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le délit

Publié par la société des publications


du Daily, une association étudiante
de l’Université McGill.
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Le mardi 11 janvier 2011 - Volume 100 Numéro 13, le seul journal francophone de l’Université McGill. Au service de ses étudiants depuis 1977.
Éditorial
Volume 100 Numéro 13
rec@delitfrancais.com

le délit
Le seul journal francophone
de l’Université McGill
rédaction
3480 rue McTavish, bureau B•24

Se lever du mauvais côté du lit, Montréal (Québec) H3A 1X9


Téléphone : +1 514 398-6784

Partir du bon pied


Télécopieur : +1 514 398-8318
Rédactrice en chef
rec@delitfrancais.com
Mai Anh Tran-Ho nement survient, puis il passe rapidement bonnes résolutions qu’il faut prendre sans Mai Anh Tran-Ho
Le Délit aux archives. Repris plus tard lorsqu’on actes concrets. Ainsi, petit pas pour Le Délit: Actualités
commémore un anniversaire ou lorsqu’on l’ancienne section dénommée «Nouvelles» actualites@delitfrancais.com

U
ne nouvelle année et une nouvelle veut faire un rapprochement avec un autre se fait maintenant connaître sous le nom Chef de section
décennie débutent, et je suis tou- événement plus récent. «Actualités», meilleure traduction de Emma Ailinn Hautecœur
jours aussi insensible. En fait, pas Je ne dis pas que toute tragédie devrait «News». Votre dévoué et seul journal fran- Secrétaire de rédaction
tout à fait insensible, mais un tant soit peu marquer les mémoires comme la Shoah cophone de l’université et toute son équipe Francis Laperrière-Racine
inébranlable face aux tragédies que relaient ou le génocide rwandais, ou encore qu’il éditoriale tient toujours à vous apporter des Arts&culture
artsculture@delitfrancais.com
en boucle et arrosés de la même sauce faudrait une fête officielle pour commé- informations singulières et vous permettre
Chef de section
par la majorité des médias. Morts subites morer les morts, mais qu’il faudrait revoir de revisiter vous-même des enjeux actuels.
Émilie Bombardier
d’oiseaux, de divers animaux marins, de la couverture de ces événements. Si l’on Pour partir du bon pied, la Société des
Secrétaire de rédaction
castors, de chauve-souris; six morts, ainsi s’inquiète de l’influence de la rhétorique Publications du Daily (SPD), qui fête cette
Annick Lavogiez
que la démocrate Gabrielle Giffords bles- politique, de l’engagement réel des pays du année ses cent ans d’existence et qui publie
Société
sée dans une fusillade, suivie de toute une Nord pour lutter contre les changements les journaux étudiants The McGill Daily et
societe@delitfrancais.com
réflexion sur la rhétorique politique; pre- climatiques ou de la participation huma- Le Délit, vous invite à la Conférence natio-
Anabel Cossette-Civitella
mier anniversaire du tremblement de terre nitaire de différents pays, l’inquiétude était nale de la Presse universitaire canadienne
Xavier Plamondon
à Haïti qui souffre maintenant de l’insuffi- bien présente il y a dix ans. Qu’est-ce qui qui se tiendra du 12 au 16 janvier. Près de
Coordonnatrice de la production
sance des services humanitaires… Les tra- a changé? Pourquoi n’apprend-on pas des 400 journalistes étudiants seront présents production@delitfrancais.com
gédies sont réelles, les discours sur celles- anciennes erreurs, des réflexions faites, des pour assister à différentes conférences, ta- Mai Anh Tran-Ho
ci, moins. discussions échangées? bles rondes et ateliers offerts par des médias Coordonnateur visuel
Ce n’est pas que les médias ne sem- Il semble qu’au-delà des grands dis- de masse, des médias locaux ainsi que des visuel@delitfrancais.com
blent s’intéresser qu’au sensationnel –et le cours, ce qui manque surtout ce sont les médias indépendants. Raphaël Thézé
concept ne doit pas que se limiter aux 3S: petits gestes que tout un chacun peut ac- Vous pouvez vous aussi participer à Coordonnateurs de la correction
Sport, Sexe et Sang– mais la façon dont les complir chaque jour. cette rencontre, gratuitement après quel- correction@delitfrancais.com
événements sont traités semble traduire une Il m’était difficile de commencer le ques heures d’aide volontaire. Inscrivez- Anselme Le Texier
certaine indifférence ou passivité. Un évé- nouveau semestre en ne parlant que des vous rapidement à bit.ly/nashbenevoles. x Élise Maciol
Infographe
infographie@delitfrancais.com
Alexandre Breton

Le Délit & The McGill Daily Coordonnateur Web


web@delitfrancais.com
Mathieu Ménard
sommes Heureux D’accueillir Collaboration
Martine Chapuis, Justin Doucet, Gabriel

Les dÉlÉGUÉ(E)s de la
Ellison-Scowcroft, Anthony Lecossois,
Christophe Jasmin, Francis Lehoux,
Véronique Martel, Catherine Renaud,

73e conférence annuelle Laura Andrea Saavedra, Véronique


Samson, Victor Tangermann, Jean-
François Trudelle, Audrey Yank
de la Presse Universitaire Couverture
Victor Tangermann

Canadienne! bureau publicitaire


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WE Are excited to Welcome ads@dailypublications.org
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delegates from across Boris Shedov


Gérance
Pierre Bouillon

the country to the Photocomposition


Mathieu Ménard et Geneviève Robert
The McGill Daily • www.mcgilldaily.com
73rd Canadian coordinating@mcgilldaily.com
Emilio Comay del Junco

university press Conseil d’administration de la Société des publica-


tions du Daily (SPD)

National student
Emilio Comay del Junco, Humera Jabir, Whitney
Malett, Sana Saeed, Mai Anh Tran-Ho, Will Vanderbilt,
Aaron Vansintjan, Sami Yasin

journalism L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le


texte et ne se veut nullement discriminatoire.

conference! Les opinions exprimées dans ces pages


ne reflètent pas nécessairement celles de
l’Université McGill.
Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la
Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la repro-
duction de ses articles originaux à condition d’en mentionner

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la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les
droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de
la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les
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Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press
(CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire
francophone (CIPUF).

2 Éditorial xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com


Actualités
actualites@delitfrancais.com

CAMPUS

Bilingues à moitié
McGill, l’université reconnue internationalement, fait piètre figure quant à ses
traductions vers le français.
Mai Anh Tran-Ho tion en français. Madame Urbain renouvellement de contrat. Elle L’Association Étudiante de services de traduction y étaient
Le Délit mentionne toutefois que certains assure que l’université encourage l’Université McGill (AÉUM) a inexistants. Il semble alors diffi-
étudiants préfèrent le service son personnel à suivre un pro- une vision singulière sur la ques- cile d’expliquer toutes les erreurs

L
orsqu’un des membres de en anglais, car s’ils sont venus à gramme de francisation, mais que tion. Le président de l’AÉUM, que nous retrouvons dans le for-
l’équipe éditoriale nous McGill, c’est surtout pour prati- celui-ci n’est pas obligatoire. Ceci Zach Newburgh, avait affirmé, mulaire mentionné en début d’ar-
est revenu avec un for- quer et perfectionner leur anglais. est navrant à constater quand on dans une entrevue au Délit pu- ticle. Si «l’erreur est humaine»
mulaire qui devait attester de ses Pour l’ancienne directrice, pense que certains de ces anciens bliée le 9 mars avant la fin des comme le dit Madame Johnson,
études universitaires, nous avons Janine Schmidt, accroître le bilin- employés ont un contact fréquent élections, que «les étudiants fran- peut-on alors parler de négligen-
d’abord bien ri. Étudiant étranger, guisme dans les services offerts avec les étudiants et le grand cophones [avaient] été négligés ce? S’il y avait en effet des traduc-
il avait demandé que le formulaire était un objectif important. Nous public et peuvent même être la et [qu’il] voulait changer cela». teurs, et si le formulaire avait été
soit traduit pour l’administration n’avons pu parler à la directrice meilleure personne ressource –si Quant aux traductions actuel- relu, plusieurs –sinon toutes– les
française. La feuille, on ne peut actuelle, Colleen Cook, rentrée on maîtrise bien l’anglais. les, Zach Newburgh commente: erreurs auraient ainsi pu être cor-
pas réellement parler de texte, en fonction la semaine dernière, À titre légal, l’Université «L’administration de McGill rigées.
car si peu est rédigé, était minée mais Carole Urbain dit ne pas McGill n’est pas contrainte à cer- devrait être apte à communi- Si certains services et dépar-
de fautes. Puis, en moins d’une croire qu’un pas en arrière ne sera tains articles de la loi 101 et que quer aussi bien en anglais qu’en tements font des efforts impor-
semaine, d’autres erreurs de tra- fait. Malgré les efforts, celle-ci af- les services offerts ou documents français. Il est embarrassant de tants pour offrir aux étudiants
duction à travers le campus nous firme que «la barrière de la lan- traduits en français sont faits remarquer que les communica- francophones des ressources
ont sauté aux yeux, et la situation gue» existe toujours dans la com- dans «le bon vouloir» de la direc- tions en français sont souvent de en langue française de qualité,
est devenue alarmante. Comment munauté universitaire. Toutefois, tion, rappelle la Commission aux qualité médiocre; on devrait en d’autres montrent leur inapti-
l’Université McGill procède-t-elle elle souligne qu’il est satisfaisant affaires francophones (CAF) de avoir honte et tenter d’amélio- tude ou leur inintérêt en ce qui
aux différentes traductions? et agréable de pouvoir échanger l’AÉUM. Ainsi, un budget précis rer la qualité de notre expression concerne le bilinguisme à l’Uni-
La réponse n’a pas été facile à avec d’autres bibliothécaires, cha- serait alloué à cet aspect; mais de dans les deux langues officielles versité McGill.
trouver. Après plusieurs échanges cun ayant sa façon de faire. combien est-il? Nous l’ignorons. du Canada.» Ainsi, à chaque erreur que
avec Pascal Zamprelli, responsa- Comment se fait-il alors que La CAF, qui défend les droits des Pour en revenir à notre pre- vous rencontrez sur des docu-
ble des relations avec les médias, nous ne puissions nous faire étudiants francophones, et qui mier objet, Janice Johnson, ges- ments ou des enseignes, que ce
qui lui-même ne connaissait pas servir en français à chaque fois? leur a permis de remettre tous tionnaire des services et des opéra- soit dans votre faculté, au Point
la réponse, nous avons pu nous Lynne Gervais, vice principale leurs travaux en français (cette tions au Point de service, confirme de service, aux Services de santé,
entretenir avec les personnes adjointe aux ressources humai- politique doit être imprimée par que les employés sont bilingues, aux bibliothèques, à la librairie
concernées. Différentes person- nes, explique que, quant à l’em- les professeurs sur tous les plans que des traducteurs font partie du ou autres lieux sur le campus, ou
nes, parce que McGill n’a pas de bauche, un degré fonctionnel de de cours), explique qu’elle enca- personnel et que les formulaires encore dans un courriel officiel,
politique ou de procédure uni- bilinguisme est requis que depuis dre et travaille dans l’intérêt des sont traduits manuellement (et nous vous encourageons à le si-
que, et encore moins un bureau environ dix ans. Les employés em- étudiants francophones, mais non par traducteur automatique gnaler aux personnes concernées.
central qui se charge des nom- bauchés avant cette politique ne qu’elle n’a pas nécessairement tel Google Translate). Une em- Le bilinguisme, et l’image de mar-
breuses traductions vers le fran- sont donc pas tenus d’apprendre d’influence sur la politique offi- ployée du Point de service nous que de notre université, ne pour-
çais faites sur le campus ou pour le français, sauf dans le cas d’un cielle de l’administration. a pourtant affirmé que de tels ront qu’en bénéficier. x
l’université.
Une seule personne, Karine
Majeau, chef au Service de tra-
duction, est responsable de tous
les communiqués, rapports et
autres publications officielles de
l’administration liées aussi au
recrutement ou à l’admission.
Celle qui travaille depuis six ans
pour l’université délègue certai-
nes traductions moins prioritai-
res à des pigistes lorsqu’elle ne
peut tout faire seule. Les activités,
les facultés et les départements
s’occupent eux-mêmes de leurs
documents à traduire.
À la bibliothèque McLennan,
les traductions vers le fran-
çais sont plus répandues et de
meilleure qualité. Depuis un an,
la signalisation est bilingue et
toutes les brochures sont tradui-
tes au fur et à mesure des mises
à jour et des nouvelles impres-
sions. La personne récemment
engagée aux communications se
débrouille très bien en langue
française selon Carole Urbain,
directrice adjointe au Service à
la clientèle de la bibliothèque de
sciences humaines et sociales, de
droit et de gestion. La bibliothè-
que offre également des visites Cherchez les vingt-huit erreurs dans ce formulaire. Le corrigé sur www.delitfrancais.com.
guidées et des cours de forma-

xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com Actualités 3


CAMPUS

La censure dans la peau


Au Collège de Bois-de-Boulogne, des étudiants ont crié à l’atteinte à la liberté
d’expression, et ils ont été écoutés... moyennant une certaine somme.
Emma Ailinn Hautecoeur Cependant, aucune des ces actions de l’association [étudiante]». Le conten- à 2000$ jusqu’à maintenant, a été divul-
Le Délit n’avait franchi la limite du légal. Au tieux vient du fait que les honoraires de gué. Le cas paraîtra en cour le 17 janvier.
cours d’une altercation antérieure assez Maître Grey ont été alloués du budget Ces déboires sont un exemple de la

E
n novembre, l’affaire avait des airs cocasse, l’administration a pu se rendre Salaires, et demeuraient donc confiden- puissante marée étudiante qui monte et
de Munich, où les étudiants distri- compte de sa propre illégalité. Le 6 mai tiels selon la charte. qui risque de multiplier l’objet des articles
buaient des tracts antinazis signés 2010, sept étudiants distribuaient des Cette pratique n’est toutefois pas de journaux. L’Alliance sociale, compo-
«La rose blanche». Keena Grégoire et papiers sur le trottoir en bordure de la sans précédents (bien que ceux-ci sée des deux volumineux regroupements
Simon Robitaille ont été suspendus le 29 propriété du collège. L’administration soient inconnus des étudiants) insiste nationaux étudiants (FEUQ et FECQ) et
novembre 2010 pour avoir distribué ces les a pris en photo pour avoir une Alexandre Antaki. Il rappelle que «l’an- de plusieurs syndicats (CSN, FTQ, CSQ
pamphlets de sensibilisation au dégel des preuve en main lorsqu’ils appelleraient née passée, une étudiante en infirmerie et CSD), met du vent dans les voiles à la
frais de scolarité. L’argument de l’admi- la police. La police a mentionné que avait été lésée dans ses droits et avait uti- lutte pour stopper la hausse des frais de
nistration: cette activité pacifique nuirait à «ce qui était illégal, c’était les photos de lisé tous les recours légaux possibles et scolarité. L’AGEBdeB a elle-même depuis
l’image du collège. l’administration», note Antaki. imaginables dans le cégep. L’association quelques années pris l’habitude de tendre
Dans l’imaginaire collectif, et pour L’association étudiante de Bois- lui avait alors donné 10 000 dollars pour la main pour que plusieurs groupes
une certaine génération, le Collège de de-Boulogne (AGEBdeB) a enfin pris le passer en cour et ça n’avait jamais été fassent écho à leurs causes. Lors de deux
Bois-de-Boulogne est réputé pour l’ex- taureau par les cornes. Le matin même approuvé par l’assemblée générale.» La semaines de solidarité à la Palestine, ils
cellence académique et la rigueur de ses de la suspension des étudiants, une décision de s’en remettre aux recours lé- avaient l’appui de Maria Mourani, dépu-
élèves, qui lui mérite, comme plusieurs mise en demeure a été envoyée à l’ad- gaux est de coutume au comité exécutif. tée d’Ahuntsic du Bloc Québécois, et du
autres institutions, une étiquette plus ministration par Maître Julius Grey, un Cette fois non plus, il n’y a pas eu de PAJU (Palestiniens et Juifs Unis). Les étu-
ou moins conservatrice. C’est pourtant avocat québécois connu pour son zèle consultation par vote à l’assemblée gé- diants de l’association sont passés maîtres
à s’y méprendre, affirme le porte parole pour les causes de liberté individuelle. nérale. «On avait une ou deux journées dans l’art du chantage médiatique. Pour
de l’association étudiante, Alexandre Cette initiative n’a pas été accueillie pour décider si on l’engageait comme dissuader l’administration de leur mettre
Antaki: «Dans les cinq, six dernières sans controverse au sein du corps étu- avocat ou non», ajoute Antaki. L’avocat des bâtons dans les roues, «dans les der-
années, il y a eu beaucoup de débats diant. Un «élève outré» a commenté un devait agir rapidement pour le jugement nières années, c’est arrivé fréquemment
politiques; et c’est connu dans le milieu article sur le sujet, paru dans le Courrier déclaratoire, c’est-à-dire la demande qu’[ils] menace[nt] de sortir des commu-
étudiant que Bois-de-Boulogne est un Bordeaux-Cartierville pour souligner qu’il de suspension des suspensions, cette niqués de presse». «Cette année, c’est la
cégep très actif en ce moment.» Les deux «trouv[ait] dommage que ces personnes dernière ayant été finalement rejetée, première fois qu’on a été obligé de sortir
élèves n’en étaient effectivement pas à passent pour des petits martyrs dont la la sentence des deux étudiants s’étant le communiqué, parce que l’administra-
leur première distribution de tracts, ni à liberté d’expression a été brimée alors rapidement écoulée. Finalement, avec tion n’a pas reculé devant ses atteintes à
leur «premier avertissement». qu’ils ont engagé Julius Grey aux frais l’accord de l’avocat, le salaire, s’élevant la liberté d’expression.» x

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4 Actualités xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com


CAMPUS
Le semestre des 36 heures
Joshua Abaki (VP aux Affaires universitaires de l’AÉUM) a engagé la discussion avec l’administration en vue
de réduire le nombre de jours travaillés au cours du semestre d’automne.

«N
os étudiants tra- par semestre, soit une semaine de difficultés logistiques, en par- aux classements internationaux. le dimanche, comme le font
vaillent déjà plus de cours en moins. Si les doyens ticulier pour les étudiants ins- Le groupe de travail devra Polytechnique ou le HEC, n’a
dur que dans les «manquent d’enthousiasme» crits dans plusieurs facultés. répondre à deux questions: pas été retenue.
autres universités, il n’est pas né- vis-à-vis de ce projet, c’est no- Outre le fait qu’ils n’appré- 1- Comment réduire le 2- Comment utiliser ces
cessaire qu’ils étudient aussi plus tamment parce qu’un certain cient pas forcément le commen- nombre de jours travaillés? journées ainsi dégagées?
longtemps.» Joshua Abaki nombre de facultés (génie, phy- taire de Joshua Abaki sur la façon En plus de la réduction du Semaine de relâche à
Le projet initial était de siothérapie et ergothérapie, etc.) dont ils choisissent le contenu nombre d’heures de cours, les l’automne? Plus de jours de ré-
réduire le nombre d’heures de sont certifiées sur la base d’un qu’ils enseignent, les professeurs pistes de réflexion incluent un visions avant les examens? Des
cours. Joshua Abaki estime que cahier de charges précis, qui ne semblent pas opposer de re- début de session plus précoce, et vacances d’hiver plus longues?
«si les professeurs réfléchissaient comprend le nombre d’heures fus de principe à une semaine de une réduction de la durée de la Les étudiants seront amenés
bien au contenu qu’ils souhai- de cours. vacances supplémentaire. période d’examens. Pour ce faire, à se prononcer sur toutes ces
tent transmettre aux étudiants, Le VP aux Affaires universi- Stephen Saideman, profes- on envisage d’avoir des examens questions par voie de sondage
il serait tout à fait possible de taires explique qu’il serait favo- seur au département de sciences le soir de 18 à 21h, voire même administré par le VP aux Affaires
réduire le semestre de trois heu- rable à ce que certaines facultés politiques estime, quant à lui, de 19 à 22h. Universitaires de l’AÉUM car s’il
res». Le corps professoral appré- aient une «marge de manœuvre» qu’une telle décision «ampu- Pour éviter l’augmentation semble que l’idée d’une semaine
ciera. en ce qui concerne les dates des terait l’avantage compétitif de des conflits, en particulier pour de vacances supplémentaire fas-
Il s’agit, en clair, de passer de périodes d’examens bien que McGill». Pour lui, ce serait pren- motif religieux, l’option de la se l’unanimité, les modalités font
trente-neuf à trente-six heures cela entraîne un certain nombre dre le risque de perdre des places tenue d’examens le samedi ou encore débat. x

ILS ONT OSÉ LE DIRE


«Je ne suis pas favorable à l’augmentation des frais de scolarité, mais c’est vrai
que si on pouvait les augmenter un peu ça nous aiderait beaucoup.»

- Dr Paul Allison, Doyen de la Faculté de médecine dentaire

xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com Actualités 5


POLITIQUE INTERNATIONALE
Réfugiés ivoiriens au Libéria:
faim, insécurité et incertitude
Les nouveaux arrivants suscitent l’intérêt, et les réfugiés de longue date passent aux oubliettes.

Justin Doucet femmes sont allées cultiver le manioc Moussa, cinquante ans, tente de subsis- re, alimentaire et en matière d’éducation
Le Délit dans les champs pour qu’on puisse man- ter en élevant quelques poules et lapins. est insuffisante. Nous avons peur pour
ger, mais certaines se sont fait enlever par Pourtant, lorsqu’il regarde autour de lui, nos enfants.»

D
epuis les élections contestées les rebelles et des mercenaires Libériens. ce porte-parole de la communauté mu- Moussa et Miraymond souhaitent fai-
de novembre dernier, le nom- Les choses ont un peu changé depuis le sulmane du camp de Saclepea se compte re un appel à la communauté internatio-
bre de réfugiés qui sont passés désarmement du Libéria [par L’ONU], parmi les chanceux: des enseignants, des nale. Ils ont été abandonnés à eux mêmes,
au Libéria s’élève à 23 000, selon le Haut mais l’insécurité est toujours là.» Les dis- chauffeurs, des mécaniciens, des tailleurs, dans un pays qui n’est pas le leur et ils ne
Commissariat des Nations Unies pour les paritions et enlèvements, dans les champs eux, sont réduits au chômage depuis des reçoivent ni protection, ni assistance.
Réfugiés. La crise de 2002 et le conflit mili- ou dans la forêt à proximité du camp, années. Certaines femmes doivent se pros- Les Nations Unies ont déclaré cette
taire en Côte d’Ivoire ont eux aussi provo- sont trop fréquents, mais les réfugiés tituer pour gagner leur pain et nourrir leur semaine qu’ils ouvriraient un nouveau
qué une vague de déplacements de popu- n’ont pas le choix. Ils doivent s’y risquer famille. camp à la frontière, pour accueillir les 500
lations. De nombreux réfugiés sont, à ce pour se nourrir, puisque le Programme Moussa est au Libéria depuis 2002 et, nouveaux réfugiés Ivoiriens qui arrivent à
jour, isolés à la frontière, au camp Saclepea Alimentaire Mondial a coupé l’aide en selon lui, la situation dans le camp ne fait chaque jour. x
de l’ONU. Ils ont récemment vu leurs es- nourriture il y a deux ans. qu’empirer. «Il n’y a aucune force de sé-
poirs de retourner dans un pays en paix Les emplois sont rares au Libéria, curité autour du camp, et les mercenaires
s’évanouir avec l’annonce des hostilités et et les emplois disponibles aux Ivoiriens ivoiriens et libériens font la navette entre
de 210 morts depuis début décembre; et d’autant plus. Tant bien que mal, Doumbia ici et la Côte d’Ivoire. L’assistance sanitai-
la vie n’est guère plus facile dans le camp.
Alors que la communauté internationale
sonne l’alarme, les conditions de vie des
Ivoiriens de l’autre côté de la frontière sont
déplorables.
Comme le rapportait récemment la
presse internationale, la Côte d’Ivoire se
voit maintenant réclamée par deux prési-
dents et deux armées. La dispute électo-
rale entre les deux candidats a provoqué
le déplacement vers le Libéria de plus de
20 000 Ivoiriens qui fuient l’insécu-
rité et une éventuelle guerre civile.
Certains médias évoquent, sans scru-
pules, l’ombre menaçante du génocide.
Jean Miraymond, le porte-parole des
réfugiés dans un des secteurs du camp
Saclepea, voit sa communauté dans une
impasse. Cherchant la protection des
Nations Unies, il est arrivé en 2003, alors
que la guerre civile au Libéria continuait
ses ravages. Selon lui, les Nations Unies et
plusieurs ONG ont fui la violence, accrois- Camp de réfugiés au Libéria Réfugié ivoirien
sant la vulnérabilité des réfugiés: «Nos Justin Doucet Justin Doucet

CHRONIQUE
Crise climatique ou médiatique
Audrey Yank | Bulle climatique
ou Obama y figurent, symbole typique de tion météorologique mondiale annonçait selon un sondage de l’Université Yale, 43%
notre système médiatique. Les médias pos- que la décennie 2000-2009 serait la plus des Américains pensent que la crise clima-
sèdent le pouvoir d’informer et d’éduquer chaude jamais enregistrée. La souverai- tique pourrait être empêchée en arrêtant de
la population, ainsi que de générer de nou- neté même des journalistes est donc à perforer l’atmosphère en lançant des fusées
veaux intérêts, mais qui oserait être le pre- remettre en doute dans ce genre de situa- dans l’espace... Doutez-vous encore de
mier à sortir des sentiers battus? tion. Derrière cette tyrannie médiatique se l’influence des médias au sein de la popu-
Certains diront que le climat n’est pas cachent peut-être des motifs politiques ou lation?
un sujet digne de faire la une des journaux, économiques. Cependant, pour bien com- C’est exactement pour cette raison,
peut-être que c’est un sujet passé de mode. prendre le problème, il faudrait plutôt se pour ce pouvoir que possèdent les médias,
Aujourd’hui, c’est le sensationnalisme qui demander au service de quels intérêts tra- que ces derniers sont utilisés à tort et à
fait fureur. Si on se sert de sang ou de ter- vaillent les médias. travers au service de ceux qui recherchent
reur pour en parler, les changements clima- La sénatrice Pamela Wallin a publié un cette représentation auprès de la popula-
tiques peuvent pourtant faire l’affaire. On article au sujet du Canada, leader mondial tion. Certains journalistes se déculpabili-
estime à 350 000 le nombre de morts dues dans la lutte contre les changements cli- sent en rejetant la responsabilité sur l’esprit
CANCUN EST DÉJÀ PASSÉE AUX aux changements climatiques en 2010. En matiques, traitant de la menace que repré- critique du public. Madame Wallin l’a dit
archives. Cancun? Oui, cette destination parle-t-on, de cela? sente la réduction des émissions de CO2 elle-même à Cancun: «Il ne faut quand
soleil qui a réuni des milliers de délégués Dans le feu des négociations de pour la prospérité économique canadienne. même pas croire tout ce qu’on dit dans
du monde entier et où s’est tenu, du 29 Cancun, un haut gestionnaire de Fox News, Soulignons le paradoxe entre les propos les médias…» Suis-je idéaliste, confuse
novembre au 10 décembre dernier, le 16e Bill Sammon, a envoyé un courriel ordon- de Madame Wallin et la position qu’elle ou inquiète? L’heure est grave si certains
sommet des Nations unies sur le climat. nant aux journalistes du réseau de limiter occupe auprès de la compagnie pétrolière journalistes acceptent de plein gré ce rôle
La couverture médiatique de Cancun les affirmations concernant le réchauffe- Oilsands Quest. Koch, la deuxième plus de désinformateurs. Je propose un partage
a été plutôt timide. Contraste important ment de la planète, à moins de mention- grande compagnie pétrolière privée de tou- plus équilibré des responsabilités afin que
avec le cirque médiatique de Copenhague, ner en même temps que cette théorie était te l’Amérique, a dépensé près de 63 millions les médias se réapproprient leur rôle pre-
l’an dernier. La raison en est que très peu basée sur des données erronées. Ce courriel de dollars entre 2005 et 2009, principale- mier: informer la population et se mettre au
de chefs d’États se sont déplacés sous le a même été émis moins de quinze minu- ment aux États-Unis, pour des campagnes service de celle-ci. De cette façon, espérons
soleil mexicain. Un article aura davantage tes après que la correspondante de Fox, de désinformation sur les changements que la crise médiatique cesse de contribuer
l’occasion d’attirer l’attention si Harper Wendell Goler, a indiqué que l’Organisa- climatiques. Et l’on se demande pourquoi, à la crise climatique. x

6 Actualités xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com


POLITIQUE INTERNATIONALE
Le 9 janvier 2011: nouveau pays?
Après un demi-siècle de guerre civile, le Sud-Soudan doit décider de son sort de manière démocratique via
un référendum sur son indépendance. Serons-nous témoins de la naissance d’un nouveau pays?
Laura Andrea Saavedra une arabisation et une islamisation de la
Le Délit société sud-soudanaise, majoritairement
chrétienne et animiste.

L
e 9 janvier 2011, journée décisive La date du référendum a été choisie
dans l’histoire africaine. L’enjeu: la lors de la signature des accords Naivasha
fin du plus grand pays du continent qui mettaient fin à la deuxième guerre civile
et la création d’un nouvel État. Comme soudanaise. Cependant, les problèmes liés
les Québécois en 1995, les Sud-Soudanais à l’organisation de cet événement semble-
sont convoqués aux urnes cette semaine raient indiquer que le référendum du 9
pour répondre à une question qui peut janvier était trop précipité. En effet, selon
tout changer. Le taux élevé d’analphabé- Medani, «plusieurs individus, dont des
tisme au sein de la population fait en sorte gouvernements et des organismes inter-
que la question ne peut pas être écrite. Les nationaux, pensaient que la date aurait dû
deux réponses possibles sont donc repré- être repoussée». Cependant, l’Armée popu-
sentées par des symboles: une poignée de laire de la libération du Soudan (APLS) et
main en signe d’unité nationale signifie les principaux dirigeants du gouvernement
«oui», et une main ouverte symbolisant la du Sud n’étaient pas prêts à se risquer. Ils
sécession, «non». avaient peur que la prolongation s’éterni-
Ce désir de séparation est une consé- se, et que le référendum n’ait jamais lieu.
quence directe d’une des plus longues Selon Medani, le Nord n’a aucun intérêt à
guerres civiles en Afrique. Khalid Mustafa libérer le Sud, étant donné que la richesse
Medani, professeur à McGill et spécialiste pétrolière du pays –le Soudan est actuelle-
de cette région, propose deux raisons qui ment le troisième plus grand exportateur Bulletin de vote au Sud-Soudan compte tenu du fort taux d’analphabétisation
pourraient être à la base du conflit entre le de pétrole en Afrique– se trouve majoritai- Raphael Thézé
Nord et le Sud. Premièrement, les citoyens rement dans le Sud.
du Sud «n’ont plus confiance en le gou- Plusieurs sondages internationaux l’Érythrée. Malgré le fait que cet événement frontières entre les deux nouveaux pays.
vernement du Nord». Selon lui, «plusieurs semblent indiquer que la victoire du «oui» se soit déroulé pacifiquement, «ils conti- Le conflit au Darfour se verrait sûrement
promesses du Nord concernant l’augmen- est inévitable. Toutefois, même si le gou- nuent à avoir d’énormes conflits à cause très affecté par cette rupture. En effet, il est
tation d’autonomie et le partage des res- vernement du Nord était «officiellement» des frontières». Donc, le cas du Soudan très probable que les discussions de paix
sources naturelles depuis l’indépendance obligé d’accorder la séparation, selon pourrait mener, à long terme, à de gros entre les rebelles du Darfour et le gouver-
en 1956 ne se sont pas matérialisées». En Medani, «ils ne vont pas facilement lâcher problèmes, surtout parce que ce pays «est nement du Nord en sortent handicapées.
effet, les Sud-Soudanais ont l’impression le pétrole qui se trouve au Sud». En effet, il plus grand [que l’Éthiopie], beaucoup plus Medani affirme que «les gens du Darfour
«qu’ils ont été les vraies victimes de la ter- est très probable que plusieurs problèmes compliqué, et qu’il y a aussi le problème ne veulent pas être indépendants, ils veu-
rible guerre, où presque deux millions de surgissent lors du processus de démarca- du pétrole». Selon lui, «pour ceux qui se lent plus de concessions politiques et éco-
personnes –dont une majorité de civils– tion de la nouvelle frontière, et que le Nord soucient du bien-être des gens du Sud et nomiques». Par conséquent, la séparation
sont morts dans le Sud». Deuxièmement, «ne donne pas au Sud tout le territoire que qui sont déterminés à résoudre le conflit, du Sud ne ferait que les inciter à augmenter
il affirme que nombreux sont ceux qui res- sa population demande», ce qui sans aucun ou à éviter une nouvelle guerre, c’est très leurs demandes au gouvernement lors des
sentent «une énorme division historique et doute créerait des conflits entre les deux important de se poser ces questions pour négociations. D’après lui, «après la sépara-
culturelle entre les musulmans arabes du nouveaux pays. Medani établit un paral- le futur». tion du Sud, il sera difficile de trouver une
Nord et les Africains du Sud». Sans oublier lèle intéressant avec le référendum éthio- Les conséquences de cette sépara- résolution politique pacifique permanente
les pressions exercées par Khartoum vers pien de 1993 qui avait donné naissance à tion ne se limiteraient pas à un conflit de au Darfour». x

CHRONIQUE
Au nom du Père?
Jean-François Trudelle | Attention, chronique de droite
premier à déplorer la dégradation de nos nous ne voulons pas nous en détacher. ils ne veulent pas assumer le fardeau in-
églises et le nombre de Québécois qui Que faire quand on ne veut pas assumer dividuellement. Un tel système existe en
manquent de respect envers les traditions la responsabilité de nos actions et de nos Suisse.
religieuses qu’ils ont jadis endossées. désirs? On se tourne vers le gouvernement La seconde solution serait que les
Mes doléances s’arrêtent là. Qui suis- et on demande qu’il le fasse à notre place. gens retournent à l’église et vivent leur foi
je pour imposer le dictat de mes valeurs à C’est exactement ce que fait Daniel Turp. sans avoir à passer par le gouvernement
mon voisin? Absolument personne. C’est Son manifeste, s’il avait été réellement axé pour collecter la dîme et la redistribuer.
ce que Daniel Turp et ceux qui approuvent sur la protection du patrimoine religieux, Si le patrimoine religieux est si important
son initiative ne semblent pas avoir com- aurait fait la promotion de l’importance aux yeux des Québécois, qu’ils le prouvent
pris. Si les Québécois se sont massivement d’avoir la foi. Ici, il ne fait que récupérer en allant écouter ce que leur curé a à dire.
détournés de la foi catholique, ils doi- la lamentation de gauche implorant le Sinon, ce désir de préserver le côté agréa-
vent aussi en assumer les conséquences. gouvernement de tout faire pour l’«intérêt ble de la foi, soit la valeur esthétique des
Celles-ci sont nombreuses et elles doivent supérieur des Québécois». églises, ne tient aucunement compte du
être acceptées, si les gens ne changent pas Deux solutions s’offrent réellement à but de la construction de telles infrastruc-
librement de comportement. nous. La première serait d’instaurer un im- tures. Elles n’ont pas été construites uni-
QUEL MEILLEUR MOMENT QUE Il faut dire que le manifeste pour la pôt religieux volontaire que les Québécois quement pour être belles et pour servir de
le retour des vacances de Noël pour vous sauvegarde du patrimoine religieux du paieraient en indiquant la religion dont reposoir à une identité nationale boiteuse.
parler de patrimoine religieux au Québec? Québec n’a rien d’étonnant. Un sondage ils sont membres. Ainsi, un Catholique Elles sont là pour célébrer Dieu.
Après avoir apprécié les derniers restants publié le 3 avril 2010 dans La Presse nous se déclarerait tel et paierait une certaine Si plus personne ne veut le faire, lais-
de notre héritage chrétien pendant deux apprenait que 61% des gens qui ne vont somme qui irait à sa paroisse. Cet impôt lui sons le marché s’occuper d’elles. Si des
semaines, je désire revenir sur un débat jamais à l’église au Québec croient malgré donnerait accès aux services religieux tels entrepreneurs veulent y construire des
qui a eu lieu au courant du mois de juin, tout que Jésus est le fils de Dieu, ce qui le baptême, le mariage et les funérailles. condos et que des gens veulent y habiter,
entourant la préservation d’églises et d’or- est l’une des pierres angulaires du dogme S’il ne voulait pas payer, mais qu’il voulait nous ne pouvons rien y faire. Nous ne
gues, par le biais de la nationalisation. catholique. Autrement dit, pour reprendre tout de même avoir accès à certains servi- pouvons refuser à des personnes le droit
Avec l’ex-député péquiste Daniel les mots de l’analyse du quotidien mon- ces, il devrait débourser la somme requise de vivre dans certains édifices parce que
Turp en tête, quelques dizaines de person- tréalais, nous sommes les «champions du par l’église. Agir ainsi permettrait à tous de jadis, ils étaient importants. À tous ceux
nes ont signé une lettre ouverte implorant catholicisme non-pratiquant». Où est le supporter le patrimoine religieux sans de- pour qui le patrimoine religieux est im-
le gouvernement québécois d’intervenir lien avec le manifeste? Je dirais qu’il se voir aller à la messe et sans être contraints portant, quand êtes-vous allés à la messe
pour que cesse la vente des églises et des trouve dans l’hypocrisie. par le gouvernement de débourser, par pour la dernière fois? Si votre réponse est
orgues pendant un an. Je dois avouer que Il semblerait que nous tenions à notre le biais des impôts obligatoires, pour des jamais, allez donc y faire un tour et faites
c’est un sujet qui me touche. Je suis le religion. Malgré la désaffection de masse, églises qui ne leur importent pas où dont votre part. Sinon, taisez-vous à jamais. x

xle délit · le mardi 11 janvier 2011· delitfrancais.com Actualités 7


Société
societe@delitfrancais.com

Une crèche ouverte


toute l’année
Servant bien davantage que des repas, l’Accueil
Bonneau occupe une place importante dans le
quotidien des itinérants montréalais.

Une bénévole s’enquiert des besoins d’un bénéficiaire des services alimentaires à l’Accueil Bonnneau
Photos: Gabriel Ellison-Snowcroft

Anabel Cossette Civitella et Malgré la fermeture de l’hospice, Grises, des Sulpiciens et de la Société partir du bon pied pour atteindre une sta-
Xavier Plamondon la Société Saint-Vincent de Paul et les Saint-Vincent de Paul siègent au le conseil bilité résidentielle. En tout, 225 personnes
Le Délit Sœurs Grises réussissent à maintenir les d’administration. profitent de cette aide essentielle.
services de repas et de lingerie dans un Instaurée pour fournir repas et vête- Dans le bâtiment principal, une salle

L
’Accueil Bonneau existe depuis nouvel emplacement, connu sous le nom ments à «toute personne à risque d’iti- d’attente pour la salle à manger et une
maintenant 130 ans. En 1877, du Vestiaire des pauvres, sur la rue de la nérance», l’œuvre de bienfaisance s’est salle de jour pour les activités sociales
Joseph Vincent, un riche philanth- Commune. C’est agrandie pour offrir sont mises à disposition de ceux dans le
rope, ainsi que René Rousseau, sulpi-
cien et aumônier de la Société de Saint-
Vincent de Paul, décident de dédier temps
en 1909 qu’une
épatante figure«
prend la relève et conscience que je n’avais plus
des services de pro-
Le pire a été lorsque j’ai pris motion humaine
afin de donner aux
besoin. L’Accueil Bonneau compte aussi
165 chambres pour hommes réparties en-
tre quatre résidences. Aubin Boudreault,
et argent aux besoins des sans-abris. Ils se charge de l’or- aucune clé dans mes poches. Plus itinérants l’indépen- directeur de l’Accueil depuis 2009 assure
s’allient aux Sœurs Grises dans l’espoir ganisme jusqu’en rien ne m’appartenait» dance nécessaire à que tout un chacun peut bénéficier des
de créer un mouvement d’aide qui saura 1934: Sœur Rose- leur insertion socia- repas. Par contre, les logements et les ser-
apporter un peu de réconfort aux plus de-Lima Bonneau. le. De plus, le service vices d’intervention sont réservés à ceux
démunis. Avec l’hospice Saint-Charles, ils C’est d’ailleurs en son honneur que le d’intervention psycho-sociale de l’Accueil qui remplissent certains critères –des gens
créent les prémices de ce qui allait devenir centre sera rebaptisé en 1971. Encore Bonneau offre un service de gestion bud- en démarche de réinsertion sociale par
l’Accueil Bonneau. aujourd’hui, des représentants des Sœurs gétaire régulière, une bonne manière de exemple.

8 xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com


Les bénévoles, ces piliers de l’organi- tablement qu’une minorité des itinérants
sation qui vivent dans la rue. Il s’agit du noyau
Si les professionnels en intervention dur de la communauté. Ce sont les plus
sociale sont employés de l’Accueil Bonneau, vulnérables et les plus difficiles à appro-
tous ceux aux services alimentaires accom- cher». Ainsi, plusieurs peuvent, comme
plissent leur tâche d’une façon tout à fait Normand, errer de refuge en refuge, alors
bénévole. De tous âges, de toutes origines, que d’autres peuvent squatter des mai-
de tous milieux, les volontaires sont pré- sons vides ou des entrepôts abandonnés.
cieux, surtout en hiver. «Durant le temps «J’ai même connu quelqu’un qui vivait
des Fêtes, il y a une nette augmentation de dans une vieille voiture stationnée dans
la demande pour le bénévolat. Il y aussi plus un garage. On fait toujours preuve de
de dons. En fait, de la mi-décembre jusqu’à créativité en temps de besoin».
la fin mars, la générosité augmente avec le
climat qui ne se fait pas clément», souligne Faune itinérante
le directeur Aubin Boudreault. «Il n’existe pas de compétition en-
«Cela ne nous empêche pas d’avoir tre les différents organismes d’aide aux
de l’achalandage à l’année», explique itinérants», poursuit Monsieur Wallot,
Normand Wallot, coordonateur aux servi- «chacun a sa spécialisation». Ainsi, alors
ces alimentaires. «Par exemple, pendant les que l’Accueil Bonneau se concentre sur
belles journées d’été, où il est facile pour la provision de collations et de repas du
les itinérants de se déplacer à pied ou à bi- midi, d’autres organismes peuvent veiller
cyclette, on peut facilement atteindre 700 aux repas du soir et à l’accueil de bénéfi-
visiteurs en matinée.» La mobilité facilitée ciaires pour la nuit.
des itinérants dispersés dans la métro- Ceci est aussi le cas en ce qui concer-
pole, ajoutée au tourisme d’itinérance, ne l’âge des personnes en recherche
peut prendre l’Accueil Bonneau de court.

« De tous âges, de toutes origi-


« C’est une minorité des itiné-
rants qui vivent dans la rue. Ce
nes, de tous milieux, les volon- sont les plus vulnérables et les
taires sont précieux.» plus difficiles à approcher.»

Normand Paris, le chef cuisinier, est bien d’aide. «Ici, à l’Accueil Bonneau, nous
d’accord quant au manque de bénévoles recevons surtout des gens entre 30 et 75
pendant la saison estivale: «Il nous arrive ans. Quand nous avons des jeunes entre
de n’être que deux dans la cuisine à faire 18 et 25 ans, nous les référons à d’autres
à manger pour des centaines de person- organismes comme le Refuge des Jeunes.
nes, mais on trouve toujours un moyen de Un garçon qui réalise un petit méfait et
nourrir tout le monde». qui est mis en prison avec des hommes
Toutefois, pendant l’année scolaire, les qui ont fait des hold-up va commettre à
jeunes bénévoles ne sont pas une denrée son tour des hold-up en regagnant sa li-
rare puisque les écoles secondaires mettent berté, c’est pratiquement inévitable. Dans
de plus en plus l’accent sur l’initiation au la même logique, on veut seulement que
bénévolat en exigeant des étudiants qu’ils ces jeunes n’apprennent pas les mauvais
remplissent un certain nombre d’heu- coups des plus anciens.»
res de travaux communautaires. Aubin Beaucoup de cœur, de volonté et de
Boudreault félicite cette initiative de plus en générosité, voilà ce qui est essentiel pour
plus répandue: «Chaque jour, une douzaine le bon fonctionnement de l’Accueil, mais
d’étudiants viennent travailler pour l’Ac- ne nous leurrons pas; rien n’est possible
cueil Bonneau. En plus de leur instiguer sans la participation monétaire des entre-
une conscience sociale, leurs heures de prises et des associations, mais surtout
bénévolat apportent une contribution non grâce au grand public. Collecter de l’ar-
négligeable». De plus, ce qu’il y a de parti- gent requiert de la persévérance. D’après
culièrement encourageant, c’est lorsqu’un Aubin Boudreault «ce qui fonctionne le
certain nombre de ces «volontaires obligés» mieux en ce moment est la campagne de
reviennent donner un coup de main. publipostage par laquelle les gens sont
sollicités à la maison. Il faut maintenant
D’hier à aujourd’hui développer plus du côté des entreprises».
Cela fait une dizaine d’années que Et il y a toujours de la place pour l’inno-
Normand Wallot travaille à l’Accueil vation: «La fondation qui prendra fonc-
Bonneau, mais sa vie stable d’aujourd’hui tion dans les prochains mois permettra de
n’a pas toujours été ainsi. Il est lui-même lever des fonds d’une nouvelle manière»,
un ancien itinérant. De ce fait, il est en po- ajoute M. Boudreault. Normand Wallot
sition d’écouter et de comprendre ces gens explique, quant à lui, le succès de l’Accueil
qui demandent de l’aide. «Devenir itinérant Bonneau par sa réputation: «Cela fait 130
n’arrive pas du jour au lendemain. C’est un ans que nous existons et au cours de ces
processus au cours duquel tu n’arrives pas années on a réussi à gagner la confiance
à gérer l’argent que tu as. Cela peut être dû du public grâce à notre bonne gestion.»
à plusieurs facteurs, comme les drogues, «L’Accueil Bonneau, c’est une insti-
l’alcool, ou le jeu. On aperçoit d’ailleurs tution montréalaise de 133 ans qui vous
une hausse de problèmes de santé mentale appartient», rappelle Aubin Boudreau, le
de nos jours.» directeur. «C’est le dernier filet de sécurité
Normand a vécu sans domicile fixe pour les personnes les plus démunies et
pendant un an. «Le pire a été lorsque j’ai c’est, par vos dons généreux, la multipli-
pris conscience que je n’avais plus aucune cation des histoires de réussites.» Après
clé dans mes poches. Plus rien ne m’appar- un congé des Fêtes bien mérité, célébrons
tenait.» Il existe néanmoins un bon esprit maintenant cette inspirante organisation
de solidarité au sein de la communauté iti- qui a su changer pour le mieux de nom-
nérante. «On se met tous au courant des breuses vies. x
endroits où on peut manger et se loger.
Dans mon cas, j’ai toujours réussi à trou-
ver des refuges pour la nuit. Et si on soigne Visitez le site de
son apparence, on peut passer ses journées l’Accueil Bonneau au
dans les centres d’achats en hiver, afin de se www.accueilbonneau.com
garder au chaud.» pour savoir comment
L’ancien itinérant a donc toujours vous pouvez vous investir
eu, si l’on peut dire, de la chance dans sa comme bénévole.
malchance. «Il faut noter que ce n’est véri-

Société 9
CHRONIQUE
Cirrhose des fêtes
Christophe Jasmin | Les pieds dans les plats
Prenons, si vous le voulez bien, mon diants de McGill doit être le réalignement appliquer ces nouvelles règles, ou bien
exemple: quatre soupers de Noël en famille, des dates des vacances sur celles des uni- déplacer la nouvelle année au 1er juillet.
suivis d’un souper d’amis, sans oublier versités francophones. Mais non! C’est vrai, c’est déjà la fête du
bien sûr un souper supplémentaire avec Sur une plus grande échelle, et aussi déménagement…
l’âme sœur. À ce moment-là, la grande bien pour le bonheur de nos papilles gus-
quantité de mousseux, de vin rouge, de tatives que pour le respect de tout ce que *****************************
fromage et de foie gras ingurgitée a déjà nous mangeons ou buvons pendant les
atteint des sommets vertigineux, mais ce Fêtes, je propose qu’on mette en place de Comme preuve que j’ai fait autre chose
n’est pas fini. Ensuite, il y a, évidemment, nouvelles règles très claires. Règles qui vise- que manger durant les Fêtes, je partage ici
le repas du réveillon, suivi de la tradition- raient à éviter tout excès des bonnes choses avec vous quelques lignes d’un texte paru le
nelle débauche dionysiaque de la nuit du durant une trop courte période de temps 28 décembre dans le prestigieux quotidien
1er janvier, elle aussi arrosée de mousseux pendant l’année. L’excès, toutefois, pourrait Le Monde,  portant sur la place qu’occupe
de diverses qualités. Le lendemain matin être permis une journée par type de denrée la gastronomie dans l’identité nationale
–vers 14h-15h– c’est au tour du brunch, dans une période donnée. Ainsi, le 24 dé- et la société en général. L’auteur traite
même si on a du mal à croire que nos œufs cembre, ce serait la journée mangeons-du- évidemment du cas de la France, mais le
Quel dur retour de vacan- Bénédictines vont rester en place au fond foie-gras-jusqu’à-ce-qu’un-troisième-foie- tout pourrait s’appliquer un peu partout en
ces vous devez avoir! La session d’hiver est de notre estomac. Le soir même, c’est re- nous-pousse-dans-l’estomac. La pertinence Occident, voire ici, au Québec.
sans contredit la plus pénible, ne serait-ce vin, re-fromage et re-foie gras avec la fa- de commencer par cette journée se trouvant Livré aux médias, l’homme gastrofa-
qu’à cause de la température qu’il fait à mille. Le 2, on ne fait rien et même ça, ça justement dans le fait que ce foie éphémère briqué ne découvre rien, n’a pas droit à la
Montréal. En fait, c’est comme si le froid demande encore trop d’effort. Finalement, nous permettrait de mieux filtrer les surplus nourriture sacralisée. Sur le petit écran, le
de janvier rendait impossible l’euphorie le 3 on se dit qu’il faudrait quand même d’alcool ingurgités. Le 25 serait le jour du défi héroïque de concurrents, consiste, sous
qui s’empare du campus lors de la rentrée profiter de son congé, en allant voir un mangeons-du-fromage-jusqu’à-ce-que- l’œil de censeurs, à respecter des codes culi-
d’automne, alors que les Montréalais vivent film, par exemple. Évidemment, qui dit nos-poitrines-en-deviennent-des-pis. Et le naires. Au risque d’être excommuniés. Passe
leurs derniers jours d’été. Bien sûr, il y a aus- cinéma, dit popcorn! 31 s’appellerait non plus la Saint-Sylvestre, pour le côté ludique; mais il s’apparente à
si le fait que l’université ne soit pas envahie Et là, le lendemain matin, on est mais la Saint-j’ai-tellement-bu-de-vin- un dressage, les émissions à un foyer de réé-
par une horde de freshmen hyperactifs qui ne censé se pointer sur le campus, repasser effervescent-que-je-ne-sais-plus-faire-la- ducation.
demandent qu’à boire de la bière jusqu’à devant la bibliothèque dans laquelle on différence-entre-du–Veuve-Clicquot-et-ce- Josée Di Stasio et Ricardo ne seraient
ce qu’ils expulsent leurs tripes par les voies avait presque emménagé deux semaines mousseux-hongrois-à-12-dollars. ainsi pas sœur ni curé, comme je l’avais dit
nasales. Toutefois, je pense que cette moro- auparavant, aller à un cours très souvent Maintenir le statu quo en place condam- dans ma dernière chronique, mais plutôt de
sité est aussi due au fait que, pour la grande inutile, et tout ça avec entrain?! Oubliez la nerait les générations futures à nous imiter: grands rééducateurs de notre société.
majorité d’entre nous, les vacances des Fêtes hausse des frais de scolarité. Pour le bien manger et boire de bonnes choses à l’excès, À dans deux semaines, depuis
sont tout sauf reposantes. de votre corps, la prochaine cause des étu- sans plaisir. Pour éviter ceci, il faut donc Barcelone. D’ici là, bonne rentrée! x

RÉSEAUX SOCIAUX
La drague 2.0
Comment ikiffu.fr pourrait révolutionner la façon de faire la cour de nos cousins français.
Raphaël Thézé la culture anglo-saxonne, dans laquelle
Le Délit on observe bien souvent une distance re-
spectueuse avec les inconnus. L’utilisation

«
Séparés par quelques tables, nos d’Internet fournit alors un outil fantastique
regards se sont croisés. J’ai craqué pour créer des liens et amplifier les rapports
pour ses yeux bleus. C’était hier à la sociaux. La culture francophone, quant à
bibliothèque, j’aurai dû lui parler. Si seule- elle beaucoup plus directe et expressive,
ment…» Ce genre de pensées récurrentes a moins recours à ce genre d’outils, car le
habitent les étudiants pendant les longues besoin est moins présent. Les concepteurs
heures de solitude ou d’ennui que consti- de www.ikiffu.fr en sont parfaitement con-
tuent les cours et les périodes de révisions. scients et se disent prêts à prendre le risque
Cette question émotionnelle a trouvé sa de lancer le concept en France. Malgré le
réponse il y a quelques mois avec le lan- lancement officiel du site en pleine péri-
cement du site américain www.likealittle. ode de fêtes, et donc de congés scolaires, le
com dans plusieurs universités aux États- site a reçu près de 5 000 visites au cours
Unis et au Canada, permettant ainsi aux de cette période. C’était une décision diffi-
étudiants de flirter grâce à la publication cile, selon les dires de Monsieur Sarezinski:
de messages anonymes. Suite à l’explosion «Nous étions confrontés à un dilemme,
de sa popularité, amplifiée par le stress et car attendre signifiait se faire doubler par
la procrastination qui caractérisent les se- un autre, bref nous avons pris ce risque…
maines d’examens finaux, le site a fait écho Dans tous les cas, nous préparons pour la
jusqu’en Europe. L’idée a séduit le Français semaine prochaine une campagne sur le
Olivier Sarezinski qui, avec une équipe dans terrain à l’Université Panthéon Sorbonne.
la toute récente agence web parisienne Net Le pari est de réussir à se faire remarquer à
Exetera, a voulu offrir un service équivalent cet endroit pour que la sauce prenne dans
aux étudiants français. Le concept est sim- les autres universités.» Il reste encore du
ple: un coup de cœur, un message anonyme chemin à faire au jeune site français avant
décrivant l’intéressé(e), le lieu et l’heure de d’atteindre la popularité de son grand frère
la rencontre; on n’a plus qu’à espérer une américain, mais il ne fait aucun doute que
réponse. Le message est appelé un kiff, en les étudiants français vont kiffer. x
référence au mot d’argot français voulant Raphaël Thézé
dire «apprécier», par déformation de l’arabe
kif, au Maghreb, qui signifie plus ou moins
«plaisir». utilisation simplifiée du site. L’ajout majeur, une mise en place rapide en quelques jours,
Faites aller
Sans chercher à innover complète-
ment, les concepteurs français proposent de
et probablement le plus intéressant pour les
étudiants, est la création d’une application
le site www.ikiffu.fr est né.
Ce type de réseau social pour étudi-
votre plume.
légères adaptations, notamment au niveau mobile qui offrira un accès plus efficace et ants était quasi inexistant en France. En ef- societe@delitfrancais.com
de l’ergonomie, plus attrayante, et dans une discret au site en tout temps. Ainsi, après fet, le réseautage semble plus présent dans

10 Société xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com


Arts&Culture
artsculture@delitfrancais.com

THÉÂTRE
Le mensonge en héritage
Avec sa plus récente pièce, Michel Marc Bouchard revisite ses obsessions: le deuil et l’amour entre hommes.
Mai Anh Tran Ho rapport à la violence physique, le gens ne s’affichent pas, on n’a pas
Le Délit deuil et l’amour entre les hommes». de carte de membre, sauf sur quel-
Tom à la ferme raconte l’histoire de ques réseaux de rencontre sur le

L
e Théâtre d’aujourd’hui Tom, un jeune homosexuel qui va web. Le jeune qui a un béguin pour
n’offre peut-être qu’une de- aux funérailles de son amant, orga- un athlète de son école va rentrer
mi-saison cette année, mais nisées par la famille du défunt. Ce dans l’équipe, puis se lier d’ami-
quelle programmation promet- voyage à la campagne s’avére une tié avec l’être convoité, explique
teuse! Au menu: une pièce de Greg réelle descente aux enfers: de pro- l’auteur. «Les premiers pas d’un
MacArthur dans une mise en scène fonds secrets sont étalés au grand jeune gai vers l’objet du désir est
de Geoffrey Gaquère, la nouvelle jour lorsque la belle-famille, qui une entreprise de travestissement
création de Wajdi Mouawad et Tom s’attendait à accueillir une veuve, et de faux semblant pour aller vers
à la ferme, un texte de Michel Marc et non un veuf, voit arriver Tom. l’autre.»
Bouchard mis en scène par Claude Le défunt cachait donc son homo- Cet écho à notre contempo-
Poissant. Ce dernier a acquis une sexualité, et la faune homophobe rain n’empêche pas Michel Marc
solide réputation, autant auprès au milieu de laquelle il vivait pour- Bouchard de nous présenter une
des professionnels que du public, chasse Tom sans répit. pièce à l’allure de fable. Il reprend
depuis le spectacle de clôture des Avec Tom à la ferme, Michel des archétypes tel le bourreau et le
Francofolies avec Pierre Lapointe Marc Bouchard attaque de front la personnage absent. Tom finit par se
en 2007, le succès de Rouge gueule question de l’homosexualité et sa prendre au jeu, ajoutant des détails Julie Bouchard

d’Étienne Lepage, ainsi que The marginalité encore forte. Le drama- sur la femme qu’aurait fréquenté
Dragonfly of Chicoutimi de Larry turge tient à rappeler que l’homo- le mort. Ces mensonges forment Michel Marc Bouchard se livre synonymes et La Veuve-garçon, mais
Tremblay, présenté au dernier festi- phobie est encore très répandue: le dernier fil qui le rattache encore à une réflexion sur ce qu’est notre c’est finalement Tom à la ferme qui
val TransAmériques. «Malgré une conscientisation et à cet amour perdu, mais qui défi- vraie nature et sur notre éducation est resté, pour ses accents bucoli-
C’est à partir d’anciens l’existence de groupes d’aide tel que gure rapidement la réalité. Le crime sentimentale. «Plus on s’interroge ques et sa connotation enfantine.
brouillons que Michel Marc Gai Écoute et Émergence, l’homo- –l’amour homosexuel– revient sur ce qu’on est, plus ça galvanise «Un titre trompeur comme le reste
Bouchard a écrit cette nouvelle piè- sexualité est encore punie de mort comme dans une tragédie grecque. les choses, et plus on trouve des de la pièce», affirme-t-il.
ce, il y a deux ans, avec un camarade dans plusieurs pays, et marginalisée On apprend à travers les silences et repères», constate-t-il. «Le maria- Tom à la ferme est une piè-
acteur, François Arnaud. «L’écrivain dans plusieurs régions du Québec, les mensonges que quelque chose ge, l’adoption, la vie traditionnelle, ce cathartique qui débute bien
a ses propres obsessions et ses pro- juste à l’extérieur de Montréal.» Le de terrible est survenu et pourrait ce n’est pas pour moi.» L’auteur l’année et qui sera présentée dès
pres nécessités», confesse l’auteur. domaine amoureux n’est pas chose expliquer pourquoi le défunt n’est a pensé à plusieurs titres pour sa l’ouverture du nouveau Théâtre
Les siennes sont «le mensonge, le facile pour un homosexuel. Les jamais sorti du placard. pièce, notamment La Fabrication des d’Aujourd’hui, dès le 11 janvier. x

xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com Arts & Culture 11


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Le Délit Michel Brault pour la réalisation Truffaut.
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d’une série de documentaires où Il est à noter que les prochai-

Q
uel cinéphile pourrait les images franches font l’écono- nes semaines seront aussi consa-
oublier la remarquable mie de tout commentaire. crées à la «période canadienne»
scène de la veille de Noël On pense entre autres à La du réalisateur, qui est parti en
dans Mon oncle Antoine? Le jeune
Benoît et son oncle, emmitouflés
Lutte, de 1961, ou à Québec-U.S.A.
ou l’Invasion pacifique, de 1962; à
Ontario réaliser pour la télévision
et le cinéma anglophone après
Séances sur la recherche
dans leurs fourrures, traversent la
campagne blanche avec une sinis-
partir de deux sujets bien diffé-
rents, soit les populaires combats
avoir essuyé quelques revers dans
un Québec où ses films, peut-être d’un logement à Montréal
tre cargaison dans leur traîneau: de lutte au Forum et le débarque- arrivés trop tôt, demeuraient sou-
le cadavre d’un adolescent, dont
le cercueil finira par choir dans la
ment massif d’étudiants américains
dans la Vieille capitale, le cinéaste
vent incompris. On présente entre
autres Dreamspeaker, le 19 janvier, Les séances couvriront les points
neige, confrontant Benoît à l’im-
puissance de son oncle et à la dure
accomplit une pénétrante étude de
mœurs et offre un regard oblique,
un film portant sur la rencontre
d’un enfant farouche et d’un vieil
suivants :
réalité de la mort. parfois même ironique, sur la réa- Indien dans la forêt de Vancouver.
Vingt-cinq ans après la dispa- lité de la société québécoise. Afin de terminer rondement • Le meilleur moment pour commencer
rition de Claude Jutra et quarante C’est ce questionnement ce cycle, la Cinémathèque a invité votre recherche
ans après la sortie du poignant identitaire, cette tendance à ébran- le 2 février prochain le monteur
récit d’apprentissage qu’est Mon ler les institutions et les opinions Werner Nold, qui parlera de son • Quand, comment et où commencer votre
oncle Antoine, la Cinémathèque d’un Québec selon lui trop immo- travail sur deux films de Claude
québécoise accorde au cinéaste bile, qui fait de Claude Jutra un Jutra, Rouli-Roulant et Comment recherche
une rétrospective sans précé- cinéaste toujours actuel et rend le savoir. En somme, cette rétrospec-
dent. Pendant quelques semaines détour par la Cinémathèque qué- tive est une occasion de découvrir • Le formulaire d’application et le bail
seulement reviennent sur grand bécoise indispensable. Le mou- les multiples facettes d’un cinéaste
écran les œuvres qui ont fait sa vement qui l’animait se fait plus qui a fait bien plus que laisser son
• La loi sur la Régie du logement au Québec
renommée, comme Kamouraska, fortement sentir dans son premier nom aux Prix Jutra. x • Quoi faire lors d’un conlit avec le
une adaptation du roman d’An- long-métrage, À tout prendre, sorti
ne Hébert, et bien sûr Mon oncle en 1963, que le programmateur Rétrospective Claude Jutra: 25 ans déjà propriétaire ou le(s) colocataire(s)
Antoine, fréquemment cité comme de la rétrospective décrit com- Où: Cinémathèque Québécoise
le meilleur film canadien de tous me un «acte fondamental de la 335 bd de Maisonneuve Est • Comment refuser une augmentation
les temps. Révolution tranquille», multipliant Quand: Jusqu’au 2 février
L’intérêt de la rétrospective les sujets tabous dans une histoire Combien: 6 $ abusive de loyer
réside cependant ailleurs. Nombre de liaisons amoureuses qui n’est
d’œuvres méconnues et même iné- • Renouvellement et annulation d’un bail
dites figurent à la programmation, Les séances se dérouleront en anglais
dont le tout premier film tourné
par Claude Jutra, alors adolescent,
Sessions quotidiennes : Sessions hebdomadaires :
Le Dément du lac Jean-Jeunes, et son
film le plus marginal et esthétisant, Semaine du 17 jan. @ 14 h Tous les vendredis de
Mouvement perpétuel. Semaine du 24 jan. @ 11 h février @ 14 h
La sélection opérée par la Lieu : Lieu :
Cinémathèque québécoise insiste
Carrefour Sherbrooke R.V.C.
ainsi sur le caractère neuf et même
révolutionnaire de l’œuvre du réa- (Salle de bal) (Roscoe Lounge)
lisateur, qui a contribué à l’avène- 475 Sherbrooke O. 3425 rue University
ment du cinéma direct au Québec Montréal H3A 2L9 Montréal H3A 2A8
à la fin des années cinquante, après
avoir brièvement côtoyé François Kamouraska de Une présentation du service de logement hors campus de
Truffaut et Jean Rouch. Initié par
Claude Jutra
Gracieuseté de la Cinémathèque Québécoise
l’Université McGill : www.mcgill.ca/offcampus
ceux-ci à un nouveau rapport au

12 Arts & Culture xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com


LITTÉRATURE

Spécial bande dessinée Par Annick


Lavogiez
Le Délit

L’enfance dans une valise Voyage au cœur de


Dans l’excellent premier tome de Vogue la valise, Siris explore avec
originalité l’univers des services sociaux qu’il a lui-même connu
dans sa jeunesse.
la marginalité
R
écit très personnel puisque toujours justement lié à la narra- Dans Justine, la bédéiste québécoise Iris
en grande partie autobio- tion. L’équilibre entre l’humour et invente un univers loufoque et réaliste.
graphique, Vogue la valise met le propos, dans le dessin comme
en scène la famille de Renzo Sioris, dans le récit, permet d’ailleurs au
un alcoolique dont les déboires in- bédéiste d’insuffler de la tendresse
fluencent malheureusement beau- dans ce récit dramatique qui sem-
coup la vie de ses proches. Prenant ble sans espoir. En outre, le décou-
pied dans un univers réel bien que page de l’album en cases irrégu-
romancé, l’album Vogue la valise ex- lières et variées permet à l’auteur
plore la déchéance et l’éclatement de surprendre et de charmer son
d’une famille dont les cinq enfants lecteur. Les cases multiformes qui
sont confiés aux services sociaux se chevauchent et sa mise en page
et se retrouvent dans des familles éclatée enrichissent ainsi considé-
d’accueil parfois peu accueillantes. rablement non seulement les plan-
L’album suit d’abord le per- ches en elles-mêmes, mais aussi le
sonnage de Renzo, son accident de Gracieuseté des éditions La Pastèque récit.
bateau et sa rencontre, dans une Il semble même important,
usine d’armement en 1940, avec Loin d’être un récit drôle ou en considérant Vogue la valise, de
Luce, sa future femme. La vie des léger, Vogue la valise raconte, dans mentionner jusqu’à la beauté de
jeunes amants est rapidement bou- un humour tendre et corrosif, une l’objet, ce livre dont la couverture
leversée par l’alcoolisme de Renzo histoire dramatique sur fond de séduit dès le premier contact, les
qui l’empêche de trouver un travail critique sociale. Les commentaires éditeurs de la Pastèque ayant fait de
et de prendre en charge ses en- de la voix narrative, qui créent une cet album un véritable bijou qu’on
fants, un à un confiés aux services certaine distance avec l’histoire, prendra plaisir à mettre en valeur
sociaux. L’histoire se clôt sur les la pimentent d’humour décalé et dans sa bibliothèque.
errances de foyer en foyer du petit permettent au lecteur de compa- Vogue la valise est une bande
dernier, La Poule. Ce personnage, tir avec les personnages, sont tou- dessinée d’une grande richesse
s’il est le seul à ne pas avoir une jours justes et réfléchis. Avec ce comme on aimerait en lire plus
apparence humaine, comme l’indi- que l’on pourrait presque considé- souvent, tant du point de vue du Gracieuseté des éditions La Pastèque

que son prénom si particulier, est rer comme de la poésie et à travers dessin que de l’histoire. Une excel-

J
pourtant profondément humanisé un regard acide et pertinent, Siris lente découverte qui, sans aucun ustine, une adolescente sym- nets de Guillaume et à un épilogue
et participe pleinement à la réussite aborde des thèmes durs dans un doute, laissera en haleine les lec- pathique un peu immature, vit particulièrement savoureux. Les
touchante de ce sombre récit. dessin décalé et richement coloré, teurs pour le deuxième tome. x à Gatineau en colocation avec carnets, dessinés par Skin Jensen,

Retour sur 1970


Manon, une femme antipathique retracent, dans un dessin enfan-
et tyrannique. Coincée dans un tin, une sombre histoire grâce à
fauteuil roulant, celle-ci cache à laquelle on comprend le compor-
Justine un passé quelque peu mys- tement perturbé et perturbant de
Sylvain Lemay et André St-Georges explorent les illusions et térieux que la jeune héroïne, pous- Guillaume. L’épilogue propose
désillusions d’un groupe d’amis face à leurs idéaux de jeunesse dans sée par une impertinente curiosité, quant à lui une série de portraits
finira par découvrir. L’univers de agrémentés d’anecdotes sur l’ave-
Pour en finir avec novembre. Justine se cantonne principale- nir de Justine et de ses acolytes,

J
ean, Luc, Mathieu et Marc sont hommes paniqués. Qui est ce ven- Ils s’attardent particulièrement sur ment à cette colocation jusqu’au sorte de retour teinté d’humour
quatre amis emballés par les geur inconnu et, surtout, que s’est- les compromis auxquels chacun jour où elle obtient un emploi de sur chacun des personnages, ce
événements d’octobre 1970, des il réellement passé cette nuit-là? fait face, avec l’âge et les responsa- secrétaire au centre sportif Les qui renforce avec subtilité leur réa-
événements tellement marquants bilités grandissantes. Fils du King. Ce lieu qui a tous les lisme.
qu’indéniablement trop grands Le dessin, sobre et élémentai- attributs d’une secte propose à ses Récit complètement inventé
pour eux et leur sensibilité à fleur re, parfois à l’extrême, ne sera pas adeptes marginaux et originaux malgré ses airs autobiographiques,
de peau. Poussés par un besoin de nécessairement l’élément suscep- des séances de remise en forme sur Justine fait indéniablement penser,
s’inscrire dans l’Histoire, ils déci- tible de vous séduire au premier des airs d’Elvis. par son atmosphère décalée et
dent de monter une cellule d’action abord, même si l’on se fait petit à Dans cet étrange endroit, son univers trash, aux œuvres de
terroriste, la cellule Montferrand. petit à la simplicité du trait d’André Justine expérimente un monde du Daniel Clowes (on pensera entre
Alors qu’ils prévoient leur première St-Georges. Toutefois, cette même travail plutôt particulier. Son pa- autres à Ghost World), d’ailleurs
action, un enlèvement, rien ne se sobriété, qui occasionnellement tron, Aaron, est en effet un escroc une des sources d’inspiration de
déroule comme prévu et leur acte dérange, permet de mettre en va- qui n’hésite pas à faire payer à ses l’auteur. Le mélange entre les des-
politique échoue en une erreur leur les personnages, terriblement clients 500 dollars pour une sup- sins et le style narratif, qui sont très
meurtrière. humains et réalistes ainsi que le posée mèche de cheveux du célè- simples, l’ambiance et les thèmes
Les années passent et les amis découpage du récit. bre chanteur de rock. La jeune fille (la solitude, la marginalité, etc.),
se retrouvent à diverses reprises, Ce que l’on aime ainsi sans y rencontre aussi, entre autres gens inquiétants et originaux, est subtil
sans jamais réellement parler de aucun doute, c’est le choix des déboussolés, Guillaume. Ce jeune et très réussi. C’est d’ailleurs ce dé-
cette mystérieuse nuit de leur jeu- Gracieuseté des éditions Les 400 coups auteurs de montrer des personna- homme, charmant mais pour le calage entre l’attachant et l’étrange
nesse –ce qui laisse le lecteur sur ges emportés par des idéaux qu’une moins perturbé, prend plaisir à se qui donne sa force à l’album et
sa faim pendant un certain temps. Il n’est pas question de préten- vingtaine d’années suffit à effacer. déguiser quotidiennement, de fa- permet au lecteur de passer outre
Lorsque Jean décède, Mathieu et dre que Pour en finir avec Novembre La remise en question des idéaux çon irrationnelle mais terriblement le dessin parfois trop naïf pour se
Luc découvrent qu’il a laissé derriè- fait preuve d’une grande origina- politiques ainsi que l’ébauche de touchante. Son passé tourmenté, concentrer sur la justesse de ces
re lui le manuscrit d’un roman le- lité quant aux fils de l’intrigue ni réflexion proposée sur le fait que ponctué notamment par un séjour personnages loufoques évoluant
vant le voile sur les faits de cette fa- même dans le traitement de cel- tout acte est, ou n’est pas, un acte en hôpital psychiatrique, est évo- dans l’univers réaliste d’une ban-
meuse nuit de novembre. Mathieu le-ci. Toutefois, une chronologie politique (écouter les Beatles, boire qué subtilement à travers les yeux lieue dans laquelle on n’est pas
veut empêcher la publication de ce décousue permet de donner un de la Molson, travailler pour le gou- d’adolescente inquiète et senti- vraiment sûr de vouloir habiter.
récit qui leur serait fatale. L’histoire certain dynamisme à cette histoire vernement, etc.) rendent cet album mentale de Justine. Grâce à sa mise en scène réus-
pourrait s’arrêter là si l’ordinateur qui aurait pu tomber rapidement pour le moins intéressant. Alors qu’il se présente comme sie d’une communauté fragile et
de Jean ne disparaissait pas aux dans le banal. Les auteurs ont en Sans être la bande dessinée de un album traditionnel par son fragmentée dont les membres ont
mains d’un cambrioleur. Le voleur effet choisi d’opérer plusieurs al- l’année, Pour en finir avec Novembre, découpage en cases régulières et perdu leurs repères, Justine, édité
s’avère en effet être un maître chan- lers-retours entre octobre 1970 et publiée aux éditions Les 400 coups, sa trame principale (une histoire par La Pastèque, est donc un di-
teur qui envoie des passages du novembre 2008 afin d’insister sur est donc tout de même un bon mo- d’amour adolescent), Justine sur- vertissement qui saura séduire son
manuscrit, menaçant ainsi les deux l’évolution de chaque personnage. ment d’évasion. x prendra ses lecteurs grâce aux car- public. x

xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com Arts & Culture 13


CHRONIQUE
Au firmament
Francis Lehoux | Coup de plume

Sa dernière œuvre cinéma- qu’elle puisse incarner le cygne pression insoutenable, la dan- ma contemporain.
tographique, Black Swan (2010), noir, figure sombre, sensuelle et seuse tente alors, non pas sans Même si l’on peut lui re-
est un suspense psychologique délurée, avec autant de succès. difficulté, d’obéir davantage à procher des effets sonores un
fascinant qui raconte l’expé- Toutefois, à force de détermina- ses désirs et à ses instincts; une peu trop appuyés, notamment
rience initiatique (aussi bien tion, elle finit par obtenir le rôle collègue de la compagnie (Mila des bruissements d’ailes utili-
l’ascension que la descente aux tellement convoité. Commence Kunis) l’aidera à y parvenir. Peu sés pour ponctuer certains mo-
Enfers) de Nina Sayers (Natalie alors une longue danse qui la à peu, l’interprète perd pied et ments, Black Swan s’avère être
Portman), une jeune ballerine de mènera pas à pas dans les zones sombre dans un véritable délire une œuvre originale, audacieuse
la compagnie du Lincoln Center les plus sombres de sa personne. cauchemardesque. Les frontières et bien menée qui rend compte
à New York. D’emblée, la caméra épouse entre rêve et réalité se brouillent de la richesse des possibilités de
La jeune femme, fragile les mouvements de la danseuse et, pour Nina comme pour le l’art cinématographique et de
mais ambitieuse, vit avec sa mère et virevolte autour d’elle comme spectateur, il devient presque toute la complexité de l’existence
(Barbara Hershey), une ancienne un véritable partenaire. La réali- impossible de distinguer les deux de l’artiste.
danseuse qui cherche à vivre son sation est à la fois fluide et sac- mondes. Au-delà des interprétations
rêve de ballerine à travers sa fille, cadée, rythmée et frénétique, et La tension s’accroît, les sans failles des acteurs et de
Une petite constel- qu’elle retient en enfance et sur- représente, voire fait ressentir à «hallucinations» se multiplient la performance magistrale de
lation de créateurs et d’interprètes protège. Nina vit dans une cham- merveille l’angoisse de la balle- et le corps de l’interprète com- Natalie Portman (qui danse elle-
brille dans mon firmament. Au fil bre tout de rose décorée, peuplée rine qui, ayant obtenu le rôle de mence même à prendre les traits même avec un aplomb étonnant
des années, des artistes d’excep- d’animaux en peluches et de sa vie, se trouve constamment de l’animal qu’elle doit incarner. presque toutes les scènes de bal-
tion comme Réjean Ducharme, figurines de ballerines, et multi- menacée de le voir confier à sa L’angoisse et l’émerveillement let: elle figure maintenant elle
Wajdi Mouawad, Patrick Watson plie depuis longtemps les heures rivale. atteignent leur paroxysme à la fin aussi parmi les étoiles de mon
et quelques autres s’y sont hissés d’entraînement, les rituels et les Car si Nina fait preuve d’une du film, lors de la première re- firmament!), le film met surtout
pour une simple et bonne raison: sacrifices pour réaliser son rêve: grâce et d’un contrôle exemplai- présentation du ballet, où Nina, en lumière mieux que tout autre
ils ont su proposer de nouvelles incarner le rôle-titre dans Le lac res, elle apparaît incapable de d’abord nerveuse, gagne en assu- film les gloires et les écueils
visions du monde, le nommer des cygnes de Tchaïkovski. s’abandonner suffisamment pour rance dans la seconde partie et se que rencontre l’interprète. Pour
avec sensibilité et justesse, révé- Jour d’audition. Nina, ner- entrer dans la peau du cygne transforme tant artistiquement créer, ressentir et véritablement
ler des vérités inédites et offrir un veuse mais déterminée, entend noir. Son chorégraphe, impo- que physiquement en cygne noir. devenir le personnage qu’elle
substitut à la transcendance reli- bien décrocher le rôle de Odette/ sant et séducteur, tentera de lui Ces scènes sont, aux plans de joue, la danseuse doit repousser
gieuse aujourd’hui disparue. Une Odile. Toutefois, le chorégraphe faire repousser ses limites. Selon l’interprétation, de la chorégra- ses limites et sonder ses propres
nouvelle étoile a récemment fait (Vincent Cassel), s’il concède lui, la perfection artistique réside phie et de la réalisation, un pur ténèbres jusqu’à sacrifier une
son apparition dans ma voûte cé- que Nina possède la grâce, la pu- autant dans la maîtrise que dans ravissement; elles forment l’une part d’elle-même dans un pro-
leste: celle du réalisateur de génie reté et la maîtrise technique pour l’abandon de ses pulsions inti- des séquences les plus extraordi- cessus menant à la quasi perfec-
Darren Aronofsky. interpréter le cygne blanc, doute mes, entre autres. En proie à une nairement prodigieuses du ciné- tion, à l’Art. x

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14 Arts & Culture xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com


L’ÉDITO CULTUREL CHRONIQUE

Culture rehab
Catherine Renaud | Billet incendiaire

le lendemain d’une méchante


brosse. De même, ne nous im-
posons pas un film indépendant
japonais sous-titré après une
semaine de «junk TV». Visons
plutôt des objectifs réalistes. Je
vous propose donc deux bandes
dessinées en ligne afin de réha-
bituer tranquillement votre cer-
veau à comprendre un humour
subtil et recherché.
Gracieuseté de 20th Century Fox La première bande dessinée

Black Swan: pour ou


s’adresse à mes collègues, mes
frères d’armes, mes meilleurs
amis, tous ceux qui, comme
moi, sont étudiants au cycle

contre?
Pour être honnête supérieur: je vous présente Piled
avec vous, je n’ai pas grand- cho- Higher and Deeper: A Grad Student
se à vous dire cette semaine. Il Comic Strip (www.phdcomics.com).
ne se passe rien de spécial cultu- Publiée depuis les années 1990
quant à eux pour dénoncer le fait genre sous lequel le film est classé rellement parlant, du moins dans le journal étudiant de
Émilie Bombardier que le portrait du quotidien d’une annonce en lui-même que nous dans mon univers. J’ai bien reçu l’Université Stanford et main-
Le Délit ballerine dépeint par Black Swan sommes bien loin d’un quelcon- quelques livres et DVDs pour tenant diffusée en ligne, cette
soit si sombre, si peu nuancé. que souci de réalisme? Noël, mais je ne peux pas dire bande dessinée présente de fa-

B
lack Swan, le nouveau th- Rapportant que «certains Black Swan n’a en effet abso- que je les ai vraiment ouverts. Le çon ironique et humoristique la
riller de Darren Aronofsky, danseurs de ballet canadiens lument rien d’un documentaire. Il temps des Fêtes est toujours une vie d’étudiants au doctorat, pro-
mettant en vedette Nathalie étaient (eux aussi) mécontents de est d’ailleurs bien loin de se pré- période qui m’engourdit, une crastinateurs hors pair, ignorés
Portman, a fait couler beaucoup la représentation de leur discipline senter ainsi. Si les journalistes et le espèce de triangle des Bermudes et torturés par leurs directeurs
d’encre depuis sa sortie (même dans le thriller psychologique», un milieu de la danse souhaitent éva- dans lequel Le sapin a des boules de recherche. Ceux qui, comme
dans nos pages). Plusieurs médias article de la Presse canadienne pu- luer le réalisme avec lequel la dis- joue en boucle. Dans cet uni- moi, ont parfois l’impression
nationaux et étrangers semblent blié sur le site de la CBC reprenait cipline est représentée, pourquoi vers parallèle, on se bourre la que le but des études supérieu-
même s’être sentis investis d’un à peu près la même formule. Les ne pas se tourner vers La Danse, face comme on fourre la dinde res est d’extraire de nous tout
certain devoir, celui d’évaluer le danseurs interviewés partageaient de Frédéric Wiseman, un véritable de farce, on rit, on fait des cas- désir de vivre et de faire de cette
réalisme de l’œuvre, plus particu- d’ailleurs les mêmes impressions documentaire sur le quotidien des se-têtes, on regarde des vidéos activité une carrière retrouve-
lièrement de la représentation du que leurs collègues britanniques, danseurs du ballet de l’Opéra de de «Christmas Lights Gone Wild» ront le sourire en lisant ces plan-
monde du ballet qu’elle véhicule. se moquant du fait que le réali- Paris, présenté sur nos écrans peu sur Youtube, dans lesquelles ches. Ma deuxième proposition
Constatant que Robert sateur, à qui l’on doit notamment de temps avant le thriller psycho- les lumières de Noël décorant de lecture est Hipster Hitler (hips-
Gottlieb, le critique de danse du Requiem for a Dream et The Wrestler, logique d’Aronofsky? les maisons de programmeurs terhitler.com), une bande dessinée
New York Observer a déclaré que les faisaient en quelque sorte «tous Il est vrai que les représen- informatiques beaucoup trop qui vise à parodier l’ancien lea-
le film «renouait avec tous ces passer pour des fous». Mêmes tations véhiculées par le cinéma motivés sont synchronisées au der nazi et le mouvement hips-
clichés qui dépeignent le bal- échos dans les pages du Devoir, hollywoodien frappent davantage rythme de différentes chansons. ter en fusionnant l’un et l’autre
let comme une discipline sado- qui, tout en soulignant qu’il était l’imaginaire, qu’elles soient réa- On en ressort abrutis, parfois un dans un même personnage.
masochiste», ce fut au tour de la normal qu’un film hollywoodien listes ou non. Toutefois, le souci peu bedonnants, et certainement Avec des jeux de mots comme
critique du quotidien britannique se «déploie dans une logique ma- qui ronge manifestement les jour- sans aucune envie de reprendre «Arcade Fürher», «You Make Me
The Guardian, Judith Mackrell, de nichéenne», recueillaient les réac- nalistes traduit une crainte, celle les cours et de se replonger dans Feel Like Danzig» et «Nuremberg
s’emparer du même sujet. La jour- tions de danseurs qui se disaient que le public confonde clichés et le bain des activités culturelles, to Williamsburg», Hipster Hitler
naliste a donc invité cinq grands eux aussi déçus. réalité, et révèle de surcroît qu’ils car les magnifiques productions propose des planches hilarantes
noms du ballet britannique à une La couverture médiatique de sous-estiment gravement l’intel- de National Lampoon sont aussi qui feront travailler à la fois vos
projection de Black Swan afin de la réaction du milieu de la danse ligence et le jugement de celui-ci. puissantes que les drogues du- savoirs historiques et anthro-
recueillir leurs réactions. Tamara devant Black Swan est sans appel. Un article du quotidien The res: plus on en visionne, plus pologiques (une connaissance
Rojo du Royal Ballet déplorait le fait L’œuvre d’Aronofsky renouerait Independent révélait d’ailleurs que notre cerveau s’acclimate à la du mouvement qui prolifère et
qu’une actrice et non une balleri- avec ces clichés dont on cherche l’omniprésence du ballet à la télé- niaiserie et en redemande. s’épanouit dans les quartiers
ne eût été choisie pour incarner le à se défaire depuis une vingtaine vision comme au cinéma, notam- Ainsi, pour éviter le man- du Mile-End à Montréal et de
personnage principal, Nina, sou- d’années. Pourtant, la majorité des ment grâce à Black Swan, a provo- que qui suit nécessairement Williamsburg à Brooklyn est
lignant au passage que Nathalie danseurs interrogés étaient égale- qué un engouement sans précé- une période d’intense consom- requise).
Portman devait travailler sur son ment unanimes en affirmant que dent pour les leçons de danse, les mation de produits culturels Comme dans toute bonne
port de bras. Sa collègue Lauren leurs jugements ne pouvaient être représentations de Casse-Noisette de faible qualité, de même que cure de désintoxication, il y a
Cuthbertson abondait dans le «objectifs». Ils ne forment pas non et même le style vestimentaire pour adoucir le rapide et diffi- risque de rechute. J’ai le regret
même sens, ajoutant toutefois plus un échantillon très repré- des ballerines. Grands dieux! cile retour à la vie universitaire de vous annoncer, chers lec-
qu’il était vrai que l’attitude d’un sentatif du public à qui le film est Serait-ce parce que le public après seulement deux semaines teurs, que j’ai failli à ma tâche  :
danseur abordant un nouveau destiné; cela va de soi. Ainsi, pour- de Black Swan est soudainement de répit, je me suis proposé un je suis effectivement retombée
rôle pouvait parfois avoir quelque quoi les médias font-ils grand cas envahi d’une fascination mal- programme de retour progressif dans la drogue la plus addic-
chose d’obsessif. Les trois autres des réactions des spécialistes et saine ou d’un goût pour la dé- à la culture intelligente. Il serait tive qui soit: Jersey Shore is back,
invités de Mackrell s’accordaient des gens du milieu, alors que le mence? x fou de participer à un marathon b*tches. x

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xle délit · le mardi 11 janvier 2011 · delitfrancais.com Arts & Culture 15


ARTS VISUELS

Peau, art,
hockey et
ours
Réchauffez-vous à la
Maison de la culture
Frontenac qui expose La
Peau de l’Ours. Guy L’Heureux

Véronique Martel
Le Délit

V
ers 1904, un groupe de collection-
neurs décide de rassembler des œu-
vres d’artistes marginaux et incon-
nus et de les vendre au bout d’une dizai-
ne d’années. Ainsi, à la fin de la Première
Guerre mondiale, la collection La Peau de
l’ours réunit des œuvres qui avaient jusque
là été rejetées par le milieu artistique. Séduit
par l’idée de découvrir le nouveau Matisse,
l’ancien sculpteur Robert Poulain convainc
les membres de sa ligue de hockey de se
joindre à lui dans la collection d’œuvres
d’art. L’exposition organisée à la Maison de
la culture Frontenac célèbre aujourd’hui les
quinze ans d’existence de ce groupe québé-
cois de collectionneurs d’art contemporain.
Les œuvres de la collection sont bien
trop grandes pour figurer toutes dans
les espaces d’exposition de la Maison
Frontenac. Robert Poulain a donc choisi les
morceaux les plus représentatifs. Le visi-
teur peut néanmoins feuilleter un cahier
de photographies retraçant l’intégralité de
la collection. La Peau de l’ours compte une
soixantaine de toiles de grands formats.
L’ancien sculpteur avoue considérer la
peinture comme la forme ultime de l’art.
Robert Poulain affirme ne pas voir l’inté-
rêt de collectionner des œuvres de petites
tailles et préfère n’acquérir que d’immenses
toiles. Contrairement au collectif français
du début du XXe siècle, il ne compte pas
revendre ses œuvres, ses collègues et lui
s’étant trop attachés aux tableaux.
Les toiles sont disposées en fonction
de leur valeur esthétique. En effet, Robert
Poulain mentionne qu’il a disposé, par
exemple, Land (2008) de John Ancheta aux
côtés de Bruits (1996) de Louise Prescott
parce que les lignes et les couleurs de
ces deux toiles créaient des rappels et des
contrastes intéressants pour l’œil. Outre les
toiles de grand format, la collection La Peau
de l’ours se différencie d’autres collections
privées par sa forte personnalité. Toutes les
œuvres de la collection semblent présenter
une certaine agressivité. Non pas tant dans
leurs propos, mais plutôt dans leur impo-
sante présence, dans le geste vif et sec du

La bd de la semaine
peintre et dans l’utilisation de couleurs pri-
maires. Cependant, la taille des œuvres et
l’unité de style implicite peuvent créer un
certain inconfort chez le visiteur qui n’ap-

par Martine Chapuis précierait pas les œuvres de très grand for-
mat ou l’art contemporain.
La collection La Peau de l’ours présente
plusieurs exclusivités canadiennes, qué-
bécoises et internationales. La collection
assemblée par Robert Poulain et ses amis
hockeyeurs surprend puisqu’elle propose
des œuvres qui s’écartent de la production
artistique contemporaine actuellement pré-
sentée dans les musées. x

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