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L’ŒUVRE
Dans les trois romantische Oper à venir, le modèle reste encore Euryanthe de Weber.
- Tannhäuser
Grosse romantische Oper en trois actes. Version de Dresde, 1845 ; version de Paris, 1861 avec la
bacchanale (ballet) directement enchaînée à l’ouverture, ce qui fit scandale.
Sujet médiéval historico/légendaire/fantastique. Concours de chant, tiré de Wolfram von Eschenbach
(Tannhäuser est l’un des Minnesänger du XIIIe s.). Deux lieux scéniques – le Venusberg (imaginaire)
et le château de la Wartburg en Thuringe (réel) – symbolisent les pôles antaginistes du charnel et du
spirituel.
Ouverture à programme en arche. Déjà construction en scènes plutôt qu’en numéros (notamment le
« récit de Rome », acte III).
- Lohengrin
Romantische Oper en trois actes, créé par Liszt à Weimar en 1850.
Sujet médiéval légendaire/surnaturel. L’action se situe au Xe s. Couple pur Lohengrin/Elsa opposé
au couple maléfique Telramund/Ortrud. Contexte de guerre et d’oppositions religieuses. Louis II de
Bavière est envoûté : le cygne de Lohengrin est partout à Neuschwanstein et dans la grotte de Linderhof.
Le Wort Tondrama
- Parsifal
Ein Bühnenweihfestspiel (Un festival scénique sacré). Création à Bayreuth en 1882.
Origine celtique et peut-être orientale de la légende. Wagner vient d’écrire Art et religion et Héroïsme
et christianisme. Il lit les Upanishad « Depuis longtemps, l’étude de la philosophie et de la poésie de
l’Inde compte parmi l’édification de ma vie et si je nomme l’Italie la patrie de la Beauté, je révère dans
l’Inde la mère de la Sagesse humaine ».
Sujet
On peut voir dans Parsifal le couronnement de Tannhäuser et de Lohengrin mais aussi la suite logique
du Ring. De politique et social, l’enjeu devient moral.
Deux mondes antagonistes : Monsalvat, royaume du Bien, mais marqué par le péché, en train de dépérir
dans l’attente d’un sauveur ; le royaume du Mal dans le Jardin enchanté de Klingsor. Dans cet oratorio
de la rédemption, le Graal et la lance et le Vendredi saint évoquent la Grande Rédemption chrétienne.
Les réactions furent parfois violentes, dont celle de Nietzsche : « Richard Wagner, en apparence
victorieux, en réalité désespéré, décadent et corrompu tomba soudain, impuissant et brisé, au pied de la
croix chrétienne. », mais Nietzsche ajoute « Mis à part la question ‘à quoi une telle musique peut et doit
servir ?’, Wagner a-t-il jamais fait mieux ? (…) Synthèse d’une rigueur implacable, d’une élévation au
sens redoutable du mot. »
Musique
L’œuvre dessine un ABA’ à grande échelle. Chaque acte s’articule autour d’un récit : Gurnemanz,
Kundry, Parsifal.
Seule œuvre pensée orchestralement pour Bayreuth et son « abyme mystique », d’où un fondu
orchestral.
IDEES DE WAGNER
Wagner voit dans Beethoven, Gluck et Weber ses précurseurs. Tout en méprisant Français et Italiens, il
tient compte aussi de Méhul, Auber, Meyerbeer, Spontini, Rossini, Bellini. Influence plus tardive de
Berlioz et Liszt.
Structure et Leitmotiv
Peu à peu, rejet de l’opéra à numéros au profit du drame continu ; continuité assurée par la symphonie
porteuse de tous les motifs signifiants.
1. Rôle sémantique : associés à des personnages, situations, objets symboliques, états d’âme, ils
permettent prémonitions, réminiscences, croisements d’idées, et structurent le conscient ou l’inconscient
de l’écoute.
2. Rôle structurel. Dans le drame durchkomponiert, ils créent des repères.
Le leitmotiv n’a d’identité ni tonale, ni rythmique = élément transformable dans le drame continu. Il
peut exister un Urthema (thème générateur) d’où dérivent tous les autres, d’où ambigüité de certains
motifs.
Le temps
La longue durée est obtenue par d’inlassables répétitions, par l’allongement du premier ou du troisième
acte, par les avatars multiples des leitmotive, par des accords longuement tenus dans des tempos modérés
(« le mouvement allemand est la marche, l’andante », prétend Wagner qui écrit tous ses premiers opéras
à 4/4), par une gestion harmonique qui repousse les cadences et la notion de conclusion. Art du fondu
enchaîné.
La remise en question du déroulement du temps, progressif et régressif, est l’apport le plus subversif de
Wagner.
L’orchestre
Il occupe la première place, d’où la valeur des ouvertures (puis préludes), interludes, marches, etc. Il
assume le signifiant et la « mélodie continue ». Cf. « genre instrumental » de Berlioz, « poème
symphonique » de Liszt. Conception symphonique du drame. Il finit par donner la place la plus
grande à la musique, de plus en plus de moments sans parole. Cf. marche funèbre de Siegfried
qui nous relate toute l’histoire sans aucun mot.
Renforcement des vents : bois par 3 ou 4 (clarinette basse), cuivres par 4 ou 8, ajout des Wagnertuben
(catégorie des cors), trompette basse. Les cordes conservent le rôle expressif (cordes multipliées et
divisées). Extension des registres, du piccolo jusqu’à la clarinette basse, le trombone basse, les
Wagnertüben (réutilisés par Brückner), les cloches, les enclumes dans l’Or du Rhin.
A Bayreuth, tout est fondu dans la fosse invisible, dite « abîme mystique ».
La voix
Il s’éloigne de tout canto fiorito, en revanche il est émerveillé par le canto spianato de Bellini,
chant continu. Au fil des années, Wagner élimine la mélodie ornée à l’italienne au profit d’une large
et libre déclamation, sans carrures systématiques, qui doit dominer la puissance de l’orchestre.
Wagner souhaitait des « chantacteurs » disciplinés (« Je les prie de chanter les passages parlando de
mon opéra aussi exactement que possible et dans la mesure où ils sont écrits ») et capables de transmettre
en un tout indissociable texte et chant à l’image de la gestation unitaire de l’œuvre.
Comme chez Gluck, peu d’ensembles. Chœurs souvent verticaux et parfois presque absents.
Le langage musical
Une écriture ouvertement contrapunctique est rare, sauf dans le fugue des Maîtres chanteurs (fin acte
II). En revanche, la polysémique du drame amène à une polymélodie par superposition de leitmotive
(fin des Maîtres, fin du Crépuscule des dieux, etc.). Bourgeonnement de la trame harmonique qui rend
chaque partie interne intéressante.
Harmonie considérablement enrichie dans les années 1850 au contact de Liszt : peu d’accords
consonants, cadences repoussées, accords « androgynes » (ou polysémiques), modulations permanentes,
chromatismes mélodiques et harmoniques, enharmonies = déstabilisation de l’univers tonal = tension,
attente, désir inassouvi.
Wagner peut dissoudre les repères tonals, localement ou globalement, mais il peut aussi rester longtemps
dans une couleur tonale ou boucler (Vaisseau fantôme en ré/Ré, Maîtres chanteurs en Ut, Parsifal en
Lab).