Chers ami(e)s,

Avant toute chose, nous espérons que vous vous portez bien, ainsi que vos proches.
C’est là, en effet, le plus important en ces temps troublés.

Ce petit mot pour vous dire que, ce mois-ci, Rock Hard ne sortira pas en kiosque. C’est
évidemment une première depuis la naissance de ce mensuel en 2001. En ce mois de mars
2020 pour le moins particulier, notre petite équipe a fait comme d’habitude : elle a travaillé
pour concevoir un nouveau numéro. Hélas, le 17 mars dernier, notre imprimeur nous
apprenait qu’il avait décidé de suspendre momentanément toute activité afin de « suivre
les recommandations gouvernementales » et qu’il n’allait donc pas être en mesure d’imprimer
le Rock Hard 208. A cela, il faut ajouter la crise majeure secouant actuellement le circuit de
distribution Presstalis, au bord du dépôt de bilan, mais aussi le fait qu’en période de
confinement, on peut imaginer que la plupart des Français auront autre chose à penser que
de courir chez leur libraire se procurer notre magazine. Et puis, plus de 25% des kiosques
ont d’ores et déjà fermé. C’est donc la mort dans l’âme que notre équipe a dû se résoudre
à ne pas publier de nouveau numéro.

Pour autant, elle a décidé d’aller « au bout » de ce RH #208 qui était quasiment bouclé
lorsqu’elle a appris la regrettable nouvelle. Pas question de baisser les bras et de vous laisser
tomber ! C’était important pour notre moral. Peut-être cela vous aidera-t-il aussi, même à
petite dose, à garder le vôtre en oubliant durant quelques heures la morosité ambiante.
Plutôt que de jeter à la poubelle le fruit du travail réalisé ce mois-ci, nous avons donc
décidé de le mettre à votre disposition. GRATUITEMENT. Que nos abonnés se rassurent,
leur abonnement se verra automatiquement prolongé d’un mois.

Vous remarquerez, ce faisant, que nos annonceurs ont annulé en masse les publicités qu’ils
projetaient de prendre dans ce numéro. Ce qui vient s’ajouter – comme si cela ne suffisait pas –
au manque à gagner que l’absence de ce numéro en kiosque ne va pas manquer d’engendrer
(on parle ici de plusieurs dizaines de milliers d’euros). Aujourd’hui, nos salariés sont au
chômage partiel, notre maquettiste et nos pigistes ne sont tout simplement pas payés.
Il y a évidemment bien plus grave en ce moment, mais si la situation venait à perdurer, il n’est
pas improbable que cela entraîne la mort de ce journal. Nous avons donc mis une cagnotte en
place (www.leetchi.com/c/rockhard208) si, toutefois, vous souhaitez aider le dernier mensuel
français de metal en activité à tenir le coup. Rien d’obligatoire, évidemment, le numéro 208
étant – rappelons-le – totalement gratuit. Un autre moyen de nous aider est de liker ce
message sur notre page Facebook (Rock Hard France) et de le partager autant que possible
sur les réseaux sociaux en vous en faisant l’écho. Lecteurs, lectrices, groupes, artistes, labels,
attaché(e)s de presse, etc., ou, plus simplement, amoureux de metal, nous avons besoin de
chacun d’entre vous.

Pour télécharger ce numéro 208, il vous suffit de vous caler bien confortablement dans votre
canapé et de cliquer sur le lien suivant :
www.rockhard.fr

Nous vous souhaitons une bonne lecture !

D’ici là, restez bien au chaud et prenez soin de vous. Là est l’essentiel, répétons-le.

Ensemble, nous allons vivre !

Phil Lageat & la rédaction de Rock Hard

AVRIL 2020
N°208

MENSUEL - ROCK HARD #208

PDF GRATUIT
SOUTENEZ-NOUS SUR
www.leetchi.com/c/rockhard208
P.04 TOUTE PREMIERE FOIS : AMARANTHE
P.05 I LIKE TO MOVIE, MOVIE : SABATON
FORMI, FORMIDABLE !
P.06 DIX COMMANDEMENTS : SORTILEGE On vit vraiment une époque formidable.
P.07 LE PURGATOIRE : METALLICA
On ne va pas revenir sur les circonstances pour

P.08 TELEX : L’ACTU MÉTALLIQUE

le moins particulières qui font que, ce mois-ci,

P.12 DE + EN + NET
Rock Hard n’est pas disponible en « version

DR
papier ». Si vous parcourez ces lignes, vous avez
P.13 DE + EN + NET : MADE IN FRANCE
lu notre communiqué et vous savez déjà. Vous savez que ce

LES INTERVIEWS :
mensuel, si la crise actuelle devait s’éterniser, vit probablement

P.14 NIGHTWISH
ses derniers instants. On ne va pas revenir là-dessus. Comme
disait le grand Chuck Berry « c’est la vie, it goes to show you never
P.20 PURE REASON
can tell ». On ne va pas se plaindre, il y a bien plus grave : ceux

REVOLUTION
qui perdent la vie, ceux qui perdent des gens, ceux qui soignent

P.22 LUCIFER
dans des conditions loin d’être idéales et que nous tenons à

P.24 PETER FRAMPTON

remercier et à saluer ici pour leur remarquable dévouement…
Qu’est-ce qu’un petit mensuel de metal à côté de tout ça ?

P.26 CHRONUS
Pas grand-chose, en vérité. Vous nous permettrez néanmoins

P.28 REGARDE LES

d’avoir une pensée, égoïste peut-être mais toute particulière,

HOMMES TOMBER
pour tous les acteurs de la vie culturelle française et internationale :
musicien(ne)s, acteur(rice)s, journalistes, magazines, équipes

P.32 METAL CHURCH

techniques, bénévoles, tourneurs, attaché(e)s de presse,

P.33 IN THIS MOMENT

intermittents, gens de labels, organisateur(trice)s de festivals,

P.34 AUDREY HORNE

managers, tour-managers, propriétaires de salles, etc. Nous en
oublions, c’est certain, mais nous pensons très fort à eux car,
P.36 ORANSSI PAZUZU
même en l’absence de certitudes, nous craignons d’ores et déjà

P.38 ABDUCTION
que les répercussions sur la vie culturelle nationale et mondiale

P.40 DELIVERANCE
ne soient terribles pour toutes celles et ceux que nous venons de
citer. Qu’ils sachent que nous sommes de tout cœur avec eux,
P.44 TRIVIUM
même si c’est une maigre consolation.

P.47 LAG I RUN

P.48 THERAPY?
Pendant ce temps-là, chez Sortilège, alors que le monde n’en finit

P.50 KARRAS
plus de partir en sucette, on s’écharpe par communiqués
interposés. L’implosion avant la fête annoncée, qui n’aura pas

P.52 TESTAMENT
duré bien longtemps. Pas à dire, on vit une époque formidable !

P.56 BENIGHTED
P.58 KATATONIA
Pour une fois, ce n’est pas un poisson d’avril.
Prenez soin de vous, des vôtres… et des autres.

P.62 SUIVEZ LE GUIDE !

Vive la culture et bonne lecture !

WHITESNAKE
P.64 MONSTERS OF
PHIL LAGEAT & LA REDACTION

ROCK CRUISE
P.68 GIGS YOUR ASS !
39, rue Santos Dumont - 75015 Paris
Tél : 01.40.28.43.41 - Fax : 01.40.43.02.98

Testament + Anathema
Directeur de la publication : Marc Villalonga (marc@rockhard.fr)

+ Night Flight Orchestra

Rédacteur en chef : Philippe Lageat (phil@rockhard.fr)
Rédacteur en chef adjoint : Morgan Rivalin (morgan@rockhard.fr)

+ Lindemann + Leprous
Rédaction : Charlélie Arnaud, Stéphane Auzilleau, Benji, François Blanc, Emmanuel Hennequin,
Julien Monsenego, Guillaume Fleury - Photographes : Marc Villalonga, Nidhal Marzouk

P.72 ABONNEMENT
Directrice artistique : Vanessa Girth (vanessa.rhmag@gmail.com)
Publicité : Vanessa Girth (vanessa.rhmag@gmail.com)

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Rock Hard est une publication de : GRANDS MALADES EDITIONS SARL de presse au capital de 320

P.74 KRONIKS CDs

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- 75015 Paris - Distribution : MLP - Imprimé : Imprimerie Aubin - Dépôt légal : à parution

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CONCERTS
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 Ta première cuite ?
A douze ans, alors que je n’avais encore
jamais bu d’alcool, ma mère m’a tendu
une bouteille de Pisang Ambon (Ndlr :
Propos recueillis par François Blanc
marque de liqueur de banane). « Je préfère
Photo : DR
que tu testes ça plutôt qu’une mauvaise
Interview réalisée le 7 février 2020 à Paris
gnôle sortie d’on ne sait où ! » Ma première
cuite a eu lieu un an plus tard. Avec un
Quelques heures avant de
groupe de potes, nous avions récupéré
monter sur les planches du quelques bières légères et les avons
Zénith avec ses camarades
descendues après les cours. J’ai vécu
d’Amaranthe, la chanteuse seule dès l’âge de quinze ans et ai
beaucoup fait la fête, mais passé le plaisir
Elize Ryd a pris le temps de la découverte, je me suis rapidement
de nous raconter ses
lassée de l’alcool.
« premières fois ».
Ta première tournée ?
Pendant trois ans, à partir de 2009,
Ton premier héros musical ?
Elize Ryd : Freddie Mercury (Queen). j’ai assuré les chœurs pour un spectacle
Mon grand frère m’a copié Innuendo itinérant qui passait dans cinq villes de
(1991) sur K7 lorsque j’avais six ans et Suède à la période de Noël. Nous accom-
j’ai été complètement soufflée par la voix pagnions des artistes comme Johnny
et les mélodies. Je me souviens m’être dit : Logan et Taylor Dayne et voyagions
« Quand je serais grande, je veux chanter en tour-bus. Les tournées s’achevaient
comme lui. Quel dommage de ne pas être un toujours au prestigieux Ericsson Globe
homme ! » (rires) de Stockholm. Cette vie de voyage et de
prestations m’a tout de suite plu ! En
Ton premier instrument ? 2010, j’ai accompagné Kamelot sur sa
Le chant. Ma première performance tournée mondiale.
publique s’est déroulée quand j’avais
trois ans ! J’ai étudié le piano au lycée, La première fois que tu as vu l’un de
mais seulement histoire de pouvoir tes disques en bacs ?
m’accompagner lorsque je chantais. J’ai chanté sur deux albums de Falconer,
un groupe de power metal de Göteborg.
Le premier concert auquel tu as Lorsque j’ai vu le premier, Grime vs.
assisté ? Grandeur (2005), en magasin, je débordais
Ma famille et moi nous sommes rendus à de fierté. Je le montrais aux disquaires
un concert du groupe de doom dans lequel en disant : « Vous n’allez peut-être pas me
jouait mon frère (Ndlr : Johan Carlzon) croire, mais je chante là-dessus ! » (rires)
avant de rejoindre Abandon. Cela m’avait
plu, même si le son m’avait semblé La première fois où tu t’es senti idiote
terriblement fort ! Mon père assurait la sur scène ?
sécurité dans les concerts et m’emmenait J’ai travaillé pour un cabaret pendant
souvent avec lui. Je me revois encore deux ans. Un soir, je suis montée sur
m’éclater au premier rang d’un show de scène avec mon portable coincé dans
reprises des Beatles ! mon corset. J’avais oublié de l’en retirer !
C’était très gênant et, surtout, très
Ton premier groupe ? inconfortable. Par ailleurs, je suis
J’avais huit ans lorsque ma sœur (Ndlr : généralement très critique envers mes
Elina Ryd) et moi avons formé Svarlorna propres performances vocales et me sens,
(« les hirondelles ») avec une amie. Nous aujourd’hui encore, souvent embarrassée.
écrivions nos propres chansons et les
interprétions dans l’étable de mes grands- Ta première groupie ?
parents devant notre famille ! Plus tard, Je n’en ai jamais eu. En revanche, j’ai
un promoteur m’a recrutée pour un projet connu quelques fans particulièrement
acharnés et obsessionnels… Et lorsque
nommé Trinity, avec deux autres chanteuses.
Nous bossions notamment pour le groupe je travaillais au cabaret, un groupe
automobile Volvo et avons donné un d’hommes d’affaires indiens pensait que
concert à l’occasion du lancement d’un de j’étais une sorte de prostituée et essayait
leurs camions. Une très bonne expérience, de me convaincre de partir en Inde avec
quoique mal payée ! lui ! Je me montrais polie et répondait
des choses comme « oui, pourquoi pas, ce
Ton premier concert ? serait cool de visiter le pays » mais ils ont
pris cela très au sérieux et sont venus
A douze ans, j’ai chanté un classique
suédois lors d’un concours de jeunes talents. m’attendre un soir pour m’aider à m’enfuir
J’ai cru mourir d’angoisse au moment de à leurs côtés ! (rires) Mon patron a été
monter sur scène ! J’ai pourtant remporté obligé de me faire sortir par l’arrière et
je ne suis pas venue le jour suivant ! Y
le premier prix, sans doute sur un malen-
tendu ! (rires) Par la suite, je me suis souvent
produite lors de mariages et autres fêtes
de famille. Le chant a toujours occupé une
place immense dans ma vie.
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Propos recueillis par François Blanc
Entretien téléphonique réalisé le 15 mai 2019
Chaque mois, un musicien revient sur les
films de sa vie, ses grands moments sur
grand (et petit) écran. Cette fois-ci, c’est
Joakim Brodén, le frontman aux Ray-Ban
de Sabaton, qui s’y colle. Car après tout,
« he likes to movie, movie »…
Rock Hard : Quels sont tes cinq
films préférés ?
Joakim Brodén : La Mort de Staline
(2017) d’Armando Iannucci. La
comédie la plus bizarre et tragique
jamais réalisée ! Le mélange de faits
réels et de fiction y est parfaitement
dosé. C’est un film très amusant,
mais assez caustique, qui présente
des personnages historiques de manière presque
caricaturale. C’est au spectateur de comprendre quand
est-ce qu’il faut rire !
Gladiator (2000) de Ridley Scott, qui
brille à la fois par la qualité de
l’histoire qu’il raconte et par la
beauté de sa photographie,
absolument remarquable. J’adore
aussi sa bande originale, qui est très
marquante. En dépit de scènes crues
et brutales, ce film véhicule un
message puissant et chargé en
émotions auquel je suis très sensible.
Le Bon, La Brute Et Le Truand
(1966) de Sergio Leone. L’archétype
du western spaghetti ! Ce n’est pas
un excellent film et on sent qu’il n’a
pas bénéficié d’énormes moyens,
mais je l’adore. Il a été tourné à la
dure ! Ce long-métrage a beaucoup
de charme et la musique qui
l’accompagne est fantastique.
Star Wars :
L’Empire Contre-Attaque (1980),
d’Irvin Kershner. Un choix plus
classique, mais incontournable. C’est
le meilleur de la saga, point barre.
Pas d’autre choix possible ! (rires) Il
s’agit certainement du film que j’ai le
plus souvent vu dans ma vie. Pour
moi, tous les autres Star Wars
s’articulent autour de celui-ci.
À La Conquête De L’Espace (2005),
de Christopher Spencer et Mark
Everest. Je triche un peu car il s’agit
d’une série de quatre films qui
pourraient presque être considérés
comme des documentaires. On y
découvre l’histoire de la NASA, les
expériences de Wernher von Braun
pour les Américains et de Sergei
Korolev, scientifique russe obligé
de travailler avec celui qui l’a
envoyé au Goulag. C’est excellent !
Ta Bande Originale de film
préférée ?
Il y a énormément d’options,
mais je choisis celle de Star
Wars : Le Réveil De La Force
(2015). On y retrouve les
thèmes et mélodies des
anciens épisodes de la saga,
mais revisités et remaniés
avec une rare pertinence.
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Certains airs majeurs sont joués en mineur, d’autres
avec différents instruments… Lorsque j’ai vu le film pour
la première fois, la musique m’a filé des frissons à de
nombreuses reprises ! A la manière de Wagner, John
Williams annonce l’arrivée de personnages précis grâce
à des leitmotivs, ce qui est admirablement bien pensé.
Ton réalisateur préféré ?
Ridley Scott. Outre Gladiator,
j’ai été subjugué par le premier
Alien (1979), La Chute Du Faucon
Noir (2001), et tellement d’autres !
Ses films d’action sont à la fois
sérieux et cool à regarder. Au-
delà du rythme bien maîtrisé, il y
a une certaine profondeur dans
son travail. J’admire vraiment
R. Scott
l’ensemble de son œuvre.
Ton affiche de film préférée ?
Celle de L’Enfer des Hommes
(1955) car elle est liée à un
souvenir précis. Le fils d’Audie
Murphy, à qui nous avons
consacré la chanson « To Hell
And Back » et dont le film
raconte l’histoire, est venu
assister à notre concert du 1er
mai 2015 au Greek Theatre
de Los Angeles et nous a
offert cette affiche en
coulisses. Pour des raisons purement
personnelles et sentimentales, aucune affiche ne
compte donc davantage pour moi. Elle trône
actuellement dans mon salon !
Ton acteur préféré ?
Probablement la question la plus
difficile de cette rubrique ! Je n’ai
pas vu tous les films d’Ewan
McGregor, mais je l’ai toujours
trouvé excellent. C’est un vrai
professionnel, avec un charisme
naturel, et qui sait s’adapter, qu’il
joue dans Trainspotting (1996) ou
campe Obi-Wan Kenobi dans la
E. McGregor deuxième trilogie de Star Wars
(1999/2005), par exemple.
Ton actrice préférée ?
Judi Dench, principalement pour son
interprétation du personnage de M
dans la saga James Bond, de GoldenEye
(1995) à Spectre (2015). Elle m’a aussi
ébloui dans Confident Royal (2017),
où elle interprète à la perfection
la Reine d’Angleterre, Victoria.
C’est une femme incroyablement
puissante, à laquelle je pense qu’il ne
faut pas se frotter ! (rires)
J. Dench
Ta série préférée ?
Frères d’Armes (2001) et The Pacific
(2010). Mon programme préféré de
toute l’histoire de la télévision !
J’aime absolument tout dans cette
série. Comme chacun le sait, j’adore
l’Histoire militaire et j’apprécie
particulièrement les intrigues basées
sur des faits réels. Chaque épisode
débute par le récit d’un vétéran et
immerge ensuite le spectateur en pleine action. C’est à
la fois déprimant et plein d’héroïsme… Vingt heures
incroyables à voir et à revoir sans modération.
Ton film d’animation préféré ?
Coco (2017) Je suppose que les
gens citent généralement des
films qui les ramènent à leur
enfance, alors mon choix
surprendra peut-être… C’est
Tommy, notre guitariste, qui me
l’a recommandé. D’ordinaire,
il a vraiment des goûts bizarres
en matière de cinéma, mais pour
une fois, je suis ravi d’avoir
suivi son conseil. Ce film raconte l’histoire d’un jeune
Mexicain qui veut devenir musicien. Il se passe le jour
des morts… C’est remarquablement bien fait et c’est
sûrement le film d’animation qui m’a le plus ému, même
si j’ai tout fait pour que mes comparses n’en sachent
rien ! (rires)
Le dernier film que tu as vu ?
Je suis actuellement en plein
re-visionnage de Lawrence
d’Arabie (1962), héros à qui
nous venons de consacrer une
chanson. Il est très cool, mais
très long, alors je fais des
pauses ! Le dernier film que
j’ai vu en entier est Bohemian
Rhapsody (2018) de Bryan
Singer, que j’ai vraiment
trouvé très bon. Rami Malek,
qui joue Freddie Mercury, a
fait du putain de bon boulot, notamment en ce qui
concerne la gestuelle et les mimiques du chanteur.
En tant qu’immense fan de Queen, je n’ai pas été déçu.
Certains déplorent que la chronologie de la carrière
du groupe n’ait pas été mieux respectée, mais cela
aurait sûrement nuit au rythme du film, alors je
l’accepte sans problème. Le sujet a été traité avec
respect, délicatesse, et même une touche d’humour,
ce qui est très appréciable.
Ton documentaire préféré ?
Genius (2017), une série de
documentaires que j’ai vu sur la
chaîne National Geographic.
J’ai particulièrement flashé sur la
saison 1 qui raconte la vie d’Albert
Einstein en dix épisodes d’une
heure chacun. Nous commençons
par le découvrir âgé et revenons
dans le passé pour approfondir
sa vie et son histoire. C’est à mi-
chemin entre le film et le docu. J’apprécie le fait qu’il y
ait une touche humaine et pas seulement des faits
énumérés les uns à la suite des autres. Geoffrey Rush
est un excellent acteur et s’est très bien approprié le
rôle.
Ton « méchant de cinéma »
préféré ?
Je pourrais évidemment citer Dark
Vador car il n’y a pas plus cool que
lui, mais j’ai avant tout un faible
pour Moriarty, le Nemesis de
Sherlock Holmes. Dans l’œuvre de
Sir Conan Doyle, c’est celui que tu
ne vois jamais, l’ennemi ultime,
mystérieux et omniscient, mais j’adore aussi le parti-pris
de certaines adaptations modernes. Andrew
Scott campe un Moriarty complètement dingue
dans Sherlock (2010/2017), mais j’ai surtout flashé
sur l’interprétation de Natalie Dormer dans la série
Elementary (2012/2019). Je ne veux pas trop en dire,
au risque de spoiler les lecteurs !
5

5. URIAH HEEP – Live (1973)
Propos recueillis par Benji David Byron est un maître pour moi,
Photo Guillaume Bounaud c’est ma plus grande influence. Sa façon
de chanter provoquait des images en moi :
Entretien téléphonique réalisé le 04 mars 2020 je voyais toutes sortes de chose grâce à sa
Chaque mois, un musicien évoque voix, il me faisait voyager, même si je ne
comprenais pas ses paroles car je ne parle
les dix albums qui ont changé sa vie,
pas bien anglais. Et puis, l’orgue de Ken
ses « Dix Commandements ». En plein Hensley est lui aussi assez magique ! J’adore
imbroglio avec Sortilège (voir rubrique
« Sunrise », « Gypsy » et tant d’autres morceaux.
« news » dans ce numéro), le chanteur Difficile de passer après un tel groupe !
emblématique du groupe, Christian
« Zouille » Augustin, nous a livré sa 6. LED ZEPPELIN – Physical Graffiti
sélection. (1975)
C’est mon disque préféré du groupe. J’aime
1. GRAND FUNK RAILROAD – beaucoup les doubles albums studio car
Survival (1971) ils permettent de libérer toute la créativité
Christian « Zouille » Augustin : de leurs auteurs. Ce n’est pas évident de
L’un des premiers albums pondre autant de chansons d’égale qualité,
que j’ai écoutés. J’ai été mais Led Zeppelin a su le faire sur Physical
immédiatement attiré par la voix Graffiti. Et puis, il y a aussi la voix de Robert Plant,
du chanteur/guitariste Mark elle aussi haut perchée, que j’aime énormément.
Farner, qui était toujours très
« haut perchée ». Je trouvais ça étonnant ! 7. MOTT – Shouting And Pointing (1976)
La musique sortait elle aussi de l’ordinaire, C’est un disque assez méconnu, mais que
cette espèce de mélange entre rock dur et j’aime beaucoup. Tout d’abord parce que,
psychédélique. pour l’époque, la production est monstrueuse
(Ndlr : Eddie Kramer était aux manettes), mais
2. DEEP PURPLE – Made In aussi parce qu’il y a beaucoup de piano dans
Japan (1972) ce rock, ce que j’apprécie particulièrement
J’adore les albums live. Ils ont (Ndlr : Mott est la continuation de Mott The
toujours des sons particuliers, Hoople après le départ du chanteur/leader Ian Hunter en
avec beaucoup de réverb’, et je 1974. Mott n’a publié que deux albums studio. Shouting
trouve qu’à chaque fois, c’est And Pointing fut le dernier).
plus fort, plus beau, magnifié par
rapport aux albums studio. Et 8. RAINBOW – On Stage (1977)
j’aime entendre le public s’exprimer. A cette Ronnie James Dio est un autre de mes
époque, les groupes se lâchaient vraiment maîtres. Et comme souvent sur un disque
en concert, osaient faire des choses qu’ils live des années 70, il se « lâche »
s’interdisaient en studio. Il y a tout sur ce totalement. J’aime particulièrement la
Made In Japan : l’orgue Hammond – j’adore ! –, version de « Mistreated » (Deep Purple)
le chant de Ian Gillan, les mélodies, les sur cet album. C’est sûrement l’une de
morceaux… mes chansons préférées de cette époque.
Nous l’avions d’ailleurs reprise lors d’un concert de
3. PINK FLOYD – The Dark Sortilège au Forum des Halles de Paris (Ndlr : le
Side Of The Moon (1973) 26.02.1983). Ronnie James Dio… Je ne sais même
J’aime l’ambiance dégagée par pas quoi dire à son propos. Son association avec
ce disque. D’évidence, tous les Ritchie Blackmore, même si elle fut assez brève, a
morceaux sont imparables. Ces accouché de quelques-uns des plus beaux disques de
mélodies, ce jeu de guitare la deuxième moitié des années 70.
aérien avec des notes longues...
J’aime les musiciens qui n’en 9. SCORPIONS – Tokyo Tapes (1978)
font pas trop, mais juste assez pour émouvoir. Ce groupe a aussi marqué ma vie. Klaus
C’est vrai pour les guitaristes, mais aussi pour Meine fait partie de cette race de
les batteurs. Aujourd’hui, j’écoute certains chanteurs que j’adore. Et dans le genre,
groupes dans lesquels les batteurs en font des voilà un autre live qui relègue les versions
tonnes, tout le temps, alors qu’avec un gars studio de tous ces morceaux aux
comme Ian Paice (Deep Purple), quelques coups oubliettes. Bien sûr, Uli Jon Roth était
de baguettes suffisent ! encore dans le groupe, et il éclabousse ce
disque de sa classe. Quels soli de guitare !
4. ALICE COOPER – Billion
Dollar Babies (1973) 10. NIKOLO KOTZEV – Nostradamus
(2001)
Alice Cooper n’est pas à proprement
parler un grand chanteur, mais Ce n’est évidemment pas un disque qui a
c’est un excellent compositeur, bercé ma jeunesse. Je l’ai découvert bien
après sa sortie, il y a quatre ou cinq ans
et il a indéniablement apporté
quelque chose de plus au rock au seulement, mais j’ai tenu à l’insérer dans
niveau visuel. Cette théâtralité cette sélection car le travail de composition
n’existait pas avant lui. J’ai hésité entre Billion et de production de Kotzev sur cet opéra
Dollar Babies et School’s Out (1972), mais au rock est vraiment remarquable. Mais aussi parce
final, il n’y a que des tubes ou presque sur le qu’y figurent notamment deux chanteurs que
j’apprécie depuis toujours, Joe Lynn Turner et plus
premier, que j’aime beaucoup et sur lequel j’ai
donc jeté mon dévolu. encore Glenn Hughes, qui y livrent une fabuleuse
performance.
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Ponctuellement, nous revenons sur un
album « décrié », un peu à part dans la
discographie d’un groupe. Un « mal aimé »,
en quelque sorte. Par certains critiques,
certains fans, et, parfois, par ses
géniteurs eux-mêmes. Un album qui,
pourtant, vaut le détour et mérite
qu’on le réhabilite sans plus attendre.
L’autopsie d’un « échec » qui n’en est
pas vraiment un, l’idée étant de faire
parler les musiciens « à froid »,
plusieurs années après la sortie de ce
disque, afin de mieux comprendre ce
qui, à l’époque, n’a pas collé. Pourquoi
les étoiles n’étaient pas alignées.
Ce mois-ci, Guillaume Fleury revient sur
Load de Metallica paru en 1996.
En 1996, Metallica, considéré comme l’un
des plus grands groupes de heavy metal de
l’Histoire grâce au succès phénoménal de
Metallica (1991), plus connu sous le nom de
Black Album, enchaîne les tournées marathons
aux productions démesurées. Mais les cinq
années qui se sont écoulées ont vu beaucoup
de choses évoluer, que ce soit au sein même de
la formation – en proie à des tensions internes
résultant de ces tournées incessantes et toujours
plus ambitieuses – ou dans le paysage musical
rock, qui a vu des collectifs comme Nirvana,
Pearl Jam et Korn « redistribuer les cartes », au
risque de ringardiser Metallica (la scène heavy
ayant elle-même déjà pris un sacré coup). Si le
batteur Lars Ulrich semble clairement avoir la
tête à une orientation plus « arty », lui qui clame
son amour pour Oasis sur tous les toits, il est
également suivi par le guitariste Kirk Hammett,
le duo semblant prendre le contrôle de l’aspect
artistique du groupe. Signe des temps, Metallica
va jusqu’à proposer au célèbre producteur de
rap Dr. Dre de bosser avec lui, ce que ce dernier
refuse.
James Hetfield : Lars et Kirk étaient à fond dans
l’art abstrait, laissant courir le bruit qu’ils étaient
gay. Ils savaient que ça me dérangeait. J’aime
l’art, mais pas dans le seul but de choquer.
Je pense d’ailleurs que le visuel de Load n’était
qu’une parodie de toute cette attitude, de même
que le maquillage et tous ces délires, ces conneries
dégueulasses qu’ils pensaient devoir faire.
Si James n’est pas grand fan de Blood And Semen III,
le visuel du peintre américain Andres Serrano, mélange,
pressé sous plexiglas, de sang de bovin et de sperme
de l’artiste, et que ses soucis avec l’alcool semblent
exiger qu’il « passe un peu la main » aux autres, il n’est
tout de même pas étranger à la mue, strictement
musicale elle, que connaît Metallica. Alors passionné
par Johnny Cash, Hank Williams et Waylon Jennings,
des artistes country dont son père (avec qui il s’est
récemment réconcilié et qui décède l’année de sortie
de Load) est fan, James laisse beaucoup transpirer
cette inspiration sudiste, voire blues, dans son travail
d’écriture. Le point d’orgue est atteint avec « Mama
Said », morceau très proche de la country pure, ce qui
n’est pas franchement du goût de tout le monde au sein
du groupe.
Jason Newsted : Moi, ce que j’aime, ce sont les trucs
rapides et lourds. Je ne crois pas que Metallica ait
vocation à faire de la country. Nous sommes passés très
près avec ce morceau et cela m’a laissé un goût amer.
Jason ne compose d’ailleurs pas la moindre note de
musique pour cet album, ce qui est une première.
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Originellement pensé comme un double album constitué
de 27 morceaux, le dyptique Load (1996)/Reload (1997)
est finalement scindé en deux disques distincts, un an
d’intervalle séparant les deux sorties. La « faute » à la
proposition faite au groupe de rejoindre l’immense
tournée américaine Lollapalooza, autre signe du
basculement trendy des Mets depuis 1991 et la sortie
de Metallica. Deux disques, donc, et non un double,
ce qui n’est pas forcément une mauvaise idée au regard
du contenu gargantuesque de ce sixième opus. Composé
entre 1994 et 1995, Load renferme en effet pas moins
de 14 titres pour 78 minutes de musique (« The Outlaw
Torn » se voit même tronqué de plus d’une minute afin
de pouvoir être inséré sur un CD dont la durée maximale
est limitée à 80 minutes !).
Si son jumeau « Fuel », à venir sur Reload (1997),
connaîtra davantage de succès, « Ain’t My Bitch »
s’inscrit presque dans la continuité de ce que proposait
le Black Album, mais amorce déjà une couleur nettement
plus « rock », l’ensemble jouissant d’une production
aux petits oignons signée Bob Rock, déjà à l’œuvre sur
Metallica. Davantage orienté hard rock que tous ses
prédécesseurs, Load voit ainsi Metallica lorgner vers
le desert rock et le blues rock, des genres qui n’ont,
à l’époque, pas vraiment le vent en poupe. C’est
également la première fois que Kirk Hammett s’essaye
à la guitare rythmique aux côtés de James, tout en
enrichissant son son de nombreux effets, notamment
le recours au bottleneck et à la voice box (« The House
Jack Built »), sans oublier une pédale wah plus présente
que jamais et qu’il ne débranchera plus par la suite.
En bref, Load groove comme Metallica n’a jamais
groové (« Ronnie », inspiré par une fusillade dans un
lycée américain). Néanmoins, le groupe ne perd pas
son efficacité en termes de songwriting, pourvoyant des
riffs efficaces et des refrains pour la plupart accrocheurs.
De plus, James dévoile pour la première fois, que ce soit
dans ses textes ou sa manière de les interpréter, une
sensibilité qui peut désarçonner les fans de la première
heure.
Mais si le duo Hammett/Ulrich et leur producteur sont
persuadés d’avoir fait le meilleur choix en cherchant à
repousser encore leurs limites stylistiques, Hetfield reste
circonspect :
Bob Rock : Je considère Metallica comme le nouveau
Led Zeppelin, le nouveau Beatles. C’est sûr, ce n’est
pas Mötley Crüe qui va rester dans les livres d’Histoire...
Kirk Hammett : Nous étions un groupe de heavy metal il
y a sept ou huit ans. Nous gardons des racines dans le
heavy metal, mais nous sommes bien plus que cela.
James Hetfield : Je ne suis pas à 100 %, mais je choisis
de suivre leur vision. Je fais de mon mieux, mais ça ne se
déroule pas aussi bien que je l’espérais. Mais je n’ai
aucun regret car, sur le moment, cela nous semble la
meilleure chose à faire.
Si le nouvel univers de Metallica n’est pas facile à
appréhender pour les fans de longue date, ou même
ceux qui ont pris le train en marche avec Metallica,
le choix visuel n’aide pas à faire « passer la pilule ».
Entre un logo débarrassé de toute son agressivité et
des photos promotionnelles qui donnent aux musiciens
des allures de maquereaux flambeurs, avec renfort de
maquillage et, comble du comble, des
cheveux courts, c’en est trop, même pour
les die-hards ! Il faut dire que l’attitude virile
et pleine de sueur que proposait encore le
Live Shit en 1993, et pour laquelle nombre
de fans sont tombés dans la marmite, semble
déjà loin lorsque pointe le piercing au téton
de Lars !
James Hetfield : On recommence à nous
détester, et moi j’adore ça !
Lars Ulrich : Les gens m’ont abordé des
années après, pour me dire : « Je n’ai jamais
donné de vraie chance à cet album parce que
je n’acceptais pas de voir Jason Newsted
avec de l’eyeliner ! »
Heureusement pour Metallica, le temps
fait son œuvre et Load est aujourd’hui
globalement réhabilité, les fans du combo
américain ayant eu le temps de digérer la
trahison et d’apprécier les morceaux que
renferme l’album pour ce qu’ils sont.
Il faut dire que, pour beaucoup, Metallica
« commettra » encore pire avec Reload
(1997) et St Anger (2003). Reste que ce
disque tant décrié connaît, du fait du raz
de marée Metallica, un large succès
commercial (plus de dix millions d’albums
vendus). « Bleeding Me » et « The Outlaw Torn » sont
aujourd’hui souvent cités comme de vraies réussites
artistiques. Seules des compositions comme « Hero Of
The Day » (dont le titre de travail était, ironie du sort,
« Mouldy », qui signifie « moisi ») et « Mama Said » étant
encore pointées du doigt. Le thème du premier évoque
d’ailleurs les héros qui déçoivent ceux qui les idolâtrent !
De quoi résumer Load à peu de frais, même si, de ce
côté, James, qui analyse à l’origine le texte de « 2X4 »,
décroche la timbale :
James Hetfield : La haine est une part importante de
ma vie, et ce depuis longtemps. Il est plus facile de
trouver quelque chose à détester que quelque chose
à aimer. Y
Track-listing de l’album original :
1/ Ain’t My Bitch – 2/ 2X4 – 3/ The House Jack Built – 4/
Until It Sleeps – 5/ King Nothing – 6/ Hero Of The Day –
7/ Bleeding Me – 8/ Cure – 9/ Poor Twisted Me – 10/
Wasting My Hate – 11/ Mama Said – 12/ Thorn Within –
13/ Ronnie – 14/ The Outlaw Torn
Producteurs :
Bob Rock (Mötley Crüe), James Hetfield & Lars Ulrich
Line-up d’époque :
James Hetfield (chant, guitare) – Kirk Hammett (guitare) –
Jason Newsted (basse) – Lars Ulrich (batterie)
7

Le Monde… du Metal
LE CHIFFRE
19ème ANNÉE - N°208
20
Vingt ans. C’est l’âge de l’ultime
album studio de Pantera, un
Reinventing The Steel initialement
paru le 21 mars 2000, jour du
printemps. Cowboys From Hell
(1990), Vulgar Display Of Power
(1992), Far Beyond Driven (1994) et
The Great Southern Trendkill (1996),
ses plus illustres grands frères, ont
déjà eu droit à un lifting en bonne
et due forme en 2010, 2012, 2014
et 2016. Reinventing The Steel va
bénéficier à son tour de ce traitement
de faveur, sa version Deluxe 2 CD
rehaussée de bonus étant attendue
dans le courant de l’année, histoire
de boucler la boucle.
LA PHRASE DU MOIS
• « Même après toutes ces années,
les médias anglais continuent de
nous ranger dans la New Wave Of
British Heavy Metal, tandis que les
médias américains disent que nous
sommes un groupe de hair metal.
Rien de tout ça n’est cohérent car
nous nous nous sommes faits tout
seuls. De fait, seuls deux groupes
dignes d’intérêt ont survécu à la
vague NWOBHM. Il s’agit de Def
Leppard et d’Iron Maiden (…) »
(Joe Elliott, chanteur de Def Leppard,
répondant aux questions du site
uDiscover Music. Biff Byford et ses
Boys de Saxon ont dû apprécier !)
NOUVELLES DU FRONT
6 La rumeur voudrait que
Kerry King et Paul Bostaph
(ex-Slayer) s’associent à Phil
Anselmo (Down) et Gary
Holt (Exodus) pour former
un nouveau projet, ce qui
demande toutefois confir-
mation. 6 Le guitariste
Niklas Sundin, qui s’était mis en pause de
Dark Tranquillity depuis 2016 pour se
concentrer sur sa famille, a officiellement
annoncé son départ du groupe. 6 Ville Valo,
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COVID-19 SPREADING THE DISEASE...
100% INDÉPENDANT
La pandémie de Covid-19, maladie
à coronavirus apparue en novembre
2019 en Chine, secoue la planète,
et donc le petit monde du metal.
La première tournée d’envergure
affectée a été celle de Testament,
Exodus et Death Angel, censée passer
en Italie pile au moment où le nord du
pays devenait un foyer épidémique.
En toute logique, le concert des
thrashers à Milan du 25 février a
été annulé. A l’époque, douze morts
le leader de Him, est de retour
en solitaire avec VV. Un premier
EP 3 Titres, Gothica Fennica
Vol. 1, vient de sortir. 6 KK’s
Priest, composé des ex-Judas
Priest K.K. Downing (guitare),
Les Binks (batterie) et Tim
« Ripper » Owens (chant) enre-
gistre actuellement son premier
album… qui devrait sonner
comme du Evanescence.
Noooon, on déconne ! 6
Requiem (Live At Roadburn
2019) est le titre du CD/DVD
que Triptykon publiera le 15
PHOTOS : M.VILLALONGA
imputables au virus étaient
comptabilisées en Italie. A peine
un mois plus tard, au moment de la
rédaction de ces quelques lignes,
plus de 6.000 personnes y ont déjà
perdu la vie (près de 17.000 victimes
dans le monde, mais le nombre évolue
extrêmement vite). De retour aux
USA, Chuck Billy, le chanteur de
Testament, a annoncé être malade
du Covid-19, tout comme sa femme
et, selon certaines sources, plusieurs
mai prochain. On y découvrira,
live au festival hollandais, le fameux
requiem de 46 minutes composé
de trois chapitres, dont deux ont
été publiés par Celtic Frost en
1987 et 2006. 6 Le nouvel album
du combo finlandais Sinisthra –
qui compte en ses rangs Tomi
Joutsen, le chanteur d’Amorphis
– s’intitule The Broad And Beaten
Way. Il est attendu pour mai. 6
Alexi Laiho, ex-Children Of Bodom,
a formé un nouveau groupe
nommé Bodom After Midnight
composé du guitariste Daniel
techniciens du groupe. Gary Holt
(Exodus, Slayer) a quant à lui
annoncé avoir « tous les symptômes »
du virus, mais c’est surtout le cas de
Will Caroll qui inquiète, le batteur
de Death Angel ayant été placé en
soins intensifs... La diffusion rapide
du virus en Europe, puis aux USA,
où d’innombrables musiciens ont
pris la parole pour exhorter le public
à rester à la maison le plus possible,
a entraîné une cascade d’annulations
et autres reports. Le nombre de
groupes cherchant à reprogrammer
leurs tournées à l’automne est si
important qu’il a submergé des salles
de spectacles qui, bien souvent,
avaient déjà des engagements à cette
période. Du côté des festivals, aux
USA, le très trendy Coachella a
décalé son édition 2020 à octobre,
mais les Sonic Temple, Epicenter
et Welcome To Rockville prévus en
mai, et auxquels devaient participer
Metallica, Deftones, Tool, Disturbed
et autres Lynyrd Skynyrd sont
annulés. Annulation pure et simple
aussi outre-Manche pour le festival
grand public Glastonbury organisé
fin juin, qui estime que, dans le
contexte actuel, les délais de
montage de son site, qui accueille
jusqu’à 175.000 festivaliers, ne
pourront jamais être tenus. Idem
pour le Download UK. Aux Pays-
Bas, le Prognosis a été décalé de
mars à septembre, mais le célèbre
Roadburn n’aura pas lieu cette
année... En France, si le Hellfest a
annoncé que sa tournée warm-up
prévue en avril était annulée,
le festival est toujours prévu les 19,
20 et 21 juin prochains à Clisson,
même si l’on peut légitimement
douter de sa tenue. Tout dépend
désormais de la progression de ce
satané virus. Prenez bien soin de
vous et des autres.
Stay metal, stay... at home !
Freyberg (ex-Children Of Bodom), du
batteur Waltteri Väyrynen (Paradise Lost),
du bassiste Mitja Toivonen (ex-Santa Cruz)
et du clavériste de session Lauri Salomaa.
6 C’est le 12 juin que sortira Whoosh!, le
nouvel opus de Deep Purple qui renfermera
entre autres le premier single « Throw My
Bones », d’ores et déjà
disponible. 6 Ce même
jour, Steven Wilson dévoi-
lera son nouvel opus solo,
The Future Bites, composé
de neuf titres parmi lesquels
« Unself », « King Ghost »,
« Man Of The People » et
SORTILEGE L’INVRAISEMBLABLE IMBROGLIO !
HEAVY METAL
Il y a eu Saxon et Oliver Dawson’s Saxon. Venom et Venom Inc. Wishbone
DR
Ash et Martin Turner’s Wishbone Ash. Yes et Yes featuring ARW. Ratt et
Bobby Blotzer’s Ratt Experience. Et bien d’autres. Il faudra aujourd’hui
compter sur la version française de ces formations qui se dédoublent avec
plusieurs membres originaux de chaque côté : Sortilège et Sortilège feat.
Christian « Zouille » Augustin ! Résumé de ce sac de nœuds : en juin 2019
(RH#199), nous accordons notre Une à un Sortilège tout juste reformé.
Christian « Zouille » Augustin, son emblématique vocaliste, nous dit alors
tout sur ce retour inespéré qui inclut trois autres membres originaux – Didier
« Dem » Demajean à la guitare, Daniel « Lapin » Lapp à la basse et Bob
« Snake » Dumont à la batterie – épaulés par Bruno Ramos (Manigance).
Et ceci, dans l’attente du retour de Stéphane « L’Anguille » Dumont, frère
de Bob et guitariste soliste original du combo, résidant à Los Angeles depuis
plusieurs décennies et censé rejoindre le groupe début 2020... Hélas, dès
septembre 2019, Bob « Snake » Dumont est remercié, remplacé par
François Brisk (ex-Dyslesia), puis, deux semaines plus tard, par Farid
Medjane (ex-TNT, ex-Trust). Plusieurs concerts en France, mais aussi à
l’étranger nous amènent à janvier 2020 : le quintet embarque sur la croisière
70.000 Tons Of Metal, les fans guettant alors le retour programmé de
Stéphane Dumont… Mais point d’Anguille sur le pont. Le 07 février,
Sortilège se produit à Rennes, sans Didier Demajean, mais avec Olivier
Spitzer (ex-Stators, ex-Satan Jokers). On n’y comprend déjà plus rien…
Jusqu’au coup de grâce, donné le 10 mars sur la page Facebook du groupe,
Retrouvez également ROCK HARD
via le message suivant de Stéphane, Bob et Didier : « Le cercle initial des
fondateurs se reforme enfin, plus soudé que jamais, prêt à écrire une
tous les mois sur vos smartphones
nouvelle page de la vie du groupe. » Ce même jour marque l’apparition
d’une autre page Facebook, Sortilège feat. Christian « Zouille » Augustin », et tablettes Apple et Android (liens
indiquant que ni ce dernier, ni Daniel Lapp n’ont quitté Sortilège, mais
qu’ils viennent d’en être évincés par Didier qui tente de s’accaparer le nom ci-dessous). Cette version dématérialisée
Sortilège ! C’est en tout cas la version feat. Augustin du groupe (avec un
Bruno Ramos à présent concentré à 100% sur ce projet, puisque qu’il a est enrichie à l'aide de liens cliquables
quitté Manigance dans l’intervalle), qui jouera le 28 octobre 2020 à l’Elysée
Montmartre… On nage en plein délire tellement c’est grotesque ! Cette
reformation aurait dû être un grand moment de joie pour les musiciens et
que vous pourrez ouvrir sans
leurs fans. Quelle déception… et quel gâchis ! quitter l'application. Bonne lecture !
« Personal Shopper ». Nous avons écouté la Intitulé Black Metal, cet
bête : le génie anglais risque une nouvelle
fois de surprendre et de diviser. Mais attend-
on autre chose de lui ? 6
opus minimaliste composé
de sept titres sortira chez
Nuclear Blast. 6 Henning
Apple / AppStore :
Vio-lence, la légende Basse (chant) et Bob http://bit.ly/appleRH
thrash de la Bay Area Katsionis (guitare/claviers)
reformée fin 2018 et au ne font plus partie de
sein de laquelle officient Firewind, le groupe de
notamment les guitaristes Gus G. (ex-Ozzy Osbourne), dont le nouveau
Phil Demmel (ex-Machine chanteur n’est autre que Herbie Langhans
Head) et Bobby Gustafson (Avantasia, Sinbreed). 6 The Dead Daisies a
(ex-Overkill), a signé chez signé un deal mondial avec Spinefarm. Android / Google Play :
Metal Blade. Un EP devrait sortir sous peu. 6 Rappelons que le allstar band à géométrie
Le 1 mai prochain, Witchcraft prévoit de
er
variable est aujourd’hui composé de Doug
dévoiler un album entièrement acoustique. Aldrich (Whitesnake, Dio), David Lowy (Red http://bit.ly/androidRH
 LA PLAYLIST DES PROS
KURDT VANDERHOOF
(METAL CHURCH)
1. MONTROSE – Montrose
ROCK HARD IL Y A 10 ANS...
Le Chat Potté en couverture de Rock Hard ?
(par Philippe Lageat)
petit, le bus a été détruit. Les toilettes étaient
Vous n’y pensez pas, nous laissons ça à Shrek. bouchées, Cliff Burton en avait explosé la
2. THE WHO – Quadrophenia

Non, c’est bien au Chapeauté, Slash bien sûr, porte, et la seule odeur qui subsistait était
3. KANSAS – Song For America

que nous l’accordons. Et pour cause, l’ex- celle de la merde… ». Yabon Metallica !
4. SEX PISTOLS – Never Mind The Bollocks...

guitariste de Guns N’ Roses publie un album Les anecdotes de Stephen Pearcy, chanteur de
5. YES – Close To The Edge

solo éponyme faisant doublement figure Ratt que nous interrogeons avec grand plaisir,
d’événement puisqu’il s’agit de sa première sont tout aussi poétiques : « Je garde un
JOHANNA SADONIS
(LUCIFER)
échappée en solitaire et que ce disque, sur souvenir très précis de notre concert aux
1. MOUNTAIN – Climbing!

lequel on retrouve pas moins de quatorze Monsters Of Rock de Castle Donington en

2. FLEETWOOD MAC – Fleetwood Mac (1975)

chanteurs, est un vrai Who’s Who du rock : 1985. Je chantais quand, soudain, j’aperçois,
3. THE ROLLING STONES – Beggars Banquet

Alice Cooper, Ian Astbury, Chris Cornell, sur le bord de la scène, un truc un peu
4. DANZIG – Danzig II Lucifuge

Lemmy, Ozzy Osbourne, Iggy Pop, etc., la indéfinissable, comme un ballon… J’allais lui
5. BLUE ÖYSTER CULT – Spectres

liste a de quoi impressionner le plus blasé des mettre un grand coup de pompe quand je me
rockeurs. Nous en profitons pour dresser une suis aperçu qu’il s’agissait en fait d’une tête
NICKE ANDERSSON

liste des multiples featuring du guitar-hero qui

(THE HELLACOPTERS)
de cochon ! Ça m’a foutu une de ces trouilles !
1. GODDO – Goddo

a, plus souvent qu’à son tour, joué sur les Merci du cadeau, les gars ! ».
2. DB COOPER – Buy American

albums des autres, de Bob Dylan à Michael Gruikkkkkkkkkk !

3. BOB SEGER SYSTEM – Mongrel

Jackson, en passant par Lenny Kravitz, Rod

4. APRIL WINE – Electric Jewels

Stewart et Ray Charles. Dans les pages de ce Top Albums de la Rédaction RH98 :
5. ROGER C. REALE & RUE MORGUE – Radioactive

numéro 98, on croise également Savatage, Jon • ALCEST – Ecailles De Lune (E. Hennequin)
Oliva’s Pain, Aerosmith, Cathedral, Coheed • ASIA – Omega (S. Biard)
ETIENNE SARTHOU

And Cambria, The Ocean, Avantasia, Giant, • CATHEDRAL – The Guessing Name
(DELIVERANCE)

Noctiferia, Year Long Disaster, Alive Inc., Six (B. Bages)

1. KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD – Infest
The Rats’ Nest

Gallery, Still Square, Negura Bunget, Alcest et • COHEED AND CAMBRIA – Year Of The
2. KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD – Fishing

Ruined Soul, mais aussi Raven, Benji profitant pouvait contenir six personnes. Mais nous Black Rainbow (Djul)
For Fishies

du retour de ce dernier en France pour retracer étions trois musiciens, eux quatre, six roadies, • KARNIVOOL – Sound Awake (L. Reymond)
3. DARK FUNERAL – Where Shadows Forever Reign

sa féconde discographie en compagnie du un tour-manager, un mec chargé du son, • MY OWN PRIVATE ALASKA – Amen
4. DEAFHEAVEN – New Bermuda

chanteur/bassiste John Gallagher. Cela nous un autre des lumières, un responsable (S. Auzilleau)
5. PINK FLOYD – Meddle

vaut un retour haut en couleur sur le Kill’Em merchandising… 17 personnes au total dans • RATT – Infestation (Benji)
All For One Tour qui vit Raven écumer les un bus de six places. Du délire !!! (…) C’était • RAVEN – Walk Through Fire (Benji)
DIEGO JANSON (KARRAS)

USA en compagnie d’un tout jeune Metallica : • SCORPIONS – Sting In The Tail (P. Lageat)
1. KRAKOW – Minus

du grand n’importe quoi car nos amis de

2. PERIHELION – Agg

« Sur cette tournée, nous voyagions dans une Metallica aimaient bien la bière, plutôt deux • SLASH – Slash (M. Rivalin)
3. DELIVERANCE – Holocaust 26: 1-46

sorte de camion, ou un bus, difficile à dire, qui fois qu’une, et ils en foutaient partout. Petit à
4. HANGMAN’S CHAIR – This Is Not Supposed To Be

LES INSOLITES DU WEB

Positive
5. ENTOMBED – Wolverine Blues

TOSCHIE (AUDREY HORNE) INTERNET

1. KISS – Destroyer

Envoyez-nous vos liens à l’adresse insolites@rockhard.fr !

2. ELTON JOHN – Madman Across The Water
3. BRUCE SPRINGSTEEN – Born To Run

• Dans cette période si compliquée, Rob Halford assume son rôle de Metal God en rappelant les
4. OZZY OSBOURNE – Bark At The Moon
5. BRYAN ADAMS – Into The Fire

bonnes pratiques en matière d’hygiène, de distanciation sociale et de consommation. « Ne stockez

pas du papier toilette ! » est l’un des messages qu’il nous adresse, sans se départir de son flegme
CHRIS HOWORTH

tout britannique. https://bit.ly/halfordpq

(IN THIS MOMENT)
1. GETO BOYS – Best Of The Geto Boys

• Après le report de la tournée européenne de Machine Head

2. THE POLICE – Greatest Hits

et des quelques dates acoustiques qu’il avait prévues en juin,

3. STEELY DAN – Greatest Hits
4. W.A.S.P. – The Last Command

Robb Flynn a interprété un set unplugged depuis son salon

5. KISS – Alive!

en compagnie de son fils Wyatt, au violoncelle. Ce concert

improvisé a été diffusé sur le Net. Très belle idée !
THE BARON (CHRONUS)
1. FLEETWOOD MAC – Rumors

https://bit.ly/robbacoustic
2. BILLIE EILISH – When We All Fall Asleep,

• Une autre très bonne idée est celle qu’a eue

Where Do We Go ?

Tagada Jones en proposant à ses fans de participer

3. POST MALONE – Hollywood's Bleeding
4. RUSH – Counterparts

au « clip de confinement » de son nouveau titre « Nous avons la rage ». Bloqués chez
5. FAITH NO MORE – Angel Dust

eux, les musiciens bretons se filment eux-mêmes et incitent leurs supporters à en faire
de même. Vivement le résultat final !
MATT HEAFY (TRIVIUM)
1. RAMMSTEIN – Rammstein

https://bit.ly/tagadarage
2. FIT FOR AN AUTOPSY – Human Target

• Privé de concerts, Ultra Vomit a eu l’excellente

3. REGARDE LES HOMMES TOMBER – Ascension
4. THY ART IS MURDER – The Sea Of Tragic Beasts

idée de donner un concert ultra privé. Jugez plutôt.

5. IHSAHN – Telemark (EP)

Précisons que ce show ô combien intimiste a eu

lieu avant que le confinement ne soit imposé et que
A.M. (REGARDE LES HOMMES
TOMBER)

les musiciens n’aillent se poser sur leurs canapés

1. BLASPHEMY – Blood Upon The Altar (démo)

qu’entre nous, ils connaissent déjà très bien.

L’OEIL DE VERRE
2. CAVURN – Rehearsal (démo)

https://bit.ly/ultraprivé
3. KATHARSIS – World Without End
4. CAVERNE – Aux Frontières Du Monde

• Terminons avec une sacrée archive exhumée par les services de l’INA. En 1984, ce
5. DEATHSPELL OMEGA – The Furnaces Of Palingenesia

reportage sur la « culture hard rock » mené par un certain Philippe Manoeuvre mettait Angry Anderson & Geordie Leach
(Rose Tattoo), Melun, Salle des Fêtes,
en scène les regrettés Lemmy et Philthy (Motörhead), en pleine forme, mais aussi de
ANDY CAIRNS (THERAPY?)
1. JOY DIVISION – Unknown Pleasures

le 12 mai 1981.
nombreux hardos. Extrait : « Si ça se trouve, à 50 berges, on sera tous sourds ! ».
2. BLACK SABBATH – Black Sabbath

Je me faisais une joie de voir, pour la

ALORS, VERDICT ??? https://bit.ly/hard1984
3. BIG BLACK – Atomizer

dernière fois peut-être, Rose Tattoo sur

4. RAINBOW GRAVE – No You

scène le 24 mars à Paris. C’est hélas raté

5. BLACK FLAG – My War

pour les raisons qu’on sait. Hommage,

donc, à ce groupe scénique hors norme avec
cette photo prise lors du premier show des
Phoenix), Deen Castronovo Carcass qui succèdera à un Journey avec pertes et fracas après avoir, (Cinderella), Skidrow et Slaughter unir leurs

Tatts auquel j’ai assisté. Une véritable

(Journey) et, depuis peu, du Surgical Steel paru il y a sept selon les avocats du groupe américain, tenté forces pour quadriller les USA de long en

claque qui, au fil des concerts, ne s’est

légendaire Glenn Hughes ans déjà. 6 Curse Of The « un coup d’état » pour s’assurer le contrôle large du 3 juin au 19 septembre. Si, toutefois,

jamais démentie. Angry, sur ce cliché, est

(Deep Purple, Black Crystal Coconut (Ndt : La de Nightmare Productions, la boîte gérantles ces dates ne sont pas annulées pour les raisons

comme possédé, mais il est aussi gentil

Sabbath) au chant et à la Malédiction Du Cocotier de affaires du combo de Neal Schon. 6 Il se qu’on sait… 6 Ten Years

dans la vie qu’il peut être « fou » sur scène.

basse. Un nouvel album, Cristal) est le titre pour le dit que le prochain Avatar After, Lazuli et Hardline ont

Petite anecdote, il y avait, en première partie

enregistré en France, est moins incongru du nouveau pourrait atterrir dans les bacs rejoint l’affiche du prochain

de ce concert, le groupe Cyanure, que le

attendu pour le 28 mai. A disque des joyeux drilles à la fin juin, ce qui reste à Raismes Fest qui se tiendra

guitariste et le bassiste ont quitté peu de

confirmer. 6 C’est normale- d’Alestorm que Napalm confirmer au regard des les 12 et 13 septembre et

temps après pour former H-Bomb.

ment ce même jour que Vandenberg sortira Records publiera le 29 mai. circonstances actuelles. 6 accueillera notamment The
son nouvel album. 6 Le 7 août, les amateurs Voilà qui promet ! 6 Le batteur The Big Rock Summer Tour Darkness, Myrath, Electric

Tous les mois, une photo « plein pot » extraite des archives de Marc Villalonga et commentée par le photographe himself…
de bidoche saignant se jetteront probable- Steven Smith et le bassiste est le nom de la tournée qui Mary et Little Caesar.
ment sur Torn Arteries, nouveau scalpel de Ross Valory ont été virés de devrait voir Ratt, Tom Keifer Prometteur ! 6

10 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208

Je vous parle depuis le cinquième jour de confinement. Je ne vais pas vous dire de rester chez vous, je
suis sûr que vous le faites car vous n'êtes pas débiles. En revanche, voici un message destiné à tous les
groupes qui me lisent : profitez de l'attention que les gens peuvent vous porter en ce moment. C'est l'occasion
ou jamais de faire parler de vous, de vous faire de la pub, et, pourquoi pas, d'offrir quelques titres, voire
un album, en téléchargement gratuit. Voilà une opération marketing à peu de frais (calculez ce que ça vous
rapporte en temps normal...). Transformons cette merde en opportunité, autant que faire se peut. Et quoi
qu'il arrive, support the underground ! Prenez soin de vous en écoutant les groupes de cette rubrique
sur Deezer à l'adresse qui suit : http://bit.ly/plusenplusnet
WALLACK
Poitiers
Indus desert rock
Kyuss, Nine Inch Nails, Pink Floyd : si les
influences de WALLACK peuvent paraître
totalement impossibles à combiner,
l’excellent Black Neons vous prouvera
assurément le contraire ! En moins de
quarante minutes, le premier album du
combo de Poitiers développe de chaudes
mélodies ultra planantes associées à la
froide rigueur d’un beat mécanique, et ça
marche du feu de Dieu (« Anxiety ») ! La
performance est de belle taille car le
dosage est millimétré. Comment ne pas
AINSOPH
Amsterdam (Pays-Bas)
Black atmosphérique/post punk
Les groupes des Pays-Bas à avoir eu les
honneurs de cette rubrique ne sont pas
nombreux, mais Ainsoph en vaut douze.
Ce trio est difficile, voire impossible, à
étiqueter. Avant d’être ancré dans un
style, l’album Ω-V est avant tout une
ambiance qui vous prend par la main et
vous emmène dans un paysage flou et
brumeux. On y distingue, en revanche,
quelques bribes de décor déjà aperçues
auparavant : du black metal, du post
12
La rubrique préférée des paras normaux, par Charlélie Arnaud.
tomber en admiration devant le titre
éponyme digne des meilleures chansons
de Filter ? Tout cela grâce, notamment, à
un côté pop absolument irrésistible, très
souvent insufflé par le chant de Cyprien
(également préposé aux claviers et à
l’une des guitares), qui sert de liant aux
différents ingrédients de la musique du
combo. Le mur porteur de cet édifice ?
Une basse fuzzy à outrance et une putain
de grosse guitare heavy à souhait qui
permettent à tout le reste de voltiger
autour avec la grâce d’une plume. Il n’y a
pas à dire, les gars sont très, très forts.
punk, du shoegaze, du Killing Joke,
du Alcest, du Voivod... Un tourbillon
onirique mené par un chant féminin
éthéré et plaintif qui installe une
ambiance à la fois lénifiante et pas
toujours très saine. « The Long And Self-
Destructive Road » résume parfaitement
la sauce à laquelle les Bataves nous
mangent (rien que le titre !) : du gloom
en veux-tu en voilà, des blastbeats sous-
mixés comme si un groupe de black
metal jouait dans le lointain, et ce chant
obsédant et pas toujours très juste de
poupée cassée. Et puis, ces grattes et
cette basse typiquement post punk,
lancinantes, qui rabâchent encore et
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Wallack brûle les étapes et rejoint, avec
ce premier album, le haut du panier de
toute la scène française des Mars Red
Sky, Molybaron, et autres Robot
Orchestra. Des groupes qui n’ont de
français que leurs papiers tant leur
musique est universelle et leur potentiel
international. Nous avons attendu cela
des années durant et aujourd’hui nous y
sommes plus que jamais. Black Neons est
grand, Wallack est bon, et vous allez
l’adorer !
https://wallack-official.bandcamp.com/
encore ces leitmotivs entêtants...
Pas de doute, certains groupes font
de la musique pour le fun, et d’autres ont
certainement pas mal de choses à régler
au fond de leur âme. Et nous autres,
masochistes que nous sommes, de nous
pencher avec eux sur ce conglomérat
de pensées sépulcrales... Une bonne
nouvelle tout de même : Ω-V coûte moins
cher qu’une demi-heure chez un psy.
Si vous vous sentez vraiment trop joyeux
et que cela devient difficilement
supportable, téléchargez gratuitement
cet excellent dépresseur ici :
https://wolvesofhades.bandcamp.com
/album/v
• Que serait une rubrique « De Plus En Plus Net »
sans sa chronique mensuelle de techno death ? Ce
mois-ci, ce sont les Américains d’ERGODIC qui
ravagent tout avec leur EP 3 Titres éponyme. Et
Dieu sait qu’un quart d’heure de musique dans ce
cas précis laisse déjà suffisamment d’occasions de
se pâmer devant les talents d’écriture hallucinants
du combo. Evitant soigneusement le côté too much
de certains de ses concurrents, Ergodic navigue
entre le style mélodique d’un Arsis (le terrassant
« Lash To Control ») et les prouesses techniques
jubilatoires d’un Spawn Of Possession (l’incroyable
« Veil Of Dementia »). Les guitaristes en herbe
auront ici 552 bonnes raisons de revendre leur
matos et d’acheter un Scrabble. Et dire qu’il s’agit
du coup d’essai d’un groupe ayant à peine trois ans
d’existence ! Difficile de ne pas voir ici l’un des
futurs grands noms du genre. Absolument brillant !
Téléchargement gratuit sur :
https://ergodic.bandcamp.com
• Venu tout droit de Milan (Italie), KILLIN’
BAUDELAIRE est un combo 100% féminin de metal
alternatif dont l’album Vertical Horizon a toutes les
cartes en main pour faire un carton. Si le méchant
« Lullaby » d’ouverture ne déclenche pas les passions,
la facette bien plus rock FM – voire pop, avec quelques
incursions hip hop – de certains titres sied bien
mieux aux jeunes femmes (« (Ex)ecute », « Don’t
Give A F**k » ou la très jolie ballade « Building
Ends »). Les treize titres, cousus de fil blanc, sont
impeccablement écrits et mis en son. Il semble
d’ailleurs évident qu’avec la nationalité américaine,
le combo serait déjà bien plus avancé dans sa
carrière tant sa musique semble taillée pour les
charts US. Vous cherchez le chaînon manquant entre
Lacuna Coil et Linkin Park ? Venez donc voir par ici...
www.facebook.com/killinbaudelaire
• MIND WHISPERS délivre sur son cinquième album
Serpentarius, un metal extrême mélodique qui doit
autant au death qu’au black symphonique, avec
quelques velléités progressives. Il peut s’en passer
des choses, en 50 minutes ! Le combo du Sud-ouest
nous le prouve en gavant chacun de ses titres de
plans divers et variés, parfois pour le meilleur,
d’autres fois au détriment d’une certaine efficacité.
La production générale s’avère tout à fait correcte,
mais l’on peut toutefois s’interroger sur l’intérêt
d’avoir placé le clavier particulièrement bavard aux
premières loges du mix, quitte à le laisser
phagocyter la guitare. Un parti pris discutable.
Reste que chaque titre apporte de très bonnes
idées qui mériteraient souvent d’être développées
plus avant. En simplifiant ses structures, Mind
Whispers pourrait assurément en sortir grandi. Less
is more ! http://mindwhispers.fr/
MADE IN FRANCE : 40 ANS DE METAL 1976-2016
Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 6 mars 2020
Double rubrique ce mois-ci afin de saluer
l'excellente initiative de Pascal Clair (alias
Raskal) qui édite un gigantesque annuaire
présentant un panorama des sorties metal
« made in France » (vous vous en doutiez,
je parie) éditées entre 1976 et 2016. Un
truc de dingue et un boulot de passionné
qui frôle le jamais vu.
En quelle année est sortie la démo 4 Titres des Groggies,
ce groupe de hard rock de la Queue en Brie ? Le 45 Tours
« Hard To Be A Man » de 1978 est-il l’œuvre du groupe
Soho de Paris qui faisait du hard rock/boogie ou de celui
d’Annecy, plutôt teinté hard/heavy ? Plus fort encore :
sur quels samplers inclus dans quels numéros de quels
magazines peut-on trouver un titre du groupe Fifty
One’s ? (Indice : il y en a six). Autant de questions et des
milliers d’autres trouveront leur réponse dans cet ouvrage
de 225 pages qui compile pas moins de 9.200 références
de sorties : démos, vinyles, CDs, digital, compilations, etc.
concernant toutes les chapelles du metal à l’exception du
grindcore et du black metal. Bien sûr, nous parlons ici
d’un catalogue : ne vous attendez pas à retrouver une bio
de chaque groupe ou à avoir une histoire à lire. Et quoi
encore ? Une photo 3D peut-être ? (rires en cascade)
Toujours est-il que le souci du détail laisse sans voix et on
imagine sans peine les heures passées à archiver chaque
renseignement glané. On savait le « hardos » friand de
listes en tout genre : Raskal a poussé
le concept à son paroxysme. Si Made
In France se classe d’entrée de jeu
parmi les achats indispensables à tout
collectionneur, il se laisse également
feuilleter avec grand plaisir si le hard
français vous passionne. Y rechercher
tous ses groupes de potes des années
80, 90 et 2000 est un vrai bonheur en
soi ! Chapeau bas, donc, à l’ami Raskal
pour ce boulot de fourmi qu’il nous
explique un peu plus en détail dans
l’interview qui suit.
Rock Hard : Quand et comment t’est
venue l’idée de compiler les sorties
hard françaises depuis 1976 ?
Pascal « Raskal » Clair : Au milieu des
années 90, alors que je bossais pour la
promotion du metal dans le milieu
associatif, j’ai commencé à entendre
parler d’une anthologie du hard
français qui devait sortir. Cinq ou six ans plus tard, en
2001, ne voyant toujours rien venir, j’ai décidé de m’y
coller en faisant un petit truc essentiellement destiné
aux amis et aux abonnés de mon asso, Metal Intégral.
J’en ai fait une première mouture avec mes connaissances
et les renseignements que j’avais pu trouver, sachant
qu’Internet à l’époque était loin d’être aussi développé
qu’aujourd’hui. J’ai fait le tour des magazines de ma
collection, ainsi que ceux de deux ou trois copains, et
grâce à tout ce que j’ai pu réunir comme infos, j’ai sorti
une toute première version du bouquin en 2001. Les
retours des quelques personnes l’ayant acquise se sont
avérés plutôt positifs et encourageants. J’en ai ensuite
sorti une version enrichie en 2003, puis une suivante en
2008. Celle-ci était un peu plus ambitieuse car elle y
ajoutait des textes de musiciens et d’acteurs de la scène
metal. La version qui sort aujourd’hui est donc la
quatrième. Elle était censée sortir en 2017, mais j’ai dû la
repousser en raison de soucis personnels. J’ai même
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pensé abandonner. J’avais mis tout mon travail sur
une clé USB et je l’avais remise à mon ami Alain du
site France Metal Museum pour qu’il le publie en
ligne. Et puis, finalement, je m’y suis remis en 2019
afin de boucler la boucle pour de bon, mais plus
j’avais l’impression de toucher au but, plus il me
semblait avoir encore beaucoup à faire afin d’être
plus précis et exhaustif, que cela ressemble
exactement à ce que j’avais en tête. Et la voilà
enfin ! Cette édition telle qu’elle sort aujourd’hui est
donc un projet de vingt ans.
C’est une entreprise sans fin à laquelle tu peux,
si tu le souhaites, ajouter des infos chaque jour...
Quand t’es-tu enfin dit : « Cette fois-ci, c’est la
bonne, je clôture » ?
Lorsque j’ai repris les choses en 2019, après m’être
arrêté fin 2016 donc, deux solutions s’offraient à
moi : d’une part, je pouvais compléter le travail déjà
accompli par les sorties des années 2017 et 2018,
voire 2019, mais je me voyais déjà reparti pour deux ans
de boulot. L’autre solution était de clôturer les comptes à
fin 2016 et de rester sur ce laps de temps symbolique de
quarante ans de sorties. Cela m’est apparu plus sage,
sachant qu’il restait encore pas mal de travail. Je laisse le
soin aux personnes qui souhaiteraient reprendre la main
de fouiller le Web afin d’y ajouter les sorties de ces
dernières années. Mon but premier était de laisser une
empreinte papier de ce travail d’archives. Certains sites
qui m’ont servi de référence ont
périclité : des webzines bien sûr, mais
je pense aussi à MySpace qui, fut un
temps, était une vraie mine d’or.
Je souhaitais à tout prix qu’il y ait une
trace papier de toutes les infos
collectées via des sources aujourd’hui
disparues, afin que les collectionneurs
ou les archivistes de demain aient déjà
une base relativement fiable pour ces
quarante années.
Quelles ont été les sources principales
dans tes recherches ?
Tous les supports papier possibles :
les magazines nationaux de toutes
époques bien sûr, mais aussi un
maximum de fanzines car j’ai eu la
chance d’avoir sous la main quelques
amis qui en avaient des collections
hallucinantes dont j’ai pu disposer à
ma guise. Le site Metal Archives m’a
également été très utile car il constitue une sérieuse base
de données qui m’a été d’un grand secours pour des
styles tels que le thrash et le doom, tandis que le site
Spirit Of Metal me servait de référent pour la partie la
plus mélodique. Et puis, sur la fin, je me suis également
pas mal servi de Discogs. J’ai aussi pu compter sur l’aide
précieuse de quelques amis passionnés et collectionneurs
qui m’ont aidé à fignoler certains détails, comme le
nombre de titres d’une démo ou la ville d’origine d’un
groupe.
J’ai été proprement sidéré par le fait que tu pousses le
souci du détail jusqu’à mentionner les participations des
groupes aux compilations ! Pas uniquement des CDs
samplers de magazines, mais même d’obscures
compilations K7 des années 90 copiées à la main !
Je me suis mis dans la peau d’un collectionneur qui
recense tout ce qui a rapport à un groupe précis. C’était
pour moi un vrai plus qu’il puisse avoir immédiatement
une visibilité claire de chaque chose à laquelle son groupe
fétiche avait participé, une liste de tous les items
recensés. Ça me paraissait plus intéressant et plus
pratique pour le lecteur, plutôt que l’obliger à fouiller
dans un listing de compilations que j’aurais, par exemple,
pu ajouter en addendum. Je dois avouer avoir été le
premier surpris lorsque j’ai découvert tout ce qu’il
pouvait y avoir à collectionner chez certains groupes en
dehors de leurs démos et de leurs albums en vinyle et
CD.
J’imagine que l’arrivée du support numérique a dû
changer la donne. Il doit être extrêmement difficile de
recenser toutes les sorties digitales...
Oui, effectivement. Entre Bandcamp, Soundcloud,
YouTube pour certains ou MySpace à l’époque, je sais
que j’ai forcément dû passer à côté de certaines sorties
digitales. C’est une évidence que je ne cherche même
pas à taire tant il est impossible de comptabiliser avec
précision l’intégralité de ce qui paraît sur ces supports.
Je sais qu’il y a déjà de la demande pour ton livre à
l’étranger, puisque le metal français ne suscite pas
l’intérêt qu’à l’intérieur de nos frontières... Et en quelles
proportions par rapport à la demande française ?
Je suis, à l’heure où nous parlons, en train de finaliser la
version anglaise du bouquin. Si je me base sur les
« scores » de la version 2008, je pense que ce nouvel
opus, en étant un peu ambitieux, pourrait s’écouler sur
environ un an à environ 500 copies à l’étranger. C’est-à-
dire la même chose qu’en France. Je n’ai pas de rêves de
grandeur : 500 de chaque serait un joli résultat et je
serais très satisfait.
Comment expliques-tu un tel intérêt du public étranger
pour le hard français ?
Je vais répondre à ta question par une autre question :
comment expliques-tu que certains collectionneurs
français puissent rechercher le moindre 45 Tours
autoproduit par les groupes scandinaves ou américains
de telle ou telle période ? C’est simplement une question
de passion. Il y a un vrai public à l’étranger qui raffole
principalement du hard français des années 80 et qui se
damnerait pour telle démo ou telle autoproduction ! Y
MADE IN FRANCE – 40 ans de Metal 1976-2016
225 pages. Prix indicatif : 30€ hors frais de port.
A commander sur la page Facebook du livre :
http://bit.ly/madeinfrance40ans
13
 De g. à d. : Floor Jansen, Emppu Vuorinen,
Tuomas Holopainen, Kai Hahto (assis),
Troy Donockley & Marko Hietala

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Human. :II: Nature. dévoile un Nightwish « nouveau », davantage maître de ses forces. Plus varié, plus complexe, plus profond,
mettant enfin en valeur les pleines capacités de la vocaliste Floor Jansen, ce double album se place même, à nos yeux, comme
une version plus aboutie du « tournant », par ailleurs réussi, qu’était Endless Forms Most Beautiful (2015). C’est également
un vrai sentiment de confiance que dégage le maître à penser de la formation, le claviériste Tuomas Holopainen, lorsque vient le
moment de défendre son bébé.
Rock Hard : Human. :II: Nature.
ne comporte aucun titre aussi direct
qu’un « Nemo » ou un « Elan ».
Il est votre effort le plus riche et
dense depuis longtemps !
Tuomas Holopainen : Je suis
d’accord. C’est un album plus varié,
plus dynamique, aux structures
différentes. Il y a, je crois, quinze
parties différentes au sein de la
seule ouverture « Music » ! (rires)
Les choses sont venues comme ça.
Je laisse mon esprit vagabonder et
travaille de manière très instinctive.
Je communique avec mes démos et
m’adresse humblement à elles :
« Tu veux un solo en toi ? Non ? Ok,
on continue ! » (rires) Au final, les
morceaux n’ont que peu changé
par rapport à leurs versions initiales,
si ce n’est « Harvest », qui a été pas
mal réarrangé. C’est au cours de
la phase d’écriture que j’ai réalisé
que le mot « humain » revenait
constamment, ce qui m’a
logiquement poussé à développer
cette sorte de concept. J’ai donc
eu une vision assez claire très tôt.
L’autre différence majeure sur
cet album, c’est la place accordée
au chant : on y trouve bien plus
de lignes vocales que par le passé,
et celles-ci sont presque toutes
harmonisées à trois voix. Nous
avons poussé les limites de Floor à
leur maximum, et cela a abouti à
des lignes vocales assez démentes !
Floor semble en effet plus à son
aise ici...
C’est un choix totalement délibéré !
Nous voulions présenter un premier
disque entièrement dédié aux
chanteurs, puisque celui-ci aborde
le thème de l’Humanité et de ses
accomplissements. Nous avons donc
mis l’orchestre presque totalement
de côté, à l’exception de quelques
cordes et chœurs. Une fois abordé
ce premier sujet, le deuxième disque
propose une demi-heure au sein de
la Nature, sans aucune voix
humaine ou presque, car figurent
tout de même là des parties de
textes récités et quelques vocalises
de Floor. Il n’y a néanmoins aucun
texte, et cela crée un beau contraste.
Evidemment, cette partie propose
une partition orchestrale très
GENRE
. Metal symphonique
LE GROUPE
. Floor Jansen (chant)
. Tuomas Holopainen (claviers)
. .
Emppu Vuorinen (guitare)
. Kai Hahto (batterie)
. Marko Hietala (basse, chant)
. .
Troy Donockley (flûtes, chant)
SITE INTERNET
www.nightwish.com
16
riche… Je travaille avec l’arrangeur
Pip Williams (Ndlr : qui a notamment
bossé avec Status Quo et The Moody
Blues) depuis Once (2004), et nous
nous connaissons bien. Nous savons
donc comment nous y prendre. Les
choses sont plutôt faciles de ce côté...
Comment as-tu nourri ton
inspiration pour ce long morceau
orchestral ? Car tu n’avais pas
de référence visuelle comme ce
fut le cas à l’époque de Music
Inspired By The Life And Times
Of Scrooge (2014)...
Principalement à travers mes pensées,
en contemplant les magnifiques
paysages naturels que propose cette
planète. J’ai également visionné les
documentaires du réalisateur David
Attenborough, Blue Planet (2003)
et Un Jour Sur Terre (2007), en
coupant le son et en imaginant quelle
musique je voudrais entendre en
regardant ce genre d’images. C’est
NOUS AVONS POUSSÉ LES LIMITES
DE FLOOR À LEUR MAXIMUM
(TUOMAS HOLOPAINEN)
ainsi qu’est né le second chapitre de
cet instrumental, « The Blue ».
En parlant d’images, le très
ambitieux clip de « Noise » est
probablement le plus sombre que
vous ayez jamais réalisé...
Beaucoup de gens m’ont fait cette
remarque. Mon frère m’a dit :
« Maintenant, je suis positivement
déprimé ! » (rires) Mon regard est
plus optimiste car il faut prendre en
compte les dix dernières secondes
du clip, qui te rappellent que le vrai
monde est toujours là, dehors.
Beaucoup de gens nous critiquent
et nous taxent d’hypocrites car nous
avons nous aussi des téléphones
portables… mais ce n’est pas le
sujet de la vidéo ! Nous aimons tous
la technologie, et je trouve que l’idée
derrière le concept de média social
est brillante car j’aime à penser que
chacun sur Terre a la capacité de
faire entendre sa voix à travers un
tweet. En soi, c’est génial ! Mais la
ALBUMS ARTICLES RH
. Angels Fall First (1997) RH N°14, 33, 56, 68, 69, 86, 109,
. Oceanborn (1998) 115, 116, 137, 152, 170, 186,
. Wishmaster (2000) 207 & 208
. dit : « Wow ! Qu’est-ce qui se passe
From Wishes To Eternity
(live – 2001)
. Century Child (2002)
Once (2004)
. End Of An Era (live – 2006)
. Dark Passion Play (2007)
. Imaginaerum (2011)
. Showtime, Storytime (live – 2013)
Endless Forms Most Beautiful (2015)
. Vehicle Of Spirit (DVD – 2016)
. Decades : Live In Buenos Aires (2019)
. Human. :II: Nature. (2020)
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Propos recueillis par Guillaume Fleury - Interview réalisée le 25 février 2019 à Paris
vidéo critique la manière dont nous
utilisons cette technologie, en
tombant dans l’addiction, qui reste
probablement le meilleur mot pour
décrire le problème. Il est très
frustrant et triste que nous ayons
les outils nécessaires pour envoyer
un robot sur Mars – ce qui est
proprement incroyable au regard de
tout ce qu’a accompli l’Humanité –
mais que nous ne sachions pas le
gérer. L’invention d’Internet est un
tel séisme que certains la jugent
plus importante que la découverte
du feu ! Ça a permis l’accès
instantané aux informations, mais
aussi aux rumeurs et aux fake news,
ce qui est très délicat. Mais je suis
optimiste à ce sujet : nous devrons
simplement apprendre à bien
employer tout cela afin de sauver
l’Humanité et la planète...
Internet a raccourci les distances
entre les gens. La question de la
protection de l’intimité va être un
vrai challenge dans les années à
venir...
Absolument. C’est également une
plateforme terrible pour le
narcissisme. Tous ces gens qui
postent en permanence des photos
d’eux-mêmes, en train de faire des
grimaces ou pendant leur jogging,
en espérant qu’un maximum de
personnes leur offre le like qui leur
confirmera qu’ils sont beaux. Il est
vraiment triste que les médias
sociaux chatouillent ainsi nos plus
profondes peurs. Mais si nous
parvenons à faire réagir quelques
personnes grâce à ce clip, notre
mission est accomplie. Pour
l’anecdote : la fille blonde qui figure
dans cette vidéo est la plus grande
star Instagram de Finlande. Son
métier est de se prendre en photo
et de poster ses clichés sur Internet.
On la voit partout dans la presse.
Elle a accepté de participer à notre
vidéo afin de s’autoparodier… et a
ensuite publié un statut public en
affirmant que c’était un magnifique
clip, qui envoyait un important
message à tout le monde. Je me suis
là ? » (rires) Au moment de réaliser
ce clip, nous avons dressé une liste
de tous les phénomènes liés aux
réseaux sociaux qui nous dérangent
le plus, et le premier d’entre eux
était ce personnage incarné par
Floor : la mère qui utilise son enfant
pour se faire mousser sur Internet.
C’est absolument écoeurant ! Puis
est venu mon personnage, celui d’un
écolo qui fait le contraire de ce qu’il
prétend défendre...
Certains se sont vexés, pensant que
tu te moquais des écologistes...
Non, non, non ! Les gens voient ce
qu’ils veulent bien voir… Pour moi,
il est évident que mon personnage
est ambigu, puisqu’on le voit
prendre un bain de pétrole, avec des
usines en fond. Tu le vois tourner
son panneau « Pro-nucléaire » d’un
côté, « Anti-nucléaire » de l’autre,
sans savoir lequel choisir. L’une de
mes scènes favorites reste celle où
les gens ignorent le tableau Mona
Lisa de Léonard de Vinci. C’est une
image facile, mais très vraie… Il n’y
a pas longtemps, j’étais à Disney
World pour voir tirer un incroyable
feu d’artifices, l’une des plus belles
choses à contempler. Sans exagérer,
je dirais que deux-tiers des personnes
regardaient l’évènement à travers
leur téléphone. C’est évidemment
la même chose en concert… Mais
cette vidéo nous vise aussi nous,
les membres du groupe. J’utilise
bien trop mon téléphone, la plupart
du temps pour suivre l’actualité,
m’instruire, écouter de la musique
ou, plus souvent, des émissions de
radio. Je n’ai pas de compte sur les
réseaux sociaux et n’ai jamais posté
le moindre statut. Mais cela ne
m’empêche pas de bien trop utiliser
mon téléphone...
Vas-tu parfois vérifier sur Internet
ce qui se dit sur le groupe ?
Lorsque j’écrivais le morceau
« Noise », j’ai volontairement suivi
tout ce que je pouvais trouver
concernant Nightwish durant une
semaine. J’ai parcouru les forums
de discussion consacrés au groupe,
les sections commentaires de Youtube,
afin de me mettre dans l’ambiance
de tout ce « bruit » dont je parle.
Mon Dieu ! Ce fut vraiment une
expérience ! Les fake news voyagent
très vite et les conversations
contenant des arguments étayés
ont fondu de manière si radicale…
A présent, un mec déclare un truc,
et tout le monde s’en nourrit
immédiatement. Le lendemain,
c’est devenu une info officielle !
C’est là la clé de ce qu’exprime le
texte de « Noise » : « Pimente un
récit, et tout le monde suivra » ! Nous
sommes tous coupables de cela.
Lorsque nous entendons une histoire
croustillante ou une bonne blague,
nous aimons la raconter à quelqu’un
d’autre en grossissant le trait pour
la rendre plus intéressante. J’ai une
anecdote parlante à ce sujet : Troy
Donockley, notre flûtiste, est un
brillant magicien et propose des
tours vraiment impressionnants.
Un jour, il a réalisé un petit numéro
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 de lévitation qui le voyait s’élever de
cinquante centimètres au-dessus du
sol avant de redescendre. Quelques
semaines plus tard, sur la même
tournée nord-américaine, j’ai entendu
un mec expliquer à l’un de ses amis
que Troy s’était élevé au-dessus
d’une piscine remplie d’eau, sur 25
mètres de hauteur ! « Pimente un
récit, et tout le monde suivra ! » (rires)
L’autre piège des réseaux sociaux
est de croire que ce que nous
voyons sur nos fils d’actualité est
le reflet exact du monde réel. Si
c’était le cas me concernant, alors
le monde entier est fan de heavy
metal underground !
(Rires) Il est si facile de voir le
monde d’une manière totalement
biaisée lorsque tu t’enfermes dans
cette bulle. C’est dangereux. Un
autre effet néfaste est que tout cela
réduit drastiquement notre capacité
d’attention. Tout doit être disponible
rapidement, en un clic. J’ai remarqué
qu’il m’est plus difficile de me
détendre que par le passé car j’ai
la sensation qu’il me faut être
disponible en permanence, mon
téléphone étant toujours à portée
de main ! Lorsque je suis dans le
train, même si je contemple le
paysage par la fenêtre, je ne tiens
pas cinq minutes sans vérifier si
quelqu’un n’a pas essayé de me
joindre. C’est la même chose au
cinéma, les gens vérifient leur
téléphone tout le temps. Tu vois de
petits flashs lumineux durant toute
la séance. C’est si ennuyeux que je
ne vais plus au cinéma ! Nous ne
parvenons même plus à nous passer
de téléphone pendant les deux
heures que dure un film… J’ai
essayé de regarder la série The
Witcher sur Netflix, je n’ai pas tenu
la moitié de l’épisode car j’avais
l’impression que ce n’était pas pour
moi. Les mecs ont réalisé dix
épisodes et mon attention n’a pas
dépassé vingt minutes ! (grand rire)
Je suis aussi coupable de cela !
Sur « Shoemaker », c’est bien la
voix de ta compagne, Johanna
Kurkela, que l’on entend ?
Tout à fait ! C’était, à l’origine, une
prise censée guider la personne que
nous aurions invitée par la suite.
Mais cela sonnait si bien que nous
avons décidé de la conserver ! (rires)
Je me suis toujours demandé :
au moment où tu as su qu’Anette
Olzon allait devoir être remplacée,
n’as-tu jamais envisagé de proposer
à Johanna de la remplacer ?
Non ! Elle a son propre truc, qui lui
prend déjà beaucoup de temps !
Mais sans cela, aurait-elle selon toi
pu embrasser l’univers de Nightwish ?
Bien sûr, elle collerait à n’importe
quel projet. Je suis un immense fan
de sa voix ! (rires)
« Pan » pourrait vraiment figurer
sur Oceanborn (1998) !
Oui ! Il est très old-school. Nous
l’avons senti aussi ! Notre guitariste
Emppu la surnomme « la chanson de
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torture pour les vieux ». C’est un
morceau assez difficile à jouer ! (rires)
Il m’a demandé pourquoi j’écrivais
ce genre de trucs alors qu’il vieillit
et ne pourra pas le jouer ! Je pense
néanmoins que ce morceau sera
intégré à notre setlist car je suis
persuadé de son potentiel live. En
revanche, « Shoemaker » ne me semble
pas vraiment taillé pour la scène, même
si je n’en suis pas encore certain…
Il relate l’histoire d’Eugene Shoemaker,
la plus belle histoire vraie... dont
personne n’a jamais entendu parler !
Je lisais l’autobiographie du
scientifique Richard Dawkins, qui
consacre un chapitre à ce récit.
Shoemaker est à ce jour la seule
personne dont le corps repose hors
de la planète Terre ! Il est mort dans
un accident de voiture à la fin des
années 90 et ses cendres ont été
envoyées sur la lune, accompagnées
d’une plaque flanquée d’une citation
de Shakespeare. C’est la raison pour
laquelle Johanna récite le texte de
Roméo Et Juliette (1595) sur ce
morceau. Il avait rêvé toute sa vie
d’être astronaute, mais sa santé l’en
a toujours empêché. Il a finalement
réalisé ce rêve de manière post mortem.
C’est un truc qui dresse les poils !
Comment gères-tu le fait de devoir
trouver de la place pour trois
chanteurs ?
(Sourire) Ce fut chose aisée, à vrai
LA SCIENCE EST INTÉRESSANTE,
ET SI TU N’ES PAS D’ACCORD,
TU PEUX ALLER TE FAIRE FOUTRE !
(TUOMAS HOLOPAINEN)
dire ! Je savais, depuis le départ, qu’il
faudrait que chaque chœur propose
les trois voix de nos vocalistes, en
harmonie. Ce chant harmonisé fut
l’une des grosses découvertes de cet
album. Ce mélange est juste la plus
belle chose qui soit ! Nous avons
réalisé cela durant la tournée Decades,
alors que nous réarrangions de vieux
morceaux. Je crois que c’est « Come
Cover Me » qui m’a fait me dire : « Mais
suis-je idiot ? Pourquoi n’y ai-je pas
pensé bien avant ! » (rires) Maintenant
que nous disposons de cela, il n’y
aura aucun retour en arrière car ça
sonne trop bien ! J’envisage même de
leur faire tenter une prise a capella !
Les parties parlées du morceau
orchestral sont-elles des citations ?
Oui ! La première est un extrait du
poète Lord Byron. La seconde est
une citation du scientifique Carl
Sagan, tirée de son ouvrage Pale
Blue Dot (1994). Il est récité par
l’actrice shakespearienne Geraldine
James, qui a vraiment une voix
magnifique. Nous avions d’abord
pensé à David Attenborough. Je lui
ai envoyé une lettre et il m’a
répondu via une lettre manuscrite !
Qui est encadrée chez toi, n’est-ce
pas ?
Evidemment ! (grand rire) Il a été si
gentil ! Il m’a répondu : « Merci pour
votre lettre. Je n’ai malheureusement pas
la possibilité de faire cela en ce moment,
mais je vous souhaite le meilleur pour votre
album ! » Geraldine James était notre
second choix et, heureusement, elle
a accepté…
Cette passion pour l’évolution de
l’Homme et la science en général
remonte loin...
Oui ! Je me suis intéressé toute ma
vie à ce sujet. Gamin, je me voyais
biologiste. Les merveilles de la Nature
n’ont jamais cessé de m’impressionner.
J’aime suivre les infos scientifiques,
lire des livres et mettre à jour mes
connaissances grâce aux découvertes
récentes. L’idée que quelqu’un ne
soit pas intéressé par les mystères
de l’univers et de la Nature me paraît
inconcevable ! (rires) « La science est
intéressante, et si tu n’es pas d’accord,
tu peux aller te faire foutre ! » C’est la
citation d’un scientifique, ce n’est
pas de moi ! (grand rire)
Tony Kakko de Sonata Arctica me
confiait, il y a quelques années,
que le fait d’être Finlandais le
rendait plus sensible aux soucis
écologiques, notamment lorsque
le groupe tourne en Amérique du
Sud, continent qui est très pollué...
La Chine et l’Inde sont aussi terribles
de ce point de vue… Nous sommes
en effet vraiment chanceux d’être nés
en Finlande car nous savons comment
prendre soin de l’environnement.
Du moins, mieux que la majorité du
monde. Mais je suis très optimiste
sur le futur. Les jeunes générations
sont bien plus conscientes que nous
ou nos parents ne le sommes. Les
choses bougent pour le meilleur et je
suis rempli d’espoir ! Il faut savoir
se sensibiliser au problème sans
paniquer. Il faut prendre conscience
que la protection de l’environnement
est un problème majeur, de même
que le danger de la révolution
technologique. Comment nous en sortir
sans nous détruire nous-mêmes ?
Ces deux problèmes sont au sommet
de ma liste des plus gros challenges
à relever. Mais les jeunes sont très
conscients de tout cela ! J’entends
toujours dire qu’ils sont pourris par
les smartphones, mais c’est un
non-sens absolu pour moi. Ils sont
intelligents et vont faire ce qui est
nécessaire pour sauver la planète.
La peur est entretenue par les
médias, qui déforment la réalité.
Le monde n’est pas si mauvais qu’on
veut nous le faire croire. J’espère
vraiment que nous allons davantage
nous concentrer sur les infos positives
comme les avancées de la science et
de la médecine. La population mondiale
est en déclin, alors qu’elle était au
plus haut dans les années 60, il n’y a
jamais eu aussi peu de guerres dans
l’Histoire, il faut se le rappeler.
L’optimisme nourrit l’optimisme.
Et si les médias n’entretenaient pas
que le négatif, nous nous sentirions
plus heureux et confiants en l’avenir.
On nous dit tout le temps que les gens
préfèrent se nourrir de potins et de
choses négatives, mais à quand
remonte la dernière fois où nous avons
essayé de nous concentrer sur le
positif ? Lorsque je lis les news, je
me focalise toujours sur les choses
heureuses...
Avec un deuxième album centré sur
l’Humanité et la Nature, Nightwish
consolide un univers nouveau...
C’est une chose qui nous rassemble
tous au sein du groupe. Par le passé,
plusieurs de mes textes n’inspiraient
pas trop certains des autres membres
qui n’étaient pas aussi passionnés que
moi par le fantastique ou Disney !
(rires) Aujourd’hui, nous avons des
points de vue similaires sur les
avancées de la science, l’Humanité,
l’état de la planète, la Nature. C’est
vraiment inspirant. J’ignore comment
sonnera le prochain album, mais nos
deux derniers opus sont frères. Par
le passé, j’avais toujours de grands
plans au sortir d’un disque, mais
depuis quelque temps, ce n’est plus
le cas. Néanmoins, je ne ressens
plus le syndrome de la page blanche
que j’ai connu après avoir achevé
Endless Forms Most Beautiful (2015).
Nous nous concentrons pour l’instant
sur le deuxième album d’Auri, qui
sera peut-être enregistré à la fin
2020 ou début 2021. La musique
continue de couler… Troy a écrit
trois morceaux, Johanna de même,
et moi un. Encore quelques titres et
nous pourrons entrer en studio.
Auri a-t-il eu un impact sur cet
album ?
Je pense – mais ce n’est que mon
sentiment – que ce groupe a même
fait toute la différence. Cela a ouvert
une nouvelle porte et a donné naissance
au flot de créativité qui a lui-même
abouti à Human. :II: Nature....
Envisagez-vous de porter Auri
sur scène ?
Oui ! Il s’agira d’une tournée très
courte, dans des lieux intimes,
après la tournée de Nightwish qui
s’achèvera à l’automne 2021...
Entre ce projet ou notamment
l’album solo de Marko Hietala,
tous les membres du groupe sont
occupés par des projets
parallèles...
Floor a également tourné en solo
aux Pays-Bas. Seul Emppu a quitté
Brother Firetribe, mais pour de
bonnes raisons car il a d’autres
choses dans lesquelles s’investir.
Mais que tous soient en mesure de
créer quelque chose de plus
personnel de leur côté permet de
nourrir le sentiment de bien-être
au sein du groupe… Lorsque je
compose, je reste en hibernation
durant six mois chez moi. Il faut
bien qu’ils s’occupent à quelque
chose d’inspirant ! Y
19

Groupe parmi les plus prometteurs de sa génération, Pure Reason Revolution a fait irruption dans le paysage du rock
progressif au milieu des années 2000. Et à sa manière : énergique, spontanée et profondément originale. Ne lésinant
pas sur les guitares, alternant chant féminin et masculin et utilisant des arrangements aussi modernes qu’ambitieux,
sa voie semblait toute tracée. Les Britanniques se sont hélas un peu perdus en chemin, entre dérives vers une musique
plus électronique et une reconnaissance tardant à venir, au point de se saborder en 2011. Près de dix ans après, le
duo formé par Chloë Alper (chant/basse) et John Courtney (chant/guitare) signe son retour de la plus belle des
manières avec Eupnea. Au lieu de les retrouver en apnée comme sur leur (première) fin, c’est en eupnée, à savoir en
respiration facile, qu’ils évoluent à nouveau, à l’aise dans leur nouvel élément !
Rock Hard : Revenons à votre tout
dernier concert, avant votre
reformation, au Heaven de Londres
GENRE en 2011. Il y avait de l’émotion
. Rock indépendant dans l’air, et quelques pleurs
et progressif également…
LE GROUPE Jon Courtney : Ça fait un bail…
. Chloë Alper Des pleurs, pas pour moi et je ne me
(chant, basse, claviers) rappelle pas en avoir vus, mais peut
. John Courtney être… Mais l’ambiance était
(chant, guitare, claviers) effectivement bizarre, même si j’ai
SITE INTERNET de bons souvenirs de ce concert, du
public parfois venu de loin et des amis
https://facebook.com/
purereasonrevolution/ présents ce soir-là. Je crois que j’ai
cela en mémoire car nous étions allés
ALBUMS au bout de notre expérience à cette
. The Dark Third (2006) époque-là, avec l’envie de poursuivre
. Amor Vincit Omnia (2009)
. Hammer And Anvil (2010) dans d’autres voies, chacun de notre
. Eupnea (2020) côté, ce qui a rendu notre séparation
plus simple, sans doute. Ce concert, je
ARTICLES RH
l’ai adoré avec le recul, et ce, même
RH N°66, 87 & 207 si, à cet instant-là, j’avais la certitude
qu’il serait notre dernier.
Peux-tu expliquer un peu plus les
raisons de cette séparation ?
Je ne suis pas certain qu’elles étaient
liées à un manque de succès car cela
n’a jamais été une fin pour nous. Nous
avons débuté avec The Dark Third (2006),
qui a pas mal marché en Grande-
Bretagne, mais tout à coup, lorsque
Inside Out l’a distribué en Europe
continentale, c’est tout un public qui
est venu à nous sans vraiment que
nous le recherchions, à savoir le
public progressif. Nous avons tourné
avec Blackfield, Porcupine Tree, et
nous sommes allés au bout de cette
démarche, avant de faire un peu demi-
tour avec les albums suivants, plus
électro et moins bien perçus par ces
fans-là. Nous nous sommes finalement
un peu compliqué la vie tous seuls,
franchement… Et donc, nous en
étions à un point où nous voulions
passer à autre chose et ne surtout pas
envenimer les relations au sein de
PRR. Ça te paraît sensé ? (rires)
Absolument ! Chloë et toi avez ensuite
suivi des chemins séparés : elle
avec Tiny Giants et toi avec Bullet
Height, deux formations très électro
justement : une manière de couper le
cordon avec le rock progressif ?
Sans doute pour moi, je ne peux pas
pour Chloë. Comme expliqué, nous ne
venions pas initialement de cette scène,
alors cette orientation faisait sens.
Après un album comme Hammer And
Anvil (2011), j’avais envie de pousser
dans cette direction : un son synthétique
très puissant, presque violent. Rien de
trop conscient pour autant, mais c’est
la voie que j’ai ensuite suivie pendant
de nombreuses années. Je comprends que
cela surprenne les fans de progressif,
guère habitués à voir « leurs » groupes
dériver de la sorte ! Certes, je me
reconnais en Pink Floyd, mais aussi
De g. à d. : Chloë Alper
& John Courtney
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dans les Smashing Pumpkins, Nirvana,
Air ou encore DJ Shadow, Massive
Attack, etc.
Chose troublante, voire ironique,
c’est que vous avez reconstitué, avec
ces deux groupes, deux duos homme/
femme, chose rare dans la musique :
sans tomber dans la psychologie de
comptoir, c’est votre manière naturelle
d’opérer tous les deux ? (rires)
Ah, ah, je n’ai jamais vraiment prêté
attention à cela, mais c’est troublant
maintenant que tu en parles ! Pour
Bullet Height, c’est le label cousin
d’Inside Out, Superball Music, qui m’a
suggéré l’idée, qui n’était donc pas
forcément mon intention première.
Quoi te dire… C’est très étrange en
effet !
Pour terminer sur ces projets,
sont-ils terminés, de fait, avec
votre reformation ?
C’ÉTAIT BON DE SE RETROUVER
AVEC CHLOË APRÈS TANT D’ANNÉES
ET DE VOULOIR ENSEMBLE REVENIR
AU SON DE THE DARK THIRD !
(JOHN COURTNEY)
Non, pas pour Bullet Height en tout
cas ! Sammi Doll (chant, claviers) vit à
présent aux Etats-Unis, à Los Angeles,
et elle joue notre répertoire là-bas
avec un groupe recruté sur place.
Ils ont tourné récemment avec
Stabbing Westward, par exemple.
Elle a commencé à travailler sur de
nouvelles compositions et m’envoie
quelques éléments, que je regarde de
loin en ce moment vu que mon attention
est centrée sur Pure Reason Revolution.
Du coup, quelles sont les raisons de
votre retour, presque dix ans après ?
Après la dernière tournée de Bullet
Height, j’ai ressenti le besoin de faire
un break et une fois revenu en studio,
mes démos sonnaient comme PRR.
J’avais envie de jouer de la guitare
plutôt que des claviers. Je me suis
décidé à appeler Chloë. Nous nous
sommes donné rendez-vous à Londres
sans que je lui précise le sujet de
notre rencontre, et je lui ai proposé de
reformer le groupe sur la base de mes
démos. Elle a répondu « oui » dans la
minute ! On s’envoyait des messages
tous les six mois, on se suivait de loin,
car je vis désormais à Berlin, mais
c’était bon de se retrouver après tant
d’années et de vouloir ensemble
revenir au son de The Dark Third !
L’écriture d’Eupnea est partie de ces
Propos recueillis par Djul - Entretien téléphonique réalisé le 21 février 2020
démos, Chloë y ajoutant ses vocaux à
distance via des harmonies ou des
chœurs. Greg Jong, notre guitariste
originel (Ndlr : jusqu’en 2005), m’a
rejoint à Berlin et m’a aidé sur « Silent
Genesis », puis d’autres morceaux une
fois que ce premier essai a semblé
concluant. Pour la batterie, c’est
Geoff Dougmore (Ndlr : batteur live
d’artistes aussi divers que Killing Joke,
Tina Turner ou Richard Ashcroft) que
nous avons recruté. A nos débuts,
nous utilisions des samples de batterie
d’un CD qu’il avait produit, Brutal Beats,
que tu retrouves sur The Dark Third.
C’est donc un rêve de l’entendre jouer
« pour de vrai » sur un album de PRR :
je l’ai recontacté en lui envoyant nos
démos et en lui demandant s’il avait
refait un autre CD de samples. Il m’a
répondu que non, mais qu’il était prêt
à jouer lui-même sur le disque ! (rires)
Mais au final, Pure Reason Revolution
doit être plus perçu comme un duo
plus que comme un groupe, en tout
cas dans son incarnation studio.
Pour revenir à The Dark Third,
vous l’avez joué en intégralité en
juin dernier lors de votre concert de
reformation au Midsummer Festival.
Qu’est-ce qui en fait la pierre
angulaire de votre discographie ?
Déjà, lors de notre dernière mini-
tournée, nous le jouions en intégralité :
c’est un signe ! Revenir avec ce même
disque, c’est envoyer un message sur
le fait que nous revenons à nos racines,
mais aussi donner l’opportunité à ceux
qui étaient trop jeunes à l’époque de
découvrir cet album sur scène. Ce
disque a déboulé un peu de nulle part,
avec son mélange de genres unique,
du grunge au metal en passant par le
progressif. Il n’existait pas de scène à
Londres ou en Grande-Bretagne pour
nous, et le seul groupe qui nous
ressemblait dans l’approche à cette
époque serait Mew, avec qui nous
avons d’ailleurs tourné.
En tout cas, vous avez clairement
réduit les influences électro sur
Eupnea…
C’est vrai. Même un morceau comme
« New Obsession », dont le matériau
de départ était très électronique, s’est
développé de manière plus organique
par la suite. Il sonnait comme du Massive
Attack, mais avec Greg, nous avons sorti
les guitares, ce qui l’a transformé.
Encore une fois, pas de volonté
consciente de changer, juste de
l’envie de jouer avec nos pédales et
nos instruments… Ce titre est très
immédiat et il contient un peu
l’essence du groupe, à savoir le goût
pour des mélodies accrocheuses.
T’accordes-tu avec nous pour dire
que « votre » formule, ce sont des
montagnes russes dans les
atmosphères, un son massif et
des influences éclectiques ?
(Rires) Je ne saurais mieux dire, oui !
Je la garde pour les prochaines
interviews, mais tu as raison, ce sont
ces contrastes qui m’intéressent, ces
alternances entre des moments calmes
et d’autres beaucoup plus violents sur
lesquels les guitares prennent le dessus :
la tension et la libération… Beaucoup
de nos morceaux suivent ce format,
plutôt que le traditionnel couplet-refrain,
comme « Ghosts & Typhoons », par
exemple, qui part d’une base à la Pink
Floyd avant de se transformer en une
sorte de doom mélangé à du Bring Me
The Horizon ! (rires) Pour résumer,
nous adorons les surprises et
détestons la routine !
Qu’est-ce qui se cache derrière le
titre énigmatique de l’album ?
C’est un message très personnel.
L’eupnée, c’est cette respiration
paisible que nous faisons tous
les deux en ce moment même,
naturellement et sans nous en
rendre compte. C’est une respiration
qu’il ne faut pas prendre pour
acquise… Beaucoup des paroles sont
tirées d’une expérience très difficile :
ma fille est née grande prématurée,
à 32 semaines, et elle a été placé en
couveuse. Elle était en soins intensifs,
aidée par des machines, et nous
étions des parents complètement
désemparés. C’est ce bruit de
moniteur cardiaque qu’on retrouve au
début de l’album. C’est cette bataille
pour la vie qui m’a inspiré, avec ses
hauts et ses bas, et son impact sur
les relations personnelles… Et le fait
qu’il a fallu apprendre à respirer à ma
fille à ses débuts. Heureusement, elle
a grandi depuis et se porte désormais
à merveille !
Parlons donc futur et espoir : des
suites sur scène ?
Oui : nous avons deux festivals cet
été et nous planifions une tournée
européenne pour octobre prochain.
Le cycle va donc s’enclencher à
nouveau pour nous, et cette fois,
nous prendrons à cœur de garder
un cap artistique afin de préserver
l’esprit de Pure Reason Revolution. Y
21

GENRE
. Occult rock
LE GROUPE
. Johanna Sadonis (chant)
. Nicke Andersson (batterie)
. Martin Nordin (guitare)
. Lucifer est-il un sujet que vous
Linus Björklund (guitare)
. ARTICLES RH
Harald Göthblad (basse)
22
Le premier album de Lucifer, en 2015, est celui d’un autre groupe. La frontwoman Johanna Sadonis (ex-The Oath) est
certes la même, mais son entourage professionnel est tout autre à l’époque : le groupe inclut le guitariste Gaz Jennings
(Cathedral), et Lucifer I sort sur Rise Above, label tenu par un certain Lee Dorrian, frontman de Cathedral ! Ce disque
marquant reste frappé d’un sceau plus « occult rock » que les opus studio qui lui succéderont, lesquels prendront une
tangente plus rock’n’roll. Lucifer II et le nouveau-né Lucifer III ont été concoctés par Johanna en compagnie de
quelqu’un d’autre : sa moitié, à savoir Nicke Andersson (Hellacopters), promu co-compositeur et partenaire à tous
niveaux depuis 2017/2018. Lucifer III, le cru 2020, confirme en de nombreux points l’orientation heavy rock et groovy
de son prédécesseur, ce dont les deux protagonistes principaux se sont ouverts à Rock Hard.
Rock Hard : Sur le plan du style,
que pensez-vous avoir confirmé
avec ce troisième album par rapport
au précédent, et qui n’était pas
forcément là à l’époque du premier ?
Nicke Andersson : Difficile à expliquer…
Ces chansons n’existaient pas, par
exemple ! (rires)
Johanna Sadonis : Je pense que le
premier album garde une place à part,
pour la simple et bonne raison qu’il est
celui d’un line-up qui n’a accouché…
que de celui-là ! Ce troisième chapitre,
lui, s’inscrit dans une continuité : il
poursuit quelque chose. Cette continuité
est incarnée par Nicke et moi, notre
binôme en écriture est confirmé. En
même temps, Lucifer III porte quelque
chose de différent, au sens où nous
avons intégré au processus nos deux
guitaristes, Martin Nordin et Linus
Björklund (Ndlr : tous deux arrivés en
2018). Ils nous accompagnent sur scène
depuis Lucifer II et s’investissent à nos
côtés depuis deux ans. Les sonorités
actuelles sont donc un peu différentes
de celles du deuxième album, mais
la formation d’aujourd’hui est plus
interactive. Je nous sens davantage
connectés les uns aux autres.
Lucifer est plus qu’un simple projet
musical, puisqu’interfère avec la
création une dimension personnelle
forte. Vous deux formez un couple
à la scène comme à la ville, et tout
s’imbrique en pareil cas : le personnel,
l’artistique... C’est un contexte créatif
très particulier. Quels sont, selon
pous, les avantages et dangers de
cette promiscuité ?
Pas de dangers particuliers. J’y vois
plus des côtés positifs. Nous passons
beaucoup de temps ensemble et parlons
beaucoup musique. Finalement, notre
union nourrit le processus imaginaire
autour de la création musicale. Et puis,
je note aussi qu’au fur et à mesure de
notre évolution commune, nous avons
de moins en moins besoin de nous
expliquer sur les choses. Nous savons
d’où nous venons, avons un instinct
commun. Ce partage de vie fait aussi
que nous ne rencontrons pas les
inconvénients auxquels a droit un
artiste seul chez lui face à certaines
questions et sans interlocuteur. Pour
nous, c’est plus facile : nous partageons
les mêmes problèmes et objectifs.
C’est très différent d’une situation dans
laquelle, par exemple, l’un de nous
partirait en tournée pendant que l’autre
resterait travailler à la banque. Ce genre
de situation-là peut créer de la tension
SITE INTERNET
dans le couple, c’est certain.
www.facebook.com/
luciferofficial/
Le sujet Lucifer contamine-t-il les
ALBUMS temps que vous partagez en dehors
. Lucifer I (2015) du travail sur le groupe ? Les dîners,
. Lucifer II (2018) les sorties, tout ce que vous voulez…
. Lucifer III (2020)
préférez éviter dans ces moments-là
ou ne vous imposez-vous aucune
RH N°155 & 189 De g. à d. : Harald Göthblad, Martin Nordin, restriction ?
Johanna Sadonis , Nicke Andersson & Linus Björklund
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Propos recueillis par Emmanuel Hennequin - Interview via Skype réalisée le 18 février 2020
Nicke Andersson : J’aurais tendance à
dire que c’est un sujet récurrent entre
nous, ça revient tout le temps.
Johanna Sadonis : Complètement.
Pour nous, il ne s’agit pas seulement de
« jouer » : nous faisons tout, en fait.
Nous co-manageons le groupe, réalisons
les visuels, le processus d’enregistrement
a lieu à la maison, le mix aussi… Et puis,
il y a tous les aspects moins passionnants
que la musique elle-même. Je fais
allusion à la dimension administrative,
que nous gérons aussi : les relations
contractuelles avec nos divers partenaires,
notre label, notre merchandising, notre
agent, la planification des prochaines
tournées… Ça nous demande vraiment
beaucoup de travail.
Nicke Andersson : J’apprécierais
sûrement que nous prenions de la
distance une petite semaine vis-à-vis
de toutes ces choses, mais le fait est
que, finalement, ce groupe représente
une partie importante de nos vies !
La musique est ce qui nous fait nous
connecter.
NOUS PARTAGEONS LES MÊMES
PROBLÈMES ET OBJECTIFS. C’EST TRÈS
DIFFÉRENT D’UNE SITUATION DANS
LAQUELLE, PAR EXEMPLE, L’UN DE NOUS
PARTIRAIT EN TOURNÉE PENDANT QUE
L’AUTRE RESTERAIT TRAVAILLER À LA
BANQUE (JOHANNA SADONIS)
Parlons donc de sa fabrication.
Martin et Linus officient à vos côtés,
mais la façon dont vous présentez
les choses laisse à penser qu’il y a
une dynamique interne à plusieurs
niveaux dans le groupe : vous d’un
côté, qui restez les copilotes, et les
guitaristes qui officient plus comme
des exécutants, en soutien. Est-ce
ou pas comme cela que vous voyez
les choses fonctionner ?
Johanna Sadonis : Il ne s’agit surtout
pas pour moi de minimiser leur rôle
ou d’être désagréable. La vérité, c’est
qu’eux deux ont été invités à intégrer
Lucifer alors que Nicke et moi formions
déjà un couple, et il est naturel,
en pareil contexte que des niveaux
apparaissent dans les relations
internes. A vrai dire, rien de plus
normal ! D’ailleurs, Nicke et moi
prenons soin de ne pas exposer nos
musiciens à des discussions qui
relèvent du privé entre nous, c’est
quand même la moindre des choses…
Personnellement, je trouve notre
qualité de relation très bonne avec
eux deux. Ça marche vraiment bien.
Nicke Andersson : Notre configuration
a beau être un peu spéciale, elle ne
diffère pas tellement de situations plus
classiques et connues en musique.
Prends Mick Jagger et Keith Richards
(The Rolling Stones) : on les considère
comme le noyau dur parce qu’ils
codirigent les Stones artistiquement,
de la même manière que Johanna et moi
le faisons dans le contexte de Lucifer.
Il existe, je pense, plus de groupes dans
lesquels tous les membres n’écrivent
pas que de groupes qui collectivisent
complètement la composition !
Johanna Sadonis : Chacun accepte
et prend son rôle pour ce qu’il est, je
suppose. Ça fonctionne bien comme ça.
Nicke Andersson : Oui, et je pense
aussi qu’une complète démocratie qui
combinerait cinq visions différentes
relève du quasi-impossible.
Johanna Sadonis : Prends une grande
cuisine française : tu as le Chef, la
toque, et autour de lui, les hommes
s’activent. Ils font leur métier, et ils
ont le mérite de le faire bien ! (rires)
Nicke Andersson : Martin fait la
soupe… (rires)
Johanna Sadonis : … et nous créons
la recette ! (rires)
Nicke Andersson : Oui, nous faisons
le menu ! (rire) Mais pour être honnête
et revenir à ta question, je ne pense
pas, au fond, que le fait qu’un couple
soit le noyau dur de Lucifer change
fondamentalement la donne sur le
plan créatif pour l’ensemble des
intervenants sur la musique.
Votre manière de faire le troisième
album a-t-elle été la même que pour
Lucifer II ?
Non, il y a eu des différences : pour
Lucifer II, nous avions enregistré avant
d’avoir un line-up complet. Cette fois,
le line-up était établi et ça avait quelque
chose de plus confortable. J’ai préféré,
je l’ai mieux senti cette fois.
Et en termes de production, le même
sentiment d’une différence ?
Non, là, il n’y en a pas autant de mon
point de vue. C’est resté très simple,
et similaire à la manière dont nous
avions produit Lucifer II. Ce qui rend
le volume III spécifique, c’est surtout
l’interaction qui s’est établie entre
nous.
Johanna Sadonis : Après,
thématiquement, il y a des différences…
Je pense qu’il était bon, pour ce
troisième chapitre, que nous revenions
vers le côté plus sombre, en abordant
plus de thèmes horrifiques que sur le
deuxième album.
Une chanson du volume III s’intitule
« Lucifer ». Un choix tout sauf anodin
dans votre situation. Cette chanson a
peut-être une dimension symbolique,
à vous de nous dire…
Faire cela est d’abord un vieux
classique dans la démarche d’un
groupe rock. Regarde Black Sabbath,
ils ont aussi leur chanson homonyme…
Et ce n’est qu’un exemple ! Un grand
nombre de groupes que nous aimons
ont fait cela. Ensuite, l’évocation de
la figure de Lucifer a quelque chose
d’inévitable pour nous, d’autant plus
dans le contexte d’un groupe comme
le nôtre. Bref, il était temps que nous
le fassions.
Nicke Andersson : Il est même étrange
que tu ne l’aies pas déjà fait sur le
premier album…
C’est vrai, ça ! Pourquoi ne pas l’avoir
fait à l’époque ?
Johanna Sadonis : Si tu écris une
chanson portant un titre tel que celui-
là, selon moi et surtout en ce qui
nous concerne, ça doit avoir le mérite
de pouvoir revendiquer le statut de
classique : la chanson doit être
marquante, accrocheuse (rires).
Et c’est maintenant que je le sens.
Mais c’est grâce à Nicke. C’est lui qui
m’a amené ce morceau.
Même si l’orientation est plus
rock’n’roll aujourd’hui qu’aux
débuts, il reste ici ou là ces touches
sabbathiennes, notamment dans
un titre comme « Coffin Fever ».
Ce morceau porte un ADN doom,
mais aussi quelque chose de
lumineux. Est-ce difficile d’obtenir
pareil résultat ?
Johanna Sadonis : Le fait est qu’au
moment de travailler sur ce titre,
nous n’avions pas un objectif précis
en termes de couleurs. Nous avons
laissé la musique venir à nous. Nous
n’abordons pas les choses de manière
trop conceptuelle à vrai dire, et
d’autant moins pour ce troisième
album. La seule chose dont nous nous
soucions est de délivrer quelque chose
de racé et varié. Cela dit, le doom
n’avait pas non plus disparu du
deuxième album.
Nicke Andersson : Il y a chez nous
un désir, et je ne sais si c’est conscient,
de présenter une ouverture de l’art à
travers un track-listing. Nous sommes
tous adeptes du format album et tous
les grands disques ont des qualités
dynamiques, présentent de la variation.
Notre but est de présenter de bonnes
chansons, et cette variation doit faire
partie du voyage. Elle est ce qui peut
arriver de mieux.
Johanna Sadonis : C’est d’elle que
germe le côté excitant ce que nous
faisons. Y
23
 GENRE
. Classic rock
LE GROUPE
. Peter Frampton (guitare, chant)
. Rob Arthur (claviers, guitare)
.
Adam Lester (guitare)
. comeback « with a little help from his friend », et un retour en grâce synonyme de sérénité.
Steve Mackey (basse)
. Dan Wojciechowski (batterie)
SITE INTERNET
www.frampton.com
ALBUMS
. Wind Of Change (1972)
. Frampton's Camel (1973)
. Somethin's Happening (1974)
. Frampton (1975)
. Frampton Comes Alive! (live – 1976)
. I'm In You (1977)
. Where I Should Be (1979)
. Rise Up (1980)
. Breaking All The Rules (1981)
. The Art Of Control (1982)
. Premonition (1986)
. When All The Pieces Fit (1989)
. Peter Frampton (1994)
. Frampton Comes Alive! II (live – 1995)
. Now (2003)
. Fingerprints (2006)
. Thank You Mr. Churchill (2010)
. Hummingbird In A Box (2014)
. Acoustic Classics (2016)
. All Blues (2019)
ARTICLE RH
RH N°207 & 208
24 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208
Le mois dernier, Peter Frampton, que nous retrouverons le 09 juin 2020 à l’Olympia de Paris pour son ultime concert
en France, nous narrait ses déboires avec la maladie qui le force à mettre un terme à ses activités live, ses débuts avec
le groupe Humble Pie et ses premiers pas en solo. Sans oublier « l’apogée Frampton Comes Alive! », double album live
paru en 1976 et ayant connu un succès phénoménal. Peter revient aujourd’hui sur sa longue traversée du désert, son
Rock Hard : Après le véritable raz-
de-marée Frampton Comes Alive!,
tu as édité I’m In You (1977),
qui a surfé sur le succès de ce
double live sans pour autant
atteindre des sommets. Tes ventes
ont malheureusement continué de
décliner les années suivantes…
Comment as-tu vécu la situation ?
Etais-tu « philosophe » à ce sujet,
en te disant que tu avais déjà eu
la chance de sortir un disque
incroyablement populaire, ou est-
ce que ce déclin commercial a été
difficile à avaler ?
Peter Frampton : Le début des
années 80 fut particulièrement
difficile à vivre. J’avais escaladé la
montagne jusqu’au sommet, atterri
sur la Lune sans même avoir besoin
d’une fusée, et là, je m’écrasais sur
Terre. En fait, j’avais même le
sentiment que je me retrouvais la
tête sous terre ! Comme j’avais une
belle gueule, j’étais passé du statut
de musicien de studio réputé et de
membre de groupe solide à celui de
pop star pour adolescentes. Cela m’a
meurtri, car si j’avais quitté Humble
Pie à l’époque, c’est parce que je ne
me retrouvais plus tout à fait dans la
musique du groupe et que je voulais
vraiment faire ce dont j’avais envie,
le but n’étant certainement pas de
devenir une pop star. Je prenais ma
musique au sérieux car je savais
quel était le risque : en devenant
une idole des jeunes, ta carrière va,
au mieux, durer 18 mois. Après ça,
tu peux être sûr que tes « fans »
vont passer à autre chose. Alors
qu’un musicien réputé comme tel,
sa carrière durera toute une vie.
J’ai été très chanceux de pouvoir,
petit à petit, inverser la tendance
et redevenir ce que j’ai toujours
aspiré être : un guitariste et un
compositeur respectés. En grande
partie grâce à David Bowie.
Lorsqu’en 1987, il m’a recruté pour
enregistrer avec lui une partie de
l’album Never Let Me Down (1987)
et prendre part à son immense
tournée Glass Spider Tour, il m’a en
quelque sorte repositionné en tant
que guitariste. Je le connaissais
depuis que nous étions gamins car
nous étions scolarisés dans la même
école quand j’avais 12 ans, et lui 15.
Lorsqu’il m’a invité à jouer sur ce
disque et cette tournée, je n’ai pas
réalisé, à l’époque, quel merveilleux
cadeau il me faisait. Ce n’est que
plus tard, lorsque ma carrière a
de nouveau redémarré comme je
l’entendais, que je m’en suis rendu
compte. J’ai pu de nouveau repartir
sur la route, après une courte
période passée à composer avec
Steve Marriott, début 1991, juste
avant qu’il ne nous quitte (Ndlr :
Marriott, chanteur/guitariste d’Humble
Pie, est décédé de façon tragique le 20
Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208
avril 1991 dans l’incendie de sa maison
en Angleterre) Cela m’a redonné la
foi, je me suis mis à retravailler à
ma manière, à mon rythme, et j’ai
remonté la pente, passant des clubs
aux amphithéâtres.
Tu as mentionné cette tournée
avec Bowie, qui a connu un
immense succès. Quels souvenirs
gardes-tu de cette période, et
comment était le David Bowie
que TU connaissais ?
Je connais David Bowie en tant que
David Jones, de son vrai nom. C’était
un homme inventif, visionnaire, mais
ça, tout le monde le sait. Tant dans
son métier de chanteur, musicien,
compositeur, performeur, que
d’acteur et écrivain… Mais je retiens
de
lui une personne ayant les pieds
sur terre. Beaucoup de gens me
demandent : « A quel point était-il
étrange ? » Je réponds toujours :
« Il ne l’était pas ! » (rires) Il était
unique, un rare spécimen, très
talentueux, mais pour moi, il restait
J’AVAIS ATTERRI SUR LA LUNE SANS
MÊME AVOIR BESOIN D’UNE FUSÉE,
ET LÀ, JE M’ÉCRASAIS SUR TERRE
(PETER FRAMPTON)
Dave. Il m’a souvent filé des coups
de main. Par exemple, lorsque je
me suis mis en tête d’enregistrer
l’album instrumental Fingerprints
(2006), c’est lui qui m’a aiguillé vers
quelques musiciens. Je suis heureux
d’avoir pu vraiment jouer avec lui sur
le Glass Spider Tour.
Encore aujourd’hui, il est probable
qu’une grande partie de ton public
se souvient principalement de tes
années de gloire au milieu des
70’s, et des disques qui y sont liés.
Or, tu as depuis sorti de nombreux
albums de très grande qualité, à
l’instar de Now (2003) et Thank
You Mr. Churchill (2010), parmi
tes disques relativement récents,
qui sont très réussis. Es-tu blessé
par le fait que beaucoup de gens
ne s’intéressent pas vraiment à
tes nouveaux travaux ?
Je te remercie pour tes commentaires
à propos de ces deux disques qui me
plaisent aussi beaucoup. Créativement,
ce fut une bonne période. Ceci dit,
je suis bien conscient que les disques
ne se vendent plus aussi bien que
dans les années 70 et 80, ou même
90. Sauf si tu fais partie du cercle
très fermé des cinq ou dix gros
vendeurs, ce n’est plus du tout
pareil. L’industrie de la musique a
changé de façon si drastique que si
Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 19 février 2020
un disque se vend entre 50 et
100.000 exemplaires aux USA,
tu peux t’estimer heureux ! Alors
qu’à l’époque, mes premiers albums
solo réalisaient à peu près ces
scores, ce qui était alors considéré
comme un véritable échec par ma
maison de disques ! (rires)
Ceci étant dit, Fingerprints a
remporté un Grammy Award
dans la catégorie « meilleur album
instrumental pop » en 2007, alors
que All Blues (2019), dernier CD
sur lequel tu reprends des standards
du blues, est resté plusieurs
semaines en tête des charts blues
américains. Ce sont de vraies
victoires ! Cela a t’il finalement
plus d’importance pour toi, cette
considération pour Frampton le
musicien, plutôt que la superstar ?
All Blues est en effet resté 17
semaines en tête des charts blues
aux USA. J’ai encore du mal à y
croire ! En termes de vente, ça ne
veut pas forcément dire grand-chose,
mais le fait que les gens réalisent
que je suis un guitariste avant
tout veut dire plus pour moi que…
n’importe quoi d’autre. C’est toujours
encourageant, même à ce stade de
ma carrière, où je me sens vraiment
à ma place. Je ne peux que remercier
le public de m’avoir de nouveau
« adopté ».
All Blues revisite des classiques
du blues. Tu t’es déjà attaqué à
de nombreuses reprises durant ta
carrière, en revisitant des titres
des Easybeats, Rolling Stones,
Stevie Wonder ou Soundgarden,
entre autres. Mais c’est bien ta
superbe relecture du « While My
Guitar Gently Weeps » des Beatles,
sur l’album Now, qui nous a le plus
marqués. Il s’agit d’ un morceau
composé par George Harrison,
que tu as bien connu puisque tu
as participé à l’enregistrement de
son album solo All Things Must
Pass (1970), gravé juste après la
séparation des Beatles. Pourquoi
avoir ressenti le besoin de livrer
ta version de « While My Guitar
Gently Weeps » ?
C’est presque arrivé par « accident ».
L’année m’échappe au moment où
je te parle, mais je me souviens
que nous avons perdu George en
novembre (Ndlr : le 29 novembre
2001). Au mois de janvier suivant
(en 2002, donc), j’avais prévu de
donner un concert de charité à
Cincinnati (Ohio), avec des groupes
locaux. Je jouais en tête d’affiche.
Il s’agissait de mon premier concert
depuis le décès de George. J’ai donc
demandé à mon groupe, la veille,
de se familiariser avec cette chanson
pour voir si, le lendemain durant
le soundcheck, nous pouvions
envisager de la jouer le soir même,
en hommage à George. Nous l’avons
fait, et ça sonnait superbement, tant
émotionnellement que musicalement.
La réaction du public a été incroyable,
les gens étaient en larmes…
Ce fut une expérience si forte que
j’ai continué à la jouer, et je ne crois
pas que j’ai donné un seul concert
depuis sans l’interpréter, généralement
en fin du show. Récemment, j’ai
participé au festival Crossroads
Guitars (Ndlr : organisé par Eric
Clapton depuis 1999 aux USA. Seules
six éditions ont eu lieu) à Dallas
(Ndlr : les 20 et 21 septembre 2019).
Eric est venu me rejoindre pour
jouer « While My Guitar Gently
Weeps », ce fut immense !
Il s’agit de ta dernière tournée,
mais il semble que tu aies déjà
beaucoup enregistré en studio
dans le courant de l’année
dernière. Peux-tu nous en dire
plus ?
Ayant en tête qu’un jour, je perdrais
mes capacités et que je ne pourrais
plus jouer aussi bien qu’aujourd’hui,
j’ai dit à mon manager : « Je dois
vraiment enregistrer autant que je le
peux, tant que je le peux. Mais il me
faut aussi trouver du temps pour
composer. J’aimerais notamment écrire
des morceaux dans une veine blues. »
Il m’a alors suggéré, dans un
premier temps, de faire des reprises
de mes morceaux préférés du genre.
Ce qui, évidemment, prendrait moins
de temps à réaliser. Nous nous y
sommes donc attelés juste après
une tournée avec Steve Miller en
2018 : nous nous sommes enfermés
dans mon studio de Nashville et
avons enregistré 40 titres ! (rires)
Tu peux donc te douter qu’au moins
un autre album de covers blues
sortira un jour ou l’autre. D’autre
part, nous avons aussi enregistré
des reprises de chansons que j’aime,
mais en versions instrumentales.
Et j’ai également écrit plusieurs
nouvelles chansons, environ la
moitié d’un disque de titres
originaux que je compte finaliser
après notre tournée européenne.
J’ai donc au moins trois nouveaux
albums sur le feu. Et je vais continuer
à composer et à enregistrer en
studio car, évidemment, c’est bien
plus facile à gérer si, par malheur,
je ne me sens pas en super forme ou
si mes mains me jouent des tours. Y
25

Parfois, être au bon endroit au bon moment peut donner un considérable coup de pouce à la carrière d'un groupe.
Les membres de Chronus, dont la moyenne d'âge excède de peu la vingtaine d'années, ont eu la chance de taper dans
l'oreille de Dirk Verbeuren (batteur de Megadeth, ex-Soilwork et Scarve) qui a décidé de les prendre sous son aile.
The Baron (guitare et chant), leader autoproclamé et gentiment illuminé de la formation suédoise, nous a raconté son
histoire avec un enthousiasme non feint et extrêmement communicatif.
Rock Hard : Comme tout jeune
groupe auquel nous ouvrons pour la
première fois les pages de notre
magazine, tu vas avoir droit à la
question la plus originale du monde :
peux-tu nous résumer la genèse de
Chronus ?
The Baron : Tout a commencé vers
l’âge de dix ou douze ans. Une personne
ayant autorité sur nous depuis notre
enfance nous a préparés mentalement
à ce destin de musiciens en nous
expliquant ce qui était à venir. C’est
aussi à cette époque que ce nom – The
Baron – m’a été donné. Très rapidement,
cette même personne a fait en sorte
que Svante (Furevi/guitare) et moi nous
rencontrions à l’école. De douze à
quinze ans, nous avons donc beaucoup
parlé tous les deux de notre futur
groupe avant de nous lancer pour de
bon. Nous avons alors commencé à
jouer et à écrire nos propres chansons.
Après avoir trouvé un bassiste et un
batteur, nous avons composé notre
premier album. Les choses se sont
alors enchaînées assez rapidement :
nous avons tourné avec Soilwork,
nous avons ouvert pour Megadeth,
Sabaton... Ce fût une période
particulièrement formatrice ! Mais
comme tu peux le voir, l’idée du
groupe ne date pas d’hier et nous
commençons seulement à comprendre
où cela nous mène.
Il n’est pas donné à tout le monde
de faire ses premières armes en
compagnie de groupes aussi connus.
Comment tout cela a-t-il été possible ?
Nous répétions dans des studios il y
a quelques années, et nous y avons
rencontré Dirk Verbeuren et Sylvain
Coudret (Ndlr : guitariste de Soilwork)
par hasard. Nous sommes allés les voir
« en fans », pour leur dire que nous
adorions ce qu’ils faisaient – Dirk
était encore dans Soilwork à l’époque.
GENRE Ils étaient en train de bosser sur de
. Hard rock nouveaux titres et nous ont invités à
LE GROUPE les suivre dans leur local pour y jeter
. une oreille. A force de nous croiser,
The Baron (chant, guitare)
nous sommes devenus très bons
. Svante Furevi (guitare) amis avec Dirk et Björn Strid (Ndlr :
. Oliver Delander (basse) chanteur de Soilwork). Par la suite,
. Adam Kapusta (batterie) Dirk a intégré Megadeth et nous avons
nous-même beaucoup progressé en
SITE INTERNET tant que groupe. Nous avons donc eu
www.chronusofficial.com l’opportunité d’ouvrir pour Megadeth
en Suède. Ce n’est pas uniquement
ALBUMS
grâce à Dirk, nous avons nous aussi
. Chronus (2018)
. Idols (2020) beaucoup travaillé pour nous faire
remarquer et faire grossir le nom du
ARTICLE RH groupe. Mais évidemment, je ne peux
RH N°208 nier qu’il s’agisse d’une aubaine pour
nous de l’avoir croisé à ce stade
quasiment embryonnaire de notre
carrière et qu’il ait craqué sur le
groupe. Avoir des légendes telles que
Megadeth, Soilwork ou Gojira qui ne
tarissent pas d’éloges sur Chronus
n’est pas négligeable en termes de
bouche à oreille. Nous sommes très
chanceux, je le concède.
de g. à d. : Haut : Svante Furevi,
Oliver Delander, Adam Kapusta. Malgré votre jeune âge, vous semblez
Bas : The Baron
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déjà détenir les ficelles d’une
écriture très efficace.
Nous avons appris très vite dès que
nous nous sommes mis à jouer. J’ai
toujours vécu dans un environnement
familial où la musique avait son
importance. Mes parents m’ont
beaucoup encouragé, mais la
découverte de Master Of Puppets
(1986) de Metallica a été décisive.
Je n’avais jamais rien entendu de tel
et j’ai été totalement traumatisé.
Puis je me suis pris une seconde claque
lorsque j’ai commencé à analyser les
textes de l’album. Au même moment,
j’ai découvert l’album Rumors (1977)
de Fleetwood Mac qui a lui aussi changé
ma vie. Ces deux mètres-étalon ont
toujours été mes références, en termes
de musique comme de paroles. Or, si
tu choisis de tels modèles, même si tu
mets la barre très haut, tu progresses
forcément plus vite que si tu cherches
à imiter un groupe de nazes.
C’est amusant que tu mentionnes
Fleetwood Mac car j’allais justement
te questionner au sujet du côté pop
SELON LA FAÇON DONT TU LES UTILISES,
LES RÉSEAUX SOCIAUX PEUVENT TE FAIRE
COMME TE DÉFAIRE EN UN TEMPS
RECORD (THE BARON)
de vos chansons. Ce n’est donc pas
un hasard...
Non ! Il n’y a aucune frontière
musicale pour moi et tout ce qui me
parle musicalement est aussi
important à mes yeux, quel que soit
le style du groupe. Metallica, ABBA,
Fleetwood Mac et Billie Eilish font
partie de mes références et ont la
même place dans mon cœur. C’est
aussi un sentiment de liberté très
agréable de ne pas se forcer à trouver
tel ou tel groupe « pas cool » parce
qu’il ne rentre pas dans une case.
Je ne comprendrai jamais les gens
qui s’imposent volontairement de
n’écouter qu’un seul style de musique.
Il est difficile, en vous écoutant,
de ne pas penser à certaines grosses
pointures plus récentes comme
Volbeat ou Ghost...
Merci beaucoup (en français dans le
texte) ! Vraiment, si ce sont les noms
qui te sont venus en tête en nous
écoutant, c’est un honneur, et il est
évident que nous serions complètement
débiles de nier toute influence de ces
deux groupes que nous admirons.
J’adore le sens de la mélodie de
Volbeat, et Michael Poulsen est un
chanteur brillant. Quant à Ghost, nous
sommes indirectement liés puisque
c’est Simon Söderberg, leur premier
guitariste qui portait dans le groupe le
pseudonyme d’Alpha, qui a produit
notre album. Son ADN traîne donc un
Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien réalisé via Skype le 15 mars 2020
peu partout sur notre disque (sourire).
C’est un mec super et un très bon ami.
Ceci dit, nous ne prenons pas parti :
malgré les différends entre Tobias
Forge et lui, nous continuons d’adorer
ce que fait Ghost à l’heure actuelle.
Tu me disais à l’instant que les
textes de Master Of Puppets
t’avaient traumatisé. J’en déduis que
cet aspect est important pour toi.
Que développes-tu dans tes textes ?
La musique de notre dernier album,
Idols, a été intégralement écrite avant
que je ne me penche sur les textes.
Je cherchais une idée forte qui puisse
être déclinée sur tous les titres
lorsque je suis tombé sur un livre
parlant de Jim Jones (Ndlr : Pasteur
américain fondateur du « Temple du
Peuple », secte basée en Guyane dont 908
membres ont péri par suicide et/ou
assassinat le 18 novembre 1978). J’ai
beaucoup réfléchi à cela, à l’influence
que certaines personnes pouvaient
exercer sur d’autres qui les suivent
aveuglément. J’ai essayé de me mettre
des deux côtés de la barrière et, au
final, tous les textes d’Idols tournent
autour de cela, de ce sentiment de
fascination et d’adoration pour une
personne, ou, au contraire, de
domination. Néanmoins, il ne s’agit
pas d’un concept-album, chaque titre
est indépendant.
As-tu déjà été toi-même amené à
suivre quelqu’un aveuglément ?
Oui ! En fait... (longue hésitation). Nous
sommes quatre dans Chronus, et il y a
bien sûr Dirk, notre manager... Mais il
y a quelqu’un encore au-dessus, au-
dessus du Baron. Je suis le patron
(rires), je décide de tout, et les autres
me prennent une fois sur deux pour un
chouette leader ou pour un trou-du-cul
(rires), mais il y a quelqu’un au-dessus
de moi. Celui qui m’a notamment fait
découvrir Fleetwood Mac et Metallica
et... (il hésite encore)... Je n’ai pas le
droit d’en parler ! Mais c’est lui
mon patron, que je suis à la fois
aveuglément et les yeux grands
ouverts. Ce n’est pas toujours facile,
mais c’est toujours constructif. Même
si, parfois, c’est un trou-du-cul aussi,
hahaha !
On le voit sur vos photos, vous êtes
très « lookés ». Quelle importance
cela revêt-il à tes yeux ?
C’est capital. Tout a été pensé depuis
très longtemps déjà. Nous avons
essayé de nous trouver un look et des
fringues un peu différents de ce qui a
déjà été fait, histoire qu’on ne nous
confonde pas. C’est toujours
intéressant, lorsque tu joues sur une
scène de festival, d’arriver à accrocher
le regard de quelqu’un qui passe par là
pour se rendre à l’autre bout du site.
S’il aime ce qu’il entend et que ce qu’il
voit l’intrigue, c’est dans la poche.
Après, le fait que je sois habillé en
blanc et les autres en rouge a une
signification. D’abord, pour montrer
que...
...tu es le patron ?
(Rires) Exactement ! Et ensuite,
ce sont des codes couleur qui se
retiennent bien. Trois en rouge et un
en blanc, ça ne s’oublie pas. Et puis,
c’est stylé. On a déjà dit de nous que
nous étions le groupe de metal actuel
le plus stylé, et ça me fait plaisir car
c’est vraiment ce que nous cherchons
à être (NdCA : Cette réponse qui peut
paraître stupide, voire un peu « puante »,
est en fait donnée avec tellement de
naïveté et d’excitation qu’il est totalement
impossible de trouver le personnage imbu
de lui-même).
Vous êtes très jeunes, et vous êtes
l’archétype même du groupe qui a
toujours connu Internet. C’est un
outil qui a servi à vous faire
connaître dès vos balbutiements.
Comment s’extraire de la masse
grouillante des milliers de nouveaux
groupes qui se créent en permanence ?
C’est un putain de challenge. Mais il
est impossible d’y arriver si tu restes
assis à te plaindre que ça devait être
vachement mieux avant. A titre
personnel, je suis très intéressé par la
façon dont mes groupes favoris ont
réussi à grandir et à se faire un nom,
mais autres temps, autres mœurs !
Nous ne pouvons plus suivre cette
trajectoire, elle ne correspond plus du
tout à notre époque. Etait-ce plus dur,
plus facile ? Nous n’en avons aucune
idée car nous n’avons jamais connu
cela, donc c’est à nous de nous
démerder avec les cartes qu’on nous
donne. Je ne suis pas un gros fan des
réseaux sociaux, mais c’est un
véritable outil qu’il faut savoir utiliser
et nous faisons au mieux. C’est un
mal nécessaire qui, selon la façon
dont tu l’utilises, peut te faire comme
te défaire en un temps record. Mais
j’ai beau être jeune, je suis plutôt
du genre à « liker » un groupe sur
Facebook si je suis allé le voir en
concert et que je l’ai trouvé cool.
Je ne vais pas me dire : « Cette photo
est super, voilà un groupe qui m’a l’air
doué, je vais le suivre ». Nous essayons
de nous servir de tout cela au mieux,
sachant que c’est de plus en plus
difficile car les gens ont de moins
en moins de temps d’attention à te
consacrer. A peine quelques
secondes ! Il faut donc alimenter la
machine sans cesse. C’est chiant, mais
c’est comme ça que ça marche. Y
27
 Propos recueillis par Philippe Lageat
Entretien téléphonique réalisé le 20 mars 2020
Cinq ans après un Exile (2015)
unanimement salué, Regarde Les
Hommes Tomber dévoile enfin, avec le
très attendu Ascension, le dernier volet
d’un triptyque débuté en 2013. On y
découvre un black metal toujours aussi
épique, mais encore plus radical, résultat
de sessions agitées qui permettra au
combo français – on l’espère car ce
ne serait que justice – d’atteindre de
nouveaux sommets, notamment à
l’étranger. C’est en tout cas le souhait
le plus ardent du guitariste A.M.,
qui a répondu à nos questions.

Rock Hard : Les premiers concerts en soutien

de votre nouvel album étaient prévus en mars
et avril. Ils sont annulés pour les raisons qu’on
sait. On imagine votre frustration…
A.M. : Oui, nous nous réjouissions à l’idée de
repartir bientôt sur les routes, d’autant que
l’accueil réservé à notre nouvel album est bon.
Nous n’avions qu’une hâte : retrouver notre
public. Notre première date devait avoir lieu le
vendredi 13 mars, au Liévin Metal Fest, en
compagnie de Svart Crown et The Great Old
Ones. Le Conseil municipal avait donné son
accord, mais tandis que nous déjeunions avec
l’équipe technique, la mauvaise nouvelle est
tombée : le Premier Ministre Edouard Philippe
interdisait les rassemblements de plus de cent
personnes. Nous étions prêts à décharger,
tout le matos était sur place, mais nous avons dû
annuler la mort dans l’âme. Pour un début de
tournée, ça la fout mal… Nous avons bien donné
un concert, le 16 janvier dernier, au festival
hollandais Eurosonic, mais il s’agissait d’un
showcase réservé aux professionnels de la
musique. C’était un peu étrange car il ne
s’agissait pas, à proprement parler, de fans de
metal. Pour moi, nous n’avons donc pas encore
entamé la tournée Ascension.

En avril, vous deviez notamment donner un

set spécial au Roadburn Festival, en Hollande,
en compagnie d’Hangman’s Chair. Ce show est
lui aussi annulé, mais vous aviez déjà joué
ensemble le 25 septembre dernier, au Trianon
de Paris. Quels souvenirs gardes-tu de cette
collaboration ?
En fait, tout a commencé au Hellfest, en 2016,
lorsque j’ai rencontré Mehdi (Birouk Thépegnier),
le batteur d’Hangman’s Chair, qui a proposé que
nous donnions des concerts ensemble. Ça m’a
surpris car nos deux groupes ne donnent pas
vraiment dans le même genre, même si j’aime
beaucoup ce qu’ils font. Mais il y a un an et demi,
les Fortifem, les artistes qui conçoivent nos
pochettes d’albums, nous ont parlé d’une soirée
qu’ils pensaient organiser sur Paris, avec
Perturbator et Alcest, et nous ont proposé d’en
être. Bossant alors sur notre nouvel album, nous
ignorions si nous allions être disponibles pour le
faire, même si nous en avions envie, mais quand
la nouvelle a été confirmée en mars 2019,
ils nous ont dit qu’Alcest et Perturbator allaient
travailler ensemble pour proposer un show
commun et nous ont demandé, à nous aussi,
de nous acoquiner avec un autre artiste le temps
d’un set unique. J’ai immédiatement pensé à
Hangman’s Chair et à ce que Mehdi m’avait
dit trois ans plus tôt. Car même si nous étions
différents, il y avait une sorte de « connivence »
entre nous, difficile à expliquer…

De g. à d. : T.C., R.R., C’est vrai. Quand bien même, votre musique

A.B., J.J.S. & A.M. est très différente de celle d’Hangman’s Chair,

28 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 29
 je leur trouve des points communs :
cette noirceur, ce jusqu’au-boutisme…
Oui, leur approche de la musique est
très émotionnelle, il y a chez eux
cette tristesse à fleur de peau.
C’est un groupe qui est vraiment
unique. Pour nous, le pari était donc
intéressant. Et en ligne de mire,
il y avait une belle récompense :
un concert au Trianon filmé par
Arte, avec des potes, des groupes
prestigieux… Evidemment, il a été
très compliqué de faire coïncider nos
emplois du temps, mais nous avons
travaillé sans pression durant l’été
2019, le temps de trois répétitions.
Dès la première, l’osmose s’est faite
très naturellement. La magie de la
musique ! Je sais qu’Alcest et
Perturbator ont bossé chacun de
leur côté, tandis qu’entre nous et
Hangman’s Chair, tout s’est passé
les yeux dans les yeux. Comme si
nous faisions partie d’un troisième
groupe. C’est d’ailleurs ce dont nous
sommes probablement le plus fiers :
le fait d’avoir réussi à travailler
comme un « vrai » groupe. Les
Hangman’s Chair nous ont accueillis
comme des princes dans un super
studio de répèts, suffisamment
grand pour nous recevoir tous, ainsi
que deux kits de batterie. A l’issue
de cette résidence, nous sommes
arrivés au Trianon sans trop savoir
FRANCIS CASTE A UN PEU FAIT OFFICE
DE PSY DURANT LES SESSIONS
D’ENREGISTREMENT QUI ONT GÉNÉRÉ
PAS MAL DE TENSIONS AU SEIN DU
GROUPE. SANS LUI, NOUS N’AURIONS
JAMAIS PU FAIRE CET ALBUM ! (A.M.)
si ce que nous allions proposer allait
plaire et nous avons tous été super
surpris des excellents retours du
public. Franchement, ça aurait pu
être catastrophique, mais tout s’est
bien passé car – et c’est encore plus
important que l’aspect musical –
nous nous sommes, d’entrée de jeu,
bien entendus avec les Hangman’s
Chair sur le plan humain. Une chose
qui peut nous rapprocher, c’est que,
hors nos chanteurs respectifs,
nous avons tous joué préalablement
dans des groupes de hardcore.
Ça ne s’entend pas dans la musique
de Regarde Les Hommes Tomber,
mais nous partageons ce côté « DIY »
(« Do It Yourself ») : nous faisons les
choses, et basta, nous ne sommes pas
des divas.
Au Roadburn, vous pensiez
proposer exactement le même set ?
Non, pas tout à fait. Nous étions à
Paris pas plus tard que la semaine
dernière pour travailler ensemble
de nouveaux morceaux car, au
Roadburn, notre concert commun
était censé durer quinze à vingt
minutes de plus qu’au Trianon.
A l’époque de cette collaboration,
vous enregistriez Ascension.
30
Ce concert commun, qui vous a
demandé un effort supplémentaire
de mise en place, s’est avéré être
une bouffée d’air frais, non ?
Oui, totalement ! Il faut savoir que,
jamais auparavant, nous n’avions
passé autant de temps en studio
pour enregistrer un album : un mois.
Cela impliquait, entre autres, que
nous nous installions à Paris durant
toute cette période, ce qui n’était
pas forcément évident. Alors, oui,
bosser avec Hangman’s Chair, le
temps de deux week-ends durant ce
mois de studio, a été une parenthèse
bienvenue. Et puis, nous faisons
tous partie de « la famille de Francis
Caste ». C’est un super producteur,
qui reste hélas un peu dans l’ombre,
alors que c’est un excellent musicien
qui propose beaucoup de choses aux
groupes avec lesquels il travaille
(Ndlr : Bukowski, Kickback, Ultra
Vomit, etc., la liste est longue comme
le bras). Alors, un soir, avant de
travailler avec Hangman’s Chair,
nous avons fait la fête dans le studio
de Francis. C’était sympa. Comme
je dis, c’est un peu la famille.
Ça nous a mis dans de bonnes
conditions pour cette collaboration.
Bosser avec des gens différents est
toujours intéressant. Ce fut donc
une période épuisante, mais très
riche créativement parlant.
Il s’est écoulé quatre ans et demi
entre Exile et ce nouvel opus.
Vous avez beaucoup tourné, mais
tout de même, ça fait long ! (rires)
En fait, la gestation d’Ascension n’a
pas été si longue que ça. C’est juste
que nous avons mis beaucoup de
temps à nous y mettre. Déjà, durant
deux ans qui ont suivi la sortie de
Exile, nous avons donné beaucoup
de concerts. Nous répétions alors
peu, ne nous voyant que sur les
dates. Durant cette période, j’ai
accumulé énormément de riffs.
Nous nous sommes ensuite accordé
une pause d’un an environ pour
recharger les batteries et faire le
point : dans quelle voie voulions-
nous désormais nous engager ?
Ce n’est que quand je suis rentré
à Nantes que nous avons commencé
à nous y mettre sérieusement,
nous voyant une fois par semaine
pour composer, et à partir de là,
tout s’est accéléré. Le travail de
composition s’est étalé sur un an
à peine.
Tu viens de le dire, tu as
davantage écrit cette fois-ci.
Ça s’est fait naturellement ou
y a-t-il eu des tensions, sachant
qu’habituellement, J.J.S.,
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guitariste et fondateur du groupe,
était seul aux commandes ?
Pour être franc, ça s’est avéré un
peu compliqué parce que J.J.S. avait
écrit seul le premier album, même si
le deuxième tenait déjà plus de la
collaboration. Sur celui-ci, c’est moi
qui ai amené toute la matière
première, essentiellement des riffs
sur lesquels J.J.S. et R.R. (batterie)
sont ensuite venus poser leur patte.
Dès que j’étais bloqué, J.J.S. trouvait
la solution et nous progressions
ainsi, petit à petit, en échangeant.
Il est aussi beaucoup intervenu en
studio. Je pense qu’il a eu du mal à
accepter la chose au départ, mais
qu’au final, il a réussi à faire
confiance et qu’il en est content
aujourd’hui, même si ça s’est avéré
délicat sur le moment… De fait,
le processus a été plus collaboratif
que d’habitude. Cette fois-ci, nous
avons d’ailleurs fait trois jours de
pré-production chez Francis, ce qui
était une première et nous a permis
de procéder à quelques ajustements
et de peaufiner certains détails.
Francis en a également profité
pour donner son avis sur certaines
choses, optant, au final, pour un
son différent de celui de ces pré-
productions. Bref, ça nous a
rassurés, ce qui nous a évité
de débuter l’enregistrement
proprement dit hyper stressés.
S’il y a eu des changements au
niveau écriture, ça n’a pas été
le cas dans tous les domaines
puisque vous avez une nouvelle
fois fait appel à Francis Caste,
mais aussi au tandem d’artistes
Fortifem. Les considérez-vous
comme faisant partie intégrante de
votre identité sonore et visuelle ?
Je pense, même si, en proposant une
trilogie, nous nous sommes un peu
« piégés » nous-mêmes car on nous Fortifem ont en tout cas marqué ce qu’il écrit et que nous nous servons la langue française sonne bien dans toutefois pas du genre à répéter un Jusqu’ici, nous avons beaucoup joué
demande aujourd’hui si nous allons triptyque de leur empreinte indélébile. ensuite de cette matière comme ce registre. A défaut de faire tout même riff encore et encore, il y a en France, ce qui est génial, mais
passer à tout à fait autre chose nous le souhaitons. J’aime le fait l’album en français – ce qui a été toujours quelque chose qui change, nous voulons aller plus loin, tenter
maintenant qu’elle est terminée. Une autre chose qui n’a pas changé : que, chez Regarde Les Hommes un instant envisagé – T.C. (chant) et notamment la batterie. Le risque est de nous imposer à l’international.
En fait, nous l’ignorons nous- les textes, une fois encore écrits Tomber, il y ait toutes ces choses moi avons donc décidé de proposer qu’à l’arrivée, ce soit trop « riche ». SOM peut nous y aider car ce label
mêmes, nous verrons ce que nous par Henoch qui met ici un point différentes, mais complémentaires : un morceau chanté en français. Nous avons eu un peu peur de ça à bénéficie d’un certain rayonnement
réserve le futur. Mais je pense que final à ce fameux triptyque auquel la musique, les textes, l’histoire Avec le recul, nous regrettons de un moment, au point que nous avons à l’étranger. Gérald (Ndlr : Milani/
Francis continuera à faire partie de tu viens de faire allusion, initié avec qui est racontée sur les pochettes, ne pas l’avoir fait sur l’intégralité changé l’ordre des morceaux afin fondateur des Acteurs de l’Ombre)
l’équation car, j’ai oublié de le votre premier album, l’éponyme les symboles, les visuels, etc., c’est d’Ascension… Nous voulions de rendre l’ensemble plus digeste. nous avait dit, lorsque nous avions
préciser, il a un peu fait office de psy de 2013. De quoi parle-t-il cette tout un ensemble que chacun peut également achever ce nouveau Le fait que nous ayons joué ces signé avec lui en 2013, qu’il fallait
durant les sessions d’enregistrement fois-ci ? interpréter différemment. A titre disque, et donc le triptyque, sur la titres un très grand nombre de fois considérer son label comme un
qui ont généré pas mal de tensions Sur les deux albums précédents, personnel, je ne suis pas trop fan phrase « regarde les hommes tomber », en répèts avant de les enregistrer tremplin, ce qui ne l’a pas empêché
au sein du groupe. C’est lui qui nous Henoch s’était inspiré de textes des concept-albums : je n’aime pas histoire de boucler la boucle. fait qu’ils ont évolué au fil du temps de tout tenter pour nous garder.
a permis de canaliser toutes nos bibliques à partir desquels il avait enfermer l’auditeur dans un espace Cela fait écho au poème qu’un fan pour devenir des morceaux qui Mais il a compris notre choix
énergies et de réussir à faire la part forgé une sorte de récit mythologique. restreint préalablement délimité. nous avait un jour envoyé via passeront bien en concert. et le respecte, ce qui est très
des choses. Sans lui, nous n’aurions C’est différent cette fois-ci car, Pour donner toutefois quelques Facebook et qui s’achevait justement « sport » de sa part. Il n’y a pas
jamais pu faire cet album ! Nous pour Ascension, il a réalisé une indices, je dirais qu’Henoch parle ici par cette phrase, ce que j’avais Vous êtes désormais signés par d’embrouilles, ce qui est très bien
avons adoré bosser avec lui. Quant à création originale en écrivant une de rébellion face à une figure divine, trouvé super classe… Season Of Mist. Comment cela comme ça.
Fortifem, ce sont des amis de longue histoire ayant, pour point de départ, une sorte de démiurge, de dieu s’est-il fait ?
date. Ils font partie de notre ADN, le dernier morceau d’Exile, « The « mauvais » et punisseur. La fin est Le chant de T.C. est clairement Très simplement. Nous étions Regarde Les Hommes Tomber
mais il faut que nous fassions Incandescent March ». Ce qui est bien évidemment tragique. Je n’en plus agressif sur ce troisième jusqu’ici chez Les Acteurs de l’Ombre, dans Télérama, tu y croyais à ça,
attention à ne pas nous enfermer intéressant, c’est que nous lui dirai pas plus. album. De même, votre black mais Season Of Mist a commencé à sérieusement ? (rires)
dans un concept visuel. Francis et faisons parvenir la musique, metal s’y fait plus extrême et s’intéresser à nous peu de temps Non ! D’autant que la chronique
Pourquoi le dernier titre plus radical. Vos morceaux sont après la sortie d’Exile. Nous, nous publiée est très élogieuse…
GENRE SITE INTERNET d’Ascension, « Au Bord Du épiques et intenses, mais trouvions ça cool, mais nous avons Ça fait vraiment plaisir. Et puis,
. Black metal protéiforme Gouffre », est-il chanté en paradoxalement, ils s’avèrent, voulu ne commencer à y réfléchir ça m’a touché car j’ai perdu ma
https://fr-fr.facebook.com/
rhhtband/ français ? C’est une première à nos oreilles tout du moins, qu’à la fin de la tournée en soutien mère il y a quelques mois. Or, quand
LE GROUPE
. pour le groupe. plus accrocheurs. Es-tu d’accord de l’album. C’était un pari risqué j’étais gamin, elle était abonnée à
T.C. (chant) ALBUMS
. Je suis grand fan de black metal avec ça ? car leur intérêt aurait pu s’étioler, Télérama. Alors, forcément, je n’ai
J.J.S. (guitare) . Regarde Les Hommes Tomber (2013)
. Exile (2015) français. Il se trouve aussi, dans Oui, avec le recul. Cela peut mais ils nous ont fait une super pu m’empêcher d’avoir une pensée
. A.M. (guitare) . Ascension (2020)
le black metal en général, que s’expliquer par le fait que ce disque proposition. Le fait qu’il s’agisse pour elle : « Tiens, elle aurait été fière
. A.B. (basse)
ARTICLE RH beaucoup de groupes s’expriment est plus axé sur les riffs et donc d’un label français – ce qui facilite de moi ! ». Y
. R.R. (batterie) dans leur langue maternelle, ce que plus « catchy » en dépit de l’intensité grandement la communication – a
RH N°208
j’adore. Je trouve, par ailleurs, que qui s’en dégage. Nous ne sommes beaucoup pesé dans la balance.
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 De g. à d. : en bas : Chris Howorth, Kent Diimmel, Maria Brink, Randy Weitzel &
Travis Johnson - En haut : trois amies respectant les gestes barrière
De g. à d. : Steve Unger, Kurdt Vanderhoof, Mike Howe, Rick Van Zandt & Stet Howland
Propos recueillis par Morgan Rivalin - Entretien téléphonique réalisé le 27 février 2020 Propos recueillis par Morgan Rivalin - Entretien téléphonique réalisé le 27 février 2020
Les acharnés de Metal Church plongeront la tête la première dans From The Vault, une compilation d'inédits et de raretés pour Quand In This Moment s'intéresse à nos chères mômans, ça donne Mother, le septième album de ce combo américain notamment
laquelle le célèbre combo américain a fouiné dans ses archives. Son guitariste/fondateur Kurdt Vanderhoof a pris son combiné vu au Hellfest en 2018. Le guitariste Chris Howorth a gentiment décroché son téléphone à cadran pour nous en parler.
pour nous en parler.
Rock Hard : Mother est-il doute plus de soli sur Mother que depuis Blood (2012) suite aux une bonne idée. C’est un monument
Rock Hard : Cette compilation fait prêtons plus attention. Quand batterie) voulait faire « Green Eyed Le duo entre Mike et Todd La conceptuel ? sur nos disques précédents, mais départs de nos camarades de intouchable, c’est sûr. Mais elle a
preuve d’une étonnante cohésion nous bossons sur le disque suivant, Lady », sur laquelle la guitare Torre (Queensrÿche) sur « Fake Chris Howorth : Les concept-albums nous ne nous interdisons rien. l’époque (Cf. RH148). Ce disque réussi à embarquer Lzzy Hale
compte tenu de sa nature. Est-ce nous repartons toujours d’une page apporte un joli plus à mon avis, Healer » qu’on trouve sur la ne sont pas trop notre truc, mais Nous avançons sans filet, au feeling. ayant été le mieux accueilli de (Halestorm) et Taylor Momsen (The
que ça a été difficile ? version européenne de From The il ressort toujours un thème général notre discographie, nous n’avons Pretty Reckless) dans l’aventure
blanche, histoire de proposer du et Rick a suggéré « Black Betty ».
de nos disques. En tournée, Maria Les vocaux de Maria Brink pas hésité à continuer sur cette et là, j’ai dit : « Ok, pourquoi pas ! »
Kurdt Vanderhoof : Pas vraiment, matériel « frais ». Je trouve ça plus Steve (Unger/basse) a quant à lui Vault est époustouflant. Comment
(Brink/chant) est surnommée « Mom » semblent plus influencés par la lancée par la suite. C’est un (rires) Notre reprise n’est rien
principalement parce que ces respectueux des fans qui, quand proposé et chanté une reprise de a-t-il vu le jour ?
par une grande partie de l’équipe. soul et le rhythm & blues... processus bien rodé, ce qui n’empêche d’autre qu’un hommage, à Queen
morceaux ont été retravaillés et même, achètent les disques en « Twilight Zone » (Golden Earring) C’est tout simple : Queensrÿche
L’instinct maternel est particulièrement Totalement d’accord avec ça. Plus pas la pression de s’y inviter. Il y a mais aussi aux femmes qui se
enregistrés depuis 2015, l’année question. Il n’empêche que ce projet qui verra sans doute le jour plus est un groupe de notre région que
développé chez elle. Peut-être parce ça va, plus Maria veut faire passer davantage de pression aujourd’hui, lancent dans la musique. Si, en
du retour de Mike (Howe/chant). m’a permis de redécouvrir de jolies tard. Quant à moi, je voulais nous connaissons depuis toujours.
qu’elle a été élevée par une mère des émotions brutes, sans filet et parce que nos disques précédents ayant une frontwoman, In This
Il est donc logique qu’ils aient des pépites que je suis heureux de reprendre un morceau de Joni Nous sommes de bons amis et nous célibataire et parce qu’elle aussi sans filtre, comme tant d’artistes ont bien marché, parce que nos Moment incite des jeunes femmes à
points communs et qu’ils forment partager, qu’elles soient tirées Mitchell, un peu à la manière avons toujours suivi nos carrières élève son enfant seule ? Le mot soul l’ont fait avant elle. L’important fans attendent beaucoup de nous se lancer dans le hard rock ou dans
un ensemble à peu près cohérent. d’idées assez anciennes ou qu’elles de Judas Priest sur le fameux respectives. Quand Todd est « Mother » est revenu régulièrement n’est pas tant la justesse que ce et aussi parce que nous sommes des le metal à leur tour, nous pourrons
datent des sessions de Damned « Diamonds & Rust » de Joan Baez. arrivé dans Queensrÿche, il lui a lors de nos sessions d’écriture. que l’auditeur va ressentir. C’est une perfectionnistes invétérés. C’est dire : « Mission accomplie ! ».
A quand remonte la plus ancienne If You Do (2018). C’est le cas de Je pensais qu’il y avait moyen de littéralement donné un second C’est devenu une sorte de fil rouge. mise à nu qui colle parfaitement à ce stressant, mais ça en vaut la peine !
idée retravaillée ou finalisée ici ? cinq titres présentés ici. Depuis proposer quelque chose de vraiment souffle. Et même s’il est originaire que nous voulons proposer avec In En 2018, les festivaliers du
Tu me poses une colle ! (rires) le retour de Mike, nous avons été cool, mais ça n’a pas abouti. En tout de Floride, il s’est vite intégré ici, Il s’agit sans doute de votre disque This Moment. Comme lors de votre dernier Hellfest ont pu découvrir un show
Depuis les débuts du groupe, en très productifs. Le retour de notre cas, pas dans les délais impartis. dans l’état de Washington. Il est le plus synthétique. Cette concert en France, le 13 novembre agrémenté de danseuses et de
1980, j’ai toujours archivé toutes vieux pote nous a revigorés, Plus tard, peut-être. des nôtres à présent ! J’adore ce dimension électronique a-t-elle pris Depuis Blood (2012), Maria et toi dernier à Paris, votre nouvel album chorégraphies qu’on voit plutôt
nos idées de riffs et de mélodies, d’autant qu’il pète le feu ! (rires) duo et je suis ravi que Todd ait de l’ampleur « par accident » ? fonctionnez en tandem. Cela s’ouvre sur une reprise très dans la pop. C’est devenu la
mais sans vraiment accorder L’instrumental aux faux airs chanté « Fake Healer » avec nous Oui, comme toujours. J’aurais bien du pourrait-il changer à l’avenir ? personnelle de « Fly Like An signature live d’In This Moment ?
d’importance à leurs dates de On trouve trois reprises sur From de Diamond Head qu’est « Insta en octobre sur la Megacruise, la mal à définir notre son car, à la Ça change déjà un peu sur Mother, Eagle » du Steve Miller Band. Oui, totalement. Ça nous coûte très
naissance. La seule différence est The Vault : « Please Don’t Judas Mental » révèle encore une fois croisière de Megadeth. Tiens, voilà différence de celui de nombreux avec des compos coécrites par Comment est-elle née ? cher de nous déplacer avec les
que nous les stockions sur cassette Me » de Nazareth, « Black Betty » que tu es un grand amateur de un autre groupe dont nous sommes groupes de metal, il évolue en Travis (Johnson/basse) et Randy Ce n’était pas du tout prémédité. danseuses et avec les décors que
et qu’elles sont dorénavant de Ram Jam et « Green Eyed la NWOBHM. Ce morceau possède très proches et que nous apprécions permanence au gré de nos (Weitzel/guitare), mais je pense que A la base, c’était une compo nous emportons dans nos valises,
entassées dans des disques durs, Lady » de Sugarloaf. S’agit-il de une très bonne mélodie qui énormément. expérimentations. Nous n’avons notre tandem, qui est en fait un trio originale dont nous aimions mais ça fait partie de notre univers.
mais c’est tout. A chaque fois que suggestions venant de membres mériterait d’être chantée, tu ne jamais sorti deux albums qui se complété par notre producteur Kevin beaucoup le groove et sur laquelle Depuis qu’elle a laissé tomber son
nous effectuons la sélection finale différents ? trouves pas ? Qu’as-tu de prévu dans les ressemblent. Ok, certains Churko (Five Finger Death Punch, Maria s’est mise à improviser. micro traditionnel pour un micro qui
des morceaux d’un album, nous Oui, c’est ça. Mike a proposé la Oui, sans doute, même si j’aimais prochains mois ? ingrédients sont les mêmes. Il y aura Ozzy Osbourne), formera toujours le Elle s’est mise à chanter « Time lui laisse les mains libres, Maria n’a
mettons les autres de côté et n’y reprise de Nazareth, Stet (Howland/ justement le « challenge » consistant Je travaille sur le prochain Metal toujours de la guitare dans In This noyau dur artistique du groupe. Tu keeps on slippin’, slippin’, slippin’ » eu de cesse de développer la danse et
à en faire un vrai instrumental. Church, qui avance doucement mais Moment, et il y a d’ailleurs sans l’as rappelé, nous fonctionnons ainsi et nous avons trouvé ça tellement les chorégraphies, au point que
GENRE ALBUMS (sélection) ARTICLES RH Mais tu sais quoi ? Si des lecteurs sûrement, et à la fin du mois de mars, cool que nous avons décidé d’en certains la surnomment désormais
. Heavy/thrash . de Rock Hard ont envie d’enregistrer je vais participer à la croisière Cruise GENRE SITE INTERNET ARTICLES RH faire une reprise hybride, mi-cover « la Lady Gaga du metal » (rires).
Metal Church (1984) RH N°35, 57, 81, 163, . Rock/metal alternatif
. The Dark (1986) 193 & 208 du chant dessus, qu’ils le fassent To The Edge avec mon groupe www.inthismomentofficial.com RH N°148, 149 & 208 mi-compo. La comparaison est flatteuse !
LE GROUPE . Blessing In Disguise (1989) et qu’ils vous l’envoient ! Ça progressif, Presto Ballet. Je suis un Il est vital de se démarquer.
. Mike Howe (chant) . The Human Factor (1991) LE GROUPE
. Hanging In The Balance (1993) m’intéresserait d’écouter ça et de très grand fan de Yes, de Kansas, de ALBUMS Avez-vous hésité avant de vous
. . Maria Brink (chant)
Kurdt Vanderhoof (guitare) . Masterpeace (1999) les partager... Enfin, il vaudrait Rush, de vieux Genesis, etc. Prendre . Beautiful Tragedy (2007) frotter au monument « We Will En fait, malgré votre succès actuel,
. . The Weight Of The World (2004) . Chris Howorth (guitare) . The Dream (2008) Rock You » ? vous aurez vraiment réussi quand
Rick Van Zandt (guitare) . A Light In The Dark (2006) peut-être mieux que j’en parle avec part à cette croisière organisée par . A Star-Cross Wasteland (2010)
. . This Present Wasteland (2008) Mike avant ! (rires) Yes à laquelle participeront Steve . Travis Johnson (basse) . Blood (2012) Oui, bien sûr. Quand Maria m’a on surnommera Lady Gaga la
Steve Unger (basse) . .
. Generation Nothing (2013) Hackett ou encore Marillion va être . Randy Weitzel (guitare) Blood At The Orpheum suggéré cette reprise, en pleine « Maria Brink de la pop » !
Stet Howland (batterie) . XI (2016) (live – 2014)
. Damned If You Do (2018) Mike a le droit de nous envoyer sa un grand moment pour moi, c’est . Kent Diimmel (batterie) . Black Widow (2014) effervescence Queen liée à la sortie (Rires) C’est vrai ! Il reste toujours
. From The Vault . Ritual (2017) du biopic consacré au groupe, je lui une marge de progression, et c’est
très bien comme ça. Y
SITE INTERNET version ! certain ! (Ndlr : croisière reportée suite
à la pandémie de Coronavirus...) Y
(compilation – 2020) . Mother (2020)
www.metalchurchofficial.com (Rires) Je vais le lui dire de ce pas ! ai dit que ça ne me semblait pas être

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Audrey Horne sort de très bons albums, mais c’est aussi un groupe de scène particulièrement excitant. Et pour une
fois, la France est aux premières loges pour observer le phénomène, puisque les Norvégiens en ont fait l’une de leurs
destinations favorites. Personne ne sera donc surpris de l’excellence de Waiting For The Night, premier album live du
gang de Toschie. Le tatoué chanteur nous a tout dit à propos de cet opus.
Rock Hard : Waiting For The Night
est votre premier live. Il sort après
six albums studio. Audrey Horne a
toujours eu une très bonne réputation
de groupe de scène. Pourquoi avez-
vous pensé que le moment était
venu d’éditer ce live ?
Toschie : Je ne sais pas s’il s’agit du
bon ou mauvais moment car ça faisait
déjà plusieurs années que nous parlions
de ce projet. Comme tu viens de le
dire, nous avons la réputation d’être
plutôt bons en live et nous nous
34
considérons en premier lieu comme
un groupe de scène. Nous projetions
d’enregistrer ce live à Paris lors de
notre dernière tournée, mais pour
diverses raisons – en particulier à
cause de l’équipement dont nous
disposions – ça n’a pu se faire. Nous
avons donc pris la décision de le graver
dans notre ville de Bergen. Nous en
parlions depuis longtemps, mais nous
nous sommes dit que, cette fois-ci,
nous devions le faire. D’un autre
côté, il est bon d’avoir une vraie
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Propos recueillis par Benji - Entretien téléphonique réalisé le 26 février 2020
expérience de la scène avant de se
lancer dans l’enregistrement d’un live
car il faut du temps et des efforts
avant d’être à l’aise sur une scène.
Je trouve qu’il est un peu inutile de
sortir un disque en concert après
seulement deux albums studio, par
exemple.
Sur ce live, vous avez pris soin
d’insérer au moins un titre de chacun
de vos albums, même si vos deux,
voire trois premiers disques sont
moins populaires que ceux qui ont
suivi Youngblood (2013). Il était
important pour vous de couvrir
toute votre carrière ?
Oui, absolument. En fait, nous
comptions même insérer plus de titres
de nos deux premiers albums, mais il
a bien fallu faire un choix : dans ce
cas, nous aurions dû nous passer
d’autres morceaux plus récents, ce
que nous ne voulions pas. En vérité,
nous avons bien joué deux extraits
supplémentaires de No Hay Banda
(2005) : « Weightless » et « Dead ».
Ce dernier est d’ailleurs disponible
dans une version spéciale de l’album
(Ndlr : un coffret dans lequel est inclus
un 45 Tours contenant « Rose Alley »
et « Dead »). Idem en ce qui concerne
l’album Le Fol (2007) : si « Threshold »
figure bien sur le live, « Last Chance
GENRE
. Hard rock
LE GROUPE
.
Toschie (chant)
. Ice Dale (guitare) . No Hay Banda (2005)
. Le Fol (2007)
. Thomas Tofthagen (guitare) . Audrey Horne (2010)
. . Youngblood (2013)
Espen Lien (basse) . Pure Heavy (2014)
. Kjetil Greve (batterie) . Blackout (2018)
. Waiting For The Night (live – 2020)
For A Serenade », que nous avons
aussi joué mais dont le rendu ne nous
satisfaisait pas vraiment, a été écarté
au dernier moment. Ceci étant dit, il
y a en effet, sur ce disque, au moins
un morceau de chacun de nos albums
studio. La raison en est simple : il n’a
jamais été question d’éditer un best of
car nous supposons que les gens qui
aiment vraiment notre musique se
procurent nos albums et qu’un best of
n’intéresserait personne. Du coup, ce
live est en quelque sorte notre
« meilleur de » !
Parfois, l’édition d’un disque live
correspond à la fin d’une époque,
d’une période dans la vie d’un
groupe. Est-ce votre cas ou s’agit-il
d’une « simple » étape dans votre
carrière ?
Pour être honnête, je ne sais pas
vraiment. Nous allons commencer
à composer de nouveaux morceaux.
A titre personnel, je trouve que
Youngblood, Pure Heavy (2014) et
Blackout (2018) sont de très bons
albums, mais qu’ils s’inscrivent aussi
un peu tous dans la même veine.
Alors, j’aimerais beaucoup que nous
nous montrions plus aventureux sur
le prochain disque, que nous allions
un peu plus loin, sans pour autant
changer drastiquement de style, bien
sûr. Proposer peut-être des choses
plus progressives, épiques… Dit
comme ça, on peut donc imaginer que
Waiting For The Night marque la fin
d’une ère. Mais il ne sert à rien de
tirer de plans sur la comète car je me
souviens avoir déjà eu ce type de
discussion avec les autres membres
du groupe, et au final, nos morceaux
évoluent naturellement, et parfois pas
du tout dans le sens où nous l’avions
envisagé. Nous verrons bien !
Waiting For The Night est accompagné
d’un DVD bonus. Si la première partie
du DVD, majoritairement filmée à
Bergen, en salle et en plein air, est
plutôt de bonne qualité, en revanche,
les autres extraits captés à diverses
périodes de votre carrière sont parfois
de qualité « discutable ». On imagine
que l’idée était surtout de donner
une idée de l’évolution du groupe
plutôt que de proposer un DVD
parfait…
Exactement. Le show du Verftet
à Bergen, en 2018, est vraiment
Toschie propre, mais nous disposions aussi
de toutes ces vieilles bandes. L’idée
était de mettre un maximum de
choses dans ce DVD, aussi diverses
que possible, et de toutes les
époques. Comme tu l’as précisé,
il s’agit avant tout d’un support
« bonus » sur lequel nous ne mettons
pas l’accent. Alors, nous pouvions
nous permettre de proposer ce genre
SITE INTERNET ARTICLES RH
www.facebook.com/ RH N°45, 96, 128, 145, 146, 183
AudreyHorneOfficial & 208
ALBUMS
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de documents, de qualité moyenne,
mais qui ont pour intérêt de montrer
quelle était l’atmosphère du moment.
Les images du concert en plein air,
sur une toute petite scène, devant
un public minuscule et sous une
pluie battante, sont hallucinantes !
Il s’agissait d’un des tous premiers
concerts du groupe. Avec le recul,
je ne suis même pas sûr que nous
nous appelions déjà Audrey Horne.
En effet, il faisait un temps de merde.
Il devait y avoir 15 spectateurs
abrités sous leurs parapluies, c’était
affreux ! (rires) Mais c’est un sacré
document qui fera sourire nos fans !
Le genre de concert que tout groupe
a donné au moins une fois dans sa
vie, à ses débuts, devant des gens qui
étaient là par hasard ou par curiosité !
Cela montre aussi notre évolution à
travers les années.
Il est intéressant de voir que
vous étiez alors un sextet, avec un
claviériste permanent, Herbrand
Larsen, qui a joué sur vos deux
premiers albums. Pourquoi a-t-il
décidé de quitter le groupe vers
2008, et pourquoi avoir décidé
de poursuivre sous la forme d’un
quintet ?
Herbrand nous a quittés en même
temps que notre bassiste de l’époque,
Tom Cato Visnes (Ndlr : alias King Ov
C’EST DINGUE LES LITRES DE VIN QUE NOUS
POUVONS INGURGITER LORS DE CHAQUE
TOURNÉE FRANÇAISE ! (TOSCHIE)
Hell de Gorgoroth). Tom et nous ne
nous entendions plus musicalement,
et Herbrand nous a quittés car il faisait
aussi partie d’Enslaved et s’investissait
de plus en plus dans la production.
Cela commençait à faire beaucoup
pour lui. Suite à son départ, nous
avons eu deux autres claviéristes,
en dépannage. Ils n’ont jamais intégré
le groupe de façon officielle. Nous
avions fait appel à un gars pour
l’enregistrement de Youngblood (Ndlr :
Kim Gulbrandsen), et nous envisagions
de le garder. Mais nous devions donner
un show en Norvège pour le lancement
de ce disque et la femme de ce mec
étant enceinte jusqu’aux yeux à ce
moment-là, il n’a pas pu se joindre
à nous. Nous avons donc donné ce
concert à cinq et nous avons réalisé
qu’en réalité, nous n’avions pas
besoin de claviériste ! Nous nous
dirigions alors vers un truc plus
rock’n’roll, alors un clavier ne nous
manquait pas.
Ice Dale et Thomas Tofthagen
forment un duo de guitaristes
fantastique. Ils sont très complé-
mentaires, totalement connectés,
comme de nombreux duos des années
70 et 80. Ils sont définitivement
devenus la marque de fabrique du
groupe…
Absolument. Un peu, ainsi que tu l’as
dit, comme dans les 70’s avec des
groupes comme Thin Lizzy : on pensait
immédiatement à l’interaction de ses
deux guitaristes. Pourtant, avec Ice
et Thomas, il s’agit d’un mariage
étrange. Ils jouent ensemble depuis
si longtemps qu’ils se connaissent
sur le bout des doigts, en tant que
musiciens et que personnes.
Ils peuvent être à la fois les meilleurs
amis du monde, mais aussi les pires
ennemis. Personne ne s’engueule
plus dans le groupe que ces deux-là !
Mais j’aime ça car je crois que la
dynamique qui se crée entre eux à
la suite de ces prises de bec est
incroyable. Justement parce qu’ils
ne sont pas toujours d’accord. Ils se
poussent chacun dans leurs retran-
chements, et s’ils ne fonctionnaient
pas ainsi, peut-être ne serait-ce pas
aussi excitant.
Ice joue toujours avec Enslaved,
dont le style est du black metal
progressif, et Thomas fut le guitariste
de Sahg, qui donnait dans le doom
metal. Des genres bien différents de
celui pratiqué par Audrey Horne…
Pourtant, leur façon de s’approprier
ce hard rock mélodique et traditionnel
est incroyable…
En réalité, ce qu’ils jouent aujourd’hui
avec Audrey Horne est bien plus en
phase avec le genre de musique
avec lequel ils ont grandi. Ce sont
des fans de Kiss, Thin Lizzy bien sûr,
Whitesnake, Ozzy Osbourne… Après,
ils se sont ouverts à d’autres styles et
ont évolué vers des choses différentes
avec Enslaved et Sahg, mais leurs
premières influences sont bien
ancrées dans le genre de musique
qu’ils jouent avec Audrey Horne.
Depuis Youngblood, vous avez
noué des liens très forts avec la
France, qui est le pays où vous avez
le plus joué après l’Allemagne et la
Norvège. En toute sincérité, que
penses-tu du public français ?
Très honnêtement, je l’adore ! J’aime
aussi nos fans d’autres pays, mais
il me semble que les Français sont
particulièrement dédiés au groupe.
C’est très plaisant de discuter avec
tous ces gens à la fin des concerts,
et c’est dingue les litres de vin que
nous pouvons ingurgiter lors de chaque
tournée ! (rires) Car les spectateurs
viennent souvent nous voir au stand
de merchandising pour nous donner
des bouteilles : « Hé, ça vient de pas
loin d’ici, c’est le meilleur truc que tu
pourras trouver en France ! » Nous
avons donc découvert que chaque
région a le meilleur vin de France !
(rires) Ce n’est pas un problème, j’adore
le vin ! Mais évidemment, ce n’est
pas la seule raison pour laquelle nous
aimons jouer chez vous ! Les fans
sont très naturels, personne n’est
jamais venu nous voir en nous disant
« vous êtes mes héros !», rien de cela.
Ils nous remercient d’être venus
jouer chez eux et discutent musique,
en toute simplicité. Et vous chantez !
Dans certains pays, le public est parfois
plus réservé, alors que vous, ça ne
vous dérange pas de chanter les
refrains à tue-tête. Y
35

GENRE
. Black metal psychédélique
LE GROUPE
. Jun-His (chant, guitare)
. Ikon (guitare)
. EviL (claviers, percussions)
. .
Ontto (basse)
. Korjak (batterie)
36
Curiosité venue de Finlande, Oranssi Pazuzu (Ndlr : comme Pazuzu, le démon babylonien, mais en orange) est passé
maître dans l’art de mélanger black metal abrasif et psychédélisme angoissant. Récemment signé par le mastodonte
allemand Nuclear Blast, le quintet de Tampere propose cette année son cinquième opus, l’étrange et barré Mestarin
Kynsi. Petite leçon de choses avec Jun-His, chanteur/guitariste et porte-parole de cette drôle de bestiole.
Rock Hard : Votre caractère
expérimental fait de vous un groupe
à part dans le catalogue de Nuclear
Blast. Comment en êtes-vous venus
à travailler avec eux ?
Jun-His : Lorsque nous nous sommes
mis en quête d’un nouveau label,
ce sont eux qui nous ont fait la
meilleure offre. Ce fut une grande
surprise, dans la mesure où nous
ne nous attendions pas du tout à ce
qu’ils s’intéressent à nous ! Leur
équipe a vraiment compris la raison
d’être du groupe et ses objectifs.
Nous sommes heureux de bénéficier
du soutien d’une grosse structure qui
nous laisse une liberté totale sur le
plan artistique, mais nous décharge
sur le reste. Tant que nous gardons le
contrôle, nous sommes heureux que
plus de gens aient une chance de
découvrir notre musique et d’entrer
en résonance avec elle.
En 2016, Oranssi Pazuzu a connu
son seul changement de line-up à
ce jour. Peux-tu revenir sur les
circonstances du départ de Moit
(guitare) et le recrutement de son
successeur, Ikon ?
Moit ne parvenait plus à concilier
notre rythme de travail avec sa vie
familiale. Il continue cependant
de suivre nos travaux de près et à
s’impliquer dans tout ce que nous
faisons, à la manière d’un guide
spirituel. Le choix de son remplaçant
ne s’est pas posé une seconde :
aucun autre guitariste ne pratique la
musique psychédélique de la même
façon qu’Ikon (Kairon ; IRSE) ! C’est
une chance incroyable que de l’avoir
à nos côtés. Il a élevé le propos du
groupe sans dénaturer son identité.
L’entente et la compréhension, tant
humaine que musicale, sont
absolument parfaites.
En 2018, les membres d’Oranssi
Pazuzu et de Dark Buddha Rising
(quintet de doom psychédélique) se
sont rassemblés pour former une
nouvelle entité, Waste Of Space
Orchestra, qui a publié son premier
album Syntheosis l’an dernier.
Peux-tu nous en dire plus ?
Le Roadburn Festival, qui aime
proposer des shows exclusifs, nous
a sollicités pour préparer une
prestation unique dans le cadre de
son édition 2018, avec un concept
original et des animations vidéo.
Une grande opportunité pour deux
petits groupes comme les nôtres !
Nous aurions pu nous contenter de
SITE INTERNET jammer comme beaucoup d’artistes
le font, mais nous jugions plus
www.oranssipazuzu.com
intéressant de composer et
ALBUMS d’enregistrer un album pour
. Muukalainen Puhuu (2009) l’occasion. Bosser à dix nous a
. Kosmonument (2011)
. Valonielu (2013)
demandé beaucoup de temps et
. Värähtelijä (2016) d’efforts, mais nous sommes très
Mestarin Kynsi (2020) satisfaits du résultat obtenu.
ARTICLE RH Heureusement, nous sommes très
RH N°208 proches des membres de Dark
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Buddha Rising, avec lesquels nous
avons même partagé un studio de
répétitions par le passé. Chacun des
deux groupes s’est nourri de cette
expérience qui a eu un impact
déterminant sur notre nouvel album,
Mestarin Kynsi. Si nous trouvons
le temps, nous remettrons volontiers
le couvert !
Votre nouvel opus me paraît
particulièrement « abstrait ». Est-il
né de séances d’improvisations ?
Généralement, l’un d’entre nous –
Ontto (basse) ou moi, le plus souvent
– arrive en salle de répétitions avec
une idée qu’il soumet aux autres.
Nous essayons ensuite de la jouer
tous ensemble, d’improviser dessus.
C’est le moment mystérieux où tout
se créé… Au début, il n’y a que des
riffs et du groove, puis viennent les
textures et éléments qui permettent
d’obtenir quelque chose de mystérieux,
d’unique. C’est assez génial car le
morceau prend souvent une direction
très éloignée de l’idée originale de
son instigateur ! Comme nous jouons
ensemble depuis plus de dix ans,
LA MUSIQUE ME PERMET D’EXPLORER
MON PROPRE ESPRIT. C’EST SOUVENT
LA MEILLEURE DES DROGUES !
(JUN-HIS)
nous n’avons pas besoin de beaucoup
de mots pour « communiquer ». Cette
façon de travailler rappelle celle des
années 70, où il était commun pour
les musiciens de jammer. Lorsqu’il
devient évident pour tout le monde
que nous tenons quelque chose de
spécial, nous enregistrons une démo.
Après cette phase d’intuition, qui
est primordiale, vient la phase
d’optimisation. Là, nous réécoutons
nos prises et les analysons de façon
rationnelle afin de décider de la
meilleure façon d’intégrer les idées
sélectionnées à l’album. Tout est
pensé avec soin : nos disques sont
conçus comme des trips. Il faut
donner à l’auditeur la sensation que
les choses évoluent et changent afin
qu’il achève l’écoute dans un état
d’esprit différent de celui qu’il avait
quand il l’a commencée. J’espère que
ceux qui se plongeront dans notre
nouvel album seront à l’écoute de
leur psyché, observeront de près ce
qui leur passe par la tête et auront
des sortes d’illuminations ou de
révélations… Le plus important est
que notre musique ait un impact sur
celui qui la reçoit.
Vous arrive-t-il encore de jammer
lors de vos concerts ?
Oui, une brève partie de notre set est
généralement dédiée à l’improvisation.
C’est assez éprouvant pour les nerfs ;
Propos recueillis par François Blanc - Interview réalisée via Skype le 11 mars 2020
quand tu vois, en regardant ta setlist,
que tu te rapproches du moment
où il te faudra jouer « quelque
chose », mais que tu ne sais pas
encore quoi, le stress monte d’un
coup ! Cela nous pousse à assurer le
reste du show avec encore plus de
rigueur et d’intensité. Nous opérons
très bien sous pression… Je pense
sincèrement que nous sonnerions
moins bien sans ce sentiment de
mise en danger. Il ne faut pas que
puisse s’installer un sentiment de
routine. C’est aussi pour ça que nos
tournées sont rares et courtes : nous
appréhendons chaque concert comme
un rituel, une expérience unique et
singulière.
Vos disques donnent justement
l’impression d’avoir été écrits
sous l’effet d’opiacés et autres
substances étranges…
C’est effectivement le cas, mais
seulement sur certains passages.
Encore une fois, nous aimons
combiner spontanéité et analyse.
Lorsque nous travaillons sur un
disque, j’aime réécouter nos démos
après avoir fumé quelques pétards ;
cela m’aide à sortir de mon propre
cercle. J’écoute le morceau avec
une oreille différente, comme si ce
n’était pas moi qui jouais dessus,
et je me rends mieux compte de ce
qui fonctionne ou non. Parfois, quand
on joue, on reste concentré sur l’aspect
technique ; certaines substances
permettent de s’en détacher pour
rentrer dans une autre sphère. Bien
sûr, les décisions finales sont tout de
même prises avec un esprit clair. Cela
vaut probablement mieux ! (sourire)
Lors d’une précédente interview,
tu avais longuement parlé des vertus
de la répétition. Qu’est-ce qui te
fascine tant dans ce principe ?
Son effet méditatif, principalement.
Répéter inlassablement la même
boucle brouille la perception du
temps, qui devient beaucoup plus
flou. Le morceau débute comme
une séance d’hypnose, et l’on crée
un monde autour en rajoutant des
éléments ambients ou mélodiques.
Au bout d’un moment, l’auditeur
n’entend plus le motif principal ;
il le ressent. A chaque fois qu’une
nouvelle mélodie s’ajoute, il se sent
dériver vers d’autres univers. En
revanche, si le rythme change ou
qu’une voix s’ajoute, il retrouve sa
concentration. C’est un phénomène
très intéressant !
Mestarin Kynsi me semble
particulièrement sombre, même
pour vos standards…
Tant mieux ! De mon côté, je me
sens toujours bien après avoir
composé ou joué l’une de nos
chansons. La musique me permet
d’explorer mon propre esprit. C’est
la meilleure des drogues ! Elle est
capable d’altérer mes émotions,
de m’amener à certaines strates
de réflexion qui favorisent la
compréhension de mes sentiments
et de mon chemin de pensée. La
drogue est une sorte de « raccourci »,
mais n’est pas toujours aussi efficace.
Quoiqu’il en soit, je pense que ni la
musique, ni les psychotropes ne
permettent de régler quoi que ce
soit. Mais elles peuvent en revanche
t’aider à découvrir des choses sur
toi-même ! C’est l’une des choses
les plus puissantes que l’art puisse
offrir. J’attache aussi beaucoup
d’importance à l’investissement
physique lorsque nous jouons sur
scène ou sommes en studio. Je retire
toujours quelque chose de très positif
de l’enregistrement de mes lignes de
chant, même lorsqu’il s’agit de
passages très noirs.
Le titre de l’album signifie « la
griffe du maître ». Pourquoi ce
nom ?
Les chansons reprennent le concept
développé sur « Vasemman Käden
Hierarkia », le long titre de l’album
précédent. Le « maître » auquel nous
faisons référence est un personnage
maléfique, très lovecraftien, qui
prend le contrôle de la société à l’aide
d’incantations et cherche à contrôler
les esprits en instaurant un régime
totalitaire. C’est assez abstrait –
même pour nous – mais cela nous
permet, en sous-main, d’évoquer des
thèmes importants comme la liberté
et l’indépendance d’esprit.
Il existe une vidéo de Metallica
publiée en novembre 2016 où l’on
voit James Hetfield arborer un t-shirt
à l’effigie d’Oranssi Pazuzu. As-tu
été touché en la visionnant ?
« Touché » n’est peut-être pas le mot,
mais je trouve profondément cool
qu’un mec comme Hetfield, un
millionnaire qui joue du metal
depuis des décennies et dont les
compositions ont changé la vie de
tellement de gens, continue de
découvrir de nouvelles choses et de
s’intéresser à d’obscures formations
dénichées sur internet. C’est le genre
de témoignage qui aurait tendance
à me rendre un peu moins cynique !
(rires) Je n’ai jamais été un immense
fan de Metallica, mais je respecte
profondément ce qu’ils ont fait dans
les années 80, ainsi que le jeu de
guitare de James. D’autres membres
du groupe étaient bien plus excités
que moi en découvrant la vidéo ! Y
37

Depuis 2016 et Une Ombre Régit Les Ombres, Abduction semble avoir trouvé son rythme de croisière en publiant un
nouvel album tous les deux ans. En cette année 2020, c'est à une lourde tâche que le combo a décidé de s'atteler
puisque Jehanne, son troisième effort, est un concept album-relatant l'épopée de Jeanne d'Arc. Un pari ambitieux dont
nous avons parlé avec le bassiste Mathieu Taverne, ses camarades Guillaume Fleury (guitare) et François Blanc (chant)
étant privés d'interview dans nos pages pour des raisons évidentes.
Rock Hard : Avez-vous décidé
d’écrire un concept-album avant
d’en chercher le sujet, ou le sujet
que vous souhaitiez aborder a-t-il
imposé que vous écriviez un concept-
album ?
Mathieu Taverne : Seconde option :
c’est le personnage de Jeanne d’Arc
qui nous a amenés au concept-album.
Elle est une figure qui nous fascine
tous au sein du groupe, plus
particulièrement Guillaume et
moi-même. Depuis les débuts du
groupe, les textes d’Abduction sont
intimement liés à l’Histoire de
France car le sujet nous passionne :
nous avions déjà évoqué certains
personnages historiques par le passé,
mais celui de Jeanne d’Arc nous a
semblé tellement inspirant qu’il était
évident pour nous de lui consacrer
GENRE un album complet. Son épopée nous
. Black metal progressif a permis du même coup de nous
frotter à cet exercice délicat, mais
LE GROUPE enthousiasmant, qu’est le concept-
. François Blanc (chant) album.
. Guillaume Fleury (guitare)
. Mathieu Taverne (basse) Comment expliques-tu le côté
. « culte » de Jeanne d’Arc ?
Morgan Velly (batterie)
Le fait que son épopée soit un fait
SITE INTERNET
www.abduction.fr
avéré de source sûre est probablement
l’une des clés de cette fascination :
ALBUMS
Jeanne d’Arc est l’un des personnages
historiques pour lequel les sources
. Une Ombre Régit Les Ombres sont les plus nombreuses, comme des
(2016) chroniques ou des lettres écrites de
. A L'Heure Du Crépuscule (2018)
son vivant, qui relatent ses actions.
. Jehanne (2020)
Même son premier procès à Rouen,
ARTICLES RH puis le procès en révision qui a mené
RH N°170, 185 & 208 à sa réhabilitation sont extrêmement
documentés. On a donc une vision
exacte de ces faits. Or, ce qui s’est
passé dépasse l’entendement.
Par exemple, certains historiens
s’accordent à considérer sa victoire
à Orléans comme quasi-surnaturelle.
Qu’une jeune fille venue de nulle
part et se sentant investie d’une
mission puisse avoir un tel destin
est absolument fascinant. Son histoire
est digne des meilleurs romans de
fiction, à la différence près que tout
cela a bel et bien eu lieu.
Penses-tu que cette histoire ait une
résonance dans notre monde actuel
et qu’on puisse qualifier une figure
contemporaine de « nouvelle Jeanne
d’Arc » ?
A brûle pourpoint, je ne vois personne
de réellement comparable dans le monde
moderne. En revanche, et c’est assez
amusant, dès qu’une personnalité de
sexe féminin accomplit quoi que ce
soit de remarquable ou qu’elle défend
une cause avec pugnacité, elle devient
immédiatement, pour un certain type
de médias, « la nouvelle Jeanne d’Arc ».
Je pense que cela est dû au fait que
Jeanne est probablement la plus
grande figure féminine de l’histoire
mondiale, dont la notoriété dépasse
très largement nos frontières.
Le personnage de Jeanne d’Arc a été
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largement récupéré par une certaine
famille politique. Si l’on ajoute à
cela le fait que vous soyez un groupe
de black metal, il ne va pas en falloir
beaucoup plus pour qu’Abduction
éveille les soupçons de certaines
personnes en mal de sensations
fortes...
C’est très naïf, mais à l’origine,
comme nous savons qui nous sommes
et ce que nous faisons, l’idée ne nous
a absolument pas effleurés. C’est en
parlant avec quelques amis de notre
entourage qu’on nous a conseillé
d’être très prudents sur l’image que
cela pouvait véhiculer. Ça nous a donc
amenés, par la force des choses, à y
réfléchir. Jeanne d’Arc est une figure
intemporelle du patrimoine historique
français. Elle a d’ailleurs été
récupérée par tout le monde selon les
époques : par la droite, par la gauche,
par l’extrême droite, par l’extrême
gauche, par des religieux et des non-
religieux. C’est peut-être la figure
historique qui fait le plus consensus
au sein de l’histoire de France, elle
pourrait être revendiquée par tout le
monde et n’importe qui. A la fin du
JEANNE D'ARC EST UN SYMBOLE
UNIVERSEL QUI APPARTIENT À L'HISTOIRE
DE NOTRE PAYS, ET DONC À CHACUN
D'ENTRE NOUS (MATHIEU TAVERNE)
19ème siècle, elle était d’ailleurs
devenue une égérie pour la gauche
anticléricale. Ces trente ou quarante
dernières années, elle a été associée
à l’extrême droite française, mais il
est hors de question de l’abandonner
aux mains d’un parti politique.
Ce serait la pire des choses que de
se censurer, de se priver ou d’avoir
peur de parler de ce personnage qui
est un symbole universel et qui
appartient à l’histoire de notre pays,
et donc à chacun d’entre nous.
Luc Besson en a fait un film, il y a
même eu une comédie musicale à
son sujet... Rien de très politique
dans tout cela.
Revenons à la musique. Le fait
que Jehanne soit un concept-album
vous a-t-il forcés à travailler
différemment ? Avez-vous rencontré
des obstacles inattendus ou
nouveaux pour vous ?
L’obligation de suivre une trame
narrative t’amène évidemment à
composer de façon différente. L’album
est comme scindé en deux parties :
les quatre premiers titres reflètent
les victoires de Jeanne et leur apogée,
et les quatre suivant son déclin qui
l’amènera à la mort. Forcément,
la musique se doit de traduire cet
esprit d’abord conquérant et guerrier,
puis mélancolique et désespéré.
Ce qui nous a demandé le plus d’effort
Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 9 mars 2020
est néanmoins l’écriture des textes.
Lorsque tu ne t’imposes pas de
concept et que tu veux faire passer
une idée au travers d’une chanson,
tu peux agencer tes paroles comme
bon te semble : ce qui n’est pas dit
ici le sera plus tard dans le morceau.
Mais pas de cela lorsqu’il y a une
chronologie à respecter ! Je pense
notamment au titre relatant la bataille
d’Orléans, qui suit chaque étape de
celle-ci. L’essentiel des difficultés
était là. Nous avons notamment dû
réécrire un texte six fois ! De nos
trois albums, c’est Jehanne qui a
nécessité le plus de travail.
Suffisamment pour vous dégoûter
de l’exercice ou, au contraire,
avez-vous envie d’y repiquer ?
Je pense que nous réitérerons
l’expérience un jour à propos d’un
événement ou d’un autre personnage
historique, mais nous n’allons pas
pour autant devenir un groupe « à
concepts » : j’en veux pour preuve
que nous avons déjà commencé à
réfléchir à notre prochain album,
qui aura une construction classique,
avec des titres sans lien direct entre
eux.
Vous aviez déjà bien avancé sur
l’écriture de Jehanne à la sortie
de A L’Heure Du Crépuscule (2018).
En avançant de la sorte, penses-tu
que cela vous permette de prendre
suffisamment de recul sur votre
musique et, éventuellement, de
tenir compte des remarques qu’on
pourrait vous faire concernant
votre écriture ?
C’est vrai pour Jehanne, mais cela ne
se reproduira pas pour le prochain
album. A l’heure actuelle, nous avons
une quinzaine de riffs en stock et rien
de plus : c’est la première fois que
nous avons aussi peu de matériel à
disposition pour notre disque suivant.
C’est aussi la première fois qu’au
sortir d’un album nous nous octroyons
une phase de décompression sans nous
remettre directement au boulot pour la
suite. Jehanne nous a pris beaucoup de
temps, d’énergie et de passion. Nous
attendons donc un peu avant de nous
remettre à l’ouvrage. En revanche,
nous avons déjà le titre et la pochette
du prochain album, mais ça ne date
pas d’hier. Pour revenir à la seconde
partie de ta question, nous avions
tenu compte des retours critiques
après la sortie de notre premier album,
notamment à propos des transitions
un peu maladroites au sein des titres.
Aujourd’hui encore, ça reste l’une
de nos préoccupations et nous nous
efforçons de composer de manière plus
fluide, même si les cassures feront
toujours partie de l’ADN du groupe.
Qu’avez-vous cherché à bonifier sur
ce troisième opus par rapport à son
prédécesseur ?
Ce qui nous a toujours chagrinés par
le passé et qui nous tenait à cœur de
travailler en priorité sur Jehanne est
sans aucun doute le son de batterie.
Nous avons la chance d’avoir un
batteur expressif qui développe
beaucoup de choses intéressantes
(Ndlr : Morgan Velly) et la production,
par le passé, ne lui a pas toujours
rendu justice, hélas. Nous avions
donc envie d’insister sur ce point précis.
De même, lors de l’enregistrement du
deuxième album, nous nous sommes
aperçu des capacités vocales de
François, en chant clair notamment,
et avons donc cherché à les exploiter
au mieux sur ce nouveau disque.
En termes de composition pure,
je crois que Guillaume avait pour
Jehanne envie de lignes mélodiques
encore plus fortes. Ce sont les trois
axes principaux qui différencient cet
album des précédents.
Vous avez souhaité, cette fois, voir
l’album sortir en vinyle, en plus de
sa version CD. Une raison
particulière à cela ?
Nous sommes plusieurs au sein du
groupe à préférer ce support et à être
davantage consommateurs de vinyles
que de CDs. J’imagine que notre côté
nostalgique y est pour quelque chose...
Le fait, peut-être, d’avoir connu durant
notre enfance la disparition de cet
objet que nous aimions avant
d’assister aujourd’hui à son retour en
grâce ? C’est un objet qui possède une
forme de noblesse que le CD n’a pas.
Le fait qu’il s’agisse d’un album plus
ambitieux nous a également donné
envie de l’éditer sur ce support.
En outre, nous proposerons en toute
petite série une édition limitée. Nous
avons eu envie de nous faire plaisir et
de faire plaisir aux personnes qui nous
suivent de près en proposant un objet
qui sorte de l’ordinaire : il s’agit d’un
coffret en bois fabriqué sur mesure
qui contient, en plus de patches et
des versions vinyle et CD de Jehanne,
un livre explicatif d’une cinquantaine
de pages avec l’intégralité des textes
du disque – même certains qui n’ont
pas été retenus au final – ainsi que
leur lien direct avec les faits tels qu’ils
se sont déroulés. Il ne s’agissait bien
sûr pas d’écrire une thèse, mais cela
aidera les personnes qui ne seraient
pas familières avec l’histoire d’en
savoir plus si elles le souhaitent.
Le cahier des charges était simple :
nous sommes nous-mêmes fans de
plusieurs groupes et nous avons
simplement voulu créer l’objet que nous
aimerions avoir en tant que fans ! Y
39
 Propos recueillis par Philippe Lageat - Entretien téléphonique réalisé le 16 mars 2020
« Je me sens vraiment libéré. Le fait de sortir les albums de Karras et de Deliverance me fait un bien fou et me
prouve que je peux m’épanouir en dehors du groupe dont j’ai fait partie pendant vingt ans ! ». Quand bien même
il est confiné depuis peu, Etienne Sarthou, ex-batteur d’un AqME qui vient de tirer sa révérence après vingt ans de
bons et loyaux services, se sent libre. Guitariste de Deliverance qui publie tout juste son deuxième et excellent album,
Holocaust 26 :1-46, ce passionné à l’enthousiasme contagieux se réalise aujourd’hui à la grâce d’un black metal
mâtiné de sludge et parsemé de moments d’accalmie. Entretien avec un artiste prônant l’ouverture d’esprit.
Rock Hard : S’agissant de votre deuxième album s’avère plus mélodique. La plupart des projets auxquels je prends et que j’ai envie de récréer consciemment
première interview pour Rock Hard, Ce n’est que quand j’ai disposé de part ont toujours ce petit truc qui fait ou inconsciemment. Pour moi, du Pink
peux-tu retracer l’histoire de plusieurs morceaux dont je savais qu’ils ne rentrent pas totalement dans Floyd avec du black metal, il n’y a rien
Deliverance jusqu’ici ? qu’ils allaient à coup sûr figurer sur le une case. Quand il s’agit de créer de la de plus cohérent ! Sans pour autant,
Etienne Sarthou : Le groupe est né disque que j’ai senti qu’il y avait là musique nouvelle, j’ai toujours envie je le répète, penser réinventer la roue !
en 2012 lorsque j’ai rencontré Pierre quelques tonalités plus mélodiques, d’essayer d’apporter quelque chose à la Pierre, de son côté, est fan de groupes
(Duneau/chant) qui, à l’époque, était le davantage de contrastes. Pour autant, table, en toute modestie. Je n’ai pas la comme Radiohead et ça ressort
chanteur de Memories Of A Dead Man, l’album reste majoritairement constitué prétention de vouloir révolutionner naturellement. Nous avons fini par
groupe dont j’ai enregistré deux de moments très puissants, violents quoi que ce soit, mais j’ai l’impression ouvrir cette boîte de Pandore en studio
albums. Ayant flashé sur la voix de ou hyper lourds car j’ai envie de faire que mes différents projets, même en s’autorisant à s’amuser en triturant
Pierre, je lui ai soumis quelques titres du black metal extrêmement heavy, lorsqu’ils s’inscrivent dans un style les sons, en chantant de manière
de ce qui allait devenir Deliverance et pas forcément agressif et rapide. assez défini, suivent un chemin « de étonnante, différente, en se découvrant
et il s’est immédiatement montré Du « black metal lent », en quelque biais ». En cela, ils peuvent surprendre. un peu nous-mêmes. Le résultat,
enthousiaste : « Ça m’inspire à fond, sorte ! (rires) Au moment de nous Freitot (Cf. RH187), par exemple, a été comme tu le disais, est que le fond de
allons-y ! ». Au fil du temps, plusieurs pencher sur les arrangements, nous présenté comme un groupe faisant du notre musique reste le même, mais que
musiciens ont évolué autour du noyau avons débranché le cerveau et tenté death metal scandinave, mais mon « l’emballage » peut ponctuellement
dur que je formais avec Pierre. En 2013, plein de trucs différents, qui nous ont objectif était autre : c’était du death changer. C’est ça qui est passionnant !
nous avons publié un premier EP 4 plu ou pas. C’est ainsi, selon moi, qu’on scandinave, évidemment, mais aussi
Titres, Doomsday, Please, que nous peut être le plus surprenant. des riffs à la Slayer/Metallica, du death Vos morceaux sont longs. Deliverance
avons uniquement sorti en vinyle, parviendrait-il à s’exprimer sur des
avant que CHRST, notre premier
album, ne voit le jour en 2017. Notre MOI, J’AIME LES « CHANSONS ». formats plus courts ?
Oui, j’en suis certain. Rien, d’ailleurs,

MÊME LORSQU’ON ÉCRIT UN TITRE DE

deuxième opus, Holocaust 26: 1-46,
vient de sortir. Il est le fruit d’un
line-up désormais stabilisé comprenant,
outre Pierre et moi, le célèbre tatoueur
Sacha Février (basse) et le batteur Fred
Quota (BLVL).
Même si les fondamentaux du groupe
sont encore là (ce fond black metal/
sludge), il y a, sur ce nouvel album,
des tonalités plus mélodiques, plus
planantes, psychédéliques. En un mot,
plus « accessibles ». Es-tu d’accord
et est-ce le fruit d’une volonté
consciente ?
Il y a clairement peu de choses
conscientes dans ma manière d’écrire.
J’ajoute « la conscience » après coup.
Je « fais », ça sort, et ce n’est qu’ensuite
que je me dis « tiens, ça m’évoque ça ou
ça » et que je réarrange ou peaufine
éventuellement certaines choses. C’est
à ce moment-là que le cerveau se met
en route, pas avant, la phase d’écriture
étant totalement instinctive. Il n’y a
aucun « calcul » dans le fait que ce
GENRE SITE INTERNET
. Black metal/sludge/post
www.facebook.com/
metal deliveranceband/
LE GROUPE
ALBUMS
. Pierre Duneau (chant) . Doomsday, Please (EP – 2013)
. Etienne Sarthou (guitare) . CHRST (2017)
. Holocaust 26 :1-46 (2020)
. Sacha Février (basse)
. Fred Quota (batterie) ARTICLE RH
. François Desmoulin RH N°208
(guitare live)
DIX MINUTES, ON PEUT LE FAIRE DE
FAÇON LISIBLE, ACCROCHEUSE
(ETIENNE SARTHOU)
Dans l’esprit plus que dans le son,
je retrouve un peu de Voivod dans
« Saturnine ». Il y a un passage
« gojiresque » sur « God In Furs »,
suivi d’une plage plus calme façon
Pink Floyd, voire Vangelis dans la
B.O. de Blade Runner (1982). Bref,
dans la démarche, vous me semblez
proches d’un Celtic Frost et d’un
Triptykon, entre autres : on suit le
cahier des charges, mais on s’autorise
beaucoup de libertés. Y a-t-il, chez
vous, une volonté affichée qu’on ne
puisse pas vous étiqueter, vous
enfermer dans une case ?
Je ne sais pas si c’est volontaire, mais
ça fait clairement partie de mon ADN.
metal floridien à la Morbid Angel, etc.
Tu citais Gojira, et je peux comprendre
car nous avons les mêmes bagages.
Mais avec Deliverance, mon objectif
personnel est de proposer, un jour,
le plus gros riff de tous les temps !
Je sais bien que jamais je n’y parviendrai,
mais c’est ce que j’ai en tête ! (rires)
Et puis, c’est vrai que, ces derniers
temps, j’ai écouté beaucoup de rock
indie, de rock psyché. Je cite en
permanence King Gizzard & The
Lizard Wizard (Ndlr : groupe australien
de rock psychédélique et expérimental).
Je me suis aussi repenché sur des
groupes qui, depuis l’enfance, m’ont
toujours accompagné : Pink Floyd,
Supertramp, toutes ces formations
prog’ psychés qui m’ont vraiment
nourri. Or, depuis quelques années,
contrairement à beaucoup de musiciens
qui créent des niches, moi, dans toutes
ces niches, je vois des liens. Quand on
écoute King Gizzard, par exemple,
on entend clairement que ces mecs
écoutent du metal. Leurs fans ont été
étonnés que, l’année dernière, ils aient
sorti un album de metal (Ndlr : Infest
The Rats’ Nest). Il me semble qu’il y a
pourtant là un lien évident, que j’entends
ne nous empêchera, à l’avenir, de
proposer des morceaux plus courts et
d’autre encore plus longs. Certains de
nos titres actuels sont assez longs,
c’est vrai, même si leurs structures
peuvent être extrêmement simples.
Ils durent longtemps parce que le
tempo est lent et que nous prenons
notre temps sur certains passages,
mais leurs structures n’en demeurent
pas moins lisibles. Je ne peux nier que
j’ai envie de rendre cette musique plus
accessible qu’elle ne peut l’être : aussi
bien le post rock de Cult Of Luna que
le black metal le plus extrême sont des
musiques assez élitistes, « resserrées »
dans leurs niches, mais dont les
structures dépassent souvent le simple
cadre de la chanson. Moi, j’aime les
« chansons ». Même lorsqu’on écrit un
titre de dix minutes, on peut le faire de
façon lisible, accrocheuse. Quand on
écoute « Echoes » de Pink Floyd qui
dure plus de 23 minutes, on est quand
même « accrochés ».
Pourquoi ce titre d’album, Holocaust
26 : 1-46, qui renvoie – j’ai fait
mes devoirs – aux « bénédictions et
malédictions » du Lévitique, troisième
des cinq livres de la Torah ?
C’est le fruit d’une longue réflexion de
Pierre qui considère – c’est d’actualité
– que l’humanité est en train de pratiquer
son propre holocauste et que la religion
tourne à l’envers. Quand on lit ces
versets auxquels tu fais allusion, qui te
disent en gros que si tu ne fais pas
telle ou telle chose, on va te massacrer,

40 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 41
 etc., c’est ultra violent. Il est « dans
l’air du temps », pour certains, de
jeter l’opprobre sur nos confrères
musulmans, mais nous ne faisons
pas mieux dans nos écrits religieux.
La religion est d’une violence absolue.
Pierre, paradoxalement, a une forme
de croyance, qui n’est pas liée au
christianisme ou à quoi que ce soit,
mais c’est un truc hyper fort qui l’a
marqué. Lui lit vraiment, il a lu la
Bible, l’Ancien et le Nouveau Testament,
et il lui arrive souvent d’y voir des
choses se rapportant à sa propre vie,
dans lesquelles il parvient à se
projeter. C’est ce qui explique qu’il
choisisse aussi ce langage, qu’il
considère comme universel, pour
s’exprimer. Il considère que tout le
monde peut comprendre ces idées qui,
finalement, font partie de notre
bagage culturel. Il choisit aussi cette
thématique pour dénoncer certaines
choses qu’il trouve abominables, pour
exprimer sa vision du monde, mais
aussi ce qu’il a au fond de lui. Car,
pour le coup, contrairement à CHRST,
il parle beaucoup de lui sur le nouvel
album, notamment dans un titre
comme « Saturnine ».
Effectivement, et avec des phrases
très fortes qui sont évidemment des
métaphores, à l’instar de « I have
crucified my own father » (Ndt :
J’ai crucifié mon propre père).
Pierre y évoque la mort de son père
alors qu’il était très jeune… C’est
donc presqu’à prendre au pied de la
lettre. Il a un background familial très
lourd, très dur à porter, dont il n’arrive
pas à se débarrasser. Ce n’est pas
quelqu’un de fondamentalement
heureux. La musique est plus que
jamais un refuge pour lui. Quand il
en fait, c’est l’un des rares moments
où son cerveau le laisse tranquille.
J’ai souvent été attiré par les gens qui
ont des failles. Je ressens en eux des
choses plus profondes, plus humaines,
qui me touchent et qui les rendent
vraiment fascinants. Pierre est toutefois
le cas le plus extrême que j’ai rencontré,
au point qu’il m’arrive régulièrement
de faire attention à sa santé mentale
et physique. En en parlant avec sa
petite amie, notamment. Il m’arrive
de m’inquiéter pour lui car je sais que
c’est quelqu’un qui peut aller très,
très mal. Alors, j’ouvre l’œil …
Dans quel état Pierre s’est-il mis en
studio pour enregistrer des morceaux
et des textes comme ceux-ci ?
J’en ai eu la chair de poule ! Lorsqu’il
a enregistré au studio toute la partie
calme de « Saturnine », qui est pour
moi la plus émotionnelle de l’album,
j’étais au bord des larmes. J’avais
envie de me faire tout petit dans un
coin pour qu’il aille au bout de son
truc, tellement je me sentais en trop.
Je n’osais pas le regarder. Même si lui
ne le ressentait pas du tout comme ça
car lui et moi sommes dans une intimité
réelle depuis plusieurs années
maintenant. Nous sommes tous très
complices. Plus nous avançons, plus
nous sommes proches les uns des
autres. Nous avons vécu, durant les
sessions, des moments d’émotion
assez étonnants.
Ne craignez-vous pas que « Holocaust »,
dans le titre de l’album, qui est un
mot très fort, pour le moins, puisse
42
être mal perçu par les détracteurs de
notre genre musical favori ?
C’est possible. Après, il suffit de bien
expliquer quelle était notre intention,
ce que nous faisons quasiment à
chaque interview. Ça aide… Si, après
ça, des abrutis se sentent offensés
ou visés, je n’y peux pas grand-chose
car s’ils prennent le temps d’échanger
un peu avec moi, ils comprendront
qu’il n’y a aucun problème. Par contre,
je ne cache pas que quand Pierre
m’a soumis ce titre, je lui ai répondu
que ça n’allait pas manquer de faire
parler… Je sais que ce mot est
généralement attaché à l’holocauste
des Juifs, mais les Juifs eux-mêmes
ne parlent pas d’holocauste, mais de
« Shoah » (Ndlr : la « catastrophe » en
hébreu). Originellement, dans le monde
ancien, un holocauste était un sacrifice
d’animaux par le feu pour le dieu.
Il est donc assez péjoratif de parler
d’holocauste pour les Juifs. Il faut
néanmoins signaler que, 24 heures
avant la sortie de l’album, notre
distributeur numérique a paniqué
parce que les plateformes menaçaient
de refuser notre album. Pour le coup,
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il s’agissait de censure pure et simple,
totalement absurde. Finalement, ça
s’est décanté, un seul titre de l’album
étant classé « explicite » sur les
plateformes. Quand on voit – je ne
critique pas, je fais juste un constat –
que certains disques, notamment dans
le hip hop, contiennent des paroles
extrêmement violentes, sexistes, qui
rabaissent plein de gens à commencer
par les femmes, etc., on marche sur
la tête ! « Holocauste » est un mot,
religieux qui plus est, qui existe.
On ne va quand même pas faire comme
s’il n’existait pas ! Sinon, on le raye du
dictionnaire…
On te connaît avant tout en tant
que batteur. Tu composes pourtant
toute la musique de Deliverance et
enregistres toutes les guitares.
Oui, mais nous n’en demeurons pas
moins un vrai groupe. Autant, sur
l’album de Freitot, j’avais enregistré
guitare, basse et batterie – car c’était
un challenge personnel –, autant,
dans Deliverance, je me contente de la
guitare, chacun des autres membres
enregistrant ses parties par ailleurs.
Pour le coup, je ne suis pas du
genre Dave Grohl (Foo Fighters),
à réenregistrer à la sauvette les
parties de mes petits camarades dès
qu’ils ont le dos tourné. J’ai trop de
respect pour eux et ce qu’ils font.
Je suppose que ce nouvel album a
été enregistré dans ton studio
(Ndlr : le Hemlig Studio) ?
Tout à fait. J’y réalise tous les projets
auxquels je prends part car ça nous
permet d’enregistrer dans de bonnes
conditions et de prendre le temps
nécessaire pour peaufiner nos
arrangements. Enregistrer les autres
et mixer est aujourd’hui mon métier.
Je fais ça à plein temps dès que je ne
suis pas sur la route. Je me suis
toujours senti attiré par ça. Au sein
de Deliverance, il est vrai que je
donne le « la », mais nos albums sont
vraiment le fruit d’un travail d’équipe.
Ton emploi du temps est donc
chargé. Est-ce ce qui explique que,
jusqu’ici, Deliverance ait donné très
peu de concerts ?
Non, c’est avant tout à cause d’un
POUR MOI, DU PINK FLOYD AVEC DU BLACK METAL,
IL N’Y A RIEN DE PLUS COHÉRENT ! (ETIENNE SARTHOU)
manque de réseaux, notamment ce
réseau assez pointu que je n’ai jamais
réellement pratiqué auparavant. Tout
cela demande du temps. Nous sommes
plutôt bien reçus, les gens qui nous
écoutent nous prennent au sérieux,
il y a une vraie curiosité à notre égard.
Les concerts, aujourd’hui, sont le nerf
de la guerre. Les groupes savent que
c’est presque plus important que de
proposer de la nouvelle musique,
mais moi, je suis de « l’ancien temps » :
je valorise toujours plus la musique
que le reste, car sans musique, il n’y a
rien. Ça fait très moralisateur dit
comme ça, mais c’est vraiment ce que
je pense. Je pourrais d’ailleurs me
satisfaire d’un projet exclusivement
musical qui ne donnerait pas de
concerts. Ça m’irait aussi très bien.
Avec Deliverance, nous avons toutefois
pour objectif de faire plus de dates
car nous avons envie de développer,
pour la scène, une identité visuelle.
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De g. à d. : Fred Quota, Pierre Duneau, Sacha Février & Etienne Sarthou
Vu l’actualité, nous allons hélas
devoir annuler les concerts que nous
avions prévu de donner jusqu’au mois
de mai (rappel : interview réalisée le
16 mars 2020). J’espère toutefois
que le Hellfest pourra avoir lieu car
il est prévu que je m’y produise avec
Deliverance, mais aussi avec Karras,
mon autre groupe. On croise les doigts.
En ce moment, en tout cas, j’ai
l’impression qu’il y a une certaine
bienveillance à notre égard.
Vous avez récemment recruté un
second guitariste pour la scène :
François Desmoulin. Pourquoi ne
pas l’avoir fait plus tôt ?
C’était le cas car, jusqu’ici, Julien
(Hekking), le guitariste d’AqME,
nous prêtait main forte sur scène,
tout en ne sachant pas vraiment s’il
allait faire partie du groupe ou pas.
Mais AqME splittant, il nous est
apparu évident que nous devions
poursuivre notre chemin chacun de
notre côté. J’écris toujours pour deux
guitares. C’est pourquoi nous avons
recruté François Desmoulin, qui
répétait dans le même local que nous,
aux Studios Mains d’Œuvres (93).
Son approche est intéressante car
il ne vient pas du metal, même s’il
connaît ses classiques. Il a plutôt
évolué jusqu’ici dans une sphère
indie/électro et peut donc nous
apporter des choses. A terme, il nous
faudra une sixième personne pour ce
qui est synthés, percus, etc., car je
refuse que nous jouions au click en
balançant des bandes. Pour moi, nos
concerts doivent rester des spectacles
vivants.
Pourquoi seul Pierre apparaît-il
maquillé sur vos photos
promotionnelles ?
Je trouve que, pour certains artistes,
le maquillage est plus parlant.
Pour moi, par exemple, le Marilyn
Manson d’Antichrist Superstar (1996)
n’était pas du décorum. Ce qu’on
voyait, c’était vraiment ce qu’il était
à l’intérieur. Ce n’était pas une
posture : ça exprimait réellement
ses angoisses, son mal-être, son
paradoxe… J’en ai beaucoup parlé
avec Pierre, ça a été un long
cheminement pour lui, mais ce
maquillage lui permet d’extérioriser
un truc et ça semble finalement
assez libérateur. Il veut ainsi exprimer
cet état d’esprit qu’il a à l’intérieur
de lui sans tomber pour autant dans
le folklore. Il reste un personnage
urbain, « normal », mais décharné.
C’est vraiment ce qu’il est.
Es-tu conscient qu’en multipliant
ainsi les projets (hier Freitot,
aujourd’hui Karras et Deliverance),
tu peux « déboussoler » le public,
lui donner l’impression qu’au final,
tu es partout et nulle part à la fois,
et que tu ne sais pas vraiment ce
que tu veux ?
C’est possible, mais je m’en
contrefous ! (rires) Je pense que les
gens savent maintenant que je suis
un passionné, que je mets une part
de mon âme dans tout ce que
j’entreprends, et que cette âme
musicale est scindée en beaucoup
de parties. Je pense que quand on
écoute AqME, Freitot, Deliverance,
Karras et Grÿmt, on peut forcément
leur trouver quelques points communs,
mais, surtout, beaucoup de différences.
Chacun peut prendre ce qu’il veut
dans la musique, c’est là tout l’intérêt
de la chose. J’évoquais tout à l’heure
King Gizzard & The Lizard Wizard.
Ces mecs ont trente balais, un talent
hallucinant, et ne s’imposent aucune
limite. Pour moi, c’est le groupe le
plus génial qu’il m’ait été donné
d’écouter depuis dix ans. Ils ne se
posent pas de questions. Et moi aussi,
plus les années passent, moins j’ai
tendance à m’en poser. Je fais juste
ce que j’ai envie de faire quand
l’occasion se présente. Je ne peux pas
comprendre les gens qui, toute leur
vie, pratiquent la même musique,
exception faite, bien sûr, de
personnalités aussi fortes qu’Angus
Young (AC/DC) ou James Hetfield
(Metallica). Il y a des choses que je
sais faire, que j’aime faire, qui font
partie de moi et qui sont naturelles,
et je continuerai à les faire. La vie est
faite de cycles et je ne ferai jamais de
choix entre Supertamp et Immortal.
Selon la période ma vie, j’ai envie
d’écouter l’un ou l’autre, et tout ce
qu’il y a entre les deux.
Permets-moi, pour conclure, de te
demander des nouvelles de Vincent
(Ndlr : le chanteur d’AqME, atteint
d’un cancer). Comment va-t-il ?
Il va beaucoup mieux. Il s’est remis
à chanter, à reprendre des cours.
Il est loin d’être à 100%, mais il a
déjà une voix à peu près normale
(il y a encore peu, on ne l’entendait
même pas parler). Il a de l’énergie,
il bosse, il est retourné au boulot.
Dès qu’il sera au top, nous finirons
l’enregistrement du nouvel album de
The Butcher’s Rodeo. J’ai hâte pour
lui car c’est un lion en cage… qui
n’attend que d’en sortir ! Y
43
 Propos recueillis par Morgan Rivalin - Entretien téléphonique réalisé le 10 mars 2020

Sa tournée promotionnelle en Europe ayant été annulée à cause d’une épidémie dont vous avez peut-être entendu parler,
Matt Heafy nous parle aujourd’hui en direct live de son domicile de Floride. Toujours aussi posé et enthousiaste,
le chanteur/guitariste de Trivium ne boude pas son plaisir de parler de What The Dead Men Say, mais aussi de la
chaîne Twitch qui l’occupe plus que jamais. Un plaisir communicatif, voire… contagieux.

Rock Hard : Mine de rien, en venant voulions faire ! (rires) A part sur trois Peut-être parce que notre public y a En général, avec l’âge et dès lors
jouer en France constamment depuis disques, The Crusade (2006), Vengeance retrouvé des ingrédients d’autres qu’ils ont trouvé leur style, les
2005, vous avez vu la scène metal Falls (2013) et Silence In The Snow disques de Trivium qu’ils ont aimés, musiciens ont tendance à se reposer
française évoluer et grandir, avec (2015), c’est l’état d’esprit qui nous mais mélangés et mis en forme sur leurs lauriers...
notamment la naissance du Hellfest... a toujours plus ou moins animés. d’une nouvelle façon ? Au dernier Très peu pour nous ! J’ai pour
Matt Heafy : Où nous avons joué dès Sur The Crusade, j’avais sciemment Download britannique, l’été dernier, habitude de résumer les choses ainsi :
sa première édition, en 2006 ! Tu as cherché à proposer l’antithèse les morceaux de The Sin... ont été je travaille pour être le meilleur
raison, nous avons vu pas mal de d’Ascendancy (2005). Quant aux encore mieux accueillis que les guitariste au monde, tout en sachant
choses évoluer chez vous, et dans le deux autres, ce sont des albums extraits d’Ascendancy ! Je n’aurais pertinemment que je ne le serai
bon sens, bien sûr. C’est génial de se sur lesquels nous nous sommes jamais cru voir ça un jour ! (rires) jamais... Et je travaille constamment
dire que nous faisons partie de cette laissés guider par le producteur Tout ça nous a donné envie de rendre mon chant pour tenter d’égaler
histoire récente, de la naissance ou aux manettes, sans faire trop de ce nouvel album encore plus contrasté, Freddie Mercury, mais je sais très
de l’avènement de festivals comme vagues. On y trouve des chansons en rendant les parties « extrêmes » bien que je n’y arriverai pas ! (rires)
le Hellfest, le Download, le Motocultor, très réussies, mais je pense que le plus extrêmes et les passages
etc. Nous avons aussi vu un groupe vrai visage de Trivium s’affiche mélodiques plus... mélodiques ! Qui décide de qui est le meilleur,
français, Gojira, qui est l’un de vraiment sur d’autres disques du C’est ça, pour moi, le son Trivium. de toute façon ?
mes groupes préférés, passer de groupe. Pour moi, le son Trivium Nous ne sommes pas un groupe Exactement. Il y a une frontière
l’underground au statut de formation est un mélange d’une foule immédiatement reconnaissable entre humilité et confiance en soi.
phare de la scène metal internationale. d’ingrédients. C’est notre recette. comme l’est, par exemple, un AC/DC, Et quand il m’arrive d’entendre
Et j’aime beaucoup d’autres groupes On peut l’entendre sur une chanson un groupe dont tu n’as besoin de quelqu’un clamer qu’il est le meilleur,
français de la scène extrême, comme je me dis qu’il a allègrement sauté
Regarde Les Hommes Tomber dont au-dessus d’une frontière qu’il
j’écoute le dernier album en boucle. JE GARDE PRÉCIEUSEMENT LA BOUTEILLE n’aurait pas dû franchir ! (rires)
Depuis 2005, date de notre premier
concert en France, à la Boule Noire, QUI M'A ÉTÉ REMISE LORSQUE NOUS Peu de groupes semblent écrire de
à Paris, nous avons joué un peu nouveaux morceaux quand ils sont
partout dans votre pays qui est si AVONS JOUÉ À COGNAC, À CÔTÉ D’UNE sur la route. Vous, vous le faites,
cher à notre coeur. Hé, je ne dis pas n’est-ce pas ?
ça pour me mettre les lecteurs dans DISTILLERIE (MATT HEAFY) Oui. En fait, nous composons tout le
la poche : ma femme a étudié à Paris temps, à une exception près : nous
et c’est là que nous avons choisi de avons décidé de ne plus décider du
passer notre lune de miel ! J’aime comme « Catastrophist », qui semble jouer que deux notes d’un riff pour moment où nous allons composer.
Paris, mais j’adore découvrir la renfermer cinq morceaux en un ! l’identifier… Mais j’aime justement Nous ne calons pas une retraite
France dans son ensemble. Je garde ça chez nous. d’écriture d’une semaine, comme
précieusement la bouteille qui m’a Vois-tu quel impact The Sin And nous l’avons fait par le passé. Ça,
été remise lorsque nous avons joué The Sentence (2017) a eu sur ce L’arrivée d’Alex Bent à la batterie c’est vraiment fini. Nous ne voulons
à Cognac, à côté d’une distillerie. nouvel opus assurément technique ? a visiblement joué un rôle important pas contraindre l’inspiration et
Un super souvenir ! Mais en France, Il nous a permis de nous lâcher parce dans le fait que vous n’ayez pas surtout pas la canaliser. Je pense que
je n’ai que de bons souvenirs. J’ai qu’il a été extrêmement bien apprécié peur de « lâcher la bride ». c’est en adoptant cet état d’esprit sur
extrêmement hâte d’y revenir, dès dans tous les pays où nous avons Affirmatif. Nous avons eu de très nos deux derniers albums que nous
que ce virus sera de l’histoire beaucoup de fans. Ça n’a pas toujours bons batteurs par le passé, mais ils nous sommes retrouvés avec autant
ancienne… été le cas par le passé. Le Royaume- étaient toujours nettement meilleurs de riffs. Je ne serais pas capable de
Uni a adoré Ascendancy (2005), dans un domaine. Nous avons eu des te dire où et quand tel riff de tel
What The Dead Men Say montre l’Allemagne a plébiscité In Waves gars très techniques, mais qui avaient morceau a vu le jour – à part celui
un Trivium totalement décomplexé (2011) et les USA se sont davantage du mal à simplifier leur jeu quand il de « The Defiant », qui est né dans
qui se lâche dans tous les domaines. intéressés à nous grâce à Silence In le fallait. Alex est encore meilleur sur nos loges, en Hongrie – mais je sais
C’était le but ? The Snow (2015). Mais The Sin And le plan technique et sait absolument que si ce nouvel album me plaît tant,
Oui, c’était exactement ce que nous The Sentence a vraiment fait l’unanimité. TOUT jouer. Ça nous a totalement c’est parce qu’il a été façonné d’une
libérés et revigorés. Nos concerts manière totalement libre. Je pense
GENRE SITE INTERNET ARTICLES RH sont meilleurs que jamais et nous aussi que nous avons vraiment bien
. Heavy/metalcore n’avions jamais enregistré un album fait de ne pas annoncer que nous
www.trivium.org RH N°43, 59, 81, 112, 136, 158,
171, 180 & 208 en si peu de temps. Cette fois, nous travaillions sur un nouveau disque.
LE GROUPE ALBUMS n’avons eu besoin que de seize jours. Ça rajoute toujours de la pression.
. Matt Heafy
(chant, guitare) . Ember To Inferno (2003) Nous bossons constamment nos Il vaut mieux ne pas être perturbé.
. Ascendancy (2005)
. Corey Beaulieu . The Crusade (2006)
instruments, encore plus depuis Personnellement, je sais que je
(guitare, chant) . Shogun (2008) qu’Alex est parmi nous. Il est déteste quand un groupe que
. In Waves (2011) totalement dans le même état d’esprit j’apprécie passe ses journées à faire
. Paolo Gregoletto . Vengeance Falls (2013)
(basse, chant) . Silence In The Snow (2015) que nous, ce qui nous donne envie de du teasing sur les réseaux sociaux…
. Alex Bent . The Sin And The Sentence travailler encore plus dur qu’avant. Bon, je dis ça alors que je passe cinq
(batterie) (2017)
. What The Dead Men Say Ça nous place tous dans une super jours sur sept constamment branché
(24 avril 2020) dynamique. sur les réseaux et à diffuser de la
De g. à d. : Alex Bent, Paolo Gregoletto,
Matt Heafy & Corey Beaulieu

44 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 45
 vidéo depuis mon domicile sur Twitch !
(rires) (Ndlr : nous allons y revenir)
Est-il important pour vous de
vous démarquer de ce qui se fait
généralement du côté des autres
formations ?
Oui, nous aimons faire les choses à
notre manière. De plus en plus de
groupes de metal semblent s’inspirer
de ce qui est courant dans le rap en
sortant un nouveau morceau de
temps en temps, voire un EP, mais
surtout pas d’album entier. Mais
Je pense avoir simplement évolué
en tant que chanteur, parce que je
n’avais encore jamais autant chanté
qu’au cours des dernières années.
Je chante en tournée, mais aussi à
la maison, lors de mes émissions en
direct sur ma chaîne Twitch. Cette
plateforme de vidéo en ligne est
principalement dédiée à la diffusion
en direct de parties de jeux vidéo,
et il m’arrive de le faire, mais 90%
de ce que je diffuse est lié à Trivium.
Quand je ne suis pas en tournée,
je suis connecté dessus pendant
je fais. Faire décoller sa chaîne
Twitch demande beaucoup de boulot.
C’est aussi difficile que de monter un
groupe. Il faut être très discipliné. Si
on y consacre suffisamment de temps
et d’énergie, ça peut marcher.
Twitch est encore méconnu de
beaucoup. Peut-on vraiment gagner
sa vie en y diffusant du contenu ?
Absolument. Dans mon cas, oui.
Je considère désormais mon activité
sur Twitch comme un vrai travail,
tout simplement parce que, quand
tout le temps sur le négatif plutôt
que de simplement passer leur
chemin. Y as-tu droit toi aussi ?
Sur Twitch ? Non, quasiment pas.
99,9% des visiteurs de ma chaîne
sont de vrais fans et sont
éminemment respectueux. De tous
mes réseaux sociaux, Twitch est le
plus positif et YouTube le plus
négatif. Enfin, c’est difficile de
départager YouTube, Facebook et
Twitter en la matière. Instagram est
également assez positif en matière
de retours, souvent agréables ou, en

De g. à d. : Fred Schneider, Krys Joé, Nay Windhead & Volodia Brice

voilà, en faisant cela, on est
forcément à la traîne. On court après
la mode. Nous essayons de ne pas
succomber à tout cela en restant
fidèles à ce que nous aimons, sans
nous soucier de ce qui est cool ou de
ce qu’il faudrait faire pour être cool.
C’est bien Paolo Gregoletto (basse)
qui est à l’origine du titre de l’album ?
Exact. Paolo aime beaucoup la
quatre à six heures par jour, à partir
de 9h45 le matin et à partir de 14h45
l’après-midi (Ndlr : actuellement,
il faut compter six heures de décalage
horaire en plus avec la Floride).
Aujourd’hui, je donne beaucoup
d’interviews au téléphone avec les
médias que j’étais censé rencontrer
en face à face en Europe, mais je me
suis quand même connecté pendant
une heure ce matin. Je me suis
je ne suis pas en tournée, je gagne
davantage d’argent avec ma chaîne
qu’avec Trivium. En tournée, bien
sûr, c’est le contraire, mais Twitch
est devenue une vraie source de
revenus pour moi et ma famille
(Ndlr : Twitch est gratuit, à la manière
d’un YouTube, mais les diffuseurs
populaires gagnent de l’argent via les
publicités affichées sur leurs contenus.
Les spectateurs peuvent également
tout cas, constructifs. Sur Twitch,
nos fans sont les mêmes que ceux
que nous voyons à nos concerts,
ils sont super respectueux. Les
personnes qui ont tenu notre stand
de merchandising en tournée nous
ont souvent dit : « Vous avez vraiment
des fans ultra polis ! ». J’en suis très
heureux, et je pense que c’est parce
que nous renvoyons une image
positive. Je crois que les fans d’un
groupe sont l’extension de ce dernier
parce qu’ils aiment ces musiciens
qui, parfois, deviennent une sorte de
modèle pour eux. Tout le monde n’en
a pas besoin, mais pour les jeunes
qui cherchent un exemple à suivre,
nous faisons encore plus attention de
bien nous comporter.

En guise de conclusion, peux-tu

nouvelle de science-fiction What The
Dead Men Say (1964) (Ndlr : « Ce que
disent les morts », dans sa traduction
française) de Philip K. Dick. Il a écrit
environ 80% des paroles des chansons
cette fois-ci. Nous avons super bien
travaillé ensemble, comme toujours.
Pour rester dans le domaine des
textes, Corey (Beaulieu/guitare) a
également mis la main à la pâte
en étant à l’origine de « Scattering
The Ashes », une chanson qu’il a
écrite après être allé répandre les
cendres de son grand-père, en
famille. Je trouve ce morceau
vraiment réussi. Il ne pouvait de
toute façon pas en être autrement,
compte tenu de sa signification de
la plus haute importance pour Corey
et les siens.
Ton chant a clairement évolué, même
s’il est difficile de mettre le doigt sur
ce qui a changé. L’as-tu approché
différemment ou ta voix a-t-elle été
traitée différemment en studio ?
aménagé une sorte de home-studio/
studio de télévision dans ma petite
maison où je joue de la musique pour
tous ceux qui regardent. Et comme
il s’agit très majoritairement de fans
de Trivium, je joue les morceaux
qu’ils ont envie d’entendre, entre
autres reprises impromptues et
expérimentations sans filet. C’est
placé sous le signe de la bonne
ambiance et les fans adorent ça !
De mon côté, je m’amuse et je
m’entraîne. C’est gagnant-gagnant.
Même si je rentre de tournée un
vendredi soir, je suis de retour en
ligne le lundi matin pour la
communauté qui me suit. La constance
est la clé. C’est ce que j’ai compris
quand je me suis mis au ju-jitsu, il y
a environ sept ans. Au départ, j’étais
nul ! Ça peut démotiver, mais ça
vient progressivement. Depuis les
problèmes de voix que j’ai rencontrés
(Ndlr : en 2014), j’ai compris que je
ne dois jamais m’arrêter. Je dois
chanter tout le temps. Et c’est ce que
choisir de verser des micro dons à leurs
diffuseurs préférés ou de s’abonner à la
chaîne en versant un petit montant mensuel
prélevé via leur compte Amazon, le
propriétaire de Twitch). Avec des
jumeaux à la maison qui mangent à
présent comme des adultes, chaque
source de revenu compte ! (rires)
Je ne pourrais pas quitter Trivium
pour me consacrer à Twitch puisque
ma chaîne existe grâce à Trivium.
Les deux sont intimement liés.
D’ailleurs, quand je suis en tournée
avec Trivium, je diffuse des concerts
en direct ainsi que chacune de nos
balances. Puisque rien ne remplace
l’expérience live « en personne », ces
diffusions donnent encore plus envie
au public de venir nous voir. C’est
comme quand tu regardes Top Chef à
la télé : ça donne envie d’un bon
repas, ça ne le remplace pas.
On parle souvent des haters et
autres trolls qui polluent les
réseaux sociaux en se focalisant
nous éclairer à propos du remix de
« Steh Auf » de Lindemann crédité
à Trivium qui est sorti en même
temps que le single sur les
plateformes de streaming ?
Est-ce toi qui l’a remixé ?
Oui, c’est un remix que j’ai fait moi-
même et qui a été crédité à Trivium
pour que l’exposition bénéficie le
plus possible au groupe dans son
ensemble. J’ai reçu un SMS de mon
manager un jour me disant que Till
Lindeman, que j’ai eu la chance de
rencontrer par le passé, voulait que
je remixe l’un de ses nouveaux
morceaux. Ça m’a fait super plaisir
qu’il pense à moi, alors j’ai tout de
suite dit « oui, bien sûr ! ». Puis j’ai
réalisé que je n’avais pas la moindre
idée de comment on fait un remix !
(rires) Rammstein étant l’un de mes
groupes préférés, je savais que je
trouverais une solution. Je n’avais
jamais mixé quoi que ce soit de façon
vraiment « pro », pour une vraie
diffusion officielle, alors j’ai bossé.
J’ai enregistré ma guitare acoustique
de la façon la plus pro possible et
j’ai envoyé mon remix, le contrepied
absolu du morceau d’origine et des
remixes qu’on entend le plus
souvent, très noisy et électroniques.
Là, c’est vraiment une relecture très
zen, ultra calme. Peu après, j’ai eu
un message de Peter Tägtgren
(Lindemann, Hypocrisy, Pain)
m’annonçant que Till aimait
tellement cette version acoustique
qu’il était en train de réenregistrer
de nouveaux vocaux plus adaptés
spécialement pour le remix alors
qu’il se trouvait en pleine tournée
avec Rammstein. Peter les a
enregistrés dans les loges d’un
stade. Incroyable ! Ce fut une
expérience inattendue super cool,
l’une des plus mémorables de ma
carrière à ce jour. Y
Propos recueillis par Stéphane Auzilleau - Entretien téléphonique réalisé le 10 mars 2020
Emerveillés… Nous avons été tout simplement émerveillés en découvrant, par hasard et avec retard (le disque est sorti en novembre
2019), le deuxième album de Lag I Run, un groupe originaire du Var. Vagrant Sleepers fait en effet partie de ces – rares –
galettes dont il est quasiment impossible de décrocher lorsqu’on se plonge dedans. Le chef d’orchestre de cette musique barrée
et addictive, qui emprunte aussi bien les chemins du metal que du progressif, est Nay Windhead, que nous avons donc immé-
diatement contacté afin qu’il nous parle de son bébé et de ses influences. Ce qui vous aidera sans doute à cerner l‘incernable.
Rock Hard : Lag I Run est-il nos albums, mais simplement à assez fini, même si ensuite, registre différent, j’étais également
un groupe ou le projet de Nay coucher ce que j’ai en tête, de au moment de l’enregistrement, très fan de Metallica quand j’étais
Windhead ? manière instinctive. ils peuvent apporter leur patte. gamin, puis de Strapping Young Lad
Nay Windhead : C’est un vrai J’espère donc que cette musique à l’adolescence. Queen pouvait faire
groupe, même si j’ai commencé Tu réalises également un très est, au final, également la leur. n’importe quoi, ça restait Queen. Et
l’aventure tout seul dans mon coin gros travail sur la mise en son c’est cela que j’adorais. Son côté
en 2008 car je ne connaissais pas et la production… Quelles sont tes influences ? baroque et sa liberté absolue m’ont
de musiciens disposés à jouer ce J’ai composé Vagrant Sleepers en Mes influences musicales sont très énormément inspiré. Mais si j’avais
répertoire-là dans ma petite 2012, et il n’est sorti qu’en 2019. larges car je m’intéresse à tous les voulu faire une copie de Queen, je
bourgade du Sud-Est. J’ai donc fait Alors, entre temps, j’ai effectivement styles. Gamin, j’ai été biberonné me serais forcément planté. Au
une maquette du premier album, et eu le temps d’en travailler tous les au rock progressif des années 70 : rayon des influences,
c’est grâce à sa diffusion que j’ai pu aspects ! Comme pour Sunlight Genesis, King Crimson, Van der il faut aussi que je rajoute les
rencontrer Fred (Schneider/basse) Scars (2010), j’ai maquetté ce Graaf Generator, Gentle Giant, etc. Cardiacs, un groupe moins connu
et Volo (Volodia Brice/batterie). Krys disque tout seul chez moi, dans une Mon père les écoutait et j’adorais le qui fait une espèce de punk prog
(Joé/claviers) s’est ensuite jointe à version qui se rapprochait déjà fait que ces groupes soient capables « zappaesque », très spécial. C’est
nous pour assurer les synthés, les beaucoup de l’album en termes de nous transporter littéralement une musique unique au monde, qui
percussions et des voix. Avant cela, d’arrangement et de composition. dans un autre univers. Je me a influencé des artistes fabuleux
quand j’avais 18 ans, je faisais sentais projeté dans une histoire, comme Mike Patton, Thom Yorke
partie d’un groupe formé avec des N’est-ce pas un peu frustrant pour même si je n’en comprenais pas (Radiohead), ou encore The Mars
potes, dans un style bien plus les autres membres du groupe ? toujours le sens. Et inconsciemment, Volta. J’aime également beaucoup
énervé que Lag I Run. C’est après Ça pourrait… Mais j’ai eu j’ai sans doute tendance à la musique électronique, que je
ma formation à la Music Academy énormément de chance de tomber reproduire ce schéma, à inviter dissémine sur le disque. Pour autant,
InternationaI de Nancy (Ndlr : sur des musiciens avertis, qui sont les gens à entrer dans un monde j’essaie avant tout de rester moi-
prestigieuse école de musique fondée également des compositeurs, avec étrange en proposant plein de même et de proposer une musique
en 1981) que j’ai monté Lag I Run. leur univers à eux : par exemple, le couleurs différentes dans chaque dans laquelle les gens ont envie de
Je ne cherche pas à faire quelque jazz pour Fred et l’électro pour morceau. rentrer, puis d’y revenir pour s’en
chose de technique, même s’il y a Krys. Nous avons un accord tacite imprégner, en cerner les nombreux
quelques passages « velus » dans sur le fait que je propose un produit Les groupes que tu cites sont détails. J’aimerais réussir ce que
assez exigeants, voire torturés… fait un réalisateur comme David
GENRE On ressent également, dans ta Lynch : tu ne saisis pas toujours
SITE INTERNET
. Metal barré musique, des influences de grand-chose la première fois que
www.lagirun.com
Queen, The Darkness, Muse, tu vois l’un de ses films, mais il y
LE GROUPE Devin Townsend… a quelque chose qui t’attire, qui
ALBUMS
. Nay Windhead Complètement. Mais même si te donne envie de le revoir, car
. Sunlight Scars (2010)
(guitare, chant) . Vagrant Sleepers (2019)
. Volodia Brice (batterie)
j’apprécie The Darkness et Muse, ce grand artiste a cette capacité
je pense être plus influencé par des à nous toucher sans qu’on
. Fred Schneider (basse) ARTICLE RH
groupes plus anciens. Je suis en comprenne toujours vraiment ce
qui se passe. Y
. Krys Joé (claviers) RH N°208 adoration devant Queen. Dans un

46 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 47

GENRE
ALBUMS
. Metal/punk rock
. Babyteeth (1991)
. Pleasure Death (1992)
LE GROUPE . Nurse (1992)
. Andy Cairns . Troublegum (1994)
. Infernal Love (1995)
(chant, guitare)
. Semi-Detached (1998)
. Michael McKeegan (basse) . Suicide Pact – You First (1999)
. Shameless (2001)
. Neil Cooper (batterie) . groupe. La réunion se passait dans
High Anxiety (2003)
. Never Apologise Never Explain
SITE INTERNET (2004)
. One Cure Fits All (2006)
www.therapyquestionmark.co.uk . Crooked Timber (2009)
48 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208
Therapy?, trentenaire. Le trio punk metal devait sortir un album live pour fêter ça, mais le projet plante. Ni une ni
deux, une alternative est trouvée par l’entourage professionnel : enregistrer une collection de remakes des classiques
entrés au Top 40 UK. Le résultat s’intitule tout bonnement Greatest Hits (2020 Versions) : une recréation quasi-totale
de la compilation Stories: The Singles Collection (2014) – et bien plus qu’un album récréatif : une redécouverte de
chansons entrées dans la culture populaire anglo-saxonne et une manière plus qu’efficace, pour les néophytes, de
découvrir enfin les mélodies les plus spectaculaires du groupe d’Irlande du Nord.
Rock Hard : Qu’est-ce qui a
provoqué la sortie de cette
collection de remakes ?
Andy Cairns : Notre producteur,
Chris Sheldon, a joué un rôle
fondamental. C’est lui qui a produit
Troublegum en 1994, ainsi que notre
dernier album en date, Cleave (2018).
Initialement, notre label, Marshall
Records, souhaitait sortir un live,
mais il se trouve que le concert
devant être enregistré a dû être
abandonné à la dernière minute.
Nous ne voulions et ne pouvions
pas nous rabattre sur un autre show
organisé à la va-vite pour faire aboutir
ce projet. C’était la meilleure façon
de se planter. Notre problématique
est arrivée aux oreilles de Chris,
et c’est lui qui nous a suggéré
d’enregistrer une collection de
nos chansons les plus populaires.
Et c’était une bien meilleure idée,
après réflexion, que de sortir un
bootleg live ou je ne sais quoi. Ce que
nous avons fait, c’est que nous avons
transporté aux studios Abbey Road le
même équipement que celui que nous
utilisons en concert. Il s’agissait de
jouer les titres comme nous le faisons
sur scène : en conditions live en studio.
Trois prises maximum par titre.
S’il restait des erreurs au niveau des
guitares ou des voix, Chris et nous
revenions immédiatement dessus et
corrigions ce qui devait l’être… mais
en dehors de ces petites choses, c’est
vraiment du son direct.
Abbey Road porte une charge
symbolique, tu le sais en allant
là-bas…
Oui. Réécrire notre Greatest Hits était
un projet spécial et devait être réalisé
dans un lieu spécifique. Nous aurions
pu aller dans n’importe quel studio
pour ça, mais Chris a insisté pour que
ça se fasse là-bas. C’est un familier
des lieux. Le studio est fantastique.
Therapy? avait certes recouru aux
services d’Abbey Road pour de la
masterisation auparavant, mais pas
pour de l’enregistrement. Quant à la
charge symbolique, tu as raison :
même les gens qui ne s’intéressent
pas à la musique ont un jour entendu
parler d’Abbey Road, rien qu’à cause
des Beatles.
Les titres que vous avez réenregistrés
. We’re Here To The End sont ceux entrés au Top 40. Etait-
(live – 2010)
. A Brief Crack Of Light (2012) ce ou non un critère strict et
. Disquiet (2015) limitatif pour la sélection des
. Communion: Live At The Union morceaux à réenregistter ?
Chapel (live – 2017)
. Cleave (2018) Marshall Records a insisté sur le fait
. Greatest Hits (2020 Versions)
qu’il tenait à sortir quelque chose pour
(2020)
+ diverses compilations célébrer le trentième anniversaire du
ses bureaux, et la question s’est posée
ARTICLES RH
RH N°05, 22, 56, 86, 190 & 208 des morceaux à inclure. Les gens
du label nous ont dit : « «Screamager»
De g. à d. : Neil Cooper, doit y être, «Going Nowhere», «Opal
Andy Cairns & Michael McKeegan
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Propos recueillis par Emmanuel Hennequin - Interview réalisée via Skype le 16 mars 2020
Mantra»… ». OK. Au bout de la
discussion, nous en sommes arrivés
à la conclusion qu’en fait, ce qu’ils
voulaient, c’était une version
renouvelée du best of de nos
chansons les plus populaires en
Angleterre. Et ils nous l’ont avoué :
c’était exactement ça ! (rires) Chris
et nous sommes rapidement tombés
d’accord avec eux : réenregistrer
des classiques allait donner un
album souvenir spécial et marquant
pour le trentième anniversaire.
Une opportunité à saisir, symbolique.
Enregistrer des morceaux dans leur
version live actuelle, c’est assumer
leur transformation, l’effet du temps
et de votre expérience sur la teneur
des originaux. Quel rapport
entretiens-tu aujourd’hui avec les
premières versions ?
En réécoutant nos sessions Abbey
Road 2020, je trouve certaines des
nouvelles versions meilleures que les
originaux. Par exemple, « Lonely
IL S’AGISSAIT DE JOUER CES TITRES
COMME NOUS LE FAISONS SUR SCÈNE
(ANDY CAIRNS)
Cryin’ Only », « Stories » ou encore
« Teethgrinder », que je trouve plus
intenses. Le son est meilleur et elles
me semblent porter un supplément
de richesse... mais c’est subjectif.
Après, si je veux rester honnête et
équilibré dans mon propos, je dirais
que les versions originales gardent
une place particulière dans notre cœur.
Ce sont un peu nos enfants ! (rires)
Ce qui ne vous a pas empêchés
d’aborder certaines choses
différemment…
Oui. Par exemple, la nouvelle version
de « Diane ». Celle enregistrée à
l’origine avait impliqué un quatuor
de violoncelles. Il n’y a pas de
guitares sur la première version,
alors nous avons dû travailler pour
adapter le son d’ensemble et faire
qu’il fonctionne. Pour le reste des
chansons, par contre, nous les
connaissons tellement que nous
n’avons eu qu’à maîtriser l’aspect
tempo. Lorsque tu joues dans un
contexte live, l’excitation fait que tu
as tendance à jouer les morceaux
plus rapidement. Nous devions nous
assurer de ne pas tomber dans
l’excès de ce point de vue-là.
Qu’est-ce qui a motivé la décision
de réenregistrer « Diane » ?
L’hommage que nous souhaitions rendre
à Grant Hart, grand compositeur
et membre d’Hüsker Dü. Il nous
manque beaucoup.
Il y a le choix de refaire, mais il y
a aussi tout ce que vous gardez
encore sur des étagères et qui n’a
jamais été achevé : les archives.
Il y a du monde au balcon ?
Michael McKeegan, notre bassiste,
conserve des stocks impressionnants
d’enregistrements du groupe
accumulés depuis 1989/1990. Nous
les réécoutons de temps à autres :
des choses inabouties ou simplement
approchées en répétitions. L’idée
n’était pas de puiser là-dedans cette
fois-ci… Mais pour le futur, qui sait ?
Le prochain projet, c’est l’album
numéro 16. Donc, de nouvelles
répétitions et de nouveaux
enregistrements se feront pour
donner naissance à cette chose,
suite à quoi nous pourrions réfléchir
à fouiner dans les cartons. C’est une
possibilité.
L’orientation des prochaines
compositions s’esquisse-t-elle ?
Oui. Toute personne aimant
Troublegum, Disquiet ou Cleave
peut sentir ce que nous allons faire
prochainement : quelque chose
de concis, mélodique, efficace.
Ça semble prendre cette direction.
Comment James Dean Bradfield,
de Manic Street Preachers, s’est-il
retrouvé impliqué dans cette
histoire de remakes 2020 ?
James et moi nous connaissons
depuis 1993. Nous nous sommes
rencontrés à un concert à Londres
et sommes restés en contact depuis.
Therapy? et Manic Street Preachers
ont beaucoup de choses en commun
et nous les respectons profondément
en tant que groupe. A chaque fois
que nous pouvons faire en sorte de
nous voir, nous le faisons. L’été
dernier, MSP et Therapy? jouaient
en festival le même jour. Nous
partagions la même scène, et c’est
à ce moment-là que nous avons
fait part à Jim de notre projet
d’enregistrement pour le trentième
anniversaire. Sachant que le
morceau de notre répertoire qu’il
préfère est « Die Laughing », nous
lui avons proposé d’intervenir
dessus. Il a dit oui immédiatement.
Initialement, James Dean devait
venir à Abbey Road avec nous, mais
il a été monopolisé au Pays de Galles
par l’enregistrement d’une Bande
Originale. Alors, nous avons envoyé
les sources du morceau au studio de
Manic Street Preachers, et c’est à
partir d’elles que James a enregistré
ses voix et guitares.
Parler de Manic Street Preachers,
c’est forcément penser à Richey
Edwards, disparu sans qu’une
explication ait jamais été trouvée.
Comment de ton point de vue,
le groupe a-t-il survécu à cet
évènement ?
Ce que le groupe a fait, c’est
considérer l’héritage que Richey
laissait… et il a décidé de le porter.
Il l’a fait avec respect et écrit dans
l’esprit et en mémoire. C’est pour
cela, je pense, qu’il a si bien survécu
en tant que groupe. Richey n’est plus
là, mais son esprit, oui. Nombre de
groupes, lorsqu’un membre disparaît,
splittent ou choisissent de prendre
une orientation musicale différente.
Manic Street Preachers, lui, a choisi
de prendre la voie des survivants,
et je peux attester du niveau
d’implication et de travail que cette
démarche implique.
Tout est possible. Regarde Alice
In Chains…
Absolument. C’est un groupe
fantastique ! Le jour où ils ont
annoncé la reformation, honnêtement
j’étais sceptique. Et puis, je suis allé
les voir en concert et j’en suis
ressorti ébahi. C’était simplement
incroyable !
Trente ans, dis, ça passe vite ?
J’ai l’impression que c’est passé très
vite, oui. L’autre nuit, Chris Sheldon
m’a envoyé un e-mail qui contenait
de vieilles photos des sessions
Troublegum datant de 1993. J’ai
réalisé à quel point nous étions
jeunes alors. Nos tronches sur les
photos ! (rires) Et puis, voilà, nous
sommes en 2020 et moi, j’ai encore
faim, j’ai toujours envie d’écouter et
de découvrir de la musique. Je ne me
suis jamais senti devenir adulte,
encore moins un vieux musicien,
mais ces photos m’ont fait réaliser
l’impact du temps. L’envie, elle, est
intacte, mais l’autre jour, un truc m’a
un peu effrayé : un documentaire de
la BBC sur la survie de la musique
soulevait le fait que les gens
arrêtaient de découvrir de nouveaux
sons une fois passé l’âge de 34 ans.
Ils n’arrêtent pas d’écouter de la
musique, ils arrêtent d’en découvrir et
restent bloqués sur ce qu’ils aimaient
jusqu’alors. Ils n’achètent plus rien.
Le contraire de nous dans Therapy?
J’ai un fils de 21 ans. Récemment,
il a commencé à porter des t-shirts
soi-disant à la mode : Nirvana, Jesus
Lizard, Soundgarden, Monster
Magnet… Or, il n’était né à l’âge d’or
de ces groupes. Pourtant, il les porte
parce qu’aujourd’hui, c’est dans le
vent ! Etonnant, non ? Y
49

GENRE
. Death/grindcore
LE GROUPE
. Diego Janson (chant, basse)
. Yann Heurtaux (guitare)
. Etienne Sarthou (batterie)
50
Le 20 juin, au Hellfest, Karras vous fera découvrir son univers à l’occasion de l’un de ses premiers concerts. Si vous
n’avez pas encore goûté au death/grindcore de None More Heretic, le premier album de ce combo parisien brut de
décoffrage, vous avez sans doute déjà entendu parler des trois compères qui le composent. Afin d’en savoir plus au
sujet de ce premier opus sculpté dans la masse, nous avons discuté le « bout de grind » en compagnie du chanteur/bassiste
Diego Janson (ex-Sickbag), du batteur Etienne Sarthou (ex-Aqme, Deliverance) et du guitariste Yann Heurtaux (Mass
Hysteria).
Rock Hard : Quand Karras est-il né ?
Diego Janson : Il y a trois bonnes
années. Des amis communs nous
ont mis en contact, Etienne (Sarthou/
batterie) et moi, et nous avons
commencé à faire de la musique
ensemble. Je lui ai montré mes riffs,
il m’a montré sa batterie... (rires)
Au départ, nous n’étions que tous
les deux. Nous avons proposé à Yann
(Heurtaux/guitare) de nous rejoindre
il y a environ un an et demi.
Yann Heurtaux : Quand Diego m’a
appelé, je lui ai répondu : « Merci, je
suis flatté, mais sincèrement, je ne vais
pas avoir le temps... ». Il a pas mal
insisté et m’a filé l’album qu’il avait
enregistré avec Etienne. Je l’ai écouté
et... j’ai pris une grosse claque !
Ce groupe, c’est tout ce que j’aime.
J’adore la voix de Diego… J’aime tout
dans Karras. J’ai donc rappelé Diego
pour lui dire : « Je ne sais pas trop
comment je vais faire, mais j’ai envie
de te dire oui ! » (rires). Je suis très
heureux et fier d’avoir intégré le
groupe.
Qu’est-ce qui était déjà prêt au
moment de ton arrivée ?
L’album était déjà terminé,
entièrement finalisé. C’est ce
qui m’a aidé à sauter le pas, je ne
le cache pas. Des projets qui
n’aboutissent jamais, j’en ai vu
un paquet... (S’adressant à Diego)
Nous en avions même eu ensemble,
n’est-ce pas ? Mais là, c’était différent :
l’album était déjà là.
Diego Janson : Ce n’était déjà plus
un simple projet, c’était un groupe.
ll est vrai que Yann et moi avions
déjà essayé de faire de la musique
ensemble par le passé, sans succès.
C’est sans doute pour cette raison
que, cette fois, j’ai pas mal insisté.
Je savais que ça allait être assez
compliqué, mais j’ai bien fait !
Etienne Sarthou : Ce qui est
intéressant, c’est que si Yann avait
été impliqué dès le début, nous
aurions sans doute écrit le même
album car nous avons le même bagage
(Yann confirme). Les premiers riffs
apportés par Diego sont ceux qui ont
donné l’orientation de Karras. Après,
il ne restait plus qu’à dérouler la
pelote et, surtout, à foncer dans le
tas, sans trop se poser de questions.
Yann Heurtaux : Ils sont venus me
chatouiller avec un truc qui me parle
depuis toujours. Il faut savoir que
quand Mass Hysteria est venu me
SITE INTERNET chercher (Ndlr : Yann a rejoint Mass
Hysteria en 1994), je jouais du death
www.facebook.com/
karrasband metal. Avec Karras, je reviens à mes
racines.
ALBUM
. None More Heretic (2020)
La « légende » dit que vous vous
êtes rencontrés lors d’une projection
ARTICLE RH
de L’Exorciste en 1973 et que vous
RH N°208
avez décidé d’appeler le groupe en
référence au personnage du père
De g. à d. : Diego Janson,
Etienne Sarthou & Yann Heurtaux
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Karras. Mais en 1973, vous n’étiez
pas nés... (rires généraux) Dites-
nous la vérité !
Diego Janson : A la base, le nom
sort d’un livre que j’aime beaucoup :
Le Berceau du Chat (1963). Ce livre
de science-fiction parle notamment
d’une société secrète nommée karass.
Je trouvais que ça sonnait bien et
que ça ferait un bon nom de groupe.
Quand j’en ai parlé à Etienne, il m’a
répondu : « Karras ? Comme le prêtre
de L’Exorciste ? ». (rires) Alors, comme
parler de L’Exorciste est plus simple
que d’essayer d’expliquer ce bouquin
aux considérations philosophiques,
nous avons opté pour cette version !
Etienne Sarthou : Et elle nous a
inspirés. Encore une fois, nous avons
déroulé la pelote. Parce que le destin
du père Karras ne nous satisfait pas,
nous avons en quelque sorte réécrit
son histoire dans les textes de
l’album. Il est renvoyé ici-bas par le
bon Dieu... ou par Satan, on sait pas
trop ! (rires) C’est très « death/grind
90’s », un truc qu’on peut prendre
QUAND MASS HYSTERIA EST VENU ME
CHERCHER, JE JOUAIS DU DEATH METAL.
AVEC KARRAS, JE REVIENS À MES RACINES
(YANN HEURTAUX)
au sérieux et qui fait un peu peur,
mais qui fait aussi un peu rire,
exactement comme les films d’horreur.
La fiction nous permet d’y aller à fond
dans les excès. On peut être odieux,
abominables, gore, etc., tout ce qu’on
veut. C’est parfait ! (rires)
Et tout ça en proposant des
morceaux de deux minutes et des
poussières...
Oui ! Les morceaux sont plus courts
que ceux auxquels nous sommes
habitués dans nos groupes, mais nous
voulions qu’ils soient accrocheurs
malgré tout. Un morceau d’une
minute qui te reste en tête, c’est
vraiment cool ! On n’a pas abordé
tout ça comme un concours de vitesse
ou de violence, même si, a priori,
l’album est assez violent quand
même. On voulait juste avoir une
attitude « rock’n’roll » tout en
écrivant des titres violents et
super spontanés afin d’évoquer
un sentiment d’urgence.
Yann Heurtaux : Ce format de chanson
est intimement lié à ce style musical.
Nails, Terrorizer, les premiers Napalm
Death : ça fonctionne aussi bien parce
que les morceaux sont très courts.
Le death technique à la Nile, ça ne
me parle pas. Personnellement,
j’aime quand ça reste punk. En fait,
Nails regroupe tout ce que j’aime,
et c’est à ce groupe que Karras m’a
Propos recueillis par Morgan Rivalin - Interview réalisée le 02 mars 2020 à Paris
tout de suite fait penser...
Etienne Sarthou : Notre attitude a
en effet été assez punk dans le sens
où nous avons fait très peu de prises
lors de l’enregistrement. Par exemple,
la batterie a été mise en boîte en
l’espace d’une matinée. Je voulais
que le son de l’album soit abouti,
bien punchy, épais et gras, mais il
était important de garder une certaine
spontanéité et une bonne dose de
sauvagerie. Dans le même ordre
d’idée, Diego avait souvent des idées
d’arrangements, mais à chaque fois,
je lui disais : « Non, surtout pas ! On ne
touche à RIEN ! » (rires) Si nous avons
des idées, alors faisons un autre
morceau sur lequel nous pourrons les
placer. Karras, ça doit être spontané.
Il faut que l’instinct prenne toujours
le dessus. Cette spontanéité est plus
importante que l’intellect. Ça ne veut
pas dire que c’est un truc au rabais,
c’est juste comme ça. Il y a des
musiques qui font appel à la matière
grise – je pense à Opeth ! (rires) –
et il y a des choses beaucoup plus
viscérales et bestiales. Quand tu
écoutes Beneath The Remains (1989)
de Sepultura, tu sens que c’est un
peu réfléchi, mais que c’est surtout
bestial. Y’a quelque chose qui tape à
ta porte, tu l’ouvres et BIM ! C’est
l’approche d’« urgence » que nous
voulons avoir au sein de Karras en
proposant un truc bestial et un peu
sale. La version de None More Heretic
qui va sortir est le plus propre des
différents mix testés avec Diego, mais
heureusement, elle reste quand même
suffisamment crade à notre goût !
Le même sentiment d’urgence
ressortira certainement de vos
concerts. Vous n’allez sans doute
pas jouer durant trois heures ?
Yann Heurtaux : Non ! (rires) Pour
le moment, nous jouons 30 minutes.
Etienne Sarthou : 35 en comptant la
longue tirade de Diego sur sa vision
de la politique moderne au milieu !
(rires) Blague à part, quand tu allais
voir un concert de Nasum qui, à
l’époque, avait quatre albums, tu
avais droit à 45 minutes de concert
et n’avais absolument pas envie
d’en avoir plus. Même quand nous
aurons trois disques à notre actif,
nos concerts ne dureront pas plus
longtemps que ça. Pourquoi faire plus ?
Il vaut mieux se prendre une bonne
grosse tarte que de diluer tout ça
dans un concert d’1h15.
Vos emplois du temps respectifs
vont-ils vous permettre de tourner
cette année ?
Diego Janson : Pour le moment,
à part le Hellfest, nous n’avons pas
d’autre date programmée. On aurait
bien aimé jouer à l’occasion de la
sortie du disque, mais ce n’est que
partie remise. Ça aura sans doute
lieu plus tard cette année.
Personnellement je me consacre
uniquement à Karras et ça me va
bien comme ça. Je préfère ça plutôt
que de m’éparpiller dans trois ou
quatre projets. Ce n’est pas mon
tempérament. Je me concentre sur
un groupe et j’essaye de le faire bien.
Karras, pour quelqu’un comme moi
qui vient du death et du grindcore,
c’est de toute façon mon univers.
Je sais où je vais, je sais ce que je
veux et ce que je ne veux pas...
C’est mon truc (sourire)
Etienne Sarthou : De mon côté, je
suis moins occupé qu’avant puisque
mon groupe principal – Aqme – s’est
arrêté l’an dernier. Freitot étant un
peu en sommeil, les deux formations
qui m’occupent le plus sont Karras
et Deliverance, dans lequel je ne suis
pas batteur mais guitariste, et avec
lequel j’ai la chance de me produire
également au Hellfest cette année.
Je vais y jouer le samedi et le
dimanche. Je suis comblé ! Comme
Diego l’a dit, nous allons tout faire
pour caler d’autres concerts de
Karras. J’insiste sur le fait que c’est
un vrai groupe, pas un projet studio.
Nous sommes signés chez Verycords
(Mass Hysteria, Trust, Ultra Vomit...),
The Link est notre tourneur... C’est
une vraie chance que nous ne voulons
pas gâcher.
Yann Heurtaux : Je suis sur la même
longueur d’ondes. Je prendrai du
temps pour Karras. La tournée de
Mass Hysteria devait s’arrêter, mais
de nouvelles dates ont été ajoutées
jusqu’au mois d’octobre. Je ne doute
pas que nous finirons par trouver des
créneaux pour Karras. Et pourquoi
pas prendre part à certaines affiches
en guise d’invité ? Demain (Rappel :
interview réalisée le 2 mars), il y a
Napalm Death et Eyehategod qui
passent. J’aurais bien aimé nous
greffer à cette affiche, à l’arrache.
Je ne peux pas improviser ce genre
de choses avec Mass, mais il est
davantage possible d’y parvenir avec
Karras.
As-tu des idées de morceaux pour
Karras ?
Oui, j’ai des choses de côté. Je prends
un peu le train en marche, mais nous
allons voir ça ensemble, un de ces
jours... (sourire)
Etienne Sarthou : On a le temps.
On aime l’urgence, mais on n’est pas
pressés ! (rires) Y
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 Propos recueillis par Benji
Interview réalisée le 29 février 2020 à Toulouse
Depuis maintenant près de 35 ans,
exception faite d’une pause bien
compréhensible au début des années
2000 (cette saloperie de cancer n’ayant
décidément aucun respect), Testament
s’applique à éditer des albums toujours
impeccables et à se lancer dans
d’interminables tournées. Un travail de
titans récompensé par un succès plus
que mérité et un statut incontesté de
tête d’affiche du genre. L’imposant
vocaliste Chuck Billy nous a reçus dans
son tour-bus pour nous parler de son
dernier né, le bien nommé Titans Of
Creation, d’une virée européenne
« en famille » et de ses premiers pas
hésitants dans le grand bain thrash
de la Bay Area.
Rock Hard : Le processus d’enregistrement
de Brotherhood Of The Snake (2016) a été
assez compliqué pour le groupe. Ses titres
ont été composés sur une longue durée et
ses sessions studio ont été un peu « tendues »
du fait du temps limité dont vous disposiez
car vous aviez une tournée à assurer dans la
foulée. Il semble que cela ait créé des tensions
au sein du groupe…
Chuck Billy : Très précisément entre Eric
(Peterson/guitare) et moi. Car ce dernier est le
principal compositeur du groupe, et je l’attendais
pour avancer sur mes textes. Nous avions deux
ans pour composer ce disque, et au bout du
compte, nous ne disposions que de bribes de
morceaux. Cela en devenait frustrant. Peut-être
était-il occupé par autre chose ? Je n’en sais rien.
En tout cas, ce fut difficile d’en arriver à bout.
Et, en effet, de nombreux festivals figurant déjà
sur notre planning, les sessions ont été quelque
peu « forcées » car il nous a fallu finir ce disque
avant ces dates. Même si, finalement, ça nous a
mis un bon coup de pied au cul pour arriver au
bout du processus.

Comparativement, comment se sont passées

les sessions de Titans Of Creation ?
Bien mieux ! Nous aurions même dû livrer
l’album plus tôt que ça, mais Slayer nous a
proposé de partir avec lui sur une partie de sa
tournée d’adieu, et il était hors de question de
refuser ça. Nous nous y sommes donc mis très
sérieusement après ces dates, en refusant toute
autre proposition de potentiels concerts. Il nous a
fallu environ neuf mois pour écrire et enregistrer.
Je pense qu’Eric était plus concentré cette fois-ci.
Du coup, il disposait de bien plus d’idées de riffs,
tout comme Alex (Skolnick/guitare). D’autant
que, pour Brotherhood Of The Snake, nous avions
composé avec deux batteurs différents, puisque
Gene Hoglan n’était pas disponible à cette même
période. Nous avons ensuite fait passer les
bandes à ce dernier, puis à Alex qui habite à
New York depuis des années. C’était un peu
échelonné, sans trop de logique. Cette fois-ci,
Gene est venu dès les premiers instants travailler
aux côtés d’Eric, tandis qu’Alex se rendait en
Californie enregistrer ses parties. Ce fut donc
vraiment un effort de groupe. Je pense que cette
situation a poussé tout le monde dans la bonne
direction. Nous disposions d’un tas d’idées, alors
plutôt que d’attendre de courir après une
deadline, nous avons réservé un studio pour faire
des mises à plat et enregistrer. Je suis parti des
idées d’Eric, non encore finalisées. A partir de là,
j’ai écrit tous mes textes, mais une fois que j’ai
fini, Eric m’a indiqué avoir fait quelques
De g. à d. : Gene Hoglan, Alex Skolnick,
modifications de structures et m’a dit, par
Chuck Billy, Steve DiGiorgio & Eric Peterson

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 exemple « : Non, ici, ce sera un solo, l’album irait peut-être dans cette Sans envie de satisfaire tout le Je travaille en collaboration avec Zet copains depuis toujours, avons meilleur ami de mon plus jeune des guitares acoustiques, dans le C’était… différent ! J’étais un grand
tu ne peux pas chanter ces paroles ! » direction, mais lorsqu’on m’a présenté monde, si ce n’est nous-mêmes. (Ndlr : Steve « Zetro » Souza, chanteur des potes en commun, sommes frère, c’est ainsi que je l’ai connu. tour-bus. C’est là que j’ai vraiment gars, un costaud, mais je chantais
Mais ça n’a pas été un problème. « Ishtar Gates », j’ai trouvé son riff Il semble que ça nous réussisse d’Exodus) et Del James (Ndlr : parolier originaires de la Bay Area et avons J’avais donc déjà vu Legacy jouer, commencé à pouvoir donner ma des trucs mélodiques, alors que
Une fois entrés en studio, nous pas vraiment conventionnel, avec plutôt bien. Il nous faut juste rester qui a notamment écrit avec Guns N’ grandi en écoutant et en faisant le et lorsque Zetro a quitté Legacy propre interprétation du thrash le thrash était bien plus agressif.
étions prêts et nous n’avons pas ce feeling oriental. Il y a peu de Testament, ça nous donne à la fois Roses et The Almighty), avec qui même genre de musique. C’est une pour Exodus, c’est lui qui leur a metal avec ces gars. Il fallait donc que j’adopte une
eu à réfléchir encore sur les temps, Eric et moi sommes allés confiance et ça nous aide à garder je bosse régulièrement depuis une équipe à tous les niveaux. En 2001, soufflé mon nom pour le remplacer. attitude qui corresponde. Je savais
morceaux : les prises ont été nous balader à Berlin, dans le cadre les pieds sur terre. Tu ne peux vingtaine d’années environ. Bon, lorsque je suis tombé malade, ces Je venais juste de finir de prendre Tu as rejoint Legacy fin 85/début que je pouvais donner le change.
rapides, instinctives. Ce sont d’une tournée, et avons vu sa porte jamais plaire à tout le monde, alors il est vrai que sur Brotherhood Of trois groupes n’existaient plus. des leçons de chant pendant deux 86, mais tu n’as donné que très Encore une fois, Eric m’a beaucoup
souvent les meilleures. De toute (Ndlr : nous supposons que Chuck si nous sommes heureux de notre The Snake, ils ont oublié de créditer Et depuis qu’ils m’ont tous apporté ans et de finir ma scolarité. J’étais peu de concerts avec le groupe aidé à devenir ce chanteur de thrash
façon, nous ne composons jamais nous parle de la Porte de Brandebourg). propre travail, c’est déjà ça ! Zetro ! Il m’a téléphoné en gueulant : leur soutien (Ndlr : lors de la soirée donc prêt à rejoindre un groupe. durant cette année, que tu as que je suis à présent, même si j’ai
plus de titres que nécessaire : tout C’est resté dans la tête d’Eric. « Hé, Chuck, enfoiré, tu m’as oublié ! » Thrash Of The Titans, le 11 août Zetro m’a donné le contact d’Alex passé à bosser avec Eric… toujours pris soin de placer de la
ce qui est écrit pour un disque finit Aussi, lorsqu’il a créé ce riff, il lui D’un autre côté, « Curse Of Osiris » (rires) 2001, à San Francisco, tous les et m’a aussi filé la démo de Legacy En effet. Seulement deux, il me mélodie dans tout ce que je touchais.
sur ce disque, nous ne conservons a donné ce titre de travail : Les est l’un de vos titres les plus violents, groupes de l’époque, ou presque, ont (Ndlr : sortie en 1985, et contenant semble. La façon de chanter de Zetro était
pas de « déchets » pour la prochaine Portes d’Ishtar. J’ai trouvé le terme toutes époques confondues ! Gene Nous voulions en fait te demander donné un concert afin de lever des quatre titres). Lorsque j’ai écouté très rythmique, « découpée », et j’ai
fois. Une fois que les squelettes des intéressant, alors j’ai travaillé est tout simplement brillant sur ce si Gene Hoglan, qui était l’un des fonds pour aider Chuck à se soigner), cette dernière, je ne comprenais pas Est-ce vrai qu’avant de les compris l’intérêt de placer ainsi
titres ont été achevés, je me suis dessus. Alex a trouvé le riff de titre, et sur l’album en général… principaux paroliers de Dark Angel tout le monde a repris du service et le chant : aucune mélodie, que des rejoindre, tu chantais dans un sa voix dans ce style de musique,
mis devant le micro et que j’ai « Curse Of Osiris », et lorsqu’il est Je crois qu’il s’agit de sa meilleure (Ndlr : groupe principal d’Hoglan sorti de super disques. Avec cette titres super rapides… Au début, ça groupe nommé Guilt ? mais en même temps, je tenais à
commencé à « marmonner » des venu chez moi travailler sur ce prestation depuis qu’il est avec entre 1985 et 1991), t’avait tournée, nous bouclons la boucle en m’est passé au-dessus de la tête. Oui. Une formation qui évoluait dans garder un minimum de mélodie.
paroles, ou même des sons. Sur titre qui, là aussi, ne me semblait nous. Et je crois que ça a beaucoup soumis des textes, ou si vous en quelque sorte ! Néanmoins, j’ai auditionné pour le un style à la Van Halen ou même J’ai conservé ce même timing, tout
« Dream Deceiver », par exemple, pas sonner sonnait pas comme un à voir avec le fait qu’il ait été là dès aviez déjà parlé ensemble ?
j’ai testé quelques trucs, et morceau de metal traditionnel, le début du processus de composition J’ai toujours dit à tout le monde
finalement, la mélodie du refrain j’ai essayé de m’éloigner autant que et qu’il a fait évoluer les morceaux dans le groupe : « Si vous avez des
m’est venue spontanément. Une possible des « clichés » inhérents avec nous. Auparavant, nous idées de riffs ou de textes, n’hésitez
mélodie qui me fait d’ailleurs penser au genre. Mais non, il n’y a pas là enregistrions les démos avec un pas, présentez-les moi. » Gene n’a
à du Scorpions, époque Tokyo Tapes de concept à proprement parler. autre batteur et Gene se calait jamais rien proposé, que ce soit
(1978). Le reste des titres est plus dessus, même si, bien sûr, il ajoutait musique ou paroles. La porte reste
dur au niveau de la voix, mais ce Tu as mentionné « Dream Deceiver ». son grain de sel. Je ne crois pas toutefois ouverte ! Aujourd’hui,
morceau me semblait ouvert à ce C’est en effet l’un des refrains qu’il s’agissait de la bonne formule. tu ne gagnes de l’argent qu’avec
type de chant. J’ai donc construit les plus mélodiques qu’on puisse Cette fois, il a véritablement mis l’édition musicale, les revenus de
le reste de ce titre à partir de ce tes tournées et ceux des ventes de
refrain. Beaucoup de choses ont merchandising. Si j’étais cupide, je
évolué de la même façon sur ce TU NE PEUX JAMAIS PLAIRE À TOUT dirais « : Je veux tout écrire car je veux
disque : des idées très spontanées, que tout me revienne ! » Mais je ne
souvent conservées jusqu’au bout. LE MONDE, ALORS SI NOUS veux pas ça, je veux juste sortir le
Peut-être est-ce pour cela que meilleur disque possible. Je pourrais
l’album sonne si bien ? Je n’avais SOMMES HEUREUX DE NOTRE écrire seul un ou deux textes par
pas de certitudes jusqu’à ce que album, mais pour un disque complet,
j’écoute le disque finalisé, de bout PROPRE TRAVAIL, C’EST DÉJÀ ÇA ! peut-être n’ai-je pas assez confiance
en bout, mixé et masterisé, avec en moi. Cela fait vingt ans que je
tous les instruments bien à leur (CHUCK BILLY) bosse avec Del James car il a cette
place, équilibrés. C’est là que je me capacité à transformer mes textes,
suis dit « j’aime écouter ce disque ! » trouver sur cet album, preuve que sa patte sur tous les morceaux. que je qualifierais de relativement
D’habitude, lorsque je finis l’un de vous ne vous cantonnez pas au Tout comme Steve (DiGiorgio/basse), « simples », pour leur donner une
nos albums, je ne le réécoute pas thrash à tout prix… qui a lui aussi abattu un boulot couleur plus poétique. Nous
avant un bout de temps car, pendant J’ai tout de suite senti qu’il s’agirait monstrueux. n’essayons pas d’écrire de la poésie
des mois, je m’y suis « immergé ». d’un de nos morceaux les plus au sens littéral du terme, où tout se
Là, je prends plaisir à l’écouter de « propres ». Nous l’avons tous adoré, Eric chante sur le pré-refrain doit de rimer, mais plutôt de faire
façon régulière : c’est bon signe ! alors pas question de s’en priver. de « Night Of The Witch », mais en sorte de raconter une histoire.
Depuis The Formation Of Damnation également sur une partie de « Curse Il est très fort pour ça, et c’est pour
Plusieurs textes de Titans Of et tous les albums qui ont suivi, Of Osiris ». Il utilise cette voix cette raison que j’aime travailler
Creation font référence à des nous évoluons avec un feeling typée black metal qu’on lui connait avec lui. Nous pouvons écrire deux
divinités, des mythes des Temps très différent en tant que groupe. au sein de Dragonlord, son autre ou trois textes en une journée, et je
Anciens : « Ishtar Gates », « Code Jeunes, étant étiquetés comme une groupe. Il s’agit de sa « vraie » peux en rédiger un avec Zetro. Puis,
Of Hammurabi », « Curse Of formation de thrash metal, nous première apparition sur des quand c’est finalisé, je rentre chez
Osiris » ou encore « Catacombs », nous sentions en compétition avec parties principales de chant avec moi avec ces textes et j’enregistre
quand bien même ce dernier est tout le monde : « Qui va être le plus Testament… mes démos de chant. Et durant ce Death Angel et Exodus ont souvent groupe… et j’ai été pris. A partir Ratt, avec un guitariste un peu en y incluant ma vision du chant,
un instrumental. Ces morceaux, thrash, le plus rapide ? » Ce fut notre C’est exact, même s’il a toujours processus, je suis parfois amené à joué avec Legacy, comme se nommait de là, Eric m’a en quelque sorte « fantaisiste » (Ndlr : Danny Gill. avec des notes différentes.
et d’autres peut-être, couplés au état d’esprit pendant longtemps, beaucoup participé aux chœurs du changer deux ou trois mots afin que Testament entre 1983 et 86, enrôlé pour une année dans un Le seul titre « officiel » de Guilt, «
titre et à la pochette de cet album, mais lorsque j’ai eu mon cancer groupe et qu’il lui est arrivé d’utiliser le rythme des paroles convienne au avant que tu ne rejoignes le groupe camp d’entraînement aux méthodes Down To The City », apparaît sur la Il y a près de vingt ans, en 2001,
forment-ils une sorte de « mini- (Ndlr : en 2001, nous y reviendrons) ce même style à l’occasion. Mais sur morceau. C’est une routine qui (Ndlr : le premier chanteur de militaires, et m’a dit : « Ok, je vais compilation U.S. Metal Vol. I parue tu étais atteint d’une forme rare et
concept » ? et que le groupe est revenu sous sa « Night Of The Witch », il y a ce fonctionne bien depuis plusieurs Legacy était… Steve « Zetro » te montrer comment on doit chanter en 1984). Mais au départ, j’ai agressive de cancer. Tu as craint
Non, pas du tout. Quand nous avons forme originelle, cette façon de voir riff sur lequel il chante, sur lequel albums et qui fait que les textes Souza !). Après, il semble que la sur ce type de morceaux ! » Legacy commencé à jouer de la guitare pour ta vie durant plusieurs mois.
écrit « Children Of The Next Level », les choses a disparu. Il n’était plus je savais que je ne pourrais pas me semblent plus intéressants. première fois que Testament a avait déjà signé un contrat car je rêvais de devenir le nouveau Tu es aujourd’hui bien vivant et en
le premier morceau composé pour question de compétition, nous nous m’adapter, ce n’est juste pas ma rejoué avec Exodus fut au discographique avec Megaforce, mais Michael Schenker ! Mon jeune frère pleine forme ! Avec le recul, quels
ce disque, son texte s’inscrivait un estimions juste chanceux de pouvoir voix. J’ai pensé qu’il valait mieux se The Bay Strikes Back 2020 est Milwaukee Metal Fest en juillet lorsque Zetro les a quittés, ce label faisait partie d’un groupe nommé souvenirs gardes-tu de cette
peu dans la continuité de ceux de faire ce métier. Le point principal passer de ce riff, mais Eric y tenait, le nom donné à cette tournée 1988, puis avec Death Angel au a demandé à écouter une nouvelle Rampage, que Zetro et moi allions horrible période ?
certains titres de Brotherhood Of The aujourd’hui, c’est que tous les alors il a travaillé ce passage en européenne avec Exodus et Death Celebrity Theater d’Anaheim en démo avec moi. On lui a donc, au souvent voir jouer ou répéter. Lorsque j’étais malade, j’étais
Snake, cette idée que des aliens ont membres du groupe soient heureux ayant en tête que ce serait lui qui le Angel. Si Testament a déjà août 88. Ça te rappelle des bout de quelques mois, envoyé une Un soir, ils m’ont donné le micro et persuadé que ma carrière musicale
créé l’humanité… J’ai pensé que de jouer la musique de Testament. chanterait. L’idée, c’est qu’il est la beaucoup tourné avec chacun de souvenirs ? cassette avec mon chant dessus, dit : « Allez, tu vas un peu chanter ! ». faisait partie du passé. J’avais perdu
sorcière dont nous parlons dans ce ces groupes, c’est la première fois Oui, tout à fait, je me souviens de et Megaforce a confirmé son offre. J’ai dit ok, et après cette soirée, tous mes cheveux, et lorsque je me
. Brotherhood Of The Snake (2016) titre. Je lui ai dit : « Je ne peux pas que vous jouez tous les trois ces shows ! C’était génial. Tu sais, J’étais donc aussi sous contrat ! ils m’ont dit : « Tu es notre nouveau regardais dans la glace, ce n’était
GENRE ALBUMS . Titans Of Creation (2020)
. Thrash metal . être la sorcière, mais toi, tu as sa ensembles durant plus d’un mois… je suis un poil plus âgé que tous les Puis nous avons enregistré The chanteur ! ». « Hé, mais je suis pas le Chuck Billy de Testament.
The Legacy (1987)
. The New Order (1988) ARTICLES RH voix ! » Et ça a parfaitement C’est tout à fait exact. Ce sont des gars de ces divers groupes et je n’ai Legacy en 1987 (Ndlr : le groupe a dû guitariste ! » (rires) Mais ça me J’avais fait une croix sur la musique,
LE GROUPE . Practice What You Preach (1989)
. . Souls Of Black (1990)
RH N°74, 76, 88, 123, 169 & 208 fonctionné. Quant à « Curse Of amis de très, très longue date, ce pas commencé ma carrière dans le changer de nom car Legacy était déjà plaisait, alors j’ai pris des cours de et je n’espérais qu’une seule chose :
Chuck Billy (chant) . Osiris », j’ai écrit le passage en qui, évidemment, facilite grandement thrash. J’ai vraiment découvert ce déposé par une formation de jazz new chant, et c’est ainsi que j’ai débuté. continuer à vivre, auprès de ma
The Ritual (1992)
. Eric Peterson (guitare) . Low (1994)
. question, en sachant cette fois-ci les choses à tous les niveaux. Car genre lorsque Metallica et Exodus yorkaise). Tout était déjà écrit avant famille et de mes amis. Il s’est
. Live At The Fillmore (live – 1995)
Alex Skolnick (guitare) . Demonic (1997) que ce serait Eric qui se chargerait lorsque tu pars sur la route avec des ont commencé à faire sérieusement que je ne les rejoigne, j’ai seulement Te souviens-tu de ton premier écoulé plusieurs mois, lorsque je me
. Steve DiGiorgio (basse) . The Gathering (1999) également de le chanter. groupes que tu ne connais pas, tu parler d’eux dans la Bay Area. contribué au titre « Do Or Die ». concert avec Legacy ? Car avec suis senti mieux, avant que je me
. First Strike Still Deadly (2001)
. Gene Hoglan (batterie) . Live In London (live – 2005) découvres ces personnes au fil des Mes influences vocales et ma façon Et boum, je me suis retrouvé en tout ce que tu viens de nous remette à écouter des morceaux de
. The Formation Of Damnation Tu es le principal parolier du dates, et éventuellement, tu deviens d’apprendre à chanter ont bien plus tournée en Europe avec Anthrax ! expliquer, ton parcours, on peut Testament. Ça me paraissait tout
SITE INTERNET (2008)
groupe et… pote avec eux. Dans le cas de cette à voir avec le hard rock mélodique, Tournée durant laquelle nous avons imaginer que tu n’étais pas nouveau ! C’est là que l’idée de
revenir a grandi en moi… Y
. Live At Eindhoven '87 (live – 2009)
www.testamentlegions.com . Dark Roots Of Earth (2012) (Me coupant) Non, pas exactement. actuelle tournée, nous sommes voir le rock tout court. Zetro était le composé The New Order (1988) sur forcément très à l’aise…

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GENRE
. Brutal death
LE GROUPE
. Julien Truchan (chant)
. Emmanuel Dalle (guitare)
. Fabien Desgardins (guitare)
. Pierre Arnoux (basse)
. grain très différent de la mienne, et
Kevin Paradis (batterie)
SITE INTERNET
http://benighted.bandcamp.com
ALBUMS
. Benighted (2000)
. Psychose (2002)
. I.C.P. (Insane Cephalic
Production) (2004)
. Identisick (2006)
. Icon (2007)
. Asylum Cave (2011)
. Carnivore Sublime (2014)
. Brutalive The Sick (live – 2015)
. Necrobreed (2017)
. Dogs Always Bite Harder Than
Their Master (EP – 2018)
. Obscene Repressed (2020)
ARTICLES RH
RH N°33, 52, 111, 140,
173 & 208
56
Haut, de g. à d. : Emmanuel Dalle, Pierre Arnoux,
Fabien Desgardins, Julien Truchan
Bas : Kevin Paradis
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La pénurie d'actualité ne semble décidément pas à l'ordre du jour pour Benighted, le plus cool des groupes français pas
gentils : nouvel album (Obscene Repressed), nouveau clip (pour le titre « Nails ») et, dans la foulée, une tournée pour le
Warm-up du Hellfest qui verra le quintette se produire dans de nombreuses villes de France... et même au Japon ! Tout
semble s'enchaîner comme par magie pour la bande de Julien Truchan (chant), notre plus célèbre imitateur tricolore du
cri de cochon.
Rock Hard : Comme à chaque fois
lorsque vous sortez un nouvel
album, la fiche promo fournie par
votre label fait état d’un disque
« encore plus brutal ». Or, pour le
coup, je ne trouve pas qu’Obscene
Repressed soit plus brutal que son
prédécesseur. Au contraire, je le
trouve surtout plus varié. Que
penses-tu de cela ?
Julien Truchan : Plutôt qu’employer
le terme « brutal », je lui préférerais
l’adjectif « intense ». Il est vrai que,
sur ce disque, nous avons encore
grimpé de quelques points niveau
tempo. Nous avons également
beaucoup bossé les breaks, la façon
dont ils arrivent et la façon dont nous
en sortons, avec, comme seul point de
mire, l’efficacité en live. Du coup,
l’album est forcément moins linéaire :
plutôt qu’un gros bloc monolithique
que tu te prends d’un coup, il y a
davantage de relief...
…au bénéfice de vos influences
hardcore, qu’on n’avait jamais aussi
bien identifiées.
Ça, c’est une évidence : nous avons
réinjecté sur cet album pas mal
d’influences hardcore que nous avions
quelque peu délaissées sur Necrobreed
(2017). Cela rejoint ce que je te
disais : le hardcore est un style qui
passe très bien sur scène, et l’alterner
avec des passages ultra rapides et
ultra violents renforce encore l’impact
du groupe en live.
Comme souvent par le passé, vous
avez invité à la fête quelques amis
choisis. Comment as-tu conçu ta
petite guest-list cette fois-ci ?
Le premier qui m’est venu à l’esprit
est Grimo, le chanteur de Cytotoxin
avec qui nous avons tourné en 2018.
D’une part, j’adore sa voix qui a un
puis, surtout, nous sommes devenus
frangins très vite sur la tournée. Nous
faisions du sport ensemble tout le
temps, il m’a bien fait souffrir pendant
un mois (rires) (Ndlr : A la ville, Grimo
est coach sportif). Jagger de Disbelief a
été invité à la dernière minute. Alors
que je bossais sur le titre « Mom, I Love
You The Wrong Way », je me suis
surpris à essayer de recréer sa voix,
alors je me suis dit : « Bah, autant lui
demander directement ! » Du coup, il
m’a lui aussi invité sur le dernier
Disbelief ! (Ndlr : voir RH206). Enfin,
il y avait le pari le plus improbable :
avoir Jamey Jasta (Ndlr : chanteur de
Hatebreed) sur l’album. J’y suis donc
allé totalement au culot. Je ne le
connaissais absolument pas, mais
j’avais entendu dire qu’il avait parlé
de nous dans son podcast. J’en ai
déduit qu’il aimait peut-être ce que
nous faisions, et comme je suis moi-
même un gros fan d’Hatebreed, j’ai
contacté son label, Nuclear Blast.
On m’a laissé entendre qu’il était
très occupé et que ce serait sûrement
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difficile, mais quinze jours plus tard,
on m’a recontacté pour me dire qu’il
était ok et on nous a mis en relation.
Après lui avoir maquetté ce que
j’imaginais au niveau du chant, il m’a
renvoyé sa copie, et c’était réglé.
Presque une formalité, pour ainsi
dire !
D’une simplicité enfantine, et attends,
ce n’est pas tout ! Je m’attendais à ce
qu’il affiche un tarif coquet comme le
font certains artistes qui acceptent de
faire un featuring, mais, au final il m’a
juste demandé d’envoyer un petit
défraiement à l’ingé-son qui a
enregistré ses parties de chant en
studio, il n’a rien demandé pour lui !
Franchement, qu’un artiste de ce niveau
de popularité fasse ça gratuitement,
j’étais sur le cul ! La passion et
l’amour de la musique existent encore
bel et bien ! Autant te dire que ça a
renforcé mon admiration pour le
personnage et pour son groupe !
Tous vos albums, depuis quelques
années, sont des concepts de fiction,
SI ON M'AVAIT DIT, IL Y A 22 ANS DE ÇA,
AUX DÉBUTS DU GROUPE, QU'EN
IMITANT DES CRIS DE COCHONS ON SE
RETROUVERAIT À L'OLYMPIA, J'AURAIS
RIGOLÉ DOUCEMENT ! (JULIEN TRUCHAN)
souvent assez gore. N’as-tu jamais
été tenté de parler un peu plus de
toi au travers de tes textes ?
Non, vraiment pas. Je n’ai pas le
temps pour ça. Bien sûr que ça me
tenterait... De toute façon, ce n’est
pas compliqué : pour que sortent de
ma tête des histoires aussi dérangées
que celles de nos albums, c’est que moi
aussi, quelque part, j’ai un pète au
casque (rires). Je sais pertinemment
que si, au fil des années, je me suis
toujours orienté vers la musique
violente, les sports violents, etc., c’est
parce que j’ai énormément de violence
en moi à canaliser. Après, je me
connais bien, je ne suis pas avare en
introspection. Je connais donc par
cœur mon mode de fonctionnement,
mais écrire une histoire qui ne
concerne que ma personne... (silence)
Ça pourrait peut-être être intéressant,
mais je ne sais même pas si j’oserais
la révéler (rires).
De la même façon, tu développes
plusieurs types de voix extrêmes que
tu prends un malin plaisir à
alterner, mais jamais une seule fois
on ne t’a entendu t’exprimer au
travers d’un chant clair, ne serait-ce
que sur un interlude.
Il y a une très bonne raison à cela,
c’est que je chante extrêmement mal.
Je ne chante pas très faux, mais je ne
Propos recueillis par Charlélie Arnaud - Entretien téléphonique réalisé le 3 mars 2020
chante pas très juste non plus...
Disons que je n’ai pas une jolie voix
faite pour ce type d’exercice. Il n’y a
de toute façon pas vraiment la place
pour cela chez Benighted. Sur le titre
« Spit » de notre album Carnivore
Sublime (2014), Niklas (Kvarforth, de
Shining) faisait ça très bien, mais moi
je ne me vois vraiment pas essayer
cela. J’ai plutôt tendance à rechercher
de plus en plus d’émotion au travers
de cris qui se rapprochent de « vrais
cris humains », pas ceux produits
grâce à des techniques de chant.
Je m’autorise davantage de choses
en oubliant par moments mes voix
maîtrisées, en lâchant prise et en
casant mon émotion du moment là-
dedans. J’en tire d’ailleurs une grande
satisfaction lorsque j’écoute le résultat
car j’arrive souvent à retrouver l’état
d’esprit exact dans lequel j’étais en
me libérant de la sorte.
C’est Emmanuel (Dalle/guitare)
qui est maintenant le compositeur
quasi-exclusif du groupe. Y a-t-il
concertation entre vous afin de
définir une direction préalable ou
a-t-il carte blanche ?
Nous ne pensons pas les titres en
amont : je vais chez Manu, nous
écoutons les riffs qu’il a enregistrés,
puis nous bossons sur une structure,
un assemblement. Ce qui est amusant,
c’est que lui est un musicien confirmé,
et moi tout le contraire. Du coup,
les idées que nous allons injecter
l’un et l’autre à une compo vont être
très différentes et se complètent
vachement. Lui connaît la théorie
et sait immédiatement quelle partie
peut coller avec telle autre, mais par
moments, j’imagine des choses qui ne
sont pas du tout faites pour matcher
ensemble harmoniquement, j’insiste
jusqu’à ce qu’il essaye, et parfois ça
fonctionne (rires) ! Et on peut dire
qu’à 90%, Obscene Repressed s’est
monté comme cela.
Tu as depuis toujours travaillé en
binôme avec des compositeurs
comme Olivier Gabriel ou Adrien
Guérin... Quelle différence vois-tu
entre le duo que tu as pu former
avec eux et celui que tu formes avec
Manu ?
Avant, nous étions un groupe de
répétitions. Nous composions les
titres en les jouant live dans notre
local, et ça s’est passé ainsi jusqu’à
Carnivore Sublime. La situation
aujourd’hui est très différente puisque
le groupe est disséminé aux quatre
coins du pays, ce qui nous amène à
travailler essentiellement par Internet
et chacun dans notre coin. Avant
d’arriver en studio, les titres qui vont
se retrouver sur l’album n’ont jamais
été interprétés par le groupe au
complet. C’est une autre façon de
faire. Au départ, cela m’effrayait un
peu car j’aime l’ambiance des répètes
et j’avoue que ça me manque un peu,
mais pour des raisons logistiques – et
financières, ne nous voilons pas la
face – ce n’est plus possible.
Olivier Gabriel (Ndlr : guitariste de
1998 à 2017) est ton meilleur ami,
en plus d’avoir été ton partenaire
principal durant presque vingt ans.
Quel regard porte-t-il sur la musique
du groupe depuis son départ ?
Il l’adore ! Il aime beaucoup la direction
que nous avons prise, surtout sur ce
nouvel album. En novembre dernier,
il est venu avec nous en concert à
Strasbourg, et il m’a confié qu’il
n’avait jamais entendu Benighted
sonner aussi bien sur scène. Et sans
fausse modestie, il est vrai que le line-
up actuel est composé des meilleurs
musiciens que nous ayons eus. Ça
sonne vraiment gros.
Vous partez en tournée française
dans le cadre du Warm-up Tour
du Hellfest au mois d’avril (Ndlr :
entretien réalisé le 3 mars avant
toute annulation de manifestation
culturelle). Dans ce cadre, vous
allez notamment vous produire à
l’Olympia. C’est surréaliste, non ?
Un peu, oui ! (rires) Lorsque j’ai
annoncé cette date à ma mère,
son premier réflexe a été de me dire :
« Le même Olympia que euh... Enfin,
le vrai Olympia ? » (rires) C’est clair
que si on m’avait dit, il y a 22 ans
de ça, aux débuts du groupe, qu’en
imitant des cris de cochons on se
retrouverait un jour à l’Olympia,
j’aurais rigolé doucement !
Et puis, il y a des dates au Japon
également !
Ah oui, j’espère vraiment que le
Coronavirus ne va pas venir foutre sa
merde là-dedans parce que je piaffe
d’impatience d’aller jouer là-bas !
Tous les groupes que nous
connaissons et qui y ont joué nous ont
dit que c’était dingue. Alors, je serais
très déçu si nous devions rester chez
nous pour des raisons de sécurité
sanitaire. Nous jouons sur deux dates
avec une très grosse affiche (Ndlr :
notamment Marduk, Envy, Exhumed,
Sigh et Rise Of The Northstar), ce qui
va nous permettre de toucher un
maximum de monde en très peu de
temps ! Je sais que nous y avons déjà
un peu de public, mais j’espère
surtout pouvoir montrer de quoi nous
sommes capables aux personnes qui
ne nous connaissent pas. Y
57
 Propos recueillis par François Blanc - Interview réalisée via Skype le 6 mars 2020
Deux ans à peine après avoir annoncé qu‘ils s’octroyaient un break, les Suédois de Katatonia sont déjà de retour. City Burials,
leur onzième opus, s’inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs et nous convie à un beau voyage mélancolique dans les
souvenirs du chanteur Jonas Renkse, plus bavard en interview qu’on ne pourrait le croire en le voyant sur scène.

Rock Hard : Quelles sont les raisons
qui ont poussé Katatonia à se mettre
en pause en mars 2018 ?
Jonas Renkse : Plusieurs facteurs
nous ont amenés à prendre cette
décision. Pour commencer, nous avons
donné énormément de concerts pour
défendre l’album The Fall Of Hearts
(2016). En fin de tournée, les douleurs
dorsales de notre guitariste Roger
(Öjersson) le faisaient tant souffrir que
nous avons dû annuler certains shows.
Du coup, nous nous sommes demandé
s’il ne serait pas temps, après toutes
ces années à enchaîner studio et
tournées, de faire une petite pause.
Nous avions besoin de prendre du
recul, de réévaluer nos priorités,
de nous éloigner un peu les uns des
autres… De plus, Anders (Nyström/
guitare) et moi avions déjà prévu
d’enregistrer le nouvel opus de
Bloodbath, notre projet parallèle.
Ce break tombait donc à point nommé.
avons réalisé que Night Is The New
Day (2009) allait fêter ses dix ans
et avons décidé de donner quelques
concerts pour célébrer cet
anniversaire. Roger se portant
beaucoup mieux, c’était le meilleur
moyen de revenir aux affaires sans se
mettre trop de pression, d’autant que
c’est un disque que nous connaissons
très bien. Ça nous a permis de prendre
la température et de nous assurer
que nous avions toujours la niaque.
A partir de là, les choses sont
reparties de façon bien plus agréable
qu’avant le break. Assurément, nous
en avions tous besoin.
Night Is The New Day est le
quatrième opus que vous interprétez
en intégralité. J’en déduis que
vous adorez cet exercice !
Eh bien, figure-toi qu’au départ, j’étais
JE N’AI JAMAIS REÇU LA MOINDRE
entretenaient un rapport privilégié
avec ce disque et plus encore avec
le suivant, The Great Cold Distance
(2006), que nous avons honoré en
2016. Là, ce fut vraiment génial ; nous
ressentions une réelle excitation dans
les salles, une ferveur, une émotion
très forte. Ça m’a rappelé à quel point
ce disque, « l’album de la percée »
pour le groupe, comptait pour nos
fans. J’apprécie donc d’interpréter nos
œuvres en entier, à condition que cela
reste rare et exclusif. C’est très bien
pour une dizaine de shows, mais je ne
me verrais certainement pas faire ça
sur toute une tournée.
Penses-tu que d’autres de vos disques
auront droit à cet honneur ? Iriez-
vous jusqu’à jouer vos premiers opus ?
S’il y a de la demande, pourquoi pas ?
Nous avons déjà discuté de l’idée de
En octobre 2018, Bloodbath a publié
son cinquième album, The Arrow Of
Satan Is Drawn. Paradoxalement,
jouer du death metal t’a permis de
prendre conscience que Katatonia
te manquait…
Ces deux groupes se nourrissent
l’un l’autre, comme des vases
communicants. Après avoir fait du
Katatonia pendant une longue période,
nous ressentons immanquablement
l’envie de revenir à Bloodbath, projet
100% death metal qui fait office de
récréation. Cela nous ramène à notre
adolescence, au bon vieux temps où
nous étions totalement à fond dans
le death. Mais même si c’est très
gratifiant, je ne pourrais pas
m’épanouir en ne faisant que du
Bloodbath. Cela ne représente pas
la personne que je suis actuellement,
ma façon d’appréhender le monde.
Je ne sais pas si Anders dirait la même
chose car il est bien plus nostalgique
que moi, mais personnellement, j’ai

ÉDUCATION MUSICALE. JE ME
Etait-il vraiment nécessaire besoin d’un autre vecteur d’expression
d’officialiser votre décision ? qui ne soit pas lié à un passé lointain.

CONTENTE D’ALLER OÙ MES

Après tout, nombreux sont les
groupes qui s’absentent durant Pourtant, le thème du temps qui
quelques mois sans en informer passe est omniprésent sur City
le public… SENTIMENTS ME MÈNENT Burials. On y retrouve même
Ça nous semblait crucial dans la quelques références au heavy metal
mesure où nous ne savions pas du
tout si nous allions revenir, et quand.
(JONAS RENKSE) avec lequel vous avez grandi !
C’est vrai, mais en dépit de ces
Et comme nous avons annulé quelques complètement réfractaire à cette idée ! jouer Dead End Kings (2012) dans clins d’œil, la musique demeure en
concerts – ce qui n’est pas dans nos J’avais l’impression que les groupes deux ans, par exemple. Je redoute déjà adéquation avec son époque. Cela
habitudes –, nous avons décidé de qui le faisaient étaient sur la pente le jour où nous devrons interpréter The étant dit, je n’ai rien contre une pincée
jouer la carte de la transparence. descendante. Si personne n’aime ou Fall Of Hearts (2016) car c’est un opus de nostalgie de temps à autre ! C’est
Poser les mots s’est avéré libérateur : ne s’intéresse à tes nouveaux albums, très riche et complexe. Je ne sais pas agréable de renouer avec les moments
pour une fois, je m’éloignais du peut-être n’as-tu pas d’autre choix, si nous serons capables de l’honorer qui ont contribué à définir la personne
business de la musique et je n’avais pour continuer à exister, que de jouer dignement ! Et pour ce qui est de nos que tu es devenue. « Behind The
plus besoin d’être « Jonas de seulement les trucs que les fans deux premiers disques… Je ne sais pas Blood », par exemple, est la « version
Katatonia », mais simplement Jonas exigent d’entendre… A vrai dire, je ne trop. Il nous arrive d’en interpréter un Katatonia » d’un morceau de heavy
tout court. De vraies vacances ! me suis pas tellement éclaté lorsque ou deux extraits de temps à autre, metal. Nous avons tous grandi en
nous avons joué Last Fair Deal Gone mais je me considère aujourd’hui écoutant Judas Priest, Accept et
Qu’est-ce qui vous a donné envie Down (Ndlr : album paru en 2001 et comme un chanteur « en voix claire », Iron Maiden, et je tenais à écrire
de remettre le couvert si vite ? joué en intégralité sur scène en 2011). non comme un « growler ». Je pourrais une chanson qui me ramène à cette
Lorsque nous nous sommes réunis Mes sentiments ont changé lorsque sûrement crier sur deux ou trois titres, période. Ce morceau est moins
au bout de quelques mois, nous avons nous nous sommes attaqués à Viva mais je ne suis pas sûr de tenir un surprenant dans les faits que sur le
humblement reconnu que Katatonia Emptiness (2003). Là, j’ai apprécié de concert entier. Il faudrait que je papier, mais il contribue à donner un
nous manquait. C’est ce que nous renouer avec les émotions éprouvées m’exerce beaucoup et que ça soit caractère contrasté à l’album, ce qui
voulions depuis le début : rompre lors de la conception de cet album et pour une occasion vraiment très, est très important pour moi.
avec les automatismes, s’autoriser à de jouer quelques morceaux rares. très spéciale. Ou alors qu’il y ait
ressentir ce manque. Et puis, nous De plus, j’ai constaté que les auditeurs beaucoup d’argent en jeu ! (sourire) D’ailleurs, vous avez récemment
porté votre reprise du « Night Comes
. Night Is The New Day (2009) Down » de Judas Priest sur les
GENRE SITE INTERNET . Dead End Kings (2012) planches !
. Dark metal . Last Fair Deal Gone Night (live – 2013)
www.katatonia.com . Dethroned & Uncrowned (2013) Oui… Nous avons pris tant de plaisir
LE GROUPE . Sanctitude (live – 2015) à bosser dessus que nous avons décidé
ALBUMS . The Fall Of Hearts (2016)
. Jonas Renkse (chant) . de voir ce que ça pourrait donner sur
. Dance Of December Souls (1993) The Great Cold Distance (Live In
. Anders Nyström (guitare) . Brave Murder Day (1996) Bulgaria With The Plovdiv scène. Travailler sur cette chanson
. Discouraged Ones (1998) Philharmonic Orchestra) (live – 2017)
. Roger Öjersson (guitare) . . City Burials (2020) nous a rappelé à quel point nous
Tonight’s Decision (1999)
. . Last Fair Deal Gone Down (2001) aimions le heavy metal, et à quel point
Niklas Sandin (basse) . ARTICLES RH
.
Viva Emptiness (2003) sa découverte nous avait marqués.
Daniel Moilanen (batterie) . The Great Cold Distance (2006)
. Live Consternation (live – 2007) RH N°21, 52, 93, 123, 165 & 208 C’est sûrement cette reprise qui a
De g. à d. : Anders Nyström, Niklas Sandin,
Jonas Renkse, Daniel Moilanen, Roger Öjersson
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 ouvert la porte au côté heavy qu’on
retrouve sur certains titres de City
Burials ! Il s’agit de l’un de mes
morceaux préférés du grand Priest,
groupe qu’Anders et moi vénérons
depuis toujours. Je me souviens que
lors de notre tournée acoustique de
2014 (Ndlr : immortalisée sur le DVD
Sanctitude), « Night Comes Down »
me trottait constamment dans la tête.
Anders m’a surpris en train de la
chantonner dans le tour-bus et a
immédiatement suggéré que nous
la reprenions. Je regrette qu’il ne
s’agisse que d’un bonus de l’album
précédent car j’en suis très satisfait.
Le fait de l’interpréter en concert nous
permet de la valoriser davantage.
Quand as-tu commencé à composer
ce nouvel album ?
Sitôt mon travail sur The Fall Of
Hearts achevé. A vrai dire, le morceau
« City Glaciers » était déjà à moitié fini
lorsque ce disque est sorti. Je ne cesse
jamais d’écrire, et même durant notre
pause, j’ai continué à assembler des
idées. Composer est l’une des choses
que je préfère au monde ! Même si
je n’avais pas encore décidé ce que
je ferais de ces nouveaux morceaux,
je sentais bien, au fond de moi,
qu’il s’agissait de Katatonia. Je suis
tellement à l’aise avec notre style
de musique que j’aurais de toute
façon du mal à m’en écarter ! Lorsque
nous nous sommes réunis, j’avais
déjà une sérieuse quantité de matériel
de côté.
D’où vient le titre de l’album ?
Que signifie-t-il pour toi et pourquoi
l’avoir choisi ?
L’idée m’est venue lors d’une
promenade dans le quartier où je
suis né et ai grandi. En rendant visite
à des amis qui vivent toujours là-bas,
j’ai pris le temps de flâner, de partir à
la recherche de ces rues si familières,
des endroits dans lesquels je jouais
quand j’étais enfant. Et tout à coup,
j’ai réalisé à quel point les lieux
avaient changé… Et moi aussi.
Mes connexions, mes liens avec
ce quartier sont morts et enterrés,
recouverts de poussière. C’est là
que l’expression « City Burials » (Ndlr :
les enterrements de la ville) m’est venue
en tête. Qu’est-ce que vieillir, sinon
nourrir la collection des souvenirs
qu’on emmène avec soi ? En fin
de compte, la grande majorité des
souvenirs constitue un fardeau.
Ils éveillent notre nostalgie, donnent
envie de remonter le temps, alors
que c’est impossible, et sont trop
souvent chargés d’énergie négative.
Ces thèmes se retrouvent, en filigrane,
dans les paroles de l’album : le remords,
le fait de se voir vieillir, d’avoir
manqué des choses qu’on ne peut
retrouver… Des préoccupations
assez lugubres, parfaitement adaptées
à un album de Katatonia.
Ce sont pourtant nos souvenirs
qui forgent notre identité.
Une personne sans mémoire n’est
plus elle-même !
Exactement, et c’est bien là qu’est
tout le paradoxe. Sans les souvenirs,
cet album n’existerait pas ; la musique
se construit entièrement sur nos
expériences et impressions passées.
L’inspiration émane des choses que
nous avons aimées, qui nous ont
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nourris. Et devenir musicien implique
un apprentissage constant ! Il y a donc
là une sorte de contradiction, mais qui
n’est pas pour me déplaire car cela
donne à réfléchir…
Tu parlais plus tôt de nostalgie ;
beaucoup d’œuvres de fiction
contemporaines jouent à fond là-
dessus, et il semble que cela résonne
de façon très personnelle chez
beaucoup de gens…
Oui, je me suis déjà fait cette
remarque. Il m’arrive d’être un peu
décontenancé en voyant des mecs de
mon âge collectionner des figurines
de super-héros ou ce genre de trucs…
Peut-être en réaction à une société
qui pousse les gens à grandir trop
vite ? « Tu dois te dégotter un métier
qui rapporte, acheter ta maison, fonder
une famille… » Face à ces pressions,
certaines personnes réalisent parfois
tardivement qu’il leur a manqué
quelque chose et cherchent, sans
forcément le formuler à voix haute,
à retrouver l’insouciance de leur
enfance. Cela ne me pose pas de
problème, tant que ça les rend
heureux et qu’elles gardent le contrôle.
Si cela passe au premier plan dans
LORSQUE TU FONDES UN GROUPE
À SEIZE ANS, TU NE TE DIS PAS UNE
SEULE SECONDE QUE SON NOM TE
PARAÎTRA PEUT-ÊTRE MERDIQUE
VINGT ANS PLUS TARD. TU VEUX
SIMPLEMENT FAIRE DU BRUIT DANS
UN SOUS-SOL AVEC TES POTES !
(JONAS RENKSE)
leur vie et qu’elles se laissent dévorer
par cette nostalgie, cela s’avère
évidemment bien moins positif.
La pochette de l’album, très sombre,
présente une figure récurrente dans
l’œuvre récente de Katatonia : le
« Dead end king » (littéralement :
le roi de l’impasse). Pourquoi
l’avoir fait revenir ?
C’est Anders qui en a eu l’idée après
que je lui ai expliqué le concept que
j’avais en tête pour l’album. Lorsque
nous parlons musique, Anders et moi
avons toujours recours à des images,
des métaphores, ou de courtes scènes
de film pour bien faire comprendre
à l’autre ce que nous avons en tête.
En écoutant mes idées, il m’a dit qu’il
imaginait un personnage, une entité
qui déambulait dans les rues, de nuit,
pour voler aux gens leurs souvenirs,
aspirer leurs pensées et leurs espoirs,
les faire disparaître. L’idée me
plaisant, nous l’avons soumise à Lasse
(Hoile), notre photographe. Il est tout
de suite rentré dedans et a lui-même
fabriqué une couronne à partir de
débris de miroirs pour évoquer les
gratte-ciels et les chantiers de
construction. Il l’a ensuite posée sur
sa tête et a pris une photo, que nous
avons utilisée en guise de pochette !
C’est peut-être un peu étrange dit
comme ça, mais je préfère présenter
un visuel qui offre de multiples
possibilités d’interprétation plutôt
qu’un concept prémâché qu’on
saisirait au premier regard. Ça me
semble bien plus intéressant.
D’après votre communiqué de presse,
le guitariste Rojer Öjersson a eu
un impact déterminant sur City
Burials. Dans quelle mesure ?
Roger est un excellent guitariste
doublé d’une sorte de génie musical.
Il « comprend » la musique de façon
extraordinaire ! Nous n’avions encore
jamais travaillé avec quelqu’un d’aussi
doué. Avoir une personne aussi
talentueuse à nos côtés est une grande
force. The Fall Of Hearts était déjà
quasiment achevé lorsque Roger nous
a rejoints, et il y a donc seulement
assuré quelques soli. Il nous a fallu
attendre près de quatre ans pour qu’il
puisse pleinement participer à l’un de
nos albums. Personnellement, même si
je suis capable d’écrire des chansons,
je n’ai jamais reçu la moindre éducation
musicale. Je me contente d’aller où mes
sentiments me mènent. Les conseils et
suggestions de Roger, qui a un esprit plus
pratique que le mien, sont donc très
précieux. Avoir quelqu’un comme lui à nos
côtés est un véritable filet de sécurité.
Anders ne s’est donc pas beaucoup
impliqué sur ce disque ?
Pas dans l’écriture. Mais de toute
façon, peu importe lequel de nous
deux écrit le plus de musique : nous
jouons ensemble depuis si longtemps
et nous connaissons si bien que nous
nous faisons totalement confiance. Dès
que j’écris quelque chose, je le lui envoie
pour connaître son avis. Il est toujours
dans la boucle, quoiqu’il arrive ! Il se
trouve simplement que, depuis une
dizaine d’années, il souffre de l’angoisse
de la page blanche… Il est donc naturel
que je prenne le relais.
Cela ne le frustre pas ?
Non, je ne crois pas. Je lui ai posé la
question, mais il m’a dit que tant
qu’il aimait ce que le groupe publiait
et qu’il pouvait le défendre à 100%,
il n’y avait pas de problème. En même
temps, ce serait pareil pour moi :
si je ne me sentais pas inspiré et qu’il
avait dix chansons de côté, je ne lui
demanderais pas d’attendre que mes
idées reviennent ! Je lui donnerais
directement mon feu vert. Il n’y a pas
de question d’égo chez Katatonia,
et je m’en réjouis. Tout le monde
s’accorde et reconnaît qu’il est plus
important de publier un disque que
de rester assis à attendre qu’Anders
retrouve l’inspiration. On verra bien
comment ça se passera la prochaine
fois !
La catatonie est un syndrome
psychiatrique qu’on considérait
autrefois comme une forme de
schizophrénie. Ce nom collait
bien à vos débuts, mais moins à la
musique que vous faites maintenant,
non ?
(Rires) Force est de reconnaître que
si je débutais ma carrière aujourd’hui,
ce n’est pas le patronyme que je
choisirais ! Cela marchait
effectivement mieux lorsque nous
avons commencé et faisions du death
metal assez cru, avant même nos
premières démos. A l’époque, ce nom
nous paraissait excellent. Maintenant,
sa sonorité m’évoque tellement notre
musique que je ne pense jamais plus
à sa signification. Ce mot est trop
intimement lié à ma vie ! Ça reste
amusant de l’énoncer à des gens qui
n’écoutent pas du tout de metal et me
regardent soudain avec suspicion, les
sourcils froncés… Je tiens cependant
à préciser que ça aurait pu être bien
pire ; avant d’opter pour Katatonia,
nous avons eu des noms bien plus
connotés death metal, comme
Decomposed ! Je n’ai jamais pensé à
en changer depuis car c’est sous cette
appellation que nous avons construit
notre carrière. Cela représente la
personne que j’étais lorsque nous
avons débuté ; lorsque tu fondes un
groupe à seize ans, tu ne te dis pas
une seule seconde que son nom te
paraîtra peut-être offensant ou
merdique vingt ans plus tard. Tu veux
simplement faire du bruit dans un
sous-sol avec tes potes ! Nous
n’imaginions pas un instant, même
dans nos rêves les plus fous, que
notre groupe existerait encore près
de trente ans plus tard. C’est une
chance que d’avoir réussi à aller aussi
loin. Les gens associent maintenant le
nom de Katatonia à notre musique…
En somme, tout va bien.
Le 20 mars, vous vous produirez au
Prognosis Festival d’Eindhoven (Ndlr
: festival reporté au week-end du
4 septembre), en Hollande. Pour la
première fois, vous avez invité vos fans
à composer votre setlist en vous
soumettant leurs chansons préférées…
C’est comme avec les albums interprétés
en intégralité ; au départ, l’idée ne
m’intéressait pas du tout, et puis, j’ai
fini par changer d’avis ! Faire quelque
chose d’autre était tentant sur le
papier, mais au vu des choix des fans,
le concert ne sera vraiment pas très
différent de ce que nous faisons
d’habitude. Nous n’avons rien d’obscur
à réviser pour l’occasion… Je suis
presque déçu ! (rires) Mais au moins,
cela nous permet de nous dédouaner :
si les spectateurs n’apprécient pas le
concert, ils ne pourront s’en prendre
qu’à eux-mêmes. Ce sera leur faute !
(rires)
Quels sont vos plans pour le reste
de l’année 2020 ?
Si le virus ne nous empêche pas de
voyager, nous serons à l’affiche de
quelques festivals au printemps et à
l’été. En septembre, nous débuterons
notre tournée en Australie, puis nous
irons en Amérique du Nord, en Europe
et en Amérique du Sud. Notre planning
s’annonce très chargé, mais nous ne
voudrions pas qu’il en soit autrement
car nous aspirons à défendre au mieux
notre nouvel album. J’ai hâte ! Y
61

DR
Chaque mois, l’un de nos journalistes, boîte ce premier classique qui relègue Trouble (1978)
pétri de bonnes intentions mais flanqué et Lovehunter (79) aux oubliettes. Une nouvelle fois
produit par Martin Birch (Purple, Rainbow), ce disque
d’une incroyable mauvaise foi, extrait la
contient plusieurs futurs classiques du combo, à l’instar
substantifique moelle de la carrière d’un de son morceau-titre, funky et sexy, et d’un « Fool For
groupe afin de proposer un « guide Your Loving » (initialement écrit pour B.B. King !) qui
d’achat » qui n’est, bien évidemment, devient le premier hit des Anglais. Il y a ici 50% de rock
que le reflet de ses goûts douteux. Dans (« Sweet Talker » et ses consonances sudistes, le stonien
ce numéro, c’est Whitesnake qui est « Black And Blue » aux superbes parties de piano, le
passé au crible par Phil Lageat. débridé « She’s A Woman », etc.) et 50% de blues
(« Love Man », « Carry Your Load », le semi-acoustique
« Ain’t Gonna Cry No More » et une nouvelle version
de l’émouvant « Blindman » qui figurait originellement
LES INCONTOURNABLES sur le premier album solo de Coverdale, White Snake,
paru en 1977). La qualité d’écriture est indéniable, celle
d’interprétation irréprochable. Public et critiques ne s’y
READY AN’ WILLING trompent d’ailleurs pas, permettant à Whitesnake de
(Underdog, 1980) décrocher la sixième place des charts anglais et de se
Ready an’ Willing, le hisser, pour la première fois, dans le Top 100 US. Le
troisième opus de meilleur album du Serpent Blanc old-school ? Peut-être…
Whitesnake, marque un
tournant capital dans la
carrière du groupe. Déjà, SLIDE IT IN
le batteur Ian Paice y (Carrere, 1984)
remplace Dave Dowle. Doté d’une pochette sexy en diable, Slide It In est un
En compagnie du chanteur album qui a « le cul entre deux chaises », ce qui fait son
David Coverdale et du charme : deux producteurs (Martin Birch de retour aux
claviériste Jon Lord, ex- manettes après qu’un Eddie Kramer ne comprenant
Deep Purple eux aussi, mais aussi du bassiste Neil rien au groupe ait failli se faire démolir par Cozy
Murray et du sublime tandem de guitaristes composé Powell), deux mixages différents (l’anglais originel et
de Bernie Marsden et Micky Moody, ce dernier met en l’américain remixé par Keith Olsen), deux track-listings
62 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208
selon les pressages, mais
aussi deux line-up, etc., cet
album est définitivement « à
part ». Si sa version anglaise,
l’originale, a été enregistrée
par l’équipe Coverdale/
Galley/Moody/Hodgkinson
/Powell/Lord, John Sykes (ex-
Thin Lizzy) et le revenant Neil
Murray ont enregistré de
nouvelles parties de gratte et de
basse pour le LP américain. Achetez
le récent coffret « Ultimate Special
Edition » (2019), vous aurez les deux
versions, chacune ayant son charme.
Musicalement, Slide It In présente un
Whitesnake « right to the top, babe »,
distillant un rock anglais classieux,
mais radio friendly : « Guilty Of Love »
(très Lizzy), « Give Me More Time »
(au riff calqué sur celui du « Highway
To Hell » d’AC/DC), le zeppelinien
« Slow an’ Easy », le commercial
« Standing In The Shadow » et
les superbes titres de hard rock
« Gambler », « Slide It In » et « Love
Ain’t No Stranger » font de cet album
un incontournable. Le dernier avec
le logo « serpent » dit classique.
Un signe qui ne trompe pas…
WHITESNAKE
(Carrere, 1987)
La genèse de cet album
communément surnommé 1987 a été
pour le moins compliquée. Lorsque
David Coverdale l’enregistre, il est
entouré de John Sykes (guitare/Thin
Lizzy), Neil Murray (basse),
Aynsley Dunbar (batterie/Jeff
Beck) et Don Airey (claviers/
Ozzy Osbourne). Victime d’une
infection des sinus qui le tient
à l’écart durant six mois, le
chanteur, qui ne fait plus
confiance à ces derniers, les
vire avant la sortie de l’album
et les remplace par Adrian
Vandenberg (guitare), Vivian
Campbell (guitare/Dio), Rudy Sarzo (basse/Ozzy
Osbourne) et Tommy Aldridge (batterie). Ce jeu de
chaises musicales n’empêche heureusement pas ce
Whitesnake, produit par Mike Stone (Journey, Asia),
de décrocher la timbale (huit millions d’exemplaires rien
qu’aux USA !) avec ses cinq singles imparables : « Still
Of The Night », la ballade « Is This Love » (écrite pour
Tina Turner !), « Give Me All Your Love », mais aussi
deux nouvelles versions de « Crying In The Rain » et
« Here I Go Again », des extraits de Saints & Sinners
parus en 1982, dont les clips très « hair metal » (le côté
bluesy du groupe est ici remisé au placard) tournent en
boucle sur MTV. Il n’y a ici que du tube, les titres les
moins connus (« Bad Boys », « Children Of The Night »,
« Straight For The Heart ») étant eux aussi réussis.
Le must du Whitesnake « américanisé.
EGALEMENT RECOMMANDÉS
COME AN’ GET IT
(Underdog, 1981)
C’est une chose d’avoir décollé avec l’excellent Ready
an’ Willing, mais encore faut-il enfoncer le clou en 1981.
Comme on ne change pas une équipe qui gagne,
Whitesnake s’y attelle avec le même line-up et
l’indéboulonnable Martin Birch aux manettes. Là aussi,
le blues est au rendez-vous (« Lonely Days, Lonely
Nights », la ballade semi-
acoustique « ‘Till The Day I
Die »), de même que les
titres qui balancent sévère,
bercés par la basse ronde
de Neil Murray (« Girl », un « Come an’ Get It » lorgnant
sur le « Since You Been Gone » de Russ Ballard revisité
par Rainbow en 1979). Très entrainant, « Hot Stuff »
voit Coverdale, chaud comme un lapin, hurler à qui veut
bien l’entendre qu’il n’en a « jamais assez » (faites un
zoom sur la gueule du serpent qui orne la magnifique
pochette de l’album), cependant que le rock sautillant
« Wine, Women an’ Song » nous plonge daredare au
cœur d’un piano bar enfumé au son du rock des pionniers.
Ça joue grave – avec de tels musiciens, le contraire eut
été étonnant –, mais quand bien même Come an’ Get It
se classe numéro 2 en Angleterre, il ne parvient, aux
USA, qu’à décrocher une décevante 151ème place. Ceci
peut s’expliquer par le fait que si tous les morceaux ici
présents sont bons, très bons même, ils sont un poil
moins accrocheurs que ceux de Ready an’ Willing.
Pourtant, pour peu qu’on tende l’oreille, « Don’t Break
My Heart Again », doté d’un son plus « américain »,
annonce déjà le virage commercial à venir.
SAINTS & SINNERS
(Underdog, 1982)
Come An’ Get It n’ayant
pas réussi à imposer le
groupe aux States en dépit
de ses évidentes qualités,
Whitesnake, fin 1981,
est en proie à des tensions
internes. Jugeant qu’il ne
voit pas la couleur de
l’argent, Moody s’en va,
suivi, courant 82, par
Marsden, Paice et Murray,
seul Jon Lord restant fidèle au beau David. A la mi-
1982, trois nouveaux musiciens intègrent le line-up :
Mel Galley (guitare/Trapeze), Cozy Powell (batterie/
Rainbow) et Colin Hodgkinson (basse/Alexis Korner).
Saints & Sinners étant quasi finalisé, c’est néanmoins
l’ancienne formation qui apparaît sur ce disque marquant
une volonté de s’en tenir aux basiques. Au menu, du
rock’n’roll simple et classique (« Bloody Luxury », « Love
An’ Affection » et « Rock An’ Roll Angels »), mais aussi
plus burné (« Young Blood », « Rough An’ Ready »,
un « Victim Of Love » doté de superbes chœurs et
d’un riff façon « The Wanton Song » de Led Zeppelin).
Citons également l’incursion en terres funk/pop
qu’est « Dancing Girls », sorte de Stevie Wonder sous
stéroïdes. Mais les hits sont à rechercher du côté de
« Crying In The Rain » et du single « Here I Go Again »,
ici proposés dans des versions bien plus bluesy que
les relectures de l’album éponyme qui, en 1987, va
propulser Whitesnake sur le toit du monde. Une sorte
de mix entre Ready an’Willing et Come an’ Get It.
DÉCONSEILLÉ
SLIP OF THE TONGUE
(Carrere, 1989)
Là, nous n’allons pas nous faire que des copains –
c’est aussi ce qui fait le charme cette rubrique –,
certains arguant que cet album a forcément des
qualités puisqu’il s’est hissé, à sa sortie en 1989, dans
les Top 10 anglais et américain. Nous leur rétorquerons
que si ce disque, en effet, n’est pas fondamentalement
mauvais et affiche même de nombreuses qualités,
il a néanmoins un défaut majeur qui le disqualifie
immédiatement à nos yeux : il ne s’agit pas d’un disque
de Whitesnake ! Car si David Coverdale et Adrian
Vandenberg en ont coécrit tous les titres (exception
faite d’un réenregistrement totalement inutile du
classique « For For Your Loving » initialement paru en…
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1980 !), ces derniers ont été
enregistrés sans Vandenberg,
mais avec le virtuose Steve
Vai. Un guitariste plus que
brillant qui a fait ses classes
chez Frank Zappa, Alcatrazz et David Lee Roth et n’a
plus rien à prouver, mais n’a pas le toucher bluesy de
ses prédécesseurs et transforme le Serpent Blanc en
combo de poseurs flashy qu’on croirait 100% américain
(« Slip Of The Tongue », « Kittens Got Claws », « Cheap
an’ Nasty », etc.). Bref, on ne reconnait plus notre
Whitesnake qui, désireux de rééditer l’exploit de 1987,
en fait ici des tonnes, au point de se mettre à dos
certains de ses plus grands fans. Un faux pas.
LE LIVE
LIVE… IN THE HEART OF THE CITY
(Underdog, 1980)
En 2019, les fans ont été ravis de découvrir, dans le
coffret « Ultimate Special Edition » de l’album Slide It In
(originellement paru en 1984), un CD retraçant le gig
donné à l’Apollo de Glasgow le 1er mars 1984 par le
line-up Coverdale/Sykes/Lord/Powell/Murray/Galley.
Un concert magnifique capté sur la tournée Slide It In.
Au risque de décevoir, nous ne surprendrons néanmoins
personne en choisissant
l’incontournable Live… In
The Heart Of The City de
1980, paru six mois à peine
après l’excellent Ready an’
Willing. Si ce double live a
été enregistré au mythique
Hammersmith Odeon de
Londres à différentes
périodes (les 23 et 24 juin
1980 pour ses deux
premières faces, le 23 novembre 1978 pour les deux
autres), il n’a qu’un seul défaut : celui de renfermer
deux versions de « Come On » quand une aurait
largement suffi et aurait gagné à être remplacée par
un autre titre. Pour le reste, il n’y a ici que du racé,
du sublime, une sorte de best of du « Whitesnake qu’on
préfère », le plus bluesy et groovy (« Ready an’ Willing »,
« Walking In The Shadow Of The Blues », « Ain’t Gonna
Cry No More »). Porté par un public en voix (« Ain’t No
Love In The Heart Of The City »), le meilleur line-up du
groupe (Coverdale/Moody/Marsden/Murray/Paice/Lord)
décoche aussi ses plus flèches rock les plus meurtrières
(« Come On », « Sweet Talker », « Love Hunter »).
Tout simplement irrésistible !
LA COMPILATION
30TH ANNIVERSARY COLLECTION
(EMI, 2008)
En 2003, Whitesnake publie le double CD The Silver
Anniversary Collection composé de 36 titres. Ce
florilège costaud est rangé dans les cartons cinq ans
plus tard, lorsque paraît un 30th Anniversary Collection
célébrant le… trentième anniversaire du groupe (si, si,
on vous jure !). Et pour cause, ce triple CD roboratif lui
est encore supérieur puisqu’il renferme pas moins de
52 morceaux (!). Tous les albums studio alors sortis, du
premier LP Trouble (1978) à Good To Be Bad (2008),
sont représentés pour un total de 39 titres, auxquels
on peut ajouter huit extraits « en concert » puisés dans
Live… In The Heart Of The City (1980), Starkers In
Tokyo (1998) et Live: In The Shadow Of The Blues
(2006). Comme si cela ne suffisait pas, trois morceaux
de Coverdale/Page (disque enregistré en compagnie de
l’ex-Zeppelin Jimmy Page en 1993) sont également au
rendez-vous, ainsi que deux du mésestimé album solo
Into The Light (2000). Ce raccourci, qui n’en est pas
vraiment un, est glissé dans un fourreau carton
agrémenté d’un livret
conséquent de plus de
40 pages avec historique,
photos, memorabilia et
discographie 45 Tours
illustrée. L’ensemble, pour peu qu’on sache chercher,
est trouvable pour moins de vingt euros. Une aubaine !
LE COFFRET
BOX ‘O’ SNAKES
(Sunburst/EMI, 2011)
Ces dernières années,
Whitesnake s’est lancé
dans un important travail
de restauration de sa
discographie. Depuis 2017,
il a ainsi publié pas moins
de quatre coffrets. Si l’un
d’entre eux, Unzipped :
Acoustic Adventures (2018), renferme uniquement de
l’unplugged studio et live enregistré entre 1997 et
2015, les trois autres sont consacrés à des albums :
1987 (30th Anniversary Edition/2017), Slip Of The
Tongue (30th Anniversary Remaster/2019) et Slide It In
(The Ultimate Special Edition/2019). Si l’un de ces
disques est votre préféré du groupe, c’est sur le coffret
qui lui est dédié qu’il faut jeter votre dévolu car vous
pourrez, via des démos, des clips, du live, etc., retracer
son histoire. Si, toutefois, vous cherchez un résumé
élégant de l’histoire du grand serpent blanc, préférez-
lui ce Box ‘O’ Snakes paru en 2011. Sous-titré « The
Sunburst Years 1978-1982 », ce coffret contient, en effet,
les cinq premiers albums du groupe, le Live… In The
Heart Of The City, mais aussi et surtout deux concerts
audio (Reading Festival 1979 & 80), l’EP 4 Titres
Snakebite (1978), un livre de 90 pages et, sonnette sur
le serpent, un DVD renfermant les clips parus entre 1978
et 82, des émissions télé (Old Grey Whistle Test 1978,
Top Of The Pops 1978 & 82) et un bootleg « officiel »
capté à Washington en 1980. De quoi s’occuper durant
les longs hivers… et le reste de l’année !
LE DVD
LIVE! AT CASTLE DONINGTON
(EMI/Picture Music, 1983)
Dans cette catégorie, nous
pourrions vous conseiller Live In ’84 :
Back To The Bone édité par
Frontiers en 2014 et qui renferme
neuf titres (ainsi qu’un solo de
batterie et de guitare) captés lors
de la tournée itinérante nippone
« Super Rock ’84 In Japan »,
dont certains titres étaient déjà
disponibles sur une VHS japonaise
parue en 1985, mais aussi la dernière apparition de Jon
Lord avec le groupe (quatre morceaux filmés par la TV
suédoise). Nous préférons toutefois jeter notre dévolu
sur Live! At Castle Donington qui présente dix extraits
du concert donné par Whitesnake le 20 août 1983 en
tête d’affiche des légendaires Monsters Of Rock anglais.
Le groupe était alors composé de Coverdale, du
bassiste Colin Hodgkinson et de Micky Moody, mais
aussi du batteur Cozy Powell, du claviériste Jon Lord
et du guitariste Mel Galley, hélas disparus depuis. Cet
hommage d’une heure environ, originellement sorti en
1983 aux formats VHS et Laserdisc, n’a hélas pas été
réédité depuis pour des raisons incompréhensibles.
Il est toutefois aisément dénichable sur divers bootlegs.
N’hésitez pas, en attendant que la police du bon goût
fasse enfin son travail en rééditant, pourquoi pas dans
sa totalité, ce concert frisant l’excellence (11 titres, un
medley et des soli de guitare, claviers et batterie). Vite ! Y
63

Textes et photos : Benji – Reportage réalisé du 08 au 12 février
2020 en mer des Caraïbes
A trois reprises (en 2016, 2017 et 2018), nous nous sommes fait
l’écho de cette incroyable croisière nommée 70.000 Tons Of Metal.
Quatre jours d’un festival hors du commun ayant lieu sur un
monstrueux paquebot voguant sur la mer des Caraïbes, avec, à son
bord, 3.000 métalleux chanceux assistant, pendant quatre jours,
aux prestations de 60 groupes de pur metal, allant du heavy au
black. Cette année, retour sur les berges du Port Everglades, à
Fort Lauderdale (USA), à quelques kilomètres de Miami, pour
embarquer sur le même paquebot, l’Independence Of The Seas.
Mais pour cinq jours, deux escales magiques à Belize et sur l’île de
Cozumel, et avec 47 groupes donnant chacun deux concerts d’une
heure (tout le monde étant ainsi logé à la même enseigne !) dans
des styles bien moins méchants que ceux au menu de la 70.000
Tons Of Metal. Car sur la Monsters Of Rock Cruise, dixième du
nom, le hard rock estampillé 80’s règne en maître ! Compte-rendu
de ce grand bond dans le passé, avec ses excellentes surprises, ses
confirmations et ses déceptions, souvent accompagnées de
quelques fou-rires…
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Winger
Heavens Edge
CHEVEUX METAAALLLL !
Ah, le hair metal ! Musicalement très proche en
bien des points du hard rock traditionnel, en plus
« abordable », moins rugueux et surtout bien
plus « looké » que son pendant européen, le hair
metal, dont l’immense majorité des groupes est
née aux USA, est ici représenté en force. Des
spécimens qu’on pensait pour certains, il nous
faut bien l’avouer, disparus de la circulation
depuis des années. Il n’en est rien, même si la
plupart de ces formations ne tournent plus en
Europe depuis une éternité, voire n’y ont jamais
mis les pieds durant leur carrière ! Revue
d’effectif des forces en présence, sachant que
nous avons raté (ou volontairement zappé pour
certains, soyons honnêtes !), dans un même
registre, Autograph, Bullet Boys, Enuff Z’Nuff,
Faster Pussycat et Steelheart.
Premier groupe majeur à se produire lors de la
première journée, Winger investit le très cossu Royal Theater, la
plus spacieuse des trois salles indoor du bateau, à 19h40 alors
qu’il devait débuter à 19h15. Censé enregistrer le show (sans plus
de précisions quant à son utilisation future), le quintet connaît,
durant les premières minutes, de gros problèmes de
son, notamment de micro, ce qui est évidemment Ile de Cozumel
Tyketto
très gênant pour le chanteur/bassiste/ leader Kip
Winger, qui garde malgré tout son sang-froid.
Heureusement, cela s’arrange assez vite, et dès lors
que la machine est lancée, quel plaisir de se
replonger dans sa chouette discographie qu’elle
brasse allègrement. Même si nous aurions adoré un
peu plus d’extraits de Pull (1993), il n’empêche
qu’entre « Down Incognito » et « Like A Ritual »,
issus de cet album, les tubes « Easy Come Easy
Go », « Can’t Get Enuff » et « Seventeen », ou
encore le plus récent « Deal With The Devil », Winger
a une fois de plus prouvé que cette association de
musiciens accomplis valait bien mieux que la mauvaise
réputation qui l’a accompagné à ses débuts. Keel,
une première fois séparé à l’aube des années 90 et
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revenu pour une très courte période en 1998, semble cette fois-ci Keel
définitivement relancé car de nouveau actif (au petit trot, certes…)
depuis 2009. Avec les 4/5èmes de leur formation originale, le
vocaliste Ron Keel et ses amis fêtent, sur la géniale Pool Stage (une
scène montée sur le pont supérieur du bateau, et donc en plein
air), les 35 ans de l’album The Right To Rock (1985). Sans pour
autant se focaliser sur ce disque dont ils n’interprètent que trois
extraits. Leur show couvre donc une bonne partie de leur catalogue
(« United Nations », « Tears Of Fire », « Speed Demon »), sans
oublier, pour notre plus grande joie, leur reprise du « Rock’n’Roll
Outlaw » de Rose Tattoo. Ron, définitivement le frontman du
groupe, s’en sort bien vocalement et fait preuve d’une belle
aisance scénique. Une première bonne surprise !
Le dimanche à 12h00, l’heure de la messe, nous allons découvrir
Heavens Edge au Royal Theater. Cette formation de Philadelphie
n’a guère fait illusion avec son album éponyme sorti en 1990 qui,
malgré d’évidentes qualités, n’a pas cassé la baraque. Quant à son
successeur sorti en 1998, il est passé totalement inaperçu… Cela
n’a pas empêché le quintet de se reformer avec son line-up
d’origine en 2013, année depuis laquelle il tourne de façon
sporadique. Profitons donc de cette dose de hard rock mélodique
de bonne facture, qu’un public de connaisseurs accueille avec une
certaine ferveur. Le seul semi-hit du combo, « Skin To Skin », fait le
job, tandis que Mark Evans fait chanter « Find Another Way » à des Stryper
fans qui saluent tout aussi bruyamment, à sa demande, la mémoire
de George Guidotti, bassiste original décédé le 18 août 2019 (et
remplacé depuis par Jason Gulino). Un bon moment. Tout de noir
et de jaune vêtus, les Stryper font un carton au Royal Theater.
Michael Sweet (guitare/chant), son frère Robert (batterie) et Oz Fox
(guitare), qui semble en très bonne forme malgré les graves
problèmes de santé rencontrés ces deux dernières années, et leur
nouveau bassiste Perry Richadson donnent un fort bon show,
alignant les classiques en priorité issus de leurs deux premiers
albums. « Soldiers Under Command », « Calling On You », la ballade
« Honestly » et l’hymne « To Hell With The Devil » rencontrent un
gros succès, boostés qu’ils sont par un Michael Sweet passionné et
dont l’interaction avec le public fait la différence. D’autant que le
gaillard ne donne jamais dans le « prêchi-prêcha » auquel on
pourrait pourtant s’attendre avec ce groupe qui symbolise le
mouvement « white metal » (même s’il tient à ne plus y être
associé). Solide ! Séparé en 1996, puis reformé en 2003, Kix nous
avait déjà atomisés en 2017 au Sweden Rock à l’occasion d’une de
ses très rares dates européennes, le quintet se cantonnant hélas
aux USA. Et franchement, quel dommage pour nous, car il s’agit
sans aucun doute d’un des meilleurs groupes du genre sur scène ! Il
faut dire qu’il possède, avec le flamboyant Steve Whiteman, un
frontman né, bon chanteur à la voix éraillée pratiquant par ailleurs
l’humour et le second degré à haute dose en faisant preuve d’une Kix
auto dérision hilarante. De plus, le hard rock du combo, aux saveurs
très AC/DC, et son duo de gratteux de choc (Bryan Forsythe et
Ronnie Younkins) ont tout pour vous faire taper du pied sans
discontinuer pendant une heure, sauf peut-être lors de la ballade
« Don’t Close Your Eyes », seul passage soft d’un show foutrement
enthousiasmant dont tous ceux postés devant la Pool Stage le
dimanche se souviendront longtemps !
1984, Jaime St. James et son énorme touffe de tifs, ça vous parle ?
Eh bien, en 2020, le chanteur de Black ’N Blue n’a pas changé, ou
presque ! Très actif entre 1984 et 88, le groupe, qui a compté en
ses rangs le guitariste actuel de Kiss Tommy Thayer, est de nouveau
sur le pont depuis 2011, même s’il est loin de se tuer la santé sur
les routes, se contentant de quelques dates par an. Ceci dit, même
si leur look « plus 80’s tu meurs » a de quoi faire sourire, Jaime et
ses compères se montrent assez convaincants au Studio B (l’autre
salle intérieure, très agréable), en axant bien évidemment leur set
sur les titres de leurs quatre premiers albums, occultant totalement
Hell Yeah! (2011). « Nasty Nasty », « Hold On To 18 », « Miss
Mystery » et le très heavy « Heat It Up! Burn It Out ! » nous
ramènent quatre décennies en arrière, avec un plaisir certain.
Bonne surprise, bien qu’il ne faille rien attendre de ce groupe en
Honeymoon Suite dilettante. Avec une carrière n’ayant jamais explosé en dehors de
son Canada natal au milieu des 80’s (malgré deux tournées
européennes en 1986 et 88 en première partie de Saga, puis de
Status Quo) et malgré une longue traversée du désert, Honeymoon
Suite n’a pourtant pas lâché l’affaire. Se présentant avec les
4/5èmes de sa formation originale, l’excellent chanteur Johnnie
Dee et le non moins brillant guitariste Derry Grehan se produisent
fort tard le lundi au Royal Theater (les horaires n’ayant une fois de
plus pas été respectés) devant des fans peu nombreux, mais
totalement dévoués à ce hard FM léché. Grehan, doté d’un son
absolument monstrueux lors de ses soli, nous en met plein la vue,
tandis que Dee se charge de cajoler le public de sa belle voix sur
« Burning In Love », « Stay In The Light », « Wave Babies », le
génial « Feel It Again », « New Girl Now » et la ballade « What
Does It Take ». Autant de tubes au Canada passés quasiment
inaperçus de ce côté-ci de l’Atlantique. Assurément, l’un des
meilleurs concerts de ces cinq jours. Mention « très honorable »
également à Tyketto, avec un Danny Vaughn au poil vocalement, Black ‘N Blue
65
 Firehouse Firehouse, très (trop ?) propre, Burning Rain, l’un des premiers
groupes du guitariste Doug Aldrich qu’il a récemment reformé
avec le chanteur Keith St John, ou encore à Vixen qui, s’il a
perdu sa chanteuse/guitariste originale Janet Gardner en 2019,
a « récupéré » une autre figure emblématique du hard rock US
version « supers nanas » en la personne de Lorraine Lewis (Femme
Fatale) qui s’en sort plutôt bien sur les hits extraits de Vixen (1988)
et Rev It Up (90).
VALEURS SuRES
Le dimanche, Y&T, sous le soleil qui inonde la Pool Stage, propose
une setlist variée, de « I’m Coming Home », « Hard Times » et
« Don’t Be Afraid Of The Dark » aux indéboulonnables « Mean
Streak », « Black Tiger », « Rescue Me » et « Forever ». Dave
Meniketti n’a rien perdu de ses qualités de chanteur, et ses soli
mélodieux restent de pures merveilles. De plus, son contact avec
le public, simple, parfois drôle et toujours chaleureux, fait qu’on
adhère encore plus à ce hard brillant et inaltérable. Toujours un
immense kif ! Tesla fait figure d’abonné à la croisière : il y joue en
effet pour la huitième fois en dix ans ! Saluons la diversité que les
Américains nous proposent d’un show à l’autre, en jouant seulement
trois titres sur les onze interprétés sur l’autre concert du Royal
Theater. Respect, car nous le constatons durant tout ce périple,
très peu font cet effort. Cerise sur la cymbale, Rick Allen, le batteur
de Def Leppard qui expose ses peintures dans l’une des salles du
bateau, vient rejoindre les deux soirs ses vieux copains sur quelques
titres, dont « Signs » et « Little Suzy ». Quels frissons ! En cette
année 2020, Krokus tire sa révérence (en principe, hein !) et pour
leur baroud d’honneur, les Suisses font plaisir à leurs fans en
proposant un best of efficace. Que ce soit au Royal Theater ou
sous les sunlights de la Pool Stage, Marc Storace, dont la voix
éraillée n’a que très peu subi les affres du temps, et ses collègues
font le show au son de classiques comme « Long Stick Goes Boom »,
« Eat The Rich », « Heatstrokes », « Headhunter » et « Easy Rocker ».
Une digne sortie pour ces vétérans du hard rock européen, merci
Messieurs ! L’Angleterre peut compter sur deux de ses plus
valeureux représentants présents sur le navire : The Quireboys, avec
un Spike en grande forme, qui fait rocker le Royal Theater au son de
« There She Goes Again », « Hey You » et « 7 O’Clock », ainsi que
Thunder, impeccable de bout en bout. Ce dernier peut compter sur
Danny Bowes pour motiver inlassablement le public de cette même
salle, deux soirs consécutifs, à se trémousser sur les entraînants
« River Of Pain », « Backstreet Symphony » et « Dirty Love ».
Burning Rain Des fans qui ont également droit à leur dose d’émotions avec
« Resurrection Day » (dédié au guitariste Ben Matthews, vainqueur
The Quireboys de son combat contre le cancer) et « Love Walked In », au sublime
solo signé Luke Morley. Néanmoins, sortons tout de même un
« carton jaune » à nos amis, incapables de changer un seul titre
d’un concert à l’autre. Dommage…
LES VRAIS MONSTRES
Ayant repris du service en 2018 après un hiatus de 28 ans, Heavy
Pettin se présente sur la scène du Studio B devant un public
restreint. Il n’y a plus, en ses rangs, que deux de ses membres
originaux, dont Hamie, son blond chanteur, qui a fort heureusement
gommé son « tic » vocal de l’époque (il s’échinait à finir ses phrases
par une montée dans les aigues aussi inutile qu’inaudible). Ça passe
donc pas mal côté chant, mais on reste tout de même sur sa faim,
la présence scénique du groupe s’avérant très moyenne et la
majorité de ses morceaux somme toute assez communs. Ce même
jour, arrivant avec plus d’une heure de retard sur la scène du Royal
Theater, Lynch Mob nous fait très vite regretter d’avoir veillé
jusqu’à 1h00 du matin pour assister à cette parodie de concert.
La version 2020 du groupe a pourtant de la gueule sur le papier :
avec George Lynch à la guitare, évidemment, mais aussi le chanteur
original Oni Logan et une section rythmique constituée de Brian
Tichy et Michael Devin (Whitesnake), ce line-up semble tout à fait
apte à rendre justice à l’album Wicked Sensation (1990), dont il fête
les trente ans en l’interprétant dans son intégralité. Mais Lynch,
semble-t-il agacé par des problèmes techniques, décide de ne pas
bouger du côté gauche de l’estrade de la batterie, où il se tient de
profil ! Résultat, une impression de « rien à foutre » insupportable,
qui génère même quelques tensions avec Tichy durant le concert.
Ajoutez à ça un Logan pas mauvais vocalement, mais trop emprunté
scéniquement… Allez, vite au lit ! Un invraisemblable quiproquo
avec le décalage horaire de Belize (le pays où nous faisons escale le
lundi 10 février) et « l’heure du bateau » (basée sur celle de Miami)
fait qu’Extreme, qui a aussi profité des charmes de Belize, revient
sur le paquebot à la bourre et débute son show avec une
quarantaine de minutes de retard au Royal Theater. La setlist est
intéressante car piochant dans ses quatre premiers albums,
notamment le plutôt rare « Little Girls » (Extreme/1989), mais hélas,
le quartet perd un temps précieux en changements d’instruments et
de dispositions scéniques : l’installation de matériel acoustique pour
« Hole Hearted », d’un mini kit de batterie à l’attention de Nuno
Bettencourt (guitare) avant « Play With Me » ou, plus tard, de sièges
Thunder pour « More Than Words ». Résultat, un concert haché et manquant
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Vixen Heavy Pettin de rythme. Un comble pour ces maîtres du groove qui remettent ça sur la Pool Stage
deux jours plus tard, sans réellement convaincre. Vite, un nouvel album pour rebooster
tout le monde ! On ne va pas se mentir : Slaughter, même à l’époque, ne nous a que très
moyennement séduits… Mais aujourd’hui, entendre Mark Slaughter, son hurleur (terme à
prendre au premier degré), massacrer « Immigrant Song » (Led Zeppelin) au milieu du public
du Studio B et être à peine capable de chanter ses propres morceaux (les légers « Up All
Night », « Spend My Life » et une interminable série de ballades) tient plus du supplice que
la notion qu’on a du « fun ». Une observation qu’on peut aussi appliquer à Kingdom Come,
récemment reformé suite à l’éviction de Scorpions du batteur James Kottak, pour de
récurrents problèmes de boisson. Depuis, excepté partir en sucettes sur les réseaux sociaux
en tenant des propos souvent nauséabonds, Kottak n’a pas fait grand-chose, si ce n’est
tenter de redonner vie à son premier groupe d’importance, mais sans Lenny Wolf, son
emblématique chanteur, ce qui a déjà beaucoup moins de saveur. Certes, Keith St John, qui
officie également avec Burning Rain, s’en sort honorablement sur les titres les plus bluesy
(« Pushin’ Hard », « What Love Can Be »), mais le show n’a aucun rythme, pollué par des soli
de basse et de batterie inintéressants au possible, et les discours sans queue ni tête de
Kottak « tête à claque ». Nous accueillons l’arrivée du tube zeppelien « Get It On » avec
bonheur, puisqu’il annonce la fin d’un concert sans saveur.
OVNIS
Le mardi, pour son deuxième concert du périple, King’s X se présente sur une Pool Stage Extreme
balayée par de belles rafales de vent… Jamais à leur place, que ce soit sur cette croisière
ou dans n’importe quel autre festival, car évoluant dans un univers si personnel qu’il en
devient parfois impénétrable, Doug Pinnick et ses deux acolytes ne jouent que devant un
public restreint et peu réceptif… Cette foutue réputation de « groupe culte » que le trio
se traîne depuis trop longtemps n’a jamais été aussi évidente que lors de cette soirée.
Dommage, d’autant que la prestation du trio s’avère toujours aussi stratosphérique et
spatiale. Quelle tristesse que de voir British Lion jouer, tant au Studio B qu’au Royal
Theater, devant un public minuscule uniquement composé, c’est une certitude, de fans
d’Iron Maiden venus soutenir le bassiste Steve Harris « pour la cause ». Mais soyons francs :
avec son hard rock qui tend aujourd’hui vers le heavy metal d’obédience européenne,
British Lion ne décolle jamais, de la même façon que sur album, et exactement pour les
mêmes raisons : un chanteur, Richard Taylor, à la voix honnête mais passe-partout et au
charisme inexistant. Et malgré tous les efforts d’une paire de guitaristes compétents
Y&T (Graham Leslie et David Hawkins) et d’un Harris A FOND malgré les circonstances (quelle
leçon d’humilité !), le temps semble bien long… Raven, inclus aux festivités en dernière
minute, donne une leçon d’athletic rock aux quelques initiés réunis le mardi, en petit
comité, au Studio B. De loin le groupe le plus metal de ce périple en mer, le trio des
frangins Gallagher n’a pas l’intention d’adoucir son propos pour s’attirer les faveurs des
passagers en spandex, comme en témoignent les missiles « Hard Ride », « Hell Patrol »,
« Fire Power » et « Don’t Need You Money ». John Gallagher (chant/basse) descend dans
le public pour le secouer durant « Rock Until You Drop », quant à son frère Mark, il couvre
(littéralement !) sa guitare de sang, s’étant ouvert un doigt à force de riffer comme un fou.
King’s X Increvables ! Mention « frappadingues » également décernée à D-A-D : les Danois, Raven
emmenés par un Stig Petersen vêtu d’un uniforme napoléonien et à la collection de basse
D.A.D aussi loufoque que poilante, mettent à genoux un Studio B fort bien rempli, et ce, à H.E.A.T.
quelques heures de la fin d’une croisière qu’ils font tanguer avec leur arsenal de hits
(« Sleeping My Day Away », « Bad Craziness », « Girl Nation »), ainsi qu’avec trois extraits
de l’excellent A Prayer For The Loud (2019). Un groupe à l’aise avec son passé, mais aussi
bien ancré dans le présent. Chouette !
Tesla CHAUD !
Nous l’avions déjà constaté à plusieurs reprises, sa prestation du mercredi soir sur la Pool
Stage nous le confirme : sur scène, H.E.A.T se pose comme l’une des plus excitantes
formations du moment. Même amputés de leur bassiste Jimmy Jay resté en Suède pour
accueillir son premier enfant, et remplacé au pied levé par Joel Alex (Shiraz Lane, jeune
formation finlandaise également à l’affiche), les Scandinaves mettent tout le monde
d’accord. En partie grâce au frontman Erik Grönwall, intenable, qui décide en plein milieu
du concert de se mettre « à l’aise » (en short de bain !) et de surfer sur le public avant
d’aller piquer une tête dans le jacuzzi situé à quelques mètres de la scène ! Au taquet,
il propulse de sa voix aussi puissante que mélodique des petites bombes comme « Breaking
The Silence », « Living On The Run » et « Dangerous Ground » du tout récent II (2020)
sous les yeux médusés d’un public en large majorité américain qui voit le groupe pour la
première fois. Et qui constate que l’avenir de leur style préféré se conjugue aujourd’hui
avec ce groupe européen. En tout cas, à l’image d’Erik, nous venons de passer une superbe
Monsters Of Rock Cruise. On remet ça en 2021 ?
British Lion
Krokus
Lynch Mob
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LEPROUS
– KLONE – MARATON
LE 25 FEVRIER A SAVIGNY-LE-TEMPLE (EMPREINTE)
Quelle belle affiche que voici pour les amateurs
de metal progressif (au sens large) racé que
Leprous
cette hydre à trois têtes posant ses flightcases cBelow
à l’Empreinte de Savigny-Le-Temple en ce froid cI Lose Hope
mardi soir ! Il faut dire que Leprous a toujours cStuck
eu beaucoup de goût pour choisir ses premières cThe Valley
parties, le faisant sur des critères uniquement cThe Flood
artistiques. Le 12 novembre dernier, au Cabaret cFrom The Flame
Sauvage de Paris, lors de la première partie de cObserve The Rain volée.
la tournée en promotion de leur excellent dernier cAlleviate
cMB. Indifferentia
album Pitfalls, les Norvégiens étaient accom-
cDistant Bells
pagnés de Port Noir et The Ocean (et par le Rappel :
passé, ils ont tourné avec des combos aussi cThe Price
talentueux qu’Agent Fresco ou 22…). Une cSlave
démarche qu’il faut saluer… Et ce soir, dans une cThe Sky Is Red
Empreinte qui affiche complet (soit 400 personnes
environ), ce sont leurs compatriotes de Maraton qui ouvrent
les hostilités. Œuvrant dans un style pas très éloigné de
celui de Leprous, même si un peu plus pop (on sent les
influences de groupes comme Muse, voire A-ha), le quintette
fait preuve d’un sacré enthousiasme et d’une envie d’aller
au contact. En particulier son chanteur, Fredrik Bergersen,
grand escogriffe en chaussettes qui se démène comme un
beau diable, nous gratifiant de belles parties vocales
et descendant chanter dans le public durant l’excellent
« Altered State », un titre hybride empruntant aussi bien
au djent qu’au metal mélancolique. Le gaillard déconne
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minutes allouées à Klone passent donc à vitesse grand V,
« Silver Gate » concluant ce set qui aurait peut-être été
plus percutant encore s’il avait inclus un moment plus
tranchant en termes de tempo.
Le groupe le plus attendu ce soir est évidemment Leprous
qui, malgré une musique pas toujours facile d’accès, semble
avoir trouvé son public en France. Il faut dire que le quintette
a une personnalité musicale très affirmée et qu’en dépit
de leur look de jeunes gens très propres sur eux et de leurs
excellentes manières, réelles (les membres du groupe font
toujours preuve d’une grande politesse et d’un respect
absolu envers toutes les personnes qui travaillent sur leurs
concerts), ses musiciens savent ce qu’ils veulent et se
dépensent sans compter sous la baguette du maestro
Einar Soldberg, chanteur et claviériste doté d’un sacré
charisme. Ce dernier est aussi le principal compositeur
du groupe avec le guitariste Tor Oddmund Suhrke. Leurs
influences très variées (rappelons une fois encore que
Leprous a longtemps été le groupe qui accompagnait sur
scène Ihsahn, le frontman d’Emperor, mais il est aussi fan
de Massive Attack, Radiohead, Porcupine Tree, The Mars
Volta et The Dillinger Escape Plan) conjuguées à leur
indéniable talent de musiciens leur permettent de proposer
une musique émotionnelle, puissante et mélodique.
L’orientation plus atmosphérique de leur dernier album en
date, Pitfalls (2019), en a dérouté certains, mais force est
de constater que le combo, accompagné sur cette tournée
par un violoncelliste très investi, n’a rien perdu de sa
puissance scénique. Il faut dire qu’avec un batteur aussi
phénoménal que Baard Kolstad derrière les fûts (depuis
2014), la rigueur et la créativité sont forcément de mise.
Le magnétisme d’Einar Solberg et ses incroyables montées
en voix de tête rendent les prestations scéniques du
combo toujours impressionnantes et immersives. On ne
peut ainsi qu’être happé par ses concerts. Einar, particu-
lièrement en forme ce soir, communique énormément avec
le public, se moquant très gentiment et avec beaucoup
d’humour de notre réponse « yeah ! » à la question « Comment
allez-vous ce soir ? ». Après avoir saisi le papier que lui
tend un fan du premier rang, il entame une impro avec Tor
sur l’une de ses toutes premières compos. Les Norvégiens
varient chaque soir leur setlist, pour le plaisir des fans qui
assistent à plusieurs concerts. La version de « From The
Flame » est absolument dantesque et dévastatrice, avant
un « Observe The Rain » uniquement interprété à la guitare
acoustique et aux claviers. Toute la magie de Leprous est
illustrée par cet enchaînement et cette capacité à passer
d’une ambiance à l’autre avec naturel et talent. Les musiciens
sont par ailleurs très polyvalents, le bassiste et les guitaristes
passant régulièrement aux claviers (« Alleviate »). Le public
est à fond et chante la mélodie vocale de « The Price »
(pour lequel Tor sort carrément la guitare 8 cordes !) avant
même qu’Einar ne l’entame. Quelle ambiance ! Le concert
s’achève sur le surpuissant « Slave » et le long et hypnotique
« The Sky Is Red ». Une fois de plus, Leprous a été imparable.
Ce groupe est vraiment grand…
STEPHANE AUZILLEAU
avec le public, mais ses camarades et lui ne
plaisantent en revanche pas avec la qualité
Klone Photos : Benji
d’exécution des morceaux de leur seul et cYonder
unique album, Meta, sorti fin 2018, ainsi cRocket Smoke
que le nouveau titre « Almost Human ». cBreach
L’ensemble étant parfaitement exécuté, le cSealed
public leur réserve un accueil très chaleureux cGrim Dance
à l’issue d’un « Spectral Friends » de haute cImmersion
cNebulous
Comme l’indiquera Yann Ligner (chant) cSilver Gate
pendant le concert, les Français de Klone
sont des familiers du lieu. Il n’empêche qu’ils ont
quand même envie d’en découdre et de promouvoir
leur excellent dernier album, Le Grand Voyage, plus
atmosphérique que jamais. Les projections d’images
en lien avec la pochette du disque renforcent le côté
hypnotique de leur musique. Après « Yonder », le groupe
balance un « Rocket Smoke » datant de 2012 qui s’avère
le plus ancien morceau de la setlist du soir soir, cette
dernière faisant naturellement la part belle au Grand
Voyage. On a parfois le sentiment d’assister au show d’une
version metal de Pink Floyd tant le travail sur les atmosphères
est important, même si les deux guitaristes, et notamment
Aldrick Guadagnino, ont le sens du riff metal. La voix
légèrement plaintive de Yann Ligner, qui fait parfois penser
à celle de Mike Tramp (ex-White Lion), contribue à nous
immerger dans l’univers des Poitevins. Les cinquante
TESTAMENT
Testament
cEerie Inhabitants
cThe New Order – EXODUS – DEATH ANGEL
cThe Haunting
cThe Persecuted
LE 29 FEVRIER 2020 A TOULOUSE (BIKINI)
Won't Forget
cThe Preacher d’Exodus. Un groupe tout heureux, Si Death Angel et Exodus ont bénéficié d’un bon son et de
cDark Roots Of après presque une décennie lumières correctes, il ne fait aucun doute, au regard de sa
Earth passée à tourner sans son emblé- production bien plus imposante, que la tête d’affiche de
cLast Stand For matique guitariste, de voir revenir cette tournée « fraternelle » est bien Testament. Avec un
Independence Gary Holt au bercail. Car si les immense backdrop (trois toiles de succéderont au fil de la
cThrone Of Thorns concerts du groupe donnés en soirée), une scène à deux niveaux (des marches sont posi-
cBrotherhood Of compagnie de Kragen Lum tionnées sur les deux côtés de l’imposante batterie de Gene
The Snake (Heathen) durant le long bail Hoglan), et un light-show superbe, l’aspect visuel est assez
cThe Pale King
d’Holt avec Slayer n’avaient rien splendide. Le concert l’est tout autant ! La tournée ayant
cFall Of Sipledome
de honteux, il ne fait aucun lieu un bon mois avant la sortie de son nouvel opus Titans
cNight Of The
Witch
doute que le retour du riff master Of Creation, Testament ne met pour l’instant pas l’accent
fait du bien à un quintet en sur cet album dont le public ne connaît à ce jour que le
cInto The Pit
cPractice What forme olympique, comme en premier single, « Night Of The Witch », interprété vers la
témoigne le jeu ultraviolent de fin du show. Le groupe en profite donc pour dépoussiérer
You Preach
cOver The Wall Tom Hunting. Quel batteur ! sa setlist, remettant au goût du jour des titres plus joués
cDisciples Of Débutant chaque concert de cette depuis une éternité, voire jamais ! C’est, par exemple, le cas
The Watch tournée européenne par une de « The Persecuted Won’t Forget », petite pépite de The
introduction « représentative » Formation Of Damnation (2008) plus entendue depuis 2012,
(hum !) du pays visité, c’est par cet immortel classique du monstrueux « Fall Of Slipedome » (The Gathering/1999)
de la chanson française « Ami, Lève Ton Verre » sur lequel Gene Hoglan démonte ses fûts tandis que Chuck
que les brutes montent sur scène, avant le coup Billy use de sa voix la plus death (à l’image de sa prestation
de boule « Body Harvest ». Avec un son incroya- sur l’album correspondant), et d’un « Last Stand For Inde-
blement puissant et une formation au taquet, pendence » qu’on découvre en live pour la première fois
Steve « Zetro » Souza n’a plus qu’à rajouter sa depuis son enregistrement sur Dark Roots Of Earth (2012).
dose d’agression vocale pour retourner un Bikini Aux côtés de ces raretés, les fans ont droit à plusieurs clas-
en mode circle-pit, pogo et slam dancing. Grosse siques, avec une nette préférence pour les morceaux issus
ambiance donc, Holt et son compère Lee Altus de The New Order (1988) et des nouveautés faisant déjà
s’échangeant les politesses au moment des divers office d’indispensables telles que « Dark Roots Of Earth »
soli agrémentant « Fabulous Disaster » ou un (au refrain imparable !) et « Brotherhood Of The Snake ».
En ce samedi 29 février d’année bissextile,
deux concerts se « tirent la bourre » à
Toulouse. D’un côté, un plateau extrême
relevé avec Napalm Death en tête d’affiche
au Metronum, pour une soirée fêtant les
dix ans d’activisme de l’association Noiser.
De l’autre, la grosse armada thrash américaine
tournant sous le nom de The Bay Strikes
Back au Bikini. Bonne nouvelle : les deux
salles affichant quasiment complet, personne
ne pâtit de cette concurrence, même si, à
n’en pas douter, nombreux sont ceux
qui regrettent ce malencontreux clash.
D’autant que, vu les événements des
semaines suivantes, les fans de la Ville Rose
n’auraient pas craché sur une deuxième
dose de violence sonore… C’est néanmoins
avec le sourire que nous rallions un Bikini
déjà fort bien rempli lorsque Death Angel
déboule sur scène à 18h50. Mettant à profit
les 45 minutes qui lui sont allouées, le
chanteur Mark Osegueda, incorrigible
bavard, laisse ce soir de côté ses longues
tirades, ne s’arrêtant que quelques secondes
pour remercier la foule de sa « passion
incroyable et de [son] inspiration ». Il faut
dire que le public entre immédiatement
dans la danse, sans round d’observation,
rendant hommage à cette formation tout
aussi méritante que ses deux collègues à
suivre. Death Angel propose une setlist
bien équilibrée, n’oubliant pas sa première
partie de carrière (quel plaisir de retrouver
« Voracious Soul », si longtemps mis de
côté !), même si nous aurions bien échangé,
histoire de varier les plaisirs, le trop entendu
« Seemingly Endless Time », extrait de
l’atypique Act III (1990, avec « Stop ».
« Humanicide », titre éponyme du nouvel
album, fait en revanche office d’excellente
ouverture des débats. « The Moth » (The Evil Divide/2016) « Blacklist » casse-béton. Et ce n’est pas le triptyque final Deux guitaristes en totale harmonie (Eric Peterson et Alex
est déjà un classique et « Thrown To The Wolves », introduit qui calme les ardeurs des fans, « Strike Of The Beast » étant Skolnick), un bassiste virtuose (Steve DiGiorgio), un chanteur
par les premières mesures de l’instrumental « The Ultra- notamment prétexte à un wall of death que le public, multi imposant et un batteur hors-catégorie, bref, voilà un groupe
Violence » (il va vraiment falloir qu’on ait une discussion générationnel, se fait un plaisir d’effectuer sous les regards complet dont on salue l’effort de renouvellement et dont
avec ces braves gens pour qu’ils se décident à le rejouer complices et satisfaits de Holt et Souza. C’est sous les notes on attend le retour pour la « vraie » tournée en support à
dans son intégralité) clôt dans un tourbillon cette entame apaisantes du « Exodus » de Bob Marley (sur bandes, bien Titans Of Creation. The Bay Area rules !
de soirée « top niveau ». sûr !) que la formation prend de longues minutes pour saluer BENJI
L’intensité monte tout de même d’un gros cran avec l’arrivée une salle conquise. Un retour « à la normale » sanglant ! Photos : Benji
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 THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA
Afin de célébrer le dixième anniversaire de We’re Here Because

ANATHEMA – RENDEZVOUS POINT – MASVIDAL

We’re Here (« Album 2010 » de notre rédaction, qui marquait
la fin d’un hiatus discographique de plus de sept ans),
Anathema a décidé de se lancer dans une petite tournée
LE 08 MARS 2020 A PARIS (TRIANON) européenne… Qui, sans surprise, sera interrompue le 11 mars
au bout de six dates. Pour une fois, les Rennais et Parisiens
ONE DESIRE
ont eu de la chance ! On se souvient encore du remarquable
concert « longue durée » donné par la formation le 10 octobre
LE 09 MARS 2020 A TOULOUSE
2010 à l’Elysée-Montmartre, lors duquel elle avait déjà (METRONUM)
interprété ce fameux opus en intégralité, en plus d’honorer
nombre de ses classiques (les magnifiques Alternative 4 et
Judgement de 1998 et 99 avaient été copieusement représentés
ce qui, hélas, s’est nettement raréfié depuis !). Il est 19h15
et le Trianon est déjà bien rempli lorsque Paul Masvidal (ex-
Death, Cynic) monte sur scène avec sa guitare. Puisant dans
sa récente discographie solo (la trilogie Mythical – Human –
Vessel), le maître du death metal technique assure ici une pop
atmosphérique délicate portée par un chant noyé dans la
réverbération. Recueilli, presque timide, Masvidal, après
avoir évoqué son amour de Paris (« Si quelqu’un voulait bien
m’héberger, je passerais volontiers un an ici ! »), conclut son
set sur une reprise de Cynic, « Wheels Within Wheels », qu’il
dédie naturellement à son vieil ami Sean Reinert, batteur
original du groupe décédé en janvier dernier. Un bel hommage,
émouvant et tout en retenue. RendezVous Point, « l’autre »
groupe du brillant batteur Baard Kolstad (Leprous, ex-Bork-
nagar), dispose d’un très bon son et se met rapidement le
public en poche grâce à son metal progressif enlevé, qui flirte
aussi bien avec le rock alternatif qu’avec la pop ou la fusion.
On déplore réellement que la prestation s’achève au bout de
vingt minutes (!) et après trois titres seulement, le frontman
Geirmund Hansen ne se lâchant vraiment que sur le dernier
morceau, le créatif et foisonnant « Mirrors ». Belle découverte
en ce qui nous concerne, et une performance applaudie avec
beaucoup d’enthousiasme.
Lorsqu’Anathema fait son entrée, plusieurs questions se
bousculent ; outre l’absence du claviériste et batteur John
Douglas (qui ne sera même pas mentionné durant la soirée),
on s’étonne de découvrir un visage inconnu à la basse (le
jeune Charlie Cawood, qui assure visiblement l’intérim) et…
un nouveau guitariste ? Non, il s’agit bien de Danny Cavanagh,
qui semble avoir encore pris du poids depuis le dernier
Motocultor. Passée une brève introduction, le groupe entre
dans le vif du sujet avec « Thin Air », ouverture dynamique
de We’re Here Because We’re Here. Passé quelques petites
approximations dans les harmonies vocales du soutenu
« Summernight Horizon », Vinnie Cavanagh se révèle en
bonne forme, la prestation étant en outre servie par un son
d’une grande clarté. Si les animations diffusées en arrière-
plan ne brillent pas particulièrement par leur richesse ou leur Décidément, The Night Flight Orchestra The Night Flight « Speed » Strid modulant des
intérêt, les fans ont tôt fait de rentrer dans l’ambiance et joue de malchance lorsqu’il s’agit de Orchestra parties vocales aussi sublimes
manifestent bruyamment leur enthousiasme. Et quand bien tourner en France ! Après décembre qu’étonnantes. Les années
même il fait plaisir d’entendre quelques titres devenus plus 2018 et des dates secouées par une cServants Of The Air passent, et pourtant, nous ne
rares, ce sont bien les classiques qui fonctionnent le mieux, à crise des gilets jaunes au pic de leur cGemini cessons d’être étonnés par
commencer par l’incroyable « A Simple Mistake » sur lequel contestation, le voici de nouveau sur les cDivinyls les capacités du frontman de
Danny fait participer l’assistance et le prenant « Universal », routes hexagonales alors que l’épidémie cLiving For The Soilwork dans ce registre
Nighttime
qui voit la foule sortir ses téléphones afin de recréer la de coronavirus s’intensifie et contraint le mélodique. Un grand chanteur,
cThis Boy's Last Summer
pochette du DVD du même nom. Le métalleux pur et dur qui gouvernement à ordonner – le jour du point ! Il est bien aidé dans sa
cIf Tonight Is Our Only
sommeille en nous ne peut s’empêcher de regretter un concert – l’annulation des manifestations Chance
tâche par ses deux choristes/
manque de puissance rythmique qui permettrait aux morceaux de plus de 1.000 personnes… Autant cSomething Mysterious hôtesses de l’air connues sous
d’exploser comme il se doit lors des moments forts, mais on dire que NFO a eu chaud puisque, cParalyzed le nom de The Airline Annas,
Anathema ne va tout de même pas se plaindre. Une fois l’album achevé, quelques jours plus tard, cette jauge cCan't Be That Bad aussi indispensables vocalement
Vinnie prend la parole (« Bonsoir Paris, je vous aime ! ») et maximum va être révisée à 100 personnes, cGolden Swansdown que visuellement (leurs petits
cThin Air
entame le second set sur « Can’t Let Go », l’un des extraits avant l’interdiction de tout rassemblement. cTransmissions ballets sont irrésistibles !). Et
cSummernight Horizon
cDreaming Light les plus rapides de The Optimist (2017). Nouvel indéboulonnable Est-ce ce début d’angoisse collective ou cTaurus puis, derrière, Sharlee D’Angelo
cEverything des concerts, « Distant Satellites » bénéficie d’une interpré- le fait que Toulouse ait vu défiler un cSatellite (basse) et David Andersson
cAngels Walk Among Us tation plus dynamique qu’en studio, la chanteuse Lee Douglas nombre impressionnant de concerts cThe Last Of The (guitare) assurent comme des
cPresence assurant le deuxième couplet en lieu et place de Vinnie qui depuis quelque mois, en tout cas, nous Independent Romantics bêtes sur les groovy « Living
cA Simple Mistake accompagne le batteur Daniel Cardoso aux percussions sur circulons à l’aise dans cette belle salle Rappel : For The Nighttime » et « Para-
cGet Off, Get Out un final entêtant et dynamique. Après avoir dédié le dépouillé qu’est le Metronum, où moins de 200 cStiletto lized », mais aussi sur le plus
cUniversal « A Natural Disaster » aux victimes du Bataclan, les deux personnes sont malgré tout bien décidées cMidnight Flyer émouvant « Something Myste-
cHindsight frangins dédicacent leur « plus grand hit » (dixit Danny) au à profiter à fond de leur soirée. Les cWest Ruth Ave rious » et la ballade « Golden
cCan't Let Go chat de Vinnie, qui fête son seizième anniversaire, semble-t- Finlandais de One Desire ouvrent les Swansdown », sur laquelle
cThe Lost Song, Part 3 il. « Untouchables », dont le public continue à chanter la débats avec leur hard très FM. A l’aube de la sortie du Speed porte une cape dorée
cSpringfield nouvel album Midnight Empire, le chanteur/guitariste de super-héros posée solennel-
mélodie principale bien après le concert achevé, vient donc
cCloser André Linman, s’il est encore hésitant dans sa posture (2020), sorti une semaine à peine avant ce concert. Il vaut lement sur ses épaules par les Airline Annas ! L’hymne
clôturer la célébration avant un extrait inédit du prochain album
cDistant Satellites scénique (« Dois-je headbanger comme un fou sur ces mieux l’avoir déjà écouté et digéré car pas moins de sept « Midnight Flyer » et « West Ruth Ave », durant lequel
cA Natural Disaster
(que Danny présente bien évidemment comme « meilleur que
tous les précédents ») espéré pour cette année, une reprise mélodies sucrées ou enchainer les poses convenues ? »), extraits sont au programme ! C’est clairement trop, d’autant Speed a du mal à lancer le « petit train » rituel des fins de
cUntouchable, Part 1 se montre plutôt doué vocalement, comme sur le titre qu’à notre humble avis, un « This Boy’s Last Summer » très concerts du NFO, concluent dans l’allégresse un show à
cUntouchable, Part 2 d’Hans Zimmer qui, sur cette première écoute, s’avère agréable
mais ne nous laisse pas sur un souvenir impérissable. Une fort « Hurt », le meilleur passage d’une prestation néanmoins dance et « Taurus » ne s’imposaient pas. En revanche, « If l’immense mérite : nous redonner la banane avant une
Rappel :
belle soirée qui aurait été encore meilleure si le groupe vite oubliée. Depuis 2017, à chaque nouvelle tournée, Tonight Is Our Only Chance », très ABBA dans l’âme, et période bien plus sombre…
cDay One
(Hans Zimmer) s’était souvenu que sa carrière avait démarré avant 2003… NFO s’applique à mettre en avant son nouvel album en plus encore le génial « Transmissions » s’avèrent d’ores BENJI
FRANÇOIS BLANC date. La priorité du soir est donc donnée à Aeromantic et déjà des incontournables du répertoire, Björn Photos : Benji
Photo : François Blanc
70 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208 71
 PRIX ABONNEMENT
EN BAISSE -10%
ABONNEMENT 1 an = 71,50 € ABONNEMENT 2 ans = 138 €
Petit à petit, les contours de Lindemann se dessinent. Au delà de

ABONNEMENT 1 an = 58 €
LINDEMANN – AESTHETIC PERFECTION – JADU
certaines redondances musicales, ce plaisir « en solitaire » donne

65 € 125 € Offre sans cd / sans dvd

au frontman de Rammstein un prétexte pour se lâcher encore plus.

ABONNEMENT 2 ans = 106 €

Si, c’est possible ! Fait rarissime, ce premier concert français du
LE 21 FÉVRIER 2020 À PARIS (OLYMPIA) groupe solo de Till Lindemann, qui, comme on le sait, est en réalité
un tandem avec le producteur/multi instrumentiste suédois Peter
11 numéros + 11 CDs 22 numéros + 22 CDs Tägtgren (Hypocrisy, Pain), est... interdit aux mineurs ! Passons
1 cd au choix 2 cds au choix rapidement sur les deux premières parties du soir qui, de toute
façon, sont priées de ne pas prendre racine (deux fois vingt minutes
et pas une de plus !). Les Allemands de Jadu interpellent plus
avec leurs uniformes pseudo-nazis et une mise en scène martiale
soignée qu’avec leurs compos « military dream pop » (dixit). La
provoc, inscrite dans la lignée d’un Rammstein, est bien maîtrisée,
mais les maigres aptitudes vocales de la chanteuse Jadula Laciny
transforment le bazooka en pétard mouillé. Quant à Aesthetic
Perfection, projet synthpop emmené par le chanteur Daniel
Graves, sa dubstep calme aux refrains dignes de David Guetta ne
soulève pas cet Olympia plein comme un œuf que les Américains
essayent vainement de transformer en gigantesque dancefloor.
Heureusement, le jeu visuel du batteur désarticulé Joe Letz (ex-
Combichrist, vu en tournée avec Rammstein) fait un peu passer la
pilule. Tiens, après un message, allègrement hué, annonçant qu’à
cause des règles de sécurité imposées par l’Olympia, le groupe
ne sera pas en mesure d’utiliser tous ses effets, il est tout de suite
question de pilules et autres gélules avec le morceau-titre de Skills

CD CD SEPULTURA CD TRUST CD + DVD

In Pills (2015), le premier opus de Lindemann. L’écran vraiment
géant qui occupe tout le fond de scène affiche en effet des images

OZZY OSBOURNE MASS HYSTERIA

interdites au moins de 18 ans montrant des gélules entrer et sortir
de différents orifices. Voilà qui tranche nettement avec la sobriété
Quadra Fils De Lutte de la scène et des musiciens, tous de blanc vêtus. Musiciens où
l’on retrouve l’intégralité de Pain : Sebastian Svalland à la guitare,
Ordinary Man Offert par NUCLEAR BLAST Offert par VERYCORDS Hellfest XXI VI MMXIX Jonathan Olsson à la basse et Sebastian Tägtgren à la batterie.
Offert par SONY MUSIC Mais chez Lindemann, l’excentricité n’est jamais loin, à l’image de
Offert par VERYCORDS
l’attitude exagérément maladroite d’un Peter Tägtgren à couettes
s’évertuant à se faire passer pour un azimuté du bocal. Ceux
qui connaissent le musicien de longue date ont de quoi être
Toutes ces offres sont valables dans la limite des stocks disponibles

décontenancés, même si, musicalement, les fans de Pain – et de

Rammstein ! – restent en terrain archi connu (« Ladyboy », petit
frère de « Shut Your Mouth » qui met en scène un « monsieur-
dame » en ombres chinoises...). Le visage et les cheveux poudrés
comme s’il avait plongé la tête dans le saladier de Pablo Escobar,
Till Lindemann est fidèle à lui-même (oui, il frappe du poing sur
ses cuisses et se cogne le crâne avec son micro), tout en s’affichant
plus difficile à contrôler qu’à un concert de Rammstein où tout est
millimétré, pyrotechnie oblige. Ici, les flammes ne sont pas de
mise, mais le frontman fait des étincelles en multipliant les poses
lascives et en maltraitant des roadies-ninjas (!) essuyant sans relâche
des planches détrempées et redressant des pieds de micro envoyés
valser et autres retours scéniques constamment déplacés. Visiblement
heureux de se retrouver au contact du public français dans ce qui

CD CD AIRBOURNE CD KORN CD KILLSWITCH ENGAGE

est son plus petit concert hexagonal depuis l’Elysée-Montmartre
de Rammstein de 2001, Herr Lindemann harangue cette foule de

BODY COUNT
pois sauteurs scandant ses « aïe aïe aïe ! » (« Frau & Mann »)
qu’il remercie bientôt en lui envoyant des tartes à la crème
Boneshaker The Nothing Atonement (« Allesfresser »). Sur l’écran, les vidéos explicites s’enchaînent
(combat de femmes nues bien en chair dans lequel le chanteur est
Carnivore Offert par SPINEFARM Offert par WARNER/ROADRUNNER Offert par SONY pris en sandwich sur « Fat », fellations sur « Knebel », rodéo à cru
Offert par CENTURY MEDIA – et à culs – sur « Cowboy », ondinisme sur « Golden Shower »,
etc.) et même si, au début, on rit de bon cœur de voir le groupe
aller aussi loin, tout ça reste quand même trop premier degré et,
Bulletin ou photocopie à retourner à ROCK HARD ABONNEMENT - Service Clients - 15 avenue du Rouergue 12350 Lanuéjouls - Tél.: 05 65 81 54 86 - contact@bopress.fr surtout, trop prévisible... Après un intermède confirmant que
Lindemann puise sa provoc dans une attaque frontale de #metoo
Headcharger
OUI, je m’abonne à Rock Hard pour 65,00 € pour 1 an (Union Européenne 100,00 € - DOM 85 € - TOM 115 €) Lindemann et du politiquement correct actuel (le chanteur, habillé, donne une
leçon d’allemand à une jeune femme entièrement nue qui a droit
Cd (dans l’ordre de préférence) : choix n°1 : choix n°2 : cSkills In Pills
à la fessée à chaque faux-pas de prononciation), Till et son camarade
cLadyboy

OUI, je m’abonne à Rock Hard pour 125 € pour 2 ans (Union Européenne 195 € - DOM 165 € - TOM 225 €) Peter surprennent le public en investissant une grande bulle de
RH208

cFat
cFrau & Mann
plastique éclairée aux néons multicolores. Placé au milieu d’une

Cds souhaités : cIch Weiß Es Nicht fosse en ébullition, le tandem (rejoint, sur certaines dates, par
deux femmes soumises, mais pas ce soir) y dégoupille le très réussi

OUI, je m’abonne à Rock Hard sans CD / sans DVD pour 58 € pour 1 an (Union Européenne 92 € - DOM 77 € - TOM 100 €) cAllesfresser
cKnebel
cHome Sweet Home
« Platz Eins », repris à gorges déployées dans cette ambiance de
feu. Grand moment ! Après « Praise Abort » et « Gummi », tous

OUI, je m’abonne à Rock Hard sans CD / sans DVD pour 106 € pour 2 ans (Union Européenne 174 € - DOM 149 € - TOM 195 €) cCowboy
cGolden Shower
deux ultra carrés, le rappel est lancé tambour battant avec un très
martial « Ach So Gern » (version Pain) illustré par une vidéo d’un
cBlut Till dansant le tango avec une femme inanimée… L’efficace « Steh
Nom :Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . cPlatz Eins Auf » nous donne droit à un sacré pogo et le fracassant « Fish On »
Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . cPraise Abort achève la soirée d’une drôle de façon, à l’aide d’une arbalète
cGummi lanceuse de poissons ! Au bout d’1h30 de show puisant, comme
Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél. (indispensable) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Rappel : prévu, uniquement dans les deux opus de Lindemann, la messe est
cAch So Gern dite. Comme aux concerts de Rammstein, le quintet revient saluer
Mon abonnement débutera avec le magazine n° : (version Pain) comme au théâtre ce public conquis par ce savant mélange de fun,

Cocher cette case s’il s’agit d’un réabonnement

je joins mon réglement par chèque à l’ordre de Grands Malades Editions cSteh Auf de transgression(s) et de metal martial accrocheur. Vite, la suite !
cFish On
MORGAN RIVALIN

je règle par carte bancaire N° de carte : cryptogramme : Photo : Matthis Van Der Meulen
Date de fin de validité : / Signature indispensable :
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 PLAYLISTS
CHARLELIE ARNAUD
1. DOOL – Summerland
2. AINSOPH – Ω-V
3. BENIGHTED – Obscene Repressed
4. ABDUCTION – Jehanne
5. LAG I RUN – Vagrant Sleepers
STEPHANE AUZILLEAU
1. LAG I RUN – Vagrant Sleepers
2. DIZZY MIZZ LIZZY – Alter Echo
3. DIRTY SHIRLEY – Dirty Shirley
4. MARILLION – En.El.Marquee
5. LEPROUS – Tall Poppy Syndrome
BENJI
1. TESTAMENT – Titans Of Creation
2. KING WITCH – Body Of Light
3. PENDRAGON – Love Over Fear
4. ROSE TATTOO – Outlaws
5. DIO – Magica (réédition 2020)
FRANCOIS BLANC
1. KATATONIA – City Burials
2. BÜTCHER – 666 Goats Carry My Chariot
3. ORANSSI PAZUZU – Mestarin Kynsi
4. THYRFING – Valdr Galga
5. SENTENCED – The Cold White Light
DJUL
1. AZUSA – Loop Of Yesterdays
2. HEXVESSEL – Kindred
3. WHITE STONES – Kuarahy
4. DIVINYLS – Desperate
5. GREEN CARNATION – Leaves Of Yesteryear
(advance CD)
GUILLAUME FLEURY
1. DOOL – Summerland
2. NIGHTWISH – Human : ll : Nature
3. ORANSSI PAZUZU – Mestarin Kynsi
4. CORPO MENTE – Corpo Mente
5. SUZY DELAIR – Avec Son Tra La La
VANESSA GIRTH
1. DOOL – Summerland
2. KATATONIA – City Burials
3. PARADISE LOST – Obsidian (advance CD)
4. ROSE TATTOO – Outlaws
5. TESTAMENT – Titans Of Creation
EMMANUEL HENNEQUIN
1. ULCERATE – Stare Into Death And Be Still
2. PARADISE LOST – Obsidian (advance CD)
3. KATATONIA – City Burials
4. LOUISE PATRICIA CRANE – Deep Blue
5. THERAPY? – Greatest Hits (2020 Versions)
PHILIPPE LAGEAT
1. DOOL – Summerland
2. DELIVERANCE – Holocaust 26: 1-46
3. DEF LEPPARD – The Early Years 79-81
4. REGARDE LES HOMMES TOMBER –
Ascension
5. PARADISE LOST (advance CD)
MORGAN RIVALIN
1. TRIVIUM – What The Dead Men Say
2. TESTAMENT – Titans Of Creation
3. CHRONUS – Idols
4. FIVE FINGER DEATH PUNCH – F8
5. THE WOLF YOU FEED – ...And The Wild
Returns
74
ABDUCTION
Jehanne
(Finisterian Dead End/Season Of Mist)
Black metal progressif
Sortie : 29.04.2020
Pour son troisième effort, Abduction
se plie à l’exercice difficile du
concept-album. En passionnés
d’Histoire qu’ils sont, les corbins
retracent ici l’épopée de Jeanne d’Arc
et de ses faits d’armes. Bonne pioche,
puisque le black metal épique et tout
en relief du quartette colle à mer-
veille à la narration d’épisodes guer-
riers. Musicalement, le combo pour-
suit le travail initié avec A L’Heure Du
Crépuscule (2018) sans changement
majeur. Les longues pièces à tiroirs
sont toujours au rendez-vous, par-
faites dans leur support à cette
fresque historique. C’est au niveau du
son que l’évolution est la plus mar-
quante : le grand gagnant de cette
amélioration est sans conteste le bat-
teur Morgan Velly qui, pour la pre-
mière fois depuis les débuts du
groupe, bénéficie enfin d’un son à la
hauteur de son jeu plus fin que la
moyenne. Mieux produit que ses
deux prédécesseurs, Jehanne permet
à Abduction de fonctionner à plein
régime (difficile en effet d’être gran-
diloquent lorsque le son ne suit pas).
Au chant, François Blanc donne corps
à une prestation étonnante en alter-
nant chant black hargneux et chant
clair délicat aux intonations presque
juvéniles. Un sacré grand écart qui
gagnerait à être un peu moins systé-
matique, même s’il donne lieu à de
très belles choses comme sur le très
abouti « Dieu En Soit Garde ». A la
guitare (et à la composition), l’ami
Guillaume Fleury a fait là un sacré tra-
vail : tout au plus aurions-nous bien
repris une ou deux respirations acous-
tiques supplémentaires comme celle
qui initie « Foi En Ses Murs Jusqu’Aux
Rats » et qui, au milieu de ce tour-
billon d’informations, fait figure de
parenthèse salvatrice. Soulignons éga-
lement le solide travail d’écriture de
Mathieu Taverne (basse). Ses textes
toujours très poétiques prouvent, si
besoin était, qu’il est possible, avec
un peu d’ambition, de mêler au black
metal bien d’autres choses que les
« sataneries » de base. Jehanne était
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1 - 3 = naze / 4 - 6 = moyen / 7 - 8 = bon / 9 - 10 = génial !
un pari audacieux : Abduction a su le
remporter haut la main. Nul doute
que le groupe a désormais les reins
suffisamment solides pour relever
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . .8
d’autres défis.
AD INFINITUM
Chapter I: Monarchy
(Napalm Records/Season Of Mist)
Metal symphonique
Sortie : déjà disponible
Après avoir fait ses classes chez
Evenmore et s’être illustrée au sein
de Rage Of Light (dont la reprise du
« Twilight Of The Thunder God »
d’Amon Amarth a dépassé 1,7 million
MON ALBUM DU MOIS par DJUL
AZUSA
Loop Of Yesterdays
(Indie Records/Season Of Mist)
Metal barré et progressif
Sortie : 10.04.2020
Trois coups de grosse caisse en
ouverture du rageur « Memories Of
An Old Emotion », et c’est reparti
pour un tour ! Azusa fut la « décou-
verte » de l’année 2018 » de votre
serviteur avec son introductif Heavy
Yoke et, sans surprise, avec une for-
mule aussi singulière que la sienne,
continue de tracer sa route au son de
Loop Of Yesterdays. Petit rappel sur
la singularité en question, si on peut
ne serait-ce que tenter de la décrire
correctement : Extol meets Cocteau
Twins ? The Dillinger Escape Plan
meets Mister Bungle avec une chan-
teuse au micro ? Un peu de tout cela,
étant noté qu’Azusa réunit Christer
Espevoll (guitare) et David Husvik
(batterie) du premier groupe nommé
et Liam Wilson (basse) du troisième.
Au chant, l’étonnante Eleni
Zafiriadou (Sea + Air) s’impose
comme l’une des très grandes figures
de proue du chant féminin extrême.
La musique du quatuor n’est qu’oscil-
lations permanentes, juxtapositions
mêmes : les instruments jouent rare-
ment le même tempo (« Golden
Words »), les arpèges en sons clairs
se superposent souvent à la double
de vues sur YouTube), la jeune chan-
teuse suisse Melissa Bonny (née en
1993) a décidé de démarrer un projet
bien à elle, Ad Infinitum. Forte de son
expérience de choriste pour Serenity,
la vocaliste inscrit sa propre musique
dans le sillage de celle de ses cama-
rades autrichiens : un power metal
symphonique très orchestré, aux
textes basés sur l’Histoire euro-
péenne. Ce premier opus évoque
notamment la cour de Louis XIV (dont
le règne s’est étendu de 1643 à
1715), et plus particulièrement « ceux
qui se battaient pour s’approcher du
roi et ceux qui souffraient et contes-
taient l’autorité du monarque ». Tout
un programme ! Derrière ce décor
grosse caisse (« Seven Demons
Mary »), et la chanteuse caresse puis
frappe l’auditeur d’une seconde à
l’autre. On peut prendre comme
exemple « One Too Many Times »,
qui joue avec les codes, démarrant
en fade in à la Coroner avant de
prendre des détours donnant
presque dans le rock indépendant,
ou encore le second single,
« Detach », empruntant au thrash ses
riffs telluriques et à Testament son
guitariste Alex Skolnick le temps d’un
dantesque solo, non sans proposer
quelques détours vers des contrées
plus progressives, voire jazzy.
Instrumentalement et vocalement,
« Skull Chamber » se veut aussi aride
et strident qu’un Slayer, mais peut
basculer à tout moment dans un psy-
chédélisme aussi surréaliste qu’une
peinture de Salvador Dali. Seul le
morceau-titre laisse un peu de répit
(et la place à un violon en fond
sonore), à l’image du sublime « Fine
Lines » sur son prédécesseur. Sur ces
36 minutes de haute volée, la tech-
nique des musiciens épate, certes,
mais pas autant que la performance
schizophrène de leur chanteuse, pen-
dant féminin d’un Mike Patton (Faith
No More, Mister Bungle) auquel on
aurait donné la sensibilité d’un Chino
Moreno (Deftones). On l’avait déjà
dit, il ne faut pas beaucoup plus sur
la durée d’un album pour ne plus
pouvoir tenir le coup, tant les
contrastes sont extrêmes et, encore
une fois, Azusa sait faire juste ce qu’il
faut pour ne pas lasser. Notre seul
regret est une production un poil
compressée quand le ton se durcit le
plus, mais le reste de la trame est
très lisible. Heureusement, cet album
s’apparentant à un mille-feuille musi-
cal ! Une petite « douceur » qui vous
enverra donc dans un monde paral-
lèle qui secoue comme rarement
DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
dans l’intensité et les clairs obscurs…
quelque peu grandiloquent se cache
en réalité un metal symphonique fort
classique, quoique parfaitement exé-
cuté. On pourrait même penser, après
écoutes attentives de ce premier
opus, que si Ad Infinitum joue bien
ses cartes, il a toutes les chances de
dépasser ses petits camarades de
Krypteria ou de Diabulus In Musica,
par exemple. Sans surprise, le propos
repose beaucoup sur la voix de l’insti-
gatrice du projet, claire et bien
posée, qui évite l’esbroufe et l’opéra-
MON AUTRE ALBUM DU MOIS
par CHARLELIE ARNAUD
BENIGHTED
Obscene Repressed
(Season Of Mist)
Brutal death metal
Sortie : 10.04.2020
Il est tout de même très loin, le
temps où Benighted était « juste un
autre groupe de death metal
français ». Les ex-Stéphanois (il n’en
reste plus guère) forment aujourd’hui
LE groupe de metal extrême trico-
lore et Obscene Repressed n’est rien
moins que leur neuvième album stu-
dio. Depuis Carnivore Sublime
(2014), la tendance affichée par
Benighted allait dans le sens de la
surenchère. Plutôt que de céder à
l’appel du « toujours plus brutal » qui
n’aurait pu mener qu’à l’auto-paro-
die, Obscene Repressed fait le choix
de présenter une autre forme d’in-
tensité. Ainsi, Emmanuel Dalle (gui-
tare) qui a présidé à l’écriture des
titres a préféré diversifier les types
Ce magazine est distribué gratuitement • Soutenez-nous sur www.leetchi.com/c/rockhard208
tique et se permet plutôt quelques
petites incursions dans un registre
extrême (« Marching On Versailles »,
« Revenge »). Musicalement, on
songe parfois à Delain (les mélodies
vocales de « Revenge »), Epica,
Serenity et Kamelot (influence fla-
grante sur « I Am The Storm ») sans
qu’aucune référence ne prenne trop
longtemps le pas sur les autres.
Traditionnel dans le fond comme dans
la forme, quoique bien ancré dans
son époque (les saccades bien senties
de « Maleficient »), produit à la per-
fection par l’incontournable Jacob
Hansen (Volbeat, Epica, Amaranthe),
cet album contient quelques mélodies
très accrocheuses (« See You In Hell »,
« Tell Me Why ») et a le mérite de
varier les plaisirs sans s’éterniser
(moins de 45 minutes au compteur,
juste ce qu’il faut). Pas le disque de
l’année, rien d’impérissable, mais un
bon petit recueil apte à satisfaire tous
les fans de metal symphonique à
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .7
chant féminin.
d’attaque et a rudement bien fait.
L’apport notable d’influences hard-
core permet à Benighted de distiller
une agression parfois moins jusqu’au-
boutiste, mais tout aussi efficace,
comme sur ce « Implore The
Negative » qui voit Jamey Jasta
(Hatebreed) se joindre à la teuf.
Entendons-nous bien : le combo ne
s’est aucunement adouci. Une seule
écoute du morceau-titre qui ouvre le
carnage aura tôt fait de vous rassu-
rer. Julien Truchan (chant) « gruike »
toujours à qui mieux-mieux, et si
vous privilégiez l’achat de la version
box, il viendra même le faire dans
votre salon puisque le digipak qui y
est inclus « gruike » lorsqu’on
l’ouvre ! Un gadget prodigieusement
hilarant et totalement inutile, donc
absolument indispensable. Comme le
chanteur nous le confirme dans l’in-
terview de ce mois, il ne fait aucun
doute que Benighted tient
aujourd’hui le line-up qui le rend inat-
taquable. Tous sont à citer, mais ana-
lysez brièvement les parties de batte-
rie de Kevin Paradis, histoire de cho-
per le tournis (la double sur l’écra-
sante intro de « The Starving Beast »,
entre autres). On frôle le surhumain !
22 ans après avoir poussé son pre-
mier cri, Benighted poursuit, avec
Obscene Repressed, son parcours
sans faute et continue de mettre la
barre toujours un peu plus haut. On
voit difficilement ce qui pourrait frei-
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . .8,5
ner cette belle ascension.
ALLEN/OLZON
Worlds Apart
(Frontiers/Harmonia Mundi)
Power metal symphonique
Sortie : déjà disponible
Il est des albums que nous n’avons
même pas besoin d’écouter pour
avoir l’impression de les connaître.
Peut-être vous souvenez vous, amis
lecteurs, d’Allen/Lande, ce projet qui
associait les chanteurs Russell Allen
(Symphony X, Adrenaline Mob) et
Jorn Lande (ex-Ark, ex-Masterplan) ?
Son principe était simple : réunir deux
grandes voix sur un album commandé
par le label italien Frontiers Records
au compositeur suédois Magnus
Karlsson (Primal Fear). Pas besoin,
pour les chanteurs, de se rencontrer
ou de développer une quelconque
forme de complicité : le multi-instru-
mentiste prépare tout chez lui, fait
jouer la batterie par un musicien de
sessions et se contente de répartir
équitablement les lignes de chant
entre ses interprètes de luxe. Et
même si ceux-ci donnent leurs noms
au projet, ils n’ont bien évidement
aucun droit de regard sur la pochette,
les paroles, les mélodies vocales, l’or-
dre des chansons… Rien de ce qui
touche à la dimension artistique, en
somme. Classe ! Après avoir publié
deux albums associant Michael Kiske
(Helloween) à Amanda Somerville
(Aina), Frontiers a une nouvelle fois
réclamé au stakhanoviste suédois un
nouveau recueil de compositions afin
d’associer, cette fois, le ténor améri-
cain Russell Allen à l’ex-Nightwish
Anette Olzon. Des « mondes
éloignés », comme le clame justement
le titre de l’album ! Bien sûr, si l’on
fait fi du côté calculé de la démarche,
aux antipodes de celle des jeunes
groupes qui répètent inlassablement
dans le garage de leurs parents et
écument scènes et tremplins dans
l’espoir de percer un jour, on ne peut
nier la qualité du produit, parfaite-
ment chromé. Karlsson connaît son
affaire, et même si Olzon a toujours
du mal à durcir le ton (« Worlds
Apart », « What If I Live »), les deux
vocalistes ne sont pas les premiers
venus. Rien de novateur ou de surpre-
nant sur ce Worlds Apart qui alterne
ou juxtapose chant masculin et fémi-
nin, mais un étalage plutôt probant
d’un réel savoir-faire en matière de
déroulage de power metal. Le propos
se muscle de temps à autre, surtout
pour accompagner le puissant Russell
(« Lost Soul », « Never Die »), ou
prend des accents FM pour faire la
part belle aux lignes d’Anette (« My
Enemy », la semi-ballade « Cold
Inside », plutôt accrocheuse). Le tout
n’est pas mauvais, bien sûr, mais en
dépit des efforts réalisés, l’album ne
sort jamais de son statut d’exercice
de style. Un bel effort et un travail
sérieux, mais qui manque cruellement
d’âme et ne s’adresse donc réelle-
ment qu’aux adorateurs des deux
chanteurs précités. Les autres peu-
vent passer leur chemin, ils ne ratent
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .6
rien de remarquable !
AUGUST BURNS RED
Guardians
(Fearless/Spinefarm/Universal)
Metalcore
Sortie : déjà disponible
Avec pas moins de neuf albums stu-
dio publiés en quinze ans, August
Burns Red est une machine bien hui-
lée au service du metalcore. D’aucuns
parleraient même de gardiens du
temple à propos des cinq camarades
originaires de Pennsylvanie qui vien-
nent de sortir Guardians, nouvelle col-
lection de secousses calibrées pour
affoler les moshpits. Car August Burns
Red, ou plutôt ABR, c’est l’une des
plus belles, sinon la plus belle collec-
tion de breakdowns, ces ruptures bru-
tales de rythmes qui affolent les
zazous de la fosse. On le voit chaque
année au Hellfest, le breakdown est
l’ami du festivalier venu avant tout
pour communier en entrant en
contact avec ses voisins. Bonne nou-
velle, ABR y est une nouvelle fois pro-
grammé cette année, le 21 juin.
Gageons que, comme sur Guardians,
la double ration de vocaux sortis des
gosiers de l’impressionnant frontman
Jake Luhrs et de son camarade bas-
siste/choriste Dustin Davidson
(« Bones ») marchera à plein régime,
mais aussi que les belles mélodies
chères au cœur des musiciens améri-
cains vont atteindre leur cible (impa-
rable « Lighthouse », entre autres).
75

Hé oui, on peut aimer les breakdowns
qui fracassent et peaufiner délicate-
ment des arrangements vocaux ultra
chiadés. N’oublions également pas le
joli bagage technique de ce quintet
pas si éloigné d’un Soilwork (« Empty
Heaven »), sorte de pont entre le
metalcore typiquement US et le melo-
death qui fait la fierté de la Suède.
Quiconque est déjà familier avec ABR
ne sera pas surpris outre mesure par
Guardians, nouvel exemple de la
constance musicale du groupe… mais
gageons que ce qui, pour nous, est
un petit défaut est une grande qua-
lité pour les fans de ce combo au ser-
vice de « la cause ». Tout ça pour dire
que le jardinier du Hellfest serait bien
inspiré d’aller dire adieu à son
superbe gazon juste avant le début
du set de ces sauvageons déguisés en
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . .7,5
gendres idéaux.
CHRONUS
Idols
(Listenable/PIAS)
Hard rock
Sortie : 24.04.2020
La valeur n’attend pas le nombre des
années. Les membres de Chronus ont
beau être des « jeunots », ils savent
s’y prendre pour écrire des refrains
catchy et des tubes radiophoniques
en diable. Quand bien même The
Baron (guitare et chant) est prompt à
une certaine fanfaronnade (Cf. notre
interview en ces pages), force est de
reconnaître que le gazier a pas mal
de talent. Son timbre, pas très éloi-
gné de celui d’Ozzy jeune, colle à
merveille avec ce hard rock simple et
direct qui fait forte impression sur
certains titres immédiats : « Heavy Is
The Crown », « My Heart Is Longing
For You », « Ghosts » ou encore le
morceau-titre sont autant de singles
évidents qui rentrent dans le crâne
pour ne plus en sortir. Mais malheu-
reusement, Chronus se permet parfois
d’aller renifler dans la gamelle du voi-
sin. Ainsi, « Mountains Of Madness »
et « Shepherd » sonnent tellement
comme du Volbeat que c’en est
presque embarrassant, et le riff d’in-
tro de « Black Water » semble tout
droit échappé du premier album de
76
Ghost (peut-être Simon « Alpha »
Söderberg, ex-guitariste de Ghost qui
a produit l’album, en a-t-il fait cadeau
à ses poulains ?). Avoir des influences
est bien naturel, mais les digérer suf-
fisamment est obligatoire pour ne
pas éveiller les soupçons. Gageons
qu’il ne s’agit là que d’une erreur de
jeunesse et laissons à Chronus le
bénéfice du doute. Une chose est
sûre : avec comme parrain Dirk
Verbeuren (Megadeth), et en ayant
de toute évidence séduit de nom-
breux pros (David Ellefson, Mario
Duplantier ou encore Björn « Speed »
Strid sont très élogieux à son égard),
le quartette suédois n’a probable-
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . . .7
ment pas fini de faire parler de lui.
DIRTY SHIRLEY
Dirty Shirley
(Frontiers/Harmonia Mundi)
Hard rock
Sortie : déjà disponible
Sous ce nom se cache l’association
entre George Lynch (Dokken, KXM),
musculeux guitariste (au propre
comme au figuré), et Dino Jelusik,
incroyable chanteur croate qui nous
avait scotchés sur le premier album
du groupe Animal Drive, Bite !
(2018). Après avoir remporté le
Concours de l’Eurovision junior en
2003, à l’âge de onze ans, ce garçon
à la culture metal avait tapé dans
l’oreille de Paul O’Neill, qui l’a
recruté pour les tournées du Trans-
Siberian Orchestra en 2016 et 2017.
C’est donc aujourd’hui l’infatigable
George Lynch qui se l’accapare pour
cet album éponyme de Dirty Shirley.
Pour faire simple, Dino Jelusik est le
nouveau Jorn Lande : il possède la
même puissance extraordinaire que le
Norvégien et un timbre très proche
(sur « I Disappear », on croit entendre
Jorn !), croisement entre ceux de
Ronnie James Dio et David Coverdale.
Jusqu’ici sans réelle concurrence, Jorn
a désormais du souci à se faire avec
l’arrivée de Dino sur le circuit. Et l’as-
sociation de ces deux musiciens très
doués donne ici un résultat enthou-
siasmant. « Here Comes The King »,
qui ouvre les hostilités, s’inscrivant
dans un esprit Dio très affirmé, on
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MON AUTRE ALBUM DU MOIS
par PHILIPPE LAGEAT
DELIVERANCE
Holocaust 26: 1-46
(Deadlight Entertainment/Season Of Mist)
Black metal/sludge/post metal
Sortie : déjà disponible
Très en vue en ce moment, Etienne
Sarthou est, en ce mois de mars
2020, au four et au moulin. Le mou-
lin, c’est Karras, projet qui le voit, en
compagnie du guitariste Yann (gui-
tare/Mass Hysteria) et de Diego
Janson (chant, basse/ex-Sickbag),
éparpiller « façon puzzle » des fulgu-
rances death/grindcore dépassant à
peine les deux minutes. Le four, c’est
son autre groupe, Deliverance, qui
publie aujourd’hui son deuxième
album après CHRST (2017) et l’EP
Doomsday, Please (2013). C’est dés-
ormais au sein d’un line-up stabilisé
que le chanteur Pierre Duneau
(chant/ex-Memories Of A Dead Man),
Sacha Février (basse) et Fred Quota
(batterie) évoluent aux côtés de l’ex-
batteur d’AqME, ici à la guitare et
aux manettes (Cf. interview dans ce
numéro). Et ce n’est rien de dire que
cet Holocaust 26: 1-46 voit la forma-
tion faire un bond quantique. Au
niveau de la production, déjà, ce
nouvel opus est doté d’un son
impressionnant d’emphase, de clarté
et de puissance, amoureusement
concocté par Etienne dans son stu-
dio, le Hemlig. « Saturnine », qui
ouvre le disque, en est une sorte de
résumé. Ce morceau à tiroirs de 7’40
(la durée moyenne des six titres) ren-
ferme en effet un riff lancinant que
ne renierait pas My Dying Bride, en
sent qu’on va se régaler avec du hard
rock traditionnel somptueusement
exécuté. Les compos sont vraiment
chouettes et pas répétitives, le combo
explorant parfois des registres plus
pop (tout est relatif, évidemment) ou
blues (« Dirty Blues »), voire soul
(« The Voice Of Soul » : nos amis sont
suffisamment sympas pour nous don-
ner le genre du morceau à travers son
titre…) pour finir même dans un esprit
zeppelinien (« Grand Master » rappe-
lant la période la plus pastorale de
Page et consorts). Poussé dans ses
plus musculeux et plus pachyder-
mique, un chant d’écorché vif (c’est à
une véritable performance que nous
convie Pierre Duneau en se mettant à
nu le temps d’une déchirante com-
plainte sur fond de trame mena-
çante), des nappes de synthé, des
vocaux black et une montée empha-
tique. Oui, rien que ça ! Etienne,
pour décrire la musique de
Deliverance, parle « black à deux à
l’heure », ce qui n’est pas faux, évi-
demment, mais ne résume que (très)
partiellement un titre comme « God
In Furs » (9’37 au compteur, passion-
nantes) débutant comme une compo
de black metal « traditionnelle »
avant de muter en riff ultra heavy
pourfendu d’un chant gojiresque,
d’un passage atmosphérique qu’on
croirait emprunté à Vangelis et d’un
final doomy rehaussé de chant litur-
gique. Et que dire de « The Gyres »
avec son intro de gratte sèche et son
court clin d’œil à Tame Impala (si,
si !), respiration bienvenue avant que
le bulldozer broyeur de carcasses ne
se remette en marche ? Les enclumes
en migration volent bas, s’écrasant
au hasard sur la tête de ceux qui
fixent trop longuement le ciel noir de
suie, alors que, pour tenter de met-
tre fin au carnage, décollent des che-
nilles de vaisseaux spatiaux en forma-
tions serrées. Le metal de
Deliverance est hautement cinéma-
tique et invite à se faire des films, à
l’instar du très lourd « Sancte
Johannes » et de sa cohorte de
robots pourfendeurs de crânes. Pas
de doute, alors qu’on rejoint la ronde
infernale : Pierre Duneau est un sor-
cier ! Soutenu par un Etienne tou-
jours en quête du riff définitif, il
hante, boulet au pied, la conclusion
« Makbenach » avant que cette der-
nière ne s’achève par quatre minutes
apaisées dont on a bien besoin après
ces 45 minutes dont on ne ressort
pas indemne, mais qui démontrent
que Deliverance n’en fait décidément
qu’à sa tête. La parfaite bande-son
de La Trilogie Nikopol d’Enki Bilal.
PHILIPPE LAGEAT . . . . . . . . . . . . . . .8,5
Un album grand, mais éprouvant.
retranchements par un vocaliste réel-
lement incroyable, George Lynch nous
rappelle, des fois que nous l’aurions
oublié, ô combien il est lui aussi plus
que talentueux (« Higher ») et polyva-
lent. Ainsi, sur « Escalator », il nous
gratifie même d’interventions en solo
passant allègrement et naturellement
du jazz fusion au hard rock : respect !
Vous l’aurez compris, les amateurs de
hard rock, de beau jeu et de voix puis-
santes doivent se ruer sur cette
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . . . . .8
galette.
DIZZY MIZZ LIZZY
Alter Echo
(Sony)
Classic rock
Sortie : déjà disponible
Quelle étonnante histoire que celle
de Dizzy Mizz Lizzy, groupe danois
malheureusement trop peu connu
dans nos contrées. Formé en 1988
par des gamins âgés de 14 ans (Tim
Christensen à la guitare et au chant,
Soren Friis à la batterie et Martin
Nielsen à la basse), le trio sort un pre-
mier album éponyme en 1994, qui
connait un succès énorme dans son
pays d’origine puisqu’il s’y écoule à
pas moins de 250.000 exemplaires
(soit un Danois sur vingt qui
l’achète !), puis un deuxième (Rotator,
en 1996) avant de splitter en 1998,
Tim Christensen se lançant dans une
brillante carrière solo, dans un style
un peu plus pop. Après un concert de
reformation en 2006, puis une tour-
née en 2010 (au Danemark et au
Japon), le groupe reprend vraiment
du service avec la sortie du magni-
fique Forward In Reverse en 2016.
Alter Echo est donc son quatrième
album seulement, et force est de
constater que le groupe n’a rien
perdu de sa capacité à produire un
rock/hard rock particulièrement
couillu, très mélodique, qui s’appa-
rente à une espèce de classic rock
boosté à la sauce Alice In Chains
(« Boy Doom »), avec des riffs de gui-
tare proprement titanesques (« In The
Blood ») servis sur une rythmique de
plomb. Comme si cela ne suffisait pas
à notre bonheur, Tim Christensen pos-
sède un timbre très riche, avec de
nombreuses harmoniques naturelles,
et sa voix très légèrement éraillée
(qui reste très puissante lorsqu’il
passe en voix de tête, comme au
cours de la magnifique et émouvante
ballade « The Middle ») est un régal
et permet au groupe de rester dans
un registre très accessible. Il y a
quelque chose qui va au-delà du
séduisant chez ce chanteur, quelque
chose d’envoûtant en fait. Chaque
morceau est imparable et fortement
chargé en émotions. Admettant avoir
été influencé par le metal progressif
ces derniers temps, Tim Christensen,
qui est également à la manœuvre en
termes de production, a proposé à
ses camarades une pièce ambitieuse
pour conclure ce nouvel album, sous
la forme du morceau « Amelia »
découpé en cinq parties. Il n’est point
question ici de démonstration (d’ail-
leurs, étonnamment, la musique de
Dizzy Mizz Lizzy est finalement assez
peu chargée en soli de guitare) ou
d’esbroufe, mais bien de transporter
l’auditeur dans un univers à part, de
le faire voyager. Et cette longue pièce
remplit parfaitement son office. La
partie 2, « The Path Of Least
Experience », fait littéralement décol-
ler avec son final tout en mélodies et
en énergie, avant que « Lights Out »
ne fasse ensuite planer à grands ren-
forts de guitare acoustique. Peu de
groupes sont capables de marier avec
autant de réussite une telle puissance
et des mélodies si incroyablement
NOTRE ALBUM DU MOIS par GUILLAUME FLEURY,
CHARLELIE ARNAUD & PHIL LAGEAT
DOOL
Summerland
(Prophecy Productions)
Rock
Sortie : 10.04.2020
« Oweynagat » était le point d’orgue
du très bon Here Now, There Then,
premier effort des Néerlandais paru
en 2017. Un titre magistral, impara-
ble. Au point qu’il était permis de se
demander s’il serait possible à
Ryanne van Dorst (chant, guitare) et
sa bande de faire mieux, voire aussi
bien. Eh bien, les choses sont simples
avec Summerland : tout a monté d’un
cran, et Dool passe le cap de « for-
mation très prometteuse » pour
atteindre celui de « véritable révéla-
tion » puisque c’est ici l’intégralité de
l’album qui fout le cul par terre. Que
dis-je un cap ? Avec un album de
cette trempe, le quintet devient
automatiquement un solide leader !
Vous aimiez « Oweynagat », donc ?
Vous vénérerez « Sulphur &
Starlight » et « Dust & Shadow ».
Dool possède une chose que toutes
les formations de rock recherchent,
mais parviennent très rarement à
trouver : un feeling sensible et palpa-
ble, une alchimie générale, qui
mènent à une profondeur d’évoca-
tion irrésistible. Summerland est une
marmite remplie d’idées géniales pla-
cée sur un feu d’où se dégagent tant
de volutes qu’on sent l’ensemble
prêt à exploser. Chaque seconde gra-
vée dévoile une sincérité touchante,
entre ombre et lumière (l’équilibre
entre accroche mélodique brillante et
propos général très sombre est
remarquable), et délivre ici une puis-
sance incroyable. Qu’il s’agisse d’un
riff, d’un pattern de batterie, d’une
envolée vocale, d’un galop de basse,
tout est là, à sa place, sans le moin-
dre excès, sereinement mis en place
pour investir l’esprit de l’auditeur et
emmener son âme très loin. Au sein
de ce monde fantasmé que nous pré-
sente une pochette elle aussi très soi-
gnée. L’inspiration est ici totale,
absolument TOUS les refrains met-
tent dans le mille, de « God
Particle » à « Ode To The Future »,
de la fureur d’un « Sulphur &
Starlight » à la grâce tourmentée
d’un « Summerland » (et sa conclu-
sion frissonnante). L’ensemble est de
plus si intelligemment articulé qu’il
semble que plus les sillons se creu-
sent, plus le voyage gagne en inten-
sité, pour une arrivée en apothéose
avec la conclusion « Dust &
Shadow », incroyable de mélancolie
et véritable leçon d’écriture. Oui, The
Devil’s Blood est bel et bien là, en
filigrane (« The Well’s Run Dry » et
« Ode To The Future »), mais Dool
est différent, très différent, car Dool
est unique. Et il serait bien dommage
qu’il en soit autrement quand une
musique est à ce point composée et
exécutée avec passion. Produit à la
perfection, écrit et arrangé avec une
maîtrise totale, à la fois puissant,
varié, torturé, triste et revigorant,
Summerland est un disque immense
à écouter n’importe quand, partout
GUILLAUME FLEURY . . . . . . . . . . . . . . .9
et nulle part.

accrocheuses, de telle sorte que les
murs de guitare semblent toujours
plus jouissifs qu’agressifs, alors que
ça envoie quand même du très lourd
dans ce domaine. Outre Alice In
Chains (en moins triste), Alter Echo
rappelle parfois le meilleur de Foo
Fighters en la matière. « Alter Echo »
boucle la boucle tout en douceur et
en subtilité, se terminant là où le pre-
mier morceau de l’album démarre.
Quel bonheur de pouvoir se régaler
avec des disques de ce calibre,
directs et subtils à la fois, capables de
plaire aussi bien aux plus die hard des
fans de hard rock qu’aux amateurs de
rock mélodique. Le très grand album
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . .8,5
d’un groupe qui ne l’est pas moins.
FIVE FINGER DEATH PUNCH
F8
(Better Noise Music/Sony Music)
Metal bulldozer radiophonique
Sortie : déjà disponible
Ah, les happy ends à l’Américaine…
C’est à l’un de ceux-là auxquels vous
allez avoir droit ici, même si la car-
rière de Five Finger Death Punch (et
donc le film) est loin d’être finie. Ce
magazine n’avait pas été tendre avec
And Justice For None (2018), plon-
geant immédiatement la France dans
une profonde crise diplomatique avec
les USA, ô combien mécontents du
traitement infligé à leur fleuron
métallique. On le serait à moins.
Logique. Heureusement, aujourd’hui,
tout s’arrange : F8 plaît bien à votre
serviteur et, accessoirement, le
monde a clairement d’autres chats à
fouetter. Passons sur la fâcheuse
manie qu’à le producteur Kevin
Churko de proposer des mixages qui
sonnent comme des remixes (Cf. chro
d’In This Moment en ces pages), « A
Little Bit Off » est un vrai tube en
puissance qui ne manquera pas de
fédérer les fans en concert, et même
d’intéresser certaines radios. Une
nouvelle fois, F8, le huitième album
de la bande à Zoltan Bathory (gui-
tare), comporte son lot de refrains
bien ficelés. On peut même parler de
science à ce niveau de constance et
d’expertise tant « Leave It All
Behind », « Inside Out » et autres
78
« Full Circle » tapent en plein dans le
mille. Du travail de pros. S’il est tou-
jours proche du timbre et du registre
de Corey Taylor (Slipknot, Stone
Sour), un Ivan Moody désormais
sobre module mieux que jamais sur
l’autobiographique « Darkness Settles
In », tout en... sobriété. Porte-voix de
la machine Five Finger Death Punch,
ce « bulldozer dans un gant de
velours », Moody brille tout au long
de F8, certes pas exempt de redite,
mais dans des proportions bien moins
flagrantes que son prédécesseur.
FFDP ne donne toujours pas dans la
dentelle, et c’est justement ce qui
régalera les amateurs de « G.I.
metal » franc du collier militaire.
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . . . .8
Rompez !
GLACIATION
Ultime Eclat
(Osmose Productions/Socadisc)
Black metal
Sortie : déjà disponible
Ne comptez en aucun cas sur nous
pour prendre part à la polémique qui
oppose le fondateur de Glaciation
(Valnoir) à son actuel leader
(Hreidmarr, ex-Anorexia Nervosa,
entre autres). Cela ne regarde qu’eux.
En revanche, ce qui regarde tout le
monde, c’est bel et bien cette troi-
sième sortie du groupe de black
metal français. Totalement refondu, le
line-up du combo compte aujourd’hui
en son sein Arnhwald (guitare) et
Grégoire G. (batterie) des excellents
Deathcode Society, Katia Von Wasgau
(basse) de Los Disidentes Del Sucio
Motel et A.Sethnacht d’Eschaton. Une
certitude saute aux oreilles dès la pre-
mière écoute : Hreidmarr, qui s’est
parfois perdu dans certains projets
pas toujours essentiels, retrouve ici
toute la superbe dont il faisait preuve
au sein d’Anorexia Nervosa. Il est
même probable qu’Ultime Eclat
constitue à ce jour sa meilleure per-
formance vocale. Parfois solennel et
emphatique (« Vers Le Zéro Absolu »),
mais bien plus souvent complètement
enragé, il fait véritablement merveille
tout au long de l’album et nous rap-
pelle au passage qu’en ce qui
concerne le chant black, il n’a de
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MON ALBUM DU MOIS par FRANÇOIS BLANC
KATATONIA
City Burials
(Peaceville/Wagram)
Dark metal
Sortie : 24.04.2020
Lorsque qu’en décembre 2017,
Katatonia annonça publiquement
qu’il se mettait en pause, les fans
furent quelque peu décontenancés.
Cette décision ne résultait-elle que
d’un impérieux (mais ponctuel)
besoin de tranquillité, ou fallait-il l’in-
terpréter comme une fin anticipée ?
Fort heureusement, la réponse ne se
fit guère attendre : impossible, pour
le duo fondateur Jonas Renkse
(chant) et Anders Nyström (guitare),
de s’éloigner de leur groupe de cœur
bien longtemps. Très vite, le quintet
reprit donc le chemin du studio pour
offrir un successeur au progressif The
Fall Of Hearts (2016), dixième opus
qui témoignait d’un regain de vitalité
et d’intérêt après le monotone Dead
End Kings (2012). Et si le Katatonia
version 2020 reste fidèle à la ligne
de conduite qu’il suit déjà depuis au
moins deux décennies, cette nouvelle
livraison témoigne, dans le fond plus
leçon à recevoir de personne. En
outre, il ne fait aucun doute que cet
album a été écrit par des gens qui
admirent son travail et ont eu à cœur
de lui permettre de briller. Contrat
totalement rempli ! Musicalement,
bien que composé par une nouvelle
équipe, le black toujours mélodique
de Glaciation 2020 s’inscrit dans la
continuité de ce que le groupe propo-
sait avec Sur Les Falaises De Marbre
(2015), mais gagne considérablement
en qualité. L’osmose entre les musi-
ciens est palpable et toute la diffé-
rence est là. Prions pour que ce line-
up se décide à amener son disque à
la scène ! Il s’y prête tellement que
cantonner ces compos au studio
serait une faute professionnelle. Avec
Ultime Eclat, Glaciation a aujourd’hui
toutes les armes en mains pour exis-
ter à 100% et sortir de son aspect
« projet à géométrie variable ».
Souhaitons que cela lui tienne autant
CHARLELIE ARNAUD . . . . . . . . . . . . . .8
à cœur que nous.
que dans la forme, d’un réel effort
de variété. Ainsi, passées les pre-
mières écoutes nécessaires pour s’im-
merger pleinement dans le dark
metal de la formation, on retrouve,
par-delà des lignes de chant toujours
très homogènes, une foule de
nuances et d’arrangements qui confè-
rent à ce onzième recueil mélanco-
lique une identité plus fouillée qu’on
ne pourrait de prime abord le penser.
Premier single peu évident, le
dépouillé et presque trip hop
« Lacquer » met de côté toute satura-
tion et traîne sa mélopée tranquille et
chagrineuse sur fond de violons dis-
crets et de boucles électroniques raf-
finées pour un résultat franchement
convaincant, qui dévoile insidieuse-
ment son charme au fil des écoutes.
Ce caractère paisible contraste élé-
gamment avec les regains de puis-
sance proposés par l’étonnant
« Behind The Blood », transpercé à
mi-parcours par un solo 100 % heavy
metal, et le plus pesant « Rein » qui
alterne les pleins et les vides avec
brio. Si l’on ajoute à cela le caractère
presque pop de « The Winter Of Our
Passing », les harmonies de chant
féminin de « Vanishes », dont les cli-
mats et mélodies évoquent les mor-
ceaux les plus calmes de Swallow The
Sun, et les rythmiques presque tri-
bales de « City Glaciers », on obtient
un ouvrage qui brille par sa richesse
d’écriture et son attention aux
détails, et prouve que Katatonia n’a
pas encore fini d’explorer tous les
recoins de son art. Un superbe spici-
lège grisâtre qui illustre à la perfec-
tion cette fameuse nostalgie urbaine
FRANÇOIS BLANC . . . . . . . . . . . . . . . . .8
dont traitent si âprement les paroles.
HEXVESSEL
Kindred
(Svart)
Rock/folk progressif
Sortie : 17.04.2020
All Tree avait déjà occupé notre hiver
précédent, et voilà déjà qu’Hexvessel
vient égayer le suivant avec une nou-
velle production ! Il faut dire que son
leader, Mat McNerney, n’est pas
connu pour être un tire-au-flan,
puisqu’il est également actif au sein
de Grave Pleasures et assiste à l’occa-
sion d’autres formations comme
Carpenter Brut et Me & That Man.
Avec Kindred, ce groupe à géométrie
variable d’un album à l’autre retrouve
son label Svart et en profite pour
dériver un peu du spleen qui inondait
son précédent album pour aborder
des contrées plus psychédéliques, en
accord avec son discours universaliste
et naturaliste. « Billion Year Old
Being », choisi comme single, donne
le ton, gavé de guitares acides, de
vieux claviers et de chœurs qui sen-
tent le patchouli, empruntant un peu
au Pink Floyd de Syd Barrett pour
mieux reprendre sa course folk et
mélodieuse en fin de parcours. Idem
pour « Demian », qui s’amuse à
détourner le blues et l’héritage améri-
cain d’un Elvis pour exprimer sa noir-
ceur de manière fort subtile. Malgré
ces incursions en territoires
jusqu’alors inconnus, le naturel
revient au galop, à savoir un folk pro-
gressif très arrangé, tantôt lumineux,
tantôt sombre. La complainte « Fire
Of The Mind » se voit ainsi dotée
d’une partie de violon à faire pleurer
My Dying Bride, « Phaedra » (avec la
diction lente de McNerney) se fait
sinueux comme un Dead Can Dance,
avant de dériver vers une déstructura-
tion jazzy crimsonienne. « Bog
Bodies » est digne d’une B.O. de
James Bond avec ses arpèges déliés
sur fond de trompette fiévreuse.
« Kindred Moon » semble dissonant
avec une voix à la limite de la jus-
tesse, mais se réajuste par un sublime
refrain hypnotique piano/guitare
acoustique. « Magical & Damned »
évoque, dans ses paroles, les thèmes
spirituels si chers au chanteur depuis
ses débuts, telle une prière païenne
et une parabole sur ce dévouement à
son art. Ne continuons pas à égrainer
chaque titre car ils sont tous taillés
dans le même bois, celui du dévoue-
ment à une musique pensée et jouée
par un artisan. Avec une telle richesse
instrumentale et une telle diversité de
vocabulaire, Hexvessel continue à
creuser son sillon de manière magni-
fique, devenant peut-être le projet le
plus impressionnant de McNerney. Ce
dernier nous éblouit encore, bâtissant
dans l’ombre une œuvre qui n’aurait
pas à rougir de celle de certains Nick
(Cave et Drake), avec ce don de
manier romantisme et noirceur sans
tomber dans le grandiloquent ou le
ridicule, lui préférant un recueillement
aussi respectueux que profond. Vital
DJUL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
en ces temps de confinement.
IN THIS MOMENT
Mother
(Roadrunner/Warner Music)
Rock/metal alternatif/Synth-esprit
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Sortie : déjà disponible
« Allô Maman bobo... » Avec Mother,
les fans de la période metalcore de In
This Moment peuvent sécher leurs
larmes et tirer un trait sur le passé du
groupe ricain emmené par Maria
Brink (chant). Peut-être adhèreront-ils
tout de même à l’orientation musicale
actuelle du quintet, aussi déstabili-
sante soit-elle de prime abord. Même
si son guitariste Chris Howorth sem-
ble y entendre un paquet de riffs,
telle une Bernadette Soubirous des
amplis, Mother fait avant tout la part
belle aux ambiances électroniques et
synthétiques. Vous avez dit « synth-
pop » ? Le mot est lâché et va comme
un gant à, au hasard, « Legacy ». Ici,
on est souvent plus proche de l’uni-
vers du remix que du mix tout court,
ce qui ne perturbera pas les aficiona-
dos de musique électronique.
D’autant que cet enrobage synthé-
tique a un gros avantage : faire res-
sortir encore plus la voix de Maria
Brink et, même, révéler ses qualités
soul. C’est flagrant sur « Fly Like An
Eagle » ou encore tout au long d’un
« Holy Man » clairement sensuel. Le
planant « Born In Flames » est quant
à lui un écrin de plus pour la voix cas-
sée de la chanteuse tandis que l’en-
voûtant « God Is She » nous révèle
des similitudes inédites entre la front-
woman et un certain Chino Moreno
(Deftones). Déstabilisant, nous le
disions, Mother distille ses charmes
au fil des écoutes et marque des
points grâce à des mélodies plutôt
accrocheuses, encore et toujours
fomentées en compagnie du produc-
teur/compositeur/sixième membre du
groupe qu’est Kevin Churko. On
pense d’ailleurs à Five Finger Death
Punch, l’un des autres protégés du
gourou des manettes, sur le refrain
de « Lay Me Down » qui porte claire-
ment la marque de fabrique de
« l’ami Churko ». Le bilan n’est pas
totalement positif, une intro, un inter-
lude et trois reprises (dont une cover,
chantée avec Lzzy Hale et Taylor
Momsen, de « We Will Rock You »
lourde comme une raclette en plein
mois d’août) sur un nouvel album
étant quand même « un peu fort de
café », comme disent les jeunes. Mais
Mother pourrait bien vous convaincre
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . .6,5
sur la durée. Laissez le charme agir !
KING WITCH
Body Of Light
(Listenable/PIAS)
Heavy/doom metal
Sortie : 24.04.2020
Nous nous faisions l’écho, en février
2018, de la sortie du premier album
de King Witch, Under The Mountain.
Une excellente introduction à l’uni-
vers à cheval entre le doom et le
heavy metal plus traditionnel de cette
formation d’Edimbourg. Malgré ce
coup d’essai parfaitement réussi, on
ne peut pas dire que cette dernière
ait défrayé la chronique avec ses pres-
tations scéniques, le quartet ayant
peu tourné en dehors du Royaume
Uni pour soutenir ce disque intéres-
sant. Dommage, mais cela ne semble
guère avoir affecté les Ecossais qui
nous reviennent avec ce Body Of
Light de premier ordre. S’il se mon-
trait déjà assez aventureux sur Under
The Mountain, King Witch se lâche ici
totalement avec deux titres dépas-
sant les huit minutes et deux autres la
barre symbolique des dix minutes !
Heureusement, il ne s’agit en aucun
cas d’une manœuvre pour blinder l’al-
bum, mais simplement une façon
d’aborder la musique, sans retenue
ou formule, en exprimant toutes ses
idées sans bride. Le titre éponyme,
qui ouvre les débats, s’avère l’un des
plus étourdissants de ce nouvel opus,
ce mid-tempo étant pris d’une crise
de délirium après un break qui voit le
mouvement s’accélérer de façon
étourdissante. Sacrée mise en
bouche ! Les coups de boutoir du bat-
teur Lyle Brown annoncent un déluge
de plomb sur « Of Rock And Stone »,
doomy à souhait, mais qui part une
nouvelle fois en vrille à mi-course,
poussé qu’il est par les prouesses
vocales de Laura Donnelly, incroyable
chanteuse, toujours mélodique mais
jamais indigeste dans l’exercice. « Call
Of The Hunter » nous cloue sur place
avec sa rythmique de mammouth
contrebalancée par l’introduction tout
en douceur de « Return To Dust »…
qui ne tarde pas à se muer en une
autre gifle lourde et lente. Les spec-
tres de Candlemass et, par extension,
de Black Sabbath planent souvent sur
l’ensemble de cette œuvre où la pas-
sion et la dévotion pour ce style, ainsi
que la magnifique prestation de
Donnelly, font que ces influences ne
s’avèrent jamais difficile à porter.
D’autant que King Witch se montre
capable de s’en éloigner franche-
ment, à l’image de « Witches Mark »,
presque thrash dans l’âme, ou encore
avec le direct et frondeur « Order
From Chaos » sur lesquels Laura laisse
ses tripes. Venons-en aux deux tours
de force de l’album. « Solstice I - She
Burns » nous fait passer par tous les
états : intro de guitare pure et sans la
moindre distorsion, arrivée d’une
basse à décorner les bœufs, suivie
d’un riff mastodonte, d’un passage
groovy puis planant, avant un final
galopant tout autant que rentre-
dedans. Majestueux ! Quant au mal-
faisant « Beyond The Black Gate »,
introduit par le délicat instrumental
acoustique « Solstice II », sa structure
est encore une fois aussi alambiquée
que captivante. Purement doom, il
bénéficie d’un splendide solo de
Jamie Gilchrist (également coproduc-
teur de l’œuvre avec Kevin Hare),
d’un long break mélodique du meil-
leur effet et d’une ultime charge qui
se termine dans un fade-out nous
laissant à terre. Une grosse baffe !
A noter qu’en plus de ses qualités
vocales, Laura est également l’artiste
qui a réalisé la pochette « suspendue »
de ce disque qu’on ne saurait que
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
vous conseiller très, très fortement.
METAL CHURCH
From The Vault
(Reaper Entertainment/Frontline - Sony -
RestSoundWorks)
Heavy metal
Sortie : 10.04.2020
Dans l’attente d’un successeur à
Damned If You Do (2018), dernier
album studio en date de Metal
Church, les vétérans de Seattle ont
décidé de faire patienter leurs fans
avec un disque « fourre-tout ». Cette
compilation de raretés et d’inédits ne
couvre en revanche que la récente
incarnation du groupe, celle dans
laquelle figure de nouveau le voca-
79

liste Mike Howe, de retour en 2015
après une vingtaine d’années passées
en dehors du business musical. From
The Vault se divise en cinq parties
bien distinctes. La première consiste
en quatre nouveaux enregistrements
incluant trois nouveaux titres, dont le
fort bon « Dead On The Vine », assez
speed et aux riffs typés Kurdt
Vanderhoof (le guitariste/leader de
notre église favorite) et le solide
« Above The Madness » aux beaux
soli signés Rick Van Zandt. Les Ricains
y ont également glissé une relecture
de « Conductor », figurant originelle-
ment sur Hanging In The Balance
(1993). S’ensuivent cinq morceaux
issus des sessions d’enregistrement
de Damned If You Do, finalement
écartés de l’album. Parmi cette sélec-
tion, « False Flag », excellent mid-
tempo à l’ambiance pesante aurait
largement mérité une sortie « offi-
cielle » dès 2018. Mention « surpre-
nant » à l’instrumental, habilement
nommé « Insta Mental », belle pièce
mélodique presque satrianesque sor-
tant clairement du moule habituel du
combo. Puis focus sur trois reprises,
dont celle du « Please Don’t Judas
Me » de Nazareth qui va comme un
gant à Mike Howe et n’est pas tout à
fait inconnue des fans jusqu’au-bou-
tistes puisqu’elle figure sur la compila-
tion Deep Cuts And Raritites (2018)
sur laquelle on trouve une quinzaine
de reprises signées par quinze
groupes différents. Choix très proba-
ble de Vanderhoof, amoureux de
metal mais aussi de classic rock,
« Green-Eyed Lady » du groupe
Sugarloaf, formation de Denver active
dans la première moitié des 70’s, pro-
pose une option plus rock très plai-
sante. Quant à « Black Betty » popula-
risé par Ram Jam, on se contentera de
dire que si cette version s’avère hono-
rable, ce titre a été tant de fois revi-
sité qu’il en perd tout intérêt. Petit
détour en 2017 et l’album en concert
Classic Live sur lequel figure un titre
studio, une nouvelle version de « Fake
Healer » (Blessing In Disguise/1989)
avec un invité de marque, Todd La
Torre de Queensrÿche, qui se mesure
à Howe le temps d’un duel vocal de
haute volée. Enfin, les trois derniers
morceaux ont connu une première vie
sur la version Deluxe de l’album XI
(2016) qui signait le retour de Howe :
deux inédits (« The Enemy Mind »,
assez quelconque, et « The Coward »,
bien plus excitant) et une nouvelle
version de « Badlands », autre clas-
sique extrait de Blessing In Disguise.
Avec plus d’une heure et quart de
musique à se mettre entre les oreilles,
voici donc largement de quoi peaufi-
ner ses connaissances en matière de
sermons métalliques, en attendant un
nouveau chapitre de ces saintes écri-
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
tures qui nous tiennent à cœur…
80
ORANSSI PAZUZU
Mestarin Kynsi
(Nuclear Blast/PIAS)
Black metal psychédélique
Sortie : 17.04.2020
Découvrir Oranssi Pazuzu est compa-
rable à l’histoire de la poule qui
trouve un cure-dent : on ne sait trop
qu’en faire dans les premiers temps,
mais cela intrigue. Et ce n’est pas
avec Mestarin Kynsi (Ndt : « La Griffe
Du Maître ») que les choses vont
changer pour les néophytes car le
MON ALBUM DU MOIS par STEPHANE AUZILLEAU
LAG I RUN
Vagrant Sleepers
(Klonosphere/Season Of Mist)
Metal barré
Sortie : déjà disponible
Le 25 février, sur Facebook, je suis
interpellé par un post de mon col-
lègue Charlélie Arnaud qui affiche la
pochette de ce deuxième album de
Lag I Run, avec, pour simple com-
mentaire, « Pourquoi suis-je passé à
côté de ça ? ». Connaissant le bon-
homme et partageant certains de ses
goûts (pas tous, heureusement pour
moi !), je me débrouille pour jeter
rapidement une oreille sur cet album.
Et là, c’est le feu d’artifice auditif…
« Pourquoi suis-je passé à côté de
ça ? » me dis-je alors moi aussi… Ce
groupe, français de surcroît, propose
dans sa musique tout ce que j’aime :
de la mélodie, de la puissance, de la
folie et une originalité à toute
épreuve. Après m’être enfilé l’album
une première fois, impossible de
décrocher et de ne pas le réécouter.
Contact pris avec Charlélie, lui en est
à sa cinquième écoute d’affilée.
Putain, je suis mal barré ! Il fait une
chaleur d’alambic dans mon cerveau
et je suis en train de devenir accroc
d’entrée. Lag I Run est une drogue
dure, c’est sûr, pour ceux qui aiment,
en vrac, Queen (quel travail sur les
chœurs !), Devin Townsend (pour les
ambiances et les murs de guitare,
voire le chant, comme sur le tellu-
rique « Muscles Muscles »), The Mars
Volta, Muse, The Darkness (« Caught
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groupe est loin ici d’avoir rendu son
propos plus accessible (malgré la
légende selon laquelle Nuclear Blast
transforme en « vendus commer-
ciaux » toutes les formations qui
signent chez lui), loin s’en faut !
Toujours maître en développement
hypnotiques constitués de boucles de
guitare, basse ou effets électroniques,
Oranssi Pazuzu a surtout fait évoluer
sa mise en son, bien plus puissante et
claire que par le passé, ce qui pousse
le chant black encore plus avant.
C’est évidemment un avis subjectif,
In The Rainbow »), 22 (« Dirty
Napkins »), etc. Les onze morceaux
qui composent cet album sont pure-
ment incroyables, d’une fraîcheur et
d’une liberté peu communes
aujourd’hui. Le grand ordonnateur
de tout cela est Nay Windhead, gui-
tariste/chanteur à l’origine du
groupe qui compose l’ensemble des
morceaux. Il est aidé dans son entre-
prise par trois musiciens très talen-
tueux, issus d’univers musicaux diffé-
rents (jazz, metal, électro), qui
apportent leur pierre à l’édifice
grâce à une qualité d’interprétation
fleurant bon cette diversité stylis-
tique. Les parties de claviers sont
remarquables (« Thirteen », « To The
Moon » et ses relents de Radiohead)
et le groove infectieux (« We’re
Coming Outside »). Chaque morceau
est un univers musical à part entière,
et tout semble parfaitement pensé
et exécuté. La fin de « The Isle »
nous emmène même sur le terrain
de la musique sacrée. Il fallait oser !
Le talent de Nay en tant qu’inter-
prète, aussi bien comme guitariste
(écoutez ce solo sur « Nurble
Mäs » !) que comme chanteur, est
tout simplement immense, à l’instar
de ses aptitudes de compositeur. Ce
deuxième album du combo, qui fait
suite à Sunlight Scars sorti en 2010,
a eu le temps d’être peaufiné dans
tous ses aspects et sous toutes ses
coutures. La musique, et les émo-
tions qu’elle procure, est évidem-
ment une question de sensibilité ; et
c’est donc en fonction de cette sen-
sibilité que je vois en ce Vagrant
Sleepers un chef d’œuvre, un vrai, le
genre de truc rare sur lequel on ne
tombe généralement guère plus de
trois ou quatre fois par décennie.
C’est une pépite qui irradie nos
oreilles et nous fait immanquable-
ment quitter la réalité pour nous
transporter ailleurs, dans un univers
aussi beau et irréel que celui inventé
par James Cameron dans Avatar. Un
seul mot d’ordre : Interdit de passer
STEPHANE AUZILLEAU . . . . . . . . . . . . .9
à côté de ça !
mais il semble difficile pour les
Finlandais de dépasser l’excellent
Valonielu, paru il y a déjà sept ans,
tant cet album, leur troisième seule-
ment, semblait synthétiser de la meil-
leure des manières tout ce qui fait
leurs qualités. Depuis, les musiciens
continuent d’évoluer par touches,
sans s’avérer aussi renversants que
sur leurs premiers efforts (il faut dire
que la surprise est passée), mais en
conservant une identité à la fois très
marquée et fascinante. Car se révè-
lent encore ici de remarquables cli-
mats angoissants invitant à l’intros-
pection et de belles trouvailles
sonores (avec davantage de disso-
nances que par le passé, pour un pro-
pos encore plus sombre). Le climax
étant atteint sur « Oikeamielisten
sali » (Ndt : « La Salle Des Justes »),
dont la seconde moitié est à la fois
mélancolique, violente et captivante,
entre désespoir et rage tribale.
Oranssi Pazuzu a-t-il déjà tout dit et
ne peut-il que se « contenter » de
perfectionner par petits détails son
univers ? Oui, et non car, mine de
rien, Mestarin Kynsi est tout de
même assez différents de ses aînés,
malgré un style reconnaissable entre
mille. C’est finalement le côté « jam »
qui se montre plus perceptible encore
que par le passé. Voilà de toute
manière une question existentielle
dont ne va certainement pas s’embar-
rasser le groupe, comme en témoigne
l’interview en ces pages. Ces mecs
« font » et réfléchissent après. En
résulte une musique particulièrement
viscérale, ritualiste et instinctive, à la
fois intrigante et inquiétante au
départ, mais de plus en plus envoû-
tante au fil des écoutes. A écouter
plus qu’à analyser ! Pour dériver loin
GUILLAUME FLEURY . . . . . . . . . . . . .7,5
dans le cosmos.
REGARDE LES HOMMES
TOMBER
Ascension
(Season Of Mist)
Black metal protéiforme
Sortie : déjà disponible
Pochette, superbe, de Fortifem, pro-
duction aux petits oignons de Francis
Caste (Hangman’s Chair, Rise Of The
Northstar, Bukowski), textes
d’Henoch, il peut être tentant, au pre-
mier coup d’œil, de penser que, chez
Regarde Les Hommes Tomber, on n’a
pas changé une équipe qui gagnait et
que, cinq ans après le salué Exile
(2015), on s’est contenté de prendre
les mêmes et de recommencer. Ce
serait aller là un peu vite en besogne
car, ainsi que nous l’explique le guita-
riste A.M. en ces pages, c’est – une
fois n’est pas coutume – ce dernier
qui s’est chargé de l’essentiel du tra-
vail de composition, là où, habituelle-
ment, J.J.S., fondateur et deuxième
guitariste du groupe, s’imposait
comme le principal maître à penser
de la formation. Cette nouvelle façon
de faire n’a pas été sans créer des
tensions au sein du groupe qui, le
passé l’a démontré, semble presque
se complaire à travailler sous pression
dans un climat conflictuel. Il faut
convenir que cela lui réussit plutôt
bien, ce troisième opus, qui clôt le
triptyque initié par le premier album
éponyme de 2013, s’avérant plus que
convainquant. En l’écoutant, difficile
de ne pas penser que cette petite éti-
quette « post-black metal » qu’on lui
a – bien malgré lui – attaché à la
patte ces dernières années signifie
encore quelque chose. Car, bien que
dans l’air du temps, cela ne veut plus
rien dire. En construisant le répertoire
nouveau de Regarde Les Hommes
Tomber à partir de riffs, et en laissant
les gri-gris – essentiels, entendons-
nous bien – à ses camarades J.J.S. et
à R.R. (batteur très créatif qui déteste
se répéter), A.M. a considérablement
durci le ton. C’est ce qui explique
qu’Ascension se concentre avant tout
sur un black radical, faisant s’abattre
sur nos tête un tsunami de rage scari-
fié par le chant d’un T.C. qu’on croi-
rait condamné pour l’éternité aux
Enfers. Hormis les courts interludes
« L’Ascension » et « La Tentation »
(deux minutes à peine chacun), les
cinq morceaux épiques de ce nouvel
album dépassent les huit minutes.
Quand on croit les avoir cernés, un
nouveau tiroir s’ouvre comme par
magie, libérant de nouvelles fra-
grances nocives et vénéneuses.
Pesanteur du doom, voire du sludge,
sables mouvants dans lesquels on
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tombe comme dans un puits sans
fond, riffs heavy metal, lancinantes
complaintes, chœurs geignards,
breaks et contre-breaks (« The
Renegade Son », « A New Order »),
furia de blastbeats, batterie tribale
(intro de « The Crowning »), chant
plus agressif encore qu’à l’accoutu-
mée, etc., peu importe de quoi il
s’agit, il y a ici à boire et à manger.
Et ce qu’il faut comprendre, l’essen-
tiel, c’est que cette emphase et cette
intensité vous noient dans un tour-
billon de noirceur. Comme tout cela
va furieusement sonner en live !
Empreint d’une grande personnalité,
d’une richesse qui pourrait presque
provoquer des indigestions (mais ne
le fait pas !), cet Ascension s’affirme
pourtant et paradoxalement comme
le disque le plus « accrocheur » du
combo français qui démontre, une
fois encore, qu’il va falloir sacrément
compter avec lui. Il pourrait même, si
les étoiles (noires) sont alignées, se
faire durablement un nom à l’étran-
ger. C’est là tout le mal qu’on lui sou-
PHILIPPE LAGEAT . . . . . . . . . . . . . . . . .8
haite.
SPELL
Opulent Decay
(Bad Omen Records)
Psych/heavy rock/hard rock
Sortie : 10.04.2020
Mordant contenu, metal joué à l’an-
cienne – et une référence sempiter-
nellement avancée, il en faut bien :
Blue Öyster Cult. Si les précédents
enregistrements de Spell (Full Moon
Sessions et For None And All, sortis
respectivement en 2014 et 2017) ont
pu interpeller les amateurs de heavy
old-school, c’est ce nouvel et troi-
sième opus enregistré par Felix Lung
aux studios Little Red qui, indéniable-
ment, impose une patte. Groove et
mélodies infectieuses, feeling psyché,
énergie contenue, tout y est ou
presque. Spell nourrit ses chansons
d’un feeling épique sans qu’on ait
l’impression du trop théâtral. Ouf !
Car c’est cet équilibre dans le propos
qui nous le rend crédible, pour ne
pas dire galvanisant (« Primrose
Path »). D’ailleurs, l’élégance de cer-
taines tourneries en lead séduira
assurément – et c’est quelque chose
MON AUTRE ALBUM DU MOIS
par GUILLAUME FLEURY
NIGHTWISH
Human : ll : Nature
(Nuclear Blast/PIAS)
Metal symphonique
Sortie : 10.04.2020
Même s’il s’agit d’une coïncidence
selon Tuomas Holopainen, les pre-
mières notes de « Music » semblent
reprendre de manière très
« naturelle » là où la conclusion de
« The Greatest Show On Earth », sur
Endless Forms Most Beautiful (2015),
nous avait laissés. Second chapitre
d’une épopée nouvelle qui voit l’am-
bitieux claviériste bien décidé à ne
pas se reposer sur ses lauriers et à
porter Nightwish vers d’autres cieux,
ce neuvième album prouve que sa
créature est définitivement loin au-
dessus de toute concurrence. Premier
constat plaisant : Human : ll : Nature
est le premier effort des Finlandais à
ne comporter aucun single évident et
paresseux à la « Elan » ou
« Amaranthe » depuis… très long-
temps ! Ici, tout est plus subtil, plus
aventureux et bien plus varié. Sans
perdre sa patine reconnaissable, le
groupe semble en effet revigoré,
regaillardi (la pause sabbatique prise
en 2017 a visiblement fait du bien à
tout le monde). Au rayon des nou-
veautés, notamment, une batterie tri-
bale qui enrichit d’une dynamique
prenante l’ensemble du voyage (Kai
Hahto a totalement trouvé sa place,
à présent que Jukka Nevalainen, tou-
jours en proie à ses soucis de santé,
a officiellement tiré sa révérence l’an
dernier), ou encore un constant ren-
fort des deux autres vocalistes, en
harmonie, lorsque l’un des trois
d’assez peu dit – les amateurs de rock
gothique (l’introductif « Psychic
Death », élancé, hypnotisant et pos-
sédé). Il faut aussi remarquer l’incision
rythmique, aux épaisseurs vintage,
parfois thinlizzyesques (« Imprisoned
By Shadows »). Les guitares le sont
aussi, d’ailleurs (« Sibyl Vane »). Il y a
également les petits points d’achop-
pement : une marge de progression
existe quant à la personnalisation des
voix et leur optimisation technique.
Les voix sont celles de Cam Mesmer
prend les commandes (compter trois
chanteurs de ce calibre dans un seul
groupe est tout de même une sacrée
chance !). Mais si Marko Hietala et
Troy Donockley sont d’excellents
chanteurs dans des registres diffé-
rents, c’est bel et bien Floor Jansen
qui brille ENFIN de mille feux ici. Sa
prouesse technique est clairement
impériale, et l’on devine que l’ama-
zone batave a consenti énormément
d’efforts pour proposer une presta-
tion qui repousse ses limites.
Résultat : elle semble plus à son aise
que jamais et son interprétation est
tout simplement bluffante. Tout juste
pouvons-nous regretter que Marko
Hietala soit un poil plus en retrait, sa
voix étant tout de même une signa-
ture importante au sein du groupe.
Enfin, on l’a dit, l’autre maître mot
sur cet album est « variété ». Ici s’en-
chaînent de nombreux climats, tous
plus convaincants les uns que les
autres, de la saveur old-school digne
d’un Oceanborn (1998) sur « Pan »
(l’un des meilleurs morceaux) aux
plans folk de « Harvest », en passant
par la couleur doom à la My Dying
Bride de « Endlessness », à la mélan-
colie remarquable de « Procession ».
Sans oublier, bien sûr, le monumental
pavé orchestral « All The Works Of
Nature Which Adorn The World »,
découpé en huit chapitres, qui frôle
les trente minutes. Evoquant bien sûr
le projet Music Inspired By The Life
And Times Of Scrooge (2014) du cla-
viériste en plusieurs instants
(« Anthropocene »), des musiques de
film comme celles d’Alexandre
Desplats (« The Green ») ou de jeux
vidéo comme Assassin’s Creed
(« Aurora »), ce gargantuesque mor-
ceau de bravoure « larger than life »
rattrape la quasi absence de l’orches-
tre symphonique sur le premier
disque et signe une ambition déme-
surée dont seul Nightwish semble
être capable (et avoir les moyens) au
sein de la scène metal sympho. Pour
un résultat qui ne peut que faire date
dans l’histoire du genre ! Le meilleur
effort de Nightwish depuis Once
GUILLAUME FLEURY . . . . . . . . . . . . . . .8
(2004), tout simplement !
(de même en charge de la basse), et
si elles souffrent encore un peu de
leur anonymat, elles remplissent leur
office avec sobriété et occupent un
juste espace : ce groupe a le sens des
choses, exploite un ressenti, puise
dans une culture. L’importance pre-
mière de la substance instrumentale
par rapport aux voix marque, par
exemple, « Iron Wind », belle struc-
ture au son hanté. Les voix y sont uti-
lisées de façon ornementale sur le
pont central. Ce qui reste, au bout de
81

l’écoute d’Opulent Decay, est cette
impression d’une stylisation
renforcée : les guitares élégantes,
leurs épaisseurs maîtrisées. Certains
passages pourront même se targuer
d’avoir une allure de classiques. Alors,
demain, les lettres de noblesse ?
Indéniablement, en tout cas, en 2020,
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . .7,5
des espoirs confortés.
THERAPY?
Greatest Hits (2020 versions)
(Marshall Rec.)
Punk metal / punk rock
Sortie : déjà disponible
Trente ans, vous avez bien lu. Natif
d’Irlande du Nord, Therapy? a tout
connu, sauf une carrière linéaire :
heure de gloire avec Troublegum
(1993), virages expérimentaux avec
des albums discutés… Mais un prin-
cipe n’a jamais varié : ils font ce qu’ils
entendent faire. Et leur punk metal,
dynamique et mâtiné de mélodies
pop, a dans le temps accouché d’un
florilège de tubes. Oui, des tubes – et
dans notre bouche, c’est tout sauf un
vilain mot. En 2020, c’est un nouveau
cap pour Cairns & Co., alors des
forces se sont conjuguées pour mar-
quer le coup. En voici le fruit : une
collection de remakes accouchés sous
l’impulsion de Chris Sheldon, produc-
teur, entre autres, du cru 1993.
Oublié l’ancien projet d’album live
(pas trop grave puisque plusieurs
existent déjà). Voici en sus et place
une série de versions réenregistrées
en conditions live à Abbey Road. La
prise live : c’est ce qu’on faisait
encore dans les années 1960, 1970,
vous vous rappelez ? Chris Sheldon
s’est employé à capturer un son
direct, et si Therapy? ne révolutionne
pas toutes ses versions originelles
(« Die Laughing », bénéficiant de la
participation de James Dean
Bradfield [Manic Street Preachers]),
les chansons révisées sont toutes tra-
versées par la même énergie. En fili-
grane, que se passe-t-il, d’ailleurs ?
Rien de moins qu’une rénovation/revi-
talisation du track-listing de la compi-
lation Stories: The Singles Collection
(2014). Certaines versions, sans s’éloi-
gner fondamentalement des origi-
82
naux, n’en restent pas moins flam-
boyantes (« Turn », « Lonely Cryin’
Only ») quand nous préfèrerons sans
doute le clinquant des « vrais »
« Nowhere » et « Trigger Inside ».
Cela dit, ces derniers sonnent très
bien dans leur version 2020. Bilan
général ? Réjouissant. Therapy? réin-
vente ses propres reprises (« Diane »
d’Hüsker Dü, totalement repensé) et,
sur le fond, la collection 2020 fixe
l’énergie live du groupe, mais dans un
MON ALBUM DU MOIS
TESTAMENT
Titans Of Creation
(Nuclear Blast/PIAS)
Thrash metal
Sortie : 03.04.2020
La constance dont fait preuve
Testament depuis son retour avec
The Formation Of Damnation (2008)
fait plaisir à voir. Car après plusieurs
années de flottement dues en partie
à la maladie du hurleur Chuck Billy
(une forme rare de cancer qu’il a fina-
lement vaincue) et à un line-up à
géométrie variable, la formation de
la Bay Area se montre d’une incroya-
ble vitalité. Tant sur ses albums,
qu’elle sort depuis à une cadence
d’un tous les quatre ans, qu’en
concert où elle ne se laisse pas mar-
cher sur les pieds, c’est le moins
qu’on puisse dire. Il faut dire qu’elle
peut compter aujourd’hui, outre les
indéboulonnables Billy et Eric
Peterson (guitare) et le retour du fils
prodigue Alex Sckolnick en 2005
(après plusieurs années à tâter du
jazz à New York), sur une section
rythmique à faire pâlir bon nombre
de ses pairs, à savoir Steve DiGiogio
à la basse et Gene Hoglan à la batte-
rie, dont les CV sont tout simplement
affolants. Titans Of Creation, dou-
zième album studio du quintet, ne
faillit pas à maintenir la réputation du
gang américain tout en haut du pan-
théon thrash. Bien que les musiciens
soient tous entrés dans leur cin-
quième décennie, ne comptez pas
sur un quelconque coup de mou de
leur part, certains titres s’avérant de
véritables boules de haine. « WW
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contexte non pollué : pas de cris, de
hourras, nous sommes en studio.
Enfin, il y a le lien entre l’humain et
l’artistique derrière cette
collection qui nous oblige à noter la
relation de travail raffermie entre
Therapy? et Sheldon, devenu l’un des
producteurs les plus récurrents de
l’histoire du groupe. Alors, à quoi
tout cela sert-il, pourriez-vous vous
demander ? Eh bien, à se donner qua-
rante minutes de plaisir simple. Et par
par BENJI
III », sur lequel Chuck use de la voix
la plus death que nous lui connais-
sions sur The Gathering (1999) et
Demonic (1997), et « Curse Of
Osiris », sur lequel Billy mêle ses
cordes vocales à celles de Peterson
dans les parties black, nous ramènent
au projet solo Dragonlord. « False
Prophet » gagne aussi ses galons de
« tuerie speed » haut la main, grâce
notamment au travail phénoménal
d’Hoglan. Plus modérés niveau
tempi, mais pas moins extermina-
teurs, « Children Of The Next Level »
avec ses soli de folie, « Night Of The
Witch » avec une nouvelle interven-
tion toute en noirceur de Peterson au
chant, un « Symptoms » au refrain
teigneux ou encore « The Healers »
remplissent eux aussi leurs missions
de destruction. Mais nous le savons,
Testament sait aussi se montrer plus
fin que certains ne veulent bien l’ad-
mettre, se reposant alors sur les qua-
lités de compositeurs de Peterson et
la fluidité du jeu de Skolnick. Ainsi,
« Dream Deceiver », au refrain très
mélodique entonné par Billy (avec
son petit côté Scorpions période Uli
Jon Roth), « City Of Angels » avec
ses couplets « planants » et une autre
belle prestation du Chief Billy, les
motifs orientaux et les soli émaillant
« Ishtars Gate » ou encore le galo-
pant « Code Of Hammurabi » et sa
grosse intro de basse signée
DiGiorgio nous présentent diverses
facettes d’un groupe loin d’être aussi
unidimensionnel que certains détrac-
teurs du groupe (ou même du genre
thrash dans son ensemble) se plai-
sent à le dire. Grave erreur ! En
représailles, mettons-les tous aux
« Catacombs », du nom de l’outro
instrumentale épique de cet album
(qui servait d’introduction aux
concerts du groupe en 2019, allez
comprendre !). Un excellent disque,
réalisé par des titans du thrash qui
n’ont que faire d’un soi-disant Big
Four (même si une place reste à
pourvoir depuis que Slayer a tiré sa
révérence…) car évoluant dans leur
BENJI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8,5
propre dimension.
les temps qui courent, plus que
jamais, on prend tout. Il ne manque
finalement ici que la reprise du clas-
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . . . .8
sique de Joy Division, « Isolation ».
REEDITIONS
DEF LEPPARD
The Early Years 79-81
(Pantheon/Universal)
Hard rock
Sortie : déjà disponible
Les fans de Def Leppard n’auront pas
manqué de se jeter sur les coffrets
vinyles Vinyl Collection Volume One
(2018) et Two (2019) dont nous avons
déjà longuement parlé. Ceux qui ne
jurent que par les deux premiers
albums du combo anglais ne pourront
pour autant pas éviter ce nouveau
box-set. Déjà, il ne s’agit pas ici de
LP’s, mais de CDs, au nombre de cinq.
Les CD 1 et 2 renferment des ver-
sions remastérisées de On Through
The Night (1980) et High ‘N’ Dry
(1981) qui redonnent des couleurs à
ces deux superbes opus qui n’en man-
quaient déjà pas et que tout amateur
de bon hard rock se doit de posséder
dans sa discothèque. Le CD 4, Too
Many Jitterbugs – B-Sides And
Rarities, contient, comme son nom
l’indique, diverses raretés et faces B
plus ou moins connues, à commencer
par The Def Leppard EP, mythique EP
3 Titres autoproduit enregistré en
novembre 1978 en compagnie du
batteur Frank Noon et paru en 79.
On y trouve également le premier 45
Tours du groupe datant du 9 novem-
bre 79 et composé de « Wasted »
et » Hello America », deux titres pro-
duits par Nick Tauber (Thin Lizzy) et
différents de ceux qui apparaîtront
ensuite sur On Through The Night.
Mieux, deux autres compos datant de
ces mêmes sessions (« Glad I’m
Alive » et « Rock Brigade ») sont ici
dévoilées pour la première fois. Un
trésor pour les archivistes ! Ceux-là
connaissent déjà « Good Morning
Freedom », rareté figurant sur la face
B du 45 Tours « Hello America »
MON ALBUM DU MOIS par MORGAN RIVALIN
TRIVIUM
What The Dead Men Say
(Roadrunner/Warner Music)
Heavy/thrash/metalcore
Sortie : 24.04.2020
Avec ses vrais faux-airs de résumé de
la carrière de Trivium agrémenté de
nouveautés, The Sin And The
Sentence (2017) aura été le plus frais
des pots-pourris. Revigoré par l’arri-
vée du batteur-prodige Alex Bent et
par les concerts qui suivirent, le
combo d’Orlando a continué sur sa
lancée. On ne s’étonnera donc pas
que What The Dead Men Say, le neu-
vième album des Floridiens, s’inscrive
dans la droite lignée de son prédé-
cesseur, également produit par la
référence Josh Wilbur (Lamb Of God,
Gojira). Comme The Sin And The
Sentence, le nouveau Trivium
déborde de riffs, de plans virtuoses,
de ponts, de breaks alambiqués et
autres changements de rythmes. Il va
même encore plus loin, tout en réus-
sissant le tour de force de proposer
des morceaux faciles à appréhender,
quand ils ne rentrent pas immédiate-
ment dans le crâne. Après une intro
trop courte (c’est rare !) qui aurait
méritée d’être développée en vraie
compo instrumentale, car bourrée de
bonnes idées, le morceau-titre à
tiroirs donne le ton, avec ses riffs
aiguisés comme jamais et une batte-
rie chirurgicale pour un résultat à mi-
anglais sorti le 15 février 1980. Parmi
les 14 titres de ce CD figurent aussi,
et entre autres, des versions courtes
de « Let It Go » et « Bringin’ On The
Heartbreak », le plus obscur « Me
And My Wine » (qui aurait mérité
d’atterrir sur High ‘N’Dry), ainsi que
des remixes américains (dispensables)
de ces deux derniers titres. Dommage
que le groupe ne soit pas allé plus
loin encore en proposant les sept
titres enregistrés à Hull en août 1979
publiés, de manière non officielle, sur
le LP belge First Strike en 1985 (qui
contenait des choses intéressantes
comme « Heat Street » et « See The
Lights »), mais c’est déjà ça. Le CD 5,
Early BBC Recordings, renferme
quant à lui treize titres live mis en
boîte, avec un son superbe, par la
radio anglaise : quatre extraits des
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chemin entre la précision du death
metal local (de Floride, donc) et une
emphase toute heavy metal. Plus que
jamais, les amateurs de metal prog
seront ici en terrain connu tandis que
résonneront un riff à la Evergrey ou
encore un changement d’ambiance
digne de Dream Theater
(« Catastrophist », technique, mais
bourré de mélodies bien ficelées).
Particulièrement joueur, Trivium joue
constamment avec les tempi, et tant
pis si ça en chagrine certains. C’est
pourtant encore une fois au « meil-
leur de deux mondes » que la bande
nous donne droit en restant fidèle
aux cris et aux codes du metalcore
sans s’interdire de placer tout un tas
de plans typiquement heavy/thrash, à
l’image de ce « The Defiant » dont
les guitares galopantes convoquent
la cavalerie. Et partout, tout le
temps, un plaisir de jeu ultra commu-
nicatif qui atteint son point d’orgue
sur « Sickness Unto You », presque
too much avec toutes ses (bonnes)
idées enchaînées comme à la parade.
Le seul vrai point faible de What The
Dead Men Say ? Une propension un
peu trop grande à copi… euh, à ren-
dre hommage à ses voisins. On pense
surtout à Gojira, dont les « grigris
guitaristiques » sont plus que jamais
recopiés un peu partout ici et dont
un gros passage du « Backbone » est
carrément plagié sur « Bending The
Arc To Fear ». Matt Heafy (chant, gui-
tare) n’a jamais caché sa fanitude
pour la formation française signée
sur le même label que lui, mais
même si « ça reste dans la famille »,
une ligne jaune est franchie. Et un
carton de la même couleur, un ! En
tout cas, ça n’empêche certainement
pas votre serviteur d’écouter ce nou-
veau Trivium en boucle tout en
jouant de l’air guitare à deux mains.
Vivement que la voiture autonome
arrive pour que mes passagers soient
MORGAN RIVALIN . . . . . . . . . . . . . . . .8
plus sereins...
Andy Peebles Sessions du 7 juin
1979, quatre encore du légendaire
Friday Rock Show du DJ Tommy
Vance (3 octobre 1979) et cinq, enfin,
joués au Reading Festival le 24 août
1980. Tout cela est évidemment fort
alléchant, mais la substantifique
moelle, le saint graal, ce pour quoi les
fans sont prêts à se damner, tient sur
le CD 3 intitulé When The Walls Came
Tumbling Down. Y figure, en effet,
l’intégralité d’un concert donné par le
groupe au New Theatre d’Oxford
(UK) le 26 avril 1980 (et non 1979
comme on peut le lire ci et là) ! Nous
ignorons si ce show était déjà connu
des fans, mais peu importe. Il est
doté d’un son extraordinaire, tout à
fait digne d’un live officiel, et vaut le
détour pour d’autres raisons. Déjà, on
peut y entendre les onze morceaux
de On Through The Night joués à 200
à l’heure par des musiciens morts de
faim et rageurs (si on ne nage pas ici
en pleine NWOBHM, c’est à n’y rien
comprendre, contrairement à ce que
le chanteur Joe Elliott nous confiait
récemment). Ici délivrés dans des ver-
sions aussi sauvages qu’incandes-
centes, ces titres bénéficient parfois
de soli différents (quel guitariste que
ce Pete Wills !), d’une basse ronde
bien mise en valeur et d’une énergie
de tous les instants. Mais il y mieux
encore : quelques raretés (l’excellent
« Ride Into The Sun » et la face B
« Good Morning Freedom », prétexte
à un duel entre Willis et Steve Clark),
un « Lady Strange » encore inconnu
joué en avant-première (on le retrou-
vera l’année suivante sur l’album High
‘N’ Dry) et – c’est magique ! –
« Medicine Man » et « When The Rain
Falls », des versions embryonnaires
de ce qui deviendra plus tard « Rock
Rock ‘Til You Drop » (qui ne sortira
qu’en 1983 sur Pyromania) et « Let It
Go ». Non seulement, l’appellation de
ces morceaux devenus des classiques
est différente, mais hors leur riff prin-
cipal, c’est aussi le cas de leurs
paroles, de leurs structures et de
leurs arrangements. Bref, nous avons
ici affaire à d’autres morceaux, tout
simplement. Et ceci est très instructif
car cela permet de comprendre com-
ment Def Leppard et le producteur
Mutt Lange ont ensuite modelé ces
titres pour en faire les hits qu’on sait.
Le plus dingue dans tout ça, c’est
qu’à l’époque, Joe Elliott a vingt ans
à peine et le batteur Rick Allen tout
juste seize ans et demi !!! Très, très
impressionnant quand on voit que le
jeune groupe dispose déjà d’une
sacrée ribambelle de classiques et ce
dont il est capable sur scène. C’est
probablement cette incroyable matu-
rité, ses talents d’écriture et sa
fougue qui lui permettront très rapi-
dement de crever l’écran. Ne passez
pas à côté de cette leçon d’histoire si
le Def Lep des années 1979/82 est
votre préféré. Satisfaction garantie !
PHILIPPE LAGEAT
DIO
puisqu’à ce jour, ils n’ont jamais fait
Angry Machines - Magica - Killing l’objet de versions Deluxe. Nous en
The Dragon - Master Of The Moon arrivons donc aux quatre derniers
(BMG) opus du groupe, sortis entre 1996 et
Hard rock 2004 et aujourd’hui réédités en ver-
Sortie : déjà disponible sions double CD : le disque original et
Faisons le point sur la discographie un CD live. Des albums parfois
de Dio : Holy Diver (1983), The Last oubliés ou sous-estimés, parus dans
In Line (84), Sacred Heart (85) et une certaine indifférence à des
Dream Evil (87) ont fait l’objet, en époques peu réceptives au hard rock
2012 et 2013, de très belles réédi- traditionnel de Ronnie James Dio et
tions sous forme de digipacks 2 CD de ses différentes formations, et qui
bien troussés renfermant moult rare- n’ont pas rencontré un succès compa-
tés et live de très bonne qualité. Lock rable aux premières offrandes solo du
Up The Wolves (1990) et Strange chanteur. Des disques pour les vrais
Highways (93) attendent toujours une fans donc, qu’on se doit de disséquer
quelconque attention d’un label, comme un fan absolu de l’œuvre de
83

Ronnie le ferait. Et il y a de quoi
dire… Le contenant, tout d’abord :
ces mediabooks dotés d’un livret cen-
tral de 16 pages proposent quelques
illustrations inédites signées Marc
Sasso, déjà auteur de deux des
pochettes originales. A noter que
celle de Killing The Dragon, inédite
en CD, fut déjà utilisée en 2019 sur
un picture-disc sorti pour le Record
Store Day. Vous trouverez, dans ces
livrets les paroles des albums studio,
mais n’y figure aucune note ou histo-
rique remettant ces albums en pers-
pective, comme on peut souvent en
trouver dans les versions Deluxe. Plus
grave, on n’y trouve aucune précision
quant aux lieux et dates d’enregistre-
ment des morceaux live figurant sur
les CDs bonus, si ce n’est un plus que
vague « enregistré durant la tour-
née… » correspondant à chaque
album. Léger… La musique à présent.
Commençons par Angry Machines
(1996). Dio est alors au fond du
trou… Paumé, donnant des concerts
devant une poignée de supporters, il
semble se chercher lui-même avec ce
disque enregistré en compagnie de
Tracy G. (guitare), Jeff Pilson (basse)
et Vinny Appice (batterie). En résulte
un album peu inspiré, aux riffs dénués
d’imagination et à l’ambiance sombre,
voire dépressive, dont on peine à sau-
ver quelques rares extraits comme
« Golden Rules » et l’émouvant
piano/voix « This Is Your Life ». Le CD
live a tout du travail d’amateur. Avec
un minimum de recherches, et
contrairement aux concepteurs de ce
CD, nous pouvons indiquer que la for-
mation live de Dio en 1997 était com-
posée de Dio, Appice, Goldy, du bas-
siste Larry Dennison et du claviériste
Scott Warren. Probablement issus du
live Dio’s Inferno - The Last In Live
(1997), ces douze titres s’enchainent
sans logique (pourquoi, par exemple,
proposer un medley « Long Live
Rock’n’Roll/Man On The Silver
Mountain » auquel succède une autre
version de ce dernier titre ?), d’autant
que la qualité du son varie pas mal
entre les divers morceaux, dont les
interprétations laissent parfois à dési-
rer (« Stand Up And Shout », en med-
ley avec « Double Monday », et qui
n’est d’ailleurs même pas mentionné
sur le track-listing, est une catas-
trophe). D’autre part, où donc est
passé le bonus-track japonais « God
Hates Heavy Metal » ? Bref, à éviter !
Magica (2000) s’avère bien plus
consistant. Concept-album ambitieux
mais bien mené, enregistré avec un
line-up de vieux routards composé de
Ronnie, Craig Goldy (guitare), Jimmy
Bain (basse) et Simon Wright (batte-
rie), ce disque raffiné contient
quelques perles (l’instrumental pla-
nant/progressif « Magica Theme »
enchainé à l’imposant « Lord Of The
Last Day », « Fever Dreams », la
84
power ballad « As Long As It’s Not
About Love ») et se tient de bout en
bout. Le CD live est parfaitement rac-
cord avec l’album, puisque reprenant
la partie de ce disque jouée lors de la
tournée correspondante (pas tout à
fait l’intégralité, mais tout de même 9
titres sur 13), avec la même formation
ayant enregistré Magica.
Apparemment issu d’un seul et même
show et de par son caractère extraor-
dinaire, ce live s’avère très intéres-
sant. Le chouette inédit studio
« Electra », enregistré dans l’optique
d’un Magica 2 qui n’a jamais vu le
jour, figure aussi sur ce disque, ainsi
que l’histoire se cachant derrière ce
concept, narrée par Ronnie lui-même.
Manque néanmoins une nouvelle fois
le titre bonus de l’édition japonaise
d’époque, « Annica » (alors qu’il
figure sur la version Deluxe de ce
même disque sortie en 2013 !), lais-
sant toujours cet arrière-goût de bou-
lot incomplet… Killing The Dragon
(2002) fait également partie des réus-
sites studio de Dio. Boosté par l’arri-
vée de Doug Aldrich à la guitare, et
toujours épaulé par Bain et Wright,
Ronnie s’y montre particulièrement
inspiré (« Killing The Dragon »,
« « Scream », « Rock’n’Roll »,
« Push », tous de très bons titres).
Assurément, à l’instar de Magica, un
opus à redécouvrir. Le CD live, plutôt
maigrelet (6 titres) mais de bonne
qualité, laisse néanmoins planer le
doute : il a été enregistré sur cette
tournée, certes, mais en 2002 avec
Aldrich ou en 2003 avec le revenant
Craig Goldy (Aldrich ayant entre
temps été « volé » à Ronnie par
Whitesnake) ? « Heaven And Hell »
est bien joué avec Goldy (Ronnie le
présente à la fin du morceau), mais
pour le reste, la question reste en
suspens… Par souci d’exhaustivité
(qui ne semble pas avoir traumatisé
les concepteurs de ces rééditions),
pourquoi ne pas avoir fait figurer ici
les « Fever Dreams » et « Rainbow In
The Dark » de la version Tour Edition
de Killing The Dragon sortie 2002,
avec rien moins que Ronnie au chant
et Deep Purple aux instruments ? Des
titres captés (probablement à
Rotterdam le 30 octobre 2000) durant
la tournée Concerto Tour du Pourpre
Profond… Encore une occasion ratée
de rendre ces rééditions vraiment
indispensables. Enfin, Master Of The
Moon (2004) conclut la carrière de
Dio – le groupe – sur une bonne note.
Goldy, toujours présent pour épauler
son mentor, y est rejoint par Jeff
Pilson à la basse et Simon Wright (qui
rappelons-le, avait quitté de sa pro-
pre initiative AC/DC pour rejoindre
Ronnie !) à la batterie, alors que le
claviériste Scott Warren est enfin
déclaré membre du groupe à part
entière. Le speedé « One More For
The Road », « The End Of The
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MON ALBUM DU MOIS par EMMANUEL HENNEQUIN
ULCERATE
Stare Into Death And Be Still
(Debemur Morti)
Extreme metal
Sortie : 24.04.2020
Stare Into Death And Be Still ne nous
apprend pas qu’Ulcerate (Nouvelle-
Zélande) accuse une certaine expé-
rience en matière de sonorités
lourdes et extrêmes. Ce premier
album pour Debemur Morti (et le
sixième de la discographie) ne nous
apprend pas non plus que le groupe
est passé maître en l’art de la disso-
nance et de la création d’un effet de
confinement par la charge rythmique.
La garniture reste viscérale, mor-
tuaire. Ce qu’il nous apprend, par
contre, c’est que le trio qui déploie
le volume d’un sextet propage
aujourd’hui, au sein de son maels-
trom de guitares, des éclats mélo-
World » (avec un riff aux saveurs
AC/DC, si, si !) et l’épique « The
Eyes » doté d’effets de guitare sur-
prenants s’extraient d’un ensemble
solide, à défaut d’être génial. Le CD
live est bien maigre avec ses quatre
titres issus de la tournée 2004/2005
réalisée avec Rudy Sarzo à la basse,
mais est agrémenté du bonus-track
japonais « Prisoner Of Paradise », à
diques d’un niveau inédit. Cette
mélodicité, sans être frontale, étend
insidieusement son emprise : la vision
reste bien sûr imprégnée de noirceur
et de sévérité, mais de nouveaux
reflets partent en myriades. Ambre,
ocre. En surface, le son est technique
et fidèle à la typologie qui s’est affir-
mée sur les chapitres précédents. Il
se teinte, cela dit, d’un héroïsme dés-
espéré (le titre éponyme, superbe).
Ulcerate porte aussi un travail d’am-
biance (« Visceral Ends ») : feeling
charbon – quant au fond : conscienti-
sation de l’état de mort sur tout l’al-
bum. Comment ça, pas joisse ?
Confinement, sentiment que la mort
rôde, ça ne vous dit rien ? Ce disque
tombe à pic, vous le sentez bien. Et
puis, la forme laisse béat : le growl
de Paul Kelland sort d’un trou noir et
refuse de se laisser happer quand les
armatures saturées des guitares de
Michael Hoggard cherchent à enfouir
sa manifestation noire et vitale. C’est
bouleversant. Une musique de sym-
biose, un jusqu’au-boutisme :
absence totale de compromis en
même temps qu’une recherche
d’équilibre entre tension pure et spa-
tialisation (le riffing de « Inversion »
est à se damner). Criez autant que
vous le voulez. C’est l’heure, c’est la
fin. Dans l’espace, plus personne ne
vous entend hurler, de toute
EMMANUEL HENNEQUIN . . . . . . . .8,5
manière.
priori unique rareté de cette époque.
Bref, vous nous avez compris : réflé-
chissez-y à deux fois avant de vous
jeter sur ces éditions 2020 donnant
dans « l’à peu près », alors que l’occa-
sion était belle de rendre ces versions
définitives pour l’hommage qu’il se
doit à ce grand Monsieur du hard
rock. A vous de choisir !
BENJI
Si vous vous abonnez et que vous êtes intéressé par une place de concert, outre
ABONNEMENT les shows proposés en page 98, vous pouvez choisir n’importe quelle date
indiquée dans un cadre doré en le précisant clairement sur votre coupon.
& VERYSHOW
& 58 SHOTS 06/06 - Le Bois d'Oingt, Festival Buis’n’Pop
06/06 - Puilacher (34), Festival Coop Live 13/06 - Esquelbecq, Label Guitare Fest
13/06 - La Motte (22), Festival de la Motte Y 19/06 - Clisson, Hellfest
Va Sons 28/06 - Pérouges, Printemps de Pérouges
31/07 - Metabief (39), Festival de la Paille
29/08 - Bethancourt-en-Vaux (02), LITTLE CAESAR
Festival Plein air 02/10 - Marseille, Cherrydon
04/10 - Paris, Etoiles
18/09 - Angoulins (17), Crossroad Bar
AEROSMITH + RIVAL SONS LYNYRD SKYNYRD
29/06 - Nîmes, Arènes BLUE ÖYSTER CULT
30/06 - Paris, AccorHotels Arena 02/06 - Paris, Trianon (ATTENTION PLUS DE
06/07 - Paris, Boulogne-Billancourt PLACES DISPONIBLES EN ABONNEMENT)
AMARANTHE
+ BEYOND THE BLACK MADBALL
20/11 - Paris, Elysée Montmartre 30/06 - Biarritz, Atabal
21/11 - Bordeaux, Rock School Barbey
MESHUGGAH 25/11 - Lyon, Ninkasi Kao MESHUGGAH
29/06 - Grenoble, La Belle Electrique 29/06 - Grenoble, Belle Electrique
30/06 - Toulouse, Bikini THE BLACK CROWES 30/06 - Toulouse, Bikini
05/07 - Bordeaux, Rocher de Palmer 05/07 - Bordeaux, Rocher de Palmer
27/10 - Paris, Olympia
BLUE ÖYSTER CULT MIKE TRAMP
& MARKUS NAND play NIGHTWISH
02/06 - Paris, Trianon 25/11 - Paris, Accor Hotel Arena
& GÉRARD DROUOT WHITE LION
PRODUCTIONS 23/10 - Marseille, Cherrydon
BLUES PILLS
13/06 - Tourcoing, Grand Mix
16/06 - Strasbourg, Laiterie MORTUARY
13/06 - Thimory, Gatinaicticut Metal Fest
BRITISH LION
10/07 - Paris, Trabendo MUDHONEY
22/09 - Nîmes, Paloma
23/09 - Clermont-Ferrand,
BURR FEST (concert caritative
pour MS Trust) Coopérative De Mai
24/09 - Bordeaux, Rockschool Barbey
09/07 - Rouen, Bifröst avec GYPSY'S KISS
+ DENNIS STRATTON/COVERSLAVE 25/09 - Joué-Les-Tours, Temps Machine
10/07 - Paris, Backstage (O’ Sullivan) avec 26/06 - Besançon, Detonation Festival
GYPSY'S KISS + DENNIS STRATTON/ 27/09 - Paris, Maroquinerie
COVERSLAVE + FRIENDS OF THE
BEAST NASHVILLE PUSSY
27/05 - Paris, Petit Bain
STEVEN WILSON DEEP PURPLE
21/09 - Paris, Zénith 20/06 - Clisson, Hellfest PARKWAY DRIVE EPICA + APOCALYPTICA
+ HATEBREED
30/06 - Paris, Seine Musicale 03/12 - Paris, Zénith
01/07 - Nîmes, Festival de Nîmes + STICK TO YOUR GUNS
20/07 - Carcassone, Festival 27/11 - Paris, Zénith
24/07 - Colmar, Foire aux Vins
PEARL JAM SCARLEAN
19/09 - Montpellier, Secret Place
DORO 19/07 - Paris, Hippodrome de Longchamp
(Lollapalooza) 23/09 - Toulouse, Usine à Musique
10/11 - Paris, Maroquinerie
PERIPHERY SORTILEGE feat. Zouille
FU MANCHU
(30th Anniversary Tour) + UNPROCESSED + MANIGANCE
17/06 - Paris, Cabaret Sauvage 12/06 - Paris, Maroquinerie 28/10 - Paris, Elysée Montmartre
JOE SATRIANI 22/06 - Laiterie, Strasbourg
30/05 - Gérardmer, Motordays Festival PETER FRAMPTON SUM 41
31/05 - Strasbourg, Laiterie
02/06 - Paris, Olympia (ATTENTION PLUS DE PLACES HARDLINE + WILSEE 09/06 - Paris, Olympia 30/06 - Strasbourg, Laiterie
01/07 - Strasbourg, Laiterie
DISPONIBLES EN ABONNEMENT) 11/09 - Marseille, Cherrydon
04/06 - Nantes, Cité des Congrès THE PINEAPPLE THIEF
05/06 - Saint-Malo, Nouvelle Vague
HELLOWEEN 28/09 - Toulouse, Metronum TAGADA JONES
06/06 - Clermont-Ferrand, Coopérative de Mai
07/06 - Lyon, Transbordeur 07/10 - Paris, Olympia 02/10 - Lyon, CCO 27-28/11 - Paris, Trianon
09/10 - Lyon, Transbordeur 03/10 - Paris, Elysée Montmartre
07/10 - Strasbourg, Laiterie VOLBEAT
HOLLYWOOD VAMPIRES 23/06 - Nancy, L’Autre Canal
31/08 - Paris, Olympia RAISMES FEST 24/06 - Lyon, Transbordeur
avec THE DARKNESS + MYRATH 26/06 - Bordeaux, Rocher de Palmer
+ ELECTRIC MARY + LITTLE CAESAR 29/06 - Toulouse, Bikini
IRON MAIDEN + AIRBOURNE
+ AVATAR + THUNDERMOTHER + ROBERT JON & 30/06 - Nîmes, Paloma
11/07 - Paris, La Défense Arena THE WRECK + THE ELECTRIC ALLEY
+ RED BEANS AND PEPPER SAUCE VULCAIN
KISS + OCTANE. (Desperados 35th Birthday Bash)
+ THE LAST INTERNATIONALE 12-13/09 - Raismes, Château de la Princesse 25/10 - Paris, Etoiles (concert à 18h00)
09/06 - Paris, AccorHotels Arena
RAMMSTEIN
09/07 - Lyon/Décines, Groupama Stadium
KNUCKLE HEAD
26/06 - Montalivet, Showbike Aquitaine
10/07 - Le Mans, 72h du Mans
(complet !)
10/07 - Lyon/Décines, Groupama Stadium
ATTENTION
17/07 - Dieulouard (54), East Summer Compte-tenu de la situation
Festival RED MOURNING
25/07- La Bresse (88), Mountain Rock Show 05/07 - Gisors (27), Château, Kave Fest exceptionnelle, ces dates sont
KISS à titre indicatif et peuvent être
(ATTENTION PAS DE PLACES DISPONIBLES
LAURA COX ROBERT JOHN
EN ABONNEMENT)
09/06 - Paris, AccorHotels Arena 04/06 - Colmar, Grillen & THE WRECK modifiées ou annulées.
05/06 - Massy, Paul B 04/06 - Paris, Etoiles
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