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La finance islamique, gisement de croissance

Article · January 2014


DOI: 10.3917/emr.155.0030

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Jean-Michel Huet
BearingPoint
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La Finance
Islamique
Quels enjeux pour les entreprises
demain ?

White Paper | 2014


Editorial
C’est une tendance de fond pour Le secteur financier joue un rôle clé dans le développement des pays. Il collecte
l’argent, permet les paiements entre acteurs économiques, permet l’allocation des
l’économie mondiale et pas ressources et notamment des investissements par des modes de financement
seulement dans quelques pays. (prêts pour les banques, levées de fonds pour les bourses), favorise l’inclusion
économique et financière des agents économiques et couvre des risques via les
assurances. L’activité du secteur financier est donc essentielle pour les citoyens
tout au long de leur vie, pour les entreprises quelle que soit leur taille, et pour les
Etats. Alors que le système conventionnel a souffert récemment de plusieurs crises
et de critiques, des modèles alternatifs se développent, depuis quelques décennies.
Ceux-ci sont basés sur des principes éthiques issus des écrits de la seconde religion
du monde par son nombre de fidèles : l’Islam.

L’enjeu est à l’échelle de la planète car si peu d’Etats ont imposé la finance
islamique comme obligatoire et unique, de plus en plus l’autorisent voire
l’encouragent. Les premiers succès avérés viennent d’Asie, du Golfe, et touchent à
présent l’Afrique et l’Europe. Ce n’est plus un phénomène sporadique mais une
vraie évolution, dont certains des principes font échos aux critiques émises – y
compris depuis les Etats-Unis et l’Europe de l’ouest – sur le système conventionnel.
Sommaire
L’ambition de ce point de vue est double : descriptif et prospectif. Tout d’abord il
Editorial..........................................................................................................................3
s’agit de mettre en exergue l’ampleur du phénomène au niveau mondial mais
Comprendre l’histoire et la géopolitique de la finance islamique........4 aussi de se familiariser avec les principes qui sous-tendent la finance islamique et
Les modes de financement islamique et leurs cinq bases...................................5 leurs conséquences dans l’innovation des produits financiers. Ensuite, au-delà de
Les contrats sharia-compliant applicables..................................................................8 certains succès avérés, nous expliquons les risques et difficultés associés au
Histoire de la finance islamique....................................................................................10 développement de la finance islamique. Enfin, nous proposons des pistes sur les
Géopolitique de la finance islamique.........................................................................12 sujets en devenir.
Quels risques et contraintes pour le développement de la finance
Si le financement des particuliers est aujourd’hui bien réalisé dans certains pays,
islamique....................................................................................................................18
les difficultés à financer les entreprises et notamment les PME est un vrai axe de
Les risques réglementaires..............................................................................................19 progrès. Le développement des pays émergents passe aussi par ces pratiques. Si
La gestion des compétences..........................................................................................20 finance islamique rime souvent avec banque et prêts, les questions relatives aux
L’image de marque.............................................................................................................21 assurances ou au micro-crédit ne sont pas à négliger.
Les axes de développement de la finance islamique .............................24
C’est une tendance de fond pour l’économie mondiale et pas seulement dans
Le financement des PME des pays émergents.......................................................25
quelques pays. Une tendance qui ne doit pas être négligée.
Le financement du développement au sens général..........................................29
L’assurance islamique : la nouvelle frontière............................................................32
Remerciements........................................................................................................36
Jean-Michel Huet
Contacts......................................................................................................................37
Associé
BearingPoint

2 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 3


Comprendre
l’histoire et la
géopolitique
de la finance
islamique Les modes de financement
islamique et leurs cinq bases
Les règles de la finance islamique s’appuient sur la sharia,
Quels liens peuvent exister entre un c’est-à-dire à la fois sur l’ensemble des révélations faites à
chameau nouveau-né et les produits Mahomet puis retranscrites dans le livre saint (le Coran) et en
même temps sur ses actes et ses paroles (la Sounna). Certains cas
dérivés ? Entre la sharia et le Dow Jones ? n’étant pas résolus par ce corpus, les docteurs de la loi, les
Entre le land de Saxe Anhalt et les oulémas, ont statué et rédigé les fiqhs, c’est-à-dire des
interprétations faisant jurisprudence. Cette partie, fruit de la
marchés financiers de Dubaï ? La réponse réflexion humaine, est plus controversée. Ainsi constituée, la
pourrait bien être un gisement de crois- sharia est divisée entre ce qui a trait à la relation avec Dieu et ce
qui a trait aux relations entre hommes : le fiqh al badat et le fiqh
sance dans les années à venir… La finance al mu’amalat. En définissant les 5 piliers de l’Islam, le fiqh al
islamique est un domaine encore badat génère une première obligation financière : la zakat ; c’est
à dire l’obligation de payer un impôt à des œuvres louables dans
méconnu des entreprises alors qu’il se un esprit d’aumône. Le fiqh al mu’amalat, quant à lui, est la
développe à marche forcée dans les pays source principale pour définir des contrats qui aillent dans le sens
de la sharia.
du golfe, de l’Asie du sud-est et de plus en
plus en Europe et en Afrique. Ce secteur Première base : l’interdit du Riba
repose sur l’application des principes de la Bien que le terme puisse parfois être considéré comme la
traduction de l’usure, les docteurs de la loi ont finalement étendu
loi islamique au secteur bancaire et aux l’interdiction à l’intérêt de façon générale. D’une part, se
mondes financiers plus généralement. récompenser en fonction du temps implique de s’attribuer ce qui
appartient à Dieu. Etant donné que l’Islam considère que le

4 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 5


temps est un bien exclusivement divin, seul le travail peut être D’une manière assez semblable, le comportement d’un des partis
récompensé financièrement. Attendre un retour sur ne peut être relatif à l’avenir. Un engagement relatif ou un
investissement sans prendre part à la gestion d’un projet ne serait paiement conditionnel n’est pas concevable dans la rédaction
donc pas compatible avec la sharia. D’autre part, la répartition d’un contrat conforme à la sharia. Cet interdit s’applique en
des risques dans un prêt classique générerait une injustice sociale particulier aux assurances : lors d’un sinistre, la rétribution serait
et c’est là la raison fondamentale de l’interdit. Dans un prêt fonction de la responsabilité de l’assuré ; c’est-à-dire d’un aspect
classique, l’emprunteur supporte quasiment seul les risques liés à non quantifiable au moment de la signature.
l’opération. Selon l’Islam, dès lors que le créancier est rémunéré,
lui aussi devrait prendre part aux éventuelles pertes. Par ailleurs, Pour revenir sur les liens surprenants vus en introduction, le
les risques encourus doivent se mesurer en fonction de la nature gharar est l’intermédiaire entre un bébé chameau et les produits
de l’investissement. En ce sens, un prêteur risque son capital dérivés. Un des hadiths à la base de l’interdit explique qu’il n’est
lorsqu’il investit alors qu’un entrepreneur risque le fruit de son pas possible de vendre un chameau avant sa naissance ; ce qui
travail. génère l’interdiction de vendre ce dont la valeur n’est pas encore
définie. Assurer la compatibilité entre les produits dérivés et
L’alternative à Si la pratique de l’intérêt est interdite, le prêt n’a pas de
connotation mauvaise en soi. Comment alors trouver une
l’interdit du gharar s’avère en ce sens un délicat exercice
d’équilibriste.
l’intérêt est de alternative ? Comment encourager le prêt et permettre le
développement économique ? Les gains du prêteur doivent Troisième base : l’interdit du Maysir
faire de la simplement être calculés autrement. C’est là qu’apparait la
Là encore la notion d’incertitude, de risque est omniprésente mais
banque un notion de partage des profits et des pertes : alors qu’un
emprunteur est classiquement tenu de rembourser son prêt quel
dans une logique différente. Si le gharar peut être lié d’avantage

partenaire de que soit son résultat, une opération de financement conforme


à une notion d’imprécision et d’ambiguïté, le maysir se rapproche
plutôt de la spéculation. Les jeux de hasard sont interdits dans
aux règles de la sharia n’a pas une issue aussi certaine.
l’emprunteur L’alternative à l’intérêt est de faire de la banque un partenaire de
l’Islam, et par conséquent les prises de risques volontaires dans
des affaires commerciales le sont aussi. Il est fréquent que les
et donc de l’emprunteur et donc de partager le résultat. Mais ce partage se
fait aussi bien en cas de profit qu’en cas de pertes. Les risques
conséquences de cet interdit se confondent avec celles liées au

partager le sont mieux distribués et l’association de la banque aux projets


gharar. Ainsi, l’interdit de principe sur les produits dérivés est
attribué tant à l’un qu’à l’autre. Ces deux concepts, en un sens, se
rend sa rémunération légitime.
résultat. recoupent et se ressemblent, mais gardent une finalité bien
distincte.
Seconde base : l’interdit du Gharar
Alors que le Riba est assez facilement traduisible, expliquer ce Quatrième base : les activités haram
qu’est le Gharar est autrement plus délicat. Ce terme regroupe
Il est de notoriété publique que la loi islamique insiste sur une
plusieurs aspects qui seraient comparable assez spontanément à
séparation entre les produits licites et illicites : viande porcine,
l’incertitude, l’ambiguïté, la tromperie ou encore le risque. La
alcool, drogues, etc. Ces produits sont prohibés dans la sharia. De
symétrie d’information est ici un élément structurant. Un contrat
manière naturelle, les activités économiques sont soumises aux
doit être clairement défini tant en quantité qu’en qualité. Cet
mêmes règles. Pourquoi financer ce que l’Islam désapprouve ?
aspect relève plus de la protection du consommateur que d’un
Parmi les interdits clairement définis, on retrouve les activités de
véritable dogme théologique mais reste fondamental pour définir
vente d’alcool et de stupéfiants, de viande porcine ou encore le
les contrats. Quand bien même un des partis voudrait laisser des
trafic d’armes. Les transactions sur la monnaie, l’argent ou l’or
clauses permettant de s’adapter en vue d’une situation future, il
posent également problème : cela correspond à attribuer de la
est obligatoire de quantifier de manière fixe les prix, les quantités
valeur à ce qui n’est qu’un outil d’échange. L’argent n’a pas de
et les indicateurs de qualité. Ces valeurs ne peuvent être soumises
valeur en soi, il n’est qu’une mesure permettant la comparaison
à des conditions imprévisibles.
de biens distincts. Impossible, donc, de le traiter comme une

6 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 7


marchandise à part entière. Ces activités sont dites haram, entièrement couvertes par le prêteur. Il peut néanmoins chercher
illicites. à prouver qu’il y a eu une négligence dans la gestion du moudharib
pour se soustraire à ses obligations. Le moudharib risque le fruit de
Un problème se pose alors pour l’actionnaire musulman  : dans son travail, le rab el mal risque son apport financier.
quelle mesure peut-il investir dans le capital d’une
entreprise  classique ? Si on comprend que les activités
exclusivement consacrées aux activités haram sont bannies, la La moucharaka
majorité des entreprises n’ont que peu ou pas d’activités liées à ces Il s’agit probablement du contrat le plus représentatif du respect
interdits. Il est donc possible de retracer le ratio d’activités haram de l’esprit des règles de la sharia. Dans ce contrat, les deux partis
par rapport aux activités halal afin de renoncer aux dividendes se partagent tant les apports en capitaux que la gestion du projet.
illicites. La part définie comme irrecevable devra ensuite être Au moment de la signature du contrat, chacun apporte à la fois du
donnée à une œuvre de charité. capital et du savoir-faire. Il n’est pas rare de lire que la finance
embauche autant des gestionnaires que des banquiers, le contrat
moucharaka est une des explications de cette affirmation. Ce
il est par ex- Cinquième base : l’obligation de la zakat
contrat précise également comment doivent se partager les profits
L’un des 5 piliers de l’Islam concerne l’obligation de faire aumône.
emple possible Cette obligation est valable tant pour la personne physique que
et les pertes. Toujours dans l’esprit de ne risquer que sa contribution,
les pertes sont partagées en fonction de l’apport en capitaux. Les
d’affecter la pour la personne moral. En ce sens, les entreprises ne peuvent se
revendiquer comme islamiques que si elles respectent cette
gains, eux, sont partagés en fonction d’un ratio décidé en amont
prenant en compte l’apport financier et la participation à la
zakat à l’aide à condition. Il ne s’agit pas réellement d’un don mais bien d’une gestion des deux partis. La moucharaka peut être définitive ou
obligation répondant à des lois très précises : un impôt à objectif
la création caritatif. De manière générale, le taux de prélèvement sur les
dégressive. Si elle est définitive, elle est signée jusqu’à la fin du
projet qu’elle finance. Si elle est dégressive, la banque accepte de
d’entreprises revenus avoisine les 2,5% au sens d’une année lunaire (soit environ
2,75% sur l’année solaire). Le taux varie néanmoins en fonction de
vendre petit à petit ses parts et de voir son ratio de partage évoluer
en ce sens.
ou au finance- l’activité. La zakat peut être redistribuée de plusieurs manière et ne
sert pas forcément les plus démunis ; il est par exemple possible
ment de pro- d’affecter la zakat à l’aide à la création d’entreprises ou au La mourabaha
jets sociaux. financement de projets sociaux. De loin l’opération la plus utilisée dans les banques islamiques, elle La mourabaha
est très semblable à un prêt de la finance conventionnelle. Elle est
estimée à environ 60% des contrats de financement utilisés dans est estimée à
Les contrats sharia-compliant le secteur financier. Ce contrat fait intervenir trois acteurs  : un
environ 60%
vendeur, un établissement financier et un acheteur. Ce dernier
applicables convoite un bien mais ne dispose pas des liquidités pour l’acheter. des contrats
Une fois ces bases définies, elles permettent de fixer un corpus de Après négociation entre le vendeur et l’acheteur, la banque fait
contrat qui peut alors servir de modèles pour la finance islamique. l’acquisition du bien convoité  ; elle est propriétaire de ce bien. de finance-
Malgré tout, elle le met à la disposition de l’acheteur qui s’engage
a le lui rembourser pour le prix initial majoré d’une marge. Le
ment utilisés
La moudharaba
La moudharaba est un contrat par lequel un parti, le gestionnaire
rachat se faisant souvent par paiements différés, la différence dans le secteur
concrète avec un prêt classique n’est pas évidente  ; elle est
ou moudharib, s’engage à apporter son savoir-faire, alors que pourtant double. D’une part, la banque est propriétaire du bien financier.
l’autre, le rab el mal, s’engage à le fournir en capital. Si le projet jusqu’au dernier versement de l’acheteur, ce qui empêche au
génère des profits, les deux se partagent le revenu en fonction d’un passage celui-ci de faire des hypothèques sur ce bien. D’autre part,
ratio défini préalablement. L’esprit de la loi voulant que l’on ne la marge ne peut être calculée en fonction du temps.
risque que ce en quoi on a contribué, les pertes éventuelles seront

8 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 9


Ijara petit à petit sa spécificité. Dans les années 60 également, la
Malaisie développait une activité semblable à travers la création
Le contrat Ijara s’appuie sur les mêmes subtilités  : il s’agit d’un
du Pilgrims Management Fund, moins fréquemment cité dû à
crédit-bail transposé aux règles de la sharia. Un gestionnaire
l’absence de relais de croissances dans la région pendant une
identifie un bien dont il a besoin et le fait acheter par une banque.
trentaine d’année.
Ce bien est loué au gestionnaire sur une période donnée. Dans ce
contrat, il peut être prévu ou non le rachat du bien, et ce, en cours
de location ou à terme ; dans le cas du rachat on parle de ijara wa Le développement et la compatibilité avec le
ikina. Là encore, la banque est propriétaire du bien jusqu’au rachat. monde financier classique
D’où une différence avec le crédit-bail classique : la banque couvre Le premier choc pétrolier a finalement permis le véritable essor de
le risque de sinistre. Contrairement au crédit-bail, si le bien est ce système bancaire. L’explosion du prix du pétrole a
rendu impropre à l’usage, le gestionnaire n’est plus tenu de payer immédiatement impacté les sociétés des pays du golfe, où l’Islam
son loyer. joue évidemment un rôle clé. La question se pose assez
naturellement  : les règles sociales étant régies par l’Islam dans
Salam et istinaa cette région, qu’en est-il de la gestion financière? L’importante
Ces deux contrats constituent une exception à l’interdit de gharar : quantité de liquidités disponibles a encouragé l’émergence de
ils permettent des transactions sur des biens qui n’existent pas au banques islamiques. Ainsi furent créées en 1975 la Banque
moment de la signature du contrat. Originellement, le contrat islamique de développement, qui sert de banque de développement
salam permettait de procurer des liquidités aux agriculteurs. au monde arabe, et la Dubaï Islamic Bank. Puis, en 1977, la Koweit
Ceux-ci pouvaient vendre leurs récoltes avant même qu’elles soient finance house. Elles figurent encore aujourd’hui parmi le top 15
disponibles à via un contrat salam. Afin de limiter le gharar, la des banques islamiques classées selon le total de leurs actifs.
nature du bien et la quantité doit être précisée dans le contrat, et
c’est au fournisseur d’en assurer la livraison quel que soit le fruit de
La question de la compatibilité entre le monde financier L’idée est de
conventionnel et le monde financier islamique a commencé à se
son activité. L’acheteur peut décider de revendre avant même
d’être livré  ; on parle alors de salam ou d’istinaa parallèle. La
poser peu après. En 1979, le Soudan décide de procéder à créer des « dé-
l’islamisation intégrale de son système financier, suivi en 1983 par
différence entre les deux contrats correspond à la nature du
l’Iran ; le Pakistan prend aussi cette décision mais l’état n’arrivera partements
paiement. Alors que la vente est totale et le montant est
entièrement versé au moment de la signature pour un contrat
pas à assurer la transition. Un autre positionnement vis-à-vis de la islamiques »
finance classique fait son apparition dans les années 90 : le modèle
salam ; le paiement est différé jusqu’à la livraison pour un contrat
istinaa.
de fenêtres islamiques. L’idée est de créer des «  départements au sein de
islamiques  » au sein de banques conventionnelles. L’idée est
d’abord implémentée par des banques arabes puis reprise par des banques con-
Histoire de la finance islamique
banques européennes implantées au Moyen-Orient. ventionnelles.
Si les principes et les pratiques liés aux règles de l’islam ont été L’après 2001 : un renouveau de dynamisme du
utilisés pendant des siècles par les commerçants des pays marché financier islamique
musulmans, la transposition au secteur bancaire et
Peut-on imputer le renouveau de dynamisme du marché financier
l’institutionnalisation, elles, ne se sont opérées que très récemment.
islamique au 11 septembre 2001 ? En tout cas cette date a favorisé
La théorisation est souvent attribuée au pakistanais Maulana
son développement via de nouveaux produits et augmenté des
Maududi et les premières applications à l’égyptien Ahmad El
liquidités disponibles. En effet, au lendemain des attentats, on a
Najjar lorsqu’il a créé la Mit Ghamr Savings Bank en 1963. Le
pu observer un rapatriement des capitaux dans les états du golfe
succès de cette institution généra des soupçons et elle fut
afin de se protéger contre d’éventuelles sanctions américaines. Ces
nationalisée en 1972 pour devenir la Nasser Social Bank et perdit

10 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 11


flux ont généré un surplus de liquidités dans la région, ce qui a
redynamisé la croissance de l’industrie financière islamique. Les
Géopolitique de la finance
indicateurs de croissance dans le secteur sont à deux chiffres et islamique
l’émergence de deux produits nouveaux laisse penser que de
Il est difficile de quantifier l’état d’avancement d’un pays vis-à-vis
nouveaux marchés sont encore à développer.
de la finance islamique. Les indicateurs potentiels sont nombreux.
L’histoire du premier de ces deux produits, le sukuk créé en 2001 et Quelle est la part de marché des banques islamiques par rapport
se rapprochant des obligations occidentales, démontre un aux banques conventionnelles ? A quel niveau de maturité en sont
déplacement géographique de l’innovation vers l’Asie. La Malaisie les modifications législatives, fiscales et réglementaires nécessaires
se démarque rapidement comme un précurseur dans le domaine au déploiement de la finance islamique dans le pays ? Quel niveau
puisqu’ils deviennent vite les plus grands émetteurs de sukuks. Ce de compétence un pays a-t-il sur le sujet ? S’est-il initié à l’émission
produit connait d’ailleurs une internationalisation initiée par le de sukuks  ? Faire une cartographie rigoureuse de la finance
land allemand de Saxe-Anhalt, qui a été le premier à procéder à ce islamique à travers le monde n’est pas l’objet de cet étude mais
genre d’émissions. Les croissances des émissions de sukuks une approche qualitative permet de donner une idée de l’état de
montrent l’aspect séducteur du produit. maturité de la finance islamique à travers le monde.

FIGURE 1 : LES ÉMISSIONS DE SUKUKS FIGURE 2 : GÉOGRAPHIE DE LA FINANCE ISLAMIQUE

x4,8 Montant des émissions de sukuks entre 2006 et 2013


(milliards de dollars US) 140
120

la croissance 85
d’émissions
45 40
de sukuks de 25 30
20
2006 à 2013
en M$US 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Source : “2013 Annual Sukuk Report” Rasameel, janvier 2014, citant


Bloomberg, Zawya, IFIS, KFHR

Le second produit est plus délicat à manipuler. Il s’agit des takafuls


qui permettent d’adapter le concept d’assurance aux
réglementations de la sharia. Leur manipulation est assez délicate
ce qui leur confère à la fois une force et une faiblesse. La faiblesse Niveau de maturité
est l’absence de réglementation précise existante à leur sujet, la
force est que ce produit est justement peu exploré et offre des Source : BearingPoint, 2014
perspectives de conquêtes intéressantes. Ce produit est fondé sur
le principe d’une mutualisation et du partage équitable des risques
et des profits.

12 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 13


Les pays du Golfe sukuks mondiales1 ; soit près de 60 milliards de dollars US. Cette
C’est dans les pays du golfe que la finance islamique s’est le plus
domination malaise constitue également un atout stratégique
vis-à-vis du développement du système financier islamique, où les
Hong Kong et
développée. Les balbutiements de ce modèle financier ayant
quasiment coïncidé avec le premier choc pétrolier, ce modèle s’est
compétences sont rares et l’expertise très recherchée. Singapour ont
avéré particulièrement séduisant pour investir l’abondance de L’Indonésie, plus grand pays musulman du monde (population également
liquidités tout en se conformant aux lois de la sharia. Le musulmane estimée à 204 millions d’habitants, devant le Pakistan
wahhabisme pratiqué en Arabie Saoudite et au Qatar a fortement et l’Inde2), a profité du dynamisme de son voisin malais pour profité de
encouragé l’émergence de ce système de gestion des
investissements. Aujourd’hui encore, les plus grandes banques
développer également son industrie financière islamique. Les l’engouement
produits islamiques ont commencé à être proposés au début des
islamiques sont présentes dans cette région : Al Rahji Bank et Bank années 90 et se développent depuis. régional pour
C’est dans les Al Jazira en Arabie Saoudite, Dubaï islamic bank et Abu Dhabi
Islamic Bank aux émirats arabes unis et, Kuwait Finance House au Hong Kong et Singapour, en tant que grandes places financières la finance
pays du golfe Koweït. Ainsi que les grandes institutions : la Banque islamique de de l’Asie du sud-est, ont également profité de l’engouement
islamique.
développement, en charge de la diffusion de la finance islamique régional pour la finance islamique.
que la finance dans le monde, est basée à Djeddah en Arabie Saoudite et l’AAOFI,

islamique s’est l’organisme de comptabilité et d’audit des institutions financières


islamiques, est basé à Bahraïn. 
L’Afrique du nord
Bien que région à très large majorité musulmane, l’Afrique du
le plus déve- Cette région est également motrice en termes d’innovations. Les Nord n’a pas fait partie des pays moteurs au développement de la
loppée. produits proposés aux consommateurs s’élargissent avec l’arrivée finance islamique.  Une étude menée par le cabinet d’enquête
récente de l’assurance islamique et viennent compléter une offre Gallup pour le compte de la banque mondiale3 montre que le
déjà large de produits bancaires. Les sukuks, également, ont connu niveau de connaissance des consommateurs est très faible : 35%
un franc succès dans cette région. des algériens et 57% des tunisiens savent qu’il existe des produits
bancaires islamiques et pourtant environ seulement 3% de la
Seuls rétifs  dans la région : le Yémen et Oman. En Oman, la population en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, et Egypte)
première banque islamique s’est déployée en 2011 et seuls 3% de ont recours à ces produits.
la population Yéménite déclarent consommer des produits issus
de la finance islamique. Pourtant, les instances dirigeantes ont plus conscience des enjeux
en question et les réglementations changent pour permettre un
meilleur déploiement de ce système de financement. L’Egypte
L’Asie du sud-est
compte tout de même deux banques 100% « sharia compliant » et
Une implication forte de l’état malaisien dans le développement correspond au berceau de ce système, la Tunisie se prépare à
de la finance islamique a permis à ce pays d’environ 30 millions émettre ses premières obligations islamiques et le Maroc se
d’habitants de devenir une place forte de la finance islamique prépare à lancer un projet de loi pour faciliter la création de
actuelle. Les banques islamiques ont été fortement ouvertes aux banques islamiques. Le potentiel de croissance dans cette région
investissements étrangers pour permettre un développement ne risque pas d’être laissé inoccupé.
supérieur aux banques conventionnelles. Il en résulte des parts de
marché importantes dédiées à la finance islamique. 1 Source : “Islamic Finance: An Alternative Funding Source for the African Development Bank?”
Banque Africaine de développement, 3 décembre 2012
Le pays s’est particulièrement positionné sur les sukuks. En 2011, 2 Pew Research Center, 2007
3 Source : “Islamic Banking Remains Niche Market in North Africa” Gallup, 30
la Malaisie était responsable d’environ 71% des émissions de décembre 2013

14 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 15


L’Afrique Subsaharienne l’importante place financière qu’est Londres a permis à la ville de
Le système bancaire africain ne bénéficiant lui-même que d’un
prendre de l’avance sur ses voisins européens.
C’est l’offre
taux de pénétration d’une dizaine de pourcents, le marché africain
est encore faiblement ouvert aux institutions financières
Les états se sont intéressés à l’idée de trouver de nouveaux leviers
pour lever des capitaux  : c’est l’offre Sukuk qui a attiré les
Sukuk qui a
islamiques. Ce constat reste néanmoins à nuancer. européens. Le premier à utiliser ce produit est, de manière assez attiré les
surprenante, l’Allemagne lors de l’émission de Sukuk du Land de
Les deux pays ayant déjà fortement ouvert leurs portes à ce
Saxe Anhalt en 2004. Les autres ont tardé à suivre : le Royaume-Uni européens.
marché sont la Mauritanie et le Soudan. L’un comme l’autre, ces
a procédé à sa première émission en octobre 2013 et la France,
deux pays sont des républiques islamiques et cherchent à
bien que la législation ait été modifiée 2009, n’a pas encore utilisé
« islamiser » leur système financier. Des trois premiers pays ayant
ce mode de financement. Les entreprises françaises se sont
pris l’engagement de passer à du 100% islamique (Soudan,
d’avantage penchées sur un autre produit financier innovant : les
Pakistan et Iran), le Soudan est d’ailleurs le seul où ce pari a été
assurances. En automne 2013, Swiss Life a proposé ses premiers
réellement mené à bout4. De ce succès est d’ailleurs né le besoin
contrats d’assurance islamique en France, suivi début 2014 par le
pour les banques de recourir aux assurances, faisant du Soudan un
luxembourgeois Vitis Life. Ces produits sont encore amenés à se
pays pionnier dans le domaine des takafuls également. Le Sénégal,
développer en Europe5
lui, est en avance dans le domaine de la micro-finance islamique.
Les banques islamiques n’avaient pas encore couvert ce besoin, et
cette innovation permettra peut-être une forte expansion en
Afrique.

Les opportunités en Afrique sont nombreuses. Le taux de


bancarisation est encore très faible, laissant aux banques
conventionnelles une avance minime par rapport aux banques
islamiques. Les projets d’infrastructures, particulièrement faciles à
couvrir par le biais des contrats islamiques, sont nombreux et enfin
la démographie continue de croitre, laissant un potentiel de
croissance intéressant pour les banques ou pour d’autres
entreprises.

L’Europe
Attirée par la perspective d’un secteur en croissance, l’Europe a
commencé à se pencher sur les problématiques de finance
islamique à partir de 2004. L’Allemagne a été le premier pays à
utiliser ce mode de financement mais la vraie place financière
islamique en Europe est Londres. La communauté musulmane
anglaise est majoritairement issue de sa principale ex-colonie
musulmane : le Pakistan. Or, ce pays avait essayé (sans réel succès)
de développer une industrie financière 100% « Sharia compliant ».
Il en résulte une communauté anglaise sensibilisée à cette vision
de la finance. A contrario, la communauté musulmane française,
d’avantage originaire d’Afrique du Nord, n’est pas initiée aux
pratiques financières islamiques. Cette différence sociale alliée à

5 « Les premières assurances-vie conformes à l’islam apparaissent en France » Le Monde 6 janvier


4 “Sudan: forgotten centre of Islamic finance” New Horizon Avril-juin 2009 2014

16 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 17


Quels risques et
contraintes pour
le développement
de la finance
islamique Les risques réglementaires
Le succès de la finance islamique ne doit La double imposition
L’islam exige du croyant qu’il paye annuellement la zakat  ; cet
pas faire perdre de vue ce qui est généra- impôt est calculé sur le patrimoine et nécessite d’être reversé à des
lement pointé comme des difficultés de œuvres vertueuses. Il s’agit d’une aumône mais également de
subventions aux projets améliorant la vie des croyants ou des
mise en place. projets bénéfiques aux conversions. Cet impôt est transférable aux
Créer un système « parallèle » au système financier conventionnel entreprises et aux banques désirant être certifiées «  Sharia
nécessite de bien comprendre son périmètre d’action, de bien Compliant » : l’entreprise se doit de participer à cet impôt.
cerner la complémentarité des deux systèmes. Les états ont donc
un rôle fort à jouer dans la réglementation encadrant le Evidemment, le rôle de l’état intervient pour rendre compatible
développement de la finance islamique. l’impôt conventionnel, laïc, et l’impôt religieux. Les autorités
fiscales doivent statuer sur les statuts respectifs de ces deux
Par ailleurs, ce système jeune nécessite de miser sur des impôts. Dans les états occidentaux, se pose la question du statut
compétences liant à la fois maîtrise des contraintes liées à la accordé à la Zakat : un choix personnel ou une collaboration à la
sharia, gestion bancaire et implication sur les projets des clients. collectivité ? La Zakat doit-elle être exonérée d’impôts comme un
Ce besoin en compétences est à prendre en considération au don habituel ? Dans les états religieux, où la Zakat peut être perçue
moment de la réflexion sur le déploiement ou non d’une offre comme une alternative à l’impôt  : comment impliquer les
sharia-compliant. Trouver des profils maîtrisant à la fois ces trois entreprises étrangères ? Les citoyens étrangers ?
enjeux relève d’un exercice de recrutement délicat.
Le statut vis-à-vis de cet impôt est une question épineuse. Il
Enfin, se positionner sur une offre de produits de finance implique des questions fiscales, des questions économiques et des
islamique est un choix d’image de marque fort. Que ce soit dans questions politiques. Le choix de chaque état influe directement
un pays à majorité musulmane ou un autre, lier l’argent et la sur le business model des banques islamiques. Ces dernières
religion nécessite une maturité du marché et un travail de doivent être capables d’anticiper les dépenses fiscales, et sont
communication fort en amont.

18 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 19


obligées de payer la Zakat afin d’espérer être labelisées « Sharia de maximiser les gains, la banque a donc tout intérêt à privilégier
Compliant ». une implication dans la gestion plutôt qu’un engagement financier
lourd.
Les réformes d’accompagnement En ce sens, les banques islamiques ont donc besoin de banquiers
Les banques Permettre une transition vers un modèle financier s’appuyant sur ayant également une expertise valorisante vis-à-vis de
le religieux nécessite une politique de mise en œuvre complexe.
islamiques Cette transition implique une expertise financière, juridique et
l’entrepreneur client. Cette gestion des compétences exigeante
génère une contrainte particulière pour les banques qui n’est pas
sont obligées religieuse pour permettre de créer un modèle juridique adapté aux
besoins des banques et investisseurs respectant la loi financière
nécessaire pour les prêts conventionnels.

de payer la islamique. Les subtilités sont parfois fines mais nécessitent d’être
La certification « Sharia Compliance »
identifiées et définies.
Zakat afin d’es- La question de la compétence va au-delà des banques elles-

pérer être Dans le cadre d’un prêt murabaha, par exemple, l’institution
accordant le prêt est propriétaire du bien jusqu’à ce qu’il soit
mêmes mais concerne aussi les acteurs dans l’environnement des
banques. Certes leurs fournisseurs ou sous-traitants mais surtout,
Un des enjeux
labelisées intégralement racheté par le client ; le bien est malgré tout mis à à une époque post-crise où le sujet est sensible, les auditeurs et est de réussir
disposition du client en amont. Il en va de même avec d’autres certificateurs sont concernés au premier point. Dans ce marché
« Sharia Com- contrats ou produits  : la mousharaka où l’investisseur doit être jeune et encore peu mature, un des enjeux est de réussir à trouver à trouver des
pliant ». associé à l’activité de l’entreprise, ou encore les obligations/sukuks
où l’investissement doit être adossé à un actif défini.
des Sharia Auditors ; or ceci pose problème actuellement. Qui a la
légitimité pour certifier une banque ? Qui peut définir les règles ?
Sharia
Ces contraintes influent peu sur la gestion quotidienne, mais
Qui valide ou interdit tel ou tel produit ? C’est un risque systémique Auditors.
possible qui est ici mis en relief avec l’ensemble des impacts qu’il
doivent être encadrées juridiquement. Les réglementations n’ont est possible d’imaginer quant à la confiance inhérente au système.
bien souvent été qu’amorcées par les états encore peu positionnés
sur ce sujet. C’est ce flou réglementaire et l’absence de
jurisprudence qui peut impacter les banques islamiques et leurs
clients.
L’image de marque
La séparation des offres
La gestion des compétences Un des principes fondateurs de la finance islamique est de ne pas
mélanger ses activités haram de ses activités halal : une cloison
nette doit être définie entre les deux activités. On peut faire
Le banquier entrepreneur
l’analogie avec les producteurs d’électricité  : lorsque l’utilisateur
Le rôle de la banque dans un système financier islamique est consomme de l’énergie, il ne peut distinguer si son énergie est
sensiblement différent de celui d’un banquier traditionnel : il doit produite via de l’énergie renouvelable ou via des énergies fossiles.
non seulement comprendre les besoins financiers de ses entreprises Il est dans l’impossibilité de faire son choix de consommation en
clientes, mais également s’impliquer dans leur gestion au fonction de sa sensibilité.
quotidien.
Ce cloisonnement, pourtant, est obligatoire dans le cas de la
Le principe de partage des profits et des pertes implique finance islamique. Le client doit pouvoir être certain que son
d’encourager les investisseurs et les banques à s’impliquer dans la argent provient bien d’un circuit légitime. La création d’une filiale
gestion des entreprises clientes. Dans un cas de pertes, celles-ci finance islamique doit donc passer par une marque différente.
doivent être partagées selon l’implication financière de chacun. C’est le choix qu’ont fait AtijariWafa Bank avec sa filiale Dar Safaa,
Les gains, eux, se partagent en fonction d’un accord établi en HSBC avec sa filiale Amanah, et la Société Générale avec son offre
amont ; cet accord prenant en compte l’engagement financier et « alpha vie ».
l’implication dans la gestion du projet. Afin de réduire les risques et

20 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 21


Le lien argent et religion
Faire le choix de se positionner sur le segment « sharia compliant »
des produits financiers peut s’avérer un pari risqué en termes
d’image. Dans le cadre des pays occidentaux, c’est prendre le
risque de se retrouver au cœur des polémiques politiques. Lorsque
David Cameron a fait appel aux investisseurs des pays du golfe
(majoritairement) pour lever des obligations sur la base de la
finance islamique (sukuks), celui-ci a dû faire face à une levée de
bouclier des médias déplorant une invasion de la sharia dans le
système financier islamique. Bien que souvent induite par une
simple immaturité du marché, ces critiques peuvent susciter un
risque vis-à-vis de l’image de marque d’un homme politique ou
d’une entreprise.

Au Maroc, ce risque de méfiance de la part des consommateurs


s’est posé d’une autre manière. Le consommateur pourrait voir
dans les produits proposés une marchandisation de la religion. Les
produits islamiques sont donc souvent présentés comme ceux
d’une finance « alternative » appuyée sur les concepts de la religion
musulmane mais sans lien direct avec la loi.

Le risque est, plus généralement, que ces produits soient perçus


comme imposés aux consommateurs. Le consommateur non
musulman peut trouver qu’on lui impose des préceptes qui ne sont
pas les siens ; et le consommateur musulman qu’on lui impose une
obligation nouvelle et éventuellement perçue comme artificielle.

22 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 23


Les axes de
développement
de la finance
islamique
Notre étude, au-delà de fixer un état de Le financement des PME des pays
l’art de la finance islamique, vise aussi à émergents
analyser les pistes de développement
Un besoin en financement encore mal
liées à la finance islamique. Un ensemble desservi
d’experts interrogés en 2013 et 2014 a Bien que constituant le tissu économique d’un pays et étant
permis de faire ressortir 3 grands axes de primordiales pour sa santé économique, les PME ont souvent des
difficultés à accéder au crédit. Par rapport aux grands groupes Se lancer dans
développement. D’une part le finance- ayant des moyens humains et financiers en permanence dédiés à
un prêt pour
ment des PME des pays émergents, l’obtention de crédits, se lancer dans un prêt pour une PME est
perçu comme un projet à part entière. Parmi les facteurs de une PME est
aujourd’hui parent pauvre du finance- découragement, il est facile de noter :
perçu comme
ment bancaire – islamique comme • La part significative d’autofinancement exigée lors de
conventionnel ; d’autre part, le rôle de la la présentation d’un projet. un projet à
finance islamique dans la structuration du
• L’exigence d’un dossier lourd (études de faisabilité,
modèle économique, documents comptables…)
part entière.
secteur bancaire des pays émergents et • L’obligation de présenter des garanties solides
• Un taux d’intérêt élevé du fait du risque pris par la
plus largement l’aide au développement banque.
et enfin l’innovation autour des services
Pour le moment, la finance islamique n’est pas célébrée comme
autres que bancaires (micro-crédit, assu- une opportunité pour prendre le relai sur les banques
rance). conventionnelles en termes de financement des PME. C’est
justement ici un des axes de développement majeur pour la
finance islamique.

24 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 25


La répartition des émetteurs de sukuks par secteur est éloquente Le partage des profits et des pertes
pour démontrer une chose : actuellement, la finance islamique
finance majoritairement les lourds projets d’infrastructures. En
L’une des divergences fondamentales avec la finance Si le prêt a été
retirant les émissions réalisées directement par les états, on
conventionnelle vient du positionnement vis-à-vis de l’utilisation
de l’intérêt. S’il a été pris comme méthode de base de la finance
fructueux et
constate que les secteurs les plus consommateurs de sukuks sont
des secteurs caractéristiques de grandes entreprises (banques &
conventionnelle, il est prohibé par l’islam. Le temps n’ayant pas génère des
de valeur intrinsèque, il deviendrait impossible de monétiser un
assurances, transport, télécom). Les secteurs plus propices au
développement des PME africaines (agriculture, construction,
délai de paiement. Cette méthode de compensation du risque bénéfices,
immobilier…) sont nettement moins privilégiés par les
pris par le prêteur n’est pas envisageable, mais la compensation
en elle-même n’est pas exclue.
alors les deux
investisseurs sharia-compliant. 
Le principe de compensation privilégié dans le système islamique
partis se les
Pourtant, le manque à gagner est considérable. Les PME du
continent africain représentent le socle économique de chaque
correspond au partage du profit et des pertes. Plutôt que d’exiger partageront
un retour sur investissement indépendant de l’issue du projet
pays. Ce constat est bien sûr à relativiser selon les états, mais
financé, le prêteur verra ses gains s’adapter en fonction des selon un pro-
dans l’ensemble, se pencher sur le besoin en financement des
PME d’un pays est un des meilleurs moyens d’appréhender son
résultats. Si le prêt a été fructueux et génère des bénéfices, alors
les deux partis se les partageront selon un prorata défini en
rata défini en
développement économique.
amont. Si le prêt s’avère décevant et génère des pertes, chacun amont.
Le principe de rétribution du prêteur génère une proximité entre perdra à hauteur de ce qu’il a investi. Dans le cas où le prêteur a
l’entrepreneur et le banquier, une réelle connexion à l’économie été l’unique investisseur financier par exemple, il est considéré
réelle. Par ailleurs, la vocation sociale de la finance islamique est qu’il perd son investissement tandis que l’autre, l’entrepreneur,
le garant d’un souci constant du développement des pays où perd le fruit de son travail. Néanmoins s’il peut être prouvé que
chaque banque est implantée. En ce sens, la finance islamique l’entrepreneur a mal géré les fonds qui lui ont été confiés ; c’est
alors à lui de compenser les pertes.
est une alternative pour permettre un meilleur financement des
PME du continent africain.
Si le prêt
Ce système de retour sur investissement permet de mieux
distribuer les risques, et ainsi de ne pas imputer à l’entrepreneur s’avère déce-
FIGURE 3 : LES SECTEURS ÉMETTEURS DE SUKUKS
l’intégralité des risques pris lors de l’investissement. La vocation
entrepreneuriale est largement promue à travers cette méthode
vant et génère
Santé 1% Industrie manufacturière
Agroalimentaire 0,4% Systèmes d’Information
0,3% Hydrocarbures
de financement. C’est le concept de partage des profits et des des pertes,
pertes (PPP).
chacun perdra
3% 5%

Au-delà de servir les vocations entrepreneuriales, ce mode de


Services financiers 26% 25% Energie & Utilities financement alternatif est également particulièrement adapté à hauteur de
aux PME de part ses contrats. Le contrat Ijara, par exemple,
transpose le modèle de crédit-bail aux banques. Lorsqu’un
ce qu’il a in-
Education 2%
entrepreneur a besoin d’un bien pour développer un nouveau vesti.
projet, il peut demander à sa banque de le lui acheter puis de le
Construction 2% 8% lui mettre à disposition. De la même manière que pour un
Conglomérat 0,3% Immobilier
Agriculture 0,3% 19% 8% crédit-bail, l’entrepreneur paye un loyer régulier puis peut, au bout
0,8% Retail
Transport d’un certain temps et selon son besoin, acquérir de bien à sa
Telecom
valeur courante. Ce genre de financement est particulièrement
adapté au financement de projets encore peu définis dans le
Source : “2013 Annual Sukuk Report” Rasameel, janvier 2014, citant temps par des PME.
Bloomberg, Zawya, IFIS, KFHR

26 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 27


Et la banque devint associée De cette manière, ce nouveau mode de financement s’oriente
d’abord vers les acteurs économiques ayant un impact direct sur
Néanmoins, la banque peut trouver le PPP déséquilibré en termes
le quotidien de la population : les PME. En ayant à la fois des
de risque par rapport au système conventionnel. D’où l’idée de
fonds réservés au développement et une vocation globale
proposer un contrat d’association entre la banque et
orientée vers l’aide au développement, ces méthodes de
l’entrepreneur : c’est le contrat mousharaka. Ce contrat défini un
financement ont une tendance spontanée à servir
cadre dans lequel les deux partis (ou plus) s’engagent à la fois à
l’investissement des PME.
injecter des fonds et à s’associer à la gestion du projet. Ce type de
contrat, fréquemment utilisé, nécessite un apport de
compétences autant que de capital de la part des banques. D’où
la nécessité, pour ces banques, de recruter autant des banquiers Le financement du développement
que des gestionnaires. La contrainte pèse mais permet un au sens général
catalogue de compétences plus large parmi les profils dans leurs
effectifs. Finance islamique et structuration du marché
De part cette implication des banques dans les projets de leurs bancaire africain
clients, la banque possède en permanence un savoir-faire qu’elle L’Afrique est encore un continent délaissé par les grands projets
peut mettre à disposition de ses clients au moment de la d’investissements. De nombreux freins existent pour décourager
demande de prêt. La lourdeur du dossier à déposer au moment les investisseurs. Lorsqu’un pays africain ne subit pas directement
de la demande de prêt est de ce fait allégée pour l’entrepreneur. une instabilité économique, politique ou un problème de sécurité,
Cette coopération est naturellement intéressante pour la banque l’instabilité de ses voisins suffit parfois à décourager les
puisque c’est une opportunité pour elle de certifier la valeur des investisseurs. Le Nigeria est en ce sens un exemple éloquent. Le
études présentées et d’adopter un formalisme approprié à pays connait un développement économique particulièrement
l’évaluation d’un dossier. attractif pour les investisseurs : les ressources pétrolières
abondent et le dynamisme de sa démographie génère un marché
L’impôt qui profite aux entrepreneurs vaste et encore très accessible. Néanmoins, l’instabilité
engendrée par la secte islamiste Boko Haram génère un risque
Parmi les règles de la finance islamique, le règlement de la Zakat
fort pour les investisseurs. Cette instabilité se répand même
peut induire des sources de financement non négligeables. Cet
au-delà de ses frontières sur le Cameroun par exemple. 
impôt est collecté puis redistribué de manière assez large ; il doit
servir les nécessiteux, d’aider les surendettés et permet de Néanmoins, pour ceux prêts à prendre ces risques, les marchés
subventionner les projets d’amélioration des conditions de vie ; africains peuvent se révéler lucratifs. L’émergence des télécoms
donc les petites entreprises. en Afrique a prouvé une chose : il est malgré tout possible de faire
des affaires en Afrique. La finance islamique, en particulier, peut y
De manière générale, la finance islamique garde une vocation
trouver des relais de croissance intéressants.
« humaine », une vocation d’aide au développement. Pour
reprendre les mots du centre de commerce international « La D’une part, le taux de pénétration bancaire est très faible. La
finance islamique intègre […] des valeurs morales et éthiques. Un proportion de la population bancarisée en Afrique de l’Ouest, par
parallèle est souvent fait entre la finance islamique et exemple, n’atteint que 14,3% à la fin de l’année 2011 selon une
l’investissement responsable […]. L’investissement responsable étude de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest2 ;
cherche à optimiser à la fois le retour financier et les 9% étant desservis directement par les banques postales et les
comportements socialement responsables ou éthiques »1. instituts de micro-finance, les 5 autres pourcent étant desservis
par des banques commerciales. Cette part bancarisée de la
1 « Islamic finance […] integrates ethical and moral values. Parallels are often drawn between Islamic population : en 2006, elle n’était encore que de 9%.
finance and socially responsible investing [...]. Socially responsible investing seeks to maximize both
financial returns and socially responsible or ethical behavior “. (International Trade Center, Islamic 2 « Des services bancaires pour tous en Afrique de l’Ouest » Banque mondiale, 4
Banking, A Guide for Small and Medium-Sized Enterprises, 2009) février 2013, citant la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest

28 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 29


Ces chiffres ont de quoi attirer les banques islamiques. FIGURE 4 : INVESTISSEMENTS DE LA BID (BANQUE ISLAMIQUE DE
Contrairement aux pays où la finance islamique s’est développée DÉVELOPPEMENT) DEPUIS 1975 (EN MUSD)
à partir des années 80-90, les banques conventionnelles sont
encore très peu présentes sur le continent africain. Les banques Moy/Pays au Moyen-Orient 2 031
africaines souffrent d’un problème de réglementation encadrant Moy/Pays en Asie du Sud Est 1 562
encore mal leurs activités. Il est encore temps pour les banques Moy/Pays en Asie Centrale 1 553
islamiques de profiter des réglementations à venir pour s’assurer Maroc 5 190
de ne pas être laissées pour compte. En Malaisie, une Egypte 4 975
réglementation forte avait permis au pays de devenir l’un des
Tunisie 2 520
pays moteurs du secteur. Par ailleurs, la croissance de la
Algérie 2 506
population laisse présager à une croissance forte et continue des
Soudan 1 479
marchés bancaires africains.
Senegal 1 117

Les infrastructures africaines : nouvel Mauritanie 936


Mali
eldorado de l’investisseur islamique ? 813
Libye 758
Par ailleurs, le bilan des quarante dernières années montre que la
Burkina Faso 651
La finance finance islamique bénéficie facilement aux grands projets
d’infrastructure. Les chiffres d’émission de sukuks présentés plus
Nigéria 593

islamique haut le prouvent, et cela s’explique par le besoin de double Chad


Moy/Pays du reste de l’Afrique
509
compétence gestionnaire-banquier qui est propre aux emprunts 270
bénéficie islamiques. Lorsqu’une banque islamique mise sur un secteur, elle
facilement aux est naturellement amenée à s’y spécialiser et à participer à Source : Rapport annuel de la Banque Islamique de Développement.
plusieurs grands projets dans ce secteur. En encourageant les
grands projets banques islamiques à se développer en Afrique, les états africains
Depuis sa création en 1975, la Banque Islamique de
s’assureraient une fidélité des investisseurs et une source pérenne
d’infrastruc- de financement pour les grands projets d’infrastructures. Le
Développement a largement investi sur les projets de
développement en Afrique du Nord. Cette inégalité peut
ture. meilleur levier pour attirer les investissements de type sukuk est
probablement la Banque islamique de Développement. Cette
s’expliquer par la proximité culturelle entre les pays d’Afrique du
Nord et les pays du golfe, mais aussi par une demande
institution créée en 1975 a pour vocation de répandre les
d’investissement plus structurée qu’au Sud. La faible couverture
principes de la finance Islamique. Cette institution possède une
des marchés du Sahel et de l’Afrique Subsaharienne représente
grande légitimité au sein des pays du golfe et permet de
donc à la fois un gisement de croissance pour la Banque
redistribuer les capitaux dans les régions à forte majorité
islamique de développement et une opportunité pour les états de
musulmane. La Banque islamique de Développement intervient
financer leurs grands projets d’infrastructures.
de plus en plus en Afrique et peut servir à la fois comme expert
pour accompagner les états et les institutions financières, ou Plus largement c’est une réflexion sur le financement dans l’aide
comme intermédiaire entre les capitaux des pays du golfe et les au développement, via les bailleurs internationaux, qui peut être
états africains. conduite. Ainsi, l’AFD notamment, s’y intéresse pour associer ses
financements à des financements privés islamiques dans certains
pays.

30 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 31


L’assurance islamique : la nouvelle de l’assurance non-vie, le principe du partage des profits et des
pertes s’applique entre l’assureur et l’assuré.
frontière
L’assurance islamique dans le monde
Les raisons de l’illégitimité
Le marché des takafuls est encore très largement mal distribué.
Les contrats d’assurance présentent, en un sens, une tendance Les pays du Golfe, encore une fois, s’accaparent l’ensemble des
particulière au risque, à l’aléatoire : en un mot au Gharar. Par marchés du takaful. Contrairement au marché des sukuks où
définition, un contrat d’assurance porte sur une éventualité, sur l’Asie du sud-est est largement devant, cette région ne se
des imprévus. En fonction du sinistre dont je serais victime, et des positionne qu’en deuxième sur le marché des assurances.
circonstances de ce sinistre, l’assurance me remboursera ou non.
En ce sens, le contrat s’appuie sur une incertitude, ce qui le rend FIGURE 5 : NOMBRE D’ENTREPRISES DE TAKAFUL PAR RÉGION (EN
illégitime vis-à-vis de l’islam. Par ailleurs, les contrats d’assurance 2010)
permettent de se relever après un sinistre, de se prémunir contre
Autres
la fatalité. En ce sens aussi, l’assurance s’oppose aux préceptes de Proche orient
4%
la Sharia : le destin n’appartient qu’à Dieu et l’homme ne doit se Inde 5%
soumettre à cette fatalité. Insh’Allah : qu’il advienne ce que Dieu 6%
voudra. Moyen orient 39% GCC
(hors arabes) 9%
Par ailleurs, l’assurance ne figure pas parmi la liste des contrats
nommés par l’islam3. L’illicéité « conceptuelle » de l’assurance
vis-à-vis de l’islam irait donc de pair avec une illicéité historique.
La conséquence de ces interdits est que l’assurance n’est tolérée Afrique 16%
que dans le cadre d’une mutualité. Dans une logique égalitariste,
il n’est pas question que certains puissent percevoir une 21%
couverture plus complète que l’autre. Le takaful, seul contrat
toléré dans l’islam, veut donc que le démuni soit couvert aussi Asie du Sud Est

largement sinon mieux qu’une personne aisée.


Source : “The global Takaful insurance market”, Deloitte citant le World Islamic
directory 2012
L’alternative du takaful
Le takaful est avant tout perçu comme œuvrant pour le bien de la Les autres marchés rattachés à la finance islamique sont donc
société et de l’individu en général. Elle implique trois très mal desservis par les entreprises proposant des offres de
caractéristiques. D’une part, les fonds des assurés et les fonds des Takaful. Pourtant, les marchés sont attractifs. En Europe, la France
actionnaires doivent être cloisonnés. Afin de se prémunir contre la se positionne comme pionnière sur ce secteur : la Société
spéculation, les actionnaires ne peuvent donc pas toucher de Générale et Allianz ont commencé par déployer des offres dans
gains. Ensuite, dans une logique d’institution commune, les DOM-TOM suivis par Swiss Life en juin 2012 et par Vitis Life
collaborative, mutuelle, les gains doivent être distribués entre les (une entreprise luxembourgeoise à l’actionnariat Qatari) qui se
assurés. Enfin, l’institution doit posséder un conseil indépendant sont toutes les deux développées en France métropolitaine. Le
certifiant la sharia compliance des produits et services proposés. savoir-faire et la réglementation commencent à être maitrisés en
France et permettent d’envisager à long terme un développement
Il est également fondamental de faire un distinguo entre plus large en Europe.
l’assurance vie et l’assurance non-vie. Dans le cas de l’assurance
vie, la prime permet de couvrir le risque de mortalité. Dans le cas En Afrique, le marché des takafuls peut s’avérer riche également.
Le taux de pénétration des assurances est encore plus faible que
3 « Les théologiens divisés sur la licéité de l’assurance », L’Economiste, le le taux de bancarisation : le potentiel de croissance en est
05/10/2007

32 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 33


d’autant plus important. Les consommateurs potentiels sont
donc nombreux et mal servis par les assurances conventionnelles.
L’assurance islamique n’a donc que très peu de retard et possède
deux avantages. D’une part les investisseurs du Golfe sont
particulièrement séduits à l’idée de pouvoir injecter leurs capitaux
dans des projets sharia-compliant. Les assurances islamiques ont
ainsi la possibilité de lever des capitaux en faisant directement
appel à des investisseurs du Golfe. D’autre part, les assurances
conventionnelles n’ont qu’une avance très légère en Afrique. Le
taux de pénétration est tellement faible que les assurances
islamiques n’ont besoin que d’une réglementation claire pour
rattraper ce léger retard, en gardant un avantage commercial
fort. Adosser leurs produits à la religion est un signe fort
permettant de rassurer les consommateurs et, pour les
entreprises, les investisseurs.

Ces trois exemples, le financement des PME, l’aide au


développement et les assurances illustrent bien que la finance
islamique n’est pas réservée qu’aux prêts immobiliers. Elle peut
aider à trouver de nouvelles sources de financement notamment
pour des secteurs ou acteurs, qui, aujourd’hui ne sont pas
forcément aidés. C’est aussi le moyen de renforcer la
bancarisation des pays émergents qui en ont encore, pour
certains, fortement besoin.

34 White Paper | La Finance Islamique La Finance Islamique | White Paper 35


Remerciements Contacts

Comité Editorial : Jean-Michel Huet, Saleh Cherqaoui et Augustin Afrique Irlande


Colas Jean-Michel Huet Martin McKenna
jean-michel.huet@bearingpoint.com martin.mckenna@bearingpoint.com
Les auteurs tiennent à remercier les chercheurs et « hommes de +33 6 21 72 78 44 +353 861 79 11 88
l’art » suivants qui ont contribué par leurs échanges à bâtir ce
Allemagne Maroc
point de vue. Les experts ont donné leur analyse qui a été une Robert Wagner Saleh Cherqaoui
matière riche pour ce point de vue. Ils ne sont pas responsables robert.wagner@bearingpoint.com saleh.cherqaoui@bearingpoint.com
des points de vue exprimés ici. +49 172 6212623 +212 6 78 70 56 00

- M.Ghassen Bouslama, PhD, Professor of Finance à Belgique Norvège


François Lanquetot Erik Overrein
Neoma Business School francois.lanquetot@bearingpoint.com eric.overrein@bearingpoint.com
- M.Youssef Baghdadi, Président du Directoire – Dar +33 1 58 86 50 24 +47 951 89 685
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strictement conforme aux pratiques internationales en Chine Royaume-Uni
Yvon Donval Andreas Rindler
matière de finance alternative yvon.donval@bearingpoint.com andreas.rindler@bearingpoint.com
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