Remerciements

Messaoud SADI & Salah Eddine MESSALI

Constantine le 30/01/2014
Préambule

L ’entretien dont on publie ici la version

revue et corrigée de concert avec le
Dr BESTANDJI Siham remonte au mois
de décembre 2013. Cet entretien vient
enrichir la série déjà amorcée, considérant le
long parcours de son auteur dans les Dr BENYOUCEF
domaines de l’enseignement, la recherche Brahim
et l’expertise dans divers domaines
notamment l’urbanisme et la sociologie
urbaine. Ce travail vient suite au premier
entretien réalisé avec Pr. LABII Belkacem,
déjà publié ; une série qui vient enrichir,
nous l’espérons, la petite bibliothèque de la
page Facebook dédiée à l’Atelier du Projet
Urbain.

L’idée d’effectuer cette série

d’entretiens, découle d’une volonté de faire
connaitre certaines personnalités, dont
l’importance n’a d’égal que leurs
expériences dans les domaines de
l’enseignement et leurs apports significatifs
dans le domaine de la recherche scientifique,
notamment dans la discipline de l’urbanisme.
Introduction :
Merci monsieur BENYOUCEF
d’avoir accepté notre invitation et de
vous prêter à cette interview. Vous êtes
expert conseiller dans les domaines de
l’urbanisme, de l’aménagement, des
politiques sociales et de logement; et en
préservation des sites et histoire de
l’architecture et dans le domaine des
sciences sociales. Vous capitalisez plus de
25 ans d’expérience dans les domaines de
l’enseignement universitaire, recherche
scientifique et expertise nationale et
internationale.
Après cette présentation
forcément succincte on vous invite à vous
présenter et à retracer votre parcours
intellectuel et scientifique pour les
membres du groupe : Atelier du Projet
Urbain (page Facebook : PG Projet Urbain
2012).
Quels sont les moments phares qui
ont jalonné votre parcours.
Dr BENYOUCEF Brahim :
Je voudrais d'abord remercier les membres
du groupe «Atelier du projet urbain », ainsi
que toute la communauté des architectes et
urbanistes de l’université de Constantine
pour cette initiative et je me fais un grand
plaisir d’échanger et de partager avec vous
mon expérience.
Ce qui a jalonné mon parcours, je vais
peut-être le présenter chronologiquement
en quelques étapes :
D’abord, la formation de 1974 à 1980.
En 1983, j’ai terminé ma formation par
l’obtention d’un doctorat de 3eme cycle en
urbanisme et aménagement de l’université
de la Sorbonne Paris VI (France). J’ai aussi
mené en parallèle un cursus dans le
domaine de la civilisation orientale,
sanctionné par un certificat de maitrise, me
permettant de combiner un peu les aspects
d’aménagement et d’urbanisme avec les
problématiques préoccupantes du monde
arabe et musulman. Suite à cela, je suis
rentré en Algérie où mes premières
expériences professionnelles
commencèrent par l’enseignement
supérieur que j’ai intégré dès 1981-1982.
J’ai couronné mon parcours formatif par
l’obtention d’un doctorat d’État en 1999
conjointement de L’EPAU et de
l’université d’Aix-en-Provence.
J’ai commencé mon parcours d’enseignant
à l’université d’Alger, en charge du
module d’urbanisme et d’aménagement à
l’institut des sciences sociales. En
parallèle, j’ai intégré l’École
d’Architecture et d’Urbanisme où j’ai eu à
enseigner, en premier, les modules
d’histoire critique d’architecture dans sa
partie musulmane et magrébine ; et par la
suite le module d’urbanisme et de
sociologie urbaine. Également, j’ai intégré
en tant que professeur associé, l’université
de Blida (institut d’architecture) où j’ai
enseigné l’urbanisme, et intervenu dans les
ateliers du projet urbain ; et enfin
l’USTHB (institut d’aménagement) où j’ai
enseigné les modules d’aménagement et de
sociologie urbaine.
C’est aussi dans ce contexte
d’enseignement que j’ai pu participer à des
activités pédagogiques (enseignement des
modules d’urbanisme, sociologie urbaine)
et à des activités d’encadrement de
mémoires et thèses d’étudiants en
graduation et Post-graduation à l’EPAU.
J’ai assuré la présidence du conseil
scientifique de l’EPAU de 1994 à 1998.
J’ai aussi assuré la fonction d’expert en
matière d’évaluation des projets de
recherche scientifique au niveau du
Ministère de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche scientifique.
En matière de recherche scientifique, j’ai
eu à participer à plusieurs projets
nationaux et en partenariat avec des
universités étrangères, notamment
l’université Paris XII (France) et l’institut
d’architecture de l’université de Stuttgart
en Allemagne, où nous avions développé
un projet sur le système d’information
géographique (SIG) appliqué en recherche
urbaine, qui fut une première à l’époque ;
ce fut durant les années 1996-1998. Le
projet a connu une première application
dans le domaine de la gestion urbaine et
environnementale de la vallée du Mzab. Et
c’est ce volet-là : le processus de
planification informatisée que j’ai intégré
par la suite dans la nouvelle édition de mon
livre « analyse urbaine ». Également, sur le
plan de l’activité para pédagogique, j’ai
développé et participé à des revues
scientifiques (destinées aux problèmes de
l’urbanisme et de l’architecture) à
l’exemple de : Vie des Villes (Alger 2008-
2010) ; Urbanité (Revue de l’ordre des
urbanistes du Québec), Québec, 2008 ;
L’harmattan (Paris 2005) ; Villes parallèles
(Paris 2004) ; Trialogue (64, Karlsruhe,
RFA., 2000); Annuaire de l’Afrique du
Nord (1997, Aix en Provence) ; Acta-
Géographica (47, Paris, 1982) ; Annales de
l’Université d’Alger (Alger, 1996-1998) ;
Recherches (Université d’Alger), Alger,
1995-1996) ; H.T.M (03 Alger, 1995) ; El-
Oumrane Al Magharibi (1993-1994,
Alger) ; Les Cahiers de l’Epau (Alger,
1994-2000)…etc. Ce parcours a été
soutenu par des participations à des
congrès nationaux et internationaux, à des
conférences dont les thématiques
combinaient à la fois développement
urbain et social.
En parallèle, j’intervenais en qualité
d’expert conseiller auprès d’un certain
nombre d’institutions dont : la wilaya de
Ghardaïa ; l’OPVM1. L’ANAT etc. J’ai
participé d’une façon particulière auprès de
la wilaya de Ghardaïa dans le dossier des
villes nouvelles à l’époque (1994-1998).
Ceci, pour la première phase de ma
carrière de 1980 jusqu'à mon départ vers
le canada en 2001.
Après 2001, j’ai eu également à orienter
mon cheminement vers d’autres
opportunités, notamment : la participation
dans des projets de recherche et par des
conférences à l’Université de Montréal. Je
me suis orienté également vers le domaine
de l’expertise et du conseil, où j’ai eu à
diriger et à participer à des projets de
développement urbain et de
développement social à l’international,
financés par la Banque Mondiale,
notamment au Tchad et au Niger. C’est
une bonne expérience, dans le sens où elle
m’a motivé pour la création de
l’observatoire espace et société2 qui est à
la fois un bureau-conseil et un forum dédié
à l’observatoire et à la recherche sur les
problèmes de l’espace et de société.
J’interviens aussi dans le domaine du
conseil en matière des politiques publics
auprès du gouvernement du canada ; c’est
aussi une façon de rentabiliser toute cette
expérience et de la capitaliser.
Je mène aussi des activités de conseiller
auprès d’organismes communautaires
musulmans et arabes du Canada. Et là,
1 Office de promotion de la vallée du Mzab
2 http://www.observatoire-espace-societe.com
1
c’est une nouvelle problématique qui me Communications dans les
préoccupe et qui motive mes intérêts de congrès locaux et
recherche ; elle est liée de près aux défis et internationaux
enjeux de l’intégration et aux aspects de la - Congrès Islam et Environnement, Alger 2010;
diversité et de sa gestion, etc. Relativement - Congrès, Tlemcen Capitale Islamique,
Tlemcen 2010;
à cette thématique, j’ai développé une - Congrès du patrimoine, Ghardaïa 2007;
certaine expertise, qui a abouti à bon - Congrès de l’AFEMAM, Québec 2001;
- Colloque sur le Waqf, Alger, 2001;
nombre d’études et de mémoires que j’ai - Projet urbain méditerranéen, Barcelone, 2000;
présentés devant les parlements canadien et - Congrès de l’AFEMAM, Tours, 1999;
Symposium international sur Le Corbusier,
québécois, notamment. Et, le parcours Ghardaïa,1998;
continu. - Congrès de l’AFEMAM, Lyon, 1998;
- Congrès de l’AFEMAM, Aix-en-Provence,
Les intérêts ne cessent de surgir avec tous 1996;
les enjeux et les défis qui de jour en jour - Symposium international sur la théorie du
milieu, Marrakech, 1994;
naissent et se multiplient. - Congrès OVCA, Dubaï, 1994; congrès OVCI,
Ankara, 1993;
J’ai également publié une série d’ouvrages - Symposium mondial d’urbanisme, Ankara,
notamment 1993); Coville, 1987, Alger…….

Question 1 :
1. Le Mzab, parcours millénaire, (2010);

2. Le Mzab, Les pratiques de l'espace,

Depuis l’indépendance, la ville algérienne
(1986) ;
a connu de profondes transformations qui
3. Le Mzab, Espace & Société, (1992) ; ont induit une croissance urbaine
incontrôlée des grandes agglomérations ;
4. Analyse urbaine, (2010 5ème édition) ; c’est l’exemple de Constantine. Quelles en
5. Introduction à l'histoire de sont d’après vous les raisons ?
l'architecture islamique (2010 4ème
édition) ; Dr BENYOUCEF Brahim :
Pour les prochaines questions, peut-être il
Participation à des ouvrages collectifs :
serait judicieux de procéder également par
6. L’eau et le Maghreb (collectif) 1987, un examen historique du processus
Tunis, PNUD. d’urbanisation et de la production de la
ville en Algérie que nous allons survoler à
Projets à l’international :
travers l’examen de quatre volets :
7. Projet Cities developpment strategy
(CDS); République du 1. La mobilité spatiale ;
Niger/Banque mondiale (2004-
2005) 2. L’État et le mode de gouvernance ;
8. Plan de développement régional, de la 3. Société et Culture ;
zone de production pétrolière,
Tchad, CTNSC / Banque mondiale, 4. Espace et Ville.
Tchad, 2003-2004
Je structure ce processus historique en
étapes et je commence par la mobilité
spatiale, alors que les flux que la

2
ville polarise constituent l’un des
principaux facteurs d’urbanisation, en plus
de l’accroissement naturel de ses
populations. Tout d’abord, les premières
villes à l’époque coloniale étaient peuplées
en grande partie grâce aux flux des
populations rurales que la ville attirait (ce
n’est pas parce que la ville était développée
et qu’elle avait suffisamment de ressources
pour répondre aux besoins des nouvelles
populations, mais, tout simplement parce
que les campagnes déshéritées, refoulaient
ses populations). La ville n’avait pas cette
capacité d’absorber ces flux, par
conséquent l’accroissement de la ville se
faisait par addition, par des extensions de
franges ou de parties en marge de la ville.
Ceci s’est traduit pratiquement par la
prolifération des bidonvilles qui venaient
se greffer aux périphéries de la ville et où
se concentraient tous les signes de la
précarité.
Voici en ce qui concerne la genèse à
l’époque coloniale, d’une première
urbanisation tronquée. Elle ne s’est pas
déroulée dans des conditions harmonieuses
de développement ; mais, c’était tout
simplement une croissance par l’addition
d’espaces précaires à la fois sociaux et
physiques et, également un accroissement
par l’addition de nouvelles populations qui
ne trouvaient pas place ni dans le marché
de l’emploi ni dans la vie sociale, ni dans
la vie culturelle de la ville. Donc, je vous
laisse deviner quelle furent les résultats
d’une telle urbanisation tronquée.
Après l’indépendance, la mobilité et les
flux de populations des campagnes vers les
villes allaient poursuivre leur tendance. La
première période durant les années 1960 ;
les années qui ont suivi l’indépendance, la
mobilité était davantage générée par des
motifs psychosociologiques. La
population algérienne trouvait dans la prise
de la ville et dans le remplacement des
places vidées ou vacantes, que les colons
ont laissées une bonne façon de prendre
part à l’indépendance, ce qui explique les
vagues de mouvements et de mobilité des
compagnes vers les villes.
Ce n’est que durant les années 1970, qu’un
autre mouvement fut amorcé. Un
mouvement, enclenché par l’attractivité du
marché de la ville, suite à la révolution
industrielle qui focalisait ses efforts sur
une économie de type urbain. Cet état de
fait, faisait de la ville un pôle attractif
pourquoi ? Parce qu’il y avait des
conditions de confort, des conditions de
promotion sociale et économique, ce qui
induisait un mouvement toujours dans la
même direction de la compagne vers la
ville.
Depuis, la ville n’a cessé d’exercer une
forte attraction de populations, tantôt à la
recherche d’une place en ville, de meilleurs
conditions socioéconomiques, d’une
proximité des centres de décision et de
pouvoir et tantôt refoulées par les
conditions de précarité et d’insécurité qui
régnaient dans les zones rurales
essentiellement durant les décennies
rouges.
L’examen du 2ème volet, celui du mode de
gouvernance, nous renvoie aux questions
suivantes : quel était le système de
gouvernance, et quel impact sur l’espace,
la société et la culture… ?
Au commencement, nous remarquons que
l’État revêt trois (3) caractères :
1. Un État collectiviste ;
2. Un État de planification rigide ;
3
 3. Un État providence.
Aussi, la notion d’État-partisan devait
caractériser l’État de 1962 à 1988 ; cette
notion incarnait la fusion de l’État et du
parti unique, le FLN3. Par ailleurs, toutes
les politiques initiées sont des politiques
dépourvues de participation, où
l’implication citoyenne n’a pas sa place et
par conséquent démunie des conditions de
projet inclusif. Ce sont plus des politiques
dogmatiques et idéologiques dictées par la
ligne idéologique du parti. La ville servait
d’assiette à des projets et la société
subissait les plans de développement, sans
avoir conscience d’en faire partie ou d’en
être un partenaire. L’effet que cela a
généré est que la société n’a pas développé
une conscience de participation, de
responsabilité et d’inclusion. Ceci nous
permet de distinguer deux types de
citoyenneté :
- Le citoyen « tout court » ;
- Le citoyen partisan ou le citoyen
privilégié ».
Le parti devient la porte d’accès vers les
privilèges, donc vers la ville. C’est pour ça
que certains penseurs associent la prise du
pouvoir à la prise de ville.
Habituellement, la prise de la ville est la
voie vers la prise du pouvoir. En Algérie,
on a eu le phénomène inverse, la prise du
pouvoir est la voie d’accès aux privilèges
de la ville. Aussi, les politiques étaient
initiées sur fond d’exclusion. La gestion
foncière a été menée sur la base de
nationalisation des terrains des uns pour les
donner à d’autres ; ce qui générait un
climat de frustrations.
3 Front de libération nationale.
Ce mouvement de nationalisations, était
également légitimé par un discours
idéologique qui mettait en opposition le
front du paysan méritant et de l’ouvrier
progressiste, contre le bourgeois
réactionnaire. La dynamique urbaine
intervenait alors au rythme de ces duels et
sur fond d’exclusion et de frustrations.
Cet état de fait était favorable à une
mobilité spatiale qui n’allait pas de pair
avec une mobilité sociale ; considérant que
la mobilité spatiale est le mouvement dans
l’espace ; alors que la mobilité sociale est
le mouvement à travers les échelles
sociales.
Habituellement, la mobilité spatiale est
accompagnée d’une élévation et
amélioration du mode de vie, du mode
d’habiter, de pensée et des standards. Elle
intervient comme le résultat d’un effort
que déploie l’individu ou le groupe, en vue
d’améliorer son mode de vie et de
promouvoir son statut social.
Or le contexte historique et sociologique
de la mobilité spatiale après
l’indépendance en Algérie révèle que les
importants flux vers la ville ne résultaient
pas d’un effort que les gens faisaient pour
mériter leurs places en ville en tant
qu’espace social et en tant qu’espace
culturel. Cette mobilité était due à une
compétition en vue d’accéder aux
privilèges de la ville et du pouvoir, sur
fond d’exclusions et de confiscations, par
le moyen du contrôle du parti unique.
Recette simple : Intégrer le parti unique,
accéder au pouvoir, afin d’assurer sa part
en ville.
Cette approche qui venait assimiler la ville
à un gâteau à partager, indissociable de la
4
rente à laquelle tous ont droit, devait
amorcer les jalons d’une culture urbaine
dépourvue de conscience d’adhésion.
Le rapport que le citoyen entretient avec la
ville, est un rapport de prédateur. Chacun
pense à la façon de partager et de prendre
part au gâteau.
C’est au rythme des clivages et avec la
frustration de se placer en ville et d’en
occuper le plus, que la société urbaine s’est
établie, ne laissant place ni à une
conscience d’adhésion, ni à une conscience
de la collectivité ni de l’intérêt public et
collectif.
Chacun devait se reconnaitre dans l’un ou
l’autre des statuts : citoyen tout court,
citoyen privilégié, citoyen proie à qui on
enlève, citoyen cible à qui on donne ; et
tous convergent vers le principe du citoyen
prédateur déterminé à obtenir sa part de
force sans se soucier de l’intérêt collectif.
La production de la ville n’a jamais obéi à
une logique de projet, ni considéré une
approche inclusive et participative. Mais,
elle était régie par une approche
dogmatique et idéologique, à travers
l’imposition de modèles inadaptés,
inexpérimentés et incompatibles.
Ce qui fait de la ville un produit subi
destiné exclusivement à la consommation.
Une ville où le citoyen ne se reconnait pas,
car faite sans lui et ne répond ni à ses
aspirations ni à son mode d’habiter. Je
parle ici de tous les modèles qui ont été
initiés selon une ligne dogmatique, dont les
valeurs s’articulaient autour d’une certaine
compréhension du progressisme,
socialisme et modernisme.
Les événements de 1988 venaient
confirmer le malaise accumulé et l’échec
de ces politiques. La tentative de
libéralisation et de démocratisation qui
s’en suivit, venait se heurter aux
contradictions accumulées et aux
résistances qu’elles engendraient. Cette
nouvelle ère venait initier deux
changements : une permissivité au niveau
de l’expression et l’ouverture du marché,
autrefois monopoles de l’État.
Cette fois-ci, on assiste plutôt à
l’émergence de micro-réseaux de pouvoirs.
Chacun cherche à définir et à construire
son micro-réseau afin d’obtenir la force
nécessaire pour s’arracher les privilèges.
Le citoyen continue à agir avec son réflexe
de prédateur, en vue de la consommation et
de l’occupation de l’espace urbain.
Revenons aux aspects de l’urbanisme
institutionnel. Si les décennies 60, 70 et 80
ont connu un urbanisme rigide et dirigé,
selon lequel les instruments et les cadres
d’urbanisme en vigueur étaient de nature
rigide et imposante, la nouvelle ère ouvrit
la voie, dès les années 1990, à un
urbanisme de compromis.
Tellement déficients et impuissants, les
instruments et les cadres d’urbanisme
n’eurent pas beaucoup d’effet sur
l’orientation du cours des choses.
C’est davantage la dynamique urbaine qui
façonne la ville, dépassant et rendant
caduques les instruments d’urbanisme
condamnés à leur naissance et compromis
par une action à la hâte qui ne se conforme
qu’à la loi de la compétition d’intérêts.
Une dynamique qui s’articule autour des
enjeux que la ville suscite, engendrant la
course de tous en vue de l’accès à la ville.
Désormais les instruments d’urbanisme
basculent d’instruments de planification et
5
d’organisation urbaine à des instruments de
régularisation des coups partis et des
situations improvisées. On passe alors
d’une urbanisation planifiée à une
urbanisation de fait imposée par la force
des choses.
Les instruments d’urbanisme n’ont plus la
capacité de planifier, de guider et
d’orienter le processus d’urbanisation, ils
viennent juste régulariser après coup les
coups partis. Les institutions et les
instruments d’urbanisme sont dépassés par
cette dynamique, qui s’articule autour des
enjeux urbains et des enjeux fonciers que
génère la course vers la ville.
Non seulement, il n’y a pas de changement
qualitatif, mais force de constater que les
problèmes et les crises sont intensifiés par
l’accroissement numérique des populations
et de leurs besoins et par l’allure que
prennent de plus en plus la course vers la
ville et les conflits d’intérêts.
Les décennies rouges, venaient dès 1992
amorcer un contexte de troubles, de
violence extrême, de terrorisme et
d’instabilité, qui allait générer un
mouvement sans précédent de mobilité
incontrôlée vers les villes.
La ville devient un champ de concentration
d’une population en quête de sécurité,
augmentant par la même occasion les
occupations illicites et les tensions.
Les décennies rouges ont été aussi
l’occasion d’une forte érosion des
ressources foncières et dégradation des
équipements publics, passées sous silence.
Notre modèle de gouvernance est
complètement à l’opposé des valeurs de la
bonne gouvernance. Absence de
transparence, de participation et
d’engagement, et prolifération de la
corruption et de tous ses corollaires. Ceci
est à l’origine de l’affaiblissement de
l’autorité de l’État et de l’ordre public et de
la perte de la conscience de l’intérêt public
et de l’intérêt collectif et de l’engagement
citoyen.
La rage d’occuper et de s’approprier une
place de force se traduit par des
comportements violents.
On revient à la culture urbaine
supposément fondée sur le principe de
partager un espace très réduit, fortement
demandé et de forte densité, où se croisent
une variété d’individus, de groupes et de
référents culturels, en se conformant aux
règles communes quant à l’usage de ses
parties communes, pour que règne
l’harmonie, le respect et la cohabitation, et
que soit évitée la collision.
À ce titre, je vous donne un seul indicateur
sur l’état de santé de la culture urbaine, que
vous pouvez observer à travers les
phénomènes de circulation et de partage de
la voie publique. Le code de la route
illustre parfaitement ce que la culture
urbaine est sensée produire comme codes
afin de réguler et de gérer la façon de
partager en harmonie et sans accident la
vie en ville et l’usage des espaces publics
et communs. Le Code de la route est un
exemple qui illustre d’une façon parfaite ce
qui est la culture urbaine. L’espace urbain
est un espace réduit et fortement demandé,
où se concentre une forte population. Et
pour le bien vivre en commun, il va falloir
obéir ou se conformer à des règles d’usage.
C’est pour cela qu’on a inventé à titre
d’exemple le code de la route.
À travers les comportements de circulation
routière on peut observer tous les maux,
6
qui traduisent les comportements et les
conduites en ville. Absence de l’autorité
publique, violence excessive, non-respect
des codes et des lois, etc. Ceci est soldé par
des accidents mortels de plus en plus
nombreux et répétitifs, plaçant l’Algérie
parmi les pays au monde qui connaissent
les plus grands nombres d’accidents
routiers.
Donc la crise de la culture urbaine se
manifeste à travers toutes ces frustrations,
toute cette violence latente qui se fait de
plus en plus grande, qui infecte la vie
quotidienne en ville, et menace la cohésion
sociale et le bien vivre ensemble. Cette
violence, souvent instrumentalisée, prend
très vite de vives allures lorsqu’elle revêt
des caractères ethniques ou confessionnels
pour la rendre plus passionnelle.
Si j’additionne tous ces facteurs, soit :
Absence de projet, absence de
participation, absence d’approche
inclusive, déficience en matière de culture
urbaine, déficience en matière de bonne
gouvernance et déficience des instruments
et cadres d’urbanisme, j’aboutis au constat
amère de la situation de la ville algérienne
qui s’empire de plus en plus.
Il y a une crise de ville, une crise de projet,
une crise des cadres et d’instruments de
gestion urbaine et une crise de culture
urbaine.
En résumé, cette crise multi facette se
résume en une crise de ville ; crise de
citoyenneté ; crise de culture, crise de
société et de projet.
Question 2 :
Vous avez écrit il y a de cela plus de dix
ans « Le problème de l'habitat,
condensateur de la crise socio-urbaine [La
production urbaine et architecturale des
espaces d'habitation connaît une crise de
créativité, d'innovation, de
ressourcement, d'esthétique, d'urbanité,
de gestion et de contrôle4 », le même
constat fut confirmé dans le rapport du
Cinquantenaire de l’indépendance
ou:« Dégradation ininterrompue du cadre
de vie devenu anarchique dans les villes
comme dans les villages, avec une
disparition des lieux de convivialité et de
socialisation5 ]». D’après vous, dans quel
contexte sociopolitique, Les choses
aurait-elles connu une autre tournure?
Dr BENYOUCEF Brahim :
Pour répondre à cette question, faut-il peut-
être retourner à la réponse de la première
question. En effet, le bilan dressé à travers
le parcours historique de la ville
algérienne, révèle que ni la ville, ni le
4
Brahim BENYOUCEF, in: Hadjiedj A., Chaline C.,
Dubois-Maury J. (dir.), Djedouani S. (coord.) Alger.
Les nouveaux défis de l’urbanisation Paris,
L’Harmattan, 2003, 298 p.
5
Rapport du Cinquantenaire de l’indépendance :
enseignement et vision pour l’Algérie de 2020, Janvier
2013.
7
citoyen et ni la culture urbaine n’ont été
harmonieusement encadrés. Il y a donc un
déficit sur tous ces plans. L’absence de
projet se fait lourdement sentir. Ce n’est
pas seulement en matière d’approche et de
démarche non ! Lorsqu’on parle de projet
cela implique aussi des partenariats, une
conscience des responsabilités, une
démarche inclusive. Le principe de contrat
trouve pleinement sa place dans un projet
urbain comme dans un projet de société.
Cette situation explique toute la crise qui
menace à la fois architecture, villes,
urbanisme, société, culture et institutions.
Les institutions d’urbanisme ne
fonctionnent qu’en titre. Si quelqu’un fait
une étude sur la question, il va s’apercevoir
que la plupart de ces instruments
d’urbanisme prennent du temps et de la
lenteur pour être approuvés, qu’au moment
de leur approbation, ils se trouvent
complètement dépassés. À ce moment-là,
on procède aux réajustements. Des
modifications sont apportées pour les
réajuster à la nouvelle réalité. Ces
instruments se transforment vite en des
outils de régularisation de situations de
fait, ce qui implique un contournement de
la loi par cette manœuvre. Cette stratégie
est adoptée par les pouvoirs publics, pour
gérer les dossiers fonciers, considérant
l’enjeu que cela représente. Les
instruments sont là pour donner une
légitimité à l’action urbanistique et pour
faire valoir l’image d’une gestion moderne
et institutionnelle de l’urbanisme.
Malheureusement, ces derniers n’ont aucun
effet dans la planification, l’organisation et
l’orientation de la croissance de l’espace
urbain. La ville se fait au rythme de la
dynamique que la course pour le foncier
suscite. Aussi, ces instruments ne sont là
que pour régulariser des coups partis.
Tout cela génère l’incapacité à voir loin et
l’incapacité de voir autrement. Par
conséquent, une incapacité d’innover et
une incapacité d’améliorer ; pourquoi ?
Parce que ce sont des valeurs absentes de
nos perspectives. La seule perspective qui
motive les gestes de tous, groupes et
individus, c’est la course pour conquérir la
ville, acquérir sa part en ville, coûte que
coûte et par tous les moyens sans aucun
souci de l’intérêt commun ni de l’ordre. Si
on combine ces phénomènes à l’absence
du projet, à la déficience des institutions,
des instruments et de la gouvernance, on
aboutit forcément à la situation de crise qui
sévit.
Les manifestations et les émeutes suscitées
par le partage foncier ou la distribution de
logements qui éclatent dans nos villes ces
dernières années indiquent le passage à un
autre mode de revendication, dominé par la
violence. Les routes barrées, les pneus
brulés et la destruction des biens publics
s’imposent de plus en plus comme
expressions des citoyens en colère, pour
revendiquer leur part de foncier ou de
logements. Les pouvoirs publics cèdent
devant ce genre de situations et c’est aux
instruments d’urbanisme de se plier à cet
ordre, de régulariser ces situations et de les
légaliser. Ni les uns, ni les autres ne se
soucient de la bonne voie pour conduire la
société dans une perspective de projet
conscient.
8

Brahim Benyoucef sur le plateau
de l’A3 le 20.05.13
Question 3:
En Algérie, La production du bâti et la
formation de son cadre, peinent à
adopter un référentiel local (Algérien,
Magrébin et Musulman). L’absence de ces
repères qui seraient à même d’asseoir
une permanence de signes identitaires
architecturaux reconnaissables, ainsi que
leur perpétuation, réduit les chances de
jeter les bases d’une architecture
algérienne contemporaine pouvant
s’inscrire dans l’universalité et
permettant son établissement en tant
que style architectural propre au pays et
de l’inscrire dans la durabilité. Pensez-
vous que cet état de fait est le résultat
d’une méconnaissance identitaire ou bien
le problème se situe plus en amont d’une
simple inspiration d’un vocabulaire
architectural local ?
Dr BENYOUCEF Brahim :
Peut-être faut-il un retour en arrière, pour
constater que la tradition ne bénéficiait pas
d’une représentation privilégiée dans le
discours officiel à tendance progressiste de
l’Algérie indépendante. Tout ce qui avait
rapport à la tradition dans l’esprit de la
révolution progressiste était
dogmatiquement rejeté et considéré source
d’archaïsme et entrave au développement.
L’impact a fait son chemin sur tous les
plans, social, culturel et économique.
En Algérie, les métiers traditionnels se sont
effacés, cédant le pas aux procédés
modernes de l’industrialisation. En Algérie
les métiers et leurs effets sur l’architecture
et l’art de bâtir ont disparu, contrairement à
ce qui se passe chez nos voisins au Maroc
et en Tunisie. L’industrialisation est
désormais considérée condition de
développement mise en opposition face à
l’archaïsme des métiers traditionnels. Ceci
explique en partie la dichotomie qui
oppose tradition et modernité, dans la
représentation officielle de l’Algérie
progressiste et socialiste. Notre modernité
a été bâtie sur la négation de la tradition, et
sur la projection de la société et de
l’économie selon des modèles dits
progressistes, importés d’ailleurs, non
expérimentés et non adaptés. Ceci explique
le fait qu’aussi bien en matière d’économie
qu’en matière de société et en matière
d’architecture et d’urbanisme, tout ce qui
avait trait à la tradition était moins
apprécié. C’était l’esprit de l’époque. Ce
vide devait céder la place à la prolifération
de tous les signes d’un modernisme subi,
d’un modernisme imposé et non
expérimenté, qui n’arrivait pas réellement
à s’adapter au contexte local, ni à répondre
aux aspirations culturelles des citoyens.
Voici en partie ce qui explique l’absence
de référentiels et la domination de
l’amalgame. Ce fut surtout durant l’ère de
la révolution socialiste, au moment où le
gros de la production architecturale et
urbanistique était sous contrôle de l’État.
Un État providence, un État collectiviste
qui avait le contrôle total d’une économie
dirigée et d’un urbanisme dirigé et rigide.
9
Lorsqu’arriva la mutation vers l’ère de
l’économie du marché, et de la
démocratisation de la vie politique, suite
aux réformes initiées dès le début des
années 90, l’héritage des années
précédentes ne fut pas facile à contourner.
Aux effets des mutations subies et non
expérimentées et ce qu’elles engendrent
comme contradictions, venaient s’ajouter
dès les années 90 les effets du contexte de
réformes intervenant sous l’effet de la
pression du FMI, des finances mondiales
et de la mondialisation. À tout cela
succèdent la crise politique et les épisodes
de violence et du terrorisme, pour amorcer
une mutation vers la libéralisation, se
faisant sur le rythme d’une intense course
et compétition de tous vers l’accès au
pouvoir, le contrôle du marché et le
contrôle du foncier. Ni une modernité
expérimentée, ni une tradition reconnue
n’avaient de place dans les choix culturels.
Les gens allaient se fier davantage aux
médias et aux images d’ailleurs, pour
puiser leurs nouvelles références. C’est un
amalgame de styles qui devait aisément
s’installer. Tout un chacun s’inspire d’une
image qu’il emprunte pour projeter son
style. Le métier et l’architecture
traditionnels sont les plus souffrants de
cette situation.
Le patrimoine qui incarne la ville
historique ne résiste pas à la compétition
de la ville présente, moderne, lucrative et
moins contraignante. Le patrimoine est mal
défendu, devant la ville lucrative et forte.
À cet égard, la protection d’un site classé
patrimoine historique comme celui de la
Vallée du Mzab, devait couvrir toute la
vallée qui fait partie dans sa totalité de ce
patrimoine et doit être régie par des lois
qui répondent aux exigences de sa
protection. Or, il se trouve que le dernier
mot revenait toujours aux collectivités
locales qui sont issues du ministère de
l’intérieur, effaçant ainsi le rôle des
instances de la protection du patrimoine
qui relèvent de la compétence du ministère
de la culture. L’examen pratique montre
que c’est la dynamique de la course vers
les intérêts et les privilèges de la ville et du
foncier qui fait la ville, neutralisant les
effets de la volonté de préservation, car
gênante et contraignante, et entrave cette
dynamique fondée sur le contrôle et
l’appropriation du foncier. Ce qui se passe
au Mzab est grave. Ce ne sont plus
uniquement les monuments qui sont
atteints, mais aussi et surtout les vallées,
les monticules et les palmeraies qui en font
partie intégrale qui sont lourdement
affectés. Actuellement on a dépassé
l’urbanisation des palmeraies qui sont
saturées ; on monte vers les collines et là,
on arrive à un stade d’anarchie qui n’a pas
de qualificatif et qui génère actuellement
une course pour occuper le moindre mètre
carré ; et c’est la débandade. C’est la
course qui explique en grande partie toute
la violence qui oppose les uns aux autres, à
laquelle on voudrait attribuer mille et un
qualificatifs, notamment la dualité
confessionnelle et ethnique pour
passionner davantage ce conflit et
intensifier cette course, ces frustrations et
ces conflits. Je vois mal comment on peut
revenir en arrière. Alors, au lieu de
s’attaquer à ces maladresses au risque de
rater le présent et l’avenir, je préconise
plutôt de projeter des solutions dans
l’avenir, afin d’assurer de meilleurs
conditions aux futures générations. Le
pourrissement de la situation présente est
irréversible. Au moment même où je
dénonçais cette situation et agression que
patrimoine, nature et développement
10

durable subissent, des émeutes de
contestation ont éclaté, pour réclamer la
légalisation de leurs constructions illicites
sur les monticules rocheux. Les gens ont
barré les routes pour faire entendre leur
voix, et en effet c’est une méthode payante
car les autorités répondent à ce genre de
demandes. C’est pour cela je dis qu’au
stade où nous en sommes, avec un tel
mode de gouvernance et une telle
déficience, le mal actuel est irréversible.
Le seul moyen serait probablement de
projeter des solutions dans le futur. C’est
pour cela que je parle de créer carrément
des sites nouveaux, avec des potentialités
naturelles, pour aménager de nouveaux
centres urbains et répondre aux besoins de
ces populations, pour orienter
l’urbanisation future vers un mode plus
équilibré qui répond aux exigences du
développement durable…
Le mal est irréversible actuellement, car les
gens sont habitués à un langage incendiaire
de revendication animé de violence,
d’agressivité et d’abus. Les gens
s’entretuent pour ça ! On le vit tous les
jours. Faites l’examen de l’information
quotidienne pour vous apercevoir de
l’ampleur du phénomène à travers tout le
territoire national. Ça revient
périodiquement, car le contexte s’y prête,
tant que ne soit pas engagé vraiment un
projet de réforme à long et à moyen
termes, fondé sur une volonté de
changement et qui doit se faire dans des
conditions inclusives… ça, c’est
fondamental !
Question 4 :
De par vos écrits sur le Mzab;
engagement auprès de l’OVPM6, vous
vous situez dans la même tendance
qu’André Ravéreau : l’un des grands
architectes ayant contribué à la
conservation de constructions issues de
savoir-faire ancestral, notamment par
son apport au classement de la vallée du
Mzab, au Patrimoine mondial, par
l'UNESCO. À votre avis, la mise en place
d’outils règlementaires de sauvegarde et
de mise en valeur des sites classés en
l’absence d’une implication effective du
citoyen, est-elle susceptible d’inverser la
tendance de disparition de notre
patrimoine par négligence ou le
déclassement de ces sites classés?
Dr BENYOUCEF Brahim :
C’est certain! Je continue sur la même
lancée : le patrimoine, je ne pense pas
qu’on ait fait grand-chose pour le
préserver. Le patrimoine s’use, c’est une
emprunte historique menacée de
disparition. Là où le défi prend toute sa
place, c’est lorsque l’intervention pour la
préservation du patrimoine est contrariée
car elle dérange des intérêts étroits des
individus et des groupes. Les experts n’ont
cessé d’avertir et de sonner l’alarme, car
l’urbanisation intense de la vallée ne laisse
plus aucune possibilité, ni au patrimoine,
ni à la préservation de la nature, ni aux
conditions de communication sociale et de
sécurité.
Les capacités foncières et naturelles de la
vallée sont saturées et dépassées depuis
6
Office de protection et de promotion de la
vallée du Mzab, en vertu décret législatifs n° :
92/419 et 92/420 du 17 novembre 1992.
11
très longtemps. C’est parce que toute potentialités, toutes les ressources et toutes
l’urbanisation de la vallée est fondée sur un les forces pour lutter contre la précarité et
équilibre entre nature et culture surtout la pauvreté, qui deviennent les grandes
dans un milieu hostile. Hors ces équilibres menaces de notre siècle, et de cette façon
sont rompus. Ça fait très longtemps que la on fera du patrimoine un facteur de
règle de préserver pour chaque noyau bâti développement et non seulement des
son potentiel naturel n’est plus respectée. monuments ou des éléments restaurés à
À mon avis, il n’existe aucune volonté de contempler.
préserver, il n’existe aucune option. On est
en perte de conscience de notre patrimoine Comment les intégrer dans la vie de tous
et de notre qualité de vie. les jours ? Comment en faire des sources
de création de richesse ? Voici un défi ! La
J’assimile cette situation à un suicide préservation tout court est dépassée,
culturel collectif qui se traduit à la fois sur maintenant le concept revêt de nouvelles
le plan culturel et sur les plans sociaux et significations.
spatiaux. C’est un suicide culturel dans le
vrai sens du mot. On sombre dans la
violence, dans l’agression du patrimoine et
de la nature, dans l’inconfort et dans les
conflits. On ne doit pas se contenter de la
simple restauration d’une tour ou d’un
monument isolé, pour prétendre
promouvoir le patrimoine. Le patrimoine
dans une acceptation plus large prend une
définition plus large.

Il couvre aussi bien les biens naturels et Prix excellence 2012

artificiels ou bâtis, des biens matériels et
immatériels, etc. Et la notion de
préservation est dépassée. Maintenant,
c’est la promotion du patrimoine qui pose
le plus de défi. Comment faire pour que ce
patrimoine soit intégré dans le processus
du développement social, culturel, etc., du
pays ? Voici maintenant les défis que le
développement durable impose.
Suite à mes projets en Afrique, j’oriente
mes préoccupations de recherche vers les
modalités d’intégration du patrimoine dans
le processus de développement. Comment
faire pour que le patrimoine soit un facteur
de développement social et de lutte contre
la pauvreté ? Voici un des défis du
millénium ! C’est d’impliquer toutes les
Gouvernement du Canada
Ressources Humaines et
Développement des Compétences
Région du Québec
Question 5:
La capacité de cette société à se fondre
avec harmonie dans l'époque moderne
tout en restant fidèle à ses valeurs
traditionnelles, semble être mal entamé,
en effet , cette année, à l’instar des
officiels en visite à Constantine, le
Ministre de l’Aménagement du territoire,
de l’Environnement et de la Ville, Amara
Benyounès, ont qualifié la nouvelle ville
Ali Mendjeli de «véritable catastrophe»

12
sur le plan urbanistique. A votre avis, être associée dès la phase
sans une véritable évaluation, peut-on d’établissement des stratégies tout en
réellement avancer de telle affirmation ? faisant valoir ses compétences en tant
que consultant auprès des maitres
d’ouvrage dans les différentes phases ?
Dr BENYOUCEF Brahim :
Bien entendu, non ! Là, c’est tous le défi Dr BENYOUCEF Brahim:
qui s’impose à l’université et aux
L’événementiel peut bien être un moteur
universitaires de prendre en main la part
ou déclencheur de développement ;
qui leur revient de droit ; de renouer avec
souvent il amorce un processus de
ce rôle qui est celui des experts.
développement. On l’a vu à travers
Réhabiliter la fonction d’expertise pour
beaucoup d’expériences. Beaucoup de
que l’avis de l’universitaire soit un avis
villes ont profité d’événements
sur la base duquel on construit la décision.
d'envergure, sportifs culturels, etc., pour se
Il y a là un défi devant l’université ; elle
lancer dans un processus de relance et de
doit exercer son leadership pour que l’avis
développement et ça réussit parfaitement ;
de l’expert soit le fondement de la
mais pas de n’importe quelle façon.
politique. Les politiques viennent après
L’impact de ces événements dépend
l’évaluation et l’avis des experts, si l’on
toujours des conditions dans lesquelles on
veut se respecter, si l’on veut respecter nos
inscrit le projet bien entendu. Si
actions. Il y a toujours une guerre de
l’événementiel, l’action qu’il induit, est
pouvoirs ! Il faut que l’universitaire
faite d’une façon ponctuelle, sans amont et
s’arrache pacifiquement ce pouvoir, par
sans aval, ça ne servirait certainement à
quoi ? Par le mérite, afin que l’expertise
rien. Il faut placer l’action événementielle
qui revient à l’universitaire, reprenne sa
dans un projet de développement. Lorsque
place. Que l’on replace les choses dans
je parle d’un projet, c’est un processus
leurs contextes ! Le Ministre, le politique
continu, un processus inclusif de
doit se fier à l’avis de l’expert, doit
développement et d’aménagement. Dans
demander, doit commander l’étude ou
ces conditions le projet peut être porteur de
l’évaluation auprès du consultant-expert.
développement et peut porter ses fruits. Je
C’est l’avis du consultant ou de l’expert
reviens aux conditions. L’événementiel
qui doit être pris en considération en
tout court ça ne veut rien dire, il peut bien
matière de projection, d’action et de
servir à avoir de l’effet, mais reste à savoir
politique. Mais ceci, ne peut arriver sans
dans quel esprit nous l’approchons.
mérite, et le mérite c’est l’effort, c’est le
Et, c’est bien la tâche, le mandat et la
travail et c’est le travail reconnu par sa
responsabilité des universitaires et experts.
justesse, par son sérieux et par sa qualité.
Je reviens aux universitaires, leur rôle est
Question 6 : d’orienter les politiques grâce à des avis
éclairés. L’universitaire bien entendu doit
« Constantine, capitale de la culture arabe
se batte pour mériter sa place et imposer
2015 » est un projet porteur d’enjeux
son leadership par l’effort, le travail de
stratégiques à la hauteur des espérances
de tous les Constantinois, pensez-vous qualité et le sérieux ; ce sont les valeurs
que l’université de Constantine aurait pu qui permettraient à l’université de regagner

13
sa place dans cette bataille. Il ne faut pas
lâcher prise. Un travail qui n’est pas fondé
sur une connaissance et une approche
scientifiques reconnues ne peut donner
grand résultat. Il faut rompre avec cette
façon de faire qui a toujours fonctionné
chez nous. Les projets n’aboutissent pas,
car démunis d’expertise, d’approches et de
méthodes ; ils émanent pour la plupart de
décisions politiques à caractère
dogmatique et dépourvus d’évaluation et
d’expertise scientifique.
Question 7:
Le droit à la ville hautement réclamé par
Henri Lefebvre, suppose le droit à tous
citoyens et citadins d’exercer pleinement
ses activités socioculturelles dans un
cadre de respect de l’autre. En tant que
chercheur intéressé par la sociologie
urbaine comment voyez-vous cette
alchimie entre ce droit individuel protégé
par les lois et les constitutions : « le vivre
en ville » et se mouler dans le groupe
jusqu’à disparition ?
Dr BENYOUCEF Brahim : fait valoir comme droits, laissant émerger
On revient à la culture urbaine, c’est une
culture essentiellement de contrat. En ville
avec la proximité sociale et spatiale
interviennent les statuts pour instaurer dans
la diversité, des rapports plus complexes.
Donc, c’est vrai par rapport aux sociétés
primaires, petites communautés rurales et
urbaines d’échelle plus petites où les
groupes sociaux sont plus homogènes ; ils
se connaissent et vivent une certaine
proximité entre l’administré et
l’administrateur, société et culture se
distinguent fondamentalement. La ville, est
l’espace restreint où se concentre une
diversité de groupes, porteurs de projets
différents et de modèles différents de
représentation du temps et de l’espace. La
ville se distingue par la forte densité et par
la concentration de sa population dans
l’espace, par la rareté de son sol, par la
diversité culturelle de ses populations et
par le caractère hétérogène de ses
composantes sociales et humaines. Par
conséquent tous ces groupes, qui
composent une seule unité, soit la société
urbaine sont appelés à se reconnaitre dans
une façon commune de vivre leur espace
dans l’harmonie, malgré leur diversité.
Ceci étant le fondement de la culture
urbaine qui privilégie le principe de contrat
social, pour concilier entre la liberté de tout
chacun, ses droits dans la diversité et la
différence, et le devoir de tout chacun
envers la collectivité. En ville la proximité
sociale et culturelle des communautés
primaires est remplacée par un
enchevêtrement complexe de réseaux
auxquels le citoyen de la ville s’identifie.
L’homme de la ville ce n’est plus un
élément ou une composante d’une tribu ou
d’une famille ; il est à la fois membre
d’une communauté professionnelle ; il est
membre d’une communauté de voisinage ;
il est membre d’une communauté
associative, il fait partie d’un
enchevêtrement très complexe de milieux
sociaux ou de micro-milieux. Il est régi par
un contrat, chacun se comporte selon son
statut, selon ce qu’il doit et selon ce qu’il
une culture urbaine fondée sur les valeurs
communes, valeurs citoyennes de vivre
ensemble dans l’harmonie. Ces valeurs
inspirent des codes de conduite auxquels
doivent se conformer les citoyens pour
assurer les conditions de fonctionnement et
d’organisation de l’espace commun. On y
reconnait alors un code de l’entreprise; un
code de voisinage et un ensemble de codes
qui régissent la conduite de tous ; à la tête
de ces codes, la constitution. Oui, le droit à
la ville est aussi au cœur d’un contrat
fondé sur la conscience des rôles, des
droits, des devoirs et des responsabilités, et
sur la conscience de faire partie d’un tout
redevable de droits et auquel nous devons
des devoirs.
14

Question 8 :
Vous qui avez accumulé une expérience
dans l’enseignement de la discipline de
l’urbanisme à l’EPAU et à l’université
d’Alger et de Blida, voyez-vous que
l’enseignement de cette discipline trouve
les fruits escomptés dans les stratégies
urbaines du pays ou faudra-t-il à votre
avis rechercher de nouveaux outils face
aux défis et des enjeux urbains
d’actualité, il s’agit de la mondialisation,
du développement durable, de
l’urbanisation croissante à travers le
monde,…etc.
Dr BENYOUCEF Brahim :
Bien entendu, la situation est changeante à
des rythmes très accélérés. Rien que les
impératifs du développement durable
posent beaucoup de défis. Il va de soi pour
l’université qui voudrait préserver sa
crédibilité et sa raison d’être, de suivre
toute cette dynamique, afin de s’adapter à
tous ses défis et enjeux et de se projeter
dans ses perspectives ; et par conséquent
d’adopter les changements qui s’imposent
afin de redresser les trajectoires et
d’influencer la tendance des cours de
choses et, afin de mieux répondre aux
exigences du présent et pour se projeter
dans les perspectives de l’avenir. Cet
exercice doit être vital et indispensable à
l’université afin de garder sa place comme
pôle qui incarne l’innovation, l’espoir et le
changement. Bien entendu, c’est l’une des
missions fondamentales de l’université.
Mais, il va falloir équilibrer entre les
conditions de stabilité et les exigences de
changement. On ne peut pas tout changer
d’un coup, il faut savoir bâtir ces
changements et ces innovations sur des
fondements, des soubassements d’un
corpus accumulé d’expérience qui
garantissent la pérennité du système.
Question 9:
Les questionnements et les remises en
cause de cette discipline
(transdisciplinaire) qu’est l’urbanisme
moderne, pris dans les bouleversements
épistémologiques, sont le terreau de son
évolution et de sa contribution, pour
comprendre le phénomène urbain dans
toute sa complexité. Face à ce défi,
comment voyez-vous l’enseignement de
cette discipline dans le futur, faudra-t-il
sans cesse adopter de nouveaux outils ?
(Vous qui capitalisez plus de 30 ans
d’expérience dans les domaines de
l’enseignement universitaire, recherche
scientifique et expertise internationale).
Dr BENYOUCEF Brahim :
Oui, le changement est une exigence pour
la bonne santé d’un système, mais pas de
n'importe quelle façon. On continue
toujours à importer des modèles qui n’ont
pas été validés, auxquels le monde
n’adhère pas. On n’implique pas la société
dans le processus de changement. Or, il est
capital de maintenir le processus
d’amélioration et de changement ouvert et
continu, et de le soumettre à un processus
continu d’évaluation, un processus
cohérent de changement, tout en puisant
dans ses références, doit aussi
continuellement, procéder à la réévaluation
du patrimoine, des expériences capitalisées
et accumulées, afin de garantir la pérennité
et la cohérence du système, et doit
procéder à la réévaluation des exigences
nouvelles que les nouveaux contextes
imposent, afin de se projeter dans le futur
15
et de répondre au mieux aux exigences
nouvelles. Ceci implique une démarche de
projet global et inclusif ; ceci est très
important ! Lorsqu’on parle de projet, ça
sous-entend une démarche et un processus
qui part d’une vision. Un projet sans vision
n’est pas un projet. Il faut avoir une
vision pour élaborer une stratégie! Le
leadership ne peut avoir lieu sans vision!
Ensuite il faut adopter, engager un
processus de changement selon une
démarche de projet avec ce qu’elle
implique comme outils, comme
mécanismes, comme approches à la fois
d’évaluation, de validation, de rétroaction
et d’inclusion. Très important ! Il faut que
nos projets aient ce caractère inclusif, il
faut que la notion de partenariat, la notion
de contrat soient pleinement au cœur de
nos projets et notre façon de projeter nos
actions.
Question 10:
Vous qui avez travaillé en Algérie, et ici
au Canada, quelles sont les différences
entre le Canada et l’Algérie, en matière
d’urbanisme et de développement
urbain?
Dr BENYOUCEF Brahim :
Certaines caractéristiques fondamentales
distinguent les pays d’Amérique du Nord.
Ce sont des pays, des cultures et des
sociétés de formation et d’histoires
récentes. Ils s’identifient davantage dans
leur action urbanistique et architecturale à
la technologie et à l’innovation moderniste.
Ils puisent leurs références davantage dans
des contextes récents et modernes et
reconnus pour leur innovation et avancée
technologique. Ils sont moins portés sur
l’histoire et le patrimoine, que sur la
technologie et sur l’innovation.
Contrairement aux vieux continents
notamment en Afrique et en Europe où
l’importance est accordée à l’esthétique, au
patrimoine et aux aspects de la
composition et aux aspects sensoriels. En
Amérique du Nord on a tendance à
privilégier les aspects fonctionnels. C’est
le promoteur qui fait la ville en appliquant
des modèles préétablis. L’institution
publique ne fait qu’encadrer cette action
par le zonage qu’elle gère d’une façon plus
pragmatique. Il ya moins de rigidité de
plans qu’en Algérie. Ici il y a des stratégies
d’aménagement, mais au niveau de la
réglementation, il ya beaucoup plus
d’ouverture. C’est géré d’une façon plus
pragmatique. Toutefois, ces changements
sont définis dans une vision globale. Ceci
dit, ils sont gérés au coup par coup. Mais,
la différence qui garantit le bien-fondé de
la décision c’est qu’ils sont faits sur une
base participative. Non seulement, les
conseillers qui font partie du pouvoir
municipal sont impliqués dans le processus
décisionnel ; mais, également tout le
mouvement associatif et tous les citoyens
sont conviés à participer aux consultations
publiques et aux conseils municipaux pour
faire valoir leur avis, en matière de
décision de zonage et de ses modifications.
Il y a des mécanismes de participation à la
décision et à la consultation, d’autant que
plus que la consultation publique est très
forte et qu’aucun pouvoir public n’agit à
son encontre. Il ya aussi le sondage, qui
constitue l’indicateur principal qui oriente
les grandes décisions politiques à toute les
échelles municipale, provinciale et
fédérale. Voici d’une façon globale, sur
l’urbanisme au Canada, qui est dominé par
l’approche fonctionnelle et géré par des
mécanismes participatifs émanant des
principes de la démocratie locale et
16
municipale. Il ya d’autres problématiques corriger les situations actuelles, que ce soit
qui orientent les préoccupations des au niveau physique ou au niveau des
urbanistes ici. maladresses mentales, au risque de rater et
À la fin M. Benyoucef, je vous remercie au le présent et l’avenir. Si le mal est fait, il
nom des membres du groupe Atelier faut garder l’espoir de l’avenir et s’assurer
Projet Urbain de nous avoir accordés de mieux se projeter dans le futur. Miser
cette entrevue et de nous avoir accueillis sur les nouvelles valeurs et initier les
chez vous. Je vous encore merci, merci. actions de changement et d’innovation, en
vue d’assurer un futur meilleur et projeter
pour les futures générations un avenir
Dr BENYOUCEF Brahim :
attendu. La situation actuelle peut
Je vous en prie ! C’est moi qui vous
également être remédiée, grâce à des
remercie également de m’avoir donné cette
réformes institutionnelles, qui peuvent
occasion de rencontre, de partage et
produire un nouveau contexte pour les
d’échange. C’est toujours avec un grand
nouvelles générations. On peut en effet
amour et un grand plaisir d’échanger avec
s’investir dans des contenus éducatifs qui
des amis avec qui j’ai beaucoup travaillé ;
vont faire valoir toutes les vertus d’un bon
des enseignants ; des étudiants et des
développement pour les nouvelles
chercheurs que j’ai encadrés et dont j’ai
générations. Ça c’est une bonne chose,
fait partie de jurys et tous ceux dont j’ai eu
mais il va falloir aussi leur préparer les
le plaisir de rencontrer. J’ai une grande
conditions d’un contexte qui s’y prête.
nostalgie de tous ces bons moments qu’on
Tout le monde est appelé à faire cet
avait passés ensemble, je vous souhaite
exercice et assumer sa responsabilité dans
beaucoup de succès et « INCHALLAH »
le changement. Il faut réhabiliter les
beaucoup de réussite. Il faut que le contact
bonnes façons de faire. Aucun projet ne
demeure et que la communication
peut démarrer sans vision ! Il n’y a pas de
demeure. C’est très important ! Puis, le
stratégies qui prennent forme sans vision.
défi se fait de plus en plus grand, lourd et
Ce processus de réforme, d’innovation et
pesant par rapport à vous, à la nouvelle
de changement doit démarrer. Vous
génération. Même si le bilan parait négatif
incarnez cet espoir qui doit être le mobile
et très alarmant, notre religion nous
pour avancer davantage. C’est toujours
enseigne de toujours garder l’espoir, c’est
cette volonté d’améliorer les situations et
grâce à cet espoir qu’on peut rester motivés
ce sont toujours les crises qui stimulent
et rechercher de nouvelles solutions. C’est
notre génie et motivent notre volonté de
dans ce processus que notre génie est mis à
mieux faire ! On se forge une volonté de
l’épreuve. Le génie de l’Homme apparait
faire, d’améliorer et d’innover lorsqu’on
dans les crises qui stimulent l’innovation et
est confronté à des situations de crises !
le changement (‫)األزمة تولد الهمة‬. Vous êtes
là pour affronter ces contextes, leurs
enjeux et leurs défis et exercer votre génie
pour répondre aux exigences de la
situation. Il ne faut pas chercher à trop

17
Liste des abréviations :
EPAU : Ecole Polyethnique d'architecture et d'Urbanisme
OPVPM : Organisation des villes du patrimoine mondial PDAU : plan directeur
d'aménagement et d'urbanisme
USTHB : université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene
Février 2014