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C'est le Cheikh – le Maître – dans toutes ses dimensions. C'est le maître accompli dans toutes
les charges afférentes aux fonctions d'un maître : maître de Coran, des sciences islamiques
classiques, auteur d’ouvrages, éducateur spirituel, éducateur par le comportement quotidien
dans la famille, dans le travail et dans l'adoration]. Il est le porte-parole de son temps, la
lumière de son époque, façonnée d'un moule unique (incomparable), le lieu focal du regard
divin parmi les créatures, la porte ouverte de ceux qui souhaitent accéder à l'Enceinte scellée
de Dieu, l'unique de son siècle dans la science et dans la religion, le maître de son moment
dans l'éducation spirituelle (tarbiyya), le symbole des bien dirigés, le sceau des gnostiques du
quatorzième siècle de l'Hégire. Il est la beauté des jours et des nuits, la preuve des gnostiques
(connaisseurs de Dieu) remarquables, la lueur de la communauté muhammadienne, le
défenseur de la voie ahmadienne, ibrahimique, la pure (il s'agit là de la voie tijaniyya
conforme à la foi pure (hanîfa) du père des croyants, (le prophète Ibrahîm), la crème de ses
hommes majestueux. Il est l'aube des sciences et des connaissances, la somme des deux mers
des sagesses et des [connaissances][1], la citadelle imprenable, la grotte élevée hors de portée,
la perle de la couronne des nobles véridiques, la perle centrale du précieux collier des pôles
hors pairs, le porteur du drapeau des honneurs parmi la créature, le rassembleur des sciences
dispersées parmi les grands savants çufi de la communauté, du premier au dernier. Il est doué
des beaux caractères et des saintes qualités morales mouhammadiennes. Il est la limite des
sciences émises par la Vérité Qui Gratifie [haqqâniyya et wahbiyya], des connaissances
divines issues de la miséricorde de Dieu [rahmâniyya et rabbâniyya]; station qui ne saurait
être décrite même avec prolixité et loquacité, par la simple grâce et la faveur de Dieu.
Il est celui qui n’a point d'égal ni de semblable, ni dans le présent ni dans le futur, celui-là qui
s'est solidement installé sur la crête de la noblesse, de la pureté et de l'accomplissement par le
biais de l'héritage muhammadien et de l'éducation spirituelle ahmadien khatmien [c'est-à-dire,
de par la formation dans la tarîqa de Cheikh Ahmad Tijân, le sceau, Alkhatm, des saints]. Paré
des couronnes des plus beaux joyaux de joaillerie, il possède les indications subtiles et des
instructions conduisant vers les grandes réalisations, les expressions inspirantes.
Il s'agit là de notre maître, notre intercesseur envers notre Seigneur, le pôle, l'unique, le saint
(rabbânî), le grand gnostique, le ferme (samdânî)[2], Cheikh Ibrahîm Niass, fils de cAbdallah
le Tijânî, fils de Seyyidi Muhammad, fils Mademba, fils de Bakary, fils de Muhamadul Amîn,
fils de Samba fils de Ridà (RA).
[Ridà, était lui un émigré arabe, qui s'est réfugié au Jolof, pourchassé à la suite d'une guerre
sainte à laquelle il a pris part. Arrivé au Jolof, il a épousé la dame Djeyla, princesse issue de la
famille du Roi de Jolof ou Bourba Jolof. Voir plus bas, la note de Ibrahim Abu Bakr Niass].
• Naissance
Il est né le soir du Jeudi, quinzième jour du cinquième mois de l'année lunaire de 1320, après
l'Hégire à Tayba, village fondé par son père. Le sens du nom de ce lieu de sa naissance
[Tayba signifiant pure ; étant aussi un nom de la ville du Prophète (psl)] préfigurait déjà de
l'avenir majestueux de cet imâm majestueux.
• Enfance et formation
Il a grandi dans le giron de son père. Ce dernier, caractérisé par la chasteté, la crainte
révérencielle, la bravoure, la vertu, une grande éducation, et par une grande dévotion, lui
appris le Coran, version warch can nâficiñ, jusqu'à la maîtrise complète.
Dès son enfance, il manifestait déjà des signes patents de réussite. Mais, il redoubla d'efforts
et ne les ménagea pas, en vue de l'acquisition des sciences classiques, celles qui sont énoncées
(mantûqa) et celles qui sont inspirées (mafhûma) (voir note 1). Il persévéra jusqu'à atteindre
les objectifs en acquérant l'expertise avérée dans toutes les branches des sciences religieuses,
en y occupant une place de premier choix, en très peu de temps. Alors, Dieu l'établi comme
une miséricorde pour ses serviteurs, comme un avantage pour les métropolitains et pour les
provinciaux.
C'est son père, à l'autorité ancrée et à la célébrité répandue, qui s'est personnellement chargé
de son éducation. Il reçut de ce père là, par la grâce de Dieu, les perles des utilités et le nectar
des secrets, des invocations et des us et coutumes. Par la suite, Dieu lui accorda la grande
ouverture, et lui accorda les sciences infuses [culûmuñ wahabiyyatuñ laduniyyatuñ : sciences
infuses accordées par Dieu dans sa promiscuité, sciences qu'on n’acquiert pas par l'effort
personnel ni par l'apprentissage]. Il ne les a apprises de personne ; plutôt, Dieu – celui qui
connaît toute chose – les lui a accordées par inspiration divines.
• Enseignements et études
Il ne cessa de fructifier des acquis de sa science et d'en propager les résultats, jusqu'à ce que
les foules, désireuses de sciences, affluèrent vers lui et s'inscrivirent dans ses écoles. Ces
écoles ont formé de grands savants, vertueux, et pratiquants. Les savants versés dans les
sciences rationnelles et dans la gnose, ont témoigné de cela. Ses bénédictions se sont
répandues sur l'ensemble des frères tandis que sa position a survolé celles de tous ses
contemporains.
Ensuite, il se dressa pour le service des créatures, jour et nuit, matin et soir, au moyen des
sciences infuses et les connaissances divines.
Il monopolisa et enfourcha le Coran [enfourcher : image pour dire « maîtriser »], les traditions
du Prophète (PSL), la littérature, l'enseignement, l'orientation, l'éloquence, la rhétorique dans
ses multiples aspects, à un tel point qu'un autre s'y sentirait comme un pique-assiette. Les
littéraires de son époque, des contrées immédiates et lointaines, ont tous témoigné de cela.
Quand il s'exprime, les maîtres arabes de l'éloquence se mettent à genoux en lui tendant
l'oreille, et qussuñ ibn sâcida devient bâqil à ses cotés. [quss, célèbre poète et littéraire arabe.
On le donne souvent en exemple de quelqu'un de très doué, devant Bâqil, exemple d'homme
plutôt insignifiant]. Il avait la maîtrise de toutes les sciences rationnelles et les sciences
transmises []. Il les manipulait à sa guise dans multiples sens, y extrayait ses perles, à
l'improviste, de ses mines.
Quant aux vérités essentielles divines et les connaissances saintes, il en fut le dépositaire, la
clé, la niche, la lanterne et le verre [termes typiques empruntés à la description coranique de la
lumière divine : Dieu est la lumière des cieux et de la terre. Il en est de Sa lumière comme
d'une niche où trouve une lampe, dans un vers, le verre, comme un astre de grand éclat ...,
Coran 24 :35].
Ses honneurs, ses gloires, ses bienfaits envers la créature de Dieu, de toutes sortes, matériels
et immatériels, sont si nombreux que toutes les plumes et les langues du monde ne peuvent les
énumérer. Il a tété les mamelles de la gloire, de la bonne éducation et de l'effort librement
consenti en vue de l'obtention de l'agrément de Dieu l'Affectueux et le Gracieux, de
l'assistance aux pauvres et démunis et impotents. Il persévéra dans cette voie jusqu'à ce que sa
renommée se propagea et illumina les horizons. Furent plantés devant lui les drapeaux de la
victoire, sans contestation possible. Il ne cessa, durant sa vie, de gratifier excellence, surplus,
dons et grâces, à tout instant, à tout moment. L'écoulement de ses bienfaits et de sa générosité,
et de sa bienfaisance est comme un mouvement perpétuel de va et vient dans tous les recoins.
En résumé, ses qualités sont innombrables hors de portée de toute inspection. Les chiffres,
mêmes utilisés sur toutes les feuilles, ne sauraient y parvenir !
Quant à son excellence en poésie (nazm), prose (nathr), en rhétorique (badîca), allitération
(aäjnâs), en éloquence (fasâha et bayân) de la plume et de la langue, ni Sahbân ni Hasân ne
sauraient rivaliser avec lui. [Sahbân bn wâyïl et Hasân sont deux très grands poètes et
littéraires arabes, donnés en exemple de sommités dans ces domaines]
• Son œuvre
yaqzati wa äl-manâm
et en état de sommeil.
Qu'il te suffise pour preuve de son mérite, sa haute autorité, la grandeur de ses
préoccupations, son élection par le seigneur, comme le puits de breuvage de ceux qui ont soif,
le point de refuge des pèlerins aspirants, le secoureur de ceux qui cherchent protection, le
succès des nécessiteux, l'aliment de ceux qui frappent aux portes. Considère aussi l'avènement
de la fayda [profusion mystique permettant au Cheikh me mettre en contact les disciples avec
l'enceinte sacrée divine] , celle-là même qui a été prédite par Cheikh Ahmad Tijâni, le pôle ,
le sceau caché, le muhammadien, le connu. Il s'était propagé que celle-ci devait se produire à
la fin des temps. Des milliers de disciples ont atteint, par son intermédiaire, à la gnose
parfaite, en témoins occulaires. Des délégations, par groupes, lui sont venues de toute part, de
toute race, ont embrassé notre Voie, voie des grâces rabbâniques et des dons gnostiques.
Tous ceux qui ont pris ce wird précieux, ont obtenu le secours spirituel (madad)[4] et se sont
installés dans les contrées de la gnose.
Le poète déjà cité, äl-tungudî, a dit à ce propos :
O toi le meilleur vers qui les chameaux sont dirigés vers sa porte,
Tu es son tubbacu, son qaysar, son charwân, son najâch, son khâqân[6]
(Ceci est un extrait de la note de présentation que Cheikh Aliou Cissé, grand lieutenant de
Cheikh Ibrahim Niass, a faite de l'auteur de Kâchif al-ilbâs, qu'est Cheikh Ibrahim Niass. Pour
cette première version, les frères sont invités à nous aider à améliorer ce texte que seules les
cérémonies de Taiba-Niassène 2002 nous ont pressés pour son insertion dans le site).
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[1] Ghawâfir est pluriel de ghârif, ayant aussi le sens de maghrûf selon le dictionnaire Lisân,
qui signifie « puisé ». Ici « culûm » et « ghawâfir » signifient, à mon avis, pour «c ulûm » : les
sciences qu'on peut acquérir par l'enseignement par un maître, dites par ailleurs « mantûqa»,
c'est-à-dire, exprimées ou énoncées par un maître ou un livre ; pour « ghawâfir » : les
connaissances qu'on puise soi-même, par ses efforts intellectuels, ou par inspirations, dites par
ailleurs « mafhûma », c'est-à-dire, comprises ou inspirées.