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Économie rurale

Agricultures, alimentations, territoires


344 | novembre-décembre 2014
344

Comment gérer les ressources marines ?


Les jeux d’acteurs autour de la Politique commune
des pêches
Dealing with fishing resources i.e. the way people manage with CFP (common
fisheries policy)

Gilles Lazuech

Electronic version
URL: http://journals.openedition.org/economierurale/4495
DOI: 10.4000/economierurale.4495
ISSN: 2105-2581

Publisher
Société Française d'Économie Rurale (SFER)

Printed version
Date of publication: 20 December 2014
Number of pages: 29-44
ISSN: 0013-0559

Electronic reference
Gilles Lazuech, « Comment gérer les ressources marines ?
Les jeux d’acteurs autour de la Politique commune des pêches », Économie rurale [En ligne],
344 | novembre-décembre 2014, mis en ligne le 01 janvier 2017, consulté le 03 mai 2019. URL : http://
journals.openedition.org/economierurale/4495 ; DOI : 10.4000/economierurale.4495

© Tous droits réservés


Comment gérer les ressources marines ?
Les jeux d’acteurs autour de la Politique commune
des pêches
Gilles LAZUECH ● UFR de Sociologie, Centre Nantais de Sociologie, Université de Nantes

Depuis plus d’une décennie, la notion de bien commun est saisie – tant par des décideurs politiques
que par l’opinion publique – ain de légitimer des modes de gestion particuliers appliqués aux
ressources collectives. L’article vise à interroger, en s’appuyant sur la ressource halieutique, la
capacité de reconnaissance puis de gestion d’un bien commun en partant d’une grille d’analyse qui
met en relation des acteurs autour d’un triptyque « communauté-territoire-ressource ». Triptyque,
toujours contextualisé dans le texte, qui semble pertinent à l’auteur pour comprendre des jeux
d’acteurs mobilisés autour de questions relatives au « bien commun ».
MOTS-CLÉS : bien commun, ressource halieutique, Politique commune des pêches, conlits
d’intérêts, « communauté-ressource-territoire »
Dealing with ishing resources i.e. the way people manage with CFP
(common isheries policy)
For more than ten years, the notion of common good is used by policy-makers as well as by people
in general to legitimize managing procedures speciically applied to collective resources. The article
aims at questioning the capacity of acknowledging and dealing with a common good thanks
to a grid of analysis which links people around a triptych: community, territory and resources.
(JEL : Q10).
KEYWORDS: common good, ishing or halieutic resources, common ishing politics, conlict
of interest

n nous appuyant sur le cas de la ges- à 2014 auprès d’acteurs de la ilière pêche
Eespaces
tion des ressources halieutiques et des
marins en Europe, ce texte vise
implantés dans l’Ouest de la France ainsi
que de quelques observations réalisées sur
à proposer quelques pistes de rélexion à les lieux de pêche et à l’occasion d’em-
propos d’une préoccupation devenue ré- barquements1. L’objectif de ce travail sera
currente dans les débats publics depuis les de mettre en scène ces acteurs dans trois
années 1990 qui est celle de la gestion des conigurations différentes, mais fortement
biens rares ou menacés relevant de la caté- imbriquées. La première coniguration,
gorie générique des ressources naturelles. d’ordre macro-social, visera à objectiver
Nous essaierons de montrer en quoi les les différents acteurs de la ilière selon la
différents intérêts des acteurs concernés et distribution des capitaux eficients au sein
les différentes stratégies qu’ils mettent en de l’espace français des pêches. Les posi-
œuvre rendent souvent dificile un accord tions occupées par ces derniers au sein
commun portant à la fois sur la quali- de cet espace constituent des indicateurs
ication de la ressource et sur les modes précieux pour en comprendre les diverses
de gestion qui doivent s’y appliquer. Le
matériel empirique dont nous disposons 1. Cette recherche s’intègre dans un programme
est constitué de trente entretiens appro- plus vaste – COSELMAR – initié par la Région
fondis réalisés au cours des années 2012 des Pays de la Loire.

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stratégies en particulier celles relatives à 1. Rappels sur la notion de bien commun


l’inluence qu’ils sont en mesure d’exer- et de développement durable
cer sur les processus européens de quali- La littérature consacrée à la notion de bien
ication des espaces maritimes et de leurs commun et à celle du développement du-
ressources. La seconde coniguration s’at- rable est aujourd’hui assez considérable.
tachera à objectiver des stratégies d’ac- D’un point de vue conceptuel, ces deux
teurs qui mobilisent les notions de bien notions ne sont pas très éloignées l’une
commun ou de développement durable de l’autre, du moins dans leur utilisation
ain de servir des intérêts particuliers. «  profane  ». Est bien commun une res-
Enin, en nous appuyant sur des cas pré- source collective, généralement renouve-
cis – réglementation de certaines pêche- lable, marquée par la non-exclusion et la
ries, limites d’usage d’engins de pêche, rivalité (Youg, 2000). Ces deux caractéris-
mise en place d’outils de régulation de la tiques du bien commun peuvent conduire,
ressource, etc.  –, nous nous attacherons sous certaines conditions, à l’épuisement
à mettre en évidence ce que l’on appelle de la ressource collective. C’est sur le prin-
l’incomplétude d’un bien commun.Avant cipe de l’égoïsme individuel et de l’oppor-
d’aborder ce que l’on pourrait qualiier tunisme que Garrett Hardin a construit la
comme étant la part empirique de notre théorie de la «  tragédie des biens com-
travail – celle donnant à voir les «  jeux muns » (Hardin, 1968). Pour l’auteur, une
d’acteurs » –, un préalable est nécessaire : gestion durable des biens communs passe
quels sont les cadres dans lesquels ces par un changement de leur qualiication  :
jeux vont s’exprimer  ? Pour des raisons ils peuvent devenir des biens publics dont
de simpliication, nous considérons que l’État – au sens générique du terme – as-
la Politique commune des pêches (PCP) sure la gestion à travers des mesures régle-
constitue un des cadres pertinents pour
mentaires imposées à l’ensemble des utili-
appuyer notre propos2.
sateurs potentiels ; ils peuvent devenir des
biens privés en partant du principe que les
Les notions fondatrices propriétaires géreront leurs ressources en
de la nouvelle politique commune « bon père de famille ». La thèse d’Hardin
des pêches et ses prolongements ont été fortement cri-
tiqués (Roumane, 2013). Elinor Ostrom
L’objet de cette première partie consistera mettra en évidence les capacités de ges-
à objectiver les registres de justiication sur tion de communautés directement concer-
lesquels s’appuient les politiques de ges- nées par l’exploitation d’un bien commun
tion de la ressource halieutique et celles (Ostrom, 2010). Elle en indique les condi-
des écosystèmes marins. À cette in, nous tions requises dont l’une est que les utili-
partirons de deux notions très mobilisées sateurs de la ressource se constituent en
par l’ensemble des parties en présence : la communauté (a minima d’intérêts). Cette
gestion des biens communs ; le développe- coniguration rend alors possible l’adop-
ment durable. tion du principe d’exclusion et celui de
non-rivalité. En reliant gestion d’un bien
commun et activités économiques, l’au-
2. Les États, les régions, voire les départements teure montre que les deux notions sont in-
peuvent impulser une «  politique des pêches  » timement liées du moins dans certains cas.
originale pour autant qu’elle soit conforme aux La gestion coopérative d’un bien commun
directives européennes. Cette remarque vaut aussi
pour certaines pêcheries et/ou certains métiers qui
en assure sa pérennité et, par conséquent,
s’accordent de manière collaborative sur des prin- les activités économiques qui s’y déploient
cipes de gestion. deviennent durables donc transférables

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d’une génération à la suivante. Un autre 2. Un espace libre


argument contradictoire avec la thèse L’accès à la haute mer et à ses ressources
d’Hardin tient à souligner que l’absence a longtemps été pensé par les marins-pê-
de droits de propriété privée sur une res- cheurs comme exempt de toutes contraintes
source collective n’induit pas mécani- réglementaires. Certes, il subsistait encore
quement l’absence de propriété (Davis, dans les années 1960 et 1970, des règles
Bailey, 1996). Des situations de propriétés coutumières qui régissaient de façon com-
communes (propriétés privées de groupes) munautaire, au sein d’espaces maritimes
peuvent émerger à partir desquelles une clairement identiiés situés aux abords des
gestion de la ressource devient crédible côtes, l’accès à certaines zones de pêche,
aux yeux des copropriétaires (Madzudzo, voire à certaines pêcheries (Dufour, 1988 ;
Chomutare, 2007). Jorion, 2012 ; Van Tilbeurch, 2007). Mais
L’objet de notre travail n’est pas de re- à l’exception notable des prud’homies
venir sur des notions, ici rapidement évo- provençales, exposées par Annie-Hélène
quées, mais plutôt de montrer comment les Dufour, dont les modes d’organisations,
acteurs les mobilisent pour justiier leurs les compétences, les règles de gestion de
actions. Si la littérature scientiique est l’espace maritime et les institutions de
bien maîtrisée par les experts qui s’inté- gouvernance se confondent avec les ob-
ressent à ces questions, les notions de bien servations réalisées sur d’autres terrains
commun et de développement durable par Elinor Ostrom, la plupart des règles
sont la plupart du temps inconnues par la coutumières de gestion locale des activi-
grande majorité des acteurs de la pêche tés de pêche apparaissent ailleurs moins
professionnelle au moins jusque dans les formalisées. Si Paul Jorion, à propos des
années 1980. Elles leur seront « révélées » pêcheurs de l’île de Houat dans les années
et imposées par des acteurs perçus comme 1970, constate que ces derniers marquent
étrangers à la profession3. La mise en leur territoire dans le but de se partager les
place d’une nouvelle PCP dans les années zones de pêche, aucune institution n’a pour
1980 et 1990 a eu pour effet – du moins en charge de gérer les espaces ainsi déinis. Le
France – de déstabiliser économiquement, règlement des conlits s’exprime parfois de
symboliquement et culturellement une manière « violente » : les engins de pêche
profession qui n’avait, dans ces années-là, des concurrents sont détruits ou volés ; les
pas de mots justes ni d’arguments perti- casiers sont relevés puis vidés. Le dévelop-
nents à opposer à la nouvelle doxa portée pement de la pêche côtière et hauturière à
par la Commission des pêches. Dès lors, partir des années 1960, que rend possible
ces notions peuvent être comprises comme l’installation de moteurs plus puissants sur
des dispositifs performatifs mobilisés par les navires, éloigne les marins des côtes
certains groupes d’acteurs contre les inté- et des règles coutumières d’organisation
rêts ou les pratiques d’autres acteurs. des pêches qui pouvaient s’y déployer. La
rémunération à la part4 s’inscrit dans un
rapport particulier à la ressource que l’on
3. La quasi-totalité des marins-pêcheurs que nous pourrait qualiier d’opportuniste  : «  On
avons rencontrés dénoncent les modes d’évalua- pêche jusqu’au dernier moment, le dernier
tion de la ressource mis en œuvre par les agents
de l’Ifremer. Le registre de la dénonciation porte
sur la méconnaissance qu’auraient les «  scienti- 4. Chaque marin embarqué, selon son niveau de
iques  » des habitats des espèces à évaluer ainsi qualiication, recevra une part du chiffre d’affaires
que sur les modalités pratiques des évaluations. réalisé – ventes en criée – à laquelle est déduite
Les critiques formulées envers « Bruxelles » et les les frais communs (gazole, entretien des engins de
« écolos » sont souvent très virulentes. pêche, etc.).

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coup de ilet peut être le bon  » (matelot, à la maison avec 3  000  francs soit plus
45 ans). Ainsi, « à la pêche, c’est le poisson que le salaire de mon père  » (Hauturier,
qui commande » (Chaumette, 2008). Cette 63 ans).
expression courante est retraduite dans les Au cours des années 1970, la PCP s’ins-
pratiques de pêche, dans la division du crit sans heurt dans une culture de métier
travail au sein des navires, dans la durée prête à la recevoir : « Notre ierté lorsque
du travail et la prise collective de risque5. l’on revenait au port, c’était le moment
La rémunération à la part, combinée à la où l’on débarquait le poisson. Tous ceux
quasi-absence de réglementation sur le vo- qui n’étaient pas en mer étaient là, sur
lume des prélèvements, pouvait conduire à la plate-forme qui surplombe le quai de
la capture de poissons sans aucune limite, débarquement, chacun y allait de son petit
excepté celle imposée par la taille et la commentaire. Notre réputation se faisait
puissance du navire. sur la quantité et la taille des prises  »
L’absence de droits de propriété et de (Armateur, en retraite). La PCP accom-
«  frontières  » clairement établies concer- pagne par ses dispositifs l’idée d’un libre
nant l’espace maritime, absence que accès à la mer et à ses ressources7. Pour
conforte la liberté qu’ont les navires hau- l’ensemble des acteurs impliqués, il est
turiers français de pêcher dans la Zone convenu que les mers et les océans sont
économique exclusive (ZEE) des autres des espaces qui doivent être exploités de
pays européens, conforte la profession façon performante et rationnelle (Meuriot,
dans l’idée selon laquelle « la mer appar- 1986). Qu’elle soit industrielle ou artisa-
tient à tous » donc inalement à personne6. nale, la pêche est considérée comme un
Les marins, dans leur ensemble, se sentent secteur extractif qui, à l’instar de l’agri-
libres de toute contrainte de gestion d’une culture, doit disposer d’outils de produc-
ressource qu’ils sont en peine d’estimer. tion modernes. Une politique volontariste
Au cours des années 1970 et 1980, le vo- de modernisation du secteur va être ini-
lume des apports en criée ne cesse d’aug- tiée via les fonds européens  : aides pour
menter et les résultats nets d’exploitation la construction de navires de pêche, inci-
des entreprises de pêche sont lorissants. tation à l’augmentation de la puissance
Certains marins que nous avons rencontrés motrice des bateaux, modernisation ou
évoquent l’âge d’or de la pêche où la péni- création d’infrastructures portuaires, etc.
bilité du travail était largement compensée (Lequesne, 2001).
par des payes inespérées : « J’ai commencé
comme mousse, je percevais un quart de Le tournant de la politique commune
part. À ma première marée, je suis revenu des pêches et les stratégies
d’acteurs
5. Au cours des années 1970-1980, les navires hau- Dès le début des années 1980, les pêcheurs
turiers partent pour des marées de 15 à 20 jours.
Les zones de pêche sont atteintes après 7 à 24  h
professionnels vont être soumis à une nou-
de route. Une fois le navire en pêche, pour un cha- velle doxa productive qui s’incarne selon
lutier de 23 mètres environ, 5 traits de chalut sont quelques objectifs mis en avant  : «  dura-
réalisés par jour. À chaque opération de virage, bilité de la ressource  », «  protection des
tous les hommes d’équipage – de 5 à 8 – sont écosystèmes », « bonnes pratiques ». Cette
mobilisés sur le pont. Les temps de repos sont très
fractionnés. Une partie importante du travail (tri du
poisson, mise en cale, glaçage, ramandage, etc.) est 7. En particulier le premier Programme d’orienta-
manuelle. tion annuel qui couvre la période 1983-1986. Le
6. Ce sentiment a tendance à disparaître avec la second POP – 1987-1991 – s’oriente sur une poli-
généralisation des contrôles en pleine mer. tique de réduction des lottilles.

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doxa, qui prend concrètement la forme espèces, continuent à avantager la quan-


d’une politique des pêches, est pensée puis tité des prises pêchées sur leur qualité :
imposée «  d’en haut  » via les directives « Ça valait encore le coup de pêcher des
européennes selon une démarche qualiiée sardines, même avec le prix de retrait on
de bureaucratique (Lascoumes, Le Bouhis, gagnait encore notre croûte » (Armateur).
1998). Elle est ensuite appliquée aux pê- Ou, encore, ils vont jouer sur des incer-
cheurs concernés au sein de chaque État titudes juridiques et réglementaires qui
membre par les administrations concer- subsistent dans le processus complexe de
nées (Affaires maritimes, Direction de la la PCP pour commettre certaines « infrac-
mer et du littoral). tions » – comme le non-respect des quotas
Les orientations de la PCP (1982-1992) – qu’ils savent être peu ou pas sanction-
prescrivent une gestion différente des res- nées par les autorités maritimes nationales
sources halieutiques européennes eu égard à qui il revient d’exercer sur les territoires
à la politique précédemment menée. Les la police des pêches (Debril, 2021).
principales mesures viseront désormais Le rapport de la Commission euro-
à limiter l’effort de pêche : plan de sortie péenne du 4 décembre 1991 prend acte de
de lotte  ; ixation de quotas et de Taux l’échec des premières mesures de régu-
admissibles de captures (TAC) annuels8  ; lation des pêches. Selon la Commission,
obligations réglementaires nouvelles ; etc. les lottilles sont en surcapacité, la plupart
Pourtant, cette politique n’atteint pas ses des stocks européens sont surexploités. Ce
objectifs (Jagot, Perraudeau, 2004). Si le constat est validé par les missions scien-
nombre de navires et de marins a forte- tiiques d’observation et de comptage en
ment diminué, l’effort de pêche est crois- mer. L’appauvrissement de la ressource
sant. Cet échec s’explique par l’utilisation appelle donc à de nouvelles mesures de ré-
de moyens de propulsion plus puissants, glementation qui devront limiter l’effort de
par l’équipement des navires en outils de pêche : obligation pour chaque profession-
détection électronique plus précise, par nel de détenir une licence ; évaluation du
l’usage d’engins de pêche plus perfor- Rendement maximal durable (RMD)9 pour
mants. Mais les réponses faites par les chaque espèce commerciale à partir duquel
pêcheurs professionnels aux directives seront calculés les quotas ; contrôles plus
de la PCP ne furent pas que techniques. drastiques des prélèvements réalisés10 ;
Ils vont adopter diverses stratégies ain arrêt des aides inancières en vue de la
de contourner des réglementations qu’ils
jugent excessives, comme l’exploration de 9. Le RMD correspond à une quantité (en milliers
nouvelles zones de pêche moins réglemen- de tonnes) de poissons en âge de se reproduire.
tées ou la capture de prises non soumises Plus le stock de poissons d’une même espèce aug-
à quotas (Pichon, Piriou, 1989). Ils vont mente, plus il se reproduit, plus la biomasse aug-
aussi exploiter à leur proit certains dispo- mente et moins l’effort de pêche a besoin d’être
important. Selon les scientiiques, atteindre le ni-
sitifs, comme les prix de retrait en criées veau du RMD est la solution pour la conservation
qui, dans certains cas et pour certaines d’une ressource durable. Toutefois, selon les éva-
luations qui ont été faites, plus la biomasse d’une
espèce est éloignée du niveau souhaitable pour le
8. Les Taux admissibles de captures (TAC) corres- RMD et plus l’effort de pêche doit être réduit le
pondent à une quantité maximale de poissons pou- temps que la biomasse se reconstitue.
vant être prélevée pour une espèce sur une zone 10. Depuis 2009 chaque navire en pêche dans
et une période déterminées. L’Union européenne les eaux communautaires doit tenir un journal de
répartit les TAC sous la forme de quotas aux pays pêche électronique – le logbook – pensé comme
membres selon le principe de stabilité relative cal- un outil de contrôle et de suivi des activités de
culé à partir des antériorités de pêche. pêche.

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construction de navires ou de leur moder- consécration d’un bien comme bien com-
nisation ; incitation à la gestion par le mar- mun. Les exemples que l’auteure mobilise
ché des ressources via la privatisation des tendent à montrer qu’à la gestion collective
droits de pêche (Quotas individuels trans- d’un bien commun est fortement associée
missibles). l’existence d’une communauté qui, sou-
À partir des années 200011, il est remar- vent, s’est construite socialement, culturel-
quable de constater que «  le principe su- lement et économiquement autour de cette
périeur commun  » (Boltanski, Thévenot, ressource. De ce point de vue, contraire-
1991) qui sous-tend la PCP n’est plus ment à certaines représentations idéalisées
uniquement quantitatif, mais relève d’un du métier (Amand, 2011), les pêcheurs
ordre de justiication fortement inspiré par professionnels sont loin de constituer un
la théorie des biens communs. L’Union groupe homogène tenu par des intérêts
européenne se donne pour projet la conser- communs. En Europe, 135  000 pêcheurs
vation durable des ressources halieutiques professionnels ont été recensés en 2012
et des écosystèmes marins non unique- ciblant plusieurs dizaines d’espèces com-
ment pour les citoyens européens, mais mercialisables et pratiquant des métiers
pour l’humanité entière. À l’aune de ce très différents. Au sein d’un même port ou
principe, les espaces maritimes, en fonc- d’un même quartier maritime, les conlits
tion de leur intérêt pour la biodiversité, et luttes d’intérêts sont nombreux entre
feraient l’objet d’une qualiication spéci- les armateurs. Ainsi, à l’exception remar-
ique comme en témoigne la création des quable de quelques pêcheries spéciiques
aires marines protégées, des zones Natura (Deldrève, 2009 ; Lafon, Citeau, 2011), s’il
2000, des parcs marins, etc. Par ailleurs, y a « communauté » dans la pêche, elle se
pour certaines pêcheries et pour certains réduit souvent à celle de l’embarquement et
métiers des mesures spéciiques d’enca- peut ne durer que le temps d’une marée13.
drement et de gestion vont être proposées On peut certainement afirmer que,
par la Commission12. pour les pêcheurs, du moins pour les hau-
turiers dégagés en mer de toute solidarité
1. Un bien commun par défaut communautaire, la formule souvent en-
La prise en main de la gestion de la pêche tendue du «  premier arrivé, premier ser-
par des autorités considérées comme « exté- vi  » soit devenue une règle acceptée par
rieures » au milieu – les « technocrates » de tous. Selon des témoignages recueillis au-
Bruxelles –, tant par les professionnels que près de « patrons », les informations qui
par certains élus politiques locaux, appelle circulent entre bateaux amis, via la VHS,
quelques commentaires quant à la question servent à leur indiquer où se trouve la res-
des biens communs. Selon Elinor Ostrom, source exploitable, ceci dans le double
l’identiication des acteurs sociaux suscep- but de maximiser les campagnes de pêche
tibles d’assurer en toute légitimité la gestion
d’une ressource commune constitue une 13. Nos investigations de terrain nous ont permis
étape indispensable dans le processus de de mesurer combien les rivalités entre pêcheurs
étaient importantes. Ces rivalités que révèlent
parfois quelques mouvements d’humeur, re-
11. PCP des années 2003-2012 et nouvelle PCP couvrent tous les clivages qui existent dans ce
qui couvrira la période (2014-2022). métier : entre un port et un autre, entre la « petite
12. Les métiers pratiquants les arts traînants ainsi pêche » et la pêche au large, entre les ileyeurs et
que ceux utilisant des ilets maillants dérivants les ligneurs, entre ceux qui ont du quota et ceux
sont particulièrement concernés puisque les prises qui n’en disposent pas, entre ceux qui vendent
accessoires liées aux activités de pêche ont été aux mareyeurs et ceux qui pratiquent la vente
jugées écologiquement inadmissibles. directe, etc.

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et, surtout, de ne pas la partager avec des donc non évaluable de façon certaine dans
navires concurrents14. Les pratiques des des mers et des océans aux dimensions
pêcheurs, soumises à la double incerti- immenses. Dès lors, même si les marées
tude du volume des prises et de leur valo- sont moins abondantes, ce qui arrive fré-
risation en criée, ne les conduisent pas à quemment, le pêcheur peut penser par
considérer la ressource comme un bien expérience que le poisson est parti ailleurs
commun disponible pour tous. Exploiter (Lachèvre, 1994). La mémoire collective
intensivement la ressource entre navires a inscrit au cœur du métier la normalité
du même armement ou l’éparpiller sont de cycles marqués par de bonnes et de
des stratégies couramment utilisées par moins bonnes marées (Halbwachs, 1967).
les navires en pêche dans le but de limi- « Parfois le poisson est là, parfois il n’y est
ter les apports des navires concurrents pas… Il sufit que l’eau soit trop froide, ou
lors des débarquements ain d’obtenir trop chaude pour la saison… qu’un coup
un «  bon  » prix en criée (Debril, 2012). de vent ait brouillé les fonds » (Directeur
Par conséquent, si certaines des pratiques d’armement).
qui viennent d’être exposées ont pour D’autres raisons encore, comme celles
effets de «  protéger  » la ressource, elles qui sont liées à la question du territoire,
n’entrent pas dans le cadre d’une gestion font que la gestion par les communautés
concertée et citoyenne des stocks halieu- de pêcheurs des ressources halieutiques
tiques selon la déinition des «  bonnes situées loin des côtes est dificile à mettre
pratiques » attendues d’un bien commun en œuvre. Alors que les règles d’exclusion
(Pichon, Piriou, 1989). et de contrôle des activités de pêche sont
Une autre condition importante pour plus aisées à faire admettre et à appliquer
que des règles pérennes de gestion puissent lorsqu’un territoire est bien identiié : Baie
s’établir tient en la reconnaissance collecti- du Mont-Saint-Michel, Baie de Saint-
vement partagée de la ressource à protéger. Brieuc, Calanques, Raz de Sein, etc., elles
Dans le cas des ressources halieutiques, le sont beaucoup moins en haute mer. Les
les évaluations faites par les scientiiques navires hauturiers, suspectés de stratégies
et sur la base desquelles les TAC sont opportunistes, voire de fraude à la régle-
calculés sont constamment confrontées à mentation, sont soumis à des modes de
celles des professionnels qui, s’appuyant contrôle à distance de leurs activités – sur-
sur leurs pratiques, tiennent régulièrement veillance des navires par satellites, camé-
à rappeler que « la ressource revient », que ras embarquées, etc. –, souvent perçues par
« la ressource elle est là »15. La conscience les pêcheurs comme très contraignantes,
même que la ressource halieutique consti- voire illégitimes.
tue un bien à préserver a sûrement fait
L’ensemble de ce qui vient d’être dit
longtemps défaut à beaucoup de pêcheurs
permet de comprendre pour quelles rai-
puisqu’elle est partiellement invisible
sons, des années 1980 jusqu’à aujourd’hui,
les différentes réformes de la PCP sont
14. Cette concurrence, voire rivalité, pour l’accès
nées sur une scène de drame inalement as-
à la ressource est ressentie de façon aiguë vis-à-
vis des armements étrangers. En Bretagne Sud les sez proche de la « tragédie des biens com-
armements franco-espagnols disposant de quotas muns » pour reprendre le titre de l’article
sont souvent considérés par les armements «  lo- de Garret Hardin. C’est dans une conigu-
caux » comme des pilleurs de la ressource. ration de « crise », parfois très théâtralisée
15. Propos régulièrement entendus à l’occasion de
ma participation à des réunions à caractère pro-
par certaines associations environnemen-
fessionnel (organisations de producteurs, comités talistes, que la nouvelle PCP se prépare.
départementaux ou régionaux des pêches). Politique qui s’appuie désormais sur la

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Gérer les ressources marines

notion de développement durable pour être constatés par chacun. Pour les autres
désigner un mode de développement qui niveaux, la correspondance «  communau-
concilie la protection de la ressource, le té-territoire-ressource » semble moins évi-
développement économique des acteurs, dente (Youg, 1999). Il en est ainsi des me-
l’équilibre des territoires et la capacité des sures de protection de certains mammifères
générations futures à exercer un droit sur marins, de récifs coralliens ou, au niveau
une ressource préservée. À travers la poli- de l’Europe, d’espèces de poissons migra-
tique du développement durable, portée trices (poissons pélagiques, thons, requins,
par la Commission européenne des pêches, etc.). Lorsque la dimension du triptyque
les ressources de la mer sont consacrées s’agrandit, c’est aussi le contenu du bien
comme constituant un bien commun. commun qui se transforme avec la multipli-
Toutefois, il s’agit à notre sens d’un bien cité des acteurs engagés. À ce stade, on peut
commun par défaut – défaut d’adhésion souligner que les mesures de protection de
commune – puisque les acteurs principale- la ressource halieutique proposées par la
ment concernés, les pêcheurs, contestent la Commission ne désignent ni des intérêts, ni
légitimité des études et ne sont pas, ou peu, des enjeux, ni des effets qui soient compa-
associés aux mesures de protection qu’on rables entre les différents États membres de
leur impose16. l’Union et leurs différentes pêcheries.
Ce que nous voudrions mettre en évi-
2. Un espace social de la pêche dence à l’aide du schéma 1, c’est que les
Les questions qui traitent de la reconnais- différents acteurs de la ilière pêche n’ont
sance, de la déinition puis de la gestion pas la même conception de ce qu’est le
d’un bien commun sont, en amont, subor- bien commun. Ils portent sur cette question
données à l’existence préalable d’une des regards différents selon des intérêts
communauté qui le constitue comme tel parfois contradictoires et donc agissent de
et qui trouve intérêt à en assurer la gestion façons différentes.
ainsi que la conservation. La notion de Ce graphique est un outil visant à objec-
communauté a été considérablement élar- tiver la position des acteurs français de la
gie au fur et à mesure que va être étendu ilière pêche eu égard à la PCP. L’espace
le périmètre que couvre la notion de bien de la pêche a été construit autour de trois
commun. Trois niveaux peuvent être dis- propriétés structurantes : les poids écono-
tingués : les biens communs « universels », mique, politique et symbolique. Ces dif-
les biens communs « régionaux » et, enin, férents poids sont inégalement distribués
les biens communs « locaux ». L’ouvrage selon les acteurs. Leur combinaison déter-
d’Elinor Ostrom met en avant certaines mine la place occupée par chacun au sein
situations locales de gestion de ressources de l’espace. Des alliances sont possibles
communes. Dans ces conigurations le trip- entre acteurs et se mesurent en degrés
tyque « communauté-territoire-ressource » d’inluence dans le cadre de l’élaboration
est assez facilement identiiable, même s’il des politiques publiques de la pêche et de
n’est pas toujours sufisant pour conduire leur application.
à un accord commun. Les bénéices d’une
Pour la France, les grandes organi-
gestion commune de la ressource peuvent
sations de producteurs (Pêcheurs de
Bretagne, OP Vendée, From Nord, etc.) ont
16. Depuis quelques années, le principe d’une la capacité de peser sur les décisions euro-
coproduction entre scientiiques et des données péennes par leur importance économique
sur la ressource ainsi que sur l’impact sur les éco-
systèmes marins des engins de pêche semble se
au sein de la ilière ainsi que par leur ca-
dessiner. pacité à mobiliser d’autres acteurs en leur

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RECHERCHES
Gilles LAZUECH

Schéma 1. L’espace français des pêches maritimes

Source : l’auteur.

faveur17. Elles visent aussi à acquérir du de Bruxelles dont l’une est de favoriser la
poids symbolique en participant à des « pêche durable non chalutière ».
programmes spéciiques – comme la la- Les trois cercles dessinés relient des
bellisation Marine Stewardship Council acteurs qui partagent la même distribution
(MSC) –, ceci dans le but de témoigner de de « poids » au sein de l’espace des pêches.
leurs préoccupations environnementales. La mobilisation à des ins politiques des
Dans le cadran sud-est du graphique, on différents «  poids  » détenus par les ac-
trouve des acteurs qui combinent différem- teurs, ainsi que les stratégies d’alliance qui
ment poids économique/politique/symbo- s’observent, ne sont pas stables eu égard
lique. C’est le cas des «  petits métiers  », aux différents enjeux de la politique des
dont le poids économique au sein de la pêches. Ainsi, les ligneurs bretons se sont
ilière pêche est faible, mais qui ont accu- peu exprimés au sujet de l’interdiction des
mulé du poids symbolique, via le soutien rejets – qui concerne les métiers du cha-
de nombreuses organisations environne- lut –, mais davantage sur les pratiques de
mentales (Greenpeace, WWF, etc.), ainsi pêche des bolincheurs qui sont accusés,
que du poids politique à travers les orienta- pour certaines espèces (dont le bar), de
tions stratégiques de la Commission pêche capter à leur seul proit une ressource qui
devrait être commune. Sur certains sujets,
17. Dont des acteurs politiques, comme l’illustrent l’ensemble des acteurs de la ilière peuvent
les positions des eurodéputés français au Conseil faire alliance au nom d’un intérêt commun.
européen, qui sont souvent en désaccord avec les
C’est le cas, par exemple, des demandes de
propositions de la Commission.

ÉCONOMIE RURALE 344/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 • 37


Gérer les ressources marines

participation aux projets concernant l’im- quartier maritime structuré par les activi-
plantation des champs d’éoliennes en mer. tés de pêche, des dimensions économiques,
Les notions de développement durable culturelles, sociales est un cas assez fréquent
et de bien commun n’ont pas la même (Gouzien, 2009). Le modèle économique
acception selon les positions occupées du pays bigouden, tel qu’il s’est construit
dans l’espace par les différents acteurs à partir des années 60, peut être mis en
de la ilière. Par conséquent, le triptyque avant tant il illustre la réalité des systèmes
«  communauté-territoire-ressource  » n’a productifs locaux assez fortement cohé-
pas le même sens pour tous. Ceci explique, rents. C’est de cette manière qu’il faut com-
au moins en partie, les dificultés de mise prendre le témoignage d’un administrateur
en place des politiques de gestion de la d’armement du Guilvinec : « L’armement a
ressource halieutique et leur faible accep- été créé en 1971 à l’initiative de onze ma-
tabilité par beaucoup de pêcheurs. Deux reyeurs qui ont pris des parts… Il y avait
exemples précis peuvent être mobilisés à aussi le directeur de la station Total du coin,
l’appui de ce constat général. le boulanger, des retraités… Donc c’était
vraiment des gens qui vivaient par la pêche,
Pour les ligneurs du Raz de Sein, les qui avaient conscience de ça… Il y avait
ileyeurs de la Baie d’Audierne ou les une conscience assez aiguë quand même
crevettiers de la Baie de Bourgneuf, pour que l’activité économique locale pouvait
lesquels l’activité économique se confond apporter des choses localement. »
avec un territoire maritime circonscrit, le
Depuis une vingtaine d’années, la cohé-
bien commun est très voisin de sa déinition
rence de ces systèmes productifs locaux
académique : c’est une ressource à exploi-
est mise à mal : vieillissement des navires
ter de façon durable et un écosystème à
et des armateurs, pénurie de main-d’œuvre
préserver. On retrouve, dans ces micro-es-
qualiiée, dificulté pour mobiliser des
paces socio-économiques, un intérêt com-
fonds et, signe localement très fort, vente
mun à gérer localement la ressource. Des
de navires à des armements étrangers. Ces
travaux déjà cités, comme ceux de Valérie
processus de déstructuration des activités
Deldrève et de Rémi Mongruel pour la baie
économiques traditionnelles a pour effet
du Mont-Saint-Michel, ou encore ceux de
de diminuer sensiblement le nombre de
Michel Callon pour la baie de Saint-Brieuc,
navires dans les ports, d’affaiblir les in-
témoignent des formes de coproduction/co-
frastructures portuaires (criée, tour à glace,
gestion d’une ressource reconnue commune
ateliers de maintenance, etc.), de détour-
pour un ensemble de pêcheurs pratiquant le ner les mareyeurs, d’aviver la concurrence
même métier, ciblant les mêmes espèces entre ports, etc. Ce sont dans ces conigu-
selon des engins de pêche similaires. rations particulières, parfois qualiiées par
Pour les navires hauturiers, dont les les acteurs locaux de «  désastre  », que le
zones de pêche vont de la mer Celtique au coupable désigné est la PCP ainsi que tous
sud du golfe de Gascogne, les notions de les fonctionnaires de Bruxelles qui «  n’y
bien commun et de développement durable connaissent rien ». Il n’est pas surprenant
désignent des réalités différentes  de celles dès lors de constater que les armements
précédemment évoquées. Ces notions, hauturiers – qui se sentent être la « cible »
lorsqu’elles sont utilisées, traduisent une de la PCP –, appuyés par des responsables
volonté locale inscrite dans un projet de politiques inluents à l’échelon européen,
pérennité d’un système productif localisé combattent assez vivement une politique
(Courlet, Pecquert, 1992 ) au sein duquel des pêches qu’ils considèrent tous comme
l’activité de pêche constitue un maillon irresponsable et dangereuse pour l’équi-
essentiel. L’encastrement, au niveau d’un libre des territoires.

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RECHERCHES
Gilles LAZUECH

L’incomplétude d’un bien commun « exemplaire » conduite par les plus hautes
et les jeux d’acteurs autorités de l’État qui était, à l’origine,
de faire reconnaître et appliquer les prin-
Pour qu’un bien commun soit reconnu cipes exposés dans le rapport Brundtland
comme tel par une communauté un accord (Brundtland, 1987). Le projet de création
doit être établi sur la nature et les carac- du parc national devait consacrer la France
téristiques du bien ainsi considéré. Cet comme l’un des pionniers de mise en
accord constitue un préalable incontour- œuvre d’une politique de biens communs
nable à l’adoption de mesures collectives à caractère universel. Pourtant l’exemple
de gestion. Il est des cas où l’accord ne va du parc d’Iroise montre qu’il ne sufit
pas de soi. Des points de vue divergents, pas qu’un espace « naturel » ait toutes les
soutenant parfois des enjeux contradic- caractéristiques d’un bien commun pour
toires, peuvent s’exprimer au cours du pro- « l’humanité » pour qu’un accord se fasse
cessus visant à la qualiication d’un bien – à propos de son périmètre, du disposi-
– d’une ressource – en bien commun. Dès tif de protection et de gestion – lorsque
lors il n’est pas rare d’observer un glis- l’on passe d’un niveau d’acteurs (l’État,
sement de l’accord sur le bien commun à l’Unesco) à un autre (les acteurs locaux).
l’accord pour le bien commun. Les travaux Le processus qui consacre un bien comme
de Pierre Lascoumes sont particulièrement bien commun est inscrit dans des logiques
éclairants sur ce sujet lorsqu’il montre d’acteurs dont le cadre, s’il est circonscrit
qu’un bien commun est un construit terri- par le triptyque «  communauté-territoire-
torial produit par des accords entre les inté- ressource », peut ne pas être le même pour
rêts des diverses parties prenantes au projet tous. Pour les maires des îles d’Ouessant,
(Lascoumes, Le Bourhis, 1998). de Molène et de Sein, la création du parc
Ain d’appuyer notre propos, nous pré- attestait de la qualité environnementale
senterons deux cas concrets : celui du pro- exceptionnelle de leur territoire et jouait
jet de Parc national de la mer d’Iroise et comme un effet «  marque  » susceptible
le dossier fortement emblématique de la d’attirer davantage de visiteurs sur des
pêche en eaux profondes. espaces devenus très marginaux. Intérêts
inalement assez voisins de certains pê-
1. Le parc national de la mer d’Iroise cheurs professionnels pour lesquels la
Les limites de l’humanité création du parc consacrait auprès d’un
À la toute in des années 1980, à l’occa- public de consommateurs avertis la dimen-
sion de l’inauguration de la Réserve de sion hautement symbolique du «  poisson
biosphère d’Iroise par Brice Lalonde, sauvage » capturé dans une mer qualiiée
alors secrétaire d’État chargé de l’envi- de «  sauvage  ». Pour ces acteurs, le parc
ronnement, est née l’idée de créer un parc est surtout perçu à l’aune d’intérêts cor-
national marin qui intégrerait des espaces poratifs. Il est un dispositif institutionnel
terrestres et maritimes largement occupés bien venu pouvant favoriser la constitu-
par les activités humaines (Leonardi et tion d’une « niche économique » (Karpik,
al., 2010). L’inauguration du Parc naturel 2007). D’autres acteurs, déjà inscrits au
marin18 en 2010 marque l’aboutissement, sein du parc régional d’Armorique comme
mais aussi l’échec d’une volonté politique les communes rurales des monts d’Arrée,
ont pu considérer que les différents dis-
positifs de protection existants étaient
18. Le Parc naturel marin d’Iroise s’étend sur
déjà sufisants, voire trop restrictifs, pour
3  550  km de zones immergées entre le parallèle
48°31’N (au nord de l’île d’Ouessant) et le paral- ne pas souhaiter entraver davantage leurs
lèle 47°59’N (au sud de l’île de Sein). projets de développement économique.

ÉCONOMIE RURALE 344/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 • 39


Gérer les ressources marines

Position très contradictoire par rapport à grande partie de l’aire bénéiciait déjà de
celle tenue par des scientiiques (des uni- mesures de protection environnementale,
versitaires ou chercheurs de l’Ifremer) ait été préférée à celle d’un parc national
dont certains prônaient une sanctuarisation plus vaste, mais plus restrictif.
du site, ceci parfois dans l’intérêt de leurs
travaux de recherche19. Pour beaucoup, 2. La pêche en eaux profondes
dont certains hauts fonctionnaires en poste Des acteurs inattendus
à la préfecture du Finistère, le parc natio- L’impact environnemental de la pêche en
nal introduisait trop de restrictions dans eaux profondes suscite depuis de nom-
une région déjà fortement marquée par le breuses années des débats contradictoires
déclin des activités économiques tradition- et, encore aujourd’hui, non résolus. D’un
nelles et le vieillissement de sa population. côté des associations environnementalistes,
Le processus de négociation qui se joue dont Deep sea conservation coalition,
autour de la qualiication de ces territoires Bloom, le WWF, Ocean 2012, dénoncent
maritimes et terrestres montre que les jeux une pêcherie présentée comme l’une des
d’alliances contradictoires vont inir par plus destructrices des écosystèmes marins
faire échouer le projet initial  : la plupart (Greenpeace, 2011). Les métiers du cha-
des acteurs – scientiiques, associations lutage sont particulièrement visés, tech-
de protection de la nature, élus locaux, niques de pêche à « l’aveugle » qui aurait
représentants des principales ilières pro- pour effet de détruire des fonds océaniques
fessionnelles, usagers ordinaires, etc. – ne remarquablement riches à l’aune de la bio-
s’accordent ni sur le niveau de protection à diversité (coraux d’eau froide, spongiaires
établir ni sur les modes de gestion à mettre des grands fonds, etc.). La légitimité éco-
en œuvre. Dès lors, ce qui devait être un nomique de cette pêcherie est également
parc national va progressivement débou- dénoncée par les ONG, en particulier par
cher sur un projet plus régional : celui du l’association Bloom qui estime que certains
parc marin (Van Tilbeurgh, 2007). Tout au armements français sont très dépendants
long des dix années de concertation autour de l’argent public20. De l’autre, les pro-
de la création du parc, de son périmètre fessionnels de la ilière pêche, rassemblés
et de son dispositif réglementaire, l’enjeu autour de l’association Blue Fisch, mettent
fut moins de déterminer si l’espace consi- en avant cette pêcherie pour sa contribu-
déré avait toutes les caractéristiques néces- tion à l’activité et à l’emploi de certaines
saires pour être consacré comme un bien communes portuaires21. À l’appui des éva-
commun d’exception dépassant le cadre luations des stocks réalisés par le CIEM et
régional. Ce qui a fait enjeu et débat a été l’Ifremer, ces derniers font état d’un niveau
de savoir quels seraient les avantages que satisfaisant de la ressource. Dans un dossier
chacun pourrait obtenir si cet espace était consacré à la pêche en eaux profondes, les
consacré comme tel, ceci en visant à mini- professionnels mettent en avant le carac-
miser toutes formes de réglementation trop tère responsable de cette pêcherie  : «  Les
contraignantes mesurées à l’échelle des armements ont une vision à long terme de
intérêts défendus. Dans cette conigura-
tion du « chacun pour soi » on comprend
que la création d’un parc naturel, dont une 20. Selon l’association Bloom, la Scapêche, iliale
d’Intermarché, aurait reçu entre 2004 et 2011 plus
de 9 millions d’euros de subventions.
19. Véronique Van Tilbeurgh montre de façon 21. L’association Blue Fisch a été créée en 2013 à
convaincante les motivations très diverses des l’initiative de professionnels de la pêche et d’élus
scientiiques et des experts engagés dans le pro- des villes portuaires de Lorient et de Boulogne-
cessus de création du parc. sur-Mer.

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RECHERCHES
Gilles LAZUECH

leur activité, leur intérêt est de maintenir la peut s’inscrire dans les nouveaux objectifs
ressource à un niveau durable » (Keroman, de protection de la ressource et des écosys-
2011). tèmes marins ainsi que l’a rappelé l’euro-
Si l’on examine le débat qui anime as- député Kriton Arqenis rapporteur du texte
sociations environnementalistes et profes- de la Commission au parlement européen
sionnels de la ilière pêche à partir des en- le 20 mars 2013.
jeux portant sur la nécessaire durabilité des Au-delà du dossier « eaux profondes »,
ressources halieutiques en eaux profondes, la question qui se pose pour le sociologue
les positions tenues par les uns et les autres est d’objectiver des enjeux sous-jacents
semblent assez voisines. Claire Novian, qui se jouent autour de ce terrain. De fa-
présidente de l’association Bloom comme çon comparable à d’autres «  dossiers  »,
les membres de l’association Blue Fish comme celui des ilets maillants déri-
ou encore les dirigeants de la Scapêche vants (2005) ou du requin Taupe (2010),
tiennent un discours volontariste et font la il semble que ce qui est en jeu est la capa-
promotion d’une «  pêche durable et res- cité d’inluence politique dont dispose la
ponsable  ». Si Bloom penche nettement Commision dans le cadre de la politique
pour un moratoire voire, pour l’interdiction des pêches de l’Union. En effet, si elle
de cette pêcherie, Blue Fish propose des peut soumettre des orientations, au nom
mesures de contrôle plus contraignantes de l’intérêt communautaire, au Conseil de
ain de limiter l’impact écologique de cette l’union et au Parlement européen, la déci-
pêcherie22. La bonne volonté des pêcheurs sion politique lui échappe. Ce qui donc, à
est mise régulièrement en avant lorsqu’ils notre sens, va constituer l’enjeu principal
ne s’opposent pas, voire sollicitent, la qui se manifeste autour du chalutage en
présence d’observateurs à leur bord et eaux profondes est la capacité qu’aurait la
lorsqu’ils communiquent sur de nouvelles Commission à faire adopter une politique
techniques de pêche présentées comme des pêches qui, globalement, serait assez
plus respectueuses de la lore et de la faune peu favorable aux pêcheries pratiquant les
sous-marine23. Puisque chacune des par- arts traînants. Tout se passe en effet comme
ties semble reconnaître le caractère de bien si le dossier «  eaux profondes  » servait à
commun des ressources en eaux profondes préparer, aux yeux de l’opinion publique
un accord «  raisonnable  » aurait eu toute et du personnel politique européen, une
chance d’aboutir  : la Commission propo- politique plus drastique en direction du
sant des mesures de gestion de la pêcherie chalutage – dont l’interdiction des rejets en
en concertation avec les professionnels. mer constitue l’une des mesures les plus
Pourtant, le conlit entre ces deux types emblématiques  –, ceci face aux intérêts
d’acteurs va s’intensiier au cours de l’an- contraires qui sont exprimés par les pro-
née 201324. La pêche en eaux profondes ne fessionnels, y compris les pratiquants de
la « petite pêche », et par les eurodéputés
22. Seuls des « couloirs » autorisés seraient cha- français de la commission pêche.
lutés, les mailles des ilets seraient plus larges, La stratégie de la Commission, à la fois
l’interdiction de pêcher certaines espèces, comme mal perçue par les professionnels et ne dis-
l’empereur, serait maintenue, etc.
posant pas d’un poids symbolique fort au-
23. Est évoquée, par exemple, la technique de
chalutage au-dessus des coraux. Pêche présentée près de l’opinion publique, ne peut aboutir
comme plus sélective, peu impactante sur l’envi- sans l’appui de puissants alliés. C’est en
ronnement et s’apparentant à de la cueillette. s’appuyant sur la capacité qu’auraient cer-
24. L’année 2013 correspond à la proposition pour taines ONG à susciter l’intérêt du « grand
vote au Parlement européen d’une nouvelle poli-
public » autour de « grandes causes » que
tique des pêches couvrant la période 2013-2022.

ÉCONOMIE RURALE 344/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 • 41


Gérer les ressources marines

la Commission entend faire prévaloir son du bien commun. L’incomplétude peut por-
point de vue sur celui des professionnels ter sur les caractéristiques de la ressource,
et des politiques qui les soutiennent25. sur l’étendue de son territoire, sur l’évalua-
L’alliance objective de la Commision avec tion de ses capacités à se maintenir à un
Deep Sea Conservation Coalition, Bloom, niveau jugé satisfaisant. Dans tous ces cas,
WWF, Greenpeace, etc. constitue l’un des l’accord n’ira pas de soi. L’incomplétude
leviers de la réussite de son projet. À tra- du bien commun rend souvent dificiles la
vers ces rapprochements elle vise à se faire reconnaissance et l’application par les usa-
connaître du plus grand nombre comme gers des mesures de protection/gestion qui
une institution œuvrant pour le bien com- doivent être adoptées au nom de l’intérêt de
mun. Ceci en dehors de toute compromis- tous.
sion afichée avec les intérêts particuliers Dans le cas de la pêche dans les grands
de tels ou tels professionnels ou États fonds, le triptyque «  communauté-terri-
membres  : lobby, eurodéputés, etc. soup- toire-ressource » prend une dimension sin-
çonnés de «  défendre leur boutique  ». Si gulière. Si les grands fonds sont présentés
la stratégie de la Commission va être inva- par certains acteurs comme constituant un
lidée par le vote du Parlement26, le dossier habitat exceptionnellement riche en biodi-
«  grands fonds  » offre un cas exemplaire versité rien d’objectif ne permet de relier
pour observer l’ensemble des «  forces  » aisément une communauté et cette res-
et les jeux d’alliances qui se nouent entre source. La plupart des citoyens européens
acteurs (Offerlé, 1994)27. ignorent encore dans quelles zones géogra-
* phiques se situent les grands fonds alors
que beaucoup localisent la forêt amazo-
* *
nienne. Les centaines de milliers de signa-
Au cours de ce texte, nous avons signiié tures récoltées par l’association Bloom ne
l’importance d’une objectivation des rela- désignent pas une communauté qui pour-
tions d’alliances ou de concurrences entre rait être identiiée à un territoire précis,
acteurs sociaux qui se nouent autour du trip- c’est une communauté «  virtuelle  » dont
tyque « communauté-territoire-ressource » les territoires sont les réseaux sociaux.
à l’aune d’une coniguration précise. Ce Mais ces signatures ne sont pas sans effet,
sont ces jeux d’acteurs qui permettent de au moins d’un point de vue symbolique.
comprendre le processus de reconnaissance Par un jeu qui consiste à agréger des inté-
(ou non) et de protection d’une ressource rêts individuels (ou des préoccupations) en
naturelle, quelle qu’elle soit. Mais lorsque intérêt général, elles ont le pouvoir d’exer-
les points de vue sont contradictoires et que cer un poids politique dans le processus
les intérêts divergent, il y a incomplétude décisionnel européen, soit, concrètement,
offrir à la Commission le «  petit coup de
pouce » dont elle a besoin lors du vote au
25. La «  bande dessinée  » de Penelope Bagieu
mise sur son blog recevra plus de 750 000 signa- Parlement.
tures entre les mois de novembre et décembre L’incomplétude des biens communs
2013. permet d’observer toutes sortes d’audaces,
26. Le Parlement, à une très courte majorité
de stratégies, qui sont souvent éloignées
(342  voix contre 326), refuse le moratoire sur le
chalutage en eaux profondes. des véritables préoccupations environ-
27. Le dossier pêche en eaux profondes, assez nementales. Comme tout espace social,
sensible en France, avait déjà provoqué la démis- celui des pêches n’est pas clos sur lui-
sion de Louis Le Pensec en 2009, alors président même. D’autres acteurs peuvent faire leur
du Comité d’experts sur la pêche au grand fond
entrée, bouleverser les rapports de forces
initié par le Grenelle de l’environnement.

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RECHERCHES
Gilles LAZUECH

et d’alliances antérieurs et tenter d’impo- scène que l’on pourrait appeler l’ « air du
ser leurs jeux. C’est de cette manière que temps ». Au modèle presque « idéal », cher
nous interprétons l’entrée en scène des à Elinor Osrom, de la petite communauté
majors de la grande distribution au tout capable de trouver en son sein tous les dis-
début de l’année 2014. De grands distri- positifs de régulation surgit une autre réa-
buteurs (Auchan, Carrefour, Intermarché) lité à savoir que, dans certains cas, ce ne
vont annoncer leur décision de retirer de sont ni les communautés, ni les États, ni
leurs étals les espèces de grands fonds. les organisations internationales qui feront
Cette décision prise au nom du respect de l’accord. Ce peut être, par exemple, des
l’environnement s’apparente, dans le fond enseignes de la grande distribution, mues
comme dans la forme, à un effet d’annonce par des préoccupations mercantiles, qui
à l’appui d’une stratégie marketing bien joueront temporairement un rôle d’arbitre
pensée. Elle est l’expression d’une remar- sur une scène sociale qu’elles auront tôt
quable aptitude à la théâtralisation sur une fait de quitter. ■

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44 • ÉCONOMIE RURALE 344/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014

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