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© Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales AF 103 − 1
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES ___________________________________________________________________________________________________
n
1. Résultats généraux valeurs dans E : on peut diminuer l’ordre de l’équation différen-
tielle en augmentant la taille de l’espace, dite taille de l’équation.
Par exemple, si l’équation initiale est scalaire (c’est-à-dire si
E = K ) d’ordre n, elle équivaut à une équation vectorielle de
1.1 Position du problème taille n, mais d’ordre 1.
Exemple 1 : l’équation :
Une équation différentielle est dite linéaire lorsqu’elle exprime la t
condition d’annulation d’une application linéaire, ou si l’on veut x ′= e x
d’un opérateur différentiel. Par opposition aux équations aux déri- est une équation différentielle linéaire scalaire homogène d’ordre 1.
vées partielles, les équations différentielles ont pour fonctions
inconnues des fonctions d’une seule variable scalaire. Nous nous Exemple 2 : l’équation vectorielle d’ordre 2, de taille 2 :
intéresserons principalement au cas où la variable est réelle. Si E est
un espace vectoriel normé, on note +c ( E ) l’espace des endomor-
x ″ = tx ′ + x + x
phismes continus de E. 1 2 1 2
2
x 2″ = x 1′ + t x 2′
Définition 1 : Soit I un intervalle de R, E un espace de Banach
sur K, n ∈ N∗, a 0, …, a n – 1 des applications continues de I vers équivaut à l’équation vectorielle d’ordre 1, de taille 4 :
+c(E). On dit que x, application n fois dérivable de I vers E, est
solution de l’équation différentielle linéaire homogène d’ordre
′
x1 0 0 1 0 x1
n:
(n) (n – 1) x2 0 0 0 1 x2
( %′ ) x = an – 1 ⋅ x + … a1 ⋅ x ′ + a0 ⋅ x = 1 1 0 t
x 1′ x 1′
x2′ 0 0 1 t x 2′
lorsque : 2
(n) (n – 1)
∀t ∈ I x ( t ) = an – 1 ( t ) ( x ( t ) ) + … + a 1 ( t ) (x ′( t ) ) + a 0 ( t ) ( x ( t ) ).
■ La linéarité de l’équation s’exprime dans la description de
l’ensemble S ’ des solutions de :
On constate que la notation a 0 ⋅ x , par exemple, est une abrévia- ( %′ ) X′ = a ⋅ X
tion commode de la notation a 0 ( x ) , elle-même forme fonctionnelle
Proposition 1.
de l’expression t Œ a 0 ( t ) ( x ( t ) ) . Elle permet d’alléger le nombre de 0
Si a ∈ C (I, + c ( E )) , S’ est un sous-espace vectoriel de C ( I, E ) .
1
parenthèses utilisées, et de s’adapter au cas usuel, que l’on va évo- Preuve. e Puisqu’une solution X est dérivable, elle est continue.
quer ci-après, où les applications linéaires sont représentées par des
tableaux ou des matrices. Or t Œ a ( t ) est aussi continue ; donc t Œ a ( t ) ⋅ ( X ( t ) ) est conti-
nue et X ’ aussi par conséquent. Ainsi :
L’ordre n de l’équation est celui de la dérivée exprimée en fonc-
tion des dérivées d’ordre inférieur. 1
S ′ ⊂ C ( I, E ) .
■ Écriture à l’aide de tableaux ou de matrices D’autre part, 0 ∈ S ′ et, si X, Y sont dans S ’, on a :
Notons a le tableau dont les éléments sont eux-mêmes des appli-
cations linéaires continues : ( λX + µY )′ ( t ) = λX ′ ( t ) + µY′ ( t ) = λa ( t ) ( X ( t ) ) + µa ( t ) ( Y ( t ) )
0 Id 0 … 0 = a ( t ) ( λX ( t ) + µY ( t ) ) .
6 Donc S ’ est stable par combinaison linéaire. e
a =
0 0 … 0 Id Le fait que la somme de deux solutions de ( %′ ) est encore une
a0 a1 … … an – 1 solution de ( %′ ) s’exprime en disant que la superposition de deux
solutions est solution.
n Nous avons introduit le terme d’équation linéaire homogène, ce
Soit X, application de I vers E , dont les composantes sont écri-
tes en colonne : dernier adjectif pouvant sembler superflu. Il n’est dû qu’à une cir-
constance historique, qui fait traditionnellement appeler équation
x différentielle linéaire avec second membre, ou encore non homo-
gène, une équation différentielle :
x′
X = 6 (%) X′ = a ⋅ X + b ,
x ( n – 1) 0 0
où a appartient toujours à C (I, + c ( E )) , et b ∈ C ( I, E ) .
Une terminologie plus adaptée, qui n’a pas prévalu, serait celle
L’équation ( %′ ) admet la forme équivalente : d’équation différentielle affine.
X′ = a⋅X. L’expression « avec second membre » provient de la mise de ( % )
sous la forme :
n
Ici, a ( t ) ∈ +c ( I, E ) et a ( t ) est représentée sous forme d’un
X′ – a ⋅ X = b
tableau d’éléments de +c ( E ) . En particulier, Id désigne l’identité de
À l’équation ( % ) , on associe systématiquement l’équation ( %′ )
E et 0 l’endomorphisme nul de E.
sans second membre :
Nous avons pu ramener l’équation ( %′ ) à une équation différen-
tielle linéaire homogène d’ordre 1, dont la fonction inconnue est à X′ – a ⋅ X = 0 .
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__________________________________________________________________________________________________ ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
( %′ ) X′ = a ⋅ X . Soit t 0 ∈ J et µ la longueur de J.
Si X 0 ∈ S , alors :
0
Lemme 1. Soit X, Y ∈ C ( J, E ) . Il existe une constante K telle
S = X0 + S ′ . que, pour tout p > 0 :
p
Preuve. e Si X 0 ∈ S, X 0′ = a ⋅ X 0 + b . Donc : p p K
ϕ (X) – ϕ (Y) ∞ < -----
-
p! X – Y ∞
X ∈ S ⇔ X ′ – a ⋅ X = X 0′ – a ⋅ X 0
Preuve. e Montrons par récurrence sur p le résultat :
⇔ ( X – X0 ) ′ = a ⋅ ( X – X0 ) ⇔ X – X0 ∈ S ′ e
p
t – t0
Si X0 est considéré comme solution particulière de ( % ) , la solu- ∀t ∈ J
p p
ϕ ( X ) ( t ) – ϕ ( Y ) ( t ) < -----------------
- a p
X –Y
p! ∞ ∞
tion générale de ( % ) est la somme de X0 et de la solution générale
de ( %′ ) . Plus géométriquement, S est obtenu à partir de S’ par la
Il est vrai pour p = 0 . Supposons-le vrai pour un certain p ; alors :
translation de vecteur X0.
p
∫
t
Une autre conséquence de la forme de l’équation ( % ) est la sui- s – t0
p+1 p+1 p
vante. Si : ∀t ∈ J ϕ (X)(t) – ϕ (Y)(t) < a ( s ) ------------------
p!
- a
∞ X–Y ∞ ds
t0
X 1′ = a ⋅ X 1 + b 1 et X 2′ = a ⋅ X 2 + b 2 p+1 p+1
a ∞ t – t0
t – t 0 p + 1 ------------------------ p+1
< --------------------
p!
- X–Y
∞ --------------
- = ( p + 1 )! - a ∞ X–Y ∞ .
alors : p+1
X′ = a ⋅ X + b ; X ( t0 ) = X 0 .
1.2 Description de l’ensemble
des solutions
Preuve. e Fixons J un segment inclus dans I contenant t0.
Pour p > p 0 :
On considère le problème de Cauchy : p
K 1
------ < --- ,
0 p! 2
( % ) X ′ = a ⋅ X + b ; X ( t0 ) = X
p0
de sorte que ϕ est lipschitzienne de rapport < 1 . Elle admet donc
0
où ( t 0, X ) ∈ I × E est donné. Il s’agit donc de trouver les solutions 0
dans l’espace de Banach C ( J, + c ( E ) ) un unique point fixe X. Mais
d’une équation ( % ) qui, à l’instant t0 (dit initial), occupent la posi- alors :
0
tion X (dite position initiale). p p
ϕ 0( ϕ ( X ) ) = ϕ ( ϕ 0( X ) ) = ϕ ( X )
Le problème de Cauchy entraîne, par intégration :
de sorte que ϕ ( X ) = X par unicité. Donc ϕ admet un point fixe, uni-
∫
t p
0
que, car tout point fixe de ϕ l’est pour ϕ 0 .
X(t) – X = ( a ( s ) ⋅ X ( s ) + b ( s ) ) ds .
t0 En d’autres termes, le problème de Cauchy admet une unique
solution sur J. Elle est aussi unique sur I par restriction à chaque J.
L’existence d’une solution sur I provient du fait que I est réunion
Réciproquement, si X ∈ C 0( I, E ) vérifie l’égalité précédente, elle d’une suite croissante de segments, sur chacun desquels on défi-
sera par dérivation solution du problème de Cauchy. nira une solution, coïncidant avec la restriction de la solution sur un
Soit donc : segment plus grand par unicité. e
0 0
Le procédé précédent est numériquement praticable. En effet,
ϕ : C ( I, E ) → C ( I, E ) posant X p = ϕ p( 0 ) , on a :
p
X Œ ϕ(X) K
Xp + 1 – Xp < C -----
-
∫
t
∞ p!
0
où ϕ ( X ) ( t ) = X + ( a ( s ) ⋅ X ( s ) + b ( s ) ) ds .
t0 et la suite ( X p ) p > 0 converge vers sa limite mieux qu’exponentielle-
Il s’agit de trouver les points fixes de cette application ϕ. ment. Le procédé peut néanmoins présenter des difficultés aux
La norme sur E est notée | . |. extrémités de I lorsqu’elles n’appartiennent pas à I.
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Le théorème 1 admet d’importantes conséquences. On lui associe le problème de Cauchy à la condition initiale
( t 0, Id ) , où t 0 ∈ I . Le théorème 1 entraîne l’existence d’une solution
0 0 M t0 . Posons :
Théorème 2. Soient a ∈ C ( I, + c ( E ) ) , b ∈ C ( I, E ) et t 0 ∈ I .
Notons S l’ensemble des solutions de l’équation : R ( t, t 0 ) = M t 0 ( t ) .
(%) X′ = a⋅X+b 0
Si X ∈ E , posons :
et S’ celui des solutions de l’équation homogène associée :
0
( %′ ) X′ = a⋅X . X ( t ) = R ( t, t 0 ) ( X ) .
Alors :
Alors :
(1) l’application
S →E ∂R 0 0 0
X ′( t ) = ------
∂ t ( t, t 0 ) ( X ) = M ′ t 0 ( t ) ( X ) = ( a ( t ) ° M t 0 ) ( t ) ( X )
X Œ X ( t0 )
0
est un isomorphisme linéaire ; = a ( t ) [ M t0 ( t ) ( X ) ]
(2) l’application = a(t)(X(t)) .
S→E
Autrement dit, X est solution de l’équation :
X Œ X ( t0 )
( %′ ) X′ = a ⋅ X .
est un isomorphisme affine.
En particulier, S ’ est un espace vectoriel isomorphe à E et S En outre :
un espace affine de direction S ’.
0 0 0
X ( t 0 ) = M t0 ( t 0 ) ( X ) = Id ( X ) = X .
Preuve. e
(1) La linéarité de X Œ X ( t 0 ) est évidente. Le théorème 1 exprime Cela signifie que X est la solution de ( %′ ) qui, à l’instant t0, prend
(dans le cas ou b = 0 ) que cette application est bijective. la valeur X 0.
(2) La situation est identique. Il faut noter que le théorème 1 La connaissance de R permet donc de résoudre complètement
entraîne que S n’est pas vide. Par conséquent, si X0 est un élément l’équation ( %′ ) .
particulier de S, on a :
S = X0 + S ′ , Définition 2. On appelle résolvante de l’équation ( %′ )
l’application :
ce qui montre que S est la direction S ’. e
2
Les théorèmes 1 et 2 rendent compte du fait que le problème de R : I → +c ( E )
Cauchy est un problème bien posé (existence et unicité de la solution).
( t, t 0 ) Œ R ( t, t 0 ).
n
Exemple 3 : si E = K , l’ensemble S ’ des solutions de ( %′ ) est
un espace vectoriel de dimension n.
On se rappelle que
Exemple 4 : si E = K , considérons l’équation différentielle sca-
laire d’ordre n : ∂R
------ ( t, t ) = a ( t ) R ( t, t )
(n) (n – 1)
∂t 0 ° 0
x = an – 1 x + … + a0 x .
et que
L’espace S ’ des solutions est un espace vectoriel de dimension n. Si
t 0 ∈ I , on dispose de l’isomorphisme linéaire : R ( t 0, t 0 ) = Id .
n
S→K La solution du problème de Cauchy :
(n – 1) .
x Œ ( x ( t 0 ), x ′( t 0 ), …, x ( t0 ) )
0
X ′= a ⋅ X ; X ( t 0 ) = X
0
Ainsi, dans ce cas, la condition initiale X ( t 0 ) = X s’exprime par n
conditions initiales scalaires portant sur les dérivées successives de x est alors fournie par l’égalité :
en t0 :
0
0 1 (n – 1) n–1 X ( t ) = R ( t, t 0 ) X .
x ( t0 ) = x ; x ′( t 0 ) = x ; … ; x ( t0 ) = x .
Il faut remarquer que, sauf cas particulier, la détermination de R
ne se fait pas explicitement par quadratures, c’est-à-dire à la seule
aide d’intégrations.
1.3 Résolvante
Proposition 3.
0
On a :
Soient a ∈ C ( I, + c ( E ) ) et l’équation à l’inconnue M à valeurs
(1) ∀t 1 ∈ I R ( t 1, t 1 ) = Id .
dans + c ( E ) : 3
(2) ∀( t 1, t 2, t 3 ) ∈ I R ( t 1, t 2 ) ° R ( t 2, t 3 ) = R ( t 1, t 3 ) .
M′ = a ⋅ M . (3) ∀( t 1, t 2 ) ∈ I
2
R ( t 1, t 2 ) est inversible, d’inverse R ( t 2, t 1 ) .
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= a ( t ) ° R ( t, t 2 ) ° R ( t 2, t 3 ) = a ( t ) ° ϕ ( t )
1.4 Équations différentielles
et ϕ ( t 2 ) = R ( t 2, t 3 ) .
dans un espace de dimension finie
Si ψ ( t ) = R ( t, t 3 ) , on a aussi :
ψ ′( t ) = a ( t ) ° ψ ( t )
Supposons que E est de dimension n. Dans ce cas :
et
+c ( E ) = + ( E ) .
ψ ( t 2 ) = R ( t 2, t 3 )
Le choix d’une base permet d’identifier les éléments de E à ceux
Par unicité : de Kn, ou encore aux vecteurs de M n ,1 ( K ) (matrices unicolonnes).
Les endomorphismes de E peuvent alors être identifiés à des matri-
∀t ∈ I ϕ(t) = ψ(t) ces de M n ( K ) .
et, en particulier : Soit donc ( %′ ) l’équation :
ϕ ( t1 ) = ψ ( t1 ) . X′ = a⋅X .
L’espace S ’ des solutions est, d’après le théorème 2, un espace
(3) Il suffit d’appliquer (2) à t 3 = t 1 et d’utiliser (1). e vectoriel de dimension n. Une base S ’ est appelée système fonda-
La connaissance de R permet aussi de résoudre ( % ) . mental de solutions.
Proposition 4.
Soit R la résolvante de l’équation homogène attachée à : Définition 3. Si X 1, …, X n sont n applications dérivables de I
dans M n, 1 ( K ) , on appelle matrice wronskienne de ces appli-
(%) X′ = a⋅X+b . cations la matrice :
La solution de ( % ) qui à l’instant t0 prend la valeur X 0 est alors : W ( t ) = [ X 1 ( t ), … , X n ( t ) ] .
∫ Rt
t
X ( t ) = R ( t, t 0 ) ( 0, s ) b ( s ) ds + R ( t, t 0 ) X .
0 Le déterminant de W ( t ) , noté w ( t ) , est appelé wronskien.
t0
Proposition 5.
Preuve. e Cherchons X ( t ) sous la forme R ( t, t 0 ) Y ( t ) , ce qui
revient à poser : Soient ( X 1, …, X n ) ∈ S ′ n et W leur matrice wronskienne.
Les propriétés suivantes sont équivalentes :
Y ( t ) = R ( t 0, t ) X ( t ) .
(1) ( X 1, …, X n ) est un système fondamental de solutions ;
Il vient : (2) pour tout t ∈ I, W ( t ) est inversible ;
∂R (3) il existe t 0 ∈ I tel que W ( t 0 ) est inversible.
( % ) ⇔ ------
∂t ( t, t 0 ) Y ( t ) + R ( t, t 0 ) Y ′( t ) = ( a ( t ) ° R ( t, t 0 ) ) Y ( t ) + b ( t ) . Preuve. e Ces équivalences résultent du fait que, pour t 0 ∈ I ,
l’application :
Comme : n
S′ → K
∂R
------ ( t, t ) = a ( t ) R ( t, t ) ,
∂t 0 ° 0 X Œ X ( t0 )
il s’ensuit : est un isomorphisme, et donc transforme une base en une base. e
Y ′( t ) = R ( t 0, t ) b ( t ) . Pour montrer que ( X 1, …, X n ) est un système fondamental de
solutions, il suffit donc d’évaluer w ( t 0 ) pour un certain t 0 de I, et de
Finalement : vérifier que w ( t 0 ) ≠ 0 .
On peut d’ailleurs calculer w ( t ) .
∫ Rt
t
0
Y(t) = ( 0, s ) b ( s ) ds + X
t0
Lemme 2. Soient V 1, …, V n ∈ M n, 1 ( K ) et A ∈ M n ( K ) . Alors :
ou : n
∫
t n
X(t) =
0
R ( t , s ) b ( s ) ds + R ( t , t 0 ) X . AV i = ∑ αij Vj ,
t0 j=1
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n
où la matrice [ α ij ] est semblable à A (elle représente le même endo- où x, application inconnue, appartient à C ( I, K ) et où
morphisme dans la base ( V 1, …, V n ) ). Dans ces conditions : a n – 1, …, a 0, b sont dans C 0( I, K ) . Posons :
det ( V 1, … , AV i , … , V n ) = α ii det ( V 1, … , V i , … , V n )
0 1 0 0
0
et donc : 6
A = 0 et B =
n n 0
0 0 1
∑ det ( V1, … , AVi , … , Vn ) = ∑ α ii det ( V 1, … V n ) . a0 an – 2 an – 1
b
i=1 i = 1
n
∫
t
∑ det ( X1 ( t ), … X i′( t ) , … Xn ( t ) ) x1 …… xn
w ′( t ) =
i=1 x 1′ …… x n′
W =
6 6
= ( tr a ( t ) ) w ( t ) grâce au lemme 2. (n – 1) (n – 1)
x1 …… xn
La résolution de cette équation différentielle linéaire scalaire
d’ordre un donne le résultat (cf. § 2). e
qui n’est autre que la matrice wronskienne des vecteurs X 1, …, X n
On peut très facilement exprimer la résolvante à l’aide d’un sys-
associés à x 1, …, x n .
tème fondamental de solutions ( X 1, … X n ) , ou si l’on veut de sa
matrice wronskienne W ( t ) . En effet : Nous disposons, pour t 0 ∈ I , de l’isomorphisme linéaire :
n
W ′( t ) = [ X 1′ ( t ), … X n′ ( t ) ] = [ a ( t ) X 1( t ) , … a ( t ) X n ( t ) ] = a ( t ) W ( t ) . S′ → K
(n – 1)
x Œ ( x ( t 0 ), … x ( t0 ) )
Par conséquent, pour s ∈ I fixé :
Il en résulte que ( x 1, …, x n ) est une base de S’ si, et seulement si,
–1
( W ( t ) W ( s ) )′ = a ( t ) ( W ( t ) W ( s ) ) .
–1 W ( t 0 ) est une matrice inversible. Notant w le déterminant de W
(appelé déterminant wronskien), cette condition équivaut à
–1 w ( t 0 ) ≠ 0 . Notons que :
Comme W ( s ) W ( s ) = Id , on voit que :
∫a
t
R ( t, s ) = W ( t ) W ( s )
–1
. w ( t ) = w ( t 0 ) exp n – 1 ( s ) ds
t0
Si, réciproquement, R ( t ,s ) est connu pour un s et pour tout t, les par un calcul déjà effectué (proposition 6).
colonnes de sa matrice forment un système fondamental de solu-
tions. Proposition 7.
Notons que l’on peut exprimer la solution de : Soit x ∈ S ′, x ≠ 0 . Les zéros de x sont isolés.
Preuve. e Soit t 0 ∈ I . On ne peut avoir :
0
(%) X ′ = a ⋅ X + b ; X ( t0 ) = X (n – 1)
x ( t0 ) = … = x ( t0 ) = 0 ,
∫
t
–1 –1 0 a p > 1 et, d’après Taylor-Young :
X(t) = W(t) W ( s ) b ( s ) ds + W ( t ) W ( t 0 ) X . p
t0 ( t – t0 )
- (p)
x ( t ) t∼ -------------------
0 p! x ( t 0 ) .
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2. Équations différentielles Or :
k k–1 k–1 k–1
linéaires d t
d t k!
t
( k – 1 )!
t
------ ----- a k = ------------------- a k = ------------------- a
( k – 1 )!
k M
< ------------------
( k – 1 )! a
- k
à coefficients constants
si t ∈ [ – M ,M ] .
La série dérivée converge donc normalement sur [ – M ,M ] . Il en
2.1 Position du problème résulte que ϕ est de classe C1, et que :
k–1
t
Considérons l’équation différentielle :
ϕ′(t) = ∑ ------------------- a k = a e ta = e ta a .
( k – 1 )! ° °
k>0
Nous allons voir qu’une telle équation se résout explicitement par Théorème 3.
quadratures, ce qui lui confère un statut très particulier dans le (1) La solution du problème de Cauchy :
cadre général des équations différentielles linéaires.
0
■ Donnons quelques résultats préliminaires sur l’exponentielle ( %′ ) X′ = a⋅X ; X ( t0 ) = X
d’un élément , de + c ( E ) , définie par :
est définie par :
k 2
e = ∑ ----- = Id + , + ----- + …
, , , ( t – t0 ) a 0
X(t) = e X .
k > 0 k! 2!
(2) La solution du problème de Cauchy :
● La famille intervenant dans la somme ci-dessus est bien som- 0
mable car, si || . || désigne la norme sur + c ( E ) subordonnée à la ( %′ ) X′ = a ⋅ X + b ; X ( t0 ) = X
norme de E, on a :
est définie par :
k
, k
∫
t
,
----- < ---------
k! ,
- (t – s)a ( t – t0 ) 0
k! X(t) = e b ( s ) ds + e X .
k
ρ t0
et il est bien connu que la famille ---- - est sommable pour
k > 0
k !
ρ ∈ R+ .
On a évidemment : Pratiquement, tout revient à calculer l’exponentielle de t a.
Pour davantage d’exemples à ce sujet, nous renvoyons à l’article
0
e = Id . [AF 181] Comportements asymptotiques dans les systèmes dynami-
ques qui étudie en particulier la situation lorsque E est de dimension 2.
■ D’autre part, si ,1 et ,2 commutent, on a :
k
( ,1 + ,2 ) 1 k! 2.2 Cas des équations scalaires d’ordre n
e
,1 + ,2
= ∑ ------------------------- = ∑ -----
k! ∑ ----------- , p, q
p! q! 1 2
k>0 k! k>0 p+q = k
Considérons l’équation différentielle scalaire à coefficients
p q
, 1, 2 ,1
p
,
q constants :
= ∑ ------ ∑ ----
- ∑ ----2- = e e .
- ----- ,1 ,2
p! q! = p (n) (n – 1)
p>0 p>0 ! q > 0 q! (%) x = an – 1 x + … + a1 x ′ + a0 x + b
q>0
n 0
où ( a 0, …, a n – 1 ) ∈ K et b ∈ C ( I, K ) .
Notons que ce résultat ne se généralise pas à deux endomorphis-
mes ,1 et ,2 qui ne commutent pas. On peut, bien entendu, la ramener à un système, et utiliser le
théorème 3. Une méthode directe est néanmoins préférable, car
En particulier, puisque – , et , commutent : plus élémentaire.
, –, –, , ∞
e ⋅e = e ⋅ e = e = Id .
0 ■ Soit V = C ( I, K ) et D l’endomorphisme de V défini par :
, –, D : V→V
Donc e est inversible dans + c ( E ) , d’inverse e .
ta
● Posons alors ϕ ( t ) = e pour a ∈ + c ( E ) . On a : x Œ x′.
t
k Ainsi :
ϕ(t) = ∑ ----- a k .
k! k (k)
k>0 D x = x .
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∫ Ws
t
L’équation χ ( T ) = 0 associée est appelée équation caractéristi- –1 –1 0
que. X(t) = W(t) ( ) b ( s ) ds + W ( t ) W ( t 0 ) X .
t0
La recherche de ses solutions conduit à factoriser χ dans C :
m(λ) Comme seule une solution particulière nous intéresse, on peut
χ = Π(T – λ) prendre t 0 = 0 et X 0 = 0 . Il s’agit donc d’inverser W ( s ) et d’effec-
λ
tuer la primitivation. On prendra ensuite la première coordonnée de
● Supposons d’abord b = 0 , c’est-à-dire que nous étudions X pour en déduire x.
alors : µt
Le calcul peut se simplifier lorsque b est de la forme P ( t )e , où
P ∈ C m – 1 [ t ] . Dans ce cas, on constate que, si x ∈ S et :
( %′ ) χ(D)x = 0 .
m
Nous savons que : χ1 ( T ) = ( T – µ ) χ ( T ) ,
m(λ) alors :
Ker χ ( D ) = ⊕ Ker ( D – λ Id )
λ
m
χ 1 ( D ) ( x ) = ( D – µ Id ) ( b ) = 0
où Id désigne ici l’identité de V.
λt
Posons e λ ( t ) = e . Donc x ∈ Ker χ 1 ( D ) .
Si y ∈ V , on a : On peut toujours considérer que µ figure parmi les λ, éventuelle-
ment à l’ordre de multiplicité 0 (si µ n’est pas racine de χ). Ainsi :
D ( e λ y ) = λ e λ y + e λ Dy
χ1 ( D ) = ( T – µ )
m + m(µ)
∏ ( T – λ )m ( λ ) .
et donc : λ≠µ
e λ y ∈ Ker (D – λ Id )
m(λ)
⇔ x ( t ) = P µ ( t )e
µt
+ ∑ Pλ ( t )eλt ,
λ≠µ
m(λ)
y ∈ Ker D ⇔ y ∈ Cm ( λ ) – 1 [ t ] avec deg P µ < m + m ( µ ) – 1 et deg P λ < m ( µ ) – 1 .
où C k [ t ] désigne l’espace vectoriel des applications polynomiales Si l’on ne cherche qu’une solution particulière, ce qui suffit, on
de degré inférieur ou égal à k. remarquera que l’on peut retrancher à x une expression de la forme
En résumé :
Q ( t )e
µt
+ ∑ Pλ ( t )eλ t ,
m(λ) λ≠µ
Ker ( D – λ Id ) = eλ Cm ( λ ) – 1 [ t ] .
avec deg Q < m ( µ ) – 1 , puisque cette dernière fonction est solution
m(λ) de l’équation homogène. En d’autres termes, il existe une solution
● Une base de Ker ( D – λ Id ) est formée des applications : µt
particulière de la forme R ( t )e , avec deg R < m + m ( µ ) – 1 et
k λt
val ( R ) > m ( µ ) (val (R) désigne la valuation de R).
tŒt e k = 0, 1, … , m ( λ ) – 1 .
La méthode des coefficients indéterminés conduit alors à recher-
cher une solution particulière sous la forme :
La réunion de ces bases forme une base de Ker χ(D), c’est-à-dire
une base de S ’. m + m(µ) – 1
i µt
Proposition 8. ∑ ri t e
La solution générale de : i = m(µ)
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Ici, m (2) = 0 et m = 2. On peut chercher une solution particulière Si on se limite à des applications à valeurs réelles, on doit imposer
de la forme: C = B ou :
2t 2
x ( t ) = ( α 0 + α 1 t )e , jt
Be + Ce
j t
= Re ( ( λ + iµ ) e )
jt
donc : –1
---- t 3 3
= Re ( λ + iµ )e 2 cos --------
-t + i sin --------- t
2 2
2t
x ′ ( t ) = ( 2α 1 t + 2α 0 + α 1 )e
1t
– ---
-
2 λ cos 3 3
2t = e
--------- t – µ sin --------
2
-t
x ″( t ) = ( 4α 1 t + 4α 0 + 4α 1 )e 2
Soit, pour x à valeurs réelles :
D’où :
– ---- t 1 1
2t 2t 1 t t 3 – ---- t 3t
x ″( t ) – 2 x ′( t ) + x ( t ) = ( α 1 t + 2α 1 + α 0 )e = te . x ( t ) = ---- e – t + A e + λe 2 cos --------- t – µ e 2 sin --------
-
3 2 2
Il vient : 3
( ( A, λ , µ ) ∈ R ) .
α1 = 1 , α0 = –2
et
x ( t ) = ( t – 2 )e .
2t 3. Équations différentielles
La solution générale de ( % ) est donc :
linéaires scalaires d’ordre 1
2t t t
( t – 2 )e + C e + Dt e .
3.1 Résolution
Exemple 6 : résolvons :
t
(%) x 999 – x = e + t 0
Considérons a, b ∈ C ( I, K ) et l’équation :
L’équation caractéristiques
(%) x ′ = ax + b
3 2
T – 1 = (T – 1)(T – j)(T – j ) 1
où l’application inconnue est à rechercher dans C ( I, K ) . Il se trouve
conduit à la base de S ’ formée des applications que l’on peut toujours résoudre ( % ) par quadratures.
t jt j t
2 Soit en effet ( %′ ) l’équation homogène associée :
t Œ e , t Œe , t Œ e .
● On considère d’abord : ( %′ ) x ′ = ax .
t A(t)
( %1 ) x 999 – x = e . Notons A une primitive de a sur I. Alors t Œ e est solution
3 (non nulle) de ( %′ ) , et donc engendre S ’.
Puisque 1 est racine simple de T – 1 , on cherche une solution x1 de
( % 1 ) sous la forme : La méthode habituelle de la variation des constantes conduit à
rechercher la solution x de ( % ) sous la forme :
t
x1 ( t ) = α t e .
A
x = e y,
Alors :
–A
soit : y = be .
t t t t
x 9991 ( t ) – x 1 ( t ) = α ( t + 3 )e – α t e = 3αe = e . Pour primitiver, fixons t0 dans I. Il vient :
t t
∫ bs
Donc x 1 ( t ) = ---- e convient. t
3 A(t) –A ( s ) A(t)
On considère ensuite : x(t) = e ( )e ds + e x ( t0 )
t0
( %2 ) x 999 – x = t ,
En général, il n’est pas possible de calculer complètement ces
dont on cherche une solution particulière
intégrales, qui toutefois suffisent largement à une étude précise des
x 2 ( t ) = at + b solutions.
3
qui fournit immédiatement x 2 ( t ) = – t . Exemple 7 : soit ( % ) x ′ = tx + t – t
2
t
t t -----
La superposition, ---- e – t est solution particulière de ( % ) , dont la
● La solution générale de ( %′ ) est c e 2 .
3
solution générale est alors : La méthode de variation des constantes conduit à :
t t t jt
2
j t t
2
x ( t ) = ---- e – t + A e + B e + C e . ----- 2
3 x(t) = ce 2 + t + 1 .
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∫
Réciproquement, cette application, prolongée par 1 en 0, est bien T
C 1 et est solution de l’équation différentielle sur R tout entier. –A ( s )
e b ( s ) ds = 0 .
On constate, sur cet exemple, que l’on ne peut appliquer les théorè- 0
mes généraux qui affirment que S est un espace affine de dimension
1. Ici, c’est un singleton. La raison en est la forme de l’équation ( % ) , Réciproquement, lorsque ces trois conditions sont réalisées, tou-
qui ne peut être ramenée à la forme standard qu’après division par t : tes les solutions de ( % ) sont T-périodiques.
■ Comportement en + ∞
1 cos t
x ′ = – ---- x + -------------- , Si les comportements de a et b en + ∞ sont connus, on peut obte-
t t
nir des renseignements sur le comportement des solutions grâce à
opération interdite en 0. l’étude d’intégrales.
Exemple 9 : soit ( %′ ) sin t ⋅ x ′ = 2 cos t ⋅ x . Exemple 10 : soit ( % ) :
Sur chaque intervalle 4 k π, ( k + 1 )π3 :
α
2 x ′ = t x + b(t)
x ( t ) = c k sin t .
où α > – 1 .
Définissons, pour ( c k ) k ∈ Z arbitraire, x par une telle égalité, sur cha- Cherchons à quelles conditions sur b ( % ) admet une solution ten-
que [k π,( k + 1 )π] . On vérifie que l’on obtient une application C 1 sur R, dant vers 0 en + ∞. On a :
qui vérifie ( %′ ) sur R tout entier. L’espace des solutions n’est donc pas
∫
t
α+1 α+1
t –s
x ( t ) = exp ---------------- c + exp -------------------- b ( s ) ds .
de dimension finie.
α+1 0
α+1
3.2 Comportement des solutions Nécessairement, la valeur entre crochets tend vers 0, donc
+∞
∫
α+1
–s
exp -------------------- b ( s ) ds
Puisque l’équation scalaire d’ordre 1 peut être résolue par quadra- 0
α+1
tures, rien n’est plus aisé que d’étudier le comportement des solu-
tions, globalement ou au voisinage d’un point. converge et c est l’opposé de cette valeur. Alors :
+∞
∫
■ Périodicité α+1 α+1
t –s
● Considérons l’équation ( %′ ) x ′ = ax . x ( t ) = – exp ----------------
α + 1 ⋅
exp -------------------- b ( s ) ds .
α+1
t
S’il existe une solution x T-périodique et non nulle, l’égalité
β
Supposons à présent b ( t ) ~ t ( β ∈ R ) . Alors :
x′ +∞
a = ---- +∞ +∞
∫ ∫
x α+1 α+1
–s –s
exp -------------------- s ds = exp -------------------
- s s
β α β–α
ds
(valide du fait que x ne peut s’annuler) entraîne que a est T-périodi- t
α+1 t
α+1
que. En outre :
+∞
∫
α+1 +∞ α+1
–s –s
= – exp -------------------- s exp -------------------- s
β–α β–α–1
∫ a ∫ xx
T T
′ + (β – α) ds .
x(T) α+1 t
t
α+1
= ----- = ln ------------ = 0 .
0 0 x(0)
Comme β – α – 1 < β , la dernière intégrale est négligeable devant la
Si, réciproquement, a vérifie ces deux conditions, l’application A première et donc, pour β ≠ α :
définie par : +∞
∫
α+1 α+1
–s –t
exp -------------------- s ds +∼∞ exp ------------------- t
β β–α
.
∫as
t
t
α+1 α + 1
A(t) = ( ) ds
0
Finalement, après examen du cas où β = α :
est T-périodique, puisque : β–α
x ( t ) ~ –t
∫ ∫a ∫a ∫ ∫a
t+T t T t+T t
et, en particulier, la condition cherchée est α > β .
A(t +T ) – A(t) = a– = + a–
0 0 0 T 0 ■ Monotonie
∫ ∫a
t+T t
Supposons que toutes les solutions de ( % ) : x ′ = ax + b sont
= a– = 0 croissantes.
T 0
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Soit t 0 ∈ I et α ∈ R . Il existe x solution telle que x ( t 0 ) = α , et D’un point de vue théorique, nous nous limiterons à l’étude d’une
donc, puisque x ′ ( t 0 ) > 0 : telle équation :
a ( t0 ) α + b ( t0 ) > 0 . (%) y ″ + py = b .
Cela étant vrai pour tout α, a est l’application nulle. Donc, en géné-
ral, la monotonie des solutions dépend des conditions initiales. Notons que, dans ce cas, le wronskien de deux solutions est
constant (cf. § 1.5).
∫
leur matrice wronskienne est : t
t0
x ( t ) = z ( t ) D + C ------------------------------------------------
2
- ds .
t0 z (s)
x1 ( t ) x2 ( t )
W(t) = .
x ′1 ( t ) x ′2 ( t )
On obtient ainsi une seconde solution :
∫
t
Leur wronskien w ( t ) est égal à w ( t 0 ) exp – a 1 ( s ) ds .
∫
s
t0
■ Mise sous forme canonique t exp – a 1 ( u ) du
1
Supposons a 1 ∈ C ( I, K ) et cherchons x = yz solution de ( %′ ) . Il
vient : t0
∫ t0
2
z (s)
t Œ z ( t ) ------------------------------------------------
- ds ,
∫
t
– 1- Mais cette fonction est solution sur J d’un certain problème de
Si l’on impose z ( t ) = exp -----2 a 1 ( s ) ds , l’équation équivaut à :
t0 Cauchy, qui admet une solution sur I. D’après l’unicité sur J, ces
solutions coïncident sur I. La seconde solution s’étend donc en une
z″ z′
y ″ + ----- + a 1 ---- + a 0 y = 0 solution sur I tout entier.
z z
D’ailleurs, si z ( α ) = 0 :
soit, tous calculs faits :
z ( t ) ∼α λ( t – α ) avec λ ≠ 0 ,
y ″ + py = 0
avec : donc
∫
s
2
a a 1′ exp – a 1 ( u ) du
p = a 0 – ----1- – ------
∫
- . t
4 2 t0 µ
- ds ∼ ----------- .
------------------------------------------------
z
2
( s ) α t–α
t0
On peut ainsi ramener ( %′ ) , et donc ( % ) , à une forme où dans le
premier membre ne figurent que y ″ et y. Donc, on a bien un prolongement par continuité en α.
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α+1 α
de sorte que R ′ ( t ) = r ( t ) . t ----------------
ξ = ---------------- ; ρ ( ξ ) = ( ( α + 1 )ξ ) α + 1 ; σ ( ξ ) = 1 ;
Les hypothèses entraînent que R réalise un difféomorphisme de α+1
classe C 1 d’un intervalle sur son image. On effectue le changement 1
de variables : ---- 1
X ( ξ ) = x ( ( α + 1 )ξ ) α et Z ( ξ ) = ----------------------------------------------------
α -.
---------------------------
ξ = R(t) . ( ( α + 1 )ξ ) 2 ( α + 1 )
Posons x ( t ) = X ( ξ ) . Il vient : Posant X ( ξ ) = Y ( ξ ) Z ( ξ ) , Y est solution de :
dx dX dξ dX Y ″ + PY = 0
------- ( t ) = ------- ( ξ ) ------- ( t ) = ------- ( ξ ) R ′ ( t )
dt dξ dt dξ 2
1 ρ ′ 1 ρ″
avec : -–σ.
P = ---- --------2- – ---- ------
4ρ 2ρ
2 2
d x dX d X α
--------- ------- ---------2- ( ξ ) R ′ 2 ( t ) . Or ln ρ = ---------------- ln ( ( α + 1 )ξ ) , donc
2 (t) = dξ (ξ)R″(t) + α+1
dt dξ
ρ′ α 1
L’équation ( %′ ) : -----
ρ- = ---------------- ---- .
α+1ξ
2
d x 2 puis :
---------
2 (t) – r(t) s(t)x(t) = 0
dt
2
ρ″ ρ′ α 1
s’écrit ρ ρ 2- = – ----------------
------
- – -------- ------ .
α + 1 ξ2
2
d X dX
---------2- ( ξ ) R ′ 2 ( t ) + ------- ( ξ ) R ″ ( t ) – R ′ 2 ( t ) s ( t ) X ( ξ ) = 0
dξ dξ Donc :
ou : 1 α 21 1 α 1 α
2
1
P = ---- ----------------
α + 1
------ – ---- – ----------------
------2 + -------------------------2 ------ – 1
ξ 2 α+1ξ
2 4 2 2
d X dX R″(t) (α + 1) ξ
---------2- ( ξ ) + ------- ( ξ ) ---------------
- – s(t)X(ξ) = 0 .
dξ dξ R′ (t)
2
α
2
α 1 α(α + 2) 1
= – -----------------------------2- + --------------------------- ------2 – 1 = -----------------------------2- ------2 – 1 .
4(α + 1) 2(α + 1) ξ 4(α + 1) ξ
Mais si r ( t ) = ρ ( ξ ) :
dr dρ dξ dρ ■ Solutions de l’équation non homogène
R ″ ( t ) = -----
- ------- ------- -------
dt (t) = dξ (ξ) dt (t) = dξ (ξ)r(t) .
Revenons à l’équation non homogène :
Donc, si de plus s ( t ) = σ ( ξ ) : (%) x ″ + a1 x ′ + a0 x = b .
2
d X dX dρ 1 Supposons connue une base ( x 1, x 2 ) de S ’, dont W désigne la
---------2- ( ξ ) + ------- ( ξ ) ------- ( ξ ) ----------- – σ ( ξ ) X ( ξ ) = 0 .
dξ dξ dξ ρ(ξ) matrice wronskienne et w le wronskien.
Nous pouvons expliciter x grâce aux calculs du paragraphe 1.4.
● En résumé, si : Imposons
ξ = ∫ r t dt
( ) ; r(t) = ρ(ξ) ; s(t) = σ(ξ) ; x(t) = X(ξ) , x ( t0 ) = x ′ ( t0 ) = 0 .
Comme
on a l’équation
ρ′ 1 x ′ ( s ) –x2 ( s )
W(s)
–1 ------------- 2
X ″ + ----
-
ρ X ′ – σX = 0 .
= w ( s ) –x ′ ( s ) x ( s ) ,
1 1
∫
t
x1 ( s ) x2 ( t ) – x2 ( s ) x1 ( t )
1 ρ′(ξ)
∫
Z ( ξ ) = exp – --2- ------------
- 1
ρ ( ξ ) dξ = ---------------
ρ(ξ)
x(t) =
t0
------------------------------------------------------------
w(s)
- b ( s ) ds .
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0
où p ∈ C ( I, R ), p < 0 .
Si y ∈ S ′ :
2 2 2
( yy ′ )′ = yy ″ + y ′ = – py + y ′ > 0 . y
( %′2 ) y2 ″ + p2 y2 = 0 .
y Considérons le wronskien
y1 y2
w =
y 1′ y 2′
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On suppose que a < b sont deux points d’annulation consécutifs ■ Nous allons généraliser l’exemple 13 à une large classe d’équa-
de y 2 . Alors y 1 s’annule sur ]a,b[. tions, de la forme :
Corollaire. x ″ + qx = 0
Si y 1 et y 2 sont deux solutions indépendantes de : 1 *
où q ∈ C ( [ a, +∞[, R+ ) .
y ″ + py = 0 ,
∫
+∞
et si a < b sont deux points d’annulation consécutifs de y 1 , y 2 Supposons que q diverge, et appliquons à l’équation précé-
s’annule exactement une fois sur ]a,b[. a
∫
+∞
graphe 4.2. On encadre alors p par deux constantes :
Notons que la divergence de q entraîne bien que le change-
2 2
0<m <p<M a
ϕ π avec ε → 0 .
k Œ ---- + k ---
ω
- +∞
ω La méthode d’encadrement de l’exemple 13 montre que le nom-
B-
Cette solution joue le rôle de y 2 . Ainsi y s’annule au moins une bre N(B) de zéros de Y dans [b, B] équivaut à ---
π . Il en va de même
π
fois sur tout intervalle ouvert de longueur ----
-
m . Deπ même, y s’annule pour les zéros de X, qui s’annule en même temps que Y.
au plus une fois sur tout intervalle de longueur ----
M
-
Soit ν ( A ) le nombre de zéros de x dans [a, A].
Exemple 13 : considérons une solution non nulle de l’équation : Puisque ν ( A ) = N ( R ( A ) ) :
∫
A
y ″ + (1 + ε)y = 0 R(A) 1
ν ( A ) ∼ ------------
π = π
- --- q ( t ) dt .
sur [ 0, +∞[ , où ε → 0. a
+∞
Soit 1 > α > 0 et a tel que ε ( t ) > – α sur [ a, +∞[ . 1 ρ ′2 1 ρ ″
Considérons la suite telle que : Calculons --4- -------
2
– --2- -----
-
ρ à l’aide de r :
ρ
π ρ′ r′
u 0 = a et u n + 1 = u n + -------------------- ρ ( ξ ) = r ( t ) ⇒ ----
-
1–α ρ = ---2-
r
On sait que y s’annule au moins une fois sur chaque intervalle et
π
]un, un+1[, qui est de longueur -------------------- . r′ 1
2
1–α ρ″ ρ′
2 r ″
------ – ------- = ---- – 2 -----3- --r-
Donc y s’annule au moins n fois sur ]u0, un[. ρ ρ2 r 2 r
Notons N (A) le nombre de zéros de y sur [0, A]. D’après ce qui pré- donc :
2 2 2
nπ 1 ρ ′ 2 1 ρ ″ 1 r ′ 1 r ′2 r ″ r′ 3r′ 1r ″
cède, si A > u n, N ( A ) > n . Or : u n = a + -------------------- . Si donc --- ------- – --- ------ = --- -----4- – --- ------ + ---- – 2 -----4- = --4- -----4- – --2- ----3
1–α 4 2 2 ρ 4r 2 4 3 r r r
ρ r r
A – a
n = 1 – α --------------
- , Comme r = q , il vient :
π
1 ρ ′2 1 ρ ″
--- ------- – --- ------ = ------- --- q
on a : N ( A ) > n . 1 5 ′ 2 q ″
4 2 2 ρ 4 q 4 ------- - – ------ .
Il en résulte que ρ q2 q
N(A) – a- – 1 ,
---------------- > 1 – α A
-------------- ---- On obtient finalement le résultat suivant :
A πA A
∫
+∞
donc que 3⁄2 2
si q ′ = o ( q ) et q ″ = o ( q ) , si, en outre, q diverge, le nom-
N(A) 1 a
lim ---------------- > ---- 1 – α .
A π bre ν ( A ) de zéros d’une solution non nulle de l’équation :
Cela étant réalisé pour tout α, on obtient : x ″ + qx = 0
N(A) 1
lim ---------------- > ----
∫
A
A π 1
dont l’intervalle [a, A] équivaut à --π- q.
N(A) 1 A a
On montre même que lim ---------------- < ---- . Finalement : N ( A ) ∼ ----
π.
A π
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Exemple 14 : soit l’équation ■ Ainsi, S n’est autre que l’image réciproque de { y } par D. L’opéra-
teur différentiel D vérifie sur V la condition d’hermicité :
α
x ″ + t x = 0 , α > –2 . 〈 Dx, y〉 = 〈 x, Dy〉 .
On constate que
En effet :
α–1 3α ⁄ 2
= 0(t )
∫ x y ∫ pxy
t 1 1
∫
1
ainsi que la divergence de t
α⁄2
dt . Donc : = [ x ′ y ]0 – x′y′ + .
0 0
1 Or :
1 2 [ ( α ⁄ 2 ) + 1]
ν ( A ) ~ ---
π- ---------------- A . 〈 Dx, y〉 = 〈 x, Dy〉 ⇔
α+2
1 1
Exemple 15 : soit l’équation 〈 Dx, y〉 = 〈 Dy, x〉 ⇔ [ x ′ y ] 0 = [ y ′x ] 0 .
t Cette dernière égalité est réalisées dans V car :
x″ + e x = 0 .
Les hypothèses sont à nouveau réalisées ; donc : 1 1 y(1) x(1) y(0) x(0)
[ x ′ y ]0 – [ y ′ x ]0 = – = 0 ,
1 A⁄2 y′(1) x ′( 1 ) y′(0) x ′( 0 )
ν ( A ) ~ -------- e .
2π
chacun des déterminants étant nul.
■ L’hermicité de D a plusieurs conséquences.
Soit x un vecteur non nul de V tel que
5. Problème Dx = λx .
de Sturm-Liouville On dit que x est vecteur propre de D associé à la valeur propre λ.
Alors :
2 2
5.1 Généralités 〈 Dx, x 〉 = λ x = 〈 x, Dx 〉 = λ x .
Donc :
On considère l’équation différentielle linéaire avec second mem-
bre scalaire d’ordre 2 : λ∈R.
(%) x ″ + px = y , Si, de plus, y est un vecteur propre associé à une valeur propre
0 0
µ ≠ λ , on aura :
où y ∈ C ( [0,1], C ) et p ∈ C ( [0,1], R ) .
0 〈Dx, y 〉 = λ 〈x, y 〉 = 〈x, Dy 〉 = µ 〈x, y 〉
L’inconnue x appartient à C ( [0,1], C ) que l’on note E. On note S
l’espace affine des solutions. et donc 〈x, y 〉 = 0 : les espaces propres associés à des valeurs pro-
Contrairement au problème de Cauchy, où l’on cherche x ∈ S pres distinctes sont orthogonaux.
vérifiant deux conditions au même instant, le problème de Sturm-
Liouville s’intéresse aux solutions x qui vérifient des conditions aux
bornes, ou encore conditions aux limites :
5.2 Fonction de Green
ax ( 0 ) + bx ′ ( 0 ) = 0
(#) cx ( 1 ) + dx ′ ( 1 ) = 0
Nous faisons dans ce paragraphe l’hypothèse supplémentaire
Ici, (a, b) et (c, d) sont deux couples non nuls de réels. que D est injectif sur V. Il est évident que l’équation Dx = y admet
au plus une solution dans V. Nous allons en construire une explici-
L’espace ambiant est celui des applications continues sur [0, 1], à tement.
valeurs complexes, que l’on note E. Cet espace est muni, outre de la
norme uniforme ⋅ ∞ , du produit scalaire hermitien canonique : Soit x1 une solution du problème de Cauchy :
x ″ + px = 0 ;
∫ xy
1
〈 x, y 〉 = . x1 ( 0 ) = –b ;
0
x′ (0) = a.
1
La norme hermitienne attachée sera notée ⋅ .
Les solutions du problème de Sturm-Liouville constitué de l’équa- et de même x2 solution de :
tion ( % ) et des conditions ( # ) sont dans le sous-espace vectoriel V x ″ + px = 0 ;
de E formé des applications de classe C 2 qui vérifient ( # ) :
x2 ( 1 ) = –d ;
2
V = { x ∈ C ( [ 0, 1 ], C ) ; ax ( 0 ) + bx ′ ( 0 ) = cx ( 1 ) + dx ′ ( 1 ) = 0 } . x′ (1) = c.
2
Introduisons l’application linéaire D, de V dans E, définie par : Supposons (x 1, x 2) liée, par exemple :
Dx = x ″ + px . x 2 = αx 1 .
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∫xy ∫xy
t 1
ax 1 ( 0 ) + bx 1′ ( 0 ) = 0 ,
x ′ ( t ) = x 2′ ( t ) 1 + x 1′ ( t ) 2 .
il en va de même de x 2 qui, d’autre part, vérifie 0 t
cx 2 ( 1 ) + dx 2′ ( 1 ) = 0 . 2
Il en résulte que x est de classe C et que :
Donc : x 2 ∈ V .
∫xy ∫xy
t 1
Comme Dx 2 = 0 , x 2 = 0 par l’injectivité de D, ce qui n’est certai-
nement pas le cas. x ″( t ) = x 2″ ( t ) 1 + x ′2 ( t ) x 1 ( t ) y ( t ) + x ″1 ( t ) 2 – x 1′ ( t ) x 2 ( t ) y ( t )
0 t
Ainsi, (x 1, x 2) forme un système fondamental de solutions de
l’équation Compte tenu de l’égalité
x ″ + px = 0 .
x 1 x 2′ – x 1′ x 2 = 1 ,
Son wronskien est une constante non nulle. Quitte à diviser x2 par
une constante (ce qui ne change pas la condition et du fait que
cx 2 ( 1 ) + dx 2′ ( 1 ) = 0 ), on peut supposer que ce wronskien vaut 1.
On a ainsi obtenu une famille libre (x 1, x 2) solutions de l’équation Dx 1 = Dx 2 = 0 ,
x ″ + px = 0 telle que :
il vient :
ax ( 0 ) + bx 1′ ( 0 ) = 0 ;
1
∫xy ∫xy
t 1
cx ( 1 ) + dx ′ ( 1 ) = 0 ;
2 2 x ″( t ) = – p ( t ) x 2 ( t ) 1 + –p ( t ) x1 ( t ) 2 + y(t) ,
x x ′ – x ′ x = 1. 0 t
1 2 1 2
soit :
Définition 5. On appelle fonction de Green associée au pro- x ″ + px = y .
blème aux limites :
D’autre part :
x ″ + px = y ;
ax ( 0 ) + bx ′ ( 0 ) = cx ( 1 ) + dx ′( 1 ) = 0 ,
∫xy
1
x ( 0 ) = x1 ( 0 ) 2
la fonction K définie par les conditions suivantes : 0
— si 0 < u < v < 1 K ( u, v ) = x 1 ( u ) x 2 ( v ) ;
∫xy
1
— si 0 < v < u < 1 K ( u, v ) = K ( v, u ) .
x ′ ( 0 ) = x 1′ ( 0 ) 2
0
La définition 5 est bien cohérente pour u = v . La fonction K n’est
1 2
pas, en général, de classe C sur [0,1] . Néanmoins, elle l’est sur le donc :
triangle
T = { ( u, v ) ; ( 0 < u < v < 1 ) } ax ( 0 ) + bx ′( 0 ) = 0 ,
∫Ktuyu
1
Dx = y ;
ax ( 0 ) + bx ′ ( 0 ) = cx ( 1 ) + dx ′ ( 1 ) = 0 Φ(y)(t) = ( , ) ( ) du .
0
∫Ktuyu
1
D’autre part, les valeurs propres de Φ sont les inverses des
x(t) = ( , ) ( ) du . valeurs propres de D, les espaces propres associés étant les mêmes.
0
Remarquons que Φ(y) , qui est continue, est même
lipschitzienne :
Preuve. e Il suffit de montrer que x défini dans le théorème 4 con-
∫
vient. On a : 1
Φ ( y ) ( t ) – Φ ( y ) ( t ′) < K ( t , u ) – K ( t ′, u ) y ( u ) d u
∫Ktuyu ∫Ktuyu
t 1
0
x(t) = ( , ) ( ) du + ( , ) ( ) du
∫
1
0 t
< A t – t′ y ( u ) du
∫x ∫x
t 1 0
= x2 ( t ) 1 ( u ) y ( u ) du + x1 ( t ) 2 ( u ) y ( u ) du . car K est lipschitzienne.
0 t
∫
1
∫xy ∫xy
t 1
Schwarz :
x ′ ( t ) = x2 ( t ) x1 ( t ) y ( t ) + x ′2 ( t ) 1 – x1 ( t ) x2 ( t ) y ( t ) + x ′1 ( t ) 2 ,
0 t Φ ( y ) ( t ) – Φ ( y ) (t ′ ) < A y t – t ′ .
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∫
1
∫
1
2 2 Dans la suite, nous considérons pour chaque valeur propre un
[y(1) – y(x) ] = 2 yy ′ < 2 y ′ ,
0 vecteur propre, que l’on peut choisir à valeurs réelles, et de norme
hermitienne égale à 1.
et donc : Puisque Φ est un opérateur autoadjoint compact de ( E, ) dans
( V, ∞ ) , c’en est un aussi de ( E, ) dans ( V, ) grâce à l’inéga-
2 2
y(1) < 2 y ′ + y(x) . lité :
∫ yy ∫ py
1 1
2
λ = 〈 Dy, y〉 = ″+ 〈ϕ n , Φy 〉 = 〈Φϕ n , y 〉 = µ n 〈ϕ n , y〉 .
0 0
= y ( 1 ) y′ ( 1 ) – y ( 0 ) y ′( 0 ) –
2
′ +
2
, Φy = ∑ µn 〈 ϕn , y 〉 ϕn .
0 0 n∈N
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En réalité, l’égalité : ■ Si λ n’est pas valeur propre de D, c’est-à-dire n’est pas l’un des
( λ n ) , on peut écrire :
x = ∑ 〈 ϕn , x 〉 ϕn
n∈N
x = ∑ 〈 ϕ n , x〉 ϕ n
qui est vraie pour la norme hermitienne l’est aussi au sens de la n∈N
convergence uniforme, comme nous allons le voir.
et λ n 〈 ϕ n , x 〉 = 〈λ n ϕ n , x 〉 = 〈ϕ n , Dx 〉 = 〈ϕ n , λx + y 〉 , soit :
Proposition 12.
Soit x ∈ V . Alors : ( λ n – λ ) 〈 ϕ n , x〉 = 〈 ϕ n , y 〉 .
∀ t ∈ [ 0, 1 ] x(t) = ∑ 〈 ϕn , x 〉 ϕn ( t ) , Donc :
n∈N
1
la famille sommable du second membre définissant une série uni- x = ∑ ---------------
λ n – λ 〈ϕ n , y 〉 ϕ n .
n∈N
formément convergente sur [0, 1].
Preuve. e Puisque Φ est surjective sur V, il suffit de montrer l’éga- La série converge en outre uniformément sur [0, 1].
lité pour x = Φy , où y ∈ E , soit :
■ Si λ = λ p , le calcul précédent montre que, nécessairement,
( Φy ) ( t ) = ∑ 〈 ϕ n , y〉 µ n ϕ n ( t ) . 〈ϕ p , y 〉 = 0 .
n∈N
Or : Si cette condition n’est pas réalisée, le problème n’a pas de solu-
∫Kutϕ
1
tion.
µ n ϕ n ( t ) = ( Φϕ n ) ( t ) = ( , ) n ( u ) du = 〈ϕ n , K t 〉 En revanche, si cette condition est réalisée, on obtient :
0
1
avec K t ( u ) = K ( u, t ) . x = ∑ ------------------
λ n – λ p 〈ϕ n , y 〉 ϕ n + Cϕ p ,
n≠p
D’après Cauchy-Schwarz :
q q
1
--- q
1
--- où C ∈ C est arbitraire.
2 2
2 2
∑ 〈 ϕ n, y〉 µ n ϕ n ( t ) < ∑ 〈 ϕ n , y〉 ∑ 〈 ϕ n , K t 〉 .
n=p n = p n = p
5.5 Exemple
Puisque y et K t sont dans E, on peut leur appliquer l’inégalité de
Bessel relativement à la famille orthonormale ( ϕ n ) n ∈ N :
q Dans cet exemple, nous remplaçons l’intervalle [0, 1] par l’inter-
∑ 2 2 2 valle [0, π], ce qui n’est évidemment pas restrictif.
〈 ϕ n , K t〉 < Kt < K ∞
n=p Étudions le problème de Sturm-Liouville :
et x ″ – λx = y
q
∑ 〈 ϕ n , y〉
2
<ε
2
avec x ( 0 ) = x ( π ) = 0 .
n=p Posons Dx = x ″ ; cherchons les éléments de V tels que
pour q > p > p 0 . Donc :
Dx = λx .
q
∑ 〈 ϕn , y 〉 µn ϕn ( t ) < K ∞ε
Une discussion sur le signe de λ montre que ce problème n’a de
2
n=p solution non nulle que si λ = – ω et :
pour q > p > p 0 , ce qui achève la preuve. e
x ( t ) = A cos ωt + B sin ωt
Si λ = λ p , on obtient :
la suite ( λ n ) tendant vers – ∞ .
π
On désigne par ϕ n une fonction propre, à valeurs réelles, de
norme hermitienne 1, associée à la valeur propre λ n . x(t) = ∑
n≠p –n – λ π
2
1
-----------------
2
- ---
∫ 0
sin nu y ( u ) du sin nt dt + C sin pt
On considère le problème de Sturm-Liouville :
π
x″ + (p – λ)x = y ;
ax ( 0 ) + bx ′( 0 ) = cx ( 1 ) + dx ′( 1 ) = 0 .
sous réserve que ∫ 0
sin pu y ( u ) du = 0 .
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