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du haut de bilan
Introduction
Les fonds propres sont des ressources confiées à l’entreprise, pour une
durée indéfinie, par ses propriétaires et gérées par les dirigeants. Lorsque
propriétaires et dirigeants ne sont pas les mêmes personnes (cas des
entreprises managériales par opposition aux entreprises
entrepreneuriales), les premiers restent attentifs et exigeants vis-à-vis des
seconds quant à l’utilisation qu’ils en font.
Dans cette présentation, nous allons nous attacher aux caractéristiques de ces
différents financements pour en comprendre les mécanismes et en introduire les
conséquences pour les décisions mises en œuvre dans l’entreprise.
Nous verrons au cas par cas les exceptions que représentent d’autres titres
composant les fonds propres et quasi-fonds propres.
La règle générale est une règle de proportionnalité : une action égale une voix.
En assemblées générales des actionnaires, plus vous possédez d’actions, plus
vous possédez de voix pour exprimer votre opinion lors des votes servant à
approuver les comptes, la gestion des dirigeants et leur proposition de
distribution des bénéfices (Assemblées Générales Ordinaires annuelles), accorder
à l’entreprise la possibilité de faire appel à des financements externes par le
marché ou encore pour valider les modifications des statuts (Assemblées
Générales Extraordinaires).
Cependant, pour des raisons d’équité et de légitimité, le vote ne peut avoir lieu si
le quorum (le pourcentage d’actions et de droits de vote représentés
physiquement ou par procuration) n’est pas réuni. Dans ce cas, l’assemblée est
convoquée à une date ultérieure selon des modalités généralement plus souples
afin de ne pas non plus bloquer la gestion de l’entreprise.
Le droit de vote double : si cette disposition est prévue dans les statuts, un
droit de vote double peut être accordé aux actionnaires nominatifs détenant les
actions depuis au minimum deux ans.
Exemple : Le Groupe Casino offre un droit de vote double pour toute action
détenue au nominatif pur ou administré depuis au moins 4 ans (date à date).
l’action privilégiée (AP) : (voir aussi les droits pécuniaires) comme son nom le
suppose, le porteur d’AP ne renonce à aucun de ses droits mais bénéficie de
privilèges supplémentaires. La définition des privilèges peut avoir une incidence
majeure sur le pouvoir de décision et de contrôle dans l’entreprise comme
l’illustre l’exemple ci-après.
Contexte de l’opération :
C’est dans un double objectif de croissance internationale et de renforcement de sa
position dans le segment stratégique des baladeurs audio/vidéo que, le 27 décembre
2004, la Société [ARCHOSTM] a annoncé la conclusion d’un accord de partenariat
Cette action nouvelle sera, du fait des droits particuliers qui lui sont attachés, une
action de préférence constituant une nouvelle catégorie d’actions, dite de catégorie “
P”.
historique
En juillet 1983, émission de 180 250 ADP ; En mars 1985, attribution gratuite d’une
nouvelle ADP pour 4 anciennes, soit 45 062 ADP crées ; en juin 1986, émission de
100 000 ADP portant le nombre d’ADP en circulation à 325 312. En juin 1990, suite à
une division par 5 du nominal, le nombre d’ADP en circulation passe à 1 626 560.
Depuis, la société à décider de procéder à la conversion des ADP en actions
ordinaires.
Montant du dividende prioritaire : 2 francs net par ADP soit 10% de la valeur
nominale des ADP.
Remboursement prioritaire des actions : si la société venait à être dissoute, les ADP
seraient remboursées avant les actions ordinaires, après paiement du dividende
prioritaire qui n’aurait pas été intégralement versé.
Droit de vote : les titulaires d’ADP ne participent pas aux assemblées générales, sauf
exception prévues par la loi.
Si les dividendes prioritaires dus au titre de trois exercices ne leur ont pas été
intégralement versés, les titulaires d’actions correspondantes acquièrent le droit de
Assemblées spéciales : les titulaires d’ADP sont réunis en Assemblées Spéciales dans
les conditions prévues par la loi et les statuts. Toute décision modifiant les droits des
titulaires d’ADP sans droit de vote n’est définitive qu’après approbation par cette
Assemblé Spéciale.
Prix Parité de
Titres émis nombre nominal
d’émission souscription
1 nouvelle
Actions ordinaires 2 022 061 7,62 € 745 € pour 15
anciennes
1 nouveau
Certificats
4 125 7,62 € 202 € pour 15
d’investissement
anciens
Les Titres Participatifs comme les TSDI sont généralement classés parmi les titres
de créances (fonds empruntés). Ils ne devraient pas, a priori, avoir leur place ici
puisque leur rémunération est traitée fiscalement comme la rémunération d’une
dette et qu’ils ne confèrent aucun droit de propriété sur l’entreprise (et aucun
droit de vote). Par contre, leur durée de vie indéterminée fait que l’entreprise
n’est pas confrontée à leur remboursement à une date d’échéance donnée et lui
permet de les assimiler à des ressources propres : d’où l’appellation de quasi-
fonds propres.
Exemple :
Synthèses des informations extraites de la note d’opération visa n° 03-584 en date
du 17 juin 2003 relative à l’émission de TSDI par le Crédit Agricole SA.
Les fonds levés sont classés parmi les fonds propres de l’établissement.
Prix d’émission : 1,01786 euro par TSDI (de 1 euro de nominal), payable en une
seule fois le 30 juin 2003.
Pour les 8 premières années et 3 jours, soit du 30 juin 2003 au 3 juillet 2011, les
TSDI rapporteront un intérêt fixe annuel de 4,10% (du nominal), payé
trimestriellement au taux proportionnel de 1,025% (soit 4,10% divisé par 4) les 3
octobre, 3 janvier, 3 avril et 3 juillet de chaque année.
Ce taux de rémunération sera révisé le 3 juillet 2011 pour les 8 années suivantes,
puis le 3 juillet tous les 8 ans selon les modalités décrites dans le document cité.
Différé de paiement
si avant une date de paiement d’intérêt l’AGO des actionnaires statuant sur les
comptes de l’exercice écoulé constate une absence de bénéfice distribuable pour ledit
exercice, le Conseil d’Administration pourra décider de suspendre le paiement des
intérêts dus à ladite date de paiement d’intérêt.
Le montant des intérêts différés sera de plein droit capitalisé (au taux de période et
s’ils sont dus au moins pour une année entière) sans prise en compte d’intérêt de
retard.
Les intérêts différés et les intérêts sur intérêts seront payés lorsque l’AGO constatera
un bénéfice distribuable mais pour un montant pouvant être limité à ce bénéfice
distribuable.
Tout actionnaire doit au moins disposer des documents décrivant les comptes de
l’entreprise et de toute information lui permettant de voter en assemblée
générale. Le reste du temps, il est important de pouvoir suivre l’actualité de la
société afin de ne pas être pris au dépourvu.
L’information légale :
MAIS
- le patrimoine,
- la situation financière,
l’opération,
Le prospectus doit recevoir le visa de l’AMF pour être rendu public (décision
dans un délai de 10 jours après réception du projet de prospectus
complet).
- soit par mise en ligne sur le site internet de l’émetteur ou sur celui
du marché réglementé, ou celui des intermédiaires financiers qui placent ou
négocient les instruments concernés (le résumé est alors publié dans la
presse écrite en précisant les modalités de mise à disposition du
prospectus).
Ces listes doivent être communiquées à l’AMF dès qu’elle en fait la demande, et
doivent être conservées pendant 5 ans à compter de leur création ou de leur mise
à jour.
Les analystes et les journalistes ne sont pas a priori concernés dans la mesure
où ils ne devraient pas détenir d’information privilégiée sur l’émetteur. S’ils
venaient à disposer de telles informations dans le cadre de leurs relations
professionnelles, ils devraient figuraient sur la liste d’initiés de l’émetteur
concerné.
- Les tiers ayant accès à des informations privilégiées « dans le cadre de leurs
relations professionnelles » avec l’émetteur, c’est-à-dire les professionnels qui
entretiennent des relations régulières leur donnant accès à des informations
privilégiées, tels que les commissaires aux comptes ou les conseils habituels de
l’émetteur ou encore les sociétés assurant des fonctions qui sont externalisées
par l’émetteur.
- Les tiers ayant accès à des informations privilégiées « dans le cadre de leurs
relations professionnelles » avec l’émetteur lors de la préparation ou de la
réalisation d’une opération ponctuelle tels qu’un acquéreur potentiel ou les
prestataires de services tels que notamment les avocats, les banques de
financement et d’investissement, qui travaillent, par exemple, avec l’émetteur ou
avec un acquéreur potentiel sur le montage d’une opération ou un projet
d’opération ou encore les agences de communication choisies pour cette
opération. Les agences de notation sont également concernées dans la mesure où
elles ont accès à des informations privilégies concernant l’émetteur.
(…) information précise qui n’a pas été rendue publique, qui concerne,
directement ou indirectement, un ou plusieurs émetteurs d’instruments
financiers, ou un ou plusieurs instruments financiers, et qui si elle était rendue
publique, serait susceptible d’avoir une influence sensible sur le cours des
instruments financiers concernés ou le cours d’instruments financiers qui leur sont
liés.
Pour les instruments dérivés sur produits de base, (…) une information précise
qui n’a pas été rendue publique, qui concerne, directement ou indirectement, un
ou plusieurs de ces instruments dérivés et que les utilisateurs des marchés sur
lesquels ces instruments dérivés sont négociés s’attendraient à recevoir
conformément aux pratiques de marché admises sur ces marchés, lorsque cette
information :
Article 621-3
Article 632-1
Le boni de liquidation
Les ressources sont confiées à l’entreprise tant que celle-ci est en activité (sauf en
cas de destruction de capital).
Une autre expression de ces droits pécuniaires est le droit aux bénéfices : les
bénéfices nets appartiennent aux actionnaires ; ils peuvent leur être
intégralement distribués ou seulement partiellement.
Son désengagement est facilité lorsque l’entreprise est cotée sur un marché,
grâce au marché secondaire, sinon les actionnaires peuvent disposer des facilités
offertes par le marché libre.
- un dividende cumulatif ;
L’entreprise émettrice doit veiller à ce que l’avantage octroyé aux porteurs d’AP
ne porte pas préjudice aux autres actionnaires (ne pas leur réserver tous les
bénéfices, ne pas les exempter de toute participation aux pertes, ni revenir sur le
caractère incertain de leur rémunération).
Les actionnaires de la société et les porteurs de CI, mais aussi tous ceux qui
détiennent des titres leur offrant la possibilité d’accéder au capital dans le temps
(les porteurs d’Obligations à Bons de Souscription d’Actions, d’Obligations
Convertibles, d’Obligations Echangeables, de Bons Autonomes) sont prioritaires
pour souscrire à une augmentation de capital en numéraire (levée de fonds
nouveaux pour l’entreprise par l’émission et la vente d’actions nouvelles).
Exemple :
Le Conseil d’Administration (…) décide d’augmenter le capital social qui est de 2 775
000 euros divisé en 925 000 actions de 3 euros (de nominal) chacune (…) d’une
somme de 1 850 001 euros (…) par la création de 616 667 actions nouvelles de
numéraire d’un montant nominal de 3 euros chacune.
Le capital social, après l’augmentation, est porté à 4 625 001 euros, pour un total de
1 541 667 actions de 3 euros de nominal.
Le prix d’émission des actions nouvelles a été fixé à 8,1 euros. Le produit brut de
l’émission des 616 667 actions nouvelles s’élèvera donc environ à 4 995 000 euros
dont 616 667 * 3 euros, soit les 1 850 001 euros évoqués précédemment, viendront
augmenter le capital social et le reste (616 667 * 5,1 euros, soit environ 3 145 000
euros) sera comptabilisé en prime d’émission, autre poste composant les fonds
propres. Le produit net de l’émission (…) après prélèvement sur le produit des
rémunérations dues aux intermédiaires financiers et des frais légaux et administratifs
s’élèvera au minimum à 4 973 000 euros. (montant du financement net disponible).
(…) la souscription aux 616 667 actions nouvelles est réservée par préférence aux
propriétaires des 925 000 actions anciennes.
Ces conditions de souscription sont à titre irréductible : seuls les actionnaires peuvent
y renoncer individuellement. Les actions non absorbées par la souscription à titre
irréductible seront réparties, à titre réductible cette fois, au prorata du nombre
d’actions anciennes ou droits y afférents possédés par les souscripteurs, dans la
limite de leurs demandes et sans attribution de fractions.
Les actionnaires n’ayant pas un nombre d’actions, et donc de DPS, qui est un multiple
de 3 ont la possibilité, pendant la période de souscription du 11 juillet 2003 au 24
juillet 2003, de vendre leurs droits en excès ou d’acheter le nombre de droits
manquants.
Sur le marché, la valeur d’un DPS est fonction de l’offre et de la demande, mais
elle est également contrainte par la valeur théorique du DPS La valeur théorique
du DPS est fonction du cours boursier des actions avant l’augmentation de
capital, du prix d’émission et du nombre d’actions nouvelles et du nombre total
d’actions après augmentation de capital.
(11,99 – 8,1) *616 667 / (616 667 nouvelles + 925 000 anciennes)
En effet, juste après l’opération, le cours boursier devrait être tel que la valeur de la
totalité des actions existantes ( 925 000 anciennes + 616 667 nouvelles) correspond
à la valeur des actions anciennes juste avant l’opération augmentée du montant des
capitaux levés (616 667 * 8,1 euros). Sur la base d’un cours boursier avant opération
égal à 11,99 euros, le cours boursier après opération peut être estimé à 10,43 euros.
La perte technique est alors de 1,56 euros par action ancienne détenue.
La réponse dépend d’une part des justifications que l’on pourrait apporter à une
prime d’émission très importante : par exemple si la prospérité future de
l’entreprise est considérée comme acquise du fait des restructuration que permet
l’augmentation de capital et que la valeur des actions existantes ne reflète pas
cette évolution.
La situation est probablement rare, d’autant plus si la société est cotée puisque
l’évaluation des cours boursier intègre continuellement le passé, le présent et le
futur de l’entreprise (sans justification, l’AMF peut être amenée à ne pas autoriser
l’augmentation de capital. Voir Bulletin mensuel de la COB, mars 2002, n° 366).
D’autre part, il faut envisager la réponse des actionnaires existants face à une
prime d’émission très élevée : ils n’ont aucun intérêt à acheter les actions
nouvelles à un prix supérieur à celui des actions qu’ils détiennent.
- soit le nombre d’actions reste inchangé mais leur valeur nominale est
augmentée,
Dans ce dernier cas, les actions crées sont attribuée gratuitement aux
actionnaires existants, proportionnellement à leur participation au capital de
l’entreprise. Pour cela, à chaque action détenue est associé un droit d’attribution
(DA).
La valeur théorique des droits d’attribution repose sur la même logique que pour
les droits préférentiels de souscription, mais on considère que le prix d’émission
est nul. La valeur théorique d’un DA est donc définie par le calcul suivant :
CB * n/(N + n)
Les BS bénéficient d’une durée de vie plus longue (quelques mois voire quelques
années et non seulement trois semaines au maximum comme pour les DPS et
DA) et restent cessibles et négociables pendant toute cette période. Ils confèrent
à leur détenteur le droit, mais non l’obligation, de souscrire à des actions de
Les BS sont souvent offerts par l’entreprise à leurs actionnaires ou intégrés dans
des « packages » au moment de l’émission d’actions ou d’obligations : ils
intègrent alors ce que l’on appelle des titres composés comme les actions à bons
de souscription d’actions (ABSA), les obligations à bon de souscription d’actions
(OBSA), etc. (Cela marche aussi avec les certificats d’investissement, et tout
autre titre : les possibilités de combinaison sont grandes.)
Cela ne signifie cependant que leur montant est connu avec certitude. Par
exemple, en ce qui concerne les rémunérations : le contrat précise le taux de
rémunération ; s’il est fixe, les rémunérations sont prévisibles, mais s’il est
variable, on ne connaît que les modalités de calcul de ce taux par rapport à une
variable de référence (un des taux d’intérêt du marché monétaire ou obligataire)
dont on observera ou on estimera la valeur à des dates prédéterminées.
L’emprunt est une source de financement indirecte lorsqu’il est contracté auprès
d’un établissement de crédit : on parle alors d’un emprunt indivis, au sens de
«indivisible» puisque le prêteur est unique.
Dans certains cas ce prêteur unique est en fait un pool de banques (ou syndicat
de banque, on parle alors de crédit syndiqué), c’est-à-dire une association de
plusieurs banques contribuant à un même prêt. Le prêteur ne peut généralement
pas revenir sur sa décision : il ne peut pas exiger le remboursement de l’emprunt
si pour des raisons diverses il souhaite se désengager.
Il lui est cependant possible, dans certains cas et grâce à des techniques
d’ingénierie financière comme la titrisation, de céder sa créance à un tiers (un
fonds commun de créances, ou FCC, par exemple, pour des raisons liées au
respect de ratios de solvabilité, de liquidité et de risque comme le ratio MC
Donought instauré par les accords de Bâle II).
Les sociétés dont la taille est suffisante peuvent emprunter directement auprès
d’épargnants ayant une capacité de financement. Sur du long terme, on parle
alors d’emprunt obligataire (les financements directs par dette à court ou
moyen terme concernent le marché des TCN - Titres de Créances Négociables-,
un des compartiments du marché monétaire).
Un des avantages de cette forme d’emprunt est que les obligations sont des titres
cessibles et négociables sur un marché : une fois la souscription terminée
(l’opération de prêt en elle-même, opération du marché primaire), les porteurs
d’obligations ne sont pas contraints de conserver leur statut de créancier jusqu’à
l’échéance de l’emprunt ; l’existence d’un marché secondaire, par la liquidité qu’il
fournit, permet la réversibilité de leur décision sans pour autant exiger de
l’émetteur un remboursement anticipé. Il s’agit pour eux de se faire remplacer en
tant que prêteur en vendant leurs obligations sur le marché. L’acheteur (ou les
acheteurs) acquiert à leur place le statut de créancier et tous les droits que cela
suppose (comme celui de percevoir les remboursements et les rémunérations de
l’emprunt).
Exemple : M. Jacques détient depuis plusieurs années une obligation, émise par
l’entreprise ABC, de 1 000 € de valeur nominale et payant chaque année un coupon
de 50 € (soit un taux de coupon, ou encore taux facial ou taux nominal de 5%).
Quelques mois avant de percevoir le prochain coupon, il décide de revendre son titre
sur le marché. Le cours obtenu pour la transaction est de 107,52. M. Jacques sait
bien sûr que cela signifie 107,52 % de la valeur nominale de l’obligation, soit 1 075,2
€ que l’acheteur va devoir lui payer pour détenir ce titre de créance sur l’entreprise
ABC.
Le problème est que ce montant, 50 €, représente les intérêts payés au titre d’une
année complète, c’est-à-dire 365 jours (366, si l’année est bissextile). Or, pour
l’année en cours, le nouvel acheteur n’a joué le rôle de créancier de l’entreprise ABC
que 73 jours sur 365, alors que M. Jacques l’a été 292 jours sur 365.
Par équité et pour ne pas perturber les transactions sur le marché, la règle est de
partager le coupon entre les individus qui ont détenus le titre pendant l’année en
fonction d’un pro rata temporis.
On appelle nominal d’un emprunt le montant qui est réputé être emprunté.
La formule "réputé être emprunté" prend tout son sens dans le cas d’un emprunt
obligataire : le nominal correspond toujours au montant sur la base duquel sont
calculés les intérêts périodiques et chaque obligation représente une part de ce
nominal (valeur nominale de l’obligation), mais il ne correspond plus forcément
aux sommes versées par les prêteurs et encaissées par l’émetteur, ni au montant
des remboursements à effectuer.
Conséquence : à la date de l’opération, les taux observés sur le marché pour des
emprunts similaires étaient à un peu plus de 4% et donc inférieur au taux de
l’emprunt, le prix d’émission de l’emprunt est donc au dessus du pair : le prix
d’émission est de 107,092 % , soit 1,07092 euro pour une valeur nominale de 1 euro.
A la date de versement du coupon, ils ont encaissé 0,05 euro mais ont déjà payé
0,03616 euro de coupon couru : la rémunération perçue est donc de 0,01384 euro,
correspondant à la fraction du coupon qui leur est due pour une période de détention
de l’obligation de 101 jours.
Pour CRH, le produit brut de l’émission s’élève à 110,708% * 1€ * 123 000 000
obligations, soit 136 170 840 euros. La note d’information précise : le produit net de
l’émission, après prélèvement sur le produit brut de euros 399 750 correspondant
aux rémunérations dues aux intermédiaires financiers et euros 10 000 correspondant
aux frais légaux et administratifs, s’élèvera à environ euros 135 761 090. Ce
montant, net des frais liés à l’émission, est donc le financement que CRH a
effectivement à sa disposition.
Malgré tous ces aspects techniques, la situation est maintenant simple pour la CRH et
ses créanciers : depuis le 16 juillet 2003, on ne distingue plus les obligations
anciennes des nouvelles ; toutes ces obligations ont les mêmes caractéristiques et les
coupons sont d’un même montant et versés à une même et unique date. Cette
Vous trouverez un rappel des formules de calcul et de leurs applications dans les
exercices de mise en œuvre pratique.
Les créanciers exigent une rémunération pour compenser la non utilisation des
sommes prêtées.
Lorsqu’il s’agit d’un emprunt long terme à taux fixe, le taux d’intérêt pris en
référence dépend généralement des conditions observées sur le marché
obligataire, en particulier celles des OAT (Obligations Assimilables du Trésor)
représentant les emprunts effectués par le Trésor pour le compte de l’Etat.
Le taux des OAT est déterminé par une procédure d’adjudication à la hollandaise
qui confronte de manière spécifique l’offre et la demande de ce type d’obligations.
Lorsqu’il s’agit d’un emprunt long terme à taux variable, le taux d’intérêt est à
référence monétaire : il dépend d’indices comme l’EONIA ou l’EURIBOR (pour la
zone Euro) calculés à partir des taux observés sur le marché monétaire
(permettant des opérations de prêts ou d’emprunts à court ou moyen terme). Sur
ce marché, c’est la Banque Centrale (comme la BCE pour la zone Euro) qui
influence le niveau des taux en fonction de ses décisions de baisser ou
d’augmenter ses taux de refinancement (lorsqu’il est possible de maintenir ou de
rétablir une structure par terme des taux qui est ascendante, les décisions de la
Banque Centrale sur le marché monétaire influencent le marché obligataire).
A ce taux de référence est ajouté une prime, c’est-à-dire une majoration du taux
qui est fonction du risque de défaillance de l’émetteur.
Cela signifie pas que les créanciers n’accordent d’importance qu’aux projets les
plus rentables à financer : selon notre bonne logique financière, une forte
rentabilité est généralement associée à un risque élevé, or les créanciers n’aiment
pas le risque (en tout cas, ils devraient ne pas l’aimer).
Le seul risque a priori pris en compte par les créanciers est celui auquel ils
s’exposent directement : le risque de défaillance, appelé encore risque de défaut
ou risque de signature.
Plus le risque de défaillance d’un emprunteur est élevé, plus les créanciers
exigent un supplément de rémunération, appelée naturellement prime de défaut
ou prime de risque de défaillance, par rapport à une situation sans risque : le
taux de l’emprunt est alors plus élevé.
La note attribuée n’est pas stable dans le temps et ces agences engagent leur
réputation (autrement dit, leur future part de marché) dans leur capacité à ré-
évaluer la situation en permanence et prévenir les obligataires de toute
modification du risque en fonction des événements.
Lorsque la note attribuée est dégradée, le marché réagit : d’une part, la valeur
des obligations concernées se déprécie, mais d’autre part, cette perception du
risque de défaillance de l’entreprise inquiète les actionnaires et peut conduire à
une baisse du cours des actions.
La différence entre le taux de l’emprunt et celui d’un emprunt sans risque (très
bien noté) est appelé le « spread » de taux d’intérêt.
constatées
Défaut de paiement prévisible à
C C court terme
C
17 DDD
D DD Défaut de paiement
D
Exemple:
Reprenons le cas de l’obligation CRH, décrite au paragraphe 3.3, mais en nous
situant à la date du 25 octobre 2003.
Il s'agit des coupons futurs (0,05 euro par année) et du remboursement (au
pair).
Ces flux sont actualisés pour tenir compte de leur éloignement dans le temps.
Les flux étant définis dès l’émission de l’emprunt, c’est le taux d’actualisation,
noté i dans la formule ci dessus, qui conditionne la valeur de l’obligation sur le
marché.
D’une manière plus générale, toute modification entre deux dates du taux
d’actualisation à appliquer entraîne une variation en sens inverse de la valeur de
l’obligation : une hausse (baisse) de i provoque une baisse (hausse) du cours.
L’évaluation d’une obligation consiste à comparer ses flux avec ceux d’une
obligation similaire en maturité, en remboursement et en périodicité des flux,
mais avec un coupon calculé aux conditions actuelles du marché. C’est-à-dire au
taux auquel l’entreprise pourrait emprunter au moment de l’évaluation.
Si tel était le cas, les investisseurs préféreraient payer 100 une obligation offrant
5% que payer le même prix pour ne recevoir que 4% de coupon puisque les
autres caractéristiques sont identiques.
La hausse s’arrêtera lorsqu’il sera équivalent pour eux d’acheter à 100 une
obligation à 4% ou de payer un prix plus élevé pour une obligation offrant un
coupon plus élevé (leur TRA seront alors équivalents).
C’est pourquoi, en période de baisse des taux d’intérêts, le cours des obligations
augmente : cela permet aux porteurs d’obligation de revendre leurs titres avec
plus value, mais cela suppose aussi pour l’entreprise que la valeur de sa dette est
plus élevée (l’endettement, exprimé en valeur de marché, apparaît plus
important).
Un autre élément à prendre en compte est que les taux du marché, donnés par la
structure par terme, indiquent généralement les conditions auxquelles peut
prétendre un emprunteur sans risque (comme l’Etat). Il faut donc leur ajouter le
« spread » de taux (la prime de risque de défaillance) qui est appliquer au
moment de l’évaluation pour une même notation. Lorsque la note évolue, ou que
le « spread » évolue, la valeur de l’obligation s’en trouve affectée.
Le cas des obligations à taux variable est différent : par définition, le taux
d’intérêt servant au calcul du coupon est variable pour s’ajuster aux fluctuations
des taux sur le marché. Si le « spread » appliqué à un emprunt à taux variable
est nul (absence de risque de défaut), le calcul du coupon est censé est être
effectué au même taux que celui servant à l’actualisation : la valeur d’une
obligation à taux variable est censées rester stable, indépendamment des
fluctuations de taux sur le marché, et offrir une garantie de prix. En réalité, du
fait que ce taux variable n’est pas ajusté en continu mais seulement à certaines
dates, et du fait de l’application d’un « spread » de taux, cette stabilité n’est que
relative par rapport aux emprunts à taux fixe.
Nous nous intéresserons ici, d’un côté, aux obligations convertibles en actions et, de
l’autre, au crédit-bail.
Ils représentent une source de financement par dette qui peut conduire à une
augmentation de capital différée. L'augmentation de capital est au gré des
porteurs d'obligations convertibles (OC): son montant est incertain mais la
période de conversion, conduisant à cette augmentation de capital, peut être
contrôlée par l'entreprise. Si elle a lieu (décision de conversion), l'entreprise n'a
pas à rembourser les obligations converties (ni généralement à payer le coupon
couru).
La spécificité du crédit bail réside dans le fait que le contrat doit obligatoirement
comprendre une option de rachat du bien par l'entreprise à une date approchant
la fin de la durée de vie de l'immobilisation.
Le droit à la conversion peut être exercé à tout moment entre le 1er janvier 2001 et
le 2 novembre 2005 à raison de 1 action Compagnie Européenne de Casinos de 60 F
de nominal entièrement libérée pour 1 obligation de 97,5 euros de nominal
présentée. (toute modification du nominal par augmentation ou division affecte la
parité).
Les actions obtenues par conversion peuvent être des actions anciennes que
l’entreprise a racheté dans ce but (par une OPRA par exemple). Lorsqu’il s’agit
d’actions nouvelles que l’entreprise émet (les OC sont appelées OCEANE), il est
demandé aux actionnaires lors de l’assemblée générale extraordinaire autorisant
l’émission des OC de renoncer à leur droit préférentiel de souscription. Ils
peuvent obtenir, en échange, un droit de priorité à la souscription des OC.
Tant que l’OC et le portefeuille d’actions ont une valeur équivalente, les porteurs
ont avantage à ne pas exercer leur droit de conversion : toute hausse du cours de
l’action provoque un ajustement à la hausse du cours de l’OC du fait du
mécanisme indiqué. Ainsi, contrairement aux obligations ordinaires, une OC offre
un potentiel de plus value équivalent à celui de l’action concernée. En revanche,
si la valeur de l’OC baisse en même temps que le cours de l’action, cette baisse
sera stoppée par la valeur nue de l’obligation (voir ci-après). Au final, le cours de
l'OC reste toujours supérieur à la plus grande des deux valeurs entre valeur nue
de l'OC et valeur du portefeuille d'actions obtenu par conversion.
La valeur nue est une valeur plancher en deçà de laquelle le cours de l'OC ne
devrait pas descendre (hors risque de défaillance très élevé et indépendamment
de la baisse du cours de l'action) puisqu'il s'agit de la valeur de l'obligation
lorsque l'on renonce ou que l'on élimine toute possibilité de conversion. Elle est
évaluée comme la valeur de marché d'une obligation ordinaire en actualisant les
flux restant à percevoir (coupons et remboursement). Le taux d'actualisation à
prendre en compte est d'ailleurs le même que celui d'une obligation ordinaire de
caractéristiques équivalentes, et non un taux relatifs aux émissions courantes de
convertibles.
- La durée du contrat est la durée de vie fiscale du bien. Elle sert au calcul
de l'amortissement. Elle peut être plus courte notamment lorsque la durée
de vie économique du bien est inférieure à sa durée de vie fiscale. Sauf cas
de rupture réciproques, il est très difficile pour l'entreprise de se dégager
d'une telle opération car les pénalités encourues sont importantes.
En France, mais ce n’est pas le cas de tous les systèmes comptables comme celui
des Etats Unis par exemple, le financement par crédit bail n’apparaît pas au passif
du bilan, contrairement à tous les autres financements évoqués dans ce cours.
Exemple :
L’entreprise Ayuto désire utiliser une nouvelle machine dans son processus de
production. Sa valeur à l’achat est de 725 000 euros et sa durée de vie fiscale est de 5
ans.
L’entreprise a la possibilité soit de recourir au crédit bail pour louer le bien en payant une
redevance de 220 000 euros par an pendant 5 ans, avec possibilité de racheter la
machine à la fin de la quatrième année au prix de 125 000 euros, soit d’acquérir la
machine à l’aide d’un emprunt sur 5 ans, taux d’intérêt 15,725% l’an, amortissement par
annuité constante. Par application de la formule de calcul d’une annuité constante, le
paiement annuel (intérêt + remboursement) dans le cas de l’emprunt est :
Les paiements annuels sont d’un montant équivalent pour le crédit bail (hors levée
d’option) et pour l’emprunt.
Le taux de 15,725 % peut être interprété comme le taux demandé par la société de
crédit bail pour mettre en place l’opération. C’est-à-dire, acquérir le bien et
emprunter les 725 000 euros à la place de l’entreprise Ayuto. Nul doute que la société
de crédit bail puisse en réalité bénéficier d’un taux d’intérêt inférieur à 15,725 %,
mais la différence permet de rémunérer la société de crédit bail pour le montage et le
suivi de l’opération en tenant compte d’une prime de risque liée à la situation de
l’entreprise locataire.
En présence d’un financement par crédit bail, les analystes financiers procède à
des retraitements : au bilan, le bien est enregistré dans les immobilisations à
l’actif pour sa valeur d’achat théorique ; en contrepartie, le même montant est
Notons, pour finir, que l’on ne peut pas déduire aussi rapidement de l’exemple
précédent que le crédit bail est une solution de financement systématiquement
plus coûteuse que l’emprunt. Le coût du crédit bail doit être analysé en tenant
compte du montant de la redevance après impôt, ainsi que de l’économie d’impôt
qu’aurait pu générer l’amortissement du bien si l’entreprise avait décidé d’en être
propriétaire au lieu de le louer. Il faut également tenir compte du prix indiqué
dans l’option de rachat du contrat de crédit bail : en exerçant l’option et en
payant le prix indiqué, l’entreprise cesse de verser la redevance et ne bénéficie
plus de l’économie d’impôt qu’elle génère. En revanche, devenant propriétaire de
l’immobilisation, elle peut amortir sa valeur d’acquisition pendant la durée de vie
restante et profiter de l’économie d’impôt associée.