grande majorité Il existe un rapport entre les
ressources des individus et l'importance ou la qualité des logements qu'ils
occupent. Le gourbi, la maison kabyle, la tente du nomade ou la maison
surpeuplée de la kasbah d'Alger représentent, dans le temps présent, des logis
proportionnés à l'impécuniosité de ceux qui les habitent.
On ne peut donc envisager une amélioration réelle et durable de l'habitation des
indigènes sans un accroissement notable de leurs revenus, et même, si l'avance
de fonds est faite par une grande collectivité, il importe que l'opération soit,
suivant le terme, rentable, même faiblement, sous peine de la voir échouer
rapidement.
L'importance de la question n'a pas échappé au Gouvernement Général de
l'Algérie, qui a dressé un vaste programme de paysanat destiné à assurer aux
indigènes dignes d'intérêt une existence heureuse dans le travail. Les
expériences d'habitat rural organisées par la Direction des Affaires Indigènes
sont toujours conduites parallèlement à des expériences de paysanat, de sorte
que les fellahs, admis à occuper des fermes ou des petites maisons familiales,
sont en même temps nantis d'une terre qu'ils doivent cultiver sous le contrôle de
l'Administration ; ils peuvent donc s'acquitter de leurs nouvelles charges,
puisque ce sont des gens qui possèdent des moyens d'existence et sont guidés de
façon à en tirer le meilleur parti.
Là est la vérité, mais il ne faut pas se dissimuler qu'il n'est pas toujours possible
de créer une pareille harmonie, principalement quand il s'agit d'habitat urbain
ou plus exactement suburbain. Il devient alors malaisé de contrôler les
ressources des locataires, lesquelles varient suivant les époques et risquent
parfois d'être à peu près nulles.
Comment dès lors envisager des réalisations partielles de nature à produire des
effets réellement bienfaisants ? La seule formule qui nous paraisse intéressante
consiste à utiliser une méthode que nous pourrions appeler la " Biologie
Urbaine ". Il ne suffit pas d'aligner ou de répartir plus ou moins au hasard des
maisons bien agencées pour obtenir un résultat satisfaisant. Il faut créer des
centres indigènes équipés et distribués de 'elle manière qu'ils soient capables
dans l'avenir de prospérer. Cités indigènes ou quartiers indigènes doivent être
fondés exactement comme un village destiné à vivre par lui-même et à tirer du
genre d'activité de ses habitants un caractère personnel.
Il s'agit d'agglutiner des gens dans un endroit approprié et de faire en sorte qu'ils
y soient heureux et suscitent de la part d'individus moins favorisés une certaine
envie, un désir de bénéficier des mêmes avantages et du même confort.
Pour cela il faut que l'emplacement du nouveau Centre soit judicieusement
choisi, en un lieu sain, bien ventilé et ensoleillé, qu'il soit abondamment
alimenté en eau potable, muni d'un réseau d'égouts et si possible raccordé à une
ligne électrique.
Mais il est tout autant nécessaire que ce nouveau Centre soit bien composé,
possède de vastes espaces libres et surtout des organes vitaux indispensables :
écoles, salle de réunions, café maure, maisons d'artisans, salle de consultations,
lavoir, emplacement pour le marché, remises, écuries, fondouks, et aussi, un
peu plus tard, bain maure et mosquée. Ainsi conçu, il prospérera et se
développera rapidement si l'on a eu le soin de l'entourer de terrains libres,
suffisamment vastes pour permettre son extension. Ouvert au Commerce, il
deviendra un centre attractif, un lieu d'échanges autour duquel on aura tendance
à se fixer.
Une cité indigène doit pouvoir vivre si elle n'est pas trop éloignée des lieux de
travail, si les premiers occupants ont été choisis parmi la population laborieuse
et active de la région, si rien n'a été négligé pour assurer aux habitants un
minimum de commodités. On peut objecter que les crédits de l'habitat indigène
doivent être utilisés avant tout pour construire des maisons et que les édifices
publics ou utilitaires viennent en deuxième ordre d'urgence. Cette objection doit
être réfutée. D'abord beaucoup de ces édifices réputés superflus sont de peu
d'importance et par conséquent de construction peu onéreuse ; l'adjonction de
quelques boutiques occasionne une dépense négligeable ; l'école sera presque
toujours indispensable; la salle de réunions, la salle de consultations et le lavoir
sont de tous petits édifices qui représentent, s'il n'y a pas de difficultés
particulières de construction, tout au plus la valeur d'une maison. Par contre,
leur présence assurera une meilleure cohésion entre les habitants et développera
leur sociabilité.
Lorsqu'on a donné la vie à une agglomération humaine, on peut toujours espérer
que le nouvel organisme aura une tendance naturelle à s'accroître. Ce qui est
vrai pour les européens ne peut pas ne pas l'être pour les indigènes. Nous en
avons la preuve chaque jour et les misérables bidonvilles que l'on rencontre trop
souvent aux alentours des villes ne sont-ils pas eux-mêmes, dans leur crasse et
leur misère, une démonstration de cette vitalité irrépressible qui se manifeste
chaque fois qu'un intérêt pousse des individus à se fixer en un lieu de préférence
à tout autre.
Si spontanément des quartiers sordides ont pu se développer avec une telle
sève, pourquoi les Cités nouvelles qui doivent les remplacer ne subiraient-elles
pas les mêmes sollicitations?
L'autorité, en fixant l'emplacement d'un nouveau centre, ne doit pas considérer
seulement les quelques maisons qu'elle y fera édifier de suite, mais imaginer ce
que pourra devenir ce centre dans un certain nombre d'années. Outre qu'elle
devra pouvoir exécuter de nouvelles tranches de travaux suivant les besoins,
elle sera avisée en permettant à I'initiative privée de se manifester dans un cadre
prévu à l'avance.
Il ne parait pas déraisonnable d'admettre qu'avec une aide légère certains
indigènes acceptent de construire des maisons pour leur propre compte. L'aide
peut se manifester sous diverses formes : aménagement de la voirie d'ailleurs
assez restreinte ; dotation d'éléments standards utilisés déjà pour les
constructions antérieures, tels que châssis en béton, claustras et en général tous
articles moulés qui, une fois le prix du moule amorti, sont d'un coût minime ;
fourniture par les Communes des divers matériaux, principalement pierres,
caillasse et sable à des prix très modérés, etc... etc...
Si l'exécution est soigneusement contrôlée et le type de plans imposé à l'avance,
afin d'éviter la formation de nouveaux taudis, on obtiendra à peu de frais
d'intéressants résultats.
Tout autant pourrait-on favoriser la formation de groupements coopératifs
fondés en vue de la construction de maisons dans les Cités indigènes existantes,
ces groupements bénéficiant des mêmes avantages que les particuliers. Bref,
rien ne doit être négligé pour que l'effort de la Colonie et des Communes soit
complété, ce qui paraît toujours possible quand les bases de départ ont été
judicieusement établies, par l'initiative des habitants.
Le choix du terrain est évidemment important et, outre la situation, il convient
d'étudier la topographie et la composition du sol. Trop souvent les Municipalités
ont tendance à réserver à l'habitat indigène des terrains mouvementés et peu
consistants ; l'économie réalisée sur le terrain est alors largement compensée par
des dépenses excessives de terrassements e de fondations très sensibles pour
des maisons presque toujours à rez-de-chaussée.
Existe-t-il un ou plusieurs tracés-types de Cités indigènes, du même ordre par
exemple que ceux jadis utilisés pour les Centres de colonisation ? Nous ne le
croyons pas, il importe au contraire de laisser aux architectes le soin de
déterminer pour chaque cas le tracé le mieux adapté aux conditions, on
obtiendra ainsi des rendements très supérieurs à ceux que l'on pourrait espérer
de dispositions conventionnellement établies.
Deux préoccupations doivent retenir avant tout l'attention des architectes :
l'orientation générale de l'agglomération qui aidera à résoudre le problème de
l'ensoleillement des locaux; l'étude très serrée du réseau routier.
La viabilité doit être réduite au strict minimum dans les zones purement
résidentielles. Une rue de 6 mètres est largement suffisante pour desservir des
maisons à Rez-de-Chaussée seulement ; sous certaines conditions des ruelles en
impasses de très faible largeur peuvent aisément être admises. En général, une
seule grande artère sera nécessaire pour desservir le centre de la cité et sa
largeur devra être à l'échelle de l'ensemble ; par contraste une voie de 12 mètres
représentera largement l'équivalent d'un vaste boulevard d'une ville européenne
Si la superficie des chaussées empierrées doit être mesurée avec parcimonie, en
revanche il sera toujours indispensable de prévoir de grands espaces libres tels
que jardins, places et terre-plein de toute nature dont les frais d'établissement et
d'entretien pourront être réduits au strict minimum.
Examinons enfin la maison elle-même. Elle constitue la cellule fondamentale de
la Cité et son étude exigera de la part des architectes des soins attentifs, autant
pour la répartition des locaux que pour la construction des murs, planchers et
toitures. Elle devra être solide, protéger ses occupants contre le froid, la chaleur,
la pluie, l'humidité, ne pas choquer leurs habitudes et cependant ne pas gêner
leur évolution possible.
Comment la concevoir ? Faut-il rechercher dans l'architecture barbaresque des
éléments fondamentaux ? Faut- il au contraire tendre vers des formes
d'inspiration européenne ?
L'architecture barbaresque n'a jamais été qu'un art d'importation et n'a aucune
racine populaire, la maison mauresque classique fut l'apanage d'une classe
dirigeante qui n'eut jamais de contacts étroits avec la masse des fellahs
indigènes, véritable population de l'Algérie, aussi ne pourra-t- on y faire que
quelques emprunts se rapportant surtout à la disposition des pièces, leur
ventilation et leur aménagement.
Les villas européennes d'Afrique du Nord sont trop semblables, à la couleur
près, à leurs soeurs des villes françaises, pour qu'on puisse espérer s'en inspirer
utilement. Elles ne cachent rien de la vie intime de leurs occupants et heurtent
trop violemment le mode d'existence traditionnel du musulman. On ne pourra
guère utiliser d'elles que les procédés de construction plus pratiques et plus
rapides que ceux en usage chez les indigènes.
La demeure du programme d'habitat indigène devra donc être conçue suivant
des données particulières assez différentes de tout ce qui a été fait jusqu'à
présent. Laissons de côté la construction proprement dite qui nécessitera encore
de nombreuses expériences et variera suivant les régions, pour examiner tout
d'abord la distribution et l'équipement.
La maison indigène doit être traitée avec une extrême simplicité, jamais il ne
sera plus nécessaire d'adopter des solutions concises, sobres dans la forme et
dépouillées de tout élément superflu.
La famille indigène est toujours nombreuse ; outre le père, la mère et plusieurs
enfants, elle comprend souvent de proches parents. Ce sont généralement 7 ou 8
personnes au minimum qui doivent vivre sous un même toit, et cependant le
logement doit être forcément restreint car l'apport journalier des éléments actifs
de cette famille restera encore longtemps assez modique.
Il faut donc loger beaucoup de monde dans peu de place. Il s'agit évidemment
de gens qui ont l'habitude de vivre dans des espaces mesurés, mais encore est-il
indispensable que certaines précautions soient prises afin qu'ils ne se gênent pas
trop.
La maison se composera donc presque toujours de deux pièces, un petit abri
couvert, un W.-C. et une cour ou jardin. Les pièces ne contiendront jamais
beaucoup de mobilier mais il conviendra de les disposer de façon qu'elles
puissent recevoir assez de paillassons, nattes ou tapis pour que chacun y dorme
à son aise. Quelquefois même, surtout aux abords des grandes villes, les
locataires apporteront avec eux ces pittoresques lits à baldaquin en fer ouvragé
qui permettent un isolement relatif.
La pièce étroite et longue des maisons mauresques est parfaitement adaptée aux
besoins. Elle est plus pratique que la pièce carrée car elle permet soit un
alignement des paillasses, soit l'aménagement des deux extrémités en alcôve.
L'abri couvert n'est pas non plus un élément négligeable, il servira de. dépôt, de
buanderie et aussi de cuisine d'été. C'est l'annexe indispensable aux pièces
d'habitation et il sera toujours intéressant qu'il communique directement avec
l'une d'elles.
La cour est inséparable de toutes les maisons arabes, c'est le réservoir d'air et de
lumière. Par elle toutes les pièces respirent à l'abri des regards indiscrets. Peu
importe qu'elle soit entourée d'arcades ou que ce soit un simple enclos bordé de
murs, la fonction reste la même. Elle a un passé très ancien et toutes les
maisons de la Méditerranée, aussi loin qu'on remonte dans l'antiquité, possèdent
une cour dont l'existence est parfaitement justifiée par le climat. Dans la maison
indigène nouvelle elle devra être conservée, d’autant plus qu'elle compensera
dans une large mesure, pendant la belle saison, l’exiguïté des locaux.
La bonne orientation des pièces d'habitation a une importance capitale. Plus que
les européens les indigènes ont besoin du soleil, leur genre de vie, la frugalité
souvent excessive de leurs repas exigent en compensation un ensoleillement
satisfaisant des locaux qu'ils occupent. Le soleil, quand ses rayons ne sont pas
trop ardents, exerce une influence excellente sur la santé des individus, il
dispense ses calories sur des organismes parfois fragiles et anémiés et évite la
propagation de maladies graves, plus particulièrement la tuberculose, dans une
population qui ne respecte encore qu'imparfaitement les règles élémentaires de
l’hygiène.
Il est d'ailleurs plus facile de se protéger du soleil que de pallier à son absence
et une orientation rigoureusement au Sud sera toujours très satisfaisante si
quelques dalles ou auvents protègent les ouvertures. Au solstice d'été la hauteur
du soleil au passage du méridien est de 76° sur le littoral méditerranéen, ce qui
signifie qu'aux heures les plus chaudes ses rayons frappent le sol suivant un
angle proche de la verticale, et pénètrent difficilement dans l'intérieur des
pièces, surtout si des obstacles sont judicieusement placés. En hiver, l'astre étant
beaucoup plus bas sur l'horizon, l'ensoleille-ment des locaux sur des faces bien
orientées sera abondant. Au contraire, les orientations proches du Nord sont
désagréables en hiver en raison de l'absence totale de soleil et aucun dispositif
ne pourra remédier jamais à cet inconvénient.
La ventilation joue aussi un rôle indispensable. Il sera nécessaire qu'une
ventilation permanente, échappant au contrôle des occupants, soit assurée dans
chaque pièce. Cette question très importante mérite une étude minutieuse. La
circulation de l'air dans les locaux est assez facile à réaliser à condition qu'elle
soit prévue au moment de la construction. Le surpeuplement des pièces pendant
la nuit rend à peu près obligatoire l'application aux maisons indigènes de
systèmes de ventilation déjà largement utilisés par ailleurs.
Parlons maintenant de ce qui a déjà été réalisé en matière de cités indigènes. En
regard des nombreux projets en instance d'exécution, les réalisations sont assez
clairsemées. Beaucoup ont à vrai dire constitué des expériences dont
l'enseignement a permis d'utiles mises au point. Il n'est pas regrettable que
plusieurs années se soient passées avant qu'il ait été possible d'envisager la
construction d'habitations en grande quantité.
De sérieuses erreurs ne seront plus commises et déjà les cités récemment
achevées marquent un progrès sensible sur celles qui les ont précédées.
A l'origine, devant la nécessité de rester dans la limite des crédits alloués, on a
élevé des maisons à parois légères, trop perméables à la température extérieure.
Très souvent, les indigènes ne les ont que médiocrement appréciées : elles
constituaient des abris insuffisants, parfois même inférieurs à la tente ou à
certains gourbis, dont les matériaux, moins étanches, sont davantage isolants.
Les résultats de pareils errements sont assez curieux et il nous a été donné de
constater que dans certains cas des indigènes, d'ailleurs peu assimilés, ont
dressé leur tente dans la cour de leur maison, réservant les chambres à leurs
bestiaux. De pareils faits prouvent qu'il ne faut pas pousser le souci de
l'économie jusqu'à construire des logements inhabitables.
D'autres expériences ont porté sur la forme des logis à adopter. Beaucoup
d'indigènes, surtout dans les villes, affectant de se plier aux habitudes
européennes, quelques maisons ont été construites à l'usage de cette catégorie
d'évolués. Sans grand succès d'ailleurs. Bientôt les fenêtres ouvertes vers
l'extérieur ont été bouchées avec des lattis et des toiles de sac qui plongeaient
les pièces dans la pénombre,-au grand détriment de l’hygiène.
C'est que le chef de famille n'est pas seul. S'il se vante parfois de vivre
autrement que la masse de ses coreligionnaires, il n'en subit pas moins
l'ambiance de son entourage qui accepte fort bien ses allures dégagées de tout
préjugé mais garde, lorsqu'il s'agit de logis, des idées ancestrales qu'il serait
vain de vouloir faire disparaître du jour au lendemain.
Sans entrer dans le détail des modes de construction susceptibles d'être utilisés
pour l'édification des cités indigènes de toute nature, il est intéressant tout au
moins d'examiner les possibilités qui s'offrent aux architectes. Dans certains
cas, surtout pour des centres ruraux ou pour des cités relativement isolées, il
sera parfois nécessaire, en raison des difficultés d'accès, de chercher à utiliser
intégralement toutes les ressources de la région si toutefois il en existe. On sera
alors amené à construire des maisons selon des procédés éprouvés et
traditionnels. Par contre, aux abords des grandes villes et plus spécialement sur
le littoral méditerranéen, il deviendra possible de rechercher par la construction
en série un abaissement du prix de revient. Le béton moulé, sous toutes ses
formes, pourra être largement utilisé.
Une standardisation générale de tous les éléments de la construction sera alors à
prévoir et l'aspect définitif des cités ainsi conçues ne manquera pas d'être
souvent des plus curieux.
En définitive, on peut conclure que l'habitat indigène pose à l'Administration,
aux économistes, aux sociologues, aux hygiénistes et aux constructeurs de
nombreuses questions presque toujours très délicates. Il n'est pas douteux
d'ailleurs qu'au cours des années à venir le problème évoluera, car la population
indigène, dans les villes surtout, est amenée petit à petit à modifier son genre de
vie, non pas volontairement mais sous la poussée des événements qui tendent
de plus en plus, dans la société actuelle, à rendre tout bonheur impossible dans
l'impécuniosité.
MARCEL LATHUILLIERE,
Architecte diplômé par le
Gouvernement, Conseiller technique à l'Habitat et au Paysanat indigènes.

S-ar putea să vă placă și