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tome 3

Sou h Si+ectbn Se
ALAIN REY

DICTIONNAIRE HISTORIQUE
DE LA
LANGUE FRANÇAISE
coizteru2tzl

DICTIONNAIRES LE ROBERT - PARIS


Tihv 2roh 2e reprd~tbn, 2e trductbn et i&zûqkatbn rtGervh pmfr tmti pyd.
0 1998, Dictionnaires LE ROBERT, pour la présente édition en petit format.
0 1992, Dictionnaires LE ROBERT, pour la première édition.
27, rue de la Glacière, 75013 PMS.

ISBN 2-85036-532-7
ISBN 2-85036-565-3 (kom 3)
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2911 PREMIER

PREMÉDITER v. tr. est emprunté (13%) au la- pour désigner le plus ancien d’une série de souve-
tin praemedituri <méditer d’avance, se préparer rains portant le même nom ( 1585, François pre-
par la réflexionn, composé de prae <<d’avancen mier). uLe mot quatie aussi le premier à venir
(+ pré-) et de medituri I+ méditer). dans le futur, par exemple dans à lu première OCCU-
+ Le premier emploi de pronominal se prémkhter, sion (1616). + Quant à l’espace, premier exprime
(10803 ce qui se présente, que l’on peut voir d’abord,
<s’accorder à l’avance sur ce que l’on fera>), est sorti
par rapport à un point de repère, C’est là le sens
d’usage. La construction transitive au sens de udé-
réalisé dans le syntagme premier étage qui, par el-
eider d’avance ce que l’on fera)} (v. 14801, souvent
avec un complément désignant un acke coupable lipse du nom, aboutit à la substantivation de pre-
mier ( 17621, par exemple dans habiter au premier,
ou délictueux, s’est imposée comme le seul emploi
du verbe. et abrégé populairement en preu hxe s.1 ou preum.
0 Par extension de la valeur spatiale, on passe à
k PRÉMÉDITÉ, ÉE, participe passé de préméditer, l’idée d’aen avant, vers l’avant> dans l’expression la
est adjectivé au sens de <<décidé d’avance» ( 14911, tête la premitire (1564; 1508, h teste première).
en particulier en droit à propos d’un crime, d’un 0 Dès 1119, premier qualtie aussi ce qui se pré-
acte délictueux. sente avant les autres dans une série, un ordre
PRÉMÉDITATION n. f. est emprunté ( 1370-1372, conventionnellement déti (premier chapitre, etc.).
premeditacion) au dérivé latin pruemeditatio, -anis 411 est substantivé au féminin, PREMIÈRE, pour
eaction de méditer d’avance%. Il a si@& Kaction de désigner la classe qui précède les classes terrni-
réfléchir par avance, de penser à l’avance à qqch.a> nales des études secondaires 116173 - la première
puis, l’accent portant moins sur le procès que sur la désignant en français contemporain la classe ter-
visée, préméditation désigne le dessein réfléchi, minale du second cycle -, au masculin pour le pre-
l’intention délibérée d’accomplir un acte, à la fois mier énoncé d’une charade (1842, mon premier1 et,
comme terme de droit ( 16901,notamment en par- au xxe s., au féminin, pour la première vitesse d’un
lant d’un délit, d’un crime, et dans le langage cou- véhicule à moteur (19321, par exemple dans passer
rant Imeutire avec préméditation; sans prémédita- en premikre, passer la première. 0 Une première dé-
tion), en relation avec prémédité. signe aussi la première représentatjon publique
d’un spectacle. +Avec une notion de hiérarchie,
PRÉMICES n. f. pl. est la réfection (1174-l 178,
premier a développé dès l’ancien français le sens
premice) de primices iv. 1120) sous l’influence du la-
de “qui vient en tête pour la qualité, la valeur, l’im-
tin praemissa I+ prémisse). Primices était em-
portance> Iv. 11701, d’où les locutions comme de
prunté au latin ecclésiastique primitiae n. f. pl.
première distihîon ( 17901, de premier choix Ipre-
Npremiers produits de la terre, du bétail- et, avec
nier choix, 1855) et, elliptiquement, de première
une valeur de singulier généralisé, <commence-
11893, alors donnée comme régionale). L’idée hîé-
ment, débutb. Ce mot existait déjà en latin clas-
rarchique est aussi présente dans première classe,
sique avec des sens analogues; il est dérivé de pri-
elliptiquement la première 118381, en parlant d’une
mus file plus en avant, le premier» (+ prime).
classe dans un moyen de transport toujours en
4 D’abord attesté dans une traduction de psaumes, usage en France, à la différence de la tiotiiéme (en
prémices est employé comme terme religieux pour aviation, première ne s’oppose pas à seconde ou
désigner, à propos de l’antiquité, les premiers deuxième mais à classe affaires, touriste, etc.).
fkuits de la terre et les premiers nés d’un troupeau 0 Avec cette valeur hiérarchique, premier qualfie
destinés aux ofiandes religieuses. 0 Par analogie, aussi un nom de personne (v. 11751 et sert à former
il désigne les premières réalisations d’un artisanat, des noms de titres, de dignités (1606, premier pré-
d’un travail Iv. 1120) et a pris la valeur figurée de sident; 1694, premier ministre*). Premier, substan-
«première manifestation, premier résultat d’un tivé à propos du premier ministre anglais, l’est par
processus, débutn lapr. 12501. Par métaphore, il emprunt f1909) à l’anglais premier, lui-même em-
s’est employé dans la langue littéraire en parlant prunté au tiançais. ~L’adjectif sert également à
de la virginité d’une femme. former des noms de fonctions, au théâtre où l’on
parle de jeune premier (1817, moins couramment
@$) PREMIER, IÈRE adj., n. et adv., d’abord pri- au féminin), emploi repris par le cinéma, et en cou-
mers Iv. 9801, puis premier (10801, est issu par évolu- ture où le féminin première désigne la directrice de
tion phonétique du latin primarius “qui vient avant rayon dans une maison de couture C1874). + Premier
les autres en rang, et qui a donné primaire* par un Sign%e aussi “qui est dans l’état de son origineti, gé-
emprunt savant postérieur. Primariw est dérivé de néralement après le nom (15591, en concurrence
primus “qui vient avant les autre+, ~~principal~, avec primitif + D’autres emplois postposés assu-
passé en français dans 0 prime*. ment des acceptions didactiques en mathéma-
+ Le mot est d’abord employé adjectivement au tiques où nombre premier E13903 désigne un
sens temporel de cqui est le plus ancien, apparu ou nombre entier qui n’est divisible que par un et par
à apparaître avant)), par exemple dans premier âge lui-même. En philosophie, cause première ( 1585) se
(15611, premiéres amours (15611, le premier venu réfère à la cause qui contient en soi la raison d’être
(1561), celui-ci entrant dans la locution proverbiale des autres réalités. ~Plus courarnrnent, premier
n’être pas le premier venu Gtre remarquable> qualifie ce qui s’impose à l’esprit, par exemple dans
118633. 0 En histoire, premiers temps ( 1657- 16623 a vérité première (1835). Il est employé en psycho-
remplacé primers anz hnsl Idéb. XII~ s.l. 0 Depuis le logie et en linguistique (1972, sens premier) à propos
XVI~s., l’adjectif est employé après un nom propre de ce qui est le point de départ.
PRÉMISSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

L’emploi adverbial de premier au sens de ad’abordn troduit en médecine pour qutier ce qui apparaît
Iv. 1120) s’est éteint sous la concurrence de premti- avant la phase aiguë d’une maladie et en permet le
cernent et la locution conjonctive premier que Il3771 diagnostic précoce. Sous l’influence du sens mo-
Kavant quen est elle aussi sortie d’usage. Il reste une derne de prémonition, il qualifie ce qui constitue
trace de l’ancien emploi adverbial dans la locution une prémonition (19231.
en premier Idéb. XII~s., ert primersl ad’abordn et,
avec une notion hiérarchique, aen tête pour l’im- PRÉMUNIR v. tr. est emprunté (1367) au latin
portance- (18201. praemunire afortfier d’avance un lieu)}, au figuré
ccprotégep, amettre en avant en guise de défense%,
~Premier n’a produit qu’un dérivé : PREMIÈRE-
de prae aen avant, d’avance> b pré-) et de munire
MENT adv. (v. 1135) aen premier lieu, d’aborda. +Il
I+ munirl.
entre comme premier élément de quelques mots
composés (noms et adjectifs), tels PREMIER-N& + Le verbe est emprunté au sens de =munir par pré-
PREMIÈRE-NÉE (XII~~ sd, synonyme d’aké, autre-
caution, garantirti. Il est plus courant à la forme
fois PREMIER-PARIS n. m. (1836) <article de tête pronominale se prémunir ase garantir par des pré-
dans un grand journal parisien», et, dans la hiérar- cautions» 116711.
Chie, PREMIER-MAÎTRE n. m. (d sd, PREMIER- b PRÉMUNITION n. f. est un emprunt de la Re-
LIEUTENANT n. m. naissance 1152 1, premunicion) au dérivé latin prae-
l3n relation avec l’emploi spécialisé du féminin pre- muniti uprécaution oratoire> et, à basse époque,
mière (ci-dessus) pour désigner la première repré- «protection>>. 4 Le mot a d’abord été un terme de
sentation d’un spectacle, le féminin fournit le se- rhétorique désignant une figure (la prolepsel qui
cond élément de AVANT-PREMIÈRE n. f. (18921, prépare l’auditeur à qqch. qui pourrait le blesser
<<représentation qui précède la première= (et suit la ou lui déplaire. Il a eu également les sens de ~PI%-
répétition générale). paration, prémonitions ( 15421 et uaction de prému-
nir- 11576). 0 L’usage moderne ne l’emploie plus
PRÉMISSE n. f. est emprunté (1310) au latin qu’en médecine immunologique pour désigner
scolastique praemissa, terme de logique désignant l’état de résistance à la surinfection d’un orga-
chacune des deux premières propositions d’un syl- nisme déjà infecté (l%W.
logisme ~III” S.I. C’est un neutre pluriel considéré
comme un féminin singulier. fl est substantivé par
* PRENDRE v. est issu dès le roman (8421 du
latin prehendere, forme plus usuelle de praehen-
ellipse du nom dans le syntagme pruemksa senten-
dere, syncopée en prendere. Le verbe Iatin exprime,
tia, du participe passé de praemittere *envoyer de-
comme capere I+ capter, chasser), le fait de saisir
vant ou préalablement>>, de prae I-, pré-) et de mit-
physiquement et par l’esprit, de surprendre sur le
tere aenvoyeP> (3 mettre).
fait, de se saisir de qqn, de l’arrêter, et, avec un
+Le mot, emprunté comme terme de logique, a nom de lieu pour complément, de prendre posses-
presque toujours été employé au pluriel. Il est sion, d’occuper, ou seulement d’atteindre. Praehen-
passé rapidement dans l’usage courant pour dé- dere est composé de prae <<devant, (3 pré-) et d’un
signer, dans un style soutenu, un fait d’où découle verbe simpJe “hendere qui n’est pas attesté isolé-
une conséquence, la condition première d’un phé- ment, mais dont la racine signîfïmt asaisi~ figure
nomène (v. 13501. (avec prael dans praeda (+ proie) et seule dans he-
0 Voir PRlhJICES.
dera I-, lierre). Si pruehendere s’explique bien, le e
de prehendere est isolé et obscur. Le “hed-, qui est
PRÉMONITION n. f., d’abord premonicion dans praeda, rappelle le vieil islandais geta Kat-
(av. 14641, puis prémonition (av. 15141, est emprunté teindren, le radical du gotique &-gitan &-ouvep, du
au bas latin pruemonitio, -anis aavertissement vieil anglais forgietan aoubliep) (d’où l’anglais to for-
préalable», mot formé de prae & I’avanceH (+ pré-) get>. Le “hend- de pre-hendere concorde de son côté
et de moniti aavertissement, conseil>, lui-même avec la racine grecque de hheisomai Mje contien-
dérivé de monitum, supin de monere afaire songer drain Ide “hhend-semai), et avec l’albanais gendem
à-, <avertir, exhortep qui si@& parfois <<prédire, cje suis trouvén : on est donc amené à postuler une
présager)> I+ moniteur). double racine de forme ‘glxed- et Oghend-. En latin,
+ Le mot, employé pour CavertissementB puis aavis prendere, qui est beaucoup plus énergique que ca-
donné à l’avance%, est resté rare jusqu’au XIX~ s. où pere, a absorbé la plupart des sens de celui-ci, qui
il est qutié de Nvieuxn et ahors d’usage» par les ne survit que dans des emplois restreints et dans
dictionnaires (Académie, 1842 ; Bescherelle, 1845). les langues romanes (espagnol, ancien provençd
oLe sens moderne, *avertissement inexplicable caber mtenir une placen, etcJ. Prendere se prolonge
relatif à un événement à venir,, n’est attesté que dans l’italien prendere Il’itahen dit aussi pigliare,
depuis 1923. Le sens neutre ancien d’tiavertisse- + piller) et l’espagnol prender <emprisonner*.
ment>> se retrouve dans l’emploi en zoologie à pro- + Prendre est employé trmsitivement dans Les Ser-
pos de l’avertissement donné par certains insectes ments de Strasbourg dans prendre plait aconclure
aux prédateurs par l’intermédiaire de colorations un accord (avec qqn)p. Il est attesté dès le xes. avec
spéciales. le sens concret courant de +&sir avec la mainb
F PRÉMONITOIRE adj. est emprunté 11853) au la- Iv. 9801, entrant dans la locution prendre en mains
tin praemonitorius “qui rappelle qqch. à l’avance, (1160-11741, d’où prendre une affaire en mains
qui avertit», de praemonitor acelui qui avertit, pré- (1658) avec une valeur figurke. Ce sens WUel du
vient», lui-même de praemoniti. + Le mot a été in- mot est réalisé dans des locutions figurées comme
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRENDRE
prendre la balle au bond Ksaisir I’occasionm 116901, faim (16781. ~Plus abstraitement, la tournure im-
prendre le taureau par Ies cornes «s’attaquer de personnelle exprime le fait de venir à l’esprit de
front aux difScultés» (18981. 0 L’accent étant mis qqn, lui advenir Idéb. x# s.), spécialement dans des
sur l’énergie de l’action, prendre Sign%e <<saisir vî- locutions comme mal vous en prendra Iv. 14801 ou,
vement (qqch.) en se servant d’une autre partie du dans la langue familière moderne, ça I’a pris
corps que les main+ 11080), telle que la bouche, les corne une envie de pisser (attesté 1962 dans les
dents, la gueule d’un animal, le bec, les pattes dictionnaires).
111881,et aussi en se servant d’un instrument, d’un Depuis l’ancien français, prendre exprime égale-
outil (1690), d’où la locution figurée n’être pas à ment le fait de prélever de l’argent (de son trésor)
prendre avec des pincettes Il8923 &re sale>> et [10501, de recevoir de l’argent (10801, spécialement
&re de mauvaise humeur», 0 Tout aussi couram- de recevoir comme rémunération (15851 et, sans
ment, prendre exprime le fait d’amener à soi, de que l’objet designe nécessairement un bien maté-
mettre avec soi C1050) dans un grand nombre d’em- riel, de s’approprier qqch., par exeinple dans c’est
plois, avec un nom d’objet ou avec un nom de per- à prendre ou à laisser (av. 1544). Q L’accent est mis
sonne (16671, de partie du corps pour complément sur la plus ou moins grande violence de l’action
(prendre sa tête dans ses mains, etc.). Un des em- dans l’acception de arecevoir lun coup))) (10801, au-
plois du mot avec un nom de personne pour jourd’hui familière, dans l’emploi pour =S’emparer
complément correspond à l’idée de «recevoir, ac- de (un lieu)>> ( 10801, militairement et, par tiaiblisse-
cueillir-H (av. 17841, dans une relation comme celle ment, au jeu (16903, et aussi pour <<posséder de force
du médecin au malade, de l’enseignant à (une femme)» Cv.1480). 0 La relation d’appropria-
l’élève, etc. tion est plus abstraite et distendue dans un grand
Comme le verbe latin, prendre a aussi (déb. XI? s.) le nombre d’emplois attestés depuis l’ancien français
sens abstrait de «comprendre, interpréter d’une et, là encore, prendre sert à former quantité d’ex-
certaine façonn, souvent supplanté par le composé pressions verbales pouvant suppléer l’absence de
comprendre” et par d’autres mots de la même fa- verbe simple, régissant un substantif complément
mille (+ appréhender), mais resté usuel dans cer- souvent construit sans déterminant: prendre
tains emplois et locutions où le complément direct conses Iv. 11651, prendre le nom de (1568, en par-
est suivi d’un adverbe ou d’un complément prépo- lant d’une ville), prendre date 1174O), prendre
sitionnel : prendre a la valeur d’Gnterpréter>> dans exemple sur Cv.1180, prendre essample de qqn), et
prendre qqch. à la lettre Cv.12781, de «supporter avec la nuance plus intellectuelle de xconsidérep
bien ou mal* dans prendre qqch. de travers (11551, (1428, or prenons que). 0 Le sens se rapproche
prendre mal ( 1535-15741ou du mauvais côté ( 16941, d’Gnscrire, reproduire)) dans des emplois posté-
prendre les choses au tragique (17451,etc. Dans la rieurs à 1600, tels que prendre le double d’une écri-
locution à tout prendre ( 16081, il correspond à ture (16061, prendre les dimension (16901, et dans
aconsidérep et, suivi d’un nom de personne ou de l’emploi spécial au cinéma (1907, MélièsI et en pho-
chose, exprime l’idée d’kprouver un sentiment tographie (prendre en photol. ~Avec un
pow, spécialement dans la locution prendre (les complément désignant une personne, prendre ex-
hommes, etc.) comme J% sont (16661, prendre en prime le fait de s’adjoindre qqn 110501, spéciale-
aversion, en &ppe, etc. OPrendre sur soi a ment d’épouser (1050, prendre moyler Idu latin mu-
d’abord si@% Il 1761 <<rapporter à soi>> avant de lier <~femme~l puis prendre pour femme, enregistré
correspondre à ase dominer)) Cv.1220). L’idée est la par Furetière et en concurrence avec prendre
même, mais avec une valeur concrète, dans femme =se marieA et d’engager (prendre comme
prendre qqch., qqn à sa charge 11606) et prendre mercenaire, 1460- 1463 ; prendre pour serviteur, 15361.
sw soi de faire qqch. avec l’indication supplémen- 0 Prendre qqn OU qqch. pour... exprime aussi une
taire de -se donner beaucoup de mal, de peine)}. relation abstrtite de Croya;nce, souvent avec une
~Une importante série d’emplois procède de idée de méprise Iv. 1370) comme dans les locutions
l’idée d’agir de facon à avoir, à mettre une chose ou pour qui me prenez-vous ? (1460- 1463, sous une
une personne en sa possession. Prendre gqn Sign%e forme plus développée), vous me prenez pour un
(v. 9801 Ncapturera, valeur très atténuée dans les lo- lune1 autre, ou de confusion Iv. 1480) comme dans
cutions où le complément est en rapport avec un prendre qqch. pour argent comptant (16901.0 L’ap-
second complément (prendre qqn en..., 6...I : propriation que marque le verbe peut se faire sur
prendre en traître (16361, au Pi&ge (16901, on ne l’y le mode de l’absorption (13501avec un nom de bois-
prendraitplus (1668)dans les Fables de La Fontaine son, d’aliment, de médicament (1450-1465) et dans
où l’on trouve aussi tel est pris gui croyait prendre. les locutions prendre les eaux «boire des eaux ther-
L’accent est mis plus paY-ticulièrement sur la brus- males) (apr. 16611, par extension prendre le fra&
querie et la notion de surprise dans prendre (qqn1 (16681, prendre un bain (1673) qui apparaissent à
sur le fait 11450-14551, prendre lqqnl au dépoutw l’époque classique. OPar extension, lorsque l’ap-
(1674; dès 1480, au passa, je vous y prends I17601, propriation cesse d’être volontaire, le verbe corres-
prendre Qqti en faute (1798) et, plus tard, prendre pond à cccontractern, par exemple dans prendre
Cqqnl la main dans le sac ( 1808). 0 Le complément (une mcrrladiel Iv. 11551, et à <<subir Iun dommage)*
de prendre peut être un animal Cv.11401, spéciale- en parlant d’un bateau qui prend l’eau I 16 131, d’une
ment dans le contexte de la chasse, de même que, maison qui prend feu (1669). Avec un complément
par métaphore, le sujet peut être une chose ex- désignant un événement, prendre correspond à <<se
térieure (v. 12801 qui s’abat brusquement, tels la mettre en situation de faire IqqchJn (v. 1050,
nuit, un sentiment 110501, le sommeil Cv.11551, la prendre cong&; avec un complément désignant
PRENDRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une portion de temps, il exprime le fait d’user à son cheveux). Les autres sens de se prendre sont appa-
gré de celle-ci (v. 1480, prendre du bon temps). TUS aux XVI~ et XVII~siècles : s’y prendre (15801, se
0 Dans un nombre considérable d’expressions, prendre à gqch. (1611, archtique) expriment le fait
l’accent est mis sur la valeur inchoative du procès, de s’y mettre avec adresse ( 16111, spécialement
c’est-à-dire sur le fait de commencer à faire, d’en- dans s’y prendre Ibienl pour (1656-16571. 0 IInfm, se
treprendre. C’est le cas pour prendre la fuite prendre pour, suivi d’un nom, Sign%e +,e croire,
(déb. XII~s., prendre fuite), prendre son vol Iv. 12251, s’estimerm (av. 16151,avec la même idée de méprise
son essor, prendre gzwde A ( 1174-11801, prendre que le verbe transitif, d’où par exemple se prendre
courage Cl1881, prendre phisir, où l’accent porte pour un autre.
davantage sur le procès lui-même (13701, prendre b Le verbe a produit quelques dérivés et, par pré-
pkce (1450-14651, prendre les armes Cv.14801, ces fixation, des verbes qui, pour la plupart, ont suivi un
expressions pouvant équivaloir à un verbe Ise pla- développement sémantique important à partir
cer, s’armer, *a.1. 0 Au xwe s., on rencontre Iséman- d’une valeur particuhère de prendre; sauf re-
tiquement en désordre) prendre naksance (1540, prendre, ces verbes sont semantiquement détachés
d’un homme), prendre la plume acommencer à du verbe simple (+ entreprendre, Néprendre,
écrirez ( 15361, prendre les devants (15851, prendre (se) méprendre, (se) reprendre, surprendre).
soin de 115351,prendre parti (pour ou contre) (15851, Tous les dérivés du verbe sont attestés au me siècle.
prendre Qpartie aattaquer (qqn) en paroïesm (15993. +PRISE n. f. Iv. 1119) ne correspond au verbe que
Beaucoup d’autres locutions analogues, concrètes dans quelques valeurs spéciales et emplois figés.
et abstraites, ont vu le jour au XVII~ et au ~~III~s., Dès les premiers textes, il est employé pour dé-
comme prendre connaissance 116041,prendre fait signer une proie attrapée à la chasse (1119, sens
et cause pour... (av. 1615, avec des articles qui dis- auquel correspond la valeur active, aaction de cap-
paraissent au cours du siècle suivantl, prendre le turer un animdn (v. 1165) qui est restke vivante
deuil (16111, prendre le vent (16061, prendre part dans d’autres contextes (la prise d’une place
(1656-16571, prendre forme 117981,prendre la porte forte, etc.). 0 Prise désigne également l’action de
~or’ti~ (17981, prendre le kwge as’en allep (18691, faire passer en son pouvoir et celle de faire prison-
prendre sa retraite (18701,prendre le voile (1869) et, nier EV.1160-l 1741,d’oti par métonymie l’ensemble
au ti s., prendre la tangente, familier pour «s’es- des prisonniers Iv. 11551.En moyen français et sans
quiverB ( 19071 et prendre ses distances (19551. que son emploi corresponde à la norninalisation
Prendre est également employé intrarktivement d’un emploi figé de prendre, il commence à dési-
dès l’ancien fYan@ Iv. 11401, le sujet désignant gner concrètement un dispositif dont la fonction est
une substance qui durcit, qui épaissit, une per- de prendre : prise de la rivière (13%) désignait ainsi
sonne accaparée par un sentiment (1176-11811, le l’écluse au moyen de laquelle on retenait une par-
feu qui commence à flamber, à consumer Il 176- tie de l’eau de la rivière pour la détourner; l’ex-
1181). Ultérieurement, prendre correspond aussi à pression moderne prise d’eau (16001 est analogue
aavoir de l’effet, être efficace* (15381, ~s’enraciner~ et annonce d’autres termes techniques, comme
(1559) d’où =Obtenir le succès désir& Iv. 19501,spé- prise d’air 118981, prise directe ou, absolument,
cialement Gtre cru» Cçu rze prelzd pasl. prise (1899) pour une position du changement de vi-
Avec un sujet désignant ce qui suit une direction, tesse dans une automobile, sans rapport de multi-
prendre correspond à <comrnencen (v. 1500) et, plication ni de démultiplication, et prise de courant
avec un sujet désignant la personne qui se déplace, (19021, prise de tewe Cl9243 en électricité. oAu
à auivre (un cheminb (1616 ; dès 1606, dans prendre xwe s., prise se spécialise en lutte où il désigne l’ac-
à droite, à gauche). tion et la facon de saisir le corps de l’adversaire
EnSn, le verbe s’emploie au pronominal se prendre (1548) et, par métonymie, l’endroit où une personne
dès 1135 pour as’attacher à Iqqch.)», sens qui a vieilli peut être saisie ( 1567). La même idée est générali-
mais survit dans la langue littéraire avec la valeur sée dans les locutions donner prise E1614) et avoir
figurée de <s’intéresser vivement àn. II assume dès prise (16321, de sens concret et abstrait, ainsi que
l’ancien tiançais la valeur de ((se mettre b (v. 1150, dans l’emploi du mot en alpinisme pour désigner
se prendre à, suivi en générai d’un infmitti. 0 Dès l’endroit de la roche o&ant un point d’appui 118893.
le milieu du XII~s., il exprime également le fait de 0 La locution être aux prises avec (1580) procède
s’attaquer à qqn, autrefois sous la forme se prendre de se prendre +e disputer, attaquern : d’abord
8 qqn, qqch., de nos jours s’en prendre à qqn, qqch. construite avec un nom abstrait (maladie), elle se
( 1739, ne s’en prendre qu% soi-même>. Cf. aussi «se construit également avec un nom de personne
prendre la tête3 (farn.1. ~Avec un nom de subs- ( 16721 et se rencontre sous les variaAes venir aux
tance pour sujet, se prendre est en concurrence prises ( 16111, en venir aux prises ( 16681, lesquelles
avec la construction intransitive pour exprimer le correspondent à la locution moderne en venir aux
fait de devenir dur, de se coaguler (13761, spéciale- maints et, avec changement de point de vue, mettre
ment de geler (1623). 0 Depuis le XI? s., se prendre, (des persomesl aux prises (16871, toujours en
avec un sujet nom de personne, est employé avec usage. 0 Le singuLier entre à la même époque dans
la valeur réciproque de +se tenir l’un l’autre», la locution restée usuelle Mcherprise (1653) de sens
&.rni~ 115541, spécialement &mir en mariageti concret et abstrait, qui semble correspondre à l’an-
( 17%) et, de nos jours, &.kr sexuellement>. cienne locution avoir prise ese quereller» (1632) où
0 Avec un complément introduit par par ou à dé- ptie exprime la dispute, comme dans prise de bec
signant une partie du corps, il exprime le fait de se ( 1842). 0 Un certain nombre d’emplois figés de
saisir, se tenir l’un l’autre ( 1666, se prepzdre par les prise,depuis le XVI~s., nominalise un emploi figé de
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRÉOCCUPER

prendre; c’est le cas de @se de possession (15601, sion correspondante avec prise, un composé avec
prise ;i partie (15991, prise des armes puis prise preneur : preneur de vue ( 19081, preneur de son
d’armes, qui signif5e d’abord (1690) &surrectionn, (1934. 0 Le nom est adjectivé dans l’expression
aujourd’hui arevue militaire» 1183 11. * Du sens mi- benne preneuse ( 1962) *qui sert à prendre>.
litaire, <action de prendre (une place forte)>, pro- De tous les verbes pr&xés formés sur prendre, DÉ-
cède la ptie de la Bastille (expression employée PRENDRE v. tr. a eu la vitalité la plus réduite :
dès 17891. 0 D’autres locutions nominalisent un après l’emploi de son participe passé dépti Ides-
syntagme verbal avec prendre : chronologique- pris, v. 11701 au sens moral de misérable, dénué de
ment, p&e d’habit (16801, prise de voile 11862) acé- toutm, le verbe est surtout attesté à la forme prono-
rémonies ou un religieux, une religieuse prennent minale se déprendre C1403, soi desprendre) au sens
leurs vêtements et entrent donc dans les ordres>, de cs’écarter, se séparer deB. Seul le sens figuré de
prise de tabac (17403, absolument pkse, d’oti le ase dégager de* ( 1580) s’est répandu, en opposition
verbe dérivé @ priser, prise de vue (1897) spéciali- à s’éprendre*, notamment dans le domaine des sen-
sée au cinéma, prise de son 11930), prise de timents amoureux. *Cependant, DÉPRISE n. f. ne
conscience (19181, prise en charge (19571, prise de fournit qu’exceptionnellement un antonyme à em-
position ( 19521, prise de sang. Certaines donnent prise.
lieu à un emploi spécialisé de prise, utilisé seul, 0 voir APP RÉHFaNDFJk APPRENDRE, APPRENTI, COMPRÉ-
outre «prise de tabac>>,on peut citer «prise de vuen HENSION, COMPRENDRE, DÉPRÉDATEUR, EMPRISE, IMPRFr
ion a fait cinq prises), etc. 0 Enk, prise, d’après SARIO, PRÉDATEUR, PRÉHENSION. PRÉSURE, PRISON,
l’emploi intransitif du verbe, sert à exprimer, dans PROIE, RÉPRÉHENSIBLE, REPRÉSAILLES, SURPRIZND~ et
un certain nombre de vocabulaires techniques, la SURPRISE).
transformation d’une chose liquide en une subs-
tance solide 116141, spécialement en bâtiment, en PRÉNOM n. m. est un emprunt de la Renais-
chimie, en géographie physique. *À son tour, le sance (1556) au latin praenomen, formé de prae
nom prise a produit un verbe : 0 PRISER v. tr. b pré-3 et nomen I-, nom).
( 1807) aaspirer par les narines de la poudre de ta- 4 Le mot apparaît dans une traduction du latin mo-
bac> (d’où tabac ù priser), et, par analogie, Nune derne, de Jérôme Cardan; il s’applique également
poudre* 118751, ane droguem. 0 Ce verbe a lui- au présent et (attesté XVII~ s.) à l’antiqtité romaine.
même donné @ PRXSEUR, EUSE n. (1807) dési- La valeur moderne, par laquelle les prénoms dis-
gnant une personne qui prise du tabac et, par ana- tinguent les individus d’une famille, est déme en
logie, une drogue. Les mots de cette série ont vieilli 1732.
avec la pratique. k PRÉNOMMER v. tr. (1845) et pron. (1896 dans
PRENABLE adj. (v. I 155) qualifie ce qui peut être Verlaine) correspond à edonner un prénoms et à
pris, spécialement une personne qui peut être sé- aavoir pour prénom». Le participe passé PRÉ-
duite, manœuvrée ( 1375-13791. Au XIX~s., il est enre- NOMMÉ, ÉE est adjectivé (1879). 0 Un homonyme,
gistré par Littré au sens de “qui peut être absorbé» sign&nt =nornmé avant, susnommés est attesté ra-
(18691. - Son antonyme préfké IMPRENABLE adj . rement comme adjectif Iv. 15701 et nom (au XIX~ S.I.
(v. 13651 qud%e ce qui ne peut être pris militaire-
ment ; par métaphore ou selon un développement PRÉOCCUPER v. tr. est emprunté (XUI~s.) au
figuré, il qutie une personne que l’on ne peut sé- latin praeoccupare aoccuper le premier, s’emparer
duire (16901. Il entre au xxe s. dans l’expression vue auparavmt den, Nprévenir, prendre l’initiative>) et
imprenable (1948) uqui ne peut être masquéen. ase hâter de faire qqch. avant qqns. Praeoccupare
0 On en a tiré tardivement le nom didactique IM- est composé de prae «avant* C+ pré-3 et de occupare
PRENABILITfi n. f. (193 1). *Le participe présent C+ occuper).
PRENANT, ANTE est adje&& Iv, 11601 avec le + Le verbe a eu en ancien français le sens physique
sens moral de avénal, corruptiblem qui n’a pas dé- de +aisir prématurémentn. Au xrve s., il a pris le
passé le moyen franqais. Un autre sens archtique, sens resté courant d’coccuper fortement l’esprit de
celui de ~cornmençant~ Cv.11801, ne vit plus que (qqn))> Iv. 1352). Une autre acception, ((prévenir
dans l’expression carême *prenant. 0 Dans l’usage (qqn), occuper entièrement et à l’avance son esprit»
moderne, prenant qualifie une personne qui reçoit (15601, qui rhctivait la signikation du préverbe la-
de l’argent Iv. 13601, comme dans l’expression par- tin, a disparu. Au xrxes., le mot prend la nuance de
tie prenante, et, au figuré, ce qui accapare, absorbe Ndonner du souci (à qqn), inquiéter fortements
qqn, ce qui captive en émouvant, en intéressant ( 1864) et est attesté à la forme pronominale se pré-
( 1788). On le rencontre rarement avec le sens omuper avec les deux valeurs d’4tre absorbé par
concret de aqui prend, préhensile}) ( 1753). + Le par- le souci dex (18181 et as’occuper de Iqqch.1 en y ap-
ticipe passé PRIS, PRISE est lui aussi adjective au portant beaucoup d’in&& (18443. Cette dernière
XII~ siècle. +Le dernier dérive de prendre est PRE- était condamnée par Littré qui reprochait au verbe
NEUR, EUSE adj. et n., réfection de prenbor de remplacer indûment s’occuper.
Iv. 12001,d’après le radical du participe présent, en FPRÉOCCUPÉ, ÉE, le participe passé de pré-
preneour Iv. 12781, puis preneur. 0 Le mot désigne occuper, est adjectivé pour quaMer une personne
la personne qui prend. Il est employé spécialement qui est sous l’empire d’un souci (v. 1355) et, par mé-
en droit commercial pour la personne qui prend à tonymie, l’air que manifeste un esprit soucieux, ab-
bail 11345) et couramment pour la personne dispo- sorbé (1797). +PRÉOCCUPANT, ANTE. le parti-
sée à acheter qqch. (1859). * Certains syntagmes cipe présent, est adjective au sens de “qui
verbaux avec prendre produisent, outre l’expres- préoccupe, inquiète* (18603.
PRÉPARER 2916 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

PRÉOCCUPATION n. f. est emprunté 11486) au dé- composer un médicament (15851, de la nourriture


rivé latin prueoccuputio, -onis <action d’occuper un 115901,des peaux, des laines (1845). 0 Par métony-
lieu en premiern. Le mot a suivi l’évolution séman- mie, il désigne aussi le produit de l’opération, la
tique du verbe : il a été synonyme de <<souci,inquié- chose préparée, spécialement en anatomie (175 II,
tude=, sens repris au XIX~ s. (1875). Dans l’intervalle, en pharmacie et dans la plupart de ses autres spé-
il a désigné l’action de saisir l’esprit de l’auditeur cialisations. 0 Préparation s’applique également à
avant qu’un autre ne s’en saisisse (1552- 1636) et, de- un arrangement ayant pour effet de préparer
puis le xvre s. (1580) et jusqu’au XIX~ s., l’état d’une Cv.1460) et à la manière d’amener naturellement,
personne dont l’esprit est occupé d’une opinion progressivement 11660). Se référant au sujet de l’ac-
préconçue. 0De nos jours et depuis le xwte s. tion, il désigne l’ensemble des actions nécessaires
117331,il s’applique surtout à l’état d’un esprit ab- pour obtenir qqch. (15591 et le fait de se préparer à
sorbé par un objet, par une idée fixe et à ce qui l’ab- qqch. ( 1588, préparation à la mort), en particulier à
sorbe lune, des préoccupations). un examen (1821). OPar métonymie, ph~aration
d’artillerie désigne les tirs qui préparent une opé-
PRÉPARER v. tr. est emprunté (1314) au latin ration militaire. * IMPRÉPARATION n. f. (1794,
pruepurure <<apprêter d’avancen, construit avec un Pougens) désigne le manque de préparation. 0 IM-
complément inanimé ou animé, concret ou abs- PRÉPARÉ, ÉE adj . ( 1918) est plus rare que le subs-
trait, et formé de prue aavant, d’avancen C-, pré-) et tantif correspondant. *pTépurutin a produit l’an-
de parure disposer, apprêter» (+ 0 parer). tonyme CONTRE-PRÉPARATION n. f. (1929) qui
4 Préparer a gardé le sens latin mais il est d’abord désigne un bombardement destiné à neutraliser
attesté en médecine avec le sens de ccpanserm, une préparation d’artillerie.
propre au moyen français. Avec un complément PRÉPARATOIRE adj., emprunt ( 13221 au dérivé
inanimé, il exprime le fait de mettre une chose en bas latin praeparatorius, signifie “qui prépare»; il a
état de remplir sa destination ( 1370-13801, spéciale- développé des spécialisations en droit, dans juge-
ment dans différents domaines professionnels, en ment, sentence préparatoire ( 16903, et dans l’édu-
cuisine (15101, en chimie (1563), dans le travail des cation, avec cours préparatoire ( 18361 et dusse
laines et des peaux ( 16901, en pharmacie, en agri- prépurutoire kxe s.), substantivé par ellipse en pré-
culture, en dessin. oll exprime aussi l’action de paratoire n. f. et abrégé familièrement en PRÉPA.
faire le nécessaire en vue d’une opération, d’une PRÉPARATEUR, TRICE n., emprunt (15341 au dé-
œuvre, d’un événement (14061, en particulier d’un rivé latin tardif praepamtor (celui qui prépare
examen 118213. Il Sign%e aussi, plus généralement, qqcb Sign%e d’abord «personne qui prépare
xrendre possible par son action*, que ce soit avec qqch.>>.Vieilli au sens général, il a développé quel-
un sujet animé ou inanimé (14901. 0 Lorsqu’il s’agît ques acceptions spécialisées, désignant l’assistant
de création artistique, il correspond à wnénager, d’un chercheur, d’un professeur de sciences 13.8371,
amener (qqch.la, le sujet désignant soit un agent l’employé d’un pharmacien ( 1875) et, dans les
humain, soit la chose qui prépare E1705, en mu- courses automobiles, le mécanicien spécialisé qui
sique, préparer UKMZdissonance). + L’emploi avec prépare les engins (déb. xxe S.I.
un nom de personne pour complément @@axer
qqn1 apparalt aussi en moyen francais pour &spo- PRÉPONDÉRANT, ANTE adj. est un em-
ser, apprêter lune personnel dans un certain butm prunt savant et tardif (1723) au latin praeponderum,
(14851, en particulier <<former (un élève) en vue d’un participe présent de prueponderare ((être plus pe-
examen (16941, La forme pronominale se préparer sant>>, d’où au figuré <avoir l’avantage)>, de prue
(1485) signifie <<semettre en état, en mesure de faire cavant>>(b pré-) et de ponderare apesern (+ pondé-
qqch.>>.Au xv# s., elle a pris par tiaiblissement le rer).
sens de ase disposer à» (16041, <<être en voie de se
4 Le mot, emprunté au sens figuré de “qui a plus de
produîren (1639) et a commencé à s’employer dans
poids, l’emporte en autorité>, est employé en parti-
La tournure impersonnelle il se prépare... (1687).
culier dans VO~ prépondérante 117431et raison pré-
ä Le mot n’a produit que deux dérivés. + PRÉPA- pondérante. 0 Le sens concret, «supérieur en
RATIF n. m. (1370- 13721, d’abord employé comme poids, en densité>) (17651, qui réactive l’étymologie,
adjectif, n’est plus que nom C1404 ; ce dernier a dé- a vieilli.
signé, au singulier, ce qui prépare qqch.; de nos
b En est dérivé PRÉPONDÉRANCE n. f. (1752, Tur-
jours, il est presque toujours employé au pluriel
got) au sens figuré de HsupérioritéD; le sens concret
pour l’ensemble des dispositions prises en vue d’un
de «poids supérieur» (1783, Btionl a décliné
événement, d’une opération. +Le second dérivé
comme le sens correspondant du verbe.
est récent : PRÉPARAGE ri. 111. (v. 1950) est un
terme technique employé en horlogerie et en joail-
lerie, remédiant à la polysémie de préparation, PRÉPOSER v. tr. est emprunté 114071, avec
PRÉPARATION n. f., nom correspondant à prépa- francisation d’après poser*, au latin prueponere
<*placer, mettre devant)) et ~~préférer~~,composé de
rer, est emprunté directement EV.12821au dérivé la-
tin praepumtio, -anis. 0 Le mot a d’abord désigné prae (<devanta (+ pré-) et de ponere <poser»
l’élevage d’un animal ainsi qu’un pansement Il3 141, (+ pondre).
en relation avec le premier emploi du verbe. Au- + Le verbe a eu dès les premiers textes le sens de
jourd’hui, il exprime de manière générale l’action *placer (qqn) à la direction de qqch., à la tête d’une
d’apprêtér qqch., avec des spécialisations tech- fonction>>, toujours vivant, surtout au passif. oEn
niques correspondant à celles de préparer : fait de revanche, il n’a conservé ni le sens figuré de cpréfé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2917 PRÈS

rer= Cv. 14601, seulement attesté en moyen hnçais, PRÉROGATIVE n. f. est emprunté (1234) au
ni le sens spatial de amettre devant* (14911, spé- latin pruerogutiva, substantivation du féminin de
cialement en grammaire (16901,qui a été suppknté l’adjecttif pruerogrltivus “qui vote le premier*, de
par antéposer. prue *devant, avant% C+ pré-) et d’un adjectif fort-né
b Le participe passé PRÉPOSÉ, ÉE est adjective sur rogatum, supin de rogwe «interroger, consul-
(16193et substantivé (16191pour qualifier et dési- ter* (+ rogaton; interroger). Praerogativa désigne la
gner une personne chargee d’un service spécial. centurie qui vote la première, elliptiquement pour
0 Par extension, il a pris dans le langage adminis- praerogativa centuriu, plus généralement un choix
tratif le sens d’cagent d’exécution subalternem, s’ap- préalable, d’où un gage, un indice, un pronostic, un
pliquant spécialement à la personne qui distribue privilège.
le courrier ( 19571, remplaçant facteur dans l’usage + Le mot a été repris au latin avec son sens actuel
administratif en France. de ~privilège attaché à certaines fonctions, à cer-
0 voir PRÉPOSITLON. taines dignités», par exemple dans prérogative
royale (1765, da;ns un contexte anglais), puis préro-
PRÉPOSITION n.f. est emprunté ~II%I au gutive parlementaire 11842). 0 Par extension, il dé-
latin pruepositio, -on& proprement aaction de signe couramment un avantage, un don, une fa-
mettre en avant*, spécialisé en grammaire pour culté dont jouissent exclusivement les êtres d’une
désigner un mot grammatical servant à introduire certaine espèce Iv. 13401.0 Réemprunté directe-
un complément (Cicéron), et employé au sens qua- ment au latin, le syntagme centurie prérogative, et
litatif d’aétat préférablen. Le mot est dérivé de prae- elliptiquement prérogative 118421, est employé en
positum, supin de prueponere uplacer devantti et au histoire romaine.
figuré ((mettre en tête, préférep (+ préposer).
b Ni le masculin PRÉROGATIF n. m. (1379)ni PRÉ-
+ Le -français n’a gardé que la spécialisation gram- ROGATION n. f. il4061, repris au latin pruwoguti
maticaIe du mot latin, Le mot s’est aussi employé et sentis comme des doublets sémantiques de pré-
pour tifait de placer en avantn (1480) et uaction de rogative, ne se sont maintenus.
faire preuve (de courage)> (15311, valeurs propres
au moyen français et qui ont disparu au XVII~siècle, PRÈS adv. continue (v. 1050) l’adverbe latin
b Le dérivé PRÉPOSITIONNEL,ELLE adj. (18191, presse, ablatif de l’adjectif pressus =comprimé,
<<quise place devant un mot, une lettre>>, a été sup- serré, pressé* au propre et au figuré (à propos du
planté par prépositif et qutie ce qui est relatif à style), lui-même du participe passé de premere
une préposition, de la nature de la préposition, ou ecomprimeru I+ presser). L’adverbe presse signk&e
introduit par une préposition komplément prépo- ud’une manière serrée*, spécialement adans un
sitionnel). +PRÉPOSITIF, IVE adj., emprunté style concis* en langue classique. A l’époque impé-
Ixrv” s.3au latin praqositivus dans sa spécialisation riale et en bas latin, il indique la proximité dans
grammaticale, a d’abord qutié ce qui se place de- l’espace et dans le temps. Il est conservé dans le
vant, se met en tête, avant d’être défini par la ter- sarde de presse, ad presse tien hâte»; le type fhn-
minologie moderne (locution prépositive, 18351. çais remonte soit à presse, soit, comme l’italien
~Son emprunt avec le sens général de -mis en presso, à une fort-ne altérée Opresso.
avants (15311 a disparu au XVII~siècle. + Dès les premiers textes, près exprime la notion
fondamentale de proximité dans l’espace, à la fois
PRÉPUCE n. m. est emprunté 6n XII~s.) au la- dans la locution prépositionnelle prés de (v. 1050) et
tin impérial prueputium, terme d’anatomie em- employé seul, comme adverbe (1080). Par exten-
ployé en latin chrétien, par métonymie, pour *fait sion ou réempmt au latin, il exprime la proximité
de ne pas être circoncisn. L’étymologie de pruepu- temporelle, dans la locution prés de -environ à
tium n’est pas claire. On a pensé à un composé hy- l’époque dem ( 1176-l181). 0 Il sert à former la lo-
bride formé du latin prae ‘<en avants (+ pré-1 et du cution adverbiale de près Iv. 1160-11751indiquant la
grec posthion, diminutif de posthê cmembre Viril~. proximité, quelquefois avec une idée de suweil-
Le second élément aurait été alors déformé en -pu- lance (dès les premiers emplois). 0 Près, suivi di-
tium par étymologie populaire, par rapproche- rectement d’un nom ~XII~s.1 comme préposition
ment avec puttus Iputusl apetit garçon, enfant>>, sy- (pr& un lieul, est devenu archaïque, mais se ren-
nonyme farnilier de puer et de la même famille, contre encore quelquefois, spécialement dans le
représenté en fiançais par l’emprunt à l’italien vocabulaire du droit. La locution au plus près, dont
putto”. une variante ancienne est attestée v. 1245, est em-
4 Le sens métonymique religieux, {(fait de ne pas ployée spécialement en marine où l’on dit tier au
être circoncism, est sorti d’usage, tout comme di- plus près du vent, au phs près (1718). 0 L’idée de
verses extensions propres au langage biblique, tel proximité réapparaît dans les locutions être près de
ales gentils+ (par opposition aux Juifs) Il 5601.C’est ses pièces ( 16941 =n’avoir guère d’argentn, reprise au
le sens anatomique de l’étymon, arepli de peau en- xxe s. par être près de ses sous 4tre avarem ( 1935) et
tourant le gland de la verge* En XIII~s.1, qui est être près de ses aiCires “y veiller avec un soin ja-
resté en usage. 0 Par analogie de forme, prépuce a loux% (18221.La même idée de soin attentif est réali-
désigné au XVI~I~s. un coquillage du genre tonne sée dans les locutions ne pas y regarder de si près
(1776) et une espèce de pinnattie (17761. (16711, regarder de près mu-veille~ 11690)et nr’ de
b On en a dérivé PRÉPUTIAL, ALE. Aux adj. près ni de loin -en aucune manières (18691, qui
(18051 aqui appartient au prépuceb, terme d’anato- réactive une locution d’ancien français ne ZO~FIZ TW
mie. pres IlO8Ol. +Pris adverbialement, près entre dans
PRÉSAGE 2918 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

des locutions du type a + adverbe + près : ù bien ne distingue que les objets éloignés, par opposition
près (1176-l 1811,sortie d’usage, a été remplacée par à myope. Il est quelquefois employé métaphorique-
à peu près ( 1487, a pou pres) qui indique une me- ment à propos d’une personne qui a une vision trop
sure, une quantité approximative. Un à peu près générale des êtres et des choses, mais la méta-
n. m. ~VII~ s.1se dit d’un résultat approché puis, pé; phore est beaucoup plus rare que pour myope.
jorativement, de ce qui est imprécis, sommaire. A
b On en a dérivé PRESBYTIE n. f. 11820) qui s’est
beaucoup près, qui prolonge ù bien près, est moins
imposé aux dépens de presbyopie n. f. ( 18081, lui-
courante. On trouve aussi à peu de chose près. + À
même formé savamment des éléments pvesby-
l’époque classique, près peut suivre un détermi-
(grec presbusl et -opie (grec -ôpiu «vue))) comme
nant numérique indiquant le degré de précision dans myope.
d’une évaluation (16Il, ù un denier près). Avec 6) Voir PRAIRE. PRESBYTÈRE, PRETRE.
l’idée que la différence de plus ou de moins n’a pas
une grande importance, le mot entre dans la lo-
cution nepas être à ~gqchlprès 11718) et h celaprès PRESBYTÈRE n. m., réfection (1549) de pres-
( 1651). 0 Les emplois de prés pour indiquer une bituire (1460) qui avait remplacé presbiterie Iv. 11701,
comparaison ( 1669) et un rapport de ressemblance est emprunté au latin ecclésiastique presbyterium.
( 1767) sont sortis d’usage. Celui-ci désigne l’ordre des prêtres, le sacerdoce,
@ voir APRÈS, AUPRÈS, COMPRIMER, DePRIMER, EXPRÈS, par métonymie l’assemblée des prêtres, puis le lieu
EXPRIMER, IMPRIMER, PRESQUE, PRESSER (et prétiés Ver- où ils se tiennent, le chœur de l’église. Le mot latin
baux en -presser), RÉPRIMER. SUPPRIMER. est emprunté au grec ecclésiastique presbuterion
aconseil d’anciens>, de presbuteros, comparatif de
PRÉ SAGE n. m., d’abord presaige (v. 1390), puis presbus wieux, ancienm C-, presbyte).
presage (15091, est emprunté au latin impérial prue-
sugium Kconnaissance anticipée, prévision, pres- + Le mot n’a repris que l’acception métonymique
sentiment>), avec une valeur augurale Mprédicttion, de alieu où se tiennent les prêtresm : il a d’abord dé-
oracle» et, par métonymie, (signe permettant de signé la partie du sanctuaire réservée au clergé
prévoir l’avenir*. Praesu&um est dérivé de pruesu- dans les anciennes basiliques (cf. presbytehum ci-
gke adeviner, prévoirn, spécialement aaugurerx, dessous), puis l’habitation du curé dans une pa-
formé de prae tien avancen (+ pré-) et de sugire roisse ( 1456- 14571, sens qui s’est imposé.
Navoir du flair, sentir fmementn (-, Sag=e). ,pRESBYTÉRAL,ALE,AUX adj. est emprunté
+Le mot a été emprunté avec le sens augurai de (v. 1355) au latin chrétien presbyteralis ade prêtre»,
asigne où l’on voit l’annonce d’un événement futur» dérivé de presbyter (+ prêtre). +Le mot est l’ad
et, par métonymie, aconjoncture, annonce bonne jectif correspondant à prêtre, spécialement dans les
ou mauvaise que l’on tire du signe= (av. 1525). Par syntagmes conseil presbytérul et maison presbyté-
extension, pksuge est employé couramment pour raie, ce dernier étant synonyme de presbytère.
la conjoncture que l’on tire d’un événement, d’un + PRESBYTÉRAT n. m. a été emprunté (1740, pres-
fait. bytériat) au latin presbyterutus cdignité de prêtre,
b Le dérivé PRESAGER v. tr. (15591, d’abord présu- prêtrise». II semble que ce mot ait d’abord été rela-
gkr (15391, exprime, en parlant d’une chose, le fait tif à l’organisation de l’église presbytérienne, puis il
de fournir un signe qui permet de prévoir et, en s’est appliqué à la charge des prêtres dans 1’Eglise
parlant d’une personne, de conjecturer ce qui doit primitive (18771 et à un ordre sacerdotal de second
arriver Il 539). rang conférant la prêtrise dans l’Église catholique
(1939). +PRESBYTERIUM n. m., emprunt savant
PRESBYTE n. et adj. (16941, d’abord écrit pres- tardif (18521du latin chrétien presbyterium, désigne
bite (16901, est l’emprunt savant du grec presbutês le fond de l’ancienne basilique latine qui était ré-
adj. cancien, vîeuxn (3 presbytère), spécialisé au servée au clergé. Il a directement repris au latin un
sens médical de “qui ne distingue que les objets autre sens, *ensemble des prêtres attachés à une
éloignés~~ parce que ce défaut de la vue ac- église particulières, recevant dans la religion pro-
compagne souvent la vieillesse. Presbutês est dé- testante le sens de ~corps mixte constituant le gou-
rivé de presbus wieillardjj et surtout ({personnage vernement d’une congrégation ou d’une commu-
vénérable, Important~~ (député, ambassadeur), ex- nauté dans les églises presbytériennes=.
primant donc l’idée d’ancienneté, avec les privi- PRESBYTÉRIEN,IENNE adj. etn, estlatiancisa-
lèges qui s’y attachent. Le mot est générallement tion 116491de l’anglais presbyterian adj . et n. ( 16411,
considéré comme un composé très archaïque pres- dérivé de presbyter *membre de l’assemblée des
bus dont le second terme commence probable- anciens dans l’organisation de l’Église calvinistem,
ment par g ou b : on peut alors en rapprocher la ra- lui-même emprunté au latin presbyter kf ci-des-
cine “g”a- dlep, comme dans le védique vunur- sus, et prêtre), +Ce terme de doctrine désigne un
gU- “qui va dans la for&, en évoquant le sanskrit partisan de l’Église réformée anglaise. Il est em-
puro-guk- Nchefm.Pour le premier terme, on pose ployé comme adjectif (av. 1783) pour ce qui a rap-
pres pour pros aauprès de, devant,, probablement port ou appartient aux presbytériens et à leur
apparenté à pro «devant, avant>>I-+ proto-1 et au la- église.+PRESBYTÉRIANISME n.m.&hti%xi-
tin pro (-+ pour, pro-). Le sens propre du mot serait sation (1704) de l’anglais presbyterianism n. ( 16441,
alors -celui qui va devant)), <(lechef=. dérivé de presbyterian qui désigne l’organisation
+ Le mot a été repris au grec au XVII~s. avec sa spé- de la religion selon la doctrine de Calvin, préconi-
cialisation médicale, à propos d’une personne qui sant un système ecclésiastique dans lequel un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2919 PRÉSENT

corps mixte (le presbyterium) assure le gouveme- cal de prescription pour correspondre comme nom
ment de l’église. d’agent à prescrire, désigne la personne qui pre-
@ voir PRAIRE, PRESBYTE, PRl?I’RE. scrit une ordonnance, un mode d’emploi, etc. Le
mot, attesté récemment dans les dictionnaires
PRESCIENCE n. f. est emprunté Iv. 1278) au ( 19681,est spécialisé en économie et en publicité en
latin chrétien pruescientia ~connaîssance anticipée parlant de la personne qui a une influence sur le
(que possède DieuIn. Le mot est dérivé de prae- choix de produits, de services
SC~FW,-fi, participe présent adjectivé de praescire Le nom correspondant, PRESCRIPTION n. f., est
asavoir d’avancen, de prae CcavantBt-, pré-) et de emprunté directement au latin praescdpti, -onis,
scire 6avoir» (+ science). dérivé du supin de praesctibere. Le mot latin dé-
4 Le mot a été repris comme terme de théologie signe un titre, un intitulé, un préambule; il est em-
dans l’expression la divine prescience. Par analo- ployé en droit pour une clause préliminaire, une
gie, il désigne une connaissance innée, antérieure objection préalable soulevée par le défendeur, fon-
à l’étude (av. 1650, de l’inspiration poétique). 0 Par dée notamment SUTl’écoulement d’un certain laps
extension, il désigne la faculté de deviner, de pré- de temps. Plus genéralement, il désigne une règle,
voir les événements futurs (17651, par tiaiblisse- un précepte, un commandement. *Prescription,
ment jusqu’à se confondre avec pressentiment. repris comme tertre de droit, désigne le moyen de
PRESCIENT,ENTE adj., emprunté 11265) au latin se libérer d’une charge, d’une obligation par un
praesciens (ci-dessus), quaMe celui qui a pre- certain laps de temps, et ( 1376) le moyen d’acquérir
science des choses futures, en parlant de Dieu puis un droit, une propriété. Prescription criminelle
d’un individu quelconque. Son emploi est plus di- ( 1875) vient de l’emploi du mot en droit pénal
dactique que celui de prescience. ( 1690) ; prescriptin libératoire ( 18751 et prescription
PRESCRIRE v. tr. est emprunté (XLI~s.) au latin etinct-ive (19041 sont des termes de procédure.
pruesctiere, composé de prue adevantn (+ pré-) et bUne seconde valeur, plus courante, correspond
de scribere I-, éctiel et Sign%ant &rire en tête, au sens de Ncequi est ordonné>) ( 15881,d’abord dans
mettre en titre, mentionner d’avance, mettre en un contexte religieux comme synonyme de r&gle
avantn; il est spécialement employé en droit pour (v. 1590). Le sens spécialisé en pharmacie, <formule
Kfaire opposition» et en médecine pour Gndiquer, d’un médicamentm (15861, ne s’est pas implanté; en
ker un traitement». revanche, Nordre ou recommandation émanant
+ Le verbe est d’abord attesté en tiançais aux sens d’un médecinB, acception apparue la dernière
de Mcondamnen, puis dYnsctie, enrôlerti (1823,) est restée courante.
(av. 12501, tous deux sortis d’usage. ~AU x19 s., il
passe dans le langage juridique où il exprime le fait PRÉSEANCE + SEOIR
de libérer qqn d’une obligation au-delà d’un certain
0 PRÉSENT, ENTE adj. et n. est emprunté
laps de temps (1340) et, en parlant d’une dette, de la
(1080) au latin pruesens, -enti, participe présent de
laisser s’éteindre au-delà d’un certain délai ( 13551,
praeesse, de prue aavant, devant» (+ pré-) et de esse
d’où la forme pronominale se presctire au sens pas-
sif (1549); cette valeur est plus vivante dans pre- (-+ être), littéralement aêtre en avant, être à la tête
scription k-f. ci-dessous). 0 Toujours au xwe s., le dem d’où, au figuré, @commander, dîrigerm. huesens
mot a pris en droit le sens symétrique dkcquérir qualifie la personne ou la chose qui est là, d’où,
Iun bien) par un certain laps de tempsB t 1411; avec une notion temporelle, ce qui est actuel, im-
dès 1372, au participe passé). Il est employé absolu- médiat, et spéciialement une personne qui agit im-
ment (1680) avec les deux sens juridiques. +Au médiatement, se montre efficace, surtout un esprit
XVI~s., il est passé dans l’usage courant pour aor- maître de lui, ferme, intrépide; il a quelquefois
donner expressément», &xer de facon précise= kurtout en parlant des dieux1 le sens de «favorable,
11544). II a pris ensuite par tiaiblissement Ia valeur propicen.
de (réclamer, exiger, comporter comme conditionm + Dès les premiers textes, le mot réalise en français
(17301, spécialement en médecine ( 17381, où il est le sens de “qui est là*, par opposition à absent. Il est
usuel, s’appliquant aussi à une chose au sens de d’abord attesté dans l’ancienne locution en présent
wendre indispensablem ( 1804). aen présence den, issue de la locution latine in Ire1
ä PRESCRIPTIBLE adj.11374, dérivé savantdula- pruesenti sdans le cas présent, immédiatement, sur
tin praesctiptum, supin de pruescribere, est un le lieu même>>. oPrésent est aussi employé seul
terme de droit qutiant ce qui peut être prescrit; il (v. 11301, en tant qu’adjectif et que substantif
est beaucoup plus rare au sens de “qui peut être or- Iv. 12253, à propos d’une personne. Cependant, la
dom& (1875). -L’antonyme préfrxé IMPRESCRIP- forme exclamative présent!, en réponse à un appel,
TIBLE adj. (14811, terme de droit, est passé dans n’apparaît qu’au XIX~s. (1836). * h moyen fkançais,
l’usage au sens de “qui a une existence, une valeur présent commence à s’appliquer à une chose ti
immuableB en parlant d’un droit (1782, Rousseau). xve s.1 et reçoit de nouvelles valeurs : adont on est
0 Son dérivé IMPRESCRIPTIBILITÉ n. f. (1721)est conscient, dont on se souvientx ( 1552) et cefficace,
relativement plus usité que le simple PRESCRIP- qui agit immédiatement, promptti 115431.Cette der-
TIBILITÉ n. f, d’ailleurs plus tardif (1876). *PRE- nière acception a disparu au profit de adisponible,
SCRIT, ITE, participe passé de prescrire, est adjec- attent& d’abord dans mémoire présente ( 16371,qui
tivé en parlant de ce qui est juridiquement acquis conserve l’idée d’efficacité, puis en parlant de l’es-
par la prescription ( 1372) et ce qui est frxé, imposé prit 116513 et d’une personne (1671). Par une der-
(15491. +PRESCRIPTEUR, TRICE n., tiré du radi- nière extension de ce sens, le mot passe dans le
PRÉSENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

langage religieux pour qualifier une réalité mys- calque l’expression latine pruesentia animi. En re-
tique et spirituelle agissante ( 16451. + comme le lation avec certains emplois de l’adjectif présent, il
mot latin, présent a la valeur temporelle d’ccactuel> désigne le fait d’être présent par l’esprit, la disponi-
(v. 1130) et s’oppose à passé et futur, d’abord dans bilité, l’attention (1690, Furetière, qui précise pré-
l’ancienne locution présent que qui signikit Maussi- sence de cœur, par opposition à présence corpo-
tôt que”. L’adjectif qutie un événement qui a lieu, relle). * Au XVIII” s., présence s’emploie en sciences
se produit au moment où l’on parle @n XII~s.) et, à propos de l’existence d’un corps, d’une substance
spécialement, le temps qui correspond à cet évene- dans un ensemble (17581, par exemple en minéra-
ment Km XIIes-1; par extension, il qualifie ce que l’on logie (1783, Btionl. 0 Au me s. appar& le sens
a actuellement sous les yeux (1230), substantivé abstrait et sensible de <<faitde sentir comme pré-
dans le langage de la chancellerie (ces présentes, sente une personne en fait absente>> (1865, Hugo).
v. 1350, pour ces @sentes lettres) et de l’adminis- * Ce n’est qu’au xx” s. que présence désigne, au fi-
tration (la présente, 1611, pour la lettre pr&ente, guré, le caractère actuel, proche, vivant d’une per-
12841. oEn grammaire, en s’opposant à passé, il sonnalité ou d’un courant de pensée 119361 et qu’il
quame un des deux types de participes (1550). prend, au théâtre lavoir de la présencel, la valeur
0 Cette valeur temporelle est réalisée dès l’ancien d’hhznsité du jeu d’un acteurs (1945, Sartre), dont
fknçais dans des locutions comme à présent procède le sens de Mrayonnement- ( 19481, et en poli-
(v. 1150),àprésentque11580)etd'àp~ésent(1866);Ct tique celle de cfait, pour un pays ou une collectivité,
présent équivaut à maintenant. * L’emploi substan- de jouer un rôle important dans une partie du
tivé du masculin PRÉSENT n. m. (v. 12451 apparaît monden 11948). +Son seul dérivé est le composé
d’abord en grammaire pour désigner le temps de OMNIPRÉSENCE n. f. (17001, fait sur le modèle
certains modes (le présent de I’indicatit: du S~@O~C- d’autres substantifs en omni- I+ omnipotent); c’est
tKl, qui correspond à l’expression du temps de la un mot d’usage théologique, puis d’usage littéraire,
communication, et ( 1269-1278) pour désigner la qui désigne la présence d’un être (spécialement
partie qui coïncide avec le moment dont on parle. Dieu) ou d’une chose en tous lieux. OMNI-
Postérieurement, le mot est entré dans quelques PRÉSENT, ENTE adj. (18381, d’abord au sens de
syntagmes grammaticaux comme présent histo- flprésent en tous lieuxm, s’emploie par extension
rique (19001 ou présent narratif (19041. pour une chose qui semble accompagner partout
b Présent, adjectif, a produit PRÉSENTEMENT adv. l’observateur.
«maintenant>> Iv. f 1551 qui a reculé sous la double + Voir PRÉSENTER, @ REPRÉSENTER.
concurrence d’actuellement et de maintenant pour
ne plus être employé que régionalement ; il est nor- 0 PRÉSENT -+ PRÉSENTER
mal et courant au Québec. * Dans la seconde moi-
tié du XX~ s., présent a produit PRÉSENTIFICA- PRÉSENTER v. tr. est emprunté précocement
TION n. f. (v. 19601, terme de philosophie auquel (v. 881) au latin impérial pruesentare arendre
correspond quelquefois le verbe PRÉSENTIFIER présent)>, au figuré «ofFira, dérivé de pruesens
et qui désigne le processus par lequel un objet est (+ 0 présent).
rendu présent sous forme d’image. 4 Dès les premiers textes, le verbe exprime le fait
PRÉSENCE n. f. est emprunté (déb. XII~ s.) au latin de mettre une personne en présence de qqn. II se
praesentia, dérivé de praesens, désignant le fait construit avec un nom d’objet pour complément,
d’être présent, d’être là et, avec une valeur caracté- exprimant le fait de mettre une chose à la portée
risante, d’être efficace, puissant, spécialement ou sous les yeux de qqn Iv. 1050). 0 Par extension, il
dans pruesentia animi «présence d’esprit, sang sime «soumettre (une chose) à qqn pour juge-
froid, ; il est également employ6 dans la locution in ment, examenm (v. 11701,xexprimer Iqqch.) sous une
praesentiu <pour le moment, dans le moment certaine forme» (11881, afaire l’exposé de Iqqch.)s
présenta, opposé à in ubsentiu. Chez les auteurs (v. 1220) et «rendre présent à l’esprit de (qqn),
chrétiens, il désigne spécialement le fait que la di- (v. 1200). Q Parallèlement, se présenter a le sens
vinité soit réellement présente sous diverses ap- d’ccapparaître, arriver= (1080) et, un peu plus tard,
parences. *Le mot a été repris avec sa spécialisa- de as’otir, se proposern Iv. 11701, spécialement en
tion religieuse pour exprimer le fait d’être présent, droit (comparaître en justice* EV.12831. +De nom-
en parlant de Dieu ; plus tard, il est employé en breuses extensions de l’usage transitif sont appa-
théologie dans l’expression présence réelle Il643 ; rues au XVI~siècle : présenter gqn correspond à
d’abord reule presence, 1575) à propos de l’Eucha- *proposer qqn pour un bénéfice, un emploi ou une
ristie. +À partir du XII~s., il désigne dans l’usage fonction}} (1599) et présenter qqch. ~~décrire (qqch.1
général le fait d’être présent, pour une personne d’une certaine manière= (1588). + Concrètement, le
Iv. 11651, puis par métonymie s’applique à une per- verbe exprime l’action d’orienter, de tourner, de
sonne avec un déterminant ( 1530, su présence). Il diriger une chose dans une certaine direction
renvoie aussi au fait d’être présent dans un lieu, (1538). Il sigr&e également <<disposer, mettre en va-
pour une chose (v. 1230). Ces valeurs ont entraîné leur (un objet destiné à la vente)* (1567; rare avant
les locutions en prksence de gqn Iv. 11651, en pré- le xx” S.I. Moins concrètement, il sime afaire
sence Cv.1250), hors de présence de Iv. 1445-1460). connaître (une wwre3 au public, ( 156 1; répandu au
Le sens métonymique d’capparence, aspect (d’une XIX~s.l. Avec un nom de chose pour sujet, présenter
personne ou d’une chose))) (1530) est sorti d’usage à équivaut à avoir (une apparence, une particularité)
la fm du XVII~siècle. 0 C’est au XVII~s. que présence [15801. La forme pronominale, avec un nom de
entre dans l’expression présence d’esprit t 1656) qui chose pour sujet, correspond à “apparaître, venir>>
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRÉSERVER
(1538) et surtout à aappartitre sous un certain as- praesentator ~II~ s.1. +Il a été recréé au mle s.
pect> ( 15671. +L’essentiel des sens et des emplois 11773) et répandu au XIX~ s. par dérivation de pré-
du mot est frxé avant le XVII’ s. ; ensuite, présenter senter, présentation, désignant la personne qui pré-
est passé dans l’usage technique avec le sens de sente qqn dans une société (18581 et, plus couram-
<mettre (une pièce) en place afin de voir si elle est ment, qui présente un objet, un appareil au public
ajustée* (16901. En marine présenter au vent se dit (18761, puis, en droit, qui présente un effet de com-
de l’orientation d’un navire ( 16941, en art militaire merce, un billet à échéance (18981.0 Depuis le mi-
présenter les actes (1753) et le commandement pré- lieu du me s. (attesté 19621,il s’emploie surtout pour
sentez amzes! (18471 correspondent à une position désigner la personne chargée de présenter une
du soldat. Se présenter se dit du fœtus qui sort du émission, un spectacle à la radio, à la télévision.
corps maternel C1755, à propos d’un agneau). De- +Le nom concret PRÉSENTOIR n. m. a d’abord
puis le me s., le verbe s’emploie pour <<proposer servi (1887) à désigner une sorte de drageoir et un
(qqn) comme candidat à une électionB (18571, se pré- couteau à large lame pour présenter les tranches
senter signi&nt réciproquement *se porter candi- de poisson ou la pâtisserie aux convives (18871, puis
datw en politique (1818) ou à un examen (1867). un plat sur lequel on présente une soupière, un lé-
L’emploi de la forme pronominale dans les rela- gumier 11938).L’usage moderne 11955) l’a spécialisé
tions sociales, au sens courant de adécliner son pour un dispositif servant à présenter une mar-
identitén, est tardif118741, de même que le seul em- chandise, à vendre, des livres, etc. +PRÉSENTA-
ploi intransitif du verbe avec un adverbe Ise présen- TIF n. m., le dérivé le plus récent (v. 19501, est un
ter bien, mal1 pour *faire (bonne, mauvaise) impres- terme de linguistique (un mot, une expression) ser-
sion% ( 19221. vant à présenter le nom désignant une personne
b Le plus ancien dérivé est le déverba[l 0 PRÉSENT ou une chose.
n. m. EV. 1140) <action de donner une chose}) et sur- @REPRÉSENTER v. tr., itératif de présenter, est
tout, par métonymie, achose donnéen, survivances attesté au xrnes. pour <<présenter à nouveau,
de l’ancien sens du verbe, «donner, faire cadeau Cv.1275). Gêné par l’existence de 0 représenter, il
de>> (1080). Dans l’expression juridique présents semble rare avant 1800; il est plus courant à la
d’usage t18041, il désigne les présents faits lors de forme pronominale dans des expressions qui
certains événements irnportants. Dans l’usage cou- lèvent l’équivoque Ise représenter à un examen).
rant, le mot a subi, surtout depuis le XIXe s., la
concurrence de cadeau et il a vieilli. PRÉSERVER v. tr. est emprunté au ti s. (at-
L’autre nom d’action est PRÉSENTATION n. f. testé v. 1390, mais antérieur, voir ci-dessous) au bas
(v. 1175) qui désigne l’action de présenter qqn, spé- latin prueservare aobserver auparavant>+ formé de
cialement au pluriel les présentatiorts ( 1790). Il a dé- prae *avant» C+ pré-1 et de servare afaire attention
veloppé la plupart des sens correspondant à ceux àa d’où -garder>>, aconserver», =Sauver)), ttréservers.
du verbe, exception faite de <rendre présentm, mais Servare n’est pas passé en k-ançais, mais s’y trouve
tous ne se sont pas maintenus. Dans l’usage mo- représenté par ses composés I-, conserver, obser-
derne, il désigne spécialement le fait d’amener qqn ver, réserver).
dans un lieu de culte pour marquer son entrée + Préserver signZe Mmettre à l’abri ou sauver d’une
dans la communauté des fidèles 114331, notamment chose néfaste, d’un malm; il est employé dans une
dans le nom de la fête de la présentation de la formule de souhait au subjonctif Cv.1485) et concrè-
vierge 11671; 1611, sous une forme différente). tement à propos d’une chose que l’on veut garantir
-Avec un nom d’objet pour complément, il dé- de la destruction, de l’oubli (v. 1485). La forme pro-
signe le fait de présenter un document, un titre, nominale se préserver (de qqch.) a pris place à côté
une pièce officielle 113371 et plus généralement une de se garder, se garantir dont elle est synonyme
chose à qqn EV.14851.I?n obstétrique, le mot corres- EV.15901.
pond au sens spécial de se présenter, en parlant du b Les dérivés préservation et préservatif: par leur at-
foetus 118333. +Dans le spectacle (1888) et dans le ci- testation dès 1314, font penser que le verbe existe
néma 119171,la mode (19373 ou en parlant de la ma- dès le début du ~~~%~~~~~.~PRÉsERvATIoN n. f.
nière de présenter un travail de l’esprit (18951, pré- désigne en général l’action de préserver, parfois de
sentation désigne concrètement la fwon, l’acte par protéger (préservation des sitesl. +PRÉSERVA-
lesquels on présente qqch. à un public. Par métony- TIF, IVE adj. et n. m. est presque sorti d’usage
mie, il dbigne la manière dont une chose se pré- dans son emploi adjectif au sens de “qui sert à évi-
sente concrètement, en typographie ( 19111 et dans ter la maladieti. De même, son emploi substantivé
le commerce (1923). (un préservatifl en parlant de ce qui préserve d’une
Le dérivé PRÉSENTABLE adj., d’abord présen- maladie (15391 et, par figure, d’un mal moral (15673,
taule (v. 11901, a perdu l’ancien sens de aprésent, est archtique. La cause en est le sens spécialisé de
actuel», par opposition à futur, attesté isolément. Ndispositif permetta& d’éviter une maladie véné-
L’adjectif, repris au xwe s. (15301, a alors le sens mo- riennen, c’est-à-dire acapote anglaise ou condom=
derne de “que l’on peut présenterH, puis «digne (1857, Flaubert), et son extension à tout moyen anti-
d’être présent&, d’où aconvenable> en parlant conceptionnel mécanique. Le mot est devenu
d’une chose et (1727) d’une personne. fréquent avec la lutte contre la propagation des
PRÉSENTATEUR,TRICE n. (1484) est d’abord at- maladies sexuellement transmissibles, notamment
testé au sens historique de «personne qui avait la le sida. ~PRÉSERVATEUR, TRICE adj. et n.m.,
charge d’en présenter une autre à un bénéfice ec- d’abord attesté au sens de acelui qui préserve>
clésiastique», lequel correspond au latin médieval 11514, a vieilli dans ses emplois généraux comme
PRÉSIDENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nom et comme adjectif (1575). L’usage moderne sident ( 16171, sens en recul sauf dans le cas d’une
l’emploie pour désigner un agent chimique ajouté présidente de tribunal, d’un juge, d’un magistrat
à un produit pour en empêcher l’altération. président. La fonction exercée par une femme voit
la concurrence entre le féminin et le masculin ma-
PRÉSIDENT n. m. est emprunté (v. 1296) au la- joritaire dans l’usage français [madame le pré-
tin impérial praesidens <celui qui a la préséancem, sident), alors qu’au Quebec le féminin est de règle.
titre des gouverneurs de province, employé en la-
VICE-PRÉSIDENT, ENTE n., d’abord écrit vi-pré-
tin chrétien pour désigner celui qui préside un of-
sident ( 1479 ; comme vicomte), sous la forme mo-
fice, une réunion de chrétiens, le chef d’une com-
derne au XV[I”s. (16871, est composé de vice-“. 0 ll a
munauté religieuse. Le mot est le participe présent
pour dérivés VICE-PRÉSIDENCE n. f. (1771) et,
substantivé de praesidwe (cf. ci-dessous présider),
plus récents (v. 19761, VICE-PRÉSIDENTIABLE
composé de prae «devant>> t+ pré-1 et de -sidere adj. et VICE-PRESIDER, v. tr., sémantiquement
pou sedere &re assisn, <<siéger)) (k+ seoir). Ce mal formés,
verbe, à partir d’&tre assis devant, en avant)>, a dé- Pendant la Révolution, prhdent a produit PRÉSI-
veloppé des valeurs figurées <<avoir la préséance, DENTIEL, ELLE adj. (f 7911, d’abord dans fauteuil
avoir la direction de>>et, transitivement, wzomman- présidentiel. Le mot s’est substitué au moyen k-an-
der, dirigerB d’où (<veiller sur, protéger>>. çais présidental (1546) qui était encore employé au
4 Président a été repris au latin pour désigner celui XIX~ siècle. Au cours des xrxeet xxe s.,présidentie,! est
qui dirige les débats d’une assemblée, d’une ré- entré dans fonctions présidentielles ( 18691, élection
union ou d’une communauté, sens qui a suivi l’his- présidentielle (18751 et régime présidentiel (1945) dé-
toire des institutions de l’Ancien Régime, et, après signant un régime démocratique où les pouvoirs
la Révolution, celui qui dirige un tribunal, une cour du président l’,emportent sur ceux des parlements
118031, une chambre (18351, une Gance (19071, un (a propos des Etats-Unis, puis de la France avec les
jury. Par extension, il désigne une personne char- réformes dues au général de Gaulle). 0 Il est subs-
gée de représenter une collectivité (17421, spéciale- tantivé en présidentielle n. f., et les présidentielles
ment en droit commercial dans les expressions Il9641 au pluriel (d’après les élections), pour élection
président du conseil d’administration Il8871 et pré- présidentielle. +Le mot a produit les dérivés PRÉ-
sident-directeur gén&al (1949, avec des tirets), SIDENTIALISME n. m. (1945) et PRÉSIDENTIA-
cette dernière étant couramment abrégée en LISTE adj. (19661, termes de sciences politiques re-
P.-D.G. Iv. 19601, mot qui, outre la fonction précise, latifs au régime présidentiel. Présidentilkme
évoque dans l’usage général une activité écono- s’emploie par opposition à parlemenfarisme.
mique, la richesse capitaliste, un type social de ~PRÉSIDENTIABLE adj. CV.lw’o1; précédé par
grand bourgeois. Lexicalisé, il s’écrit aussi pédé&. présidentable ( 19131, &gible à la présidence% est
+Président s’est spécialisé dans la vie politique, plus employé que PRÉSIDENTXALISER v.tr.
d’abord à propos du gouverneur génkral de pro- (v. 1973) <<donner le caractère du régkne présiden-
vince placé sous l’autorité du souverain au XVI~s. tiel».
( 15531,puis, après d’autres spécialisations + l’épo- PRÉSIDER v. tr., directement repris (1365) au
que classique, pour désigner le chef d’un Etat dé- verbe latin praesidere, apparaît après président. * Il
mocratique. Ce sens a commencé à se répandre à est d’abord construit avec la préposition à pour
propos de la France, d’abord (17921, puis des États- agouverner, commander àmet <<avoirla présidence,
Unis I1801I. Sous la II~ et la IV~République, il a été diriger les débats (d’une assemblée)m (13881, emploi
employé dans le titre de président du Conseil qui a vieilli au profit de la construction absolue
(18432, pour président du Conseil des ministres 11422) et de la construction directe. Par extension, il
(1824). L’usage consistant à faire précéder le nom exprime le fait d’avoir le soin, la direction de qqch.
de famille de la mention <Jeprésident X>l,typique de 115451, spécialement avec un sujet nom de chose
la IlY République, époque où le titre était florissant ( 1552) ou encore désignant des forces occultes, des
à tous les niveaux, a décliné : le mot concerne sur- divinités ( 15521, toujours avec la préposition à qui
tout de nos jours des hommes politiques ou des s’est imposée aux dépens de sur kvre s.l. + L’emploi
responsables économiques importants, de la construction absolue au sens d’*avoir une pré-
sidence)) (1671) s’est étendu au fait d’occuper la
b La dérivation s’est faite en trois vagues en moyen
place d’honneur habituellement dévolue au pré-
fkançais, pendant la Révolution et enfin dans la se-
sident (1834, Balzac).
conde moitié du XX~siècle. w PRÉSIDENCE n. f., le
Le dérivé latin praesidialis a fourni l’emprunt PRÉ-
dérivé le plus ancien E13721,désigne la fonction, le SIDIAL, d’abord adjectif (14351, puis nom masculin
titre de président. Le titre prés&knce de la Répu- du tribunal d’appel des bailliages, érigés en 1552
blique apparaît en parlant des Etats-Unis (18011 et (sens attesté en 16 111, le mot s’appliquant aussi au
ne s’applique que plus tard à la France. Par méto- juge I168OI et redevenant adjectif dans ce sens
nymie, le mot désigne la résidence d’un président, iv. 1570). Enfin, l’espagnol presidio, pris au latin
sens qui s’est répandu à partir de 1875 (après une praesidium, a fourni PRÉSIDE n. m. (15561, qmte
première attestation isolée, déb. XVI~s.l. Présidence fortif% espagnol», souvent appliqué aux places
désigne également la durée des fonctions de pré- fortes servant de bagne, en Afrique, aux Indes.
sident (1752). Le mot, par réemprunt à I’angIais, a
servi à désigner une division administrative en PRÉSOMPTIF, IVE adj. est emprunté Cd&.
lnde, sous la domination anglaise (1842). + PRESI- XIV~s.) au bas latin praesumptivus, littéralement
DENTE n. f., féminin IV. 1485) de président, désigne <<quiprend d’avance)), employé pour qualifier ce qui
une femme qui préside, puis la femme d’un pré- repose sur une conjecture ou qui exprime une
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRESSENTIR

conjecture, ainsi qu’une personne hardie (cf. ci- une valeur quasiment adjective dans le syntagme
dessous présomptueuxl. Lui-même est dérivé du presque 2e (1544) d’où presqu’île n. f. (+ île), d’après
supin ~praesumptuml de pruesumere (3 présumer1. le latin paeninsula (+ péninsule). * À partir de la fin
+ Le mot, repris au sens psychologique de Khardi, du XVII~ s., presque fonctionne comme un élément
orgueilleux)>, sorti d’usage sous la concurrence de de composition très comparable à quasi- : le subs-
prbsomptueux, s’est spécialisé dans le langage juri- tantif est souvent un nom à valeur quantitative
dique où héritierprésomptiqualfie une personne (17881, comme dans la presque unanimité (1791),
qui, du vivant de qqn, a vocation de lui succéder. mais peut également être un nom abstrait ( 1779, un
Dans le contexte d’une monarchie parlementaire, presque démenti). 0 L’emploi elliptique de presque
l’expression désigne le prince destiné à régner par pour corriger une afkmation, mais sans l’armer,
l’ordre de sa naissance ( 1723). remonte à la seconde moitié du XIX~ s. ( 1886, mais
dh est dérivé PRÉSOMPTIVEMENT adv. (v. 14601 presque!; 1907, ou presque!).
“par présomption)). PRESS-BOOK n. m. est emprunté (v. 19601 à
PRÉSOMPTION n. f. est emprunté (v. 1170) au latin l’anglais press-book (19301, littéralement <<livre de
pruesumptio, -onk, proprement ((prise anticipée» et presse’}. Bool2 4ivre)) repose sur un germanique
abstraitement «conception anticipéen. En philoso- “b&s, considéré comme le dérivé de “boka Nhêtre))
phie praesumpti traduit le grec prolêpsis (b pro-
(d’où l’anglais beech), le bois de cet arbre ayant
lepse), désignant une idée antérieure à toute expé- fourni les tablettes des runes, Au-delà du groupe
rience et, en rhétorique, une anticipation; à basse germanique, le nom de l’arbre est apparenté au la-
époque, il a pris le sens psychologique de xhar- tin fagus ahêtre>> et au grec phêgos, lequel a désigné
diesse, assurance, (cf. ci-dessous présomptueux); il une espèce de chêne. Un a dégagé un nom indoeu-
est dérivé du supin de praesumere. *Le mot a ropéen du hêtre, “bügh0, que certains philologues
d’abord repris le sens intellectuel et le sens psycho- ont pris comme indice de l’habitat primitif des In-
logique du latin : il désigne, par un jugement dé-
doeuropéens. Bess est emprunté au francais
préciatif, une opinion trop avantageuse que l’on a
presse (+ presse). hess-book, terme d’imprimerie,
de soi-même @n X~I~s.1 et, par métonymie, une ac-
désigne en anglais un ouvrage publié par un “pri-
tion présomptueuse. Il désigne plus couramment
vute editor,, imprimerie dirigée par un artiste du
une opinion qui n’est fondée que sur des signes de
livre.
vraisemblance, une conjecture ( 1180) et, en droit,
l’induction par laquelle on remonte d’un fait connu + Le sens du mot en fran@s est <gros cahier à vo-
à un fait contesté (12831, d’où, en droit pénal, un in- lets transparents servant à présenter des docu-
dice matériel supposé vrai jusqu’à preuve du ments et photos)>. Le mot s’emploie dans le do-
contraire, avec des syntagmes comme présomption maine de la publicité, de l’art, de la mode, se
&ale 117481, présomption de fuit 11804, code civil). rattachant à l’interprétation littérale du mot
PRÉSOMPTUEUX,EUSE adj.et n. est emprunte comme divre de presseB : en effet, ces documents
(v. 12231 au bas latin praesumptuosus, praesumptio- sont généralement présentés à la presse pour être
sus “qui a une grande confwxe en soi>>,dérivé du vendus, ou comme curriculum vitae pour d’autres
supin de pruesumere dans son sens tardif d’xêtre travaux. Il n’est pas attesté par les dictionnaires an-
fier, avoir trop cotiance en soin (Vulgate). +L’ad- glais ou américains.
@ Voir BOOK-MAKER, BOUQUIN.
jectif a gardé le sens du latin : il est employé pour
qutier une personne qui a une trop bonne opi-
PRESSENTIR v. tr. est emprunté (1414) au la-
nion d’elle-même et, par métonymie, un de ses at-
tin pruesentire cprévoir, se douter de qqch.n, <<sentir
tributs physiques (v. 1223) ou un comportement ti
longtemps à l’avance>), spécialement employé en
XIV~s.l. Il est substantivé (16041, souvent associé de-
philosophie pour <avoir une idée innée de», de ma-
puis le XVII~s. à l’adjectif jeune. +Le dérivé PRÉ-
nière à fournir le verbe correspondant au nom grec
SOMPTUEUSEMENT adv. est la réfection (15381,
prolêpsis (-+ prolepse). Le verbe est formé de prae
d’abord écrit presumptueusement ~IV” sd, de pre-
aavantm (+ pré-) et de sentire (+ sentir).
sumpcieusement (XIII~s-1. Cet adverbe est d’usage
littéraire. +Pressentir exprime le fait d’avoir confusément
conscience d’une chose présente qui n’appartit
PRESQUE adv. est la soudure (v. 1278) de la lo- pas clairement, de l’entrevoir. L’accent étant mis
cution adverbiale pres que & peu prèsa (v. 11651, sur la valeur propre du préverbe prd-, il signtie
composée de près*, au sens ancien de aquasimentu <<prévoir (une chose) par un effet de la prudence ou
Iv. 1118; également dans a bien près cpresque>>, de l’expérience)) (1456). Avec un nom de personne
v. 1130-l 1401, et de que. Ce dernier est d’abord le pour complément, il correspond depuis le xwe s.
pronom relatif; dans ce cas, la locution signifie & (attesté 16901 à «sonder (qqn), s’informer indirecte-
peu près ce qui, ce que’> en fonction du sujet ; puis il ment auprès de (qqn) sur ses intentions». En ce
s’agit de la conjonction que à valeur consécutive. sens, la construction pressentir si, vivante à l’épo-
+ Le mot, qui s’écrit presques en poésie jusqu’au que classique, a vieilli.
XVII~s., a atteint son autonomie d’adverbe au XIII~s., ~L’unique dérivé du mot est PRESSENTIMENT
indiquant une approximation devant un adjectif, n. m. (15591, qui désigne à la fois le sentiment non
un adverbe, après un verbe. Au XVI~s., il commence raisonné qui fait prévoir un événement futur et la
à se rencontrer avec un complément introduit par connaissance confuse d’une chose présente mais
une préposition (presqu’à la même époque, qui n’apparaît pas clairement. Comme le verbe, il
presqu’en. même temps, etc.1 ( 15591. ll reçoit aussi est resté très vivant.
PRESSER 2924 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

* PRESSER V. (attesté v. 1160, mais certaine- ter une pression @II XI~ s.) ; à l’époque de l’invention
ment antérieur; cf. ci-dessous presse) est issu du la- de l’imprimerie, il est devenu le nom de la machine
tin pWSSUW &ité par la langue classique mais em- destinée à l’impression* typographique (ti XV~ s.),
ployé par Plaute et les poètes du siècle d’Auguste. entrant dans la locution sous presse, SOUSla presse
Ce verbe est l’intensif de premere (formé SUT son ( 1550). 0 De là, par metonymie, il désigne le
supin pressum) dont le sens de base, <exercer une nombre de feuilles que les imprimeurs peuvent ti-
pression, une force sur», s’est nuancé suivant le rer en un jour (16901, sens disparu au XVIII~s. Cen-
mot auquel le verbe est joint. II Sign$e aserrer de tore attesté 17711, et ce que la presse typogra-
manière à extraire un liquide>, =Serrer de près (une phique publie (17381, par exemple dans
personne)>>, wenfoncer, planter, imprimerm, qabais- l’expression liberté de la presse ( 17381. 0 De nos
se% d’où au figuré 4mplifkrn et «abattre, rabais- jours, cette acception large n’a plus cours en de-
sers. La comparaison de premere, du parfait pressi, hors du langage juridique, le mot s’entendant cou-
et du supin pressum montre que l’élément radical ramment avec la valeur collective d’«ensemble des
est pr-. On voit dans -em- une caractéristique du journaux et publications périodiquesm. Par métony-
présent qui élargit le radical en indiquant un pro- mie, il est employé en parlant de l’activité journa-
cès qui dure (comme dans o!omzire; + dormir). La listique, et de l’ensemble des journalistes (1838) et
racine serait celle du sanskrît sphur&i 4 heurte du de leurs articles. De là vient la locution avoir borne
pied)), mais le sens concorde mal et les formes la- ou mauvaise presse (1884 et 1889, avec articles).
tines n’ont aucun correspondant précis. Le mot in- *Les autres sens du mot sont moins usuels du fait
doeuropéen le plus proche pour le sens est le vieux de l’importance prise par celui-ci : presse a vieilli
slave pkti «fouler au piedn mais, dans le groupe au sens temporel de <<hâte, précipitation» Iv. 1220)
slave et baltique, le sens de &appern domine. Ce- et a disparu avec la valeur psychologique de agêne,
pendant, le sens latin de <<serrer» peut s’expliquer inquiétude>> iv. 13201. De nos jours, il exprime, spé-
par l’emploi du sufke O-em- à valeur durative. cialement dans le commerce et l’industrie, les acti-
4 Dès ses premiers emplois, presser est employé vités plus urgentes de certaines périodes 118601,
transitivement avec le sens moral de «tourmenter, réanimant l’acception initiale de vfoule qui presse”
accabler)) Iv. 1160) qui réalise sur un plan abstrait et hnCieMe valeur temporelle. - PRESSIER n. m.
une valeur fondamentale, celle d’cexercer une (16251, dérivé de presse au sens typographique, dé-
forte contrainten. Oppresser l’a en partie remplacé. signe l’ouvrier imprimeur qui travaille à la presse à
* Puis vient le sens de <harceler, persécuters, 11302, bras, et PRESSELLE n+ f. (1875) une pince très fke,
presser del, celui de <pousser (qqn) à faire qqch.», valeur mal expliquée par rapport au verbe.
puis d’ctattaquer avec vigueur» 113061, ce dernier Les deux participes sont lexicalisés.
sorti d’usage, et, avec une notation temporelle se- + PRESSÉ, ÉE, le participe passé de presser, est
condaire, celui de ((bousculer IqqnIm Il 552) dont pro- adjectivé kwe s.1avec la plupart des sens du verbe :
cèdent pressé et se presser (cf. ci-dessous). * Paral- il qutie un fkit dont on a tiré le jus Ixrv” s.),
lèlement, l’usage transitif au sens physique de ormge pressée, citron pressé ayant la même valeur
((comprimer, serrer (une choseIn s’est d’abord ma- métonymique que «jus frais». Il se dit d’une per-
nifesté dans l’acception de Ncomprimer des fruits sonne qui a de la hâte ( 1564) et d’une chose qui doit
pour en extraire le jus» Iv. 12001,puis de cserrer de être faite sans délai (16061, substantivé avec une va-
manière à comprimer, à marquer une empreintes leur de neutre pour ce qui est urgent (1588, le plus
(1256; cf. imprimer) et <(appuyer, appliquer avec pressé), comme dans la locution parer au plus
force)> (15401, spécialement dans des emplois tech- pressé. Ni le sens de c&ourmenté par un besoin»
niques. La même valeur, avec un complément nom ( 1582, pressé de soyt ventie), ni celui d’«oppressém
de personne, conduit à Rapprocher (qqn, plusieurs (16733, pas plus que le sens spatial de «rapproché
personnes) de manière à serrer, à gêner)) ( 1538). dans l’espace}) (1629) ne se sont maintenus, même
0 Le sens figuré de arendre plus concis> (16601 ap- si coups pressés ! 1642) réalise l’idée temporelle de
partient à l’usage classique et a disparu au bénéfice <<trèsrapproché+ (couramment assimilés à «préci-
de serrer, resserer. + L’emploi intransitif de presser pitésB1. +PRESSÉE n. f., substantivation du fémi-
pour &tre urgent, ne laisser aucun délai> ne temps nin du participe passé (17931, est un mot technique
presse1 remonte au milieu du xrves. ; à propos des désignant l’action de presser et, par métonymie,
personnes, le verbe correspond en français mo- les choses pressées knasse de Cuits, ensemble des
derne à aaller vite* Ipressons!). +Le pronominal livres mis SOUS presse). 11 est rare. * PRES-
se presser Iv. 1200) exprime le fait d’arriver en foule, SANT, ANTE, participe présent, est lui aussi ad-
de se serrer contre et, plus couramment, de se hâ- jectivé d’abord avec le sens de “qui serre fortement
ter ( 16771, sens postérieur à celui de pressé (cf. ci- qqch.>>Iv. 13301, sorti d’usage. 0 Le mot reprend au
dessous) qui y correspond. + Récemment, en rela- XVI~s. les valeurs figurées du verbe, qualsant une
tion avec pressing*, le verbe a pris le sens spéciale de personne qui sollicite avec insistance (15381, une
«repasser (un vêtement) à la vapeurb I=’ s.1,peu ré- chose qui tourmente et contraint (1580) et, avec une
pandu. notion temporelle, qui exige une solution urgente
p Le déverbal PRESSE n. f. (1050) Nfoule où l’on se (1642).
presse», cf. foule, pour le sémantisme -, d’où la 10- PRESSE~R, EUSE n. et adj., après une première
cution il y it presse à... dam 116221, a vieilli dans cet attestation en 1384 au sens isolé d’«ouwier qui met
emploi actif en dehors du style Littéra;ire. *De des étoffes en pressen, a été repris au xIxeS. (in.Lit-
bonne heure, presse s’est spécialisé pour désigner tré, 1869); depuis 1858, il quaIfie ce qui exerce une
concrètement un mécanisme employé pour exer- pression.+PRESSEMENT n. m. (15381, fOl"I'd POU
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2925 PRESSER
désigner l’action de presser et, moralement, la des fluides (1751, d’Alembert), en météorologie
pression psychologique (ti XVII” s.), est sorti dans pression de htrnosphère ( 175 11,d’où absolu-
d’usage. + PRESSAGE n. m. (1803) est une création ment pression (1845) et hautes, basses pressions
technique du XIX~ s., exprimant l’opération par la- ( 1896). Parallèlement à ce développement, il est
quelle on comprime à l’aide d’une presse. Il fournit passe dans l’usage commun pour désigner l’action
une alternative à l’anglicisme pressing. de presser sur qqch., de comprimer ( 1746). De là, il
PRESSING n. m., attesté depuis 1934, est d’origine a pris le sens figuré de <<force s’exerçant sur une
discutée : J. Or-r suggère d’y voir un dérivé tiançais personne, influence>) (17891, en particulier dans
du verbe presser” (ou de pression) à l’aide de la fi- l’expression SOUSpresskm, par métaphore du sens
nale anglaise -ing pour suggérer le modernisme & physique, 4Par métonymie du sens concret, pres-
l’américaine~~ des nouvelles installations de repas- sion désigne un bouton en deux parties ( 19061, éga-
sage du linge à la vapeur. D’autres considèrent le lement appelé bouton-pression et, par ellipse de ce
mot comme un authentique emprunt à l’anglais syntagme, pression n. m. ou f., mot sur lequel on a
pressing «action d’appuyer, d’exercer une pres- formé PRESSIONNÉ, ÉE adj. (1975). +La locution
sion>>, moins usité que ironing au sens de <<repas- groupe de pression h. 1955) est calquée sur l’anglo-
sage> (av. 1911, mais pressing iron. cfer à repasser)) américain pressure group qui désigne un groupe-
est attesté depuis 134% et ne désigne jamais un éta- ment cherchant à exercer une pression concertée
blissement de nettoyage et de repassage. +Pres- sur l’État; malgré son incorrection, elle est devenue
sing désigne en fknçais un établissement OU l’on d’usage courant. +Le composé CONTRE-PRES-
repasse les v&ements à Ia vapeur après leur net- SION n. f. ( 186 1) désigne une pression opposée à
toyage et, par metonymie, le repassage à la vapeur une autre, spéciallement la pression secondaire ré-
lui-même ( 1939). L’équivalent pressuge ne s’est pas duisant l’effet de la pression motrice. + SURPRES-
imposé. + L’emploi de pressing en sports (19501, SION n. f. (18441, qui désigne une pression supé-
pour désigner la pression persistante exercée par rieure à la normale, est quelquefois employé avec
l’adverstire, vient de l’anglais to press <<exercer me le même sens figuré que pression. +Le radical de
pression sur, appuyer sur>>,d’où ((attaquer, assaillir, pression a servi à former PRESSOSTAT n. m.
ne pas laisser de répit à)), sens qui correspond à ce- (v. 19501 et PRESSIOMÈTRE n. m. h. 19501, noms
lui de presser en moyen français. d’appareils techniques.
Quelques noms composés ont été formés avec PRESSOIR n. m., d’abord écrit presoir (1190), est
l’élément verbal presse-; noms concrets d’instru- issu du bas latin pressorium <<appareil servant à
ments tek PRESSE-PAPIERS n.m. (18391, presser*, dérivé de pressum, supin de premere. Le
PRESSE-PURÉE n.m. (18551, PRESSE-ÉTOUPE mot a gardé son sens étymologique et désigne une
n. m. (18651, technique, PRESSE-CITRON W n. m. machine servant à extraire les liquides de certains
( 18771, qui s’applique en fait aux oranges et autres kuik, notamment du raisin. Par métonymie, il dé-
agrumes, PRESSE-FRUITS n.m. (1935),PRESSE- signe dès le XII” s. le lieu où se trouve le pressoir, en
RAQUETTE n. m. (1914), PRESSE-VIANDE n. m, particulier le pressoir à vin. + Son unique dérivé est
h.l959).PRESSE-AGRUMES n. m. (1969)remédie PRESSURER v. tr., réfection de l’ancien français
à la rareté de presse-oranges. +PRESSE-BOU- pressoirer ( 12831 en presseurer ~III” s.) puis pressurer
TON, calque rendant l’angle-américain push but- 11336) d’après le latin pressura IHatzfeld). L’ancien
ton, est d’abord adjectif 11950) dans gueme presse- français avait pressure, usuel au sens d’ccoppression,
bouton <<parappareils automatiquesm, emploi géné- tourment, violence= et emprunté au latin ecclésias-
ralisé en ((automatique». Le substantif désigne un tique pressura, mais sans rapport sémantique avec
dispositif de commande et, rarement, un partisan pressurer. Ce dernier a d’emblée le sens physique
de l’automatisme. de «passer au pressoir», alors que pressoirer a eu la
+Deux substantifk courants, pression et pressoir, valeur fiwée de ((faire violence à qqnn au xrvesiè-
viennent directement du latin mais sont sentis cle. 0 Le sens figure de pressurer «tirer d’une per-
comme étroitement liés au verbe presser. + PRES- sonne tout ce qu’elle est susceptible de donner»
SION n. f. est emprunté (v. 1256) au latin pressio, (v. 1470 puis 16751 est plutôt une métaphore du sens
lui-même dérivé du supin Cpressutnl de premere concret. ~Pressurer a,produit PRESSURE~R n. m.
(+ presser), seulement employé aux sens tech- pour désigner la personne assurant le fonctionne-
niques de {{pesanteur, poidsn, <<point d’appui d’un ment d’un pressoir ( 1291, presseureur; 1538, pressoi-
levier» et «treuil». - Le mot a été repris avec le sens reur avant pressureur, 1583). * PRESSURAGE n. m.
médica,l de acoliques douloureuses>> (cf. épreintes) est la réfection ( 15%) de pressoeruge Cpressoirugel,
et il est attesté une seconde fois avec un autre sens qui désignait par métonymie un droit féodal versé
technique, celui de «presse d’imprimerie» (15941, en échange de l’usage du pressoir (12961, puis ( 1342)
demeuré isolé. 0 Il ne s’est implanté en tiançais l’opération agricole par laquelle on passe les
qu’en devenant, à partir du XVII~s., le nom d’action fruits, etc. au pressoir. 0 Le sens d’ccaction de sou-
correspondant à presser*: il est attesté comme mettre à des impositions trop fortes)) (1875) est dé-
terme de physique chez Descartes (1638, Lettre 9 rivé du sens correspondant à pressurer.
Mersenne), puis chez Pascal pour désigner la force Par ailleurs, la forme latine pressura, à côté de l’an-
qui agit sur une surface donnée et, par métonymie, cien tiançais pressure, avait produit par emprunt
la mesure de cette force par unité de surface (1873). un mot anglais, pressure ({pression)), dont deux dérî-
Par extension, il s’est répandu dans les langages vés ont été empruntés par k français. - PRESSU-
scientsque et technique, produisant de nombreux RISER v. tr., emprunt à l’anglais to pressuke, si-
syntapes et expressions, par exemple pression gn%e ((mettre à la pression d’air normale>>
PRESSING DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’intérieur d’un avion, puis d’un véhicule spatial; il droit féodal pour <<action de prêter sermentp dans
est usuel au participe passé adjectivé PRESSU- les expressions prestation de foy ( 13101, prestation
RISÉ, ÉE et, corntne PRESSURISATION n. f. em- de sement (v. 14801, inspirées par les expressions
prunt au dérivk anglais pressutiation, il est attesté juridiques latines fickm pruesture <<montrer sa
dans les dictionnaires en 1949. Ces anglicismes, bonne foin, jusjurundum pruesture @prêter ser-
bien que critiqués, n’ont pas été remplacés. mentB. Sauf dans cet emploi, prestation est séparé
Enfin, un verbe courant, prékxé sur presser, s’en est de prêter. +Prestation a aussi repris au latin l’autre
relativement détaché par le sens. +EMPRESSER sens, <action de fournir qqch.» (1288, en anglo-nor-
v., d’abord dérivé par préfixation de presser au sens mand), avec son développement métonymique en
transitif de apresser, serrera Iv. 11601, s’est restreint ~~résultat, objet de cette action}}. C’est ainsi qu’en
dans l’usage moderne à un emploi pronominal droit féodal, le mot désignait la redevance due au
(XII~ s.) d’abord au sens de <(se rassembler)), lie à seigneur, aux ecclésiastiques, et que l’expression
presser et à presse, et sorti d’usage. 0 S’empresser prestation de service s’appliquait à l’action de s’ac-
exprime aujourd’hui une notion de NhâteB, le plus quitter d’un service obligatoire 11311). 4+estution,
souvent en construction prépositionnelle ( 1580) disparu avec les institutions féodales, semble avoir
avec de (autrefois également à et pour), quelquefois été repris au début du XIX~s. avec la même valeur;
absolument ou avec d’autres prépositions au sens celle-ci est active dans prestation eyLnature ( 1836)
de {{faire preuve de zèle, d’ardeur auprès de qqn qui désigne d’abord, en droit fiscal, une forme d’im-
(16091. * 11a produit EMPRESSEMENT n. m. (12251, pôt direct consistant en un travail de quatre jours
autrefois employé comme synonyme de pression, pour l’entretien des chemins vicinaux. Le mot dé-
puis au sens d’Mexcitationm ( 16081, avant de prendre signe hllocation due aux militaires C18341 et, au
ses sens modernes au xwe siècle. + EMPRES- XX~s. (v. 19301, celle que l’État verse en espèces à
SANT, ANTE, participe présent de empresser, est certaines catégories de personnes pour les aider;
attesté comme adjectif une première fois au milieu cette valeur est devenue usuelle avec les Assu-
du XVI~s., puis à la lk du XVII~s. au sens de “qui rances sociales puis la Sécurité sociale. 0 D’autres
exigen, avant d’être senti comme un doublet se- sens ont vu le jour au XX~siècle : les ethnologues
mantique de pressant et abandonné. +EM- parlent de prestations (1936) à propos de l’institu-
PRESSÉ, ÉE, participe passé de empresser, est lui tion qui règle un service dans le cadre de la pa-
aussi adjectivé Il61 13, d’abord avec le sens d’aaf- renté, de rapports sociaux ou de liens juridiques.
fairén qu’il a perdu, puis avec sa nuance moderne, Q D’abord en Belgique, prestation désigne couram-
<<attentif, zélé2 (16641, quelquefois employé avec à et ment ce qu’un sportif 119431 et, par analogie, un ar-
l’infinitif, dans le style littéraire. tiste (1962, en jazz) fournit au public en se produi-
0 voir COMPRESSE, OPPRESSER, PRESS-BOOK, PRINTING. sant devant lui; cet emploi a été critiqué. Par
extension, il se dit en économie de l’action de four-
PRESSING 4 PRESSER
nir un produit non matériel qui satisfait l’usage
PRESTANCE n. f. est emprunté (v. 1470) au la- d’une personne ou d’un groupe Cprestutiorts et ser-
tin pruestuntia <<supériorité, des personnes et des vices).
choses*, l’efficacités, dérivé de praestans, -ti.s“qui b PRESTATAIRE n. m., seul dérivé de prestation,
excelle, qui l’emporte, supérieur, remarquable, est un terme juridique (1845) désignant un contri-
éminent)>, participe présent adjectivé de praesture buable fournissant une prestation en nature.
ee tenir en avant, exceller, se distinguerB, d’où 0 Sous Gnfluence des sens pris au ~8 s. par prestu-
4’emporter, être supérieurm. Le verbe latin est tien, il désigne la personne qui bénéficie d’une
composé de prue tlavantn 1-+ pré-) et de stare ((être prestation de la part de l’État 11963; dès 1957,
debout, se tenir)} qui appartient à une importante comme adjectif) ou d’un groupe.
famille indoeuropéenne, se rattachant à la racine @ voir APPRÊTER. PRESTANCE, PRESTE, 0 PReT, PRÊTER.
“S~U- ((être debout> (-+ ester, statique).
+b PRESTE adj. est emprunté (v. 1456-1467) à
+Le mot a sign%é twpériorité, excellence>>, mais
l’italien presto «prompt, agileu (1300-1313, Dante)
ce sens s’est rapidement effacé derrière l’extension
qui représente le latin tardifpruestus (+ 0 prêt). Un
du sens physique, {(maintien imposant (d’une per-
adjectif prest, venu du latin, s’employait en ancien
sonne))> ( 15403.
français.
F Le terme de musique PRESTANT n. m. est un
+ En moyen fkançais, la forme preste correspond à
emprunt substantivé, spécialisé en musique, de
un féminin pour l’emprunt au latin prest. Ce der-
l’adjectif latin pruestans, -antis, lequel avait donné
nier étant sorti d’usage, preste a joué le rôle d’ad-
un adjectif moyen français prestant «remarquable,
jectif masculin (Pomey, 1671, l’enregistre aux deux
excellent>> (v. 1492). + Il sert à designer un jeu
genres). Il correspond à la double idée d’habileté et
d’orgue de quatre pieds sur lequel on accorde les
de rapidité, à propos des personnes, des actes, et il
autres jeux.
est aujourd’hui du registre écrit ou soutenu. * Un
PRESTATION n. f. est emprunté (1272) au la- emploi adverbial et interjectif au sens de witea> se
tin praestutio, -anis aaction de s’acquitter de qc@., rencontre dans la langue populaire du XIX~s. ; il
de fournir qqch. en vertu d’une obligationx, au fi- s’agit soit d’une francisation de presto (cf. ci-des-
guré agarantie>>, dérivé du supin Ipruestutuml de sous), soit d’un abrègement de prestement.
pruestare b prestance, prêter). b L’adverbe correspondant, PRESTEMENT, s’est
+ Le mot est d’abord attesté à propos de l’action de substitué (xv” s.1 à l’ancien adverbe prestement
reconnaître une obligation (12721, spkialisé en h. 1190) qui c,orrespond à l’ancien fkançtis nrest
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2927 PRÉSURE

xagîle, prompt» (-, prêt). 0 Il se prononçait prète- (v. 17501en parlant d’une personne ou d’une chose.
ment, et on ignore à quelle date le s a été réintro- Il est entré au ti s. dans la locution de prestige
duit dans la prononciation sous l’influence de (xx” s., politiique de prestige). C’est devenu un mélio-
preste; le dictionnaire espagnol-français de Oudin ratif à la mode en publicité.
(1660) est le premier à recommander de le pronon- F L’adjectif correspondant, PRESTIGIEUX, IEUSE
cer. ( 15501, est repris directement au dérivé bas latin
Le nom de qualité correspondant, PRESTESSE pruestigiosus “qui fait illusion, trompeur%. + Le mot
II. f., est emprunté (1583-1584) à l’italien prestezza a suivi la même évolution que prestige : il a quaIif+
«agilité, promptitude)) (XIV~~.), lui-même dérivé de une chose à laquelle s’attache l’idée du prodige, du
presto. La graphie, d’abord prestezze, a été franci- surnaturel, ce qui est sous l’influence d’un charme
sée en prestesse ( 1611). L’usage du mot, plus encore ( 1556) et, activement, ce qui opère des prestiges, au
que celui de l’adjectif, relève du style littéraire. sens fort (1578). De nos jours, extrêmement affaibli,
PRESTO adv. a été emprunté (av. 1651) à l’adverbe il qualifie une chose ou une personne qui a du pres-
italien presto ttrapidementn (XIV~s., Pétrarque), issu tige lune première fois en 1574, puis de nouveau
de l’adverbe latin pruesto C+ prêt). oEmprunté v. 1780). Aujourd’hui, la langue publicitaire l’em-
dans l’usage familier avec le sens général de cra- ploie abondamment pour qualser les produits
pidement, viteD Con dit aussi par pléonasme illico qu’elle veut valoriser. 0 PRESTIGIEUSEMENT
presto, subito presto), presto s’est spécialisé en mu- adv., partit assez récent (att. 19311.
sique 11750) où il est aussi substantivé (1765).
+ PRESTISSIMO a&., emprunt à l’italien prestis- PRESTOLET -+ PRÊTRE
simo, superlatif de l’adverbe presto, constitue une
autre indication de mouvement musical équivalant PRÉ SUMER v. tr. est emprunté (1190) au latin
à «très vite, avec une grande rapiditén, attesté de- pruesumere aprendre d’avance>>, d’où Nsereprésen-
puis 1722 chez Rameau. ter d’avance, conjecturern, et en bas latin &tre fier,
PRESTIDIGITATEUR, TRICE n. a été formé en se faire une trop haute idée de ses facultés». Ce
français (18231 de l’adjectif preste”, du radical du la- verbe est composé de prae <(avantBI-+ pré-) et de su-
tin digitus (-+ doigt) et du stixe -ateur, au sens mere (<se saisti, d’où ((se charger den, de “SUS-
propre <<homme aux doigts prestes>>. Le créateur du lelmere, lui-même formé de sus (+ sus-) et de
mot a dû songer au latin pruestigiae atours de emere (<prendre» (+ exemple).
passe-passe)). uLe mot désigne un artiste qui, par 4 Présumer signifie <<conjecturer, croire d’après cer-
l’habileté de ses mains, produit des illusions en fai- tains indicesm, en construction transitive directe et
sant dispartitre, apparaître et changer de place avec un nom de personne suivi d’un attribut (14801,
certains objets. Par analogie, il s’applique à celui par exemple dans présumer qqn coupable ou présu-
qui, par son habileté, arrive à produire des illusions mer de, que introduisant une proposition. De-
et obtient des résultats extraordinaires (1837).
puis 1480, le verbe se construit indirectement avec
+ Par changement de suffixe, prestidigitasteur a pro- la préposition de au sens d’aavoir une trop bonne
duit PRESTIDIGITATION n. f. ( 1823) qui désigne opinion de, compter trop sur (qqn, soi-même, ses
l’art de l’escamoteur, devenu une technique de facultés)». ~Avec la même idée, la construction
speckacle élaborée, et, au figuré, l’habileté à pro- présumer de et inEnitif (15531, #être sûr de, se faire
duire de faux-semblants. Ces mots ont pour quasi- fort de, prétendre àn, est sortie d’usage, de même
synonymes illusionniste et illusionnisme.
que se présumer *se croire, s’estimer)) Iv. 1460) et
c+‘enhardir)) (XVI~S.I.
PRESTIDIGITATION + PRESTE
b Le verbe a produit PRÉSUMABLE adj. (15991 et
PRESTIGE n. m. est emprunté 11372) au latin PRÉSUMÉ, ÉE (18351, adjectivation du participe
pruestigium <charlatanisme, imposturen et «illu- passé au sens de «censé, réputé-, qui s’emploie soit
sion», neutre singulier refait à partir du féminin après @escoupables présumés], soit avant le nom
pluriel praestigiae qui désigne des fantasmagories quali% Ile présumé coupublel.
et aussi des tours de passe-passe. Lui-même est 0 voir PRÉSOMPTIF.
issu par dissimilation d’un “praestrigiae, apparenté
à pruetigiare oculos &blotir les yeux-. Ce verbe PRÉSUPPOSER + SUPPOSER
signi-fie proprement -serrer en avant>>, de
prae l’avants I--+pr&I et de stringere cserrer>> PRESURE n. f., réfection Iv. 1200) de prisure @II
I+ étreindre). XII~s.), est issu d’un latin populaire non attesté “pre-
swa, altération par chute du n de “prensuru (<cequi
$ Le mot, surtout employé au pluriel comme en la-
est pris>>et, activement, <<cequi fait prendrem, dérivé
tin, a été repris pour designer l’illusion attribuée à
du latin prehensum, supin de prehendere
des sortilèges, à la magie. Par suite, il s’est appliqué
(+ prendre).
à une illusion produite par des moyens naturels
116681 et, par afFaiblissement, comme pour les + Le mot, d’abord relevé au figuré, désigne une
mots charme, enchantement et prodige, à l’effet substance organique extraite de la caillette des
agréable, à l’impression forte que produisent des jeunes ruminants et contenant une enzyme coagu-
manifestations intellectuelles ou artistiques lant le lait.
(v. 1650). * Ces sens étant sortis d’usage en dehors F Présure a produit PRÉSURER v. tr. (16001, repré-
du style littéraire, le mot a pris son sens moderne senté en provençal dès le xrve s., mot technique
{{ascendant; action de faire forte impression)) pour le fait de cailler avec de la présure. *PR&~-
PRÊT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RIER n. m. (18183, amarchand de présure=, a dis- littéraire ; on employait prétendre à, de (qqch.) pour
paru avec ce commerce. +Le composé EMPRÉSU- Ndemander avec forcem. * Par extension, prétendre
RER v. tr. a été formé postérieurement Il9221 dans a pris le sens moderne de aaspirer à, recherchers
le langage technique pour aadditionner de pré- (14091, notamment dans prétendre à introduisant
sureB, un adjectif EMPRJ~URÉ, ÉE étant déjà at- un nom de chose ou un infmitif C1470); les deux
testé depuis le XVI~s. (15681, avant d’être remplacé constructions prétetire de ( 15871, avec le même
par présurer, puis repris au xx” siècle. sens, et prétendre à suivie d’un nom de personne
116683 sont sorties d’usage. * L’emploi devenu le
0 PRÊT, PRÊTE adj., d’abord écrit prest plus courant, prétendre suivi d’un inhitif -avoir la
Iv. 105O),est issu du bas latin pruestus, attesté dans ferme intention, le volonté de» Iv. 14601, entraîne la
les inscriptions I+ preste). Celui-ci paraît avoir été nuance, tantôt d’une prétention justifiée, tantôt
reformé sur l’adverbe pruesto I+ presto) «SOUSla d’une prétention injustifGe ou démentie par les
main, à portéen, <présent, disponiblem, d’où aau ser- faits, tantôt em d’une prétention condamnable
vice des. Praesto, auquel il faut probablement ratta- (1670, Pascal). Là encore, le verbe ne se construit
cher pruesture t+ prêter), est d’origine inconnue : plus avec un nom de personne pour complément,
on a proposé de le faire venir de “prae-site, de la ra- ce qui était le cas au xwe s. (1638). La construction
cine de stare &re debout, se teti t+ station); on prétendre gue suivie du subjonctif est elle aussi ap-
l’a aussi rapproché du sanstit h&ta& <<main» par parue en langue classique (1669). + Enfk, dès le
un composé hypothétique “prue-hestod. Cette der- moyen français (1380), prétendre est devenu un
nière hypothèse se heurte au fait que le mot sans- verbe d’opinion exprimant l’idée d’a&mer, d’oser
krit n’a pas de correspondant connu. donner pour certain, quelquefois avec attribut Ipré-
+ L’usage moderne de prêt s’est fké dès le mes., tendre une chose vraie) Iti xve s.1, ou bien avec la
époque où l’&j ectif qutie une chose entièrement conjonction gue suivie du subjonctif (1661) ; pré-
préparée, cette valeur s’appliquant plus tard à un tendre que et l’indicatif est quelquefois employé
repas (15851. * Il qual%e aussi une personne ca- lorsque le locuteur veut éviter la confusion avec le
pable de faire qqch. grâce à une préparation maté- sens de <admettre, vouloir~~. L’emploi de la forme
rielle ou morale (1080) ; il est alors construit avec la pronominale se prétendre est apparu plus tard
préposition & (1260) qui a évincé la préposition ( 1759) au sens d’+Bmer que l’on est>, suivi d’un at-
concurrente de Iv. 11601, homonyme de près de. tribut.
mt à tout apparaît à l’époque classique (16731, F La dérivation du mot se borne à l’emploi adj ectivé
alors que l’emploi absolu de ti prêt est attesté tar- et substantivé de ses participes. +PRÉTENDU, UE
divement (1934, Daudet). +D’une manière géné- a été employé du XIV” au xwe s. sous la forme du fé-
rale, l’ancien usage de prêt pour exprimer l’idée minin substantivé prétendue pour *chose préten-
d’imminence temporelle Iv. 11801 s’est inégalement due, prétentionti (v. 1380) et du masculin substan-
maintenu : avec la préposition ù, il a vieilli mais est tivé Clej prétendu 115451ace à quoi l’on prétend*. Ce
encore usité dans un style littéraire; prêt de sens a disparu sous la concurrence de prétention*
(v. 11801, par exemple dans prêt d’arriver, a reculé et s’est à peine mieux maintenu pour l’adjectif, at-
au profit de près de et a été condamné par I’Acadé- testé en ce sens depuis le milieu du XVI~siècle. 0 Sa
mie tiançaise 119 novembre 19641 pour éviter la spécialisation en parlant du futur mari ou de la fu-
confusion entre la notion de 4isposé àv Cpr6tl et de ture épouse (av. 1614, pour l’adjectif; 1762, pour le
au- le point den Iprèsl. nom), sentie comme familière, n’a plus cours que
bh-êt est entré dans le nom composé PRÊT-À- dans certaines régions, éliminée par promidel et
PORTER n. m. (19511, fond de prêt, a et porter” et par fiancéCe1. -Le seIIs moderne de prétendu, “qui
calqué sur l’anglo-américain reudy-to-vveur n’est pas ce qu’il paraît être>>,apparaît dans la reli-
adj. et n. ou reudy-for-weur adj. (à propos de vête- gion prétendue réfomzée (15681, nom donné par les
ments, depuis 1934. + Sur le modèle de prêt-h-por- catholiques au protestantisme au xwe s., plus tard
ter, qui quak6e et désigne le prêt-h-porter les vête- abrégé en R. P. R. et usuel aux xwe et xwte siècles.
ments fabriqués industriellement -par opposition Un emploi plus général, pour «faux, malgré les ap-
à sur mesure - la langue contemporaine a créé parences>>, est attesté depuis 1611. 4 Prétendu a
plusieurs noms et adjectifs tels prêt-b-monter, prêt- donné PRÉTENDUMENT adv. (1769) considéré
ù-habiter et prêt-à-manger, ce dernier proposé comme un barbarisme CFéraud, 1788) mais devenu
sans grand succès comme équivalent de fus&food. assez usuel. *PRÉTENDANT, ANTE, participe
présent, est substantivé (1498-1500) en parlant de la
@ PRÊT -, PRÊTER personne qui prétend, aspire à qqch. 0 Il se dit en
particulier de celui ou celle qui prétend au pouvoir
PRÉTENDRE v. tr. est emprunté (1320) au la- souverain 11588) et, au masculin, de celui qui pré-
tin pruetendere, composé de prue cavant» (+ pré-) et tend & la main d’une femme 11498-1500) ; l’emploi
de tendere t-, tendre), qui Sign%e proprement symétrique du féminin pour celle qui aspire à la
*tendre en avant, être situé devant>. Ce verbe a dé- main d’un homme (16831 reste rare.
veloppé dès l’époque classique le sens figuré d’aal- PRÉTENTION n. f. est dérivé savamment (14891 du
léguer, invoquer, prétextew à basse époque, il a latin pruetentus, participe passé du verbe praeten-
pris celui de *réclamer (une dette)» et, au moyen &re (t prétendre) d’après les substantifs latins dé-
âge, <afErmer fermement> 113101. rivés de verbes en -ere du type contendere-conten-
+ Il est passé en lançais avec le sens de ademan- tio, dicere-dictio, mittere-missio, etc. Pretentio,
der, réclamer (un droitIn, aujourd’hui archtique et attesté en latin médiéval (9991 au sens de acontesta-
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRÊTER

tien)>, a pu servir de modèle. + Le mot est introduit (qqch.) à la disposition de qqn Ile plus souvent pour
en français avec le sens juridique de «droit que l’on un temps déterminéIn, notamment avec un
a ou que l’on croit avoir d’aspirer à qqch.u ; il a déve- complément désignant une partie du corps. Cet
loppé (surtout au pluriel) les valeurs de avisées, in- emploi a donné lieu à des expressions attestées
tentions)) ( 1671) et aexigences dans un contrat, un plus tard, @ter la main Cv.1562 ; prêter l’épaule,
marché% (v. 1673, Retz). Par extension, prétention, 16111, prêter main-forte (16361, les deux expres-
surtout avec un complément introduit par à ou de, sions correspondant à ~~fournir une aide inxné-
désigne le fait de revendiquer pour soi une qualité, diate» (cf. coup de main). Un autre usage, OU le
un avantage intellectuel ou moral (av. 1747, Vauve- complément est une abstraction, correspond aux
nargues). Ce sens est réalisé dans quelques lo- locutions prêter aide, secours (15381, ultérieure-
cutions comme un homme i prétentions (17721, ment prêter son concours ( 1914, Jaurès). - Dès le
sitlls prétention 117543,puis avoir la prétention de XII~s., prêter gqch. Sign%e afournir (une chose1 à
118351,n’avoir aume prétention (1835). +L’accent condition qu’elle soit rendue>) (v. 1180). Ce sens, de-
étant mis sur la nuance péjorative ou ironique que venu très usuel depuis le xwe s., - en relation avec
comportent parfois certains emplois du mot, on prêt et prêteur - est également réalisé dans les lo-
passe au sens de «trait de carac&e portant à être cutions prêter SUTgage 11585) et, plus tard, prêter à
exagérément satisfait de soiB, d’abord attesté par la petite semaine ( 1845-1846) le plus souvent em-
métonymie en parlant d’un texte ( 1828) et lié à pré- ployées absolument. +Avec une autre valeur, le
tentieux, qui semble être à l’origine de ce sens. Une verbe exprime le fait d’accorder, de conférer, de
influence de présomption est possible. procurer (12251, notamment dans des locutions où
F Lemotapourdérivé PRÉTENTIEUXJEUSE adj. le complément désigne un organe des sens, prêter
et n. (1789) qui qualifie, avec une valeur péjorative, l’orefle h. 12781,prêter sa voix (av. 16153,prêter les
ce qui dénote une excessive estime de soi, voire de yeux (16011, ou un autre type de nom dans prêter
la fatuité (mot, expression). L’adjectif s’emploie serment (15381, prêter attention (1548) et prêter si-
aussi en parlant des personnes (attesté 17%) pour lence (15673, ce dernier sorti d’usage. 0 Deux nou-
avaniteux, content de soi>, substantivé en ce sens à veaux emplois apparaissent au xwe siècle : prêter
partir de 1813. +Il a produit PRÉTENTIEUSE- correspond à <<attribuer, proposer d’attribuer tel
MENT ad~.(18341 et PRÉTENTIARD,ARDE adj.et caractère)) (1588, Montaigne), spécialement dans la
n. ( 1929) qui lui fournit un synonyme familier et ex- locution proverbiale on ne prête qu’aux riches
pressif, -Le troisième dérivé de préteatirt est un I1845- 1846, métaphore de l’acception Cnancièrel,
terme spécialisé en k’@StiqUe, PRÉTENTION- Le verbe commence aussi à se rencontrer avec la
NISME n. m. (1940) qui désigne une manière pré- préposition à au sens de adonner matière à, fournir
tentieuse de s’exprimer. l’occasion dem (15801, d’oti quelques locutions telles
prêteràl’équivoque (1820), prêter à rire (18341,prê-
PRÉTENTAINE n. f., dans la locution coure
ter au ridicule (1859). + Un autre sens remontant à
la pretentaine ( 16041, est d’origine obscure. D’aprés
la fm du xvre s,, aprésentep, a disparu dans prêter le
Wartburg, le mot serait formé sur le verbe retentir*,
collet à gqn =s’oEir pour se battre)), mais survit
la notion de mouvement, d’agitation pouvant être
dans prêter le flanc W40) cdonner prise à une ac-
reliée à l’expression du bruit. Le prétie pré- substi-
cusationn. +L’usage de la forme pronominale
tué à re- (de retentir) pourrait 6tre tiré de verbes de
se prêter remonte à la fk du XII~ s. pour <<semettre
mouvement tels que précipiter*, et la fmale -aine de
au service de qqn>>,sens disparu. Se prêter à qqch.
retiains tels que dondaine*, futiondaine*. On a
<(consentir à qqch.» est attesté depuis 1580 (Mon-
aussi évoqué une dérivation du normand petin-
taigne); dans l’usage classique, cet emploi corres-
taille td’où préthtailZe*) Homement de robem, au
moyen du Su&e des refrains de chansons. pond& à «se laisser aller àn (1683) ; enCn, se prêter
sime (1759) &re propre à, pouvoir s’adapter àm
4 La locution courir la prétentaine (1605) exprime le (d’une chose). +À l’époque classique, l’emploi în-
fait de courir çà et là, de faire des escapades et,
transitif de prêter pour {(pouvoir s’étirer, se tendren
spécialement (16151, de chercher des aventures
(d’une peau, d’un tissu) Il6801 a fait entrer le mot
érotiques.
dans l’usage technique.
PRÊTER v. est issu Iv. 11401 du latin pruestare. F La dérivation est relativement peu abondante : le
Ce verbe Sign%e *mettre à la disposition deB et par participe passé PRI%T& tiE est adjeckivé et connaît
suite cfournir, procurer temporairement*; il est un emploi substantivé pratiquement limité à la lo-
souvent employé à basse époque comme syno- cution un prêté pour un rendu (18081, qui a rem-
nyme de dare =donnern (-+ date) et de praebere placé c’est un prêter à jumuis rendre 11639) fait avec
afournirm I+ prébende) auxquels il sert de substitut l’infmitif substantivé.
expressif. À la suite du rapport réel ou imaginaire Le déverbal 0 PRÊT n. m., d’abord orthographié
établi par les Latins entre praesture et le mot juri- prest Iv. 11651,désigne l’wtion de prêter au sens de
dique prues, qui désigne une caution donnant ga- «fournir provisoirement~ et spécialement le contrat
rantie à 1’Etat créancier dans un marché en faveur par lequel une chose est livrée à charge de restitu-
d’un débiteur, il est fréquent au sens de ugarantir)) tion (16711, produisant des syntagmes comme prêt à
(+ prestation). Il se rattache très probablement à intérêt (16713, prêt à usage, prêt de consommation
l’adverbe praesto ~SOUSla main, à portée>>, d’où <au C18321,prêt d’honneur (18751, récemment prêt-relais
servicen k 0 prêt). 11973). 4n moyen lançais, prêt a commencé de
+ Dès les premiers textes, le verbe est employé en désigner la somme allouée par l’État pour la subsis-
construction transitive directe au sens de <<mettre tance et l’entretien d’un soldat, d’un sous-officier
PRÉTÉRIT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(1360-13701, spécialement la partie de cette somme étrusque à rapprocher du grec pmtunnis 13 pryta-
remise au soldat. L’expression prêt franc née). Pruetor désigne celui qui marche en tête, le
(déb. xxe SJ s’emploie lorsque l’intégralité du prêt chef, le commandant; par spécialisation, il désigne
est versée au soldat qui doit pourvoir lui-m$me à sa un chef suprême (en concurrence avec cowul~,
subsistance. 0 Pret est le seul nom de la famille qui surtout à titre militaire. À Rome, à partir de 367, il
exprime également le sens figuré de prêter, soit le désigne un magistrat, chargé de la juridiction ci-
fait d’cqattribuer a qqn une pensée, un acte», mais vile; en 242, la juridiction est dédoublée en deux
celui-ci est rare et littéraire. préteurs (urbain et pér6grinI puis, sous Sylla, le
PRÊTEUR, EUSE n. et adj., d’abord presteour nombre en est porté à huit.
(v. 1278) et presteur 112831, désigne et qualifie la per- 4 Le mot a été repris comme terme d’antiquité, dé-
sonne qui prête une chose, surtout avec un signant le magistrat chargé de rendre la justice, et
complément désignant un bien matériel, spéciale- ce magistrat sorti de fonction et chargé de gouver-
ment de l’argent. II entre dans prêteur SUT gages ner une province.
(1830, Balzac). + PRÊTABLE adj., d’abord prestuble ä Il est en concurrence avec PROPRÉTEUR n. m.,
(déb. XVI~ s.), a eu le sens actif de “qui prête volon- emprunt (15421 au latin propruetor, de pro ~~OUF
tiers- avant de prendre la valeur passive actuelle (-+ pour) et de praetor, littéralement asuppléant du
(16063, “qui peut être prêté (chosela. préteur=.
Le composé PRÊTE-NOM n. m., forme avec l’élé- PRETURE n. f. est emprunté (v. 1500) au latin prae-
ment verbal prête- et nom*, est attesté depuis 1718. tura dignité, magistrature du prêteurm, atemps
0 Voir APPm?‘ER, PRESTATION, PRESTE, 0 PRET.
pendant lequel le prêteur exerçait cette magistra-
PRÉTÉRIT n. m. est un emprunt Iv. 12451 au la- ture», de pruetor. Les deux sens sont passés en fran-
tin pruetetitum, pour praeteritum ternpus <temps çais, le second étant attesté en 1636. +PROPRÉ-
TURE n. f., dérivé de propréteur 118453 d’après
pas& dans lequel prueteritum est le participe
prétwe, désigne la fonction de propréteur.
passé neutre adjectivé de prueterire. Ce verbe,
0 Voir PRÉTOIRE.
composé de prueter udevant,, de prue (+ pré-), et de
ire Naller}) (cf. i’irai, etc. à aller), signi-fie proprement 0 PRÉTEXTE II. f., terme d’antiquité romaine,
epasser devant, le long de)), «dépassep (également est emprunté (1355, Bersuire) au latin praetedu, el-
sur le plan temporel), et au figuré <<omettre, laisser lipse de pruete3cta togu, désignant un vêtement
de côtén. blanc bordé d’une bande de pourpre que portaient
4 Le mot désigne une forme temporelle du passé ; il les jeunes patriciens et ceux qui étaient revêtus de
n’est plus utilisé en grammaire du français (où les certaines dignités à Rome. Pruetetiu est le parti-
appellations prététit imparfuit, prétérit simple et cipe passé féminin de pruete3cere b 0 prétexte)
prétéritantérieuront été remplacées par imparfait, pris dans son sens propre de aborder (un vête-
passé simple et passé antérieur).fl s’emploie à pro- ment)%.
pos de langues qui ne distinguent pas entre impar- 4 Le mot, employé comme nom absolument et dans
fait, aoriste et parfait, tel l’anglais. robe prétexte (1762), garde le sens propre de L’&y-
0 voir PF&tiRITlON. mon latin. 0 On appelle par métonymie Pugédie
prétexte ou prétexte hxe s.) une tragédie latine qui
PRÉTÉRITION n. f. est emprunté à la Renais- empruntait son sujet à l’histoire nationale, parce
sance 115101 au bas latin pmeteritio, -O~S, nom d’ac- que les acteurs y étaient revêtus de la robe pré-
tion formé sur le supin praeteritum de praeterire texte des hauts magistrats.
(+ prétérit) et désignant l’action de passer devant,
spécialement, au figuré, le fait de passer sous si- 0 PRÉTEXTE n. m. est emprunté (1530) au la-
lence sur son testament et, en rhétorique, de décla- tin pruete3ctus -action de mettre devant, allégation
rer que l’on ne parle pas d’une chose. pour excuse,, spécialement employé en latin mé-
+Le mot a été repris avec son sens juridique (le diéval dans la locution juridique SU~ pmetextu
gascon a pretericion dès 1314 et a repris au xwe s. cous couleurm 114631, et employé au sens de -éclat,
(1577) son acception spéciale en rhétorique, =figure représentation)). Praetextus est la substantivation
par laquelle on parle d’une chose en déclarant au masculin du participe passé de prueteere, de
qu’on n’en parlera Pas~, remplaçant prétemzission. prue <devant>> I+ pré-) et de texere (+ tisser) aborder
Le mot s’emploie parfois dans le style didactique un vêtement) I+ 0 prétexte), et au figuré amettre
(pur prétérition. J. en tête,, ~~pourvoir de, munir de> et 4léguer
comme excuse».
.PRÉTÉRITER v.h+., empmt au latin pX!&ti-
tare, fkéquentatif de pruetefire, est usité en Suisse + Prétexte a été repris au latin avec son sens actuel
au sens de «léser, causer du tortm. de <motif spécieux mis en avant pour cacher le mo-
tif réel d’une actiorw, entrant dans les locutions
PRÉTEUR n. m. est la fkncisation (XIII~ s., pre- sous prétexte de 11539) calquée du latin, SOUS pré-
teurl de pretor 112131, emprunt au latin pruetor, texte gue IBossuetl, la variante classique sur le pré-
-oris. D’après les Anciens, le mot est issu par texte que 11678) ayant disparu. 0 L’accent étant nliS
contraction de “pra&or, nom d’agent dérivé de sur ce qui permet de faire qqch., le mot est passé
prueire, de prue «devantn C-+pré-) et de ire &lern dans le vocabulaire de i’art pour désigner le sujet,
(+ à errer), signikmt <aller devant, précédern, d’où le modèle en tant qu’il n’est pour l’artiste qu’une
au figuré <<guider*, dicter, prescrirep. Mais il est occasion de développer certaines recherches es-
possible aussi que pruetor soit issu d’un tenne thétiques.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2931 PRÊTRE

.Le dérivé PRÉTEXTER v.tr. serait attesté il est substantivé en parlant d’un milikre qui sert
dès 1456 selon Bloch et Wartburg, depuis 1566 (et une autorité despotique (1768, D’Alembert1 et qua-
non 1556) selon les autres sources. Critique au liI?e péjorativement les éléments militaires consti-
xwe s. par Vaugelas, il ne s’en est pas moins ti- tuant la garde personnelle d’un chef d’État auto-
planté, exprimant le fait de prendre pour prétexte, ritaire ou qui interviennent par la force dans la vie
en construction directe et indirecke (avec de1. La de la nation (garde prétorienne). Ces emplois sont
construction prétexter gqch. de a Sign%é ~couvrir littéraires. -On en a tiré PRÉTORIANISME n.m.,
qqch. d’un prétexte>> (16361, puis ase servir de qqch. terme didactique ( 1876) caractérisant un régime
comme d’un prétexte», politique dans lequel les prétoriens ont une in-
fluence prédominante.
PRÉTINTAILLE n, f., d’abord attesté comme
nom propre sous la forme Pretintailles (17021, puis PRÊTRE n. m., d’abord prestre (déb. xnc s.), est
comme nom commun sous les formes pertintaille issu par évolution phonétique du latin ecclésias-
(1705)et pretintaille (17971,est d’origine incertaine. tique presbyter (+ presbytère), lui-même emprunté
Étant donné le sens du mot dans de nombreux dia- au grec presbuteros qui a d’abord désigné dans le
lectes du domaine d’ail, ncollier de cheval garni de NouveauTestament un des *anciens du peuple».
grelotsn, une dérivation du verbe tinter” semble C’est le comparatif de presbus wîeuxm et arespec-
probable. L’initiale p&- est peut-être tirée de pré- table, vénérableD (-+ presbyte). Le mot a été
tendre”, prétentieux, et la Cnale est le suExe péjora- conservé dans toutes les langues romanes, soit
tif -aille. sous la forme presbyter, soit sous une forme tardive
+ Le nom commun est attesté Il7051 pour désigner prubyter, due à l’influence du latin pruebitor <celui
chaune des quatorze combinaisons à l’ancien jeu qui pourvoit du nécessaire les fonctionnaires voya-
de l’ombre. 0 Le sens d’«ornement» ( 1707) s’ap- geant dans les province+, d’où Nceluî qui pourvoit
plique d’abord à un motif découpé sur une tenture au salut des fidèles>>. Praebitor vient de pruebere
mortuaire puis sur une robe de femme 11708). Le l+ prébende). Le développement de sens est ana-
mot a développé les sens figuré et péjoratif de logue à celui du grec parokhos (+ paroisse). L’ita-
«point, détail secondaire)) et de &oriture, fanfre- lien a prete, l’espagnol preste, l’ancien provençal
luchem (av. 17321,mais il a vieilli dans tous ses em- pestre, prestre et preire. L’ancien provençal a pos-
plois. sédé un mot prevoire ou preveire qui représente
0 voir peut-être PRÉTENTAINE‘ 1’accusatifpresbyteaLm et qui survit en langue d’oil
dans le nom de la rue des Prouvaires à Paris.
PRÉTOIRE n. m. est emprunté Km XII~s.1au la- + Prêtre désigne celui qui, dans l’Église catholique, a
tin praetotium Ntente du général, endroit du camp reçu le sacrement de l’ordre et, par extension, tout
où elle se trouve », Mconseîl du général)), apalais du ministre d’un culte religieux 112131, grand prêtre
préteur dans une province>>, d’où willa de plai- (v. 1485) s’appliquant au chef de la religion hé-
sance=, et aussi <(garde prétorienne». Praetotium braïque. Pratiquement, on n’emploie prêtre en de-
est dérivé de praetor (-+ préteur). hors de la religion catholique qu’en parlant de l’an-
+ Le mot, repris comme terme d’antiquité romaine, tiquité et de certaines religions exotiques ; en ce qui
désigne le tribunal du préteur, puis la tente du gé- concerne le protestantisme et le judaïsme mo-
néral (1355, Bersuirel. L’expression préfet du pré- derne, on dit ministre, pasteur ou rabbin. De même,
toire ( 1734désigne le chef de la garde personnelle à propos de l’Islam, on évite le mot prêtre, cette reli-
de l’empereur. b Par analogie avec le sens de 4ri- gion ne comportant que des fonctionnaires reli-
bunal où le préteur rendait la justice», le mot a pris gieux limams, ek). -Par analogie, le mot désigne
son sens moderne de Ksalle d’audience d’un tribu- celui qui a voué à qqn, à qqch. un culte auquel il
nal% (v. 13701, dans un usage littéraire ou journalis- consacre l’essentiel de son activité et qu’il veut ré-
Oque un peu prétentieux. pandre ou glotier (1549, Du Bellay), en particulier
b PRETORIEN, IENNE adj. et n. m. est emprunté dans grand prêtre. ==L’expression parti prêtre
! 1213) au latin pruetotianus <<de la garde person- ( 18381a été employée sous la Restauration pour dé-
nelle de l’empereur romain», aussi substantivé. Ce signer le parti des partisans zélés de 1’Eglise catho-
mot est dérivé de pruetorium amilice ou garde de lique. 0 L’expression prêtre-ouvrier (19481 désigne
l’empereur» I+ prétoire). 11 est homonyme d’un après la Seconde Guerre mondiale un prêtre exer-
autre adjectif praetorianw adu prétew dîrecte- çant un métier manuel et partageant la vie des tra-
ment dérivé de pruetor (+ préteurl. 0 En fiançais, vailleurs.
prétorien cumule les sens des deux adjectifs latins, drêtre a produit le féminin PRETRESSE n. f.
Sous l’influence de prétoire, il quaMe ce qui appw- (prestresse, v. 1160) en parlant d’une jeune fille,
tient au préteur romain ( 12131,en particulier dans d’une femme attachées au culte d’une divinité dans
province prétorienne ( 16361, famille prétorienne les religions ptiennes. ~Par métaphore, le mot
(16401. Reprenant la spécialisation militaire de entre dans l’expression prêtresse de Vénus (1671)
pruetor, il se dit de la garde personnelle de l’empe- flcourtisane~, littéraire et devenue archaïque.
reur, dans cohorte prétoriexme (1640) et il est subs- *PRÊTRISE n. f., d’abord prestrise 113101, désigne
tantivé pour désigner un soldat de cette garde la fonction, la dignité de prêtre, le plus souvent au
11664). Sous l’influence de prétoire, il quame égale- sein de 1’Eglise catholique romaine, plus rarement
ment ce qui est relatif au général, au commandant dans d’autres religions (v. 1485). + Avant la fin du
en chef. * Par analogie et, par allusion au r8Ie joué moyen âge, prêtre avait produit PRÊTRAILLE n. f.,
par la garde prétorienne des empereurs romains, dors écrit prebstrdles au pluriel (14983, puis pres-
PREUVE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

truille 115491, son premier dérivé péjoratif dési- morales, il qualse ce que la société médiévale re-
gnant le clergé, les prêtres. Ce mot est à peu près connaît comme le meilleur, et qui a évolué avec les
sorti d’usage. -PRÊTROPHOBE n. et adj. 11833, mentalités. Jusqu’au XII~ s., encore au XIII~ s., chez
Gautier) désigne les anticléricaux, d’où PRÊTRO- Joinville, preu correspond essentiellement à la va-
PHOBIE n. f. (1865). +PRÊTREUX,EUSE adj. leur guerrière et au courage, en relation dans le
Cl8601 “qui est partisan des prêtres, a disparu. discours avec hardi, combattant, bon chevakr, bon
L’hostilité au clergé n’utilise plus les dérivés du guerrier, boiz VUSSU~.Ensuite, les romans antiques
mot prêtre, mais son synonyme familier curé, les (comme le Roman de ‘IZPtébeslmarquent un tour-
préfixés de clérical et diverses métaphores Icalo- nant et preux est employé avec une autre série
i-in, etc.). d’adjectifs ko~tioti, sage, gentil, bel, franc...), indi-
ARCHIPRÊTRE n. m., d’abord arcepreste (12551, est quant une qualité plus générale de comportement
un emprunt demi-savant au latin ecclésiastique ar- en société, des vertus morales de sagesse, de bonté,
chipresbyter, calqué du grec arizhipresbuteros, de de distinction, qui font du preux (J’honnête homme3
arkhi- marquant le premier rang (+ archi- et pres- de ce nouvel âge féodal. Cette signification géné-
buteros. +Le mot a été repris pour désigner le rale, waleureuxm, rend compte de celle de ubonne
prêtre que l’évêque dkléguait à la tête d’une tir- santém qu’a pu exprimer l’adjectif en moyen fran-
conscription de son diocèse; de nos jours, c’est un çais. Usuel jusqu’au XVII~s. comme adjectif, l’emploi
titre conféré à certains curés. bARCHIPRESBY- substantivé (attesté depuis 1080) ayant vieilli plus
TÉRAL, ALE,AWX adj., d’abord écrit avec -i- t&, preux n’est dès lors qu’un terme archaïque ou
(16941, est l’emprunt savant du bas latin ecclésias- un terme de civilisation.
tique archipresbyterulk, adjectif correspondant à b En revanche, les dérivés de preux se sont mainte-
archipresbyter. Il qual%e, dans le langage didac- nus dans l’usage moderne. +PROUESSE nf.,
tique, ce qui est relatif à l’archiprêtre, placé sous d’abord proecce ClOSO),a commencé par dénom-
son autoritk. mer abstraitement nu prouesse) la vaillance, la va-
PRESTOLET n. m. est emprunté (16571 au proven- leur d’un preux au sens guerrier du mot, et concrè-
çal prestoulet, diminutif de prestre «prêtes. On ren- tement [une, des prouesses) tout acte de vaillance
contre également prestolunt ( 1542, Rabelais) et (1080). Parallèlement à l’évolution de l’adjectif, le
prestoltn 116431, mais les rapports de ces mots à nom a pris une valeur générale de comportement.
prestolet ne sont pas éclaircis : la variante presto- Par extension, il désigne toute sorte d’exploits,
lant ( 15701, employé aussi pour celui qui surveille l’idée d’caction d’éclat> se chargeant au XVII~s.
les fermiers, est rangé par Wartburg sous le latin d’une valeur ironique ! 1647,Vaugelas qui l’applique
pruestoluri aattendre>. * Ce terme péjoratif et dé- à un homme vantard et vaniteux), passant même
daigneux pour <<petit prêtre sans importance>> s’est dans le style burlesque pour un exploit ridicule
employé jusqu’au XIX~ siècle. Il a été remplacé par (1651, Scarronl et dans la langue familière pour un
les dérivés péjoratifs de curé. exploit sexuel (av. 1660). 0 Employé en ce dernier
‘+ voir PRAIRE, PRESBYTE, PRESBYTÈRE. sens chez les libertins en parlant des excès de dé-
bauche (17181,il a développé le sens antiphrastique
PREUVE +PROUVER d’ttaction blâmable, fauten ( 1733, une belle prouesse).
~AU D? s., le mot est encore vivant, mais souvent
+k PREUX adj. et n. m., réfection Iv. 1382) des ironique.
formes d’ancien fknçais, proz ! 10801, pro, pruz, PRUD'HOMME n. m. est la kation graphique au
preuz, est issu d’un adjectif bas latin “prodis, tiré du XVII” s. (16711 d’une série de formes présentes dès la
bas latin “prode wtiles, qui a lui-même fourni un Chanson de Roland : prozdome (10801, puis preu-
substantif neutre “prode passé en ancien francais dome (1176-l 1811,preud’ome (1260). Il est composé
sous la forme preu, pru et qui survit en français mo- de preux, de et homme* avec conservation de la
derne dans un emploi adverbial (-+ prou); “prode voyelle initiale étymologique (0, ou; cf. prou). Le dé-
est attesté depuis le we s. dans la tournure imper- veloppement sémantique a suivi l’évolution du sens
sonnelle prode est, qui résulte d’un découpage in- de preux. Preudome désigne un homme vaillant, le
correct de prodest, prod est Nil est utile». Ce décou- type parfait du chevalier, comme nom et comme
page s’est fait sur le modèle de pote est, forme adjectif; il est employé depuis le XVII~s. dans un
existante de potest 4 est possibleu, d’après les lo- contexte historique, encore au me siècle. Puis, il
cutions impersonnelles utile est 4 est utilex, difi- s’applique à un homme de mérite qui fait preuve
ctie est Gl est *cile*. Prodest est la troisième per- de sentiments nobles et à un homme sage, avisé,
sonne du singulier du verbe impersonnel prodesse, d’expérience, reconnu compétent dans un do-
composé de pro Iprod- devant voyelle) I+ pour1 et maine et pouvant être considéré comme expert à
de esse (+ être), littéralement «être en faveur de ce titre, sens attesté dès le XIII~s. (1260, dans le do-
(qqn)m, d’où -être utile>. L’ancien provençal a de maine de la justice). Cette spécialisation profes-
même pros, pro xbon, excellentm et l’italien a pro&. sionnelle et ce statut juridique sont les seules va-
+ La signîkation originelle d’utilité est à la base de leurs du mot qui ont survécu, se retrouvant dans la
tous les emplois ultérieurs : l’adjectifproz, preux est fonction actuelle des conseils de prud’hommes
toujours valorisant, comme vaillant qui en est le sy- chargés de régler les contentieux professionnels
nonyme. Appliqué à un élément non humain, il en 11806, Loi portant établissement d’un conseil de
souligne l’utilité, la qualité; appliqué à un être hu- prud’hommes à Lyon). 0 Le passage de la vaillance
main (lOSO), il consigne la haute qualité du compor- à la sagesse ainsi que le recul de la connotation lau-
tement : au sommet de la hiérarchie des valeurs dative du mot (de moins en moins relié à preux)
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2933 PRÉVENIR

rendent compte de l’apparition au me s. du sens fa- le sens de *nombre de cas de maladie ou de per-
milier et péjoratif de «bourgeois médiocre et satis- sonnes malades dans une population déterminéen
fait, aimant les déclarations emphatiques et (attesté 19671, par emprunt à l’anglais prem~ence,
creuses), illustré par les scènes populaires et la lui-même pris au fknçais (XVI~s.3 et attesté depuis
comédie de H. Monnier, Grandeur et décadence de le XVIII~s. au sens de ((extension, fréquence d’un
M. Joseph Prudhomme (1852). * PRUD’HOMIE n. f., phénomène> C17131, en médecine depuis 1839.
anciennement prodhommie <<sagesse, probité du 4 PRÉVALENT, ENTE adj. est dérivé (1710) de pré-
prud’homme>> Km xrve s.), a été repris (1876) dans la valoir d’après le participe présent latin pruevulens;
terminologie du droit du travail pour un conseil de il n’est pas exclu qu’il soit emprunté à l’anglais pre-
prud’hommes. 4 Pmd’homme, avec sa valeur péjo- valent (1576). Attesté une première fois au ~~III~s., fi
rative, par dérivation du nom du personnage de a été repris à la k de ce siècle (av. 17881 au sens de
Monnier, a produit dans la seconde moitié du XIX~ s. “qui prévaut, qui dominen. Idée prévalente se dît en
les termes dénigrants PRUDHOMMESQUE adj. psychologie d’une préoccupation à laquelle le sujet
(18531, d’où PRUDHOMMESQUEMENT adv. (18851, attache une importance exagérée.
& PRUDHOMMISER v. tr. (18721, PRUDHOMME-
RIE f. (1862) et PRUDHOMMISME
n. (18901, au- PRÉVARIQUER v. tr. est emprunté (1432;
j ourd’hui archtiques. 9 Au début du XX~s., apparaît 1398, au participe présent substantivé prévuricunt)
le terme de droit PRWD’HOMAL, ALE, AUX adj. au latin praevaricari (<marcher de travers, dévier»,
( 1907) crelatif à la juridiction des prud’hommes>>. spécialement <<labourer en déviant de la ligne
PRUDE adj. et n. f. est issu (16401, avec altération droite*, spécialisé au figuré en droit pour <<être de
sous l’influence de prudent”, de l’ancien français connivence avec la partie adverse}} et, dans la
preudhomme (prudhommel, au féminin prode- langue de la Vulgate, pour atrahir, transgresserm.
femme En me s.) «femme sérieuse et de mériten. Pruevaricari est formé de prae Mdevantn I+ pré-) et
Cette origine explique l’ancienne valeur laudative de varicare <<écarter les jambes», <enjamber=, d’où
de prude employée pour désigner et qualifier une «écarter du droit cheminn, de varicus adjectif de-
femme sage, sérieuse ( 1651). + Par l’intermédiaire rivé de vurus <<cagneux, recourbém et, au figuré,
de fausse prude Il 651, Scarron), le mot a rapide- flcontrairea, &fErent~, d’étymologie obscure. pré-
ment pris le sens péjoratif de Npersonne qui fait la vumuer a éliminé le type demi-savant prkmrier
modeste= (16561, puis <<femme d’une réserve exces- {s’écarter de la loi divine>> Iv. 1120) ; l’ancien proven-
sive ou affectée quant aux moeurs ou à la bien- çal a prevuricar de «dévier dea (XIII’ s.1, puis &xns-
séancex (1656). Il fait partie des qualikatifs péjora- gresserx
tifs de I’antiféminisme, en relation avec UWvariquer a été repris au sens religieux de
l’antipréciosité (on peut comparer les fausses &ansgresser> dans préYm%quer contie la loy divine.
prudes de Scarron, les fa~.~ dbvots et les précieuses Il a aussi repris le sens juridique latin, Gtre de
ridicules de Molière) et les moqueries à l’endroit connivence avec la partie adverse, manquer aux
des femmes savantes. +PU& a produit PRUDE- obligations d’une charge3 11549). Il est peu usité.
RIE n. f. Il6663 qui a dès ses premières attestations F Le nom correspondant, PRÉVARICATION n. f.,
son sens péjoratif actuel, aaffectation de réserve est emprunté avant le verbe (v. 1120) au latin prue-
outrée jusqu’au ridicule, de la part d’une femme>>.Il vuticatio, -mis, dérivé du verbe praevaticuti «intel-
est qua%& de Nterme assez nouveau)) par Bou- ligence avec la partie adverse>>, «collusion)>, spécia-
hours en 1671 et de Mmot barbare>> par Sorel. lement dans la langue chrétienne @ansgression,
0 L’emploi concret lune, &s pruderiesI, à propos violation de la loi, faute, péchén (III~ s.l. 0 Le mot a
d’un acte qui a un caractère de pruderie (16711, est pénétré en fkançaîs avec son acception religieuse
sorti d’usage. et il a repris au latin classique sa spécialisation juri-
+ Voir POUR, PRO-, PROU. dique (v. 1350) ; il est didactique, mais plus courant
que le verbe. +PRÉVARICATEUR, TRICE adj. et
PRÉVALOIR v. est emprunté Cv.1420) au latin
n. est emprunté Iv. 13701 au dérivé latin pruevurica-
praevalere, et prue cavant, devant)) (+ pré-) et de va-
ter pour qu&er et (1380) désigner celui qui se
lere (4 valoir) waloir plus, l’emporter sur=.
rend coupable de prevarication.
+Le verbe a été repris au latin comme intransitif
pour aavoir l’avantage, dominer, l’emporter>>, de PRÉVENIR v. tr. est emprunté (1467) au latin
nos jours vieilli avec un nom de personne pour su- praevenire, de prae fidevant, avant>) (+ pré-) et de
jet, mais vivant avec un nom de chose. Les venire (3 venir-I, littéralement «venir avantm, d’où
constructions prévaloir contre (16691 et prévaloir sur <prendre les devants» lintransitivementl et, au fi-
(16801 ont éliminé la construction plus ancienne guré, «devancer, surpasser’} (transitivement).
prévaloir à ( 153 1). Se prévaloir de qqch. Il 5701 a + Le verbe apparaît avec le sens juridique de =Citer
d’abord signi% <<tirer parti de qqch.» et a développé en justice>>, aujourd’hui sorti d’usage. Il a repris au
la nuance péjorative de <<tirer de la gloire» (16901, latin le sens de adevancer, agir le premier=, d’abord
par l’intermédiaire du sens de <<tirer avantagen dans un emploi intransitif cv.1480) qui a disparu,
(1647, Corneille). l’emploi transitif ( 1512) se rencontrant encore par
b PRÉVALENCE n. f. (15041, «qualité de ce qui pré- archaïsme littéraire. La valeur étymologique de
vaut, supériorité, excellence)), est probablement <(venir avant» (15511, surtout avec une nuance figu-
fort-né d’après le bas latin praevalentia «valeur su- rée d’anticipation, est elle aussi archaïque. +Les
périeureti, dérivé du participe présent Ipruevulensl sens modernes du mot se sont développés autour
de praevalere. Au xx” s., le mot a pris en médecine de 1600, précédés par prévenir ù {{aller au devant
PRÉVOIR 2934 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour faire obstacle àn, attesté à la fin du xve siècle. d’un accident). Avec une valeur proche de sécurité,
On parle d’abord Il6041 de pr&enir wze maladie le mot s’applique à un système destiné à prévenir
4’empêcher de se produire>, les compléments pou- les accidents Iprévention routièrel. + Il a aussi déve-
vant ensuite désigner toute chose fâcheuse. De là, loppé en droit le sens de *fait de considérer comme
absolument, le proverbe miew vaut prévenir que prévenu, de mettre en accusationm 11599, Mon-
guérir. +Prévenir a aussi pris le sens d’&former taigne), sorti d’usage, mais annonçant le sens mo-
(qqn) par avance» 115851, resté usuel, et de amettre derne de Mdétentiow (1792, prévention d’un délitl et,
par avance dans une disposition d’esprit favorable autrefois, de <<détention préventivem E18481 avant
ou défavorable envers qqn ou qqch.a (1675) dans que cette détention ne soit remplacée par la déten-
pr&en& qqn en faveur de, contre, qui correspond à tion provisoire. +Sous l’influence de l’un des sens
prévention. (cf. ci-dessous). Selon un développe- de prévenir, il désigne couramment (1637) l’état
ment analogue à avertir, il Sign%e *donner un aver- d’esprit d’une personne prévenue, en particulier
tissement à (qqn) en manière de menacen ( 17823. une opinion antérieure à tout examen ou raisonne-
+L’autre sens moderne du mot, Maller au-devant ment, une opinion préconçue défavorable, un pré-
de Iqqch.) pour en hâter l’accomplissement=, est at- jugé. fl s’est spécialisé en rhétorique (1706) pour
testé depuis 1691. une figure par laquelle on répond d’avance à une
p Le mot n’a pour dérivé que ses participes adjecti- obj ection prévue. +La dérivation de prévention
V~S. +Le participe passé substantivé PRÉVENU consiste en quelques termes juridiques ou médi-
n. m. désigne ( 1585) la personne traduite devant un Caux: en droit, prévention a produit PRÉVEN-
tribunal, prolongeant le premier sens du verbe en TIONNAIRE n. iprobablement 19 14- 19181, qui dé-
moyen français. Il est adjective avec le sens corres- signait la personne faisant de la détention
pondant <considéré comme pouvant être cou- préventive. +PRÉVENTEUR,TRICE n. h. 19601,
pable>> Il61 1) et s’emploie également pour “qui a fait sur le modèle d’inventeur*, désigne la personne
des préventions en faveur de, contre qqch.» (1662). qui s’occupe de la prévention des accidents, les
- PRÉVENANT, ANTE adj. (XVI” s.3 a le sens propre ternes médicaux PRÉVENTOLOGIE n. f. (v. 1970)
de “qui précède>> dans l’expression théologique et PRÉVENTOLOGUE n. Iv. 1970) vemnt du radi-
grûce prhenante ( 15141. 0 Le sens courant, «obli- cal latin de préventif et prkvention.
geantm (en parlant d’une personne3 et “qui prévient PRÉVENTORIUM n. m,, (1908, Larousse mensuel,
en faveur de9 (d’une chose, d’un comportement), janvier) dérivé savamment du latin praeventum,
n’est attesté que depuis 1788, mais il est aWérieur. supin de prawenire sur le modèle de sanatotium*,
Son emploi actuel correspond à “qui. prévient les désigne un établissement aménagé pour réunir les
désirs, de besoins de qqnm. -PRÉVENANCE n. f., conditions hygiéniques propres à prévenir les ma-
dérivé de pr&enant, est attesté en 1732 au sens ladies, spécialement la tuberculose pulmonaire.
d’<cobligeances et concrètement (une, des préve-
nances3 <acte, parole témoignant d’obligeance,. PRÉVOIR v. tr. est la réfection (12651, d’après
PRÉVENTIF, IVE adj. est un dérivé tardif (1819) du voir*, de previr ( 12191, emprunt semi-savant au latin
radical latin de prawentum, supin de pruevenire pruwidere, de prae eavantn (+ pré-) et videre
(-, prévenir), pour servir d’adjectif à prévenir et pré- (-+ voir), proprement «voir auparavant, apercevoir
vea tion. *Le mot qutie ce qui tend à empêcher d’avancew.
une chose fâcheuse de se produire, en particulier 4 Le verbe, repris au Latin au sens de <<concevoir
une maladie 11865, truitement préventi?? Comme d’avance (ce qui va se passe&, a eu du mal à s’im-
terme juridique, il se dit ( 18351 d’une arrestation, poser en ancien et en moyen français, la profé-
d’une détention appliquée à un prévenu (18351, au- rente étant accordée à pou~rgir*, de pour*, du latin
trefois dans prison, détention préventive ( 18351, el- pro-, «en avant, deva&. Après le partage des sens
liptiquement la pkventive n. f. (19231, remplacés entre les deux verbes, c’est prévoir qui a gardé ce
par détention provisoire. +Le dérivé PRÉVENTI- sens, devenu courant. Par spécialisation, il a pris
VEMENT adv. ( 1832) s’emploie en droit et aussi en celui d’«entisager les événements en prenant les
médecine Il 834). mesures, les précautions nécessairesn ! 1537). + Par
PRÉVENTION n. f. (1580), d’abord écrit prwenciorz extension, l’accent étant mis sur la préparation du
11374, est emprunté au bas latin praeventio, -anis futur, le verbe exprime le fait de décider pour l’ave-
<<action de devancer, action de prévenir en avertis- nir, d’orgtiser d’avance (1669). Cette valeur, sur-
sant», dérivé du latin classique praeveatum, supin tout vivante au passif, est spéciiallement réalisée par
de praevenire. L’ancien *anFais avait emprunté le son participe passé prévu dans le tour elliptique
mot en astronomie pour <qoppositionn Bd” moitié du comme préyu (attesté 19601, d’usage familier et
XIIIeS.I. 4 Eh moyen tiançais, le mot désigne le fait condamné par certains grammairiens.
de venir le premier et, en ancien droit, le fait, pour b PRÉVOYANCE n. f. Ci4IO) n’est pas dérivé de pré-
une juridiction, de connaître par préférence à une voyant, mais formé d’après poutiyance, dérivé de
autre une affaire; spécialement en droit canon le pourvoir, avec changement de préfixe d’après prk-
fait que la Cour de Rome peut conférer un bénéfice voir. Le mot a perdu le sens de afaculté ou action de
vacant en devançant le collateur ordinaire 11594). prévoirn, se spécialismt pour désigner l’attitude
+ Au xwe s., prévention a pris la valeur de cmesure d’une personne qui prend les dispositions, les pré-
de précautionn (1580, Montaigne), surtout répan- cautions nécessaires pour faire face (15801, spécia-
due depuis le x@ s. en relation avec préventif ki- lement dans les noms d’orgtismes tels que caisse
dessus) en parlant d’un ensemble de mesures des- de prévoyance ! 18321, société de prévoyance.
tinées à prévenir certains risques (1883, prkventin 0 L’emploi du pluriel prévoyances ~soins concer-
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRIAPÉE

riant l’aveti Iv. 1600) est propre à la langue clas- diéval, praepositus a d’autres spécialisations telles
sique. +L’antonyme préhé IMPRÉVOYANCE n. f. qu’cofficier publicn (80 13, amagistrat communal*
(16 113, autrefois knprévision~, correspond à impré- (11141 et *doyen d’une @de marchande> (v. 1050).
voyant (cf. ci-dessous). Le mot est seulement gallo-roman ; l’italien pre-
PRÉVU, UE, participe passé de prévoir, a été ad- vosto et l’espagnol preboste viennent de ce latin des
jectivé et a produit l’antonyme IMPRÉVU, UE, adj, Gaules. Une variante latine de basse époque propo-
11533, également employé comme nom de- situs a donné l’ancien tian@s provost et l’ancien
puis 1796, avec une valeur générale de neutre Ll’im- provençal probost, à l’origine de l’allemand Propst
prévu), et concrètement (un, des imprkvud en par- et de l’anglais prwost.
lant d’un événement inattendu. 4 Au moyen kge et sous l’Ancien Régime, le nom,
Le participe présent PRÉVOYANT, ANTE a héritier du latin, désignait des magistrats, des offi-
d’abord été substantivé 11550) dans le Prévoyant ciers chargés d’une juridiction ou des dignitaires
<Dieu, la Providencem. Cette acception, de même ecclésiastiques : il a servi à former des titres tels
que l’emploi correspondant de l’adjectif C1609),est que prdvôt de Paris Cv.12601, prévôt des marchands
sortie d’usage. 0 Seul reste vivant l’emploi adjec- (13503 désignant celui qui était à la tête de l’ad-
tivé pour qutier une personne qui prend des dis- ministration municipale de Paris ; à partir de 1575,
positions en vue de ce qui peut ou doit arriver on appelle à Lyon prkvôt des maréchaux 11461) l’of-
(1578) et un acte, un comportement qui dénote ce ficier à la tête de la maréchaussée. Par ailleurs,
type de prudence ( 1686). +Prévoyant a lui aussi, par prévôt de la salle désignait 11288) le supérieur d’une
symétrie, produit l’antonyme IMPRÉVOYANT,
école dépendant d’une église, et on appelait prévôt
ANTE adj. et n. (15961 pour qutier et désigner le chef de chapitre d’une église collégiale (1300).
une personne qui manque de prévoyance et, par +Le mot s’emploie encore en escrime pour dési-
métonymie, un acte ou comportement manquant gner le sous-maître dans une salle d’armes, appelé
de prévoyance.
prbvôt de salle (1616-16201 ou prévôt d’armes.
Ce n’est qu’au xrxes. que prévoir a produit l’adjecttif
-+Dans l’armée, il désigne l’officier chargé de
PRÉVISIBLE (18441, sur le modèle de titile*, pour
connaître des cas criminels (1666) et, d’abord en ar-
“que l’on peut prévoiw ~IMPRÉVISIBLE adj., at-
got des prisons, le détenu chargé de remplir des
testé peu avant prévisible, qutie ce qui arrive oy
fonctions de surveillant auxiliaire ou de chef de
peut arriver sans qu’on puisse le prévoir 118321.4 A
chambrée (1828).
PRÉVISIBILITÉ n. f. (xx” s.), d’usage didactique, ré-
pond un antonyme IMPRÉVISIBILITÉ n. f. (1907, k Le mot a produit deux dérivés. 4 PRkVÔTti n. f.,
Bergson). d’abord prevosté (12601, a remplacé la forme pro-
PRÉVISION n. f. est directement emprunté vosté (1130-1140). Le mot a subi l’influence du latin
(v. 1278) au latin de basse époque pruwisio, -anis médiéval praepositatus Ncharge de prévôt d’une
aaction de prévoir=, «connaissance anticipée>>, dé- église collégiales (~1~ s.), aensemble des revenus
rivé du latin classique pruevisum, supin de prwvi- qui se rattachent a la charge de prévôt d’une
tire. oLe mot fournit le nom d’action correspon- église>> 19091 et Ncirconscription domanialem (12 SOI.
dant à prévoir, désignant l’action de prévoir et, par Ses emplois se sont restreints à la mesure de la
métonymie hne prtision3, ce que l’on prévoit fonction administrative, ecclésiastique et juridique
( 13141.Il entre dans la locution courante en @vi- du prévôt : après avoir désigné cette fonction, la ju-
sion de (1844) et se spécialise en météorologie : la ridiction correspondante, la circonscription où elle
prévision du temps ( 1880) puis prtiions météorolo- s’exerçait, prkvôté ne concerne plus de nos jours
mues 11907). Il a pris d’autres valeurs techniques qu’un service de gendarmerie dans l’armée.
dans le langage administratif (1923, prévisions des - PRÉVdTAL, ALE, AUX adj. (1514, prevostd
règlements), en économie (19431 et en finances, qutie comme terme d’histoire ce qui est relatif au
4nplusdesonantonyme préfixé IMPRÉVISION prévôt, ce qui est de sa compétence. Il a éliminé les
n. f. (18451, qui fournit un doublet littéraire à impré- adjectifs prkvotuire (1606-1611) et prevostuble
voyance et s’emploie spécidement en droit admi- Ixw” s.-l7711 de même sens. 0 Le dérivé PRÉVÔ-
nistratif (19361, prévision a produit l’adjeckif PRÉVI- TALEMENT adv. (av. 16721 n’est plus employé
SIONNEL, ELLE attesté une première fois en 1845 qu’en histoire pour <<selonla justice d’un prévôt,. Il
et de nouveau à partir de 1876, d’usage administra- a eu le sens figuré de =sans appelm.
tif et didactique, ainsi que PRÉVISIONNISTE n.
(1943) désignant un spécialiste de la prévision, no- PRÉVOYANCE -+ PRÉVOIR
tamment en économie, en météorologie.
PRIAPÉE n. f. est emprunté 11509) au latin pria-
PRÉVÔT n. m., d’abord prevost Iv. 1M3, est issu peiu, désignant un ensemble de poèmes de di%-
par évolution phonétique du latin praepositus, par- rents auteurs sur le dieu Priape (à l’époque d’Au-
ticipe passé passif substantivé de prueponere guste). Ce mot, fait à l’exemple du grec Priupeia
I+ préposer, préposition). Praepositus désigne un (ler s. av. J.-C.), est le pluriel neutre de l’adjectifpriu-
chef, un officier choisi pour être mis à la tête de peius ade Priapen, notamment dans priupeius ver-
qqch. ; en bas latin, le mot s’est spécialisé pour dé- sus En II’ s.) et priupeium metrum. Priupeiw est em-
signer un chef dans 1’Eglise Idéb. III~s.), celui qui di- prunté au grec priapeios, dans priapeion metron
rige une communauté de clercs ou de moines, le III~ s.1,employé au pluriel pour un poème composé
supérieur, l’abbé (déb. v” s.), le chef d’un monastère sous la forme réservée aux chants en l’honneur du
sous l’autorité d’un abbe Iv” s.) et un officier exer- dieu Priape. Priupeios est issu de priupos, nom du
çant des fonctions judiciaires (501-523). En latin mé- dieu phallique, symbole de fécondité, qui proté-
PRIER 2936 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

getit les jardins chez les Grecs, assurant la prospé- + Le mot est passé en tiançais au sens religieux, ain-
rité, et dont le membre en érection lithyphalle) voquer Dieum (881, preier) et =S’adresser à la divinité
avait la vertu de détourner le mauvais œil et de ou à un intercesseur par une prière instante-
rendre vains les maléfices des envieux. Le mot n’a cv. 1I 12). L’itSnitif prier Iv. I 170) a été refait d’après
pas d’étymologie connue: on a supposé sans les formes de la conjugaison accentuées sur le radî-
preuve que le dieu était originaire du nord de cal (telles que la première personne du présent) ; le
l’Asie Mineure en évoquant le nom &@OS, ville de radical pri- s’est étendu à toutes les formes accen-
la Propontide. tuées sur la terminaison ainsi qu’à prière* (ancien-
+ Priapée a été repris à la Renaissance comme nement preiere). Prier a concurrencé l’ancien fran-
çais orer (du latin orare; -+ oraison) et l’a supplanté
terme de poétique antique pour désigner, au plu-
au xv” siècle. Le verbe exprime spécialement l’idée
riel, les pièces en l’honneur de Priape et, par ex-
de <<demander la grâce de Dieu», intransitivement
tension, un poème, une peinture, une scène ou un
dans prier pour (la personne ou la chose pour la-
spectacle obscène (15481, le dieu Priupe en étant
quelle on invoque Dieu), spécialement dans priez
venu à l’époque romaine à personnZer la virilité
pour nous 116901,réponse des fidèles dans une Ma-
dans l’amour physique. 0 Le mot désigne aussi, au
nie. +Le sens non religieux du verbe est également
pluriel, les fêtes en l’honneur de Priape et, par ex-
attesté dès le xe s. (v. 980) avec la valeur forte de
tension, des scènes d’orgie.
-demander de façon pressanten, réalisée dans la
FPRIAP~EN, ENNE adj. a été emprunté comme formule je vous prie de faire qqch. ( 1176- 118 1). Avec
terme de poétique Cl8421 au bas latin priupeius avec un changement de point de vue, se faire prier
le stixe -éen, -éenne. +PRIAPISME n. m. est un (v. 1170) exprime le fait de ne céder qu’après de
emprunt 114951au bas latin médical priupismus, dé- longues hésitations et en sollicitant l’insistance de
signant une érection pathologique prolongée de la celui qui demande, la tournure négative sans se
verge (V”S.), lui-même emprunté au grec tardif faire prier apparaissant à l’époque classique (167 1).
priupismos, dérivé de Priapos <<Priapen. ~Par ex- Avec un sens affaibli, le mot exprime le fait de de-
tension, le mot désigne une excitation érotique mander qqch. poliment et d’inviter ( 1400-14051, spé-
anormale chez l’homme, correspondant à nympho- cialement dans la construction prier qqn à, vieillie
manie pour la femme. +Le nom de PRIAPE n. m. a lorsqu’elle est suivie d’un infmitif (1671) mais en-
été repris comme nom commun (15151, d’abord core usitée avec un nom de repas.
sous la forme preupe 113041, au latin Priapus avec sa wPrier n’a guère donné de dérivés, le nom corres-
valeur de wirilité dans l’amour physique». Il dé- pondant prière*, étant emprunté du latin. +Toute-
signe didactiquement une effigie de la verge en fois, son participe présent PRIANT, ANTE est subs-
érection. - Il a pour dérivé PRIAPIQUE adj. (18321, tantivé en parlant de la représentation d’une
mot de la langue didactique qutiant ce qui appar- personne qui prie (14721, spécialement d’une statue
tient à Priape ou à son culte, puis à l’excitation éro- (15511, en concurrence avec orunt qui s’est main-
tique virile (l’anglais priupic est attesté depuis 1786 tenu après la disparition du verbe orer.
et le hnçais connaissait lui-même antérieurement 43 PRIEUR, EUSE n. a d’abord servi, depuis le
le substantif Priapiques, 1703). +Enfin, au XX~s., a XIII” s., (va 1250) à désigner la personne qui prie, sens
été formé le terme de classfication zoologique caduc depuis le xv’s., et, en moyen français, celui
PRIAPULIENS n. m. pl. par l’intermédiaire du la- qui invitait aux funérailles (14261. 0 De nos jours,
tin scientsque priapulus, lui-même dérivé de seul le féminin prieuse reste vivant ( 185 11 en parlant
ptiape par allusion à la forme de l’animal. Le mot de la femme qui ouvre le cortège d’un enterrement
recouvre un embranchement de vers de petite (en Suisse, dans l’ouest de la France) et, rarement,
taille vivant dans les mers arctiques et tempérées. d’une béguine ainsi que d’une femme qui a pour
fonction de prier, réactivmt le sens de l’ancien
PRIER v., d’abord preier (8811, est issu du latin français preieresse EV.1230). -Le nom concret
médiéval precare (VI~s.), réfection du latin classique PRIE-DIEU n. m. inv., d’abord pti-Dieu (1603)
precari (<supplier (un dieu, un homme)~~, verbe dé- aoratoire>> jusqu’en 1771, est devenu le nom d’un
ponent employé dans diverses constructions au siège bas oti l’on peut s’agenouiller pour prier
sens de ademander (que, que ne pas)>>et employé à (1634).
la première personne precor pour ((je te prie, je PRIÈRE n. f. (v. 1138) d’abord preiere Iv. 11203 est
vous en prie»; precari a aussi le sens affaibli de issu du bas latin mérovingien precatia <charte de
«souhaiter). Ce verbe est dérivé de prex, precis «de- supplication)), csuppliquen 16583, substantivation de
mande, prière», avant la période classique, plus char& precaria, où precariu est le féminin de l’ad-
courant au pluriel preces. Ce dernier est un nom jectif classique precarius. Celui-ci, qui a donné pré-
d’action radical, de genre animé, féminin (comme cuire*, est dérivé de preces, -um, pluriel usuel du
lux kmière~, nex <mort>, ~0% ~oixm, etc.), ancien singulier plus rare prex, precis «prière, supplica-
terme du vocabulaire juridique et religieux. Il ap- tion= Icf. ci-dessus prier) dont il a pris la place. Le
partient à une racine indoeuropéenne “prelz- Rde- mot est seulement gallo-roman et catalan (prega-
mander». Comme celle-ci ne fournissait pas de riul. Il a éliminé du langage courant oraison (du la-
présent radical indoeuropéen, on a recouru à di- tin ecclésiastique). +Le mot signSe aaction de
verses formations et notamment aux présents en prier-n, par métonymie <<paroles par lesquelles on
“ske-/o- attestés par le sanskrit, l’arménien, l’an- prie». Dès cette époque, il est aussi attesté au sens
cien haut allemand et le latin poscere <<demander, laïc de Ndemande instante)) (v. 11401, également hé-
réclamer>> I+ postuler). rité du latin, spécialement dans la locution ii la
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRIMAIRE

pti&e de & la demade de>> ( 1316). La locution PRIMA DONNA n. f. est un emprunt de l’épo-
prière de suivie d’un infinitif et servant de formule que romantique (1833) & l’italien prima donna dé-
elliptique de demande est moderne (18131, spécia- signant le premier soprano aabsolu> (déb. XVIII~s.),
lement dans prière d’insérer (19351 annoncé par parallèlement à primo uomo désignant le premier
prikre de Ees insérer ( 1831 chez Lamartine) et subs- ténor. Le terme signZe proprement <première
tantivé sous la forme d’un composé invariable : des dame)), de prima, féminin de primo correspondant
prière d’insérer ( 19371. au français 0 prime*, et donna correspondant au
@ voir DÉPRkCATION, IMPRÉCATION. PRl?CAIRE, POSTU- tiançais dame *.
LER. +Le mot est d’abord attesté comme mot italien
dans un texte de Stendhal, puis chez Gautier
0 PRIEUR +D PRIER comme emprunt intégré (1833). Le pluriel ittien
prime dorme a été en concurrence avec prima
0 PRIEUR, EURE n., d’abord priur Edéb. donna (pl. inv.), qui l’a emporté.
me ~3.1et ptior Iv. 1155) au masculin, priore ( 1210-
1225) au féminin, est emprunté au latin prier, ptius,
0 PRIMAGE n. m. est un mglicisme technique
(1886) : il est soit dérivé d’un verbe 0 primer, uni-
comparatif d’un radical pri- aen avant, d’avants, at-
testé seulement par ses dérivés (+ premier, privé) quement attesté au ti s. (1840-1890) et emprunté

et par ptir. pri- fait partie d’un ensemble de mots à au verbe anglais d’origine obscure toprime *em-
structure consonantique p-r servant de préposi- plir, charger, amorcep, d’ou techniquement <lais-
tions, de préverbes et d’adverbes et dont le sens ser passer de l’eau de la chaudière entrakée par la
primitif devait être aen avantn (+ para-, péri-, pour, vapeur dans le cylindrem, soit adapté de l’anglais
pré-, pro-). Prier Sign%e «en avant (dans le temps ou priming ( 18321, substantif verbal de to prime dési-
dans l’espacelB, Mprécédent, premier (en parlant de gnant ce phénomène.
deuxIn et, avec l’idée de supériorité, nsupérieur)} + Le mot désigne l’entraînement d’eau par la va-
joint alors à pot&. Pnor a pris en latin médiéval ec- peur dans les cylindres d’une machine. Par méto-
clésiastique le sens de <abbé, supériew (déb. VI~s.1, nymie, il est appliqué à la quantité d’eau entraînée
puis «administrateur civil d’une petite citém ivre s.1 par la vapeur 118863, emploi dans lequel il calque
et, au pluriel, «notabilités d’un lieu> (VI” s.1.II se ren- exactement l’anglais primuge, attesté depuis 1881
contre ensuite dans l’expression priores artis dans ce sens.
<<prieur des a~%, comme titre de certains digni-
taires ou magistrats 11285). 0 PRIMAGE + @ PRIME

4 Le mot a été repris dans son sens ecclésiastique PRIMAIRE adj. et n. est le doublet savant, in-
de «supérieur d’un couvent> au masculin d’abord, troduit tardivement ( 17891 en français, de premier*;
puis aussi au féminin pnbre 11210-12251, puis il est emprunté au latin primarius, dérivé de primus
prieure. Xl entre dans le titre sous-prieur (1666; (-, 0 prime).
d’abord écrit souprieur, 1270) et dans celui de 4 Le mot est apparu sous la Révolution dans des
grund-prieur, réservé à celui qui avait la première emplois administratifs et politiques, qualifiant ce
dignité après l’abbé titulaire dans certaines ab- qui forme le premier degré en commençant, spé-
bayes, spécialement à un chevalier revêtu d’un bé- cialement le premier degré d’un système d’élec-
néfice de l’ordre de Malte. 0 Rieur a aussi servi de tion ( 1789, assemblées primaires), et de l’enseigne-
titre à certains dignitaires civils : le prieur de Sor- ment ( 179 1, écoles @wGres). Il qutie aussi ce qui
bonne présida& pendant un an aux assemblées de vient en premier ( 1789, ordonnances primaires).
Sorbonne. Prieur des arts (1429- 14301 est calqué sur 0 Ce sémantisme s’applique notamment en géolo-
une expression latine médiévale. Prieur désignait gie (1845 ; peut-être d’après l’anglais, primary at-
aussi un magistrat suprême de la république de testé en ce sens depuis 1795) où il qual%e les ter-
Florence (1690). Hors ces usages historiques, le mot rains les plus anciens, à la suite de primitif: avant
n’est plus usité qu’en religion. de servir à dénommer, en tant que substantif
b PRIEURÉ n. m., d’abord prïoré h. 11751, est em- Idéb. xxe s.), l’ère géologique succédant au précam-
prunté au latin médiéval prioratus =Charge de brien (déb. XX~S.I.Il est également employé en phy-
prieur» Cv.980) et «maison régie par un priewm sique dans couleurs primaires 11876) et en électri-
(v. 10501,dérivé de prior. 0 Le mot a évincé l’ancien cité pour le circuit d’entrée dans une bobine
et moyen françtis prieur-té =Couvent» (12481, vivant d’induction, un transformateur 11901). ~AU xx” s.,
jusqu’au milieu du ~VS., et encore qualifié de le mot passe dans d’autres vocabulaires spéciali-
wieux langage* par le dictionnaire de l’Académie sés, en médecine, en économie où il se dit des acti-
en 1842. Prieuré désigne surtout le couvent désigné vités productrices de matières non transformées
par un prieur et, moins souvent, la dignité de ( 19491, en caractérologie (19451, à propos des ten-
prieur (1671). +Le sens de -charge de prieurn est dances à vivre et réagir en fonction du présent, de
assumé par PRIORAT n. m. 11688). 4 L’adjectif cor- l’expérience immédiate, et en philosophie. Dans
respondant à prkur et à prieuré est PRIEU- tous ces emplois, primaire s’oppose à secondaire et,
RAL, ALE. AUX (1694) qui a évincé le moyen tian- dans certains d’entre eux, à tertiaire, voire (géolo-
ça& prioral. Il est spécialement employé dans gie) à quaternaire. +En politique, par calque de
l’expression chambre prieurule (1869) à propos de l’angle-américain ptimary, on parle d’électins pti-
certaines commanderies de l’ordre de Malte. maires, d’oti des primaires, n. f. pl., expression par-
0 voir A PRIORI. PFLIORITÉ. fois appliquée à des projets français Cv.1985).
PRIMAT 2938 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Dans le langage didactique, primaire, par réem- tension, il dksigne dms l’usage général, mais
prurit à l’angltis, quase une revue scientxque qui didactiquement, le caractère de ce qui prend le
ne présente que des résultats inédits de recherche pas, qui domine.
(v. 1975). + À la h du xrxe s., avec le développement
de l’école, le mot, dans le domaine de l’enseigne- PRIMATE n. m. est la correction 11823 au plu-
ment, est substantivé pour désigner un membre de riel) de la forme antkieure primats au pluriel
l’éducation primaire 11904 et l’éducation primaire 11793, dans une traduction par Lin&), francisation
elle-même ( 1910) : le pr-imaire. +Par extension, le du latin savant primates (Linné), pluriel de primas
nom, reflétant les luttes politiques autour de l’école (4 0 primat), pour désigner un ordre de mammi-
sous la III” République, désigne une personne qui fères supérieurs comprenant l’homme, les simiens,
manifeste la simplicité d’esprit attribuée par cer- les lémuriens et les chauves-souris.
tains à l’enseignement primaire (1898) ; il est de- + Le mot, comme tous les termes classikatoires
venu courant dms l’emploi adjectif correspondant zoologiques, est le plus souvent employé au pluriel.
avec une valeur de esimplisten et <<peu cultivén 0 Relativement usuel comme synonyme savant de
(1903). Cette évolution péjorative est parallèle à singe, il est passé dans la langue familière pour dé-
celle du mot primitifk, mais plus tardive; elle isole signer un individu d’un bas niveau intellectuel
le mot, n’ayant plus de relation avec secondaire, (avec influence probable de primaire, primitif), par
etc. oubli complet de l’origine du mot, qui sign5e “su-
wfimaire a produit PRIMAIREMENT adv. (attesté périeur*, et peut-être, depuis le début du XX~s.,
18091, peu usité, et deux noms, PRIMARISME n. m. avec influence de primaire au sens péjoratif.
(19381, mot péjoratif désignant le caractère d’une +Le mot a produit PRIMATOLOGIE n.f. (v.1960)
personne, d'un esprit <<primairen, et PRIMARITÉ «étude des primates, et le nom de spécialiste PRI-
n. f., spécialisé en caractérologie (1945) pour le ca- MATOLOGUE n. h.1960).
ractère, la manifestation de la fonction «primaire,
chez l’individu. PRIMAUTÉ n.f. a été dérivé savamment
(XIII” s.1 du latin primus <<premier» (-+ 0 prime) avec
0 PRIMAT n. m. est emprunte Iv. 1155) au latin le suf6xe -auté sur le modèle de dérivés comme
p%7LUS, -ati, dérivé de primus aprerniern royauté*.
(-+ 0 prime), “qui est au premier rang, substantivé
+ Le mot, d’abord employé comme terme religieux,
pour désigner celui qui est au premier rang, un no-
est rare avant le XVI~s. où il prend son sens actuel
table et spécialement, en latin ecclésiastique, le
de (<prééminence, supériorité>> en parlant d’une
doyen des évêques d’un pays.
chose, d’une personne (1545, Calvinl. Il a quelque-
+Le mot a 6té repris au latin ecclésiasGque pour fois la nuance de <<supériorité de fa& et entre en
servir de titre à certains prélats jouissant d’un pri- concurrence avec un mot de la même famille,
vilège ou d’une primauté* de juridiction pouvant 0 primat”.
s’exercer sur d’autres évêques. De nos jours, c’est
un titre honorifique attaché par tradition à un siège +k CDPRIME adj. et n. f., dont l’usage est au-
épiscopal Iprimat des Gaules). Il est quelquefois j ourd’hui restreint à quelques locutions et sens spé-
employé en apposition à un titre de prélat. ciaux, est la forme féminine II 119) de l’ancien ad-
drimut a donné deux dérivés. -PRIMATIE n. f. jectif prim, avec nasalisation prin, surtout employé
(15491, réfection graphique de prima& (XIII~s.1, a dans des locutions (-+ primesaut), outre quelques
subi l’influence du latin médiéval primutiu, et dé- composés E+ primerose, primevère, printemps).
signe la dignité de primat puis, par métonymie, le Prin, prime, adjectif survit dans les patois de la ré-
territoire sur lequel s’exerce sa juridiction (1694). Il gion franco-provençale au sens de amince, délicat».
est employé rarement dans la langue littéraire Cet adjectif est issu de l’adjectif latin primus “qui
comme un synonyme de primauté. +PRIMA- est tout à fait en avantn (comme dans prima puppis
TIAL, ALE, AUX adj. et n. f. ( 1445) qutie ce qui se 4’extrémité de la poupe4 et surtout Npremiern, for-
rapporte à un primat; il est substantivé au féminin mant un couple antithétique avec postremus,
PRIMATIALE (16071 pour église primUti&. con-me prier (-+ 0 prieur) avec posterior I+ posté-
0 voir PRIMATE. rieur). Primw sert aussi d’ordinal à unus (+ un),
comme en grec prôtos à heti. Primus doit venir
0 PRIMAT n. m. est emprunté savamment d’une forme reconstituée de “prisme-, “pris- conte-
( 1893) à l’allemand Primat asuprématie, caractère nant le sufke -zk- des comparatifs; le mot est dé-
de ce qui prime du point de vue spirituel, intellec- rivé du radical pri- ((en avantn 1-+0 prieur). Le détail
tuel)>, employé en philosophie chez Kant dans l’ex- de sa formation n’est pas clair, car les formes signi-
pression Primat der pruktichen VemunR <<préémi- fiant apremier, par rapport à plus d’un terme de
nence de la raison pratique>. Le mot allemand est comparaisonn diffèrent d’une lague indoeuro-
emprunté au latin ptimutus <<prééminence (d’une péenne à l’autre. Il a été concurrencé en fkançais
personnel, et asupériorité (d’une chose)=, dérivé de par le représentmt de son dérivé prima?-& I+ pre-
primw «premierm (+ 0 prime). Le moyen français mier, primaire).
avait emprunté au latin primutus le substantif pti- + Le mot a dès le X~I~s. le sens de «premier>>, surtout
mut (xv” s.1au sens de asupérioritéw. au xwe s. et encore quelquefois au xvIIes. ; il est
+ Le mot a été introduit en philosophie comme sy- d’abord employé au féminin, la forme prime au
nonyme de primauté, par référence à Kant. Par ex- masculin n’étant attestée que depuis 1532. La lo-
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRIME

cution de prime face ( 13751 & première vue>, en- prix>) (16011, esomme payée à échéance tiguhère
core chez LaFontaine et, depuis, chez les auteurs par un assuré à son assurew) ( 1661; après premio,
a;rcha;isants, l’a cédé à de prime abord (av. 1622) ven 1622). Le mot anglais est k-même emprunté au la-
premier liew, formée sur son modèle et restée tin praemium, de prue (<devant, avant, (+ pré-) et de
usuelle. &rk~~e n’est plus usité que dans quelques emere *prendre, recevoti (3 exemple), propre-
expressions et locutions, souvent littéraires ou iro- ment ace que l’on prend ou que l’on reçoit avant les
niques comme prime jeunesse (16621. + tIkérieure- autres)}, avec les sens particuliers de «privilègem,
ment kx” s-1, il a été repris en mathématiques au arécompensem et «prélèvement, butin».
latin primus pour qutier un symbole accompa- 4 Le mot a été repris en fknçais pour désigner la
gné d’un seul signe. +Le mot a en outre des em- somme payée à une compagnie d’assurances par
plois substantivés au féminin : dès le xne s. (1121- l’assuré. C’est au XVIII~ s. qu’apparaissent les princi-
11341, PRIME n. f. désigne la première des heures paux autres sens : en fmances, le mot se rapporte à
canoniales ; on disait autrefois a haute prime (XIII~s.1 la somme à verser en cas de dédit dans une vente à
pour cl’heure est bien avancées et, en vénerie, de terme de valeurs 11730) et à la somme d’argent at-
haute prime pour wksez longtemps après six tribuée par l’État ou par un organisme public dans
heures-. ~Par ellipse d’un autre nom, prime a le cadre d’une mesure sociale ou pour aider un
servi à désigner un ancien jeu de cartes (1387- 1389) secteur 117511.La valeur terminologique précise a
dans lequel le gagnant était celui qui obtenait le varié en fonction des institutions, du XVIII~ au ti siè-
premier quatre cartes de couleurs différentes; la cle. ~Prime désigne aussi la somme versée en ré-
locution avoir prime signifkit aavoir ces quatre munération d’un service (17521, réactivant le sens
cartes,; par métaphore, jouer & Ea prime s’est dit premier du mot anglais, et la somme que l’on
pour Nprendre les devants> CXVI”s.l. 0 En terme de gagne à une loterie 117591. Il s’est spécialisé en
commerce, elliptiquement pour laine prime 113581,
bourse pour l’excédent de prix d’une valeur sur le
prime désigne (1723) une laine très fine de pre-
ch8re de son émission 11765), entrant dans la lo-
mière qualité. 0 11figure en outre ( 1653) au nombre
cution faire prime Maugmenter de valeurs 117981,
des termes d’escrime pour désigner la première
d’où au figuré «être très recherchén (1862, Hugo).
parade de l’escrimeur.
Au me s., le mot commence à s’appliquer, par ex-
ä Avant la &I du XX~s., prime a servi à former, avec tension, à la somme d’argent attribuée pour une
le stixe -eur, PRIMEUR n. f., d’abord primur dans action particulière (18011 et, dans le contexte de
l’expression al primur Cv.1180) uau commence- l’Ouest américain, pour rémunérer un senice poli-
ments. Le sens de qcarackère de ce qui est nouveau, cier, d’où chasseur de pties. 0 Il a servi à dé-
commencement% a vieilli et l’on ne dit plus guère, signer la somme d’argent qu’un directeur de
en parlant de fruits et de légumes ou de vins, qu’ils théâtre versait à un auteur à succès, en plus des
sont dans leur ptimeur (1694). La qutication de droits d’auteur (1839). fl désigne aussi (1852) un
primeur ( 1749, avec un nom pluriel) est moins ar-
avantage destiné à des acheteurs ou à des sous-
chaïque, et on emploie encore la locution avoir la
cripteurs, pour les attirer.
primeur de qqch (av. 17991 en parlant d’une nou-
velle, d’une information. 0 Par métonymie, à partir b 0 PRTMAGE n. m. (17301 *prime d’assurance ma-
de la locution de primeur, le mot, au pluriel, a pris ritime>>, est un emprunt à l’anglais primage 11540;
le sens concret de &uits ou légumes précocesm dès 1297, en latin médiéval d’Angleterre prima-
(17801 toujours usuel. Par une seconde métonymie gium). Le mot a pris ensuite le sens de &onifkation
d’après marchand de ptimeurs, il sert à désigner la en tant pour cent que l’on accorde au capitaine sur
boutique vendant principalement des primeurs. le ket d’un navire qu’il commanden (1783). Il a pris
*Les valeurs figurées de ajeunesses et de achose au XIX~ s. le sens actif d’aaction d’accorder une
nouvelle» (18421 ne sont plus usitées, de même que prime ou un bonus> (1875). -Le verbe 0 PRIMER
l’emploi (1823) pour ajeune me viergen. + Primeur a v. tr. n’est attesté avec certitude que depuis 1869
produit PRIMEURISTE n. (18721 acultivateur ou (Littré), une référence en 1853 étant douteuse, mais
vendeur de primeun+. il reprend pour le sens l’ancien français premier
Le second dérivé de prime est 0 PRIMER v., attesté <récompenser)). Le verbe signZe agratfier d’une
une première fois au ~II~s. au sens isolé de «goûter prime, d’une récompense”, surtout au passif * Son
le premier à Iqqch.ln puis repris, comme intransitif, participe passé PRIMÉ, &E est adjective en parti-
pour <prendre les devants> 116263. +L’usage mo- culier en parlant d’un animal d’élevage ayant rem-
derne du verbe s’est établi au xvrle s. avec la valeur porté un concours et reçu une récompense; l’in-
transitive <<l’emporter sur» 11633) et l’emploi absolu fluence de prix est alors sensible. +Prime a aussi
pour «avoir l’avantage, se distinguer, exceller- donné le composé SURPRIME n. f. (18741, mot juri-
(av. 16791.Les premiers emplois de la construction dique ou Enancier.
primer sur datent du XVIII~s., avec un nom de per- @ voir PRÉEhWIlON.
sonne (1704) puis de chose II 735-1736) pour
complément. 0 PRIME n. f. (1673) est la forme syncopée de
0 voir PFUMA DONNA, PRnJAmE, 0 et @ PRmmT, PRIMATE, prisme (16341, lequel, comme presme (1360) et
PRIMAUTÉ, PFLIMEROSE, PRIMESAUT, PRIMEVÈRE. PRIMI- proesme 114001,est l’altération de l’ancien fiançais
‘I?F. PRIMO. PRJMOGkNTTURE, PRIMORDIAL, PRINCE, PRJN- prusme (av. 1150; encore au xve s-1, probablement
TEMPS. par croisement avec l’ancien tian@s proisme,
presme, prisme aprochain, I~II” s-1, issu du latin
0 PRIME n. f. est la francisation (1620) de l’an- proxlmus I+proximitél et employé dans prasme
glais premium prononcé primiom &compense, d’émeraude, de topaze, de rubis, etc., parce que ce
PRIMER 2940 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cristal de roche prend son nom de la pierre pré- sique primo vere aau début du printempsn. L’ex-
cieuse dont il est le plus proche par la couleur. La pression, qui signXe upremier printempsB, est for-
forme prasme était issue, par substantivation, mée de primus b-+0 prime) et de ver, verts
comme prusius cwariété de quartz agate>>, de l’ad- *printempsn (--+vernal). Le développement du sens
jectif prasinus -vert, couleur de poireau». Celui-ci botanique en ancien fiançais doit être une métony-
(repris dans l’adjectifprasin, ine cvert clair>>,v. I 190, mie du sens de <<printemps>, appliquée à une fleur
hellénisme didactique et rare, attesté au XE? s.) est du début du printemps. Une ellipse de fleur de pri-
emprunté au grec prasinos, dérivé, comme prasios mevotre <<fleur du printempsn est moins probable,
(auquel est emprunté prasius3, de prmon «poireau>> parce que primevoire au sens de Nprintempsm
et, par analogie, *varech> (ressemblant au poireau), semble plus tardif en fra,nçais ; au xv” s., primwaire
mot que l’on rapproche du latin porrum t+ poi- ( 1442-1445) est une adaptation de l’italien prima-
reau). vera NprintempsB attesté depuis Boccace. La réfec-
+ Le mot, spécialisé en minéralogie et en joaillerie, tion en primevère est probablement due à l’in-
ne s’emploie que dans prime d’émeraude (seule fluence de primwere ~~printemps~ attesté de 1534
expression où la valeur étymologique est respec- (Rabelais) jusqu’à la fin du XVII’ s. et lui aussi em-
tée), & topaze, de rubis. prunté à l’italien primaveru, alors que prime vere
<jeune âge», attesté isolément dans la seconde moi-
tié du ~111~ s., représente un emprunt au latin.
0 PRIMER + 0 PRIME
+ Le mot désigne une plante herbacée, dont les
@ PRIMER + Ql PRIME fleurs de couleurs variées s’épanouissent au début
du printemps, ainsi que cette fleur.
voir
@ PRIMER + 0 PRIMAGE b5tym.l
0 PRIMEROSE.

PRIMEROSE n. f. est composé (XIII~s.) de


PRIMIPARE adj. et n. f. est un emprunt savant
et tardif (18 12) au latin primiparu <femelle qui a mis
0 prime* et de rose*, peut-être par croisement de
bas pour le première fois>>,de primus «premiern
primevère* et de passerose, ce dernier (XIII~s.) fait
t-+ 0 prime1 et de parere ~~enfanter~~C+ parent, par-
avec passer ~~surpasser» et rose”, comme nom ré- turition).
gionaI de la rose trémière.
$ L’adjectif quaIse et le substantif désigne ( 1814) la
+ Le mot a d’abord désigné la primevère, sens qu’il
femme ou la femelle de mammifère accouchant
a conservé en anglais. Au XIX’ s., l’élément prime- a
pour la première fois.
été substitué à pusse- dans passerose, de sorte que
primerose est devenu le nom de la rose trémière b On en a tiré PRIMIPARITk n. f. (18271, d’usage
(11846). +Primerose désigne aussi un produit colo- encore plus didactique.
rant ( 18661, probablement par référence à la domi-
nante rouge de la plupart des roses trémières. PRIMITIF, IVE adj. et n. est emprunté (1310)
au latin impérial primitivus «premier en date, pre-
mier-n&, spécialisé à l’époque chrétienne, en par-
PRIME-SAUT, PRIMESAUT n. m. est la
lant des «premiers-nés dans la foi», dans l’expres-
réfection ( 1669) avec 0 prime*, sur le modèle de lo-
sion ecclesia primitivorum 4assemblée des
cutions comme de prime face, de l’expression an-
premiers-nés, des nouveaux convertis» I~I” s.1,éga-
cienne de prin saut (v. 11701, formée avec l’ancien
lement spécialisé à l’époque médiévale en gram-
français prin, ptim E+ CDprime) et de saut*.
maire dans primitiva verba <<les mots souches>>
+D’après de prin saut adu premier bond», #tout I~I” s.1 opposés aux dérivés. Primitivus est aussi
d’un coupa>, le nom signifie Gmpulsion, action de substantivé au pluriel neutre primitiva <prémices».
parler, d’agir dans le premier mouvementn, d’où Il vient de l’adverbe primitus <au commencement,
Ncaractère spontané». Son usage, et plus encore ce- originairemenb, dérivé de primus =premierm
lui de la locution de prime-saut ( 16691, en prime- (4 0 prime).
saut, est marqué comme littéraire.
+ Le mot a été introduit en français avec la valeur
,PRIMESAUTIER,~RE adj. est, SOUS sa forme temporelle de “qui est à l:origine, à ses débutsa en
ancienne prinsaitier Cv.11601, dérivé de prirxaut. 11 matière religieuse, dans Eglise primitive, foi primi-
a été refait en primsautier (1588) puis prime-sautier tive (aussi primitive Église, avec un ordre des mots
(17563 d’après la forme moderne primesaut. + Le exceptionnel). L’essentiel des sens et des emplois
mot, plus vivant que primesaut, qual%e une per- s’est développé à partir du xwe siècle. C’est en effet
sonne qui se détermine, parle, agit spontanément; à la Renaissance que primitif exprime, sans idée
par métonymie, il est appliqué à un esprit (1588), d’antériorité dans le temps, le caractère de ce qui
une réponse, un acte ou un comportement révéla- est la source, l’origine d’une autre chose (av. 15161.
teur d’une personne spontanée, impulsive. +Par emprunt savant au latin, l’adjectif quame en
linguistique un mot souche, par opposition à un dé-
PRIMEUR - 0 PRIME rivé (mots primitifs, 1550, d’où les primitifs, id.). Au
XVIII~s., primitif quame aussi un sens ( 1730, du Mar-
PRIMEVÈRE n. f., réfection savante 11573) de sais) avec la valeur de apremier, propre> (opposé
primevoire forme populaire diphtonguée, est issu aux sens figurés). Il entre aussi dans l’expression
d’une forme latine tardive prima vera, à côté de langue primitive, celle qui serait à l’origine de
prima ver, primum ver, faite d’après le latin clas- toutes les autres (1765, Encyclopédkl, et qualfie en
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRIMORDIAL

grammaire un temps verbal (1812). Primitif s’em- .De l’adjectif est dérivé PRIMITIVEMENT adv.
ploie aussi en mathématiques, d’abord dans l’an- Cv. 1460) Mà l’origine, initialementn. +Deux autres
cien terme nombre primitif (16941, rempkwé par dérivés sont clidhiques : PRXMITIVITÉ n. f.,
nombre premier, puis en algèbre dans les expres- d’abord (1845- 18461 *fait, pour un mot, d’être primi-
sions fonction. primitive (av. 17971, ult&ieurement t%, puis en art ecaractère primitifa (18671, est sur-
substantivé dans primitive des fonctio?~~ (19301, et tout employé de nos jours en sociologie (1869).
dans racine primitive (1854). 0 Le mot est égtie- + PRIMITIVISME n. m. ( 19041, terme d’art, désigne
ment employé en optique dans l’expression COU- l’imitation des primitifs et est employé en sociolo-
leurs primitives 11734, Voltaire) à propos des sept gie à propos du caractère, de l’état des soci&és pri-
couleurs dont les autres sont formées, puis en lo- mitives (19391. 0 Par extension, il se dit de ce qui
gique dans proposition primitive (182 13. + S’agissant est grossier, rudimentaire, dans l’activité humaine.
de l’être humain, l’idée d’antériorité temporelle est
réactivée par le sens de <proche de l’état de na- PRIMO adv. est l’emprunt sans modification
ture» qui#se manifeste dans la pensée rousseauiste (1322) de l’adverbe latin primo aau commencement,
(1762, L’Emile). Par extension, primitif caractérise d’abordb, ou du même mot, pris elliptiquement
dans l’activité humaine ce qui a la simplicité, la naï- pour primo loto aen premier liew, de primas
veté, la grossièreté supposées des premiers âges (-+ 0 prime) et locus I+ lieu) à l’ablatif.
(17913. Au XE~ s., il acquiert la valeur péjorative de + Le mot s’emploie dans une énumération, en rela-
%Sommaire, rudimentaire> (1843, Gautier); à la &I tion avec secundo, tertio, quatre. .. ultime ; par plai-
du siècle, l’adjectîfptimaire, dans un contexte pré- santerie, il est employé dans la formule redondante
cis, suivra une évolution sémantique comparable. primo et d’une pour souligner le caractère primor-
*Par une autre extension, avec l’élaboration dial de qqch.
d’une pensée sociologique et ethnologique, l’adjec-
tif entre dans l’expression peuple primitif 11794, PRIMOGÉNITURE n. f. est emprunté par la
Condorcet), dans une opposition alors conceptuali- langue juridique médiévale (v. 1485) au latin médié-
sée (après Rousseau et d’autres) entre nature ori- val primogenituru =&esse» (11691, dérivé du latin
ginelle et société civilisée. Malgré les critiques, cet primogenifus Kpremier-né, Els aîné5 Ce nom latin a
emploi, venu remplacer en partie celui de sauvuge, lui-même donné le moyen lançais primogenit
s’est maintenu en recevant des détitions de plus apremier-né>> Ixwe s.) et ses dérivés primogéniteur
en plus scrupuleuses, de Durkheirn à Lévi-Strauss. aancêtre, chef d’une racem, ptimoghité droit d’aî-
oPrimitif: substantivé au masculin Isurtout au plu- nesse>>. Il est composé de primo-, élément issu de
riel), désigne une personne d’un groupe social dit primus apremîerm (+ 0 prime), et de genitus <né,
primitif (1869, Flaubert). L’adjectif‘ qualse aussi ce engendrép, participe passé du verbe gimere I+ gé-
qui se rapporte à un tel groupe 11922, mentalité pri- niteur). On rencontre également en latin chrétien
mitive, Lévy-Bruhll. Dans ce cas et dans le pré- le pluriel neutre primogenita pour désigner le droit
cédent, l’anthropologie actuelle tend à éviter ce d’aînesse (Genèse, 25,331.
terme. +La valeur temporelle s’est aussi spéciali-
+Le mot désigne juridiquement l’antériotité, la
sée en géologie (18071, domaine où primitif (dans
priorité de naissance en tant qu’elle entraîne cer-
terrain3 primitifs, roches primitives) a été éliminé
tains droits, en particulier des droits de succession
par des termes techniques précis. +En art, primitif
au trône (1807, succession par ordre de primogéni-
s’est d’abord employé comme adjectif, puis comme
ture) et d’héritage.
nom (18501, à propos des peintres ayant peint des
tableaux de chevalet (généralement des panneaux
PRIMORDIAL, ALE, AUX adj. est em-
de bois) avant les grandes œuvres de la Renais-
prunté (fin XIV” s.1 au bas latin chrétien primordWs
sance, alors seules apprkiées. Une nuance péjora-
<primitif, originel», dérivé du latin classique primor-
tive et critique s’attache à l’origine du terme, mais
dium, surtout employé au pluriel primordia
la qualité des peintres européens appelés primitifs
recommencement, origine)), «avènementm et spécia-
a Irès vite été louée (1850, Delacroix), avant que
lement ~molé~les, principes, élémentsn. primer-
l’école anglaise n’y substitue pour un temps la no-
dium est composé de primus apremier»
tion de préruphuélite. Cet emploi de primitif a sur-
(4 0 prime) et du radical du verbe ordiri acommen-
vécu au bouleversement du goût, acquérant une
cerp E+ ourdir).
valeur positive, mais la critique d’art le considère
comme inadéquat. Par extension, primitif a désigné + Le mot a en français la valeur étymologique, 4e
un peintre autodidacte dont l’art ntiïf rappelle celui plus ancien, servant d’origineB, concurrencée dans
des primitifs ( 18891, mais le mot a été supplanté par l’usage courant par originel et primitif: et employée
na$ et se dit de tout artiste d’une période anté- dans des usages didactiques, en droit, en botanique
rieure à celle de la maturité de l’art qu’il cultive feuilles primordiales ( 18 131, autrefois en géologie
(~%XII. +Les autres spécialisations du mot sont ap- (cf. primitif). +La valeur temporelle s’ef@ant au
parues au me siècle. En psychanalyse, l’expression profit de la vaJeur hiérarchique, le mot a pris son
scène primitive 11954, traduction de Freud, sens courant de ((de première importance, essen-
L’homme aux loups) concerne la révélation de la tiel)) ( 18 141 qui, jugé abusif par certains philosophes,
sexualité parentale à l’enfmt. +En informatique, s’est répandu dans l’usage commun.
primitive n. f. désigne une commande de base élé- ä I$-imordial a produit PRIMORDIALEMENT adv.
mentaire se rapportant souvent à une &&-uction (1567) & l’origine>> et plus souvent ((essentielle-
machine= au niveau le plus bas (attesté 1979). mentm.
PRINCE 2942 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

PRINCE m. est emprunté


n. Cv. 1120) au latin âge, le mot est aussi employé par les historiens de
princeps, -ipis C-P princeps), fort-né de primus l’antiquité romaine, par réemprunt au latin, dans
(+ 0 prime) et de capere «prendre)) (b chasser). Le princes des Romains ( 1313- 13281, puis pr-ince de
mot, comme adjectif, qualifie celui qui prend, oc- Rome ( 15591, spécialement prince du sénat ( 17651,
cupe la première place, dirige; il est substantivé calque du latin princeps senatus, et prince de la jeu-
comme titre : princeps senatw ((prince du sénat». nesse ( 17651, calque de princeps juventutis qui, à
Depuis Auguste, qui occupait cette fonction et avait l’époque républicaine, désignait l’élite de la jeu-
concentré tout le pouvoir entre ses mains, le mot nesse. 0 Dans la religion chrétienne, prince sert à
désigne l’empereur lui-même. Dans le domaine désigner, dans princes de I’E~se ( 1585 ; déb. xrves.,
militaire, le pluriel principes servait à désigner les sous une forme légèrement différente), les cardi-
soldats de première ligne au temps de la phalange naux, archevêques et évêques. Des emplois exten-
puis, dans la disposition en manipules, la seconde sifs, pour ahomme riche et puissantes et *person-
ligne; par métonymie, le singulier princeps dési- nage très élevé dans une hiérarchie)) (prince de la
gnait un centurion. science, etc.), se confondent avec l’usage figuré du
+ Le mot est repris avec le sens de «celui qui pos- premier sens du mot.
sède une souveraineté>> dans le cadre de la féoda- .LefémhhPRINCEsSE n. f etadj.inv.(v. 1175) a
lité. Puis, dans une autre conception du pouvoir, il d’abord été employé pour désigner une dignité en
désigne celui qui règne ( 14131, quasi synonyme de mythologie, à propos du peuple des Amazones,
souverain et parfois de roi, ce dernier sens étant avant d’avoir le sens plus général de *fille ou
réalisé dans les locutions paroles de prince ( 14073, femme de prince)) (1320) et, plus rarement, «sauve-
jeu de prince qwnusement dont les autres pâ- raine d’un État)) (1404-1405). Il entre dans les ex-
tissent» (1566) et, tardivement, le fait du prince pressions familières k-e Ia ou sa princesse ( 17981
11869) qui désigne l’arbitraire du pouvoir. + Le mot aavoir une attitude prétentieuse» et BUX frais de la
désigne aussi celui qui, sans régner lui-même, ap- princesse (taux frais de l’État» 11828-1829, Vidocq),
partient à la famille souveraine Iv. lEO), dans di- restée très vivante dans la langue familière. 0 Par
vers titres comme celui de prince du sang ( 15781, et condescendance, il se dit de femmes de condition
spécialement l’héritier de la souveraineté, non seu- inférieure (1706) et s’est employé en argot dans
lement dans la monarchie, mais aussi sous I’Em- princesse de l’asphalte, du trottoir 118671, à propos
pire dans le titre prince impérial E1802). 0 Depuis le d’une prostituée. 0 A la différence de prince, le fé-
XII~ siècle, il désigne également celui qui possède minin a développé quelques emplois en apposition,
un titre conféré par un souverain et attaché ou non employé à l’époque classique avec faculté pour dé-
à la possession d’une terre Cv.11881, les princes signer l’intelligence ( 1670, Molière). 0 Par allusion
étant des seigneurs descendant des possesseurs de au luxe suprême, le mot qutie en gastronomie
certains alleux, de terres anciennement territoires des mets, une garniture de pointes d’asperges et
d’Empire ou ayant appartenu à un souverain héré- de truffes ( 1835 ; dès 1735, une princesse), une es-
ditaire [prince du sang1 ou, pour les princes étran- pèce d’amande El8351 et de haricot (1842). L’expres-
gers, à des personnes d’origine souveraine. oDe sion robe princesse 11874) s’applique à un style de
nombreux titres comportant prince font office de robe ajustée sous la poitrine. +Des deux dérivés de
nom propre, depuis Monsieur” le Prince, en France, ptince apparus au XVI' s., PRINCERIE n. f. adignité
à prince de Galles Iv. 13601,&ls aîné du roi d’Angle- de prince)) (déb. xwe s.1 a disparu, mais PRTN-
terre>>, et bien d’autres. Dans la hiérarchie nobi- CIER, IÈRE adj. (fin xwe s.) est resté usuel, tant au
sens propre de <<deprince, de princesse>> qu’au sens
liaire française, prince désigne le titulaire du plus
figuré de «digne d’un prince» (18321, produisant à
haut titre de noblesse. Dans d’autres hiérarchies,
son tour PRINCIÈREMENT adv. (18751, surtout em-
par exemple dans la noblesse slave, il correspond à
ployé au sens figuré. - Le titre de prince de Galles a
un titre plus modeste et le prince russe, en exil
produit l’adjectif et nom PRINCE DE GALLES, à
après la Révolution de 1917, est un personnage
propos d’un tissu de laine à motifs gris de lignes
typé fsurtout entre 1920 et 1940). +L’accent étant
perpendiculaires (attesté 1951, mais antérieur),
mis sur le rang et le faste attachés au personnage,
ceci par allusion au prince de Galles, futur roi
le mot entre dans des locutions comme être habille
Edouard VII, qui mit ce tissu à la mode au début du
comme un prince &VII~ s.) et exprime une valeur
xx’ siècle. Par métonymie, le substantif désigne un
plus abstraite et morale de “grand seignewj, spé-
costume fait dans ce tissu. +PRINCIPICULE n. m.
cialement dans être bon prince «être généreux,
(183 1)a été formé à partir du latin princeps, avec le
magnanime>> (1690). +Dès le XII~ s. et par retour au suf5xe -de à valeur diminutive, pour désigner iro-
sens étymologique, prince désigne le principal per- niquement le prince d’une principauté sans impor-
sonnage d’un groupe Cv.1120) : ainsi le titre de tance. +PRINCIPAT n. m. (13001, emprunté direc-
prince des pr&es Cv.1250) ou prince de la syna- tement au latin principatus dérivé de princeps, a
gogue 11530) correspond au grand prêtre chez les désigné la dignité de prince. Il a perdu cette valeur
Hébreux, par allusion à la Bible. De même, le dé- au profit de principauté”, continuant de s’employer
mon est nommé prince de mort (1121-11341, prince en histoire romaine pour désigner la dignité impé-
de ce monde ( 1553, en style biblique) et prince de riale de princeps.
l’enfer (16161, prince des ténébres (16901, désigna- @ voir PRINCEPS, PRINCIPAL. PRINCIPAUTÉ.
tions réservées au style poétique. Par ailleurs, à
côté de abbé, etc., prince s’est appliqué au chef PRINCEPS n. m. et adj. inv. est l’emprunt sa-
d’une confrérie, sens encore connu par le titre de vant (1802) du latin princeps «qui occupe la pre-
prince des sots (usuel aux XV~-XVI~s.l. Dès le moyen mière place)) (+ prince).
DE LA LANGUE FRANÇAISE PRINTEMPS

+ Le mot a été repris comme adjectif pour qualZer ment, la Principauté se dit pour celle de Monaco.
la première édition d’un texte dont l’auteur a vécu + Le pluriel principautés est employé spécialement
avant l’invention de l’imprimerie. Par extension, en théologie ( 1541) pour désigner (souvent avec
éditiun princeps se dît de l’édition originale d’un majuscule} le troisième chœur des anges selon la
ouvrage quelconque et s’emploie avec le sens plus classification de saint Thomas, d’où, par extension,
général de «premier, qui traite d’un sujet pour la une puissance spirituelle soumise à Dieu.
première fois ». 0 L’emploi du nom en antiquité ro-
maine (18961, comme titre des empereurs romains PRINCIPE n. m., d’abord noté principle @II
à partir d’Auguste et pour le magistrat dont le nom XII~s-1, est emprunté au latin principium, dérivé de
était inscrit en premier sur l’album sénatorial, est princeps aqui occupe la première place- (+ prince,
réemprunté au latin princeps pour éliminer l’ambi- princeps). Le mot latin désigne le commencement,
guïté du mot français prince. l’origine dans le temps, en particulier le début d’un
ouvrage, l’entrée en matière d’un discours; par
PRINCIPAL, ALE, AUX adj. et n. est un abstraction, il désigne l’origine fondatrice, d’où, au
emprunt ancien (1080) au latin prhcipalls <~origi- pluriel principia, les éléments dont qqch. est formé,
naire, primitif», «fondamental, capitalm et aussi “qui les fondements. Principium est spécialisé dans le
a trait au prince, à l’empereur, impérialn, substan- langage militaire pour le front d’une armée, sa pre-
tivé pour désigner le premier magistrat, le premier mière ligne.
personnage d’une ville. Le mot est dérivé de prin- + Le mot a été repris dans son sens temporel de
ceps 4e premier, le plus irnportant~, qui a désigné *point de départ, commencementb, sorti d’usage
spécialement l’empereur romain (+ prince, prin- sauf dans la locution dèsleprincipe (1803, Chateau-
ceps). briand) <(dèsle débuta. + L’accent a été mis dès l’an-
4 Le sens de l’adjectif, dans la Chanson de Roland, cien fkançais sur la notion de fondement : principe,
semble bien être Mdu princen : il s’agit en effet du tout en conservant une idée de commencement,
Sarrazin Canabeus Naimes, fils du roi de Bavière, désigne l’origine, la cause première, la source
«en I’helme [heaume] principal». En tout cas, il s’agi- (v. 12651, le motif (XIII~s.) d’une chose. Appliqué à
rait d’un sens isolé car, dès le début du XII~ s. (11193, une cause naturelle, il s’applique spécialement à
principal exprime ce qui est le plus important, ce un élément concret qui entre dans la constitution
qui vient en première ligne, en parlant d’une chose, ou dans l’élaboration d’une chose en raison de ses
puis d’une personne (v. 11751. +L’adjectif est subs- propriétés, notamment en physique (16361 et en
tantivé avant la ti du XII~s. pour désigner une per- chimie (1680). Dès la première moitié du XIII’ s., il
sonne importante par son influence Iv. 11751, puis désigne la notion fondamentale qui est à la base
un chef militaire Iv. 12101, emploi disparu. De nos d’une science (v. 12451, spkialement celle SUI: la-
jours, on parle encore de principal du collège (15491 quelle s’appuie un raisonnement logique et mathé-
mais le sens de l’expression a changé au xxe siècle. matique ( 1370, Oresme, principes mathématiques).
0 En droit, le principal désigne (1283) ce qui fait Par extension, principe se rapporte à une loi de
l’objet essentiel d’une action, spécialement la portée générale relative à une science ou à une dis-
somme constituant une dette, une rente (1323). cipline, par exemple en philosophie, physique et,
* Seule la spécialisation grammaticale du mot est au me s., en psychanalyse principe de plaisir (19231,
plus tardive, proposition principale ( 17651, d’où lu principe de réalité Cd.). +Le pluriel principes re-
principale ( 17751, s’opposant à subordonnée. couvre les connaissances élémentaires de la
F Principal a produit PRINCIPALEMENT adv., science, de la discipline (1611, d’un art). - En de-
d’abord principalment EV.1190) qui correspond à hors du champ épistémologique, le mot a déve-
l’emploi de l’adjectif pour ale plus Unportant~, et loppé le sens de arègle d’action, formulée ou non,
PRINCIPALAT n. m. 115871, terme d’administra- constituant une loi ou un but>>11351). Le pluriel prin-
tion scolaire ancien désignant la fonction de princi- cipes désigne en particulier les règles morales aux-
pal de collège, plus souvent celle de professeur quelles une personne ou un groupe est attaché
principal. (1688) ou, absolument, celles qui dominent dans
6 voir PRINCIPAL. une société donnée ( 1742, des femmes suris prin-
cipes). 0 Avec ce sens normatif, le mot entre dans
PRINCIPAUTÉ n. f. est l’altération lapr. 1250) quelques locutions : par principe ( 1755, Montes-
de l’ancien hnçais principalité «domination, puis- quieu), de principe 11789, Sieyès) et en principe
sance» Iv. 11751, lui-même emprunté au bas latin (1792, Robespierre) dont les premières attestations
principalitas, -utis *primauté», de principalis montrent l’importance prise par les normes mo-
(+ principal). L’évolution du sufke -alité vers -ulté rales chez les philosophes des Lumières et leurs
(principaltee, 13621 et -auté est probablement due à disciples révolutionnaires.
l’tiuence de royauté*.
4 Le mot est d’abord attesté au sens isolé de afête PRINTEMPS n. m., d’abord printuns cv. 12001,
principalen. 0 Sous l’influence de prince*, il dési- résulte de la soudure de prins tans (XII~s.), composé
gnait en moyen fkançais la terre donnant la qualité de prins C+ 0 prime) et de temps* et qui pourrait
de prince ( 13621, la souveraineté de prince (1370- remonter au composé latin primus tempus ((la
13723,la dignité de prince (1544; dès 1472, au figuré, bonne saison», composé de primus (+ 0 prime) et
à propos de celle du prince des sots). +L’usage mo- de tempus au sens de asaison)) (3 temps). Printemps
derne du mot est surtout réservé à un petit État in- a éliminé l’ancien primewr Hprintempsn I-+ prime-
dépendant gouverné par un prince (XIX’ s.1: absolu- vère) disparu au XVI~siècle.
PRINTING DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot désigne la première des quatre saisons. Il actions de priorité ( 18751. +La valeur première de
a pris par métaphore le sens figuré de atemps du priorité, appliquée à une personne, est réactivée
jeune âge>>, d’usage poetique (1539, Marot). Par ex- par ses emplois les plus récents, à propos du droit
tension du sens propre, il désigne la végétation et de passer avant les autres 11924) et, dans le cadre
la température de cette saison (1666). 11 est em- de la circulation routière, du droit de passage d’un
ployé dans la langue littéraire au sens d’«annéen, véhicule par rapport à un autre selon les règles du
suivant un numéral C1770) en parlant d’une per- code de la route ( 1930).
sonne jeune, quelquefois par ironie en parlant ,Le seul dérivé du mot est PRIORITAIRE adj.
d’une personne âgée Quatre-vingts printemps). (1948) et n. #(personne) ayant la priori%, qui cor-
* II a pris enfin le sens figuré de <<période pendant respond à tous les sens du nom comportant une
laquelle des espoirs de libération, de progrès notion de {{plus grande importance>> et, récem-
semblent sur le point de se réaliser- dans le do- ment, à celle de «priorité dans le code de la route».
maine politique et social (19681, par exemple dans bllaproduît PRIORITAIREMENT adv.Ixx”s.).
le Printemps de Prague. @ Voir A PRIORI.
b La dérivation est peu importante : l’adjectif PRIN-
TANIER, IÈRE (15521 qualifie ce qui appartient au 0 PRISER + PRENDRE
printemps, a#u sens propre et, chez les poétes de la
Pléiade, au figuré (1587, Ronsard, tétins printa- 0 PRISER v. tr., d’abord preiser (lOBO), est issu
niers). Il se dit spécialement d’un potage (17671, du bas latin pretiare, «estimer, accorder de la va-
d’une préparation culinaire composée de légumes leur à)), dérivé du latin classique pretium *valeur
de printemps (cf. primeur), finement découp&, et d’une chose)} (-+ prix).
aussi d’une robe, d’une ktoffe légére, claire et fleu- + Le verbe, dés la Chanson de RoEan,d, possède à la
rie ; il a été substantivé au féminin printanihre en ce fois le sens propre d’kvaluer une chose concrète,
sens (1823). + Le Composé AVANT-PRINTEMPS faire l’estimation» et le sens figuré de <<faire grand
n. m. (1933) ne se rencontre que dans l’usage litté- cas de (qqn, qqchJ> (1080). Seul ce dernier s’est
raire. OPRINTANISATION n. f. (1937) est un maintenu, avec une restriction de son emploi au
terme d’agriculture désignant le traitement d’une langage soutenu. L’usage du pronominal se priser,
plante ou d’une graine par le froid et permettant uavoir bonne opinion de soin, <<se féliciter» et, avec
d’en hâter le développement; il a alors pour syno- une valeur passive, «être apprécié)) Exvr” s.1, a dis-
nyme vernalisation. paru en dehors de quelques survivances littéraires.
b Le déclin du verbe a entraîné la disparition de
PRINTING n. m. est emprunté (1932) à l’anglais
plusieurs dérivés comme prisant, anle adj. (v. 11551,
printing, substantif verbal de toprint Gmprimer>>
prisage n. m, Ixme s., presiuge) et prisable adj.
C1340- 13701, employé spécialement avec diverses
(v. 1278). +@ PRISEUR n. m. lui-même, d’abord
acceptions en typographie à partir du xve siècle. Ce
priseor, priseaur ( 1252) #personne qui fait une esti-
verbe, dont les formes anciennes sont topriente,
mationti et «personne qui vante» (1607-16751, survit
to preinte, est emprunté à l’ancien f&nGais @ente,
dans l’appellation COMMISSAIRE-PRISEUR
preinte, participe passé féminin substantivé du
(1802, après huissier-ptieur, 17 181 pour l’officier pu-
verbe disparu preindre (antérieurement pfiembrel,
blic chargé d’estimer les objets mobiliers et de les
représentant du latin premere évincé par presser*
vendre aux enchères. aLe participe passé substan-
(3 empreinte, près).
tivé au féminin, PRISÉE n. f., d’abord prisie dans
4 P&ting a été emprunté pour désigner un appa- les coutumiers du nord de la France (12831, s’est
reil de télégraphie permettant de fkapper directe- maintenu avec le sens correspondant d’xestimation
ment les dépêches dans tous les récepteurs reliés à d’un objet meuble dans une vente publique», élimi-
l’émetteur. Le I;arousse du xxe siècle (1932) l’enre- nant prise n. f. Iv. 1360) de toutes façons compromis
gistre comme le nom d’un appareil employé par par l’homonymie avec prise*, correspondant à
l’agence Havas. Les recommandations officielles prendre. Il n’a pas gardé le sens figuré de ulouange))
préconisent téléscripteur 0 (+ télé-), qui l’a en effet (v. 13601. +Le pré-fixé DÉPRISER v. tr., d’abord des-
remplacé. prisier Iv. 1175) puis depreiser (XII’ s.1 {{avoir du mé-
PRIORITÉ n. f. est emprunté (1377) au latin mé- pris, du dédain pour», adiminuer le mérite d’une
diéval prioritas, -ati ~~préséance» (XIII~ s.), dérivé du chose, d’une personnem (13701, a été éliminé d’une
latin prior «le plus en avant)), «le premier de deux)} part par dépr&ier”, de même origine, et d’autre
(3 0 prieur). part par un autre préfixé aujourd’hui démotivé,
mépriser”.
4 Le mot a été repris avec le sens latin de <(primauté 0 voir APPRÉCIER, DÉPRÉCIER, h&PRISER, PRÉCIEUX.
de rang», sorti d’usage au profit de préséance. Il ex-
prime aussi une notion temporelle d’«antériorité~ 0 PRISEUR + PRENDRE
mais celle-ci est le plus souvent liée k celle d’ccirn-
portancen, spécialement dans le cas de la préfé- 0 PRISEUR + @ PRISER
rence qu’obtient un discours d’être entendu ou dis-
cuté avant les autres ( 179 11, et de la primauté PRISME n. m. est emprunté en géométrie ( 1609)
accordée à une chose. L’une et l’autre notion s’ex- au bas latin prisma, lui-même emprunté au grec
priment en droit, où le mot désigne un caractère prisma, -atos <<sciure, morceau, débris de bois scié>>
d’antériorité OU d’importance conférant un privi- et, déjà chez Euclide, «polyèdre à pans coupés ré-
lège, un avantage, spécialement en finances dans guliersm. Ce nom est dérivé du verbe priein Nsciem
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2945 PRIVÉ

en particulier <<trépaner», d’où par analogie ((faire des sens... L’expression triste comme la porte d’une
grincer>>, cxrnordren et enfin à la voix moyenne du prison (1842) est postérieure à la variante ironique
verbe (médiapassif), avec l’idée de grincer des attrayant (gui, etc.) comme la porte d’une prison
dents, ~~s’irriter », «se tourmenter)). Priein repose ap- ( 1640) ; on dit plutôt aujourd’hui aimable comme
paremment sur un radical “pris-; c’est un terme une porte de prison.
technique sans étymologie claire. F Le mot a produit ses dérivés avant la fin du
+Prisme a été repris avec son sens latin de “po- me siècle. ~PRISONNIER, II%E n. et adj. Il 176-
lyèdre qui a deux de ses faces égales et parallèles)). 118 1, d’abord écrit avec un seul n) Sign%e cper-
En optique (1637, Descartes), il désigne cette figure sonne privée de sa liberté)) et spécialement xmise
à section triangulaire ou quadrangulaire, en ma- dans une prison>>. Le mot s’emploie spécialement
tiére transparente qui a la propriété de dévier et de dès l’ancien fiançais en parlant de celui qui a été
décomposer les radiations. 0 De là, il a développé fait captif à la guerre. Le mot a supplanté prison, qui
une valeur métaphorique, &Sment transformant désignait aussi en ancien français la personne dé-
l’image du réel, générallement en la déformant)>, tenue dans une prison. 0 L’usage précise parfois le
par exemple dans voir les choses A travers un type de captif par un complément de détermina-
prisme (1775). oLe mot s’applique à un cristal tion, prisonnier de @erre ( 1606 ; autrefois prison-
ayant plusieurs faces parallèles à une même droite nier de bonne guerre 4ritable prisonnier de
et, en histologie, à l’élément constitutif de l’émail guerre)), 1475) et au xxe s. prisonnier de droit com-
de la dent, Présenta;nt des striations transversales. IIIUZI (elliptiquement un droit commun), prisonnier
b De ptisme, d’après le radical grec du gknitif, est politique (d’où un politique), etc. +L’emploi adjec-
dérivé PRISMATIQUE adj. (1659, Pascal) qui quali- tivé de prisonnier est attesté au XIII~ s. ( 1240-12801, le
fie ce qui a la forme d’un prisme et, en optique, ce nom comme l’adjectif développant par la suite une
qui est muni d’un prisme (jumelles prismatiques, valeur figurée (prisonnier de...). + C’est aussi un
19161, se disant spécialement des couleurs percep- terme du vocabulaire technique qui désigne un élé-
tibles à travers ie prisme optique 11754). + fisma- ment fixé dans une pièce métallique et assurant la
tique a servi à former PRISMATISER v. tr. (1802) liaison de celle-ci avec une autre (1845).
<donner la forme d’un prisme à qqch.n dont est dé- EMPRISONNER v. tr. (v. 11351, fait sur prison avec
rivé PRISMATISATION n. f. (1802). + Le radical de le préfixe em- (en-1 et la désinence verbale, signZe
prisme a servi à former PRISMOÏDE n. m. (18291, (<mettre (une personne) en prison» d’où, par analo-
concurrencé par PRISMATOÏDE n. m. (18691, fait gie, «retenir (qqn) comme dans une prison)>
sur le radical du génitif grec ptimatos. (v. 1135). Par extension, L’accent étant mis sur la no-
tion d’espace restreint, le verbe s’emploie avec un
PRISON n. f., réfection graphique (v. I 155) de nom de chose pour complément, au sens de
prisun 11080), est issu du latin prehensionem, ac- «contenir, renfermer)> 11806). Par une autre méta-
cusatif de prehensio «action de prendre)), spéciale- phore, il s’emploie avec un nom abstrait pour ex-
ment ((action d’appréhender qqn au corps)‘, mot qui primer l’idée d’enfermer (av. 1842). *Le verbe a
a donné par emprunt préhension*. L’évolution me- produit le nom d’action EMPRISONNEMENT
nant au mot français passe par une forme contrac- n. m. (12751, qui exprime l’idée d’Gncarcérationn
tée “prensionem, “presionehd devenue “preison ainsi que les valeurs métonymiques de ((durée
(trois syllabes), puis prison sous l’influence de pris, d’enfermement », <<faitd’être en prison- et, par ex-
participe passé de prendre*. tension, (<fait d’être privé de liber&, valeurs que
+ Le mot a eu un sens actif, désignant l’action de possède prison en ancien fknça,is.
prendre, la capture. Par métonymie, il a désigné @ Voir APPRÉHENDER. PRÉHENSION.
l’état d’un individu privé de liberté, en captivité
Iv. I 1401, sens lui aussi disparu mais dont procède PRIVÉ, ÉE adj. et n. m. est issu Km XI~ s.1du la-
l’emploi moderne de apeine privative de liberté su- tin privatus «particulier, propre, indivîduelm, subs-
bie dans un lieu de détention>>. + Par un autre déve- tantivé pour désigner le simple citoyen. Le mot est
loppement métonymique, prison sert surtout à dérivé de privus dont le sens premier devait être
nommer Cl0801 le lieu, le bâtiment de détention, “qui est isolé en avant», d’où mis à part>> et qui, en
sens qui donne une valeur nouvelle à des locutions latin classique, Sign%e aparticulier, propre à cha-
où le mot avait le sens de Ncaptivité>j : jeter en pri- cun, spécial>> et <<chaque, chacun». Pri~s est lui-
son (v. 1140 ; après meiner en sa prisun, 1080, Gem- même dérivé d’un radical pri-, attesté par son
mener captif»), tenir en prison Iv. II551 qui a disparu comparatif et ses dérivés (--+0 prieur, 0 prime,
comme garder en prison (11761, mettre en prison priorité) et appartenant à une famille de termes in-
11160-l 174). Les sens initiaux actifs de prison ont doeuropéens à structure consonantique p-r expri-
disparu du fait du sens concret qui l’a emporté. mant à l’origine la notion de Atuation en avant>>
0 L’autre sens métonymique, eprîsonnier, capti5 (+ par, pour, pré-, pro- et, du grec, para-, péri-, pro-,
Iv. 10801, s’est totalement perdu. 0 Quant au sens proto- ; protagoniste, protéine, protide, protocole,
figuré de <service amoureux auprès d’une dame» proton, prototype).
Cv. 11651, en usage dans le vocabulaire courtois, il a +Privé signiGe d’abord ((qui vit dans l’intimité de
lui aussi disparu, mais on peut y rattacher de Loin qqn, familier-m, d’où «intime> Iv. 1140) ; en ancien
certains emplois métaphoriques du mot dans la français, ce sens était souvent mêlé d’une nuance
rhétorique amoureuse traditionnelle, aujourd’hui dépréciative d’intimité excessive, le mot s’em-
compris comme métaphores du sens moderne, ployant à propos d’un maître trop proche de ses
ainsi que des emplois du type la prison du corps, gens, d’un voleur adroit, d’un homme ayant des
PRIVER 2946 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

manières trop libres et familières (cf. privauté). Ap- Avec son deuxième sens fondamental, privé a pro-
pliqué à des entretiens, il entre dans l’expression duit récemment les termes d’économie et d’admi-
conseil privé conseil formé des plus intimes du roi>> nistration PRIVATISER v. tr. IV. 1970) et PRIVATI-
Cv. 1360). L’une des expressions les plus courantes SATION n. f. (v. 19651, sur le modèle de étatiser,
est propriété* privée. Associé à un nom de chose, de étatisation et sous l’influence des mots anglo-amé-
lieu, privé si@e aauquel le public n’a pas accès>>, ricains to privutize C19691 et privutizatin ( 19591,
spécialement dans chasse privée (d’abord en SO- eux-mêmes de l’anglais private, emprunte au latin
logne) et autrefois prison privée (1549). ll quame privutw Ces mots concernent l’opération de pas-
aussi ce qui est individuel, particulier, d’ordre per- sage au secteur privé, inverse de la nationalisation
sonnel, spécialement dans les expressions conseil OU étatisation. *DkPRIVATISER v. tr. et DEPRI-
(idée) privé «pensée secrètem Iv. 1174 et surtout vie VATISATIUN n. f. (1987) correspondent au retour
privée aaspects de la vie d’une personne qui ne d’une entité économique au secteur public.
sont pas rendus publics>>. + En relation avec ces dif- 0 Voir APPRTVOISER, PRJX-ER. PRMLÈGE, PROPRE.

férents emplois adjectifs, privé est substantivé, dé-


PRIVER v. tr. est emprunté cv.1300) au latin pti-
signant autrefois ce qui est dans la possession de vure amettre à part, écarter de, Gter des, Kdépouil-
qqn (v. 1MI), un privé désignant en ancien français
ler= et aempêcher», dérivé de privus (b privé).
un ami intime (v. 11401 et, au féminin privée, une
+ Comme le verbe latin, priver Sign%e aenlever à
femme par rapport à son ami intime. oPrivée n. f.
qqn, à qqch. la jouissance d’un bien, d’un avantage>,
(XIII~sd, puis privé n. m. ( 1538) comme nom ont éga-
spécialement Nenlever en guise de châtiment, des-
lement servis à désigner les latrines, par allusion à
tituern ( 1461). Par extension, avec un nom de per-
la situation retirke de cet endroit. 0 Avec une va-
sonne pour complément, et le sujet désignant la
leur de neutre, ne privé), il servait à désigner l’inti- mort, la maladie, il signifie <<enlever lune personne)
mité Iv. 11601,spécialement dans la locution ert son à ses proches)} (15531. 0 Le pronominal se priver de
privé Cv.11801, de nos jours en ptivé. +Eh ancien (1538) a le sens de arenoncer à (un bien, l’usage
français l’adjectif s’est appliqué à un animal appri- d’une chose agréableIn. Se priver, absolument
voisé (v. 11601, sens également sorti d’usage tout (18451, correspond à as’imposer des sacrikesm.
comme le verbe priver ccapprivoiserm qu’il avait pro- F De tous les dérivés de priver, seul le plus ancien,
duit (xv” S.I. PRIVATION n. f. (1290), s’est maintenu. Le mot
Le second sens de base, Kquî n’a pas de part aux af- n’est pas emprunté au latin privatio, qui avait un
faires publique+, remonte au moyen fiança& autre sens. Privation désigne la perte, l’absence
iv. 13671,en parlant d’une personne et d’une chose. d’une faculté, d’un avantage qu’on devait ou pou-
Par extension, privé est appliqué a une chose qui vait avoir, spécialement la cotiscation juridique
n’a pas de caractère officiel et, selon le contexte, (d’un bien), la destitution (d’une charge) [ 13Oï’l. Une,
s’oppose aux notions de public, politique et social. Il des pr-ivutinW concerne le fait d’être privé des
est spécialement employé en droit à propos d’un choses nécessaires à la vie 11788).
acte sous seing fait sans l’intervention d’un officier PRIVATIF, IVE adj. est emprunté ll514) au latin
public (1690). 0 Par opposition à public, d’fitut, na- des grammairiens privativus, dérivé du radical du
tionalisé, l’adjectif est employé en parlant d’un sec- supin Cprivutuml de privare I+ priver). +Le mot a
teur d’activité, aussi substantivé en ce sens (le privé été repris par la langue du droit pour qualîher un
pour le secteurptivé); c’est dans ce sens que les dé- type de peine par laquelle on enlève qqch. (la li-
rivés récents privatiser et dépdvatiser sont apparus. berté, par exemple) au puni (par opposition à peim
+ Il est substantivé spécialement pour désigner un positive); ce sens est sorti d’usage, mais privatif
détective (elliptiquement pour détective privé), SUT- quaMe encore en droit ce qui est exclusif ( 1544, pri-
tout dans un contexte américti ; le mot est alors vatif& & l’exclusion denI. 0 L’adjectif est spécialisé
calqué de l’anglais private detective (18681, syno- en grammaire pour qualifier une particule mar-
nyme de private dick, private eye. En français, il quant la privation ( 15371,préfIxe privatif étant sub-
évoque l’univers du roman et du ti «noirm anglo- stantivé ultérieurement au masculin (1690). de
saxon, sens plus courant de “qui prive den ( 1555) est néan-
moins du style didactique et peut reprendre l’em-
b PRIVÉMENT adv. (15381, antérieurement privee- ploi pénal ancien (mesure privative de Zibertél
ment (11381, a perdu son ancien sens de adans une o Quant à l’emploi pour qualser une chose dont
grande familiarité>> et s’emploie dans la langue lît- on a la jouissance exclusive mais non la propriété,
téraire avec le sens d’een secret, en ptiiculiern. perçu comme un emploi synonyme de privé, il est
PRIVANCE n. f. Cv.112OI, -douceur, affabilité)> et valorisé par l’usage de la publicité immobilière (jur-
<ami@ (v. 11801, <lfamiliaritén (v. 1200), s’ordonnait din privutiB. +Privatif a produit PRIVATIVEMENT
à l’idée d’intimité dans sa valorisation. Il a disparu adv. (1542) aexclusivement» et, avec la préposi-
après le ~VII” siècle. tion à, & l’exclusion den, devenu archaïque.
PRIVAUTÉ n. f. Iv. 12 101 est la réfection, avec le suf-
fme de royauté”, de l’ancien tian@s priveté PRIVILÈGE n. m. est emprunté cv.1170) au la-
IV. I 1701, ptivité Cv.11701, dérivés de privé. À la dîf- tin juridique privilegium «loi exceptionnelle (prise
férence de l’adjectif, il a conservé la nuance dépré- en faveur d’un particulier)» et {{avantage, faveum
ciative d’(cexcès d’intimité- qu’il réalise en parti- Le mot est composé de privus (-, privé) et de lex
culier dm un contexte galant. Son autre sens de C-Ploi).
csecretn et, par métonymie, de «chose sec&@ +Le mot, repris comme terme juridique, désigne
Iv. 12201, a disparu. un avantage accordé à une personne ou à un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2947 PRO-
groupe, qui en jouit à l’exclusion des autres. Par 0 Les locutions usuelles formées avec prk sont
métonymie, il désigne concrètement un acte au- nombreuses dès l’ancien tiançais ; certaines,
thentiknt la concession d’un tel privilège krf s.l. 11 comme mettre en prix Iv. 12001 remplacée par
a eu plusieurs sens particuliers dans des expres- mettre àpti(13771, ont changé de sens, passant de
sions telles que privilège de croix =prîvilège l’idée de «vendre à un prix avantageux)> à &er la
qu’avaient les croisés de ne pas payer d’impôtn valeur d’un objet dans une vente>> (15381, au-
(12521, privilège du roi ((autorisation d’imprimer jourd’hui <dans une vente aux enchère+. Après de
donnée par le gouvernement royal» ( 1508). Ainsi prix Cv.11353 <<devaleurm, on note à bon prix & bon
l’Académie française avait sous Louis XIV le privi- marché)) 115791, ne pas avoir de prix ((être inesti-
lège (excluslD de publier un dictionnaire de la mableN W%‘11, à prix d’or &ès cher>> (18291, un prix
langue fkançaise. Par spécialisation, le mot a dé- fou aexagérén (1865). Avec le sens abstrait de Kva-
signe sous l’Ancien Régime les droits et les avan- leur que l’on attribue à une chose, à une personne)>
tages utiles ou honotiques que possédaient cer- Iv. 11401, prix entre aussi dans des locutions : au
taines personnes selon leur naissance ou leurs prix de «en comparaison de)) (v. 15001 est devenue
fonctions ( 1690). *La valeur figurée correspond à archaïque, passée usuelle pour aen échange de,
«faveur particulières (12771, udroit, avantagea (xv” s.) (1588, au prix de sa vie) ; la locutio,n adverbiale au
et «don naturel du corps ou de l’espritu, spéciale- pti tien comparaison* a disparu. A tout prix ( 1863)
ment à propos d’un vice, d’un inconvénient person- & quelque prix que ce soit» ne s’emploie plus qu’au
nel (av. 1648). 0 Le mot, assez littéraire, a été remis figuré pour flmalgré tout, à n’importe quelle condi-
à la mode par la publicité, et certains emplois tra- tion)> ( 1807). Mettre Je prix (1860) Sign%e «payer le
hissent l’tiuence de l’anglo-américain pdvllege, prix nécessaire)). C’est le même prix (18861, au fi-
de même origine mais de connotations différentes, guré, s’emploie pour “que vous le vouliez ou nonn.
cavantage personnel, agrément dont on bénéficieB. *Dès l’ancien lançais, prix a développé le sens fi-
Privilège est, avec prestige, un des mots-clés de l’in- guré de Nrécompense donnée à la personne qui
citation commerciale. réussit le mieux dans une compétition)> (1176- 118 11,
F Le d&ivé PRIVILÉGIER v. tr. (v. 1223) a d’abord sens qui s’est maintenu, avec une spécialisation
eu le sens particulier d’cattribuer des indulgences dans le domaine scolaire ( 16901, d’où au XD? s. dis-
à (une égliseIn puis, plus généralement, «accorder fzi!~utiofl des prix et les sens métonymiques de
un privilège à (qqn)» ( 1260). + Le participe passé acompétition à la suite de laquelle on décerne une
PRIVILÉGIÉ, ÉE est adjectivé (12831 et substantivé récompense)) (18671, notamment en turf, et <(per-
(1596) pour 4personne) qui jouit d’un priviIègeB. sonne à laquelle on décerne une récompensen
0 Au pluriel, le nom insiste sur les avantages de la (1875, Prix de Rome). Dans ces contextes, la nature
classe riche, dominante, dans une société. Il peut du prix est parfois précisée (prix de vertu au XIX~ s. ;
alors, dans l’usage contemporain familier, être ren- premier, second prtx en relation avec accessit, etc.).
force par le préfixe super-. L’adjectif a développé, Grand prix est fréquent lorsqu’il s’agît d’une
en relation avec le nom, le sens figuré de “qui s’at- compétition, d’une course (de chevaux ou automo-
tribue ou à qui l’on accorde certaines libertés dans bile). ~Les sens plus généraux de «salaire, ré-
la société)) ( 16941, <<qui a reçu de la nature un don compensem (1467) et, par antiphrase, <<châtimenta
particulier>> [ 1695). ( 1643) ne vivent plus que dans la langue littéraire.
~Prix a servi à former le terme d’économie mo-
PRIX n. m., d’abord pris Cv.1050) avant prix (XV”- derne SURPRIX n. m. (v. 1968) qui désigne un prix
XVI” s.), est issu du latin pretium. Celui-ci désigne la excessif ou un supplément de prix.
valeur d’une chose et, par métonymie, la somme 0 voir APPRW~R, DÉPRÉCIER, &PRISER, PRÉCIEUX,
versée contre une chose ou un service, la ré- @PRISER
compense, le salaire et, en général, l’argent ; au fi-
guré, pretium désigne la valeur morale, intellec- PRO- préf. est tiré de la préposition latine pro
tuelle, esthétique, sentimentale. L’étymologie de ((avant, devant, sur le devant de%, d’où avec l’idée
pretium n’est pas éclaircie : plutôt que du groupe de défense, de protection apour» (--+pour), <<dans
balte et slave (par exemple, vieux slave protivu, l’intérêt de», & cause den et & la place den, Nen
russe protiv «contre4 et le grec proti, on le rap- guise de, commen et een proportion de». Le mot
proche du latin interpres, 4,s Nintermédiairen correspond exactement au grec pro et partage
(-, interprète) avec l’idée commune de acommerce, avec lui un emploi de préverbe. Le tiancais lui-
échange>. même a emprunté l’élément sous la double forme
+Le mot, avec sa valeur matérielle, désigne pour- *, pro-.
d’abord la somme à payer pour une chose (le pre- +IVo- marque l’antériorité spatiale, plus souvent
mier exemple connu concerne le passage sur un encore l’antériorité temporelle ou bien l’idée
bateau) et la valeur commerciale d’une chose qu’une chose (une personne) est favorable à une
(1160-l 1741, que ce soit d’un point de vue objectif ou autre, alors opposable à anti-. Combiné à un ad-
de celui du vendeur, de l’acheteur (15381. À partir jectifou à un substantif, plus rarement à un nom de
du XVI” s., il est employé dans des contextes écono- lieu, il a pris une certaine extension au ti s. dans
miques, dans des locutions comme à juste prix la langue des sciences et des techniques Iméde-
115791,prix constat, prix fixe 116901,cette dernière cine, biologie), mais surtout dans la langue cou-
étant plus tard employée par métonymie pour un rante avec le sens de Nfavorable à* (y compris de-
magasin à prix Exe (17891, puis pti c!e retient vant un sigle : pro-OLP), Sa popularité explique
118383, baisse des prix et blocage des prix 11958). certains emplois de pro quasiment substantivé au
PROBABLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sens de ~parkisan~~ (1976, les pro et les @titi), emploi propos du caractère d’une doctrine fondée sur les
compromis par l’homonyme tiré de professionnel. opinions probables ( 1657, Pascal, qui en fut l’adver-
0 Voir PRONATEUR. saire). +D’après le développement de probable, il
s’est répandu dans l’usage courant à propos d’un
PROBABLE adj ., d’abord proububk (1285l, est événement 117863, spkialement dans une compa-
emprunté au latin probabilis qui qualiCe une chose raison C1797), et s’emploie en mathématiques
vraisemblable, plausible et, avec une valeur lauda- Idéb. XVIII”s.) pour désigner une branche de cette
tive, une chose digne d’approbation, une personne discipline, le calcul des probabilités. Ce dernier
estimable. C’est un adjectif dérivé de probure afaire sens a donné lieu à des applications en statistique,
l’essai deu (+ prouver), lui-même de probus dans l’étude des phénomènes économiques, de la
I+ probe), pris au sens de arendre croyable>> et =ap- biologie biométrique, de l’astronomie, de la méde-
préciep, ce dernier étant repris en fkançais par le cine Il” moitié XX~s.l. *À ces termes s’ajoute le
représentant de son composé upprobure (-+ ap- terme de doctrine PROBABILISME n. m. (16971,
prouver). formé savamment sur le radical du latin probubilis
+ L’adjectif a d’abord le sens étymologique de “que en théologie et repris en philosophie (1821). + Par
l’on peut prouver, vétiern aujourd’hui réservé a changement de sufke, ce mot a produit PROBA-
prouvable*. Il a eu en moyen français la valeur la- BILISTE n. et adj. 117041, employé en théologie puis
tine de clouable, digne d’approbationm, disparue en en mathématiques, qualifiant ce qui utilise la no-
français classique. +Son usage moderne s’est dé- tion de probabilité 119471 et désignant un mathéma-
veloppé à partir de la fin du Xnre s., d’abord dans la ticien spécialiste du calcul des probabilités (19621.
langue didactique à propos d’une opinion ayant PROBANT, ANTE adj . est emprunté ( 1566) au latin
une apparence de vérité (13801, sens dans lequel il probans, probuntis “qui prouve>>, participe présent
est substantivé avec une valeur de neutre (1656, de probure (-+ prouver). - L’adjectif, introduit en
Pascal dans Eesm-winciales). Le même texte de lançais comme terme de droit dans ~lt forme pro-
Pascal atteste la spécialisation de l’adjectif en théo- bante <<en forme authentiquen, emploi où il se subs-
logie, dans l’expression opinion probable (1656). titue à probatoire (+ probation), se dit également
4 La langue courante emploie surtout le mot pour (1756) d’une pièce qui constitue une preuve aux
quaMer un événement, un phénomène qu’il est yeux de la justice. 0 Son passage dans la langue
raisonnable de supposer, de prévoir (17861, notam- courante pour qualifier une chose convaincante est
ment dans une comparaison ( 179ï’I, en locution im- attesté à la veille de la R&olution C1787).
personnelle (il est, c’est probable) et, elliptique- @ Voir APPROUVER, ÉPREUVE, PREUVE, PROBATION,
ment, employé seul, dans une réponse familière (à PROBE, PROUVER, RÉPROUVER, SUPERBE.
la place de c’est probublel. 0 Un autre emploi di-
dactique s’est développé en mathématiques PROBATION n. f. est emprunté Iv. 1330) au la-
(déb. XX~s.1,sous l’influence de probabilité. 0 L’em- tin probutio, -0vti.s &Preuve, examen» et apreuve,
ploi du mot pour qutier une personne <<présu- argumentation», dérivé de probatum, supin de pro-
méeu (attesté 1862) est critiqué comme abusif. bare (-+ prouver), de probus I-, probe).
w Le premier dérivé du mot est PROBABLEMENT 4 Le mot, employé en moyen iknçais au sens de
a&. ( 1370-13721 «vraisemblablement~, qui entre <<preuves a été éliminé au xve s. par ce mot
dans la locution conjonctive probablement gue I+ preuve). * Il s’est spécialisé dans le langage reli-
(1787). 4 L’antonyme préhé IMPROBABLE adj. gieux, où il désigne le temps d’épreuve qui précède
(xv” s.) a d’abord eu le sens de tiréprouvable>, s’op- le noviciat Iv. 1350, un de probation) et le temps du
posant à probable au sens ancien de “que l’on peut noviciat précédant l’entrée détitive dans un
approuvep kwe S.I. 0 Symétriquement à probable, ordre Il 549). Par extension, il se dit quelquefois
il a exprimé la notion de «qui ne peut pas être d’un temps d’épreuve (1870, dans un contexte pé-
prouvép (1606) avant de reculer au profit d’itnprou- nal) et désigne, en droit pénal (attesté 19531, une
vuble*. Son usage moderne s’arme, à partir du méthode permettant le traitement des délinquants
XVII~s., par le sens didactique de aqui n’a pas de en vue de leur reclassement au moyen du sursis,
probabilité» (1611) et, couramment, de “qui a peu de cette méthode reposant sur une mise à l’épreuve.
chance de se produire)) ( 1815). + Improbable a pro- F PROBATOIRE adj., attesté depuis 1594, est soit
duit, d’après probubilité, IMPROBABILITÉ n. f. dérivé du radical de probation”, soit emprunté au
( 16101, d’usage didactique y compris dans son sens dérivé latin probutorius. +Terme de droit dans
particulier d’aévénement improbableu ( 17721, et IM- l’expression fomze probatoire aauthentiques, il a
PROBABLEMENT adv. (19311, peu USi% +Un cédé cet emploi au mot de même famille probant*.
verbePROBABILISERv.tr. aétéformé (1847) pour 0 De nos jours, il quatie ce qui est propre à prou-
exprimer le fait de rendre plus probable, donnant ver la capacité, le niveau d’un candidat, d’abord
un dérivé didactique PROBABILISABLE adj. Cat- dans acte probatoire Wï’O73qui désignait autrefois
testé 19741. un examen universitaire, aujourd’hui dans examen
PROBABILITÉ n. f., le nom correspondant à pro- (18671, épreuve, stage probatoire.
bable, est directement emprunté (1370-13721 au dé-
rivé latin probubilitus, -dis au sens de achance PROBE adj., d’abord prob (1464) puis probe
qu’une chose a d’être vraie, raison qui fait présu- (XVI~ s.), est emprunté au latin probus, terme de la
mer qu’elle 1’estB. 0 L’emprunt a supplanté son langue rustique qui quatie une récolte, un végétal.
doublet probableté ( 15491, dérivé lançais de pro- qui pousse bien droit, passé dans l’usage courant
bable. Il est passé dans le langage théologique à au sens de «de bonne qualîtén et, en parlant d’un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2949 PROCÉDER
homme adroit, honnête, bon». ITroks est issu de seconde moitié du xx” s., il s’étend aux difkultés af-
“probhos, avec un second élément peut-être appa- fectives, personnelles, psychologiques et profes-
renté à la racine indoeuropéenne signifiant sionnelles de qqn 11954, dans la locution avoir des
<(croître> k futur; physique). On en rapproche pour proMèmes1 et entre (av. 195% dans l’expression il
le sens le vieil anglais from ade bonne qualité, qui a n’y a pas de problème, familièrement y a pas de
de la Va[leur>), I’ancien haut allemand fruma =uti- probkrze, qui semble issue du milieu des écoles
lit&, le vieil islandais framr “qui est au premier d’ingénieurs, d’où elliptiquement pas de problème
ranp. dans le langage familier. Cette dernière est cal-
+ Le mot, repris en français au sens moral de adroit, quée de l’anglo-américain no problem où problem a
intégre* et appliqué aux personnes, est resté rare le sens afkibli de 4iBculté~ (1934); son emploi en
avant la k~ du XVIII~ s. (1788). Par métonymie, il s’ap- réponse ou en assertion peut correspondre à aoui,
plique à ce qui est le fait d’une personne honnête, d’wcorda, et est devenu un tic de langage, de
droite (1826). n a vieilli. même que sans proSme lot. adv. afaciiementn,
b Le français a emprunté au latin plusieurs mots de qui, par tiaiblissement, fit par correspondre à
la même famille. * PROBITÉ n. f., emprunt (1429- une réponse positive («oui»).
1430) au dérivé latin probitas, -dis <<bonne qualité b PROBLÉMATIQUE adj. et n. f., d’abord écrit pro-
morale, intégrité», s’est mieux implanté que probe bleumaticque (14901, est emprunté au bas latin pro-
dans l’usage, mais il est aujourd’hui réservé à un blematicus econstituant un problème auquel on ne
registre soutenu, sinon littéraire. + L’antonyme peut apporter de solutiona, emprunté au dérivé
préké IMPROBE adj., d’abord improbe En xve s.), grec problêmatkos. 0 Le mot a repris le sens latin
est emprunté au latin improbus, formé de im- pri- de 4fIicile à résoudre, douteux*, passant dans
vatif (-+ in-3 et de probus, qui signifie «de mauvais l’usage général à propos d’une chose qui n’est pas
aloi, mauvah, moralement -méchant, pervers, certaine, dont l’existence, la vérite est douteuse
malhonnêteu et, avec l’idée de ce qui n’a pas les (av. 16791. Par extension, il s’applique à ce qui est
qua&& requises, <(démesuré, extravagantm, VO- suspect, équivoque, mystérieux (17983, à ce qui a un
race, insatiableB, aimpudent, hardi, audacieuxn. En caractère hypothétique, énigmatique ( 1852). - Plus
fkançais, improbe n’a hérité que du sens moral avec tard, sous l’influence de l’allemand Problematik et
lequel il s’oppose à probe. Il est encore plus rare dans un usage didactique, la probkmatique n. f.
que lui. +Le nom correspondant, IMPROBITÉ n. f., E19513 désigne la technique qui consiste à bien po-
est emprunté (v. 1350) au dérivé latin improbitas, ser un problème ou un ensemble cohérent de pro-
-atis amauvaise qualité d’une chosen et xméchan- blèmes et, par métonymie, l’ensemble des pro-
ceté, perversitém, également aaudace, e&onterie». blèmes se posant sur un sujet déterminé. *De
Resté rare jusqu’à la En du XVIII~s., comme probe, il problémamueontétédérivés PROBLEMATIQUE-
sert d’antonyme à probité mais son emploi est plus MENT adv. 11548) Nde manière problématique, dou-
marqué. teuse* et, dans la seconde moitié du xxe s., PRO-
+ Voir ACERBE, APPROBATION, APPROUVER, UIPROBA- BLÉMATISATION n. f. qui implique un
TION, PROBABLE. PROBANT. PROBATION, PROUVER, RÉ- intermédiaire PROBLÉMATISER, attesté un peu
PROBATION, RÉPROUVER, SUPERBE. plus tard dans la langue didactique contemporaine
pour Norganiser, présenter sous forme d’un en-
PROBLÈME n. m. est emprunté (v. 1380) au la- semble de problèmes%.
tin problema Kquestion à résoudre», lui-même em-
prunt au grec problêma qui désigne ce que l’on a PROCÉDER v. est emprunté (XIII~s.1 au latin
devant soi, et spécialement un obstacle, une tâche, procedme, formé de pro- *deva& (-+ pro-3 et de ce-
un sujet de controverse, une question à résoudre. dere 4lerB (4 céder), proprement 4ler en avant,
Le mot est dérivé de proballeiut, composé de pro avancers, et, au figuré, «progresser-u, cavoir telle is-
<(devant> (-* pro-j et de ballein ccjetep (-+ bal), pro- sue)). Le mot a pris une valeur spéciale en droit et, à
prement <<jeter devant> et, par abstraction, amettre l’époque chrétienne, dans la langue ecclésiastique,
en avant comme argument, proposer lune ques- où procedwe a, de exprime le fait de sortir de,
tion, une tâche, et&. d’émaner de.
4 Le mot a été repris avec le sens du latin, dans le +~OC&T a repris le sens d’aavancen, d’abord au
domaine spéculatif, philosophique et théologique. figuré dans proceder en son office cs’acquitter de
C’est Ia seule acception connue jusqu’au XVII~s., ses fonction9 (xtues.1 et plus généralement flavan-
époque où le mot s’emploie en mathématiques ter, continuer dans l’accomplissement d’une af-
(16121 et en physique ( 1632, Descartes) pour dési- fairem 113551. Dans ce sens, aujourd’hui sorti
gner une question à résoudre par des méthodes ra- d’usage, on employait bien procéder au sens de
tionnelles déductives ou par l’observation. Le sens <<bien construire un ouvrage littéraires E16901,qui a
métonymique de aquestion à résoudre par des élé- disparu au xd s. Iles dictionnaires le considèrent
ments donnés dans l’énoncé>) semble tardif 11900) ; comme vieilli depuis 1812). Le sens propre étymolo-
il s’est spécialisé dans l’usage scolaire, à propos gique de «gagner du terrain, avancer» 115011 n’a pas
d’une épreuve, d’un devoir de physique ou de ma- vécu ; il est resté vivant en anglais. - Les sens ac-
thématiques krithmétique, algèbre, géométrie) qui tuels du verbe se sont établis au début du XI+ siè-
suppose un raisonnement. + Au XVIII~s., problkme cle : par emprunt au latin ecclésiastique, pro&der
commence à se dire couramment d’une chose ou de exprime le fait d’être produit, d’émaner de, sur-
d’une personne que l’on explique mal EE’x?) et tout en parlant du Saint-Esprit, puis passe dans
d’une difkulté d’ordre pratique (17751. 0 Dans la l’usage laïc au sens de Nprovenir de, tirer son ori-
PROCÈS 2950 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gine de> (v. 1370). Le sens courant, avec un sujet sens juridique d’&lkire poursuivie en justice, ins-
nom de personne, correspond à <<agir de telle ma- tance devant un juge)) (1324). Il est ainsi entré dans
nière> (13001, spécialement procéder ct équivalent des locutions comme être en près (13411, procès
didactique ou administratif de faire, et, avec un pendant 113791,faire un proc&s à qqn (1475, faire le
nom de personne pour complément, procéder avec, procès) ou encore S~IISautre forme de procès (15723
envers (15531. 0 Par emprunt au latin juridique, le qui s’est d’abord dit d’une condamnation sans juge-
mot exprime le fait d’agk judiciairement dans un ment, sans observation des formes légales, avant
procès (13021, presque toujours accompagné de la de se répandre au sens figuré de asans façon, sans
préposition à (15491. délai ni formalit& (1668). D’autres locutions sont
b Le dérivé juridique PROCÉDURE n. f. 11344 dé- également passées dans l’usage courant en pre-
signe les formes suivant lesquelles on doit procé- nant un sens figuré, comme faire le procès à qqn
der en justice et, par métonymie, l’ensemble des (16381, à gqch. (16721, remplacée par f&e le prmès
règles, des formalités qui doivent être observées. de IqqchlI16631, de qqn. + Par un autre emprunt
Dans ce sens, il constitue une branche des activités au latin, procès a pris le sens étymologique de
et de l’étude du droit, avec des spécialisations (pro- amarche, développement, progrèsn (12501, vieilli
cédure civile, ctiminellel. Par analogie, le mot a dé- sauf dans quelques usages didactiques Iv. 15601,
signé kve-xwe s.1 la manière de se comporter, spécialement en sciences, où il est concurrencé par
d’agir, de procéder pour aboutir à tel résultat processus* (voir ci-dessous). +Il a aussi développé
(16391, sens qui a vieilli à la différence de procédé en anatomie le sens concret de ((prolongement
(ci-dessous). *Procédure a pris le sens technique d’une partie anatomique principale, (v. 1560, Paré,
d’tiensemble d’étapes successives dans la conduite procès mamillaires), repris et généralisé à la fm du
d’une opération complexe)> (19591 sous l’inkence XVII? s. Il7931 et qui a remplacé processus. Il est em-
de l’anglais procedure, lui-même emprunté au mot ployé dans ce sens en philosophie et en linguistique
français au début du XVII” s. dans son ancien sens (19271, sous l’influence de l’anglais process, emploi
général de aprocédé, méthode)) et dont la valeur est qui s’est généralisé dans un discours un peu pré-
distincte de celle de processus et de pro& au sens tentieux.
étymologique, qui évoquent une suite d’événe- wProcès a produit quelques dérivés juridiques. - Il
ments naturels. Cette acception est courante dans entre dans PROCÈS-VERBAL n. m. 113671 aacte
le langage de l’aviation, de l’informatique (1968) et dressé par une autorité compétente et qui constate
de la linguistique. 4 De procédure, on a tiré deux un fait entknant des conséquences juridiquesn, et
termes de droit, PROCÉDURIER,IÈRE adj. et n. spécialement 11842) aacte par lequel un gendarme
(18191, qui a souvent la valeur péjorative d’wna- constate une contravention, un délitm. Par exten-
teur de procès, chicaniern (18421, et PROCÉDU- sion, le mot sert à désigner un écrit relatant ce qui
RAIL, ALE, AUX adj. (18771, strictement descriptif a été dit ou fait dans une réunion ou une assem-
et toujours didztique. blée, une circonstance officielle (1718). 0 Le déno-
Le nom tiré du participe passé, PROCÉDÉ n. m. minatifdecelui-ci, PROCÈS-VERBALISER~.~~~~.
(15401, exprime la façon de faire, de s’y prendre, dresser un procès-verbalm (18421, est sorti d’usage,
très généralement, ainsi que la fqon d’agir à remplacé par verbaker. +@)PROCESSIF,IVE
l’égard d’autrui (1659). Dans un langage plus tech- adj. 11511) qua%e ce qui a rapport aux procès et se
nique, procédé correspond à la manière métho- dit d’une personne aimant à intenter, à prolonger
dique employée pour parvenir à un résultat f 16271, des procès (15491, autrefois en droit. Cet emploi a
spécialement en dessin et en rhétorique, et parfois été repris en psychiatrie 11902) à propos d’une per-
avec une valeur péjorative dkrtikem. 0 Il a pris le sonnalité ayant tendance à se lancer dans des que-
sens concret très spécialisé de <<petite rondelle de relles, des réclamations.
cuir appliquée au bout d’une queue de billard et 0 voir PROCESSEUR, Q PROCESSIF. PROCESSION, PRO-
que l’on frotte de craie* (1842). CESSUS.
+ Voir PROCÈS, PROCESSEUR, @ PROCESSIF, PROCESSION.
PROCESSUS.
PROCESSEUR n. m. est la francisation (1957)
PROCÈS n. m. est emprunté avec adaptation de l’anglais processor qui désigne une personne
Iv. 1178) au latin processus, dérivé de procedere chargée de l’exécution d’une opération, d’un traite-
(+ procéder-j qui a également donné processus*. Le ment, d’une production 119091, puis un dispositif
mot latin désigne l’action de s’avancer d’où, par exécutant une opération Isurtout en composition).
abstraction, la progression et, avec une valeur qua- Le mot anglais est dérivé de to process Ixm” s.) &+a&
litative, le progrès ; il désigne en particulier un pro- tep, dénominatif de process gaction qui se déroule,
grès heureux, un succès. A l’époque médiévale, il opération*, du moyen anglais process emprunté au
s’est spécialisé en droit, pour désigner une dé- knçais procès?
marche auprès d’une juridiction Ixme s.), sens at- 4 Le mot est employé en électronique et en infor-
testé aussi en ancien gascon (12781. matique pour désigner la partie d’un ordinateur
4 Le mot Rançais est d’abord le résultat d’un em- comprenant les organes de commande, les re-
prunt juridique, désignant un titre, un contrat gistres de calcul et effectuant le contrôle de l’exé-
Iv. I 1781,un acte dressant un constat (XIII~s.1,un do- cution du programme et les opérations. Il désigne
cument (1549; dès 1340 en ancien provençal). aussi le logiciel, pour la partie d’un programme ef-
L’accent se déplaçant de l’acte matériel à la dé- fectuant le traitement. L’arrêté du 29 novembre
marche, ces valeurs ont disparu et le mot a pris le 1973 en a officialisé l’utilisation.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2951 PROCHAIN

F $hr processeur, on a construit les composés BI-, cessions ( 1563) ne paraît pas être un emprunt au la-
TRI-, MULTIPROCESSEUR et stiOUt MICRO- tin (seulement attesté en ce sens v. 16001, mais une
PROCESSEUR n. m. h. 19761, emprunt à l’amkyi- crkation en français qui a évincé processionnaire.
tain microprocessor, dérivé de microprocess, dési- +PROCESSIONNEL,ELLE,ELS adj. 11542; pro-
gnant un processeur miniaturisé dont tous les bablement fin xv” s. ; cf. processionnellement est
éléments sont rassemblés en un seul circuit intégré issu par changement de sufExe de procession& et
(le premier du genre a été introduit sur le marché exprime la qualité de ce qui se rapporte à une pro-
en 1971). cession, tient de la procession (1825). Il empiète sur
processionnul en désignant le livre contenant les
0 PROCESSIF + PROCÈS prières de la procession ( 17 18). 0 En est dérivé
PROCESSIONNELLEMENT adv. En XVeS.I.
0 PROCESSIF, IVE adj. est emprunté (1966) -Quant au dénominatif PROCESSIONNER
à l’anglais processive <qui présente l’aptitude à v. intr., plus tardif 117791, il est d’abord employé
avancer, capable de progrès* (18191, avec -ive cor- dans la description entomologique des chenilles
respondant au français -if: du radical du latin pro- processionnaires avant de simer «défiler en pro-
cessurn, supin de procedere (-, procéder). Un autre cessionn et, par extension, aen files.
mot anglais, processive, est emprunté au kançais 0 voir PROCÈS, PROCESSUS, PROCESSEUR. @ PROCESSIF.
0 processif 1-+procès).
4 Le mot a été repris comme terme d’économie po- PROCESSUS n. m. est emprunté à la Renais-
litique pour afacteur de progrès social et d’amého- sance 11541) au latin processus aprogrès, progres-
ration économique>, en opposition à récessif (-+ ré- siow, qui a donné procès*.
cession). $ Il a été introduit par le langage de l’anatomie au
sens de «prolongement d’un organe, d’une struc-
PROCESSION n. f. est emprunté Idéb. XII~s-1 ture, d’un tissun, d’abord relevé dans une traduc-
au latin processio, -on& désignant proprement l’ac- tion de L. Vassée puis concurrencé par procès.
tion de s’avancer, puis à basse époque la marche, la 0 Les extensions de sens sont tardives : processus a
sortie solennelle W s.) et, dans la langue chré- repris au latin le sens abstrait de «progrès, déve-
tienne, un cortège (&n rves.1,En théologie, processio loppement)) dans le langage didactique ( 18651, spé-
s’applique au fait de venir de qqch., à une émana- cialement en philosophie, en sciences humaines,
tion Iv. 350). Il est issu du supin (processuml de pro- en psychologie et psychiatrie (processus psychique,
ceake (+ procéder). 1904) et dans les sciences exactes. Concurrenqant
+ Dès les premières attestations, le mot désigne le procès*, il est passé dans l’usage courant en parlant
cortège qui va au-devant d’un grand personnage d’un ensemble de phénomènes se déroulant dans
et, dans le contexte religieux, une marche solen- le même ordre. La spécialisation plus technique de
nelle de caractère rituel ( 1160-l 174). Par extension, Nsuite ordonnée d’opérations aboutissant à un ré-
il s’applique aussi à une suite d’hommes, d’ti- sultat, (1926, processus de fubricution) empiète sur
maux, de choses avançant à la fie (v. 11551 et, au fi- l’aire d’emploi de procédure.
guré, à une suite de personnes se succédant à brefs bPROCESSWEL,ELLE,ELS adj., attesté en 1967,
intervalles. A la Rena;issance, il a pris le sens histo- se rapporte & processus et sime Grelatif à un pro-
rique de <<cortège religieux dans une fête ou un cessus>>;il est emprunté à l’anglais processual “qui
mystère antique)} Il 538). -En relation avec le sens appartient à une voie légale>>, dérivé de process
du verbe (procéder de.J, il correspondait en moyen <<développement>>, lequel correspond à procès*. Il
tian@s au sens de «condition, origine d’une per- est didactique et rare.
sonne» Iv. 12781, s’appliquant en théologie à la pro-
duction éternelle d’une personne divine par une PROCHAIN, AINE adj. et n., réfection
autre ( 1690, procession du Saint-Esprit), par réfé- h. 1155) de prucein Iv. 11201, proceain Cv.1120-I 1501,
rence aux doctrines des Pères de l’Église (saint Hi- est issu d’un adjectif latin populaire non attesté
laire, saint Augustin). Cette acception est très di- “propeanus, dérivé de l’adverbe prope Nprès, au-
dactique. près, (de sens local et temporel), <presque, à peu
ä PROCESSIONNAIRE adj. et n. correspond en prèw. Lui-même correspond à un adjehf propin-
moyen fknçais à «recueil de prières chantées aux quus, conservé dans quelques formes romanes.
processions- (1328) et, comme adjectif, <<relatif aux Comme le montre le superlatif protime (-+ proxi-
procession9 Il 4 13, livres processionnaires) ; il est mité), prope repose sur un type “prok”.
alors emprunté au latin médiéval processtonnarius 4 Dès les premiers textes, le mot exprime la proxi-
(x” s.1«qui va en procession», *de procession» (XI” S.I. mité dans le temps, à propos d’un événement dont
0 Les emplois modernes en entomologie ( 1734, la venue est proche ( 1175, mort prochaine). Il quali-
chenilles processionnaires) et pour désigner la per- fie une date qui est la première à se présenter à
sonne qui suit une procession (1893) procèdent di- partir du moment où l’on parle (v. 11601, et un lieu
rectement de procession. + PROCESSIONNAL qui suit immédiatement, dm un mouvement.
n. m. a d’abord été emprunté comme adjectif + Dès la première moitié du XII~s., prochain a servi
( 15221, sous la forme pourcessionnal, au latin mé- à exprimer la proximité dans la parenté, la frater-
diévall processionnalis =de procession, Ixre s-1, spé- nité, l’amitié Iv. 11201; cet emploi a été concurrencé
cialisé dans la langue liturgique, dérivé de proces- et absorbé par proche*, mais il en est resté l’emploi
sio. 0 L’emploi moderne du mot comme nom pour substantive de WI pro&& non plus pour un
désigner le recueil des prières chantées aux pro- proche parent mais pour désigner, dans la langue
PROCIDENCE 2952 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

religieuse, tout être humain considére comme un PROCLAMER v. tr. est emprunté (1380) au la-
semblable Cv. 1120, dans les psautiers), particulière- tin proclamare, de pro (b pro-) et clamure (+ cla-
ment ceux qui ont besoin d’aide ou de miséricorde. mer) «crier fortement, pousser de grands cris* et
Ce sens est spécialement réalisé dans le comman- <protester, réclamem. En latin médiéval, l’accent
dement aime ton prochain comme toi-mhe 113431 étant mis sur le message, il signifie afaire connaître
et, de nos jours, surtout par le singulier collectif le publiquement, divulguers, (X~I’ 4, en droit féodal
prochain, l’emploi du pluriel les prochains Iv. 15401 <lancer une somrnationm (v. 11501 et, dans la langue
ayant décliné. + Le sens spatial du mot (11551 *non ecclésiastique, «accuser publiquement, dans une
loin du lieu considéré> et 4e plus proche du lieu réunion de chapitren (XIII~s.l.
considéré- 11549) est presque sorti d’usage au béné- + Le verbe a été repris au sens d’aannoncer publi-
fice de proche Ici-dessous) et de voisin. 0 a, pro- quement, publiep avec un nom de chose pour
chain a développé un sens abstrait en logique et en complément; avec un nom de personne pour
théologie (v. 13601, avec une notion d’irnmédiateté complément suivi d’un attribut, il se dit pour are-
logique dans les expressions cause prochaine, e&t connaître officiellement l’autorité conférée a qqnp
prochain, genre prochain et en théologie dans occa- (1488 proclamer comme roi, avant prochxme~ roi).
sion prochaine, pouvoir prochain. 0 Par extension, il signifie Krévéler, divulguers, en
F Le mot a produit PROCHAINEMENT adv. (1130- dehors de tout caractère légal et officiel 114961, d-
1140) qui ne s’emploie qu’au sens temporel. +Par tier hautement quem et, avec un nom de chose
dérivation régressive, procf-bn a fourni PROCHE pour sujet, <(manifester ou exprimer de la façon la
adv., prép., adj. et n. indirectement attesté au plus frappante7
XIII~s. par l’adverbe prochet atout près, et l’ancien F Le dérivé PR~CLAMATEUR n. m. (1541) a dési-
français prochement adv. 11X%), absorbé par pro- gné anciennement celui qui proclame l’Évangile
chainement. oProche a supplanté l’ancien pruef: avant de prendre, plus généralement, le sens de
prot adverbe représentant du latin prope, et a apersonne qui proclame%, son féminin proclama-
évincé prochain dans certains emplois. Rare avant tice n’étant attesté que depuis 1875. Le latin avait
le XVI~s., il est d’abord attesté en tant qu’adjectif lui-même proclamutor, attesté une seule fois à
avec une notion de proximité dans la parenté l’époque classique pour acelui qui crie», comme va-
(13301, spécialement dans proche parent Il5491 et, riante de clamator en parlant d’un avocat, et repris
par ellipse du nom, en emploi substantivé, plus au moyen âge par la la;ngue juridique pour l’avoué
souvent au pluriel Ies Isesl proches ( 15801 qu’au sin- qui dépose une plainte (9181, le demandeur 111223.
guIier (1588). Par extension, il est également em- Le nom d’action correspondant, PROCLAMATION
ployé depuis le XVI~s. ( 1588, Montaigne) pour expri- n. f., est emprunté ( 1370) au dérivé latin proclama-
mer la proximité dans le sentiment, l’amitié. tio, -anis acris violentsm, spécialisé dans la langue
*Proche exprime aussi une notion spatiale, juridique à basse époque pour les cris de réclama-
d’abord dans les anciennes locutions préposition- tion et, en latin médiéval, pour une plainte en jus-
nelles proche à, proche en Iv. 14601, proche de tice (718-8101, une promulgation. +En français, le
(15521, et en emploi absolu (1652) : cet emploi, dans mot s’est aligné sur les principaux sens du verbe,
lequel la préposition était parfois confondue avec désignant l’action de proclamer publiquement, so-
l’adjectif et accordée, a disparu. En revanche, la no- lennellement et, par métonymie, l’écrit, l’acte par
tion spatiale est bien réalisée par l’adjectif (15871, lequel on proclame une chose Il 694). Par extension,
également avec une valeur métaphorique (1588). il désigne l’action d’ajkmer, d’annoncer haute-
OEnfm, à partir de 1636, proche exprime le sells ment une chose.
temporel de <(qui va bientôt arriver, qui est arrivé il Lepdxé AUTOPROCLAMÉ. ÉE adj.(1971àpro-
y a peu de tempsw. Le mot exprime enfïn une notion pos d’un pouvoir politique arbitraire, non démocra-
plus abstraite de aproximité par la ressemblance> tique : le président au~oprockxPné..J, d’où SAUTO-
dans une comparaison. + L’emploi adverbial date PROCLAMER v. tr., est devenu usuel.
aussi de l’époque classique (16621, spécialement
dans la locution de proche en proche (1679) à pro- PROCLITIQUE + ENCLITIQWE
pos d’une nouvelle qui se répand.
@ Voir APPROCHER, APPROXIMATION, PROXWIITÉ, REPRO- PROCONSUL n. m. est emprunté 11495-14961
CHER. au latin proconsul, désignant un magistrat qui gou-
verne une province après son consulat et, sous
PROCIDENCE n. f. est emprunté (1560) au la- l’Empire, le gouverneur d’une province proconsu-
tin prockienti <chute ou déplacement d’un or- ladre. Le mot est formé de pro aavant* (+ pour, pro-)
ganen, dérivé de proctire atomber en avant, et de consul (3 consul). Le nominatif proconsul
s’écrouler», spécialement employé en médecine à avait donné le moyen français procome Idéb.
propos du déplacement des organes, hoctire est ti 4; l’ancien provençal procomuZ avait été em-
composé de pro cen avantm (-+ pour, pro-) et de ca- prunté vers 1140.
dere 4ombep (+ cadence). + ProconsuZ, terme d’antiquité romaine, est quel-
4 Le mot désigne l’issue, à l’extérieur, d’un organe quefois employé par analogie en parlant d’un per-
ou d’une partie anatomique mobile. L’expression sonnage qui exerce un pouvoir absolu et sans
procidence du cordon Il904 désigne la chute du contr8le dans une province ou une colonie, puis,
cordon ombilical en avant de la présentation fœ- sous la Révolution, à propos de certains commis-
tale, lors de l’accouchement. saires de la Convention (1797).
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROCURER
WPROCONSULAIRE adj., emprunté à la Renais- nise et de Gênes Il6801, alors par emprunt à l’ita-
sance 11512) au dérivé latin procon&ati, est l’ad- lien, et comme terme d’histoire romaine (1765, En-
jectif de consul. Il a été repris en médecine où, par cyclopédie) pour le gouverneur des domaines
allusion au cou épais du proconsul Vitellius dans sa impériaux dans les provinces sous l’Empire. oEn
représentation en buste, il qualif?e un cou dans le- France même, il a désigné, sous le titre grand pro-
quel la délimitation du cou et de la mâchoire est ef- curateur de lu nation ( 17911, l’un des deux députés
facée par une tuméfaction ; par extension, il se rap- soutenant les accusations devant la Haute Cour,
porte à un cou empâté. *PRoCONSULAT n.m., sous la première République.
emprunt (1548) au latin proconsulatus Kfonction de b Il n’a donné que PROCURATRICE n. f. (15291, qui,
procons&, garde ce sens. Les extensions sont des en raison de la perte de vitalité du masculin dans
emplois métonymiques comme ((durée de cette son sens juridique, fournit une forme féminine à
fonctionn (1812). Par analogie, il se dit de l’exercice procureur*. *PROCURATIE n. f., est emprUIt6
d’un pouvoir arbitraire et absolu (19 14). ( 16881 à l’italien procurutia désignant, depuis le
XVI~s., le palais des procurateurs à Venise. Le mot
PROCRASTINATION n.f. est emprunté à italien est emprunté au dérivé latin médiéval pro-
la Renaissance Il5201 au latin procrustinatio, -OMS curutiu (av. 13501. 0 Le mot a été repris avec le sens
aajournement, délai)), de procrustinare «remettre de l’italien mais s’est peu répandu; il désigne la
une affaire au lendemainm (emplois transitif et ab- charge, la jurididion des procurateurs ( 1802) en
solu). Ce verbe est composé de pro =deva& terme d’histoire.
(-, pour, pro-), de l’adverbe crastinus <<dedemain, à 6 voir PROCURATION.
demain)), lui-même dérivé de crus «demainB dont
c’est la seule trace en fkançais (cf. ckmain), et d’un PROCURATION n. f. est emprunté (1.2191au
stixe d’infmitif. latin procurutio, -0nis aaction d’administrerti et,
+ Le mot, repris avec le sens du latin, semble inusité dans le domaine religieux, «cérémonie expiatoire> ;
entre 1639 et Ia fin du XVIII~siècle. Depuis le XIX~ s., à l’époque médiévale, le mot désigne l’intendance,
son emploi est marqué comme plaisant ou litté- la charge de régisseur 17371 et, en droit, le pouvoir
raire. d’un mandataire (887). Comme procurateur, le mot
~Ses dérivés PROCRASTINER V. tr. et PROCRAS- est dérivé du supin Iprocuratuml de procurare
TINATEWR n. m. se rencontrent exceptionnelle- C+ procurer).
ment chez certains auteurs (Amiel, Colette). 4 Le mot a désigné en ancien français les frais d’en-
tretien fournis par un village ou une ville lors de la
PROCRÉER v. tr. est emprunté (1324) au latin visite du seigneur ( 1219) et ceux que fournissaient
procreure, de pro b pour, pro-) et creare b créer), par les curés lors de la visite de l’archidiacre (1332).
-engendrer, produire>> et, au figuré, =Causer, faire Il a aussi, dès les premières occurrences, le sens de
naître, produire>). <pouvoir donné légalement à une personne d’agir
+ Le mot a été repris avec les deux sens du latin : en son nomD, emploi qui s’est implanté durable-
aengendren en parlant de la race humaine et, au ment, réalisé dans la locution par procw&jon
figuré, (<produire>) Cdéb. XIV~s.l. Il7891 qui sime au figuré apar l’intermédiaire de
b Le nom correspondant PROCRÉATION n. f. a été qqn d’autre» (1837, Balzac). Par métonymie, il dé-
emprunté antérieurement (12 131 au dérivé latin signe concrètement l’écrit constatant un mandat et
procreatio, -on& Il a les deux sens correspondants. en déterminant l’étendue (v. 13603. *D’autres sens
+PROCRÉATEUR,TRICE adj. a été emprunté vivants en ancien f?ançais, <<action de se procurer,
1154i’), pour servir d’adjectif à procréer et à procréa- acquisition)) iv. 13551, «intervention, sollicitation»
(14861, sont sortis d’usage.
tion, au latin procreator acréateur>> et, spécialement
au pluriel, <<lesparents>>, du supin de procreare. b PROCURATOIRE adj. a été emprunté Ix1Ps.1 au
oLe mot est attesté comme adjectif, au masculin dérivé bas latin procurutotius pour lui servir d’ad-
(15471 et au féminin (1586). Son emploi substantivé jectif.
pour désigner, au phriel, les parents (15813 est 0 voir PRocuFL4TEuR.
vieilli ou plaisant.
+%PROCURER v. tr# est emprunté Ifm XII~s.)
PROCURATEUR n. m., réfection avec le suf- au latin procurare «donner des soins à,, &Occuper
Cxe -eur ( 1317) de procuratour, forme attestée en de)), de pro 1-+ pour, pro-) et curare <<avoir soin de>>,
anglo-normand Iv. 11801, et de procurutir ~III~ s.1,est dérivé de cura «soin, souci>> (-, cure).
emprunté au latin procurutor, dérivé du supin (pro- + Le mot s’est progressivement détaché du sens la-
curutuml de procurare (+ procurer). Procurutor, tin : le sens propre de <<prendre soin de (qqn,
<celui qui a soin pour un autre, qui administre>>, dé- qqch.)», éliminé par so@er, s’occuper de, etc., s’est
signe le gouverneur ou l’administrateur d’une pro- éteint au XVII~s., prolongé au XVII~s. par celui d’cob-
vince, le fonctionnaire chargé des revenus de l’Em- tenir, amener un résultat par ses soins, ses efforts))
pire romain et I’avocat. ( 1606) qui subsiste encore dans l’expression didac-
+ Le mot a été repris pour désigner celui qui agit tique procurer une kditioa (1720). 0 En moyen fran-
par procuration, sens vivant jusqu’à la fin du me s., çais, procurer qqn correspondait à aservir, recevoir
puis repris en 1800 mais peu usité. 0 Il s’emploie chez soi, loger» Cv.1278) et, avec une nuance se rap-
surtout comme terme d’histoire moderne pour l’un prochant du sens moderne, <<munir, approvision-
des principaux magistrats des républiques de Ve- ner d’une chose» (XIII’ s.l. En relation avec procuru-
PRODIGE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tin et procurateur, il signifiait aussi <<aider, est appliqué spécialement à un enfant précoce
intercéder, plaider au nom de qqnn (XII~~s.), sens qui (17551, en apposition dans e&wt prodige (1848).
avait déjà vieilli a la fin du XIII~ siècle. w Le sens mo-
bPRODIGIEUX,EUSE adj.estemprunté (1380) au
derne, apparu en ancien français, met l’accent sur
dériv6 latin prodi@osus “qui tient du prodige, sur-
le fait de causer un désavantage (v. 1278) ou un
naturel>. 0 Le mot, au sens propre de “qui tient du
avantage et, concrètement, de faire obtenir une
miracle)), est littéraire ; il s’est répandu dans l’usage
chose à qqn (xv” s.l. Q La forme pronominale se pro-
au sens a%ibli de <<monstrueux, plus grand qu’on
curer ( 11801 s’est fixée avec les sens correspon-
ne s’y attendaits (15671, emploi d’abord familier. La
dants. Elle exprime parfois avec une valeur passive
langue classique l’a employé au sens fort, avec la
le fait d’être procuré 11829).
valeur active de <<quifait des prodigesn (1625). + Pro-
~Les quelques dériv6s du mot remontent au digieux a produit PRODIGIEUSEMENT adv.
moyen -français. +PROCUREUR n. m., d’abord (15431, assez courant comme adverbe intensif, et,
procurrerre, procureor ( 12131, a peut-être subi l’in- beaucoup plus tard, PRODIGIOSITÉ n. f. 11835,
fluence du latin proc~rutor I+ procurateur) gcelui Gautier3 <<objet, action prodigieuse» et acaractère
qui a soin pour un autre, qui administreB d’où, en de ce qui est prodigieuxn (18751, d’emploi littéraire
latin médiéval, wlministrateur des bien extérieurs et rare.
d’une communauté> (XII~ s.), terme d’histoire ro- 0 VOirPRODIGUE.
maine et de droit désignant celui qui représente
une partie lors d’un procès. Le moyen francais
connaissait aussi les formes procureur «celui qui PRODIGUE adj. est emprunté Iv. 1265) au latin
procureb (xv” s.1 et procwier, terme d’histoire ro- prodigus «gaspilleur, dissipateur}, dit aussi des
maine (xIue-xrve~3.1,également appliqué à celui qui choses, “qui fait gaspiller, ruineux>> et, sans COMO-
agit à la place d’un autre dans un procès (1353). Pro- tation péjorative, “qui produit en abondmce, abon-
cureur a été employé comme terme d’histoire ro- dantm en parlant d’un élément de la terre et, au fi-
maine avant de le céder à procurateur. +Il s’est guré, «généreux en,. Le mot est dérivé de prodigere
spécialisé au sens juridique de apersonne ayant le <(pousser devant soi)>et aussi <dépenser avec profu-
droit d’agir au nom d’une autre)> Iv. 1253) et pour sion, dissiper}, formé de pro- Cprod- devant voyelle)
désigner, dans un ordre religieux, le religieux «devar& (+ pour, pro-) et de ugere «mettre en mou-
chargé des intérêts temporels de la communauté vement, faire avancerp (-+ agir).
(1247). Depuis 1256, il désigne divers magistrats 4 Le français a repris le mot avec toutes les valeurs
dont le titre et les attributions ont changé entre du latin mais les emplois qutiant les personnes
l’Ancien Régime, où l’on emploie procureur du roi l’ont emporté. Prodigue y est substantivé (1530) et
(12851, procureur ghkral (14751, l’Empire et l’épo- employé en droit (1701). Il entre dans l’expression
que moderne (1875, procureur de la République). enfant prodigue (15601, allusion à une parabole
-Le féminin PROCUREUSE n. f. (1494) <<femme évangélique (Luc XV, 1l-321, d’abord pour désigner
d’un procureurB n’est plus guère employé; il avait celui qui, ayant reçu et dissipé son héritage, re-
supplanté le type procuresse he ~3.1 {{celle qui agit tourne repentant chez son père qui l’accueille par
au nom d’une procurationn, sorti d’usage au xwe s., une grande fête et, au figuré 117181, celui qui, après
et subit la concurrence du féminin de procurateur”, des absences et de l’inconduite, retourne dans la
procurbice. +PROCURE n, f,, le déverbal de pro- maison paternelle. L’expression a servi à former le
curer IXUI”s., J. de Meungl, a désigné en moyen proverbe ;i père avare, Ek prodigue Cli’53). 0 Pro-
français le pouvoir donné pour agir au nom de qqn, digue de, au figuré, sign%e comme en latin <cgéné-
avant d’être évincé par procuration. 0 Il a été re- reux en» (1643, Corneille).
pris comme terme religieux 11743) pour l’office de
procureur, avec une valeur proche de économat et, b PRODTGUER v. tr. semble directement repris
par métonymie, le bureau, le logement de celui-ci 11552) au latin prodigere. 0 Le verbe Sign%e <<dé-
(1798), ou encore le magasin. penser excessivement)) et, sans idée péjorative,
0 voir PROCURATEUR, PROcuRAmON.
aaworder, Sacr%er généreusementfi Iv. 16001, aussi
au pronominal se prodiguer Cv.16001. 0 Le sens de
PRODIGE n. m. est emprunté iv. 1355) au latin amontrer avec un empressement excessifm (1669,
prodigium <signe prophétiquem, *chose merveil- Racine), auquel correspond le pronominal pour Mse
leuse, miracle*, au figuré &tre monstrueuxm et montrer avec excès dans le monde* ( 17701, est
&auB. L’étymologie du mot latin est contestée : la propre à la langue des XVII~et XVLII~siècles. *PRO-
formation de portentum, mot de sens voisin Ide DIGALITÉ n. f. est emprunté en Kane tempS que
Opor- et tendere), engage à l’analyser en “prod-igium l’adjectif cv.1265) au dérivé bas latin prodig&as,
de pro-, prod- (+ pour, pro-) et d’un second élément -ati (we s.) «caractère d’une personne prodigue,
apparenté à agere C+ agir), d’une terre prodiguen, 0 Le mot désigne la propen-
4 Le mot a été repris pour désigner un miracle, un sion à dépenser démesurément et s’emploie par
signe, un événement surprenant qui arrive contre métonymie, surtout au pluriel, pour des dépenses
le cours ordinaire des choses. 0 Employé par SLna- sans mesure (v. 1350). Comme l’adjectif et le verbe,
logie à propos d’une personne monstrueuse, qui at- il est également employé sans valeur péjorative
teint dans le mal un degré incroyable (1553, en style (xv” s.1; au figuré, il s’applique au domaine de l’ex-
biblique), il a développé par tiaiblissement ses pression verbale (Balzac). - PRODIGALEMENT
sens courants et positifs de @personne extraordi- a&. (14921, dérivé de prodigalité par substitution de
nairea ( 1639) et Mchose surprenanteu ( 1652). De là, il stixe, est pratiquement sorti d’usage au XVIIIesi&
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2955 PRODUIRE

cle. L’adjectif PR~DIGAL semble n’avoir pas pu cal, en emploi transitif) et la valeur plus générale
servir d’intermédiaire car il n’est attesté qu’en 1517 de «présenter, faire connaître>> Iv. 14651, quasiment
et reste exceptionnel. sortie d’usage sauf avec la nuance de aprésenter
avec ostentation, patronner (un artiste)}). Il reste vi-
PRO DOM0 lot. adv. est l’emprunt (16461 de la vant à Za forme pronominale se produire, sortie
locution latine pro dom0 sua, littéralement <<pour sa d’usage au sens de use présenter, se faire
maison-, composée de pro <<pow) (+ pour, pro-3 et connaître, ( 15801, mais toujours employée en par-
de domus «maison» (+ dôme). La locution recouvre lant de la personne qui se met en avant avec osten-
une allusion au discours de Cicéron, De (ou Pro) tation et de l’artiste qui paraît en public pour une
domo sua prononcé en 57 av. J.-C. devant les pon- représentation (1748). *En moyen français, pro-
tifes, pour obtenir la restitution de sa propriété duire a repris au latin son sens étymologique de
confisquée par le tribun Clodius, lors de sa «mener, guiderN (v. 13803 qui ne s’est pas maintenu.
condamnation à l’exil. Cicéron était particulière- + II apparaît aussi chez Oresme W1771 avec le sens
ment fier de cette plaidoirie et de son succès. de ucauser, amener, procurern, spécialement
+La locution est d’abord attestée isolément chez acréer, faire composer (un ouvrage de l’esprit)»
Voiture k-r soi-même pro dom0 sua]. Elle est re- 11377). Au cours des siècles suivants, produire a dé-
prise au XIX~ s. sous les formes plaider, comme Cicé- veloppé à partir de cette idée plusieurs sens spé-
ron, pro domo sua (18131, combattre, comme pro cialisés : il s’emploie en parlant de la terre, d’un vé-
domo sua, l’opinion de qqn (18631, plaidoyer pro gétal, au sens de aporter, ofkir, procurer la
domo sua (1890) qui, toutes, maintiennent explicite- croissance dem ( 14863, d’un être humain ou d’un ani-
ment le lien à l’allusion littéraire latine. 0 Celle-ci mal, pour <engendrer= (15491, ce dernier sens étant
se perd et la locution acquiert son autonomie au sorti d’usage, de celui qui assure la réalisation de
xxe s. sous la forme pro domo 11941, plaidoyer pro qqch. (1555); avec un nom de chose pour sujet, il si-
domo; 1945, pr&her pro dom01 apour sa propre gn%e adonner un revenu, rapportera et «donner
cause”. naissance à (des bien+. Ces valeurs économiques
se développent au XVIII~ s., ainsi que celles de pro-
PRODROME n. m. est emprunté à la Renais- duction, productif et producteur Ici-dessous). *La
sance (1548) au latin prodrome, lui-même em- forme pronominale se produire correspond à aarri-
prunté au grec prodromos “qui court devant, pré- ver, survenir)) 115521 et s’emploie en tournure im-
cède en courantn, substantivé à propos d’un personnelle il se produit, avec le même sens ( 1784).
coureur envoyé en avant, d’une division d’avant- 4Jltérieurement, produire est passé dans le lan-
garde et employé spécialement pour qualifier un gage du cinéma Il9061 au sens d’aassurer la réali-
vent qui précède de huit jours la canicule*, et au fi- sation matérielle d’un m en le tiançant et en
guré pour =précoce, précurseurn. Ce mot est l’orgtisants, en relation avec producteur et pro-
composé de pro *devant,, correspondant au latin duction.
pro I-+ pour, pro-), et de -dro~nos (-+ &Orne, drom-1, b La famille du mot est importante et consiste, pour
de dramein qui sert d’infmitif aoriste à trehheirt l’essentiel, en dérivés savants sur le radical latin
~COurin. product-. -Le plus ancien est PRODUCTION n. f.
4 Le mot a été repris comme nom pour désigner un 112831, d’abord attesté avec le sens juridique de
avant-coureur, un signe précurseur dans l’usage aprésentation des pièces pour un procès» par em-
littéraire. Son acception spéciale d’&troduction à prunt au latin juridique producti, -anis ~III~ s.l.
un traité d’histoire naturelle, préfacen (1665) a dis- Puis, production a pris, d’après le verbe, le sens
paru. Une autre spécialisation, en médecine, «état plus général de Nprésentation au public, publi-
de malaise qui est avant-coureur d’une maladie* cation» ( 15801, sorti d’usage. Le sens d’aaction d’en-
gendrer, de donner naissa;nce àm (v. 1330) a déve-
(1765, &xyclopédiel, est, en revanche, restée en
loppé plusieurs acceptions spécialisées correspon-
usage.
dant à celles qui sont issues du verbe : par
p C’est dans ce domaine que prodrome a produit métonymie, production désigne ce qui est produit,
PRODROMXQUE adj. (18551, quasi-synonyme de une manifestation, une œuvre intellectuelle ou ar-
symptomatique. tistique (15801. +Par un emprunt direct au latin
classique productio aallongement, prolongement>>,
J# PRODUIRE v. tr. est un emprunt (13401, le mot est passé en anatomie en parlant d’une for-
avec réfection sur le modèle de verbes comme mation naturelle procédant d’une extension, d’un
conduire*, au latin producere. Celui-ci, formé de pro allongement (15621; cf. pro&; puis d’une excrois-
-en avant> (+ pour, pro-1 et de ducere ccrnenep’ qui a sance, d’une formation de nouveau tissu 11762).
donné duire* en ancien français, Sign%e propre- +Au XVII~ s., il s’emploie, en relation avec le verbe,
ment aconduire en avant, mener»; il a développé pour le fait de produire plus ou moins, le sujet dé-
de nombreux sens figurés : aexposer, présentep, signant une terre, une entreprise 116951, avec le
Mentraher, provoquer-, *étendre, allongep et afaire sens métonymique de udenrée, bien créé par l’acti-
pousser, développer (un arbre, un enfant)=. vité agricole ou industrielle>> (1695). Puis, il s’est
+ Le verbe appartit en droit pour *faire apparaître, spécialisé en économie (1755, Mirabeau) pour le fait
présenter lune pièce, un document, puis des té- de créer des biens matériels par l’activité indus-
moin&. Par extension, il a pris le sens, aujourd’hui trielle ou agricole, en opposition à consommation,
disparu, d’&woquer pour sa défense, à l’appui de circulation, distribution et répartition. Divers syn-
sa thèsen (1549, en emploi absolu ; XVI? s., chez Pas- tagmes, tel production en série, spécihent le pro-
PRODUIRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cessus de production. +Le sens postérieur, ~OU- sique et en géométrie (18451.Le sens général de Nce
vrage mé, (19061, métonymie de &alisation d’un qui résulte de (qqchJ> appartit avec ces spécialisa-
films attesté quelques années plus tard (19151, est tions (1761). -Produit a donné quelques composés
probablement emprunté à l’anglais production em- dans lesquels il entre comme second élément dans
ployé dans le domaine du spectacle (1896). + Sur le vocabulaire économique : SOUS-PRODUIT
production sont formés les termes économiques n. m. (18731, passé dans l’usage courant avec un
SURPRODUCTION n. f. (1846, Proudhon en emploi sens figuré assez péjOratif(18971, DEMI-PRODUIT
absolu), lequel a lui-même donné SURPRODUIRE n. m. (v. 19501, plus technique.
v.k. 11897) et SOUS-PRODUCTION n. f. (1926). D’autres dérivés savants de produire ont vu le jour
+ PRODUCTIF, IVE adj., dérivé savant Iv. 14601, dans la seconde moitié du XVIII~s. : PRODUCTIBLE
avec le suffixe -if, du supin productum du latin pro- adj. et PRODUCTIBILITÉ n. f. (1771).
ducere, quatie ce qui est à l’origine, ce qui en- Au xvf s., produire a fourni son premier dérivé ver-
gendre, détermine ou provoque. ~Rare avant la bal préfixé, REPRODUIRE v.tr. 11539) au sens ité-
seconde moitié du XVIII’ s., il prend alors le sens de ratif de ((produire de nouveau>+ d’abord en parlant
“qui produit des œuvres, des objets concrets> (1763) des productions naturelles par génération. 0 Par
et s’oriente vers l’économie pour qutier ce qui extension, ce verbe a pris le sens de arépéter,
permet d’obtenir de hauts rendements, une meil- rendre l’équivalent de* ( 17781,spécialement dans le
leure production (17681, s’appliquant spécialement domaine de la création artistique (18001, et, par af-
à ceux qui travaillent à la production de biens faiblissement, «imiter l’apparence, le comporte-
(177Oh Sondérivé PRODUCTIVITÉ n. f. 117661est ment, les gestes de (qqn)» (18231.0 La forme prono-
devenu essentiel en économie aux XIX~-XX~ s. et minale se reproduire (1712) correspond à Nproduîre
s’emploie aussi avec les valeurs abstraites de pro- des êtres vivants semblables à soi-même». oLe
duire, par exemple à propos d’un créateur, d’un sens économique, <<faire, exister à de nombreux
auteur. +Ilaaussidonné SOUS-PRODUCTIF,IVE exemplaires (une chose déjà produite)* (apr. 18501,
adj. Iv. 19601, d’après sous-production, et le terme est contemporain de l’invention et de la diffusion
didactique PRODUCTIVISME n-m. kxes.) dési- des procédés techniques de la production en série.
gnant, en relation avec son dérivé PRODUCTI- *Une série de dérivés a été formée à partir de re-
VISTE adj. (19321, le système d’organisation écono- produire : REPRODUCTION n. f., fait sur le modèle
mique dans lequel la production est donnée de production, désigne d’abord 11690) l’action par
comme l’objectif premier. +Productif a pour laquelle une chose renaît, est produite de nouveau,
contraire IMPRODUCTIF, IVE adj. (17851, ce der- spécialement pour un être vivant, la fonction par
nier donnantensuite IMPRODUCTIVEMENT~~V. laquelle il dorme naissance à d’autres êtres sem-
(1840) et IMPRODUCTIVITÉ n. f (18401, tous deux blables à lui-même selon son espèce (16901. Il dé-
relevés chez Proudhon. +PRODUCTEUR,TRICE signe spécialement, en agriculture, (1762) un
n. et adj. (14823, autre derivé savant du supin latin, moyen naturel ou artificiel de multiplier les végé-
désigne le créateur, celui qui engendre, provoque taux. Son emploi métonymique en zoologie, pour
qqch., parallèlement au moyen français productor, désigner la nouvelle partie d’un organisme succé-
emprunté au latin médiéval et employé dans les dant à celle qui a été arrachée (17691, est sortie
gloses Iv. 14701 au sens étymologique de Nceluî qui d’usage. * Le sens actif général, F(action de recréer,
guide>>. oProducteur, comme production et pro- de produire une seconde fois par imitation, par ré-
ductif: a développé ses spécialisations écono- pétition)) (1758, Voltaire), donne lieu à des exten-
miques dans la seconde moitié du XVIII~s., comme sions; le mot a servi, en économie politique, à dé-
adjectif ( 1758) et comme nom ( 17701. 0 La valeur signer la production nouvelle de ce qui a été
qu’il a prise en cinéma (19081 est un emprunt sé- consommé (17581 avant de prendre son acception
mantique à l’anglais producer, d’ailleurs relevé en moderne de ureconstitution du capital» (apr. 1850).
hnçaîs en 1921 avec ce même sens. oProducteur Dans le domaine de l’édition, il désigne la nouvelle
a produit le terme d’économie SURPRODUC- publication d’un texte (1839) et, dans le domaine
TEUR, TRICE adj . ( 1963) d’après surproducfbn. plus large de l’impression, le fait de reproduire, de
Le participe passé de produire, PRODUIT n. m., a multiplier les exemplaires d’une image, d’un texte,
été substantivé (1554, d’abord avec le sens spécial d’un matériel et, par métonymie (une reproduc-
de arésultat d’une multiplication». ~Plus large- tion], l’image ainsi obtenue 11839). + C’est le radical
ment, le mot désigne ce que rapporte une charge, de reproduction qui a servi pour la formation de
une propriété foncière, le gain d’une activité com- REPRODUCTEUR,TRICE adj.etn. (17621, appli-
merciale ou industrielle ( 16903, avec une valeur qué spécialement aux animaux d’élevage, REPRO-
précise et plus technique en économie (1758, pro- DUCTIF, IVE adj. (17601, terme d’économie et
duit net) et en comptabilité. + Le nom désigne spé- (1769) de biologie conservé dans sa valeur la plus
cialement les biens produits par l’agriculture ou générale, REPRODUCTIBLE adj .11798)etREPRO-
l’industrie en tant qu’ayant une valeur (17341, spé- DUCTIBILITÉ n. f. (1798).
cialement en parlant de la production d’un pays Au XIX~~. apparaît COPRODUCTEUR,TRICE n,
(17%). Comme la plupart des mots de la famille de (1826) à propos de la personne qui participe à la
produire, produit a élargi ses emplois dans la se- production de qqch. ; le mot ne s’est repandu qu’au
conde moitié du xvue s, où il a commencé à s’appli- me s. en passant dans le domaine du cinéma où il
quer à ce qui résulte d’une combinaison quel- est reformé grâce à producteur (ci-dessus1 pour
conque (17541, puis en chimie (1762) pour une désigner la personne qui produit un film (OU un
combinaison ou un mélange, en biochimie, en phy- spectacle3 avec d’autres personnes (1955). + Les
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2957 PROFÈS

composés COPRODUIRE v.tr. (1950) et COPRO- riques. 0 Depuis 1788,le profane est employé avec
DUCTION Xl. f. hbit CO-~~OdLKtio?l, 1950), Ce une valeur de neutre pour désigner ce qui est
dernier abrégé familièrement en COPROD, se rap- étranger à la religion, par opposition à sacré, cette
portent tous à cette activité cinématograptique. opposition étant d’une autre nature, symbolique,
oIl en va de même pour SUPERPRODUCTION que l’antonymie institutionnelle entre religieux et
n. f. 119211, emprunt à l’anglo-américain, appliqué à laïc.
un film, un spectacle produit avec un très gros b L’adverbe dérivé de profane, PROFANEMENT
budget. d’abord écrit prophanement 115641,est littéraire et
rare.
PROÉMINENT, ENTE adj. est emprunté PROFANER v. tr., d’abord écrit prophunw (13281,
(1542) au latin proeminew, participe présent de puis profaner ( 1538) par rétablissement du f étymo-
proeminme <former un relief, une avancée, une logique, est emprunté au latin profanure, de même
saillies, altération à basse époque du latin classique étymologie que profanus. Le verbe latin sime
prominere. Ce dernier, de même sens, également
Nrendre lune chose, une personne autrefois consa-
au figuré <s’étendre, se prolonger dans la posté- crée) à l’usage non sac& et <souiller (ce qui est sa-
l%éP, est composé de pro C+ pro-) et de minere cré)», par extension wioler (un secretIn. *Le mot
cfaire saillie, avanceru, terme très rare, le mot usuel
exprime le fait d’abuser des choses de la religion,
étant eminere. Minere se rattache à minue asaitie,
de les traiter avec irrévérence, de les employer à
avancée», achoses suspenduesm d’où, au figuré,
des usages non religieux. Par extension, il a déve-
«menaces)) (seul sens usuel à l’époque classique),
loppé les sens figurés de wioler le respect dû à une
contenant la racine indoeuropéenne ‘men- afaire
chose, une personne» ( 1538) et de <<faireun mauvais
saillie» (+ menacer).
usage de (ce qui est rare, précieux, respectableIn
4 Proéminent quaJifïe ce qui dépasse en relief de ce lapr. 15501, ce dernier emploi s’étant moins bien
qui l’entoure , spécialement en anatomie, par maintenu. Le sens premier du latin, arendre (un ob-
exemple dans vertèbre proéminente ( 1814). n est as- jet sacré) à un usage profanes (1611), a cessé d’être
sez usuel, par exemple dans un nez proéminent. attesté après 1878. + PROFANATION n. f., dont la
F Par substitution de suExe, proéminent a produit graphie actuelle (15491 corrige prophundon 114331,
PROÉMINENCE n. f. (17551, d’abord attesté au sens est emprunté au latin chrétien profunuti, -on&,
de <partie proéminentes, puis <état de ce qui est dérivé du supin (profunutum) de profunare. oLe
proéminent, (1798). +Proéminent a aussi produit mot désigne l’action de profaner les choses saintes,
PROÉMINER v. intr., plus tardif 118191 et d’usage de leur manquer de respect. Par extension, il est
très littéraire (chez Gautier, Huysmansl. employé dans un contexte laïc pour le fait de man-
On rencontre encore quelquefois PRO- quer de respect aux choses qui devraient le susci-
MINENT, ENTE adj. (15483, emprunté au latin pro- ter (16941. + PROFANATEUR, TRICE n., emprunté
minens, participe présent de proeminere. Sur son au latin chrétien profunator, dérivé du supin de
modèle, prominent et prominence fournissent un profunure, a supplanté profuneur, dérivé 115971 du
synonyme recherché à proéminent et proéminence. verbe français. 0 Le mot est d’abord employé
+ voir COMMINATOIRE, -, IMMINENT, MENER, PRO- comme nom, au masculin puis 11829) au féminin.
MONTOIRE. Son emploi adjectif est plus tardif (v. 1730, au mas-
culin; 1829, au féminin). + PROFANITÉ n. f. a été
PROFANE adj. et n., d’abord prophune emprunté SOUSla graphie prophunité (14921 au latin
(v. 12281, en profane à la Renaissance, est
rectifk
chrétien profunitas, -atk désignant la gentilité, de
emprunté au latin profanus, formé de pro <<devant* profanus. 0 Le mot a eu cours en moyen français
(+ pour, pro-1 et de funum <lieu consacré, templea au sens particulier de <chose profanen ~UW profu-
E+ farratique). Profanus Sign%e proprement “qui est nitél; il a été repris au ~VIII~s. avec le sens général
devant*, c’est-à-dire <hors du temple*, d’ou *non de Ncaractère de ce qui est profane, (d’abord chez
consacré, qui n’est plus sacr& par opposition à sa- Voltaire) sans réussir à s’implanter.
ter (+ sacré) et, par extension, knpie>>, et hors de
toute référence religieuse {(non initié, ignorantv. PROFÉRER v. tr. est emprunté Iv. 12651 au la-
4 En tianqais, le mot a suivi le même développe- tin proferre, de pro aen avant% (-+ pour, pro-) et ferre
ment : repris dans sa référence religieuse, il signi- (<portep I+ -fère), littéralement aporter en avantn,
fie “qui n’est pas sacré» (terre profane) d’où, pour d’où -présenter, faire voir, révéler, exposer une
une personne, “qui se comporte en impies (1486). chose publiquement, porter à la connaissances.
+Il est substantivé à la Renaissance, d’abord dans + Le verbe Sign%e <dire tout haut, prononcem, puis
le style biblique pour désigner la personne qui «récitern ! 15011,«avancer, exposep et, de nos jours,
manque de respect aux choses de la religion (1553). adire, articuler (des paroles violentes, menaces, in-
0 Au ~VII~s., il passe dans l’usage général en par- jures, ou encore menteuse&
lant d’une personne qui n’est pas initiée à une F Les anciens dérivés du mot sont tous sortis
science, aux lettres, aux arts (1690) et que l’on ne d’usage; le seul a être usité, PROFÉRATION n. f.,
veut pas admettre dans une société (1694, sens qua- semble récent (19511 et rare.
lifié de ~plaisa&). Dans le domaine religieux, il dé-
signe, en style didactique, celui qui n’est pas PROFÈS, ESSE adj. etn. est emprunté
membre d’un ordre religieux (16911, spécialement, (v. 1160) au latin ecclésiastique professus «celui qui
en termes d’antiquité, celui qui n’est pas initié aux fait profession monastique, a prononcé ses vœuxa,
mystères (17521,sens étendu aux religions ésoté- au féminin professa areligieuse» (398). C’est la sub-
PROFESSER 2958 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

stantivation, avec spécialisation de sens, de profes- toute déclaration de principe. Dans le domaine re-
SUS“qui a déclarés, participe passé de profit& «dé- ligieux, profession a pris dès le XII~s. le sens d’aacte
clarer ouvertementn et xpromettrem (+ professeur). par lequel un religieux prononce ses voeux deve-
+ Le mot a repris la spécialisation religieuse du la- nant alors proféss (v. 1160). * L’acception de amé-
tin, qua&ant et désignant (v. 1278, au féminin pro- tierm remonte au moyen français, d’abord sous la
fesse) celui ou celle qui a prononcé ses vœux. Il n’a forme prophecie (13621, puis prophecion Il 4541, où le
conservé ni le sens de “qui a embrassé un métier, ph peut manifester l’influence de prophétie, et pro-
une profession>) (XVI~s-1ni celui de c<déclar& I1580, fession Cxwe S.I. Dans l’usage courant, la valeur du
Montaigne, ennemi prof&). 0 Par analogie, il a dé- mot se restreint à #métier ayant un certain prestige
signé, dans l’usage familier, celui ou celle qui est par son caractère intellectuel ou artistique, ou la
initié, qui est passé maître en qqch. Seul le sens re- position sociale de ceux qui l’exercentn, ce qui le
ligieux initial est encore en usage. distingue de métier, non marqué. Par métonymie, il
0 Voir PROFESSEUR, PROFESSION.
recouvre l’ensemble des personnes exerçant la
même profession ( 17 161, spécialement considérée
PROFESSER + PROFESSION en tant que groupe représentant une certaine force
sociale ( 1794).0 Au figuré, dans la locution de pro-
PROFESSEUR n. m. est emprunté 11337, écrit fession (1656, calomniateurs de profession), il réac-
proffesseurl au latin professor «celui qui se déclare tive le sens d’&tatn que le mot a eu également en
expert dans un art ou une science=, d’où ((maître>>, latin.
employé absolument et avec un complément dé- b Le dérivé PROFESSER v. tr. (1584) a suivi l’évolu-
signant la discipline enseignée. Ce nom est dérivé tion de profession tout en profitant des sens du latin
du verbe profiteri adéclarer ouvertement>, d’où «se profiteri : il Sign%e cavouer publiquementm, Nre-
donner comme, faire profession deD et <<ofTFir,pro- connaître, avoir une croyance, une opinion, un sen-
poser, s’engagern, composé de pro Ndevantn (+ pro-1 timentn ( 1681); le sens d’cexercer un métierm 11636)
et de faten’ <<avouer, reconnaître, accorder que)) et est sorti d’usage bien qu’il corresponde à profes-
adéclarer, publier» (+ fatal, fatum). sion. D’après professeur*, le verbe s’emploie pour
+Le mot a été repris pour acelui qui enseigne (un {{enseigner en public> (1731-1738; dès 1648, selon
art, une scienceIn; les rares extensions consistent Bloch et Wartburg). Vieilli en emploi transitif @pro-
en une spécialisation à l’intérieur de l’université, fesser les mathématiques, on dit enseigner), le verbe
pour le titulaire d’une chaire d’enseignement su- s’emploie intransitivement, mais il est plus rare
périeur, et en quelques emplois métaphoriques qu’enseigPter.
(parfois ironiques ou péjoratikl. 0 Malgré la tenta- PROFESSIONNEL, ELLE adj. et n. est dérivé tar-
tive de quelques formes féminines Iprofesseuse, divement (1842) de profession, probablement SOU
professoresse, une professeur), le masculin est seul l’infiuence de l’anglais professiona,! «relatif à,
en usage en tiançais d’Europe, en parlant d’une concernant une profession> (v. 17501, ade profes-
femme (18461. Mais en Amérique du Nord, notam- sion, dont c’est le métiern (17981,spécialement dans
ment au Québec, le féminin purement graphique le domaine du sport (1838; profession& est substan-
professeure est usuel dans la langue administrative tivé dans ce domaine depuis 1848).+ En fkançais, le
et les journaux. ~Enfm, l’abréviation très k-é- mot qutie ce qui se rapporte à, qui est fait selon le
quente PROF E18901, familière, s’emploie tant au fé- métier ou la profession ; spkialisé dans le domaine
minin &X prof de math1 qu’au masculin. 0 L’appel- sportif, il y est substantivé en parlant d’un spécia-
latif Monsieur le professeur, Professeur est rare en liste, d’une personne de métier (1872) par opposi-
français. 0 Récemment, à côté de professeur du se- tion à amateur. Ce sens apparaît d’abord dans un
codaire, professeur de lycée, de collège, l’Adminis- contexte anglais comme le montre la forme les pro-
tration française a remplacé instituteur par profes- fessionals (18761, puis dans un contexte fhnçais ou
seur d’école 11991). général (1876). Le féminin, apparu dans le syn-
tagme beautés professionnelles ( 18851, calque de
F Ses deux dérivés, faits savamment sur le radical l’anglais, est pris familièrement pour désigner une
du mot latin, PROFESSORAL, ALE, AUX adj. et prostituée (déb. XX~ s.l. En emploi général, l’adjectif
PROFESSORAT n. m., sont attestés en 1686 et 1685 s’applique aussi aux qualités et activités d’une per-
chez Bayle. Professeur a déterminé un des sens de sonne qui maîtrise sa profession. drofessionnel
professer* (voir profession). est abrégé familièrement en PRO n. et adj. (18811,
d’abord appliqué au domaine des sports, étendu
+# PROFESSION n. f., d’abord professiun depuis 1960 à d’autres domaines. +Le mot a pro-
(v. 11551, est emprunté au latin professio, -anis {{dé- duit quelques dérivés et composés aux XIX~et xxe s. :
claration, déclaration publique, action de se don- après PROFESSIONNELLEMENT adv. (18451,il a
ner comme>>, d’où Gtat, condition, métier», dérivé donné PROFESSIONNALISME n. m. (1893; 1881,
de professum, supin de profiten <déclarer ouverte- avec un seul nl, probablement d’après l’anglais pro-
ment», d’où ase donner comme, C-, fatal, fatum, pro- fessionaltim (18561, mot devenu usuel pour dési-
fès, professeur). gner les qualités de sérieux et de compétence pro-
+ Le mot a été introduit avec le sens de <<déclaration fessionnelles ; PROFE SSIONNALISER V. tr. ( 1898,
ouverte d’une croyance, d’une opinion, d’un en sports), lui aussi d’après l’anglais to professiona-
comportement>>, d’où faire profession de kvre s.) et lize et dont est tiré PROFESSIONNALISATION
profession de foi Il 6903,expression employée dans n. f. (1946), qui adapte l’anglais professiondization
une acception religieuse et, par extension, pour ( 190 1) et professionalizing ( 1907). + ~ofessbmel
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2959 PROFIT

entre sous la fonne d’un second élément dans employé en travaux publics, en concurrence avec
quelques composés exprimant un rapport à la pro- le composé PROFILOGRAPI-W n. m. (1890).
fession, tek PARAPROFESSIONNEL,ELLE adj.,
adj., PSEUDO- PROFIT n. m. Iv. 11551, d’abord prufit Iv. 1120),
PRÉPROFESSIONNELJZLLE
est issu par évolution phonétique du latin profectus
PROFESSIONNEL,ELLE adj., ULTRA-PROFES-
SIONNEL, ELLE adj. tous apparus au xxe siècle. Kavancement, progrès5 d’où spécialement 6uccès=
@ voir PROFESSEUR.
et, en médecine, +nnélioration~. ProfecU est issu
de proficere (au supin profectum), composé de pro
PROFIL n. m. est emprunté au xwe s. (16211 à Nen avant» (+ pour, pro-) et de -ficere pour fucere
l’italien profilo Haspect d’un visage vu de c&& (*faire) exprimant le fait d’avancer et, spéciale-
(xv” s-1, déverbal de profilare ureprésenter de côté}} ment dans la langue rustique, celui de croître
(xrve s.l. Ce verbe, qui si@e proprement <<ourler, Ivignel et, au figuré, de faire des progrès, de faire
bordern (déb. xrve 5.1, est formé de pro- (du latin pro; du gain (dans le commerce), d’être utile.
-+ pour, pro-) et de filare de même origine que le 4 Le mot est passé en français avec le sens général
français filer*. L’ancien français avait porfil Mbor- d’cavantage, utilité». 11 désigne spécialement un
dure, (XII~ s.1, composé de par, ancienne forme de avantage d’ordre intellectuel ou moral (XIII~ s.1 en-
pour*, et de fil* abordure>>, spécialement employé trant dans plusieurs locutions encore usuelles : au
pour un dessin ne donnant que les contours du vi- profitde(13161, ;ipr&Cav. 14923,fairesonprofitde
sage Ime-xwe s.l. Celui-ci a été évincé par profil, et avec un sens matériel (1509-15101 et des valeurs
son dérivé parfiler <ourler, brodern par profiler. abstraites ( 1678) ; tourner à son profit ( 16061,metie
+ Profil est introduit avec le sens de l’italien, Naspect à profit (1640)et faire du profit, d’une chose (16901.
d’un visage vu de côté= et avisage ainsi vu,, spé- *La spécialisation matérielle du mot en parlant
cialement dans pr&lperdu (1822) avu de côté et un d’un revenu, d’un avantage pécuniaire (v. 1155)
peu en arrière-, terme de perspective et d’art. s’est répandue dans l’usage courant du xrve au
0 Par analogie, il est employé ( 1676) pour la re- XVI~s. ; le pluriel profits a désigné particulièrement
présentation d’un bâtiment selon une coupe verti- les petites gratifkations accordées aux domes-
cale en montrant l’intérieur. Par extension, il dé- tiques (16161, sens qui a vieilli au ~2 siècle. Le mot
signe la coupe d’un ornement d’architecture (17551, est entré dans quelques expressions he comptabi-
une coupe géologique 118691, celle d’un objet tech- lité, dont profits et pertes (18691, passée dans
nique (18751, d’une route, d’une voie de chemin de l’usage sous la forme passer par profits et pertes
fer (1875) et, en hydrologie, un graphe représentant ( 1869) <considérer comme défkitivement perdw.
l’évolution de l’altitude du lit d’un cours d’eau 0 Le singulier profit a reçu une acception spéciale
(1886). 0 Au XX~ s., profil est passé en psychologie en économie (18871, désignant ce que rapporte une
pour l’ensemble des traits caractéristiques que activité économique en plus du salaire du travtil et
présente une personne ou une catégorie de per- des investissements.
sonnes (1925, Claparède), spécialement avec une b Le dérivé PROFITER v. appartit en même temps
valeur normative, notamment l’ensemble des ca- que profit Iv. 11201,d’abord avec l’emploi intransitif
ractéristiques que doit prksenter qqn pour occuper pour cprospérer, réussir dans ses entreprises%, au-
un poste (19761. Par analogie, il désigne l’ensemble jourd’hui sorti d’usage. Avec un nom de chose pour
des cara&kistiques d’une catégorie de choses sujet, il si@e aprocurer un avantage matériel ou
(19551, entrant dans quelques expressions abs- moral» Cv.11701, spécialement «procurer un profit))
traites dont profz! bas, pr&l haut pour chypothèse 11213). Avec un nom d’être animé pour sujet, il si-
minimale, maximale d’un programme d’actionm grGe {(faire des progrès, s’améliorer intellectuelle-
s’appliquant par extension à une attitude cotiante ment ou rnorallernent) ( 12981. 0 Dans l’ancienne
ou réservée, voire honteuse dans l’action. Ces ex- langue, et depuis 1260, on le rencontre en construc-
pressions connaissent une certaine vogue dans le tion transitive directe Iprofiter qqch.1 aux sens
style j oumalistique. d’aaugmenter, accroître », arecueillir k titre de pro-
b Le dérivé PROFILER v. si@e (1621) «représen- fitm et, en parlant d’une chose, cfournir à titre de
ter de prof%. En architecture, il correspond à «re- profit,; ces emplois, encore norrnaux au xwe s., ont
présenter (un bâtiment) en coupen ( 17551et, en des- disparu en dehors d’un usage considéré comme
sin, à *faire apparaître les contours de (qqch.)m fautif, dans la langue commerciale ~occasion 2t pro-
11827). La forme pronominale se profiler (1784) ex- fiter). +Profiter a pris au xwe s., en emploi absolu, le
prime le fait d’appara&e sous une forme dont seul sens de use développer, croîtrep (1532, un enfant qui
le contour se détache nettement sur un fond. Par profite) et, pour une chose, &tre d’un usage avanta-
extension, il a pris le sens figuré de +‘esquissern geux, économique* (XVII~s.); tous deux sont encore
(1916). 0 En menuiserie (1869), profiler v. intr. signi- vivants dm l’usage familier ou régional. En re-
fie ase joindre parfaitement par leurs profilsfi, en vanche, le sens d’aêtre utile à qqnu (15631, en par-
parlant de deux pièces. -PROFILÉ, ÉE adj. quali- lant d’une chose, a disparu. Le verbe s’emploie
fie une pièce métallique réalisée selon un dessin de aussi (16681 à propos d’un aliment assimilable par
contour précis, d’où un. PROFILÉ n.m. -Le nom l’organisme. +L’emploi le plus courant est profiter
d’action PROFILAGE n. m. (18721, d’usage tech- de (13071 au sens de <faire son profit d’une chose,,
nique, Spécia[lement en métakxgie (18781, est em- surtout psychologiquement. II semble que le seul
ployé par métonymie pour une forme de carrosse- emploi nouveau soit ensuite celui de profiter de qqpz.
rie ofiant le minimum de résistance à l’air (1951). Ii9091 <tirer le maximum de qqn%, parfois dans un
+ PROFILEUR n. m. 11875) désigne un instrument sens sexuel. vieilli. +Profiter a produit les dérivés
PROFOND DICTIONNAIRE HISTORIQUE

PROFITABLE adj. 111551, dont est tiré PROFITA- en emploi concret (traduisant par exemple l’an-
BLEMENT (12661, PROFITANT, ANTE adj. (12261, glais hollow) , rend fkéquents des syntagmes
familier, et le terme péjoratif PROFITEUR, EUSE comme peu profond. +L’emploi adverbial du mot
n. 116361, spécialisé, en relation avec profit, pour remonte à la ti du XIII~s., par exemple dans creu-
<exploiteur ». +PROFITARD, ARDE n. et adj. 119721 ser profond. 4 L’emploi substantivé, le profond, s’est
s’applique péjorativement à un profiteur (il est d’abord rapporté à la partie la plus profonde WX291,
rare). sens qui n’est plus en usage que dans les parlers ré-
Le second dérivé de profit est le diminutif PRO- gionaux, tout comme le sens particulier de apartie
FITEROLE n. f., d’abord écrit profîterolle ! 1542) profonde d’un cours d’eau)) (1628). Le nom est plus
dans l’ancienne expression 2a prolîterolle des indul- vivant au sens abstrait de =ce qui est profondn
gences, employée par Rabelais avec le sens propre 11535). +Une substantivation au féminin, PRO-
de cpetit profit, petite gratifkation que reqoivent les FONDE, renvoie en argot à la poche d’un vêtement
domestiquesn. + Ce mot s’est spécialisé dans le vo- (cf. fouillel.
cabulaire culinaire, désignant d’abord une pâte bLe dérivé PROFONDkMENT adv. Iv. 1225, sans
cuite sous la cendre ( 15491,puis un petit pain sans accent) réalise d’abord le sens analogique de =en
mie, garni et dont on faisait des potages I16901.0 Le s’inclinant très bas»; il exprime le sens concret de
sens moderne de «petit chou à la crème- est très & une grande profondeur}} ( 1358-1359) et le sens fi-
postérieur (1881) ; c’est de lui que procède l’emploi guré de <<enallant au fond des choses» Cv.13803.
du pluriel profiteroles pour un dessert à base de APPROFONDIR v. tr. (1287) exprime concrète-
choux fourrés de glace à la vanille et nappés de ment le fait de rendre plus profond et, au figuré, de
sauce au chocolat ( 1935). pénétrer plus avant dans la connaissance d’une
Le préké SUPERPROFIT n. m. ( 19241 désigne un chose 11607). 0 II s’est imposé comme le seul verbe
profit supplémentaire ou anormalement élevé. du groupe de profond après la disparition de pro-
fonder, attesté de 1412 à la fin du xwe siècle.
PROFOND, ONDE adj. est la réfection sa- +APPROFONDI, IE adj. est surtout employé au fi-
vante En XIV~s.), sous l’influence du latin profundus, guré, pour des connaissances, en concurrence avec
de l’ancien français parfunt (10801, qui était issu profond. 0 Le verbe a donné les dérivés APPRO-
avec changement de préfixe du même adjectif latin FONDISSEMENT n. m. (15781 de sens concret et
profondus<<dont le fond est loin de la surface», abstrait (16691, APPROFONDISSANT, ANTE adj.
adense, épais, élevé,, <sans bornes, sans fond,, de et APPROFONDISSEUR, EUSE n.
pro (+ pour, pro-1 et fundus (+ fond). Le fait que le PROFONDEUR n. f. (av. 1350) réfection de l’ancien
pur- de purfunt soit ressenti comme le pr%xe aug- parfondor En XII” sd, dérivé de l’ancienne forme de
mentatlf «très» et -funt comme un adjectif simple a l’adjectif, désigne la qualité, le caractère de ce qui
favorisé son élimination au profit de profond. On est profond ( 13771, spécialement en géométrie
rencontre en ancien provençal les formes preon et (15381, et, par métonymie, la partie profonde d’une
pregon directement issues de prof-wdus avec dissi- chose ( 1553). + Il exprime au figuré la qualité de ce
milation de la première syllabe en e. qui est extrême (av. 13501,la qualité des choses dif-
+ L’adjectif qutie concrètement une étendue li- ficiles à comprendre t1553) ainsi que la grande pé-
quide dont le fond est éloigné de la surface et ce nétration d’esprit ( 1580) et la partie secrète d’une
dont le fond est très bas par rapport aux bords personne ( 1769). 0 Par analogie ( 17541,il sert à ex-
( 14761, par exemple un fossé ; il quaIfie aussi ce qui primer la suggestion d’un espace à trois dirnen-
est très marqué, notamment en parlant d’une em- sions.
preinte, d’une plaie (14921, ce qui est loin au-des- 6) voir DE PROFUNDIS.
sous de la surface du sol 11580) et ce qui présente
une grande longueur perpendiculairement à son PRO FORMA + FORME
k-ont, à sa faFade (1559, d’une troupe rangée). 4 Les
PROFUS, USE adj. est emprunté (1478) au la-
sens figu& et analogiques se sont développés dès
tin p~ohsus, participe passé de profmdere «ré-
le moyen tiançais : profond se dit d’un esprit et, par
pandre, verser, prodîguep et au figuré <déployer,
métonymie, de ses activités lorsqu’elles vont au
s’étendre}), cgaspillern. Le mot est formé de pro
«fondn des choses (v. 14803, d’où sciences profondes
b pour, pro-l et de funakre b fondre).
( 1534) <grandes connaissances)>, en concurrence
avec le composé approfondi; il qualifie une per- +Prohs qualfie ce qui se répand en abondance,
sonne qui pénètre fort avant dans la connaissance spécialement dans la description pathologique en
des choses ( 1636). Il se dit aussi d’un sentiment in- parlant de sécrétions et d’excrétions (1865). Au fi-
tense et durable (1524- 1527) ou extrême en son guré, il correspond à «excessif, prodigue, (fin
genre (16681, en parlant de l’ennui. 0 Il exprime xwe S.I.Ii appartient à un niveau de langue littéraire
également la qualité de ce qui est difkile à at- ou didactique.
teindre, à pénétrer (17271. +Par analogie, il s’ap- b Le dérivé PROFUSÉMENT adv, (1523) est didac-
plique à ce qui évoque la profondeur (15351, en par- tique ou littérake.
ticulier en parlant de la nuit, d’une couleur foncée PROFUSION n. f., le nom correspondant, est em-
et intense; il sert couramment à qual%er le som- prunté ( 1495) au dérivé latin profusio, -on& Népan-
meil (1559) et aussi une voix ou un son qui semble chement)), <<prodigalité)>. 4D’usage plus courant
venir du fond des poumons (1548, d’un soupir). Si que l’adjectif, il exprime une idée d’abondance ex-
profond a au figuré des antonymes (dont super% trême, voire excessive, entrant dans la locution a
ciel), l’absence d’adjectif exprimant son contraire profusion. 0 Son emploi spécial, pour -fait OU habi-
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROGRAMME

tude de répandre sans retenue les libéralités, de mâchoire inférieure. + Il sert aussi à qutier et,
dépenser avec excès>> ( 15801, est devenu archaïque ; substantivé, à dénommer un insecte dont les pièces
une profuslon Nune largesse= IXVIT~s.) a disparu. buccales sont placées en avant de la tête.
F Le dérive PROGNATHISME n. m. (18491, mot di-
PROGÉNITURE n. f. est une formation sa- dactique, est employé en anthropologie et en pa-
vante (14811, soit d’après le latin genituru (--+géni- thologie. 0 On rencontre parfois PROGNATHIE
turc) avec influence de progenies Nrace, lignée*, soit n. f.
SUT PROGtiNITEUR n. m. (1370-1372 ; dès 1347, pro-
genitourl, sur le modèle géniteur-géniture. hogéni- % PROGRAMME n. m. est un emprunt de la
teur est lui-même un emprunt au latin progenitor langue classique (16771 au grec progrumma, de pro
aïeul, ancêtreti, dérivé de progigwre (au supin pro- (<ava& I-, pour, pro-) et gramma <<cequi est écritn
genituml <engendrer, créer, mettre au monden, de (3 gramme, -gramrneI, littéralement «ce qui est
pro (b pour, pro-1 et gigwre {(engendrep I+ géni- écrit à I’avanceu, d’où =Ordre du jour, inscriptionm.
teurI.
+ Dans ses premières attestations, le mot désigne
4 À la différence de progénlteur, aujourd’hui ar-
un écrit annonçant les matières d’un cours, le sujet
chaïque, progéniture continue d’être employé dans d’un prix, etc., sens resté rare avant le XIX~ s., épo-
un registre soutenu. Il n’a pas conservé le sens
que où le mot commence & désigner l’ensemble
d’aorigine, extractionm, mais désigne concrètement
des connaissances, des matières enseignées ou for-
la descendance d’une personne 06101 et, par ana-
mant le sujet d’un examen. Dès la fin du XVII~s., il
logie, d’un animal (1753-1767). désigne un écrit annonçant et décrivant les di-
verses parties d’une cérémonie, d’un spectacle,
PROGESTÉRONE n. f. est emprunté 119411à
d’une fête, d’abord à propos des aactions publiques
l’allemand Progesterone (19351, composé à partir de des collègesn (Richelet, 1680). +De ce dernier sens
l’anglais progestin, nom donné d’abord à cette hor-
procède au XX~s., peut-être sous l’influence de l’an-
mone ( 1930, W. M. Allen) et composé de pro- ~pour~~
glais programme (attesté avec ce sens depuis 19231,
I-+ pro-), du radical de gestation. (4 gestation) et du
le sens de «ce qui est annoncé par le programme
sutaxe -in. La nouvelle dénomination résulte d’un
d’érnissions d’une station de radio>> i 19331, alors en
croisement entre progestin et son synonyme alle-
concurrence avec émk3sion, programme ayant une
mand Luteosteron (K. H. Slotta, etc. 1934, lui-même
valeur collective (grille de programmes, etc. ; cf. pro-
formé de luteo-, élément représentant le latin
grammation). Le mot est usuel à la télévision et au
scientifique corpus luteum acorps jaune>, et de -ste-
cinéma avec divers syntagmes (changement de pro-
rone, élément intervenant dans le nom de certains
gramme, etc.) pouvant donner lieu à des emplois fi-
stéro’ides I+ stéroïde) et issu de cholestero2 (3 cho-
gurés. - Avec la Révolution (17891, programme
lestérol).
prend le sens d’tiexposé général des intentions et
4 En français, progestérone a évincé la dénomina- projets politiques (d’une personne, d’un groupe))}.
tion de l’hormone sexuelle femelle sécrétée par le Cette valeur se répand dans l’usage au XB? s. en
corps jaune, Zutéine, elle-même formée savamment parlant de la suite d’actions que l’on envisage en
à partir du latin luteus ajaune d’or» avec le sufke vue d’un résultat, d’où par exemple l’expression
-ine. PROGESTINE n. f., calque de l’anglais proges- Vaste programme! (allusion à une réplique plai-
tin, tend aussi à être abandonné. sante du général de Gaulle à une exclamation de
b Corps @une est quelquefois concurrencé par l’un de ses proches : 4kIort aux CO~S!~. Le mot a dé-
corps progestatif 119581, PROGESTATIF, IVE adj. veloppé des emplois didactiques en art, économie,
étant dérivé savamment du latin progestare aporter architecture et musique avec le sens de base, Men-
en ava&, de pro- (+ pro-) et gestare I+ gestation). semble de conditions à remplir, de contraintes à
respectew fl est en concurrence partielle avec
PROGNATHE adj. est emprunté II8431 à l’an- plan. 0 Son acception en électronique (19541, où il
@ais p~og?%a&ous, introduit en 1836 par l’anthropo- désigne l’ensemble des dispositions déterminant
logue J. C. Prichard. Le mot est formé du grec pro l’ordre de fonctionnement d’une machine, est un
«en avant» I-, pour, pro-) et de gnathos =mâchoire=, emprunt à l’anglais programme (en ce sens de-
~rnorsure~ et ajoue-, «bouchen. Ce dernier est tiré puis 19461, altération d’après le français de la forme
avec le sufke 410s de genw, qui désigne lui- ancienne progrum, progrummu (XVII~S.I. Par analo-
même la mâchoire et possède les mêmes exten- @e, programme est repris en génétique, avec l’idée
sions de sens. Genus est un très ancien mot indoeu- de codage.
ropéen du vocabulaire des parties du corps: le b Tous les dérivés du mot datent du & s., excep-
thème en u se retrouve clairement en celtique, ger- tion faite de PROGRAMMATIQUE adj. formé sa-
manique et tokharien, et en latin même dans le dé- vammment ( 1780) sur le grec programma. Encore
rivé genuini «dents de la jouen. Le sens originel est faut-il noter que ce mot, attesté dans pamphlet pro-
amâchoire>. grammutique «brochure contenant des observa-
Wrognathe, d ‘abor d att esté dans la traduction en tions pour un prix d’éloquences, est très rare avant
fkançais d’un ouvrage de J. C. Prichard, est em- les années 1970. On note également au XIX~s.
ployé en anthropologie pour qualifier les êtres hu- CONTRE-PROGRAMME (1876). +Le dérivé PRO-
mains dont les maxillaires sont saillants. Il se dit GRAMMER v. tr. (1917) a sans doute été formé sous
plus couramment d’une personne (de son visage) l’tiuence de l’angle-américain to progrum (1896)
ayant des mâchoires saillantes, en particulier la aétablir un programmea. Le verbe lançais, souvent
PROGRÈS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

employé au participe passé, est d’abord un terme spécialement, au pluriel les progrès, une suite de
de cinéma correspondant à Gnscrire à un pro- succès militaires 116161. Ce sens neutre, sans idée
grammem; il a été très critiqué, avant de se ré- d’amélioration, recule aux XVII~-XVIII~s. et disparaît
pandre dans d’autres domaines du spectacle, de la au XIX~ s. avec l’emploi généralisé du mot évolution,
radio et de la télévision. Il a pris le sens de «pour- vers 1840. 4 Le sens spatial étymologique de «mou-
voir (une salle de cinéma) d’un programme». 0 Il vement en avant dans l’espace» ( 1611) n’a survécu
est passé dans le domaine de l’électronique 119591, que dans l’emploi militaire du mot. La spécialisa-
par un nouvel emprunt sémantique à l’anglo-amé- tion galante, {{avancement dans l’tiection de qqn3
rîcain 119461, pour l’action de préparer un ordina- (1651, Corneille), par métaphore guerrière, est
teur en vue de l’exécution d’un programme. Par propre à l’usage classique. +L’emploi le plus cou-
analogie, il est employé pour l’action de munir un rant concerne le développement d’un être ou
appareillage automatique, un appareil ménager d’une chose en bien ( 15641, spécialement dans faire
d’un progrannnateur. 0 Par extension, il exprime des progrès, de grands progrès E15641, et la trans-
le fait de planiCer en détail, spécialement dans le formation graduelle vers le mieux (1588, Mon-
domaine de l’enseignement (1964, au participe taigne), spécialement dans le domaine des études,
passé enseignement programmé). + Programmer a puis dans une perspective philosophique ( 1644,
produit un certain nombre de dérivés, certains Descartes). L’emploi absolu de progrès, parfois avec
SOUS l’influence de l’anglo-américain : PROGRAM- une majuscule, à propos de l’évolution de l’huma-
MATION n. f., après avoir fait l’objet d’une proposi- nité, de la civilisation vers un terme idéal, appar-
tion isolée en 1845, a été formé (1921) pour désigner tient au Siècle des lumières (Mirabeau, 17571,tantôt
l’établissement d’un programme de spectales, à propos de l’évolution scientsque et technique,
l’inscription à un programme, d’abord au cinéma tantôt de l’évolution politique. La notion de pro-
puis aussi dans divers spectacles. 0 Sous l’in- grès, par exemple dans progrès social, devient es-
fluence de l’anglais programming (18891, employé sentielle au XIX~s., lorsque l’idée neutre de change-
en informatique ( 19451,il s’emploie en ikançais dans ment progressif est exprimée par évolution”. Les
cette discipline (19591 et, par analogie, s’est ré- philosophes du progrès, typiques du x& et surtout
pandu en économie, en politique et en génétique. du xrxe s. ont marqué un net recul au XX~s. où le
+Par changement de stixe, en est dérivé PRO- progrès scientsque est souvent jugé de manière
GRAMMATEUR, TRICE n. (1936) qui traduit pro- plus nuancée.
bablement l’anglais programmer (1890); le mot est ~Les dérivés formés en lançais correspondent
lui aussi passé en informatique ( 19631, en concur- d’ailleurs à la dfision du concept au début du
rence avec progrummeur et s’applique également à xrxe siècle. *PROGRESSER v. intr. (1833) exprime
un système commandant le déroulement d’une sé- le fait de se développer, d’évoluer, le plus souvent
rie d’opérations simples dans un appareil électro- en mieux (18341, en particulier le fait d’acquérir de
ménager Il 966). +En outre, plusieurs composés nouvelles connaissances 118361. 0 Le sens spatial
Pr&& ont été formés, tels MICROPROGRAM- cavancer, s’animer par un mouvement de progres-
MATION n. f. (19681, MONOPROGRAMMATION sion)) 11902) et <<semouvoir en marcha& (1906),
(v. 19701, MULTIPROGRAMMATION (v. 1965) en spécialement dans le domaine militaire (19141, est
informatique. *Les autres dérivés de programmer plus vivant que pour le substantif. + L’autre dérivé,
sont PROGRAMMEUR, EUSE n. (19601, emprunt à PROGRESSISTE adj. (1830) et n. (18411, désigne la
l’anglais programmer ( 1870) dans sa spécialisation personne qui est partisane du progrès social,
technique en informatique 119481, souvent dans le économique et politique, et a éliminé progressif
composé ANALYSTE-PROGRAMMEUR, PRO- dans ce sens (voir ci-dessous). Le contenu du mot,
GRAMMABLE adj. (v. 19601, son antonyme IM- en relation avec l’état social, tend à se confondre
PROGRAMMABLE, et les verbes préfixés DÉPRO- aujourd’hui en politique avec <<de gauche>> et à
GRAMMER v. tr. (v. 1950) et REPROGRAMMER s’employer spécialement dans le catholicisme pour
v. tr. 11975). + D’autre part, programme a produit celui qui est partisan d’une évolution. + Son radical
les termes didactiques PROGRAMMERIE n, f. a servi à former PROGRESSISME n. m. (18421,
CV. 19701, PROGRAMMATHÈQUE n. f. +En poli- avec les sens correspondants.
tique économique, il a donné des composés, tels PROGRESSION n. f. est directement emprunté
LOI-PROGRAMME n. f. (1964), CHARTE-PRO- (XII~~s.) au latin progressio, -anis, nom d’action cor-
GRAMME n. f. +SOUS-PROGRAMME n. m. respondant à progredi, au propre et au figuré. Le
Cv.1950) a été introduit en informatique, reflétant la mot a été emprunté comme terme de mathéma-
complexité accrue des programmes et des logiciels tiques pour désigner une suite de nombres dérî-
qui les portent. vant les uns des autres selon une même loi; d’où
progression arithmétique ( 16901,progression géomé-
# PROGRÈS n. m. est emprunté (1546) au la- trique 11718). Plus généralement, il désigne une
tin progressus qui désigne proprement la marche suite interrompue, graduelle 114251, par exemple
en avant, d’où, au figuré, le développement, J.‘ac- dans progression des revenus ( 172 1). Par analogie
croissement des choses. Le mot est dérivé de pro- des emplois mathématiques, il s’emploie en mu-
gredi, au supin progressum, <<aller en avantn d’où sique pour une succession de sons suivant une loi
<<aller plus loin, ava;ncerü, de pro aavant» (-+ pour, déterminée (1733). + Au XVII~ s., progression a repris
pro-) et grudi <<marcher, s’avancer>> (+ à grade). la valeur étymologique spatiaIe d’eaction de mar-
+ Progrès a repris le sens figuré du latin, ccdévelop- cher>>, «mouvement en avantm 11690) avec une spé-
pement, avancement dans une action», désignant cialisation en astronomie (1752, mois de progres-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2963 PROIE

sion, de la Lune). + Ce n’est qu’au xwte s. qu’il a à empêcher, interdire la fabrication, la vente de
développé le sens figuré courant de «développe- certains produits ( 17601, notamment la pratique de
ment» (1746, parlant des idées). 0 En linguistique, tarifs douaniers très élevés. 4 Par extension de ce
on nomme aspect de progression. ( 1922) l’emploi du dernier emploi, cet adjectif est employé dans le
verbe aller suivi d’un gérondif ou d’un participe langage courant à propos d’un prix si élevé qu’il dé-
présent. cf. propessit: + On rencontre exception- courage les consommateurs (1923).
nellement PROGRESSIONNEIALLE adj. (1846, PROHIBITION n. f. est emprunté 11237) au latin
Proudhon) pour ce qui a un aspect de progression. prohibiti, -anis ainterdiction, défense», dérivé du
PROGRESSIF, IVE adj. est dérivé Iv. 13701 du radi- supin de prohibere. +Le mot a le sens juridique
cal du latin progressum, supin de progredi, avec le d’4nterdîction légale absolue» et la valeur écono-
sufExe -if +Le mot s’est longtemps limité au sens mique de adéfense d’acheter, de vendre ou de faire
de “qui porte à avancer, à mouvoirn, entrant dans entrer dans un pays une marchandise étrangère»
l’expression mouvement progressif ( 167 11, dési- 11237). Ce sens, qui semble rare,‘sera repris au
gnant le fait, pour un organisme animal, de se dé- XVIII~ s. 11723). 4 L’emploi particulier désignant l’in
placer, emploi sorti d’usage. * Après 1750, proges- terdiction de vendre certaines boissons alcoolisées
sif: d’après les emplois scientifiques de progression, dans un état américain (1890) vient de l’usage du
qualZe ce qui s’effectue d’une manière régulière et mot anglais de même Or@ne prohibition ( 18511 aux
continue (17631, en particulier ce qui suit un déve- Etats-Unis, s’appliquant à l’interdiction de toutes
loppement par degrés, par étapes 117931,se spécia- boissons alcoolisées dans ce pays entre 1919 et
lisant dans les vocabulaires de la médecine 11858) 1933, d’après le dix-huitième amendement de la
et de la linguistique ( 1931). Ces emplois corres- Constitution du 16 janvier 19 19 dont l’application
pondent en partie au fait que évolution. et son dé- relevait du National Prohibition Act ou Voktead
rivé évolutif ne sont disponibles que dans la Act. +Prohibition a servi à former PROHIBITION-
deuxième moitié du xrxesiècle. +La valeur poli- NISTE n. et adj. (1833) en parlant d’un partism de
tique liée à progrès, “qui amène des progrès de na- la prohibition en économie. 0 Par emprunt à I’an-
ture politique, sociale, etc.>>(17~13,est sortie d’usage glo-américain prohibitionnkt ( 18461, il désigne
sous la concurrence de progressiste, entraînant ( 1927) un partisan de l’interdiction des boissons al-
l’abandon du mot pour désigner la personne qui coolisées aux États-Unis. +Par changement de suf-
est partisane du progrès (1815, adj. ; 1830, n.). fixe, on a formé PROHIBITIONNISME n. m. (1878)
+Alors même que l’ancien sens concret du mot, avec les sens correspondants. +PROHIBI-

“qui fait mouvob), sortait d’usage, pronessif a pris TEUR, TRICE adj. est emprunté (1782, au mas-
la valeur de *qui avancen ( 18001, dont procèdent des culin; 1792, au féminînl au bas latin prohibitor =Celui
qui éloigne, qui défendp, dérivé du supin de prohi-
emplois spécialisés en logique (1842, sortie progres-
sive) et en linguistique (séquence progressiveIl. + Les bere. 0 Le mot, rare ou didactique, est sorti d’usage
dérivés PROGRESSIVEMENT adv. (1753, dont le pour ((personne qui interditn comme nom et
sens physique a disparu au profit du sens figuré comme adjectif; il ne s’emploie plus que pour qua-
l%er ce qui constitue une interdiction juridique, en
(17551, et PROGRESSIVITÉ n. f. (1833) sont rela-
relation avec des emplois récents de prohibition.
tivement courants, le second étant limité aux em-
6 Voir EXHIBER. PRÉBENDE, PROVENDE, RÉDHIBITOIRE.
plois didactiques de progressif:
@ voir AGRESSER, CONGRÈS, DIGRESSION, RÉGRESSER, PROIE n. f., d’abord prek (11191, est issu du latin
TRANSGRESSER. prueda {(ensemble des choses prises à l’ennemi, bu-
tin, dépouilles}, <<prise,à la chasse ou à la pêche> et,
PROHIBER v. tr. est emprunté (1377) au latin
en général, again, profit}). Le mot latin est issu d’une
prohibere «tenir éloigné, détourner, écarter}, Cern-
forme reconstituée “prui-heda dans laquelle le pre-
pêcher, interdiren, de pro «devant» (-+ pour, pro-1 et
mier élément est l’ancienne forme du préke pme-
habere I-, avoir).
C+ pré-) et le second élément représente la racine
+ Le verbe est un terme de droit exprimant l’action indoeuropéenne signi-fant «prendre)>, qui apparaît
d’interdire absolument par une mesure légale. A la en latin dans praehendere (+ prendre) et probable-
di%rence de l’usage moderne, où le complément ment dw hederu (+ lierre).
désigne l’usage interdit ou un objet, la langue du 4 Proie désigne l’être vivant dont un animal s’em-
xvIc s. et la langue classique employaient aussi pro- pare pour le dévorer, spécialement dans oiseau de
hiber qqn de (1531) et prohiber à qqn de... (15801,là proie 112751, bête de proie (cf. prédateur). 0 11 a
où l’usage moderne utilise défendre et interdire. aussi repris au latin le sells miLitaire de ~~butin, dé-
0 La spécialisation économique (1615) est surtout pouilles>) Cv.11501, encore employé en langue clas-
vivante au participe passé et dans les mots de la fa- sique, puis sorti d’usage. ~Par analogie, proie se
mille (ci-dessous). dit d’une personne dont on s’empare Efm XIII~s.3 et,
k PROHIBÉ, ÉE, le participe passé adjectivé, signi- en général, de tout ce dont on s’empare cv. 13801.
fie (<défendu» 114881, spécialement en économie Mais les emplois métaphoriques modernes uti-
(1622) et en droit, en particulier dans l’expression lisent les images de la bête prédatrice. Q Au figuré,
degr& prohibé (16801, qui défmît la parenté rendant proie correspond à <ce qui est d&uitm, par exemple
le mariage illégal. + Le seul dérivé encore vivant du dans être la proie des flammes. +La locution en
verbe est PROHIBITIF, IVE adj. 115061, formé sa- proie (15871, anciennement construite avec la pré-
varnment à partir du radical du supin latin prohibi- position de, puis avec Ct,est employée au propre et
tum. Le mot qutie ce qui est juridiquement înter- au figuré dans un registre soutenu pour «saisi par>.
dit, spécialement en économie, ce qui est de nature 0 voir DÉPRJbATION, P&DATEUR.
PROJECTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

PROJECTION n. f. est emprunté (1314) au la- en perspective, en particulier dans propriétés pro-
tin projectio, -or& <<action d’avancer, d’étendre}}, jectives (18221 et géométrie projective (19051.0 Sous
<<fait de jeter ‘), «saillie, avance». Le mot est formé sur l’influence d’un autre sens de projection, il quaMe
le supin Iproiectum) de projicere <<jeter en avant>>, ce qui projette au loin (1826, Balzac). 0 Il a été re-
composé de pro <<devant)) I+ pour, pro-) et de -jicere pris en psychologie (19461, d’après le sens corres-
pour jacere, ((jeter, lancers (+ jeter, projeter-l. pondant de projection et avec influence de l’anglo-
+ Le mot a été repris pour désigner l’action phy- américain projective ( 19391, pour qualifier ce qui
sique de jeter, de lancer en avant et, par métony- projette des états intérieurs ou suscite ce proces-
mie, ce qui est jeté (par exemple, projection de sus. Il est passé en psychanalyse en relation avec
roches, 15301. Plusieurs spécialisations de ce sens l’acception spécialisée de projection, ainsi qu’en lin-
apparaissent à partir du xwe s. : en alchimie où l’on guistique E19721.0 Il a produit PRO JECTIVEMENT
nomme poudre de projection (15873 une poudre adv. et PROJECTIVITÉ n. f. (enregistrés dans les
censée changer les métaux inférieurs en or ou en dictionnaires dans les années 1970). +PROJEC-
argent, en chimie pour l’action de jeter dans le TEUR n. m. est dérivé comme projectile (1882) du
creuset une matière que l’on entend calciner radical du supin projectum, de projicere avec le suf-
( 1611) ; plus tard, le mot s’emploie avec une valeur ke -eur exprimant l’agent. -3 Le mot est employé,
analogue en géologie (18861 et en volcanologie. d’abord en optique, puis couramment pour dési-
-Dès le moyen fknçais, par transposition au fi- gner l’appareil (inventé av. 18601 dans lequel les
guré, il désigne l’action de lancer hors de soi une rayons d’une source lumineuse sont réfléchis et
force agissante (v. 13601, avec deux spécialisations <<projetésm. Il désigne, d’après le sens correspon-
tardives, liées aux emplois de projeter, en psycho- dant de projection et de projeter, un appareil des-
logie (1875) puis en psychanalyse ( 1914, Hesnard), tiné à projeter des images sur un écran ( 1923, au ci-
en complément à identification. 4 Au xwe s., projec- néma). - L’abréviation familière en PROJO (1955)
tion commence à être employé en géométrie pour s’applique à un projecteur lumineux et aussi à une
désigner, sur un plan graphique, la représentation séance de projection 11974). +m‘ojecteur entre
des objets sur un plan (16741, donnant quelques syn- comme second élément dans les noms d’appareils
tagmes, dont projection plane, projection orthogo- PHOTOPROJECTEUR n. m. et RÉTROPROJEC-
nale (18751. Le mot s’emploie en cartographie (pro- TEUR n. m. (19681, ce dernier plus courant.
jection de Mercator, etc.) et en géodésie (1704); en PROJECTURE n. f. est un emprunt ( 1545) au latin
optique 11801), il désigne l’action de (cprojeter”m impérial projectura eawncée, saillie=, terme d’ar-
Esens apparu au XVIII~ s.1 des radiations, des rayons chitecture formé sur le supin de projicere. - Repris
lumineux et, par métonymie 118011, l’effet de cette en architecture, le mot a été recréé en botanique
action. OPar une autre spécialisation, projection (18171, désignant une petite côte faisant suite au pé-
désigne l’action de projeter à l’aide d’un appareil tiole et se prolongeant sur la tige de haut en bas.
des rayons ou des images éclairées qui appa- @ voir PROJETER.
raissent sur un écran (1894) et cette image. Ce sens
s’est répandu avec la lanterne magique, puis l’in- PROJETER v. tr. est la réfection en pro- (xve s-1
vention du cinématographe, l’emploi des diaposi- de pourjecter (1386~13941, issu de l’ancien francais
tives, etc. - Au XX~ s., le mot a développé d’autres porjeter ou porjecter Iv. 1120, puqkterl, dont le pre-
acceptions abstraites, en linguistique ( 18’2) et en mier élément est l’ancien adverbe puer <<enavant,
statistique ( 19631, désignant l’extrapolation tempo- au loinm, issu du latin porro, spatial et temporel,
relle d’une tendance observée sur un intervalle de également employé pour marquer la progression
temps (en démographie, en économie). dans le raisonnement et comme interjeotion d’en-
+Projection n’a produit directement que PRUJEC- couragement. C’est un adverbe du groupe de pro
TIONNISTE n. (19071 pour désigner la personne 13 pour, pro-), formé comme le grec poflô. Le se-
qui fait des projections lumineuses, notamment au cond élément de poQeter est le verbe jeter* pris au
cinéma. sens abstrait de ~concevoir un projetn, dans l’ex-
Les autres mots de la même famille ont été formés pression jeter sentense [sentence] et <<fairele brouil-
savamment sur le radical latin. +PROJECTILE lon, la minute d’une lettre, d’un trait& (13341. À
n. m. est dérivé (1749) du latin projectum, supin de partir du XV~s., le préfke por-, pour-, est latinisé en
projicere, avec le suf5xe -ile (cf. ductile*, facile?. pro-, ramenant un parallélisme formel entre le
0 Le mot désigne tout corps pesant lancé par l’im- verbe et le substantif projection*, utilisé sémanti-
pulsion d’une force pour atteindre qqn ou qqch., en quement au XVIII~siècle.
particulier tout corps destiné à nuire lancé par une 4 Conformément au sens premier de jeter, le verbe
arme de jet ou une arme à feu, en balistique (17711. a d’abord exprimé l’action de dresser un premier
Il est adjectivé dans ce domaine en parlant de ce état, de rédiger un premier relevé, des comptes.
qui projette vers l’avant (17621, emploi dispac. Le Au XVI~s., il exprime le fait d’écrire, d’arreter à
substantif, aujourd’hui, s’applique à ce qui est lancé l’avance 11569, projecter les points et articles). En
à la main et surtout par une arme à feu (balle, moyen fmn@s, pourgeter hic1 une ville Sign%e 4a
obus, etc.); il est séparé de projection et de projeter. reconnaître par une expédition)) (v. 1400) ; pourjeter
- PROJECTIF, IVE adj ., mot didactique, est dérivé une embusque (Froissart) correspond à adresser
(1822) du latin projectus, participe passé de projicere une embuscade ». +Au xve s., par extension, projeter
ou du radical du français projection, avec le suf6xe prend le sens de wzoncevoir, mettre en avant (une
-if: ofiojectif est d’abord un terme de géométrie idée à exécuter)>) d’abord en parlant d’une
servant à qualifier ce qui est relatif à la projection construction E14521, sens qui correspond à projet*
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROLÉTAIRE

(ci-dessous), le verbe prenant le sens de &aliser PROLEPSE n.f. est emprunté à la Renais-
un projet pour». Cette acception est restée vivante, sance (15641 au grec prolêpsis «opinion que l’on se
de même que la suivante. 0 Au XVII~~ s., projeter dé- fait d’avance, préjugén, spécialement en rhétorique
veloppe une autre valeur, cette fois sous l’influence uréponse anticipée à une question)). Ce substantif
de pro@ction” (ci-dessous) : il est employé en géo- est dérivé du verbe p~olambanein Cuhr prolêpses-
métrie pour <représenter (une figure) par sa pro- thai) <<prendre, porter en avant)) et, avec une valeur
jection sur un plan» ( 1762) et, avec la valeur phy- temporelle, ((prendre par avance’> d’où, au figuré,
sique de jeter, pour Nlancer en avant et avec force)) <<prendre d’avance par l’esprit, présumer, préju-
C1774, spécialement en sciences naturelles, en phy- ger>>. Ce verbe est formé de pro C-+pour, pro-) et de
sique, en optique (17881. 0 C’est de ce dernier em- lambanetn «prendre)) (+ catalepsie, dilemme, épi-
ploi que procèdent les sens figurés, 4ocaliser hors lepsie, lemme, syllabe, syllepse).
de soi, faire sortir de soi (ce que l’on ressent))) (1829) $Lemot dé signe en rhétorique une figure par la-
en psychologie et en psychanalyse (voir aussi pro- quelIe on va au-devant des objections de l’adver-
jection). 0 Une spécialisation du sens en optique saire. Au XIX~ s., il a été repris en philosophie pour
correspond à <<faire paraître loin de sa source, par désigner l’ensemble des notions généralisées a
exemple sur un écran)) ( 18951, en relation avec pro- priori dans le système d’Epicure (1842) et, en théo-
jection*. logie, à propos d’un anachronisme par anticipa-
w Les dérivés proprement dits de projeter ne sont tion. En stylistique, il désigne ( 1933) le fait de placer
pas nombreux, en raison des mots de la même fa- un mot dans la proposition qui précède celle où il
milIe empruntés au latin ou formés sur un radical devrait normalement figurer. Le poéticien G. Ge-
latin. + Le déverbal PRO JET n. m., d’abord project nette (1972, Figures1111 étend ce sens, rejoignant
(1529) puis projet ( 16371, réfection de pourget l’emploi initial du terme.
Cv. 14701, pourjet parallèle à celle du verbe, a dès les F PROLEPTIQUE adj., emprunté (1750) au dérivé
premiers textes le sens de <<idée que l’on met en grec prolêptikos ((qui anticipe)}, qualse en méde-
avant, plan proposé pour réaliser cette idéen, va- cine une fièvre dont chaque accès survient de ma-
leur que le mot a conservée. Avoir des projets sur nière anticipée. En chronologie, il signZe <<relatif à
gqn s’est spécialisé en <compter épouser qqw un fait antérieur à une époque, à l’établissement
(1750). 0 Au XVI~ s., le mot avait pris par métonymie d’une ère chronologique» (1842) et s’emploie en
et spécialisation technique le sens de hravail, ré- rhétorique, en philosophie et en stylistique comme
daction élémentaire, premier état » ( 15291, d’abord l’adjectif didactique et rare correspondant à pro-
en architecture puis avec une acception plus géné- lepse.
rale (1637). Au XVIII~ s. projet se spécialise en droit et
en politique, les syntagmes projet de décret 11789) et * PROLÉTAIRE n. et adj., d’abord prolec-
projet de loi ( 1792) apparaissant avec la Révolution. taire Iv. 1375) refait en prolétaire ( 15781, est em-
prunté au latin proletutius désigna;nt le citoyen ap-
L’évolution de projet et celle de progmmme sont
partenant à la dernière classe de la société
alors parallèles. +Projet a servi & former le préfixé
romaine. Le mot signifie proprement Hcelui qui
antonymique CONTRE-PROJET n. m. à l’époque
n’est considéré utile que par les enfants qu’il en-
révolutionnaire E179 1). *Projeter a produit deux
gendre=, comme le commente saint Augustin : pro-
autres dérivés : son participe présent PROJE-
TANT, ANTE est adjectivé (Rousseau) et substam
letarii illi, qui eo quod proli gignendue vucubunt
<<étaient prolétaires ceux qui s’occupaient de
tivé, spkcialement au féminin en géométrie pour
mettre au monde des enfants~~. Il est issu de proles,
désigner une droite qui détermine la projection
nom collectif de l’ensemble des enfants, de la race,
d’un point. +~ROJETEWR,EUSE n. (1774) dési-
de la lignée. Lui-même appartient à une racine in-
gnait la personne qui forme des projets, emploi
doeuropéenne “ol- «nourrir)), représentée en latin
sorti d’usage. Il a été repris pour <<responsable d’un
projet d’urbanismem ( 1953, dans les dictionnaires).
dans les mots qui ont donné udoiescent, prolifère,
0 Voir PROJECTION.
prolifique, abolir, adulte et peut-être indélébile.
Cette racine est une variante de “aE- que l’on a dans
haut et dans aliment.
PROLÉGOMENES n. m. pl. est emprunté
4 Le mot, dont la signikation étymologique a
(1600) au grec prolegomena «choses dites avant», souvent été soulignée, a été introduit comme
~~préliminaires», participe pakf neutre pluriel terme d’antiquité romaine en moyen -français et de
substantivé de prolegein <<déclarer d’avance, an- nouveau depuis le milieu du XVIII~ s. ( 1748, Montes-
noncer)) . Ce dernier, également employé pour quieu). +Appliqué à la société moderne, il se dit
«choisir d’avancex, <désigner comme premier- et d’abord de celui dont les ressources proviennent
aprédire (dans la langue augurale))), est composé uniquement du travail manuel, une première fois
de pro <<avant>> (+ pour, pro-) et de legein qui re- en 1570, de nouveau en 1762 dans le Contruf social
couvre deux verbes appartenant à la même racine, de Rousseau. Cet emploi, où le mot, également ad-
l’un Sign%ant <cueillir, choisirn et l’autre <<dire, par- jectivé 117891, avait un sens très proche de pauvre,
lern (+ -1ogie). indigent, est devenu caduc lorsque la pensée poli-
+ Le mot a été repris pour désigner une ample pré- tico-économique du XIX~ s. a donné au mot sa déti-
face contenant les notions préliminaires néces- tion moderne en l’opposant à cupituliste et à bour-
saires à l’intelligence d’un livre. 0 Il désigne aussi geois : l’adjectif est attesté avec ce sens depuis 1825
les notions préliminaires nécessaires à l’étude (Saint-Simon) et comme nom depuis 1848 (Marx et
d’une science ou d’une question particulière. Engels : Grolétuires de tous les puys, unissez-
PROLIFÈRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

vous!>>). Les connotations antiques disparaissent *Le mot a longtemps eu le sens propre de -qui
alors, le mot s’appliquant de plus en plus aux ou- donne la faculté d’engendrer, la fécondités> : on ap-
vriers salariés de l’industrie. Il est abrégé familière- pelait le sperme gemme prolifique (1546) puis liqueur
ment en PROLO n. m. &n XIX~ s.l. Par rapport à ou- prolifique (17491. Il a qualifié des substances phar-
vrier, à travailleur manuel, le mot conserve des maceutiques favorisant la procréation, comme pi-
connotations de doctrine sociale, souvent mar- lule prolifique (17071, remède prolifique (1763- 1764).
xistes. oLe sens moderne de “qui se multiplie rapide-
b C’est avec son sens moderne que prolétaire a pro- ment)} apparaît en zoologie ( 1770, Btion3, à l’épo-
duit ses quelques dérivés. ~PROLÉTARIAT n. m. que où est formé prolifère (ci-dessus). 0 Au figuré,
(1832) désigne d’abord la condition de prolétaire et le mot se dit de ce qui se multiplie vite 11833, Bal-
la classe des proletaires, spécialement dans sa défi- zac) avec la spécialisation de ~particulièrement fé-
nition marxienne et dans l’expression dictature du cond, pour un artiste» (1863, Baudelaire, à propos
prolétatiat E1850). L’adverbe PROLÉTAIREMENT de Rubens). +Le dérivé PROLIFICITÉ n. f. (19033
(1834) reste peu usité. +PROLÉTARISME n. m. désigne la fécondité plus ou moins grande d’un
(18321, mot didactique pour la situation du prolé- être, d’un peuple, spécialement et par métonymie
taire, est sorti d’usage, senti comme un doublet de le nombre de jeunes nés vivants par femelle met-
prolétatiat. +PROLÉTARIEN,IENNE adj., attesté tant bas (attesté 19771.
un peu plus tard (18711, a donné lieu à de nombreux PROLIFICATION n. f., étant donné son antériorité
syntagmes, dont révolution prolétarienne ( 1901). vis-à-vis de prolifique Wm xwe s.1, est emprunté au
~PROLÉTARISER v. tr. 61 XIX~ s., selon Bloch et latin médiéval prolifîcati, -on& dérivé du latin mé-
Wartburg ; 1904) &ansformer en prolétaire>> s’est diéval prolificare <<procréern Cv,13701, formé de
surtout employé à propos de l’industrialisation qui proli- (3 à prolifére) et de -ficure (+ faire). + Le mot
transforme en ouvriers des populations rurales ou a d’abord désigné la qualité proliCque d’un animal
petites bourgeoises appauvries, d’où PROLÉTARI- et l’engendrement, la production d’enfants (15241,
SATION Il. f. sens sorti d’usage. 11 a été repris en botanique
Une série préfixée en sous- sert a désigner la partie (18 121, alors dérivé de prolifique, à propos du fait de
la plus exploitée du prolétariat ; SOUS-PROLÉ- proliférer et du caractère d’un organe prolifère,
TAIRE n. et adj. IV. 19501, SOUS-PROLETARIAT puis en biologie animale, emplois devenus ar-
n. m. (19451, SOUS-PROLÉTARISER v.tr. (1969), chtiques.
d’abord au participe passé s OUS -PROLÉTA-
PROLIXE adj., réfection d’après le latin 11314
RISÉ, ÉE adj. 0 Le germanisme LUMPEN PROLE-
de prolipse (v. 11251et prolis 112801, est emprunté au
TARIAT n. m. est attesté dès 1912.
latin prolixes qui signifie littéralement “qui
+ Voir PROLIFÈRE.
s’épanche en avant=, d’où along, allong& et, au fi-
guré, &ffus, verbeux>), également cde sens géné-
PROLIFÈRE adj. est formé savamment (1766)
raln, <<favorable (en parlant des circonstances)u et
des éléments pro&, tiré du latin proles 4ignée, en-
*bienveillant (d’une personne)>>. Prolixus est issu de
fants, famillem (+ prolétaire) et -fére* “qui porte, qui
proliquere <tcoulerm, de pro Ndevant» (-+ pour, pro-),
produitm. Il est en partie inspiré par un composé
et de liquere (-, liquide).
plus ancien, prolifique, lui-même postérieur k proli-
fîcatin (ci-dessous). Le latin médiéval prolikure $ Le mot n’a pris et conservé du latin que la qualifi-
kf prolificutionl a pu setir de modèle. cation d’un discours, d’un écrit trop long (v. 11251 et
d’une personne qui a tendance à écrire ou à parler
4 Le mot a été formé en botanique à propos de ce trop longuement 11280). Le sens de 4ong», en par-
qui donne naissance à un organe surnuméraire. lant d’une chose ( 13141, est sorti d’usage à la fois
Plus généralement, il qualifie en biologie ce qui se dans sa valeur temporelle et dans sa valeur
multiplie rapidement ( 18831, synonyme en ce sens concrète Idéb, xwe s., barbe prolixe). Cependant,
de prolifique; ces emplois ont vieilli. par extension, prolixe quame (av. 1778) ce qui est
b En revanche, le dérivé PROLIFÉRER v. intr. abondant, copieux, re j oignant l’ancien emploi
( 1859, probablement antérieur ; ci-dessous prolifé- concret.
ration) ase multiplier en se reproduisant*, d’abord b Il a produit PROLIXEMENT adv. h. 11251,
didactique en biologie, en médecine ( 18781, est d’usage littéraire. + PROLIXITÉ n. f. est emprunté
passé dans l’usage courant au sens figuré de afoi- Cv. 12783 au dérivé bas latin prolititas, -As <ion-
sonner, augmenter en nombre> (1922, Proust). gueur, étendue dans l’espace et dans le temps)),
+ Son dérivé PROLIFÉRATION n. f. en botanique spécialement alongueur excessive d’un écrit, d’un
(18421, puis en biologie (1869) a développé les em- discours». 0 Le mot a suivi la même restriction que
plois analogique El9261 et figuré correspondant à l’adjectif, désignant le défaut d’un orateur ou d’un
ceux du verbe. +Le radical a servi à former PRO- écrivain verbeux et, par métonymie, le caractère
LIFÉRATIF, IVE adj. (18971, mot didactique quali- d’un texte ou d’un discours trop long. Il a déve-
fiant ce qui est capable de proliférer len biologie et loppé dans l’usage littéraire le même sens figuré,
en médecine). ~Les participes de proliférer sont «abondance, exubérancen.
employés comme adjectifs, surtout PROLIFÉ-
RANT, ANTE (1929), relatiVement uSUd au fig&. PROLOGUE n. m., réfection (déb. xn~~s.1 de
PROLIFIQUE adj. est directement composé en prologe (av. 11501, est emprunté au latin prolo@3
lançais (1520, Chauliacl des éléments pro& (-, pro- qui désigne la partie d’une pièce de théâtre desti-
lifère) et -fique, du latin T~us, de fucere (*faire). née à en exposer le sujet, un discours introductif,
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROMÉTHÉEN

un préambule. Le mot est emprunté au grec prolo- faire (17791, et, au pluriel, les conséquences, les
gos, composé de pro xavant» (3 pour, pro-) et de Zo- suites (18601. 0 Son emploi spatial correspond à
gos discours (3 -logiel, sign&nt proprement l’action de rendre plus long 115491 ou, par métony-
adiscours avantn. Au théâtre, prologos désigne à mie, à ce par quoi on prolonge 117311, d’où la lo-
l’origine la première partie de la trag&Ge, avant la cution dans le prolongement de (1784). Ce dernier
première apparition du chœur (Aristote, Poétique) ; sens conduit à des spécialisations scientfiques et
Euripide la transforme ensuite en un monologue techniques : en anatomie prolongement rachidien
exposant l’origine de l’action. Par suite, le mot grec (18141, en botanique II8311 avec prolongements mé-
est passé en mathématiques pour designer le rap- dullaires, et en arboriculture (1876). Au XX~s., pro-
port d’un nombre plus grand à un plus petit. longement est repris en mathématiques (19481.
4 Le mot est d’abord employé pour désigner un +Un autre nom, le déverbal PROLONGE n. f.
texte introductif; il passe rapidement dans l’usage (13491, signiiiait <courroie, lanière)) (cf. longe). 0 Il a
général avec le sens figuré d’dtentrée en matièren, été repris (1538) comme terme d’artillerie pour dé-
dans la locution sans prok?@e (XIII~ s.1 (<sans préve- signer le cordage servant à manœuvrer les pièces
nirfi, supplantée par suyts préambule. - À l’époque d’artillerie, puis un chariot à munitions ( 18321, le
classique, le mot commence à s’employer en ré- plus souvent dans prolonge d’artillerie (1892). Par
férence au théâtre antique (16361, puis au théâtre analogie, dans le langage des chemins de fer ( 1874,
moderne 116601, désignant alors un geste social Journal oficiel), il a désigné une longue corde utili-
destiné à assurer les faveurs du prince ou à donner sée pour la manœuvre des wagons. +PRO-
un apercu de la fonction de l’art ou du travail théâ- LONGÉ, ÉE, le participe passé de prolonger> est
tral. Parallèlement, il désigne dans l’usage courant adjective au XVII~s. ( 1690) ; avec une valeur tempo-
des paroles préliminaires dans une conversation relle, il quatie spécialement l’enfance ( 1810) ; avec
( 1666) et s’étend à d’autres formes artistiques, une connotation ironique, une jeune fille prolongée
comme la musique IlSSO>, puis à toute œuvre litté- (1939, Montherlant), il correspond à <<quasi vieille
raire ( 18093. Par métaphore, il désigne Il8261 un fillea. + Enfm, on a tiré de prolonger l’adjectif PRO-
événement qui annonce ou prépare qqch, LONGEABLE (1788).
0 Voir APOLOGUE, CATALOGUE, DIALOGUE, ÉPILOGUE, PROLONGATION n f. est emprunté (v. 1265) au
MONOLOGUE. dérivé latin chrétien prolongati, -anis aaction de
prolonger dans le temps>>, &loignementn hve s.l.

PROLONGER v. tr., d’abord prolonjer (12131, *Le mot a été introduit en f&nGais au sens tempo-
prolongier 11219), enfin prolonger (v. 12651, est em- rel, avec une valeur plus active que le nom d’action
prunté au latin chrétien de la Vulgate prolongare, formé en français, prolongement (ci-dessus). 0 Par
issu de longus (-, long) avec le préfixe pro- Men métonymie, il désigne ( 15%) la portion de temps
avant» I+ pour, pro-) et une terminaison verbale. Le prolongée. Il s’est spécialisé en musique (1842) et
verbe signifie afaire durer, allonger kme durée)», en sports ( 190 1, football) où il entre dans la locution
par exemple dans ut prolongentur dies tui &UI que jouer les prolongations 119411. 0 Le sens spatial,
tes jours soient prolongés)) EDeutéronome, 6.2.1, et <<action d’allonger une chose>> 113141, est toujours
«différer, retardern IEzéchiel, 12.281. resté rare par rapport à prolongement. +Le laul-
gage technique moderne a formé PROLONGA-
4 Le verbe a été repris avec les sens temporels du TEUR n. m. (19631, sur le radical de prolongation,
latin : «augmenter la durée de>>,qui est resté vivant, pour désigner l’ensemble @l et prises) reliant élec-
et &Yérer>>, sorti d’usage (quoiqu’attesté au début triquement deux câbles souples l’un à l’autre.
du XIX~s., chez Las Cases), 0 Prolonger s’emploie
spécialement pour «faire durer plus longtemps (la PROMENER + MENER
vie d’un être)m (v. 12651, notamment dans prolonger
h vie et prolonger les jours (15641. Ultérieurement, PROMÉTHÉEN, ENNE adj. est dérivé,
cette idée est exprimée familièrement par prolon- avec le sufbe -éen 118371, de Prométhée, emprunté
ger qqn (18841, par métonymie de l’objet. 0 Au au latin Prometheus, lui-même emprunté au grec
XVI~s., par transposition du plan temporel au plan Promêtheus. Le nom de ce personnage mytholo-
spatial, le verbe a pris le sens d’aaugmenter la lon- gique Sign%e littéralement (<celui qui pense par
gueur de (qqch.)n (15381, retrouva;nt au XVI~ s. la gra- avance, qui réfléchit d’abord>>, derivé de promêthh
phie prolonguer (1541) par latinisme. + Par exten- «prévoyant, précautionneux>>, composé de pro-
sion et avec un nom d’inanimé pour sujet, il signik <<d’avance=, correspondant exact du latin pro
<constituer le prolongement de (qqch.1)) ( 176 1). Un (+ pour, pro-), et de mantknein Napprendre», d’où
emploi spécialisé en marine correspond à tlnavi- <comprendre )) I+ mathématique). Prométhée, op-
guer parallèlement à (un navire)>> (16781, empiétant posé à son frère Épiméthée IEpimêtheus ((celui qui
ainsi sur le sens du verbe simple longer*. +La pense ensuite>>), est un Géant, fis du Titan Capet et
forme pronominale se prolonger s’emploie aux de Climéné, dont les exploits sont relatés par IIé-
sens spatial ( 1768) et temporel ( 1899). siode qui en fait le centre de sa réflexion sur la
+PROLONGEMENT n. m. (v. 11651 sert de nom place de l’homme par rapport à la nature et à l’uni-
d’action au verbe, exprimant en ancien français le vers divin. Inventeur et prophète, Prométhée défie
fait de retarder, de différer qqch. 0 De nos jours, le à plusieurs reprises Zeus, en le dupant et en déro-
mot désigne le fait d’augmenter la durée d’une bant le feu divin pour le cotier aux hommes qu’il
chose (v. 1275) et, par métonymie, ce par quoi un arrache ainsi à la vie sauvage (il apparait parfois
événement, une situation se prolonge ou semble le comme le créateur de l’humanité, façonnant le
PROMETTRE 2968 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

premier homme à partir d’un bloc d’argile mêlé de s’engager sur qqch.,, pluriel Substa;ntivé du par-
d’eau). Zeus, pour le punir, le fait enchaîner sur le ticipe passé neutre promissum de promitiere,
Caucase et torturer par un aigle qui vient lui ron- considéré comme un féminin singulier. * Passé en
ger le foie. fkançais pour servir de nom d’action à promettre,
+ L’apparition de l’adjectif, attesté tardivement promesse (également écrit prumesse, premesse en
Il’angIais a promethean dès 15383, correspond à ancien fiançais) a développé par métonymie le
l’époque qui voit le déploiement du mythe de Pro- sens d’aengagement ainsi contractén et, au pluriel
méthée dans la littérature fkançaise, chez Bal- promesses, de <paroles prononcées pour promettre
lanche, Michelet, Quinet, Hugo, avant Gide et Ca- une chosem.II a éliminé promission*. 0 Il reçoit spé-
mus. Le mot quaMe à la fois ce qui est relatif à ce cialement la valeur juridique correspondant à *en-
héros mythologique et ce ou celui qui se laisse ca- gagement de contracter une obligation ou d’ac-
ractériser par le désir de l’exploit, le goût du dé- complir un acte* (v. 12831 et une acception
passement et la foi dans la grandeur humaine. religieuse, spécialement dans les enfants & la pro-
Hugo l’a employé dans un sens voisin de tita- messe =les éluss (15%) et dans un emploi de pro-
nesque, avec la valeur concrète dknrnense, messes pour ce que Dieu a promis 11713). Par une
énormem (1869). extension analogue à celle du verbe, il désigne l’as-
surance ou l’espérance que semblent donner une
b Le courant intellectuel qui se réclame de l’arnbi-
personne, une chose, un événement (1607). L’em-
tion prométhéenne a reçu la dénomination de
ploi parallèle à celui du verbe, pour l’annonce d’un
PROMÉTHÉISME n. m. (1939, A. Béguin, L’Ame ro-
fait à venir, a été éliminé par prédiction, prbvision.
mantique et le Mve3.
6’ voir PROMISSION.

PROMETTRE v. tr. est l’emprunt Iv. 9801, hn- PROMISCUTI? n.f. est dérivé savamment
cisé d’après mettre*, du latin promittere, dont le (17311, avec le suffixe -ité, de l’adjectif latin promis-
sens propre est afaire aller en avant)), kisser aller cuus amêlé, indistinct, confondun. Ce dernier est
en avants, mais qui est surtout employé au figuré dérivé, avec le préfixe pro- (+ pour, pro-), de mis-
pour agarantir, assurep, plus rarement aprédiren. cere MméIangern 13 miscible). Le moyen français
Promitiere est formé de pro aavantp (+ pour, pro-) et avait emprunté l’adjectif promiscue “qui est en
de mitiere <envoyer= I-+ mettre). commun, confondu> (1580-16111, disparu au
4 Le verbe n’a repris que les sens figurés du latin, XVII~siècle.
as’engager à Cqqch.)net, avec un nom de chose pour + Conformément à son étymologie, le mot a
sujet, msembler annoncer Iqqch.)s Iv. 1160). Il a éga- d’abord désigné un assemblage de gens, de sexes
lement signifié amoncer (qqch.1 comme sûz”n ou de milieux différents dont la réunion à caractère
(v. 12201 avant de céder cette valeur à prédire. L’em- disparate est contraire aux bienséances et, plus gé-
ploi absolu de promettre 115591 a le sens de adonner néralement, un mélange confus 11832). *L’usage
de grandes espérancesm, quelquefois ironiquement moderne de promiscuité a déplacé l’accent vers la
dans la locution ça promet (1784). + Le pronominal notion de ~~proximîté~, peut-être par attraction de
se promettre est d’abord (v. 1135) construit avec la proximité, donnant au mot un sens légèrement dif-
préposition à au sens de afaire le vœu den avant de férent : «entassement de personnes résultant d’une
se construire avec de. La préposition à reste em- situation particulière (généralement une exiguïté
ployée lorsqu’elle introduit un complément d’attri- de lieu) ressentie comme désagréable ou néfaste,.
bution, dans se promettre à qqn ~III~ s.) *se desti-
nep. Plus souvent, se promettre exprime le fait de PROMISSION n. f., d’abord écrit promissiun
compter sur qqch. (1538). Depuis le xwe s., il pos- Cv.1170) et promissi;on (v. 11751, est emprunté au la-
sède aussi la valeur réciproque de ase faire une tin promissio, -anis apromesse», dérivé du supin
promesse mutuelle)). Ipromissuml de promittere (+ promettre).
k Son participe passé PROMIS, ISE est employé + Le mot est d’abord relevé dans l’expression reli-
adjectivement ( 10801 pour quamer ce qui a été pro- gieuse tem de promission <terre promisem (aux
mis, d’où le proverbe chose promise, chose due Hébreux) d’où, par analogie, “pays abondant et fer-
(1694; 1690, sous une forme légèrement différente). tile». En dehors de cet emploi qui double celui de
Il est employé en religion dans terre promise terre promise, il ne s’est pas maintenu avec le sens
(xv” s. ; repris au xwe s., av. 1662, Pascal), expression plus général de «chose promisen (v. 11751, sup-
appliquée d’après la Bible à la Palestine et couram- planté par promesse”.
ment au sens figuré de aterre fertile>> 11707). + fio-
mis qutie également une personne vouée, desti- PROMONTOIRE n. m. est emprunté 11213)
née à qqch. Iv. 12001; son emploi substantivé pour au latin médiéval prornontorium, lequel corres-
désigner le fiancé (1538) et, au féminin PROMISE, pond au latin classique promuntutium qui désigne
la fiancée 117521, est aujourd’hui régional, rural ou la partie avancée d’une chaîne de montagnes et un
ironique. 4romettre a aussi produit l’adjectif relief qui s’avance dans la mer. L’étymologie du
PROMETTEUR, EUSE, autrefois employé comme mot n’est pas claire : il est généralement considéré
nom EV.1MO), de nos jours comme adjectif en par- comme un composé de pro Men avantn (+pour,
lant d’une chose, d’une personne pleine de pro- pro-) et d’un dérivé de mons C-+mont) ; on l’a aussi
messes 11836, Balzac). fait venir, mais sans aucune certitude, de promi-
PROMESSE n. f. est directement emprunt6 nere (<faire saillien (+ proéminent). Dans l’un et
(v. 1150) au latin de basse époque promissa F(a&on l’autre cas, promuntutium se rattache, comme pro-
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROMPT

minere et mens, à la racine îndoeuropéenne %wn- gner collectivement l’élévation de plusieurs per-
<faire sailliefi, sonnes à un même grade, à une même dignité
(av. 1680). De là est issue, par métonymie et spécia-
4 Le mot a été repris avec les sens du mot latin, dé-
lisation, l’acception «ensemble des candidats admis
signant une pointe de terre s’avançant dans la mer
et un relief élevé en dominant un autre. * Par ana- la même aYmée à un concours dans une grande
logie, il désigne en anatomie la petite saillie os- école» 118471. 0 Dans ce sens, le mot est abrégé
seuse de la paroi interne du tympan ( 1805) et couramment en PROMO n. f. + L'eXpreSSiOn pro-
l’angle saillant formé par la jonction du sacrum motion sociaJe, d’abord en droit du travail 119411,
avec la cinquième vertèbre lombaire ( 1878). 0 Le correspond à une renaissance de l’ancienne accep-
sens populaire et familier de <nezB (Gautier) a tion sous l’influence du sens nouveau, en com-
vieilli, malgré la célèbre tirade du Cyrano d’Ed- merce. Cette spécialisation du mot en marketing
mond Rostand. 11930) vient d’un emprunt à l’angle-américain pro-
motion <<opération d’incitation à la vente d’un pro-
duitn (19251, lui-même spécialisation de l’anglais
# PROMOUVOIR v. tr., réfection (v. 1460) de
promovoir aussi pownovoir 112791,est em-
Cv. 12001,
promotion, emprunt au mot français et attesté
prunté au latin promovere. Ce verbe, formé de pro dès 1483 au sens d’tiincitation, aide, encourage-
aen avant» (--+pour, pro-) et de movere I+ mouvoir), ment, soutien=. Le lançais parle d’abord de promo-
signifie proprement *pousser en avant, faire avan- tlon des ventes pour désigner la technique com-
Cern, d’où aétendre, agrandiru et, au figuré, «faire merciale permettant d’accroître le montant des
ventes d’une entreprise, par calque de l’anglo-
monter en graden, «développern et «faire des pro-
américain sales promotion. L’emploi elliptique de
grèS~.
promotion s’est difksé en dépit de la critique.
+ Le mot a été repris pour «élever (qqn) à un grade, 4 PROMOTIONNEL, ELLE adj. adapte Il9621 l’an-
à une dignitép. Son autre sens, uprocurer l’avance- glo-américain promotion& (1922) spécialisé dans le
ment, l’avantage de (qqch.1, (v. 14601, semble dispa- domaine de la publicité, par exemple dans ventes
rtitre à la fin du ~VU~S., tout comme la valeur de promotionnelles, euphémisme pour soldes. Le
asoutenir sa cause” iv. 1460). +Le verbe a été repris terme a été très critiqué, mais s’est répandu.
au milieu du XX~s., spécialement dans le domaine 0 Avec un autre sens de promotion, l’adjectif a pris
de la recherche scienttique et du marketing le sens de arelatif à la promotion sociale et profes-
Iv. 1970) sous l’influence de promotion*. Q Au xxe s., sionnefles (1970). 0 PROMOTIONNER v. tr. (19671,
Paul Valéry a réactivé le sens étymologique de a cause de l’existence de promouvotr, fait figure de
«tendre en avant» dans son recueil de poèmes barbarisme.
Charrnes (19223, mais cet emploi reste exception-
nel. PROMPT, PROMPTE adj., d’abord propts
b PROMU, UE p. p. est adjectivé cv.1360) et dispa- (11741, puis prompt par conformation à I’étymolo-
raît avec le verbe. II est repris avec hi au me s. qua- gie, est emprunté au latin promptus. Le souvenir de
lifmnt la personne qui vient d’accéder à un grade l’ancienne graphie se perpétue dans la prononcia-
plus élevé, qui bénéficie d’une promotion sociale. Il tion académique de prompt et de ses dérivés. Ce-
est aussi substantivé. - On rencontre un adjectif lui-ci Sign%e <visible, manifesteB, puis “qui est sous
PROMOUVABLE ( 1968) dans le style administratif la main, disponible» en parlant d’un objet ; de là, il
moderne. s’est appliqué à une personne prête, disposée à
PROMOTEUR, TRICE adj, est emprunté (v. 1350) agir, spécialisé en latin chrétien pour aenclin à mal
au latin médiéval promotor <celui qui accroît,, dé- agir, à pécher)). C’est le participe passé passif ad-
rivé du supin Cpromotuml de promovere I+ pro- jectivé de promere <(tirer de)), d’où *faire sortip et,
mouvoir). +Le mot a été repris pour désigner celui de là, <<exposer au grand jour, exprimer%. Promere
qui provoque la réalisation d’une chose, qui en est est issu de “pro-emere, de pro <devant* (+ pour,
la cause, l’initiateur. Spécialisé en droit canonique pro-) et emere NprendreB (+ exempt).
En XIV’ 4, il désigne l’eccksiastique tenant près 4 Le mot appartit dans un contexte religieux, dans
des juridictions religieuses le role de ministère pu- prons en péchié Kenclin au péché)), où il réalise
blic. Ces valeurs sont archtiques, comme l’emploi l’idée de «prêt à, disposén, encore vivante au
adjectif pour “qui suscite un effets (1580). Au milieu XVII~siècle. L’accent étant mis sur la notion de Bra-
du XX~s., il a pris le sens de cpersonne assurant et pidU>, on passe en moyen français au sens mo-
tianGant La construction d’immeublesm, en emploi derne de “qui met peu de temps à ce qu’il fait, vifm
qualifk @omoteur immobilier1 et absolument (v. 14851, dont procèdent des extensions parti-
(19641, devenu courant. +II avait été repris en culières : prompt qualifie une personne d’humeur
chimie à propos d’une substance qui, ajoutée en ou de caractère vif 116161,employé par métonymie
faible quantité à un catalyseur, en augmente beau- dans avoir la main prompte I 1690) ; sur le plan intel-
coup l’activité ( 193 1). lectuel, il qual%e un esprit pénétrant ( 1580, Mon-
PROMOTION n. f. est emprunté (v. 13503au bas la- taigne). ~AU cours du xvre s., il commence aussi à
tin promotio, -OMS, dérivé du supin promotum eac- s’appliquer à une chose qui survient rapidement
cession, nomination d’une personne à un grade ( 15401, en particulier à ce qui a un caractère de ra-
plus élevéB. Le mot exprime d’abord, comme en la- pidité excessive ; il est employé dans la langue litté-
tin, la nomination de qqn à un grade supérieur et raire avec une nuance de “qui passe vite> ( 1662;
sert de substantif à promouvoir. C’est le seul sens Pascal), Dans tous ses emplois, il est plutôt d’usage
jusqu’au XVII~s., où promotion commence à dési- littéraire.
PROMPTEUR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b Le dérivé PROMPTEMENT adv. IV. 1300) a immé- lois, est probablement dérivé du verbe français,
diatement son sens moderne, <rapidement= ; il a eu peut-être sous l’influence du dérivé bas latin pro-
d’autres sens en moyen français, tels wécemmentm mulgator (II~s.l. +PROMULGATION n.f., le pre-
et ad’improvisation>, promptement que ayant donné mier mot du groupe à être attesté (v. 13001, est un
une locution conjonctive signihant *dès que». En- emprunt au latin promzdgatio, -onts, dérivé du su-
core très usuel en français classique, le mot est au- pin Ipromulgatuml de promulgure. *Rare avant le
jourd’hui d’usage très soutenu, voire archaïque. xvr~~~s., il a suivi le même développement séman-
PROMPTITUDE n. f., le nom correspondant, est tique que promulguer, ajoutant au sens de cpublica-
emprunté ( 1486) au dérivé bas latin promptitzdo tion des lois>>celui d’aacte par lequel le chef du pou-
<zèle, empressement précipitém Iv” s.l. +Le mot voir exécutif atteste l’existence d’une nouvelle loi
fkançais, désignant d’abord la disposition à faire et en ordonne 1’exécutionN (18451.
qqch., s’est aligné sur le sens de l’adjectif et a suivi
son évolution : il a pris le sens moderne de aviva- PRONAOS - NAOS
citém Iv. 1490, SUTle plan intellectuel dans prompti-
tude d’entendement). Ainsi, il s’applique à la qualité PRONATEUR adj. et n. rn. est dérivé 115501 du
d’une personne qui agit sans délai Iv. 1525); en re- radical du supin pronutum, du bas latin pronure
vanche, il ne se dit plus d’une vivacité d’humeur ex- ktcliner en avant, faire pencher», dérivé de pronus
cessive portant à des éclats 11636). 0 Il s’applique à Npenché en avant}), lequel est dérivé de pro *en
une chose qui arrive vite ( 16621, qui est vive et ra- avant> (4 pour, pro-).
pide (1690). Promptitude, comme prompt et promp- 4 Le mot a été introduit en anatomie pour qualifier
tement, pose aujourd’hui un problème phonétique ; et, comme nom L!epronuteurl, pour désigner (15501
malgré les puristes, le second p étymologique s’y un des deux muscles permettant à l’avant-bras
fait de plus en plus sentir.
d’effectuer un mouvement de rotation de la main,
+ voir IMPROMPTU, PROMPI-EUR.
de dehors en dedans.
PROMPTEUR n. m. est l’adaptation abrégée wPRONATION n. f. a été dérivé savamment du
Il 9ï’51 de l’anglo-américain Teleprompter, marque même radical ( 1639) pour désigner ce mouvement
déposée (19511 et terme génkique appliqué à un (en opposition à supinution). Par métonymie, il dé-
appareil faisant défier au-dessus de la caméra de signe la position de la main, paume vers le sol, qui
télévision le texte que la personne visible sur en résulte, avec des emplois spéciaux en escrime
l’écran doit dire. Teleprompter, qui s’emploie en an- et en gymnastique.
glais à côté de autocue, est formé de teEe- 13 télé-1
et de prompter, mot anglais qui signifie d’abord * PRÔNE n. m., aboutissement (1176-11811 de
Gnstigateur, incitateurn (xv” s.1, spécialisé dans la prodne (fi12xf sd, avec une variante prome Iv. 11901,
langue du théâtre (16041 au sens de asotiew. Ce est issu d’un latin populaire “protinum, forme dissi-
mot est dérivé avec le smxe -er (équivalant au mêlée du bas latin protirum Conrencontre aussi pro-
tiançaîs -eurl de to prompt ainciter à l’action, aider tulum au IX~s.l. Le mot est un neutre singulier refait
à, assisteru, dérivé de l’adjectif prompt, lui-même d’après le neutre pluriel prothyra, attesté antérieu-
repris au français prompt” ou formé sur le latin rement Uitruve) pour désigner l’espace devant la
promptus. porte, le vestibule, chez les Grecs. C’est un em-
4 Cet emprunt, de même que celui de télépromp- prunt au grec prothuron qui désigne le couloir al-
teur ( 19741,est obscur en français en raison du sens lant de la porte d’entrée à la porte intérieure, le
de prompt <<rapide)), et l’on pourrait lui substituer le porche, et qui est composé de pro adevant* (+ pour,
calque souffleur. L’arrêté du 24 janvier 1983 recom- pro-) et de -thuron, dérivé de thura <porte, entréeti,
mande d’ailleurs télésouftleur. littéralement adevant la portem. Thuru est appa-
0 voir IMPROMPTU. renté, comme le latin fores (+ forum), à une racine
indoeuropéenne “dhur- Kportem.
PROMULGUER v. tr. est emprunté Cv.1355)
au latin promulgwe, terme de droit Sign%ant GXB- + Le mot a désigné une grille, un treillage séparant
cher, publier (une loi, un projet de loib. Le mot est le chœur de la nef d’une église Il 176- 11811, devant
sans doute apparenté à muZgere Ntrairem, <<presserfi lequel se tenait le possédé pendant la cérémonie
(3 émulsion) : il en serait l’intensif en pro- (4 pour, de l’exorcisme, et où se tient le prêtre pour pronon-
pro-), signifiant «faire sortir en exprimant, mettre cer l’homélie Idéb. XIII~ s.l. +C’est par métonymie
au jour», d’oti, en droit public, «faire connaître par de ce dernier sens qu’apparaît la locution figurée
tous. faire le prône -faire le hâbleur)) (v. 1190), disparue en
+ Repris en droit, le verbe signifie <publier officiel- français moderne, et que le mot a pris son sens ac-
lement (une loi, un décret) et rendre exécutoirem. II tuel, «homélie de la messe paroissialem (14201. La lo-
est aussi employé dans le domaine religieux en cution être recommundk au prône s’est employée
parlant d’un dogme. La valeur en droit constitu- par antiphrase pour &tre censuré comme on le
tionnel s’élabore au XVIII~s., puis au XIX” s. ki-des- mériten (1675). Prône a désigné un bavardage (16401
sous promulgation). Par extension, il est passé dans et a pris, par analogie, le sens de =remontrances
l’usage littéraire au sens de <<professer, annoncer ennuyeuses et intempestivesn (1675, M”” de Sévi-
publiquementm dans le contexte politique de la pé- gné). Seul le sens religieux est resté en usage.
riode prérévolutionnaire ( 1784, Mirabeau). + Le dérivé PRdNER v. tr. ( 15781, d’abord employé
bPROMULGATEUR,TRICE n. lune fois en 1567; dans un contexte religieux au sens de &re au cours
repris 17711, <celui qui atteste officiellement une du prône)} et, absolument, eprêchep (1680, prôner
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2971 PRONOSTIC

tous les dimanches), est passé dans l’usage courant du complément d’objet ( 1546- 1549). Par extension,
au figuré, pour 4iscou1-3 longuement de manière on passe à l’idée de aréciter, débiter à haute voix
ennuyeuse3 11638). +Ce sens a disparu au profit (un discours, etch (1538) et, simplement, de adire».
d’un autre sens figuré, où l’accent porte sur le fait 0 À l’époque classique, le mot reçoit la valeur abs-
de louer, de vanter (1664) et, par extension, de pré- traite de ({bien marquer, rendre sensible (un élé-
coniser (1671). Ce verbe est aujourd’hui complète- ment d’une figurel>~ ( 1667) qui procède de l’idée
ment détaché de prône par le sens. - Le seul dérivé d’articuler; elle n’est restée vivante qu’au participe
du verbe, PRÔNEUR, EUSE (161 f 1, s’est dit du passé prononcé (ci-dessous) et au figuré dans
prêtre qui fait un prône et s’emploie encore au fi- se prononcer 118301,*être bien marqué>>.
guré, par archtisme, pour désigner la personne qui b PRONONCÉ p. p. est adjectivé au sens de «dé-
fait un éloge (av. 1660). La langue classique utilisait claré, dit>> (13121, spécialement en droit où il est
aussi prôwur en parlant de celui qui proclame, qui substantivé Il 7181, Eeprononcé s’appliquant au texte
publie (1671) et, au figuré, de celui qui fait des re- de l’accusation, de la sentence lu par le juge. Il si-
montrances ennuyeuses (1690). gnifie également +wticulén et dit, récit&. + A
l’époque classique, prononcé qutie en art, en ar-
PRONOM n. m. est emprunté (XIV~s,) au latin chitecture et en sculpture (1667) un trait net et très
pronomen, composé de pro «devant>>,& la place deB
visible, en concurrence avec marqué ; par exten-
I+ pour, pro-) et de nomen. (+ nom) pour traduire le
sion, il s’applique couramment aux traits du visage,
grec antônumos, lui-même formé de anti I-t anti-1
aux partictiarités physiques accusées ( 1798) et,
et de onoma (+ onomatopée).
abstraitement, aux mœurs, aux caractères 117421,
+ Ce terme de grammaire désigne le mot qui a la au goût. Cet emploi est aujourd’hui isolé, les autres
propriété de remplir les mêmes fonctions qu’un mots de la famille ne le connaissant pas ou plus.
nom (ou qu’un syntagme nominal). Il entre dans les d’autre dérivé du verbe, PRONONÇABLE adj.
dénominations pronom possessif: démonstratif: re- ( 16 Il), qui a éliminé le type plus ancien pronuncible
latif(tous trois en 15503, pronom person& (16881, ré- Cv.15011, qualifie ce que l’on peut prononcer, par
fléchi (17651, inteflogutif(l811). opposition à IMPRONONÇABLE adj. (1542) qu’il a
~PRONOMINAL, ALE, AUX adj. et n. est em- servi à former et qui semble inusité avant le ~IX~ s.,
prunté beaucoup plus tard (17141 en grammaire au où il devient courant.
dérivé bas latin pronominalis ({relatif au pronom, de PRONONCIATION n. f. est emprunté (1281) au dé-
la nature du pronom,. 0 L’adjectif, d’abord attesté rivé latin pronuntiatio, -anis «publication, déclara-
dans particules pronominales, entre dans verbe pro- tion, annonce,, ((arrêt, sentence judiciaire», spécia-
nominal cv. 1720) et adjectif pronominal Cv.1750). fl lement en bas latin aaction, façon d’articuler les
est quelquefois substantivé par ellipse de verbe. sons de la languen. Lui-même est dérivé du supin
-PRONOMINALEMENT adv. (1829) est un dérivé Ipronuntiatuml de pronuntiare. +Le mot a été re-
fkan~ais. *Les termes de linguistique moderne, pris avec son acception juridique de *jugement, ar
PRONOMINALISATION n. f. et PRONOMINALI- rêt, sentence3, métonymie d’un sens actif, aaction
SER v. tr. ( 1968 dans les dictionnaires) sont des cal- de lire un jugement, un arrêt, une sentencen, at-
ques des termes anglais de même origine, em- testé postérieurement (1400-1417). En moyen tian-
ployés en grammaire transformationnelle, puis en çais, il a pris d’autres acceptions : <<manière dont un
général en grammaire. mot est pronon& (v. 13801,en particulier amanière
d’articuler propre à chacun> (1X0, emplois restés
PRONONCER v. tr. est emprunté (1121-l 134)) usuels; il a aussi développé une spécialisation en
au latin pronuntiare «annoncer à haute voix, ra- rhétorique ancienne, désignant l’art de bien utilî-
contern, ((proclamer, publier}, en particulier “pro- ser les ressources de l’intonation et du geste dans
noncer une phrase, un mot; déclamer». Ce verbe le discours ( 1530).
est composé de pro (<en avant> (--+pour, pro-) et de 0 voir PRomc~NrO.
nuntiare afaire savoir, faire connaître5 <annoncer))
et adénoncer, (-, nonce), verbe éliminé en français PRONOSTIC n. m., d’abord écrit pronostique
par ses préfixés (+ annoncer, dénoncer, énoncer, (v. 12501,puis pronostic 115851, est emprunté à l’ad-
renoncer). jectif bas latin prognosticus, tiré du nom pluriel
+ Le verbe a servi à exprimer comme en latin le fait neutre classique prognostica, surtout employé
de déclarer, de proclamer et spécialement, avec un comme titre d’ouvrage. Le mot latin est un em-
nom de personne pour complément, de nommer prunt au grec prognôstiku, employé par Hippo-
lapr. 13501, toutes valeurs sorties d’usage au crate comme titre d’un ouvrage et substantivation
XVII~siècle. Toutefois, le sens de adéclarer> s’est du neutre pluriel de l’adjectif prognôstikos “qui
maintenu dans l’acception juridique de (<déclarer concerne la connaissance de ce qui doit arriver-n.
avec autorité (une décision, une sentence, arrêt ou Cet adjectif grec est dérivé du verbe progignôskein
jugement)» (1283). oEn moyen français et au Nsavoir, connaître, comprendre d’avance- et «déci-
XVII~s., prononcer sur, contre, pour (16041 Sign%e der auparavant>>, d’où apourvoir à», de pro- navanta,
Ndécider, trancher> avant que l’on ne dise se pro- correspondant au latin pro (--+pour, pro-), et gignôs-
noncer sur, etc. (1798). +L’accent étant mis sur la kein Rconnaîtrea (-+ gnose).
manière dont se fait l’émission de la parole, pro- + Le mot a désigné un signe permettant de conjec-
noncer a pris dès l’ancien tiançais le sens de {(profé- turer l’avenir, un signe avant-coureur d’un événe-
rer, énoncer en articulantm (v. 12251, avec un ment. ~Depuis le moyen français, et encore dans
complément, un adverbe Iapr. 1350) ou un attribut l’usage moderne, il désigne une conjecture sur ce
PRONUNCIAMENTO 2972 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

qui doit arriver, l’issue d’une affaire C-finXIV” s.1, le lu hopugundel. C’est pendant la Révolution fran-
plus souvent au pluriel. C’est cet emploi, repris au çaise que le mot a pénétré le langage politique
XX~s. à propos de politique et d’élection, de sports pour désigner une association ayant pour but de
et de paris populaires, qui est aujourd’hui le plus propager certaines opinions politiques (1790) et,
courant. +La spécialisation du mot en médecine par métonymie, l’action organisée en vue de ré-
vient du titre de l’ouvrage d’Hîppocrate, traduit par pandre une opinion ou une doctrine politique
Les Pronos~ues (13141, et s’applique au jugement (1792). Cette valeur s’est enrichie d’emplois nou-
que porte un médecin sur la durée et le déroule- veaux avec le développement des manipulations
ment probables d’une maladie, en relation avec d’opinion par les régimes totalitaires et avec les
diugnostic. techniques de communication de masse, d’autant
F PRONOSTIQUER v. tr., réfection de prongnosti- que les mots anglais, allemand, etc, correspon-
quier (1314) et pronostiker Iv. 13501, est spécialisé dants sont analogues. ~Par extension, le mot
dès ses premiers emplois au sens médical d’&a- s’emploie pour désigner l’action de vanter une
blir son pronostic sur (une maladieln et plus large- théorie, une idée, un homme et recueillir une
ment «émettre une opinion sur (ce qui doit arriver), adhésion, notamment dans faire de Eu propagande
annonceyh (v. 13501. Depuis 1611, le verbe se pour...
construit aussi avec un nom de chose comme sujet F Pendant la Révolution, ont été formés les dérivés
pour «constituer le signe annonciateur de (un évé- PROPAGANDISTE n. et adj. Cl7921 et PRO-
nementlu. *Sur le verbe, on a formé PRONOSTI- PAGANDISME n. m. (1794, ce dernier étant
CATION n. f. (13551,mot typique du XVI~s., titre d’un archaïque. *Péguy a employé le verbe PROPA-
chapitre des Essais de Montaigne et illustré par GANDER v. (1901) ainsi que les dérivés PROPA-
Rabelais Ila Puntagruéline Pronosticquationl. +Un GANDABLE adj., PROPAGANDEUR n. m. etune
autre dérivé du verbe est PRONOSTI- série formée avec le stixe -iser Ipropugundker,
QUEUR, EUSE n. (déb. xwe s.), préc6dé par prenos- propugundtiable, propugundisation, propugundisu-
tikeur (av. 1399). Le mot s’est appliqué (1898) aux teurl, mais aucune de ces formes n’a eu de succès.
courses de chevaux; il est lié aux valeurs modernes *CONTRE-PROPAGANDE n.f. (1917) reflète le
de promstic. développement des emplois au XX~siècle.
PRONOSTIQUE adj., d’abord chez Rabelais avec $’ voir PROPAGER.
la graphie pro@osticz (15521, est emprunté au bas
latin prognosticw Nde prognosticp. *Le mot s’em- PROPAGER v. tr., d’abord propugier, au parti-
ploie en médecine pour qutier tout ce qui a rap- cipe passé propugié ( 14801, est emprunté au latin
port au pronostic, spécialement dans signes pro- propugure. Celui-ci, formé de pro (+ pour, pro-) et
nostiques (1552) à propos des signes de pugere, pungere <<enfoncer, ficher)} I-, pacte,
caractéristiques permettant d’émettre un pronos- paix), est employé dans la langue rurale pour “pro-
tic sur une maladie. Cet emploi est archaïque ou vigner)), au sens spatial d’ccagrandir, étendre>) et au
très technique. sens temporel de afaire durer, perpétuer,.
PRONUNCIAMENTO ou PRONUN- +En moyen fknçais, propagé de s’est dit d’un
CIAMIENTO n. m. est l’emprunt, sous les fleuve qui se détache d’un autre; ce premier em-
formes pronunciumento (1836) et pronunciumknto ploi a disparu. 4 L’usage moderne du mot, suscité
( 18641, d’un mot espagnol d’Amérique latine sigk par les emplois de propugutin (ci-dessous), s’est
fiant proprement «déclarationu, spécialisé pour dé- tié dans la seconde moitié du xwue s. en physique
signer une insurrection militaire tentant de renver- avec le sens de arépandre, étendre, multipliern (la
ser un État légal. Le mot est dérivé de p~onuncia~, lumière, le feu) 117521. Le verbe s’emploie aussi
de même origine que le fhnçais prononcer*. pour &-ansmettre par reproductiona en parlant
4 Le mot désigne une insurrection militaire dans d’une race, d’une espèce ( 1762, Diderot) et de «ré-
pandre, diffuser» (des idées, la foi) I17701, alors en
les pays hispaniques (d’abord à propos du
relation avec propugunde, puis arépandre Ides ma-
Mexique); par exteqsion, il est employé comme sy-
nonyme de coup d’Etut et de putsch. La forme tra- ladies)>> (1771). oLe pronominal se propager 11752)
a repris les sens correspondants; celui de ase mul-
duite prononcement ne s’est pas implantée.
tiplier par reproductiow, en parlant d’êtres vivants
PROPAGANDE n. f. est l’adaptation (1689) du (17711, est sorti d’usage.
latin moderne propugunda dans l’expression F Le nom correspondant, PROPAGATION n. f., a
Congregati de propugandu fi& *congrégation été emprunté plus tôt (XIII~ s.) au dérivé latin propu-
pour propager la foiu, elliptiquement Propugandu, ga&Iu, -oni% ~(provignemenb, <extension, agrandis-
association fondée en 1622. Propugunda, littérale- sement- et @prolongation,. +Le mot n’a pas gardé
ment “qui doit être propagéem, est l’adjectif verbal, le sens de arejeton, enfant>>, attesté isolément dans
au féminin, du latin propugure b propager). le style biblique, ni la valeur active, *action de mul-
+Le mot a été introduit comme terme religieux tiplier la race par reproductions (attesté v. 13801.
dans Congrégution de la Propagande ou par ellipse +Propagation a développé ses autres sens avant le
Propagande. Celle-ci fut instituée le 22 juin 1622 verbe. À la fm du XVII’ s., il s’applique au fait de dif-
par le pape Grégoire XV, sur un projet de Gré- fuser une croyance, une doctrine religieuse (16882,
goire XIII, pour répandre la religion catholique et notamment dans propugutin de la foi II-, propa-
diriger toutes les missions. UrbainVIII en aug- gande), puis à la diffusion d’une idée quelconque
menta les revenus et créa un séminaire kollkge de (1690). Sur le plan concret, le mot s’est d’abord em-
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROPHÈTE

ployé pour *action de transmettre à distancera en depuis la réforme de l’enseignement supérieur


physique (16901; son emploi en médecine est plus en 1966, mais le mot, employé aussi comme adjec-
tardif (18121. tif, a conservé son usage didactique général, <pré-
PROPAGATEUR, TRICE n. est emprunté (1495) au paratoire ».
dérivé latin propu@tor qui a désigné en droit celui ,Par dérivation régressive, on a formé PROPÉ-
qui fait proroger une magistrature et, à basse épo- DEUTE n. m. Gtudiant de l’année de propédeu-
que, un conquérant, un dominateur. +Le mot a été tiqueB (19581, sorti d’usage avec la disparition de
repris à propos de la personne qui diffuse une reli- cette classe.
gion et, par extension, une doctrine quelconque
(17871. PROPENSION n. f. est emprunté (15281 au la-
En marge de ce groupe, PROPAGULE n. f. repré- tin propensio, -anis (<penchar&, dérivé du supin
sente une formation scientsque du xrxes. (18151,is- propensum de propendere &re penché en avant»,
sue par changement de suExe de propagine n. f. au figuré «pencher vers, avoir une tendance àm,de
uspore des mousses* (18031, lui-même emprunté au Pro Ken avant>> (-, pour, pro-1 et de pendere
latin propago, -inis ((provin, bouturem, dérivé de pro- (+ pendre).
pagaye. +Propagule désigne un corpuscule pluri- +Le mot a été repris avec le sens du latin : <<ten-
cellulaire assurant la multiplication végétative des
dance naturelle»; de nos jours, il est surtout em-
mousses. ployé avec la préposition à introduisant un
@ voir PROPAGANDE, PROVIN.
complément (nom ou inlkitif), plus rarement pour
PROPANE n. m. est emprunté (av. 1875, Würtz) ou vers. Il est courant en parlant d’une personne,
à l’anghis propane (1866, Ho&nann), mot tiré de plus rare en parlant d’une chose. 0 À l’époque
lacidl propionic, lui-même emprunté au français classique, il a eu le sens physique d%nclination
propionique (1847) où il est formé de pro-, du radical d’un corps vers un pointx (av. 1671 Mézerayl, déjà
grec pi& agrasm et du sufke -ique. Le mot grec est rare au XVIII~ s., puis hors d’usage.
l’adjectif correspondant à piar agraissen et se rat-
tache à une racine verbale indoeuropéenne signi- PROPERGOL n. m. a été formé (1946) par l’in-
fiant nabonder, regorger» (-+ opîmel. génieur Roger Lévy, à partir de l’élément prop-, tiré
Cet adjectif qualse un acide saturé, homologue de du latin propulsum (+ propulsion), et de ergol, tiré
l’acide acétique. Le sens originel est <<premier du grec ergon C+ ergo-). Le composé, fait d’après
(acide) grasn, les acides formique et acétique des mots allemands analogues, s’est substitué à
n’étant pas compris dans la série par les créateurs énergol (sur énergie), qui faisait l’objet d’un dépôt
du mot. de marque.
+ Le terme désigne le troisième corps de la série + Ce mot de chimie désigne une substance dont la
des hydrocarbures saturés (appelés parufines, puis décomposition ou la réaction chimique fournit
alcanes), gaz inflammable constituant du gaz natu- l’énergie nécessaire à la propulsion des fusées
rel. Le mot est moins usuel que butane. fonckionnant sans air (propergol solide, liquidel.
b Les dérivés sont soit des termes de chimie, par- F D’autres composés en -ergol sont en usage (lither-
fois empruntés, comme PROPANOL 11. m. qui est gel, etc.). *Le simple ERGOL n. m. (attesté 1973)
pris Il 9041 à l’anglais propanol ( 1892) et synonyme désigne LUIdes constituants élémentaires d’un pro-
d’ukoo2 PROPYLIQUE (18681, soit des termes tech- pergol.
niques, comme PROPANIER n. m. ( 19681 «navire
spécialisé dans le transport du propane}}. PROPHÈTE n. m. est un emprunt très ancien
PROPkNE n. m. est emprunté (xx” s.> à l’anglais (v. 980) au latin chrétien prophetu <devin qui prédit
propene (1866, Hoffiann), formé parallèlement à l’aveti> et, dans la Bible, <<homme inspiré par Dieu
propane. 11 désigne un hydrocarbure éthylénique, parlant en son nom pour révéler ses volontésn. Le
utilisé dans de nombreuses synthèses industrielles. mot latin est emprunté au grec prophêtês dési-
gnant l’interprète d’un dieu, celui qui transmet la
PROPÉDEUTIQUE n. f. est un emprunt sa- volonté des dieux, annonce l’avenir et, à l’époque
vant et tardif ( 18431 à l’allemand Propüdeutik em- chrétienne, celui qui annonce la volonté du Dieu
ployé pour désigner une science dont l’étude est unique CyuhvéI. Le mot est dérivé de prophanai, lit-
une préparation nécessaire à celle d’une autre téralement (<dire, annoncer d’avance», de pro
science. Ce mot est formé d’après le grec propai- ccavantmI+ pour, pro-) et phunui <<rendre visible par
deuein *enseigner auparavant=, de pro C(avant>> (cor- la parole, dire>> (+ aphasie, blâmer, blasphémer, épi-
respondant au latin pro; + pro-1 et puideuein hle- phanie, euphémisme).
ver un enfant, instruire~~, de pals, paidos ~~enfknt~~ +Le mot a été repris avec son sens biblique,
I+ pédagogue, pédant). souvent au féminin en ancien français, désignant
$ Le mot, repris avec le sens allemand, est d’abord celui qui, inspiré par Dieu, parle en son nom pour
relevé chez Proudhon. De la philosophie, il est manifester ses volontés, spécialement dans l’ex-
passé dans le domaine didactique, désignant un pression faux prophète EV.I 1701<celui qui induit le
enseignement préparatoire en vue d’études plus peuple en errew, puis <celui qui se trompe dans
approfondies (1877) et, par métonymie, un cours ses prédictions}} E16941.Prophète de malheur (1668)
préparatoire obligatoire préparant les bacheliers à fait suite à prophète de malaventure (v. 127% et
l’enseignement supérieur dans certaines facultés s’emploie aussi au figuré, de même que nui n ‘e&
11953). Cette spécialisation est devenue caduque prophète dans son pays, allusion évangélique
PROPHYLACTIQUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(mil. XVII~ s.) à Luc, 4, 24. + Par extension, prophète F Le dérivé PROPHYLACTIQUEMENT adv. est
désigne un personnage important qui annonce peu usité. +PROPHYLAXIE n. f. est une adapta-
l’avenir par conjecture ( 10803 et, par généralisation, tion ( 17711 du latin moderne scientsque prophy-
toute personne annonçant des événements à venir laxGs, composée des éléments grecs pro- et phu-
(1429). Depuis 1672 (chez Racine), il est employé luxis xprotectionn, d’après prophulaktikos. 0 Le
pour d’autres religions, d’abord l’Islam pour dési- mot est employé en médecine et en hygiène. De-
gner Mahomet 115%‘) au sujet duquel on emploie le puis la fin du xY s., il est employé au sens élargi de
mot absolument ne &oph&el et, depuis, en anthro- Kmesures pour éviter un danger=.
pologie, pour les annonceurs de l’avenir dans quel-
que religion et culture que ce soit. PROPICE adj. est emprunté (v. 1170) au latin
w PROPHÉTIE n. f. est lui aussi emprunté (1119) au propitius «favorable>, terme de la langue religieuse
latin chrétien prophetia, repris au dérivé grec pro- qui s’applique aux dieux et qui, dans la langue com-
phêteia *action d’interpréter la volonté des dieux, mune, s’est étendu aux hommes et aux choses,
avant d’être employé en latin chrétien en parlant
de Dieu* et, par métonymie, ace qui est ainsi an-
noncé)), dérivé d’un verbe prophêteuein (+ prophé- de Dieu au sens de amiséricordieux, qui pardonnen.
tiser). - Le mot, qui désigne une prédiction faite par Le mot doit appartenir au groupe de petere are-
inspiration divine, a suivi le même développement chercher» (4 pétition).
que prophète : il désigne une prédiction faite par un 4 Propice qualifie une personne bienveillante, favo-
personnage important Il 155) et, par extension, la rable et, spécialement, Dieu, dans le style biblique
prédiction d’un événement futur faite par pressen- Rois, II, XXIII). -Le sens s’étend à une chose favo-
timent ou conjecture (1228). rable (1376, à propos de la chaleur du soleil), avec la
PROPHÉTISER v. tr. est emprunté 11155) au latin préposition à ou absolument (le vent est propice,
chrétien prophetizare, lui-même emprunté au grec 15521,ainsi qu’à une chose abstraite (1640, occasion
prophêtizein, autre forme pour prophêteuein, dé- propice), valeur encore vivante dans un style sou-
rivé de propltêtês. 0 Le mot a été repris avec son tenu un peu archaïsant.
sens biblique, en emploi absolu et transitif (v. 12231. b Le dérivé PROPICEMENT adv. (v. 1360) est rare
Par extension, il exprime le fait de prédire par divi- avant le xtxe s., et du reste peu usité,
nation, conjecture ou pressentiment Iv. 11601, avec 6) Voir PROPITLATION.
un complément ou en emploi absolu (v. 1425). + Un
dérivé PROPHÉTISE~R n. m. ne s’est pas répandu PROPITIATION n. f. est emprunté (v. 1120)
du fait de la synonymie avec prophète. 4 PROPHE- au bas latin propitiatio, -on&, désignant un sacrilke
TESSE n. f. a été emprunté (apr, 1350) au latin expiatoire et, dans la langue chrétienne, l’action de
chrétien prophetissa, dérivé de phopheta, et a rem- rendre propice, l’expiation (chez les Juifs dks pro-
placé l’emploi de prophète au féminin, ainsi que pitiationis), le prix d’un rachat, la ranqon et, à pro-
l’ancien lançais profetieresse Cv.1160). pos du Christ, la victime. Propitiatio est dérivé du
PROPHÉTIQUE adj. est emprunté (1372-1374) au supin ~propitiatuml de propitiare arendre favo-
latin chrétien propheticus “propre à un prophète, rable}}, afléchir par un sacticen, lui-même de propi-
qui se rapporte à un prophète>, emprunté au dé- tius I+ propice).
rivé grec prophêtikos. 0 Le mot quatie ce qui a le +Le mot, d’abord attesté dans le langage biblique
caractère de la prophétie et (15801 ce qui est avec le sens de wachat, expiation%, entre dans l’ex-
propre, se rapporte à un prophète. 0 On en a dé- pression jour de propitiatim (XIVes.) pour désigner,
rîvéPROPHÉTIQUEMENT dv.(xv"s.). chez les Hébreux de l’Ancien Testament, un rituel
PROPHÉTISME n.m. C1823)aété forgéenfrançais d’expiation célébré le dixième jour du septième
sur le radical de prophète, comme en latin médié- mois religieux. Il est employé, par calque du latin,
val on avait déjà formé proph&i.~mus hxe s.1,au sens dans le Nouveau Testament en parlant du Christ
de <prophétie>. - Le mot sert à désigner l’état, le Ifm XII~s.) appelé victime de propitiation (1667,
système d’idées d’un prophète, spécialement un de Sacy). ll est demeuré très rare, en dehors du vo-
système religieux fondé sur les prédictions des cabulaire biblique.
prophètes (1875) ; il est didactique.
F PROPITIATOIRE adj . et n. m., d’abord propicia-
toti (v. 11701, est emprunté au latin chrétien propi-
PROPHYLACTIQUE adj. est un emprunt tiatorum, proprement <lieu de propitiationB, de
de la Rena;issance E~ST’) au grec prophuluktikos propititotius, adjectif dérivé de propitius. C’est le
Nde précaution,, en médecine ade préservation=. nom donné dans l’Ancien Testament au couvercle
L’adjectif est dérivé de prophulassein aveiller à la d’or de l’arche d’Alliance sur lequel, le jour de l’Ex-
défense de, veiller SUT~, nprendre des précautions piation, le prêtre célébrait le rite d’expiation UV&
contre>>, spécialisé dans le langage médical au sens tique, XVII. Dans le NouveauTestament, ce rite
de ase prémunir contre)). Ce verbe est composé de trouve son accomplissement dans la personne du
pro Nen avant=, mot répondant exactement au latin Christ dont le rôle rédempteur est assimilé à la
pro I+ pour, pro), et de phulussein (attique phulat- fonction de grand-prêtre (IV~s-1. +Le mot a été in-
tein), «monter la garde)}, ~surveille~ d’où agarder, troduit par le vocabulaire biblique, en parlant du
conserver, I+ phylactère). couvercle d’or de l’arche d’Alliance, puis comme
+Le mot a été repris dans sa spécialisation médi- nom donné au Christ rédempteur (15353. + Son em-
cale ; ses emplois métaphoriques sont rares et litté- ploi adjectif est directement repris (1611) au latin
raires. propitiatotiw avec son sens religieux; il exprime
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROPOSER

quelquefois la valeur ironique de “propre à s’assu- PROPORTIONNER v.tr. est emprunté (1314) au
rer les bonnes grâces de qqn3 et s’emploie à propos dérivé bas latin proportionare <adapter, mettre en
de rîtes, dans toute culture (victime propitia- rapport». +Le verbe a été introduit par les méde-
taire, etc.). +PRoPITIATEUR,TRICE n. est em- cins pour cadapter, préparer, mettre dans un état
prunté (1519) au dérivé latin chrétien propitiator et convenable)> en chirurgie, *remettre dans la posi-
désigne la personne par l’intermédiaire de qui tion qui correspond à la proportion des membres,
Dieu se montre favorable. 11 est didactique et rare. (13771, et <<mélanger, répartir convenablement (des
médicaments)~ 11377). 0 Tous ces emplois sont sor-
PROPORTION n. f., cv. 1265) d’abord noté par tis d’usage, le mot s’employant de nos jours pour
erreur porprorcion h. 12301, est emprunté au latin *soumettre aux lois de la proportion» (1470 en par-
pmport-io, -on& “rapport, analogieti servant à lant de contributions). Ultérieurement, il a pris le
rendre le grec anulogia (cf. analogie1 et formé de sens de «donner des proportions à Iqqch.lm (1869).
0 Se proportionner (v. 1355) a vieilli, tant avec le
pro =en échange deB (+ pour, pro-), et de potiio
«part, rapport* (-*portion), dans l’expression pro sens d’&tre mis en proportion avecn qu’avec celui
de ase mettre à la portée de- C16871. + Le participe
potine apour sa part}}.
passé PROPORTIONNÉ, ÉE est adjectivé (1314)
+ Le mot désigne le rapport entre les parties d’une avec les sens de mis en état convenable pour,
chose (spécialement entre les parties du corps hu- adapté às et & même de faire qqch.B EV.13601, tous
main) et, au pluriel, la combinaison des différents également sortis d’usage. *Son sens moderne,
rapports, souvent avec une idée de rapport harmo- «dont les parties ont entre elles le rapport qu’elles
nieux, correct. Le développement mettant l’accent doivent avoti, est attesté dans la seconde moitié
sur le rapport de convenance, de Corresponda;nce du xrve s., et celui de “qui a telles proportionsti (SP&
(XIII~s.), s’est perdu, le mot ne s’employant couram- cialement en parlant du corps) date de la Renais-
ment que pour désigner un rapport quantitatif sance, donnant bien, mal proportionné. dropor-
entre des choses Cv.1265). Il est spécialement em- tionnk a lui-même donné PROPORTIONNÉMENT
ployé en mathématiques à propos de l’égallité de adv. d’abord proporchneement il4143 ad’une ma-
deux rapports par différenciation ou quotient nière proportionnées, qui subit la forte concur-
(l370-13721, entra;nt au xwe s. dans des expressions rence de proportionnellement. +PROPORTION-
comme proportion géométrique Pascal) et, dans les NABLE adj., attesté en ancien français, s’emploie
dictionnakes de la fin du siècle, dans proportion encore dans Zelangage didactique (18451 au sens de
arithmétique (16801, harmonique (16801, continue “qui peutn.
( 16911,règle de proportion (16901, et proportion mul- PROPORTIONNEL,ELLE adj.estemprunté (1370-
tiple ( 1690). Ultérieurement, il se spécialise en 1372) au bas latin proportiondis =proportionn& et
chimie pour désigner le rapport des masses des vo- Men rapport en qqch.m, de proportio. *Le mot quali-
lumes suivant lequel se combinent des corps fie ce qui a un rapport de proportion avec une
simples ou composés 118351, par exemple da,ns l’ex- autre chose du même genre. Il s’est spécialisé en
pression loi des proportions définies. 0 Au XVII~s., le mathématiques avec des expressions comme
mot entre dans les locutions courantes à propor- moyeme proportionnelle (16901,substantivé au fé-
tion de (16361, à proportion que (16491, ;i proportion minin en lu proportionnelle (1718). L’adjectifquaMe
11651) «selon le même rapport de grandeur>) (Pas- aussi ce qui est ou reste en rapport avec, ce qui va-
cal), puis, «selon le rapport requis par l’harmonie rie dans le même sens, spécialement dans les do-
de l’ensemblen ( 1679). &I propotion aproportion- maines administratif 11833, de l’imp9t) et politique
nellementm 11788) est aujourd’hui archaïque à la dif- E1839,représentation proportionnefle, scrutin pro-
férence des locutions prépositionnelles en propor- portionnel). Le féminin la proportionnelle est subs-
tion de ( 17621et en proportion avec (1829). La tantivé pour areprésentation proportionnelle dans
locution toutes proportions gardées est précédée les élections, (1923) et {{retraite proportionnelles
par proportion gurdée (1770-1783, Buffon); hors de (xx” S.I. +De propodbnnel sont dérivés, outre
toutes proportions (18301 et d’autres variantes né- PROPORTIONNELLEMENT adv. (1342, pourpor-
gatives ont suivi, au ti siècle. - Par métonymie, le tionndlement), les termes didactiques récents
pluriel proportions s’emploie spécialement pour PROPORTIONNALISME n.m. tdéb.xxWet PRO-
désigner les dimensions par référence implicite à PORTIONNALISTE n.m. (19061, employés en poli-
une échelle, à une mesure (16901, au propre et au fi- tique à propos des partisans de la représentation
guré. proportionnelle. +PROPORTIONNALITÉ n.f a
été emprunté ( 1370-13721, pour fournir un nom
b h tiançais même, proportion n’a donné que l’an-
d’état à proportionnel, au bas latin proportion&-
tonyme préhé DISPROPORTION n. f. (15491
tus, -atis, de proportiondis. 0 Il exprime le carac-
<manque de propotiionn qui a supplanté impropor-
tère de grandeurs qui sont ou restent proportion-
tion n. f. attesté en ancien provençal dès le xrve s. et
nelles entre elles et s’est spécialisé dans l’usage
repris en français par les dictionnaires du milieu administratif et politique pour le fait de répartir se-
du XIX’ siècle. *À son tour, disproportion a produit
lon une juste proportion.
DISPROPORTIONNÉ, ÉE adj. (15341 sur lequel on
afait un verbe DISPROPORTIONNERv. tr. (16401 PROPOSER v. est emprunté, avec tiancisation
resté rare, et DISPROPORTIONNÉMENT adv. d’après poser* Cv.11201, au latin proponere, de pro
(18381. -Par symétrie avec propodionnel, on a adevant, I+ pro-1 et ponere <qplacermE-, pondre). Ce
formé DISPROPORTIONNEL, ELEE adj. CXIX~S,), verbe signifie proprement =Placer devant les yeux,
peu employé. présenterm et, au figuré 4se) représenter mentale-
PROPOSER 2976 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment,, «faire un exposé, annoncer», «ofkir (une ré- PROPOSANT, ANTE, le participe présent de pro-
compense, un sujet de discussion)» et (<sedonner poser, est adjectivé 11390) et substantivé 11390) pour
pour but, dessein den. désigner en droit la personne qui présente qqch.
4 Le verbe a été repris au sens propre, aprésenter devant une instance judiciaire ; le mot a désigné un
au regard>>, le plus souvent avec la notion seconde étudiant en théologie protestante qui propose ses
de Ndonner comme modèle, comme exemple>>, en thèses (1561, Calvin) et le cardinal qui proposait les
parlant de Dieu. Il a bientôt repris du latin le sens autres cardinaux 117521, en apposition dans cardi-
de Mprojeter, avoir l’intention deu Cl130-l 1401 dans nal proposant (1823). 1) Er&n, PROPOSABLE adj.
la construction indirecte proposer a et infinitif Isor- ( 1734) sert quelquefois à qualifier ce que l’on peut
tie d’usage), et en emploi absolu comme dans l’an proposer et la personne que l’on peut proposer
cienne locution proverbiale Z’homme propose et pour l’avancement dans une hiérarchie 11954, ofi-
Dieu ordonne 11409) refaite en l’homme propose et ciers proposabled.
Dieu dispose (xv” s., Commynes). Depuis que ce PROPOSITION n. f. est emprunté (v. 1120) au dé-
sens est réservé & la forme pronominale se propo- rivé latin propositi, -O~S, nom d’action de propo-
ser Econstruite avec &, 1429, et directement se pro- nere sign%ant Naction de mettre sous les yeux, de
poser gqch), le sens du mot dans le proverbe tend à présentern, sens dont procède, à époque chré-
être compris comme <<soumettre un projet en de- tienne, l’expresssion panes propositionis (Exode,
mandant d’y prendre part=. 4 L’acception qui cor- Xxv, SO), qui désigne les douze pains placés devant
respond à «annoncer, proférern h. 1165) est sortie le tabernacle du Temple et renouvek chaque se-
d’usage mais celle de Nfaire connaître à qqn* maine. Par abstraction, propositio désigne en lo-
Cv.12501, spécialement +oumettre à l’approbation gique l’exposé d’un sujet, en grammaire le thème
d’une instances ~1390), s’est maintenue, avec la $ne phrase, d’un élément de phrase (Quintilien).
nuance de =Soumettre (un projet) en demandant A basse époque, il désigne aussi une intention, un
d’y prendre part)) (1588, Montaigne). - Dès le XIII~s., dessein, un but, un conseil, une suggestion faite à
proposer correspond aussi à «otir» suivi d’un nom qqn (553, Digestes de Justinien) et, en droit,
concret ou abstrait; ultérieurement, il se construit l’énoncé d’un cas de controverse (553, id.). - Le mot
avec un nom de personne pour complément, a été repris avec le sens d’aaction de faire conna&e
d’abord dans proposer sa fille en manage ( 16551, ses intentionsn d’où «résolution, desseiw propre à
puis pour adésigner comme candidat à une fonc- l’ancien français. Le langage biblique a repris du la-
tion, un emploi» 11694). tin chrétien l’expression pains de proposition
+Le déverbal PROPOS n. m., réfection (1214-12251 Iv. 1170, Rois, III, VII, 41, seule survivance du sens
de purpos Km XII~s.), a eu, conformément au verbe étyrnologique , aaction de présenter aux yeuxm.
et au latin propositum Nprojet, dessein, thèmen *Au XIII~s., proposition se dit de ce qu’on propose,
(participe passé neutre substantivé de proponwe), ce qu’on soumet au consentement Iv. 12651, pre-
le sens de adessein, rksolution formée>> : encore vi- nant aussitôt le sens métonymique de ((texte,
vant en langue classique, ce sens est sorti d’usage énoncé propos&, d’abord dans le contexte jwi-
sauf dans les locutions ferme propos 02 161ainten- dique d’une assemblée délibérante. +La spéciali-
tion de ne plus commettre le péchén et de propos sation en logique, à propos de l’énonciation d’un ju-
&!Gré (xv” s.1 avolontairementu. * En relation gement de vérité ou de valeur (v. 12651, et
avec l’emploi de proposer comme verbe de parole, spécialement la prémisse d’un syllogisme ti XIII~-
le propos a désigné autrefois ce dont on parle, ce déb. XIV” s-1,est un autre emprunt au latin. A la Re-
dont il est question dans un ouvrage Iv. 13801, sens naissance, le mot se spécialise en théologie, dési-
qui ne survit plus que dans quelques locutions : à gnant une thèse, un article résumant une doctrine
propos En xve s.1 ade manière opportune, au bon par un nouvel emprunt au latin ecclésiastique mo-
moment ou à bon escient», renforcé en à tous pro- derne propositio (15601, d’abord & propos du juge-
pos Iti xve s.) & chaque instant>>, bien à propos, mal ment de condamnation par la Sorbonne de qua-
à propos (15381, modulé en question dans à quel torze propositions du théologien M, Baius. Au
propos ? ( 1549). Le mot est employé avec ce sens, siècle suivant, le mot est employé à propos du jan-
depuis Montaigne (15801, dans la locution préposi- sénisme et d’une bulle de 1641, condamnant glo-
tionnelle à propos de -au sujet de)) et dans à ce pro- balement les thèses de l’llugustinus et celles des
pos, employée en tête de phrase pour introduire ce Jésuites, spécialement dans les cinq propositions
qui va suivre, d’où elliptiquement à propos întro- 11657, Pascal) qui résumaient l’essentiel de la doc-
duisant un sujet lié à ce qui vient d’être dit (1579). trine de Jansénius. De la rhétorique, le mot se spé-
Hors de propos est d’abord une locution adjective cialise en mathématiques pour l’énoncé d’une vé-
(1549) puis aussi (Montaigne) adverbiale. +Par mé- rité à démontrer, d’une question à résoudre (1658).
tonymie, un, des propos d&igne les paroles dites au +Proposition désigne à la même époque la seconde
sujet de qqch. ou qqn (v. 1510) ; il n’a pas conservé le partie de la disposition dans laquelle le sujet est ex-
sens spécialisé de <<commérages= ( 1553). + Le posé ( 1660) et, en grammaire, l’unité syntaxique et
composé AVANT-PROPOS n. m. (1556) prolonge psychologique constituant à elle seule une phrase
le sens ancien de propos (<cedont on traite dans un simple ou entrant comme élément dans une
ouvragea. +À-PROPOS n. m., emploi substantivé phrase complexe (1677). + Depuis le XVIII” s. (17471,
( 1700) de la locution adverbiale, s’applique au fait le mot, par dérivation de proposer «ofkirn, s’entend
d’intervenir de manière opportune (avec ct-propos) spécialement dans une acception sexuelle, d’abord
et désigne ce qui vient à propos, spécialement une au singulier, puis surtout au pluriel (faire des propo-
pièce de circonstance (17001. sitions à une femme, propositions malhontites,
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROPRE
déshon&tes, aussi par plaîsanteriel. *Après être Dès l’ancien français, propre, d’après l’idée de
entré comme second élément dans CONTRE- «digne d’une personne, digne de soin a développé
PROPOSITION n. f. (17711, proposition a produit le sens de <<bien arrangé, soigné, élégantn (v. 12803,
tardivement l’adjectif PROPOSITIONNEL, ELLE attesté épisodiquement jusqu’au XVII~s., puis de-
(19281, terme didactique employé en logique (par venu courant dans la langue classique et sorti
exemple dans ZO~@U propositionnelle) et, en psy- d’usage depuis. Puis, l’adjectif signk6e <d’aspect
chologie, en parlant d’une opération de la pensée convenable» et <fait convenablement n, par exemple
manipulant des propositions hors de toute réfé- dans copie propre (d’où le propre, mettre au propre),
rence immédiate (chez Piaget). valeur souvent confondue avec le sens de “qui n’a
aucune trace de souillure, de crasse>) ( 16401 opposé
+@PROPRE adj. et n. m. est emprunté (1130) au à sale. Cette acception est devenue très courante.
latin prop~& “qui n’appartient qu’à soi, que l’on ne C’est assez tard que propre qualifie une personne
partage pas avec d’autres+, cspécial, caractéris- qui se lave soigneusement ou souvent ( 18421,valeur
tiquen, spécialement =appropri&, en parlant d’un qui correspond aux débuts de l’hygiène moderne
mot, et, l’accent étant mis sur la durée de l’apparte- en France, et, par extension, une personne, qui en-
nance <(stable, permanent-. m-Oprius a probable- tretient avec soin les choses. ~Par transposition
ment été formé sur la locution pro priva & titre par-
au figuré, l’adje&if quaMe une personne irrépro-
ticulier=, de pro I+ pour, pro-) et de l’ablatif de
chable sur le plan moral et ce qui est conforme à la
privw (+ privé). Dans la fomne initiale “propriuos,
morale, à la bienséance. Il est substantivé dans la
1’0 aurait été absorbé par le u précédent qui se se-
1ocut;ion c’est du propre! (17911, avec un sens anh-
rait vocalisé, d’où proprius.
phrastique qui induit la saleté morale.
+ L’adjectif qualtie ce qui appartient en particulier
b L’adverbe PROPREMENT Iv. 1180) sime
à une personne, spécialement dans nom propre
d’abord eprécisément, exacteme& en parlant de
(15491, en ancien fkançais propre nurts (v. 1155). Il
l’expression langagiére, spécialement dans à pro-
qutie spécialement le sens d’un mot lorsqu’il est
considéré comme antérieur aux autres ou prement parler 11664) et dans la locution adjective
conforme à la propriété du mot, en concurrence proprement clat qui correspond à au sens propre, Il
avec sens littéral ~VII~ s.; Académie, 1694) et correspond aussi à ad’une manière qui convient
souvent opposé à figuré”. + Propre & suivi d’un nom tout à fait» (12181, valeur qui n’est plus vivante
(15621, si@e ~caractéristique, spéctiquea. Par af- qu’avec la nuance ironique de «bel et bien», et à ajo-
faiblissement, il s’emploie avec un possessif qu’il liment)) Iv. 12801, notion modi&e, suivant l’évolu-
renforce, étant généralement placé entre ce pos- tion de 1’adjecM propre, en <avec propreté» et, mo-
sessif et le nom [sa propre Se); par extension, il ralement, ((avec décence=. 4 PROPRET, ETTE adj.
exprime l’idée de ~pour soi, envers soin, spéciale- Iv. 15001,diminutif de propre, a été précédé par une
ment dans amour-propre* qui a remplacé propre- forme propet 11478) «éléganb, et concurrencé au
amour. 4Placé après le nom, propre exprime, XVI~s. par un type propelet. 0 D’usage familier, il
comme en latin, la qualité de ce qui convient parti- qualifie, souvent avec ironie, ce qui est coquet, d’as-
culièrement, par exemple à propos d’un mot juste pect avenant ou une personne propre et soignée
Iv. 12651, cette idée de convenance étant réalisée conservant en partie le sens archaïque de propre
dans la construction propre CG, propre pour (v. 1485). ~~soigrh. +PROPRETÉ n. f., d’abord (1538) avec le
Par dérivation, propre à quame la personne qui est sens de gmanière convenable de s’habiller, de pré-
apte par sa personnalité, ses compétences ou ses senter certaines chose+ puis, en relation avec
connaissances à faire qqch. I&re propre à qqch.1 l’évolution de l’adjectif, de <netteté d’exécution+
surtout dans la locution proverbiale propre à tout, (16711, sime surtout aujourd’hui, par opposition à
propre à tien (1798) annoncée par des emplois en saleté, Ncarackère d’une personne, d’une chose
discours, tel 4 est propre ù tout LI ce qui signifie propre 116711 et (milieu XIX~ s.) *qualité d’une per-
1.J qu’il n’est propre à rien>) (LaBruyère). +Ce sonne qui se lave ou est lavée souvent, soigneuse-
même sens est réalisé par le substantif composé ment ; bien nettoyé,.
PROPRE À RIEN n. m. (quelquefois avec des traits L’antonyme MALPROPRE adj., formé en fiançais
d’union) attesté depuis 1844. +Cette acception a Iv. 14601,a d’abord qualifié une personne inapte à
entraîné pour l’adjectif quelques spécialisations qqch. avant de céder ce sens à impropre. Il s’est ali-
11691) en astronomie, gné sur le sens physique de propre, qutiant une
rapport au mouvement personne qui ne prend pas soin de soi, manque
la rotation terrestrem. d’élégance lav. 15591,sens éliminé par la suite puis,
- L’emploi substantivé correspond à l’idée d’appar- avec le même glissement de sens que propre, qui
tenance et remonte à l’ancien français, avec le sens manque de netteté, spécialement qui est mal lavé
de afortune particulières (12 13) qui a disparu ; il en et, par extension, une chose mal exécutée (1873).
reste une trace dans la locution en propre (1690) et *Par transposition au figuré, il qualifie des pa-
dans le propre, qui désigne en droit civil les biens de roles, des écrits manquant à la décence (1862) et,
la femme ou du mari qui restent propriété de cha- couramment, une personne manquant de probité,
cun dans le régime de la communauté Cv.16103. d’honnêteté ( 18731 ou de décence. + Il a pour déri-
Q Couramment, le nom désigne la qualité distinc- vés MALPROPREMENT adv. (1539) et MALPRO-
tive de qqn ou de qqch. ( 16111, spécialement le sens PRETÉ n. f. ( 1663) avec les sens successifs de l’ad-
littéral d’un mot (1694, le propre et le figuré3 et, en li- jectif.
turgie, l’élément de célébration propre à un saint, à IMPROPRE adj . a été emprunté (1372) au bas latin
un temps, à un lieu (1718). des grammakiens improprius de im- et propdus,
PROPRÉTEUR 2978 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour qualifier spécialement un mot qui ne convient et, plus précisément, en opposition à locataire, qui
pas, puis, en linguistique, le type de dérivation qui possédant une maison, la loue (1690). * Dans ce
modifie la fonction et non la forme (de l’adjectif à sens, il donne lieu à l’abréviation familière et
l’adverbe, par exemple) (1893). 0 Il est passé dans usuelle PROPRIO n. (18781, toujours dans la relia-
l’usage courant pour servir d’antonyme à propye 9 tion entre l’occupant, le locataire et son proprié-
dans la construction impropre à qqch. (1676). L’ad- taire. e Il est d’abord adjectivé (13171 par emprunt
jectif ne correspond qu’au premier sens de propre, au latin proprietarius avec le sens de wconcernant la
le contraire de l’autre valeur étant exprimée par propriété>), sorti d’usage. Il ne s’emploie plus avec
malpropre et par sale. -ll a pour dérivé IMPRO- les sens de apossédant des biens en propre)> et, par
PREMENT adv. (13661. ohpropnété provient à la métonymie, *propre aux possesseurs- (av. 1704,
fois de impropre et de propriété*. une ûme propnétairel. +Il a pour dérivés PRO-
@ Voir APPROPRIER, EXPROPRIER, PROPRIÉTÉ. PRIÉTAIREMENT adv. (14861 peu usité, et les pré-
fixés COPROPRIÉTAIRE n. 116341, juridique et
PROPRÉTEUR -3 PRÉTEUR courant, hé à coproptité et MULTIPROPRIÉ-
TAIRE n. iv. 19651,tié à mdtipropriété.
PROPRIÉTE n. f. est emprunté (1174-1176) au
latin juridique proprietas, -ati <caractère propre, PROPULSION n. f. est le dérivé savant (16401,
spécfiquem, à l’bpoque impériale «droit de posses- sur le modèle d’impulsion, du latin propuhm, su-
sion)), métonymiquement achose possédéen et, au pin de propellere, littéralement apousser devant
figuré, chez les grammairiens, acaractére adapté soi}}, de pro <<en avant» t-, pour, pro-) et pelleye
d’un termeB; proprietas est dérivé de proprius <<pousser>>C+ pousser). E’anglais propulsion était at-
(+ propre). testé dès 1611 au sens d’flaction de repoussern et
(17991 de aforce qui met en mouvement>.
4 Le mot est repris en hnçais dans son sens jurî-
dique, adroit d’user, de jouir et de disposer d’un + Le mot a d’abord le sens d’«action de jeter, de lan-
biew, et avec le sens métonymique de *chose pos- cep, très rare jusqu’au XIX~ s.; Boiste (1834) le quali-
sédée, étendu par métaphore à une personne dont fie de apeu usité)} au sens de «mouvement vers)‘.
on dispose à son gré 117701.Son emploi à propos de Son expansion s’est produite au XIX~ s. probable-
biens incorporels (propriété artistique, 18421, dis- ment d’après l’anglais, en sciences, tant pour F(ac-
cuté par les juristes, est usuel. *En moyen lançais, tion de mettre en mouvement, qu’au sens de “pro-
le mot est spécialisé en parlant du bien-fonds pos- duction d’une force assurant le déplacement d’un
sédé ( 14721,sens dont procèdent à la fois l’emploi mobilem.
pour des terres et exploitations agricoles et, plus F Les quelques dérivés datent de l’époque où pro-
couramment, une riche maison d’habitation avec pulsion devient usuel. +PROPULSEUR adj. et
jardin ou parc. 0 Par métonymie, le mot englobe n. m. Cl8451 désigne un engin assurant le déplace-
collectivement les propriétaires considérés du ment d’un bateau, puis (xx” s.1 d’un avion, d’un en-
point de vue de leur importance économique gin spatial, et qualse ce qui transmet un mouve-
(av. 18251, et répartis en petite et grande propriété ment de propulsion. Les ethnologues et historiens
(1869). 0 Proptité ptivée s’emploie à la fois abstrai- de la préhistoire ont repris le mot pour désigner un
tement et pour signaler une interdiction d’accès à instrument augmentant la force et la précision du
un lieu. lancer d’une arme de jet. +On a formé à partir de
L’autre sens du mot latin, abstrait, celui de aqualité propulseur les krnes techniques TURBOPRO-
propre, spécfiquea est repris dès l’ancien français PULSEUR n. m. (1910), MICROPROPULSEUR
(v. 1265) et a pénétré les hgages spécialisés des n. m. Iv. 19751, et MOTOPROPULSEUR n. m.
mathématiques et de la chimie. 0 Un nouvel em- (me sd. +PROPULSIF, IVE adj. a été fait (1846) sur
prunt a introduit le sens de Nqualité du mot propre, propulsion par analogie avec impulsion-impulsif: et
adéquat» (1576) relevant d’un usage littéraire. sous l’influence probable de l’anglais propulsive
F Les rares dérivés de pyoprihté sont les termes juri- ( 1648) “qui repousse= et (17581 “qui propulse>.
diques et couraxkts COPROPRIÉTÉ n. f. (1767) et c= L’adjectif quaMe ce qui propulse, et il est subs-
MULTIPROPRIÉTÉ n. f. h. 19653, voir ci-dessous tantivé (milieu me s.3 pour désigner une matière
les prétiés de propriétaire. inerte recevant l’énergie produite par une pile ato-
IMPROPRIÉTÉ n. f., emprunté (1488) au latin mique et servant à propulser un astronef ou un
granwnatical improprietas, dérivé de improprius vaisseau spatial. +PROPULSER v. tr. 118633 a été
d’après propyietas, sert d’antonyme à propriété et recréé sur propulsion longtemps après le moyen
de substantif à l’adjectif impropre. Il exprime la no- hnçais propulser (1521) &arter~, qui avait été em-
tion d’incorrection langagière et, par métonymie, prunté au latin prophare <repousser)>. Avec une
désigne un emploi impropre (d’un mot, etc.) (1541). valeur concrète, ufaire avancer au moyen d’un pro-
0 Le sens d%naptitude~ 11731) ne s’est pas im- pulseur-n, le verbe est surtout usité au participe
planté. passé et à la forme pronominale se propulser. Par
PROPRIÉTAIRE n. est emprunté 11263) au dérivé extension, il a pris le sens figuré de cfaire avancer
bas latin proprietatius, terme de droit qualifiant ce rapidement dans une carrièreb, d’usage familier.
qui appartient à qqn et désignant la personne qui Familiérement aussi, se propulser s’emploie pour
possède un bien. Le mot désigne la personne qui «avancep. +Au XX~s., sont apparus quelques
possède une chose en propre, spécialement, sans composés techniques comme AUTOPROPUL-
complément, celle qui possède un immeuble ( 13151 SION n. f. (19321, AUTOPROPULSÉ, ÉE adj. (1950)
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2979 PROSE

et la série THERMOPROPULSION, THERMO- PROSCRIRE v. tr. est emprunté, avec franci-


PROPULSIF et THERMOPROPULSÉ, ÉE (1949). sation d’après écrke” (1174- 11761, au latin proscri-
@ voir PROPERGOL. bere *publier par une aBchen, en particulier ca%-
cher pour une ventem, spécialement w-monter par
PRORATA n. m. inv. est emprunté (1360) au la- afkhe la cotiscation et la vente des biens (de qqn)B
tin pro rata (sous-entendu parte), littéralement *se- et amettre (qqn) sur les listes de condamnation à
lon la part déterminéem, composé de pro (+ pour, mort» (la proscriptiol. Proscribere est composé de
pro-), rata, ablatif féminin de rutus «compté*, lui- pro- «avant* C+ pour, pro-) et scribere I+ écrire).
même participe passé adjectivé de reri <<compter,
+Proscrire a été emprunté au dernier sens du latin,
calculerm t-+raisonI et de purs, partis Nportionm
dans le contexte des mesures prises dans les temps
(+ part).
de troubles civils, spécialement pour acondamner
+ Comme en latin, prorata a d’abord été employé au bannissement, à l’exiln, sens assez rare avant le
adverbialement au sens de ~proportionnellement~~, XVII~ s. et maintenu dans l’usage littéraire. À la Re-
cet emploi sortant d’usage vers la fm du XVI” siècle. naissance, il a été repris en histoire romaine au
+Le mot n’est plus usité que dans la locution ad- sens de <<condamner à mort sans forme judiciaire
verbiale au prorata de (15411, après a prorata du en publiant par tiche le nom des condamnés%
(1526) qui ne s’emploie plus. 0 Il a été substantivé à 11549). Ce latinisme est sorti d’usage. - Le verbe a
l’époque classique 11684) pour désigner les intérkts reçu le sens figuré de -rejeter, abolir, supprirnern
courants, proportionnels à la partie de l’année Idéb. xwe s.3 en parlant d’un usage et, par exten-
écoulée au moment d’un remboursement, puis il a sion, celui de =Chasser, éloigner (qqn de sa compa-
été repris (1845-1846) au sens de aquote-pa&, avant gnieb (17181.
de devenir archtique. Seul au proruta de est
b PROSCRIT, ITE, participe passé de proscrire, est
d’usage contemporain.
substantivé ( 1552) en pahnt d’une personne frap-
PROROGATION n. f. est emprunté (13131 au pée de proscription, d’abord dans un contexte anti-
latin prorogati, -0nis <<prolongation, ajournement, que puis pour l’époque moderne 116941;il est égale-
remise, délaim, dérivé du supin Iproroghml de ment employé adjectivement pour quatier un mot
prorogme Nprolonger Ides pouvoirs, un délai, etc.))> banni de l’usage 11694). Il a qutié une mine pati-
et «payer d’avance3. Ce verbe est formé de pro ade- bulaire 11812 avoir une fzgure proscrite), sens dis-
va& (-+ pour, pro-) et de rogare Minterroger, de- paru. Les autres emplois ont vieilli. +PROSCRIP-
mander- (+ rogatoire). TION n. f. est emprunté ( 1418) au dérivé latin
4 Ce terme de droit désigne la kation d’un terme à proscriptio, -onti &Echage)), en particulier a&-
une date postérieure à celle qui était fke et, par chage pour une ventes et Hcondamnation à mort
métonymie, ce délai. Avec une valeur moins tem- sans forme judiciaire ». 0Le mot a été repris dans
porelle, il désigne en procédure le fait d’étendre le ce sens comme terme d’histoire romaine ; il est em-
pouvoir juridictionne d’un tribunal à une matière ployé aussi en parlant d’une mesure de bannisse-
dont il n’avait pas à connaître ou à un ressort excé- ment (15251, et, au figuré, de l’interdiction d’un mot,
dant ses limites territoriales ( 1752, prorogation de d’un usage (16721. 0 Le langage juridique a repris
compktence, de grâce, de jurtsdictionl. + Jl s’est spé- au latin le sens de “partage ou vente des biens d’un
cialisé en droit parlementaire (16831 pour désigner débiteur en fuite au profit de ses créanciers 11538,
la suspension des séances d’une assemblée et leur proscription de biensl, archaïque. - PROSCRIP-
report à une date ultérieure, d’abord dans un TEUR n. m. a été emprunté (1542) au dérivé latin
contexte anglais et par emprunt à l’anglais proro- prosctiptor, -0ris “qui aime à proscrire%. Ce terme
gutin, dérivé (1472-14731 de to prorogue pris au d’antiquité désignant celui qui proscrit, a eu cours
tiançais (voir ci-dessous proroger). L’emploi de pro- au xwe s. puis de nouveau après 1721, et se dit par
rogation. au sens général de <<prolongations, est lit- analogie de celui qui condamne formellement
téraire et rare. qqch. ; il est alors littéraire.
b PROROGER v. tr., d’abord proroguer (1325) avant PROSE n. f. est emprunté EV.1265) au latin impé-
proroger (13441, est emprunté au latin prorogure. rial prosa aforme du discours qui n’est pas régie par
*Il est employé en droit aux sens de aprolonger la
les lois de la vers%cationB, substantivation de l’ad-
duree dem et de arenvoyer à une date ultérieure-
jectifprosus Ehinin prosa) aqui va en ligne droite»,
Iv. 1330, proroguer). 0 Son emploi en politique au
dans prosa oratio ~Gscours droitm c’est-à-dire «sans
sens de asuspendre les séances d’une assemblée>
les inversions typiques du vers». Prosus est lui-
116871 est repris de l’anglais to proroge, to prorogue,
même l’altération de l’archaïque prorsus *tourné
lui-même emprunté au moyen français et qui, à
en ligne droite, et (‘en prose», issu par contraction
partir du sens de Mreporter à un terme plus ou
de pro <devant- (+ pour, pro-) et de versus, variante
moins éloigné, ajournep a pris celui de {{suspendre
de versus =tournén, participe passé de vertere (ar-
les séances d’une assemblée pendant un certain
chaïque vorterel atourner, se dirigep) c+O et 0
temps» surtout en parlant du Parlement Ii4%1.
vers, version, verso).
Certains l’emploient comme un synonyme recher-
ché de prolonger. - Son radical a servi à former tar- + Le mot a été repris par les auteurs des premières
divement PROROGATIF, IVE adj. “qui prorogeY rhétoriques en langue vulgaire pour désigner,
(le latin prorogatiws avait seulement le sens passif comme en latin, tout discours qui n’est pas soumis
de “qui peut être prorogé>& aux lois de la versscation ; la locution faire de la
prose sans le savoir (17881 fait allusion au Bourgeois
PROSCENIUM + SCÈNE Gentilhomme où Molière utilise le fait qu’un mot
PROSECTEUR 2980 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

alors savant désigne une chose banale et courante+ 0 De là un emploi plaisant pour ((celui qui découpe
Opposé a rime et à vers, prose désigne toute ex- les viandes dans un repas>, sorti d’usage.
pression écrite courante (XIV” s.), d’où la locution + II a produit PROSECTORAT n. m. (18551, lui aussi
coucher en prose Nmettre par écrit- (v. 14001. Par archaïque.
métonymie, il se dit d’un texte en prose (1476) et de
la manière propre à un auteur ou à un groupe, PROSÉLYTE n., réfection savante (1553) de
dans ce style de discours non versifié ( 15801. 4 En proselite (av. 12501, est emprunté au bas latin ecclé-
relation avec prosai;que et prosakme, il a développé siastique proselytus «païen converti au judaïsme »
une valeur figurée péjorative à propos de l’en- (III~s.) et aussi *étrangerm W s.1. Ce mot est em-
semble des éléments matériels de la vie quoti- prunté au grec prosêlutos @nouveau venun, d’où
dienne» (1832, Hugo). + Un emprunt direct au latin Gtranger établi dans un pays> et <<nouveau
ecclésiastique prosa (VI” s.1lui vaut en histoire de la converti>, lui-même de proserkhesthai (à l’aoriste
musique, le sens d’tchymne chantée par les fidèles prosêluthon) de pros «ver+ (+ prothèse) et erkhes-
et composée sur une base non prosodique)) (1300- thai wenir, aller-n, verbe dont l’étymologie n’est pas
1350). assurée.
b Aucun dérivé de prose ne s’est maintenu si ce 4 Le mot a été introduit en tian@s comme terme
n’est le savant et rare PRoSAiSTE n. 118271, em- d’antiquité hébraïque à propos d’un païen converti
ployé par Hugo dans la Préface de Cromwell pour au judaïsme ; par extension, il sert à désigner toute
désigner un partisan de la prose. personne nouvellement convertie à une religion et
PROSAIQUE adj. est emprunté (xv” s.) au dérivé notamment au christitisme (16111. 0 Au XVIII~s., il
latin tardif prosaiws aen prose)>. 0 Le mot, repris a repris au grec son sens propre, <étranger admis
au sens neutre de {relatif à la prose, en prose», s’est et reçu aux lois d’un payss ( 17521, sans réussir à
coloré de la valeur péjorative de «banal, plat, sans l’imposer. 0 Par extension, il se dit d’une personne
grâce)) (1588, Montaigne) présente dans tous ses récemment gagnée à une opinion, à une cause
emplois modernes. Par extension, il s’est répandu (17621.
hors du domaine littéraire pour qualifier une per-
b Il a produit PROSÉLYTISME n. m. (1721, Montes-
sonne, un sentiment caractérisés par la mesquine-
quieu, Lettres Persanes) «zèle à faire des adeptess
rie, le manque d’idéal, de noblesse 117971, une
en religion et, couramment, dans tout autre do-
œuvre d’art banale ( 1807). Il s’est parfois substan-
maine et, ultérieurement, PROSÉLYTIQUE adj.
tivé (un, une prosai;quel à propos d’une personne
1182 II, d’usage didactique pour quatier ce qui se
mesquine, sans distinction (av. 1842, Stendhal),
rapporte au prosélytisme.
mais cet emploi a disparu + Ses quelques dérivés
ont suivi le même développement péjoratif: PRO-
SAÏQUEMENT adv., d’abord Men prose>> ( 1500-
PROSODIE n. f. est emprunté (1572) au latin
prosodia uaccent tonique, quantité des syllabesn, re-
15031, Sign%e aujourd’hui «d’une manière com-
pris du grec prospdia <<chant pour accompagner la
mune, dépourvue d’élévation) (18321. 4 PROSAÏ-
lyre)), <(variation dans le niveau de la voixn et spé-
SER v., formé Cv.1740) sur le modèle de poéfiser” en
cialement ((prononciation d’une syllabe accentuées.
remplacement de l’ancien prosaiquer (15361, a
Le mot s’applique plus généralement a toutes les
perdu le sens d’&crire en prose, pour aenlever tout
différences de prononciation normalement non
éclat et toute noblesse à (qqch.)n (1831) emploi rare,
écrites, comme la quantité et la respiration, et, par
tout comme le sens intransitif, &crire platement>
métonymie, aux signes donnant une indication de
(18783. +PROSAISME n. m. (17851 a vieilli avec le
prononciation. ProsQdia est dérivé de pros@os
sens péjoratif de «défaut d’une poésie banale, res-
qutiant ce que l’on chante avec un instrument et,
semblant trop à de la prose>>, pour ne garder que
au figuré, ce qui s’accorde avec, de pros & côté de»
celui de ({caractère de ce qui est plat, sans no-
(--+prothèse) et -@os, de @in achanterx C-+ode).
blessen 118291;il est alors le substantif de prosaïque.
PROSATEUR, TRICE n. a été introduit, semble-t-il, $ Ancien terme de grammaire désignant la pro-
par Ménage (1666) à l’imitation de l’italien prosa- nonciation correcte et régulière des mots selon
tore (1543- 15651, de prosa (+ prose) pour désigner l’accent et la quantité des syllabes (l’anglais proso-
un écrivain qui écrit en prose. Le mot n’est vrai- dye a déjà cette acception v. 14501, prosodie s’ap-
ment admis dans la langue française que depuis plique, par métonymie, à un traité de ces régies
l’édition de 1762 de l’Académie (Richelet, en 1680, ( 1573). Depuis la même époque, et encore de nos
corrige excelent Isicl prosateur en homme qui écri- jours, il est spécialisé en métrique pour désigner
voit bien en prose). les caractères quantitatik et mélodiques des sons,
surtout en grec et en latin, en tant qu’ils inter-
PROSECTEUR n.m. est dérivé savamment viennent dans la poésie, ainsi que les règles
( 1796) du latin prosectum, supin de prosecure COU- concernant ces caractères (1573). 0 Il a été repris
pern, formé de pro <<devant, avant>>(+ pour, pro-) et en musique en parlant des règles concernant les
de secare ctcouperm (3 scier). Le bas latin prosector, rapports de quantité, d’intensité, entre les temps
-oris est attesté au sens de 4Wurgien~~ au début de la mesure et les syllabes des paroles (av. 1593).
du III~siècle. 0 Le mot a pris au XIX~ s. le sens archéologique de
+ Le mot, aujourd’hui archaïque, a été introduit en (<pièce vocale grecque accompagnée à la lyre-
médecine pour désigner l’assistant d’un professeur ( 1875) par réemprunt au grec. 0 En linguistique, il
de faculté qui prépare et dirige les travaux pra- désigne (xx” s.1l’étude de l’accent et de la durée des
tiques d’anatomie, notamment les dissections. phonèmes.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2981 PROSPÈRE
.Le dérivé PROSODIQUE adj. (17361, terme de personne qui explore dans les domaines intellec-
métrique puis aussi de linguistique, a lui-même tuels, psychologiques (1890, prospecteur de I’ûme). Xl
donné PROSODIQUEMENT adV. 11869), ainsi que est adjectivé 11926) avec le sens de vde prospec-
PRosoDIER v. tr. ( 1805), rare et spécialisé en mu- tions, quelquefois employé comme synonyme de
sique (1842), et PROSODISTE n. (1843, bien après prospectif+. ~PROSPECTEUR-PLACIER n.m. dé-
l’anglais prosodist 1779- 17811,autre mot peu usité. signe 11971) celui qui recherche des emplois pour
les personnes sans travail.
PROSOPOPÉE n. f. est la resufhxation (16111 0 voir PROSPECTIF, PROSPECTUS.
de prosopopejk (15Oï’), emprunt au latin prosopo-
peia, lui-même emprunté au grec tardif prosôpo- PROSPECTIF, IVE adj. a d’abord existé en
poiia *action de faire parler un personnage dans un moyen lançais comme adjectif dans le terme
récit=. Celui-ci est dérivé de prosôpopoiein «person- science prospective <optique)) ! 14441 et comme nom
nifrep, <<animer par l’intervention de personnages>, de la perspective*, éliminé par ce dernier mot. II
composé de poiein afaire> (+ poésie1 et de prosôpon était emprunté au latin tardif prospectives aper-
eface, figureti, spécialement «masque de théâtren mettant de voir de loin, o&ant une perspective*,
d’où <<rôle, personnage de théâtrem. Ce dernier est dérivé de prospicere *regarder de loinn 13 prospec-
composé de pros- aen face de)> I+ prothèse) et du tus). ll a été repris ( 1834) sous l’tiuence de l’an-
radical de ôps =vuen (3 myope, optique). glais prospective “qui permet de voir de loin» (15901,
+ Le mot a été repris en rhétorique pour désigner downé vers le futur, concernant l’aveti (18001,
une figure par laquelle l’orateur, l’écrivain fait par- lui-même emprunté au moyen français ou issu du
ler et agir un être animé, un animal, un absent ou latin tardif prospectivus.
un mort. Par métonymie, il s’applique quelquefois, + Le mot a été repris ( 1834) au sens de <relatif à
dans un usage littéraire et archaïque, à un discours l’avetil et substantivé au féminin, la p~~s~~ctive,
pompeux, véhément et emphatique ( 1677). pour désigner l’ensemble des recherches ayant
PROSPECTER v. tr. est emprunté (1862) en trait aux directions possibles de l’évolution du
même temps que prospecteur (ci-dessous) à l’an- monde moderne. En ce sens, il a été répandu sous
glais toprospect, terme de mines dérivé du subs- l’influence des travaux anglo-saxons; c’est Gaston
tantifprospect (xv" sd, de même origine que le tian-
Berger, fondateur du Centie international de pros-

çais prospect I+prospectus) désignant la vue, pective en 1957, qui l’a introduit en lançais.
l’aspect, la manière de regarder. L’anglais prospect b Prospective a produit PROSPECTIVISTE adj. et
avait acquis aux Etats-Unis le sens de asondage mi- n. (1966), employé comme adjectif dans un sens très
niep, lors de la ruée vers l’or, ( 1832) et plus tard ce- voisin de prospectif: et substantivé ( 1971) pour aspé-
lui de 4ient potentiel* ( 1922). TO prospect est at- cialiste de la prospective».
testé en angle-américain depuis l’époque de la @ Voir PROSPECTER, PROSPECTUS.

ruée vers l’or (1841, intransitif; 1851, transitif).


+Le mot Sign%e «examiner (un terrain) pour re- PROSPECTUS n. m. est emprunté (1723) au
chercher des gisements minéraux>, d’abord dans latin prospectus <<action de regarder devant, au
un contexte américain puis en France en ailleurs, loinx d’ou «vue, perspectivem, de prospicere, littéra-
en emploi absolu ( 1864) puis aussi en construction lement aregarder en avantv, verbe formé de pro
transitive (18991. 0 Par métaphore, il signifie cou- adevant)} (+ pour, pro-) et de specere, mot archaïque
ramment aexplorer (un domaine abstrait), scruter signSant eregarderti (3 spectacle). Le français avait
lune chose)% (1928). Le Larousse du xx” s. ( 1932) en- déjà adapté prospectus en prospect n. m. IlSSOI, mot
registre son emploi spécial en publicité, pour are- qui a désigné une vue, une perspective.
chercher (une clientèle), ; il s’agit alors d’un nouvel 4 Le mot français est d’abord un terme de librairie
emprunt à l’anglo-américain. désignant le programme donnant le plan et la des-
drospecter a produit PROSPECTION n. f. (1874) cription d’un ouvrage avant sa parution Inotam-
qui adapte l’anglais prospecting El850), plus ment le célèbre Prospectus de l’Encyclopédie); le
fréquent que prospection dans cette langue pour sens équivaut alors à aprojet, programme,.
désigner la prospection minière. En français, le 0 Avant la fm du XVIII’ s., il désigne aussi le docu-
nom signifie arecherche de gisementw et, au fi- ment de présentation d’une opération ( 1789, d’un
guré, «recherche, exploration> dans tout domaine budget ; 1790, d’une invention) et, plus générale-
( 19311,spécialement en publicité arecherche d’une ment (18131, un document d’annonce publicitaire.
Clientèle>. *PROSPECTÉ, ÉE, Le participe passé, b PROSPECT n. m. a été repris (xx” s.) en urba-
est adjectivé ( 1951) et substantivé en parlant d’une nisme, où il s’applique aux rapports respectifs de
personne ou d’une entreprise ayant fait l’objet hauteur et d’orientation entre bâtiments relative-
d’une prospection publicitaire. ment à l’axe des voies au bord desquels ils sont si-
PROSPECTEUR,TRKE adj. et n. est emprunté tués.
(18621 à l’angle-américain prospecter, prospecter + Voir PROSPECTER, PROSPECTIF.

(18461, dérivé de to prospect soit par formation sa-


vante, d’après le latin tardif prospecter <celui qui PROSPÈRE adj. est la réfection par emprunt
pourvoit, veille sw, soit à l’aide du sufke anglais savant au latin (v. 13551de l’ancien français prospre
-er, -or. - En hnçais, le mot désigne celui qui pros- Iv. 11201, surtout attesté en anglo-normand et issu
pecte un terrain, une région (d’abord dans une re- du latin Prosper, à côté de prosperus “qui répond
lation de voyage aux États-Unis1 et, au figuré, la aux espérances», “qui est propice, favorable-.
PROSTATE 2982 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

D’après les Anciens, le mot était formé de pro F Il a produit l’adjectif PROSTATIQUE (17651, sub-
(-+ pour, pro-) et de sperure (+ espérer), mais il peut stantivé pour un malade atteint d’hypertrophie de
s’agir d’une étymologie populaire. la prostate (19321, et les termes médicaux PROS-
4 Le mot qualse ce qui est fortuné, heureux, favo- TATITE n. f. (1823) &&%mmation de la prostaten et
risé par le succès, souvent avec l’idée secondaire PROSTATECTOMIE n-f. (18901, littéralement
d’une belle apparence, en parlant d’une plante, cablation de la prostate}}. -PROSTAGLANDINE
d’un animal, et ironiquement d’un être humain. Ce n. f. a été créé par le Suédois Von Euler lors de la
sens, considérk comme vieilli en 1718, a été réintro- découverte en 1934 d’une substance hormonale
duit par l’Académie en 1835; il doit correspondre à élaborée par les tubes séminifères et par divers or-
un usage de la Restauration. Le sens, repris à la ganes et tissus. La formation du mot, à partir de
langue poétique latine, de ((favorable au succès, prostate, glande” et du stixe -ine, vient de ce que
propice>> (v. 1460; 1214, sous la forme prospre) seul l’on croyait que ces substances étaient élaborées
usité au XVIII’ s., est quasiment sorti d’usage au bé- par la prostate.
néfice de proptce.
PROSTERNER v. tr. est emprunté (13291 au
F Le dérivé PROSPÈREMENT adv. Cv.12401, réfec-
latin prostemere <coucher en avant, jeter bas, ren-
tion de l’ancien prosprement Iv. 11201,est archaïque
verser, terrasser>>, au figuré <<abattre, ruinela, au
après le XVJI’siècle.
pronominal se prostemere 4incliner très bas en
PROSPÉRITÉ n. f., d’abord prospetit& (v. 11201,est
signe de respect, de soumission*. Le verbe est
emprunté au latin prosperitas, -astis, nom corres-
composé de pro <<enavant)) (3 pour, pro-1 et de ster-
pondant à Prosper. Le moyen fYançais avait aussi
nere Nétendre, abattre, terrasser)) et arecouvrir, jon-
properté, prospreté. +Le sens actuel, «état de ce qui
cher)) (+ strate).
prospère, heureuse situation>>, est fixé dès les pre-
miers textes à propos d’une personne, quelquefois $ Le verbe est passé en fk-ançais avec le sens transi-
avec la notion secondaire de bien-être, de santé tif de <<jeter bas, abattre, renverser», encore attesté
physique Iv. 1KG. Ni l’emploi de une, des prospéri- au XIX~ s., notamment avec la nuance adoucie de
tés au sens métonymique d’4vénements heureux>> ((courber, abaisser>> (Balzac, Chateaubriand et en-
Iv. 13801, ni l’expression visage de prospérité <<airde core Mallarmé). Le sens d’gcabaisser jusqu’à terre
santé et de contentement)> (16801, ne se sont main- en signe d’humble respect= 114961,le complément
tenus dans l’usage vivant. 0 La valeur économique, désignant une personne, une chose, une partie du
<<état d’abondance, augmentation des richesses>>, corps, est aujourd’hui un archaïsme littéraire.
beaucoup plus tardive 117511, est en revanche res- + L’usage moderne emploie principalement le pro-
tée courante. nominal se prosterner (1478) pour <<secoucher la
PROSPÉRER v. intr. est emprunté iv. 1350) au dé- face contre terre,, avec les extensions gs’humilier))
rivé latin prosperare <<rendre prospère, être favo- (1496) et, à l’époque classique, <<sejeter aux genoux
rable à» et, en latin tardif, plus souvent sous la de qqn>> (1690) et ((faire une profonde révérence=
forme du passif prosperari (<réussir». + L’usage mo- kw~~ s., M”” de Sévigné1. L’emploi intransitif du
derne n’a pas conservé la construction transitive, verbe avec le m&me sens (1756, Voltaire) a disparu.
prospérer qqn de rendre heureux>, prospérer qqch. b Les quelques dérivés datent du xv~~siècle, -Le
«faire réussit->> ( 15521, emploi abandonné après le participe passé PROSTERNE. ÉE est adjectivé
premier tiers du XVII~siècle. 0 La construction in- ( 1549) au sens de «couché à terre en signe d’adora-
transitive (v. 13551 s’est imposée au sens d’aavoir un tion, de respectn, évinçant prostrk*, mais cédant à
sort favorable» en parlant d’une personne, puis de ce dernier les anciens sens figurés de <(délabré)>
&ussirn en parlant d’une chose (1532) et ((se ré- (15801, Rabattu, accablé)} 11840). Il est substantivé
pandre en abondance>) en parlant d’idées ou de (1809) en termes d’histoire ecclésiastique à propos
choses spirituelles (15371, de plantes ou d’animaux d’un catéchumène du second ordre. +Le dérivé
(v. 1775) et, ironiquement, d’une chose mauvaise PROSTERNATION n. f. (1568) est plus courant que
(1673). La construction attributive prospérer Ct qqn son doublet PROSTERNEMENT n. m. (1580), à la
( 1689) est propre à la langue classique ; elle a été fois au propre et au figuré.
remplacée par réussir. 0 voir PROSTRÉ.

PROSTATE n.f. est emprunté (1555) au grec PROSTHÈSE +PROTHÈSE


prostatês, proprement “qui se tient devant%, dési-
gnant par suite le chef, le président, le défenseur, le PROSTITUER v. tr. est emprunté (v. 1380) au
protecteur, mot spécialisé en anatomie pour dé- latin prostituere, de pro <<devant» !-+ pro-) et de sta-
signer l’os hyolde et employé en médecine à partir tuere «placer, poser)> (+ statuer). Le mot sime
du III~s. au sens qui est passé en français. Il est proprement aplacer devant, exposer aux yeux», va-
formé de pro- <<devar& I+ pro-l et de -stat&, de his- leur étymologique peut-être comparable à celle de
tanai ((placer debout, dresser)) (+ statique3. l’ajectif obsckne (dont l’origine est discutée), spé-
+ postate a été introduit par les médecins pour dé- cialement, &vrer à des activités sexuelles par inté-
signer, comme en latin tardif, la glande située chez rêt, (également à la forme pronominale se prosti-
l’homme à la jonction du col de la vessie et de tuere) et, au figuré, <dégrader, souiller».
l’urètre. Par métonymie, le mot désigne une a&ec- + Le mot signif?e adéshonorer Iqqch.1 par l’usage in-
tien de la prostate (une prostatite), souvent opérée digne qu’on en fait», spécklement 116661 en parlant
chez l’homme âgé (déb. xxe s.) par ablation de la d’un écrivain. +Par un nouveau latinisme, il signî-
glande. fie depuis le xv~~s. elivrer (qqn) aux désirs sexuels
DE LA LANGWE FRANÇAISE 2983 PROTÉE

d’autrui pour des motifs d’intérêt ou dans le cadre ,On en a tiré un verbe PROSTRER v.tr. (1884,
de pratiques rituelles>> (1530). La forme pronomi- Huysmans), employé plutôt au pronominal.
nale se prostituer, d’abord <<s’exposer à qqch.u PROSTRATION n. f. est emprunté Iv. 1300) au dé-
EV. 15121, prend aussi au xwe s. la valeur de ase livrer rivé latin chrétien prostratio, -0nis employé avec
aux désirs sensuels d’une ou plusieurs personnes tous les sens correspondant à ceux du verbe : pour
par intérêt» 11560) et, par extension, =se livrer d’une désigner l’action de coucher, d’étendre, d’abattre,
manière dégradante= (1690). En français moderne, puis la ruine et l’anéantissement. +Le mot a perdu
seuls les emplois concernant le commerce sexuel son sens ecclésiastique ancien de ccprostemementn
sont vivants, mais le verbe est moins usuel que ses parallèlement à prostré. 0 Il a été repris en méde-
dérivés. cine pour désigner un état d’abattement extrême
F Le participe passé PROSTITUÉ, ÉE, employé (1743, passant dans un usage plus courant en par-
comme adjectif depuis le XVII~ s., est substantivé au lant d’un état d’accablement, d’inactivité 11826).
f&ninin, pour désigner une femme qui fait com-
merce de son corps (1596), puis employé par méta- PROTAGONISTE n. est emprunté (17871 au
phore, spécialement en référence à ~‘AJIOCU- grec prôtagônist& <celui qui combat au premier
Zypse XIV, 8 dans l’appellation la Prostituée de rangm d’où «l’acteur chargé du rôle principal» et au
Babylone ( 17341, appliquée par dénigrement par les figuré mla personne tenant le premier rang>. Ce
protestants à la Rome catholique. Substantivé au mot est formé de preto- «le premier» (+ proto-1 et
masculin, prostitué a désigné un homme vénal, dé- de ugônistês «athlète)), d’où «homme qui lutte par la
bauché et, de nos jours, un homme, généralement parole ou par l’action>) (avocat, acteur), tiré de agô-
homosexuel, faisant commerce de son corps nizesthai alutter, combattren (+ agoniser).
(v. 19303. Au féminin, le mot est non marqué par + Protugoniste, repris pour désigner celui qti joue
rapport à son synonyme putain. le rôle principal dans une tragédie grecque, est
PROSTITUTION n. f., le plus ancien des mots du étendu au personnage principal dans le théâtre
groupe, est emprunté (1250-1300) au latin chrétien moderne, puis dans une œuvre littéraire. II a pris le
prostitutio, -anis <(profanation)>, «débauche», dérivé sens figuré de apersonnage de premier plan>> ou
du supin Iprostitutuml de prostituere. *D’abord at- même <<personnage important», et aussi de “pro-
testé dans une version anglo-normande de I’Apo- motet 119021.
calypse, prostitution désigne le fait de se livrer à la
débauche, pour une femme, sens rare avant 1530 et PROTE n. m., d’abord prote (16491, hncisé en
de nos jours sorti d’usage au profit de l’acception prote (17101, est un emprunt à l’italien pr6to dési-
spéciale, <<fait de livrer son corps moyennant rému- gnant celui qui dirige les travaux dans une impri-
nération)> Il 690) ; celle-ci l’a emporté après avoir été merie 11585). c’est un emprunt au grec prôtos Npre-
en concurrence au kwue s. avec l’expression prosti- mier>> (+ proto-1.
tution publique (Montesquieu) et aussi publicisme +Prote a été repris au sens du mot italien, mais la
des femmes IRestif). Son emploi figuré pour l’usage définition des compétences a évolué : jusqu’au dé-
dégradant fait d’une chose se rencontre déjà chez but du xtxe s., les fonctions du prote incluaient la
Montaigne (1588). 4Le sens biblique, Nfait de lecture et la correction des épreuves réservées de
s’adonner au culte des idolesm, est plus tardif, enre- nos jours au chef du service de la composition.
gistré par l’Académie en 1718, et a disparu.
PROSTITUTEUR,TRICE n.estemprunté (1663)au PROTÉE n. m., d’abord Prothé (1555), puis Pro-
dérivé latin chrétien prostitutor acelui qui dé- thée ( 15631, est le nom d’un dieu marin de la mytho-
bauche, corrupteur». - Le mot, parfois en concur- logie grecque, chargé de faire paître les troupeaux
rence avec prostitueur, dérivé ( 1622) de prostituer, de phoques et autres animaux marins appartenant
est rare en parlant de celui qui avilît une chose res- à Poséidon, et doué du pouvoir de changer de
pectable par un usage dégradant. Appliqué à celui forme à volonté. Le latin Proteus (également attesté
qui, par intérêt, livre qqn, en générall une femme, au sens figuré pour ahomme versatileti) est em-
aux désirs charnels d’autrui 11811), il a disparu sous prunté au grec Mteus, d’étymologie incertaine,
la concurrence de proxénète et de ses synonymes soit emprunté à l’égyptien, soit apparenté à prôtos
(souteneur, maquereau, etc.). «premier>> (-, proto-, prot-3.
PROSTRÉ, ÉE adj. est emprunté au XIII~ s. + Le mot, chez Ronsard, désigne comme en latin
(après 12501 au latin chrétien prostratus <pros- une personne changeant sans cesse d’opinion,
ternén, participe passé de prostemere I-F proster- d’humeur, avec une valeur péjorative. Q Par ex-
ner). tension, il s’est appliqué à une chose qui se pré-
+ Le mot, ancien terme ecclésiastique, si@aît sente sous les aspects les plus divers (1685). + Vers
«prosterné>> avant que proste& s’impose, et servait la fm du XVIII~ s., protée est repris par les zoologues
aussi en moyen hnçais à qutier une personne pour désigner une amibe (18001, par emprunt au la-
couchée (XIV~ s.), en particulier couchée sur le dos tin scienti-fique proteus ( 17551, mais qui sera éliminé
et renversée (14761. +L’usage moderne le distingue par amibe; puis il désigne un batracien urodèle
de prosterné en lui faisant assumer l’autre valeur (18051, là aussi par emprunt au latin scientsque
du verbe latin : prostré a été repris en médecine Proteus (attesté en 17681, parce que cet animal vire
SOUS l’influence de prostration, pour aextrêmement au noir à la lumière.
abattun, devenant courant au sens d’~+&anti, acca- k Les dérivés de protée ont vieilli à l’exception de
blé» (1869). PROTÉIFORME adj. (17611, toujours vivant dans le
PROTÉGER 2984 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Style littéraire ou soutenu. + Ce Sont PRO- se mettre, se placer (1690) et, avec changement de
TÉEN, ENNE adj. (1869) qui reprend le moyen fkn- point de vue, prendre qqn sous sa protection ( 16941.
çais protean ( 15711,du latin proteanus, et les dérivés + Par métonymie, protection désigne la chose ou la
PROTÉISME n. m. (1826) et PROTÉIQUE adj. personne qui constitue une défense, un abri (XIII~s.),
(1842). d’où au me s. le dispositiftechnique préservant une
chose, par exemple l’enduit placé sur le métal pour
d+ PROTÉGER v. tr. est emprunté 6n xrve s.) l’empêcher de s’oxyder 11932) et, en électricité, le
au latin protegere rouvrir en avant, devant, abri- dispositif permettant de détecter et d’éliminer les
ter)> d’où, au figuré, <garantir>>, de pro cdevantn anomalies survenues dans un réseau de transport
(-+ pour, pro-1 et de kgere ~couvrW, aabriter)) et une installation 11963). +D’autres valeurs re-
(+ toit). montent aux XVII~-XVIII~s. : protection désigne le fait
+ Le verbe Sign%e «défendre (qqn, qqch.1 contre un de favoriser les intérêts, la carrière de qqn (1633) ; il
danger, un risque» (1395, rare avant le XVIII~s.), éga- se dit aussi de l’action de favoriser qqch., d’abord
lement k la forme pronominale se protéger ( 1756). en économie (1664, Colbert), et en parlant de toute
Par extension, avec changement de sujet, il corres- activité 11745). Il sert aussi à désigner un comporte-
pond à <constituer par sa présence physique un ment protecteur (1746). Dans la plupart des em-
rempart, un abri contre...> (17631. w+L’idée de plois, il correspond au verbe protéger. + On en a dé-
risque passant au second plan par rapport à celle rivé les termes d’économie PROTECTIONNISME
d’appui, protéger prend à l’époque classique ( 1671) n. md1845) etPROTECTIONNISTE n.t 1845)etadj.
le sens de <(faciliter l’intérêt, la camière de (qqn)%, 118561,dont les correspondants anglais protectio-
dont procède la spécialisation : *entretenir (une nispn (1852) et protection& (1844, nom; 1846, ad-
femme)* 11838,Balzac). On est passé, par change- j ectti sont approximativement contemporains.
ment de complément, à ufavoriser, encourager une +Le mot technique AUTOPROTECTION n.f. est
activité>> Il 7541, spécialement en économie en par- une création récente ( 1973,Journal officie21dési-
lant du commerce, de l’industrie d’un État, que l’on gnant la protection contre les rayons dans la partie
privilégie par des tarifs établis sur l’importation de interne d’une matière absorbante. 0 SUPERPRO-
produits étrangers Il 754, Encyclopédie), TECTION n. f., qui s’emploie en psychologie
F La dérivation directe est peu abondante. +Le (mil. xx’ s. : attesté 1966) a entraîné SUPERPROTÉ-
participe passé PROTÉGE, &E est substantivé GER v., et, adjective, SURPROTÉGÉ,kE 119701,
11741) pour désigner une personne qui a un protec- ainsique SUPERPROTECTEUR,TRICE adj.etn.
teur; il est adjectivé en économie politique (1859, PROTECTEUR~TRICE adj.etn. est emprunté
pays protégé), et en droit internationnal dans État (1234) au bas latin protector, -oti ((celui qui pro-
protégé Il 875)en relation avec protectorat. Avec son tège>, spécialement <<garde du corps, défenseur>>,
sens de base, il est adjectivé dans le code de la dérivé du supin de protegere. + Le mot, qui apparait
route où l’on parle de passage protégé 119551, avec son sens de base, ((celui qui protège)}, est de-
- PROTÈGEMENT n. m. ( 1778) n’a pas réussi à venu un titre politique au xvle s. 115471,spéciale-
s’imposer en raison de la concurrence de l’em- ment, par adaptation de l’anglais, celui de Crom-
prunt protection. -Eti, l’élément verbal PRO- well (1657). +En relation avec protéger et
TÈGE- entre dans un certain nombre de noms dé- protectton, il est appliqué à une personne favori-
signant des objets destinés à protéger (ce que sant une chose, une activité (15051, la carrière de
désigne le second élément). Il est productif depuis qqn ( 16781, et spécialement à l’homme qui entre-
le XIX~~. (PROTÈGE-OREILLES, 18971, et notam- tient une femme 11832, Balzac), avec des connota-
ment dans la première moitié du xxes. (PROTÈGE- tions sociales bien différentes de celles de soute-
CAHIER, PROTÈGE-BAS, PROTÈGE-CHE- neur. 0 Des sens techniques sont apparus à partir
VILLES Il947 en sportsl, PROTÈGE-DENTS, de la seconde moitié du XIX~ s. (Littré). +Le mot est
PROTÈGE-JAMBE, PROTÈGE-PARAPLUIE, adjectivé assez tard (1717) dans son sens général,
PROTÈGE-NEZ h9001, PROTÈGE-POINTE, PRO- en particulier dans l’appellation Société protectrice
TÈGE-RADIATEUR, PROTÈGE-TIBIAS [en des animaux (1857). L’adjectif s’est spécialisé en
sports, av. 19341, tous n. m.1. économie politique (1789, lois protectrices), en poli-
PROTECTION n. f. est emprunté tv. 12001au bas la- tique ( 1859, État protecteur) et en chimie 11958).
tin et latin chrétien protectio, -anis cabri, défense», 4 C’est le seul mot de ce groupe à exprimer psy-
spécialement «assistance de Dieum, dérivé de pro- chologiquement la nuance péjorative de condes-
tectum, supin de protegere. +Le mot désigne l’ac- cendance, en parlant d’un air (1811) et d’un ton
tion de protéger, de défendre, sens actif conservé ( 1772). On a dit antérieurement ( 1726) un air de pro-
depuis l’ancien français et dont procèdent au me s. teeteur.
des spécialisations telles que protection sociale Le dérivé savant PROTECTORAT n.m. (~XI),
(19301, protection maternelle et infantile (19331,pro- terme historique désignant la dignité de protec-
tection civile (195 11,protection diplomatique (1963) teur, en parlant de Cromwell d’après l’anglais pro-
ou protection routière (19671.Protection rapprochée tectorute (1692), est passé au début du xrxe s. en
s’applique aux spécialistes qui protègent un droit international. C’est alors un dérivé savant du
homme public. 0 S’agissant des choses, on peut radical latin, désignant anciennement le régime ju-
noter protection des sites I 19061 et, en informatique, ridique établi par un traité international et selon le-
protection des fichiers (19691.0 C’est aussi de ce quel un État protecteur contrôle un État protégé
sens que procède la locution sous Ia protection de, (18091. 0 Par analogie, il s’emploie en parlant de la
souvent construite avec des verbes tels que domination de fait d’un pays sur un autre (1859) et,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2985 PROTESTER

par métonymie, du pays soumis à cette dépen- indirect, souvent introduit par contre (1650). ce
dance 118901. sens a dû se développer à partir de protestation qui
l’a, dès l’ancien fran$ais. ODepuis 1611, protester
PROTÉINE n. f., terme de biochimie (18381, est est employé au sens juridique de tifaire un acte
emprunté au grec tardif prôteios “qui occupe le constatant le non-paiement à l’échéance d’un effet
premier rang, de première qualité», de prôtos «pre- ou le refus d’acceptation d’une traite)> (cf. ci-des-
mier)) (+ proto-1, avec le suffixe -ine. sous protêt).
+ Le mot a été introduit par Berzelius, chimiste sué- b Le plus ancien dérivé créé en francais est le dé-
dois, qui écrivait en fiançais dans une lettre à Mul- verbal PROTÊT n. m. (15661, anciennement protest
der (3ulletin des sciences physiques et naturelles en 114791,passé du sens général de ((déclaration, tir-
Néerlandel : ala matière organique, étant LUI prin- mation> au sens juridique d’cacte par lequel un bil-
cipe général de toutes les parties constituantes du let à ordre, un effet de commerce est protesté»
corps animal k.1, pourrait se nommer protéine». Le (16301.
concept moderne se dégage dans la seconde moi- PROTESTANT, ANTE, participe présent de protes-
tié du xcc” siècle. ter, a été adjectivé (1542) et substantivé (1542) dans
b Prot&e a produit un certain nombre de termes une acception religieuse, par emprunt à l’allemand
de chimie dont le plus ancien est PROTIDE n. m. Protestant, lui-même emprunté au latin pvotes-
( 18381 +ubstance obtenue par la décomposition de tans,-an&, participe présent de protestari. Tel
matière animale par les alcalis-, ensuite nom géné- était, en Allemagne, ie nom donné aux partisans de
rique des acides aminés et de tous les composés Luther, lesquels, en 1529, à l’issue de la diète de
azotés qui en contiennent (1923). + L’ancien adjectif Spire 119 avril), protestèrent (c’est-à-dire promirent
PROTÉIQUE (1841) a été refait en PROTÉINIQUE solennellement) d’appeler à un concile général du
k's.1. ~PROT~~IDE n. f. (1903) a probablement décret de 1’Empereur. Le mot ne concerne donc
été formé d’après l’anglais proteid ( 1871). 0 La pas un refus formel de la hiérarchie romaine,
même année 1903, la Revue générale des sciences comme on a pu le croire plus tard. En passant en
enregistre PROTÉASE n. f. <enzyme hydrolysant fkançais, cette désignation s’est d’abord appliquée
les protéines et les polypeptidesn et PROTÉOLYSE aux luthériens d’Allemagne et de Suisse, puis aux
n. f. ~~désîntégration des substances protodiques Français (15461, restant toutefois rare jusqu’au
complexes sous l’effet d’enzymes>> (le dérivé PRO- XVII~s. par rapport à huguenot ou réfor&. Ainsi,
TÉOLYTIQUE adj. figurant dès 1901 dans la même Guez de Balzac, en 1651, déplore le peu d’usage du
revue). 0 L’adjectif PROTÉINE, ÉE est attesté de- mot en France ; il est devenu aujourd’hui la qualif-
puis le milieu du XX~siècle. + Prot&e entre comme cation la plus usuelle. Depuis 16 18, l’adjectif quali6e
second élément dans quelques noms de molécules également ce qui est propre ou relatif aux protes-
dont HÉTÉROPROTÉINE n. f. (v. 18501, NUCLÉO- tants (d’abord religion protestante). +De protestant
PROTÉINE n.f. (1932), PHOSPHOPROTÉINE n. f. sont dérivés PROTESTANTISME n-m. (16231, dît
~19491,MUCOPROTÉINE n.f, SCLÉROPROTÉINE de la religion protestante et autrefois, par métony-
n. f, FERROPROTÉINE n. f. (tousvers 19501, LIPO- mie, de l’ensemble des Eglises protestantes et de
PROTÉINE n. f. (1959) et MÉTALLOPROTÉINE leurs membres ( 1790).
n. f. (19681, ces dates correspondant en général à PROTESTATAIRE adj. et n. a été dérivé savam-
l’entrée de ces termes dans les dictionnaires. ment de protester avec le suffixe -aire 11842) pour
désigner la personne qui proteste contre, spéciale-
+@PROTESTER v. est emprunté (13391 au latin ment les députés alsaciens qui, entre 1871 et 1891,
impérial protestafi «déclarer hautement, af5rmerm, protestèrent contre l’annexion de l’Alsace-Lor-
au figuré aattester, témoigner», de pro {{devant, en raine par l’Empire allemand (1890, adjectif; 1891,
avant>) (+ pour, pro-1 et de testur-l Mattester* G+ tes- nom). *PROTESTABLE adj. et n. est employé en
ter-l. droit commercial à propos d’un effet que l’on peut
+ L’histoire du mot reflète un a$ranchissement pro- protester.
gressif des sens hérités du latin : protester de, suivi PROTESTATION n. f., anciennement protestucion
d’un infmitif pour <<s’engager solennellement à», a (v. 12781, est directement repris au dérivé bas latin
disparu. Le sens de <(déclarer solennellement», protestutio, -anis {(assurance, déclaration>>. + Le mot
dans protester de et un substantif Il3771 a lui aussi a gardé le sens du latin : «déclaration par laquelle
vieilli, mais l’emploi pour «attester formellement on atteste ses sentiments, sa volonté>>; dès 1283,
avec une certaine solennité>> ( 1560) reste vivant bien avant le verbe, il désigne l’opposition à une de-
dans un contexte impliquant une dénégation [pro- mande, une exception puis la déclaration formelle
tester de son innocence1 ; le verbe est alors compris par laquelle on s’oppose à qqch. Il304 et, par méto-
dans l’acception juridique de <déclarer publîque- nymie, l’écrit contenant cette déclaration, d’abord
ment que l’on est victime de qqch. ou que l’on ré- en droit ( 1479). Ce sens, devenu rare du XVI~ au
cuse pour telle raison (1650, protester de nullité, XVIII” s., ne s’est répandu qu’à partir de 1790. 0 Pa-
après protester de gqch. arécuser d’avance>>, au rallèlement, le mot désigne l’action par laquelle on
xv” S.I. La valent- la plus vivante de protester de et dresse le protêt d’une lettre de change, d’une traite
substantif est «assurer avec énergie, insistance)) (14621, là aussi avant le sens correspondant du
Iprotester de sa bonne foi]. 4 D’abord dans la langue verbe. +Au XIX~ s., il désigne en histoire religieuse
juridique, le sens de Mdéclarer formellement son l’action par laquelle les partisans de Luther protes-
opposition, son refus>> s’est imposé 116501, surtout tèrent en 1529 contre le décret de la diète de Spire,
absolument 11668) et parfois avec un complément d’où, à l’époque, leur appellation de protestants Ici-
PROTHÈSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dessusl, (1842) et toute opposition de protestataires portante dans des mots désignant les noms des su-
(18901. périeurs dans une hiérarchie. oEn chimie, il ex-
prime le degré minimal d’oxydation et, en
PROTHÈSE n. f. est un emprunt de la langue médecine, la première couleur fondamentale, le
classique ( 1695) au grec prosthêsis, désignant l’ac- rouge.
tion de poser devant, sur ou contre, et spéciale-
b PROTOPLASME n. m. (1872 ; -plasma, 1846, trad.
ment, en grammaire, l’addition d’une lettre ou
de l’allemand) est un emprunt à l’allemand 11846,
d’une syllabe initiale à un mot. Le mot est dérivé de
H. Mohl; 1839, autre sens), formé sur le grec
prostithenai «placer auprès, contre, en plus>, formé
plusma (+ plasma). Le mot désigne la substance de
de pros (adverbe et préposition) aauprès, à côté, en
la cellule kytoplasme et noyau). 0 Le dérivé PRO-
outre>), probablement apparenté à pro (+ pour,
TOPLASMIQUE adj. 11868, Robin) s’est employé au
pro-). Le second élément est tithenai <(placer,
figuré pour Anforme, indéterminé». ~PROTO-
mettre- (4 thèse). ProsttisGs a souvent été
ZOAIRE n. m. (attesté 1834) semble lui aussi pris à
confondu avec prothesis <<préposition», de pro <<de-
l’allemand, où il est tiré du latin scientsque proto-
vantn et de thesk, ce, dès le bas latin qui a em-
zoa, de proto- et grec ZOO~. Ce mot, qui désigne les
prunté les deux substantifs: ainsi, les grammai- organismes animaux à une seule cellule, tend à
riens des IV” et ves. utilisent prosthesis et prothesis être remplacé par PROTISTE n. m. (1873, Robin)
pour wIdition d’une lettre ou d’une syllabe ini- pris à l’allemand Frotisten Ebeckel, 18661, du grec
tiallem. protestas, superlatif de protes .
4 Le fran@s a d’abord eu prosthèse (16583 en méde- 6 voir PROThNE. PROTOCOLE, PROTON. PROTOTYPE: HIS-
cine, mais cette forme a été éliminée par prothèse, TOIRE (PROTOHISTOIEIEI.
forme soutenue par l’influence de nombreux mots
en pro-. Prothèse a été introduit par les médecins PROTOCOLE n. m., d’abord protocolle (KW~,
d’après le latin scientfique prosthesis dans ce sens, et protI3ocole ( 13301, encore au XVII~s., est emprunté
pour désigner le remplacement &Scie1 d’un au latin médiéval protocollum minute de contrat,
membre, d’un organe qui a été enlevé, et spéciale- registre de minutesm (9451 d’où <registre de chan-
ment un appareil servant à restaurer une dent cellerie)) (xrve s.) et aussi ((acte original» Il 166). C’est
(1859, prothése dentaire); par métonymie, il sert un emprunt au grec tardif prôtokollon qui, dans la
parfois à désigner une opération de chirurgie plas- traduction du Code Justinien (VI~ s.), parallèlement
tique ( 1958). + L’emploi grammatical E17041, par au latin protocollum, désignait une feuille collée
réemprunt au grec, concerne le développement aux chartes pour les authentser. Le mot signifie
d’un élément non étymologique à l’initiale du mot. littéralement «ce qui est collé en premier,, de
+Depuis 1832, prothése est aussi repris en archi- prôto- 13 proto-1 apremiep, et de Jzolla «gomme»,
tecture pour la petite abside latérale du Sanctua;ire flcolle% (+ colle).
des églises grecques et l’autel portatif qui sert à 4 Le mot a désigné la minute d’un acte et, par méto-
préparer le nécessaire pour la célébration de la nymie, le registre sur lequel le notaire consignait
messe (pros#ke dès le XWI~ S.I. ses minutes ( 13981, prenant par suite le sens de are-
wLes deux dérivés du mot procèdent du sens médi- cueil de formules prescrites pour la rédaction des
cal:cesont~~o~~É~I~~~ adj.(18411,également actes officiel+ 11611). De là, les acceptions de are-
noté en linguistique, et PROTHÉSISTE n. (19551, cueil de formules en usage réglant la correspon-
devenu usuel en chirurgie dentaire. +Prothèse a dance entre personnes selon leur rangs (16061 et de
élimS prosthèse, mais le dérivé de ce dernier <<formule traditionnelle, poncifn kme s., Diderot),
PROSTHÉTIQUE adj. ( 1898) se maintient en lin- qui a disparu. 0 Par retour au latin, le mot a pris en
guistique (1898) et en biochimie ( 1907) en parlant histoire le sens de «feuille collée aux chartes au
d’un groupement de molécules rattaché à la frac- moyen âge pour les authentserm (1655). +Il a en-
tion protidique. suite connu deux types d’extensions : dans le lan-
gage technique et spécialisé, il désigne le docu-
PROTIDE + PROTÉINE ment diplomatique constituant le rapport d’une
délibération, le texte d’un engagement ( 170 11, le
PROTO-, PROT- est l’élément savant tiré du procès-verbal des délibérations d’une assemblée
grec prôtos cpremier, celui qui est en têtes, égale- (1823) et, plus tard, d’après l’anglais protocol, le
ment avec une notion de rang et d’importance, fi- compte rendu de la passation d’un test psycholo-
gurant sous la forme prôto- comme premier terme gique, une liste de conventions utilisée en guise de
de nombreux composés. Le sufExe d’ordinal -tas, correction et mode d’emploi en imprimefie (1923)
qui est le même que celui du superlatif, s’explique et en informatique, ainsi que le déroulement des
particulièrement dans le cas d’un terme signi-fiant gestes exécutés par un chirurgien dans le cadre
<premier- ; la forme prô-, en revanche, est plus difh- d’une opération précise Cv.1950, protocole opéru-
cilement explicable. toirel, valeur récemment étendue à toute théra-
+ Protlol- entre dans la construction de nombreux peutique complexe (tel le protocole compassionnd
noms et adjectifs, en particulier dans le vocabulaire évoqué par Hervé Guibert à propos du sida). 0 Un
scientifique. Productif depuis le XIX~ s., il exprime autre américanisme donne au mot la valeur d’«en-
l’antériorité temporelle ou spatiale (en anatomie, semble de règles conventionnelles permettant le
biochimie, botanique, géologie, minéralogie, lin- fonctionnement associé de plusieurs ordinateurs,
guistique, théologie, ethnologie, histoire de l’art, notamment dans un réseau». -D’autre part, à par
sciences humaines), ou bien le premier rang en im- tir du sens de <règle codifiant les relations officielles,
DE LA LANGUE FRANÇAISE PROUT

diplomatiques)} 11859, il s’est répandu en emploi nornie pour désigner d’immenses jets de gaz en fu-
absolu au sens figuré de Nrespect des formes, éti- sion observés à la surface du soleil ( 1868,
quette» 11839, Balzac, Secrets de la princesse de Ca- protubérance solaire), + fiotubérunce a lui-même
digmnl. donné l’adjectif d’usage didactique PROTUBÉ-
b Il a produit un seul dérivé, le tardif PROTOCO- RANTIEL, ELLE (18681, d’abord employé en astro-
LAIRE adj. 11904, Nouvectu Larousse illustré), qui nomie puis étendu à ce qui a le caractère d’une
qutie ce qui est relatif ou conforme au protocole, protubérance ( 1869).
à l’étiquette, parfois avec une valeur péjorative de
aformel» cv. 1950). +Le dérivé PROTOCOLAIRE-
PROU adv., réfection (XVI” s.1de prod, prud (10801,
pro et preu, est l’emploi adverbial de l’ancien subs-
MENT a&. (1902) est littéraire.
tantif proud h. 9801, pro (v. 10501, prod (10801, prou
PROTON n. m+ est emprunté (19231 au mot an- Iv. 12001.Celui-ci désignait le profit, l’avantage, une
glais proton proposé en 1920 par E. Rutherford chose utile - sens encore attesté en 1665 chez
comme forme simpl%ée de prouton. Ce mot pour- LaFontaine : bon prou vous fasse! - et, avec une
rait avoir été formé d’après le nom du chimiste et valeur quantitative, l’abondance 11050). Il est issu
physicien W.Prout 11785-1850) ptis croisé avec le du latin populaire prode qtprofitm,substantivation de
grec prôton, neutre substantivé de ~&OS <<premier» l’adjectif invariable prode <utile, profitable>>
c-t proto-1, déjà emprunté par les biologistes britan- (+ preux).
niques pour désigner la substance primitive, la 4 Prou, adverbe, procède de l’ancien emploi quanti-
masse indflérenciée d’un être ou d’une partie tatif du nom, Il est quasiment sorti d’usage en em-
d’être vivant. ploi absolu au sens de <<beaucoup, assezm et &èsB,
+Le mot désigne une particule de charge élec- sauf dans des parlers régionaux. Il est aussi ar-
trique positive et qui, avec le neutron, forme le chaïque dans son ancien emploi de pronom indé-
noyau atomique. fki au sens de cbeaucoupn avec un complément in-
troduit par de (v. 1165). La locution adverbiale ni
kLedérivéPROTONIQUEadj. (1928) estforrnésur
peu ni prou 115471 a elle aussi disparu, et seul peu
le modèle de klectronique.
ou prou E1600) ((plus ou moins)> reste employé, ma,-
PROTONOTAIRE + NOTAIRE gré l’obscuritk de prou, dans l’usage littéraire.

PROTOTYPE n. m. est emprunté (1552) au bas PROUE n. f., réfection (v. 1320) de proe (12461,
latin prototypas (<forme primitive)), substantivation forme encore relevée vers 1500, est d’origine incer-
(avec hellénisation de la hale) de l’adjectifprototy- taine. Il est probablement emprunté à l’ancien gé-
pus «primitif~~, emprunt au grec tardif prôtotupos nois proa k6xwe s.), lequel semble issu par dissi-
Nprimitif, le premier type>>,de prôto- ch proto-1 et de rnilation du latin prora. Le mot latin est lui-même
tupos (-, type). emprunté au grec prpra, mot apparenté à pro cor-
respondant au latin pro (+ pour, pro-1 et que l’on
4 Le mot désigne un modèle premier, originel ou
rapproche du sanskrit ptirva «le premier-m et <<le
principal; il a pris un sens figuré de «modèle par-
précédent)). L’italien a de même proda (1255, à Ve-
fait* (av. 16411, de nos jours moins usité que l’emploi
nise), le catalan prou (XII? s.1 et l’ancien provençal
correspondant de Q,ve. + Il s’est spécialisé en tech-
proa (1248). J. Fennîs pense que le mot est parvenu
nique, se disant particulièrement des choses qui se
en kançais à travers le provençal, mais cet inter-
moulent et se fondent ( 17401, désignant en impri-
médiaire ne semble pas nécessaire, étant donné
merie l’outil de fondeur réglant la force de corps
que les premiers textes cités sont pour la plupart
d’un caractère d’imprimerie (1803) et, en industrie,
italianisants. La forme prore, attestée chez
le premier modèle réel d’un objet ( 1877, en apposi- Ph. de Mézières et plusieurs fois au xwe s., est em-
tion). Cet emploi est devenu courant à propos pruntée à l’italien prora, lui-même pris au latin.
d’une voiture, d’un avion, d’un engin (attesté 1935).
0 En sémantique, la théorie des prototypes est ainsi 4 Le mot a été repris avec son sens de Npartie avant
dénommée par emprunt à l’anglais. (d’un navire)», qui s’oppose à poupe, mais est plus
fréquent. La locution figue de proue, désignant
Al a produit ses deux dérivés au XIX~~.: PROTO-
une sculpture ornant l’avant du navire, s’emploie
TYPER v.tr. (18301, peu employé, et PROTOTY-
aussi au figuré, à propos de ce qui symbolise un
PIQUE adj. 118421, d’usage didactique, employé
mouvement, une action, un parti.
après 1988 en sémantique.
PROUESSE +PREUX
PROTUBÉRANT, ANTE adj. est emprunté
Iv. 15601 au bas latin protuberuns, participe présent PROUT n. m., d’abord interjection de formation
de protuberure adevenir saillant)>, de pro <<enavant* onomatopéique, remonte à l’ancien français sous
I+ pour, pro-) et du latin impérial tuberare «se gon- des formes où la graphie, aberrante, présente une
fler-, lui-même issu de tuber, -cris «tumeur, excrois- suite de consonnes t-p-r- ou p-t-r-, évoquant le
sancen (-+ tubercule). doute, le mépris : @rot (1176-l 1771, Qroupt h. 11801,
+ Le mot qutie ce qui fait saillie, spkialement et tprout Cv.1223) et d’autres variantes.
dès l’origine dans les descriptions anatomiques. + Ces formes sont des interjections faisant fi d’une
~L~~~~GPROTUBÉRANCE n.f.désigned’abord opinion et exprimant dédain et désinvolture (dire
une saillie à la surface d’un os (16871, puis une sail- tprot, me s.l. De nos jours, prout évoque un bruit de
lie quelconque ( 1783). Le mot a été repris en astro- pet (symbole de mépris), et s’emploie aussi comme
PROUVER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

interjection argotique 11866) évoquant la sodomie. cmarque d’un sentiment, indice d’une disposition
0 Le féminin proute 11837) qui s’est dit au figuré de l’esprit» 11580, Montaigne). Il a développé en-
d’une plainte (pet a cette même valeur figurée) et suite quelques emplois spéciaux en mathéma-
aussi d’un pet (18721, est sorti d’usage. tiques (16771, en rhétorique (1765). Le mot, qui a une
F Le dérivé PROUTER v. intr., d’abord attesté chez valeur rigoureuse en sciences, est employé de ma-
Vidocq au sens figuré de <se fâcher, (18361, signifie nière vague dans l’usage courant, pour ce qui cor-
dans la langue populaire moderne «lâcher bruyam- robore une assertion. 0 En distillerie, il a d’abord
ment un pet,. désigné, par métonymie, le flacon contenant le li-
quide ( 18323avant de désigner l’essai lui-même par
PROUVER v. tr., d’abord prover (fin mes.1avant lequel on vérXe la richesse d’un liquide en alcool
prouver Iv. 12781, est issu du latin probare, de probus i 1875) I-, éprouvette à éprouverl.
1-+ probe), atrouver bon, approuvep, et aussi afaire PROUVABLE adj., d’abord provable (v. 1265) <<dont
approuver», «mettre à l’épreuve, vétiersp, <rendre on peut faire la preuve», a été l’homonyme, en
croyable, démontrerm, mot qui s’est répandu dans moyen français, de prouvable (XIII~s.1 <digne de
le domaine roman (italien probare, espagnol pro- louange>>, lequel était une réfection d’après prouver
bar, etc.), sauf en roumain. du latin probabilis au sens de “digne d’être louén
I+ probable). +Le préfrxé IMPROUVABLE adj.
+Prouver a d’abord Sign%é amettre à l’épreuves, ( 1554) est didactique.
sens encore vivant au xv? s. Isurtout au participe Le verbe préfixé à valeur itérative REPROUVER
passé1 avant qu’ait lieu le partage des sens entre v. tr. ( 16901fiprouver de nouveaup est assez rare.
prouver, éprouver’ et approuver? Le sens actuel de 0 voir APPROUVER, ÉPRouvfzR (et ÉPREUVE), IMPROUVER,
amontrer, démontrer, apporter pour preuvep PROBABLE, PROBANT, PROBATOIRE, PROBE, RÉPROUVER et
(v. 11121s’est rapidement difksé dès le XI~I~s. : prou- aussi : ACERBE, DOUTER, SUPERBE.
ver, souvent avec une subordonnée introduite par
que (v. 11301, s’emploie au sens d’aétablir la PROVÉDITEUR + POURVOIR
preuven, spécialement dans le langage juridique
(v. 1130) ou dans un contexte scientifique Cv.1265). PROVENÇAL, AUX ALE, adj., d’abord
0 Avec un nom de chose pour sujet, le verbe signi- sous les formes provencial (XIII~s., cf. provincial, à
fie &tre le témoignage, le signe de (qqch1.B (11971, province3, prouvenciel (me s.), refait au me s. ( 1574)
se construisant aussi à la forme pronominale avec d’après Provence, est dérivé du nom géographique
un sens passif (1657, Pascal). + Par affaiblissement, Provence, lui-même emprunt au latin Provincti Iro-
se prouver exprime l’idée de ese montrer*, autrefois mund + province.
réalisée par bien se prouver, employé à propos + L’adjectif qutie ce qui est relatif à la Provence et
d’une personne Iv. 11701 et, de nos jours, par se entre dans divers syntagmes courants; les prépa-
prouver, dit d’une chose avec la valeur voisine de rations ù la provenqale sont kéquentes en cuisine
Hmanifester sa réalité- EV,11801. 0 La construction (1803; l’expression est attestée en emploi général
transitive de prouver avec la valeur de «manifester, dès 16341, d’où l’apposition provençale et l’emploi
montrer (une qualité, un sentimentlu (v. 12 15) est adjectif Itomutes prwençalesl. Le mot est aussi
toujours en usage. substantivé. MWvençal n. m. (attesté anormale-
b PROUVE~R, EUSE n. est la réfection de proveor ment tard : 1836 ; en anglais the ProvensaZl, 1650,
(v. 1120, cas sujet pruverre) acelui qui éprouve, qui Cotgrave), désigne la langue (dialecte occitan) par-
sonde>>, dérivé de prouver sous l’influence du latin lée en Provence et par extension, surtout depuis le
probutor, dérivé du supin de probare. -Le mot a félibrige, l’occitan tout entier. Voir oc kngue d’1,
été repris en moyen français au sens juridique de encadré.
Npersonne qui apporte des preuvesn, spécialement b PROVENÇALISME n. m. (1788, Féraud) désigne
cpersonne qui défend devant les juges)>, avant une particularité du français régional de Provence.
d’être supplanté par avocat. Il a été reformé (18343 +PROVENÇALISER v.k (attesté mes.) se dit
pour désigner une personne désirant prouver pour <(donner un caractère provençal àn.
qqch. et persuader les autres,
Le dérivé de prouver le plus usuel est son déverbal PROVENDE n, f., attesté vers 1135 mais indi-
PREUVE n. f., réfection de prueve Iv. 11551, issu des rectement supposé par le dérivé provenders [pro-
anciennes formes toniques du verbe avec accent vendiersl Iv. 10501, est issu du latin médiéval pro-
sur le radical. 0 Le mot désigne ce qui est suscep- vendu distribution occasionnelle d’aliments)> (7871,
tible d’établir la réalité, la vérité d’une chose, spé- spécialement et par métonymie 4vres distribués
cialement dans un contexte juridique, et dans les aux pauvres, aux serviteur9 (795). Ce mot est pro-
locutions faire preuve de (1265-12661, faire ki bablement une altération du bas latin pruebenda
preuve (12831 et, ultérieurement, faire ses preuves, I-+ prébende) d’après providere <pourvoir, prévoir*
dont le sens moderne est à rapprocher de faire ses (-+ pourvoir).
preuves de noblesse (16711 ajustzer de sa noblessen. 4 En ancien tian@s, les champs sémantiques de
En ancien français, il existe des interférences entre prébende et provende interfèrent, provenders étant
preuve et épreuve, les deux mots étant synonymes employé comme équivalent de pauvres prébendiers
dans le vocabulaire du droit féodal pour désigner et, en latin médiéval, praebendu désignant aussi le
une épreuve judiciaire (1253) et preuves’employant fourrage des animaux (v. 11251. ~Alors que pré-
aussi pour aexpérience> EV.1265). 0 A la Renais- bende s’est spécialisé à propos d’un revenu ecclé-
sance, preuve a pris le sens métonymique de siastique, provende a conservé le sens concret de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2989 PROVIDENCE

*provision de vivres pour une personne)) (v. 1135). niére de dire convenue,. La distinction entre ZO-
Celui-ci a vieilli, sauf emploi littéraire, par exemple cution, proverbe, dicton, adage ne se fait clairement
chez Gide au figuré (19 111, au profit de prwtiion, qu’à partir du I& siècle. 0 Une extension pour
mais provende s’est maintenu pour désigner la apetite comédie dont l’action illustre un proverbe>>
nourriture des bestiaux (v. 11501, se spécialisant à ( 17681 appartient aujourd’hui à l’histoire bttéraire,
propos du mélange destiné à les engraisser (1869). notamment en référence aux Comédies et Pro-
0 voir PRÉBENDE verbes de Musset. Ce genre littéraire mondain fut à
la mode à l’époque romantique, à côté des cha-
PROVENIR v. intr. est emprunté iv. 12101 au rades.
latin prwenire, de pro «en avantm (4 pour, pro-) et
FPROVERBIAL,ALE,AUX adj. est emprunté
de venire (+ venir), proprement wenir en avant-,
(1487) au dérivé bas latin proverbiulis Mde proverbe>.
d’où klore, naître, croître>> et <<seproduire, avoir
0 Le mot qutie ce qui est de la nature d’un pro-
lieus.
verbe, qui en a valeur, spécialement dans l’expres-
+ Le verbe, au sens dkrrîver, naître% et, en parlant sion façon de parler proverbiale (15791, et, ce qui est
d’un événement, Mse produire, (v. 13603, a vieilli, reconnu comme typique, légendaire (18031, souvent
puis disparu; il est concurrencé par survenir et ar- par extension <très connu, notoiren. DD la langue
river. Il n’a pas gardé non plus le sens latin de classique, il qualZe toute manière traditionnelle de
ccroîtren en parlant d’un animal, d’une plante s’exprimer, locution, manière de dire, surtout mé-
Exw” S.I. d Le sens de avenir den, au propre et au fi- taphorique, mais sans le contenu de sagesse tradi-
guré (1284, au participe présent adjectivé prove- tionnelle qu’il implique aujourd’hui. +Le dérivé
nant), a déplacé l’accent sur l’origine du procès; il PROVERBIALEMENT adv. (15551 a eu le sens
s’emploie spécialement à propos de biens, de reve- d’«ordinairementD Wchelet , 16801, sorti d’usage, la
nus C1400-15001, et aussi, à l’époque classique, en valeur moderne liée à proverbe apparaissant au
parlant d’un processus abstrait ( 16651, notamment ~VI~S. (1580). +PROVERBIALISER v., obtenu par
d’une nouvelle, d’une évolution. élargissement du suffixe de PROVERBIALISÉ, ÉE
b Son participe présent PROVENANT, ANTE est adj. (15941, s’emploie transitivement 11834) et în-
encore employé adjectivement (1284) en droit pour transitivement t 1938).
quamer un bien provenant d’une certaine source.
0 En revanche, il n’est plus usité comme substantif PROVIDENCE n. f. est emprunté (v. 1165) au
au sens de {(produit, profit d’une &Taire>> 11579, non latin providentiu *prévision, prévoyancen, employé
plus que le participe passé PROVENU n. m., en spécialement pour désigner la possibilité de pré-
emploi synonyme ( 16271, évincé par revenu. + Sur voir en tactique militaire et aussi la prévoyance di-
p~0w?%ant, a été formé PROVENANCE n. f, vine, d’où la divinité, servant même de nom propre
d’abord attesté en ancien picard sous la forme à une déesse, chez les Romains. Le mot est dérivé
prouvenanche pour désigner l’endroit d’où pro- du participe présent de prtidere «voir en avant,
vient une chose (1294.0 Le mot a été repris, dérivé prévoir, et aussi flpouwoir àmI+ pourvoir). L’ancien
de prcwenir en français moderne (18011, pour <<ori- français a dit aussi porvëance (v. 1160) aux sens de
gine-, d’abord au pluriel comme terme d’adrninis- <providence» et de aprudence, sagesse, précautionn
tration dans un emploi métonymique et, concrète- Cv.11801, asurveillance u, <<soucide sa San%, encore
ment, pour l’endroit d’où vient une chose ( 18341, en ce sens dans le premier tiers du XVII~siècle.
dans la locution en provenance (1906). Le féminin
pluriel provenances 11823) recouvre les marchan- Umvidmce n’a pas gardé le sens de Nprévision,
vues pour l’avenirn Iv. 11651, évincé par pr&Mon, ni
dises étrangères considérées du point de vue de
leur origine. celui de cprévoyance, prudence» cv.13001,remplacé
au XVII~ s. par prévoyance. + II s’est spécialisé dans
PROVERBE n. m. est emprunté II 1% 1187) au le vocabulaire religieux pour désigner la suprême
latin proverbium udicton, adage)), spécialement sagesse par laquelle Dieu conduit tout (v. 12231, et,
dans la locution in proverbium ventre wpasser à par métonymie, Dieu gouvernant le monde (1665,
l’état de proverbe», employé à basse époque dans LaRochefoucauld), cet emploi seul requérant en
le langage biblique avec un sens proche de ceux de principe la majuscule. Ce concept de nature reli-
énigme, comparaison, parabole IEcclés. XXXM, 3. gieuse entre au ~~III” s. en cotiit avec les notions de
Évung. selon St Jeun XVI, 251. Le mot est formé de destin, sort et, sur un autre plan, de Nature. 0 Par
pro (4 pour, pro-) et de verbum (3 verbe). extension, le mot désigne une personne ou une
+ Repris avec le sens d’Madagea>,le mot entre dans chose contribuant au bonheur, à la fortune de qqn
la locution passer en proverbe (1671, passé en pro- (16891, par exemple dans être la providence de qqn
verbe) adevenir proverbial, et, au figuré, «être cité (1718).
en exemplen (La Bruyère), après tourner en pro- F L’emprunt direct au participe présent latin provi-
verbe (1549). Par extension, il désigne une sentence dens, PROVIDENT, ENTE adj. (12621, est sorti
morale, une maxime de sagesse (v. 11801, spéciale- d’usage. ~PROVIDENTIEL,ELLE adj., apparu
ment dans le langage biblique avec les proverbes de pendant la Révolution (av. 1792, main providen-
Salomon EV.12161, emploi où il rend le latin puru- tielle), a été dérivé de providence sous l’influence de
bolu cmaximen I+ parabole) de purubolue Sulomo- l’anglais providmtiul, attesté dès 1648. 0 L’adjectif
nis, également traduit en ancien fr-ançais respiz et quaMe une chose, une personne (18341 qui est un
sages diz Cv, 11701, Livre des semons (1210-1216). Au effet heureux de la providence et, par extension,
xwe s., le mot s’emploie aussi pour *locution, ma- qui arrive opportunément. + On en a dérivé PRO-
PROVIGNER 2990 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

VIDENTIELLEMENT adv. (18361, assez usuel, et synonyme de ducatus pugus, comitutus (Y’&‘),cf. du-
PROVIDENTIALITÉ n. f. (18611, rare. +L’usage di- ch& comté. Avec le sens de 4rconscription territo-
dactique a introduit PROVIDENTIALISME n. m. rialeM, il a désigné comme nom propre la première
et PROVIDENTIALISTE adj.et n. (av. 18651, for- province de Gaule, ébauchée en 123-122 par le
més sur providence pour désigner le tialisme de consul Caius Sextus Calvinus et qui, en 59, au mo-
ceux qui croient à la providence et ses partisans. ment où César en prit le gouvernement, compre-
@ VOil? IMPROVISER. PROVISEUR, PROVISION, PROVISOIRE. nait le bassin du Rh8ne depuis le confluent de la
PRUDENT. Saône jusqu’à la Méditerranée et allait des Cor-
bières et des Cévennes jusqu’aux Alpes. De la
PROVIGNER + PROVIN viennent, par voie populaire, l’ancien provençal
Proensa iv. 1140) et la forme savante française Pro-
PROVIN n. m. est la réfection 115381 de prwairt vence (+ provençal, et voir oc [langue d’l, encadré).
EV. 12251, issu du latin propuginem, accusatif de pro- 0 L’étymologie de provincia n’est pas éclaircie : ce
pugo, -inis <marcotte, bouture,, dérivé de propa- peut être un mot d’emprunt déformé par de faux
gare I-+ propager) dans son sens agricole de “pro- rapprochements avec le verbe vincere (-, vaincre).
pager par boutures.
+ Le mot est d’abord attesté au sens du latin chré-
+ D’abord employé au sens figuré de aconséquence tien &rconscription ecclésiastique,, désignant en-
(d’un péché)», le mot est bientôt attesté avec l’ac- suite une unité de juridiction regroupant plusieurs
ception concrète et technique de acep ou sarment maisons religieuses d’un ordre, d’une congrégation
de vigne qu’on couche et qu’on ke en terre pour le 11680). + Le sens très général de <pays, contréeb
multiplier» (v. 1250). oDe là, par métonymie ou Iv. 11651, repris au bas latin, était encore usuel au
sous l’influence de provigner (ci-dessous), il pren- XVII~ siècle. Avant la ~NI du XII~ s., province sert à dé-
dra le sens de <<fosse dans laquelle on couche le cep signer également une circonscription territoriale
ou le sarmentB 11904, Larousse). + Par métaphore, il considérée en tant qu’État (v. 11751 et, spéciale-
s’est employé au sens de aprogéniture, nombreuse ment, en France même, une certaine étendue de
descendancem (XIV~ s-1, comme propagdim avant pays douée d’une personnalité historique (1328,
lui ; cette valeur est sortie d’usage à l’époque clas- province de Poitou). Sous l’Ancien Régime, le terme
sique. s’applique à une division territoriale issue de la féo-
b PROVIGNER v. est la réfection (13931, sous l’in- dalité, ayant des privilèges locaux et au sein de la-
fluence de vigne*, de pmvainier En XI~ sd, dérivé de quelle le roi était représenté par des baillis, séné-
provain, provin. Le verbe s’emploie en agriculture chaux, gouverneurs et intendants (1384). + Avec la
pour -marcotter (une vigne) par des provins, et, in- centralisation royale, le mot prend au XVII~ s., une
transitivement, «se multiplier par marcottes>> valeur nouvelle : une province s’applique à une par-
(16941. 0 Le sens figuré de {(multiplier, accroître>> tie du pays ayant un caractère propre, à l’exclusion
(fin ~II~ s.), spécialement en parlant de mots nou- de la capitale (16531, également en parlant d’autres
veaux (15721, auquel correspondait le sens intransi- pays que la France, et la province à l’ensemble des
tif de ase répandre, à propos d’un sentimentn @n provinces habiter la province, en province1 et no-
XII~ s.1 est sorti d’usage. + À son tour, le verbe a pro- tamment, aussi par métonymie, à l’ensemble de
duit PROVIGNEMENT n. m. (15781, employé au ceux qui n’habitent pas Paris 11672, me de Sévi-
propre pour le marcottage par provins et, par mé- gné). Alors que régim est plutôt valorisé, province
taphore, à propos de l’action de multiplier par gé- connote une hiérarchie de pouvoir où les provinces
nération (av. 16 15). D’après l’emploi de provigner au sont soumises par rapport à la capitale. L’opposi-
XVI~ s., par exemple chez Ronsard, il a pris le sens tion entre Paris et la province prend au ti s., avec
de aprocédé de formation de mots nouveaux par l’institution révolutionnaire des départements -
dérivation sur un modèle morphologique normal)> qui supprime les anciennes provinces - des
(19231, emploi très didactique. * Les autres dérivés connotations nouvelles cf. ci-dessous provincial.
du verbe sont PROVIGNEUR n. m. Cdéb. XIVe s-1, +Depuis le XIX~ s., prtince s’emploie avec une ac-
PROVIGNABLE adj. 11600) et PROVIGNAGE ception spéciale dans le cadre du Canada (18671: il
n. m. ( 16111, synonyme de provignement au sens s’agit d’un anglicisme, le mot province désignant en
concret. anglais les Etats fédérés formant le Canada. En Bel-
gique (18991, province se rapporte à une division po-
PROVINCE n. f. est emprunté (1160-11741 au litique et administrative spéctique. + Depuis 1883,
latin provincia, terme technique du droit public dé- il se rencontre dans la langue familière en emploi
signant la charge cotiée à un magistrat, le do- adjectif au sens de aprovincials, par dénigrement
maine où s’exerce son activité légale et, spéciale- (faire province, un peu prwince1.
ment, la circonscription territoriale gouvernée par ,PRoVINCIAL,ALE,AUX adj.etn.estemprunté
un proconsul ou un propréteur. La signkkation du iv. 1240) au dérivé latin provincialEs Nde province,
mot s’étend à l’administration d’un territoire des provinces=, employé comme nom pour dési-
conquis puis, à basse époque, à une région, à un gner l’habitant d’une province. À basse époque, il
pays Idéb. III~ s.1; au début du ve s., pmvincia est em- est passé dans le vocabulaire de l’administration
ployé dans le vocabulaire de kdministration ecclé- ecclésiastique pour qutier celui qui administre
siastique pour désigner le district d’un évêque mé- une province ecclésiastique, puis s’est dit de la per-
tropolite ; à partir du ~III~ s., le mot entre dans le sonne qui est =du paysb par opposition à pereghnus
vocabulaire de l’administration tianque pour dé- (+ pèlerin), avant de passer dans le vocabultie ad-
signer une circonscrintion territoriale. devenant ministratif II 122, cornes provinciulis 4andgrave4.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2991 PROVISION

+Repris comme terme d’administration ecclésias- mixité entraîne l’usage de proviseur (en France, au
tique, en emploi adjectif (v. 1240) et substantif masculin) pour les fonctionnaires des deux sexes.
112881, prwiacial est aussi un terme d’administra- F Avec son sens moderne, le mot est familièrement
tion laïque Ifm xv” s.) dont l’évolution a suivi celle de abrégé et modi% dans les milieux scolaires en
province. L’adjectif qualifie ( 1656) ce qui est relatif à PROTO (19051 puis PROTAL n. m. ( 1920) d’après le
une province, puis (16331 ce qui est relatif au pays, à grec prôtos (<premier>>, *chef>>(+ proto-1. - Son radi-
l’exclusion de la capitale. Le substantif désigne une cd a servi à former PROVISORAT n. m. <<qualité,
personne originaire d’une province ou vivant Men fonction de Proviseur# ( 1835).
province> (par opposition à krisien1 [ 16401. Le mot
a dès l’époque classique une connotation pejora- PROVISION n. f. est emprunté Iv. 12651 au la-
tive, notée par Richelet, Vaugelas et Furetière. Au tin provisio, -on& nom d’action dérivé du supin pro-
XIX~ s., la province-et les départements -se subs- tisum de prwidere (-+ pourvoir) : le mot désigne
tituant aux provinces, l’opposition entre parisien et proprement l’action de prévoir et celle de pourvoir,
provincial devient faussement égalitaire, mais la d’où la prévoyance et, concrètement, une, des pré-
péjoration du second demeure sensible. Cette op- cautions ; il si@e à basse époque <<approvisionne-
position s’est atténué au XX~s., surtout après 1945, mentn et, en latin médiéval, «attribution d’un béné-
avec le développement de la notion de région*-ré- fice>.
gional. 4 Il est employé spécialement en relation + Prwision a d’abord désigné l’attribution d’un sa-
avec l’acception de province au Canada (18671, laire, spécialement, en droit canonique, la mise en
alors opposé à fédéral. - Le mot a produit quelques possession d’un bénéfice ou d’un office ecclésias-
dérivés : PROVINCIALITÉ n. f. (1636) est sorti tique EV.1350) ; en ce sens, on a longtemps parlé, en
d’usage avec le sens d’aapparence, caractère pro- droit, de lettres de provision ( 16111 et elliptique-
vincial d’une personne)), et désigne aujourd’hui ment de provisions ( 16361,pour désigner les lettres
dans l’usage didackique le caractère propre à une par lesquelles un bénkfice ou un office était conféré
province, àunerégionh.l870).~PROVINCIALAT à qqn. + Depuis le moyen français (13161,provision
n. m. (1694) est un terme d’administration ecclé- désigne aussi la réunion de choses utiles ou néces-
siastique désignant la fonction de provincial et, par saires à la subsistance, à l’entretien d’un individu
métonymie, sa durée. -PROVINCIALISME n. m. ou d’un groupe, entrant dans pmvisions de guerre
est d’abord ( 17791 un terme de linguistique quali- et de bouche ( 1636). Au XVI~ s., il a développé le sens
fiant le caractère d’un fait de langue propre à la métonymique concret, devenu très courant, d’aem-
province (on dit plutôt ré&onalisme) et, en parti- plette, achat de choses nécessaires à la vie», dé-
culier, un terme propre à une province (18231. Il signant aussi par métonymie ces choses (15%). 0 Il
prend une valeur péjorative pour désigner le ca- a recu la valeur métaphorique et figurée de <<ré-
ractère de ce qui est provincial (1864). 4 PROVIN- serves intellectuelles ou morales» 115491, au-
CIALEMENT adv. (1800) est rare. +PROVINCIA- jourd’hui archaïque ou senti comme métaphorique
LISER v. tr., crendre provincials, est attesté avant du sens concret. - Le sens étymologique et général
1841 à la forme pronominale en parlant d’un fait <<action de pourvoirm Iv. 1460) a disparu sauf dans la
linguistique, puis chez Goncourt au participe passé locution fake provisim de ese pourvoir dev avec
(18681 en parlant d’une personne. +DÉPROVIN- une valeur active. oDe même, le sens de =Pré-
CIALISER v. tr. «faire disparaître le caractère pro- voyance, précautionn (1320) et par extension Mme-
vincial de (qqn)>>chez Voltaire (av. 1778) correspond sure de prévoyawen est sorti d’usage au profit de
peut-être k un emploi de provinciuliser dès le prboyance. Cependant, il reste des traces de la va-
XVIII~siècle. Les deux verbes sont demeurés rares. leur temporelle dans des acceptions juridiques :
provision désigne ainsi une décision judiciaire pro-
PROVISEUR n. m. est emprunté (v. 12501 au visoire ( 14661; il entre dans la locution parprovision
latin provisor, d&ivé du supin Iprovisuml de provi- EV.1460) encore vivante (dans un registre littéraire)
dere (+ pourvoir) : Mcelui qui pourvoit à, pour- au sens général de <<provisoirement, d’une manière
voyeur”, spécialement en latin chrétien aprotec- qui ne représente pas une solution définitiveD, alors
teur, abbé>>, également #intendant, économe de qu’elle est sortie d’usage avec son sens juridique
monastère» et ((administrateur (ltiqueln, en latin (1549) qui correspond à aen attendant que le juge-
médiéval adirecteur des études chez les Cister- ment détitif soit rendu>>. + Par métonymie, le mot
ciensm et <chef d’un hospicen. désigne aussi une somme allouée par le juge au
+ En héritier des sens du mot latin, proviseur a dé- créancier en attendant le jugement détitif (15991,
signé autrefois le chef d’un hospice EV.12503, un notamment dans provision alimentaire (16901, et
pourvoyeur, un fournisseur (v. 13601, un adminis- provision ad Zitem», littéralement «en vue du pro-
trateur du fonds des pauvres (14051, ces dernières cès= I& s.l. 0 Après avoir eu le sens général
valeurs étant concurrencées par écoptome, Le mot d’«acompten (v. 14601, provision a désigné la
désignait aussi le chef de certaines corporations, <<somme versée à titre d’acompte à un homme de
de maisons de l’ancienne université (av. 1615). loi, à un courtier ou à un homme d’affaires ( 16793; il
* Avec l’organisation moderne de l’enseignement s’est spécialisé en droit commercial pour désigner
secondaire en France, le mot prend ( 1802) le sens la somme déposée chez un banquier par l’émet-
de <fonctionnaire chargé de la direction d’un lycée teur d’un titre et destinée à assurer le paiement de
de garçons ou d’un lycée mixte,. La femme qui celui-ci ( 1643) ; ce sens est passé dans l’usage cou-
remplissait cette fonction dans un lycée de mes rant avec l’utilisation des chèques, entrant dans
était appelée directrice, avant que l’extension de la l’expression chéqrre sans provisim
PROVISOIRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

F L’ancien dérivé de provision, PROVISIONNER PROVOQUER v. tr., réfection @n XI~”s.) de


v. tr. s’est éteint au cours du XVII~s., sup-
(15561, formes adaptées et traitées comme purvoquer, pur-
planté par le composé upprwtiionner. Il réappar& vacher (v. 11201, est emprunté au latin provocare,
d’après le sens financier de prowkion en fmances formé de pro adevant, avantB (+ pour, pro-) et de vo-
Ip~Wi%onwr un comptel. OLe participe passé cure aappelerm (+ vocation). Prwocure Sign%e flap-
PROVISIONNÉ, ÉE, autrefois employé comme ad- peler dehors *, tifaire ver@ d’où *exciter à, défiera,
jectif au sens de apourvu, approvisionnén (xw” s., cfaire naître qqch.» et, spécialement en droit, (<faire
Scarron), a disparu dans ce sens. Le mot, par une un appeln.
nouvelle dérivation de prwision, recommence à 4 Construit dès ses premiers emplois avec un nom
être employé pour quaUer un carnet de chèques, de personne pour complément et un complément
un compte dont la provision, le crédit est adéquat indirect, le verbe signifie <inciter, pousser (qqn) par
t 1955). * Le premier dérivé de provision est le verbe une sorte de défi ou d’appel*, par exemple dans
préfixé uppruvisier 114421, refait en APPROVI- provoquer qqn en d& (16691, et, sans complément
SIONNER v. tr. IV. 1500) umunir de provisionsB. Par second, Gnciter (qqn) à la violence, l’irritera
extension, il signZe à partir du xrxes. cfournir à (un (v. 11203.Dans un contexte juridique, il correspond
appareil) ce qui lui est nécessairem, spécialement, à *prendre l’initiative, intenter une actions (1476,
dans approvisionner un compte *déposer l’argent =en appelermI. +Par spécialisation, il se dit d’une
nécessaire aux opérations bancairew +Le verbe, personne excitant le désir de qqn par son attitude
également employé à la forme pronominale s’up- (1762, Roussead, d’où l’emploi moderne de provo-
provisionner, a produit les dérivés APPROVTSION- quant (ci-dessous). +Son emploi avec un nom de
NEMENT n. 111.(16361, cow’ad, et APPROVISION- choses pour complément au sens d’4tre la cause
NEUR n. m., apparu (1773) pendant les difkultés de> est attesté depuis le milieu du xv” s., notam-
d’approvisionnement sous Turgot. * Le préfixé ment dans le domaine physiologique Iprovoquer le
RÉAPPROVISIONNER v. tr. 11877) a fourni à son sommeil, un malaise).
tour RÉAPPROVISIONNEMENT n. m. 11877). b PROVOQUANT, ANTE, le participe présent de
PROVISIONNEL, ELLE adj., réfection (1578) de provoquer, est d’abord substantivé en termes de
prwisionna~ (14841, quaMe ce qui se fait en atten- droit (1461). Ce sens ayant vieilli, le mot a été repris
dant autre chose, spécialement en droit Il6 111, en comme adjectif 117751 pour qualifier une personne
particulier en droit fiscal dans les expressions sensuellement troublante. +Le plus souvent écrit
acompte provisimnel et tiers provisimmel; il ne se PROVOCANT, ANTE, il qutie aussi la personne
dit plus en parlant en général d’une chose provi- qui cherche à inciter qqn à des actions violentes
soire. +En est dérivé PROVISIONNELLEMENT ( 1784). + L’autre dérivé dire& de provoquer, PRO-
adv. Cv.15801, terme de droit qui n’est plus employé VOQWEWR, EUSE n. (1471) a désigné une per-
au sens général de aprovisoirementn ( 1762, Rous- sonne qui en provoque une autre ; il a été remplacé
seau). par provocateur Ici-dessous).
@ Voir IMPROVISER, IMPROVISTE, POURVOIR, PROVI- PROVOCATION n. f. est emprunté (1200-1250) au
DENCE, PROVISEUR, PROVISOIRE, PRUDENT. dérivé latin provocuti, -onk adéfi», “appela, jtidi-
quement &Oit d’appel>. oEn ancien et moyen
PROVISOIRE adj. est dérivé savamment lançais, le mot a désigné un appel. Il s’est employé
(14991, sur le modèle des termes juridiques en -oire, spécialement en médecine pour ce qui déclenche
du latin provisum, supin de provdme <prévoir, une réaction d’ordre physiologique (1314, valeur
pourvoir à» II+ pourvoirl. Le latin médiéval proviso- mieux développée par le verbe. 0 Ce n’est qu’au
rius *relatif à une provision, à une décision papale}} xvres. qu’il a pris les valeurs modernes d’aaction
(me sd, n’a pas le sens pris par le français. d’inciter qqn à une action violente, répréhensiblen
(1549) et hne provocutionl Natte, moyen par lequel
+ Le mot a été introduit par les juristes pour quali-
on incite à attaquer ou à répondre à une attaquem
fier une décision rendue ou prononcée, à laquelle
(1569). 0 Ultérieurement, est apparu un emploi
on procède par provision avant un règlement défi-
spécialisé pour ce qui excite sensuellement (18653,
nitif; il est substantivé au masculin ( 1765) pour dé-
resté assez rare par rapport à provoquant. + PRO-
signer ce genre de jugement et, dans l’argot des
VOCATEUR, TRICE n. et adj., emprunt (v. 15001 au
prisons, au féminin, pour la liberté provisoire.
dérivé latin provocutor -celui qui défieb, désigne
*Par extension, il est passé dans l’usage courant une personne qui provoque, incite à la violence;
pendant la Révolution, qutiant ce qui existe, se l’emploi adjectif correspond& (18221 apparaît
fait en attendant autre chose, ce qui est destiné à lorsque le nom se dit d’une personne incitant à la
être remplacé ( 17901, spécialement en politique violence dans l’intérêt du parti opposé (1823, ugent
dans gouvernement provisoire (1793). II est substan- provocateur; 1828-1829 nom). 0 Au XIX~s., le mot
tivé depuis cette époque 117911avec une valeur de prend aussi le sens de “qui déclenche, est la cause
neutre C!eprovhoirel. Les domaines d’emploi de de qqch.a (1809) et se dit spécialement, longtemps
l’adjectif, opposé à définitif: se sont étendus au après les sens correspondants de provoquer et pro-
XIX~ s., au point que le mot équivaut à momentané. vocation, d’une femme ou d’un homme qui excite
b Le dérivé PROVISOIREMENT adv. ( 16941, créé le désir (1842). + L’abréviation PROVO n. m. 119651
comme terme de droit, a développé lui aussi son est l’emprunt d’un mot néerlandais, tiré du radical
sens courant pendant la Révolution ( 17901. du néerlandais provocation, pour désigner un
=+ voir IMPROVISER, IMPROVISTE, PROVIDENCE, PROVI- jeune contestataire aux Pays-Bas (et particulière-
SEUR, PROVISION. PRUDENT. ment à Amsterdam) manifestant par son attitude
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2993 PRUDENT

provocatrice son opposition à la société établie. spirituelle proximité), ainsi que dhmitié intimeB
+Une autre abréviation, PROVOQUE II. f. pIUS (1596). Encore en langue ChSSiqUe, la Consa;nguinité
souvent PROVOC 11972) correspond en français à était exprimée par l’expression proximité de sang
provocation, surtout en politique. (1660). + De nos jours, le mot exprime essentielle-
ment la notion spatiale de «voisinage>> (15431, spé-
PROXÉMIE, PROXÉMIQUE n. f. est cialement dans la locution & prok&é Ide...l [18351.
l’adaptation, sous les deux formes prokmie (19711 Cet emploi connaît un grand succès, à partir des
et proxémique E19711, de l’anglo-américain pro3ce- années 1980, à propos des emplois, travaux et com-
mies. Ce terme a été forgé par l’anthropologue merces qui s’exercent près des usagers. *Par
américain E. T. Hall en 1963 à partir du radical de transposition sur le plan temporel, il correspond à
protim&y (correspondant à proximité”) pour dé- «proche dans le temps» (16081; il sert plus rarement
nommer la discipline qui étudie l’organisation si- à désigner une notion de contiguïté abstraite, de
mante de l’espace par les espèces animales et, ressemblance (av. 1615).
notamment, par l’espèce humaine.
FPROXIMAL,ALE,A~X adj. a d’abord été, au
4 Le mot a été introduit en francais avec la traduc- sens général de <<proche, voisin de>), un dérivé
tion des travaux de E. T. Hall (La Dimension ca- ( 1494) du latin proxime <<proche, prochainm, lui-
chéel. La sémiotique l’entend spécialement de même emprunté à proximus. La même forme a fait
l’étude des positions relatives des interlocuteurs. l’objet à la fin du XIX~ s. (1887) d’un emprunt à l’an-
glais proximal, terme d’anatomie qualsant une
PROXÉNÈTE n, d’abord proxenette (15211, est
structure anatomique située le plus près du centre
emprunté, par l’intermédiaire du bas latin proxe-
d’un corps ou d’un organe. Ce mot, dérivé savam-
neta, au bas grec proxenetês acelui qui s’entremet
ment du latin proximus, est attesté en anglais dès
pour un marché, courtiel-h. Ce nom est dérivé de
1727 au sens général de <<prochain, voisina. Le &an-
proxenos ((hôte publics, titre d’honneur décerné à
çais l’a repris dans son acception technique d’ana-
celui qui avait rendu service à une cité, et ((patron,
tomie.
protecteurB; le terme est composé de pro-, corres-
0 voir PROXÉMIE, PROXÉMIQUE.
pondant exact du latin pro (+ pro-), et de 3cems
Gtrangern (+ xéno-3. PRUDE + PREUX
+ Repris au sens étymologique et neutre d’«entre-
metteur dans un marché», proxénète, longtemps PRUDENT, ENTE adj. et n. est emprunté
employé seulement au masculin, s’est chargé dès (10901 au latin prudens, -ePttis “qui prévoit, qui sait
le xv? s. d’une valeur péjorative cv. 1527) qui est de- d’avance)} d’où &fléchi, sagace, avisé», dérivé de
venue dominante à l’époque classique. Il s’est spé- providens, littéralement ccprévoyantn, d’où «sage,
cialisé dans le domaine galant (av. 1641, proxenetes précautionnén, participe présent adj ectivé de pro-
aux Yoluptésl, conservant cependant parfois la va- videre (b pouvoir), qui a donné le moyen fiançais
leur non péjorative de ~~honnestek) entremetteurk) provident (-+ providence).
qui font vendre des offices, qui font des mariages ou +L’adjectif a d’abord qualifG une personne sage,
autres tiaires)> (1690, Furetière). 0 Le glissement avisée, puis une chose empreinte de sagesse (14553.
vers le sens spécial de «personne qui tire des reve- 0 Au XVI~ s., en relation avec prudence, il s’est res-
nus de la prostitution)> est déjà sensible chez Dide- treint à la notion de (circonspect, réfléchi, précau-
rot 11762-17791. Le mot est juridique ou didactique, tionneux>) (15731, et a ce qui. est inspiré par la pru-
de nombreux équivalents courants, souvent d’ori- dence, est empreint de prudence. Au XX~ s., l’un des
gine argotique, étant en usage (cf. maquereau, sou- contextes les plus courant du mot et de ses dérivés
teneur). est la conduite automobile. oLa substantivation
b On en a dérivé PROXÉNÉTISME n. m. (1842) qui pour désigner une personne prudente cv. 1660) est
recouvre le rôle d’entremetteur galant et, surtout, assez rare, sauf au pluriel.
le fait de tirer des revenus de la prostitution d’au- F Son dérivé PRUDEMMENT adv. (15381 est la ré-
trui, spécialement, en droit, le délit que cette action fection de 1’a;ncien type prudentement ( 13701, passé
constitue. du sens large de «sagement, raisonnablement= au
sens moderne «avec circonspectionm ( 1552). + PRU-
PROXIMITÉ n. f. est emprunté kve s.) au latin DENTISSIME adj., formé à l’italienne avec le suf-
proximitus, -atis avoisinagea (spatial), au figuré <<fi- fke -issime, n’est pas rare. *PRUDENCE n. f. est
nit&, aressemblancen, wnion, assemblage>>. C’est emprunté (v. 1200) au latin prudedia, tiré de pru-
un dérivé de proximus «le plus prochen, superlatif dens et désignant la prévision, la prévoyance et,
de proprios, lui-même comparatif d’un positif inu- par suite, la sagesse, la sagacité, concrètement le
sité correspondant à prope après» (+ prochain). En savoir-faire. 0 Repris comme l’adjectif au sens de
français, l’emprunt savant a concurrencé et sup- <<sagesse,conduite raisonnable)), transmis par l’his-
planté l’ancien et moyen fraqaîs prokmeté kwe s., toire de la philosophie, prudence a repris au XVI~s.
proemeteit) Kparenté, droit de lignage», et aussi le sens latin de «prévoyance, circonspection qui
avoisinage>, lui-même dérivé de proisme (v. 11203, consiste à se garantir des dangers possiblesB ( 1552).
ancien représentant du latin protimus, forme ob- Une prudence UI acte, une parole de prudencen,
tenue par évolution phonétique et supplantée par attesté chez certains &rivains du XX~s., est beau-
prochain”. coup plus rare que une imprudence. La morale ca-
+ Proximité a exprimé la notion de parenté proche tholique a employé jusqu’au XIX~ s. une phraséolo-
Exil” s.) et, au figuré, de parenté spirituelle (1495, gie (prudence chrétienne, Pascal) tournant souvent
PRUD’HOMME 2994 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

autour de l’habileté dans les affaires temporelles : une couleur violet foncé (1733, couleur prune).
prudence humaine (16771, prudence de la chair ou * Par extension, et avec un complément de déter-
chamelle (1694, prudence du siècle (17041, prudence mination, il désigne les fruits d’autres arbres que le
mondaivLe (17181. Littré, en 1869, enregistre le pro- prunier 11803). 0 L’eau-de-vie de prune est appelée
verbe prudence est mère de sûreté. elliptiquement prune d’où une prune ( 1877, Zola)
IMPRUDENCE n.f. est emprunté directement aun verre d’eau-de-vie de prune)).
11370)au latin imprudentia, de im- (in-1 et de pru- F Le plus ancien dérivé de prune est le diminutif
dentia, Ggnoraxe, manque de cormnaissawea, aab- PRUNELLE n. f., d’abord prunele En XI~ s.), dont
sente de préméditation, inadvertances. Le mot, l’ancienneté indiquerait celle de prune. ~Dès les
rare jusqu’au XV~~s., époque où imprudent prend sa premiers textes, le mot a son sens analogique usuel
valeur moderne, désigne l’absence de prudence et de *pupille de l’œiln et entre dans la locution
en particulier hne, des imprudences1 une parole ou comparative sicum la pumele de sun oil (v. 11201,
une action imprévoyante (1609). 0 Il se dit aussi du annonçant comme la prunelle de ses yeux aavec un
caractère imprudent de qqch. ou de qqn (16691. Il a soin extrême, l’objet étant précieux)) (15351, tou-
reçu une spécialisation juridique (18041, désignant jours en usage. 0 Son emploi métonymique pour le
le manque de prévoyance qui engage la responsa- regaz-d, les yeux 116091,appartient à l’origine au
bilité de celui qui a commis une faute involontaire, style poétique, mais l’expression jouer de Ia pru-
surtout dans homicide par imprudence. -IM- nelle (1633) est familière. * Le premier emploi de
PRUDENT, ENTE adj. et n. a été repris cv. 1450)au prunelle au sens propre de «petite prune globu-
latin imprudent, de im- lin-) et de prudens. De son leuse de saveur âcres est attesté au XII~s. Iv. 1165).
sens ancien, =déraisonnable* et eignorantn, le mot * Le mot désigne aussi la boisson que l’on fait avec
est passé au sens moderne de «téméraire, inconsi- ce kuit (1410-1420)et donne son nom, par analogie
dé& 115381, s’appliquant aussi à une chose, un acte de couleur, à un tissu autrefois utilisé dans la
indiquant le manque de prudence (16721.+Il a pro- confection de chaussons de femmes (17791. +Il a
duit TMPRUDEMMENT adv. (15081,courant. pour dérivé le nom d’arbre PRUNELLIER n. x-n.
@’ Voir IMPROVISER, IMPROVISTE, PROVIDENCE, PROVI- (16941:antérieurement pronnelier (xv” sd, déjà re-
SEUR, PROVISION, PROVISOIRE. levé au XIII~s. en occitan du Rouergue Iprundier,
v.l220).*naaussi donné PRUNELÉE n. f. (18033et
PRUD’HOMME + PREUX
PRUNELET n. m. (18031, noms de préparations
PRUINE n. f. est emprunté (v. 1120) au latin culinaires sortis d’usage. -Autre dérivé de prune,
pruina &-imas, gelée blanche>>, lequel appartient à PRUNIER n. m. est la réfection Iv. 1393) des an-
une racine exprimant l’idée de <brûlure par le ciennes formes pruner Iv. 12001et pronnier Cv.1256).
chaud ou par le tioidn (--+prurit). oLa locution secouer qqn comme un prunier
( 1874)fait probablement allusion au sens de COU~,
+Repris avec le sens du mot latin, une première blessuren qu’a pris prune au xwe siècle. - PRU-
fois au XIIes., puis en 1516,le mot a pris au me s., NEAU n. m., diminutif de prune (av. 15121,a été
par analogie d’aspect, son sens moderne de apous- précédé par proniauh au pluriel ( 15071 et désigne
sière cireuse recouvrant des parties de certaines une prune séchée. 0 En référence a la couleur du
plantesm (18421. fruit, il s’est dit par ironie d’une personne au teint
b Son dérivé PRUINE, ÉE adj. quaMe la couleur extrêmement brun (1718; 1694, pruneau relavél et a
d’un fruit recouvert de pruine 118423. servi à désigner une couleur très foncée ( 1750).
0 voir BRUINE. + Par analogie de forme, il fait concurrence à prune
pour désigner dans l’usage familier une balle de fu-
PRUNE n. f. est issu C6n XII~s.1 du latin populaire sil, de pistolet (18301. +Plusieurs régions (Suisse ro-
pruna, neutre pluriel pris comme féminin singulier mande, Franche-Comté3 donnent à pruneau le sens
de prunum dmit du prunier. Prunum est em- de ccprunen, plus particulièrement de aquetsche=
prunté à une langue méditerranéenne comme (v. 18301et désignent par pruneau sec la prune sé-
d’autres noms d’arbres fruitiers Ile grec a proum- chée. + PRUNEES n. f. pl. est une création mo-
non). Le bas latin bulluca, d’origine celtique, qui derne Id s.1 en botanique pour les arbres fruitiers
sur% dans certains parlers du nord et de l’est de la dont le kuit est une drupe (par opposition aux pi-
France, avait fourni l’ancien français belote <<prune rées).
sauvage>. PRUNUS n. m. est directement repris (fin x& s.)
+ Ce nom de kuit, sans doute antérieur à sa pre- au latin prunes, nom d’arbre correspondant à pru-
rniére attestation (cf. ci-dessous prunelle), entre dès num, pour désigner un genre d’arbres et d’ar-
la fin du XII’ s. dans la locution ne preisier une prune bustes. Prunus kersus, apricud figure dans un ou-
an’avoir aucune estime pour» avec une valeur d’in- vrage de Baudry des Lozières ( 18021,mais, au sens
simance toujours vivante dans la locution pour de apetit arbre ornemental du genre Prunusm, il ne
des prunes 11X17-15081. Les locutions viennent les semble pas en usage avant le xx” s. (1932, Larousse).
prunes <l’été prochain>> 11730- 17651 et aux prunes + voir BRUGNON, PLUM I-CAKE, -PUDDING}.
al’été passé* (18481 sont devenues archaïques.
+Parmi les extensions métonymiques et analo- PRURIT n. m. est emprunté Iv. 1271) au latin
giques, le sens populaire de <coup*, Kblessure» pruritus cdémangeaisonm, dérivé de prurire aêtre
(v. 13301 a vieilli ; depuis 1650, le mot désigne une échauffé ou en chaleur>>, adémangern, au sens mo-
balle d’arme à feu, spécialement de fusil k-f. ci-des- ral ((brûler dem, mot technique et populaire dérivé
sous pruneau). + Il est employé adjectivement pour d’un ancien substantif “pruris, se rattachant à une
DE LA LANGUE FRANÇAISE PSAUME

racine indoeuropéenne exprimant l’idée de =brû- magistrat de Rhode+, transcription du grec pruta-
lure% par le tioid comme par la chaleur C+ pruine) nis. Après un emploi isolé chez Oresme au xrves., le
et que l’on retrouve dans l’anglais to freeze ccgelep. mot est attesté en 1721, date à laquelle il est enre-
4 Repris par les médecins pour désigner une dé- gistré dans les dictionnaires comme terme d’his-
mangeaison irritante, le mot a développé le sens fi- toire ancienne.
guré de adésir obsédant* (16941, assez rare.
PSALMODIE n. f. est emprunté Iv. I 120) au
k PRWRIGO n. m. est emprunté par la ternirdO-
bas latin ecclésiastique psalmodia +wt de réciter
gie médicale (18101 au latin prwigo #demangeai-
ou de chanter des psaumes*, lui-même repris du
sonn, dérivé de prurire,le verbe praire n’ayant pas
grec psakngdiu <chant ou composition de
vécu au-delà du moyen frangeais. L’anglais prurigo
psaumesm et d’abord «action de chanter en s’ac-
est atteste vers 1646, l’ancien provençal prutige dès
compagnant à la harpen. C’est un composé de psul-
le XIII~siècle. +Le mot désigne une dermatose ca-
mos I+ psaume1 et de -pdkx, de pde achantp (+ ode).
ractérisée par un prurit violent et, lui aussi quel-
L’ancien français a aussi eu une forme sulmodk, at-
quefois, par métaphore, un désir exacerbé (1870).
testée à la ti du XII~ et au XIII~siècle.
-PRURIGINEWX,EUSE adj. existe dès le moyen
français (v. 13i’O-14701, emprunté au dérivé latin +Ce mot didactique désigne l’art de chanter, de
pruriginosw “qui cause des démangeaisonsx. dire les psaumes; il a pris le sens figuré de «ma-
nière monotone de dire, de déclamera (1803) em-
PRUSSIQUE adj., ancien terme de chimie, ploi didactique et rare.
proposé en 1787 par Guyton de Morveau, Lavoisier, .En est dérivé PSALMODIER v. (14033, peut-être
Berthollet et de Fourcray, est dérivé de Prussia, d’après le latin ecclésiastique psalmodiure
forme latinisée de kusse avec le sufke -Que, (déb. v” s.1, <chanter ou réciter les psaumes>>, d’où,
parce que cet acide fut extrait du bleu de tise Ici- au figuré «déclamer de la poésie» ( 1669). 0 Le verbe
dessous, prussiatel. Sa découverte est due au s’est employé transitivement pour «chanter (un air1
chimiste suédois C. W. Scheele 1174247861 qui a in- en s’accompagnant d’un instrument à corde+
diqué en 1780 les premiers procédés au moyen des- (v. 15251, puis au sens de mréciter ou chanter (un
quels on pouvait l’obtenir. texte religieux) sur le ton de la psalmodie»
4 L’adjectif a été remplacé par cyanhydrique. (av. 1778) et, au figuré, ({débiter sur un ton uni-
b PRUSSIATE n. m., attesté en même temps que forme* (dès 17341, aussi intransitif (18351. +L’autre
prussique W’8i’1, est dérivé de Prussia à l’aide du dérivé de psalmodie est l’adjectif didactique P~AL-
sufke -ate, à cause du bleu de Prusse, matiére colo- MODIQUE (1771).
rante bleu foncé ( 1723, Savary) appelée aussi bleu @ voir PSALTI%ION.

de Berlin (17233, ainsi nommée parce qu’elle fut dé-


couverte en Prusse (à Berlin), probablement par PSALTÉRION n. m., d’abord noté psulterium
C. Dippel, au début du xvme siècle. +&ussiate a lui Iv. Il551 puis, par retour au grec, psaltérion
aussi vieilli au profit de cyanure. Iv. 12401, est emprunté au latin psalterium, lui-
même repris du grec psaltêtin, nom d’une cithare
PRYTANÉE n. m., d’abord féminin (15561 puis aux cordes pincées, grattées ou frappées. Le mot
masculin (15791, est emprunté au latin prytaneuPn, est dérivé du verbe psallein <pincer, tirer (une
lui-même du grec prutaneion &dîke public des ci- corde d’arc ou d’instrument de musique)= d’où, gé-
tés grecques abritant le foyer du feu sacré, nourrîs- néralement, ajouer (d’un instrument à corde&,
sant les hôtes publics et les pensionnaires de mot sans étymologie claire. En ancien et en moyen
l’État,. Le mot est dérivé de prutunis <chef, maîtren, français, on a employé les formes sarterion
spécialisé pour désigner des magistrats importants (déb. XIII~s. jusqu’en 14111,saltier Cv.1120) encore au
dans certaines villes grecques (d’où en français, et milieu du siècle suivant, et sauter puis psuutkr au
au même sens, pritanlze chez Oresme, 1.372-1374; XIII’ siècle.
puis prytane, 1721) ; le mot grec, d’origine obscure, + Le mot désigne cette cithare en usage dans l’Anti-
est sans doute un emprunt à l’Asie Mineure. quité et dans l’Europe médiévale. Il est didactique.
+ Le mot est d’abord un terme d’antiquité grecque, 0 Voir PSALhtODIE, PSAUME (PSAUTIERI.

désignant ,le lieu où étaient entretenus et logés aux


-frais de 1’Etat les citoyens qui avaient bien mérité PSAUME n. m., fomne évoluée (XIII~ s.) de
de la patrie, et aussi le lieu où les magistrats s’as- psalme iv. 11201, représente un emprunt au bas la-
semblaient et tenaient une permanence (1680, Ri- tin ecclésiastique psalmus cchant accompagné du
cheletl. 0 Prytatie s’est appliqué au XVIII~s. à un psaltérion~>, «chant sacré», lui-même emprunté au
établissement analogue fondé par ceux qui avaient grec psulmos Naction de faire vibrer, de toucher un
mérité de la patrie (dans les lettres, les arts) [17431, instrument A cordes)) et, par métonymie, aair joué
puis, peu avant 1800, à un établissement fondé sous sur la lyre>. Psulmos est dérivé de psullein =Pincer,
la YRépublique à Paris et dans quelques villes tirer (une corde d’arc ou d’instrument de mu-
pour les élèves méritants ou les i3s de personnes sique)B, d’où ajouer (d’un instrument à cordes)>
ayant rendu des services à l’État. C’est dans ce sens I-+psaJt&ionI. L’ancien et moyen français em-
qu’il s’emploie encore, avec une majuscule, en par- ployaient aussi le type populaire sulme, suume
lant de l’école secondaire militaire de LaFlèche. Iv. 11551,attesté jusqu’à la fk~ du xwe siècle.
b PRYTANE n. m., emprunté avant prytanée, est 4Le mot a été repris pour désigner chacun des
repris lv. 1370, pritanne) au latin prytunis apremier poèmes religieux hébraïques constituant un livre
PSCHENT 2996 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de la Bible et servant de prières et de chants reli- sibles sont pratiquement illimitées ; elles s’écrivent
gieux dans la liturgie juive et chrétienne. II est avec un trait d’union, ce qui manifeste la labilité de
passé en histoire littéraire ( 1541, Marot) pour dé- ces composés. +Dans la langue scienttique, l’élé-
signer un poème traduisant et paraphrasant un ment est très productif en biochimie, chimie et pa-
psaume, genre en honneur au xwe et au XVII~ s. et, thologie (pseudo-acide, 1903 ; pseudo-cellule, 1904 ;
en musique, une composition vocale sur le texte pseudo-noyau, 1904 ; pseudo-tuberculose, 1905 ;
d’un psaume (1565). pseudo-tumeur, 19041, en mathématiques, informa-
b PSAUTIER n. m. est l’aboutissement (1215) de tique, météorologie et en philosophie.
psaltier EV. 11751, emprunt au bas latin ecclésias- 0 Voir PSEUDONYME.
tique psalterium Nrecueil de psaumes}}, qui, avec un
PSEUDONYME adj. et n. m. est emprunté
autre sens, a été adapté en psalthion”. L’ancien (16901 au grec pseudônumos aqui a un faux nom»,
français a connu une forme populaire sultier, sau-
de pseudo- (-+ pseudo-1 et de -onumos, de onorna
tier Iv. 1119). - Le mot désigne le livre des psaumes,
((nornm (-+ anonyme, onomatopée).
puis, par analogie, un gros chapelet monastique
contenant autant de grains qu’il y a de psaumes + Le mot a quatié puis aussi désigné (18001 un au-
(16901, sens sorti d’usage. 0 Par une analogie plus teur publiant sous un nom d’emprunt; par métony-
mie, il a aussi qutié (1762) et désigné (1813) un ou-
lointaine, le mot a désigné, par allusion aux cordes
vrage écrit ou publié sous un tel nom. 0 De nos
du psakérion, le troisième estomac des ruminants
jours, il dénomme surtout un nom d’emprunt dans
(1752). -PSALMISTE n. m. est emprunté (v. 1175,
la vie artistique, littéraire, commerciale ou dans
psalmistre) au latin chrétien psalmista Irv” s.), de
une autre branche d’activité (1834, Balzac). Il est fa-
psalmus. Il a évincé son ancien doublet populaire,
milièrement abrégé en PSEUDO n. m. 11961).
noté salmistre Cv. 11501, salmiste Iv. 1190) et sau-
miste (XIII~ s.1. Le mot désigne un auteur de .On en a dérivé PSEUDONYMIE n.f. (1818),
psaumes et, en liturgie, un chantre de psaumes PSEUDONYMAT n. m. (fin XE~ s.), mot littéraire
hIe S.I. sur le modèle de anonymat*, et les mots rares
+ Voir PSALMODIE. PSALTÉRION.
PSEUDONYMER v.tr. I18891,PSEUDONYMIQUE
adj. (1894).
PSCHENT n. m. est emprunté (1822, Champol-
PSIT, PSSIT(T3 ou PST interj., d’abord noté
lion) à l’égyptien démotique p-skhent, lui-même de
l’égyptien classique p.’ Shm.tj désignant la double pss ! 16041 avec les variantes dss, fss (Hérouard,
1604-16051, puis st ( 1656, Molière), puis pst ( 1720) et
couronne de Haute et Basse-Égypte, littéralement
psit (1795; 1?65, pzitl, est une formation onomato-
<les deux puissante+, de l’article défmi masculin p.’
péique.
et de S@m.tj, duel féminin de 4bm.t «puissante>>. Le
mot égyptien a été transcrit pskhent dans le texte + Il est employé comme interjection pour attirer
grec qui figure à la suite des textes hiéroglyphique discrètement l’attention, et comme onomatopée
et démotique de la pierre de Rosette, découverte expressive ( 1720) pour traduire un geste indiquant
en 1799 et traduite par Champollion en 1822, l’immédiateté d’une action, une disparition sou-
daine, quelquefois en ponctuant un sentiment de
4 Le mot, introduit par la traduction de la pierre de
dégoût, de mépris avec une valeur péjorative.
Rosette par Champollion, désigne ,la coiffure por-
0 On le trouve susbtantivé comme nom masculin
tée par les pharaons de l’ancienne Egypte, symbole
11864).
de souveraineté sur la Haute et la Basse-Égypte.
PSITTACISME n. m. est dérivé savamment
PSEUD-, PSEUDO-, élément formant, est ( 1704, Leibniz) du latin psittucus ((perroquet,, selon
tiré du grec pseud-, pseudo-, de pseudos emen- le latin moderne psittucismus ou l’allemand Psittu-
songe, le plus souvent délibéré, parfois dû à l’er- zismus. Psittucus est lui-même emprunté au grec
reur>, &ction poétiquen, «feinte, ruse (de guerre))> psittukos, également psitiakê, sittakos et bittukos,
puis &aude, fals%cation (de mesures, documents, d’origine orientale, peut-être indienne comme l’oi-
récitslm et aussi <<boutons (qui viendraient au nez seau lui-même, selon Pline. Cependant, le flotte-
des menteur+. Le mot, employé comme premier ment de l’initiale en grec rend di&ile l’identifica-
terme de plus de cent vingt composés grecs, appar- tion du terme indien et le rapport avec le sanskrit
tient à un groupe expressif peu clair : comme l’ar- Szika- n. m. «perroquet» n’est pas clair.
ménien sut Mmensonge», il peut reposer sur un ra-
4 Le mot désigne la répétition machinale de
dical ‘pseu-, PSU-, forme élargie d’une racine “Mes- phrases ou de notions sur lesquelles on n’a ni rai-
asouftlern ; l’évolution serait «soufIler>>, spéciale- sonné ni réfléchi. n a été repris au & s. ! 1963, La-
ment <csotier du vent>> d’où amentirm, cette méta- rousse) en psychopathologie, pour un type de
phore ayant de nombreux exemples en plusieurs trouble du langage.
langues I-+ psych[ol-1.
w Aux XIX~ et xx” s., quelques termes didactiques de
+ L’élément a une très grande vitalité, comparable la même famille ont été formés sur psittacus,
& celle de anti- ou de crypte-, en particulier dans la comme le terme de zoologie PSITTACIDÉS
langue courante pour construire des adjectifs et n.m. pl. (1827) et en médecine PSITTACOSE n.f.
substantifs qualifiant et désignant des personnes 119041 Rmaladie des perruches et perroquets, trans-
(spécialement avec un nom propre ou un dérivé de missible à l’homme}}.
nom propre : pseudo-Delacroix, 1845; pseudo mal-
larméen, 19031 ou des choses Ipseudo-ati, 1885 ; PS OAS n. m. est emprunté ( 1690) au grec psoas,
pseudo-historique, 18901. Les constructions pos- accusatif pluriel de psoai (pluriel), désignant les
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2997 PSYCH-

muscles de la région lombaire. Ce mot, dont l’ini- l’absorption de drogues hallucinogènes et, par mé-
tiale repose peut-être sur une racine plus ancienne tonyrnie, la substance provoquant cet état. Par ex-
sph-, pourrait être apparenté à osphus *hanche, tension, il s’applique à ce qui évoque ou recherche
reins», autre nom de partie du corps, sans que l’on les représentations et visions propres à cet état
puisse déterminer une étymologie. (1967) ; il s’emploie spécialement en parlant du
+Le mot designe chacun des deux muscles épais mouvement contestataire d’origine américaine
s’étendant de la colonne vertébrale lombaire au issu vers 1966de la arévolution vertes des hippies à
petit trochanter du fémur. San Francisco ( 1968).
&n en a dérivé PSYCHÉDÉLISME n-m. 11966)
PS ORA ou P SORE n. f., d’abord sous la forme «état psychédéliquen, appliqué par extension à une
psoru (15381, puis psore ( 15721, est emprunté au latin façon de vivre préconisant l’usage des drogues hal-
psoru, lui-même emprunté au grec psôru adéman- lucinogènes.
geaison (surtout due à la gale)> et agalen, mot em-
ployé par analogie pour diverses a$ections des vé- PSYCH-, PSYCHO- est un élément formant
gétaux. Il appartient à la famille de psên, tiré du grec psukhtol-, lui-même de psukhê
normalement employé avec des préties et signî- usoU?le, respiration, haleineD, qui s’est dit de la
fiant agratter, racler, frotters. Psên peut s’analyser force vitale et de la vie, sentie comme un sotie, de
en “bhs-e-, forme élargie d’une racine indoeuro- l’âme de l’être vivant, siége de ses pensées, de ses
péenne “Mes- &otter, émiettern. émotions et de ses désirs, et qui désigne par méto-
nymie cet être lui-même, l’individualité person-
4 Cet ancien synonyme de gule ayant servi, par ex- nelle, et toute créature vivante douée d’une &nen
tension, à désigner toute maladie vésiculeuse ou (incluant les esclaves et les animaux); il désigne
pustuleuse de la peau, ne s’emploie plus guère. spécialement la partie immatérielle et immortelle
,En revanche, PSORIQUE adj., emprunté (17613 de l’être, s’appliquant à l’âme séparée d’un mort,
au latin psoricw, du dérivé grec psôrihos aconcer- au sotie plus ou moins matériel séjournant dans
nant la gale ou les tiections cutanée+, quMe en- 1’Hadès. Le mot désignait aussi un papillon, préci-
core ce qui est de la nature de la gale et ce qui est sément une espèce nocturne, la phalène (au-
efficace contre la gale ( 17651, ce dernier sens étant jourd’hui encore, le papillon est appelé en grec
en concurrence avec ANTIPSORIQUE adj. (1783). psukhuri), parce que le papillon était symbole de
9 PSORIASIS n. m., emprunté (1822) au latin sa- l’immortalité de l’âme chez les Anciens. Psukhê se
vant moderne psoriwis, lui-même emprunt au grec rattache à la racine indoeuropéenne “bhes- rouf-
tardif psôriasis &uption galeusen, désigne une flerD que l’on a dans le sanskrit bhbs-tr- asoufnetn
dermatose fréquente et rebelle, de cause inconnue. sous une forme élargie “bhs-eu- (-, pseudo-1.
* n a pour dérivé PSORIASIQUE adj. et n. (18581, b Bien que l’on rencontre, après les emprunts du
qui coexiste avec psotiastique. xwe s. Ici-dessous psychique, psychologie), les pre-
miers composés au xvfles. par exemple, PSYCHO-
PSYCHÉ n. f., d’abord masculin 15sep- MANCIE n. f. (16111,et au XVLZI~ s., PSYCHOMÈTRE
tembre 18121, puis, dès la même a;nnée, féminin, est
n. m. (17321,l’élément est surtout productif aux XIX”
l’emploi comme nom commun de Psyché, du grec
et xx” s., servant à former de nombreux termes de
Psukti, nom propre (qui est le même mot que
médecine et de pathologie en rapport avec le psy-
psukhê &nem + psychlol-1 de l’héro’ïne d’un conte chisme et la psychologie (voir ci-dessous3. C’est
relaté par Apulée da;ns les Métamorphoses, jeune
d’ailleurs aussi au début du me s. que les mots les
princesse d’un beauté exceptionnelle dont s’éprit
plus anciens de la série prennent leur valeur mo-
Cupidon.
derne. ~PSYCHOMÉTRIE n. f. (18421,est dérivé
4 Le mot désigne un grand miroir mobile parce que de psychomètre n. m. (1764)&xtrument censé me-
la personne qui s’y regarde s’y voit belle comme surer le pouvoir psychique, l%me>>. 1l désigne au-
Psyché. jourd’hui (dep. 19023 l’ensemble des procédés de
mesure des phénomènes psychiques (intensité, fré-
quence, durée). 011 a pour dérivé PSYCHOMÉ-
PSYCHÉDÉLIQUE adj., d’abordpsychedelk TRIQUE adj. (1842, repris XX~s.l.
(19661,francisé en psychétilique (19671, est em- Psycho-, avec un nom de science ou de pratique
prunté à l’anglais psychedelic, mot proposé en 1956 médicale, forme des composés qui témoignent au-
par un correspondant de l’écrivajn Aldous Huxley jourd’hui de l’tiuence de la psychologie, de la psy-
et popularisé par le psychologue américain chiatrie et de la psychanalyse sur l’ensemble des
Th. Leary (qui répandit l’usage du L. S. D.), notaun- sciences humaines et sur la médecine. En général,
ment à partir de 1963 dans The Psychedelic Rwiav. l’adjectif et le nom de spécialiste correspondant
Ce mot est formé à partir du grec psukhê sont créés peu après, mais c’est parfois l’adjectif
I+ psychlol-1 et de dêloun arendre visible, révélep, qui appartit d’abord. 00n peut citer PSYCHO-
surtout au passif: Hêtre montré, être évide&, dé- PATHOLOGIE n. f. (1896) et PSYCHOPATHOLO-
nominatif de MOS R&ident, visible)), lequel appar- GIQUE adj. Cti XIX~ s.), PSYCHOTHÉRAPIE n. f.
tient à l’imporhde racine indoeuropéenne “dei- El8881 et ses dérivés PSYCHOTHÉRAPIQWE adj.
#brillefi) qui a fourni au tiançais les mots jour* et (18941et PSYCHOTHÉRAPEUTE n. (1902); PSY-
dieu*. CHOSOCIOLOGIE n. f. (1901, psycho-socio~ogid et
+Le mot, qui signi-fie proprement <<qui manifeste PSYCHOSOCIOLOGUE n. (19181, auxquels corres-
l’âme5 qutie un état psychique provoqué par pondent l’adjectif PSYCHOSOCIAL, ALE, AUX
PSYCH- 2998 DICTIONNAIRE HISTORIQm

(19011, PSYCHOLINGUISTIQUE adj. et n. f. (19291 sciences en ‘psy-‘», et surtout de nom commun &
et PSYCHOLINGUISTE n. (v.1950), etc. +PSY- toutes les professions psychologiques, surtout thé-
CHOTECHNIQUE adj. Il9281 concerne la psycho- rapeutiques.
logie expérimentale, de même que PSYCHO- Les mots les plus usuels issus de ce radical grec
TECHNICIEN, IENNE n. (1930, H. wallon) et sont souvent des emprunts a des composés ou à
PSYCHOTEST n. m., anglicisme I19461, Aors que des dérivés latins, eux-mêmes pris au grec.
PSYCHOPEDAGOGIE n. f. (1906, psycho-pédago- PSYCHIQUE adj. est emprunté 11557) au latin
gk) et ses dérivés relèvent de la psychologie appli- chrétien psychicus, substantivé au pluriel psychici
quée. oPSYCHOBXOLOGIE n. f. (1903,psych&io- des matérialistes, les charneb, nom donné aux
logie) semble avoir été précédé Par chrétiens par Tertullien et les Montanistes (notion
PSYCHOBIOLOGIQUE adj. (19013. 0 PSYCHO- traduite ensuite par animalis), par opposition à spi-
CHIRURGIE n. f. (19361, désignant une branche de ritualis ou pneumadicus. D’après les plus anciens
la neurochirurgie, n’a eu de dérivés qu’après 1950, témoignages, en particulier ceux de saint Paul, Iré-
semble-t-il. oPSYCHOPHARMACOLOGIQUE née, Plotin, les gnostiques répartissaient l’huma-
adj. Iv. 19601 et PSYCHOPHARMACOLOGIE n. f. nité en trois catégories : oi pneumatikoi aceux qui
(19563 sont devenus relativement courants. se sentent pourvus d’une perfection innée, dont la
D’autres composés sont plus techniques, tels PSY- nature est esprit>>, oi psukhikoi <<ceux qui n’ont
CHOSEXUEL,ELLE adj. (1895),PSYCHOSENSO- qu’une âme et point d’esprit mais chez qui le salut
RIEL,ELLE adj. (18911, PSYCHO-AFFECTIF,IVE peut encore être introduit par instructiow et oi hu-
adj. (1914). PSYCHOGÈNE adj. (1908) se dit d’un likoi &tres dépourvus d’esprit et d’âme, unique-
phénomène agissant sur le plan psychique seul, ment constitués d’éléments charnels voués à la
après PSYCHOGÉNÉTIQUE adj. (18983 “qui étudie destruction». Oi psukhikoi est le pluriel substantivé
ou admet l’action de facteurs psychique+, et à côté de l’adjectif psukhikos, dérivé de psukhê et signî-
de PSYCHOGÉNÈSE n. f. (1900, Flournay). PSY- fiant “qui concerne le soufIle, la vie>>,d’où «vivant,
CHOGÉNIE n-f. et PSYCHOGÉNIQUE adj., qui anin- puis “qui concerne les êtres Vivants~~ d’où
sont relevés chez Lacan (1934. ~PSYCHODIAG- flterrestren et “qui concerne l’âme (par opposition
NOSTIC n. m. (1902, Claparèdel se dit surtout de au corps)». -Le mot a été introduit au XVI~s.
l’interprétation des tests. comme nom pour désigner un partisan du “psy-
chisme)) (ci-dessous1 et qualifier ceux qui sont atta-
L’6lément psycho-, mentionné plus haut, ne devient
chés à la matérialité du fluide psychique, sens vi-
très productif que dans le dernier quart du XIX~ s.,
vant jusqu’au xwe siècle. 0 Un nouvel emprunt au
lorsque psychologie, psychique, psychiatrie et quel-
latin a donné à fluide psychique (172 1) le sens
ques autres mots provenant du raidical psukhê sont
d’aanimal, vîtalB, sorti d’usage. +La valeur mo-
devenus usuels, d’abord en médecine et en
derne, ((qui se rapporte à l’âme> est un autre em-
sciences. +Parmi les premiers composés nou-
prunt plus tardif (18191, probablement inspiré de
veaux, apparaissent alors PSYCHOPATHIE n. f.
l’allemand, et à partir duquel le mot a pris le sens
(18771, formé sur le modèle de névropathte, et dont
de “qui concerne l’esprit, mental» (1837, Balzac),
procède PSYCHOPATHE adj. et n. (1894) <malade
plus tard substantivé avec une valeur de neutre : Ze
mental», courant autour de 1900 et de nos jours
psychique ( 1907, Bergson3. Abusivement, l’adjectif
vieilli, sauf dans un emploi médical plus technique.
quame des phénomènes plus ou moins occultes,
+PSYCHOMOTEUR,TRICE, adj., terme de phy-
concurrençant son composé parupsychique*.
siologie (18771, est resté technique, comme son dé-
Par changement de stixe, psychique a produit
rivé PSYCHOMOTRICITÉ n. f. qui semble tardif
PSYCHISME n. m. 118121qui concerne d’abord la
(attesté dans les dictionnaires en 19%).
théorie matérialiste supposant l’âme faite d’un
La vitalité de l’élément est forte ensuite, mais plu- fluide spécial, sens disparu, et a pris, d’après psy-
sieurs composés sont des emprunts à l’allemand chique, la valeur d’aensemble de phénomènes psy-
Ipsychanalyse, ci-dessous) ou à l’anglais. 4hrrni chique+ i1873). *PSYCHIQUEMENT adv. (1822,
ces derniers, PSYCHODRAME n. m. (1911, repris Maine de Biran3 est lui aussi dérivé de psychiqw.
en 1950 par calque de l’anglais psychodrama 1937, + Dans plusieurs adjectifs d’usage scientaque,
Moreno) est devenu courant pour désigner non -psychique entre comme second élément : PARA-
seulement une psychothérapie de groupe, mais un PSYCHIQUE adj. (1893) se dit des phénomènes
ensemble de réactions vives, psychiquement signi- pSychiques ineXpliqués, but comme MÉTAPSY-
ficatives, dans un groupe. L’adjectifPSYCHODRA- CHIQUE adj. (1905 Charles Richet) en relation avec
MATIQUE 11951) reste toutefois technique. +En re- para- et métapsychologti; INTRAPSYCHIQUE adj.
vanche, PSYCHOCRITIQUE adj. et n. f. est formé ( 1907) qualifie ce qui a lieu entre les différents élé-
en français (v. 1950) par Charles Mauron pour dé- ments de la personnalité; SOMATOPSYCHIQUE
signer une méthode d’analyse des textes littéraires adj. C1900,somato-1, terme de médecine pour ce qui
faisant ressortir des facteurs inconscients : psycho- concerne à la fois les caractères physiques et les
y a la valeur spécifique de “psychanalytique». particularités psychiques d’un individu, s’emploie
Quant à la forme abrégée FSY adj. et n., elle est en relation avec psychosomatique.
empruntée à l’anglais des Etats-Unis psy, abrège- PSYCHOLOGIE n. f. est emprunté (1588) au latin
ment monosyllabique de psycti servant à la fois savant moderne psychologiû, dé au XVI~s. avec les
pour psychoanalyst, psychiatrist, psychiatrie, psy éléments grecs psukho- et -logis (+ -1ogie) par l’hu-
choloy, etc. En français Iv. 19721,psy sert d’adjectif maniste et réformateur allemand Melanchton
pour apsychologique-, apsychiquen, arelevant des ( 1497-1560) qui intitule ainsi une de ses confé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE PSYCH-
rentes ; le mot a aussi été utilisé en 1579 par le phi- l’âme humaine (1853, Flaubert), quali5ant celle qui
losophe allemand J. T. Freigius. Il reqoit une valeur manifeste de la pénétration psychologique (19291.
plus moderne avec l’école de Leibniz et notam- +PSYCHOLOGISTE adj. et n. (18011 a disparu au
ment Wol8 EPsychologk empirica, 1732 ; Psycholo- sens de *spécialiste en psychologien, supplanté par
giu rationah, 17341. +Psychologie a d’abord dési- psychologue; il se dit d’un partisan du psycholo-
gné la science de l’apparition des esprits. 0 Au gisme (18361 en relation avec PSYCHOLOGISME
XVII~s., le mot s’applique à la partie de la philoso- n. m. (18401, terme didactique désignant la ten-
phie traitant de l’âme, de ses facultés, de ses opéra- dance à faire prévaloir le point de vue de la psycho-
tions 11690? Dionis). L’usage moderne qui vient de logie sur celui d’une autre science. +PSYCHOLO-
WolfY (ci-dessus) recouvre l’étude des phénomènes GISER v. (1847, Baudelaire) n’est plus guère usité
de la pensée, de l’esprit, de la vie mentale au sens qu’au sens transitif de 4raiter du point de vue de la
le plus large de ces termes (1754, entrant spéciale- psychologie=, son participe présent psychologkant
ment dans les termes de classikation psychologk étant adjectivé pour ce qui fait dominer les don-
raisonnée, rationnelle, empirique, ontologique ( 1765) nées psychologiques (1934, traduction de Reich).
qui lui confèrent déjà une certaine autonomie au + Au xxe s., psychologie a fourni le second élément
sein de la philosophie. +Ce n’est toutefois qu’au de quelques composés comme BIBLIOPSYCHO-
me s. que se dégage la notion scientsque de psy- LOGIE n. f. (déb. xxe s-1 et BIOPSYCHOLOGIE n. f.
chologie et que la terminologie s’enrichit de syn- auquel répond l’adjectif BIOPSYCHOLOGIQWE
tagmes comme psychologie scientifzque (18511, psy- ( 1923, bio-1.
chologie individuelle (18661, psychologie appl@uée PSYCHIATRE n., attesté dès 1802 au mascubn, est
( 18661 e@rimentak ( 1894, Binetl puis aussi psycho- alors un terme assez théorique, fort peu employé;
logie comparée Il 9051, dlflérentielle C19091, psycho- il reste rare jusqu’à la ti du XIX~siècle, Le médecin
logie pathologique ( 19071, psycholo@es objectives des maladies mentales est dénommé altiniste à
(19131, et bien d’autres. Malgré l’hostilité partir du milieu du siècle et, auparavant, simple-
d’A. Comte pour ce concept (il passe, dans sa clas- ment médecin Ides aliénés, des fous). Ce n’est
sikation des sciences, directement de la biologie à qu’avec la diffusion du nom de l’activité, psychia&ie
la sociologk, mot qu’il invente), il s’est imposé. 0 Le (ci-dessous), que psychiatre va se substituer à alié-
mot, qui se dit par métonymie d’un ouvrage de psy- niste. Au XX~s., après l’apparition de psychanalyste
chologie, est passé dans l’usage courant vers le mi- et de psychothérapeute, le mot est redéti par une
lieu du XX~ s., désignant la connaissance empirique appartenance plus stricte à une spécialité médi-
des sentiments (1857, Flaubert) et, par métonymie, cale nettement délimitée, en voismage avec neuro-
l’ensemble des sensations, sentiments et motiva- logue (cf. neuropsychiatre, 19131, et dont l’objet est
tions accompagnant un acte, un phénomène (1854, le traitement médical, neurophysiologique des ma-
Flaubert) et, par un autre emploi métonymique, ladies mentales, surtout de la catégorie des psy-
leur description ( 1887). Une valeur particulière et choses. +PSYCHIATRIE n. f., enregistré par le
courante, captitude à prévoir les réactions de qqnn, complément de l’Académie en 1842, est d’abord lui
est attestée dans la locution relativement usuelle aussi un terme théorique et rare. Il pourrait être
manquer de psych&@e (1916). 0 L’abréviation emprunté à l’allemand Psychiatrie UIeinroth, 18181,
PSYCHO n. f. est d’abord scolaire (1889). d’abord psychiaterie (Reil et Hof?baner, v. 1810). En
La dérivation du mot manifestant la vitalité du anglais, Bentham réclamait en 1817 la constitution
concept de psychologie est relativement riche à d’une apathologie psychologique)) qui correspond
partir de la moitié du xvme siècle. +PSYCHOLO- au même concept. La médecine des troubles men-
GIQUE adj. (17511 qualtie ce qui concerne la psy- taux date pourtant de 1’Antiquité mais, encore aux
chologie, avec les valeurs successives du nom, les xwe et XVIII~ s., il n’y a pas de séparation théorique
faits psychiques, la pensée, (1815, poiat de vw psy entre maladies du corps et troubles de l’esprit :
cholog@ue, Maine de Biran). L’adjectif est passé c’est la thérapeutique des humeurs, héritée de Ga-
dans l’usage courant au sens de aqui s’attache à lien, qui construit ce domaine. La psychiatrie mo-
étudier l’homme, ses réactions)) (1834, Balzac), par derne est née de la rencontre des nouvelles théo-
exemple dans l’expression flair psychologique ries médicales du XVLZI~et du début du XUC~ s., et de
(1852, Flaubert) ; moment* psychologkyue ( 1870) est la prise de conscience des conditions tragiques de
un germtisme. +Psychologique est devenu cou- l’enfermement des afous*, notamment avec Pinel
rant pour qualifier ce qui agit sur le psychisme, vise ( 1745-1826) en France, et avec la loi de 1838 sur les
à agir sur lui en utilisant les connaissances de la asiles. Des mouvements parallèles se produisent
psychologie 118791. *n a fourni PSYCHOLOGI- en Italie (Chiarugi), en Angleterre CW.Tuke), en Al-
QUEMENT adv. (1815, Maine de Biran) qui, outre le lemagne IReil, le premier à employer le mot). Psy-
sens de arelativement à la psychologie, science du chiatti est mentionné dans les dictionnakes Ran-
psychismem, dispute à psych@uement le sens de çais après 1840, mais sans développement ; la
arelativement au psychismeti, et il entre dans la première encyclopédie à le traiter avec quelque
construction de quelques adjectifs didactiques sous détail semble être celle de Berthelot (v. 1900). En-
la forme de l’élément psychologico- Cpsychologico- suite, le concept s’articule avec celui de neurologie
moral, -métaphysique, -musical, -social). 4 PSY- et par ailleurs de psychanalyse (voir ci-dessus psy-
CHOLOGUE n. et adj. Cl7601 «personne qui s’oc- chiatre). +Le dérivé PSYCHIATRIQUE adj., enre-
cupe de psychologien s’emploie aussi comme ad- gistré en même temps que psychiatrie (18421, a dû
jectif (1789) et se dit couramment de toute se répandre avec lui, un peu avant 1900. +Le
personne ayant une certaine connaissance de groupe s’est enrichi au ds., avec PSYCHIATRI-
PTÉR- 3000 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

QUEMENT adv. et PSYCHIATRISER v. tr. CV. 1970) +TOUS les mots de cette série sont concurrencés
et, surtout, un grand nombre de composés dési- par une forme simple : analyse, analyser, analyste,
gnant des spécialistes, ETHNOPSYCHIATRE qui les remplace souvent dans l’usage surtout oral
(1952) et ETHNOPSYCHIATRIE (1952), NEURO- (4 analyse).
PSYCHIATRE (1913) et NEUROPSYCHIATRIE 0 ~~~~~~É~M~~~~H~~E,P~sIoLoG~,PsY~É.P~~~~-
(1910, newo-), PtiDOPSYCHIATRE il9731 et PÉDO- DÉLIQUE,SOMA.
PSYCHIATRIE (v. 1920), SOCIOPSYCHIATRE
(av. 1972) et SOCIOPSYCHIATRIE (av. 19721, PTÉR-, PTÉRO-, -PTÈRE, éléments de
ZOOPSYCHIATRE (v. 1970) et ZOOPSYCHIATRIE
composition, sont tirés du grec ptero- et -pteros, de
(V. 1970). +ANTIPSYCHIATRE n. 11967) et ANTI-
pteron <<cequi sert à volera> d’où <(plumen et, surtout
PSYCHIATRIE n. f. (attesté 1972) Ont un statut par-
au pluriel, aailes*, au figuré, acolonne», employé par
ticulier, désignant une réforme radicale de la psy- métaphore pour exprimer les idées de protection
chiatrie traditionnelle et asilaire. et de rapidité. Le mot appartient à la famille de pe-
PSY CHOSE n. f. est l’adaptation ( 1859) de l’aue- testhui wolern, qui se rattache à une racine indoeu-
mand Psychosti ( 1845, Feuchtersleben), lui-même ropéenne “pete-, “pt- woler>> et tttombern bien re-
composé du gec psukho- pour psukh2 et -ôsis présentée en grec ainsi qu’en latin (--+panne,
d’après neurôsis (+ névrose). +Terme de patholo- parpaing, pétition).
gie désignant une tiection mentale grave dont le
malade ne reconnait pas le caractère morbide, psy- F Ptér-, ptéro- entre dans la formation de quelques
chose est spécialement employé par opposition à terTries savants (zoo@& pdéontologie), tek PTÉ-
rzéwose. Par extension, il se dit couramment pour RODACTYLE adj. (1809) avec -ductyle* “qui a les
Ridée ke)j ( 19131, par exemple dans le syntagme doigts réunis par une membranen (par exemple
psychose collective ( 19261, et une crainte excessive des chauves-souris), emploi disparu, devenu (182 1)
(1936, psychose de guerre). -11 a pour derivé PSY- le nom d’un reptile fossile du secondaire, adapté au
CHOTIQUE adj+ (1.8771, d’abord au sens descriptif vol grâce à des ailes membraneuses. *Le genre
de *qui a rapport à la psychose», spécialement dans auquel appartenait ce reptile a été nommé PTÉ-
états psychotiques. Aujourd’hui le mot s’emploie ROSAURIENS n. m. pl. (ti XIX~ s.l. + PTÉROPODE
surtout pour <atteint de psychose>>, comme adjectif n. m. (18041 est formé avec -pode*, d’après le latin
et comme nom (19591, éhminant PSYCHOSIQUE scientsque pteropodus (1798, Cuvier) où le premier
adj. (1934 “qui relève de la psychose>>. +Psycho- élément a le sens de xnageoiren. +PTÉRODON
tique a servi de base à ANTIPSYCHOTIQUE adj. et n. m. (1875) amammifère carnassier fossile de l’ère
PRÉPSYCHOTIQUE adj., composés récents stric- tertiaire>> est peu usité. + -PTÈRE élément su&&,
tement didactiques. - Un autre dérivé de psychose, entre dans un certain nombre de mots savants re-
PSYCHOSÉ, ÉE (v. 1960) adj. et n., qualtie et dé- latifs au classement des animaux d’après la confor-
signe une personne atteinte de psychose, en mation de leurs ailes, principalement des insectes
concurrence avec psychotique. tels coléoptères*, lépidoptéres (4 lépid[ol-1. 0 Dans
PSYCHANALYSE n. f. (1909), contraction de psy- une moindre mesure, il figure dans des mots rela-
cho-analyse (18961, puis psychoandyse ( 19061, est tifs à la disposition des colonnes dans un étice :
emprunté à l’allemand Psychoanalyse, composé de APTÈRE (17541, DIPTÈRE 116941, MONOPTÈRE
psycho- et de Analyse (ayant leurs correspondants (15471, PÉRIPTÈRE (15471, tous adjectifs et noms
en français) par le médecin autrichien Sigmund masculins empruntés au grec.
Freud. Le mot apparaît en 1896 dans un article de
Freud publié en fiançais dans la Reyue neurolo- PTOMAÏNE n. f. est emprunté (1879) à l’italien
gique puis, la même année, dans un article en alle- ptomainu ( 1878 ; 1876, potomuinul, nom donné par
mand Weurologkhes Zentwlblatt, no 101.En 1894, le chimiste italien Selwi à une substance toxique
Freud employait psychische, psychoiogkche, hyp- qui se forme au cours de la putréfaction des pro-
notische Analyse. Psycho-analyse est employé par téines animales sous l’effet des bactéries. C’est un
Apollinaire CLUVie anecdotique, 191 l-19121, rensei- dérivé savant du grec ptôma «chuten (+ asymptote,
gné par Cendrars, retour d’Allemagne. -Psycha- sym@me), d’où Kobjet tombé», spécialement
nulyse désigne la méthode de psychologie clinique aruine, cadavre», de piptein Mtombera), les enzymes
mise au point par Freud et fondée sur Z’investiga- produisant cette substance étant très nombreuses
tion des processus psychiques inconscients. Par dans les cadavres. Piptein appartient à la racine in-
métonymie, il désigne le traitement de troubles doeuropéenne *pet-, “pt-, à la fois woler, s’élancer=
mentaux et somatiques par cette méthode 11922). et atombern (+ pétition, ptér-1.
Par suite, il est employé pour désigner l’étude psy-
chologique profonde d’une œuvre d’art, de thèmes + Repris comme terme de biochimie, ptomaiite est
(1921, Piaget). +Dans le premier tiers du me s., il a
très rarement employé au figuré (déb. XX~s., Dau-
produit PSYCHANALYTIQUE adj. (19091, d’abord det).
psycho-analytique (1905, Freud [en françaisll qui
pourrait être emprunté directement à l’allemand PTOSE, PTÔSE n.f. est emprunté (1895) au
psychoanulytisch ( 1898, Freud), PSYCHANALYSTE grec ptôsis «chuten, dérivé de piptein atomber,
n., dont la forme actuelle ( 1912) a remplacé psycho- s’abattre» d’où «rencontrer, se produirem. Ce verbe
analyste (19101, et PSYCHANALYSER v. tr. (1926) repose sur la même racine que le sanskrit patati
qui signik également, par extension (19321, &u- «voler, se hâter, tombem, le latin petere Nchercherm
dier, interpréter par la méthode psychanalytiquem. I-, pétition).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3001 PUBLIC

+Le mot, introduit en botanique en 1803 dans un bertéx, pubescent a été repris (1797) comme terme
sens qui a disparu, a été repris en médecine; il d’histoire naturelle en parlant d’une partie d’un vé-
concerne l’abaissement d’un organe ou d’une gétal garnie de poils fms et courts. + On en a dérivé
structure organique par rapport à sa place nor- PUBESCENCE n. f. 117%) employé en botanique à
male. propos de l’état d’une surface pubescente. Le mot
b L’élément -PTOSE représente le grec ptosis dans avait déjà été dérivé savamment du radical du latin
plusieurs substantifs féminins appartenant au do- pubescere (fi xve s.) au sens de apuberté».
0 voir PUBIS, PUBLIC, PuBLICAIN.
maine de la pathologie et désignant des déplace-
ments d’organes. 0 D’autre part, le mot grec a été PUBIS n. m. est emprunté ( 1478) au bas latin pu-
ti-ancisé en PTÔSIS n. m. (18321, peut-être d’après bis, autre forme du latin classique pubes n. f. dé-
l’anglais ptosk (dès 17431,pour désigner un abaisse-
signant le poil qui caractérise la puberté et, par
ment permanent de la paupière supérieure. métonymie, une partie du corps qui se couvre de
poil. Il est employé collectivement pour désigner la
0 PUB n. m. est emprunté (1913, Larbaud) à l’an-
population mâle adulte en âge de porter les armes
glais pub (18653, abréviation de public n. (17093,pour
et de prendre part aux délibérations de l’assem-
public house (repris en f?ançais dès f 786) désignant
blée I+ public, république). Le mot n’a aucune éty-
un établissement public où l’on sert des boissons al-
mologie sûre, bien que l’on pense au sanskrit pu-
coolisées, en Grande-Bretagne et dans certains mhn <<hornmeD, qui ne rendrait compte que de la
pays anglo-saxons. Ce mot est formé de public (du
première syllabe, -bes devant 6tre un second terme
français public* ou du latin publicus) et de house
du composé.
<maison, établissement>, de l’ancien anglais hti
correspondant à l’ancien haut allemand hüs et à 4 Le mot désigne en anatomie la partie inférieure
l’ancien nordique hti. et antérieure de l’os iliaque, d’abord en apposition
à os (1478) puis absolument (16901.0 L’extension au
+ Pub a évincé la forme public-house comme terme sens de hgion triangulaire du bas-ventre» (1793,
de civilisation anglo-saxonne. Comme drugstore, il Lavoisier) est plus courante.
a développé en France un sens différent du mot
F En sont dérivés PUBIEN, IENNE adj . ( 17961, d’où
d’emprunt, désignant un bar, une brasserie dont le
SOUS-PUBIEN,IENNE adj. (1805) et le termemé-
cadre, le décor et, parfois, les boissons veulent évo-
dical PUBALGIE n. f. (1932, Spinellî), formé savam-
quer le pub britannique Iv. 1960).
ment avec l’élément -a@%. Pubien lui-même est re-
0 PUB + PUBLJC présenté par l’élément PUBIO-, PUBO- dans
quelques ternies d’anatomie.
+ voir PUBÈRE, PUBLIC, PUBLICAIN.
PUBÈRE adj. est emprunté (1392) au latin pu-
ber, -en& dérivé de pubes “qui a atteint l’adoles- +k PUBLIC, PUBLIQUE adj. et n. m., réfec-
cence*, aadulte,, de pubes, pubis &+ pubis). tion (xv” s.1de publique, qui était employé aux deux
+ Le mot a été repris au sens juridique, pour quali- genres (12391, également peuplique 11388) et pu-
fier ceux qui ont atteint l’âge où la loi permet de se plique 11432) Id’après le latin poplicus, ci-dessous],
marier. Il s’emploie plus généralement, dans un est emprunté au latin publicus. Cet adjectif signif?e
style littéraire, en parlant d’un être humain ayant -qui concerne le peuple, qui appartient k l’Etat)> et
atteint l’âge où il est apte à se reproduire (1734). ade propriété ou d’usage commuw, d’où ~commun
*Son emploi en sciences naturelles à propos de à tousn et, dans le langage poétique, «ordinaire, ba-
feuilles garnies de poils ~III~ (1509) a disparu au pro- nal, rebattun. Publicus pourrait résulter d’un croise-
fit de pubesceptt”. ment entre un adjectif non attesté “pubicus, dérivé
b PUBERTÉ n. f. est emprunté (v. 1362) au dérivé la- de pubes (3 pubis) et employé collectivement pour
tin pubertas, -ati dans son acception juridique et, désigner la population mâle adulte, en âge de
plus généralement, pour désigner l’âge auquel le prendre part aux délibérations de l’assemblée, et
jeune homme, la jeune fille sont formés (15991 et, poplicus, adjectif archaïque tiré de populos
par métonymie, l’ensemble des modifications ac- t+ peuple).
compagnant cette période. Dans le style littéraire, + Dès ses premiers emplois, l’adjectif qualifie ce qui
il se prête parfois à un emploi métaphorique concerne le peuple, la collectivité dans son entier,
(av. 1850). 4 On en a tiré IMPUBERTÉ n. f. (18321, ce qui est relatif à l’ktat, entrant dans quelques syn-
didactique (en droit) et littéraire, qui correspond à tagmes comme la chose publique (v. 13551, calqué
impubère (ci-dessous). -IMPUBÈRE netadj. est du latin res publica (+ république), bien public (bien
emprunté (14883 au latin impuber, -et-k -qui n’a pas publique, 13621, charges publiques (16991, et plus
atteint la pubetién, dérivé de pubes avec le prétie tard morale publique (av. 1825). Il qutie plus spé-
privatif im- lin-). 0 Ce terme juridique, rare cialement ce qui est relatif à l’administration et au
jusqu’au XVII~s., désigne et qutie (1544 l’être gouvernement d’une société organisée Km xve s.),
n’ayant pas atteint l’âge ou l’état de puberté. sens réalisé dans charge publique (16941, droit pu-
PUBESCENT, ENTE adj. est emprunté (1516) au la- blic C17Ol), domaine public, fonction publique, ser-
tin pubescens, -en&, participe présent de pubes- vice public C+ service). 0 Une spécialisation pour
cere ase couvrir de poil follet, d’où aentrer dans <de l’État, géré par l’État» oppose public à privé, et a
l’adolescence* et, par analogie, apousser, se déve- entraîné le composé SEMI-PUBLIC, IQUE adj.
lopper (de plante&. Lui-même est dérivé de pubes ( 19281. * Un homme public ( 16901 est un homme
I+ pubis). + Emprunté au sens de «propre à la pu- exerqant des fonctions dans le gouvernement ou la
PUBLIC 3002 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

haute administration et, par métonymie, Zu vie pu- employé comme nom 119301.+De là PUBLICITAI-
blique ( 1757) est celle que l’homme public ac- REMENT adv. (v. 1950). + Publicité est abrégé fami-
complit au titre de ses fonctions, par opposition à lièrement en @ PUB n. f. Iv. 19651 et entre sous la
vie privée. + À partir de la Renaissmce, public qua- forme de l’élément formant IWBLI- dans publi-in-
lifie ce qui est commun à la collectivité, à l’État formation, publirepotiage, publipromotionnel, PU-
(15381, ce qui est l’usage de tous et non d’une mino- BLIPHILE et PUBLIPHOBE “qui aime ; qui déteste
rité (15381, s’appliquant aussi à une personne dont la publicités, qui datent tous de la seconde moitié
l’activité profite à la collectivité (16901, essentielle- du xx” siècle. 0 Publicité sert aussi à former le
ment dans les expressions fille pubfipe (cprosti- composé antonyinique CONTRE-PUBLICITÉ
tuée)) El771 ; autrefois femme publique, v. 15451, (1905).
crieur public et écrivain public. 0 L’adjectif signifie Au XVIII~s., public a produit un autre dérivé, PUBLI-
uouvert à tous» dans place publique (1538) ou jardin CISTE n. (17481, ancien terme de droit désignant
public. *L’autre sens exprimé par public, ~connu un spécialiste de droit public, acception disparue.
de tous>>,est attesté dès le XJVS., tantôt avec la va- Les sens ultérieurs de ajournaliste> (1789) et kri-
leur de (<porté à la connaissance de tous» 113301, vain public>> (1845) ont vieilli, en partie parce que le
tantôt avec la nuance de anotoiren Exrv”s.1 ou mot a été réemprunté 119061 à l’angle-américain
d’&prouvé, exprimé par tous>) (16831, réalisée dans public&, lui-même employé dans ce sens depuis
le style littéraire dans les expressions aujourd’hui 1900, pour désigner un agent de publicite, un spé-
archaïques cri public ( 1706) et clameur publique cialiste de la publicité, emploi dû au désir de valori-
(1765). ser la profession : le terme est en effet moins
Les premiers emplois substantivés de PUBLIC ctransparent)) que son synonyme tardif publicitaire.
n. m. apparaissent au xrves. (1391, le publique) et +En revanche, PUBLICISME n. m., dérivé de pu-
s’expliquent, soit à partir du lançais public, soit blic dans femme, fille publique au sens de «prostitu-
comme un emprunt au latin publicum, substantif tionx (1770, RestifJ a disparu dans ce sens. Le mot
neutre tiré de publicus, désignant le domaine pu- est quelquefois employé pour l’enseignement du
blic, spécialement le Trésor public, la chose pu- droit public ( 1836). -PUBLICISER v. tr., dériv6 de
blique (c’est-à-dire 1’Etat) et, par métonymie, la public, a été récemment introduit dans le langage
foule, la collectivité. 0 Public n. m. a eu aussi (1559) politique au sens de ((rendre publica (1965).
le sens d’&tat, collectivitén qui a disparu. Au XVII” s., PUBLIER v. tr. est emprunté (11753, avec adapta-
il désigne concrètement la foule, la masse de la po- tion de la hale, au latin publicare, dérivé de publi-
pulation ( 1646). + Plus courant est l’emploi restreint tus signiCant <rendre (qqch) propriété de 1’Etatmet
pour désigner l’ensemble des personnes lisant, (rendre public3 avec divers sens particuliers :
voyant ou entendant une œuvre ou un spectacle <<mettre à la disposition du public>>, Mmontrer au pu-
(16881 et l’auditoire, l’assistance d’un spectacle blicn, «exposer, étaler (des livres)>) d’où <<faire pa-
Il7511, sens devenus usuels et qui donnent lieu à raître un écrit». Publier s’est imposé aux depens des
des expressions comme bon public (av. 1924, fré- variantes poploier (XIII~s.), puepleer (12721, peupleer
quente en emploi attribut. Dès le xw” s., le mot était (12781, pueplier (1283). - Le verbe, repris au sens lit-
entré dans la locution usuelle en public (1320) «de- téral de <<rendre publicn, a vieilli sauf dans son sens
vant la colleckité~~ : la forme concurrente dans le spécial, ~annoncer officiellement>) Iv. 1265). Il s’est
pubfic est à peu près inusitée. répandu dans l’usage au sens spécial de <faire pa-
F Le seul dérivé de publï’c attesté en moyen français raître (un ouvrage) en librairie)) Iv. 13073 d’où &i-
est PUBLIQUEMENT adv. (1302, publicquement), ter>> (1829). - Plusieurs autres sens, tels ((se confes-
synonyme de la locution formée en public ser publiquement>> @n XII~s.1,se publier «se trahirez
Il faut attendre la fin du XVII~s. pour que soit enre- ( 15801, (<répandre la renommée de qqn)) EV.1300) et
gistré le dérivé PUBLICITÉ n. f. (1689) avec le sens ((vanter, célébrer» (XVII~s., Malherbe), sont sortis
juridique d’ctaction de porter à la connaissance du d’usage. * Publier a produit PUBLIABLE adj. ( 1639 ;
public», puis de <<notoriété publique, (16941, devenu 1601, pour “qui peut être rendu public>), son anto-
archaïque ou littéraire. +Une autre valeur, afait nyme IMPUBLIABLE adj. étant attesté dès 1588, et
d’exercer une action sur le public à des -fins com- REPUBLIER v. tr. (V. 1970) sur lequel a été formé
merciales-, est une spécialisation apparue avec les REPUBLICATION n. f. CV. 1970) d’après publica-
moyens modernes de réclame par voie de presse, tion*, et qui remplace parfois l’anglicisme reprint.
d’affiches et prospectus (18291, emploi concurrencé PUBLICATION n. f., le nom d’action correspon-
au xrxe et au début du xxe s. par réclame. Les ex- dant, est probablement emprunté ( 1290) au dérivé
tensions ultérieures procèdent de ces sens. Une pu- latin publicatio, -oh «cotiscation, vente à l’encann
blicité désigne en particulier un message destiné à et, à basse époque, «action de rendre public>). *Le
faire connaître pour vendre et, par métonymie, le mot a suivi l’évolution de publier. Il signiCe d’abord
support présentant un tel message, par exemple ((action de rendre public>>, spécialement en parlant
dans publicité lumineuse ( 1912) ; par un autre em- d’un acte juridique; il a pris à la Renaissance le
ploi métonymique, le mot désigne le service chargé sens courant d’ttaction, manière de publier un ou-
de ces messages et le monde professionnel corr-es- vragen (1549). Par métonymie, il a développé beau-
pondant. + À son tour, avec l’expansion de la publi- coup plus tard l’acception concrète d’krit publién
cité au xx” s., le mot a produit des dérivés tels PU- C1840, chez Sainte-Beuve).
BLICITAIRE adj. (1930, Larousse) «de publicité>> et @ voir PEUPLE, @ PUB, PUBIS, PUBLICAIN, RELATION IRELA-
TIONS PUBLIQUES, PUBLIC-RELATIONSI. RÉPLJBLIQUE.
“qui travaille dans la publicité)) (19491, également
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3003 PUDDING

PWBLICAIN n. m. est emprunté (v. 1170) au la- tiré du féminin PUCIÈRE (18421, autrefois pukiere
tin publicanus <<fermier de 1’Etat (de l’impôt pu- (1568) de même sens, désignant communément
blic)*, de publicus I+ public). une autre plante, espèce de plantain à fleurs roses
+ Ce terme d’histoire antique désigne des riches dite aussi herbe aux puces. +On rencontre occa-
chevaliers romains qui a$ermaient les revenus de sionnellement l’adjectif familier PUCEUX, EUSE
l’État et, par métonymie, l’agent employé par ces (19%) qualsant ce qui est plein de puces. ~PU-
chevaliers, choisi généralement dans la population CER v. tr., d’abord espulcer (15641, si@e &er les
locale. 0 Il s’est appliqué sous l’Ancien Régime au puces de>> puis, au figuré, aexaminer attentive-
fermier général (15491, surtout au XVIII~siècle. ment». Le mot a vieilli.

PUBLIER 3 PUBLIC PUCELLE n. f. et adj. f., d’abord pulcella Cv.8811


francisé en pulcele Iv. 10501, pucele (fh XIes.1 et pu-
PUCE n. f., d’abord pulce (v. 1170) puis puce celle Idéb. XIII~s.), est issu du bas latin “pullicelh Ipu-
(XIII~ s.3,est issu du latin pulicem, accusatif de pulex, licella dans les Lois barbares au XI” s.1, «vierge
pulicis, de même sens. Les langues indoewo- purem. Le mot est d’origine discutée : on y a vu un
péennes offrent pour cet animal des noms voisins diminutif du latin classique pulla (+ poule), féminin
mais non réductibles à un original commun : sans- de pullus <petit d’un animal)), avec altération du ii
krit plu@, arménien lu, vieux slave blfixa, lituanien bref en ü long sous l’influence du latin putus agw-
blus& vieil anglais fiéah (d’où l’anglais flea), grec çon>> (+ putto). On a aussi proposé une dérivation,
psulla. d’après “dominicella (-+ demoiselle), de pulla, fémi-
+ Nom d’un petit insecte sauteur, parasite des ani- nin de pullus cpropret)), contraction de purullus qui
maux et de l’homme, puce entre dans quelques lo- est le diminutif de purus C+ pur).
cutions figurées : la plus ancienne est avoir, mettre 4 Le mot a longtemps servi à désigner une jeune
la puce à I’oreille hf s., avoir la puche en l’oreille) me, sens marqué comme ironique El6081 ou ar-
qui a d’abord Sign%é Nprovoquer ou avoir un désir chaïque depuis le XVII~siècle. Le sens spécialisé de
amoureux’>, ceci jusqu’au XVI~s. (encore chez «jeune vierge>> est très ancien Cv.11191, mais son
LaFontaine), avant de prendre son sens moderne, emploi n’a modifié le sémantisme du mot que vers
&re intrigué, mis en éveil» ~VII” s.l. Secouer les le XVI~s., rendant le sens général archaïque. Les
puces à qqn (1640) est la variante de remuer les syntagmes lu Pucelle d’Orléans <<Jeanne d’Arc>>
puces a qqn (attesté aussi en 16401 <le battre%. 11656, titre du poème de Chapelain) et doctes pu-
+Plus tard, le terme marché auxpuces (déb. XX~s.1, celles, nom donné aux Muses ( 16891, ont suivi la
elliptiquement les puces ((marché d’objets d’occa- même évolution ; le premier est encore connu.
sionn, s’est répandu. +Par analogie de taille, puce 0 Ce mot est aujourd’hui familier et plaisant en
s’applique à de petits animaux ( 1562, puce de mer; parlant d’une fille vierge ou supposée telle, quel-
1764 puce d’eaù) et, famihérement, à une personne quefois adjectivé (v. 1170).
de petite taille (xx” s.1 souvent en appellatif Ima b Le mot a produit quelques dérivés : PUCELAGE
puce!]. +Récemment, il est entré dans le langage n. m. (v. 1160) wirginité~~ est passé dans le langage
de l’électronique (19601, désignant une tablette de familier, y développant le sens figuré de ((fait de
silicium de quelques millimètres carrés sur la- n’avoir jamais connu certaine expérience>> En
quelle est élaboré un microprocesseur monoli- XVII~S.I. Par métonymie, le mot désigne l’hymen
thique. + Son emploi adjectif (1775, Bachaumont) d’une jeune me. -Petit pucelage 11591) a été le
pour une nuance de brun rouge assez foncé rappe- nom usuel de la grande pervenche, et celui d’une
lant la couleur de la puce a reculé. C’était l’un de espèce de coquillage (1752).
ces noms de couleurs à la mode sous le règne de PUCEAU n. et adj. m., réfection t1530) de puce1
Louis XVI (on distinguait jeune, vieille puce, dos, (XIII~s.1,se dit d’un garçon vierge, toujours avec une
ventre, cuisse, tête de puce, de manière très byzan- intention railleuse, et quelquefois au figuré, de ce-
tine). lui qui n’a pas encore accompli certains actes
b Puce a servi à former quelques dérivés, le plus an- (18081.
cien étant le dkninutifPUCERON n. m., attesté une DÉPUCELER v. tr. EV. 1165) *faire perdre sa vîrgi-
première fois (XIII~s.) au sens de Kprotubérance nité» a lui aussi évolué vers un emploi familier, tout
d’une pierre précieuse de la taille d’un insecte)), et comme ses dérivés DÉPUCELAGE n. m. (1580) et
repris (16361 pour désigner un très petit insecte vi- DÉPUCELE~R n. m. kvr” s.1, ce dernier entrant
vant sur les plantes. Le mot a développé un sens fi- dans une locution figurée ancienne, encore attes-
guré qui oscille entre la valeur péjorative d’cindi- tée chez Zola : dépuceleur de nourrice (la nourrice,
vidu méprisablen, vieillie, et celle d’qenfant très ayant du lait, est mère) à propos d’un homme na.8
petit» (1898); le féminin PUCERONNE, inusité au et vantard.
sens propre, se rencontre au figuré 11768). + PUCE-
ROTTE n. f., autre diminutif de puce (18751, sert PUDDING n. m. est emprunté (16781 à l’anglais
communément à désigner le puceron des rosiers pudding, mot employé depuis le XVI’ s. et qui vient
et l’altise de la vigne. + 0 PUCIER n. m. est la subs- du moyen anglais poding, puddying «boudin))
tantivation tardive (1888) de l’ancien adjectif pul- ~III~ s.), au pluriel Kboyau)) Ixv” S.I. Le mot a désigné
ckr, pucier <plein de pucesD El6 11) pour servir de une sorte de boudin consistant en un estomac ou
nom populaire au lit, plus précisément à un mate- un boyau empli de viande hachée accompagnée de
las, plein de puces ( 1907, Larousse). + Un masculin divers ingrédients, bouilli et pouvant se conserver
@ PUCIER n. m. (1963, dans les dictionnaires) a été un certain temps ( 1305). Probablement à cause de
PUDDLER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sa cuisson dans un sac ou une poche de tissu, il est ce qui blesse la modestie% (av. 1615) et, par exten-
devenu le nom d’un mets dont les éléments sont sion, à amodestie> (av. 16741, a disparu, alors qu’un
liés par une pâte molle ou une croûte iv. 15501. Le sens contemporain (16743 «retenue empêchant de
lien avec le fhnçais boudin* reste obscur mais cer- se livrer, d’exprimer ses émotions>>, correspondant
tains rapprochent le mot anglais du bas allemand à pudique, est resté courant.
pudding ou de l’irlandais putog, voyant dans ces ~Pudeur n’a produit directement que son anto-
formes la racine germanique “pu& agonfler>>, bou- nyme préfixé IMPUDEUR n. f. (16591, dont les pre-
din reposant sur une racine onomatopéique de miers emplois sont très proches de impudence
même sens. (+ impudent3, exprimant l’idée de «manque de re-
+La graphie anglaise a été en concurrence avec tenuen, une impudeur désignant un acte, une atti-
poudin 11752, Trévoux) pour le gâteau à base de fa- tude impudente. Le mot s’est progressivement rap-
rine, d’œufs, de graisse, de rognons, de raisins et de proché des valeurs dominantes de pudeur,
rhum que l’on prépare traditionnellement à Noël désignant le manque de pudeur, notamment sur le
en Grande-Bretagne (+ plum-pudding). L’ancienne plan sexuel (répandu XIX~S.I.
prononciation du mot se reflète dans la graphie PUDIQUE adj., emprunté (XIV~s-3au latin pudicus
poudingue” réservée à un terme de géologie. Par *chaste, timide, vertueux, modeste}}, de pudere,
extension, pudding sert à désigner toute prépara- qual%e une personne qui a de la pudeur, par méto-
tion molle et farineuse typique de la cuisine an- nymie une apparence, une attitude qui marque de
glaise (18571. En France même, les boulangers pro- la pudeur (14441. Au xvf s., il qual%e la personne
posent sous le nom de pudding un gâteau grossier qui ne dit pas les choses brutalement ( 1601) et, un
fait avec du pain rassis et des raisins. Une variante peu avant pudeur, celle qui cache, par réserve, ses
régionale du nord de la France, poudin, relève d’un propres émotions (1640). +Cet adjectif a produit
emprunt plus ancien à l’anglais et désigne un gâ- PUDIQUEMENT adv. (v. 1378) et PUDICITÉ n. f.
teau un peu différent. (14171 fomné d’après le latin pudicitia achastetém
0 Voir PLUM-PUDDING, POUDINGUE. puis, dans un style littéraire, «pudeur». +L’anto-
nyme de pudique, IMPUDIQUE adj., emprunté en
PUDDLER v. tr. est la fkncisation (1827) de même temps (v. 13783 au latin impudicus, fait sur
l’anglais to puddle abarboter dans la boue» (xv” s.) pudicus avec le préke privatif im- h-1, se dit des
qui a pris sa valeur technique en métaJlurgie à la personnes et, par métonymie, des actes, attitudes
fin du ~VIII~siècle. Le mot est dérivé de puddle n., en h. 1550). Comme impudeur, il s’est spécialisé au
moyen anglais podel, puddel, diminutif du vieil an- sens sexuel (répandu XIX~S.I. +En sont dérivés IM-
glais pudd <<fossé,sillon*. L’allemand dialecttal a de PUDIQUEMENT adv. El4881 et IMPUDICITÉ n. f.
même pudel, @del. Km xrv” s.), ce dernier tendant à vieillir tant dans
b Puddler, qui sime comme en anglais 4fher la son sens général que dans le sens métonymique
fonte en la brassa&, a produit PUDDLAGE n. m. lune, des impudicités) d’xacte, parole impudique»
( 1827) pour désigner cet ancien procédé métallur- (1657).
gique d’adage et PUDDLEUR n. m. (18271, nom PUDIBOND, ONDE adj., d’abord pudibundes
de l’ouvrier, d’après l’anglais puddler (attesté ce- (14881, est repris du latin pudibundus, dérivé de pu-
pendant un peu plus tard, 1831). dere, qutiant la personne qui éprouve de la
honte, de la confusion et, par métonymie, ce qui ex-
PUDEUR n. f. est emprunté (15421 au latin pu- prime la confusion, une chose infâme, honteuse.
dor, -oris {{sentiment de honte, de retenue, de déli- 0 D’abord attesté dans l’ancienne locution parties
catesse>>,spécialement <<sentiment moral, honnem> pudibundes Korganes génitauxn avec le sens de
et, en mauvaise part, (<honte, déshonneur, op- «honteux>> (cf. ci-dessous putindu), le mot est de-
* probre}). Le mot est dérivé de Pu&re «avoir honte» venu un intensif de pudique (15421, aujourd’hui
et <(causer de la hontep, lequel a sans doute pour marqué d’une connotation ironique. + On en a dé-
sens premier ((éprouver ou inspirer un mouvement rivé PUDIBONDERIE n. f. 11842, le Charivari) éga-
de répulsion)) ; on ne peut le rapprocher que du lement ironique.
groupe très différent du grec speudein <s’efforcer, PUDENDA n. f. pl., ancien euphémisme pour les
se hâtep> et du lituanien spudeti Msedonner de la parties génitales (1845, Bescherellel, est l’emprunt
peinen, sans parvenir à dégager une racine indoeu- du latin pudenda, neutre pluriel substantivé de
ropéenne. l’adjectifverbal pudendus <<donton doit rougir, hon-
+Le mot désigne un sentiment d’appréhension à teux)>, de pudere aavoir honte)) (+ pudeur). 0 Avant
l’égard de ce qui peut blesser le respect que l’on a pudenda, le moyen français a employé parties pu-
pour soi-même, spécialement un sentiment de dendes (15121, elliptiquement pudendes (1532, Ra-
gêne éprouvé, à faire, à être témoin ou à envisager belais), au masculin singulier pudende (15551, puis
un acte de nature sexuelle (1580). 0 Par métony- au XVIII” s. la forme du neutre singulier latin puden-
mie, une, des pudeurs désigne une réaction inspi- dum ( 1765, Encyclopédie).
rée par ce sentiment (1843, au pluriel). * A l’époque 0 voir IMPUDENT, RÉPUDIER.
classique, pudeur s’est dit de la chasteté féminine
11635, Corneille) et il a commencé à S’appliquer à la PUER v. est la variante (ti XII~~.), rare jusqu’au
décence telle qu’elle est défmie par les conve- XVII~s., de l’ancien verbe puir Iv. 11753, qui a dû être
nances sociales ( 16771, notamment en droit dans at- précédé d’une forme archaïque en -d- (cf. ci-des-
tentat à la pudeur (1810). + La valeur classique cor- sous puant) ; ce verbe est issu d’un latin populaire
respondant à =Confusion causée par la crainte de “putire, altération du latin classique putere *être
DE LA LANGUE FRANCAISE 3005 PUGILAT
gkté , corrompu», nsentir mauvais, exhaler une pris comme adjectif ( 1508) au sens de <<propre à
mauvaise odeur>). Il est dérivé de pus, pufis C<hu- l’enfant}), spécialement dans l’expression civilité
meut->> (+ pus). Aujourd’hui, puir est encore repré- puérile Cethonnête1 ( 1690) désignant un manuel de
senté dans les parlers occitans du sud-ouest de la bons usages destiné aux enfants. +Supplanté par
France. L’ancien provençal a pudir, l’italien putire. enfantin dans son emploi premier, il a pris le sens
+Puer s’emploie couramment au sens intransitif caractérisant de “qui rappelle l’enfance, frivole»
d’flexhaler une odeur fétide>>, parfois par méta- (14761, le plus souvent avec la connotation péjora-
phore. Il se construit aussi transitivement, d’abord tive de «manque de sérieux, profondeur)) à propos
au figuré pour Usser appartitre de maniére évi- d’un adulte. Il est alors en concurrence avec infun-
dente (un caractère déplaisant)» (15801, le sujet dé- tile.
signant une chose puis une personne (déb. xxe s. : il b Il a POIX- dérivé PUÉRILEMENT adv. 115011,peu
pue la bêtise, E’argenC...). 0 Avec un complément di- usité, PUERILISER v.11801) et leterme de psycho-
rect, il a aussi le sens propre de «répandre une pathologie PUÉRILISME n. m. (1887) d’abord uca-
mauvaise odeur de...>> ( 1668, Molière) et, par exten- ractère pu&& puis spécialement, en psychopatho-
sion, <<répandre une odeur violenten. L’usage fami- logie, «retour morbide de l’esprit adulte au niveau
lier l’emploie parfois de manière neutre pour Msen- de celui d’un enfant>) (1921).
tir)) (ça pue bon). PUÉRILITÉ n. f. est emprunté (1394, selon Bloch et
,PUANT,ANTE, adjectivation du participe Wartburg) au latin puerilitus <<enfance, caractère
présent de puer, est attesté très tôt sous la forme enfantin, irréfléchi», de puerilis. +Apparu au sens
pudent Iv. 9801, laquelle implique que le verbe exis- vague de Mjeunessen puis, plus précisément, <<en-
tait déjà à cette époque, puis puant Iv. 1191). Le mot fance et adolescence de sept à quinze ans environ))
qualifie une chose, un animal, plus rarement une (xv” s.1,le mot a reçu ensuite 11552) la valeur parti-
personne qui exhale une mauvaise odeur, spéciale- culière d’«action, discours tivole digne d’un en-
ment dans bête puante (15731, par substantivation fa,nt>>(une, des puérilitésI, prenant ensuite le sens
un puant ( 17651, expressions qui désignent en véne- général correspondant Ilu puérilité1 de <caractère
rie les animaux à forte odeur désagréable (pu- peu sérieuxm (v. 16731,devenu le plus usuel. + PUÉ-
tois, etc.), et, par extension, avec une valeur figurée RICULTURE n. f. est fOrTné Savamment (18651 sur
péjorative. c= &Z puant (1845) est l’ancien nom de le latin puer <<enfant»avec l’élément -culture” sur le
l’acide sulfhydrique (ou hydrogène sulfuré). +De modèle de apiculture*, agriculture*, etc. Le mot est
bonne heure, l’adjectif qual%e famiLièrement, au fi- d’abord attesté dans Lu Puériculture, ou la science
guré, une attitude, une action méprisable, hon- d’élever hygiéniquement et physiologiquement les
teuse Ifm XII~ s.1 et une personne provoquant l’aver- enfants, ouvrage du D’ Caron. + En est dérivé PWÉ-
sion (XIII~ s., Renati), sens disparu et remplacé par RICULTEUR, TRICE n. (1924, Le Rire) devenu
celui d’aodieux de prétention, de vanité» 11660). usuel.
+Puant a été plus productif que puer puisqu’on lui Enfk~, le radical latin puer, par l’intermédiaire de
doit PUANTEUR n. f. krve s.1, antérieurement l’anglais, a fourni un terme de médecine. +PUER-
puanteur 112601, plus rare dans son sens figuré PÉRAL, ALE, AUX adj . est emprunté ( 1783) à l’an-
(1690) mais resté usuel au sens concret, l’ancien ad- glais puerperul <<relatif à l’accouchée)> ( 17831,surtout
verbe PUAMMENT Iv. 1380),éteint de nos jours, et employé dans la locution puerperul fever, et formé
le compose EMPUANTIR v. tr. (14953 gremplir par dérivation savante sur le latin puep‘peru <<femme
d’une odeur infecte>), également au figuré, dont est accouchée>>, de puer qqenfantn et de purere caccou-
tiré EMPUANTISSEMENT x1.m. (16361, rare. chern k parturition). L’adjectif qualifie ce qui est
-L’autre dérivé de puant est PUINE n. m. (xve s.) relatif aux suites de couches, à la période qui suit
al’arbrisseau puantn, dit techniquement d’un ar- l’accouchement, surtout dans fièvre puerpérale
brisseau considéré comme mort-bois. (1783, traduction de l’anglais) pour une maladie in-
+ Voir POURRIR, PUNAISE, PURULENT, PUTAIN. PUTOIS, PU- fectieuse pouvant se développer après l’accouche-
TRÉFIER (et PUTRÉFACTION), PUTRESCENT, PUTRESCIBLE, ment. +Le dérivé PUERPÉRALITÉ n. f. (18451, ccpé-
P~IR~E, SUPPURER et, du grec, PYO-. riode suivant l’accouchement jusqu’au retour des
règle+, est rare.
PUÉRIL, ILE adj. est emprunté au xwe s. au la-
tin puerilis ~(enfantin~~ +réfléchî~~, dérivé de puer, PUGILAT n. m. est emprunté 11570) au latin pu-
nom qui désigne l’enfant dans la période de la vie gilutus désignant un combat à coups de poing, l’un
entre l’infuntia (+ enfance) et l’adulescentiu t+ ado- des concours athlétiques en Grèce, devenu un élé-
lescence), distinct de liberi (pl.), «enfants par rap- ment des spectacles chez les Etrusques et les Ro-
port aux parents», auquel il sert pourtant parfois de mains. Le mot vient de pugiluri «se battre à coups
singulier, et signifiant quelquefois ajeune esclave» de poing», de pugil, désignant l’athlète pratiquant
comme le grec pais, paidm (+pédo-1. Le mot, ce type de combat, dérivé de pugnus C--Ppoing), de
évincé par l’extension de sens de infuns (3 enfant) manière analogue à VigiZ(3 vigile).
appartient & une famille de mots express& de ca- 4Repris à la Renaissa;nce comme terme d’anti-
ractère familier, simant Hpetit d’animal, enfant>) quité, le mot est passé beaucoup plus tard dans
représentée en latin dans pullus (+ poule), pullu- l’usage courut au sens commun de abagarre à
lare (+ pulluler), pusillunimis (+ pusillanime), prae- coups de poing, étendu à une altercation en pa-
putium (+ prépuce). roies Il 789).
4 Le mot, attesté une première fois comme nom fé- b PUGILISTE n. m. a été dérivé par stixation
minin pluriel (puétiles (~rudiments~~, v. 13601, est re- ( 17891 du moyen français pugile (153 11, lui-même
PUGNACITÉ 3006 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

emprunté au latin pugil au sens de {combattant à b PUISQUE conj. est la forme tardivement soudée
poings nus~. On y a vu aussi l’emprunt de l’anglais ( 1636) de l’ancienne locution post que Cv. 9801, puis
pugilist 117901, for-nié parallèlement à pugilism, et gue (v. 1080). L’ancien sens temporel de aaprès que)’
cette influence a pu jouer même si le mot a été a rapidement décliné (XIV~~.), ainsi que celui de
formé en français. *Apparu au sens latin, le mot Mdeptis que> Iv. 11301, supplantés par le sens lo-
s’applique à la fois à un professionnel du combat gique «étant donné que, du moment que, dès l’ins-
aux poings ( 18361, devenant un synonyme noble de tant oun (v. 10801 avec lequel le mot introduit une
boxeur, reprenant le sens antique correspondant à cause en faisant reconna?tre le rapport de cause à
pugiht aathléte antique pratiquant le pugilatti (1875, effet comme incontestable. Cette valeur a éliminé
Larousse). + Le dérivé PUGILISTIQUE adj. ! 18661, celle de usi tmt est que”, attestée à partir du XII~ s.
d’usage littéraire, quaUe ce qui est relatif au pugi- ( 1176-l 18 1). Les deux éléments pouvaient encore
lat. + PUGILISME n. m. est un anglicisme (1801) être séparés à l’époque classique par exemple
repris à l’anglais pugilism, formé sur le radical du dans la locution puis donc que (1548). + Le mot justi-
latin pugil pour désigner l’art du pugiliste, du fie aussi une assertion, une question précédente et
boxeur. Le mot est rare en fknçais. introduit la justifkation d’un terme employé dans
la proposition principale 11678, LaFontaine), spé-
PUGNACITÉ n. f. est un emprunt (1788) au la- cialement dans une proposition exclamative ayant
tin pugnacitas *ardeur au combat, combativité>> (au
valeur de principale (attesté milieu XX~ s.l. Au
propre et au figuré), dérivé de pug~~ux, -a& ccbelli- moins depuis le XVII~ s., puisque sert aussi à intro-
queux, ardent à la lutte, achar&, de pugnare
duire la cause qui explique, non le fait énoncé dans
acombattre à coups de peine puis en général
la principale, mais son énonciation, l’acte intellec-
acombattrem, lui-même dérivé de pugnus b poing).
tuel de constatation, jugement, afErmation posant
4 Ce mot littéraire désigne l’ardeur aux affronte- le fait.
ments, aux luttes d’idées, et plus rarement l’ardeur + voir APOSTILJX, DEPUIS, POST-, POSTÉFi&, POSTHUME,
au combat physique. POTEFINE, POTFLON-=ET, PUiNÉ.
b PUGNACE adj., qui correspond à pugnacité, est
emprunté ( 1840) au latin pu@aax, -U&S, et semble PUISER + PUITS
plus littéraire et rare que le substantif, aux sens
correspondants, «porté à la lutte d’idées)) et 11904) PUISSANT, PUISSANCE + 0 POUVOIR
& se battre physiquement,.
PUITS n. m., d’abord puz Cv. 1 I 121, puiz Iv. 11201
PUINE -+ PUER et puis (v. 113 11, est issu du latin puteus «trou, fossep,
spécialement «puits de mine» et <puits d’eau vive>>,
PUÎNÉ, ÉE adj. est composé (1160-11741 de
mot dont la bale en -eus, la même que dans cal-
puis* et de né, participe passé de naître’, par sou-
dure de puis né «né ensuite, après* (v. 1155). ceus (qui a donné chausse*1 laisse supposer une
origine étrusque. La voyelle du français est due à
+ Le mot qualifie l’enfant né après un kère ou une un développement anormal qui s’explique proba-
sœur, en termes juridiques. Il est parfois substan- blement par l’influence du francique “putti, restitué
tivé . par l’ancien haut allemand putti (d’où l’allemand
PUIS adv. est issu EV. 1050, également pois) d’un Pfütze abourbier, mare>>), le mot germanique étant
latin populaire “postius, dérivé du latin classique lui-même emprunté au latin. Ainsi, puits serait un
post caprès, depuism et <<en arrière, derrière» exemple de ces formes hybrides dues au bilin-
(-+ post-1 ou de son dérivé postea aensuite, après, guisme de la France du Nord après l’invasion des
depuisp, lequel survit dans l’italien poscia <<après> Francs. La graphie actuelle puits IXVI” s.1 réintroduit
et l’ancien provencal poissas. La forme “postius un -t- étymologique pour éviter l’homographie avec
s’explique probablement par l’tiuence de melius puis.
qui a donné mieux; à son tour, elle a contribué à la 4 Le mot désigne d’abord un gouRre, une fosse très
réfection de antea en “antiw, donnant l’ancien profonde dans la locution puis d’enfer {(les ab*knesp ;
hnçais ainz aavant» (3 aîné). cette valeur sera reprise beaucoup plus tard par
+ Comme le mot latin, puis marque la succession les géographes (1869, Littré) dans des appellations
dans le temps, qu’il y ait ou non continuité. Il entrait comme le puits de Padirac, en concurrence avec
dans la locution adverbiale redondante puis après gouffre, qui l’a emporté. Dès le XII~s., le mot est
Km XII~ s.) “par la suite, plus tards, encore usuelle au aussi employé avec son sens courant de agrand
xwe s. et conservée dans certains dialectes. +De trou creusé dans la terre pour atteindre une nappe
même qu’en latin, puis marque aussi la succession d’eau souterraine)) Cv.11201, d’où des expressions
aux yeux d’un observateur, l’échelonnement dans comme puits perdu (1671) apuits dont le fond per-
l’espace (v. 1160). Abstraitement, il sert à introduire méable ne retient pas l’eau>, puits foré t 1765) <<puits
un nouveau terme dans une énumération où l’eau jaillit elle-même», remplacée par puits ar-
(av. 1207). 0 Etpuis Cv. 1260) sert à exprimer la suc- tésien (1834) du nom de l’Artois où ces puits étaient
cession des actes ou des circonstances, souvent en connus dés le moyen âge. 4La phraséologie de
les détachant plus fortement, puis Km xvre s.) à in- puits comporte l’allusion à la V&S sortant d’un
troduire une raison supplémentaire, à exprimer puits et, d’après une fable de La Fontaine ILe Loup
une restriction ( 1660). Et puis ? dans une interroga- et le Renardl, l’idée de voir la lune au fond d’un
tion sert à marquer le désir de connaître la suite puits 4tre dup& t 1845, BescherelIe) et montrer &
d’un récit ( 16361, ou à exprimer un doute ( 1636). qqn la lune dans un puits, probablement à l’origine
DE LA LANGUE FRANÇAISE PULLULER
de offrir, demander la lune, une chose impossible. mot a pris en marine un sens technique (xx” s.l.
+Le mot est employé au figuré en parlant d’une 4 PUISATIER n. m. ( 1845 ; 1836, puisatier), nom
personne disposant de ressources inépuisables donné à l’ouvrier qui creuse les puits, a remplacé
dans un domaine Il 180-l 1901,dans puits de sens et puissier ( 1301) et puitier ( 15483, dérivés de puits sor-
de clergie krve s.), ensuite dans puits d’érudition tis d’usage au XVII~ siècle.
(déb. XVII~ s.1 et, seul usuel aujourd’hui, puits de @ voir ÉPUISER.
science (1718). 0 Par une autre spécialisation de
destination, puits désigne une excavation prati- PULLMAN n. m. est un emprunt (1884) pr&
quée dans le sol ou le sous-sol pour l’exploitation cédé par pullman’s car (18741 à l’angle-américain
d’un gisement 112541, d’oti puits de mine avec des Pullmarc car 118671, composé de car woituren I+ 0
emplois absolus, notamment dans l’exploitation de car) et de Pullman. Il s’agit du nom de l’industriel
la houille (le puits no 4, etc.). 0 Puits de pétrole américain de Chicago 11831- 1897) qui, avec
( 1904) désigne une galerie cylindrique verticale me- Ben Field, établit les plans de ce type de voiture et
nant à une nappe d’hydrocarbures; il s’emploie les fit breveter en 1864, lançant en 1865 le premier
aussi absolument, lorsque le contexte est clair+ wagon-lit, le aPioneer», dont le modèle allait se ré-
0 D’autres extensions, consistant en des sens spé- pandre en Grande-Bretagne à partir de 1875 et
cialisés ou analogiques, se sont développés : puits bientôt dans toute ILEurope. La forme abrégée Pull-
désigne une excavation de section carrée, utilisée man apparaît aux Etats-Unis en 1870 CFWman’s à
autrefois dans la guerre de mines (fin XVI~s.), an- l’origine), en concurrence avec Pullman1 palace
nonçant l’expression moderne puits d’éclatement car 11867) et hotel car (1875).
( 1904) <<logement profond dans lequel on fait éclater +L’emprunt français apparaît au sens de <wagon
des projectiles pour en étudier les effetsn. Le mot de luxe- et désigne par métonymie un fauteuil
désigne aussi un passage vertical, spécialement en confortable du type utilisé dans les wagons pull-
construction (1904 et en marine : puits de marée man.
(18691, puits de port (1904). + Enk, il se dît en cui-
sine d’un creux au centre d’un mets ( 1814). L’ex- PULL-OVER n. m. est l’emprunt E1925) de l’an-
pression puits d’amour ( 17351,qui suppose une mé- glais pull-over, d’abord {{voilette, chapeau couvert
taphore érotique et désigne une espèce de d’une voilette» 118751, puis &icot que l’on passe
pâtisserie, avait préparé ce sens. par-dessus la têtem (1925). Ce mot est issu de to pull
F Le dérivé PUISER v. tr. Iv. 12201, réfection de pu- over &rer au-dessu+. Le verbe anglais to pull hi-
chier Iv. 11121 et puisier (v. 11301, signifie propre- rer= vient de l’ancien anglais pulliun ou apullian, à
ment cprendre (du liquide) à l’aide d’un récipient rapprocher du bas allemand pulen Narracher, écos-
que l’on plonge dans un puits> et, par extension, ser, dépouiller)} et du moyen néerlandais polen <dé-
({prélever (un liquide), par exemple dans un grand cortiquer}}. Over, «au-dessus)), vient de l’ancien an-
récipient> ( 1636). 0 Par extension, il s’emploie dès glais ofer, représentant le germanique “ubeti (d’où
le moyen fknçais (v. 13601 pour «prendre dans une l’allemand über), lui-même de l’indoeuropéen
masse (un ensemble solide)>>. +Étant donné son an- “uperi, forme comparative représentée dans le grec
cienneté, l’idée figurée de <prendre, emprunterm huper (+ hyper-1 et le latin super (3 super).
Iv. 1210) doit procéder de la métaphore du puits ou 4 Cet emprunt, désignant un tricot que l’on passe
de la source; elle est surtout reprise et répandue à
par-dessus la tête, s’est répandu dans l’usage cou-
l’époque classique : puiser gqch. dans, chez qqn Mti- rant. Il est tiéquemment abrégé en PULL n. m.
rer Ides idées) des ouvrages d’un autew> ( 16661, ( 19301, prononcé pou1 et surtout employé en parlant
puiser dans la source ( 16901 puis ù la source (1696) d’un pull-over léger. Le mot a été vivement criti-
Memprunter en se référant aux textes originauxti. qué, ma& reste courant hotarnment pull).
+ Puiser a servi à former plusieurs dérivés. L’ancien
PUISETTE n. f. Iv. 1120, puisete) est attesté en ju- PULLULER v. intr. est emprunté 11320) au
déo-français pour désigner une constellation, puis verbe latin pullulare aavoir des rejetons, proliférer2,
un récipient en bois ou en métal servant à puiser employé à propos des plantes et des animaux, et au
de l’eau et à l’apporter à la cuisine ( 1328) [cf. épui- figuré <<semultipliep. II est issu de pullulus <tout
sette]. bbuite, PUISEUR,EUSE n., dont l’an- petit animal,, <<trèsjeune pousse%, diminutif de pul-
cienne forme de cas sujet puiseres Iv. 12201 a été lus (+ poulain, poule).
remplacée par puiseur ( 15531, a désigné celui qui
puise ; de nos jours, il s’emploie techniquement à + Pulluler signSe Mse répandre avec profusionm et,
propos d’un ouvrier qui puise la pâte à papier dans dès les premiers emplois, au figuré «gagner de
la cuve (1875). *Le nom d’instrument PUISOIR nombreux adeptes (pour une opinion, une théo-
n. m. 11289, puissouer) a désigné un filet de pêche, rie38.11 ne s’est pas maintenu au sens étymologique
l’endroit aménagé pour puiser de l’eau à une ri- de ase reproduire, croître à un rythme très rapide))
vière puis, techniquement, un récipient pour pui- (XIV” s.l à propos de rameaux d’arbres, sinon en
ser les liquides WOl). - Enfm, puiser a donné deux parlant d’animaux (1778, Btion). + Les emplois
noms d’action: PUISAGE n. m., longtemps pu- métaphoriques et péjoratifs datent du XJX~s., pullu-
chage (14661, et PUISEMENT n. m. (XV”~.), tous ler exprimant alors le fait de prospérer (av. 1850,
deux assez rares. +Le verbe puiser a encore per- Balzac) et de fourmiller, grouiller (en parlant
mis de former PUISARD n. m. 11690) pour désigner d’êtres vivants) (1840).
un puits en pierres sèches destiné à recevoir et à +Eh sont dérivés PULLULANT,ANTE adj. (17731,
absorber les eaux-vannes et les résidus liquides. Le adjectivation du participe présent, et PULLULE-
PULMONAIRE 3008 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

MENT n. m. (1873) “grande quantité%, également au plante doit son nom aux aigrettes de ses graines
figuré grand nombre de choses qui vont se multi- qui hknissent sous la moindre bise (d’où le nom
pliantm Idéb. xx” s.1,lequel fait concurrence & l’em- populaire de herbe au vent employé en Cham-
prunt P~LLULATION n. f. 115551,représentant du pagne).
dérivé bas latin pullulatio, -or&. Ce mot a pris le +Le mot désigne une plante herbacée vivace de
sens spécial de =proliférationn 117581, surtout en l’espèce anemone pulsatilla, du genre Anémone,
médecine (1869, Littré). employée autrefois en médecine pour ses proprié-
tés fébrifuges.
0 et 0 PULMONAIRE + POUMON
PULSATION n. f., d’abord pulsation Ixrv” s.3,
PULPE n. f. est la réfection savante ( 1503)
refait en pulsation (v. 15601, est emprunté au latin
d’après le latin, et pour éviter une homonymie avec
pukatb, -anis Naction de fiapperm, <heurt, chocn,
poulpe, de l’ancien français palpe Ixrres.1, poulpe
spécialement en bas latin pulsatio pudwis *attentat
Iv. 13501, poupe et paupe dont le diminutif pau-
à la pudeurn, dérivé du supin de pulsare I+ pous-
piette* s’est conservé. Le mot représente le latin
ser).
pulpa apartie maigre de la viande, chairn, qui se di-
sait aussi de la chair des &uits et de la partie tendre + Le mot, attesté isolément à propos d’une sonnerie
du bois des arbres. Ce mot est sans étymologie de cloches, s’est introduit avec le sens médical de
connue. abattement douloureux dans une partie maladen,
+Pulpe désigne la partie charnue et moelleuse de sorti d’usage, avant de prendre l’acception mo-
derne de cmouvement de battement du cœur, des
la chair, humaine ou animale, sens qui n’est plus vi-
vant qu’en anatomie 1161i) dans pulpe dzs doigts artères)> Iv. 15601, d’où abattement du pouls>>. En
11834; 1827 absolument) et pulpe des dents (18361. physique (17651, il a désigné un mouvement de vi-
-Il a repris plus tard du latin le sens demeuré cou- bration des fluides élastiques, concept modifié en
rant de 4issu riche en sucs de certains fruits char- grandeur caractéristique d’un phénomène sinusoï-
dal, spécialement d’un courant alternatif C1932).
nusm (15031, spécialement en cuisine à propos de la
chair de certains fruits et légumes, mais aussi de oParallèlement, il a développé le sens figuré de
{vibration, frémissements (av. 1922, Proust).
viandes 11771). Il désigne en pharmacie la bouillie
de certains fruits utilisée à des fms thérapeutiques ä Son radical a servi à former le terme de méde-
(1765) et, en agriculture, le résidu pâteux du traite- cine PULSATIF, IVE adj. (xiv” s.1 qui qualifie une
ment de végétaux pour la fabrication des alcools, douleur perçue dans les parties enflammées (en
sucres, huiles et fécules servant à alimenter le bé- rapport avec les pulsations artérielles). + Il a servi à
tail (1836). L’expression pulpe de bois (1858) équi- former PULSATOIRE adj. (18421, qui ne s’est pas
vaut en tiançais du Canada à p&e à papier. imposé en face de pulsatifmais a été repris par les
ä La dérivation du mot est relativement riche. physiciens pour quaMer une grandeur variant pé-
4L’adjectif PULPEUX,EUSE (v. 15001, réfection riodiquement en conservant le même signe 11963,
d’après pulpe et le latin pulposus CcharnuB, de poul- Larousse). +PULSATILE adj. est dérivé (1542) du
peux, qualifie ce qui contient de la pulpe, ce qui a latin pulsare en médecine pour qualifier un type de
l’apparence ou la consistance de la pulpe 118381, est douleur qui se produit par pulsations. Quasiment
de la nature de la pulpe (1869, Littré1 et, au figuré, synonyme de pulsatif: il fournit aussi l’adjectif cor-
qui est plein de sève, de moelleux Ixrxe s.1, Il se dit respondant à pouls.
en particulier d’une femme, de son corps. +Le dé- PULSER v. tr. est emprunté plus tard en technique
nominatif PULPER v.tr. (1821) et son dérivé PUL- (19261 et aussi dans l’usage anglicisé familier des
PATION n. f. 118241, employés en pharmacie pour musiciens de rock et de jazz (v. 1975) à l’anglais
la réduction d’une substance en pulpe, sont quasi- to puise. Son participe passé pulsé s’emploie adjec-
ment sortis d’usage. +PULPITE n. f. (18781, terme tivement dans air pulsé 11949). Ces emprunts
du vocabulaire médical, s’applique à une inflam- comblent l’absence d’un verbe plus ancien corres-
mation de la pulpe dentaire avec l’adjectif corres- pondant à pulsation (cependant, en 1516, on ren-
pondant PULPAIRE (19221; demême, PULPECTO- contre l’adjectif pulsél.
0 Voir PULSATKLE, PULSION.
MIE n. f. (v. 1950) et PULPOTOMIE n. f. (1951)
concernent la chirurgie dentaire. ~PULPEUR
na m. (1890, Larousse), qui suppose une forme ver- PULSION n. f. est emprunté (1572) au bas latin
bale épulper, désigne un appareil servant à séparer puEsi vaction de repousser), dérivé rare et tardif
la pulpe des betteraves en cours de distilla- de pulsum, supin de pellere E+ pousser). Le nom
tion.+ Un autre nom d’appareil, PULPEUR n. m., usuel pour désigner le fait de pousser est pulsus,
d’abord pulper 11963, Larousse), est emprunté à autre dérivé de pellere qui a donné pouls”.
l’anglo-américain pulper =décortiqueur» lui-même 4 Introduit avec une valeur générale, ((action de
de pulp, repris au mot kmçais pulpe. Le mot dé- poussern, pulsion n’a pas réussi à s’imposer à côté
signe la machine transformant en pâte liquide les de poussée. 0 Au xwe s., il s’est spécialisé en phy-
matières premières, notamment les vieux papiers. sique pour désigner la propagation du mouvement
dans un milieu fluide et élastique, emploi attesté en
PULSATILLE n. f. est emprunté Il61 11 au latin 1738 chez Voltaire, probablement calqué de l’an-
scientifique pulsatilla, dénomination créée en bota- glais pu&, représentant Iv. 13301du latin pulsus qui
nique d’après le latin pulsatus Hbattu par le ventm, avait été spécialisé en physique par Newton (1673).
participe passé passif de phare t+ pousser). La Cette acception, en dépit d’applications techniques
DE LA LANGUE FRANÇAISE PUNAISE

(1859, techniques d’aération) est sortie d’usage. ment en poussière. Il se dit spécialement, en
+ Le mot a été repris en psychanalyse (début xxe s.1 sciences naturelles, d’un insecte ou d’un végétal re-
pour exprimer une force psychique inconsciente couvert d’une efflorescence cireuse (17%‘). - ll a
consistant en une poussée qui fait tendre l’orga- pour dérivé PULVÉRULENCE n. f. (1823, h@noires
nisme vers un but. Il a été introduit dans les traduc- de 1’Académk des sciences), mot qui désigne l’état
tions de Freud comme équivalent de l’allemand d’un corps réduit en poudre et, en relation avec les
Trieb (de treiben ccpousser4, introduit dans le texte acceptions spéciales de l’adjectif, l’accumulation
original des Trois Essais sur la sexualité en 1905. La de poussières sur les narines (1869, Littré), une fkne
terminologie de la psychanalyse s’est enrichie de sécrétion cireuse recouvrant les téguments de cer-
pulsion d’agression, de destruction, d’emprise, d’au- tains insectes 11904. Par métaphore, il se dit aussi
toconsewatin, de mort, rendant les dénominations d’un effet visuel dans l’air ou d’un fluide transpa-
allemandes élaborées par Freud entre 1905 et 1920. rent formant des points nombreux comparés aux
F PULSIONNEL, ELLE adj. a été introduit (1949) grains d’une poudre (1870, Flaubeti).
dans la traduction de Freud, qualifiant ce qui est re- PULVÉRIN n. m. est emprunté (1545) à l’ittien p-
latif h une pulsion et ce qui en est la source ou la verino «récipient contenant une poudre servant à
cause. amorcer des armes à feu> et acette poudrez CfmXVI~-
@ voir IMPULSION, RkPULSION. début XVII~s.) ; c’est le diminutif de polvere apoudren,
correspondant au fiançais poudre” 4k mot a dé-
PULTACÉ, ÉE adj. est formé savamment signé le mélange de salpêtre, charbon et sotie
(1790) sur le latin puk, pultk <bouillie de farine», pulvérisés destin6 à fabriquer la poudre utilisée
mot appartenant à une racine indoeuropéenne pour amorcer les armes et, par métonymie, le réci-
Opel- Npoudre)) I+ polenta, pollen, poudre, poussière, pient la contenant. +Par extension, avec la valeur
pulvériser) avec le sufke -acé. diminutive de apetite poudre)), il désigne la poudre
d’eau produite par les jets d’eau 11690) et, dans un
+Le sens initial, <pâteux comme la bouillie)) (tu-
style littéraire, la poussière (1879).
meurs pultacéesl, s’est rapidement spécialisé en
@ voir POLENTA. POLLEN, POUSSIÈRE, POUTURE, PuLTACk.
médecine pour qualifier un exsudat qui recouvre
les amygdales 11829, Boiste) lors d’une angine ap- PUMA n. m. est emprunté (16331, par lïntermé-
pelée pour cette raison anane pultacée. diaire de l’espagnol pupna ( 16021, au quichua puma,
nom d’un mammifère carnassier d’Amérique, de la
PULVÉRISER v.tr. est emprunté (1314) au famille des félidés.
bas latin pulvetiare attesté au participe passé pul-
4 Le mot est synonyme de couguar.
vetiatus aréduit en poussière>>, dérivé du latin ckw
sique p&i.~, pulveris (3 poudre). PUNAISE n. f., d’abord punoise Iv. 12001, puis
4 Le verbe a été repris au sens de ({réduire en punaise 112561, est le féminin substantivé de l’an-
poudre=, avec une valeur tiaiblie, (<réduire en cien adjectîfpunais, aise. Celui-ci, réfection de pud-
miettes, en petites parcelles» (milieu XVII~s.1 et, neis Iv. 11381, puis punès h. 11601 et pugnais, signi-
d’abord dans le langage scientgque, <<projeter (un fiait Mpuant, fétiden, s’employant comme terme
liquide) en très Cries gouttelettes)) 118661. 0 Il a pris d’injure à l’égard d’une personne détestée avec
le sens figuré de <réduire à néant>> (1649) et, dans une valeur morale ; il s’est employé jusqu’au XIX~ et
une polémique, &futer avec force (un argument, même au & s. (Bar&s, Queneau) avec le sens spé-
une objection)- (1718). oEn procède le sens fami- cial de “qui sent mauvais par le nez*, réactivmt son
lier de &attre de beaucoup (un recordIn, en sport sens étymologique. En effet, punais est issu d’un la-
(19011. tin populaire oputïnu&.s, proprement aqui pues,
bI1 a produit dès le XIV~s. l’adjectif PULVÉRI- composé de l’adjectif putidus agâté, fétidep (+ pu-
SABLE 11390) et, plus tard, PULVÉRISE~R n. m. tain1 et de nasus I+ nez).
(1845) <personne qui pulvérise des drogues, etc.v, $ Punaise désigne un petit insecte plat d’odeur in-
lequel n’a plus cours dans cette acception, le mot fecte lorsqu’on l’écrase, d’où punaise de bois (1762)
désignant aujourd’hui une machine agricole ser- devenu des bois (18351, punaise des lits, etc. Par al-
vant à réduire les mottes de terre en fmes parcelles lusion au ventre plat de la punaise et avec la valeur
(1904, Larousse). ~PWLVÉRISATEUR,TRXCE adj. péjorative liée à l’origke du mot, il entre dans la lo-
et n. m. (1860) s’est spécialisé immédiatement à cution figurée plat coIIzlfle uRe punaise (16901
propos d’un appareil projetant sous pression des 4âcheB et, par suite, désigne une personne vile,
médicaments, des produits pulvérulents ou li- méprisable (18361, après s’être dit en moyen fkan-
quides. Comme pulvériseur, mais avant lui, il s’em- çais d’une prostituée. La même connotation péjo-
ploie en agriculture, mais désigne (1890) une ma- rative se retrouve dans l’appellation familière pu-
chine portable destinée à l’épandage de produits naise de sacristie UbigoteD (1901). +Par analogie
insecticides. *PULVÉRISATION n. f,le nom cor- d’aspect, le mot désigne couramment une petite
respondant, est form6 savamment Cl3901 d’après le pointe à tête plate et ronde 11847, Bescherelle) et a
radical de pulverizare. désigné familièrement une lentille (1914-19181.
PULVÉRULENT, ENTE adj. est emprunté (1773) au *Son emploi interjectif (attesté 19471, d’usage po-
latin pulverulentus ticouvert de poussière, pou- pulaire, semble régional, du sud-est de la France
dreux- et, au figuré, aobtenu à grand-peine», dérivé (souvent associé à funérailles !1.
de pulvis. 0 Terme didactique, pulvérulent qualifie F On en a dérivé PUNAISER v. tr., d’abord relevé
ce qui est à l’état de poussière ou se réduit facile- chez Huysmans (1891) comme terme de peinture
PUNCH 3010 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

au sens de *piqueter de petites touches de pein- PUNCHING-BALL n. rl’l. est empoté (1900) à 1’aY.b
tures, et employé de nos jours familièrement au glais punching-ball, de punching aen tiappanta et
sens de &xer avec les pointes appelées punaises* hall aballonn (-P balle), variante de punch-bal1 (18991,
E1945). de to punch. - Le mot désigne un ballon attaché de
manière élastique servant à l’entrbement des
0 PUNCH n. m., attesté depuis 1673, a succédé boxeurs et, par métonymie, l’entrhement du
aux formes complexes bolleponge (16531, parfois boxeur avec cet instrument. ll a des emplois méta-
bouleponge ( 1671). 11est emprunté à l’anglais punch phoriques (servir de punching-ball arecevoir des
(16321 et, pour les formes antérieures, à bowl of coups4.
punch. Punch est le nom d’une boisson alcoolisée
que les Anglais apprirent à connaître aux Indes. PUNIR v. tr. est emprunté (1260, E. Boileau; ti
D’après Fryer (Account of East Indu, 16g&), le mot xf s., selon Larousse de la langue frawaisel au la-
serait un emprunt au marathi et hindi pünch, du tin punire achâtiem et <venger”, autre forme de poe-
sanskrit panchan “cinq>. Ce numéral vient de la ra- nire (Lucrèce), le -u- étant issu de la diphtongue
cine indoeuropéenne que l’on a dans le grec pente, -oe-. Malgré une parenté certaine, le verbe ne peut
I-+ pent[al-1 à cause des cinq éléments qui entraient être dérivé directement de poenu I+ peine) qui au-
dans la composition de la boisson. D’après le dic- rait fourni un verbe en -are : on a supposé l’in-
tionnaire étymologique anglais de Onions, punch fluence du groupe de moenia amurailles=, munire
pourrait provenir d’une forme antérieure qui seule mconstruîre» mais cette hypothèse n’est pas néces-
expliquerait la prononciation anglaise moderne. saire, ou bien à une dérivation à partir de impunis
Bowl ofpunch (1658) a donc donné en français bolle- 4mpuni~ qui semble plus ancien.
ponge abol de punchB, d’où s’est détaché en tian- 4 Le verbe a conservé son sens de base, (infliger un
çais, non seulement le mot punch, mais aussi bol*. châtiment»; il Sign%e d’abord afaire subir une
Arveiller a montré que l’anglais punch était en peine à (qqn) en expiation d’une fautem, en emploi
usage dans les Antilles anglaises au xwe s. et crue transitif puis absolument dans un contexte juri-
l’emprunt du mot a pu se faire aux Carai’bes. A Za
dique IXILI~s.1 avec la valeur d’4nfliger par juge-
même époque, le mot anglais était aussi employé
ment une peinem, cette valeur pouvant donner lieu
en Afrique occidentde; il a donné la forme franci-
à un emploi absolu (suweiller et punir, M. Foucault).
sée penche Cv.16881, enregistrée au XVIII~s. par les
+ Au XIII~s. Iv. 12401, il commence aussi à s’em-
dictionnaires : Trévoux (17041, l’Académie en 1762,
ployer avec un nom de délit pour complément, au
La forme punch fait son entrée dans les diction-
sens de +mctionner par une peinen, sens qui a dis-
naires en 1750 et prend la place de ponc!w dans ce-
paru. Avec un nom de chose pour sujet, punir cor-
lui de l’Académie en 1835, mais la prononciation
respond à <(atteindre (qqn) d’un mal constituant
française normale reste ponch. On attribue géné-
une sanctionn (v. 1278). 0 Le verbe entre dans la lo-
ralement le succès du mot punch à Voltaire (1768,
cution familière être puni par oti l’on a péché
La Guerre civile de GeneVe) et à Rousseau.
( 1835). 0 Il exprime quelquefois la nuance de <mal
+ Nom d’une boisson alcoolisée, punch s’est dit, par récompensep par figure stylistique ( 1647, Cor-
métonymie, d’une réunion où l’on buvait du punch
neille), surtout au passif.
(1837). Seul le premier sens est resté en usage.
b Punir n’a produit directement en français que
0 PUNCH n. m. est emprunté (1909) à l’anglais PUNISSEUR, EUSE adj. et n. (v. 13551, rare au
punch ( 1580) COU~~, spécialement acoup de poingm, sens de “qui pur&, surtout avec la nuance de =qui
et au figuré wiguew (19111, de topunch (XIVe4, aime punir, (1568) et PUNISSABLE adj. (13641, qui
d’abord vpoinçonner, percern d’où <<poignarder, a changé son sens actif “qui punit» en sens passif
tiapper d’un coup de couteau>> puis *frapper, don- “qui mérite d’être punis Ii4773, et sur lequel est
ner un COUP~et, spécialement, Ndonner un coup de formé IMPUNIS SABLE adj . (1604).
poing» ( 15301. Ce verbe est une variante de PUNITION n. f., d’abord punission Iv. 12501, est em-
to pounce (sorti d’usage), représentant peut-être prunté au dérivé latin punitio, -on& achâtiment».
une abréviation, à partir du moyen anglais ponson, +Le mot désigne l’action de punir et, par métony-
ponqon (anglais puncheon), lui-même repris à mie, la peine infligée pour une faute Cv.13551, spé-
ponchon, ancienne forme de poinqon*. cialement dans l’armée (av. 18701. Par extension, il
4 Ce terme de boxe désigne la capacité d’un se dit d’un événement f&cheux qui est ou paraît
boxeur à potier des coups secs et décisifs, et ce être la conséquence d’une faute 11642, Corneille) et,
type de coup de poing ( 19091. Par extension, il est spécialement, pour les croyants, de la peine in%
employé en sport pour désigner la réserve de vi- gée par Dieu Cv.1485, punition de Dieu, du Ci&. La
gueur permettant à un sportif d’agir avec énergie locution en punition de apparaît aussi dans la
et rapidité E1933). oLe mot s’est répandu dans langue classique (1679, Bossuet). ~Depuis 1908, le
l’usage courant avec le sens figuré et faynilier de mot désigne en boxe le fait de recevoir des coups
<dynamisme)> (19391. Prononcé plutôt à l’anglaise sans pouvoir les rendre, probablement d’après
rpeuntch), il n’est pas homophone de 0 punch, l’anglais punishment, lui-même repris à l’ancien
~Punch a produit PUNCHEUR, EUSE n. (19201, français punissement.
construit en franqais sur le modèle de catcheur, Le radical de punition a servi à former PUNI-
autre pseudo-anglicisme de création tiançaise. TIF, IVE adj. (1370) &SpOSé à punizh et aqui a pour
Puncheur, terme de boxe, s’emploie aussi avec le objet de punir= (17881, couramment employé dans
sens figuré de punch; il est concurrencé par l’angli- la locution expédition punitive 11920). - Le mot
cisme graphique puncher en musique (jazz, rock). entre dans le terme de psychologie AUTOPUNI-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3011 PUPITRE

TION n. f. (19261, appliqué à l’acte par Lequel le su- PUPE n. f. est emprunté (18221 au latin scienti-
jet prévient, atténue un sentiment de culpabilité en fique moderne pupa, terme d’entomologie repris
s’infligeant une punition. du latin pupa (<poupée, petite fille» I-+ poupée). Le
IMPUNI, IE adj. est emprunté ( 1320) au latin impu- développement repose sur une analogie d’aspect
nitus “qui n’est pas punib, au figuré NefSné, sans entre la nymphe et un enfant emmailloté.
bornesm, composé de im- lin-l et de punitus, parti- + Le mot désigne le stade nymphal de certains in-
cipe passé de punire. Le mot n’a repris que le sens sectes, notamment les diptères, caractérisé par
de cnon punin, en parlant d’une action ou d’une l’enveloppe qui entoure la nymphe devenue abso-
personne. + Il a produit IMPUNÉMENT adv. (1554, lument immobile. 0 En conchyliologie ( 18921, pupe
attesté un peu plus tôt sous la forme normale impu- désigne un petit mollusque gastéropode à coquille
niment 11553, Ronsard) GKIS être puni», d’où, par ovoïde ou cylindrique, communément appelé mail-
extension, csans dommage, sans s’exposer à aucun lot.
risque, sans inconvénientn (16671. Le mot n’est plus
F On en a dérivé PUPIPARE adj. et n. m. pl. 118191
employé au sens actif de *sans punir, sans tirer
à propos d’un sous-ordre de diptères sans ailes
vengeance> ( 16691. +IMPUNITÉ n. f. a été em-
dont les femelles donnent naissance à des larves
prunté, pour servir de nom à impuni (13521, au dé-
mûres, et PUPIVORE adj. et n. m. pl. (1827) en par-
rivé latin impunitas, -dis <caractère de ce qui n’est
lant d’insectes dont les larves sont parasites des
pas puni= et, au figuré, alicence impudique)). 0 Il
larves d’autres espèces.
sert à exprimer le caractère de ce qui est impuni,
dans le langage administratif ou dans un style sou-
CDPUPILLE n. est emprunté 11334) au latin juri-
tenu.
dique pupiilus gcmineurm,qui correspond au féminin
pupilla (+ 0 pupille), diminutif de pupus,mot rare
0 voir PEINE, PÉNAL, PENALTY.

PUNK n. et adj., attesté en 1974 en hnçais, est désignant un petit garçon et aussi la prunelle de
emprunté à l’argot anglo-américain punk woyou, l’œil; il est formé SUT le féminin pupa I+ poupée,
vaurien*, lui-même dérivé du sens de <pourri, déla- pupazzo, pupel.
bré, (19021, ce qui le rattacherait au sens initial du $ Le mot désigne un orphelin mineur placé sous la
mot américain punk 4xnadou~ EV.1618) peut-être garde d’un tuteur et, plus spécialement, un jeune
d’origine amérindienne : dans la langue des In soldat pris en charge par un officier (av. 17871, l’or-
diens Delaware, punk a cependant le sens de phelin mineur qu’une collectivité a adopté (1811) :
acendresn et non de «bois pourrît. Il se peut que le avec ce dernier sens, le mot est généralement dé-
mot soit apparenté à funk &ousse)>, d’origine in- terminé, par exemple dans pupille de Ja Nation
connue, peut-être identique à l’argot funk <fumée ( 19231, expression qui désigne un orphelin de
de tabacm, et à spunk Ramadoua comme les dictlon- guerre auquel un jugement d’adoption par l’État
naires antérieurs en faisaient l’hypothèse. Le rap- donne le droit d’obtenir un soutien matériel et mo-
port du mot américain avec l’ancien mot anglais ral jusqu’à sa majorité. * Un autre sens correspond
punk (aussi punckle1, punque, pung) <prostituéen à <<élève,enfantn par rapport à son précepteur, à sa
Cv. 1600) n’est pas éclairci. gouvernante (1448); ii est sorti d’usage.
+ Le mot a été emprunté d’abord pour désigner un F 0 PUPILLAIRE adj., adjectif d’usage juridique,
mouvement de contestation musicale né à Londres est emprunté (1409) au dérivé latin pupillati «rela-
et, par, métonymie, un adepte du mouvement tif à un ou une pupille)}. + Iladonné PUPILLARITÉ
(1977). Egalement employé comme adjectif dans n. f. ( 13981, terme juridique rare pour l’état de l’en-
ces deux sens, il fait partie de la série abondante
fant en tutelle et, par métonymie, le temps que
des emprunts culturels du français à l’anglais au- dure cet état.
tour des mouvements idéologiques hippie, ro-
cker, etc.) et musicaux. Les punks se caractérisent 0 PUPILLE n. f. est emprunté (1314) au latinpu-
par leurs fantaisies capillaires et vestimentaires, pilla «petite fille>>et, en raison de la petite image qui
leur agressivité, leur pessimisme nihiliste Irto fu- se reflète dans l’ouverture de l’oeil, <prunelle)). Ce
turel. mot est le diminutif de pupa <<petite me, poupée>>
L’emprunt de pur& a entraîné celui de composés (+ poupée, pupazzo, pupe). Un développement ana-
anglais comme punk music, punk rock et la créa- logue se rencontre dans le grec korê <<jeune fille))
tion de composés francais sur le modèle de l’an- d’où aprunelle de l’œib.
glais Ipunk philosophiel, d’adaptations comme rock
4 Le mot est synonyme de prunelle; plus didactique,
punk, ainsi que la production de dérivés plus ou
mais cependant assez courant, il assume des em-
moins durables tels PUNKTTUDE n. f. (sur le mo-
plois en ophtalmologie et, par analogie, en optique
dèle de &gritie*), PUNKISME n. m., PUNKERIE
et en physique.
n. f., PUNKETTE n. f., etc., tous attestés dans les
années 1980. F Le mot a permis de former 0 PUPILLAIRE adj.
! 1727) apropre ou relatif à la pupille>>, par exemple
PUPAZZO n. m. est emprunté 11852) à l’italien dans réflexe pupillaire, et les composés PUPILLO-
pupuzzo emarionnette italienne à gaine, (17381, di- MÉTRIE n. f. 11963, LxOuSSe), PUPILLOMÈTRE
minutif de pupa apoupée>), représentant comme le n. m. ( 19751, didactiques.
hnçais poupée* le latin pupa. @ voir @ PUPILLE.

4 Le mot est un emprunt culturel à l’italien dans le


domaine des spectacles; il est demeuré rare. PUPITRE n. m., pupistre 114441, pupitre 114671,
0 voir mm. 0 et 0 Punu. réfection de pepistre 113571, emprunt adapté
PUR 3012 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’après les mots à hale en -tre au latin pu2pitum spécialisation d’ordre esthétique, toujours placé
Ntréteau, estraden, spécialement <la scène, les après le nom, il qutie ce qui est parfait, impec-
planches*, mot technique probablement emprunté. cable (v. 1175) et, spécialement, une langue châtiée
Le latin a fourni en outre le moyen français poulpite E153%); cf. putiie. + En outre, dès le me s., le mot est
(xv” s.), emprunt plus fidèle, sorti d’usage. employé, presque toujours après le nom, avec une
+ Le mot désigne un petit meuble en forme de plan valeur concrète : le sens de base est alors “qui n’est
incliné pour lire, écrire, dessiner commodément, altéré par aucun élément étrangern, (v. 11601. Pur
avec diverses spécialisations, d’abord dans le mobi- qualifie en particulier l’eau, l’air, le teint, la clarté
lier liturgique 113571,dans celui des écoliers 116903, (12731, ultérieurement une couleur (17351, un état
des musiciens (d’où être au pupitre aorchestrer»). Il du ciel (1869). L’expression pur-smg avec cette va-
désigne aussi une planchette inclinée servant au leur, présente une antéposition anormale qui pour-
même usage (1768). 0 Le mot a plusieurs spéciab- rait refléter l’ordre des éléments en anglais (pure-
sations techniques, désignant le panneau de bois bredl; elle désigne un cheval dont la Kliation est
oblique dans lequel on place les bouteilles de certaine (1842) et qualifie, au figuré, ce qui est racé,
champagne pour le temps du remuage et, récem- authentique (av. 1857). +Le premier emploi subs-
ment, l’emplacement où sont disposés les com- tantivé de pur est attesté chez Montesquieu 117211,
mandes et les appareils de contrôle d’un système puis répandu pendant la Révolution Iv. 17921à pro-
électronique complexe 11959); on dit aussi pupitre pos d’une personne qui s’est donnée tout entière à
de contrôle. une cause, à une doctrine. 0 On peut rattacher à
b Le dérivé PUPITREUR, EUSE n. (1966, dans le Fi- cet emploi celui de l’adjectif dans la locution ré-
garo) désigne le technicien chargé de suivre le cente pur et dur, qui se dit en politique pour ~sans
fonctionnement d’un ordinateur au pupitre. concessionn. Le nom, rare au féminin, désigne aussi
une personne moralement pure, et se dit spéciale-
PUR, PURE adj. et n. est issu (v. 9801 du latin ment en sport d’un sportif amateur. 0 Le féminin
pums mns tache, sans souillure)} et, par suite, Cnet, PURE (de la pure) sert de dénomination argotique
sans mélangem, cexempt de>. Ce terme, essentielle- à la drogue pure.
ment employé dans la langue religieuse, comme le b Plusieurs dérivés et composés de cet adjectif sont
grec &tharos (+ catharsis) auquel il correspond, usuels. + PUREMENT adv. sime d’abord (v. 1200)
appartient à la racine indoeuropéenne dissylla- Navet pureté>>, dans un contexte moral. Il a pris en
bique que représente ie sanskrit patitbr- acelui qui moyen français, d’après la première valeur de l’ad-
Pur%es, pzïtc& <pur%&, punch 4 ptie». Comme jectif ucomplet, intégral et homogène=, le sens
d’autres termes de la langue religieuse, il s’est d%ntégralement et exclusivement>, devenu le plus
perdu ailleurs; le mot celtique, irlandais tir avert, courant, avec la locution pumnent et simplement
tiaisn que l’on a rapproché, est semblable à purus (15521. 0 D’après la valeur esthétique de pur, il si-
pour la forme et le sens en serait à la rigueur expli- me à l’époque classique ( 16691 aavec pureté et
cable, mais ce rapprochement reste hypothétique. élégancen, en parlant de l’expression surtout litté-
+ Le mot a d’abord été repris avec le sens abstrait raire ; ce sens a vieilli. * À la Renaissance appar&
de acomplet et sans mélange=, d’abord en parlant PURISTE adj. et n. (15861 au sens religieux de *ri-
de la foi. Ce sens était réalisé dans l’ancienne lo- goriste-, que l’emprunt puritain* va assumer.
cution à pur et 8 plein E13911 <<entièrement, sans au- 0 Sorti d’usage en ce sens, putite prend le sens de
cune réserveb, encore usuelle à l’époque classique. «personne affectant un souci excessif de correction
* 11se construit avec un complément introduit par dans le langagem (16201, puis plus généralement
de au sens d’«exempt de, net dep @n XII~ s.l. C’est de s’applique à une personne excessivement sou-
ce sens initial que procèdent les emplois pour afon- cieuse de pureté, de conformité à un idéal. +PU-
damental, théorique>> (17651, et en philosophie dans RISME n. m. 11701) correspond au second sens de
l’expression état de pure nature ( 1736) et dans la puriste souci excessif de pureté dans le langage, le
traduction de l’allemand kantien, La Raison pure, style)) ; il a aussi développé dans d’autres domaines
où pur est opposé à pratique. 0 S’y rattache égale- le sens de asouci de conformité à un modèle idéalm
ment l’emploi de pur pour qutier un art qui s’in- (xx” S.I.
terdit toute préoccupation étrangère à sa nature Des composés prétiés (apurer, épurer, ci-dessous)
spécifique et une science pratiquée pour elle- et des emprunts Ipurifw, tipurer*I ont éhminé
même, indépendamment des applications pos- l’ancien verbe emprunté au latin, purer, qui n’a
sibles. +Les extensions de sens d’ordre abstrait se laissé en français moderne qu’un dérivé complète-
sont développées à partir du XII~s. : pur, placé avant ment démotivé, purée*.
le nom, qutie ce qui est seulement et complète- APURER v. tr. @n XII~s.), formé sur pur avec le pré-
ment tel Iv. 11903, entrant dans des locutions fixe a- (de ad-) et une halle verbale, a d’abord si-
usuelles en pure perte ( 15091,pur et &rz@e. La va- gnifG arendre purs, au sens physique; cette valeur,
leur voisine de “qui réalise parfaitement, exacte- où apurer a été remplacé par épurer et purifier, sw-
ment un typen rejoint celui de science pure. +Avec vit dans la langue technique du XVIII~s. pour ara&
un contenu moral, pur qualZe une personne ou ner (l’or), (1723). Le verbe, qui a dû s’employer en
une chose sans defaut, sans corruption, chaste droit pour wérifier (un acte)> (cf. apurement), s’est
(v. 11551,specialement en psychologie, à propos de spécialisé en fmances (16111 pour areconnaître
ce qui exclut l’aspect physique de l’amour Cv.11553. exact (un compte) après véticationn; au figuré,
L’adjectif a parfois une nuance ironique ou mo- avoir ses comptes bien apurés Sign%ait <être en
queuse le tirant vers anaïf, innocent)>. OPar une règle avec sa consciencep, le sens moral de pur
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3013 PUR

réapparaissant par la métaphore. -Ce verbe a ce qui est pur, sans souillure morale>>, dont pro-
pour dérivé AP~REMENT n. m. (13881, disparu au cède, par spécialisation, celui de <<chastetés (1636).
sens juridique de wérikation d’un acte» et avec la oEn relation avec les autres sens de pur, il s’ap-
valeur générale, attestée au xv’ s. (14231, de «pur% plique au XVII~s. à l’exactitude dans le choix et l’em-
cationn. Il ne conserve que le sens correspondant ploi des mots El6471 et, en art, à la correction, à
au verbe en tiances et comptabilité, 4rification l’élégance du trait (17681, à la limpidité des cou-
détitive d’un compte> 116061. leurs (18451. oLe sens concret d’cétat d’une subs-
ÉPURER v. tr., d’abord espurer Iv. 12201, a eu le tance sans mélange», n’est attesté que depuis 1530,
sens abstrait de arendre plus pur, meilleur)), avec alors que pur a cette valeur depuis l’ancien fran-
des spécialisations : <<rendre plus élégant)), disparu, çais .
et arendre plus fin (le jugement, le goût)», au- PURIFIERv.tr.eshnp~té CV. 1160) aulatin puri-
jourd’hui archaïque, mais usuel dans la langue fzcare, de purus C+ pur) et de -ficure pour fucere
classique, +Le sens social &miner (les éléments (+ faire), qui si@e «rendre plus pk, nettoyern au
jugés impurs) d’un groupe, d’une société)) (1772) propre et au figuré. +Le mot est d’abord attesté au
s’est développé avec la Révolution, comme euphé- sens moral de ((retrancher (de son cœur, de ses in-
misme politique pou 4iminer (les personnes ju- tentions) ce qu’il peut y avoir de contraire à la
gées indésirable&, c’est-à-dire condamner, tuer ver&; en ce sens, il a concurrencé puis supplanté
ou exiler. Cette valeur a été reprise dans un autre purger, dont il est le synonyme plus noble à l’épo-
contexte historique, en 1945 (cf. épuration, ci-des- que classique. Le sens propre et le sens figuré du
sous). Éliminer a eu la même évolution. +Le verbe verbe se rejoignent dans l’acception religieuse, <la-
a en outre une valeur concrète à propos de subs- ver des impuretés par des cérémonies religieuses
tances mêlées, notamment l’eau, et en concur- ou magiques» (15641, spécialement en parlant des
rence avec puriikr. *Le verbe épurer a servi à for- juifs : <<faire ce qui est ordonné pour les ptica-
mer deux noms d’action. ÉPUREMENT n. m, tions 1égalesD ( 1564) et aussi au pronominal se puri-
Cv.1220, espurement) conserve la valeur de cfait fier. +Entra*mé par les valeurs littéraires de pur,
d’épurer)) mais a perdu le sens actif d’xcaction pureté et purisme, purifier sigrSe aussi <rendre
d’épurer-n, réservé à épuration. +ÉPURATION n. f. plus correct» en parlant de la langue ( 17 18). +Le
(1606) s’applique au fait de débarrasser des impu- sens physique ancien, «enlever ce qu’il y a d’étran-
retés une substance matérielle. 0 À la fm du ger, de grossier>> (v. 1265), a vieilli au bénéfice de
XVIII~s., le mot a pris le sens abstrait d’qqassainisse- mots de la même famille comme épurer et purger.
ment, purikation~ (av. 17801 puis, pendant la Révo- D’autres sens, Nsatisfaire à des engagements pris>>
lution, a commencé à désigner l’élimination des ( 14811, sémantisme auquel correspond apurer ki-
éléments indésirables dans un parti, une société dessus), ont disparu. +La forme pronominale
(179 11,parfois euphémisme pour &mination». Le se purifw 11657) a eu le sens physique de <<sedébar-
mot a été repris à propos des mesures prises en rasser de, se nettoyer de)), sorti d’usage, et si@e
France, après la Libération, à l’encontre des per- <<devenir purn (16711, spécialement dans un
sonnes accusées d’avoir collaboré avec l’occupant contexte Sacré. *PURIFIANT,ANTE, le participe
allemand (1945). ~AU sens concret, le mot s’est présent de pudier, est adjectivé (14701 pour quali-
spécialisé à propos de la purifkation des eaux, par fier ce qui est propre à ptier; il est rare.
exemple dans station d’épuration. - Pendant la pé- PURIFICATION n. f. est directement emprunté
riode révolutionnaire, épurer a également produit (v. 11901 au dérivé latin purificatio, -on&, nom d’ac-
ÉPURATIFJVE adj. 117921, ÉPURATOIRE adj., tion de purificare. +Le mot a été introduit pour dé-
sortis d’usage, ainsi que ÉPURATEUR,TRICE signer un rite par lequel on se Pur%e, en parlant de
adj. et n. ( 17921,en parlant de la personne chargée la fête en l’honneur des relevailles de la Vierge qui
de procéder à une épuration au sein d’un groupe, alla au temple de Jérusalem pour s’y purifier.
0 Revenant au sens premier de épuration, épuru- 0 Son emploi se généralise à partir du XV~~s. ( 15801,
teur est passé dans le langage technique avec un il se dit spécialement à propos de la cérémonie de
sens concret, pour désigner un appareil chargé la messe qui suit la communion et qui consiste à sé-
d’épurer un liquide ou un gaz (1870). +Un dernier cher le calice après l’avoir lavé avec quelques
nom d’action, ÉPURAGE n. m. (18701, est resté gouttes de vin pur C1694). 0 En dehors des contex-
rare. tes religieux, le mot exprime le ftit de rendre pur
Quant à ÉPURE n. £, déverbal de épurer apparu le cœur, un sentiment, d’atteindre la pureté
dans la langue classique de l’art ( 16761, il ne semble Iv. 1370). + Son emploi concret à prcpos de l’action
pas avoir eu le sens pourtant prévisible d’<<action de purifier une chose en la débarrassant des élé-
d’épurer», mais celui de <<dessin simpMé, épuré», ments etrangers qui y sont mêlés (1663) a vieilli,
en architecture et en technique. Il a pris un sens fi- comme l’emploi du verbe. + Le radical de purificu-
guré analogue à celui du mot ék>auch, <<projet es- tion a Servi à fWtner PURIFICATEUR,TRICE
quissé à grands traits)). Le mot ne se rattache plus n. et adj. I1547) ucelui, celle qui ptien, surtout em-
spontanément aux sémantismes de la série de pur. ployé adjectivement (v. 1860). 0 Le nom a été repris
L’ancien et le moyen français voient apparaître des pour désigner un appareil destine à plier un mi-
emprunts aux dérivés latins de purus. +PURETÉ lieu physique (18811, à côté de épurateur. 4 PURIFI-
n. f. est la réfection savante ( 1324) de l’ancien fran- CATOIRE n. m. et adj., emprunt (1610) au latin ec-
çais purté (XII~~.~, lui-même issu du latin puritas, clésiastique purificatorium, formé sur le supin de
-atis, nom d’état et de qualité dérivé de purus. +Le pwifzcure, désigne en liturgie le linge dont se
mot a été introduit avec le sens abstrait d’&tat de servent les prêtres pour essuyer le calice après la
PURÉE 3014 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

communion (d’après l’emploi spécial de purifica- d’argentm (1878) procède du même type de déve-
tien ci-dessus) et le vase dans lequel les prêtres qui loppement que panade; par métonymie, purée
ont donné la comrnunîon en dehors de la messe se s’applique aussi à une personne dans l’embarras et
lavent le pouce et l’index de la main droite. 0 Il est ïl est adjetiivé pour quaWer ce qui est signe de
aussi employé adjedivement (17951, servant de sy- gêne ou de misère 118%). 11est employé familière-
nonyme très littéraire à putificateur. ment en interjection (1895, purée!). Ces emplois pé-
IMPUR, URE adj. et n. a été emprunte (XII? s.1 au joratifs sont peut-être en rapport avec les valeurs
latin impurus acorrompu, non pw (au propre et au négatives réalisées par purure en latin Ed. putin),
figuré), composé de in- et de purus. + Le mot est ap- par purger et par les dérivés de pus, puris (pu-
paru avec le sens concret de Nsale» et, depuis le rulent, etc.). Par ailleurs, l’interjection, en français
xrv” s., qutie ce qui contient des éléments étran- européen d’A&ique du Nord, a une valeur voisine
gers. Il s’est spécialisé en médecine Ixvr” s.3en par- de putain! (cf. lu purée de tu mère, de tes os, etc.),
lant de ce qui est chargé d’humeurs causant des évoquant la série étymologique de puer. Ces em-
maladies. 0 À partir du XVII~s., il se dit de la langue, plois, avec le retour des Français d’Algérie en
avec une nuance proche d’Gncorrecta (16381, em- France, ont eu une certaine fortune.
ploi archaïque, et se charge d’une valeur morale F Les seuls dérivés sont les noms d’instruments
(16111, spécialement dans le domaine des moeurs ménagers PRESSE-PURÉE n. m. inv. (1855) et
( 1611) et de la religion ( 16721. 0 À la même époque, PASSE-PURÉE n. m. inv. (19031, ce dernier éhnt
il est substantivé à la fois avec une valeur de neutre moins usuel.
(1656) et pour désigner une personne impure; en
particulier le féminin une impure (1668) a désigné PURGATIF, IVE adj. et n. m. est emprunté
une courtisane; cet emploi a disparu *IMPURE- comme adjectif Iv. 1325) au bas latin médical purga-
MENT adv. (1576) «d’une manière immorale>> et {{sa- ~~VUS,qualifiant un médicament propre à stimuler
lement)) ( 1611) n’est pas devenu usuel. + IMPU- les évacuations intestinales, du latin classique pur-
RETÉ n. f., emprunté 61 xrves.3 au latin impuritas gatum, supin de pur-gare (+ purger).
et adapté, à côté de impurité Iv. 14701, d’après pu-
+ Le mot qutie un médicament propre à purger.
reté, a suivi l’évolution de l’adjectif. 0 Le sens fi-
Il n’est substantivé 11669) que dans ce sens. 0 L’ad-
guré, présent dès les premiers textes, s’est déve-
jectif a pris la valeur morale de *qui purifie l’âme>>
loppé au xwe s. en 6ouikwe moralen Il61 11,
(15301, spécialement dans l’expression ViRpurgative
«souillure impie}} 11690) et knpudicité~ (16111.
( 167 1) en parlant de l’état de l’âme qui l’éloigne du
* Concrètement, une, des impuretés se dit des par-
péché par la crainte de l’enfer. oUn autre sens
ticules solides en suspension dans un liquide
concret et technique, “propre à nettoyer> (1783,
lorsqu’elles sont indésirables.
BufTon, feu purgutif), est sorti d’usage.
+ VOiI- DltPURATlF, DÉPURER, EXPURGER, PURÉE, PURGA-

TIF, PURGATOIRE, PURGER, PURIN, PURITAIN.


+ PURGATION n. f. est emprunté (XII~ s.) au latin
purgutio, -0nis Mnettoyage, curage, évaationm,
PURÉE n. f. est le participe passé féminin subs- autre dérivé de purgutum, supin de purgure. +Le
tantivé (XIII~s.) de l’ancien verbe purer (XIII~ s.) <<pur+ sens religieux, aaction de se pur%er en parlant
fier, nettoyep), acriblepl, spécialement cfaire s’écou- d’un pécheur)), attesté une fois au XII~et de nouveau
ler l’eau des pois, des fèves, etc. mis à trempep au xvres. 115381,est sorti d’usage après 1675. La no-
(v. 1375). Ce verbe, éliminé par purifier, était encore tion morale de purikation ne stit que dans un
vivant naguère dans les dialectes (en Moselle : autre sens, repris Iv. 1370) directement au latin pur-
Npresser pour faire sortir le jus, réduire en purée>). gatio, traduisant alors le grec Jzuthursis C-, cathar-
Purer, issu du bas latin purure «rendre pur-, de pu- sis) au théâtre. L’emploi juridique pour «justSca-
rus, a pu être senti comme dérivé de pur* avant de tion d’une fauten (1549, spécialement ajusttication
disparaître. Il a un autre dérivé vivant, de séman- canonique4 a lui aussi disparu. +Purgution a éga-
tisme très différent, purin? lement vieilli avec son sens médical, aaction de
+Pu&e désigne une bouillie faite de légumes cuits purger-x (XIII~s.), mais cet emploi est encore
dans l’eau et écrasés. On emploie encore parfois compris, et il est sorti d’usage pour aaction de net-
par plaisanterie purée Septembr&e ! 1534, Rabelais) toyeru (15301, concurrencé et supplanté au XVII~s.
et purée de septembre II61 11pour désigner le vin, par purifîcution. *Purgatif et purgation restent liés
OL’expression fa;mïlière purée de pu&, dite par au verbe purger, plus encore que le dérivé de ce
métaphore d’un brouillard très épais (18961, est verbe, purge, qui a acquis d’autres valeurs.
l’adaptation de l’anglais peasoup. +Parmi les ex- @ voit- PURGATCNRE, PURGER.

pressions concrètes, en cuisine, purée de pois, d’oi-


g~4ons, de carottes et quelques autres sont usuels, PURGATOIRE n. m., réfection pour le stixe
mais purke de pommes de terre l’a 6té plus que tous, (v. 1220) de purgutore EV.11901, est emprunté au la-
donnant à purée employé seul cette valeur parti- tin ecclésiastique médiéval purgutorius, substanti-
culière (18911, au point que les métaphores mo- vation de l’adjectif bas latin purgutorius “qui
dernes font plutet référence à cette valeur du mot, purgem, au figuré -qui Pur%e l’âmen. Cet adjectif est
qui n’a d’ailleurs pas cours dans toute la francopho- dérivé de purgator acelui qui nettoie, qui purifie,,
nie Iles Québécois employaient naguère et disent de purgure I+ purger).
encore parfois patates pilées). + Par extension, pu- + Ce terme religieux, détaché par le sens des va-
rée désigne une chose de consistance pâteuse, as- leurs dominantes de la série de purger, designe le
sez liquide (1926). *Le sens figuré de epénurie lieu où les pécheurs morts en état de grke expient
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3015 PURIN

leurs péchés jusqu’à la purifkation; son apparition just%ep) (v. 11601, encore en langue classique. Ce
au XII~ s. correspond à un grand renouveau de spiri- pronominal n’est plus employé qu’au sens de Mse
tualité, moins centrée désormais sur la figure ter- débarrasserm et spécialement as’administrer une
rible du Père que sur celle du Sauveur, Fils de purge*.
l’homme, et moins sur l’Apocalypse que sur le juge- b Le déverbal PURGE n. f. Km ~III~ s., F. e. w.1 a suivi
ment dernier. Le purgatoire motie la vision manî- l’évolution du verbe : il n’a pas conservé le sens ju-
chéenne du haut moyen âge fondée sur le ciel et ridique de <libération, acquittement, justification)>.
l’enfer. + L’emploi du mot au figuré, à propos d’un En médecine, il a Sign%é «action de purgeru ( 15381,
lieu où l’on souffre pour expier ses fautes, n’est at- sens à peu près éliminé par purgation”, puis par
testé en emploi libre qu’au milieu du XIX” s. ( 1862, métonymie <remède pour purger» ( 1607). + Le sé-
chez Baudelaire) mais déjà actif au xwe s. dans la mantisme dominant de purge est passé de l’idée de
locution faire son purg&oire (1672). Au XX~ s., le mot rendre pur, d’éliminer les impuretés à celui de
s’emploie aussi pour <<temps d’épreuven et spécia- drogue désagréable, d’où l’argot vieilli Km x& s-1
lement *époque où une renommée posthume subit purge pour apunition*. Un autre sens médical, 4c-
une éclipseti. + L’adjectif purgatoire, repris au latin tion de désinfecter (les marchandises infestées par
(1372) dans son double sens de “qui purgen (éliminé la peste)= ( 1752) ne s’est pas maintenu après le
par purgatifi et «expiatoirea 113821, est sorti d’usage xrxe s., alors que la notion technique de anettoyage>
au XVII~ s., certains dictionnaires du XIX~ s. enregis- qu’avait le verbe reste réalisée à propos d’une opé-
trant encore mok purgatoire flfévriern. ration textile des fils de soie grège ( 1869) et de l’éva-
cuation d’un liquide, d’un fluide nuisant au bon
PURGER v. tr., d’abordpurgkr Iv. 11901, est em-
fonctionnement d’un appareil 118631, avec une mé-
prunté au latin purgare cnettoyep (au propre et au
tonymie où purge vaut pour aappa;reil servant à
figuré), spécialement en médecine udébarrasserb, cette opération%. * Pendant la Révolution, par mé-
en droit ajusti-fier, disculper=, et aussi <racheter, ex- taphore du sens médical, le mot a pris le sens
pier». Purgare est dérivé de purus I+ pur). d’4îmination des indésirables> (17931, repris au
+Le verbe a d’abord Sign%é «débarrasser lune me s. mais moins courant que épuration ou spécia-
substance) de ce qui l’altère, la souille, pour la lisé dans d’autres contextes historiques Iles purges
rendre plus pure=; on a longtemps parlé de purger stuliniennesl. 4Purge est employé en droit pour
le blé, et le verbe se dit encore techniquement en l’opération qui libère un bien des charges qui le
parlant du fl de soie. C’est de cette valeur que pro- grèvent (18423.
cède l’emploi de purger pour &ltrer (un liquide, de Les autres dérivés de purger sont techniques.
l’eau)-, puis pour wider complètement d’un fluide +PURGEUR n. m., qui a désigné en moyen tian-
indésirable (un cylindre, un radiateur))) (19041, mais çais celui qui nettoie (15311, au figuré et au propre
cette origine n’est plus sentie. +Le sens moral de (15761, a été repris au XIX~ s. pour désigner l’appa-
upur%er, laver (un coupable)B (v. 11933, encore vi- reil débarrassant le fY de sa bourre (1869, Littré) et
vant dans la langue classique, est sorti d’usage, l’organe d’un appareil destiné à évacuer l’air et
mais l’aicception spéciale, au théâtre, pour Népurer l’eau de condensation des conduites (18691. + Le fé-
les passions par la catharsisn, attesté une première minin PURGEUSE n. f. ( 1869) désigne en flature
fois chez Oresme (v. 1370) et repris à partir de 1660 l’ouvrière, puis l’appareil servant à purger les fis
(Corneille), est encore comprise (purger les pus- de soie. -PURGEoIR n. m. (17521 désigne un bas-
sions). L’acception qui correspond à adébaurasser sin où l’on titre l’eau.
d’une chose néfastem, également au figuré Iv. 12651, 0 voir PURGA~, PUFiGATOlFE.
reste en usage dans le style littéraire et, spéciale-
ment en politique, avec la nuance d%liminer des PURIFIER + PUR
personnes», apparue pendant la Révolution ( 1789)
comme quasi-synonyme pour épurer et reprise au PURIN n. m., enregistré en 1842, est un mot dia-
me s., mais aujourd’hui passée dans le dérivé lectal du nord de la France, de Belgique (purieZ,
purge. +Un autre sens attesté dès le moyen âge, 1360, à Lille et pureuu, 1457, à Tournai) ou de Nor-
celui de cdébarrasser (un organe, une humeur) mandie Ile normand purin signifie ~suinW. Il se rat-
d’impuretés dangereusesn Cv. 12651, appartient à tache à l’ancien verbe purer =purZern et =Suinter,
l’ancien langage de la médecine, le verbe s’em- fltrer, égoutter= (+ purée), mais le sens, et la paro-
ployant aujourd’hui pour *traiter (qqn) en provo- nymie avec purulent interdisent tout rapproche-
quant les évacuations intestinales, (XIVe s-1, sens ment spontané avec les séries de pur et de purger. Il
renforcé par l’emploi de purge Ici-dessous). *Sur est encore bien attesté en picard, et aussi dans le
un autre plan, le mot a repris du latin le sens juri- Centre (Loire inférieure, Anjou).
dique ((just%er (un accusé) en faisant dispartitre
l’accusations kve s.1 d’où tifaire dispartitre (une + Le mot désigne le liquide formé par l’urine des
animaux, les eaux de pluie et l’excédent de liquide
peine, une condamnationIn ( 1583) et, plus couram-
ment, -faire disparaître sa peine en la subissantm : des fumiers, utilisé comme engrais.
purger une quarantaine (1869, Littré) et surtout pur- F PUROT n. m., mot régional dérivé de putin, dé-
ger une peine, Au XVI~ s., il a développé son autre signe une fosse à purin (1842). 4 Son dérivé PURO-
sens juridique de <débarrasser (un bien) des TIN n. m., terme familier (18781, s’est dit d’une per-
charges qui le grèvent, (XVI” s.l. *La forme prono- sonne misérable et sans ressources; une influence
minale se purger Cv. 11381 a d’abord signi% +.e puri- sémantique de purée (être dam lu puréel est pro-
fier moralement d’un péchém et ase disculper, se bable .
PURITAIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

PURITAIN, AINE adj. et n. est probablement bPURULENT,ENTE adj. est emprunté (1542) au
emprunté 11562 ; 1587, selon T. L. F., Ronsard) à l’an- dérivé latin purulentus “qui ressemble au pus,
glais Puritan attesté un peu plus tard tant comme contient du pus>>. 0 Repris avec les sens du mot la-
nom (1572) que comme adjectif (15891, dérivé de pu- tin, purulent se dit en particulier 11545) d’un lieu où
rity cpuret&, lui-même emprunté au bas latin puri- se forme le pus (foyer purulent, 18331, d’une infec-
tus, dérivé de pur-us I+,pur). Le mot désigna tion dans laquelle les microbes pyogènes ont en-
d’abord des membres de 1’Eglise anglicane qui vou- vahi le sang ( 1932, Larousse). Un emploi figuré se
laient épurer le rite officiel et refusaient certaines rencontre dans la langue littéraire. ~PURULER
traditions héritées du catholicisme romain et v. intr. (15603, tiré de purulent, s’est dit au figuré de
maintenues par la reine Élisabeth 1”. Ces oppo- troubles politiques; il a été repris (18911 au sens de
sants s’étant alliés aux presbytériens dans les luttes =se décomposer, se putréfier}} dans la langue litté-
contre Jacques Ier et Charles Ier, putitan désigna raire. +PURULENCE n. f. est emprunté (1555) au
également des protestants calvinistes prônant des bas latin ecclésiastique purulentiu apus*, et au fi-
principes intransigeants. Puritan est probablement guré Rrebut, lie», du dérivé purulentus. Le mot, rare
formé sur le modèle du bas latin cathari, cathati- avant le XVII~~s., désigne l’état de ce qui est pu-
tue, du grec kzatharos apurn qui a donné au XIII~ s. le rulent, et quelquefois, au figuré, une infection mo-
français cathare* (-+ catharsis). Puritan a eu pour rde (xx” s.l. Il est resté didactique.
synonyme anglais catharan et a été précédé par 0 Voir POURRIR, PUER, PUNAISE, PUSTULE, PUTAIN, PU-

cuthutite. Cependant, puritain a pu être formé di- TOIS, PUTRÉFIER, SUPPURER.

rectement en fknçais mais le mot ne s’est répandu


que sous l’influence des événements politiques et PUSILLANIME adj. est emprunté Iv. 1265) au
religieux de Grande-Bretagne aux xwe et XVII~ s. bas latin chrétien pwillanimis, à côté de pusillani-
dans la recherche d’une religio purissimu («religion mus, proprement Nfaible en courage>. Le mot est
très pured composé du latin classique pusillus <<tout petit*, di-
4 Le mot désigne les membres d’une secte de pres- minutif de pusus Npetit garconn, dérivé de puer Nen-
bytériens rigoristes attachés à la lettre des Écri- fanh (+ puéril), et de animus &ne, espritn (3 âme),
tures et que les Stuarts persécutèrent. Il désigne et «courage», d’où pusillus animus «esprit étroit»,
également les adeptes de cette secte qui émi- chez Cicéron.
grèrent en Amérique entre 1620 et 1640 et ten- + Le mot qual%e une personne manquant d’audace
tèrent d’y réaliser une communauté religieuse et et, par métonymie (15671, ce qui indique un manque
politique conforme à leur idéal. Il est adjectivé d’audace (acte, comportement .A. Il relève d’un re-
(1762) pour quaaer ce qui est propre à cette secte. gistre soutenu ou littéraire.
~Par extension, il s’emploie en parlant des + Sondérivé PUSILLANIMEMENT advSdéb.xv”s.)
membres de sectes rigoristes. - Il se dit plus géné- est rare. *PUSILLANIMITÉ n. fi, nom correspon-
ralement d’une personne qui montre ou tiecte dant, emprunt (1279) au dérivé bas latin pusillani-
une pureté morale scrupuleuse et un respect ri- mitas, -ut& est tout aussi littéraire que l’adjectif.
goureux des principes (17761, aussi adjectivé en ce Une pusillanimité (18401, désignant une manifesta-
sens (18281, spécialement pour qualifier une per- tion concrète de ce caractère, est rare.
sonne rigoureuse en matière de morale sexuelle.
Même dans ces emplois généraux, il est plus PUSTULE n. f. est emprunté iv. 1300) au latin
souvent employé à propos des sociétés anglo- pustula, dérivé de pus, puris (+ pus), «ampoule, pe-
saxonnes, Grande-Bretagne et États-Unis, parfois tite tumeur purulente)), également «bulle, bouillon))
de manière péjorative. (produit par effervescence) et «bulles produites
b Le dérivé PURITAINEMENT adv. (1853) est rare. dans la fusion de l’argentm, d’où aargent puru.
+ PURITANISME n. m., emprunt (1649) à l’angkis + Le mot n’a été repris qu’au sens médical de chou-
puritanism ( 15731, de puritun, désigne la doctrine ton purulentn, pustule maligne ( 1568) désignant la
des puritains anglo-saxons et, par extension, se dit forme la plus commune du charbon chez l’homme.
d’un rigorisme extrême et souvent a$ecto (18291, Par analogie d’aspect, il se dit d’une petite saillie,
spécialement en matière sexuelle. d’une tache ronde qui apparaît sur les tiges ou les
PURPURIN + POURPRE feuilles de certaines plantes, sur la peau des cra-
pauds (1869, Littré).
PUS n. m. est un emprunt de la Renaissmce w Le dérivé PUSTULE, ÉE adj. (15601, à peu près
( 1520) au latin pus, puris, également employé inusité, a été repris (18421 comme terme didac-
comme terme d’injure. Celui-ci correspond à un tique. *PUSTULEUX, EUSE adj. est emprunté
thème en -s- Opuwos comme le grec puos ~~~US)~em- t 1530) au bas latin médical pustulosus <<couvert de
ployé chez Hippocrate à côté de puon (-+ pyo-1; le pustule+, du latin classique pustula. 0 Le mot qua-
sanskrit a püyuti, l’avestique puyeiti 4 pourrit», le l%e ce qui a la forme d’une pustule et ( 15711 ce qui
grec puthein <faire pourrirn, l’arménien hu Ksang est couvert de pustules. Il est également employé
purulentn, le lituanien ptiliui ~<PUS~,l’ancien haut al- en botanique pour (couvert de petites saillies
lemand fil «pour-r%. ronde+ (déb. me s.l.
4 Ce mot désigne un liquide pathologique parfois
épais, produit lors d’une inflammation et dont on PUTAIN n. f. est l’ancien cas régime en -uin
sait aujourd’hui qu’il contient des leucocytes et des Iv. 11213 - du même type que nonnain, ancien cas
micro-organismes. régime de nonne - de l’ancien fknçais put, pute,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3017 PUTRÉFIER
adjectif courant jusqu’au xve s. au sens de «puant, S~ER&RE n. 11549) et adj. ti XVI~~.) et PUTAS-
sales, à côté de ordorde. Le mot est issu (10801 du la- SERIE n. f. C16061, mot vulgaire pour désigner la vie
tin putidus *pourri, gâté, puant, fétiden et, morale- de prostituée et la fkéquentation des prostituées
ment aqui sent l’affectation>, dérivé de putere (17983, employé au figuré pour une chose ignoble,
~Pourrir, se corromprem (-+ puer). ht, pute, propre- vile (xx” s.1. 0 Sous l’influence de putain et de pute,
ment *puant=, a pris dès les premiers textes le sens il désigne aussi le fait de chercher à plaire par tous
figuré de *sale, mauvais, vil, odieux, méchants>, les moyens.
s’appliquant spécialement à une femme lascive, 0 Voir PlJTlER, PUTOIS.
débauchée. L’ancien provençal a également put
CmauvaisD et ((débauché)) et, au féminin, putu et pu- PUTATIF, IVE adj. est emprunté IXIY” s.1 au la-
tana (d’oh l’italien putarta, l’espagnol puta), De nos tin médiéval juridique putativus, signSant déjà en
jours, put vit encore dans les dialectes de l’Est au bas latin Gmaginaire~. Il est dérivé de puture au
sens de 4aidB. sens abstrait de <<compter, calculer*, d’où <(pensers,
+Putain, désignant une prostituée, d’où dElme pu- mot qui n’est pas passé en fiançais sinon par ses
tairt qutiant une femme débauchée (12781, a pris composés (ainsi computure a donné compter et
vers le XVI~ s. une valeur triviale et insultante : Fure- conter).
tière rappelle en 1690 qu’ail a été un temps qu’il +Putatif: terme de droit, qualifie une personne qui
n’estoit point odieuxa et ajoute que 4a haine qu’on passe juridiquement pour être celle qu’en fait elle
a contre ce nom l’a decredité chez les honnestes n’est pas (enfant, père put&?. Mariage putatif
gens)>, qu’Gl n’est plus en usage que chez le peuple, (1842) a le sens de «censé, supposé avoir une exis-
quand il veut dire une injure atrocem. Par exten- tence légalem, ce mariage étant contracté de bonne
sion, il se dit d’une femme considérée comme dé- foi au moins par l’un des époux, mais entaché de
bauchée IGn xwe s.) et donne lieu à des emplois in- nullité.
jurieux comme fils de putain kv” s. ; 1155, fil2 a b Son dérivé PUTATIVEMENT adv., enregistré
putain). 0 II est adjectivé au sens figuré de “qui dans le dictionnaire de P. Larousse en 1875, semble
cherche à plaire à tout le monde* (1867, avoir la très rare.
main putainl, emploi péjoratif mais non vulgaire,
seulement familier et d’ailleurs plutôt recherché. PUTIER ou PUTIET n. m. est dérivé (1666) de
+La langue populaire en a fait une interjection Yancien adjectifput, pute “puant, nauséabond)} d’où
pour marquer l’admiration, l’étonnement Il 9311, <sale, mauvaisn I-, putain, putoisl, les feuilles et les
putain de... suivi d’un nom ( 19291 exprimant mépris fleurs de cet arbre dégageant une mauvaise odeur
ou exaspération, puis admiration. 0 Des variantes quand on les koisse entre les doigts.
régionales ont cours, comme la putain, la putain 053 4 Le mot est attesté isolément, puis repris en 1808,
ta race, etc. chez les Français qui vivaient en comme un nom du merisier à grappes.
Afrique du Nord.
b L’ancien PUTANIER n. m. (xv” s.), d’abord pute-
PUTOIS n. m. est dérivé (1165) de l’adjectif an-
cien français put, pute <puant> I-, putain).
nier (1408), est emprunté à l’ancien provençal puta-
nier (XIII~ s.1 ahomme fréquentant les prostituéesn, + Le mot désigne un petit mammifière à odeur nau-
lui-même de putu. Il est surtout régional. - Putain a séabonde. Il donne lieu à la locution crier coltllfle
produit PUTANISME n. m. ti xvre s.) avie de pros- un putois (1897). 0 Par métonymie, il désigne la
tituée» et, uhériewement, PUTANAT n-m., que fourrure de l’animal (1694) et, techniquement, un
l’on rencontre d’abord chez Bloy (1887), plaîsam- pinceau fait avec les poils de l’animal pour étendre
ment, avec le même sens. les couleurs sur les poteries (1802).
PUTE n. f. est l’ancien cas sujet féminin substantivé b Son dérivé PUTOISÉ, ÉE adj. (19251 quaIse, en
Iv. 12001 de l’ancien adjectif put, pute, précédé par termes de chasse, un furet croisé avec le putois,
une forme puite en anglo-normand I1120). Le mot a plus féroce et plus résistant que le furet ordinaire.
servi en ancien et moyen fkançais à désigner une
prostituée, une femme de mauvaise vie. Éliminé
PUTRÉFIER v. tr. est la francisation (13141,
d’après les verbes en -fier, du latin putrefucere
par putain, il a été repris assez récemment, sous
l’influence d’usages régionaux, probablement par <pourrir, gâter, corrompren, de pubis «corrompu,
fétide, pourri-, de pus, puris (+ pus1 et de -fucere
emprunt au provençal puta. 0 Pute est un syno-
nyme plus marqué de putain, mais qui peut être (4 faire).
moins injurieux CulEer aux putes, chez les putesl, 4 Le verbe Sign%e acauser la décomposition de
voire admiratif aa belle pute!). Il est également em- (une matière organiqueln; la forme pronominale
ployé comme adjectif pour quaMer une personne réfléchie se putMer ( 1530) est assez kéquente.
(homme ou femme) qui se prostitue, qui n’hésite k Le participe passé PUTRÉFIÉ, ÉE est employé
pas à se compromettre pour arriver à ses fms. Dans adjectivement Cv. 1560). * tTn adjectif PUTRÉ-
cet emploi, pute est plus courant que putain. *Pute FIABLE a été dérivé (1875) du verbe.
a servi à former PUTASSE n. f. (1558) avec le suf- PUTRÉFACTION n. f., le nom d’action correspon-
fixe péjoratif -asse (de grognasse, pouffiasse), dé- dant, a été emprunté en même temps CI3141 au bas
signant très vulgah-ement une prostituée. * Le mot latin médical, putrefacti, -onLs =Corruption d’une
a donné un verbe PUTASSER v. intr. dès avant matière organique)), de putrefuctum, supin de pu-
1486, signifiant <<fréquenter les prostituées* et wivre trefucere. Repris au sens du mot latin, putréfaction
en prostituéen (1846). 4 Si le verbe n’est plus guère est rarement employé au figuré : putréfaction mo-
employé, il a deux dérivés vivants: PUTAS- rale (1755, Mirabeau).
PUTSCH 3018 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Du même radical latin vient PUTRIDE adj., em- +Le mot a désigné une hauteur, un sommet, une
prunt 112561 au latin putidus <<pourri, gâté, carié> et colline, sens qu’il a conservé en géographie (1845-
«flétri par l’âge», d’un autre adjectif de sens voisin, 18461 et en toponymie dans les noms de hauteurs
putris «gâté, corrompu)), lui-même de pus, puris de nature volcanique à profl arrondi, notamment
I+ pus). +Le mot a été repris par les médecins en Auvergne 11869, Littré). + Par une évolution sé-
dans la locution fîiovre putride afièvre attribuée à la mantique mal expliquée, puy désigne une société
corruption des humeurs,, enregistrée dans les dic- mi-littéraire, mi-religieuse qui, au moyen âge, or-
tionnaires de 1680 à 1878. Il quame plus générale- ganisait des concours de poésie dramatique et ly-
ment ce qui est en état de putréfaction (v. 1560, rique dans quelques villes du nord de la France
Paré1 et ce qui présente les phénomènes de la pu- (1248) : on a invoqué le sens ancien d’aestraden Cre-
tréfaction, est produit par la putréfadion ( 16901. Le pris au latin podium) à cause de la plate-forme sur
sens figuré, <<dépravé moralementti, semble tardif laquelle on jouait ou lisait les poèmes et les pièces,
(milieu xxe s.1et rare. -L'antonyme ANTIPUTRIDE ou encore le nom de la ville auvergnate du RUYoù
adj. 11763) est substantivé 11765) pour un remède une société analogue existait depuis très long-
propre à empêcher la putréfaction. + PUTRIDITÉ temps. 11s’agit peut-être simplement d’un emploi
n. f. E17571 «état de ce qui est putréfié>> est employé allégorique du sens de amontagne}}, un royaume
rarement au sens figuré de <corruption morale>> des arts se devant d’être situé en hauteur, à l’en-
(1783). droit où le vulgaire ne peut s’élever.
PUTRESCENT. ENTE adj. est emprunté ( 1549) au
latin putrescens, -enti, participe présent de putres- PUZZLE n. m. est emprunté (19091 à l’anglais
cere ase gâter, se corrompre)), inchoactif de putrere puzzle ou Chinese puzzle ( 1815) «casse-tête chinois>>
&tre gâté=, lui-même de putrk. 0 Le mot qualifie également jig-suw puzzEe ( 1909) ajeu de patience
ce qui est en voie de putréfaction ; après une oc- découpé à la scien, de puzzle «embarras, per-
currence isolée, il a été repris dans le style didac- plexité= (av. 1612, Bacon), aproblème, énigmes
tique (17901, produisant PUTRESCENCE n. f. (18011. ( 1655) et &bus>> (1814). Puzzle est le déverbal de
a PUTRESCIBLE adj. est emprunté Il3901 au bas to puzzle ((embarrasser, rendre ou laisser per-
latin putrescibilis <sujet à la corruptionm, de putres- plexe)) Il 5951, employé intransitivement pour «es-
cere. C’est un terme didactique prisé dans le style sayer de résoudre}) (16051, mot d’origine obscure,
littéraire comme un synonyme recherché de cor- qui se rattache peut-être au moyen anglais poselet,
ncptible (Péguy, 1913). +L'mtony~ne IMPUTRES- forme de participe passé qui pourrait être issue de
CIBLE adj., formé une première fois à la ti du to pose (XVI~s.1,aphérèse de to appose. Ce dernier,
xve s. d’après le bas latin chrétien imputrescibilis en usage du xrve au xwe s. au sens de aconfronter
“qui ne pourrit pas», est sorti d’usage ensuite. Le avec des objections, des questions}), est issu de l’an-
moyen tiançais semble lui avoir préféré imputré- cien -français uposer, variante de oposer, forme ar-
factible et imputile, faits eux-mêmes d’après le la- chaïque de opposer*.
tin. Imputrescible a été reformé (17961 d’après pu- $ Le mot désigne un jeu de patience composé d’un
trescible et, depuis, est devenu plus courant que ce grand nombre de pièces à assembler pour compo-
dernier. ser une image. Par métonymie, il désigne le sup-
port matériel de ce jeu 119101, et par analogie, un
PUTSCH n. m. est emprunté (19213 à l’allemand ensemble visuel formé d’éléments disparates
Putsch, lui-même de l’alémanique Putsch acoup, ac- 119131. -Le sens figuré, aensemble à reconstituer
tion de pousserm d’où amouvement en avant)). C’est par un raisonnement logiquem (19111, semble réem-
un mot de formation expressive que l’on peut rap- prunté à l’anglais. L’emprunt est passé dans l’usage
procher d’un ensemble de mots onomatopéiques tout en gardant plusieurs éléments caractéris-
français à structure consonantique p-f (3 poufI tiques de l’anglicité et une incertitude phonétique
Putsch exprime une explosion, une échatiourée, (puzle ou peuzeui) qui empêche sa complète franci-
avant de désigner un soulèvement d’un groupe po- sation.
litique armé en vue de prendre le pouvoir, d’abord
en Suisse (Zuricld en 1839. PYCNO- est emprunté au grec pukno-, de puk-
nos dru, serré, épais compact>, abstraitement
+ Le mot, d’ab or d employé en parlant de pays de &équentn et, en parlant de l’esprit, asolide, précis,
langue allemande, s’est étendu à d’autres situa- pénétra&. L’étymologie de ce mot reste obscure
tions, notamment à tous les coups dÉtat militaires et son développement sémantique n’est pas clair.
aboutissant à un pouvoir dictatorial (cf. pronuncia-
mientol. b L’élément, au sens matériel de «dru, serré, épais»,
a servi à former quelques termes scientfiques, sur-
w On en a dérivé PUTSCHISTE n. et adj. 11920) tout en médecine et en psychologie, notanxnent
Kparticipant à un putsch, partisan d’un coup PYCNIQUE adj. et n. (av. 19511,terme dû à l’Alle-
d’ÉtatN. mand Kretschmer et d%nissant un type morpho-
psychologique au physique bréviligne. +En bota-
PUY n. m., graphie ornée (XIV~s.l de pui (v. IlOO), nique, le latin scienttique pycnidium (1851, Tu-
est issu du latin podium pris dans son sens géo- lasne) formé de pycn(ol- et de lolidium, a fourni
graphique de upetite éminence>> (VI~s.1[d’où l’italien PY CNIDE n. f. 11878) (cavité contenant les spores
poggio ccoteau, tertres et l’ancien provençal poi, chez les champignons ascomycètesp. 0 PYCNIO-
pog IpodjI acolLine>>](+ appuyer). C’est donc un dou- SPORE n. f., nom donné à la spore provenant
blet de podium. d’une pycnide, a été directement formé à partir de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3019 PYO-

l’adjeckti grec puknosporos <<semé drun. +PYC- emprunté à l’ourdou -fomne islamisée de l’hin-
NoSE n. f. (19041 représente un emprunt au grec doustani et l’une des deux langues nationales du
puktisis ccondensation, par l’anglais pycnosis. II Pakistan - pü@ma ou püidma, littéralement wê-
concerne l’altération du noyau de la cellule avec tement de jambes*, composé de deux emprunts au
condensation du matériel nucléaire. persan, pdy «pied, jambe* et iûma wêtement*. L’an-
glais a donné au mot la marque du pluriel sur le
PYÉL-, PYÉLO- , premiers éléments de mots modèle de breeches aculottes=, tiousers *panta-
scientsques, sont empruntés au grec puelos eca- lon!+.
vité, bassinn, d’abord “auge, bassin à lavern, dissimi-
+Le mot a été repris avec le sens didactique de
lation de “plu-êlos, du radical plu- de plunein ala-
<<pantalon à la mauresque porté dans certaines ré-
ver*, d’origine indoeuropéenne Isanskrit plavate
gions de 1’Indem. Le sens courant de <vêtement de
*flotter, noyep, comme le grec pluein).
nuit ou d’intérieur composé d’un pantalon et d’une
b Le premier terme attesté est PYtiLITE n. f., avec veste* apparaît tard dans le XIX~ s. (18821, d’abord
le suf6xe -ite* ( 18491, désignant une inflammation sous la forme pajamaW, plus conforme à lëtymolo-
de la muqueuse des bassinets du rein. +pYÉLO- gie et peut-être due à une influence américaine,
NÉPHRITE n. f. (18781,de néphrite, s’applique à l’in- suivie par py@ma (1895) qui l’a emporté. Le succès
flammation des bassinets et du parenchyme rénal. du mot correspond à la désuétude de la chemise
+ PYELOGRAPHIE n. f. I1923) correspond à Nra- de nuit masculine et à l’évolution des mœurs, le py-
diographie du reinm. + D’autres composés ont suivi, jama étant également porté par les femmes, dans
ainsi que l’adjectif dérivé PYÉLIQUE Ndu bassinet les années 1930. Le mot a aussi désigné un type de
du reinn, enregistré dans le Dictionnaire de méde- vêtement de plage ou de sport.
cine de Manuiia ( 19721.

PYGMÉE n.m. est emprunte (1491) au latin


PYLÔNE n. m. est un emprunt tardif 11819) au
grec pulSn, pulôrtos, dérivé de pulê eporte» (3 py-
@@aeus, lui-même du grec Pu@~ai~s (au pluriel
lore) avec le suf5xe des noms de lieu, pour désigner
oi IQwKx~~~~, désignant un nain appartenant à un
le portail d’un édifice public ou d’un temple, espace
peuple legendaire, déjà mentionné dans I’&&e et
comportant parfois une construction.ou une tour
qui passait pour habiter au sud de l’Egypte ou en-
placée devant l’édifice.
core en Inde. Pugrnaios est l’emploi substantivé de
pugmaios Mhaut d’une coudée>, dérivé de pugmê + Le mot a été repris pour désigner en archéologie
“poing* et, par métonymie, <(longueur d’une cou- le uportail monumental à l’entrée des temples
dées, mot qui a des correspondants en latin avec égyptiens, encadré de deux mass& de maçonnerie
pugil I+pugilatI, pugnus I+poingI et ses dérivés. en forme de pyramides tronquée+. Par analogie, il
Tous doivent se rattacher au radical verbal attesté désigne un motif décoratif en forme de pilier qua-
dans le latin pungere apiquern 13 poindre), le poing drangulaire ornant l’entrée d’une avenue, d’un
fermé étant l’agent au moyen duquel on blesse. pont 11904). * Le sens coumnt, support en béton ou
Toutefois N. Van Brock a tenté de rattacher le mot en charpente métallique ayant la forme d’une py-
grec à une racine signifiant atout, ensemblem que ramidem, semble apparaître à la ti du XIX~ s. Il8881.
l’on retrouverait dans pan (-, pan-1 et pente &q L’anglais a emprunté ce sens d’abord en aéronau-
(+ pentlal-1, l’ancien haut allemand fust ~poine tique.
(cf. anglais &st) et le hittite panku Ktoutm.
PYLORE n. m. est emprunté (1552, Rabelais) au
4Le mot, repris comme terme d’antiquité, a été
bas latin médical pylores aofice faisant communi-
concurrencé par les fomnes à suffixe pigmain ( 1247-
quer l’estomac avec le duodénumn, lui-même em-
13701,pimain (13801,pigmeon ( 13801,pymeau Il 4821,
prunté au grec pulôros qui si@e proprement
encore pygman en 1593. - Au XVIII~s., il commence
<gardien d’une portem. pUl8ros est composé de pulê
à s’appliquer à un individu appartenant à une race
abattant de porte>, surtout au pluriel aporte
africaine ou indonésienne de très petite taille (1756,
double=, le plus souvent <portes d’une villen, <<en-
Voltaire qui le donne comme un terme d’explora-
trée, accèsm, mot d’étymologie inconnue, et de ôru
teur). Aujourd’hui, on le réserve à des ethnies afri-
~soin~, que l’on rattache à l’importante racine ‘wer-
caines dont la taille moyenne est relativement pe-
afaire attention)) I+ observer, regarder).
tite, mais la taille n’est plus un élément essentiel du
concept. *En outre, le mot est employé en parlant +Cet emprunt médical a conservé le sens anato-
d’une personne de très petite taille (1532; sens f& mique gréco-latin.
en 1611) et, par mépris dès le XI? s., d’un être in- wIl a produit PYLORIQUE adj. 11765) et, récem-
si@& et sans crédit, par une métaphore ana- ment, PYLORISME n. m. «tendance au spasme de
logue à celle qui porte sur une autre désignation la musculature du pyloren.
antique, wl-ywntin. 0 voir PYLONE.
b Ses deux dérivés didactiques concernent le sens
anthropologique : PYGMÉEN, ENNE adj, (1842) et PYO- est l’élément formant tiré du grec puo-
PYGMOÏDE adj. (19721. *pus,. Puo- représente le substantif puon ou puos
~PUS>>(encore puon en grec moderne) qui a des ré-
PYJAMA n. m. est emprunté, d’abord sous la pondants dans l’arménien hu asang purulentm et le
forme pyjuumah ( 18371, à l’anglais pyjamas n. pl. latin pus (+ pus); le substantif se rattache à la fa-
ElBOO),peijammuh, pkjammuhs, pyjumahs ou pa- mille du verbe puthein ({faire pourrirn, au moyen
jumas (surtout en américain). Le mot anglais est Imédiopassifl <pourrir, se putréfiep, constituée au-
PYRCOI- 3020 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tour de la notion de pus, de purulence et apparte- GRAVER v. tr. (1898) et PYROGRAVEUR, EUSE n.
nant probablement à une racine indoeuropéenne 118981,concernant un procédé de décoration sur
OpU,exclamation de dégoût (cf. pouah!). bois à l’aide d’une pointe métallique portée au
b L’élément, et sa variante py- (pyuriel, entre dans rouge.
la composition d’une douzaine de termes savants @ voir PYRÈTHRE, PYREX. PYMTE.
de médecine. +Il commence à être productif au
PYRAMIDE n. f. est emprunté Iv. I 150, Roman
début du XIX” s. avec la forme PYOGEN~E n. f.
de Thébal au latin pyrumis, -idis, du grec puramis,
(18091, remplacée aujourd’hui par PYOGENÈSE
-ides, qui désigne d’une part un grand monument
( 1932) auquel correspond PYOGÈNE adj . ( 18901, qui
égyptien et, par analogie, la figure géométrique
a remplacé PYOGÉNIQUE adj, (18331. 4 Par ail-
que réalise ce monument, et d’autre part un gâteau
leurs, PYORRHÉE n. f. (1827) est emprunté par le
de grains de fkoment grillés mélangés à du miel (en
latin médical moderne au composé grec puorroia
ce sens on a généralement puramous). Au sens de
*écoulement de pu+, de puo- et de rhem (<couler-.
ccgâteaw, le mot est fait sur puros &-ornent)>, lequel
*Les composés sont plus nombreux dans la se-
a des répondants dans le groupe baltique et slave
conde moitié du XM~ s. : PYOÏDE adj. (1855) “qui a
(lituanien ptirar pl. ablé d’hiver-, lette püri, vieux
l’aspect du pus>, PYOCYANINE n. f. (1872) epig-
slave et russe pyro, peut-être à l’origine de pirojki*).
ment bleu des bacilles pyocyaniquesn et PYOCYA-
On a supposé que les pyramides égyptiennes au-
NIQUE adj. et n. m. 11889) &acille mobile, abon-
raient été dénommées d’après la forme d’un tel gâ-
dant dans l’eau, produisant la pyocyaninem, mots
teau, mais rien ne prouve qu’elle ait été pyrarni-
tirés de cyunine, le pigment bleuâtre de ces bacilles
dale. L’hypothèse d’un emprunt à l’égyptien
colorant le pus des infections qu’ils provoquent.
pr-m-us chautew> a été écartée.
+ PYOCYTE n. m. (1878) désigne le leucocyte dégé-
néré qu’on trouve dans ie pus. 4 Au XX~s. appa- +Pyramide désigne un grand monument égyptien
rissent PYODERMITE n. f. (1932; d’abord pyoder- à base quadrangulaire et quatre faces triangu-
mie, 19041, infection de la peau par des germes laires. On parle par extension de pyramides à &-
pyogènes, et PYOCULTURE n. f. (dans Manuila, grés, et par analogie on désigne ainsi des monu-
19721 ((culture de bacttéries par prélèvement de ments analogues hors d’Égypte (par exemple, dans
PUS”. le Mexique précolombien). *Le mot a été repris en
@ voir PUER. PUNAISE, PUS, PWTALN. PUTIER, PUTRÉFIER,
géométrie pour un polyèdre ayant pour base un
SUPPURER.
polygone et pour faces latérales des triangles pos-
sédant un sommet commun 113611, d’où la locution
PY R(0) - est l’élément tiré du grec pur, puros en ppaznide (1531). Par analogie, il se dit d’un en-
ufeu», parfois 4knrne~ et, chez les médecins, tassement s’élevant d’une large base en s’amincis-
&èvre», employé dans de nombreux composés sant Ixv’s.1, spécialement dans pp&de hrunaine
(-, pyrèthre, pyrîte1. PUY appartient à l’ancien nom ( 183 1) qui se dit d’un exercice athlétique, et en
inanimé du feu en indoeuropéen, comme l’om- termes de peinture à propos de la disposition des
brien pir, 1’arnGnien hur, le vieux norrois furr, @r, élements du tableau en forme de pyramide (1765).
l’ancien haut allemand fuir, fzur (allemand Feuer, L’expression pyramide des âges ( 1962) fait allusion
cf. l’anglais fi&, le tchèque p@, Comme pour le à la représentation graphique de la répartition des
nom de l’eau I+ hydro-1, le grec a préféré le nom âges d’une population. ~Divers sens techniques
d’inanimé au nom indoeuropéen animé du feu, fondés sur une analogie de forme sont sortis
pourvu d’une résonance religieuse que l’on a dans d’usage, mais en anatomie, le mot s’emploie en-
le sanskrit ugni-, le latin ignis C+ igni-1, auquel s’est core pour <<saillie osseuse à la paroi interne de la
substitué focus (3 feu). caisse du tympanti ( 1812) et &dnence de la moelle
b En dehors des mots empruntés directement au épinière% (1842). 0 Des emplois métaphotiques et
grec, parfois dès le moyen âge comme PYROMAN- figurés se rencontrent occasionnellement à propos
CIE n. f. (XIII~s.1divination par le feu)), pyro- devient de création monumentale d’ordre intellectuel, poli-
productif au XVI~Cpymtechniel et surtout à partir du tique; l’image de la pyramide renversée reposant
xwe siècle. +PYROTECHNIE n. f. signiCe d’abord sur sa pointe symbolise notamment l’instabilité
( 15561 <<artd’employer le few, puis <<préparation des d’une entreprise.
pièces d’artifice et explosifsa (16901 d’où Hemploi de w Le dénominatif PYRAMIDER v, intr., d’abord pi-
feux d’artiEce>> (déb. XX~s.3. 0 Il a produit PYRO- ramider En xve s-3,s’employait autrefois transitive-
TECHNIQUE adj. ! 1626, n. f. ; 1690). + Les composés ment au sens d’ttentasser en pyramide», et en pein-
appartiennent aux vocabulaires didactiques des ture pour cétager en pyraznide Iles éléments d’une
sciences et techniques (botanique, zoologie, géolo- compositionIn ( 176 1). 0 Le sens intransitif, &tre dis-
gie, minéralogie, physique, chimie, où il désigne posé en pyramide}} ( 17651, tend lui aussi à vieillir.
paxticulièrement une substance obtenue par l’ac- +Pyramide a produit ses deux autres dérivés au
tion de la chaleur). 0 Parmi les mots qui se sont ré- xrxe s., le terme d’archéologie PYRAMIDION n. rn.
pandus dans l’usage courant, on peut citer PYRO- (1842) «sommet d’une pyramidem, et le terme de mi-
MANIE n. f. (1833) et PYROMANE n. 11833) à néralogie PYRAMIDE, ÉE adj. qualifwit (1875) une
propos de l’impulsion obsédante à mettre le feu et pierre à structure en forme de pyramide.
de ceux qui s’y livrent, le second étant devenu cou- PYRAMIDAL, ALE, AUX adj. est emprunté (XIII~s.1
rant à cause des méfaits attribués aux pyromanes à au dérivé bas latin pyrumtiull.s. +Il qutie ce qui
l’occasion d’incendies de forêts. Une autre série est est en forme de pyramide, spécialement dans la
assez usuelle : PYROGRAVURE n. f. (18951, PYRO- description anatomique d’organes Cv,1700) dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3021 PYXIDE

muscle, os pyrumidul, cdlule pyramidale ( 1904, La- + Le mot désigne proprement un disciple de l’école
rousse), faisceaux pyramidaux 11932, Larousse). de Pyrrhon et, par extension, une personne qui af-
+ Le sens figuré de ~colossal, monumental» 118061,à fecte de douter de tout (av. 1662, Pascal), consti-
la mode dans le vocabulaire des Jeunes-France au- tuant un synonyme didactique de sceptique.
tour de 1830, et reflétant la forte impression pro- 0 Comme adjectif au sens de <relatif à Pyrrhonn, il
duite par les antiquités &yptiennes, après les ex- n’est attesté qu’en 1875.
péditions de Bonaparte, est sorti d’usage. *Son b PYRRHONISME n. m. est formk à la Renais-
dérivé PYRAMIDALEMENT adv. (1380) a eu lui sance (1580) sur Pyrrhon. Le mot, attesté depuis
aussi dans les a;nnées 1830 le sens figuré de «colos- Montaigne, désigne la doctrine philosophique
salement>> 11831, Balzac). sceptique et, par extension, la tendance à douter
de tout.
PYRÈTHRE n. m. est emprunté sous la forme
piretre ( 12561,corrigée en pirèthre ( 15561,au latin pi- PYTHIE n. f. est emprunté 11546,‘Rabelaisl au la-
rethrum repris du grec purethron aplante du genre tin pythia, lui-même repris au grec puthiu, propre-
chrysanthème ou matricaire~~. Ce dernier est dé- ment Mpythiennex, spécialement <<prêtresse de
rivé de pur, puros «feu» !+ pyro-1, peut-être par allu- l’oracle d’Apollon à Delphes», de Puthô, ancien
sion au pouvoir calorique de la plante. L’ancien et nom de Delphes (cf. ci-dessous python).
le moyen français ont eu des formes dissimilées : + Ce terme d’antiquité grecque a pris par extension
peletie en {cjudéo-tiançaiw, pelestre (XIII~sd, paletre le sens de aprophétesse, devineresse)) dans un
(xv” s.), phénomène commun & l’italien pilatro et à usage très littéraire.
l’espagnol, catalan et portugais pelitre.
b PYTHIEN, IENNE adj. a été dérivé savamment à
4 Le mot a gardé le sens de l’étymon. la Renaissance (15503 du latin Fytho, du grec Puthô,
+ voir PYREX. PYFUTE.
Le mot, dès ses premières attestations chez Ron-
sard, sert d’épithète à Apollon et qualifie ce qui a
PYREX n. m. est un emprunt ( 1924) à l’anglo-
rapport à la pythie.
américain pyrex (prononcé païrexl, nom de marque
PYTHON n. m. est emprunté (av. 1559) au latin fi-
déposée 11917).Le mot, qui semble à l’évidence tiré
thon, lui-même emprunté au grec Puthôn,nom
de wo- Nfew (-3 pyrIol-1, a été formé au dire de son
d’un serpent mythologique qui rendait les oracles
inventeur William H. Curtiss sur l’anglais pk (pro-
au pied du Parnasse et qu’Apollon tua de ses
noncé pai’l &ourkem car c’est la matière rêvée pour
flèches avant d’installer son oracle à Delphes. Par
le plat à tourte (qui va au feu). Même si l’assertion
suite, le mot s’est employé comme nom commun à
n’est pas purement humoristique, la graphie en
propos d’un prophète inspiré par Apollon Pythien
pyr- mtieste l’influence du radical grec. Le mot
et aussi d’un ventriloque. Il est dérivé de Puthô, an-
anglais pie est en général assimilé au nom d’oiseau
cien nom de Delphes (cf. ci-dessous pythonisse), to-
pie I+ 0 pie), probablement par allusion au fait que
ponyme sans étymologie établie, que les Anciens
cet oiseau rassemble des objets composites, la
rattachaient à puthesthai Mse putréfier C+pyo+
tourte se caractérisant par sa farce composée d’in-
parce que le serpent y aurait pourri. Le mot a été
grédients variés.
repris à la Renaissance par les poètes de la Pléiade
+ Le mot se rencontre chez Mme P. Curie kn T. L. F.1 (DuBellay) avec son sens mythologique. Dans ce
dans la description d’instruments de laboratoire ; il sens, il s’emploie par apposition (le serpent pythonl.
s’est répandu avec la diffusion des ustensiles mé- *Il a été recréé comme nom commun pour dé-
nagers dans ce verre peu fusible. signer un très grand serpent constricteur ( 1803,
Bulletin des sciences), emploi didactique devenu
PYRITE n. f. est emprunté avec changement de
usuel.
genre (av. 1150) au latin pyrites n. m., lui-même re-
PYTHONISSE n. f., d’abord transcrit phitonise
pris au grec hellénistique et tardif puritês Ilithosl
(XIII~s.3 avant pithonisse iv. 13801, est emprunté au
<minerai de cuivre> et «pierre précieuse> Ilittérale-
latin médiéval phitontisu @n XII~s.1, du latin ecclé-
ment «pierre de feu>). Ce mot est la substantivation
siastique pythonissu (chez saint Jérôme et
de l’adjectif purit& cde feu)), de pur, puros cfeun
saint Augustin), employé dans la Vulgate comme
(+ pyr[ol-3.
synonyme de pithonicus spiritus (<esprit prophé-
+ Le mot désigne le sulfure naturel de fer servant à tique)>. Pythonissu est lui-même dérivé de python
la fabrication de l’acide sulfurique ainsi que le sul- «devin», du grec puthôn au sens de aprophète ins-
fure de cuivre. piré par Apollon Pythien (ci-dessus). +Le mot a
dl a pour dérivé Z'~~~~&~PYRITEUX,EUSE aqui été repris avec son sens biblique de {{devineresse,
renferme de la pyritea (1783, BuEon), d’usage didac- enchanteresse, prophétessen. 0 Par extension, il se
tique. dit ironiquement d’une femme qui fait métier de
prédire l’avenir (1678, LaFontaine). ell s’est em-
PYRRHONIEN, IENNE adj. et n. est dérivé ployé adjectivement pour qualiher celle qui est
savamment (1546, Rabelais) du latin pyrrhoneius, douée du don de prophétie ( 15841.
lui-même du grec purrldteios ((de Pyrrhonn, subs-
tantivé pour désigner un disciple de Pyrrhon, un PYXIDE n. f. est emprunté ( 1478) au latin pyxis,
philosophe sceptique. Le mot est dérivé de Pur- -titi upetite boite, cofTre& lui-même emprunté au
rôn, -ônos, nom du célèbre philosophe grec fonda- grec puxis, -ides «boîte pour les remèdes et autres
teur de l’école sceptique (v. 365-275 av. J.-C.), en la- substancesn, dérivé de puxos abu%, terme d’em-
tin &rrb, -onis, tiancisé en Pyrrhon. prunt peut-être à l’origine du latin bwus !+ buis).
PYXIDE 3022 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot a 6té introduit en anatomie pour désigner charîstie et que l’on utilise pour porter la cornmu-
une cavité osseuse aux arkulations, sens disparu à nion aux malades. +Au xrxe s., par analogie, pyxide
la ~HI du xv? siècle. *Le sens propre de <<boiten est redevenu un terme du vocabulaire descriptif
(av. 1483) s’est maintenu, spécialisé d’une part en scientifique, mais en botanique où il désigne (1812)
archéologie ancienne, de l’autre en liturgie 11% 11 la capsule à déhiscence transversale dont la partie
pour la petite boîte où l’on conservait autrefois l’eu- supérieure se soulève comme un couvercle.
QUADR-, QUADRI-, QUADRU-, dé- 0 voir QUADRJPÔLE ht. PÔLE), QUADEWYLLABE (art. sn-
ment formant, est tiré du latin qua&-& (ou quadru- LABEI, QUADRTVALEW (art. @ VALENCE).
devant labiale) Mquatre>), dérivé de quaftior
(k quatre). On attendrait oquati- au lieu de quadr-, QUADRAGÉNAIRE adj. et n. est emprunté
dont le d ne se retrouve dans aucune autre langue (1569) au latin quudrugenariw «de quarantem, “qui a
indoeuropéenne. Ce d doit pourtant être ancien, quarante ans>),du distributif quudrugeni <quarante
corne le g de tiginti (-, VingO et de triginta chacun, chaque fois quarante», de quadragintu
I-, trente); il se retrouve dans une série de dérivés Kquarantejs I+ quarante).
de quattuor : quadrugintu I+ quarante), quadws + Le mot, après avoir eu les sens de «qui contient
(+ ca&), quadrum (-, cadran), quadrigae C+ qua- quarantem et ( 1583) (d’une durée de quarante ans>,
drige), etc. se dit d’une personne entre quarante et cîn-
+ Cet élément entre dans des composés apparte- quante ans (16061, quelquefois abrégé familière-
nant au langage didactique, sur le modèle de mots me@ en QUADRA (xx%).
empruntés directement au latin (+ quadriceps,
quadriennal, quadrilatère, quadrumane, quadru- QUADRAGÉSIME n. f. est emprunté (14871
pède, quadruple). au latin quudrugesimu CquaraAième partie>>, spé-
cialement &npôt du quarantième» et, en bas latin
ä Il est surtout productif depuis le XIX~ S. : QUADRI-
PARTITION n. f. (18021, QUADRTLOBÉ, ÉE adj.
ecclésiastique, ccarêmem. Le mot est la substantiva-
tion, par ellipse de purs <partie>>, du féminin de l’ad-
(17831, QWADRICOLORE adj. (18421, QUADRI-
jectif quadrugesimus <~quarantième~~, de quadra-
CORNE adj.(1842),QUADRXFOLIÉ, ÉE adj.(1845),
gintu bqwrante). Le moyen fhnçais a eu une
QUADRICYCLE n.m. (18881, sorti d’usage, QUA-
forme quadrageme Km XIV~s-1désignant une qua-
DRIMOTEUR,TRICE adj. (i%M, à propos d’un
rantaine de jeûne.
avion, surtout substantivé, QUADRICHROMIE n. f.
(19453, QUADRIPHONIE n. f. (v. 1970) et QUADRI- $ Le mot, repris avec sa spécialisation ecclésias
PHONIQUE (1973). +QUADRIMESTRE n. m. tique, a subi la concurrence de carême”, forme
(1875) est devenu usuel dans la langue des affaires orale issue de quudrugesima. Il s’emploie encore
et de la comptabilité; il a pour dérivé QUADRI- pour désigner le premier dimanche après le début
MESTR~EL,ELLE adj. (19751. +QUADRIPARTITE du carême (16801, seul ou dans dimanche de la
ou QUADRIPARTI, IE adj. a 6té emprunté (v. 1370) Quudrugésime ( 1690).
au latin quadripartitus, quadripertitus (<divisé en .QUADRAGÉSIMAL,ALE,AUX adj. est em-
quatre parties>>, composé de quathor et de partitus, prunté (v. 1500) au bas latin ecclésiastique quudru-
de partire cpartagern (3 0 partir). Le mot a été in- gesimalis “qui appartient au carême, lui est relatif>,
troduit par Oresme sous la forme quadriparti dans de quadrugesima. +Le mot continue de fournir
sa traduction du livre de Ptol6mée dont le titre l’adjectif didactique correspondant à carême (par
grec était tetiubiblos aen quatre livres-, C’est là un exemple dans jeûne quudragésimal); par exten-
emploi isolé avant le xve s., mais le mot se répand sion, il a qualifk une vie d’abstinences continuelles
véritablement au XIX~ s., spécialement en botanique (1656, hscd).
(1823, quadriparti) et en architecture. 0 Le sens po-
litique correspond à l’emploi de QUADRIPAR- QUADRANT + CADRAN
TISME n.m. EV.1945). +La plupart de ces compo-
sés ont des correspondants en bi-, en tri-, souvent QUADRATURE n. f. est emprunté 11407) au
plus usuels ; ils ont quelquefois un doublet formé bas latin quadrutura, terme de géométrie dési-
avec l’élément grec tétru-* Itétraphoniel. gnant l’opération consistant à construire un carré
QUADRICEPS 3024 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de même surface que celle d’une figure délimitée quadri- (3 quadrî-1 et de Zutus, -eti &t& (-+ lé; la-
par une courbe fermée, et aussi un carre. Quadra- térall .
turu est dérivé de quadrutus E+ carré). + Ce terme de géométrie, autrefois employé
4 Ce terme de géométrie entre couramment dans comme adjectif, a été substantivé (16941 pour dé-
l’expression Ja quadrature du cercle (14071, au signer un polygone à quatre côtés. -+Par exten-
figuré {(problème insoluble» (16941, allusion au pro- sion, il est passé dans l’usage courant en parlant de
blème que posaient les géomètres anciens, l’opéra- ce qui a approximativement quatre côtés égaux et
tion étant impossible par construction géomé- rectilignes, se disant spécialement d’une position
trique. +À la Renaissance (15461, le mot désigne la stratégique appuyke par quatre places fortes (1859).
position de deux astres par rapport à la Terre telle Dans le langage technique, quudtilutère articulé
que les rayons allant d’un astre à la Terre et à désigne le dispositif transmettant le mouvement de
l’autre forment un angle droit. Il a pris le sens l’axe du volant aux roues (xx” SA
d’«opération consistant à déterminer l’aire délimi- F Son dérivé QUADRILATÉRAL,ALE,AUX adj.
tée par une courbe fermée, (1875) en mathéma- (15861, peut-être formé directement sur le radical
tiques et, en physique, celui de adéphasage d’un du latin quudrilutems, a évincé l’ancien emploi ad-
quart de périodem (1953, Larousse). jectif de quadrilatère.
+ QUADRATURER v. tr. «amener à la quadraturem
et QUADRATEUR n. m. «celui qui cherche la qua- 0 QUADRILLE n. est un emprunt @II XVI~s.) à
drature du cercle>> donnent lieu à des emplois iro- l’espagnol cuudrilla n. f., proprement w5union de
niques au xx” siècle. quatre personnes» ou *le quart (d’une centaine)>>,
d’où &vision de l’armée en quatre parties pour la
QUADRICEPS n. m. est emprunté en anato- répartition du butinm lapr. 12503, et atroupe, équipe,
mie (1924, dans le dictionnaire de Poiré) au bas la- compagnieB, de cuudro ((car&, lui-même du bas
tin quadriceps kve-ves-1“qui a quatre têtes>, de qua- latin quadrus de même sens (--+carré).
dri- b quad&) et de -ceps, de cuput (+Chef), le 4 Le mot a été repris au féminin pour désigner une
muscle en question étant formé de quatre fais- petite troupe d’environ vingt-cinq soldats à cheval,
ceaux. Le mot apparaît dans la terminologie anato- soit le quart d’une centaine, puis une troupe de ca-
mique anglaise en 1840 chez Ellis, employé adjec- vahers prenant part à un carrousel 11670). Il ne
tivement. En français, l’Académie l’enregistre en s’emploie plus en tauromachie pour désigner le
1842 avec le sens littéral de “qui a quatre têtes)), ser- groupe de toreros recrutés, payés et dirigés par le
vant de synonyme à quudrifow en parlant de Ja- matador, sens où la forme espagnole cuadrilla l’a
nus. emporté. * Dès le XVIII”s., le masculin s’est imposé
+ Cette dénomination récente du muscle de la pour désigner l’ensemble des couples de danseurs
cuisse entourant le fémur a remplacé dans cet em- dans une contredanse E17511et une danse compor-
ploi quudtigemeuw (1639) puis quudrijumeuux, tant une série de figures ( 17801, l’expression en
forme attestée en 1765 (dès 1751 avec un autre sens, place pow le quadrille! servant familièrement au
en anatomie). XIX~ s. à inviter qqn à se préparer pour une activité.
Par métonymie, le mot s’est employé pour la seule
QUADRIENNAL, ALE, AUX adj. est em- musique de cette danse (18451. Il sert aujourd’hui à
prunté par la langue didackique 11652) au latin mé- désigner les deux premiers échelons de la hiérar-
diéval quadrknnalis “qui dure quatre ans, qui re- chie du corps de ballet de l’Opéra de Paris ( 1963,
vient tous les quatre ans)’ EV.13301, formé sur Larousse).
tiennuhs !+ triennall, de qwdriennium <espace de F @ QUADRILLE n. m., terme de broderie, est em-
quatre ans}}, lui-même de quudti- (--+quadrî-1 et de prunté Il7651 à l’espagnol cuadtillo Ncarré de gui-
unnus (4 an) ou directement de quadri- et de un- pure, jour en losanges, de cuudro ~carré». Point de
nus d’après trimnalis. quadrille (1765) désigne chacun des jours en forme
+ Le mot a conservé le sens du mot latin, “qui re- de losange résultant de l’entrecroisement des
vient tous les quatre ans,. Celui de “qui dure quatre franges d’une étoffe. +Son dérivé, QUA-
ansa n’est attesté qu’en 1869. DRILLÉ, ÉE adj. (1786, cudrillk) «divisé en car-
reaux-, a donné QUADRILLER v. tr. (1875, La-
QUADRIGE n. m. est emprunté (16241 au latin rousse) 4iviser en carreaux par des lignes
quadrigae, -arum n. f, pl. «attelage à quatre*, en entrecroisées» et spécialement, au figuré, «établir
particulier <<attelage conduisant les chars de course un dispositif militaire ou policier consistant à divi-
aux jeux» et, par métonymie, «char à quatre ser en zones surveillées (un territoire en insurrec-
chevauxn. Le mot est issu par contraction de quu- tion)s (xx” S.I. *Le mot a produit le nom d’action
driiugue, substantivation au féminin pluriel de qua- QUADRILLAGE n. m. (18601, d’abord attesté au
drijugus <<attelé de quatre chevaux*, de quudri- sens particulier d’aornement composé de lo-
(+ quad+) et de jugum b-+joug). sanges’>, c’est-à-dire <<ensemble de quadrilles>>. De
4 En français, quadrige est resté un terme d’anti- là, par extension, il se rapporte à l’action, à la ma-
quité romaine, quelquefois employé pour un motif nière de diviser en carrés et, par métonymie, à un
décoratif antique et néoclassique. ensemble de lignes se croisant en déternrinant des
carrés. Par dérivation du sens spécial de quudriller,
QUADRILATÈRE n. m. est emprunté (15541 il se dit aussi d’une opération militaire renforCant
au bas latin quadtiluterus “qui a quatre côtés)), de le contrôIe sur une zone peu sûre 11958).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3025 QUALIFIER

QUADRUMANE adj. et n. m., attesté depuis QUAI n. m., d’abord cui attesté indirectement au
1766 (hffon), est soit emprunté au bas latin qua- XII”s. par la forme latinisée cuiagium, du dérivé
drumanus, variante de quadrimanus <<quia quatre fiançais quuyuge, et lui-même seulement en 13 11,
maire, de quadru- (-+ quad&) et de manus est un mot normanno-picard, tiré du gaulois caio,
(-+ main), soit composé directement en français sur lequel est attesté dans une glose et appuyé par l’an-
le modèle de quadrupède*. cien irlandais cai <<maison», le gallois tue et l’ancien
4 Le mot est surtout courant comme nom, pour dé- breton cai «haie». Une autre fort-ne locale a donné
signer les singes, dans un langage non scientsque. chai” avec un autre sens.
4 Le mot désigne le rivage d’un port où accostent
QUADRUPÈDE adj. et n. m. est emprunté les bateaux, sens réalisé dans la locution tardive
(déb. xwe s.1 au latin quadrupes, -pedis, de quudru- être à quai 11869). +Les extensions sont rares : quai
6--+quad% et de pes, pedis apied, patte>> (-, pied). s’emploie (16711, après le picard &y (131I), en par
+ Le mot n’est plus guère employé comme adjectif lant d’une levée soutenue par un mur de pierre
pour désigner un animal (généralement un mam- faite le long d’une rivière pour la contenir et per-
rnifère) à quatre pieds, mais il est usuel comme mettre aux embarcations d’accoster. 0 Par exten-
nom masculin. L’équivalent grec tétrupode corres- sion, il se dit de la voie publique aménagée entre
pond à un concept scienttique beaucoup plus ex- les maisons et un cours d’eau ou canal ( 1690). 4 Par
tensif. analogie d’aspect et de fonction, il désigne la plate-
F Le dérivé QUADRUPÉDIE n. f. (19111, didactique, forme longeant la voie ferrée dans une gare (18461,
désigne la marche des quadrupèdes mais corres- éliminant dans cet emploi embarcadère et débar-
pond surtout, en sports, à un des exercices de cadère.
marche et course & quatre pattesn de la méthode b Le dérivé QUAYAGE n. m., attesté dès 1167 sous
naturelle Hébert. la forme cuyuge (latinîsée en caiugium), a désigné
le droit payé par les marchands pour l’usage du
QUADRUPLE adj. et n. m. est emprunté quai; il est sorti d’usage.
(XIII’ s.) au latin quadruplus ou quudruplex, -pli&
«qui vaut quatre fois autant>>, =au nombre de QUAKER, KERESSE n. est emprunté (1657)
quatren, aussi substantivé au neutre. Ce mot est à l’anglais quaher, littéralement 4rembleur)), de
formé de quadru- I+ quadri-1 et de -plus ou -plex, to quahe 4rembler», de l’ancien anglais cwuciun,
élément à valeur multiplicative, qui signifie propre- avec la même initiale expressive que to quuver, de
ment “qui se plie>, de plectere «entrelacerm même sens. Ce nom fut donné par le juge Bennet
(+ plexus). de Derby à George Fox, fondateur en 1648-1650
+ Le mot qualse ce qui égale quatre fois la valeur d’une secte protestante prêchant le pacssme, la
d’une quantité donnée, specialement en musique philanthropie et la simplicité des mœurs. Le mot
(1765, quadruple croche). Il est substantivé en an- avait déjà été appliqué (1647) à une secte religieuse
cien fiançais au sens de Nquatuor)) (XII~ s.l. 0 Il féminine établie à Southwark, avant d’être retenu
s’emploie aussi pour quamer ce qui est égal à pour parler de la Society of Friends (Société des
quatre fois la chose désignée, spécialement pour amis) de G. Fox en 1653.
une ancienne monnaie d’Espagne ( 15%) et une
4 En français, le mot s’est prononcé quouacre, avec
pièce d’or de quatre écus fabriquée en France sous la transcription graphique corresppndate quatre
Louis XIII.
( 1698, encore chez Littré en 18691. A l’origine, on a
,Le mot a produit QUADRUPLEMENT adv., aussi traduit le mot par trembleur. Le féminin coa-
d’abord (XIII~s-1 quadrublement tien quatre ma- tresse Il6981 a disparu. Le féminin formé sur quu-
nièresn, puis ( 1611) quadruplement «en quatre fois her, quakeresse, figure dans les Lettres et Voyages
P~US. +Les diminutifs QUADRUPLETTE n. f. @II de C. de Saussure en 1729. Quaker est également
xrxe s.1-bicyclette à quatre places>>, sorti d’usage, et employé comme adjectif ( 185 1).
QUADRWPLET n. m. (19031, terme scientfique dé-
FQUAKERISME n. m., d’abord orthographié
signant un ensemble ordonné de quatre éléments,
Izouakerisme (1692) par emprunt oral, avant d’être
sont eux aussi formés sur l’adjectif.
réemprunté avec la graphie anglaise (17011, est pris
QUADRUPLER v. est emprunté (1404) au bas latin
à l’anglais quukerism ccdocttie, religion des qua-
quetdruplure amultiplier par quatre>>, de quadru-
kers>j (1656). 0 Il a produit en fiançais le dérivé
plex. 0 De ce verbe, employé pour ((multiplier par
QUAKERISTE adj., rare, <<duquakerisme)) (xx” s.l.
quatre» et, intransitivement, =se multiplier par
quatren 116941, est dérivé QUADRUPLEMENT
n. m. ( 1875, écrit quudmpl6ment) aaction de multi- QUALIFIER v. tr., d’abord califzer kv” s.) et ca-
plier par quatre» et QUADRUPLÉS,ÉES n. pl. lefzer ( 1532) puis, d’après le latin, qualifier ( 15521, est
(xx” s.1 pour quatre enfants nés d’un même accou- emprunté au latin scolastique quulificare, dérivé de
chement. qualis (+ quel) d’après qualitus (+ qualité) avec
QUADRUPLE~ n. m. vient par emprunt du latin l’élément verbal -fîcare, de fucere (3 faire).
quudruplex par l’intermédiaire de l’anglais C18751 +Le verbe sign%e <caractériser par l’attribution
pour dénommer un système de transmission télé- d’une qualité», spécialement <<caractériser en ex-
graphique permettant la transmission simultanée primant un jugement moral» 116791. À partir du
de quatre messages distincts sur une même ligne xve s., il se rencontre également au sens de cconfé-
(1879, le quudruplex d%dison). rer le titre pour faire qqch. à (une personne))) ; l’em-
QUALITÉ 3026 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ploi pour xattribuer un titre à (qqn)» Iv. 1570) a d’une épreuve servant à la qualfication des
disparu. -En sports, l’acception «conférer à un concurrents.
concurrent le droit de disputer une épreuvea (1840, 0 voir DISQLMLIFIER (anglicisme1.
en turf) est due à l’influence de l’anglais to qualify,
lui-même emprunté au xv? s. au fiançais qualifier QUALITÉ n. f. est emprunté Iv. 1119) au latin
et spécialisé au sens d’ahabiliter, autoriserm. En ce qualitas, -ati <<manière d’être plus ou moins carac-
sens, le pronominal se qualifier ( 1903) est usuel. téristique>~, en philosophie <attribut propre de
- Le verbe se dit aussi (1751) d’un adjectif qui s’ap- l’être, de la chose» et, depuis Quintîlien, Nmode des
plique à un substantif en ajoutant à la wsubstancea verbe+. Il a été tir4 par Cicéron à partir de qualis
que ce dernier exprime une ou plusieurs qualités. (+ quel), sur le modèle du grec poiotés (de poios ale-
k QUALIFIÉ, ÉE, le participe passé de qualifier, est quel>>) <fait d’être tel ou tel, d’avoir telle propriétén.
adjectivé ( 1556) pour “qui a reçu une qualikation, + Le mot a été repris dans son acception philoso-
qui a les qualités nécessaires pour~ et en droit pour phique et courante, {(manière d’être, fait d’être ce
<<quia toutes les conditions requises par la loi pour qu’on est>>.Depuis le XDI~s.,il s’applique à la disposi-
constituer un délit ou un crimeD I 1566, vol qucdifiél. tion morale bonne ou mauvaise d’une personne, ce
D’autres acceptions, “qui a les titres de la noblesse> sens neutre étant concurrencé depuis le XVII~s.
( 1625) et cconsidérable par son mérite excellentti (Voiture) par la valeur positive ~~manière d’être de
11636), appartiennent à l’usage ckssique et sont qqn jugée heureuse, bonne>>. Il désigne aussi ce qui
sorties d’usage. +Parallèlement au verbe, et rend une chose recommandable par rapport à
d’après l’anglais qualified, participe passé adjective l’usage (1671, en parlant d’une marchandise). 0 Il
de to qualify, qualifzé sime en sports <habilité à exprime spécialement une notion d’excellence
concourir)), d’abord en parlant d’un cheval (1840). (1694, dans un emploi spécial en œnologîe), et s’em-
Plus généralement, il se dit d’une personne ayant ploie adjectivement dans la locution de wz&k,
qualité, compétence pour (19071, par exemple dans +Dès le XIY s., qualité concerne spécialement la
ouvrier qualifié 11937; usineur qualifié, 1920). 0 De condition civile, sociale, politique, les titres d’une
là SURQUALIFIÉ, ÉE adj. et SOUS-QUALI- personne. Dans cette acception sociale, qualité
FIÉ, ÉE adj. (v. 1970). + QUALIFIANT, ANTE, autre connaît la même spécialisation valorisante que
adjectif tiré du participe présent 119831, se dit d’un dans le sens général et se dit de la haute naissance,
travail, d’un diplôme qui donne des compétences de la condition noble ( 1580 Montaigne), valeur qu’il
professionnelles. +Qualifzer a également donné n’a guère conservée que dans homme, personne de
deux adjectif2 : QUALIFIABLE (1858), substantivé qualité «nobleD (15541, qui fait aujourd’hui allusion à
en sports, les qualifiables (pour une épreuve) 119321, l’Ancien Régime. - En droit, le mot désigne le titre
et INQUALIFIABLE (18351, généralement employé sous lequel une partie ou un plaideur figure dans
à propos d’une conduite, d’une action qu’on juge un acte ou une instance, le pluriel qualités dési-
très sévèrement. +Avec sa spécialisation en gnant, par métonymie (XVI” s.1, l’acte d’avoué énu-
sports, il a donné REQUALIFIER v. tr. Ii903, lequel mérant les noms, qualités et prbtentions des par-
a également le sens de adonner une nouvelle quali- ties. - Au XVI~s. également, le singulier entre dw
fication à qqnn. 0 Ce verbe a servi à former le nom la locution en qualité de (15491 qui a pris par ex-
d’action REQUALIFICATION n. f. 119081. tension le sens neutre de «comme, à titre de>>.
QUALIFICATION n. f., emprunt (1431) au latin sco- * Sauf dans l’usage philosophique et logique, qua-
lastique qdificatio, -anis, dérivé de qualificare, dé- lité a des connotations positives, par exemple dans
signe l’acte et la manière de qualser une per- les expressions récentes qualité de la vie ( 1970) ou
sonne, une chose, spécialement en droit, en rappoti tp&it&pnX.
grammaire et en théologie, où il s’applique à l’ap- b QUALITATIF, IVE adj. a été formé à deux re-
préciation d’une proposition théologique ( 16941. prises : emprunté isolément 11569) au latin médié-
0 Sous l’innuence de l’anglais qualification, lui- val qualitativus “qui concerne la qualité>) W s.1,il a
même emprunté (XVI” s.1 au kançais ou au latin, il eu le sens de &sting&, sans s’imposer à côté de
s’emploie en sports (1840, en turf), comme qualifw la locution cle qualité. 0 11a été repris et difFu& au
et qualitié. Au XX~s., de même que ces deux mots, il xrxe s. avec son sens neutre (18341, sur le modèle de
s’applique à la formation, à l’aptitude d’un ouvrier, quantitatift, se spécialisant en chimie ( 1851, Cour-
d’un employé (19361, par exemple dans quaiifica- not; l’angltis a qualitative dans ce sens en 1842)
tien professionnelle (19471. * Avec ce dernier sens, il dans analyse qualitative aanalyse qui détermine la
entre da;ns le composé SOUS-QUALIFICATION nature des éléments composant un corps sans te-
n. f. CV. 19651. nir compte de leurs proportiorw. + Il a pour dérivé
QUALIFICATIF, IVE adj. et n. m. est dérivé QUALITATIVEMENT adv., dont la première oc-
Iv. 1740) du latin qualificare ou du radical de qualifî- currence (1495, «en qualité4 semble indiquer que
cation avec le su%xe -atif: * Cet adjectif, au sens de l’adjectif est plus ancien que son attestation. L’ad-
“qui sert à quaMer, à exprimer une qualité)>, se dit verbe, au sens moderne de l’adjectif (av. 1865, Prou-
spécialement en grammaire d’un adjectif. 0 Il est dhon), est enregistré en 1875 par les dictionnaires
substantivé (v. 17501 pour désigner un mot ou un généraux pour <du point de vue de la qualité>.
groupe de mots indiquant la manière d’être et, par
extension, la manière d’appeler une personne ou QUAND conj. et adv., d’abord écrit quant Km
une chose, généralement dans un sens péjoratif. x” s.), puis quand (XIV~s.), d’après le latin et pour dis-
* Sous l’tiuence de la spécialisation en sports des tinguer le mot de quant Citl, est issu de l‘adverbe la-
termes de la même famille, l’adjectif se dit (19441 tin quando, aussi conjonction, qui, depuis les plus
DE LA LANGUE FRANÇAISE QUANTIFIER
anciens textes, a le même sens que cum alorsquem. pour désigner les sentiments que l’on garde pour
Tandis que le latin classique distingue partielle- soi, surtout en locution, dans se tenir sur son quant-
ment quando de cum en l’employant avec la valeur à-soi, tenir, garder son quant-à-soi ( 1798) ; on disait
interrogative ou causale de apuisque>+ la langue fa- antérieurement quant-ù-moi ( 15853.
milière tend à substituer quando à cum, ce qui ex- @ Voir ENCAN. @ QUANT, QUANTTT& QUANTUM.

plique que le premier soit demeuré avec sa valeur


temporelle dans les langues romanes (italien 0 QUANT, QUANTE adj. est issu 11080) du
quando, espagnol cuandol. Le latin quando s’em- latin quantus {{combien grand», employé adverbia-
ploie aussi comme adverbe indéfini avec le sens de lement au neutre quantum (--+0 quant), et comme
flquelquefoisn , parfois renforcé d’une particule relatif en corrélation avec tuntus (+ tant1 au sens
généralisante. 0 Le mot, dont la formation ne se de #tel en grandeur... que”. Le mot est dérivé de
retrouve pas dans les autres langues indoeuro- quam “que, combien}}, parfois exclamatif (+ quasi).
péennes, appartient cependant à un thème “kw- + Quant, usuel en ancien et moyen fkançais comme
qui a fourni le relatif, l’interrogatif et plusieurs adjectif interrogatif et exclamatif au sens de Nquel
adverbes dans ces langues. Il est probablement en quantité, combien nombreux)), a été supplanté
formé de Oquamdo, de quam “que, combienn vers le XVI~s. par combien*. Il s’est maintenu un peu
(-+ quasi) et de -do, élément présent dans donec plus longtemps à l’intérieur des locutions toutes et
#jusqu’à ce quem, Mpourtant, enEn>>, ancienne parti- quantes fois que (v. 13501, quuntes fois, toutes L!es1
cule locative : une forme do avers, jusqu’à>> est at- fois et quantes que (15301, vivantes à l’époque clas-
testée par l’ancien haut allemand za, zuo, l’ancien sique et encore dialectalement.
anglais to (anglais to), le vieux slave do et da (russe b Son dérivé QUANTIÈME adj. et n., attesté une
do). première fois au XIV”s. et de nouveau à partir de
4 Dès les premiers textes, quand est employé 1487, a lui aussi vieilli au sens de aquel, quelle dans
comme conjonction au sens temporel de alorsquen, le rang, dans la série numérique>, mais est toujours
exprimant quelquefois la notion de concomitante employé substantivé au masculin (av. 1502) dans le
ou de corrélation répétée. Depuis le XII~ s., il s’em- langage juridique, administratif ou littéraire pour
ploie aussi comme adverbe interrogatif au sens de désigner le jour du mois désigné par un chifEe,
& quel moment ? n. 0 Il a repris au latin, dès le xre s,, spécialement dans montre à quantième amontre
le sens causal de <<puisque>> (v. 10501, servant en an- indiquant la date du moisn ( 1787). Le quantime, en-
cien et moyen lançais à introduire une phrase core en usage, est concurrencé par le combien Idu
dont on peut tirer une justikation d’un jugement moisi, oral et familier; la langue spontanée em-
donné précédemment. Il lui arrive d’exprimer une ploie souvent un autre tour, du type quel jour est-
opposition entre deux propositions (10801, une va- on?
leur conditionnelle, <<aucas oùn ( 11761,seul ou ren-
forcé, autrefois dans quand encore Iv. 14601,de nos QUANTIFIER v. tr. est emprunté 11897) à l'an-
jours quand bien même (v. 15441, ce dernier emploi glais to quanti&, créé comme terme de logique par
donnant lieu à la locution adverbiale quand même sir W. Hamilton au sens d’aattribuer une quantité à
11839). La locution prépositionnelle quand et <<en lun terme)>) Iv. 1840) et employé au sens général de
même temps que, avec» est sortie de l’usage du Ndéterminer la quantité, mesurep, dès 1878. Le
français central entre le XVIII~ et le xrxes. mais se verbe anglais est emprunté au latin médiéval
rencontre encore au Canada et dans certaines ré- quantificare, de quantus Mcombien grand» C-+0
gions de France, quelquefois sous la forme quant et quant) et de -ficwe pour fucere (+faire).
par confusion avec quant. La locution adverbiale et + Le mot a été introduit aussi bien comme terme de
prépositionnelle quand et quand kv” s.), <<enmême logique qu’avec une valeur générale. Il est ensuite
temps, en outre, tout de suiten, est également sortie passé dans la terminologie de la physique au sens
d’usage. d’imposer à une grandeur physique une variation
discontinue par valeurs discrètes, multiples d’une
0 QUANT À lot. prép. est issu par voie popu- valeur élémentaire, le quantum*.
laire (XII~ s.1 du latin quantum ad ((pour, en ce qui b Quantifier a produit QUANTIFIÉ, ÉE adj., adjec-
concerne» (quantum ad Pirithoum: maquantà Pîri- tivation El9291 de son participe passé, grandeur
thoüs)}, Ovide), emploi spécialisé de quantum quantifiée étant l’expression la plus usuelle dans
*combien», souvent en relation avec tuntum <(au- cette série de mots ; QUANTIFIABLE adj. (1932, La-
tant... autant, autant... quen. Celui-ci est l’adverbe rousse) et le substantif QUANTIFICATEUR n. m.
tiré du neutre de quanti (<combien grand,, lui- terme de linguistique El929 H. Frei), de logique et
même dérivé de quum, particule tirée du thème du de mathématiques désignant le symbole opérateur
relatif-interrogatif signî&nt “que, combien)) (4 0 ayant pour objet de relier plusieurs variables à une
que, qui, quoi). L’italien a quant0 a, l’espagnol lenl quantité, spécialement dans les expressions quan-
cuanto a. tifzcateur universel, existentiel 4 QUANTIFICA-
+ L’ancien adverbe quant «combienn ne s’emploie TION n. f. est emprunté dès le milieu du XIX~ s. à
plus que dans la locution quant ii qui a d’ailleurs l’anglais quantikation, créé comme terme de lo-
toujours été d’un emploi prépondérant, à côté de gique par sir W. Hamilton (v. 1840) d’après to quan-
quant est de ( 13701, quant de ( f3~‘), quant est & ti@. +Le mot désigne la détermination de la quan-
(xv” s.), de même sens. tité d’un terme. Par la suite, il désigne en physique
b QUANT-À-SOI n. m. inv. est la substantivation ( 1924) l’action de quanti-fier. Il est également enre-
( 1780) de la locution quantil soi, de quant, à* et soi”, gistré au sens de afait de mettre sous une forme
QUANTIQUE 3028 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

quantitative, en économies (1933, dans les diction- QUANTUM n. m., QUANTA pluriel est em-
naires généraux). +QUANTIFIE~R n.m. est, de prunté (1624) au latin quantum <<quelle quantitém,
ces anglicismes, le dernier emprunté Iv. 1960) à substantivation du neutre de l’adjectif quantus
l’anglais quantijïw comme terme de linguistique I+ 0 quant).
(19341, de logique et de mathématiques, de to quan- + Le mot a été introduit en scolastique pour dé-
tify. + Concurrencé par quantificateur, quanti%w signer une quantité tic et déterminée, sens aux-
n’est plus guère usité. Comme terme de linguis- quels se rattachent ses emplois postérieurs en phi-
tique, il désigne 11973)le déterminant qui indique la losophie (en allemand chez Kant) et au XX~s. en
quantité par laquelle un nom est défmi. psychanalyse, dans l’expression quantum d’aflect.
0 voir ENCAN, @ et @ QUANT, QUANTITÉ. QWANTLM. Il désigne en droit le montant attribué à chacun
dans une répartition faite au prorata (18451.+ En
QUANTIQUE + QUANTUM
physique Cl911, Poincaré, L’Hypothèse des quanta),
QUANTITÉ n. f. est emprunté (XI~~s., quantiteit) le mot est un emprunt à 1’allema;nd Quantum (1901,
au latin quantitas, -ut13 anombre d’unités, mesurem, Max Planck) désignant la quantité minimum
«abondance», dit spécialement d’une somme d’énergie lumineuse pouvant être émise ou absor-
d’argent et, en philosophie, de l’étendue d’une pro- bée. Dans ce sens, quantum fait le plus souvent au
position. Le mot latin est tiré de quantus =Combien pluriel quanta, bien que le Comité du langage
grand, (+ 0 quant) à l’époque où celui-ci, qui inter- scientifique de l’Académie des sciences recom-
rogeait à l’origine sur l’intensité, s’était annexé la mande quantum. Cet emploi correspond à l’une
valeur de quot, qui interrogeait sur le nombre. Il a des notions clés de la physique du xxe s.; il a donné
été fait à l’imitation du grec posotês, tiré par Aris- naissance au dérivé quantique (ci-dessous). Cepen-
tote de posos, sur le modèle de qualitas I+ quahtél. dant, quantum (de lumière), notion élargie par
4 Quantité désigne le caractère de ce qui peut être Einstein, a été remplacé par photon”, le terme
mesuré dans son importance, sa masse ou de ce quantum étant utilisé pour désigner la valeur élé-
qui peut être dénombré. 0 Les sens secondaires de mentaire d’une grandeur quanttiée, quelle qu’elle
ataille, stature* (XIII~ s.) et, abstraitement, de gra- soit. +Le langage de l’informatique l’a repris pour
vité (d’un péché, d’une mala+eIn (XIVe s.) n’ont pas désigner, dam l’expression quantum de temps, la
vécu au-delà du xv” siècle. 0 A partir du me s., le durée élémentaire maximale d’un programme,
mot est entré dans des constructions, quantité de dans les systèmes aen temps partag&
Iv. 16491, en quantité (16651, une quantité de (16801 et
b Le dérivé savant QUANTIQUE adj. Iv. 19201 arela-
a développé plusieurs acceptions spécialisées. tif aux quanta» intervient en microphysique Iphy-
~Avec une valeur temporelle, il est employé en
sique des particules) et entre dans les syntagmes
prosodie à propos de la durée d’une syllabe (xwe s.,
théorie, mécanique, physique... quantique, où les
DuBellay), puis en linguistique pour désigner la
durée d’énonciation d’un phonème ou d’un groupe lois défmies sont radicalement différentes de celles
régissant la physique classique, macroscopique.
de phonèmes 117311, et aussi en musique 11743,
Rousseau). 0 En philosophie, le mot, dans son ac- QUARANTE adj. num. et n. m. inv. est issu
ception première, désigne l’ensemble des détermi- (1080) du latin populaire quavanta, attesté dans les
nations susceptibles de mesure 11636) et, en lo- inscriptions de la Gaule au ve s., auquel remontent
gique, la propriété qu’ont les jugements d’être également l’italien quaranta, l’espagnol cuaranta,
généraux, particuliers ou individuels C177 11.En ma- le portugais quarenta. Quurranta résulte de la
thématiques, il se dit de ce qui est considéré contraction du latin classique quadraginta, d’où
comme formé de parties homogènes, susceptible
“quudra@Iinta et ‘quadranta, littéralement <quatre
d’accroissement ou de diminution 11694); en phy-
dizaines}}. Quudrugintu est formé de quadra-, le-
sique, il entre dans l’expression quantité de mouve-
quel représente sans doute un ancien neutre “&@-
ment 11645, trad. du lat. de Descartes) qui désigne
tiré de quattuor (+ quatre), et de -ginta (+ vingt).
le produit de Ia masse d’un corps par sa vitesse.
*L’emploi en linguistique dans adverbe de quan- 4 Le mot, signhnt “quatre dizaines», est employé
tité semble récent (xx” S.I. en liturgie dans prière des quarante heures ( 16901,
b QUANTITATIF, IVE adj. (15861est soit dérivé de efiptiquement quarante heures (16801,désignant
quantité, soit emprunté au latin médiéval quantita- les prières expiatoires durant lesquelles le saint sa-
tivus (l’ancien provençal a quantitatiu dès le milieu crement est exposé, trois jours consécutifs avant le
du XIVes., de quantitasl. L’adjectif, rare avant la tTn carême. 0 Il est substantivé (attesté 1690) pour dé-
du XVIII~ s., qualse ce qui a rapport à la quantité, et, signer le nombre ou le numéro quarante et, par
dans divers usages didactiques, ce qui étudie, qui métonymie, les Chi&es représentant ce nombre
détermine la quantité, spécialement en chimie (1869, Littré). * Comme tous les noms de nombres,
dans l’expression analyse quantitative (1845)oppo- il est employé comme ordinal, entrant dans la lo-
sée à analyse qualitative, et en économie dans cution familière s’en moquer corne de l’an gua-
théorte quantitative (1938, P. Lambert3 ; il se dit rante (17911, qu’on a voulu expliquer par une allu-
aussi, en termes de grammaire, d’un mot dési- sion, dans les milieux royalistes, à un m quarante
gnant des quantités. de la République que l’on ne verrait jamais; mais
11 a servi à former QUANTITATIVEMENT adv. cette explication semble gratuite. On a aussi vu
(1581,puis 1845) et QUANTITATIVISTE n.(v. 19501, dans Z’un quarante une altération de Alcoran,
terme d’économie désignant le partisan des forme de coran*, dans l’expression “n’y com-
conceptions quantitatives de la monnaie. prendre non plus qu’à de l’algèbre ou bien à l’Ako-
@ Voir ENCAN, @ et (2-I QUANT, QUANTIFIER, QUANTUM. ran*. On notera en outre que quarante est le
DE LA LANGUE FRANÇAISE QUART
chifEe de l’attente Iles quarante jours du déluge, quantité utilisée dans le commerce (XIV~ s.; rare
ceux que passa Moïse sur le Sinaï et les quarante avant le XX~ s.1 et, par métonymie, un contenant
heures que passa Jésus au sépulcre). +Les Qua- d’un quart de litre ou de bouteille (16063, spéciale-
rante, absolument, désigne les membres de l’Aca- ment un gobelet contenant environ un quart de
démie franqaise . litre ( 18691puis un peu moins, et, par une nouvelle
F Le dérivé QUARANTAINE n. f., d’abord quaran- métonymie, la ration qu’il contient. Son emploi
teine (XII~ s.1, désigne un nombre d’environ qua- pour le quart d’une livre, en commerce, est plus
rante, spécialement un délai de quarante jours récent (déb. xx” S.I. + Quart, en marine, désigne la
(XI?~.), notamment en parlant des quarante jours période pendant laquelle une partie de l’équipage
du carême (XII~ s.1 I+ carême], et de la période d’iso- est de service (15291, parce qu’originellement elle
lement destinée à éviter la propagation d’une épi- représentait le quart de la jownke, soit six heures
démie (16351, notamment dans &e, mettre en qua- (faire le quart, déb. XVII” s.l. 4 La locution quart
rantaine. +Ce dernier sens a donné lieu à un d’heure date aussi du xwe s. (Montaigne); très
emploi figuré exprima& l’idée d’exclusion par un usuelle pour désigner une subdivision du temps
groupe (1772). Depuis le XVII~ s. (in Fzwetière, 16901, le (sur le même plan que demi-heure), elle a donné
mot désigne aussi un &ge d’environ quarante a;ns lieu à un emploi elliptique de quart en ce sens
lavoir la quarantainel~ oEn botanique, giroflée ( 16901, sorti d’usage, à la différence des expressions
quarantaine, où le mot est le féminin de l’adjectif faites avec heure : n heures ou midi, minuit et quart
dialectal quarantain «de quarante jo?, a donné (n heures quart en fiançais de Belgique), moins le
le nom féminin quarantaine 0829). +A son tour, quart, régionalement moins quati. Le syntagme
quarantaine a produit QUARANTENIER n. m. entre dans la locution le qua& d’heure de Rabelais
(16901, ancien terme de marine pour un cordage ( 1704) qui se dit d’un moment désagréable où il faut
formé de trois petits torons servant à faire des en- payer une note, par allusion à une anecdote pro-
fléchures, et QUARANTENAIRE adj.etn. (16341, bablement fausse sur Rabelais qui n’aurait pas eu
mot didactique employé en droit au sens de “qui de quoi payer son auberge. ~D’autres locutions
dure quarante a;nsn, servant aussi à qualifier ce qui avec quart réalisent aussi le sens propre de “qua-
est relatif à la quarantaine sanitaire ( 18581, pour dé- trième», telles gUart ~II tiseme, de réserve (18453
signer la personne soumise à ce délai et le lieu as- en droit, et quart de tour en mécanique, sur lequel
signé pour une quarantaine. on a formé la locution figurée partir au quart de
QUARANTIÈME adj. num. (ordinal) et n. est la ré- tour <<partir, marcher, réagir irnmédiatement~
fection (xv” s.1de quarantisme Iv. 11901 et quatie ce Iv. 19701,comme un moteur qui démarre au quart
qui occupe un rang indiqué par le nombre qua- de tour de manivelle. +Par extension, quart se dit
rante, ainsi que ce qui est contenu quarante fois d’une partie représentmt très approximativement
dans l’unité (1690).0 L’adjectif est substantivé pour un quatrième, principalement dans les locutions
achose ou personne occupant la quarantième les trois quarts ala plus grande partie, 116661 et de
placem (1688) et pour flce qui est contenu quarante &0&3 quarts, caractérisant une perspective Co!k trois
fois dans l’unit&. quarts face, etc.) 117631. 0 Au XX~ s., il est passé en
0 voir CARErn. sports dans l’expression quart de bale, calquée
SUTl’anglais quurter final, et qui s’est lexicalisée,
0 QUART, QWARTE adj. est emprunté produisant QUART-DE-FINALISTE Ci9321 OU
(1080) au latin quartus <<quatrième)>, de quattuor QUART-FINALISTE (1934 n.etadj.
(+ quatre). L’italien quarto, l’espagnol cuatio, le b La dérivation de quart est relativement abon-
portugais quart0 remontent au même étymon. dante sans qu’il soit toujours possible de dire si le
4 L’adj ectti, progressivement supplanté entre le mot créé vient de l’adjectif ou du nom. 4 QUAR-
xwe et le XVII~ s. par quatrième*, est sorti d’usage ; il TIER n. m. (1080,quarter [de l’écul) est resu&é en
a mieux résisté dans l’ancienne dénomination mé- -ier et employé avec son sens propre de <<quatrième
dicale fieme quarte (v. 12401, encore connue par les partie (d’un tout, par exemple d’un f?uiG. Puis, le
auteurs classiques, alors que fîtire double-quarte mot se spécialise dans des emplois techniques, en
(16631 a totalement disparu, L’appellation quart un boucherie (XIII~ s.), aussi en astronomie pour les as-
ou quartun désignait en vénerie la quatrième an- pects de la Lune (16111. En blason (attesté
née d’un sanglier II 180) [cf. quartannier, ci-des- mil. xv” s.1, il s’agit d’une spécialisation du premier
sous]. + Il a été réutilisé dans l’expression moderne emploi qui concernait le quart de l’écu. +Par ex-
wz-w&monde n. m. (19651,faite sur le modèle de tension, dès la ~III du XII~ s. où il se dit d’un gros bloc
tiers-monde (du fait de l’association consewée de roche, il prend le sens de <partie d’une chose
entre les formes tiers et quart), et désignant le sous- inégalement partagéeti (XIII~ s.), tant dam, l’usage
prolétariat des pays développés ainsi que les pays courant que dans des expressions techniques (1680,
les plus démunis du tiers-monde EV. 1973). quartier de soulier; 1690, quartier d’une selle). +Par
w 0 QUART n. m. est soit la substantivation de l’ad- ailleurs, avec la valeur temporelle de “quart d’an-
jectif (XIII~ s.), soit un emprunt direct au latin quar- néen, quartier a désigné un trimestre (xv” s.1 et, par
tum, neutre substantivé de quartus. Le mot, qui dé- métonymie, un paiement trimestriel (dès 13601.
signe le quart d’un tout, entre dans un grand +Une autre extension rend compte du sens spatial
nombre de syntagmes usuels, tel quart de cercle, très général de “pays, contrée)> (v. 11501, sorti
employé spécialement en géométrie ( 1635). Les d’usage au profit du sens plus restreint de 4ivision
emplois spécialisés et métonymiques sont nom- d’une ville* (14801,attesté indirectement au XIII~ s.
breux : le mot désigne la quatrième partie d’une dans l’ancien quartenier Kofficier préposé à la sur-
QUARTERON 3030 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

veillance d’un quartier-. Cet emploi peut avoir un cution qua&an, substantivée en quartan, désignant
aspect administratif (comme awondksement), mais un sanglier de quatre ans.
il concerne en général toute partie de ville ayant sa Plusieurs composés formés avec quart sont enre-
physionomie propre. 4%r deux métonymies, gistrés au xvfs.,comme QUART-DE-ROND n.m.
quartier désigne les habitants de cette partie de la (16761, nom d’une moulure en architecture, qui a
ville (1671) et les bâtiments de logement Ixv” S.I. Ce donné QUARDERONNER v.tr. &iller les angles
dernier sens est conservé dans un contexte mili- en quart-de-rondn, QUART-DE-CERCLE n.m.
taire pour l’ensemble des baknents où une troupe (16901, désignant un instrument de mesure des
est cantonnée Iv. 14621, dans quatiers d’hiver mgles utilisé en astrologie, et QUART-DE-NO-
(1688; 1668, au singulier3, et dans quarhér @néA NANTE n. m. (1690) pour un instrument de mesure
«endroit où se trouve le commandant et son état- utilisé en astronomie, disparu.
majors (1713). L’emprunt quartier-maitre” lamaître Sur le modèle de tiercé*, on a formé QUARTÉ n. m.
de quartier») relève aussi de cette acception. Plu- (1976) pour une forme de pari sur quatre chevaux.
sieurs expressions du langage militaire sont pas- @ voir BÉCARRE. CADRAN. CADRE, CAHIER. CARAPATER.
sées dans l’usage courant avec un sens figuré, CARÊME, CARNET, CARRÉ, CARREAU, CARRIÈRE. CAR&
comme quartier général acentre de décisionn LON, CARREFOUR, CARRURE, ÉCARQWR, ÉCARTELER,
(av. 1841, Chateaubriand), également sous les ini- ÉCARTER, ÉQUERRE, ESCADRE, ESCADRILLE, ESCADRON,
tiales Q. G. ( 1916,argot des poilus). 0 Une autre lo- ESCOUADE. INCARTADE, QUADRAGÉNAIRE, QUADRAGk-

cution, ne pas faire de guartier ( 1690) correspond à SIME, QUADRATURE, QWADRI-, QUADRIGE, QUADRILLE,

«être impitoyable» : cette expression est la seule QUADRU-, QUADRUMANE, QUADRUPÈDE, @ QUARTER0N,

survivante d’une série donner quartier, &mander QUARTJWIE. QUARTIER-MAtIRE. QUART-MONDE (art.
quartier ~VII” s.), où quartier désigne le bon traite- MONDE), QUATERNAIRE, QUATORZE. QUATRE-QUARTS h-t.

ment accordé à l’ennemi qui se rend CI61 11,par l’in- QUATRE), QUATUOR, RENCART, SQUARE.

termédiaire de la notion de s6curîté. +Par exten-


sion à d’autres domaines de la vie collective, 0 QUARTERON -3 @ QUART
quartier s’est dit de la partie d’un collège a$ectée 0 QUARTERON, ONNE n., d’abord cité
aux élèves d’une catégorie (17981 et se dit au- comme mot espagnol sous la forme transmise ora-
jourd’hui de la partie d’une prison tiectée à une lement quutieronw 116861, avant d’être adapté en
catégorie particulière de détenus (1834). quarteron (17223, est emprunté à l’espagnol cuarte-
+ Quartier, sous la forme ancienne quarter, a servi r6n ahomme ou femme nés de l’union d’un Blanc et
à former @QUARTERON n. m. (12441, ancienne- d’une mulâtresse ou d’une blanche et d’un mu-
ment *poids de cinq onces» et, régionalement, lâtreu. Ce mot est dérivé de cuatio, correspondant
“quart d’un cent, soit vingt-cinq ( 12601 pour les au tiançais quart*, parce que le quarteron a wn
choses qui se vendent à la pièce et non au poids. Ce quart d’indien et trois d’espagnolD. La forme quar-
mot, pourtant archaïque, a donné lieu à l’extension teronné, enregistrée par les dictionnaires du XVIII~s.
moderne de <<petit groupe, poignée>> (19411, le plus (de 1721 à 17711,est un essai de tiancisation, sur le
souvent péjorative, diffusée par un discours du gé- modèle de métis-métksé.
néral de Gaulle (un quarkron de généraux, d’ail- + Le mot a hérité du sens de l’espagnol.
leurs compris comme «un petit groupe de quatre
ou à peu près4 [+ aussi quartier-maître]. QUARTETTE n. m. est, comme l’indique son
QUARTE n. f. (12441, féminin de quart, a désigné ancienne forme quatietto ( 18231, un emprunt à l’ita-
une mesure de capacité valant deux pintes, selon lien quatietio, terme de musique désignant une
un développement métonymique analogue à celui formation de quatre musiciens. Ce dernier est ie
du masculin. +Ses valeurs modernes sont attes- diminutif de quarto aquatrième>>, de même origine
tées depuis le XW s. : en musique, par emprunt à que son correspondant tiançais quart*. La forme
l’italien quarta, féminin de quatio, correspondant actuelle est enregistrée par Littré en 1869.
de quurt, il désigne un intervalle musical de quatre 4 Le mot a été supplanté par quatuor dans le do-
degrés ! 16 11) ; en escrime, la quatrième des huit po- maine de la musique classique. Par emprunt à l’an-
sitions classiques d’attaque ou de parade (av. 1650); glais quartet ou quartette (lui-même de l’italien) qui
aux cartes, il a pris ( 1680) le sens de asuite de quatre possède depuis 1814 le sens d’aensemble de quatre
cartes de même couleurn. musiciensm, il a été réemprunté à l’anglais des
Les dérivés postérieurs sont souvent techniques. États-Unis quatiett avec la musique de jazz et s’est
+ QUARTELETTE n. f. (XVI” s.) a étéformé une pre- spécialisé pour un ensemble de quatre musiciens,
mière fois cornme diminutif de quartelle, attesté en jazz ou en musique légère (1922, quatieti, Girau-
dans les dialectes pour désigner un récipient, et doux).
lui-même dérivk avec le suffixe diminutif -elle de F QUARTETTISTE n. (19091, employé dans le do-
quarte : il désignait alors une pinte de liquide. 0 Il a maine de la musique classique où quatuor n’a pas
été recréé comme diminutif 11721) d’un déverbal de dérivé, est passé dans celui du jazz (19521, dé-
quartelle de l’ancien verbe quarteler, d’abord écrit signant le membre d’un quartette.
catieler (XII~s., en ancien picard) ; ce verbe signifiait
«couper en quatre», et désignait le plus petit mo- QUARTIER-MAÎTRE n. m. est la traduction
dèle d’ardoise à vendre. On le rencontre encore (av. 1637, Cartier matitre) de l’allemand Quartier-
sous la graphie catieletke. +QUARTANNIER ou meister Mmaître de quartiern, de Quartier, em-
QUARTANIER n. m. En XVI~ s.1 est dérivé de la lo- prunté au tiançaîs quartier” dans son sens militaire
DE LA LANGUE FRANÇAISE QUATERNAIRE

de <cantonnement» et de Meister, emprunté au + Quasi, rare avant la seconde moitié du xv” s., si-
fhnçaîs maistre, forme ancienne de wLaîkre*. Le me <<presque». Jugé archaïque au XVII~ s. par les
néerlandais Kwatiiemzeester a pu également être puristes, il connaît un regain de faveur depuis le
une source d’emprunt, ce qui serait normal pour XIX~ s.; il est couramment employé dans certaines
un terme de marine. régions, modifiant un adjectif, un verbe, un terme à
+ Le mot désigne le premier grade au-dessus de ce- valeur quantitative ou un substantif (les deux mots
lui de matelot, dans la marine militaire. Il a aussi liés par un trait d’union formant une sorte de mot
désigné (18043 un officier ayant rang de lieutenant composé). En français central, il est d’usage plutôt
ou de capitaine, chargé du logement et de la nour- écrit et soutenu.
riture d’un corps de troupe. b Quasi a servi à former QUASIMENT adv. 11505)
- l’italien quasimente est attesté dès le XIII~s. - qui
QUARTZ n. m., d’abord quertz ( 1729, corrigé en le concurrence devant un adjectif ou une forme
quartz ( 1749, Btion), est emprunté à l’allemand verbale et s’emploie au sens de Men quelque sorte»,
Quarz de même sens, employé en moyen haut alIe- en guise de réponse. +La vitalite de quasi- dans la
mand (XIV” s.1 comme terme spécialisé des mines formation de noms est attestée par l’existence de
de Bohême, L’étymologie du mot est controversée : plusieurs termes de droit, faits le plus souvent sur
pour les uns, il serait issu du slave de l’Ouest le modèle d’un mot latin : ainsi QUASI-CONTRAT
hwardy, forme colatérale du tchèque WI@ et du n. m. (16751 est le calque du latin juridique quasi
polonais twardy de même sens, qui remontent au contructus, QUASI-DÉLIT n. m. ! 1690) celui du la-
vieux slave tmZrdti adur) (d’où le nom du travail en tin juridique quasi ddictum, tandis que QUASI-
russe, trud). Pour d’autres, après Voger (18571, il se- USUFRUIT n. m. a été formé directement @n
rait une variante de zwerg Knain» avec une initiale XIX~ s.1 avec le mot ha’xpis usufruit*. + QUASI-
qu- propre au moyen allemand de l’Est, et une ter- CERTITUDE n. f. (18921 signifie <<opinion, jugement
minaison -tz hypocoristique (comme dans Heinz qui est presque une certitude)}.
pour Heinrich, XUYKZ pour Konrad) ; le développe- @ voir QUASAR, @ QUASI.
ment sémantique serait analogue à celui de nickel
et de cobalt. Zwerg lui-même pourrait être issu du 0 QUASI n. m. est relativement tardif (1739) et 8>
moyen haut allemand zwero, tiere de l’ancien haut d’origine discutée : certains évoquent le turc où km
allemand I@werc qui appartiendrait, comme l’an- signi-fe <<muscle>>,en pensant au turc oriental kasz,
glais dwurf anain», à une racine indoeuropéenne kmi, khuzt “pli du ventre laine?) chez l’homme;
“dhver- «endommager, tromper, duperp ou graisse du ventre chez le cheval» (XI~s., Turkestan),
“dhreugh- Gnduire en erreurn. (<graisse du ventre>> et usaucisson de cheval> (Asie
+ Quartz désigne un minéral siliceux, présent dans centrale) et au turc occidental (de Turquie) kmk
les roches ignées, métamorphiques et sédimen- Maine, bas-ventre, pubism. On a aussi évoqué, sim-
taires. Le mot s’est répandu dans l’usage général plement, le latin quasi “comme sin (+ 0 quasi)
avec des syntagmes du type montre, r&eil à quartz parce que ce morceau, situé sous le gîte à la noix,
Iv. 19501, désignant des mécanismes d’horlogerie est <<quasiment>> du gîte. P. Guiraud suppose un
utilisant la piézo-électricité du minéral comme ré- rapport avec le provençal cusit, participe passé de
sonateur. casir <<mettre à sa placem, dérivé d’une forme cor-
b Il a produit quelques termes utilisés en minéralo- respondant au tiançais case”, selon le même déve-
gie: QUARTZEUX,EUSE adj. (17711, QUARTZI- loppement que @te, lui aussi terme de boucherie.
FÈRE adj. (18Oll, QUARTZITE n. m. 118231, nom + Quasi est un terme de boucherie désignant un
d’un minéral, et QUARTZIQUE adj. <composé de morceau du haut de la cuisse du bœuf ou du veau.
quartz> (18421.
QUASSIA n.m,, apparu sous la forme Coissi
QUASAR n. m. est emprunté ( 1965) à l’anglo- dans une Desctiption générule de lu Colonie de Su-
américain quasar ( 1963, Schrnidt). Celui-ci est rinam (1769, bois de Coisi), puis enregistré par Tré-
formé de quasU [+ 0 quasi1 et de -ur, terminaison voux sous la forme Qumsiu, boti de Quussi (17711,
de stellar 1-3 stellaire). Il constitue l’abréviation de est tiré du nom de Graman Quussi ou Quucy, sor-
quasi stellar rudiosource «source d’émission radio cier noir de l’île de Surinam qui découvrit la racine
quasi stellaire>, nom donné à tout objet d’appa- médicinale de cet arbuste en 1730. Par l’întermé-
rence stellaire dont le spectre présente un fort dé- diaire de M. Dahlberg, le naturaliste suédois Linné
calage vers le rouge (1963). prit connaissance de cette plante en 1761 et lui
+Le mot a été repris en radioastronomie avec le donna le nom latin de Quassia ( 17671 qui s’est ré-
sens de l’anglais. pandu en tiançais. L’anglais quassi-wood {(bois de
quassin est attesté en 1765.
0 QUASI adv. est emprunté (v. 980) au latin
quasi, conjonction de comparaison «comme si, + Le mot désigne un arbuste tropical dont le bois
comme)), puis 4 peu près, environn. Quasi est issu contient une substance amère aux propriétés to-
de quum-si avec amuissement du m dû au carac- niques et insecticides.
tère accessoire du mot; quam y est la particule ti- b Le dérivé QUASSIER n.m.11832) désigne seule-
rée du thème du relatif-interrogatif qui (---+qui3 au ment l’arbuste.
sens de “que, combienm, marquant l’égalité, I’iden-
tité; si y représente la conjonction qui a donné si* QUATERNAIRE adj. et n. m. est emprunté
en fiançais. (1488) au latin quutemuriLLs aqui a quatre élé-
QUATORZE 3032 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mentsn, de quatemi Nquatre chaque fois-, distributif 116921, spécialisé pour *très viten (en faisant quatre
de quattuor (-+ quatre). pas, en fkanchissant quatre marches d’un coup). Au
+Le mot, qui quatie en arithmétique un nombre XVII~ s. apparaissent se mettre en quatre par une
divisible par quatre, se dit de ce qui est formé de métaphore analogue à se décarcasser <faire de
quatre éléments, et spécialement en chimie d’un grands effortsn (16361, ne pas y der par quatre che-
corps contenant quatre éléments 118451. 4 Sa spé- mins &re direct- (16561, comme quatre (Molière)
cialisation en géologie se fait dans le syntagme ter- ccbeaucoupn, aux quatre coins du monde apartout
rains quaternaires ( 18291,puis période quaternaire dans le monde- Il 674). + L’emploi de quatre comme
(18841, ère quatel-naire (1907)d’où l’emploi substan- adjectif ordinal existe dès 1254; son emploi subs-
tivé, le quaternaire 11882). + n s’est spécialisé en tantivé est attesté au xvf s., à la fois pour désigner
économie (19711, par analogie avec primaire, se- le nombre quatre (1665) et, spécitiement, le Chi@e
co&ire, tertiaire, dans la défmition d’un groupe l’indiquant, en parlant d’une carte à jouer (16793,
social comprenant les personnes ayant une fonc- d’une date ( 1692).
tion de commandement, de direction, de re- F Quatre a produit ses dérivés en deux temps : en
cherche. ancien et moyen français, quatre-vingts et qua-
tirne. ~QUATRE-VINGT(S) adj. num. et n.
QUATORZE adj. num. et n. m. inv. est issu m. inv., d’abord écrit quatre-vins (XI~ sd, qui a éga-
(XII” s.) du latin populaire “quattordecim, altération lement développe des emplois d’adjectif ordinal et
du latin classique quatiuordecim, de quattuor de substantif’, donnant QUATRE-VINGTIÈME adj.
(3 quatre) et de decem (4 dix). Au mot latin re- num. ordinal et n. (1530). L’aire d’emploi de ces
montent l’italien quattordici, le catalan catome, deux mots est limitée en Suisse et en Belgique par
l’espagnol catorce et le portugais quatorze. octante, octantième. De même, celle de QUATRE-
+ Quatorze heures désigne deux heures de l’après-
VINGT-DIX adj. nurn. et n. m. inv. 11390)et de
QUATRE-VINGT-DIXIÈME adj. num. ordinal et
midi dans le compte par vingt-quatre heures. L’ex-
n. El5301 est 1irniGe par nonante et nonantime,
pression chercher midi Q quatorze heures
plus courants (mais ignorés en France). L’autre dé-
(déb. XVII~ s.) signifie acompliquer inutilement une
rivé ancien apparst en moyen français ; c’est QUA-
chose simple*, c’est-à-dire ane pas voir une chose là
TRIÈME adj. num. ordinal et II. IV. 1300, qua-
où elle est>>. 0 La Première Guerre mondiale qui
eut lieu de 19 14 à 1918,donne lieu à l’appellation tioysme; v. 1360, quatriesmel, qui a pratiquement
guerre de quatome (1920) ou de quatorze-dix-huit, évincé quart* et, comme substantif, a développé
d’où vient i’expression figurée repartk comme en
quelques emplois spéciaux, souvent elliptiques, dé-
signant la quatrième classe, la quatrième vitesse
quatorze (19623,allusion au départ volontaire et
joyeux des mobilisés de 1914 pour la guerre.
d’une automobile Ipasser en quatnèmd, une série
de quatre cartes consécutives de la même couleur
b Le mot a produit QUATORZIÈME adj. num. or- (1679). II a pour dérivé QUATRIÈMEMENT adv.
dinal et n., réfection kv” s., quutiorziesme) de qua- (15511 qui a supplanté quutiement cv. 1360-1606).
torzime IXH”s.1, qutiant ce qui se trouve au rang +Le terme de poétique QUATRAIN n. m. est une
indiqué par Ie nombre quatorze et se disant d’une création du xwe s. 0544, Marot) pour une strophe
partie contenue quatorze fois dans l’unité. ll a dé- de quatre vers.
signé un impôt (xv” s.) avant de se dire en général Dans un deuxième temps, quatre entre dans des
de la quatorzième partie d’un tout ( 1694)et de dé- nOmscompOsés.QUATRE-DE-CHIFFRE n.m.inv.
signer une personne ou une chose qui occupe le 117401, nom d’une sorte de piège en forme de 4 (le
rang quatorze (18691.4la pour dérivé QUATOR- syntagme a d’ailleurs servi à désigner la figure 4);
ZIÈMEMENT adv.11798). QUATRE-ÉPICES c&hnge d’épicesm, anigellem
qui est d’abord (1803) un nom féminin pluriel, puis
+k QUATRE adj. num, et n. m. est issu (v. 980) par lexicalisation un nom singulier, féminin (1875)
du latin populaire quatior (dans les inscriptions), ournascdin;QUATRE-FEUILLES n. m.inv. (18421
réduction du latin classique quattuor. Celui-ci est à en architecture ; QUATRE-SAISONS n. f. ~IV.
l’origine déclinable : en indoeuropéen, les noms 118731, appellation commerciale d’une variété de
des chifkes un, deux, trois et quatre sont décli- hise 11875); QUATRE-QUARTS n. m. inv., nom
nables: les autres, à partir de cinq, indéclinables. d’un gâteau fait de quatre éléments (farine, œu&,
Quatior est devenu invariable, passant de “quat- beurre,sucrel àpoids égal (18931; QUATRE-MÂTS
tuorcels à “quattuow puis quuttuor. Le a fktal du n. m. inv. I1907); QUATRE HEURES n. mhv.
neutre “quatiuoru avait aussi tendance à tomber, 11866, au pluriel dans l’Est; puis xxe s.) =goûtep> et
de sorte que le masculin et le neutre se sont QUATRE-CENT-VINGT-ET-UN n.m.inv. (19501,
confondus avec le nominatif, entraînant I’invariabi- nom d’un jeu.
lit6 du mot. Il est à comparer au sanskrit cutvür@, QUATRE-QUATRE n. m. inv., nom d’une formule
au grec tetiares, à des mots slaves, arméniens, à rythmique musicale (xx” s.1, a été repris comme
l’irlandais cethir, tous attestant l’ancienne exis- nom (masculin ou féminin) d’une automobile tout-
tence d’une flexion. terrain à quatre roues motrices (adjectif en 1958).
+ Quatre, adjectif cardinal, a connu une certaine vi- OVOirBÉCARRE,CADRAN.CADRE,CAHIER.CARAPATER
talité dans la formation de locutions dès l’ancien C3E1, CMtÊME, CAFHLLON, CARRÉ, C ARREAU,CARFLEFOUR,
français, souvent avec une valeur indéterminee va- CARRIÈRE, CASEFtNE,ÉCARQLJlLLER,ÉCAR~R, ÉQUARFLTR.
riant entre aquelques» et aplusieurs)) : quatre et ÉQ~ERRE.S~~ADRE,IN~ARTADE,QU~~G~~E,QUA-
quatre cv. 13161 a été refait en quabe k quatre DRAGÉSlME,QUADRATURE,QUADRI-,QUADRJCEPS,QUA-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3033 QUE
DRKENNAL. QUADRIGE, 0 QUADRILLE. QUADR-. qu’il ne l’uit1. L’usage de que explicatif a fait de que,
QUADRUPÈDE, QUADRUPLE, QUARANTE, QUARTIER ht. 0 en ancien français, un synonyme de car, une liga-
QUART), @ QUARTERON, QUARTETTE, QWARTlJ3R-MAh’RE, ture coordonna;nte ; cet emploi - complexe, du fait
QUATERNAIRE, QUATORZE, QUATRE-TEMPS h-t. TEMPS), que car assumait aussi une fonction subordonnante
QUATUOR. SQUARE. à cette époque - a commencé à se raréfier dès le
xv” siècle. En outre, que avait parfois pour anté-
QUATUOR n. m. est l’emprunt tardif, en mu- cédent le pronom neutre ce qui est demeuré dans
sique (17221, du latin quatuor, variante de quattuor certaines locutions une fois soudées (parce quel.
qui a donné quatre*. 0 Outre l’expression d’une relation logique, que
+ Le mot désigne une œuvre écrite pour quatre ins- est très fréquent dès le XI~s. pour introduire le se-
truments ou quatre voix et, par métonymie, les cond élément d’un système temporel (1080), don-
quatre musiciens ou chanteurs qui interprètent nant lieu à une multitude de locutions notant la
cette œuvre (1868); hors de la musique classique, concomitante alors que, lorsque, tandis que, pen-
on emploie quartette*. - Par extension, il se dit fa- dant que, etc., le point de départ d’un procès prin-
milièrement d’un groupe de quatre personnes cipal Idepuis quel, son point fkal @squel, l’anté-
(1832, Casanova). riorité Cavant que, devant quel ou la postérité
laprès quel. Enfk, dans le cas de deux ou plusieurs
0 QUE conj. et adv. est issu (842) du latin médié- subordonnées circonstancielles (notamment tem-
val que, bien attesté depuis le VIII~ s., et auquel re- porelles ou hypothétiques) juxtaposées ou subor-
montent également le toscan (d’où l’italien) che, données, que, et que Il0501 sert de repère, timide-
l’ancien provençal, le catalan, l’espagnol et le por- ment en ancien français puis fréquemment à partir
tugais que. Le latin tardif que, souvent écrit quem du XIV~-XV” s., même si on lui préfère encore et ou
par suite d’une confusion phonétique avec le pro- ne. Cet emploi est tout à fait distinct d’un emploi
nom relatif quem (+ 0 que), est la forme, affaiblie redondant de que, exprimé une seconde fois
par un usage Wquent, d’un type qui, vivant en lorsqu’il était séparé du premier par une subordon-
gallo-roman, dans l’Italie centrale et en ibéro-ro- née en incise lil dit que, quand il fut parti,qu’il che-
mari. Celui-ci est la simplifkation devant voyelle de ~uucha...l. Cet usage, également valable pour que
la conjonction quia, à côté de quu devant consonne, en tête de subordonnée complétive, s’opposait à un
d’où est issu ca en Italie, en Sardaigne, en Espagne usage surtout caractéristique des anciens textes
au moyen âge, et encore dans beaucoup de dia- épiques, mais encore relevé au xwe s., qui consistait
lectes. Le bas latin quia, d’abord employé avec une à sous-entendre que.
valeur interrogative puis avec un sens causal pour Dès le IX~s., que introduit une subordonnée
4e fait que, parce que* (+ quia) avait remplacé ut complétive avec un verbe de parole qui exprime la
C+uti et quo& ce dernier pourtant d’un usage
prière, le commandement (8813, le conseil (8811, la
fréquent, et servait à introduire une complétive volonté 1937-9521, la convenance (v. 9801, la crainte
après les verbes d’opinion, d’af?irmation ou de sen- (v. 10501, la défense (10801, une opinion ou une ap-
timent (Pétrone), ainsi qu’à introduire le discours préciation Iv. 980).
direct. Enfin, le subordonnant que introduit des proposi-
4 Depuis le ~~ s., que est employé comme conjonc- tions indépendantes ou principales au subjonctif,
tion de subordination. Dès l’ancien fkanqais, il est le exprimant le souhait (v. 9801, le regret %n XI? s., que
subordonnant le plus usuel, seul ou dans les nom- pleüst Deu, forme archaïque pour PU à Dieu),
breuses locutions conjonctives qu’il a servi à for- l’ordre ( 1174- 1176). On peut dire qu’il y a alors eI-
mer, régissant l’indicatif ou le subjonctif selon le lipse d’une principale, y compris dans les formules
degré de réalitéjvirtualité du procès de têtes de chapitre de Montaigne à V. Hugo (où la
Que introduit des propositions circonstancielles principale sous-entendue correspond à on vu mon-
dès les premiers textes : notions de condition res- trer). +Il peut équivaloir aussi à un système hypo-
tric%ive (842, avec mais, pourvu, à condition), thétique (si+imparfait du subjonctif), donc expri-
comparaison (881, mieux... quel et avec ainsi, uu- mer la condition; cet usage perdure sous la forme
tant, autre, même, mieux, moins, plus), finalité (881, que si (calque du latin quodsi) dans le style juri-
pour que), conséquence 1937-952, avec un terme in- dique et le style soutenu. L’emploi de que pour in-
tensif d’appel dans la proposition régissante troduire une proposition incise apparaît au XII~ s. ; il
comme si, tant), cause h. 980, parce que, puisque), se distribue entre l’usage soutenu (que je sache,
exclusion ou exception (1050, avec ù moins, sans, si- v. 1450) et l’usage populaire Ique tu dis). Certains
non), hypothèse ( 1160- 11741, concession (avec alors, grammairiens y voient plutôt un emploi du pronom
bien, mulgrk, oti). On notera que dans la plupart de relatif que*.
ces emplois, que pouvait s’employer seul en ancien Que adverbe se rencontre d’abord dans une propo-
et moyen fiançais, et encore à l’époque classique. sition interrogative avec le sens de -pourquoi>>
Cet usage pouvait occasionner bien des arnbigultés Iv. 9801, puis également dans une interrogation in-
sémantiques, il est sourd qu’il n’entend pouvant si- directe (v. 1135). +En phrase exclamative, que as-
gniCer «il est si sourd qu’il n’entend pasn. La langue sume depuis le erre s. un sens proche de <<combien>
classique goûtait particulièrement l’usage de que (v. 1165) que lui dispute l’expression qu’est-ce gue,
restrictif (sors vite que je vaet’assomme, Molière), ou ce gue, attestée au xrx’ s. dans la langue parlée (que
bien équivalant de sans que tet n’entreprennent rien tu es beuu!/ce que tu es beau!).
qu’ils n’en viennent & bout, Régnier), de si ce n’est
(que peut-on espérer que d’en être outragé?, Mont- 0 QUE pron. rel. est issu (842) du latin quem, ac- o>
chrétien), ou de 9 moins que Cil ne peut rien donner cusatif masculin en position atone du pronom rela-
QUE 3034 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tif qui (-, qui). À basse époque (dès le rv” s.1,quem a que, qu’esse qui), lesquelles, malgré la rés$tance
été pris comme accusatif commun aux trois des grammairiens, sont devenues usuelles. A l’épo-
genres, remplaçant le féminin quam et le neutre que classique (xwe-xwIe s.), et encore au XTxes., on
quid (-3 quoi). Ce neutre s’était substitué à quod par pouvait employer qui pour les choses, à la place de
suite de la confusion des paradigmes du relatif et qu’est-ce qui. Que s’emploie aussi dans une inter-
de l’interrogatif quis (-quidam) ainsi que des rogation indirecte, quelquefois en concurrence
formes du pluriel. avec quoi, moins abstrait, après certains verbes
+ Que pronom, dans sa fonction la plus ancienne et comme avoir, savoir, à la forme négative et devant
la plus courante de complément d’objet direct un inkitif N’avoir, ne savoir gue faire de...). Au XVI~
(8421, introduit une proposition qui était quelquefois et au XVII~s., il pouvait s’employer elliptiquement
suivie d’une complétive introduite par que, qui En pour ce que et, dans que c’est, pour ce que c’est, ce
XII~s.1, construction encore usuelle au XVII~s.: «un qu’est (av. 15491.
caractère que je puis dire qui n’a point déplu» (Ra-
cine in G. L. L. F.1, construction à laquelle la langue QUÉBÉCOIS, OISE adj. et n., attesté en
moderne préfère l’înfmitif (... que je puis dire n’avoir 1754 Iécrit sans accents) est tiré de Québec ( 16081,
pas déplu). fl était couramment employé sans anté- graphie kançaise du nom algonquin Kébek signi-
cédent (XI~s.1: on disait faire que sage afaire ce que fiant <<détroit, resserrementm, appliqué au Saint-
fait un sage» (1080), avec ellipse de ce et du verbe. Laurent sur le site de la ville de Québec.
+Un ancien emploi en début de proposition incise + Le mot qual%e ce q$ appartient au Québec, pro-
(v. 1155) subsiste dans la locution figée gue je sache vince souveraine de I’Etat du Canada, et à Québec,
cv.14501,et, d’autre part, dans l’usage familier avec sa capitale. Les Québécois correspond à l’usage
un verbe d’opinion ou un verbe déclaratif pour plus ancien de Canadiens français. 0 Le québécois
mettre en doute les propos de l’interlocuteur, ou n. m. s’applique à l’usage de la langue française au
simplement, dans la langue populaire, pour faire Québec. Voir l’encadré page ci-contre et suivantes.
l’économie de l’inversion dans l’incise (quelle
heure qu’il est?). +À côté de syntagmes figés, coUte
# QUEL, QUELLE adj. et pron. inter-r., adj.
que C&e, vaille que vaille, témoins de l’ancien
exclam. et indéf. est issu, d’abord sous la forme
usage de que pour ce que, le tour adtieme gue
qua1 (v. 980) puis quel (10501, du latin qualis, quale,
pourra, enregistré tardivement 118451,témoigne de
adjectif et pronom, qui répond pour le sens au grec
l’ancien emploi comme sujet, en concurrence avec
poios. Qualis s’emploie également en corrélation
qui* et ce qui. +L’emploi de que en fonction de
avec talis (+ tel) et, absolument, au sens de «de la
complément indirect Iv. 980) temporel, apendant
nature de» (en phrases relatives), «de telle nature,
quem Iwkndra le jour que je partimil, ou spatial, <où,
(en phrases interrogatives et exclamatives). À
par oùm (c’est le pré que se trouve l’ûnel, a reculé,
basse époque, qualis a tendu à se confondre avec le
après l’usage classique, au profit de celui d’autres
pronom relatif qui (+ 0 qui) et le pronom inter-
relatifs comme oti, auquel; il s’est toutefois main-
rogatif quis (+ quidam) dont il est issu avec un voca-
tenu aux deux extrêmes de l’usage : dans le style
lisme a et un suBxe -li- que l’on a aussi dans le
littéraire et, à titre d’incorrection, dans la langue
vieux slave kolikü, correspondant pour le sens au
populaire. Il a mieux résisté comme complément
latin quuntus (+ quant). La forme féminine fkn-
de manière Ide la façon que tu t’y prend& malgré
çaise quelle (d’abord quele) a été formée par analo-
la concurrence de dont. +Que s’emploie égale-
gie sur le masculin, éliminant lentement IWI” s.1les
ment en fonction d’attribut (v. 11751, après un nom
formes quels, queus, quieus (au cas sujet), quel (au
Cenfant que j’étaisl, un adjectif but pâle que
cas régitne), issues phonétiquement du latin.
j’étuid Icertains grammairiens y voyant alors un
adverbe issu de la conjonction que” au sens de 4 Dès les premiers textes, quel est employé comme
ccomme4 et, plus littérairement, un participe adjectif interrogatif et questionne sur la qualité, la
comme antécédent. nature d’une chose ou d’un être, parfois également
sur l’identité lusurpant le rôle du latin quisl, la
0 QUE pron. inter-r. est issu cv.9801 du latin quid quantité (latin quantuml, la numérotation et le ra;ng
cquoi?m, neutre du pronom interrogatif quis “qui? (latin quotus ; -+ quote), en fonction d’attribut et
lequel?)) (-, quidam) et dont procède également la d’épithète. De son ancien usage en tant que pro-
forme tonique quoi”. nom interrogatif en concurrence avec lequel (quel
+ Le mot, qui exprime une question concernant une veux-tu?), la langue moderne n’a conservé qu’un
chose, est employé dans une interrogation directe emploi de quel devant le verbe &e et accompagné
0-Uil fonctionne surtout comme élément d’objet di- d’un partitif (exprimé ou sous-entendu) Me ces
rect (premier emploi attesté), puis comme attribut deux routes, quelle est la plus courte ?1. Un autre
(v. 10501.Que figure dans quelques locutions imper- emploi ancien à la place de qui a décliné puis dis-
sonnelles, comme sujet et comme complément paru après le XVII~s. (ils ne savent quel il est ni oti il
cv.1120). II sert aussi de complément circonstanciel habitel. +Dès 1050, quel est employé en tant qu’ad-
sans préposition (10801, de nos jours uniquement jectif exclamatif pour exprimer l’étonnement, l’ad-
avec le sens de acombien?B et jusqu’au XVII~s. éga- miration, l’indignation. +Son emploi en fonction
lement pour & quel propos?)>, aen quoi?m, apour- d’adjectif indéfini est déjà attesté en 1080 dans la
quoi?)), & quoi?=. + A partir des xrve-xves., il est em- locution guel gue marquant une concession d’ex-
ployé concurremment dans les formules gu’est-ce tension indéterminée avec le sens de “que telle
gue, gu’eske gui (autrefois souvent écrites qu’esse personne, telle chose soit telle qu’on le voudra*,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3035 QUEL

LE QUÉBEC ET LA i!dVGUE FRANÇAISE

Le fran@s au Québec et au Canada. s’assurer, l’urbanisation (40 % d’urbains en 1901,


50 % en 19111 soumet la langue, notamment
Historique. En Amérique du Nord, les colons dans le grand Montréal, à des effets de contact.
fran@s du XVII~ et du début du XVIII~ s., peu nom- Ainsi s’élabore un français oral spécfique, lexi-
breux, venaient en majeure partie de l’ouest de calement anglicisé, phonétiquement très mar-
la France. En 1763, année du traité de Paris par qué, un 4rancais cheval* ou Nchoual, joualp, très
lequel la France perdait le Canada, leur assimi- M&ent des normes rurales et de la norme
lation future à l’anglais était prévisible. Seuls cultivée, elle-même privée de l’accès aux fonc-
quelques facteurs sauvèrent la langue fknçtise. tions de la société moderne : en effet, les affaires,
L’un d’eux fut la tolérance de l’administration la technique, la banque s’expriment surtout en
anglaise quant au français pour les flaires de anglais. Les kancophones cultivés doivent ap-
droit privé, d’ailleurs au prix d’une anglicisation prendre l’anglais; les anglophones se désinté-
de la langue juridique fiançaise. Mais un facteur ressent de la langue inférieure.
social fut plus déterminant : une forte natalité, Vers 1870-1880, une idéologie très répandue
jointe à un puissant sentiment de spécificité joint 4’Église catholique et la race tianco-cana-
culturelle, canalisé et renforcé pa;r le clergé, dieune)} (Thomas Chapais) : de là un conserva-
Compensant l’aftlux d’anglophones fi,dèles à la tisme intolérant, mais qui fut au XIX~ s. et jus-
Couronne, après l’Indépendance des Etats-Unis, qu’aux années 1920- 1930 le véritable garant de la
les francophones du Canada passent de moins permanence du tiançais. Celui-ci était protégé
de 100 000 vers 1770 à 700 000 en 1842. Politique- par l’isolement culturel de la vie rurale et sou-
ment, après la révolte de 1837 et la loi de 1841 tenu par une démographie forte - le Québec ne
faisant de l’anglais la seule langue officielle, une bénéficiant pas de l’apport des immigrés qui af-
réaction indignée aboutit a son abrogation en fluaient au Canada anglophone. Mais les condi-
1848. tions sociales changent rapidement. L’économie
Lorsque le Canada devient un dominion britan- industrielle liée à l’urbanisation infériorise de
nique fédéral (18671, l’anglais et le tiançais sont plus en plus la francophonie canadienne : 431
langues officielles, théoriquement égales. Le dehors de la terre L..l, de quelques îlots où nous
Bas-Canada, colonie anglaise, devient alors le nous maintenons par la force de I?nertie, nous
Québec, province fédérée. Les francophones n’avons rienn, écrivait Victor Basbeau en 1936.
québécois, ruraux à 85 Oh,scolarisés à 5 % envi- Partout, l’administration britannique et le pro-
ron vers 1850, sont alors largement unik@res et testantisme orangiste attaquent le français, mis
pratiquent un français régional fortement typé hors la loi au Manitoba ( 18901, par exemple. La
par ses origines (dialectes d’oïl et lançais régio- résistance est alors catholique, la langue kan-
naux de l’Ouest : Aunis, Saintonge, Poitou, Nor- @se étant considérée comme 4e principal
mandie, etc.1 et fort traditionnel. Mais beaucoup auxiliaire humain de la foi catholique, des
vont chercher du travail vers l’Ouest (Manitoba), moeurs catholiques, des traditions catholiques))
le Sud (600 000 vers les États-Unis, en Nouvelle- (Henri Bourassa). Les luttes scolaires et poli-
Angleterre, de 1840 à 1900); en milieu anglo- tiques reflètent jusqu’en 1940 ce souci de conser-
saxon protestant, ces derniers conserveront vation, nécessaire sans doute et efficae jusqu’à
longtemps leur langue grâce à l’Église catho- la mutation économique des premières décen-
lique. Après l’expulsion des Acadiens, qui se ré- nies du xx” s., puis rapidement anachronique. La
fugient en Louisiane (devenant les Cajuns), le littérature canadienne en français, et même
français se maintient dans l’extrême-est $.I Ca- française, lorsqu’elle décrit le Canada (Louis Hé-
nada par un retour partiel en Nouvelle-Ecosse mon), reflète l’idéologie du maintien, de la vie
et surtout au Nouveau-Brunswick. rurale ou pionnière, de la supériorité morale du
Entre 1867 et la Seconde Guerre mondiale, le catholicisme. Esthétiquement, c’est l’influence
français, soumis à la pression très forte de l’an- de Ia France qui l’emporte, notoirement chez les
glais, devient, sauf au Québec, une langue infé- poètes.
riorisée et s’anglicise. Au Québec même, si la Les mées 1939- 1960 sont celles d’une lente
scolarisation lui permet de se normaliser et de transition : la population du Québec passe de

quant à son identité, à sa quantité, à sa nature. ,L’adverbedérivédequel, QLJELLEMENT ~IV%),


Cette locution reste vivante en fonction d’attribut s’est éteint, y compris dans la locution tellement
devant le verbe être (quel que soit1 ou un verbe quelIement (+ tellement).
équivalent; en revanche, en fonction d’épithète, Quel a servi à former LEQUEL, LAQUELLE
elle a considérablement reculé (elle était déjà pron. relatif et interrogatif’ (10801, d’abord em-
condamnée par Vaugelas) au bénéfice de la lo- ployé comme pronom interrogatif représentant
cution quelque... que. une personne ou une chose qui vient d’être ou va
QUEL 3036 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

3,2 millions à 5 millions ; le nationalisme appa- particuliers, remarquables par une intégration
raît et les heurts entre la province et Ottawa se souvent plus grande qu’en lançais contempo-
multiplient; les revenus augmentent de ma- raîn (le gagne, de gang «petit groupen; les pi-
nière inégalitaire, banalement (en 1961, le re- nattes, de peunuts; le fonne, de fun ; naguère la
venu moyen du Montréalais excède le double de drave «flottage du boisn, de io drive, etc.). Ces an-
celui du Gaspésienl, et ces inégalités sont en glicismes sont très abondants en joual, usage po-
rapport avec le statut linguistique; ces revenus pulaire surtout montréalais, alors que ceux qui
sont inférieurs à ceux de la population onta- inondent les terminologies - par exemple l’au-
rienne anglophone (25 % entre 1920 et 1940). tomobile, l’électricité : plugger, de to plug, etc. -
Ainsi, en 1961 encore, les revenus annuels vont régressent peu à peu. La langue courante
de plus de 6 000 $ pour l’anglophone unilingue à connaît aussi des calques, des adaptations, des
un peu plus de 3 000 pour le fkncophone uni- anglicismes de sens (gaz pour <<essence>), pouvoir
Lingue : ceux des bilingues se situent entre les pour <courant électrique», lumière pour -feu de
deux, avec la même prime pour l’&nglais>~. Mal- signalisation~~, etc.) et même de syntaxe ne
gré la colonisation économique du Québec par deuxième meilleur. J.
l’Ontario, puis par les États-Unis, un début De manière comparable à l’anglais des États-
d’émancipation culturelle se dessine; en outre, Unis par rapport à celui d’Angleterre, le tian-
le conservatisme social, lié au nationalisme qué- çais du Québec, passablement écarté de celui
bécois, est battu en brèche par une idéologie so- d’Europe, tend depuis 1960 à se normaliser, et
ciale à l’américaine, où les syndicats s’expri- donc à se stabiliser, et souvent à réduire cet
ment grâce à l’industrialisation. écart.
L’époque contemporaine. C’est en 1960 que l'on
date le début de la &volution tranquille» du Le français en Anhique du Nord : la réfé-
Québec. Peu à peu, une idéologie nationtiste rente québécoise.
réformiste et pluraliste se substitue au conser- Cette stabilisation va de pair avec une afkma-
vatisme catholique. En 1968, René Levesque tion linguistique et culturelle de nature poli-
fonde le Parti québécois, qui va marquer la pé- tique : à la loi de 1969, encore favorable au bilan-
riode contemporaine; malgré ses difkultés, ce guisme, ont succédé la aloi 2% (19741 qui afkme
parti va battre en brèche le fédéralisme conser- la prééminence du français dans la <<province>
vateur champion de l’unité canadienne <sans (autre anglicisme) et surtout la «loi 101~~ (1977)
trait d’union» (Diefenbaker). Au-delà des péri- qui impose le français comme seule langue offi-
péties politiques, sociales (recuI de l’Église, flux cielle, crée un Conseil et un Office de la langue
d’immigrants néo-canadiens au Québec) ou française qui succèdent à une HRégieB jugée in-
même économiques (développement d’une stisante. Ces organismes veillent à l’applica-
économie proprement québécoise), une muta- tion des principes de la loi et pratiquent notarn-
tion idéologique et culturelle s’opère, directe- ment une forme d’+ménagement>) linguistique
ment liée à la langue française. (J.-Cl. Corbeil), qui stimule la créativité lexicale
Celle-ci, on l’a vu, s’est conservée dans le vase et termînologique pour suppléer aux angli-
clos rural et catholique. Mais elle est restée, cismes. La politique est double : emploi du fran-
malgré l’archaïsme d’un fonds régional français çais dans la communication sociale, enseigne-
hérité des XVII~ et XVIII~ s., avec des évolutions di- ment du français aux nouveaux immigrés pour
vergentes par rapport au français européen, un assurer la vitalité de la langue ; la rigueur termî-
français langue maternelle, qui partage ce ca- nologique et l’action des intellectuels, des jour-
ractère avec les français de France, de Belgique nalistes, de leur côté, garantissent la <<qualité du
et de Suisse. Cependant, son phonétisme très français>. Aujourd’hui, celle-ci ne se défmit plus
caractéristique - articulations moins tendues, seulement par la référence européenne, essen-
palatalisation du t et du d, voyelles allongées et tiellement fknçaise, mais aussi belge et suisse :
parfois diphtonguées provenant des dialectes de la littérature francophone non française est de
l’Ouest, accents de phrases originaux - lui plus en plus enseignée. L’action des écrivains et
donne une spécifkité forte. Quant au lexique, il des chansonniers, défendant une forme popu-
est marqué de mots dialectaux souvent devenus laire d’usage, très divergente par rapport au
archaïques en Europe et surtout d’anglicismes français cccentraln, a débloqué une attitude de

être nommée. Son emploi comme pronom relatif a duquel, pour lequel...). En revanche, il a vieilli en
vieilli en dehors de la langue juridique ou lorsqu’il fonction de complément direct (av. 1563) et ne se
a pour fonction d’éviter une répétition de qui, assu- rencontre plus que dans le style littéraire.
mant, dans le style littéraire, un rôle emphatique. QUELQUE adj. indéf. et adv. est la forme soudée
-Lequel est fkéquent en fonction de complément Iv. 1112) de quel que ( 10801, les deux formes se ren-
indirect (XIII~ s-1, spécialement comme complément contrant toutes deux au XIII~ siècle. Quelque est em-
d’un nom introduit par une préposition (auquel, ployé d’une part au singulier, en corrélation avec
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3037 QUEL

culpabilité et de prudence devenue insoute- est appuyé sign%cativement par une agence
nable . d’État américaine, le CODOFIL (Council for the
En effet, la société québécoise est culturellement Development of French in Louisiana), fondée en
double : française par ses origines, par de nom- 1968 par James Demangeaux. L’enseignement
breux traits de mentalité et de mœurs; nord- d’une deuxième langue est imposé dans cet État
américaine par la vie quotidienne, les divertisse- depuis 1984 et le français a été choisi par
ments (où l’anglais des États-Unis est encore 90 % des intéressés dans les districts où la loi est
plus présent que celui du Canada). Le niveau de appliquée (pour des raisons financières). Malgré
développement matériel est grand, le dévelop- le renouveau culturel Cajun, qui est effectif, les
pement économique spectaculaire. La langue di&ultés de la refrancisation sont grandes : la
hnçaise est reconnue, célébrée, illustrée dans norme française de France est plus appréciée,
ses usages propres et dans son histoire locale; mais l’usage québécois est plus proche.
les variétés régionales sont identif%es, bien dé- De manière générale, 19 population d’origine
crites. La sociolinguistique et la terminologie du tiançaise diminue aux Etats-Unis, absolument
français sont plus actives au Québec et à Ottawa (plus de 5 millions en 1971, moins de 3 en 1978) et
qu’en France même et l’aménagement linguis- relativement. En outre, l’unilinguisme français,
tique, malgré ses difYicultés, plus efficace. test de vitalité, tend à disparaître. Partout, la
Le français québécois cherche sa norme et langue de communication sociale est la variété
commence à l’élaborer en profondeur : des dic- d’américti de la région t+ anglais aux États-
tionnaires aquébécisés* apparaissent, en atten- Unis3.en passant du Québec francophone au
dant les dictionnaires véritablement québécois. reste de la £rancophonie nord-américajne, on
Cependant, des usages très marqués, fortement passe d’un univers à l’autre, de la langue mater-
anglicisés, subsistent dans la pratique urbaine nelle assumant toutes les fonctions de la vie so-
orale. Les clivages sociaux semblent alors plus ciale Icas analogue à celui de la France, de la
importants que les variations géographiques. Le Belgique wallonne, de la Suisse romande) à une
tiançais spontané québécois, par ailleurs, se jux- situation de adiglossie* où le français est en posi-
tapose à une acompétence passive, ou @semi- tion inférieure (alors qu’il est en position supé-
activen du français d’Europe, véhiculé par les rieure aux Cartibes, par rapport aux créoles).
médias - moins puissamment d’ailleurs que De ce point de vue, le Québec fait partie du
l’anglo-américain. Ceci aboutit parfois à une même ensemble que la francophonie d’Europe.
forme artscielle d’usage médiatique oral (radio, Mais il s’en distingue fortement, linguistique-
télévision, publicité), assez comparable par son ment par une variation plus forte, culturelle-
artifice et ses effets pervers aux usages ana- ment par l’appartenance à la civilisation d’Amé-
logues du f&nçais d’Europe, mais plus hybride. rique du Nord, politiquement par une situation
Par ailleurs, la démographie est devenue défa- menacée, consciente de l’être, et par là même
vorable à la tiancophonie canadienne et l’attrait plus active en tant que soutien de la tiancopho-
de l’anglais subsiste très fortement chez les Néo- nie tout entière.
Québécois. En revanche, le modèle québécois a A. Rey
donné un second sotie à certaines commu-
nautés tiancophones canadiennes : surtout au
Nouveau-Brunswick (Acadie), mais aussi dans BIBLIOGRAPHE
l’Ouest. Le cas d’Ottawa, où le bilinguisme effec-
tif est favorable à l’usage du français, est parti- J.-Cl. CORBEIL, L’Aiménugement lhguistique du
Qtibec, Montréal, 1980.
culier.
M. LEMIEUX, Les Tendances dynamiques du frunpis
Le français d’Amérique du Nord, en dehors du rsurlé ù Montréal, 2vol., Québec, Office de la langue
Canada - c’est-à-dire aux États-Unis -, est en hnçaise, 1985.
régression, malgré de nombreux efforts associa- J. MARCEL, ti Jo& & Troie, MontréaI, E. 1. P, 1982.
tifs (en Nouvelle-Angleterre) et même officiels. 5. NIEDEREHE, L. WOLF, ColIoque de Trèves, Fran-
La véritable langue seconde des États-Unis est qais du CuPzada, français de France, Tübingen, Max
aujourd’hui l’espagnol et non plus le hnçais. Le Niemeyer, 1987.
statut de ce dernier, comme langue maternelle, J. PICOCHE, C. MARCHELLO-NIZIA, Histoire & la
est assez hfériorisé. Un renouveau louisianais langue frumpise, chap. III, Paris, Bordas, 1989.

que encadrant un nom Iv. 11121, formant une lo- chez les auteurs classiques qui faisaient d’abord
cution concessive (quelque sérieux qu’il soit1 qui a l’accord. Quelque est également employé comme
supplanté la locution quel. ,. que dans la même fonc- indéfmi Cv. 11553 avec une valeur d’indétermination
tion. + Quelque est employé adverbialement de- quant à l’identité ou la quantité, emploi qui relève
vant un adjectif (XIII~ s.1 et, comme tel, il est inva- du style littéraire sauf dans la locution quelsue
riable, conformément à la règle préconisée par peu, plus courante. 0 Quelque temps est lui aussi
Vaugelas, entraînant de nombreuses corrections usuel. +D’autre part, quelques Iv. 1278) indique un
QUÉMANDER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

petit nombre qui n’a pas été compté; il est alors QUÉMANDER v. est l’altération Il5821 de cui-
employé seul ou précédé de l’article les, autrefois mander (14131, quey munder, dérivé de l’ancien
devant cent, mille qu’il multiplie, quelquefois dans français cuïmund 113931, cuymunt, qu&nuti ((men-
le tour et pelwes après un nom de nombre (18691 diantm, bien attesté jusqu’au début du XVII~s. et
lmille francs et quelques]. ~Devant un nom de lui-même d’origine obscure, la deuxième syllabe
nombre, quelque marque l’approximation Iv. 1450) ; pouvant être en rapport avec mander”. P. Guiraud
il est adverbialisé et, en tant que tel, invariable propose de voir dans la syllabe initiale une forme
(14931,règle qui so&ait encore de nombreux man- dérivée de écaille*, au sens de nmorceau de pains.
quements au XVII~s., malgré la recommandation de 4 Le mot a progressivement perdu son sens pre-
Vaugelas. mier intransitif de <<mendier=. Devenu intransitif, le
QUELQUWN, QUELQU'UNE p-on. indéf. est verbe, sous l’influence probable de demander, a
formé En XIII” s.) de quelque et de un*; il a progres- pris le sens de <<solliciter humblement avec insis-
sivement évincé le nominal un, avec lequel il est tance>) (17621, souvent assorti d’une nuance péjora-
resté en concurrence jusqu’au XVI~siècle. Dès le tive.
xrv” s., quelqu’un est employé absolument avec la b QUÉMANDERIE n. f. (1558, cuymandeti), aban-
valeur de <<une personne indéterminée)) et spécia- donné au xwe s. et repris au XM~ s., est demeuré ex-
lement pour *une personne indéterminée faisant ceptionnel. + QUÉMANDEUR, EUSE n. (17401,
partie d’un ensemble déterminés, alors accompa- rare au féminin, est d’un usage plus littéraire que
gné d’un complément introduit par de et par une le verbe, mais relativement courant. bQUÉMAN-
proposition relative introduite par qui, quelquefois DAGE n. m. 11896) est rare.
avec la valeur spéciale de apersonne que l’on ne
veut pas nomrnern. 0 Depuis le xvf s., quelqu’un QU’EN-DIRA-T-ON + ON
possède la valeur emphatique de <<personne re-
QUENELLE n. f. est emprunté (1750, Diction-
marquable> (16511, emploi dont procède la locution
nuire des aliments) à l’alsacien Knodel {(boulette de
populaire c’est quelqu’Un ! ac’est trop fort, c’est ex-
pâteu, allemand Knodel. 11s’agit d’un emprunt mo-
traordinaire != 11942, Queneau). * L’emploi du mot
difié par une prononciation tiancisée puis écrit à la
au singulier avec un complément partitif
française. Celui-ci est issu du moyen haut allemand
tquelqu’un des...) pour indiquer tel ou tel des êtres
tardif knMe1, forme diminutive de l’ancien haut al-
ou des choses désignés par le complément (fm
lemand knodo «noeud» (correspondant à l’anglais
xv” s.) est marqué aujourd’hui comme archaïque.
knot), d’un germanique commun Oknu-dan, Oknu-
OLe pluriel quelques-uns, quelques-unes se ren-
pan.
contre à partir du xwe s., indiquant un petit nombre
4 Le mot désigne une préparation en forme de bou-
parmi les &res ou les choses mentionnés dans le
lette ou de cylindre à base de viande, de poisson fi-
contexte (15411, et, moins souvent, certaines per-
nement haché et incorporé à une pâte de farine ou
sonnes avec une valeur quahtative (1564).
de mie de pain.
QUELQUEFOIS adv. 11513, soudure de quelque
fois (attesté dès 1490, encore souvent au XVI~s-1, a QUENOTTE n. f., enregistré depuis 1640 (Ou-
d’abord eu le sens d’uune fois, une certaine fois», din), est d’origine dialectale, de Normandie ou
auquel on peut rattacher le tour populaire mo- d’une région voisine. Il est dérivé, avec un subie
derne quelquefois que «si jamais par hasardm. Le diminutif, de l’ancien fientais cane ccdentn(v. 11601,
mot a pris la valeur de aen quelques occasions) également attesté SOUSla forme kenne djoue>>dans
(1538). des textes picards. Ce mot rare, disparu de bonne
QUELCONQUE adj. indéf., réfection IV. 11753 de heure, est issu d’un francique “kinni «mâchoiren,
quelcunques iv. 11201, est la tiancisation, d’après lui-même d’un germanique commun “kinn- (alle-
quel*, du relatif et indéfmi latin qualiscumque mand Kinn, anglais chin «mentonHI, équivalent du
“quel.. . que, de quelque nature que>, «n’importe grec genus (+ ganache, prognathel et du latin genu
quel, quel qu’il soit». Celui-ci est formé de qualis (+genou). Tous relèvent d’une racine indoeuro-
I+ quel) et de cumque <en toutes circonstancesfi, péenne ‘gen- ((articulation% d’où «anglem (+ diago-
formé de cum (3 comme) et de la particule -que, et nal, -gone et gonîo-1.
souvent joint à des relatifs auxquels il donne une + Le mot, familier, désigne la dent, dans le langage
idée d’indétermination. On rencontre des formes enfantin, et, affectueusement, une petite dent.
comme quel ki onques, quel ke onkes, probable- 0 Voir RICANER.
ment refaites d’après le latin sur le modèle de
celles qui sont à la base de quiconque* (+ qui). QUENOUILLE n. f. est la réfection S&ale
+ Quelconque est employé comme adjectif indéfini, (v. 1278) de quenoille EV.1179; XI~ s., selon G. L, L. F.1,
spécialement en logique et en mathématiques; conoille, formes issues du latin médiéval conuculu,
plus tard, quelconque avant le nom a pris la valeur forme dissimilée de colocuZu <<bâton dont une ex-
péjorative de esans intérêt particulier, médiocren, trémité est garnie de laine destinée à être frléea
emploi qui lui donne le statut d’un adjectif quali& (VI~S.I. Ce mot est issu du latin classique colus, for-
catif, le plus souvent postposé E1891, Valéry), dont le mation parallèle au grec polos (-+ pôle), qui repré-
sens est neutre ou péjoratif, comme ordinaire, sente une racine indoeuropéenne “k”el- ((tourner
moyen, médiocre; il a souvent un contenu de juge- en rondn, <<setrouver habituellement dansn, impor-
ment social, comme ordinaire, commun. tante dans les vocabulaires grec et latin.
0 Voir DISQUALIFIER, QUALIFIER, QUALlTATlF, QUALITÉ. + Le mot a gardé le sens du mot latin et développé,
QUELQUE CHOSE h-t. CHOSE). par métonymie, celui de amatière textile dont une
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3039 QUESTEUR

quenouille est chargée» (v. 1278). Il entre dans la lo- de adisputer Iqqch.) à qqn» (du XVI~ au xw’s.1, qui
cution figurée tomber en querrouille (WI” s,) qui se ont disparu, +L’usage moderne correspond à Hat-
dit d’un domaine qui passe par succession dans les taquer fortement Iqqn)m (1174- 11761, sens restreint à
mahs d’une femme et, par extension, d’une chose une dispute verbale, et à =Protester, critiquer=
qui perd sa valeur ou sa force 11913). * Quelques 116361. 0 L’acception de «s’emporter contre (qqn)n
sens analogiques, fondés sur une comparaison de (1640, Corneille) est propre à la langue classique. La
forme, sont apparus à partir du XVI~s. pour que- forme pronominale se quereller, elle aussi attestée
nouille employé seul ; le mot désigne le pilier sup- chez Corneille C1640),est plus usuelle que le verbe
portant un ciel de lit, un dais (XVI~s.); il a servi de transitif. +Le dérivé de quereller, QUEREL-
désignation familière pour le membre viril (1718) ; il LEUR, EUSE adj. et n. (XIII~s.), a désigné en droit la
se dit de la tige et de l’épi de certaines plantes fusi- personne qui intente un procès, puis qualze 11528;
formes 117971,dune certaine manière de tailler les 1611, dans sa généralité) et désigne celle qui aime
arbres (18211 et, par métonymie, de l’arbre fruitier les querelles, les provoque. Il s’est dit spécialement
ainsi taillé (1829). En botanique (ti s.), il désigne d’un chien hargneux ( 16801, emploi sorti d’usage.
une maladie des graminées provoquant des man- +Sa variante QUERELLEUX,EUSE adj. Iv. 12601
chons autour de la gaine des feuilles supérieures. est devenue archaïque. - Récemment, la psycho-
ä fl a produit QUENOUILLÉE n. f. (1552) désignant logie a formé QUÉRULENCE n. f. (19601 à partirdu
la quantité de matière textile dont on garnit une latin querulus “qui se plaintu (lui-même de queril.
quenouille. Elle a nommé ainsi une tendance pathologique à la
@ voir BUCOLIQUE, C ALANDRE, CLOWN, COLON, CULTURE. revendication qui revêt parfois une forme proces-
CYCLE, CYLINDRE. PÔLE. POULIE. sive. Ce phénomène avait déjà reçu en allemand le
nom de Querulantenirrsein amanie des querelles,
QUÉQUETTE n. f. est probablement (1901) des procèsm (18791, lui aussi formé à partir du latin
une formation enfantine consistant dans le redou- querulus.
blement du radical expressif Jziiz- qui s’applique à
une chose pointue, saillante. On peut évoquer à son QUÉRIR v. tr. est la réfection par changement
de conjugaison (fin XII~s.) du verbe querre acher-
sujet bistoquetie, mot ancien de nourrice (attesté
19201, dérivé de bistoquer cfaire l’arnour~ Cdéb. chep Iv. 9801, issu du latin quaerere qui, comme le
XVIeS.I. grec zêtein, Sign%e echerchern, afaire une re-
cherche, une enquête, s’informep puis «deman-
4 Le mot est une dénomination enfantine hypoco- dem, «chercher à se procurer-n, et quelquefois
ristique du pénis d’un jeune garçon. En exclama- même <<gagner, obtenirn. L’étymologie de quuerere,
tion, il correspond à arien du toutm, par analogie mot attesté anciennement et panroman, n’est pas
probable avec zob, zobt, les deux mots étant d’aîl- connue.
leurs souvent associés.
+ Le verbe, passé en français avec le sens de «cher-
cher pour amener, pour apporterm, a été éliminé au
QUERELLE n. f., écrit querele Iv. 11551,querelle
XVII~s. par chercher, sauf à l’infmitif et dans aller, ve-
Iv. 11751,est emprunté au latin querela (ou querella1
nir, ewoyer... quérir, qui se maintiennent dans
#plainte, lamentationm, «doléances», spécialement
l’usage régional et par archaïsme littéraire.
aplainte en justicen et, au figuré, «maladie-. Le mot
est dérivé de qumi #pousser des cris plaintif&, «se ~Son unique dérivé, QUÉRABLE adj., enregistré
plaindre}}, mot qui semble isolé et pour lequel un dans l’Encyclopédie à l’article requ&able* (1.7651,est
rapprochement avec le sanskrit çv&iti «il souBle un terme juridique qutiant ce que l’on doit aller
fortn n’est satisfaisant ni pour le sens ni pour la chercher. - QUÉRABILTTÉ n. f. 110 juin 1874, a-
forme de la racine. On évoque aussi, pour le sens zetie des tribuna& est didactique et peu usité.
de ((pousser un sifIlement>>, le vieil islandais ht.@a @ Voir ACQUJ%IR, CONQUÉRIR, JZNQUÉRIR, EXQUIS, INQUI-

et l’ancien anglais hwœSan. SJTION, PERQUISlTION, QUESTEUR, QUESTION. QUl?TE, RE-


QuÉmi, &Q~IS~~N.
4 Le mot a été repris au sens juridique latin de
aprocès, réclamation)>, aujourd’hui sorti d’usage. QUÉSACO lot. interr. et n. m. est un emploi
Après avoir eu en ancien et moyen francais di- plaisant de la locution interrogative provençale
verses valeurs, cchancen, afaçon de jouer>>, umotif», qu’es aco ? aqu’est-ce que ceci?m ( 17741, formée de
<causehem, 4ntérêts de qqn dans une a&ireaa, ce qu’lque*l, de es, troisième personne du singulier de
dernier subsistant dans la locution épouser la gue- l’indicatif présent correspondant au français est, et
refle de qqn (16711, il s’est fixé dans l’usage courant de aco «ceci*, du latin hoc b oc, oui).
au sens de wive opposition, altercationx Iv. 12603,
+ Quésuco, locution familière et plaisante pour
entrant dans les locutions chercher guerefle (1690)
*qu’est-ce ?s, a fourni un nom en histoire de I’ha-
et querelle d’Allemand (XVII~s., après querelle d’Al-
billement, pour un bonnet de femme composé de
lemu@w), cette dernière étant due soit à la mau-
trois panaches que l’on portait derrière le chignon,
vaise réputation des soldats allemands lorsqu’ils
à la mode à la fin du XVIII~siècle.
sont ivres, soit aux conflits répétés entre les petits
princes allemands. 0 Par extension, querelle se dit QUESTEUR n. m. est emprunté (12131 au latin
d’une lutte d’ordre intellectuel, d’un conflit. quaestor, -OI%T, dérivé du supin (quaesituml de
w Son dérivé QUERELLERV.~~.~~S.)~SU~V~ le dé- quuerere cchercher, demander, faire une enquêtes
veloppement sémantique du nom : il a eu le sens 1-+quérir). La charge de questeur fut créée en 447
juridique d’aintenter (un procès], réclamera> et celui av. J.-C. devant la multiplication des tâches aux-
QUESTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

quelles devaient faire face les consuls. Leur des expressions comme question ouverte, femée
nombre passa de deux à quatre, huit, vingt sous (1968). + Le sens spécial de *torture Mligée à un ac-
Sylla, quarante sous César, puis de nouveau vingt cusé pour obtenir des aveux)) En xrve s.), repris du
au début du principat. La fonction du questeur était latin, a disparu avec l’Ancien Régime, sauf en his-
avant tout financière : élus par les comices tributes, toire.
deux d’entre eux (les questeurs urbains) possé- F Le principal dérivé de question est QUESTION-
daient les clés du Trésor de l’État, autorisaient les NER v. tr. (XIII~s.) qui Sign%e Nposer des questions à
dépenses et recevaient tribut et contributions de (qqn))); son autre sens de <<soumettre à la torture=
guerre ; les autres avaient la charge des caisses des (1349) est sorti d’usage, parallèlement au sens cor-
armées consulaires et intervenaient dans la per- respondant du nom. 0Le verbe a produit QUES-
ception des impôts en Italie; ils n’avaient aucune TIONNEUR. EUSE n. (1554) et adj. 117131, aper-
juridiction. Sous le principat, le questeur perdit le sonne qui aime poser des questions>> et, par
contrôle du Trésor et devint l’assistant des gouver- extension, ace qui comporte une question» (av. 1850,
neurs des provinces et des consuls dans le do- Balzac), ainsi que QUESTIONNEMENT n.m.
maine fmancier. Un seul garda un role important : (déb. XVIII~s.1,d’usage didactique, pour le fait de po-
le quaestor Cuesaris, porte-parole de l’empereur ser un ensemble de questions. Aucun nom ne dé-
devant le Sénat. Au milieu du III’ s., comme les signe I’action de questionner qqn au sens général.
autres magistrats du cursus sénatorial, il cessa + @QUESTIONNAIRE n. m. (15331, wkie de ques-
d’avoir une fonction particulière et la questure fmit tions auxquelles on doit répondre>>, est emprunté
en simple curatelle municipale de Rome. au bas latin quaestionatiw de même sens; il ne
4 Relevé une première fois pour désigner un ma- semble pas attesté après 1555 et a été repris au
gistrat chargé d’enquêter, le mot est repris comme XIX~ s. (1845). +Un homonyme 0 QUESTION-
terme d’antiquité romaine (Ix# s.; de nouveau NAIRE n. m., emprunté Km XVI~s.) au bas latin
1488). +À la fin du XVIII~s., il est passé dans le lan- quaestionaks abourreau mettant à la question3 de
gage juridique, s’appliquant au membre du bureau quuestio, est sorti d’usage, sauf comme terme d’hîs-
d’une assemblée parlementaire chargé d’ordonner toire.
les dépenses, de veiller au maintien de l’ordre et de
la sécurité ( 1775). QUÊTE n. f., d’abord queste (XII~s.), est la subs-
tantivation du féminin d’un ancien participe passé
ä QUESTURE n.£, emprunté un peu plus tard
supposé, issu du latin quuesitus, participe pasé
El5741 au dérivé latin quaestura «charge, fonction
passif de quaerere «cherchep (-+ quérir). En latin,
de questeur)), est employé comme terme d’anti-
les noms d’action dérivés étaient quuestio (qui a
quité et ( 1799) pour les services dirigés par un ques-
donné question*), également quaesitio à l’époque
teur.
impériale, et secondairement quaesitum et quaesi-
@ Voir QUESTIoN,QUÊTE.
tus.
QUESTION n. f. est emprunté (v. 1119) au latin 4 Quête, <<action de recherchers, a subi la concur-
quaestio, -orbis, nom d’action dérivé du supin rence de Techerche. Il n’a bien résisté que dans la
(quaestum, également quaesitum d’où quaesitio en locution en quête de Iv. 1175) qui a eu une variante,
latin impérial), de quawere (-+ quérir). Le mot, qui à lu quête de, et dans sa spéciakation en vénerie à
désigne la recherche en général, s’est spécialisé en propos de l’action de chercher la voie du gibier,
droit au sens d’ttenquêten, “interrogatoires, plus pour un chien ~XIII~~3.1,*L’usage moderne du mot,
spécialement «enquête avec torture>>, et dans la en dehors de ces expressions, s’est restreint à l’ait-
langue philosophique einterrogation, discussion>, tion de demander des aumônes pour une oeuvre
correspondant au grec zêtêsis, zêtênta. charitable (XII? s.1et, de là, à l’action de recueillir de
+ Le mot, sans reprendre le sens général du latin, l’argent auprès d’un public et, par métonymie, à
réservé en fknçais à qtite et à recherche, a été em- l’argent recueilli (1648). + On parle aussi, dans un
prunté pour désigner une demande faite en vue usage didactique et Littéra;ire, de quête pour are-
d’une information, d’un éclaircissement. Avant la cherche>> à propos des mythes du Graal.
fm du XII~s., question désigne un point qui prête à F Quête a pour dérivé QUÊTER v. tr., d’abord ques-
discussion, soulève un débat théorique ou pratique ter (v. 11501, qui a suivi le même développement sé-
Iv. 1190). Ce sens est réalisé dans des locutions mantique : le sens général de cccherchern a disparu
comme mettre qqch. en question (15411, faire ques- sous la concurrence de quérir” et surtout de cheu-
ti011 *être douteux- (1821, Chateaubriand), re- cher, conservant une spécialisation en vénerie
mettre en question (18421, il est question de, spé- ( 1394, puis 1606). Le sens d’aentrer en possession
cialement <conenvisage>> (1882, Zola), il n ‘en est pas dea (1246) a été évincé par acquérir. +De nos jours,
question (xx” s-1et pas question!, c’esthors de ques- quêter se dit pour «demander et recueillir des au-
tion (xx” S.I. + Question s’applique spécialement à m8nes» (XVI” s. ; absolument chez Montaigne, 15881,
un point d’intérêt, une matière à réflexion (v. 11901, spécialement à propos d’une quête religieuse et, au
à ce dont il s’agit (v. 13701, là encore dans des lo- sens figuré, <demander qqch. (jugement, senti-
cutions courantes, Ia chose, la personne en ques- ment) comme un don, une faveurn ( 17401. +À son
tien (16941, il est question de (16901, plus tard c’est tour, le verbe a produit QUÊTEUR, EuSE n.,
une question de ( 1875) et, familièrement, la ques- d’abord questeor (déb. XIII~s-1, doublet morpholo-
tion prix, temps, travail, etc. ( 1869). Quelques em- gique de l’emprunt questeur*. Le mot désigne une
plois spéciaux et tardifs, dans l’enseignement personne qui est à la recherche, à 1’afEt de qqch.
(1869) et dans le cadre d’une enquête, aboutissent à et, plus couramment, une personne recueillant des
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3041 QUEUE

aumônes Iv. 14601. 0 Son emploi en vénerie pour lard Iv. 17503,piano à queue Il806). +Dans le do-
désigner le chien qui quête le gibier est enregistré maine abstrait, queue avait pris très tôt la signiftca-
tardivement (1869, Littré). tion de &n, extrémité~~ tv. t 1551,d’abord en parlant
de ceux qui sont aux derniers rangs d’un cortège,
QUETSCHE n. f., d’abord coetche, coitche avec une valeur spatiale. Opposé à tête, queue se
C1775),Cou&che C17771,mot des parlers romans de dit ensuite de la partie hale d’un convoi, d’un
l’est de la France, a pénétré en français grâce au train, etc., spécialement dans [monter, voyager.. .I
commerce de ces fkuits. 11est emprunté à l’alle- en queue. Il s’y ajoute parfois une valeur symbo-
mand Quetsche, variante régionale de Zwetschge lique, le mot s’étant employé pour les médiocres
aespèce de grosse prunem, issu d’une forme origi- partisans entraMs à la suite d’un parti politique
nelle à W- ou dw- initial provenant du grec damas- (1801) et s’appliquant aux derniers fidèles d’un
kênon Nprune de Damas~ C’est le neutre substan- homme (18451, d’un mouvement en fm de course.
tivé de l’adjectif dmnusk&ws ((de Damas~~, de Ces emplois ont vieilli. + Par spécialisation, queue
Dammkos adamas» I+ darnasser). se dit de la file des personnes attendant leur tour
+ Le mot désigne le fi-uit et par métonymie (1929) 11794, notamment dans faire queue puis faire la
une eau-de-vie faite avec celui-ci. Avec ce dernier queue (17981 [on dit régionalement fiEe1.+ Un cer-
sens, il a éliminé l’expression quetsche-wmser tain nombre d’emplois spécialisés sont apparus ul-
(18691, calquée de l’allemand Quetschenwmser, va- térieurement, en reliure dans trancb de queue
riante de Zwetschgenwasser ( 1842, Koetschwasser) ; (16901, en musique où il a ét6 remplacé par coda, en
cf’.kirsch, pour une homonymie analogue. imprimerie dans l’expression queue de page (1932).
*Au XI~” s., apparaît au sens initial de queue, l’ex-
QUEUE n. f., d’abord tue, coe (10801, keue pression queue de poisson reprise d’un sens
(v. 11551,puis queue (v. 12201, est issu du latin coda, propre ancien Cv.11213, qui prend la valeur figurée
variante de cauda aprolongement du corps d’un de &n brusque et décevante> (1833, Balzac), l’ex-
animal*, dit aussi, par analogie, du pénis. Cuuda pression ti en queue de poisson traduisa;nt l’ex-
est un mot populaire d’origine inconnue I+ coda). pression latine Idesinitl in piscem <<en poissonn.
+ Le mot est passé en fkançais avec le sens du latin Queue de potison s’applique, par allusion au mou-
«prolongement de la colonne vertébrale d’un marn- vement ondoyant d’un coup de queue de poisson,
mifère formant un appendice du corpw Le mot au fait de se rabattre brutalement devant un véhi-
entre dans de nombreux syntagmes pouvant évo- cule que l’on vient de dépasser (19261.0 Queue de
quer des formes (queue de rutl, une couleur (queue chevaldésigne un type de coiffure (eyLqueue de che-
de vuchd -voir les composés ci-dessous- et val, 1832, comme nom, 1866). 0 À ce sens initial et
quelques expressions comme à la queue leu leu animal se rattache aussi se mordre la queue afor-
(-, loup) à la construction archaïque, avoir la queue mer un cercle (d’où raisonnement, etc.)>>par allu-
basse, la queue entre les jambes ( 16061, tirer Je sion au serpent, et n ‘avoir ni queue ni tête 4tre in-
diable parla queue 116511, pasla queue d’un, d’une cohérent}} (18351. +Dans le langage technique,
<pas un seul, une seulen 11656) qui pourrait venir l’expression produits de queue d’une distillation
d’un autre sens (queue d’un fruit, par exemple). 11892) s’oppose à produits de tête en désignant les
~Très tôt, queue a commencé de s’appliquer à substances d’un mélange qui ont le point d’ébulli-
d’autres appendices naturels, comme les plumes tion le plus élevé, mais queue a alors une valeur
du croupion d’un oiseau (10801, l’extrémité posté- temporelle : &n d’une opérations, cette dernière
rieure allongée de certains vertébrés (poissons, stigmatisant l’incohérence d’une chose. + Enfm, re-
reptiles) ou invertébrés (11191. + La valeur symbo- prenant une locution d’ancien français faire la
lique de queue appliquée à l’homme s’est cristalli- queue 8 qqn (XIII~s.), faire les queues à qqn (1875)
sée au xwe s. dans le sens érotique et latinisant Ila- correspond à 4romper>>, notamment en amour, par
tin CULLG!~)de ~~pénis~ ! 1534, Rabelais) qui, en se l’idée d’uagir derrière le dos de qqn>>, combinée à
répandant, a rendu de nombreuses locutions an- celle de 4aisser une dette impayée, 116901, la queue
ciennes inutilisables : au me s. par exemple, on di- désignant le reste d’une dette (1687). Cette locution
sait encore je suis bien aise de voir votre queue est sortie d’usage.
(16401 au sens de =je souhaite voir votre dos, vous ~Les dérivés de queue sont peu nombreux et le
voir partitw +Par analogie, et dès le XII” s., queue principal est complètement détaché de son ori-
désigne un appendice en forme de queue ou un ob- gine. COUARD, ARDE adj., d’abord cuard Cv.10801,
jet allongé : une bandelette de parchemin pendant est un vestige de la forme archtique de queue, coe.
au bas d’un acte et supportant le sceau Iv. 11551,le Sign%ant proprement “qui a la queue bassen, le
pédoncule attachant le fruit à la branche, le pétiole mot qutie une personne lâche, peureuse et, par
de la feuille Iv. 1220). 0 Il s’est dit de la partie d’un extension, une chose manifestant la peur ; son em-
vêtement pendant par derrière Km XII~s.), avant de ploi est aujourd’hui régional ou littéraire. +C’est
céder ce sens à traîne, et de ne plus désigner que aussi le cas de ses dérivés. COUARDISE n. f
les basques plongeantes à l’arrière d’un habit Ile Cv. 1080, mardise) est encore en usage, mais ar-
plus souvent dans queue-de-pie*, queue-de-morue). chaïque ou littéraire, COWARDER v. tr. Iv. 1080 à la
La vitalité de ce groupe d’emplois analogiques est forme pronominale) étant disparu. OCOUARDE-
attestée par les sens de *partie qui excède par le MENT adv. Idéb. XIII~s., cuardement; également
bas le corps d’une lettre>> (15481, atr&ée lumineuse coairdemnt, v. 12093 est très rare. +Le composé
d’une comètes (14711, atouffe de cheveux serrés ACCOUARDIR v. tr. ( 1209 ; 1167, par son participe
derrière la tête>>(17621, les syntagmes queue de b2- passé adjectivé) est sorti d’usage. - QUOAILLER
QUEURSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

v. intr., d’abord et encore écrit coailler, autre dé- plus que par plaisanterie dans l’expression maître
rivé de coe enregistré par Furetière ( 1690) et cer- peux (15381.
tainement bien antérieur, signfie, pour un chien 0 voir COQ.
de chasse, <<quêter la queue haute>> et, pour un che-
val, ((remuer continuellement la queue x’. QUI pron. rel. et interr. est issu (842) du latin qui,
QUEUTER v.intr. (17651, terme de billard et, par pronom relatif et interrogatif nominatif singulier,
extension, de croquet, reste d’un usage sp&ialisé, appartenant à un thème îndoeuropéen “kw-, “k”o-
tout comme son dérivé QUEUTAGE n. m. (1875). auquel s’est ajoutée la particule i dans une forme
* QUEUSOT n. m. ( 19221,dérivé de queue avec un s supposée “kwo-i, d’où qui. À côté de %“o-, il existait
d’appui, est un terme technique désignant, par un thème ‘k”i- qui a fourni les formes de l’inter-
analogie de forme avec une queue, un tube de rogatif indéfmî quis, quae, quod (+ quidam). Les
verre semant à faire le vide dans les ampoules deux thèmes ont réagi l’un sur l’autre et leur conju-
avant de les souder. gaison est le résultat d’une contamination Il’ac-
Le verbe préfmé ÉQUEUTER v. tr. Wm XIX~s-1se dit cusatif singulier quem, le datif et ablatif pluriel qui-
techniquement pour «ôter la queue des fruit+, d’où bus étant fournis par le thème de quis). En bas latin
ÉQUEUTAGE n. rn,(&s). (IV~s.1,qui est devenu la forme commune aux trois
Queue est d’une grande vitalité dans la formation genres, éliminant quae et quod. De plus, le datifsîn-
de noms composés en queue de et nom d’animal. gulier cui, valable pour les trois genres, est devenu
QUEUE-DE-CHEVAL n. f. EV.1550) désigne la cas régime singulier et pluriel en langue populaire,
prêle, avant d’être un nom de coiffure désigna& donnant en ancien français le cas régime tonique
une mèche de cheveux serrée derrière la tête cui, assez rapidement réduit A la forme qui.
(1952). *QUEUE-DE-RENARD n. f, autrefois em- +La quasi-totalité des emplois de qui est attestée
ployé lui aussi pour la prêle ( 15381, désigne égale- avant la fm du XII~s., même si la syntaxe moderne
ment d’autres plantes et un outil à deux biseaux du pronom s’est dégagée plus lentement. Dès les
(1803). *QUEUE-DE-RAT n.f. 11680) désigne premiers textes, qui est employé en tant que relatif,
d’abord la queue d’un cheval dépom de crin, comme sujet, avec un antécédent pouvant être un
puis une lime ronde (17521 et le bout aminci d’un nom de personne ou de chose (la personne, la
cordage 11832). +QUEUE-DE-PAON n. f. (1694) est chose qui...I. La séparation de cet antécédent par
le nom d’un motif ornemental en architecture. plusieurs mots, courante dans l’ancienne langue,
+QUEUE-DE-LION n.f. (17621 est un nom de s’est raréfiée au profit de la clarté de la phrase ; de
plante, QUEUE-DE-COCHON n. f. (1803) le nom la sorte, on a vu disparaitre l’emploi de et gui ser-
d’une tarière (18031 et d’un ornement (18761,
vant à représenter dans l’usage classique un pro-
QUEUE-DE-CHAT n. f. (1873) le nom d’un nuage nom plus ou moins éloigné et caractérisé par un
ki en météorologie, QUEUE-DE-MORUE n. f. ce- adjectif ou un participe passé. + L’élision de qui en
lui d’un large pinceau plat et aussi d’une basque
qu’, qui occasionnait des confusions avec la forme
d’habit (1871).
élidée de que, a également cessé de se pratiquer.
0 Voir CAUDAL, CAUDATAIRE, CODA.
+L’emploi de la relative introduite par qui depen-
QUEURSE ou QUEURCE n. f. représente dant d’une complétive d’objet ou d’une înterroga-
l’altération, par adjonction d’un r (1845, queurse; tive a été généralement expliqué par l’analogie
1875, queurce), de l’ancien queuz (XII~sd, queue ou avec des phrases comportant un verbe de percep-
queux (xiv” s.), aussi queuxe (1664). ce mot est issu tion et, selon Gougenheim IGrumpnaire de la
du latin COS,cotis ((pierre à aiguiser)), apparenté à langue française du xv? s.), par une confusion pho-
une racine indoeuropéenne représentée égale- nétique avec qu’il ou qu’ils (avant d’être étendu au
ment dans le sanskrit @g& «pierre à aiguiser)), le féminin). Ce flottement s’est maintenu dans cer-
grec kônos <<pomme de pin» (3 cône). Cos vit égale- tains cas (l’argent qui lui reste; l’urgent qu’il lui
ment dans l’italien cote, le roumain cute, et, en reste). +L’emploi de qui sans antécédent exprimé
français même, dans de nombreuses formes dia- s’applique à une personne au sens de «celui qui,
lectales à initiale c ou k. quiconque)) (v. 10501,à une chose pour ala chose qui,
+ Le mot a désigné une pierre à aiguiser, en géné- ce qui>> tv. 1260). Dans le premier cas, qui est spé-
ral. Depuis le XVII~s., il s’est spécialisé en technique cialement employé comme attribut avec un sens
pour apierre à aiguiser utilisée par les tanneurs indéfmi dans gui gue ce soit (1080); autrefois, il
pour dépiler la peau)) ( 1664). s’employait également avec un sens de «si l’on=
b De ce sens est dérivé QUEURSER v. tr., dont la ( 1080) ; cet usage, continu au moyen âge et extrê-
forme actuelle ( 1875) est une réfection de quiosser mement répandu au xv? s., s’est raréfié au XVII~siè-
(1723) et queusser ( 1845) (<dépiler (une peau) avec la cle. La langue moderne l’a conservé dans tout tient
queurse )a.+Le verbe a produit QUEURSAGE n. m. à point gui sait attendre, locution en général modi-
Iiinxr~"s.) et QUEURSOIR n. mAxes.), nomd’ins- fiée en ,,. à gui sait attendre, en français moderne.
hument. + Qui s’emploie aussi comme sujet, en apposition à
un pluriel ou à un collectif et répété avec une va-
QUEUX n. m., d’abord cous (1080) puis queu leur de distributif Iv. 1131). Dans le second cas, il a
Cv. 1175)et queux (déb. XVI~s.), est issu du latin co- vieilli, sauf dans quelques tours figés comme gui
quus, autre forme de cocus ~~cuisinier~, de coquere plus est, qui mieux est, qui pis est et après voici et
(b cuire). voilà. +Qui, dans son emploi en fonction de
+Le mot, qui a aussi désigné une charge de cuisi- complément indirect introduit par une préposi-
nier de cour, jusqu’à la Révolution, ne s’emploie tion : de qui, à qui, pour qui 110801, a concur-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3043 QUIET
rencé puis supplanté cui après le XIII~siècle. QUXBUS n. m., d’abord en usage dans les mi-
L’usage classique de qui renvoyant dans ce cas à un lieux parlant latin (v. 14621, est un emprunt au latin
nom de chose n’est possible aujourd’hui que quibus ((au moyen desquelles chose+, ablatif plu-
lorsque la chose est personn%ée ou représente riel du pronom relatif qui (+ qui).
une personne; dans tous les autres cas, qui fait fi- + Quibus est un mot populaire désignant la fortune,
gure de bizarrerie de style ou d’archaïsme. +Qui I’argent (avoir du quibusl, qui correspond à la lo-
est également employé comme compIément direct cution familière clvoir de quoi <<avoir une certaine
Iv. 1174, seulement en parlant d’une personne. aisancen et au moyen français dequoi n. m. aargent,
L’emploi de qui comme pronom interrogatif re- fortune> Cv.1462). Du quibus se disait encore au xrxe
monte à la fin du xe s. (v. 9803 dans l’interrogation et au début du x2 s. pour <<del’argent>>.
directe ou indirecte, représentant une personne;
son emploi avec Xavaleur neutre de aquelle chose>> QUICHE n. f., d’abord attesté (1805) dans une
Iv. 11751, encore vivant en français classique, est Histoire... de Nancy et k~lus 11807) dans un Diction-
sorti d’usage. Il est concurrencé par la forme déve- naire des expressions vicieuses de Lorraine, est
loppée qui est-ce qui, qui est-ce que. l’adaptation de l’alsacien izüchen ((gâteau», variante
b Qui a donné QUI VIVE? lot. interj., formé (1419, de l’allemand Kuchen de même sens. Celui-ci, de
sous la forme latinisée qui vivat ?; puis 1478-1480) l’ancien haut allemand chuohho, kuocho, appar-
avec vivre*, pour le cri d’une sentinelle sommant tient, comme l’anglais cake flgâteaw (+ cake) et
qqn de se faire connaître, et isolément comme to Cook3 «cuisiner», a une forme germanique “ko-
équivalent de “qui est vivant> Iv. 1500). Le mot est kzn-, “/dmn- de la racine indoeuropéenne repré-
substantivé en QUI-VIVE n. m. (16261, surtout dans sentée dans le latin coquere (3 cuire) et sa famille.
la locution être SUTle gui-vive wigilant~~ (16901. + Le développement de sens est une spécialisation
QUICONQUE pron. rel. et pron. indéf. est ISSU de l’idée de =Pâtisserie>> en *tarte salée)) (un auteur
(v. 1170) de la locution qui qui de onques Iv. 11703, lorrain parle aussi de quiche aux quetsches, 1907,
par l’intermédiaire de la forme qui qu’onques, avec pour une tarte sucrée). La quiche lorraine, plus ou
élision En xrle s.1,proprement {{quel que soit jamais moins modi-fiée, est devenue un plat international,
celui qui)>, de qui... qui <quel que soit... la personne le mot étant emprunté par diverses langues.
qui» (auj ourd’hui qui que ce soit.. qui) et de onques”
Mjamaism. Par la suite, le mot, d’abord écrit Izi- QUICONQUE - QUI
qunques, a été rapproché du latin quicwnque
*quel... que, n’importe lequel» I+ quelconque> et a QUIDAM n. m., également quidem en moyen
perdu le s adverbial. +Le mot remplit d’abord la lançais, est emprunté (XIV~s.) au latin quidam Ncer-
fonction d’un pronom relatif indéfini introduisant tain>), «un certain>>, désignant une personne qu’on
une proposition relative sans antécédent dont il est ne veut pas désigner plus clairement. Le mot est
le sujet indéterminé, avec le sens de *celui, quel issu phonétiquement de “pis-dam, formé de l’ad-
qu’il soit, qui», cette proposition pouvant être pla- jectif et pronom interrogatif indéfmi quis <<qui?>>,
cée en tête de phrase. *Son emploi comme pro- <<quelqu’un>, et de la particule -dam qui correspond
nom indéfmî au sens de Mn’importe qui, personnes à -&UI (+ idem). Ce “quisdam a abouti à quidam, le
En we s.) a été condamné par certains grammai- premier élément se confondant avec le relatif qui
riens ; exceptionnel dans la langue classique, il s’est I-, qui) qui appartient au même groupe.
répandu au xrxe s. Isurtout à la fin); de nos jours, il + Comme en latin, quidam s’emploie en français
est reçu par le meilleur usage. pour désigner une personne qu’on ne peut ou ne
@ voir CAHIN-CAHA, CAR, COMME, POUFLQUOX, QUE, QULA,
veut pas nommer plus précisément ; d’abord em-
QUIBUS, QUOI, QUOIQUE, QUOLBET.
ployé en procédure, devenu péjoratif il relève au-
QUIA tÀ1 lot. adv., d’abord dans venir à quia jourd’hui d’un usage plaisant. L’ancien féminin qui-
Iv. 14601, est emprunté au latin quia, ancien pluriel dame 116901, quidane (16941 a disparu.
neutre de quis (+ quidam), quid I+ quid), d’abord
employé avec une valeur interrogative, puis de- QUIET, QUIÈTE adj., attesté au XIII~ s. mais
venu particule causale, au sens de <(parce quen, en probablement antérieur, car le dérivé quieté existe
concurrence avec quod que la langue classique hi dès le XII~s., est un emprunt au latin quietus (<enre-
préfère. Le mot est passé en fkançais par l’inter- pos, tranquille)) (-, coi, quitte).
médiaire des milieux scolastiques où la connais- +Le mot a été usuel jusqu’au XVI~s., surtout sous la
sance d’après la cause tscire quia...) était considé- forme quiete ou quiette, aux deux genres. Malgré le
rée comme inférieure à la connaissance d’après soutien de l’antonyme inquiet”, il a vieilli puis dis-
l’essence &Cire propter qui&. 2. Le moyen français a paru au XVI? siècle. Furetière, en 1690, signale
eu la forme chyu, chia! employée comme interjec- qu’(qon ne le dit gueres qu’en ces phrases. Il a l’ame
tion d’assentiment et de résignation, en particulier quiete... ce malade a passé une nuit fort quieten.
dans les mystères. b Son dérivé QUIÈTEMENT adv. cv.1265) a lui aussi
+La locution, d’abord dans des textes de prove- vieilli. II était encore régional au xrxes. (G. Sand);
nance ecclésiastique, est exclusivement employée chez Gide, c’est un archaïsme.
dans les locutions être à quia <<n’avoir rien à ré- QUIÉTUDE n. f. est emprunté 11482) au bas latin
pondre» Iv. 15501 et pousser juqià guia <<pousser à ecclésiastique quietudo, -inis -repos», du latin clas-
boutn 116721, surtout réduire & quia ( 1654-1655) ; elle sique quies, quietis creposm, wie tranquille)), «som-
appartient à un usage archaäque. meil- (3 coi), apparenté à quietus. +Le mot, plus
QUIGNON 3044 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

usuel en français moderne que quiet, désigne la jouer des quilles a’enfuh ( 18461, variante mo-
tranquillité, surtout morale et psychologique, dans derne de trousser ses quilles (xv” S.I. + Quelques dé-
un langage plus soutenu que son antonyme inqui& veloppements spéciaux apparaissent ensuite : en
tude*. Il est spécialement employé dans la langue termes d’habillement, le mot, qui s’employait au-
religieuse pour l’anéantissement de la volonté en trefois pour un parement le long d’une couture
Dieu ( 1691), depuis l’époque de l’épanouissement (17461, se dit d’une pièce d’étoffe donnant de l’am-
du quiétisme. pleur au bas d’une jupe ( 1909). Quille désigne aussi
QUIÉTISME n. m. est dérivé savamment (v. 1671) (1866) la tige fixée a l’arrière d’une voiture à deux
du latin quietus cen repos, tranquille> (-, coi, quiet, roues pour la maintenir droite lorsqu’elle est déte-
quitte). La transcription quietismus est relevée en lée. Il se dit d’un type de bouteille allongée utilisé
latin religieux après le mot français. *Ce terme notamment pour les vins du Rhin (1917). + Son em-
d’histoire religieuse désigne une forme de mys- ploi dans l’argot militaire pour désigner la fin du
tique faisant consister la perfection chrétienne service militaire (1936) procède peut-être de quille
dans un état continuel d’union avec Dieu. Il évoque «jambe», avec l’idée de fuite réalisée dans jouer des
le repos complet dans lequel se trouve l’âme plon- quilles, mais la motivation en demeure obscure.
gée en Dieu, la totale passivité dans laquelle elle Par extension, quille se dit aussi de la libération de
doit se maintenir pour laisser Dieu agir en elle. prison.
Cette doctrine, dont les racines plongent dans le Le mot argotique (1895) puis familier @QUILLE
renouveau mystique du ~VI~s., est apparue en Italie &lle~~, aujourd’hui vieilli, semble être un jeu de
(1670-1680) après les théories du sommeil mystique mots sur fille, peut-être d’après quille ccjambem,mais
et de l’indifférence complète; elle s’est répandue cette valeur demeure inexpliquée. Il s’agit peut-
en Espagne (Molinos) autant qu’en France (Malaval, être d’un autre mot.
puis M”” Guyon I1648-17171, proche de Fénelon). b La dérivation de CDquille consiste surtout en
Elle a soulevé une vive opposition et a été condam- termes techniques. +QUILLER v.tr. (13301, autre-
née en 1687 par une bulle du pape Innocent XI et, fois employé intransitivement au sens de {{jouer
en 1699, par un bref du pape Innocent XII. + Le dé- aux quilles>>, se dit pour «lancer (une quille) le plus
rivé savant QUIÉTISTE n. et adj I (v. 1671) vient du près possible d’une boule pour savoir qui jouera le
latin quietus. L’opposition et les opposants à la doc- premier>> (16941 et aremettre debout (les quilles
trine quiétiste ont reçu le nom d'ANTIQUIÉTISME abattue+. La forme pronominale se quiller (1752)
n. m.et ANTIQUIÉTISTE n.etadj. est empruntée au provençal se quilla <<sepercher,
0 voir ACQUIESCER, COI, INQUIET, QlKlYlYE, QUITTER, RE- se jucher=; elle a signifk Nse tenir debout comme
QUIEM. une quille>>, mais se rencontre encore rkgionale-
ment au sens de Nse placer dans un endroit sûr,
QUIGNON n. m. est l’altération Exrves.) de coi- abri% (192.2). +Autre terme de jeu, QUILLIER
@on ~coinn, dérivé de coin*, au sens de <<morceau n. m. (1370) désigne l’espace carré dans lequel on
de pain en forme de coin». Le gallo-roman présente dispose les quilles, l’ensemble des neuf quilles d’un
divers autres dérivés de coin désignant un mor- jeu (16901. + QUILLoN n. m. Il5701 désigne cha-
ceau, comme le wallon cougnet amorceau de painn, cune des deux branches de la croix dans la garde
et le français coin de beurre ~W~-XIX~ s.l. D’autres d’une épée ou d’une baionnette, puis ( 1932) la pe-
dérivés désignant des gâteaux, tels coignel, cu- tite tige placée près de l’embauchoir (douille qui
gneul, coignet, cuignot, encore usités dans les par- réunit le canon au fût1 d’un fusil de guerre. 4 Un di-
lers de l’Est, du Nord-Est et tianco-provençaux minutif, QUILLETTE n.f. 117321, a été formé en
pour désigner des gâteaux de Noël, viennent du agriculture pour désigner un brin d’osier que l’on
dérivé latin cuneolus cpetit coins. enfonce dans le sol. -Au xx’ s. sont apparus QUIL-
+ Le mot désigne un gros morceau de pain compre- LEUR, EUSE n. (19161, utilisé au Canada pour dé-
nant une bonne part de croûte. signer un joueur de quilles et en fiançais central
pour celui qui est chargé de remettre les quilles en
0 QUILLE n. f. est emprunté (fin XII~ s.1, avec place (19331, et le terme d’argot militaire 0 QUIL-
adaptation au fiançais, à l’ancien haut allemand LARD n. (v. 19501, qui signiCe asoldat qui va être li-
kegil (allemand Kegel3 (cheville, piquet», «pieun et béré, avoir la quille)).
spécialement «morceau de bois utilisé dans un jeun. 6) voir RESQUILLER.
Ce mot est issu d’un germanique “kugih, diminutif
d’un nom attesté par le souabe Kag ou le bavarois 0 QUILLE n. f., terme de marine, est probable-
Kag «trognon de chou)). ment emprunté ( 1382) au vieux norrois kil&, pluriel
+ Le mot, repris avec le sens de l’allemand à propos (parce qu’il faut plusieurs pièces de bois pour faire
d’une pièce cylindrique de bois qu’il faut abattre cet objet) de kjQir appartenant à un type “keluz. Le
dans un jeu, entre dans des locutions dont comme mot a des correspondants dans l’anglais keel, l’alle-
un chien dans un jeu de quilles, amal à propos et mand Kkl, le néerlandais kiel.
brutalement>> (1665). Au sens concret, le mot a + Repris avec le sens du mot norrois, apièce allon-
vieilli; il s’emploie au pluriel, Ies quilles, pour dé- gée à la partie inférieure de la coque d’un navire,
signer le jeu, concurrencé par I’américanisme bow- sur laquelle s’assemblent les pièces transversales
ling, qui désigne un jeu un peu dif%rent. + Dès le formant l’ossaturea, quille s’emploie aussi, par mé-
moyen franqais, par analogie de forme, il devient tonymie, pour le lest fixé à la quille.
une appellation familière de la jambe (v. 1460, Vil- b Ledérivé CONTRE-QUILLE n. f. (16771, mot tech-
lon), conservée jusqu’au xrxe s. dans la locution nique, désigne la pièce de bois doublant et renfor-
DE LA LANGUE FRANÇAISE QUINQUENNAL
çant la quille. - @ QUILLARD n. m. ~XX” s.) Sign%e unciu (+ once). Le français l’a aussi adapté en quin-
woilier à quille)>. conche (16901 et quinconge (1691).
4 Le mot, d’abord chez Rabelais dans la locution en
QUINAUD, AUDE adj., d’abord quinault ordre quincunce, est employé comme nom ( 1555)
( 15221, forme longtemps dominante, est probable- pour une plantation d’arbres disposés par cinq
ment le diminutif du moyen français quin dnge)) (quatre au carré et un au milieu), dans la locution
Cv. 15101, dont l’origine est incertaine : P. Guiraud en quinconce et dans les quinconces. Cette accep-
propose de le rattacher à une variante picarde (en tion, en France, évoque notamment la place des
qui-) de cligner CgrimacerB (+ rechigner-I, mot Quinconces, à Bordeaux. Par extension, le mot dé-
d’étymologie germanique. A la même époque, on a signe un assemblage de divers éléments ainsi dis-
dit faire 2a quine à qqn pour <(se moquer de lui en posés ( 16001, spécialement une formation de
faisant la grimace ou un geste de moquerie avec les joueurs au football.
main+ ( 1564, et jusqu’en 1660).
FQUINCUNCIAL,ALE,AUX adj.estunemprunt
+ La notation physique de «laid, @maça&, dans
savant ( 1845) au dérivé latin quincunciulis “qui
un laid quinault 11522) et dans l’emploi du mot pour
contient les cinq douzièmes d’un toutn et <<planté en
<<vieux singeu ou <<marmot fort laid>>, dans les dic-
quinconce)>. L’adjectif, qui signikit «planté, disposé
tionnaires de langue de 1690 à la fm du XVIII” s., a
en quinconce>>, s’est spécialisé en botanique à pro-
disparu, le mot continuant à s’employer jusqu’au
pos d’une disposition d’organes sur la tige, lorsque
XIX~ s. au sens psychologique de ({penaud, con&+
l’angle de divergence est de deux cinquièmes
11534, faire rendTe quinault qqn). Ce développement
cv, 1950).
témoigne d’une évolution sémantique de «per-
sonne qui fait la grimace>> à <<celle qui subit les quo- QUINE n. m, (régionalement féminin) est em-
libets, qui a le dessous~. Ce sens, qualif% de ((bas et prunté (v. 1155) au latin quini ((cinq chaque fois, cinq
burlesque» par l’Académie ( 16941, appartient au chacun), distributif correspondant à quinque
XIX~ s. à un usage archaïsant, le mot normal étant (+ cinq).
penaud. Il n’est plus en usage.
+ Le francais en a fait un terme de jeux désignant le
QUINCAILLE n. f., attesté vers 1360 sous les coup où chacun des dés amène un cinq. Depuis le
formes quinquelle, quincuile et probablement ante- XVIII~ s., quine s’emploie aussi pour une série de
rieur (cf. quincuilleti), est l’altération d’une forme cinq numéros sortis ensemble à la loterie ( 1783,
clincaille, plus ancienne et encore employée au quine de la loterie royale) et une série de cinq cases
XIX” siècle. Celle-ci est issue, avec chute du 1 par as- remplies sur une ligne horizontale au loto (1798). La
similation, du radical expressif qui a fourni clin- locution figurée un quine à la loterie mne chance
quer*, évoquant des objets qui résonnent. inespérée}} (18351 a disparu, mais l’argot emploie
4 À la différence de ses dérivés, le mot n’est encore en avoir quine de <<en avoir assez de» (xx” s.),
presque plus en usage : son emploi pour des objets renversant l’idée de dg& heureux>> pour évoquer
la satiété.
de cuivre, de fer a vieilli, de même que son emploi
métonymique pour de la petite monnaie (v. 1534.
QUININE +QUINQUINA
* Son emploi moderne pour désigner les éléments
matériels d’un système informatique est un équi- QUINQUAGÉNAIRE adj. et n. est em-
valent plaisant de l’anglais hardware (proprement prunté ( 1482) au latin quinquugenurius <<de cin-
~~quincaillerie4; proposé par Louis Armand en quante» et, spécialement, «âgé de cinquante ans”,
contraste avec mentaille pour remplacer le couple dérivé de quinquageni, distributif de quinquagintu
hardware-soféware ; malheureusement, il ne s’est I+ cinquante).
pas répandu; on dit matériel ou hard.
4 Le mot quaEe une personne ayant entre cin-
de dérivé QUINCAILLERIE n. f. (v. 1268) a sup- quante et soixante ans; il est substantivé en ce sens
planté quincuille au sens collectif, ((ensemble des ( 17401, parfois abrégé familièrement en quinqua
articles métalliques servant au ménage et à l’outil- (19703.
lagep. 0 Les extensions sont le sens familier de «bi-
joux, décorations) Il7701 et les extensions métony- QUINQUENNAL, ALE, AUX adj. est em-
miques de <commerce de ces objets, 11875) et prunté ( 1520 ; auparavant quinquenniul, 1491) au la-
<<magasin où ce commerce a lieu>> (xx” s.), ce dernier tin quinquennulis “qui a lieu tous les cinq ans», “qui
emploi étant probablement le plus courant. De là dure cinq ans>),dérivé de quinquennis Ggé de cinq
ksemble de décorations)>, au XIX~ s. (1872, La- ans», composé de quinque (-, cinq) et d’un adjectif
biche). tiré de unnus C-3 an).
QUINCAILLIER,IÈRE n. (1442; 1428, selon Bloch
+Le mot signge d’abord <<qui a lieu tous les cinq
et Wartburg) désigne le fabricant ou vendeur de
ansa puis aussi “qui dure cinq ans)) (17401, spéciale-
quincaillerie.
ment dans assolement quinquennal, plan quin-
QUINCONCE n. m. (15961, d’abord quincunce quennu2, devenu usuel à cause de la mention de ce
115341, est emprunté au latin quincunx, -cuncis qui type de plan économique, à propos de l’ex-
désigne les cinq douzièmes d’un tout, une monnaie U. R. S. S.
de cuivre de cinq onces marquée de cinq points et, F Le dérivé QUINQUENNALITÉ n. f. «fonction de
par extension, une plantation de cinq arbres (voir cinq ans>> (1830) est didactique. + QUINQUENNAT
ci-dessous). Il est formé de quinque C-3cinq) et de n. m. hil. xxe s.l est plus usuel.
QUINQUET 3046 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

QUINQUET n. m. est l’abréviation (1800) de la tion de l’anh-acène, employé dans la fabrication


locution lampe à la Quinquet 11785, d’après Nyrop), des colorants.
du nom d’Antoine Quinquet 11745-18031, pharma-
cien qui perfectionna, en la dotant de cheminées * QUINT, QUINTE adj. et n. continue le la-
de verre, cette lampe inventée par le physicien tin quintes Mcinquièmen, issu de “quinctos, de
suisse Aimé Argand (1755-1803). quinque (3 cinq).
+ Le mot désigne une lampe à double courant d’air 4 Au sens de acinquièmem, l’adjectif a pratiquement
et à réservoir supérieur, très employée dans la pre- disparu après le XIV” s., de même que les anciens
mière moitié du xrx” siècle. +Par métaphore, il a ordinaux tirce, quart, etc. Il subsiste dans quelques
rapidement fourni une désignation populaire de expressions juridiques, dans des noms d’origine es-
l’œil(l8081, surtout dans ouvrir (allumer, métapho- pagnole et italienne par emprunt à ces langues
riquement) ses quinquets. KZharles Quint, Sixte-QuinO et en médecine an-
cienne dans l’appellation fikwe @te (15571, en
QUINQUINA n. m. est considéré comme I’al- rapport avec tire tierce, quarte..., et qui a été en
tération [attesté 1661) de Kinakzina (16531, les deux concurrence avec fièvre quintune, mot repris au
formes chez G. Patin, mot emprunté à l’espagnol xwe s. au latin quintunu, féminin du distributif de
quinaquina, lui-même du quechua (langue in- quintus. * En emploi substantivé, quint <cinquième
dienne du Pérou) kinukinu désignant une espèce partie, cinquième> Iv. 1170)a subsisté jusqu’à la Ré-
d’arbre et son écorce aux propriétés toniques et fé- volution comme terme de droit féodal pour le cin-
brifuges. On a dit quina (XVII~s.), comme en espa- quième d’une succession.
gnol. Le quinquina fut introduit en Europe en 1639 F 0 QUINTE n. f. provient ( 16111de note quinte
par la comtesse de Chinch6n (en Castille), femme ( 13721,spécialisation en musique bien antérieure à
du vice-roi du Pérou. La date tardive des attesta- celle de quarte, et dont témoigne l’ancienneté de
tions espagnoles Iquinu, quinuquinu, v. 1740) et les l’ancien verbe quintoyer afaire l’accord de quinte»
problèmes posés par la langue quechua, décrite au (XIII~-me s.l. Le mot désigne le cinquième degré de
xwB s. sans allusion à ce mot, conduisent Coromî- la gamme. *Au xvrles., quinte commence à dési-
nas à proposer pour étymon Chinchonu, prononcé gner une suite de cinq cartes de même couleur
Kinhonu et déformé; cette hypothèse est très dou- (av. 16221, et, en escrime (1670), un des engage-
teuse, d’autant qu’un texte anglais de 1656(Digby) ments ou parades en ligne haute dedans.
attribue dé j à le mot aux Espagnols. 0 QUINTE n. f., au sens d’aaccès de touxn (16441,est
4 Le mot désigne l’écorce amère et fébrifuge de cet issu de quint par spécialisation comme dans %e
arbre, appelée aussi écorce des Jésuites, écorce du quinte (ci-dessus). ,Guy Patin écrit : KM. de Baillon a
Pérou, et ne désigne la plante elle-même que de- fort parlé, en ses Epidémies, d’une certaine toux à
puis le XVIII~ s., à côté du nom scienttique laquelle sont sujets les petits enfants, que les Pari-
chinchona, du nom de la comtesse de Chinchon siens appellent une quinte, quod quintu quaque
que le quinquina avait guérie. Par une autre ex- horu fere videutur recurrerej> (parce qu’elle paraît
tension métonymique, vin de quinquina (1760) puis revenir à peu près toutes les cinq heures). + On en
quinquina désigne un vin apéritif et tonique conte- a tiré beaucoup plus tard l’adjectif 0 QUIN-
nant une certaine proportion de quinquina (1896). TEUX, EUSE (18351 aqui comporte des quintes-,
wL’ancienne forme abrégée de quinquina, quina, a puis {{sujet à des quintes de touxn, à propos d’une
servi à former le dérivé savant QUININE n. f. personne (attesté XX~s., mais préparé par 0 quin-
(18201,nom d’un des premiers alcaloïdes isolés, ex- teux, ci-dessous).
trait de l’écorce de quinquina par les pharmaciens QUINTESSENCE n. f. est issu de la soudure de
lançais P. J. Pelletier et J, B. Caventou en 1820- quinte essence (v. 12651,calque du latin médiéval
1823. Cette découverte eut de grands retentisse- quintu essentiu <<cinquième essence)), de quintu, fé-
ments : les ressources naturelles de quinquina minin de quintus, et de essentiu. L’expression tra-
(Équateur, Pérou, Bolivie) furent épuisées vers duit littéralement le grec pemptê ousiu, de pemptê
1880; s’ensuivirent des rivalités nationales et des féminin de pemptos 4nquième>>, dérivé de pente
essais concurrents d’introduction de ces arbres «cinq (-, pent[al-1, et de ousiu {{essence, substancem
dans d8érentes régions chaudes et montagneuses, 1-3parousiel. C’est ainsi qu’Aristote appelait l’éther
Indes, Ceylan et Java, où les Hollandais obtinrent qui, dans sa théorie physique, plane dans l’univers
des résultats remarquables avec une variété riche au-dessus des quatre autres éléments. On a dit
en quinine. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, quint élément Iv. 1265, Brunetto Latini), d’après le
les Hollandais eurent le monopole de la produc- grec pempton sômu I+ somatique). -Le mot a été
tion, avant de nouvelles tentatives d’acclimatation. introduit comme terme de philosophie scolastique
+Une dizaine de termes scientsques ont été for- au sens d’&thersJ conformément à Aristote qui en
més sur quinine à partir du milieu du me s., fait l’essence du ciel et des astres, Cicéron en fai-
comme le composé QUINOLÉINE n. f. 118431, em- sant la matière de l’âme. En alchimie, quintessence
prunt à l’allemand, mot créé par Gerhardt qui ob- désignait la partie la plus subtile extraite d’un
tint ce premier composé chimique, QUINISME corps par distillation ti XVI~S.I. C’est en ce sens
11878) ou QUININISME (xx” s.) II. m. en médecine. qu’il faut entendre ahtracteur de quintessence
+ QUINONE n. f., nom d’un composé découvert en (15341, nom que se donne Rabelais. L’expression,
1838, est direckement formé sur quinu. 0 Il a pour souvent mal comprise, a ki par désigner un esprit
composé ANTHRAQUINONE n. f. (18781,du radî- qui se compltit à de vaines subtilités. 0 Au xv” sa,le
cal de anthrucène, désignslnt un produit de l’oxyda- mot a développé le sens figuré de <condensé résu-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3047 QUINTUPLE

mant l’essentiel d’une chose>. -Le sens concret, hentênurien. Ce dernier est emprunté au latin mé-
<<extrait le plus concentré d’une substance» ti diéval centenutium <poids de cent lîvresB (VI~-VII~ s.),
xwe s.), a disparu avec l’alchimie, tandis que neutre substantivé de l’adjectif du latin classique
d’autres spéciakations classiques, Mpréparation li- centenurius <<aunombre de centn (-, centenaire). La
quide obtenue par l’action de l’eau-de-vie sur les forme quintur, attestée aux XIII~ et xrve s., est pro-
substances minérales, végétales ou animalesB, bablement un emprunt direct à l’arabe.
asueurs excessives dans le traitement des maladies + Le mot Sign%e d’abord *poids de cent livres) puis,
vénétiennesn et ((profit à tirer d’une affaire, d’une après le triomphe du système métrique, *poids de
charge>, sont sorties d’usage. +Le mot a produit cent kilograrnmesn (1835). Il a continué à désigner
QUINTESSENCIER v. tr. ( 1584) qui signihit <craf& au Canada un poids de cent douze livres
ner à son plus haut points et <<tirer la quintessence (apr. 1760). fl se dit quelquefois par hyperbole d’un
de lune chose))> (1611). &Les adjectifs dérivés, poids considérable.
QUINTESSENCIÉ, ÉE (16111, devenu très lîtté-
raîre, QUINTESSENCIEUX, EUSE (16111, sorti
d’usage (on rencontre quintessentiez, mot du xwe s., QUINTESSENCE + QUINT, QUINTE

chez Balzac, par archaïsme), signifient par exten-


sion <<extrêmement rafké». QUINTETTE n. m., d’abord quintet (18011, puis
0 QUINTE n. f. a désigné une humeur fantasque quintette (18281, est l’emprunt francisé de l’italien
115551et, par analogie, le mouvement désordonné quintetto *morceau de musique pour cinq instru-
d’un cheval rétif 11560,le texte du XIII~s. cité par Lit- mentsm, diminutif de quinto ccinquième», corres-
tré n’étant pas clair). Le mot est d’origine incer- pondant au hmtçais quint? Le mot, formé en italien
taine; on a évoqué une allusion aux accès de la sur le modèle de quartette (-, quartette), a rem-
fièvre quinte Ici-dessus); il est sorti d’usage ou réin- placé en kançais quinque kvIIIe s.), emprunté au la-
terprété d’après 0 quinte. + 0 QUINTEUX, EUSE tin quinque (-+ cinq) sur le modèle de quatuor, dont
adj., attesté un peu avant le nom (15421, a quahfré le sens propre est (<quatre>>; on a dit aussi un quin-
une personne fantasque, acariâtre, et un cheval ré- tetto (18261.
tif. En français moderne, le mot n’est plus compris + Le mot, dont les premières graphies quintet et
ou bien il est réinterprété d’après 0 quinteux ki-
quinteti signalent un intermédiaire allemand Quin-
dessus) asujet à des quintes de toux>. C’est le cas de
tett, désigne une œuvre de musique écrite pour
vieillard quinteux qui, dans l’usage classique, ne fait
cinq instruments, puis ( 1851) un {{ensemble de cinq
pas allusion à la santé, mais à la mauvaise humeur.
instruments à cordes%. Par extension, il s’applique
0 voir CINQ. CINQUANTJZ, QUINTAlNE, QUINTETTE. QUIN-
à un groupe quelconque de cinq personnes ( 1866).
TUPLE.
-Le sens de <formation de jazz de cinq musiciens>
11934) est un emprunt à l’anglais quintet ou quin-
QUINTAINE n. f. est issu (v. 11.76)du latin quin- tette ({ensemble de cinq personnes, musiciens,
tana Chiai, féminin substantivé de l’adjectif quinta- chanteurs, sportifs» Iv. 18801, lui-même emprunté
nus ade cinq en cinqm, lui-même dérivé de quintus au hnçais quintette. 0 Le sens sportif de “groupe
I-, quînt), quintana, proprement <rue du cinquième de cinq joueurs d’attaqueB (19311 est d’origine bri-
rangn. Le mot désignait dans un camp romain la tannique.
ruelle qui séparait le cinquième du sixième mani-
pule et où était établi le marché du camp, puis ce
marché lui-même.
QUINTEUX + QUINT

+ Cet ancien terme de manège a dû commencer


QUINTUPLE adj. et n. m. est emprunté 111484)
par désigner le chemin à parcourir par les cava-
au bas latin quintuplex “qui vaut cinq fois autant»,
liers, dans une expression comme courir la quin-
du latin classique quintw 4nquièmen (-, quint) et
taine. II désigne le but poursuivi, souvent un poteau de l’élément -plex, tiré de plicure (+ plier; duplex,
servant de cible, dans les exercices de manège.
triplex) .
Cette évolution a pu être favorisée par le double
sens de coutir (anciennement courre) ~parcouri~~ et + Le mot désigne et qualiCe une chose cinq fois plus
<courir sus à, poursuivren. Selon le dictionnaire de grande qu’une autre, et, parfois, ce qui est répété
Hatzfeld, le sens de ((poteau destiné à l’exercice mî- cinq fois ou au nombre de cinq (18691.En botanique,
litaire» existait déjà en latin tardif. 0 Par extension, l’adjectif qualifie un stigmate à cinq divisions 11845)
quintuine a désigné un mannequin de manège, dit et, en musique, une figure de note dont la queue
aussi quintun ou fuquin, adapté au-dessus de ce po- porte cinq crochets Iquintuple crochel.
teau et frappant le cavalier qui l’avait mal touché de dérivé QUINTUPLER v. 117891, <rendre quin-
de sa lance (1273). Il a eu le sens figuré d’qqobjet d’at- tuple* et <<devenir quintuplem, a pour participe
taques continuellesa Ifm XVI~s.), encore au XVII~siè- passé quintuplé, ée qui a été substantivé au pluriel
cle. La locution servir de quintaine s’employait en- QUINTUPLÉS, ÉES (19341 pour cinq enfants nés
core au XIX~s., comme variante de servir de cible. d’une même grossesse. +Par croisement avec bi-
cyclette*, quintuple a produit QUTNTUPLETTE n. f.
QUINTAL, AUX n. m. est emprunté (v. 12201, ( 18981, mot rare pour désigner un cycle à cinq
par l’intermédiaire du latin médiéval quintule places. 0 Quintuplette + est quelquefois employé
(XII~s.), à l’arabe qin@r <<poids de cent)), mot em- en concurrence avec quintette* pour le quintette
prunté à l’araméen, lui-même du grec byzantin des avants en rugby ( 1924, Montherlant, Les Olym-
QUINZE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

piques). + QUINTUPLETS (1889) et QUINTU- derne, et s’applique notamment à une méprise


PLETTES (1936) sont un doublet de quintuplétek. entre les r6les d’une situation théâtrale kxe-xxe S.I.

QUINZE adj. nurn. et n. m. inv. est issu (1080) +k QUITTE adj-, d’abord écrit quite (10803,est
du latin quindecim adix plus cinq de quinque emprunté au latin juridique médiéval quitus alibéré
(+ cinq) et de decem (--+dix). d’une obligation juridique ou ktancière», altération
4 L’adjectif numéral cardinal est spécialement em- de quietus. Il s’agit d’une réaction des milieux culti-
ployé dans le syntagme usuel quinze jours qui équi- vés contre la prononciation populaire pariétem au
vaut usuellement (au lieu de quatorze jours) à lieu de putitem, quiétus ayant dû être accentué er-
<deux semaines,. Comme les autres noms de ronément sur le é, d’où une forte accentuation nhy-
nombre, quinze est aussi employé comme ordinal percorrecteti sur le i, aboutissant à quitus. Le latin
Idéb. XVIII~s.3 pour le quinzième jour d’un mois ne classique quietus @anquillen, par deux autres
quinze aoiît), * Ses emplois substantivés en font un voies, a donné coi* et quiet*. Le mot françtis a été
terme de jeux, d’abord pour un des quatre coups emprunté par les langues voisines.
au jeu de paume Iv. 14701, puis pour un jeu de + Quitte appartient au vocabulaire juridique,
cartes où le gagnant était le joueur qui atteignait le d’abord au sens d’aacquitté, délivrées (10801, sorti
premier quinze points (171ll. Il se dit aujourd’hui, d’usage au profit de acquitté, puis de <qui a payé ce
en tennis, du premier point marqué dans le jeu qu’il doit, (v. 11751, spécialement en locutions : tenir
avant trente, avantage et jeu (1932, Larousse). II se quitte de (15381, rendre quitte, être quitte ~XVII~s.,
dit également en parlant d’une date (17191, pour le suivie d’un complément introduit par CL).Une ex-
nombre ou le numéro quinze (1869, Littré) et, spé- tension pour aexonéré, déchargé>> (en parlant d’un
cialement, pour l’ensemble d’une équipe de rugby objet, de qqn) a suivi (XIII~S.I. * D’autre part, dès le
composée de quinze joueurs (18981, par exemple XI~s. (10801, quitte correspond à *libéré d’une obli-
dans le quinze de France (attesté mil. ti S.I. gation morale ou socialen, d’abord avec une conno-
F Quinze a servi à former plusieurs dérivés. + L’or- tation religieuse, pour & qui ses péchés sont remis,
dinal QUINZIÈME adj. et n., réfection (XIV” s.1 de et avec la valeur affaiblie de #débarrassé d’une
l’ancienne forme quinzime Cv.11191, qutie et dé- chose désagréable, d’un danger= (1080), d’où plus
signe (XIV” s.3 ce qui se trouve au rang quinze et ce tard &e quitte pour (v, 14501, menant à en être
qui est compris quinze fois dans l’unité ; lui-même a quitte pour, par exemple dans en être guitte pourla
donné QUINZIÈMEMENT adv. Ww), 4 QUIN- peur (1538). En procèdent plusieurs locutions dont
ZAINE n. f. (v. 11121 désigne un nombre de quinze la plus ancienne, quitte à quitte Km XIV~s.1,altéra-
environ et, spécialement, une période de deux se- tion de quite quite xwx plus d’obligation de part et
maines, sens réalisé en religion dans la quinzaine d’autre3 Il 1901, a disparu dès le XVII~siècle. Ce n’est
de Pûqws (v. 1265) et en droit dans délui de quin- pas le cas de être guitte, jouer à quitte ou à double
zaine. 0 Au x~? s. apparaît la valeur d’aespace de (15641, c’est-à-dire & doubler la mise ou à abandon-
deux semaines de travail payé> (av. Ml), comme nern, puis à guitte ou double hx” s.), mal analysé
pour d’autres noms désignant des espaces de aujourd’hui, et de gru’tte à Ixwe s., P de SévignéI.
temps. + Quinze entre dans QUINZE-VINGTS Le sens de &anquillea Iv. 12651,repris du latin clas-
adj. num. k19 s.), *trois centsm dans le système vi- sique, s’est éteint au xv? siècle.
gésimal Ioù l’unité est vingt), encore employé dans w Dérivé de quitte, ACQUITTER v. tr., d’abord aqui-
l’expression hopital des Quinze-Vingts, elliptique- ter (10801, avait en ancien tiançais un éventail de
ment les Quinze-Vingts (15501, h6pital fondé par sens plus riche que dans l’usage moderne. Le verbe
Saint Louis et destiné à recevoir trois cents Sign%ait udélivrer (un pays) en combattant,
aveugles; de là part quinze-vingt, le sens métony- conquérirm (1080) et atirer (qqn) d’embarrasm (1080)
mique naveuglen, sorti d’usage. +Avec le sens qu’il d’où, à la fois, <<dépasser (qqn) par une qualité>>
a pris au XX~s. en rugby, quinze a produit QUIN- (XIII~s.) et waincre (un hornmeln 11450). II avait aussi
ZISTE n. m. et adj. (1981) «joueur de rugby à le sens de acéder à qqn (ce que l’on possède)m
quinzen. (XIII~ s-1, redoublant là un des emplois de quitter
(voir ci-dessous). Le sens de <se soumettre à qqn,
QUIPROQUO n. m. est la forme soudée (15081 remplir une obiigation morale>> est d’une part réa-
de quid proquo ( 14521, aussi écrit quid pro guo lisé par la construction transitive (v. 1150) et, de
( 13701, locution empruntée au latin médiéval sco- l’autre, à partir du moyen hnçais, par la forme
lastique quid pro quad 4prendre) un quoi pour un pronominale s’acquitter de qui l’a emporté. Le sens
ce que)). Celle-ci, utilisée notamment dans le lan- matériel correspondant, “payer ce que l’on doitn,
gage de la pharmacie pour la substitution volon- est lui aussi réalisé transitivement E1172- 11741,dans
taire ou non d’un médicament à un autre, est for- acquitter urne dette, puis à la forme pronominale
mée du latin classique quid (-P quoi), pro & la place (XIII~ s.1;la spécialisation juridique de econstater sur
de> I+ pour, pro-) et quad, neutre du pronom relatif une facture le paiement de (une dette)> ( 1694) en
qui I+ qui). procède. +Le mot, construit avec un nom de per-
+La diffusion du mot, qui désigne une erreur sonne pour complément, s’est maintenu au sens
consistant a prendre une chose pour une autre, concret de xlib&er d’une dette, (1225) et avec le
doit beaucoup à son emploi dans la langue des apo- sens figuré moral correspondant, prenant aussi le
thicaires à propos d’une erreur en pharmacie, le sens juridique de <<déclarer (un prisonnier) non
médica;ment en cause étant aussi nommé quipro- coupable, (1829). Ce dernier, très tardif, ne s’en in+
quo (14821. 0 Ii s’est généralisé en français mo- crit pas moins dans la ligne de l’ancien sens 4-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3049 QUOI
fkawhîr~ ( 1213-1239)et de celui de quitter <pardon- Ncesser d’accompagner». + À partir du XVI~s. ( 15591,
nep Ici-dessous). le verbe est attesté avec un complément désignant
ACQUIT n. m., le déverbal de acquitter (XII~s.1, a un lieu au sens de <<partis, et un complément dé-
suivi le même type d’évolution restrictive : le sens signant un vêtement au sens d’côter, retirer+. C’est
de cpaiement d’une detteN Ixf s.) a vieilli en dehors de cette dernière acception que procèdent les lo-
du langage administratif, au profit du sens métony- cutions qzitterle deti(1671), quittersapeau à pro-
mique de <reconnaissance écrite d’un paiement% pos d’un serpent qui mue (1694) et, par suite, au fi-
(XIII~s.) avec lequel il concurrence quittance et guré, d’une personne qui renonce à ses vieilles
entre dans l’expression pour acquit (17231, formule habitudes ( 1835). +L’usage de la forme pronomi-
attestant le paiement d’un dû. - De l’ancien sens fi- nale de sens réfléchi se quitter ase séparer des
guré, ace qui garantit la vérité de ce que l’on ditp ( 1530) a disparu alors que le sens réciproque est
EV.12501, ne restent que deux locutions : par ma- resté très courant, notamment dans un contexte
tière d’acquit *négligemment, par impossibilité de sentimental, amoureux. Celui de la construction
s’en dispenserv (v. 1560) a vieilli; par acquit de intransitive pour Ms’en aIlern (1647) a décliné sauf en
cumcjence (15591, rare jusqu’au XY s., est devenu parlant d’un travail et, couramment, par ellipse
assez usuel, sa variante à l’acquit de sa conscience pour quitter L’écoute Méléphonique) dans ne quittez
( 1694) ayant disparu. +Acquit a servi à former le pas!
terme de droit ACQUIT-À-CAUTION n. m. (1723). L’ancien sens juridique du verbe survit dans son
4 ACQWITTEMENT n. m. (XIII~s.), dérivé de acquit- prkipal dérivé, QUITTANCE n. f. IV. 11551. Ce-
ter, a gardé aux dépens de acquit le sens de apaie- lui-ci, qui n’est plus senti comme rattaché au verbe,
ment d’une dette,, avant de soufKr lui-même dt: la a perdu plusieurs acceptions : nfait d’être quittem
concurrence de paiement. Il sert à exprimer l’ac- Cv. 11651, “paix, tranquillitéx (XII~s.), les sens juri-
tion d’acquitter un droit et, moralement, une obli- diques d’&at d’une terre libre de redevancesn
gation, mais son emploi le plus courant (1725) pour (XII~s.1et aaction de libérer d’un impôtm (XIII~sd, et le
la déclaration qui établit qu’une personne n’est pas sens religieux de &nission des péchésx ( 14531.
coupable n’est attesté normalement qu’après 1835. + Quittance n’a conservé que le sens juridique et
QUITTER v. k. h. 1165) est Soit Créé en tianÇaiS sur métonymique &rit par lequel un créancier re-
quitte, soit emprunté au latin médiéval juridique connaît avoir reçu paiement de sa créace> ~III~ s.1
quitare, altération du bas latin quietare <<donner le et, en fmances, #titre emportant libération, reçu ou
repos à>, terme médical issu de quieh. En ancien déchargen. 41 a ~OUI- dérivé QUITTANCER v. tr.,
et moyen français, le champ des emplois de ce d’abord quitancter <libérer par une quittance,
verbe s’est presque entièrement renouvelé au dé- (1396) en termes de comptabilité. - Quitter n’a pro-
triment des anciens sens qui correspondaient à duit aucun dérivé de sens général, à l’exception de
ceux de quitte, aboutissant à masquer le lien de pa- QUITTEUR, EUSE n. ~VII~ ~3.3,terme précieux em-
renté entre les deux mots. Ainsi, l’emploi pour cdis- ployé par MU” de Scudéry pour des amants qui se
penser (qqn) du paiement d’une dette>> Iv. 1165) et quittent, en relation avec un nom d’action éphé-
plus largement ad’une obligation> ~III~ s.1a disparu, mère QUITTERIE n. f. + INQUITTABLE aidj. ( 18911,
donnant naissance à un dérivé encore vivant, quit- adont on ne peut se défaireti, semble une création
tance (ci-dessous). Les extensions concrètes *solder d’auteur (Huysmans).
entièrementn (14761, *diminuer le prix d’autantn QUITUS n. m. est emprunté (14211 au latin médié-
(15381, et l’extension figurée adispenser de» sont val quitus, mot du langage tiancier désignant
aussi sorties d’usage. +L’autre sens juridique mé- l’acte par lequel le responsable de la gestion d’une
diéval *pardonner, donner la rémission den a dis- tiaire est reconnu s’en être acquitté, de manière à
paru; quant à celui d’<<abandonner, céder, renon- être déchargé de toute responsabilité. Comme
cer & kv? s.), encore relevé au XIX” s. chez l’adjectif quitus, ce nom est la forme altérée tar-
P.-L. Courier par archaïsme, il s’est prolongé un divement de quietus; il a subi l’influence séman-
peu plus longtemps par ses spécialisations en ma- tique de quitte Ici-dessus). +Le mot, employé avec
rine, pour l’ancre qui ne mord plus la terre (1736) et le sens du latin, entre tardivement dans l’expres-
au jeu ( 17401,et vit toujours dans les dialectes. Il n’a sion arr& de quitus ( 1860) [puis arrêt], par lequel la
pas disparu entièrement en fknçais central, car Cour des comptes déclare un comptable quitte en-
l’idée d’cabandonner)> est encore réalisée avec un vers le Trésor des deniers qu’il a gérés.
complément désignant plus largement une acti- 0 voir ACQUIESCER,COI, INQUIET, QUtET, QUIÉTISME,
vité, un genre de vie (XVII~s.1: quitter se dit d’un jeu QVrkWE, REQUIEM.
dans la locution guitter la partie, au figuré <aban-
donner- ( 16901, il s’est dit d’un travail ( 16751, de la QUI-VIVE + QUI
vie séculière ( 1694, quitter le monde1 et, par euphé- QUOAILLER + QUEUE
misme, de la vie (1640, Corneille), ces deux der-
niers emplois étant encore possibles. Mais quitter QUOI pron. rel. et inter., d’abord sous la forme
un travail serait aujourd’hui senti comme un angli- quei (10801, puis quoi Iv. 11751,est la forme tonique,
cisme, le verbe anglais to quit, pris au français, à côté de la forme atone que*, du latin quid, neutre
ayant conservé ce type d’emploi. +Par extension, du pronom interrogatif, relatif et indéfW quis
quitter se construit avec un nom de personne pour (+quidamI. En tant que pronom interrogatif
complément, signifiant cs’éloigner de (qqn))> ~VII~ SJ neutre, quid interroge (directement, îndirecte-
et, au figuré, avec un nom de chose pour sujet, aces- ment1 sur cquelle chosen et s’emploie comme for-
ser d’habiter, d’alfecter» c1642) et concrètement mule oratoire de transition, souvent associé à
QUOLIBET 3050 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’autres particules. En tant que pronom indéfini (1656, quoique @eux1 et de propositions partici-
neutre, surtout après si, nisi, ne, cum, il signîEe piales (17151, quoique se construit le plus souvent
Nquelque choseu. Il est aussi pronom relatif équiva- avec le subjonctif, par exemple dans quoiqu’il
lant à ala chose quin ou 4a chose que...>. Par ail- pleuve; la construction avec l’indicatif est ar-
leurs, il est employé adverbialement au sens de chaïque ou correspond à un cas particulier qui lui
cpourquoi, à quoi bon,, en interrogation directe, ou donne une valeur de conjonction de coordination
indirecte, concurrençant quad (4 quiproquo). adversative apourtant, cependantti (après une
+ Dès les premiers textes, quei puis quoi est em- ponctuation forte), par exemple dans je suis,
ployé comme pronom interrogatif directement ou quoique tu m’uvouerus, c’est une idée bizarre.
indirectement (cf. je nd2 sais quoi et n’importe* quoi), Lorsque la concessive-oppositive énonce une éven-
quelquefois, dans la langue familière, à la place de tualité ou fait partie d’un système hypothétique,
que (v. 14501. 0 Son usage en tête de phrase pour quoique peut être suivi du conditionnel présent ou
exprimer l’étonnement ou l’indignation est ancien passé (quoique je préférerais aller à la montagne).
(v. 11801, autrefois accompagné d’un point d’inter- Quoique p est employé en fonction de préposition
rogation, de nos jours fréquemment précédé de et dans l’usage familier et populaire au sens de amal-
( 1669, Molière) ou de mais (1678, La Fontaine). Son gré* (1790, Brunot).
usage en ti de phrase après un mot, résumant une $’ Voir POURQUOI, QUID. QUIPROQUO.

énumération, une idée, est assez récent


(déb. xix” s.), et marqué comme afamiliers. QUOLIBET n, m. est un emprunt (v. 1300, Join-
Les premières attestations de quoi pronom relatif ville quolibez; 1501, colibet) au latin scolastique
sont anciennes Iv. 1119, d’abord dans guoi gue quolibet, dans l’expression dispututiones de quoli-
aquelle que soit la chose que’), qui jusqu’au XVII~s. bet <questions, débats sur n’importe quel sujet>>.Le
pouvait se rapporter à une personne. Relèvent de latin classique quolibet est l’ablatif neutre de quili-
cet emploi les locutions quoi gu ‘il en soit Kde toute bet, de qui (-+ qui) et de libet 4 plaîtn (+ lubie). Dans
façon» (15801, et quoi que j’en aie, qu’il en ait, cette l’enseignement scolastique où la dispute jouait un
dernière issue d’un croisement de malgré que j’en grand r6le, on distinguait les disputationes ordina-
aie avec des tours tels que quoi que j’en dise, quoi riuo qui se faisaient tous les quinze jours et étaient
que je fasse, etc. et critiquée par les puristes. 0 À en étroit rapport avec la leçon, et les dispututiunes
partir du XII~s., quoi se rencontre après une prépo- de quolibet qui avaient lieu deux fois par an, avant
sition pour représenter un pronom ou un nom de Noël et pendant le carême. On pouvait y mettre en
chose de sens indéterminé ; depuis le XII” s. Iv. 11901, avant n’importe quel problème et ces questions
il pouvait également représenter un nom de chose étaient appelées quaestiows de quolibet ou quo-
de sens déterminé k’est I’ctmour aprés quoi je sou- dlibeticue,
pire). Cet usage a décliné après l’époque classique + Le développement sémantique du mot vient de ce
mais il n’est pas rare dans la langue littéraire. que ces questions étaient souvent ridicules ou ju-
+Depuis le XIII~s., quoi est employé avec une pré- gées telles : repris avec le sens de *propos décousu,
position pour représenter le contenu d’un énoncé ce qui passe dans la tête des personnes présentess,
antérieurement exprimé, spécialement dans à quolibet a pris l’acception péjorative moderne de
quoi, après quoi (16681,faute de quoi (16361, comme cpropos railleur> (150 1, également wns idée de rail-
quoi, C14661,moyennant quoi (16681, sur quoi (1836). lerie). II n’a pas gardé le sens de aproverbe, dictonn
Dans l’usage ancien, son antécédent pouvait être (15721, ni celui de asobriquetn ~VII” s., Retzl qu’il
un nom de personne, usage abandonné dans le avait à l’époque classique. La spécialisation pour
premier tiers du xvrle s. mais réapparu dans la <<piècemusicale faite de thèmes, de fragments em-
langue littéraire moderne chez des écrivains ar- pruntés souvent pour produire un effet comiquea
chaïsants. -Quoi est souvent employé avec des (1817) appartient à l’histoire de la musique ; pot-
verbes comme avoir, trouver, c!wckr et suivi d’un pourri l’a remplacé. La variante quodlibet, rkfection
inkitifpour exprimer une notion de conséquence, d’aprés le latin quod, semble tardive (1834, Fétis)
spécialement dans de quoi (XII~s.1 =ce qui est néces- semble concerner surtout cette acception musi-
saire pourri (il y a de quoi manger, etc.). En pro- cale.
cèdent la locution avoir de quoi aavoir ce qu’il faut
pour vivres (XII~s.1,d’usage familier et glissant vers QUORUM n. m. est emprunté (1672) à l’anglais
<avoir de l’argent>, d’où en moyen français du de- quorum n. (14551, d’abord @juge dont la présence
quoi n. m. aargent, fortune» (v. 14621, mon dequoi était nécessaire au tribunalm et aussi <nombre mini-
b quibusl, et la formule de politesse courante liI mum de membres présents à une assemblée pour
rt >y a pas de quoi (1773, d’abord sentie comne tri- qu’elle puisse délibérer et prendre une décisionn
viale et servant aujourd’hui de réponse à merci. 116161. C’est un emprunt au latin quorum {{des-
QUOIQUE conj. résulte de la soudure Ixrv” s.1 de quels%, génitif pluriel du pronom relatif qui (+ qui)
quoi que txnes-1, encore écrit ainsi au XVII~siècle. au sens partitif, employé dans les formules des
Une variante que que, formée avec la forme atone commissions qui désignaient les personnes dont la
que issue du pronom latin qua, est attestée dès présence était nécessaire pour qu’une délibération
1080. *Le mot introduit une proposition cir- fût valable.
constancielle d’opposition ou de concession, en + Le mot, senti comme anglicisme, a longtemps été
concurrence avec bien. que, lequel appartient à un employé exclusivement à propos des assemblées
registre de langage plus soutenu et est moins anglo-saxonnes. En droit parlementaire français, le
fréquent. En dehors des cas d’ellipse du verbe quorum est une institution révolutionnaire. Depuis
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3051 QUOTITÉ

la Constitution de 179 1, il correspond à la majorité prière du Pater (puin cotidiun dans le psautier
absolue du nombre légal des membres d’une as- d’Oxford, v. 1120). Il a développé le sens figuré de
semblée, mais le mot lui-même ne semble pas em- «ce que l’on fait tous les jours, à quoi on a sans cesse
ployé; il n’est attesté en ce sens qu’en 1868. Littré a&ire» (av. 1613). OLes médecins emploient de-
11869) et le Dictionnaire universel de Pierre La- puis l’ancien *anGais jusqu’à l’époque classique
rousse 11875) ne signalent encore que le quorum l’expression fîèvre quotidknm ou la quotidienne
des assemblées anglaises. Il a dû se répandre avec (XIII~s-1,allusion à la régularité journalière des ac-
le droit constitutionnel de la III” République. cès. +JoumaZ quotidien (1820) est sorti d’usage au
profit de l’emploi substantivé un quotidien (1830,
QUOTA n. m. est emprunté (19271 à l’anglais
Fourier), plusieurs journaux s’étant appelés La
quota <<quote-partn 116681 et ccquotité», emprunt au
Quotidienne (le premier en 17921, Le Quotidien.
latin quota, féminin substantivé par ellipse de
*La valeur figurée péjorative de amonotone, ba-
quota (pars) [+ quote-part]. C’est le féminin de l’ad-
nal>>, qui existait déjà en latin, s’est développée au
jectifquotus tien quel nombre, quel>>,dérivé de quot
xrxes. (18361, y compris en emploi substantivé (1836,
((combien nombreux, aussi nombreuxn, mot qui ap-
le quotidien), la locution au quoMien étant récente.
partient à la famille indoeuropéenne “kW- qui a
fourni à la plupart des langues indoeuropéennes le ~Les dérivés QUOTIDIENNEMENT adv. (1421) et
relatif’, l’interrogatif, l’indéti et divers adverbes QUOTIDIENNETÉ ri. f, (1834) Sont assez littéraires
(+ qui). On compare quot au sanskrit kkti, qui s’em- ou didactiques, surtout ce dernier.
ploie sans acception de genre comme le mot latin,
avec le même sens. QUOTIENT n. m. est emprunté, avec change-
+D’usage récent, le terme est surtout utilisé en ment de classe grammaticale (14841, au latin quo-
économie pour désigner un contingent, un pour- tiens, variante de quoties, adverbe interrogatif di-
centage déterminé, par exemple dans quota de rect et indirect signiEant «combien de foisn et relatif
vente (19601 ou, en emploi absolu, le chifEe d’af- Sign%ant «toutes les fois que». C’est un dérivé de
faires imposé à un représentant, un agent, un ser- quot ucombien nombreux)) t+ quota).
vice de ventes.
+ Le mot est employé en arithmétique pour dési-
@ Voir COTE, QUOTE-PART, QUOTIDIEN. QUOTIENT. QWO-
gner le résultat d’une division. Les extensions dans
Tm.
d’autres vocabulaires scienttiques sont tardives :
QUOTE-PART n. f., attesté sous cette forme en physiologie dans quotient respiratoire ( 1904, La-
depuis 1568, est emprunté au latin juridique quota rousse) pour le rapport du volume de gaz carbo-
purs, littéralement aquelle part (revient à chacun)>>, nique expiré à celui de l’oxygène inhalé, en bota-
de quota, féminin de quotus ((en quel nombre)) nique dans quotient chlorophyllien, en psychologie
(b côte, quota) et de purs E-, part). Quote-part a éli- où ïl a donné la locution quotient intellectuel
miné les expressions antérieures quote et potin (av. 1951; après quotient d’intelligence, Stern, 19121,
(1390), cota-portion hv” s.), cote-portion (1480) et couramment abrégke en Q. 1., en droit dans quo-
quote partie En xve s. ; xwe s. selon Littré), cotte part tient électoral 11866, Amiel), en droit fiscal dans
(1490). quotient familial, en démographie, etc. Toutes ces
+Le mot, uniquement employé au singulier, ne expressions expriment le résultat d’un rapport
s’est pas éloigné de son sens littéral de “part reve- entre deux quantités .
nant à chacun dans la répartition d’une somme $ 0 voir COTE, QUOTE-PART, QUOTIDIEN, QUOTITÉ.

payer ou à recevoirm. Il prend quelquefois la valeur


figurée de =Part, contribution>>. QUOTITÉ n. f. est dérivé savamment (1473;
@ VOil? COTE, QUOTA. QUOTIDIEN, QUOTIENT, QUOTITÉ.
1436, selon Bloch et Wartburgl du latin quotus «en
QUOTIDIEN, IENNE adj. et n. m., réfection quel nombre, quelm (+ cote, quota) sur le modèle de
étymologique (xv” s., av. 1453) de cotidian (v. 11201, quantité*. Une graphie cotité a été en usage du XV~~
cotidïkn Iw” s.1, est emprunté au latin quotidianus à la fin du XVIII~ siècle.
*de tous les jours= et, familièrement, cordinaire, + Ce terme juridique désigne la proportion fixée
commun». Le mot est dérivé de quotidk (ou cotti- par une quote-part. L’expression impôt de quotité
die) cchaque jow, formé de quot <combien>> (1833) concerne un impôt dont le produit, n’étant
(+ quote-part) et de dies ((jour>) I+ jour). pas f& d’avance, dépend entièrement des objets
4 L’adjectg qualSe ce qui est de chaque jour, spé- ou personnes qu’il doit frapper.
cialement le pain, dans un syntagme diffusé par la @ voir COTE, QUOTA, QUOTE-PART, QUOTIDIEN, QUOTIENT.
R
RABÂCHER v., d’abord rabascher (lSlll, est appartenant à l’indoeuropéen “bhondhiu <<lier, atta-
une variante sufExale de l’ancien français rabaster cher» t-, bande).
tv. 11601, afaire du vacarme», dans les patois raba& + Le mot est employé en marine pour un petit cor-
et, en ancien provençal, rubastar <se querellera, ra- dage de vergue ou de filet et, postérieurement,
basta NquerelleB. Le verbe appartient à une grande pour la corde retenant un met dormant 118121.
famille de mots formés avec un radical “rubb-
(d’origine préromane ou germanique) et divers suf- ~Ruban a produit deux tertnes techniques de ma-
rine:SAUVE-RABAN n-m. (16941 désigne un an-
fixes (-ûcher, -aster mais aussi -a& etc.) évoquant
neau de cordes près des bouts des grandes vergues
une idée de «tapage>. P. Guiraud préfère postuler
pour garantir les rabans; RABANTER v. tr. est la
une prédation en ra-, ke-1 de la famille de bût*,
réfection du verbe plus ancien rubaner ( 16873, lui-
bûche*, par des verbes du latin populaire “basitare
même encore usité, sserrer, amarrer avec un ra-
(pour rubaster) et ‘busicare (pour rubûcherl, du la-
ban>>.
tin classique basis (-, base). Mais le rapport séman-
tique entre Mramener à la base>> et cfake du bruit, se
RABANE n. f., nom donné à un tissu en fibres de @)
quereller* est trop lointain.
raphia (18641, est d’origine incertaine, peut-être
+ Le mot, écrit rubûcher depuis 1735, a eu le sens de emprunté au malgache rebana de même sens
<faire du tapage» comme en latin ; il en reste une (mais ce mot manque dans le Dictionnaire franco-
trace en vénerie pour acrier continuellement en ar- malgache de R. P. Malzac, 1899).
rière de la meuten (1876). n a pris une autre valeur,
wedire constamment la même chose de manière RABATTRE +ABATTRE
lassantes (déb. xvwe S.I. Rabûcher de qqn (17351 a
vieilli, mais le verbe est fréquent en construction RABBIN n. m., réfection graphique I1540) de ru-
absolue. Par extension, il sime arépéter, refaire bain (13511, est emprunté au latin ecclésiastique
sans conviction la même chose>> El913 médiéval rabbinus, de l’araméen mbbîn, pluriel de
w Le plus ancien dérivé est RABÂCHEMENT n. m. rabb cmaîtren, conservé dans les traductions de
C16 Il) “tapage>> enregistré tardivement (1869, L;ittré) l’Évangile avec le suke possessif de la le per-
avec son sens moderne. - ll est moins courant que sonne, sous la forme rabbi *mon maître !». II est
RABÂCHAGE n. m. (17351, «propos rab&chéD. formé sur rav «chef, prince, seigneur, maître)). Ce
~RABÂCHEUR,EUSE n.etadj. (1740) a succédé titre d’honneur et de respect était donné, probable-
au type ancien rubûcheux 11577); RABÂCHERIE ment depuis le lers. av. J.-C., aux docteurs de la loi
n. f., plus familier Cv. 17601, a vieilli. puis à tout personnage ayant une autorité reli-
gieuse.
RABAISSER --+BAISSER + Le mot a été repris à propos du judaïsme ancien,
pour adocteur de la loi qui étudiait, commentait la
RABAN n. m. est emprunté (1573) au moyen Thora et avait des fonctions juridiques et pédago-
néerlandais rubant ou raband, littéralement <(lien gigues». +De nos jours, il s’applique au chef reli-
de vergues : le premier élément est ra «vergue>) gieux d’une communauté juive, qui préside au
issu, comme le moyen haut allemand rabe, du ger- culte, prêche, instruit la jeunesse, célèbre les ma-
manique “raho- aperche, mât, piquet» (cf. l’alle- riages, etc. (1808, Boiste); il entre dans le titre de
mand regen abougern et probablement Reck «barre Grand Rabbin ( 1835) pour désigner le chef d’un
tic»). Le second élément est bant ou band <lien», consistoire israklite. La forme RABBI a été em-
correspondant à l’allemand Band (ancien haut alle- pruntée elle-même comme vocatif à l’adresse du
mand bantl, anglais bend, et bind, gotique bundi-, Christ dès la fin du XIII” siècle. Elle s’emploie
RABELAISIEN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

comme titre devant un nom propre 11314) de chef RABIOT n. m., orthographe refaite (1863) de ra- 9)
charismatique d’une communauté hassidique ; par biuu (18311, est d’origine incertaine. Selon Wart-
métonymie, elle désigne ce chef spirituel, parta- burg, le mot serait emprunté au gascon rabiot ccre-
geant cet emploi avec rabbin lorsqu’il est appliqué but de la pêche, fretin que le distributeur s’adjuge>,
à un rabbi thaumaturge en Ukraine et en Pologne. de rabe aœufs de poisson,, proprement «rave*, de
F RABBINISME n. m., d’abord attesté (v. 1600, %a- même sens et étymologie que le français rave”, et
ligerl au sens figuré de usubtilité comme en font les qui procède d’une allusion au fait que les femelles
rabbins>>, n’a gardé que le sens d’aenseignement, de poissons pleines d’œufs ont le corps en forme de
doctrine des rabbin+ (av. 1662, Pascal). ~RABBI- rave. D’après Esnault, l’origine de rabiot serait plu-
NIQUE adj. (av. 1596) qualtie ce qui se rapporte tôt à rechercher du côté de rebiots (1638) «taxes en
aux rabbins, spécialement dans caractères 116941, surcroît» et <<primes de séance attribuées aux
écriture (17631, école, langm (1845-1846) rubbi- moines d’un chapitre qui n’étaient pas versées aux
niques, dans une perspective linguistique. -Le absents mais réparties en surplus aux présents,
terme de religion RABBINAT n. m. est plus tardif ( 1770, également rebiaux). P. Guiraud rattache re-
(18421, désignant la fonction de rabbin et, par méto- biuux à une forme romane “rutubeZZum <raclette,
nymie, l’ensemble des rabbins 11883). L’existence chose racléeH, du latin rutubulum &&rument de
dedeuxformes RABBANITE OU RABBINXSTE n., boulanger, fourgons (+ 0 râble). La solution de
pour le tenant du judaïsme rabbinique, s’explique G. Esnault paraît plus simple.
par la concurrence entre l’emprunt adapté 11542, + Le mot est à l’origine un terme de l’argot militaire
rubaniste) de l’hébreu postbiblique rubbant, dérivé appliqué à ce qui reste de vivres, de vin, d’eau-de-
avec le sufke adjectif -i de l’araméen rabbün, titre vie après la distribution des rations aux hommes
honotique supérieur à celui de rubbl, et le dérivé 118311, puis du temps de service supplémentaire
français de rabbin ( 1605). auquel est astreint un miLitaire qui a encouru une
peine disciplinaire (1863). Il s’est répandu dans
RABELAISIEN, IENNE adj., dérivé au l’usage populaire et familier pour désigner tout
moyen du sufke en -ien (18281 du nom de Rabelais supplément ou bénéfice, le plus souvent inespéré
EM%?-15533, auteur de PuntugrueE et de Gurgun- (18321, et un temps supplémentaire de travail
tua, s’est substitué aux synonymes anciens rubelai- (19201.
tique (1566-15671 et rubehte (1571). L’équivalent an-
glais rabeluisiun est attesté dès 1817 Irubelakiun F On en a tiré le dénominatif RABIOTER v. (18321,
humours. d’abord rubiauter, <s’approprier, obtenir en supplé-
ment= et intransitivement afaire de petits profits
+ Le mot est employé par les historiens de la littéra-
supplémentaires>. +À son tour, ce verbe a produit
ture pour qutier ce qui se rapporte à Rabelais, à
RABIOTEUR, EUSE n. (1848, rubictuteurl et RA-
son œuvre, à l’exégèse de celle-ci (1903, Revue des
BIOTAGE n. m. 118671, d’abord rubiautuge. 4 La
études rabelaisiennesI. 0 Parallèlement, semble-
langue familière a tiré de rabiot la forme apocopée
t-il d’abord chez Balzac, grand amateur de Rabe-
RAB n. m. 11893) pour ce qui vient en plus, notam-
lais ( 18301, il a développé par extension la valeur de
ment dans du rab et en rab aen surplus~
“gai, licencieux, grivois, truculentn, allusion aux ca-
ractères de l’œuvre de Rabelais (1830, joyeusetés RABIQUE adj. est dérivé savamment (1824) du
rabelaisiennes; 1839, rire rabelaisien). + Il est subs- latin rubies I+ rage).
tantivé (18361 à propos de l’amateur de Rabelais (ou
des aspects plaisants de son œuvre), puis du spé- + Il qutie ce qui a rapport, est propre à la rage,
cialiste de son œuvre, concurrençant dans ce der- par exemple dans vtrus rabique (1836). 0 Le type
nier emploi rubeluisunt, ante adj. et n. 11891). rubéipe (dictionnaires, de 1836 à 18751 ne s’est pas
imposé, non plus que rubien enregistré par Littré
RABIBOCHER v. tr., attesté depuis 1842 chez (1869) et Larousse (18751.
E. Sue, est un mot d’origine dialectale, répandu ~Avec l’élément un&*, ANTIRABIQUE adj. 11866)
dans les parlers du nord de la Gaule. Il se rattache quali-fie, et, par ellipse du nom, désigne ( 1907) un
à un groupe de mots formés sur le radical expressif remède contre la rage.
bib- qui évoque une chose de peu d’importance, de
peu de consistance ou de peu de durée (+ bibelot); 0 RÂBLE n. m. est l’aboutissement (xv” s.1 de o>
on a ainsi dans les dialectes, le saintongeais biber rouble ~III~ s.1,rouble (13881, ruuble (14011, formes is-
knportuner~, le béarnais bibulhe -menus brins de sues du latin mtubuium, mot technique désignant
bois pour allumera. P. Guiraud préfère expliquer la un fourgon, une spatule de boulanger, également
formation du mot comme une altération (méta- employé comme désignation familière du membre
thèse1 de rubobicher araccommoder)+ variante ré- viril. C’est un dérivé, avec Su&e diminutif, du su-
gionale de rubobiner, de bobine”. Les deux explîca- pin Irutuml de ruere <<renverserfi et «s’écrouler-
tions sont d’ailleurs compatibles. It ruer).
+ Rabibocher a d’abord le sens concret de aréparer + Ce terme technique désigne un outil de chautTe à
de manière sommaire, provisoire> puis au figuré l’extrémité recourbée et aplatie, servant à déplacer
((réconcilier, remettre d’accord)), d’abord à la forme le combustible ou les scories sur la grille d’un foyer.
pronominale se rabibocher ase réconcilier> (1877). Par extension, il se dit de la pièce en forme de râ-
~RABIBOCHAGE n. m. sime aaction de re- teau utilisée dans les fours métallurgiques pour
mettre sommairement en étatn 11867) et wtion de étaler et déplacer le minerai (1762). Dans le
réconcilier des personnes, (in Grand Robert, 1962). contexte des exploitations salines, rûble désigne WI
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3055 RACA
outil servant à extraire le sel de la poêle en y lais- chargement mécanique utilisé dans les mines de
sant la saumure Ice sens entre dans les diction- houille Il963, dans les dictionnairesl.
naires généraux, en 1963, Larousse, mais est bien b Rabot a produit RABOTER v. tr. ( 1409) udresser
antérieur, cf. rûbkr). une surface plane au rabots, puis également Kusi-
b Une autre spécialisation technique, fondée sur ner en surface (une pièce1 avec une machine% et
une analogie de forme, a détaché de rûble un ho- «râper le bord inférieur de (un sabot de cheval)))
monyme @ RÂBLE n. m. (1625) qui désigne la tra- (18691. Le sens figuré classique de <polir une œuvre
verse d’un bâteau plat. * Ultérieurement, r&ble a littéraire= ( 1654) a disparu, mais le verbe s’emploie
produit RÂBLER v. (1788) aremuer avec un r&blen, plus généralement pour <<polir, supprimer ce qui
employé dès 1801 dans le cadre d’une exploitation est excessif». Le sens figuré et populaire de adéro-
salline, et RÂBLOT n. m. (1836) #petit râble)), mots hep tcf. chiper, piquer) Il8881 a lui aussi disparu.
rares. +Les dérivés du verbe sont assez nombreux : RA-
0 RÂBLE n. m. est probablement une extension BOTAGE n. m., d’abord attesté kwe s.) au sens
( 1532) de @Irûble, par analogie d’aspect, certains concret de <<copeaux» (par métonymie), est le nom
instruments appelés rûbles étant munis de four- d’action correspondant à raboter ( 17651, évinçant
chons fixés dans la barre comme l’échine est mu- RABOTEMENT n. m. ( 16111 et désignant spéciale-
nie de ses côtes (selon Bloch). +Le mot, d’abord at- ment l’usinage d’une surface plane au moyen d’un
testé chez Rabelais, désigne la partie du corps de rabot (1932). -RABOTEUR, EUSE n. (1576) désigne
certains quadrupèdes (surtout lièvre et lapin) qui l’ouvrier spécialisé dans le rabotage, spécialement
s’étend depuis le bas des épaules jusqu’à la queue; celui qui effectue la fmition d’un parquet ( 1893) et
il est usuel en cuisine. * Par analogie, il désigne fa- un ouvrier de la taillerie de pierre tendre (19631.
milièrement la partie du dos d’une personne cor- *Le féminin RABOTEUSE n. f. (1858) sert essen-
respondant aux reins (15991,d’où les locutions tom- tiellement à désigner une machine-outil et s’em-
ber sur le râble de qqn et, au figuré, vuus allez voir ploie dans le syntagme raboteuse à boti 118783. + Un
ce qui va vous tomber sur le râble «VOUSaxrivers autre dérivé, RABOTURE n. f., a été formé pour
(xx” s.), d’usage famiLier. +Le mot a produit RÂ- désigner un copeau formé par le rabot.
BLÉ, &E adj . Iv. 15701«au râble épais et court*, d’où, Rabot a produit directement RABOTEUX, EUSE
en parlant d’un homme, &apu et fortn (17651, qui adj. (EH~ quali;tiant une surface présentant des as-
s’est imposé aux dépens de la variante RABLU, UE pérités et employé au figuré pour qualser une
adj. (1655). œuvre au style heurté (16571 et, par extension, une
RÂBLURE n. f. (1860) dénomme le fait d’être fort et personne à l’abord rude (1827) ; ces emplois sont lit-
carré. Il est rare. téraires. + Ultérieurement, on a formé le nom d’ou-
@ Voir RABIOT. til de taillerie RABOTIN n. m. (19043.
RABOT n. m. est la forme masculine tirée (13423 RABOUGRIR + BOUGRE
du mot dialectal rubotte Lapins, encore vivant dans
le Berry et peut&re à l’origine de l’anglais rubbit RABOWILLÈRE n.f. est dérivé (1542, Rabe-
4apinm. Rabotte serait issu par dissimilation de “ro- lais) du radical du mot dialectal rubotte 4apinn
botte, dérivé d’un ‘robe 4apinp, qui serait emprunté (-+ rabot). On rencontre également les variantes ru-
au moyen néerlandais mbbe de même sens (-+ ra- bouiUer Il 6901,rabolier [d’où ruboliot, pour désigner
houillère). On explique l’évolution sémantique par le lapin de garenne [ 1925, chez M. Genevoixll et ra-
une comparaison entre la forme de l’objet et celle boltire (1925, également M. Genevoix).
de l’animal, la lame oblique rappelant les oreilles 4 Le mot est régional pour aterrier du lapin>. À no-
(cf. pour le même type de développement ckwlet, ter que le verbe régional rubouiller appartient à
poutre). Cependant, P. Guiraud préfère voir dans une autre série lexicale, celle de bouillir Ibouillerl
rabot, pour “rebot, le dérivé du dialectal rebotier, de
boter &aguera (1611), lui-même dérivé de bot RABROUER v. tr. est formé (xnr” s.) du préfixe
<(émoussé, d’un radical expressif “but& (+ bot); composé KX- (de re- et a-, ce dernier issu du latin ad
cette hypothèse rend mal compte des emplois an- ~vers4 et de l’ancien verbe brouer &umer)) ( 14881,
tiens . pris au sens figuré de agronder, être furieuxp. Ce
+Dans les premiers textes, le mot est employé dernier est dérivé de l’ancien tiançais bro, breu
pour *pierre dure servant à pavep (c’est-à-dire abouillonm %n XIII~s.), usuel au sens d’&ume>> dans
pour aplanir) à côté du sens courant, C<outilde me- la région normande et encore vivant par son dérivé
nuiserie servant à aplanir le bois>> (av. 13501, d’où brouet”. Rabrouer sign%erait donc proprement
passer le rabot apolir un ouvragen ( 16941, locution @être furieux envers qqn, le repousseP>.
classique sortie d’usage. 4Les extensions, nom- 4 Le mot ne s’est pas éloigné du sens initial, *traiter
breuses à partir du XIX~ s., consistent en dénomîna- avec rudesse, brusquerie,. Il s’est imposé aux dé-
tions analogiques d’autres outils : rabot désigne un pens de la variante rebrouer ( 15841, disparu après
râble de boulanger (14321, un outil en T servant à 1700 sauf régionalement I
remuer le mortier (14821, un instrument pour polir F Au xvre s., rabrouer a produit deux dérivés, RA-
les glaces et le marbre 11676, les métaux), un outil BROUEUR,EUSE n. (1537) et RABROUEMENT
pour couper les poils du velours-soie et des pe- n. m, (15441, peu usités.
luches (18751, un instrument agricole (18631, un outil
servant à régulariser le fond des tranchées de drai- RACA ou RACCA interj., d’abord rucha U553,
nage (1904, e&n un appareil d’abattage et de Bible Ghrd puis ruca (1672, Sacy), est emprunté
RACAILLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

au bas latin ecclésiastique ruca {{pauvre individum, ratio afamille, descendance, engeance, espèceb. On
lui-même emprunté, par I’intermédiaire du grec a aussi rappelé l’emploi de l’ancien tiançais gene-
raha, à l’araméen rêqâ wide, qui ne vaut rien%, race (issu de l’accusatif latin generationem) pour
Msotn, employé comme expression méprisante. Le afamille= (apr. 1250) et <<bande de gens au service de
mot est connu par le passage de Matthieu V, 22 : qqn’> En XII~S.I. Un philologue, G. Merk, a évoqué
<Celui qui dira à son frère rata mérite d’être puni une contamination phonétique et sémantique de
par les jugew generutio avec ratio, aidée par la synonymie par-
+ Le mot n’est employé que par allusion à I’Évan- tielle de natio (+ nation). II est donc probable que
gile, dans la locution chier rata sur qqn 4’insulte~ des personnes parlant latin ont fait passer ce mot
(18361, didactique ou littéraire. Quelques écrivains du latin au roman du sud de la France et en Italie
(Huysmans, Goncourt) ont employé l’interjection septentrionale; de ces parlers, il a ensuite gagné
de dégoût ruca! et un substantif marquant un mé- les autres langues romanes.
pris prononcé. + Le mot est d’abord employé avec sa détition gé-
nétique large de +ubdivision de l’espèce humaine,
RACAILLE n. f., sîmpXcation 61 XII~ s.1 de ras- à caractère héréditaire, représentée par un certain
cuille (v. 1138, en anglo-normand), est issu d’un an- type d’humainw Par extension, il désigne un
cien verbe anglo-normand et normand orusquer, at- groupe d’individus apparentés par intermariage,
testé indirectement par l’ancien provençal ruscar c’est-à-dire une population qui se distingue des
craclen>, le liégeois rahî, l’angevin rûcher adréger autres par la fréquence de certains traits hérédi-
du lin», etc. Ces formes remontent à un latin popu- taires ( 17491, ce sens se difksant au XIX~ siècle. Par
laire orasicare, variante du latin impérial rwiture une autre extension de type analogique, race, ap-
Nraser souvent-, fréquentatif du latin rudere (b ra- pliqué aux animaux, désigne une subdivision de
ser), formé sur son supin rasum, “Rasicare a aussi l’espèce zoologique constituée par des individus
fourni l’espagnol, le catalan, et le portugais ruscar ayant des traits communs héréditajres (1500, race
agratter=, le sarde rusigare, etc. Le verbe, appliqué des chevu&, d’où l’expression de race (1740, chien
aux hommes, a pris l’acception péjorative de <se li- de race). Il est quelquefois employé dans ce sens
vrer à des ébats tumultueux et bruyants>, soulignée par métaphore, en parlant d’une personne (1836,
à son tour par le substantif avec le suf%xe -aille; on avoir de la race). +Dès le début du XVI~s., race a
peut aussi partir de l’idée de ccracluren vers celle de aussi le sens d’ttensemble des acendants et des-
arebut, hommes de rien>. L’anglais rascal «vaurien>) cendants d’une même famille, d’un même peuple%
vient de l’ancienne forme rascaille. (15121, surtout à propos des grandes familles, la
+ Le mot désigne collectivement le rebut de la so- race signalant l’origine noble (15793, et, historique-
ciété, d’où son emploi pour désigner une catégorie ment, des lignées de rois (rois de France, 16361. Par
de personnes que l’on méprise (av. 1672). Par le extension, il désigne les ancêtres 116691, les descen-
sens et la forme, il est proche de canaille. 0 Son ex- dants (av. 1606) et une génération Ronsard), sens
tension à des objets de rebut, enregistrée par Fure- sorti d’usage. Au XVI~s., il a développé ces deux va-
tière (16901, ne survit que régionalement. leurs figurées : il s’emploie à propos d’une commu-
6) Voir RACLER, RÂLE, RÂLER. RASCASSE.
nauté plus vaste considérée comme une famille,
une lignee, spécialement dans l’expression la race
RACCOMMODER +ACCOMMODER humaine (pour espèce) ; dans un langage plus fami-
lier, il s’emploie, souvent avec une nuance péjora-
RACCORDER + ACCORDER tive, pour acatégorie, classe de gens de même pro-
fession, de même goût> (1564). 4 C’est au XIX~ s.,
RACCOURCIR + COURT après les travaux du XVIII~s. (BuEon, Histoire na-
turelle de I’!wnme), que se développe l’étude de la
+k RACE n. f. est empoté &II xve s., russe) à variété des races humaines, liée à la fois aux pro-
une forme post-latine méridionale, soit l’italien grès de l’anatomie, de la médecine et à l’idéologie
razza aespèce de gens> (xrves.), soit l’axien pro- de la supériorité européenne. L’Essai sur Z’inégalité
vençal russu <<bande d’individus qui se concertenta, des races humaines de Gobineau tl853 est à la
<complot, conjurationn C11801,soit le mot russa des base des théories appelées plus tard racistes, qui
parlers de l’Italie Supérieure <convention entre les s’appuient aussi sur certains développements du
membres d’une famille ou entre ceux qui ont le darwinisme. Darwin lui-même écrivait (traduction
même métierm. Un a supposé que ces formes, avec française de 1881) : il est «fort indifférent qu’on dé-
un changement de terminaison (emprunt du -a fi- signe sous le nom de ‘races’ les diverses variétés
nal du féminin), remontaient au latin ratio, -anis humaines, ou qu’on emploie les expressions ‘es-
acalcul» (+ raison) dans l’emploi qu’en faisaient à pèces’ ou ‘sous-espèces’, bien que cette dernière
l’époque médiévale les savants au sens d’«espèce désignation paraisse la plus convenable3 U;a Des-
d’animaux, de fruits* (VI” s.l. Il est plus probable cendance de l’homme, p. 198). Au bénéfice d’un
qu’elles représentent une altération par aphérèse aritisme militant, El. S. Chamberlain, Anglais na-
(phénomène Equent en Italie du Nord3 du latin turalisé Allemand ( 1855-19251, et le Français Va-
generati (+ génération) ; naraccia arace>, attesté cher de Lapouge LL’Aven, son rôle social, 1899;
au XVI~s. dans un dialecte vénitien, pourrait être Race et milieu social, 19091, ce dernier au nom de
une forme intermédiaire. Cette hypothèse est 1’4nthroposociologie~~, ont préparé les sinistres ap-
consolidée par la proximité d’emploi entre l’ancien plications du racisme par le nazisme. C’est à cette
italien, l’ancien provençal et le latin biblique gene- époque que les dérivés raciste, puis racisme appa-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RACINE
raissent, après antisbmite, antisémitisme, qui d’une maladie de croissance et se dit d’un végétal
semblent créés en allemand. qui se développe mal sur un sol trop maigre (1762).
F La dérivation est récente. *SOUS-RACE n. f. Rachitique, plus courant que les autres mots de la
(1873) est un terme de classifkation anthropolo- série, surtout au sens étendu de amaigre et souEre-
gique. ~RACÉ, ÉE adj. caractérise un animal de teuxm, est abrégé familiérement en RACHO
race (déb. XX~s., cf. rater 18941 et, par extension, adj. et n. ( 1965) <chétif, petit*. + fl a produit RA-
une personne ayant de la distinction (1890, allure CHITISME n. m. (17491, lequel désigne à la fois la
racée). +RACEUR,EUSE adj. etn. 11907) se dit maladie du squelette caractérisée par une défor-
techniquement d’un animal reproducteur présen- mation du rachis et le développement incomplet
tant de manière accusée les caractères raciaux re- d’une plante 11757, dès 1732 selon Bloch et Wart-
cherchés. burg). ,Les autres dérivés de rachis sont des
A l’époque de I’exploitation politique de la notion termes d’anatomie et de médecine. RACHIALGIE
de craces ont été créés RACISME n. m. (19021, n. f., formé ( 17951 avec l’élément -a@@, désigne
Rthéorie sur la hiérarchie des races& et, couram- une douleur siégeant en un point de la colonne ver-
ment, «hostilité envers un groupe racialn, cette va- tébrale ; en est issu RACHIALGIQUE adj. (1795).
leur se développant probablement dans les années + RACHIDIEN, IENNE adj. est dérivé irrégulière-
1930-1940. + RACISTE adj. semble un peu anté- ment 118061 sur -dien pour -ien, de rachis pour qua-
rieur ( 1892, puis 1895, Maurrasl. 11signifie <<relatif au lSer ce qui a rapport au rachis, spécialement dans
racismes et ~partisan du racismeti, et il est employé nerfs rachidiens (1869) et canal rachidien 11875).
aussi comme nom. Cet emploi substantif n’est at- +Les Composés Savants RACHIANESTHÉSIE n. f.
testé qu’en 1924. Racisme et racikte ont pris une va- de anesthésie*, et RACHICENTÈRE n. f, oti l’élé-
leur forte, pour ((hostilité envers les représentants ment -centère représente le grec kentêsis *action
de races différentesm, et raciste peut servir de de piquerm, de kentein apiquer, percern, synonyme
terme d’invecttive, pour dénoncer cette attitude. de ponctin lombaire, entrent dans les diction-
+Pour ces deux mots, la caractérisation par la race naires généraux en 1932.
a fait place à l’hostilité pour un groupe humain, la
notion de race faisant place à celles de nationalité RACHITIQUE + RACHIS
(racisme est alors employé de manière abusive
pour xénophobie), d’appartenance religieuse ou RACINE n. f. est issu Iv. 1120) du bas latin rudi-
culturelle -l’ambiguïté étant présente dès l’ori- cina (comme le sarde raigina et le roumain radu-
gine, dans le «racismefi antisémite -, voire de sexe cina), lui-même dérivé du latin radix, radicis tira-
(racisme anti-femme1 ou d’&ge. +Des antonymes cineD de sens propre et figuré : «base, fondementa.
en anti-, ANTIRACISME 11.111.Iv. 1950) et ANTI- Rudix, dont le représentant en français, raiz, ne
RACISTE adj.etn. (1938) leur sont opposés. survit que dans le composé raifort” et dans certains
RACIAL, ALE, AUX adj. Il9111 qualifie objective- parlers méridionaux, appartient au même groupe
ment ce qui est relatif à la race et s’emploie spé- que rumus I+ 0 rame, rameau, ramée); de même
cialement avec émeute, hostilité, haine, etc. dans le se répondent sémantiquement le lituanien gakù
contexte de racisme, pour raciste. 0 De cet adjectif <<branche» et j;aknis aracine=. L’initiale latine n’en-
dérivent RACIALEMENT adv. 11941) et RACIOLO- seigne rien car le r peut reposer sur w-; le vieil an-
GIE n. f. uscience qui étudie les phénomènes ra- glais rot aracinea (anglais root) ofTre la même ambi-
ciaux» 11954 in T. L. F.1. guïté; il y a un MT- initial dans le gallois gwysgen
INTERRACIAL, ALE,AUX adj. El9351 qutie des <branche>) et gwraidd CracineB à côté de l’irlandais
relations entre races (ou ethnies) difErentes. frëm cracinem. 11s’agit d’un groupe de mots popu-
laires apparentés entre eux mais dont les formes
RACHETER + ACHETER ne se laissent pas ramener à une racine indoeuro-
péenne commune.
+# RACHIS n. m. est emprunté (v. 1560) au grec +Racine désigne la partie de l’axe principal d’une
rhakhis, rhakheôs acolonne vertébrale, échinem, plante qui croît vers le bas dans le sol, entrant au
souvent employé au figuré pour désigner la crête x19 s., avec la constitution d’une terminologie
d’une montagne, la nervure d’une feuille, l’arête du scientsque moderne, dans des syntagmes didac-
nez. On rapproche le terme du lituanien ~U@S tiques tels que raciw pivotante, advepttive (18691,
*chaume, et rciz’as Kchaume, pointe de fourche,
racine fasciculée 118751, racine principale (19621. Il
branche sèche>, sans toutefois reconstituer une fa- entre dans la locution courante prendre racine, qui
mille indoeuropéenne assurée. a pris le sens figuré 11629) de &nstaller durable-
+ Le mot fournit le nom scienttique de la colonne ment%, et dans la locution familière manger les pis-
vertébrale ou de l’épine dorsale. 0 En sciences na- senlits par la racine Gtre mort% (XIXes.l. + L’exten-
turelles, il désigne un axe végétal portant de part et sion de type métonymique pour désigner une
d’autre des rameaux plus courts (17741, et la partie plante dont la partie souterraine est comestible
du pétiole des feuilles portant les folioles ou les (v. 11551, encore vivante en lwe classique, a
profondes divisions du limbe ( 1845). 0 Par analo- vieilli (on n’emploie plus manger des racines
gie, il est employé pour l’axe de la plume des oi- comme LaBruyère encore), le mot s’étant spécia-
seaux ( 18781. lisé à propos des arbres et arbustes. - Par analogie
F RACHITIQUE adj. est dérivé (1707) de rachis de situation, racine désigne le point de départ
d’après l’adjectif grec rhakhitês «de l’épine dor- d’une structure anatomique, d’un organe En XII~s.),
sales, de rhakis; il qutie une personne a$ectée par exemple ruciw des cIwveu3c (av. 15491, racine
RACISME 3058 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’une dent (15751 et s’emploie en chirurgie pour la Au XVI~s., racine a produit RACINAL, AUX n. m.
partie la plus profonde d’une tumeur. oLe mot (15781, nom technique d’une grosse pièce de char-
s’est également applique à la base d’un objet enfoui pente pour un pont et (1676) d’autres étices. e Les
dans le sol Ix# s.), sens sorti d’usage, sauf dans ra- autres dérivés, apparus au xrxe s., sont RACINEAW
cine d’un filon minier (1963) et dans racine d’un pli, n. m. (18031, <petit tuteur de jeunes plan& les
d’une nappe, en géologie (19321. -Ses deux sens fi- noms d’outils, COUPE-RACINES n. m. (18321 et
gurés, aattache, lien» et afondements, base», sont at- ARRACHE-RACINES n. m. (18981, composés à
testés dès les premiers emplois, la première oc- l’aide de formes verbales de arracher et couper, et
currence étant un emploi métaphorique pour les 0 RACINAGE n. m., nom collectif pour l’ensemble
provignements du peuple d’Israël. Au XI~I’s., le mot des racines alimentaires, mot d’usage technique
devient un terme de mathématiques, avec la valeur (1869).
abstraite d’aorigine cachée (d’une grandeu& dans 0 voir ARRACHER, ~ADICA~TON, RADICAL, RADICEI~~,
racine carrée, cubique, et en algèbre racine d’une RADICULE, RADIS, RAIFORT.

équation (1875). 0 Sa spécialisation en linguistique


pour amot souchen apparaît au XV? s. ( 1578). + Du RACISME, RACISTE + RACE
fait que des décoctions de plantes souterrties RACKET n. m. est un emprunt (1930) à l’anglais
étaient employées en teinture, vient le sens racket, mot probablement onomatopéique, parfois
d’cherbe à teinture= ( 16361,d’où le verbe ruciner Cci- rattaché au gaélique racaid, “tapage, ra$utm (1565)
dessous). puis <<escroquerie, tr&cm 118121, qui a pris à
F Le mot a trois dérivés verbaux. -RACINER v. Chicago ( 1928) le sens emprunté.
s’est d’abord dit tv. 11551 d’un peuple qui se tic 4 Ce mot d’importation américaine désigne une as-
quelque part, emploi supplanté par enraciner (ci- sociation de malfaiteurs se livrant au chantage et à
dessous), avant de simer, d’après le sens concret l’intimidation pour extorquer des fonds. Il s’em-
de racine, <<commencer à produire des racines,, en ploie surtout par métonymie pour une forme d’ac-
parlant d’une bouture EV.1160). + De l’emploi tran- tivité (chantage, extorsion de fonds par violence)
sitif pour Teindre en couleur fauve)> (16691, issu de exercée par ces malfaiteurs 11938).
racine avec un sens spécial Ici-dessus), procède la ,De racket est dérivé le tiançais RACKETTER
valeur la plus vivante du mot : c<sournettre lune v. tr. (1961) «soumettre à un racketti. + RACKET-
peau de reliure) à l’opération de teinture imitant TEUR OU RACKETTER n. m., d’abord cité comme
les nœuds du bois- (1827). *D'où le dérivé 0 RACI- mot américain (1930, P. Morand) sous la forme ra-
NAGE n. m, (18271, antérieurement employé pour cketeer, puis écrit racketter (1938) et rucketieur
désigner la décotiion destinée à la teinture (19621, est emprunté à l’angle-américain racheteer
(6 mars 1674). +L’autre dérivé du verbe, le nom 119281 dérivé de racket et distinct de la formation
d’action RACINEMENT n. m. Wm XII~s.), a d’abord anglaise racketer cpersonne bruyante», du sens
eu le sens figuré de «descendance, race*, avant de premier de racket, Le mot désigne la personne qui
se tier au sens propre de Mfait de prendre racine>> extorque des fonds par un racket.
en parlant d’une plante Iv. 15501, repris au XX~s.
avec quelques effets de sens figuré E1910, Péguy). RACLER v. tr., en raison de sa date tardive
ENRACINER v.tr. (v.1175) n’a pas conservé son ( 1377, raicler, puis au xv” s., racler) et de l’absence
sens intransitif de <<prendre racinen; il s’emploie de formes en s, paraît d’origine dialectale, méridio-
transitivement au figuré pour <<fixer profondément nale (+ râler). II serait emprunté à l’ancien proven-
dans l’esprit et le cœw (v. 1175) et au sens concret çal rusclar (XXI~s-1 epasser la racloire sur une me-
de &er une plante au sol par les racines» (v. 12651, sure de grains pour faire tomber ce qui s’élève
dont procèdent des extensions analogiques (à pro- au-dessus du bord%, lui-même issu, comme l’italien
pos d’un objet1 et métaphoriques (à propos d’une raschiure, d’un latin populaire orasc2ure, contrac-
personne que l’on tic dans son lieu d’origine, tion de orasiculare, lequel dérive du latin classique
1870). La forme pronominale s’enraciner (fm XIII~s.) rasum, supin de rudere <raser, grattep 13 raser).
correspond aux mêmes sens. +En dehors de l’ad- 4 Le mot Sign%e <gratter, tiotter la surface de
jectiftiré du participe passé ENRACINÉ, ÉE, enra- (qqch.1 pour égaliser, enlever ce qui adhère>>, sens
ciner n’a guère produit qu'ENRACINEMENT n. m. rare avant la fin du xve s., et dont procèdent les lo-
(13381, passé de l’ancien sens de &gnée~ au sens cutions se racler la gorge (déb. ti s.1 et, f-ère-
&if, afait de prendre racinem 113781,au propre et au ment au figuré, racler Ies fonds de tiroir 11936).
figuré. +Les extensions sont peu importantes et assez tar-
DÉRACINER v. tr., d’abord desraciner (v. 12001, a dives : au XVII~ s., racler a pris le sens péjoratif de
été formé sur enraciner par changement de sufExe <jouer maladroitement> (on disait déjà, en parlant
et signifie aarracher ce qui tient au sol par les ra- de musique, r&er les oMUes, 15821, suivi d’un
cines, d’où, par analogie, uextirper, extraireti (1610 complément désignant l’air exécuté ( 1648) ou l’ins-
à propos d’une dent). Dans la seconde moitié du trument utilisé (1623, racler les boyaw les cordes
XIX~ s., appar2Wt le sens métaphorique d’wracher du violon). +L’accent portant plus spécialement
(qqn1 à son pays d’origines (v. 1865). +En sont tirés sur une caractéristique de l’acte, le verbe signifie
l’adjectif DÉRACINE, ÉE adj. et n., DÉRACINE- aussi &otter rudement sw, d’abord dans l’expres-
MENT n. m. (av. 14291, de sens propre et figuré, et sion familière racler (et se racler) le gosier (17681,
INDÉRACINABLE adj. ! 17821 sur lequel a été fait puis en général (18391. +À partir de 1845, il est en-
plus tard DÉRACINABLE adj. (18421, plus rare. registré en arboriculture pour <éclaircir un tailliss.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3059 RADE
b RACLURE n. f., attesté une première fois en 1372 range, déverbal de ranger* (cf. rangement). L’ex-
puis vers 1460, concerne la petite partie enlevée pression sime «détection et telémétrie par radio-
d’un corps que l’on racle ; il a pris un sens figuré pé- électrkité~. Les Français, qui furent parmi les pion-
joratif, <<ensemble d’individus du plus bas étage, niers dans le domaine du radar, avaient introduit
(15491, selon le même développement que racaille”. l’expression D. E. M., D&ection Électre-Magné-
Employé au singulier comme terme d’injure, il tique; c’est toutefois l’acronyme anglo-américain
semble beaucoup plus récent (1897, L. Bloy). Depuis radar qui s’est répandu en français et dans plu-
le XX~s., il est employé au pluriel, farnilîèrement, sieurs autres langues.
pour désigner les déchets. +Le nom d’outil RA- + Le mot se dit d’un appareil de détection. Il est em-
CLOIR n. m. est plus tardif (15381, bien qu’une ployé seul ou en apposition à un nom ( 1963, système
forme féminine RACLOIRE ait été employée en radar, écran radar) et a développé le sens figuré de
moyen fknçais (13293 et subsiste pour désigner la +ze qui permet de découvrir, de détectern 119481,re-
planchette à mesurer le grain (1680). Il se dit en gé- lativement usuel dans la locution verbale naviguer
néral d’un outil servant à racler et s’utilise dans les au radar, surtout pour cse diriger de manière im-
langages techniques des mouleurs (19321, mineurs précise, presque à l’aveuglette». Marcher au radar
et horlogers 11963); il est employé régionalement s’emploie au figuré.
pour désigner un décrottoir en fer 11947). + RACLE
+Il a servi à former les dérivés RADARISTE n.
n. f., déverbal de racler (15611, ne concurrence le
(19461, là où l’anglais a rudumtan, RADARISER
précédent que dans l’usage régional; il s’applique à
v. tr. ( 19533,rare pour Mmunir d’un radars,, ainsi que
un heurtoir formé d’un anneau de fer mobile dans
RADARASTRONOMIE n.f. 119751, d’après l’an-
un fond (16113. +RACLEUR,EUSE n.etadj. dé-
glais radar astronomy (av. 19661, et RADARPHO-
signe d’abord (1576) une personne qui racle, et spé-
TOGRAPHIE n. f. (19781, Ca[lqué sur l’anglais radar
cialement qui joue mal d’un instrument à cordes
photography. - ANTIRADAR n. m. et adj. inv. date
Iv. 1660); son emploi technique en parlant d’une
lui aussi des années 1960.
chose agissant par raclage est récent, à la fois
comme adjectif 11932) et comme nom (1963). + RA-
CLEMENT n. m. sert de nom d’action courant
0 RADE n. f. est emprunté (1474) au vieil anglais
rad, rack (anglais road1 <coursen, spécialement
11602, en parlant du fait de racler les cordes d’un
<<course à cheval, course en bateau, d’où, par deux
instrument1 à racler et, par métonymie, s’emploie
développements métonymiques, abassin naturel ou
couramment pour le bruit résultant de cette action
artScie où les bateaux peuvent s’abriter)} Iv. 13201
(rU&ments & gWge,etC.). +RACLETTE n.f,
et aroute>> C1596). Le mot, à l’origine de la variante
formé sur racle avec un s&e diminutif (17881, dé-
écossaise ayant donné raid*, se rattache à une ra-
signe un racloir de petite taille; par métonymie, il
cine & structure consonantique r-dh woyagep, re-
sert à désigner t 18961un plat vahisan confedionné
présentée en celtique par le gaulois “reda achariob,
avec du fromage dont on racle la partie ramollie à
lui-même emprunté par le latin sous la forme
la flamme, voisin de la fondue. +RACLÉE n. f.,
raedu, en bas latin par veredus «cheval léger}}, mot
substantivation du participe passé féminin de ra-
d’origine gauloise I-+ palefroi), et en germanique
cler Cv.17921,relève d’un usage populaire puis farni-
par le vieil anglais rud, anglo-saxon rbd (d’où le
lier et usuel, au sens de *volée de coups~ et, par ex-
normand rade Esentier formé par le passage des
tension, de *défaite» (1877, Flaubert). +Racler est
piétons dans un champA, et, du côté des verbes,
redevenu productif au xd s., avec RACLON n. m.
par l’anglo-saxon ridan, l’ancien haut allemand ri-
(18421, employé régionalement pour l’engrais
tan, d’où l’anglais to ride, l’allemand retin aaller à
constitué par du gazon powri et, familièrement,
cheval% (--+redingote, reître).
pour les particules d’aliments attachées au fond
d’un récipient où ils ont cuit (1875). - RACLAGE 4 Rade est un anglicisme ancien, également écrit
n. m. (18451 fournit un autre nom d’action, d’usage rudde ( 14831qui a conservé le sens d’origine <<bassin
plus technique que raclement, pour désigner naturel ou artifkiel ayant une issue vers la mer, où
l’éclaircissement des taillis d’une forêt et des opé- les navires trouvent un bon mouillagem. 0 Par l’in-
rations pratiquées dans l’industrie textile (18751, termédiaire des locutions employées en marine
puis en chirurgie (xx” s.l. être en petite rade 4tre au mouillage dans la par-
+ Voir RACAILLE. FkÂLE, RÂLER, RASCASSE. tie de la rade la plus proche du portu (18351, être en
gmnde rade aêtre au mouillage dans la partie de la
RACOLER + COL rade la plus éloignée, 118351,il est entré dans la lo-
cution figurée d’usage familier être en mde 4tre
RACONTER + CONTER abandonnén (1914, également avec les verbes luis-
ser, rester), employée à Nantes avec un autre sens :
RACORNIR + CORNE afaire la noces.
RADAR n. m. est emprunté (1941) à l’anglais b Rade a produit deux termes de marine. +DÉRA-
d’origine américaine radar 119411, contraction de DER v. intr. (15291, rare avant 1691, sigle Nêtre
radio detecting autd ranging kysteml, où raldiol a le emporté loin d’une rade par les courants, le ventm.
même sens et la même origine que l’élément ru- + RADER v. tr., d’abord intransitif <se mettre en
db*, detecting est le gérondif de to &tect Icorres- raden ( 15361,est aussi employé transitivement avec
pondant au français détecter*), and Sign%e <<etn, le sens correspondant (1762).
ran&ng est le gérondif de to range arepérep, dé-
rivé de range, lui-même repris à l’ancien francais @RADE +RADEAU
RADEAU 3060 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

* RADEAU n. m., d’abord au féminin rudelle laisser perdre. II faudrait alors partir du mot régio-
Cv. 13551, le masculin radeau étant plus tardif C1&‘7), nal radin attesté dès 1821 (puis en 1859 et en 1867)
est emprunté à l’ancien provençal rudel ttassem- au sens de «gratin>>, encore vivant dans les dialectes
blage de poutres liées de manière à former un du Centre (radin, redin, radin). Cette hypothèse
plancher>) (XIII~ S.I. C’est le diminutifde l’ancien pro- rend compte de la forme redin pour aavare», la
vençal rut, auquel correspond l’ancien français des forme moderne ayant pu être inspirée par rat et ne
Gloses juives red, le fkançais classique rut (1630) pas être liée à rudin h-oh--caisse=.
puis ras (16781, lequel a perdu son sens général au
profit de radeau. Ce mot simple est issu du latin ra- RADIAL, ALE, AUX adj. est dérivé (1363,
tis de même sens, employé en poésie comme subs- Chauliac) du latin radius (-+ rai, radius) avec le suf-
titut de nuGs qui a donné nefE, souvent considéré fixe -ul.
comme apparenté à rurus <4airsemé, espacé>)
1-+ rare) ou à rete <<rets, filets)) I+ rets) en raison de + Le mot est emprunté en anatomie pour qutier
la construction à claire-voie mais cette hypothèse ce qui appartient, se rapporte au radius humain; il
est substantivé au masculin (16901, en concurrence
étymologique est sans preuve. C’est peut-être un
avec le syntagrne attesté plus tard muscle radial
mot d’emprunt.
(18691, et au féminin (1805) en concurrence avec
+ Radelle puis radeau désigne une plate-forme flot- veine rudia2e ( 1875). -Au ~VII’ s., il a été reformé
tante, et spécialement celle sur laquelle se tiennent
comme terme de physique d’après le latin rudius
les ouvriers réparant les parties inférieures de la <rayon», pour quaMer ce qui se rapporte aux
coque d’un navire (18661, concurrenqant alors le
rayons (1615). ll caractérise ce qui est disposé, di-
mot simple rus (ci-dessus). Par extension, il entre
rigé suivant un rayon (17651, dans vitesse radiale
dans radeau pneumatique, radeau de sauvetage
118981, champ radial (19631. Avant de pâtir de la
pour une embarcation de sauvetage pneumatique.
concurrence de rayonné et de radié, il servait à
0 Furetière enregistre aussi l’acception technique
quali6er une couronne surmontée de pointes ou de
de &ain de bois transporté par flottage)> (16903.
rayons (16151, sens encore vivant en héraldique et
*L’argot ancien a employé radeau figurément à
en histoire antique. Cf. radié. +Plus récemment,
propos d’un comptoir de café (1849) et, par métony-
son féminin radiasle a été substantivé ( 1941) pour
mie, d’un tiroir de comptoir (dès 1837) et de la bou-
voie wdiale {{grande voie de circulation orientée
tique elle-même (1867) ; cf. ci-dessous rude, @ ra-
vers le centre d’une villen.
din.
b RADELIER n. m., attesté en fkmçais central de- F Le dérivé de radial, RADIALEMENT adv. (18761
puis 1544, semble d’origine dialectale, repris soit de ((en forme de rayons, de branches-, s’est mieux im-
l’ancien lyonnais où il désigne (15 13) un marchand planté dans l’usage courant que RADIAIREMENT
de bois de construction, soit de l’ancien provençal adv., lui-même dérivé (1897) de RADIAIRE adj. et
qui l’a encore plus tôt (13511 pour aconducteur de n. ( 17781, autre dérivé savant du latin rudius, spé-
radeaux>>. Le mot, dérivé de radel, variante de ru- cialement employé dans la description en sciences
deau, est technique; il désigne un flotteur de bois, naturelles comme nom d’une ombellifère à brac-
un constructeur de radeaux. + On rencontre aussi tées en rayons, et comme adjectif qutiant ce qui
RADELEUR n. m. 11955) avec le même sens, dé- est disposé en rayons ( 1796).
signant spécialement l’homme chargé de démar- 0 Voir IRRADIATION, RADLANT, RADIATION. RADIÉ, FLA-

rer et d’amarrer les bateaux à vapeur, et dérivé de DIEUX. RADIO. FLADKM, FLADIUS, FiAI, RAYONNE.

rudeler «accoster le bateau à vapeur avec une


barque à fond platn (Neuchâtel, 19011, &ansporter RADIAN n. m. est emprunté (19041 à l’anglais
sur un radeaun (Suisse). +Le verbe a aussi donné radian attesté en kigonométrie depuis 1879, dérivé
RADELAGE n. m. (19261, postérieur à ruseluge savant du latin radius *rayon* (+ rai) avec le sufIke
( 17241 en fkançais de Suisse. -an.
En hnçais, radeau, pris avec son sens argotique 4 Le mot désigne une unité de mesure d’angle plan
ancien, a produit 0 RADE n. m. ( 18151, autrefois équivalant à l’angle qui intercepte, depuis le centre
aboutiquen, puis «comptoir» (1844, avec hésitation d’un cercle, un arc égal au rayon du cercle. Il dé-
sur le genre), dit également par métonymie d’un signe aussi la mesure de l’arc de cercle intercepté.
bar, et par la suite, d’un bistrot. À la différence de 0 Le rudian par seconde est une unité de vitesse
radeau, ce mot est resté vivant dans un usage argo- angulaire, et le rudian par seconde cctrrée une unité
tique et familier, connotant l’ancien Paris, à coté de d’accélération angulaire ( 19%).
troquet (plus usuel).
0 RADIN, INE adj. et n. (19201, antérieurement re-
din 118851 aavaren, est souvent considéré comme un RADIANT, ANTE adj. est emprunté Idéb.
emploi adjectivé avec spécialisation de sens de XIII~ s.1 au latin rudians, -anti <<rayonnant, radieux>>,
@ RADIN n. m. <<tiroir-caisse, goussets (1835), va- participe présent adjectivé de rudiare «envoyer des
riante argotique de rudeau kf. ci-dessus radeau et rayons, rayonner>), dérivé de radius C+ radius, rai).
rude). Cependant, Wartburg range radin <avarea 4 Le mot, autrefois employé au sens général de “qui
ltisi que rudiner) dans la famille de rature” et ru- rayonnen, a été remplacé par rayonnant, qui prend
tisser* (d’un latin “rusitoria). Le développement sé- ce sens au début du XIX” siècle. *Dans la seconde
mantique serait analogue à celui de rapace* et ru- moitié du XIX~ s., iI est passé dans le langage scienti-
piut*, le radin étant proprement, selon cette fique, qualzant en astronomie le point du ciel d’où
hypothèse, celui qui racle les rognures pour ne rien paraissent provenir les météores d’un essaim
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3061 RADICAL

(18651, d’où RADIANT n. m. 119071,et, en physique, tivé pour désigner un dispositif augmentant la sur-
ce qui se propage par radiations (1880). face de rayonnement d’un appareil de chauffage
b Son dérivé, RADIANCE n. f., a d’abord (1826) le ou de refroidissement ( 1878). 0 D’abord technique,
sens figuré d’aétat de ce qui rayonne moralement>> le mot est entré dans l’usage courant, par une mé-
et le sens physique de Mrayonnement, lumièren tonymie, pour *appareil de chauffage muni de ce
(18751, encore en usage dans le style littérale. dispositif> (1907) et «organe de refroidissement d’un
+ Comme radiant, il devient ( 1904) un terme de moteur à explosionu Il897). + Ces deux acceptions
physique pour désigner le flux lumineux émis par sont devenues indépendantes; la première s’ap-
l’unité de surface qui se mesure en lux ou en phots. plique à des appareils de chauffage différents, du
L’anglais ra&ance I 160 11 «rayonnement lumineux) radiateur de chauffage central aux divers radia-
est attesté en physique dès 1800. teurs électriques. + Sous l’influence de rudiatin, le
0 voir IRRADIATION, RADIAL,RADIATION, RADIÉ,RADIEUX, mot désigne en physique un corps émettant soit de
RADIO. RADIUM, RADILJS, RAI, RAYONNE. l’knergie sous forme de quanta ou de particules
matérielles, soit un rayonnement électromagné-
0 RADIATION n. f. est dérivé savamment tique E1934). *Au sens usuel, radiateur a pour
11378) du latin médiéval radiare arayer» krve s. ; 1559 composé CACHE-RADIATEUR n.m. (19261,
dans du Gange), latinisation fautive, par méprise +L’autre dérivé de radiation est l’adjectif RADIA-
étymologique, du verbe français rayer, qui vient de TIF, IVE ( 1928), employé en physique pour ce qui
raie* Ile latin rudiure signifie wayonner, étinceler4. concerne les radiations et l’émission d’un rayonne-
+Le mot désigne l’aiction de rayer officiellement ment gamma 11968, krousse). +ANTIRADIA-
qqn d’une liste, d’un compte, d’un écrit, notamment TIONS adj, inv. Cv.19601, de anti-, se dit de ce qui
dans rudiatin d’un condumti 11893) =Suppression protège des radiations, notamment de la radioacti-
du nom d’une personne d’une liste de condamnésB. vité. Le Composé RADIESTHÉSIE n. f. (1930), fait
Le Code civil (18041 utilise radiation d’inscriptio~t avec l’élément -esthésie tiré du grec I+ esthétique),
hypothécaire ; radiation d’instance semble récent concerne la faculté de percevoir des radiations
( 1963, dans les dictionnaires). émises par certains corps et la méthode de détec-
tion fondée sur celle-ci. Les dérivés RADIESTHÉ-
~Radiation aservi & former 0 RADIER~.~. (1819) SIQUE adj. et RADIESTHÉSISTE nsonteuxaussi
Mrayer, supprimer d’une liste, d’un écrit>, dont le en usage.
participe passé @RADI& ÉE est quelquefois em- @ voir IRRADIATION, RADIAL, RADIANT, RADIÉ,RADJEWX.
ployé comme adjectif et comme nom. RADIO. Ru4DruM. FLADIWS. RAI. FLAYONNE.
@ Voir IRRADIATION, RADIAL, RADIANT,RADIÉ,RADIEUX,
RADIO, RADruM. FiADrus. RAI, RAYONNE. RADICAL, ALE, AUX adj. et n., attesté de-
puis le xve s. Iv. 14651et indirectement dès 1314 par
0 RADIATION n. f. est emprunté 11448) au la- le dérivé radicalement, est emprunté au bas latin
tin radiatio, -0nis *rayonnement, éclat lumineux rudiculis IAugustin) ade la racine, premier, fonda-
(du marbreIn, dérivé du supin kudiutuml de ru- mental>>, dérivé du latin classique radti aracinen
diure Nmunir de rayons> et Hêtre rayonnant, étince- (+ racine, radis, raifort). La substantivation de rudi-
lers (+ radiant). calis en galle-rama est à l’origine d’un moyen
4 Le premier sens, «émission de lumière», a vieilli français racheuu asouche>> krve-xwe s., Orléanais).
dans sa généralité, le mot s’étant spécialisé tardi- +Radical quaWe ce qui tient à la racine, au pti-
vement dans le langage scientîftque pour désigner cipe d’un être, d’une chose, donc ce qui est profond,
l’ensemble des éléments constitutifs d’une onde intense, absolu ; il s’est appliqué en ancienne méde-
qui se transmet dans l’espace, d’abord en méde- cine à un fluide imaginaire tenu pour le principe de
cine (18141, puis en physique (18391, en astronomie la vie dans le corps (v. 15001, à une humeur ( 1526,
(pression de radiation d’une étoile, 19553. 0 À côté radicuble), à l’humidité (1564). Avec la même signî-
de ses emplois scientîfrques, où le mot est parfois fication, il s’emploie en philosophie (XVII~s., Pascal),
en concurrence avec rayonnement*, radiation en chirurgie ( 1765, cure radicale) et en droit ( 1812,
s’emploie volontiers en parapsychologie, à propos nullité radicale), acquérant la valeur générale
d’ondes qui seraient émises par des objets cachés d’«absolw, qui va se développer par influence de
ou des êtres absents et qui permettraient de les dé- l’anglais Ici-dessous>. + Au XVII~s., on l’applique en
celer, d’en recevoir l’influence. Cf. ci-dessous ra- botanique à ce qui se rapporte à la racine d’un vé-
diesthésie. oEn météorologie, il désigne la quan- gétd Cl61 1). Par aiueurs, les grammairiens l’ont re-
tité d’énergie reçue en un lieu donné dans un pris dans lettres radicales (1660) et dans mot radical
temps déterminé (xx” S.I. En biologie, radiations (1690), donnant lieu à la substantivation de RADI-
évolutives, alignes divergentes selon lesquelles évo- CAL n. m., d’abord pour désigner un mot donnant
luent les diverses lignées issues d’un ancêtre com- naissance à plusieurs autres (Dumarsaisl puis un
mun», correspond à une autre valeur du mot. élément lexical, opposé à afixe (1867). * Depuis le
+Une extension métonymique au sens de apartie ~VIII~s., radical s’emploie aussi en algèbre II7621 et
d’un four de rafkage utilisant la chaleur radianten en chimie 117651, comme adjectif (lié aux divers
est enregistrée dans les dictionnaires généraux à sens spéciaux de racine) et substantivé avec des
partir de 1963. sens correspondants : en algèbre, un radical dé-
ä Sur le radical de radiation, a été formé RADIA- signe le signe se mettant devant les quantités dont
TEUR n. m., d’abord relevé comme adjectif au sens on veut extraire la racine ( 1798) ; en chimie, le corps
de “qui peut rayonnern (1877) avant d’être substan- simple qui, dans les acides ou les bases, est
RADICULE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

combiné avec un autre corps que l’on regarde tite racine>> (17621 ni le sens encore postérieur de
comme principe acidifiant ou basfiant (1812). <<radis* ( 1875) ne se sont imposés.
L’emploi spécialisé de l’adjectif et du nom en poli- hRadicule a servi à former les adjectifs RADI-
tique (1820) est emprunté à l’anglais rudical adj. CULEUX, EUSE adj. 11817) “qui a une longue radi-
113981, de même origine que le fiançais, qui, à partir cule)), aqui pousse sur les racines» et, à partir du
du sens de *complet, absolw, a pris la valeur de mot latin, RADICULAIRE adj. (1817) aappartenant
“qui remonte à la source, aux principes fondaznen- à la radicule)). Celui-ci, en médecine, qual%e ce qui
taux, qui va jusqu’au bout de ses conséquences>> concerne les racines des nerfs crâniens ou rachi-
11651). De cet emploi procède l’expression radical diens (18791, et s’emploie dans le te,rme de patholo-
refown aréforme radicale>> cv. 17861, à l’origine du gie paralysie rudiculuire ( 1932). + A partir du latin
nom donné, d’abord en mauvaise part, aux parti- radicula a &é formé le terme de pathologie RADI-
sans les plus convaincus de la nécessité d’une ré- CULITE n. f. (1923).
forme démocratique totale parmi les membres du Le mot apparenté RADICELLE n. f. ( 1815) est
parti libéral (1802). En français, le mot s’est d’abord formé sur le latin rudix, icis avec le stixe diminutif
employé dans un contexte britannique puis s’est -elle. 0 Il désigne la ramification secondaire d’une
acclimaté en France (18311, abrégé plus tard fami- racine.
lièrement en radie (18811 et, par jeu de mots avec 0 voir ARRACHER, ÉRADIQUER. RACINE, RADICAL. RAI-
radis, en rudi 119121,formes sorties d’usage. 0 Ra- FORT.
dical a pris sa place dans la vie politique francaise
comme appellation d’un parti de gauche, libéral, 0 RADIÉ, ÉE adj. est adapté 11679) du latin ra-
layque, de plus en plus modéré et réformiste par diatus «muni de raism, <<muni de rayons lumineux~~,
rapport aux autres partis de gauche (notion ré- d’où arayonnant>> et airradié», de radius (-, radius,
cente de centisme), contredisant ainsi l’étymolo- I%i).
gie. À la fm du XY et au xx’ s., rudical se dit pour ra- 4 Ce mot didactique quatie ce qui présente des
dical-socialiste. 0 Par amkictisme, il est lignes rayonnant depuis un point central, concur-
appliqué à celui qui est partism d’une politique rençant l’adjectif radiaire? Le syntagme couronne
d’extrême-gauche aux Etats-Unis. radiée ( 16901 est traduit du latin radiatu coroyLa (cf.
b Le plus ancien dérivé de radical est RADICALE- radial). + Le féminin pluriel RADIÉES est substan-
MENT adv. II 3 14) (<complètement=, peut-être tivé (1816) en botanique comme terme de classifka-
comme adaptation du latin tardif radicaliter. + Une tion d’une famille de plantes comportant des capi-
vague de dérivés, au me s., correspond à l’emprunt tules ayant des fleurs tubuleuses au centre et des
à l’anglais de termes politiques. 0 RADICALISME fleurs ligulées à la périphérie.
n. m. est repris (1820) à l’anglais radicahm 118201, @ voir IRRADIATION. RADIAL, RADIANT, RADIEUX, RADIO,

d’abord attesté en fiançais comme terme de philo- RADIUM, RADIUS, RAI, RAYONNE.

sophie anglo-saxonne puis enregistré dans son ac-


ception politique britannique (2823, Boiste) et fran- @RADIER v.tr.+ 0 RADIATION
çaise 120-11-1832). +RADICALISER V. tr., déjà
proposé en 1845 par Richard de Radonvilliers, a été 0 RADIER n. m., depuis 1352, est d’origine in-
repris i 1899, se radicaliser; puis 19133 à l’anglais certaine, peut-être du même radical que radeau*.
to rudicuhze v. într. (18233 et tr. (18301, dérivé de ru- À l’appui de cette hypothèse, P. Guiraud propose
dical au sens de «rendre plus extrême)). Le fkançais de passer par un bas latin Oruturium, dérivé de ru-
emploie aussi le mot à la forme pronominale se ru- tariu ((radeau», lui-même dérivé de rutis cassem-
diculiser dans une acception politique et, plus gé- blage de poutres, de bois flottants>> (+ radeau).
néralement, au sens de Mdevenir plus intransi- + Radier, d’abord attesté au pluriel avec le sens de
geant, se durcir>) ( 19683 ou ~plus extrême>> (d’une «madrier>>, sorti d’usage, est un mot technique dé-
situation). 0 Sous l’influence de l’angltis radiculi- signant le revêtement qui protège une construction
zution, on a dérivé de rudiculiser RADICALISA- contre le travail des eaux 116841,ainsi qu’un plan-
TION n. f. (19291. + À la fin du XIX” s., on a formé les cher en maçonnerie ou en charpente sur lequel on
termes politiques RADICAL-SOCIALISTE adj. assoit une construction hydraulique 11684). + Par
(1881; 1871, socialMe radical), abrégé plus tard en extension, il a pris le sens de <<partie d’une rivière
RAD-SOC (1950, aussi rudic-soc, 1944) et RADI- sans profondeur sur laquelle l’eau coule rapide-
CAL-SOCIALISME n. m. (ti XIX’ S.I. +Un dérivé ment» ( 1877, Littré). * Etin, il désigne la cale d’un
savant, RADICALAIRE adj., a été forrné CV. 1960) navire militaire transporteur de chalands, que l’on
pour qualifier une réaction chimique dans laquelle peut remplir d’eau 11975).
interviennent des radicaux libres.
0 voir ARR~~R. ÉRADICATION, RACINE, mmcum. IEA-
RADIEUX, EUSE adj. est emprunté Iv. 14601,
DIS, RAIFORT.
avec adaptation du sufExe, au latin radiosus
C(rayonnant», de radius (rayonm (+ radius, rai).
RADICULE n.f. est emprunté comme terme + Si&ant comme en latin ~~brillant~, et &mineux,
de botanique ( 1676, Journal des savants1 au latin ra- ensoleillé» en parlant du temps, le mot a pris au
diculu Mpetite racinem, diminutif de rudix uracirte» xwe s. le sens figuré de {{rayonnant de joie, de bon-
(+ racine, radis, raifort). heurm, caractérisant un visage 1166 11,une personne
+ Le mot sert à désigner la partie de l’embryon qui ( 1671) ou une chose abstraite. + Substantivé au
perce la première l’enveloppe de la graine pour masculin ( 17671, 11 a désigné un poisson remar-
s’enfoncer en terre. 0 Ni le sens diminutif de ape- quable par les rayons sortant de ses yeux.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3063 RADIO-

w L’adverbe dérivé, RADIEUSEMENT (17691, est d’émissions en radiophonie, le poste récepteur


rare au propre comme au figuré. (av. 19491, puis l’ensemble des programmes trans-
‘+ Voir IRRADIATION. FIADa, RADZATION, RADti, RADIO. mis par un émetteur. Le mot entre dans de nom-
FlADruM, RADIUS, FIAI, RAYONNE. breux syntagmes Crudio privée, radio libre1 et noms
propres Irudio XI. Au propre et au figuré, on parle
0 et 0 RADIN +RADEAU de silence” radio. 0 En composition, il sert à former
RADIOREPORTAGE n.m. f+reportage) et RA-
RADINER v. intr. et pron. est probablement DIOREPORTER n., AUTORADIO n. m. 11956)
issu (1864) de l’adjectif ancien et dialectal rade ccra- l+automobilelet RADIOTÉLÉVISION n. f(v.1950)
pide, vif, impétueux-, issu (XII’ s.1 par voie populaire et il a produit RAD~OTEUR n. m., mot plaisant
du latin rapidus qui a donné rapide” par voie d’em- d’usage stylistique (par ex. chez Galtier-Boissière,
prunt. Cependant, Wartburg classe radiner dans le 19451, fait par jeu de mots sur radoteur*, pour
groupe de rature* et de ratisser*, d’un latin “rasito- ahome de radio». + L’entourage lexical du mot ru-
ria, le rapprochant des formes dialectales rûdinm dio et son usage ont beaucoup varié selon les
(Centre) <(enlever le gratin d’un poêlon» et radiner contextes historiques. D’abord limité par la fré-
(Chastenayl &otter l’un sur l’autre deux corps quence de son concurrent T. S. F., il s’y est substitué
durs pour en obtenir un grincement désagréable> ; entre 1935 et 1950 environ. Une radio (Un poste ré-
cette étymologie rendrait également compte de ceptew, en passant du poste à lampes, en général
0 radin* qu’on a aussi expliqué comme un dérivé fixe et encombrant (à côté des récepteurs à galène)
de 0 rade, radeau* 4iroirp. Le développement me- au poste à transistors*, portatif car souvent ali-
nant à l’idée d’l+wriver» reste toutefois à expliquer. menté par piles, a pris des connotations nouvelles.
+ Ce verbe argotique, puis familier, signifiant Nren- Le mot désigne aussi un émetteur-récepteur tiu ru-
trer», *revenir», a été étendu à la notion de Nvenirn dia du bord3, notamment dans le cadre de la radio-
( 18651, <<aller, arrivep> (18761. Il est employé à la téléphonie privée (Citizen bandl. Par ailleurs, la ra-
forme pronominale se radiner 119091. dio, en lançais contemporain, est mise sur le
même plan que t6lé et télévision (mot plus courant
RADIO- est l’élkment tiré du latin radius (4 ra- que radiodi#ûsionl, Dans la reproduction sonore de
dius, rail pris au sens de *rayon lumineux>. Très haute fidélité (chaînes), l’élément radiophonique,
productif depuis le dernier tiers du xrxe et surtout souvent transmis par modulation de fkéquence, est
au me s., cet élément entre dans plus d’une cen- plutôt appelé tuner que radio. +En français
taine de termes scientifiques (notamment en phy- d’Afrique, audio-trottoir, radio-cancan, etc., s’em-
sique, chimie, médecine) et techniques. Les compo- ploient pour arumeur publique>> (cf. téléphone
sés se répartissent selon deux sémantismes, liés arabe).
aux domaines de la radiophonie et des radiations, RADIOTÉLÉPHONE n. m. est formé (19o3) de ra-
en physique. dio- tiré de radiophonie et de téléphone* pour l’ap-
.RADIOPH~NIE n. f., formé (1880) de radio- et de pareil téléphonique utilisant les ondes électroma-
-phonie*, désigne l’ensemble des procédés et tech- gnetiques. oRADIOTÉLÉPHONIE n. f est formé
niques de transmission du son par ondes hert- ( 1906) de radio- et de téléphonie pour 4éléphonie
ziennes. A. Graham Bell proposa aussi radiophone sans El>. 011 a POU- dérivé RADIOTÉLÉPHO-
pour remplacer photophone (sujet à confusion) et NIQUE adj. 11907).
désigner ce qu’il dékit comme un «appareil ser- Dans le contexte scientifique, radio- évoque
vant à la production du son par une forme quel- d’autres types de radiations. * RADIOACTIF, IVE
conque de l’énergie radiante>) 11881). + Il a produit adj., formé (1896) de radio- et de uctifx, désigne un
RADIOPHONIQUE adj. (18801, d’usage plus cou- élément possédant la propriété de se transformer
rant que radiophonie et dont est dérivé RADIO- par désintégration en un autre élément, tout en
PHONIQUEMENT adv. (19%). 4 À partir de radio- émettant des rayonnements corpusculaires ou
phonie, un nouvel emploi de l’élément radio- a électromagnétiques. +Ont été formés à sa suite
permis la création de formations évoquant directe- RADIOACTIVITÉ n. f. (18961, avec l’élément a&-
ment ce moyen de communication. vité*, RADIOÉLÉMENT n. m. (19061, avec ék7’Le~t*,
RADIODIFFUSION n. f. est formé (19 août 1925, RADIO-ISOTOPE n.m. (19471, avec isotope*, et,
Triburte de Genéve) de l’élément radio- tiré de YU- wrce dernier, RADIO-ISOTOPIQUE adj.(v. 19501,
diaphonie et de dif%usion*, employé à côté de trans- RADIOACTIVATION n. f. (av. 19631. Dans ce
mission, puis d’émission, pour désigner la trans- contexte, radio- sert de premier élément à des
mission par ondes hertziennes de programmes composés formés avec le nom d’un corps simple
sonores variés. +En est dérivé RADIODIFFUSER (radiocarbone, etc.). +RADIOSCOPIE n. f. est
v. tr. 119271,plus courant au participe passé adjec- formé (18961 de radio- et de -scopie* et Sign%e ccexa-
tivé RADIODIFFUSÉ, ÉE. men que forme, sur un écran fluorescent, un corps
Radiodifision est couramment abrégé en 0 RA- traversé par des rayons Xn. +Le mot a produit RA-
DIO n. f. (1932 ; 1933 au masculin, Alain) qui l’a rem- DIOSCOPIQWE adj. (1898, la même année que
placé en dehors de l’usage technique, éliminant l’anglais radioscopie). Il est familièrement abrégé
par ailleurs 57.S. F., qui fut usuel avant 1940-1945. en 0 RADIO n. f. ou, dans l’argot médical, en sco-
Radio, dans O~&S radio, est probablement abrégé pie n. f. Une radio correspond aussi à RADIOGRA-
de radioélectrique Ici-dessous) I-+ télégraphiel. PHIE n. f. (18961, contraction de radiophotographie
~Radio connaît plusieurs extensions de nature n. f. ou formation savante à l’aide de -graphie*. Ce
métonymique, désignant une station émettrice composé a donné RADIOGRAPHIQUE adj. 11896)
RADIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et RADIOGRAPHIER v.tr. (1896). +RADIOTÉLÉ- bras*, spécialisation de sens en anatomie, par ana-
GRAPHIE n. f. (igo5) et son dérivé RADIOTÉLÉ- logie de forme, du latin classique radius wayon de
GRAPHIQUE adj. ( 19951,ce premier apparu après roue’>.
l’anglais rudiotelegr@y (1898) se rapporte à un + Le mot a été repris comme terme d’anatomie. Par
procédé de transmission de messages en alphabet analogie de forme, il désigne la troisième nervure
morse au moyen d’ondes radioélectriques. 0 On a de l’aile des insectes (18691, en concurrence avec
formé RADIOTÉLÉGRAPHISTE n. (19101, nom nervure radiale.
d’agent, lui-même abrégé en RADIO n. m. -RA- 0 voir IRRADIATION, RAJXAL, RADIANT, Ru4DL6 RADIEUX,
DIO~LECTRIQUE adj. (19131 a entraîné la création RADIO, RADIUM, RAI, RAYONNE.
de RADIO~LECTRICITÉ n. f. (1922) et RADIO-
ÉLECTRICIEN,IENNE n. (1931). +De très nom- RADOIRE n. f., d’abord rastoire En XI~s-1, est
breux autres composés sont en usage. issu d’un latin populaire “rusitoriu, nom d’un iris-
0 voir ÉLÉMENT. PHARJZ, RADIOASTRONOME, etc. (art. AS- trument de bois plat avec lequel les mesureurs de
md, RADIOCObiMuNICATION (art. COMMUNI QUER), RA- grain et de sel enlevaient le trop-plein des mesures
DIOSONDAGE ht. SONDE), RADIOSONDE h-t. SONDE), RA- (-+ racloire). Le mot est dérivé du latin impérial ru-
DIOSTÉRILISATION ht. STÉRILE), REPORTER, SFXMNT, sitare, fréquentatif de radere «raser, gratter>> (3 ra-
TAXI. ser) formé sur son supin rasum. L’ancienne forme a
évolué en ratoire ~III~ s.) puis, avec sonorisation de
RADIS n. m. est la réfec%ion i 16111de radice
la dentale, rudouire (13221,aboutissant à radouere
(15071, emprunt à l’italien radice <<racines (XIV~s-1,
(16111, rudoire (1690).
équivalent de l’ancien tiançais rak (+ raifort), sup-
planté par racine”. +Le mot, qui a gardé le sens de l’étymon, appar-
tient à un ancien usage technique; sauf dans les
4 Le mot désigne une plante crucifère dont plu-
dialectes, il a reculé sous la concurrence de ra-
sieurs variétés sont cultivées pour leurs racines
comestibles et, par métonymie, cette racine. Il claire.
entre dans quelques syntagmes, tel radis noir b On a tiré de son radical RADER v. tr. (17231, am
( 17751, employé anciennement au sens figuré de cîen mot technique pour cmesurer ras (du sel, des
aprêtre)) ( 1878). Des radis, absolument, se dit pour grain&, également employé par les tailleurs de
radis roses. D’autres variétés, plus grosses, sont pierre 11875). Le latin avait radere, spécialisé à
nommées raifort”. - Au figuré, n ‘avoirplus un radis l’époque médiévale pour ((araser une mesure de
( 1842) Sign%e <<n’avoir plus d’argent>>, le radis sym- graim (av. 11661 à partir du sens général de “grat-
bolisant, comme plusieurs noms de petits fkuits et ter, enlever en grattant>).
légumes désignant une chose de peu (nèfles, etc.),
une petite somme insign%ante kf sou). RADOTER v. intr. est la réfection, par adjonc-
+Le sens argotique d’aorte&, surtout au pluriel tion de a (XIII~s.), issu du latin ad-, préfixe marquant
(19Oi’), est une analogie de forme. l’aboutissement, de l’ancien hnçais redoter {{tenir
0 voir ARRACHER, ÉRADIQUER. h4crm wmca, RADI- des propos décousus» Iv. 11551, indirectement at-
CELLE, RADICULE, RAIFORT. testé (10801 par le participe passé adjectivé redoté
*fou, tombé en enfance>. Ce verbe est formé du
RADIUM n. m., attesté le 26 décembre 1898 par préfixe r-e-* et d’un verbe hypothétique issu d’un ra-
M. et P. Curie, ainsi que G. Bémont, dans les dical germanique dot- attesté par le moyen néer-
Comptes rendus de 1’Acadkmie &s Sciences, est landais doten «rêver, tomber en enfance, être
soit issu par changement de suf5xe du latin radius aliéném (correspondant à l’anglais to dote). Une in-
wayon) (*radius, rai), soit, plutôt, de radio(actifI, fluence du latin uddubiture ahésitern I+ doute, dou-
avec le suf5xe -ium des noms de métaux. ter) n’est pas exclue.
+ Le mot désigne l’élément métallique de numéro +Radoter Sign%e proprement <<tenir des propos
atomique 88 découvert en 1898 par P. Curie, décousus dénotant un affaiblissement de l’esprit>;
M. Curie et G. Bémont dans les résidus barytiques par tiaiblissement, il s’emploie pour ((se répéter
obtenus au cours du traitement de la pechblende, sans cesse de façon fastidieuse)) (16901, d’où «rabâ-
minerai émettant un rayonnement. chern, peut-etre par réactivation du sens itératif de
F Radium entre dans les composés RADIUMTHÉ- re-.
RAPIE n. f. 11905) <<thérapeutique fondée sur l’em- b En dérivent RADOTEUR, EUSE adj. et n. (1536)
ploi du radium et, par extension, d’autres corps ra-
qui a supplanté radotew, euse ( 1560) et rudo-
dioactifs=, et RADIUMBIOLOGIE n. f. (1923). fier, ière n. et adj. ; RADOTERIE n. f. ( 16461, forte-
- RADON n. m. (19233, emprunt à l’allemand Ra-
ment concurrencé par RADOTAGE n. m. (17401,
don créé par C. Schrnîdt sur Radium par change-
aussi usuel que radoteur, ainsi que RADO-
ment de sufExe, désigne l’émanation du radium,
TANT, ANTE adj. (19001, tiré du participe présent
découverte en 1908 et d’abord nommée au moyen
de rudoter.
de la périphrase émanation du radium, ainsi qu’en
général une émanation radioactive Iv. 1960). RADOUBER v. tr., d’abord redauber (1260)
0 Voir IRRADLATEON, RADIAL, RADIANT, RADIÉ, FLADEEXJX.
puis radouber ( 12901,est dérivé avec le préke re-*
RADIO, RADIUS, RAYONNE.
de udouber* au sens de «réparer, raccommoderm.
RADIUS n. m. est le doublet savant de rai*, em- + Le mot Sign%e ({réparer, remettre en étatm, sens
prunté 11541) Canappe) au bas latin radius aos long avec lequel il a supplanté udouber avant de tomber
formant la partie externe du squelette de l’avant- lui-même en désuétude, sauf emploi archaïque ou
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3065 RAFLE

régional à partir du xrxe siècle. Ll s’est maintenu par amettre en état)> à <<rosser». Cette origine n’étant
une spécialisation technique en marine, <<faire des pas certaine, on a aussi proposé d’y voir le dérivé
travaux d’entretien ou des réparations de la coquen de fuster abattre à coups de bâton, issu, comme uf-
Idéb. XVI~ s.), là où on disait auparavant adouber. Gter, de fit*, anciennement fus& <<bâton)>.
Les développements figurés pour <raccommoder $ Le mot, d’usage familier, est synonyme de tapage,
Ides personnes), réconcilier)) (v. 1500, se radouber) vucamze, sur le même plan que boucan.
et <<réparer sa santé, sa fortune>> (1798) ont disparu
au XI~’ siècle. 0 Deux autres acceptions techniques RAFIOT n. m., d’abord rafiau (r7W, puis rufiot
sont apparues .* atraiter à nouveau une matière ex- (18661, est d’origine obscure. On a émis l’hypothèse
plosive avariée» 11828) et crefaire les mailles d’un d’une parenté avec la racine nordique et germa-
filet de pêche>> (1904). nique représentée dans l’ancien nordique rapti
b Parmi les dérivés de rudouber, le substantif d’ac- -radeau>>, à l’origine de l’anglais raft et de l’ancien
tion RADOUBEMENT n. m. Iv. 1460) a reculé de- haut allemand ruvo. P. Guiraud préfère voir dans
vant RADOWBAGE n. m. (15551, lui-même assez rafiot un déverbal de rafler”, érafler”, signifiant pro-
rare au sens de aréparation d’un bateau>>. Tous les prement Rcopeaw et employé dans l’argot des ma-
deux ont été supplantés par le déverbal RADOUB rins pok une embarcation, par le même type de
n. m. (15321, spécialisé dès les premiers emplois, métaphore que coquille de noix.
d’abord par métonymie pour <<cale où l’on répare + D’abord employé par les marins méditerranéens
les naviress, puis (1533) pour Kentretien ou répara- pour une embarcation à rames et petite voile, alors
tion de la coque>> dans ce qu’on appellera kssin ou écrit rafiau, le mot a été adopté par les marins
forme de radoub. +RADOUBEUR n.m.( 1538)aété d’autres régions pour <canot le plus léger à bord
synonyme de réparateur en général; il s’est dit du d’un navire)> (1832, J. Lecomte). L’emploi populaire
raccommodeur de vieux habits (15671, sens dis- et péjoratif, pour «bateau ne tenant pas la mer,
paru. Il s’est en revanche maintenu à propos de vieux bateau de piètre apparence)> semble plus tar-
l’ouvrier effectuant le radoub d’un bateau 11677). dif (1866, Delvaul.
0 voir DAUBE.
RAFISTOLER v. tr., attesté une fois en 1649
RADOUCIR + DOUX (dans une mazarinadel et repris au XIX~ s., est
composé de re- et du moyen français afîstoler <<en-
RAFALE n. f. résulte (16401 de la contamination chanter, séduire par de belles paroles>>, et <(ajuster,
de l’italien rctficu «brusque coup de ventn, lui- parer, bien s’habiller}} (xv’ S.I. Celui-ci est probable-
même d’un radical expressif rufi évoquant un ment formé sur l’italien fistola &îte~~, du latin fis-
mouvement rapide, et du français &Mer* &tre tula «tuyau, fltite)> dont la spécialisation médicale a
porté par le vent sur la côte sans pouvoir se rele- donné fistule”. L’évolution sémantique, à partir du
ver>>. L’influence de 0 rafle* au sens de «coup de sens propre de ((charmer conxne avec une flûte>>,
vent» est possible. est comparable à celle de l’ancien fiançais flageoler
+ Le mot désigne un coup de vent soudain et assez ajouer de la flûtem et ensuite <<tromper par des faux-
violent. 0 Par analogie, avec la même idée de coup semblantsa 13 flageolet). P. Guiraud préfère faire
violent, il est appliqué (1904 à un ensemble de remonter le mot à un bas latin “fixiture, altération
coups tirés rapidement, à intervalles variables, no- de ofixicure &xer, armnger)}, de fîxus (+ frxel.
tamment dans l’expression ~II mfde. 0 Il est passé 4 Le mot, issu du sens secondaire de ufzstoler, sign-
en sports pour désigner la descente des avants fie arajuster, remettre en état)), et a pris la valeur de
groupés au rugby ( 19311, et dans le domaine des ((réparer grossièrementn, d’usage familier. Son em-
transports pour une succession rapprochée de ploi dans un contexte abstrait ou figuré est attesté
trains. depuis le début du XX’ s. 11830, Balzac).
b Son dérivé RAFALE, ÉE adj . ! 1810) est d’abord at- b De rafistoler, on a tiré les dérivés RAFISTOLAGE
testé avec le sens figuré argotique de “qui a subi n. m.(1833) etRAFISTOLEUR,EUSE n.(1896),eux
des revers de fortune>>, sorti d’usage. Il a qualifk aussi familiers.
aussi ! 1845) un navire qui a subi des rafales, avec in-
fluence probable d’affalé. +%0 RAFLE n. f. est emprunté (XIII~s., égale-
ment rafe) au moyen haut allemand ruffel, alle-
RAFFERMIR - FERME mand RuFel, =instrument pour racler le feu)>,dérivé
du radical du moyen haut allemand raffen, alle-
RAFFINER 3 0 FIN mand ruffen ((emporter promptement».
RAFFOLER -3 FOU + Le mot, employé en ancien tkn@s avec le sens
concret de l’étymon, a développé rapidement des
e) RAFFUT ou RAFUT n. m. est le déverbal sens métaphoriques et métonymiques : il a désigné
( 1867) de ruffuter, verbe attesté dans les patois de- la gale (XIII~-XVI~s.) et d’autres maladies éruptives,
puis le XVIII~s. au sens de ((protester, exprimer sa encore de nos jours et, régionalement, une maladie
colère, faire du tapage, rosser)) 11777, Dictionnaire éruptive des bovins (1845). 0 Il désignait aussi un
roman). Celui-ci serait dérivé de rufuster ( 14771,au- coup de vent violent ( 13821,sens qui a pu influencer
jourd’hui rafiiter ( 18451, dérivé de aliter*, par une le mot plus récent ruMe*. +En moyen fkançais, il
extension sémantique menant de <<mettre en état>) désigne aussi un jeu de dés ( 1371) et, par métony-
à cfaire du bruit)) ou peut-être, par antiphrase, de mie, un coup à ce jeu où chacun des dés amène le
RAFLE 3066 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

même point, ce qui fait gagner la mise IXVI” s.), spé- reposerait sur un radical “7”bh- et ce rapproche-
cialement dans la locution faire raf?e Il 77 1). + Peut- ment, limité au sanskrit, permet d’écarter l’hypo-
être le développement métonymique concret de thèse d’un rapport avec le grec 2abros wiolentu.
<chose que l’on dépouille promptement)) rend-il L’existence aMérîeure du verbe rabere exclut l’idée
compte du sens spécial de 0 rafle* -grappe de rai- d’un emprunt à un nom de maladie méditerra-
sin (15491, généralement percu comme un autre néenne.
mot. *Avec le développement de (chose servant à + Rage est d’abord attesté avec le sens figuré d’Mac-
dépouiller)>, il désigne un filet servant à prendre les cès de fureur agressive)), réalisé dans de rage
petits poissons ou les petits oiseaux en quantité (v. 11551 et dans en rage (cf. enrager). 0 Par tiai-
( 1680). +Au sens actif, caction de dérober, de dé- blissement, le mot désigne une passion démesurée,
pouiller rapidement>> (XVI” s.1, il est rapidement à laquelle on ne peut résister, un désir forcené de
considéré comme le déverbal de son dérivé rafler. faire une chose (v. 11301; de ce sens procèdent
De nos jours, ce sens a vieilli au profit d’une nuance d’une part la locution faire rage, appliquée à une
spéciale, «action d’arrêter des gens en quantité», chose 6n XII~s.), autrefois égaIement à une per-
plus tardive ( 18671 et devenue la valeur la plus cou- sonne 113791,et de l’autre, l’ancienne expression ct
rante du mot, comme méthode policière, et aussi la rage cd’une façon excessiven (1718). Un ancien
au figuré. emploi mettant l’accent sur la notion de adouleur
b Le dérivé RAFLER v. El5731 a d’abord été un physiqueu a disparu sauf dans rage de dents (1549,
terme de jeu, signifiant <<mettre comme enjeu au Estienne). +La spéciakation médicale du mot à
jeu de la rafle» et cfait-e rafle aux dé+ (17711. Au propos d’une maladie virulente transmise à
XVI~s., il a pris le sens plus général d’aenlever vive- l’homme par certains animaux (1288) est d’abord
ment sans rien laisser», d’usage familier, très ré- réalisée par un type rabe qui semble indiquer un
pandu en contexte fkancier. Le verbe a quasiment réemprunt sémantique au latin. Ce sens, resté cou-
perdu le sens de <<toucher en passant- (16 111, relevé rant, donne lieu à des locutions et proverbes.
exceptionnellement chez Huysmans (1881). + RA- F L’essentiel de la dérivation procède des sens figu-
FLEUR, EUSE n., d’abord <<atteint de gale)), procé- rés de rage, si l’on excepte PASSERAGE n. f.
dait de rafle agale de la lèpre)) (XIII~s.l. Xl a été repris M49), nom d’une plante qui a servi de remède
comme nom de la machine ramassant le foin dans contre Ia rage. +Le dérivé RAGER v. intr., dont
les prés ( 1835) et, familièrement, de la personne qui l’ancienne forme rugier (v. 1155) a fait plus tard
vole qqch., l’emporte promptement (1958). place à rager (déb. XVIII~s., Saint-Simon), signifie
Le pré&& ÉRAFLER v. tr. dont l’ancienneté, SOUS Nmanifester un vif dépit>. En ancien français, il
une forme arafler 113941 refaite en &afler 114491, semble avoir surtout été usité avec le sens derivé
soulève un problème chronologique et étymolo- de afolâtrer, s’agitern (fin XII” s.) dans lequel l’accent
gique, exprime encore l’idée d’aécorcher légère- portait sur l’idée de mouvement; ce sens a disparu
ment en effleura&, d’où, par extension, (cabîîer avant l’époque ckssique et rager correspond,
légèrement (un objet) en l’effleurant» (av. 1880). comme intransitif, au factitif faire enrager Ici-des-
+En est dérivé ÉRAFLURE n. f. ( 16711, lequel a sous). -Son dérivé RAGEUR, EUSE adj. et n.
supplanté le plus ancien éraflade de même sens (XVI~s.) a lui aussi perdu le sens de efolâtre* et s’est
(Rabelais), et le nom d’action ÉRAFLEMENT n. m. tié d’après rage et rager au sens de ahargneux=
118111. (1832). Par métonymie, il s’applique à une chose dé-
notant un vif sentiment de colère (1836) et, par ex-
0 RAFLE n. f., d’abord rafle Idéb. xve s.1 puis tension, à un son évoquant, par sa violence, les ma-
rafle (15491, est d’origine incertaine, peut-être la nifestations extérieures d’un accès de rage
même que C?Irafle par allusion à l’égrappage dé- (av. 1918). *Du féminin estissu RAGEUSEMENT
pouillant promptement une grappe de ses grains, adv, (1837). +Le participe présent de rager, RA-
+Le mot désigne l’ensemble du pédoncule et des GEANT, ANTE, est adjectivé familièrement pour
pédicelles d’une grappe (de raisin, de groseille). ce qui met en rage, provoque le dépit (19491.
Par analogie, il s’emploie pour l’axe renflé de l’épi ENRAGER v., autre dérivé de rage attesté dès le
de maïs femelle (18451 et de la partie centrale d’un XII~s., a supplanté le synonyme prétié en a-, aru-
régime de noix de palme. gier iv. 11551, uruger, dont le participe présent ad-
jectivé, arageant, se rencontre jusqu’au XVI~siècle.
RAFRAÎCHIR + FRAIS Enrager est surtout employé pour &Prouver un vif
sentiment de dépit» Iv. 11653, notamment dans ftie
RAGAILLARDIR + GAILLARD enrager, la valeur intransitive ayant vieilli au profit
de rager. En relation avec le développement sé-
RAGE n. f. est issu (10801, comme ses correspon- mantique de rage, le verbe a pris le sens a$aibli
dants romans d’un latin populaire rabicr. attesté d’aéprouver un violent état de désir», puis d’ttavoir
dans les Gloses, altération du latin classique rabies une forte envie des; ces acceptions ont disparu. La
<<maladie du chien, transmissible à l’hommeu d’où, construction transitive (18701, le plus souvent avec
au figuré, Ktransport de fureur», par allusion & l’un la valeur d’ {(excit er sexuellement n, doit procéder
des symptômes de la maladie. R&ies est dérivé de de enragé. - Le sens propre, «avoir la rages, a lui
rabere 4tre enragé)), dont le vocalîsme en a corres- aussi disparu et n’est plus guère réalisé que par le
pond à une origine populaire et qui a été rappro- participe passé adjectivé. -ENRAGÉ, ÉE (XIII~s.)
ché avec vraisemblance du sanskrit ~&II& knpé- continue d’être employé au sens figuré de “pas-
tuosité, violencen, rubhus* &npétueuxB. Le latin sionné, frénétique » ( 1546, amour enragé), spéciale-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3067 RAI
ment dans diverses acceptions historiques, dési- signer un jeune sanglier mâle de moins de trois ans
gnant, lorsqu’il est substantivé, les ultra- ( 1655). Par analogie de forme ou, si l’on suit Gui-
révolutionnaires de 179% 1799 et les étudiants ultra- raud, avec un développement de l’idée de <<chose
révolutionnaires de mai 1968. Il ne s’emploie plus raccourcien, il signifie en moyen fkançais <<arbre ra-
guère à propos d’une chose ( 1552). Le sens propre, boum ( 14891, avec des sens voisins vivants dans les
«atteint de la ragea, est resté en usage, notamment parlers régionaux. Un processus analogue conduit
dans chien enragé, qui s’emploie aussi au figuré. pour l’adjectif (1609) à la valeur de ((petit et court,
bEnrager a produit ENRAGEMENT n. m. (v. 13501, râblé», à propos des personnes, d’où un emploi
qui désignait autrefois l’état de la personne en co- substantif. Cette acception 11660) se rencontre en-
lère, à côté de enragerie n, f. dialectal. +Le parti- core au XX~s. (Pourrat, Mauriac) comme témoi-
cipe présent ENRAGEANT, ANTE se rencontre gnage littéraire d’emplois régionaux, mais elle est
depuis 1690 en emploi adjectivé et ne s’emploie archaïque en français central. +Le mot est passé
qu’au figuré pour “qui met en rage, rend furieux>>. dans le vocabulaire du manège, anciennement
4 DÉRAGER v. intr., l’autre dérivé verbal de rage, pour désigner un mauvais cheval 116753, puis
plus tardif t 1870) et plus rare, est employé dans un comme adjectif pour qutier (1680) et comme nom
style littéraire au sens de <sortir de sa colère>>, g& désigner ( 1835) un cheval de taille ramassée, au cou
néralement dans une phrase négative. très court.
0 voir RABIQUE. F Le dérivé RAGOTER v. intr., probablement ap-
RAGLAN n. m, et adj. inv. est emprunté paru en moyen français, un ancien dérivé rugote
(v. 1855) à l’anglais ruglan (seulement attesté en apropos offensant» étant attesté dès 1409, n’est
1863 dans le premier supplément de l’Oxford Dic- usuel qu’à partir du XVII~s. (1640). Il si@e 4enir
tion~@, du nom de Lord Fitzroy James Henry So- des propos malveillants-, sens qui procède d’une
merset, baron Raglan (1788- 18551, feld-maréchal extension figurée de “grogner comme un ragot, un
anglais qui fut commandant en chef de l’armée an- sanglier>> (1690). Ce verbe a vieilli, puis disparu, à la
glaise pendant la guerre de Crimée et mourut à différence du déverbal 0 RAGOT n. m. 117671qui a
Sébastopol. Le vêtement fut dénommé en son hon- pris la suite du type féminin rugote et désigne un
neur, par allusion à celui que portaient ses troupes. propos malveillant sans fondement, surtout au plu-
4 Le mot s’est d’abord employé comme nom pour riel. Isolé par la disparition de rugoter, le nom est
un ample manteau de voyage à pèlerine pour resté vivant. + Le dérivé RAGOTIN n. m., Khomme
homme, k la mode sous le Second Empire. 0 Il a petit et contrefait>>, est l’emploi comme nom com-
été repris vers la fin du XIX~ s. au sens de apardessus mun (17%) de Rugotin, nom propre d’un person-
assez ample à emmanchures coupées en biais re- nage du Roman Corn@ue de Scarron (16511, lui-
montant en pointe sous le Col~ 11904, Larousse). même dérivé de ragot, appliqué aux personnes.
L’accent portant désormais sur la coupe des em-
RAGOÛT et dérivés + GOÛT
manchures, le mot est employé adjectivement
pour quatier des manches du même type 11915, RAGTIME ou RAG-TIME n.m. est em-
manches raglan), et le manteau qui en comporte prunté 119131à l’anglo-américain rag-time, rugtime
(1933). (18971, proprement <temps ItimeI en haillons)) pour
RAGONDIN n. m. (1869), d’abord écrit rut gon- désigner une musique syncopée et rapide des
din (1867, Laboulaye), à côté d’une forme raconda, Noirs américains, consistant en marches qui adap-
est d’origine obscure. Le mot a été précédé par ru- taient des air-s populaires et des danses d’origine
conde (1846, d’orbigny, qui le donne comme an- européenne, à la fm du x& siècle. Le premier élé-
cien; art. Myopotumel ; le passage de rucon& à “ra- ment du mot est l’anglais rug «chiffon, haillon,
condin, ragondin (rut-gondin par étymologie loque* (XIV~ s.), et au figurk apetite chose sans im-
populaire1 n’est pas clair. Ruconde pourrait être portancen (XVI” s.1, du moyen anglais ragge, lequel
apparenté à l’anglais rucoon, mot d’origine algon- est probablement le dérivé régressif de rugged
quine, qui désigne un autre animal. &reint&, ((accidenté, rugueux>) (XIII~ s.), aen lam-
beaux» krve s.), correspondant à l’ancien nordique
$ Le mot désigne un petit mammifère d’Amérique
rQggvur aen touffe>. Le second élément, time
du Sud tmyocastor coypusl à la fourrure estimée;
<<temps>>,du vieil anglais tima, a un correspondant
par métonymie, il sert, en concurrence avec
d’autres mots, à désigner la fourrure de cet animal dans l’ancien nordique timi <<temps, bon temps,
et de certains autres rongeurs d’Amérique du Sud prospéritén. JIl remonte à un germanique “timon,
(19041. formé de “ti- &irement~~ et de l’élément -mon-.
4 Le mot est passé en français comme nom d’une
0 RAGOT, OTE n. m. et adj., attesté à la fm forme de musique apparue à 19 fm du MX’S. dans
du xwe s. E13921,est d’origine obscure : Wartburg le les communautés noires des Etats-Unis, issu des
rattache à un radical onomatopéique rug- évo- orchestres de cuivres d’origine européenne (mu-
quant une voix criarde, comme dans le bas latin ru- siques militaires ou de parade), rug correspondant
gire «braire, grogner, pousser des cris= (+ railler), et à la ~(déchkure» du rythme par syncope. C’est l’une
Guiraud au latin rczdere «gratter, enlever en grat- des sources du jazz, essentielle sur le plan instru-
tant>> (+raser) avec l’idée d’une achose rognée, mental.
émoussée ».
+Le mot s’est d’abord dit d’un cochon de lait (en- * RAI ou RAIS n. m, est issu (v. 1119) du latin
core dans auelaues Datais) avant de servir à dé- radius {{baguette pointue>, Mrayon lumineux Cordi-
RAI 3068 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nairement représenté sous la forme d’une lance à dans la locution courante dans un rayon de, et dans
pointe aigu& et wayon de rouem, mot d’origine in- rayon d’action 119101, passée du domaine de l’avia-
certaine dont un emploi spécial a donné le doublet tion à l’usage courant pour <<zone d’activit&.
savant radiw*. Rayon a aussi produit RAYONNER v. 11549) =ré-
4 Le mot, souvent écrit rais (v. 13801, désigne un pandre de la lumières, employé en construction
faisceau partant d’une source lumineuse. Concur- transitive dans un style littéraire. Le verbe a pris
rencé, puis éliminé par son dérivé rayon Ici-des- plus tard le sens figuré de ase répandre comme
sous), il est d’emploi poétique et archtisant, toute- une lumière» (v. 18801, et en sciences l’acception
fois repris par la prose contemporaine, surtout analogique de <se propager par rayonnement>
pour évoquer un faisceau se détachant sur un fond Iv. 1850). 0 En relation avec le sens concret de
sombre, souvent dans un rai de lumière. +Depuis rayon, il sime &re disposé en rayonsm (1760),
le XIII~ s., il désigne le rayon d’une roue de bois d’où, par extension, +e répandre dans toutes les
(1200-1220) et, en héraldique, le rayon des étoiles directionss, spécialement d’après le sens abstrait
d’une roue (16811, sens où il a été éliminé par rayon. de rayon : «se déplacer dans un certain rayon>>
0 Au XVII~ s., en architecture, il entre dans l’expres- Iv. 19501. -Rayonner a donné à son tour plusieurs
sion rai de ctmr ( 1676) pour un ornement de mou- dérivés. RAYONNEMENT n. m. (1558) désigne l’ac-
lure formé de feuilles aiguës en forme de cœur al- tion d’émettre des rayons lumineux, évoluant en
ternant avec des fers de lance. fonction des connaissances physiques, parallèle-
k Rai est moins vivant que ses deux dérivés dont la ment au mot ruyon, et devenant concurrent de ra-
forme témoigne probablement de l’influence de diation*. Le concept s’élargit spécialement en
rayer, dérivé de raie* et peut-être aussi de l’ancien cmode de propagation de la chaleurn (18271, puis
tiançais reille abarre)} (cf. rail). 4 RAYON n. m. «mode de propagation de l’énergie)) (par ex. ruyon-
(1474,reon du soleil), à ne pas confondre avec nement noir, 19001.+ À l’époque romantique, le mot
0 rayon* (de miel), a supplanté rat au sens de *jet a développé un sens figuré : aéclat sur le visage
de lumières. II est employé spécialement en op- d’une personne sous l’impression d’un vif senti-
tique pour la matérialisation du trajet des ondes lu- ment de bonheur> (1832, Hugo). -RAYON-
mineuses (av. 16501, rayon duel désignant la ligne NANT, ANTE, le participe présent de rayonner, est
idéale joignant un point à l’oeil et le rayon lumineux adjectivé au sens propre de 4isposé en rayonsn
qui impressionne l’œil ( 1677). Par analogie, rayon ( 15111,dont procèdent des spécialisations en héral-
désigne un phénomène physique semblable aux dique et en histoire de l’ast, à propos du style go-
rayons de la lumière ( 1753, Encyclopédie), valeur où thique de la seconde moitié du XI~I~et du XIV~s.,
rayonnement (ci-dessous) et 0 radiatirc le concur- dans gomqw rayonnant, et, moins souvent, style,
rencent. Le mot sert à former de nombreux syn- art rayonnant En XIX~ s.l. +Le mot a pris le sens
tagmes en physique : rayons calorifiques, 1803 ; ul- plus actif de “qui émet des rayons lumineux~, au-
tra-violets, 1858 ; infrctrouges, 1869 ; cathodiques, trefois en physique (182 11, aujourd’hui en emploi
1892 ; rayons X (1896, de l’allemand X Stiahlenl, littéraire. 0 En revanche, la valeur figurée corres-
rayons alpha, bêta, gamma la, p, y, 1903, P. Curie), pondante Ixwe s., Mme de Sévigné), plus imagée que
rayons delta, rayons cathodiques, rayon positifs, pour radiew~, est devenue courante, spécialement
rayons canuu3c (tous attestés en 19041, rayons cos- dans rayonnant de, suivi du nom de la cause (16801,
miques (1923). C’est également avec ce sens de + RAYONNÉ, ÉE, le participe passé de rayonner, a
base que rayon est employé dans rayon vert, attesté été adjectivé plus tard (17651, qualifiant ce qui est
ti xvme s. dans un autre sens, et qui désigne la colo- disposé en rayons, ou orné de rayons (18421, et une
ration d’un vert limpide se produisant à l’endroit coquille dont la surface est parsemée de stries
où le soleil vient de disparaître à l’horizon (sens at- rayonnantes (18451. oSon pluriel masculin
testé au XIX~ s. : 1882, titre d’un roman de Jules RAYONNÉS a été substantivé pour fournir le nom
Verne). +Une extension figurée, au sens de ace qui d’une ancienne division du règne animal compre-
éclaire, apporte le bonheur, la connaissances, par- nant les animaux sm vertèbres dont les organes
ticipant du symbolisme positif de la lumière, est at- sont disposés en rayons autour d’un centre (1842).
testée depuis le xwe s., et appliquée aux yeux et au +RAYONNE~R n. m., formé SU le radical du
regard dans la rhétorique axnoureuse (1549, Ron- verbe avec un stixe d’agent (18421, désigne un dis-
sard). +À partir de 1538, rayon est aussi employé positif agricole. *Au =’ s., rayon a aussi produit
au sens concret, repris du latin de *bâton allant du RAYONNISME n. m. U9i3) et RAYONNISTE adj.
moyeu aux jantes (d’une roueIN. Dans cette accep- ( 1913, termes d’histoire de l’art traduisant le russe
tion aussi, il concurrence rut. Par analogie, il dé- loutchizm, de loutch “lumières et «rayona, mot dont
signe chacun des éléments qui divergent à partir la racine est la même que celle du latin lux (+ luci-
d’un centre ~VIII~ s.), en botanique (1765) et en zoo- fer). Ces mots sont appliqués à une école de pein-
logie (17771 où il s’applique à des pièces dures for- ture issue du futurisme, développée à partir de
mant la charpente de la nageoire des poissons. 1912 en Russie, notamment par Larionov et Gon-
* En géométrie, rayon 11634, Mersennel désigne le tcharova, et caractérisée par l’utilisation de rayons
demi-diamètre d’un cercle, et par extension un de couleur.
segment joignant un point tic à un point quel- L’autre dérivé de rai est le verbe ENRAYER v. tr.
conque d’une courbe, sens spécialisé en technique, 11546) «entraver le mouvement d’une roue en agis-
notamment dans rayon de braquage (1932). * Par sant sur les rayons*. En procèdent le sens figuré de
métonymie, on passe au sens de adistance mesurée cretenir (qqn)% (mil. xwe s.), le sens abstrait wrêter
à partir d’un point d’origine)} ( 18351, spécialement lune chose en cours de réalisation)~ (16111, et, plus
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3069 RAIDE

tard, le sens concret spécial : «empêcher acciden- encore vivant. + L’apparition des valeurs abstraites
tellement (une arme, un mécanisme) de fonction- est beaucoup plus étalée dans le temps : ruti qua-
ners, Hïn XIX~ 4, souvent au pronominal (le pistolet liEe Km XII~ s.1 une personne qui se refuse aux
s’est enrayé). * En 1680, le verbe est enregistré avec compromis, sens qui régresse au XVIII~ s. partielle-
un autre sens, seulement technique, amonter (une ment en faveur de rigide, mais se maintient dans le
roue) en mettant les rayons dans les mortaises du style littéraire et dans la locution usuelle raide
moyeu et de la jante)). - Il a produit plusieurs déri- comme la it&ke (1867) «tiectant un maintien très
vés. Le plus ancien, ENRAYOIR n. m. asabot per- dignem. À partir du XVIII~ s., ruide quame aussi ce
mettant d’arrêter une roue» 6n xwe s.1, est sorti qui manque de grâce, d’abandon, de spontanéité
d’usage en même temps que le sens propre du (1759, Diderot). Puis, il se dit familièrement pour
verbe. + ENRAYURE n. f., d’abord ermyeure (16761, <<dur à supporter, à croire, à acceptep Iv. 18501. Une
est un mot technique désignant l’assemblage de autre valeur familière, cdénué d’argent>> (18801, fait
pièces de bois rayonnant autour d’un centre. +Le peut-être allusion à une personne allongée sans
préfké DhENRAYER v.tr. (1694) a eu le sens mouvement, raide morte, ou à la raideur de la dé-
d’&ter la chake bloquant une rouen, et se dit au- marche d’un ivrogne. L’adjectif a pris le sens spé-
jourd’hui @n xrxe s.1 pour Mréparer Eune arme en- cial de <complètement ivren (1859) et, dans l’argot
rayéeIN. * Le nom d’action ENRAYAGE n. m. (1826) militaire, celui de amaladen : se faire porter raide.
est isolé avec le sens d’«action d’entraver une Les premiers emplois adverbiaux de roit, raide re-
roue>>; il se dit spécialement de l’arrêt momentané montent au XIII” s., avec le sens figuré de <rude-
et occasionnel d’une arme à feu ( 1932). L’autre nom ment, fermementm Cv. 1250, roit; v. 1559, raide). Le
d’action, ENRAIEMENT OU ENRAYEMENT n. m. sens temporel de atout à coup, rapidement» Iti
(18081, ne désigne plus l’action d’entraver une roue xwe s., roit; xve s., ratil est réalisé dans la locution
de véhicule mais, au figuré, l’aiction d’entraver un usuelle tomber raide mort 11580) où le mot conti-
processus dangereux (1870). nue de s’accorder comme un adjectif. +Raide si-
0 voir IRRADLwION, RADm, RAmAN, RADIANT, RADIÉ. gnifre aussi aavec force, impétuosité)> (16361; cette
l%ADlEUX, RADIO, RADIUM, FIADIUS. FLAYONNE. acception est sortie d’usage (après le XVII~~ s.1
comme celle de l’adjectif qui lui correspondait,
RAID n. m. est emprunté (1864) à l’anglais raid mais il en reste une trace dans la locution familière
(14251, variante écossaise du vieil anglais rad (au- raide corne baZle ~wns hésitation* (1833). Puis
jourd’hui rond tcrouten), proprement <action de par- ruti signifie ade façon brutale, brusque)} (1888) et,
courir à chevala d’où, par spécialisation, «incursion, d’après un sens de l’adjectif @ente raidel, <<avec
irruption en vue de piller-m (+ rade). une grande déclivité>>.
+ Le mot désigne une opération militaire rapide b Pour la plupart des dérivés, l’ancienne grahie en
pour une mission déterminée, évoquant surtout, -oi- est sortie d’usage. *RAIDEMENT adv.,desens
dans les emplois les plus anciens, une marche de propre et surtout figuré, a supplanté ~VI” s,3 redde-
manœuvre. Il se dit spécialement dune opération ment EV. 11603, roidemenf. +RAIDEUR n. f. (v. 1320)
aérienne en territoire éloigné par une formation de a succédé à reddur Cv. 11701, roidor @II XII” s.), roi-
bombardement ( 19 151.0 Par analogie, il s’applique deur (v. 1220). II a d’abord dési&, au figuré, la qua-
à une épreuve sportive destinée à mettre en valeur lité d’une personne qui s’en tient à ses principes, à
l’endurance des hommes, la résistance du matériel sa ligne de conduite, sens aujourd’hui marqué. En
(1885, d’abord dans un contexte militaire). ancien français, il a développé l’acception concrète
de amanque de souplessem, en parlant d’une chose
RAIDE adj. et adv., d’abord roi& Iv. 11601, puis iv. 11901, puis d’une personne ~III” s.3. Le sens de
raide Cv, 11901, est la forme féminine de l’ancien ad- «rapidité, violence d’un mouvement>> (XIII~ s.1 a dis-
jecttifreit, roit Km xr”-déb. XII~ S.I. Celui-ci est issu par paru après le XVII~ siècle. Le mot désigne spéciale-
évolution phonétique du latin @idus «durfi, au fi- ment la forte déclivité d’une pente (1487). En méca-
guré &flexible>) (+ rigide). En français, la graphie nique, raideur d’un ressort désigne le quotient de la
du mot est restée hésitante jusqu’à l’époque clas- force agissant sur un ressort par l’allongement ou
sique où l’on écrit encore couramment roide, roide- le raccourcissement qu’il subit. +RAIDIR v. tr.
ment, raideur, raidir. Raide s’est généralisé au XVIII~ existe lui aussi sous la forme raidir he s.) puis redir
et au xrxe s., mais roide subsiste encore, surtout à Cv. 1212) avant raidir kvf s.l. Ii signiEe atendre forte-
titre de survivance graphique, et assume quelque- ment (un objet, spécialement son propre corps, un
fois dans l’usage écrit, notamment littéraire, une membre)». À partir de 1580 (Montaigne), il se dit fi-
valeur intensive stylistique. gurément pour <affermir sa volonté ou une partie
4 Le mot qualifie d’abord concrètement un objet qui de soi-même dans un effort de résistancen, puis
ne se laisse pas plier, puis une personne qui se tient <contribuer à fortifier (qqn) dans son attitude obsti-
très droite Iv. 11251, est dénuée de souplesse née ou intransigeante>> Efïn xv# s.) ; ces emplois sont
Iv. 1165, “qui n’a plus la souplesse de la vie& fl ca- devenus littéraires, + Parallèlement à l’évolution
ractérisait aussi, avec une notion secondaire de de raide et de raideur, le verbe s’emploie concrète-
mouvement, une chose se déplaçant violemment et ment (16901 pour wendre raide, immobiliser une
rapidement, selon une trajectoire tendue (v. 1175) ; partie du corps en en paralysant les mouvementsm.
cette valeur s’est conservée par l’adverbe ki-des- Une acception culinaire, apasser vivement (un ali-
sous). 0 Avec une idée de développement spatial ment) dans le beurre ou un corps gras brûlant-
n’impliquant plus nécessairement le mouvement, il 119381, demeure propre aux professionnels. + Le
qual%e une pente fortement inclinée (XII? s.1, sens verbe est également employé en construction in-
RAIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

transitive Iv. 13981 et à la forme pronominale se rai- spectrographie comme raies d’hissim, d’ubsorp-
dir 11538) pour <devenir ferme moralementD puis, tin, raies de Fruunhofer (expression observée en
concrètement, adevenir raiden (15491, et spéciale- 1882, Fraunhofer étant mort en 1826).
ment <bander ses muscles- (av. 15731. Ultérieure- F RAYER v. tr., dérivé de raie, est d’abord attesté
ment, se raidir s’applique à une chose qui prend un sous l’ancienne forme de participe passé roié
caractère dogmatique, intangible (1885, Zola). (xn” s.), puis rayé, de loin plus fréquente que les
+Raidir a produit RAIDISSEMENT n. m. (1547, autres formes verbales et 1’infmiGf Le verbe si@e
roydissementl qui a également développé une va- amarquer (une surface) d’une ou plusieurs raiesm,
leur figurée (attestée xxe s.), RAIDISSAGE n. m. d’où =constituer une raie, un sillonn (12831. 0 Sa
(1876) et RAIDISSEUR n. m. (18753 d’usage tech- spécialisation pour ebiffer, raturep est attestée au
nique. XIII~ s. (1266). Ultérieurement, le mot se rapporte au
RAIDILLON n. m., d’abord raidillon ( 17621, forme fait d’abGner un objet en y creusant des raies (16941,
encore attestée par Littré Il8691 à côté de la forme au XX~s. un disque phonographique. *Des trois
actuelle, est dérivé isolément de raide au sens noms dérivés de ruyw, RAYURE n. f., réfection de
concret de <<petit chemin en pente raidem. roiure, est le premier (XIV” s.1et le plus usité : il s’est
appliqué à l’état d’une étoffe Présenta;nt des malfa-
0 RAIE n. f. est emprunté (1155) au latin ruia de çons (13721, puis à l’action de biffer, à une rature
même sens (Pline), mot sans étymologie établie.
( 1530, rayure) ; il a développé ses sens modernes au
4 Le mot désigne un grand poisson plat et, par mé- xwe s. : à partir du sens de amanière dont une étoffe
tonymie, sa chair comestible (v. 13981, notamment est rayéem, il a pris par métonymie la valeur de
dans les noms de préparations culinaires comme «partie d’une surface rayée>> (16903, en particuIier,
raie au beurre noir, surtout au pluriel «bande se détachant sur un fond
+ Nombre de tentatives ont été faites pour en déri- de couleur différente= (1690). 0 Il désigne spéciale-
ver un diminutif. C’est le premier, RAITON n. m. ment chaque rainure hélicoïdale pratiquée à l’inté-
(17711, réfection d’une forme normande rayton rieur du canon d’une arme à feu (1680) et, par ex-
115531, qui s’est conservé, refait graphiquement en tension, toute trace allongée laissée sur une
RAJETON (1904, d’ailleurs d’emploi exceptionnel. surface par un corps rugueux, pointu ou coupant
&yon (17811, rutillon (1781) et ruiteuu (1845) puis (18291. +L’autre nom tiré de rayer, RAYEMENT
ruieteau (18691, n’ont pas vécu. n. m. (XVI~s.), est quasiment sorti d’usage au profit
de RAYAGE n. m. 118681,qui désigne à la fois l’ac-
0 RAIE n. f., d’abord reie (déb. XII~s.1 et raie tion de rayer, l’état de ce qui est rayé et, en tech-
Cv. 11551, puis ruie tv. 13601,remonte à un latin mé- nique, l’opération consistant à pratiquer des
diéval “rigu (VII~s,, chez un écrivain né en Angle- rayures dans le canon d’une arme à feu. 4 Quant à
terre), lequel représenterait un gaulois “ricu aligne, RAYÉ, ÉE, adjectivé, il est employé dans tous les
sillonx, postulé d’après l’ancien irlandais rech, le sens du verbe, avec des valeurs plus précises dans
gallois rhych et l’ancien breton rec, et répandu dans certains contextes, comme canon rayé, opposé à
toute l’aire gallo-romane . Zisse (voir ci-dessus rayure) ou disque rayé Avoir
+Le mot désigne d’abord le sillon, la tranchée ou- rayer).
verte dans la terre par le soc de la charrue, sens vi-
vace dans les parlers gallo-romans, par exemple RAIFORT n. m. est composé en moyen français
l’ancien provençal regu 4llonB. Par spécialisation, (xv” s.) de l’ancien substantif ruk Cv.11551 <racine,,
raie s’applique à la ligne séparat deux sillons employé spécialement pour le raifort tmil. XII~-
d’une terre retournée à la charrue, et à la dernière XIII~4, et représentant l’aboutissement phonétique
ligne ou tranchée ouverte par le soc et limitant la du latin rudix cracinem C+ radis) et de l’adjectif fort*.
partie labourée d’un champ ( 1690). a Cependant, Ruïz a été supplanté en français par racine*.
dès le XII~s., raie désigne une ligne tra&e ou creu- 4 Le mot, d’ab or d écrit rai2 fors (xv” s., Berry) puis
sée Cv.11753,et des possibilités de croisement avec ru& forte (15251 avant de se souder en refoti (15381,
rai sont manifestes, les deux mots concernant une mifort (15451, désigne une plante dont la racine
ligne droite. À partir du XIII” s., le mot désigne spé- charnue, à odeur forte, est utilisée comme
cialement une bande ou ligne de couleur sur une condiment dans certains pays et entre dans cer-
étoffe, un papier (12661, un sillon peu profond sur le taines préparations antiscorbutiques. Il donne
corps (XIII~s.1,surtout dans des expressions du type quelquefois son nom au gros radis d’hiver (1962) et,
raie du dos, lu raie des fesses, etc. Il s’applique en dans quelques régions du sud de la France, à un
particulier et couramment à la séparation recti- gros radis employé comme fourrage dit raifort
ligne des cheveux qui laisse voir la peau du crâne. chumpêtie ( 1963).
Ultérieurement, il désigne la bande caractéristique 0 voir RACINE.
qui se trouve sur la livrée de certains animaux
117703, cette acception produisant des composés RAIL n. m. est emprunté ( 18171à l’anglais rail dé-
formés avec de et le nom de l’animal en question signant depuis le xwle s. 11734) chaxzune des barres
( 1869, raie de mulet). + Le mot a été repris en phy- de fer mises bout à bout sur deux lignes parallèles
sique pour désigner la bande tic de largeur va- et Cxées sur des traverses pour constituer une voie
riable qui, dans un spectre, caractérise un rayonne- ferrée. Le mot anglais est lui-même emprunté
ment de fkéquence donnée ou correspond à un (XIII~s.1 à l’ancien fknçais mille, reille abarre-, issu
corps déterminé (18611, sens souvent explicité en par voie populaire du latin regulu arègle, barrem
raie spectrale, et entrant dans des syntagmes en (+ règle).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3071 RAILLER
4 Comme l’a montré Wexler, rail, cité comme mot railroad, juxtaposé de rail et de rond =routeB
anglais avant d’être acclimaté (18251, a mis long- (-+ rade), est entré dans le nom de la première com-
temps à s’imposer en face de nombreux termes pagnie nationale anglaise de chemin de fer (la Bri-
concurrents d’origine kançaise : guide (17761, tish Railways). Il ne s’est pas acclimaté en tiançais,
bande (17841, hngzwine 117871, ttingLe (17911, plaque où l’on emploie chemin de fer, mais sert à désigner
(an M, barreau lan VIII), barre et coulisse (an IX), un système ferroviaire en pays anglophone.
boudin et ornière (18033, lame ( 18031, limande (1806)
coexistent en effet en désigner cette
français pour
RAILLER v., attesté en 1462 chez Villon, mais
réalité technique, dans le premier tiers du XIX~ siè- antérieur (voir ci-dessous railleur), est emprunté à
cle. Rail a fmi par en triompher sous l’inlluence des l’ancien provençal rulhar <plaisanter, babiller>> qui
techniques ferroviaires importées d’Angleterre et paraît représenter, selon Wartburg, un latin popu-
laire “ragulare, également postulé par l’italien ra-
des options linguistiques des ingénieurs tiançais,
gliare Nbrairea et qui a donné l’ancien kanqais reil-
notamment Seguin et Biot qui construisirent la
lier caboyern Iv. 1270 en picard). Diverses formes de
ligne allant de Saint-Étienne à Lyon, commencée
ce verbe vivent dans les dialectes avec les sens de
en 1826. Le terme, d’abord prononcé à l’anglaise, a
Nbeugler)>, «crier>) (du taureau furieux), ahem>,
connu une évolution phonétique et graphique
ccbrairen. Ce Oragulare, dérivé par sufkation dimi-
avant de se ker (on rencontre ruile en 1827, lu rail
nutive du bas latin ragere, de formation probable-
en 1826, lu ruile en 183 1). Par métonymie du sens de
ment expressive et Sign%ant <<rugir, hurler>, a
<barre de métal guidant et supportant les roues
donné le roumain rage xbeuglern, et le français
d’un train», il a pris le sens de «voie ferrée>> ( 1826)
ruire (XII” s.1,également rere ( 16 111, réer Kpousser un
pour lequel l’angltis dit track, et surtout, au singu
cri (d’un animal en rut comme le chevreuil, le cerf5)
lier, celui de 4ranspor-t par voie ferréen ( 1836) et ((jeter les hauts cris>>,verbe sorti d’usage, encore
souvent en parallèle avec la route. Il est entré dans répertorié au XXes. par certains dictionnaires. Le
la locution suT les rak, spéctiquement française et passage de ces valeurs à l’acception psychologique
employée notamment en navigation maritime, pas- de railler demeure inexpliqué. Selon P. Guiraud,
sée ultérieurement dans l’usage commun avec un que ce développement sémantique reconstitué
sens figuré avec les verbes mettre, remettre. Pour convainc peu, et malgré l’intermédi&e provençal,
rail employé librement, des emplois métapho- il conviendrait de rapprocher railler de érailler”,
riques existent très tôt (1836, les rails de la vertu). mot qu’il propose de dériver d’un galle-roman ‘ru-
+ Par réemprunt postérieur à l’anglais rail, il a pris diculure =râcler», faisant ainsi de railler un syno-
le sens de {(barrière métallique de protection sur le nyme d’égratigner, employé lui aussi par méta-
bord des routes, autoroutes et pistes de course>> phore; l’hypothèse convient mieux pour le sens
( 1970). 0 En marine, le mot désigne une route as- moderne du verbe que pour sa valeur première,
signée aux navires ne rai2 d’Ouessunt1. qui n’est d’ailleurs guère explicabIe par l’autre éty-
b Rail a produit de nombreux dérivés tiançais. mologie.
+ DÉRAILLER v. intr. ( 18421, d’abord derayer 11838) +Railler a d’abord le sens de abadiner, tenir des
<sortir des rails», a développé de bonne heure la va- propos à ne pas prendre au sérieuxs, à la fois en
leur figurée dkller de travers, dévier (pour un construction intransitive et à la forme pronominale
geste, une voix), (18561, d’où as’écarter de la norme>> se railler (1538). L’usage du mot dans la construc-
(1890) et ase comporter de manière aberrante», tion transitive indirecte railler de (15381, à côté de la
Gtre un peu fou». 4laproduit DÉRAILLEMENT forme pronominale correspondante se railler de
n. m. 11839) avec les sens propre et figuré 11863) cor- (xv” s.1<se gausser, se moquer de>, a également dis-
respondants, et DÉRAILLEUR n. m. ( 19111 qui dé- paru en dehors de quelques emplois littéraires.
signe un dispositif permettant de faire passer la Seule la construction transitive directe, railler
cha?ne sur un autre pignon, sur une bicyclette. Ce qqch., qqn (1636) *tourner en ridicule, en dérision»,
dernier est sémantiquement isolé par cette spécia- est vivante, encore que littéraire. L’emploi intransi-
lisation, le sens virtuel “qui fait dérailler (un train3m tif s’en est rapproché par le sens.
n’étant pas réalisé. b Rail fournit notamment le se- F Les dérivés sont plus usités que le verbe. ~RAIL-
cond élément de CONTRE-RAIL n. m. ( 18411, LEUR, EUSE n. et adj. est indirectement attesté
ENTRE-RAIL n. m. ( 18551, termes techniques. e Il par une forme féminine ancienne railleresse I1410-
sert aussi à former AUTORAIL n. m. ( 19281, usuel 14171, antérieure à la première attestation de rail-
pour désigner une automotrice sur rails (+ auto- ler. Le masculin est attesté comme nom propre
mobile), MONORAIL n. m. (19071, système de trans- d’un personnage de Maître PuChelin 11465) avant de
port ne comportant qu’un rail. se rencontrer sans majuscule (1490). Il désigne une
RAILWAY n. m., d’abord rail-ways au pluriel (1801) personne portée à la moquerie, et, comme adjectif,
puis railways 118251, est emprunté à l’anglais rail- qual%e (1538) la personne qui se moque, la chose
way, rail-wuy (17761, équivalent de voie ferrée et qui exprime la moquerie. Son emploi en parlant
ckpnin de fer, formé avec way evoie)); ce dernier d’une personne que l’on soupçonne de ne pas par-
appartient à un groupe de mots germaniques dont ler sérieusement 11694) est sorti d’usage. Il a pro-
la racine, indoeuropéenne, se retrouve à la base du duit RAILLEUSEMENT adv. (18343. *L’autre dé-
latin vehere (+ véhiculel. Cependant, le développe- rivé de railler, RAILLERIE n. f. (v. 14901, a remplacé
ment sémantique de l’anglais wuy doit beaucoup à le déverbal ruille n. f. ( 14531, sorti d’usage. Il dési-
l’influence du latin via et de son représentant *an- gnait autrefois une plaisanterie moqueuse et une
çais voie’. Ratiway, concurrencé aux États-Unis par absence de sérieux, surtout dans les locutions exz-
RAILWAY 3072 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tendre raillerie, ne pas entendre raillerie 116401, 0 RAÏS ou REIS n. m. (1540, ruiz) restitue le
raillerie &p& &rieusement~ (1669). Le sens mo- turc reti Rchef, président, capitaine,, lui-même em-
derne, <action, habitude de tourner en dérision les prunté à l’arabe ru%.
gens et les chosesm et «aptitude à railleru, s’est dé- + Repris comme désignation d’un capitaine de na-
gagé au XVII~ s., entraînant le changement de valeur vire turc ou proche-oriental, le mot s’est également
de locutions comme entendre raiilerie. Par méto- appliqué à un dignitaire de l’Empire turc (16301,
nymie, une, des railleries désigne un propos, une semant notamment de titre pour le secrétaire
action particulière par lesquels on se moque de d’État aux Affaires étrangères (1670, Reis Efendi,
wn* Reis Kitabl.
RAILWAY 3 RAIL ä ORAjiSnm.,enregîstréen1963 dansundiction-
naire général sous la forme ra’& et mentionné par
RAINETTE n. f., réfection Iv. 1425) de ranete la presse sous les formes rais et rais, est emprunté
(XIV” s.1, est le diminutif de l’ancien francais ruine à l’arabe ra’ts @chef, président, directeurn, dérivé de
<grenouille» Iv. 1120)vivant jusqu’au XV~I~s. (encore ra’s &tem selon un développement analogue à ce-
dans l’Encyclopédie en 1765 avec le sens de @ai- lui du lançais chef: Le mot, diffusé en tianç@s à
nette4 et encore attesté récemment, avec des va- propos du président Nasser, désigne le chef d’Etat
riantes, dans quelques parlers du wallon, du pi- de certains pays arabes, en particulier le chef de
card, du sud des Vosges, de la Suisse romande et l’État égyptien.
de la région rhodanienne. Raine représente le latin
rana marron) agrenouïlle>> et <<baudroie>>, probable- RAISIN n. m., réfection Iv. 1275) de resin Iv. 11191
ment d’origine onomatopéique. Un diminutif popu- et roisin, provient du latin médiéval racimus (rxe s.1,
laire rununculus a donné renoncule” tandis qu’un altération du latin classique racernus qui, désignwt
type sans nasalisation, orawcula, est à l’origine de la grappe en général, s’est spécialisé pour dénom-
grenouille”, mot qui a supplanté raine. mer la grappe de raisin et, par métonymie, le raisin
lui-m&ne. Le mot, rapproché du grec rhum, rhugos
+Rainette désigne une petite grenouille aux doigts
agrain de raisin)}, aussi nom de diverses baies, est
munis de ventouses et vivant souvent dans les
probablement un terme du substrat méditewra-
arbres près de l’eau. Son homonymie avec reinette,
néen comme les autres noms relatifs au vin et à la
de reine, a pu contribuer à le maintenir.
vigne. Il a conservé le sens de “grappe de raisiné
RAINURE n. f., d’abord royneure Il 382) puis rui- dans l’italien ~@racimolo et l’espagnol racimo tan-
mure 11464, d’où rainure avec la variante ménure dis qu’en galle-roman, sauf en provençal, il a sup-
( 16 111, est dérivé de l’ancien verbe roisnier Ntrépa- planté le représentant du latin classique uva (ita-
nerm Cfm XII~ s-3 et Kentailler- Idéb. xlve s.), lui-même lien, espagnol ~VU); en efTet, les quelques exemples
issu de roisne, ancienne forme de rouait*, nom de l’ancien frmçais uve sont des latinismes, le mot
technique d’instrument. figurant surtout dans l’expression uve passe, kanci-
+ Le mot désigne une entaille longue et étroite, pra- sation du latin uva passa araisin sec» (-, uval).
tiquée dans une pièce de bois ou de métal. D’abord + Le mot désigne le kuit de la vigne, spécialement
technique, il est devenu courant pour désigner une dans plusieurs expressions désignant les diverses
moulure creuse (18 103 et, par extension, une longue variétés, comme raisin de Corinthe ( 15451 et raisin
dépression étroite et peu profonde à la surface de Damas (16901, l’appellation générale de rakk
d’un objet (18081. Par analogie, il s’est spécialisé en sec ayant supplanté misin pour Car&ne (13261 et
a;natomie où il désigne un sillon ou une dépression ruisin de caisse (1690), laquelle s’appliquait aux rai-
allongée à la surface d’un os (1803). Dans ces deux sins expédiés en caisses. Il entre dans la locution fi-
derniers sens, la paronymie avec rayure (de raie*) a gurée mi-fipe, mi-raisin, d’abord moiti-figue,
pu jouer. moitié-raisin ( 16 11) et ni figue, ni raisin (17871, allu-
b Le dérivé RAINURER v. tr. acreuser d’une rai- sion aux fruits du Carême, qui s’est également em-
nurem est relevé chez Proust au participe passé ad- ployée avec les sens de ((moitié de gré, moitié de
jectivé rainuré, dans la description de la fameuse forcep ( 1620) et aen partie bien, en partie mal= C1620)
madeleine (19131. 4X verbe ont été dérivés RAI- en langue classique. Cette expression a reçu au
NURAGE n. m. et un nom de machine-outil RAI- XIX~ s. (Quitard) une explication anecdotique et fic-
NUREUSE n. f., tous deux d’usage technique et at- tive concernant les pratiques commerciales des
testés en 1932 dans les dictionnaires généraux Grecs, qui auraient vendu pour des raisins les
figues qui se trouvaient au-dessous ; rien n’appuie
RAIPONCE n. £, d’abord responce Iv. 14503, en- cette fable. 4 Par extension, le mot désigne une
core prononcé avec le s dans différents patois, puis baie en grappe (15381, sens resté vivant dans cer-
ruiponce (15641, est emprunté à l’italien ruponzo, tains patois dans la désignation de la groseille, de
également raponzolo et ruperonzolo <plante de la la groseille à maquereau, et dans les appellations
famille des campanulacées, cultivée pour ses populaires de baies et plantes à baies comme raisin
feuilles que l’on mange en saladefi. Ce nom est le de renard ( 1550) aparisettem, raisin d’ours 11732)
diminutif de rupa, de même origine que le français GbusserolIem, raisin d’Amérique ( 1769) Nphytolaccap,
rave*. L’adaptation en français s’est faite, pour sa raisin des bois (1769) aairelle*. 4 Par métonymie,
première syllabe, sous l’infkence de l’ancien et raisin désigne spécialement un format de papier
moyen français rak (<racine, ravem 1-+ radis, raifort). caracterisé à l’origine par un filigrane représen-
4 Le mot a conservé son sens d’origine, fournissant tant une grappe (17101, aussi dans les syntagmes
aussi un des noms de la mâche. gra& raisin (17 101, petit raisin Il 7231 et carré au rai-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3073 RAISON
sin (1765). - Par analogie, le mot désigne l’agglomé- <<c’estbien naturel, bien juste que» ( 16441 prolon-
ration en grappes des œufs de certains mollusques geait la forme médiévale est raison (XII~sd, est bien
( 1752) et se dit de certaines algues fucacées (18751. raison que En x~~s.1; les autres, à telle fin que de
,Le seul dérivé de raisin encore vivant est RAI- raison & toutes fins utiles» ( 16553, contre toute rui-
SINÉ n. m. (16061, d’abord écrit résiné (1508) con& son «de manière excessive)) (16801, lil n’y u1 point de
ture faite de jus de raisin réduit en gelée et raison «la chose est excessive, demesurée> (1690) et
d’autres fiwitw 0 Par métaphore, le mot fournit un comme de raison ccomme de juste» Cl6941 sont
nom argotique du sang ( 18081, par exemple dans la propres à la langue classique. Avec la même va-
locution faire du raisiné «saigner du nez», a~- leur, l’usage moderne a seulement gardé plus que
chaïque . de raison (15491, relativement usuelle au sens de
«plus que convenable>>, et pour valoir, servîr, être
RAIS ON n. f. est issu (v. 9801 du latin rutinem, ordonné ce gue de raison (16941, locution juridique
accusatif de ratio, -on& nom tiré du supin kutuml pour ({conformément à la justice, & l’équité».
de reri ccornptep> et ccpensern, par extension «être Dès la fm du XI” s., raison. s’applique généralement
d’avis, croire>, lui-même ancien et d’origine in- à toute règle de la pensée et de l’action humaines,
connue. Ratio désigne le compte, puis la matière conçue comme la faculté et l’ensemble des prin-
du compte, les affaires, souvent joint à res «chose>> cipes permettant d’établir des rapports entre les
t-, rien). De là sont issus de nombreux sens déri- choses, et rendant possible la connaissance lil s’op-
ves : ratio désigne la faculté de calculer, de réflé- pose alors à instinct). Il désigne aussi les facultés in-
chir, le jugement, la méthode, la doctrine. Il est tellectuelles considérées dans leur intégrité et leur
Equent dans la langue de la rhétorique et de la exercice normal ou dans les troubles pouvant les
philosophie où il traduit le grec loges (+ -1ogiel en affecter En XI~s-1,perdre la raison ayant d’abord le
vertu du double sens de ce mot : Mcomptea et vrai- sens fort de adevenir fou)) (15591, puis par affaiblis-
sonm (en outre, «langage4 Cicéron l’emploie à pro- sement, de «dire n’importe quoi>> ( 16941, recouvrer
pos de la justification d’une action regardée la raison étant bien postérieur (1796). +Dès la fm
comme criminelle, de l’argument qui justifie une du XI~s., le mot s’applique à la faculté de bien juger,
action, ce qui vaut à ratio, en latin médiéval, le sens de penser avec justesse, de distinguer le bien du
de <dispute, discussion)) (v. 600). Cicéron donne mal, le possible de l’impossible, le beau du laid,
aussi à ratio la valeur de 4e pourquoi d’une chose)) s’opposant alors à des mots comme folie, passion,
(tel qu’un homme se l’explique), en le distinguant imuginution. 11 donne bientôt les locutions en-
de causa <<cause réellep, comme l’allemand a dif- tendre raison «être sensible à ce jugement>>, se
férencié GTuti et Ursache. Cette distinction s’est rendre à la raison Cv,1165) puis au XVII~s. &e de rai-
perdue en français (la philosophie médiévale son appliqué à l’âge où un enfant est considéré
confondant les deux concepts) mais a reparu à la comme capable de raisonner (16901, mettre qqn à
Renaissance avec l’emprunt de cause. D’autres la raison 11668) al’amener à une attitude raison-
spécialisations tardives du latin se sont prolongées nable* et, par extension, <<leréduire de force pour
dans le doublet ration* et peut-être dans race*. l’empêcher de commettre des actes de violencem
+ Dès le XII~s., raison possède la plupart des sens de (16731, parler raison (<parler le langage de la raisonB
ratio, et en enrichit la phraséologie. En moyen fran- (16921, ces deux dernières ayant vieilli. Ultérieure-
çais, la valeur de acalti, compte* a déjà perdu du ment, le mot entre dans ramener qqn à la raison
terrain pour se restreindre à certains emplois spé- (v. 1770) et écouter la raison, la voix de la raison (at-
cialisés, conservés dans l’usage courant par quel- testé xx” S.I. On peut rattacher à ce sens l’expres-
ques locutions (livre de raison, etc. ; voir ci-dessous). sion mariage de raison ( 18263. + Dans le dernier
Le champ sémantique du mot devient très tiers du XII~s. (v. 11751, raison commence à désigner
complexe à l’époque classique où la richesse de la dans le discours savant l’intelligence discursive, qui
phraséologie développée depuis le WI” s. multiplie procède de façon méthodique en saisissant des
les risques d’ambiguïté. Depuis le XVIII~s., les ptici- rapports logiques entre les notions et les faits, en
pales extensions concernent des acceptions établissant ses preuves et ses démonstrations, par
d’ordre philosophique grâce à la pensée des Lu- opposition au domaine de l’intuition et du senti-
mières puis à l’introduction de la terminologie phi- ment. Ce sens didactique, quelquefois dans des
losophique allemande (kantienne). +Dès les pre- syntagmes quatiés Iraison discursive, ruiso~~ rui-
miers textes, raison est employé par métonymie sonnante), est réalisé en philosophie dans l’expres-
pour désigner ce qui est conforme à la vérité ou à la sion être de raison, employée par Descartes ( 1641)
réalité, à propos d’une opinion, d’une action, d’un à propos de ce qui n’existe que dans la pensée, de
comportement, sens surtout réalisé dans des ex- ce qui est créé par l’esprit pour les besoins du dis-
pressions où le mot, employé sans article, s’oppose cours. Par opposition à expérience, raison désigne
à tort. C’est le cas d’avoir raison iv. 1173, avoir rai- l’ensemble des principes directeurs de la pensée
son de + infmitif (v. 1170) et, ultérieurement, donner dont l’homme prend connaissance par la réflexion
raison à qqn (17751, ou encore à tort ou à raison Iv. 11751, sens dont procède l’emploi du mot à l’inté-
E17971.0 L’usage très ancien de raison pour ce qui rieur de la philosophie kantienne, dans les expres-
est conforme & l’équité, à la justice, au droit, au de- sions raison pure (1810, W” de Staël), raison pra-
voir (v. 9801 a régressé après le XVII~s. oti, ayant pris tique, théorique, spéculative 11831) traduites des
par extension le sens de ((ce qui est convenable, suf- expressions employées par Kant (reine Vemunft,
fisanb, le mot était entré dans un certain nombre pruktische VemunftI. Le mot est employé spéciale-
de locutions. L’une d’elles, c’est hien la raison que ment par opposition à foi, pour le domaine de la
RAISON 3074 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

connaissance naturelle (v. 1175). Il se spécialise au Le sens, hérité du latin, de G&JI.J, compten (v. 11901
xwte s. pour l’ensemble des acquisitions de la philo- a disparu au début du xwte siècle. Il s’est prolongé
sophie des Lumières conçues comme une victoire dans l’expression livre de raison t 1551) qui, après
sur le fanatisme et la superstition Iav. 17031, en rela- livre des misons Km XIII~s.3, a désigné un livre de
tion avec l’emploi spécial de philosophie. 0 Cepen- compte, ainsi que dans la spécialisation du mot au
dant, le mot et la notion sont employés par les te- sens de “part de chaque associé dans une société
nants de la religion pour designer l’absolu, le commercialen (16751, qui réactive une des spéciah-
Verbe, avec une majuscule la Raison, conçue dans sations tardives du latin ratio (+ ration). Ces va-
son essence divine (1677, Bossuetl. Ce développe- leurs, conservées dans l’usage, ne sont plus analy-
ment, propre au langage religieux, est une exten- sées ni rattachées au sens étymologique de ratio.
sion du sens de «faculté saisissant l’absolu par une De cette spécialisation procède la dénomination
intuition directe-. raison (17031, puis raison sociale (1807, Code de
L’usage particularisant du mot (~ne/des raisonsl commerce) comportant le nom des associés, sous
dans un sens objectif se rencontre dès le ~II’ s., rai- laquelle sont pris les engagements sociaux d’une
son servant alors à désigner le principe explicatif société dont ils sont indéfmiment responsables.
rendant compte d’un fait, d’un événement, de ma- +D’autre part, raison continue d’exprimer la no-
nière satisfaisante pour l’esprit Iv. 1112). Ce sens tion de rapport, de proportion, en moyen fkn~ais
était réalise dans la locution rendre raison de gqch. dans l’expression 8 lu raison de «en proportion des
cl’expliquer d’une faGon claireti (déb. ~III~s-1, et, à (ti xv” s.1,de nos jours en arithmétique (16371, dans
l’époque classique dans faire raison de qqch. aexpli- les expressions raison inverse I i7341, raison directe
quer une chose obscure et surprenante~~ ( 16611, em- (17711, en moyenne et extrême raison (18341 et raison
ploi disparu. 0 De nos jours, il l’est encore dans la d’une progression 11840). Par extension, en raison
locution se faire une raison (CII xvne s.1,et en philo- inverse et en raison directe de sont passés dans
sophie dans principe de ruisorz suCîsante ou déter- l’usage commun à propos d’une chose qui est in-
minante, ou simplement principe de raison (17101 versement (1762) ou directement ( 1865) proportion-
Nprincipe selon lequel tout a une raison d’être intel- nelle à une autre. 4hison entre dans deux lo-
ligible)>. - De manière plus objective et sans allu- cutions prépositionnelles : ri raison de Cdéb.XVI~s.1,
sion à l’esprit humain, raison indique la cause, le précédé par ù lu raison de Cv.14501, qui signifie -sur
motif d’une action (v. 11121, sens réalisé dans plu- la base de, au prix den et & cause de>) (v. 1534). EII
sieurs locutions usuelles comme sans raison ra&ofl de ( 1748) correspond à <<selon, à proportion
(v. 11651, à plus forte raison ! 15801, avec raison de» et à adu fait de, vus (18351.
(16471, raison de phs 117921,ce n’estpas une raison Enfm, le sens très ancien de ((paroles, récit, dis-
ipour...l(18021, pour une raison ou pour une autre cours» (v. 9801,avec ses extensions I~oix~, <façon de
(me s.l. 0 ll l’est aussi dans raison d’hat (16091, dé- s’exprhnern, «parole donnée*, <dialecte»), a disparu
nommant une notion ancienne dont l’expression se avant le XVI~s., parler raison Ici-dessus) correspon-
trouve déjà en latin chez Cicéron sous la forme ra- dant au sens intellectuel et moderne du mot.
tio reipublicae et dans raison d’être ( 1875). +De bLe plus ancien dérivé de ruzkon est RAISON-
nouveau avec l’idée de faculté de l’esprit, ulze rai- NABLE adj., réfection cv. 1278) de reidwble (v. 11203
son désigne spécialement l’argument, la preuve et raisnuble Cv.11551.L’adjectif a d’abord le sens de
que l’on avance pour appuyer une mation ou *qui possède la raison, doué de raisons, aujourd’hui
justger une position Iv. 11121. Ce sens s’était spé- propre à la langue philosophique; il qualse une
cialisé pour désigner les arguments échangés dans chose conforme aux principes de la raison Iv. 11551.
une controverse, une dispute (cf. ratio en latin mé- *Par extension, il s’applique couramment aux per-
diéval, ci-dessus), d’où les locutions usuelles au sonnes qui se conduisent avec mesure et de ma-
xIxes.: chercher des raisons 9 qqn &i chercher nière réfléchie (XIV” s-1,sens dont procède l’applica-
querelle>>, woir des raisons avec qqn 4tre en dé- tion à un commerçant modéré dans ses exigences
saccord avec lui>> (18351. 0 Avec l’idée de Mpoînt de (16731, probablement d’après prix raisonnuble Ici-
vues, raison sert à former entrer dans les rakons dessous), et en général à une personne modérée,
de gqn <admettre ses vues>) ( 1732). La locution pro- portée à la mesure Ifk~ XIX~ s.l. Le mot a développé
verbiale comparakm n ‘est pas raison <(n’est pas un le sens de <suBisant, convenable, acceptablem
bon argumentn (18811 n’est plus comprise dans ce (v. 1250) qui, de nos jours, indique plutôt une gran-
sens. +Par extension, le mot a pris au xv” s. le sens deur ou une importance supérieure à la moyenne
de asatisfaction que l’on réclame, que l’on obtient, et parfois appréciable, appliqué notamment à un
que l’on donne pour une offense>>, spécialement prix U%~.+RAISONNABLEMENT adv.,réfection
<réparation par les armesB (1538). Ce sens, surtout Cxrf s.1de ruisnablement (v. 11301,Sign%e aselon les
réalisé dans des locutions verbales comme deman- principes de la raison>) et <conformément à la sa-
der raison de ! 15381 encore connue, avoir raison ou gessem, spécialement cavec modération- (1802).
avoir lu raison de qqch. (1670) et, dans les tragédies, Comme l’adjectif, il sime quelquefois ede ma-
se faire raison msefaire justice, ( 1604) ; tirer sa raison nière stisanten ( 13143.
de qqn <se vengern (16291, est marqué comme ar- RAISONNER v. (v. 11851, d’abord resuner (v. 11381,a
chaïque. Il est cependant réalisé avec une notion remplacé l’ancien kançais raisnier, mimer, resner
de wictoire)) dans les locutions avoirraisofl de qqn issu du latin rationare, dérivé de ruti. La forme ac-
( 18191, de qqch. (av. 18693 qui reprennent faire rai- tuelle est refaite d’après raison. En ancien tiançais,
son de qqn, de qqch. Iv. 14601,avoir raison d’une of- le verbe Sign%ait <<parler (avec qqn)n, d’après l’an-
fense Iv. 1580, Montaigne). cien sens de raison &cit, parolen ; le sens moderne
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3075 RAJEUNIR
Iv. 1380) correspond à «faire usage de sa raison taires. Le dérivé ARRAISONNEMENT n. m. fi 1741,
pour former des jugements, apprécier des situa- autrefois uresunement =consultatiorw, a été repris
tionsn; il se réalise spécialement dans les locutions au x& s. avec le sens technique correspondant
familiéres raisonner coIIzMe une pmto&Ie ( 17981, (1866).
après raisonner pantoufle 11694) et raisonner Avec le préke privatif dék-, raison a produit l’an-
comme un tambow (1869, d’abord comme un tam- tonyme DÉRAISON n. f. (v. 11751,d’abord pour abs-
bour mouillé). oRaisonner Sign%e ensuite <faire vardage absurde> puis amanque de bon sens, folie=
un raisonnement* 115531, &ercher à prouver, a (1177-11791, -À son tour, déraison a produit DÉ-
convaincre, (15831 mi que Nsoulever des objec- RAISONNER v. intr. (v. 1225) =S’éloigner de la rai-
tions, répliquern (1662). *À la même époque, il son* d’où <<tenir des propos dénués de raison))
commence à s’employer transitivement pour «sou- 117401, qui a éliminé l’ancien fiançais deruisnier
mettre lune chose1 à une analyse systématique}} (XI? s.1 «expliquer, racontern, dérivé de l’ancien
(15801, sorti d’usage, et cchercher à convaincre français raisnier (cf. ci-dessus ruisonner). +Les dé-
(qqn) de changer de résolution ou de comporte- rivés du verbe, DÉRAISONNEMENT n. m.
menta t 16661, acception qui était assumée par le (av. 1755) qui a évincé l’ancien français deruisne-
composé arrationner Ici-dessous). Un emploi tran- ment ~diSCOuTs, sermon’) (V.1200) et DkRAISON-
sitif indirect du mot avec la préposition de, expri- NEUR, EUSE n., ont peu de vitalité. + Il n’en va pas
mée ou sous-entendue, ( 1772) se rencontre au sens de même pour DÉRAISONNABLE adj. iv. 1371,
de <discuter, s’entretenir den. desraisonnable), formé comme antonyme d’après
Raisonner a produit plusieurs dérivés. +RAISON- raisonnable, et qui a supplanté l’ancien doublet
NEUR, EUSE n. et adj. ( 1345) a d’abord été em- desruisnuble (av. 1250) de ruisner. Cet adjectif a
ployé pour désigner un avocat; il a développé au pour dérivé DÉRAISONNABLEMENT adv.113531,
XVII” s. le sens genéral de <<personne qui raisonnen évinçant desruisnablement (1220-1225).
( 16781, lequel a vieilli au profit des nuances péjora- Par adjonction du préfIxe privatif in- à raisonnable,
tives : “qui abuse du raisonnementn ( 16661, “qui ré- on a formé IRRATSONNABLE adj., d’abord irre-
plique sans cesse, discute les ordres et les observa- sonnable Iv. 1360) “qui n’est pas doué de raisonu,
tions, (1666). +RAISONNEMENT n.m. (v. 1380) sens sorti d’usage. Le mot qutie une chose non
désigne l’action de raisonner, quelquefois avec la raisonnable, contraire à la raison Iv. 13653, + En de-
nuance péjorative de cmanie de raisonners (1672). hors d'IRRAISONNÉ, ÉE adj., fait (18421 sur rui-
Depuis le XVII~s., un, des raisonnements est em- sonné et qui est assez usuel, les autres mots de la
ployé pour parler d’une opération de l’esprit pas- série (IRRAISONNABLEMENT adv., IRRAISON-
sant d’un jugement à un autre pour aboutir à une NANT,ANTE adj., IRRAISON n. f.1 sont très ex-
conclusion (16361, d’où en sciences et en philoso- ceptionnellement employés.
phie ruisonwment dkductif (185 11, expérimental 6) Voir IRRATIONNEL, RACE. RATAFIA, RATIFIER, RATIOCI-

(18781, pur analo& 11907), et daxx l’usage courant, NER, RAYMUN, RATIONNEL.

souvent avec une nuance péjorative (1869, raison-


nements à perte de vue, après raisonnements à RAJA, RAJAH ou RADJAH n. m., d’abord
perte d’huleine, 1782). + La spécialisation pour cob- raia (v. 1525, Voyage d’Antoine Pigaphettu IPiga-
jection, contestation d’un ordreB, correspondant à fettall puis ruja (16381, rujuh (1756) et radjuh (18451,
un sens de rukon et de raisonneur, remonte aussi à est emprunté à l’hindoustani ruja, du sanskrit rûj&
l’époque classique (16671. *roi» lui-même apparenté au groupe indoeuro-
0 RAISONNÉ, ÉE, le participe passé de raisonner, pée; important du latin rex (--+roi). Il est probable
est adjectivé (1611), qutiant ce qui est fondé sur le que, comme dans le cas de l’anglais ruju ou ruiuh
rtisonnement, ce qui résulte d’un examen réfléchi (XVI” sd, le portugais ait servi d’intermédiaire.
des arguments pour et contre ( 16741,spécialement +Le mot désigne le roi, le noble par excellence,
en parlant d’un ouvrage didactique qui motive les dans la tradition védique et, par extension, un
régies enseignées (1680). Il est distinct d’un homo- noble indien. Une valeur spéciale concerne un
nyme 0 raisonné, ée 1x11~s.1, employé en parlant prince vassal de la dynastie moghole qui régna sur
d’une personne, dérivé directement de raison et l’Inde du XVI~ au xrxe s. et, dans l’Inde anglaise, le
sorti d’usage, remplacé par ruisonnuble. - Quant grand vassal de la Couronne britannique, titre ho-
au participe présent de raisonner, RAISON- nofique C1875).
NANT, ANTE, il est lui aussi adjectivé au XVII~s., b MAHARAJAH n. m., d’abord murrajuh (17583
qualifiant dans un registre soutenu ce qui procède puis mahu-rajah (18301, est emprunté à l’hindi mu-
par raisonnement, dans raison raisonnante, folie htirfijü agrand roi», formé de muhâ <grand)), de la
raisonnante ( 18651, vieilli, et, à l’époque classique, la même racine indoeuropéenne que le latin mugrws
personne qui est portée à répliquer ( 16731, rem- (+ majeur) et de râjâ. Le mot, qui s’est aussi écrit
placé par raisonneur. maharadjah (18781, est le titre donné en Inde aux
En ancien lançais, le groupe de raison s’est enrichi rois et empereurs, puis aux princes feudataires.
de composés. ARRAISONNER v. tr. (10801 signifie MAHARANI ou MAHARANÉ n.f. est emprunté
d’abord 4nterpeller qqn>, puis *convaincre par de (1901) à l’hîndi muhtirünc “grande reinen, formé de
bonnes raisons, krv” s.l. Ces valeurs généra[les ont muhâ et de râni areine)), du même type indoeuro-
disparu, la seconde remplacée par raisonner, et le péen que le latin regina (-+ reine). Le mot désigne
verbe s’est limité au sens technique d’4nspecter un l’épouse du maharajah.
naviren (15981, notamment 4e contraindre à subir
une inspection, le contrôler de manière autori- RAJEUNIR + JEUNE
RAJUSTER 3076 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RAJUSTER +JUSTE proteste à tout propos)) (19231, et aussi comme ad-


jectif. + 0 RÂLE n. m., d’abord rasle (16111, désigne
RAKI n. m., d’abord raqui (1628) puis ruki E18271, le bruit rauque de la respiration, quelquefois en
est emprunté, dans le contexte de relations com- concurrence avec le doublet RÂLEMENT n. rn,
merciales, au turc raki, déformation par aphérèse Cl61 11.Depuis 1845, rûle est spécialement employé
d’araki <<eau-de-vie au marc de raisin. Le français en pathologie médicale à propos d’une anomalie
a aussi repris la forme arack à l’arabe ‘aruq 4i- respiratoire. *RÂLANT,ANTE, le participe
quîde exsudé>> auquel le turc est emprunté. présent de rûler, est adjectivé (18341 avec le sens
+ Le nom s’est étendu, sous diverses formes locales, concret de cqui fait entendre un râlen et, ultérieure-
à diverses boissons enivrantes : dans l’Inde et la ment, le sens familier correspondant à celui du
Malaisie, un spiritueux obtenu avec du riz fer- verbe, *qui est de nature à mettre en colère>>
menté, du lait de coco, de la sève de cocotier; à Cv.1930), devenu usuel et relativement indépendant
Bourbon ILa Réunion), l’alcool de canne à sucre. de la série rûler, râleur, prenant la valeur de <<désa-
0 voir AIRACK. gréable , ennuyeux». Cf. emmerdant, chiant.
+@ RÂLEUR, EVSE n. (1847) a d’abord été em-
0 RÂLE n. m., nom d’oiseau, est l’aboutissement ployé au sens de <<marchande>> (au féminin), spé-
de ru.scie (11641, puis rasle Ch XII~s.1,raalle (v. 13001, cialement <marchand du Temple chargé d’attirer
raie (14761, écrit rûle au XVII~s. (1636). Le mot serait les chalands)> ( 1867). Ce mot a disparu avec les em-
le déverbal de r&ler*, doublet de racler*, et issu d’un plois correspondants de r&Zer. 0 RÂLEUR, EVSE a
latin populaire OrwcZuTe, contraction pour “rusi- été reformé 119.20)sur rûler aprotestep, comme ad-
culare «raclerp en raison du cri rauque de cet oi- jectif et comme nom. + RÂLAGE n. m. (19241, =Pro-
seau. testation), est un mot familier peu usité,
0 voir 0 RÂLE.
+ Le mot désigne un échassier migrateur dont cer-
taines espèces vivent dans les marais Ir&e d’eau) et
d’autres dans les champs. RALINGUE n. f., d’abord ruelinge Iv. 11553 puis
ralingue ti XIV~s.), est d’origine incerhine, peut-
F De r&le est dérivé savamment RALLIDÉS
être emprunté à l’ancien nordique Or&-LE?Z<cor-
n. m. pl. (18391, terme de class%cation zoologique
dage de verguen, de r6 Nverguea (au génitif rbr) et
désignant la famille d’oiseaux dont le type est le
1~12<<bordure d’une voile>>, ou bien du néerlandais
râle.
correspondant ralijk (+ raban). Cependant, comme
6 Voir RACAILLE. FMCLER. RÀLER, RASCASSE.
le fait remarquer P. Guiraud, la forme est romane
(italien, provençal, espagnol) et les variantes en re-
0 RÂLE - RÂLER
&lingue, ruelingue) postuleraient un dérivé de
élingue” =Corde», cotié par le sens : ralinguer
RALENTIR - LENT
u72evoile, c’est proprement la border d’une élingue.
RÂLER v. intr., longtemps écrit rusler ( 14561, + Le mot désigne le cordage cousu le long des bords
également raller (15491, l’accent circonflexe n’étant d’une voile et destiné à la renforcer, spécialement
attesté que depuis le XIX’ s., est le doublet français dans voile en ralingue (169 1) ((voile qui reçoit mal le
de racler*, d’origine méridionale. La signification vent)), et dans rulingue de chute, de fond, de têtière,
première est conservée dans les dérivés &uler, d& d’envergure (1904, Larousse). Par analogie, il dé-
raler aécorcher>> répandus dans les patois. signe le filin constituant la bordure d’un élément
+ Dès les premiers textes, le mot a le sens de «faire de filet (18121.
des façons, marchande>, emploi disparu, et repris &e dérivé RALINGVERv,(1687)sifle~orienter
au x19 s. (18411, dont procède le sens populaire de une voile de façon que la ralingue soit dans le lit du
*marchander âprement et sans fm, (18751, au- vent>>,sens aujourd’hui peu usité. 0 Il Sign%e éga-
jourd’hui compris comme une spécialisation du lement comme intransitif abattre au venta (16871, en
sens figuré moderne Ici-dessous). +Au xwe s. r&ler parlant d’une voile El7013 et, transitivement, <<pour-
prend le sens de afaire un bruit rauque provoqué voir de ralingues (une voile ou un flet), Wï’73).
par l’embarras des bronches, en respirant)) (15491,
dont procède un emploi transitif rare &re en râ- RALLIER, RALLIEMENT + ALLIER
lant» (1857, Gautier). Par analogie, il se dit de cer-
tains animaux qui font entendre un bruit de gorge RALLONGER +LONG (ALLONGER)
( 1690, du cerf en rut). + Par une extension figurée, il
a pris le sens d’aêtre en colère, de mauvaise hu- RALLYE, RALLY ou RALLIE n. m. est en
mew ( 19161,usuel dans l’usage familier en concur- partie un pseudo-anglicisme : avec son premier
rence avec rouspéter. Cf. ci-dessous les dérivés rii- sens de cjeu équestre ou pédestre dans lequel un
lard, 0 râleur, rblage. concurrent parti avant les autres laisse des papiers
b 0 RÂLEUR, EUSE adj. et n., d’abord ralleur SUI”sa route>> (18851, il représente l’abr&iation de
115711,a connu la même évolution que le verbe. Il a r’alli&puper Il 877) puis rally-paper Il 8821, anglicisa-
signiE ((qui pousse des râlesn, et, par dérision, s’est tion artificielle de rallie-papier (18771, le terme em-
dit d’un mauvais chanteur 11879,Huysmansl. La va- ployé en anglais étant puper-chase 11856) ou puper-
leur correspondant au premier sens de rttler amar- hunt 118711, avec un second élément si@ant
chander» (1845) a disparu. + De nos jours, il n’est Qchasse, poursuiteu. Rallie-papier était formé à
plus employé qu’au sens familier de cpersonne qui l’aide de rallie, emprunté à l’anglais to ruZJy&unir,
DE LA LANGUE FRANÇAISE RAMBARDE
rassemblerm, lui-même emprunté au français rul- quefois déformé en roumedan) et du hurlement
lier* C-, allier), la forme ra!lik étant américaine. Ral- des loups dans la montagne.
lye-ballon ou rulh?ba~~on, formé (18993sur le mo-
dèle de rallye-papier à propos d’un sport consistant 0 RAMAGE n. m. est dérivé (v. 1160) de l’an-
à rejoindre un aérostat à son point d’attetissage, cien tian@s rum, raim *branche% (+ rameau) avec
est également un pseudo-anglicisme; il a au- le s&e -uge, comme feuillage de feuille.
jourd’hui disparu. +Quant à rallye au sens
+ En ancien français, ramage est d’abord un adjectif
d’aépreuve automobile de régularité à moyenne
qualifiant un oiseau (surtout l’épervier) vivant ou
horaire imposée> (1911, année de l’organisation du ayant longtemps vécu en forêt (v. 11603ainsi qu’un
premier rallye de Monte-Carlo), c’est la forme el-
anirnal sauvage, mal dressé Iv. 1200). Parallèle-
liptique de rallye-auto (1900), lui-même forgé sur le ment, il quaHait une forêt touffue (XIII’ s.1, un lieu
modèle de rallye-puper et éliminé par la forme
boisé Iv. 1380). d L’emploi qui s’est oonservé est ce-
simple. lui du nom (v. 1278) qui désignait collectivement
4 Rallye désigne en français contemporain l’ensemble des rameaux, sens qu’il a perdu au pro-
l’épreuve automobile. + Par extension, il s’applique fit de feuillage, mais qui a survécu lorsque ramage
aussi à un événement sportif réunissant un grand se dit d’une représentation de feuilles et de
nombre de concurrents généralement partis de bra;nches sur une étoffe (16111déjà ancien dans
points divers (19313.+Il se dit aussi d’un cycle de l’ancien provençal rumutge (XIV~-xves.3.Ce mot dé-
réunions dansantes ou de réunions ayant le bridge signait également, en droit féodal, le droit de cou-
pour prétexte, de compétitions non sportives orga- per des branches dans la forêt du seigneur (1298) ;
nisées dans les familles aisées pour permettre aux c’était aussi un terme de généalogie !-+ rameau, ra-
jeunes filles de rencontrer des jeunes gens. Le sens tier) S’appliqua;nt à une branche d’une ligne gé-
de ameeting, rassemblements ~19503, nouvel em- néalogique (1328) d’où, par métonymie, à la race
prunt à l’anglais (qui l’a dès 18401,ne s’est pas dif- Iv. 1460) et à la parenté (16111, sens assez vite dis-
fusé. paru. +Par l’intermédiaire d’un emploi adjectti
b Le mot français a produit RALLYEUR. EUSE n. dans l’expression chant ramage Iv. 1540) employée
(1932) apersonne prenant part à un rallyen, ainsi jusqu’au xwe s. & propos du chant des oiseaux dans
que le synonyme RALLYEMAN n.m. (19661, de les branches, ramage s’est substantivé au sens de
consonance plus britannique, également rare. <chant d’oiseau dans les branchesti 115381,puis en
général achant d’oiseau)), emploi le plus vivant du
RAM, RAME, RAIM + RAMAGE, RAMEAU, mot. 0 De là, il a pris divers sens figurés ironiques,
RAMURE <manière de parler d’un terroir= (15881,discours
inintelligible, confw (v. 17841, aréprimande}) (18081,
RAMADAN n. m. est emprunté ( 1441) à l’arabe tous sortis d’usage. 0 L’emploi pour «babil enfan-
ruma&n, nom du neuvième mois de l’année de tinn (18351 est senti comme une métaphore du
1’Hégire pendant lequel les musulmans doivent chant des oiseaux.
s’astreindre au jeune entre le lever et le coucher F Ramage a produit RAMAGER v. 115851,propre-
du soleil. Ce mot vient de la racine du verbe ru- ment <faire entendre son ramage (d’un oisea& ; ce
m@a <être chatié par le soleil,, &tre chaud-, verbe a aussitôt développé la valeur figurée de
parce qu’à l’époque où il fut adopté, le mois du ra- adire doucement et à mi-voixn 115851,puis vchanter
madan correspondait à l’époque des fortes cha- des chanson+ (16251, =grommeler, répéter
leurs d’été (ce qui n’est plus le cas, l’année musul- constamment la même chosem (18081,{{babiller (d’un
mane étant une année lunaire sans intercalation, le bébé), (19071, tous à peu près disparus. + En dérive
mois passant successivement par toutes les sai- RAMAGEUR, EUSE adj. (1895, Daudet), mot rare
sons). Le mot, prononcé par les Persans et les Turcs pour qutier celui qui babille beaucoup. ~RU-
rumuzân, a fourni les variantes rumasan ( 15421, ru- mage a aussi donné RAMAGÉ, ÉE adj. (1843,Gau-
muzun (16241,à propos des musulmans d’Orient. tier), d’usage littéraire, qutiant ce qui présente
+ Ramadan désigne le neuvième mois des musul- des figures évoquant des ramages, des feuillages.
mans et, par métonymie, les prescriptions reli- 0 voir 0 h4m3, RI1Ml1AU*.
gieuses, comparables à celles du carême chrétien
d’autrefois hbserver, faire le ratnadanl. RAMASSER +MASSE
b Ramadan a donné, avec changement de graphie
et reprise de la prononciation arabe dialectale RAMBARDE n. f. est l’altération (17731 de ram-
(d’Algérie1 rum@ân, RAMDAM n. m. 118901, mot fa- bade 114451,mot technique désignant une construc-
milier pour Ntapagen, par allusion à la vie nocturne tion élevée à la proue d’une galère. Le mot est em-
bruyante du ramadan. Pw extension, il s’est dit prunté, probablement par l’intermédi~e du
pour adésordre, événement brutal, (argot des Poi- provençal de Marseille, à l’italien rembata ou rum-
lus) et, dans l’argot des prostituées ( 19181, pour batu, dérivé, peut-être par un verbe Ourembure
eamour physique> (uller au ramdam, faire ram- (XV s.1 «aborder un bateaw, du vénitien rumbur
dam); les extensions traduisent l’emploi du mot aenlever de forcem, du longobard Orummôn ou “rum-
par les soldats de l’armée d’Algérie, puis par toute bôn *enfoncer avec une massen. Celui-ci appartient
l’armée. Un développement sémantique analogue à une racine germtique, commune à l’allemand
se rencontre dans le provençal ramadan qui se dit rummen «enfoncerfi, Ramme ubélier, hie, éperon de
du tapage que font les chats pendant la nuit (quel- naviren, à l’anglais ram, au frison rum, room, au
RAMBOUR 3078 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

moyen néerlandais rum, et peut-être à rapprocher c’est le seul emploi vivant du mot. Un sens posté-
de l’ancien nordique rumr «fort>>. rieur de =Châssis d’imprimerie~~ ( 1655) a disparu.
+ Le mot, d’abord employé pour désigner la surélé- b La dérivation consiste en quelques mots tech-
vation à la proue de certains navires, servant de niques : 0 RAMEUR, EUSE n., d’abord rumeour
plate-forme pour les assaillants, désigne au- (14051, désigne l’ouvrier qui conduit l’appareil ap-
jourd’hui le garde-corps placé dans WI navire au- pelé rame dans la fabrication du drap ; il ne semble
tour des ponts supérieurs et des passerelles (1773, pas attesté du XVI~ au XIX~ s., et son emploi est rendu
sens encore donné en 1875 par Larousse au mot difiïcile par l’homonymie avec 0 rumeur C-Pramer).
rambade). + Par extension, il désigne toute espèce Le féminin rameuse désigne une machine-outiI
de rampe métallique, de main courante formant ( 1962). * L’ancienne spécialisation de rume en typo-
garde-fou (attesté 19421, seul sens usuel. graphie a produit le diminutif 0 RAMETTE n. f.
( 16901 «petit ch%ssis d’imposition à un seul compar-
RAMBOUR +aRANCARD,RANCART timent>. +Le verbe 0 RAMER v.tr. (1723) signifie
&,irer le tissu sur une rame pour le faire sécher*,
RAMBOUTAN n. rn, est emprunté (1604) au opération pour laquelle on en a dérivé @ RAMAGE
malais rumbtitan, nom d’arbre et de fruit dérivé de n. m. (1723).
rumbut cpoils, par allusion à la villosité de ce fruit.
Le portugais a dû servir d’intermédiaire, le nom de 0 RAME n. f., modikation ( 1507) de rayme
l’arbre, rambuteiru, étant attesté dans cette langue ~V~S.), ruime (1358-13591, remme (14511, reyme
au XVI~ s. (1552). ( 14891, est emprunté à l’espagnol resma et au cata-
+ Le mot désigne un f?uit exotique (Asie tropicale) lan ruyma, lui-même repris de l’arabe razma va-
dont la peau, de couleur rouge, est couverte de pe- riante de rizma <(paquet de hardes+, cballot>) et, spé-
tits filaments. Par métonymie, il se dit de l’arbre qui cialement, aensemble de cinq cents feuilles de
produit ce fruit (1877). papier)), dérivé de ruzamu #mettre en paquet,. Ce
sont en effet les Arabes qui ont introduit en Es-
RAMDAM + RAMADAN pagne au xe s. l’industrie du papier chiffon (cf. pa-
pier). Le portugais a rima (avec chute du z), l’italien
0 RAME n. f., modikation de raime I~II~ s.) de- rkma. Une résurgence du sens étymologique de
venu rame ( 11801 sous l’influence de rameau*, est le <<ballot> est attestée en français classique chez
féminin de I’ancien français ram, ruim <<branche)) Tournefort qui parle de rumes de coton.
(+ rameau).
+Le mot désigne un ensemble de vingt mains de
4 Le mot désignait un branchage, une branche papier, spécialement dans la locution mettre WI
d’arbre, sens vivant jusqu’au XVI~ s., et conservé liwe à la rame aen vendre des exemplaires au
dans certains dialectes. Il s’est dit aussi d’un fagot poids du papier> 11706). Par extension, il désigne un
de ramilles Cl 180). 4 Le sens actuel de abranche ra- ensemble de vingt rouleaux de papier de tenture
meuse que l’on fiche en terre à côté d’un plant de (1869). + Par une extension analogique, il a pris le
pois, de haricots à longue tige pour lui servir de sens de <convoi, attelage de plusieurs voitures ma-
support)> est une spécialisation (1669, probablement noeuvrant ensemble)> 119081, valleur qui appartit
amerieur, ou alors dérivé du verbe, cf. ramer). d’abord en batellerie, à propos d’un convoi de ba-
b Le dérivé 0 RAMER v. tr, est attesté dès 1549 teaux sur certains canaux (1855l. Ce sens, d’abord
-ce qui laisse penser que le sens correspondant technique, est devenu usuel à propos du métro pa-
du nom est plus ancien - avec le sens de asoutenir risien.
une plante grimpante avec une rame*. On ren- F De rame dérive le diminutif 0 RAMETTE n. f.
contre encore quelquefois la locution SP entendre (18451, dit d’un paquet de cent vingt-cinq feuilles de
comme à ramer des choux Il6882 ane rien y papier, d’une rame de papier de petit format.
connaltrem, les choux n’étant jamais soutenus par
une rame. @RAME -+@RAMER
@ Voir RAMAGE, RAMEAU. RAMÉE, RAMJER, RAMWIER. RA-
MILLE, RAMONER, FLAMURE. RINCFAU. RAMEAU n. m., d’abord rame,! fv. 11651, est issu o>
d’un latin populaire ‘rumellus, diminutif du latin
0 RAME n. f., d’abord ruime Edéb. XIVe s.1 puis classique rumus ébranche”, au figuré =ramSca-
rame (13771, est emprunté au moyen néerlandais tionn, d’origine inconnue. Celui-ci a donné l’ancien
ruem, rame <châssis de tissage ou de fenêtren ou à f&nçais ruim, rum, rame qui, supplanté au xwe s.
son correspondant moyen haut allemand rum, par branche, continue de vivre dans un certain
rame aétai, châssis de tissage}) (allemand Ruhmen nombre de dérivés barnage*, ramée*, rumure*...I.
*cadre, châssis4 qui vient de l’ancien haut alle- +Le mot désigne une petite branche d’arbre pre-
mand rama =Colonne, étai», issu du francique nant ntissance sur une branche principale. Ce
ohrumu «support de planches>, Ksolive)) et 4atten. sens est réalisé spécialement par le pluriel Ru-
4 Le mot, d’usage technique, a d’abord été employé meaux, employé en liturgie dans feste des Ru-
en parlant d’une perche sur laquelle on place des meu~~ (15491, jour des Rumeuw Ii660l, calques du
habits et aussi d’une solive servant à poser un plan- latin dies rumorum et Rumorum festum, dimanche
cher. Sous les formes runme 114051, rumme (14121, des Rameaux (1669) et, par ellipse, en emploi ab-
puis rame ( 1723, il désigne spécialement un cadre solu (xx” s.) ; antérieurement, on parlait de jour del
servant à maintenir tendue dans les deux sens une Rumispdmuus Iti XII~ s.1, d’après le bas latin ecclé-
pièce de laine ou de coton pendant le séchage; siastique dominicu in ramis pulmupum &nanche
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3079 RAMER
dans les branches de palme+, de dominica qui a RAMENTEVOIR v. tr. est composé Iv. 11751
donné dimanche*, in =darw, r~~~~ls, ablatif pluriel du préfixe re-* et de l’ancien verbe umentweir
de rumus et palmamm,g&itif pluriel de palma (v. 11601,amentevoir cv.1175) arappeler au souvenir,
I+ palme). La fête commémore l’accueil triomphal mentionner*. Ce dernier est formé du préke a-*
réservé à Jésus à son entrée à Jérusalem, au début marquant le mouvement vers (latin ad) et de l’an-
de la grande semaine de Pâques, par ses disciples cien verbe simple mentuveir Iv. I 1551, mentweir
qui jetèrent des branches de palmier sur son pas- Iv. 11601, Pnentwoir Iv. 1175) wappeler, rapporter,
sage pour l’honorer. II est entré dans la locution fi- retracer, mentionner>). Ce verbe représente le bas
gurée faire, mettre Pâques avant les Rameaux latin lin3 mente habere <avoir à l’esprit- d’où =Son-
( 1907) <consommer le mariage avant qu’il ne soit ger à, se rappeler)}, de in <<dan!+, mente, ablatif de
célébré=. +Rumeuu, par métonymie, a pris le sens mens <esprit, pensée, intelligencen I+ mental) et
spécial de creprésentation de la tige d’un végétal hubere (4 avoir).
en arts décoratif&> (1936). + Par analogie, le mot dé- + Le verbe, qui Sign%e <<remettre en mémoire, rap-
signe depuis le XVI~s., par influence très probable pelerp et, à la forme pronominale Iv. 14601 ase re-
de se ramifier*, la subdivision d’un objet qui se par- mémorer», était sorti d’usage au xwe s. ; il n’est plus
tage dans son cours en prenant des directions dif- employé que par archaïsme, à titre de régiona-
férentes en anatomie pour la subdivision d’une ar- lisme (Champagne) ou par plaisanterie.
tère, d’une veine, d’un nerf ou une branche b On rencontre encore chez Chateaubriand (1848)
collatérale (v. 1560); il a désigné aussi le bras d’un RAMENTEUR, EUSE adj. aqui rappelle, remet en
cours d’eau Cv.1580). 0 Plus tard, il est repris par le mémoire>> (15281, dérivé de l’ancien verbe rumenter
langage militaire pour une petite galerie communi- «rappeler» (me-xwe s.), lui-même tiré de ramente-
quant entre une galerie principale ( 1676). 0 Eh gé- voir par l’intermédiaire de formes comme rumen-
néalogie il désigne abstraitement la subdivision toit, troisième personne du présent de l’indicatif
d’une des branches d’une famille 116901.0 Il prend qui pouvait aussi bien appartenir à un infkitif en
en géographie le sens de «chaînon secondaire -ter.
d’une chake ou d’un massif montagneuxu ( 1796) et,
en chiromancie, correspond à chacun des traits qui RAMEQUIN n. m. est empr@é 116541 au
s’étendent à l’une des extrémités des principales moyen néerlandais rammeken ( 1544) “pain grill&
lignes de la main 11904, Larousse). 0 Au xvmes., YU- lui-même d’origine incertaine : si Bloch, à la suite
meau commence également à désigner la subdivi- de Behrens, y voit le diminutif du correspondant
sion d’un objet mental déjà divisé par l’esprit néerlandais de l’allemand aahm acrème=, Wart-
(av. 17471. burg infume cette hypothèse pour des raisons mor-
b RAMEUX, EUSE adj, est emprunté (fin ~III~ s.) au phologiques, le mot néerlandais pour ccrèmem
dérivé latin rumosws ((branchu, qui a beaucoup de étant room. Par ailleurs l’anglais rumekirt ou rame-
rameaux» et, au figuré, “qui a plusieurs branche+. quin est emprunté au XVII~ s. au tiançais.
+Le mot qutie une plante ayant de nombreux ra- 4 Le mot désigne une préparation culinaire faite
meaux, et une branche se divisant en de nombreux avec du komage (et, dans de nombreux parlers, di-
wneaux. Il a qualsé en moyen français (1314) ce vers types de rôties à la viande, au beurre, au vin
qui présente des ramikations. Par analogie, il se chaud, au tiomage fondu). Par métonymie, il dé-
dit en vénerie pour quaMer le bois du cerf divisé nomme un petit récipient utilisé pour la cuisson au
en rameaux secondaires (v. 1550). four et au bain-marie (attesté 19%).
@ Voir RAMAGE, 0 RAME, RAMÉE, RAMIER, RAMIFTER. RA-

MELE, RAMONER, RAMURE, RINCEAU.


0 RAMER v. intr. est dérivé 112131 de l’ancien
français rein, ruim apièce de bois servant à faire se
0 RAMÉE n. f. est dérivé (v. 1160) de l’ancien mouvoir une embarcation» (fin XI~ 4, également
rum, ruim abranche, rameau%, du latin rumus de ruin (v. 1112, Voyuge o!e suint Brendunl. Lui-même
même sens (+rameau). est issu du latin remus de même sens, qui, d’après
+ D’abord attesté dans le sens métonymique de les formes de la Colonne Rostrale, tiresmon, septe-
<hutte de branchage+, ramée désigne le couvert resmon, comporterait le s&e O-smo-, connu en
formé par les branchages des arbres avec leurs ra- grec et en lituanien. Pour l’idée de eramerm, l’in-
meaux et leurs feuilles. Ce sens, en dehors d’un doeuropéen avait une racine %r+, Or&,*Y& dont
usage poétique ou allusif, a disparu tout comme le peu de langues otient des formes verbales. Le plus
sens très voisin de afeuillages (-+ ramage). 0 Le mot souvent, cette racine ne subsiste que sous des
a également vieilli dans sa spécialisation à propos formes nominales parfois rattachées à des formes
de branches d’arbres coupées, garnies de leurs verbales qui ont disparu : sanskrit aritct Kramew et
feuilles pour servir au chaufTage ou au pâturage ad-u& «rame=, grec eretês aramew, eretmos
1x1~~s.l. Ultérieurement, il a développé des sens crames, ainsi que des formes en lituanien, en an-
techniques, désignant une bouture employée dans cien haut allemand et en irlandais. Le latin a géné-
les travaux de boisement 11875) et les petits arbris- ralisé re-, non attesté ailleurs mais indirectement
seaux ou les branches garnies de feuillage que les indiqué par le grec eretês.
oiseleurs placent à l’intérieur des flets pour ofkir 4 Ramer, amanœuvrer une pièce de bois en forme
aux oiseaux des endroits où se poser (1932). de pelle pour faire avancer le bateaw, est peu at-
0 voir 0 FUME -u. RAMURE. testé avant le XVI~siècle. Les extensions sont tar-
dives, si l’on excepte, au xv? s., l’ancien sens
RAMENER -3 MENER d’eavancer, pour un bateau> (1574) et, transitive-
RAMEUTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment, «faire avancer avec les rame+, chez les +D’abord employé adjectivement avec le sens de
poètes de la Pléiade. +L’édition de 1718 du diction- 4oufEt)> en parlant d’une forêt (cf. rameux), le mot
naire de l’Académie enregistre le sens figuré et fa- prend son sens actuel dans l’expression colon re-
milier «prendre beaucoup de peine, s’imposer des mier (v. 12 153, coulon ramier (XIII~ s.1 ((pigeon vivant
efforts épuisantsn, sens vivace dans les parlers de dans les branche+. 0 De nos jours, le substantif un
l’Est et de la Suisse romande et devenu usuel dans ramier Cv.1440) et l’expression pigeon ramier (153 1)
la langue familière générale (peut-être par difk- sont les seuls emplois vivants.
sion des emplois dialectaux); cet emploi a été pré- FRamier a produit RAMEROT n. m. (1552) ou RA-
cédé par la locution être & la rame (ci-dessous). MEREAU (1611) m. ajeune ramier», peu usité. On
n.
4 Par analogie, ramer se dit pour un oiseau qui bat rencontre rarement le féminin RAMIÈRE Il. f.
des ailes, par opposition à planer ( 1765) et, par bme s., puis av. 1885) Nfemelle du ramier?.
image, d’un homme qui bat l’air avec ses bras éten- 0 voir RAMAGE, 0 RAME, RAhmAu. RAMÉE, -ux, RA-
dus (18771. MURE.
b Le dérivé 0 RAMEUR, EUSE n., d’abord rameor
Cv.1213) et remeur ( 12731, puis rameur ( 15991, dé- RAMIFIER v. tr. pron., d’abord se remifier
signe la personne qui manœuvre la pelle faisant (1314) puis se ramifier EV.15601, est la francisation,
avancer le bateau. 0 Par analogie, le mot se dit d’après les verbes en -fier, du latin médiéval médi-
d’un oiseau aux ailes largement déployées en vol cal ramifzcare vpartager en rameaux», du latin clas-
11791). 0 Rameurs a désigné une famille d’insectes sique ramus {(branchen (4 0 rame, rameau) et fa-
hémiptères comprenant des espèces nageant à la cere (b faire).
surface de l’eau (1869). 4 Le pronominal, attesté le premier, se dit d’une as”-
0 RAME n. f., réfection (XV~ s-1 d’après ramer de tère, d’une veine ou d’un nerf qui se partage en plu-
raime (XIV~s-1, rayme (1364) et reme Iv. 14601, a sup- sieurs rameaux. 0 Le verbe, en botanique, se dit de
planté l’ancien type masculin raim, reim qui est k branches, de racines, de nervures qui se séparent
l’origine du verbe (ci-dessus) et paraît avoir d’abord en plusieurs parties 117621, et par extension, d’un
désigné les rames de grands bateaux et des ga- objet complexe, abstrait ( 1724) ou concret (v. 1750,
lères. Avec son sens propre, rame est entré dans B&on), qui se sépare en plusieurs parties. L’emploi
les locutions faire force de rames ( 1207, nagier & transitif (1875) est peu répandu.
force de rames) et Eve rames ! (18751, formule de k RAMIFIÉ, ÉE, le participe passé, est adjectivé
commandement. La locution à toutes rames avec les acceptions correspondant à celles du
(av. 16131 avait le sens figuré et familier de & toute verbe. +Le nom d’action RAMIFICATION n. f.
titessem; elle a vieilli. +Être à la rame, tirer à la ( 15411 paraît emprunté au dérivé du latin scolas-
rame ( 1694) exprimait l’idée figurée de (travailler tique ramificatio, -0nis. 0 Son évolution est paral-
beaucoup>, probablement par allusion à la tâche lèle & celle du verbe : terme de description anato-
pénible des galériens. Disparue, elle est prolongée mique, il est passé au XVIII~s. en botanique pour
par la locution populaire ne pas en IMer, en foutre *rameau provenant de la division d’une branche
une rame (1892). On y rattache le sens figuré de plus granden ( 17211 et 4isposition des branches
aparessen, surtout réalisé dans avoir Za rame ( 19101,
d’un arbrem (17711, retrouvant ainsi le domaine
vieillie ; mais il peut s’agir d’un autre mot. 0 Le dé-
d’emploi de son étymon ramus. 4 Par extension, il
rivé 0 RAMÉE n. f. s’emploie dans le même sens sert à désigner la subdivision d’un objet, concret
Crw pas en fiche une ramée). ( 1875, du réseau ferroviaire) et abstrait (17%).
0 voir RAMAGE, 0 RAME, RAMEAU, RAMÉE, RAMEUX, FM-
RAMEUTER + MEUTE
MIER, RAMIILE, RAMONER, RAMURE, RINCEAU.

RAMEUX + RAMEAU
RAMILLE n. f. est dérivé (v. 1205) de l’ancien
RAMI n. m. est la fkancisation (1937) de rummy tiançais ram, raim cbranche)) C+ rameau) par suf-
119291, forme qui suppose un emprunt oral à l’an- fixation diminutive en -ille.
glo-américain rummy (19151, antérieurement rum, +Le mot désigne collectivement les petites
rhum ( 1913) aussi rummy game ( 19%) et game of branches que l’on coupe pour divers usages. Il est
rummy (19491. Le mot anglais vient peut-être, par aussi employé au pluriel en parlant des plus petites
spécialisation de sens, de l’adjectif argotique et dernières divisions des rameaux (18021.
rummy *étrange, bizarre>> (substantivé pour dési- b De ramtile dérive RAMILLON n. m. (1876, in Lit-
gner une drôle de personne), dérivé de atm, mot tré, Supplément3 dont le sens diminutif ne se dis-
argotique d’étymologie obscure. Rum «rhum>, d’où tingue pas du second sens de ramille.
rummy adu rhum, qui tient du rhurw, ne permet + voir @ RAME, RAMEAU.
pas d’expliquer le cheminement vers le nom du
jeu. RAMOLLIR + MOU
+ Le mot, qui a remplacé la forme écrite rummy
(cité en 19291,désigne un jeu de cartes consistant à RAMONER v. tr., d’abord rammoner Cv.1220)
former des combinaisons d’au moins trois cartes. puis ramoner (XIV” s.), est dérivé de rumon <<balaifait
de branches>, lequel n’est attesté qu’au début du
RAMIER, IÈRE n. m. et adj. est dérivé xrve s. et sorti d’usage, sauf dans certains parlers ré-
(av. 1173) de l’ancien et moyen fkncais ram, raim gionaux. Ramon est lui-même dérivé de l’ancien
abranche» (+ rameau3 avec le suffixe -ier. français ram, raim <<branche, rameau” C-+rameau).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3081 RAMPER
+ Le verbe a d’abord signifié «balayer», sens encore tore répertorié en 1611, existe encore en blason où
enregistré en 1688 par Mîège. En moyen français, il le mot se dit de quadrupèdes représentés dressés
avait développé, par des images liées au balayage, sur les armoiries (XIII~ s.), surtout sous la forme du
des sens figurés aussi divers que Kpiller}} Iv. 13601, participe présent adj ectivé (ci-dessous, rampant).
xpur%er moralement* Ixwe s.1, «s’agiter, s’évertuers L’évolution sémantique s’est opérée très tôt par la
(13811, erosser» Cv. 13501, achasser devant soi» valeur de as’accrocher de tout son corps à une sur-
(v. 1460) et tirabâcher, répéter la même chose* face pour grimperm (XIII” s.1 bien que le rapport ne
Iv. 15501, l’image étant ici moins évidente, probable- soit plus senti ; le verbe s’applique notamment à
ment celle d’une opération lassante, toujours à re- des plantes pourvues de tiges et de rameaux qui
commencer, comme le balayage. +Une spécialisa- s’étalent sur un support en s’y accrochant au
tion est à l’origine du sens actuel, adéboucher le moyen de vrilles (XVI” s.), la notion de verticalité
conduit d’une cheminée> (attesté 1530 mais anté- ayant disparu au profit de celle d’adhérence. Le
rieur, cf. rumonugel. En alpinisme il Sign%e par verbe s’emploie en médecine ancienne en parlant
métaphore <se hisser dans une cheminée en pous- d’affections cutanées, de veines qui s’étendent
sant contre les paroi9 (18861. Par extension, il a I: 13 141. + Ce changement d’accent est peut-être à
pris le sens général de adéboucher le conduit d’un l’origine du sens courant, <<sedéplacer sur une sur- ’
objet quelconque» 11920). + Dans l’usage populaire, face, sur le sol par un mouvement d’ensemble du
se ramoner vaut pour ase purger l’estomac>> (18741 corps, en parlant de certaines espèces animales,
et le transitif correspond à <<pénétrer sexuelle- pressenti dès les premières occurrences (v. 1120,
ment)), sens ou allusion qui remonte au xv~~ s., no- choses rampantes areptilesn), notamment les rep-
tamment dans l’expression rumoner la cheminée à tiles (+ reptation, reptile) et, par extension, de
(une femme) Iv. 1580, A. Chrestienl. l’homme et de quadrupèdes se déplaçant lente-
b Le dérivé RAMONAGE n. m. (1317, rumonn~ge) a ment le corps appuyé au sol Iv. 12501. 0 Diverses
perdu le sens de abalayagem au cours du xvcs., et extensions figurées sont apparues à partir du
désigne l’action de nettoyer une cheminée (1439 xvre s. : ramper a signi% <<manquer de distinction,
dans le Nord), sens dont procède la spécialisation d’élévationn ( 1549, Du Bellay à propos d’un auteur) ;
métaphorique en alpinisme (1927). 4 RAMONEUR à l’époque classique, il a eu le sens de wivre dans
n. m. Cv. 14701, d’abord employé avec une équi- une condition obscure, abjecten (1580) ; de nos jours,
voque sexuelle, a remplacé RAMONEUX n. m. il Sign%e <faire preuve de bassesse par complai-
(v. 1520) employé comme nom d’ouvrier. Du XVII’ au sance ou intérêtm 11680) dans un usage littéraire.
XIX’ s., le personnage du petit ramoneur savoyard,
avec sa marmotte, confère au mot une valeur senti- ,Très tôt, ORAMPANT,ANTE, le participe
mentale et symbolique. oLe féminin rumoneuse présent de ramper, a été adjectivé pour qualSer un
désigne spécialement une machine chargée de ra- animal qui se traîne à terre (v. 1120). En parlant des
moner (18751, le masculin se disant spécialement plantes, il s’oppose ( 16901 à g?k?xpant, La notion éty-
d’un appareil nettoyant les tubes de chaudières mologique de ~grimpant~~ (v. 11751, évincée de
( 1962). - Par substitution de la voyelle a au sufke l’usage courant, reste vivante en blason Cv. 1200) et
-eur, on a dérivé RAMONA n. m. Npetit ramoneur> dans le domaine de la construction où l’adjectif,
(18081, employé au XY s. dans la langue populaire. probablement d’après le nom 0 rampant, signifie
Le sens érotique de ramoner et ramoneur (ci-des- ~inchné, en penteD 11694). Oti relation avec le
sus), après le succès d’une chanson américaine très verbe, l’adjectif prend à l’époque classique des va-
populaire 119271, traduite en français, interprétée leurs figurées : *dans une position humble» ( 16601,
par des célébrités, notamment Tino Rossi (19351 et “qui s’abaîsseB (16701. Q Dans l’argot de l’aviation,
où Ramona était un innocent prénom féminin his- d’après le sens concret de (collé au sols, il qualfie
panique (équivalant à Raymonde), a conduit à la lo- le personnel employé au sol (19181, par opposition
cution chanter Ramona, qui équivaut à ramoner. au personnel navigant; il est substantivé dans ce
Entetire et chanter ramona s’emploient aussi pour sells. +@RAMPANT n. m. réalise encore au-
aentendre, répéter un retiain lassa&+. jourd’hui la notion étymologique de verticalité. Le
0 voir @ RAME. RAMFAU. nom s’applique en blason à un animal à fourrure
qui grimpe dans les arbres (xv” s.l. Il a désigné le
RAMPEAU + APPELER
penchant d’une colline, d’une montagne (1671) et se
+b RAMPER v. intr. est issu Iv. I 1201 du fkn- dit aujourd’hui, en construction, d’une partie ou de
cique “hrumpon, “rumpon Ngrimpern, dérivé de la surface d’un étice qui n’est pas horizontale
Ohrampa, ‘rampa acrochet, courbure)>. Ce nom re- ( 16401, spécialement d’une galerie de mine inclinée
lève de la racine germanique “hramp- désignant un réunissant le puits de retour au ventilateur princi-
objet crochu, représentée dans l’ancien haut alle- pal (attesté 1964, dans les dictionnaires généraux).
mand rimpfun wcourber, ridern et le moyen néer- + RAMPEMENT n. m. (1538) s’est imposé au sens
landais rump Ncrampe>>; en roman, l’italien a d’c<action de ramper sur le sol- aux dépens du sens
rumpa agrEen, rumpo UcrochetB, le catalan et l’es- étymologique, <action de grimperm, attesté (par ha-
pagnol rampa flcrampen, le provençal et le franco- sard) un peu plus tard 115963.0 Par métonymie, ce
provencal rampa, rumpo. Le fait que le français n’a nom désigne le mouvement de ce qui rampe, spé-
pas fr- mais r- à l’initiale indique une introduction cialement en technique le mouvement des rails de
assez tardive. chemin de fer qui paraît dû à la succession des dé-
+Ramper a d’abord si@%, conformément à son formations élastiques entre les traverses
sens étymologique, grimper» (v. 1150). Ce sens, en- hlil. me s.).
RAMPONNEAU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Le déverbal RAMPE n. f. (15841 a conservé, comme gés à ce jouet. +En technique, le mot a désigné un
rampant n. m., le sémantisme originel de ~grim- marteau de tapisserie dont l’une des branches se
perm; de ce fait, i’l est détaché de son origine. C’est termine en arrache-clou 11904. + L’idée de agros
d’abord un terme de construction désignant une ventre» est peut-être à l’origine d’une autre accep-
volée d’escaliers et, par métonymie, la partie d’un tion, en français de Belgique, ramponneau prenant
escalier entre deux paliers ( 16691. 0 Par un autre le sens de «titre en forme de bourse introduit dans
développement métonymique, rampe a pris son la cafetière>> (19131.
sens actuel et courant de «balustrade d’escalier-2
( 16901, d’où les locutions figurées tenir bon la RAMURE n. f., réfection smale (1307) de ru-
rampe @conserver une activité, résistern et G.ck?r la wLewe (XIII~s.1, est dérivé de l’ancien rum, raim
rampe c<mourirp ( 1860) et aabandonner, céder%. <(branche» (+ rameau].
*Par analogie, il s’est appliqué à la balustrade bor- 4 Le mot désigne l’ensemble des rameaux et
dant la scène du côté de l’orchestre (182 11,prenant, branches d’un arbre. Par analogie, il s’applique en
avec l’abandon matériel de cette balustrade, le vénerie à l’ensemble des bois d’un ruminant à
sens de <<rang de lumières disposés au bord de la cornes radiées (1524) et, en blason, au bois d’un
scènes (18211, spécialement dans les feux de la rurnînant figurant isolément sur l’écu ( 1690).
rampe (Je théâtre, le spectacle)> et passer la rampe 0 voir @ RAME,0 FlAMÉE.R,AMEAU.
( 1867) Navoir un effet sur le public». Par extension,
rampe sert à désigner un dispositif présentant une 0 RANCART ou RANCARD n. m., attesté 8>
suite de sources lumineuses (18891, spécialement depuis 1755 dans metie au rancart, est d’origine
sur un aéroport. Rampe au néon est attesté en 1927. incertaine : selon Wartburg, la locution est l’altéra-
0 La notion de cwitea) a totalement évincé celle de tion du normand mettre au récart «se défairen, où
Nbalustrade» dans l’expression technique rumpe de récurt est le déverbal de récarter tir-épandre du fu-
culbuteurs (xx” s.1 désignant l’ensemble des culbu- mier, éparpiller> (Normandie, Berry), verbe préfixé
teurs et de leurs suppotis dans un moteur d’auto- de écarter*. On a évoqué, avec la même origine
mobile. * Parallèlement, l’idée initiale s’est spécia- mais un autre développement, le terme poissard
lisée dans aplan incliné tenant lieu d’escalier dans rencatier &arter des cartes sans valeur)), d’où ren-
les jardins et places fortes» (1694) et <<pente (d’un cati «cartes ainsi éliminées~~, formes parisiennes
terrain, d’une route, d’une voie)>) (1875) et, par mé- pour récarter, récart, de re- et écarter. P. Guiraud,
tonymie, «partie inclinée (d’une voie))), notment mettant en doute le lien sémantique qui lie rancart
<<partie montante, côte>>.Par extension, rampe de à récarter, postule, en se fondant sur l’origine argo-
lancement (1945) s’applique a,u plan incliné lançant tique du mot, une dérivation de quurre, cuve*
des avions catapultés, des fusées et autres engins coiny d’où sont issus le moyen français se jeter à
propulsés; l’expression est passée dans l’usage quart <‘sejeter de côté», l’argot encarre centrer, in-
courant avec le sens figuré de uce qui donne de troduireu et décarrer as’enfuir, partir>). Selon lui,
l’importance, de la notoriété», d’après un sens fi- rencuti pourrait représenter le déverbal d’un
guré de lancer. +Rampe a produit RAMPISTE n. verbe “rencarrer au sens de amettre dans un coin».
( 1836) ~~menuisier ou serrurier qui fait des rampes On peut aussi, avec M. Heron, établir un rapport
d’escalier-a), terme technique. entre rang et rancart, comme entre plaquer et plu-
ca&. Quant à l’hypothèse faisant de rancart un mot
RAMPONNEAU n. m., d’abord dans la lo- de la famille de carte*, elle manque de fondement.
cution h la Ramponneau (v. 17601, puis sans majus- + Le mot est employé dans la locution meme kare-
cule 117801, vient du nom de Jean EZamponneaux ment jeter) au ramxrt, qui Sign%e <<mettre au rebut*
(1724-18021, cabaretier fiançais dont l’établisse- au propre, puis au figuré (av. 1857, Musset). On
ment de la Cowtille, à Paris, devint célèbre. Après trouve aussi mise au rancart et au rama& employé
avoir accepté de vendre son fonds, Ramponneaux adj ectivement.
se ravisa, provoquant un procès que raillèrent les
moqueurs parmi lesquels Voltaire. La vogue de ce @RANCARD ou RANCART mm., mot @
personnage bedonnant et pittoresque inspira les d’abord argotique (1889, Esnault), est d’origine in-
chansonniers, libelhstes et faiseurs d’tianachs et connue. On a songé à la première syllabe de ren-
le nom du cabaretier s’attacha pltisamment aux seignement (cf. enseigner) qui ne rend pas compte
modes nouvelles au point que pendant quelque de la forme du mot, à 0 rancart arebutn, mais cette
temps, tout fut Ctla Ramponneau, par exemple une hypothèse supposerait l’utilisation de la notion de
tabatière en forme de petit tonneau et incrustée mise à l’écart, qui est opposée, er&n à une altera-
d’écaille I1780), un couteau très long (1790). tion d’un dérivé de l’ancien verbe racorder, recor-
+ Le mot passa dans l’usage, où il est d’abord relevé der, «rapporter, rappeler» (-+ recors, record par
comme adjectif pour Gvre)) (17801 avant d’être subs- l’anglais), qui supposerait une nasalisation Oran-
tantivé : raPnponwau devint le nom d’un petit cou- tord, puis une restixation d’après les mots en
teau Il8021 d’après le couteau à la Ramponneau, -urd, non attestées. Un croisement de ce rucord et
puis (1832) d’un jouet constitué d’une petite figu- de 0 runcati est possible.
rine munie à sa base d’un plomb la faisant se reIe- + Le mot sime <renseignement)) en argot, mais
ver quand on la renverse, autrement dit poussah. tend à vieillir sauf dans des expressions comme fi-
+C’est de ce sens que vient la valeur la plus ler un rancard.
connue aujourd’hui, c’est-à-dire ~COUP,bourraidem b Le dérivé RANCARDER OU RENCARDER v. tr.
(attesté 1914, F. Carcol, par allusion aux coups infli- (1899, Nouguier), synonyme argotique de rensei-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RANCH0

mer, est également employé à la forme pronomi- construction intransitive (1875). Le Dictionnaire
nale se rancarder (1901). +Par changement de fi- universel de P. Larousse enregistre en 1875 le sens
nale, sous l’i&luence d’un mot d’argot commercial, spécial de ~~jaunk, pour une peinture, par l’effet des
rembour, rembourre <<fourniture de marchandises», huiles qui ressortentB, d’usage technique.
dérivé de rembouner”, rancard a produit RAM- +RANCI, IE, le participe passé de rancir, est ad-
BOUR n. m. (1909), également attesté sous les va- jectivé avec les sens propre 11539) et figuré 11867)
riantes rembour, et par changement de finale, rum- correspondants. Il est substantivé pour caractéri-
bot, rembot qui sert de synonyme à la fois à ser une atmosphère aigre et désagréable, par mé-
0 rancard Nrenseignementm et à 0 rancard* ccren- taphore littéraire (1867, Baudelaire), et désigne
dez-vous,. concrètement la partie rance d’un produit ( 19321.
+&nCir a aussi produit RANCISSURE n. f. (1538)
0 RANCARD ou RANCART n.m., syno- &tat d’un produit rancea, concrètement, Npartie
nyme populaire de rendez-vous (1898, Esnault), est rance d’une chose)}, et, beaucoup plus tard, RAN-
d’origine incertaine, peut-être de la forme renque CISSEMENT n. m. (18771, seulement employé au
arendez-vous*, abrkiation pour rencontre”, qui sens propre. *Un autre nom, RANCIDITÉ n. f., a
n’est cependant attestée qu’en 1926 par Esnault. été dérivé savamment (1752) du radical du latin
Une dérivation du verbe rencurrer <rentrer chez rancidus pour désigner la qualité de ce qui est
soi, se mettre en lieu sûr», du radical de carre =coin>> rance; le mot a pris le sens technique de ((tache
(--+0 rencard), est possible. Une intluence de ren- provenant de la mauvaise qualité de l’huile dont le
contre* ou de rendez-vous* est certaine. peintre s’est servi- (av. 18721.
$ Le mot sime familièrement <rendez-vous>>, et 0 voir FkANccEx.JFL, mm.
s’emploie dans des syntagmes comme donner un
rancard à qqn, filer lunl rancard. Le rapport étymo- RANCH -3 RANCH0
logique avec 0 rancard est très probable, le ren-
dez-vous servant souvent, notamment dans le RANCH0 n. m. est un emprunt (1822) à l’es-
contexte de la police et des activités délictueuses, à pagnol d’Amérique runcho Rmaison de berger ou
transmettre des informations, des renseignements. d’ouvrier agricolen, emploi spécialisé de l’espagnol
Quelles qu’en soient les modalités, le rapport entre runcho acabane>>, d’où wkrtion>~ et «repas pris en
0 runcurd au sens de «mise à l’écarta et rancard commun par des militaires)), lui-même dérivé de
<rendez-vous secret= n’est pas à exclure. l’ancien provençal ranchurse «se loger» (par la
langue des soldats), lequel est emprunté du fkn-
RANCE adj. et n. m. est emprunté (av. 1350) au çais se mnger*.
latin runcidus, proprement <<avarié, qui sent>), d’où + Le mot désigne une exploitation d’élevage et de
«putréfié, infect)) et, au figuré, «désagréable, déplaî- ferme où vivent les exploitants en Amérique du
sant, insupportable=. Ce mot panroman est dérivé Sud et en Amérique centrale.
de runcere, verbe rarissime, attesté par un k Le fknçais a aussi emprunté RANCHERO n. m.
exemple de participe présent chez Lucrèce et par (19071 à l’espagnol d’Amérique du Sud runchero
les Gloses; le verbe si@e gmûrir, pourrirn. Le mot ((fermier tenant un rancho)), dérivé de runcho.
présente un vocalisme -a- et un su%xe O-120-carac- RANCH n. m. est emprunté (1862) à l’angle-améri-
téristique de mots désignant des tares physiques tain ranch 118081, lui-même repris de l’espagnol
I+ manchot, peut-être pécher) mais son étymologie runcho (+ rancho) =Cabane}>, employé dans toute
est inconnue. L’ancien provençal a la forme ruy1su l’Amérique latine pour une modeste demeure, la
adj. f. &trie, fanée)), en parlant de la peau, de la plupart du temps isolée, une petite ferme. En amé-
chair humaine, du XII~au ~III~siècle. ricain, ranch eut les sens de avillage, habitation rus-
4 Rance, d’abord nom, exprime proprement, avec tique>>, 4averne>>, <maison de ferme>>, puis «petite
une valeur de neutre, l’état d’un corps gras avancé ferme» El8311 et «grande exploitation agricole ou
en âge, sens rare avant 1580. + L’adjectif rance d’élevage- (v. 1850). On emploie ranch house ( 1862)
(av. 13%) a d’abord eu le sens figuré de «perdu, dé- pour une maison de ferme, et ranch s’est spécialisé
chu moralementa, sorti d’usage; il est presque tou- en parlant d’une grande ferme d’élevage des
jours appliqué à un corps gras, notamment au plaines de l’Ouest en Amérique du Nord. * Le tian-
beurre, qui a pris une saveur âcre et forte due au çais a repris ranch au sens général de «bâtiment
développement d’acides gras ( 15461 et, par exten- isolé dans un lieu solitaire>> (18621, mais l’emploie
sion, à une substance comestible vieillie (1694, à surtout pour désigner une habitation, des bâti-
propos de cotitures). En procède un emploi méta- ments de ferme dans la Prairie nord-américaine
phorique au sens de wieux et désagréable», resté (18721, ou une exploitation agricole d’élevage dans
rare, alors que la locution senti le rance, où runce le même contexte. Par analogie, il se rencontre
est substantif (1927), est vivante avec une valeur quelquefois appliqué, en France, à un établisse-
identique. ment où l’on pratique l’équitation, comme dans un
bRunce a produit RANCIR v. qui Sign%e <devenir ranch ( 1944, Queneau).
rance», d’abord à la forme pronominale se rancir + RANCHMAN n. m., emprunté ( 1885) à l’a;nglo-
(1538) et, plus couramment de nos jours, en a,méricain runchmun (1856) «personne possédant
construction intransitive ( 1636). Ukérieurement, le un ranch ou travaillant dans un ranch>, formé de
verbe s’emploie au figuré à propos d’un esprit, d’un runch et de mun ~hornme~~ (cf. buman, etc., et
talent qui se corrompt par l’effet du temps, à la mannequin), au pluriel runchmen, semble inusité.
forme pronominale (18011 et, plus souvent, en ~Lui correspond l’hîspanisme RANCHERO n. m.
RANCCEUR 3084 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(1838). + RANCHERn. m. est emprunté (1909) à jusqu’au XVI~ siècle. Le changement de consonne
l’angle-américain runcher 11836) <<fermierm (18841, est probablement dû à l’attraction d’amertune,
dérivé de ranch avec le sufExe -er indiquant l’agent. forme ancienne à côté d’urnehume : la variante
runcume est attestée en normand. Runcure lui-
RANCCEUR n. f. est la réfection d’après cœur même remonte k un latin populaire orancuru,
Iv. 1460) de rancor (v. 11901, puis rancour (XIII~s.), forme altérée de runcor E+ rancœur) par croise-
rancuer (13 171,runkeur (XIV~s.), et remonte, comme ment avec cura «soucin (-+ cure); l’italien et l’espa-
l’italien rancore, l’espagnol rancor ou rencor, au bas gnol archaïques rancuru viennent du même éty-
latin rancorewz, accusatif de runcor, -OI+S, propre- mon
ment <<rancidU, rancissure>> et, au figuré, Oran-
4 Rancune, qui désigne le souvenir aigu et tenace
cunen, de runcere (+ rance].
que l’on garde d’une offense avec la volonté bien
4 Le mot est passé en fknçais avec le sens figuré de arrêtée de se venger, semble avoir été employé en
<<ressentiment tenace-, spécialement <<amertume ancien français avec les valeurs plus générales de
que laisse une déception, une injusticex (1856, Bau- *colère», de «contrariété, désagrément>) (v. 11651,
delaire). Il n’a pas gardé les sens de <<méchanceté, <querelle, révolte>>. Sa valeur s’étant tiaiblie de
malice» et de adkgoût)) qu’il avait aussi au XX$ siè- manière à désigner une hostilité due au souvenir
cle. Le sens concret est demeuré le fait de rance* d’un acte agressif, il entre dans l’expression sans
n. m. et de runcidité. rancune! (1718) qui a évincé point de rancune (1670).
+ Voir RANCE, FLANCUNE.
k En ancien tiançais, rancune a produit un adjectif
RANCUNEUX, EUSE cv. 1170) “qui a de la ran-
RANÇON n. f. est le doublet populaire de ré-
cunem, et “qui témoigne de rancune (d’un acte)»
demption* : il est issu, d’abord sous les formes ruen-
113461, aujourd’hui cantonné à un usage littéraire
çon Cv.11301,ruançon Iv. 11551,reanson Iv. 1250) puis
ou régional (Belgique, Canada). + Cet adjectif a été
rangon (v. 13601, du latin redemptionem, accusatif
de redemptio <<action de racheter, de délivrer>> d’où Supplanté par RANCUNIER, IÈRE adj. (17181, quel-
«rachat>, spécialement aprocès mené à la place de quefois substantivé ( 17401,employé aussi pour qua-
qqn contre rétribution>> et, dans la langue ecclésias- tier une action, un caractère dénotant de la ran-
cune (1756).
tique chrétienne, *rachat des hommes par le sacri-
$’ Voir RANCE. RANCUWFL
fice du Christ». Le mot est d&ivé du supin kedemp-
turn) de redimere <<racheter une chose vendue, un RANDONNEE n. f., d’abord écrit rundonée 8>
prisonnier, un acquittementB, C<acheter en retourn Cv.11311 puis randonnée iv. 13301, est le participe
E+ rédimerI. passé féminin substantivé de l’ancien verbe rundo-
4 Le mot est passé en francais au sens de “prix ner, rationner (XII~s.) acourir rapidement, impé-
exigé pour la libération d’un prisonniern, notazn- tueusement>, sorti d’usage à l’époque classique et
ment dans la locution mettre a raançon EV.11551, encore répertorié par le dictionnaire de l’Acadé-
devenue archaïque, puis dans la locution familière mie en 1842. Un sens transitif, ((poursuivre avec im-
c’est la rançon du roi (1690) wn prix trop élevé)). pétuosité)), a survécu dans les parlers de la Nor-
+ Par l’intermédiaire d’un emploi métaphorique mandie et de la Picardie avec la nuance de «courir
attesté très tôt dans le style biblique (v. 1138, pur après (qqn) en faisant du bruit)> et abattre>>.Le verbe
ruunçun de nos pechez «pour le rachat de nos pé- est tiré des locutions d’ancien français de rundon, à
ch& en parlant du sactice du Christ), mais ré- rundon & toute vitesse, avec force>), formées avec
servé dès le XIII~s. à rédemption, il a pris beaucoup ration Molence, jet impétueux et violent» lem-
plus tard le sens figuré de <<contrepartie fâcheuse prunté par l’anglais rundom, employé dans des lo-
d’une chose agréableD 11723). cutions adverbiales exprimant la rapidité puis le
de dérivk RANÇONNER v. tr. kv%.), d’abord hasard : ut rundom). Randon vient d’un autre verbe
écrit ransonner ( 12601, signifie Kexiger une certaine employé en ancien français, rundir <courir, galo-
somme de (qqn) pour le remettre en liberté». Par per)>, transitivement cparcourir rapidementn, et, au
extension, le verbe a développé le sens, plus usuel, figuré, &étendre>>. Ce verbe est dérivé, selon Wart-
de <forcer (qqn) à payer une somme qu’il ne doit burg, d’un ancien substantif Oru& (comme brandir
pas)> Iv. 1360). L’extension figurée pour <<fairepayer tient de brant), lui-même issu du tiancique ‘Tant
à (qqn) un prix exorbitant pour une chose>) a vieilli. Kcourse», substantif verbal correspondant au verbe
4 son tour, rançonner a produit RAN-
allemand rennen que l’on retrouve dans les dia-
ÇONNEMENT n. m. Irunchonnement, XIVes.3, lectes allemands méridionaux (Bavière, Suisse,
d’abord employk au sens de «pillage, rapine>, sorti Lorraine). P. Guiraud, en rapprochant à rundon de
d’usage, et, depuis le début du XVII~s., avec son sens ù I’undun wite>> et de landonner, préfère supposer
actuel, au propre (1636) et au figuré. + RAN-
un verbe “under issu d’un latin populaire “umbiture
ÇONNEUR, EUSE n., d’abord écrit ruensonneur aaller autos>, d’oti ~courirn, de ambire aentourer»
(14091, désigne la personne qui, par la menace, ex- C+ ambition), avec un préfixe re- augmentatif qui a
torque de l’argent à une autre et, par extension, la pris une valeur itérative (d’où l’idée de Brevenir au
personne qui en exploite une autre en lui faisant point de dépatin). Aucune des deux origines, la ger-
manique et la romane, n’est solidement appuyée.
payer des prix exorbitants iv. 1534); il est peu usité.
4 Rundonn@e, après avoir été usuel jusqu’au XVI~s.
RANCUNE n. f. est l’altération (1080) de l’an- au sens de ((course impétueuse, rapide*, s’est res-
cien fra,nça,is rancure Iv. 11651, encore employé au treint au vocabulaire de la vénerie (1574) pour dé-
xvc s. et à l’origine d’un verbe rancurer attesté signer le circuit que fait un animal autour de l’en-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3085 RANG
droit où le chasseur l’a lancé. + Par extension, il est sont nombreuses : rang désigne une ligne de perles
passé dans l’usage commun au sens de 4ongue ( 16901,le nombre de mailles de tricot faites sur une
promenade ininterrompue et en général cir- même ligne, dans rang de mailles (19101, puis abso-
culaire>> Il 7981, devenu usuel à la ti du XIX~ siècle. Il lument (19361; en technique, le nom s’applique à
s’est spécialisé en sports (xx” s.) pour une marche une assise d’une construction (1869) et, par métony-
en pleine nature sur des sentiers balisés (d’où sen- mie, à l’endroit où des objets semblables sont dis-
tiers, chemins de grande randonnée) et pour une posés les uns auprès des autres, en imprimerie
promenade à skis en dehors des pistes (1908, ran- (18121 et en termes de pêche (1845). +Avec le sens
donnée en skis). dklignement~~, le mot a pris au Canada (1721) le
ä Sous l’intluence des sens modernes de rundon- sens de upeuplement rural dispersé avec des ex-
née, l’ancienverbe RANDONNER v.intr. a été re- ploitations agricoles s’étendant en lignes parallèles
pris (187~) d’abord comme terme de chasse au sens de part et d’autre d’une voie qui les dessert». +En
de Rtourner, battre et entourer le canton dans le- moyen français, la notion militaire d’ordre prenant
quel un lièvre a été attaqué». Il est plus courant le pas sur celle l’alignement, rang désigne aussi la
avec l’acception de <<faireune randonnée)) (1896) et place occupée dans la hiérarchie sociale t 14621,
en sports (attesté v. 1950). +Le verbe est moins surtout en parlant des places les plus élevées, et
usité que son dérivé RANDONNEUR,EUSE n. alors en emploi absolu ( 1462) : une personne de
11909) qui désigne une bicyclette équipée pour la rang, te& son rw Puis le mot désigne la place
randonnée et la personne qui pratique la randon- occupée dans une hiérarchie administrative, mili-
née, spécialement à bicyclette (19.211, et à skis taire, politique (1549) et, spécialement, la place d’un
(1962). dignitaire ou d’un fonctionnaire dans l’ordre des
préséances (1687). 0 Par extension, il désigne la si-
* RANG n. m., réfection Cv.I 175) de renc (10801, tuation d’une personne ou d’une chose dans une
est issu du tiancique Ohring Manneau, cercle», d’oti classification (14621, sens auquel s’ordonnent divers
viennent l’allemand Ring, l’anglais ring (+ ring) qui emplois spécialisés, dans l’ancienne marine où le
a du prendre le sens d’«assemblée judiciaire, mili- mot désignait la position assignée aux grands bâti-
taire» selon les mœurs des anciens Germains qui ments d’après leur structure et leur armement
tenaient des assemblées de ce genre I+ harangue). 116901, et de nos jours (attesté mil. =e s.) avec une
De là s’explique le développement du mot français valeur abstraite, en mathématiques (rang d’une
vers l’idée de disposition de personnes assemblées, mattice) et en linguistique structurale. +Par ex-
à la fois concrètement et symboliquement, puis tension, rang est employé à propos du degré d’im
d’ordre hiérarchique. portante, de la valeur attribuée à une chose, d’un
+Dès les premiers textes, le mot est employé être parmi d’autres de la même catégorie i 1640,
concrètement à propos de l’alignement des Corneille) et, l’idée de hiérarchie passant au se-
hommes côte à côte dans une formation guerrière cond plan, de la place d’une personne ou d’une
(par opposition à file). Ce sens, qui pourrait corres- chose dans un ensemble quelconque (1538). C’est
pondre au passage du mot francique dans le ce dernier sens qui est représenté dans la locution
contexte de la guerre, a donné plus tard des lo- classique mettre une chose au rang des péchés ou-
cutions correspondant à des ordres donnés par les bliés (v. 1590) et prendre rang (18751, être au rzing
supérieurs, comme semer les rangs ( 16361, au fi- de ( 18751, toujours en usage dans une langue soute-
guré ase grouper pour s’entraider>> lav. 18481, ou nue.
bien à vos GUI~S, Faure! qui se dit lorsqu’un oficier F 0 RANGER v. tr., dérivé de rang, est la réfection
supérieur entre dans un lieu où se trouvent des sol- kr~f s.1 de rengkr Iv. 11601 et rangier EV.1175) pro-
dats. 0 Par extension, le pluriel rangs est employé bablement antérieur (cf. dérungier, ti XI~s.l. Il est
pour l’ensemble des hommes d’une armée (1869) employé transitivement au sens de «disposer c8te à
tandis que Ie rang désigne collectivement l’en- côte Ides personnes, des objets en Ligne)>> d’où, au
semble des hommes de troupe ( 18931,comme dans figuré, «classer (qqn, qqch.1)) dans un ensemble
les locutions sortir du rang (18931, au figuré <<avoir Idéb. XV~I~ s.l. + L’accent étant mis sur la valeur nor-
réussi après avec occupé une place modesten, et mative, contraignante d’une telle action, le verbe a
rentrer dans Ie rang (av. 1%1), allusion à l’officier pris le sens figuré de aréduire à>> ( 1559) et de
qui redeviendrait simple soldat. *Des extensions <<mettre (qqn1 dans la voie du devoir>> I15851, cou-
analogiques et figurées se développent à partir de rants dans la langue classique, puis archaïques. En
l’époque classique, comme se metie sur les mng3 revanche, ranger signifie toujours «soumettre (les
(16781, cse joindre à un groupe de concurrentsm, an- individus d’une communauté) à une contrainte ma-
térieurement au sens propre, ase présenter à un térielle ou morale>> (1636) et, par analogie, amener
tournoi» (16361 d’après le sens ancien de renc, rung (qqn) à se rallier à ses convictions)> ( 17341. + Plus
<<piste pour la joute». La valeur figurée plus vague couramment, le verbe implique l’idée de Ndisposer
de Knombre, masseH est réalisée dans la locution (des objets concrets) dans un ordre nettement et
grossir, rejoindre les rangs de..* ( 18751. + En marge soigneusement établi» (1373, spécialement a5n de
de sa valeur militaire, rang désigne un ensemble laisser un passage dégagé (1660) et, par extension,
de personnes placées côte à côte IfTn xf s.1, et une de <<mettre en ordre (un lieu) pour qu’il paraisse
suite d’objets disposes en largeur sur la même bien tenu)) (16803, acception très usuelle dans
ligne Iv. 1130) d’où la locution en rang <<en fie>> l’usage spontané, à côté de synonymes plus mar-
(1080) et, avec une pure valeur temporelle, de rang ques (serrer, régional, mettre en ordre). 0 Par ex-
((de suite>> (v. 1460). 0 Les extensions spécialisées tension, ranger s’emploie pour ((mettre (une chose)
RANGER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

à un endroit déterminén ou Kremettre à sa place faires, de sa maison (1732) ; ces acceptions ont
habituelle> C17921, avec complément ou plus récem- vieilli. 0 De nos jours, il correspond à &rîeux, me-
ment sans complément (1939). + Son emploi à pro- nant une vie réglée> ( 16941,et se dit de ce qui dé-
pos du classement d’objets abstraits remonte au note un esprit respectueux des normes de la mo-
XVII~s., époque où l’on employait le verbe au sens rale bourgeoise (1869). La locution familiére êlre
intellectuel large de &sposer selon un certain rangé des voitures (1873) forme jeu de mots entre
plan= (1636) et de {{décider, arrêter un choix en l’or- être rangé et se ranger.
ganisa& (16721; de nos jours, ranger implique da- RANGEUR, EUSE n., d’abord rengeur Cv.12981,
vantage l’idée d’un classement simple selon un autre dérivé du verbe, a signi% d’abord agouver-
ordre déterminé. + Une ancienne extension spa- neurn d’après le sens normatif de ranger. Il a été re-
tiale pour cmarcher à travers, parcow+ (v. 1188) pris en technique, pour Kouvrier d’une briqueterie
est encore vivante en marine où ranger la terne, la qui pétrit la terres (17763.0 n est peu usité en par-
C&e Sign%e ala longec C15591; de là l’expression lant d’une personne qui met de l’ordre (18441, sens
rager à l’honneur (1834) ‘(passer à la poupe du pourtant le plus usuel du verbe. -RANGEMENT
vtisseau amiral~ et, par extension, ((passer le plus n. m., nom d’action correspondant à ranger, est re-
près possible d’un objet». + Aussi courante que l’ac- lativement tardif ( 1630) ; il est surtout employé
tif, la forme pronominale SE RANGER (1207) a concrètement, surtout dans de rangement après un
suivi le même type de développement, à partir de nom d’objet servant à ranger des tiaires 118691.
son sens propre Hsedisposer côte à côte sur une ou 0 Dialectalement, il si@e <<faitde mener une vie
plusieurs lignes, se placer dans un certain ordre>). rangéeti (1848, Sand).
0 Le sens figuré, <<accepter de se soumettre à une Le prétié DÉRANGER v. tr., attesté avant le verbe
autorité, à une contrainte)>, apparaît en moyen simple (10801, a d’abord eu le sens de q~ortîr des
fhnçais En xve s.) d’où, par analogie, se ranger ù rangs)‘, en ancien et en moyen français. L’usage
aadopter les façons de voir, de penser, de juger transitif (XIII~s.) correspond au sens propre de
d’un individu ou d’un groupe» (1559). + Au xwre s., <(mettre les rangs en désordre» et, par extension, à
se ruagel- a, d’après le sens militaire de rang, signi- <(déplacer de son emplacement assigné>>, acception
fié aussi aservir dans les troupes commandées par la plus courante (1596). * Les extensions figurées
tel chef>) et, dans la locution aujourd’hui disparue datent de l’époque classique : déranger sigr&e
se ranger SOLLSles drapeaw Ndevenir soldats (1673). alors <changer de manière à troubler le fonctionne-
0 Aujourd’hui, il est employé absolument avec ment d’une choses En XVH~s., PUT””de Sévigné) et
l’idée normative de <<revenir à une vie régulière et *obliger (qqn) à se déplacer, à interrompre ses oc-
ordonnéem (17321, également réalisée dans la lo- cupations, etc.n (av. 1693). Par une extension natu-
cution populaire se ranger des voitures 118811.Par relle, il est devenu synonyme de troubler, gêner
une autre figure, il se dit pour aavoir une place ( 17521, valeur exploitée dans déranger l’esprit,
dans une série» ( 1862). + Le second emploi concret moins usuel que dérangé (ci-dessous). -DÉRAN-
de se ranger, l’accent étant mis sur la t’alité de GEMENT n. m., le nom d’action tiré du verbe
l’action, correspond à <<s’écarter pour ne pas gêner (16361, signZe d’abord asortir de son rang*, valeur
le passage ou se préserver d’un danger>) (16681. rare par rapport à <mise en désordre,, et <<action de
C’est de cette acception que procède, en parlant gêner qqn» En XVII~s., We de Sévignél. Le sens fi-
d’un véhicule, le sens de ((se placer dans un lieu de guré, Gntroduction d’un changement dans des re-
stationnement» (1845). lations)) ( 16751, le sens spécialisé de ((gêne pé-
Ranger a plusieurs dérivés : le premier attesté, le cuniaires C16801 et, par métonymie, aétat de ce qui
déverbal RANGE n. f., d’abord écrit renge (10501, est perturbé, alter& 116941, ont disparu au cours du
désignait en ancien fran@s une ceinture de X~I” siècle. 0 La langue moderne emploie le mot
guerre servant à pendre le baudrier ou l’épée, et en parlant de l’état d’une chose troublée dans son
un rang, une fie d’hommes (v. 11751 puis une file fonctionnement, que ce soit un organisme ( 17181,
d’objets (v. 1354). C’est ce mot qui est à l’origine de une machine, un appareil (18351, spécialement
l’anglais range, d’où vient, par le verbe to range, dans la locution en dérangement (xx” s.) qui est sy-
ranger I+ ranger). Ce nom est devenu au xwe s. un nonyme de hors service. 0 Le sens d’aaction de se
terme technique pour une disposition en ligne, en déplacer», qui correspond à l’emploi pronominal
parlant des pavés 116941,puis il est sorti d’usage, se déranger, est attesté depuis 1835. +Parmi plu-
éhminé par w@e. 0 Son diminutif RANGETTE sieurs emplois spéciaux, DÉRANGÉ, ÉE adj., du
n. f, (17571, <fer forgé)), a lui aussi disparu. participe passé du verbe, a été synonyme de udé-
RANGÉE n. f. est le participe passé féminin de mn- VO~& débauché>> (1694) ; cf. d&vergoa&. Il qutie
ger, substantivé sous la forme rengie En XY s.), ren- spécialement des facultés mentales aItérées ( 1713)
gée (12271, correspondant à renc, puis rangée et, familièrement, une personne un peu folle. - DÉ-
(xv” s.), pour désigner une suite d’objets ou de per- RANGEANT, ANTE adj. atroublant, gênant», figure
sonnes disposés sur une même ligne. *Parmi ses chez Maupassant (1884).
divers emplois correspondant à ceux du verbe, le 6 voir ARRANGER. HARANGUE, RANCH, RANCHO, RANZ,
participe passé RANGÉ, ÉE est adjectivé Il 196) RING; FLADAFL
dans la locution b&We rangée. 0 Qualifiant une
personne, cet adjectif s’est dit au XVII~s. d’une per- 0 RANGER n. m. est emprunté (18441 à l’ar-
sonne bien installée quelque part (1675, Mme de Sé- glais ranger au sens américain de ~~milicien, poli-
vigné,, puis d’une personne faisant preuve d’ordre cieru. Le mot anglais a signifG d’abord Exrves-1
dans son travail, dans I’adminîstration de ses af- ((garde-chasse=; il est dérivé de to range <placer en
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3087 RÂPE

ligne, disposer)) puis «prendre une position», lequel +La première forme attestée est le pluriel rapa3c
vient d’un nom range de)), &gne>>, qui est em- qui, du fait que l’on identtiait la graphie -ax du mot
prunté à l’ancien PanGais mage” I+ rang), mot latin à la terminaison tiançaise -aus du pluriel
d’origine germanique. (souvent écrite -a~), correspond à un singulier ru-
4 Le mot a d’abord désigné un membre de la police pal. Celui-ci a été refait en rapace (v. 1460). 0 Le
montée américaine, puis (1869) un garde des ré- mot qualifie une personne âpre au gain et sans
serves et parcs nationaux des États-Unis. Il s’est ap- scrupules, cherchant à s’enrichir aux dépens d’au-
pliqué aussi Il9471 à certains soldats de corps trui. Par métonymie, il se dit aussi de ce qui laisse
d’élite de l’armée américaine. * Un sens propre au transparaître cette âpreté 118451. 0 Par analogie,
français est <brodequin, chaussure à tige montante mais sans connotation péjorative, il s’applique à un
de certaines unités de choc, parachutistes, etc.>>. animal, en particulier un oiseau de proie (av. 1502).
Il est substantivé dans ces deux acceptions : il dé-
RANIMER + ANIMER signe en zoologie un super-ordre d’oiseaux camas-
siers (1768) et, au singulier, un oiseau appartenant
RANZ n. 1~1. est une variante graphique de
à ce super-ordre. 0 Par substantivation de l’adjec-
Suisse (17671 du mot mng*, employé pour traduire
l’alémanique Kührelhen. Ce mot est composé de tif, un rapace désigne aussi une personne âpre au
Kuh ((vache)) (correspondant à l’anglais cow) et Rei- gain (18453. Ce dernier sens est souvent perçu, à
hen, Reigen <(danse, air, chant», confondu, lors de tort, comme un développement métaphorique du
l’emprunt, avec l’allemand Reihe <file, rang; il dé- sens d’«oiseau>>, devenu de loin le plus usuel
signe des chansons pastorales en Suisse alle- (cf. vautour, faucon).
mande. On peut évoquer l’emploi de rang en b RAPACITÉ n. f. est emprunté directement 11380)
moyen français dans la locution rang de vaches au dérivé latin rupacitas, -atis «penchant au volp.
(v. 1580) pour désigner une file de vaches en route + Il exprime le caractère avide d’une personne qui
vers un pâturage. s’empare du bien d’autrui, et, par analogie, l’avidité
$ Le mot, atteste dans le Dictionnaire de musique avec laquelle un animal (oiseau) se jette sur sa
de Rousseau Cc&célhbre ranz des vaches... cet air si proie 11530). À la difkence de rupuce, le mot ne
ch& des Suisses4 désigne un air de berger, une s’applique, dans l’usage actuel, qu’aux humains.
chanson pastorale suisse dont il existe de nom-
breuses variantes locales ou dues à des musiciens RAPAILLER 3 0 RAPE
professionnels.
0 voir RANG. RAPATRIER + PATRIE

RAOUT n. m., d’abord rout (17761, écrit raout 0 RÂPE n. f., étant donné son ancienneté, attes- o>
d’après la prononciation anglaise (18241, est em- tée à la fois par son dérivé rûpé Iv. 1175) et par la
prunté à l’anglais rouf au sens de Mgrande récep- forme latinisée raspa (12021, ne peut guère être
tion, soirée mondaine)> (17421, employé au XV~II~et considéré comme le déverbal de rCtper. Un suppose
au XIX~ siècle. Celui-ci est une spécialisation de rout que, sous une forme rape (attestée seulement en
<<troupe, compagnie, bande>> (XIII~s-1, emprunté à 13741 puis riipe IXVI~s.), il est directement formé
l’ancien tiançais route I-+ 0 routier), également d’après le francique “ruspôn egratter? attesté
rote, rotte ubande, compagnie » qui contient l’idée d’après l’ancien haut allemand ruspôn et auquel
de « chose rompue » IruptuI. + 0 route. remonte, probablement par l’intermédiaire d’un
+Le mot n’évoque plus que la vie mondaine du latin populaire Oruspclre, le tiançaîs rûper. L’italien a
XIX~ s. (à partir de Stendhal, Balzac). 11a bénéficié de même ruspare, l’espagnol et l’ancien provenCal
d’un regain de vie à quelques moments du XX~s., raspar âgratter, racler>. Par ailleurs, l’italien et l’an-
dans un contexte assez snob. cien provençal ont raspu pour une uappe de raisin
dépouillée de ses grains.
RAP n. m. est un emprunt (19831 à l’anglo-amérî- + Dès les premiers textes, r6pe désigne le reste de
min rap Iv. 1970 dans ce sens ; 1967 style de répar-
la grappe qui a été pressée, le marc de raisin, résul-
ties, (<conversation de rue»), de to rup «donner des tat de l’action de racler. 0 Par extension, il s’ap-
coups secs, répétésn, formation onomatopéique.
plique à l’ensemble du pédoncule et des pédicelles
+ Le mot désigne un style de poésie populaire créé d’une grappe de raisin ou de groseille (fin WI” s-1,à
et difiksé par les Noirs américains, caractérisé par ce qui reste d’un épi de blé dont on a enlevé les
des paroles souvent contestataires, mises en grains (1752). 0 En moyen français, il a aussi dé-
rythme musical. En France, le rap est, avec le tag, signé le bois coupé provenant des taillis, une grosse
caractéristique de la culture populaire des ban- branche ou baliveau d’arbre de futaie, sens qu’il a
lieues. conservé dans le nord de la France et dans les pays
F Le dérivé RAPPEUR n. m. aussi écrit RAPEUR wallons.
désigne un chanteur de rap @ém. inusité). Le verbe
F Avec le sens de <<marc de raisin», râpe a produit
RAPPER ou RAPER est plus rare.
0 RÂPÉ, d’abord employé comme adjectif dans le
RAPACE adj. et n. m. est emprunté (v. 13101 au syntagme vin raspé 111751, puis substantivé (v. 1200)
latin rupax, -acis “qui entraîne à soin au propre, et en parlant d’un vin fabriqué en ftisant passer un
au figuré aravisseurm et «voleur, pilleur=, secondai- vin faible dans un tonneau dont on a rempli un tiers
rement ccavidenet «prompt>). L’adjectif latin est dé- de raisin nouveau. Par extension, il désigne une
rivé de rupere <<entraîner avec soi, emporter vite et boisson fabriquée en faisant passer de l’eau sur le
de force» (3 ravir). marc 116001, un vin éclairci avec des copeaux trappe
RAPETASSER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

1650; rapé de copeaux). 0 Il désigne également les <grappiller (le raisinl~ (1609) se maintient dans le
restes de vin que l’on mélangeait pour les servir à sufbé verbal RAP AILLER v. tr., employé dans cer-
certains clients dans les cabarets (1750). tslines régions, notamment au Canada (18941, pour
RÂPER v. tr., d’abord rasper, seulement attesté au Nramasser des objets ici et là, rassembler des per-
xrve s. mtis probablement antérieur (l’ancien pro- sonnesn (cf. rapiat). De là, au figuré, rupaillé, qui
vençal a raspar agratter un vaisseaumI, est issu, soit correspond à «raccommodé, fait de pièces hétéro-
de 0 rûpe, soit dkeckement du &ancique “raspôn, clites>.
peut-être par un verbe latin populaire “raspare (ci- 0 Voir RAPLKT, RAPIÈRE, RAPIN.

dessus rûpe3. -Le verbe, qui sigM7ait agrattep), a


pris, sous l’influence de son déverbal 0 râpe, le RAPETASSER v. tr., attesté depuis 1532 (Ra-
sens de aréduire en poudre ou en pulpe au moyen belais, repetwserl, est originaire du domaine
d’une râpea ( 15681, et techniquement atravailler la franco-provençal (en particulier de la région de
surface d’un corps à la râpes 11596). Il est employé Lyon) où il Sign%e @réparer grossièrement». Il vient
au figuré à propos d’un mauvais vin âpre ( 16061. de l’élément ru-, de r(e)- et de a- tiré du latin ad-
Sous l’tiuence du participe passé adjectlvé marquant le mouvement et de l’ancien occitan pe-
@ r&pé ((élimé jusqu’à la cordem (17611, il a pris le tassur <rapiécer» ou de l’ancien banco-provençal
sens d’auser Iun vêtement) jusqu’à la corde, petusser de même sens. Ces verbes viennent de
(av. 18341, surtout à la voix passive. l’ancien occitan et de l’ancien provençal petas
La dérivation de ritper est riche. +Le déverbal cmorceau (de cuir, d’étoffe) pour réparersB. Petas est
0 RÂPE n. f., distinct de @ r@e, d’abord écrit raspe issu du latin impérial pittacium «morceau de cuir
(12691, désigne une grosse lime d’acier à entailles ou de parchemin, emplâtrem qui, à basse époque,
profondes ou à grosses dents pour gratter kâper1, avait pris le sens de <<pièce sur un vêtement, une
user une matière. Par analogie, il désigne couram- chaussureb; disparu en f?an@s central, petas est
ment un ustensile de ménage servant à réduire encore vivant en français régional d’occitanie (no-
une substance en poudre ou en très petits mor- tamment en Auvergne). Celui-ci est emprunté au
ceaux t1559). Par extension du sens technique, il est grec hellénistique et tardif pitiakzion cfeuille de ta-
employé en médecine dans bruit de râpe ( 1869) ca- blette à écrire, billetp d’où, par métonymie, <liste
ractérisant un sotie observé dans certaines mala- des membres, association>, et, par un autre déve-
dies de cœur. 0 Le Dictiunnaire universel de Pierre loppement, cempl&tre>>. Ce mot est d’origine obs-
Larousse enregistre en 1875 deux autres spécialisa- cure : il faut renoncer à un rapport avec pitia «poix,
tions techniques : des noms d’outils employés dans résinem et, peut-être, rapprocher le mot, en vertu
les distilleries et cidreries ainsi que dans la fabrica- de certains des sens de piti~ium en latin, de pisun-
tion des aiguilles. +a Rûpe a produit RÂ- gos Ncordonnierm, qui est lui-même un emprunt
PEUX, EUSE adj ., d’abord raspeux ( 15771,qui pour- d’origine inconnue. L’espagnol pedazo, <pièce,
rait bien être le même que raspos Iv. Ilï’51, ce qui morceau, avec un d mal expliqué se retrouvant
tendrait à avancer la date de 0 rûpe &nen et, dans une autre forme de l’ancien provençal pedas,
donc, de rkper. Le mot quaMe ce qui est rude au remonte également au latin.
toucher et se dit, par extension, de ce qui est âpre
+ Le verbe, d’usage familier, sime aracommoder
au gosier (av. 18801, d’un son qui évoque celui d’une
grossièrement (des vêtements) avec des pièces=. Il
râpe bottant sur une matière dure 118691. * @ Rûpe
est employé au sens figuré et familier de (corriger,
a également donné RÂPURE n. f. (16461, mot tech-
remanier (une oeuvre) en y ajoutant des morceaux
nique pour ce que l’on enlève en râpant (le moyen
pris de tous côtésn (av. 16151, employé aussi absolu-
fi-ançais a eu raspure mile de raisinm dérivé au
ment (1775, Voltairel.
XIII@s. de @ r&pe). ~RÂPEUR,EUSE n. (1611) dé-
signe la personne qui râpe, spécialement l’ouvrier 6on dérivé RAPETASSE~R. EUSE n. se ren-
chargé de râper le tabac (1765). + RÂPEMENT contre également chez Rabelais (av. 1553) avec le
n. m. (16111 fournit un nom d’action d’usage plus lit- sens figuré de cpersonne composant des ouvrages
téraire que RÂPAGE n. m. (1775, après un rûpage décousus faits d’emprunts mal assimiléw Par le
NgrapillageB, 1616, qui vient de 0 rûpel. + RÂPERIE hasard des attestations, le sens propre, *personne
n. f. (1872) est un mot technique pour l’atelier dans qui fait métier de réparer sommairement toutes
lequel on râpe les betteraves et le bois destiné à fa- sortes d’objetsm, est attesté plus tard (16591.
briquer le papier (1962, dans le Grand Robert). On -L'autre dérivé, RAPETASSAGE n. m. (16091, se
le rencontre une première fois en 1682 à propos dit de l’action de rapetasser (cf. raccommodage), et,
d’une maison de détention dans laquelle les déte- au figuré, des corrections successives qui déna-
nus doivent râper les bois durs et un établissement turent un ouvrage littérake (1751).
dans lequel les pauvres doivent se livrer au même
labeur. 4nfm, 0 RÂPÉ, ÉE, le participe passé de RAPETISSER + PETIT
rûper, courant pour qutier une matière débitée à
la râpe 0?omage rbpél et au figuré une étoffe, un RAPHIA n. m. est emprunté 11781, écrit rufia) à
vêtement très usé (17611, a été substantivé pour dé- un mot malgache noté raphia ( 17731, puis rafk,
signer le tabac à priser 11759, puis reformé 11920) plus tard rufia 11885) et au xxe s., plus exactement
pour désigner le komage râpé. Il est adjectivé dans raofia. Le mot a été transcrit rufier en anglais, dès
l’usage familier avec un sens figuré de wâtéB 1729. Ce mot désigne un palmier; dans sa trans-
(v. 1972) qu’il doit probablement à un jeu de mots cription et en français, le ph- est pseudo-savant, et
(paronymiel avec raté. L’ancien sens de rûper rufia conviendrait mieux.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3089 RAPIN

+Le mot désigne un genre de palmier dont la va- qutier un ciment à prise rapide ( 19261, un acier
riété malgache fournit des fibres servant à faire des très dur pour fabriquer des outils de coupe à
cordages, des liens, des tissus d’ameublement. Par grande vitesse (acier rapide, d’abord ackr ù coupe
métonymie, il désigne la fibre textile extraite des rapide, 19231. + Un rapide n. m., substantivation
feuilles de cet arbre (1832) et, par une métonymie (17361, désigne la partie d’un cours d’eau où le cou-
secondaire, une broderie rustique exécutée avec rant est agité et tourbillonnant du fait d’une rup-
des mèches de rtia glycérinées E19641. ture de pente. En Europe, ce sens évoque souvent
les cours d’eau tumultueux de régions exotiques;
RAPIAT, ATE adj., attesté tardivement (1836, au Québec, la chose étant courante, le mot est plus
Vidocq), est d’origine discutée. 11est généralement familier. + Depuis 1870, rapide n. m. sert également
considéré comme un mot dialeckal qui, comme ra- à désigner un train allant plus vite que l’express;
piumus de même sens, est usité dans diverses ré- cet usage, concurrencé par d’autres désignations, a
gions de France depuis la Picardie jusqu’à Lyon. Ce vieilli.
mot est tiré de la locution latine de l’argot scolaire
b De rapide est dérivé RAPIDEMENT adv. ( 16111,
faire rapiamus Nchiper=, où rapiamus est la pre-
qui a succédé à l’ancien français rudement, dérivé
mière personne du pluriel du présent du subjonctif
du doublet populaire rao!e (ci-dessus). Il n’a pas
Ià valeur d’impératif) du latin classique rupere eem-
conservé le sens classique figuré de ~cruellement~
porter avec soi» et spécialement =Voler, piller>>
procédant de l’idée d’un emportement tumultueux
(+ ravir). Cependant, P. Guiraud, contestant le lien
des passions + Au XX~s., a été créé l’adverbe fami-
sémantique avol»-aavaricen que suppose cette hy-
lier RAPIDOS avec le suf6xe popukire -os (1928) et
pothèse, propose de voir en rapiat un dérivé de
l’adverbe plaisant RAPIDO-PRESTO sur le mo-
rûper* aracler, gratter» avec le développement
dèle des adverbes italiens employés en musique
namasser de petites raclures~ que l’on a en &an-
pour indiquer un tempo (-+ presto).
çais québécois dans les mots apparentés rapiller,
RAPIDITÉ n. f., emprunté ( 15731au dérivé latin ra-
rupailler «amasser de petites choses», rapailleur
piditt~~, -afis «vitesse d’un courantn, wiolenceB, a
k+ 0 rkpe).
éliminé les formes populaires radece, radesse
+ Rapiat caractérise familièrement une personne cv. 1190) attestées jusqu’au XVI” s., ruckur (1170, ra-
mesquinement avare, qui recherche les petits pro- dor) et rudement wiolencem 11474-15061, dérivées de
fits. Le mot a été substantivé et employé comme so- l’ancien et moyen tiançais rade (voir ci-dessus ra-
briquet pour désigner un Auvergnat, un Savoyard pide). *Le mot exprime le caractère d’un être,
résidant à Paris et exerçant un petit métier comme d’une chose rapide, véloce ; au XVII~s., il a pris les
celui de brocanteur. sens abstraits de *caractère de ce qui est fait en peu
~Deux dérivés, RAPIATERV.~~~. et RAPIATERIE de temps, 116801, ccaractère de ce qui dure peu»
n. f., attestés chez J. Dutourd (19671, semblent (v. 16601, et <<qualité d’une œuwe, d’un récit rapidem,
d’usage familier et surtout oral. ceux-ci correspondant aux extensions de sens de
l’adjectif. ll n’a pas gardé la valeur classique d’Mn-
RAPIDE adj. et n. est emprunté en moyen fran- pétuosité des passions,. Son emploi à propos de la
çais (av. 1502) au latin rapidus ((qui entraîne, qui promptitude des qualités intellectuelles est attesté
emporte- d’où «dévora&, cknpétueux, promptn, depuis le début du xnr” s. (1810, MT’” de Staël).
de rapere <emporter violemment9 k+ ravir). L’em- @ voir FMDE, RADINER, RAPIAT, RAPIN, RAPINE, RAPT, RA-
prunt a supplanté définitivement au xwe s. la forme
VINE, RAVIR.
populaire rade (v. 11753, issue du latin par évolution
phonétique, avec la variante robde I$n xres.) en ju- RAPIÉCER - PIÈCE
déo-français.
+ Rapide qutie un être, une chose se déplaçant à RAPIÈRE n. f. est tiré 11485) de espée rapière
une vitesse supérieure à la moyenne de sa catégo- (14741 dans lequel rapiére est un adjectif dérivé de
rie. Les extensions remontent pour la plupart au @ rûpe* par comparaison entre la forme d’une
XVII’ s. : l’adjectif qualitie un cours d’eau dont le dé- râpe et la poignée trouée de l’épée.
bit est accéléré par la déclivité de son lit (1640), d’où + Nom de l’ancienne épée longue et afWe avec la-
ce qui est fortement incliné et entraîne vers le bas quelle on fkappait d’estoc, rapière a pris par ex-
hme s.1;il se dit d’un mouvement exécuté à vive al- tension le sens de amauvaise épée, avant de servir
lure en un temps bref (16901. +Avec une notion, de dénomination plaisante pour l’épée en général,
non de mouvement mais de brièveté, il qutie ce tout en évoquant le contexte des aventures de
qui est mené à son terme en un temps relativement mousquetaires.
court (16701, ce dont le déroulement paraît si bref
que la ~III semble proche du début ( 1687). Il caracté- RAPIN n. m. est un mot argotique (182 1, Esnault)
rise spécialement un style ou un récit exprime sous d’origine incertaine. Une attestation antérieure, au
une forme concise ( 1669) et se dit d’une personne sens d’«auteur de rapines> ( 16191, postulerait son
qui peut concevoir, décider et exécuter une chose rattachement à rupine*, appuyé par le sens de “pe-
en peu de temps 11679). *Par extension, sur un tit maraudeur, répertorié par Esnault ; mais il peut
plan intellectuel, il se dit de l’esprit qui saisit, s’agir d’un autre mot. P. Guiraud, s’intéressant au
conçoit et assimile vite (1781). +Au xxe s., par méto- développement du sens moderne, en fait un dérivé
nymie, il quaNe en sports des installations per- de kper* agratter, réduire en poudre avec une
mettant des performances rapides en course lune râpe)), l’activité de l’apprenti-peintre consistant à
piste raptde). Il s’est spécialisé en technique pour grâperu les couleurs, les résidus de palette. Selon
RAPINE 3090 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lui, le mot récupérerait aussi les connotations de langue parlée dans la pkinsule Ibérique, ruto dns-
rûpé «porteur de vêtements élîmés~, de rupin wo- tant)) par un développement comparable à celui de
lew> (lui-même lié à rapine1 et de l’occitan ras- momentum I+ moment).
pulha *balayer», ce qui est aussi une des fonctions 4 Rapt désigne l’action d’enlever une personne par
du garçon d’atelier. Mais cette hypothèse ne tient séduction ou violence. Il a été employé en moyen
pas assez compte de la chronologie de ces diffé- français avec le sens de 401~ Iv. 12831 qui corres-
rents mots. pond à celui de l’anglais rupe, lui-même du verbe
4 Le mot a désigné, dans l’argot du métier, l’ap- to rupe représentmt le latin rupere. * En physique,
prenti qui était chargé des besognes subalternes il est recommandé officiellement (19731 en lieu et
dans l’atelier d’un peintre ( 1824). 0 Par extension, place de l’anglicisme pi&-up pour désigner une
il s’est dit par mépris d’un peintre sans talent et réaction nucléaire.
d’allure bohème ( 18321, puis d’un type d’artiste bo- b Le dérivé RAPTER v. tr., absent des diction-
hème, dans le contexte parisien. naires, est d’usage familier, au propre (se faire rup-
F On rencontre RAPINADE n. f. chez Baudelaire ter1 et au figuré.
EV.1865) pour désigner p6jorativement une pein- À c8té de rapt, RAPTUS n. m. est un emprunt mé-
ture médiocre et prétentieuse; le mot a disparu. dical (1788) au latin raptus (ci-dessus) pour désigner
0 voir (hypothétiquement) RAPINE. le transport des humeurs, accompli avec une cer-
taine violence, de nos jours dans ruptw hémorru-
RAPINE n. f., d’abord ruppine Iv. 1160) puis ra- aque (1855). Il s’est dit aussi d’un mouvement vio-
pine EV.11901, est emprunté au latin rupina, surtout lent de l’âme, extase, ravissement (1884) et
employé au pluriel au sens de <vol, pillagen, moins s’emploie en psychiatrie avec une spécialisation
souvent au singulier pour aaction d’emporter,, dé- clinique : «impulsion pouvant avoir des consé-
rivé de rupere cemporterm, d’oti apillern (--+ravir). quences tragiquesm If9 151.
4 Rupine désigne l’action de s’approprier indûment + voir RAVIR.

une chose en usant de violence physique et, par


métonymie, le produit du vol, le butin Iv. 12781. II RAQUER v. tr., mot argotique pour “payep
s’est spécialisé à propos du détournement de biens (1893, Esnault), est très probablement issu par mé-
publics ou le vol de biens privés effectué par un ad- taphore de raquer acracherm qui vit dans les parlers
ministrateur, un fonctionnaire (v. 12781, et a pris le du Nord, lui-même anciennement attesté sous une
sens métonymique de agains illicitement accumu- forme rulzier Cxrr~~ s.) correspondant à l’ancien km-
lés de la sorten (v. 1460). 0 D’autres sens du mot en ça& ruchier Iv. 11901. Le mot vient d’un radical ono-
ancien tiançais (*désir de voler, rapacit& et csorte matopéique rukh- évoquant un raclement bref,
de redevance4 ne sont déjà plus attestés à la Re- également à la base du provençal ru& et du lyon-
naissance. oLe mot est encore compris, mais nais ruco womir~, rd+ adébourser, 03hône) et ru-
d’usage littéraire ou employé par allusion au passé. car apayers (chez les maçons de la Tarentaise).
wLe dérivé RAPINER v. (v.1250) est devenu ar- + Le mot est devenu simplement familier; son évo-
chaïque, tant au sens transitif de ({prendre par la lution sémantique est conforme à une mktaphore
violence (ce qui appartient à autrui)fi qu’avec la va- que réalise aussi cracher, mais il est complètement
leur intransitive de ase livrer à la rapine, à la démotivé.
concussion)) (v. 1460). +Son dérivé, RAPINEUR,
EUSE n. (ti XILI~s.1,relayé par rapin& (1832, Hugo), RAQUETTE n. f., motication b xv” s.l de ras-
est quasiment inusité. *RAPINERIE n. f. «action quette (XIV” s.1 et ruchetie ( 1314) hachette de lu
de rapineru et, particuliérement, aacte de rapinep main], ruquecte (v. 14501, est emprunté au latin mé-
(av. 1720) est archaïque. diéval rusceta Imunusl *paume (de la main)>, em-
0 voir RADE, RADINER. RAPACE, RAPLXT, RAPIDE, RAPT, ployé pour la première fois par Constantin l’A&i-
RAvINE. a4vm i peut-être wm. tain au XI~s. à propos du tarse (cf. nuquel. Le mot
est emprunté à l’arabe dialectal ru@&, en classique
RAPLAPLA -3 PLAT Feut apaume de la main>. L’espagnol et le portu-
gais ruqwtu, l’italien ruchetiu ont la même origine.
RAPPELER + APPELER
+ Le mot a été repris pour désigner la paume de la
RAPPLIQUER --+ APPLIQUER
main; en chiromancie, on appelle encore rascette
ou russette l’endroit où plusieurs lignes transver-
RAPPORTER + APPORTER sales sont tracées à la jointure intérieure de la
main et du bras. Il a aussi désigné spécialement le
RAPPROCHER -3 APPROCHER carpe ou le tarse 113141, sens qui fait supposer à
M. Devic une influence d’un autre mot arabe, JUS~,
RAPT n. m. est la réfection savante (XIVes.) de nom anatomique de ces os ; ce mot arabe rend
l’ancien tiançais rup (v. 11551, également attesté mieux compte des formes ruscette, rmquetie.
sous la forme populaire rut (12371, et qui pourrait L’évolution vers le sens actuel (v. 1450) se com-
aussi être un emprunt kncisé. Le mot représente prend en raison de la vogue du jeu de paume. Ce
le latin ruptus «enlèvement» et «vol, rapine=, tech- sens s’est implanté lorsqu’on est passé (xv” s.1 au
niquement aenlèvement d’éclats, de copeaux par le jeu de la paume ou main nue au gant de cuir et au
rabotB. Il est dérivé de rupere cenlevern I-, ravir). battoir de bois couvert de parchemin, puis (entre
Ruptus survit sous une forme transmise par la 1500 et 1525) à l’instrument que nous Continuons à
DE LA LANGUE FRANÇAISE 309 1 RAS
nommer ruquetie, Paume atteste le même type produit peu souvent ( 1504-15091, et qual%e fami-
d’évolution, commenté au XV~~s. par Pasquier. L’ob- lièrement une personne que l’on voit rarement
jet appelé raquette a beaucoup évolué, notamment (16941, notamment dans se faire rare, devenir rare
avec l’apparition du tennis* et du ping-pong*, puis 11694). C’est également en langue classique que l’on
du badminton. L’emploi le plus usuel au xx” s. rencontre les premiers emplois du mot substantivé
concerne la raquette de tennis. Par métonymie, ra- Cie rare1 avec une valeur de neutre Cl691 1. - Son
quette est quelquefois employé avec un adjectif emploi antéposé à un nom au pluriel avec le sens
pour désigner le joueur (de tennis) lui-même de <(très peu nombreuxn semble assez récent (18591
(1887) : une fine raquette. + Les extensions pro- ide rares pussantsl. 0 Jour, lumière rare “qui donne
cèdent essentiellement d’une analogie de forme : une faible clarté» n’est attesté qu’au ti s. 11962
raquette désigne une grande semelle à claire-voie dans les dictionnakes).
servant à marcher dans la neige molle (KG~), ac- F On en a tiré l’adverbe usuel RAREMENT, d’abord
ception surtout usuelle en f&nCais du Canada. relment Iv. 11701 et rerement Iv. 11901 avant rare-
==En botanique il sert de nom usuel au nopal ou ment ( 1555) Mpeu souventm. + RARISSIME adj .,
oponce lopuntiul Il7041, par analogie de forme. Ra- d’abord attesté chez Maurice Scève (15441, est em-
quette désigne aussi un type de piège à détente prunté à l’italien rarissime aextrêmement rare», su-
pour les oiseaux 118341, une variété de scie à ruban perlatif de raro correspondant de rare, issu comme
(1845) et, en sports, sert de surnom à la surface en lui du latin rurus. C’est l’une des plus usuelles des
forme de trapèze sous le panier d’un terrain de formations en -issime venues de l’italien.
basket ( 19481. RAREFIER v. tr., emprunt (1370, Oresme) au
F La dérivation est peu importante: RAQUE- composé latin rurefucere <<réduire, desserrer, dé-
TIER, IÈRE n. ( 1571) figure dans les Statuts que faire>>, composé de rurus et de Tacere (-, faire), ap-
Charles IX octroya à la compagnie des maîtres parait en sciences au sens de (rendre moins dense,
paumiers (cf. paume) existant depuis 1457 pour ce- soit par augmentation de volume, soit par absorp-
lui qui fabrique des raquettes; RAQUET- tion}. -Le verbe n’est attesté avec le sens courant
TEUR, EUSE n. Cl7051 est usité au Canada pour ce- de urendre moins fréquents que depuis le XDle s.
lui qui se déplace avec des raquettes aux pieds (1836). La forme pronominale se ruréher a suivi le
dans la neige. On trouve aussi RAQUETTISTE n. même développement, d’abord employee en phy-
(1906). sique pour *devenir moins dense)) (1637, Descartes)
puis 11832) au sens de <<devenir moins nombreux,
RARE adj., réfection ( 1377, Oresme) de rere Km moins abondant)}. +Le verbe a produit RARE-
me s.1 d’après le latin, représente par emprunt FIABLE adj., employe en physique au sens de ~SUS-
IBloch et Wartburg) l’adjectif rarus qui qualifie ce ceptible de se raréfiern (1641) et RARÉFIÉ, ÉE adj.,
qui présente des interstices ou des intervalles, ce assez usuel au concret (air raréfiés. -RARÉFAC-
qui est clairsemé, espacé, poreux, et signifie par TION n. f., emprunté ( 1377) au latin médiéval rare-
suite Gpars)), Gsol& <<peu f?équent)), et Kremar- factio (av. 12331, sert de substantif à rur&%r. Il a
quable, exceptionnel>>. Le mot est hypothétique- connu, comme ce dernier, un éhrgissement
ment rapproché de ruti <<radeau>>, avec l’idée d’usage, d’abord en physique pour la diminution de
d’une construction à claire-voie, et appartiendrait la densité d’un corps. Supplanté en ce sens par di-
à une racine OeT&, Ore- +éparep> que l’on pense re- latation, il a été repris au XIX~ s. dans d’autres do-
trouver dans le lituanien irù, iti ase dissoudre, tom- maines, médecine 118551, commerce (18721, et s’est
ber en ruinesa, ur&ti =Séparer>>, le vieux slave otiti répandu au sens de 4iminution en quantités.
&ssoudre, détruirem et ?edu& =raren. Le rapport RARETÉ n. f., modification (1611) de rarité (1314,
reste cependant vague. encore au XVI~ s.), est emprunté au dérivé latin rari-
+Rare qualtie ce qui se rencontre, se perqoit peu tas, -utis «porosité>> et <<faible nombre de*. *Le mot
souvent, dont il existe peu d’exemplaires et ce qui a été repris, de même que raréfier, comme terme
est peu commun, peu habituel et d’autant plus de physique pour adiminution de densité>, syno-
prisé (v. 12201, spécialement un élément de la nyme de rurkfuction, puis avec le sens de <<faible
langue peu usité et une espèce peu répandue, par densité» (v. 15601, encore chez Laplace et sorti
exemple dans oiseau rare E1636)dès 1665 avec une d’usage. 0 Il s’est répandu pour désigner le carac-
valeur figurée, apersonne remarquableD. 0 À partir tère de ce qui n’existe qu’en petit nombre (fin
du milieu du XVI” s., il est employé avec la valeur xve s.), est peu fréquent (av. 16481, spécialement
qualitative latine d’«exceptionnel, extraordinaire» dans l’ancienne locution plaisante vous dwewz
en parlant d’une chose, d’un être vivant (15531, d’une grande rareté! ( 1869) adressée à qqn “qui se
souvent associé à l’idée de chose précieuse, digne fait raren. Dans un style plus littéraire, il réalise la
d’être considérée et conservée Gvres rares, etc.). valeur qualitative de <<ce qui est exceptionnel)>
Depuis le XVII~ s., le mot comporte aussi une nuance I~I” s-1. Par métonymie, il désigne une chose rare,
péjorative d’étrangeté (av. 16791, s’employant quel- précieuse (v. 1550, raritél, quantitativement ou qua-
quefois de nos jours pour Nétonnant, improbable» lit ativement .
(1916). + Par latinisme, il a repris le sens primitif de
rat-us -peu serré, peu dense» ( 15551, aujourd’hui +k RAS, RASE adj., réfection ancienne (1191)
disparu mais dont procède l’acception (clairsemé, de res et rek (v. 11751, forme qui perdure dans l’an-
peu densen en parlant de la barbe, des cheveux, cien nom rez, conservé dans rez-de-chaussée*, est
des poils, de l’herbe (1636). + L’accent étant mis sur issu du latin rusus, participe passé passif de rudere
l’intervalle temporel, il indique qu’une chose se araboter, rasep (voir ci-dessous raser).
RAS 3092 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Cet adjectif qualifie une mesure remplie jusqu’au évoque aujourd’hui le mouvement du liquide qu’on
bord t 119 1) et spécialement une mesure dont le verse ou qu’on avale (cf. coup dans boire un coup).
contenu, n’excédant pas le bord, est exact, par op- RASER v. tr. est issu Iv. 1175) d’un latin Popula;ire
position à comble ( 1690). La même idée est réalisée ‘rasare atondre, faire la barbe>>, refait sur le supin
en marine, où l’on appelle navire ras, rus d’eau rusum ou le participe passé rasus kf. ci-dessus ras)
(16801 un navire très chargé dont le plat-bord est du latin classique mdere {{gratter, enlever en ra-
presque au niveau de l’eau. 9 Par extension d’ob- ch& d’où «toucher en passant, effleurern, &Cor-
jet, ras qutie une surface unie et dégagée : il cher» et utondre, faire la barben, au figuré <rafler
entre dans la locution table rae I 13 14, teble resel, Il’argentl,. L’étymologie du mot est obscure : il n’y a
rare avant le XVII~ s. qui la diffuse en philosophie, aucun rapprochement net, le vocalisme étant dif-
calquée du latin tabula rasa Ntablette de cire vierge férent de celui du latin rodere c<rognern (+ roder) et
sans inscriptionm ; la métaphore est prise au grec et de celui du sanskrit rhdati «il gratte, il bêche= dont
employee par Aristote pour représenter l’âme à sa la parenté sémantique est nette. L’attestation de
naissance; table rase entre à son tour dans la lo- mser au début du XII~ s. avec le sens de cremplir à
cution faire table rase de avec une valleur dyna- ras bord» correspond à un autre verbe, dérivé de
mique (18351.0 Avec le même sens, L’adjectif entre ras Iv. 11401, +Raser Sign%e dès l’origine <couper
dans l’expression campagne rase (1559) motiée Ile poil) au niveau de la peau, et, avec extension
en rme campagne ( 1636) “pays plat et découve+, des compléments, cdépouiller (une surface) des
souvent alieu désert, loin de toute habitation- poils qui y poussent», acouper à (qqn} sa barbe très
&VII~ s.), employée spécialement dans la langue mi- ras”, raser gqn, raser son crûne correspondant à
litaire par opposition à place forte (se battre en rase acouper les cheveux à la tondeuse ou au racsoiru
campagne). - Le sens de <coupé, tondu tout contre (av. 1662). Par analogie, raser est employé techni-
la peaw (v. 1278) a vieilli lorsque ras quaue La quement au sens de atondre (une étoffe1 & ras»
peau, la tête, mais reste usuel dans cheveux, poil 11665). + Une extension figurée Sign%ant wtier,
ras ( 15491; par extension, l’adjectif quaMIe aussi le dépouillerti Iv. 1530) est aujourd’hui sortie d’usage,
poil d’un tissu (1532, Rabelais) et celui d’un animal bien qu’on en relève encore des exemples chez
(1690). +Dès le xtle s., ras, substantivé, s’est montré Balzac et Daudet ; cet emploi correspond à celui de
productif en locutions adverbiales et préposition- tondre. Au XIX’ s. divers sens figurés font allusion
nelles : au res de Iv. 11751, forme primitive pour au aux effets métaphoriques de l’opération, par
ras de Km XVII’ s.) Id rezl, concurrencé ensuite par exemple Mrailler)) ( 18621 et ablaguerm ( 18811, sortis
a ras de IXVHI~ s.3 atrès près dem, notamment dans ti d’usage. Le sens parallèle à celui de barber*, qui
rus de bord (17981, contracté en à ras bord (18931, Ct correspond à aennuyep (ISSll, s’est implanté
ras de l’eau ( 1835) vieilli et à ras de terre (av. 1755; d’abord chez les gens du peuple, les gens de lettres
après rus terre, 15361 répandu avec un sens figuré et les artistes ; il peut faire allusion à la longueur de
voisin de terre ct terre. De au rus du sol, au figuré l’opération, aux propos insignifiants qui I’ac-
«bas> (dans voler bus), la langue familière a tiré au compagnent. Il existe également à la forme prono-
ras des pâquerettes, des marguetites, éqwvalents minale se raser (19031. * LJne autre valeur ancienne
de en ruse-motte (cf. raser, ci-dessous). Des expres- est adétruire, abattre totalement à ras de terre, Km
sions du type un pull-over ras du cou <<au ras du X~I~s.) d’où amettre à ras, de niveau>> (1538) avec spé-
COU~ ont donné lieu à la substantivation un rus du cialisations, en marine dans raser un navire
cou (1969). ofias Lui-même se prête à un emploi aabattre ses mâtsn 116711,puis en travaux publics au
adverbial au sens de atrès près3 t 1606) et entre dans sens de <<suivre le niveau du sol, sans remblais ni
les locutions adverbiales a ras (mil. me s. ; 1962 in tranchées)} ( 1932, Larousse). * Une troisième va-
Robert) et, familièrement, ras le bol 119681, où bol* leur, <passer très près d’une surface en l’effleu-
signifie f(anusn comme l’indique la variante vulgaire ra&, est également attestée dès les premiers tex-
ras le CU& mais est généralement compris au sens tes (v. 11751, bien qu’elle ne semble usuelle qu’à
de atêtem, comme le montrent certaines variantes partir de 1611. Par spécialisation de ce sens, raser
plaisantes sur le motif de la coiffure (cf. par-dessus s’est employé à propos d’un cheval qui ne lève que
la tête), par exemple rw la caquette. Par analogie, très peu les pieds en marchant ( 1678 ; raser le tapis,
on rencontre en complément à rus de d’autres 1690). 0 D’autres spécialisations, pour apolir>> (13551
substantifs, l’idée générale restant celle de rem- et araturerp ( 15231, ont disparu.
plissage excessif, les expressions du type en avoir Les dérivés sont nombreux. +RASANT, ANTE, le
ras le Ual... Sign%ant toutes aen avoir assez, en avoir participe présent, est employé dans l’ancienne lo-
marre>. Iras le bol est substantivé Ile, un ras-le-bol1 cution aller rasant aserrer de près+ Iti XII~s.1 avec
pour Gtat de saturation, de dégoûta. +De l’ancien le sens de Kau ras den. On retrouve cette valeur
emploi substantif de ras, qui désignait autrefois un dans certaines expressions : vol rusant (XVII? s., Buf-
drap à poil ras (v. 15701, proviennent un sens tech- fan), vue rasante (17881, tir rusant 11869) après feu
nique, =Première filière des tireurs d’or pour le dé- rasant I 1762, d’un canon). * D’après l’emploi figuré
grossissage du traita (17231, et le substantif rez”. de raser, l’adjectif a développé, comme barbant, le
F De ras au sens de <<rempli jusqu’au bordn est dé- sens figuré familier d’aennuyeuxu 11875, Larousse).
rivé RASADE n. f. 11670) «quantité de boisson re- +Le dérivé RASANCE n. f., mot technique tardif
présentant un verre rempli jusqu’au bord)}. Le plu- ( 19401dérivé de l’adjectif dans tir rusant, désigne le
riel rasades (1690) apetites étoffes sans poil> n’a pas rapport entre la hauteur de la trajectoire et celle
vécu au-delà de la fin du XVIII~siècle. Le rapport de l’objectif en balistique. + RASEUR. EUSE n., ré-
entre rus et rusade n’étant plus senti, rasade fection suffixale (v. 13801 de ruseres (v. 12901, a dé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RASSASIER
signé une personne qui rase le poil, acception sor- du latin populaire rasotium, attesté à basse époque
tie d’usage (cf. tondeur, barbier, puis coifleur). 0 Il a avec les sens de «burinm, cgrattoirs (XIII~S.I. Lui-
le sens figuré et familier de <(qui ennuie>> ( 18531. même est dérivé de rasum, supin de radere Ngrat-
0 L’acception technique, <ouvrier faisant le rasage ter, raser>> (-+ raser, radoîr). +Le mot désigne un
des étoffes et des cuirs)) (18581, dépend du sens instrument à tranchant très ti servant à raser, à se
technique de raser. *RASEMENT n. m&nxrv”s.) raser. Ce sens est réalisé dans la locution compara-
désigne en maçonnerie l’action d’abattre une tive couper comme un rasoir, d’abord à propos
construction au niveau du sol. En médecine vétéri- d’un vent violent qui entame la peau ( 16901, puis
naire, d’après une spécialisation du verbe relative- d’un instrument tranchant qui coupe parfaitement
ment ancienne (16781, il désigne la disparition de la (17401, et dans les syntagmes pierre 8 rasoir 117171,
cavité dentaire externe des incisives du cheval par cuir ù rasoir (1869). Pendant la Révolution, rasoir
suite de l’usure de la dent (1845). +RASETTE n. f., nastiopzal est l’un des innombrables surnoms de la
d’abord razetie, a été formé 11396) pour un outil guillotine. 4 Jusqu’à la fk~ du XIX~ s., le rasoir était
agricole destiné & couper les mauvaises herbes. constitué par une lame très tranchante, souvent
+Le nom d’action courant est fourni par RASAGE pliante, avec un manche. Au XX~ s. apparaît un îns-
n. m. (1467) qui, après avoir perdu le sens tech- hument différent formé d’un manche et d’un dis-
nique du moyen français, dans piewes ù rasaige, a positif de serrage où l’on place une lame amovible
pris le sens d’ccaction de raser» 11797). 0 Il a servi à Ilame de rusoir), appelé rasoir américain, rasoir
former APRÈS-RASAGE adj. (mil. XX~s.), calque mécanique 119041, rasoir de sureté ( 19071, l’ancien
de l’anglais after shuve, lui-même employé en fkn- rasoir étant nommé rasoir à main Il 904. Rusoir dé-
ÇtiS. signe de plus en plus le nouvel instrument, l’autre
La productivité de ruser est moindre après le xvres. étant désigné par un syntagme ou plaisamment
où l’on note les premiers emplois de son participe par le mot sabre. Ensuite, apparaît un troisième
passé RASÉ, ÉE, substantivé au masculin pour dé- type, nommé rasoir électrique Cv.1945). Rasoir je-
signer un prêtre Km XVI~s.) par allusion à sa ton- table est plus récent. +Peut-être par l’intermé-
sure. Elle se réduit à la formation de composés en diaire de l’ancienne locution figurée ça fait rasoir
ruse- : RASE-PET n. m. (18711, mot familier pour un ( 1790) dite quand on ôte qqch. de manière qu’il n’en
manteau d’homme très court, a vieilli; RASE- reste trace, et surtout sous l’influence de raser*, ra-
MOTTES n. m. a été formé (19171 avec motte” pris soir a développé le sens figuré d’aennuyewr)a
au sens d’&lévation de terrain, à propos d’un vol comme nom (1867, rasoir national), éliminé par ra-
très près du sol et, au figur6, d’une personne très seur, et comme adjectif (18811, qui a vieilli (cf. ra-
petite; RASE-BITUME n. m. (XX” s.), oti bitime vaut sant, barbant).
pour ~01 d’une rue, trottoir», est une formation @ voir ARRASION. RACAILLE, RACLER, RADOIRE, RÂLE, Ri%-

plaisante pour désigner ftièrement un individu LER, RASCASSE, RASTAQUOUÈRE, RÂTEAU, RATBOISER,

très petit. FWHNE, RA~S~ER, RATURE, REZ et, hypothétiquement, RA-


Deux verbes prékés restés vivants ont été formés GOT.
en ancien et en moyen tiançais. +ARASER v.
(12001, composé de a- et de raser, sime «mettre à RASADE -3 RAS
ras de terre, abattre (un b&timentIn, en maçonne-
rie. Il a développé une spécialisation technique en
RASCASSE n.f. est emprunté (1554) au pro-
vençal rascasse, lui-même de l’ancien provenqal
menuiserie (17321 puis en géologie. Un sens figuré,
rascassu (xv” s-1désignant un poisson. Celui-ci est
Npasser très près de>), et la forme pronominale
dérivé de rascas «teigneux>> ( 1235-12371, hi-même
s’araser ase tapir», sont sortis d’usage. * Le verbe a
de rasca 4eigne)a Idéb. XIII~s.), mot apparenté au la-
produit ARASEMENT n. m. (13671, terme tech-
tin populaire ‘rusicare, du latin classique rasuwz,
nique employé en maçonnerie et en menuiserie
supin de rudere «raboter, raser)) 13 ras). Le poisson
(1762) ainsi qu’ARASE n. f. (17511, lui aussi d’usage
doit son nom Ma teigneuse4 aux nombreuses
technique ou didactique pour une pierre destinée à
taches qu’il porte et qui évoquent la teigne. Le
combler un vide dans un mur et à mettre la partie
même verbe, continué par l’espagnol rascur agrat-
supérieure de niveau. 0 On rencontre également
ter» et le sarde rusigure, a donné en français ‘ras-
ARASAGE n. m. pour servir de nom d’adion à
quer, attesté indirectement par son dérivé ra-
armer. +DÉRASER v. tr. a existé au XVIes. sous la
caille *.
forme desruser comme doublet de raser, avant
d’être repris avec le sens technique actuel : <<abais- 4 Ce mot régional, désignant un poisson hérissé
ser le niveau de, enlever le sommet de)> (18701, pro- d’épines venimeuses, et dont la chair est appré-
duisant DÉRASEMENT n. m. (1870). ciée, est passé en français général comme de nom-
RASIBUS adv. est un mot du latin scolaire, formé breux termes culinaires provençaux. La rascasse fi-
plaisamment @II x19 s.1avec la bale -ibus du datif gure souvent dans la composition de la
et de l’ablatif pluriel de la troisième déclinaison la- bouillabaisse et de la bourride.
6 voir RACAILLE, RACLE, RACLER, I%&ER, RAS.
tine sur le latin rusus. - D’abord employé dans
faire rasibus cdépouillep, il sert d’équivalent fami-
RASE-MOTTES -RAS
lier et intensif à ras, au figuré <<toutjuste, *cile-
ment)>. La locution prépositionnelle rasibus de <<tout RASER + RAS
près dea ti xves.) est sortie d’usage.
RASOIR n. m., réfection stixale h. 1240) de rasuir RASSASIER v. tr. est composé Iv. 11201de re-
(v. 1 lSO>, rasor (v. 11601,puis raseur Iv. 1190), est issu à valeur intensive et de l’ancien verbe assasier
RASSEMBLER 3094 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Iv. 1170) qui représente un latin populaire ou&a- mie pour aportefeuilles*, impliquant l’étalage de sa
tiare aapaiser la faimn, lui-même formé du préke richesse.
ad- marquant le mouvement vers qqch. et du latin + Le mot, quelquefois écrit rçtsiucouère 11880) et
satiare {{apaiser, assouvira, de sati aassez* C-3 insa- abrégé familièrement en 0 RASTA Il8861, désigne
tiable, satiété, satisfait) qui avait donné l’ancien péjorativement un étranger ayant gardé qqch.
français satier, sasiw (v. 980-me s.l. d’exotique et étalant un luxe suspect et de mauvais
4 Rassasier Sign%e aapaiser complètement la faim goût. Par extension, il se dit d’un aventurier de bas
de Iqqn)s en construction transitive et à la forme étage. Il est également employé comme adjectif.
pronominale se rassasier @n XII’ S.I. Dès le XII~ s., il Les deux emplois, qui traduisent la xénophobie de
est employé au sens figuré de asatisfaire les pas- l’époque (cf. métèque), ont vieilli.
sions, les aspirations de (qqn)n Iv. 11801, quelquefois #On en a dérké RASTAQUOUERISME n.m.
avec la valeur négative de -satisfaire jusqu’à dé- (18821, péjoratif pour l’attitude faite de fatuité et
goûtern (XIII~ s.1, en construction transitive et absolu- d’arrogance du rastaquouère.
ment ( 1671, La Fontaine). Il a supplante un autre
dérivé de sac@ ressasier, attesté de la ~III du XII~ +k RAT n, m., mot ancien (v. I 1751, est d’origine @
jusqu’au xwe s. (1660, Oudin). obscure. On admet généralement que cet animal,
w Il a seulement produit RASSASIEMENT n. m., venant d’Asie, n’a pénétré en Europe que dans les
d’abord razaziement &II XII~ s.) avant rassasiement premiers siècles du moyen âge. Le mot est com-
(15381, peu usité au propre comme au figuré, où mun aux kngues germaniques (allemand Butte,
ïl est marqué stylistiquement. +RASSASIANT, anglais rat) et aux langues romanes Malien rattu,
ANTE, le participe présent de rassasier, est espagnol ruto, aujourd’hui ~souris~, ancien proven-
adjectivé (1551) comme le participe passé çal rut). Il est impossible de dire où cette famiLle de
RASSASIÉ, ÉE. mots a pris origine. Rat ne peut de toute fqon pas
représenter, comme on l’a supposé, le latin rapidus
RASSEMBLER +ASSEMBLER (+ rapide). L’explication la plus vraisemblable est
celle d’après laquelle l’élément rati- est né pour
RASSEQIR,RASSIS +ASSEOIR évoquer le bruit que fait en grignotant l’animaJ, re-
douté pour les dégâts qu’il cause. 0 P. Guîraud
RASSÉRÉNER +@SEREIN préfère y voir un dérivé roman de radere ugratter,
raicler» pris au sens de Nronger”, par l’intermé-
RASSURER +ASSURER
diaire de “ruditure, “raditus “qui ronge)> lune partie
@RASTA -+RASTAQUOUÈRE des mots regroupés par Wartburg dans l’article ‘ru-
sitoriu semble remonter à des formes en d : “radi-
0 RASTA n. et adj. est l’abrègement 119791 de tare aussi bien que Orasitare ; + ratisser, rature). Se-
rustufuri ( 19761, du nom du ras Tafarî Makkonen, lon Guiraud, il n’est pas impossible d’imaginer en
couronné empereur d’Éthiopie sous le nom d’Haïlé latin une réduction des deux dentales en une, et la
Sélassié et considéré comme le Messie noir. Ras, forme italienne ratio pourrait être le déverbal de
emprunt à l’arabe r&s <chef, têten, est le titre le “raditure de même qu’en italien taxitare a donné
plus élevé en Éthiopie, après celui de n&us; il a été tastar. Rat a aussi le sens de ~ouris~ dans beau-
emprunté en ce sens sous les formes amxze t 15561, coup de patois, soit au masculin, notamment dans
eras (1614) qui ont disparu, puis ras (1683). la région franco-provençale et le Midi, soit au fémi-
+ Le mot, qui désigne un adepte du retour culturel nin dans l’Est et le Midi (ancien provençal rata).
à Mkique et de la musique reggae, vient de la Ja- + Le mot désigne un petit mammifère rongeur et,
maïque, où il désigne d’abord le membre d’une par extension, d’autres muridés et petits animaux
secte messianique. Les traits retenus en Europe ressemblant au rat, dans rat d’eau ~VI” s.), rut des
sont essentiellement la musique et la coiffure en champs 11668, LaFontaine) amulot}), rat musqué
nombreuses petites nattes. (1725). Dès le moyen français, le mot entre dans des
locutions comparatives, pauvre comme un rat,
RASTAQUOUÈRE n.m,etadj. est l’em- gueux comme UYI rat (16521, sorties d’usage, tout
prunt déformé (1880) d’un mot espagnol d’Amé- comme être comme un rat en paille 11541) cheureux
rique (notamment argentin), urrustucuero ou ras- dans une vie libre et pauvre’}. La langue moderne
tracuero <<personne méprisablen, proprement emploie toujours s’ew2uyer comme un rat mort
atraîne-cuirm ou <ratisse-cuirs, du verbe arrastiar hxe s.), crever colfllfle un rat et être fait comme un
aratisser= (et «traîneD en espagnol de la Péninsule), rat 119181,qui procède de &e pris comme un rat
de rastio crâteaw, lui-même du latin raster de ( 1725). + De nombreuses expressions métapho-
même sens I+ râteau1 et de cuero ccuirn du latin co- riques ont été formées avec rut et un détemninant :
Town qui a donné cuir*. Le mot, employé pour dé- rat de cour Ixwe s.1servait de sobriquet pour «cour-
signer un parvenu, se comprend peut-être par allu- tisan»; rat de cave a servi de surnom ~VII” s.l pour
sion aux culottes ou jambières de cuir signalant en l’employé des contributions indirectes amené à
Argentine l’ancien gaucho ou l’ancien vacher enri- descendre dans les caves, avant de prendre le sens
chi; en outre, beaucoup devaient leur enri- de <(bougie longue et mince dont on se sert pour
chissement spectaculaire au commerce des cuirs descendre à la caven (18031. Puis est apparu rat
et des peaux (((ratisse-cuir- pouvant équivaloir à d’église E1773) abigotn, disparu. Sont toujours en
&nneurn); on peut aussi partir de l’idée de xratis- usage, rat de l’opéra (1725) ajeune élève de danse
ser les potiefeuillesm, cuero CuiP> pris par métony- de l’opéram, rat d’h8tel ( 1907) @voleur spécialisé
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3095 RATAFIA
dans la visite des chambres d’hôtein, ce dernier ment entre 1871 et 1914. + Les dérivés RATICHON-
prolongeant un emploi figur6 de rat avoleur» 1182 11, NIÈRE 118371, le titre irrévérencieux Votre rati-
enfm rat de bibliothèque &udit besogneux* (19321. chonnuck (18591, sont assez &%Ciels; mais RATI-
+Avec un adjectifpossessifou quaticatif Imon @e- CHONNERIEn. f. (1860)etRATICHONNER V.intr.
titi rut), le mot peut servir d’appellatif affectueux @fréquenter les prêtre9 ont été usités.
(1808). + Deux extensions de sens sont apparues au Dérivé démotivé de rut, RATER v. tr. est apparu
XVII~s. dans l’usage technique : rat, da;ns la locution après un verbe rateler (1611) attesté aussi sous la
prendre rut 11651) à propos d’une arme enrayée, forme rater ( 1743-1752) <faire la chasse aux ratsn,
s’explique, selon Guiraud, d’après l’ancien français sorti d’usage. Le développement sémantique de ra-
raster, rater (+ ratisser) wacler, ronger)}, le rouet du ter se comprend d’après l’ancienne locution
mousquet puis le chien du fusil grattant sans réus- prendre rut, prendre un rut (ci-dessus) ane pas par-
sir à tirer d’étincelle. On a dit ensuite prendre un tir*, pour une arme à feu, puis ane pas réussir* en
rut (16681, par extension aéchouern, sorti d’usage au parlant d’une personne. Dès ses premiers emplois
XIX~s. et remplacé par le verbe rater Ici-dessous). (17181, ruter correspond à <<manquer la proie que
+Depuis 1680, rut désigne aussi en technique une l’on visait parce que le coup n’est pas parti au mo-
mière à petits trous servant à étirer les fils d’or ou ment où l’on tiraitn et à «ne pas réussirm avec un
d’argent. complément tel que coup, examen, vie; ensuite, il
exprime aussi le fait de ne pas réussir à rencontrer
b Le dérivé RATIER, IÈRE adj, s’est employé
une personne (1873); la négative ne pus ruter qqn
d’abord avec le sens figuré de acapricieux)) (XII~s.1, 119041, ne pas en rater une (1929) équivaut familière-
auquel correspond un emploi de rut, wzaprice», très ment à tifaire son compte à qqn>, et =saisir toutes les
postérieur (XVIIJ~s.1.oRatier a eu divers sens figu- occasions de commettre un impair>. Rater est
rés comme ccavaren (v. 1200) cwoleur, pillard, krve- l’équivalent ftilier de manquer. - Son participe
xve s.), et ncachottiern (15763. L’adjectif n’a gardé que passé RATÉ, ÉE, resté usuel comme adjectti, a été
le sens neutre descriptif de <relatif au rat>) 114851, substantivé (1836) pour désigner l’accident par le-
avec lequel il a évincé RATEUX, EUSE adj. ( 1678). quel la charge d’une arme à feu ne s’enflamme pas
+Le féminin @RATE n. f. @II XII~s.), quelquefois sous le choc. L’adjectif équivaut ensuite à manqué,
écrit rutte, désigne la femelle du rat; cette accep- dans de nombreux contextes (vie rutée, c’est
tion est rare, à cause de l’homonymie avec 0 ruCe, raté, etc.). Le paronyme rbpé, dans c’est rûpé, le
sauf lorsqu’il s’agit d’élevages de laboratoire. Il se concurrence. + Par extension, un raté désigne l’ac-
rencontre comme terme d’tiection à l’adresse cident survenant dans un moteur à explosion
d’une petite fille (1752- 1771, puis 18691, cf. ci-dessus quand l’allumage ne se produit pas correctement
rut, et comme terme injurieux pour une vieille (1890) d’où, en général, un arrêt de fonctionnement
femme revêche cherchant à s’emparer de tout ce (1967). Un, une rutélel se dit également d’une per-
qui est à sa convenance Iv. 18401, emploi disparu sonne ayant raté sa vie 11867). m RATAGE n. m.
-RATON n. m. Cv.12781, nom du petit du rat, sert 11864) a le sens général d’&checs, quelquefois *fait
aussi à former le nom d’un autre mammifère de ne pas atteindre son object&.
(17531, spécialement dans raton crubier (1776, Buf- Quelques dérivés de rut, au sens propre, appa-
fon1 et raton laveur 11870). 0 Parallèlement à rut et raissent encore aux x1x” et XX~ siècles. + RATEL
0 ru& il est employé familièrement comme terme n. m. (1846) désigne une espèce de mammifère car-
d’affection envers un petit enfant (17321, + Au XX~s., nivore d’Afrique f?iand de miel. +DÉRATISER
il a développé le sens injurieux de &Nord-&cainB v. tr. (lgo?‘), dont est tiré DÉRATISATION n. f.
(1937) pour des raisons obscures. 0 Ce sens raciste (19061, concerne la lutte contre les rats. + RATI-
a fourni RATONNER v. (v. 1955) et RATONNADE CIDE n. m. est formé récemment Cv.1965) d’après
n. f. Iv. 19551 à propos d’une expédition punitive, de d’autres composés hybrides en -cide (cf. pesticidel.
brutalités envers les Nord-Afkicains et, par exten- @ voir MORT-AUX-RATS h-t. 0 MORT).
sion, contre un groupe social ou ethnique. +L’em- RATAFIA ou RATAFIAT n.m. Selon une
ploi du féminin RATONNE n. f. (1721), <(femelle du tradition étymologique, le mot serait un emprunt
ratonn, est exceptionnel. *RATIÈRE n. f. h. 12501, en milieu créole (v. 1675) à la forme latine ratu fiut
“piège à ratsn, a remplacé ratoire, en usage du XIII~ {sous-entendu consenti), littéralement «(que notre
au xwe s, ; il a développé ie sens figuré de arepèrem, accord) soit ratifié*. Cette expression est formée de
puis de cpiègep (av. 16621, surtout dans la locution rata, féminin de rutus ~ratilîé~, participe passé ad-
être pis comme dans me rati&e (17151, fournis- jectivé de reri *penser, estimelb C+ ratserI, de fiut,
sant aussi un synonyme argotique de prison 11899). troisième personne du singulier du présent du sub-
Souricière, demeuré plus usuel, a une valeur figu- jonctif de firi Ndevenirn (également dans fiai /WC),
rée comparable. +RATIER n. m. (13621, concur- verbe d’aspeck duratif qui sert de passif à facere
rencé par le féminin ratière, a eu le sens de ((piège à (+ faire), et de consenti aaccordm (+ convention).
rats>> et, par métaphore, de <<cachot%(KW, tous L’alcool aurait dû son nom à la formule qui ac-
deux disparus. Le mot a été repris pour désigner compagnait le toast porté à l’occasion d’un marché
une espèce de chien chassant les rats (1869), en ap- conclu. + P. Guiraud, qui estime anecdotique cette
position dans chien ratier. étymologie, évoque la déformation d’un mot créole,
RATICHON n. m., d’abord écrit rastichon (16281 qui correspondrait mieux que le latin au contexte
avec un s purement graphique, puis rrïtichon (17251, originel du mot, peut-être rectiE*, terme de distil-
a été créé en argot pour désigner un prêtre, un au- lation. Cette hypothèse était celle de Leibniz (selon
mônier des prisons. Relativement démotivé, il est Le Duchatl; Ménage se bornait à écrire : #c’est un
fréquent dans le vocabulaire anticlérical, notam- mot des Indes orientales,. Il Par$t lotique de
RATATINER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mettre ratafia en relation avec un autre mot créole + Le mot a d’abord désigné péjorativement un ra-
tatîat : “quand un Indien du pays boit du brandevîn goût grossier, sens qui s’est élargi à <mauvaise
k la santé d’un Français, entre autres mots de sa nourriture>>. En gardant sa valeur péjorative, il a
langue, il lui dit, taiîat : à quoi le Français répond en pris le sens figuré de <<méla;nge douteux, suspect»
faisant raison, rutuf&» (Le Duchat, citant de (1880). 0 Celui de =Volée de coups, raclée>) I& s.1
la Croze, in Ménage, 1750). Cette origine, analogue est en rapport avec tatouille. +Eh cubine, le mot a
aux échanges du type belote, rebelote, ferait de ru- aussi le sens non péj oratîf de -ragoût>, s’appliquant
tafia l’équivalent (avec assimilation vocalique) de au XIX~à divers types de plats régionaux, et au xxe s.
re-tufiat. à l’un d’entre eux, fait de légumes cuits, appelé ru-
+ Le mot, d’abord employé comme interjection tutouille niçoise ou simplement ratatouille.
sous la forme rutafzut & votre santén, est substan- wLe mot est abrégé familièrement en RATA n. m.
tivé sous les deux formes rutafiat et rutatîa pour (18281, mot qui a désigné un ragoût de pommes de
désigner une liqueur faite d’eau-de-vie, de sucre et terre et de haricots, puis péjorativement un mé-
certains fruits, autrefois très en vogue comme mé- lange de viande et de légumes servis à l’armée (fin
dicament stomachique. XIX@S.I. La locution figurée ne pas s’endormir sw le
rata Sign%e &re diligentn ( 1928) ; elle a vieilli. fiata
RATATINER v. tr., attesté d’abord au participe désigne en général une mauvaise pitance ( 1833) ; en
passé rat&&, ée (16061, puis au pronominal se J%c- ce sens, il s’est employé au féminin. Légèrement ar-
tatiner ( 16621, est formé sur le radical expressif tut- chaïque, il fait aujourd’hui allusion à un ordinaire
qui, avec des sufXxes diminutifs, évoque la diminu- militaire déplaisant.
tion, l’amoindrissement d’un état, d’une action : on
le retrouve dans le manceau tatiller <bavarder», 0 RATE + RAT

«chuchoter>>, variante Miner, le champenois tutiner 0 RATE n. f., attesté depuis le XII~s. (1165) et pré- 8>
<manier-, le tian@s du XVII~s. tatin <<petite quan- cédé par le latin médiéval rutu (x” s.1, est d’origine
titén 116111,l’ancien verbe retatiner aeffacer les plisH incertaine : en raison d’une certaine ressemblance
11508).Selon P. Guiraud, ce radical tut- représente-
que la rate présente avec un rayon de miel, son en-
rait un gallo-roman “tuctitare b attaquer) qui ex-
veloppe se prolongeant dans l’intérieur de l’organe
plique un autre sens de tatin acoup, et de tatiner
sous forme de cloisons, on a proposé de faire du
<<battre, rossep>. Un rapport avec otuxicure qui a
mot un emprunt du moyen néerlandais rate «rayon
donné tâter* est possible. Ratatiner se compren-
de rnieln, en se fondant sur l’existence d’un déve-
drait à partir de retatiner upasser le plat de la main
loppement analogique en hongrois où lkp signifie à
sur les plis d’un objet», d’où <<en effacer les pli+
la fois ‘crayon de miel* et *rate>. Cependant, le
(1508) et, avec une notion de violence dans le geste,
moyen néerlandais n’est attesté nulle part au sens
kraser, froissern. Cf. aplatir, plates coutures.
de Mraten, pas plus que le mot français au sens de
4 Ratatiné, en emploi adjectif, qual%e ce qui est flé- arayon de miel)), ce qui limite l’intérêt de cette hy-
tri, ridé, une personne tassée, rapetissée par l’âge, pothèse.
la fatigue, la maladie (1637). 0 se ratatiner signifie +Le viscère que désigne la rate ayant dans l’an-
+e rapetisser en se desséchant>> (16621, «se flétrir, cienne médecine la réputation d’attirer l’humeur
se riderm (16901, «se tasser, se recroqueviller, en mékncolique, rate est employé da;ns les locutions
parlant d’une personnex ( 1690). 0 L’emploi en figurées décharger su rate 4aisser éclater sa co-
construction transitive, attesté un peu plus tard lère» vieillie et, symétriquement, dilater, désopiler
(17621, correspond à <rapetisser, déformer Ia taille sa rate (16521, également épanouit- sa rate ariren.
de ». +Au XX~s., le verbe se dit familièrement pour D’autres locutions sont apparues récemment,
atuep 119321, cendommager gravementn (N~O), la comme se fouler, ne pas se fouler la rate ase fati-
forme pronominale prenant le sens de asubir un guer et se soucier (ou nonb, et se mettre Ia rate au
choc violent, s’écraser>) EV.1950). cou&bokZZo~~ <se faire beaucoup de souci>>.
b Le mot n’a produit qu’un nom d’action pour le- F Eh est dérivé DÉRATER v. tr. ( 15351,proprement
quel il y a concurrence entre les formes RATA- aenlever sa rate à (une personne, un anirnal)~, cou-
TINEMENT n. m. (1845) et, avec une valeur plus dy- ramment employé à la forme pronominale se dem-
namique, RATATINAGE n. m. (xx” s.l. ter avec le sens figuré de «courir le plus vite pos-
sible>), selon le même type de développement que
RATATOUILLE n. f. est formé (1778) sur le décarcasser -Le participe DÉRATE, ÉE, adjec-
verbe touiller* autour duquel s’est formé dans les tivé, a fourni un substantif employé dans la locution
patois un ensemble foisonnant de verbes expres- courir comme un dératé <très vite> (17501, de la lé-
sifs, quelquefois avec des syllabes de renforcement gende selon laquelle les chiens dératés couraient
comme fertouiller, tantouiller, entouiller, tartouiller, très vite. 0 Comme adjectif, le mot a signifié 11735)
tatouiller, ratouiller, putouiller, et dont la sign%ca- alerte, vi6
tion tourne autour de «se vautrer, agiter un liquide, @ Voir FLATTE.
tremper, salira P. Guiraud, en acceptant le croise-
ment avec touiller, fait de ratatouille le déverbal RÂTEAU n. m., d’abord rustel Cv.1180) puis rut- o>
d’un “ratatouiller, doublet de ratatiner*, qui serait teuu Iv. 14601, rustiau (14731, ruteau (1534) écrit au
formé de re- à valeur intensive et perfective, de la XVII” s. avec l’accent circonflexe râteau (16361, est
racine tatt- &?poter~> et de l’élément -ouiller à va- issu du latin rustellus, diminutif de raster (à c&é du
leur fréquent ative . neutre rastrum3 désignant un instrument qui tient
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3097 RATINE

à la fois de la fourche, de la houe et du râteau ac- a été remplacée par la finale -boiser d’origine
tuel. Ce mot, surtout usité au pluriel, la tête de l’ou- controversée. L’hypothèse la plus répandue est
til comptant plusieurs dents, est dérivé, par celle d’un croisement avec l’ancien verbe emboker,
contraction d’un Orad-twm, de rudere agratter, ra- emboiskr «tromper> Cv.12201, encore vivant dans
cler, raserm (+ raser). les patois, lui-même composé de l’ancien tiançais
+R&teuu désigne un instrument agricole formé boisier (v. 11351, que l’on ramène à un francique
d’une barre munie de dents et montée sur un obuusjun <<dire des niaiseries ou des bêtises, rado-
manche. Les extensions sont fondées sur une ana- ters restitué d’après l’ancien haut allemand bôsôn
logie de forme ou de fonction; la plus ancienne de même sens et le moyen haut allemand bôsen
concerne la garde d’une serrure dont les pointes ((faire du main (d’où l’allemand bose «mécha&). Ce
passent dans les entailles du museau de la clef verbe dérive d’un -francique “buusiu. La date tar-
(1490) ; rateau a été repris pour désigner le segrnent dive d’attestation et le registre populaire rendent
de roue dentée qui sert à régler le mouvement sceptique quant à cette origine, surtout appuyée
d’une montre. Des extensions plus proches du sens sur des formes d’ancien tiançais, embolskr et boi-
initial concernent un outil servant à retirer les pois- sier n’étant pas attestés au XIX~ siècle. Cependant,
sons et les coquillages du sable ( 17521,un gros on peut imaginer une transmission orale et dialec-
peigne de tisserand pour monter les chaînes en tis- tale.
sage manuel (1765) et, plus couramment, l’instru- +Le mot est d’abord un terme de l’argot des
ment avec lequel le croupier ramasse l’argent au joueurs (baccara) si@ant <rafler les enjeuxn; par
jeu (1831,Balzac). 0 Le mot est devenu un terme de extension, il s’est répandu au sens de <prendre, dé-
sciences naturelles désignant le groupe de fortes pouilles. Il est également employé à la voix pas-
dents chez certaines mygales maçonnes (19321 et le sive, au sens d’&tre ruiné, perdren, d’abord au jeu
nom usuel de l’esquille (attesté XX~ S.I. (18811 et, par extension, en parlant de qqn envisagé
F Les dérivés sont tirés de l’ancienne forme rutel. dans sa santé, sa situation; l’influence de ratatiner
~RÂTELER v., d’abord rusteler (v. 1220) et rateler est probable pour le sens.
(XIV s.), avant rûteler Ixwe s.), signifie «ramasser w Le dérivé RATIBOISEUR,EUSE n. se rencontre
avec un r&teaw et (nettoyer avec un r&teaw (16111, rarement dans la langue familière (me S.I.
sens où il est supplanté par r&kser*. 0 Ce verbe a
servi à former un certain nombre de termes tech- RATIFIER v. tr., réfection (12971 de ruttek
niques : RÂTELAGE n. m., d’abord reisteiluge en (12041, est un emprunt au latin médiéval rutificare
normand (14361,a eu en moyen français un sens fi- (XIII~ s.1 arendre (un acte3 pleinement valable*,
guré vexposé très libre de ce que l’on pense>, avant formé du latin classique rutus <walableB, participe
d’être repris pour désigner concrètement ce que passé de reri =Penser, estimeru (+ raison) et de -fi-
prend un râteau en me fois (1636). 0 RÂTE- cure pour fucere (-, faire).
LEUR, EUSE n. et adj. ( 1694)s’est imposé aux dé- + Le mot Sign%e aapprouver ou confirmer par un
pens de rusteluire (15271. 0 RÂTELURES n. f. pl. acte authentique (ce qui a été fait ou promis)». Ce
désigne ce que l’on ramasse avec un râteau ( 18761. verbe juridique et administratif a eu le sens géné-
*RÂTELIER n. m., autre dérivé de ratel, rûteau, ral de ccotirmer ou approuver publiquementx
réfection Iv. 13541 de rastekr (12501, écrit avec un (av. 16541, demeuré liHéraire.
accent circotiexe au XVII~s., désigne d’abord di- b RATIFICATION n. f., emprunt ( 13281au dérivé la-
vers types de supports comportant des échan- tin médiéval rutificuti, -mis bd s.), désigne la
crures plus ou moins espacées pour le rangement conkrnation en forme authentique de ce qui a 6té
d’objets longs (armes, pipes), rûtelier d’établi 11873) fait ou promis et, par métonymie, le document
dénommant un support d’outils. 0 Le mot s’est contenant cette conkmation cv.1680). Il s’est spé-
spécialisé en agriculture pour l’assemblage à cialisé en droit diplomatique pour désigner l’acte
claire-voie servant à contenir la nourriture du bé- par lequel une puissance contractante décide d’ap-
tail Idéb. XIV s.1,sens réalisé dans la locution figu- pliquer un traité international ( 18751,d’où échange,
rée manger & tous les râteliers I1740- 17551qui uti- dépôt de ruMZcution (xx” S.I. +Par changement de
lise une métaphore plus ancienne : je lweray le SlEXe, il a produit RATIFICATEUR,TRICE
ratelier & ce gourmand (1671). - Par l’intermédaire n. et adj. qui désigne (1636) et qualifie 11791)une
d’une valeur métaphorique burlesque, <denture» personne approbatrice, avant de se dire de celui ou
(av. 1590) sortie d’usage, il a pris le sens familier de ce qui est favorable à la ratscation d’un traité.
Ndentierm (17771, d’abord dans rûtelier de fausses
dents (1718). Le mot, en français contemporain, RATINE n. f. est la modikation par change-
n’est pas clairement rattaché à rûteuu. - RÂTELEE ment de genre (1%3, probablement d’après
n. f. ( 1456-1467) a eu le sens figuré de aconte, récit>, d’autres noms de tissus housseline, crépinel, du
conservé dans la locution familière dire su r&elée masculin radin aétoffe de laine croisée dont le poil
11478- 1480) &re librement ce que l’on pensen dis- est tiré en dehors et frké pour former comme des
parue en français classique. Le sens concret, (~quan- petits grairw (12601. Rastin est dérivé de l’ancien
tité de foin emportée d’un seul coup de râteaum verbe raster, rater Nracler, raturers I+ ratisser).
116361, a vieilli. b Les quelques dérivés sont des termes techniques
relatifs au traitement du tissu permettant d’obtenir
RATER - RAT
la ratine: RATINER v.tr. (1765) d’où RATINAGE
RATIBOISER v. tr. serait formé par fantaisie n. m. (1812) BARATINEUSE n. f. (1869),nomdema-
11875) sur rutiser” ccdépouillep, dont la hale -sser chine.
RATIO DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RATIO + RAISON esoumettre (une population, qqn) à une mesure de


distribution de rations limitées» ( 1869). Il est égde-
RATIOCINER v. intr. est emprunté ( 1546, Ra- ment pronominal (1868). + Du verbe est issu RA-
belais) au latin ratiocinari tcalculers, au figuré arai- TIONNEMENT n. m. (1870) de sens actif pour &c-
sonner», dérivé de ratio dans son double sens de tion de rationneF> et, par métonymie, <<ensemble de
~calcul~ et de craison, raisonnementu (+ raison). rations*. Le verbe et son dérivé ont connu une fr&
4 Ce verbe didactique signifie dès le XVI” s. <<exercer quence accrue dans chaque période de difficultés
la faculté de raisonner>>. Furetière E1690) le qualifie alimentaires : le premier, on vient de le voir, appa-
de cterme logique>> seulement en usage «dans le raît pendant la Révolution, le second pendant le
domestiquen. 0 Il a cessé d’être employé au XVIII~s. siège de Paris, les deux furent usuels de 1940 & 1945
et a été repris ( 19071 avec sa valeur péjorative ac- (tickets de rationnement, etc.), tout comme ration,
tuelle tiraisonner d’une manière subtile et p&- qui évoque aujourd’hui encore la privation.
dante». RATIONNEL, ELLE adj. et n. m., d’abord
b RATIOCINATION n. f., empr’unté (1495) au latin rutiond Iv. 11201 et rationul 11483)avant de s’écrire
rutiocinatio, de ratiocinatum, supin de ratiocinari, avec deux n (XVII” s.1,est emprunté au latin impérial
a suivi la même évolution que le verbe : autrefois ratinulis adoué de raisonm, <où l’on emploie le rai-
employé didactiquement pour «exercice de la fa- sonnement% et cfondé sur la raisonm, du latin clas-
culté de raisonnern, sens disparu au XVIII~s., il a été sique ratio (+ raison, ration). Ration ayant abouti à
repris pour désigner une argumentation vaine exa- un autre sémantisme, rationnel est l’adjectif de rai-
gérément subtile. *RATIOCINAGE n.m. 11936) et son, à c6té de ruisonnable.
RAT~OCINEMENT n. m. ( 19381, dérivés rares de + L’adjectif qualifie d’abord une âme douée de rai-
ratiociner, sont quasi synonymes de ratiocination. son et, par extension, un être vivant doué de raison
+Quant à RATIOCINATEUR n. m. &549), em- (xwe s.1,sens qu’il partageait avec rutionabie avant
prunté au dérivé latin ruticinator <calculatew, de le céder à raisonnable (-+ raison). Livre rationeZ,
pour Kcelui qui se laisse guider par la raisonn, il a latinisme, comme livre de raisort*, désignait un
été épisodiquement employé comme terme d’his- livre de compte et, substantivé, celui qui tient les
toire antique pour désigner l’esclave ou l’&anchi comptes ( 14831, d’après un des sens de ratio,
qui tenait les comptes d’un m&tre (18421, avant de «compte, calcul». + L’usage moderne de l’adjectif
prendre le sens péjoratif de Npersonne qui ratio- s’est établi au xwe s. : rationnel s’applique à une
cines. *En ce sens, il subit la concurrence du dé- personne qui emploie le raisonnement (1546) et, en
rivé moderne RATIOCINEUR,EUSE adj.etn. mathématiques, à une expression ne comportant
( 1929). Tous les mots de la série sont rares. aucun radical 115491, sens développé en algèbre
(XVII~s.l. Au xrxe s., on qualifie de rationneIle une
RATION n. f. est le doublet savant de &son*, fraction dont les deux termes sont des polynômes
par emprunt Km XIII~s.1 au latin ratio qui, à partir entiers (1875). 0 Au xwe et au XVII~s., rationnel se dit
du sens de ~calcul, somme, compte=, avait déve- aussi d’un médecin non empirique, travaillant par
loppé à basse époque et au moyen âge les sens mé- le raisonnement (v. 1560, Paré). +Avec une valeur
tonymiques de <bien matériel, ce que l’on possèden générale, il signifie généralement “qui relève de la
(v. 6151, en droit, apart d’un copossesseur dans une
raison» (169 11,par opposition à ce qui relève de l’ex-
possession en indivise (v. 7961, <fraction, par6 périence, par exemple dans mécanique rutionndle
Iv. 792) et Nprocuration d’alimentsn tv. 850). (XVIII~S.I. Il s’est étendu à ce qui est fondé sur une
+ Le mot a désigné en ancien tiançais la partie de la méthode scientgque par des calculs ou des rai-
solde d’un militaire qui est mise en réserve en com- sonnements (18351, tout en se répandant dans
mun (fin XIII~s.1 et, écrit rucion, une prébende, un l’usage courant au sens de <conforme à la logique,
bénéfice ecclésiastique (1376). + Son usage mo- au bon sensm118361et, pour une personne, *qui rai-
derne remonte au XVII~s. : ration a commencé par sonne logiquement}} cdéb. xrxe S.I.Dans cet emploi, il
se dire de la quantité de pain, de biscuit, de viande, est souvent construit en phrase négative, tout
de vin donnée quotidiennement aux marins (16431 comme logique (c’est pus rationnell.
et, par analogie, de la portion de vivres distribuée à .RATIONNELLEMENT adv. (1802) est didactique
chaque soldat (1671). Puis, son usage s’est élargi à la et usuel, avec la valeur de clogiquement=; ANTI-
portion de nourrkwe revenant à un homme ou à RATIONNEL, ELLE adj. (18661, seulement didac-
un animal ( 18101,en élevage à la quantité normale tique. + RATIONALITE n. f., dérivé savamment du
d’aliments consommée quotidiennement par un latin rutionalis sous la forme rucionulité ((activité
animal ( 18691,spécialement dans ration d’entietin, rationnellem Km XIII~s.1, a été reformé tardivement
rutiorl de production (18601. - Par extension, ration avec le sens didactique actuel de <caractère de ce
désigne au figuré, et souvent avec une valeur iro- qui est rationnelm (1836) en philosophie. +RATIO-
nique, tout ce que qqn reçoit en fait de peines, NALISTE adj. et n. est aussi un dérivé savant de la
d’épreuves 118221, cf. part; avoir su ration de in- forme latine de l’adjectif, comme terme de méde-
dique en outre la satiété (1836, j’ai ma petite ration). cine pour désigner un médecin qui suit un raison-
b Le dérivk RATIONNAIRE n. m. (1777) désigne, en nement ( 15391,par opposition à empirique. Il a été
termes admînîstratiik, celui qui bénéficie d’une ra- recréé ( 1718) en philosophie, peut-étre sous l’in-
tion. + RATIONNER v. tr., verbe révolutionnaire fluence de l’anglais ratinulist (1626 en ce sens);
(24 avril 1795, Journu de Purisl, Sign%e -déterminer dès 1692, ce sens existe en latin scientifique mo-
la ration que chacun recevra, et par extension derne rationulistu IP. Poiret). L’adjectif qutie un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3099 RATTE
penseur, une théorie qui prétend ne s’appuyer que sont postérieurs à leurs équivalents anglais irrati-
sur la raison, avec une valeur proche d’aPttireli- nalism Il81 1) et irratinalkt ( 1836) dont ils ont subi
gieux dans la seconde moitié du XIX~ siècle, + On a l’influence.
formé sur ce mot l’antonyme ANTIRATIONA-
LISTE adj. et n. (1842). +RATIONALISME n. m., RATIS SER v. tr. est dérivé (XIV~s.1, après une
formé sur le latin ratinalis Il8031 d’après rationa- forme rastiz attestée au XIII” s. : gatel [gâteau] rus-
liste, désigne la doctrine philosophique selon la- tiz agâteau fait avec des raclures de pâten, de l’an-
quelle tout ce qui existe a sa raison d’être et peut cien verbe ruster, rater waclerm, (<pelersBet c<ratis-
être considéré comme intelligible, puis la position sers, aussi <<raturer%, en usage aux xrve et xv” s.,
selon laquelle toute connaissance certaine vient de peut-être même dès le xme s. au sens de *racler>>
la raison. Par extension, il développe au cours du comme l’atteste indirectement le dérivé ruston, ru-
me s. le sens de *croyance, cotiance à la raisom, ton, nom d’une pâtisserie (XIII~ s., en picard). Ce
avec des spécialisations en art, en théologie et en verbe raster, rater représenterait le latin impérial
psychiatrie pour des raisonnements logiques pous- rusiture «raser souvent=, fréquentatif de rudere
sés jusqu’à l’absurde (ratioflakme morbide chez (+ raser, râteau), formé d’après le supin rmum, à
MinkowskiL Comme rationaliste, le mot a pris dans moins qu’il ne soit une formation régressive à par-
la seconde moitié du XM” s. la valeur spéciale de tir de rature*, ce qui soulèvertit un problème chro-
<croyance en la seule raison humainen s’opposant à nologique pour le sens de <biffer*, attesté bien
toutes les attitudes religieuses, notamment théistes avant le sens correspondant pour rature.
katinalisme athée; union ratinalistel. +En est + Ratisser a d’abord sign% aôter en raclant la sur-
tiré ANTIRATIONALISME n.m.,enregistré parle face de Iqqch.), racler légèrement)). Sous l’influence
dictionnaire de l’Académie en 1838. de rûteau*, et senti depuis lors comme une sorte de
RATIONALISER v. tr., autre dérivé savant de ru- dérivé irrégulier de ce nom, il a pris le sens de anet-
tionalis, est attesté en 1826, au participe passé ra- toyer ou égaliser (la terre, le sol) à l’aide d’un râ-
tionalisé, puis en 1839, et repris à la fin du XIX’ s. teaw (1679). - D’où des extensions en argot : avoler,
(v. 1890, Renan) au sens de <rendre rationnel, rafler» (18671, familièrement : «soutirer tout son
conforme à la raison». Par extension, le verbe s’ap- argent à (qqn)» ( 18791, notamment dans se faire ru-
plique au domaine de l’organisation du travail, de tisser aperdre son enjew (18671, et transitivement
la production C19Oï’).En psychanalyse et psycholo- <(ramasser (les enjeux) avec le râteau de croupier»
gie, il a le sens de ajustifrer (une conduite) par des par remotivation ( 1932). +Au xx” s., le verbe s’em-
motifs rationnels- Cl946 dans les dictionnaires gé- ploie en sports dans l’expression rutisser le ballon,
néraux, mais antérieur, si l’on en juge par rationa- dite du talonneur qui s’empare du ballon de rugby
lisation), d’après l’anglais. 4 a pour d&ivé RA- en se servant de ses pieds (19311. Il a aussi deve-
TIONALISATION n. f., attesté une fois en 1842 et loppé le sens de <fouiller (un terrain), comme au râ-
de nouveau au XX~s. pour aaction de rationaliser* teau ou au peigne fin», d’abord dans un contexte
(19073, spécialement en économie pour <<organisa- militaire (déb. me s.1 puis en général Iv. 19551, avec
tion d’une activité économique selon des principes une valeur proche de Mramasserx, par exemple
rationnels d’efficacité= 119271. ll est passé en dans ratisser large «chercher dans toutes les direc-
psychanalyse (19 121, probablement d’après l’an- tions».
glais, où ce sens, fljustifwation consciente et ration- F Le dérivé RATISSE~R, EUSE adj. et n. (1530) a
nelle d’une conduite déterminée par des motiva- désigné un instrument servant à r&per et une per-
tions inconscientesn, est introduit par Jones en sonne raturant le papier ( 15321, avant de prendre le
1908. sens de Npersonne qui ratisse> (1538, plaisamment,
IRRATIONNEL, ELLE adj. est emprunté (v. 1370) en parlant du barbier), enregistré comme adjectif
au bas latin iwutionalis adépourvu de raison, où la en 1910. +RATISSOIRE n. f. (1517), après un type
raison n’intervient Pas~, formé sur ration& à rutissouw flcanif servant à enlever les lettre9
l’aide du préfixe privatif in-. +Le mot, introduit par (15301, a désigné un instrument pour racler avant
les philosophes, est dans tous ses emplois le strict de prendre le sens moderne d%nstrument pour
antonyme de rationnel : il qualifie d’abord la per- râtisser» (1680), un moment concurrencé par RA-
sonne ou l’entité qui n’est pas douée de raison. TISSOIR n. m. (1765, &xyclopédie). +RATISSAGE
Passé en mathématiques en même temps que ra- n. m. est apparu plus tard (1765) au sens d’aaction
tionnd ( 1549, proportion irrationnellel, il indique de ratissep; d’après le verbe, il a pris le sens de
qu’une réalité, en particulier un nombre C16851, une *fouille complètement d’un lieu> Id s.), d’abord en
racine, une équation, n’a pas de rapport mesu- contexte militaire (1932, tir de rutissuge; 1952, opé-
rable, calculable avec l’unité de mesure fondamen- ration de ratissage). +RATISSETTE n. f.,nomtech-
tale. +Il se répand au xrxes. en parlant d’une per- nique d’un outil de briquetier servant à rassembler
sonne, d’un comportement qui n’est pas conforme la terre (18031, semble archaïque.
au bon sens, à la logique (1836). n est substan-
tivé avec une valeur de neutre ( 1866). + On en a dé- RATONNADE, RATONNER + RAT
rive IRRATIONNELLEMENT adv. (1835-1842,
A. Comte) et IRRATIONALITÉ n. f., apparu en ma- RATTE n. f., mot régional, attesté à la ti du
thématiques 118 12) et employé aussi dans l’accep- XIX~s. à Lyon (écrit rate, 18941, est une métaphore
tion philosophique et générale correspondant à de rate afemelle du rat».
l’adjectif (1839, A. Comte). +IRRATIONALISME 4 Le mot, difksé en français général à partir des
n. m. (1828) et IRRATIONALISTE adj. et n. (1922) années 1970, désigne une variété de pomme de
RATTRAPER 3100 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

terre de petite taille, allongée, à chair jaune clair, (du tigre)» en concurrence avec feuler et, quelque-
savoureuse, appelée aussi quenelle de Lyon. fois, par extension, <<émettre un cri semblable à ce-
lui du tigren 11863). -RAUQUEMENT n. m. (1822)
RATTRAPER + ATTRAPER se dit de l’action de rauquer (tigre) ou de rugir (lion)
et, par extension, de l’action de crier avec une voix
RATURE n. f., d’abord rasture peut-être au XII~ s.
rauque ( 1886). + RAUCITÉ n. f. est directement em-
(texte anglo-normand de la seconde moitié du
prunté (XIV’ s-1au dérivé latin rauciks, -ati GWG-
XII~~., le manuscrit datant de la fm du XII~~.), puis
tère d’une voix, d’un son rauquem, qui a supplanté
rature (1294, est issu du latin médiéval rasitotia
le mot latin archaïque ravis.
Mracloirem i 1145) ou d’un latin populaire OraSitura ou
0 voir ENROUER.
“ruditura, de radere araclerm I-+ raser), mais peut
être aussi la réfection de l’ancien fkançais t-usure, RAVAGE + RAVIR
dérivé de ruser” et usité du XIII~ au XVI~ s. pour =ac-
tion de tondre>>, 4 onsure », «raclurem , «suppression)), RAVALER v. est dérivé Cv.I 165) de 0 avaler”
«mesure raseg, parmi d’autres sens. avec le pr&xe re-“.
+ Le mot a désigné à l’origine les petites parties que + Comme 0 avaler, ravaler a d’abord Sign%é cdes-
l’on enlève d’un corps en le raclant, puis les ra- cendren et, d’après la valeur itérative de son pré-
clures ( 15781 et, dans divers domaines techniques, fixe, <<redescendre)> cv.1165). Ce sens est sorti de
ce qu’on enlève des peaux (16801, la petite bande l’usage en dehors d’un emploi technique décrivant
détachée par le potier d’étain en tournant le métal le mouvement de certains poissons qui descendent
sur sa roue (16801, ce que l’essayeur enlève d’un lin- un cours d’eau vers la mer. Le sens secondaire de
got E17661, tous sens archaïques, cette valeur étant e4omber>> Il 180-12053 a lui aussi disparu, mais le dé-
passée à raclure. 0 Le lien étymologique avec raser veloppement ultérieur du verbe (en construction
était sensible dans le sens d’<(action de faire la transitive) s’est fait d’après l’idée d’un mouvement
barbe à qqn>> (14151, sorti d’usage à l’époque clas- dirigé vers le bas, au propre comme au figuré. Le
sique. *Le développement du sens actuel, *action sens de -faire descendre ou redescendrep (v. 1260)
de biffer» et utrait, barre que l’on tire sur un ou plu- a disparu au profit d’acceptions techniques : en
sieurs mots pour les annulen 115371,est probable- mqonnerie, ravaler consiste à «remettre à neuf le
ment plus ancien que ne l’indique cette attestation parement d’un mur en procédant de haut en basn
puisqu’un verbe rater (+ ratisser) existe pour (cratu- ( 1432, ravder le mur) et à Ndîminuer (une chose) en
rer, biffer-a>au XIV” s., et que le dérivé raturer réalise hauteur ou en épaisses> ( 1431, aussi en menuise-
cette valeur dès 1458 (voir ci-dessous>. En ce sens, rie). La même idée de «diminuer» est à l’oeuvre en
rature a supplanté rasure attesté depuis 1235 et en- agriculture pour ccrecéper (des souches coupées
core au XVI~s. où le dictionnaire tianco-latin de trop haut)» (16761, c’est-à-dire «tailler>) (1690). Eue
Thierry (1564) donne les deux mots comme syno- est réalisée dans un emploi absolu en vénerie pour
nymes. <porter des bois irréguliers et basa en parlant d’un
b Le dérivé RATURER v. tr. s’est imposé avec le cerf ou d’un chevreuil vieillissant, qualsé de rwalé
sens de Mbiffer par des ratures>> ( 1458) aux dépens (1794). 0 D’autre part, interprétée moralement,
de son autre sens, <<fairela barbe à (qqn)n Il5521 qui l’idée de &minuer>> est devenue ccabaissern,
a été éliminé par ruser”. 0 Il a concurrencé et sup- d’abord «persécuter, malmenep (13821,puis de ma-
planté l’ancien verbe ruter (1397+x” s-1,ruster E1461) nière atténuée ou plus psychologique Ndéprécier,
et son doublet rusurer (1378, rasuré). +Le verbe a dénigrer>> (13821, également au pronominal se ruva-
produit RATURAGE n. m. ( 1875) {{action de biffers, ler Iv. 1460). Celui-ci a eu autrefois la valeur spé-
et, en technique, «opération qui succède à l’échar- ciale de ase rabaisser par humilité chrétiennem. +À
nage, à l’effleurage et qui consiste à rendre le par- partir du XVI~s., ravaler a rejoint le sens dominant
chemin plus mince, plus uni et plus blanc> (1875). de @ avaler, Sign%ant tifaire descendre dans son
gosier de nouveau* (1538). Le fait de ravaler sa sa-
RAUQUE adj., d’abord écrit ruuc (v. 12701,puis live pouvant être un signe d’émotion (inquiétude,
rauque ( 13771, est emprunté au latin raucus flen- hésitation), ravaler a évolué vers des valeurs figu-
roué> et, par extension, «âpre et rude)) en parlant rées, <<empêcher une parole, un sentiment, une
d’un son (oiseau, trompette). Raucus est la contrac- émotion de s’exprimer)) ( 1689, ravaler de ce qu’on a
tion d’un latin oral Oruvicus, de rcks, mot archaïque envie de dire, écrit Mme de Sévigné), par exemple
désignant l’enrouement, d’origine inconnue. L’em- dans ravaler ses lames, su colère.
prunt a supplanté le type populaire rois <<enroué)) b RAVALEMENT n. m. (v. 1460) est d’abord em-
(v. 1112) ou roc (v. 11751, attesté en judéo-tiançaîs ployé avec le sens moral Nabaissement, avilisse-
sous une forme rois, ~OS,issu phonétiquement de ment)> kr&%s et ravalement, chez Chastellain). Il a
raucus. ensuite développé les sens concrets techniques
4 Rauque a eu le même type de développement correspondant au verbe : &minuGon, renfonce-
que le latin ruucus, quali&nt une voix enrouée, menb en maçonnerie (15541 et en menuiserie
rude et &pre et, par extension, un instrument de (16941, <<remise à neuf (d’un mur)> (1676, ravalement
musique, et tout bruit rappelant une telle voix d’un mur), <remise en état (d’une façade))}, sens au-
ll6901. Hugo lui donne le sens de wude, sauvage- jourd’hui très courant, et, en arboriculture, aaction
(18281, dans une description visuelle. de recéper (le vieux bois) d’un arbre ou d’une
l RAUQUEMENT adv. (13741 est rare. *RAU- souche coupée trop hautm 117151. L’extension tar-
QUER v. intr. ( 1761, Buffonl sime apousser son cri dive en «aspect cave ou concave> relève d’un style
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3101 RAVIER
littéraire (1924, Gide, le ravalement de ses joues). rave s’est répandu dans les parlers septentrionaux
Q RAVALEUR n. m. (v. 14601, adénigreurn, s’est et a éliminé le type régulier &e (XIII~s.1,rare en an-
moins bien maintenu que ravaler et ravalement cien fknçais, mais qui suivit dans le Nivernais, en
dans le sens figuré, rare après le XVI~s., sauf ar- Champagne et en Franche-Comté. La forme méri-
chaïsme (1831, Chateaubriand). 0 Il a été repris dionale rubu (d’où rube) s’étend jusqu’à la Loire,
comme nom d’ouvrier, en maçonnerie (18921, seul peut-être parce que cette racine constituait au
OU dans ouvrier ravuieur (1907). ORAVA- moyen âge la principale nourriture des habitants
LANT, ANTE adj., du participe présent de ravaler, du Limousin et de l’Auvergne.
se rencontre quelquefois au sens moral de adépré- 4 Rave, nom d’une plante potagère alimentaire, dé-
ciateur, humiliants (1836, Sand). signe par métonymie la racine comestible de cette
plante; on disait dès le XII~s. vivre de pain et de
RAVAUDER v. tr., d’abord ravuulder (1530)
raves. Comparer (ou addïtionner) des choux et des
puis ravauder 115521, est le dérivé verbal de ruvault
puis ravaut, variantes de ruval qui est en moyen
raves si@e <mettre sur le même plan des choses
différentes>. L’ancienne confusion entre rave ana-
fkançais le déverbal de ravaler”. Le développement
vet>>et un homonyme ancien ruve tirad& @n XI~ s,),
sémantique se comprend, selon Wartburg, à partir
du latin ruphanw, a cessé lors de l’emprunt de YU-
du sens de ruvuut <sottise, bourden (13601, «diminu-
dis* à l’italien, lequel a élimine rave =radis=.
tion de valeur, dépréciation* (1587) et, selon P. Gui-
raud, d’après un autre sens plus technique, du F En est dérivé RAVIÈRE n. f. (15391 «champ de
même ruvuut «action de ravaler un mur, c’est-à- ravesn.
0 Voir BETTERAVE, RABIOT, RAJPONCE, RAVENELJX, RA-
dire de l’aplanir, d’en rendre la surface sans bosses
VJER, RAVIOLI.
et sans trousn.
+ Le mot Sign%e concrètement Mrapiécer, repriser 0 RAVE n. m. ou f., prononcé rève (ou à l’an-
(de vieux vêtement+. À l’époque classique, il a eu glaise, avec diphtongue) est un emprunt 119901 à
le sens figure de &re des impertinences, des l’angle-américain rave, de to rave Mdélirern.
choses futilesn 116751, d’après l’ancien sens de ru-
+ Cet anglicisme désigne une réunion d’adeptes de
vaut dsottisem (dans la locution donner un mvaut
la musique techno” et de danse, en général noc-
«faire croire une sottise4 qui procède lui-même de
turne, parfois clandestine.
l’idée de dépréciation. oLe verbe était aussi em-
ployé pour «ressasser, rabâchep} ( 15851, aavoir des F Il a pour dérivé RAVEUR, EUSE n., prononcé rè-
occupations sans intérêt, dire des choses hors de veur, euse.
proposn (v. 1673). Il signifkt aussi <tourner et re-
tourner des objets, fourragew attesté en 1581 et RAVELIN n. m. (15461, d’abord ravellin Iv. 14501,
employé comme les deux sens précédents, chez est emprunté à l’italien ravellino, variante de rive&
M”” de Sévigné ( 1675) qui semble aimer ce mot. lino ademi-lune dans un système de fortikationn.
+Par extension du sens de «rapiécer)+ il a pris au Celui-ci est dérivé de riva <rive>, qui représente le
XTxes. le sens de craccommoder, mettre bout à bout, latin ripa de même sens (+ rive).
réparer grossièrementn. 4 Le mot français, qui a gardé le sens de l’étymon
b RAVAUDE~R, EUSE n. 11530) désigne me per- italien, est archtique ou archéologique.
sonne qui reprise, raccommode. Après avoir dé-
RAVENELLE n. f. (15961, d’abord ravenielle
signé chez Montaigne ( 1588) un compilateur, il a eu
( 13821, est dérivé, avec le sufke -elle, de l’ancien
dans la langue classique le sens figuré de <rabâ-
français rufne, ruvene n. m. «radis>> (av. 11001, lui-
cheur, personne qui ne dit que des choses futiles et
même issu du latin raphanus Nraifort, radis noir}).
sans intérêt>) (1606). *RAVAUDAGE n.m. (15531,
Ce mot est emprunté au grec ruphanos achou,
*action de rapiécer)}, a pris immédiatement le sens
rave)‘, lequel est apparenté au nom latin de la rave
métonymique d’couvrage ftit de morceaux plus ou
I-, rave) et, par-delà, à d’autres dénominations in-
moins bien assemblés>, archaïque. À l’époque clas-
doeuropéennes.
sique, il était synonyme de Nbavardage futileu C1672,
Scarron), tout comme RAVAUDERIE n. f, (1675, + Le mot a désigné une variété de garance, un petit
MYe de Sévigné>, attesté antérieurement pour dé- radis ( 15961, une fleur blanche venant dans les
signer concrètement une chose de peu de valeur champs parmi les blés (16791, et s’est finalement
(fin XVI~s.1 et qui a disparu. fixé comme nom de la giroflée des jardins ( 1694).

0 RAVE n. f., d’abord rube (v. 11951, est, sous sa RAVIER n. m. est dérivé ( 18273 de l’ancien tian-
forme actuelle rave (v. 13931, emprunté au franco- çais rufne (dans les Gloses juives), 0 ruve ( 1530) ara-
provençal ruva, rave qui continue le latin rupu, nom dism. Celui-ci, à ne pas confondre avec son homo-
féminin à côté du neutre rupum, désignant une nyme 0 rave” (d’ailleurs apparenté), est issu du
plante potagère à racine alimentaire voisine du na- latin raphanus ~raifort, radis noirn, emprunté au
vet. Le terme se retrouve sous diverses formes grec raphanos I+ rave). Une première attestation
dans plusieurs langues indoeuropéennes, comme de ravier en 1535 concerne, de mtière isolée, le
l’ancien haut allemand ruoba <<rave>,le lituanien champ de raves, de radis.
rbpé,le grec rhupusaravem, et rhuphanos achou» et 4 D’abord attesté pour désigner une espèce de
parfois =radism et =raifortn, le vieux slave reps champignon, le mot fait partie des métonymies
arave, ; toutefois, la parenté de ces termes ne re- (moins nombreuses que la figure inverse : ter-
monte probablement pas à l’indoeuropéen. Le type rine, etc.) qui vont d’un contenu à un contenant. Il
RAVIGOTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

désigne un plat dans lequel on met des radis et, par comme l’indique la première attestation en fran-
extension, des crudités, divers hors-d’œuvre ( 1836) ; çais au sens de <(pâté de raves et de viande)). Toute-
par une seconde métonymie, il est aussi employé fois, ce fait n’est pas confirmé par les plus anciens
pour le contenu du ravier. livres de cuisine italiens ; pour cette raison, en s’ap-
puyant sur la forme médiévale latine rubiola, on a
RAVIGOTER + VIGUEUR postulé une dérivation du latin rubeolus (féminin
rubeo2a); ce dérivé de rubeus (+ rouge) se trouve-
RAVINE n. f., d’abord raveine Cv.I 1.20, puis rait en effet chez Pline comme nom d’un komage
13883, est le déverbal de l’ancien franCais raviner de chèvre ou de brebis et serait à L’origine de l’ita-
<<enlever de force, violemment)) et «couler avec lien du Nord robiolu <<fromage de chèvre». Cette se-
force, se précipiter avec impétuositém 612 XII~s., conde hypothèse est elle aussi douteuse.
GOI.U%P du cerf). Ce verbe, attesté au début du
+ Le mot désigne un petit carré de pâte tite à
XIII~s. Iv. 12 151, est sorti d’usage au XVIII~s.; il est dé-
l’eau, contenant de la viande hachée, des légumes.
rivé de l’ancien substantif ravine «acte de violence))
cv.11201, knpétuosité>> cv. 1160) et woL» (XIII~s.l. Ce b RAVIOLE n. f., forme régionale ancienne évincée
mot est le doublet populaire de l’emprunt rapine*, par ravioli, continuait de s’employer en cuisine, no-
les deux mots remontant au latin rupina (-+ rapine). tamment dans l’aire franco-provençale Iles ratioles
+ Ravine, d’abord employé dans les expressions ra- de Romans, du Dauphiné). Cette variante reparaît
vine de terre (<chute de terrem, «avalanche>> et ravine à titre d’appellation culinaire régionale à la mode
d’eau «trombe d’eaw (13881, est attesté au début du dans la restauration depuis les années 1980. Elle re-
XVII~s., mais doit exister auparavant kf. raviner, ci- couvre une préparation de pâte contenant des
dessous) au sens de <<litcreusé par un torrent, petit mets plus variés que les classiques raviolis à l’ita-
ravinm (16161, qu’il a conservé. lienne.
0 VOii” BETTERAVE, RABIOT, RAIPONCE, RAVE, RAVIER.
F De ravine avec le dernier sens est dérivé un nou-
veau verbe, RAVINER v. tr. (1585) (creuser des sil- +# RAVIR v. tr. est issu (v. 111.21d’un latin popu-
lons profonds sur le sol, en parlant des eaux*. - De- laire Otapire, altération du latin classique rapere
puis la ~III du xrxe s., le verbe est employé au figuré ((entraîner avec soi, emporter violemment, enlever
pour <<creuser des rides profondes sur un visage» de force ou par surprise, prendre rapidement» d’où
E1897). 11se rencontre à la forme pronominale se ru- «piller, voler». Rapere, que l’on peut rapprocher du
viner pour ce qui s’entaille de dépressions, de sil- lituanien ap-repiu ((je prends de forcen, de l’alba-
lons profonds. + RAVINÉ, ÉE, le participe passé de nais rjep aje prends, j’enlève)), est d’origine indoeu-
raviner, est adjective (18 13) pour qutier un sol, un ropéenne.
terrain creusé de ravines, érodé et, au figure, un vi-
sage marqué de profondes rides (av. 19.22). + Le mot est passé en fiançais en gardant le sens la-
RAVIN n. m., une première fois Cv.1460) comme tin, ((enlever de force ou par surprise», puis signifie
dérivé de ruvine, puis à nouveau comme déverbal «enlever (qqn) à I’tiection des siens>>,avec un nom
de ruviner ( 16901, s’est répandu pour désigner une inanimé pour sujet (v. 1450) et d’occasionnels em-
petite vallée étroite à versants raides et, par méto- plois figurés ( 1643). + Depuis le XII~s., l’accent se dé-
nymie, le fond d’un ravin servant de voie, un che- plaçant sur la notion psychologique de &ansport>>,
min creux au fond d’une vallée 117871, une rigole ravir correspond à <<faire éprouver un mouvement
creusée par le ruissellement des eaux. +kvin lui- d’exaltation, un vif sentiment d’admiration» en
contexte mystique (v. 1170) et laïque (v. 12201, réa-
même a produit RAVINÉE n. f. (18751, d’usage ré-
gional, pour désigner le creux formé par le passage lisé dans les locutions être ravi en extase (1319)et à
d’un torrent. + RAVINEMENT n. m., nom d’action ravir ( 1627) qui a d’abord une valeur forte, au-
tiré du verbe (18481, est également employé par jourd’hui très littéraire. 0 Plus banalement, il
métonymie pour désigner les sillons laissés par le prend le sens de «procurer du plaisir à (qqn)n
passage des eaux de ruissellement. + Au XIX~ s., ra- kd s.), d’où plus tard la valeur faible de à ravir aex-
vine a produit un autre dérivé, RAVINEUX, EUSE cellemment~~ (danser, chanter à ravir).
adj. !18431, qui quaMe dans l’usage littéraire ce qui F RAVISSEUR, EUSE adj. et n., d’abord ravisor
est creusé, découpé par des ravins. * On rencontre (~III XII~s.), a conservé le sens propre de {{personne
Occasionnellement RAVINEAU n. m. (xx” s.), mot s’emparant d’une autre par la force ou la ruse>>.Il a
régional pour la fente d’un sol raviné, par francisa- été adjectivé pour caractériser un animal vivant de
tion des formes dialectales ravena, revenno, rabino. rapines 61 XIV~s.1 avant d’être repris par la langue
0 VOiI- MACE. RAPL4T. RAPIDE, RAPIN. RAPINE, RAPT, RA- didactique pour qutier la patte antérieure de
VIR. certajns insectes par allusion à sa fonction préda-
trice ( 1904) ; il se rencontre également dans le style
8> RAVIOLI n. m. pl., d’abord raviolle (déb. XIV” s.), littéraire en qualtiant ce qui emporte qqch. avec
raviole Iv. 13931, sorti d’usage sauf régionalement soi (mil. me S.I. +RAVI, IE adj., tiré du participe
(Dauphiné), puis ravioli (1803, Boiste), est emprunté passé (XIII~s.1, qualifie une personne qui éprouve
à l’italien ravioli <<petit carré de pâte renfermant de une grande joie, d’où, avec une valeur affaiblie et
la viande hachée ou des légumesm (latin médiéval conventionnelle, son emploi dans des formules de
rubiola, 1243, à propos de Crémone; ruvio~us, 1284, politesse du type je suis ravi de faire votre connais-
à Parme). Le mot est peut-être dérivé du lombard sance (av. 1850). Par métonymie, il se dit de ce qui
ruva, correspondant du lançais rave*, les raves en- exprime une joie intense. +RAVISSEMENT n. m.
trant quelquefois dans la composition de ce mets, Km XIII~s.) a exprimé jusqu’à l’époque classique le
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3103 RAYON

fait d’enlever qqn de force, aujourd’hui réalisé par le mouvement vers) et de l’ancien tiançais vitaille
rapt* (de la même famille) et, couramment, par en- <cnourrituren Iv. 11383,issu du bas latin victualia que
IÈYvement. 0 En mystique, le mot désigne une forme COntinUe l’emprunt Savant victuaille”. AVITAIL-
d’extase dans laquelle l’âme se sent saisie par Dieu LER est resté vivant dans la langue technique aux
comme par une force supérieure à laquelle elle ne sens d’uapprovisionner un navire» ( 1386) et “appro-
peut résister (1287). 0 Il s’est répandu dans l’usage visionner (un aéronef) en carburant)) Ixxe s.1; ses dé-
commun avec le sens affaibli d’&at d’une per- rivés AVITAILLEWR n. m. (fm XIV~s., udvitailkur)
sonne transportée d’admiration, de joiem ( 1553). et AVITAILLEMENT n. m. (1417) ont suivi la même
+ RAVISSANT, ANTE adj . (ravisant, 13501, vient du évolution technique.
participe présent de ruvir; d’abord employé au +Ravitailler a supplanté avituiller dans son sens
sens de “qui enléve par la force (loup ravissant) ou courant de apourvoir de vivres, de munîtions~~, éga-
par ruse, et, jusqu’au XV~?s., aimpétueux, rapides, il lement à la forme pronominale ( 18281, en contexte
a suivi le même type d’évolution que ravissement, militaire, et (1836) en général. Il a reçu la valeur fi-
prenant au figuré la valeur de “qui transporte d’ad- gurée de anourrir spirituellement, întellectuelle-
miration ou qui procure un plaisir extrême par sa ment, (1831). +Par extension, il Sign%e (déb. XX~ s-1
beautén ( 16271, d’où, par tiaîblissement, cchar- afournir (une population) de ce qui lui est néces-
mant, job. saire» et *pourvoir (un véhicule) de carburant»,
Outre ruvtiseur, le sens propre du verbe survit s’employant intransitivement dans l’argot sportif
dans le dérivé RAVAGE n. m. 113501, lequel a au sens de «faire le plein de carburantn.
commencé par désigner le pillage et, par analogie,
ce que les eaux entknent avec elles. Ravage n’est F Le dérivé RAVITAILLEMENT n.m., d’abord ru-
plus senti comme lié au verbe rutir. Par métony- victuillement (14301, lui sert de nom d’action et, par
mie, il désigne un dommage important causé avec métonymie, désigne l’alimentation, l’approvision-
violence et rapidité par l’homme (av. 16801, d’abord nement (aller au ravitaillement, 1932). Il a été
au singulier, de nos jours au pluriel (1718). Le sens abrégé sous l’Occupation à Paris en RAVITO,
de Md6gâts causés par les forces naturellesm (15861 aphérèse de formation populaire Cv.1942). 0 Ruvi-
réactive l’acception ancienne pour ace que char- taillement est spécialement employé pour le trans-
rient les eauxm et aflots impétueuxa (15431. A partir fert de combustible d’un avion à un autre en plein
de l’époque classique, ravages se dît abstraitement vol (1943). +RAVITAILLEUR,EUSE n.et adj.,
des dégâts causés par le temps, la maladie, le souci absent des dictionnaires jusqu’au XX~s., désigne
(16801. La langue familière l’emploie aujourd’hui d’abord (1527) la personne préposée au ravitaille-
avec une autre valeur figurée dans la locution f&e ment. Sorti d’usage, il a été repris dans le domaine
des ravages Hsefaire aimer et faire S~L~I?P t1830). militaire pour désigner un véhicule employé au ra-
+Ravage a servi à former RAVAGER v. tr. (13003, vitaillement (18781, en sports pour celui qui ravi-
autrefois employé en agriculture pour aarracher taille les coureurs cyclistes en vivres et les cou-
des plants de vignen, puis pour epillerm (1506-1507). reurs automobiles en carburant (1962, Robert). II
De nos jours, le verbe Sign%e cendommager grave- est adjectivé au masculin (1962) pour quamer un
ment en dévasta&, d’abord en parlant de fléaux véhicule, un appareil préposé au ravitaillement.
naturels (1611) et, au figuré, «apporter (à qqn) de
graves perturbations physiques ou morales)) 11660). RAVIVER + VIF
-À son tour, le verbe a produit quelques dérivés :
RAVAGEUR, EUSE adj. et n. I15781, «destructeur>>, RAYER + 0 RAIE
au propre et au figuré (16881, était autrefois em-
ployé comme nom pour ce qui produit des dégâts 0 RAYON + RAI
physiques, moraux ou sentimentaux et il s’est dit
d’une femme de mauvaise vie Iv. 1890). Au mas-
culin, il nommait, dans la langue populaire, celui 0 RAY ON n. m., réfection (1538) de royon (14291,
qui recherche les kagments de métal dans les ruis- est dérivé de l’ancien knçais ree wgâteau de cire
seaux, les rivières 11832). +RAVAGEANT,ANTE, fait par les abeilles>> (v. 1120). Ce mot est issu du
adjectif tiré E16601 du participe présent de ravager, kancique “hr&u de même sens, postulé par le
reste rare à côté de ravageur. - Quant au troisième moyen néerlandais rûta <<mielviergen et par le latin
adjectif, RAVAGÉ, &E, tiré ( 16851 du participe des Gloses de Reichenau, fiatu : «fuvum : /Tata mel-
passé de ravager à côté de son sens propre, «en- h (glose 1001.
dommagé>, il a pris le sens figuré de {{marqué, flétri 4 Le sens propre de «gâteau de cire des abeilles di-
par le temps>> (av. 18501, spécialement avec un visé en alvéoles remplies de miel et de couvain>)
complément d’agent introduit par de et par. Il est ( 1538) est attesté après la valeur analogique de <<ca-
passé dans le langage familier avec le sens de <<fou)) sien) (1429, royonl. De là, au XVII~s., le mot désigne
cv. 1950). une division des armoires des marchands en petits
carrés où se tiennent les marchandises ( 1690). En-
suite, rayon a pris le sens de «casier ou tablette de
RAVISER + AVIS rangement)> ~VIII~ s.1et, par métonymie, -ensemble
des comptoirs d’un magasin consacrés à un même
RAVITAILLER v. tr. est composé (1425) de re- type d’articles>> 11841). La locution c’est mon rayon,
et du verbe avitailler (XIII~s.1 ~pouwoîr de nourri- à côté de variantes vieillies (c’est de mon rayon,
turen, lui-même formé de a- (du latin ad- marqua;nt dans VIO~Lrayon1 ac’est mon domaine>>, vient très
RAYONNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

probablement de cet usage commercial. Dans la lo- RE-, RÉ-, R- est le préfixe tiré du préverbe la-
cution en corzntitre un rayon «être très compétent)), tin re-, red- marquant un retour en arrière (rece-
le mot prend une valeur plus abstraite. dere, t récession), un retour à un état antkieur
w Les dérivés, peu nombreux, remontent au XIX” siè- Irestituere, + restituer) et, par suite, une répétition
de. 0 RAYONNER v. tr. (18611, <<former des (recantare «répéter4 ou un mouvement en sens
rayons)), voit son usage limité par l’homonymie contraire qui détruit ce qui a été fait (renuntime,
avec 0 rayonner. + RAYONNAGE n. m. (18741, + renoncer). Red-, qui est peut-être la forme an-
<ensemble des rayons de rangement; rayons as- cienne de re-, s’est employé devant consonne avant
semblés pour constituer un meuble, une biblio- de ne plus apparaître que devant voyelle, ceci dès
thèque», est d’usage courant, surtout au pluriel. l’époque classique. Re-, red- est une particule ita-
lique, attestée dans l’ombrien revestu, correspon-
RAYONNE n. f. est la forme graphique franci- dant au latin rwkito aje visiteti, et pour laquelle on
sée ( 1930) correspondant à la prononciation de ne conntit aucun autre correspondant.
l’américain rayon ( 19241, marque déposée d’une + L’élément, antéposé à un verbe ou à un dérivé de
soie artscielle. Rayon est dérivé de l’anglais ray verbe (nom d’action), réduit à r devant voyelle, sert
*rayon», lui-même repris à l’ancien eançais rai*, et à former des verbes, des substantifs et des adjectifs
du suffixe -on I+ nylon) en raison du caractère bril- verbaux. Comme le préverbe latin, il indique le fait
lant de cette matière. de ramener en arrière kecuZer*J, le retour à un état
antérieur Iramener* ; il a aussi exprimé le renfor-
0 RAYONNER -+ RAI
cement, l’achèvement (relier*), valeur qui a cessé
0 RAYONNER 3 0 RAYON
d’être productive. Le préke est très vivant avec la
valeur itérative Irecommencer*l Avec une valeur
RAYURE -+ 0 RAIE tiaiblie, il sert à former un composé dont le sens
est quelquefois équivalent à celui du simple, ce der-
RAZ n. m., lon@emps écrit rus (v. 1360) puis éga- nier étant moins usité ou réservé à d’autres em-
lement raz (18421, est emprunté, comme le mot bre- plois : ce verbe simple commence en général par
ton correspondant, au dialecte normand qui l’a lui- une voyelle et a vieilli h-ulentir*, raccourcir*, rem-
m&me pris à l’ancien scandinave Y& <<courant plir*l. 0 Dans l’usage familier, re- peut se combiner
d’eau>>, par emprunt aux Normands vikings, enva- avec des noms avec la valeur de «encore>> surtout
hisseurs de cette province. Le mot scandinave, au- associé à des noms à valeur verbale (ordre, excla-
quel est apparenté l’ancien anglais rues ~courant, mation), moins fréquemment avec des noms
assaut, d’où vient l’anglais race -course», est d’ori- concrets Irebonjour; rebelottel La langue parlée fa-
gine inconnue. milière moderne l’emploie seul, dans un contexte
+ Le mot a été repris pour désigner un courant ma- clair, au sens de «on recommence, on remet ça= :
rin violent qui se fait sentir dans un passage étroit ; allez, re! +L’élision devant voyelle était de règle
par métonymie, il est employé en Bretagne et en jusqu’au XVI~s., saufdevant la série des mots en im-,
Normandie dans des noms propres désignant des in- et quelques mots isolés en u-, ainsi que quelques
passages où se produit un tel courant 11484). Le mot emprunts savants en a-. Les débuts de re- devant
est surtout connu par le nom géographique, pointe voyelle datent de la h du xv? siècle.
du Raz.
RÉ n. m., nom de la seconde note de la gamme
b fl a Servi à former k Composé RAZ-DE-MAREE
d’ut Iv. 12201, est tiré par Guîdo D’Arezzo Cv.995
(1678, ruts de marée; puis ru-de-marée) désignant 1050) de la première syllabe de rekonarel fibris,
une énorme vague d’origine sismique ou volca- deuxième vers de l’hymne latine de saint Jean-
nique et, au figuré, un bouleversement, un brusque
Baptiste ; cf. gamme.
envahissement qui détruit l’équilibre existant
(1946). RÉACCOUTUMER + COUTUME

RAZZIA n. f. est emprunté, adapté successive- RÉACTEUR, RÉACTIF, RÉACTION


ment en gaze (17251, guziu (18081, puis ruzia (18363 - RÉAGIR
et razzia (18381, à l’arabe algérien &zyut, en clas-
RÉACTIVER + ACTIF
sique gaz& <expédition, incursion militaire)>.
+ Le mot, d’abord mentionné puis, vers 1840, adopté RÉACTUALISER + ACTION
dans le cadre historique de la conquête de l’Algé-
rie, désigne l’attaque qu’une troupe de nomades RÉAGIR v. intr. est emprunté (1516, puis v. 1750)
lance contre une tribu, une oasis, une bourgade au bas latin reugere (rv” s.) «pousser de nouveau>>, au
pour enlever les troupeaux, les récoltes. Il est passé figuré, courant dans l’usage scolaire médiéval et
dans la langue familière avec le sens d’<<enlève- formé de re- (+ re-1 et ugere I+ agir).
ment, rafle>>(1841) et de ((rafle de police>> 11845-18461, 4 Le verbe a été introduit par la langue scientgque
aujourd’hui peu usité ; il est relativement usuel sous l’influence d’agir, au sens d’ccexercer une ac-
dans la locution faire une razzia sur gqch. al’em- tion sur un corps naturels, en alchimie, non attesté
portern (1869, Littré). avant la reprise du verbe en chimie (v. 1750)
b En est dérivé RAZZIER v. tr. (18421 <<piller>>,dont d’aprés l’emploi antérieur de réaction (ci-dessous)
le sens propre asoumettre (une tribu) à une razzia>> à propos de corps ou de forces qui exercent une ac-
est enregistré en 1845. tion combinée les uns sur les autres Mugir contrel,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3105 REALGAR
et dans faire réa@ (1831). oRéagir passe en phy- teur, passéiste (1831). Il est abrégé familièrement
siologie à la même époque avec le même sens en RÉAC n. et adj., abrègement qui appartit pen-
( 1774, tous les organes agissentet réagissent les uns dant la Révolution de 1848 (selon L. Larchey), no-
sur les autres), puis pour ~~manifester une action à la tamment avec le personnage comique de Monsieur
suite d’une action» ( 1809, nerf non réagissant). Réac. +RÉACTEUR,TRICE adj. et n., créé par
+ Vers la ti du XVIII” s., et après réaction, il se ré- substitution de suffixe, lui aussi pendant la Révolu-
pand en parlant de deux ou plusieurs personnes tion (1794) pour désigner le partisan d’une politique
exerGant une action l’une sur l’autre ( 1784) et, dans de réaction, comme substantif et comme adjectif
réagir contre (17881, se spécialisant en politique (17971, s’est employé au XIX’ s. avant de disparaître
pendant la Révolution ( 1792). Sur le plan psycho- sous la concurrence de réactionnaire. +Réacteur a
logique, le verbe, en emploi absolu (18691, équivaut connu un grand essor dans la langue technique et
à cavoir une réactionn, spécialement «éprouver une scienttique où, après une attestation isolée en
émotion à la suite d’un événement%. 18 17, il a été repris au xxe s. : il désigne spéciale-
des &îm&eS Ont emprunté RÉACTION n. f. ment un moteur propulseur à réaction (19491, un
(16161 au latin scolaire reactio, attesté vers 1345 dispositif nucléaire dans lequel on maintient et
dans le domaine anglais et recommandé par Vos- contrôle des réactions de fission nucléaire en
sius (xwe-xwe S.I.Réaction est formé avec le préfixe chaîne (1949) et une installation où s’effectue une
re- sur le latin classique actio (+ actionj. Le mot, réaction chimique en présence d’un catalyseur
correspondant sémantiquement à réagir, désigne (19751. Le substantif entre dans la construction de
une action opposée à une autre et engendrée par quelques composés techniques, spécialement en
elle. Dès le XVIII~s., il s’applique aux faits sociaux et aviation, comme BIRÉACTEUR n. m., TRI- et
psychiques, désignant la réponse à une action par QUADRIRÉACTEUR n. m. désignant des avions.
une action contraire tendant à l’annuler Il734 et le + RÉACTIF, IVE adj., <<quiréagit ou fait réagir)}, est
comportement de qqn en réponse à une action ex- apparu en chimie (1740) où il a été substantivé au
térieure (1790, une réactin de cu~3Wé), spéciale- masculin ( 1797) à propos d’une substance utilisée
ment une émotion forte à la suite d’un événement pour découvrir la nature d’un corps inconnu par
(1859, éprouver ww réaction violente). 0 Pendant la l’action qu’elle produit sur celui-ci. Après une
Révolution, il désigne un mouvement d’opinion qui vogue momentanée pendant la Révolution comme
agit dans le sens inverse de celui qui l’a précédé synonyme de réactionnaire (17921, il a été repris au
( 1790) ; réwtion s’applique à tout mouvement xx” s. en électricité (1894; en rapport avec réac-
d’idées qui s’oppose aux modifications radicales is- tunce) et en psychologie (1968). + Son dérivé RÉAC-
sues des principes de la Révolution et vise à réta- TIVEMENT adv. (1832, Balzac) n’a pas eu de disk-
blir des institutions ou des principes antérieurs sion, mais RÉACTIVITÉ n. f., formé (mil. XX’ s.) sur
(1792 chez Marat). * Au XIX~ s., le mot se spécialise réactif: est courant en physico-chimie. Un autre
en physiologie El803 ; 1805, la réaction du système mot réactivité avait été formé sur activité au sens
nerveux), par exemple dans temps de réaction de «nouvelle activité» (17981; il était sorti d’usage.
(1931, au figuré). En médecine, le mot s’applique à + RÉACTANCE n. f. semble être un emprunt 118941
la modification de l’organisme produite par une & l’anglais reactapzce (18931, de to react qui corres-
cause morbide (18571, avec des expressions comme pond à réagir. Le concept correspond à la quantité
réaction. inflammatoire (18741, désignant parfois qu’on doit ajouter à la résistance pour calculer l’im-
des réactions provoquées, par exemple réaction de pédance d’un courant alternatif, sa période étant
EWdet-IWusseman 11913, diagnostic de la syphi- connue. +RÉACTIONNEL,ELLE a’dj., dérivé de
lis, ou cutiréaction. *Plus couramment, on parle réaction, est attesté une première fois chez Balzac
de réaction de défense (1902, en psychologie ; 1921, (1832, Louis Lambert) qui nomme être réactimnel la
en psychanalyse). +Au xx” s., le sens physique de partie de l’être humain qui réagit ; il s’est spécialisé
base, d’après ses applications pratiques en méca- peu après en physiologie ( 1865) et a été repris en
nique, se spécialise dans la dénomination d’un psychologie et en psychanalyse ( 1968, fomzation
mode de propulsion d’un mobile utilisant l’émis- réactionne2Zel.
sion vers l’arrière d’un fluide sous pression ( 1932,
RÉAJUSTER + JUSTE
propulsion pur réaction). De là avion à réaction
( 1948) ; cf. ci-dessous réacteur. L’idée d’ccaction en REALGAR n. m., d’abord riagai Cv.KW), reagu2
retour) trouve des applications spéciales en élec- 11377) puis realgar En XV~~.), en outre réalgal au
tronique ( 1960) et cybernétique ( 1964). e En phy- XVII~s., est l’adaptation avec déformation de l’arabe
sique atomique, réaction nucléaire (1946) recouvre ru!@ ul-@r, littéralement ((poudre de caverne)‘,
un processus entraînant la modfication d’atomes employé chez les Arabes du Maghreb pour dési-
et réaction en chaîne ( 1946) une succession de rup- gner l’arsenic, parce que cette matière était tirée
tures de noyaux atomiques obtenue dans un réac- des mines d’argent. Selon Lammens toutefois,
teur nucléaire. l’arabe ru!@ al-@r serait une erreur de lecture
Le sens politique, exerçant pendant la Révolution pour ru!@ ul-für <<poudre des ratsu, cette substance
une forte attraction sur le groupe de réagir, a pro- étant effectivement employée comme mort-aux-
duit RÉACTIONNAIRE adj. et n. 117941, =Partisan rats. Il est difkile de déterminer quelle langue a
de la politique de réactionn, employé ultérieure- servi d’intermédiaire vers le Cancais : ce peut Gtre
ment comme substantif (1850) ; par extension, mais l’espagnol rejalgar ou l’ancien provençal riulgar,
sans se départir de sa valeur péjorative, le mot qua- l’italien risuguilo n’ayant pas donné de forme
lifie une personne ou un tempérament consewa- comparable.
RÉALISER 3106 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot est l’ancien nom du sulfure rouge d’arse- bellare tifaire la guerre», dérivé de bellum. Rebeller
tic. a supplanté la forme plus ancienne reveler (1080),
forme plus francisée issue de rebellare, usuelle
REALISER, RÉALISME, RÉALISTE, jusqu’à la fm du xv’ s. avec son déverbal revel «re-
RÉALITÉ +RÉEL bellion>>. 4 Le verbe est aussi intransitif en moyen
fkançais; il signifie <<refuser d’obéir à l’autorité de
RÉANIMER + ANIMER l’État ou à toute autorité de droit ou de fait>>.Il a pris
le sens figuré de <protester, regimber» ( 1395).
REBAPTISER -+ BAPTÊME REBELLION n. f. est emprunté (v. 12121 au dérivé
RÉBARBATIF, IVE adj. est en général latin rebellio, -anis *reprise des hostilités, révolte%.
considéré comme dérivé (v. 13601, avec un sufke * Le mot désigne l’action de se révolter contre une
savant, de l’ancien français (se1 rebarber *faire face autorité de droit ou de fait, et, en droit pénal, lïn-
à l’ennemi, regimber» (v. 12503, proprement <faire fraction commise contre l’autorité publique consis-
face barbe contre barbe)), formé de re- et de burbe”. tant en une attaque ou en une résistmce active
P. Guiraud préfère le faire venir du latin barbatus contre un agent de la force publique (1664). Par ex-
«barbuo, de barba, l’adjonction du préfixe re- cor- tension, il s’applique à la tendance à se rebeller, à
respondant à retirousserl et l’idée étant & contre- désobéir Iv. 1370). Une extension métonymique
poil, revêchem. pour (<ensemble des rebelles» est attestée depuis
1628. +Son dérivé RÉBELLIONNER (sel v.pron.
4 Le mot caractérise d’abord une personne qui re- En XVIII~ s-1a connu une certaine vitalité pendant la
bute par un aspect rude et comme hérissé, concur- Révolution, de même que RÉBELLIONNAIRE adj.
rençant et supplant& l’ancien rebarbe, dérivé de et n. (1771). Tous deux ont disparu malgré la créa-
rebarber; il s’est dit au xvres. d’un peuple non civi- tion du dérivé RÉBELLIONNEMENT n. m., affec-
lisé. + Au siècle suivant, il a développé le sens fi- tionné par les Goncourt (18771.
guré d’Maride et ennuyeux)) 11670, Molière), resté 0 Voir BELLIGÉRANT, BELLIQUEUX, DUJZL.
usuel, à propos des personnes, des actes, des écrits,
des œuvres. REBIFFER ISEI v. pron. et intr., attesté de- a)
puis le début du XLII~s., est d’origine obscure. L’hy-
REBEC n. m. est l’altération ( 13791, peut-être pothèse d’un étymon “bifle qriEe», déverbal de bif-
d’après bec* en raison de la forme de l’instrument, fer* «griffer>>, manque de fondement, de même que
de l’ancien français rebebe, rubebe Cv.12781, égale- celle d’un rattachement à l’ancien nordique biffa,
ment altéré en rebelle krve s.1 d’après l’espagnol. attesté par le bas allemand büven <trembler=, et al-
C’est un emprunt à l’arabe ra6ab de meme sens, lusion au frémissement des naseaux des chevaux.
probablement par l’întermédia;ire de l’ancien pro- Le recours à un verbe biffer «trompern (v. 13101,dé-
vençal rebeb, l’mcien italien tibeba étant peut-être rivé, malgré le décalage chronologique, de bifle
emprunté au gallo-romm. Le croisement avec bec* uétoffe de mauvaise qualité>> d’où «fausse appa-
se retrouve dans l’ancien provençal rebec, d’où rence>) ~VI” s.1, fait également problème. On pour-
également l’italien ribeca. rait s’en tenir à un radical onomatopéique batY ex-
4 Le mot désigne un instrument de musique à trois primant la moquerie (+ bafouer).
cordes en usage au moyen âge et dont on jouait + On part du sens transitif concret de Krelever, re-
avec un archet. Par réemprunt, il s’applique de ma- trousser)), sorti d’usage au début du XVIII~ s., qui,
nière vague à un instrument à cordes frottées, ana- probablement par le même type de métaphore que
logue au violon et en usage en Orient, quelquefois retrousser les babines, a donné le sens figuré de are-
sous la forme REBAB ou rab& ( 1850) repris dkw- pousser>> (v. 1225). +Le mot a été repris au XVII~s.
tement à l’arabe. dans son usage pronominal moderne, se rebiffer si-
gnihnt <<se refuser à faire qqch., regimbelh
REBELLE adj. et n. est emprunté (v. 1160) au la-
(av. 1640). 0 L’argot du XIX~ s. ajoute un emploi in-
tin rebellis “qui recommence la guerren, arévoltén,
transitif équivalant à <<recommencer, repiquern
de re itératif (-, re-1 et de bellum «guerren (--+belli-
( 18461, d’après l’idée de «réagir avec vivacité
queux) avec un stixe d’adjectif.
(contre une attitude hostile, méprisantel~~.
+Rebelle se dit d’une personne qui refuse de se
k REBIFFE n. f. (18371, ccvengeancen, est plus argo-
soumettre à l’autorité d’un gouvernement, d’un
tique que REBIFFADE n. f. (18101 et REBIFFE-
État ou d’une personne. Par extension, il qutie
MENT n. m. 118881, très rares.
une chose qui ne reste pas dans la position que l’on
veut lui donner, spécialement les cheveux Iv. 13601, REBIQUER + BIQUE
et un mal difkile k guérir EV.1560). Dans la
construtiion Cêtrel rebelle ù ( 1642, Corneille), il ca- REBLOCHON n.m. est emprunté 11877, Lit-
ractérise ce qui est indocile, résiste à qqch., sens tré) au nom savoyard d’un petit fkomage gras de
plus ancien en parlant de la chair dans un contexte forme ronde, dérivé d’un verbe reblyochi. Ce verbe
chrétien (v. 12201, et, au figuré, une personne qui exprime l’action de faire sortir par une nouvelle
n’a pas de disposition pour qqch. La nuance de pincée le lait qui se trouve encore dans le pis après
<<contraire, néfastea Iv. 13601 est sortie d’usage. la traite, le fromage étant à l’origine fait avec le lait
b REBELLER (SE1 v. pron. est emprunté (v. 1180) de la seconde traite; il sime aussi <<fairepour la
au latin Tebellare «reprendre les armes, se soule- seconde fois*. C’est le dérivé en re- du verbe dialec-
ver, se révolter)) au propre et au figuré, de re- et de tal blossi, bloc’hi, blocher «pincer», répandu en
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3107 RÉBUS
Suisse et en Savoie, que l’on ramène à un latin po- brousser a produit deux mots d’usage technique :
pulaire “blottiare d’origine inconnue. REBROUSSAGE n. m. (v. 1950) et REBROUS-
SEUR, EUSE n. (v. 1950), relatifs à une opération en
REBONDIR + BONDIR bonneterie.

REBORD - BORD REBOUTER, REBOUTEUX -3 BOUTER

REBOURS, REBOURSE adj., réfection REBROUSSER + REBOURS


Cv.1220)de rebors Cv.1160), est issu d’un latin o~eb~r-
SUSqui est probablement une contamination du bas REBUFFADE n. f. est dérivé (15501de rebufle
latin rebuts “qui a les cheveux retroussés>>, lui- Nrefus brutal ou accueil désagréable accompagné
même dérivé de burra (+bourre) et de reversus de paroles dures% 115401,sorti d’usage. Le mot est
«renversé>> C+ revers). emprunté de l’italien qui hésitait entre les trois
+ Le mot, repris comme adjectif, a eu le sens du la- formes rebufo, ribu/ et rabufo (aujourd’hui sur-
tin Cv. 11601, puis la valeur figurée de «revêche)> tout rabufo), déverbal de rebuflare Ndéranger,
Cv.12201par le même type de développement que houspillera>, lequel est formé de re- à valeur inten-
rébarbatif; ces deux valeurs ont disparu. Il est sive (+ ré-1 et de buffure «setier, gonfler)) apparte-
passé dans le vocabulaire du manège pour un che- nant au radical onomatopéique bu17- qui exprime la
val difkile à monter, rétif (xv” s.) et dans celui de la boufksure, le dédain (+botie, bouffer, bo&,
menuiserie avec le sens technique de anoueux, dif- bouffon).
ficile à travailler>> en parlant d’un bois t 17711,à peu + Le mot a gardé le sens de l’étymon ; il est au-
près disparu. 4 Son emploi le plus vivace est la io- jourd’hui d’usage limité (essuyer une rebuflade et
cution adverbiale $ rebours h. 1165,a rebors; 1534, quelques expressions) et assez littéraire.
au rebours) <<en sens contraire au sens habituel,
normalm et, au figuré, =de façon contraire à l’usage, RÉBUS n. m. est l’emploi spécialisé Iv. 1480;
à la norme>> Km XIII~ S.I. L’emploi pour & rebrousse- 1512 selon T. L. F.1 du latin rebus, ablatif pluriel de
po& ( 1611) réactive la valeur étymologique. En res cchosen G-+rien). Pour certains, le point de dé-
fonction de préposition, au rebours de Cv.1265)puis part serait à chercher dans la formule latine de re-
a rebours de (CII xwe s.1 Sign%e <contrairement à». bus quae geruntur aau sujet des choses qui se
*L’emploi substantivé du mot est rare au sens fi- passent>>, nom donné aux libelles que les clercs de
guré de <contre-pied>> ( 12761,et sorti d’usage au Picardie composaient au temps du carnaval et qui
sens propre de «contre-poil d’une étoffe>>(1694). comportaient des dessins énigmatiques, dits rébus
F De l’ancienne forme rebors est dérivé l’ancien de Picardie, rébus d’Arras. Pour d’autres, comme
verbe reborser v. într. #venir à manquer» (v. 1155) et Warkburg qui écarte cette hypothèse pour des rai-
v. tr. <retrousser (la peau d’un anirnal)~ (XIII~ s.l. sons chronologiques, le mot se réfère au jeu d’es-
D’après l’évolution gaphique du nom, il a pris la prit consistant à représenter les objets et les per-
forme rebourser I~I xrve s.), refaite en REBROUS- sonnes par des dessins, rebus étant implicitement
SER (XVI~S.I. La construction transitive de ce verbe, opposé à Zitteti “par les lettres». Selon P. Gtiraud,
attestée la première au sens de {{relever dans le qui part de l’acception primitive de amot pris dans
sens contraire du sens naturel* @II XIV~s.), est la un autre sens que celui qui lui est naturel)} (encore
plus courante, notamment dans rebrousser che- chez Rabelais) et s’appuie sur le sens de cbévuen et
min, au propre et au figuré (15891. Le sens de de «mauvais jeu de mot+, encore attesté dans les
<prendre à rebours (qqn), choquern (CII XI? s-1ap- dictionnaires au ~LX~s., le français rébus serait une
partient à l’usage classique. Puis, le mot a pris des forme volontairement équivoque de rebours*
sens spécialisés en megisserie ( 1723) et en tricot ((contre-pied, contraire de ce qui devrait êtreb, lui-
(1964). - La construction intransitive, attestée de- même attesté au sens de Ndevinettev (1655, 1771).
puis le xve s. avec le sens de «revenir en arrièren, a Rebous, variante attestée en ancien français, aurait
vieilli ; elle se rencontre encore à propos d’un ins- donné lieu à une équivoque avec le latin rebus, pro-
trument tranchant qui recule et manque à couper. noncé rébous; les rébus en images, apparus au mi-
Rebrowser a produit une première série de déri- lieu du XVI’ s., correspondraient dans ce cas à une
vés au XVII~s., avec le nom d’instrument technique acception secondaire liée au latin rebus, opposé à
REBROUSSOIR n. m. (16281,réfection de rebour- litteris. Le contexte des premières occurrences, où
soir (16061, qui a survécu à REBROUSSE n. f (1723) rébus rime avec abus et irnbutz, ne semble cepen-
et REBROUSSETTE n. f. (18031avec le même sens. dant pas confirmer cette hypothèse.
4 REBROUSSEMENT n. m. ( 16041, d’abord «fait de + Le mot a d’abord désigné un mot pris dans un
rebrousser chemin», s’emploie en géométrie dans autre sens que le sens normal, d’où un mauvais jeu
point de rebroussement (1696) et arête de rebrous- de mots ( 16681.11a aussi désigné un langage figuré,
sement (17491, désignant par extension le change- conventionnel (1546) et une bévue (1583-15903. +Le
ment de direction d’une courbe (1869). Il se dit en sens actuel remonte au XVI~s. Iv. 1530, Marot); en
géologie du changement de direction d’un pli, procède la valeur figurée, &riture di&ile à dé-
brusque et aigu 11888).0 Puis le mot exprime en cmer, propos dîfkile à comprendre>) (15461,peut-
général l’action de rebrousser (18423. L’élément être influencée par le sens primitif du mot; la lo-
verbal rebrousse entre dans À REBROUSSE-POIL cution parler rébus ade manière énigmatique>>
lot. adv. (16361, d’abord au figuré & l’opposé* et, (1845) est sortie d’usage.
proprement, & contre-poila (1694). 4 Au xxe s., re- 0 Voir RÉEL. RIEN.
REBUTER 3108 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

REBUTER + BUT ception semble s’être surtout répandue à partir du


XIX~ s., le verbe s’appliquant au compte des habi-
RECACHETER +CACHET(art.CACHERI tants d’un pays 11869, recenser lu populatinl, des
voix d’un stiage, des jeunes gens atteignant l’âge
RÉCALCITRANT, ANTE adj. et n. est le du service militaire, du matériel susceptible d’être
participe présent adjectivé (i5Sll de l’ancien verbe requis en temps de guerre.
RÉCALCITRER v.htr. CV. 1120) *regimber, faire b RECENSE~R, EUSE n. et adj. s’est d’abord écrit
opposition &, encore employé en français mo- recenseour au sens de <celui qui raconten Exil” s.1
derne par plaisanterie. Ce verbe est emprunté au avant d’être repris pour Mcelui qui compte les suf-
latin recalcitrare, formé de re- (-+ re-, ré-) à valeur &ages dans un voteb (1789). Il prend au xrxes. (1869)
intensive et de calcitrare <ruer, regimber-m, propre- le sens de apersonne procédant au dénombrement
ment crepousser du talonm, dérivé de ca& calcis d’une population)), seul vivant aujourd’hui. + Le dé-
Mona C+ chausser). rivé RECENSEMENT n. m, (1611), créé au sens de
+ L’adjectif, rare avant la ti du XVII~ s., quaMe un mrécit, action de passer en revue)>, sorti d’usage, et
mal, une personne qui se refuse 0pinGtrement de adénombrement), valeur durable et qui s’est
à faire ce à quoi on veut le contraindre, Par ex- spécialisée pour l’opération administrative ayant
tension, il qualifie une chose qu’on ne peut agen- pour but de recueillir des renseignements statis-
cer, utiliser à son gré 11840). tiques auprès d’une population et de la dénombrer
(1798, probablement antérieur en politique, pen-
de dérivé RÉCALCITRANCE n. f CI?‘93 estrare;
dant la Révolution) [cf. recenser ci-dessus]. Le mot
on le trouve chez Baudelaire.
Sign%e spécialement ~conscription~ (1845) et «in-
RECALER - CALE
ventaire des animaux, véhicules, installations et
équipements susceptibles d’être réquisitionnés en
temps de guerre>> 119041.
RÉCAPITULATION n. f. est emprunté
RECENSION n. f. est soit dérivé du verbe fkançais,
(1245) au bas latin recupitulatio, -on&, nom d’action
soit emprunté (17531 au dérivé latin recensio, -anis
tiré du supin du bas latin recupitulure *reprendre à
adénombrement, énumération détailléea. 0 Le mot
la tête, au début*, d’où crésumer, reprendre> (11~ s.),
a d’abord désigné l’énumération des cartes géo-
du préfixe re- à valeur itérative &--+re-1 et de cupitu-
graphiques d’un ouvrage avec examen critique de
Zwn C+ chapitre, da capo).
leur établissement. Ensuite ( 18081,il désigne la véri-
4 Le mot désigne la répétition d’une chose point fication de l’édition d’un auteur a;ncien d’après les
par point et, par métonymie, l’écrit qui récapitule. manuscrits, puis, par extension, une édition cri-
Il s’applique spécialement à une figure de rhéto- tique. Au xxe s., il a pris un sens figuré qui le rap-
rique par laquelle on énumére les points princi- proche de recensement aexamen, inventaire dé-
paux de la péroraison. En histoire des sciences, loi taillé et critique,.
de récapitulation désigne la loi selon laquelle l’on- @ Voir CENS. CENSÉ, CENSEUR, CENSURE.
togénie répète la philogénie.
b RÉCAPITULER v. tr., le verbe correspondant, est
RECENTRER + CENTRE

emprunté un peu plus tard (v. 1370, Oresme) au RÉCENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1450) au
verbe latin Ici-dessus). latin recens, -entis, dont le sens originel pourrait
Il signSe weprendre point par point (ce que l’on a avoir été “qui vient en ligne droiten, et qui sigr3e
dit ou écrit)» et, par extension, <rappeler dans sa Mnouvellement arrivé)), <frais, jeunen et, au figuré,
mémoire (des faits, des événement& Iv. 1570; dispos, inta&>, substantivé dans la la;ngue médi-
1764). +Le dérivé savant RÉCAPITULATIF,IVE cale tardive pour eeaun, d’après le grec nearon Chu-
adj. (18311, “qui sert à récapituler)}, est assez cou- db-1 ((eau kaîchen. L’étymologie du mot n’est pas
rant. certaine : on a analysé Tecey1sen re-cent-, et rappro-
ché du second élément le vieux slave po-ë;no cje
RECASER -+ CASE commenceraib, Izont c~commencement~, mais ce
n’est là qu’une hypothèse.
RECELER, RECEL + CELER + Le mot a été repris au sens de &a&, vif>>,en par-
lant d’une blessure, d’une douleur, d’une personne
RECENSER v. tr. est emprunté tv. 1240) au la- qui a une connaissance toute frakhe de quelque
tin recensere «passer en revue,, et spécialement chose. Il a supplanté l’ancienne forme populaire
afaire l’examen critique de (un écrit)=. Ce verbe est roisunt (déb. XIII~s.), rukant (12001, resunt &a&.
fort-né de re-, préverbe pris dans sa valeur intensive 0 La valeur initiale, également employée pour ca-
(-+ re-1 et de censere eestimer, évaluer= I-, censé). ractériser une couleur ( 149 1) et, au figuré, une per-
4 Le verbe a d’abord sign%é waconter, rapporter, sonne saine et vive ( 15081, est sortie d’usage au bé-
exposerx, sens usuel du XIII” au début du XVIJ”s. (ré- néfice de la valeur temporelle “qui s’est produit
pertorié en 1611) d’où vient une spécialisation juri- depuis peu de tempsn Iv. 14601.Le sémantisme an-
dique pour Kentendre des témoirw IXVII~-XVIII~S.I. cien ne survit que dans les dialectes du nord de la
+Jusqu’au XVI~s., d’après la solidarité des notions France avec le sens de “qui a repris ses sens (après
de conter et compter (cf. ces mots), le verbe sime l’ivresse, l’évanouissementl~ et <calme, rassi9
également &numérersp Cv.12781, puis «comptern d’une personne. Au sens dominant, le mot s’oppose
(15321, avant de prendre le sens de <<dénombrer, à ancien; son sémantisme le distingue de moderne
faire le compte dex t 15341,resté vivant. 0 Cette ac- par un contenu strictement chronologique.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3109 RÉCEPTION
F Le dérivé RÉCEMMENT adv., dont la forme (1646) cépissél. +Dans le langage scientifique, le mot
a éhnîné le type antérieur recentement 115441, si- s’applique au fait de recevoir des ondes (av. 1650,
gnSe adepuis pew. + Une tentative pour former un Descartes) et, avec un nom abstrait, à l’action d’ac-
nom, RÉCENCE n. f. (18011, après le moyentiançais cepter ce qui est reçu, par exemple dans réception
en recey1ce <<denouveau 115371,a échoué. de caution 116901, réception de travaux (1845), Par
0 voir RINCER. une métonymie d’ordre spatial, il sert à désigner le
service chargé de recevoir les produits livrés par
RÉCÉPISSÉ n. m. est l’abréviation (13801 de la les fournisseurs (1883). + Au XX~s., il désigne en
formule latine cognosco me receptise aje reconnais sports l’action de recevoir le ballon en le controlant
avoir reçu» qui s’écrivait sur les reçus. Cette ex- 11913, en rugby) et la manière dont le corps se re-
pression est formée de cognosco, première per- çoit au sol aprés un saut ( 1939, en athlétisme).
sonne du singulier de l’indicatif présent de cognos- b Les dérivés sont assez récents. +RÉCEPTION-
cere (-+ connaître), de me (+ moi) et de recepisse, NAIRE n. est attesté dans le Bulletin des lois du
infmitif parfait de rec@ere (-, recevoir). 13 juin 1866 au sens juridique ou technique de aper-
4 Le mot a d’abord été employé en fonction d’ad- sonne prenant livraison de marchandises pour son
jectif (mais invariablel dans lettre recepissé, avant compte ou celui du destinataire=, spécialement
d’être substantivé, sous la forme dialectale reche- dans des noms de métiers. Il sert aussi à désigner
pissé ( 13981, puis récépissé Iv. 1450) pour l’écrit le chef de la réception dans un hôtel ( 1962 dans les
constatant qu’un document, qu’un objet a été reçu. dictionntires) . +RÉCEPTIONNERv.tr. (1923) est à
Par extension, il désigne le reçu donné pour un la fois employé au sens technique de «recevoir, vé-
versement d’argent. rZer une livraisons, parfois en relation avec recette,
et en sports, de wecevoir un ballon en le contrô-
RÉCEPTACLE n.m. est emprunté (1314) au lantu Ci%x).~ Quant ~R~EPTIONNISTE n.,ildé-
latin receptaculum <magasin», «réservoir, basinn et signe couramment la personne chargée de l’ac-
<refuge, asile>>,dérivé avec un sufke à valeur dimi- cueil de la clientèle ( 1945).
nutive de receptare *retirer>), wecevoiw forme fké- RI~CEPTEUR, TRICE n. m. et adj. a été formé au
quentative de recipere (+ recevoir). xrxes. après un usage en ancien et moyen kançais,
+ Le mot désigne d’abord le lieu où se rassemblent d’abord sous la forme receteur (v. 12651, refaite en
des choses venues de divers endroits, puis le lieu recepteur 113911. Il est emprunté au latin receptor
de rassemblement de choses et de personnes <<celuiqui a repris>, employé spécialement à propos
(xv” s., repris 15521, souvent péjoratif. Deux spéciali- d’un receleur et dérivé de receptum, supin de reci-
sations techniques sont appames ultérieurement pere (-+ recevoir). Receteur arecelewk a disparu, et
en hydraulique où le mot désigne le bassin de ras- récepteur désignait en ancien fknçais l’employé
semblement des eaux ( 17011,et en botanique à pro- préposé à la comptabilité des ouvrages commu-
pos du sommet du pédoncule d’une fleur sur lequel naux (1283) ; en relation avec l’ancien recet Rasile,
s’insèrent les pièces florales ( 1765). refugea C+ recette), il s’est dit en moyen français de
@ voir RÉCEPTION. la personne donnant asile à qqn (XV” s., spécialle-
ment au féminin recepteuse une femme donnant
RÉCEPTION n. f., d’abord receptiun (v. 12001, asile à des brigands, 14%). Concurrencé dans l’un
la graphie actuelle apparaissant au xve s., est em- de ses emplois par receveur, puis sorti d’usage, le
prunté, pour servir de nom d’action à recevoir*, au mot a été recréé savamment 11845) d’après le latin
latin receptio, -anis qui remplit ce rôle vis-à-vis de receptum et réceptif. + Mot technique, récepteur dé-
recipere (+ recevoir), verbe qui fait au supin recep- signe alors un contenant, un espace destiné à rece-
tum. voir les eaux surabondantes puis un appareil rece-
4 Le mot ne s’est pas écarté de l’idée de base, sac- vant de l’énergie brute pour la transformer en
tion de recevoir}}, les variations de sens dépendant énergie utilisable. Il désigne ensuite couramment
de la nature des compléments et des contextes, un appareil destiné à recevoir des impulsions élec-
ainsi que de l’évolution de recevoir”. Ll désigne triques ou ondes électromagnétiques Iv. 18601, spé-
d’abord l’action de recevoir qqn cv. 12001, d’où par cialement dans récepteur de téZ@one, récepteur
spécialisation une cérémonie officielle par laquelle téléphonique nommant le dispositif qui transforme
on accueille qqn dans une société, un groupe (14181 un courant alternatif en ondes sonores reprodui-
et, qualifié, la manière dont on reçoit (1610). S’agis- sant le son initial. De là, par métonymie et plus cou-
sant de recevoir des invités 115591,réception a pris ramment, le sens de <partie de l’appareil télépho-
par métonymie le sens de «réunion mondaine d’in- nique où l’on écoute- (1879); cf. combiné. *En
vités, d’amisn 11830, Stendhal). +L’accent se dépla- physiologie, récepteur désigne une structure orga-
çant, par une autre métonymie, sur le lieu où l’on nique ayant pour fonction de recevoir des stimuli et
recoit, le mot s’applique à l’ensemble des pièces où de les traduire en messages sensoriels qu’elle
l’on donne les réceptions puis au bureau, au ser- transmet au système nerveux central ( 1874). + En
vice d’un hôtel, d’une maison de commerce où le finances, rkepteur d’un compte courant concerne
client est accueilli (av. 1922, Proust). +Dès le début la partie devenant débitrice d’une autre du fait
du XI~I~s., réception désigne aussi l’action de rece- d’un versement en compte courant et, en linguis-
voir une chose, puis l’accueil qu’on lui réserve tique, la personne qui reçoit un message envoyé
(16371, sens réalisé dans les locutions accuser la ré- par un émetteur (ces deux sens étant enregistrés
ception, accuser de réception (18261 et accuser ré- dans Le Robert en 1962). Le sens de base de *ce qui
ceptionde... (1835) dans le vocabulake postal (+ ré- reçoit>) est réactivé dans l’emploi figuré du mot
RÉCESSION 3110 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour =Organisme vivant recevant des impressions= çoite hf s.), rechoite (1288). C’est un emprunt au
(1914). + Récepteur, trice est adjectivé ( 1859) pour latin recepta, neutre pluriel substantivé pris pour
caractériser un appareil qui reçoit (spécialement un féminin singulier de receptw, participe passé
des ondes1 et, en physiologie, une structure ner- passif de recipere (--+recevoir). L’ancien hnçais a
veuse centrale recevant des influx. +Le nom a eu le substantif recet n. m. (1080) *habitation, refuge,
servi à former des termes de physiologie avec un lieu où l’on se retirea, spécialement arepaire d’un
premier élément désignant l’objet reçu, tels PHO- animal», aenterrementn Iv. 12401,emprunté au latin
NORÉCEPTEUR n. m. (xx” sd, CHIMIORÉCEP- recepti substantivé et désignant un refuge, une re-
TEUR n. m. (av. 19701, BARORÉCEPTEUR n. m. traite militaire et l’action de reprendre son sotie.
(av. 19691. + Le premier sens du mot, écrit par souci étymolo-
RÉCEPTIF, IVE adj. est d’abord le dérivé savant gique recepte du XTveau xwe s., est économique et
(v. 1450) du latin receptum, supin de recipere (-3 re- apparaît dans les coutumiers; il correspond à
cevoir). Autrefois employé au sens général de “qui Nmontant de l’argent reçu par un établissement
reçoitw, il s’est limité à quelques spécialisations : commercial ou industriels. En procèdent les etien-
après avoir qualifié une personne recevant une sions métonymiques de alocal où le receveur
connaissance scientifique (déb. xwe s.), il est sorti exerce son emploiti (1469, recette ghérde), d’où
d’usage. + 11a été reformé El8281 avec le sens de Nbureau d’un receveurn (1830, recette de tabac;
asusceptible de recevoir des impressionsn, et se dit 1848, recette buraliste), et de <fonction de celui qui
d’un organisme exposé à contracter une maladie reçoit les contributions, souscriptions aux em-
infectieuse (1875, Larousse, mais antérieur, cf. ré- prunts de 1’Étab (16361, plus tard en relation avec
ceptivité). +De réceptif est dérivé RÉCEPTIVITÉ perception. + Au mre s., d’après l’idée d’indication
n. f. (18011 disposition k recevoir des impressions>, reçue, recette a été repris en pharmacie pour Nfor-
spécialement dans état de réceptivité (1928). Le mot mule indiquant les éléments entrant dans la prépa-
désigne également l’aptitude d’un organisme à ration d’un remèdem, déclinant en faveur de for-
contracter certaines maladies (18451. Il se dit aussi mule mais conservé avec un emploi dépréciatif
de la qualité d’un récepteur radiophonique capable dans recette de borne femme (attesté au ti 4.
de recevoir des ondes de longueurs très diverses 0 Par extension, le mot s’est répandu à partir du
(1949). + RÉCEPTIBILITÉ n. f. (18031, formé savarn- moyen tiançais pour désigner la manière de pré-
ment sur le latin receptum, supin de recipere, avec parer un mets, recette de cuisine prenant aussi une
le sem de <(faculté de recevoir des impressions>, est valeur figurée, et un produit domestique Iv. 1398) et
rare. a développé le sens figuré de Nmoyen, procédén
0 voir RÉCEPTACLE. (v. 15501, souvent péjoratif. +Dans certains contex-
tes professionnels, le mot désigne par métonymie
RÉCESSION n. f. est un emprunt savant (1869) le lieu où l’on manipule le charbon pour le trier
au latin recessio, -anis gaction de s’éloignerm, formé ( 18161, et l’action de recevoir des marchandises et
sur le supin IrecessumI de recedere as’éloigner, se de les vétier 118311, en relation avec réceptionner.
détacherfi. Ce verbe est formé de re- marquant le
mouvement en arrière Ire-), et de cedere «aller, RECEVOIR v. tr., d’abord receveir (1080) et re-
marcherti (+ céder). civoir Iv. 1200) avant recevoir (12731, est la réfection
4 C’est d’abord un terme didactique Sign%ant wc- d’après la première personne du pluriel au présent
tion de se retirer» ; il s’est spécialisé en astronomie de l’indicatif Crecevoml sur le modèle de UVOM/
dans l’expression récession des nkbuleuses &loi- avoir, devomddevoir, de l’ancien ir&nitif receiwe
gnement progressif des nébuleuses extragalac- Wm x” s. : v. 9801. Ce verbe est issu du latin recipere
tiques avec des vitesses proportionnelles à leurs Mretirer, ramener, reprendre», aaccepter, accueil-
distancesB (19491, concept & la base de la théorie de lirn, *retirer de l’argent de*, de re-, préhe mar-
l’expansion de l’univers et de celle du big-bang. quant l’intensité, le mouvement en arrière ou la
+Son usage en économie politique, devenu très réitération (3 re-1, et de cupere aprendre, saisir*
fréquent, est emprunté 0954) à l’anglo-américain (3 à chasser).
recession 11929 dans ce sens), de même origine que + Le verbe est d’abord employé avec la valeur ac-
le français. Récession a eu d’abord une valeur d’eu- tive de &isser venir à soi, donner accès à* : il signi-
phémisme (au lieu de crise, dépression); il s’est im- fie dès les premiers textes aaccueillir (qqn qui se
posé dans la langue des spécialistes pour un type présente)>. En faisant porter l’accent sur la ma-
de crise mineure. nière dont se déroule l’action, il signifie wcueillir
F Par changement de sufke, récession a produit de telle ou telle manièren (v. 11453.Il développe en-
RÉCESSIF, IVE adj. (19071, en biologie, dans les ex- suite dans différents contextes des valeurs spéciali-
pressions caractère récessif: hérédité récessive, gèmz sées : Grwiter des amis* ( 1798, en emploi absoh3,
récessif El91 1) à propos d’un gène dont les effets <accueillir des client+ Ih me s.) et, en emploi ab-
sont masqués par ceux d’un gène dominant. La no- solu, (<avoir un jour tic de réception des visiteurs*
tion vient de l’allemand Irecessiv, 18651, à propos 11832) ; ces vdeurs, également au passif &re reçu
des expériences de Mendel, au milieu du XIX~siè- (17211, correspondent surtout aux moeurs du
cle. +De récessif est dérivé RÉCESSIVITÉ n. f. XIX~ siècle. +Avec une insistance quant aux modali-
11953) <état d’un gène, d’un caractère récessifm. tés de l’action, recevoir si@e 4mettre (qqn)
après diverses épreuvesn (v. 12071, Gnstaller dans
RECETTE n. f., graphie moderne (fin xvres.1 de une charge, une fonction2 (xv” s.1, surtout au passif
recete 113141,recepte (13611, est la réfection de re- (Gtre reçul avec un changement de point de vue
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3111 RECHIGNER
(1549). Par extension, le verbe correspond à ((auto- est admis, reconnu par tout le monde (1655, Pascal),
riser (qqn) àn, au passif «être autorisé àm (153 1) dans et spécialement d’un mot considéré comme appar-
être Ibienl reçu A-, d’usage surtout classique. + Par tenant à la norme du français cultivé knil. ti s.l.
substitution de complément à l’inanimé, le verbe a 0 À l’époque classique, il s’est dit d’une personne
pris très tôt le sens d’tcadmettre, reconnaître pour jouissant d’un grand crédit (16793. +Le mot a été
vrain (1080) puis, concrètement, de cfaire entrer substantivé, d’abord au sens d’~accue& (v. 1315, re-
(une substance) dans un lieu» (1538). Il sime en sut) puis repris, un REÇU signif%mt &rit sous
droit ((accepter comme étant dû* (v. i 155) d’où non- seing privé par lequel une personne reconnaît
recevoir (16901, f% de non-recevoir, et se dit pour avoir recu une lettre, un objet>> 11611) ; cet emploi
Maccepter comme agréable)) ( 15381, emploi plus administratif est passé dans l’usage courant.
marqué comme littérajre. + La forme pronominale 0 voir RkÉPlSSÉ, RkEPTACLE, RÉCEPTEUR. RÉCEPTiF.

se recevoir se range dans les emplois à valeur ac- RÉCEPTION, RECETTE, RÉCIPIENDAIRE. RÉCIPIENT, RECOU-
tive : autrefois employé au sens de ase réfugier, se VRER. RÉCUPÉRER.
retirep Ixrvesd, se recevoir a été repris en sports,
turf (18721, lutte (1899) au sens de aprendre contact RÉCHAPPER + ÉCHAPPER
avec le sol après un saut>). +Le verbe a aussi la va-
leur passive de «se voir adresser qqch.m : il sign5e RECHARGER + CHARGER
<prendre, accepter}} (ce qui a été donné, offert, en-
voyé) avec un nom d’objet concret (10501 et abstrait RÉCHAUD, RÉCHAUFFER 3 CHAUF-
(10801 pour complément. Avec les deux types de FER
complément, recevoir vaut pour *être l’objet d’une
action que l’on subitn (10801, également avec un RÊCHE adj., d’abord resque 112441, reech
nom de chose pour sujet (v. 11551, par exemple Cv. 12681, écrit rêche est d’origine in-
au xvf s. (16971,
dans la terre reçoit la pluie. certaine : Wartburg revient sur l’étymologie propo-
sée par Bloch et Wartburg d’un gaulois “reskos
b La dérivation est modeste en comparaison des
&a% et propose un francique “rubisk «rauque,
emprunts faits au latin (&eptin, etc.). +Le plus
rude, âprem, dérivé d’un radical que l’on retrouve
ancien dérivé est RECEVEUR, EUSE n., réfection
dans l’ancien haut allemand hruf {croûte d’une
de receveme (v. 1120, au cas sujet], employé dans les
plaie)), devenu “ruvisk, OroesIz,Oreesk et dont le fémi-
traductions des psaumes à propos de celui qui
nin s’est généralisé. Cette hypothèse présente des
donne un soutien moral. 0 Le mot s’est spécialisé
problèmes phonétiques non résolus. P. Guiraud est
dans le domaine administratif (en relation avec re-
tenté de voir dans cet adjectif une forme de re-
cette*) pour désigner la personne chargée de faire
vêche*, tant la parenté sémantique des deux mots
une recette ou de gérer une recette Cv.11701, spé-
est étroite : mais cela postulerait la syncope du v du
cialement dans receveurs g&&uux (14161, rece-
latin populaire “reversicus auquel P. Guiraud fait
veurs particuliers, nom d’officiers de l’Ancien Ré-
remonter revêche, alors que l’on n’a pas d’exemple
ginte. De nos jours, receveur concerne le comptable
d’une telle syncope entre deux voyelles palatales
public chargé d’effectuer les recettes et certaines
(le v de tivenda, + viande, est tombé par dissimila-
dépenses publiques, spécialement dans receveur
tien). Le mot est apparu dans le nord-est de la
des finances, receveur des contributions, receveur
buraliste ( 18481, receveur des postes. D’autres spé- France, aire où la chute de la labiale intervocalique
cialisations sont apparues dans la seconde moitié est fréquente, ce qui appuierait l’hypothèse d’un
du xY s., où le mot s’applique à l’employé préposé croisement d’une forme dialectale avec une forme
à la recette dans les transports en commun (18691, francique qui pourrait être le “rubisk évoqué par
emploi qui fut usuel dans receveur de tramway, Wartburg
d’autobus, avant la disparition de cette fonction. + Dès les premiers textes, le mot est employé avec
+En technique, le mot désigne un ouvrier impri- le sens figuré de Ndésagréable, revêche>>, en parlant
meur qui reçoit les feuilles sortant de la presse d’une personne. Il quaMe concrètement ce qui est
(18721, l’ouvrier employé à la recette dans une mine âpre au goût Iv. 1268) et, par extension, une chose
Idéb. XX~S.I. En médecine, il s’applique à la per- souple rude au toucher, légèrement râpeuse ( 1761,
sonne qui reçoit le sang du donneur et le malade à Rousseau), sens aujourd’hui dominant Une
qui l’on implante un kagment de tissu ou d’orgazre rêche, etc.), ce qui n’exclut pas quelques emplois à
Iv. 1960) : dans ces emplois, il s’oppose à donneur. propos d’une sonorité ( 18823.
RECEVABLE adj. qualifie ce qui peut être reçu
(v. 1260); en droit, ce qui peut être admis (1265) et RECHIGNER v. intr., d’abord rechignier
celui qui est admis à poursuivre qqn en justice Cv.1155) puis rechimer EV.12001, est formé de re-* à
(1549). + Dans sa spécialisation juridique, il a pro- valeur intensive et d’un verbe non attesté “chignier
duit l’antonyme préfixé IRRECEVABLE adj. qui issu du tiancique “kînan atordre la bouche, que l’on
qualifre aussi un argument, une raison que l’on ne restitue d’après l’ancien haut allemand kînan ~OU-
peut admettre, accepter, et, les deux noms corres- vrir, éclatep) et le moyen néerlandais kinen ~ouvrîr
pondant aux adjectifs, RECEVABILITÉ n. f. (1829) la terre>. “Kînan est peut-être apparenté à “kinni
et IRRECEVABILITÉ n.f. (1874). CmâchoireB ; (cf. quenottel.
REÇU, UE, le participe passé de Tecevoir a été ad- +Le mot est d’abord relevé dans la locution an-
jectivé Iv. 1190, receuz) au sens de arecueilli,, en cienne dent rechignier (rechigner les dents) timon-
parlant du sang d’un martyr. Entre autres emplois trer les dents en grima+nt, grincer des dents)>. Son
correspondant à ceux du verbe, il se dit de ce qui emploi transitif pour <<montrer par sa mauvaise hu-
RECHUTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

meur, son air maussade, une répugnance à faire rd reef ( 17451, ban-W-reef 11805) et fringing-reef
une chosem est attesté peu aprés (v. 11751, mais la (1845). Au XX~s., récif a
développé la valeur figurée
construction courante reckgPter & (nom ou infinitif) d’aobstacle», comparable à celle d’écueil.
n’est attesté qu’en 1798. b L’adjectif dérivé RÉCIFAL, ALE, AUX arelatif aux
k Le participe passé RECHIGNÉ, ÉE est adjectivé récifsm (1908) est d’usage didactique.
Cv. 1175) pour qualifier une personne manifestant sa
mauvaise humeur à faire une chose et, par exten- RÉCIPIENDAIRE n. est le dérivé savant
sion, ce qui est empreint de morosité. -Un nom (16741 du latin recipiendw “qui doit être reçu», ad-
d’action RECHIGNEMENT n. m. a été tiré jectif verbal de recipere (+ recevoir), avec le Su&e
(déb. XIV~ s., reskinementl du verbe, ainsi qu’un ad- -aire.
jectif rechigneux, euse 11553) ou RE-
CHIGNEUFLEUSE (1595,comme nom). 4 Le mot désiae la personne qui vient d’être ad-
mise dans une société et en l’honneur de laquelle
on donne une réception (16743. Ce n’est qu’au XX~s.
RECHUTE + CHOIR qu’il a désigné également, dans l’usage administra-
tif, le bénéficiaire d’une nomination, d’un dipl6me
RÉCIDIVE n. f. est emprunté (v. 15601 au latin universitaire.
médiéval recidtva, féminin substantivé de l’adjectif
classique recidivus “qui revient, qui retombe*, are- RÉCIPIENT n. m. est emprunté (15441 au latin
naissant}), dérivé de recidere aretomber>>, de re- à recipiens, -enti *qui reçoitm, participe présent de
valeur itérative k re-1 et cadere atombep (+ ca- recipere (-+ recevoir), employé par les alchimistes
dence). médiévaux pour désigner le contenant servant à
4 Le mot a été introduit par les médecins (Paré) leurs opérations.
pour désigner la nouvelle apparition d’une tiec- + Le mot, d’abord adjectif dans vaisseau récipient,
tion se manifestant chez un sujet guéri depuis plus est substantivé (1600) pour désigner le contenant
ou moins longtemps. * Il a été repris par la langue adapté à certains appareils dans lequel on reçoit
juridique d’après récidiver Ici-dessous), pour dési- les produits de diverses opérations, en particulier
gner la situation d’un délinquant qui commet une d’une distillation. Récipient florentin (1836) a dési-
nouvelle inkaction (15%). Par extension de ce sens, gné une sorte de matras. Au XVII~s., le mot sert à
devenu courant, le mot désigne le fait de désigner la cloche de la machine pneumatique
commettre une nouvelle fois la même faute (1593). sous laquelle on fait le vide (1690). + Ce n’est qu’au
b Au XIX~ s., récidive a produit le dérivé savant RÉ- XIX” s. qu’il passe dans l’usage courant pour dési-
CIDIVITÉ n. f. avec le double sens de récidive, mé- gner tout ustensile creux servant à contenir un li-
dical 11858) et juridique (18641. quide, un gaz, une matière pulvérulente, se substi-
RÉCIDIVER v. intr. représente par emprunt (1478) tuant au mot vuse lorsqu’il s’agit d’objets utilitaires.
le latin médiéval recidivare arecommencer un dé- Il est parfois employé par métaphore.
lib (me s.), dérivé de recidivus. -Repris en méde-
cine à propos d’une maladie qui reparaît, il a pris RÉCIPROQUE adj. et n. est emprunté
en droit pénal (1488) le sens de Ncommettre une se- EV.1380) au latin reciprocus “qui va en arrière après
conde fois une infractionm, puis dans l’usage cou- avoir été en avant» (notamment à propos de la
rant Kretomber dans les mêmes fautes> (à la même mer), <<alternant, renversé, répercutéb et, spéciale-
date, 14881. -En sont dérivés RÉCIDIVISTE n. ment, en grammaire, aréfléchim. Le mot traduit à la
(1845) et adj. (18471, courant dans son sens juridique fois le grec palintonos atiré ou tendu en arrièrem,
de Kdélinquant qui a déjà été condamné», et RÉCI- &ncé après avoir été tiré en arrière% et antistre-
DIVANT, ANTE, adjectif tiré du participe présent phôn “qui va en sens contraire,, spécialisé en lo-
(une première fois fm xwe ; repris au XX~s.1,en mé- gique et en balistique. Le mot latin, ancien mais as-
decine. sez rare, repose sur oreco-procos, composé des
adjectik hypothétiques Oreco-s et “procos, dérivés
RÉCIF n. m. est emprunté (1688, ressifl à l’espa- respedivement des particules re- (+ re-1 et pro-
gnol urrecife ((rocher, chaîne de rochers à fleur (-+ pour, pro-).
d’eau près des côtes)) ( 14981, d’abord urracife + L’adjectif qutie une action, une relation entre
Kchaussée, chemin empierré)) (v. 12801, lui-même personnes qui s’exerce de façon équivalente à celle
emprunté à l’arabe (arlr@ <chaussée, levée, d’un premier terme sur un second et du second sur
digueti, Ce mot est dérivé du verbe rwafa apavern. le premier. Cette valeur est demeurée courante, le
On a aussi évoqué un emprunt du lançais au cor- mot acquérant en outre diverses acceptions spé-
respondant portugais recife (dès 1258 comme topo- cialisées : réciproque a été repris en grammaire
nyme, puis au XVI~ s. comme nom commun sous sa pour quamer un type de verbe pronominal expri-
forme réduite, par aphérèse de arrecifel. mant une action que deux ou plusieurs sujets
+Le mot, introduit en français par les colons exercent les uns sur les autres ( 14661; il a aussi qua-
d’Amérique qui l’ont reçu des Espagnols, désigne lifié un type de pronom personnel ( 1550) et, en lo-
un rocher ou un groupe de rochers à fleur d’eau gique, une proposition ayant pour sujet l’attribut
près des côtes. Les géographes ont formé les d’une première proposition et pour attribut le sujet
termes récif-butire (18691, récif cordien, fran- de cette même proposition (16901. 0 En mathéma-
geunt (18881, traduisant probablement l’anglais co- tiques, il décrit une proposition ou un théorème qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3113 RÉCITER
se déduit d’une proposition ou d’un théorème ini- lien ( 1632, adj .) est repris à l’ancien adjectif français
tial en permutant son hypothèse et sa conclusion récitatif <<quirelate qqch.a (14731, dérivé de réciter*.
(1690) ; en géométrie, il se dit de figures dont les cô- +Le mot, d’abord attesté pour ((récit», probable-
tés peuvent se comparer de telle sorte que l’anté- ment d’après l’ancien adjectif français, est devenu
ckdent d’une raison et le conséquent de l’autre se par emprunt à l’italien, vers le milieu du XVII~s., un
trouvent dans la même figure ( 169 11. + La substanti- terme de musique (irz Furetière, 1690) pour une dé-
vation du masculin, dans au réciproque En xrve s.1 clamation notée, un chant cadencé selon la coupe
aen échange, en contrepartien, est sortie d’usage. des phrases et les inflexions de la voix parlée. Eh
Celle du féminin (18001, qui s’emploie à propos opéra, il désigne les passages ainsi chantés, le réci-
d’une action inverse et qui est utilisée spéciale- tatif s’opposant à l’air. La valeur moderne s’en est
ment en logique et en mathématiques par ellipse fkée au début du XIX~ s. avec l’évolution de l’opéra,
du nom (18341, est relativement répandue. notamment à partir de Mozart.
b Le dérivé de réciproque, RECIPROQUEMENT 0 voir RÉCITAL,RÉCITER.
adv., a le sens de “par une action réciproque>> Km
xve s.1 et “par une action inverse, en retour)) (15591. RÉCITER v. tr., longtemps écrit reciter (v. 11551,
La formule et réciproqwment ( 1639) s’emploie no- l’accent étant institué au XVII~s., est emprunté au
tamment en mathématiques pour introduire la latin recitare, proprement «lire à haute voix un
proposition réciproque de celle que l’on vient de ci- acte, un ouvragen d’où adébiter, dire de mémoire-,
ter. de re- !+ re-1 préfixe à valeur intensive et citare
RÉCIPROCITÉ n. f., emprunt (1729) au dérivé bas aappeler, entonner à haute voix- (+ citer).
latin rectprocitas, -ati, exprime le caractère de ce $ Le mot a été repris au sens étymologique de &re
qui est réciproque, spécialement en droit interna- à haute voix (un texte, un ouvrage)>), encore vivant
tional dans les expressions Cttitis de réciprocité, ré- au xwe siècle. De tous les sens relevés dans Le Ro-
ciprocité diplomatique, réciprocité législative (1962, man de la Rose EV. 12781, seul celui de 4re à voix
dans les dictionnaires généraux) et aussi en eth- haute (un texte appris par cœurlB est toujours vi-
nographie, en logique (19641.* Il a produit IRRÉCI- vant en fkançais moderne; il est quelquefois em-
PROCITÉ n. f. (19221, rare et didactique pour le re- ployé absolument ! 1688). Ceux de craconter en dé-
fus d’accepter la réciprocité, l’absence de tail et de vive voix (un évenementl» et de tirapporter
réciprocité d’une chose, d’une relation. oralement, citer, sont sortis d’usage au xwre s. mal-
RÉCIPROQUER v. tr. est repris ti ti s.) au latin gré le soutien que constitue le déverbal récit. L’em-
reciprocaw «ramener en arrière de nouveau, faire ploi intransitif du verbe au sens de <déclamer,
aller et venir, avoir un mouvement alternatif)> de re- jouer la comédie)) I:16631 disparaît après l’époque
ciprocus. +Le verbe était employé dans les classique. D’après l’emprunt récitut?+, réciter s’est
constructions réciproquer qqn hi rendre la pa- employé en musique pour ((chanter un récitatifn
reillen et, pronominalement, se réciproquer flêtre 11768).
dans un rapport de réciprocité>> 116641.Il ne se ren-
contre plus que dans l’usage régional (Belgique). b Le déverbal RÉCIT n. m., d’abord resit ( 14981, puis
recit (15311, désigne la narration d’événements
réels ou imaginaires, de vive voix ou par écrit, Le
RÉCITAL n. m. est emprunté (1872) à l’anglais
mot n’a pas suivi l’évolution de sens du verbe, ce
recita2 employé depuis le XVI’ s. au sens de «rkpéti-
dernier ayant déjà récitation comme nom d’action.
tion, récit, narration» et dérivé de to recite «rappor-
Récit a développé quelques valeurs spécialisées,
ter, réciterm, lui-même emprunté (xv” s-1au kançais
désignant de manière didactique l’exposé, par un
réciter*. La spécialisation de recital en musique a
personnage de tragédie, d’événements non repré-
d’abord concerné une exécution musicale faite par
sentés sur scène 116601, une œuvre littéraire narra-
un seul artiste (déb. xrxes.); le mot anglais s’est dif-
tive relatant des faits réels ou imaginaires 117041,
fusé à propos des concerts donnés par Fr. Liszt
avec des valeurs plus précises en rhétorique et en
(18401, et s’est étendu au XX~s. à toute audition à
théorie littéraire, liées à na~~atin, nan*uti[ etc.
plusieurs exécutants ou avec des œuvres de dif-
+ Parallèlement, le mot s’est spécialisé en musique
férents compositeurs (19291, aussi pour désigner un où il désignait tout morceau destiné à une seule
enregistrement. voix ou à un seul instrument (1671) et s’employait
+ D’abord cité comme mot anglais (1872, Mallarmé), avec le sens réservé aujourd’hui à récitatif 117641.
le mot est acclimaté en 1884. Il désigne une séance De nos jours, récit s’applique à la partie qui exécute
musicale donnée par un seul artiste sur un seul ins- le sujet principal dans une symphonie ( 1768) et à un
trument, puis par un chanteur. Par extension, il dé- des claviers de l’orgue (19041. +RÉCITANT, ANTE,
signe une séance donnée par un seul interprète ou le participe présent de réciter, est adjectivé Il7711
consacrée à un seul genre, dans un autre domaine en musique pour quatier la partie vocale ou ins-
que la musique. trumentale interprétée par un soliste, spéciale-
0 Voir RÉCITATIF, RÉCITER. ment les voix de solistes 11869, vo& récitantes).
0 Au xxe s., il est substantivé au masculin pour dé-
RÉCITATIF n. m. est l’emprunt ( 1680) de l’ita- signer le chanteur chargé de la narration dans une
lien recitativo, spécialisé en musique, où l’on parle œuvre vocale ancienne ( 19041 et moderne ( 1932). Il
de stilo recitativo ( 1632) pour la mise en musique a supplanté l’ancien emprunt récitateur pour dé-
libre de paroles, d’après les hauteurs d’accent; le signer la personne qui dit par cœur son texte
recitativo ( 1640) est opposé à l’a& «airm.Le mot ita- (av. 1922, Proust), et spécialement dans une œuvre
RÉCLAMER 3114 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dramatique, un fkn, une émission de radio ou de faucon (v. 11751. Réclame, par métonymie, désignait
télévision, l’interprète qui commente l’action les appeaux, sifIlets et autres instruments servant à
(1940). attirer les oiseaux (1690). 4 Le féminin 0 RÉ-
RÉCITATION n. f. est emprunté CV. 13981 au dérivé CLAME n. f. appartit beaucoup plus tard (16091,
latin recitatio, -on& *action de dire à haute voîxm, d’abord comme terme de typographie désignant le
Mlecture publiquem. Le mot a signîfS d’abord &nu- mot que l’on mettait au-dessous de la dernière
mérationm et 4wrationa @II xrve s.), manifestant, ligne d’une feuille ou d’une page imprimée pour in-
comme dans conte-compte et recensement, la soli- diquer qu’il était le premier de la page suivante et
darité des notions de compte et de relation, dans faciliter le travail du relieur. Par extension, il s’ap-
l’ancienne langue. +En relation avec le verbe, il dé- plique à l’indication manuscrite qui rappelle au
signe l’action de dire à haute voix ce que l’on a ap- correcteur le dernier mot ou le dernier folio d’une
pris par cœur (1530) et, par métonymie, un texte épreuve (18351, et désigne par analogie, au théâtre,
que l’on apprend par cœur à titre d’exercice sco- les derniers mots d’une tirade qui avertissent l’in-
laire C1893). -RÉCITATEUR,TRICE n. est em- terprète que c’est à lui de donner la réplique (1813).
prunté (xv” s.) au latin recifator <auteur qui lit pu- + Le sens de «publicité commerciale>> (1842) est une
bliquement ses ouvrages>>, du supin de reciture. Le spécialisation de ce terme technique de typogra-
mot a désigné la personne qui relate des événe- phie : le mot s’est dit d’abord (18381 d’un petit ar-
ments, avant de prendre, sous l’influence de réciter ticle inséré à titre onéreux dans une publication en
(sens incertain, 1549) le sens de «personne qui dit dehors des annonces et contenant l’éloge d’un
un texte de mémoire, (16111. Il est à peu près sorti livre, d’un produit; ce sens est déjà signalé en 1834
d’usage. dans une acception imprécise. L’influence de l’an-
0 voirRWITAL, RÉCITATIF. glais d’Amérique recluim (du verbe to recluim aatti-
rer l’attentionn, lui-même emprunté au tiançais ré-
RÉCLAMER v., d’abord reclamer ( 1080) puis, clamer) est peu probable à cette date, mais elle a
avec l’accent, réclamer (XVI~ s.1, par retour à la pro- pu s’exercer plus tard. Le mot, qui a vieilli avec la
nonciation latine, est emprunté au latin reclamure concurrence de publicité, s’est dEusé au XD? s. et a
acrier contre, se récrier, protester= et, transitive- pris le sens figuré de *ce qui est propre à attirer
ment, {(appeler plusieurs fois à haute voix>. Ce l’attention sur qqn ou qqch. et à le faire conntitre
verbe est formé de re- (3 re-1, préke à valeur in- avantageusement» Il 8431, quelquefois par ironie
tensive et itérative, et de c2umare acriern, ademan- avec une valeur antiphrastique (xx” s.l. Dans la
der à grands crise (+ clamer). langue commerciale, réclame a pris ultérieure-
ment le sens d’aappel à la clientèle par un rabais
4 Le verbe est apparu à la fois pour 4nvoquer, im- sur le prix, (1935, pnX de réclame), en apposition
plorery, sens sorti d’usage après le XWI” s., et avec la dans vente-récluPne (19551 et en locution en réclame
valeur de ademander Iqqch., qqn) avec insistances ( 1962, Robert), en relation avec soldes et concur-
(10801, devenue courante. L’accent étant mis sur la rencé par promotion. +Le dérivé savant de réclu-
légitimité de la demande, il correspond à <<revend& mer,RÉCLAMATEUR n. m. (16721,aeule sensgé-
quer, exigep (1219), en dreit ademander la restitu- néral de <personne qui réclame>>, sorti d’usage,
tion de (qqch.l» (1690). 0 A l’époque classique, ré- puis s’est spécialisé pour le destinataire du charge-
clamer prend le sens figuré de <<revendiquer ment dans les transports maritimes (1681). +Le
comme sien (ce dont on estime être l’auteur, le pro- participe présent RÉCLAMANT, ANTE aété subs-
moteur)>> ( 16721, emploi littéraire ; avec un nom de tantivé ( 17751 en parlant de celui qui présente une
chose pour sujet, il se dit pour arequérir, exigep) réclamation, surtout dans un cadre juridique.
( 1675). + Après un ancien emploi en fauconnerie, + RÉCLAMIER n. m. ( 1881) appartient à l’ancien
<<appeler (l’oiseau) pour le faire revenir sur le vocabulaire de la publicité pour désigner celui qui
peine Iv. 11601, il s’est spécialisé au sens d’aappeler rédigeait des réclames. Il s’est quelquefois employé
ses petits, de la perdrix~ (1680) et en vénerie cappe- comme adjectif et comme nom avec la valeur figu-
ler (les chien?& 11835). + La construction indirecte rée de “qui fait parler de soi à son avantagen.
réclamer de 99ch. (fin xrve s.3 puis l’emploi absolu RÉCLAMATION n. f. est emprunté (1282) pour ser-
(15491, exprime l’idée de =Protester contre ce qui vir de nom abstrait à réclamer, au dérivé latin re-
paraît illégal, injuste», et spécialement <formuler clamutio, -anis «acclamation» et adésapprobation
une réclamation auprès d’une autorité* dans récla- manifestée par des cris%. +Le mot désigne l’action
mer en justice (16711. &écbner en faveur de qqn de s’adresser à une autorité pour faire reconnaître
(18691 correspond à &tercéder». + La forme prono- l’existence d’un droit, spécialement dans un
minale se réclamer de Iv. I 1751 sign5e d’abord, contexte juridique, dans réclamation d’état 118041,
dans la langue juridique, aimer-jeter appel, en ap- en droit fiscal, en sports et dans l’armée pour la de-
peler d’une cour inférieure à une cour suzerainen; mande adressée par un militaire à son supérieur
elle est reprise avec un nom de chose comme au sujet d’une sanction qu’il juge imméritée (19041.
complément (1824) pour kwoquer en sa faveur, se 0 En dehors de ces spécialisations, les développe-
prévaloir de>, emploi littéraire. ments sont de deux sortes : rbzmutin désigne
F Réclamer a produit deux déverbaux homonymes. l’action de protester, de se plaindre (17981, plus ra-
+Le plus ancien est 0 RÉCLAME n. m. 11560), va- rement le fait de réclamer une chose. Par métony-
riante en -e de l’ancien recluim cv. 1112) “appel, in- mie, uw réclamation se dit de la lettre, de la de-
vocationn, employé spécialement en fauconnerie mande par laquelle on réclame Il 901, re@stie des
pour le cri dont on se sert pour appeler, réclamer le réclamations; 1907) et, au pluriel, Ies récbumutions,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3115 RÉCOLTE
le sewice recevant les plaintes dans une adminis- ministratîf et juridique au XVI~siècle. En moyen
tration hnçais, se recaler Sign%e use souven!w (13561 et
arappeler, repasser dans son esprit* Iv. 13703. Au
RECLASSER + CLASSE xwe s., recaler correspond à cparlep, diren, et spé-
RECLUS, USE adj . et n. est le participe passé cialement à flfaire répéter son rôle à un acteurn
adjectivé Cv.11603, antérieurement attesté comme d’après l’idée de base de ase rappeler Ides mots)>>.
nom au sens de 4ieu de retraite> (ti xe s.1,du verbe Avec la même idée, il a pris le sens de Nrelire leur
reclure v. tr. En xes.l. Celui-ci, employé en ancien déposition à des témoins pour vétier s’ils en
et moyen français, est issu du latin recludere, formé maintiennent les terme% ( 1538) et avéfier juridi-
du pkfixe re- I+re-) indiquant le mouvement quement le nombre de meubles saisis avant de les
contraire et claudere <<fermer> 1-3 clore), et passé du mettre en vente>> (16901. 0 L’accent aigu de récokr
sens d’~ouvrir~ en langue classique à celui de *fer- date du me siècle. Le verbe est archaïque.
mern à partir de Ter-Mien à la suite d’une réinter- b À la di%rence de récoler, le dérivé RÉCOLE-
prétation du sufExe re-, renforcement de l’action. MENT n. m. (1389) a toujours été un terme juri-
EZeclure, <renfermer dans une clôture rigoureuse>, dique et administratif, désignant d’abord le dénom-
et au figuré <isoler du monde}) Cv.12781, essentielle- brement opéré par un fonctionnaire. Les
ment dans un contexte monastique, a toujours été spécialisations modernes sont didactiques ou tech-
plus rare, sauf aux formes composées et au parti- niques : «action de récoler un témointi (fin xve s.1,
cipe passé, que son doublet reclore v. tr. Ixr” s.1,issu 4tication de la conformité d’un inventaire»
du bas latin reclaudere, variante de recludere, sorti (1690) et, en droit forestier, wétication contradic-
progressivement d’usage à partir de la fm du xvre s., toire de l’exécution des clauses et conditions impo-
quelquefois encore employé à certains temps et sées dans la coupe d’une forêt= ( 16901. Le mot s’em-
modes, comme clore*. La concurrence de renfer- ploie aussi à propos de la vérikation
mer a nui aux deux verbes et à reclos, participe contradictoire de constructions et d’ouvrages
passé de reclore. (1690) et de la vérification et pointage sur inven-
taire 116901.
+ L’adjectif reclw qual%e une personne qui vit reti-
rée, à l’écart du monde et des gens, spécialement RÉCOLLECTION, RÉCOLLET, RÉ-
une personne vivant étroitement enfermée dans COLLETTE - RECOLLIGER (SE)
une maison religieuse, voire dans une cellule sans
aucun contact avec l’extérieur EV.1190). 11est subs- RECOLLTGER (SE3 v. pron., d’abord recolli-
tantivé (v. 11751 pour désigner une personne vivant gker Iv. 1370, Oresme) est emprunté au latin recolli-
étroitement enfermée dans une cellule monacale, gere <rassembler, réunirez, areprendre>, au propre
spécialement, une personne qui, par esprit de pé- et au figuré. A basse époque, le mot s’employait
nitence, s’enfermait dans un local pour longtemps. aussi concrètement pour wzquétis, <(moissonner>>
Par extension, il désigne une personne vivant en et ~~accueillk qqn)), et se recolligere pour <se retirer
solitaire El61 11,sortant peu (16881, le lien à l’accep- (dans un monastère)*. 11a donné recueillir* et, par
tion religieuse du mot restant sensible, même en l’intermédiaire de l’italien, récolte*.
locution comparative Gwe en reclus, comme un re- 4 Le verbe a été éliminé par son doublet recueillir*;
&SI. se recolliger a signi% ase recueillir religieusement))
F RÉCLUSION n. f. est probablement dérivé (1270) 11636) et recolligé (1656, Bossuet) <recueilli en soi-
de reclure sur le modèle du dérivé latin reclusio, ou même)).
emprunté à ce dernier, «état de reclusn (7941. Le b RÉCOLLECTION n. f. est emprunté (1372) au la-
mot exprime l’état d’une personne recluse. Sa spé- tin médiéval recollectio, -0nis «recueil, recueille-
cialisation en droit (17711, pour <peine criminelle mentn, dérivé du supin Irecollectuml de recolligere.
consistant dans la privation de liberté avec assujet- - Repris au sens de arésumé>, sorti d’usage, le mot
tissement au travails, d’abord reclusion modifiée en s’est spécialisé dans la langue religieuse pour l’ac-
réclusion I 17911,est devenue courante (peine de ré- tion de se recueillir par la prière, la méditation
clusion, réclwiopt à V~I comme quasi-synonyme de (15531; par métonymie, il désigne en religion une
prison. +Avec ce sens juridique, réclusion a pour retraite spirituelle de courte durée (1876, petite ré-
dérivé RÉCLUSIONNAIRE n. (18281, mot didac- collection). Le rapport ressenti avec collection*
tique pour Hcondamné à la réclusionm. n’est pas analysé.
RÉCOLLET n. m. est emprunté (16111 au latin ec-
RECOIFFER - COIFFE clésiastique médiéval recollectus, participe passé
RkCOLER v. tr., indirectement attesté en 1337 de recolligere, nom pris par des religieux d’une
par son participe passé, puis à la forme pronomi- branche réformée de l’ordre de Saint-François
nale (13561, l’emploi transitif étant attesté peu après pour indiquer leur vocation de la récollection. + Le
Iv. 13701,est emprunté au latin recolere Hcultiver de féminin récollecte (16903, RÉCOLLETTE n. f. (17711,

nouveau, complètementu d’où cpratiquer de nou- a désigné des religieuses de certaines commu-
nautés franciscaines. Tous les mots de cette série
veau>), arepasser dans son esprit, passer en revue-.
étymologique sont archaïques.
Ce verbe est formé de re- (+ re-1 pris dans sa valeur
itérative ou intensive, et de colere <<cultiverB, whono- RÉCOLTE n. f. est emprunté (1550) à l’italien ti-
rera et ahabiter> I+ cultiver). colta, participe passé substantivé au féminin de ri-
+ Après une attestation de recok qualifiant un acte cogkre arecueillir», représentant du latin recolli-
minuté 113371,le verbe repasse dans le langage ad- gere (3 recueillir, recolliger).
RECOMMANDER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Italianisme rival de cueillette («nous disons la ré- tage (matériel, moral) accordé en reconnaissance
colte, au lieu qu’on souloit dire la cueillettes, écrit d’un service, d’un acte méritoire>> (14131, s’est ré-
H. Estienne en 15781, le mot s’est imposé pour ccac- pandu à partir du XVI~siècle. La valeur antiphras-
tion de recueillir les produits du sol, les produits tique de <<punition)) Iv. 14851 est devenue plus rare
cultivésp. Par métonymie, il désigne ces produits après l’époque classique. - On rencontre quelque-
(1558). 0 Depuis le xwe s., il se dit, par analogie, du fois, dans le style littéraire, RÉCOMPENSEUR
fait de recueillir des produits non végétaux comme n. m. (av. 15441, d’abord <celui qui donne en retour)}
le miel, les perles (16901 et, au figuré, designe ce puis ((celui qui récompense>> (15771, et RÉCOMPEN-
que l’on recueille à la suite d’une recherche ou SANT, ANTE, adjectivation (xx” s., Gide) du parti-
comme résultat d’une conduite ( 1690). cipe présent.
wRÉCOLTER v. tr., dénominatif de récolte, est at-
testé en 1742. Le mot, blâmé par Voltaire et toute- RÉCONCILIER v. tr. est emprunté (v. 11601 au
fois admis par l’Académie en 1762, a le sens de latin reconciliure «remettre en état, rétabb, tira-
cfaire la récolte (des produits du ~011~~.Il a déve- mener)) (au propre), d’où «regagner, renouer avec
loppé le sens figuré ( 1788) et le sens analogique Iqqch.b (au figuré). Ce verbe est formé de re-
(1862) correspondant à ceux du nom. -Xl a donné (+ r-e-1, préverbe à valeur itérative, et conciliure
les dérivés RÉCOLTABLE adj. (17881, assez rare, wnir, associer» (+ concilier).
RÉCOLTANT,ANTE adj* (1834)en parlantd’unex- 4 Se réconciker apparaît au XI~~s. avec le sens de ase
ploitant qui procède lui-même à la récolte Inotam- remettre en bons termes (avec qqn))), plus tard
ment dans propriétaire récoltant) et RÉCOL- dans les locutions se réconcilier avec soi-même
TE~R, EUSE n. k& s.), surtout à propos des
Iv. 16921, se réconcilier avec Dieu ademander par-
ouvriers employés à la récolte du caoutchouc
don à Dieu de ses péchés et recevoir l’absolutionn
(1927).
(av. 1710). Le pronominal s’est employé au XVII~s.
RECOMMANDER -3 COMMANDER pour <<redevenir favorable àu (1636). Au XX~s., se ré-
concilier se rencontre aussi avec la valeur figurée
RÉCOMPENSER v. tr. est emprunté Iv. 1290) de «s’unir contre qqn alors qu’on a toutes les rai-
au bas latin recompensare *donner en retour, en sons de s’opposer”. +Le verbe actif est d’abord at-
compensation, payer», formé du préfixe re- !-+ re-1 testé avec une spécialisation liturgique, pour *bénir
et du latin classique compensure (4 compenser). à nouveau (un lieu saint profan& Iv. 11881,d’après
+ Jusqu’à la fin du XVII” s., le sens du mot était très le latin médiéval reconciliure (fin VIII~s.3, et Rab-
proche de celui du verbe simple compenser, avec soudre (un pécheur)», en le ramenant dans le sein
l’idée de dédommagement : il signifiait cldédomma- de l’Église après une confession sacramentelle
ger (qqn) d’une perte, d’une privation, d’un mé- Cv. 1190). oLe sens courant de «réunir (des per-
compte>> Cv.12901, aréparer (une perte, un dom- sonnes) qui étaient brouillées> (ou une personne
magelB et, avec un nom de chose pour sujet, avec une autre) semble un peu plus tardif (Cn
aconstituer une réparation> (13221, se récompenser XIII~s-1; il donne lieu à des emplois figurés en par-
Sign%ant ((se dédommager> (v. 1460) ; à l’époque lant de personnes (v. 16921, réconcilier contre (18311
classique, récompenser le temps perdu 11669) a le s’employant pour 4unir contre (un ennemi com-
sens de arattraper le temps perdu>. +L’usage mo- mun)*, et, dans un style soutenu, de choses (1668).
derne, effaçant toute idée négative et faisant dispa- F RÉCONCILIÉ, ÉE, le participe passé, est adjec-
raître le rapport avec compenser, met l’accent sur tivé très tôt Iv. ,l190) dans l’acception religieuse
la gratikation d’un mérite, d’un service : il appa- d’tcabsous par l’Eglisem, avant de prendre le sens
raît en moyen français pour gratifier (qqn) d’un courant de ~raccommodén. - RÉCONCILIABLE
don, d’une faveur pour le remercier ou en hom- adj. Iv. 1587) semble dû à l’influence d’irréconci-
mage» (v. 13801, sens qui ne s’implante qu’à partir liable Ici-dessous), beaucoup plus courant.
du xve siècle. Récompenser prend en outre le sens RÉCONCILIATION n. f., emprunt (XIII~~.) au dérivé
de «reconnaTtre le mérite de Iqqch.) par une favew) latin reconciZiati0, -anis, appartit au sens religieux
(1580, Montaigne) et se dit d’une conséquence heu- de Ncérémonîe par laquelle une personne est réin-
reuse qui constitue une gratfication ( 1671) na réw- troduite dans 1’ÉgliseH (XIII’ s.1, étendu à la cérémo-
site a récompensé soJt courugel. Il s’emploie aussi nie par laquelle un lieu saint profané est béni de
par antiphrase pour crecevoir la punition méritée)) nouveau kwe s.1, d’après des valeurs du latin chré-
(15501. tien et médiéval. + Comme pour le verbe, le sens
k RECOMPENSATION n. f, (1263, recumpensucion) courant d’aaction de rétablir l’amitié entre deux
est emprunté au bas latin recompensutio (II~-s.) au personnesn, est second Cv.1350) ; en droit, le mot se
sens de =Compensation, dédommagementn et signi- dit du rétablissement des liens conjugaux entre
fie aussi agratificationn entre 1294 et le xf s. (1422). époux en instance de divorce ou de séparation de
-11 a été éliminé par le déverbal RÉCOMPENSE biens (1804), et, par extension, assume un emploi
n. f. ! 14131qui a suivi une évolution analogue à celle synonyme de concorde, fraternisation, spéciale-
du verbe : le sens de <<dédommagementw 114411, ment en politique 11831). +RÉCONCILIATEUR,
déjà vieilli au XVII~ s., a été réactivé dans la spécialî- TRICE adj. et n. est emprunté 11355) au latin re-
sation juridique d’&demnité pécuniaire due par la condiutor; repris isolément en parlant de celui qui
communauté à l’un des époux ou par l’un des rétablit, le mot se répand au xwe s. dans un double
époux à la communauté après dissolution de la contexte religieux Idéb. xvre s.1 et laïque Cadi., 1512,
communautén (1803). +Le sens moderne, <tavan- puis 1545; n., 15883.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3117 RECONNAÎTRE
IRRÉCONCILIABLE adj. est emprunté à la Re- le verbe s’emploie d’abord dans un contexte mili-
naissance 115341 au bas latin irreconciabilis, formé taire au sens d’aexplorer le terrain, la position de
de ir- I+ in-) et de conciliare avec une terminaison l’ennemi» ( 15571, puis en général Gdentser (une
d’adjectif. Le mot qutie des personnes ou des chose, une personnel à certains caractèresD 11608).
groupes humains ( 1587) entre lesquels il n’y a pas De la valeur militaire, vient le sens d’ccexplorer Iun
de réconciliation possible. Par metonymie, il quali- site, une situation)>) El61 11,notamment en marke
fie des sentiments ne pouvant être apaisés (16691.11 ( 1748, reconnaître un port) et en vénerie reconnaitie
a été employé pour qualifier le parti d’opposition entre les chasses ( 18101, au me s. recon&tre le
radicale refusant toute compromission avec Napo- pays. +Le second sens de base, Msavoir, connaître
léon III en 1869, et substantivé pour désigner les comme vrai», apparaît dès l’ancien français (1080) ;
membres de ce parti. *Les dérivés IRRÉCONCI- il correspond spécialement à <<admettre pour chef,
LIABLEMENT adv. @~XVI~~.) ~~IRRÉCONCILIA- m&tre>> (lOSO), plus couramment cadmettre comme
BILITÉ n. f. (xx” s.1 sont peu usités. +Par croise- religionn. Une valeur fréquente est Navouer, confes-
ment avec rkoncilié, irréconciliable a produit serm Iv. 9801, spécialement dans la construction re-
IRRÉCONCILIÉ, ÉE adj. Il838-18401, qui sert de sy- conmitre de et l’infmitif (1676, MYde %vîgnél,
nonyme littéraire a non réconcilié. propre à l’usage classique. La nuance exprimée est
tantôt Gtre conduit à constater* ~XIII~s., cse rendre
RECONDUCTION n. f. est un emprunt juri- compte4, tantôt «admettre pour vrai après avoir
dique Ixwe s.3 au latin médiéval reconductio, -on& nié ou douté, malgré ses réticencesn Ix19 s.), par
dérivé du supin IreconductumI de reconducere =se exemple dans la locution impersonnelle il faut re-
charger en retour>> et, en droit, arelouer, reprendre coma&e que... ( 19083. une troisième valeur est
à loyerb, verbe formé de re- I+ re-1 marquant le <accorder une qualité à qqn, (1580). De là, en droit,
mouvement en retour, et de conducere aconduire <admettre officiellement l’existence de Iqqch., qqn)>
ensemble, louer) I-, conduire). (1539, reco@oktie la debtel. +Le troisième sens de
4 Le mot, introduit en droit, désigne le renouvelle- reconnaitre, celui de Ntémoigner de la gratitudex
ment automatique d’un contrat à durée limitée (XIII~s.1,s’est moins bien implanté que dans les déri-
lorsqu’il n’a pas été résilié en temps voulu, spé- vés reconnaksunce, et reconnaissant Ici-dessous) :
cialement dans les locutions recondution tacite, sorti d’usage avec un nom de personne pour
verbale (1582). 0 On parle aussi (me s.1 de re- complément I 12261, il ne s’emploie guère qu’avec
conduction du budget. Par extension, il est passé un nom de chose, dans un registre littéraire. +La
dans l’usage en désignant le maintien en vigueur, forme pronominale se reconnaître a été employée
la continuation de qqch. (attesté mil. XX~S.I. Dans très tôt Iv. 980) pour «avouer qu’on a péché, et qu’on
ces deux sens, 11a influé au xxe s. sur le développe- s’en repentitD, sens disparu pour cette construc-
ment du verbe reconduire, dérivé de conduire*. tion. 11exprime l’idée de asavoir où l’on est, s’orien-
tep (v. 11601, dont procède, en langue classique,
RECONDUIRE + CONDUIRE l’idée de areprendre conscience, se remettres au fi-
guré (1629). II sime également <retrouver son
RÉCONFORTER -3 CONFORT images I&I XVII~s.), par extension, #trouver de la
ressemblance entre une personne Welle, imagi-
+k RE CONNAÎTRE v. tr., d’abord reconoistre naire) et soi-mêmeB (av. 1784, Diderot).
Iv. 9801, est issu par voie orale du latin recogptoscere b Les dérivés de reconna&e sont anciens. *RE-
mretrouver), *rappeler à sa mémoire, passer en re- CONNAISSABLE adj., d’abord reconoisabk, quali-
vue, inspecter>, afaire un examen critique d’un ou- fie (10803 ce ou celui qui peut être reconnu, en s’op-
vrage, révisep ; à basse époque, ce verbe s’emploie posant souvent à méconnaissable*. + RECON-
pour Kconnaître, comprendre, se rendre compte>>, NAISSANCE n. f., anciennement reconuisunce,
aavouer sa faute=, à la fois en construction transi- apparaît aussi dans La Chanson de RoZuvLd (1080).
tive Crv”s.1 et réfléchie (se recomscere «faire des Le mot a d’abord servi à désigner un signe de ral-
aveux», 852). Il est adopté par le vocabulaire féodal liement, cette valeur métonymique, ace qui sert à
pour afaire l’aveu d’un fief, reconnaître les droits reconnaîtren, donnant en marine l’expression si-
d’un seignew ( 11021 et Kconfïrmer les droits de qqn @aux & reconnaissance @II XVI~s.l. 0 Au sens ac-
sur un bienb (1063). Ce verbe est formé de re- tif, Kaction de reconnaître>, il désigne 115731l’explo-
C+ re-1, préfixe pris dans sa valeur itérative, et co- ration d’un lieu, d’une position (d’abord dans un
gnoscere (+ connake). L’italien riconoscere et l’es- contexte militaire), d’où, ce qui sert à reconnaître
pagnol reconocer remontent à ce même verbe latin. (18351, et ce qui reconnaît 11875). -En relation avec
+ Le verbe exprime d’abord l’opération intellec- l’emploi pronominal réciproque du verbe, il dé-
tuelle par laquelle l’esprit saisit un objet en reliant signe le fait de se reconnaître ( 1680) et, spéciale-
entre elles des images et perceptions le concer- ment au théktre, la péripétie au cours de laquelle
nant : il correspond à ufaire renaître dans la mé- deux ou plusieurs personnes se reconnaissent
moire une image, une idéem (v. 9801, et spéciale- ( 16671. + Suivant un développement sémantique
ment à Gdentser de manière certaine (une parallèle à celui de reconnaître, reconnaissance dé-
personne ou une chose déjà rencontréelm (fm XII~s-3 signe aussi le sentiment de gratitude (v. 1190), no-
et aretrouver (qqn ou qqch.1 avec son caractère vé- tamment dans la locution en reconnaissance de et
ritable, Iv. 11701, par exemple dans je te recomais dans des locutions déterminées, d’ou familière-
bien ki (1671). -Avec un complément désignant ment reconnaissance du ventre <<pour la personne
une personne ou une chose que l’on n’a jamais vue, qui a nourri% Iti S.I. L’autre valeur de base,
RECONSTITUER 3118 DICTIONNAIRE HSTORIQUE

Maction d’admettre, d’accepter une chose%, est latin de basse époque recordare, variante du latin
d’abord I-fin XII~ s.) religieuse et correspond à classique recorduri <se rappeler, se représenter
<confession, aveu> ; sens disparu. Le mot acquiert par la pensée», de Te- C+ re-1, préverbe à valeur ité-
ensuite la valeur de <<fait d’admettre, après avoir rative, et de cor, cordis ~cœur, esprits (+ cœur).
nié ou douté», et, en droit, se dît pour afait de re- +Recors, terme de juridiction, désignait le témoin
connaître pour sien)) ( 1606, reconnaissance d’écri- d’un huissier susceptible de lui p&ter main-forte
ture) et Baction de reconnaître formellement)) en cas de contrainte par corps (ISSZ), sens courant
II77 11, d’où reconnaissance de gouvernement ( 18351, jusqu’à la ti de l’Ancien Régime; puis (depuis
reconnaissance de dettes. -RECONNAISSANT, 1769) il désigne un agent préposé à l’exécution des
ANTE, le participe présent de recon&tie, est ad- ordres de la justice.
jective, d’abord sous les formes reconoissant
Iv. 1175) et recunussanf Idéb. XIII~s.), aux sens de Nfa- RECOUPER - COUP
cile à reconnaître>> et “qui avoue>. Q Ces aceptions
sont sorties d’usage, l’adjectif se spécialisant RECOURBER -5 COURBE
Iv. 1335) avec la valeur de recorzna&e Ntémoigner
de la gratitude>>, malgré la rareté du verbe dans cet RECOURIR v., réfection kwe s.) de recoure
emploi, ma& en relation avec reconnaksance qui a (v. 1160), puis recoure, par changement de para-
conservé les deux types d’emploi. Reconnaissant, digme verbal sur le modèle de courre-coutir, est
en tian@s moderne, n’est plus senti comme lié à formé de Te-* et de courre, devenu cou&*. Le déve-
reconnuître. loppement sémantique, en dehors du sens le plus
anciennement attesté, s’est fait par emprunt au la-
RECONSTITUER -+ CONSTITUER tin recun*ere, lui-meme forme de re- marquant un
retour en arrière (-+ re-1, et de currere (+ courir)
RECORD n. m. est emprunté Il8821 au mot an- crevenir en courant>>, d’où arevenir dans son cours,
glais record &moignage enregistréti (x& s.), em- dans sa course>), au figuré crever& et, spéciale-
prunté à l’ancien terme de droit lkançais record, re- ment en droit, aavoir recours>>.
coti <<rappel, témoignage», du verbe recorder 4 Avec le préverbe itératif, le verbe signifie d’abord
(<rapporter>> et arappelep t-3 recors) et spécialisé en <courir de nouveau», intransitivement et transitive-
sports à propos de la constatation officielle d’un ex- ment avec un complément tel que course CXIII~~.~.
ploit ( 1883). Ce sens est réalisé en sports dans le cadre d’une
+ Le mot, repris avec le sens d’aexploit sportif», a eu course redisputée (11880) et c’est de lui que procède,
d’après l’anglais la valeur de 4îste des perfor- par extension, l’emploi farnilîer pour ((retourner ra-
mances d’un champion)> 11902).Par extension, il dé- pidement quelque par%. Par emprunt au latin, re-
signe tout résultat supérieur à tous ceux qui ont été coutir exprimait aussi l’idée de ((revenir en cou-
obtenus dans le même domaine (18931, quelquefois rant= (XIII~s.l. +Le sens de afaire appel>>, repris au
ironiquement 11904). 0 Par l’intermédiaire d’un latin sous l’tiuence de recours”, est attesté dès
emploi apposé (1884, course-record), il est adjectivé 1244 sous l’ancienne forme recoure a, refaite 11480)
pour qutier ce qui surpasse tout ce qui a été fait en recourir à. Avec la même idée, le mot s’est spé-
(19161, spécialement dans, en un temps record cialisé en droit, en emploi absolu, au sens de «se
(mil. xx” S.I. pourvoira (1869). En emploi intransitif, le verbe
p Par adjonction de l’anglais mari <<hornmeD, était parfois conjugué avec l’auxiliaire être, au
comme dans tennisman, rugbyman, record a pro- XVII~siècle.
duit le faux anglicisme RECORDMAN n. m. (1883) RECOURS n. m. est emprunté (fin XII" 5.1 au latin
pour désigner le détenteur d’un record. + Par ana- recursus cretour- en courantn, aretourm, spécialisé à
logie, on a formé RECURDWOMAN n. f. (1896) avec basse epoque en droit pour l’action de se pourvoir.
l’anglais roman «femme%. Ces composés sont vieil- Le mot est dérivé du supin Irecursuml de recurrere
lis mais n’ont pas reçu d’équivalent français; on arevenir en courant=, arevenir» et, en droit,
leur préfère champion, championne. <<sepourvoir> C-, recourir). + Le mot, repris seule-
ment au figuré, désigne l’action de demander du
RECORS nm., sous sa graphie actuelle secours, de l’aide, la locution en dentier recours
(v. 14901, semble être une forme de plwiel de I’an- n’étant attestée qu’au XX~siècle. Par métonymie, il
cien recoti employé pour NtémoinB Ixwe s.1, d’après désigne la personne ou la chose à laquelle on de-
l’ancien verbe recorder qui était fréquent dans l’an- mande de l’aide (XIII~s.1, sens encore vivant mais
cienne langue juridique au sens de *rapporter peu fréquent. En droit, il s’applique à l’action en ga-
comme témoina, d’où recordeur 4émoinn k111~s.1. rantie ou en dommages-intérêts contre une per-
Recoti existait antérieurement comme adjectif au sonne tenue d’indemniser qqn du préjudice qu’elle
sens de “qui se souvient, (v. 1160). De même que a causé (12601, au procédé par lequel un plaideur
l’ancien fiançais record «souvenir, mémoire>>, usuel demande à une juridiction d’examiner à nouveau
jusqu’au XVI~s. et encore employé par Montesquieu un litige tranché par un juge 114601, d’où l’expres-
comme terme de jurisprudence I+ record), il est sion recours en g&e ( 1835). Il désigne aussi l’ac-
dérivé de l’ancien verbe se recorder ase rappelep tion de déférer à une autorité ou à une juridiction
11050) et recorckr Iv. 11201, également &péter administrative la décision d’un fonctionnaire ou
Iqqch.) pour le savoir par cœw (v. 1120) et =rafraî- d’un juge en vue d’en obtenir le retrait ( 1875) et, en
chir la mémoire à qqnm Iv. 11551, encore à l’époque droit commercial, une action en garantie contre
classique et au XVIII~ siècle. Recorder représente le qqn (1807, Code de commerce).
DE LA LANGUE FRANÇAISE RECROQUEVILLER (SE)
RECOUVRER v. tr., réfection @n XII~ s.) de re- de aproduire sur les sens une impression agréable
covrer Iv. 10501,recuvrer (10801,est le doublet popu- et confortable= (v. 12203, qui disparaît après le
laire de récupérer*, issu du latin recuperure aren- xvif siècle.
trer en possession dem et, au figuré, wegagner, F RkRÉATION n. f., d’abord recreutin (12151, est
ramener à soi>).Ce verbe, attesté également sous la emprunté au dérivé latin recreatio, -on13 arétablis-
forme archaïque recipere Monument d’Ancyrel, est sement)}. +D’abord attesté au sens de &confortm
composé du préfixe re- I-, re-1 et de cuper-o, forme qui a disparu, le mot désigne le repos, le délasse-
de première personne du présent élargie. C’est un ment qui vient interrompre un travail (v. 1282) et,
doublet de recipere I+ recevoir1. par métonymie, le temps accordé aux élèves dans
4 Le verbe a d’abord eu le sens de «trouver-n, puis le les écoles pour se délasser ou jouer (14821 d’où cour
sens très proche d’~acquérir~ (lOSO), avec l’idée de de rtk&atiun. + Il n’a pas conservé après le me s.
Nse procurer qqch. qu’on n’a pas>, qui vît encore le sens de ace qui plaît, réjouitti Iv. 13701, sinon dans
dans certains emplois de rkcupérer”. Cette valeur a un style très littéraire. +Par une autre extension
disparu après l’époque classique tout comme celle métonymique, il se dit, surtout au pluriel, d’exer-
d’cobtenir de nouveaw (XIII~s.1,qui réinterprétait la cices traités d’une manière divertissante (15581, no-
valeur du préfke re-. Le sens étymologique, wen- tamment en mathématiques. +Du radical de ré-
trer en possession den (1080), s’est implanté, faisant CYéatin est tiré RÉCRÉATIF, IVE adj. h. 1490)
de recouvrer le synonyme littéraire de récupérer. Le Kdélassant, détendant». +L’argot des collégiens a
mot s’est répandu au sens spécial de «retrouver ses abrégé récréation en RÉCRÉ n. f. (18781, passé dans
forces, sa santé3 En XIII~s.1et de arecevoir le paie- l’usage familier.
ment d’une somme due» (1636). +Jusqu’au XVII~s.,
le participe le plus usuel était recouvert, mais le RÉCRIER + CRIER
dictionnaire de l’Académie de 1694 déclare cette
forme vieillie, sauf dans la locution aujourd’hui dis- RÉCRTMTNER v. intr. est emprunté ( 1543) au
latin médiéval recriminuri, composé du latin clas-
parue pour un perdu, deux recouverts, au bénéfice
sique re- I+ re-1, préfixe à valeur intensive, et crimi-
de recouvré, pour empêcher l’ambiguïté avec le
nari -accuser de manière calomnieusem, dérivé de
participe passé de recouvrir.
crimes, -inis ~~accusation~~(+ crime).
b Le risque de confusion avec des dérivés de recou-
vrir subsiste pourtant avec les deux dérivés de re- + Le mot a longtemps signifié <<répondre par des ac-
couvrer. ~RECOUVRANCE n. f. (lO&O), nom d’ac- cusations et des reproches à d’autres accusations*.
tion, est devenu archaïque, et ne subsiste que dans De nos jours, il est employé pour ase répandre en
critiques acerbes et plaintes véhémente+ (18361.
des noms de lieux. *RECOUVREMENT nm.,
d’abord recuvrement (1080), a d’abord exprimé b Avec son sens moderne, il a produit tardivement
l’idée de SIut, de secours, puis signifie aaction de RÉCRIMINATEUR, TRICE adj. et n. (1845) qui ré-
rentrer en possession de ce qui était perdw crimine», ainsi que RÉCRIMINATOIRE adj.(17711.
(v. 11551, emploi littéraire. -3 La spécialisation plus + RÉCRIMINATION n. f. est emprunté (1550) au la-
courante pour <encaissement (de sommes due+, tin médiéval recriminuti, -on& formé sur le supin
attestée depuis la fin du xrve s., s’applique à la per- Crecriminutum) de rectiminuri; suivant l’évolution
ception de l’impôt (1690) et au XX~s. aux fkis de jus- du verbe, le mot, d’aaccusation opposée à celle de
tice SUT les condamnés (193.21. RECOUVRABLE son adversairem, conservé dans une acception spé-
adj . ( 14501a eu le sens de xréparable moralementn, cialisée comme nom d’une figure de rhétorique, est
qui est sorti d’usage, puis qualse ce qui peut être passé au sens de creproche, revendicationB 117941,
recouvré (15641, presque exclusivement de nos surtout au pluriel.
jours en parlant de sommes d’argent (1694). 0 Ces
deux derniers mots sont homonymes de dérivés de RÉCRIRE + ECRIRE

recouvtir*, -Son antonyme prétié IRRÉCOU-


RECROQUEVILLER (SE) v. tr. pron. est @>
VRABLE adj. Idéb. xv” s.1a suivi une évolution ana- un mot expressif aux formes multiples kucroque-
logue, passant du sens d’+réparable~ à “que l’on villie, recroquillie, recoquillliel, altération (v. 1330) de
ne peut recouvrer)) ( 1840). recoquiller, composé verbal de coquille”. La syllabe
RECOUVRIR + COUVRIR
croque serait due à croc*, le Y à ville, forme an-
cienne de vrille”. Plus tard, on rencontre aussi re-
RÉCRÉER v. tr., d’abord recreer (XIII~ s.3, réfec- croquebiZZer ( 16 111, recrobiZZer &&int-Simon) qui
tion de recrier (v. 11551, puis récréer 115011, est em- rappellent recorbelées (XIII~sd, dérivé de courbe*.
prunté au latin recreare «produire de nouveaw, + Le mot ne s’est longtemps employé qu’au parti-
d’oti cfaire revivre, réparer, refaireti, de re- (+ re-1, cipe passé adjectivé recroquevillé, ée, pour quali-fier
préke à valeur itérative, et creare I--+créer). une chose dont la surface se rétracte, dont les
4 Le mot a perdu le sens étymologique de acréer de bords s’enroulent sous l’action de la sécheresse, du
nouveau», se recréer siwant pse vitierp ; cette va- froid ou de la chaleur. La forme active Il6271 Sign%e
leur sera assumée plus tard par le préfixé de ~crisper, contracter> et se recroquhller ase rétrac-
créer*, recr&er. Récréer Sign%e au pronominal *se ter, fomner des plis sous l’effet du dessèchement»
divertti Iv. 11551, et transitivement divertti @n (1694). 0 Par analogie, recroquevillé (1886) et le pro-
XII~ s.l. Avec ce sens, concurrencé par distraire, nominal 11842, au figuré) s’emploient couramment
amuser, divertir, le verbe est beaucoup moins usuel en parlant d’un corps, d’une personne qui se tasse,
que récréation. 0 Il n’a pas gardé la valeur seconde se replie sur elle-même.
RECRU 3120 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RECONSTRUCTION ET RECONSTITUTION

La reconstruction est le procédé qui consiste à grammaire comparée des langues indoeuro-
déduire, à partir de formes ou de structures at- péennesl, est, de ce fait, considérée aujourd’hui
testées dans une langue, des formes ou des comme irrecevable.
structures antérieures non attestées. C’est un On fait actuellement une distinction entre les
terme utilisé par les comparatistes, c’est-à-dire termes de reconstruction et de reconstitution,
par les linguistes qui étudient deux ou plusieurs bien que le procédé soit identique. En effet, les
langues afin d’en révéler les correspondances et états de langue conjecturés ont un degré de cer-
d’établir ainsi la parenté génétique de ces titude et de fiabilité plus ou moins grand. Les
langues entre elles. On peut parfois postuler formes supposées auxquelles on aboutit, mar-
l’existence d’une langue commune d’où sont is- quées typographiquement par un astérisque qui
sues les langues étudiées et, par reconstruction les précèdent ou par un signe analogue (ici : ‘1,
comparative, essayer d’en retrouver le proto- n’ont pa la même valeur ni le même statut se-
type. Tel est le cas, entre autres, pour i’indoeu- lon qu’il s’agit de l’indoeuropéen, du fkncique,
ropéen, langue non attestée, mais dont l’hypo- du gaulois ou du latin populaire, langues non at-
thèse s’impose si l’on veut expliquer les testées pour certaines, partiellement attestées
nombreuses concordances précises que l’on re- pour d’autres. On qutiera, par exemple, de re-
lève entre la plupart des langues d’Europe et constituée une forme du latin populaire, d’une
d’Asie. On a également appliqué la méthode de part parce que le latin classique dont il dérive
reconstruction d’une langue primitive com- est une langue attestée et connue, d’autre part
mune à ce que l’on appelle le germanique com- parce que cette forme est étayée par les repré-
mun, forme particulière d’un dialecte indo- sentants qu’elle a laissés dans une ou plusieurs
européen et ancêtre des langues germaniques langues romanes : cette forme reconstituée est
La technique de reconstruction consiste à élabo- datable et s’insère dans une chronologie délimi-
rer des correspondances lexicales et grarnmati- tée, au contraire d’une forme de l’indoeuropéen
cales en se fondant en particulier sur le carac- ou du germanique commun. On pourrait expri-
tère régulier des changements phonétiques. mer cette distinction de la manière Suiva;nte : la
Son principe est toujours le même : asimuler le recow&uctivL restitue un état de langue primitif
changement et en restituer par conjecture le aléatoire qti comporte des éléments de diverses
point de départm IHaudry, L’Indo-Européen, p. 51 natures et difkîlement datables; la reconstiti-
et sa démarche est étymologique. Qu’il s’agisse tien restitue un état de langue intermédiaire
de reconstruction comparative ou interne - dont on connaît la phase antérieure ainsi que
méthode employée surtout pour les langues iso- ses résultats.
lées, comme le basque -, la reconstruction, qui Un remarquera, en outre, que les formes suppo-
vise donc à restituer des termes d’un système sées qui servent d’étymon sont elles-mêmes de
linguistique disparu ou le système lui-même, est nature différente : il peut d’agir d’une racine
une méthode fiable. II ne faut toutefois pas (comme c’est le cas pour l’indoeuropéenl, c’est-
perdre de vue que le système ne peut être re- à-dire d’une forme symbolique irréductible ex-
construit intégralement, car on ne peut re- primant une notion; il peut s’agir d’un mot
construire qu’à partir de ce qui a laissé des (pourw d’un préfixe, d’un sufke, etc.) ayant un
traces. Par ailleurs, les formes ou les structures sens précis.
auxquelles on aboutit relèvent de strates d’âge Voir CELTIQUES brigues), FRANCIQUE, GAULOIS, GER-
d8érent dont la chronologie est difkile sinon MANIQUES bIgUeSl, INJBOEUROPÉENNES kngues).
impossible à établir. Une tentative comme celle M.-J. Brochard
du comparatiste allemand A. Schleicher, qui ré-
dige en 1862 une fable en indoeuropéen dans BIBLIOGRAPHE
son Compendium der vergleichende Grammatik J. HAUDRY, L’Indo-Européen, Paris, Que sais-je?,
der indogermanischen Sprache (Abrégé de no 1798, 1984 (2” éd.).

bRECROQWEVILLEMENT n. m. a été reformé du latin médiéval se recredere Mserendre à merci%


tardivement d’après la forme moderne du verbe; (IX~s.), du latin classique re- (+ re-1 et credere ((avoir
un type recoquillement existait au XVI~siècle. confiance» (b croire).
+ L’adjectif, après avoir eu le sens de “qui s’avoue
RECRU, 0 RECRUE adj., réfection kv~~s-1de vaincues, qualifie une personne harassée, à la limite
recreüz 00801, recreü (v. 11751, est le participe passé de la fatigue Iv. 11751, le plus souvent dans la lo-
adjectivé de l’ancien verbe recroire v. intr. et pron. cution ret;ru de fatigrre (av. 1696). 0 Par extension,
<<s’avouer vaincu, renoncerti (1080) et «se fatiguer recru de se trouve avec d’autres types de complé-
excessivement>) (XII’ s.1,surtout en parlant d’un che- ments, pour <accablé, submergé den (1552). Riche-
val. Ce dernier provient par évolution phonétique let, en 1680, remarquait déjà son vieillissement et
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3121 RECTIFIER
ajoutait : acependant, on s’en peut encore servir tangulaires (1845),a3cesrectangulaires (1875).Ils'est
quelquefois dans un style grave et un peu soutenw ; répandu dans l’usage général pour aen forme de
de nos jours, le mot est littéraire, mais vivant. rectangle, (av. 1845). 0 Au figuré, il s’est dit *d’une
personne qui agit avec droiture= (18341, emploi ana-
RECRUDESCENCE n. f. est dérivé savam- logue à celui de carré mais qui est sorti d’usage.
ment (1810) du latin recrudescere Mdevenir plus via- - De rectangulaire sont dérivés RECTANGULA-
lent)>, littéralement aredevenir saignant>>, au figuré RITÉ n. f. (18191, d’usage didactique, et RECTAN-
«se raviver, se ranimer». Ce verbe est formé de re-, GULAIREMENT adv. Ixx~s.), peu usité.
prétie à valeur intensive et itérative (4 re-1, et ~TU-
0 RECTEUR n. m., d’abord rector ( 1213) puis
descere wignel-k, ane pas se digérer (d’un ali-
recteur Iv. 12611, est emprunté au latin rector, -oris
mentb et, au figuré, adevenir plus violent, plus
<celui qui régit, qui gouverne, (souvent en emploi
cruel, empirer*, de crudus <<saignant, non cuit» et
déterminé), spécialement agouverneur d’une pro-
CwuelB (4 cru).
vince» et aprécepteur, tuteurn, dérivé du supin Grec-
+ Le mot désigne d’abord la reprise, avec une înten- tu& de regere Mdiriger, guider, mener)} (+ régir). À
sité accrue, des manifestations d’une maladie basse époque, le mot a désigné un supérieur ecclé-
après une rémission, puis l’augmentation des su- siastique, le directeur de certaines maisons reli-
jets atteints, dans une épidémie 118751. ~Hors du gieuses W-f s.l.
domaine médical, il se dit de la brusque réappari-
4 Le mot, qui a d’abord désigné un capitaine de na-
tion d’un phénomène sous une forme plus violente
vire, par calque du latin navis rector, a repris au la-
(18321, quelquefois avec un nom abstrait (1860).
tin sa spécialisation dans le domaine de l’éduca-
b Par dérivation régressive, on en a tiré RECRU- tion, désignant d’abord le chef et le premier officier
DESCENT, ENTE adj. ( 18421,d’un emploi plus litté- électif d’une université (12611 jusqu’à la ~III de l’An-
raire. cien Régime, et, au moyen âge, un directeur
d’école (v. 1270, recturl. 0 De nos jours, et depuis le
0 RECRUE, RECRUTER + CROÎTRE premier Empire ( 18061, il s’applique à un universi-
taire mis à la tête d’une des académies qui forment
RECTA adv. et adj. inv. est un emprunt clas- l’Université de France. Dans la hiérarchie ecclé-
sique ( 17 183 au latin recta titout droit, en droite siastique, il a désigné un supérieur ecclésiastique,
lignen, adverbialisation de l’adjectif rectus «droit un prélat (v. 12831, spécialement le supérieur des
(verticalement o horizontalement)*, &gulier, collèges de Jésuites 11690) et s’applique de nos
juste, honnête», 81érivé du supin Irectuml de regere jours au prêtre catholique à qui l’évêque code la
*diriger, menex3, I+ régir1. charge de certaines églises non paroissiales (19641.
4 Le sens d’emprunt, &irectement*, a disparu au oEn Bretagne, il a gardé le sens plus ancien de
profit des valeurs secondes, *ponctuellement, exac- aré d’une paroisse- ExvteS.I. +Le féminin rectnce
tementu (1788) et ad’une façon nette>> Idéb. me s.), ( 1558) ne s’est pas imposé, sauf au Canada, où il est
avec lesquelles le mot est familier. fl est adjectivé en concurrence avec recteure.
pour anet, qui inspire confiance>) Iti XIX~ s.1,rare et wLe mot entre comme second élément de VICE-
littéraire à la différence du sens de &gulier, ponc- RECTEUR n.m. (18681. *Ses dérivés ont été tirés
tuelm (attesté depuis KM’), familier. de la forme latine rector : RECTORAT n. m. (15601,
0 voir RECTANGLE, RECTEUR, ~CTIFIER, RECTILIGm, qui a supplanté rectorerie Cv.1350) et rectorage, at-
RECTITUDE. RECTO. RECTUM. testé une fois en moyen tiançais, désigne la charge
de recteur et, par métonymie, le temps pendant le-
RECTANGLE adj. et n. m. est emprunté (1549) quel on exerce cette fonction ( 16361, puis les bâti-
au latin médiéval rectangdus tl2671, altération du ments et bureaux du recteur d’Université et de ses
bas latin rectiangulus 4 angles droit+, substantivé services Cm” s.l. +RECTORAL,ALE a@.( 1588) qua-
au neutre rectingulum qui désigne le triangle rec- tic ce qui appartient au recteur, est du recteur,
tangle, mot formé du latin classique recfus &Oit= aujourd’hui à propos du recteur d’une académie.
(-- rectd et ung&w (+ angle). @RECTEUR, TRICE adj. est emprunté savam-
ment (milieu XIV s., Bersuire) au latin rector “qui di-
+ L’adjectif est employé en géométrie pour qutier rigen, du supin de regere. Le mot, qui Sign%e
une figure ayant un ou plusieurs angles droits, no- d’abord et en général “qui dirigen, a servi à qualifier
tamment dans triangle rectangle ( 15491,puis paral- l’esprit constituant le principe des odeurs, dans
lklogrumme rectangle (18691, parallélépipède rec- l’ancien vocabulaire de la chimie (1762, esprit rec-
tangle ( 1875). Par extension, il quame ce qui tiecte teur). 0 Il n’est plus employé qu’au féminin, comme
cette forme Idéb. xxe s.1mais est concurrencé en ce adjectif et comme nom (rectrice, 18031à propos des
sens par rectur@aire. 431 revanche, il est usuel plumes de la queue des oiseaux qui dirigent le vol.
comme nom masculin (16901 pour désigner un pa-
rallélogramme à angle droit ; dans l’usage courant, RECTIFIER v. tr. est emprunté Iv. 12801 au bas
il désigne une figure à quatre angles droits dont les latin rectitiare aredressern, du latin classique rec-
côtés sont égaux deux à deux, excluant le carré. tus adroit>, ajuste)), cexact>>(-+ recta) et -ficure, pour
F De rectangle est dériv6, d’après le latin médiéval fiicere (-+ faire).
rectangulus, RECTANGULAIRE adj. E15711, em- 4 Le mot a d’abord le sens moral de *réformer,
ployé en géométrie pour qutier ce qui forme des amendern, sorti d’usage après le xvf siècle. Le sens
angles droits, spécialement dans coordonnées rec- physique et étymologique de <(rendre droit> 11314)
RECTILIGNE 3122 DICTIONNAIRE HISTORIQWE

s’applique en mathématiques dans rectifîer une Diderot au sens de <<formé par des lignes droitesD,
courbe «en calculer la longueur, ramenée à
( 1762) en parlant d’un espace, repris et employé ( 1932) en
une portion de droitea. Par retour au sens figuré de parlant d’un objectif photographique qui fournit
rectus ajuste, exact», le verbe correspond à qqmodi- une image géométriquement semblable à l’objet.
fier l’état, la disposition, la forme de (une chose) + De rectiligne est dérivé RECTILIGNEMENT adv.
pour la rendre conforme à ce qu’elle doit être», ( 1898) ({d’une manière rectiligne», lui aussi didac-
d’abord dans le domaine matériel (v. 13701, spécia- tique et rare.
lement en alchimie (XIV~s.), puis en chimie, en nati-
gation (1883, rectifier la voilure) et en mécanique, à RECTION n. f, a été emprunté à deux reprises,
propos d’une pièce usinée. Abstraitement, il cor- d’abord écrit rheccion (15031, au latin rectio aaction
respond ( 1687) à ((corriger, rendre exact (un cakd de gérer, administration, gouvernement>>, dérivé
erroné, une citation fausse, etc.)m.0 De ce sens pro- du supin (rectum1 de regere (+ régir,.
cède celui de <faire disparaître en corrigeant» + Le mot a été emprunté à la Renaissance au sens
(xx” s.) d’où, en argot, au figuré, <(tuer, éliminep> politique de udirection, gouvernement>>, d’après
( 1953, et d’abord en 1940, 4usiller4. l’usage qu’en fait Cicéron. + Les grammairiens mo-
b Rectifier a produit les dérivés habituels. Le parti- dernes l’ont réintroduit au xxe s. en parlant de la
cipe passé RECTIFIÉ, ÉE est adjectivé Iv. 1560, propriété qu’a un mot de régir un complément
Paré) pour ce qui a été épuré par recttication, no- dont la construction, le cas, sont déterminés.
tamment dans alcool rectifik. Il s’emploie aussi en
Chimie (18753, comme RECTIFICATEUR, TRICE RECTITUDE n. f. est emprunté (13701 au bas
a,dj. (1611) et n. m. (1829). +RECTIFIABLE adj. latin rectitude, -inis «direction en droite ligne= et,
(1727) qualifie d’abord en mathématiques un arc ou au figuré, adroiture, justice>>, dérivé du latin clas-
une courbe que l’on peut rectifier, avant de s’em- sique rectus (<droit)) au propre et au figuré C-t recta).
ployer avec une valeur générale (1845). + Autre dé- + Le mot a été repris avec la valeur morale de “qua-
rivé savant de rectifier, RECTIFICATIFJVE lité d’une personne (et par métonymie de ses ac-
adj . et n. (18 191, quame ce qui apporte une rectti- tions) qui ne dévie pas de la bonne direction, dans
cation ; il est substantivé pour désigner un docu- le domaine intellectuel ou moral>>. +Son emploi
ment officiel recttiant un acte précédent (attesté pour désigner la qualité physique de ce qui est
mil. me S.I. +Em rectifier a produit RECTI- droit, rectiligne (v. 1560, Paré), est rare ou tech-
FIEUR, EUSE n. (1932) pour l’ouvrier qui fmit les nique.
pièces métalliques, notamment à l’aide d’une ma-
chine-outil qui a reçu le nom de RECTIFIEUSE n. f, RECTO n. m. est l’abréviation (1663) de la lo-
(19321. cution du latin médiéval folio recto ((sur le feuillet
RECTIFICATION n. f. est soit emprunté au bas la- qui est à l’endroit», opposé à folio verso (+ verso).
tin, soit formé savamment E13143sur le radical de Folio recto est formé de l’ablatif de l’adjectif du latin
rectifier par l’intermédiaire de ce bas latin rectifîca- classique rectus {{droit)) (4 recka) et de folium
tio, -anis <redressement>>, du supin CP-ectificatuml (+ feuille).
de rectificare. +D’abord employÉ! en chirurgie, le +Le mot désigne, par opposition à verso, la pre-
mot désigne l’action de remettre droit, spkiale- mière page d’un feuillet.
ment en mathématiques ( 1708). Il a suivi un déve-
loppement analogue à celui du verbe, se disant du RECTUM n. m. est l’abréviation (v. 1363) de la
fait de rendre correct, exact, conforme à une locution du bas latin médical rectum intestinum, el-
norme, spécialement en droit (1835). 0 Il avait reçu liptiquement rectum, désignant la portion termi-
en chimie 116 1 II la valeur spéciale de «seconde dis- nale du gros intestin, littéralement «intestin droitn,
tillation». Il se dit d’une note ou déclaration appor- du latin classique rectus <<droit» (+ recta) et intesti-
tant une motication sur un point particulier num (-+ intestin).
c1907).
+ Le mot appartient au langage anatomique et mé-
RECTILIGNE adj. est emprunté (v. 13701, avec dical. On rencontre encore chez Voltaire la lo-
adaptation d’après ligne, au bas latin rectilineus <<en cution francisée intestin rectum.
droite ligne», formé du latin classique rectw «droit, b Il a pour derivé RECTAL, ALE. AUX adj. <<relatif
horizontalement ou verticalement>> (--+recta) et li- au rectum, (18121, et le terme médical RECTITE
nea (3 ligne). n. f. (1833) pour Gnflammation du rectumn.
+ Le mot qualifie en géométrie une figure formée
de lignes ou de segments de droite; il est passé RECUEILLIR v, tr., d’abord recuillir (1080) et
dans l’usage courant pour qutier ce qui est ou a recoillir Cv.11551, puis recueillir (v. 11881, d’après
lieu en ligne droite (17961, et en physique un mou- cueillir, est issu du latin recolligere crassembler,
vement en ligne droite (1789). Le sens figuré, Mqui réunir», <<ressaisir, reprendre>> au propre et au fi-
ne dévie pas des principes)), apparaît pendant la guré. Ce verbe est formé de re- I+ re-1 avec une va-
Révolution (1793, C. Desmoulins à propos de Bîl- leur intensive, et de colligere &unb b cueillir).
laud-Varenne); il est resté stylistique et rare. Une série savante d’emprunts à recolligere appa-
+L’adjectif est substantivé au masculin en géomé- raît en moyen français (* recolliger et dér.).
trie dans l’expression le rectilime d’un dièdre. + Le développement du verbe a été parallèle à celui
b Sur le modèle ligne-linéaire, il a produit le mot di- de cueillir* et accueillir” : l’emploi de recueillir a
dactique RECTILIN~AIRE adj. (1774, relevé chez sotiert de la double concurrence de cueillir et de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3123 RÉCUPÉRER

récolter. Son emploi pour <ramasser (les produits RECULER v., est formé au XII~s. de re-, cul
de la terre12 (v. 11501, encore usuel en langue clas- (+ 0 et sufke verbal.
sique avec un complément, aussi en emploi absolu 4 D’abord int ransitif (v. 1135) au sens d’«aller en ar-
(1258), a disparu, au bénéfice de récolter. Cepen- rière», puis au figuré (v. 1209) pour <<renoncer, aban-
dant, recueillir s’emploie toujours avec un donner>, le verbe s’employait aussi transitivement
complément désignant des produits autres que vé- (v. 1200, ((faire aller [qqn1 en arrière»). Se reculer est
gétaux (1080) et avec la valeur figurée de cretirer attesté depuis le XIII~siècle. Le transitif s’est
(un profit matériel ou moral)n (1080), dont procède conservé à propos des objets (1690) et au figwé,
un emploi ironique Iv. 13601, par exemple dans re- pour areporter à plus tard}} Cfm xwe s.l. 0 La lo-
cueillir des coups; par extension, il réalise la valeur cution reculer pour mieux sauter (1536 ; d’abord re-
vague d’«obtenirn (15%). +Dès les premiers textes, culer pour le plus loi72 saillir, xve s.) fait allusion au
recueillir exprime aussi l’idée de &Unir, rassem- comportement animal.
bler [des choses éparses) en vue d’une utilisation>>, b Le déverbal RECUL n. m., d’abord attesté au fi-
spécialement wknir (des textes à inclure dans un guré (sartz recul «sans possibilité de se dérober},
ensemble)>). Quant aux sens de <<rassembler en peu XIII~s.), est devenu usuel au concret (en artillerie, v.
de mots, résumera> 11660) et, au figuré, Krassembler 1575, Montlucl, dans divers emplois techniques : re-
en soi, concentrer% ( 16901, apparus en langue clas- cul d’échappement (d’une horloge) 117521.0 Il signi-
sique, ils sont quasiment sortis d’usage. *À partir fie par métonymie =Position plus éloignées (par
du XII~ s., le verbe exprime aussi l’action concrète exemple pour observer) (18931, et en sports <(espace
de laisser entrer et séjourner dans un récipient ce dégagé pour le jeu» 11921). 011 a supplanté RE-
qui s’échappe, se répand, coule, sens dont procède CULEMENT n. m. (13401, qui signikt aussi (Te-
l’emploi figuré pour anoter, conserver (ce qui paraît tard, (fin xrves.) et par métonymie «renfoncement»
digne d’intérêtIn (v. 12401. ~Avec un nom de per- (ti xve s.), et qui a conservé des emplois techniques.
sonne ou d’animal pour complément, il ajoute à la +RECULADE n. f. a vieilli pour cmouvement de re-
valeur d’accueillir une nuance de protection, s’ap- culn (1611) et s’est spécialisé au figuré 11756, d’Ar-
pliquant naturellement à des enfants orphelins, genson) : <<faitde céder; abandon>> (souvent péjor.).
des personnes sans ressources... (1174). +Le sens + À RECULONS lot. adv. Il 178) a conservé la va-
spécial de <<recevoir en héritage» remonte à la ti leur de “par un mouvement de marche arrièrem,
du XII~s.; il met l’accent sur l’appropriation. +La avec des emplois figurés à partir du xwe s. ( 1360-
forme pronominale se recueillir, d’abord attestée 1370). + Le participe RECULÉ, ÉE adj . s’est spécia-
Iv. 1196) au sens de <s’embarquer», a signifié au lisé aux sens de cdi-ffcile d’accès> et «éloigné dans
XVI~s. as’enfermern Iv. 15301; ces acceptions ont dis- le temps)> (1549 pour les deux emplois).
paru. Se recueillir reste vivant à l’abstrait, pour
aconcentrer son attention sur un sujet>> (1559) et a RÉCUPÉRER v. tr. est emprunté En XIII~s.3au
développé au XVI? s. une spécialisation religieuse, latin recuperure «rentrer en possession de (qqch.1,
<<pratiquer la méditation>> Cl683), peut-être sous l’in- regagner, ramener à soin, mot dont l’évolution pho-
fluence du latin ecclésiastique recolligere et de ré- nétique a donné recouvrer*.
collection*. L’emploi poétique ou littéraire à propos + D’abord employé à la forme pronominale se ré-
de la nature correspond au transfert romantique cupérer -se réfugier)>, récupérer n’apparaît que
de la religion à une sorte de panthéisme; il se ren- deux siècles plus tard au sens de «rentrer en pos-
contre à partir de Lamartine (1820). session de Eune choselm (v. 1495). Il est d’ailleurs
F RECUEIL n. m., déverbal Iv. 13601, a d’abord eu le resté absent des dictionnaires jusqu’au XVII~ s.
sens de abon accueil, protection, refuge>, éliminé ( 1762, Dictionnaire de l’ricadémiel. Il semble rare
par accueil, puis a servi de nom d’action au verbe encore au XIX’ s. où apparaît se récupérer pour ((se
pour *action de recueillir)) ( 1559. Dans l’usage mo- dédommager de ses pertesx. Au xxe s., le verbe re-
derne, il est rare comme nom d’action Cie recueil devient usuel. Avec un complément tel que santé,
d’éléments1, et s’emploie concrètement pour le vo- forces, il est employé comme synonyme de recou-
lume réunissant des documents, des kits repro- vrer, mais d’usage plus courant (1936) ; il semble un
duits et imprimés ( 1534, quelquefois au figuré avec peu plus ancien employé seul ( 1897). Dans cet
lavaleurdeacollectionn (1671). +RECUEILLI,TE, le usage, ou avec un complément désignant un cer-
participe passé de recueillir, a été adjectivé avec les tain temps de travail, il correspond à (remplacer
sens correspondant à ceux du verbe, quatiant no- (un temps de travail chômé ou perdu) par un temps
tamment ce qui se passe dans la méditation, la ré- de travail équivalent» (19391; avec un complément
collection* (1588) et aussi ce qui incite à la médita- désignant un matériau, une forme d’énergie, il se
tion (1820, Lamartine); s’appliquant aux êtres dit pour crecueillir pour l’utiliser (ce qui serait
humains 116901, il correspond à “qui se recueille, perd& (probablement en 1940 à propos des mé-
medite>. +RECUEILLEMENT n. m., attesté au taux nécessaires à l’effort de guerre). La langue fa-
xwe s. (16603, désigne notamment l’action de se dé- milière, sans idée de reprise, l’emploie au sens de
tacher du monde extérieur pour se concentrer sur <<faireun gain ou une économie (considérés comme
un objet intérieur, en particulier Dieu (Bossuet). dédommagementln. +L’emploi du mot avec un
0 Par extension, il désigne l’attention mêlée de fer- complément animé est d’abord familier, pour Mre-
veur que l’on porte à une chose ( 17051,et un respect trouver (qqn dont on était séparé)= (19221. 0 Plus
quasi religieux ( 1887). À côté de ce développement récemment, le verbe a pris le sens de w%nsérer
figuré, le sens général, <<action de rassembler des (qqn) dans la vie professionnelle ou sociale= ( 1968)
choses éparse@ (17621, n’a pas réussi à s’implanter, et de <se concilier, s’assimiler (un adversaire poli-
RÉCURER 3124 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tique, une idéolo@e, un mouvement d’opinion13 rière (nerf récurrentl. Les autres valeurs sont tar-
(v. 19651, le plus souvent de manière abusive ou dives : avec un contenu temporel et non plus spa-
trompeuse. tial, récurrent s’emploie en mathématiques dans
k Récupérer a d’abord produit RÉCUPÉRABLE série récurrente &rîe dont chaque terme est une
adj*, attesté dès le xve s. au sens de “qui peut être fonction des termes immédiatement précédents}}
récupéré», peut-être d’après le latin médiéval re- (1713, puis en médecine dans fièvre récurrente
cuperubilis, mais sorti d’usage, et repris au x& s. ; le ( 1904). + Par extension, il quatie ce qui a trait au
mot se dit spécialement d’un temps de travail à retour, à la répétition d’un état, d’une situation
remplacer par un temps équivalent et de militaires (av. 1922, Proust).
réformés susceptibles de devenir actifs (xx” S.I. Cet ,Son dérivé RÉCURRENCE n. f. correspond
adjectif subit l’influence de irrécupérable, plus an- d’abord à la spécialisation anatomique ( 1840) ; la va-
cien. +Le verbe a aussi servi à former RÉCUPÉRA- leur temporelle s’impose ensuite, comme pour ré-
TEUR, TRICE adj. et n. m. ti XVI~~.) au sens géné- current, au sens de acaractère de ce qui se répète))
ral de <<personne qui récupèrem, sorti d’usage après 11867, Baudelaire1 ade ce qui revient en mémoirem
1675 jusqu’au XIX” siècle. De nos jours, le mot s’em- Kn XIX~ s., Huysmans). RécurrePtce est employé en
ploie techniquement comme nom (masculin) d’une
logique pour un raisonnement, dit raisonnement
machine destinée à utiliser des résidus de matière
ou d’énergie 11888) et d’un appareil destiné à em-
pur récumence (19023,par lequel on étend à une sé-
rie une propriété de l’un des termes. Il exprime
magasiner la force vive du recul d’une arme à feu
l’idée d’un retour de l’agent sur lui-même, notam-
pour ramener le canon à sa position de tir après le
ment la modscation qu’une connaissance fait subir
départ du coup (19041.0 Le mot désigne également
la personne qui recueille des machines et objets à son objet (19511, et, en épistémologie, lanotion se-
pour en réutiliser certains éléments I& s.l. Son lon laquelle une science et son passé doivent être
emploi adjectivé s’applique à un nom d’objet appréciés d’après l’état présent de cette science.
concret puis abstrait, dans un contexte idéologique 0 En informatique, il s’applique à la répétition d’un
(v. 1968). +RÉCUPÉRÉ, ÉE, le participe passé de traitement (19751. 0 Comme récurrent, le mot est
récupérer, est adjectivé à propos d’un militaire de didactique.
troupe placé dans la position de réforme et qui se
trouve reclassé dans le service armé (av. 1921). RÉCUSER v. tr. est emprunté ~HI~ s.) au latin
RÉCUPÉRATION n. f. semble directement em- recusare «repousser, refuser, protester contre, op-
prunté (13561 au dérivé latin recuperutio, -anis are- poser une objection», de re- (4 re-1 marquant le
couvrement)), mais est senti comme dérivé de ré- mouvement vers l’arrière, et de causa *cause, mo-
cupérer. * Le mot, rare avant la fm du m’ s., a eu t& et «procès% (3 cause). Recusare, par l’ancien
auparavant une acception astronomique, némer- verbe retiser, a donné ruse*.
sion (d’un astreIn (1752). Il désigne familièrement
4 Le mot, signalé par Bloch et Warburg sans indica-
l’action de récupérer qqch., sens réalisé spéciale-
tion de sens, a eu au XIVes. la valeur juridique de
ment en aérospatiale pour le fait de ramener un
«refuser d’accepter pour juge (une personne dont
engin en bon état au sol (19631. Les spécialisations
et extensions se manifestent comme celles du on suspecte lïmpartialité1~~ Cv.1355, Bersuire). Par
verbe, au xxe s. : récupération se dit de l’action de extension, il est employé au sens de «rejeter, re-
récupérer ce qui pourrait être inutilisé ou perdu pousser (qqn, qqch. dont on ne reconnaît pas l’auto-
(av. 19481, spécialement dans un contexte indus- rîté)m (1669, Racine). c-Le pronominal se récuser
triel, notamment ï’industrie pétrolière (1964). Il dé- (déb. xwe s.), d’abord attesté au sens de uref-user de
signe le fait de récupérer un temps de travail, et de se soumettre à la décision d’un jugeB, a pris celui de
récupérer ou d’être récupéré idéologiquement wefuser de faire acte de juge ou de témoinm 11690).
(va 1965). Par extension, se récuser s’emploie dans un usage
IRRECUPÉRABLE adj. est emprunté (1386) au la- littéraire à propos de quiconque refuse d’accepter
tin tardif irrecuperuhilis, de ir- (4 in-) et du latin une charge, une mission, de trancher une question
classique recuperare, avec le suSxe -abilis. +Le (18321.
mot a d’abord le sens de Grréparable)~ avant de + Récuser a produit RÉCUSABLE adj. (1529) qui
qualfier ce qui ne peut être récupéré U?n xrv’?S.I. qualifie en droit un témoin qui peut être récusé et,
0 Sorti d’usage, il a été repris au XX~s. pour quali- par extension, une personne, une chose dont on ne
fier une personne qui ne peut être incorporée dans reconn$t pas l’autorité Eti XVI~s.1. +Le participe
un groupe, un parti iv. 1950). Il comporte quelque- présent RÉCUSANT, ANTE est adjectivé (1611)
fois, par extension, la nuance familière et péjora- pour qutier, en droit, celui qui exerce un droit de
tive de <<bonà rien>>. récusation. *RÉCUSATION n. f. est repris (1332)
RÉCURER + CURER au dérivé latin recusatio, -anis (<refus, protestation,
réclamation>); c’est un terme juridique, pour ccac-
RÉCURRENT, ENTE adj. est emprunté tion de récuser-m.
Il54 11au latin recurreuls, -em%, participe présent de IRRÉCUSABLE adj. est emprunté directement
recurrere courir en arrière», ((revenir en courant)>, (1552) au latin irrecusabilis, de ir- I+ in-) et du dé-
d’où au figuré <(revenir>>.Ce verbe est formé de re- rivé bas latin recusabilis. Employé en droit pour
(4 re-1 et cuwere (+ recours). quatier une pièce ne pouvant être récusée et, ul-
+ L’adjectif a été repris en anatomie, en parlant térieurement, une personne (17781, le mot est passé
d’un rameau nerveux ou artériel qui revient en ar- dans l’usage général au sens d’Gndiscutable». + Il a
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3125 REDEVOIR

produitIRRÉCUSABLEMENT adv. (1782) et IRRÉ- tion technique, reddition de voie, désigne le fait de
CUSABILITÉ n. f. (attesté XX~s.1, d’usage didac- rendre la voie ferrée libre ( 1964, dans les diction-
tique. naires généraux).
@ voir RENDRE, RENTE.
RECYCLER +CYCLE
REDÉMARRER +DÉMARRER (àAMARRER)
RÉDACTION n. f. est emprunté (15341, pour
servir de nom d’action à rédiger*, au bas latin re- RÉDEMPTION n. f., doublet savant de run-
dactlo, -onzk &duction>> en mathématiques, dérivé çon*, est emprunté très tôt Cv.980) au latin Tedemp-
du supin redactum de redigere (ramener, réduiren tio, -anis «adjudication», <(action de délivrer>> et xra-
(+ rédiger). chat, rançon)), spécialisé à basse époque dans la
+D’abord employé avec le sens latin, <<fait de ré- langue ecclésiastique à propos du rachat du genre
duire, de ramener àt»(15601, qui sera éhminé par ré- humain par le sacrifice du Christ. Le mot est dérivé
duction, le mot désigne ensuite, sous l’influence de du supin Iredemptuml de redimere <racheter>>
rédiger, l’action ( 1534) ou la manière ( 1690) de rédi- I+ rédimer).
ger un texte. Il s’est spécialisé dans le domaine de + Le mot est attesté dans la Passion du Christ avec
la presse et de l’édition, désignant l’activité de la son sens religieux (toujours avec une majuscule),
personne qui rédige pour un journal 11798) et, par cette valeur n’étant réattestée que vers 1175. Le
métonymie, l’ensemble des réducteurs (ci-dessous) sens général du latin, <<action de racheter>>, s’est
d’un journal, d’une publication, ainsi que le local où spécialisé en droit (1342, redempcion d’un droit),
ils travaillent (18451.0 Par une autre spécialisation, sens sorti d’usage, et s’est appliqué au rachat des
celle-ci scolaire, il désigne l’exercice consistant à prisonniers (13601, notamment celui des chrétiens
développer un sujet, généralement de caractère captifs des tidèles par les religieux de l’ordre de
descriptif ou narratif ( 1858). + Le mot s’applique Notre-Dame-de-la-Merci et de l’ordre de la Trinité
aussi à tout service chargé de produire des textes (1381). + Par extension, le mot est passé dans
pour la publication (ouvrages de référence, etc.1 ; ce l’usage courant pour «action de favoriser le salut de
sens paraît récent (mil. xxe s.l. qqn, de se racheter (au sens religieux ou moral)n
kn a produit RÉDACTIONNEL,ELLE adj. (18741, (1541, Calvin>. +Par emprunt à une akeption mé-
arelatif à la rédaction d’un texte>>, qui est kéquent tonymique de l’espagnol redempciht, rédemption a
dans le langage du journalisme, puis de l’édition et, servi à nommer chacun des établissements fondés
en publicité, dans publicité rédactionnelle. au Paraguay par les Jésuites ( 1781). Cf. réduction.
RÉDACTEUR, TRICE n., plus tardif que rédaction, FRÉDEMPTEUR,TRICE adj.etn. est emprunté
peut être considéré soit comme son dérivé, soit (v. 9803 au latin redemptor, -OK&, féminin redemp-
comme le dérivé savant du latin redactum, supin Wx, <<entrepreneur de travaux publics, soumission-
de redigere. +Le mot a désigné spécialement la naire>>, en droit <<personne qui se charge d’un pro-
personne qui compile des documents juridiques, cès moyennant rétribution) et «celui qui rachète
ainsi que 1’ *auteur de la rédaction d’un texte» (un esclave1 de la servitude>), employé spéciale-
(17771.11 s’est spécialisé pour désigner la personne ment en latin chrétien à propos du Christ. Redemp-
dont le métier consiste à assurer la rédaction d’un tor est formé sur le supin de redimere. +Le mot a
texte, d’abord dans le cadre journalistique (17981, été repris au latin chrétien, comme rédemption
où il a supplanté rkdigeur ( 1796). Il entre dans la lo- dans sa spécialisation religieuse (toujours avec une
cution rédacteur en chef 118251, et se dit aussi en majuscule) qui ne semble plus employé avant le dé-
parlant d’un fonctionnaire chargé de rédiger les but du XIV~siècle. Au XVI~s., il s’est dit des Hébreux
pièces administratives 118691, et d’autres profes- pouvant racheter la propriété d’un parent sans at-
sionnels dans l’édition, la publicité. oEn parlant tendre le jubilé (1553). 0 Par extension, il désigne
d’une femme, le féminin rédactrice est concur- ce qui peut racheter qqn au sens moral ou spirituel
rencé par le masculin rédacteur, notamment dans (XX” s.1, emploi littéraire et rare. 0 Il commence à
le syntagme rédacteur en chefl au moins en fran- s’employer adjectivement ( 18031 pour qualifier ce
çais de France, où ce syntagme est abrégé en argot qui opère la Rédemption, le signe rédempteur se di-
de métier en rédac chef: valable pour les deux sant autrefois (1828) du crucifix. Par extension, l’ad-
sexes. jectif quaMe ce qui rachète, réhabilite (fin xrxe s.,
REDAN + DENT Huysmans).
Le radical du latin redemptor a été repris pour for-
REDDITION n, f. est emprunté (13561, pour mer RÉDEMPTORISTE n. m. (18291, nom des reli-
servir de nom d’action à rendre” dans quelques-uns gieux de l’ordre du Très-Saint-Rédempteur, fondé
de ses sens, au latin impérial redditio, -anis <<action en 1732 par Alphonse de Liguori. + On rencontre le
de rendre)) et «action de reprendre, de revenir sur). féminin RÉDEMPTORISTINE n. f. t 19321 pour dé-
C’est un dérivé du supin kedditum) de reddere signer une monîale de cet ordre.
(+ rendre).
+ Le mot fournit un nom pour l’action ou le fait de REDENT + DENT
se rendre, de capituler. Il est beaucoup plus rare REDÉPLOYER -3 PLOYER (art. PLIER)
pour <action de rendre-, dans la spécialisation juri-
dique d’aacte par lequel on présente l’état de la re- REDÉPOSER -3 POSER
cette et de la dépense relatif aux biens d’autrui
qu’on a administrés, @ri XIV’ s.l. -0 Une spécialisa- REDEVOIR + DEVOIR
RÉDHIBITOIRE 3126 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RÉDHIBITOIRE adj. est emprunté (XIII~s.1 au l’argent, achetern (+ exempt). L’ancien français
bas latin juridique redhibitotius, lui-même d&ivé avait une forme issue de l’évolution orale, ruembre,
du latin classique redhibitum, supin de redhibere qui s’est éteinte devant la forme empruntée. Redi-
afaire reprendre (une chose vendue)>. Ce verbe est mere, comme redemptio et reckmpior, a pris la va-
composé de red-, variante de re- indiquant l’action leur chrétienne à basse époque.
en retour (--+re-1 et de habere (+ avoir). 4 Le mot a été repris avec le sens religieux de Nra-
+ Le mot apparaît, en droit, dans action rédhibitoire cheter le genre humain par son sacr%ceD en par-
désignant l’action qui tend à faire prononcer l’an- lant du Christ et en relation avec rédemption” et ré-
nulation d’une vente à raison de l’existence d’un dempteur”. Par extension, il est employé au sens de
vice, appelé vice redhibitoire (1765, Encyclopédie). «racheter lune peine)D (14391, Nsauvern en général
0 De ce dernier syntagme, l’adjectif est passé dans (déb. xv” s.1 dans un registre soutenu et archaïsant.
I’usage général pour qutier ce qui peut motiver 0 Dans la seconde moitié du xvf s., il a pris, en
l’annulation d’un engagement quelconque Il 6901, construction transitive et à la forme pronominale
prenant par extension la valeur de (<tout à fait inac- (se rédimer), le sens juridique concret de &af&an-
ceptable)) (1852). chit- d’une obligation en payant une contribution en
ä RÉDHIBITION n. f., emprunt (XUI~s.) au dérivé argent)>. Se rédimer a pris le sens figuré de ((se ra-
bas latin redhibitio, -anis, est strictement juridique. cheter)) (18911, propre au style littéraire.
Le mot concerne la résolution de la vente d’un ob- b RÉDIMÉ, ÉE, le participe passé de rédimer, ad-
jet entaché d’un vice rédhibitoire. jectivé (1690) avec le sens de wachet&, sorti
d’usage, se dit en histoire des provinces qui
REDIFFUSER + DIFFUS s’étaient libérées de la gabelle en versant une
somme defmitive 11833) et des villes ou des débi-
RÉDIGER v. tr. est emprunté ( 13791 au latin re-
tants qui s’exemptent de l’exercice en assurant à
digere, formé du prétie red-, variante de re- (+ re-1
l’État d’autres garanties du paiement des droits
marquant l’action en retour, et de agere repousser,
dus (1869).
conduirem (+agir). Le mot signifie «pousser pour
0 voirmNçoN.RWmm~~.
faire revenir, ramenern, ((ramener à un état infé-
rieurn, <<retirer de (en parlant d’argent))) et *réduire
à». C’est de cette dernière idée, envisagée spéciale-
REDINGOTE n. f. est la francisation (1725) de
l’anglais rîding coat El5071 «habit pour monter à
ment par rapport à un ordre, à une disposition,
chevalm, de riding, participe présent de to ride
qu’il a développé en latin médiéval le sens de ami-
<<monter à cheval)), à rattacher à la famille de raid
nuter (un acke, un écrit)>> Iv. 8711, d’oti est parti le
(+ raid) et de coat ahabit, manteaw, lui-même em-
sens du français.
prunté au XVIes. à l’ancien &ançais cote (--+cotte).
+ Dès les premiers textes, le verbe si@e <mettre Cet emprunt, effectué par voie orale, a connu plu-
par écrit avec ordre et suite*, valeur issue de l’idée sieurs variantes dialectales et populaires avant
de <<réduire (un événement, une décision) à une d’être intégré en -français avec sa graphie et sa pro-
proposition écrite brèvem ( 1455). D’autres sens du nonciation définitives. On trouve encore reguingote
moyen français sont plus proches du latin clas- à la fin du XIX~ s. Il8971 et, par changement de suf-
sique : aréduire àm( 14661, kduire (un territoire) en fixe, reguimpetie ou requimpetie n. f. (régional), à
son pouvoirn (15731, «ranger, inclure (un objet) dans rattacher à péter.
une forme ordonnée>> 116901. 4 À partir du XVI~s.,
+Le mot a désigné une longue veste masculine
une série d’acceptions concerne cependant l’écri-
croisée, ajustée à la taille et à basques descendant
ture, signiknt «résumer par écrit» (15411, «compi-
jusqu’aux genoux, appelée en anglais froc&coat
ler en recueil (des documents)>> (1573). Dans ce do-
(18231. Q Par analogie, il a servi à désigner une robe
maine, la valeur principale est passée pro-
évasée et plus ou moins appuyée à la taille (18471,
gressivement de aréduiren à &rire, mettre en
quelquefois appelée robe redingote. De nos jours, il
forme écrite» et, à partir du XVIII~s., on peut dire ré-
désigne un manteau pour dame de même style
diger longuement * Une spécialisation ultkieure,
C17861, appelé en anglais Etted-coat, littéralement
<faire les principaux articles d’un journal et en diri-
*manteau ajusté à la tailles.
ger la compositionn (17981, était liée à rédaction;
+ voir 0 RADE, REîTRYE.
elle est sortie d’usage. De nos jours, rédiger s’em-
ploie en journalisme, mais au sens général, souvent
au passif et accompagné d’un adverbe de manière
REDONDER v. intr. est emprunté En XII~s.) au
latin redundure ((déborder, être inondé de» d’où, au
(bien, mal rédigél; d’autres emplois correspondent
figuré, aêtre en excès, abonder en=, de red- variante
aux extensions des substantifs réduction et rédac-
de re- E+ re-1 marquant l’action en retour, et de
teur.
undu «flot, vaguen 6+ onde).
RERÉDIGER v, tr. ((rédiger à nouveaw bien
qu’absent des dictionnaires, est en usage à côté de 4 Le verbe a eu en ancien français le sens d’«abon-
l’anglicisme rewriting, dans faire hn, le1 rewriting. der» 6n XII~s. en pariant de la charité chez un
@ Voir RkDACXXJR, RÉDACTION. prêtre). Il s’est spécialisé après redondant (ci-des-
sous) de manière à Sign%er uconstituer une répéti-
RÉDIMER v. tr. est emprunté
(fin XIV~s.) au la- tion superflue dans le discours~ (16901, quelquefois
tin redimere «rachetep, de red-, variante du préke en construction transitive indirecte redonder de
re- I+re-) marquant l’action en retour, et emere ( 1798). À peu près sorti d’usage, il est senti au-
aprendre>> et spécialement aprendre contre de jourd’hui comme un dérivé de redondant.
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉDUIRE

ä EDONDANT,ANTE adj. n’est pas dérivé du valse et de la mazurka et, par métonymie ( 18691,
verbe français mais directement emprunté Cv. 1278) l’air sur lequel cette danse s’exécute. II est resté
au latin redundans, -antis “qui déborde)), ccsuperflw, rare en français, par rapport aux emprunts ana-
adjectivation du participe présent de redundare. logues, tels que mazurka.
+Après une attestation isolée au sens de asurabon-
dantn, le mot s’est répandu au XVI~s. pour qual%er REDRESSER 3 DRESSER
une expression caractérisée par une abondance
superflue et ce qui est superflu dans le discours RÉDUIRE v. tr, est emprunté Iv. 11751, avec
(15%). En emploi détemniné, il a pris la valeur figu- francisation d’après conduire*, au latin reducere
rée d’<<excessif>>(18393, emploi qui s’est répandu au «ramener, reconduirefi, au propre et au figuré, de
xx” siècle. -Dans la seconde moitié du XX~s., il re- I+ re-1 marquant le mouvement en arrière, et
passe d’après l’anglais redundant, employé en ducere <<mener, conduire» C+ conduire). Le moyen
théorie de l’information, dans la terminologie de la f?anCais a eu un type plus proche du latin, réducer,
linguistique (1968) et de l’informatique. aux xrve et xve siècles.
REDONDANCE n. f, attesté depuis 1352 (une + Jusqu’au xvle s., le sens principal de réduire était
forme signalée au xrve s. par Bloch et par Dauzat ((ramener, rétablir (dans un lieu, un état), rappro-
vient d’un autre radical), est emprunté au latin re- chern ; le verbe s’employait à la forme pronominale
dundantia, dérivé de redundans. +Le mot, avec le au sens de ((se retirer, se réfugiep Iv. 11753, pro-
sens de twrabondancen, s’est employé en méde- bablement d’après l’emprunt réduit*, ainsi qu’au fi-
cine pour wxabondance d’humeurn, ses emplois guré dans la locution réduire à mémoire de $gn
modernes apparaissant après ceux de redondant : arappeler- (1380, encore déb. XVII~ s.l. Ce sens a dis-
*abondance excessive dans le discours» Il6901 et, paru en dehors d’un usage dialectal, souvent avec
par métonymie, apartie d’un énoncé considérée la valeur de arangern, mais se perpétue en chîrur-
comme superflue>) ( 1762). 0 Par anglicisme Iredun- gie pour «remettre en place (un os, un organe dé-
dancyl et corne redondant, il désigne en théorie placé)> Ixrv” s., puis v. 15601,soutenu par le substan-
de l’information, puis en linguistique ( 1964) et en în- tif réduction Ici-dessous). +L’usage moderne du
formatique (1968) le concept complémentaire de verbe se fait jour dès le moyen tiançais et s’établit
celui d’information, bien distinct de la notion cou- au xwe s. : la valeur figurée de *ramener (qqn, qqch.)
rante de <paroles superflues)> ; en effet la redon- à un état inférieur, à un état plus simplex donne
dance est nécessaire à certains codes (telles Ies une extension pour flanéantir~ (XIII~s.), sortie
langues naturelles) pour assurer leur fonctionne- d’usage. Avec un nom de personne pour com-
ment optimal. plément, réduire s’est d’abord employé sans com-
plément indirect au sens de asoumettre, dompter»
REDOUBLER + DOUBLER (v. 14601, d’où en langue classique <(ramener (qqn) à
la raison, à l’obéissance par la force ou l’autorité»
REDOUTE n. f. est, comme d’autres termes de
Km xv” S.I. 0 Plus usuel avec un complément indi-
fortfication, emprunté (1569) à l’italien tidotto &eu
rect Iftn xv” s-1, il a pris le sens d’aamener (qqn)
où l’on peut se retirer», spécialement ~~forttication
contre sa volonté à un état de dépendance, de sou-
fermée)) (XIV~S.I.C’est le participe passé substantivé
mission, à une situation fâcheusem 115381,spéciale-
de Mure Nramener, réduiren et, au pronominal,
ment dans réduire qqn ù l’extrémité Cv.15801, sur-
<<seretirern, représentant le latin reducere I-+ ré-
tout au passif en être réduit 9 (16731, réduire qqn (au
duire). Le mot s’est aussi écrit redote ( 16 16, D’Au-
lait, au bouillon1 cl’obliger à ne consommer que.. .n
bigné) et à l’italienne ridotie. Sa forme actuelle est
116901, réduire au silence Iv. 1695). La préposition
due à un croisement avec redouter*.
utilisée pour introduire le complément indirect,
+ Le mot désignait autrefois un ouvrage de fortifka- généralement a ou en ti xve s-1, pouvait être de
tion fermé, de forme carrée; il a aussi désigné un (1665) dans la langue classique. 0 Aux xwe et XVII~s.,
type de radeau protege et armé servant à eanchir réduire s’employait aussi sans idée de contrainte
de vive force les cours d’eaux Cv.1650). +Par un pour <<conduire (qqn) à un certain état>>(15591, sens
nouvel emprunt à l’italien ridotto au sens de <<bal qui survit en religion dans réduire un clerc à l’état
public)), il a désigné un endroit public où l’on dan- Zat’c«le renvoyer à la vie séculière». - Avec un nom
sait, où l’on donnait des fêtes E1764) et, par métony- de chose pour complément, le verbe s’est employé
mie, une fête donnée dans ce lieu (17521; dans ces pour &miter àm (v. 13701, fladapter, conformer à»
derniers sens, le mot est historique. (avec l’idée d’une difkulté à surmonter), sens vi-
REDOUTER + DOUTER
vant jusqu’au XVIII” s., et araynener (un objet de pen-
sée) à une forme équivalente plus simple, plus
REDOUX + DOUX compréhensible ou à ses éléments fondamentaux>>
(15381, sens resté vivant et qui a produit plusieurs
REDO WA n. f. est un emprunt ( 1846) à l’alle- spécialisations : en mathématiques réduire une
mand Redowa, lui-même emprunté au tchèque rei- h-action ( 15201, en géométrie (XVIII~s., Buffon), en lo-
dw& désignant une danse rustique de Bohême. gique ( 1798, réduire 8 l’absurde). +Avec un objet
Lui-même dérive de reiditi, itératif rejdovati concret, réduire correspond à «faire passer d’un
{{s’ébattre, gambader», ce verbe étant dérivé de rej état à un autre plus simpleti 115381, dans réduire en
adansen. cendres (16653 et spécitiement en chimie (16801,
+Le mot, également écrit rédowa, désigne une par exemple dans réduire un oxyde. Certains em-
danse sur un rythme à trois temps tenant de la plois (en dessin, en géométrie) correspondent à la
RÉDUIRE 3128 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

valeur générale de *ramener tqqch.) à une quantité cuisine (18071, lié au verbe réduire, intransitif, avant
ou à une dimension moindre>) (1538, une fois re- de se répandre dans l’usage courant avec une va-
durre au xve s.), devenue le plus courant de nos leur générale au XX~ s. (av. 1960, Camus).
jours, au propre (spécialement en art, 1690 ; en mu- Au me s., réduction a servi à former des dérivés dî-
sique, 1870) et au figuré (réduire son tiuin de vie, dactiques. +R~~DWCTIONNEL,ELLE adj. (1931)
v. 1650). * La forme pronominale se réduire a pris correspond à sa spécialisation en biologie. +RÉ-
ses valeurs modernes au xwe s. et vaut absolument DUCTIONNISME n.m. (19661, d’où est tiré RÉ-
pour *se résumern (1670). 0 L’emploi intransitif du DUCTIONNISTE adj. et n., désigne la rkduction
verbe est tardif 11808) et exprime, d’abord en cui- systématique d’un ordre de connaissance à un
sine, puis 11893) en chimie, en technique, le proces- autre plus formalisé et, spéciallement, des mathé-
sus concret de adiminuer le volume, devenir matiques à la logique formelle h+ductionnisme Zo-
concentré par évaporation)}, notamment en cui- giquel, -Réduction a servi de base au composé
sine, surtout dans faire réduire. OXYDORÉDUCTION n. f. (1904) désignant une
réwtion oti un reducteur est oxydé et un oxydant
F 0 RI?DUIT, UITE, le participe passé de réduire,
est réduit (par échange d’électrons).
est adjectivé depuis le XVII~ siècle. 11 qualikit une
RÉDUCTEUR, TRICE adj. et n., attesté isolément à
personne rangée et vivant dans le recueillement, la Renaissance au sens de *qui ramènep 115421 et
spécialement une personne soumise à son devoir,
comme mot de chirurgie Cv. 1560, Paré) par em-
faisant preuve d’humilité Il851, Corneille). En fran-
prunt au dérivé latin reductor, -oris, a été repris
çais actuel, réduit qual%e un objet dont les dirnen-
comme nom (1813) et comme adjectif (1835) par dé-
sions ont été diminuées (17701, notamment dans rivation savante du latin reductum ou de réduire.
modèle* réduit, s’employant parfois au figuré à pro- *Le nom a d’abord désigné un appareil distillateur
pos d’une personne 118801, de sa taille. Il se dit de ce propre à réduire le titre de l’esprit-de-vin, et par la
qui est inférieur en nombre à la normale (1644) et suite d’autres appareils et mécanismes techniques
de ce qui a subi une diminution en valeur (Ct pti ré- ayant pour fonction d’opérer une réduction. Puis il
duits, 1874). s’applique, comme dans son ancien emploi, à un
RÉDUCTION n. f., réfection savante cv. 13001 de re- appareil propre à réduire les luxations et &actures
dution Ifin XIU~ s.), est emprunté au dérivé latin re- en chirurgie (1835). 0 Il désigne aussi un méca-
ducti, -OMS aaction de ramenep. Le mot, bien qu’il nisme employé pour diminuer la vitesse d’un mou-
serve de nom d’action à rkduire*, n’a pas conservé vement de rotation (18981, un appareil propre à ré-
dans son intégralité les sens du verbe. Le sens de duire des dessins 11904, Larousse), un commu-
wapprochementn est sorti d’usage dès le moyen tateur électrique knîl. XX~ s.l. 0 Repris au XIX~ s.,
français, celui de arétablissement, retour à l’état l’adjectif, en chimie, quaMe ce qui a la propriété de
précédent- Iv. 13001 ne survit que dans sa spéciti- ramener certains corps à un degré moindre d’oxy-
sation en chirurgie kve s.l. 0 Presque tous les em- dation (18351, supplantant dans cet emploi réductif
plois du mot en parlant d’une personne sont sortis 116801, d’où un réducteur n. m. (1904, Larousse). Le
d’usage : afait de soumettre par la force militaire, mot s’est répandu dans un usage courant pour qua-
l’auto&& Cv. 14501, aétat d’épuisement, de pénurie l%er ce qui opère une réduction (18751 et il a été re-
(d’une collectiviW Km XVII~ s.), egêne, état de dé- pris en psychologie pour désigner, spécialement
nuement (d’une personnel% (1718). * L’emploi mé- chez H. Taine, le phénomène psychique qui, en
tonymique pour un village chrétien établi par les s’opposant à une représentation imaginaire, em-
missionnaires au Paraguay est un emprunt ( 17701 à pêche qu’elle ne soit prise pour une perception
l’espagnol reducibn ; cf. rédemption. + En parlant (1870, Taine). 4L’emploi chimique a fourni le
d’une chose, le mot désigne le fait de diminuer, de COmpoSéOXYDORÉDWCTEUR,TRICE adj.(1904);
rendre moins nombreux, plus faible, sens qui cf. ci-dessus oxydoréduction.
semble appartitre avant l’emploi correspondant RÉDUCTIBLE adj . est le dérivé savant ( 1607) du la-
de réduire Iv. 13501, mais ne se répand qu’au XVII~ s. ; tin reductzm, supin de reducere. -Formé comme
au m? s., réduction désigne par métonymie la quan- terme de jurisprudence, au sens de ctransfor-
tité dont une chose est diminuée 11935) et, absolu- mableB, appliqué à une rente transformable en
ment, un rabais, une diminution de prix ( 19351, spé- argent, l’adjectif a été repris à la ti du XVII~ s., su-
cialement dans réduction d’impôt (1936). + lb bissant l’influence de réduire : en chimie il qualifiait
biologie, réduction chromatique (1897) recouvre le ce qui est susceptible d’être réduit en chaux (16801,
mécanisme par lequel les chromosomes d’une cel- sens disparu, puis ce qui peut être ramené à un
lule sont diminués de moitié. *En relation avec ré- moindre degré d’oxydation (18 12). + D’après ré-
duire, réductim désigne l’adion de changer en di- duire et réduction, il s’emploie pour “qui peut être
minuant les proportions (17521, spécialement en réduit à une forme plus simple, plus utilisable ou
géométrie (1762) et en arts. +Dès l’ancien kançtis, plus intéressanten ( 16901, sens spécialisé en mathé-
comme réduire, il se dit du fait de ramener une matiques (17171, en géométrie et en logique. 11 est
chose à un état plus élémentaire ou plus utilisable, pmsé en chirurgie après réduire et réduction à pro-
d’abord en parlant d’une chose concrète (13OOL pos de ce qui peut être remis à sa place normale
d’un corps chimique (16801, puis aussi d’une (1802). 0 Enfm, il qua%e en droit ce qui peut être
construction de l’esprit (16901, avec des emplois diminué (1804,cock citil). -Le préfxé IRRÉDUC-
spéciaux en mathématiques (1690), en logique TIBLE adj. (1676) lui sert d’antonyme, d’abord dans
(1701, réduction a l’absurde, calque du latin), en mé- les mêmes spécialisations en chimie, en algèbre
trologie, en astronomie (18701, en psychologie, en (16901 et en chirurgie (1835). L’adjectif si@e dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3129 RÉEL

l’usage général “qui ne peut etre diminué= (1867, & botanique, pour qutier une feuille dont les deux
propos d’une souscription, d’une propriété). 0 Il se bords s’appliquent l’un contre l’autre par la face in-
dit aussi d’une personne que l’on ne peut faire férieure .
changer d’avis, correspondant à un emploi de ré-
duire mais pas de réductible. +Les deux adjectifs +k RÉEL, ELLE adj. et n., attesté en 1283 mais
ont produit des noms didactiques en -itb, RÉDUC- antérieur (le dérivé réellement est attesté au XII~s.1,
TXBILITÉ n. f. (17571 et IRRÉDUCTIBILITÉ Il. f.
est emprunté au bas latin realis, mot didactique si-
(1762).
gnihnt l’effectifs Erv”sd, spécialisé au moyen âge en
@ Voir REDOUTE, @ RÉDUIT.
philosophie pour <<réaliste%(XII” s.1et “qui existe par
soi-même» IXLII~s.1, ainsi qu’en droit pour arelatif
0 RÉDUIT n. m., d’abord reduiz (v. 11651, ne aux choses, aux bierw !1198-1199). Realis est dérivé
peut pas être un dérivé du verbe réduire*, qui non du latin classique res <<chose>>(+ rien). Une forme
seulement semble plus tardif mais dont les sens ne real, moins francisée, se rencontre en ancien et
concordent pas avec l’idée de *lieu retirém; il est moyen français.
issu du latin populaire reduceum, neutre substan- 4 Le mot a pénétré en franCais à deux reprises :
tivé du latin classique reductus *qui est à l’écart, en d’abord emprunté en droit pour qualtier ce qui est
retrait)), aen recul> (pour un lieu, un objet), participe relatif aux biens, non aux personnes, il a été repris
passé adjectivé de reducere «ramener)) (3 réduire). dans l’usage scolaire, puis courant, pour qutier
Ce sens se retrouve dans lïtalitisme redoute*. ce qui existe effectivement (1380, puis v, 1485).
+ Le mot désignait, encore au xwe s., un petit loge- Ainsi, réel et ses dérivés s’opposent tantôt à person-
ment retiré, une retraite. Par spécialisation, il s’ap- nel et tantôt à apparent. Les emplois juridiques ont
pliquait également à un lieu de réunion pour une presque tous survécu en droit moderne, où l’ad-
société choisie (v. 1240) et, par métonymie, à la so- jectif est synonyme d’immobilier Ixvr” s., droit réel),
ciété, au cercle qui s’y réunissait 11549). + Le pre- action, servitude réelle ( 16801.0 Hors du langage ju-
mier sens moderne est celui de <recoin, enfonce- ridique, le sens général est apparu, d’abord en
ment dans une piècen ( 1580). Par extension, réduit théologie (1575) en parlant de la présence réelle de
désigne (1690) un local exigu, généralement Dieu dans le pain et le vin de l’Eucharistie, et en
sombre et peu aménagé, une petite pièce servant philosophie, substantivé avec une valeur de neutre,
de lieu de travail, d’habitation. Seules ces deux va- le réel ace qui est, existe effectivement> (av. 1662,
leurs sont usuelles en français contemporain. +Par Pascal). Il s’est répandu avec la nuance d’aauthen-
un développement analogue à celui de l’italien ri- tiques (16881, d’où anotablen (18311, alors placé avant
dotto Iredoute*), il s’est spécialisé en fortikation le nom qualifié. 0 Opposé à idéal par les Roman-
pour un ouvrage construit à l’intérieur d’un plus tiques, il a reçu des connotations spéciales au dé-
grand ou en arrière, pour assurer la retraite (16711; but du XIX~ s. chez les historiens des idées qui en
par analogie, il a désigné le compartiment cuirassé tient un synonyme de réaliste (18123. oFkt mu-
placé au centre des anciens bâtiments de guerre et sique, il qutie des notes, des parties formant des
où étaient assemblées les pièces d’artillerie princi- accords accompagnant une mélodie ( 1870) ; en ma-
pales (1890). thématiques, il s’applique à une quantité (1829) puis
à un nombre rationnel ou irrationnel (1872) parfois
RÉDUPLICATION n-f. est emprunté cv.1363, opposé à imaginaire. L’emploi à propos d’une
Chauliacl au bas latin wduplicatio, -anis <redouble- image formée par l’intersection de rayons lumi-
ment>>, terme de rhétorique, fortné de re- !+ re-1, neux et du foyer ou se forme cette image apparaît
préke à valeur itérative, et du latin impérial dupli- au xvwe s. (1765). +Le mot est entré dans la termi-
cuti, de duplex (+ double). nologie grammaticale (1932, sujet réel), en géomé-
+ Le mot a désigné d’abord le repli d’un organe, en trie, en chimie (gaz réels) et en informatique 11968,
anatomie. Il a été repris au XVI’ s. comme terme de temps réel). Dans les expressions valeur réelle ( 1807)
stylistique pour la figure consistant à répéter en commerce, et salaire réel 11952, par oppositon à
consécutivement certains mots E150 11.Xl s’emploie nominal), l’adjectif correspond à CauthentiqueB.
aussi en linguistique ( 1718) à propos de la répétition 0 L’usage moral qu’on en a fait à l’époque classique
d’une même syllabe, d’une même lettre ou d’un en parlant d’une personne qui tient ses promesses
mot entier. 11est passé en biologie, notamment en correspond à aexact, constant= (16841 et ne paraît
botanique, pour désigner le mode de dédouble- pas avoir vécu au-delà de 1800 malgré le témoi-
ment de certaines algues (1875). C’est enfm un sy- gnage de dictionnaires postérieurs (encore en
nonyme littéraire de redoublement (attesté 18751. -À la suite d’une confusion avec reial
mil. XXes-3. I+ royal), l’adjectif a désigné en alchimie une pré-
FI~ a produit RÉDUPLICATIF, IVE adj. (16131, paration pharmaceutique non identifiée, et en zoo-
terme de logique qualiknt une énonciation, puis logie une espèce d’esturgeon de grande taille
11662) une proposition contenant une restriction (cf. les poissons royaux) [15521.
pour indiquer la manière dont le sujet est consi- b La vitalité du mot est attestée par les nombreux
déré. Repris en grammaire ( 1690) ou il est substan- dérivés. *L’adverbe tiré de réel avec les formes
tivé (18351,le mot est passé ultérieurement en bota- successives relmeat Iv. 11701, relement, reullepnent,
nique ( 1842) pour qutier les parties d’un végétal reuument, témoigne d’un passage ancien de l’ad-
repliées du côté extérieur, spécialement dans flo- jectif dans l’usage. La forme moderne se fhe au dé-
raison réduplicative (1870). +Un autre adjectif, RÉ- but du xwe s. : RÉELLEMENT E16 11). Le mot p&xe
DUPLIQUÉ, ÉE, a été dérivé de réduplication en en droit dans l’expression SU~& réellement ( 16801.
RÉEL 3130 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Réel a produit par prétiation IRRÉEL, ELLE adj. former l’antonyme IRRÉALISABLE adj. (18311,
(1794, qui n’entre dans les dictionnaires qu’à partir quelquefois substantivé avec une valeur de neutre
de 1840. Substantivé au masculin, l’irréel a valeur (1833, Sand). 4 La création de RÉALISA-
de neutre (1890, Courteline) comme in-éalité (voir TEUR,TRICE adj* (1842) <personne qui rend réel,
ci-dessous réalité). Spécialisé en grammaire, irréel fait exister qqch., a permis de fournir un nom de
qualiEe et, elliptiquement, désigne un mode expri- métier pour la personne chargée de mettre en
mant une action ou un état donné comme non réel images, de réaliser (voir ci-dessus) le scénario d’un
(19071. +L'adverbe IRRÉELLEMENT (1945, Gracq1 frhn 11918) et, par analogie, le spécialiste assurant le
est rare et littéraire. 4 À la suite de l’introduction montage et la direction d’une émission de radio ou
des termes su&&.&, surréalisme et surréalité (ci- de télévision (mil. XX~S.I. +Une série d’antonymes
dessous, réalispne et réalité), SURRÉEL, ELLE adj. préfrxés en in- tir-1 a donné IRRÉALIS~ ÉE adj.
11924, Aragon) qualifie et désigne ce qui est au-delà (18421 et n. (18831, IRRÉALISER v. tr. (19051, surtout
du réel, notamment dans le contexte surréaliste. à la forme pronominale s’irréaliser, en philosophie
RÉALISER v. tr. est dérivé (14%) de réel d’après le et dans la langue littéraire (19 141,IRRÉALISATION
latin realis. C’est d’abord un terme de juridiction n. f. (1937) rare, et IRRÉALISANT,ANTE adj.
longtemps localisé au nord de la France (encore in- (1939); ces mots restent d’un usage didactique et
connu à Paris en 1605). D’abord employé pour rare, à la différence d’irréel.
aconvertir par contrat (un capital) en prestations RÉALISME n. m. est le dérivé savant (18011 de réel*
périodiquesm, il entre dans r&Z&e~ un contrat =le d’après le latin realis. 0 Le mot, créé en philoso-
reconnaître pour acquérir un droit réeln (15071. phie (dans un cadre kantien), désigne la position
Terme du Palais aux XVII~ et XVIII~ s., le verbe a dis- selon laquelle la réalité du monde extérieur existe
paru avec l’Ancien Régime. Par extension, il s’est indépendamment de nos efforts pour le connaître,
spécialisé en fmances et en commerce pour en opposition à tialisme et à spiritualisme, spé-
(convertir en argentn Iv. 1719, d’où l’emploi cou- cialement en référence aux doctrines dénommées
rant et abusif au sens de afaire> qui s’impose 11835) covtceptuulisme, nominulisme (1829, pour la scolas-
dans réaliser des bén&es, des profits. La forme tique médiévale), fownulisme selon les époques.
pronominale se réahker %‘effectuerm (av. 17421, spé- -3 Repris en art et en Littérature, il s’applique à une
cialement dans la langue commerciale (17581, a pris doctrine selon laquelle l’artiste ne doit pas cher-
le sens d’«accomplir pleinement sa nature, s’épa- cher à modifier le réel ou à en donner une repré-
nou+ (1850). +Dans son sens courant, «rendre sentation partielle, moralisée ou soumise à un pré-
réel, effectif* 116 111, réaliser est un verbe didactique jugé (18263. Il désigne spécialement l’école litté-
de philosophie et s’oppose à idéaliser. D’abord chez raire et artistique apparue au milieu du xrxes. en
les traducteurs d’anglais (1858, chez Baudelaire réaction contre le lyrisme romantique (1853, à pro-
traduisant Poe), le verbe a pris la valeur de l’anglais pos de Courbet). Par métonymie, il a pris le sens de
to realize flse rendre compte avec précision, exa&i- aqualité d’une œuvre prétendant à la représenta-
tude-. Cette acception, répandue à la fm du XTxe s. tion du réel dans ses aspects les plus crus, les plus
11895, P. Bourget) malgré de sévères condamna- grossiers- (18691, en concurrence avec natura-
tions Eouday, Léautaud), s’est répandue large- lisme*. Tout en se répandant dans l’usage courant
ment, y compris dans la langue littéraire (Proust pour la disposition à voir la réalité telle qu’elle est
l’écrit en italiques, Montherlant entre guillemets). et à agir en conséquence (18551, il continue au me s.
+Au ti s., réaliser se dit pour afaire (un frlm)~ à s’employer en art : il entre dans L’expression réa-
( 19081, puis wne émission (de radio, de télévision)~. lisme socialiste (1933 ; 1932, à propos de Gorki : son
Comme réahution, il s’emploie en psychanalyse r&lisrne est... socialiste), laquelle s’applique à La
(1907). doctrine selon laquelle l’art doit refléter la réalité
Le dérivé, RÉALISATION n. f., a été formé en droit sociale et dépeindre les transformations révolu-
(15081, spécialement dans clause & réalisation tionnaires de la société, d’après les théories expo-
clause par laquelle on exclut de la communauté sées au premier congrès des écrivains d’U. R. S. S.,
matrimoniale certains biens des époux» (1692). Il à Moscou en août 1934 (le syntagme réalisme soc&
désigne en Elances et en commerce la vente de liste apparaît dans un autre sens en 18891. Nouveau
biens, de valeurs en vue de leur transformation en réalisme 11960, P. Restany) dénomme une réaction
argent ( 1765). 4 À la même époque, il a pris un sens contre une certaine sclérose de l’art abstrait des
aujourd’hui courant, «action de rendre réel, effec- années 1950. + RÉALISTE adj. et n, autre dérivé
tifn (17553.0 De là, par métonymie, une, des ré&su- savant de réel* d’après le latin médi&aJ reales
tins s’emploie pour une chose réalisée 118531,va- n. m. pl. opposé, dans le débat philosophique sco-
leur spécialisée en écriture musicale (18651, ainsi lastique, à nominalistes (xlrres.), est attesté, long-
que pour l’ensemble des opérations nécessaires à temps avant réulisrw, au XVI~s. 11587) à propos
l’achevement d’un film, d’une émission (19081, sens d’une personne professant le réalisme en philoso-
lié à réalisateur et à réaliser. oRéali3ation a reçu phie, emploi dans lequel il est adjective beaucoup
deux acceptions spécialisées en psychanalyse plus tard (18691. Au XIX~ s,, il suit le développement
( 1904, réalisation d’un souhait réprimé; 1921, réali- de réalisme en art ( 1852, dans des paroles prêtées à
sation des désirs, puis réalisation symbolique), et en Courbet) et en littérature (18321, y compris avec le
linguistique (19721. ~RÉALISABLE adj.,dérivé du sens péjoratif de cqui dépeint les aspects vulgaires
verbe (17801, a Le double sens de “qui peut être du réelm (av. 1872, Gautier) comme naturaliste. Pa-
vendu ou escompté» en finances, et, couramment, rallèlement, il se répand dans l’usage courant, dé-
“qui peut être rendu effectif*. +À son tour, il sert à signant ( 1855) et qualifiant 11856) la personne qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3131 RÉFECTION
tient compte des réalités, des intérêts matériels; ment que l’adjectif, dans la langue philosophique,
l’adjectif correspond aussi à «ce qui témoigne du puis aussi théologique, pour désigner la présence
sens des réalités= (1888). * Plusieurs composés sont réelle de Dieu dans l’Eucharistie ( 16801,et en art
devenus usuels. NÉO-RÉALISME ou NÉORÉA- ( 17623OÙ il a interféré momentmément avec réa-
LISME n. m. 11891) désigne une théorie artistique lisme qu’ïl a précédé. + Dans l’usage courant, la lo-
ou littéraire renouvelée du réalisme, spécialement cution adverbiale en réalité Iv. 1320,en ré&%) at-
dans le domaine cinématographique ( 19391, notam- teste un emploi tiéquent dès le moyen français.
ment un courant du cinéma italien (1942). Il s’est 0 L’emploi particularisant du mot hne, des réuli-
spécialisé en philosophie (1931).+ NÉO-RÉALISTE tés), s’applique aux choses sensibles, par opposition
ou NÉORÉALISTE adj.etn. (1869) a pris les va- à ce qui n’existe que dans l’esprit (1666). 0 Dans
leurs correspondantes. + D’après iréel (voir ci-des- l’usage courant, lu réalité correspond à «vie réelIe»,
sus),réahme aservi à former IRRÉALISME n.m. par opposition au rêve, au désir, à la fiction
( 1907) avec le sens général de «manque de réa- Iv. 17001,(par exemple dans : lu réalité dépasse lu
lisme)} ; spécialement employé en art à propos d’un fiction), et une, des réulitélsl désigne une chose telle
effort pour s’exprimer sans se référer au réel et, qu’eue est, un fait réel 11657-1662).La psychanalyse
dans l’usage courant, pour “qui ne tient pas compte -freudienne a élaboré un concept qui lui est propre
de la réalité)). *Le nom a donné IRRÉALI~TE avec principe de réalité ( 1923, contemporain de
adj . et n. (19271, d’abord employé dans sa spéciale- principe de plaisir, épreuve de lu réalité 11922).
sation artistique, puis avec la valeur courante cor- L’antonyme IRRÉALITÉ n. f. est dérivé de réel,
respondant à ikalisme. d’après l’adjectif irréel (1885, Maupassant). Il s’est
La création de SURRÉALISTE adj. et n. est attri- employé avec une valeur particularisante pour une
buée à G. Apollinaire 11917, Les Mamelles de Tiré- chose, un fait irréel 11903, chez Paul Janet rappor-
sias, drame surréalistel; le mot lui aurait été sug- tant des paroles de malades), emploi rare. * SUR-
géré par P. Albert-Birot : employé primitivement RÉALITÉ n. f, fut créé 11919) d’après surréalisme*
au sens de ~wrnaturaliste~~, il a pris peu après pour désigner, chez les surréalistes, la réalité abso-
(19201une valeur particulière en relation avec un lue, considérée comme synthèse de la réalité cou-
mouvement intellectuel, artistique et littéraire issu rante et de l’inconscient, du rêve. En d;ehors de cet
de Dada et qui sera défmi sous le terme de surréa- emploi d’école, il désigne, dans un usage littéraire,
lisme par André Breton autour de valeurs psycha- ce qui va au-delà de la réalité courante.
nalytiques et révolutionnaires. L’adjectif s’applique
surtout à la littérature et à la peinture; il est aussi RÉENSEMENCER -+ SEMER
substantivé 11924 : Iles surréalistes). L’école surréa-
liste s’étant fait connaître, le mot se banaIisa au RÉFECTION n. f., d’abord refectiun et refection
Iv. 1120) avant réfection (v. 12001,est emprunté au
point de passer dans la langue familière pour quaIi-
latin impérial refectio, -anis (<réparation (d’un édi-
fier ce qui évoque, par l’étrangeté, la bizarrerie,
fice)>, au figuré flrepos, réconfort», spécialement
l’art surréaliste ( 1951). Il a fini par correspondre
((action de recouvrer la santé>>, et aussi =nourriture,
dans l’usage courant à eétrange, invraisemblable,
extravagantn. +À sa suite, G. Apollinaire créa ou repas- (+ réfectoire). Le mot latin est dérivé de re-
diffusale premier SURRÉALISME n. m. (1917) qui fectum, supin de refîcere <crefairem, de re- b re-1,
lui serait venu de Chagall ou de P. Albert-Birot. Le prékxe à valeur itérative, et fucere t+ faire).
mot, défini et illustré par A. Breton dans le Premier +Emprunté par l’intermédiaire de la Vulgate, au
manifeste du surréalisme C1924 comme un Nauto- sens figuré, dans l’expression eau de réfection <<eau
matisme psychique [exprimant1 le mouvement réel régénéra;nte qui redonne des forces)), ce mot de la
de la pensée>), resta lié plus que szwéulkte à la ré- langue des clercs ne s’employait en ancien français
férence artistique et littéraire. +Avec un sufke que par rapport aux humains, en tant qu’individus
verbal a été formé SURRÉALISANT,ANTE adj, physiques et sujets de droit, soit dans son acception
( 1936,Aragon) “qui se rapproche, tient du swréa- générale, soit pour CacAion de réparer ses forces en
lismea (voir ci-dessous surréalité). prenant de la nourriture~~ Iti XII~ S.I. 0 L’extension
HYPERRÉALISME n.m., emprunt (1971)àl’mglo- métonymique pour «repas pris en comrnun~
américain hyperreulism, de hwer- + hyper- et rea- (v. 13801est encore usitée dans les communautés
lism + réalisme, désigne une école de peinture, et religieuses, à côte de réfectoire. En revanche, les va-
en général de création plastique, qui cherche la re- leurs de =nourriture» Iv. 13501 et de <lieu du repasn
production minutieuse des apparences visibles en (au pluriel) ont disparu.
s’inspirant des effets (souvent peu réalistes) des En moyen français le mot est devenu le nom d’ac-
procédés photographiques. tion du verbe refuire (-, faire), exprimant l’action de
RÉALITÉ n. f., d’abord reellité Cv. 12901, puis realté refaire, de remettre en état (13321,spécialement
Exrv” s.1 et réalité Iv.15501, est emprunté, à la suite de dans le domaine des travaux de construction
réel*, au latin médiéval realitus, -utis, dérivé de reu- (xve s.), en chirurgie 11877) et, abstraitement, en Iin-
lis (-+ réel). Realitas correspond à <bien, propriété» guistique et en droit 11964dans les dictionnaires gé-
E1120) et, dans l’usage scolastique, acaractère réel néraux : réfection d’un acte).
de qqch., de qqn)) (v. 1300,Duns Scot). +Le mot, en b R~FECTIONNER v. tr. (1410) Nfaire des répara-
droit, désigne un contrat rendu uréeb à fin d’hypo- tion9, employé absolument et transitivement
thèque et de nantissement et, dans l’usage général, ( 14151, a été repris par les dictionnaires de la se-
le caractère de ce qui est réel (par opposition à ce conde moitié du xrxe s. (1869), après deux siècles
qui est personnel). 0 Il a suivi le meme développe- sans attestations. Le sens de MnourrW Iv. 14501,
RÉFECTOIRE 3132 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

continué jusqu’au x-ne s. avec un changement de mentsl ad referendum ales demander pour en rap-
point de vue pour <se nourrW (15301, a disparu mal- porter à qqn» ( 17501, formée des mots latins ad (+ à)
gré une reprise au XIX~ s. dans le dictionnaire de et referendum, accusatif du gérondif de refermearap-
Boiste 118001 et quelques autres. porter>> (3 référer). +Le mot s’est employé à la ti
du xvme s. pour désigner une demande de consulta-
RÉFECTOIRE n. m., d’abord refeitor (v. 1160) tion à propos de procédures judiciaires. Il a été re-
puis refectoir 6n xite s.1 et refectoire (XIII~s.), après pris pour désigner le vote direct du corps électoral
me forme altérée refraitur Cv. 11121, est emprunté sur une mesure constitutionnelle ou législative
au latin ecclésiastique médiéva3 refectotium, (18741, seul sells usuel en fiançais de France. 0 Par
neutre pris substantivement de l’adjectif bas latin extension, il désigne la consultation des membres
refectorius “qui répare, restaure>, lui-même dérivé d’un groupe ou d’une collectivité sur un problème,
du supin Irefectuml de reficere CrefaireB (+ réfec- une mesure les concernant (1923, Larousse). En di-
tion). Le mot latin, employé dès le vies. pour dé- plomatie, il se dit de la dépêche d’un agent diplo-
signer la salle à manger d’un monastère, a été em- matique pour demander de nouvelles instructions
prunté par les langues romanes, subissant parfois (1859, ad referendum). 0 En Suisse, il se dit du droit
de fortes altérations dialectales. Jusqu’au milieu du en vertu duquel un nombre déterminé de citoyens
XII” s., le mot français n’appwdt que dans des tex- peuvent demander une consultation à propos d’un
tes angle-nomnands; il a dû se répandre dans la texte législatif émanant du Parlement communal,
langue écrite à cette époque, avec diverses formes cantonal ou fédéral. 43éférendum a produit l’ad-
employées concurremment ; ces formes montrent jectif @ RÉFÉRENDAIRE (1967) <<relatif à un réfé-
une variation sur le sufke I-or, -oirl et dans le trai- rendumn, à ne pas confondre avec l’homonyme (ci-
tement du groupe -ct-, présentant souvent jusqu’au dessus).
xwe s. un r qui pourrait correspondre à l’attraction
pwonymique de rafraîchir (refiuitur, refroitoir, re- RÉFÉRER v. est emprunté (1370, Oresme) au
freteur, refrechm, refrotour, etc.). latin referme #reporter, rapportera, au propre et au
figuré, secondairement clracontern, ~(saisb en droit,
4 Le mot, désignant la salle où les membres d’une
adéposern, de re- I+ re-1 marquant le mouvement
communauté prennent leur repas, s’est surtout
en arrière, et ferre <<porter> 13 -fère).
employé jusqu’au XVII~s. en parlant d’une commu-
nauté religieuse. Il a été étendu à des collectivités 4 Aucun des emplois transitifs du verbe ne s’est
militaires (1769) et, surtout, scolaires. Cette accep- maintenu, depuis le sens d’emprunt, arapporter
tion est très vivante. -3 En ancien provençal, le mot (une chose) a une autre}), jusqu’à celui d’aannoncerm
correspondant s’est employé en poésie dans le (14521, eracontep Iv. 14601. Celui de *mettre au
sens étendu de =Couvent& (déb. XII~~s.1 et de Nsalle à compte de, attribuera (15591 se rencontre encore
manger dans un logis quelconquem (v. 1240). dans un style archtisant. 0 En droit, référer un ser-
ment (1615) s’est employé pour cdéférer le serment
b Le dérivé RÉFECTORIER, -IÈRE n. Il 180) a dé- en retour à la partie qui l’avait déféré la première>.
signé la personne chargée des vivres et du réfec- *La forme pronominale se référer à (v. 1485) ex-
toire dans une communauté religieuse. - L’adjectif prime l’action de as’en rapporter à qqn, à qqch.
RÉFECTORTAL, ALE, AUX “qui concerne le réfec- comme à une autorité, pour s’en prévaloirm, et spé-
toiren ( 1836) est didactique et rare. cialement en mathématiques de uprendre pour
système de référencen ( 16901. Dans ce dernier em-
0 RÉFÉRENDAIRE n. m. et adj., d’abord re- ploi, le pronominal subit la concurrence du transitif
ferendure Iv. 1310) puis référendaire Ifin xive s,), est indirect référer à arenvoyer à la réalité en tant que
emprunté au bas latin referendarius, proprement signen qui traduit l’anglais to refer to et qui, au
<<celui qui est chargé de ce qui doit être rapport&, XVI~s., a Sign%é «attribuer à* ( 15%). 0 La construc-
ayant servi depuis l’époque mérotigienne à dé- tion transitive indirecte en référer ù 11636) corres-
signer certains hauts personnages. Ce mot est dé- pond à «s’en remettre à une autorité dont on ac-
rivé du latin classique referendum “qui doit être rap- cepte d’avance la décisionn.
port& adjectif verbal de referme «rapporter*
F RÉFÉRÉ n. m. est le participe passé de référer,
1-bréferer).
substantivé comme terme de droit, d’abord pour
4 Le mot a désigné les officiers de chancellerie désigner le rapport que fait un juge sur un incident
ayant la garde du sceau royal et des archives, sous d’un procès (1690). De nos jours, il désigne la procé-
l’Ancien Régime. Le titre a été repris sous l’Empire dure d’urgence par laquelle le président du tribu-
(grand référendaire du Sénat impérial, de la pairie, nal règle provisoirement un litige sans se pronon-
attesté 1835). Xl a aussi désigné le juge-commissaire cer sur le fond (1806) et, par métonymie, l’arrêt
chargé de rapporter une afkire (13741 et, en Bel- rendu selon cette procédure (1875). 0 Il est aussi
gique, un magistrat et greffier auprès d’un tribunal employé en droit des bances (1877) pour la lettre
de commerce. De nos jours, il qu&e, dans l’ex- adressbe à un ministre par la Cour des comptes
pression conseiller référendaire Il 8351 ou un référen- afin de demander des explications sur la comptabi-
duire (18441, le magistrat chargé de vétier les piè- lité des setices dont il est responsable.
ces de la comptabilité publique, d’en faire un RÉFÉRENCE n.f est emprunté Iv. 18201àl'anghis
rapport et de rédiger ensuite les arrêts rendus sur reference 116121, <(renvoi à un livre pour y trouver
ces rapports. certaines informatiorw, lui-même de to refer, qui
b REFERENDUM ou RÉFERENDUM II III. est tiré représente le latin referre. + Le mot, d’abord attesté
(1781) de la locution juridique ckmaader (cks docu- dans les traductions de Bentham par Dumont, a ra-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉFLECTEUR
pidement été senti comme le dérivé de rétirer. Il créer sur le latin la forme reflecter 115301, a pris une
désigne l’action ou le moyen de se référer, de se si- grande importance au XVII” s. par suite du déve-
tuer par rapport à qqch., spécialement en géomé- loppement de la science optique. À ce sens corres-
trie dans l’expression sydéme de référence. Par pond se réfléchir au sens passif ( 1604). Par analogie,
spécialisation, il désigne le fait de renvoyer à un il s’est appliqué à la voix, au son que l’on répercute
texte, à un document faisant autorité en la matière (1718) et, improprement, aux rayons caloriques que
et, par métonymie, la note, l’indication précise qui l’on réverbère ( 1935). Sous l’influence du participe
en résulte ( 18451, spécialement dans l’expression passé réfléch& se réfléchir est employé spéciale-
ouvrage de référence E1870) <<destiné à être ment en grammaire ( 18351.
consulté>>. oLe pluriel références se dit à propos Le principal emploi figuré peut aujourd’hui être
des attestations ou certificats de personnes aux- considéré comme un homonyme. Cet emploi, at-
quelles on peut s’en rapporter pour avoir des ren- testé au XVII~s. (16721, vient de l’idée de ((se recueil-
seignements sur qqn qui cherche un emploi (1870 ; lir par un retour de la pensée sur ede-mêmem ; il est
1845, pour des demandeurs d’actions). oLe singu- tributaire du sens abstrait pris par réflexion”. Un
lier reparaît dans un emploi figuré et métonymique emploi métaphorique de la forme pronominale
où ce n’estpas une rdfdrence correspond par litote se réftéchir ((méditer, se recueilLir= est attesté isolé-
à «c’est qqn ou qqch. de médiocre>>. Par emprunt à ment en 1609. Cette valeur intellectuelle de réflé-
l’anglais reference dans sa spécialisation en logique chir s’est répandue au XVIII~s., au point de devenir
et en sémiotique, référence désigne en linguistique le sens le plus vivant du mot dans l’usage actuel.
(apr. 1969) la fonction par laquelle un signe renvoie Elle est réalisée en construction intransitive, par
à qqch., parfOiS nommé RÉFÉRENT n. m. (1955). exemple dans ... qui donne à réfléchir, qui fait réflé-
+Référence a produit RÉFÉRENCER v.tr. (18771, chir. Elle est également réalisée en construction in-
terme de commerce Sign%ant «joindre une refé- directe, avec les prépositions sur (1675) et à (1701).
rente à un échantillon», surtout employé au parti- L’ancien emploi transitif (17351 a laissé quelques
cipe passé adjectivé référencé (me s.), quelquefois traces comme l’expression passive tout bien réflé-
alt&é en référencié 11967). + Un nom d’action cor- chi 1193.5) et réfléchir que introduisant une complé-
respondant, RÉFÉRENCEMENT n. m., est dérivé tive ( 18331.
du verbe ( 1974). + Au XX~s., référence a produit RÉ-
~RÉFLÉCHISSANT,ANTE adj., le participe
FÉRENTIEL, ELLE n. m. et adj. (19531, employé en
présent de réfléchir, a eu le sens de “qui a la faculté
mathématiques comme synonyme de repère et, en
de réfléchirm (1697, Bossue0 ; par extension, il s’est
physique, pour désigner un système de coordon-
nées spatio-temporelles lié à l’observateur (19531 également dit de la personne qui fait preuve de ré-
et, plus généralement, en épistémologie (Gonseth), flexion occasionnellement ou habituellement ( 1764,
Voltaire). À la suite de réfléchir, l’adjectif s’emploie
un système de réfkrence. L’emploi adjective de ré-
aussi en optique (17201. +RÉFLÉCHI, IE adj., le
férentill en linguistique 11965) a subi l’influence de
participe passé de réfléchir, apparaît au XI~I’s. sous
l’anglais referential “qui concerne une référence»
(1660). 0 Il a produit le composé AUTURÉFEREN- la forme refleki Iv. 1280) au sens concret de 4owné
TIEL,ELLE adj. CV. 19701. sur soi-mêmen. Il s’est répandu comme terme de
+ Voir RÉFÉRENDAIRE.
grammaire, qual%ant les mots qui expriment une
action retournant sur son auteur (170 1, verbe réflé-
RÉFLÉCHIR v. tr., d’abord reflekir (C~I x11~s.1, chi; 1771, pronom réfléchi). + Au XVIII~s. également,
puis reflechlr cv. 12781, est un emprunt motié au réfléchi, d’après réfléchir et réflexion, quaMe (1734)
latin reflectere (<courber en arrière, recourberm, au ce qui est pensé, dit ou fait après réflexion, ce qui
figuré ((ramener, retourner, détourner)>, vreporter dénote la concentration d’esprit ( 17511,puis Cv.1770
sa pensée sur (un objet))), de re- (+ re-) marquant le chez J.-J. Rousseau) une personne qui fait preuve
mouvement en arrière, et flectere «courber, ployerp de réflexion. + Au xrxes., par retour au sens étymo-
C-Pfléchir). +Lors de son introduction en fkanqais, logique, l’adjectif qualif?e en botanique et en anato-
le verbe a subi l’attraction de mots apparentés, en mie ce qui est recourbé par rapport à une direction
particulier de Béehier (d’où reflechier au xve s.1, générale ou normale (1803). ~AU sens intellectuel,
forme ancienne de fléchir* et à l’est de la France, réftéchi a servi à former le préfké IRRÉFLÉCHI, IE
l’înkence de flu~1c* (d’où reflenchir en ancien adj. (1784) qui quaIfie une personne agissant sans
bourguignon, déb. XIII” S.I. La forme participiale re- réflexion et Il8101 un acte, une parole faite sans ré-
flexi (v. 1280) témoigne peut-être de l’influence du flexion.
latin refiexus (+ réflexe1 ; la forme actuelle s’impose RÉFLECTIF, IVE adj., didactique, siaant “qui
au début du XVI~siècle. résulte de la réflexionn 118031, est probablement
4 Le verbe, d’abord employé au sens de 4riger emprunté à l’anglais reflective (1678). Il constitue
l’œîl, la pensée», a eu anciennement une signika- aussi l’adjectif correspondant à réflexe en physiolo-
tion concrète très générale impliquant l’idée de dé- gie (1755). 11 a pour dérivé RÉFLECTIVITÉ n. f.
tourner (déb. XIII~ s., en ancien bourguignon) et de (18751, en physiologie et en physique, mais non en
ctourner dans une direction différente, (v. 12801, philosophie.
se réfléchir s’employant spécialement en anatomie 0 Voir RÉFLECTEUR, REFLJZT, RÉFLEXE. RÉFLEXION.

au sens étymologique de -se recourber, revenir en


arrière» ( 1300). + La spécialisation, en optique, pour RÉFLECTEUR, TRICE n. m. et adj. est dé-
arenvoyer (les rayons lumineux) dans une direction rivé savamment Il8041 du latin refleck.s, participe
différenten cv.12781, par laquelle on tenta de re- passé de reflectere (+ réfléchir).
REFLET DICTIONNAIRE HISTORIQUE

$ Le mot désigne un appareil destiné à réfléchir les RÉFLEXE adj. et n. m. est emprunté (1372) au
ondes lumineuses ou calotiques au moyen de mi- latin reflexus, participe passé de reflectere <(rame-
roirs, de surfaces prismatiques, spécialement dans ner en arrière, retournern (-, réfléchir). Le latin mé-
les locutions déterminées kéflecteur d’antenne, ré- diéval a reflexus vmouvement réflexe)} (v. 1325).
flecteur de aeutionsl, selon la destination du dispo- +Le mot a été emprunté par les physiciens, une
sitif. Par extension, il se dit d’un objet qui réfléchit première fois au xrves., puis à la Renaissance (1556)
la lumière. Il est adjective 11831, tapis Mecteurl au pour qualser ce qui a lieu par réflexion. Cet em-
sens de &fléchissanh ploi, ainsi que le sens abstrait, *qui marque la ré-
b En est dérivé RÉFLECTANCE n. £, mot didao- flexion, est dit ou fait par réflexiow 116971, est sorti
tique ( 1953, Larousse) désignant le pouvoir réflec- d’usage. +Réflexe a été repris en physiologie au
teur d’une surface, emprunt à l’anglais reflectunce XIX~ s. pour qualifier une activité nerveuse involon-
(1926), dérivé savant du latin refiectere. taire résultant d’une impression extérieure, spé-
cialement dans action réflexe ( 18411, ptinoméne ré-
REFLET n. m. est emprunté comme terme de flexe ( 18751, WC réflexe (ti s.1 pour l’ensemble de
peinture (1651, Fréart de Chambray) à l’italien ri- nerfs intervenant dans la production d’un réflexe,
flesso, attesté en peinture depuis le xvf s. Ivasaril. et centre réftexe. 0 Il est substantivé (18551 avec le
Celui-ci est dérivé, d’aprés le bas latin reflexus aen-
sens correspondant, souvent en emploi qualif%
foncement, retour en arrièren, du verbe rifletiere
(notamment réflexe conditionné, 1904, traduit du
&flécti, qui représente le latin reflectere. Re-
russe dans l’emploi qu’en fait Pavlov). 0 Au XX~s.,
flexus vient du latin classique reflexum, supin de re-
le mot s’est répandu dans l’usage courant, dési-
flectere (+ réfléchir).
gnant, souvent abusivement, une réaction immé-
+Le mot a été repris en peinture, dans la traduc- diate et mécanique à une impression donnée, pré-
tion du Truttato della Pitturu de Léonard de Vinci cédant toute réflexion et indépendante de la
pour désigner la teinte lumineuse qui se joue sur volonté (19281, spécialement en emploi qutié hé-
des fonds différents, c’est-à-dire, selon le Trait6 de flexe professionnel, rbflexe sociall.
lu peinture de R. de Piles (16771 ace qui est éclairé
dans les ombres par la lumière que renvoient les bLe1'110t a Servià former ARÉFLEXIE n. f. h.1920)
<(absence de réflexesn, en médecine.
objets voisins et éclairés>. 0 C’est par extension,
alors que de nos jours le sens pictural est senti RÉFLEXION n. f. est emprunté (v. 1370,
comme une spécialisation, que reflet désigne la lu- Oresme) au bas latin reflexio, -onk <action de tour-
mière réfléchie par un corps, accompagnée ou non ner en arrière, de retourner>>, <<reflet>>I~V”s.1,amédi-
d’une sensation de couleur (16621, le mot tendant à tation, connaissance de soin (XIII~ sd, au figuré “pro-
se substituer à r&tin dans son sens optique. Il position réciproquem ; le nom est dérivé de
désigne spécialement l’image réfléchie ( 16621, sens refiexum, supin de reftectere (+ réfléchir).
dont procède par métaphore l’emploi spécialisé en
+ Réflexion correspond sémantiquement au verbe
philosophie pour une représentation entièrement
réfléchir* : d’abord employé comme terme de mé-
déterminée par le représenté. Avec cette valeur
canique, il désigne le phénomène par lequel un
métaphorique, la théorie du reflet a été développée
corps est renvoyé par un obstacle. A partir de ce
par le marxisme-léninisme. 0 Le développement
du sens figuré, *image plus ou moins affaiblie sens, à côté d’un sens anatomique, wepliement sur
soi-mêmeB (xv” s.), qui a disparu, il se spécialise en
(d’une chose1 dans ses traits les plus marquant+,
remonte au XVIII~ s., souvent avec la notion actes- optique (XIV~s.1pour le phénomène par lequel la lu-
soire d’éclat qui rejaillit (1763). mière est renvoyée par un obstacle (XIV~s., reRic-
tin). Il est ensuite étendu au même type de phéno-
b Reflet a produit REFLÉTER v. tr., d’abord enre-
mène pour une onde sonore (1694) et, abusivement,
gistré (1762) en emploi intransitif en peinture, pour
pour un rayon calorique (1845). Le mot sert à for-
Krenvoyer la couleur et la lumière sur l’objet et le
mer des syntagmes scientfiques, tel angle de ré-
corps voisins}}, sens sorti d’usage. La construction
flexion (16901, instruments ù réflexion 11835).
transitive a triomphé avec le sens propre de aréflé-
4Avant réfléchir, il a pris métaphoriquement un
cbir de façon affaiblie, plus ou moins vaguen, égale-
sens intellectuel, d’abord sous une forme altérée
ment à la forme pronominale se refléter (17911, et un
au xwe s. (15321, dans refiection de pensee <(médita-
sens figuré, &tre un reflet de, présenter un reflet
tionm, simple métaphore du sens concret général,
de>>(1784). + De refléter est dérivé le nom d’action
puis -fréquemment depuis le milieu du xme s., en
REFLÈTEMENT n. m. (18701, littérbe et rare à
parlant du retour de la pensée sur elle-même en
côté de reflet et de réflexion.
vue d’examiner et d’approfondir une donnée de la
Retiet a aussi donné l’adjectif invariable ANTIRE-
conscience spontanée (1637, Descartes), spéciale-
FLET (v. 19601, qualifiant un dispositif diminuant les
ment dans faire réflexion ( 16691,puis réff etion faite,
reflets parasites sur les verres, lentilles, prismes.
toute réflexion fuite (17881, & lu réflexion 11870). La
REFLEX adj. inv. et n. m. est un emprunt (1922, réflexion désigne la capacité de réfléchir, la qualité
Coustet) à l’anglais reflex <reflet=, mot spécialisé en d’un esprit qui sait réfléchir ( 1669) ; par métonymie,
photographie pour désigner un appareil muni d’un une, des rétletirts désigne une pensée exprimée
dispositif de visée donnant l’image exacte du sujet par écrit ou oralement par une personne ayant ré-
tel qu’il appartitra sur la surface sensible. Le mot fléchi (1643). Spécialement, le pluriel réftembm dé-
anglais est emprunté au tian@s reflet* avec réfec- signe un ensemble de pensées constituant un en-
tion de la fkale d’après le latin reflexum, supin de seignement moral. Le mot est utilisé comme titre,
reflectere (b réfléchir). avec maxime, par La Rochefoucauld ( 1664). * Par
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉFORMER
extension, il s’emploie pour une remarque adres- améliorera, de Te- I+ re-1 marquant le retour en ar-
&e à qqn et qui le concerne personnellement, d’ou, rière, et forvnare (+ former).
familièrement, une remarque désobligeante. 4 Le verbe apparait au sens figuré de Kramener
F Avec son acception intellectuelle, réflexion a pro- (qqn, qqch.1 à une forme meilleure, à un état préfé-
duit deux dkivés : l’antonyme préké en ir- (in-1 rablen, cette forme étant généralement conçue
IRRÉFLEXION n. f. ( 1785) pour le manque de ré- comme ancienne, primitive. Emprunté comme
flexion et, particulièrement, un acte irréfléchi, et le terme moral et institutionnel à la fois, il s’emploie
verbeRÉFLEXIONNER v.intr. (18841, rare etfami- relativement à une discipline religieuse, spéciale-
lier pour Nexercer sa réflexion sur qqch.p. ment monastique, également à la forme pronomi-
RfiFLEXIF, IVE adj. est emprunté (1611) au latin nale se réfomer 116651,prenant à la suite du mou-
scientifique reflexivus, dérivé savant du latin clas- vement chrétien antipapiste du xwe s. une valeur
sique reflectere (+ réfléchir). +Le mot, formé précise (mil. XVI~s.), c’est-Mire umodifïer les règles
comme terme concret de mécanique et d’optique du christianisme~~ kf. ci-dessous réformé, réforme,
au sens de “qui se réfléchit, relatif à la réflexion>, réfomzation). Le verbe s’emploie aussi pour arame-
est sorti d’usage dans cette acception. Il a pris le ner l’observance d’une règle qui s’est relâchée%
sens de apropre au retour de la conscience sur elle- (1690). Depuis le début du xve s., il entre dans le vo-
mêmen en philosophie ( 16121,aujourd’hui dans acte cabulaire de l’administration et du droit à propos
réftexifl conscience réflexive 11943, Sartre) et, en psy- de lois, d’institutions, de textes juridiques 11491, ré-
chologie, analyse réfletive. +Relation. réfletive se former un testament), spécialement d’une décision
dit en mathématiques W s.1 de la relation binaire judiciaire (16571, l’idée de crestaurer l’ancienm s’ef-
dans un ensemble telle que tout élément de cet en- façant au profit de celle d’wnéliorer~~ (1636). -Par
semble est en relation avec lui-même et, en linguis- extension, il prend le sens de emettre hors servkem,
tique, d’après le sens de réfléchi, à propos d’une spécialement en numismatique où il se dit pour
transformation remplaçant un complément nomi- amotier l’empreinte d’une monnaie, en changer
nal identique au sujet par un pronom. +De Metif la valeur légale », adéclarer qu’elle n’a plus courw
sont derivés RÉFLEXIVEMENT adv., dont la pre- (16361 et, dans l’armée, (retirer du service (ce qui
mière attestation en 1551 fait supposer l’antériorité est reconnu inapte)>>, surtout au passq(1671). En re-
de réfletif: reprisau xrx%.(1846), et RtiFLEXIVITÉ lation avec réfomte, il correspond en politique à
n. f. (18571, employé spécialement en philosophie, amotier progressivement, sans violence)).
en mathématiques, en psychologie, dans les b Cette répartition des sens se retrouve dans la
sciences humaines. plupart des dérivés. + RÉFORMABLE adj . (14831,
RÉFLEXIBLE adj. est emprunté comme terme de employé da;ns un sens juridique en moyen français,
physique (1706) à l’anglais refl&He “qui peut être a été étendu à la valeur générale de “qui peut, qui
réfléchi* C1706),dérivé de to reflex &flécW, formé doit être réformé> (1762). 0 L’antonyme prétié IR-
sur le radical latin reflex- de reflectere I+ réfléchir, RÉFORMABLE adj . (16033 s’emploie spécialement
reflex).+RÉFLEXIBILITÉ n. f. est empruntépard- à propos d’un jugement (1767). Ii a pour dérivé IR-
lèlement ( 17061 à l’anglais reflexibility, terme créé RÉFORMABILITÉ n. f. (1752). +RÉFORMÉ, ÉE
par Newton Il6731 à partir de refletible pour <pro- adj., le participe passé de réformer, a été adjectivé
priété de ce qui est réflexibles. lors du mouvement protestant du xwe s. dans les
syntagmes &&e réformée (1546, Calvin) et refi-
REFLUER v. intr., d’abord sous la forme rethir @on réformée ( 15761, la terminologie catholique of-
Iv. 1380) précédant refluer ( 14501, est emprunté au ficielle de la seconde moitié du xwe s. parlant de re-
latin reflwre «couler en sens contraireB (de la ma- l@on préteptdue réfomzée, expression abrégée au
réel, dérivé de Ruere «couler, s’écoulep (-4~~1, xvme s, en R. P. R. Un, uw réforpnérel, n., désigne un
avec le préke re- 13 re-1 marquant le retour en ar- protestant ( 1563). *Depuis 1832, réfomé désigne et
rière. qualifie une personne reconnue impropre pour le
+ Le mot a gardé le sens du latin; il se dit d’abord service militaire, et, par extension, le matériel,
du mouvement de la marée Iv. 13801et, après la dé- l’équipement déclaré inapte I1875).
couverte de la circulation, de celui du sang, en mé- RÉFORME n. f., déverbal ( 16251, possède dès le mi-
decine (1762). 0 Il a développé un emploi figuré à lieu du XVII~s. les mêmes valeurs que le verbe : il
propos d’une foule qui revient vers son point de dé- désigne le rétablissement de l’ancienne discipline
part ( 1788) et un emploi abstrait, à propos de pen- dans un ordre religieux (16251, le changement in-
sées, de sentiments qui ressurgissent à la troduit dans la doctrine et la discipline chrétienne
conscience ( 1752). par les théologiens protestants du XVI~s. (16401 et,
b Le dérivé REFLUEMENT n. m. (1877, Littré) signi- plus généralement, un changement en bien provo-
fie *action de refluer%, et l’adjectif tiré de son parti- qué dans une situation quelconque (16401, se substi-
cipe présent REFLUANT, ANTE (Baudelaire) est tuant en partie à l’emprunt réfomatin (ci-des-
surtout employé abstraitement à propos de ce qui sous) qui recule dans l’usage courant. ~LU
remonte à la conscience. Réfomze, pour désigner - sur le même plan que
Renaissance - la période de l’histoire qui voit
REFLUX --* FLWX l’éclatement du christianisme et du pouvoir de la
papauté dans le monde chrétien, est une valeur du
-& RÉFORMER v. tr. est emprunté (1174) au la- mot développée au xY siècle. * Le sens de &gula-
tin reformure Mrendre à sa première forme, refaire>>, rité des moeurs, piét& (av. 1696, La Bruyère) a dis-
d’où arétablir, restaurera et, au figuré, acorriger, paru après l’époque classique. Dans le langage mi-
REFOULER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

litaire, il signifie uaction de retirer du service>) la doctrine des réformistes, par opposition à l’ac-
(16711, s’appliquant aux personnes et aux chevaux tion révolutionnaire. WANTIRÉFORMISTE adj.est
(1762). - La spécialisation politique remonte au attesté en 1846.
dernier tiers du XIX’ s. (18701, spécialement, avec
une majuscule, en parlant du mouvement qui, au REFOULER v., d’abord refoler (fin xf s-1, est le
cours des derniers mois de la monarchie de JuiUet, dérivé en re- de fouler”.
rassembla les membres de l’opposition désireux de +Le mot signifie d’abord 6n XI” s.) Mmarcher de
motier le système électora[l. En politique, il s’op- nouveau sur qqch.n et se spécialise très tôt au sens
pose à révolution depuis le milieu du XIX’ s., cf. ci- de crefluern, «montern, en parlant de la marée
dessous réfomziste. - Dans son acception religieuse Cv.1175, intr.), d’où à partir du XVII~s. refouler la ma-
spéciale, le mot a produit CONTRE-RÉFORME n. f. rée, le courant ( 1680) à propos d’un navire qui
(1914; en politique 1850) mot forgé tardivement par avance contre le courant; ces valeurs ont disparu.
les historiens pour désigner la réaction du catholi- L’idée de pression, à laquelle se rattachent des
cisme romain, notamment des Jésuites, à la ré- sens anciens, afouler de nouveau ou plus (une
forme protestante. Le mot s’applique à la période étoffeIn (12601, &mousserB (15383, est conservée
correspondante, notamment au xv? s., et sert à ca- dans les usages modernes du verbe, qui sont appa-
ractériser son art, dans les pays catholiques ro- rus à l’époque classique. 0 Refouler s’emploie au
mains (Italie, Espagne, France). +Réfomze a aussi sens de Npousser en arrière, faire refluer% dans dif-
produit le diminutif RÉFORMETTE n, f. IV. 19601, férents contextes techniques, en artillerie pour le
dit familièrement d’une réforme politique, institu- fait de bourrer un canon (16111, et à propos de li-
tionnelle jugée supeticielle, instisante. quides : cet emploi se rapporte au fait de déplacer
RÉFORMATION n. f. est emprunté (12131 au dérivé un fluide dans une tuyauterie ( 1765) et de le faire
latin refomzatio, -OK& «métamorphoseB, <retour remonter vers son point de départ par une pres-
aux bonnes mœurw *Le mot a précédé réfowne sion ( 17981, mais pompe refoulanie est relevé plus
dans tous les emplois réalisant l’idée d’un change- tôt 11694). OLe mot a pris le sens de ((comprimer>
ment de forme constituant une amklioration, spé- dans le travail des métaux (1832; refouler un rivet).
cialement dans les domaines moral et religieux +Le premier emploi figuré est contemporain du
(15261. 0 Il a reculé dans l’usage courant dès le préromantisme : le verbe sigt3e absolument cre-
XVII~s. au profit de réfomze; en revanche, il s’em- fluer, reculer» Il7701 et, transitivement, cfaire ren-
ploie en droit pour la motication d’un acte par trer en soi ke qui veut s’exprimer)» (18301, par
une autorité supérieure (1821-18241, seul sens à exemple refouler ses lames (fin XUC~S.I. Cette valeur
n’être pas couvert par &Omte. *RÉFORMA- s’est diffusée avec la psychanalyse, pour 4iminer
TEUR, TRICE n. et adj., emprunté (1327) au dérivé inconsciemment (un désir)> (19051. Par figure égale-
latin refomzator (refownati au fémîninl, a été re- ment, refouler s’emploie à propos de personnes
pris pour désigner le magistrat chargé par le roi de que l’on expulse en les jugeant indésirables (18241.
connaître les abus, avant de prendre la valeur gé- b REFOULÉ, ÉE adj. et n. est un terme technique,
nérale <personne qui réforme> et d’être employé autrefois appliqué à une étoffe (v. 1268). Au figuré, il
comme adjectif avec le sens correspondant (1580). s’est spécialisé en psychanalyse (19061, comme ad-
Spécialisé en religion, comme réfomzer et réforPne, jectif et comme nom (le refoulé, n. m.3. De là vient
le mot correspond à «fondateur, premier adepte de l’emploi courant de l’adjectif, puis du nom, ana-
la religion protestante}} Cv.16223. En psychiatrie, il logue à celui de complek, pour qualfier et dési-
se dit d’un type de malade psychotique voulant réé- gner une personne qui a refoulé ses pulsions
difier la société selon ses pla;ns (1893). Il est entré sexuelles (1923). ~REFOULEMENT n-m., d’abord
dans le vocabulake politique de la France, s’appli- <<action d’émousser>> (15381, est également un terme
quant au partisan du mouvement créé en 1971, rap- technique désignant l’action de refouler la charge
prochant des membres du parti radical et du de poudre dans le canon ( 161 11, puis des eaux ou
centre démocrate. des gaz (1771). Par l’idée d’une contrainte physique
RÉFORMISTE n. et adj. est emprunté ( 1834) à ‘i’an- destinée à faire reculer (18231, on passe aux sens
glais refomzist, terme créé en 1589 pour désigner psychologique ( 1829) et psychanalytique (1906) ré-
les partisans de la Réforme religieuse, spécialisé pandus dans l’usage courant. +Les autres dérivés,
en politique ( 1641) et devenu fréquent entre 1792 et lenomd’outil REFOULOIR n. m. E1573, et REFOU-
1830. Le mot anglais est soit dérivé de to refomz «ré- LEUR n. m. (1875) sont limités au vocabulaire tech-
former- (XIVes.1,soit formé à partir de l’ancien fkn- nique.
çais réformer ou du latin refomzare. -En hn@s,
réforwziste s’est d’abord employé à propos des par- RÉFRACTAIRE adj. et n. est emprunté (1539)
tisans de la réforme électorale en Angleterre, puis au latin refractutius Gntraitable, querelleurn, de re-
généralement de tout partisan des réformes poli- fructum, supin de refringere ~~briser~>I+ réfringent),
tiques, également comme adjectif (1842, banquet, le sens premier étant xcelui qui casse, brisen. En la-
pétition réfomziste). Dès 1841, il désigne spéciale- tin médiéval, le préfixé de fruguri, lui-même dérivé
ment le partisan de réformes politiques légales et de frangere, est devenu transitif et a pris le sens de
progressives destinées à faire évoluer la sociéto <contredire, réfuter, résistera. Refrugure d’où refra-
vers plus de justice sociale, en opposition à rkvolu- gutio (charte de Dagobert, 639) ont contribué au
tionnaire. -À la fm du XIX~ s. apparaît RÉFOR- passage de l’idée active de querelle ou d’attaque à
MISME n. m., qui a eu le sens général de aten- celle de résistance, de <ce qui brisen à (<cequi ne se
dance aux réforme+, puis (déb. xxe s.3 s’applique à laisse pas brisern.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3137 REFRÉNER

4 Le mot qutie une personne, une collecMté qui certaines lunettes astronomiques dont le réfracteur
résistent à une autorité, à une emprise. II s’est em- intetiérentil 118921, appareil permettant de cal-
ployé en religion au XVIII~s. ( 17231. n s’est dit, sous la culer les indices de rétiaction au moyen de franges
Révolution (attesté 17911, des prêtres qui avaient d’interférence.
refusé de prêter serment à la Constitution civile du RÉFRACTIF, IVE adj, est dérivé de réfraction OU
clergé en 17%) et, sous le Consulat et l’Empire, de emprunté (1760) à l’anglais refractive (1673; 1709,
ceux qui s’efforçaient d’échapper au service mili- dans refiuctive power). Le terme de physique a
taire obligatoire (18161 ton parle aujourd’hui d’in- vieilli au profit de réfingent, et &Tuctifs’est spécia-
soumisl. Pendant l’occupation allemande (KM- lisé en psychologie pour un type de test. +RÉ-
1944, il a désigné en France et en Belgique ceux qui FRACTIVITÉ n. f. (19303, créé d’après l’anglais re-
refusaient de se soumettre au service du travail fractivity (18891, désigne la propriété spécsque
obligatoire en Allemagne. Dans ces différents em- d‘une surface de réfraction
plois, il est également substantivé. 4 est passé @ voir RkFRACMIRE, REFRAIN, RÉFFiANbBLE.

dans le langage scientfique et technique au XVLII~s.


pour quaMer ce qui résiste à certaines influences REFRAIN n. m. est la réfection (12601, d’après
physiques ou chimiques ( 17623, spécialement les refmindre, de l’ancien substantif refrait *mélodiefi
matériaux qui ne fondent qu’à de très hautes tem- En XI” s.1, arépons titurgiquem cv.11121, eparoles ré-
pératures (17621. En physiologie, il se dit d’un orga- pétées, (v. 11651, et aussi <chant des oiseauxp
nisme qui ne réagit pas à un stimulus, en médecine (XI~~s.) ; le mot était également écrit refreit, refrui, re-
d’un organisme résistant à une infection Il8271, fr&, refioy (v. 14601, Refi&t est le participe passé
d’une maladie qui résiste aux traitements. *Au fi- substantivé de l’ancien verbe refraindre <cbrisern
guré, l’adjectif Créfractaire ù...I quaMe une per- Cv.11381,d’où <réprimer, modérer, contenirm et, en
sonne incapable de goûter ou de comprendre parlant de la voix, *moduler, retentti. Ce verbe est
qqch., de conna?tre certains sentiments ( 1834). issu d’un latin populaire “refrungere, réfection,
@- Voir RÉFRACTER, RÉFRACTION. REFRAIN, R&RANGlBLE.
d’aprés le latin classique tiungere <briseru I+ frac-
tion), du latin classique refnngere ubriser, déchirern
RÉFRACTION n. f. est emprunté Iv. 1270) au (+ réf?îngentl, composé de re- intensif, et fmngere
bas latin refi-acti, -anis wenvoi, renversementn, I-+ tiaction), auquel remontent aussi l’italien titian-
spécialement *renvoi d’un rayon lumineuxm, du la- gere arompre*, l’ancien provençal refranher arépri-
tin classique rekwtum, supin de refnngere <briser% rnep et aussi Nmodulep. Les sens de <modulerB et,
(-, réfrîngent1, formé de re- intensif, et fraagere pour Tefruit, de aparoles d’une chanson qui re-
(+ fraction). viennent à intervalles réguliers), qui ne sont pas at-
4 Le mot a été repris en physique et en optique à testés en latin, se sont peut-être développés dans
propos de la déviation que subit le rayon lumineux les chansons de danse, le refrain étant un Clément
en passant d’un milieu transparent dans un autre; musical qui revient régulièrement abrisern la suite
il s’est répandu au début du XVIU~s. sous l’influence du chant.
de l’anglais refractin employ6 par Newton, alors 4 Le mot est attesté avec son sens actuel dès 1260.
clairement distingué de Metion, et qui donne lieu L’extension figurée de «propos, discours~ est sortie
à des syntagmes tel indice de rétiwtiïz (17561, En d’usage, à la différence de celle de ace qu’une per-
astronomie, il désigne la déviation par les couches sonne répète à tout propos- (1580), notamment
atmosphériques du rayon provenant d’un astre dans c’est toujours le I&DI~ rek?& (1788). + On
116441, en acoustique le changement de direction rencontre chez Chateaubriand un emploi littéraire
d’une onde acoustique à cause de la variation de vi- de refrain avec le sens étymologique de arejaillisse-
tesse de cette onde dans un milieu non isotrope ment des vagues qui se brisent- ; ce latinisme n’a
Imil. me s.); en physiologie, on parle de réfraction pas eu de suite.
oculaire. 0 voir RÉFRAcTA~RE, RÉFRACr’ION, RÉFRANGIBLE.

b Le dérivé RÉFRACTIONNISTE n. désigne le pra-


ticien mesurant la réfraction de l’o3l et la corri- RÉFRANGIBLE adj. est emprunté (17061 à
geant par des verres adaptés (1964 dans les diction- l’mghis refrargible, mot créé par Newton en 1673,
naires généraux). du latin refringere ccbrisern (avec l’idée de renvoi et
RÉFRACTER v. tr. est emprunté en physique (17343 de force, exprimée par le préfixe re-, ici intensifI
à l’anglais to refract (16121, dérivé savamment du la- 1-t refraction, réfringent1 avec altération de voca-
tin refructum, supin de refringere «briser, faire dé- lisme d’après le simple frmgere Nbriserjj k&ac-
vier un rayon lumineux~ (+ réfringent1. L’întroduc- tien).
tion du mot a été facilitée par le fait que le français + Le mot sert en optique à quaIMer ce qui peut être
employait déjà ré!kction*. Dans sa traduction du réfracté.
Traité d’optique de Newton, P. Coste recule encore b Le nom correspondant, RÉFRANGIBILITÉ n. £,
en 1720 devant réfracter (il emploie le verbe emprunt 11706) à l’anglais refrungibility, créé lui
rompre) alors qu’il emploie réfraction. Voltaire em- aussi par Newton (16731, désigne en physique la
ploie le verbe et le substantif en 1734 et l’adjectif propriété qu’a la lumière d’être déviée par réfrac-
RÉFRACTÉ, ÉE en 1738. Le mot passe aussitôt en tion.
acoustique (1785, son réfracté), puis en médecine @ voir RÉFRACTAIRE, RÉFRACTION, RlEFRAIN, RlkFRlNGENT.
(1870) où une dose réfractée est une dose adminis-
trée par petites quantités. + Le verbe a produit RÉ- REFRÉNER ou RÉFRÉNER v. tr. est em-
FRACTEUR, TRICE adj. et n, m. (18701, nom de prunté Cv. 11201 au latin refrenure <<arrêter par le
RÉFRIGÉRER 3138 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tieim et, au figuré, adompter, makiser, brider par immersion dans l’eau tioide et, au figuré, pour
(qqn, qqch.lB, de re- (+ re-1 marquant l’intensité, et le soulagement. Réfigéruteur a d’abord eu le sens
de frenare «mettre un mors, brider* de frenum général de Nce qui rakaîchih Au XIX~s., il désigne
amors, frein}, au propre et au figuré (-&ein). un appareil servant à réfrigérer, d’abord en tant
+Le verbe a été repris avec son sens figuré, le que terme de sciences, un élément qui réfrigère la
complément désignant un inanimé ou ( 1160-I 1741 vapeur condensée (1857). Cet emploi du mot s’est
une personne. répandu au XX~s. pour désigner l’appareil ména-
ger, en forme d’armoire à aliments, qui a remplacé
b Ila produit REFRÈNEMENT OU RÉFR~NEMENT la glacière (19331, en concurrence avec l’abrévia-
n. m. hue s.), mot très rare avant le xrxes., qui lui tion figo n. m. et le nom de marque fiMaire. Il est
sert de nom d’action. +On rencontre aussi, mais rare dam l’usage spontaxk où il a donné, au figuré,
plus rarement, REFRÉNATION ou RÉFRÉNA-
mettre au réfrigérateur «délaisser pendant un cer-
TION n. f., emprunté IX~I~s.) au dérivé latin rekena-
tain temps, ( 19621,malgré les efforts de la tic Ge-
ti, -on23 &pression)) .
neral Motors pour limiter l’emploi de frigidaire aux
produits de cette fmme. La désignation la plus
RÉFRIGÉRER v. tr. est emprunté (1328, par le
usuelle, au moins dans l’usage spontané, semble
participe présent rétigérantl au latin refigerure
être figo, réfrlgéruteur n’ayant pas donné lieu à
arefroidir, rakaîchir>, au figuré <enlever le zèle,
abréviation et demeurant un peu didactique. Le
l’odeur de (qqn)», de re- (+ re-1 marquant l’inten-
mot sert aussi d’adjectif pour apropre à réfi-igérer*
sité, et de figerare waWîchir», lui-même de fi-
hlil. me S.I.
gus, -oris afroid, koidure» et au figwé arefroidisse-
ment » I+ froid). Le synonyme de rekgere, RÉFRINGENT, ENTE adj. est emprunté
retigescere (avec un Su&e inchoatif) a produit le (1720) au latin refifigens, -entis, participe présent
galicien amefecer et, avec un autre stixe, le portu- de refringere <<briser, enfoncer, déchîrerD (-, re-
gais amefentar. Avant le XIV~s., le français avait tiré frain), spécialement crékacter (un rayon de soleil)B,
le substantif refigerie (v. 11201, refigere (v. 1190) et au figuré (<abattre>>,de re- I-+ 1-e-1,préfixe à valeur
flconsoiation, réconfort», emprunté au latin refige- intensive, et de frungere <briser, rompre> I+ frac-
rium ~raktichissement~~, employé depuis Tertul- tion).
lien et spécialement dans la Vulgate au sens moral
+ Le mot est employé en physique à propos de ce
de Nconsolation)). Ce mot avait développé en moyen
qui produit la réfraction, fait dévier les rayons lumi-
franqais le sens physique de <refroidissement>>
neux. Depuis le milieu du XIX~s., il tend à éliminer
avant d’être abandonné au XVII~siècle.
réfructeur.
+ R&Egérer signZe nabtisser la température d’un
b Il a pour dérivé RÉFRINGENCE n. f. E17991 qx-O-
corps par une technique appropriée-. Sous l’in-
priété de réfracter les rayonsfi, et les composés BI-
fluence de réfigérwt (ci-dessous), il s’emploie en
RÉFRINGENT, ENTE adj . II 830, écrit bi-réfingent),
médecine ( 15601, puis en physique pour edétermi-
BTRÉFRINGENCE n. f. (18781, le préhe bi- expri-
ner le refroidissementn ( 18101. 0 L’emploi figuré
mant la division du rayon lumineux en deux rayons
moderne de «freiner, arrêter dans son ardeur))
réfractés.
11883) n’est pas assimilable à l’ancien sens moral,
0 Voir RÉFRACTAIRE. RÉFRACTION, REFRAIN, RÉFRAN-
uéteindre les ardeurs de la concupiscencem 6n
GIBLE.
XVIeS.I.
.RÉFRIGÉRANT,ANTE adj.etn.m. est em- REFROIDIR -, FROID
prunté 11328) au participe présent latin refrigerans
et employé depuis la Renaissance comme adjectif REFUGE n. m. est emprunté CV.1120) au latin
115601,puis aussi comme nom (1694), Puis ii qualifie refugium <action de se retrancher)), 4uitem, et par
en physique ce qui détermine le refroidissement métonymie <(asile>>,de rebgere creculer en fuyant,
(1799) et enfm prend au ti s. la valeur psycholo- s’enfuir» et {{chercher asilen. Le verbe latin est
gique de “qui recoidit le désirn (av. 1922, Proust), et formé de re- I+ re-1, marquant le mouvement à re-
de <froid, désagréableb lun accueil réfrigérant; il est bours, et de fugere -s’enfuir, se déroberp (+fuirl.
réfrigérantl. Cf. glacial. +RÉFRIGÉRATION n. f. L’ancien français a surtout utilisé la forme évoluée
est emprunté 114783 au latin refigerutio, -0nis wa- refui h. 11551, relevée encore en 1655pour ace dont
fraîchissement, fraîcheurm, au figuré eoulage- on attend le secours, la consolatiow, conservée
ment>>, du supin (refigeratuml de refigerare. 0 Le plus longtemps comme terme de vénerie pour
mot a été introduit par les médecins pour désigner <fuite, retraite du gibier* (1803).
l’action de refkoidir un corps et son résultat, avant + Le premier sens est celui de *personne à qui I’on
d’être étendu à tout abaissement de température fait appel, sauvewj (d’abord en parlant de Dieu),
(1530) et de se spécialiser plus tard dans l’industrie que l’on rencontre encore dans le style littéraire, et
alimentake (18381, sens diffusé et répandu au aujourd’hui compris comme métaphore du sens
XX~siècle. 0 Le sens figuré de <consolation, soula- moderne spatiale. Le mot désigne en effet un moyen
gement» Iv. 1520) a disparu après le xwe siècle. de se dérober à un danger (v. 1160) et, par métony-
-RÉFRIGÉRATEUR n. m. semble directement mie, le lieu où l’on se retire momentmément pour
tiré ( 1552) du verbe f?ançais, plutôt qu’emprunté échapper à ce danger Iv. 1278); il s’est dit des villes
avec substantivation au latin refdgeratorius. Ce qui avaient le droit d’asile (1690, villes de refuge),
dernier avait donné au XVI~SRÉFRIGÉRATOIRE des asiles pour indigents 11718,maison de refuge ou
n. m. pour un récipient destiné à refroidir les corps simplement retige>; il s’emploie aussi à propos
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉFUTER

d’un port dans lequel un navire s’abrite de la tem- ploie pour *dénier (une qualité) à qqnp et crie pas
pête (attesté depuis 1904 dans les dictionnairesI. accepter (ce que l’on juge défectueux, de mauvaise
*Par analogie, refuge désigne un lieu où se réu- qualit& (1751, Voltaire). + La construction trmsi-
nissent fréquemment des personnes qui ne tive indirecte refuser à Iv. 11201, usuelle en langue
peuvent ou ne veulent aller ailleurs (16631, spécia- classique, est encore relevée au xMe s., en termes
lement, avec les débuts des sports de montagne, un de manège à propos d’un cheval qui ne veut pas
chalet installé en haute montagne pour abriter les hnchir un obstacle, et dans la locution ne refuser
promeneurs et alpinistes 11877). Dans l’aménage- à tien *se charger de toutes les besognes>) ( 1798) ;
ment des voies urbaines, refuge désigne un petit es- elle a été supplantée par la construction refuser
pace (analogue au trottoir) disposé au milieu de la de, apparue en moyen lançais. + L’emploi absolu,
chaussée pour permettre aux piétons d’être à l’abri anciennement au sens de crie pas consentir à ce qui
des voitures lorsqu’ils traversent une rue ( 18751. est demand& (v. 11601, a été repris en marine à
+Le sens figuré de cmauvaise excuse, prétexteti propos du vent qui est ou devient contraire (17181,
(16631, qui se rencontre quelquefois après l’époque
et en technique à propos d’un pieu, d’un pilotis qui
classique, rappelle les valeurs de arecours”, «res- cesse de pénétrer en rencontrant une résistance
sourcem, vivantes en ancien et en moyen français. trop forte (1870 ; probablement antérieur, refus Ici-
dessous1 ayant cette valeur dès la fm du XVII~S.I.
ä Refuge a produit RÉFUGIER v., d’abord attesté Quant au pronominal se refuser à, il exprime
au participe réfugié ( 14321, puis à l’actif (XVI” S.I. Le d’abord l’idée de <<sesoustraire, ne pas consentir,
mot est surtout usité à la forme pronominale se ré- Iv. 1228) ; il se dit d’une personne qui se prive volon-
fugier 115971, au sens propre puis 11759) au figuré tairement de qqch. ( 16703 d’où, ironiquement, la lo-
pour as’évader vers un monde où l’on se sent à cution ne rien se refLIser (17213. En parlant d’une
l’abrin. L’emploi transitif kéfugier $gn, qqch,l [ 15721 chose, ne pas se refuser-, au passif, correspond à
a régressé après le xwes. au sens propre de aêtre accordé3 ( 17611 puis, dans l’usage familier, à
cmettre en lieu sW, et de «donner asile à qqns &tre agréable, digne d’être accepté>> @a ne se re-
(16361 puis a disparu. +Le participe passé Rl?FU- fuse pasl.+ L’emploi de se refuser, au sens de ane
GIÉ, ÉE est adjectivé (1432) pour qutier une per- pas se donner à un hommen en parlant d’une
sonne qui a quitté son pays pour se soustraire à des femme, est relevé en 1890 chez Zola; -il souligne le
persécutions, un danger, une condamnation. 0 Il rapport d’antonymie entre donner et refuser, qui
est substantivé avec le même sens ( 1573, notam- défmit la valeur dominante de ce dernier en k-an-
ment en parlant des protestants fkn@s qui çais moderne.
durent s’exiler après la révocation de 1’Édit de F Les dérivés apparaissent dès l’ancien tianqais.
Nantes (1740, au pluriel). De nos jours, le nom dé- +Le déverbal REFUS n. m. Gin xz@s.1 a d’abord eu
signe surtout une personne ayant quitté son pays le sens d’aaction de fuir qqn, de s’en détournern,
pour des raisons politiques, religieuses ou raciales faire refus à gqn sigkfmd ae détourner de lui= En
(sens attesté en 1832, Bulletin des lois). XII~ s.1et tourner à refus cmettre en fuite,. 0 Le sens
moderne, repris au verbe (12261, correspond à afait
REFUSER v. est issu Km me s.3 d’un latin popu- de ne pas accorder une demande, de ne pas don-
laire ‘refusare wepoussern, croisement des verbes ner (ce qui était demandé)», puis aussi <rejet de ce
du latin classique recware I-+ récuser) et refutare qui est offert, de ce qui existe>) (v. 13521, entrant
I+ réfuter). L’hypothèse d’une dérivation de refu- dans la locution ce n’est pas de refus caccepter vo-
sus, participe passé de refundere <<répandre de lontiers>> (1659). +L’emploi métonymique du mot
nouveau, d’où <refouler, repousser, renvoyep, est pour désigner concrètement ce qui est refusé
moins satisfaisante (+ fondre). L’espagnol rehusar 113401, et, dans le langage amoureux classique, la
représente le même type étymologique, de même personne repoussée (Corneille), a disparu. Cette
que la variante rehuser en ancien français @n métonymie a encore cours en agriculture pour les
XIIeS.I. plantes non consommées par les animaux (régio-
+ La construction transitive directe, la première at- nalement) et en technique pour ce qui est retenu
testée, correspond à «ne pas accepter (ce qui se par un crible 119511.Cf. rejet. Par une autre métony-
présente, ce qui est offertlm et ane pas consentir à mie, refus désigne le moment d’arrêt de la progres-
donner, à accorder (ce qui est demandéla (v. 11551, sion d’un pieu que l’on enfonce (av. 16831. +Les
par affaiblissement crie pas accorder (ce qui est autres noms d’action tirés de refuser, pourtant
souhaitable)>) (1580). 0 Avec un nom de personne nombreux (refusement, refusunce, refuse, refum-
pour complément, l’idée est celle de Nne pas ad- tin, refusall, sont tous sortis d’usage avant le
mettre (qqn), repousser Ia demande des (v. 11551, me siècle.
spécialement à propos d’une demande en mariage REFUSABLE adj. Iv. 1200) est surtout employé
(v. 11651, puis dans les locutions refuser un parti dans des tournures négatives. +REFUSÉ, ÉE, le
participe passé de refuser, a été adjectivé et subs-
CISSO), refuser sa fille à qqn 117181. ~DU XIII~ au
tantivé en parlant de celui, celle qui résiste, refuse
xv” s., le verbe a eu d’autres valeurs, par exemple
Iv. 1278) et de la personne éconduite en amour
<<répudier= (1350-1400) et cxrécusep 11283, un juge).
(1278). De nos jours, il sert à qualifier un élève re-
Avec la nuance de <renoncer à, esquiver», refuser
calé à un examen (1842) et à désigner, en histoire
s’emploie dans l’expression refuser le combat
de l’art, un artiste dont l’œuvre ne fut pas admise
(v. 12601, employée par extension pour crie pas ac-
dans les Salons (1863, Salon des refusés).
cepter, ne pas assumer (une situation de fait, jugée
dangereuse ou péniblelti (v. 12653. 4 C’est, semble- RÉFUTER v. tr., réfection cv.13301 de refuder
t-il, beaucoup plus tard, au XVIII~ s., que retiser s’em- (v. 9801 sous l’influence du latin, est emprunté au la-
REG DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tin refutare qui signifie proprement <<faire tomber Nord-Est. Celui-ci, distinct de gaaing (+ gagner),
en repoussant, refoulern et s’est employé en rhéto- représente une forme de latin gallo-roma;n ow&i-
rique au sens de arefuser d’admettre». Le mot est men, derivée d’un francique ‘waida que permet de
formé du préfixe re- C+ re-1, marquant l’intensité, et restituer l’ancien haut allemand weida aprairie,
d’un verbe simple archaïque “futare, attesté chez fourrage, (+gagnerI. Le m étymologique du ger-
Festus comme une reconstruction faite sur refutare manique s’est conservé dans l’adjectif Ipred gui-
et confuture, verbe qui sime d’abord Rabattre, maulx, employé au XVI~s. par Rabelais. Le préfixe
bouleverser, renverser)), surtout employé au sens re- s’explique par le fait que le regain est une se-
figuré de <convaincre, réduire, rejeter une thèse*. conde coupe : la plupart des termes qui le dé-
Le rapprochement avec le groupe de fundere ((ver- signent dans les patois commencent par re- : re-
ser, répandre» (-, fondre1 n’est pas appuyé par le vivre dans le Sud-Est, recor, issu du latin chordum
sémantisme, trop divergent; on a aussi évoqué un (fenum) dans la région franco-provençale, refoin,
rapprochement avec futuere (+ foutre). de foin dans le Sud-Ouest,
+ Le mot n’a pas conservé après le xve s. le sens gé- 4 Le mot désigne l’herbe qui repousse dans une
néral de Nrefuser, repousser, rejeter» avec lequel il prairie naturelle ou artificielle après la première
a été emprunté. Il s’est spécialisé au sens de ((mon- coupe. Il est parfois compris comme exprimant
trer la fausseté des opinions de (qqn), (v. 1330)~ et, l’idée de aregagner, repousserb.
par changement de complément, <(repousser (une
allégation, une position1 en démontrant sa faus- RÉGAL n. m., d’abord tigale (wo), rigalle
set& ( 1546) ou tien démontrant qu’eue n’est pas fon- Cv.14801,puis regalle (encore chez Molière) avant
dée» ( 1559). Au xxe s., il s’emploie également dans régal, est en général considéré comme dérivé, avec
un style soutenu avec un nom d’inanimé pour sujet le sens ancien de <<bruit joyeux>, de l’ancien fran-
çais gale flréjouissance, plaisir, amusement>>
lun a~gurnent réfute une positi0n.J.
E+ gala, galant). Rigale aurait, dans cette hypothèse,
b REFUTATION n. f., emprunt ( 1284) au dérivé la- emprunté son premier élément à l’ancien franqais
tin refutatio, -on& désigne d’abord en droit le refus rigoler* (<sedivertirn, ce qui a été facilité par l’iden-
de réclamer, le fait de renoncer à ses droits, puis tité de son et de sens; le préfixe ti- aurait ensuite
l’action de repousser une allégation, une proposi- été remplacé par ré-*, beaucoup plus fréquent.
tion. Le mot reste rare avant la fm du xv” s., époque, P. Guiraud, partant du fait que le mot est commun
où, d’après réfuter et par métonymie, il commence à toutes les langues romanes, préfère y voir une
à désigner une suite de raisons, de preuves démon- forme substantivée de l’ancien adjectif régal (+ ré-
trant la fausseté d’une thèse alléguée (14%). Dans gale), doublet savant de royal”, emprunt archaïque
la rhétorique ancienne, il a pris le sens spécialisé au latin, largement attesté en ancien français et
de Mpartie d’un discours dans laquelle on répond dans les autres langues romanes; on rencontre
aux objectionsx ( 1521).Le sens figuré ( 1835)de -ce d’autres emplois substantivés de regal pour <vête-
qui s’inscrit en faux contre, oppose un démenti àn ment royal)> (v. 12251, et, au féminin regale, Gnvesti-
(d’un événement, d’une attitude) est didactique. turc royale, fief royal)). Dans cette hypothèse, régal
+ RtiFUTABLE adj., emprunté (1552) au dérivé bas aurait désigné à l’origine un cadeau, une fête, une
latin refutabilis knbrosius), signifie “qui peut être réjouissance royale. Cependant, P. Guiraud admet
réfuté,. Il est peu attesté avant le ~LX~ siècle. +En un croisement avec rigale <bruit joyeux>> qui serait
revanche, l’antonyme IRRÉFUTABLE adj. alors un mot différent, ou avec le provençal galet
(av. 1747, Vauvenargues), fait sur réfutable d’après <<gosier>>et agoulot de bouteille>, à l’origine de l’ex-
le bas latin irrefutaMs, est usuel, signifiant par af- pression boire à la régalade (ci-dessous).
faiblissement {certain, indiscutablen, et produisant
4 En moyen fra~~cais et jusqu’au XVII~s., le mot dé-
IRRÉFUTABLEMENT adv. (1845) et IRRÉFUTABI-
signait une fête de plaisir, un repas somptueux of-
LITÉ n. f. 118461, avant que réfutable ne donne naîs- fert en l’honneur de qqn, et par extension dans la
Saxe àRÉFUTABILITÉ n. f. seulement attesté au
langue classique, un présent ( 16381,une grati-fica-
XX~ s. dans le langage didactique.
tion (1690, antérieurement sous la graphie régaZe
RÉFUTATEUR,TRICE n. est empm~é ~VII”~.,
aux deux genres, XVII~s.l. Ce sens, disparu en fran-
Bossuet) au dérivé latin tardif rehtator pour Nper- çais, est vivant dans l’italien regalo. On peut
sonne qui réfute». Il est rare. comparer cet emploi à celui de cadeau*, *Le sens
0 voir REFUSER.
figuré actuel de -joie, grand plaisir~~ 116661procède
RE G n. m. est emprunté (19231 à l’arabe ruqq <(dé- probablement du sens primitif plutôt que de la spé-
cialisation moderne pour désigner le mets préféré
sert rocheux d’où les parties fmes ont été enlevées
par le vent», probablement par l’anglais reg C1904. de qqn (1690).
Le mot n’a rien à voir avec erg. de mot a servi à former RÉGALER v.tr. (15071,
après que sa forme ancienne ?igale a donné tigakr
+ Ce terme de géomorphologie désigne une éten-
<<festoyer>>(v. 13701. Le verbe a suivi le même déve-
due désertique rocheuse et plate.
loppement que le nom, passant de adonner un di-
@ REGAIN + GAGNER vertissement à Cqq&, par suite «faire plaisir» (spé-
cialement par antiphrase, 16483,à ~o&it- un festin à
0 RE GAIN n. m., d’abord regain Iv. 1174, est (qqn)n (1671) et familièrement aofkk à boire ou à
formé du préfixe re-, pris dans sa valeur itérative, manger* ( 1708).0 La forme pronominale se réguier
et de l’ancien substantif gain aherbe du pâturages ( 1611)Sign$e <<mangeravec grand plaisir ce qu’on
(XIII~ s.1, encore usité dans les patois de l’Est et du aime>). Au XIX~ s., elle exprime, au figuré, l’idée de
DE LA LANGUE FRANÇAISE REGARDER

ase donner du plaisir 11820) et au XX~ s., par ex- mtions comme regarder d’un bon œil (18701. La va-
tension familière, afaire une excellente affaires. leur de <regarder avec bienveilla;nce* était autre-
RÉGALADE n. f. 117191, s’il a assurément subi l’in- fois assumée par regarder employé seul. Regarder
fluence de rbgaler, provient vraisemblablement du (qqn1 sous le nez 116901,de nos jours familier, cor-
mot régional galade, galet agosiep, du latin gulla, respond à <<regarder avec insolence, pour provo-
employé dans la locution boire au galet <boire en quew -Dès l’ancien lançais, regarder se charge
renversant la tête en arrière et en faisant couler le d’une signikation intellectuelle ou morale : il ex-
liquide dans son gosier sans toucher le récipient de prime le fait de prendre qqch. en considération,
ses lèvres». Régalade a ensuite servi de nom d’ac- d’accorder toute son attention, à la fois dans la
tion à régaZer ( 1808). construction indirecte regarder ù Cv.1120) et transî-
On rencontre encore quelquefois l’adjectif RÉGA- tivement C11881.À ce sens se rattachent y regarder
LANT, ANTE, tiré du participe présent de régaler de près (16221, y regarder h deux fois (av. 17781, ne
(v. 1780) au sens d’ccagréable, divertissa;ntn, surtout pas y regarder de trop près. Regarder à la dépense
régionalement et dans des phrases négatives ex- (15591 ((être économe jusqu’à l’avaricem (cf. regur-
primant une déception, un ennui. dunt), donne au verbe la valeur d’=économiser~.
0 voir RlkGALE (hypothèse de P. Guiraudl. *Regurder exprime le fait de considérer avec une
certaine disposition d’esprit (v. 12501, spécialement
Rl?GALE n. f., anciennement regaik ( I 147) et re- dans regarder en pitié ti xv” s.) aconsidérer avec
guik Cv.1160) puis régale @n XII~s.), est l’adaptation compassionn et, en parlant de Dieu, amanifester sa
du latin médiéval regulia (sous-entendu jura) miséricorde pour (qqn)>> (1685, Bossuet), Regarder
«droits royaux>, formé des neutres pluriels de l’ad- qqn, avec un nom de chose pour sujet, équivaut à
jectif regulis aroyaln (+ royal) et jus adroit> (+ juri- ((concemep Iv. 11901,d’où la locution familière mo-
dique) avec substantivation de l’adjectif pris pour derne mêlez-vous de ce gui vous regarde (xx” s.l.
un féminin singulier. + Regarder comme, avec un attribut f 16421,corres-
+ Ce terme juridique ancien désigne un droit consi- pond à ((tenir pourp, et a supplanté les construc-
déré comme inhérent à la monarchie, et spéciale- tions concurrentes regurder en (1661) et regarder
ment le droit du roi de percevoir les revenus des pour (17323, disparues au xrxe siècle. *Par exten-
évêchés vacants iv. 12451,par exemple dans régale sion du sens de Hdiriger son regard vers», on est
temporelle, et de pourvoir pendant ce temps aux passé à celui d’&tre orienté, tourné versm avec un
bénéfices qui en dépendent [régale spirituellel. sujet désignant une chose (déb. ~IV” s.) et un
F De régule est dérivé RÉGALISTE n. m. (15671, dit complément introduit diredement ou (av. 1549)
en droit ancien de celui qui avait un bénéfice en ré- par une préposition cù, VersI. +Le pronominal se
gale. ~RÉGALIEN, IENNE adj. est un dérivé sa- regarder, en ancien français «regarder autour de
vant 11413) du latin regulis «du roi= (+ royal). En soip (v. 11181, s’est répandu pour ase considérer
droit Ancien, le mot servait de doublet spécialisé à (dans un miroir)= Cv.1480) et, avec une valeur réci-
royal pour qutier ce qui est tiérent à l’exercice proque as’obsewer l’un 1’autreB (1690). Il s’est
de la souveraineté, ce qui appartient au roi. Le lan- chargé de la valeur réflexive de «se jugep (16111,
gage politique moderne l’emploie à propos d’un parfois avec l’idée d’une satisfaction vaniteuse
pouvoir absolu, sans contrôle démocratique. (1538, <être stisantn). Se regarder comme (1675) fait
0 voir E&GALER [hypothèse de P. Guiraudl, RÉGENT, RI%~. écho au transitif au sens de ase tenir pourri. Le mot
assume aussi l’idée de «se faire face, etre vis-à-v&
REGARDER v. est dérivé (10803 de garder* qui 116901, spécialement en astrologie en parlant de
avait la valeur d’dtavoir l’œil sur, regarderB, avec le deux astres 11690).
préfixe re-* indiquant à la fois le mouvement en ar- k Le déverbal REGARD n. m. Cv. 980, regud ex-
rière, en retour et la réitération. A une époque an- prime l’action de la vue kée sur un objet et, en em-
térieure, on rencontre la forme reswurder Iv. 980) ploi qutié, la manière de regarder : on appelait
d’où resgurder (v. 11751, mais celle-ci est dérivée mauvais regard Iv. 1196) le mauvais œil. + Par abs-
par prédation de l’ancien verbe eswurder, esgur- traction, le mot correspond à aattentionn Iv. 1120) et
der, égurder (v. 980) de m6me sens, lui-même dé- <<inspection> (12621, ce sens disparu resurgissant,
rivé de garder I-P égard). D’autres prétiés de gur- par l’internAiaire de celui de +ontrûle adminis-
der exprimaient la même notion, tels agarder, et, tratif> (1464) dans l’expression moderne droit de re-
avec une insistance sur le fait d’observer, engarder, gard (1932). C’est à la signification intellectuelle du
surgurder, pourgur&r. Regarder les a tous supplan- mot que se rattachent les locutions préposition-
tés. nelles au regard de GI XII” s.) “par rapport b, adu
+ Le verbe sime diriger sa vue sur tqqn, qqch.)>> point de vue de» (av. 17041 et, dans l’usage clas-
11080). Une riche phraseologie précise la valleur sique, pour le regard de (15381. +Le sens de aposi-
psychologique de cet acte, responsable d’effets de tion d’une chose en face d’une autre>> (1273) est sorti
sens figurés : regarder (qqn) en face En xve s.1 d’usage en dehors de sa spécialisation en astrolo-
marque en français moderne la franchise et regur- gie 11377, regurd sextilel et de la locution adverbiale
der les choses en face (1875) la lucidité, tandis que en regard (1811) -en face>), d’où en regard de 118341.
regarder @qr~I en dessous (1870) dit la dissimula- * Le sens optique a produit la valeur métonymique
tion ; regarder de haut en bas ctoisern 11690) est concrète d’aouvertures (15801, restreinte à des em-
souvent porteur d’une valeur de mépris (16631, sur- plois techniques, à propos de l’ouverture pratiquée
tout réalisée dans la forme abrégée regarder de dans une paroi d’appareil et, en travaux publics,
haut. Regarder de travers (1671) s’oppose à des lo- dans une conduite souterraine (18931, en concur-
RÉGATE 3142 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

race avec bouche (d’égoutl. Les géologues l’ont re- b RÉGÉNÉRATIF, IVE adj. Idéb. xr? SJ “qui a la
pris à propos d’une ouverture entre une cavité sou- vertu de régénérer (un organe))} a été formé en mé-
terraine et la surface 11904). *REGAR- decine et étendu à d’autres emplois à l’époque pré-
DANT, ANTE est la substantivation du participe révolutionnaire (1769, Mirabeau). + Le dérivé sa-
présent (xv” s-1 au sens de «témoin, spectateur>>, de ~~~RÉGÉNÉRATEUR,TRICE n.et adj.M951 est
nos jours «personne qui regarde>>. Le mot est em- employé pour désigner et qual%er (v. 1560, Paré1
ployé adjectivement depuis le xwc s. pour qualifier une personne, une chose qui régénère, au propre
la personne qui regarde de près à qqch. ( 16 111,spé- et au figuré, spécialement dans eau régénératrice
cialement, dans l’usage familier, qui regarde à la (av. 1872) pour l’eau du baptême. -Au XIX~ s., le
dépense (1694). 0 En héraldique, il quaMe un an- nom masculin a servi à désigner divers types d’ap-
mal figuré avec la tête tournée en arrière (1690). pareils, d’abord la partie d’un four constitué par un
+REGARDEUR,EUSE n. (v. 1278) «personne qui assemblage de briques rékactaires dans laquelle la
aime à observer)) est archaïque. chaleur des fumées est cédée à l’air ou au gaz de
chauffage : l’emploi à propos du r~généruteur de
RÉGATE n. f. est emprunté ( 1679) au vénitien Siemens (attesté 1874) semble emprunté à l’anglais
regutct (anciennement regutta, tigatta), propre- regenerutor ( 1835). Régénérateur de lu pruirie dé-
ment <défi)), et (course de gondoles)) ( 1315 en latin signe E1904 un instrument servant à briser la
médiéval, regutta3, emploi d’origine incertaine : on couche superkielle du sol des prairies. +Le pré-
y a vu le déverbal du verbe regutur (anciennement fixé SURRÉGÉNÉRATEUR adj. et n.m. Iv. 19701,
riguttar) ((se disputer, rivaliser>>, considéré par cer- mot technique du domaine nucleaire, désigne un
tains comme dérivé de l’italien gutto ccchatn régénérateur produisant des noyaux fissibles, en
(+ chat), d’après le tempérament querelleur prêté nombre excédentaire (cf. ci-dessous surrégénh-
au chat. On oppose à cette hypothèse non corrobo- fion). +RÉGÉNÉRESCENCE n. f. estunterme di-
rée une dérivation d’un latin populaire Orecupture dactique (180 11,formé d’après dégénérescence, qui
ccrechasser>>, d’où <<lutter, rivalisep, de capture désigne la transformation de ce qui se régénère.
(+ capter, chasser), doublet de “captiare. Cette hy- *RÉGÉNÉRÉ, ÉE, adjectivation du participe
pothèse semble conkmée par regutiure attesté en passé de régénérer, est attestée au XVII~s. au sens
1560 à Vicence au sens de *rivaliser*. abstrait avant d’être repris (1964) avec une valeur
4 Le mot désigne une course de bateaux, à la voile technique, Nreconstitué dans son état premiern.
ou à l’aviron, d’abord en parlant des courses de ba- +RÉGÉNÉRANT, ANTE El904 est l’adjectivation
teaux à Venise et surtout usité au pluriel, il a été re- du participe present.
pris pour désigner des compétitions de yachts. RÉGÉNÉRATION n. f., réfection graphique ~III~ s.)
-Par métonymie, il se dit d’une cravate rappelant de regenerucion Cv.11601,est emprunté au bas Iatin
celle des marins sur les bateaux de plaisance, dont ecclésiastique regmerutio, -0nis <<retour à la vie spi-
le nœud laisse échapper deux pans verticaux su- rituelle)), du latin impérial regenerutum, supin de
perposés 11900; d’abord nœud ré@e 18%) ; ce type regenerure. + Comme le verbe, le nom a été repris
de cravate étant aujourd’hui dominant, le mot est en théologie à propos du changement provoqué
devenu rare par rapport au terme générique cru- dans l’âme par les sacrements du baptême ou de la
vute, les autres formes étant désignées par des pénitence. Il a pris aussi le sens concret de are-
mots spéctiques. constitution des tissus des parties lésées dans les
organismes animaux ou végétaux)) 113141, s’appli-
b Le mot a produit RÉGATIER, IÈRE n. (1855) ccper-
quant en sylviculture à un mode de reproduction
sonne participant à une épreuve de régate+, et
des arbres ( 1932) et, d’après le sens spécial de rkgé-
RÉGATER v. intr. <<participer à une régate>> et kt-
néruteur Ici-dessus), à une technique d’améliora-
ter de vitesse avec un autre yacht à voile)) (19571.
tion des prairies anciennes. + Au XVII~s., l’emploi fi-
RÉGÉNÉRER v. tr. est emprunté (1050) au la- guré de régénération s’étend au renouvellement
tin impérial regenerure «faire revivre, reproduire>> moral, intellectuel (1687) et, dans Ia seconde moitié
et, dans la lmgue ecclésiastique, à basse époque du XIX~s., au sens abstrait d’ccaction de reconstituer
=ranimer spirituellement», du latin classique re- dans son état antérieur non corrompu)) ( 1875). + Au
(+ re-1, préfixe & valeur itérative, et generure flen- me s., en relation avec régénérer et régénéruteur, le
gendrer, produire>>, au propre et au figuré (-, géné- mot désigne en technique l’opération rétablissant
rer). l’activité d’un catalyseur, la récupération de cha-
leur dans un régénérateur (1964 dans les diction-
4 Le mot a été repris avec le sens religieux de Mfaire
naires généraux) et, pour un réacteur nucléaire,
revivre spirituellementu. Le sens concret, wepro-
l’épuration du combustible par élimination des ré-
duire une partie détruite de (un être viva1-0~ (13711,
sidusdefission (1968). -SURRÉGÉNÉRATION n. f.
est plus rare, d’autant que, par extension, rég&&er
(av. 19701, mot technique lié à surrégénérateur, dé-
s’emploie dans le style littéraire au sens figuré de
signe la production de noyaux fissibles en nombre
«renouveler en donnant les qualités perdues>>
excédentaire par un réacteur.
(v. 1210, rare avant 1782). La forme pronominale
se régénérer Iv. 15601, qui apparaît au sens concret RÉGENT, TE n. et adj. est emprunté (1261) au
de <se reconstituer)> en parlant d’une partie du latin regens, -entis, participe présent de regere adi-
corps humain, est surtout employée avec la valeur figer, gouverner D(-+ régir), employé en particulier
figurée de <<serénover)) ( 17891, valeur qui semble en latin médiéval pour qutier et désigner un
avoir été précédée par l’emploi correspondant de membre de l’université exerçant effectivement le
régénération. droit d’enseigner acquis par ses titres.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3143 REGIMBER

+Le mot apparaît dans rbgent d’université dési- REGGAE n. m. est emprunté (1976) à l’anglais
gnant un professeur d’université, puis absolument de la Jamaïque reggae, mot d’origine inconnue,
( 1532) pour celui qui dirigeait une ChSSe, un é%Ve ; peut-être de rege-rege «dispute, rixe, tapage», ou
régent de collège, à 1’6poque classique, peut avoir encore contraction et altération de l’anglais rugga-
les mêmes connotations que pédant. Quand le vo- mufin. ava-nu-pieds», désignant une musique des
cabulaire de l’éducation se forme pendant et après Noirs jamtiquaîns à rythme marqué et structure
la Révolution, régent change d’emploi et désigne, répétitive. Cette musique a été portée à la connais-
de manière spécialisée, un professeur de collège sance du grand public aux États-Unis par Eric
communal 118351; il continue de se dire en Belgique Clapton avant que ses créateur3 (principalement
pour celui qui enseigne dans le {{secondaire înfé- Bob Marley, Peter Tosch et Bunny Livingstone)
rieur>> (18351, + Dans un autre domaine, politique, il n’acquièrent une renommée internationale ; ce-
désigne depuis le moyen français Il3 161 la per- pendant, le mot et la chose furent peut-être connus
sonne qui gouverne une monarchie pendant la mi- antérieurement aux Antilles. Dani son origine, le
norité ou l’absence du roi, s’employant avec la ma- reggae est lié au militantisme des Ras-Taftis (an-
juscule (le Régent1 pour désigner Philippe glais Rustafurians) I-+ 0 rastal, mouvement apparu
d’Orléans qui gouverna sous ce titre entre 1715 et en 1916 chez les descendants des esclaves noirs
1723 pendant la minorité de LouisXV. Dans ce cherchant un retour à leurs sources africaines. Le
sens, le mot s’emploie adjectivement (1662) dans reggae fit école notamment en Angleterre.
prince régent, reine, princesse régente. Par métony-
mie, on appela le Régent un célèbre diamant 0 RÉGICIDE adj. et n. est emprunté au latin
acheté en 1737 par ce prince et qui fit partie des scolastique regkida eassassin d’un roi», du latin
joyaux de la couronne de France (cette désignation classique rex, regis I--+roi1 et de cuedere &apper,
est attestée en 1775). +Par retour au sens littéral tuer= SUT le modèle de homicidu <<assassin>>(+ ho-
de Npersonne qui administre, régit= Iv. 1330) devenu micide). La date d’apparition du mot était fixée à
archtique ou littéraire, le titre entre dans régent 1594 (Wartburg, après Godefkoyl d’après une cita-
de Ia Banque de France (18351, dénomination de tion de la Satire Ménippée que donne le Diction-
chacun des membres du conseil général de la naire de Trévoux, en 1771; selon le T. L. F., ce pas-
Banque de France avant sa nationalisation en 1936. sage ne date que de 1724, les versions de la Satire
+Le dérivé RÉGENTER v. s’est employé intransi- étant multiples. Cependant, l’anglais atteste regi-
tivement aux sens de <<gouverner» (xv” s.1 et d’lcen- cide dès 1548 (Hall, Chronicle of Hen y the IVth, in
seigner* (1529) au propre, puis au figuré (1672, N.E.D.I.
M”” de Sévigné). La construction transitive s’est + Le mot désigne le meurtrier d’un roi et s’emploie
employée au sens spécial de 4kîger ses brebis» en adjectivement pour qutier ce qui se rapporte au
parlant d’un pasteur cv.1420) et de adiriger une meurtre d’un roi (17701. Sous la Restauration, il
classe* en parlant d’un régent, d’un professeur s’est dit de ceux qui votèrent la mort de Louis XVI
(1580, Monttigne). Régenter une matire (déb. (attesté en 1797, avec une définition juridique en
xwe s., Saint-Simon) s’est dit pour aenseigneru. 1816). Dans ce sens, il est aussi adjectif fles Conven-
aDe nos jours, le verbe Sign%e {{gouverner de ma- tionnels régkidesl. Il s’emploie également dans le
nière autoritaire» @in xve s.l et s’emploie au figuré contexte de l’histoire anglaise à propos de ceux qui
pour acommander à (qqn), soumettre (qqn) à ses condamnèrent à mort Charles 1”’ après la restaura-
règle% (1580). tion des Stuarts,
L’autre dérivé de régent, RÉGENCE n. f. (1403, a
w L’homonyme @ RÉGICIDE n. m. a été emprunté
désigné l’action de gouverner, le gouvernement en
en même temps au latin médiéval regicidium, fait
général, avant de se restreindre au gouvernement
sur le modèle de homicidium !+ homicide], pour
exercé par un régent ou une régente pendant la
désigner l’acte visant à attenter contre la vie d’un
minorité d’un souverain ( 1549, s’employant notam-
souverain et le meurtre d’un souverain. On disait
ment à propos du gouvernement de Philippe d’Or-
précédemment parricide”, dans ce sens.
léans et de la période (17%). Attestée au XVIII~s.
pour caractériser la période, par exemple en art
décoratif (Comino& & 2aRégence, 17681, cette déno- RÉGIE + RÉGIR

mination, répandue en histoire au XIX~s., a servi à


caractériser familièrement une personne, un ade REGIMBER v. intr. est la forme nasalisée @n
digne des roueries galantes de la cour du Régent XII~ s.l de l’ancien fiançais regiber «ruer, en parlant
(1841). Le mot a qualifié plus tard ixx” s.l celui ou ce d’un cheval touché par l’éperon» Iv. 11751, du pré-
qui a un caractère suranné, un peu guindé, aussi en ke Te-* à valeur intensive et de l’ancien verbe giber
emploi adjectif Cilest très régence, attesté mil. me s.1 alutter en jouant des bras et des jambes)), atteste à
et qui paraît avoir vieu après 1960-1970. +Ré- la fin du XIV~s. mais probablement antérieur. Ce
gence, au sens disparu de agouvernementn, a verbe serait issu d’un radical expressif g& évo-
donné lieu à des spécialisations jusqu’au xrxe s. : il quant l’action de pousser du pied, de sauter Idia-
s’est dit de l’administration municipale de cer- lectal gibe uruade4; P. Guiraud en fait le dénomi-
taines villes d’Europe (fin XVII~s.), spécialement & natif d’un ‘gobe «cuisse» représentant proba-
Amsterdam (1870, Littré), et a servi à désigner trois blement le latin gibbus <renflement= (+ gibbeux).
petits États musulmans d’Akique dépendant du 4 Le mot a d’abord signifié <<ruer, se défendre sur
sultan de Turquie avant la colonisation (18353. place au lieu d’avancep en parlant d’un animal,
0 voir RÉGIR surtout d’une monture. Il est devenu plus courant
RÉGIME DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avec le sens figuré de &sister en refusant, se mon- des conditions qui les règlent (1828, à propos du dé-
trer récalcitrants, en parlant d’une personne (14501, bit d’un fluide) : il s’applique en géographie à l’en-
alors empïoyé absolument ou suivi d’un semble des variations de caractère saisonnier su-
complément introduit par contie (1672, Pomey) et à bies par l’écoulement d’un cours d’eau (18701, à
la forme pronominale se regimber IxwtB s-1, forme l’ensemble des variations a$ectant un phénomène
redondante qui semble provenir d’un rapproche- météorologique (19081, et, en mécanique, au mode
ment avec se rebifler. de fonctionnement d’une machine à l’état normal
~Les dérivés du mot, REGIMBE~R, EUSE (19041, spécialement à la vitesse de rotation d’un
n. et adj. (1538) et REGIMBEMENT n. m. (15381, moteur (déb. xxe s.), notamment dans haut régime
sont d’usage littéraire. (1924, P. Morand), régime de croisière, ù plein ré-
gime, gui ont des emplois figurés. Il s’emploie spé-
0 RÉGIME n. m., d’abord regimen. Iv. 1265) puis cialement en balistique (193.2, régime absolu d’une
régime Idéb. XIV~s-1, est emprunté au latin re@men bouc& Ct feu) et à propos du fonctionnement
<direction, gouvernement)) (au propre et au figuré1, continu d’une installation de r&nage de pétrole
de regere &rigern !+ régir). Le type populaire plus (19643.
ancien roiame En XI~~~3.1,tiame Iv. 13431, a été k Le mot n’a produit aucun dérivé en dehors de
évincé par le mot d’emprunt; rotame, croisé avec SURRÉGIME fait avec le préfixe sur-*
n. m. (19701,
royal*, a servi à former royuume*. à propos du régime d’un moteur- supérieur à celui
4 Régime a servi de nom d’action à régir dans son pour lequel il a été prévu.
ancienne acception générale, désignant l’action de 0 Voir RÉGIMENT, RÉGIR.
gouverner et au figuré l’action de diriger qqn mo-
ralement ( 1654, Bossuet), emploi sorti d’usage au 0 RÉGIME n. m. est l’adaptation (16401, par at-
XVIII’ siècle. 0 Suivant le même développement sé- traction de 0 @me*, de l’espagnol des Antilles
mantique que régir, le mot désigne l’action de gou- rucimo egrappe de raisin, raisin, Iv, E%N, et par
verner une collectivité (1408). Cette valeur s’est res- analogie kflorescence de certaines plantes telles
treinte, par métonymie, au moment même où la que le bananiern 114%). Celui-ci représente le latin
structure politique de la France est mise en cause, populaire racimus, altération de la forme classique
à la forme de gouvernement, d’abord dans la dé- racemus “grappe de raisin» (-, raisin) ; la forme nor-
signation par ancien d-e ( 1789) de la monarchie male serait racime.
absolue qui venait d’être renversée, l’expression
4 Le mot désigne l’inflorescence de certaines
symétrique de nouveau &@e, créée à la même
plantes comme le bananier, le dattier et, par méto-
époque (17891, n’ayant pas le même succès. Très
nymie, l’ensemble des fruits qui constituent cette
vite, le mot désigne toute structure politique et de-
innorescence. Du fait de l’homonymie, il s’emploie
vient une notion clé en droit constitutionnel, en po-
surtout couramment dans régime de bananes, re’-
litique et en histoire. + Parallèlement, dès le début
@me de dattes.
du xve s., régks a commencé de s’appliquer à l’en-
semble des dispositions légales qui régissent un ob- RÉGIMENT n. m., réfection (1314, regimentl de
jet particulier, produisant surtout à l’époque mo- regement (12501, écrit au XVI” s. avec l’accent régi-
derne des syntagmes comme régime h~othécaire, ment (15531, est emprunté au bas latin regimentum
pénibttiaire, sanitaire ( 18701, régime censitaire, ca-
=direction (au propre et au figuré)*, doublet du latin
pacituire (19361, régime douanier... 0 Une spéciali-
impérial wgimen (3 régime).
sation lui donne le sens de améthode générale de
culture d’une forêt3 (1870, aussi régime forestier). + Du XIII~ au xwe s,, le mot a désigné le gouverne-
+ Par l’intermédiaire d’un emploi en médecine an- ment, le règlement, la direction, l’administration
cienne pour ctraitement des maladies» Il3 14, rd- en généraJ. (cf. régime) et, par métonymie, le bâton
gime a désigné la manière de vivre, l’ensemble des de chef de justice. Il se disait aussi de la façon de se
règles de vie, de conduite, de santé (1438). Ce sens, comporter, de la conduite Exil” s.1,et spécialement
vivace en langue classique, avec la locution vivre de en médecine, comme régime, d’un traitement, d’un
régime Ii6781 après ré&me de vivre (15591, expri- soin. +TOUS ces sens sont devenus caducs et ont
mait l’idée d’une vie méthodiquement réglée. été assumés par régime Iorsque le mot a repris
L’usage courant prend régime dans l’acception plus (15531 à l’allemand Regiment (15461, de même ori-
restreinte de <conduite à tenir en matière d’hy- gine, le sens de corps militaire composé de plu-
giène, de nourriture)> ti XVI~s-1,spécialement &i- sieurs bataillons ou escadrons>. À partir de ce sens
mentation raisonnée». +Par un développement militaire, toujours usuel avec une détition préci-
métonymique conduisant à, l’idée de Nchose régien, sée selon l’organisation de l’armée, le mot a déve-
d’après un développement particulier du verbe ré- loppé le sens familier de Mgrand nombre indéter-
gir*, le mot a été repris par les grammairiens pour min& I1623k Dans le contexte militaire, il a pris par
désigner ( 1680) un mot ou une suite de mots régis extension, au pluriel, le sens d’ccarméem (1758).
par un verbe ou par une proposition, spécialement p Régiment a servi à former sous la Révolution RÉ-
dans les syntagmes régime direct, indirect (1798) et GIMENTAIRE adj. 11791) Kqui a rapport au régi-
en apposition dans nom régime, cas r&ime. Cette mentm, spécialement au XX~ s. dans l’expression
terminologie concerne surtout le latin, l’ancien unités rkgimentuires.
français. +Au XIX~ s., le mot est passé dans l’usage Le dérivé verbal préfixé ENRÉGIMENTER v. tr.
scientifique pour la manière dont se produisent (1722) s’emploie proprement pour «incorporer
certains phénomènes physiques du point de vue dans un régiment» et, au figuré, avec une valeur fa-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3145 RÉGIR

milière pour «faire entrer (qqn) dans une partie, mot semble-t-il employé dans un contexte anato-
une coterie>> ( 1864) avec la même valeur que epnbri- mique, peu attesté après le milieu du xwe s., puis
gader. +À son tour, il a produit les dérivés ENRÉ- repris au xu(” s., avec la spécialisation de “qui se
GIMENTATION n. f. (1870) et ENRÉGIMENTE- rapporte à une région administrative>> (3 octo-
MENT n. m. ( 1866) assez rares. + Le dérivé verbal bre 1848, Bulletin des 20~3. Dans le langage adm-
simple RÉGIMENTER v. tr. (1771) «former en régi- nistratif français du milieu du xxe s., il entre dans
ment, mettre en régiment~~ ne s’est pas répandu. des désignations comme Commission de dévelop-
pement économique régional, abrégée en
RÉGION n. f. est emprunté (fin mes.) au latin re- C. 0. D. E. Ez.( 1955) et Société de développement ré-
gio, -onis cdirectiow, <ligne, limite>), aussi ({zone, gional, abrégée en S. D. Fz.Au & s., régional s’em-
territoire, pays», en particulier «quartier d’une ploie pour qualifier une division territoriale infé-
ville» et, au figuré, xqdomainen. C’est un dérivé de re- rieure au pays, dans quelque domaine que ce soit
gere &riger~> 1-+régit-). L’ancien français a eu un (économique, linguistique...). 4 Ce n’est que vers le
type populaire reiun Iv. 11191, reon (v. 12201, roion milieu du xx’ s. que l’adjectif prend les valeurs figu-
(XII”-XIII~s-1,reion (1334, roon (1334) qui correspond à rées de région, notamment “qui se rapporte à un
l’italien rione <<quartier (d’une villelx et que région a domaine particulier d’une discipline>> 11949 en phi-
évincé. losophie, Ricœur). Il qualse aussi ce qui groupe
+ Le mot a d’abord le sens large du latin regio “pays, plusieurs nations voisines dans le vocabulaire des
contréen, encore vivant au XVI’ siècle. Avec une res- institutions internationales (1956) par opposition à
triction progressive, il a développé le sens de ((zone mondial. Régional est substantivé dans de rares
qui s’étend autour d’une ville, d’un lieu» (XI~~s.l. emplois elliptiques, en sports pour un coureur ne
Puis l’idée dominante est celle d’une étendue de disputant que des épreuves régionales (1923 et, au-
territoire dont l’unité est due à la similitude de ses trefois, pour le réseau téléphonique régional 11949,
caractères physiques ou à l’origine commune des Larousse). +Le dérivé RÉGIONALISME n. m. est
populations qui y vivent (v. 13801, le critère étant attesté en 1875 dans le Journal des débuts (6 octo-
parfois précisé (1824, régions naturelks; 1904, ré- bre) pour désigner la doctrine politique et sociale
gions géographiques). Depuis le me s., le mot se dé- dont le principe est de favoriser, au sein d’une
tit également selon des critères économiques et même nation, des groupements régionaux
administratif5 (15591, variant historiquement et conformes aux divisions imposées par la géogra-
géographiquement, selon l’organisation de chaque phie et l’histoire. De nos jours, il désigne la ten-
pays francophone. Cumulant les deux types de cri- dance à conserver les caractères originaux d’une
tère, région désigne une entité assez vaste, à ï’inté- région ( 18781, sens répandu vers le milieu du XX~s.
rieur d’un pays, d’un ensemble de pays, d’un avec la montée de cette revendication. Il se dit spé-
continent. La région fiançaise traditionnelle est cialement du caractère d’une œuvre littéraire ou
fondée sur l’histoire, et se subdivise en pays carac- artistique choisissant ses sujets dans une région
térisés par un toponyme. Ainsi, en France, le mot déterminée. 0 Sous l’influence d’emplois spécial-
se précise au X~X’ s. (cf. régional, 1848) ; récemment, sés de région, il s’emploie spécialement en linguis-
il s’applique aussi aux vingt-cinq divisions territo- tique (1922 Collinet et R. Bloch) pour un mot, une
riales de la S. N. C. F. qui ont remplacé en 1971 les locution, un sens, un trait linguistique quelconque
six divisions des anciens réseaux. 0 Le mot dé- propre à une partie géographique de la commu-
signe en particulier l’établissement public organisé nauté linguistique, qu’il s’agisse d’une région tradi-
par la loi du 5 juillet 1972 disposant de ses res- tionnelle ou même d’une zone pouvant corres-
sources propres, d’une assemblée à rôle consultatif pondre à un pays entier. +De régionalisme est
et d’une assemblée délibérative. Le critère de dé- dérivé RÉGIONALISTE n. et adj. (1906), désignant
coupage est précisé dans région économique, ré- une personne favorable au régionalisme en poh-
@on de défense ( 19641, région de programme ( 19751, tique, spécialement un écrivain, une œuvre puisant
Ces termes sont propres au français de France. 4 À son sujet dans une région (1926, Giraudoux).
partir du xve s., kgion s’applique aussi à une por- 0 Sous l’influence de régionukution, le mot s’em-
tion d’espace, de surface ou de volume délimitée ploie pour désigner un partisan d’une forme d’au-
et, en médecine, à une partie du corps plus ou tonomie régionalle ( 1975). + Au m’ s., l’adjectif ré-
moins arbitrairement délimitée (v. 1478). Abstraite- gional a servi à former RÉGIONALEMENT adv.
ment, dans la continuité d’anciens emplois méta- (1902 chez Péguy) et RÉGIONALISER v. tr. (1936)
phoriques du sens de =paysn (XIII~4, le mot désigne 4ransférer aux régions une compétence qui appar-
le champ où s’exerce une autorité, une influence tenait au pouvoir central>>, également en emploi ab-
Iav. 1654). En astrologie et astronomie, il s’emploie solu (1969). + Du verbe est dérivé le nom d’action
pour une zone du ciel ( 1636). Au xxe s. il prend des RÉGIONALISATION n. f. (19601, quasi-synonyme
valeurs spécialisées en mathématiques pour dési- de décentialkation, également employé au figuré
gner une partie d’un plan limité par des droites ou pour désigner une spécialisation par zone d’acti-
des courbes ( 1904, en anatomie végétale un massif vité, dans un style didactique 11967).
de cellules séparé par des limites très nettes (1932)
et, en aviation, une zone déterminée de l’espace RÉGIR v. tr. est l’adaptation (déb. XII~~.) d’un
aérien (1964, région de navigation, d’information, de emprunt au latin regere ((diriger, guider, gouver-
vol). ner)) au propre et au figuré, <<exercer le pouvoir>, de
k Région a produit RÉGIONAL, ALE, AUX adj. re3c,regis !+ roi). Le verbe a changé de conjugaison,
( 1478) “qui appartient, se rapporte à une région)>, évinçant la forme du moyen lançais reger.
REGISTRE 3146 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Régir a d’abord le sens de agouverner, avoir sous et contrôles permettant de réaliser une émission
son autori& puis de *gérer, administrer pour son (attesté 19751, souvent dans l’expression en régie.
compte ou celui d’autrui)) ( 1466) ; il a disparu dans L’autre dérivé de régir, RÉGISSEUR, EUSE n., ap-
ces emplois. 4 L’usage actuel remonte au xvIe s. : ré- paraît au XVIII~ s., d’abord avec le sens administratif
&r prend alors le sens figuré de asoumettre (qqn, sa de {{personne qui gère par commission et a charge
conduite) à une direction, à des règles>> iv. 1550) ; de rendre compten ( 17241, disparu avec l’Ancien
puis il s’emploie avec un nom d’inanimé pour sujet Régime. Depuis 1732, le mot s’emploie pour dési-
kègks, principes, lois1 au sens de <<déterminer (qqn1 gner la personne qui administre, gère une pro-
dans ses actions, (qqch.1 dans son évolution> 11580, priété, rarement employé au féminin régisseuse.
Montaigne). 0 En grammaire, il se dit (v. 15301d’un Depuis le xrxe s., il s’emploie comme régie dans l’ad-
mot qui détermine la fonction ou la forme gramma- ministration des spectacles, désignant la personne
ticale d’un autre mot. Au XIX~ s., en sciences, il signi- qui organise matériellement une représentation
fie «déterminer (un phénomène naturel) dans ses ( 183 1) et, par analogie, dans un studio de cinéma ou
conditions et son développementx (1870, Taine). de télévision, le tournage (xx” S.I. Sous l’influence
de l’allemand, il est parfois pris (1912) comme syno-
w REAGISSANT, ANTE, participe présent de régir, a
nyme de metteur ert scène, mais cette expression,
été adjectivé Cfmxve s.1 au sens général de “qui ré-
au cinéma comme au théâtre, a en général évincé
git, gouverne-, sorti d’usage. Sa spécialisation en
régisseur. 4211 droit, il désigne, d’abord employé
grammaire pour qutier un terme qui gouverne la seul (18451, puis au xxe s. dans régisseur d’avances
fonction ou la forme grammaticale d’un autre ( 19641, l’agent d’une administration qui peut enga-
terme est attestée depuis 1775 (Condillac). ger de menues dépenses sans avoir à fournir aux
Le participe passé de régir a été substantivé au fé- comptables de justification immédiate.
minin RÉGIE n. f. Idéb. XVI~s-1au sens politique gé- 0 Voir F&GENT, RÉGIME. RÉGION.
néral de egouvemement», puis de ~palais, rési-
dence royale>, sens directement emprunté au latin * REGISTRE n. m. est l’adaptation (XIII~s.),
regia ({résidence royale, cour, basiliqueu, de re3t, re- sous l’influence d’epistie, ancienne forme d’ép&e*,
gis (3 roi). Comme ces deux acceptions, le sens mé- de l’ancien eançais regeste (v. 11551, regestre
tonymique de «quartier d’une ville dont on a le gou- (v. 1265) ({récit, histoirem. Ce mot rare a été repris au
vernement» (15563 a lui aussi disparu, l’usage XIX~ s. (1870, Littré) par les historiens médiévistes
moderne du mot s’établissant au XVII~siècle. 0 Ré- pour désigner le répertoire chronologique enregis-
gie commence alors à s’employer, sous l’influence trant les actes issus des pouvoirs publics ou inter-
de régk, pour &ministration de biens au compte venus entre des particuliers. Il est emprunté au bas
d’autrui, soumise à l’obligation d’une reddition de latin regesta <répertoire, cataloguen, féminin singu-
comptes>> ( 1670). Par spécialisation, le mot désigne lier issu du neutre pluriel substantivé de regestus,
le mode de gestion d’une entreprise publique par participe passé passif du verbe regerere «porter en
les fonctionnaires d’une collectivité publique, le arrières, <porter ailleurs*, <reporter,, d’où atrans-
type de gestion étant souvent précisé : rk@e intéres- crire, consigner>>. Le verbe est formé de re- C+ re-1
sée (18351, rbgk directe, régie municipale (19361. marquant le mouvement en arrière, et gerere ‘{par-
*Par métonymie, il désigne l’entreprise publique ter» (3 gérer). La prononciation regître était usuelle
ainsi gérée ; il sert à désigner certaines entreprises au XVII~s., sous l’influence de la forme moderne
nationalisées, bien qu’elles présentent les carac- d’épître.
tères d’entreprises capitalistes (v. 1945). +Au 4 Le mot désigne le cahier sur lequel on peut noter
XVIII~s., le mot était devenu un terme de fiscalité, des faits, noms et dates pour en garder le souvenir,
désignant le système selon lequel l’impôt est assis et spécialement un répertoire contenant des ren-
et recouvré par des fonctionnaires publics, par op- seignements administratifs, juridiques, comp-
position à d’autres systèmes comme la fem ( 1748, tables, présentés d’une manière déterminée. Des
Montesquieu); par métonymie, il a désigné l’admi- emplois particuliers concernent l’enregistrement
nistration chargée de la perception de l’impôt dans des naissances, décès, etc. dans les paroisses
ce cadre 11779, Condorcet) puis, par extension, l’ad- ( 1680) ; après la Révolution apparaissent reghtre
ministration chargée de percevoir l’impôt, son per- d’état civil (18041, au xx” s. registre d’avoué (19361, re-
sonnel, ses bureaux, spécialement sous la dénomî- gistre du commerce, des métiers. 0 Le mot a eu un
nation régie financière ( 1936). w En comptabilité sens figuré dans être sur les registres de qqn (16691,
publique (19361, régk désigne le règlement d’une tenir registre 116361, avoir sur son registre (1875)
dépense future au moyen d’une avance. Régie de aavoir en mémoire)). Par extension, il s’emploie à
publicité s’applique à une agence chargée de la propos d’un compte rendu, d’un recueil. c= fl a dé-
vente d’espaces publicitaires aux annonceurs. veloppé en informatique le sens de support d’in-
0 Par une autre spécialisation ( 18401, en relation formation en cours de traitement dans un Or&na-
avec l’emploi de régisseur, il désigne la conduite et teurn (v. 1965).
l’organisation matérielle d’une représentation Un emprunt direct au latin médiéval regktmm
théâtrale, puis au XX~s. (19241, d’une production ci- campanue, <<corde de clochen, explique l’usage du
nématographique, et, spécialement, le travail de mot en musique pour désigner les commandes
mise en scène ~19%) kf. réghseurl, désignant aussi d’un orgue que l’on tire ou pousse à la console,
par métonymie le local réservé au régisseur 11958). ainsi que les réglettes de bois situées sur la partie
0 Régie Ide rudiotélkwlsionl s’applique au local supérieure du sommier ( 1559). + Par extension de
technique dans lequel sont réunis les commandes ce sens, registre s’est dit du changement dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3147 RÈGLE

l’étendue de la voix d’un chanteur ( 18351, sens sorti tion savante du latin regula Gnstrument servant à
d’usage, et désigne l’étendue de la voix d’un chan- mettre d’équerre n, «étalon permettant de juger, de
teur (18111, l’étendue des sons qu’un instrument corriger», (<barre, latte>. Le mot est dérivé de regere
peut émettre 11904). +D’autres emplois figurés et (-, régirl. +En français, ce type savant a évincé au
techniques apparus plus tôt sont indépendants de XVI” s. les formes populaires reille abarre servant à
la musique. Des 1559, le mot désigne l’étendue des refermer une porte» Ifin XI” s.), ride {(prescription
moyens dont qqn dispose dans un certain domaine d’ordre moral>) Iv. 1190) et ~4nstrument de forme
(d’abord à propos de la parole). +En technique, re- rectiligne>) Cv. 1170).
gtitre désigne (1676) une plaque mobile servant à + Le mot est emprunté avec une Va[leur figurée très
régler le tirage dans un conduit. En typographie, il générale : *prescription d’ordre moral, intellectuel
correspond, après avoir assumé d’autres accep- ou pratique s’appliquant à la conduiten. Au XVII” s., il
tions 114961, à la correspondance des lignes d’une a pris le sens plus restreint de <prescription fondée
page imprimée avec celle de l’autre page du même sur l’usage, les conditions, et à laquelle il convient
feuillet ( 1588). 0 La même idée de régulation inter- de se conformer dans certaines circonstances~
vient dans la spécialisation du mot en art, à propos (av. 16621, servant à former des locutions : dans les
de chacun des compartiments entre lesquels est di- règles (1688, Racine), en règk (17401, de règle
visée la surface d’un bas-relief, d’une peinture ou la Cv. 17801, pour la bonne régie ( 1935). + Dès le xvre s.,
panse d’un vase ( 1875). une restriction d’une autre nature le fait appliquer
F Le dérivé REGISTRER v. tr. Iv. 12831 s’employait à une prescription qu’il convient de suivre dans
en ancien tiançais pour &wzire sur un registre>>. l’étude d’une science, d’une technique, d’un métier
Concurrencé par enregistrer Ici-dessous), ce verbe 11538) ; de ce sens procède l’emploi du mot en art et
a disparu en dehors d’un emploi technique en en littérature 11660, règles classiques), ainsi qu’en
droit. Il a été repris au xxe s. en musique en parlant grammaire 11690). Le même sens est réalisé dans il
d’une technique d’interpretation d’une œuvre en y a des exceptions à la r&@e (av. 16621, devenu il n’y
choisissant les registres Ià l’orgue, au clavecin). a pas de règle sans exception (1870) et I’exceptim
+Le dérivé REGISTRATION n. f. 11435) ((enregis- confirme la d@e 11870). -Au XVI~ s., le mot se spé-
trement)) a lui aussi disparu. Puis, le mot a été re- cialise en mathématiques ( 1520, rè@e de trois), en-
pris au xx” s. comme terme de musique. trant dans l’expression les quatre règles (1690) <<les
Dès le xf s., ENREGISTRER v.tr. est employé quatre opérations fondamentales de I’arithmé-
pour *inscrire sur un registre)), spécialement en tique)}. -11 s’emploie surtout au pluriel pour l’en-
droit atranscrire (un acte) sur un registre publîcD. semble des conventions propres à un jeu 115381,
Par extension, il se dit pour <consigner par écrit>) donnant au figuré l’expression la régie du jeu
(v. 1360) et, abstraitement, *constater pour se le E192 1). + Dès le moyen français, il s’emploie dans un
rappeler». +Ultérieurement, il est appliqué au fait contexte général, au sens de =ce qui se passe, ce qui
de recueillir des informations sur un support au se produit ordinairement quand certaines cir-
moyen d’un instrument (18701 et, couramment, de constances sont réunies)) (14581, dans les locutions
aconserver pour reproduire Ile son, l’image)» c’est Ia règle (17071,en règle g&érale (déb. xxe s-1.
(xx” s.l. Absolument, enregistrer se dit surtout pour +Le mot a reçu une acception spéciale dans le
wecueillir le son en vue d’une émission de radio ou cadre de la vie domestique, en relation avec régu-
de la réalisation d’un disque, d’une bande», mais lier, d&ignant l’ensemble des préceptes qui la ré-
aussi pour «recueillir les images et le son, en télé- gissent krve s.1 d’où, au figuré, la locution vitre se-
visionp. +Son emploi courant à propos de bagages lon la règle (av. 1% 1, Gide). Son sens, comme celui
(mil. XX~ s-1 procède d’une spécialisation du sens de loi, passe au XVII~ s. de l’idée d’obligation sociale
ancien d’~inscrire~ [moyennant un droit fiscal) à celle de <(loi naturelle et scientifiquen (av. 1650,
[av. 16151. 0 Le participe passé ENREGISTRÉ, ÉE Descartes) et de &gularité~~ 11671, M”” de Sévi-
est courant comme adjectif dans ces acceptions. gné).
+Le dérivé ENREGISTREMENT n.m. (1310) a L’acception de q<menstruesn que reçut le pluriel
suivi le même développement, prenant au xrxe s. le règles (1690) relève, comme les emplois précédents,
sens élargi d’eaction de consigner par écrit» (1863) de l’idée de réguIarité : <ce qui se produit à inter-
et, en sciences, «action de stocker sur un support valles réguliers~~ ; cette valeur du mot s’est déta-
(des informations)» (18701, répandu au xxe s. dans chée sémantiquement des autres emplois.
l’usage courant, dans ses applications audioti- Le sens concret de règle est emprunté au latin
suelles, surtout pour le son, par exemple dans stu- ( 1317) ; en procèdent de nombreux emplois pour
dio d’enregistrement. -Par métonymie, il designe désigner des instments scientfiques : règle à cal-
le support sur lequel a été effectuée l’opération. cul i18421, règle 1ogarithmQue (18421, règle graduée
Depuis le milieu du XX~ s., il désigne l’opération (18931, règle d’appareil (1904). +Dans le langage
consistant à constater et à inscrire les bagages dont technique moderne, le mot désigne une planchette
les voyageurs ne conservent pas la garde. - ENRE-
épaisse dont le maçon se sert pour lisser une sur-
GISTRABLE adj. (15801 qualifie ce qui peut être face cimentée I1904, un instrument de plâtrier
consigné par écrit puis sur un support. +ENRE- Il 904, règle ù Tnanchetie), d’ajusteur-mécanicien ou
GISTRANT, ANTE, participe présent d’enregistrer, de vérifkateur C19321, et l’organe de la machine à
est adjectivé avec le sens actif de “qui enregistre>> papier qui délimite l’épaisseur de la feuille 11964).
118981, d’abord dans le langage technique.
F Le dérivé le plus important est RÉGLER v. tr.
+# RÈGLE n. f., d’abord reug2e (XI~~s.1 puis reg’le (12781, apparu avec le sens figuré de <gouverner
Cv, 12651, encore souvent rigle au XIV~ s., est l’adapta- (qqn), et, simultanément, le sens concret de «mar-
RÈGLE 3148 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

quer (le papier) de droites tracées à la règle, puis comme du papier ù musique (1640) -organisé de
impriméew (1288). Le verbe a suivi un développe- manière méticuleuse». 0 Au figuré, à l’idée de sou-
ment parallèle & celui de règle, les sens figurés mission à une règle sociale s’ajoute celle d’organi-
étant aujourd’hui largement dominants. L’accep- sation dans *assujetti à un ordre régulier-, d’abord
tion de ctgouvernep, aussi à la forme pronominale en parlant de troupes ( 16541, puis celle de régula-
(déb. XIV~s., se &ugZer cse gouvemer4, est sortie rité, comme pour le sens de amenstrue>>, à propos
d’usage au XIX~ siècle. oLe sens de asoumettre à d’une fièvre aux accès réguliers ( 16901. Il s’applique
des règles, contrôler, discipliner ses actions, ses aussi à une tiaire décidée, tranchée (16861.Dans le
pensées, ses sentiments, Iv. 13501 est aujourd’hui domaine technique, réglé se dit d’un appareil mis
littéraire ou archaïque, y compris avec la nuance au point, soumis à un réglage (av. 17471.En mathé-
de asoumettre à la mesure, modéren (16401, qui matiques, surface réglée s’applique à une surface
était courante au XVII~siècle. 0 L’emploi pour &ri- engendrée par une droite mobile dépendant d’un
ger en tant que règle ou principem (15381, avec un paramètre (18751. 4 En moyen français, réglé a pro-
sujet désignant une chose abstraite, s’est conservé duit un adverbe en -ment, d’abord écrit regleement
dans l’usage littéraire, tandis que celui pour =Servir En xrves.1puis reiglémeat Cv.15501, reglement et en-
de modèle, d’exempleu lav. 17421, qui procède du fin réglément ( 163 1). Probablement gêné par la res-
précédent, a disparu. *Le sémantisme du verbe semblance avec règZement n. m., cet adverJae est
s’enrichit au XVII’ s. : régler sa conduite sur “agir en sorti d’usage après le XVII~siècle. Il signifkt
conformité avec qqn ou qqch.s (16401, au pronomî- aconformément à la règle, à la discipline» CCn
naI réfléchi se régler sur gqn ( 16401, sur qqch. 116441, xv@s.1; quelques emplois au sens de apériodique-
idée qui était exprimée par se régler par qqn ment, régulièrement~~ Cv.15501 se rencontrent en-
(v. 1460) et régler a gqn, ù @J. @n xwe s. et encore core dans un style très littéraire. +RÉGLAGE
au XVII~s.l. Du sens de &er dans les détails, déci- n. m. (1508) sert de nom d’action à régler, d’abord
derB (16291, on passe, avec un sujet désignant la pour le fait de régler du papier. Rare avant le xrxe s.
chose qui règle, à <rendre (un processus) régulier, (18321, il a pris plusieurs valeurs techniques, dé-
soumettre (qqch.1 à un ordre, à un rythmeB signant la façon de régler un mécanisme ( 18701, par
(av. 1854). 0 Régler correspond aussi à &soudre, métonymie les différents organes d’un émetteur ou
trancher (une question délicate ou compliquée)>> d’un récepteur chargés d’établir une relation cor-
(1654) et se régler a signif% ase décidep (16623, sens recte (19321, et en armement l’ensemble des opéra-
sorti d’usage comme l’emploi transitif pour amettre tions ayant pour fm d’amener sur un objectif le
en ordres ( 16851, Nremettre d’accord Iles gens)n point moyen du tir d’une piéce ( 1904). D’autres spé-
( 1679). * En comptabilité, le verbe correspond à WY= cialisations techniques sont apparues au xxe siècle.
rêter (un compte) après la dernière opération ef- -RÉGLEUR, EUSE n. correspond à réglage et dé-
fectuée et acquitter le soldes (16903, aussi en emploi signe l’ouvrier chargé de régler les feuillets d’un
absolu (Iru” s.); par métonymie, régler qqrt si-e livre (1527). ce sens, comme celui de <personne ré-
apayer (la personne à laquelle on doit qqch.)m (1851) glant le papier en feuilles à la machine, (17041, a
et régler urw somme 9 qqn &i payer son dûm.De ce disparu. oDe nos jours, le mot désigne la per-
sens devenu courant procède l’emploi familier sonne assurant le réglage de certains instruments
dans la locution figurée régler le compte de qqn et appareils (1877) et, dans l’industrie mécanique,
(18511, devenue r&.ler son compte B qqn 119351et l’ouvrier chargé de régler l’outillage sur les ma-
avoir un compte, des comptes ri régler avec qqn chines (1932). S’appliquant à des ma&nes, le fémi-
( 1964). + L’emploi de régler dans le domaine tech- nin RÉGLEUSE n. f. sert à dénommer une ma-
nique, au sens de amettre (un mécanisme, un appa- chine à ré@er le papier en feuilles (1852).
reil, une machine) en bon état de fonctionnement* RkGLEMENT n. m., d’abord reglemens (14651, rei-
0688) est lui aussi devenu usuel. Par extension, ré- glement ( 1538) avant règlement ( 16 1 I.1, désigne une
gler se dit pour *assurer Eune opération) dans les décision législative faisant autorité et, spéciale-
conditions d’exécution voulue% (18261. Au ti s. ap- ment, dans le régirne parlementaire (après 18711,
paraissent des spécialisations (1904, régler des chro- un acte législatif de portée générale, émané d’une
now&res), notamment en parlant d’un moteur. autorité autre que le parlement pour légiférer sur
Régler a servi à former de nombreux dérivés. RI?- des matières non réglées par la loi. + Par extension
GLOIR n. m., créé au XIII~s. sous la forme rigloir, du premier sens, règlement s’applique à l’ensemble
désigne d’abord un instrument servant à rkgler le des dispositions auxquelles doivent se conformer
papier; il a été repris (17231 avec une valeur tech- les membres d’une collectivité, en général
nique. + RhGLÉ, ÉE, le participe passé de régler, (av. 16481. Par métonymie, il désigne concrètement
adjectivé sous la forme tigZé (13731 puis reiglé (CII l’imprimé donnant ces dispositions servant à for-
xv” s.), enfin réglé (15593, possède les valeurs figu- mer les noms de décrets ptiiculierz, comme Rè-
rées de “qui a une vie méthodique, organiséen, aqui glement d ‘Administration publique (18361. 4 Il s’est
est soumis à des règles, des principes» et «qui est spécialisé pour l’ensemble des prescriptions
dirigé dans le respect de certains principes>) I16901. concernant les actes militaires (18352, désignant
0 Les médecins du XVI~s. l’appliquent à une femme particulièrement une disposition réglementaire
qui a ses menstrues, dans la locution bien réglée de ( 1834). + Son emploi comme nom d’action de régler
ses mois Iv. 1560, Park), puis en emploi absolu ( 1658) remonte au début du XVII~s. : qaction de soumettre
ou précisé par un adverbe (1718). +Au XVII~s., réglé à une discipline morale, intellectuelle ou pratique-
est attesté au sens concret de “qui porte des lignes (av. 16051, sens disparu. C’est aussi au XVII~s. que le
droites>, en parlant d’un papier 11640) d’où réglé mot désigne le fait de soumettre une chose à un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3149 RÈGNE

ordre déterminé, de ker ce qui doit l’être dans tel RÉGLISSE n. f. est, après requelice (XIII~s.l et
ou tel domaine (av. 16481, sens dont sortirent plu- regulisse ( 12681, une des altérations (13931 de l’an-
sieurs emplois normatifs en droit (dès 1585, le règle- cien fkançais ricolice @in me s.1,l’initiale ré&, r+ul-
ment de plaidoirie). Ultérieurement, il s’étend au pouvant venir de l’influence de règle*, la réglisse
fait de régler une question (18351, de payer une étant vendue en bâtons. Ricolice est la déformation
dette ou un dû (18241, entrant avec ce dernier sens par métathèse de licorece (v. 11381, korice (me s.)
dans la locution figurée tiglement de comptes [cf. anglais Ziquoricel, qti remonte au bas latin liqui-
(1832; répandu mil. me s.1*acte d’hostilité punitive>) ritia, altération, sous l’influence de @or (3 lî-
et dans des formules commerciales len votre ai- queur) du latin classique glycyr&iza. Ce dernier est
mable réglement1. +De règlement sont tirés RÉ- emprunté au grec glukkutiza désignant une
GLEMENTER v. tr. (17681, employé avec ou sans plante dont les racines rhizomateuses sont riches
complément (18401, et RÉGLEMENTAIRE adj. en sucre et simant proprement -racine douce»,
( 1768) «qui multiplie à l’excès les règlements>, sens de glukus c<douxm (-+ glucose) et rhiza waknes
disparu, puis “qui concerne les règlements> (1780). (--+rhizome). 0 Parmi les nombreuses déforma-
+DU verbe sont dérivés REGLEMENTATION n. f. tions du mot, reygalisse (XVI” s.1 est une interpréta-
(1845) «action de réglementefi et, par métonymie, tion du mot par rai (de radix aracine», + radis, rai-
<<ensemble des mesures qui régissent une question> fort) de Galice, la Galice ayant été longtemps le
(18751, et RÉGLEMENTATEWR,TRICE adj.etn. principal fournisseur de réglisse : rai de G&ce s’est
(av. 18653 qui élimina la forme non savante régie- employé jusqu’au XX~s. en Suisse.
menteur ( 1775, Condorcetl. + L’adjectif réglemen- +Le mot désigne la racine d’une plante employée
taire a servi à former RÉGLEMENTAIREMENT en pharmacie et pour des boissons rakîchissantes
adv. (1845) ainsi que RÉGLEMENTARISME n. m. (XIII~s.), spécialement dans jus de réglisse (1256, sous
11870) et RÉGLEMENTARISTE adj.et n. (19251, la forme ricoke) et bûton de r&$he (v. 15601.Dans
souvent assortis d’une connotation péjorative si- les emplois elliptiques, malgré les recommanda-
gnalant l’abus de réglementation. + De réglementer tions des puristes (qui l’ont condamné en 18351, le
vient le préfixe antonyme DÉRÉGLEMENTER masculin prévaut dans l’usage courant. Par analo-
v. tr. (v. 1980) et, de réglementation ou de ce verbe, gie, le mot entre dans les dénominations de plantes
DÉRÉGLEMENTATION n. f. EV.19801. comparées à la réglisse ( 18501,notamment dans ré-
RÉGLURE n. f. 11549) concerne l’opération de ré- glisse sauvage (18701, réglisse d’Am&ique, des bois.
glage du papier et, par métonymie, son résultat +L’origine végétale de la réglisse étant le plus
116433. +Enfin l’adjectif RÉGLABLE (18421 est souvent oubliée ou inconnue, régksse ne désigne
d’usage technique et courant. plus en fkançais moderne que la substance comes-
DÉRÉGLER v. tr., d’abord desreigler (v. 12801, a éli- tible noire fabriquée à partir du rhizome de la
miné la forme populaire desrieuller (XIII~s-1,derieu- plante et servant de cotiserie.
Zer, desrieler au cours du ~VI~s. et pris sa forme m-
tuelle, dérégler ( 1636). Le verbe si@e amettre en RÈGNE n. m. est la réfection @n xes.) de la
désordre, bouleverser, déranger= au propre, et au forme populaire Tey (v. 9801, par emprunt au latin
figuré <troubler l’ordre moral, la discipline de» regnum Kautorité royalen, =souverainetén,
(1690). +Le dérivé DÉRÈGLEMENT n.m.,d’abord =royaumev, <<étatde roi>>, de rex, regis E-+roi). L’an-
desriglement ( 1458) et desreiglement (15381, avec la cien fkançais a eu de nombreuses variantes, cer-
graphie moderne au xvne s., a eu comme le verbe et taines issues de regnum par voie orale, rein, reine,
son participe passé le sens figuré de <désordre ruine Cv.11901, resne ti XII~~3.1,ainsi que ranne
dans la conduite morale, le savoir-vivre)) (XVI~s.1, Cv.11751, renne ~III~ s-1, ruinne, d’autres demi-sa-
devenu archaïque au profit d’autres valeurs méta- vantes, comme rengne, raigne, reigne.
phoriques (Rimbaud : le dérèglement de tous les + Le sens d’emprunt de règne “pays* a été pris par
sens). +D&RÉGLÉ, ÉE, participe passé adjectivé royaume, se maintenant plus longtemps en religion
~VII~ s.), a donné l’adverbe DÉRÉGLÉMENT (1835) dans l’expression règne de Dieu (1553, mtérieure-
quasiment inusité ; DÉRÉGLAGE n.m. (1956) ment regne Dieu) et, quelquefois, à propos du
constitue un nom d’action à valeur dynamique, à royaume de Naples Iv. 1300). +Le sens d’cendroit,
côté de dérèglement. quartierm, procédant d’une extension de la même
Outre le groupe important formé par régler et ses idée spatiale, est propre à l’andien français. C’est à
dérivés, règle a servi à former deux noms concrets la même idée transposée abstraitement (cf. do-
par stixation diminutive. *RÉGLET n.m. (1370) maine) que le mot doit de désigner, en sciences na-
epetite règle à l’usage des écoliers», s’est maintenu turelles, chaque domaine d’étude correspondant
dm des spécialisations techniques, en charpente- aux trois grandes divisions de la nature sensible et
rie ( 15301, en imprimerie (1635) et en architecture chacune de ces divisions : rèae v&éM, animal,
(1688). +Le féminin RÉGLETTE n. f., après avoir minéral (17303.0 L’emploi de règne en philosophie,
désigné, sous la forme reglete ( 1415) l’aiguille d’un notamment à propos de Kant ( 19381, réalise l’idée
cadran, a reçu sa forme actuelle (16803 au sens de analogue de <<vasteensemble d’êtres unis et gou-
apetite règle plate utilisée dans l’imprimerie>>. Il dé- vernés par un principe commun».
signe aussi une règle à quatre faces égales (18453 et Cependant le sens actif de -gouvernement exercé
une petite règle utilisée en topographie et en balis- par un roi, un souverainn apparaît dès le XLI”s.
tique 11904, réglette de direction). Iv. 11551; par métonymie, iI s’y mêle dès cette
0 VO~~BARIOLE,~.~GULIER.RIGOLE.RILLE~ES. époque l’acception temporelle d’aépoque histo-
RÉGNICOLE 3150 DICTIONNAIRE I-IISTORIQUE

rique à laquelle correspond l’exercice effectif du RÉGRESSION n. f. est emprunté CxrvW au


pouvoir d’un souverain= Bisous le règne de...) d’où, latin regressio, -anis aretourp, en rhétorique cre-
par extension, «période d’exercice d’un pouvoir po- prise à la ti d’un énoncé de ce qui est énoncé au
litique absolw (1636). + L’emploi figuré du mot at- début*, de regressum, supin de regredi <revenir, ré-
testé en moyen français par la locution être en trograder}), de re- (+ re-1 marquant le retour en ar-
règne &tre en vogueu (av. 14531, sortie d’usage rière, et grudi amarcher, avancerti (-* grade).
après le XVII~“, s’est développé au XVII~ s., en parlant + Le mot apparaît en français avec le sens concret
de la domination d’une personne ou d’un groupe et général de <marche en arrière, recul>, sorti
dans un domaine donné (1660, Bossuetl et, abstrai- d’usage au xwe s., mais dont procède une spéciali-
tement, de l’influence d’une idée, d’une théorie sur sation en géologie à propos de l’abandon par un
la manière de penser ou d’agir d’une époque (1670, milieu générateur de dépôts, des territoires qu’il
Bossuet). Ce sens est réalisé spécialement dans occupait 11923). oLe mot est peu attesté jusqu’au
l’expression le rè@ de lu loi (1936) désignant le ré- XVII~~ s., époque où il est repris en rhétorique (1765,
gime juridique dans lequel les gouvernants et leurs EncycEopédiel. II se répand assez récemment avec
agents sont tenus de se soumettre aux règles de le sens d’&volution en sens inverse du progrès, af-
droit posées par la loi ou le règlement. +Une ex- faiblissementm ( 18991, extension de l’acception spé-
tension métonymique concrète, désignant un objet cialisée, aretour d’un tissu, d’un organe, d’une fonc-
symbolique du règne, correspond à <couronne sus- tion, d’un individu à un type moins évolue- (1865),
pendue au-dessus du maitre-autel dans certaines introduite par Wetter et Burdach ; il est alors op-
églises* (16901, désignant spécialement chacune posé à progression. * Au XX~ s., régression s’emploie
des trois couronnes qui, depuis le XIV~ s., forment la en logique pour une démarche de la pensée allant
tiare pontticale 116521, appelée pour cette raison des conséquences aux principes (attesté 19471, en
TRIRÈGNE n. m. 116901, emprunt au latin tire- psychologie à propos du retour d’un individu à des
gnum, par l’intermédiaire de l’italien kiregno. modes de comportement caractéristiques d’un état
F RlkNER v. intr. est emprunté en même temps antérieur du développement et, en psychanalyse,
que règw (v. 980) au dérivé latin regnare *être rein, de la réapparition de formes infantiles de l’tiecti-
au figuré adominew Le verbe apparaît au sens vité comme mécanisme de défense lors d’un conflit
propre, pour <exercer le pouvoir politique en tant ( 1906, régwsiun de la personnalité ; 19 11, régres-
que roi ou souverain dans un Etatn. Il a cette valeur sion). 11est aussi passé en mathématiques où il dé-
dans deux formules politiques qui fient date : le roi signe la réduction des données d’un phénomène
règne et ne gouverne pas (18301, de Thiers, et titi- complexe en vue de le représenter par une loi sim-
ser pour régner, enregistrée en 1864 par Littré. plificatrice.
- Dès l’origine, régner s’emploie au figuré à propos b Le mot a produit quelques dérivés fournissant des
d’une personne (d’abord le Christ) exerçant un antonymes à progressif et à progresser. + RÉGRES-
pouvoir ou une hégémonie sans partage (v. 9801, SIF, TVE adj. est d’abord 11842) un terme de logique
emploi bientôt étendu à une chose qui exerce une pour craisonnement qui remonte des consé-
influence prépondérante dans un domaine quences aux principes». Littré (18703 l’enregistre au
(v. 1174). + L’affaiblissement de la notion d’in- sens de “qui va en arrière *, “qui constitue un retour
fluence en celle de mode aboutit au sens de <jouir à un stade antérieur moins évolué%, devenus cou-
d’un certain crédit, d’une vogue» ( 16691, en parlant rants. Il a développé les spécialisations correspon-
d’une chose matérielle ou abstraite qui existe, s’est dant à celles du verbe en biologie (18551,en psycho-
établie quelque part 11533) ; ce sens est fréquent logie et en géologie (1964). 0 En est dérivé
dans la forme impersonnelle il règne, suivi d’un RÉGRESSIVEMENT adv. (18701, d’usage didac-
nom (av. 1696, La Bruyère) et en parlant d’une ma- tique. +RÉGRESSER v. intr. (18781, introduit en
ladie qui sévit ( 173 1) ; avec une valeur ironique, il se médecine, a le sens général d’&voluer dans un
retrouve dans la locution familière et ironique 1a sens inverse du progrès* (1893). Ce verbe a des em-
confiance règne! (xx” s.l. +Au XV$ s. régner a pris plois spéciaux en psychologie et en psychiatrie,
en architecture le sens de as’étendre en longueur ainsi qu’en géologie 11964).
sur une ligne continue, (16111. + Le participe REGRÈS n. m., d’abord regres (12101, est l’adapta-
present RÉGNANT, ANTE, substantivé au mas- tion du latin regressus Kaction de revenir en ar-
culin au sens de =règnem EV. 1138) sorti d’usage, est rièrem, employé en droit (XI~ s.), de regressum, supin
adjectivé (v. 1350) au sens propre Iptince ré- de regredi. ll a d’abord eu le sens général de we-
gnant, etc.) puis au figuré Iv. 1460) dans un usage tourm et désignait spécialement, en moyen tiançais,
littéraire ou soutenu. le droit de rentrer dans un bénéfice résigné ou per-
RÉGNICOLE adj. est formé (1509) de règne et de muté lorsque le résignataire n’observtit pas les
l’élément -coZe; le latin chrétien atteste regnicolae conditions stipulées (15501. Sorti d’usage, il a été re-
chabitants du royaume des cieux)). oLe mot s’ap- pris d’après progrès et régresstin, pour «évolution
plique aux habitants d’un royaume, d’un pays, par régressiveti 11907); il est resté rare du fait de l’ho-
opposition aux étrangers. Il est archaïque ou histo- monymie de regret.
rique.
REGRETTER v. tr., d’abord regreter (10501, est
d’origine incertaine. Le verbe vient probablement
RÉGNICOLE -3 RkGNE de re-* et d’un verbe non attesté emprunté à l’an-
cien scandinave grata apleurer, gémir*, de la fa-
REGORGER + GORGE mille du gotique grêtun =Pleurer, se plaindrep et de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3151 RÉGULIER

l’anglais to greet ccpleurerm. La forme regreter, au xve s. dans à reflet Iv. 1460) du déplaisir éprouvé
lieu de regruter, plus rare en ancien français, fait quand les faits, les circonstances s’opposent à la
difkulté. Cependant, selon P. Guiraud, regretter réalisation de ce que l’on souhaitait pour soi ou
pourrait représenter un latin populaire “recrepitare pour un autre (av. 1549). La langue classique em-
<faire éclater sa douleur en cris et lamentations, ployait la construction avoir regret que (1664) ;
reconstitué à partir de crepitare «émettre un ch- l’usage moderne les formules de politesse avoir le
quetis, un grincement, un claquement» et afaire re- regret de (18341, être au regret de, à mon grand re-
tentir, avoir toujours qqch. à la bouchem (-+ crépi- gret (1790) et, au pluriel, exprimer ses regrets
ter). Ce verbe est un fkéquentatif de crepare, par (XIX”S.I. +Re@etier a aussi produit REGRETTABLE
exemple dans crepure pauperiem <Mer misère>>; adj., d’abord re@etuble (av. 1472) au sens actif de
cependant, cette hypothèse semble contredite par “qui exprime le regrets, sorti d’usage. *Puis, le
le fait que l’ancien français disait aussi regruter mot qualiCe une personne (1515) et, plus souvent,
(v. 11901, forme qui a survécu jusqu’au XVIII~s. dans une chose (1694) qui mérite d’être regrettée, que
l’anglais to regrute (to regret est plus récent) ; I’alter- l’on regrette. Le sens de “propre à causer du re-
nance des voyelles a et e s’explique probablement mords, déplorable)} (18331 est réalisé dans la tour-
par l’influence d’un verbe comme acheter à côté de nure impersonnelle il est regrettable que @II
la variante achuter; l’adjonction du préfixe re- est XIX~ S.I. L’adjectif s’emploie rarement à propos
due à l’influence de nombreux verbes de la vie af- d’une personne ( 1875). + De regrettable est dérivé
fective et intellectuelle commençant par re-, tels re- l’adverbe REGRETTABLEMENT, tardif (1834) et
pentir, remémorer, remembrer, recorder, kf. record, assez peu usité.
record.
+ Le verbe Sign%e en ancien tiançais ase lamenter REGROUPER -+ GROUPE
au sujet d’un mort>> 1105O), cappeler (qqn1 au se-
cours, împlorern I10801, 4nvoquer dans ses RÉGULARISER, RÉGULATEUR, RÉ-
plainte+ (v. 1155) ; il s’employait à la forme imper- GULATION -+ RÉGULIER
sonnelle (1080) pour dire qu’une chose est cause de
sotiances. 0 Comme verbe de parole, il simait RÉGULIER, IÈRE adj. et n. m. est la réfec-
auss1 «mentionner>>, <<exposer des faits, raconter», tion (déb. xwe s.) par changement de stixe
*demander (de faire qqch.k +En moyen français, (comme dans bouclier, sanglier, singulier) de l’an-
apparaissent les deux valeurs modernes : cressen- cien adjectif reguler h. 11191, emprunt au latin im-
tir de façon désagréable ou pénible la perte ou l’ab- périal reguluti aen forme de barre> et, au figuré,
sence de (qqn, qqch.)>> (v. 1460 chez Villon) et <<être “qui sert de règle>, <canonique>, dérivé du latin
indisposé, contrarié par (un fait, une situation qui classique regulu (+ régie). En latin médiéval, l’ad-
s’oppose Èt ce que l’on désireIn (v. 14601, d’où pro- jectif est entré dans la terminologie des calendriers
cède la valeur &Prouver du déplaisir à ce qu’une (XI~ 5). L’ancien français a employé les formes po-
chose n’existe pas* ( 16901, avec les constructions pulaires reuler (v. 1180, en anglo-normand), riuler
classiques regretter de ce que ( 1651) et regretter que (v. 12101, rieuler, francisées d’après le substantif
et subjonctif (18381. Par extension, regretter, suivi reule, ride b règle).
d’un complément inanimé ou de l’infmitif, signSe + L’adjectif quaMe en ancien français une chose
4tre mécontent de soi ou se sentir coupable)> conforme à la règle, d’abord dans l’expression jurs
116681, spécialement en encouragement à agir regulers désignant le nombre qui, ajouté à l’épacte
( 1918, VOUSne le regretterez pus) et en menace E1920, de l’année, permet de savoir quel jour de la se-
tu le regretteras). La valeur spéciale de Ndonner maine tombe le premier jour de chaque mois
qqch. à regret, à contrecœur>> (1668) n’est plus per- Iv. 1119). - Sous l’influence de règle, l’adjectif quali-
çue comme telle. EI&I, regretter, en construction fie ce qui est conforme aux règles morales
transitive indirecte, sert à exprimer à qqn le déplai- (déb. XIII~SJ et, de là, s’emploie à l’époque classique
sir qu’on a d’avoir agi de telle ou telle façon, à s’ex- pour qutier une personne soumise aux devoirs
cuser de ce dont on s’estime responsable; de ià de la morale et de la religion ( 1671) ; cet usage a
l’emploi de je regrette, à l’oral, pour opposer un dé- vieilli, mais le sens voisin de aqui respecte un cer-
menti (attesté depuis 1964 dans les dictionnaires). tain code de l’honnêtetém l’a réactivé dans la langue
b REGRET n. m., déverbal (v. 1160) de regretter, familière (19.221,à propos des personnes et de leurs
présente la même histoire sémantique que le actes [le coup est vache, mais régulier1 ; cf. ci-des-
verbe : en ancien français, il était surtout employé sous l’abréviation réglo. 4Par spécialisation du
dans les locutions faire regret & «manifester sa sens courant, «fait dans les bonnes forme+ I 15521, le
douleur au sujet de)>, faire regret ù qqn «reprocher mot devient un terme de droit ( 1676, une procédure
à>, et, en moyen français, avoir le regret de, en, à régulière) et s’applique à toutes sortes de do-
(13771 <&nquiéter de». Le pluriel regrets exprimait maines : logique, grammaire et versification (1690);
des plaintes, des lamentations (XIII~ s-3. +L’usage la langue classique l’emploie spécialement pour ce
moderne du mot remonte à la fin du xv” s. avec le qui est conçu selon les règles édictées en matière
sens de asentiment pénible causé par la perte ou littéraire (16601, le substantivant avec la valeur de
l’absence de qqn, de qqch.)), spécialement dans la 4assique, puristen. Ultérieurement, il prend le
formule funèbre regreks éternels ( 1869). + Regret se sens vague de “qui se déroule normalement= ( 1875).
dit aussi du mécontentement de soi ou de la culpa- + Dès l’ancien français, l’adjectif avait repris au la-
bilité dus au fait que l’on estime avoir agi de façon tin ecclésiastique (saint Augustin3 une spécialisa-
inadéquate ou répréhensible ( 1530) ; il se dit dès le tion religieuse, se disant des ordres soumis à une
RÉGULIER 3152 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

régie interne (v. 1175) par opposition à séculier, et, conforme à la règle monastique et substantivé au
par métonymie, des lieux qui sont dans la clôture moyen âge pour désigner celui qui ne peut être or-
d’un couvent (1690). Dans le langage militaire, il donné selon les règles monastiques. +Le mot ap-
qualifie des troupes permanentes dependant du paraît dans le langage religieux pour quamer celui
pouvoir central et soumises à des règles strictes qui, après avoir reçu les ordres ecclésiastiques, de-
117511. + Dès l’ancien fknçais, l’accent passant de vient incapable d’en exercer les fonctions pour
l’idée de règle à celle de rythme constant, l’adjectif avoir encouru les censures. 0 Sous l’influence de
quaJifie ce qui se développe dans le temps d’une régulier, il s’applique en général à ce qui n’observe
manière uniforme, constante, sans présenter de pas les règles, en droit (12831, avant de s’étendre à
variations I~II~-XIII~ s.1, c’est-à-dire un mouvement, ce qui n’est pas conforme aux règles en général
un processus, une activité, un travail, un effort (v. 13701, avec des spécialisations en grammaire
(18871, le pouls (1870). 0 Avec cette même valeur, il kve s.), en versification ( 1690) et en esthétique
se dit des personnes dont l’activité est marquée par ( 1694). + D’après régulier, il a pris le sens de =non
la constance, la ponctualité ( 1658, La Rochefou- uhformen en parlant d’un mouvement, d’un pro-
cauld). Au XVII~s., en accord avec les canons de l’es- cessus 115801, développant le sens concret de unon
thétique classique, il caractérise une chose présen- harmonîeuxn ( 1659, spécialement en architecture)
tant une disposition, des formes harmonieuses et des sens moraux correspondant à NcapricieuxB
(1666, beautés rkgulières), spécialement en archi- (16561, adésordonné, dissolut) (1671) puis *contraire
tecture 116711 et en géométrie (16801, ultérieure- à la bienséance>) (1730, Marivaux), qui ont disparu.
ment en botanique ( 1870) et, dans la langue cou- Des spécialisations techniques en langue militaire
rante, à propos d’une krîture 11882). ll qutie ( 175 1) et en botanique (Rousseau, selon Trévoux,
aussi ce qui se répète à intervalles fixes ( 18351, s’ap- 1771) se développèrent symétriquement à celles de
pliquant aux moments oti ces événements ont lieu régulier. + IRR&GUL&REMENT adv., réfection
(1863, à intervalles régdiersl ; il se dit encore de ce Cv.1510) de imegulairemmt Cv.13701, terme juri-
qui a un caractère permanent, durable, et d’une dique, est passé dans l’usage courant avec le sens
personne travaillant de manière non occasion- de asans périodicité régulièren (v. 15601 avant de
nelle; la langue populaire l’a substantivé au sens s’employer pour +XWISharmonie, (1718) commmé-
d’aépoux ou épouse légitime» (au féminin, 1930). ment. 0 Pour ihgulatité, voir ci-dessous régula-
~Elle l’abrège en RÉGLO, RÉGUL avec la valeur rité.
de NcorrectB qu’a pris l’adjectif (i9221, en parlant RÉGULARISER v. tr. est dérivé savamment 11723)
des personnes, d’abord en argot, puis familière- du latin regularis “qui sert de règlen (voir ci-dessus
ment (un me régulierl, régulier) avec un suf5xe verbal. L’anglais to regulu-
b RÉGULIÈREMENT adv., d’abord regulerement rize, de regulur (emprunté avec changement de suf-
(v. 11701, a d’abord eu le sens religieux de ((confor- tic à une ancienne forme du fiançais régulier), n’a
mément à la règle monastique> qu’il perdit au pu servir de modèle : bien qu’attesté une fois au
XVIII~siècle. Dans l’usage didactique, il sime XVII~s. dans un dictionnaire, il a été repris au x& s.
*conformément à la loi, à la règle)> ( 179 1). Une autre d’après le verbe français. +Le verbe si@e
valeur correspond à <selon un mouvement ou un arendre conforme aux dispositions légales ou ré-
rythme réguliern (1377) et aponctuellementm (14261, glement aires,, spécialement pour Nrendre légale
<de façon ordonnée, régulièren (1680). En tête de une union illégitime» Cl8461 dans r&ukwker sa po-
phrase, il correspond à anormalement>> (1875). sition (18703 puis sa situation (1904). ~D’après un
4 RÉGULARITÉ n. f. Iv. 13701,également attesté en autre sens de régulier, il sime *rendre régulier,
moyen français sous la forme regulaireté Cv.13701, assujettir à un ordre, à un rythme déterminéti
est dérivé savamment du latin regularis (voir ci- (17941. +De régulariser est dérivé RÉGULARISA-
dessus régulier). Désignant d’abord l’uniformité TION n. f. (18091, d’abord aaction de rendre
d’un mouvement et, en géométrie, le caractère conforme aux lois et règlement+, et spécialement
d’une figure, d’un corps ayant ses angles et ses cô- ufait de régulariser sa situation par un mariagen
tés égaux (v. 137O), il s’emploie aussi dans le do- ( 1870) et récemment (<procédure par laquelle un
maine moral (1581). La langue classique lui donne étranger se trouve en situation régulières. 0 Le
en esthétique une valeur voisine de celle de règZe, sens physique d’ccaction de régulariser un cours
loi, au singulier et au pluriel El6661 et le dit de la d’eaw est enregistré dans les dictionnaires en 1964
conformité d’un auteur, d’une œuvre aux règles lit- après celui de &minution des irrégularités du re-
téraires, ce sens étant sorti d’usage. +Régularité, à lief d’une côte» 11886).
la même époque, se dit du fait de présenter des RÉGULARITÉ n. f. est dérivé savamment Iv. 1370)
proportions harmonieuses (spécialement en archi- du latin reguluris (voir régulier). Une forme moins
tecture, 16801, de la ponctualité Racine1 et de savtite regulaireté est attestée chez Oresme
l’exacte observance de la règle dans un ordre reli- EV.1370). + Le mot exprime d’abord le caractère
gieux (1688). +Le sens moral, ~obse~ance des de- d’un mouvement, d’un processus soumis à un
voirs de la morale et de la religion>> (16803, a dis- rythme uniforme, et, de là, le caractère de ce qui se
paru. Au XIX~ s., l’usage juridique introduit le sens produit à des intervalles réguliers, constants
de «conformité aux loisu (1810). (av. 1699) et le caractère d’une action produite sans
IRR~~GULIER adj. et n. est la réfection (v. 1310) de &-coups. Dès les premiers textes, il se dit aussi du
ime&ler IXLII~s.1,adaptation d’après réguler, puis ré- caractère de ce qui présente de justes proportions,
gulier, du bas latin irre@arts, antonyme de regula- une composition symétrique, avec, à l’époque clas-
ris qutiant dans l’usage chrétien ce qui n’est pas sique, une connotation d’ccharmonie> 116801.*SOUS
DE LA LANGUE FRANÇAISE REICHSTAG

l’influence de règle, le mot a développé le sens mo- réglerB, du latin classique regula (b règle). +Au
ral de econformité aux règles, normalité» (fin xv10 s., le mot s’est employé comme adjectif pour
~VI~S.), vieilli en dehors de l’acception juridique de qutier la personne qui règle qqch., en assure la
<<conformité au règlement, aux lois>) (1810). Dans direction ; inusité ensuite, le mot réapparaît dans
l’usage classique, il se disait également de la ce sens comme substantif au ~~III~ s. (1788). Le nom
conformité aux règles naturelles 116901, aux règles désigne un système de commande destiné à main-
édictées en matière littéraire ( 16661, et, pour une tenir constante la valeur d’une grandeur ( 1728, ré-
personne, de l’exade observation des devoirs de la gulateur de montre), puis au XIX~ s. s’emploie dans
morale et de la religion Ci5n XVI~ s-1, ainsi que de l’ob- régulateur à force centrifuge (18701, régulateur de
servance de la règle dans un ordre religieux (1688). Watt ( 18881, enfin au XXe s., il s’applique à un disposi-
-3 De nos jours, appliqué à une personne, il est sur- tif sur un véhicule automobile. D’autres emplois
tout compris comme Hconforrnité dans l’utilisation techniques concernent l’orgme d’une charrue per-
régulière du tempsn. *IRRÉGULARITÉ n. f. est mettant de régler la position des socs (1870), une
emprunté (av. 1382, Oresme) au bas latin chrétien horloge de précision qui sert à régler les autres
i?regularitas, dérivé de irregulati (cf. irr&ulier) dé- ( 1862). + L’emploi général pour ((chose ou personne
signant la non-conformité aux règles, l’indiscipline, qui rend réguher qqch., qui discipline> ( 1770,
et prenant au moyen âge une valeur morale D’Alembert) est resté rare. Dans ce sens lié à ré&-
(XIII~ s.), et en outre le sens spécial de «situation irré- lation, le nom s’applique à une personne s’oc-
gulière (d’un clerc))) ~III” s-1, {{empêchement cano- cupant de la régulation du trak et à l’officier géné-
nique de recevoir les ordres-. 0 Le mot, qui sert de ral ou supérieur chargé des transports dans une
substantif à irrégulier, désigne le caractère de ce zone déterminée (mil. xx” s.l. +L’adjectif a été refait
qui n’est pas régulier, le manque de légalité. 11s’est à la Cn du XVIII” s. pour qual%er ce qui règle, amène
répandu au XVII~ s., s’appliquant par métonymie une régularité 11796, Laplace) ; au me s., en relation
lune, des irrégularités1 à un acte, une chose irrégu- avec les emplois spécialisés du substantz, il qualifie
lière (16111, spécialement dans le domaine moral des appareils assurant un contrcle, une commande
(1651), en architecture IlSSO), en droit canonique réglée ( 19041, spécialement en mécanique, et l’or-
(1656-1657). 0 Au XVIII~ s., il se dit aussi du caractère ganisme chargé en temps de guerre de veiller aux
irrégulier d’une chose, du fait de se produire sans moyens de transport nécessaires aux opérations
périodicité, avec des durées ou des intensités iné- militaires ( 1917) ; d’autres spécialisations en archi-
gales ( 1704, irrégularité du pouls), et en sciences tecture (tiacé régulateur, 1942) et en physiologie
(Btionl à propos du mouvement de la Lune, puis (1884) sont contemporaines. e Le mot a servi à for-
d’autres phénomènes et évolutions. mer AUTORÉGULATEUR,TRICE adj. (18661,
RÉGULATION n. f. a d’abord été dérivé savam- d’usage didactique.
ment, avec son sens ancien de adomination» 0 Voir RÈGLE.
Cv. 14601, du verbe 0 rtiguler «décider qqch., déter-
minerfi (v. 13681, représentant par emprunt le bas RÉGURGITER v. tr. est un dérivé savant
latin regulare &riger, régler». Régulation a été re- 115401, avec le préfixe re-*, probablement d’après
formé au XIX~ s. (1832) d’après le supin latin regula- ingurgiter*, du latin gurges ctourbillon d’eau,
turn, de regulare et sous Mfluence de régulateur gotie>) t-, gorge).
(ci-dessous). + Le mot désigne l’action de régler un + Le verbe a été introduit en médecine et en phy-
appareil, d’en corriger le fonctionnement ou les siologie. Il s’est employé absolument pour cregor-
données, notamment dans régulation du compas et ger, refluer-n (en parlant du sang, du contenu de
courbe de régulation, en navigation (19041. Régulu- l’oesophage). 0 Son usage moderne est tardif (1842)
tien se répand à la fin du xrxe s. avec le sens de <<fait pour ((faire revenir (le contenu de l’estomac) dans
d’a& sur un système complexe et d’en coordonner la bouche», spécialement en parlant de ruminants,
les actions pour un fonctionnement correct et régu- des très jeunes enfants, et quelquefois par méta-
lier>>, spécialement en physiologie ( 18971, puis à phore. Il s’emploie quelquefois au figuré, pour «ru-
propos du contrôle des naissances (mil. &+ s.l. Le miner>>.
mot sert aussi à désigner le concept fondateur de la F Le dérivé RÉGURGITATION n. f., d’abord attesté
cybernétique*. Dans le style littéraire, il s’emploie au sens de <<débordement d’un liquide>> (1567) dans
pour {action de régler qqch., de le rendre conforme un document juridique, s’est spécialisé en méde-
à des normes)) (av. 1945, Valéry). + Du radical de ré- cine et physiologie dès le xvre s. en parlant du reflux
gulation sont dérivés RÉGULATIF, IVE adj. (1930) du sang t15i’3, Paré). ~Depuis le x& s., il s’ap-
et un nouveau verbe 0 RÉG~LER v. tr. (19321, di- plique aussi au retour des aliments de l’estomac ou
dactique au sens de «soumettre à une régulationm, de l’œsophage dans la bouche (18241, spécialement
également à la forme pronominale se réguler. en parlant du mode de digestion des ruminants
+ Deux composés en auto-, AUTORÉGULATION (1834). Il s’emploie parfois au figuré, pour <<ce qui
n. f. (18781, et, sur le participe passé du verbe, AU- revient à l’esprit, ce qu’on rumines.
TORÉGULÉ, ÉE adj. (19691, sont didactiques et
techniques. La notion d’autorégulation correspond RlblABILITER + HABILITER
au principe du thermostat et des machines cyber-
nétiques. REICHSTAG n. m. est emprunté (1874) àl’alle-
RÉGULATEUR, TRICE adj. et n. est dérivé savan- mand Reichstag, proprement <Diète d’Empire)>,
ment, au moins à deux reprises (déb. XVI~ et XVIII~ s.1, composé de Reich «royaume, empiren, lequel est
d’après régulatin, du bas latin regulare <<diriger, dérivé de la racine de l’adjectif qui a donné riche*,
RÉIFIER 3154 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et de Tug usession, assemblée)>, par métonymie de siège de l’activité consciente, cœur et reins se
~jOUP, spécialement Njour assigné pour l’assem- trouvent associés, d’après le discours biblique (son-
bléem. L’idée est rendue en tiançais par di&e. rag der les &ns et 1~s cœzws1, dans les locutions figu-
appartient à la dénomination du jour dans les rées comme avoir les reins forts ( 1660)devenu avoir
langues germaniques (anglais &y, néerlandais les reins solides (19041, avoir les reins souples
dag). Si l’on pose pour sens de base Mmoment où le (18751,casserles reins à qqn (me s.l. Par analogie de
soleil chauffe la terre-, cette dénomination pourrait situation, le mot désigne en construction les extra-
être rapprochée d’une racine indoeuropéenne dos d’une voûte (14911. +Le singulier rein, attesté
“dhegh- ebrûlep, bien établie en sanskrit, latin, une fois au XIV~ s. dans un texte médical 113281, puis
grec, balto-slave et celtique. La Diète d’Empire est repris en 1538, est probablement un nouvel em-
la continuation de la tradition franque des assem- prunt au latin médical pour chacun des deux or-
blées populaires d’hommes libres pour élire le roi, ganes sécréteum, qui élaborent l’urine et sont si-
discuter et promulguer les nouvelles lois. Disparu tués dans les fosses lombaires. Il entre dans de
avec l’Empire en 1806,le Reichstag a été réintro- nombreux syntagmes, dont rein flottant 11949) et
duit en 1849 par le parlement de Francfort dans sa rein artificiel (1964).
constitution mort-née, puis en 1871 par Bismarck b De rein est dérivé l’adjectif REINTI?, ÉE (16801,
dans la constitution de la Confédération de l’Alle- qualifiant en vénerie un chien dont les reins sont
magne du Nord, et en 1919 dans celle de Weimar. élevés en arc et larges, et, par extension, appliqué à
+ Le mot désigne l’assemblée législative allemande un humain ayant une forte région lombaire (1762).
et, par métonymie, le palais où siégeait cette as- Le mot a vieilli.
semblée à Berlin, incendié dans la nuit du27 au Le dérivé verbal ÉREINTER v. tr. Il6901 est la réfec-
28février 1933. Cet événement historique II’incen- tion, par introduction d’un t épenthétique, de l’an-
die du Reichstag1 symbolisa la ti du parlementa- cien tiançais esrewr, erener Iv. 1130). Le verbe a
risme et valut à Hitler, qui l’avait peut-être suscitée perdu son sens propre, ablesser, déformer les reins
et qui avait su l’exploiter politiquement et policiè- de (qqn, un animal) en le battant>), pour le sens fi-
rement, l’accession aux pleins pouvoirs d’excep- guré Nexcéder de fatigue> (1698). Un sens figuré se-
tion. condaire, *décrier, attaquer par la parole>> @n
0 voir RIXDALE. XVII~ s-1, a mené au sens de (<critiquer violemment,
de manière à détruire la réputation>> (18373.+Éga-
REIFIER v. tr. est dérivé en philosophie 11930, lement employé à la forme pronominale s’éreinter
Bendal du latin res, rei <chose)> I+ rien) avec le suf- avec le même développement, le verbe a produit
fixe -ifEer correspondant au latin -Icare, pour fucere trois dérivés. 0 ÉREINTEMENT n. m. (1842) s’em-
(3 faire). ploie, d’abord dans l’argot journalistique, pour acri-
tique malveillante et sévèrem, et aussi pour agrande
+Le verbe, attesté après réificatin, est synonyme
de cchosfiep. fatigue% (1864). oÉREINTAGE n. m. (18461,Kaction
de critiquer avec violence», et ÉREINTEUR, EUSE
b RÉIFICATION n. f., attesté en 1912chez J. Benda, n. (18591,aussi dans la spécialisation journalistique,
est synonyme de cchos%cation». Il s’emploie spé- procèdent de la même valeur du verbe. ~REIN-
cialement en économie politique pour traduire l’al- TANT, ANTE adj. (1870) s’applique à ce qui fatigue
lemand Verdinglichung, terme employé par Marx à l’extrême.
pour désigner de manière critique le processus par RÉNAL, ALE, AUX adj. est emprunté par les mé-
lequel une réalité sociale ou un sujet individuel decins 11314)au bas latin médical renalis «des reins,
sont niés en tant que tels et réduits à l’état de néphrétiquen, dérivé du latin classique ren, renis. Il
chose, notment la transformation de l’adivité a supplanté reineux (1571-1611). + ce mot fournit
humaine en marchandise. Le concept a été déhi l’adjectif correspondant à rein en anatomie et en
également dans sa dimension psychologique et médecine, notamment dans les syntagmes veines
psychiatrique, recouvrant la transformation patho- rénales Iv. 1560,Paré), plexus rénal (18701,artères
logique d’opérations mentales en réalités objec- rénales (18751,loge rénale (1964). -L’adjectif a pour
tives. L’analyse du discours emploie le mot pour préfixé SURRÉNAL,ALE,AUX adj., avec le pré-
désigner le fait d’inscrire un sujet humain dans la tic localisant sur-* (17621, pour qutier ce qui est
position d’objet à l’intérieur du discours d’autrui. placé au-dessus du rein, Spécia[lement dans
gkmdes (17651, capsules suddes (1803). Il est
REIN n. m. est issu (v, I 120) du latin ren, renis substantivé au féminin pluriel, les surrénales, pour
(presque toujours au pluriel renesl «région lom- les deux glandes endocrines situées sur le sommet
baire,, «organe sécrétant l’urinen, puis, dans les des reins (1890, encyclopédie de Berthelot), le sin-
textes chrétiens, <siège de la vie a$ective» et cdoss, gulier désignant une de ces glandes. Par extension,
mot d’origine inconnue. l’adjectif sert à qualifier ce qui est relatif aux surré-
+ Le mot est d’abord employé au pluriel, désignant nales et à leurs sécrétions. + Sunénal a servi à for-
la région lombaire, sens conservé, malgré l’évolu- mer une demi-douzaine de termes de médecine et
tion ultérieure, notamment dans les locutions du de chirurgie, comme SURRÉNALITE n. f. (19031,
mes. tourdereiwI1870~,cozqu?erehs1189l,Huys- SURRÉNALECTOMIE n. f. (19141, SURRÉNA-
mans) et, en argot ancien, avoir (qqn, un poursui- LIEN,IENNE adj. (19081, SURRÉNALOME n. m.
vant) au3~ reins <<être traquéti (19261. Selon le symbo- (19531, CORTICO-SURRÉNALE n. f. (19381, MÉ-
lisme qui fait des reins le siège des passions et DULLO-SURRÉNALE n. f (19381, tous hés pas le
impulsions inconscientes par rapport au cœur, sens à glandes surrénales.
DE LA LANGUE FRANÇAISE REÎTRE

RÉINCARNER + INCARNER (15491,pomme de reinette Cv.15601, où reinette est le


diminutif de reine employé pour désigner des Cts
REINE n. f., réfeckion IxnP s.1de reine (10801, par- ou des plantes estimés (cf. roynette aspirée ul-
fois roine en ancien français sous l’tiuence de roi”, maire>>). Il est évident que reinette ne peut pas se
est issu par évolution phonétique du latin regina rattacher au latin runu (+ rainette) comme on l’a
afemme d’un roi, souveraine)) (au propre et au fi- cru ; l’orthographe rainette vient d’une confusion
guré), <princesse, grande damw, de WX, Tegis plutôt que d’une comparaison entre la peau de la
(b roi). grenouille et celle du fruit.
4 Le mot signifie <femme d’un souverainn, puis
=Souveraine exerçant effectivement le pouvoir RÉINTÉGRER v. tr. est emprunté (1352) au la-
(sans que son mari soit roi)>) (XIII~S.I. L’emploi an- tin médiéval reintegrure, variante du latin classique
cien du mot seul pour désigner, par métaphore, la redinteflure <recommencer, rétablir, restamers,
Vierge Marie Iv. 11551, a cédé la place aux locutions de red-, variante de re- (+ re-1, à valeur itérative, et
reine du ciel, reine des anges Iv. 1530, Marot). +De- de integrure «réparer, renouvelers, de integer ain-
puis le début du xme s., reine s’applique, en rapport tact» (+ intègre).
avec un nom abstrait féminin, à ce qui domine, 4 Le mot a d’abord signifié «rétablir dans son état
s’impose. Dans la locution reine de la féwe (13771, premier, dans son entier>> (sens disparu après 16601
puis en emploi absolu, le mot désigne celle qui avant de se spécialiser en droit au sens de crétablir
trouve la fève dans la galette des Rois ou que le roi (qqn) dans la possession intégrale de qqch.B 115321,
(dans ce contexte) a élu. + L’emploi figuré à propos spécialement en parlant d’un fonctionnaire auquel
d’une femme qui l’emporte en beauté, en esprit, en on restitue son emploi (enregistré par Furetière,
valeur sur toutes les autres apparaît au XVI~s. 1690) ; une autre acception citée par ce dictionnaire
11531); il est repris et spéciaJisé au début du xxe s. est «remettre (qqn) dans un lieu qu’il avait quitté*,
dans l’expression re@e de beauté, dans un au propre, et aussi au figuré Cv.1950). Le verbe est
concours de beauté. + A l’époque classique, le mot plus courant avec un nom de lieu pour objet au
se rencontre dans le titre de reine mère donné à la sens de tireprendre possession de (un lieu) après
mère du roi ( 16801 et s’étend, au figuré, à celle qui l’avoir quitté% (18751, spécialement en droit dans
domine, dirige, conduit (1689, M”” de Sévignél. Par réintégrer le domicile conjugal ( 18751; d’où un em-
ailleurs, il s’emploie dans des locutions compara- ploi figuré (19201 et un emploi absolu de réintégrer
tives flatteuses comme avoir un port de reine (1690) pour arentrer chez soi, (av. 1924).
d’où, plus tard C&&e,faire qqch.1 comme une reine b Le nom d’action RÉINTÉGRATION n. f. Cfïn
( 18431,parallèle à comme un roi. + Da;ns le vocabu- xrve s.) a d’abord désigné la remise en état, la res-
laire des cartes, il désigne la figure représentant tauration, sens sorti d’usage au xves., avant de
une dame couronnée (16901, concurrencé par suivre un développement analogue à celui du
&me, car le discours révolutionnaire a (vaine- verbe, désignant le fait de réintégrer qqn dans ses
ment) tenté d’éliminer cet emploi évocateur de possessions, son domicile (13671, ses fonctions
l’Ancien Régime. - Au XVIII~s., rein désigne en kme s.l. Au XX~s., le mot a pris en droit le sens de
zoologie l’unique femelle féconde chez les insectes wkupération de sa nationalité antérieure par un
sociaux E1ïW. 0 Il entre dans la locution reine des ex-Français>>. 0 En biologie, il désigne l’ensemble
bois, désignant le petit muguet (179 1) [cf. ci-dessous des mécanismes qui feront de l’individu une unité
reine-des-prt%l . + La locution Qla reine (1680) carac- fonctionnelle harmonieuse, adaptée à son milieu
térise des objets à la mode en principe lancés par (1964). + RÉINTÉGRANDE n. f. est dérivé de réinté-
une reine : fuuteuils, chaises à la reine 11730) puis ter comme terme de droit, d’abord pour le fait de
bouchée & la reine qpetit vol-au-vent>> (1870). 0 L’ex- rester entier, en parlant d’un fief 114111,puis pour
pression petite reine (déb. XX~s.; aussi reine-b& l’action possessoire par laquelle le détenteur d’un
cletie, 19oï’) a fourni une appellation aujourd’hui immeuble dépossédé par violence réclame sa re-
désuète, mais encore citée, de la bicyclette. mise en possession (xwe S.I. +L’adjectif REINTÉ-
b La dérivation, peu importante, consiste en quel- GRABLE 118451,«qui peut être réintég& est sur-
ques composés qui, si l’on excepte VICE-REINE tout administratif.
n. f. (17181, concerne des noms de plantes : REINE-
DES-PRÉS n. f. (16551, plante à fleurs des prairies RÉITÉRER, RÉITÉRÉ + ITÉRER
(la spirée uhnaire), REINE-MARGUERITE n.f.
(17151, plante composée à fleurs blanches, roses ou REfTRE n. m., d’abord reistre (1560) puis rei’tre
mauves Ile collistèphe). &n xwe s.1,est emprunté à l’allemand Reiter «cava-
REINE-CLAUDE n. f., nom d’une prune verte à liern, de reiten <<monter à cheval>, correspondant à
chair fondante et sucrée, est l’abréviation (1690) de l’anglais to rùk I-+ rade, redingote).
la locution prune de la reine Claude (1628) formée +Le mot, introduit par les mercenaires de langue
avec le nom de la femme de François 1”‘. Littré et germanique, désigne les cavaliers allemands mer-
l’Académie recommandent l’orthographe reines- cenaires qui se mettaient au service de la France
claudes au pluriel mais ce pluriel est incertain : aux xvc et xwe siècles. -3 Par métonymie, et par l’in-
Flaubert écrit des reines-Claude, Colette des reine- termédiaire de la locution manteau fait à lu reître
&U&S (ce qui correspond à la tendance simplifi- ( 15601, il s’est dit d’une capote semblable à celle que
catrice souhaitable), et Zola fait le mot invariable. portaient ces mercenaires (1562, Ronsard), valeur
REINETTE n. f. est tiré par ellipse (16803 de l’ex- disparue. + Par extension, il s’emploie dans un
pression pomme de renette (15361, pomme renette style littéraire pour désigner et qualifier un homme
REJETER 3156 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

expérimenté au métier de la guerre 116801, un n. m. (15391, probablement sous l’influence de rejet


homme rusé ( 16901, d’abord dans l’expression vies et de l’ancien français jeton cnouvelle poussen
re&e, puis absolument et péjorativement 11870) (XIII~ s.1, dérivé de jeter”. Le mot désigne propre-
pour un guerrier brutal, un soudard. Ce dernier ment un nouveau jet poussant sur la souche ou le
emploi est le seul vivant aujourd’hui, dans un usage tronc d’un arbre. 0 Il a pris le sens figuré de <<des-
littéraire. cendant, enfant>> (15641, de nos jours littéraire et ar-
chaïque, à côte de la reprise plaisante et familière
REJETER v. tr. est composé de jefer &I XII~s.1 au sens d’tlenfant, fils, 119351,avec lequel on ren-
d’après le latin rejectwe Mjeter en sens inverse)), «re- contre quelquefois le féminin rejefonne.
pousser= et &percuteP, fi-équentatif formé sur le L’adjectif RE JETABLE, d’abord rejetfable I 15381, est
supin kejectum) de rejicere, verbe formé de re- assez rare.
(-P re-1 à valeur intensive ou marquant le mouve-
ment en arrière, et de jacere E-, jeter). REJOINDRE + JOINDRE
+ Le verbe signiCe «repousser avec force, brutale-
ment» et, peu après, ajeter à sa place antérieure, à RÉJOUIR - JOUIR
son point de départ» (déb. me s.3. Il prend au XIII~s.
le sens de #renvoyer plus ou moins brutalement RELÂCHER + LÂCHER
hors de soi, loin de soi> (12561,“vomirez, d’où vient un
emploi figuré pour arepousser qqnn (v. 1480). Avec RELAIS + RELAYER
une valeur tiaiblie, le verbe développe son pre-
mier sens figuré : <reporter, annuler>> ( 1463). + Au
RELAPS, SE adj. et n. est emprunté (1384) au
latin ecclésiastique médiéval relapsus «retombé
XVI~s., tout en prenant le nouveau sens concret de
*jeter de nouveau» qui donne au pré-fixe re- une va- dans le péchéu (13241, emploi spécialisé et figuré du
leur itérative, il développe ses principaux sens figu- latin classique rel apsus «retombé », participe passé
rés : «refuser, ne pas admettren 115301, «faire retom- adjectivé de relabi <refluer, retomber en arrière-,
ber (qqch. : responsabilité, faute) sur autrui» (15381. et, au figuré, «retomber dans, revenir à». Ce verbe
Un nouveau sens concret, <<faireretomber l’un sur est formé de re- (+ re-1 marquant le mouvement en
l’autre en motiant leur position vers l’arrière ou arrière, et de labi Mglisser, tomber)) et, au figuré, <<se
sur le côté>>,est attesté ultérieurement 11911). 4 Le tromper>> 1-+lapsus).
verbe s’est employé intransitivement pour un che- $ Le mot est emprunté au sens religieux de (cre-
val qui rue Iv. 1200) et Iv. 1398) en parlant d’une tombé dans la faute, le péché>, employe en parti-
plante, d’un arbre qui produit à nouveau, emploi culier à propos de Jeanne d’Arc, accusée d’hérésie
rare, repris quelquefois par métaphore Idéb. xx’ S.I. et de rechute dans l’hérésie après abjuration Il 431,
-La forme pronominale se rejeter Ixvr” s-1, réacti- Procès de condamnation... de Jeanne d’Arc). Par ex-
vant la valeur itérative du préfixe, sign3e «se jeter tension, il se dit au figuré d’une personne qui réi-
à nouveau)), au propre et au figuré (15591, mais tère une faute, un crime, emploi très littéraire (par
aussi ase porter en arrière brusquement> I15591. exemple, Bloy).
L’emploi figuré de se rejeter ase reporter sur, cher- 0 Voir COLLAPSUS, LABILE, LAPS.
cher une compensation dans)) n’est pas attesté
avant 1819 (Boiste). RELATER v. tr. est un dérivé savant Il3421 du
b Le déverbal de rejeter, REJET n. m., est la réfec- latin relafus arelation, narration>, de relatum, supin
tion kvr” s.1 de re&et (12411. II exprime l’action de de referme <<reporter, rapporter, rétablir, racontera)
rejeter, de renvoyer hors de soi et, par métonymie, I+ référer).
le résultat de cette action, spécialement, en arborî- 4 Le verbe signifie «raconter de manière précise et
culture (13571, la nouvelle pousse d’une plante et détaillée>>. Il s’emploie spécialement en termes de
11870) la terre qu’on rejette en creusant un fossé. procédure au sens de wapporter, mentionner»
* Au XVI’ s., rejet prend le sens figuré d’aaction de kvIe S.I.
ne pas admettre, de repousser» (15301, et au XVII~s. 6 voir RELATIF, RELATION.
(1690) l’emploi technique pour «renvoi d’une partie
d’un compte commercial qui doit être portée sur RELATIF, IVE adj. et n. est emprunté (12652
un autre chapitre)). 0 Au xrxe s. apparaissent au bas latin relativus, terme scolastique qualtiant
d’autres valeurs techniques : &Térence de niveau ce qui n’est tel que par rapport à certaines condi-
entre les deux parties d’une couche coupée par tions, spécialement employé en grammaire; c’est
une faille» en géologie, ajeune essaim d’abeilles un dérivé (rv” s.1 du latin classique relatum, supin de
abandonnant la ruchea. Sans métonymie et dans referre qqrapporterm (3 référer).
un tout autre domaine, rejet se dit du procédé ryth- +Le mot, emprunté en philosophie, garde le sens
mique consistant à rejeter un mot par-dessus la cé- de l’adjectif bas latin et s’oppose à absolu. Il est
sure ( 1828). Ces nouveaux emplois sont enregistrés substantivé dans cet emploi, avec une valeur de
par Littré (1870). - Au xxes., avec le sens figuré de neutre, à l’époque de la systématisation de la ter-
tirefus>>,rejet développe d’autres spécialisations en minologie philosophique (1803). + Repris comme
physiologie et médecine (19641, en psychologie et terme de logique (13701, il qual%e un terme dont
sociologie (1968, dans Pati-Match), en logique l’idée comporte un rapport avec un autre terme. Le
119701, etc. sens philosophique entre dans l’usage courant avec
Avec son sens intransitif, «pousser de nouveau, la construction relatif ù (13801, quakfknt une chose
produire de nouveau>>, rejeter a produit REJETON qui se rapporte à une autre chose, à une personne.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3157 RELATION

0 L’adjectif quaMe aussi, au XVIII~ s., ce qui dépend +Le mot, emprunté comme ternie philosophique
d’un état du sujet 117601, par opposition à o@ecti[ et pour désigner le rapport d’indépendance entre
ce dont on peut se contenter même si cela n’est pas deux choses ou deux personnes dans leur mode
satisfaisant Cv.1776, Rousseau). * De l’emploi cor- d’existence, a recu un sens général, nommant un
respondant en latin médiéval procéde au xvres. la rapport réciproque quelconque entre deux êtres,
spécialisation grammaticale moderne, pour quali- deux choses ( 13381. La locution avoir relation à,
fier les pronoms qui rattachent un mot à une pro- <<être en rapport avecm (15881, a disparu après le
position ou deux propositions l’une à l’autre (1562) ; xv# s. au profit de la variante être en relation avec
un re2atifn. m. désigne ce pronom (1680) ; une relu- 117181, toujours employée. Appliqué aux rapports
tive la proposition ; la terminologie grammaticale sociaux, le mot s’applique à des liens de dépen-
s’enrichit par la suite des syntagmes adjectif relatif dance, d’interdépendance et d’influente réci-
( 18351, proposition relative ( 1870) et adverbe relatif proque (16771, au fait de communiquer avec qqn
(19073. 0 En musique, l’adjectif quaMe un ton don- (1677) ; par métonymie, il désigne la personne avec
nant à la clef les mêmes signes de tonalité qu’un laquelle on entretient des rapports professionnels
ton de l’autre mode (1737, Rameau). 0 Il qualifie en ou mondains (1829). Avoir des relations (mil. XD?s.)
mécanique un mouvement étudié par rapport à un correspond à aconnaître des personnes influente+.
système mobile (1923 ; antérieur si l’on en juge par - À partir du xrxes., le pluriel relations désigne les
relativité. rapports officiels entre les peuples, les nations, les
b Les dérivés se rapportent aux sens philosophique Etats ( 1835; déjà au singulier, 1762). 0 Une autre
et courant : RELATIVEMENT adv. (XIV~s.1exprime valeur concerne les rapports sexuels, elliptique-
d’abord l’idée ade manière conditionnée, non abso- ment pour relations sexuelIes. + L’expression rela-
lue*, et s’emploie spécialement dans la locution re- tions publiques est calquée (1959) sur l’anglais des
lativementàepour ce qui est de, quant àn (1718). Par États-Unis public relations, aussi utilisée par em-
extension, il a pris la valeur farnilîère de amoyenne- prunt en français et désignant l’ensemble des acti-
ment% (1875, Larousse). + RELATIVITÉ n. f. (1805) vités professionnelles dont l’objet est d’informer
désigne la qualité de ce qui est relatif, d’abord en l’opinion sur les réalisations d’une entreprise et de
sciences Ichîmiel et en philosophie, spécialement susciter lkttérêt en sa faveur; cet emploi a reculé
dans l’expression relativitb de la connuhsunce depuis 1975- 1980, ces activités étant englobées dans
(1866, de nos connaissances). - D’après les mouve- la communication. * Le sens abstrait initial de rela-
ments relatifs de systèmes de référence, il s’em- tion a été repris au XvLLIt! s. dans divers vocabulaires
ploie spécialement ( 19151 pour l’ensemble des techniques, l%ncyclopédk enregistrant le mot
théories fondées sur les travaux d’Einstein à partir comme terme de géométrie, de musique, et aussi
de 1905. Selon ces théories, certaines lois se d’art (1765). 0 En physiologie, l’expression font-
conservent dans des systèmes en mouvement rela- tiens de relation Cl9181 désigne celles qui mettent
tifs les uns par rapport aux autres mais non dans en œuvre le système nerveux supérieur, par oppo-
tous. La nouvelle hypothèse physique fut énoncée sition aux fonctions de nutrition et de reproduction,
par Einstein en deux étapes que désignent en fran- et, en zootechnie, relation nutritive se dit du rap-
çais les appellations relatitité re&etite et relati- port existant dans une fonction alimentaire entre
vité géddhée enregistrées en 1932. +RELATI- les matières digestibles et non digestibles ( 19231.
VISME n. m. est un terme de philosophie, 0 En logique, relation désigne une fonction propo-
peut-être d’après l’anglais relatitim 118651, pour sitionnelle à deux arguments ( 19641, d’où calcul des
désigner la doctrine qui admet la relativité de la relations, théorie des relations (19681. - Emprunté
connaissance humaine (1875). Par extension, il simultanément au latin dans le sens de CrécitD
s’applique à la position selon laquelle les valeurs Cv. 1220, faire relation), spécialisé dans sa valeur ju-
morales, intellectuelles sont relatives aux cir- ridique de «disposition faite par qqn de ce qu’il sait
constances sociales, culturelles et, par conséquent, de qqch., 11284, encore au XVIII~ s. dans les Cou-
variables. + À son tour, le mot a produit ( 1876) RE- tumes d’Auvergm et du Berry), il désigne dans
LATIVI~TE n. pour désigner le partisan d’une telle l’usage courant, le récit, la narration d’un fait
doctrine, adjectivé ultérieurement pour qual5er Cv.13601, spécialement le récit d’une expédition
ce qui concerne la théorie de la relativité, par lointaine (16021. Du XVII~ au XKX~s., terne de relation
exemple dans physique relativiste. + RELATIVI- ( 1690) s’est dit d’un mot que les voyageurs donnent
SER v. tr., formé ukérieurement 119321, sime comme employé dans les pays lointains qu’ils ont
adénier à lune chose) un caractère absolum. En lîn- visités, et qui peut donner lieu à un emprunt.
guistique, le verbe a la valeur technique de Ntrans-
,RELATIONNEL,ELLE adj. appardt d’abord en
former en une proposition relative}). 0 Le dérivé
logique dans un commentaire (1870) d’un emploi
RELATIVISATION n. f. est d’un usage didactique
du Britannique M. More& puis en psychologie pour
ou technique ( 1969 en linguistique, 4ransformation
qutier ce qui consiste en une relation, est propre
en relative4.
à une relation ; il est repris en linguistique ( 19161
6 Voir CORRÉLATION, RELATER, RELATION.
pour qutier l’adjectif dérivé d’un nom exprimant
RELATION n. f. est emprunté (v. 1220) au latin le rapport entre le nom dont il est issu et le nom au-
relatio, -on& nom tiré du supin relatum du verbe quel il est joint. Dans la plupart de ces emplois,
referme (+ référer) pour désigner l’action de repor- c’est probablement un emprunt à l’anglais relutio-
ter ou de rapporter, avec à partir du ler s. la valeur nul, attesté dès le XVII~ siècle. - RELATIONNÉ, ÉE
juridique de atémoignage, rapport= et la valeur lo- adj. s’est employé au début du XX~s. (av. 1922,
gique de 4ien entre deux choses>. Proust) pour qutier une personne pourvue de re-
RELAXER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lations, de connaissances influentes ; il est demeuré actifs, technique développée aux États-Unis et en
rare, tout comme RELATIONNER v. tr. amettre en Allemagne. Par extension, il signifie en général
relation» I 1957, Jankélévitchl et, absolument, «en- «détente» 119531. 0 Le mot avait repris de l’anglais
trer en relation2 (dans les petites annonces). le sens technique d’flensemble des phénomènes
0 voir CORRÉLATION, RELATEZ, RELATIF. par lesquels un système en rupture d’équilibre re-
vient à son équilibre initial)) (19371, très voisin du
0 RELAXER v. tr. est emprunté (XII~s.) au latin sens que relaxation a eu autrefois en physiologie
reluxure <<desserrer, relâcher, dilaters, au figuré trehxution de fihd. + Laforme @RELAX ouRE-
*détendre, épanouir)) c-t relâcher), de re- à valeur LAXE adj. et n. (v. 1955) recouvre plusieurs mots :
intensive (+ re-1, et laxare -étendre, élargir= I+ lâ- deux anglicismes par emprunt d’un nom et d’un
cher, laisser). adjectif archaïques, un déverbal du verbe 0 se re-
4 En ancien fkançais, le verbe avait le sens moral de Luxer, et enfYn une abréviation de 0 reluxutimt. La
Mpardonner>> (XII~s.) s’employant pour <<faire grâce relation avec Xaforme française 0 lu relaxe Ici-des-
d’une dette)> (déb. xrves.1 et pour aremettre à plus sus) est de simple homonymie.
tarda Iv. 1360). 11n’a conservé que le sens juridique Le mot qualfie et désigne ce qui favorise la relaxa-
de (remettre en liberte un détenun Il466 ; dès 1338, tion, le repos; par extension, il est synonyme de
aacquitter4. Le sens médical de CdétendreB Iv. 1560, arepos, décontra&ionn (19661. On le rencontre en
Paré) a vieilli, mais son emploi par archaïsme a fini emploi interjectif avec une valeur incitative (relax,
par se confondre avec l’anglicisme se reker ki- Mux!~, quelquefois écrit &x, par transcription de
dessous). la prononciation anglaise du verbe Ijust relax!).
b @ RELAXANT, ANTE, son participe présent, est
adjeckivé en médecine dans l’expression médica- ORELAXER (SE) +@RELAXER
mens reluxulzs cv.1560, Paré); sorti d’usage, sa re-
prise au xxe s. dépend des anglicismes @ re%uxer*
RELAYER v., d’abord relutir Iti XIII~s.1puis re-
Zuyer (1573,est formé de re-* et de l’ancien verbe
et 0 reluxution” (ci-dessous). +Le déverbal 0 RE-
picard, wallon et lorrain lukr 4aisser les chiens fa-
LAXE n. f., créé comme terme de droit pénal (1671)
tigués pour en reprendre de frai+, et peut-être en
dans sentence de relaxe ((sentence qui absout un ac-
général 4aisserB. Ce verbe 6n ~II”-xv” s.) est d’ori-
cusén, a été repris ( 1823) pour la décision par la-
quelle un tribunal renvoie des fms de la poursuite gine incertaine, soit apparenté à laisser”, soit d’un
celui qui en était l’objet. francique “laibjun, restitué par l’ancien haut alle-
0 RELAXATION n. f., réfection de relanssacion mand leiben Klaissew P. Guiraud, contestant le
( 1314, est emprunté au latin relaxati, -anis <<dé- rapprochement Zuier-laisser, fait remonter le pre-
tente, relâche-, KreposB, du supin Irelaxutuml de re- mier au latin populaire oZucure &re stagnant» d’où
luxure. - Le mot, repris par les médecins médié- Gnmobiliser~~, relayer consistant selon lui à 4mmo-
vaux pour désigner l’action de relâcher, de bilîser les chevaux ou les chien+.
desserrer un pansement, prend ensuite le sens de + Le verbe s’employait autrefois intransitivement
=décontraction Cmusculaire)~ (v. 1560, Paré), ar- en vénerie pour achanger les chiens pendant la
chaïque puis réactivé par anglicisme (ci-dessous). chasse à courre= et, par analogie, «changer de che-
Le sens juridique de mise en liberté>, enregistré vaux* 11573). Au XVII~s., la construction transitive
par Furetière en 1690, tend à vieillir. assume le sens étendu de «remplacer (qqn) dans un
@ RELAXER [SE) v. pron. est emprunté (v. 1950) à travail, une occupation>> (16361, aussi à la forme pro-
I’anglais to relax, lui-même emprunté au francais nominale se relayer (1680). Le mot s’emploie absolu-
0 relaxer* crelâcher>> ( 14201, qui a pris plusieurs va- ment en sports ( 1869). Il se dit aussi d’un satellite de
leurs physiologiques, puis psychologiques aux XVII’ télécommunications, d’une station de radio ou de
et XVILI~s., dont celui de ase détendre>> 09351. L’accli- télévision qui retransmet une émission de l’émet-
matation de l’anglicisme a été favorisée par l’exis- teur principal à un autre émetteur (19331, en rela-
tence du sens médical archaïque (ci-dessus 0 re- tion avec relak.
laxer). +Le verbe s’est répandu à la forme wLe déverbal relui n. m. (XIII~s.1 s’est altéré en RE-
pronominale, quelquefois employé en construction LAIS d’après le verbe relukser, préfixé de laisser*,
transitive avec le sens de «détendre (qqn)>> (19691. employé comme terme de chasse au sens de &ar-
+ Son participe présent adjectivé @RE- rêter de fatigues (1559, se reluisserI ou d’après le dé-
LAXANT, ANTE ( 19611, qui rend l’anglais rehxing, verbal de ce dernier, reluk ace qui est laissé>>(XII~s.3.
rejoint un emploi ancien, mais dans un autre L’Académie recommandait en 1976 l’ancienne gra-
contexte. phie relui, par analogie avec délai. +Le nom pré-
@ RELAXATTON n. f. est aussi un emprunt du sente le même sémantisme que le verbe : c’est
D? s. à hnghis re&ution (15261, lui-même em- d’abord un terme de chasse désignant le repos des
prunté comme le français 0 relaxation au latin re- chiens hIIe s-1et, collectivement, les chiens postés
lautio. Outre les valeurs communes aux deux sur le parcours d’une chasse pour remplacer les
langues, il s’est employé depuis le XVI~s. au sens de chiens fatigués (15491, d’où, par extension, la lo-
crelâchement de l’espritn. L’adaptation de l’angli- cution domer le relais alancer les chiens)> Il 685). De
cisme a été facilitée par l’existence du sens médi- même, reluis désigne le cheval posté pour renfor-
cal fkançais qui était à peu près sorti d’usage. * Ce cer ou remplacer celui qui avait servi ( 1573) d’où,
mot désigne en psychologie (v. 1950) une méthode par métonymie, le poste où ce cheval était préparé
thérapeutique de détente et de maîtrise des fonc- (surtout dans reluis de poste). Il s’ensuit un usage
tions corporelles par des procédés psychologiques métaphorique et figuré répandu notamment dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE RELEVER

la locution prendre Ie rek& t19511, le mot s’appli- Ronsard), usité jusqu’au XVII~s. pour qual%er une
quant à une étape entre deux points, à une per- substance ayant mauvais goût à la suite d’un séjour
sonne servant d’intermédiaire entre deux autres. dans un lieu clos et humide. Cet adjectif est formé
Déjà au début du XVII~ s. (16161, &zis s’applique à de re-* intensif exprimant l’idée que l’objet en ques-
un groupe d’hommes se remplaçant. +En tech- tion a été enfermé penda& un laps de temps ex-
nique, relais désigne un poste de travail, avec dî- cessif, et de lent* au sens ancien de (visqueux, hu-
verses applications en électricité (18771, radioélec- mide, moite*, sens attesté au XVI~s. dans l’usage
tricité, mécanique. Il dénomme en particulier un littéraire (v. 1580, Montaigne), mais ancien dans les
dispositif servant d’intermédiaire pour déclencher, dialectes, du latin lentus qui avait aussi le sens de
par la mise en œuvre d’une énergie relativement <visqueuxa. L’idée de base, pour l’ancien français
faible, une énergie plus forte ( 1860) et (xx” s.1un dis- lent comme pour lentus, est alors celle de Kmol-
positif recueillmt et renvoyant des ondes (relais de lesse>. Cet adjectif est encore attesté en Belgique
radio, de télévision.J. 0 En sports ( 19051, relais et (Mons), le sens de umoite, humide>> restant vivant
cuwe de relais désignent une épreuve courue par en Bourgogne, dans le Berry et le sud de la France,
quatre coureurs successik qui se passent un té- ainsi que dans l’espagnol liento, le rhéto-roman
moin. -L’autre dérivé de relayer, RELAYEUR, lien, le sarde lentu et pour la forme prékée, le ca-
EUSE n., créé pour désigner la personne qui en- talan relient, de même que le picard relent <moi-
tretenait les relais de chevaux 118551, s’emploie au- teurn.
jourd’hui en sports à propos de la personne qui + Le mot a d’abord dés&& une odeur de moisi et,
prend le relais d’un coéquipier, puis l’athlète spé- par métonymie, le lieu ou règne cette odeur (1256) ;
cialisé dans les courses de relais ( 1924). il s’employait souvent à propos d’un cadavre et, à
partir du XV~%., désigne la mauvaise odeur
RELÉGUER v. tr., d’abord releguer cv.1370) contractée par un aliment resté dans un lieu fermé
puis relémer avec accent (15491, est emprunté au
ou humide. 0 De nos jours, il est surtout employé
latin relegare &loigner, écarter d’un lieun, spéciale-
au sens élargi et plus faible de amauvaise odeur qui
ment *bannir, fkapper d’exil dans un lieu assigné
persisten (18751. Dès la ti du xwe s., renouant avec
sans priver des droits civils et politiques%. Ce verbe
son premier emploi Iv. 12 15, les relents de lu pa-
est composé de re- (-+ re-1 marquant le mouvement
resse), il est employé au figuré à propos d’une trace
en arrière et le mouvement de côté, et de legare déplaisante qui subsiste de qqch.
<envoyer avec une mission, députerj (-+ légat), lui-
même de Zex, legti (+ loi). +k RELEVER v. est soit formé en français (1080)
+ Le verbe a été introduit au sens latin comme de re- et du verbe lever”, soit emprunté au latin re-
terme d’antiquitG romaine. Par extension, il signZe levure asoulevem, au figuré Hsoulager>, de re- !+ re-l
amettre, maintenir (qqn, qqch.1 dans un lieu écarté* à valeur intensive, et de levure alléger, soulager,
(15881, développant le sens figuré de arejeter et soulevern. Les deux modes de formation ont pu
maintenir dans une condition médiocre, classer jouer aux XI~-XI? siècles. Le verbe a dû s’employer
avec méprisb ( 16801.* En droit pénal, il s’applique à plus tôt, probablement dès le XI~s., relief Ici-des-
la peine de Ia relégation, pour <interner (un sous) étant dérivé de formes verbales anciennes
condamné) dans un territoire colonial déterminén comme je relief
(18881, puis Gnfliger la peine complémentaire de la + Le premier sens du verbe est concret : cremettre
tutelle pénale à (un récidiviste)>>. Ces emplois sont debout (un être animé)». Celui de cprendre à terre
un peu postérieurs à celui de relégué, ée Cci-des- (un objet), (v. 1.155)a vieilli en dehors de locutions
sous). métaphoriques, comme relever le gant ou figurées,
k L’adjectif RELÉGUÉ, ÉE, tiré du participe passé relever un défi, ce sémantisme survivant cepen-
(15881, s’est employé au sens général de amis à dant dans l’emploi moderne du mot à propos d’un
1’écartB et a étk repris en droit pénal (1885, Bulletin. professeur qui ramasse des copies, des cahiers sur
des lois). +RELÉGABLE adj., autre adjectif les tables, oUn autre sens concret, <<remettre en
d’usage juridique, désigne un prévenu passible de bon état, en bonne position lune chose abattueIn
la peine de relégation ( 18881. Cv.11601, s’est largement répandu ; en procèdent
RELÉGATION n. f., apparu en même temps que le quelques emplois techniques comme relever un nu-
verbe sous la forme relegacion (v. 1370) refaite en tire (16801, relever une muik!e (18121, relever un fer 8
relégation ( 1549) d’après le latin, est emprunté au chevd (1870). +À cette idée de rétablissement se
latin relegati, -anis aexil dans un lieu assignés, du rattache le sens figuré de <rendre (la dignité, la
supin (reZegabm1 de relegare. +Le mot reste d’un prospérité)> Iv. 11701,<redonner (énergie, courage)*
usage plus technique que relkguer. Repris comme (1564). 0 C’est de contextes cornme relever un défi
terme de droit romain, il a pris en droit pénal, que procède le sens de arépondre vivement et avec
d’après relégué (ci-dessus), l’acception d’ktterne- aigreur à (qqch.)m (v. 13601,sorti d’usage, et à partir
ment dans une colonie française à titre de pénalitén duquel le verbe a acquis les valeurs classiques de
(27 mai 18881, désignant ensuite la peine complé- areprendre vertement (qqn)» II 6 Il), ecorrigeru
mentaire qui frappait certains récidivistes 119533, (16961,toutes deux devenues archaïques, et <<mettre
remplacée en 1970 par la tutelle légale. en relief, faire remarquer (qqch.) en bien ou en
main ( 1636) encore en usage. +De cette dernière
RELENT n. m., d’abord écrit relus (déb. XIII~s.), valeur, interprétée avec une valeur neutre faisant
puis relent 112561,est la substantivation d’un adjectif de relever un synonyme d’enregistrer h. 14651,
lui aussi écrit relax (déb. XIII~s.) puis relent (v. 1550, viennent les sens de Nnoter la position, la disposi-
RELEVER 3160 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tion de (qqch.1, en topographie ( 16401, «noter par tique ultérieur est conditionné par l’influence de
écrit, par un croquis>> (1811) et, de manière moins l’italien re2tio ace qui fait saillie* (XIV~s.1,terme de
formelle, <<remarquer une chose, y prêter atten- sculpture, lui-même déverbal de tilware tirelever»,
tion}} ( 18 11). Relever les compteurs, métonymie pour de ri- préfixe à valeur intensive (-+ re-1, et de lware
@relever les cmes inscritsti ( 1890, relever sur un -lever, enlevee (3 lever-1 du latin levure de même
compteur ù gaz), s’emploie au figurk pour <faire le sens. RELIEF n. m. au sens technique d’<<ouvrage
bilan)). de sculpture relevé en bosse)) (1547) peut être
Un second sens fondamental lié à lever est q<re- considkré comme un mot nouveau. Son sens s’est
mettre au plus haut », attesté à travers le sens figuré étendu à tout ce qui fait saillie sur une surface
de «mettre en relief, donner de l’éclat à (qqch.l>> (15961, tout en donnant à l’architecture les termes
Iv. 12781, dont procède l’acception technique ccbro- bas*-relief W#‘1 et beaucoup plus tard haut*-relief
der lune broderie) en point de coton, de soie ou de (1875). Au XVII~ s., il désigne aussi l’apparence de
métal pour donner plus d’éclatm (1690). +Au XVI~s., saillies et de creux donnée à un tableau, parl’oppo-
le verbe commence à s’employer Conc&ernent sition des parties claires et des parties sombres
pour aremettre au plus haut, donner plus de hau- (1641) ; cette valeur s’étend à la photo au XIX” siècle.
teur àN (1573) et aorienter, diriger vers le haut)> Le sens figuré de Mcequi ressort, tranche sur le ba-
( 1559, d’où l’expression courante relever Ia tête au nal, le communs (1655) correspond à celui d’«éclat,
figuré <reprendre de la fierté, du couragen (1835). considération dans le domaine socialn 116371, méta-
Selon le type de complément et le contexte, ce sens phore spatiale sur l’élévation. On dit ainsi donner
de base se décline en ((porter lune chose) à un ni- du relief ( 1671) <<donner de l’éclat». La locution
veau supérieur>> ( 1674) et <<donner plus de gofit à (un mettre en relief (1830) a suivi le même développe-
mets)>> (16701, plus courant dans le participe adjec- ment, prenant une valeur figurée (1893).Relief s’est
tivé relevé. A l’époque classique, le mot a sign3é spécialisé en géographie physique 118311, emploi
((exalter, louer (qqn))) (1608). + Par l’intermédiaire entré dans l’usage courant, et, plus techniquement
de {{délivrer (qqn) d’une peine)> (v. 13551,métaphore ( 19%) dans relief acoustique désignant la sensation
sur «faire sortir en levant>>, relever a dégagé son auditive de l’espace donnée par les deux oreilles.
troisième sens *libérer (qqn) d’une obligation, d’un D’autres dérivés de relever conservent un lien sé-
engagement>> 115491, valeur dont procèdent deux mantique avec le verbe. +RELEVÉ, ÉE, participe
aweptions : ((remplacer (qqn1 dans ses fonctions>> passé de rekver, est employé dès l’ancien fknçais
( 16541et {(destituer de ses fonctions>> ( 1875). + L’em- comme adjectif pour aqui a repris couragen (fin
ploi du verbe dans le contexte d’un repas pour XII~s.), sens disparu. -3 Le mot est repris au xvIes.,
aremplacer (un service) par le suivant)) (1671), qui avec le sens concret de <<ramené vers le haut* ( 1559)
participe du même sens, est quasiment sorti et quelques valeurs figurées : Nau-dessus du com-
d’usage, mais survit au XIX~ s. avec le participe subs- mun dans l’ordre moral, intellectuels &n xv1~s.1
tantivé relevé Ici-dessous). +La forme pronominale s’est maintenu; les emplois pour asublime* (1580>,
se relever Idéb. XII~s-1signif5e concrètement «se re- -élevé socialement> (1670) ont disparu. +L’adjectif
mettre debout>> et, avec une valeur itérative, asortir sert à caractériser un mets piquant, fortement as-
du lit à nouveaun Iv. 1360) ; au figuré, se relever s'em- saisonné ( 1670) et, par analogie, ce qui est rendu
ploie pour +ortir d’une situation di&ile» (1588) et éclatant par une autre chose (av. 1662, Pascal), ce
tend à supplanter l’emploi intransitif au sens de ((se qui a un ton vif, haut en couleur ti XX~ s.l. 0 Subs-
diriger vers le haut)) (1841). tantivé, le relevé ( 17401 désigne le travail du maré-
Quant à l’emploi intransitif du verbe, aussi ancien chal-ferrant enlevant le fer d’un cheval et le ratta-
que l’emploi transitif (1080, <se mettre debout+ il chant avec des clous neufs. Plus couramment, le
est plus rare; il assume le sens de +e remettre> nom, d’après le verbe, désigne l’action de noter par
Iv. 11551, avec un complément, dans le contexte de écrit (17401, d’où la levée d’un plan, de renseigne-
la maladie (1256) ou de l’accouchement : on a dit re- ments (xx” s.l. Il se dit aussi de l’action de lever, de
lever absolument krve s.) puis relever ck COU&~S relever c18701, spécialement en parlant d’un mou-
(16401. 0 La construction relever de, d’abord &re vement de danse ( 1964). Il s'est employé pour un
dans la dépendance dea) (15731, Sign%e couram- plat qui en remplaçait un autre (1803, probable-
ment &re sous la domination de>) (16361, (<être du ment antérieur, le sens correspondant de relever
domaine de>>(18463 et enEn *être du ressort, de la étant attesté dès le XVII~ s.1[ci-dessus]. +RELEVÉE
compétence de» (19101, le sujet désignant une n. f., participe passé féminin, est substantivé
chose. Iv. 1150) pour désigner, par allusion au moment où
wRELIEF n. m., dont la première attestation (10501 l’on se relève après la sieste, le temps de l’après-
fait présumer d’une ancienneté au moins égale midi Idem, trozIs heures de relevéel ; ce sens, sup-
pour le verbe, est le déverbal de relever d’après les planté dans l’usage général par après-midi, reste
anciennes formes accentuées sur le radical, vivant localement. +RELEVAILLES n. f.pl @n
comme je relief à l’indicatif présent. +Le mot dé- XII~s.) désigne une cérémonie à l’église, la pre-
signe au singulier, puis surtout au pluriel Iv. 13201, mière fois qu’une femme s’y rend après ses
les restes de nourritures que l’on enlève krelève4 couches, ainsi que le fait de se relever de couches
de la table une fois le repas terminé. Il a reçu en (v. 1360). Plus souvent, il se dit, par métonymie, des
droit féodal le sens d’ceaction de relever un fiefu. Les réjouissances célébrées à l’occasion de la cérémo-
emplois où relief est encore en relation avec le nie (16901. +REL&VEMENT n. m. (-fin XII~~.)seule
verbe ont disparu, on ne connaît plus que les reliefs sens religieux de Nrésurrection)> et une valeur plus
du repas, du festin. + Le développement séman- générale, aaction de relever, de soulage- Iv. 1190).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3161 RELIGION
Au xwe s. ( 1559, le mot désigne au figuré le réta- Mcueillir, ramassern (-+ lire) avec adjonction d’un
blissement, le redressement de la prospérité préfixe re- (+ re-1 marquant l’intensité ou le retour
économique ou sociale. Il s’emploie aussi concrète- en arrière, soit de religere, Krecueillir, recollectern,
ment pour le fait de remettre une chose debout, en verbe attesté seulement par un participe. D’après
place (1611). +Dans l’usage classique, il se dit Émile Benveniste, il signifiait, abstraitement, weve-
d’après le verbe, pour l’action de noter par écrit nir sur ce que l’on a fait, ressaisir par la pensée ou
(av. 1654) et, par métonymie, sime {(tableau, écrit= la réflexion, redoubler d’attention et d’applicationa,
(av. 16541, avant d’être remplacé par rekvé. Beléve- développement comparable à celui de recolligere
ment a pris, par l’intermédiaire du sens d’aaction (+ recueillir, recolligerl. De fait, religio est syno-
de déterminer la position d’un objet>) en topogra- nyme de +crupule>>, <<soinméticuleuxm, Nferveur in-
phie 117711, des valeurs techniques en marine : quiète», ce qui semble exclure, en latin classique au
Rangle que fait avec le nord vrai la direction d’un moins, l’idée de relation avec le sacré. Dans ce
point tic à terre, d’un bateau (déterminant la posi- sens, le mot convient cependant à l’exercice du
tion), d’un astrem 11835) ; en aéronautique, aposition culte, à l’observance rituelle qui exigent une pra-
géographique d’un avion en volm. D’après l’emploi tique littérale et vigilante. Equivalant à adélicatesse
du verbe en économie, il désigne l’action d’aug- de conscience, recueillement, circonspection mi-
menter un prix, une rémunération (1923). + RELE- nutieuse», le terme a pu se fixer rapidement et
VEUR, EUSE n., attesté une première fois SOLEla presque exclusivement sur l’expérience ou la ma-
forme relweres (cas sujet) au sens de *celui qui re- nipulation du sacré. Il ne recouvre à l’origine qu’un
lève, qui soutient la sainte Eglise- Iv. 12501, a été re- ensemble de pratiques, croyances et obligations
pris en médecine sous sa forme actuelle Iv. 1560) morales, glissant de la disposition subjective évo-
pour qutier un muscle dont l’action est de rele- quée ci-dessus aux réalités objectives que cette dis-
ver un organe. Il s’est étendu beaucoup plus tard position concerne. Aussi, dans le haut moyen âge,
au sens général de “qui relèvem ( 18751, substantivé religio désigne la discipline monastique, la profes-
comme nom d’appareil ( 1865, en chirurgie; 1877, sion religieuse Iv” s.1,l’ordre religieux ( 1143) et l’en-
pour un appareil de la moissonneuse) et pour dé- semble des vérités et devoirs religieux. Il semble
signer l’employé chargé de faire des relevés de que les langues occidentales, à la différence
compteur EV.19201, emploi le plus usuel. +RELE- d’autres idiomes, même indoeuropéens, ont spé-
VAGE n. m. 113481, employé comme terme de féo- cialisé un vocable pour distinguer l’appareil des
dalité, pour adroit de relever un fief>>,a disparu. Le croyances et des rites de toutes les autres institu-
mot a été repris au XIX~ s. en technique pour <<action tions sociales. Cette rupture et ce transfert corres-
d’éplucher et de nettoyer le papier nouvellement pondent à la pensée distincte d’un domaine qui
fabriqué et encore humide, 11842). II joue aussi le n’avait jamais été pensé à part, les sociétés ar-
rôle de nom d’action de relever ( 18451, spécialement chtiques n’isolant pas la sacralité de la socialité,
pour Nescamotage du train d’atterrissage d’un leur constitution du Socia[l étant intrinsèquement
avions, Nremise à flot d’un navire coulé» et «dégage- religieuse.
ment et remise sur la voie d’un matériel ferroviaire 4 Le mot passe en tiançais avec la restriction sé-
dérail% (sens mentionnés dans les dictionnaires mantique qu’il avait subie en latin médiéval, dé-
en 1964). + RELÈVE n. f., déverbal (1872, Journa of- signant le monastère, la maison religieuse, appelée
ficiel), est le nom d’action correspondant à rekver, aussi égkse de religion. Avec ce sens, devenu rare
pour le remplacement d’une troupe et par exten- vers la fm du XVII~s., il prend des valeurs concrètes
sion de ceux qui sont chargés d’une tâche, d’une et abstraites, désignant un ordre monastique
équipe de travail. Par métonymie, il s’applique à la (v. 11551 et l’état des personnes engagées par des
troupe exécutant cette opération Il9041 et, par mé- voeux dans un ordre, spécialement dans les lo-
taphore, à ceux qui remplacent ou doivent rempla- cutions entier en religion Cv.11703 et nom de refi-
cer les générations précédentes. La locution gion ( 18703 ; il fut même étendu à une société re-
prendre la r&ve (18951 possède ces divers em- connue par l’autorité ecclésiastique et dont les
plois . membres prononcent des voeux (v. 14601, spéciale-
ment à propos de l’ordre de Malte ( 16141. Ces
RELIEF + RELEVER
nuances sont confondues dans la locution figurée
RELIER + LIER %tre de lu religion de suint Joseph <<être marié))
(16401, qui a disparu. +Depuis la premiére moitié
RELIGION n. f. est un mot emprunté (v. 1085) du mes. (v. 11201, le mot désigne en général une
au latin religio dont l’étymologie est controversée pratique liée à une foi dételée et à une certaine
depuis 1’Antiquité. À la suite de Lactance, de Ter- doctrine de la divinité; dans cette acception liée à
tullien, les auteurs chrétiens se plaisent à rattacher culte et à rit (rite), le mot ne concerne, jusqu’au mi-
religia au verbe religure arelier%, de re- (-, re-1 à va- lieu du xv? s., que le seul catholicisme romain ; l’ex-
leur intensive, et de ligare (+ lier). La religion ayant tension à d’autres cultes, même non chrétiens, ap-
pour objet des relations que l’on entretient avec la paraît au xwe s. (1538). C’est à cette même époque
divinité, le mot signiherait proprement aattache>> que le mot s’emploie avec une majuscule pour dé-
ou adépendanceb, les variations de sens étant ana- signer le protestantisme (1533, d’où ceu3Gde lu reli-
logues à celles de rattachement et attachement, dé- gio72 «les protestantsn, elliptiquement pour Kreli-
signant à la fois le lien effectif et le lien affectif. Une gion réformée» %n xwe s.1 devenu chez les
autre origjne est signalée par Cicéron et appuyée catholiques romains religion prétendue réformée”
de son autorité : religio serait tiré soit de legere ou R PR (+ réforme). L’expression guerres de refi-
RELIQUAT 3162 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gion est postérieure ( 17011; au XVII~ s., l’emploi do- vico-religieux & la fois religieux et civique>>. Par ex-
minant de religion en France pour la seule religion tension, il qualifie une personne pleine d’une vkné-
catholique romaine témoigne du refus de considé- ration comparable à celle que la religion inspire
rer les autres systèmes de croyance; ainsi Fure- pour Dieu (1802, Chateaubriand). + Depuis le xwe s.,
tière écrit : ~~TOUSles cultes des faux Dieux ne sont religiem et surtout RELIGIEUSE dési@ent di%-
que superstition, ne s’appellent religion qu’abusi- rents oiseaux à plumage blanc et noir ( 15551, par
vement» (16901. Cependant, on commence à em- comparaison avec l’habit des moniales. 0 L’expres-
ployer le mot plus objectivement, par exemple sion mante refi&euse ( 1845) fait allusion à l’attitude
dans religion de Muhomet Iv. 15901. À l’époque des de prière de l’insecte. +Le mot est passé en cou-
Lumières, le mot entre dans l’expression religion ture pour des plis plats groupés dépassant les uns
naturelle Iv. 17421, d’abord en parlant des principes sur les autres ( 1874, des plis ù la religieuse, Mal-
moraux cornrnuns à tous les humains, puis d’une larmé). ~bkhrement, le nom féminin RELI-
religion indépendante de toute révélation divine GIEUSE a été choisi pour désigner un type de gâ-
W’653.Refi@on d’État désigne 11868) une religion teau à la crème, parfumé au chocolat ou au café
bénéficiant de la protection de l’État sur tout son (1904. + Le mot, par un autre emprunt au bas latin
territoire reflétant la séparation de la religion et de ecclésiastique, qualse ce qui se rapporte à l’orga-
19 politiqu?, qui correspond à celle des institutions, nisation monastique Iv. 11551, en particulier des
Eglise et Etat. +En dehors du domaine ecclésias- biens (XIII~ s.), des lieux (XIII~s.l. Substantivé, il dé-
tique et dogmatique, le mot a pris dès le XII~s. des signe les moines et les moniales 112401, en concur-
valeurs éthiques plus subjectives (v. 11551, dési- rence avec moine, sœur, emploi toujours usuel.
gnant une disposition intérieure de piété, de dévo- +RELIGIEUSEMENT adv., dérivé de religieux
tion (v. 1275) et un sentiment de respect, d’adora- pour (<avecfoi, piété)) (XIII~s-1,a pris les valeurs figu-
tion et d’obéissance exacte envers ce que l’on rées de wrupuleusement, avec exactitude>> Km
considère comme une obligation morale XIX’ s.), et <(avecadoration ou vénérationn (1847, Bal-
Edéb. XVII” s., Malherbe). Ce sens, renforcé par la va- zac). +Pendant la Révolution, on forma ANTIRELI-
leur de religio en latin classique, se réalise dans GIEUX adj., <<hostile à la religion)) (17931. La créa-
quelques locutions comme se faire une religbn de tion d'ARELIGIEUX, EUSE adj. asans religion» est
(16771, mettre sa religion à (fin XVII~s.1, éclairer la postérieure d'un siècle (1906- 1907, Barrès). + RELI-
religion de gqn «l’écIairer>) I 17971, qui suppose une GIOSITÉ n. f. est emprunté (XIII~ s.1 au dérivé bas
ancienne métaphorisation, ou surprendre la refi- latin religiositas, -atis flpiété» (IV’ s.l. + Le mot sign-
@on de qqn ( 1690) ((abuser (un juge) par des sub- fie d’abord {{sentiment religieux, habitude de
terfuges)) ; ces locutions sont devenues littéraires, et piét&, sens sorti d’usage au XVI~siècle. Rare à
ce sens tend à se confondre avec l’emploi figuré l’époque classique, il est repris (18013 pour désigner
plus général du mot pour «activité, organisation l’aspect sentimental de la religion dénuée de toute
comparée à une doctrine religieuse>> (18101, attache avec une foi précise, souvent avec une
souvent par ironie. connotation péjorative et par opposition à religion.
IRRÉLIGIEUX,EUSE adj.est emprunté (1403) au
b Le seul dérivé de religion procède de son an-
latin irreligiosus, antonyme en in- h-1 de religiosus
cienne spécialisation pour désigner l’Église protes-
tante: RELIbIONNAIRE n. (1562) désigne un
aussi employé dans le tour impersonnel irreligio-
membre de 1’Eglise protestante. Il n’est plus utilisé
sum est. Le mot qualse une personne dépourvue
d’esprit religieux; il se diffusa au XVII” s. sous l’irn-
que par les historiens.
pulsion des milieux jansénistes, s’étendant à toute
RELIGIEUX, EUSE adj. et n., réfection (xrlre s-1 de
chose étrangère à la religion, alors considérée
religius Cv. 11121, rehgious (v. 11901, est emprunté au
latin religiosus tiré de religio, av?c les sens de ~~scru-
comme contraire à la religion dominante (cf. anti-
puleux», «pieux>>, <<consacré». A basse époque, le
religieux ci-dessus). +Ilaproduît IRRÉLIGIEUSE-
MENT adv. &II XV~s.1,mot littéraire et didactique.
mot signifie chez les auteurs chrétiens “qui appar- +IRRÉLIGIOSITÉ n-f., emprunté (1483) au latin
tient à un ordre et en respecte la règle)) Iv” s-1,subs-
chrétien irreiigiositus 4r&igion, impiété», de irreli-
tantivé pour désigner un moine tvr” s.1; il ofie, dans
giosus, se dit de l’a,bsence de sentiments religieux.
le haut moyen âge, la même valeur double que reli-
Très proche sémantiquement de irréligion, il n'en-
gio (ci-dessus). +Le mot suit le développement sé-
tretient pas avec reZi@osiG un rapport d’antony-
mantique de religion: emprunté en parlant d’une mie. Il a éliminé Erreligleuseté (déb. ~VI~S.), dérivé
personne qui vit en vertu de sa foi, selon les règles de irr&igiem avec le stixe -té I-ité).
de sa religion Iv. 11121, il a pris une valeur subjec- +IRRÉLIGION n. f. est emprunté au xv? s. (1527)
tive : «animé par une foi sincère)} Iv. 12781. Sa spé- au latin impérial irreligio, -onls, de in- (k-1 et du la-
ciakation pour <<adepte du protestantisme)> (XVI~s., tin classique religio. Le mot, désignant l’absence de
Brantôme) a disparu. Son extension, par un lati- croyance et de pratique religieuse, n’a donné lieu à
nisme littéraire, à une personne exacte, ponctuelle, aucune extension de sens. Il est didactique.
qui exerce scrupuleusement (v. 15721, encore nor-
male à la fm du xwe s. (LaBruyère), est sortie RELIQUAT n. m. est emprunté (XK~ s., reliqua;
d’usage. +Religieux s’est appliqué assez tôt 1409, relicctt) au latin reliqua <<reste>>,
neutre pluriel
Iv. 1283) à des choses conformes à la pratique de la substantivé de l’adjectif reliquus cestant>>, dérivé
religion, témoignant de foi et de piété; dans un du verbe relinquere «laisser derrière soi, abandon-
usage didactique, il a le sens neutre de <<relatif à la ner». Ce verbe est formé de r-e- (+ re-1 à valeur in-
religion» 115381, entrant sous la Révolution, dans tensive, et de Jinquere kisser, abandonner, quit-
des composés comme religio-civique Iv. 1792) et ci- ter* ancien, mais moins usité que la forme à
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉMANENT
préverbe. On rapproche linquere de différents prétie re-* marquant l’intensité, au moyen néer-
termes indoeuropéens comme le lituanien IëIzù aje landais loehen aregarder=, lequel avait donné en
laissera, le grec Zeipeia et le gotique leihwa ((je prête* moyen tiançais luquer aregarder>> (ti XIII~s-1et est
(sens dû sans doute à un ancien nom de ~~prêt~~, apparenté à l’anglais to ZooIz (+ look). La voyelle u
dont le latin n’a pas gardé le représentant). En tian- au lieu du ou attendu (liégeois rilo&î, composé de
çais, le mot a pris son -t final au XVI~ s. d’après le la- louM s’explique peut-être par l’influence de luquet
tin des gloses reliquatum ((ce qui reste apr6s qu’un =Oeil de bœufm (xv” s., Flandres), du moyen néerlan-
compte a été arrêté>>, participe passé neutre subs- dais 1Uke ttfermeturen et par celle de lucarne*.
tantivé de reliquare ccredevoir qqch. sur un compte>> P. Guîraud, s’appuyant sur le fait que le mot appar-
(5331, lui-même dérive de reliquus. tient à l’ensemble du domaine galle-roman, y voit
+Le mot est emprunte en comptabilité pour dé- une forme préf&e du latin lucere «faire luire,
signer la somme restant due après la cl8ture et (+ luire) par l’intermédiaire d’une forme oZucicure.
l’arrêté d’un compte. Il a développé d’une part un 4 Le mot appartient à l’usage familier pour “regar-
sens général, ace qui subsiste d’une chose>> (1538, les der avec intérêt et curiosité)), d’où, au figuré,
reliquats du dîner), d’usage littéraire, et d’autre <considérer avec convoitise, envie)) ( 1828- 18291.
part, un sens métonymique, Ksomme restante)>
(1856). + Sa spécialisation médicale ( 1549) a disparu REMAKE n. m. est un emprunt (1946) au jargon
sous la concurrence de séquelles. cinématographique américain to rem&e adonner
,Le dérivé RELIQUATAIRE n. (15661, terme juri- une nouvelle forme à» et remake <nouvelle ver-
tique, désigne la personne redevable d’un reliquat. sionn, spécialisation de sens de l’anglais to remake
0 voir RELIQUE. c(refaireB, de re-, préfixe correspondant au français
re-* dans sa valeur itérative, et to m&e <<faire,
RELIQUE n. f, est emprunté (10801 au latin reli- confectionner>> (3 Q maquereau).
quiae, désignant des restes, des débris, spécialisé + Le substantif remake entre da le vocabulaire
en latin ecclésiastique pour désigner les restes du français du cinéma après la Seconde Guerre mon-
corps d’un martyr, d’un saint Ifin me-ves.l et dérivé diale, conservant sa prononciation d’origine Iti-
de reliques “qui reste= (+ reliquat). mèquel; on a proposé de le remplacer par copie,
+ Le mot a gardé le sens religieux chrétien puis, par adaptation, révision, refonte, remaniement, re-
analogie, s’applique à d’autres religions. En latin construction, mais sans succès. Employé avec une
médiéval comme en français, les reliques désigne valeur active et au sens concret de <<nouvelle ver-
une réalité religieuse importante et l’objet d’un sion d’un Mn, il s’étend à la nouvelle version d’une
culte populaire, d’un commerce et d’une symbo- œuvre, d’un texte (1954, avec un succès moindre.
lique qui seront vivement critiqués à partir de la
Réforme; le mot est très courant, d’où une phra- RÉMANENT, ENTE adj. et n. m. est, dans
séologie abondante, par exemple gar&r gqch., qqn son usage actuel ( 18321, la reprise d’un ancien subs-
comme une relique (16981. + L’emploi du pluriel au tantif écrit remanunt (v. 11191,désignant le reste, le
sens profane de arestes, débris)> (v. 13931, littéraire, surplus, le relief d’un repas, collectivement ceux
est devenu archaïque. ~DU sens religieux initial qui restent, les survivants et, dans le nord de la
procède la valeur figurée, ((chose à laquelle on at- France, un descendant, un héritier (xrt~“-xvrt~S.I. Ce
tache moralement le plus grand prix, que l’on nom est la substantivation du participe présent de
garde en souvenir d’un être cher* (av. 15%). +Ré- l’ancien verbe remuneir ( 10501, remunoir Il0801 qui
cemment, le mot s’applique aussi au dernier re- couvrait tout le champ sémantique de rester avant
présentant d’un groupe zoologique ancien. oUn de céder la place à ce dernier, et qui remonte au la-
emploi correspondant de l’adjectif relique, em- tin remanere {{s’arrêter, séjourner, demeurerti, de
prunté savamment au latin reliquus, est attesté en re- I-+ re-1 à valeur intensive, et manere (<rester, at-
géomorphologie à propos d’une forme de relief qui tendre» I+ manoir).
ne correspond plus aux conditions climatiques ac- 4 Repris sous la forme remanants puis rbmanents
tuelles (1964). ( 18501, au pluriel, puis collectivement au singulier,
~Avec son sens religieux, rel?@e a donné RELI- le mot; désigne le petit bois restant dans les coupes
QUAIRE n. m., d’abord reliquiaire (XIII~s.) puis reli- après l’exploitation, emploi dialectal devenu tech-
quaire ( 1X%), désignant un cofiet précieux, la boîte nique. +Sous l’influence de rémunence et par em-
renfermant une ou des reliques, chûsse s’em- prunt au latin remunens, -en&, participe présent
ployant plutôt lorsque le coffret contient l’intégra- de repnunere, il s’emploie en sciences (v. 18701, spé-
lité des restes d’un saint, d’un martyr. cialement en parlant d’un phénomène magnétique
+ voir RELIQUAT. qui persiste après la disparition du champ induc-
teur; comme pour rémunence, le mot dépend alors
RELIRE + LIRE de l’anglais remunent (1866).
RELIURE -+ LIER b RÉMANENCE n. f. est aussi dans son usage mo-
derne h. 18701 un emprunt à l’anglais remanence
RELUIRE + LUIRE (<reste, restant», spécialisé en sciences (18171, et lui-
même emprunté à l’ancien et moyen français re-
9 RELUQUER v. tr., atteste Cv.17301 dans un munence, antérieurement remunance h. 11121, dé-
texte poissard, est d’origine discutée : selon Bloch rivé de remunoir qui désignait le fait de demeurer
et Wartburg, il serait emprunté, avec adjonction du quelque part, le séjour, la demeure, et, concrète-
REMARQUER 3164 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment, le reste, spécialement le reliquat d’un propriétés que les autres ne possèdent pas (attesté
compte. +Rémanente est réintroduit par angli- mil. xxe S.I. +La valeur caractérisante de Kdigne
cisme dans le langage scientsque pour désigner la d’être remarqué}} (16071, surtout sur le plan intel-
persistance partielle d’un phénomène après la dis- lectuel, confère au mot le sens de <<brillant, émé-
parition de sa cause (appelé aussi hystérésis), spé- rite)), demeuré usuel. -L’adverbe REMARQUA-
cialement à propos de l’aimantation après dispari- BLEMENT El6 161 correspond à la valeur subjective
tion de l’innuence magnétique. Il a développé de l’adjectif et fournit un superlatif (très1 dans le re-
d’autres spécialisations scientfiques en optique gistre soutenu.
Irémanence des images visuelles), en écologie et
éthologie (rémanente d’un signal olfuc tic REMBARRER + BARRE
chimique). Dans la langue littéraire, il fournit un sy-
nonyme recherché de persistance En XIX~ s,, Huys- REMBLAI, REMBLAYER + BLÉ
mans). 0 Au xxe s., il désigne, au pluriel, les taxes
sur la consommation qui ne sont pas payées direc- REMBOBINER -BOBINE, EMBOBELINER
tement sur les ménages.
REMBOURRER + 0 BOURRE
REMARQUER v. tr. est la réfection d’origine
normanno-picarde ( 15491du moyen français remer- REMBOURSER -3 BOURSE
chier 113761, remerquer Iv. 13933 sous l’influence de
murquer*, verbe de même provenance dialectale REMBRUNIR + BRUN
qui a supplanté merchter. Le préfixe Te-* a ici une
valeur intensive. REMÈDE n. m. est emprunté (1181) au latin re-
+ Le mot Sign%e Narrêter son attention, son regard medium ~médicament~~, ((expédient)), de re- II-+ re-1 à
sur qqch.>>,redoublant et évinçant progressivement valeur intensive, et mederi <soigner>>, spécialisé dès
marquer dans cet emploi. L’accent est mis sur le l’origine dans la hngue médicale (+médecinI.
fait de distinguer une personne ou une chose L’ancien ti-a;nçais a eu un type plus tiancisé, remire
parmi d’autres (15851, la locution verbale se faire Cv.11201, encore attesté exceptionnellement au
remarquer E1653) constatant d’abord objectivement XP s., et qui correspond à l’ancien fkncais mire
un état de fait avant de prendre la valeur péjorative ~~médeciw.
de <<manquer de tenuen (1893). 0 Par le même dé- 4 Le nom, qui était aussi féminin en ancien tiançaîs,
veloppement métonymique que observer, remar- se disait généralement de tout moyen (hygiénique,
quer correspond à cporter verbalement à la médical, chirurgical) appliqué à titre curatif ou pré-
connaissance d’autrui (un constat, une réflexîon)~ ventif. Encore au XVII~s. la locution être duns les re-
(1657-16621, souvent en incise dans un énoncé Ire- mèdes, faire des remèdes ( 1690) Sign%ait asuivre un
marqua-t-il) et dans la construction factitive faire traitement, se soigner>> ; le mercure, dans le traite-
remarquer que E17671 qui a remplacé l’emploi syno- ment de la syphilis, était appelé le grund remède
nyme de remarquer @n xv’ s.1 courant au XVII~siè- (1690). De nos jours, les expressions remède de
cle. Le sens de «marquer de nouveau>> (1611) ne bonne femme (1798) et remède de cheval (1864)
s’est pas développé, gêné par l’expansion du sens sont plutôt comprises au sens restreint de xsubs-
usuel. tance médicamenteuse)> qui s’impose au XVIII~siè-
b Le déverbal REMARQUE n. f., SOUS sa forme ac- cle. - C’est du sens large et archaïque que procède
tuelle 115793,est la variante picarde qui a remplacé la valeur figurée pour «ce qui combat, prévient,
l’ancien tiançais remerche (v. 15051, aussi remerque guérit un mal quelconque>, attestée dès la fh du
(1577) d’après marque. Le sens dynamique, «action XII~s. sous les formes remedie et remeide Cv.11901
de remarquer>>, encore réalisé dans la locution puis remède Cv.1283, au féminin; puis au masculin,
digne de remarque (16091, a disparu au profit des v. 13551. Dans ce sens, la locution sans remède
emplois métonymiques apparus au XVII~s. : flnote (v. 13601, autrefois employée adverbialement au
écrite exprimant réflexions et commentairesp sens d’G+&médiablement~~, est devenue ( 1636) lo-
( 1647, au pluriel, remarques3 et une opinion ( 1657- cution adjective. Remède, toujours avec l’acception
1662, faire une remarque), «commentaire désobli- large, entre dans la locution péjorative remède
geant>) (dès 1577). Le mot s’applique notamment, d’amour Il6901 devenue remède contre l’amour, à
dans la seconde moitié du XVII~s., aux ouvrages de l’amour, pour caractériser une personne (le plus
réflexion sur le bon usage du français Waugelas, souvent une femme) vieille et laide. *Par exten-
Bouhours), servant à former (xx” s.1 le dérivé RE- sion, le mot s’emploie aussi à propos d’une mesure,
MARQUISTE n. «auteur de remarques sur le lan- d’un ensemble de mesures propres à diminuer ou
gage>. * Il a aussi le sens de arepèren dans un em- à supprimer un inconvénient grave Cv.1190). C’est
ploi technique en gravure où, après épreuve ù la avec ce sens que s’entendent les expressions metre
remarque (1864) &Preuve tirée avant que l’artiste remede a (v. 1330) remplacée au XX’ s. par porter
ait fait disparaître un accident), il se réfère à une remède Ci,..,aux grands maux les grands remèdes
petite gravure faite en marge d’une planche gravée (1823) et le remède est P&ois pire gue le mal
11944). Ixx” S.I. *Le mot a pris ti xve s-3,par réemprunt à
REMARQUABLE adj . I1547- 1555) quatie obj ecti- une spécialisation en bas latin Iremedium ligue, re-
vement ce qui est susceptible d’être remarqué, medium ponderis), un sens spécialisé en orfèvre-
d’attirer l’attention, sens réalisé spécialement en rie : kart autorisé entre le titre légal et le titre réel
mathématiques à propos d’éléments possédmt des de l’argenterie>>, remplacé de nos jours par blé-
DE LA LANGWE FRANÇAISE 3165 REMETTRE
rance. Les points ronds placés de chaque côté du Le verbe d’ancien fkançais remembrer Cci-dessus) a
poinçon qui indiquent cet écart s’appelaient gruins eu pour dérivé REMEMBRANCE n. f. quisign%e
de remède (1690). en ancien français aconscience>> I1080), puis asouve-
kREMÉDIER v.k.indir. (avec &) est empâté nîr)) (v. Il 19). Dans ce sens, il s’est maintenu comme
(1282) au dérivé latin remediare qk-it-~~. + Le mot, archaïsme et dans les parlers régionaux, comme
autrefois employé au sens général de <<soigner par en témoignent encore au XD(~s. des emplois litté-
un remède)), a pris le sens figuré de ((combattre un raires, tel les Remembrunces du vieillard idiot
mal, un inconvénientti Iv. 1355). Le verbe, qui n’a pas (Rimbaudl.
subi la restriction de sens de remède, a corres-
pondu à «essayer d’améliorer, de guérir un état pa- REMERCIER + MERCI

thologique, un mal physique>> (1636). En français


RÉMÉRÉ n. m. est emprunté avec changement
moderne, seul le sens figuré est d’usage, le mot
de classe grammaticale Il4701 au verbe latin mé-
étant en partie détaché de son origine. -REMÉ-
diéval reemere, altération du latin classique redi-
DIABLE adj., emprunt (ti xrve s.1au latin remedia-
mere ((racheter)) qui a donné rédimer*.
Mis ~guérissable», de remediare, quatie un mal
auquel on peut porter remède, au propre et au fi- + Ce terme de droit désigne le rachat possible de
guré ; il est plus rare que son contraire. En moyen son bien par le vendeur, moyennant restitution du
français, il a eu également le sens actif de “qui re- prix principal et remboursement de certains ac-
médie)) (15011.Il est archaïque ou littéraire. +IRRÉ- cessoires. En termes de Bourse, contrat de réméré
MÉDIABLE adj. CV. 14501, formé sur remédiable se dit kx” s.l d’un contrat de vente d’obligations as-
avec le préfixe in- linrémédiable, v. 14601, qualtie, sorti d’une promesse de rachat à date et prix fn&.
d’abord au figuré puis au propre (15491, ce à quoi on .Le dérivé RÉMÉRER v. tr. (15831, tiracheter en
ne peut remédier. Il a eu en moyen français le sens vertu d’un pacte de rémér6, est rare.
d’Gnévitable, indispensables (v. 14601, sorti d’usage. 0 voir RÉDIMER; mNçoN, RÉDEMPTION.
Il s’emploie comme substantif avec une valeur de
neutre 11901). +Plus courant que remédiuble, au +k REMETTRE v. tr. est issu (v. 1118) du latin
moins dans un usage soutenu, il a servi à former remittere, de re- I+ re-1, et mittere (-+ mettre), <<ren-
IRRÉMÉDIABLEMENT adv. cv.1460) qui eut en voyer, rendre », «relâcher, détendre» d’où <ramollirez
moyen fkançais la variante inremediablement et, moralement, as’apaiser, se calmerm (au passif et
114921. au pronominal en parlant d’une maladie, d’une
douleur). Le verbe s’employait aussi dans la langue
REMEMBRANCE + REMÉMORER des juristes pour <<abandonner, renoncer à, faire re-
mise (d’une dette, d’un châtiment)», et à basse épo-
REMEMBREMENT, REMEMBRER que chez les auteurs chrétiens, pour cabsoudre Iles
+MEMBRE
péché+.
REMÉMORER v. tr. est emprunté Iti XIV’S.) 4 Héritier des emplois du verbe latin, remettre,
au bas latin rememoruri <se ressouvenir» employé senti rapidement comme un préfixé de mettre, a
par des auteurs ecclésiastiques, formé avec le pré- acquis d’autres valeurs d’après le verbe simple. Il a
tic re- (+ re-1 à valeur itérative sur le modèle de eu le sens concret de <<fondre, liquéfier>> (intransi-
commemoruri, variante tardive du latin classique tivement, «se liquéfier)), v. 11203, continuation du
commemorwe I-, commémorer), de mernoria! sens latin d’«amollirm. Ce sens et son extension
I+ mémoire). Une forme populaire, remembrer, pour &aîblir, détruire» (XII~~ s.) sont sortis d’usage
d’abord remembrur (v. 9801, est sortie d’usage de- dès le moyen francais. +Le groupe d’emplois au
puis le xvle s., sauf emploi par tiectation d’ar- sens itératif de «mettre de nouveau>> s’est immé-
chaïsme (XVII~4, comme son dérivé remembrunce diatement imposé : d’abord attesté dans la locution
Ici-dessous). figurée remettre en vie Iv. 11451, il est réalisé avec
+ Remémorer a d’abord signifié <<fairela commémo- une valeur concrète et un nom de personne pour
ration de» avant de se séparer de commémorer et sujet, au pronominal se remettre (v. 1165) par
de prendre une autre valeur : <faire resurgir dans exemple dans se remetie à table (v. 11751,et transi-
sa mémoire)) (fin xve s.l. Il est surtout usité à la tivement (v. 1208). La locution remettre Iqqnl à sa
forme pronominale se remémorer ( 1579) {{rappeler place (1539, en sa place) a acquis plus tard une va-
volontairement, reconstituer avec une certaine leur fige-ée désobligeante ( 1823). Remettre en selle
précision dans sa mémoirem, d’abord construite s’est chargé d’une si@cation imagée 6n XVII’ s.l.
avec de, puis directement ( 1762). + Secondairement, remettre, avec un complément
b Les ~&~~~~REMÉMORATIF,IVE adj.(déb.xv”s.) second, a Sign%é ~~réprimander~ (xv” s.), Icf. re-
et REMÉMORATEUR,TRICE adj. (av. 1841, Cha- prendre], sens continué par des emplois comme re-
teaubriand), de sens très voisin, sont rares et litté- mettre au pus ( 1793-1794, remettre dupts le droit che-
raires . min). +Le sens de #reconduire>> (16351, usuel avec
REMÉMORATION n.f, est emprunté CV. 1370, un nom d’animal et un complément de lieu, a vieilli
Oresme) au bas latin ecclésiastique rememoratio, quand le complément d&igne un &re humain.
-on& <commémoration», du supin IrememorutumI +Le verbe s’emploie aussi avec un nom de chose
de rePnemoruri. Le mot, qui désigne l’action de re- pour objet (v. 11701, spécialement en médecine
mémorer, est d’un usage rare ou didactique, par pour ccrembolter, replacer (un os, un organeIn, at-
exemple en psychologie pour <<rappel volontaire testé une première fois au XTI~s. ( 1174- 11871, puis à
(d’un souvenir)». partir de 1564 (Paré, qui emploie aussi remettre ww
REMETTRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

fracture, une luxation, 1575). Au xrve s., remettre grâce de, épargnern apparaît à la fin du mes.,
prend la valeur spéciale de <revêtir de nouveau (un d’abord dans un emploi isolé pour «épargner la vie
habitIn (13063 et celle de <mettre en remplacement, de qqn,, puis dans une double spécialisation, juri-
( 1306). Avec la valeur locative de aplacep, appa- dique (1398) et religieuse Uïn xwe s.), cette dernière
raissent des constructions comme remettre qqch. étant réalisée dans l’expression religieuse remet-
en face de qqn Cv.1470, ÙI puis aussi remettre qqch. tez, et il vous sera remis ( 16941, écho d’une formule
deyunt les yeux de qqn 11561) et, abstraitement, re- du Pater. +Transposition temporelle du sens de
mettre qqch. dans l’esprit de qqn (16401, remettre en <renvoyer>>, la valeur de gdi&rer» (v. 1380) est réali-
mémoire Nreprésenter qqch. à qqn, rappeler», va- sée en particulier dans l’expression remettre la
leurs qui existent aussi au pronominal : se remettre partie, surtout employée au figuré (15801, vieillie à
en mémoire (15791, se remettre dans l’esprit (16871. l’actif mais demeurée vivante au passif ( 16901, sur-
C’est d’elles que procède l’emploi de remettre qqn tout sous la fort-ne ce n’est que partie remise (1838),
pour Nreconnaître en representant devant ses aboutissement de c’est partie remise E~T’%1741).
yeux, dans sa mémoireti Cv.14751, usuel au XVII~s, b REMIS, REMISE, le participe passé, a fourni au
11688, je te remets à présentl, et aujourd’hui plutôt verbe toute sa dérivation : son adjectivation est
familier. -Remettre le pied quelque part “y retour- constatée dès les premières occurrences du verbe
ner)> (1687) est aujourd’hui surtout employé néga- II 1181, au sens ancien de cliquéfié, fondum. c= Les
tivement : RAZ plus jamais remettre 1epied Il 839) puis sens modernes datent du XVII~s. à propos d’une
les pieds 11848) quelque part. - Alors que le prono- personne “qui a retrouvé la santé, l’équilibren
minal se remettre ù assume dès l’ancien français (16421, également aredevenu calme, (av. 16131,em-
l’idée de arecommencer àn ( 13061, il faut attendre le ploi dispw après l’époque classique et, d’une
XX~ s. pour voir se développer, d’abord en argot, le chose, «différé, reporté> (1690). +La substantivation
sens transitif correspondant de aredonner, re- du féminin 0 REMISE n. f. (12601 a fourni au verbe
commenceru ; d’abord avec la valeur spéciale de un substantif d’action pour la plupart de ses sens.
(<redonner des coups, répéter des propos désa- Après une première attestation obscure, le mot dé-
gréable+ ( 19071, la formulation elliptique remettre signe le fait de mettre de nouveau quelque part
ça s’entend pour arecommencer la bagarre)) (1913 (13ll), emploi répandu au début du xv~~s. (1511); il
et aussi pour Mservir de nouveau la même consom- s’applique ultérieurement au rétablissement de la
mation dans un café> 11913). Un autre tour ellip- position d’une chose 11876, remise 9 l’heure), spé-
tique, en remettre, correspond à aen rajouter, exa- cialement en sports, au fait de réintroduire la balle
gérern (191f). + La locution, remettre les gaz ( 19371, dans la surface de jeu (18961, emploi explicité par
d’abord dans l’aviation, aaccélérer à nouveau», se l’expression remise en jeu (1935). + Remise répond
situe parmi les emplois de remettre pour #refaire dès le moyen tiançais à l’emploi juridique du verbe
fonctionner» (remettre en route, en marche, sur les pour aréduction (d’une peine)* ( 14821, d’où remise
rails). +Le sens de -ramener à un état antériew de peine (remise de sa peine, 18761, mais ce n’est
(v. 1175) a lui aussi engendré un grand nombre qu’au ~IX~s. qu’on l’enregistre sur un plan religieux
d’emplois usuels. Le verbe s’entend spécialement (1819, la remise des péchés). +La valeur temporelle
pour <rétablir (qqn, qqch.) dans un état physique ou de arenvoi à une date ultérieure* ( 1513) est réalisée
psychique antérieurn 61 XII~s.), que ce soit du point spécialement dans l’expression juridique remise de
de vue de la santé, par exemple dans se remettre cause <<renvoi des débats d’une tiaire à une au-
(1559, se remettre sus) et remettre sur pied (1651), dience ultérieures (17651. 0 De l’idée d’aabandon,
ou dans la perspective d’un rapport social, avec re- fait de renoncep, également de nature juridique et
mettre ensemble bwe s.) et se remettre ensemble liée au sort d’une dette ( 16111, procède le sens mo-
(12831 &e) réconcilierm. 0 Le verbe s’emploie aussi derne de remise de dette -réduction totale ou par-
à propos du temps qui se rétablît ( 1659, se remettre tielle de dette, (1765) et l’emploi d’une remise pour
au beau) ; au XVIII~s. absolument (av. 1778). Remettre crabais sur un prix consenti par le vendew ( 1680).
concerne aussi une @aire qui s’arrange (1697, tran- 0 Remise, «action de cotier, de mettre qqn en pos-
sitivement), et le fait de réparer, de restaurer dans session de IqqchJ» (1611), concerne surtout l’attri-
remettre 8 neuf 11797). bution officielle d’une distinction, et, en religion,
Au plus près du sens originel du verbe latin, re- l’abandon de soi à Dieu. 0 Enfin, le mot correspond
mettre recouvre aussi l’idée de <livrer, cotier, à l’adion de faire de nouveau qqch., autrefois spé-
transmettre)> cv.1155) avec un objet concret ou abs- cialement à la reprise d’un spectacle (1769). + En
trait (remettre une afluire à qqn, v. 15601,un nom de marge de ces emplois actifs, remise a développé un
chose ou de personne, dans un contexte général ou sens local, aujourd’hui senti comme un autre mot.
spécialisé, par exemple en droit, remettre entre les 0 REMISE n. f. est d’abord attesté en vénerie pour
mains de lu justice ( ~‘401, remettre les sceaux «dé- l’endroit où l’animal se remet pour se réfugier ou
missionner (pour le garde des Sceau& ( 1771). se reposer (av. 1525). Par extension, il s’est dit de la
o Au pronominal, se remettre réalise spécialement partie d’un port où l’on mettait les bâtiments désar-
la valeur figurée de cse confiern dans se remettre a més (16541, du local où l’on abritait des voitures à
Dieu ( 1553) et se remettre entre les mains de Dieu chevaux (16591,emploi disparu sous la concurrence
(16941, entre les mains de qqn, s’en remettre ù qqn de garage, mais encore vivant dans voiture de re-
(15591, se remettre à la discrétion de qqn ( 15591, au mise et remise «voiture de 1ouageB (av. 17471, SUT-
jugement de qqn U?n XVI~S.I. Ces emplois font du tout dans grande remise avec une connotation de
verbe un synonyme de en appeler à, se reposer sur luxe, par allusion à l’endroit fermé et abrité où l’on
+Emprunt4 au latin chrétien, le sens de Nfaire entreposait ce véhicule. 0 Au XE? s., remise dans ce
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3167 REMONTRER

sens acquiert de nouveaux emplois, s’appliquant pardow qui s’est colorée des autres sens pris par le
au local où l’on abrite les locomotives (1876) et à un mot. ~Par analogie, il a désigné en droit, sous
abri, un hangar où l’on range les outils et autres ob- l’Ancien Régime, une remise de peine (XIII~s.1,spé-
jets (1879). +À son tour, remise a suscité un verbe cialement dans l’expression lettres de rémission
correspondant àce sens local, REMISER v.(1761), (13581, par lesquelles le roi accordait la grâce d’un
«mettre à l’abri dans une remise>>. Ce verbe, sup- criminel. ll s’est répandu avec le sens général d’ain-
planté en ce sens par gasrer, s’est maintenu avec le dulgence dont on use envers un débiteur, un
sens large de «mettre à l’abri, de côté (une chose obligé>) (15321 d’où Gndulgencen (1690). + Sous l’in-
peu employée)>> (1788). Il s’est spécialisé en vénerie fluence de remetie, il a développé d’autres sens :
où il redouble un emploi de se remettre ase réfu- «action de renvoyer à plus tardm (149 11puis <(action
gier, s’arrêter», à la fois au pronominal ( 1834 et ab- de faire parvenirm ( 17691, sortis d’usage ; une autre
solument (1869). D’après un sens actif de remise en acception, arelâchement, diminution» (de la fièvre)
sports, remiser exprime le fait de riposter instanta- en médecine Iv. 1560, Paré) s’est étendue à &mi-
nément en escrime (1906) et en boxe (19311. +RE- nution ou arrêt provisoire des symptômes de la
MISAGE n. m. (18671, pour l’action de ranger les maladie)). L’extension figurée, Mdirninution dïnten-
véhicules, a connu le même déclin que remise et re- sité, (17461, relève du style littéraire.
miser. .Le dérivé RÉMISSIONNAIRE n. (1594 abénéfi-
0 Voir RÉMISSION. ciaire d’une remise de peinen et le préfixé IRRÉ-
MISSION n, f. adéfaut de pardon» ( 1840) sont didac-
RÉMIGE n. f. est un emprunt zoologique (1789) tiques et très rares. +RÉMTSSIBLE adj., emprunt
du latin remet, remigis qqrameurb, de remus (XIV~s.) au dérivé bas latin remissibilis cdigne de
(+ rame), pris dans son emploi poétique pour l’aile pardon)), quaSe didactiquement ce qui est par-
d’après la métaphore de Virgile remigium alarum donnable, Il a eu la valeur active de “qui pardonne*
cmouvement consistant à ramer des ailes>. (15081, sortie d’usage. +Le dérivé RÉMISSIBILITE
4 Le mot a été repris comme adjectif dans plume ré- n. f, ( 1875) ainsi que les antonymes préfxés IRRÉ-
mige, avant d’être substantivé (1823) pour désigner MISSIBLE adj. 112341, IRRÉMISSIBILITÉ n. f, ce
la plus grande plume de l’aile des oiseaux. dernier faisant concurrence à l’emploi substantivé
de l’adjectif Iv. 18501, sont eux aussi didactiques,
RÉMINISCENCE n, f. est emprunté (XIII~s.1 mais irrémissible s’emploie normalement en théo-
au bas latin philosophique reminiscentia «fait de se logie morale. +REMITTENT,ENTE adj. est em-
souvenir-n (me-VI’ sd, dérivé du verbe reminisci Kse prunté en médecine (1756) au latin remittens, parti-
souvenir>>, formé de re- à valeur intensive, et d’un cipe présent de repnittere, spécialement <<se
verbe minisci ((se souvenir, avoir présent à l’esprit-, calmera Ile médecin romain Celse utilisait le verbe
rare au présent mais courant sous la forme me- dans un sens propre, dans febres remittuntur Ndes
mini, parfait à valeur de présent. Memini est ap- fièvres qui se calment»). Ce latinisme a produit pa-
parenté à melzs «esprit, intelligencea I-, mental). rallèlement des formes analogues en anglais et
Reminiscentiu traduit le grec anamn&is (4 anam- dans d’autres langues modernes européennes.
nèse) dans sa signification platonicienne. 0 En français, le mot s’emploie en relation avec ré-
4 Le mot, repris en scolastique, désigne un ressou- mission* pour une fièvre, une maladie présentant
venir, le renouvellement d’une idée presque effa- des périodes d’accalmie. + RÉMITTENCE n. f.
cée. Il s’est répandu au XVI~s., d’une part dans cette ( 1776) désigne le caractère des tiections rémit-
acception philosophique, notamment dans l’étude tentes; par extension, il est employé comme syno-
de Platon et d’Aristote (1580, Montaigne), et d’autre nyme de rémission dans son acception médicale
part dans la langue courante pour +ouvenir vague, ( 1907, Larousse) et, au figuré, pour <<reflux, accal-
imprécis, à forte tonalité a$ectiven (1651). Le sens mie)) (1842). +Rémittent a produit IRRÉ-
large de =mémoire>> 11684) est sorti d’usage, sauf MITTENT, ENTE adj. (1922) “qui ne présente pas
avec la valeur de <mémoire collective». Le mot s’est de rémission (d’une maladie)», terme médical rare.
spécialisé à propos de l’élément d’une œuvre artis-
tique inspiré par une influence généralement in- REMONTER -3 MONTER
consciente (1767, Diderot) et dans la terminologie
REMONTRER v., d’abord remostrer (v. 11751,
psychologique.
remoutrer bme sd, remoustier (fin XIV~.), est le dé-
0 et 0 REMISE + REMETTRE rivé de montrer* par adjonction du préfixe re-*.
+Le sens de «ftire voir, connaître, exhibern, qui
RÉMISSION n. f. est emprunté (v. 1120) au la- place le verbe dans le domaine de la parole, a dé-
tin remissio, -anis Naction de renvoyer, de détendre, cliné au profit du simple montrer. Cependant, par
de relâcherm, dans les textes chrétiens, <<action de l’intermédiaire d’emplois insistant sur le fait d’ex-
remettre les péchés, pardon=, de remittere (+ re- poser à qqn avec autorité ce qu’on lui reproche
mettre). Iv. 13601, remontrer s’est détaché de montrer et a
+ Le mot apparaît en tiançais dans l’acception reli- pris ses deux valeurs modernes : il s’est employé
gieuse de (<pardon>>,désignant spécialement le pou- pour <<fairedes remontrances au rab (1465 ; v. 1610,
voir conféré par le Christ aux apôtres Uean, Xx, 23) absolument) et, le plus souvent dans la construc-
et exercé par le prêtre dans le sacrement de la pé- tion indirecte, en remontrer à Cv.1803) ; dès 1656 re-
nitence. Il est passé dans la langue courante par la montrer à s’employait pour cdonner des leçons à
locution sans rhnission Iv. 1138) pans possibilité de qqn». + Le lien avec le verbe simple est réactivé par
RÉMORA 3168 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

la valeur itérative de Nmontrer de nouveau- ( 15551, bREMORDS n.m. est l’ancien participe passé
plus -fréquente au pronominal se remontrer 11571). substantive de remordre. Il s’est écrit remors dans
b REMONTRANCE n. f. kve s.), dérivé du verbe, remors de conscience kaf s., Rutebeti, puis abso-
oriente le sens de ~SCOUTS, expos& vers celui lument Exv”s.l. Le d de la graphie actuelle ( 1596)
d’aadmonestation, avertissementu (14501; le mot a vient de l’infmitif remordre. Q Le lien qui unit le
perdu la valeur du moyen français, <preuve, témoi- substantif au verbe n’en a pas moins été altéré, puis
gnage= (v. 1360, remontrances d’amour). ~Après a disparu dans la conscience du locuteur depuis la
une première attestation à propos d’une doléance disparition du sens moral de remordre, remords en-
adressée par un particulier au roi 114681, le pluriel trant dans le vocabulaire psychologique sur le
remontrances Ci5681 prend la valeur politique même plan que regret ou repentir. Malgré sa fré-
d’aobservations adressées au roi par le Parlement». quence d’emploi et une phraséologie active Ire-
Les acceptions juridiques de «représentation en mords de conscience, être bourrek5 de re-
justicen t 16191,&ritures fournies par les deux par- mords, etcJ, le mot reste isolé et n’a pas de dérivé.
tiesa ( 17521 ont disparu. +REMONTRANT,ANTE La langue distingue, comme pour la plupart des
adj. et n., employé encore quelquefois à propos de mots de ce type, le remords et un, des remords.
la personne qui fait des remontrances 115601, a
REMORQUER v. tr. est emprunté (1478) à
servi à dénommer les Arminiens, à cause des re-
l’italien rimorchiure atirer à sa suite au moyen d’un
montrances qu’ils firent en 1610 contre leur
système d’attelage)> (M~I), verbe issu d’un latin po-
condamnation par le synode de Dordrecht 6n
pulaire “remulculare, élargissement du latin remul-
XW%.), l’antonyme CONTRE-REMONTRANT dé-
cure <traîner, 170 av. J.-C. et dans une glose du
nommant en retour le calviniste s’opposant aux Ar-
VIII~ s.3, lui-même dérivé du latin classique remul-
miniens (En XVII~s., Bossuet).
cum «corde pour hâler, câble pour tirer après soi».
RÉMORA n. m., d’abord SOLEla forme francisée Ce mot latin est emprunté, avec déformation du
rémore (av. 1553) puis restitué en r&?%oru (15623, est préke SOLEl’innuence du prétie re-, au grec “rhu-
emprunté au latin remoru aretard, obstacle», spé- mou&os (supposé par l’existence du verbe rhu-
cialisé à basse époque pour désigner un poisson moulkeinl, formé de rhuma {(câble qu’on tire, pour
ayant, selon les croyances du temps, le pouvoir traînern et de hokos +&ion de tirern. Le premier
d’arrêter les bateaux auxquels il s’attache. Le mot élément est dérivé de eruek «tirep, d’étymologie
est formé de re- (+ re-1, prétie à valeur intensive, obscure ; le second, qui vient de helkein atirer, traî-
et de moru aretard, délai, obstacle» I+ demeurer, ner+, répond au latin sulcus kllonn. Le moyen tian-
moratoire). çais a eu antérieurement remocquer 11449-1495,
puis 16111 en Provence et le type remolquer (15411,
+Le mot désigne un poisson téléostéen pouvant
employé par Rabelais et emprunté à l’espagnol re-
s’attacher par un disque adhésif à de plus gros
molcar, issu du même verbe latin.
poissons dont il partage la nourriture. Il était censé
pouvoir arrêter les bateaux, mais aussi les + Le verbe Sign%e <<tirer après soi au moyen d’un
conduire. *Son emploi métaphorique et figuré à système d’attelagem, spécialement et dès les pre-
propos d’une personne ou d’une chose qui fait obs- miers emplois en parlant d’un navire, entrant dans
tacle, qui retarde qqch. IISIO), usuel à l’époque clas- des expressions techniques, comme remorquer en
sique sous les deux formes rémora et rémore, est couple 11904, Larousse), eyLflèche, etc. + Il a pris le
sorti d’usage dans la seconde moitié du XIX~s. Ion le sens figuré d’aemmener d’autorité à sa suite>>
trouve encore chez Balzac et Amiel). Une autre va- (lï’511,connoté comme familier, à la différence du
leur métaphorique concerne la conduite, le fait de sens figuré abstrait, <(transporter chez soim que l’on
guider. rencontre chez Chateaubriand. +Au xxe s., sous
I’tiuence de remorque, il se dit des véhicules ter-
0 REMORDRE 3 MORDRE restres automobiles, sens très usuel aujourd’hui (se
faire remorquer, etc.).
+k 0 REMORDRE v. tr. est emprunté (v. 1170) b REMORQUE n. f., déverbal de remorquer (16931,
au latin remorckre, de re- (-+ re-1 à valeur itérative, désigne d’abord la traction exercée par un véhicule
et mordere I-+ mordre), proprement <<mordre en re- sur un autre, surtout dans des locutions verbales
tour, de nouveaun, et, de l’époque classique (prendre en remorque). Par métonymie, le mot s’ap-
jusqu’au latin chrétien, moralement <ronger par le plique concrètement au câble utilisé par les marins
regret d’avoir mal a&. (17731,également nommé cûble de remorque (18351,
4 Le verbe est repris avec son sens moral, qui s’est et s’emploie dans les locutions courantes et tech-
éteint au XVIII~s., malgré la vitalité du dérivé re- niques prendre à lu remorque (18351, devenu
mords. +Senti comme le composé à valeur itéra- prendre en remorque, donner la remorque (18701, fi-
tive de pnor&e*, remordre a reçu le sens propre de ler, larguer les remorques (19041. +Au x& s., la lo-
<mordre à nouveau» 115381, avec le sens figuré cor- cution ii la remorque (1827) s’emploie au figuré
respondant (v. 1530) ; dès cette époque on emploie pour & la suite, à la traîneb. +Par une autre ex-
aussi remordre & le plus souvent en parlant d’un tension métonymique, remorque désigne un véhi-
poisson (v. 1538). Au ~VII~s. apparaît un emploi mé- cule sans moteur tiré par un autre véhicule 119003,
taphorique de remordre CG(sur mordre àl 11690, re- par exemple dans prendre en remorque, spéciale-
mordre ù Z’hameçonl, qui a donné le sens figuré de ment un véhicule sur rails tiré par un autorail. + Le
<montrer de nouveau des dispositions pour une composé SEMI-REMORQUE n. f. Iv. 1950; l’abré-
chosea (remordre aux maths). viation une semi est attestée en 1956) vient du der-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3169 REMUER

nier sens attesté de remorque. Le mot est devenu REMOUS n. m., d’abord remous 11687) puis re- @)
très courant k propos des camions, éliminant demi- mous (17981, est selon de nombreux linguistes le dé-
remorque n. f. +Les deux autres dérivés ont une va- verbal du moyen français remoudre xmoudre de
leur plus générale: REMORQUEUR, EUSE adj. nouveau> (14811 qui survit dans le nom d’ouvrier ré-
apparaît dans bateau à vapeur remorqueur ( 18171; mouleur* et, selon une hypothèse, dans le terme
le mot s’est répandu comme nom masculin, de nos culinaire rémoulade*. Le sens moderne serait du à
jours limité à un type de navire à machines puis- une comparaison entre la rotation de la meule et le
santes utilisé pour remorquer de plus gros navires, tourbillonnement de l’eau. Selon d’autres étymolo-
soit en difkulté, soit dans un port. 0 Il s’est dit, gistes, le mot est emprunté à l’ancien provençal re-
aussi, vers 1830-1850 des locomotives, valeur sortie mou, réfection de rwou, apparenté au latin rwol-
d’usage. ~Par métonymie, il désigne un marin vere «retourner=, de re- marquant le mouvement en
employé sur un remorqueur (18231. +REMOR- arrière I+ re), et volvere arouler>> (+ révolu, révolu-
QUAGE n. m. (18341, nom d’action de remorquer, tion, volte). La motication de wvou en remou se
s’emploie au sens propre, en marine, et à propos serait faite en provençal d’après le verbe remoulina
de véhicules terrestres, comme une modalité de utourner comme un moulin, tournoyer)) qui re-
dépannage. monte aussi au latin molere. Les tenants de cette
hypothèse évoquent l’ancien remole n. m. etourbil-
RÉMOULADE n. f., d’abord ramolade El6931 et
lonn, enregistré par Furetière ( 1690) et encore em-
rémohde ( 17401 avant rémoulade ( 18351, est d’ori-
ployé par Chateaubriand (1827).
gine discutée. Selon Wartburg, il viendrait du rou-
chi (patois de Valenciennes) r6mola ou du picard 4 Le mot désigne proprement un tournoiement
ramolas agros radis noh Ce dernier (attesté dès le d’eau qui se forme à l’arrière d’un bateau en
XVI~s.1 serait issu, par l’italien rumolaccio, du latin marche (1687) d’où, plus couramment, le refoule-
amoracea, nom d’une rave sauvage pour lequel ment de l’eau qui se brise contre un obstacle (17651,
Dioscoride a la forme grecque amtorukiu mais que ou un contre-courant le long des rives d’un cours
Pline donne comme italique. Ce mot serait croisé d’eau (17491. 0 Depuis la seconde moitié du xrxe s.,
avec l’ancien substantif rémolude ( 1640) ou rémou- le mot prend des valeurs figurées, se disant d’un
lade 11798) désignant un emplâtre pour guérir les mouvement en sens divers entraînant des per-
foulures des chevaux composé de miel, de son, etc. sonnes ou des choses (1885, Maupassant), de mou-
Ce dernier est emprunté à l’italien dklectal remo- vements divisant et agitant diversement l’opinion
luda de même sens, issu d’un latin populaire Ore- (1884, A. Daudet), aussi dans remous d’opinion.
mola, supposé par le latin des gloses remoium, lui-
REMPAILLER -3 PAILLE
même tiré du verbe remolere <<moudre de nou-
veaun, de re- (+ re-1 à valeur itérative et molere REMPART n. m. est le déverbal 03701, adapté
(+ moudre). Le sufExe -ade est fréquent dans les graphiquement d’après boulevard” (écrit -art) de
termes de cuisine (cf. par exemple salade). Cepen- remparer v. tr. h. 1360) aentourer de fortifications~
dant, P. Guiraud, remarquant, premièrement que d’où NfortSer>>, au propre et au figuré Exw” s.), égale-
la rémoulade est une sorte de mayonnaise montée ment à la forme pronominale se remparer Iv. 13601.
avec des herbes qui sont plutôt du persil, de l’estra- Ce dernier, vivant jusqu’à l’époque classique et en-
gon pilés que du raifort, et deuxièmement que la core employé par archaïsme (Chateaubriand,
terminaison -ade a des résonances méridionales, Claudel), est dérivé avec le préke re-* de emparer”
écarte l’hypothèse d’une origine picarde. Selon lui, au sens ancien de afortfier, ( 13231. Le déclin de
le mot dérive de remouler, de re- à valeur intensive, remparer d’une part, l’abandon d’emparer (et de
et mouler, variante de meuler (dénominatif de
son antonyme désemparer*) comme terme de forti-
meule*) aécraser à la meule)), en l’occurrence fication d’autre part ont causé la démotivation de
aécraser dans un mortier* (l’ancien provençal mo-
rempart.
lador désigne un mortier). La rémoulade serait
alors une sauce aux herbes pilées, et le latin amzo- 4 Le mot désigne la levée de terre tirée du fossé et
racea ne serait pas en cause ; dans cette hypothèse, consolidée par une muraille qui entoure et protège
le mot serait apparenté à rémouleur. une ville. L’usage du pluriel les remparts, attesté
chez Racine et repris à partir de 1845, est usuel
4 Le mot, utilisé en cuisine, est surtout courant en
s’agissmt des murailles d’une ville médiévale.
apposition dans les syntagmes céleri rkmoulade et
+ Par extension, le mot s’applique à ce qui sert de
sauce rémoulade.
défense, avec des effets de sens métaphoriques
RÉMOULEUR n. m. est issu 11334) de l’ancien (1636, Corneille, mon nom sert de rempart) et des
verbe rémoudre cémoudre de nouveau- (attesté emplois figurés, par exemple dans la locution faire
seulement en 14811, de re- à valeur itérative et de a gqn un rempart de son corps (18351. + Par méto-
émoudre Iv. 1155, esmold@, mot technique pour nymie, il se rapporte à l’espace compris entre les
aaiguiser sur une meule)>. Emoudre est issu d’un la- murailles et les plus proches maisons d’une ville
tin populaire “exmolere, du latin impérial emolere axiennement fortfiée (16801; cf. fortifications.
amoudre entièrement» (-+ émoulu).
REMPLACER - PLACE
+ Le mot désigne l’ouvrier ambulant qui aiguise sur
une meule à pédale les couteaux et autres instru- REMPLUMER -3 PLUME
ments tranchants. Il tend à vieillir avec ce métier
traditionnel, qui disparaît peu à peu. REMUER v. est dérivé (1080) de muer* avec le
0 voir RÉMOULADE (hypothèse de Guiraud), REMOUS. préfixe re- *.
REMUER 3170 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Lié à muer, l’emploi du verbe pour %Opérer un Mchangeant, variable» Cv.1170) à propos d’une chose
changement- (10801, usuel jusqu’au xv~’ s. avec les a disparu au XVI~s. ; une valeur psychologique ade
spécialisations <changer (de vêtementIn (1174- 1176, nature à émouvoti 11870) a été supplantée par
remuer son habit), apermutep (1130-l 1401 et «rem- éPnouvant. L’adjectif continue à s’employer à pro-
placer, renouveler (des personnes, des objet&, a pos d’une personne qui bouge, s’agite, fait preuve
décliné puis disparu au profit de changer, échan- de vitalité parfois encombrante (un enfant re-
ger. 0 Le sens figuré correspondant, de nature psy- muantl. +REMUEUR,EUSE adj.etn.a dénommé
chologique , achanger de conduite, de sentimentn l’ouvrier chargé de remuer le grain dans un gre-
( 1174-l 1761, en emploi transitif et intransitif, a lui nier pour éviter qu’il ne s’échauffe (1275). ORE-
aussi disparu au profit de changer. +Remuer s’est MUEUSE n. f., d’après l’ancien sens de remuer
imposé avec le sens de *mettre en mouvement, : *panser, soignera, a désigné la femme chargée
d’abord avec le nom d’une partie du corps pour ob- d’assister la nourrice d’un enfant de haute ntis-
jet, dans ne remuer ne les mains ne les piez Cv.11351, sance et de changer ses langes 11571, remueuse de
reprise dans la forme moderne et familière ne re- l’enfant). 0 De nos jours, remueur se rapporte à la
muer ni pied ni patte (av. 16601. Avec un personne chargée d’effectuer le remuage (ci-des-
complément désignant un être animé, personne ou sous) des bouteilles de champagne (1909). 0 Le
animal, remuer correspond à «faire se déplacer)) mot, en emploi général, désigne la personne qui
(1160~11741, surtout à la forme pronominale met en mouvement, remue quelque chose, et celle
Iv. 11311,valeurs disparues avec leurs connotations qui met en branle les personnes et les choses CCn
anciennes. En revanche, l’emploi intransitif, en xwe s.1,entrant dans des syntagmes déterminés qui
parlant des êtres vivants Iv. 11751, est demeuré correspondent à mainte locution verbale ( 1581, re-
usuel, avec une extension pour «entrer en actionu mueur de ménage; 1615, remueur d’affaires [dispa-
Iv. 12001, tandis que se remuer <s’activer, faire des rus] ; 1862, remueur d’idées). +REMUABLE adj.
efforts pour atteindre un but= Il6681 est devenu de Iv. 1265) est passé du sens de =Changeant, variableD
nos jours familier. +Avec une notion supplémen- à {{susceptible d’être déplacém (15961, très rare
taire d’agitation, d’effervescence, l’emploi intransi- jusqu’en 1834; la valeur psychologique, *susceptible
tif (v. Il?Ol et transitif, pour «ébranler, troubler, d’être ému- (17961, est devenue archaïque. +RE-
émouvoti Cv.12701, conserve au vehe sa valeur MUAGE n. m., équivalant à adroit de mutationn en
psychologique, Une valeur voisine, *susciter le droit médiéval 11314-14871, a été repris à propos du
trouble, la sédition chez qqnn ( 1607) et «soulever, droit perçu pour le transport des vins (1720, billet
appeler à la révolten (1681, remuer l’Orient), est de- de remuagel. Remuuge est le substantif d’action de
venue archtique, par rapport à soulever, la forme remuer pour deux emplois spéciaux du verbe,
pronominale (16911, propre à la langue classique, concernant l’opération consistant à remuer le blé
étant sortie d’usage. - Avec un nom de chose pour aCn d’éviter la moisissure (1347, remuuge des blés1
complément, remuer vaut pour adéplacer, bougep) et, dans la fabrication du champagne, celle qui
Il 1601, *agiter en tous sens, tourner et retourner consiste à secouer quotidiennement les bouteilles
(une substance)> Cv.13981, par exemple dans re- (on parle aussi de remueur, ci-dessus) pour éviter la
muer la terre Idéb. xv” s.l. Un sens voisin, *changer formation d’un dépôt Cdéb. XX~S.I. +Le déverbal
de position, de placen d’où Kdéménagern (v. 1213, re- REMUE n. f. (14101, tombé en désuétude pour w-
muer hostell, a disparu mais remuer meslzage a tion de mettre en œuvrem et *changements C1553-
donné naissance à remue-ménage (ci-dessous). Le 15621, a été repris au XX~s. avec des spécialisations
verbe a développé les valeurs figurées de eressas- techniques rurales : il désigne la migration saison-
ser, agiter Ides pensées)% ( 16101, {{mettre en branle, nière dans les régions alpines pour assurer au bé-
en alertes 11588, dans une variante de la locution tail une nourriture venant des di%rents étages de
conservée remuer ciel et terre) et <<brasser (de pâturages, par métonymie, chaque lieu de séjour
l’argent))), notamment dans remuer les éaw (16401, temporaire du bétail sur un haut pâturage et un
l’argent à la pelle (fin XVII~~5.1ou remuer beaucoup abri rudimentaire du haut pâturage (ces valeurs,
d’argent ( 17981. certainement anciennes régionalement, sont enre-
b REMUEMENT n. m., substantif d’action (11551, a gistrées dam les dictionnaires généraux depuis
d’abord le sens de Nmodifïcation>>, disparu au me s. 1949). +Quant au participe passé REMUÉ, ÉE qui
au profit de changement et mutation. D’autres sens avait été adjectivé dès le XIII” s. dans la locution cou-
correspondant au verbe, Nbouleversement>> sin remué de gemain aissu de germain= Cv.12651, il
Iv. 11651, «transport d’une detten Cv.12831, <trouble ne s’emploie guère qu’avec la valeur psychologique
soulevé dans un paysp 61 XVI~s.), «émotion morale* du verbe, pour <profondément émw ( 17311.
Ixwe s.), ont disparu après l’époque classique. REMUE-MÉNAGE n. m., d’abord remuemesnuge
+Seul le sens physique, *action de remuer, de dé- (15851, peut être considéré comme le déverbal de
placer)>, «résultat de cette action> (v. 11701, a l’ancienne locution remuer mesnuge <s’agiter, pro-
conservé une certaine vitalité, parfois avec l’idée duire du désordre, intriguera et concrètement Ndé-
du bruit accompagnant l’action. Mais le mot est re- ménagerfi (15511. Le mot, éliminant remuement de
lativement rare. +REMUANT,ANTE, adjectiva- mesnage 4roublem 115781, a été synonyme de adé-
tion du participe présent du verbe au sens de 4f, ménagementti et a désigné le changement de ré-
rapide, actif» Il 174-l 177, dans le Roman de Renard, sidence et de poste de plusieurs personnes en
à propos de Ben&), a développé dans cet axe dif- même temps 116841.Il reste une trace de ce sens
férentes nuances, dont la valeur figurée d’Gndocile, dans l’emploi conservé de remue-ménuge à propos
séditieuxb (1636) qui est sortie d’usage. Le sens de d’un déplacement de meubles, d’objets divers
DE LA LANGUE FRANÇAISE RENAÎTRE
créant un état de confusion momentané. L’accent RÉMUNÉRATION n. f. est emprunté 11300) au dé-
étant porté sur l’idée d’=agitation confuse>> (1648). rivé latin remunerutio, -0nis ~~récompense, re-
Le mot s’applique aussi, au figuré, à un état de connaissance)). Le mot, introduit dans les coutu-
trouble intérieur et à une situation sociale et poli- miers, désigne le prix dont on paie les services
tique confuse (16903. +Le composé ingénieux RE- rendus, un travail fourni. Le sens religieux de wé-
MUE-MÉNINGES n. m., paronyme du précédent, compense divine)) (1541, Calvin) est archaïque
a été proposé par Louis Armand (probablement en comme les acceptions correspondantes de rému-
1965; attesté en 1973) pour remplacer l’anglicisme nérer et rémunérateur. * Rémunération d’assis-
bruinstomting (recommandation officielle en 1983). tance se dit en marine de la somme due à un navire
qui a prêté assistance à un navire en péril 11964,
REMUGLE n. m., réfection ( 1549) de rerneugle dans les dictionnaires généraux).
(15071, est formé de re-*, exprimant la longueur du
temps nécessaire pour que la chose soit produite RENÂCLER v. intr. est issu tardivement (1725)
(comme dans relent*) et d’un substantif disparu, de la modtication, sous l’influence de renifler, du
issu de l’ancien scandinave mygla <moisi, moisis- moyen français renaquer (v. 1355, encore au XVIII~s.1
sure» qui avait déjà donné l’ancien francais mugle qui est lui-même un composé de nuquer dlairep,
«maladie des yeuxn Idéb. XIVeS.I. Le normand mucre attesté au ~111~ s. sous la forme nuskier et répandu
<<moisi>)(XIII~s.1, encore vivant au XE~ s. (Maupas- dans les patois. Ce verbe représente très probable-
sant), remonte probablement à l’ancien scandinave ment un latin populaire “nasicure «renifler5,, du la-
miukr <<mou,soupleD et aurait motié son sens sous tin classique nusus (-) nez). Nuquer peut être la
l’influence de remugle. forme picarde, à laquelle correspondent les formes
4 Le mot s’est d’abord employé adjectivement, au rkcher en lorrain, nuscier. Il a pu se répandre dans
sens d’ahumide, qui sent le moisi,. Il ne s’emploie d’autres régions comme terme pittoresque.
plus que substantivé pour «odeur d’humidit&, + Le verbe, d’abord employé au sens de Mcrier après
longtemps dans la locution sentir le remugle (15 14, qqn», disparu, a pris la valeur de 4émoigner de la
puis en emploi indépendant au XIX~ s. (attesté 1884, répugnance à une chose» (17621, absolument et
Huysmans). II tend à vieillir en dehors du style litté- construit avec à (1819). oLe sens étymologique est
raire. réactivé dans l’emploi pour q(ronflep> 11803) puis
RÉMUNÉRER v. tr. est emprunté Iv. 1330) au <<faire du bruit en reniflant fortement en signe de
verbe latin remunerare ou remunerari adonner un mécontentement (en parlant des animaux)» (18481,
présent, de l’argent en retour, récompenser}}, de emplois qui ont disparu.
re- (3 re-1, préke marquant le mouvement en re- b Les dérivés RENÂCLEMENT n. m. (1837, Gau-
tour, et de munerare <(donner un présent, gratser, tier), RENÂCLE~R, EUSE adj. 118811 sont rares.
récompenserb, lui-même de munus, muneris Nef- +RENÂCLANT,ANTE, forme de participe
fice, fonction, tkche*, ((don, présent, faveurx (+ com- présent, est substantivé comme désignation argo-
mun, communier, communiquer, immunité, munici- tique du nez (1859), sortie d’usage, avant d’être ad-
pal, munZcence1. jectivé ( 19021 au propre et au figuré.
+ Le mot sigrSe “payer à (qqn) une somme conve-
nue ou non, en échange de son travail ou de ses RENAÎTRE v. intr. est dérivé (1174-l 1761 de
services~ d’où, par extension et avec un naître” avec le prétie re-*.
complément inanimé, adonner une somme corres- 4 Le mot est d’abord employé avec la valeur reh-
pondant à (la valeur d’un travail ou d’un serviceIn gîeuse de Nconnaître une nouvelle disposition
115%). La valeur morale et religieuse de tiré- d’âme, un changement spirituelti, et équivaut dans
compenserm (v. 1350) est archaïque sinon sotiie la théologie chrétienne à sortir du péché et re-
d’usage. trouver l’état de grâce par le sacrement du bap-
b Le mot a servi à former RÉMUNÉRATOIRE adj. tême et la pénîtence~ @in XII~S.I. Le sens strict de
115141,terme juridique pour quafier ce qui a un ca- <naître une seconde fois)) ( 1176-I 181) renvoie à la
ractère de récompense, et SOUS-RÉMUNÉRER croyance religieuse en la résurrection”, laquelle a
v. tr. Iv. 19681, employé comme synonyme de sous- son pendant dans tous les systèmes mytholo-
payer. giques : le verbe s’applique ainsi au mythe du phé-
RÉMUNÉRATEUR,TRICE adj. est emprunté nix qui renaît de ses cendres (v. 1278). Dès le XIII~s.,
(XIII~ s.1 au bas latin ecclésiastique remunerutor, renaître s’applique aux astres qui réapparaissent
-oris, employé à propos de Dieu en tant qu’il ré- (v. 1220) d’où renaissant soleil ( 1549, Ronsard) pour
compense la vertu des chrétiens. C’est un dérivé «soleil levant>>, et aussi à la végétation qui croît de
du latin classique remunerutum, supin de remune- nouveau cv. 1278). Les références religieuse et bio-
ruri. Il a évincé l’ancien remunereur En XIV~~.), dé- logique se mêlent dans le sens figuré, «connaître
rivé de rémunérer. + Le mot, rare avant 1403, est re- une nouvelle vie, une nouvelle vigueur>>, en parlant
pris dans son acception religieuse, devenue d’un sentiment En XIII~sd, d’où faire rendre (1559)
archtique comme le sens correspondant du verbe. et renu&e ù la vie. Par afkiblissement, renaître à lu
Il s’est répandu dans l’usage général au XIX’ s., alors gloire, au plaisir correspond à <<êtrerendu à, recou-
comme dérivé, pour qualser ce qui procure des vrer)>.
avantages pécuniaires (18631,remplaçant les adjec- F RENÉ, ÉE, participe passé, a été adjectivé et
tifs dérivés de rémunérer RÉMUNÉRATIF, IVE substantivé (1552) à propos d’une personne qui
(17701 et RÉMUNÉRANT.ANTE (1870). connaît une nouvelle vie, métaphoriquement. Le
RÉNAL 3172 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mot n’est plus connu que par le prénom René, Re- les régions de l’est et du nord de la France, et dans
née. les Flandres ou se mêlent le roman et le germa-
RENAISSANCE n. f., d’abord renaticence (13631, nique. En Flandres, des noms humains sont appli-
est dérivé de renaitie d’après naz&ance. C’est qués aux animaux dans l’épopée latine Ysengtinw
d’abord un terme de théologie, synonyme de xrégé- (11501, du maître Nivardus, dans laquelle partit
nération spirituellen (1363, renaissance pur bup- Reinardus. Renwt est aussi le nom d’un goupil par-
t&el, qui renvoie egalement à la croyance dans la ticulièrement rusé dans le Bestiaire de Guillaume
réincarnation de l’âme après la mort (av. 15631. le Clerc, auteur normand 11211). Le Romun de Re-
Longtemps après le verbe, le nom acquiert une va- nuti (XIII~s.), lui-même inspiré de 1’Ecbask cuptivi
leur ltique, œaction de repousserm, en parlant d’un Cx”s.3 traite du conflit de deux animaux symbo-
végétal (15151, ou encore des cheveux 11598). ~AU liques, le loup (force, cruauté et esprit borné) et le
XVII~s., Le Maistre (dans Bouhours, 1692) parle de goupil. Avec le grand succès de ce texte, qui ex-
renaissance des lettres humaines, avec l’idée d’un ploite la typologie animale de 1’Ysengrinus où Re-
nouvel essor intellectuel et artistique, mais il s’agit na& figure au premier plan de toutes les histoires,
alors d’un emploi général, tout comme renaissance le mot devint la désignation préférée pour l’animal,
des sciences (1801). En effet, la spécialisation histo- Renurt le goupil devenant le renurt. Ainsi, la nou-
rique du mot, à propos du retour aux canons artis- velle désignation a concurrencé, puis éliminé l’an-
tiques de l’Antiquité, d’abord en Italie, puis en Eu- cien et moyen tiancais goupil ke-xwe s.) + goupil.
rope au xve s., n’est attestée qu’au début du XIX~ s. Aujourd’hui, si l’on excepte quelques patois des ré-
(1828, poètes de la renaissance; 1829, les artistes de gions alpines et pyrénéennes, renard est le mot
la Renaissance), le mot étant souvent écrit avec la unique de tout le domaine galIo-roman, pour dé-
majuscule. Cette datation ne doit pas masquer que signer cet animal.
le phénomène a été baptisé dès le xve s. par ceux 4 Renard désigne une espèce de mammifère car-
qui en furent les artisans en Italie Wnuscità puis nassier voisin du chien et du loup et, par extension,
Rinascimentol; en France, le mot renaissance était différents mammifères proches du renard, comme
trop accaparé par son acception religieuse et mys- remrd polaire (xx” s.), après renard des mers po-
tique, à c8té de réfomze et rkfomtutin, régénéra- laires (1875). Soit par allusion littéraire au Roman
tion, et renouvellement, réwution, mots employés de Renuti et aux fables de La Fontaine, soit par aIlu-
pour désigner la Réforme. Même si, au xvres., le sion aux caractéristiques observées ou symbo-
verbe renaitre concerne souvent l’impulsion don- liques de cet animal redouté des paysans comme
née aux arts par François Ier, c’est là aussi un prédateur de la volaille, le mot est entré dans un
contexte de l’emploi général, et on parle aussi de certain nombre de locutions. L’une des plus an-
restituer (Rabelais), de restaurer (Brantôme). Les ciennes, écorcher le renard &-i xve s.1, fréquente
substantifs correspondants sont encore au XVIII~s. chez Rabelais, reprise sous la forme piquer un re-
résurrection Ides lettres et des arts) [ 1714, Fénelon1 nard (1849, Flaubert), qui ne s’est pas maintenue, et
et régénération (1751, D’Alembert). Sitôt son usage en argot aller au renard, exprime l’action de vomir,
acquis en histoire de l’art, renaissance s’emploie en soit à cause du bruit du renard se grattant la gorge,
apposition avec une valeur adjective (1835, muison soit de la coutume consistant à passer la queue du
renaissance; 1848, umeublePnent renaissance). Les renard par sa gueule en retournant sa peau, soit
historiens élargissent le concept et appliquent le encore par allusion à la nausée que donne l’odeur
mot au mouvement social et culturel qui boule- du renard qu’on écorche. Les locutions se mülti-
versa non seulement l’art mais aussi la pensée et plient au XVII~s., avec crier au renard (1644, Scar-
l’organisation de la société occidentale aux xv” et ron), être enfumé comme un renard, faire la guerre
XVI” siècles. Puis le mot désigne la période qui en renard, le renard prêche aux poules, prendre
commence au XIV~s. pour l’Italie, au XVI~s. pour le martre pour renard, se donner la disciplirx avec une
reste de l’Europe. +RENAISSANT, ANTE, adjecti- queue de renard, toutes enregistrées par Furetière
vation du participe présent, sime <qui renaîtn (1690) et aujourd’hui oubliées. + Comme avec les
(15501, au propre et au figuré (1640, Rome renuis- noms d’autres animaux recherchés pour leur four-
sarde dans une traduction de Tacite). II s’est spécia- rure, un emploi métonymique de renard au sens de
lisé plus tard et d’après Renaissance, en histoire de apeau de l’anirnal~ se rencontre seul (1797) et dans
l’art pour ce qui s’y rapporte (18861, substantivé au renard blanc, renard argenté (16901, usuel à propos
pluriel les renaissants (1897; souvent avec majus- de la fourrure, renard bleu (18751, renard roux du
cule) pour les artistes de cette période. Canada, etc. -Conservant les valeurs originelIes
de 1’Ysengtinu.s et du Roman de Renart, renard a
RÉNAL - REIN
pris naturellement le sens figuré d’«homme rusé*,
RENARD n. m., d’abord écrit renurt (déb. XIII~s-1 parfois «fourbem, dès les premières occurrences du
puis renard (v. 15301, est l’emploi comme nom com- mot (savoir de renuti pour aêtre mtitre en trompe-
mun de Renuti, nom propre d’homme d’origine rie>)). 0 Par allusion à la cruauté du prédateur, on a
germanique, issu du fkancique “Reginhuti, de “ru- appelé renard plusieurs squales (1611). * Une
gin =conseiIB et “hart Nfortn, dont le correspondant comparaison concernant tel ou tel trait caractéris-
anglais est hard «dur- et qui repose sur un radical tique de l’animal a donné lieu à divers sens tech-
indoeuropéen I+ crate, -cratie). “Reginliart a niques mais certains sont imparfaitement expli-
donné Reinhuti en allemand. ~Depuis le ~~ s., on qués ; celui de Ktrou par ou se perd l’eau d’un canal,
a pris les animaux pour héros de petits poèmes (1690) fait peut-être allusion aux terriers. Par ex-
épiques en latin médiéval, particulièrement dans tension, renard désigne le passage de l’eau à tra-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3173 RENCONTRER
vers un barrage en terre (1964 dans les diction- servi en argot à désigner un être grognon, râleur.
naires généraux). Le sens de «mur décoré pour la Tous les mots de cette série ont vieilli.
symétrie comme le mur opposés (172 1) n’est pas
expliqué. Celui de apetit moellon dépassant un RENCHÉRIR - CHER
murn 08751 est une comparaison avec la queue
d’un renard, probablement comme celui d’xoutil
RENCONTRER v. est dérivé (v. 11751,à l’aide
du préfixe re-*, de l’ancien et moyen français en-
employé pour percer, formé d’une tige d’acier à
contrer atrouver sur son chemin (v. 9801, encore at-
deux biseaux)) (1904). *Quant aux sens figurés de
testé en 1636 (écrit ancontrer), et lui-même dérivé
cmouchard» 118291, «aspirant compagnon>> (1839) et
<<ouvrier qui refuse de faire grève» ( 19091,tous po- de encontre*.
pulaires et vieillis, ils réactivent le symbolisme tra- +Le verbe est d’abord attesté dans un contexte
ditionnel de l’animal rusé, fourbe. guerrier pour &Yonter en combatn, de nos jours
b Comme beaucoup de noms d’animaux, renard a afkibli en sports pour 47ronter en compétition,
des dérivés pour désigner la femelle par le féminin, kx” s.1; cf. rencontre, ci-dessous. 0 Le sens domi-
RENARDE nf. (XIII~~.), et le petit par le sufbe nant est «se trouver en présence de (qqn)>>(v. 1225)
-eau : RENARDEAU n. m., d’abord renwd&us au et comporte souvent la notion d’événement fortuit ;
cas régime pluriel (1288, Renart le Nouvel) puis re- celle-ci s’efface dans une valeur spéciale, Mavoir
nardeau Cv. 1320). +Un ancien verbe RENARDER une entrevue avec (qqn)>) (1611), mais elle intervient
v. intr. (1288) a eu le sens figuré de <ruser». Il s’est quand le verbe correspond à «se trouver en pré-
employé transitivement dans la langue populaire sence de circonstances ou de sentiments» ( 1580) et
au sens de twomirn (15761, d’après écorcher le re- à aheurter sur son cherninm 11690), et moins nette-
nard (ci-dessus) mais est sorti d’usage. ~RENAR- ment dans l’expression rencontrer le regurd, les
DIÈRE n. f., d’abord attesté en toponymie dans yeux de gqn (1669, Racine). Les valeurs abstraites de
l’Anjou (14631, a servi à désigner la tanière du re- <{s’apercevoir fortuitement que>> E16 10, rencontrer
nard (v.1525). oRENARDIER, IÈRE n.m. et adj. que) et <<trouver en parlant, en écrivant~~ (av. 1696)
Km xv’ s.1 désigne celui qui détruit les renards et disparaissent après l’époque classique. +Le verbe
qutie ( 1562) ce qui évoque cet animal, s’y rap- s’emploie en marine pour <<mettre la barre du gou-
porte. +Le langage technique tire de renard m ad- vernail au bord opposé à celui qu’elle occupait an-
jectif de couleur, RENARD& ÉE (1694) pour quah- térieurement~, pour rencontrer (1702) et pour ren-
fier l’ambre lorsqu’il est de couleur gris foncé à contrer la barre.
noir. Renurdé correspond parfois à ce qui évoque le L’usage du pronominal réciproque SE REN-
renard, surtout dans la description physique et CONTRER (XVI” s.) correspond à Nsetrouver en pré-
11862) morale de qqn. sence)) (15591, ironiquement dans la locution les
0 VoirRENAUDER. grands esprits se rencontrent (1690, les beaux es-
prits...) et à &&onter dans un combat, un duel3
6) RENAUDER v. intr., mot populaire attesté en ( 15591, emploi archaïque (cf. ci-dessous rencontre),
1808 par écrit mais qui doit remonter au moins au d’où &aflkonter en sport>>Ixx” s.l. 0 Les sens de use
XVII” s. (voir ci-dessous renuud), est d’origine dis- heurter fortuitement>> (1690) et aavoir une entre-
cutée. Selon Dauzat, il pourrait être dérivé du nom vue)> Id s-1complètent l’usage du pronoM& pa-
propre Renaud d’origine germanique, du francique rallèle à celui du transitif. + L’emploi pour <exister
“ruaa <conseil>> I+ renard) et de ‘waldan «gouver- (d’une chose)>> ( 1580) a disparu, sauf dans la tour-
nerm, par le même type de développement que l'an- nure impersonnelle iE se rencontre (1738).
cien umuuder ((chercher noisem tiré du prénom Ar- Dans l’usage classique, le verbe était aussi intransi-
naud. Selon Wartburg, il serait dérivé de renard* tif au sens de vfaire une heureuse trouvtie, un bon
d’après le cri de l’animal, par l’ancienne locution mot)) E15381et «tomber juste ou mal>>(1538). 0 En vé-
parler renuud <<parler du neza ~VI” s.); une variante nerie, on dit les chiens rencontrent pour asentent la
de renard, regnuut, était employée au sens métony- voie du gibier* C1740).
mique de <cri du renard> (1611) et paraît confirmer ,Le seul dérivé vivant est le déverbal REN-
cette hypothèse. CONTRE n. f., également masculin depuis sa pre-
+Le verbe, qui signse Nprotester avec mauvaise mière attestation (1234) jusqu’au XVII~ siècle.
humew, est resté vivant en argot du milieu, mais Comme pour le verbe, le sens de <<combat singulier
n’est pas d’usage courant. non prémédité>> a disparu, sauf en parlant d’un
F Le déverbal RENAUD n. m., si on l’identifie à la duel (18111 et dans un contexte sportif (1936, une
forme regnuud (v. 16731, pourrait indiquer une pré- rencontre de rugby). Le sens de “réplique, réponse>>
sence du verbe dès le xwe siècle. La forme renuud (1310-13401, lié à l’ancien sens intellectuel du verbe,
(1844) provient du verbe renuuder attesté au début a débouché sur celui de <<bonmot, trouvaille)) ( 15381,
du XIX~ siècle. Le mot désigne une chicane, une que- mais tous deux sont sortis d’usage, sauf emploi lit-
relle démonstrative, spécialement dans la locution téraire exceptionnel IValéryl. &En revanche, le
argotique mettre Ctrenaud 118441, en renaud (18861, mot exprime couramment le fait de rencontrer qqn
et être en renaud contre qqn,attestée après être à ou qqch. sur son chemin (v. 14851, supposant une
renaud (1904, Larousse). L’accent étant mis sur le notion de hasard, très nette dans la locution par
bruit résultant de la querelle, regnuud sig&e <<ta- rencontre “par hasard>> (1580). Bonne et mauvaise
pagem (17983. + Le féminin renuude 11880) s'est em- rencontre s’emploient depuis le xvie s. 11549,Calvin).
ployé dans la locution faire de lu renaude avec la Cette idée de hasard s’efface dans la locution aller
même valeur. +RENAUDEUR,EUSE n. 11846) a à la rencontre de ( 1666 ; 1636, au rencontre). Elle est
RENDRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sensible dans le sens classique de &constance, régionale ou une tiectation archa;ique; l’emploi
occurrence» En XVI~ s., souvent au masculin), dans absolu du mot au sens de <<menep est sorti d’usage.
celui dkssociation (fortuite) de deux objets, deux Dès les premiers emplois connus Cv. 9801, rendre
élémentsti 115801, et dans les emplois spécialisés équivaut à Ndonner, produirem, aujourd’hui aussi en
aux jeux de cartes (1845, mutige de rencontre), en emploi absolu, avec une valeur assez familière @a
cartomancie ( 19041 et au billard (19321.0 Un emploi rend bienl. Rendre se dit aussi d’une chose qui émet
métonymique récent (1936) concerne une réunion sa clarté Iv. 11701, qui fait entendre un son (xv” s.1,
d’études (souvent au pluriel reacontie& en concur- sens dont vient un emploi métaphorique d’usage
rence avec congk, colloque, entretiens... +Le littéraire, au XX~ siècle. E311revanche, rendre pour
genre masculin s’est maintenu dans l’usage héral- {rapporter, répéter Ides paroles)D Cv. 1200l s’est
dique de rencontre pour une tête d’animal repré- éteint sous la concurrence d’autres verbes préfrxés
sentée de face (1671). * RENCONTRABLE adj ., re- en re- (rapporter, etc.). Au xwe s., rendre s’emploie
levé chez Bloy en 1898, ne s’est pas répandu. pour aproduire (un effet) en retour, en réponsen
1153 11, sens riche en applications dans les do-
+k RENDRE v. tr. est issu (v. 980) du latin popu- maines intellectuel et esthétique : d’abord limité à
laire ‘rendere, altération du latin classique reddere, l’idée de aprésenter en traduisant*, par latinisme, il
sous l’influence de prehendere d’où vient preadere s’est étendu au sens de Nprésenter en exprimant
G+ prendre), auquel il sert d’antonyme. Redo%re, hme image, un sentimentIn (16811, se spécialkant à
formé de re- Ire&) cen retow I+ re-1, et de dare propos de l’expression littéraire, artistique où il
*donner= I+ date), signiEe -donner en retour,, s’emploie avec un nom de chose pour sujet pour
concrètement aaccorderti, VO&, arenvoyeru et *produire un effet plus ou moins heureuxn, absolu-
abstraitement aexposer>, <s’acquitter dex, mtra- ment et avec un adverbe (1875).
duirem, -répliquer*, aramener à un état antérieur-. La forme pronominale se rendre Cv. 1155) a d’abord
+Plusieurs sens du verbe se sont tiés avant le eu le sens de ase livrer parce qu’on est le moins
XIII~ s. : dès les premiers textes, rendre signiCe *don- forts demeuré d’usage courant, y compris avec des
ner en retour, en échange», par exemple dans nuances afkiblies et figurées Cv, 12401, et, avec un
rendre des coups (10801, rendre /a parefle iv. 15901, attribut, celui de adeveti) (v. 11751. 0 Une autre
et aussi aprocurer de nouveau à un être, à une acception, =se transporter, aller>> C14151,avec prépo-
chose (ce dont ils étaient privés)*, arestituer (qqch.1 sition Cù, en, dans, chez), s’est répandue dans
à la personne qui l’a prêté ou dom&. Il s’emploie l’usage, à la di%rence de l’emploi correspondant
au figuré pour =S’acquitter d’une obligation, d’un du verbe transitif.
devoir, témoigner à qqn (du respect, de la re- ä Le dérivé RENDEMENT n. m. Ilv.11901, à la dif-
connaissance3~ Cv. 9801, sens dont procèdent, entre férence du verbe, n’a pris ses sens actuels qu’au
autres locutions usuelles, rendre setice (10801, xwe s. : le sens général, aaction de rendren (d’abord
rendre visite ii C~C@ (16691, équivalent du transitif rendement de @&Ces dans un contexte religieux], a
direct visiter. La valeur de Ncéder, livrern (1080) se décliné au ti s. tandis que celui d’tiaction de se
réalise essentiellement dans des locutions comme rendre, de cédem Cv.1213) soufkait de la concur-
rendre les armes, rendre la place, dans un contexte rence de l’emprunt savant reddition”. -Le sens
guerrier. 0 Le sens d’aémettre un avis- (1080) a fait moderne, <rapport entre le revenu d’une affaire et
du mot un verbe de parole usuel, dans rendre les capitaux investis, le prix de vente et le prix de
compte de ( 11551 et, dans une spécialisation juri- revient- (15381, spécialisation en économie, est
dique, rendre un jugement EV. 11701, uw sentence resté rare avant le wxe s., où il est repris (attesté
Iv. 1288). +L’idée de arestituer malgré soi (ce que 1832) en parlant du produit du raEnage du sucre
l’on ne peut retenir13 s’est actualisée comme en la- (une loi de 1826prévoyait l’estimation de ce rende-
tin dans le sens de womir, expectorern En ~~ s.1, ment). Les expressions rendement des terres et ren-
avec des locutions expressives dont rendre l’ânze &RMI~ des cupitw~ sont attestées chez Proudhon
(1256) =mourW, qui correspond à ren&e I’es@t (1846). - Avec le même sémantisme, le mot se ré-
Iles deux compléments ayant la valeur étyrnolo- pand au XIX~ s., se spécialisant en physique pour dé-
gique de asoufne4, et, concrètement et familière- signer le rapport entre le travail utile produit par
ment, rendre tripes et boyaux (1640).0 Ce séman- une machine et la quantité d’énergie dépensée
tisme s’applique en sports dans rendre de la Cv.18501,au XX~s., en chimie, le pourcentage de mo-
b!%tance (1885, en turf). *Un développement par- lécules d’une espèce chimique transformées au
tant du latin reddere *ramener à un état antériew, cours d’une réaction et, dans le domaine tech-
d’où cmener d’un état dans un autres, aboutit au nique, un certain pourcentage de produit obtenu
sens de tifaire deveti (10801, rendre devenant un par rapport à la matière traitée, le rapport entre le
verbe d’état aux constructions multiples ; l’une poids vif des animaux abattus et le poids de la
d’elles, avec un participe pour attribut du viande qu’ils fournissent (mil. XX~S.I.Par extension,
complément d’objet comme dans rendre mort cette valeur est passée dans l’usage courant au
cfaire mourir*, a été condamnée par les grammai- sens de again, «efficacité> (xx” s.3, spécialement
riens au XVII~ siècle. Depuis le XII~ s., rendre a déve- dans le travail 11905, rendement de l’ouvrierl.
loppé le sens de <remettre à destinationm, lequel a 0 D’après une spécialisation de rendre, il se dit en
disparu avec un complément désignant une chose sports pour aaction de rendre de la distance, handi-
mais qui se maintient au passif et au participe capn ( 1885).
passé avec un complément désignant une per- RENDEZ-VOUS n. m. est l’emploi substantivé
sonne Ime voici rend&, non sans une connotation ( 1578) de la seconde personne du pluriel de l’irnpé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RENFORCER
ratif présent de se rendre. D’abord appliqué au lieu gion catholique. Cet emprunt a élimin6 les dérivés
où l’on doit se rencontrer, spécialement au point de anciens du verbe renier : renié, rentier (XIII~s.1 et re-
ralliement donné aux différents navires d’une es- noiier n. m. Iv. 12801,renoiois et renieur (14601.René-
cadre pour se retrouver en cas de séparation ( 16961 gat a désigné spécialement aux XVII~et XVI$ s. une
et au lieu servant de point de rencontre habituel personne ayant renié le christianisme pour se
(av. 16961, il désigne aussi Il6061 une rencontre convertir à l’islam. Q D~E l’usage classique, le mot
entre deux ou plusieurs personnes, souvent avec S’employa;it en apostrophe avec la valeur de
des implications galantes Maison de rendez-VOUS~. &aître, méchant)> (17051, emploi qui se rencontre
Il reçoit au xxe s. des applications nouvelles: au encore au XIX’” s. en littérature (comme adjectif
concret rendez-VOUS spatiul ( 19671, au figuré ren- chez Hugo). * Par extension, il a pris le sens le plus
ckwous social (19691, expressions de style journa- courant aujourd’hui de apersonne qui abjure ses
listique. +RENDEZ-MOI n. m. est l’emploi subs- opinions, trahit son passém (1819).
tantivé, sur le même mod&le, de la seconde
personne du pluriel de l’impératif présent de RENFLOUER v. tr. est formé (15293 à partir du
rendre et du pronom moi* (1836). Vol au rendez- substantif normand flouée emaréem (16043, lui-
moi a désigné dans l’argot des voleurs le vol consis- même dérivé du normand et anglo-normand !Iod
tant à payer un achat avec un billet et à reprendre ((marée montanten cv.11381, d’origine scandinave
à la fois le billet et la monnaie rendue. 14 flot), avec les préties re-*, en-* et la désinence
0 Voir REDDITION, RJZNTE. -er.
+ Le mot se rencontre isolément au xwe s. ; il n’est
RÊNE n. f., d’abord resw (10801, renne Cfm xv” s.),
réattesté qu’à partir de 1825, supplantant aflouer
rene ( 15731, avec l’accent circonflexe au XVII~ s.
v. tr., formé dans l’intervalle (1773) d’après le nor-
(16801, est issu d’un latin populaire “retins <courroie
mand flouée. Du sens propre de cremettre à flot (un
pour guider la monture)), déverbal du latin clas-
bâtiment échouélb en marine, se dégage au XX~s. le
sique retinere wrêter, contenir>> 1-+ retenir). Le la-
sens figuré de arétablir (ce qui est dans une situa-
tin classique a un diminutif retinaculum &en»,
tion compromise)» 11924, surtout dans une pers-
mais tous les correspondants romans viennent du
pectivefmancière (1932,renflouerune affuire;1939,
type populaire : italien redina, espagnol titia, ca-
renflouer qqn).
talan regw, ancien provencal regnu, portugais re-
dea. bRENFLOUAGE n.m. (18681 a évincé en marine
+Le mot désigne chacune des courroies bées au l’ancien afflouuge n. m. (1863) ; il est rare. 4 REN-
FLOUEMENT n. m., de peu postérieur (18701, est
harnais d’une bête de selle afin de la retenir, de la
guider, d’abord en concurrence avec guide pour les en revanche usuel, et possède également le sens fi-
chevaux attelés, puis dans tous les cas. Il entre guré de <rétablissement d’une situation fmancière
dans les expressions techniques fausse rêae 116901 compromîsem (1877). +RENFLOUABLE adj. appa-
et longues rênes (19321 pour désigner des longes raît avec le sens figur6 (1936, Céline).
d’un usage spécial, et en équitation dans la locution
prendre k& cinquième rêne (1842) *saisir la crinière
RENFORCER v. tr., d’abord renforcier EV.11551
puis renforcer (XIII~s.1, est formé du préke re-*
de la monture ou le pommeau de la selle pour ne
marquant l’intensité, et de l’ancien verbe ePtforcker
pas tomber+. +De bonne heure, le mot a pris la va-
arendre plus forta (v. 1130) ou enforcir Eh XJI”s.1,de
leur métaphorique, puis figurée, de adirection d’un
en-*, force*, et suffixe verbal.
mouvement, d’une aEaire= (v. 12401, surtout au plu-
riel et en locution (te& les rênes1 dans un style 4 Le verbe signiEe proprement arendre plus fort,
soutenu. plus solide> et, abstraitement, arendre plus intense
b Son dérivé ENR~~NER v. tr., réfection de enrei- (la soufikance)~ (v. 11751. Le sens militaire, sac-
gnier Iv. 11701,est sorti d’usage, notamment au sens croître les effectifs» En XVI~s.), est le premier d’une
propre de Nhamaoher (un cheval de carrosse) en série de spécialisations. ~Par ailleurs, la valeur
nouant les rênes>, le sens figuré aretenir (qqn) dans abstraite pour (<rendre plus ferme, établir plus so-
son actions se conservant plus longtemps dans un lidement lune conviction, une position intellec-
usage littéraire. +De ce verbe est tiré ENRÊNE- tuelle)>) est attestée depuis le milieu du XVIII~ s,
MENT n. m. tl9081, mot technique synonyme d’har- (1762, Rousseau). Ce sens est resté très vivant, de
même que l’emploi concret pour ((rendre plus so-
nachement et employé par métonymie pour un
système de rênes mobiles permettant de fixer le lide-.
cheval dans une attitude de travail. b Le participe passé RENFORCÉ, ÉE est d’abord
adjectivé au sens figuré ancien de “frappé d’ag-
RENÉGAT, ATE n. et adj. est probablement grave* en religion Iv. 1283). De nos jours, il qutie
emprunté ( 1450) à l’italien tinwgato “qui a renié la concrètement une pièce, un élément plus épais,
religiow, participe passé adjectivé de rinwgare, plus robuste Cv.15601, entrant dans quelques syn-
remontant, comme le fkançais renier, au latin popu- tagmes comme toile renforcée ( 19041 pour les toiles
laire “renegare I--Prenier), de negare (+ nier). Un de fabrication bretonne des xwe et XVIII’ s., ou talon
réemprunt au correspondant espagnol renegado renforcé hnil. ~8 s.l. *Le sens figuré, “parfait dans
n’est pas exclu. son genren (1668, un he renforcé), d’usage familier,
+Attesté une première fois au xv” s. comme adjec- est archaïque.
tif avec un sens peu clair, le mot a désigné une per- RENFORT n. m., déverbal de renforcer (13401, a
sonne ayant renié sa religion, en particulier la reli- d’abord eu le sens d’cenchèress, sorti d’usage, puis
RENFROGNER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

a été repris au sens de «surcroît d’épaisseur donné à répéter les mêmes choses, mais cette évolution
à une pièce pour en augmenter la solidité, 11409, sémantique convainc peu. Le passage à la valeur
écrit renforch) . +Sous l’influence des emplois moderne est inexplicable et il pourrait s’agir d’un
concrets du verbe, il désigne, surtout au pluriel, un autre mot. Par analogie, rengaine s’emploie pour
accroissement d’effectif% ou de matériel destiné à une chanson lassante à force d’être répétée (19351,
renforcer une troupe et, par métonymie, ces effec- parfois en emploi quasi adjectif.
tifs (av. 1526, pour ces deux emplois). + Il a servi à .On rencontre RENGAINARD,ARDE n. chez
former la locution S ~ZUI~ renfort de lot. prép. «en Maupassant (1887) à propos d’une personne qui re-
utilisant très abondamment» (1534). Le sens figuré prend toujours la même rengaine.
d’Haccroissement d’intensité>> (1665) relève de
l’usage classique et a disparu. +Le nom d’action RENGAINER -3 GAINE
RENFORCEMENT n. m. [1388) est employé plus
généralement, au propre et au figuré; au XX~ s., RENIER v. tr. est l’aboutissement (XIII~ s.1 des
il a pris quelques acceptions techniques en phoné- formes runeier (v. 8811, reneier Cv. 1155) puis renoier
tique (19041, photographie (19321, et récemment Iv. 11551 issues d’un latin populaire Orenegure «refu-
en psychologie expérimentale. + RENFORCA- sern (x” s.) qui dut prendre dans les milieux reli-
TEUR, TRICE n. et adj., dérivé savant tardif E1904) gieux le sens de <<apostasier» (également en italien).
qui n’a pas repris l’ancien renforceur 113401, pos- Ce mot, auquel remontent également l’italien rin-
sède des acceptions techniques en photographie negwe et l’espagnol renegur (+ renégat), est formé
11964) et en psychologie expérimentale (1968, dans du latin classique re- (-+ re-1 marquant l’intensité et
les dictionnaires généraux). Il qualifie (1898) un de negare cnier, refuseru I-P nier).
écran placé contre un film pour rayons X qui aug- 4Le mot est introduit avec sa valeur religieuse,
mente l’activité de ceux-ci, et en psychologie ce qui Napostasier, abjurer sa religion>>, dans la locution
renforce un sentiment (19061. renier Dieu et en emploi absolu (v. 1240). U s’est dîf-
fusé dans l’usage courant avec le sens de ane plus
RENFROGNER v. tr. est la variante nasalisée se reconnaître engagé envers (sa patrie, ses pa-
(xwe s.1 de l’ancien verbe refrogner d’abord attesté rents), désavouer)) (v. 11601, et Nne pas rester fidèle
Iv. 1220) au participe substantivé li refrongniez 4e à (une valeur, etch Cv. 1240). 0 Ultérieurement, il a
diablenI. Ce verbe encore vivant dans des patois, pris le sens de <refuser d’admettre qu’on connaît
est formé de re- I-, re-1, préfixe qui se retrouve dans (qqch., qqn)>> Iv. 15531, sorti d’usage. +La forme pro-
les mots de sens voisin renûcler*, renifler*, et de nominale se renier, d’abord soi reneer Idéb. XIII~ s.),
l’ancien verbe tioigwr (XIV~ s.1 de même sens, une Sign%e d’abord ((abjurer sa foi, son parti>) avant
forme “frongwr étant vraisemblablement anté- d’être reprise au sens affaibli de>wevenir sur ses
rieure. À la même époque, on trouve le substantif propres déclarations» (1847). +A l’époque clas-
C-oigne aine renfrognée, que l’on considère sique, le verbe s’employait absolument au sens de
comme d’origine gauloise : on restitue le gaulois <blasphémer> ( 1534, emploi synonyme de renier
“kogaa ~narines~ d’après le gallois ffroen anezm ; des Dïku au XVII~ siècle. 0 La locution renier chrême et
formes dialectales de l’Est, notamment le vosgien baptême avait le sens figuré de <<perdre patiencem
frognon qroim, sont encore plus près du sens éty- (1689).
mologique de <<faire le groina (cf. faire le museau, ti-
b Renier a produit deux noms dès le XII~ s. : le déver-
rer un long nez) d’où vient celui de «contracter le vi-
bal RENI n. m., d’abord renei Cv. 1160) et renoi
sage par mécontentementm.
Iv. 1250) avant reni (XVII~ s-1, exprimait l’idée de cttra-
+ Le verbe est rare à l’actif; il s’emploie surtout au hison>> et, encore à l’époque classique, servait de
pronominal. L’idée concrète de &oncer le nez, nom d’action à renier Iv. 1250). +Il a été éliminé,
contracter les traits du visage>) se double presque comme le participe substantivé renie l’a été par re-
toujours d’une notation de mauvaise humeur. négat, par RENIEMENT n. m. iv. 11601, d’abord re-
F Les deux dérivés de renfiomer se sont imposés neiement, qui a perdu le sens de «trahison» pour ce-
devant des formes plus anciennes non nasalisées : lui d’ccaction de renier» h” S.I. Jusqu’au XVII~ s., il
RENFROGNEMENT n. m, (1553) par rapport à re- exprime aussi, dans la langue religieuse, l’idée de
fiognement ( 1539) et RENFROGNÉ, ÉE adj. 11580) «blasphème= (fin XIV~ S.I. +RENIEUR,EUSE n.
qui a remplacé refrogné (xv” 4, retiongniez ki-des- <personne qui renie)) (déb. XI? s., reneor) a rem-
sus), et qui est le mot le plus courant de cette série, placé l’ancien fknçais renotir Cv. 1200~xv’ ~3.1et a
quatimt le visage, l’air et la personne. été remplacé par renégat*. + RENIABLE adj., créé
plus tard ~XI” s.1, quame ce qui est de nature à être
RENGAINE n. f., attesté en 1680, est peut-être renie, notamment dans l’adage juridique tous
le déverbal ou, selon J. Picoche, la ze personne de mauvuis CUGTsont reniubles.
l’impératif du verbe rengainer (15261, formé de re-* 6 voir JARNDIIXJ, RENÉGAT.
et de enguiner aremettre dans le fourreau>>, lui-
même composé de en-* et de gainer (-, gaine). RENIFLER v. est dérivé
(15301 de l’ancien verbe
+Rengaine n. f., d’abord au masculin, Sign%e au nifler, encore usité dans certains patois, <<aspirer
XVII’ s. <refusa>. Le développement du sens actuel de très fortement par le nez>> Ckn xIIe s.), et qui appar-
=Propos répété à satiétém, avec lequel il s’est fixé au tient à un radical onomatopéique nif- évoquant le
féminin ( 1807, c’est toujours la même rengaine), bruit fait en flairant ou en aspirant la morve, re-
s’expliquerait par le fait que la suppression d’une présenté dans l’allemand nifeln dairer~, le n. ren-
nouvelle que l’on voulait annoncer amène souvent dant la résonance nasale et fie bruit de l’aspiration
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3177 RENONCER
(cf. l’onomatopée d’origine anglaise sniff) ; le préfixe nommer, de re- à valeur itérative neutre, signifie
re-*, à valeur intensive, se retrouve dans les mots anommer (qqn1 une seconde fois- (16691 et 4ire de
sémantiquement proches renâcler*, renko@er*. nouveaw (1812). ~Les dérivés sont sans rapport
+ r2enifter Sign%e aaspirer fortement l’air par le nez avec ce nouvel emploi.
en faisant du bru%, sens d’où est sortie l’acception b RENOMMEE n. f., participe passé substantivé
figurée de «marquer de la répugnance pour» (fin Iv. 11.21,renumee), désigne la rumeur publique qui
xwe s-3,aujourd’hui sortie d’usage. On trouve éga- répand l’éloge ou le blâme sur qqn, spécialement
lement la construction transitive, avec cette valeur représentée comme un personnage allégotique
figurée (1764, Voltaire) ainsi qu’au sens propre embouchant une trompette Iv. 11651. Par métony-
(av. 1784, Diderot). Le verbe a pris dans l’usage fa- mie, il désigne la réputation de qqn, bonne ou mau-
milier Il 855) le sens de 6oupçonnep (18551, comme vaise Iv. 11551, sens dont procède la locution pro-
flairer, subodorer. verbiale borne renommée vaut mieux que ceMure
b RENIFLEMENT n. m. désigne l’action de renifler dorée 11615) où la valeur de renommée est détermi-
(15763 et souvent, par mktonymie, le bruit fait en re- née par l’adjectif. En emploi non qualifié, la valeur
niIlant. Par une autre extension métonymique, il se laudative l’a emporté (1538). 4 Le mot ne conserve
dit d’une maladie osseuse du porc (1870). eRENI- l’ancien sens de atémoignage, rapporta Cv.1360) que
FLEUR, EUSE n. et adj. (15761 qu&e et désigne dans l’expression juridique Ceenquête, preuve1 par
une personne qui retie, d’abord, semble-t-il, un colfllflune renommée (16901, <fondée sur les témoi-
ronfleur, sens dont procède une spécialisation en gnages relevant de l’opinion commune». +Le dé-
psychiatrie pour un type de pervers sexuel (& S.I. verbal RENOM n. m. (11761, quasi-synonyme du
oLe langage technique de la prospection pétro- précédent, a le sens de aréputation>, ne recouvrant
lière en a fait le nom d’un appareil placé à l’avant plus aujourd’hui que celui de cbonne réputationm
d’un bateau pour détecter d’éventuelles émana- 11508), par exemple dans de renom, 4llustre~.
tions de gaz (1975). * RENIFLERIE n. f. (16531, ac-
tion ou habitude de renitlerx, s’est peu répandu, et RENONCER v. tr. ind., d’abord renonckr
RENIFLADE n. f., lui aussi attesté chez Scarron Cv. 1155) puis renoncer (3311~ s.1,est emprunté au latin
(16531, est marqué comme régional (Provence). renuntiare 4nnoncer en retour, rapporter, ren-
- RENIFLARD n. m. est un terme technique (1821) voyez’ d’où aabandonner l’usage, la jouissance de
désignant la soupape provoquant automatique- Iqqch.Jp, spécialisé en droit (en emploi absolu) pour
ment une rentrée d’air dans un milieu où se pro- adénoncer un contratn et, à basse époque, dans la
duit une dépression, et une tuyauterie montée sur langue ecclésiastique, pour equitter spirituelle-
le carter d’un moteur à explosion destinée à éva- ment le monde)). Renuntiare est forrné de TV- mar-
cuer les vapeurs d’huile de graissage (1964 dans les quant le mouvement en arrière, en retour (-, re-1,
dictionnaires). et de nuntire cannoncerm (+ nonce).
4 Le verbe a eu le sens dknnoncer, déclarer, révé-
RENNE n. m., d’abord reen (1552) dans une tra-
lep, d’où aussi flexpliquen (v. 12201 jusqu’au xv” s.
duction de la Cosmographie de l’Allemand
avant d’être éliminé comme synonyme superflu
S. Münster, puis par tiancisation renne ( 16801, est
d’annoncer. Avant la fin du XII~s., il a pris le sens de
emprunté à l’allemand Reen (XVI~s.), lui-même re-
acesser de prétendre (à une chose), d’en envisager
pris du scandinave (norvégien ou suédois renl. L’is-
la possibilité, avec un nom ou un ir&nitif IXIII~ s.1
landais a hreinn et une autre forme hrei&w qui a
pour complément ; avec un autre type de
donné l’allemand Rentier, l’anglais reideer et l’an-
complément, il signtie cabandonner l’usage, la
cien français rungier (XI$ s.1, lequel est encore ré-
jouissance de Iqqch.)» (1274). * Le sens transitif de
pertorié dans les dictionnaires comme terme d’hé-
arenier, désavouer» Cv.13201, sorti de l’usage cou-
raldique.
rant après le XVII~s., survit à la fois dans le style lit-
+Le mot conserve le sens de l’étymon, désignant téraire (notamment avec la nuance d’ccabandonner,
un grand cervidé d’Europe du Nord, élevé en Lapo- 1aisserD du verbe intransitif indirect), et en français
nie, et par métonymie, sa peau appretée, sa viande. de Belgique pour adonner congé à un locataire=.
+La valeur religieuse du latin chrétien est reprise
RENOMMER v. tr. est dérivé (1080) de nom- au XVI~s. (l’emploi antérieur de renoncement dans
mer* avec le préke re-. ce contexte incite à penser que ce sens est plus an-
4 La valeur réitérative du préfixe soutient le déve- cienl; surtout dans les locutions renoncer à soi-
loppement du verbe dans deux directions : le sens même 0541,Calvinl et renoncer au monde (16901.
de anommer souvent dans un certain esprit, ex- 4Iepuis le xwe s., renoncer se construit avec un
plique l’apparition du sens laudatif, <célébrer, glorî- complément désignant une chose abstraite, au
fierx (1080) et du sens péjoratif, ablâmer, accuser>> sens de {cesser de s’attacher à (un dogme, une
(XIII” s.1qui a disparu en tiançaîs classique. Les deux conviction)~ (av. 1662, Pascal), et avec un com-
acceptions convergent dans celle de dciter Iqqnl en plément désignant une personne, au sens de «se
bien ou en mal= Iv. 13601, au pronominal se renom- résoudre à admettre qu’on n’entretiendra plus de
mer «faire parler de soia (v. 1365). Ce sens, malgré relation avec elle> (1662). Ces acceptions sont
l’appui des dérivés renommée et renom, it vieilli, usuelles, comme celle de «ne plus revendiquer, ne
tout comme ceux de <faire passer pourri (v. 15411, et plus avoir l’intention)>. -La forme pronominale
pour se renommer use réclamer deB (1554). 4 Ces se renoncer (1541, Calvin1 relève d’un usage plus
valeurs étant devenues archaïques, un verbe re- soutenu, voire littéraire, pour arejeter tout intérêt
RENONCULE 3178 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

personnel, se sactiern, non sans connotations reli- Krenouveler, ra&-aîcti au propre et au figuré, de
gieuses. w- I+ re-1, prétie marquant l’intensité, et novare
F Le dérivé RENONCEMENT n. m. (XII~ s.1a suivi le <refaire, renouvelep, dérivé de novus (-+ neuf). Le
développement du verbe, perdant le sens d’«an- verbe latin a aussi produit l’italien rinnovure et le
nonce, nouvelle- et prenant, d’abord en droit ( 12671, portugais, l’espagnol et le catalan renovur.
celui de afait de cesser de prétendre à, de deman- 4 Il se pourrait que la forme employée en ancien
der>>. Il s’emploie absolument avec la valeur reli- fiançais soit issue du latin par voie orale et tradi-
gieuse d’aesprit d’abnégation visant à une plus tion populaire au sens ancien de Nrenouveler (qqn3
grande pureté spirituelle)> Km XIII~s.1, conjointe- par le sacrement du baptême». Rénover a signi%
ment à l’expression renoncewLent 9 soi-m&me «reconduirem ou «renouvelep, par exemple dans
(av. 1654; 1541, renoncement de nous-même). -RE- renover le traité (1627-1628). Il a été évincé par re-
NONCE n. f., déverbal ( 1690) de renoncer, est SP& nouveler au cours du xwe siècle. +Le verbe a été
cialîsé comme terme de jeu de cartes pour l’ab- repris au xrxe s. avec le sens de {{donner une nou-
sence d’une couleur dans la main d’un joueur et, velle existence à Eune chose abstraite, sentiment,
plus souvent, pour le ftit de ne pas fournir une cou- pensée&> (1828) et s’est imposé avec le sens concret
leur alors qu’on le peut. *En Belgique, le déverbal de <remettre à neuf (un bâtiment, un localIn vers le
revêt la forme RENON n. m. ( 1874) dans la spéciale- milieu du xrxe s., prolongeant un ancien sens, &pa-
sation arésiliation d’un bailm. C’est un vestige de rer, remettre en étatn (1348, attestation isolée).
l’ancienne forme renonc (v. 1220) «action de renon- F RÉNOVATION n. f., d’abord renovacion (13lO),
cer àn, <réponse négative- (v. 1260). - Trois dérivés puis renovution ( 15531 et rénovation (17181, est em-
techniques appartiennent au vocabulaire du droit : prunté au dérivé latin renwatio, -anis ((renouvelle-
RENONCIATAIRE n. (1829) désigne la personne ment>>,au propre et au figuré, spécialement flcurnul
bénéficiaire d’une renonciation juridique, RENON- des intérêts». - Le mot a désigné la réitération, l’ac-
CIATEUR, TRICE n. (18391, distinct du moyen fran- tion de faire à nouveau une chose déjà accomplie
çais renonciateur qui désignait un confesseur, un (13101, puis l’action de renouveler qqch., qqn, et
messager EV.13551, s’applique à la personne qui ef- spécialement de renouveler périodiquement des
fectue la renonciation, et RENONCIATIF, IVE adj. magistrats, de refaire des voeux, en parlant d’un re-
qualîfre spécialement une clause ayant trait à une ligieux ( 1718). Lors du partage de sens entre réno-
renonciation C196 1). vation et renouvellement, le premier n’a conservé
RENONCIATION n. f. est emprunté 11266) au latin que le sens de <<faitde redonner toute sa force à ce
renuntiatio, -on& fait SUTle supin Irenuntiatuml de qui a été affaibli, de rétablir un être déchu de son
renuntiare pour désigner une annonce, une décla- intégrités Ifm xrve S.I. Il s’est répandu dans l’usage
ration, une publication. 11s’est spécialisé plus tard courant pour aremise en état (d’un bâtiment, d’un
en droit pour l’acte par lequel on abandonne ses local)= (v. 1490). Comme rénovateur, le mot a pris
droits. + Le mot désigne d’abord l’action de renon- vers 1985 une valeur politique, désignant une ré-
cer en général, en concurrence avec renoncement. forme visant à renouveler et rajeunir un parti.
Un partage des attributions entre les deux substan- +RÉNOVATEUR,TRICE adj. etn. est emprunté
tifs d’action aboutit à une spécialisation dans le do- ( 1555) au bas latin renovutor «celui qui répare, res-
maine juridique (12661, dans l’expression clause de taure}), du supin de renovare. 0 Le mot, d’abord
énonciation. Le nom s’employait aussi à l’époque employé au féminin pour «femme qui renouvelle
classique (av. 16621 à propos de l’action de renoncer qqch.)), puis au masculin (1569) dans le contexte féo-
spirituellement et moralement, sens assumé au- dal, «celui qui renouvelle les titres d’une terre>>, a
jourd’hui par renoncement. pris (16603 le sens général de <<personne qui rénove
Iqqch.ln. Son emploi comme adjectif n’est constaté
RENONCULE n. f., d’abord rununcule (15493
qu’en 1835. 0 Le masculin rénovateur a donné son
avant renoncule (16601, est emprunté au latin ra-
nom à divers produits à faible action décapante
nunculw cpetite grenouîllen, dit plaisamment au fi-
servant à raviver les couleurs des peintures et des
guré de l’habitant d’un lieu marécageux, dérivé par
vernis (19391. +Enk, vers 1985, le mot s’applique
sufExation diminutive de runa «grenouille, (+ rai-
en politique au membre d’un parti qui cherche à le
nette).
rajeunir, à le renouveler (d’abord à propos du parti
+ Ce nom est d’abord donné à la variété aquatique communiste tiançais).
de la fleur appelée également en lançais grenouil-
lette, parce qu’elle pousse dans les fossés, les RENSEIGNER v. tr., d’abord écrit renseignier
étangs, au bord de l’eau; il s’est ensuite étendu à la Cv.11451, est le dérivé en re- de enseigner*, de nos
variété terrestre. jours démotivé.
dh est dérivé RENONCULACÉES n. f. pl. (17983, + L’usage ancien du verbe recouvre à la fois l’idée
nom scientfique de la famille de plantes dont le d’apprendre qqch. à qqn, avec laquelle il constitue
type est la renoncule. l’intensif d’enseigner et, déjà, le sens plus large de
@ voir GRENOlJlLJX. RAINETlE. adonner à (qqn) une indication sur une chosea.
Cette extension est généralisée au xrxe s., en rela-
RENOUÉE 3 NOUER tion avec renseignement, antérieur en ce sens (voir
ci-dessous), par le pronominal se renseigner (1823)
RENOUVELER + NOUVEAU
et le verbe actif ( 1834). 0 Entre-temps, la spécialisa-
RÉNOVER v. tr. représente par emprunts suc- tion administrative apparue en moyen tiançais,
cessifs Cv. Il 19, renover, puis xIxe s.1le latin renowre «mentionner, porter en comptem (13581, et l’emploi
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3179 RENVERSER
didactique du sens itératif, aenseigner de nouveau>> vait des rentes seigneuriales. Un homonyme rentier
( 17981, explicitant le lien étymologique à enseigner, s’appliquait en Bretagne au livre des rentes dues à
ont disparu. un seigneur (14631,Le mot s’est répandu au xwe s.
F RENSEIGNEMENT n. m. est attesté une fois en pour désigner la personne bénéficiant d’une rente,
moyen français au sens d’Gndication, information, vivant de revenus non professionnels (13561,d’où
libellé dans un comptem (1429). 0 Repris au milieu spécialement rentier viager (17701, s’étendant à une
du XVIII~ s., le mot désigne une information sur une personne qui a des revenus stisants pour vivre
personne ou une chose (17551, souvent au pluriel sans travailler, à l’époque où le travail rémunéré
comme dans prendre des renseignements (1779) et devient la règle, même pour les classes moyennes
dans ses spécialisations en art militaire (1823, ren- et supérieures (bourgeoisie et noblesse) 117551.
seignements militaires), dans la police 11838) et +L’adjectif RENTÉ, ÉE *qui vit de rentesm En
dans l’administration (1854, bureau de remei@w- XIII~ s.) n’est plus guère employé, de même que le
ment& Dans l’espionnage et le contre-espionnage verbe RENTER v. tr. (XIII” s-1 =Servir une rente, un
français,le service desrenseignements (18991, dis- revenu fke à !q@a et, par extension, apourvoir
tinct de celui des renseignements g&éraux ( 19281, d’argent, (15493. Etre renté est encore vivant avec
fournit des renseignements politiques auprès de la une valeur figurée (v. 1225, bien renté c4che4.
préfecture de police. L’emploi elliptique, le rensei- ~RENTABLE adj. 112901 est lui aussi sorti d’usage
gnement, apparu pendant la guerre ( 19431, corres- au xwe siècle. En ancien français, il s’est employé en
pond à ce sens, tandis que (les1 renseignements Picardie au sens de “chargé d’une redevance an-
(1949) renvoie simplement à un bureau où l’on ren- nuelles (en parlant d’une terre). 0 II a été repris au
seigne le public. +Le participe passé adjectivé ti s., en relation avec reyenu, rappoti, et d’après
RENSEIGNÉ, ÉE “qui a des renseignementsn (1846) rentabilité qui semble antérieur, pour qualtier une
et “qui contient beaucoup d’informations, docu- chose permettant de tirer un bénéfice net suffisant
ment& (18611,surtout qualif% par un adverbe hkn, par rapport au capital investi 119321, et s’est étendu
mal renseigtil, s’emploie quelquefois substantive- à une personne ou à une chose qui concourt à la
ment (av. 1922, un renseig&. productivité d’une entreprise. Par extension, il est
devenu, dans l’usage général, synonyme de “qui
RENTE n. f. est issu (v. I 1121 d’un latin populaire rapporteB (19641. +fl a Servi à former RENTABI-
“rendita (ce que rend l’argent placém, féminin subs- LITÉ n. f. (1909) et RENTABILISER v.tr. (1962,
tantivé d’un “renditw, participe passé de ‘rendere R. Dumont), termes d’économie qui n’ont pas tardé
cdonner en retourn I+ rendre) qui est lui-même l’al- à se répandre dans l’usage au sens de arendre ren-
tération du latin classique reddere (participe passé table>, au propre et au figuré. On en a tiré RENTA-
redditus) . L’italien rendita, l’ancien provençal renda BILISATION n. f. (19691, d’emploi économique.
remontent à ce mot latin populaire.
4 D’abord attesté au sens général de «restitutionm, RENTRAIRE v. tr. est formé (déb. xv” s.3 du
avec lequel il sert de nom d’action à rendre* en an- préfure re- *, et de l’ancien verbe entruire aentraî-
cien français, rente prend très tôt la valeur spéciale ner, attirer dansn (v. 11601,spécialisé dans la même
de «revenu donné périodiquement en retour d’un acception technique, lui-même du latin tntruhere
capital aliéné, d’un fonds tiermés Iv. I 119). L’ac- &+aînem, au figuré aoutragerm, de in- 1-+ en) et tiu-
ception figurée qui s’en est dégagée, achose inéluc- here &rerB (+ traire).
table revenant régulièrement* (1195-12001, a dis- + Ce terme technique de couture signZait {(rajuster
paru avec l’évolution du mot en économie. Par deux morceaux d’étoffe par une couture invisibles,
extension, rente se dit d’un revenu annuel, à l’ex- sens d’après lequel il était quelquefois employé
clusion de celui que procure le travail Iv. 12071, avec une valeur figurée (av. 1778,vohire). n s’est
aussi dans la locution vivre de ses rentes (16511, lié spécialisé en tissage et tapisserie, pour <refaire des
aux valeurs successives de rentier. Rente développe portions de trame et de chaîne lorsqu’un dé-
le sens figuré courant de Mpersonne ou chose dont chirement s’est produit dans le drap lors du tis-
on tire un profit» 11668,Molière) dont vient l’emploi sagen (16111et pour «rétablir la trame et la chaîne
familier antiphrastique pour une chose désa- d’une tapisserie= (1690). +Au XVIII~ s., une variante
gréable que l’on subit périodiquement. Tout en ser- RENTRAYER v. intr., refaite (av. 17781d’après les
vant à former des syntagmes spécialisés, rente viu- formes conjuguées mLLs rentrayolts, vous ren-
gére (XVI~ s.), rente amortissable ( 18631, rente trayez, s’est spécialisée pour aréparer après le tis-
perpétuelle Cl870), rente au porteur, rente nomina- sage les défauts de fabrication apparents».
tive (mil. x? s.1, il se spécialise en économie poli- F Rentraire a produit RENTRAYEUR,EUSE
tique sous l’innuence de l’anglais rent Ployer qu’un adj. et n. ti xv” s.1pour désigner l’ouvrier tapissier
fermier paie à son propriétairen), désignant le re- chargé des diverses opérations exprimées par le
venu de la production annuelle d’une terre (17501. Il verbe, et RENTRAITURE n. f., formé sur le parti-
désigne spécialement l’emprunt de l’État repré- cipe passé rentrait 11530) «couture faite en ren-
senté par un titre donnant droit à un intérêt contre trayantp, et par métonymie ((point de couture liant
remise de coupons (1835). L’expression figurée deux surfaces monochromes d’une tapisserie de
rente de situation Cl9711 s’applique à un avantage lisse* ( 19643.~RENTRAYAGE n. m., tiré de ren-
acquis et qui n’est plus mérité, considéré par le bé- trayer, sert de nom d’action (18021.
néficiaire comme un droit irréversible.
b Le dérivé RENTIER,I~RE n. etadj., d’abord RENVERSER v. tr. est formé (1280) de re-*, et
terme de féodalité Uin XII~ s.1, désignait celui qui de- de l’ancien verbe enverser (XII~s.1 <mettre sur le
RENVIDER DICTIONNAIRE I-IISTORIQUE

dosu, utomber sur le dos» Cv. 11551, lui-même de l’an- ployé en locution dans avoir la renverse 4tre ren-
cien adjectif envers wx le dos, en sens contraire)) versé)) et à la renverse Cv.14331 uen arrière, sur le
I+ envers) ou, selon Bloch et Wartburg, d’un latin do+, emploi resté usuel, s’est employé seul avec le
populaire ‘iweTswe I--+ envers) conservé égale- sens de <<mouvement en sens contraire» au propre
ment dans l’ancien proven@ enversar et dans et au figuré (1594, sens disparu au bénéfice de re-
quelques dialectes de l’Italie. vers. Renverse a été repris pour désigner le change-
4 D’abord employé au sens limité, attesté isolé- ment de direction du vent, de la marée, du courant
ment, de «tondre sur l’envers> qui participe de (1866).
l’idée de «retourner de façon que la face interne de- Le nom d’action RENVERSEMENT n. m. apparaît
vienne la face extemen, le verbe s’emploie 11316) en moyen fkançais (14781 pour l’action de renver-
pour {(faire tomber lune personne, une chose)>>.Les ser, de se renverser, au propre et au figuré ( 1541,
emplois s’enrichissent aux xv’ et XVI~s. : le verbe C&rin : un tel renversement de toutes chmes3. R a
commence alors à s’employer à la forme pronomi- suivi le développement du verbe, prenant le sens fi-
nale se renverser «se laisser tomber en arrière> guré dkction de jeter le trouble, le désordre>
(15341, et absolument <<tomber à la suite d’une rup- (16561, devenu archaïque, et «action de transposer,
ture d’équilibre» En xwe s.l. + En construction tran- résultat de cette actionti, d’abord au figuré (av, 1662,
sitive, renverser a pris les sens de apencher en ar- Pascal) puis aussi au propre (1703, en musique) et
rière~ (v, 1440) et *faire aller en sens inverse» (1572). dans diverses spécialisations (en rhétorique, 1730,
Il a développé la valeur figurée de Mchanger brus- Dumarsais). 0 Il s’est spécialisé pour *changement
quement (ce que l’esprit avait admis jusque-l& de direction de la marée, du courant, du vent))
(15%) et, jusqu’au XVIII~s., celle de <dérégler, per- (18591, en physique I19031, et aussi pour désigner
turberu (v. 1480) d’où <(bouleverser radicalement>> une figure de voltige aérienne (1918).
(1538). 4 Au XVII’ s. se renverser se dit d’une voiture Au XIX~ s., renverser redevient productif avec REN-
qui verse sur le côté ( 16541, devenant une sorte d’in- VERSANT, ANTE adj., familier pour *étonnant,
tensif de verser, et l’actif prend le sens figuré de choqua& (18301, RENVERSABLE adj, (18381, spé-
(<mettre à bas)) (1671, Molière). Le sens figuré kvolue cialisé en musique, RENVERSOIR n. m. ! 18381,
vers l’idée d’aétonner grandement)) (1675). ~AU rare, et RENVERSURE n. f., anciennement nom
XIX~ s., la forme pronominale acquiert des emplois d’action de renverser (xwe s.), recréé au xrx” s. 118751,
spécialisés en ma&ge ( 1835) et en chorégraphie d’usage technique. *Au XX~s. appartit RENVER-
(1866), le sens transitif figuré de (<mettre à bas>>s’ap- SEUR, EUSE n., peu usité pour «personne qui ren-
pliquant en politique pour «obtenir la démission verse>, au propre et au figuré C1973).
d’un gouvemementm ( 18751, cependant que le verbe
se spécialise en mathématiques (1875, renverser RENVIDER + VIDE
une fraction, un ru~2poti), en logique et en stylis-
tique (1932, wwerser l’ordre des temzesl. La locution RENVOI, RENVOYER + ENVOYER
technique renverser la vapeur (1861) est passée
dans l’usage courant au sens figuré (1952). oLa RÉORGANISER +ORGANISER
construction intransitive (1907) se spécialise en par-
lant de la marée qui change son courant de direc- RÉOUVERTURE -+ OUVERTURE
tion Cla marée renverse].
REPAIRE n. m. est le déverbal (1080) de l’an-
k Le participe passé RENVERSÉ, ÉE est adjectivé cien verbe repairer v. intr. ou repairier Iv. 10501,
( 13161 avec le sens limité, correspondant à celui du d’abord repadrer arevenir au point de départn
verbe, de *préparé en tournant l’intérieur vers l’ex-
Iv. 9801, spécialement employé en vénerie à propos
térieur>) (en parlant d’un poisson) ; cette acception a de l’animal sauvage qui se trouve au gîte, d’abord à
disparu. L’adjectif a suivi l’évolution sémantique du la forme pronominale (v. 11191, et encore au-
verbe, prenant les sens de <<jeté à terre> (v. 13601, jourd’hui intransitivement (xv” s.l. Ce verbe est
arejeté en arrière>> 115591, et <<dansun sens contraire l’aboutissement du bas latin rapatriare wentrer
à la position naturelle= (16901, spécialement dans dans sa patrie, chez soi-, de re- I-t re-1 marquant le
crème renversée (1855). +En même temps que le
retour, et patria (+ patrie).
verbe, l’adjectif renversé a pris le sens figuré et fa-
milier de <<bouleversé (en parlant d’un visageln. Au + Repaire désigne en ancien fkançais le retour au
XIX” s., il se spécialise dans la description botanique pays, le retour en général et, par métonymie, la de-
( 1820) et en paléographie à propos d’un type d’écri- meure, le logis, l’habitation (10801. *Sous l’in-
ture employé notamment dans les inscriptions fluence de la spécialisation du verbe repairer en vé-
(1842). 0 Substantivé (av. 1784, Diderot), 2e renversk nerie, il prend dès le XII~s. son sens actuel de @te,
a signi% 4inversem, sens disparu. lieu de refuge des bêtes sauvagesn Iv. 11191, d’où au
Le déverbal RENVERS n. m., d’abord rawers em- figuré (<refuge de malfaiteurs>> Il653, Vaugelas).
ployé adjectivement Iv. 1354, s’est dit d’un objet b L’homonyme REPERE n. m. (1676, Félibienl est
plus large en bas qu’en haut. Il a été substantivé %n l’altération graphique de repaire d’après le latin re-
xv” s.) pour désigner le revers de la main, puis aussi perire aretrouver, découvrir, imaginep I+ réper-
l’envers d’une médaille (fin XVI’ s.l. Supplanté dans toire). Le développement sémantique qui le dé-
ces deux emplois par wvers et envers, le mot est re- tache de repaire s’appuie sur l’idée du retour à un
pris avec le sens actuel technique de Nfaîte d’une certain point, l’accent étant mis par métonymie sur
couverture d’ardoise» ( 1782) qu’il a conservé. +Le ce point; le rapport entre les deux noms n’est plus
déverbal féminin RENVERSE n. f., d’abord em- senti. 0 La forme repaire est elle-même employée
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉPARER

en architecture 115783, précédant repère pour dé- s’applique très tôt à un objet d’art, à un édifice an-
signer une marque faite aux di%rentes pièces d’un cien (v. 1150). En ancien français, il a pris le sens fi-
assemblage. Repère désigne plus généralement guré de <<rétablir dans son état premier, sa pureté
toute espèce de marque semant à signaler un point primitive>, suivi d’un complément d’objet dési-
( 1690) et, spécialement, un trait servant d’index sur gnant une personne (1176-11813, et plus souvent
un instrument de mesure ( 16901. Il se dit aussi une chose Cv.16291,d’où tiparer ses forces, sa santé
d’une marque sur un mur, sur un jalon, sur un ter- 11671). 0 D’un sens concret légèrement différent,
rain pour indiquer ou retrouver un alignement, un aremettre en état lune chose ayant un défaut, ayant
niveau (16941, spécialement dans la locution re- subi des dégâts)% (déb. XIII~ sd, très courant et ap-
pères de position ( 1932). 0 La locution point de re- puyé sur réparation et réparateur, se dégage en
père «point déterminé permettant de s’orientep a deux étapes la valeur figurée de cfaire disparaître,
pris une valeur figurée usuelle (18011. oDe nou- effacer, En xv” s.1qui a disparu, puis de afaire ces-
veaux emplois techniques sont apparus au me s., ser (un état préjudiciable) en y apportant un re-
par exemple en parlant de la marque faite sur un mède* 115381, d’où vient hparer un oubli (1868).
bâti de machine pour retrouver la position d’un or- 0 Le verbe est employé avec une idée de compen-
gane mobile I19321. sation morale, d’abord dans le discours religieux
Repère a produit REPÉRÉ, ÉE adj. (1676, Félibienl, en parlant du Christ qui restaure l’humanité dans
d’abord dans l’expression technique pièces repé- sa dignité par son sacrifxe Cv.13501, puis da;ns un
rées pour les pièces de charpente ayant des cadre juridique ( 15381, en particuher réparer I%on-
marques indiquant la place de leur assemblage, rieur Hune femme) &pouser (une femme Séduite)s
puis avec une valeur plus générale 11731). + L’iniki- Iv. 1690).
tif REPÉRER ( 18191 si@e <<marquer de repère+ ; F RÉPARAGE n. m. (déb. xwe s.) a souffert de la
par spécialisation technique, il correspond à <xmar- concurrence du mot emprunte réparation” dans
quer deux pièces qui doivent fonctionner en- son rôle de nom d’action de réparer; il se maintient
semble>> et arelever la position d’un organe mobile pour l’action spéctique consistant à réparer un ob-
de machine par rapport à l’ensemble» (1932, La- jet d’art 118423. ~RÉPARABLE adj., apparu plus
rousse). 0 L’acception familière, aapercevoir, dis- tard Cv.1460) que son antonyme irréparable* ki-
tinguer parmi d’autres une personne ou une dessous), apparaît dans une spécialisation juri-
chose, (18811, donne lieu à la construction passive dique (clause réparable) et étendu à la notion de
être repéré ( 1918, en contexte milltaire) et au factitif aremédiable* C14751; la valeur concrète est enregis-
se faire repérer (19223. Ce développement procède trée la dernière (1690, maison rkparablel. + RÉPA-
probablement du sens technique «découvrir I’exis- RATOIRE adj., dérivé savant du verbe IXVI” s.) dans
tente de (qqch.1 et en déterminer le tracé, l’em- l’expression juridique droit réparatoire droit des
placements postulé par la forme pronominale fermiers (en Bretagne3 de se faire rembourser les
se repérer adéterminer sa position exacte grâce à réparations effectives*, a été repris Il 842) pour qua-
des repères> (1870). +Le dérivé REPÉRAGE n. m. lifier une mesure dont l’objet est de réparer.
désigne l’action de repérer, de mettre au point à RÉPARATION n. f., d’abord reparucion (13101 puis
l’aide de repères (18451 et, par métonymie, ce qui réparation (me sd, est emprunté au dérivé bas latin
sert à mettre au point ( 1845). Il s’est spécialisé pour reparutio, -onk <action de rétablir, de renouvelern.
désigner l’indication de l’endroit où des dessins +Le nom a suivi le développement sémantique de
tracés sur des feuilles isolées doivent se joindre réparer. Repris au sens concret pour désigner l’ac-
pour que le raccord soit fait exactement (1845) et en tion de remettre en état ce qui est endommagé,
imprimerie l’ensemble des mesures prises avant le hors d’usage, il s’étend aussitôt par métonymie à la
tirage pour une impression correcte (1932). main-d’œuvre et aux pièces nécessitées par cette
~D’après repérer et se repérer, le nom désigne opération, tandis que le pluriel réparations a pris la
aussi l’ackion de déterminer exactement l’empla- valeur particukre de «travaux d’entretien ou de
cement d’une chose dans l’espace U9011, spéciale- remise en étatB Ixrv” s.1, s’appliquant plus tard à
ment dans le cadre de manœuvres militaires l’action consistant à remettre en état la partie d’un
(19151, puis au cinéma. +REPÉRABLE adj. (1949) objet ayant subi un dommage (16901, sens usuel au
qualifie ce qui peut être repéré, spkcialement en XX~ s. en mécanique, électricité. *II désigne aussi
sciences dans @WI&U, quuntiité repérable. 4 RE- l’action de rétablir dans sa vigueur première ce qui
PÉREUR, EUSE n. (1954) est didactique. a été tiaibli iv. 13701,le dédommagement d’un pré-
judice matériel ou moral Iv. 14501, passant dans le
REPAÎTRE - PAÎTRE langage religieux pour l’acte par lequel le Christ
rédempteur puis l’homme rachote ses péchés
REPANDRE + ÉPANDRE 11580). 0 La valeur morale se réalise spécialement
dans la locution faire réparatiofi (1663) qui, à l’épo-
REPARAÎTRE + PARAÎTRE que classique, s’employait dans faire réparation ù
l’espdt de gqn, au sens de areconn&re que qqn a
RÉPARER v. tr. est emprunté IV. 11301 au latin plus d’esprit qu’on ne le pensait* (16891. De cette
reparare *préparer de nouveau, remettre en état, idée vient la spécialisation juridique de adédom-
rétabli, de re- I+ re-1 préke à valeur itérative, et magement d’un préjudice> (15381, notamment dans
parare «prépareP) C-, 0 parer). réparation civile, et, par métonymie, apeine tiap-
+ Le verbe signifie dès l’origine aremettre en état pant l’auteur d’une infkaction* (xx” S.I. 0 Du sens ju-
(ce qui est détérioré, endommagé, déréglé), et ridique procède l’emploi spécialisé de répa-
REPARTIR 3182 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ration en sports, au football (19061, notanxnent dans b RÉPARTITION n. f. (1389), <<action de répartir», se
les locutions surface de ré~zwztion, point de répa- spécialise au XVII~s. dans le domaine commercial et
ration ( 19061. + Le pluriel s’est spécialisé à la ti de financier, plus tard dans le domaine fiscal ( 1835, im-
la Première Guerre mondiale pour désigner les p8t de répartition), et enfin en gestion. oLe sens
prestations dues par les Etats vaincus aux Etats spatial correspondant à celui du verbe (1836) lui
vainqueurs, après les dommages résultant de la vaut une acception technique dans les sciences de
guerre 11919). +En biologie, réYparafiouL désigne la la Terre, à propos de la dispersion d’une chose
reconstitution des tissus d’un organisme (mil. dans une aire géographique; il s’accompagne d’un
XXe S.I. emploi à valeur temporelle. Le sens de 4asse-
RÉPARATEWR,TRICE n. et adj. est un emprunt mentm (1846, Proudhon) est réalisé dans la
Iv. 1350) au latin impérial reparutor, tiré du supin de construction répartition par, parallèlement à celle
reparare au sens de xrestauratew), et spécialisé duverbe. *RÉPARTISSABLE adj., attesté en 1596,
dans les textes ecclésiastiques pour désigner le puis repris en 1845, qual%e ce qui peut être réparti.
Sauveur W s.l. +Le mot, qui a éliminé le dérivé ré- +RÉPARTITEUR,TRICE n. et adj. 117281 désigne
payeur (av. 1350, repareor), a reçu le sens concret la personne qui a pour rôle de répartir, spéciale-
très général de Kpersonne qui répare, remet en ment en économie politique et fiscale, celui qui est
état», qui fut le seul à s’implanter. Son emploi chargé de répartir certains impôts entre les contri-
comme nom du Christ (déb. xrve s.1 a disparu, et le buables ( 1819, commissaire répartiteur1 et, dans le
sens moral ( 1556) dans réparateur de torts Cl7181 commerce ou l’industrie, celui qui répartit des
est archaïque, sauf par dérision. 0 l?n revanche, fonds, des produits finis, des matières premières.
l’adjectif, d’abord dans Dieu réparateur de nos mi- 0 Le masculin se prête à des emplois techniques,
sères (av. 1695, Nicole), réalise à la fois la valeur désignant un instrument ayant pour fonction de
physique de <(qui redonne de la vigueur>> ( 18343 et le distribuer une substance, une énergie dans une
sens moral de ((qui rachète une faute>> (18191, ce installation 11878, en électricité ; 1924, pour le dîspo-
dernier dans une perspective religieuse, d’où le sitif assurant la disposition des circuits qui abou-
nom de religieuses réparatrices porté par les tissent à un central téléphonique). +RÉPARTI-
membres de trois congrégations contemplatives TIF, IVE adj. (1846, Proudhon), mot didactique,
(mil. XX~s., dans les dictionnaires). 0 Aujourd’hui réalise le sens de “qui a pour fonction de répartti.
l’emploi le plus courant en fait le nom d’agent de
réparer, appuyé sur réparation (faire venir urz répa- REPAS n. m,, d’abord écrit repast Cv.111.3,
rateur, etc.). forme usitée jusqu’au ~VS., puis repas Cv.13501, est
IRRÉPARABLE adj. est, de tous les emprunts de l’élargissement en re-* d’après repaître (+ paître)
cette série, le plus ancien (1236). Il est emprunté au de l’ancien -français past qui désignait en vénerie la
latin irreparabilis, formé de in- h-1 et de reparabilis curée laissée aux chiens de chasse Iv. 11751et aussi
<<réparable)), de repurare. + Repris avec une valeur la succession de plats pris par une personne à
abstraite, il l’a conservée avec un emploi substan- heures régulières (v. 1112). Past remonte au latin
tivé à valeur de neutre : l’i&parubZe Edéb. ~LX’ s., pastus <<pâture, nourriture des animaux ou de
M”” de Staël). Le sens concret n’est attesté qu’à la l’homme>) et au figuré ~~nourriture~, dérivé de pas-
Cn du XIX~ s., mais on relève en moyen francais inré- cere <<fairepaître, nourrir, alimenter» (+ paître).
paruble (1365). L’emploi du mot avec un terme tem- + Jusqu’au xvre s., le mot signifiait <<nourritures en
porel est archaïque. *De iwéparab2e sont dérivés général, avant de se spécialiser au sens de xsucces-
IRRÉPARABLEMENT adv. (1370) et, ultérieure- sion de mets accompagnés de boisson que l’on
ment, le mot didactique IRRÉPARABILITÉ n. f. prend à certaines heure+ ( 1534, Rabelais), l’accent
(1840). étant mis tantôt sur l’acte de se nourrir, tantôt sur
0 et @REPARTIR let REPARTIE) la nourriture ainsi prise. Dans ce sens, le mot n’est
*aPARTIR plus senti comme lié à repaître et prend une valeur
sociale très codifiée. Les repas, dont les noms sont
RÉPARTIR v. tr., d’abord repartir Iv. 1155), est anciens mais s’appliquent à des actes sociaux qui
formé de re-* et partir” «séparer>>. Sans qu’on puisse ont varié dans leur nature et leurs horaires (+ dé-
dater l’apparition du phénomène à l’oral, le préfixe jeuner, dîner, souper), rythment la journée; le mot
re- a été modifk en ré- ( 1559 à l’écrit), afk d’éviter entre dans de nombreux syntagmes courants et est
la confusion avec repartir <<répliquer>> et <<partir de au centre d’un riche vocabulaire. Il sert d’élément
nouveau». de composition dans coin-repas, panier-repas.
+Le verbe exprime le fait de partager, de distri- -=Par analogie, il est employé pour la nourriture
buer en attribuant à chacun ce qui lui revient, sens donnée en une fois aux animaux domestiques
usuel en économie et générateur d’emplois figurés, Cv.1350) et pour celle que les animaux prélèvent
au sens de richesses morales, intellectuelles. En eux-mêmes ( 1829, Musset).
fiançais classique, il si-e Ndisposer (une chose 6 voir PA&RE.

ou un ensemble de choses, de gens) dans un espace


donné, selon certaines contraintes)) ( 1718) et &che- REPASSER v., d’abord respasser (v. 11601, est
lonner (une chose) dans le tempsv ( 1854). La dérîv6 de passer” à l’aide du prétie re-*.
construction répartir en, par correspond à <classer, +Le verbe, dont le sens de ~guérir>~ correspond
rassembler (des éléments, des gens) en fonction de peut-être à une antonymie par rapport à passer
certains critères» ( 1864, répartir des hommes en tri- «rnour-ir>~ et a disparu au xve s., constitue l’itératif de
bus et en phratries). passer, au sens spatial de ((traverser de nouveau
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3183 REPENTIR (SE)

(par exemple un cours d’eau, la merIn (v, 1175) et REPENTIR (SE1 v. pron. est issu (1080) du la-
apasser de nouveau par un endroit> (1538) puis are- tin médiéval repoenitere (rx” s.), également repré-
venir voir qqnn 11694. Ce dernier sens est détourné senté dans l’ancien lombard repentirse et l’ancien
ironiquement dans l’expression récente tu repasse- espagnol rependirse, composé de re- I+ re-1 à va-
ras 119641,exprimant refus ou incrédulité ; repasser leur intensive, et de poenitere, altération populaire
s’applique aussi au fait de déplacer de nouveau sous l’influence de poena (+peine) du latin clas-
une partie du corps sur une surface (xx” s.l. +Par sique paenitere &tre mecontent de soi)) (+ pé-
transposition au figuré, repasser s’applique à des nitent). La forme poenitere est attestée dès le vf s.
idées, à des images qui reviennent à l’esprit (1613) et survit dans l’italien pentirsi, le catalan penedirse;
ainsi qu’à l’action d’une personne qui se remet une le verbe latin s’est utilisé dès le III~s. à la forme ré-
chose en mémoire, en esprit ( 16351, spécialement fléchie. On trouve parallèlement l’ancien fmncais
un objet d’étude 11668); cette valeur est restée peneïr et l’ancien provençal penedir, plus proches
usuelle dans le contexte des examens. +De l’idée du latin paenitere, et de sens moral et religieux.
d’un mouvement physique répété, mais avec la no- + Se repentir est employé dans la Chansopt de Ro-
tion supplémentaire d’un échange, procède une Zati au sens de «renoncer à, cesser de», qui a dis-
autre acception, (<être transmis de nouveau à qqn paru en moyen français, et signifie encore au-
(une chose)>>( 18931,familièrement dans repasser un jourd’hui «regretter amèrement d’avoir pris une
plat (1932). - Le mot a développé plusieurs accep- décision, d’avoir ou de n’avoir pas accompli un
tions techniques liées à une activité faite en plu- acte>>,l’ellipse de se après le verbe faire étant nor-
sieurs temps : au XVII~s., il exprime l’idée de <<corri- male dès le XII~ siècle. La valeur religieuse de «ma-
ger, retouchern une œuvre littéraire ou artistique nifester le regret d’avoir commis une faute et la
(16711, qui a disparu. 0 Au contraire, celle de “pas- promesse de la racheterm est également attestée en
ser le fer chaud sur un tissu pour le rendre lisse et ancien français (v. Il 191.Du sens courant procède
net>> ( 1669, repasser du linge) est devenue usuelle, la locution il s’en repentira 115591, employée par
donnant naissance à des syntagmes Mer à repasser, menace de vengeance ou avertissement.
planche à repasser2 cf. aussi repussage, repasseuse. .Les quelques dérivés sont apparus en ancien
Une autre valeur, Naiguiser des couteaux* 116791, fmnçais. +REPENTANCE n. f. (v.1112) désigne le
est elle aussi courante, alors que <(donner un nouvel regret douloureux que l’on a de ses fautes et de ses
apprêt à (des cuirs)> ( 1690) est technique. 0 L’em- péchés: à l’époque classique, par le même type de
ploi du verbe, dès cette époque, pour <rendre po- développement que regret, il s’employait dans la lo-
table (du vin affaibli1 en le mêlant avec du vin nou- cution sans repentice ( 1679) <sans changement de
veau)) ( 1690) anticipe sur le sens actuel de résolutiom. *Le mot a été réactivé par la déc2ara-
uredistiller (une eau-de-vie faibleIn ( 1904). Repasser tien de repentante de l’Église catholique à l’égard
du pain (l7Ol), correspondant à wemettre au four des juifs ( 1998). +En dehors de ces contextes, le
pour lui donner l’apparence du pain frais)>, et re- nom a été supplanté par REPENTIR n. m., forme
passer une montre (1875) &riCer l’état de chacune substantivée de l’inkûtîf cv. 1160) désigna;nt l’acte
de ses pièces et les ajuster)) ne s’emploient plus. par lequel on regrette sa faute et l’on promet de la
4 Au XX~s., repasser correspond aussi à apasser de réparer, et, par extension, le regret d’avoir ac-
nouveau» dans le cadre d’un concours, d’un test, compli une action quelconque En XII” S.I. Un, des re-
d’une visite médicale (-+ passer). pentirlsl désigne une manifestation de repentir
(1640) et, dans le vocabulaire de la mode, une coif-
F REPASSAGE n. m. (1340) s'est imposé comme fure où les cheveux, roulés en tire-bouchon,
I’unique nom d’action de repasser, évinçant les dé- pendent de chaque côté du visage ( 18451, sens au-
verbaux repas, repasse, le participe passé substan- jourd’hui oublié. * Le singulier s’emploie aussi en
tivé repassée, ainsi que repassement et repassade. art, désignant un changement intervenu en cours
0 Il renvoie à l’action de passer de nouveau, à la d’exécution dans une peinture, un dessin ( 1798) et
fois dans un sens spatial et, à partir du XVIII~s., dans entrant dans la locution droit de repenti, d’abord
les multiples acceptions techniques du verbe, spé- employée EV.1860, Baudelaire) à propos d’une cor-
cialement l’opération pratiquée sur un tissu avec rection apport6e par l’écrivain au texte primitif
un fer chaud (17533, sens le plus courant, et aussi puis aussi, juridiquement, pour le droit qu’un au-
l’aiguisage d’une lame (18351, la révision d’un mé- teur conserve sur son œuvre tant qu’elle n’a pas été
canisme d’horlogerie (1.8931, le fait de redistiller cédée à un tiers (mil. xxe s. ; 1966, Larousse). +RE-
une eau-de-vie ( 19041. +REPASSEUR,EUSE n. PENTANT, ANTE, participe présent de repentir,
( 1753) correspond à l’ouvrier ou l’ouvrière qui af- adjectivé très tôt Iv. 11901, est employé le plus
fûte des lames (17651 et, surtout au féminin, à la souvent avec le sens fort de “qui manifeste un vif re-
personne qui repasse le linge ( 17891, souvent une gret de ses fautes et de ses péchés)). *Le participe
blanchisseuse (cf. blanchir). 0 Il désigne aussi le cy- passé REPENTI, IE, lui aussi adjectivé (déb. XIII~s.),
lindre cannelé dont on se sert pour régulariser les exprime la même nuance ; il est substantivé ( 12801,
plis dans cette opération (1845, n. f.1. spécialement au féminin ( 13 181 les Repenties, dé-
REPASSE n. f., déverbal (1777) de repasser, a plu- signant un ordre religieux accueillant les femmes
sieurs acceptions techniques, «farine m6lée de son ayant renoncé à une vie dissolue. Par ailleurs, fiZZe
(qu’il faut repasser au tamis),, et surtout (1803) are- repentie (fin XIV~ s., ribaude repentie) s’est dit d’une
distillation de l’eau-de-vie)}, et cboisson deux fois in- ancienne prostituée. Au XVI’ s., repenti a pris, en
fusée> (18671,en particulier (1866, Delvau) amauvais emploi épithète, la nuance de “qui s'est corrigé
café, passé deux foisp. d’un grave défaut, d’un vice> (av. 1559). 0 Jugé
RÉPERCUTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

contradictoire, le sens de «renégatB (fin xrve s.1 puis, tion, et de parere ((procurer>> (-, 0 parer), employé
en parlant d’une nonne, «celle qui a rompu ses couramment a’u sens d’ccenfanter, mettre au
vœux» ti XIVe s.), correspondant à l’idée de cchan- monde)> I-,parent) avec passage à la quatrième
gement de conviction=, a rapidement disparu. Le conjugaison.
mot s’applique aujourd’hui aux personnes ayant + Le mot, d’abord relevé dans répertoire de science
renoncé à des activités délictueuses Terroriste re- appliqué à la personnikation allégorique du savoir
pentil méthodique et complet, désigne (1458) l’ensemble
des connaissances transmises (le mot encyclopédie
RÉPERCUTER v. tr. est emprunté (1370) au est plus tardif) et (1468) une table ou un recueil où
latin repercutere ((faire rebondir, repousser», et au les matières sont classées selon un ordre qui faci-
passif &tre renvoyé, réfléchi, reflétéu, de re- (+ rd lite les recherches. Il est appliqué au figuré lune
marquant le mouvement en arrière, et de percutere première fois au xve s., puis au xwe s., avant 1654) à
&apper>> G+ percuter). une personne dont la mémoire a enregistré un
4 Le verbe, d’abord didactique, s’emploie pour grand nombre de faits, de renseignements, et que
<<renvoyer dans une autre direction Ela lumière, les l’on peut consulter à tout moment, mais ce sens
sons)>>,interprété scientsquement (1611) en <<ren- tend à vieillir sous la concurrence de l’emploi ana-
voyer les ondes lumineuses, caloriques et surtout logue d’encyclopédie. 0 Au XVIII’ s., rtipertoire se
sonores, souvent en prolongeant le son lorsque ces spécialise au théâtre : d’abord relevé chez Voltaire
ondes happent une surface réfléchissantep. +Dans au sens de &ste des pièces que l’on doit jouer dans
le cadre de l’ancienne théorie humorale, la méde- la semaine>> (17691, sorti d’usage, il désigne ensuite
cine l’employait pour «faire rentrer les humeurs à la nomenclature des pièces formant le fonds ordi-
l’intérieures (13771, sens encore relevé au XVIII~s. naire d’un théâtre, d’une troupe (17981,sens réalisé
(Rousseau). +D’abord à la forme pronominale dans divers emplois Ipièce du répertoire, jouer le ré-
se répercuter (XVIII~sJ, apparaît le sens abstrait, pertoire, 18931.Par extension, il s’applique à la no-
((avoir une incidence SUT»; le verbe a pris à l’adif le menclature des rôles appris et joués par un acteur
sens abstrait de <<faire supporter qqch.)} (19571, se ou une actrice et des pièces appartenant à une
répandant dans la langue familière pour <<faireque même catégorie (18751, Dans d’autres domaines du
qqch. se transmette» (1970). Se répercuter s’emploie spectacle, il désigne la liste des œuvres jouées par
aussi concrètement pour &re réfléchiB 11823). un musicien, interprétées par un chanteur (1875) et
F REPERCUSSION n. f., le nom correspondant, est tout ce qu’un artiste peut exécuter sur scène ( 1887).
emprunté Cv.13001 au dérivé latin repercussio, -anis +Du sens initial procède l’emploi pour l’ensemble
Kréflexion de la lumière=. 0 Le mot s’est introduit des termes, expressions, tournures dont dispose
comme substantif verbal en physique, et aussi en une personne 11826). Par métonymie, le mot figure
médecine pour désigner, en relation avec le verbe dans le titre de certains recueils disposés par ordre
et l’adjectif, l’action de répercuter, de faire refluer alphabétique (1835) et désigne couramment un car-
les humeurs à l’intérieur du corps, sens sorti net contenant un inventaire alphabétique (1875).
d’usage mais dont procède l’emploi médical mo- L’appellation répertoire des métiers ( 1962) désigne
derne pour Mdisparition d’un symptôme extérieurn le registre tenu par chaque chambre des métiers et
(1870, Littré). Comme le verbe, le nom a eu ulté- où sont immatriculés les artisans employant moins
rieurement un emploi figuré, se disant d’un effet en de dix personnes (l’expression a remplacé registre
retour ressenti comme une conséquence indirecte des métiersl.
ou lointaine ( 1805) ; il s’est spécialisé en fiscalité, où k Du latin repetiorium est dérivé tardivement RÉ-
l’expression répercussion de L’impôt (2964 dans les PERTORIER v. tr. (1904) <consigner en une liste
dictionnaires) désigne le processus d’après lequel (des choses) sous forme de registre» et «dénombrer
l’individu payeur intermédiaire de l’impôt a ten- (des êtres, des choses3 en les Consigna;nt selon une
dance à transférer en tout ou partie la charge sur classikatiork
d’autres. +Par changement de sac, RI~PER- 69 Voir RÉPARER.
CUSSIF, IVE adj. est dérivé (1314) de répercussion,
ou emprunté au latin médiéval repercussivus (12501, RÉPÉTER v. tr. est emprunté (déb. XII$ s.) au la-
en médecine pour qual%er et elliptiquement dé- tin repetere «chercher à atteindre)>, -atteindre de
signer un médicament propre à faire refluer les nouveau”, «ramener», 47ecommencer», ((raconter}>,
«reprendre par la pensée», *réclamer*, de re-
humeurs engorgeant une partie malade. 0 De nos
jours, il est employé didactiquement au sens géné- (+ re-1, préfixe à valeur intensive et itérative, et de
petere cchercher à atteindre, à obtenir>> et <<deman-
ral de “qui répercute» (av. 15%).
der, réclamer)) (-, pétition). L’ancien français a eu
REPÈRE + REPAIRE une forme populaire repeïr (avec chute du t) <<re-
prendre la lecture d’un psaume une seconde foisn
RÉPERTOIRE n. m. est emprunté ti XIV~s.1 (v. 12001.
au bas latin juridique repetiorium &wentairen, du 4 Le premier sens du verbe, <<redire (ce que l’on a
latin classique repetium, supin de reperire, mot lit- déjà dit, ce qu’un autre a déjà dit)», est demeuré le
téraire disparu de la langue courante, dont le sens plus courant. Comme son étymon latin, répéter a eu
propre était ((se procurer)’ et qui avait pris ceux de le sens de ((réclamer, demander» (xv” s-3 jusqu’à
{cretrouvern (spécialement après recherche), =dé- l’époque classique, encore vivant en droit pour &-
cou->, <<trouver de nouveau, imaginer>>. Le verbe clamer (ce que l’on a vers4 ou livré, ce qui a été pris
est formé de re- (-+ re-1 indiquant l’intensité, l’itéra- sans droit))) (16261, par exemple dans répéter des
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3185 REPLET
frais sur gqn C17931,d’abord &péter des fi-ais contie tiquement la reproduction d‘une statue, d’un ta-
qqn ( 1690). Répétition semble antérieur dans cet bleau faite par l’artiste lui-même (18421, sens
emploi. - Le sens intellectuel de aramener à sa mé- disparu au profit de reproduction. 4Son emploi
moiren (v. 1278) ne s’est pas répandu, sinon pour classique dans le domaine des spectacles donne
&viser une leçon)) ( 1530). L’acception spécialisée lieu aux locutions ré,pétition généale ( 18351,mettre
de <<s’exercer à redire, à faire ce que l’on fera en pu- une pièce en répétition (18751, répétition des coutu-
blic» (15301, dans les arts du spectacle, manifeste tières d’où, elliptiquement, la couturiére. +Par
dkj& une extension de la parole seule à l’acte, et an- changement de stixe, il a servi à former RÉPÉTI-
nonce le sens de Nrefaire (ce que l’on a déjà fait)- TIF, IVE adj. (attesté 19621 “qui a tendance à répé-
( 1682) d’ou, avec un sujet désignant une personne, ter, à se répéterm, d’où est tiré RÉPÉTITIVITÉ n. f.
«reproduire intentionnellement pour la symétrie>> 119701.
( 1798). + Parallèlement, le verbe de parole a étendu RÉPÉTITEUR, TRICE n. est emprunté (1671) au la-
son champ d’emploi à aexpliquer de nouveau à qqn tin repetitor *celui qui réclamem, supin de repetere.
(ce qui a fait l’objet du cours d’un professeurIn, dans 4 Le mot est emprunté en éducation pour désigner
l’éducation Uin XVII~s.), en relation avec répétiteur, une personne donnant des leçons particulières
et, avec une valeur péjorative, urapporter (ce que (1671). Au XD’S., il s’étend au fonctionnaire des ly-
l’on a entendu)» E1798). Par extension au figuré, le cées et collèges chargé de la surveillance et du
verbe correspond à Nchercher à reproduire, à co- contrôle du travail des élèves t 18591,en apposition
pier)) (av. 1850). + La forme pronominaJe se répéter dans mdtre répétiteur, puis il est éliminé par sur-
signi&e ase servir des mêmes tours, des mêmes veillant. 0 En technique, le mot désigne l’appareil
moyens» (av. 1699, Racine), emploi qui pâtit de la reproduisant les indications d’un autre appareil
vaJeur péjorative usuelle <avoir tendance à redire (1878, phonogruphe répétiteur). *Avec la hale de
les mêmes choses3 (1718). Avec un sujet désignant doctorat*, prOfesSOrUt*, a été formé RÉPÉTITORAT
une chose, se répéter assume la valeur passive n. m. 118911,pour afonction de maître répétiteur)).
d’&tre redit> (1798) et, au théâtre, &re mis en ré-
pétitions (1872). Comme le verbe transitif, il se dit RÉPIT n. m., d’abord respit Cv.1155) puis répit
d’un fait, d’un événement qui se reproduit (1770) et (xv” s.1,est le doublet populaire de respect*, issu du
d’une chose reproduite symétriquement dans une latin classique respectus, proprement iaction de re-
intention esthétique (1835). garder en arrièrem d’où cconsidération, égardm et,
F Les rares dérivés formés en franqais sont RI~PÉ- d’autre part, «possibilité de regarder vers qqn ou
TABLE adj. (XVI~s., Montaigne), RÉPÉTÉ, ÉE, ad- qqch., c’est-à-dire de compter dessus», sens qui a
jectivation du participe passé (av. 1662, Pascal) au dégagé la notion de délai. IZespechs est le nom
sens de <<redits et surtout de xreproduit, renouvelé= d’action dérivé de respicere {{regarder derrière soin
(16901, et RÉPÉTEUR n. m. (1677) celui qui répèten, d’où, par les mêmes développements, Ravoir égard,
sorti d’usage, et repris dans l’acception technique considération pourm, aavoir l’œil sur, protégep et
d’gorgane qui amplZe le courant passant sur une <<songer à, envisager). Ce verbe est formé de re- in-
ligne téléphoniqueu (me S.I. diquant un mouvement en arrière I+ re-1, et de spi-
RÉPÉTITION n. f. est emprunté (v. 1295) au dérivé cere <regardera> (-, spectacle).
latin repetiti, -onti <<action de faire remonter en ar- + Le mot est passé en tiançais avec la double valeur
rière», credîten et, en bas latin juridique, <<action de du latin : il a exprimé l’égard, la considération, sens
redemander, de réclamers. *Attesté une pre- sorti d’usage et aussi le délai octroyé pour l’exé-
mière fois et isolément au sens de <<copie d’un do- cution d’une chose pénible, ainsi que krrêt mo-
cument3 (en l’espèce la loi de Moïse), le mot est em- mentané d’une sotiance physique, morale, et un
prunté par les juristes avant même le sens temps de repos, de détente, ceci dès les premiers
correspondant de répéter, pour «action de réclamer textes dans la locution sw répit- Le premier sens a
en justice ce qu’on a payés>(13121, sens dont pro- été abandonné au doublet savant respect, introduit
cède au xrxe s. l’expression rép&tion de l’indu ade- ultérieurement. Au xwe s., note F. Brunot, le mot
mande de restitution d’une somme versée par er- était considéré comme un terme familier et bas (du
reura (1875). + Le sens courant, <<action de dire langage de la chicane). La seconde valeur est très
plusieurs fois le même mot, d’exprimer la même vivante en fknçais moderne, surtout pour Gnter-
idée)), semble réempninté ou dérivé du verbe en ruption permettant une détenteB, employé dans
moyen fiançais (v. 13701,Le mot, spécialisé en rhé- plusieurs expressions hms répit, très ancien ;
torique dans une acception très générale (av. 14931, avoir, ne pas avoir de répit, etc.).
s’étend au XVII~ s., d’après l’emploi spécial du verbe, + Voir RESPECT.
aux pratiques de la séance de travail théâtral (1614 ;
le mot est employé par Molière, 16631 et de la REPLET, ÈTE adj. est emprunté CV. 1180) au
séance de travail d’une leçon particulière ( 16801, latin repletus, participe passé passif de replere
alors en relation avec répétiteur. 41 est aussi, MremplirB, de sens propre et figuré, de re- (+ re-1
comme le verbe, étendu à la reproduction d’un préfixe à valeur itérative et intensive, et du verbe
acte, d’une action (16641, entrant dans ia locution à archaïque plere tternplirm, seulement usité en
répétition (16941, employée surtout en parlant composition I+ complet).
d’une sonnerie, d’une montre (pendule ù répétition, + L’adjectif, repris au sens propre de CrempliD, s’en
1694) et d’une arme à feu ( 1889). ll se spécialise en est éloigné, d’abord dans l’usage des médecins qui
art où, par l’intermédiaire du sens de areproduc- l’appliquèrent spécialement au corps humain ras-
tion d’après un modèlex (17831, il a désigné métony- sasié, gorgé de nourriture 113141, avec une valeur
REPLI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

très proche de soiil et qu’a conservée réplétion. lance de celui-ci (1875) ; par extension, le mot dé-
~Par extension, il a pris sa nuance actuelle de signe une oeuvre semblable à son original (1875) et
~gras, qui a de l’embonpoint» ( 13701, avec laquelle il une personne qui semble le double d’une autre
est passé dans l’usage général (v. 1460). Il doit pro- (1636). 0 En musique, réplique désigne la répétition
bablement à sa terminaison, qui évoque celle d’un d’une note à l’octave (1690) et la reprise du sujet
diminutif, d’échapper aux connotations péjoratives principal dans une fugue 11703). 4 Le dérivé RÉPLI-
qui accompagnent plusieurs mots de sens voisin et QUEUR, EUSE n. (1907) est peu usité.
d’évoquer une stature petite et un peu grasse.
k RÉPLtiTTON n. f. est emprunté (v. 1240) au bas la- RÉPONDRE v., d’abord respondre Iv. 9801, puis
tin repleih, -anis <action de remplir, de complétern, répondre Cv.11551,est issu d’un latin populaire “res-
du latin classique repletum, supin de replere. +Le pondëre te breD par altération de la quantité sylla-
mot est lui aussi introduit par les médecins, dé- bique du latin classique respondëre le long), à l’ori-
signant selon l’ancienne théorie des humeurs gine terme de la langue religieuse, qui signSe
l’abondance des humeurs et du sang ainsi que {répondre à un engagement pris solennellement)>,
l’état de l’organisme rempli d’aliments Iv. 12403, puis arépliquer par oral ou par écritm, ase présenter
d’où l’état d’un organe rempli (v. 1330). 0 Passé à un appel», aêtre à la hauteur de*, <<serefléter, pro-
dans l’usage général avec le sens d’aembonpoint» duirea. Ce verbe est formé de re- (+ re-1 marquant
115491,il n’a pas eu le succès de replet et il est sorti le mouvement en retour, et de spondere «pro-
d’usage, le mot désignant en français moderne la mettre, garantira (+ épouser). L’italien rispondere
sensation d’avoir beaucoup mangé et bu. 0 Il avait (d’où riposta -+ riposte), l’espagnol responder re-
pris au figuré le sens d’&tat d’un gradé ayant ob- montent au même étymon.
tenu un bénéfice en vertu de ses gradesb 116901, + La diversité des constructions du verbe, souvent
sens disparu au XVII~ siècle. 6 RÉPLÉTIF, IVE a@., génératrice de sens nouveaux, existe dès l’ancien
emprunté ( 1611) au bas latin repletivus “qui sert à fbnçais : répondre signiCe «faire connaître (sa pen-
compléterB, du supin de replere, a été repris en mé- sée, ses sentiments) en retour, à un interlocuteur
decine pour quaMer ce qui sert à remplir, et ne qui a exprimé les siens, par oral ou par écritn
s’est pas éloigné de ce sens technique. -L’adverbe (v. 9801, avec un complément direct ou en emploi
RÉPLÉTIVEMENT (1611) est d’un usage limité. absolu, puis avec un complément indirect dési-
gnant la personne à qui l’on s’adresse (v. 11751: ré-
REPLI, REPLIER --* PLOYER, PLIER pondre à gqn. 0 En emploi absolu, il prend le sens
de arenvoyer un son= avec un nom de chose pour
RÉPLIQUER v. est emprunté (1226) aulatin re-
sujet I1080), sens disparu, et avec un sujet nom de
plicure ((replier, recourber, renvoyer, reflétern d’où
personne, de <<discuter au lieu d’obéir= (v. 11551 et
adérouler (un manuscrit), lire, parcourir~, alors sy-
(se porter caution pour qqn en justice% Iv. 1160). Ré-
nonyme de reyolvere qui signifie au contraire adé-
pondre de qqn ou de gqch. Cv.1206) exprime l’idée
roulerm, et, à basse époque, en droit arépondre vive- d’caccepter la responsabilité des actes de qqn». Dès
ment à une objectionm. II est formé de re- I-+ re-1, le XII~s., la construction indirecte répondre à cor-
préfie à valeur intensive, et de plicare <plier, re- respond à *parler ou écrire pour réfuter une ob-
plier» (+ plier). jection, se justtiep Iv. 11751 et s’emploie avec le
+ Le mot signSe <répondre avec vivacité et à-pro- sens élargi de amanifester une attitude opposée ou
pos à des raisonnements, des objectionsn, spéciale- semblable à celle d’une personne)’ et d’«être en
ment en droit. Il a aussi la valeur de «répondre avec conformité avec)} (XIII~s.l. -Les diverses construc-
impertinence et obstinationn, en emploi absolu tions, intransitive (v. 11901,transitive (1220) et abso-
(1283) ou avec un complément direct Iv. 1393). lue (1228) s’emploient spécialement en liturgie
F Le déverbal RÉPLIQUE n. f. Iv. 1307) a eu une ex- pour le fait de répondre aux paroles prononcées
pansion sémantique plus riche : outre les sens cor- par le célébrant. (cf, répons). * Le sens spatial, *être
respondants au verbe, &ponse faite pour réfuter en communication avec (qqn)m (v. 13601, est sorti
ce qui vient d’être dit ou écrit, et &ponse vive et d’usage après le XVII~ siècle. +Au XVI~ s., répondre
prompte, impertinenten (déb. xve s.), par exemple s’emploie pour %e présenter à un appel» (1538)
dans la locution SZUISré,plique (17751, il se spécialise dont procèdent des emplois spéciaux : comme
au XVII~s. au théâtre en parlant de la partie d’un terme de manège, dans répondre aux aides pour
dialogue dite par un acteur lorsque son interlo- un cheval (16901, et au MY s. répondre à la sonnerzk
cuteur cesse de parler (1646). De là, il désigne no- d’une porte ( 18751, répondre au téléphone (xx” s.)
tamment le dernier mot d’un acteur (17983, entrant d’où absolument répondre (téléphone, radio, etc.).
dans manquer sa réplique (av. 17991, donner la ré- -La construction transitive directe s’est spéciali-
plique (18031, cette dernière expression passant sée en droit pour «fournir une réponse à* 115493et
dans l’usage courant dans le contexte d’une répondre une lettre a pris le sens de ((répondre en
conversation (1844, Balzac). * D’après l’ancien sens retour à une lettren En XVI~s.1, emploi aujourd’hui
de répliquer, <<reporter à plusieurs reprises» (1377) sorti d’usage et assumé par la construction indi-
et arépéter, redoublep ( 14201,à la suite de l’ancien recte répondre à, apparue au XVI~ s. (1538). * Ré-
provençal (v. 1350, en réthorique), et activant la va- pondre de, autrefois waccepter la responsabilité dem
leur itérative de re-, réplique a pris le sens de Mre- (ci-dessus), s’est répandu avec le sens de ase porter
production, simulacren (v. 1480). Ce sens a été re- garant d’une chosen, spécialement dans l’expres-
pris et répandu au xmes. en art pour la répétition sion je VUUS en rkponds (v. 15301. 4 Toujours au
d’une œuvre par son créateur ou sous la surveil- XVI~ s., la forme pronominale se répondre s’est em-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3187 REPORTER
ployée avec un sens réfléchi pour &tre assuré aux Normands dès le XVI? s., avoir ré,ponse à tout
d’une chose* (v. 15801, qui a disparu au profit du (17221, la réponse du berger à la bergère 11870, Lit-
sens réciproque, &re en rapport de correspon- tré). w Comme répons, mais avec un autre sens, le
dance avecp (16901. L’époque classique a vu le mot mot s’est spécialisé en musique pour la reprise du
simer «correspondre par syrnétrien (1663) et etse sujet dans une fugue 11753, Rousseau]. ~Dans le
faire sentir par une communication» (1640). +L’es- langage de la Bourse, il désigne (18671, dans les
sentiel des sens actuels est alors établi, le xx” s. opérations à primes, l’option faite par l’acheteur à
n’apportant que la spécialisation didactique et terme à la date tiée par le règlement de la Bourse
technique pour uproduire une rkaction, un effet at- (1869, rkponse des ptimes). 0 fl a développé le sens
tendun (19351, également réalisée par l’emploi ab- général de aréaction> (XX” s.3 dans l’usage courant.
solu, surtout en phrases de sens négatif (19371, 0 Au W s., on relève la locution droit de réponse
comme ça rbpond mal, ça ne répond pas, 11923) employée avec une valeur précise en droit.
~RÉPONDEUR, EUSE adj., réfection k111~s.1 de + Le mot a reçu récemment des sens spécialisés en
respondeor et respondeur (~III XIIes.1, était employé psychophysiologie, désignant la réaction d’un or-
en ancien français à propos d’une personne qui fait gane à une excitation 11935) et, en technique, la
une réponse. 11a disparu. + Repris au XIX” s. comme propriété qui caractérise la qualité d’une chaîne
adjectif’, le mot qutie une personne qui répond électroacoustique ( 19641.
avec obstination et impertinence aux remon-
trances (1855). +Au ti s., substantivé, il désigne un 0 REPORTER v. tr. est dérivé (v. 1050) de por-
appareil électronique émetteur-récepteur installé ter* avec le préke re-* indiquant la réitération,
dans les avions 119491,puis un appareil permettant l’action en retour.
de répondre à un appel téléphonique et d’enregis- + Réalisant l’idée de <porter de nouveaw avec une
trer un message (19631. +RtiPONDANT,ANTE, idée de mouvement en arrière, le verbe sime
participe présent de répondre, a étk substantivé «ramener (un être, une chose) à l’endroit où ils se
(v, 1220) pour désigner la personne qui se porte ga- trouvaient antérieurement>>. La notion de retour
rante de qqn ; il a désigné aussi celle qui soutient prend un relief particulier dans le sens temporel
une thèse et qui devait répondre aux objections plus tardif de *ramener à son originen 11719, afaire
11690) et celui qui répond la messe 11731). 0 Les his- revenir son attention sur une chose d’une époque
toriens de l’Ancienne Égypte s’en servirent pour antérieure», afaire remonter dans le temps àn
désigner la figurine représentant le défunt et desti- ( 17841,au pronominal se reporter Krevenir à un mo-
née à répondre de lui dans l’au-delà. +Dans la ment antérieurs (1752). *Le sens de <porter à son
langue familière avoir du rt$ondant désigne tour témoignagen, d’abord réalisé dans un contexte
l’argent servant de garantie lav. 1922, Proust) et se juridique (1176-l 182, reporter témoin), correspond
dit au figuré d’une femme bien en chair 11936, Cé- en général à ar-ediren (12601, en particulier wappor-
line). ter, dénoncer>> (1660); il a été suppknté par rappor-
RÉPONS n. m., réfection (v. 1150, respons) de Tes- ter”. oLe sens de Mporter de nouveau (qqch&, in-
puns (v. 10501, écrit répons au XVII~ s., remonte par décis dans une attestation de 1213, où reporter les
voie demi-savante au latin responsum afait de ré- armes peut Sign%er (<lespotier à son tour)), est réa-
pondre*, <consultation d’un jurisconsulteti puis, lisé clairement dans l’emploi ancien pour <<être de
dans la langue liturgique, <<gradueln (av. 1150). Res- nouveau enceinte>) Iv. 12001, puis dans le sens mo-
ponsum est le participe passé neutre substantivé derne de <<revêtir de nouveau» (1771, des joyaux).
de respondere. À la différence de l’ancien proven- 0 La valeur itérative du préke disparaît quand le
çal respos Cférninin resposa), le fiançais a conservé verbe s’emploie dans le sens de qdéplacer en un
le n d’après répondre; les autres langues romanes autre endroit)) (1220, au pronominal; puis 17701 et
ont des mots issus du participe passé de leur verbe hxnsmettre, transfk-er en d’autres mainsn (12521.
(italien tiposta, + riposte; espagnol respuesta). Avec le même sens, le verbe s’emploie en contexte
+ Le mot désigne d’abord une parole dite à la per- abstrait pour <transférer (son attention, un senti-
sonne qui fait une demande (cf. réponse) avant de ment) vers un autre objet, une autre personneH
se restreindre au sens liturgique de <(chant exécuté ( 1783). 0 0 a plusieurs acceptions techniques en
alternativement par le choeur et par un soliste, correction de copie 118271, en impression et en
dans les offices de 1’Eglise catholique> cv.1190). Par comptabilité (18353. + Transposé sur le plan tempo-
métonymie, il a été repris pour désigner un signe rel, ce sens correspond à <différer» (18841, sens
en forme de R indiquant les répons dans un livre usuel qui marque l’aboutissement d’une évolution
d’Église et marquant le revers des monnaies et des comparable à celle de remettre.
médailles en numismatique 11803). b Le déverbal REPORT n. m., équivalent de «rap-
Le féminin RÉPONSE n. f. Uin XIII~s.1, d’abord res- port, récitn Cv.12001 en ancien fkançais, semble
pome (v. 11601, a supplanté répons dans le sens gé- avoir été repris au début du XIX~ siècle. C’est
néral de «paroles dites en retour- et waction de ré- d’abord un terme de Bourse (1826) désignant une
pondre)), puis pour désigner une lettre écrite pour opération traitée à la liquidation d’un marché à
répondre à une lettre reçue Iv. 1265) et dtérieure- terme en vue de proroger la spéculation jusqu’à la
ment, dans un débat d’idées, à un argument op- liquidation suivante. Par métonymie, il recouvre le
posé à un autre pour le réfuter 115631.Le sens de bénéfice réalisé par le détenteur de capitaux qui
base est réalisé dans des locutions dont réponse prête aux spéculateurs les fonds nécessaires pour
nomzande (1684) devenue rkponse de Nomand réaliser cette prorogation (183 1). 0 Le mot, à la
(17981, allusion à la réputation de ruse qui s’attache suite du verbe, est passé en comptabilité (18351,par
REPORTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

exemple dans le syntagme report ù nouveau, dans correspond à Nrapportn (en fiançais, l’expression
le vocabulaire des techniques d’impression (1867, rapport financier conviendrait).
report d’impression; 1964, papier report), en droit
commercial I 1870, report de fudhte), dans le langage 0 REPOSER v. tr. et pron., motication gra-
des jeux de paris et en politique (report des moiti. phique d’après pose Iv. 1050) de repuuser Cv.9801,
Dans tous ces sens, il correspond au second groupe vient, comme l’italien riposare, du bas latin repuu-
de sens du verbe. +Par substitution de sufke, a sure {calmer, apaiser», <se délassern Inr” s.1,de re- à
été créé @I DÉPORT n. m. (1852) en fmances puis valeur intensive I+ re-1, et de paware acesser, s’ar-
(18641 en Bourse pour servir d’antonyme à report. rêtern (+ poser), lui-même du latin classique pausu
REPORTE~R II. m., ancien synonyme de gmou- aarrêt, cessations (-+ pause).
chardn en moyen français (12881, a été repris au 4 Dès les premiers textes, le verbe s’emploie à la
XIX~ s. pour <<celui qui fait des reports en Bourse> forme pronominale se reposer avec le sens de <(ces-
(18551 et corne nom de l’ouvrier qui exécute les ser de travailler, d’agir, d’être en mouvement pour
reports des dessins (18743.0 Malgré la recomrnan- faire disparaître la fatigue%, toujours usuel et domi-
dation officielle, il n’est pas parvenu & remplacer nant. L’emploi intransitif pour *être dans un état de
l’anglicisme reporter*. oLe féminin repor-teuse délassement>> Iv. 10501 est aujourd’hui plus litté-
Ed s.) désigne la machine à cartes perforées qui raire et l’emploi transitif a le sens plus restrictif de
reporte les données contenues dans un fichier sur ((mettre (le corps, une partie du corps) en état de
les cartes d’un autre fichier. délassement~~ Iv. 1112). L’extension de la forme pro-
nominale à flse calmer, s’apaisern est plus tardive
0 REPORTER n. m. est emprunté (1828) à l’an- (déb. xwe s.l. +Reposer s’emploie intransitivement
glais reporter spécialisé en journalisme ( 18131, pro- avec la valeur spéciale de ase trouver en tel ou tel
prement ucelui qui rapporte, relates Ixrve s.1et spé- endroit après Ia mortn (v. 11501, euphémisme à
cialement en droit arapporteur des tribunaux)) connotation religieuse (d’abord appliqué aux re-
( 1617). Lui-même est repris de l’ancien français re- liques d’un saint), en particulier dans la formule
porteur” crapporteurm Il 288). d’inscription funéraire ici repose X 116903. + Repo-
+ Le mot, d’abord employé comme terme anglais ser, suivi d’un complément prépositionnnel de lieu
par Stendhal, est repris à l’anglais comme terme (dans, sur, sous, etc.), exprime par ailleurs l’idée
de journalisme, se répandant à la ti du XIX~ siècle. d’&tre posé, placé à demeure, soutenu pare’, en
Par extension, il s’emploie à propos d’un journa- parlant d’une chose (xv” s.), sens à partir duquel se
liste d’information travaillant avec la photographie dégage bientôt le figuré, <être établi sw (v. 14601.
C1905, reporter photographe) ou d’autres moyens au- Un emploi liturgique, à propos du saint sacrement
diovisuels. Grand reporter (attesté 19391 désigne ! 1694) correspond à reposoir. 4 Le verbe transitif di-
une catégorie de journalistes affectés aux grands Vers%e ses constructions, s’employant avec un su-
reportages. 0 L’Administration préconise la franci- jet désignant une chose au sens de <<procurer une
sation graphique en reporteur dTourna1 ofickl, détente à (qqn, ses yeux, son esprit)» (fin xve s.l.
18 ja@er 19731, forme utilisée au XIX~ s. (1830), puis +Au xv” s., se reposer sur, suivi d’un nom de per-
par Etiemble en 1952, et le terme de reporteur sonne, prend le sens psychologique de #compter
d’imuges comme équivalent de l’anglais reporter- sur, s’en remettre às (v. 14601, également dans s’en
cameraman; ces recommandations ne sont guére reposer sur qqn (15801. 0 Cette idée a infléchi la si-
suivies. Le mot a connu plusieurs formes de fémi- gnification de la locution figurée se reposer sur ses
nin Ireportrice, reporteresse, dame reporter) mais lauriers en lui faisant prendre sa valeur restrictive
aucune n’a survécu. actuelle (v. 1850) alors qu’une variante plus an-
bReporter a produit le dérivé français REPOR- cienne, se reposer ù J’ombre de ses lauriers, si@&
TAGE n. m. (1865) «activité de reportem et, par mé- simplement agofiter un repos méritéB ~VIII~ s.,
tonymie, «document élaboré par le reporterx (18831, Saint-Simon). -Faire reposer correspond à l’idée
le premier enregistré par Littré dans son Supplé- de &isser immobile (un liquide) afin qu’il se clari-
ment en 1877. L’anglais a repoting à propos du mé- fie, ( 15701, à «laisser lune terre) en jachèren ( 1564)
tier de reporter ou du genre journalistique ou litté- puis, en cuisine, à alaisser (la pâte) un moment
raire que représente le reportage; d’autre part, il avant de la cuire>> (enregistré dans les dictionnaires
utilise report ou article pour désigner l’article écrit depuis 1964). Reposer ses yeux, sa VU~ sur... se dit
par un reporter. Le français n’a pas de verbe pour pour *arrêter avec complaisance (sa vue1 sur un ob-
décrire cette activité : on dit faire un reportage. Le jet> (av. 15801, emploi qui réactive le lien étyrnolo-
mot s’applique aussi aux témoignages photogra- gique posedreposer.
phique, cinématographique ou de télévision. -Les k REPOS n. m., déverbal de reposer (10801, Sign%e
COmpOSéS PHOTOREPORTER n. m., RADIORE- dès l’origine <cessation d’activité, de trava& et
PORTER n. m. (19301, d’oti RADIOREPORTAGE concerne spécialement l’absence de troubles so-
n. m. (1930, Hoflerl et TÉLÉREPORTER n. m. ciaux, politiques, d’agitation, de guerre, emploi qui
cv. 19681,àcôté de TaLÉREPORTAGE n. m. (19531, a vieilli. *Dès le XII~s., il sert de désignation euphé-
plus rares, désignent spéctiquement différents rnistique à l’état qui suit la mort (v. 11121, souvent
types de reporters. dans l’expression repos éternel ( 1564). Dans un
La langue de l’économie conntit un nouvel angli- style plus littéraire, il correspond à aabsence de
cisme de la même famille, REPORTING n. m. &a- trouble, d’inquiétude, tranquillité d’espritn (v. 1155).
blissement ou publication d’états kancierw , em- +Son emploi métonymique pour désigner un lieu
prunt à une valeur spéciale du mot anglais, qui de repos (XII~ s.1 a vieilli après le XVII~s., puis dis-
DE LA LANGUE FRANÇAISE REPRENDRE
paru. 4Le sens neutre de {{cessation de mouve- au profit de la spécialisation religieuse, qautel amé-
mentu (v. 11751, sans valeur de délassement, est sur- nagé sur le parcours d’une procession pour y expo-
tout réalisé dans des locutions, en repos et au repos ser le saint sacrement- (1660). 0 Le mot a pris par
(v. 11751, appliquées aux choses et aux êtres vi- ailleurs le sens technique de acuve dans laquelle
vants. 0 Du XVI~au XVIII~ s. se développent une série repose la teinturem (1752). On a essayé de nommer
de sens spécialisés : le mot désigne un petit palier ainsi un édicule construit au bord d’une route pour
interrompant une suite de marches 115341,en pein- le repos des voyageurs (18751, mais sans succès.
ture la partie d’un tableau dans laquelle les détails Quelques noms d’objets conçus pour le confort ont
sont plus rares, les lumières moins vives et les cou- été formés avec l’élément verbal repose- : RE-
leurs moins éClata&eS (16771, en architecture la POSE-PIED ouREPOSE-PIEDS n.m. (18861, RE-
partie d’un étice sans ornements, présentant une POSE-TÊTE n. m. (19651 et REPOSE-BRAS n.m.
surface unie (1765). 0 Avec un autre sémantisme, (19741, en concurrence avec appuie-tête, uppuie-
repos s’applique en serrurerie à un épaulement sur bras.
une pièce, et sur lequel vient s’appuyer kreposer4
une autre pièce (17041. 0 En rhétorique, repos est 0 REPOSER 4 POSER
synonyme de pause (1690) et, à l’époque classique,
désigne la césure, la coupe dans un vers (16691. Ce REPOUSSER + POUSSER
sens trouve son équivalent en musique (1688).
+Appliqué aux personnes, le mot désigne dès le
RÉPRÉHENSION n. f. est emprunté (v. 11901
au latin reprehensio, -anis creprise de ce qui est
XVII~s. un congé accordé en dehors des congés ha-
omi+, d’où <blâme, critique%, et par métonymie
bituels 116901,cette valeur se développant avec le
«objet de blâme». Ce nom est dérivé de reprehen-
droit du travail CXIX~-XX~s.), donnant lieu à des em-
mm, supin de reprehendere mhir, retenir* et au fi-
plois comme repos des femmes ailaitant leurs en-
guré KempêcherB (+ reprendre).
fants, repos tibdomadaire (19491, etc. +Le sens
neutre d’eabsence de mouvements, spécialisé en 4 Le mot est d’abord attesté dans sans répréhension
physique 116471, a donné naissance en mécanique à ~CZUXhésitationm puis KWIS obstaclem (v. 14501, lo-
des expressions comme repos absolu, repos relatif cution sortie d’usage avant le XVI’ siècle. 0 La va-
(18701, échappement à repos (1964). +Depuis le leur de «blâme, réprimande>) (13801 a vieilli après le
xrxe s., le mot sert de commandement militaire, en XVII~s. sans s’éteindre tout à fait.
emploi interjectif (18121, succédant à des comman- de dérivé RÉPRÉZIENSIFJVE adj. qui répri-
dements comme garde à vous! ou portez actes! mande» kv”s.1 est lui aussi archtique ou rare.
0 Il s’emploie aussi en biologie pour l’absence de +RÉPRÉHENSIBLE adj. est empoté (1314) au
circulation de la sève dans certains végétaux pen- dérivé bas latin reprehemibilis adigne de blâme, de
dant l’hiver des régions tempérées. + Au sens psy- critiquen. Il est resté vivant avec le sens de «COU-
chologique ancien de «tranquillité d’espritm, la lo- pable, blâmables. Il a eu en moyen fkançais la va-
cution de tout repos (1867) s’emploie surtout leur passive de ~blâmé, punim (14931, sortie d’usage.
négativement par euphémisme (ce n’est pus de tout +Le dérivé RÉPRÉHENSIBLEMENT adv. Il4951
repos flc’est très fatiguant*, mil. me s.l. est rare.
REPOSÉ, ÉE, le participe passé de reposer, fournit
un adjecttif (v. 11381qu@ifîant la personne qui a pris +k REPRENDRE v. est issu (v. 1119) du latin re-
du repos et, par métonymie, un visage qui ne porte prendme, variante contractée de reprehendere, pro-
plus de trace de fatigue (1671). Il s’est spécialisé à prement Nernpêcher d’avancer=, au figuré <blâmer,
propos d’un vin débarrassé de ses impuretés par gourmander, critiquerfi. Le mot est formé de re-
décantation (1694. 0 La locution à tête reposée (+ re-1 à valeur intensive, et de prehen&re, pren-
(mil. XVIII~ s., Saint-Simon) correspond à l’idée de oh-e 6aisir=, au propre et au figuré (+ prendre).
calme mental, de tranquillité. *Son féminin RE- + Le développement sémantique, sur plusieurs siè-
POSÉE a été substantivé (v. 1170) au sens de we- cles, a suivi celui de prendre, dont reprendre devient
pos, haltep puis s’est spécialisé en vénerie pour le rapidement le dérivé préfixé. Avec une valeur ité-
lieu où un cervidé se repose Iv. 13541.Il s’employait rative, reprendre signifie Mprendre de nouveau*
encore à l’époque classique dans la locution à repo- (qqn) 111401,puis (qqch.1 Idéb. XII~s.1; de ce sens pro-
sées (XIII” s. ; v. 1150, à uw reposée) atout à son aise5 cèdent plusieurs emplois spéciaux, comme Te-
e REPOSANT, ANTE, participe présent de repo- prendre un prisonnier (15381, reprendre une ptice de
ser, a lui aussi été adjectivé, d’abord dans la lo- théâtre (av. 17781, reprendre lu mer (1893). Du sens
cution jor reposant «jour sur son déclin)) sortie psychologique, réalisé par reprendre 9911à 99ch. 4e
d’usage. 0 L’adjectif est repris à la fm du xrxe s. surprendre à nouveau, (vieilli), procède la locution
pour qutier ce qui procure un délassement du on ne nfy reprendra plus, que je ne nous y re-
corps et une tranquillité de l’esprit (187ï’), ce qui at- prenne plus (1835), toujours en usage, et qui corres-
ténue la fatigue, repose l’esprit (19351. +Le déver- pond à un emploi de prendre. + Dès le XII~s., le
bal REPOSE n. f., d’abord repouse iv. 1380) puis re- verbe signi6e *continuer d’accomplir (ce qui a été
pose (1611) ahalte, reposp, spécialisé en musique momentanément interrompuIn Iv. 11551, spéciiale-
classique, est sorti d’usage. ment dans le domaine juridique, avec reprendre
REPOSOIR n. m., réfection 11549) de reposouer (En un pro& (15383, reprendre une instance ( 16901,
xwe s.1,commence par désigner de manière géné- dans l’expression reprendre son chemin, la route
rale un endroit où l’on se repose, prenant ensuite (1817) et, au figuré, dans les locutions repren-
une valeur figurée (av. 16541. 0 ce sens a disparu dt-e son cours (1875) et reprendre en main
REPRÉSAILLES 3190 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Ixx” s-1, d’après prendre en main. +L’idée de #réta- tion de se remettre à qqch., de recommencer
blir dans son état habituel, faire revenir à soin (v. 13071, spécialement en parlant d’une pièce de
Cv. 1185) est réalisée dans les locutions reprendre le théâtre (17381, des tiaires (18751, et l’action de
dessus, reprendre son haleine Iv. 12001, reprendre continuer ce qui a été interrompu (v. 13071, entrant
haZetie @II x-mes.), reprendre ses esptits, re- dans les locutions à plusieurs reprises ( 15591, à di-
prendre du poil* de la bête. +Le sens figuré de verses reprises (16361, et s’employant spécialement
abkmer, réprimander (qqn)s cv. 1119) est probable- en droit à propos d’un procès 11690). Au XVII~ s., le
ment un nouvel emprunt au mot latin I+ répréhen- mot se spécialise dans les domaines de la musique
sible, répréhensif, répréhension). + L’influence de ( 16901, de la poésie et de la chanson (1690) pour
prendre se fait sentir dans le sens de Nrendre Ice Npartie d’œuvre que l’on répète)), en équitation à
que l’on avait pris)> (15381, spécialement en termes propos de chaque leçon donnée au cavalier ou au
de commerce, sens à partir duquel le mot acquiert cheval Cl6801 et, de là, à l’ensemble des figures exé-
le sens de *racheter à un client (un objet usagé))) cutées par un ou plusieurs cavaliers selon un tracé
11773). 0 L’idée de <<prendre ce qui a été dom& déterminé (1694) puis, par métonymie, à l’en-
s’est répandue dans l’usage courant avec un semble des cavaliers travaillant en même temps
complément désignant une chose concrète 116403 dans le même manège (1835). Le même sens est
ou abstraite, dans des expressions comme re- spécialisé au XX~ s. en boxe ( 19323, en sports, au
prendre sa parole (16431, familièrement et par mé- cirque, Pour arrêt et recommencement».
taphore reprendre ses billes (xx” s.l. *Au XVII~ s., re- 0 D’après reprendre aréparep, replie reçoit le
prendre a développé le sens de “regagnera 11649, sens concret de «réparationu IlSil), de nos jours li-
Corneille) qui a eu cours en langue classique, celui mité à un travail de couture 117621, avec un dérivé
de “prendre (la parole) après un silence, une inter- verbal spécfique (ci-dessous repriser). Le sens
ruption» ( 1640, souvent en incise, reprit-il, reprit- d’flaction de réparer» se spécialise en bâtiment
elle), et ceux de Mremonter à un temps plus éloign& (1755) et demeure rare en emploi général ( 1835).
116791, de Kredire, répéter) (16901, dont procède 0 Au sens de reprendre &cupérep, reprises matri-
l’emploi au théâtre E& s.), et aussi pour aapporter moniales (1694) s’est dit en droit des biens person-
des modikations, des transformations à Iqqch.b nels que chaque époux a le droit de prélever avant
(1690). partage sur les biens de la communauté, lorsqu’elle
Dès le XII~ s., reprendre est employé intransitive- est dissoute. Dans le cadre de la théorie anarchiste,
ment avec le sens de *redonner des signes de crois- reprise désigne le droit de chacun de s’emparer de
sance, de vitalités Iv. 11751, dont procèdent des em- ce qu’il estime être son dû (av. 1935). Il a développé
plois spéciaux dans le domaine économique 11870), des acceptions spkiales en droit dans le cadre
liés au dérivé reprise. -Le sens de arecommencer, d’un contrat de location, pour «somme Vers&e pour
avoir lieu de nouveau» est attesté dès l’ancien fkan- obtenir le contrat et censée correspondre au fait de
çais Iv. ~ZOO). Ultérieurement, le verbe s’est spécia- reprendre du mobilier, de l’équipement> 119351.
lisé dans le domaine de la santé et de la physiologie + La valeur intransitive de reprendre «redonner des
en parlant d’une greffe, des bords d’une plaie qui se signes de croissance, d’activité* est spécialement
ressoudent (17981, après un emploi de la forme pro- réalisée à propos de l’accélération rapide de la vi-
nominale se reprendre au même sens (15381, qui tesse de rotation d’un moteur en vue d’obtenir un
sorti d’usage. Reprendre se dit en particulier d’un accroissement de puissance en un temps très bref
feu qui se ra;nime Imr” s.1 et d’un moteur, d’un véhi- (1906), et, en économie, pour désigner la fin d’une
cule qui fournit rapidement la puissance sollicitée période de crise, de récession (mr” s.l.
par l’accélérateur Iv. 1950). Dans sa spécialisation en couture, replie a produit
La forme pronominale se reprendre (XIII~ s.), em- REPRISER v. tr. 118351, également en emploi ab-
ployée en ancien fkançais au sens de ase cacherp, solu kx"s.), lequel a donné REPRTSEUR,EUSE n.
exprime depuis le XVI” s. ( 1559) l’idée de ccorriger, et adj. ( 18461, terme désignant un ouvrier, une ou-
recttier ce que l’on a ditm. Au XIX~ s., elle prend le vrière spécialisé(e) dans le raccommodage, quali-
sens de arecommencer àB, construite avec une pré- fiant ce qui reprise (19571, ainsi que REPRIS AGE
position régissant l’infmitif (av. 18541, notamment n. m. (1868).
avec l’idée accessoire de atenter* dans la locution Le participe passé masculin repris a lui aussi été
se reprendre à plusieurs fois 11862). Elle a kgale- substantivé, en droit dans l’expression repris de
ment l’acception de <(se ressaisir, redevenir mtitre i&ce (1835) qui existait antérieurement comme
de soim (18351. adjectif 11549) et qui constitue aujourd’hui un mot
composé.
b Les dérivés sont peu nombreux mais usuels. Reprendre a produit aussi REPRENEUR n.m.
-REPRISE, le participe passé féminin, a été subs- pour un homme d’affaires spécialisé dans le rachat
tantivé pour servir de substantif d’action au verbe d’entreprises en di&&é Iv. 1980).
EV. 1213) dans la quasi-totalité de ses sens. Dès les 0 voir RÉPRÉHENSION.
premiers textes, où il désigne le fait de reprendre
les armes, ce nom exprime l’action de prendre, de REPRÉSAILLES n. f. pl., réfection 114431 de
s’emparer de nouveau, généralisé en moyen k-an- reptiailles I14011, est emprunté au latin médiéval
çais Cdéb. Xnp s-3, sens dont procèdent des emplois represalia udommages tigés à titre de récipro-
spéciaux en droit, en agriculture (18451. +Par mé- cité, de punition)), lui-même probablement calqué
tonymie, reprise s’applique dès le XIII~ s. à chacun sur l’italien ripresaglia ou rappresaglia de même
des coups disputés au jeu au cours d’une partie, sens (XIVe S.I. Celui-ci, qui désigne proprement l’ac-
d’où son emploi au billard (xx” s.l. * Il désigne l’ac- tion de reprendre ce qui a été pris, est dérivé de ti-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3191 REPRÉSENTER
prendere, du latin reprehendere, reprendere (+ re- qui représente un objet, en est l’image, en philo-
prendre). sophie (1644, Descartes), puis en psychologie. +Au
+ Le mot désigne une mesure de violence illicite xvme s., le mot est passé dans le langage des institu-
que prend un Etat pour répondre à un acte égale- tions en emploi adjectif (d’abord en diplomatie,
ment illicite commis à son égard par un autre Etat. 1718) et substantif (av. 18251, et en relation avec re-
Par extension, et d’abord dans la locution lettre de présentant, représentation, à propos d’une forme de
représailles (16 111 à propos d’une lettre du roi auto- gouvernement selon laquelle la nation délègue à
risant un particulier lésé à tirer seul et directement un parlement l’exercice du pouvoir législatif. Il a
vengeance du tort qui lui a été causé (emploi dis- enrichi la terminologie de corps représentatif( 17641,
paru avec l’état du droit autorisant cette pratique), gouvernement représentatif (1789) et système repré-
représailles s’est étendu à toute action individuelle sentatif ( 179 11 avant et pendant la Révolution. - Le
de riposte à un mauvais procédé ( 16541, la locution sens de *qui est le modèle, le type d’une catégorie
user de représailles ( 1718) ayant vieilli. L’usage du de personnesB (av. 19241,répandu avec les progrès
singulier représaille ( 1564) semble dispar&re dans de la sociologie et des sondages, est devenu usuel.
la seconde moitié du XVIII~siècle. + De représentatif ont été dérivés REPRÉSENTA-
TIVEMENT adv. Iv. 1330) et ultérieurement RE-
0 REPRÉSENTER v. tr. est emprunté PRÉSENTATIVITÉ n, f. (19613, employé en statis-
Iv. 11751 au latin repraesenture «faire apparaître, tique et en psychologie sociale ( 1968). + Représen-
rendre présent devant les yeux, reproduire par la tutiffournit lui-même la base de composés dans le
parolem, wépéten, vrendre effectif)>,“payer sans dé- vocabulaire des institutions kemi-représentatif:
lai ou comptantm, puis wnener devant qqnp I~I” s.), ultra-représentatit. * REPRÉSENTANT,ANTE,
alivrer à la justice* kikis.) et Hremplacer qqnn Iv” s.l. participe présent de représenter, a été adjectivé
Le verbe latin est formé de re- à valeur intensive, et (xv” s.) avec le sens psychologique de *qui a de la
praesentare (--+presenter). prestance, en imposes sans réussir à s’imposer du-
4 Le sens premier est afaire apparaître d’une ma- rablement. Cette acception a disparu. + ll a été re-
nière concrète ou symbolique l’knage d’une chose fait comme nom pour désigner en droit la per-
abstraiteu. Parmi les nombreuses extensions, celle sonne qui agit à la place d’une autre (1508), puis
de <rendre présent à la mémoire le souvenir de celle qu’une personne morale, une société choisit
(qqn, qqch.)>> (v. 11751 est sortie d’usage après le pour agir en son nom (16801. Son emploi pour dé-
xwe siècle. Le verbe s’est bientôt employé pour signer le comédien, l’acteur qui représente un per-
wendre présent par le jeu théâtral)) Km XII~ sd, et sonnage à la scène C16161, est sorti d’usage. +De-
plus spécialement flincarner (un personnage)% puis le XVIII~ s., il se dit en politique du citoyen
(av. 15531. Il se réfère également à l’expression de nommé par élection à une assemblée législative
la réalité visible par les arts plastiques (v. 1278). ( 1748) d’où représentant de lu nation E1755, Turgot 1,
0 Autrefois employé au sens de ({faire valoir, expo- rep-&entant du peuple (17621, ces valeurs se ré-
ser par la paroleB Iv. 12781, il est resté plus long- pandant avec les institutions révolutionnaires.
temps en usage pour <<faire observer, remontrer 4 l3tion a tenté d’imposer le mot dans la termino-
avec égardm (16111, emploi devenu archaïque (cf. ci- logie des sciences naturelles pour désigner une es-
dessous représevttatiw aremontrances4. +Les pèce analogue à d’autres Il 7781, emploi qui anticipe
sens a&iblis de aressembler à, évoquer)) (1678) et sur le concept moderne de =Chose, individu, animal
de adonner la sensation de» CfïnXVII~s.1 sont sortis pris comme type, comme modèle d’une classe,
d’usage, alors que les acceptions voisines, adonner d’une catégorie)} (déb. XIY s.l. + Au ~IX’ s., représen-
une impression d’importance, en imposera} II 694) et tant se spécialise en commerce, désignant celui qui
<être la réplique plus ou moins fidèle de3 C17081 sont recueille des affaires pour une maison de com-
toujours vivantes. *Du sens initial procède celui merce 118751, spécialement dans représentant de
de ctenir la place de (un absent)», d’abord dans un cy)lfuiieTce. Au XX~s., le mot s’emploie aussi en di-
contexte juridique et administratif, pour <<êtreman- plomatie pour la personne chargée de représenter
daté officiellement ou légalement pour exercer les un État, un gouvernement auprès d’un autre. Il
droits et défendre les intérêts d’un groupe ou d’un acquiert également des spécialisations en mathé-
paysn 112831, puis en emploi générai 11530) et, ulté- matiques, en grammaire et en psychanalyse.
rieurement, d’après représentant, pour aêtre le re- +REPRÉSENTÉ, ÉE, le participe passé, a 6th
présentant den (1899). substantivé dans la langue juridique Il 804) pour dé-
Le sens de -présenter de nouveau>, activant la va- signer l’héritier décédé à la place de qui se pré-
leur itérative du préke re-*, correspond à un ho- sente un autre héritier (appelé représentant).
monyme 0 REPRÉ ~ENTER, itératif de présenter*, REPRÉSENTATION n. f. est emprunté Iv. 1250) au
et, pour se représenter h. 1360) [à un examen, etc.], dérivé latin reprwsentuti, -outis aaction de mettre
de se présenter. sous les yeuxB, et à basse époque apaiement en
bREPRÉSENTABLE adj., formé auxIH”s.ausens argent comptant,. -Le mot a évincé les dérivés
actif de “qui représente, symbolisem, sorti d’usage, a fraçais representement Iv. 11901, representunce
été repris au XVIII~s. avec la valeur actuelle (17543. (XIII~ s.1et representage 114651,tout en suivant le dé-
-REPRÉSENTATIF,IVE adj. etn., dérivé savant veloppement sémantique de représenter. - Repré-
de représenter CfmXIV~s.1,peut-être d’après le latin sentation, désignant d’abord le fait de mettre de-
médiévale representutivus, terme de philosophie vant, de placer sous les yeux Eune lettre, des pièces
Iv. 12701, qualifie ce qui représente convenable- justifkatives), est mal distingué de présentation,
ment un ensemble. Au XVII~s., il a été étendu à ce mais s’emploie encore en droit à propos de la pro-
RÉPRESSION 3192 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

duction d’un acte pouvant servir de titre ou de SOUS-REPRÉSENTÉ, EE adj., et SOUS-REPRÉ-


preuve (depuis 1393) ; le mot assume aussi la fonc- SENTATION n. f. (1966) s’emploient pour &sti-
tion d’itératif de présentatipt -nouvelle présenta- sarnment représentén, areprésentation insti-
tion, en ce sens ( 1530). sante>, avec l’idée de proportionnalité non
Représentation est devenu en moyen français le respectée.
substantif d’action de représenter, désignant l’ac-
tion de rendre présent ou sensible qqch. à l’esprit, à RÉPRESSION n. f. est soit emprunté (1372) au
la mémoire, au moyen d’une image, d’une figure, latin médiéval repressio, -on& de repressum, soit
d’un signe et, par métonymie, ce signe, image, sym- formé savamment en lançais, d’après oppression,
bole ou allégorie (v. 1370). Il s’est spécialisé en par- suppression, sur le radical du latin repressum, supin
de reprimere <contenir, empêchee (+ réprimer).
lant de l’acte artistique consistant à reproduire le
réel observable par le dessin, la peinture, la +Le mot, employé par Oresme pour exprimer le
sculpture (v. 13701, puis aussi par la photographie. fait de contenir un sentiment trop violent, par
En moyen francais, il s’est appliqué à l’effigie de exemple la colère, est attesté une seconde fois au
cire peinte représentant le défunt dans les ob- xv” s. (14821; il semble s’être normalement employé
sèques princières (XIV~ s.1 et, ultérieurement, au aux XVI~ et XVII~ s. avant de tomber en désuétude.
faux cercueil recouvert d’un drap dans les cérémo- 0 Il est de nouveau attesté en 1802, mais pourrait
nies funèbres (1660). + Il s’emploie couramment être un peu antérieur, si l’on en juge par répressif
pour l’action de donner un spectacle en public (17951, et il sert alors de nom d’action à réprimer
(15383, désignant par métonymie ce spectacle. Cet dans son sens usuel et second, et concerne la plu-
emploi souligne le caractère de signe par rapport à part du temps une mesure punitive et non préven-
une virtualité, qui est l’œuvre. Au XVU~ s., il est passé tive. Il se spécialise à l’époque des grands mouve-
dans la terminologie philosophique pour désigner ments sociaux du XIX~ s. pour désigner le fait
l’image fournie à l’entendement par les sens ou la d’arrêter par la violence un mouvement collectti,
mémoire (av. 1654). 4 l’époque classique, le mot s’employant aussi à propos d’opérations militaires
désigne l’action de tenir son rang, les relations de maintien de l’ordre Iunités de répression, me s.l.
+Avec sa valeur initiale, il a été repris en psycho-
d’apparat Km XVII~ s-3, sens auquel se rattache celui
logie pour <<rejet conscient d’un désir réprouvé par
de atrain de vie auquel certaines personnes sont te-
la moralen (1867) et en psychanalyse pour améca-
nues du fait de leurs fonctions», et dont procèdent
nisme de défense conscient excluant du champ de
frais de re@sentat-ion et la locution être en re-
la conscience des contenus désagréabless (ti s.),
présentation (18901, influencée par l’emploi du mot
distinct de refoulement.
au théâtre. + L’ancien sens de <remontrances faites
avec égard>>, qui correspond à un emploi archtique + U a servi à former RÉPRESSEUR adj. m. et n. m.
du verbe (ci-dessus), est réalisé par le pluriel re- (18403 “qui réprimes), toujours employé au mas-
présentations 117183, et survit dans le langage diplo- culin, substantivé en sciences en parlant d’un orga-
matique, appliqué aux protestations adressées par nisme cellulaire qui bloque la fabrication des en-
un gouvernement à un autre. +Au ti s., appa- zymes quand ceux-ci ne sont pas nécessaires (1968
dans les dictionnaires généraux). +Sur le modèle
raissent de nouvelles spécialisations scientsques
au sens de «signe qui représente> : en mathéma- de bataillonnuire, on a formé RÉPRESSIONNAIRE
tiques, pour la mise en correspondance des élé- n. W s.1, peu usité pour une personne faisant par-
tie d’une unité ade répression».
ments de deux ensembles ( 1932, dans représenta-
tion confomze) ; en statistique Il 964, représentation
Étant donné que répression semble inusité à cette
époque, il se peut que RÉPRESSIBLE adj. 07931
statistique) et en psychanalyse ainsi qu’en informa-
soit directement dérivé du latin repressum. D’abord
tique. 0 Depuis le moyen français, le mot suit le sé-
employé pour qual%er ce qui sert à réprimer, il a
mantisme de représenter en désignant l’action de
pris le sens passif de Nqui peut être réprimé- (18451,
tenir la place de qqn, d’abord par métonymie l’en-
didactique et rare comme son synonyme répri-
semble des personnes et des services qui repré- mable. &Le préfixé IRRÉPRESSIBLE adj. (1845)
sentent d’autres individus, d’autres services est plus courant que son antonyme et qualifie ce
Iv. 13601. Il s’est spécialisé en droit pour une théorie qui ne peut être réprimé. oEn est dérivé IRRÉ-
selon laquelle le représentant accomplit un acte au PRESSIBLEMENT adv, (19071, d’usage littéraire et
nom et pour le compte du représenté Iv. 13981, et
rare. *RÉPRESSIF, IVE adj. (v. 1328) est dérivé du
selon laquelle les héritiers du défunt viennent à sa latin médiéval repressiws @orné à partir de repres-
succession, non de leur chef, mais à la place d’un suml dans sa spécialisation médicale “qui fait dis-
de leurs ascendants prédécédé Iv. 1398). +Rare- paraître, qui résorben, sortie d’usage. 0 Sa reprise
ment usité avec une portée générale, sinon dans s’est faite d’après oppressif et pour doter réprimer
l’usage classique (1611, jusqu’au XVUI~ s.), le mot est au sens second et usuel d’un adjectif (1795, dans un
repris en diplomatie (v. 13601, puis en politique cadre juridique), en relation avec le mot répression.
pour l’exercice du pouvoir législatif par des assem-
blées élues ( 17721, d’où représentation proportion- RÉPRIMANDE n. f., d’abord reprimende
nelle 11910). 11dépend dors de représentant dans ce ! 15491 puis réprimande (1588, Montaigne) d’après
sens. + Il désigne aussi en commerce la profession mander*, est emprunté au latin reprimenda Iculpul
de représentant (18931 et, en droit, la charge impo- afaute qui doit être réprimée, punien, de czdpa
sée par la loi à certaines personnes d’agir en jus- tcfautem(-+ coulpe) et reprimenda, adjectif verbal fé-
tice au profit d’une autre (19361. minin de reprimere (b réprimer).
DE LA LANGUE FRANÇAISE REPROCHER
4 Le mot désigne la remontrance que l’on fait à une une personne condamne sévèrement les actes, la
personne sur laquelle on a autorité pour la rappe- conduite d’une autre personne)} (17931,par tiaiblis-
ler à l’ordre. Le sens d’aaction de refréner>> (15521, sement <désapprobation sévèrem Il 8 10).
correspondant aux premiers emplois de @timer*, FRÉPROBATEUR,TRXCE adj. estl’emprunt tardif
est sorti d’usage. Au début du xrxes., réprimande (17881, d’après réprobatiopz, du latin reprobator, nom
est passé dans le langage juridique (administration, d’agent tiré du supin de reprobure. ll sert à qual%er
travail) pour désigner une peine disciplinaire pure- ce qui témoigne d’une condamnation sévère, puis
ment morale (4 avril 1802, Bulletin des lois). En droit Ixrx” SJ d’une simple désapprobation. Il s’applique
pénal, le mot désigne le blâme innigé par le juge de aussi aux personnes.
police à un mineur ayant commis une contraven-
tion ( 1936) et, dans le règlement militaire, une puni- REPROCHER v. tr., réfection (xv” s.1 de repro-
tion disciplinaire non restrictive de liberté qu’un chkr Iv. 11321, remonte à un latin populaire “repro-
chef de corps peut infliger à un officier ou sous- prime signiknt proprement «mettre sous les yeux,
officier (1966). rapprocher)) et qui a dû s’employer au figuré pour
&Le dérivé REPRIMANDER v. tr., d’abord écrit eblâmer, faire grief deB. Ce verbe est formé du latin
resprimunder (1535) avant réprimander ( 16361, signi- classique re-* marquant l’intensité c-t re-1, et de
fie afaire une réprimande à (qqn))) et, avec les prope après, auprès de*, sur le modèle du bas latin
memes acceptions spéciales que le nom, 4nfliger attesté uppropriure (3 approcher), Il est seulement
une réprimande ». +Il a pour dérivé RÉPRIMAN- galle-roman et correspond à l’ancien provençal re-
DABLE adj. (18361, rare. propchar; l’espagnol reprochur est repris au tian-
pis.
RÉPRIMER v. tr. est emprunté (fm xrn” s.1au la- 4 Le verbe signifie <rappeler avec aigreur, faire
tin reptimere cfaire reculer, refréner, refoulerp, de grief de qqch.>>et, avec une nuance différente, ablâ-
re- I+ re-1 marquant le mouvement en arrière, et mer (qqn) en le rendant responsable d’une faute,
premere cpressen} au propre et au figuré (-, pres- d’une chose fâcheusem Iv. 1175). La construction
ser). avec de et l’mtif Ireprocher d’avoir fuit1 a éliminé
+ Le verbe, attesté une première fois pour <contenir la construction classique avec que (1640) ou de ce
Ice qui est excesslf)n a été réintroduit par les méde- que (av. 1662) qui régissait l’indicatif : reprocher à
cins 11314) avec le sens de 4minuer (la sensibi- gqn qu’il a ou de ce qu’il a (fait telle chose). +Le
lit&. Cet emploi a disparu, et réprimer est passé sens de -récuser en alléguant des raisons>> (13391 a
dans l’usage courant dès le milieu du XIVes., pour disparu, mais survit dans le langage juridique pour
«faire en sorte de refouler (la manifestation d’une <<demander que l’on écarte un témoin en invoquant
tendance, d’une chose condamnable))) et aempê- une cause précise>> ( 1538). La locution familière de
cher (les fauteurs de troubles) d’agir, par la sens figuré reprocher la nourriture à qqn afaire
contrainte3 Cv.13551, emploi en rapport avec répres- sentir à qqn qu’il mange trop* est enregistrée de-
sion. et répressit en kançais actuel. + La spécialisa- puis 1718 (Académie). +La forme pronominale
tion médicale moderne pour carreter l’action, le se reprocher ( 16861 s’emploie d’abord au sens réflé-
progrès dep appara?t au xwe s. Iv. 15601.0 Du me au chi pour +e faire des reproches à soi-mêmen, puis
XVIII~s., le mot s’employait également avec un réciproque.
complément d’objet désignant une personne ; cet .REPROCHE n.m., déverbal de reprocher
emploi disparu est encore enregistré par les dic- Iv. 11601, est d’abord attesté sous la forme reproce
tionnaires du XIX” siècle. cv.1080). Le mot est parfois considéré comme fémi-
b RÉPRIMABLE adj. Km xrves.1est rare, tout autant nin Iv. 11601 jusqu’au milieu du xwe s. ; ce féminin
que son synonyme savant répressible I+ répres- est encore chez Corneille. oReproche désigne ce
sion). + RÉPRIMANT, ANTE, le participe présent que l’on dit à qqn pour lui manifester son mé-
de réprimer, s’est employé substantivement en mé- contentement, spécialement dans la locution szw
decine pour désigner un remède qui arrête la ma- reproche ~OC.adj. ou adv. qui a deux valeurs, l’une
ladie ( 1645) ; cet emploi a disparu. Le mot a kté ad- passive (1527) & qui on ne peut faire de critique+
jective (1748) pour qutier une personne qui IBayard est appelé le Chevalier sans peur et sw
réprime. reproche), l’autre active, asans prétendre repro-
0 voir &PFil3SS~ON, RÉPRIMANDE. cher quoi que ce soitn 11594). Le sens métonymique
de *motif de blâmes) (v. 1160) a disparu au xwe siè-
REPRISE, REPRISER 4 REPRENDRE cle. Le pluriel reproches a pris en droit, d’après le
sens spécial du verbe, le sens de -raisons que l’on
RÉPROBATION n. f. est emprunté (1496) au produit pour récuser des témoirw 11549). +RE-
bas latin ecclésiastique reprobatio, -anis cwtion de PROCHABLE adj. a perdu le sens général de “qui
désapprouver moralement», nom d’action tiré du mérite des reproches)} (v. 12001, encore usuel à
supin Ireprobahml de reprobure ccondamner mo- l’époque classique, et ne survit guère qu’au sens ju-
ralementn (+ réprouver). ridique de ~récusable~ (1636). 4 Il en va autrement
4 Le mot sert de nom d’action à réprouver* : d’abord du dérivé et antonyme IRRÉPROCHABLE adj.
employé dans le langage religieux, il désigne l’acte ( 15651, antérieurement inreprochuble Iv. 14601, ré-
par lequel Dieu exclut un pécheur du bonheur pandu dans l’usage courant pour qualifier une per-
éternel. Ce n’est que fm xwue s. que le mot s’est ré- sonne ou une chose à laquelle on ne peut faire au-
pandu dans l’usage courant pour ablâme par lequel cun grief; d’où une chose parfaite dans son genre,
REPRODUIRE 3194 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avec un développement comparable a celui d’im- REPTATION n. f. est emprunté dans l’usage
peccable. 0 Le mot a pris la spécialisation juridique didactique (1834; peut-être 1810) au latin reptatio,
d’&récusable= (av. 16221. 0 U a pour dérivés : IR- -OK& : daction de se tramern, dérivé du supin kepta-
RÉPROCHABLEMENT adv. (1613, Nostradamus) tuml de reptare <ramper*, fréquentatif (surtout
et IRRÉPROCHABILITÉ n.f. (1791), plus rare. usité dans la langue poétique) du latin classique re-
pere arampep, «se traînep, «cheminer lentement,
REPRODUIRE 3 PRODUIRE se gIissern. Ce dernier a des correspondants exacts
pour le sens et proches pour la forme dans les
REPROUVER v. tr., d’abord repruver (1080) langues baltes : lette rùptis, rapt& aramper’}, li-
puis reprcrver Iv. 11201, reprouver (v. 12781, écrit de- tuanien répli& *aller à quatre pattes=. Le verbe la-
puis le XVILI~s. avec un accent, réprouver (17211, tin indiquant la progression particulière au serpent
d’après la prononciation latine, est issu du latin ec- était plutôt serpere I+ serpent). En tiançais, les
clésiastique reprobare Mrejeter, condamner>>, formé verbes latins ont été remplacés par un mot germa-
de re- (+ re-1 exprimant le mouvement en arrière, nique détourné de son sens premier, ramper*.
au figuré la mise à l’écart, et de probure &Prouver,
+Le mot désigne le mode de locomotion de cer-
approuverm (-, prouver).
tains animaux pourvus de pattes très courtes ou
4 Le verbe a eu en ancien français le sens de <<re- dépourvus de pattes et se propulsant par ondula-
procher (qqch.) à qqnp. 0 Il s’est hé avec le sens tions et rétractations alternatives. Par analogie, il
fort de <rejeter en condamnant sévèrement, écar- se dit d’un mode de progression semblable chez
ter avec indignation, critiquer vigoureusementp l’être humain à plat ventre 11935). * Comme rum-
(v. 11201, perdant les valeurs voisines de &futern, per, auquel il sert de nom d’action, il a développé
=récuser>> Iv. 13701 et la valeur tiaiblie de aregret- une valeur figurée péjorative, désignant l’attitude
tep en emploi absolu (XVes., Charles d’0rlém). Il d’une personne qui s’abaisse devant des gens puis-
se spécialise das la langue religieuse, le sujet dé- sants ou innuents (xx” s.l. +Il a été repris en géo-
signant Dieu, pour ccondamner (un pécheurlu, sur- morphologie pour un type de trés lente descente
tout à la voix passive (v. 1278). L’usage de la forme du sol (19641, et en physique pour le déplacement
pronominale se réprouver au sens de «se garder den progressif des cycles des valeurs prises par l’induc-
Exv~’s.1a été rapidement abandonné. tion magnétique dans un corps ferromagnétique
b RÉPROUVÉ, ÉE, le participe passé de réprouver, E19751. Reptation est recommandé officiellement
est adjectivé Cv.1170 dans un sens peu clair) et em- pour remplacer l’anglicisme snaking (de snake
ployé avec le sens religieux de “qui s’oppose délibé- =Serpent4 dit des oscillations d’un aéronef autour
rément à la loi divine par le péch& Cv.13543. 0 Ul- de l’axe de lacet.
térieurement, il est substantivé, les réprouvés 0 voir REPTILE.
désignant les damnés 116o8), puis se lticise, s’appli-
quant à l’époque classique à un être condamnable, REPTILE adj. et n. m. est emprunté (13043 au
un mauvais sujet (1680). Cette valeur profane, deve- bas latin reptilis <<quirampe>), employé substantive-
nue archtique, a été remplacée a l’époque roman- ment au neutre reptile pour désigner un animal
tique par celle de apersonne rejetée par la société rampant, du latin classique reptum, supin de re-
et qui entre en guerre avec elle» cv.18201. +RÉ- pere, *rampep> I+ reptation).
PROUVABLE adj. ( 13701, longtemps écrit reprou- 4 Le mot, repris comme nom pluriel (reptiles, 13143,
v&le sans accent, qualifie la personne ou l’action le singulier n’étant attesté que depuis 1530, s’enten-
qui doit être réprouvée. dait autrefois dans l’acception large d’canimaux
0 ~~~~~PROBATION. rampant+, s’appliquant aussi bien aux serpents
qu’aux vers et aux chenilles. La distinction ulté-
REPS n. m., d’abord noté retz (1730), puis reps rieure entre vertébrés et invertébrés le fit se res-
(18121, est d’origine incertaine, l’hypothèse de l’em- treindre aux seuls serpents, ce qui est conforme à
prunt à l’anglais rep étant à écarter. En effet, ce l’usage courant moderne, où les concepts de reptile
mot, postérieur au franqais, écrit rep (1860) puis et de reptation sont perçus comme liés. En zoolo-
reps (1867) semble lui-même emprunté au tiançais. gie, cependant, et depuis Brisson 07561, le mot,
On a évoqué l’anglais reib, forme dialectale de tib précisé par Lamarck (18041, Brongniart, Cuvier,
4ôteB (ce tissu étant à côtes), employée au pluriel Duméril, sert à désigner une vaste classe de verté-
rebs (la forme ribs est à l’origine de l’allemand Ri@ brés à respiration pulmonaire, à température va-
et, plus vraisemblablement (P. Guiraud), la forme riable, à peau écailleuse, comprenant non seule-
picardo-wallonne réper aracler, râpep, les côtes de ment les serpents, mais les tortues, lézards,
ce tissu formant comme une sorte de râpe, de rû- crocodiles... (sauriens), etc. et, identtiés au cours
per”. On pourrait aussi imaginer une forme lor- du XIX~s., de très nombreuses espèces fossiles du
raine de rhper, réper, dont reps procéderait par mé- secondaire, parmi lesquelles les dinausoriens, sau-
tathèse du s (cf+rups arâpep en Wallonie). Toutefois, roptérygiens, ichtyosauriens, le ptérodactyle, etc.
aucune base historique ne corrobore cette hypo- Au XIY s., les reptiles (depuis Brongniart et Dumé-
thèse. ril) Il8071 incluent les batraciens*, parfois appelés
+ Le mot désigne techniquement la combinaison de reptiles nLLs (BlairMIe, 18 16) ; l’extension du terme
croisement de fils de trame et Cha?rte ; par métony- se réduit ensuite. +L’emploi adjective du mot au
mie, il dénomme une étoffe à côtes perpendi- sens de “qui rampe> (1304) a vieilli, sauf acception
culaires aux lisières, souvent employée dans métaphorique dans le style littérae (1697). Le
l’ameublement. même type de métaphore fit appliquer péjorative-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉPUDIER
ment le nom à un homme bas, méprisable, ~~ram- Il 6641. Son emploi analogique appliqué à une colo-
pantp (av. 17781. 4 D’après une métaphore d’un dis- nie d’animaux vivant en communauté (16671, en-
cours de Bismarck en 1869, le mot s’est employé à core chez Zola, a disparm. +L’application de répu-
propos d’un journaliste payé sur des fonds secrets blique à un r@ne français date de la Révolution et
118881, fonds par lesquels Bismarck soudoyait la de l’instauration de la première fiépublique (acte
presse officieuse et qui requrent l’appelation de constitutionnel du 24 juin 17931,qui, après l’Empire
fonds des reptiles ( 18741,d’après l’allemand reptiliept et la Restauration, fut suivie de la seconde Répu-
Fonds. blique (acte constitutionnel du 4novembre 18483,
b De reptile dans cette acception circonstancielle puis de la tioistime (18711, de la quatime (19441 et
est dérivé REPTILIEN, IENNE adj. 11888) dit de ce de la cinquième République (19581.République peut
qui était payé sur des fonds secrets. 0 Le sens gé- être quaMé pour spécser le type de régime répu-
néral neutre de “qui se rapporte aux reptiles, rap- blicain : république représenta(ive, libérale, etc. Par
pefle les reptiles>, (1874) est peut-être un emprunt, métonymie, le mot désigne 1’Etat régi par une ré-
l’anglais reptilian, qui, dans ce sens, est attesté au publique, par exemple dans les expressions répu-
milieu du ti siècle. blique populaire ( 18691, reprise au xxe s. pour dé-
signer les régimes à partis communistes, et
REPU, REPUE - REPAîTRE ht. PAfI’RE) république socialiste (v. 1920) ou dans des désigna-
tions officielles d’États. 4 Psychologiquement, le
REPUBLIQUE n. f. est emprunté CV.11401 au mot s’applique à l’état d’esprit prenant pour prin-
latin classique re~publica qui $ésigne le bien public, cipe la souveraineté du peuple, par exemple dans
la propriété d’Etat, puis l’Etat, les af&res pu- la locution familière on est en ré,publique Non est
bliques, la vie politique, spécialement le gouverne- libre)) (19641 où le mot équivaut à démocratie. Se fi-
ment dans ses rapports avec l’extérieur et aussi cher de lu république 11901, Bruant) équivalait à se
une forme de gouvernement. Le mot est issu de la fzcher du monde. +Dans le domaine artistique, il
soudure de res publica achose publiquem (par oppo- s’emploie pour l’allégorie représentant (sous la
sition à privafae ~1, de res ccchosem(+ rien), lui- troisième République tiançaisel la République sous
même employé elliptiquement pour res publica, et les traits d’une femme (1875). -
de publia, féminin de publicus 13 public). F RÉPUBLICAIN, AINE adj, et n. (1586) s’est appli-
+ Le mot a été repris avec le sens restreint, au- qué à une personne vivant sous le régime de la ré-
jourd’hui courant et majoritaire, de ((forme d’Etat publique avant de prendre le sens de *partisan de
dans lequel les citoyens exercent la souveraineté, ce type de régime}) (av. 16301, notamment dans le
soit en désignant par leurs votes un président et cadre d’un régime différent, en général monar-
des représentants, soit en élisant des représen- chique (16901 ou impérial. Au XVII~s., le mot a
tants qui à leur tour désignent le présidentm. Avant commencé à s’employer adj ectivement pour quali-
la Révolution cependant, le mot, rare avant le fier une personne favorable à la république (16581,
XVI~~., époque où il évoque Mntiquité romaine, d’abord péjorativement dans le cadre d’une France
n’eut pas de définition juridique, les dictionnajres monarchique (16941, et, dans un sens descriptif
des XV~I~et XVIII~s. le détissant comme <État ou neutre, ce qui a rapport au régime politique appelé
gouvernement populaire, comprenant la démo- république (16901. 0 Par métonymie, il qutie ce
cratie et l’aristocratie, mais excluant leurs défor- qui est caractéristique de l’état d’esprit des parti-
mations (oligarchie, démagogie). Le sens latin de sans de la république (1875). Le nom figure dans la
=Chose publique> ( 1520) a vieilli lorsque le sens poli- dénomination de groupes ou partis politiques
tique restreint, défmi juridiquement avec la Révo- I1869). Employée spécialement, la dénomination
lution, s’est imposé. Il subsiste toutefois dans les parti républicain (1904 ; déja les républicuivLs en ce
emplois historiques où le mot renvoie à la notion sens, 18751est un calque de l’anglais pour désigner
antique et ancienne, notamment dans les titres de l’un des deux grands partis politiques américains
traités de Platon, Cicéron, en français Jean Badin (opposé à démocrate). -L’ancien sens de répu-
(15763, La Bruyère ; la tragédie classique diffuse ce blique <collectivité animale» s’est trouvé réactivé
sens historique du mot, se référant au type de ré- par républicain désignant en zoologie un passe-
gime que connut la Rome antique entre la fin des reau qui bâtit un nid collectif divisé en nombreux
Tarquins et l’Empire (1651, Corneille, Nicomèdel. logements (1828). 4Sépublicuin a donné deux déri-
Par ailleurs, des régimes modernes sont aussi dé- vés : RÉPUBLICANISME n. m. (1750) et RÉPUBLI-
signés par ce mot (république de Hollande, par CANISER v. tr. (179.2)adonner le caractère républi-
exemple) dès le XVII~ siècle, établissant une opposi- cain b et «constituer en république& ( 1798).
tion avec royauté, +Du sens général latin est sorti
l’usage ancien du mot pour une société organisée RÉPUDIER v, tr. est emprunté Cxuf s.1 au latin
(15491, un corps politique et, collectivement, un en- repudiare erepousser qqn, rejeter qqch.D, spécialisé
semble d’Etats ayant un caractère commun en droit pour <refuser d’accepter (un héritage, un
(xv? s.1, un État, un gouvernement légitime où le fidéicomm& et erenvoyer (sa fiancée, sa femme)B.
pouvoir exécutif est le aministre du souverain” Ce mot est issu de repudium, wfait de repousser du
Ixvwe s-1. En est également sorti l’emploi figuré à pied> d’où Mrejet de la femme, divorce, séparatiow,
propos d’un groupe social formant une commu- rapproché par étymologie populaire du verbe im-
nauté tiatemelle (16801, surtout dans l’expression personnel pudet <<avoir honten I+pudeur), mais
r@ublique des lettres couvrant l’ensemble des probablement issu de pes, pedis C+ pied), avec re-
œuvres littéraires 11648) et des gens de lettres indiquant le mouvement en arrière. L’ancien fran-
RÉPUGNANT 3196 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

çais a eu le type populaire repuier (1174-1176). à, contredkeB, à propos de contradictions et d’op-


4 Le mot a été repris avec sa spécialisation juri- position d’opinions, est sorti d’usage après l’époque
dique, <<repousser (sa femme) en vertu d’une dispo- classique. Sporadiquement, on le rencontre en
sition légale ou couturnièrem et a développé le sens construction directe au sens de arepoussers, ( 1519).
figuré de -rejeter (ce que l’on avait admis jusque- Aux XVI~et XVII~s., il s’emploie absolument avec la
là>,, qui reprend Iv. 1360) le sens de l’ancien verbe valeur plus générale de Elutter, exercer une résis-
répuier. Avec un complément d’objet désignant un tancem Cv.15191; l’idée d’~hostilité~ cédant le pas à
inanimé, répudier a pris en droit le sens de arenon- celle d’=aversion, il s’emploie pour &Prouver de
ter volontairement à (un bien), &VI” s., répudier la l’aversion à faire une chose)) Ixw” s.1, puis, suivi
succession, Coutumier généraJ3. d’une préposition, pour &Prouver de l’aversion en-
b RÉPUDIATION n. f. est emprunté Iv. 1330) au dé- vers» (16431. *Par changement de point de vue, il
rivé latin repudiatio, -onis caction de rejeter, refusti. s’emploie également avec un sujet désignant la
*Le mot fournit un nom d’action au verbe dans chose ou la personne qui inspire la répulsion 117181,
son acception juridique la plus courante : flrenvoi notamment dans la construction impersonnelle il
de la femme par son mari)). Il a été étendu au XTxes. me répugne de (1798). + Le participe passé adjectivé
à l’action de renoncer à un droit sur un bien 11804) RÉPUGNÉ, kE a aussi les deux valeurs : “qui ex-
et, au figuré, à l’acte par lequel on rejette ce que prime la répugnancem (1880) et “qui éprouve de la
l’on admettait jusque-là (1839, Balzac). +Le radical répugnaxxes (1885). Les autres dérivés, tous relatifs
latin a donné RÉPUDIATOIRE adj. ((relatif à la ré- au sens ancien d’4tre contraire à, s’opposerv, sont
pudiation, 119251,tardif et d’usage littéraire. sortis d’usage.

RÉPULSION n. f. est emprunté Iv. 1450) au bas


RÉPUGNANT, ANTE adj., attesté avant le
latin repulsio, -anis -action de repoussep et au fi-
verbe correspondant (12131, est emprunté au latin
guré, <rejet», du latin classique repukum, supin de
repugnam, -antis, participe présent de repugnare
repellere arepousser, écarten> de sens propre et fi-
«résister>, alutter contre s, 4tre incompatible avecm,
guré. Ce mot est formé de re- (+ re-3 indiquant la
de re- k+re-3 marquant le mouvement en arrière
mise à l’écart et de peliere aremuer, pousse-
d’où l’opposition, et de pumre *lutter à coups de
b pousser).
poing, se, battreb, lui-même issu de ~L@US
E-, poing). A basse époque, repugnans a été adjec- 4 En moyen knçais, le mot a servi de nom d’action
tivé au sens de <contradictoiren, son pluriel neutre à repousser, désignant l’action concrète de repous-
repugnanti étant substantivé dès l’époque clas- ser l’ennemi, de chasser qqn. Il a été repris au
sique en rhétorique pour désigner des choses XVIII~s. probablement, d’après répulsif (ci-dessous),
contradictoires (Cicéron). comme terme de physique pour désigner l’effet ré-
sultant des forces qui tendent à éloigner deux
4 L’adjectif, emprunté en scolastique au sens de
corps l’un de l’autre ( 1746, Nolletl. + Ensuite, il a dé-
«contraire, opposé, résistant à», encore relevé au
veloppé le sens figuré d’4loignement par déstiec-
~VII~s., s’est spécialisé pour aen opposition avec (la
tion ou antipathieu (v. 17721, surtout littéraire, pre-
foi, la raison, la loiIn (v. 16001, lui-même répertorié
nant dans l’usage courant le sens renforcé de wif
jusqu’en 1878. +Après le xrve s., l’attraction de ré-
sentiment de dégoUt>> (17753, alors proche de ré-
pugner lui a fait prendre le sens actif de “qui
pugnance et de dégoût. +Auxx%.,ilaétéreprisen
ressent une grande aversion envers qqch.>> ( 15401.
sport pour désigner un mouvement de gymnas-
Par changement de point de vue, il a pris au XVIII~s.
tique par lequel on repousse le corps après avoir
sa valeur actuelle, “qui inspire un dégoût physiqueB
fléchi les bras Cl9 111,réactivant le sens concret du
WW, d’où “qui dégoûte moralementn (seulement
mot.
attesté au XX~ s.; 1932, Céline), laquelle semble pro-
venir des emplois plus anciens de répugwnce. F RÉPuLSIF, IVE adj. et n. m. est le dérivé savant
(1478) du latin repuhm avec le sufke -if * Em-
b RÉPUGNANCE n. f. est emprunté IV. 1250) au la-
ployé par les médecins au sens de “qui repousse”,
tin repugnantia, issu du participe présent et dé-
sorti d’usage, il a été réintroduit au début du XVIII~s.
signant un moyen de défense, un désaccord, une
comme terme de physique, qualifknt une force
antipathie, une opposition, une incompatibilité.
contraire à la force de cohésion, qui s’oppose au
+ Le mot, d’abord didactique comme répumnt,
contact des molécules du corps (1705). + Il a déve-
désigne alors l’opposition, la contradiction, l’in-
loppé le sens figuré de aqui provoque l’aversionn
compatibilité. Q A partir du xrves., il subit l’in-
(v. 1772, J.-J. Rousseau), d’usage littéraire. +Au
fluence de répugner et de répugnant et s’applique à
XX~s., il a été substantivé, un répulsif désignant en
l’aversion physique que l’on éprouve à l’égard technique une substance utilisée en agriculture
d’une chose que l’on ne peut supporter Iv. 16501, et, pour protéger les cultures en tenant les insectes à
par affaiblissement, au sentiment de gêne, de ré-
distance cv. 1960) et un appareil repoussant les in-
ticence avec lequel on subit ou on fait qqch. (16511, sectes sans les détruire. +Son dérivé RÉPULSIVE-
aussi au dégoût physique ou moral qui fait éviter MENT adv. n’est attesté qu’au xxe s., mais pourrait
une personne (16801. Il est alors voisin de répulsion, être antérieur.
de rejet et de dégoct.
F RÉPUGNER v. tr. ind. est emprunté (v. 1370) au RÉPUTER v. est emprunté ( 12611 au latin repu-
latin repugnare Ici-dessus), l’adjectif répugnunt tare ticalculer, comptern, aexasniner, méditer, réflé-
étant déjà en usage. +Le verbe, repris pour Gtre chie, de re- (b re-1 à valeur htensive et putare
contraire, s’opposer, résister & et aussi “s’opposer asupputer, estîmerm I+ putatif).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3197 REQUÉRIR
+Le verbe, repris avec le sens de «considérer complément désignant un abstrait ( 15381, notarn-
comme, tenir pourri, toujours en usage, était aussi ment dans requérir de I’uide (1875). Avec un sujet
employé jusqu’au xwe s. avec la préposition pour désignant me chose, requétir (comme réclamer) si-
suivie d’un substantif (1261) ou d’un attribut du me *exiger, avoir besoti de» (15381, notamment
complément d’objet (12911 Mputer qqn pour mau- en tournure impersonnelle. +De la spécialisation
vati1 et, plus rarement, avec la préposition à juridique ancienne de ademander par voie judi-
Iv. 13601. Sede la construction à la voix passive sui- ciairen t 123 11, est tiré aaccuser (qqn) de, ( 15381, qpor-
vie d’un attribut ou d’un infinitif (fm XIII~ s.) s’est ter plainte contre>> (15491, qui ne s’est maintenu
maintenue, dans un style soutenu @tre réputé...). qu’en parlant du procureur qui présente son réqui-
L’usage de la forme pronominale se réputer «se sitoire” contre l’accusé (1690). + Ultérieurement, re-
croire tel ou tel* (v. 1355) a disparu, de même que la quérir a développé un sens très proche du verbe
construction réputer que flcroire que% (v. 13701. apparenté réquisitionner* ( 17891 =réclamer pour
~Les sens transit& de «dénombrer, comptem utiliser en vertu d’un droit légal;, spécialement
(12941, et complémentaires, <<blâmer= et afaire hon- <<faire la réquisition de personnes) 11847).
neur àm (1368, Tournai, également réputer gqch. à b Les dérivés remontent tous à l’ancien français.
qqn) afaire honneur de qqch. à qqnn, sont égale- * REQU%TE n. f. (12911, d’abord requeste Iv. 11551,
ment sortis d’usage. est tiré de l’ancien inkitif requerre d’après quête*.
k Le participe passé RÉPUTÉ, ÉE, adjectivé une 0 Il désigne la demande instante adressée à une
première fois au sens de =Compté-, disparu, a été personne ayant officiellement un pouvoir de déci-
repris au XVII%. avec la valeur de aconsidéré sion et, par extension, une prière adressée dans
comme- (1694) qui correspond au verbe, et s’est une forme polie Iv. 1278). Son usage, plus que celui
conservée. ll s’emploie aussi absolument pour du verbe, est surtout juridique : il désigne la de-
<<jouissant d’une grande notoriété* (18591, d’une mande par écrit présentée suivant certaines
personne et d’une chose (un vin réputé1 et suivi de formes établies à un magistrat pour ordonner une
la préposition pour (1812) en parlant d’une per- mesure de procédure, solliciter une autorisation,
sonne, d’une chose connue en raison d’une qualité notamment dm la locution ;i Ia requête de (12831,
ou d’un défaut. Il est plus usuel que le verbe. reprise à l’usage courant où elle Sign%ait & la de-
RÉPUTATION n. f. est emprunté ( 13701 au dérivé mande dem (12561. Toujours en droit, le mot s’est
latin repututti, -anis aréflexion, examen*, aconsidé- spécialisé à propos du mode d’introduction en jus-
rationm , «compte>. Le mot, à la di@rence du verbe, tice de certaines procédures (1611) dans requête ci-
est resté courant, désignant l’honorabilité morale, vile ClSll), reqtite verbale (16903, requête incidente
la célébrité d’une personne ou d’une chose en rai- 118751, désignant aussi par métonymie le mémoire
son de sa valeur ( 13701. 0 Puis, il a désigné l’opi- présenté par un avocat ou une partie civile pour in-
nion bonne ou mauvaise que les gens ont de qqn, troduire une procédure devant la Cour de cassa-
de qqch. (15301, par exemple dans les locutions &e tion ou le Conseil d’État 122 juillet 1806, Bulletin des
en réputation de ( 1650) et avoir qqn en réputation de lois), d’où ma&e des requêtes Il809 au sens actuel ;
(16941, sorties d’usage, et ne comaître [qqn) que de 1424 dans le cadre du Conseil du roi) et section des
réputation (16711, com&re de réputation (av. 17841, requêtes (18701, Ces emplois institutionnels sont
avoir me, la réputation de (1786). propres au tiançais de France. *L’ancien emploi
de requérir à valeur itérative, achercher de nou-
REQUÉRI[R v. tr. est la réfection 11200) d’après veaw, spécialisé en vénerie, survit dans l’emploi de
guérir* de la forme ancienne requerre tv. 9801 large- requête en vénerie (v. 1270) qui a produit à son tour
ment usitée jusqu’au miheu du xwe s. et conservée le verbe REQUÊTER v. tr. 11394). 0 Le participe
dialectalement. Ce verbe remonte à un latin popu- passé, de ce verbe, REQUÊTE, est substantivé
laire Orequaerere, altération d’après quaerere, du la- (1794) à propos du ton de chasse employé ti de
tin classique requirere arechercher, être à la re- rappeler les chiens à soi.
cherche dem, «être en quête de)}, et, par REQUIS, ISE, participe passé de requérir, a été ad-
l’intermédiaire d’&tre en quête d’une réponse», jectivé Iv. 1160) pour qutier d’après l’ancien fran-
ademandep et aréclamer, exigep). Ce verbe est çais requerre (ci-dessus) un combat acharné, une
formé de re- (+ re-1 à valeur intensive et de quae- personne distinguée Iv. 12401, puis une chose de-
rere <cherchera (+ qu&+I, mandée, recherchée Exw”s.1. Cette disparité de
4 Tout comme qukrir a pâti de la concurrence de sens fut résolue, certains sens étant transférés à ew
chercher, requérir a perdu une partie de ses em- quis*, et requis, sous l’influence du verbe, ne signi-
plois au profit de rechercher. Requewe s’employait fiant plus que <demandé, réclamé, convenable»
en ancien -français pour *prier (qqn), demander (1534). 0 Ultérieurement, suivant le développe-
(qqch.)n lv. 9801, &Clamer Cqqch.)» lv. 10501 et, spé- ment de requérir, le mot a pris le sens d’aengagé
cialement dans un contexte guerrier «choisir (son par voie d’autorité= (cf. réqulsitinl, substantivé en
adversaire1 pour l’attaquers et Nattaquep (10801, parlant d’un civil réquisitionné en temps de guerre
emplois disparus. aDe nos jours, le verbe s’em- 119321, puis d’un citoyen contraint d’exercer cer-
ploie encore pour *rechercher (qqn)>> 110801 et ta;ins travaux pour une puissance occupante (1943)
((prier instamment (qqn) de», spécialement avec la et en parlant d’un civil faisant l’objet de réquisition
valeur Contraign&e de asommer (qqn) de faire pour un emploi déterminé en temps de paix kni-
qqch.* ( 15381, suivi de la préposition de introduisant lieu me s.l.
un infmitif complément. Le sens de wéclamer)) est REQUÉRANT, ANTE, le participe présent, a été
également réalisé dans un style soutenu avec un adjectivé iv. 1278) au sens de +olkkiteur, soupi-
REQUIEM 3198 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

rants, sorti d’usage. Il s’emploie en droit pour dé- b Le composé REQUIN-MARTEAU n. m. (1904, dé-
signer la personne qui requiert en justice (1342 signe un grand requin dont la tête porte une protu-
comme nom, 1690 comme adjectif), et se dit en vé- bérance (comparée à un martead. -REQUI-
nerie d’un chien qui quête pour retrouver la trace NISME n. m. -cupidité* (ror” s.) est un dérivé rare
d’un animal (15731 cf. ci-dessus reqtite. + REQUÉ- du sens figuré.
RABLE adj. (1275) s’emploie en droit pour ce que
l’on doit requérir en personne. REQUINQUER v. tr. (1578) est d’origine inter- @)
+ VOir RÉQLJiSDION, RÉQUHTOIRE.
taine : selon Bloch et Wartburg, c’est un mot picard
issu d’un verbe “reclinquer aredonner du clinquant,
REQUIEM n. m. est l’emploi comme nom com- de l’éclat>, lui-même formé de re-* et de l’ancien
mun (1277) du latin requiem, accusatif de requies, verbe clinquer (-, clinquant) avec chute du 2comme
de re- I-+ re-1 à valeur intensive et quies &lme» dans quincaille”. Cependant, ce verbe était aussi
(3 coi, quiet) qui désignait spécialement, chez les connu en Provence et Languedoc : Odde de Triors
auteurs chrétiens, l’endroit où reposait un saint, détit le languedocien requinqua, Ns’égayer, se re-
l’autel sous lequel se trouvaient ses reliques. L’ac- verdir)> (de personnes habituellement tristes, de
cusatif requiem fournissait le premier mot d’une vieillards). On a aussi évoqué reclinquer aréparer
prière catholique de l’office des morts : requiem ue- une barque>> (1382) du néerlandais kzlink. P. Gui-
temam dona eis, domine kdonne leur le repos éter- raud part de déglinguer”, lui-même variante de dé-
nel, Seigneur»). Les représentants de requies en an- clinquer, interprété comme cdisloquer (un bateau)
cien kan@s, requei 11.m. h. 1155) et recoi Ixle s.1: en arrachant les cZinsD,et qu’il fait remonter à din-
@cachette, abri> et MreposB (xv” s.), sont sortis de cher, clinquer afaire pencher, incliner= et, dans les
l’usage au XVIIesiècle. dialectes normanno-picards aperdre son aplomb,
4 Le mot désigne une prière pour le repos de l’âme céder, pliew Clinquer est issu d’un latin “clinicare,
d’un mort, spkialement dans l’expression messe de clinare I-, incliner). Requinquer Sign%erait alors
de requiem Ifin XIVeS.I. L’expression figurée face de proprement «remettre d’aplombB. Le mot a été po-
requiem s’est dite d’une figure pâle et défaite. pularisé par une chanson déjà connue au temps de
0 L’emploi pour désigner l’introït de la messe des François Ier, où on se moquait d’une vieille femme
morts commençant par ce mot est enregistré en coquette cherchant à se parer comme une jeune;
1690 par Furetière. Il désigne aussi la partie de la le refrain en était : CRequinquez-vous, vieille, re-
messe des morts mise en musique (1810, quinquez-vous donca.
me de Staël à propos du Requiem de Mozart). + D’abord attesté par le participe passé requinqué,
@ voir REQUIN. adjectivé dans l’expression camw requinqué *nez
retroussén 115781, le verbe s’est employé à la forme
REQUIN n. m., attesté depuis 1529, est d’origine pronominale se requinquer (1611) use parer, se vêtir
controversée. La graphie requien ( 15781, puis re- de netin, sens aujourd’hui sorti d’usage. +Requin-
quiem ~VII” s.1 disparue, est une altération due à quer a pris au XVIII~s. (1732, Voltaire) le sens figuré
l’étymologie alors donnée du mot : =Quand il a saisi de aredonner le moral* mais ce n’est qu’au ti s.
un homme... il ne reste plus qu’à faire chanter le que la forme pronominale a le sens usuel de are-
Requiem pour le repos de l’âme de cet homme-l& prendre des forces> 11932) et que le verbe transitif
lit-on chez Huet; il s’agit probablement là d’une Sign%e <<redonner une belle apparence à (qqnlb
étymologie populaire, perpétuellement reprise. (19041, puis aredonner de la vigueurm (milieu XX~ S.I.
Bloch et Wartburg évoquent à meilleur escient un F Les dérivés REQUINQUAGE n. m. (19041, RE-
dérivé du normand quin @chien>) I+ chien), forme QUINQUANT, ANTE adj. (19%) et REQUIN-
courante en picard, avec un préke re-* ayant va- QUÉ, ÉE adj . usuel, datent du me s. et sont, comme
leur de renforcement et rappellent la dénomina- le verbe, d’usage familier.
tion populaire chiien de prier désignant un squale
depuis le XIII~siècle. P. Guiraud préfère partir RkQUISITION n. f. est emprunté (v. 11603 au
d’une forme normande de rechigner* <<montrer les latin impérial requisiti, -or&, nom d’action dérivé
dents en grimaçantn, d’où est sorti l’adjectif rechin du supin requisitim de requirere I+requérirI. Le
<grincheux» Iattestb plus tard : xwe-xwte s.1,avec al- mot latin signifie erecherches; il s’est spécialisé à
lusion à la denture impressionnante de l’animal ; l’époque médiévale aux sens juridiques de &cla-
l’existence d’une forme non palatalisée est attestée mation)) (v. 7791,<demande>> (XIII~s.) et adroit de mu-
par l’ancien picard rekimer <<faire triste figure*; tationn Iv. 1081).
certaines valeurs de requinqué” pourraient aussi 4 Le mot a désigné l’action de demander, de som-
être évoquées. Une autre hypothèse, moins mer, avant d’être définitivement évincé par le
convaincante, part d’une fausse coupe d’un mot terme apparenté requête? Il a été repris au xw” s.
supposé Oorquin emprunté à l’italien oo&ino, en droit pénal pour désigner l’acte par lequel le
forme diminutive supposée de orca I+ orque). procureur demande l’application de la loi contre
+Le mot s’emploie pour désigner un squale de un accusé déclaré coupable (1636, le plus souvent
grande taille, seul ou dans quelques syntagmes dé- au pluriel réquisitions), en concurrence avec réqui-
terminés, du type requin baleine ( 1529 puis requin sitoire *. L’expression réquisition d’audience C1690)
pèlerin, requin-marteau (ci-dessous), etc. 0 Par al- désigne la demande incidente faite à l’audience
lusion à la voracité et à la puissance du squale, il pour requérir la présentation d’une pièce ou d’une
s’emploie au figuré à propos d’un homme d’tiaires personne. + C’est avec la Révolution que le mot a
impitoyable et avide (1790). commencé à s’appliquer à l’acte par lequel l’auto-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3199 RESCRIT
rité militaire, en temps de guerre, procède à des et le latin avait donné par emprunt, en anglo-nor-
prélèvements de biens ou exige des prestations de mand (v. 11381, un verbe recendir &xer le droit de
services (26 avril 1792, Moniteur universel), entrant qqn au détriment dem.
dans l’expression réquisition année à propos de la + Le verbe est employé en droit d’abord pour callé-
levée en masse décrétée en 1793 par le Comité de ger en réduisant, en retrancha&, puis pour ccas-
salut public (23 août 1793, Montteur uaiversel). En ser, annuler (un acte, un contrat))) 114221.
droit administratif, le mot désime (20 février 1790) F Rescinder a produit RESCINDANT, ANTE adj.
l’action d’une autorité civile qui exige d’une per- (15791, d’abord rescindent ( 1551) “qui donne lieu à
sonne ou d’une collectivité une prestation d’activité l’annulation d’un contrat», substantivé à propos de
ou la remise d’un bien ; il a servi à former des syn- l’instance ayant pour but la rétraction de la déci-
tagmes déterminés précisant la nature de la réqui- sion attaquée IXVI” s.l.
sition, tels réquisition de paiement (19361, réquisition RESCISION n. f. est emprunté (1465) au dérivé bas
de logement I 1945). latin des juristes rescissio, -anis <<abolition, annula-
b Ses deux dérivés sont apparus sous la Révolution. tionm. 0 Ce terme désigne l’annulation judiciaire
-RÉQUISITIONNAIRE adj.etn.m.(17%9 qualifie d’un acte pour cause de vice radical. oUn nouvel
et désigne un jeune soldat réquisitionné lors de la emprunt au latin classique pour <action de couper>>
levée en masse décrétée en 1793, puis lors de cer- aboutit à un sens médical en chirurgie, «ablation
taines mobilisations. +RÉQUISITIONNER v.tr. d’une partie molle> (1796, Sabatier). ~RESCI-
(17961, Mse procurer une chose par voie de réquisi- SOIRE adj. et n. m. emprunt (XIII~s-1au bas latin ju-
tionm, signifie aussi et plus récemment <<assigner ridique rescissorius ou rescisotius wésolutoiren, du
une tâche à qqn en vertu d’un acte de réquisition- supin de rescindere, qualse ce qui donne lieu à re-
11888, Zola). Il est passé dans la langue familiére au scision. Il est employé substantivement (déb. XVII~s-1
sens d’wtiliser (qqn) d’office, de manière autori- pour une action intentée sur le fond quand le juge-
taire- ( 1883 ; entré tardivement dans les diction- ment ou l’acte a été annulé, en concurrence avec
naires : 1964, Le Robert). 0 Son emploi intransitif au rescindant.
sens de xprononcer un réquisitoire)) en droit pénal
(18423 est quasiment abandonné. +Du verbe dé- RESCOUSSE n. f., réfection (X!II”~.) de res- @>
rivent RÉQUISITIONNABLE adj. (1922, P.Hampl cosse (v. 11301, rescusse Iv. 11601, serait le participe
et RÉQUISITIONNÉ, ÉE adj . 11935). passé féminin substantivé de l’ancien verbe res-
0 voir FLJZQUI~IT~~RE. carre, rescourre (v. 1170) <<reprendre, délivrexh. Ce
verbe est composé de re-* et de l’ancien français es-
RÉQUISITOIRE n. m. est un dérivé savant carre h. 11201, <secouer, agiterm, qui remonte au la-
(13791 du latin requisitum, supin de requirere (+ re- tin excutere afaire sortir ou tomber en secouant, ar-
quérir), sur le modèle de nombreux adjectif% juri- raicher”, de ex-, préke marquant le mouvement de
diques en -0ire. 1’intéReur vers l’extérieur (3 e-1, et de quatere <se-
4 L’emploi adjectif qualiknt ce qui exprime une re- couer, agiter» (4 casser). Pierre Guiraud analyse le
quête (lettres réquisitoires; 1403, commission réqui- doublet archaïque recousse (en usage du XVI~ au
sitoire) a été abandonné au profit de son dérivé (ci- xrxe s.1comme le représentant du latin recursus are-
dessous). +Le mot, substantivé au sens juridique tour en courantes (+ recours) avec assimilation du r
large de arequête, demandw (15i’ï’), avec lequel il a de sr donnant SS(fait bien attesté en knçais, + re-
été synonyme de requête, s’est spécialisé en rela- vêche). Toujours selon Guiraud, le type rescousse,
tion avec requérir*, pour le développement du pro- comme le provençal rescossa, l’italien riscossu, cor-
cureur de la République énumérant les charges respond bien au verbe rescowe +ecourir, délivrer}
qui pèsent sur l’accusé et demandant contre lui mais ce verbe n’aurait rien à voir avec le latin e3c-
l’application de la loi ( 1637). Malgré le décalage cutere : il remonterait au latin excurrere <faire une
chronologique des attestations, ce sens explique sortien (4 excursion). Le fknçais aurait donc deux
l’emploi du mot pour tout discours ou écrit rassem- formes voisines : l’une apparentée à recurrere «cou-
blant des reproches véhéments 11594. rir en arrièren et l’autre à relelxcurrere -revenir en
ä RÉQUISITORIAL,ALE,AUX adj. (1743) a suivi arrière en faisant une sortie,.
l’évolution du nom : il a perdu le sens de «qui ex- + Le mot s’est employé pour l’action de reprendre
prime une requête)> pour ceux de “qui concerne la une personne ou une chose enlevée par force puis,
réquisitionn ! 1793) et -qui se fait par réquisitoire» en droit maritime, la reprise, par un navire de sa
(18231, manifestant ainsi le chevauchement séman- nation, d’un bâtiment de commerce saisi par l’en-
tique entre réquisitoire et réquisition. Dans son em- nemi (1702). -De nos jours, il n’est plus utilisé que
ploi étendu pour =Critique motivée et condamna- dans la locution à la rescousse (fin XIVes., puis 18281,
tion explicite-, réquisitoire constitue un élément de d’abord employée comme cri poussé par un cheva-
composition lhre-réquisitoire, film-réquisitoirel. lier appelant à l’aide et, de nos jours, pour porter
aide et renfort (18701.
RESCAPÉ + ÉCHAPPER ~ÉCHAPPER~
RESCRIT n. r-n. est emprunté EV.1265) au bas la-
RESCINDER v. tr. est emprunté (1406) au latin tin juridique rescriptum désignant la réponse par
rescindere cdéchirer, rompre”, au figuré <<annuler, écrit de l’empereur aux questions qui lui étaient
abolirfi, de re- (-, re-1 à valeur intensive et scindere posées par les magistrats et les gouverneurs de
<déchirer, fendrem (3 scinder). Le moyen francais a province au sujet de dîffrcultés. Rescriptum est le
aussi utilisé le type rescindre El4813 jusqu’au XV~~s. participe passé passif neutre substantivé de rescti-
RÉSEAU 3200 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

bere &rire en retourn, kpondren et &rire de portion malade d’un organe en rétablissant la
nouveaun, de re- (-+ re-3 indiquant le mouvement en continuité de sa fonctionm (18751, dans résection
retour et scribere (+ écrire). cuticdaire ( 18751, résection upicule, endoscopique
+ Le mot, repris comme terme d’histoire ecclésias- (me s.l. 4 RÉSECTEUR n. m. est tiré de resectin
tique, désigne d’abord une réponse à; un impétrant, ( 1964 dans les dictionnaires généraux) comme nom
une expédition pour les bénéfices, sens disparu, d’un instrument chirurgical utilisé pour le traite-
puis les lettres d’ordre données par certains souve- ment de certaines a$ections de la prostate et du col
rains sur une flaire particulière Iv. 1300). 0 De- de la vessie.
venu un terme de droit romain par retour au sens
RÉSERVER v. tr. est emprunté (XII~s.) au latin
latin (16901, il s’applique également à une lettre du
reservare, de re- (3 re-1 à valeur intensive et semtare
pape portant décision de quelques points de droit
qui a des acceptions variées, développées par les
(1690).
composés qui ont donné observer, co?werver et prk-
server !-+ serf). Reservare Sign%e amettre de côté,
RÉSEAU + RETS
sauvers et, dès le haut moyen âge, s’emploie en
droit au sens de amettre à part dans un contrat (un
RÉSECTION +RESÉQUER
droit que l’on ne veut pas exercer aussitôt mais que
RÉSÉDA n. m. est emprunté par l’intermé- l’on pourra invoquer plus tard))).
diaire des traductions de Pline ( 1562) au latin re- 4 Le verbe a été emprunté à la fois dans sa spéciali-
se& de même sens, emploi substantivé de la sation juridique et au sens courant d’aaccorder,
deuxième personne du singulier de l’impératif assigner lune chose concrète, abstraite1 à qqn>’
présent de resedure <calmer un malB, aguérirn, de (v. 1190). De là, un développement sémantique
re- à valeur intensive (+ re-1 et sedare ccalrner, dans deux directions principales, selon que
apaiser)) (+ sédatif). Le développement s’explique l’accent porte sur le sujet ou l’objet de l’ackion.
par les valeurs sédatives attribuées à la plante que 0 Avec une idée d’anticipation chronologique, ré-
l’on appliquait sur les plaies ou les tumeurs (Pline), server sime Il5341 cgarder (une chose) pour une
l’impératif supposant une formule invocatotie du autre occasionm, se réserver exprimant l’idée de cse
type reseda morbos reseda calme les maladies, proposer d’agir de telle manière au moment op-
calmez. portun>>; le verbe est alors construit avec à et l’in&
+ Attesté une première fois en 1562 et repris au nitif Iv. 1534, puis de et 1’irGnitifIv. 16801, ou suivi de
XVII~s. ( 16591, le mot désigne une plante herbacée à pour et substantif (au pronominal se réserver pour
fleurs blanches ou jaune clair en grappes, et ces qqch.), et signifiant aussi <s’abstenir dans l’immé-
fleurs. 0 Il est quelquefois employé comme adjectif diat, avec l’intention de se consacrer à qqch. plus
de couleur pour une nuance vert-jaunâtre ( 1864, tard 11559)».Cet emploi est lié à celui de réservé (ci-
couleur jaune de réséda; 1874 n. m.; 1878 adj.). dessous) qui a produit une acception de réserve are-
tenuen. +Dans un usage plus littéraire, résenter
b Le dérivé RÉSÉDACÉES n. f. pl. (v. 18151, terme
(qqn1 correspond à ((destiner (qqn) à une fonction,
de classikation botanique, désigne la famille de
un avenirm (v. 1587). Avec un complément dési-
plantes dont le réséda est le type.
gnant une chose, il exprime les nuances voisines de
amettre en réserve en vue d’une utilisation ulté-
RÉSÉQUER v. tr. est emprunté (v. 1350) au la-
rieure- et «remettre à plus tard (ce que l’on ne veut
tin resecare aenlever en coupant, retrancherfi, de
pas accomplir pour l’instantl~, d’abord réserver a et
re- (-+ re-3 à valeur intensive, et secare <couper, dé-
réserver pour t16651. Le verbe a aussi la valeur de
coupep (+ scier). Le moyen tiançais a eu une
«mettre de côté Iqqch.) à la demande de qqn, pour
forme populaire resser <<scier> ( 13723, encore vi-
qu’il en dispose au moment convenw (18931 et, au
vante dans certains dialectes du Centre.
xxe s. : {{retenir (qqch.lB, avec ou sans complément
4 Le verbe s’est employé, avec un complément dé- (v. 1950); cette acception, devenue fréquente dans
signant une chose, au sells de Kôter, enlever, biffern l’organisation des transports, des spectacles, du
(par exemple un passage dans un document) et tourisme, correspond à l’emprunt de 0 r&ewation
avec un complément désignant une personne, au Ici-dessous). +Se réserver a pris en outre le sens
sens de <<retrancher (qqn) d’une société% (1398). Il si- spécial de cmanger modérément dans l’intention
@ait aussi Ncouper (l’herbe)% (14503. Tous ces em- de garder de l’appétit pour d’autres mets* 11888).
plois ont disparu. -L’usage moderne en a fait un Le pronominal s’emploie absolument en parlant
terme de médecine, employé au sens général de d’un sportif qui garde ses forces pour un autre mo-
«couper, extirpern (14781, puis restreint à la valeur ment de la compétition ou une autre épreuve (at-
de cretrancher l’extrémité d’un organe malade)} testé 1964).
(1827). La seconde orientation du verbe, dominante depuis
b RÉSÉCABLE adj. (1878) qutie ce qui peut être la fin du moyen âge, met en jeu l’idée d’une disposi-
réséqué. tion quantitative. Si le sens de Mmettre à l’abri d’au-
Le latin resecare, par le dérivé tardif resectio &ille trui, préserverti Iv. 1360) est sorti d’usage, se réser-
de la vignen, a servi à former RÉSECTION n. f. ver de gqch. reste usuel pour *garder (qqch.1
115493,Naction de couper)>, spécialisé en chirurgie exclusivement pour soi, et réserver gqch. 9... signi-
(17991 et désignant d’abord le fait de retrancher fiant *vouer, consacrer (qqch.1 à un usage, une fonc-
une des extrémités d’un os malade, avant de tionn (xx” s.l. Avec un sujet désignant une chose, le
prendre la valeur actuelle, -action de retrancher la verbe exprime l’idée d’être propre à qqn, de lui re-
DE LA LANGUE FRANCAISE RÉSERVER
venir, notamment au passif dans la tournure im- sexe désigne les hommes gardés disponibles pour
personnelle il est réservé à qqn de Iv. 1742) et, avec être envoyés au combat en renfort ( 1667, corps de
une nuance rétrospective, il était réservé à, il lui réserve) puis Penda;nt la Révolution ( 179 11, l’en-
était réservé de... de sort, le destin devait lui accor- semble des citoyens soumis aux obligations mili-
der de..., 11778). +Au me s., toujours avec un sujet taires légales et qui ne sont plus en service mili-
désignant un inanimé, réserver s’emploie pour taire actif mais en disponibilité ; d’où les locutions
#faire qu’une personne soit employée exclusive- cadre de réserve (1870), réserve active, unité de ré-
ment par une autre>> (déb. XX~ S.I. 0 Avec un sujet serve (me s.l. De ce sens vient le dérivé réserviste
désignant une personne, il est employé spéciale- Ici-dessous). 0 En parlant d’un être vivant, le mot
ment en peinture, en imprimerie, en gravure en exprime les ressources dont il dispose au point de
relation avec réserve Ici-dessous), au sens de &is- vue physique, moral, intellectuel (1893) ; en physio-
ser en blanc dans un tableau, un ouvrage imprimé, logie, le pluriel réserves recouvre les substances ac-
soustraire une partie d’une gravure à l’action de cumulées dans certaines parties ‘des organismes
l’acide> (attesté milieu XX~ s.1, d’animaux et végétaux pour être utilisées à un cer-
tain moment de leur développement (19041. + En
w Le déverbal RESERVE n. f. apparaît (1342) avec
termes liturgiques, il s’est dit, seul Wï’O41,puis dans
son sens juridique Mfait de garder à l’avenir un droit
l’expression sainte réserve (19351, des hosties
dans LUI contrat-. Par métonymie, il désigne la por-
conservées en vue de la communion et de l’exposi-
tion de succession dont le testateur ne peut libre- tion du saint sacrement. +En droit, le mot désigne
ment disposer (1628). Le pluriel réserves s’est em- la fraction des bénéfices non distribuée conservée
ployé en droit canon pour les rescrits par lesquels
& la disposition d’une entreprise (19361,seul et dans
les papes se réservent la nomination et la collation réserve légale, de garantie, occulte, apparente, ré-
des bénéfices vacants (15491, sens concurrencé ul- serves monétaires Il964 dans les dictionnaires gé-
térieurement par 0 réservation et réservat. Le sin- néraux). + Toujours avec un sens concret mais avec
gulier réserve désigne l’application que l’on fait des une autre destination correspondant aux idées de
cas réservés, fautes que le pape seul peut absoudre CprotectionB et de *conservationb, réserve appartit
(v. 17041. *Le mot était passé au début du xvue s. d’abord dans l’Encyclopédie pour désigner la partie
dans l’usage courant pour désigner Isurtout au plu- du bois que l’on ne coupe pas pour la laisser croître
riel) la restriction, la limitation que l’on apporte à en haute futaie ( 1765). + L’emploi de réserves (xx” s.)
l’approbation de qqch. 116281, plus tard dans la lo- pour désigner en géographie économique les
cution faire des réserves (1870) qui a originellement quantités de matière minérale non exploitées re-
le sens de <garder un dissentiment pour l’exprimer lève de sémantisme. +De la même idée, avec un
plus tardn, et qui équivaut surtout aujourd’hui à autre développement, participent les expressions
aexprimer un dissentimentb. Ce sens était déjà réa- réserve de chasse (1798, réserve), de pêche (18451, et
lisé dans des locutions adverbiales dont la plus an- réserve (1935) ou réserve naturelle (1964 dans les
cienne est sans réserve (v. 14601 6ans restriction dictionnaires). L’emploi du mot pour désigner un
pour l’avenirp d’où nabsolumentn (av. 1714, Féne- territoire réservé à des populations indigènes est
lon).Alaréservede(1660)etalaresewe~e(1676), un américanisme ( 1868) adapté de l’anglo-améri-
respectivement & l’exception de» et <excepté ques, caîn resewativt (18301, spécialisation du sens de
sont de nos jours archaïques. SOUS toutelsl résewe l’anglais reservation Il3201 aaction de réservep (la
Id, au singulier (1843, Nerval) et au pluriel 118781, si- forme résemtation*, également reprise en français
me ~sans pouvoir répondre de ce que l’on au XIX~ s., a disparu). + En relation avec le verbe, ré-
avancem et devient une formule juridique placée à serve s’emploie techniquement à propos de la sur-
la ti d’un acte de procédure pour garantir ce qui face qui, dans une peinture, une aquarelle, ne re-
n’est pas Stipulé de manière expresse (1838). Sous çoit pas de teintes et qui, dans une gravure est
réserve de ( 1804) locution juridique signi&nt Ken se protégée de la morsure de l’acide (1804); par ex-
réservant le droit, le recoww, passe au me s. dans tension, il s’applique à la partie laissée en blanc
l’usage général au sens de «en se réservant la pos- dans un fond imprimé (18753, à la surface enduite
sibilité de». SOUS réserve gue, d’un usage plus litté- d’un isolant qui la soustrait à l’action effectuée sur
raire, 6quivaut à & condition que>>. les parties voisines (1875) et, par métonymie, à la
Réserve recouvre aussi, par métonymie, le sens substance employée à cet effet (1828). +Dans un
conmet de ace qui est réservén en correspondance autre sens lié à celui dkction de garder», la réserve
avec les divers sens du verbe : l’idée d’une chose se dit de la partie des collections non exposées, non
gardée pour un usage ultérieur vient de locutions communiquées sans contrôle dans les musées, les
où le mot conserve la valeur initiale, Mfait de réser- bibliothèques (19351. +Beaucoup plus ancien, le
vem, comme en réserve Cv. 1460) «de côté», de ré- sens psychologique de discrétion, retenuen C1664,
serve (1690) déterminant un nom d’objet avec l’idée W” de Sévigné3 ne vient pas du verbe, mais de son
de ce qui reste disponible (d’où par exemple, en participe passé réservé Ici-dessous). Il est notaun-
chemins de fers, matériel de kerve). La métony- ment réalisé dans la locution être ( 17511,demeurer,
mie une, des réserve&1 Il5801 correspond à «chose se tenir sur la réserve (1762, Rousseaul. Une spécia-
(SI réservée(s)». Par une autre métonymie, u72e ré- lisation dm l’usage diplomatique et politique est
serve s’applique au local dans lequel on entrepose réalisée dans la locution Obl@ation de réserve
ce qui n’est pas destiné à une utilisation immé- (v. 19701. w Le sens militaire de réserve a produit le
diate. +Un certain nombre d’emplois spéciaux dérivé RÉSERVISTE n. m. Cl8701 <homme qui ap-
sont devenus usuels : en termes militaires, la ré- partient à la réservem.
RÉSIDENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RÉSERVÉ, ÉE, le participe passé de kserver, a l’Office du vocabulaire franFais ( 19631. F1correspon-
d’abord été employé dans l’ancienne locution ré- dait à un emploi virtuel de réserver et de réservé (ci-
servé que aous la réserve que)> (v. 12901 et, en fonc- dessus), spécialisé par rapport à un sens attesté
tion de préposition, au sens d’*excepté,) (1409). dès la fin du XIX” s. et évitait l’empioi de réserve, dé-
- Probablement d’après le pronominal se rkwver, verbal très polysémique; d’ou son succès. 0 D’ail-
il a été adjectivé avec la valeur psychologique de leurs SURRÉSERVATION n. f. (1973) sert à rem-
-retenu, modeste», s’appliquant à une personne placer l’anglicisme surbooking.
(15591 et, par métonymie, à son comportement RÉSERVATAIRE adj. et n, m. est un dérivé savant
Cv. 1695). 4on emploi dans l’expression être rk- ( 1846) de resewutum pour qualiCer et désigner
servé ù, suivi de l’infmitif, pour Ndestîné àn (v. 17821 (18751, en droit, le bénéficiaire d’une réserve légale.
est archaïque. Da;ns le prolongement des locutions
médiévales, résemté qualiCe en droit ce qui fait l’ob- RÉSIDENT, ENTE n. et adj., d’abord écrit
jet d’une réserve (av. 16131, spéciaJement dans sans accent, resident (12601, est emprunté au latin
Biehl réservés 11804) et, en droit canon dans cas ré- residens, -entis, participe présent du latin restiere
servé (1870). * L’adjectif qutie couramment ce qui <rester assis, demeurer, séjourner”, au figuré «sub-
est destiné à qqn en particulier (165 11, spéciale- sistern verbe formé de re- (+ re-1 à valeur intensive
ment dans quatier réservé (déb. XX~ s.), emploi ré- et sedere &tre assis, se tenir, demeurern C+ seoir).
servé 119231, chasse réservée. D’après un emploi du L’ancien fiançais a eu la forme populaire reseant
verbe, réservé sime spécialement aqui a été re- Iv. 11601 Ncelui qui habite quelque part» usité dans
tenu à l’intention de qqn>’ (1894, Zola), sens déve- la langue juridique jusqu’au XVIII~ s., et, en termes
loppé au XX~ s. (place réservée, table résemée, etc.). de féodalité, wassal ne pouvant chmger de lieu
+Le dérivé RÉSERVOIR nm. 115101 a le sens d’habitation sans l’autorisation de son seignew
concret de 4ieu où l’on met en réserve>>, notam- Cv. 1160) ; de là le verbe resseoir 4tre situé, pour un
ment abassin aménagé ou construit où des ma- endroit>> (13101, MséjournerB puis cwrêter» (xv” s.) et
tières (principalement des fluides) peuvent être se calmerm (xv” S.I.
mises en réserve». En pisciculture, il désigne dès le 4 Résident, d’abord synonyme d’Mhabitanta, ne prit
milieu du XVI% un bassin rempli d’eau pour le sens de <(personne établie à demeure dans un
conserver des poissons ou des crustacés vivants pays étrangers qu’à l’extrême fm du me siècle.
115491 et, plus récemment, une caisse à claire-voie Dans l’intervaJle, il était devenu un terme d’admi-
que l’on immerge pour conserver le poisson vivant nistration désignant un agent diplomatique de
(18751.0 En technique, le mot a donné lieu au XX~ s. grade inférieur à celui d’ambassadeur ( 150 1) et
à de nombreux syntagmes : réservoir d’air Cl9321, ré- plus généralement un envoyé représentant. 0 Ré-
servoir de stockuge, et en composition barrage-ré- sident géGr& dans les pays de protectorat dési-
servoir, wagon-réservoir C19643. + Les sens de acavité gnait un haut fonctionnaire que l’État protecteur
d’un corps où s’accumule un liquide organique» plaçait auprès du souverain de l’État protégé et
(1684) et de <lieu constituant une réserve naturelles dont les pouvoirs étaient dékis par le traité de
(1742) ont disparu L’emploi figuré pour «lieu où se protectorat (1893).
trouvent amassées certaines réserves), (1701, un ré- b RÉSIDENCE n. f. est emprunté (12711 au latin
servoir d’hommes) relève d’un usage soutenu. médiéval residentia, «séjour, logis~ Cv. 8701, (<domi-
RÉSERVAT n. m. est une formation savante sur le cilen (XII~ s.), «fait d’être domicilié}} (v. 12001 dérivé de
latin reservutum (1904) pour fournir un terme spéci- residere (cf. résider, ci-dessous) +Le mot a d’abord
fique, en droit canon, à ce que l’on appelait résewe le sens administratif de «séjour actuel et obligé
et 0 résewatin*. (d’un fonctionnaire, d’un évêque) dans un liew,
0 RÉSERVATION n. f., terme juridique, repré- d’où l’expression ù résidence, reprise en droit pé-
sente Iv. 13301 le dérivé latin médiéval reservati, nal dans assigner, assignation à résidence. oLe
-onk désignant l’action de se réserver un droit et, sens courant, ((fait de séjourner effectivement dans
par metonymie, ce droit. 0 Le mot, d’abord attesté un lieu déterminé», s’est répandu dès l’ancien tian-
dans la locution médiévale résewution faire «faire çais avec l’extension métonymique de alieu 0-U l’on
des économies», qui correspond à un sens de réser- demeure)) (ces deux valeurs étant attestées en
ver, a &é repris en droit pour désigner l’action de 1283). L’emploi du mot pour le fait de garder la
se réserver un droit dans un contrat (xv” S.I. Il s’est chambre, d’être sédentaire (1689, W” de Sévigné1
spécialisé en droit canon pour désigner le droit en ne s’est pas implanté. * Les spécialisations posté-
vertu duquel le pape se réservait la nomination à rieures développent la valeur de &eu=, désignant
certains offices et la collation de bénebces devenus celui où réside un personnage revêtu de fonctions
vacants (1690). officielles, notamment un chef d’État (16901, s’appli-
Le terne usuel @ RlhERVATION n, f. est un angli- quant au lieu où était établi, dans les pays de pro-
cisme C1930-l 9351 repris de l’anglais resemtatin tectorat, le résident. ll a reçu la détition juridique
(XIVe s.) qui vient, soit de l’ancien français, soit du la- de Klieu où une personne habite ou exerce une a&-
tin médiéval juridique. ~D’abord employé pour vité professionnelle* (18041, ce qui le distingue de la
l’action de se réserver un droit, le mot anglais s’est notion de domicile, tandis que l’usage courant en a
spécialisé aux Etats-Unis pour aaction de retenir fait une désignation du domicile entourée de
une place» ( 1906). +Il est passé en français par l’in- connotations mélioratives (18401. De ce dernier
termédiaire des compagnies de navigation mari- sens procèdent l’expression résidence seco&&e
times ou aériennes, et malgré une longue polé- (milieu ti s.), souvent équivalent prétentieux de
mique, s’est implanté avant d’être accepté par maison. de caPnpu@e, l’emploi du mot pour dési-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉSIGNER
gner un groupe d’habitations assez luxueux pour quaMer ce qui est le résidu d’une roche ou
Cv. 1955) et le syntagme résidence-hôtel Cv. 1970) &III- d’un terrain préexistants, dont une partie de la ma-
meuble disposant de services hôteliers tels que bar, tière a été enlevée. Il est employé au figuré en qua-
restauration, boutiques>. liant la fraction d’une chose qui persiste malgré
Résidence a produit NON-RÉSIDENCE n. f. (1652) les efforts faits pour l’éliminer, notamment dans
qui lui sert d’antonyme dans le langage admînîstra- chômage résiduel ( 19741. + RÉSXDUAIRE adj. (18771
tif, et, d’après sa valeur récente RÉSIDEN- constitue un doublet du précédent, s’appliquant
TIEL, ELLE adj. (18951, employé pour ce qui est re- spéciallement à ce qui forrne le résidu ultime dans
latif à la résidence, puis présente un haut niveau de la distillation d’une huile (1964).
confort, voire de luxe, et pour qualifier un lieu ré-
servé à l’habitation ( 19491, par exemple dans quar- RÉSIGNER v. tr. et pron. est emprunté
tiers résidentiels, également avec un nom abstrait Cv.1225) au latin resig?zare <<rompre le sceau, ouvrir
( 1966) comme dans de caractère ktintiel. (une lettre, un testament)» d’où &ter toute garan-
RÉSIDER vktr., empr'Ud CV.13801 au latin reSi- tie, annuler», <<dégager dem et «faire le report d’un
dere (voir ci-dessus) si@e aavoir sa résidence compte à l’autren, emploi synonyme de rescribere
dans un lieu, y séjourner habituellementn et, dès le (-+ rescrit), d’où <rendre ce que l’on a reçu». Le mot
XIV~s., s’emploie au figuré pour <(avoir son siège, se est formé de re- (+ re-1 indiquant le mouvement en
trouver dansm, puis aussi aavoir son fondement arrière et de signare ((marquer d’un signe, d’un
dans» (1541). Avec un sujet nom de personne, il est sceau, d’où +ignaler)) et ascellern, verbe dérivé de
employé elliptiquement avec le sens administratif signum (+ signe). L’ancien français a eu aussi la
et juridique d’«observer l’obligation de résidencem forme resiner a tirenoncer à>>Cv.1260-1320).
(15491. +Par figure, le verbe, avec un sujet nom de 4 L’usage transitif du verbe est premier au sens
chose, s’emploie pour aconsister en qqch., être d’eabandonner volontairement (un droit, un office,
constitué par qqch.B (av. 1662, Pascal). Dans l’usage une charge) en faveur de qqn», repris au latin mé-
classique, il a eu aussi l’acception de tireposer sur» diéval (1112). Q De ce sens, aujourd’hui littéraire,
( 1690, MT’” de Sévigné, rés;ider sur la tête de qqn). procède l’emploi pour Nabandonner (qqch.) à qqn»
0 voir RÉSIDU. 11261) abandonné après le XVII~s., et pour %e priver
volontairement de (un avantage), sacrifiern 117711,
RE SIDU n. m. est emprunté ( 1330) au latin resi- également littérajre. +Au XVI~s., les protestants
duum Kreste, restantti, neutre substantivé de l’ad- parlent de résigner l’ûme à Dieu ( 1541, Calvin) 4a
jectif residuus “qui reste en art-ièren et «de resten, soumettre, la remettre à Dieun et, au pronominal,
“qui subsiste>>,psychologiquement Gnactif, ois%, de se résigner à Dieu (id.1 ase soumettre à Dieu>>.
restire «rester, séjounzern (+ résident, résider). +Se résigner est passé dans l’usage commun avec
+ Le mot apparaît à la fois dans la terminologie juri- une acception laïcisée : <<accepter, subir ce que l’on
dique pour <<reliquat d’un compte> (sens devenu ar- ne peut empêcher, ( 1690) ; son emploi absolu 11673)
chaïque après 1650, et déclaré vieilli en 1694) et est resté plus proche de l’ancienne signZcation re-
dans la terminologie médicale où un emploi isolé ligieuse, et se rencontre chez certains auteurs avec
correspond à Nmatière qui se dépose>, en l’oc- une valeur figurée (1857, Baudelaire>.
currence le pus Cxrv”s-3. -Le mot est passé dans b RIbIGNANT n. m. substantivation du participe
l’usage courant pour désigner ce qui reste des présent de résigner désignant celui qui résigne un
biens de qqn et, plus généralement, ce qui reste office, un bénéfice (14671, est sorti d’usage, de
Cv.13601. Ce sens s’est répandu dans le domaine même que RÉSIGNATAIRE n. m. (1539) qui s’ap-
abstrait, le plus souvent marqué de connotations plique symétriquement à celui au profit de qui on
péjoratives (1398) sauf dans des emplois scienti- résignait qqch. ~RÉSIGNABLE adj. (XVI~s.) qualiCe
fiques (ci-dessous), et en emploi didactique ce à quoi l’on peut renoncer volontairement. 4 RÉ-
(av. 1824). 0 Le mot est employé de manière neutre SIGNATEUR n. m. a été formé savamment, lui
en mathématiques pour <<reste (d’une division ou aussi en droit et administration, pour #celui qui ré-
de l’extraction d’une racine)* ( 16901, en chimie pour signe un contrat, une rentem ( 16361. +Se résigner,
nmatière utilisable qui subsiste après une opéra- avec son sens usuel, a produit RÉSIGNÉ, ÉE ad-
tion}) W’401, en géologie, en physiologie et en phy- jectivation du participe passé employée dans ré-
sique, résidus de fusion (1964) désignant les déchets signé à ~C#I. (1686, Bossuet), absolument (1690), et,
radioactifs inutilisables qui s’accumulent dans les pour qutier une chose témoignant de résignation
réacteurs nucléaires. L’expression méthode des ré- Il 857, Flaubert).
sidus, en logique (18751, désigne la méthode d’in- RÉSIGNATION n. f., réfection par emprunt @?II
duction indiquée par Stuart Mill et consistant à re- XIII~s.) de resinatiorz (12651, qui correspond à l’an-
trancher d’un fait partiellement expliqué les effets cienne forme résiner est emprunté au latin médié-
dont les causes sont connues, ce qui reste devant val resignatio, -onk <<action de résigner un béné-
être l’effet des antécédents restants; de là en ma- fice», du supin de Tesignare. 0 Le nom a les mêmes
thématiques, théorie des résidus ( 1903). + Dans valeurs que le verbe mais, à la différence de ce der-
l’usage courant, le mot désigne péjorativement le nier, il n’a pas conservé ses emplois d’ancien fran-
reste d’un objet (ou d’objets) concret(s), avec une çaîs : Naction de démissionner>) (12651, «de renoncer
valeur voisine de &brEs ou déchet. à un droit, à un bénéficen (XIII~s.), et arenoncer à
b Le dérivé RÉSIDUEL, ELLE adj. 11870) qutie ce une charge, à un officem ( 16901. c=Par l’intermé-
qui forme un reste, un résidu; terme d’électricité, diaire du langage religieux où il désignait l’action
d’industrie, il a été repris (milieu me s.) en géologie de soumettre à la volonté divine, dans la locution
RÉSILIER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

résignation de soi-même 11651) et absolument Au xx” s., le mot s’applique en chimie à un corps ex-
I16901, il a pris son sens actuel et courant, désignant trait de la résine par distillation et, par analogie, à
l’état d’esprit d’une personne qui accepte son sort, une matière plastique ayant des propriétés com-
ce qu’elle ne peut empêcher 116901, munes avec les résines végétales 119321,résines de
pétiole (1964) désignant les corps semi-solides qui
RÉSILIER v. tr. est la francisation, successive- doivent être éliminés des matières premières à lu-
ment en résider ( 150 11,résilir ( 15831,forme la plus fi- briknt.
dèle, et résilier ( 16791, du latin resiiire <<sauter en ar- ,En moyen fkanqais, résine a produit RÉSINER
rière, rebondir, rejaillir, se retirer= et, à basse v. tr. d’abord écrit ruisinner (13821, aenduire de ré-
époque, dans la langue juridique arenoncer, se dé- sines, sorti d’usage puis repris, avec un
dire». Ce verbe est formé de re- f-t re-1 indiquant le complément désignant un arbre, pour -extraire la
mouvement en arrière, et de salire «sauter, bonti) résine de (un arbre)>> (18201. 4 L’adjectif RÉSINÉ
b sauter). adj. et n. m. (1562) qualifie un vin renfermant une
$ Résilkr est employé en droit pour flmettre fm à faible quantité de résine mais il est resté rare avant
Iun contrat, une convention) d’un commun accord le XIX~ s. 11845) où il a été substantivé en ce sens
ou unilatéralement>). La construckion transitive di- 11848). 0 Au XX~s., cet emploi semble être un réem-
recte a triomphé des constructions préposition- prurit au grec moderne. +RÉSTNAGE n, m.estle
nelles résilier de et se résilier de apparues au XVI~ s. nom d’action de rksiner (1870, Littré). + RÉSINIER
et répertoriées jusqu’au milieu du XVII? siècle. n. m. fut autrefois le nom d’un arbuste, le bursère
b Résilier a produit RÉSILIATION n. f. 11429,puis d’Amérique (1768) avant de servir à désigner le
17401 et RÉSILIEMENT n. m. (1611) qui, passé du professionnel qui pratique des saignées dans les
sens général ancien de aretrait d’une promesseB à pins pour récolter la résine (18271; il est employé
sa spécialisation juridique 117221, ne réussit pas à adjectivement pour qual%er ce qui se rapporte à la
s’imposer. *Ukérieurement, ont été formés RÉSI- résine et aux produits résineux (1923). + Plusieurs
LIABLE adj. (1836) et son antonyme IRRÉSI- dérivés sont apparus au XIY s. : RÉSINIFIER v. tr.
LIABLE adj. atransformer en résine>> est certainement plus a-
Le sens propre du latin survit dans les termes de tien que la première attestation relevée 118361,
physique RÉSILIENT,ENTE adj. (1932) et RÉSI- puisque son dérivé RÉSINIFICATION n. f. est at-
LIENCE n. f. (19061, emprunts, très probablement testé en 1801; RÉSINIFIABLE adj. est enregistré
antérieurs aux attestations connues, aux mots an- par Littré ( 1877). ~RÉSINITE n. f. 118121, terme de
glais resilient (1674) «rejaillissant, rebondissant>, minéralogie, désigne une variété d’opale colorée
spécialement “qui présente une résistance aux par des hydrocarbures. * Plusieurs adjectifs
chocs élevée=, et r&knce crejaillissement, rebon- d’usage didactique ont été formés, comme RÉSINI-
dissementm (16261, spécial@ pour le nombre carac- FÈRE (18123, de -&re, RÉSINOÏDE, de -oti 11875)
térisant la résistance aux chocs d’un matériau et RÉSINIQUE (v.1950). *RÉSINERIE n. f. (milieu
(18241. ti s.1, correspond à aproduction industrielle des
résinesm et ausine productrice de résinen.
RÉSILLE n. f. d’abord rescilEe (1775) puis résille RÉSINEUX, EUSE adj. et n. m., d’abord rezinos
Il 785, Beaumarchais), est l’adaptation d’après ré- (XIV~s.), puis résineux (15381,est emprunté au dérivé
seau* de l’espagnol redecilla &letB (XVII~s.1,spécia- latin resinosus +Le mot qualSe un arbre qui pro-
lement &let pour les cheveux> ~VIII~ s.l. Ce mot est duit de la résine, sens avec lequel le pluriel rési-
le diminutif de l’espagnol red &letB qui représente neux a été substantivé (19231 et, par extension, ce
le latin rete de même sens (+ rets). qui rappelle la résine, lui est propre (15381. 0 On a
appelé électricité r&zeuse (1811) l’électricité né-
+Le mot, employé comme hispanisme de genre
gative mise en évidence en fkottant un corps avec
masculin et féminin par Beaumarchais, désigne un
de la résine parce que l’on croyait que l’électricité
filet dont les femmes enveloppent leurs cheveux,
était en défaut dans les corps résineux ; l’adjectif
d’abord dans un contexte espagnol, puis un met à
s’opposait à vitreux.
mties serrées servant à divers usages (en apposi-
0 Voir RÉSORCLNE.
tion da;ns bas résille). +Par analogie, il s’emploie
techniquement à propos du réseau des plombs RÉSIPISCENCE n. f. est emprunté (1405) au
d’un vitrail 118801, et au figuré pour un ensemble de bas latin ecclésiastique resipiscentia «repentirs, dé-
lignes évoquant les mailles d’un réseau 11911). rivé du latin classique resipiscem, participe présent
0 voir RÉTICULE. de resipiscere areprendre ses sens)), au propre et au
figuré, d’oti «se remettre», <revenir à soiD et, chez
RÉ SINE n. f, d’abord rysyn’ en judéo-français les auteurs de l’Église chrétienne, «se repentir-. Ce
puis resine dans pois resine (v. 12101 et en emploi in- verbe est formé de re- (+ re-1 indiquant le mouve-
dépendant Cv.12501, écrit ensuite avec accent, ré- ment en arrière, et de supere Navoir du goût, de l’in-
sine 114883, est emprunté au latin resina egommem telligence, du jugement)) (+ savoir).
(depuis Caton). Ce mot est probablement em- + Le sens de Nreprîse de connaissance après un ac-
prunté, comme le grec rhêtinê (grec moderne rhet- cès d’aliénation mentale)) est un latinisme isolé.
sinal à une langue non indoeuropéenne. +Le mot a été repris au siècle suivant dans l’ex-
4 Le mot désigne le produit collant et visqueux qui pression venir en résipiscence (15421, le mot dési-
exsude de certains végétaux, notamment des coni- gnant en théologie le repentir amenant le retour
fères. Résine fossile (1850) désigne l’ambre jaune. au bien. 0 Le seul emploi moderne est amener gqn
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉSISTER

à résipiscence, recevoir à résiphcence Il 875) et, par il s’emploie avec une valeur politique, s’appliquant
pléonasme, revenir à résipiscence. Il est encore au fait de tenir tête à une autorité établie, à une Ii-
usité dans le langage religieux et dans un usage mitation de sa liberté Cl5301 et se dit de l’action de
soutenu, où il sert de synonyme recherché à repen- faire obstacle aux desseins de qqn ( 1530). Il déve-
tir. loppe au XVI~s. (1527) des emplois psychologiques
(<fait de repousser une sollicitation amoureuse»
RÉ SISTER v. tr. ind. est emprunté Cv. 1240) au (15491, ade résister à ses propres faiblesses, et
latin resistere &rrêter, se tenir en faisant face5 eforce morale permettant de supporter sans faiblir
Mfaire obstacle à=, de re- C-, re-1 à valeur intensive et des épreuves, des chagrins%, tous attestés chez
contraire, et sistere &e)poser, (se) placer, tenir Marguerite de Navarre. oLe sens politique a
ferme>> I-, assister, consister, désister, insister, per- donné sous la Révolution l’expression droit de ré-
sister, subsister). sistance ù l’oppression 11791) imluse dans la Décla-
+ Le verbe, qui dans sa première attestation @loch ration des droits de l’homme. Le nom entre dans la
et Wartburg) est peu clair, s’emploie avec un sujet désignation d’un parti politique conservateur de la
désignant un être vivant au sens de *s’opposer par monarchie de Juillet (1840, parti de la Résistmce,
la force là une personne qui fait usage de la force par opposition au parti du mouvement); cette
ou de moyens de contrainte)*, avec ou sans connotation, proche de réaction, a disparu. 0 Pen-
complément ( 13271, spécialement dans le contexte dant la Seconde Guerre mondiale, le mot s’ap-
de la guerre Iv. i35O). Par extension, il si@e «se plique à l’action menée par ceux qui s’opposèrent à
rebeller, refuser de se soumettre à une autoritén l’occupation de leur pays, notamment la France, la
(1370). +Son emploi à propos d’une chose se ré- Belgique, par les troupes allemandes tv. 1942, le
pand au XVI’ s. : résister se dit d’un sentiment qui plus souvent avec une majuscule1 et, par métony-
demeure vivace en dépit de ce qui le menace Il 538) mie, s’emploie pour l’ensemble des personnes cap-
et, matériellement, d’une chose qui fait obstacle à pelées résistants), organisations et mouvements
l’action d’une force en lui opposant une autre force participant à cette action (1949). +Le sens concret
11559) et d’une chose qui ne c&de pas à l’action d’un de rbsistunce, appliqué à la matière inerte ou vi-
agent extérieur mais conserve son intégrité sans se vante, a trouvé un vaste champ d’emploi dans la
détériorer ( 1559) ; ces valeurs concrètes &ant re- terminologie scientifique en physiologie, physique
présentées dès l’ancien français pour résistance ki- et technique : résistance vitale, pratique 118321, ré-
dessous). 0 Résister se dit aussi d’un être vivant qui sistance des matériaux (18751, syntagme désignant
supporte sans dommage les efTets d’une action pé- par métonymie un domaine de la mécanique appli-
nible ou éprouvante 11559). + Dès le moyen *an- quée, très important en technique, résistance cupil-
ça&, il correspond à #refuser, s’opposer à* et déve- laire, globulaire, résistance de forme, de flottement,
loppe ses valeurs psychologiques actuelles, se résistance induite (xx” S.I. En électricité, le mot dé-
disant d’une personne qui s’oppose à ce qui exerce signe le quotient d’une différence de potentiel
une séduction, une attirance mais que l’on estime constante appliquée aux extrémités d’un conduc-
moralement mauvais (v, EO, d’une femme qui re- teur par l’intensité du courant qu’elle produit,
pousse une tentative de séduction (v. 13931, de la lorsque le conducteur n’est pas le siège d’une force
personne qui lutte pour ne pas céder à ses propres électromotrice (1888, Larousse) ; d’où au xxBs. des
entraînements 11672). La locution classique il n’y a syntagmes comme boîte de résistance, résistance
point de cœur qui lui résiste ( 16901annonce la forme apparente, spécifique (19641. Par métonymie, une ré-
moderne OII ne peut lui résister Nil, elle est irrésis- sistance Il81Ol désigne un conducteur capable de
tibleB. + Au XVIII~s., le mot est employé en termes dégager de l’énergie thermique; cette acception
de manège à propos d’un cheval qui se contracte est passée dans l’usage courant. * Au début du
pour ne pas obéir aux indications des aides du ca- me s., les valeurs psychologiques du mot s’ap-
valier (1762). pliquent aussi à la manifestation chez un sujet d’un
b RÉSISTANCE II. f., d’abord écrit resistence désaccord avec lui-même face à un engagement
Cv. 1270) a les mêmes sens que le verbe. La totalité important, sens dont procède une spécialisation en
des valeurs physiques fonctionne déjà en ancien psychanalyse : acomportement du sujet qui, lors de
français : le mot désigne, pour une chose maté- l’investigation analytique, s’oppose à la règle de
rielle, le fait de s’opposer à l’action d’un agent ex- libre association)) ( 19073. + C’est avec ce sens qu’il a
térieur et la capacité de conserver son intégrité produit son unique dérivé RÉSISTANCXEL, ELLE
sous l’effet des causes de destruction (v. 1270). ll adj. (19671, très didactique.
s’applique à la qualité des choses matérielles qui RÉSISTANT, ANTE, le participe présent de résk-
résistent aux actions auxquelles elles sont sou- ter, a été adjectivé (XIV~s.1 en rapport avec résk-
mises et se définit comme la propriété de la ma- tance, avec les sens physiques de “qui résisten, “qui
tière perçue par l’être humain, grâce au toucher et a de la cohésion>, <<qui ofie une résistance au tou-
aux sensations cénesthésiques (v. 1370, Oresme). Il cher>), “qui oppose une force à la force subie, en
sert à caractériser une force, dans la mesure où particulier au mouvement>>. Appliqué à une per-
elle s’oppose à une autre force et à la qualité des sonne, il qualifie surtout celle qui s’oppose à qqch.,
êtres vivants capables de subir sans dommage des refuse d’adhérer, aussi substantivé (13551, s’appli-
atteintes diverses Cv.1370). ~Résistunce désigne quant aussi à l’être qui supporte sans dommage
aussi l’action, pour qqn, de résister à une des conditions rigoureuses Idéb. xwe s.l. +Le mot a
contrainte physique En XIVes.1,spécialement dans pris le sens correspondant à celui de résistance
le contexte de la guerre En xrv” S.I.Depuis le xvre s., pendant l’occupation allemande Iv. 1942). - 11se dit
RÉSOLU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

aussi d’une chose fabriquée, d’une matière qui ré- d’un pmblème 11573). De ce dernier sens, parti-
siste bien aux causes de destruction (v. 17501 et, cipent des emplois didactiques en logique, en ma-
qutie ce qui résiste au temps et aux causes de thématiques ( 17 151, en géométrie ( 1870, résolution
dissolution (1875). En électricité, il qualifie ce qui est d’un triangle). 0 La même idée originelle de upas-
doué d’une résistance électrique Cl949 dans les dic- sage du complexe au simple>> sous-tend l’emploi du
tionnaires). mot en musique, d’après l’italien resoluzione, em-
RÉSISTIBLE adj. est créé sur le modèle des ad- ployé dans le dictionnaire de Brassard en 1703,
jectifs verbaux en -ibZe comme terme de théologie pour la séparation des voix dans un canon ou une
( 1687 Bossuet, grâce résistibk) et employé comme fugue perpétuelle (17211, acception archaïque, puis
terme général (av. 1728). Il n’a pas eu le succès de pour le procédé harmonique consistant à résoudre
son antonyme irrésistible et est sorti d’usage, ce- une dissonance (1842). -D’après le sens psycho-
pendant reformé dans la traduction du titre d’une logique de résoudre et se résoudre, résolution s’ap-
pièce Een allemand) de Bertolt Brecht, La Résistibk plique au fait de se déterminer et, par métonymie,
Ascension d’Arturo Ui. + IRRÉSISTIBLE adj. pré- à la décision prise Cv.1480). II recouvre plus large-
fxé en ir- (+ in-) fl6871, est passé du langage de la ment le caractère d’une personne résolue, la fer-
théologie, da;ns l’usage général au XVIII~s., qualifiant meté (1580). +Du sens métonymique procède en
ce qui force l’adhésion intellectuelle, émotive, ce France l’emploi institutionnel pour ((ordonnance
qui charme (av. 1727) et la personne à qui on ne concernant la police, la politique et le commercea
peut ksister (1787). 0 Antérieurement, le moyen (17231, puis «acte normalement dépourvu de force
français avait eu le couple résktable hve s.l-iflésis- exécutoire)) et qui résulte du vote d’une seule
table (1478). +Irrésistible a pour dérivés IRRÉSIS- Chambre du Parlement agissant sur proposition
TIBLEMENT adv. (17011 et IRRÉSISTIBILITE n. f. d’un des membres (1789, répandu après 18701. Par
(av. 17151, termes de théologie qui, dans la seconde extension, il désigne les dispositions réglementant
moitié du ~VIII~s. ont pris une valeur générale, le les travaux des Chambres prises par le congrès
second demeurant rare. d’un parti.
RÉSISTIVITÉ n. f. (18961, emprunt à l’angltis resis- k RÉSOLUTIF, IVE adj. est dérivé savamment
bity (18851, lui-même dérivé de resistive (16031, de ( 1314) du latin resoiutum, supin de resolvere I-t ré-
to reskt arésister*, désigne la caractéristique élec- soudre). oLe mot a été formé par les médecins
trique d’une substance conductrice. 0 De son radi- pour qualifier, et comme substantif, pour désigner
cal est dérivé, avec l’élément -mètre*, RÉSISTIVI- (1377) un médicament qui diminue l’infknmation
MÈTRE n. m. (attesté 1975) aappareil mesurant la des tissus tout en empêchant la suppuration; il
résistivité d’un conducteur=. s’est imposé aux dépens de résolvant. 4 Le sens de
“qui prend une résolution, est capable de décider=
RÉSOLU +RÉSOUDRE ( 1484) a disparu en dehors d’un emploi didactique
(1521) où il rejoint le sens de <<déci&. Au me s., il
RÉSOLUTION n. f., d’abord resolucion qualifie en médecine ce qui favorise le relâchement
(v. 1278) puis resolutim Cv.14601, est emprunté au
muscdairen 11972 dans les dictionnaires). +RÉSO-
latin resolutio, -anis «action de dénouera, aréfuta- LUTOIRE adj. a été formé savamment en droit
tionm, <<désagrégation, décompositionn et, à basse (1701, clause résolutoirel au sens de aqui entraîne la
époque, arnortn, de resolutum, supin de resolvere résolution d’un contrat}}. Repris en musique et en
(3 résoudre).
médecine, il est quelquefois employé au sens géné-
4Le développement des sens marque l’influence ral de “qui résout (un problème)~~, alors d’usage lit-
de résoudre*, résolution jouant le rôle de substantif téraire.
d’action pour ce verbe. Le mot a désigné d’abord Le dérivé préfixé IRRÉSOLUTION n. f. EI5531, qui
concrètement l’action de se dissoudre, de se désa- correspond à irrésolu, sert d’antonyme à résolution
gréger, avant de céder la place à dissolution”. Il est dans le sens psychologique : &Certitude, manque
passé en médecine en parlant du retour à l’état de fermeté» ; au xvf s., il eut parfois la nuance
normal et sans suppuration d’un tissu enflammé d’Gnconstance> (16361.
(13 143puis de l’abolition ou de la diminution de la RÉSOLUBLE adj. est emprunté (CII xwe s.1 au bas
contractilité musculaire au cours des maladies latin resolubilis <(qui peut être désagrég& au
graves (v. 1560, Paré), sens rare, repris au xrxesiè- propre et au figuré, dérivé du latin classique resol-
cle. -Résolution désigne aussi le fait de décompo- vere b résoudre). oLe mot, repris en chimie au
ser en des éléments simples (v. 14601, emploi rare, sens de <soluble%, a été abandonné au profit de so-
réactivé en optique (xx” s.), avec le sens de “pro- luble. Il a été repris au xv& s. dans quelques em-
priété d’un instrument de permettre la vision dis- plois didactiques : il quaMe, par opposition à inso-
tincte de deux points rapprochés}} (pouvoir de réso- lubie, ce qui peut recevoir une solution E17151,
lution, etc.3 4Dans la langue classique, la valeur s’emploie en droit pour ce qui est sujet à annula-
dominante du mot est devenue aaction de se trans- tion (1804). 0 Le sens concret étymologique a été
former, de passer d’un état dans un autreM (1680). réactivé en sciences, résoluble qualtiant ce qui
Dès le xwe s., r&olutin avait acquis des emplois peut se décomposer en des parties plus simples
abstraits et figurés : en droit cwtion de dissoudre (18251, en relation avec résolution. + n a servi à for-
un contrat en raison de l’inexécution des condi- mer RÉSOLUBILITÉ n. f. EV.18401, didactique.
tions ou des chargesu (15491, et couramment, sac-
tion d’élucider, de trouver la solution d’un pro- RÉSONNER v. intr. est emprunté tv, 1130, re-
blème&, seul (15322 et surtout dans la résohtion soner) au latin resonare <(renvoyer les sons, retentir,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3207 RÉSORBER

faire un écho, faire retentir)) de re- (-, re-1 marquant tique ou 1. Ez.M. Le mot désigne également une par-
le mouvement en retour et sonctre ((rendre un sonp, ticule instable à durée de vie très courte. oLa
<retentir» (-+ sonner). Le verbe, d’abord écrit reso- chimie l’utilise dans l’expression résonance entre
ner, puis resuner (v. 11551 a pris deux ?z ( 1380, reson- fomules qui désigne la relation existant entre plu-
ner) sous l’influence de sonner*, puis un accent au sieurs formules qui peuvent représenter les
début du XVII~ siècle. mêmes molécules. En psychologie, l’expression ré-
4 Le verbe sigr&e =Produire un son ampli% et pro- sonance intime a été introduite par traduction de
longé* au propre et, très vite, en emploi métapho- Rorschach pour désigner, dans le cadre de sa typo-
rique ou figuré (v. 1160). Il correspond également, logie, l’attitude fondamentale du sujet vis-à-vis de
en donnant au préfixe re- sa valeur pleine, à cren- l’objet. -RÉSONNANT, ANTE, le participe pré-
voyer un son, le réfléchir= (v. 11301, également au sent de résonner, est attesté au xwe s. comme ad-
propre et au figuré dans la construction indirecte jectif (15311 et doit être plus ancien comme l’in-
résonner de (En xvIe s. ; une première fois au XIII” s.l. dique son dérivé résonamment Iv. 13801 Mde façon
0 À l’époque classique, il s’est employé transitive- sonore=, lui-même sorti d’usage. 0 fiésonnant qua-
ment au sens de Nfaire entendre ides notes, des tic ce qui accroît la durée, l’intensité d’un son, et,
vers)> (15531, sorti d’usage au XIX~siècle, par extension, ce qui est sonore, retentissant.
b RÉSONNEMENT n. m., d’abord resonement L’usage actuel s’en sert surtout en physique pour
(me s.), avait en ancien français le sens physique de <<susceptible d’entrer en résonance)}. 4 RÉSONA-
=rebondissementB; avec la graphie moderne, il est TE~R, TRICE adj. et n., dérivé savant de résonner
devenu le substantif d’action de résonner (xv” s.1 (18621, a conservé sa graphie latinisante avec un
mais n’a p% réussi à s’implanter, évincé par réso- seul n (celle de résonance) en dépit de la tentative
nance et probablement gêné par la proximité for- faîte pour imposer résonnuteur (1868). 0 Il qualifie
melle de raisonnement. +RÉSONANCE n. f. (13721, ce qui produit un phénomène de résonance et
plutôt qu’un emprunt au latin resonantiu &chon (de s’emploie substantivement en physique, résonateur
resonare), est dérivé de rksonner avec maintien du de Helmholtz ( 1870) désignant un globe creux à
n unique par référence au latin. *Le mot désigne deux ouvertures ayant la propriété de ne trans-
la propriété d’accroître la durée ou l’intensité du mettre à l’oreille, parmi plusieurs sons produits si-
son que possèdent certains objets, certains milieux. multanément, que celui pour lequel l’oreille est ac-
Son tire d’emploi s’est élargie à partir du XVIII~s., cordée. Résonateur s’est étendu (1893) à divers
avec plusieurs acceptions scientifiques : <amplifica- dispositifs où peut se produire un phénomène de
tion des sons produits dans une ou plusieurs par- résonance, par exemple résonateur de Hertz ( 18971.
ties des cavités bucco-nasales par le jeu des or- On rencontre quelquefois le mot avec une valeur fi-
ga;nes phonateurs», wnplikation de l’amplitude gurée en parlant d’une personne dont la sensibilité
d’une oscillation sous l’effet d’impulsions régu- perçoit et amplifie certaines sensations 11921) ou
lières*, en physique (1746, Condillac) ((propriété d’une abstraction.
pour un corps d’entrer en vibration quand il est
soumis à une excitation convenablen (ces trois va-
RÉSORBER v. tr. est un emprunt savant et tar-
dif ( 17611au latin impérial resorbere <<avaler,aspirer
leurs étant définies dans l’Encyclopédie 1765). + En
de nouveau» <refluera (de la mer), de re- (-+ re-1 à
médecine il désigne le bruit distingué lorsqu’on fait
valeur itérative et de sorbere «avaler», «gober (un
résonner le larynx, le cou ou le thorax (1855, Nys-
œufl» «absorber (au propre et au figuré)>>, aenglou-
tenl. +À côté d’emplois terminologiques, le sens
tir-. Ce verbe, également conservé dans le
courant entre dans la locution ksse de résonance
(18751, appelée d’abord résonance ( 18031,et a déve-
composé absorber*, appartient à une racine in-
doeuropéenne peu documentée, que l’on retrouve
loppé un sens figuré : ace qui fait vibrer l’esprit ou
dans le lituanien surbiù ou srébiù aboire à petites
le cœur» (18913. + Cependant, les valeurs scienti-
fiques du mot, à partir de l’acoustique (ci-dessus), gorgéesn, 6ucerm.
se sont développées ou précisées, d’abord en phy- + Le mot a été repris en médecine pour aopkrer ou
sique où, après les travaux de Helmholtz 118621, on laisser s’opérer la reprise progressive par la cir-
parle de résonance vnécanique, UCOW?@M..,, puis culation d’humeurs ou de liquides épanchés)). Au
en électricité WmxIxe s. ; cf. anglais resonance, 18863 XIX~ s., il a pris le sens figuré d’&miner progres-
pour désigner le phénomène par lequel un signal sivement par une action interne» (18561 et, sans
oscillant (courant électrique ou rayonnement élec- idée de mal, xfaire disparaître par assimilation>
tromagnétique) produit un effet sur un courant os- (av. 1865). La forme pronominale se résorber, <(dis-
cilIant de même fréquence et les conditions dans paraître petit à petit* ( 1870, Littré), s’emploie au
lesquelles un circuit produit la réponse la plus im- propre et au figuré.
portante à une oscillation donnée ; puis la condition ä RÉSORBANT, ANTE, adjectivation de son parti-
analogue dans laquelle une particule réagit, par cipe présent ( 1764, Ch. Bonnet), est spécialisé en
emprunt à l’anglais resonance ( 1895). En physique thérapeutique. e RÉSORBABLE tij. (1932, h-
nucléaire, le mot désigne l’état d’excitation du rousse) est rare.
noyau formé dans une réaction nucléaire, corres- RÉSORPTION n. f. est dériv6 savamment (17461 du
pondant à une valeur de l’énergie de la particule latin resorbere sur le modèle d’absorption*. 0 Le
incidente telle que la section efficace de la réaction mot, en physiologie et en médecine, désigne la dis-
passe pour être un maximum ( 1934, Joliet et Joliot- parition partielle ou totale d’un produit patholo-
Curie), aussi dénommée résonance magnétique ; gique absorbé par les tissus voisins. Il s’est répandu
de là en médecine imagerie à résonance mugnk à propos de la disparition progressive d’une chose
RÉSORCINE 3208 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dans ce qui l’entoure (av. 18651, avec des spéciaka- plois comme résoudre 2a perte de gqn (16651; les
tions en médecine. Il a été repris en physique pour constructions résoudre gqn ù Km XI? s.) =le décider
l’absorption par un corps ou un système de parti- à», et résoudre que (1662, Corneille) se sont mieux
cules libérées d’une absorption antérieure (xx” s.1, conservées. Le pronominal se résoudre réalise la
spécialement en physique nucléaire, pour la disk- même idée, (fin xv” s.), surtout dans se résoudre k
sion en arrière de particules chargées ou de neu- (déb. xwe s.1; se résoudre que Idéb. XVII~ s.) a décliné
trons. 0 L1 est passé dans l’usage courant, comme au profit de se résoudre ù ce que.+ Les trois valeurs
substmtîf de résorber, désignant la suppression principales correspondent à une répartition entre
progressive d’un inconvknient, d’un surplus. deux substantik, résolution (la première et la troi-
sième) et solution. ila deuxième).
RÉSORCINE n. f. est très probablement em- k L’ancien participe passé RESOUS (souvent ré-
prunté (18653 à l’allemand Resorcine, mot créé par sout aux XVI~ et xm1~s.1 au féminin RÉSOUTE, ad-
Hlasivetz et Barth qui découvrirent cette matière jectivé Km XII~ s.), couvrait tous les emplois du
colorante dans les produits de la fusion d’une ré- verbe. Il a disparu en dehors des dialectes où il si-
sine, le galbanum avec la potasse. Le mot est gnifre chardi, dispos, en bonne santé, déluré, gail-
composé savamment du latin resina C+ résine) et lard» ; le sens physique d’&vaporé, décomposéb,
du latin moderne orcina «matière colorante tirée peut-être soutenu par dissous dont il est le quasi-
d’une espèce de lichen-, formé sur le radical du ca- synonyme, s’est employé plus longtemps. + Le par-
talan orcella désignant un lichen, qui a donné or- ticipe moderne, RÉSOLU, UE, calqué du latin reso-
seille, nom d’un lichen (orsolle, xv” s.) et qui vient Lutus, adjectivé, d’abord ressolu csolitairen 113403,
peut-être de l’arabe. puis résolu (v. 1370) Mdécomposé ena, a disparu.
,Le mot a pour dérive RÉSORCYLIQUE adj. 0 Seule l’acception postérieure de aferme dans ses
(1890) qutiant un acide dérivé de la résorcine. projetsn (1478-1480) s’est maintenue, en emploi in-
dépendant et dans la construction résolu à 115491
+@RÉSOUDRE v. tr. (XIII~ s.), est l’adaptation, qui a éliminé l’emploi classique résolu de. +Avec
d’après l’ancien verbe soudw “payer>> (~II” s.), du la- ce sens, résolu a produit plusieurs dérivés. RÉSO-
tin resolvere adénouer, délierD, &ssoudre>), aussi LUMENT adv. ( 15441, d’abord resoluement (av. 1450)
apayep, par ailleurs cexpliquep), de re- (-+ re-1 à va- signifie esans contredit possible=, ((sans hésitation% ;
leur intensive et solvere adélier, détacher)), Nacquit- jusqu’au XVII~ s., il avait aussi le sens de & tout prix,
tep, atrouver une solution*, lequel est à l’origine de coûte que coute, 11530). + L’antonyme préhé IR-
soudre (-+ solution, solvable). Résoudre a éliminé RÉSOLU, UE adj. Iv. 1550) qualifie la personne qui
l’emprunt résolver I 1370). ne s’est pas encore décidée à qqch., se trouve dans
+ D’abord attesté à l’infinitif passif estre Tesous avec un état d’indécision; plus rarement, il qual%e une
un sujet désignant une chose et un complément question non encore tranchée (1580). +L’adverbe
d’attribution désignant une personne, le verbe se dérivé, IRRÉSOLUMENT, d’abord écrit irresolue-
confond avec soudre et Sign%e cêtre payé, rem- ment (1580), n’a pas eu le succès de résolument.
boursé,. Ce sens, encore manifeste en 1498 par se RÉSOLVANT, ANTE adj., emprunt (13141 au iatin
résoudre de =S’acquitter de-, a disparu au XVI~ siè- resolvem, -enti, participe présent de resolvere,
cle. +L’emploi actif apparaît Iv. 1300) au sens s’est confondu plus tard avec le participe présent
concret de «décomposer (un corps) dans ses élé- de résoudre. 0 Il a été introduit par les médecins
ments constituants, faire disparaître*, le passif res- pour qutier ce qui détermine la résolution des
tant plus courant (début XVI~ s.l. Par extension, le tumeurs, des engorgements, avant de décliner
verbe signifie afaire passer d’un état dans un autre, sous la concurrence de résolutif? Cet adjectif était
plus simplen (v. 1462). +La forme pronominale aussi substantivé (v. 1549). 0 Le féminin RÉSOL-
SE RÉSOUDRE réalise la valeur passive de ase sé- VANTE a été substantivé en mathématiques (1932)
parer, se diviser>) Iv. 13601, vse dissoudrem (1690) et d’après fome résolvante ( 19041, à propos d’une
par extension &re converti dans un autre &atm nouvelle équation typique permettant de résoudre
( 1559) ; bien avant la forme active, elle prend le sens une équation. -De résolvant est dérivé RÉSOL-
figuré de *consister enB ( 1580, Montaigne). + Avant VANCE n. f. Iv. 19701, mot didactique qui désigne le
la fxn du XVIII~ s., le verbe Sign%e en médecine pouvoir séparateur d’un instrument d’optique
(v. 1560) ufaire disparaître (une tumeur, un abcèsIn d’après résolutipt.
et, à la forme pronominale, disparaître progres- + Voir RÉSOLUBLE, RÉSOLUTIF. Rl%OLUTION.
sivement*. 11 est employé en droit au sens d’dannu-
ler (un contratIn CI6681 et en musique pour <<opérer RESPECT n. m. est emprunté (12871 au latin
la résolution de (une dissonance)s (17521. + Au respectus «regard en arrière~~ qui a pris d’une part
xve s., résotire prend le sens de atrouver la solution le sens de <<recours», arefugem, développé dans rk-
de, élucider)>, soit par réemprunt au latin, soit par pit*, et de l’autre le sens d’&gards, considération».
spécialisation de l’idée de &ansformation en un Respectus est formé de re- (b re-1 et spectus parti-
état plus simplem, d’abord en logique, puis aussi en cipe passé du verbe specere I+ spectacle).
mathématiques (1765, résoudre une équation) et + Le sens de apoint de vue, rapport, prise en consi-
couramment. * Le développement du troisième dération, motif>>, réalisé dans la locution au respect
sens principal de résoudre date du moyen francais de 951 l’égard de, en comparaison dem kvr” s.1, est
où resoldre de (13561, avant résoudre de, correspond sorti d’usage à la fm du XVII~ s.; il continue de vivre
à adécider des. L’emploi du transitif résoudre gqch. dans l’anglais respect emprunté au XIVe s. au fran-
11544, S&e3 a régressé en dehors de quelques em- tais ou au latin. L’acception de aredevance due aux
DE LA LANGUE FRANÇAISE RESPIRER
églisesm 11374) est propre au moyen français. 0 Les RESPECTER v. tr., attesté au xv~’ s. t 1554, antérieur
sens actuels sont issus au xwe s. de l’ancienne va- si respectable Ici-dessus1 en est dérivé1 est em-
leur par un développement propre au -français et à prunté au latin respectare aregarder derrière sois,
l’ancien provençal (dès 14551: respect désigne le 4tre dans l’attente-, et au figuré <prendre en consi-
sentiment qui porte à traiter qqn avec les égards dérationn. Ce verbe est le tiéquentatif de respicere,
dus à son âge, son rang, son mérite (av. 15401, son formé de re- (+ re-1 indiquant le mouvement en ar-
sexe, d’où manquer de respect à une femme (1671, rière et de spicere aregarder} I+ spectacle). IL a
W” de Sévigné). Respect est entré dans les for- donné en ancien et moyen français les formes plus
mules de politesse, telles sauf votre respect (16361, populaires respoitier Iv. 1155) aépargner, sauveru,
saufle resped que je vous dois (16901, avec le res- respiter (v. 11751, répiter <(sauveru, adifférer, ajour-
pect cpe je vous dois (1718) et son pluriel respects a ner)), alignées sur le substantif répit* et qui si@-
reçu le sens métonymique de &moignages, fient parfois «observer un droitm. Le mot correspond
marques de déférence% (15801, conservé dans la for- en anglais à l’emprunt to respite (XIVes.l. + Le verbe
mule de politesse mes respeh. + Par extension et a rejoint le sens moderne du substantif respect, et a
affaiblissement de l’idée de Nvénérationm, le mot dé- été considéré comme son dérivé : le sens de aconsi-
signe l’attitude qui consiste à ne pas porter atteinte dérer comme une chose dont on doit tenir compte>>
à une chose jugée bonne, précieuse (1588, Mon- 11554) est sorti d’usage. Respecter signifie ensuite
taigne). ~L’accent étant mis sur l’autorité, il dé- «avoir de la déférence, des égards pour (qqn)>
signe aussi la soumission forcée par considération 11560), et aobserver scrupuleusement (ce qu’il
de force, de la supériorité Iv. 16751, dans les lo- convient de faire, ce qui est prévuIn 115801, emplois
cutions verbales tenir, garder qqn en respect. Dans dont procèdent les acceptions de «ne pas ab*mep
l’expression respect humain (1651, Corneille), il (16361, ane pas troubler)) (1672). II s’emploie, d’après
réalise l’idée voisine de <réserve, pudeur condui- le sens du nom, dans la locution respecter une
sant à se garder de certains actes par crainte du ju- fearune ( 1833). + La forme pronominale se respecter
gement des hommesm. +Comme en témoigne la (17401 entre dans la locution gui se respecte (18751,
rime respec-bec relevée chez La Fontaine, le c était quali&nt un substantif avec la valeur de aréel, qua-
encore prononcé au XVII~siècle. Wé à juste titreti.
RESPECTABILITÉ n, f. est emprunté (1784, Beau-
bRESPECTABLE adj., S’il est vraiment antérieur marchais) à l’anglais respectability aqualité, condi-
au verbe respecter (il est attesté v. 14601, ne peut en tion d’une personne jugée respectable> (v. 17851,
être dérivé. L’existence de correspondants dans lui-même dérivé de Yadjedif respectable, em-
d’autres langues romanes (italien, espagnol, portu- prunté au fhnçais respectable (ci-dessus) au
gais) postulerait un bas latin “respectabilts, vrai- XVII~siècle. + Le mot, rare avant le milieu du x~? s.
semblable mais non attesté. c=L’adjectif semble 118421, s’est employé au me s. pour évoquer une no-
rare en français jusqu’au X-VJI~ s. où il compte parmi tion anglaise; il a longtemps été senti comme an-
les mots à la mode (Bouhours, en 1692, le dit né à la glo-saxon, souvent avec la graphie anglaise respec-
Cour) et où il est emprunté par l’anglais (d’où res- tabUy (Balzac, 18421, avant d’être acclimaté en
pectubiZity, repris par le français, voir ci-dessous français et considéré comme le dérivé de respec-
respectabilité). ~AU xY s., sans être considéré table.
comme un anglicisme à l’instar de respeciabilil-2, il @ Voir RESPECTIF.
est souvent employé dans un contexte anglo-saxon
et développe la valeur d’aassez important, digne de RESPECTIF, IVE adj. est emprunté (v. 1534
considérationn (déb. XIX~S.I. +RESPECTUEUX, au latin scolastique respectimu *relatif à» (av. 12161,
EUSE adj . derivé de respect 11540) qutie une per- dérivé du latin classique respectus *égard, considé-
sonne qui témoigne du respect aux êtres et aux rationn I-t respect). L’ancien provençal respectiu
choses et, par métonymie, ce qui est signe de res- (v. 13501 incite à croire que le mot tiançais est anté-
pect, de savoir-vivre 115721, quelquefois avec un rieur au xwe siècle.
complément introduit par de et spécialement, en + Les premiers sens, cattentif, prudents (encore en
droit, dans les expressions sommation respec- 16111, et arespectueuxm (15931, sont sortis d’usage.
tueuse (1718) et acte respectueux (18041.0 L’idée de oEn lançais moderne, L’adjectif qualifie ce qui
crainte s’ajoute parfois à celle de «désir de ne pas concerne chaque chose, chaque personne par rap-
porter atteinten, par exemple dans la locution a port à une autre. Attesté au XVII~ su (16801, ce sens
une distance respectueuse (1835). 0 Par allusion au est probablement plus ancien et même antérieur
titre de la pièce de J.-P. Sartre, La PïutainJ respec- aux autres acceptions, si l’on en juge par le dérivé
tueuse, le mot a été substantivé pour désigner une respectivement toi-dessousl.
prostituée 119471,emploi déjà sorti d’usage. 4es- ~RESPECTIVEMENT a& est attesté dès 1415
pectueuxaproduit IRRESPECTUEUX,EUSE adj. avec son sens actuel. ll se construit avec a et signi-
(16111 dontesttiré IRRESPECTUEUSEMENT a&. fie aen ce qui concerne l’un parmi plusieurs élé-
(17101, DJ?RESPECTUEUX,EUSE adj. (1787) syno- ment+.
nyme momentané de irrespectueux, et RESPEC-
TUEUSEMENT adv. (1636). +IRRESPECT n. m., RESPIRER v. est emprunté (v. 11901 au latin
prétié de respect d’après irrespectueux, apparaît respirure, «renvoyer en soufflant, exhaler5 employé
pendant la Révolution I1794, Vocabulaire de itou- absolument au sens physiologique, et creprendre
yeaw privatifs fran@kl, et est devenu usuel dans haleine,, au figuré «se reposer, avoir du répit=. Ce
une langue soutenue. verbe est formé de re- I+ re-1 indiquant le mouve-
RESPLENDIR 3210 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment en retour et de spirure asotier= (+ spirituel). Iv. 14501 sont archtiques; quelques valeurs méta-
Son aire de diffusion est vaste, même si, dans le sud phoriques insistent sur l’idée de sotie, de rythme,
de la France, il n’a pu remplacer partout les re- spécialement en musique <action d’observer cer-
présentants d’un latin populaire Oulenare (3 ha- taines mesures pour respirer en chantantti (18451.
leine) et que, çà et là, il a été refoulé par ceux de 0 Les emplois didactiques et techniques se multi-
pulsare I+ pousser). La prononciation de 1’s est pro- plient à partir du XVIII~ s., le concept initial s’élargis-
bablement due à l’influence de esprit ou peut être sant aux plantes Il7831 et, dans les syntagmes res-
un rétablissement à l’époque moderne d’après le piration adkide (18341, respiration assistée ou
latin. contiôlée (19641, désignant des techniques d’aide.
4 Le mot a été repris au sens ancien de #revenir à la Au xxe s., confondu avec aspiration, il désigne l’ab-
vien, auquel correspondait le sens transitif de sorption de qqch. par les voies respiratoires. *fies-
arendre la force vitale, le souBleD (déb. XI~I’ s.), et qui piration des réservoirs (attesté dans les diction-
témoigne de l’attraction de esprit <soufIle, vie-, la naires en 1964) s’applique en technique à
formule respirer Z’esptit réunissant les deux mots. l’aspiration d’air extérieur ou au rejet de vapeurs
*Il a repris, peut-être sous l’influence de répit, le par un réservoir de stockage pétrolier, lorsque les
sens figuré du mot latin, <avoir un délai, un mo- variations de la température ambiante modtient le
ment de calme, Cdéb. XIII~ s.), et le sens primitif aex- volume et la tension de vapeur du produit stocké.
haler- Iv, 1280). Ce dernier, moins vivant au- RESPIRATOIRE adj. est soit emprunté (1566) au
jourd’hui en emploi propre, a reçu le sens figuré de dérivé bas latin respiratorius Cv” 4, soit dérivé du
*se répandre, rayonner de, témoigner deB Iv. 15851. verbe tiançak. oLe mot, qui quaMe ce qui
* La valeur physiologique, qui existait déjà en latin, concourt à la respiration, est rare avant le xixe s. ; il
<<attirer l’air dans sa poitrine puis l’en rejeteru, ap- qutie alors un appareil permettant à l’homme de
paraît en même temps (v. 1280); ultérieurement, séjourner dans des milieux impropres à la respira-
une certaine confusion se produisit avec aspirer tion ( 1845) et ce qui a rapport à la respiration ( 18331,
uattirer par la respirationm (ti XV~~s.) ; de là respirer d’où quotient respiratoire (19041. Il qualifie aussi
pour ahumers (1671, La Fontaine). Mais l’emploi de (1904) les échanges gazeux qui se produisent au nî-
respirer après, au sens figuré de adésirer ardem- veau de l’alvéole pulmonaire et des tissus par ab-
ment= Iv. 1570) ne réussit pas à concurrencer aspi- sorption d’oxygène.
rer à. +L’emploi absolu au sens de wivreb) ti
xw”s.1 procède de la valeur physiologique mais RESPLENDIR v. intr. est la tiancisation
aussi d’aaspirer l’airn. 0 Plus tard, le mot s’est spé- Cv. 1120) du latin resplendke (e breD, altération de
cialisé en botanique (17681, la notion physiologique resplerxdh-e (e long) <<renvoyer la clarté, reluirev, de
de *respiration» s’élargissant. 0 Les valeurs méta- re- !+ re-1 indiquant le mouvement en retour, et
phoriques, aavoir l’apparence de la vie (pour un ta- splendere «briller, être éclatantn au propre et au fi-
bleau)m (déb. XMe s.l et ase manifester par quelque guré I+ splendeur, splendide). Ce verbe, surtout
apparencen ( 18701, sont littéraires. poétique et noble, est d’origine incertaine; un rap-
b RESPIRABLE adj. (1380) évoque le bas latin respi- prochement avec le lituanien spléndz’iu aje brillem,
rubilis mais peut être dérivé en tiançais. Il a signifié est mal établi et on ignore s’il s’agit d’une forme in-
aqui respire- et -grâce à quoi on respire, (v. 15851 doeuropéenne.
avant de prendre le sens de “que l’on peut respi- +Le verbe signifie wépanclre une lumiére abon-
rer+ 116861, seul en usage aujourd’hui (air, atmo- dante et éclatante, briller d’un viféclatu, également
sphére respirublel. 11a servi à former l’antonyme IR- avec des connotations nobles, superlatives, qui fa-
RESPIRABLE adj. 117791, souvent employé avec la vorisent des emplois plus abstraits.
valeur figurée d%nsoutenableB (XD? s.), et RESPI- F Le dérivé RESPLENDISSEMENT n.m. Iv.11201
RABILITÉ n. f. (1836) d'où IRRESPIRABILITÉ n. f. relève d’un usage littéraire. -RESPLENDIS-
118451 d’après irrespiruble, d’usage didactique. 4 Le SANT, ANTE, adjectivation du participe présent
dérivé RESPIR n. m. 115301 ou respire (me s.1, très de resplendir Iv. 11601, est employé assez couram-
vivant au XVI~ s. comme désignation du sotie, de ment au propre et au figuré.
l’action de respirer, a été évincé par respiratin,
mais survit dans plusieurs parlers du Centre et de RESPONSABLE adj. et n., d’abord respon-
l’ouest (et au Canada). + RESPIRATEUR n. m., dé- suvie (1284) comme nom et respowable Il3043
rivé savant du verbe (18021, désigne un appareil comme adjectif, est un mot savant dérivé du latin
permettant de rester longtemps dans un air stio- respomum f-+ répons), supin de respondere pris au
tant, et (milieu ~9 s.) un appareil destiné à assurer sens de ase porter garant* (+ répondre).
une ventilation pulmonaire artscielIe. 4 Dans son ancien emploi substantif, c’est un terme
RESPIRATION n. f. est emprunté cv. 13701, cornme de féodalité désignant l’homme ayant la charge à
l’ancien provençal respirucio (XIV~ s.) au dérivé bas vie de payer à un seigneur la rente d’un fief ecclé-
latin respiratio, -0nis <respiration, pause pour re- siastique, et l’adjectif a d’abord qualifk en droit une
prendre haleine, exhalaison>. *Le mot est dès personne admissible en justice 11304. +C’est au
l’origine un terme de physiologie s’appliquant à la XIV~s., que cet adjectif quaNe la personne qui doit
fonction commune à tous les êtres vivants, mais rendre compte de ses actes et de ceux des per-
d’abord chez les animaux supérieurs et l’homme, sonnes dont elle a la garde, d’abord dans un cadre
fontiion par laquelle ils absorbent de l’oxygène et juridique, puis aussi en vertu de la morale admise.
rejettent du gaz carbonique et de l’eau. ~Les em- À l’époque classique, on pouvait introduire par la
plois figurés, tel aaction de reprendre couragen préposition C?Xle complément désignant la per-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RESSORT
sonne, I’autotité devant laquelle on est responsable des marins à Salonique au sens de as’esquiver du
( 1669, Molière, Tartufe). 6 Au XVIII~ s., l’adjectif bordn 11915-19161. Esnault le donne en 1910 avec son
s’emploie aussi dans un contexte politique, à pro- sens transitif actuel de Mseprocurer une chose, un
pos d’un gouvernant devant rendre compte de sa avantage sans payep. La spécialisation pour <<se
politique ; cf. ci-dessous responsabilité. Par exten- fader dans une salle de spectacle, entrer sans
sion, suivi d’un complément introduit par de, il cor- payer, sans faire la queue=, est attestée depuis 1927.
respond à *chargé den. 0 Au xxe s., il est substan- wDe resquiller dérive le nom d’action RESQUILLE
tivé à propos d’une personne ayant une fonction de n. f. (1924) ou RESQUILLAGE n. m. ( 19361, le pre-
décision et devant rendre compte de ses actes mier plus courant. *RESQUILLEUR,EUSE
( 1935). + Sous l’influence de l’anglais responsible, n. et adj. est emprunté (1924) au provençal resquil-
l’adjectif a pris la valeur psychologique de &rieux, huire «qui disparaît sans payer)}, de resquilhu ou
réfléchî)~ Iv. 19651, s’appliquant par métonymie à un plutôt, vu les dates d’attestation, dérivé du verbe
acte 11968, I’Observateur). français. *Le mot qutie la personne qui fraude,
,RESPONSABILITÉ n. f. (17831, dérivé de respon- resquille et, par afkiblissement, une personne dé-
sable, d’abord dans des traductions de discours de brouillarde et peu scrupuleuse.
Fox (Coutir de I’Europel, a subi l’influence séman-
tique de l’anglais responsibility 11733, spécialisé en RESSAC n.m. est emprunté (16131, peut-être
droit constitutionnel, mot dérivé de respomible; le par l’intermédiaire du provençal ressuco, à l’espa-
moyen français responsibillteit Ixv” s.3, dérivé de gnol resaca qui vient de la locution saca y resuca
l’ancien français respomibk, était depuis long- amouvement de flux et de reflux de la mern, parce
temps sorti d’usage. *Le mot est apparu en droit que le mouvement de la mer enlève les objets qui
constitutionnel anglais, puis général, pour désigner se trouvent sur le sable, les y rejette et les y enlève
l’obligation pour les ministres de quitter le pouvoir de nouveau. Ce mot est tiré du verbe resacar atirer
lorsque le corps législatif leur retire sa cotiance. en arrière>>, de re- (latin re-, + re-1 indiquant le
* Il est passé dans l’usage courant, connaissant un mouvement en arrière et sacur 4rer)>, de saco
véritable engouement dans la langue des journaux «sacs qui remonte au latin succus I+ sa&
et des discours politiques, avec la valeur de l’ad- 4 Ressac désigne le va-et-vient de la mer, des
jectif français pour -obligation de répondre de ses vagues, le long du littoral, avec une idée de vio-
actesn (1788). Il désigne en droit civil l’obligation de lence résultant d’un choc.
réparer les dommages causés à autrui par soi-
même ou par une personne, un animal, une chose RESSAISIR + SAISIR
que l’on a sous sa garde (18451, et, en droit pénal,
l’obligation de supporter le châtiment prévu par la
RESSASSER +SAS
loi (19041, d’où responsabilité atiénuée 119361. Au RE S SAUT n. m. est emprunté (165 1) à l’italien
XX~s., il a pris par métonymie le sens de =Charge qui risalto, employé en architecture pour désigner une
confère l’initiative de décisions mais oblige celui saillie interrompant le plan vertical d’un bâtiment.
qui en est investi à rendre compte de ses actes>) C’est le dérivé du verbe nkulture afaire saillie>, pro-
(1930). +IRRESPONSABLE adjo (17861, antonyme prement dsauter de nouveaun, de ri-, préfixe à va-
prétié de responsable, a immédiatement les deux leur intensive (latin re-, + re-1 et de saltare *danser,
valeurs, juridique et courante; il est substantivé sautern, correspondant au français sauter* et de
pour désigner une personne qui agit à la légère, même origine latine.
sans se préoccuper des conséquences de ses actes
+Repris en architecture avec le sens du mot ita-
( 19341. + Il a produit d’après respowubilité le nom
lien, ressaut, d’abord dans l’expression escuikr qui
correspondant, IRRESPONSABILITÉ n. f. (17901,
fuit ressaut (16761 “qui ne se développe pas de façon
qui a supplanté la forme non-responsubiiité ( 1784).
continue>), est passé plus tard dans l’usage général
*RESPONSABILISER v.tr., tiré de responsable,
pour désigner une saillie, une dénivellation IlSil),
semble dater des années 1960 (1963, A. Boudard au
et techniquement une rupture de pente (1796).
pron.). Ce verbe et son dérivé RESPONSABKISA-
- Déjà employé dans la première moitié du XVIII~s.
TION n. f. (v. 1970) Sont assez courants malgré leur
par Saint-Simon à propos d’un sursaut dans la
lourdeur.
conversation (1740-17551, il a pris le sens figuré de
RESQUILLER v. est emprunté (1910) au pro- «mouvement brusque, sursautp (18751, parfois
vençal resqutiha, resquilla qui a de nombreuses va- confondu avec un homonyme, le déverbal de res-
riantes dans les dialectes méridionaux : «glisser, sauter (-, sauter), qui a cours dans l’usage popu-
laisser échapper un mot trop libre», afaire un faux laire; cette valeur figurée a vieilli.
pasfi. Ce mot est selon les uns (par exemple Wart- ,Lui-même a produit ORESSAUTER v.intr.
burg) rattaché au germanique Kegil Mquilles par ( 1691) pour cformer un ressautm en architecture.
une évolution obscure, ou, selon les autres, formé
de re- (-+ re-1 à valeur intensive et de esquilha =S’en- RESSEMBLER + SEMBLER
ti, lui-même de quilho <<jambe>>,de même ori-
gine que le français quille*, avec un préfixe du latin
RESSENTIMENT, RESSENTIR + SEN-
TIR
e3c- IfYançais e-1 marquant l’éloignement, et la pri-
vation (des jambes). RESSERRER, RESSERRE -3 SERRER
+Le verbe semble Sign%er d’abord «outrepasser
son droit- ; selon Dauzat, il a eu cours dans l’argot 0 et 0 RESSORT + SORTIR
RESSOURCE 3212 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RESSOURCE n. f., réfection d’après source tin, rare à l’époque classique, où il a le sens de <ré-
(déb. xv” s.) de resorce Iv. 11601, est le féminin de re- veiller, rallumer (la colère), a développé à basse
sors, resows arelevé, rétablis Iv. 11551, encore dans époque d’autres acceptions : areconstruire, role-
les dialectes en parlant d’une pâte bien levée ou de verm, au figuré <ramener à la vie, faire revivren, se
ce qui vient en abondance, substantivé en moyen spécialisant dans la Vulgate avec la double
français aux sens de arenouvellement, jaillisse- construction transitive et intraMtive.
ment, relèvement>>. C’est le participe passé de l’an- + La langue ecclési&ique l’a repris en fiançais, au
cien verbe resurdre (v. 9801, resordre (XII~s.1puis re- sens de arevenir de la mort à la vie>>et, transitive-
sourdre ~ressusciter~ Iresurdre), ase remettre ment, <<fairerevenir de la mort à la vien (v. 11551. Les
deboutn (v. 11601, Nse renouveler, recommencerp extensions de sens consistent en emplois hyper-
tv. 11601,*reparaître quelque par+ (12471,use réta- boliques et figurés : ressusciter se dit d’un malade
blir» (XII~s.1 et, transitivement vsecouriw Le verbe qui revient à la santé (XIII~s.1 et, au figuré, de qqn
est issu du latin resurgere wejaillirs, au figuré ((se qui se manifeste à nouveau, témoigne d’un regain
rétablir* (+ résurgence, résurgent), et constitue de vitalité EV.1360). + La construction transitive cor-
donc le doublet populaire de resurgir (-+ surgir). Re- respond symétriquement à arendre à la santé>) En
surgere vient de re- et surgere C+ sourdre, surgir). xv~~s.), adonner une nouvelle vigueur à (un être vi-
+ En ancien et moyen fknçais, le mot désignait le vanUn 11690) et, au figuré, Mdonner un nouveau
secours que l’on obtient d’un pays, puis aussi le re- lustre à (qqch.)>> 11546),erendre à (qqn3 la joie de
lèvement, le rétablissement (xv” 5). *Le passage au vivren (1633). Le sens fort de <<ramener à la vie, a
sens moderne s’est fait par déplacement métony- suscité un emploi métaphorique (1694) et la lo-
mique sur les moyens : ressource désigne alors le cution figurée expressive capable de ressusciter un
moyen de faire face à une situation difkile, sens mort (18701,annoncée dès le XI? s. par faire ressus-
qui, dans sa généralité, (déb. xve s.) donne lieu aux citer le mort. 0 L’emploi pronominal se ressusciter
locutions sans ressource Idéb. xv” s.), en demière 115591ase raknern et proprement arevenir à la vies
ressource (attesté milieu me s.l. +Les extensions ti XVI~s.1,senti comme superflu, a ét6 abandonné.
précisent la nature des moyens mis en œuvre : res- b Les dérivés fkançais ne parvinrent pas à supplan-
source désigne la capacité physique de fournir un ter résurrection : RESSUSCITEE n. f. (déb. XIII~s.1 et
nouvel effort après une dépense d’énergie (15881, RESSUSCITEMENT n. m. CV. 12203 ont disparu.
ainsi que les moyens matériels dont on peut dispo- + RESSUSCITATION n. f. (~III” s.1,emprunté au bas
ser pour assurer son existence ou subvenir k ses latin ecclésiastique resuscitati, -anis (du supin de
besoins Km XVI~SI, surtout au pluriel ressources resusciturel ne s’est maintenu que dans un emploi
(av. 1799). 0 Au xvf s., le mot se dit de la capacité médical métonymique : aensemble des moyens mis
permettant de soutenir qqn moralement ( 1687, Bas- en œuvre pour ramener un malade à la vieB.
suet), le pluriel s’appliquant aux moyens d’action +RESSUSCITEUR adj. et n. m. (X~V”s.) tiré savam-
inhérents à une situation, un comportement, une ment du verbe, est resté rare au sens propre et fi-
activité, et aussi aux capacités inhérentes à une guré de <<celuiqti renouvelle, rétablit% (15493. Il s’est
personne (av. 1692, Fénelon) notamment da,ns la lo- appliqué avec une intention laudative à un bon mé-
cution plein de ressources r1718), hume de res- decin (v. 1750).
source ( 1740). Ressources s’est spécialisé pour les
possibilités langagières (av. 1782, D’Alembert) et +b RESTAURER v. tr., d’abord restaurur 61
aussi les réserves dont dispose un pays, son poten- xes.) puis restaurer Cv.11381, est emprunté au latin
tiel économique En XVII~~s.l. b Le XX~s. apporte impérial restaurare -rebâtir, refaire, réparer>> et, à
deux spécialisations techniques, en couture =Partie basse époque «reprendre, renouveler-. Ce verbe a
d’étoffe laissée en suspens dans les coutures, Ies été formé, par substitution de préke (re- ayant ici
ourlets= (déb. XX~s., Colette) et en informatique, valeur itérative, + re-1, sur instuurure I-+ instaurer),
Kpartie d’un système utilisable par différents utili- verbe rare, surtout technique, dont le sens de aré-
sateursn (1975). D’après l’anglais, on parle aussi de parer, recommencer» était peu conciliable avec la
personne-ressource. +En marge de ce développe- valeur du prétie in- (3 en). La substitution de pré-
ment, ressource a gardé en fauconnerie le sens fixe s’est faite sur le modèle de instituere-restituere
concret de aredressementn; il désigne la remontée (4 instituer, restituer) et instaurure a pris le sens
de l’oiseau après un mouvement de descente d’«ofEr pour la première foisD. L’ancienne forme
( 13731; de ce sens procède l’emploi en aéronau- française redorer fut empruntée par le moyen
tique pour la manœuvre de redressement d’un néerlmdaîs Irestorenl et l’anglais Mo restorel.
avion après un piqué (19201. 4 Le verbe présente en ancien français des sens dif-
F RESSOURCEMENT n. m. Cdéb.xxe s., Péguy), are- férenciés : exprimant d’abord le fait de guérir une
jtissement, retour aux Sources~ et SE RES- blessure, un organe malade, de rendre l’usage
SOURCER v. pron. Iv. 19783, le plus souvent em- d’une partie du corps Iv. 980) ; il signifie ensuite we-
ployés dans des contextes idéologiques (religion, donner des forces à (qqn),, le sujet désignant la
politique), sont soit dérivés de ressource, soit re- nourriture, des aliments forttiants cv.1216). II a
créés sur source* avec le préfixe re-* à valeur itéra- aussi développé les sens figurés de aressusciter»,
tive et un sufExe. ({faire le salut spirituel des (v. 1250)qui ont disparu.
+ Dès le XII~ s., il s’est employé dans un sens général
RESSUSCITER v, est emprunté (v. 1119) au pour <<remettre dans un état antérieur) (v. 11551,
latin resusciture, de re- (-+ re-1 à valeur itérative, et spécialement en architecture Cv.11381, puis en art
suscitare «lever, soulever)) (+ susciter). Le verbe la- ( 1680).* Il a eu d’autres valeurs en ancien français
DE LA LANGUE FRANÇAISE RESTER

«remplacer (qqch.)>j (11651, westituerfi (1284, en narchie fut restaurée (attesté 18271, se prêtant à un
droit), qcompenser, dédommager> (1209) d’où 4n- emploi en apposition comme terme d’arts décora-
demnisera (1278). +La forme pronominale se res- tifs. +Au XX~ s., le sens physique est Spécia[lisé en
taurer (xwe s.1 a seulement le sens de areprendre géographie à propos d’un rétablissement d’un site
des forcesn, spécialement aen prenant de la nourri- naturel dans son état primitif (v. 19501, dans restau-
tu-em (1819). ration des montagnes (19641, à propos de l’en-
F Dès le XII~ s., le dérivé restor n. m. Iv. 11601,ensuite semble de mesures de protection et de remise en
écrit RESTAUR 116901, dont provient le moyen état des terrains de haute montagne attaqués par
néerlandais restoor, correspond au verbe; il a pro- l’érosion après l’exploitation abusive des forêts.
gressivement reculé sous la concurrence de res- +Le contact du mot avec restaurant s’est produit
tauration, résistant plus longtemps comme terme en Suisse restauration designe un mets servi dans
de droit (17521, spécialement en droit commercial un restaurant (Neuchâtel), et aussi l’établissement
(16901. Les autres tentatives faites pour donner à qui sert à manger (1890, dans les récits des voya-
restaurer un nom d’action, restorement Iv. 11551, geurs en Suisse alémanique). En français de
restaurance EV.12001, restaurage Idéb. XIII~s.) ont France, il sert à désigner la branche d’activité in-
échoué, la fonction étant assumée par restauration. dustrielle ou artisanale consistant à fabriquer et à
RESTAURANT, Ze participe présent, est substan- servir des repas 119611, en relation avec restaurant
tivé dés le moyen fiançais avec plusieurs sens cor- et restaurateur.
respondant au verbe, cdédommagementu et aréta- RESTAURATEUR, TRICE n. est empoté hf s.)
blissement» ( 1534, dans la locution être hors de du bas latin restuurutor {celui qui rebâtit une ville»,
restaurun;t usans aucune force». 0 L’acception du supin du latin classique restaurare I+ restaurer).
d’caliment reconstitua& ( 1521, dès 1507 en ancien 4 Le mot a désigné jusqu’au XVII~ s., un aide-chhwr-
provençal pour une boisson) a eu un usage plus im- gien qui remet en place un membre cassé. Puis
portant, auquel correspond un emploi adjectif d’après restaurer, il désigne la personne qui réta-
(16601. Au milieu du WII~ s., restaurant s’est spécia- blit, répare qqch. Cv.15051, spécialement l’artiste
lisé pour désigner un bouillon reconstituant fait de dont le métier consiste à réparer des œuvres d’art
jus de viande concentré (1666, La Fontaine). Le mot ( 1782). D’Aubigné s’en sert pour surnommer
a pris le sens figuré de créconfortn (v. 1750) et, par Henri lV 11630) avec la valeur de {{personne qui re-
métonymie, la seule valeur vivante aujourd’hui met en honneur une institution, rend vigueur à un
aétablissement servmt des repas (a l’origine des État>, mais ce sens ne se répandit pas dans l’usage.
bouillons) contre paiement= (1771). L’institution, +Au xvme s., d’abord au féminin restauratrice
distincte dès l’origine de l’auberge avec sa table (17671, puis au masculin 117711, c’est devenu le nom
d’hôte, est urbaine; elle se développe en France au de la personne qui tient un restaurant; son emploi
xrxe siècle. Par extension, le mot désigne la partie métonymique pour l’établissement où l’on mange
d’un établissement réservée au service des repas (1798) n’eut pas de succès. Il a été adjectivé ( 1706)
t 1862) ; il entre dans quelques composés, indiquant pour qualifier un aliment fortsant, un CrestaurantB,
que les repas peuvent être pris dans le lieu indiqué sens disparu quand le mot prend son sens mo-
par le premier élément du terme kcafé-restaura&, derne.
hôtel-restaurant, wagon-restauruntl. On l’abrège
familièrement en RESTAU (18991, ou RESTO RESTER v. intr. est emprunté au XII~s.
(19701, spécialement dans restau U Iv. 19601, abré- lapr. 11501 au latin restare, &arrêter~, ((persisteru,
viation étudiante pour restuurunt universitaire. asubsister- et *être de resten, formé de re- (3 r-e-1à
RESTAURATION n. f. est emprunté 6n XIII~ s.) au valeur intensive et de sture ase tenir debout, se te-
dérivé bas latin restauratio, -OK& wenouvelle- nir fermeB !+ station) qui a produit plusieurs
ment>. L’ancien f?ançais a eu le doublet populaire formes du verbe être : étant, j’étais... I+ état).
restoreson (1252) arétablissement de ia santé, guéri- 4 Le verbe si@e dès l’origine «demeurer sur
son-. *Le mot a le même sémantisme que le place dans le lieu ou l’on esh Il est dors en conw-
verbe : il désigne l’action de remettre une chose en rente avec l’ancien français remunoir (+ ré-
état, et spécialement le rétablissement d’un étice manent). Ce sens est resté usuel et a donné lieu à
ancien (15601, d’un objet d’art. b Les médecins l’em- des emplois connus, comme l’exclamation attri-
ploient dès le début du xrv” s. pour désigner le re- buée à Mac-Mahon après la prise du fort de Mala-
tour de l’organisme à l’état précédant une maladie, koff, en septembre 1855 : J’y suis, j’y reste!, reprise
une blessure ou des privations ( 1314. Il a pris le plus tard ironiquement lorsqu’il refusa de démis-
sens figuré de «nouvelle vigueur donnée à une sionner de la présidence de la République. Dès les
fonction spirituelle disparue ou dégradée» (1553); premiers emplois, rester Sign%e aussi =S’arrêter en
ces valeurs ont disparu. + Le mot s’est spécialisé en cours de route sans aller plus loin+, au propre
politique pour le retour à la tête du pays d’un sou- (v. 11901et au figuré, notamment dans les locutions
verain d’une dynastie écartée, d’abord en parlant postérieures rester court (15591, en rester à El7731
de la dynastie des Stuart en Angleterre au XVII~s. «s’en tenir à», en rester là 117541. Cette valeur a
(1677). Il s’agit alors aussi, dans le vocabulaire de donné lieu à des emplois figurés et spécialisés,
l’époque, d’une révolution. Le mot est repris à pro- comme rester en arrière, employé par exemple à
pos du retour de la dynastie des Bourbons en propos d’un bâtiment dont la construction avance
France après l’Empire en 1815 (sens attesté en moins vite que d’autres (18451, ou bien, en termes
1829) : avec une majuscule, il désigne la période de manège, rester dans la main (18701, qui se dit
historique pendant laquelle, de 1815 à 1830, la mo- d’un cheval qui ne cherche pas à échapper à l’ac-
RESTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tion du mors. +Plusieurs extensions se sont déve- disparu; le sens figuré, <être débiteur dans un
loppées à partir de cette même valeur : rester a pris échange avec autrui, être redevable dem( 16941, éga-
le sens de cloger, habitewk ( 16471, marqué comme lement à la forme négative (1835, n’être jamais en
gasconisme au XVIII~ s., puis comme familier (18931, reste) est resté en usage. -3 Le même sens est réa-
en fait usuel dans de nombreux usages régionaux lisé dans quelques locutions figurées comme don-
du fiançais, notamment occitan, et en français ner son reste à qqn (1673) <avoir toujours le dernier
d’Af?ique. L’expression elliptique y rester ( 15851, mot», sortie d’usage, et ne JWSdemander son reste
d’usage familier, induit l’idée de ane pas revenir (1694) ou ne pas attendre son reste ( 1798) <<abandon-
d’une entreprise hasardeuse» et constitue souvent ner, fuir, sans chercher à résister ou à poursuivre>>,
un euphémisme pour amourirs,, comme les lo- reste ayant perdu dans ces locutions sa valeur
cutions rester surplace 117321, rester sur le meau comptable. +Le langage mathématique a repris
(1771). +Le sens temporel de <s’attarder, passer reste pour lui faire désigner ce qui est en excès d’un
trop de temps)}, enregistré tard dans les diction- dividende (1754, Encyclopédie), le résultat d’une
naires (18701, doit être beaucoup plus ancien régio- soustrwtion ( 1765, Encyclopédie), et spécialement
nalement, notamment avec une nuance durative le nombre qu’il faut ajouter au carré de la valeur
dans la construction rester à et Wtif (18321. Res- approchée de la racine carrée d’un nombre pour
ter sign%e aussi &tre présent, prolonger son sé- retrouver ce nombre, ou encore (me s.1 la somme
jour* et, avec un sujet désignant une chose, xconti- de la série restante après suppression de tous les
nuer a apparaître, à se manifestep (18751, cette termes qui précèdent un terme déterminé ne reste
dernière signification réalisée familièrement dans d’une sériel. 0 Par transposition de l’idée de *quan-
les locutions rester SUT J’estomac, le cœur, &Cœu- tité nombrable> SUTle plan temporel, reste désigne
rem *Une autre acception ancienne du verbe est aussi le temps qui doit encore s’écouler ! 1559, au fé-
((se trouver durablement dans une position- minin dès 14453; on disait autrefois jouir de sopz
Iv. 12401 et, de là @continuer à être dans tel ou tel reste pour aprofiter des derniers moments d’une si-
état%, suivi d’un complément prépositionnel ou tuation agréable que l’on va perdre>. + Par ailleurs
d’un attribut ( 1671). D’où le sens de «se maintenir et depuis l’ancien f&nçais, le mot désigne, avec
dans la même attituden Iv. 1750, Buffon), par une inversion du rapport, la plus grande partie
exemple dans les expressions rester debout, rester d’un tout, à l’exclusion d’une petite quantité. Il dé-
tranquille, et le sens abstrait «garder le même sta- signe ainsi tout ce qui, dans un tout, n’appartient
tut, la même fonction professionnellem (av. 1778, pas à la partie prise en considération (v. 12201,sens
Voltaire). *Un développement du xwe s. a donné dont procèdent des emplois comme ne pus S’em-
au verbe le sens de +ubsister, continuer à vivrem, barrasser du reste (av. 1747). Il s’applique plus parti-
réalisé en construction impersonnelle (1635) et per- culièrement à ce qui reste à faire ou à dire (14871,
sonnelle (1640). 0 Par opposition à ce qui passe, l’expression et le reste ( 16591, placée à la fin d’une
disparaît, il exprime l’idée de econtinuer à être, à énumération, indiquant qu’on ne la complète pas
existern (1748) et, cse perpétuer dans la mémoire, ou, par litote, qu’on ne veut pas la compléter. Cette
dans l’usagen ( 1764). idée de base s’applique à l’espace qui demeure en
Avec un nom de chose pour sujet, rester exprime dehors d’une petite parcelle (xv” s.), au temps excé-
l’idée d’4tre à la disposition de qqn, (13821, réalisée dant un bref moment et, dans des locutions ad-
à la fois en construction personnelle et imperson- verbiales, à tout ce qui n’a pas encore été exprimé
nelle (il reste... 1538). Le verbe a eu la nuance acces- dans du reste (15531, au reste 11559). + Au xwe s.,
soire d’cêtre de rebutm 11382) cf. ci-dessous reste, reste commence à évoquer l’idée de ce qui subsiste
alors que rester implique plutôt en tiançais d’une chose altérée ou enfuie (souvent avec un
contemporain une utilisation possible. Placé en complément prépositionnel), d’abord une per-
tête de phrase et entraînant une inversion du sujet, sonne qui demeure la seule survivante d’une fa-
il correspond à «être encore à fairen (15491, égale- mille, d’un groupe, d’une catégorie 115591,et ce qui
ment dans il reste à ou reste à (15801 par exemple reste d’un sentiment, d’une qualité E1580, Mon-
reste à savoir, et iZ reste de ( 1657, Pascal), construc- taigne); ces acceptions ont disparu. +Depuis le
tion devenue littéraire et recommandée de nos XVII~ s., le pluriel restes reçoit des sens particuliers,
jours dans le cas d’une action passée qui a produit désignant le cadavre d’un être humain, souvent dé-
un résultat permanent et durable, -1 reste gue composé ou mutilé (16161, et aussi les traits de
(19361, reste que ail est néanmoins vrai quem, consti- beauté qui demeurent chez une personne d’âge
tue le seul cas où la tournure impersonnelle ne ré- mûr (16801, dès 1660 dans la locution avoir de beaux
pond à aucun emploi du verbe personnel. restes, ou encore ce qui subsiste d’une chose que le
ä RESTE n. m., souvent féminin jusqu’à la ti du temps ou une autre cause a dégradée (1675). Le sin-
~VI~s., est le déverbal EV.1220) de rester. 0 Dès les gulier reste évoque ce qui persiste d’un phénomène
tout premiers textes, il désigne la plus petite partie naturel sur le point de s’achever (av. 18901. +Là en-
d’un tout et, avec une valeur de neutre, ce qui de- core, par une inversion du rapport, reste s’applique
meure d’une quantité, d’un ensemble dont la plus aussi, depuis le XVI~s., à ce qui reste en plus, le sur-
grande partie a été retranchée. Il s’applique spé- plus. ll a quelquefois d’après une valeur de rester
cialement à la partie d’une somme qu’il faut encore qui a vieilli, la valeur dépréciative de =rebutB,
payer ou qui reste à recevoir ( 13241, par exemple d’abord en parlant des reliefs d’un repas 11548 ;
dans la locution être en reste Edemeurer en reste, fin 1663 au pluriel), et spécialement à l’époque clas-
xv” s.1, dont le sens propre, Gtre redevable d’une sique où les restes (d’un homme1 s’applique pé jora-
partie d’une sommeB 11382, être en reste de payer) a tivement à une femme dédaignée par un homme
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3215 RESTREINDRE
parce qu’elle a appartenu à un autre (1642) - em- tiens (1762, monnaies de restitution; 1721, etipti-
ploi qui trahit un antiféminisme méprisant - et en quement restitutions). Déjà employé dans Z’Ency-
général à ce que qqn à dédaigné (av. 1696). A Za clopédie (1765) pour désigner l’action par laquelle
même époque, on appelait reste de gibet (1640) un un corps élastique se rétablit dans son état pre-
coupable ayant échappé à un châtiment mérité, mier, il s’est spécialisé au xxe s. en physique (1956,
d’où, ultérieurement reste de potence 118421, reste coeficient de restitution). En agronomie, il
de bagne ( 18751, tous emplois sortis d’usage. La lo- concerne le retour au sol des résidus de récolte
cution voici le reste de notre écu (165 11 puis de 1t0s produits par une exploitation agricole 11920).
écus (17621, s’est employée familièrement à propos 4 RESTITUTEUR n. m. emprunt (fin XIV” s.) au dé-
dune personne que l’on attendait pas et qui vient rivé latin restitutor au sens de (celui qui fait restitu-
malencontreusement troubler une situation. tiorw, s’est spécialisé en numismatique pour dési-
RESTANT, ANTE, le participe présent de rester, gner un empereur romain qui a fait frapper des
est adjectivé et substantivé Cv.1228) en parlant médailles en mémoire de ses prédécesseurs Wï’71).
d’une personne qui demeure après le départ des Il s’emploie rarement à propos de celui qui opère
autres, et spécialement d’une personne qui survit à une restitution artistique EV.18501. Dans le langage
d’autres (1870). L’expression poste restante technique, il est adjective pour quaMer un appa-
(+ poste) a pris une valeur spécifique. +RESTANT reil effectuant la restitution de documents micro-
n. m. est une sorte de doublet de reste, surtout ap- copiés (1969). - RE STITUTOIRE adj. est emprunté
pliqué à des choses matérielles (1323) ; il est em- kwe s.) au dérivé bas latin juridique restitutotius, du
ployé seul ou dans la locution un restant de (et supin de restituere. 0 D’abord attesté dans un cou-
substantif) 118751 à propos de ce qui subsiste de tumier, le mot est très rare avant 1845 ; Littré l’enre-
qqch. avant son entière disparition. gistre (18703 qualiknt ce qui est relatif à une resti-
0 Voir RÉTIF; ÊTFIE, STATION. tution juridique.
RESTITUER v. tr. est emprunté (1261) au latin RESTREINDRE v. tr. est emprunté Iv. 11301,
restituere aremettre à sa place primitive, dans son avec francisation d’après les verbes en -eindre
état premier ou normal », <rétablir, rendre-, de re- comme étreindre*, au latin restringere aerrer ou at-
(3 re-1 marquant le mouvement en arrière et stu- tacher en ramenant en arrière, resserrers, au fi-
tuere *établir, poser, placer» I+ statuer). Les nom- guré «ramener à des limites plus réduites%. Le mot
breux préfixés de statuere ont produit par emprunt est formé de re- (+ re-1 indiquant le mouvement en
plusieurs verbes en fkançais M&3uer, prostitumd. arrière et de stingere aserrer, resserrer, lier»
+ Le mot a repris du latin ses sens de base, <rendre c-t strictt).
(ce qui a été pris ou qui est possédé indûment)>> et + En ancien fknçais, où la forme la plus courante
Nrendre Iqqch.) à sa forme, à son état régulier après était restruindre, à côté des vtiantes rétriadre, ré-
une altération» Iv. 1355). + En droit, il signifie are- treindre, retruindre, le sémantisme du verbe éttit
mettre (qqn1 dans la situation juridique où il était étendu et comprenait divers sens concrets : Natta-
avant un jugement annul& 11362). - II signifie spé- cher solidement, réparer, refermerfi (v. 11301, eres-
cialement arétablir (un texte a&&& (16901, qrepré- serrer, presser, lierB Iv. 11551, «embrasser, étrein-
senter en plan d’après les documents (un édifke, dre* (XIII~ s.), aharnacher, brider (un cheval)» (v. 11801,
un monument détruitl~ (1835). + L’argot l’a employé «bander, pansern Iv. 1180). Par l’image de l’objet
dans la locution restituer sa doublure ({mourir)) ou du territoire délimité et comme attaché, le
(18671, qui a disparu, puis au sens de woti (1888 verbe s’employait au figuré pour atenir de près,
intr.). +Le verbe a développé le sens figuré de «ré- surveiller=, Nsoulager de» Irestreindre de qqch.).
tablir par la pensée, recréep (18491, s’employant 0 La forme pronominale se restreindre avait le sens
aussi avec un sujet désignant un appareil au sens moral de =Se contraindren, empiétant sur l’aire
de adonner en retour, produire= (18851. d’emploi d’astreindre, et celui de cs’abstenirs, En
F De restituer sont dérivés des adjectifs tirés des XII~s.l. - Seul le sens de «réduire à des limites plus
participes passé et présent, et RESTITUABLE adj . étroites>>, au propre et au figuré (12831, est resté vi-
(1460) “qui doit être rendua, d’usage juridique. vant, la construction restreindre qqn à qqch. signi-
RESTITUTION n. f. est emprunté (12511 au dérivé fiant flassigner comme limite &. Se restreindre a
latin restituti, -anis <rétablissement, restauration, pris le sens de aréduire volontairement ses dé-
réparations et, à basse époque, *action de rendrem. penses>> En XIV~s.), puis <<devenir moins étendu> au
* Le mot a été emprunté pour désigner l’action de propre et au figuré ( 15591. L’emploi pronominal
rendre ce que l’on possédait indûment, mais il faut postérieur pour <(seborner àn En XVII~ s., Bossuet)
attendre le XVI~s. pour le voir désigner, comme est demeuré rare.
substantif verbal de restituer, l’action de remettre b RESTREINT, E~NTE, participe passé de res-
une chose dans son état originel (15421 et, en droit, treindre, est employé adjectivement au sens de
le jugement qui relève qqn d’un engagement acontenu dans d’étroites limites* (~III x# s.l. + RES-
contracté, le remet dans son état antérieur (15491. TREIGNANT, ANTE, participe présent, d’abord
*Il a pris les sens spéciaux du verbe, désignant écrit restregnant, a perdu son emploi adjectif pour
l’opération qui consiste à donner un passage dis- “qui resserre, donne de l’angoisse, (fin XVI~s.>pour
paru dans un texte altéré (15421, un étice disparu celui de “qui restreint, (av. 1778, Voltaire), d’usage
(18183 avec influence probable de reconstitution. Il littéraire.
s’emploie spécialement en numismatique antique RESTRICTION n. f., réfection cv.1380) de restrinc-
à propos de médailles reproduisant des types an- tien Cv.13141, est emprunté au dérivé bas latin res-
RÉSULTER 3216 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tictio, -anis, <modération, limitation). Le mot a éli- sique. +Son féminin RÉSULTANTE a été substan-
miné les anciens dérivés fknçais restminte que tivé en mécanique pour désigner la force unique
I’on retrouve dans l’anglais restreint, ou restreinte, résultant de la composition de ces forces (2652, puis
restraignement ou restreignement, restrainture. 1796). 0 Il est passé dans l’usage courant à propos
+Le mot a un sémantisme plus simple que le du résultat de l’action conjuguée de plusieurs fac-
verbe : le sens physique de aresserrement, arr&, teurs 11874, Hugo). +Le masculin RÉSULTANT est
en usage chez les médecins en moyen lançais, a lui-même substantivé en mathématiques pour le
disparu. Le mot désigne une considération limitant résultat de l’élimination de la variable entre deux
la portée d’une chose (v. 13801, notamment dans la équations (1877). + RÉSULTATIF, IVE adj, a été
locution sitlls restriction Uïn XVII~s.l. + Le pluriel res- dérivé savamment du verbe en linguistique (1933)
titins a reçu le sens de 4mitation des dépenses, pour caractériser des morphèmes lexicaux impli-
du train de vie» 114191, repris en économie à propos quant un état présent résultant d’une action passée
des mesures limitant la consommation en temps (savoir par rapport à apprendre, tenir à saisir).
de guerre ou de pénurie (1921) et particulièrement RÉSULTAT n. m. est emprunté (v. 1570) au bas la-
appliqué à la période oti la France et la Belgique tin scolastique resultatum -effet qui s’ensuit d’un
étaient occupées par l’armée allemande t1941- fait d’une action>>, substantivation du participe
19%). + La locution res&kGon mentale, d’abord re- passé neutre de resultare dans son sens logique.
levée dans la critique pascalienne contre les jé- +Le mot, introduit par les clercs, est resté didac-
suites (16571, désigne un artifxe consistant à s’ex- tique jusqu’au XIXe siècle. Il désigne ce qui résulte,
primer en passant sous silence une condition ou s’ensuit (d’une délibération, d’un principe, d’une
une réserve formulée mentalement et qui restreint opération, d’un événement). Son emploi comme
ou change le sens de ce qu’on dit de maniére à substantif d’action de résulter appartient à l’usage
tromper l’interlocuteur. Par extension, restriction classique. 0 Les extensions, souvent au pluriel ré-
désigne l’omission volontaire d’une partie de ce sultats, désignent des informations fournies par
que l’on pense ( 18691. *L’emploi pour l’action de une étude, une recherche scientifique (1753, Buf-
réduire, de limiter le nombre, la quantité de qqch. fan), puis, le mot étant devenu usuel au xrxe s., les
(1890, Journal &s savants) est didactique. effets d’une consultation électorale (18851, la déci-
RESTRICTIF, IVE adj. est formé Savamment 61 sion de succès ou d’échec à un examen scolaire
xrve s.1 sur le radical du latin restictw, participe ( 1908) et la valeur du travail scolaire Cv.19501,la so-
passé de restringere. Il a éliminé l’ancien doublet lution d’une opération mathématique (193.21,ce qui
restraintif (1385) wkingent~, “qui resserre=, subs- résulte d’une compétition sportive (18991,et, en
tantivé pour désigner un médicament astringent comptabilité, le solde des profits et pertes (milieu
(encore au 3311~s.) et, en général, ce qui contient, re- XXes.).
tient, réprime, freine, forme obstacle ou empêche-
ment. * Restrictif: dans sa spécialisation médicale, RÉ SUMER v. tr. est emprunté (13701 au latin re-
a subi au XVIII~s. la concurrence de restringent sumere Mreprendre, ressaisir-, de re-, protie à va-
( 1537 ; 1694 comme nom), lui-même emprunté au leur itérative (3 re-1 et de sumere aprendre, se saî-
participe présent Crestrhgensl du latin restringere sir de*, lui-même issu de osus-Celmere Kse saisir, se
et éliminé par le mot apparenté astringent. 0 L’ad- charger de* (+somptueux) qui dérive de emere
jectif qutie ce qui restreint, limite la portée d’une xprendrem, *acheter> I+ exempt).
chose (15121,spécialement en grammaire, une pro-
position subordonnée introduite par excepté que, + Le verbe apparaît en français au sens concret de
hormis que. <reprendre (un objet jet& et au figuré «reprendre
(ce que l’on a dit), répéters ( 1370, encore au XVIII~ s.
RÉSULTER v. tr. ind. est emprunté (1491) au dans le style burlesque), tous deux sortis d’usage,
latin resultare Nsauter en arrière, rebondir, rejaillir-fi tandis que I’angltis to resume continue de s’em-
et, en latin médîéva[l, capparaître comme l’effet dem ployer en ce sens. - Le développement du sens ac-
(XIII~s.1, et aussi tregimber, faire résistance à)>,de tuel procède de cette idée de répétition ; résumer a
re- (+ re-1 marquant le mouvement en arrière et pris à la fois le sens spécialisé de «répéter (un argu-
saltare Ndanser, sauter)) (-, sauter). ment) a&~ d’y apporter ensuite une solution)>, dans
+ Le verbe, emprunté avec le sens abstrait logique l’ancienne scolastique (attesté XVII~s.1, et la valeur
de Ks’ensuivre dem, qui s’explique étymologique- de dire l’essentiel en peu de mots)) ( 1690) pour un
ment par l’idée de rebondissement, de rejaillisse- acte impliquant la restitution, la reprise d’idées, de
ment, s’est spécialisé dans le domaine intellectuel mots, devenue la plus usuelle. La forme pronomi-
au sens d’4tre établi par un raisonnement, une dé- nale se résumer (1796) exprime également l’idée de
monstrations ( 16361, également dans la tournure ee redire en peu de motsm. 0 Par extension, résu-
impersonnelle il résulte, il en résulte. +Les sens mer ( 18383 et se résumer (183 1) s’emploient avec un
concrets du latin, arejaillir, ressortip (15311, erebon- sujet désignant une chose, objet concret ou abs-
dir= et (<retentirB n’ont eu cours qu’au xvle siècle. traction, avec le sens figuré de acontenir en soi sous
k Le participe présent adjectivé RÉSULTANT, une forme condensée», -consister enn.
ANTE (av. 1553, Rabelais) est d’abord usité dans le b RÉSUMÉ, le participe passé de résumer, a été
langage de la procédure. Il se dit, en mathéma- substantivé Il7501 pour désigner un exposé
tiques, de ce qui est relatif au résultat de la compo- condensé consistant en peu de mots. Par le même
sition de tous les éléments d’un système (18111, développement métonymique qu’abrégk, il s’ap-
s’emploie spécialement en physique et en mu- plique à un type d’ouvrage succinct faisant le point
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3217 RETARDER
sur une question (1825). Il a servi à former la lo- aautel> I+ table) avec changement de terminaison
cution adverbiale en résumé aen brefs 11803) et et de genre. L’hypothèse d’un emprunt à l’espagnol
s’emploie également avec une valeur figurke. retable est infxmée pour des raisons chronolo-
giques. On a aussi évoqué une formation en fkn-
RÉSURGENCE n.f. est dérivé savamment çais, de re-* marquant la position en arrière, et de
( 1896) du latin resurgens, -en-, participe présent table *,
de resurgere ase relevern et, au figur& ase rétablir}}, 4 Le mot désigne le panneau vertical placé derrière
spécialement «ressusciterm I+ résurrection). L’an- un autel et surmontant la table, lorsqu’il est décoré
cien kançtis avait un verbe issu de resurgere : re- de peintures, puis l’œuvre peinte sur ce support. II
surdre Iv. 9801, ressourdre ~III” 4, dont il reste le appartient au vocabulaire religieux, puis à celui de
participe passé féminin ressource*. Le verbe latin l’histoire de l’art.
est formé de re- à valeur itérative k+ re-1 et de sur-
gere (--+sourdre, S~@I. RÉTAMER += ÉTAIN
+ Ce mot didactique désigne la réapparition à l’air
libre, sous forme d’une source à gros débit, d’une
RETAPER + TAPER
nappe d’eau souterraine. Il s’emploie au figuré RETARDER v. est emprunté (v. 1175) au latin
pour aréapparition, 119241. retardare ~wrêter, ralentti, au figuré <arrêter, ré-
bRÉSURGENT,ENTE adj., emprunt Idéb.xvI”s.1 primer, empêchern, de re- (-+ re-1 à valeur inten-
au participe latin resurgens, -entis, est employé au sive, et tardare cralentir, gêner dans sa marche, son
XVI~s. au sens de <ressuscité=, en parlant du Christ, processus> I-+ tarder).
sens sorti d’usage sous la concurrence de ressus- 4 Le mot a été repris avec l’une des valeurs du latin,
cité. 11a été repris sous l’tiuence de résurgence anégliger, omettre de, s’abstenirn, qui implique l’an-
pour qualZer les eaux d’une rivière qui réappa- nulation du processus. +L’idée d’une gêne provi-
raissent à l’air libre ! 1923) et, au figuré, un phéno- soire de l’action entraînant un délai par rapport
mène qui se produit de nouveau (192% aux prévisions, également connue du latin, a été
reprise simultanément et s’est seule maintenue.
RÉSURRECTION n. f., d’abord resurrecciun Elle a ét6 réalisée par la construction intransitive,
(v. 1120) puis résurrection h. 11601,est emprunté au avec le sens de &wder~~ (15401, avant d’être sup-
latin ecclésiastique resurrectio, -onzk <fait de se re- plantée par le verbe simple tarder”. L’emploi tran-
lever en revenant à la vie*, de resumectum, supin sitif correspond à aremettre à un temps ultérieur)
de resurgere k-+résurgence). (v. 11751, aralentir (un mouvement, un processusIn
+ Le mot a triomphé des divers dérivés de ressusci- (12781, Nfaire arriver ou faire se produire plus tard
ter avec le sens religieux de uretour à la vie>),deve- que prévw 11538). +Au XVII~s., retarder a pris la va-
nant par le sens et la quasi-paronymie le dérivé sé- leur particulière de <faire indiquer à (une horloge,
mantique de ressusciter. Par métonymie, il désigne une montre) une heure moins avancéen (1690). + La
une fête de YEglise catholique célébrant la résur- construction transitive indirecte retarder de et ti-
rection du Christ (début XII~ s.), une image de cet nitif ( 1671, MY de Sévign6) est usitée au ~VII~s. là où
événement ( 1680). +Le sens second de <guérison le français moderne emploie diférer de et idnitif.
prompte et inattendue* (16761, et le sens figuré de +La construction intransitive a été reprise pour
<remise en honneur de ce qui était oublié ou en dé- *arriver plus tard que la fois pticédenten en par-
cadencem II 669, Molière) restent marqués par la va- lant de la lune, des marées 11690) ; elle s’emploie
leur religieuse et correspondent à des emplois du aussi pour une horloge marquant une heure moins
verbe ressusciter. avancée que l’heure exacte (1694). De là, par trans-
b La dérivation consiste en quelques mots tardifs, fert du sujet, elle se dit d’une personne dont la
d’usage littértie : RÉSURRECTEUR n. (1788) et montre indique une heure moins avancée
adj. 11842) s’est peu répandu de même que RÉ- (av. 18341.+Au xrx’ s., le mot a commencé, dans la
SURRECTIONNEL, ELLE adj. (18321. *RÉSUR- construction retarder sur qqn, gqch., à s’employer
RECTIONNTSTE adj. et n. m. (18341, d’abord appli- au figuré pour <<avoir des idées désuètes, par rap-
qué au criminel qui déterrait clandestinement les port à (qqn3~11834). Il est employé absolument avec
cadavres pour les vendre aux anatomistes, désigne le même sens et, familièrement, avec la valeur
les personnes qui croient en la résurrection (1840). d’4gnorer une nouvelle que tout le monde conntitm
0 Au figuré, le mot désigne l’artiste qui semble res- (19351.
susciter par son art des êtres ou des choses dispa- F RETARDÉ, ÉE participe passé de retarder, a été
rus (av. 18671, qui fait revivre un art ancien 118701, adjective avec le sens courant de &%réB (12831.
emplois archaïques. 0 En français contemporain, il a pris le sens d’+w-
riéré par rapport au temps, à une évolution=
@ RETABLE n. f., attesté depuis 1426, est d’origine (déb. xxe ~3, spécialement en parlant d’un enfant
discutée : Bloch et Wartburg en font un emprunt à dont le niveau de développement est inférieur au
l’ancien provençal retuule, avec adaptation d’après niveau moyen des autres enfants du même âge, en
table”,comme l’espagnol retable adapté du catalan concurrence avec arrif+ré (attesté milieu XX~S.I.
retaule. Le mot d’ancien provencal est lui-même 0 En physique, il se dit d’un mouvement dont la vi-
issu, par simplikation du préfixe, de reiretauk tesse décroît.
(XII~ s.l auquel correspond le latin médiéval retio- RETARDATION n. f. (déb. XIV s.1 s’est éteint aux
tabulum, de retro (+ rétro-) et tub& ~planche)~, sens d’aobstaclea et de <<retardm(13961, mais a été re-
RETENIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pris au sens technique d’«accélération négative> dem, qui en procède Cti XII~s.), s’est maintenu
(on dira decélérutionl [ 1748, Diderot]. + RETARDE- jusqu’à l’époque classique, puis est sorti d’usage,
MENT n. m. 113453a eu la valeur de substantif d’ac- éliminé par garder. -Dès les premiers textes, le
tion de retarder et s’est employé, par métonymie, verbe signiEe également «réserver Iqqch.) pour
pour le résultat de cette action, l’atermoiement qqnm, sens dont procède celui de =se réserver tune
113841, le retard (ci-dessous). Sous la concurrence chose) afin d’être sûr d’en disposer ensuite» ( 1553)
de retard, le mot est sorti d’usage, se maintenant et, avec un complément désignant une personne,
dans la locution à retardement (1923) à propos de <{se réserver par avance les services de (qqn)))
ce qui se manifeste après un certain délai notam- ( 1553). L’ancien sens lié à la valeur initiale «prendre
ment dans bombe, engin ;i retardement et, adver- (qqn) à son seticen 110801a disparu. * Au XII~s., re-
bialement, pour aavec un certain retardm (19311. tenir gqn sime Kempêcher d’aller librementm
Le déverbal RETARD n. m. a été formé en tiançais Iv. 11551,sens dont procèdent des emplois toujours
préclassique ( 16291pour exprimer l’état, mesuré ou vivants, dans le vocabulaire de la civilité : <<garder
non en unités de temps, d’un être ou d’une chose (qqn) près de soi en l’invitant à déjeuner ou à dînep
qui arrive ou agit plus tard que prévu. il est entré 11548, retenir ù souper) et la formule je ne vous re-
dans la locution courante en ret;ard 11704. Par ail- tiens pas pour donner congé (16671. + Dès le me s. le
leurs, il désigne un mécanisme d’horlogerie per- verbe signifiait aussi aempêcher (qqn) d’agir, d’aic-
mettant de régler le mouvement en le portant à complir ce qu’il est sur le point de faire» Iv. 1155).
avancer ou à retarder (1765). - Le mot s’est ré- 4 Une valeur importante et ancienne est abstraite :
pandu au début du XY s., s’étendant, au figuré, à &xer dans sa mémoireti (v. 11551 avec l’idée d’une
l’état d’une chose ou d’un être moins développé connaissance intellectuelle; ne rien retenir comes-
qu’il ne conviendrait 11808) et désignant la dB- pond à <ne pas avoir de mémoiren, mais retenir est
rente entre l’heure marquée par une pendule qui d’emploi plus restreint que se souvenir de. *Le
retarde et l’heure réelle 118931.Il a pénétré les lan- Pronomina[l se retenir se rencontre (déb. XII~ s.1 avec
gages spécialisés de la musique où il désigne la le sens concret de Ks’accrocher pour éviter une
prolongation d’une note constitutive d’un accord chute, freiner un mouvement de glissade}}, précé-
sur l’accord suivant (18421, et de la pyrotechnique dant l’emploi correspondant de retenir : {{empêcher
où il désigne le détonateur d’un arkike appelé ati- (qqn, qqch.1 de tomber>> (1538). Avec un sujet nom
fice 8 retard (18751, ou à retardement. 0 Au XX~s., de personne, se retenir a aussi la valeur abstraite
retard, en sports, designe l’intervalle (en espace, en de «s’empêcher par un effort de volonté de faire
temps) séparant un coureur de celui qui le pré- qqch.>> (v. 1265) notamment «de se battre>>, d’où la
cède. +Un emploi adjectivé, souvent en apposition, formule plaisante retenez-moi ou je fais un mal-
qual%e le mode de préparation d’un médicament heur!, &Le sémantisme du verbe est donc riche au
qui permet de prolonger son action (19541. propre et au figuré dès le XI~~s., sur le modèle du la-
RETARDATEUR,TRICE adj. est un dérivé savant tin retinere. Cependant, par nombre d’emplois, re-
de retarder ( 1743 quatiant ce qui provoque un re- tenir est mal distingué en ancien et en moyen fran-
tard, ce qui ralentit ( 17571, surtout dans l’usage çais du simple tenir et, surtout, il empiète sur l’aire
technique. Il est substantivé (1875) pour désigner d’emploi (moderne) d’autres composés de teair
collectivement l’ensemble des dispositifs servant à comme maintenir*, soutenir* (au sens figuré de
la conservation des aliments en retardant la fer- œprétendre enketenir* (aux sens de «consemer
mentation. 0 De nos jours, il désigne aussi un en bon état- et de apourvoir aux besoins de& E&?n,
corps dont l’addition retarde une réaction retenir peut aussi correspondre en ancien et
chimique, spécialement la prise du ciment ou du moyen français à amettre à l’écart, écarter- et à
plâtre (1964, dans les dictionnaires généraux). aconcevoir>>, avec une disparité qui sera réduite au
+ RETARDATAIRE adj. et n. qualifie couramment xwe s. par retour à une structure plus proche de
la personne qui arrive, qui est en retard (1808) et se celle du mot latin. *Au XVI” s., retenir prend le sens
dit, au figuré, de la chose ou de la personne en re- psychologique de Nmakiser (des réactions qui ma-
tard sur l’évolution des techniques, des idées, des nifesteraient des sentiments)~ (15381, et retenir son
mœurs (18753. +RETARDANT, ANTE, le participe haleine t 1538) correspond à =S’empêcher de respi-
présent de retarder, a été adjectivé tardivement rer». La locution retenir sa langue 11553) a cédé la
(1904) pour «qui prolonge l’action d’une substance, place à tenir sa langue. - C’est aussi au xvP s. que le
d’un produit d’effet naturellement fugacem ; il est di- verbe commence à s’employer avec un sujet dé-
dactique. signant une chose au sens de <<fixer dans une posi-
tion>), d’abord abstraitement (15591, dans retenir
RETENIR v. est formé en français 11050) de re-* I’atientiofl, puis aussi au concret 116901. 0 Au
et de tenir” sur le modèle du latin retinere, formé de XVII~s., retenir urne cause ( 1690) si@e ese juger
re- indiquant le mouvement en arrière C+ re-1 et de compétent pour un procès», retenir prenant au
tenere (+ tenir), avec les sens d’xarrêter= au propre XIX~ s. en droit l’acception de amaintenir (un procès)
et au figuré, agarder, conserver>>, Nmaintenir dans au rôle pour le juger aussitôt que possiblen (1835) et
les bornesm, Nempêcher den. agarder contre qqn (un chef d’accusation)s (1877).
+Retenir, d’abord employé au sens de <prendre + Retenir a aussi le sens de aprélever une partie de
possession de (qqch.b, Sign%e aussi dès le xre s. (une somme due)» (1738) et, en mathématiques, aré-
«garder en sa possession (ce qui appartient à au- server (un chifIYe1 pour le reporter dans une co-
trui) et ne pas vouloir s’en dessaisirn Iv. 1090). Le lonne située à gauche dans la catégorie d’unités qui
sens d’cavoir en sa possession, continuer à possé- est la sienne>) (1740, déjà au XIII~s.l. Cf. ci-dessous re-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3219 RETENTIR

tenue. +Retenir un cheval 118353 «empêcher un pondait assez précisément à retenir, désignant l’ac-
cheval de donner tout son effort» est précédé par tion de retenir qqn 113151, qqch. 11530) et exprimait
se retenir (du cheval) [ 17621. * L’idée de «contenir l’action de maintenir, d’entretenir ! 1312, retension
(une chose qui s’écoule au passage)» est attestée en picard), le fait de conserver ses cheveux. - Pa-
chez Rousseau Cv.1770). +Retenir qqn, qqch. rallèlement, il a été emprunté en médecine pour
aprendre en considération pour un emploi, une ap- désigner un processus de conservation patholo-
plication ultérieurefi, qui paraît récent (189 11, peut gique d’un liquide ou d’un solide destiné à être éva-
être rapproché du sens de <<prendre à son seticeD, cué (1314). +Au XVII~s., il se dit, en droit, de la fa-
hxé antérieurement, comme l’emploi familier par culté donnée à un créancier de refuser la
antiphrase de je vous retiens! 11870) compris au restitution d’un objet au débiteur tant que celui-ci
sens de Kje ne vous garde pasn et aussi de cje me ne s’est pas intégralement acquitté ( 1690). + Son
souviens de VOUS +La langue familière moderne emploi actuel en psychologie (16321 à propos de la
emploie se retenir par euphémisme pour différer dissimulation d’une information, et (xx” s-1de la pé-
de satisfaire ses besoin+. riode pendant laquelle ce qui a été mémorisé se
F Les anciens dérivés de retenir ne se sont pas trouve conservé de façon latente, réactive l’ancien
maintenus, parfois évincés par la concurrence sens de NmémorisationM ( 1580, Montaigne). +Le
d’emprunts comme rétention* et réfenteur”. +Ce- mot a partiellement soufEert de la concurrence de
pendant, le participe passé féminin RETENUE retenue*, par exemple au sens de «fait de retenir un
reste bien vivant dans son emploi substantivé chiBe en mémoire dans une opération mathéma-
Cv, 1160). 0 En ancien français, sous l’influence de tique> (1645, Pascal), emploi sorti d’usage. +Au
l’ancien sens de retenir qqn <garder prîsonniern, il a xx” s., il s’est spécialisé en hydrologie, en relation
désigné le fait de garder qqn en captivité. avec retenue, pour le pouvoir ou l’action de retenir
+Comme substantif d’action de retenir, il ne dé- l’eau des précipitations un certain temps avant
signe l’action de retenir qqn ou qqch. (xwe s.1 que qu’elle ne rejoigne les cours d’eau (1964, Larousse).
dans certains contextes : avec la valeur métony- F Les dérivés, peu nombreux, se rattachent aux
mique de arésultat de l’action de retenirn, il s’em- spécialisations du verbe. + RÉTENTIONNAIRE
ploie dans un contexte fiscal pour ce qui est prélevé n. m. ( 168 11, terme de droit, désigne la personne
sur une somme due (1765, déjà en 1573 dans l’ex- exerçant un droit de rétention sur une chose. * RÉ-
pression brevet de retenue à propos d’une grâce TENTIONNISTE n. (19231 s’emploie en médectie
royale assurant au titulaire d’une charge une pour un malade affecté de rétention d’urine. + RÉ-
somme payable par son successeur). 0 Avec une TENTAT n. m. (v, 1970) est dérivé du radical de ré-
valeur active INaction de retenir un élève4 et résul- tention, en physique, pour désigner la partie d’une
tative, il se dit d’un type de punition scolaire (18351 solution qui ne passe pas à travers la membrane
où l’on garde l’élève k-f consigw3 en retenue Il8161 (par opposition à osmosat). 4 RÉTENTEUR, TRICE
en lui imposant un travail supplémentaire. Il s’ap- adj . et n. (1552) est dérivé savamment du radical du
plique au fait de retenir des marchandises en supin du verbe latin selon un type savant “retentor
douane (1836) et, surtout avec une valeur résulta- Ile bas latin atteste retentor ccelui qti retient4 0 Le
tive, du chifke réservé da,ns une opération mathé- mot s’emploie dans les vocabulaire de l’anatomie,
matique (1904, Larousse). *Des sens métony- de Ia physiologie et du droit.
miques techniques du mot, pour «ce qui retientu
autrefois synonyme de diguem ! 15721, corres-
RETENTIR v. intr. est formé en français
pondent à aespace s’étendant entre deux écluses et Iv. 1155) de re-* et de l’ancien français tentir Iv. 1138)
où l’eau s’est maintenue à un niveau constant» arésonnerm, *faire entendre un son et, transitive-
( 18 121, aassujettissement des extrémités d’une ment afaire entendre, proférer)), lui-même issu
poutren (16761, Ncordage maintenmt un objet que d’un latin populaire Otinnitire, fréquentatif expressif
l’on hisse, à bord d’un navire» 11694. + D’après le du latin classique tinnire -tinter, rendre un son
sens psychologique de retenir, retenue désigne la cl& (+ tinter, issu d’une autre forme).
qualité d’une personne faisant preuve de modéra- + Le verbe, démotivé dès que tinter se substitue à
tion dans ses sentiments, ses élans ( 16111, sens qu’il tentir et en l’absence d’un “retinter, se dit d’un lieu,
a repris a l’ancien masculin substantivé retenu d’un espace qui est rempli de bruit Iv. 11751, tié-
Ixw” s,). 4 Enfm, au XX~s., un sens technique de rete- querrtrnent suivi d’un complément construit avec
nir (un fluide, etc.1 aboutit pour retenue à <<faitde de. Il est plus courant en parlant d’un bruit qui se
contenir l’eau dans un barrageB et, par métonymie, fait entendre avec force Iv. 1210). II a développé une
ahauteur d’eau emmagasinée dans un réservoir, valeur figurée très comparable à celle de la lo-
un bief)) Il962 dans les dictionnairesl. cution faire du bruit et, dans un style didactique, si-
0 voir RÉTENTION. gnSe cavoîr des répercussions, une action sur)>
(XVI~s.), emploi comparable à celui de trouver un
RÉTENTION n. f. est emprunté 11291) au latin écho.
retentio, -onk #action de retenir*, spécialement en F Le dérivé RETENTISSEMENT n. m. Iv. 11601 dé-
médecine lurinae retenti1 et en droit (retenti0 doti signe proprement le fait de retentir et, plus
cretenue de dot+ également amaintienn, de reten- souvent, le son ainsi produit (XIII~s.1,répercuté par
tum, supin de retinere (-, retenir). un écho mais cet emploi est devenu secondaire par
+ Le mot fut repris par les clercs au sens juridique rapport aux figurés. Il concerne la manière qu’a un
d’caction de réserver ses droits)), sorti d’usage au individu de parvenir à la notoriété ( 16 151, sens dis-
XVII~siècle. En ancien et moyen français, il corres- paru. + À partir du XIX~s., le mot désigne l’en-
RÉTIAIRE 3220 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

semble des répercussions, des conséquences +Le mot est employé en optique pour le disque
(av. 1830) et les réactions suscitées par un événe- percé d’une ouverture circulaire coupée par deux
ment notoire 11870). Il est employé spkialement flets très fins se croisant à angle droit au centre et
pour un des traits constitutifs du caractère Ià côté servant à la visée dans les lunettes astronomiques
de émotivité et ccctivité) dans la caractérologie de et terrestres. 0 La forme latine RETICULUM n. m.
Heymans, Wiersma et Le Senne, désignant la ma- ( 1765) désigne une résille, puis ( 1817) la gaine fi-
nière plus ou moins rapide et profonde dont les breuse qui entoure la base des feuilles dans les pal-
événements de la vie psychologique affectent un miers, avant d’être remplacée par réticule dans ces
sujet. +RETENTISSANT,ANTE, participe présent deux sens (respectivement 1842 et 1845). - Le mot a
adjective de retentir (15461, qutie un lieu rempli subi la concurrence de l’hispanisme résille* mais
de bruit, ce qui produit un son puissant (16901.0 Il a reste employé pour désigner une coiffure féminine
quelquefois le sens dévalorisant de «creux, viden antique (18421, puis un petit sac à main en filet à la
(1825, hmrtine : mots retentissants), puis le sens mode sous le Directoire et la Restauration (1800 ;
figuré de “qui a de grandes répercussions, dont on 18343 sens étendu plus tard à @ès petit sac à main
parle beaucoupti (1824). Mais, à la différence de re- de dame». - Reticulum est resté vivant en histolo-
tentissement, c’est pour l’adjectif le sens concret ou gie pour aréseau formé par les fibres de certains
métaphorique qui l’emporte. tissus ou les anastomoses des petits vaisseaux»
11878).
RÉTIAIRE n. m. est emprunté (1611, puis
v. 1620) au latin retiariw, nom donné au gladiateur b Réticule a produit, peut-être sous l’influence du
sans cuirasse, armé d’un trident, d’un poignard et latin reticulatus, RÉTICULÉ, ÉE adj. (17841 Mfait en
d’un grand flet avec lequel il cherchait à envelop- forme de réseau, crois& et, par extension, «qui sup-
per son adversaire (généralement le mirmillon). Le porte un réseaw (av. 1848, Chateaubriand). 0 Le
mot est dérivé de rete afilets (-+ rets). mot, d’un usage littéraire ou didactique, qutie
4 Le mot français est resté didactique et n’a pas eu aussi une porcelaine à deux enveloppes (1870), un
la diEusion de gkz&ateur. sol polygonal, et, en anatomie, un tissu conjonctif
constitué de cellules et de fibres réunies en réseau.
RÉTICENCE n. f. est emprunté (v. 1552) au la- Cet emploi correspond à celui du composé RÉTI-
tin reticenti aaction de taire qqch., silencen, en rhé- CULO-ENDOTHÉLIAL adj. Iv.19301, avec un pre-
torique afigure consistant à s’arrêter avant d’avoir mier élément productif en médecine et en biologie.
exprimé toute sa pensée mais en laissant entendre + RÉTICULAIRE adj. formé savamment (16 10) sur
ce que l’on taitn. Le mot est dérivé de reticere ataire, le latin moderne reticulum, est un terme didac-
garder (une chose) par devers soin et, absolument, tique désignant l’état d’une surface réticulée, SP&
Ngarder le silencen, de re- I+ re-1 à valeur intensive cialement en minéralogie ! 1763 pierre réticuhire) et
et de tacere (<setaire, taire» C+ taire). à propos du plissement de la gélatine d’un photo-
+ Le mot désigne l’action de taire à dessein ce que type provoqué par la trop grande différence de
l’on pourrait, que l’on devrait dire, désignant spé- température ou d’acidité de deux bains successifs ;
cialement, comme en latin, une figure de rhéto- le mot s’applique aussi à la formation de liaisons
rique consistant à ne pas terminer un énoncé dont additionnelles entre les chaînes d’atomes de ma-
le contenu reste pourtant clair (1671). Il a déve- cromolécules qui provoquent un durcissement de
loppé par métonymie le sens d’<<omission volon- la substance ( 1968 dans les dictionnaires généraux).
tairem (1774). En droit, il désigne la dissimulation vo- + RÉTICULATION n. f. (18121 se dit de l’état d’une
lontaire, donc délictueuse, des faits que l’on s’est surface réticulée, en chimie de la formation d’un
engagé par serment ou contrat à révéler (1807, réseau de relations additionnelles entre molécules,
Code civil). *Par métonymie encore, il désigne notamment de la formation de certains polymères
l’attitude, le comportement de la personne qui se à liaisons transversales. +Le radical de réticulaire
garde d’exprimer ouvertement sa pensée mais et de réticulatin a aussi produit RÉTICULER v. tr.
marque par sa réserve une désapprobation ( 17511. EV.19741 =provoquer la réticulation de (un po-
Cet emploi, condamné par les puristes, se ren- lyèdre)>>, en chimie.
contre chez beaucoup d’écrivains (Gide, Valéry,
Maurras, au figuré Proust1 et s’est répandu dans
RETIF, IVE adj. et n., d’abord restif ClO8Ol, re-
monte à un latin populaire Orestww, forme surpre-
l’usage commun.
nante dans laquelle on est amené à voir une haplo-
b RETICENT, ENTE adj., d’abord proposé comme
logie de “resitivus, proprement “qui s’arrêtes, du
néologisme par Richard de Radontiers (18451,
latin classique resture &arrêter~ (+ rester). Le lien
s’est répandu à la fin du ti s., quaKant ce qui dé-
sémantique avec rester s’a.%iblissant, le s s’est
note une attitude réservée, voire réprobatrice
amuï, conformément au développement du s en
(18973, une personne ayant un tel comportement
français devant consonne ; de là rétif (fin XII~s.1alors
(1914, Gide, qui s’en sert aussi pour qual%er ce qui
que le nom propre IZestifconsewait son s.
comporte des manques, des omissions volontaires
19341.
+D’abord employé dans Lu Chunson de Roland
dans la locution faire restif aforcer à s’arrêter,
RÉTICULE n. m. est un emprunt savant (16821 vaincres, sortie d’usage, le mot qutie encore au-
au latin reticulum, employé pour désigner w ré- jourd’hui une monture qui s’arrête ou recule au
seau, un met à petites mailles, une résille, un sa- lieu d’avancer (v. 11301, puis s’applique, par analo-
chet. Le mot latin est le diminutif de rete &etn gie, à une personne dilkile à entraîner ou à
(+ rets). conduire (début mle s.l. Il est perçu de plus en plus
DE LA LANGUE FRANÇAISE RETORDRE
comme un caractérisant psychologique et qualifie représentations de (une pièce)» 117421,aussi retirer
spécialement une personne qui s’oppose à une ten- de l’affiche, et «rétracter (un mot, un compliment),
tative amoureuse (1690). 0 Par métonymie, il quali- (17981, restent usuelles. * Depuis 1611, retirer, itéra-
fie une chose qui ne répond pas facilement aux sol- tif de tirer, exprime le fait de tirer à nouveau un
licitations, notamment sur un plan intellectuel, la coup de feu et, dans un tout autre domaine, un im-
mémoire et, plus rarement, l’esprit ( 1726). primé (18861, puis aussi une photographie.
b De rétif est dérivé RÉTIVITÉ n. f., d’abord resti- La forme pronominale se retirer Sign%e d’abord
veté (~III~s.1 avant l’amtissement du s conduisant (xv” s.1 <s’en aller d’un lieus; elle est employée spé-
tardivement à la forme actuelle (1868) ; le mot dé- cialement dans le contexte de la guerre pour
signe le refus d’avancer d’une monture. Par analo- ({battre en retraiten El6061 Icf. retraite]; cet emploi
gie, il se dit du caractère d’une chose qui ne répond est archtique. Se retirer crompre la liaison que I’on
pas facilement aux sollicitations (1853, Flaubert avait avec qqny 0553) et «abandonner un senti-
parlant de sa plume). Il est resté littéraire et assez ment= (1538) est sorti d’usage. Cependant les em-
rare. plois au sens de «se réfugier, rentrer chez soin
( 15301, <(quitter la profession qu’on exerça,& ( 1538)
RÉTINE n. f. est emprunté ~1143 au latin médi- et, en parlant de l’eau, *rentrer dans son lit après
cal médiéval retins <<membrane du fond de l’œilm, avoir débordém (v. 15001 restent vivants, ainsi que
lui-même du latin classique rete F(rets, aet* I+ rets), 4tre tiré, rétréci par une contractions (15301 plus
la rétine présentant un réseau de vaisseaux san- rare. 0 Un emploi concret s’est spécialisé dans un
gUiIlS. contexte érotique, pour {(retirer le pénis du vagin».
+ L’emploi de se retirer au sens spécial de aquitter
+ Terme de physiologie devenu assez usuel, rétine le commerce du monde, mener une vie moins dis-
s’emploie par analogie dans rétine électrique pour sipée» (16691, préparé par les sens de cs’en aller
l’ensemble des cellules photosensibles d’un lecteur pour s’isoler>> Cv.1485) et arentrer en soi-même>>
optique ( 19731, d’ailleurs rare par rapport à œil (v. 15801, remonte à l’époque classique et appar-
&ectrique, qui a un autre sens. tient à la thématique janséniste ; il est sorti d’usage,
F Au xrxeet au XX~s., le mot a produit une dizaine de mais on comprend encore se retirer du monde.
termes scientfiques : RÉTINITE n. f. (18301, RÉTI- - Depuis 1740, on rencontre se retirer, absolument,
NIEN, IENNE adj. ( 1854) le plus usuel, RÉTINO- pour aprendre sa retraite)) dans un contexte profes-
SCOPTE n. f. (19321, de -scopie, RÉTINOPATHIE sionnel (cf. retraite).
n. f. (1964) de -pathie, RÉTINOGRAPHIE n. f. (19751 b Les divers sens du verbe se retrouvent dans le
de -gruphk. participe passé adjectivé RETIRÉ, ÉE, surtout ceux
de la forme pronominale; l’adjectif qualifie une
RETIRER v. tr. est formé h. f 155) du préfixe re- personne qui vit loin du commerce des hommes
et de tirer*, mais sa fréquence et sa polysémie l’ont (1580), un endroit éloigné de tout ti xwe s.), une vie
en partie démotivé. qui s’écoule dans la retraite (XVI~s.1 et l’expression
+ Dans ses premiers emplois connus, il sigMe retiré en soi-même ( 1701) correspond à “qui fuit la
=raccourcir Zabride d’un cheval», sens sorti d’usage sociétén. +Le verbe a donné plusieurs noms d’ac-
au profit de tirer. ~Depuis le XIII~s., où il tion : le plus ancien, RETIRADE n. f. (1465) a dé-
commence à être employé pour aenlever (une signé une retraite militaire puis le retranchement
arme, un avantage à qqn)m, il réalise dans de nom- d’une armée dans le corps d’un ouvrage fortifG
breux emplois l’idée d’xenlever, ôterri, assumée à la (1611). Il a disparu. + RETIREMENT n. m. ( 1488) est
même époque par l’ancien fkançais détirer, entre peu usité avec sa valeur générale aaction de reti-
autres sens. À partir du xwe s., retirer exprime aussi rer, de se retirers; il est passé dans le langage tech-
l’idée de <recueillir (de l’argent) d’une charge». nique de la poterie, désignant un défaut par
+Les principales extensions apparaissent à partir contraction de la glaçure (1844). +RETIRATION
de la Renaissance; quant aux sens différents, n. f. 11564) est employé en technique pour une opé-
ration par laquelle on imprime le verso d’une
comme {{faire aller dans une retraite» (XVI~ s.1, et re-
feuille et dans machine à retirution. + RETIRAGE
tirer à, retirer sur ( 1538) cressemblerm, ils sont sortis
n. m., créé avec le sens dkction de retirer la tein-
d’usage (cf. tirer sur, avec un nom de couleur]. Dans
turem 117531,disparu, a été repris d’après retirer Mti-
le dernier emploi cité, le verbe laisse toutefois un
rer de nouveaun dans le domaine de l’impression
dérivé régional, retiraace *ressemblance)>, fkéquent
(surtout d’une gravure, d’un livre) pour cnouveau
chez G. Sand (Berri). Q Toujours en moyen fmnçais
tirage>> (1874). +À la même époque apparaît l’ad-
IXV~-WI~s.), retirer a pris le sens d’ccextraire d’un
jectif RETIRABLE adj. (17881,d’abord pour un fonc-
liew (v. 14851, spécialement <<délivrer (qqn) d’un pé-
tionnaire amovible. -Les noms RETIRURE n. f.
ril, d’un lieu où il était mal* (1553) également vieillis
(1803) *défaut d’une pièce couléen, et RETIRONS
au profit de tirer. En revanche, les nuances de la no-
n. m. pl. (18121 cbourres de laine restées dans les
tion d’extraire pour aramener à soi (sa mai&
peignes après le peignages sont d’emploi tech-
( 15591, au figuré acesser d’accorder (son amitiéIn
nique. + Au xxe s., un nouveau nom d’action, RETI-
(15531, afaire quitter à qqn une place» (v. 1580, retirer
RAISON n. f., d’abord régional ( 1923, puis tech-
des soldatsI, restent vivantes, de même que are- nique, s’applique en commerce à l’enlèvement
prendre (ce qu’on avait déposé)» (1636) *se dégager d’une marchandise ( 19731.
(d’une promesse))) (16641. À ce titre, on a longtemps
dit retirer son épingle du jeu (1585) avant de lui pré- RETORDRE v. tr. est la francisation d’après
férer tirer. D’autres spécialisations, <faire cesser les tordre” (attestée v. 1160, mais antérieure, cf. retoti
RÉTORQUER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ci-dessous) du latin retorquere ({tourner en arrière>> suscité IRRÉTORQUABLE adj., formé ultérieure-
qui a donné rétorquer* par emprunt, Il est rapide- ment (18401 pour lui servir d’antonyme; les deux
ment senti comme un préké intensif de tordre. sont rares. +RÉTORQUEMENT n. m. EV.1460) et
+ D’abord employé intransitivement pour <(se RÉTORQUATION n.f. (1704 dans rétorquafion de
tordrep (en parlant d’un fil), retordre est devenu un crime) sont sortis d’usage.
verbe transitifsignSant Hdonner un mouvement de RÉTORSION n. f., attesté vers 1300, est soit em-
torsion à (un ou plusieurs fis) pour leur donner prunté au latin médiéval retorsio, -on&, soit dérivé
plus de solidîtén (v. 1268). La locution figurée don- en français de rétorquer, d’après torsion”, nom d’ac-
ner du f3 & retordre s’est d’abord employée, par tion de tordre*. +Il n’a pas gardé le sens physique
une image obscure, au sens de <se prostituer>> isolé de <<retroussement des lèvres,, «retourne-
(av. 1633) puis pour (<donner du mal, causer des dif- ment)), s’alignant sur la valeur rhétorique de rétor-
ficultés~ ( 1680). * Comme dérivé itératif de tordre, quer pour désigner l’action de retourner un wgu-
le verbe a pris le sens de <<donner une nouvelle tor- ment (1607). 0 Il s’est spécialisé dans le langage
sion à)) (1606) et, ultérieurement, <<déformer de nou- diplomatique avec un sens voisin de «représailles=,
veau en pliant, en courbant>> (18751. dans mesures de rétorsion ( 18451, seul emploi vi-
vant. *Son dérivé RETORSIF, IVE adj. (1764,
F L’ancien participe passé Iretort, déb. XII~s.1, s’est
Rousseau) n’a pas eu de succès.
dit d’un bâton tordu puis a été adjectivé sous la
forme retuert ti XII~sa), retort (v. 1250) et RE- RETOUCHER v. tr. est dérivé (1176-1181) de
TORS, ORSE adj. (v. 1268) avec le sens propre de toucher* avec le préfixe re-*, mais s’est spécialisé,
soumis à l’action de retordre (en parlant de ~%S)D, ce qui l’a rendu indépendant.
substantivé (1904) pour le kl obtenu. Le sens concret + Après une occurrence isolée au sens moral, aaller
de <courbé, fortement crochu, (v. 1250) ne s’est pas droit au cœurn, le verbe est repris avec la valeur
imposé. + Le sens psychologique «rusé, d’une habi- itérative de Ntoucher de nouveaua, suivi d’un
leté tortueusem Iv. 17401, qui procède d’un dévelop- complément direct (v, 1225) ou introduit par à
pement analogue à celui de tordu, tort, tortueux, est 116551. + Au XVII~ s., il développe par extension le
devenu le plus courant, donnant lieu à un emploi sens de Nreprendre en modsant, en corrigean&
substantivé (1756). + Les autres dérivés ont une va- dans ces deux mêmes constructions (1663 ; 1688 81,
leur concrète souvent technique. RETORDAGE en parlant d’une œuvre littéraire, d’une œuvre
n. m. (13721, après avoir désigné un atelier où l’on d’art. ~Des spécialisations de ce sens appa-
tord le fi, est devenu le substantif d’action de re- raissent en photographie ! 1850) et en couture (18601
tordre (17981, rôle dans lequel il concurrence RE- au xIxe siècle.
TORDEMENT n. m., plus tardif (16063 et sorti
b Le déverbal RETOUCHE n. f. appardt en moyen
d’usage. + RETORDEUR, EUSE n., d’abord au fé-
français 11507, restouchel et s’est imposé plus lente-
minin retordmesse (XI~” s.1,puis au masculin retor-
ment; après un emploi isolé au sens d’wztion de
okur (14591, désigne l’ouvrier qui, dans une filature,
retoucher>>, il est repris au XVIII~s. à propos d’une
retord les fils ou, depuis la mécanisation, la ma-
correction, spécialement en peinture ! 1751) et en
Chine appelée RETORDEUSE n. f. (1874). *RE-
gravure ! 17651. Comme le verbe, il s’emploie au
TORDOIR n.m. 11803) et RETORSOIR n. m. (1721)
XIX~ s. en photographie (1860) et en couture (1857).
désignaient l’appareil chargé de retordre les ma-
+ RETOUCHABLE adj. “qui peut être retouché» re-
tières mamenteuses. +RETORDERIE n. f. S’ap-
monte au me s. (18531, tout comme RETOU-
plique à l’atelier de retordage 11870).
CHEUR, EUSE n. spécialisé en photographie [ 18771
et en confection 11882).
RÉTORQUER v. tr., d’abord retorquer (v. 13551
puis avec accent rétorquer 115491, est emprunté au RETOURNER v., d’abord returnar (8421, retor-
latin retorquere Ntourner en arrière}) d’où &iser les ner Cv.9801, est dérivé de tourner* avec le préfixe
cheveuxn, et, au figuré, =se reporter en arrièren, re-, mais s’est en partie détaché du verbe simple.
«changer ses dispositions d’espritn, <<faireretomber
+ Employé transitivement, le verbe a signifié adé-
la faute sur (qqn)>> et flretoumer contre qqn l’argu-
tourner (qqn) de qqch., avant de céder ce sens à dé-
ment dont il s’est servi-. Le verbe est formé de re-
tourner”. Dans plusieurs emplois, il exprime l’idée
I+ re-1 indiquant un mouvement en retour, et de
de atourner en sens inverse> (v. 11651; il correspond
torquere (-+ tordre).
à erendre, renvoyep, encore de nos jours pour
4 Les premiers sens, wamener, rapporter, aHri- ccréexpediern (1832 retourner le manuscrit), à <<orien-
huer> Iv. 1355) et arenvoyer, rejeter (une balle)>> ter dans le sens opposé* (1170-l 1831et à «utiliser ses
( 1552) sont sortis d’usage rapidement. + Le sens ac- propres armes contre qqn* (XIV~s.l. Ce dernier sens
tuel, qui correspond à <tourner contre son adver- est riche d’emplois abstraits dans le domaine de la
saire les arguments dont il s’est servi» (15491, autre parole, avec retourner un compliment (av. 15641, et
latinisme, est resté d’usage littéraire, le verbe se comporte souvent un valeur ironique (18721, par
répandant dans l’usage courant avec la valeur plus exemple dans retourner le compliment <<rendre
vague de «répliquer, répondre» 11840 ; 1910 rétor- une insulte, une remarque désagréablem (1918); on
quer que). Ttipffer a forgé par plaisanterie un verbe dit aussi, familièrement, retourner une gifle (dès
simple torquer Itorquer et rétorquer, dans les 1878 en ce sens, retourner atout). - Le verbe si@e
Voyages en zigzag). <faire changer qqn d’opinion- (déb. XIII~ s.) et achan-
b Les dérivés relèvent d’un usage didactique ou lit- ger d’opinion)) ; la locution figurée retourner sa
téraire, RÉTORQUABLE adj. (1580, Montaigne) a veste (18701, préparée par l’ancienne variante re-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3223 RETOURNER

tourner sa robe &I xve s.) correspond à la même va- retour (15491, de retour ( 1636). - Dès le XII~s., il dé-
leur. + La locution retourner la situation (1862) réa- crit simplement un mouvement en sens inverse
lise l’idée d’un changement général. +Plus d’un mouvement précedent El 170-l 183): la notion
concrètement, retourner se dit pour <<tourner en exprimée est à la fois spatiale, comme dans retour
sens contraire, à l’envers» Idéb. mes.), en parti- de marée 11691; 1649 retour de la marée) et tem-
culier aux jeux de cartes où retourner une carte, de porelle ( 1866 le retour de L’hiver). Elle inspire à par-
manière à ce qu’on en voie Za figure (16801,est à tir du XIX’ s. des emplois techniques eux-mêmes gé-
l’origine de la locution figurée de quoi il retome nérateurs d’emplois figurés, dans les expressions
(1739) cde quoi il est question». 0 Le mot exprime choc en retour (1842; 1884 au figuré), retour de
aussi l’idée d’un bouleversement sens dessus des- flamme (1890; 1926 au figuré), retour de manivei!!e
sous Eti xrve s.) et, ultérieurement, avec une valeur (1906 ; 1945 au figuré). La phraséologie figurée s’est
famihére, un bouleversement psychologique, une accrue avec retour de Won (1860) qui a le même
violente émotion (1851) plus coura&e au passif et sémantisme que choc en retour, retour de flamme
participe passé. oParallèlement, il correspond à et retour de manivelle, et retour en force (1946).
une opération volontaire dans Moumer la terre 0 Le langage technique du xx” s. a introduit le mot
(16601,retourner la sahde (17611,etc. +Dès l’ancien en cybernétique avec la valeur de arétroaction»
français, le préfixe re- se charge d’une valeur itéra- ( 195 1) appelée aussi action en retour (19641,et en
tive qui donne au verbe le sens de 4owner de nou- biologie où croisement en retour Il970 de retour)
veau, en tous sens= (v. 1320tourne et retourne) d’où, concurrence rétro-croisement. + Par métonymie, le
au figuré, CcrevenIr en esprit sur qqch., débattre, mot s’applique, de manière analogue à détour, à un
examinerm %II XVI~ s. ; 1573 également dans touw~er coude, un virage, une sinuosité (v. 12101; ce sens,
et retourner). + Le pronominal se retourner Iv. 980) a supplanté par détour, se maintient dans une spé-
signi-fié -revenir à son point de départ, avant de cé- cialisation technique en architecture en parlant de
der ce sens à la construction s’en retourner l’angle formé par une construction, un élément na-
Iv. 10501, prise avec une valeur figurée dans s’ert re- turel 11671; 1694 retour d’équerre). * Le mot est qua-
touer comme on était venu (1690).=QSe retourner siment synonyme de =renvoi>> en commerce ( 1669)
correspond à «faire demi-tours ou à ((tourner la tête et dans le domaine postal (1679 retour de lu lettre),
vers l’arrières cv.1130) et, de manière moins pré- où il est entré dans les expressions usuelles parre-
cise, à Mchanger de positionn 11188).Au figuré, le tour du courrîer (1857; 1794par le retour) d’où par
sens de «se rapprocher de nouveau de qqnm retour, et retour A l’envoyeur ( 19461, ainsi que dans
h. 1.2001,réalisé de nos jours avec la préposition le domaine de la librairie à propos des invendus re-
vers, coexiste avec “s’opposer àn Cl563se retourner tournés à l’éditeur appelés les retours (1897).+ L’ex-
contre; rare avant 1i’W 0 Absolument, se retouner pression cheval de retour 11690) concerne propre-
indique un changement d’opinion ti xves.- ment un vieux cheval utilisé pour ramener un
déb. xv? s.1 et de comportement ( 1723 se retourner équipage au lieu de louage ; elle a pris le sens m&a-
comme ont peut) pour s’adapter aux circonstances. phorique de aforçat évadé ramené au bagne)) C1828-
Moralement et spirituellement, il exprime le fait de 18291, puis de «politicien discrédité)> (début XX~S.I.
regarder mentalement le chemin parcouru (18341, - L’ancien sens de ~~changement, revirement}
de redescendre en soi-même (1835). Iv. 1155)disparut, l’idée de changement n’étant pas
L’intransitif retourner s’emploie d’abord comme sentie comme compatible avec la notion domi-
verbe de mouvement pour <aller de nouveau là où nante qui concerne le fait de revenir à un état anté-
l’on est déjà allé» (10801et erevenir sur ses pasm rieur; l’histoire du mot révolution atteste Ie même
(v. 11601,avec un complément de lieu, <regagner conflit d’idées. 0 Cependant, dans l’axe des re-
l’endroit d’où l’on vient et où l’on devrait se trou- tours de fortune (15691, on parle encore de juste re-
ver, (v. 1170). *Avec un nom de chose pour sujet, il tour des choses ( 1669). -L’accent étant mis sur la
sime 4tre restitué à, redevenir la propriété den restitution, la compensation à l’intérieur d’un
(12761.Dès l’ancien français, le verbe exprime abs- échange, retour s’est spécialisé en droit 11270)avec
traitement le fait de retrouver son état initial, de retour conventionnel, légul 117651, droit de retour
revenir à un état antérieur (v. 1180) et de se re- (1755). +Avec la même valeur temporelle que re-
mettre à une activité (v. 11801,à une conviction tourner, le mot exprime le recommencement, le
(v. 1200,dans un contexte religieux), de reprendre fait de se produire Ifïn XIII~ s.1,spécialement la répé-
un sujet de conversation (v. 12001, par exemple tition, la reprise (17511, d’où en philosophie, l’éter-
dans retourner à ses moutons Cv.14801.+Dans le nel retour ( 1829, Sainte-Beuve), aujourd’hui appli-
sens voisin de «recommencer à faire, faire de nou- gué à Nietzsche. oEn ce qui concerne le cours de
veaw ( 13761, retourner a été supplanté par d’autres la vie humaine, il comporte une idée de -déclin=
verbes. sensible dans les expressions sur Ie retour ( 1685 ;
b Le déverbal RETOUR n. m., d’abord return 1611sur son retour) et, en médecine, retour d’ge
(v. 1118)et retor Iv. 11651,exprime d’abord le fait de ( 1842) <<ménopause)). 0 Au xwe s., appliqué plus
repartir pour l’endroit d’où l’on vient et, par méto- spécialement à la vie morale et tiective, il
nymie, le chemin parcouru à cet effet EV.1165). commence à exprimer le fait de retourner à un état
Dans les transports en commun (XIX~ s.) retour s’op- habituel ( 1660 retour à la joie), de se recueillir en
pose au premier trajet, dit aller, d’où billet d’aller et Dieu (1672) ou de méditer en <revenant sur» soi-
retour (1874) elliptiquement un aller-retour. Retour même (av. 1662, retour sur soi-même). n s’applique
désigne aussi le moment où l’on arrive, le fait d’ar- aussi à une vue mentale rétrospective ( 16721,no-
river ( 1172-1190), dans la locution usuelle êkre de tamment dans l’expression retour en arrière (18761,
RÉTRACTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

passée dans la description d’un procédé du récit d’un ouvrage de saint Augustin dans lequel l’au-
littéraire ( 1899) et cinématographique (19491 teur traite des sujets déjà traités en y apportant des
kf. fzash-bachl. corrections. Le mot s’emploie d’abord en droit
L’autre substantif d’action dérivé de retourner, RE- ( 15493,puis couramment pour l’action de se rétrac-
TOURNEMENT n. m. (fm XII~s., retomement), a pâti ter, de désavouer ce qu’on a déjà dît.
de la concurrence de retour, mot auquel il a aban- 0 RÉTRACTER v. tr. et pron. est dérivé savam-
donné le sens d’c(action de revenir sur ses pas, de ment (1600) du latin retructum, supin de retruhere
retourner quelque partm au XVI~siècle. Le sens de afaire revenir en mère>> (-, retrait, retraite). +Le
<<faitde se détourner de>>VIII XII~ sd, solidaire d’un verbe est d’abord employé à la forme pronominale
ancien emploi du verbe, a lui aussi dispac, mais au se rétracter en parlant d’un fossé qui devient plus
profit de détournement. +Le mot a évolué selon étroit dans sa partie inférieure. Se rétracter a été
deux axes sémantiques : le premier, depuis le repris en médecine (1803), le verbe actif rétracter
XVIII” s., à partir de l’action qui consiste à retourner s’employant pour =tir-er en arrière par contraction>
quelque chose (1754, conduit à des emplois spécia- 118751, par exemple à propos d’un escargot qui
lisés en astronomie IlSlZ), géodésie, mathéma- rentre ses cornes.
tiques (18701 et aviation (19131. Le second exploite Le participe passé RÉTRACTÉ, ÉE a été adjectivé
l’idée de <<bouleversement, renversement d’une si- (18171, d’abord en botanique pour quaMer une ra-
tuation» (18591, par exemple dans retournement de dicule cachée par les cotylédons. c= Le sens général
situatirt(l911). -RETOURNEWR, EUSE n.,attesté de <<raccourci par la rétractionu apparaît plus tard
une première fois avec le sens de «porteur de mes- en anatomie (18701, se spécialisant en phonétique à
sages (xv” s.), puis de cpersonne qui ressasse des propos de la position dans laquelle les lèvres sont
idées, des parolesm (17701,a une vitalité limitée. 0 Il en retrait par rapport à leur position neutre (milieu
a été repris en technique à propos de la personne XX~s.), et en psychologie (1946). *Le verbe a pour
qui retourne les vêtements, en couture ( 1875) et de dérivé RÉTRACTIBLE adj., doublet de rétractile
l’appareil employé en brasserie pour retourner au- (ci-dessous).
tomatiquement 1’orge en germination (1934). + RE- RÉTRACTION n. f. est emprunté (v, 1210) au dérivé
TOURNAGE n. m. a modelé son évolution sur re- latin retractio, -0nis araccourcissement, retrait».
tounwur. Il a signifié <<action de retournera ( 17151, + L’ancien francais employait le nom au sens figuré
puis s’est spécialisé techniquement en couture de <<blâme>>et au sens général d’eaction de se reti-
(19271 et en brasserie 119341. rerp ~III~ s-1; ce dernier sens a des spécialisations
médicales au XVI~s., par exemple Nserrement de
0 RÉTRACTER v. tr. et pron. est emprunté cœur= (1552) et <<raccourcissement de certains or-
(v. 13701 au latin retractare, lequel recouvre deux ganes et tissus» 11539). +Le mot est repris au XIX~ s.
verbes. L’un est formé de w- I--Pre-1 indiquant le pour désigner la réaction par laquelle un animal,
mouvement en arrière et de tractare (+ traiter) et un organe se contracte et se déforme pour occuper
si@e aremanier, reprendre en main>) d’où, au fi- le moins de place possible. 0 Au XX~ s., il prend un
guré, <traiter de nouveau, revenir sur un sujet, pra- sens figuré et d’emploi littéraire : «réaction de dé-
tiquer de nouveau>>, <<renouveler», «repasser dans fiance>> (1918, Bourget). Conservant ses emplois en
son esprit)>. L’autre est le tiéquentatif de retrcthere physiologie, il sert à désigner une maladie, la ré-
C+ retrait) et signifie cchercher à tirer en arrière}), traction. de I’uponkvrose palmaire I 19041,également
absolument <<nepas vouloir avancer, être récaki- appelée maladie de Dupuytren. + RÉTRAC-
trant, résistera, et, au figuré, ((reprendre sa parole>) TIF, IVE adj., dérivé savant Il5001 du latin retiac-
fdicta retracfare3. L’ancien Mnçais a eu la forme tum, qualze d’abord au figuré ce qui détruit, puis
plus fkancisée retraitier (12671 Nrevendiquern et aré- ( 15371ce qui cause une rétraction, concurrencé en
vaquer*, en usage jusqu’au xve siècle. ce sens par rétractile.
+ Le verbe issu de tractare a été repris en français RÉTRACTILE adj., dérivé savamment ( 1770) du la-
par les clercs au sens juridique de erevenir sur un tin retractum, supin de retrahere, qualifie d’abord
acte, sur une afkire; annuleru et s’est répandu ce qui produit une rétraction, sens abandonné, puis
dans l’usage général au sens de <déclarer qu’on n’a quaMe un organe qui a la propriété de se tirer en
plus l’opinion qu’on avait avancée, se dédire>> arrière ou en dedans, par exemple dans ongles ré-
(15491, beaucoup plus fréquent à la forme pronomi- tractiles des chats (1798). Dans ce sens, il a éliminé
nale serétiacter qui apparaît en même temps rétractible, dérivé de 0 rétracter*. Il a développé le
(1545). sens figuré de “qui se retire, fait se retirer par dé-
fiancez ti XIX~ s.3. 40x1 dérivé RÉTRACTILITÉ
+La dérivation se borne à RÉTRACTABLE adj.
n. f. 11835) se dit surtout, dans une description di-
(1372 puis 16111, d’usage juridique, et à RÉ-
dactique, de la propriété d’un organe, d’un tissu.
TRACTÉ, ÉE adjectivation de son participe passé,
spécialement employé dans l’expression prêtre ré- +% RETRAIT n. m. est le participe passé subs-
tracté 117951,en histoire de la Révolution française. tantivé h. 1150) de l’ancien verbe RETRAIRE ( 1080)
RÉTRACTATION n. f. est emprunté (1247) au dé- qui signifiait d’une part Rraconter, relaterm, et
rivé latin retractati, -on& substantif d’ackion dé- d’autre part cccontractep> Km XI~s-1, puis en juris-
signant le remaniement, spécialement la correc- prudence Nretirer Cqqch.3» tv. 1155 se retraire;
tion de ce que l’on a déjà dit, ainsi que la résistance, déb. XIII~s. retrairel et également «abandonner (un
le fait d’être récalcitrant. +Attesté par Bloch et lieulm tdéb. XII~ S.I. Ce verbe est issu par voie orale
Wartburg en 1247, le mot a été repris au pluriel ré- du latin retrahere 4irer en arrière, ramener, ré-
tractations (1376) au bas latin IZetiactattiEones, titre duire>>, de re- (-, re-3 marquant le mouvement en
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3225 RETRANCHER

amère et truhere atirer, tr&ern (+ traire). De re&ajte aux flambeaux (1875) réalise à l’origine la
même que le verbe simple traire, issu de trahe~~, a même idée de <fait de se retîrerm dans un contexte
été évincé de l’usage courant par tirer, retruire a de parade militaire, puis celle de déplacement col-
pâti de la concurrence de retirer” et ne se ren- lectif de défilé. +À partir de 1580 (Montaigne), re-
contre plus qu’à titre d’archaïsme littéraire et jwi- traite exprime, sans idée de mouvement physique,
clique. Les deux formes du participe passé Mruit et l’action de se retirer de la vie professionnelle ou
retraite, se sont en revanche imposées, dî%ren- mondaine. Il est surtout employé avec divers sens
ciant progressivement leurs sémantismes. métonymiques, désignant l’état d’une personne qui
+ Le mot, d’abord attesté dans les locutions sans nul s’est retirée des daires (16361, et, avec l’évolution
retruit Iv. 1180) 4perdul sans retour» et avoir retrait des conditions de travail et les droits du salarié, la
wrs gqn. *s’en approcher pour s’adresser à lui», est situation d’une personne qui ne travaille plus et
également employé pour désigner l’action de se re- touche une pension (1870), notamment dans en re-
tirer, d’abandonner un lieu (v. 11801, et spéciale- traite et à 124rehite haettre, être mis à la retruite,
ment le reflux de la mer, du flot (v. 1160). * Le sens partir efi retraite). Par une autre extension métony-
métonymique de <<lieu où l’on se retiren, emploi qui mique, il désigne la pension versée à un salarié ad-
a disparu aux XVIII~-XJX~ s., avait donné lieu à des mis à cesser son activité, d’abord dans l’armée en
spéciakations comme *refuge> (v. 11751, 4îeux parlant d’un officier ( 17521,puis d’un fonctionnaire
d’aisances>> ( 1387 ; on trouve encore en 1853 le (17681, enfin au xrxe et surtout au xxe s. de tous les
terme chaise de retrait), et aussi ~logis~ (v. 13801, salariés dans le système d’assurances sociales, puis
«lieu où l’on veut être se& 11580) auquel corres- de la Séctité sociale (en France) ou d’assurances
pond chumbre de retrait Iv. 1360)où retiuif a le sens privées. Quelques locutions concernent l’organisa-
actif d’ccaction de se retirer>>. + Le mot désigne aussi tion de ce service : caisse de retraite (18451, régime
en droit l’action de retirer qqch., de se substituer à de retraite, etc. Le mot désigne par métonymie le
l’acquéreur d’un bien en lui remboursant le prix, temps de la retraite. 0 En dehors de la vie profes-
les intérêts et les fkais (15491. - La locution en re- sionnelle, le mot lu72e retraite1 désigne une période
trait El61 1) a d’abord le sens de cseulm et a été re- pendant laquelle on s’éloigne de la vie mondaine
prise pour uen arrière de l’alignements (18931, d’où, pour la récollection spirituelle cv. 1673’. +Retraite a
au figuré, «moins avancé, pour un homme, un eu un usage plus fkéquent que retrait avec le sens
parti>> (av. 19061, conformément à l’évolution géné- de ((lieu où l’on se retire*, <lieu de refuge, abri>
rale du mot, 0 Au me s., en effet, retrait a étendu Iv. 1460) et <lieu de repos>> (v. 1580) ; il se disait égale-
ses emplois, et Sign%e Naction de se contracter, ment autrefois du repaire de certains animaux ; ces
pour un corpss (1824, déjà assumé par le féminin valeurs sont littéraires ou archaïques. *Une autre
retraite chez BufTon), voisin de rétractioa et, au fi- valeur Nfait pour un corps de se retirer, de se ré-
guré, afait de se replier sur soi-même comme pour tracter, résultat de ce fait, E1314, en anatomie), sup-
se défendre)) (1913). 0 La locution rek& d’emploi plantée par retrait, réfraction, a disparu, sauf en ar-
(1870) désigne une sanction professionnelle. Dès chitecture à propos de la diminution d’épaisseur
lors, retrait tend à fonctionner comme substantif d’un mur 11481, pierre de retraite; 1549).
verbal de retirer, notamment dans un contexte ad- Les dérivés se rapportent au fait de se retirer d’une
ministratif (retrait d’autoriwtiopt, de permis de activité professionnelle ou de la vie mondaine.
conduire, etc.). * RETRAITER v. tr. (17231, d’abord employé dans
w RETRAITE n. f., substantivation du participe faire retraiter amettre qqn à la retraite, avant de
passé féminin de l’ancien verbe retraire Iv. 11851, s’employer indépendamment (18191, a vieilli. * En
est plus vivant en kanqais moderne que retrait. revanche, le participe passé RETRAITÉ, ÉE, adjec-
+ Le mot désigne d’abord l’action de se retirer d’un tivé et substantivé ( 18191, reste usuel pour désigner
lieu, le départ. Ce sens, sous la concurrence de re- une personne mise à la retraite. * Le préfk PRÉ-
trait et de mots d’autres séries, notamment départ, RETRAITE n. f. I19661, d’abord écrit pré-retiaife, si-
a vieilli dans sa généralité, faire retraite <<seretirern gn%e tiretraite anticipéen et par métonymie 4lo-
(v. 1330) étant sorti de l’usage après le XVII~siècle. cation Ver& à cette occasion>), SEMI-RETRAITE
+Cependant, en contexte militaire, retraite dé- n. f. recouvrant la cessation partielle des activités.
signe encore l’action de se retirer du champ de ba- + On rencontre RETRAITANT, ANTE I-L ( 1886)
taille lorsqu’on ne peut s’y maintenir Iv. 12 13, son- <<personne qui fait une retraite pieuse».
ner lu retraite) Mors que se retirer est archaïque 0 voir 0 et@ RETAMER.
dans ce contexte], quelques locutions techniques
comme battre en retraite 11671) passant dans RETRANCHER v. tr., d’abord retrenchier
l’usage courant au propre (av. 18611 et au figuré Cv. 1131) et retrencher Cv.11751, est dérivé de tran-
( 1702). Par métonymie, le mot désigne la sonnerie cher” avec le préke re-*, mais s’est detaché du
du clairon qui annonçait le couvre-feu (xwe s.1,puis verbe simple dans la plupart de ses valeurs.
l’obligation pour les soldats de regagner leur caser- + Le verbe sime <<ôter,supprimer-n, faisant passer
nement (v. 15801 et, de nos jours, la fm d’une ma- au second plan ou en éliminant la valeur concrète
nœuvre. Dans la marine, le coup de canon de re- de «trancher» qui le lie au verbe simple. Ce sens
traite désigne un coup de canon à blanc que le couvrait autrefois une aire d’emploi plus impor-
navire tirait pour faire prendre le service de nuit tante que de nos jours ; les emplois concrets ont dé-
(16861. - En vénerie, le mot s’emploie à la fois pour cliné SOUS la concurrence de couper ou de verbes
le rappel des chiens, et, par métonymie, la sonnerie plus précis (relatifs à la taille d’un arbre, à la résec-
de trompe qui l’annonce (1387- 13891.+ L’expression tion d’un organe). L’emploi pour <<faire des écono-
RÉTRÉCIR 3226 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mies sur qqch., réduire une dépensem, à Zafois tran- de (qqch.)H ( 16891. La forme pronominale se rétrécir
sitif Iv. 1155) et pronominal (1656, Pascal), est sorti correspond à «devenir plus étroitti (15961 et à xres-
de l’usage tout comme son extension pour <<ré- treîndre son aictivité, sa portée» (1689). Rétrécir
duire, borner & ( 1658, retrancher àl. 0 Il s’est main- s’emploie aussi comme irk&itif, notamment à
tenu dans la spécialisation mathématique de ~SOUS- propos d’un v&ement qui devient plus étroit après
traire (une valeur quantifiable, une valeur le lavage (1718).
numérique)~~ E1907). +Le sens d’cexclure, éliminern F RÉTRECISSEMENT n. m. Km XVI~sd, d’abord res-
(16071, avec un nom de personne pour complément, tiécissement (15461, correspond par le sens au
équivalait spécialement à aexcommunier» (1587, re- verbe. II s’emploie techniquement en pathologie
trancher de l’Église1 et dans retrancher qqn du pour &minution permanente du calibre d’un
nombre des vivants, à afaire mourir*, emplois litté- conduit, d’un otite> ( 1832). + Le participe passé
raires et archaïques. oLe sens de Ksupprimer un RÉTRÉCI, IE est adjectivé, au propre @n xwe s.) et
énoncé» ( 1669) est en revanche usuel. * Dans un se- au figuré ( 1778) avec une valeur morale péjorative
cond axe de sens, retruncher est lié à l’emploi de de aborné, étriquén. * Tandis que l’adjectif simple
tranchée en fortification; il correspond à œmunir RÉTRÉCISSABLE est resté rare. 4 Son antonyme
une place de fossés, de fortikations pour arrêter préfixé IRRÉTRÉCISSABLE adj. (1845) se ren-
l’ennemi et s’y abriter)) (16 111.Ce sens a disparu en contre plus fréquemment au XX~s. (av. 1922) pour
emploi transitif, mais il correspond ensuite au pro- qutier un tissu. 0 Il a pour dérivé IRRÉTRÉCIS-
nominal se retrancher, ss’abrîter derrière des forti- SABILITÉ n. f. cv. 19501,terme technique.
ficationsm ( 1652) et, au figuré, «se retirer pour se
protéger= (1674, Corneille); se retrancher dam, RÉTRIBUER v. tr. est emprunté (1370) au latin
avec un nom abstrait pour complément, corres- retribuere Ndonner en échange, en retour, rendre,
pondant à Nborner son attitude &) ( 1662). + Le sens restituer, récompensep, de re- marquant le mou-
réitératif de «trancher de nouveaw, relevé une fois vement en retour I-+ re-1 et tribuere flrépartîr (entre
au xve s., a été gêné par les sens concurrents, mais les tribus), distribuer, accorderti, mot dont un dé-
il demeure disponible. rivé a donné ttibut, de tribus (-+ tribu).
.RETRANCHEMENT n. m. h.1190, retrenche- + Le verbe s’est éloigné à partir du XV~~s. du sens
mant) a suivi la même évolution ; son sens de “SU~- originel d’emprunt, adonner en retour, indemniser,
pression d’une partie d’un tout>>a reculé en parlant rendrem, et ceci lorsqu’il a pris dans le style biblique
d’une mesure d’économie Iv. 16 141, de l’action d’ex- le sens de <donner à (qqn) le salaire, la kmunéra-
clure qqn de l’Église 11587) et de le mettre à mort. Il tion qu’il mériten, sous l’influence de rétribution,
demeure vivant à propos de la suppression d’un d’abord II 541, Cakinl dans rétribuer qqch. 9 qqn.
énoncé (1579, de certaines syllabes dans un mot) et Cette valeur ne s’est répandue dans l’usage cou-
celle d’une chose quantifiable. Le sens local d’aes- rant qu’au XM~ s., le mot étant alors construit avec
pace retranché d’un plus grandn fait de retranche- un complément désignant soit la personne, l’em-
ment un terme d’architecture strictement équiva- ployé ( 18311, soit le travail, le service (18341. D’usage
hnt, à réduit (1664). +Le second sens, *ouvrage de assez large, le mot peut aussi recouvrir le concept
défense= 11587), surtout au pluriel retranchements, de &compenser».
a produit la valeur figurée de <(moyen dont on use ~RÉTRIBUTION n-f. est emprunté IV. 1120) audé-
pour se protégep ( 16561, en particulier dans une rivé bas latin retributio, -0nis arécompense, renvoi}}
polémique (pousser qqn dalzs ses derniers retrun- et aaction de rendre la pareille», arétorsion*, Il rem-
chements; dès 1688 au singulierl. *Le participe place le dérivé fkançais réttiuement (v. 1350). - Le
passé RETRANCHÉ, ÉE est employé adjective- mot désigne concrètement la somme d’argent,
ment dans le domaine militaire @positif retran- l’avantage en nature donné pour un travail, un ser-
chées], et avec la valeur figurée de «replié dans une vice rendu. Il renvoie également à une récompense
attitude défensivep. en rapport avec une action iv. 12201, spécialement
RÉTRÉCIR v., réfection ( 15491 de restmicir comme terme de dévotion ( 16941, par exemple
krve s.), est formé de re-* à valeur intensive et de dans rétribution céleste. Au XVII~s., Capelain l’em-
l’ancien verbe ÉTRÉCIR, testrécir, déb. xrve s.1 qui, ploie au sens de aréciprocité* par latinisme; Vau-
sous cette forme, est la variante de l’ancien français gelas, Alemand le Censur&ent (4 peut être très
etritser, estrecier, en usage du ae au xwe s., Sign%ant utile et très sign%catif parmi les ecclésiastiques
arendre étroit, devenir étroit, resserrers) et au fi- sans qu’on puisse inférer qu’il doive être mis par
guré <presser, s’appliquer avec intensité contre». tout4. 0 Sa spécialisaUon en commerce maritime
Ce mot est issu d’un latin populaire “stricttire pour le partage des k-ais et des avaries entre les as-
wenclre plus étroita, dérivé du latin classique stic- sureurs et les assurés (1690) est sortie d’usage. Seul
le sens premier est resté en usage.
tus enserré, étroits (-, strict), participe passé de Mn-
gere (-+ étreindre). La forme renforcée rétrécir a éli- 0 RÉTRO + RÉTRO- (RÉTROVISEUR)
miné progressivement étrécir, encore vivant au
XVIII~s. au sens propre de {{rendre plus étroit> et au 0 et 0 RÉTRO -+ RÉTROGRADE
figuré aamoindrir, restreindre la part de& (av. 1704,
Bossuetl, également employé à la forme pronomi- RÉTRO-, premier élément de composés, est
nale s’étrécir au propre (XIII~ s.) et au figuré ( 172 11. emprunté au latin retro, adverbe Sign%ant (‘en ar-
4 Rétrécir Sign%e proprement «rendre plus étroit» rière=, aderrièren, aen retourfi et (<en sens
d’où, au figuré c&duire l’activité de (qqn), la portée contraire-, employé depuis Apulée comme prépo-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3227 RÉTROGRADE

sition, également au premier terme de composés RÉTROCESSTON n. f. est emprunté (1530) au de-
et juxtaposés (voir ci-dessous). Retro est dérivé de rive bas latin retiocessio, -anis ((situation en retraitn,
re-, red- I+ re-1 avec le même sufke comparatif spécialisé en droit en latin médiéval. + Le sens phy-
queintro & l’intérieurm (4 introduire). sique de umarche en retrait, recul)), correspondant
+ Rétro-, productif aux XIX~ et xxe s., exprime un à l’ancien sens du verbe, est sorti d’usage.
mouvement spatial ou temporel d’avant en arrière. +Comme rétrocéder, le mot s’est spécialisé en
droit au sens du latin médiéval, «acte remettant à
b 11entre notamment dans RÉTROVISEUR n. m.
qqn ce qu’il avait cédé» ( 16401,si@ant par exten-
( lgzo), devenu usuel pour désigner le miroir per-
sion @ansfert d’un bien acquis à la personne qui
mettant de regarder vers l’arrière, dans une voi-
l’avait antérieurement cédén ( 19041. + Depuis le
ture automobile. Il est quelquefois abrégé en 0 RÉ-
TRO (1953). xrf s., il désigne en médecine le recul, la dimînu-
tion de manifestations pathologiques ( 18451,se rap-
prochant sémantiquement de régression et de ré-
trogradution, et influençant le développement du
verbe. +Les dérivés RÉTROCESSIONNAIRE
RÉTROACTIF, IVE adj. est dérivé savam- adj. etn. (1829) et RÉTROCESSIF,IVE adj. (1842)
ment, d’après actifk (15101, du latin retroactum, su- sont deux termes didactiques employés en droit.
pin de retroagere <faire reculer, rétrograderu, de re-
tro- C+rétro-1 et de agere amener, conduire>> RÉTROGRADE adj. est un emprunt EV.1350)
(+ agir). au latin retrogradus “qui va en arrière, en sens in-
4 Cet adjectif didactique qualifre une chose, essen- verseN, de retrogradi aaller en arrière-, lui-même
tiellement une mesure légale ( 1510, clause rétro- de retro- Nen arrières I+ rétro-) et de @adi amar-
active) qui exerce une action sur ce qui est anté- cher, s’avancen (+ grade).
rieur.
+Le mot est emprunté comme terme de poétique
FRÉTROACTTVEMENT adv.,aprèsunepremîère par Guillaume de Machaut dans l’expression rime
attestation en 1603, a été repris au XM~ s. 11842, Aca- rétrograde, à propos d’une rime telle que le second
démie). +RÉTROACTIVITÉ n. f (1801, non rétro- vers doit commencer par le mot qui tit le premier
activité) a été formé sur le modèle d’activité”. * RE- et ainsi de suite. *Parallèlement, il est repris en
TROACTION n. f. est dérivé savamment d’après mathématiques avec le sens propre de “qui va en
action* (v. 15501du latin retroactum. 0 Le mot a dé- arrière, reprend en sens contraire le chemin par-
signé le fait d’accuser, en réaction à une accusa- courut (v. 13701,qua&ant en astronomie le mouve-
tion, rétro- indiquant un mouvement en retour,
ment d’un astre se faisant en sens contraire du
sens sorti d’usage. Sous l’influence de rétroactif: le
sens direct (XIV~sJ. * L’adjectif s’est répandu dans
nom designe une action ayant un effet sur le passé
l’usage courant au concret (xv” s.1,d’oti mouvement
11750). Il s’emploie en sciences pour aaction en re-
rétiogrude au billard (18751, et au figuré (16361, dé-
tourm, servant à rendre l’anglais feed bu& dans les
veloppant une nouvelle spécialisation en versifrca-
théories de l’information, son quasi-synonyme
tion gréco-latine en parlant de vers pouvant se lire
réaction ayant une valeur tiaiblie.
à rebours en inversant l’ordre des mots ( 1685, Fure-
RÉTROAGIR v. intr. est la francisation (1790,
tière). + Le sens psychologique péjoratif, <opposé
C. Desmoulins), d’après agir”, du latin retrougere,
usage suscité par l’emploi politique de rétroactif et au progrès)>, est attesté pour la première fois pen-
rétroaction avant et pendant la Révolution. oLe dant la Révolution (v. 1790) chez Mirabeau ; l’emploi
verbe, qui Sign%e aavoir une force sur le pass&, est substantivé (1842, Académie) est rare. De ce sens
plus didactique que rétroaction et, surtout, que ré- vient l’abréviation, @ rétro (ci-dessous). Au XX~s., le
troactif: Il correspond à “agir en retour*. mot est passé dans la terminologie médicale pour
quatier un type d’amnésie relative aux faits anté-
RÉTROCÉDER v. est emprunté E1534) au latin rieurs à un moment donné ( 19321.+ Sa substantiva-
retrocedere ((reculer, rétrograderti, spécialisé en la- tion pour le fait de revenir en arrière par un mou-
tin médiéval au sens juridique de #remettre Iqqch.1 vement contraire Cv.16003 s’est spécialisée en
à qqn par un nouveau donu. Le verbe est formé de mécanique (1765) et a disparu au bénéfice de rétro-
retro- I+ rétro-) et cedere «aller, marchern 13 céder). gradation (ci-dessous).
+ Le sens physique de =reculer>> a été abandonné au bfiétrograde n’a pas produit de dérivés, mais il a
profit de rétro@tier, comme le sens correspon- été abrégé à deux reprises. 0 RÉTRO est substan-
dant de cé&r. Le verbe s’est spécialisé en droit tivé au billard 1186 1in D.D.L.) par ellipse pour mou-
pour ((remettre à qqn par un nouvel acte (ce qu’il vement rétrograde en parlant du coup consistant à
avait cédé auparavantlm (1611). o Au XIX~ s., il a pris fkapper une bille pour qu’elle revienne en arrière.
le sens secondaire de -céder à un tiers (un bien - 0 RÉTRO s’emploie adjectivement (1973) en par-
wheté pour son usage personnel)» t 1836) et a été lant d’une mode, d’un style qui imite le passé ou s’y
repris en médecine d’après rétrocession. Ici-des- réfère, d’une personne qui suit cette mode, adopte
sous), s’employant intransitivement pour &gres- ce style. Le mot s’est répandu à partir de l’automne
sew en parlant d’un processus pathologique (1% 1). 1973 à propos de la mode vestimentaire ; en 1974, il
bLe participe p&3ent RÉTROCÉDANT,ANTE a a gagné tous les domaines de la vie culturelle (un
été adjective krxe s.1 en droit pour qualifier me film rétro, etc.) politique et sociale ty compris en
personne qui rétrocède une chose à qqn, puis subs- emploi adverbial et substantivé) de sorte qu’il a
tantivé. bientôt été galvaudé et a repris chez certains la va-
RÉTROPROJECTEUR 3228 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

leur péjorative qu’il avait éliminée par rapport & ré- RETS n. m. est l’orthographe savante (1538) de
tYOgYUd& rei (v.11201, roi (v. 11301, reiz Iv. 11551, rez
RÉTROGRADER V. est emprunté U5nXIV~s.) au bas Idéb. XIII~ s.), formes archaïques issues du latin retis
latin re&o@adare, variante du latin classique retio- n. f., surtout au pluriel retes, variante du neutre
gradi. *Le verbe a suivi la même évolution que ré- rete, -is (au pluriel retial &lets, d’origine obscure.
trograde. Il est d’abord relevé au participe passé ré- Le mot fknçais fut d’abord féminin, comme reti en
@ogK&é en poétique médiévale Km XIVes.), puis à latin, avant que sa fYnale ne le fasse assimiler à un
l’actif en astronomie pour un astre qui traverse les masculin à partir du XVI~s., le féminin disparaissant
constellations zodiacales dans le sens contraire a au xvrle siècle.
celui où les traverse le soleil (1488). 0 Au XVI~s., il a + Le mot, le plus souvent usité au pluriel, servait à
élargi son aire d’emploi, au propre (1564) et au fi- désigner un filet pour prendre des oiseaux, des
guré, pour <<revenir en arrière dans le temps, re- poissons, du gibier, acception archaïque. Seul le
monter à une période antérieure= (1589). II s’em- sens figuré, Nartikes par lesquels on s’empare de
ploie quelquefois avec la valeur dépréciative de qqn ou de son espritw ti x# s., Ch. de Pisan), est
arevenir à une situation plus ancienne jugée infé- resté vivant, dans un style soutenu ou littéraire. Le
rieure)) I16901, spécialement apasser dans une si- sens technique de «réseau>> en anatomie dans rets
tuation hiérarchiquement inférieures (19071 d’où, admirables Kpetit plexus ou lacis de vaisseaux en-
en construction transitive, «soumettre (qqn3 à une tourant la glande pituitiaîre» (v. 1560, Paré) est sorti
telle punition (19061. 0 1l s'est spécialisé comme d’usage. Rets a perdu de son importance au profit
intransitif en parlant d’un véhicule qui passe à une de son dérivé diminutif réseau.
vitesse inférieure (1964, Larousse), et, par métony- bRÉSEAU n.m., d’abord resel (v.1180), rozbel, ray-
mie, de son conducteur. +Sous l’influence de pro- siau ~II” s.1 avant la forme actuelle cv.1300), dé-
gression” et régression*, rétrograder a produit signe d’abord un petit filet pour prendre des oi-
RÉTROGRESSION n. f. (1836) amouvement en ar- seaux ou du menu gibier. Il a perdu cette valeur
rière, recul», qui fonctionne en concurrence avec diminutive et désigne Uin xwe s.3 un ouvrage for-
r&ro@adation. -RÉTROGRADATION n. f., em- mant un fiIet à mailles plus ou moins larges et, par
prunt (av. 13001 au dérivé bas latin retiogrudatio, analogie, un tissu formé de petites mailles @n
-onk Nmouvement en arrière», s’emploie d’abord XVI~s.), appelé plus tard résille” I+ réticulela *Le
en astronomie. Le sens général, aaction de revenir sens figuré, «ensemble de choses abstraites empri-
en arrières ClS501,semble avoir eu du mal à s’impo- sonnant peu & peu l’in$vidw s’est développé de
ser, ce qui explique la création ultérieure de rétro- bonne heure Iv. 12401. -A partir du XVIII~ s. la vita-
@ession. 0 Le sens figuré Iv. 1794) demeure plus lité du mot se manifeste par des spécialisations
rare que pour le verbe et l’adjectif. 0 Au XX~s., le concrètes : réseau est devenu un terme de descrip-
mot s’applique aussi à une sanction disciplinaire tion physiologique, pour l’entrelacement de nerfs,
dans l’armée, dans l’administration (v. 1904) et, par de vaisseaux où circule le sang (1762). 0 Dans la se-
extension, en sport. conde moitié du xrxe s., il s’applique aussi par abs-
traction à un ensemble de personnes en liaison
RÉTROPROJECTEUR + PROJECTION entre elles, directement ou indirectement 118621,
notamment une organisation clandestine, et en
RÉTROSPECTIF, IVE adj. est formé (1775) sciences un ensemble de points communiquant
d’après prospectif* et perspectifh avec l’élément ré- entre eux (av. 1869). +Parallèlement, le sens pre-
tro-* indiquant le mouvement en arrière, et le radi- mier suscite d’autres spécialisations, <(fond de den-
cal du latin spectare aregarder, observer>>, forme telle à dessins géométriques> (18701, «entrelace-
fréquentative du verbe archtique specere (+ spec- ment des MS d’une toile d’araignées (1875). En
tacle). optique, le mot désigne une surface striée (18271,
d’où réseau cri.&& Cd s.l. +Les sens analo-
+ Cet adjectif qualtie ce qui est dirigé vers le passé,
giques se sont multipliés vers le milieu du XIX~ s.
vers une période antérieure, ce qui <regarden en
avec l’idée d’un ensemble de lignes entrecroisées :
arrière. Il se dit aussi de ce qui permet de revoir le réseau désigne un ensemble de voies de communi-
passé (18361, et d’un sentiment, d’un état tiectif cation reliant les régions d’un pays (18491, un en-
s’appliquant à des faits passés (1854). semble de voies de communication télégraphiques
,Il a produit RÉTROSPECTIVEMENT adv. 11845) (18491, téléphoniques (18791, par métonymie une
et RETROSPECTION n.f. (1850), mot didactique. ancienne division administrative des chemins de
*Le féminin RÉTROSPECTIVE a été substantivé fer français ( 1870) formant aujourd’hui une région,
( 1919) pour désigner une projection, une exposition et un ensemble de lignes aériennes, réseau aérien
présentant l’ensemble des œuvres d’un artiste, (déb. XX~s.l. +Au me s., réseau, dans un sens quasi
d’une époque (l’attestation de 1855 donnée par étymologique, désigne l’entrelacs de pierre d’une
Dauzat-Dubois-Mitterand correspond seulement à fenêtre ou d’une rose gothique 119041,une ligne de
un emploi adjectif dans un titre : Esquke r&o- défense constituée par de la ronce artificielle pour
spective des ruines et des relî@es nationales, 1843). interdire le passage des gens et de certains véhi-
0 Un emploi substantivé du masculin rétrospectif a cules ( 1931) ; il s’emploie par analogie en mathéma-
été proposé (1973) pour faire barrage à l’anglicisme tiques I19041, en hydrologie pour désigner l’en-
flash-back rendu au Canada par rétrospective. semble des canalisations construites pour évacuer
les eaux de ruissellement (1924, réseau fluvial), et
RETROUSSER + TROUSSER en géographie, à propos de l’ensemble des fleuves
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3229 REVÊCHE

et de leurs a&ents drainant une région. FJI biolo- quelquefois avec une valeur ironique rappelant que
gie, l’expression réseau nucléaire désigne l’entre- le mot, comme le verbe réussir, pouvait à l’origine
croisement de lignes peu colorables qui apparaît désigner une issue bonne ou mauvaise.
dans le noyau après coloration 119041. * Le sens fi-
guré d’tiensemble de points communiquant entre REVANCHER v. tr., attesté en 1165, égale-
euxb a trouvé de nouvelles applications relatives à ment revanchier Cv.1278) et revengier (1345) en an-
la télévision, au commerce (réseau de concession- cien francais, est formé du préfixe re- et de vengier
naires, de courtage, de distribution, de prospectionl. ou de sa variante venchier, formes anciennes de
L’application du terme à l’informatique est parti- venger*. Le changement formel l’a démotivé par
culièrement importante, qu’il s’agisse de réseau rapport à venger, mais leur sens les rapproche.
locaux, par exemple les réseaux d’entreprise, de ré- + Le mot est resté sémmtiquement très proche de
seaux 4ongue distance= ou du &Seau des réseaux» venger, ce qui a M par nuire à sa vitalité. Comme
I+ Internet). intensif de venger, il s’est employé kbsolument et à
6' voir~SILLE,RÉTLATRE.RÉTI~,~~. la forme pronominale (v, 1278) pour arendre la pa-
reille en mal* ; le sens symétrique de arendre la pa-
RÉUNIR + UNIR reille en bien-, plus tardif ( 15933et quaHé de fami-
lier par les dictionnaires au XVIII~s. et jusqu’en 1878,
RÉUSSIR v., d’abord écrit reuscir Iv. 15501,puis
a disparu. 4L’usage classique a privilégié pour le
réussir (v. 15701,est emprunté à l’italien tiuscire,
pronominal l’idée de arendre coup pour coup, se
proprement aressortirn d’où edéboucherm et, par un
défendre contre une attaques (13451 et, avec un
développement abstrait, uavoir du succèsb. Le mot
complément introduit par sur, <<serattraper, se dé-
est formé de ri-, préfIxe à valeur itérative (du latin
dommager sura (16901. En emploi transitif, il a fait
re-, + re-1 et de Lcscire CcsortirB,représentant du latin
prévaloir le sens de <<prendre le parti de qqn pour
exire de même sens qui a donné l’ancien français
racheter sa défaite par une victoire)) (16691,vivant
issir I-+ issue).
jusqu’au XX~ s. dans l’usage populaire.
+ Le verbe a d’abord signifié arésulter, sortir= (&Us-
b Le déverbal REVANCHE n. f., d’abord revenche
sir de, encore chez Pascal) et ((avoir pour conse-
quence, se révélep), sens vivants jusqu’au xwe siè-
(v. 12701,remnge (1358)et revenge, conservé dans le
mot anglais revenge, s’est mieux affmné en se dif-
cle. L’usage moderne s’est dégagé au xwe s., réussir
férenciant de vengeance dont il est le quasi-syno-
à, puis réussir exprimant l’idée d’aaboutir à un heu-
nyme Iv. 12701.Si le sens d’@action de rendre la pa-
reux résultatn avec un sujet désignant une chose
reille pour un bien qu’on a reçw 11588)a disparu, il
(1537) et aussi une personne (15411. Le sens de ase
a laissé à charge de revanche =de réciprocités
révéler vrai= Iv. 1629, Corneille), a disparu. +Au
11797).La valeur complémentaire de Mfait de rendre
XVII~s., le verbe commence à diversser ses
la pareille pour un mal reçu» cv.1525)connaît une
constructions, s’employant intransitivement d’abord
grande vitalité aux jeux 11538) et en sports. Par ail-
en parlant de ce qui est bénéfique à qqn 11631)
leurs, le théme de la revanche est kéquent à pro-
puis aussi d’une personne qui obtient un succès
pos d’une guerre perdue. La locution adverbiale
dans un domaine (16241, suivi dans ce cas d’un
usuelle en revanche (av. 16191 aen retour, en
substantif ou 11627) d’un infmitif. Des emplois iro-
contre-partie> procède de la notion de compensa-
niques se rencontrent avec les deux constructions
tion; elle est parfois en concurrence avec pur
depuis la fin du xrxes., et surtout pour le participe
contre, ce dernier ayant été condamné par les pu-
passé RÉUSSI, IE adj. qui s’emploie pour
ristes. -REVANCHARD,ARDE adj. et n. (18941,
<conforme au projetn, «bien accompli, réalisé, et
REVANCHISME n. m., 1wo1, d’où REVANCHISTE
aussi ironiquement (c’est réussi!; il est réussi!I, ren-
n. et adj. (v. 1960) sont marques par le thème poli-
voyant à l’ancienne ambivalence du mot. L’usage
tique de la revanche militaire.
transitif direct du mot (réussir qqch.1 est seulement
enregistré par Boiste en 1834 ; il est devenu usuel. RÊVE + REVER
b RÉUSSITE n. f. est emprunté (1583) à l’itallien
riuscitu cissue», d’où «bonne issue, SUC&S», parti- REVÊCHE adj., d’abord écrit wwsche cv.12201,
cipe passé féminin substantivé de riuscire (ci-des- puis revêche au XVII~s. (16711,est d’origine discutée.
sus). + Le mot a été repris au sens neutre de #résu& Certains (dont Bloch et Wartburg) évoquent un em-
tat, issue>, sorti d’usage au xv-111~ s., puis, d’abord prunt au francique ohreubisck *rude, âpre, ébréché,
employé par Guez de Balzac se moquant des italia- raboteux-, restitué par l’ancien nordique hritifr
nismes, il désigne le fait, pour une personne, d’ob- P. Guiraud, s’appuyant sur l’existence des va-
tenir du succès dans ce qu’elle entreprend (16223, riantes reverse et rwerche (Littré), est favorable,
et pour une chose, d’aboutir à un résultat (cf. issue) pour des raisons phonétiques et sémantiques, à un
et spécialement à un résultat heureux (1639). 4 AU dérivé du latin rwersus I+ revers}, “qui tourne en
xY s., il désigne une méthode de consultation par sens contraire», par une forme non attestée “rever-
les cartes à jouer fondée sur des combinaisons de sicus avec i bref; l’assimilation de r devant s ne
hasard et aussi un jeu de cartes, en général prati- pose pas de problème, étant un fait de phonétique
qué par une seule personne, et qui, si on peut le française bien établi (cf. pkche, de persical.
terminer, est censé prédire la réalisation d’un voeu + En ancien français, l’adjectif s’est employé pour
(1842). 4Par métonymie, le mot désigne, d’abord qualîfrer un feu violent, dmgereux, et une per-
familièrement, une chose qui obtient du succès, sonne farouche, sans pitié Iv. 1278). De nos jours, il
une personne qui représente un succès (déb. XX~s.1, caractérise une personne peu engageante aux ma-
RÉVEIL 3230 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nières brusques et déplaisantes (déb. xve s.) et, par Dieu fait connaître surnaturellement à l’homme
métonymie, ce qui dénote un tel comportement : certaines choses; par métonymie, il désigne l’en-
air, parole rwêche... (av. 17091. Le sens de “qui re- semble de la doctrine consignée dans l’Ancien et le
bute, aspire de l’aversion& en parlant d’une chose Nouveau Testament (av. 1662, Pascal). Son sens gé-
(déb. xve s.) s’est moins bien maintenu. +L’adjectif néral et laïque, caction de faire connaître ce qui
s’emploie aussi techniquement pour un diamant, était caché, secret>, est attesté un peu plus tard
un marbre rebelle au polissage dans certaines de Iv. 1318, reveluuciunl. *Le sens courant prend par
ses parties (18351, suwivance probable de l’ancien extension la valeur d’ainspiration, connaissance in-
sens de <rude au toucher, âpre au goût= (15491. + Le tuitive=, surtout réalisée dans la locution savoirpar
féininin a été substantivé En xve s.1 comme nom révélation (av. 1654). Par métonymie, révélution dé-
technique d’un tissu grossier, non croisé et peu signe une information écrite ou orale qui explique
serré, à poils très longs, frisés ou non, dont l’Angle- des événements obscurs ou fait connaître de nou-
terre eut la spécialité jusqu’au milieu du XVII~ s. ; de veaux événements (18351, un fait qui apparaît su-
nos jours, il désigne, perdant la valeur d’origine, un bitement ou qui, une fois connu, en explique
tissu solide et spongieux, tantôt lisse, tantôt croisé d’autres (18701, par exemple avoir la révdation de
(18751. ~C@I. (18831, une personne qui manifeste subite-
ment un grand talent, de grandes qualités (av. 1922,
RÉVEIL, RÉVEILLER + ÉVEILLER Proust). +Un emploi spécialisé en photographie
est en relation avec révéler et révélateur. *Rkvéla-
RÉVÉLER v. tr. est emprunté Iv. 1120) au latin
tien a produit tardivement RÉVÉLATOIRE adj.
impérial revelare <dévoiler, découvrirs, spéciale-
(1937, Breton, L’Amour fou), littéraire et rare. Le
ment à basse époque chez les auteurs chrétiens
même type de formation se rencontre dès le XIII~s.
cmanifester à l’homme (la connaissance divine),. Le
dans l’ancien provençal reveludoiru aqui est à révé-
verbe est formé de re- G-+re-1 marquant un mouve-
ler par une inspiration divine>>. +RÉVÉLA-
ment en arrière, et de wlare ~couvrir~~ (+ voiler, à
TEUR, TRICE adj. et n. est emprunté (1444) au bas
0 voile).
latin ecclésiastique revelutor, du supin de revelare.
+ Révéler, d’abord attesté dans des psautiers, est un oLe mot est rare pour désigner la personne qui
mot de religion, signZant <faire connaître par une fait des révélations, sauf dans son sens spécial
voie surnaturelle (ce qui était ignoré des hommes teinté de messianisme -celui qui révèle une doc-
et inconnaissable par la raison)%. Le sens général trine, une religion, une philosophiem (av. 1865, Prou-
de aconnaître, faire savoir (une chose inconnue, se- dhon). Il désigne aussi ce qui fait conntitre qqch. ou
crète)b existe aussi dés le XII~ s. (v. 1155). Au XVII~ s., constitue un indice, un signe (1823). 0 L’usage de
le verbe s’employait aussi avec un complément dé- l’adjectif pour qualtier ce qui fait connaître ce qui
signant une personne, au sens de <faire connaître était caché est tardif (18261. *Le nom s’est spécia-
l’existence, l’identité de (qqn)* 11691, Racine). *UI- lisé en photographie pour désigner le bain dont les
térieurement, avec un sujet désignant une chose constituants chimiques rendent visibles une image
ou une personne, le mot s’est employé pour <être latente ( 18641,d’oti un emploi spécial du verbe hé-
l’indice, la marque de Iqqch.ln 11803). Il s’est spécia- ler.
lisé avec une valeur concrète en photographie
(18951, probablement d’après révélateur ki-des- REVENDICATION n. f. est la motication
sous). +La forme pronominale se révéler, relevée (15061 avec le préfixe re-*, de reivendicutirz
en 1715 chez Montesquieu au sens d’aêtre dévoil&, Iv. 14351,adaptation du latin juridique rei vindicutio,
en parlant d’un secret, a développé ses sens mo- proprement créclamation d’une chose%. Le terme
dernes au ~IX~ s. : elle signifie +e faire connaître est formé de rei, génitif de res «chose- I-, rienI et de
sous un aspect encore ignoréb (1807, W” de Staël) ; tindicati <<action de réclamer en justice, de
suivie d’un attribut, elle s’emploie comme un verbe prendre la défense, de tirer vengeance, de punira,
d’état au sens de ase manifester telm 11875). En em- tiré du supin Ititiicatuml de titiicare (+Venger).
ploi absolu, se révéler se dit d’une personne, pour +Ce terme de jurisprudence désigne l’action en
Ka%mer sa personnalité* (1864, Journal des Dé- justice d’un propriétaire qui réclame la mise en
buts) et spécialement *manifester sa valeur par une possession de sa propriété et, surtout aux XV~I~et
belle performancem, en parlant d’un sportif 118861, xvrr~~s., la réclamation d’une cause par un juge
d’un acteur (19061. Le verbe actif a aussi le sens de (16901. * Le passage du mot dans l’usage général
afaire conntitre son talent de manière subitep. pour aaction de réclamer ce que l’on regarde
b Le participe passé RÉVÉLÉ, ÉE est adjectivé, no- comme un droita est d’abord attesté chez les socia-
tamment à propos de ce qui est connu des humains listes du milieu du XIX~ s. (1861, Proudhon) et vient
par la volonté divine (1725, re@ion hélée). de l’usage étendu de revendiquer Ici-dessous), déjà
RÉVÉLATION n. f., d’abord rmelaciun en anglo- ancien. La psychopathologie l’a repris ( 1927) pour
normand puis revelution. (fin XII~ s.), avec des va- désigner un type de délire chronique appelé délire
riantes, est emprunté au bas latin ecclésiastique re- de rwendkutin, recherchant réparation d’un pré-
velutiu, -anis aaction de laisser voir, de laisser appa- judice, réel ou imaginaire, mais l’usage dominant
raître, de découvrira, spécialement aacte par lequel du mot appartient au vocabulaire social Irevendicu-
Dieu fait connaître aux hommes sa volont& son en- tiens salariales).
seignementn. Le mot est dérivé de revelatum, supin F Le dérivé REVENDIQUER v. tr., d’abord reivendi-
de mvelure. +Le premier emploi, comme pour le qui+ Cv.13951 puis rwendiqukr Cv.13951, revend-
verbe, est religieux, et concerne l’acte par lequel quer ( 16601,évolue comme revendtcution : terme de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3231 REVENIR
jurisprudence (spéciallement en parlant d’un juge entre ses deux valeurs. *Le verbe correspond
qui demande à juger une affaire comme étant dans aussi (1080) à asortir d’un état pour retrouver son
ses compétences, 16901, il est passé dans l’usage état normaln, le complément désignant l’état que
courant en parlant d’une personne qui demande à l’on quitte kwenir de1 et, avec ù, l’état où l’on re-
être reconnue comme l’auteur d’une action, d’une vient (v. 11121, spécialement dans revenir à soi En
parole, d’un kit, d’une oeuvre (1674); puis, il cor- XIIIes. ; acception attestée en ancien provençal
respond à «réclamer (ce que l’on regarde comme v. 11%). D’abord utilisées pour désigner un change-
un droit)% (1708) et, par extension, à <<prendre sur ment d’état physique, ces constructions s’ap-
soi, assurnersB (18751, valeur que n’a pas rwendka- pliquent aussi à un changement a$ectif, mental,
tien. Son emploi absolu se rencontre quelquefois au moral, revenir & soi exprimant l’idée de ereprendre
XX~siècle. +À son tour, il a produit quelques déri- le droit chemin)) ( 1553) ; revenir à Dieu aretrouver
vés : son participe présent REVENDIQUANT, ses sentiments de piét& (av. 1704) ; dans l’usage
ANTE, d’abord rekvendicant (15671, a été substan- courant, n’en pas revenir (d’une surprise, d’un
tivé en jurisprudence lun revendkant) pour la per- étonnement) [ 16711 si@e (<rester surprise *L’em-
sonne qui revendique. *REVENDIQUEUR,EUSE ploi du verbe avec un sujet désignant une fonction
adj. et n. m. apersonne qui revendique» (XIX~s.l physique ou mentale exprime le même processus
s’emploie surtout en psychopathologie. Le mot su- de recouvrement @n XII~S.I. À la mémoire rwknt,
bit la concurrence du dérivé savant REVENDICA- succède la m&noire lui revient. 0 Avec un sujet dé-
TEUR, TRICE adj. et n. (18701. b Du radical de re- signant une abstraction (souvenir, nom, image), re-
vendicatirt. est tiré REVENDICATIFJVE adj. venir correspond à ase présenter de nouveau à l’es-
(milieu XX~s,), souvent lié au contexte des conflits prit qui a oublié ou cessé de considérern, en emploi
sociaux. absolu Iv. 12001 et avec un complément introduit
par a et désignant une personne (15531 d’où cela
+k REVENIR v. intr. est emprunté très ancien- me, Iti revient. Q En parlant d’une rumeur, d’une
nement (v. 980) au latin rwenire uvenir de nouveau>> nouvelle, revenir signifie aêtre rapport& (av. 16791,
et avenir à son point de dépar+, d’où «échoir (d’un notamment à la forme impersonnelle il m’est re-
bien)» (7303, de re- I-, re-1 et vepzire 13 venir). venu que (1676). +Le sujet désignant une chose
+ Dès les premiers textes, le verbe a le sens itératif considérée sous le rapport de sa valek, le verbe a
de avenir de nouveaux avec un sujet indiquant un le sens de «échoir à titre de profitn (v. 11751 kf. ci-
animé (personne, animal); de là, les locutions figu- dessous revenu]. De là, il s’emploie avec un sujet
rées revenir ;i la charge <recommencer une re- désignant une abstraction, au sens d’&combera et,
quête)) et revenir SUT l’eau (16901, remplacée plus au figuré, devient synonyme de «plaire à» (v. 14601,
tard par refaire surface. Abstraitement, rwenir cor- de nos jours avec une négation &a YIRme revient
respond à ({reprendre une question pour I’exami- pasl. *Le rapport entre le sujet et l’objet étant
ner, la traiter de nouveau> (1762, revenir sur une af- considéré comme un rapport d’équivalence, reve-
faire) et, par croisement avec l’idée de <<retourner nir à s’est employe pour Néquivaloirn Cv.13501, de
sur ses pw, Nannuler, changer complètement» ; nos jours uniquement vivant avec un pronom sujet
d’où au xv& s. la locution revenir sur le compte de dans cela revient à. Cette équivalence recouvrant
gqn (1728). +Avec un sujet désignant LUI inanimé, il spécialement un rapport tiancier, il a pris le sens
équivaut à “apparaître ou se manifester de nou- de acotiter à qqn2 11530) : cela lui revient ù... L’usage
veaum (v. 11741, sens très vivant, par exemple dans courant emploie revenir au même pour *être équi-
la locution familière revenir sw le tapis Il 904). + Le valent>> : tout revient au même (16711, cela rex!ent au
second sens du latin, *retourner dans un lieu, à son même, «cela se vaut*.
point de départm, s’applique aux personnes Probablement par l’intermédiaire de la locution re-
(v. 1050), d’où la locution revenir SUT ses paf, de venir à soi cretrouver vie* et par l’emploi ancien de
sens propre (1643) et figuré @n XVII~s.l. Une spécia- se reYenir à propos d’une viande qui se ramollit
lisation a concerné le retour des esprits des morts quand on la passe au feu (av. 15581, la construction
(15591, d’où revenant Ici-dessous). S’en revenir faire revenir ( 1606) renvoie à une opération wli-
Iv. 10501, qui a le même sens, est moins usuel que naire; celle-ci consiste d’abord à faire retier la
s’en retourner. Depuis le XVII” s., le sujet peut dé- viande en la mettant sur des charbons allumés ou
signer une chose dans ce sens spatial (16651 mais la sur un gril avant de la larder ou de la piquer, puis à
valeur d’&tre renvoyé par une régurgitationm est passer un tient dans un corps gras chaud pour
beaucoup plus ancienne t 1256). + Par extension, re- dorer et rendre plus ferme (1798).
venir près de gqr~, vers qqn, à qqn exprime l’idée b REVENUE n. f., participe passé féminin substan-
de +e manifester de nouveau avec lui, dans son in- tivé de reYenir (v. 11551, sert à ce dernier de nom
timité~, spécialement «revenir auprès de la per- d’action exprimant le retour ; il est littéraire et
sonne qu’on avait quittée9 en lui cédant ou par dé- vieilli. Il sign5e anouvelle pousse des bois de taill&
sir de réconciliation iv. 1640); dans ce sens, la en sylviculture (12831 et, en vénerie, asortie des
langue classique disait aussi revenir pour (16701 et, bêtes des bois lorsqu’elles reviennent pâturer à dé-
absolument, revenir (16801. +Revenir à exprime couvert> (13283. +Le participe passé masculin, RE-
abstraitement l’idée de *reprendre (ce qu’on avait VENU, est substantivé (1320) pour désigner ce
interrompu, abandonnéIn (v. 1050), spécialement qu’on peut retirer annuellement d’un domaine,
dans en reve& à areparler den et tiretourner à ses d’un emploi, à titre de profit, de rente, et, par ex-
anciens goûtsm (1673) et n’y revenez phs *ne re- tension, de salaire. II se dit de ce que 1’Etat tire des
commencez plus~ ( 1752) où le pr&xe re- hésite impôts 11471) d’où revenu public (15881, et, au plu-
RÊVER 3232 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

riel, revenus de l’titut ( 16901, revenus publics ( 17481. dère la réduction de Oewagw en Oesvocomme peu
Les emplois du mot dans le contexte socioécono- normale, et qui tient compte du doublet ruver
mique sont devenus essentiels au & s. (cf. par (formes provençales ruba, ruvu à côté de reba,
exemple, l’expression administrative tiançaise Rs- revu), est amené à postuler deux étymons : d’une
venu minimum d’insertion, d’oti R.M.I. *.+ Un sens part, ruver, dont le sens est principalement ccdéli-
psychologique, Havantage qui revient à qqn» (16081 a rern, aêtre en furem, reprosenterait un type Va-
disparu. *Depuis le XVI~I~s. le mot désigne en tech- bare, dérivé roman du latin rubere, doublet de ru-
nique le traitement thermique que l’on fait subir à bkre, rubiure 4tre en rage*, de rubis (+ rage). Dans
l’acier après la trempe, consistant en un réchauf- ce raisonnement, rester procéderait, non pas tant
fage régulier suivi d’un refkoidissement lent (1723). d’un “exvagere (car le g intervocalique aurait dû
Le participe présent de revenir a d’abord été ad- laisser les traces d’un yod dans le français : “rewier)
jectivé ~REVENANT, ANTE adj. h. 13601 pour mais du latin evudere ~sortir, s’échapper= (-, éva-
qutier ce qui donne un revenu, sens qui subsiste der) par l’intermédiaire d’une forme “re-exvadere,
dans REVENANT-BON n. m. (1690), substantiva- rêver étant interprété par as’échapper de la réalité
tion de revenant bon (1549) “qui reste comme pro- en imagination. Les deux mots, raver et r&er se se-
fitp. Le terme, d’abord appliqué à l’argent restant raient croisés en confondant les idées de adélire de
entre les mains d’un comptable après qu’il a rendu la rages et de <fuite dans l’imagination>). Les deux
ses comptes, désigne par extension le profit venant hypothèses, vraisemblables et ingénieuses, re-
d’un marché, d’une charge (1692) et, au figuré, un posent sur des reconstitutions invérifiables.
avantage venant comme par hasard (17403. * 0 RE- + Le verbe a d’abord eu le sens de cdélirers, encore
VENANT, ANTE adj. a qutié ce qui plaît (v. 13801 usuel chez les auteurs du XVII~s., et celui de
et aussi ce qui repousse (1559). +Le seul emploi qui 4re des choses extravagantes, déraisonnabless
s’est perpétué concerne l’âme d’un mort que l’on (v. 1170). Ces sens, si l’on se range à l’étymologie
suppose revenir de l’autre monde (1690). Ce sens, classique (Wartburg), seraient des emplois figurés
dérivé de revenir avenir hanter un liew a donné de l’ancien sens de «vagabonder%, seulement at-
lieu à un substantif usuel (1718, il a peur des reve- testé dans le Roman de la Rose (v. 1278) mais domi-
nantsl synonyme de fantôme et entraînant une nant en ancien et moyen français, où r&er Sign%e
imagerie traditionnelle, liée à celle du lieu hanté. le plus souvent aaller de-ci de-là pour son plaisir,
Le sens de apersonne que l’on revoit après une rôder, s’amuserm, spécialement Nse promener dé-
longue absence, (16901, pourtant indépendant, est guisé pendant le carnavals. +Au xwe s., le verbe
senti comme familier et plaisant et s’est rattaché s’est orienté vers l’idée abstraite de &isser aller sa
au précédent. + La locution substantivée REVE- pensée au hasard sur des choses vaguesm (1552,
NEZ-Y n. m. ( 16381 aretour d’un sentiment depuis Ronsard), souvent avec une valeur péjorative. Rê-
longtemps oublié», a été reprise (18081 en parlant ver s’emploie aussi transitivement pour «inventer
fasnilièrement d’une chose à laquelle on revient de toutes piècess En xvle s.1 et suivi de la préposi-
avec plaisir, surtout dans avoir un gofit de reve- tion à ou de pour &fléchir à qqch.m C-finXVI~s.1,se
nez-y (18933. Ses emplois pour évoquer un retour rapprochant ainsi du sens de songer* au xvr? s. ; rê-
vers le passé, les choses anciennes (av. 1869) et ver s’emploie alors pour -méditer profondément*
pour aaction de recornmencern 11870) ont disparu. (1620), <<s’absorber dan+ et même, transitivement,
-REVIENT n. m., autrefois en emploi autonome améditep (1643, Corneille). + Le sens moderne, de-
(18331, de nos jours dans la locution pti de retient venu courant, de avoir en songe pendant le som-
( 18421, désigne le prix auquel un objet rewknt au fa- meils s’est dégagé au XVII~s. en emploi transitif
bricant. (1640, avec un complément indiquant l’objet vu en
rêve) et absolument pour <faire des rêves en dor-
@ RÊVER v., d’abord resver (v. 11301, puis rever mant>) (1649, Descartes) ; il est devenu prédominant,
Iv. 1174) avant l’accent circonflexe, qui apparaît au supplantant songer au XVII~ et au XIX~ s. et s’implan-
XVII~s., est d’origine incertaine. La première syllabe tant dans la phraséologie courante : il me semble
est identi%e comme le préfixe re-*, mais le second que je r&ve (av. 1656, Pascal), on croit rêver En
élément fait problème : Wartburg y voit un verbe XVIII~ s.) <c’est invraisemblables. Comme transitif,
simple “esver wagabondep, non attesté mais pos- r&ver sign%e aussi ase représenter comme réalité
tulé par l’ancien fknçais desver cperdre le sens», (ce que l’on désire ardemmentlm (16061 et comme
représenté en français moderne par le prétié en- intransitif, alaisser aller son esprit sur ce qui n’a au-
&ver*. Ce verbe viendrait d’un gallo-roman Oesvo cun rapport avec la réalité présentes (1672). Par ex-
wagabondn, réduction phonétique normale d’un la- tension, le verbe équivaut à Nselaisser aller à des
tin populaire “exvagus de même sens (par “emagu, idées chimériques, comme dans un rêven, dans les
Oexvo et oesvo), comme sarcophage a évolué en locutions rêver éveille’ (av. 1780) puis rêver tout
“sarcophu&, Osarcou, donnant l’ancien lançais évetié 11835) d’où, familièrement, il ne faut pas rê-
surqueue Icf. cercueil). Elxvugus est fort-né de ex- à ver Id s.), tu rêves! et, au Québec, rêver en cou-
valeur intensive (+ é-1 et de vugus *qui erre çà et là, leurs +e faire des illusions)). - Rtier exprime, tran-
c’est-à-dire vagabond* (+Vague). On pourrait sitivement, l’idée de «voir comme dans un rêvem
même restituer un verbe gallo-roman Oexvugare, (av. 1780, contia& La COnstmctiOn rêver de CjqCh.,
autre forme pour “exvu@zti, composé de vuguti, & qqn <<levoir la nuit en rêve», attestée relative-
présent dans les composés attestés pewagari, tir- ment tard (av. 1794, Chénierl est, selon une figure
cumvuguri, divagari (+ divaguer), extmvaguri analysée par la psychanalyse, employée COUT~~-
(+ extravaguer). De son côté, P. Guiraud, qui consi- ment pour asouhaiter ardemment une chose, un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3233 RÉVERBÉRER
être, de faire qqch.>>(1874, Verlaine), et l’on dît fami- verbe a pour dérivés RÊVASSERIE n.f., d’abord
lièrement en r&ver la nuit Ime s.1 avec le même rwusserie (1533) avant kvassetie (~~III~s.), employé
sens. par Montaigne au sens de &imère~ et employé
b Le dérivé RÊVERIE n. f., d’abord resverie (v. 12101, pou <<action de rêvassep) (déjà chez Rabelais, puis
reverie (v. 13501 puis rêverie 11680) si@e en ancien réattesté en 18241, ainsi que RÊVASSEUR,EUSE
français aébats tumultueux, réjouissance», et aussi adj. 11537, puis 17361.
(v. 12101, jusqu’en langue classique, cdélire, pertur- RÊVE n. m., dérivé implicite de F&er, est apparu
bation d’esprit due à la fièvrem puis ((entêtement in- tardivement (1674, Malebranche) pour désigner, à
téressé)> et &ureurs> Iv. 12301. oPar métonymie, il côté de songe, la suite d’irnages qui se présente à
en est venu au xwe s. à désigner une chose trom- l’esprit durant le sommeil. Furetière Ii6901 précise
peuse, une chimère 115351 souvent avec une valeur qu’il <<nese dit guères que des songes des malades
péjorative : faire une r&erie Sign%ait =Concevoir qui ont le cerveau aliéné& ; il le dit «vieuxm et le dic-
une idée étrangem (1671, M”” de Sévigné). + Son tionnaire de Trévoux (17321, «bbs et de peu
sens moderne, aactivité psychique non soumise à d’usage)}. C’est au XVIII~s. que le mot, en relation
l’attention>, apparaît chez Montaigne (v. 15801, d’oti avec le verbe et dans un rapport de complémenta-
l’emploi par Descartes de recueil de rêveries 116311, rité avec rêverie, remplace peu à peu songe*. Em-
mais ne prend sa résonance actuelle que dans la ployé absolument, il désigne l’activité psychique
seconde moitié du XVIII~ s., avec Rousseau et le pré- pendant le sommeil, avec une confusion faite,
romantisme, s’employant par métonymie pour jusqu’aux travaux sur la physiologie du rêve, entre
l’image ou la pensée produite par cette activité l’activité psychique immédiate dans le sommeil et
(av. 1613)et son expression littéraire (v. 1776, Rêve- l’ensemble des représentations et souvenirs qu’a le
ries du promeneur solitaire, Rousseau). *Les va- dormeur. * Il empiète cependant sur les valeurs de
leurs nouvelles ont fait disparaître les sens clas- r&eti en désignant aussi une construction de
siques de «méditaUon où l’on s’absorbe, réflexion l’imagination en état de veille 117181, sens qui,
profonden (15801, puis apensée qui absorben (1656, d’abord péjoratif (Voltaire : le r&e d’un homme en
surtout dans un contexte amoureux). délire), prend avec Rousseau et les préromantiques
RfiVEUR, EUSE n., d’abord écrit reveeur h. 12601, une valeur poétique. Depuis la Révolution (lï’941, il
resveeur Cv.13301 puis reveur (14011,au XVII’s. avec désigne spécialement un projet chimérique, sans
accent circonflexe, semble conktner, par ses an- fondement, d’où ( 1819) la construction imaginaire
ciens sens, l’hypothèse étymologique de Wartburg : destinée à satisfaire un besoin, un désir, dite spé-
il désignait en ancien et moyen français un rôdeur, cialement au ti s. selon la terminologie psychana-
un coureur de jupons, et en particulier (1481) celui lytique, r&e diurne, et entre dans les locutions
qui se déguisait pour le carnaval. Au XVI~s., le mot usuelles de rêve, de mes rêves (18851,désignant,
s’applique à un radoteur, une personne qui délire par métonymie, l’objet d’un désir, d’où, familière-
(1538). +Son emploi pour désigner une personne ment avec une valeur tiaiblie, une chose très char-
qui se laisse aller à la rêverie, qui a l’air absent, son- mante, dans c’est le &ve, et négativement ce n’est
geur (av. 1679, Retz, peut-être déjà au XVI~s.), a pas le rêve Idéb. ti S.I.
d’abord été associé à la tristesse, à l’inquiétude, à la
mélancolie avant de prendre sa valeur moderne REVERBÉRER v. est emprunté (XIV” s.) au la-
avec Rousseau. Comme adjectif, heur s’applique tin reverberure wepousser, refouler,, <faire rebon-
alors à une chose indiquant cet état d’esprit, en dir>> et *réfléchir des rayons lumineux>. Le mot est
ayant les caractères (av. 1778, Rousseau). Le mot formé de re- (-+ re-1 indiquant le mouvement en ar-
abandonne alors défmitivement sa valeur an- rière, et de verberare abattre à coups de verge, kap-
cienne, par laquelle il quatiait le radoteur, le sot pep, au figuré 4ustiger, rabrouerm, dénominatif de
(15341, la personne qui poursuit des idées extra- verber, -cris (au négatif, à l’ablata, presque toujours
vagantes, des chimères (16561. Quant à l’emploi au pluriel verberu, -erum abaguette, verge, fouet», et
pour apersonne qui est absorbée dans ses ré- <<réprimandes>. Les correspondants indoeuropéens
flexions>> t 1690), il est réactivé dans l’expression mo- les plus proches se trouvent en baltique et en
derne cela me laisse rêveur cperplexe>> (1932, Cé- slave : lituanien vir%as ujeune branches, serbe w%a
line). +Le sens de «personne qui fait un rêve NosierD.
nocturne> (1677) relève d’un usage didactique. + Le + Le verbe s’est employé absolument au sens figuré
dérivé RÊVEUSEMENT adv. est apparu (1833) de {(regimber)}, et, transitivement, au sens concret
avec le sens moderne de rêveur. de &apper de nouveau*. Le sens moderne de aré-
Le dérivé PéjOrahfRÊVASSER v.intr.,d’abord ra- fléchir le rayonnement, les sons», est repris du latin
VaceT En xrv” s.) puis ravasser Cv.14901, revasser (1496, en parlant du son) et peu attesté avant le
(1489) et resvwser (av. 16151, avant r&vasser ~VII~ s.1, XVI”s. ( 1538).En sont issus le sens figuré de 4Buser
a signifié d’après r&ver divaguer= En XIV~s.), Nmédi- à la manière d’un rayonnement » ( 185 1) et, sous l’in-
tep) 114891, *délirer)) (16111, &re distrait» (1653) et fluence de réverbération*, celui de &xnsformer (un
#radoter, rabâchera (1690).4 De nos jours, depuis le son) par le phkomène de la réverbération acous-
milieu du xwe s., il correspond à aavoir un sommeil tique» (milieu me S.I. 0 On rencontre également le
traversé de rêves vague+ (16091 et à =laisser la pen- verbe en emploi absolu tv. 1460) et à la forme pro-
sée, l’imagination se perdre en des rêveries impré- nominale se réverbérer 11530)au sens passif &re
cisesm (16941, quelquefois (comme rtierl en réfléchis. 4 l’époque classique, réverbérer sur
construction indirecte avec à 11835) et un s’est employé au sens figuré de <<sereporter SUT»
complément précisant l’objet de la rêverie. +Le II 6541, sorti d’usage.
RÉVÉREND 3234 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

bRÉVERBÉRANT,ANTE, participe présent, est présent de sens actif et passif de rwereri t+ révé-
adjectivé (v. 1500) pour qutier ce qui a la pro- rer). + Le mot est employé comme épithète honori-
priété de réverbérer; il est peu employé avant la ti fique pour les archevêques, les généraux d’ordres.
du XVIII~siècle. 0 voir VERGOGNE (et DÉVERGONDÉ).
Le déverbal RÉVERBÈRE n. m. (av. 1502, sans
accent1 fut d’abord synonyme d’&choD; au XVII~s., il +k RÉVÉRER v. tr. est emprunté (1404) au latin
se spécialise techniquement, dans feu de réverbère revereri <<craindre avec respecta et par afhiblisse-
Nfeu dont on fait rabattre la flamme sur les matières ment <avoir de la déférence, des égards pour
qu’on expose à son actions (16761, et comme dé- Iqqnll), de re- (3 re-1 avec une valeur intensive et de
signation d’un fourneau à métaux dans lequel on vereri <<avoir une crainte respectueuse pour...,
utilise la chaleur réfléchie par une votite (16761, craindre, respecter%. Le mot provient d’une racine
d’où fourneau de réverbère (1694) puis fourneau à indoeuropéenne ‘wer- représentée dans un grand
réverbère ( 1812) éliminés par four ii réverbère nombre de mots germaniques, tels que le vieil is-
(18751. * Le mot désigne aussi un dispositif de mi- landais varr- *qui fait attention, qui prend garden,
roir réflecteur, ordinairement en métal, adapté à vara flrendre attentif&, le gotique war =alAent& le
une lampe pour faire converger la lumière en un grec horan «regarder, faire attentions (+ pano-
point (1718). Par métonymie, c’est devenu le nom rama).
d’une lanterne à réflecteurs et spécialement d’un + Le verbe, avec le sens de utraiter, considérer (qqn,
appareil destiné à éclairer la voie publique (17711, qqch.) avec un profond respectm, couvrait autrefois
sens qui f-ut usuel, avec des emplois comme allu- une aire d’emploi étendue ; on employait ce verbe,
meur de réverbères. + Un autre développement mé- dit Furetière (1690), à propos de ses parents, des su-
tonymique en a fait le nom de la coloration rouge périeurs, des magistrats, des gens d’âge et de mé-
que les faiences prennent à la cuisson (18751, rite, des choses saintes, des caractères sacrés, des
d’usage technique. images et des reliques de saints, des lois et des
RÉVERBÉRATION n. f. est dérivé savamment ordres politiques, des grands monuments de l’Anti-
(1314) du latin reverberare plut& que dérivé du quité. De nos jours, concurrencé par respecter et
verbe français. D’abord employé en médecine dans vénérer, révérer est employé dans un style littéraire
reyerberatirt («effet secondaire4 du venin, expres- pour le sentiment que l’on témoigne à ce qui est re-
sion sortie d’usage, il désigne la réflexion et la dBu- vêtu d’un caractère sacré ou, du moins, chargé de
sion de la chaleur, de la lumière. De l’ancien em- pouvoir symbolique.
ploi analogique au sens d’&choa (v. 15601 procède F RÉVÉRENCE n. f. est emprunté k. 1155) au dé-
en physique moderne, d’après réverbérer, la valeur rivé latin reverentia, +zrainte respedueuse, res-
de apersistance du son après l’arrêt d’émission de pect, déférence%.
la source sonore, du fait de réflexions successives Le mot, avec le sens du latin, s’inscrit dans le voisi-
et rapprochées qui produisent un échom 11949 dans nage de respect, déférence, vénération, en réalisant
les dictionnaires). +Le sens figuré d’=efYet, refletm une notion accessoire de crainte. Comme le verbe,
(16751 appartient au style littéraire ; à l’époque clas- il est employé dans un style littéraire à propos du
sique, il était réalisé dans l’expression par réverbé- sentiment inspiré par ce qui est considéré comme
ration Gndirectement>> ( 1677, me de Sévignél, sor- sacré. -Dans l’usage classique, il était employé
tie d’usage. dans des formules de politesse familières destinées
à s’excuser de propos qui pouvaient paraître in-
RÉVÉREND, ENDE adj. et n., d’abord re- convenants : parlant par révérence (1636, après pur-
verent 11273) puis rbérend ( 1538) par retour au la- lant en révérence 15881, révérence parler (1657-1662)
tin, est emprunté du latin reverendus avénérablen, et sauf votre rkvérence 116151; toutes sont sorties
adjectif verbal de revereri I+ rév&-er). d’usage. + ll fournissait un titre honorifique à
+ Le sens d’emprunt ne vit plus que dans un usage l’adresse des religieux prêtres (1650, votre Révé-
plaisant et ironique. Le mot s’emploie en épithète rence) en relation avec rkvérend Ici-dessus). *Le
comme titre dans Révérend Père, RévéreMe Mère mot est resté plus vivant avec son sens métony-
Cv.1290 reverentl pour des religieux et religieuses. mique de ageste que l’on fait en salut cérémonieux
Son emploi substantivé pour désigner un religieux pour témoigner sa révérence à qqn» (v. 1360) ; il dé-
prktre, quelquefois précédé d’un possessif en signe en particulier une génuflexion ou inclination
s’adressant à lui (1835) n’est plus guère usité. destinée à traduire le respect dû à Dieu, aux auto-
+L’emploi comme titre donné par, les Anglo- rités ecclésiastiques Iv. 14503,puis un geste de civi-
Saxons aux pasteurs de la plupart des Eglises chré- lité rapidement réservé aux femmes, notamment
tiennes non catholiques (18731 est repris à l’anglais pour saluer et prendre congé, dans les locutions
wverand (1608 comme nom en ce sens, antérieure- fahe Ia révérence (1480) et tirer sa révérence Li qqn
ment comme adjectif), lui-même emprunté de l’ad- (17351, cette dernière développant les sens figurés
j ectif ancien français. d’«opposer un refus àn (av. 17541et surtout de aquit-
WRÉVÉRENDISSIME adj.etn. est emprunté ter avec désinvolture, (1835). C’est le nom d’une fi-
115%) au bas latin ecclésiastique rwerendksimus, gure de danse classique en usage dans les ballets
superlatif de reverendus E+ révérend). L’ancien de cour (repris au me s., 1931).
français reverentisime Km x111~s.1était lui-même ,RÉVÉRENCIEL,IELLE ou RÉVÉRENTIEL,
emprunté au latin reverentisstmus, autre forme de ~ELLE adj. est la réfection (1690) de reverencial
superlatif qui correspond au latin classique reve- (XV” s.1 et s’emploie d’abord dans crainte révéren-
rens, -entis arespectueux, respectableD, participe cide =Sentiment d’obéissance craintive qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3235 RÉVERSIBLE

paralyse les jeunes gens, jeunes filles dans le libre pièce d’habillement (av. 15531, spécialement la par-
choix de leur vie». Les emplois pour “qui inspire le tie supérieure des devants d’un vêtement, veste ou
respect» 115301 puis «inspiré par le respectm ont manteau, repliée sur l’endroit dans le prolonge-
disparu. +RÉVÉRENCIEUX,EUSE adj. (17311, ment du col ( 17971, et aussi le repli de la partie SU-
d’abord révérentieux (16423, a signi% “qui témoigne périeure de la tige d’une botte (18341. Il s’emploie
un profond respectti, péjorativement, qui fait trop en fortifkation dans l’expression revers de fossé
de courbettes (16901; ces acceptions ont disparu. Le (1731) qui, après wvers de trmchke (1?18), permet
mot sert à qutier ce qui manifeste un extrême de différencier le bord extérieur du fossé de celui
respect Il 835). 4 L’adverbe dérivé RÉVÉRENCIEU- de l’enceinte. +Par métonymie, avant même que
SEMENT W XVI~ s. reverentieusement) a vieilli. l’expression revers de la main ne soit attestée, le
IRRÉVÉRENCE n. f. est emprunté (XIII~ s.) au latin mot désigne un coup porté avec ce côté de la main
irreverentiu *manque de respect)) et Gcence, ex- (v. 1480 ; reverse dès 13063 et, avec l’idée d’un mou-
cès-, dérivé de irreyerew Grrespectueuxn ; l’adjectif vement inversé par rapport au mouvement nor-
est formé de ir- (+ 0 in-) et de reverew, participe mal, un coup donné de droite à gauche avec la
passé adjectivé de rwereti. La variante inwereace main gauche ou de gauche à droite avec la main
(12791 est encore attestée en 1429. Le latin avait droite. Ce sens, appliqué au figuré dans donner un
abouti en ancien fkançais à entiievreté aobstination» revers à gqch. «contrecarrerm (XVI” s.1, est sorti
Iv. 11651, puis enrieveté adésordre, dissolution» d’usage. Il a donné lieu à un emploi technique en
kve s.l. 0 Introduit avec le sens étymologique de sports : au jeu de paume En XVI~ s.), il désigne un
<manque de respectb, le mot s’emploie ensuite par coup où la main est renversée par rapport à la
métonymie lune irrévérence1 à propos d’une pa- paume (coup droit); ce sens s’est difksé au tennis
role, d’une action marquée d’irrévérence 11429). ( 1903, alors opposé à coup droit, au tennis de t\le,
de dérivé IRRÉVÉRENCIEUX,EUSE adj. (1776, à la pelote basque ( 1924, et en boxe (1936). A la
Voltaire), d’où IRRÉVÉRENCIEUSEMENT adv. pêche, il désigne une façon de lancer la ligne (1964,
(18391, est d’emploi encore plus littéraire. +IRRÉ- lancer en revers). + La locution adverbiale à revers
VÉRENT, ENTE adj., apparu dans le troisième (xv” s.1 a perdu son ancien sens de & la renverse, à
quart du xve s., est certainement antérieur, d’après terre>>, assumé par la locution ù la renverse b ren-
l’adverbe dérivé IRRÉVÉREMMENT, attesté en verser) et Sign%e “par terre>> ( 16111; sa variante de
1380. Cet adjectif est un emprunt savant au latin ir- revers ( 1680) est plus marquée stylistiquement.
reverens, qui avait abouti en ancien fknçais à en- +Par l’intermédiaire de la locution donner un re-
-e améchant, malicieuxu, aopiniâtre}) et aextra- vers «contrecaurer* (ci-dessus), le mot a développé
vagant- (1165-l 1701, puis &ssolun (xv” s.l. + Notam- le sens figuré d’aévénement malheureuxm, seul
ment employé en parlant d’actions, de paroles ( 16401 et plus fkéquemment, dans l’expression re-
marquées d’irrespect, en particulier à l’égard de vers de fortune (15834590). Son emploi au sens in-
Dieu, l’adjectif est sorti d’usage, remplacé par hé- déterminé de wîcissitude bonne ou mauvaisem
vérenckux. ( 1668, Molière) a été contrarié par Ze symbolisme
négatif du mot, un emploi comme revers prospère
REVERS n. m. est emprunté (1185) au latin re- étant senti comme contradictoire.
versus, participe passé de revetiere eretourner sur 0 VO~~REVERSI,REVERSIBLE,RÉVERSI~N.
ses pas, reveti, de re- I+ re-1 indiquant le mouve-
ment en arrière et de vertere atourner, faire tour- REVERS1 ou REVERSIS n. m., (16111,
ners (3 vertige). L’ancien frmçaîs avait le verbe re- d’abord reversin (XVI” s.), avec la variante reversis
verter et rwerttr {{retourner, revenirn au propre et (16171, est la francisation d’après rwers* de l’italien
au figuré, spécialement arevenir à soin, «se changer rovescina. C’est le nom d’un jeu de cartes, dérivé
en>>, transitivement Nretourner>>, *changer en> et, à de rovescio & reboursB (Xnp s-3, par allusion au fait
la forme pronominale *s’en retourner», qui corres- que le gagnant de ce jeu est celui qui fait le moins
pondait à revers pour le sens ; il a disparu en moyen de levées, à rebours de la règle générale. Rwescio
fWlÇtiS. remonte à un latin populaire Oreversius, altération
+ Le mot, après un ancien emploi adjectif au sens du latin classique reversus, participe passé de re-
de arenversé, et, au figuré, aperversm Iv. 11851, a été vertere aretournep c-t revers).
substantivé au sens neutre de cla réciproque» + Le mot désigne un jeu de cartes dans lequel le ga-
Iv. 12691, sorti d’usage. +Le sens concret de <côté gnant est celui qui fait le moins de levées et le
d’une chose opposé au côté principal ou à celui qui moins de points et, par métonymie, un coup consis-
s’otie le premier à la vuen est attesté à la ~XI du tant à faire toutes les levées ce qui, par exception,
XIVe siècie. Revers a cette valeur dans revers de la fait gagner la partie 11680 faire reversi, le reversi). Il
main 116361, Id’unl revers de III&, et prend le sens a vieilli avec le jeu, qui disparaît au XIX~ siècle.
figuré de acontrepartie, aspect opposé (de qqch.ls
(15591 qui obéit au symbolisme négatif de l’envers RÉVERSIBLE adj. est emprunté (16103 au la-
opposé à l’endroit. *Il est également réalisé dans tin médiéval juridique rwersibilis, qui se dit d’un
diverses spécialisations : le mot désigne l’envers bien qui doit faire retour à son propriétaire, du la-
d’une médaille ou d’une monnaie ( 15563, seul ou tin classique reversum, supin de rwetiere I+re-
dans la locution le revers de la médaille qui s’ap- vers).
plique aussi, au figuré, au mauvais côté d’une chose + Le mot s’est employé en droit féodal en parlant de
quelconque ( 16403. 0 Revers s’emploie dans l’habîl- ce qui fait retour au seigneur, après la mort du vas-
lement pour ce que l’on ne voit pas, le repli d’une sal décédé sans héritier ou dans des circonstances
RÉVERSION 3236 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

particulières, et a été élargi à tout bien devant faire celle-ci meurt sans enfant, la locution pension de
retour au propriétaire qui en a disposé (16901. +Par réversion 6tant récente (19321. w D’autres spéciali-
glissement de l’idée de retour à celle de transmis- sations techniques sont apparues au XIX~ s. plus ou
sion, et peut-être sous l’inkence de reverser moins liées à l’adjedf réversible : en rhétorique à
I+ verser), pris dans son sens figuré, il quame une propos d’une figure de style qui reprend en les in-
rente, une pension qui, à la mort du titulaire, doit versant les termes d’une proposition pour former
être reversée sur la tête d’une autre personne une nouvelle proposition de sens différent ( 18421;
Iv. 1770, Rousseau). De là, il passe dans l’usage com- en génétique, pour la réapparition, dans une lignée
mun au sens de “qui peut profiter à une autre per- d’individus issus de croisements destinés à amélîo-
sonne, Cv.1791). *Au XIX’ s., d’aprks l’anglais to re- rer une race domestique, d’un individu conforme
verse <faire aller dans le sens opposé> (1500), au type de la race primitive (1870). Au xxe s., le mot
réversible est passé dans le langage scientsque et désigne le traitement thermique applicable à cer-
technique, qualifkknt une transformation méca- tains alliages d’aluminium, consistant en un ré-
nique, physique ou chimique pouvant changer de chatiage très court après la trempe et destiné à
sens sous l’influence d’une modification inkitési- ralentir le durcissement ultérieur (1968 dans les
male dans les conditions de production du phéno- dictionnaires généraux).
mène 11863); cet emploi se répand à propos de ce
qui peut se produire à nouveau en sens inverse REVÊTEMENT, REVÊTIR + VÊTIR
( 18773, dans hélice à pas r&ersr;bk ( 19321, et rume ré-
versible 11964) crame de voiture de chemin de fer REVIGORER + VIGUEUR
équipée pour fonctionner dans les deux sens». En
mathématiques, l’adjectif qual%e une opération
RÉVISER ou REVISER v.tr. est emprunté
(v. 1250) au latin revisere -revenir pour voir, revisi-
dont l’ordre des termes peut être inversé 11963) et,
ter,, de re- I+ re-> marquant le mouvement en ar-
en psychologie (Piaget), une opération pouvant s’ef-
rière et de visere aexaminer, venir voipj, de visum,
fectuer en sens inverse dans un stade du dévelop-
supin de wdere (-, voir). Le doublet revoir est pré-
pement de l’enfant. * Concrètement, r&ersible
Gxé de voir.
qual%e un vêtement qui peut se porter à l’envers et
à l’endroit indifféremment ( 1870). + Le verbe sime d’abord =Considérer, examiner»
b RÉVERSIBILITÉ n. f. (1745) a la même valeur que et <<passer en revue» Cti xwe s. réviser me troupel.
l’adjectif: c’est un terme de droit féodal et de droit *Avec la valeur itérative du préfixe re-, réviser a
moderne (1790 en parlant d’une pension, d’une pris le sens de asoumettre lune chose) à un nouvel
rente). II est spécialement employé en théologie examen pour l’adapter aux circonstance+ ( 1565). Il
dans réversjbiZité des mérites ( 1797, J, de Maistre), est employé en imprimerie pour arelire (une
application de la doctrine de la communion des épreuve)s (18351, plus généralement, <<revoir (un
saints en vertu de laquelle les mérites de saints et texte) pour l’améliorer= et, en technique, &r%er
des justes profitent à tous les membres du corps le bon fonctionnement de lune machine, un véhi-
mystique. + À la fm du XIX~ s,, il désigne aussi le ca- cule, une installation)~ (1921). +Le sens de Nrevoir
ractère d’un phénomène, d’une transformation, (ce que l’on a déjà étudié) pour se le remettre en
d’un processus réversible ( 18831, le caractère d’une mémoire avant une composition, un examen,
chose dont le sens peut être renversé (18891, déve- semble récent (1946).
loppant des applications spéciales en chimie, phy- b RÉVISEUR ou REVISEUR, EUSE n. 115671, long-
sique, mécanique (19641 et, abstraitement, en psy- temps au masculin seul, a d’abord désigné un juge
chologie (Piaget). choisi par les deux parties pour reconsidérer un
Le pré-fixé IRRÉVERSIBLE adj. 11907) qu&e ce procès. Son emploi pour <<personne qui révise, re-
qui ne peut fonctionner ou agir que dans un sens et, voitn C16 Il), spécialement <correcteur des épreuves
concrètement, ce que l’on ne peut faire agir en sens d’imprimerie> (16591, s’est surtout répandu au
contraire (19351, spécialement en chimie une réac- ti s., où les deux termes, correcteur et rkvheur,
tion qui se poursuit jusqu’à achèvement ( 19311. sont nettement distingués et parfois associés Ccor-
L’emploi courant de l’adjectif à propos d’un proces- recteuwéviseurl. +RtiVISIBLE adj. (18751 et son
sus qui ne peut changer d’origine ou de manière dérivé RÉVISXBILITÉ n. f. (1875) appartiennent à
d’agir date du début du me siècle. * IRRÉVERSI- l’usage didactique et sont rares.
BILITÉ n. f. 119001,fait sur ikversible d’après réver- RÉVISION OU REVISION n. f., d’abord resvisim
sibilité, désigne le caractère irréversible. (12981, rwision. puis révkdon (16111, est emprunté au
dérivé bas latin GYV&O, -onk +L’ancien français
RÉVERSION n. f., attesté une fois au XIII~s. (re- n’a connu que le sens d’ttexamen, inspectionx, sorti
versionl, puis rwercioun (13041 et reversion. krv” s.1 d’usage. Le développement de la valeur moderne,
avant reversion. (1611), est emprunt6 au latin rever- où re- est itératif, est d’abord juridique - Estienne
sio, -on& <(retour en arrière*, «réapparition=, em- répertorie le mot pour aaction d’examiner de nou-
ployé spécialement en rhétorique, de rwersum, su- veau un procès)) (15491 -, annonçant le sens mo-
pin de reyetiere wetourner>a I+ revers). derne d’ttexamen par une juridiction supérieure de
4 Attesté une première fois pour uépanchement de la décision défmitive d’une autre juridiction atta-
larmesm (avec un autre sens de versio), le mot a été quées ~VI~I’ s., Fontenelle). +Le sens d’Nexa;miner
reformé en droit 113041 en parlant du droit de re- de nouveau (qqch.1 en vue d’y apporter une moti-
tour en vertu duquel les biens dont une personne a cation qui l’aznéliore>> (1611) donne Lieu à quelques
disposé en faveur d’une autre lui reviennent quand emplois spéciaux, par exemple à propos de la mo-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3237 RÉVOLTER

tication d’un texte juridique (1690)et, au XIX~ s., en mère» (+ révolu, révolution). Le verbe italien YOZ-
droit constitutionnel ( 1835, r&kdorz comtituti~- tare, issu d’un fréquentatif du latin volvere C<rouler,
Mlle) et en politique 11875 révision des listes decb tourner)) (+ volte, volute, voûte), est en relation avec
ralesl. + Au XVII~ s., le mot désigne aussi l’action de tivoZtare; qui peut aussi être considéré comme son
revoir un texte, un ouvrage en vue d’y apporter des préf&.
modifications et des améliorations (1679, Bossuet), 4 La forme pronominale se révolter (d’abord se re-
sens dont procède la spécialisation technique en voultier) s’est implantée la première, d’abord avec
imprimerie, en rapport avec correctirt (1797, révi- le sens concret de ase retourner, se roulep en par-
sion des épreuves>. Dans ces emplois, le substantif lant des cheveux et celui de atourner>) (15421, dispa-
correspond plus au verbe revoir qu’à kviser. *Au rus au XVII~siècle. +Par un développement ana-
XIX~ s., révision, dans le domaine militaire, sime logue à celui de se retoumr, se rkvolter Sign%e ase
aopération de l’appel du contingent sous les dra- détourner d’une influence* 11541,C,alvin, se révolter
peaux, vériknt l’état des recrues)} 11825, dans de) dans un contexte religieux, puis «se dresser
conseil de révision). Le sens technique de wérika- contre une autoritén (av. 1520). + Au XVII~s., se &VO~-
tion de l’état d’une machine, d’un moteurn (1932) et ter commence à exprimer l’idée de Krefuser
le sens scolaire afait de revoir une étude en vue d’obéir, de se soumettre à l’autorité de qqn ou de
d’une épreuve» (1907) sont en relation avec le verbe supporter des contraintesm C18741, spécialement
rtier. +L’expression révision déc&~te (v. 1954) «refuser d’accepter ce qui paraît inévitable» (1677).
est une traduction de l’anglais agonizing reapprai- 0 Il développe des sens psychologiques : aêtre in-
sa2 &évaluation torturante-, employée à propos digné, irrité par ce qu’on se refuse à admettren
de la modikation radicale et pénible d’une habi- ( 1630)et, en parlant d’une chose, <s’opposer, résis-
tude, d’une attitude, d’une situation politique ou ter à» (16741.*La forme active révolter, qui ne s’est
économique. +Les dérivés sont surtout politiques pas implantée au sens de <<faire se révolter (qqn)%
et constitutionnels. RÉVISIONNISTE adj. et n. a (15021, s’est répandue au mes. avec les sens de
d’abord désigné 11851)et quali% (1920) le partisan achoquer violemment (qqn)n (16671et de aheurter,
d’une révision, en particulier de celle de la Consti- irriter qqch. chez qqn)> (16901, également en emploi
tution. Le mot désigne spécialement les partisans absolu 117351; cette valeur, à partir du XVIII~s., est
du généralBoulanger, dont le programme appuyée par révoltant Ici-dessous).
comprenait la révision de la Constitution de 1875 b RÉVOLTE n. f. a été formé par dérivation régres-
(emploi attesté au XXe s., en histoire), et les per- sive du verbe Iv. 1500) avec le sens de webelhon ou-
sonnes favorables à la révision du procès de Drey- verte contre l’autorité établie, civile ou militairen,
fus 11920, dans Proust). En politique, c’est le nom conçue comme un retournement. * Par extension,
donné aux membres des partis communistes taxés le mot désigne le refus d’admettre ce qui paraît
de révisionnisme (1955). 0 Un autre sens Iv. 1985) inacceptable 116431, et une réaction violente de re-
concerne la &visionn de la réalité historique, et jet, d’ordre a$ectif ou intellectuel (16421, Son em-
notamment celle de la shoah (3 négatiotite). ploi à propos du refus irndividuel d’obéir à une per-
+RÉVISIONNISME n. m., dérivé de réwkionniste sonne ou à une autorité est plus récent (1860).C’est
par changement de sufke 118971,désigne l’attitude l’un des axes d’opposition avec révolution, toujours
de ceux qui remettent en question une constitution, collectif. + Au xx” s., révolte a été défki philosophi-
puis ceux qui contestent les fondements d’une doc- quement comme la position de ceux qui, face à l’ab-
trine 11903); il s’est spécialisé en politique pour la surdité du monde, refusent d’assumer la condition
révision du marxisme par les tenants d’une solu- humaine (1942, Camusl. Dans un style littéraire, il
tion réformiste. Le mot s’applique aux partis socio- se dît aussi d’un mouvement violent dans les
démocrates ou socialistes, avec l’établissement du choses (1932, Larousse). * Les sens de adéfection et
premier État de dictature du prolétariat, en octo- adhésion à un parti adversem (15461, aapostasie>)
bre 1917, puis, en France, avec la scission survenue (15641, en rapport avec le sens étymologique de ré-
au congrès de Tours (décembre 19201, au parti so- volter, et qui illustrent le même skmantisme du re-
cialiste. Dans le discours de l’orthodoxie stali- tournement que conversion, lequel est générale-
nienne, le mot s’est appliqué aux tendances socio- ment pris en bonne part, n’ont eu d’existence
démocrates en général et aux régimes socialistes qu’aux XVI~ et XVII~siècles. Un emploi pour *action
de type modéré (Yougoslavie en 1948) ou moins ab- de rompre avec une maîtresse%, où le préke a la
solu (1’U. R. S. S. elle-même après 1953 pour l’Alba- valeur de -mouvement en arrièrem, s’est rencontré
nie ou la Chine). La notion reste relative et variable. chez les précieux du xvf siècle. +RÉVOLTÉ, ÉE,
Elle n’a plus d’objet autre qu’historique après la participe passé de révolter, est adjecttivé et substan-
disparition des orthodoxies marxistes-léninistes. tivé, d’abord à propos d’un apostat (15641, puis en
0 Le mot s’applique aussi Iv. 1985) à la Nrévision)> de parlant d’une personne en rébellion 11596) et, par
l'histoire par les négationnistes. + RÉVISIONNEL extension, qui éprouve un violent sentiment dïn-
ouREVISIONNEL,ELLE adjJ1875) qualifiece qui dignation (16671, qui est heurtée, choquée par qqch.
a trait à une révision, surtout en droit. (1667). Comme révolte, il s’est étendu à celui qui est
REVOIR + VOIR individuellement en révolte contre la société éta-
blie et son ordre (1860). +RÉVOLTANT,ANTE,
RÉVOLTER v. tr. est un emprunt (1414) à l’ita- participe présent de révolter, est adjectivé 11731,
Ilen tivoltare aéchanger, retourner, (XIV~s.), de ri- Voltaire) au sens psychologique du verbe pour qua-
volto, participe passé de rivolgere aretourner», le- Mer ce qui suscite une réprobation violente.
quel représente le latin revolvere wouler en 0 voir RÉVOLU, RÉVOLUTION, REVOLVER.
RÉVOLU 3238 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RÉVOLU, UE adj. est emprunté (1377) au latin emplois qui correspondent aux motications du
rwolutus, participe passé de rwolvere crouler en concept (révolution sociaEe, prolétaire, puis proléta-
arrière=, <faire rétrogradep, xramenerm, “rappe- rienne, etc.) et à son interprétation Mvolution bour-
lep, nraconters, de re- I+ re-1 marquant le mouve- geoise, concept marxiste, révolution permanente
ment en arrière, et volvere arouler>> I+ volute). [Trotsky], etc.). Par ailleurs le mot s’applique à de
+ Le mot quaNe ce qui a accompli un tour complet nombreux bouleversements politiques, comme ré-
(en parlant de la terre) et une période de temps volution de 1848, puis, au XX~s., révolution msse
achevée (1382-13831, d’abord en relation avec révo- 11917) et révolution d’octobre Iv. 1%!01du russe revo-
lutin puis s’en détachant au XVI~siècle. + Ultérieu- htcija, révohtion c&urej!le Iv. 19663, adaptation
rement, il est appliqué par métonymie à une chose d’une expression chinoise signifiant <changement
qui appartient au passé, n’existe plus (1826, Hugo). total de la civilisation, des moeurs», révolution hh-
6) voir tiVOLTEFL, Rl?VOLUTION, REVOLVER. mique (arabe thuwru). 4Par extension, le mot dé-
signe un renversement dans les modes d’échanges
RÉVOLUTION n. f. est emprunté (v. 1190) au socioculturels, en fonction d’une critique radicale :
bas latin rwolutio, -anis (saint Augustin) -retour-s et révolution sexuelle ( 1934). - La locution révolution
c<déroulementm, acycle, retour (des âmes par la mé- tranquLue (1960, dans un éditorial du Devoir de
tempsychosel- et, au moyen &ge, wetour pério- Montréal) s’applique aux profonds changements
dique d’un astre à son point de dépar+ (1086). Le survenus dans la société québécoise depuis le dé-
mot vient du latin classique reyolutum, supin de re- but de 1960. D’autres expressions ont eu cours pour
volvere ~r0u.h en arrière, rameners, I+ révolu), lui- désigner les mouvements de libération des ex-dé-
même préhé de volvere crouler, tourner» (3 volte, mocraties socialistes Irévohtion des œillets, révolu-
volute, votite). tion de velours, etc.). 0 Transposé sur le plan
+ Le mot est introduit en astronomie pour désigner économique, le concept donne lieu à révolution in-
le mouvement circulaire par lequel un astre re- dustrielle 11839, Comte, après les saint-simoniens).
vient $ son point de départ sur son orbite; par ex- +Le sens figuré de «brusque changement appor-
tension, il désigne plus couramment la marche de tant un troubleD, apparu au xwe s. et tiéquent au
l’astre et, par métonymie, le temps qu’il met à par- XVIII~~. avant la restriction d’emploi causée par
courir son orbite 11690). + Dès le XIII~s., révolutin 1789, procède, au xrxe s., du sens politique devenu
prend le sens temporel d’aachèvement d’un cycle% dominant; cette acception est sortie d’usage y
(1267) et, dans la description didactique, le sens compris dans sa spécitiation psychologique de
spatial de *repli, contourm à propos d’un tour de fl, *trouble passager violenta (av. 17201,et dans sa spé-
d’un noeud 11314, qui correspond sur le plan sta- cialisation médicale ( 1694 révolution d’humeurs).
tique à évolution et se retrouve dans le sens tech- L’emploi spécialisé de révolution en sciences, dans
nique de aforme de ce qui est enroulé sur soi- les théories selon lesquelles les cataclysmes (sur le
même, en hélicem C17641,d’où escaifier à double ré- modèle du déluge) auraient bouleversé terrains et
volution (1883, après révolution d’escalier 1857). faunes successives observables dans les terrains
*Au xwie s., le sens astronomique produit, avec sa géologiques (1718, Mémoires de I’Acudémie des
valeur dynamique, des spécialisations en géomé- scimcesl, a disparu au cours du XX’ siècle. 0 Avec
trie ( 1727) et en technique : <tour complet d’une la valeur tiaiblie de achangement important)>, on
pièce mobile autour d’un axen 117653, 4 Le passage parle en histoire des sciences de révolution toper-
dans l’usage courant est venu des emplois en chro- nicienne, la notion étant suggérée par Kant (17871,
nologie liés à révolu, à propos du bouleversement par exemple dans r&olution intellectuelle (de Vil-
que peut constituer un événement fixé d’avance lers, 18011 et appliquée nommément au passage du
(1559, effaçant la notion de retour. Depuis le xwe s., géocentrisme de Ptolémée au système héliocen-
avec innuence de l’anglais rev@hion, d’abord dans trique de Copernic au & s. 11932, C&on).
les syntagmes rkvolution des Etats (av. 16151, d’Etut b Les dérivés sont apparus avec la Révolution fran-
116361, des monarchies puis seul, le mot concerne @se. RÉVOLUTIONNAIRE adj. et n. (1789) qua-
un changement brutal, pouvant impliquer trouble lifie ce qui favorise ou provoque une révolution
et renversement de régime. Jusqu’au ~~III~s., ce- politique, un changement brusque et complet,
lui-ci ne se distingue guère du coup d’État et n’im- spécialement des mesures prises pour satisfaire
plique pas, comme par la suite, de changements aux exigences impérieuses du moment, lors de la
profonds du droit (concept venant de Montesquieul Révolution Il 793- 1794 mesures révolutionnaires), en
ou dans la société. Le mot est très courant au particulier le tribunal révolutionnaire (9 mars 1793).
XVII~” s. dans de nombreux contextes, notamment Il s’applique également à ce qui est institué par une
politiques : il sime aussi wéformem. *Déjà appli- révolution politique ou en est 1’éma;nation (17951, ce
qué à un événement précis de l’histoire depuis le qui est propre à une révolution (1800). Il qualtie
changement de dynastie en Angleterre au XVII~s., une personne ( 1790) et, substantivé (17901, désigne
par emprunt à l’anglais revolution, le mot s’est em- un partisan de la révolution. 0 Il se rencontre très
ployé ensuite à propos de l’Indépendance améri- vite (17931 avec le sens de apartisan de change-
caine, des événements qui préparent le change- ments radicaux et soudains, (en général) et avec
ment de régime (vers 1760-17801, et surtout des celui de <<novateur, original» ou simplement *très
événements de 1789-1799 en France Ila Révohtin, nouveau>> (par exemple dans la publicité et le
1790). +Par métonymie, le mot désigne les forces commerce, dans le langage du journalisme).
révolutionnaires, le régime qui résulte du boule- +Pendant la Révolution même, il a sex;vi à former
versement. -AU XIX~ s. apparaissent de nombreux RÉVOLUTIONNAIREMENT adv. (17% Saint-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÉVOQUER

JUS~). +IJlt&ieurement en ont été dérivés les puté au latin revocare <(rappeler, faire revenir5
termes didatiiques RÉVOLUTIONNARISME OU spécialement dans la langue poétique, wappeler
RÉVOLUTIONARISME n. m. (18431, autrefois Mes- les morts à la vie)) et <<fairerétrograder, ramener en
prit révolutionnaire>>, de nos jours souvent péjoratif arrièren. À basse époque, le verbe s’est employé en
pour atendance politique à considérer la révolution droit avec les sens de arestituern, «transférer), et
comme une fm en soi, cv. 1963); RÉVOLUTIONNA- aussi aprendre possession dep (v. 5531, cprendre,
RISTE OU RÉVOLUTIONARISTE adj. et n. (19491, percevoir) (v. 5731, et chez les auteurs chrétiens,
et RÉVOLUTIONNARISATION n. f. ! 19671, réfe- ucélébrer (la messeIs. Revocare est formé de re-,
rant à la mise en œuvre d’un processus révolution- marquant le mouvement en arrière (+ re-1, et de
naire. + RÉVOLUTIONNER v. tr. a d’abord ! 1793) vocure <appeler)> I+ vocation), de V~X, vo& (+ voix).
le sens politique de amettre en état de révolution, + Révoquer signifie d’abord «rappeler les âmes des
agiter par un mouvement révolutionnaire5 seul mortsD et généralement flrappeler, faire revenir*,
emploi pendant la Révolution avec son extension, sens bien vivant au XVII~s. où se révoquer corres-
*transformer radicalement», dans le domaine des pond à *être rappel& (1642, Corneille), et qui ne se
arts 11794, du commerce, etc. 4De nos jours, le rencontre plus aujourd’hui que comme archaïsme
verbe exprime l’idée plus générale de amotier ra- d’écrivain (Gide). Les autres sens repris du latin
dicalement Iqqch.)m 11821) et, avec une valeur figu- Iwedemandep, wétablir, remettre en usagen)
rée amettre en émoi, bouleverser (qqn)n ( 18321, sens n’eurent d’usage qu’au XVI~siècle. e De l’idée de
qui correspond à des emplois de révolutior~ propres rappel, le verbe est passé à celle de destitution, de
au ~VIII~siècle. +Le substantif d’action REVOLU- renvoi Ix+ s.) et s’est spécialisé en droit avec la va-
TIONNEMENT n. m. (1797) a suivi la même &Oh& leur privative de «reprendre sa décisionb d’où +m-
tion sémantique au XIX~ s. ; mais il est plus rare que nulerx (12611, réahée de nos jours dans le cadre de
le verbe. l’annulation d’un acte juridique. Le sens de «se ré-
CONTRE-RÉVOLUTION n. f. (1790) et CONTRE- tractep Cv.1450, se révoquer), <rétracter ce que l’on
RÉVOLUTIONNAIRE adj. ( 1790) et n. se sont ré- a ditm 11552) et celui de gsupprimer, calmep dans
pandus à la faveur des luttes politiques de la Révo- révoquer su mélancolie ( 14921, révoquer son ire
lution française; le second très Coura;nt dès 1790 a ( 15641, ont décliné au XVIII~s. puis disparu. La lo-
servi à diffuser l’adjectif r&olutinnaire, d’abord cution revoquer en doute cmettre en doute»
assez peu usité. + ANTIRÉVOLUTIONNAIRE adj. Iv. 1500) est calquée du latin revocure in dubium.
( 1790) s’est moins répandu. + PO ST-RÉVOLU-
+ RÉVOCATION n. f. est emprunté (XIII~s.) au dé-
TIONNAIRE adj. (1924) est plus rare que PRÉ-RÉ-
rivé latin rwocutio, -anis ((rappel, action de s’éloi-
VOLUTIONNAIRE adj. (f927).
gnern, spécialisé en droit pour la faculté de rega-
REVOLVER n. kn. est emprunté (av. 1848) à gner sa patrie kwocutio domuml, et en rhétorique
l’anglais revolver, mot anglais d’origine américaine pour la reprise d’un mot par insistance (Cicéron).
(18351 tiré du verbe to reyolve 4ournew emprunté -Le mot a été repris avec une valeur juridique,
au latin revolvere arouler en arrière, révolte, ré-
(4 Mannulation, abrogation), utilisée dans révocation
volu, révolutioti. Ce nom fut créé par l’inventeur, le de l’édit de Nantes 116853 qui marque la &II de la to-
colonel américain Samuel Colt (-+ colt) pour évo- lérance royale à l’égard des protestants, et pour
quer le mouvement du magasin de l’arme Ibarillet) ceux-ci le début d’une époque de persécutions et
qui tourne sur lui-même. L’Académie des sciences d’exil. -Il a désigné en thkologie le temps de ré-
avait signalé une invention analogue en France en conciliation, de retour dans le droit chemin ti
1767, décrite ainsi : 4usil qui tire vingt-quatre coups XIII~s.), le fait de rappeler qqn d’exil ( 1400) et l’action
de suite, se charge, s’amorce, et s’arme par le seul de reprendre un cadeau (fin XVI~s.1, tous emplois
mouvement circulaire du canon)). disparus. La valeur aujourd’hui dominante, afait de
4 Revolver est d’abord cité en français comme mot destituer un fonctionnaire», apparaît au xv# s. (at-
amkicain avant d’être acclimaté ( 1853, Diction- testée 16801. + RÉVOCABLE adj ., emprunt (13071
naire des Arts et Manufactures). Il désigne propre- au dérivé latin revocubilis aque l’on peut faire reve-
ment le pistolet à barillet pour lequel on a aussi dit nirn et «sur quoi l’on peut revem, est apparu avec
revolver Colt. Dans le 1a;ngage technique, l’usage est le sens juridique actuel: il quaMe couramment ce
rigoureux, bien que la langue courante confonde que l’on peut révoquer (1549) et s’applique à un
pistolet automatique et revolver (pistolet reste le fonctionnaire que l’on peut destituer de ses fonc-
terme générique) et que l’on emploie rwolver pour tions (1680). + Il a pour dérivé RÉVOCABILITÉ n. f.
toute arme à feu à répétition se tenant d’une seule C17893. IRRÉVOCABLE adj., aussi inrevocuble
main, munie ou non d’un barillet (18951. - Par ana- (13571,irrevocab~e attesté au xv” s. Iv. 14601 étant
logie, le mot se rapporte au mécanisme tournant certainement antérieur, est emprunté au latin ivre-
d’un appareil pertnettant le passage rapide de dif vocabilis ou inrevocubilts “que l’on ne peut modi-
férents éléments en cours d’utilisation ; il désigne fier, irréparableti, dérivé de revocubilis qui s’em-
un instrument en forme de revolver ou dont l’utili- ployait souvent avec une négation. 4 L’ancienneté
sation rappelle celle de l’arme (1875, revolver pho- de son dérivé IRRÉVOCABLEMENT adv. Il2661 in-
tographique). duit l’antériorité de l’adjectif + IRRÉVOCABILITÉ
k REVOLVÉRISER v. tr. «tuer au revolverm (1892) n. f. ( 1534) est didactique.
n’est employé que par plaisanterie. RÉVOCATOIRE adj. est emprunté (14071 au dérivé
bas latin juridique revocutotius *destiné à rappe-
RÉVOQUER v. tr. est la réfection savante lern, substantivé au féminin revocatoria ulettre de
(v. 1355)du plus ancien revochier Cv.I 1901, em- rappeln, et employé dans litierue rwocatoriue aan-
REVUE 3240 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nulationa bme s.l. +Le mot se dit d’un acte qui pro- présent, est quelquefois employé adjectivement
duit une révocation avec le sens figuré de “qui révolte)) (v. 19501.

0 REVUE + VOIR REWRITING n. m. est l’emprunt (1945) du


0 REVUE n. f. est emprunté à l’anglais reviw, terme de journalisme américain rewriting aadapta-
tion, remaniement d’un texte, d’un scénario en vue
cité sous la forme anglaise (17081, puis revue 11711),
de sa publication>>, de to rewtite Gcr-ire en réponse
attesté dans le sens de <(publication périodiquen en
à qqn» (XVI” s.1, puis aadapter, mettre au point ou re-
1705, lui-même emprunté de l’ancien français 0 re-
modeler la rédaction de, Wï’301; le verbe est
vue (alors écrit reveuel au sens de &Vision» (1565).
composé de re- (-+ re-1 et de to tite &crireB. Ce-
Le développement sémantique fait allusion au fait
lui-ci, du vieil anglais wrbn, appartient à une ra-
que la revue se présente comme une w&ision», un
cine germanique wrït- également dans l’ancien
<<passage en revue* périodique de l’actualit6, de
saxon wtitan, l’ancien haut allemand rîzan Me-
certains événements.
mand retsen), l’ancien nordique tita (norvégien ritu,
+ Le mot, d’abord employé à propos d’une publica- V&U, suédois Mal.
tion périodique anglaise puis comme titre d’un
quotidien, sous la Révolution, désigne ensuite une + En tian@s, le mot, répandu dans l’usage journa-
publication périodique plus ou moins spécialisée, listique, a pris par extension le sens de #nouvelle
souvent mensuelle (1804, &?vue de philosophie). Par version réécrite)) 119561, là où l’américain dit wwtite
une métonymie habituelle, il désigne un exem- ou remake I+ remake) qu’on a proposé de rempla-
plaire de la publication (xx” s.l. cer par réécriture et adaptation.
k @ REWRITER n. m., d’abord r&ghter (19571
RÉVULSION n. f. est emprunté (1538, Chau- puis rewriter (19581, est emprunté k I'mglo-améri-
liacl au latin revulsio, -anis =action d’arracherm, de tain rmter 119121, synonyme de rMte mun
revulsum, supin de rwellere &Ôter de force, arra- (19011, de to rewrite et de mun =hommes. + Cet em-
cherm, au propre et au figuré, de re- à valeur inten- prunt sert à désigner la personne chargée du =re-
sive 13 re-1 et de wllere #arracher, déchirer>>, en writingm dans un bureau de rédaction ou pour une
particulier (<tirer les poils, la laine, les plumes, épi- maison d’édition, la presse, le cinéma. On a pro-
lep, passé en tiançais dans des composés posé de le remplacer par uduptuteur et, officielle-
13 convulsion, svelte). On rapproche le terme du ment, par réducteur-réviseur. Il reste cependant
gotique wilwan «dérober*, et peut-être du grec ha- usité, comme le verbe @REWRITER v.tr. 119523
liskesthai, sans qu’il soit possible de reconstituer tiré de rewriting et adaptant le verbe anglais to re-
une famille indoeuropéenne. Un rapprochement wtite. Réécrire et, plus précisément, rerédiger
avec le latin luna (-+ laine) est rendu malaisé par le conviendrtient.
caractère de la racine (3 velours, velu, villeux, peut-
être flanelle, du gallois). REZ-DE-CHAUSSÉE + CHAUSSÉE .
+Le mot est un terme de médecine désignant col-
lectivement l’ensemble des procédés thérapeu- RHABDOMANCIE n. f. est composé (1579
tiques visant à provoquer une irritation locale caf- écrit rhubdomuntk) du grec rhubdos abaguette, et
flux sanguinl pour faire cesser un état congestif ou manteiu (francisé en -mancie).
inflanunatoire. Il désigne aussi, par métaphore + Le mot désigne la divination et spécialement la
(18431, l'effet de ce qui révulse, bouleverse. découverte de sources, mines, trésors, à l’aide
k RÉVULSIF, IVE adj. est une formation savante d’une baguette divinatoire.
(1538) sur le radical du latin rwulsum, qualifïant, en
kRHABDOMANCIEN,IENNE n. (1836) correspond
médecine, les remèdes provoquant une irritation
plus ou moins à radiesthésiste.
locale; il est substantivé au masculin (18141 par el-
lipse de remède. +RÉVULSER VAS. est un dérivé
RHABILLER (et dér.) - HABILLER (à @ bille).
savant (1845) du latin wvu~sum, fournissant un
verbe correspondant à révulsion, 11 sime en mé-
decine «faire af?luer le sang au moyen d’une révul- RHAPSODE n. m., d’abord rapsode (1552) puis,
siorw 0 La forme pronominale se révulser est em- avec restitution du h étymologique, rhapsode
ployée dans l’usage général en parlant des yeux (1670), est emprunté au grec rhups@o~ désignant
qui se retournent à moitié sous l’effet d’une émo- le chanteur qui allait de ville en ville en récitant des
tion violente E18861, et d’une réaction physique exa- poèmes homériques et épiques, Le mot est
cerbée ( 1895, Huysmans), d’une partie du corps qui composé de rhuptein acoudre, ajuster en cousant%,
se crispe dans un spasme (18911 par influence pro- mot d’origine obscure, et de gdê : CchantB 13 ode) ;
bable de convulser. De là, révulser s’emploie au signifiant proprement ({celui qui coud ou ajuste des
sens de cretourner, bouleverser le visage, les yeuxn chantsn, il se serait appliqué à la composition li-
Ixx” s.1 et, au figuré <bouleverser par un effet pé- néaire de l’épopée narrative, par opposition aux
nible , négatif ». +RÉVULSÉ, ÉE, le participe passé strophes lyriques. Tarditi y voit un terme péjoratif
désignant des épigones de la poésie épique.
de révulser, est adjectivé (av. 1867, Baudelaire3 pour
qualifrer des yeux retournés sous l’effet d’un choc + Le mot, repris comme terme d’antiquité grecque,
violent, une partie du corps rejetée en arrière par s’est quelquefois employé péjorativement, d’après
une contraction violente, un visage aux traits bou- la valeur prise par rhapsodie, à propos de l’auteur
leversés. -RÉVULSANT,ANTE, le participe d’un amas de choses S~IX valeur (1670).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3241 RHÉTORIQUE

w RHAPSODIE n. f. est emprunté (1582) au grec d’un prince légendaire de Thrace qui vint au se-
rhaps@iia,dérivé de rhaps@s, qui désigne la réci- cours de Troie pendant la dernière année du siège
tation d’un poème, un poème épique par opposi- et qui fut tué par Ulysse et Diomède. L’attribution
tion à la poésie lyrique, puis un poème en général, du nom à un singe est inexpliquée.
en particulier un morceau détaché OU un chant ho- + Le mot est d’abord issu du latin zoologique ISitict
mérique, et s’emploie quelquefois en mauvaise Rhesus, puis Macucus Rhesus) puis (déb. me s.1 du
part avec le sens de *récit us&. +Le mot, aussi écrit fiançais Irhesus maca+&; il désigne le macaque à
rapsodie, a été repris comme terme d’antiquité courte queue de BufTon, considéré plus tard
grecque. À la ti du xwe s., il s’emploie péjorative- comme un genre distinct parmi les macaques
ment à propos d’un assemblage disparate de vers (1840, Lesson). +Le singe étant couramment em-
médiocres, de mauvaise prose ( 1588). De ce sens fi- ployé dans les expériences scienttiques, rhésus dé-
guré, aujourd’hui sorti d’usage, procèdent des va- signe un facteur agglutînogène do& la présence ou
leurs ultérieures : d%ire ridicule» (Saint Simon), l’absence dans le sang détermine un système de
«mauvais ragoût composé de viandes ou de lé- groupes sanguins, d’abord dans facteur rhésus
gumes mal associésm ! 18421, sorties d’usage. 4 Avec 11945) puis en emploi autonome. Les chercheurs
une valeur méliorative, le mot a été choisi par le Wiener et Landsteiner ont mis en évidence ce fac-
musicien tchèque V. J. Tamasek, qui publia quel- teur en injectant du sang de singe rhésus dans
que cinquante ans avant Liszt six fantaisies pour l’oreille d’un lapin en 1940 (le mot est attesté en an-
piano sous le titre de Rhapsodies (attesté 18361, puis glais en 1941).
par Liszt ~pour désigner l’élément fantastiquement
épique..., l’expression de certains états d’âme dans RHÉTIQUE adj. est un emprunt (17321 au latin
lesquels se résume l’idéal d’une nation» 11859). + Le rhaeticus, de Rhuetiu ala Rhétiem, région des Alpes
dérivé RHAPSODER v. tr. (1666 rapsodter) amal ar- orientales, entre Rhin et Danube.
ranger, parler à tort et à travers%, péjoratif, est ar-
+ Le mot s’applique à ce qui concerne la Rhétie.
chtique.
RHAPSODIQUE adj., enregistré par l’Académie 0 Le rtitique n. m. désigne une langue ancienne
en 1842, est emprunté au dérivé grec rhapspdikos : du groupe italo-celtique, l’adjectif s’appliquant par-
aqui concerne les rhapsodes, de rhapsode)). L’ad- fois au rhéto-roman (ci-dessous).
jectif qualifie une composition formée de f?ag- F RHÉTIEN, IENNE adj. qualifie les Alpes de Rhé-
ments; depuis l’emploi qu’en a fait Baudelaire, par tie (16361, puis est repris en géologie ( 18131 pour
calque de l’anglais rhupsodical chez Poe, il caracté- “qui concerne un étage du trias= (bien représenté
rise ce qui évoque une rhapsodie par le décousu, la dans les Alpes orientales). ~RHÉTO-RO-
fantaisie désordonnée, (18521. Il sert également MAN, ANE adj. Iv. 18701 qual%e ce qui concerne les
d’adjectif à rhapsodie C1875). dialectes romans parlés en Rhétie (Suisse orien-
tale : Grisons, Tyrol, Frioul), aussi appelés ro-
RHÉNAN, ANE adj. est emprunté 11808) au manche, ludin. 0 Le mot s’emploie aussi comme
latin rhenanus, de Menus «le Rhin», d’un radical nom masculin, désignant l’ensemble de ces par-
celtique ren Benos ?I, repris par les langues ger- lers.
maniques.
4 Il signifie *relatif au Rhin, aux régions où passe le 0 RHÉTORIQUE n. f, est emprunté Iv. 11301
Rhin (Rhénanie)>). au latin &&orlcu, repris au grec rhêtorik6 ftekhnêl
wrt de l’éloquence», féminin substantivé de l’ad-
RHÉOSTAT n. m. est emprunté (18443 à l’an-
jectif rhêtotikos “qui concerne les orateurs, l’art
glais rheostut (1843, Wheatstonel, terne technique
oratoire}}, de rhêtôr (ci-dessous rhéteur). L’art de la
désignant une résistance variable qui, intercalée
rhétorique a d’abord été dé& comme celui de
dans un circuit, permet de régler l’intensité du cou-
parler en public, comme celui de l’orateur de
rant électrique. Le mot est formé de rheo-, élément
l’agora, du forum, de la curie, puis en général de la
de composition du verbe grec rhein <couler, s’écou-
ler, (+ -rrhée) et du grec statos ustationnaire», =qui technique pour bien parler et bien écrire, c’est-à-
se tient raide)), de histunui, forme à redoublement dire convaincre et persuader l’auditeur ou le lec-
de “sistu- : aplacer debout)> qui se rattache à la ra- teur. Historiquement, les règles d’Empédocle (v” s.
cine indoeuropéenne Ostu-: &tre deboutn, présente av. J.-C.), de Corax et Tisias Iv” s. av. J.-C.) en Sicile,
dans un grand nombre de mots grecs, latins I+ sta- ont été recueillies, enrichies et codifiées en un sys-
tion) et, dans une moindre mesure, germaniques, tème complet par deux ouvrages d’Aristote, la
repris en tiançais. Rhétorique Cv.330 av. J.-Cl et la P~&ique cv.3341 qui,
tout en distinguant les deux notions, montraient
4 Le mot a été repris avec le sens de l’anglais.
soigneusement leur interdépendance, de plus en
b Le dérivé RHÉOSTATTQUE adj. ( 18773, attesté plus a%rmée par la suite. L’héritage grec a été re-
avant l’anglais rheostatic (18781, semble dérivé en cueilli à Rome par Cicéron me orutore, 55 av. J.-C.)
français. +De nombreux composés en RHÉO- ont et Quintilien IDe institutione orutoriu, v. 951.
été formés dans le domaine de la physique Mectri-
cité, mécanique des fluides) et de la biologie : l’élé- 4 Le mot a été emprunté très tôt par l’ancien fran-
ment réalise l’idée de acourant électriquen et çais savant avec la variante rectotique (XIII~s.) dé-
d’aécoulement de la matière)>. signant l’ensemble des procédés constituant l’art
de l’éloquence orale et écrite, d’oti Beurs de rhéto-
RHÉSUS n. m. est l’emprunt en zoologie (1799, tique Cfmxv” s.1et, plus tard, figues de rhétoriques
J. B. Audebert) du latin Rhesus (grec Rtisos), nom (1671). Par métonymie, le mot désigne un ouvrage
RHINGRAVE 3242 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

traitant de cet art Iv. 12781, en l’occurrence d’abord +RHÉTORIQUEMENT adv. 11380) est aussi didac-
un ouvrage de Cicéron. 0 I’t s’emploie aussi avec tique et plus rare que l’adjectif
une valeur dépréciative, visant un déploiement RHÉTEUR n. m. est emprunté ( 15341 au latin r!w-
d’eloquence pompeuse pour persuader Iv. 13603, ter, nom donné à l’orateur, à celui qui enseigne l’art
puis tout discours emphatique et vide (1655, Mo- de l’éloquence, lui-même repris au grec rhêtôr de
lière). *En ancien et moyen tiançais, le concept, même sens, quelquefois employé en mauvaise part
très étendu, comprenait l’art de l’expression en et dit également de celui qui prononce une sen-
vers, par opposition à la prose (v. 1350) et la tech- tence, le juge. Le mot est dérivé de eirein <dire, dé-
nique de la versikation (v. 14801 nommée aussi clarer}, qui se rattache à la racine indoeuropéenne
poétique. On distinguait au xv” s. la première rhéto- ‘sera-/%re- exprimant l’action de proférer, de dire
rique, en prose, et la seconde rhétorique, la poé- une formule, d’où “dire”, et que le latin a dans ver-
tique. *Par métonymie, le mot est devenu le nom hum (+ verbe). * L’ancien français avait formé an-
d’une classe de l’enseignement secondaire où l’on térieurement le dérivé rectoriien (v. 1200l, retotin
enseignait particulièrement la rhétorique Il 59 11, (12131, rhetorien (v. 1214) en adjoignant au latin le
nommée aussi classe de rhétop2que. Le mot, rem- préke -ien marquant l’appartenance à un groupe ;
placé en France par (classe de) première en 1885, celle-ci fut supplantée au xwe s. chez les théoriciens
s’est encore employé pendant quelque temps, et de la littérature par l’emprunt latin. + Repris pour
s’emploie encore dans le système éducatif belge désigner celui qui fait profession d’enseigner l’art
pour la classe terminale classique du secondaire de l’éloquence, d’abord en parlant de l’antiquité,
supérieur. + L’appellation chambres de rtitorique, rhéteur s’applique ensuite à un professeur de rhé-
enregistrée par Littré (18701, est un terme d’histoire torique (17281, à un auteur d’ouvrages sur la rhéto-
désignant des sociétés littéraires qui se formèrent rique 11798). Ces acceptions sont sorties de l’usage
au x+ s. en Flandre et en Artois. avec le déclin de l’enseignement de la rhétorique,
,Le dérivé RHÉTORICIENJENNE n, et adj., puis remplacées par les dérivés de rhétorique. Le
d’abord rettotiien (v. 1370) puis rhétoticien (fin mot ne s’emploie guère que dans le contexte anti-
XIVes.1,désigne la personne qui connaît et pratique que et dans un sens péjoratif, ((homme au discours
l’art de la rhétorique, s’appliquant surtout, de nos apprêté, emphatique et déclamatoire » E16941, que
jours, à un spécialiste de la rhétorique et de ses lui a donné l’évolution du goût.
techniques. Le moyen français et le français clas- RHINGRAVE n. m. et n. f. est emprunté (15491
sique possèdent d’autres sens : *celui qui connaît à l’allemand Rheingruf, Rseigneur, comte du Rhin>>,
l’art de la composition littéraire et le pratique, spé- de Rhein ~~Fbim et Gruf Ncomtea I+ Burgravel. Ce
cialement en poésie)) Exrv”s.1,((auteur de traités sur dernier vient de l’ancien haut allemand gruvo, gru-
la rhétorique» (déb. xwe s.1, =Professeur de rhéto- tio, probablement issu du latin médiéval germa-
rique dans un collège= (1671) et &lève qui étudie la nique grufm, gruffio, gurufio désignant un fonction-
rhétorique)> ( 1680, abrégé familièrement en Aéto naire franc primitivement muni de pouvoirs
dans l’argot scolaire du XIX’S. 18881, tous sortis exécut& et qui, à partir du VI’S., se substitue au
d’usage. Le mot est adjectivé pour qutier ce qui a thunginw comme juge président une assemblée
trait à la rhétorique %n xrveS.I. judiciaire Cmallwl. Par un processus qui sera ter-
RHÉTORIQUEUR n. m. (av. 1493, G. Coquïllart) a miné vers la fin du VIII~s., le grufio s’identse peu à
été formé d’après le moyen français rhétoriquer peu avec le cornes (+ comte). L’origine du mot est
«parler selon les règles de la rhétoriqueti (fin xwe S.I. controversée : à côté d’une étymologie germanique
C’est un terme d’histoire littéraire désignant, sur- qui le ramène à un verbe simant «décider, décré-
tout dans l’appellation (imposée au x12 s.1 les ter», une autre hypothèse le rapproche du grec
gmnds rhétorigueurs, des poètes de la cour de grupheus «copiste, scribe, secrétairem, employé en
Bourgogne comme Olivier de la Marche, Georges grec byzantin comme titre d’un officier, de gru-
Chastellain et surtout Jean Molinet, bientôt imités phein (+ graphie).
au xve s. par des poètes de la cour de France (Jean 4Rhingruve, au masculin, est l’ancien titre des
et François Robertet, Octavien de Saint-Gelais, juges et des gouverneurs des villes situées le long
Guillaume Crétin, Jean Lemake deBelges, dans du Rlkin et de quelques princes d’Allemagne, Par
une certaine mesure Jean Marot) qui avaient le l’intermédiaire d’une locution non attestée “culotte
goût de l’hyperbole et de la virtuosité, une ten- à lu rhingruve, il est employé au féminin (v. 1660,
dance au culte de la forme et de la gloire. Le sens Scarronl pour un haut-de-chausse ample, attaché
d’&rivain ou orateur utilisant abondamment les par le bas avec des rubans, en usage au xw” s. : le
procédés rhétoriquesm (av. 1493, sorti d’usage, est rhingrave Salin, gouverneur de Maestricht, en
peu distinct de rtiteur et de rhétoricien. avait introduit l’usage. -Le féminin (attesté chez
0 RHÉTORIQUE n. m. et adj. est emprunté ti Littré, 1870) désigne la femme d’un rhingrave.
XIV~s.1 au latin rhetotiw, lui-même emprunté au F Le dérivé RHINGRAVIAT n. m. 11836) désigne les
grec rtitorikos (-+ 0 rhétorique). +Le mot, qui s’est fonctions, la dignité de rhingrave.
aussi écrit rhetotic Iv. 15101,a été repris comme dé-
signation de celui qui connaît tous les secrets de la RHINO- est l’élément formant emprunté au
composition littéraire, avant d’être supplanté par grec rhino-, lui-même de rhis, rhinos anezn (de
rhéteur*, rhétoricien*. 0 L’adjectif a d’abord eu le l’homme, parfois de l’anirnal3, mot d’origine obs-
sens de <conforme aux lois d’une composition litté- cure spécfique au grec et qui s’est substitué au
raire harmonieuses (v. 15101, avant de prendre la groupe attesté par le latin nures I+ nez), le védique
valeur neutre de -relatif à la rhétorique)) ( 16 11). nasu, l’allemand Nase.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3243 RHODODENDRON

+L’élément entre dans la construction de termes rhimcérisé, ée et rhinocéroser Isel dans leur Jou?x&
scientsques (généralement substantifs) appm-te- 11879 et 1875).
riant aux vocabulaires de la médecine et de la zoo-
logie, notamment de la pathologie humaine et ti- RHIZO- est l’élément tiré du grec rhizo- qui re-
male. présente en composition le substantif rhiz~ tira-
cine>>,en particulier ((racine médicinale)), au figuré
w Il est productif depuis la ti du XVUI~s., avec le
<<fondement (d’une chose concrète)m, asouche
terme de zoologie RHINOLOPHE n. m. (1799) dé-
(d’une famille)>> et =Origine (d’une chose abstraite)*.
signant une chauve-souris caractérisée par des ex-
Le mot, dont le développement sémantique est le
croissances nasales en forme de fer à cheval et en
même que celui du latin rudix, est rapproché na-
fer de lance (l’élément -lophe représente le grec lo-
turellement de ce dernier (+ raifort) mais son voca-
phosanuques d’où &grette, panachemI. Ce mot de lisme en i n’est pas expliqué.
sciences naturelles a pris une certaine importance
littéraire avec Lautréamont. * Au x& s., il a donné b Les premières formations savantés avec rhizo- ou
au vocabulaire médical RHINOPLASTIE n. f. (1822) rhiz- sont relevées au XVI[~~ s. : RHIZOTOME n. m.
en chirurgie esthétique, RHINITE n. f. ( 1830) Gn- (17401, employé pour aherboristen, a disparu: il a été
flammation de la muqueuse nasale», RHINO-LA- repris au sens de *coupe-racinesu (av. 1867). L’élé-
RYNGITE n. f, (18453 fltiammation de la mu- ment est surtout productif aux XIX~ et XX~s. en bota-
queuse nasale et du larynx», RHXNORRHÉE n. f. nique : RHIZOCTONE adj. (18393, RHIZO-
<<écoulement du mucus par le nezn (+-rrhée), CARPE, ÉE (18451, RHIZOPHYLLE adj. 118751 et,
RHINO-BRONCHITE n. f. 11878) et la Série dans une moindre mesure, en zoologie RHIZO-
RHINO”PHARYNGITE n. f. (18921, RHINO-PHA- PODES n. m. pl. (18421, et en biologie.
RYNGÉ, ÉE adj. (18971, RHINO-PHARYNX n. m. RHIZOME n. m. est emprunté savamment ( 1817,
119021 se rapportant à un ensemble constitué par Gérardin) au grec rhizômu =ce qui est enraciné,
les fosses nasales et le pharynx. L’élément de- touffe de racines>> et, au figuré, comme rhiza, «fan-
meure productif au XX~siècle. dement», =Principe, élément» et -souche, race>. Le
0 voir OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE. RHINOCÉROS. RHNO- mot est dérivé de rhizouïz <lenracinerm et, au passif,
VIRUS Iart. VIRUSI. «s’enracineT», au propre et au figuré, par extension
<<couvrir de plantation+. Le verbe est lui-même dé-
RHINOCÉROS n. m., réfection (1549, rhinoce- rivé de rhizu. Le latin botanique rhizoma (18041,
~OS)de rhinoceropts (12881, rhineceront et rinoceros forgé par le botaniste anglais Gawler, a probable-
(13801, est emprunté au latin rhirzoceros, lui-même ment servi d’intermédiaire. +Le mot désigne une
repris au grec rhino&os. Ce mot est formé de rhis, tige rampante souterraine qui porte des racines
rhinos Mnez>>(+ rhîno-3 et heras *corne d’un animal, adventives et des tiges feuillées aériennes. Un em-
d’où acorne comme matière premièrem, mot em- ploi métaphorique ( 19761, dans un es& de Deleuze
ployé à propos d’un instrument de musique à vent, et Guattari portant ce titre, évoque, en opposition à
d’une corne à boire et, par métaphore, pour les ex- racine le caractère irrégulier et proliférant des
trémités d’une chose : ailes d’une armée, bras d’un structures de pensée. +Le mot a produit RHIZO-
fleuve, bras d’une lyre, manière de coder les che- MATEUX, EUSE adj. en botanique (18751.
veux, etc. Kerus, également utilisé au premier
(3 kératine) et au second terme de composés, est RHODODENDRON n. m., d’abord rododen-
un ancien neutre à vocalisme e qui repose sur &-on (1500), puis rhododendron (17961,est emprunté
‘!2er-a-s et appartient à la même racine que le nom au latin rhododendron (Pline) Klaurier-rose», lui-
de la tête Tzara (+ chère) et celui du crâne krunion même repris au grec rhododendron de même sens.
(-, crâne). En ce qui concerne les autres noms de la Le premier élément est rhodon «rose, qui repose
corne, les autres langues indoeuropéennes ont des sur “frodon %$0-l, lequel, comme le montre le
formes diverses : le germanique, une forme en n mycénien, provient d’une langue de l’Orient, pro-
(allemand Horn), le latin une combinaison du n et bablement de l’iranien, passé en arménien sous la
du U, CO~U !+ corne). forme w-d et en arabe sous la forme wurd; une
4 Le mot désigne donc, depuis le XIII~s., l’un des ani- étymologie sémitique a également été proposée.
maux semi-fabuleux décrits par les Anciens, puis Rhodon est certainement apparenté, les relations
par les voyageurs modernes. Il a été concurrencé étant mal connues, avec le latin rasa (+ rose). Le se-
par rhinoceroie (1552) et rhinocérot Iv. 1640, encore cond élément est dendron aarbre», tiré du thème
chez Trévoux en 1721 et 17711. ll a servi, aux XVII~ et “drew-, “dru- que l’on a aussi dans drus, druos
XVIII~s., de désignation expressive pour un gros nez CarbreN, d’où «chênes C+ druide). Sous l’influence
11690, nez de rhinocéros) et une coiffure & corne> du latin olere <<avoir une odeur» I+ olfactifl, le latin
des petits-maatres du ~VIII~s., la coitire au rhinocé- botanique rhododendron a donné oleunder, forme
ros ( 1759, Voltaire). *Par analogie, le mot désigne dont le moyen tian@s a tiré oléundre ( 1314, an-
un insecte coléoptère caractérisé par une grosse cien nom du laurier-rose encore employé comme
corne recourbée en arrière ( 1742 scarabée Rhino- terme d’apothicaire aux XVI~-XVII~s. et nom d’un
cerôt dans une traduction, puis 1756 rhirzoceros). genre de fougère au XX~ siècle.
b Le mot a produit RHINOCÉROTIDÉS n. m. pl. + Le mot a d’abord désigné le laurier-rose, puis est
(1904), après rhinocérotins, rhimcérotés ( 18751, devenu (1796, Saussure) le nom d’un arbrisseau de
terme de classification zoologique. o Dans sa pièce montagne de la famille des Éricacées, à feuilles
Rhinocéros, E. Ionesco a forgé les dérivés rhino&- persistantes et fleurs pourpres, violettes, roses ou
rite, rhinocéngue; les Goncourt avaient déjà osé blanches maculées de rose.
RHODOÏD DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RHODOÏD n. m. est le nom déposé (1949 dans =racine>> et de burburum, neutre de barbarus
les dictionnaires) d’une matière thermoplastique à (+ barbare). Il se pourrait que rheubarbarum soit
base d’acétate de cellulose, analogue au celluloïd l’altération du type médiéval rhaburbarum par as-
mais incombustible, de rhod-, élément tiré du latin sociation avec rheum, nom scientgque de la rhu-
Rhodanus KRhône)), cette matière étant fabriquée barbe repris du grec rhêon, lui-même emprunté du
par les usines Rhône-Poulenc, et -oti, tiré de la ter- persan rivund. Le grec et le latin possèdent aussi la
minaison de celluloi’d*. forme rhu, qui viendrait, d’après Amrnien Marcel-
lin, du nom de la rivière Ru, l’actuelle Volga. Les
RHOMBE n. m. et adj. est emprunté (1505) au langues européennes ont des formes se rattachant
latin rhombus 4osange», &seau ou rouet d’airain aux deux types : français rhubarbe (d’où l’anglais
dont on se servait dans les enchantementss et aussi rhuburb) mais aussi rhubarbe chez Rabelais, italien
<turbot, poisson de mer>>. Celui-ci, avec ses di%- reobarbaro et raburbaro, allemand Rhabarber. On
rents sens, est emprunté au grec rhombos qui dé- trouve aussi le type médiéval rhuponticum, litté-
signe d’abord un instrument de bois attaché à une ralement Nrhubarbe du pont» d’où est issu le fran-
corde (toupie, roue, tambourinl et que l’on fait tour- gais rhupontic Iv. 1560, Paré), après rheupontic
noyer d’un mouvement rapide. D’autre part, par (xv” s-3,encore dans les dictionnaires.
analogie de forme, il désigne la figure du losange et
+Le mot désigne une plante employée en méde-
le turbot, d’où l’ancien provençal rom kwe s.l.
cine (pour ses vertus laxatives) et importée depuis
Rhombos est dérivé de rhembesthai <aller et venir,
longtemps de Chine en Europe, à travers la Russie
errer, tourner en rond, agir au hasards, apparu as-
et le Levant, et dont quelques espèces ont été accli-
sez tard dans les textes mais formant avec rhombos
matées en France et en Angleterre comme alimen-
un couple ancien. Deux étymologies ont été propo-
taires et ornementales. L’expression familière pus-
sées : l’appartenance à une racine indoeuropéenne
sez-moi la rhuburbe, je vous passerai le séné se dit
‘wremb- (moyen bas allemand Wmpen: arider,
plaisamment de deux personnes ayant entre elles
fkoncer le visage4 est lointaine par le sens; il est
des complaisances intéressées (1788) par allusion à
préférable, d’après Chantraine, de rattacher ces
une phrase de l’Amour médecin de Molière (III, 1)
termes expressifs à la racine ‘wer- 4ourner»
où il s’agit des deux remèdes.
(+ vers, vertige).
+ Le mot, après un emploi en zoologie pour un co- RHUM n. m., d’abord rum (16881, puis rome
quillage univalve, emploi disparu, a désigné un lo- (17231, avant rhum 117681, est emprunté de l’anglais
sange sans angle droit ( 15361, avant d’être sup- rum de même sens (16541, avec les variantes
planté par le terme génkral losange. Ce sens se rumme et rhum, lequel est à l’origine de l’allemand
retrouve dans l’expression ctital à faces rhombes Rum et du néerlandais rum, du danois et du sué-
(18121, en cristallographie, où rhombe est adjectivé. dois rum, rom, du russe rom, de l’espagnol et du
Les sens de <toupie* 115643, dlet» (16113 sont sortis portugais ron. Le mot anglais, d’origine obscure, est
d’usage. -La forme latine rhombus a été reprise peut-être l’abréviation des formes longues rumbul-
dans l’Encyclopédie (1765) comme terme d’histoire lion ou rumbustion, attestées un peu plus tôt avec
antique désignant un instrument magique que l’on le même sens (respetiivement 1651 et 16521. L’em-
faisait tourner au moyen de lanières. 0 L’ethnolo- ploi de rumbullion dans le dialecte moderne du De-
gie a repris rhombe 11839) avec une acception très von au sens de abagarre, tumulte3 inciterait à faire
voisine pour désigner un instrument musical formé du nom de la boisson une extension métonymique
d’une lame de bois que l’on fait ronfler par rotation du sens de «bagmes>, par allusion aux effets de la
rapide autour d’une cordelette, souvent utilisé boisson alcoolisée, mais rien ne permet de resti-
(Amérique, Nouvelle-Guinée, Australie) dans des tuer cette fiation, sinon l’emploi de rumbustion
pratiques magiques, rituelles. dans le parler des colons de la Barbade pour une
b Les dérivés se rapportent au sens ancien de 40- aboisson forte qui cause souvent des rixe+. Le pre-
sange)’ : RHOMBIFORME adj. (18171 et RHOM- mier exemple de rum en fknçais se rencontre
BIQUE adj. (1870, après rhombé 18171, mots didac- dans l’Amérique anglaise traduction anonyme d’un
tiques, qualifient ce qui a la forme d’un losange, ouvrage de Richard Blome paru en 1687.
d’un rhombe. 9 L’élément RHoMB-, RHOMBO-,
+ Le mot désigne une eau-de-vie de canne à sucre
repris du grec rhombos, a servi à former quelques obtenue par fermentation et distillation du jus de
termes didactiques comme RHOMBOÏDE n. m.
canne. Il donne lieu à des syntagmes comme rhum
115421, emprunt au bas latin rhomboides, calque du
blanc, rhum agricole, grog” au rhum et, du fait de
grec rhomboeidês, en géométrie, conservé comme
son utilisation en pâtisserie, bubu, omelette,
terme d’anatomie pour un muscle Iv. 15601, RHOM-
crf,pes... au rhum. La route du rhum fait allusion au
BoÈDRE n. m. (17841, employé en géométrie et en
commerce du rhum entre les 4es)) et l’Europe, aux
cristallographie (18181, dont on a tiré RHOMBO&
XVIII~et xlxe siècles.
DRIQUE adj. 11842).
0 voir RHUMB. k Rhum a produit en français les dérivés RHUME-
RIE n. f, (1802) ({distillerie de rhum>> et «café où l’on
RHUBARBE n. f., réfection (15701 de reubarbe boit du rhum et des boissons à base de rhum9
(XII~~s-1,puis rubarbe Kn ~III~s.1,est emprunté au la- ( 19491, RHUME, ÉE adj. ( 19321 «additionné de
tin médiéval rheubarburum de même sens chez Isi- rhumm, et RHUMIER, IÈRE adj. (1930) arelatif à l’in-
dore de Séville (w” s.), qui le fait venir de rheu, nom dustrie ou au commerce du rhumn.
*barbare>> (non latin), de genre neutre, si@a;nt 0 voir ROGOMhm.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3245 RIA
RHUMATISME n. m., d’abord rheumatisme RHUME n. m., d’abord reume (12261 et rume
( 15491, puis rhumatisme (16731, est emprunté par IV. 12761, refait d’après le latin et le grec en rheume
l’intermédiaire du latin rheumatismus, au grec 11575) et rhume 115781, est emprunté au bas latin
rheumatismos. Celui-ci désigne un écoulement rheuma «flux de la mern et «catarrhe», lequel est re-
d’humeur, en particulier un catarrhe et les mala- pris au grec rheuma <<eauqui coulem, spécialisé en
dies caractérisées par une fluxion ou un épanche- médecine pour un écoulement d’humeurs, une
ment articulaire. 11 est dérivé de rheumatizek suppuration, etc. Le mot, conservé en grec mo-
<couler, découler)), spécialement <sou%%” d’un derne au sens de =Courant», est dérivé de hein
épanchement d’humeurs>> (en particulier d’un couleru C+ -rrhée).
rhume ou de rhumatismes), dérivé de rheuma 4 Le mot, indifféremment masculin ou féminin, en-
(-+ rhume). core au début du xvr~~s., s’est hxé en français clas-
4 Ce terme de médecine recouvre des affections di- sique au masculin, le féminin se rencontrant en-
verses ayant pour caractère commun une atteinte core dans certains patois. De l’idée restrictive d’un
douloureuse du système locomoteur, en particulier écoulement d’humeur (du nez, des yeux), attestée
des articulations. À partir du xrxe s., il est employé jusqu’au xvr~~s., on est passé à celle d’une inflam-
dans des syntagmes désignant ces différents types mation de la membrane muqueuse du nez, de la
d’affections : rhumatisme articulaire ( 18141, rhuma- gorge, accompagnée de cet écoulement, d’abord
tisme articulaire aigu et chronique 118751, rhuma- dans la dénomination ancienne rhume de froidure
tisme infectieux (19051, etc. (XIII~ s.1,puis en emploi autonome. 0 Rhume de cer-
bRHUMATISMÉ, ÉE adj. (1683, PVT”” de Sévigné), veau II 740 ; 1694 du cerveau) désignant une inflam-
dît d’une personne atteinte de rhumatismes, n’est mation de la muqueuse nasale, est le vestige d’une
plus usité. ~RHUMATISMAL, ALE,AUX adj. ancienne croyance à la communication entre le
( 1755) qutie ce qui a les caractères du rhuma- cerveau et les fosses nasales. La locution figurée en
tisme, est propre au rhumatisme. +RHUMAT~- prendre pour son rhume (18991, équivalant à en
LOGIE n. f., de rhumato- pour rhumatisme et -lo- prendre pour son grade, se rattache à ce sens, qui
&e* (19451, désigne la branche de la médecine est le plus usuel. 4 La pathologie a étendu le mot à
traitant les rhumatismes; son radical a servi à for- d’autres inflammations causées par un autre virus
mer RHUMATOLOGISTE n. CV. 1953 et son dou- que celui de la grippe ou par d’autres agents infec-
blet RHUMATOLOGUE n. fv.1968) ainsique RHU- tieux : rhume (17651, puis rhume de poitrin& (1786)
MATOLOGIQUE adj. h. 1972). +RHUMATIS- pour abronchiten et, par plaisanterie, rhume ecclé-
MANT, ANTE adj., d’abord reumatiante 114783,est siastique ( 17181, wérole)>, sont sortis de l’usage ;
un emprunt au bas latin médical rheumatizans, rhume des foins ( 19011,pour une inflammation de
-anti, participe présent de rheumatkare &re at- la conjonctive et de la muqueuse du nez, fréquente
teint de rhumatismes, de catarrheti, lui-même cal- à l’epoque de la fenaison, est usuel.
qué du grec rheumatizein. +Le mot s’est employé F De tous les dérivés de rhume, seul le préfixé EN-
en moyen fkrt@s dans la locution humeur reuma- RHUMER v. tr. s’est maintenu. C’est la réfection
tizante Kcause de rhumatismew Son emploi mo- vocalique, avec substitution de la désinence, de
derne au sens de aatteint de rhumatismes% est at- l’adjectif anrimé (déb. XIV s.1,enrimk, enrummé, en-
testé en 1780. rumé (xwe s.3. Le verbe lui-même, surtout employé
à la forme pronominale 11492, s’enrimer) pour
RHUMB n. m. est, sous la forme ancienne ryn acontracter un rhumen, Sign%e Nprovoquer un
(1484, ryn de vent) emprunté à l’anglais rim, ancien- rhume». La valeur figurée «ennuyern 118081,après
nement rime (1400-1450) ou rym (14401, désignant la «tromper)) Il798 c’est ce qui vous enrhume #c’est en
jante d’une roue et, par suite, le rebord extérieur quoi vous vous trompez>+ argotique et populaire, a
d’un objet circulaire (1603). Le mot, en ancien an- disparu. ENRHUMABLE adj. 119.20,Proust) est le
glais rima, vient d’une racine germanique repré- seul dérivé de ce verbe à s’être conservé.
sentée dans l’ancien norrois rime, rimi (norvégien 0 voir FwuMAmsm.
rime) abande bordée de terren. L’altération de ryrt
en rumb U553, attestke dans une traduction du RHYTON n. m. est l’emprunt (1829) du grec rhu-
castillan, s’est effectuée sous l’influence de l’espa- ton <<vaseà boire>), neutre substantivé de rhutos {{qui
gnol rombo (14941, emprunté du latin rhombus coule>>, adjectif verbal de rhein acoulern (3 -rrhée).
(-, rhombe). La forrne rhumb (1611) résulte du réta- 4 Le mot a été repris en archéologie grecque pour
blissement du h latin. L’anglais rhumb, rumb E15781, un vase à boire en forme de corne ou de cornet fa-
loin d’être, comme on l’a dit, à l’origine de la forme çonné, représentant le plus souvent une tête d’ani-
française, semble emprunté à l’espagnol rombo, mal.
voire au fknçais.
+Ce terme de marine désigne l’espace angulaire RIA n. f. est l’emprunt (18961, par l’intermédiaire
qui sépare l’une de l’autre les trente-deux aires de de l’allemand où le mot a été introduit dans la ter-
vent de la boussole (les syntagmes synonymes aire minologie géographique par F, von Richthofen
de vent et quart de vent ont supplanté l’ancien rum (18863, du castillan ou du portugais ria <<baieétroite>>
de vent). L’expression @ne de rhumb (18341,réfec- Cv.1493, lui-même issu de rio <fleuve», correspon-
tion de ligne du rhumb (1765) désigne la courbe de- dant au français TU’.
crite par un vaisseau faisant toujours un même 4 Le mot est employé en géographie pour un golfe
angle avec le méridien. marin étroit, allongé, résultant de l’envahissement
RIBAMBELLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de la partie basse d’une vallée fluviale par la mer ä RIBAUDAILLE n. f. (11501, mot collectif mépri-
(côte à tiasl. Cette réalité géographique est ana- sant pour une troupe de vauriens, et RIBAUDERIE
logue au fiord, n. f. (v. 12681, élargissement de ribuudie Cv.11801,
b L’espagnol rio a lui-même été emprunté par RIO acomportement de débauchém, sont sortis d’usage.
n. m. (17321, mot appliqué en géographie à une ri- +RIBAUDEQUIN n. m. est emprunté (1346) au
vière ou à un fleuve dans un pays de langue es- néerlandais ribaudekijn, nom d’un engin de guerre
pagnole ou portugaise, ou qui l’a été (sud-ouest des formé de plusieurs bouches à feu de petit calibre,
Etats-Unis, par exemple). montées parallèlement sur un affût à roues. C’est
un diminutif du français ribaude pris dans son sens
RIBAMBELLE n. f. (1790) est d’origine încer- ancien de acanon» (1340) parce que cet engin était
taine, peut-être d’un mot dialectal issu de la conta- con% à la garde des ribauds ou (plutôt) par une
mination de riban, forme dialectale de ruban*, et métaphore érotique.
du radical expressif bamb- qui évoque le balance- 0 Voir RIBOTE. RIBOULDINGUE.

ment, attesté dans le franc-comtois bumballer çba-


lancer)>, le lorrain bambiller <<osciller>. La contami- RIBOTE n. f. 117641, d’abord ribotte (17541, est dé-
nation aurait été favorisée par l’identité de la rivé de tiboter v. intr. signG& afaire la noce, me-
syllabe -ban-. P, Guiraud voit en fi- la variante de ner joyeuse vie>>,dont le dérivé riboteur est attesté
re- *, préke fréquentatif et itératif, et le sens propre en 1745. RTBUTER, attesté à la même époque
du mot serait selon lui <<longue suite d’oscillationsn. (17551, est issu par changement de stie de l’an-
4 Ribambelle s’emploie pour désigner une lon- cien verbe ribauder =paillarder» (12601, lui-même
gue suite et, par extension, un grand nombre de ribaud*.
d’hommes, de choses, d’animaux. Il se dit spéciale- + Le mot se rencontre encore plaisamment pour
ment d’un motif découpé dans un papier plié en ac- désigner un excès de table et de boisson ayant
cordéon et qui, déplié, présente une suite de fi- quelque chose d’inhabituel (1834 faire ribote), spé-
gures identiques. cialement l’état d’ivresse (1835, en ribote). Le sens fi-
guré, aexcèsn ( 1861, Baudelaire ribotes de travail)
RIBAUD, AUDE n. et adj . est issu (v. 1165) de est inusité,
l’ancien verbe riber «se livrer à la débauche», pro-
prement &otter», emprunté à l’ancien haut alle- RIBOUTS n. m. (18541 est d’origine discutée : se-
mand tiban &-otter)} et acoïters EAemand reiben lon Bloch et Wartburg, il remonter& à bouk, an-
4kotter4. Godefkoy rapproche le mot fkançais du cienne forme de buis* encore répandue dans les
neuchâtelois riber afrotter, râper, user par le frotte- parlers, désignant dans la langue des cordonniers
ment)> et de la variante vaudoise tibler; le lançais a un brunissoir de buis servant à polir la semelle. Le
eu également le type ribler ! 1424) ase livrer à la dé- préfixe re-, toujours selon Bloch et Wartburg, vien-
bauches qui a repris la valeur étymologique en drait de rebouker, attesté dès le xvme s. au sens fi-
s’employant pour crecttier (une meule, un car- guré de adonner bon air à qqch.m et dont le sens
reau), dresser ou arrondir sa surface par abrasionm propre se serait perdu, ce qui n’est pas étonnant
(18461. pour un mot d’argot. Selon P. Guîraud, qui accepte
4 En ancien et moyen français, ribaud était un une relation entre ribouis et le bouis des cordon-
terme d’injure général appliqué à un débauché, un niers, ribouis serait aussi à rattacher à bouis *ma-
méchant, un scélérat, voire un simple vagabond. Il rionnette» (+ boui-boui) et à bouif «cordonniers,
lui arrivait de désigner un amant coupable d’adul- mots qui, selon lui, appartiennent à un radicaJ ex-
tère ou d’inceste. II a désigné un homme ou une pressif bobb- désignant un objet rond; selon cette
femme qui suivait l’armée en vue du pillage Cxme s.l. hypothèse, rebouiser Sign%erait adonner une forme
Passant du jugement moral négatif - d’abord ronde> (c’est pourquoi on rebouise un chapeau).
sexuel - à la dépréciation sociale, il s’est employé + Ribouis, mot du langage populaire, a été employé
Iv. 1278) pour désigner, du temps de Saint Louis, les pour désigner un savetier avant d’être attesté au
gens de peine tels que les portefaix et les croche- sens de wieux soulier réparé> 11880) et, par exten-
teurs. L’expression roi des ribuuds (v. 12781 dési- sion wîeux soulier», par métonymie «pied= (19011, Il
gnait l’officier de la suite du roi qui avait à s’enqué- a vieilli.
rir des divers crimes et délits et était chargé de la
police des gueux et des femmes publiques. Le fémi- RIBOULDINGUE n. f. vient 118921du croise-
nin RIBAUDE, moins général, concerne Sw”tOUt kS ment entre un premier élément discuté et un se-
femmes de mauvaise vie Iv. 11%). *Le mot s’em- cond élément identifié comme dinguer*. Certains y
ployait aussi adjectivement en parlant d’une chose voient le déverbal de tiouldhguer (ci-dessous). Ils
sale, déshonnête E15871,d’une personne débauchée font du premier élément tiouler v. intr. ( 1890) <va-
(1690). 4 Ultérieurement, le féminin ribaude est de- gabonder», un élargissement d’après boule de l’an-
venu un terme technique pour un canon Ici-des- cien ribler ( 14241, hi-même altération de tier wa-
sous rtbaudequin), puis une barre saillante que pré- gabonder, courir les rues la nuit}) (-+rîbaudl.
sente quelquefois la surface des étoffes et qui Celui-ci, déjà considéré comme vieux au xwe s. IFu-
provient soit de l’inégalité des matières employées, retière), avait donné ribleur n. m. 11484) &ipon,
soit d’un défaut produit lors du foulage des draps. mauvais garçon, sorti d’usage et parfois repris par
Le mot, au masculin comme au féminin, est ar- archaïsme (Mor&s). D’autres voient dans riboul-
chaïque dans tous ses emplois, mais vivant par les un dérivé probable du dialectal riboula, reboula
évocations historiques du moyen âge. <festin à la ~III de la moisson» (d’où reboule dans le
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3247 RICHE

Viva,ra;is) OU encore le dérivé intensif en ri- (va- mot appartient à une racine germanique que Yon
r&nte de re-*) de bouler «rouler ou devenir comme retrouve dans le vieil anglais tice (anglais moderne
une boulem, de boule*. ri&), le moyen néerlandais rijcke, rijck Inéerlan-
+ Ribouldingue, mot familier, désigne une partie de dais tijk>, l’ancien haut allemand rîchi, tic& (alle-
plaisir (cf. les synonymes plus modernes tels que mand reich) l’ancien norrois n& (norvégien et sué-
bamboula, java) surtout dans la locution faire la ri- dois rik, danois tig), le gotique reiks. Cette rmine
bouldingue (1932, après pousser la ribouldingue, représenterait une adaptation précoce du celtique
1909, qui suggère une autre acception) équivalant rix (gaulois rix, par exemple dans Vercingétorix, ir-
au verbe ribouldingues. Le mot a servi de nom pour landais n3 correspondant au latin rex (+ roi), de la
l’un des trois Pieds-Nickelés. racine indoeuropéenne qu’on retrouve dans ru@h*
,RII3OULDINGUERv.htr.(1900, A. Allais) est Soit
«souverain>.
dérivé du nom, soit directement formé sur dinguer 4 En ancien et moyen francais, l’adjectif correspond
(voir ci-dessus); il signi-fie tifaire la noce, la riboul- a «puissa&, à la fois quant au pouvoir politique, à
dingue)), et a vieilli comme le substantif. l’importance sociale (l’état de noble) et à l’ampleur
des possessions matérielles. De ce sens large pro-
RIBOULER v. intr. (1862) est un mot des dia- cèdent, aux XII~ et XIII~s., la valeur figurée de <<consi-
lectes où il est antérieurement attesté sous la dérablem, avec une nuance admirative et la valeur
forme rebouler; il est formé de ri-, re-*, à valeur in- psychologique de acourageux, intrépide (a la
tensive, et de boule*. guerre)». Les textes religieux, notamment la para-
+ Le mot, qui appartient à l’usage populaire, s’em- bole du muuvuti riche, tient prendre au mot la va-
ploie dans la locution ribouler des yeux, des pru- leur morale dépréciative de <(hautain, arrogant, or-
nefles (1862) «rouler des grands yeux en signe gueilleuxn. 4 Par spécialisation, on est passé dès le
d’ébahissementnO Il tend à vieillir. XI~s. (1050) au sens demeuré actuel de «qui possède
F RIBOULANT, ANTE, participe présent adjective, de grands biens-, le même développement s’opé-
qutie des yeux ronds et mobiles qui expriment la rant pour l’ancien anglais dès les premiers textes
stupéfaction (milieu XXes.l. Iv. 900). flic& est employé seul ou dans riche de...
avec le sens de “qui possède en abondance (qqch.l»
RICAIN + AMÉRICAIN Iv. 1207) et, ironiquement, “qui n’a pour tout bien
que...>’ (xv” s.), également Kdont la fortune s’élève
@ RICANER v. Km xive s.) est peut-être la variante, à...u 11751). ll entre dans des locutions intensives :
influencée par rire*, de recaser @braire» (XIII" s.) être riche comme Crésus (16901,être riche à mil-
forme normanno-picarde correspondant à l’ancien fions (16943 et dans des syntagmes comme riche
tiançais rechaner de même sens Iv. 1119). Ce mot parti (1870), riche mariage (1870). +Dès le xxe s.,
est formé de Te-* et de l’ancien français kenne n. f. l’adjectif qualifie une collectivité dont la situation fi-
emâchoire, joue)> Iv. I 1603, variante chune (v. 12201 nancière ou économique est prospère (v. 11603. De
1-i quenotte], emprunté au francique “kinni cmâ- ce sens relèvent les emplois du XX~s. pays riches
chaire, jouem (apparenté à l’anglais chin (<mentonmI, (en concurrence avec développés), économie
issu d’une forme en k de l’indoeuropéen ‘genu- riche, etc. +Riche en (1553) de... (1580) qualifie figu-
amenton, mâchoire>> dont relève le grec genus «mâ- rément une personne possédant en abondance des
chaire inférieuren (-, ganache, -gone, prognathe). qualités personnelles ou une qualité à un haut de-
P. Guiraud ajoute que, quelle que soit la parenté du gré. C’est de ce sens, avec un souvenir de la valeur
mot avec la famille de “kinni, ricaner a dû être large de l’ancien français (<puissant, noble)>], que
spontanément interprété comme formé sur “muer procède l’ancienne locution riche taille (XVI~s.)
«rire» et haner Ghenniw usuelle au XVII~s. : «taille harmonieuse et élancée>>.
+Le verbe s’est éloigné de son sens premier 0 Par métonymie du sens financier, le mot qualifie
((braire> pour signifier péjorativement <rire>>, soit une chose d’un grand prix, d’une grande valeur
<(rire de manière forcée pour se moquer de ma- (v. 11121, vieilli comme adjectif mais continué par
nière malveillante)} (1538) soit wire bêtement à pro- l’emploi adverbial (1919, ça fuit tic!&. + Par exten-
pos de toutm (1690). Il a gardé ces deux valeurs, la sion, fiche qualse une terre propre à fournir des
première donnant au figuré 4roniser de manière récoltes importantes (v. 11311, par métonymie ces
sarcastique> (18751. On emploie aussi le verbe avec récoltes (1694) et, familièrement, une a$aire pou-
un complément en de (xwe s., Voltaire) désignant vant rapporter gros (1907). +Plus généralement,
l’objet de la dérision, et transitivement pour <<dire l’adjectif quatie toute chose qui renferme beau-
(qqch.1 en ricanant= (18871, emploi rare. coup d’éléments d’une certaine sorte, seul (déb.
b Les dérivés sont RICANEUR, EUSE n. 11555) et XIII~s-1 et avec un complément introduit par en,
adj. (16791, RICANERIE n.
f. (fin XVII~s.) (rire mau- de (1690), d’abord concret, puis abstrait (18611.
vais-, rare et archtique,
RICANEMENT n.m. 4 Avec une valeur figurée proche du sens initial de
(17021, RICANANT, ANTE, adjectivation du part- l’adjectif, il se dit dès l’ancien français (v. 11551 de
cipe présent (déb. XX~s.l. -Ricaner a aussi in- ce qui présente les caractères (opulence, variété,
fluencé la formation de RICASSER v. intr. éclat1 attachés aux choses de prix. ~Ultérieure-
(av. 1525, et chez Huysmansl dérivé de rire*. ment, il est employé en parlant des choses de l’es-
prit ofiant une large possibilité de développe-
o> RICHE adj. et n., également tice en ancien fian- ments (1580, Montaigne), notaunment en parlant de
çais 110501, est issu du f&ncique Otiki <puissantB. Ce la rime en poésie (dès 15481, ou encore dans langue
RICIN 3248 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tiche (1690) et dans l’expression familière une riche CHARD, ARDE n. (14661, autre dérivé d’usage fa-
idée (xx” s.l. milier, est employé avec le même sens. Cette
L’adjectif est substantivé dès les premiers textes forme, avec le suExe péjoratif-a&, est soutenu par
(1050)en désignant une personne puissante qui l’existence du prénom et patronyme usuel Richard.
possède de grands biens par opposition au pauvre Le composé ENRICHIR v. tr. cv. 1120) exprime le
ka lui en vindrent e li tic& e li povre4. Les riches et fait de donner de grands biens à qqn et, avec un
les pauvres équivaut à les @os et les petits, plus fa- complément désignant une collectivité, un pays, de
milier. oLe nom est employé dans le syntagme procurer la prospérité économique 11323). Il est
lexicalisé nouveau riche (1721, Montesquieu), à son employé avec un complément second introduit par
tour pris adjectivement Cdéb. XX~s.1 avec une va- de au sens de *pourvoir (qqch.1 de (ce qui constitue
leur péjorative. Celle-ci se retrouve dans gosse de un ornement précieux, une richesse)s Iv. 14601, sur-
riche, familier pour aenfant gâté de famille aisée» tout au participe passé enrkhi de. Depuis le XVI’ s.,
Idéb. XX~s.l. au figuré, le verbe signSe <ajouter à (un récit) des
b Le dérivé RICHESSE n. f. réfection (v. 1138) de ri- détails pour le rendre plus vivant» (15491, <rendre
chaise Cv.1119) puis tichece Iv. 11301, a les mêmes (une langue3 plus expressive par l’apport de mots
valeurs sémantiques que riche. Il a évincé le type ti- nouveaux= (1572) puis acultiver (l’esprit, une faculté)
cheté Iv. 11301 tandis que pauvreté supplantait pau- de manière à accroître ses qualités, ses connais-
vresse n. f. *Le mot signifie d’abord «puissance, sances» 116803. *La forme pronominale s’enrichir
haut rang,, puis désigne l’état d’une personne qui adevenir riche>> ( 1352) a supplanté l’emploi intransi-
possède des biens importants et, par métonymie, tif de enrichir Iv. 11751, qui a disparu. S’entichir se
l’abondance de biens en possession d’une per- dit aussi au figuré, d’un esprit qui accroît ses quali-
sonne (v. 11191, sens véritablement assuré au milieu tés (16801, d’une langue qui accroît son expressivité
du xrrresiècle. 0 Il s’applique aussi à l’état d’un (16901. k&wichir a produit le substantif d’action
groupe, d’une société dont la situation économique ENRICHISSEMENT n. m. (15301, antérieurement
est prospère (1273). +Avec une valeur particulari- enrichiment 11500, une première fois au XIII~ s.1 *fait
sante, le pluriel les richesses (v. 1119) s’applique aux de recevoir un don)), sens sorti d’usage. +Le mot
biens matériels considérés comme des objets de concerne le fait de pourvoir d’ornements précieux
possession et à tout ce qui (biens matériels, ser- ( 1530) et, par métonymie, désigne un ornement
vices) est susceptible de satisfaire un besoin maté- précieux dont un objet est pourvu 11542).Au figuré,
riel de l’homme, possédant ordinairement une va- i1 correspond à enrichir, au sens d’caccroissement
leur d’échange ( 1273); dans ce dernier cas, il du pouvoir expressif (d’une langue)>) 11579, Du Bel-
s’emploie parfois au singulier. + Par métonymie, ri- lay) et pour cfait d’orner (un texte littéraireIn (1631).
chesse concerne le caractère des objets de grand *Le sens matériel pour <accroissement de for-
prix ou qui en possède l’opulence, la somptuosité tune*, tardif (17871, est d’abord qualW de fautif puis
(v. 1138). Le plus souvent au pluriel, richesses, il re- de rare dans les dictionnaires du me s.; il s’est de-
couvre ce qui est propre à la satisfaction des be- puis imposé comme le P~US coumd -ENRI-
soins et désirs humains (12733 et les choses pré- CHI, IE, le participe passé, est adjectivé et substan-
cieuses, celles auxquelles on attache une valeur tivé, surtout avec la valeur péjorative de
particulière (1273). +Il s’emploie aussi en parlant unouvellement riche% (1754, nouvel enrichi). +Le
de la faculté de produire en abondance des biens participe présent ENRICHISSANT, ANTE S’em-
économiques et, concrètement, d’une ressource, ploie adjectivement ( 1845) pour qutier, au figuré,
d’une activité permettant de produire des biens, ce qui enrichit l’esprit, la sensibilité, et ne s’emploie
une source de revenus (acceptions attestées en pas au sens concret.
1562 à propos de la fertilité agricole). Cependant, le RICHOMME n. m. est la fkancisation 117211,d’après
mot n’a acquis sa valeur économique moderne riche et homme, de rico hombre, forme enregistrée
qu’au XVII~siècle. Richesse en... s’applique à ce qui par Furetière en 1690 et empruntée à la locution
renferme en quantitté appréciable une certaine espagnole tic0 hornbre (ou ticombre, tic-hornbrel
chose (Académie 16941. * Le développement des qui désignait, du XII~ au xrve s., les membres de la
sens figurés abstraits remonte au français clas- haute noblesse portugaise, castillane, navarraise,
sique : richesse désigne un bien intellectuel, moral, aragonaise. Ce terme est formé de rico *puissants
spirituel ( 1587, surtout au pluriel), le caractère de (du francique “kiki de même sens, ci-dessus) et de
ce qui est fécond du point de vue intellectuel, tiec- timbre du latin homo, hominis I+ homme). On a
tif ou esthétique ( 1647, les richesses de la languel, ce écrit aussi riche-homme En XIX~s.l. Le mot, formé
qui fait la valeur d’une chose (1675). Il concerne sur le même modèle que prud’homme, est didac-
tique. *
aussi la qualité d’une faculté, d’un don qui atteint
une grande perfection chez une personne
(av. 1742). RICIN n. m. est emprunté (1548) au latin ricinus
L’adverbe RICHEMENT (v. 1138) a tous ses sens dès atique, et <plante dont les graines fournissent une
l’ancien français, de Nluxueusement-, <avec profu- huile, également appelée cici ou crotonm (Pline). Ce
sionn (v. 1170) à «en fournissant des biens matériels mot rural, dont seul le premier sens est ancien, est
importantsm (1273). L’emploi figuré avec une valeur d’origine obscure; les deux sens peuvent corres-
intensive, pour <(extrêmement>> (1552) est sorti pondre à une homonymie.
d’usage. +RICHISSIME adj., relevé une première + Le mot a été repris comme terme de botanique et,
fois au XIII~ s., a été repris en 1801 pour qual%er fa- d’après l’huile tirée des graines de cette plante, on
milièrement une personne très riche. -RI- a fait huile de ricin (17751, employée comme purga-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3249 RIDER
tif. Ricinus de I’Amékpe ( 1615) puis ricin d’An& + La locution, d’usage familier, a d’abord signifié
r-Que 11870), désigne une autre plante herbacée ~complétement~. La valeur actuelle (1807) est aavec
(nom botanique : jatropha). *Reprenant plus tard une exactitude rigoureuse ou parcimonieusex et
l’autre sens du latin, le mot désigne aussi les Aca- cde façon juste et sufEsante, sans plus».
riens du genre ixode (1870).
F Les dérivés sont RICIN& ÉE adj. (1871) en phar- RICTUS n. m. est un emprunt (1821,

macologie, les termes de chimie RICINOLÉIQUE J. de Maistrel au latin rictus signifiant <ouverture
adj. ( 18751, d’abord ticinolique (18551, dont est tiré de la bouchem, abouche ouverten, substantivation de
RICINOLÉATE n. m. (18751, RICININE Il. f. (18751,
TictLLs, participe passé du verbe déponent tingi
RXCINISME n. m. 4ntoxication par les graines de “grogner en montrant les dents%, mot familier
ricim (xx” S.I. conservé dans quelques langues romanes sous la
forme ringere. Ce verbe pourrait venir d’une racine
RICOCHET n. m. est tiré 11604) de l’expression îndoeuropoenne “reng- que l’on retrouve dans le
la fuble du ricochet (XILI~s.1 désignant une ritour- vieux slave regnqti as’entrouvrir, s’ouvrir, se
nelle de questions et de réponses, une chose in- fendre}}, rouvrir la bouche pour parlern, le serbe
lassablement répétée, la variante reprise au xvres., régnuti agrondep, rez&ti <montrer les dentsa, le
chanson du ricochet (Rabelais III, 101 désignant un vieux slave r@ *moquerie>. Cette hypothèse est
raisonnement sans fin. L’origine du mot ricoc!wt est douteuse. Il s’agit en tout cas d’un mot expressif.
obscure : l’usage l’a rattaché à la famille de coq* + Le mot désigne la contraction spasmodique des
par le diminutif cachet, d’où la fable du rouge coke- muscles peauciers de la face qui découvre les dents
let (dialectal), appuyé par l’existence en italien de en donnant au visage l’air d’un rire crispé. ~Par
favola delZ’uccelliPto : «fable de l’oiseletm. Le préfixe métonymie, passant de l’usage médical à l’usage
re- se retrouve dans ripaton (<petit canardti et reco- général, il désigne un rire forcé et grimaçant (1862,
quet (en normand) aoiseau dernier n&. +Selon Hugo),
P. Guiraud, le rapport de ricochet à coq n’est que
de nature homonymique et favorisé par la pré- RIDEAW + RIDER
sence fréquente du coq dans le type de chanson qui
rebondit à chaque strophe sur un événement géné- RIDELLE n. f., d’abord reidek (XIII~s.) puis ri-
rateur d’un nouvel épisode (cf. coq b 11’ûne).Selon delle (v. 12681, est emprunté au moyen haut alle-
lui, le ricochet, qui désigne un rebond, serait formé mand retil <rondin» (allemand Reitell, de l’ancien
d’une racine tikz- avec un suffixe -oc& ou le verbe haut allemand tin atordre, tournerti 1-3 rider) qui
hocher* wacillern : cette base onomatopéique rikfi- appartient à une racine indoeuropéenne “ver- ou
a donné des mots exprimant un petit mouvement, ‘wer- atournem I+ vers).
coup, bruit comme riquet (<hoquet>>(Saintonge), ri- 4 Le mot désigne une balustrade légère, pleine ou à
koter aroter» (Vendée), r@ua «heurter de la tête en claire-voie, placée de chaque côté d’un véhicule
parlant des vachesn (Forez, Auvergne), roquer de découvert ou bâché pour maintenir la charge. Il
même sens. Il s’agirait d’un composé verbal de s’applique aux branches de chêne employées par
&&er) adonner un petit coup>> et hocher wactier, les charrons pour la fabrication des diverses par-
osciller)). ties d’un chariot ( 17711, comme la variante ridelle
+ Le mot désigne le rebond d’une pierre plate lan- (1812).
cée obliquement sur la surface de l’eau, un corps
en mouvement qui happe un obstacle, notamment +# RIDER v. tr. est considéré comme emprunté
dans la locution faire tico&et 11752) {{rebondir sur (XII~s.1 à l’ancien haut allemand rh?un, ancienne-
un obstacle-. Tk a ricochet (1870) se dit d’un tir in- ment Man atourner, tordre* reposant sur la ra-
venté par Vauban dans lequel le projectile ren- cine que l’on a dans vers, vertige, l’adjectif ancien
contre le sol sous un angle de chute assez faible haut allemand rend «crépu, frisé= permettant assez
pour rebondir. + L’emploi figuré du mot pour <effet di&ilement de rendre compte du développement
indirect, conséquence d’un autres, se rencontre de- sémantique. P. Guiraud préfère y voir le représen-
puis le XVII~ s., d’abord dans un ricochet de qqch. tant d’un gallo-roman “rigitare afaire des lignesD,
(1709) et par ticochets (1718). dérivé de rigu 4ignen et csillon,, à côté de “tiu kl-
lonm représenté par le français raie*. Cet étymolo-
ä RICOCHER v. intr. est attesté dans les Mémoires
giste identifie les deux mots et propose de les faire
de 1’Acadhie des sciences (1807, second semestre)
venir de rigare (+ irriguer), d’ou acreuser des ri-
au sens de cfaire ricochet, être envoyé dans une
goles,. On a aussi proposé “ruglhre (de mgu
autre direction après avoir frappé un obstaclem. De
«ride4 pour expliquer le sens de aplissep et tigi-
ce sens procède un emploi figuré pour «être réper-
dare (de rigidus + rigide) pour atendre une voile»;
cuté, venir par voie indirecten (1841) puis &re ré-
mais les difkultés phonétiques sont sérieuses dans
fléchis (reflet, lumière) I& s.l. Le langage militaire
les deux cas.
emploie le mot avec le sens transitif de <<faireun tir
à ricochet contre>> (1904. 4 Le verbe a Sign%é : &oncer, plisser (un tissu, une
chernise...IB, d’abord en emploi actti, puis intransitif
RIC-RAC ou RIC-A-RAC, RIC-ET- (16881 et pronominal, se tier (1690) <se plisser, se
RAC ~OC.adv., d’abord rit-à-rut Iv.1450) puis ri- froisserx Le sens de kllonner (la peau, surtout
queraque (1611) avant tic et rat (1807), est formé du celle du visage) de plis= (XIII~s.1est devenu plus cou-
radical onomatopéique n’kz- évoquant la petitesse rant, également à la forme pronominale se rider
(+ riquiqui) et de sa variante ruk-. I17471 et au participe passé (ci-dessous). + Par ex-
RIDICULE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tension, le verbe a pris le sens de -froncer en signe ployé au théâtre (18931, désigne aussi la fermeture
de mécontentementm (15491, de nos jours sorti métallique de la devanture d’un magasin (1900) et
d’usage. Par métaphore, rkkr Sign%e amarquer de est devenu, par métaphore, le nom de la ligne sé-
stries ou d’ondulations (la surface de l’eau, d’une parant en Europe les pays communistes des pays
chose)% (1553, et au pronominal v. 1560 avec ellipse non communistes ILe Monde, 20 octobre 19451, tra-
du pronom personnel réfléchi). + La spécialisation duisant alors l’expression -laise iron cutiain
technique, en marine, pour «tendre lune ma- ( 1920) employée par Churchill dans un discours cé-
noeuvre dormantel~ ( 15723 s’explique traditionnel- lèbre en 1946. +Rideau ou rideau de cheminée dé-
lement par le fait que l’on tordait le cordage pour le signe le tablier d’une cheminée (1870-18711. +Ri-
raidir, ou, selon P. Guîraud, comme une résur- deau de... se dit aussi de tout ce qui forme écran et
gence du sens étymologique du mot (aligne,). À ce masque la vue ou est susceptible de s’opposer à
sens correspond un emploi de ride et le dérivé ri- une action : rideau de troupes désigne une ligne de
doir (ci-dessous). défense mobile ti xwe s.l. Par extension, rideau
+ RIDÉ, ÉE, le participe passé de rider, est adjec- s’applique, au concret ( 17701 et au figuré (av. 17841,
tivé Iv. 1175) au sens de ~pliss&, sorti d’usage. L’ad- à des objets relativement plats qui forment écran,
jectif sime <marqué de sillons>> cv.12781, quelque- notamment dans rideau d’arbres ( 17551, rideau de
fois avec la valeur carackkisante de wieux, us&. flammes, Meau de fumée 11964). +Au XIX~ s., le mot
Par extension, le mot quaISe une surface, la peau s’emploie en langage technique à propos d’un talus
d’un %uit marquée de stries (15381. établi au-dessus d’une route ou d’un canal (18701,
Le déverbal RIDE n. f. (XIII” s.) a eu la valeur active de celui qui sépare les deux champs cultivés étagés
de ace qui sert à plissep, en l’espèce, <fer à plisseru. sur le versant d’une vallée afm de retenir l’érosion
Ce sens a disparu et le mot désigne, d’après rider, (xx” sd; il se dit en sport de la ligne de défense que
un sillon plus ou moins marqué sur la peau ( 14881, forment les avants ou les trois-quarts au rugby
évinçant les anciens doublets ridure (14421 et ridée (1908). W%deau et mur-rideau, en architecture,
n. f. ( 1530). La valeur sémantique est alors ace qui désignent une construction rectangulaire longue et
est ridé, plissén. Ride a pris la valeur figurée de peu profonde. * La locution familière tomber en ri-
Msigne d’usure, de vieillissement, 11524). + Il dé- deau aen panne>>, qui vient de l’argot des coureurs
signe aussi une strie, un sillon marquant une sur- automobiles (milieu me sd, demeure obscure.
face (av. 15251, spécialement, un pli à la surface D’autres dérivés de tier ont gardé un rapport plus
d’une feuille, les anneaux laissés sur la tige par les étroit avec le verbe. * RIDEMENT n. m. ( 1520) est
écailles protectrices du bourgeon après leur chute peu usité. + RIDAIN n. m., d’abord ridein ( 1679)
(attesté me s.1; le pluriel rides désigne en vénerie puis ridain (18291, est un mot technique désignant
des marques sur les traces des sangliers âgés certains plis de terrain au fond de la mer. *RI-
(15611. Au XVII~s., le mot a développé le sens méta- DAGE n. m. (1831) sert de substantif d’action à pider
phorique *de <petite ondulation à la surface de da;ns sa spécialisation en marine. Il a été repris
l’eaw ( 1690). +À la suite du verbe Mer, ride s’est avec une autre valeur technique, désignant le dé-
spécialisé en marine pour désigner le petit cordage faut apparu dans une peinture appliquée en
servant à faire effort pour tendre les haubans couche trop épaisse et dû à un séchage non uni-
(16341. Par extension, il s’applique aussi à une on- forme (19471.- RIDOIR n. m. 11859) est le nom tech-
dulation de terrain (1865) et à un pli très petit sur nique d’un appareil à poulie, à crémaillère ou à vis
une feuille de papier (1875).- On a dérivé de ride le qui, sur un navire, permet de tendre (de rider) un
diminutif~I~~L~ n. f. k’s.1, d’usage littéraire, in- cordage ou une chaîne.
directement attesté au XIX~s. par son dérivé tiuler DÉRIDER v. tr. 11538) aenlever les ridesm a bientôt
(1881, chez Huysmans). pris sa valeur figurée de arendre le sourire» (15531
L’ancienne valeur de tier &oncep se réalise dans d’où, positivement &gayep (18291, seule courante
le dérivé RIDEAU n. m. 03471 qui désigne une en français moderne, La forme pronominale se dé-
étoffe koncée ou pouvant former des plis. Le mot, rider ~VII” s.) ase rassérénep est plus fréquente en-
complétement détaché de son origine, s’emploie core. +Le verbe a produit DÉRTDEMENT ns m.
seul et dans des syntagmes (doubles deaux, 19341, (1538) et DERIDEUR, EUSE n. (1860).Toute la série,
ainsi que dans quelques locutions comme tirer le vivante au figuré, s’est détachée de son origine.
rideau, les rideaux sur qqch. au figuré &isser vo-
lontairement dans l’ombrem (av. 16161. *Par exten- 0 RIDICULE adj. et n. m. est emprunté
sion, le mot sert à désigner, dans un théâtre, la toile (v. 1500) au latin tiiculw, dérivé de ridere (+ rire)
qui descend pour cacher et découvrir la scène et simant en bonne part et activement (<qui
(15381, les parties de décor qui descendent pour for- cherche à provoquer le rirea) *drôle, plaisant%
mer le fond de la scène ( 1761). Cet emploi, qui a (substantivé pour abotion»I, et en mauvaise part et
motié le sens de la locution tirer le rideau sur..., passivement (aqui suscite involontairement le rirenI
est l’occasion de locutions souvent figurées, comme aabsurde, extravagant,, cf. la double valeur de ri-
lever le rideau, le rideau tombe I16901, se tenir der- sible en français.
rière le rideau 117981 et au rideau! Cl8751 puis ti- + Par rapport à rkible, le mot n’a gardé que la va-
deau! (milieu ti s.> employé familièrement pour leur dépréciative de “qui excite le rire, la dérision2,
*c’est assez !s.Plusieurs syntagmes différencient les perdant celle d’aamusant, suscitant volontairement
types de rideaux de scène tels rideau à Z’italienne, & le rîren (av. 1696, La Bruyère). Par extension, tii-
la franCaise, à l’allemande, à la grecque, à la guillo- cule qutie une personne déraisonnable, absurde
aine, à la romaine. 0 Rideau de fer, d’abord em- (1580, se rendre tiicule) et au XIX~ s. (1865L Sudut
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3251 RIEN
en parlant d’une somme d’argent, une chose in- tant de sa conservation dans le français rien. Cette
simante, dérisoire. + Le tikule désigne le carac- forme rem répond au védique &n (attesté une
tère risible d’une personne, d’une chose, le côté seule fois) qui a entraîné l’accusatif pluriel r& et le
par lequel elle suscite la moquerie (av. 1654) et un composé @&rü “qui ont cent richesses~ (au duel).
ridicule, un travers, une manière d’agir prêtant à Le mot indo-iranien Sign%e wichessea; le sanskrit
rire (v. 15001, surtout précédé d’un déterminant dé- WV&, l’avestique ru& siment arichen. Dans le
fmi ; on parle aussi des ridicules de qqn pour ce qui, domaine indoeuropéen occidental, en celtique, le
dans un comportement, est susceptible d’&e mo- moyen gallois a rai (dissyllabique) <<biens, ri-
qué (av. 1678, La Rochefoucauld). Dans les deux chesse+. Ce sens est le seul qui se retrouve en
cas, la valeur neutre du mot, sensible dans tel ou tel indo-iranien mais la valeur plus générale, &Taire>),
emploi au xwe s., a quasiment disparu. 0 Les lo- existe déjà en italique (ombrien ri esune dkkes
cutions tourner en ridicule (1657, Pascal) puis se religieuses4 Il s’agit de termes archtiques propres
donner le ridicule de 11747) sont restées usuelles. à l’italo-celtique et à l’indo-iranien.
-L’emploi substantivé pour désigner une per- 4Dans quelques cas, tin est employé sans ne
sonne digne de moquerie (1662, Molière3 est sorti cv.11311 dans quelques phrases interrogatives ou
d’usage, de même que celui qui exprime l’action, la dubitatives, après sans, SUYLSque, avant de, avant
manière de tourner qqn en dérision ( 1683). que, trop... pour, avec le sens latin de <<quelque
k RIDICULEMENT adv. (15521, ad’une manière ridi- chose=. Cet emploi est en relation avec une rien n. f.
cule, qui prête à riren, a pris au XX~ s. la valeur de & ane chose>>(v. 10501,encore en usage au xv? siècle.
un degré infimes (ridicule tellement il est infnne) 4 Mais l’usage majoritaire, dès les premiers textes,
[ 19081. + RIDICULISER v. tr. (av. 16481,également à utilise rien comme auxiliaire négatif de ne dans
la forme pronominale se ridiculiser, avec une va- rien... ne et ne... rien (v. 980).Aux xv? et xvf s., ne...
leur réfléchie 116681, a eu du mal à s’imposer au tir2 sert à former quelques locutions usuelles : ne.,.
xwe s. ; si Ménage le trouve bon, Richelet ne le to- tin que ane... que’> (15321 s’est éteint après l’époque
lère que dans le style bas et certains le réservent à classique, mais ne... rien moins que 11534) s’est
l’usage familier. Il est devenu courant au XVIII~ s. maintenu, le sens initial de ane... pas du toutm s’in-
(17721 et a défmitivement supplanté les formations versant pour le sens actuel d’aexactement, bel et
antérieures, ridiculer (15651, ridiculatier (1666). bien= (16831. Cette idée est exprimée de manière
- RIDICULITÉ n. f. ( 1664) s’est dit en particulier plus explicite dans ne... rien o!e moins que (16831.
d’une chose ridicule, d’une parole par laquelle on D’anciennes locutions, pour tins (1422) et ne... rien
se rend ridicule et, en général, du défaut, du carac- du monde Cl5411se sont motiées en pourrien au
tère de ce qui est ridicule (1675). Le mot a été criti- monde (16901 et ne... rien au monde (16691, tandis
qué dès le XVI~~s. ; on lui a préféré l’emploi substan- que le langage familier emploie ne... tien du tout
tivé de ndkule. Il est devenu archaïque, ( 1559) et ne... rien de rien ( 1690) pour la même idée :
0 RIDICULE n. m., =Petit sacs, est l’altération po- aabsolument rienm. Ces renforcements s’emploient
pulaire (1798) de réticule* par attraction et jeu de aussi comme pronom. Depuis l’ancien français,
mots avec 0 ridicule. Ce mot s’est employé au xrx” ne... rien s’emploie dans de nombreuses locutions
et au début du x9 siècle. *Enfm un mot-valise a avec quelques verbes : il n ‘en est rien «ce n’est pas
été formé par Edmond Rostand sur ridicule et vrai>>(v. 13601; ce n’est rien ( 15381c’est sans impor-
cocu: RIDICOCULISER v.tr. <rendre ridicule en tance3, n’être rien, en parlant d’une personne,
faisant cocu». an’avoir aucune valeur propren (15411, puis aussi
4avoir aucune fonction particulièren Idéb. xv~~~s.1
RIEN pron. indéf., n. m. et adv., d’abord ren et, en parlant d’une chose, 4tre insign%antn
Iv. 9801, puis rien (XI~-XII~s.), est issu par évolution (av. 1549). Au xv# s., on employait n’être de tin &
orale du latin rem, accusatif de res, rei n. f. Ce mot qqn au sens de une pas l’intéresser}} (16751; n’être
désigne originellement le bien, la possession, la tien ii qqn 116801se dit encore avec le même sens et
propriété, sens qu’il conserve dans des expressions la nuance secondaire de an’être nullement lié à
juridiques ou fdes par l’usage comme res publica qqn* (par la parenté ou autrement). Comme si de
(-+république), habere rem <avoir du bienm. Par rien n’était est attesté depuis le XVII~s. (1658). De-
suite, il se dit d’un intérêt à débattre, d’une affaire à puis le xrr~~s., ne... rien se combine avec avoir dans
traiter ou à discuter, spécialement en justice, ne rien avoir <(être sans fortune>>, puis selon le
jusqu’à sign3er 4Faire~~ dans le sens moderne du contexte, également un’avoir aucune maladie> et
mot français. Res, désignant des biens concrets, a an’avoir subi aucun dommagem. N’avoir rien de
pu servir à désigner ce qui existe, la chose, la réa- s’emploie suivi d’un adjectif (16741, et longtemps
lité, ainsi que les actions accomplies, puis les après, suivi d’un nom (1923) avec le sens de *ne pas
choses, par opposition aux personnes ; par affaiblis- être particulièrement, pas du tout», N’avoir rien
sement de sens, il a pris le sens vague et général contre (qqn, qqch.1 apparaît au xx” siècle. *Plu-
dévolu aujourd’hui en français à chose. Il a ainsi pu sieurs locutions sont formées avec le verbe faire
devenir un substitut poli pour des mots tabous. (cf. aussi fain&antJ : ne faire semblant de rien
Joint à un adjectif, il équivaut souvent à un neutre, Iv. 1460) {{prétendre ne pas remarquer qqch.>>; ne
mais subit la concurrence de causa (-cause, rien faire <<être paresseux» (1559) et, avec un sujet
chpsel, qui était arrivé à une signikation identique. désignant une chose, <<n’avoir aucun effet sur qqnm
* Etymologiquement, le nominatif res a été fait sur (18751.L’usage oral emploie ça ne fait rien (1870) ; au
l’accusatif rem, comme dies «jour)) sur diena ti s. il n ‘y a rien B faire se dit tantôt pour wz’est im-
(-, jour), l’importance particulière de ce cas ressor- possible>, tantôt pour <<c’estînévitable~ et n’en avoir
RIESLING DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tien ;i faire, à foutre, etc. est l’équivalent désinvolte (v. 15301, dans le style littéraire ou didabique.
de an’être pas intéressé par qqch., qqnm; cet emploi Rien est employé adverbitiement dans la locution
surtout oral fait dispartitre le ne : j’en ai rien à faire, en rien (v. 1360) aaucunementn, seul de mtière an-
tfoutre, branler, cirer.. .). + Ne... rien s’emploie aussi tiphrastique dans le langage populaire avec la va-
dans des locutions verbales, comme ne servir à leur intensive de 4% (1875) et dans la locution un
rien (1553qui a évincé ne servir de rien Cdéb. xve s.), rien (un peun (15441.
ne rien dire qui vaille (à qqn1 L16681,ne compter à 0 voir Rl?BUS. RÉEL, RÉIFIER, RkPUBLIQUE. REVENDICA-
rien ( 16421 ou ne compter rien (1665) *négliger, ne TION.
faire aucun cas de3, sortis d’usage. Le mot s’em-
ploie aussi dans ne tenir à rien (16901,parler pour RIESLING n. m. est emprunté (18321à l’alle-
nerien dire (1719),ne ressemblerà rien (1758)et ne mand Riesling, d’abord attesté sous la forme Russ-
rien dire à qqn crie pas faire envie à qqn> (18701, linge ( 14901, Rissling ( 15651,d’origine obscure.
puis également *ne lui rappeler aucun souvenirn +Le mot désigne un cépage blanc &tivé en Al-
(ti 53. La locution impersonnelle fin ‘y a rien à dire sace, Moselle, dans la région du Rhin et en Au-
ac’est corrects semble récente (milieu ti s.l. triche. Par métonymie, il désiae le vin blanc très
Le pronom indé6ni rien est employé dès le XII” s. estimé issu de ce cépage (1926, peut-être déjà en
avec ellipse de ne et avec une valeur négative pour 1852).
<<aucune chose», d’abord dans la locution pour rien
(par rien, v. 1131) <sans aucun résultat», seule lo- RIEUR, EUSE + RIRE
cution ancienne encore en usage, et qui a déve-
loppé d’autres sens : agratuitement> @n XVI~s-1 et RIF n. m., d’abord rifie (15981 et ritZe 116121, repris
apour une somme modiqueu (16903. 4À partir du en riff (18211et tif (18671,est la variante de l’argot
xwe s., rien s’emploie absolument dans des phrases rutTe &ypisèle» (1455 chez les Coquillards), afeu>)
comportant l’ellipse de plusieurs mots et sert à for- (15451. Ce dernier est emprunté au fourbesque (ar-
mer de nombreuses locutions : rien que h. 1550, got italien ancien) rufo (<rouge- qui représente le la-
Ronsard) =Seulement%, de rien ~sa,ns importance= tin rufus arouge, roux, rougeâtrem, mot rare, popu-
(15591. L’emploi de rien de suivi d’un adjectif ou laire ou technique, évité par la prose classique, et
d’un adverbe ( 1580)est concurrencé par un emploi probablement dialectal. Rufus, comme une autre
sans de : rien mieux, etc. tav. 15491sorti d’usage vers forme dialectale, robes, est apparenté à ruber
la fm du XVII~ siècle. Quelques locutions vivantes au arouge» et au dérivé rubeus t+ rouge).
mes., comme homme de tien ahomme de basse 4 Le mot est un nom argotique du feu; une chanson
condîtionm 116481,et devenir à rien =Perdre toute du xvru” s. emploie l’expression au coin du rifne ;
réalités (1674, M”” de Sévignél ou Nn’avoir plus avec la même idée d’immédiateté que dans avoir le
qu’une valeur insigni-fiante~ 116871, sont archaïques. feu cGw trousses (et, négativement il n’y a pus le
Dans un système comparatif, la locution colfllfle feu), de rif correspond à <rapidement> (18211.Eh
rien a signifié aen aucune fwon>> (1541); elle a été 1914,le mot s’est appliqué au feu de la zone des
reprise au ti s. au sens de nfacilementn. On dit combats désignant aussi la zone des combats elle-
aussi mieux que rien (1456-1457)et moins gue rien, même (monter au rifl et le combat, puis la bagarre
en moins de rien (15831. Compter pour rien dgli- (surtout écrit tit 1914. Il est devenu, par métony-
gersB (16561, et, familièrement, rien que ça! SOI.& mie, le nom de l’arme à feu (emplois vieillis).
gnant ironiquement l’importance de qqch. %n b Le dérivé RIFFAUDER v. tr. (1598) a perdu le sens
XVI~~s.) s’emploient encore de nos jours. Parmi les de KsechautTer>> pour <incendier, brûlep (1628)d’où
expressions plus récentes, on peut noter Ic’estl tout <tuer avec une arme à feu» (1844); il est sorti
ou rien, (18331,de rien, employé par politesse en ré- d’usage. +Le type rifle a donné RIFLETTE II. f.
ponse à un remerciement ( 17841,SO& de rien ( 19151, diminutif désignant la zone des combats
(19351 <être d’une origine humblem, reprise de venir puis la guerre. + Rif a produit RIFIFI n. m. 119421,
de rien (16941,et aussi ce n’est pas rien (1928). mot argotique rare pour cbagarreo, popularisé par
L’emploi substantivé de rien n. m. Cv.13601,in- le titre du roman de A. Le Breton Du rififi chez les
fluencé par les nombreux emplois négatifs du pro- hommes (19531, cet auteur en faisant même une
nom, a éliminé au XVI~s. l’ancien nom féminin un4 marque déposée.
rien ccchosen.Cet emploi procède de la valeur néga-
tive bien établie du pronom et renvoie à une chose 0 RIFLARD n. m., d’abord riflart (14501, puis ri-
sans importance, minime, à la fois au singulier hn flard (16223, est dérivé du verbe tifler Iv. 1170)&Cor-
rkn) et au pluriel (des tins, 1667); d’abord seul cher légèremer& puis &ôler, effleurern (v. 12131,
Cv.1537un rien), puis dans WI, une rien du tout lui-même d’origine incertaine. Wartburg en fait un
lav. 16953,et les variantes un ?%n qui vaille (16551, emprunt à l’ancien haut allemand ti/F&n. <frotter,
un rien de propre (sorties d’usage), il se dit d’une déchirer en frottantti. Cependant, pour le verbe an-
personne méprisable, de basse condition. Un petit glais apparenté to rifte, le dictionntie d’Oxford,
rien désigne une chose insignSmte et un, une rien sans élucider le frmçais rifler, évoque un rappro-
du tout une personne qu’on méprise. La locution chement avec rafler*, érafler* et l’anglais rafle aco-
comme un rien vient probablement de comme tin; hue, foule, ( 14861,qui serait lui-même repris de
en un tien de temps (18311prolonge l’ancienne va- l’ancien français ra#Ze, rafle dans des expressions
riante elliptique en un rien En XVI~s.1 de même comme K& ou rafle ~n’importe quoi)), ne rifte ne
sens. Le mot o&e un raccourci de l’évolution du rafle wien du toutB, dont la structure d’alternance
sens étymologique de uchosej} renverse en cnéantn vocalique est expressive.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3253 RIGOLE

+ Rtfhrd, mot technique, désigne d’abord la laine la l5e une chose portant à une attitude intransi-
plus grosse et la plus longue d’une toison, sens qui geante (1542). +Le sens concret, “qui ne plie pas5
pourrait correspondre à une métonymie de l’action semble second (15231; il s’est aussi bien implanté
d’arracher à ce qui doit être arraché, tondu. C= En que le sens psychologique.
revanche, les autres acceptions se rattachent clai- p Le mot a produit RIGIDEMENT adv. 115731,peu
rement au verbe : (grand rabot de menuisier pour usité en emploi concret, et RIGIDIFIER v. tr. (18851.
dégrossir le boiss ( 16221, cciseau des maçons ser- RIGIDITE n. f. est emprunté (1641) au dérivé latin
vant à ébarber des ouvrages de plâtre> (18351, et rigiditas, -dis «raideur», 4nflexibiIité~. 0 Le mot
qrosse lime pour dégrossir les métauxn ( 1845). désigne le caractère d’une personne rigide, qui ap-
ä RIFLER v. tr. &ner, égaliser avec un riflard>> plique à la lettre les règles. Par métonymie, il se dit
(1765) est plutôt un dérivé de ti#lard que la Conti- du caractère d’une chose comportant une
nuation de l’ancien verbe, qui avait donné Ixvle s.) contrainte rigoureuse (av. 1703). Le sens concret est
RIFLOIR II. m., autre nom technique de diverses d’abord appliqué spécialement à l’anatomie pour
sortes de limes. Nmanque de souplesse des musclesu (17611, puis de-
0 voir RIFLE. vient général (17821, d’où rigidité caduvé~ue ( 18571
<<étatd’un corps solide résistant aux efforts tentant
0 RIFLARD n. m. est l’emploi comme nom de le déformep (1870). Le mot est employé en
commun (1825) de Riflard, nom d’un personnage de termes de manège à propos du manque de sou-
La Petite Ville, comédie de L. B. Picard (1801) qui plesse de la monture ou du cavalier Il8701 et, en
portait un énorme parapluie (cf. le développement électricité, à propos de la propriété d’un isolant de
analogue de pépin>. s’opposer au passage d’une étincelle électrique.
+ Ce nom populaire du parapluie s’applique sur- @ Voir RAIDE, RIGUEUR.

tout à un parapluie de grande taille, avec des RIGODON n. m. (1673, M”” de Sévigné), égale- @
connotations ironiques (parapluie de paysan, etc.). ment tiguudon (16941, est d’origine incertaine. On a
Puis il désigne tout parapluie. Le mot a vieilli. évoqué, sur la foi d’une indication vague donnée
par J.-J. Rousseau dans son Dictionnaire de mu-
RIFLE n. m., d’abord cité comme mot anglais sique, que le mot viendrait d’un Rigaud, l’inventeur
118311, est un emprunt à l’anglais rifle, d’abord présumé de cette danse. P. Guiraud apparente
(1751) wainure d’un canon de fusils, de to rifle <<faire avec vraisemblance le mot à guudir <<seréjouirB
des rainures», lui-même emprunté au XVII~s. du
(+ joie), dont le moyen lançais présente une forme
hnçais rifter «racler, égratigner» (+ 0 riflard).
composée se régaudir «se divertirs, se riguudir en
Comme nom d’arme à feu, rifle est un américa-
Poitou.
nisme (17723 dont le sens viendrait des armuriers
4 Le mot désigne une danse des XVI? et XVIII~s., vive
allemands de la Pennsylvanie et qui serait à rap-
et gaie, qui se pratiquait en levant haut la jambe sur
procher directement de l’allemand RiffeZ acrête
un rythme à deux temps. Par métonymie, il dé-
d’une cannelure, cannelurem et wainure d’un ca-
signe aussi l’air sur lequel se pratiquait cette danse
non-. Le mot allemand, s’il repose bien sur la racine
( 1694). Il est passé dans le langage militaire Cl9071
indoeuropéenne 3-w #briser, frotter# (Wahrig), se-
pour une sonnerie ou un mouvement de fanion si-
rait apparenté lointainement St ruer*, ruine”. Mais
gnalant, au champ de tir, qu’une balle est placée au
cette racine est qmédiocrement établien (hout-
centre de la cible. Par métonymie, il désigne cette
Meillet) .
balle. Le mot, sorti d’usage avec ce qu’il désigne,
+ Le mot, d’abord féminin désigne une carabine à conserve un pouvoir évocateur, utilisé notamment
long canon rayé, à l’origine, dans un contexte nord- par Céline.
américain. Il ne s’emploie plus guère que dans l’ex-
pression 22langtie (1919 à propos d’une cara- RIGOLE n. f., d’abord regol n. m. Iv. 12101puis ri-
bine), par analogie, pistolet 22 long rifle, et par el- galle ( 13391 et rigole ( 14821, surtout employé dans
lipse un 22 long rifie (19191, calque de la syntaxe l’extrême nord de la France, en ancien et moyen
anglaise. fran@s, est emprunté au moyen néerlandais regel
«rangée, ligne droiten, Michel afossé d’écoulement
RIGIDE adj. est emprunté (1457) au latin rigidus dans l’établem eux-mêmes empruntés au latin re-
araide, dur, sévère, inflexibleti C+ raide), dérivé de gula (-+ règle), la variation de la première syllabe
tigere &re raidi, insensible>>, souvent employé, du néerlandais expliquant l’hésitation du français
comme tous les mots de la même famille, avec entre re- et ri-. Cependant, P. Guiraud, évoquant
l’idée accessoire de froid ; Cicéron oppose tigere fri- l’existence parallèle de tigolu, regola en provençal
gare &re transi de froid» à uri calore abrûler de (xv” s.), préfère rattacher le mot au latin impérial fi-
chaudD. Ainsi, alors que l’étymologie du mot n’est guus “qui arrosep et aarrosé=, dérivé de tigure +w-
pas éclaircie, l’usage a rapproché ti&dus et frigide roser, répandre pour arroser, I-+ irriguer), rigua
I-+ frigide); pour cette raison, les formes romanes désignant chez Pline des conduits d’arrosage. La
de k@dus (italien fred&, français froid) supposent forme en e pourrait procéder d’un croisement de
en partie un i ouvert (cf. aussi le doublet populaire tiguus avec regula au moins en provençal, où la fer-
rode, raide). meture du 9 de la syllabe initiale en i est un phéno-
4 L’adjectif se dit, comme en latin, d’une personne mène bien attesté.
inflexible appliquant à la lettre pour soi et pour au- 4 Le mot désigne un cana,1 étroit ménagé pour
trui les règles et lois édictées. Par extension, il qua- l’écoulement ou l’arrivée d’eau. Par analogie de
RIGOLER 3254 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

forme, il se dit d’une petite tranchée creusée pour L’homonyme 0 RIGOLO n. m., argotique, a dési-
recevoir les fondations d’un mur de clôture (16601, gné (18651 une pince-monseigneur, avant de s’ap-
d’un sillon peu profond dans lequel on sème des pliquer ( 1886) à un pistolet, un revolver. Son origine
graines, où l’on dispose de jeunes plants (1690). est inconnue, s’il n’est pas un emploi comique de
0 Par analogie de forme et de fonction, il désigne 0 tigoio - on peut mettre en rapport, pour le se-
la rainure tracée dans les pièces d’appui d’une fe- cond sens, un drôle de pistolet et un tigolo.
nêtre pour évacuer l’eau (19321. RIGOLBOCHE adj. et n. (186O), dérivé du verbe
b Le dérivé 0 RIGOLER v. tr. (1297) Sign%ait <bien avec un s-e qu’il doit peut-être à bamboche*,
creuser (un fossé1 pour que l’eau puisse couler li- apparaît en 1860 dans le titre A&moires de Rigol-
brementm. Il a été repris pour acouper (un pré) par bock, du nom d’une danseuse qui l’aurait créé en
1858 au Prado, en lançant à des agents de police
des rigoles>> (1801). +Il a produit RIGOLAGE n. m.
(18421 et RIGOLEUSE n. f, <charrue employée pour qui tentaient de séparer deux femmes qui se bat-
établir de petits fossés d’irrigation ou d’assèche- taient : &ksez-les donc, c’est plus rigolboche>>. Le
ment dans les prairies- ( 19041. mot, intensif populaire de tigolo, était encore bien
vivant au début du XX~ s. en rapport formel avec ti-
0 RIGOLER v. intr., attesté depuis le XIII~s. bouldingue.
mais nécessairement plus ancien que son dérivé ri-
0 RIGOLER - RIGOLE
goluge Iv. 1175I, est d’origine discutée ; on a évoqué
un croisement de tire* et de régaler*. Plus souvent, RIGOLLOT n. m., nom d’un cataplasme en pa-
on fait provenir ce verbe de la tendance des parlers pier sinapisé (18751, vient de Rigollot, nom de l’in-
galle-romans à former sur rire* des verbes sufExés venteur. Le nom est déposé comme marque.
qui en modifient un peu le sens tels tioter arire un
peu», riocher, tiuder «rire d’un air nia&; ou en- RIGUEUR n. f. est formé par changement de
core tik n. f. apartie de plaisir», quand on a senti le suffixe (v. 1283) sur rigor @II XII~sd, emprunt au latin
besoin de former un substantif. Rigoler pourrait Igor, -oti -raideur, dureté, rigidités, en particulier
être un croisement de “tiler avec le synonyme araideur causée par le froid> et, au figuré, &flexibi-
gale, ou le verbe galer &amuser, mener joyeuse lité, sévéritén. C’est un dérivé de tigere ((être raide»
viem &+ galant). P. Guiraud penche pour une forma- I+ rigide).
tion à partir d’une base tic-, tig- ctigoler, ticuner*, ri-
+Le mot s’applique à la sévérité, l’inflexibilité,
choler, richonnerl représentant le dérivé latin ridi-
l’austérité et, par métonymie, à la manière stricte
cure, de tire (--+rire) aboutissant à un verbe
d’appliquer les lois (v. 1283). Il s’emploie couram-
simple “ri+er, “riguer qui n’aurait pas laissé de
ment dans la locution te& tiguerrr à (15591,
traces.
d’abord tenir lu rigueur à «garder du ressentiment
+ La construction transitive ase moquer de (qqch.)B pow (1538). OPar extension, il s’applique au ca-
et Ie pronominal se tigoler «s’amuser= (1306) sont ractère d’une obligation stricte, d’une règle que
sortis d’usage. La construction intransitive, &mu- l’on ne peut enfreindre impunément (XIVes.1, sens
ser beaucoup, plaisanterB WmXXI~ s.) s’est appliquée dont participe l’expression biblique loi de rigueur
dans l’usage populaire au fait de se réjouir, boire, désignant la loi de Moïse ( 18703,par opposition à la
manger entre amis (1665) et de faire l’amour. loi nouvelle dite loi de @ce. +Par métonymie, le
*L’usage moderne de l’intransitif pour *rire, pluriel des rigueurs désigne les traits de sévérité,
s’amuser beaucoupn ( 18081 et ane pas parler sérieu- des dispositions répressives (15881, des actes d’aus-
sements (18751, familier, est concurrencé par des térité (1651). 0 Les autres nuances psychologiques,
synonymes comme se marrer. <<ingratitude, r&olte» (XVI” s.1 et acruautén (xv” s.),
b Le seul dérivé ancien de tigoler encore vivant est sont sorties de l’usage, tandis que l’emploi du mot à
RIGOLEUR, EUSE adj. C~V”s.) qui a perdu le sens propos de l’insensibilité d’une femme à l’égard
de ~rai.lleur». Il qutie la personne qui aime rire et d’un homme appartient au vocabulaire galant du
(1580, puis XIX~ s.) prendre du bon temps et, par mé- xwe s. ( 1667, Racine), comme l’emploi métony-
tonymie, ce qui exprime la gaieté, ce qui est d’ap- mique du pluriel : les rigueurs d’une femme. 4Le
parence enjouée. *Il subit la concurrence de RI- sens de <caractère de ce qui est dur à supporterp
GOLARD, ARDE adj, (18671 aqui aime à riren et, (déb. xve s.1 réactive une valeur étymologique du
par métonymie, “qui exprime l’amusements mot lorsqu’il s’applique au caractère âpre du koid
Edéb. me s-1. -RIGOLADE n. f. (1815) a d’abord été (1580, lu rigueur de l’hiver). Le mot désigne aussi
synonyme de afantaisiea avant de s’employer pour l’exactitude tiexible d’une chose, d’un principe,
camusement, divertisseme& (1844) et, métonymi- d’une règle, etc. (15491, spécialement dans juges de
quement, «chose dite pour faire rire, par dérisionn rigueur 11694) “qui doivent se prononcer selon la ri-
(1877) d’où <chose non sérieuse, sans importance gueur de la loi», + Ce sens a d-Ufaciliter le passage
ou sans ~cuh,é, (1875). +@RIGOLO,OTE de l’ordre moral à l’ordre intellectuel et au sens de
adj.etn. (juin 1848, Le &min de bris) a suivi le <<caractère d’une recherche méthodique et précise
même développement que drôle, signifiant wnu- ne laissant pas de place au doute et à l’équivoquen
sa& et prenant la nuance d’&range, bizarre, (1580) spécialement dans le domaine des arts et de
curieuxn (milieu XX~s.), peut-être par l’intermé- l’expression. - L’ancienne locution a rigueur (1458)
diaire de l’emploi substantivé CUTItigolok pour dé- & manière exacte, strictes, est devenue a la ri-
signer une personne amusante (18731, donc que gueur (1501), par extension <<enallant jusqu’à la li-
l’on ne peut pas prendre au sérieux (1946). mite de ce qui est acceptablem (av. 1869) et aen cas
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3255 RIME

de nécessité absolue- (18751, seuls emplois en emprunt au grec, employé en latin médiéval POU~
usage en hn@s contemporah. De rigueur désigner le vers simplement accentué par opposi-
~OC.adj. (1690) a conservé sa valeur initiale hnposé tion au vers métrique Imetrum) fondé sur la quan-
par l’usage, le règlementn, spécialement dans êtie tité. L’identité de consonance entre les terminai-
de rigueur <être indispensablefi (1798) et dék de ri- sons accentuées étant un trait fréquent du vers
gueurI1877). En torrterigueurlocadv. (16713 are- cadencé, rhythmus aurait désigné cette conso-
layé ti la rigueur pour ade manière rigoureuse et nance. Cette étymologie n’est pas très satisfaisante
strictes. ~L’une des connotations essentielles du sémantiquement, car le vers accentué n’a été défi
mot, dans la seconde moitié du xx” s., concerne une par la rime que postérieurement, et elle se heurte
gestion, une politique fmancière stricte où les dé- & l’inexistence de formes telles que ‘ritme ou
penses sont limitées et contrôlées. “ridme en ancien tiançais : les graphies avec h ont
ä RIGOUREUX, EWSE adj., réfection (xv” s.) de ti- été introduites d’après l’étymon par les lettrés du
goreux (1385, mais antérieur comme l’indique son xwe siècle. De même, l’anglais rime, emprunté au
dérivé tigoureusement) est emprunté au latin tardif kançais Iv. 12001, a été la seule forme jusqu’au mi-
rigorosus ((très froid», ((sévère, inflexible>, dérivé de lieu du xwe s., lorsque le retour aux formes clas-
rigor. 4 Le mot n’a pas les mêmes emplois que ri- siques a conduit à la nouvelle graphie tithme,
gueur; le sens moral fort de asévère, inflexible=, au- rythme, rhythm, vivante jusqu’à la fm du XVII~siècle.
jourd’hui marqué, a décliné au profit de ceux de Le besoin de distinguer rime de rythme a conduit a
apénible, difkile à supporter= (ti xrves-1, spéciale- la graphie intermédiaire rhyrne (1610, une pre-
ment en parlant du froid (16401, <exact, d’une per- mière fois rhime en 1565). *Une seconde étyrnolo-
fection incontestablen (v. 1530) et, dans le domaine gie, défendue par Wartburg, fait de rime un em-
intellectuel, “qui procède avec une grande préci- prunt au francique “rk wkie, nombre>>, dont
sion. 4 Le dérivé RIGOUREUSEMENT adv. appa- l’existence est postulée par l’ancien haut allemand
raît cv.1220) au sens physique de aavec une grande tim; ce mot peut avoir désigné une suite, une série
vigueurm qui suppose pour l’adjectif une valeur cor- de vers semblables et, de là, l’identité phonétique
respondante, et a rapidement disparu. *Le sens de plusieurs vers formant une suite; ceci reste très
moral fort, <(avecbeaucoup de sévérité- (XIV” s.), est hypothétique. Le genre masculin du mot germa-
devenu archaïque. De nos jours, le mot signifie sur- nique serait conservé dans l’ancien provençal rim
tout *avec une exactitude scrupuleuse- Ii5591 et et dans l’allemand Rein, emprunté au gallo-ro-
ad’une manière incontestable, absolumentu (17981, man; le féminin du mot français s’explique si l’on
par exemple dans tigourewement exact, vrai. en fait le déverbal de tiimer, lui-même dérivé du
Le sens moral fort de r@ueur survit dans RIGO- substantif en galle-roman ou représentant d’un
RISTE adj . et n. ( 16831, dérivé savant du latin @or verbe kancique “rîman, tiré de “tim. En a@ais, le
pour quaMer et désigner la personne qui fait retour à cette étymologie explique la nouvelle fa-
preuve d’un attachement farouche au respect des veur de la graphie rime (par rapport aux formes
règles morales ou religieuses les plus austères. * II
avec thl, depuis 1870 environ, chez les philologues
a produit RIGORISME n. m. (16961, quelquefois et les écrivains. *Une troisième hypothèse est dé-
employé par extension dans un domaine non reli-
fendue par P. Guiraud pour qui ((l’origine alle-
gieux et non éthique au sens d’aaspect sévère-
mande d’un terme rhétorique est très improbable,
11837).
à plus forte raison d’un mot commun à l’ensemble
RILLETTES n. f. pl. est originaire de l’ouest de des langues romaness. De fait, le mot français est
la France (Touraine) et est dérivé (1835, Balzac) du passé dans les langues romanes, dans la forme fé-
moyen fi%nçais tille «bande de lardn (1480, minine du provençal à c6té du masculin rim, dans
Du Gange), variante de l’ancien français reille le catalan, l’espagnol, le portugais et l’italien rima,
abarres @n me s.1et xlattem (XII~ s.l. Reille est issu par et s’est répandu dans les langues germaniques, où
évolution phonétique du latin regz.& «règle, barre, il appardt sous une forme généralement monosyl-
latten qui a donné règle* par emprunt. Le moyen labique, peut-être en partie par assimilation avec le
français avait allé, employé par Rabelais ( 1546) au mot germanique rîm : moyen néerlandais rime n. f.,
même sens que rillettes. néerlandais ~@n, ancien norrois et islandais tim
+ D’abord exclusivement réservé aux préparations n. m., norvégien, suédois et danois rim, etc. P. Gui-
de porc, rillettes a depuis les années 1960- 1970 raud voit donc dans rime le dérivé du latin rimare
d’autres emplois Irilleties d’oie, de canard, de <rechercher, examiner avec soin, (ce qui évoque le
thon...). sémantisme de EtrouveT» dans trouvère, trouba-
b Du même elle sont dérivés les mots régionaux dour), et en latin médiéval araconter> et arimep
RILLONS n. m. pl., d’abord Mon au singulier Exd s.l. Ce verbe est le doublet tardif du latin clas-
11611) puis allons C1835, Balzac) <résidus de viande
sique timari Mfendre , ouvrir+, employé dans la
de porc que l’on fait cuire pour en obtenir la graisse langue auguraJe pour afendre les entrailles pour
et petits morceaux de porc cuits dans la graisse et les fouiller et les interprétern d’où, au figuré wru-
setis froids», et RILLOT n. m, (19213 *petit mor- ter, sonder, interprétep, dénominatif de rima
ceau de viande de porc*. afente, crevasse)), mot d’origine obscure passé dans
le mot savoyard rimuye. + Historiquement, il faut
RIME n. f. Iv. 1160) est d’origine discutée. L’éty- rappeler que la rime n’était pas en usage dans la
mologie traditionnelle le fait remonter au latin poésie latine classique, sinon comme effet stylis-
rhythmus (-+ rythme), également rythmus, rithmus, tique occasionnel. Elle est apparue comme marque
RIMMEL 3256 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de fm de vers dans la poésie latine chrétienne, en RIMMEL n. m. est l’emploi comme nom com-
particulier chez saint Augustin (rveS.I. L’explication mun I1929, chez Claudel) du nom de marque dé-
la plus courante est celle qui rapproche la rime posé Rimmel.
chrétienne de textes sémitiques et de poèmes hé- 4 Le mot désigne un fard pour les cils.
braïques rimés; c’est par ceux-ci que les chrétiens
d’Afrique en auraient appris l’usage qu’ils auraient b Aragon emploie dès 1936 (Les Beau Quartiers1 le
dérivé RIMMELLISÉ, ÉE adj. afardé avec du rim-
introduit en latin, où la tradition rhétorique lui OU-
melp.
vrait un large champ de développement.

4 Le mot désigne l’identité de consonance entre les


RINCEAU n. m. est une altération graphique
( 16761, d’après rincer, de rainsel Iv. 12001, rainseau
terminaisons accentuées de deux ou plusieurs
CV.1350) puis rinsseau ( 15331, mot issu d’un latin po-
vers, seul et dans des syntagmes qualifks ou déter-
pulaire orumuscellus, variante du bas latin rumus-
minés (comme rime Zkonine XII~s.1 précisant tech-
CUIUSapetit rameau>), diminutif du latin classique
niquement la nature de la rime. Le sens métony-
IWMS arameau, branche)> (-+ à rameau).
mique de wersp Iv. 1165) a décliné après le
XVIIesiécle. 0 La locution familière n’avoir ni tic + Le mot s’est éloigné du sens d’emprunt de Kpetit
nira&on @n XVII~s.l d’abord il n’y a ni rime ni raison rameau>, vivant jusqu’au xwe s., et dont partait le
en... (milieu xrve s.1 a un correspondant dans l’an- sens collectif de <<fagotde rarnilles~~ (1472 en picard).
glais tithout rime or reason Cv.1460 as for ryme or Il s’est spécialisé par métonymie pour désigner un
reson). Elle serait selon Bloch et Wartburg issue du ornement en forme de branchage (13601, puis un
latin médiéval : on opposait dans la versfication la- ornement sculpté ou peint composé de branches,
tine le metrum fondé sur la quantité et le rythmw de feuilles, de fruits en enroulement, servant prîn-
fondé sur l’accent; une œuvre qui n’était pas cipalement à la décoration des frises et des pi-
conforme à l’un de ces deux modèles était jugée lastres ( 1553). Parfois écrit encore ruinceau au
mauvaise ; le sens se serait ensuite étendu à l’usage XVII~s., il a été repris en blason pour désigner une
commun en parlant d’une chose absurde, incohé- branche coupée avec son feuillage (1690).
rente. L’hypothèse d’une opposition de la forme
poétique Ila rime) et du contenu conceptuel ou nar-
RINCER v. tr., d’abord ruincer Cv.12061, rinser
(~IV” s.), puis tinter Ixv” s.), est issu par dissimilation
ratif (la raison, latin ratio), semble la plus fondée.
de l’ancien verbe recincier anettoyer un objet en le
b RIMER v., dérivé Cv.1119) de rime, équivaut à frottant et en le mouihrh Iv. 11671, au figuré “puri-
<(faire des versm, et, en construction transitive, à fiep> et <renouveler, r&ticti>. Ce mot remonte à
amettre en verw (v. 1165). Le sens transitif de afaire un latin populaire Orecentiure ar&aîchirn, <laver>),
rimern Iv. 15501 n’a pas eu de succès après le du bas latin recenture, dérivé du latin classique
XVII~siècle. Le verbe est surtout employé intransi- recens, -entis &ais, jeune, nouveau» (+ récent).
tivement en parlant de mots qui se terminent par + Le sens de Knettoyer Iun objet) en le mouillant et
le mème son ou les mèmes sons Iv. 1530) et dans la en le kottants n’est plus réalisé de nos jours qu’en
locution timer aux yeux Il 6901,devenue rimer pour parlant de récipients. Rincer a perdu le sens de
Jes yeux, pour I’œil(19041, qui se dit de mots se ter- cnettoyep, encore réalisé au pronominal dans se
minant par les mêmes lettres mais correspondant rincer la bouche 11673). Il exprime l’idée de apasser
à des sons différents. 0 L’expression rimer en Dieu dans une eau nouvelle (ce qui est lavé) a$n de faire
<<blasphémer» (16511, allusion aux nombreux jurons disparaître toute trace de produit de lavagem U53O
formés avec le nom de Dieu souvent déformé ratnser). - De bonne heure, il a développé des sens
I-bleu, -gui&, a disparu. 0 La locution ne tier & figurés argotiques et familiers à partir de l’idée de
rien, usuelle dans le langage familier 117791, ex- &otterm ou de celle de <laver, faire écoulew Le
prime la même idée d’&cohérence= que ni tic ni sens de ((battre, rosserm (1391, rutnser; 1750, tinter)
ZdSOIl. et, argotiquement, <tuer» a disparu, mais le verbe
Les dérivés de rimer procèdent tous du sens de s’emploie encore pour <voler, ruinerm ( 1821 au jeu)
flmettre en vers>. -RIMEUR, EUSE n., réfection et, autrefois, adévaliser, carnbrioler~. 0 La locution
suffixale En xrnes.) de rimere (~XI XII~s.1puis rimeor rincer le gosier (xv” sd, puis se ticer le gosier, le
(déb. XIII~~.), a perdu son sens neutre de apersonne corridor ( 18651, la dalle ( 1866) signifie dans l’usage
qui compose des vers, poète>> pour désigner péj ora- populaire cboire (du vin, de l’alcool),. + Au passif et
tivement celle qui fait des vers sans inspiration dans la construction se faire hncer, le mot sime
(v. 15501, quakiknt plus rarement ceux qui s’inté- familièrement <être mouillé par la pluie» 11740).
ressent surtout à la forme et aux rîmes 116781, la va- + Se rincer I’œil ( 1883) signifie aregarder avec plaî-
leur générale et neutre étant réservée à poéte. sir un spectacle afkiolant, licencieux>.
+ RIMAILLER v., d’abord rithmailler (av. 1553, Ra- +RINÇURE n. f. est d’abord attesté au phriel
belais) puis rimailler (16481, Sign%e <faire des vers ruinsseures 11393, puis au singulier tinqure, dans la
médiocres)) et, par extension afaire des vers en locution familière rinçure de pot (1690), puis I%I-
amatew) (xx” S.I. 4 RIMAILLE n. f., substantif ver- we de tonneau (1887, Zola), désignant familière-
bal de rimailler d’abord écrit tithmaille (1518) avant ment un vin additionné de beaucoup d’eau. Rtn-
de prendre sa forme actuelle (1611), est péjoratif çure désigne également l’eau qui a servi à rincer
pour aécrit en versB; il est sorti d’usage. +En re- (1680; 1660 au pluriel, rinseures). +RIN-
vanche, RIMAILLEUR, EUSE n., d’abord rithmail- CEUR, EUSE n. (déb. XVI~s-1, d’abord attesté dans
ler (15181, s’emploie encore dans l’usage littéraire. la locution plaisante rinceur de godets et de pots,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3257 RIPER

<grand buveuw désigne la personne chargée de 0 RINGARD n. m. est emprunté 117311, avec
rincer (1611). outérieurement, le fknirk fin- substitution du sufke -ard à la hale -èle, au wallon
ceuse désigne une machine à rincer les bouteilles oriental ringuèle alevier=. Ce dernier est emprunté
(1904). t RINÇAGE n. m. est relevé une première à l’allemand dialectal Rengel <(bûche, rondinn qui
fois dans l’ancienne locution juridique droit de rin- correspond au verbe rungeln aécarter les scories
çage (15 août 17151 adroit que l’on paie afm de char- dans un fourneau de forge avec un crochet de fep,
ger les marchandises d’un bateau sur un autre- ; ce qui est précisément une des opérations que per-
rinçage y correspond figurément à c<nettoyageb. Le met de faire l’instrument appelé ringard.
sens actuel (1845) s’applique spécialement en coif- 4 Le mot désigne une barre de fer dont on se sert
fure dans faire un hyage (v. 19501 + L’ancien nom pour manier de grosses pièces à forger, attiser le
d’action RINCEMENT n. m., autrefois reinsement feu (18031, retirer les scories. Dans les dialectes,
(XVI~s.), est sorti d’usage. + RINÇOIR n. m. (18003 a c’est le nom de divers instruments.
désigné, en papeterie, un récipient dans lequel on ä Ringard a produit RINGARDER v. h?. 11873) Nre-
rince avant d’être appliqué à la cuve réservée au
muer le combustible, retirer les scories du feu avec
rinçage du linge ou de la vaisselle (18701. -RINCÉE
un ringardm, et celui-ci RINGARDAGE n. m.
n. f. ( 1791) est un mot populaire correspondant aux
(v. 19501. + RINGAGE n. m., dérivé irrégulier ( 18771,
sens figurés du verbe et s’appliquant à une volée de
cmâchefer, scories obstruant la grille d’un foyern,
coups, à une averse (1832). + RINCETTE n. f. est un
est sorti d’usage.
mot familier désignant une quantité de vin versée à
nouveau dans le verre (et dont on prétend plaisam- 0 RINGARD, ARIDE adj. et n., attesté dans
ment qu’il le rince) [18551 et une petite quantité les années 1960 mais antérieur dans l’argot des
d’eau-de-vie que l’on verse dans son verre ou dans théâtres, est d’origine obscure; un développement
une tasse à café après les avoir vidés (1861). + L’élé- de sens spéciaJisé du mot technique 0 ringard* est
ment verbal rince- fournit des noms d’instruments difficile à concevoir; on évoque en dernier recours
tek RINCE-BOUCHE n. m. (18421, qui désigne un nom propre, sans preuve. La terminaison
aussi, par métonymie, l’opération elle-même (19041, en -ard est intwrétée comme péjorative
RINCE-BOUTEILLES n. m. inv. (1894) et RINCE- (cf. connurd).
DOIGTS n. m. (19071, ce dernier étant le plus usuel.
+ Le mot désigne d’abord un acteur, un chanteur à
demi oublié qui cherche de petits rôles; il est de-
RING n. m. est emprunté (1829) à l’anglais tiag, venu usuel pour désigner par extension, un inca-
du vieil anglais hring, correspondant à l’ancien ki- pable Cv.19701,et comme adjectif pour qutier une
son hring, (tison ting), au moyen néerlandais tint, personne médiocre, démodée, incapable It974, et
ri@ (néerlandais ring), à l’ancien saxon hting, à une chose ridiculement vieillotte, de mauvaise
l’ancien haut allemand hting (allemand Ring), à qualité (1974).
l’ancien norrois brin@ (islandais hringw, norvé- b Le dérivé RINGARDISE n. f. (19741 désigne fami-
gien, suédois, danois ting3 I+ rang). Toutes ces lièrement le caractère démodé un peu ridicule de
formes germaniques appartiennent à une racine qqn ou de qqch. et, par métonymie, ce qui possède
indoeuropéenne qui apparaît aussi dans l’ombrien ce caractère.
krenkatrum cceinture= et, avec altération, dans le
vieux slave krugü acercle». Le mot anglais désigne RIPAILLE n. f. est dérivé (1579) de l’ancien
d’abord un meau, un rond, un cercle (v. 950) ; au verbe riper” <gratter=, conservé dans plusieurs spé-
x19 s., il désigne par métonymie une enceinte où se cialisations techniques.
déroule une activité sportive, une compétition, une + Le mot est d’abord employé dans Zalocution faire
représentation dramatique ( 13301; il s’est spécialisé lu ripaille chez qqn, appliquée aux soldats qui vont
dans le domaine du turf (1607) et de la lutte 116591, manger et s’approvisionner chez les paysans et les
désignmt également l’emplacement où se tiennent bourgeois, peut-être d’après l’idée de aracler les
les parieurs 118591. plats3 ou selon un développement analogue à celui
+ D’abord cité en français (1829) comme un mot an- de rapace” et de rapiat” (cf. aussi gratte). +Par ex-
glais pour désigner un cercle, un attroupement tension, faire ti#G!Ze signifie tifaire grande chère»
spontané autour d’une querelle de passants, ting a ( 1585) ; l’emploi indépendant de ripaille au sens de
désigné, en termes de turf, l’enceinte où se te- adébauche de table, (1611) s’est moins répandu.
naient les parieurs à la cote (1850) et, par métony- b Le dérivé RIPAILLER v. intr. (182 1) afaire bom-
mie, l’ensemble de ces parieurs. Il s’est également bance)) et RIPAILLEUR, EUSE adj. et n. 118031,
dit de l’arène d’un cirque ( 18791, de l’enceinte ré- dont le sens prolonge l’ancien ripuillew En XVI~s-1,
servée à la pratique d’un sport, d’épreuves (1886). sont moins fréquents que ripaille, mais encore en
*La spécialisation pour désigner l’estrade Carrée, usage.
non pas ronde) où se déroulent les combats de
boxe, de lutte ( 1911) est le seul sens vivant. Le mot a RIPER v. tr. est emprunté (1328) au moyen néer-
désigné, comme l’anglais ring (17701, la boxe elle- landais rippen xtirailler avec forcen, mot qui se rat-
même, d’abord par citation de l’anglais (18611, puis tache à une racine germanique représentée dans
en contexte français (19083, mais cet emploi n’a pas le bas allemand rippen, variante de reppen, d’où le
vécu. + Par emprunt à i’allemand, on parle parfois vieux danois rippe, le moyen suédois et norvégien
en frm~tis du Ring de Vienne, aboulevards cir- lippu, l’anglais to rip <(fendre, déchirer, arrachep et
culaires autour de la ville*. le flamand rippen.
RIPOLIN 3258 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Le verbe, d’abord employé au sens de agratter, + Le mot a existé en moyen lançais comme adjectif
étriller» au propre et au figuré, une première fois dans le syntagme vin ripopé désignant un mélange
au ti s., puis au XVI~~s. t 16231, s’est spécialisé en de vins, sans doute ftit par les cabaretiers avec les
technique au XVII~siècle. Sous l’influence de son dé- fonds de bouteilles. Il a été substantivé au masculin
verbal tipe, il signifie *gratter, polir (la pierre) avec ripopé (encore au XVIII~ sd, puis au féminin ripopée
1’outiI nommé ripe> (ci-dessous) I16901. II corres- Cv. 1770) pour désigner un mélange de sauces.
pond aussi & afaire glisser (un fardeau) sur ses sup- +Son emploi figuré pour un ouvrage composé
ports9 (1752, Encyclopédie), notamment en chemins d’idées disparates, incohérentes ( 17 18, comme
de fer Idéb. XX~s.1. +Le verbe a diverssé ses n. m., 1798 comme n. f.1, et pour un mélange de
constructions, s’employant intransitivement en choses disparates, a été en usage au XIX~s., puis a
parlant d’une cargaison mal amimée qui se dé- lui aussi disparu.
place par glissement (1752) et de cordages, de piè-
ces de bois qui glissent les uns contre les autres par RIPOSTE n. f., altération c15781 par dissimila-
suite d’un effort qui s’exerce sur eux 11904. Il est tion de risposte (v. 15271, est emprunté à l’italien ris-
passé dans l’usage courant pour «déraper, glisser posta «réponse», également terme d’escrime f 15531,
par frottement», prenant au figuré le sens de “pas- participe passé féminin substantivé de tipondere,
sep’ et développant celui de Ns’en aller» (1916, Bar- lequel représente le latin respondere (3 répondre).
busse) dans le langage familier, également à la + Le mot désigne une réponse vive et rapide à un
forme pronominale se piper. interlocuteur agressif. Il a été réemprunté en es-
k La dérivation consiste en quelques termes tech- crime pour désigner une attaque qui suit immé-
niques. Le déverbal RIPE n. f. (1676) désigne sur- diatement Ia parade 11640) et en équitation pour
tout l’outil du tailleur de pierre ou du sculpteur, en l’action du cheval qui rue sous l’éperon ( 1678). Il a
forme de S, servant à racler et à polir une pierre ; il développé un emploi spécialisé dans un contexte
entre 11905) dans la locution populaire faire la ripe militaire, et des emplois figurés très généraux.
avagabondep avec une valeur dynamique. +RI- b Son dérivé RIPOSTER v. (1645) apparaît en es-
PAGE n. m. (18461 se dit à la fois de l’action de ra- crime ; il s’est employé transitivement aux sens de
cler une pierre avec la ripe et du déplacement des {rendre la pareillen et de Nrépondre sur le champ
cargaisons des cordages par gksement Id s.1; avec vivacitén (1694). De nos jours, il se construit
plus couramment, il désigne le dérapage des roues avec la préposition à, au sens de Nrendre immé-
d’un véhicule ( 1904). * RIPEMENT n. m. 11851) est diatement à un adversaire la contrepartie de ce
quelquefois employé avec les mêmes sens. +RI- que l’on a subi» (av. 16601, et en emploi absolu
PEUR n. m. (xx” s.1 désigne l’ouvrier qui décharge (av. 16601, désignant la riposte à une riposte.
les marchandises d’un wagon, d’un caznion et RJ- + CONTRE-RIPOSTE n. f. (18383 est un terme d’es-
PABLE adj. (1975) qualifie un engin pouvant être crime.
déplacé par glissement.
6’ Voir RIPAILLE. RUPIN. RIPOU -3 POURRIR

RIPOLIN n. m. est emprunté (1907) au néerlan- RIQUIQUI ou RIKIKI n. m. et adj.inv. est


dais Ripolin, mot désignant un procédé utilisé dès dérivé (1789) du radical expressif tik- qui évoque la
1886 en Hollande et créé par l’inventeur du produit,
petitesse (d’un mouvement, d’un coup, d’un objet)
Riep. Ce dernier l’a fait sur son propre nom, avec 01 et, au figuré, l’exactitude, le caractère strict, puis
pour olk ahuilem, du latin oleum (-, huile), et le suf- l’avarice, l’étroitesse d’esprit, et que l’on a, selon
fixe scienttique -in. P. Guiraud, dans ricochet*, dans le normand riquet
apetit, mesquin), le provençal muet0 apetit re-
+ C’est le nom d’une marque déposée de peinture pasu, etc. Riquiqui, avec redoublement pseudo-en-
émail briknte. fantin à valeur intensive et tiective, désigne pro-
b De K@O~ vient RIPOLINER v. tr. ( 1907) <peindre bablement dans son premier sens ce que l’on
au ripolin), fréquent au participe passé adjectivé appelle un apetit>>verre.
RIPOLIN&, ÉE. + Ancien nom populaire pour une liqueur alcoo-
lique, riquiqui s’emploie aussi familièrement pour
RIPCJPÉE n. f., d’abord ripopé n. m. (v. 14501 puis qualifier une personne ou une chose minuscule ou
ripopée n. f. (1770, Rousseau), est probablement d’aspect mesquin, quelquefois avec une valeur ac-
formé de 6, première syllabe de ripaille*, lequel, cessoire de avieillot>> (1867). Ce sens a été préparé
attesté au XVI~s., devait exister antérieurement, et par le vaudeville de Frédéric et Roset, M. Rikiki ou
de pop, variante du radical expressif pap- qui Le Voyage ct Sceaux (18061, où M. Rikiki est un per-
évoque le bruit des lèvres C-papa, papoter). La sonnage prétentieux, ridicule et niais. Il désigne
voyelle arrondie 0 pourrait être la figuration mimé- aussi, dans le langage enfantin, le petit doigt. Les
tique de l’ouverture des lèvres de celui qui sirote le connotations actuelles sont l’extrême petitesse et
liquide. P. Guiraud voit plutôt dans ripopée un dé- parfois la mesquinerie.
rivé pré&& du moyen fiançais pouper <<@ter, su- 0 voir RIC-RAC.
cer=, avec ri-, variante dialectale de re-* pris dans
sa valeur itérative : la ripopée serait proprement 0 RIRE v. est issu (10801 d’un latin populaire ‘ti-
une resucée ; mais le 0 ouvert et le caractère pure- tire (e brefl, altération phonétique du latin clas-
ment méridional de pouper Msucep (+Poupard, sique tiëre (e long) d’emploi absolu et transitif, si-
poupée) afkiblissent l’hypothèse. gnibnt cireb, ensuite «Sourire~, aavoir un esprit
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3259 RIS

plaisant3 et quelquefois appliqué aux choses dans des choses de la nature, des lieux, d’une chose
le langage poétique (comme le grec gelan et mei- pleine de séduction et incitant à la gaieté Iv. 1220).
dian). Le verbe, très ancien et panroman, a une ori- +Son emploi à propos d’une personne qui rit,
gine non éclaircie; Ernout et Meillet évoquent un montre de la gaieté (13 141 a vieilli, plus ou moins
rapprochement possible avec la racine sanskrite remplacé par rieur, mais existe encore a propos
k@-. d’une chose exprimant de la gaieté, telle que le vi-
$Rire s’emploie dès les premiers textes avec son sage (1314). +Le mot qualiCe abstraitement une
sens courant actuel, seul ou dans des locutions pré- chose séduisante pour l’esprit, inspirant des pen-
cisant la manière de marquer ce sentiment de sées, des idées gaies (xv” S.I.
gaieté manifeste et son intensité, comme rire du 0 RIRE n. m. 1x111~ s.), substantivation de l’infmitîf,
bout des dents (av. 1613, v. 1450 sous une autre sert de nom d’action à rire et, par métonymie, dé-
forme, rire jaune ( 1640 jaune comme fmhel, sous signe la manifestation physique de cette action,
cape 11643 ; v. 1350 dessous son chaperon), dans sa seul ou qualif% : tire sardonique ( 17621, rire homé-
barbe (1694) +ecrètement», du bout des Akres rique (18251, rire jaune (18993,etc. Le syntagme lexi-
117981, aux éclats ( 17791, mourix; crever de rire calisé fou rire ( 1718) qui inverse les termes de rire
116901,d’où c’est à mourir de rire (18781 produisant fou (16943, est resté usuel. 0 Par analogie, le mot
récemment GtwI mort de rire, hurler de rire et désigne le cri d’un animal (hyène) qui évoque un
dans des proverbes, rira bien gui &a le dernier rire humain
(1690). Rire à Z’envers xpleurerm (1751, (<faire la gri- RIEUR, EUSE n. et adj. Iv. 1460) s’est répandu aux
mace a disparu ; tire a la caisse C1875) s’est em- dépens de riant avec le sens de “qui rit, aime à
ployé en termes de bourse pour le fait de percevoir rires, “qui aime plaisantern ( 1605). La locution
chez un agent de change le produit d’une heureuse mettre les rieurs de son côté ! 16901, qui remplace
spéculation et, au théâtre, de recevoir une gratifi- les rieurs sont pour (qqn1 [ 16661, réalise plus spé-
cation, une indemnité ( 1875). + Des extensions cialement l’idée de moquerie. w Par métonymie, le
mettent l’accent sur un effet possible : le fait de rire mot qualse une expression du visage, des yeux, in-
pouvant exprimer la moquerie, n?e de (qqn, qqch.) diquant la joie (1803). +Le féminin RIEUSE s'est
équivaut à «se moquer de% (10801, sens qu’on re- spécialisé en zoologie pour qualser ( 1764) et, ellip-
trouve dans rire au nez de qqn (16091. Prêter à rire tiquement, pour désigner, comme nom, (1870) une
118341, transformation de apprêter à rire (1668, Mo- sorte de mouette par allusion au cri de l’oiseau.
lière) correspond à Gtre risible, ridiculen. +La +De rieur est dérivé RIEUSEMENT adv.( 18751.
forme pronominale se tire (1080) ctourner (qqn, @ Voir RICANER, RIDICULE, RIGOLER, 0 RIS, RIS~LE: DÉRI-

qqch.) en ridiculen, puis surtout mdédaigner, se mo- SION, SOURIRE.

quer de> a vieilli. Q L’idée très différente de <<faire


un accueil flatteur, bienveillant à», dans rire ù qqn 0 RIS n. m. est emprunté ti XI~ s-1au latin risus
Iv. 11551, est sortie d’usage, à la différence de l’em- <<rire, objet de rire>>, de risum, supin de tiere
ploi avec un sujet désignant une chose, au sens I+ rire).
d’&re favorable àn 115591.Le sens figuré d’ao&ir un + Le mot désignait l’action de rire, spécialement le
aspect gracieux, plaisanta, qui repose sur une rictus de certaines bêtes, par exemple du chien
comparaison implicite avec l’aspect d’un visage (1380)et la manière de rire, par exemple dans ris
plaisant et gai, <<riantn EV.12781, appartient, cornnte d’hostelier caccueil aimable et gai, peu sincère%
le sens équivalent du verbe latin, au style littéraire. (15891, rk @une Cv.16401, ris qui ne passe pas le
+Le fait de rire étant ordinairement signe d’agré- mud de lu gorge (16401, tous appliqués à un rire
ment, de plaisir, rire est synonyme de -se divertîrm, contraint. Avec une majuscule, Ris a été emprunté
à la forme pronominale se rire Cv.11751, sortie par la Pléiade (15591 au latin Risus IApulée), nom
d’usage, puis à l’intransitif, par exemple dans ilnp de la divinité qui preside à la gaieté. De nos jours,
a pas de quoi rire (14151. - Un sens figur4, ccscintil- éclipsé par rire*, il ne s’emploie plus que par ar-
ler vivement, joyeusement)) a été introduit par les chaïsme.
poètes de la Pléiade (v. 1550, Ronsard); il procède ~Les deux dérivés sont vivants. 0 RISÉE n. f.
du même type de développement que celui que (v. 1170) a désigné les éclats de rire d’un groupe de
réalisait, en sens inverse, le latin rentire Nbriller, personnes, d’où l’expression éclats de tiée (16513.
resplendir» d’ou abriller de joie* et spécialement +Avec changement de point de vue, le mot s’ap-
sourire, rire». +Rire s’applique aussi au fait de plique à la moquerie dont une personne est victime
prendre une expression de gaieté, pour une partie Cv.1170) et, par métonymie, à l’objet de cette mo-
du visage (déb. ~VII~s., Malherbe), après un emploi querie (15631, notamment dans être la huée de
métaphorique au XIII~s. fv. 1278). + Par l’opposition (qqn, tous...l[16361. + 0 RISETTE n. f., diminutif de
entre le rire et le sérieux, il est devenu synonyme ris ( 18361, est un mot familier pour Kpetit rire ou
de =ne pas agir, ne pas parler sérieusementm 114641, sourire enfantin» et, par dérision, «sourire de
surtout dans des expressions comme pour &e commandes, surtout dans la locution faire rZsetie,
11538, également locution adjective 16901, et da;ns faire des risettes (1840, faire une risette).
l’usage enfantin pour de rire (opposé à pour de 6+ Voir 0 RIS (pour QI RISETTE).
vrai), ou encore vous votiez tic (1690).
b RIANT, ANTE, le participe présent de rire, est ad- 0 RIS n. m., terme de boucherie ( 15831, est d’ori-
jectivé très tôt (1080) pour qutier ce qui exprime, gine controversée. On l’avait rapporté à un mot ri-
annonce la gaieté, la joie; il sert aussi à caractéri- sée (15981, attesté avec le même sens, mais Bloch et
ser une chose agréable & la vue, surtout en parlant Wartburg y voient une mauvaise leçon pour rilée
RIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

«rangée de lattesn, de Mlle, rille (latte). P. Guiraud Le sens actif de “qui a la faculté de riren 115501,re-
considère que ris est le même mot que le terme de pris du mot latin et vivant jusqu’au xvme s., est sorti
marine 0 ris* dont le dérivé tiée désigne la toile d’usage au x& siècle.
prise entre les bandes horizontales de voiles que b Risible a produit RISIBILITE n. f. Ixvr” s.1, lequel,
l’on peut replier au moyen de rabans. Le passage après avoir désigné la faculté de rire, a pris son
de la marine à la cuisine reposerait sur une méta- sens actuel de {caractère de ce qui prête à rire»
phore : de la risée de toile, on passerait à la risée de ( 18451, et RISIBLEMENT adv. ( 1655, Molière).
veau, ainsi nommee a cause de ses plis, de même
qu’on appelle risée de vent les rides à la surface de RISOTTO 4 RIZ
l’eau.
RIS QUE n. m. est emprunté (1557) à l’ancien ita-
+ Le mot désigne le thymus comestible de certains lien risco (aujourd’hui plus souvent tichio), qui re-
animaux, essentiellement le veau et l’agneau. Sa présente le latin médiéval. tiicus ou ticus dans un
brièveté et les homonymes font qu’on emploie SUT- texte de 1359 cité par Du Cange. Certains rap-
tout les formes ris de veau (1583) et rk d’agneau. prochent ce mot du latin resecare uenlever en cou-
pant>> (+ réséquer), par l’intermédiaire d’un latin
0 RIS n. m. est la variante graphique (v. 1155) populaire Oresecum ace qui coupen et, de là,
d’une forme non attestée ‘tifs, pluriel de “tif: lui- kueih, puis arisque que court une marchandise
même emprunté de l’ancien scandinave rit: lequel en mern. Bien que ce développement sémantique
désigne un dispositif servant à raccourcir, et pour- soit partiellement corroboré par l’espagnol &sgo
rait être un emploi spécialisé de tif ticôte». Ce mot Nrocher découpé», d’où &cueil>>, et que le mot latin
est bien représenté dans les langues germaniques, mkliéval corresponde bien à l’idée d’un danger
dans l’anglais reef (moyen anglais riff: refe), le nker- encouru en mer par une marchandise, P. Guiraud
landais reef: tif: le bas allemand re/?%llemand RefH, estime qu’«il n’y a pas le moindre commencement
le suédois ref: le norvégien tiv, le danois WV, reb. de preuves à ce roman nautiquem ; selon lui, le mot
+ Ce terme de marine désigne la partie d’une voile viendrait du roman ‘ticare, élargissement du la-
oti passent les garcettes, qui permettent de la ser- tin classique rixare <(sequerellerp, de &a (3 rixe)
rer sur la vergue pour diminuer sa surface. Il a par un développement menant des valeurs de
servi à former quelques syntagmes techniques =Combat, et de <(résistances à celle de <(dangerB. Le
comme prendre uyt ris adiminuer la surface de la mot est d’abord féminin, le genre masculin ( 16573
voile> (16941, larguer un nS aexposer de nouveau au l’emportant au XVII~siècle.
vent Ze ris qui avait kté prism ( 18701, bus ris «dernière + Le mot désigne un danger, un inconvénient plus
bande de ris d’un hunierm ( 18451, et fihère de ris, œil- ou moins prévisible. 11a donné les locutions courir
let de nS, ruban de ris 11904, Larousse). un risque (1690, antérieurement courir tique 15961,
F Les deux dérivés procèdent à la fois de 0 ris et de à tout risque Iv. 1770 ; 1656 au féminin), au risque de
0 ris. * 0 RISÉE n. f. 11689, rizée) désigne l’aug- (1694) et, au xxe s., prendre un risque, des risques.
mentation subite et violente du vent (proprement - Il a été repris en droit pour désigner l’éventualité
-plein un risée)mais s’entend aussi, par métonymie d’un événement futur, soit incertain, soit d’un
ou sous l’influence du groupe de rire, des rides pro- terme indéterminé qui causera un dommage
duites à la surface de l’eau par le vent. + En ce sens, (16901, seul et dans risque de guerre (18751, risque
il est synonyme de @ RISETTE n. f. (1877) alégère professionnel ( 19121, risque social, tique de mer
ondulation sur une étendue d’eau, en particulier la (tous deux dans les dictionnaires en 1936). 1l s’em-
mer lorsqu’il fait calmes, lequel peut être considéré ploie spécialement en termes d’assurances (1842)
comme un développement métaphorique de 0 ri- et, en droit civil, se réfère au fondement de certains
sette. En effet, la même métaphore se retrouve cas de responsabilité qui permettent à l’individu de
dans plusieurs langues dont le grec gelôs <rire, plis se retourner contre l’auteur d’un dommage subi
ou rides que dessinent les vague+, gelusma <rire, sans avoir à prouver la faute de celui-ci 11966).
pli, ride sur la surface de l’eau», le provençal risent F Le dénominatif RISQUER v. tr., attesté une pre-
n. m. ceau qui vient fleurer sur le bord, eau miroi- mière fois 11577) au pronominal se risquer Ns’expo-
tante, clapotiw ser à une chance douteuse*, Sign%e <<exposer
0 voir 0 RIS. (qqch.1 à un danger, à un inconvénient possible, à
l’éventualité d’une perten, absolument 11596) ou
RISIBLE adj. est emprunté ! 13701au bas latin ri- avec un complément indiquant l’objet concerné
sibilis =Capable de rire (caractère opposant (16041. De ce sens procède la locution proverbiale
l’homme aux animaux) ou de faire rire>>, du latin qui ne risque rien n ‘a rien (1798). - Par extension,
classique risum, supin de ridere I+ rire). le verbe exprime l’idée de *tenter une chose dou-
+ Le sens de <propre à faire riren, qui s’entendait teuse)) (17981, réalisée dès l’époque classique dans
spécialement en moyen français avec la nuance de risquerle toutpourle tout (1694) et dans la locution
“qui porte à la gaieté, à la joie», a développé la d’usage familier risquer le paquet (1694). Il induit
nuance dépréciative de <<digne de moquerie)} (16 11). l’idée de Ns’exposer à une chose fâcheusen
Son évolution est analogue à celle de ridicule*, qui (av. 16733,également dans la construction indirecte
insiste davantage sur l’aspect objectif déclenchant risquer de (1694) que certains grammairiens li-
la moquerie, tandis que risible insiste sur ie mitent à l’expression d’un sens défavorable, bien
comique involontaire. En outre, risible est senti qu’on rencontre dans l’usage spontané des phrases
comme très proche du verbe rire (un quasi-dérivé). comme il risque de réussir, d’y ativer. Dans un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3261 RITE

contexte pénal il peut avoir la valeur d’4tre pas- ligner l’idée de répétition. Un emprunt direct à
sible d’un châtimentB (1887, Zola). +Par tiaiblisse- l’italien titomo n’est pas vraisemblable, ce mot si-
ment, il exprime l’idée de <s’enhardir à exprimer gn%ant seulement «rebondissementn.
qqch. à tout hasard>, avec un complément dési- 4 Le mot s’est éloigné du sens initial de creportm,
gmnt une parole 117711,et de as’enhardir à regar- sorti d’usage, et s’est spécialisé en droit maritime,
der en s’exposant à être découvertn avec un où il désigne l’annulation d’un contrat d’assurance
complément désignant un regard (1862, risquer SO~L maritime au profit de l’assureur ( 17551,puis la dimi-
regard). La forme pronominale se risquer signif?e nution sur la somme pour laquelle un navire a été
d’abord (fin XVI~s.1ss’aventurer dans une situation à assuré quand cette somme excède la valeur du
l’issue aléatoirem puis aussi +e rendre physique- chargement ( 18351.En droit commercial, il désigne
ment dans un lieu où l’on s’expose à un dangers, l’attribution en fm d’année, à l’adhérent d’une so-
(1885). Elle se construit indirectement avec à et in& ciété d’assurance mutuelle, d’une partie de sa coti-
nitif pour ase résoudre A faire qqch. malgré d’éven- sation lorsque le montant des cotisations a dépassé
tuelles conséquences fâcheuses} (xx” s.l. +Le parti- les engagements de la société 11904. +II s’est ré-
cipe passé RISQUÉ, ÉE est adjective (16901, aussi pandu dans l’usage courant à propos de bonifka-
pour caractériser ce qui est inconvenant ( 1743) et, tions compensant en principe un trop-perçu
plus généralement, ce qui comporte des risques compris dans une facture, devenant par extension
(1875). +RISQ~ABLE adj., dérivé de risquer au et par le sens de <commission versée à un inter-
sens de aoù il y a des risques à courir» ( 17221,se ren- médiaire~ ( 19181, un quasi-synonyme de uréduc-
contre encore quelquefois pour “qui peut être ris- tien» (1923) ; ce sens implique un rapport avec re-
qués (1788). +RISQUE-TOUT n. m.inv. (1863) ca- tour. ll est senti comme familier quand il n’est pas
ractérise une personne audacieuse jusqu’à technique.
l’imprudence. -RISQUEUR,EUSE~.~~ adj.11916)
FRISTOURNER v.tr,, mOdifKatiOn aKdOgiqUe
est quelquefois concurrencé Par RIS-
(1829) de restomer ( 17041,a suivi le même dévelop-
QUEUX, EUSE n. et adj. 117711, lequel a perdu le
pement, perdant le sens initial de comptabilité
sens de cpérilleuxn pour “qui prend des risquesm
pour devenir un terme de droit maritime (17551,
( 1947, Morand).
puis un terme de droit commercial (1938). Dans
RISSOLE n. f. cv. 12401, d’abord rousole (v. 11851, l’usage courant, il équivaut à ((donner, rendre lune
sous l’innuence de roux*, puis rusole Iv. 12003 et somme) par une réduction% (19531.
roissole (v. 12231 est issu d’un latin populaire ‘rus-
seola, féminin substantivé de rwseo2us NrougeâtreB, RITE n. m., d’abord rit (v. 13951,puis tite (16761,est
lui-même du latin impérial russeus Hrouge foncém emprunté au latin dtus, terme religieux désignant
(3 roux). Le mot latin qui sime «préparation rou- la cérémonie, le culte, également employé avec le
geâtre-, est devenu le nom d’une préparation culi- sens plus général d’ausage, coutume>>, souvent joint
naire cuite à grande friture en raison de la couleur ou substitué à mas, moti (+ moeurs). Ce mot an-
de celle-ci (cf. l’expression de cuisine moderne cien, appartenant surtout à la langue écrite, est la
faire un roux). forme à élargissement en i de la racine de armus
+ Le mot a désigné, selon les époques et les régions, ahaut du bras, épaulem réservé en principe à un ani-
diverses préparations de pâte frite, contenant mal I+ ars, articuler); ce i est conservé dans le grec
souvent de la viande. Ses anciens emplois figurés, ari-thmos Mnombre» (+ arithmétique), dans nê-ri-tos
dans les locutions dorwzir sur des roissoles «mener wns nombre-, dans le vieil irlandais nin. acompte>
une vie oisive» et querre Ie moule as roissoles (cher- et le gallois rhif anombre>>. Pour le sens, on est
cher le moule aux rissoles1 abaguenaudep, du fait passé de la valeur concrète, w-ticulation de
que les rissoles ne sont pas des pâtisseries mou- l’épaulen, à celle de <découpage, articulation, sub-
lées, ont disparu en fknçais classique. divisions par une évolution analogue à celle qui
mène de la valeur anatomique de membre aux em-
b RISSOLER v. (15491,dérivé de rissole, signifie cex-
plois figurés. Quant à Me, la valeur religieuse
poser une préparation culinaire quelconque k feu
existe dès le sanskrit rJ&z, avestique dam où
vif de manière à en dorer et griller la surfaces. ll
l’idée d’articulation correspond à celle d’organisa-
s’emploie absolument avec un nom d’aliment pour
tion, d’où aordre conforme à ce qu’exige la reli-
sujet, d’abord au participe passé ( 1690) puis à l’infi-
gionm. Le Su&e -tu est à rapprocher de artus “me-
nitif (1870) avec le sens de acuire de cette façonu.
suré, limité, serré>> I-, articulation). Sous une forme
-RISSOLETTE n. f., diminutif(1803~ de rissole dé-
aberrante, ritus est un exemple des concordances
signant une r6tie de pain couverte de viande ha-
du vocabulaire religieux observées entre l’Est
chée et passée dans le four, n’est plus en usage.
Iindo-iranien) et YOuest litalo-celtique) du domaine
RISTOURNE n. f., d’abord restome (17051, puis indoeuropéen.
ristourne (17831, est formé de ri-, variante italiani- + Le mot, pris en moyen franqais au sens général,
sante de re-” et de l’ancien substantif extom mac- surtout dans la langue juridique, de =Coutume,
tion de reporter d’un compte à l’autre pour réparer mœurs~, sorti d’usage, a été réintroduit avec son
une erreur» (attesté en 17231. Ce dernier est la fian- sens religieux de &rémonial, culte, (15351, quel-
cisation savante par le préke ex- de l’italien stomo quefois sous la graphie rit (1669) qui s’est mainte-
<annulation d’un contrat>>, de s (du latin ex-1 et de nue assez longtemps dans l’usage religieux quand
tomate, représentant le latin torutare 13 tourner). on parle de l’ensemble de la liturgie d’une confes-
L’adjonction du prétie ri- vient du besoin de sou- sion Irit catholique, grec, etc.). +Par métonymie,
RITOURNELLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

rite désigne une cérémonie réglée ou un geste RITOURNELLE n. f. (16711, avec la variante
prescrit par la liturgie d’une religion Km XVII~ s., disparue titomelle ( 16701, est emprunté à l’italien ri-
Bossuet), Le sens s'est étendu à l’ensemble des tomek, terme de musique dérivé de ritomo <re-
prescriptions réglant les pratiques et cérémonies tour,,, déverbal de titomare =retourner,,. Ce verbe
d’une association organisée de manière analogue k est formé de ri-, marquant le mouvement en ar-
une Eglise (1875) et, au figuré, à toute pratique ré- rière Edu latin re-, -3 re-1, et de tornare I-, tourner).
glée, invariable (18751, renouant avec le sens géné- La graphie moderne est une tiancisation d’après
ral de <coutume». Il a servi, par métonymie, à dé- tourner.
signer le degré de la solennité d’une fête religieuse +Le mot désigne le court motif instrumentale qui
(rite double, rite simple). ~Repris en ethnologie, précède ou suit chaque couplet d’une chanson,
tite désigne les pratiques réglées de caractère sa- chaque reprise d’une danse et, très tôt, s’emploie
cré ou symbolique, spécialement, dans rites de pas- au figuré, comme refrain, dont le sémantisme est
sage (1909, Van Gennep) aensemble des pratiques analogue, à propos de ce que l’on répète sans cesse
destinées à préparer ou accompagner le passage (1671, Mme de Sévigné). ~Par métonymie, il sert à
d’une personne d’un état défmi à un autre, dans un désigner un tir, une chanson comportant des
groupe sociale ; ou encore tites d’initiation. strophes identiques (1852, Gautier). C’est au-
b Les dérivés sont tous formés savamment sur le la- jourd’hui la valeur dominante du mot, qui évoque
une chanson simple et ntive de genre traditionnel.
tin ritualis. +RITUEL, ELLE adj. et n. r-n., d’abord
ritual (av. 1553, Rabelais) puis rituel C16361, est em- RIVAL, ALE, AUX n. et adj. est emprunté
prunté au dérivé latin titualis Npropre au rite, rela- Ixv” s.) au latin rivalis ade ruisseau, relatif à la ri-
tif au rite,,, spécialement au pluriel dans le syn- vière,), de rivus aruisseau= (+ ru); le mot, surtout
tagme rituales Z;ibri &vres traitant des rite+. +Le employé comme substantif au pluriel rivales 4es ri-
mot quaL%e ce qui concerne les rites religieux. Il verains),, parce qu’cils tirent leur eau du même
est bientôt substantivé au masculin, d’abord sous la cours d’eau), en est venu, par une métaphore du
forme rit& ( 16051, à propos d’un livre liturgique latin rustique à désigner deux personnes concw
contenant l’ordre et la forme des cérémonies reli- rentes en amour. Le français a aussi employé corri-
gieuses. L’emploi de I’adjectîf pour “qui est fait se- wl (1546, Rabelais aux XVI’?et XVII~s.), emprunt au
lon l’usage,, ( 1669) est sorti d’usage après l’époque bas latin corrivalis «concurrent avec d’autres,), de
classique. 0 Le rituel s’applique aussi par métony- cum «avec>>(3 CO-) et rivalis. Cette forme a été éli-
mie a l’ensemble des prescriptions à observer au minée par rival. +L’origine du latin rivus remonte
cours des cérémonies du culte ( 1864) et se répand à la racine indoeuropéenne “rei- (peut-être liée à
dans l’usage général avec le sens figuré de <(prin- celle de otiti asourdre, s’élancer hors de” -, ori-
cipes, règles que l’on suit,, ( 1778, Vohire). Ce sens ginel, laquelle est attestée par le sanskrit, le vieux
a réagi sur celui de l’adjectif, qui qutie ce qui est slave, avec l’idée de base de -faire courir, coulem,
réglé comme par un rite (xx” s.3 et, par extension, «mettre en mouvementn. Rivus est sans rapport
Sign%e aprécis, exact>,, concurremment aux va- avec ripa E+ rive).
leurs religieuses de <<prescrit par les rites reli@eux» + Le mot désigne d’abord, comme en latin, la per-
11935) et wéglé par les coutumes religieuse9 sonne qui dispute à une autre l’amour de qqn. Par
Iv. 1950, Malraux). 0 L’adverbe RITUELLEMENT extension, il se dit en général d’une personne qui
(1910, Péguy), absent des dictionnaires du XIXes., est prétend en même temps que d’autres aux avan-
probablement plus ancien que cette attestation. tages, aux biens qu’une seule personne peut ob-
+ RITUALISTE n. et adj., dérivé savant 11704) du tenir et qui s’oppose à autrui pour les disputer
latin titualis a désigné l’auteur traitant des dif%- [1604) et aussi, sans idée de compétition, de celui
rents rites, puis a été repris (1870) sous l’influence qui dispute le premier rang, sans 1Tival correspon-
de ritualisme à propos d’un fidèle de l’Église angli- dant à Gnégalable~ 11866). +Le nom est adjectivé
cane accordant une grande importance aux rites et pour qutier celui qui est opposé à un autre pour
cérémonies, se disant par extension d’autres reli- lui disputer un avantage (1690) et, par métonymie,
gions. L’adjectif sert à qualifier ce qui est relatif au ce qui est inspiré par le désir du méme objet (18301.
rituahsme et aux pratiques rituelles (v. 1950). + RI- b Le dérivé RIVALISER v. intr. s’est d’abord em-
TUALISME n. m., autre dérivé savant ( 1829) du la- ployé transitivement 117501 avec un complément
tin titualis, a désigné le systéme, l’ensemble des désignant la personne rivale, puis intransitivement
rites d’une Église, puis le strict respect des rites ( 17771.Sans idée d’opposition active, le verbe signi-
(1829). Le mot s’est appliqué spécialement aux an- fie <faire preuve d’émulation” ( 18071.
glicans puseyistes et à tous ceux qui cherchent à RIVALITÉ n. f. est emprunté (1656, Molière) au dé-
augmenter l’importance dans le culte des rites et rivé latin tivalitas, -atis désignant la concurrence
des liturgies (18751. +RITUALISER v.tr. (1909, ri- entre deux femmes, puis entre deux personnes an-
tua&&1 est dérivé savamment du latin ritualis, avec tagonistes en amour, la jalousie. 4Yabord em-
le sens didactique de CcodSer par des ritess. 0 Il a ployé spécialement dans un contexte amoureux,
servi à former RITUALISATION n. f. (1912); son aussi bien en parlant d’hommes que de femmes, le
participe passé RITUALISk, ÉE est adjectivé en mot désigne en général toute situation de compéti-
éthologie lorsqu’un comportement animal em- tion pour le premier rang ( 1694). 11s’emploie aussi
prunte une séquence de formes à un autre avec une valeur particularisante hne/des rivalitésl
contexte (19751. Cette valeur fonckionne aussi pour [déb. XIX~ s.1,
le verbe, le nom et pour l’adjectif rituel. =+ voir DhM3R, RU, RUISSEAU.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3263 RIVER
4# RIVE n. f. est issu (1080) du latin ripa, dési- @ DERIVER v. tr., d’abord desriver (v. 1223) &Car-
gnant une bande de terre bordant un cours d’eau, ter du bois flottant d’une rive>, est archtique.
plus rarement la côte de la mer, également em- 0 voir ARRIVER, RIVER, RIVIÈRE.
ployé au figuré. Ce mot est peut-être à rapprocher
du grec ereipein Iaoriste etipein3 atomber, RIVER v. tr. est, selon Wartburg, qui écarte l’em-
s’abattre», eripnê apente, côte, versant)) et du vieil prurit à des verbes comme le moyen néerlandais
islandais tifa <déchirer». Il semble n’y avoir aucun wtiven et le provençal ribar, un dérivé (v. 1160) de
rapport entre cette famille et celle de rivus ~rivière~ rive* au sens de ebordn, dans des emplois tech-
l--Prival, rd. niques.
+Rive désigne une bande de terre qui borde un + Le verbe sign5e aattacher solidement (qqn) avec
cours d’eau, un lac, un étang. En ancien et moyen des pièces de métal (fers)» et Rassembler (deux ou
kançak, il se disait aussi du bord de la mer plusieurs éléments , anneaux de chaîne par
Idéb. XII~s.) avant de céder ce sens à kuge après le exemple))> par écrasement d’une partie de l’un
xv$ sikle. -&Z&e s’appliquait aussi à la margelle dans une partie de l’autre et, notamment (XIII~ sd,
d’un puits (fin XII~s.), d’une fontaine 11549). oLe (<rabattre et aplatir à coups de marteau (la pointe,
sens moderne a donné, en poésie classique, l’ex- d’un clou, d’une goupille)>> sur la surface d’où elle
pression rive infernale ( 1674, Racine) désignant les émerge. Le rapport avec la notion étymologique de
enfers de la mythologie antique, parcourus par le <<bord>>vient de ce que le clou est rabattu au mar-
fleuve Styx, avec les vanantes rive sopnbre teau sur les bords de l’élément qu’il traverse. Le
(av. 17411, rive fatale 11875). +Par métonymie, rive verbe est par ailleurs employé en Normandie et
désigne le territoire de part et d’autre d’un fleuve dans le Centre pour <<replier sous le matelas les
117971, le quartier d’une ville qui borde un fleuve couvertures d’un lit», d’après un sens de tive <<bord
118341, rive droite, rive gauche (1870) s’appliquant (du lit)%. +Avec changement de complément, il
spécialement aux quartiers situes à Paris de part et s’est employé dans la locution métaphorique river
d’autre de la Seine, rive gawhe devenant le sym- les fers, les chakes de qqn <<rendre son esclavage
bole de la vie intellectuelle et artistique ( 18641,em- plus assuré>> (fin XVIII~s.l. Du sens technique concret
ployé à ce titre aussi comme adjecttif. *Une ex- vient (fm xve s.) la locution river son clou it qqn qui
tension plus large du pluriel tives au sens de correspond à peu près à clouer le bec, d’usage fami-
dcontrée, paysn relève d’un usage poétique vieilli lier. 0 Ultérieurement, le verbe se répand au fi-
(1678). +Le sens général de &mite>> (XII~s-1,*limite guré dans l’usage comme pour «assujettir, atta-
d’un objetn (v. 13141, est sorti d’usage en dehors du cher, imrnobilisep ( 17211, réactivant le sens ancien,
langage technique; rive désigne ainsi le bord d’un *maintenir fermement, maîtriser>> Iv. 12701, surtout
four, d’où pain de rive (15493 pour “pain bien cuit et au passif être rive. 0 D’autres emplois techniques
doré de tous côtés, étant placé au bord (la rive) d’un apparaissent par la suite, river se disant pour <cas-
four>>; cet emploi est archaïque, Flive se dit du bord sembler au moyen de clous, chevilles, goupilles que
longitudinal d’un produit plat (17231, la locution l’on riven (1433) et afixer, assujettir à demeure deux
poutre de rive (1904) désignant chacune des éléments)) ( 1904).
poutres longitudinales d’un pont soutenant le ta- b Le dérivé en -et RIVET n. m. (1260) existe dès l’an-
blier. Rive sert aussi à désigner la bordure en terre cien -français, désignant une broche métallique ser-
cuite couronnant le faîte d’un toit ou d’un mur vant à assembler deux pièces, constituée par une
Cl9301 et, en général, ce qui limite un pan de cou- tige cylindrique munie d’une tête et dont l’autre ex-
verture sur ses côtés (milieu XX~s-1. Ces emplois, trémité est aplatie après sa mise en place. Terme
détachés de leur origine, sont en général pris pour technique usuel, il entre dans des syntagmes
des métaphores du sens usuel. comme rivet explosif: tubulaire, fendu, foré I~X” s.l.
b RIVAGE n. m. Ifm XI~ s.), dérivé de rive avec le suf’- Le mot désigne la pointe du clou broché dans le sa-
fixe -uge à valeur collective, désigne la partie de la bot du cheval, qui est rivée sur la paroi (1680).
terre qui borde une mer ou, plus rarement, un lac. D’autres acceptions manifestant l’idée de (<bord,
Avant la fm du XVI? s., il est mal distingué de rive et bordure» entre le XIII~ et le XVIII~s. sont sorties
s’applique à la berge d’un cours d’eau (14091, spé- d’usage. -À son tour, tivet a produit RIVET~ER
cialement dans la poésie classique où les locutions n. m. (17621, a;ncien nom d’un outil servant à river
rivages des morts, du Oocyte ( 1677, Racine), noir ri- des clous, conservé comme nom de l’ouvrier fabri-
vage (1694) et pivage du S&x (1893) désignent, quant des corps de rivets à la machine (xx” s.3,et RI-
comme rive, les Enfers de la mythologie antique. VETER v. tr. &er au moyen de rivet+ (1877, Jour-
*Le sens métonymique de acontrée, paysm (1184- nul oficiell. +Ce verbe a produit les dérivés
11873 d’usage littéraire, est sorti d’usage, en fran- RIVETAGE n. m. 11877) et RIVETEUSE n. f. (19001
çais classique, tout comme le sens juridique de ~machine pour poser des rivetsa, puis aussi au mas-
adroit payé sur les marchandises chargées ou dé- din RIVETEUR ~Ouvrier qui rivette>) 119271, plus
chargées sur la riveD (1246 à Compiègne). Les défi- fréquent que le nom dérivé du verbe river, RI-
nitions juridique 11681) et géographique du mot VEUSE n. f. (1904), antérieurement «ouvrière qui
renvoient spécialement à la zone de terre soumise pose des rivet+ (1877).
à l’action des vagues et, le cas échéant, des marées RIVURE n. f., réfection 11694) de ?-heure E14801, est
(l’estran). *Enfm, comme rive, rivage a eu en le nom de la broche métallique entrant dans la
moyen timçais Iv. 1354) la valeur étymologique de charnière des fiches. 0 Le mot désigne en général
abord, lisière (par exemple, d’un bois)>> qui a dis- le résultat de l’opération consistant à river deux
paru en kançais classique. éléments (1611) et, concrètement, la partie de la
RIVERAIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tige métallique écrasée afin d’assurer sa liaison sa forme actuelle avec les sens propre et analo-
avec une autre pièce (1870). + RIVOIR n. m. est en- gique qui retrouvent ceux du latin rivalis, lequel a
registré par l’Encyclopédie Cl769) comme désigna- donné rival*, à savoir «personne qui vit au bord
tion du marteau dont on se sert pour river, dans le d’un cours d’eaw (169OL Il s’emploie adjectivement
cas où l’on n’a pas à former de tête. On a dit aussi pour qualifier ce qui se trouve sur la rive et, par
rivois (1870). Rivoir sert aussi à désigner la machine analogie (17321, sur le bord (d’une route, d’un bois,
à river ( 19041, en concurrence avec le féminin RI- d’une autre propriété). +En terme administratif, il
VOIRE (1964). s’applique aux habitants des maisons qui bordent
une voie urbaine. Il a pour dérivé RIVERAINETÉ
RIVERAIN + RIVIÈRE n. f. (18981, d’usage juridique pour la qualité de rive-
rain telle que la reconnaît la loi.
RIVIERE nf., d’abord écrit riviere & XI~s., RIVIERA n. f., emprunt (xx” s.) à l’italien rivieru
Gloses de Raschi) puis surtout rivaire Cv.11003, river «cours d’eaw Idéb. XIV~s.) et «rive>) (av. 13501, dans
et Were Cv. Il 12) en ancien français, est issu d’un la-
un emploi spécialisé comme nom propre, acôte al-
tin populaire tiparia, qui devait désigner une ré- lant de La Spezia à Nice>>,désigne aussi en français
gion proche d’un cours d’eau ou de la mer. Ce mot, cette côte, et notamment la partie francaise, for-
atteste par de nombreux toponymes dès le me s. et mant une partie de ce qui est nommé Côte d’Azur.
employé au sens de &ttorals (9513, =bord d’un Le sens correspond à l’ancienne valeur de tiv&-e
fleuven, est le féminin substantivé de l’adjectif latin #rive, rivagen (voir ci-dessus).
classique riparius “qui se trouve, se tient sur les @ Voir RIVAL, RU. RUISSEAU.
rives)>, de ripa (-+ rive). L’espagnol riberu sime
cive, rivage>, l’ancien provençal tibtiru désigne à RIXDALE n. f. est l’adaptation, sous les formes
la fois la rive et la rivière ainsi que l’italien du Nord successives richetale 116191, richedale (16261, rix-
rivieru, emprunté au français (cf. ci-dessous titiru). dalle ( 16771, du néerlandais tijksdaalder, r@sdaler,
9 L’emploi pour Mruisseaw semble le plus ancien ; il nom de monnaie composé de tij!~ aempire,
annonce le sens de d’ours d’eau de faible ou royaume% (+ reichstag, riche) et daalder <<thaler»
moyenne importancem Iv. 1138) dont l’usage impré- b thaler). On relève riches tulers en 1607 en Suisse
cis semble exclure les plus petits cours d’eau Inom- dans le canton de Neuchâtel, richstuller en 1637
més ruisseau) mais peut ou non en inclure de plus dans le canton de Berne, emprunts à une forme
importants, l’opposition avec fleuve, en géographie alémanique de l’allemand Reichstuler.
étant d’une autre nature, et plus tardive. Le mot est + Le mot désigne une monnaie d’argent qui, avec
employé dans oiseau Iv. 13541, poisson de riviére différentes valeurs, avait cours dans les pays du
(18751, alors opposé à de mer ou & lac, + Le sens Nord et en Europe centrale.
étymologique de «bords d’un cours d’eau ou de la
mern cv. 1f 121,où rivière est synonyme de rive* et de RIXE n. f. est emprunté (14771 au latin ripa &s-
tivuge dans un emploi ancien, n’existe plus que dia- pute, différend, contestation>, mot d’origine in-
lectalement, spécialement avec le sens de avallée>> connue. À titre d’hypothèse, si l’on postule que la
118701dans le Sud-Ouest et dans quelques expres- formation comporte un s edésidératifm, on évoque
sions ; veau de tiviére 11670, Molière) ne se dit plus, un rapprochement avec le grec ereikeirz {{briser, dé-
mais tipzs de rivière (16941, pour des vins faits avec le chirer>> et le sanskrît ri@ =il arrache», r&h&ti 4
raisin récolté en Champagne sur les bords de Ia déchiren, ainsi qu’avec les formes nominales du la-
Marne, est toujours en usage. * Au sens de ~COUTS tin rima afente> (+ rime, selon P. Guiraud) et du
d’eau%, rivière s’emploie en héraldique pour dési- vieil haut allemand tigu crangee, ligne)) (+ rime, se-
gner un meuble (figure du blason) ayant l’aspect lon l’hypothèse de Wartburg).
d’une face ondée (1671). +Par métaphore il peut + Le mot signifie dispute violenten, «bagarre». 11est
désigner avec un complément une nappe allongée soit littéraire ou journalistique, soit administratif.
(1705) et s’emploie au figuré dans titière de dia- 0 voir RISQUE kelan P. Guiraudl.
mants( 17471 ou rivière (1830) <<collier de diamants
montés en chatons ». + Par extension, il désigne un RIZ n. m., d’abord tis (v. 1270) puis riz (XIV~s.1,le z
cours d’eau souterrain et, dans fausse rivière E1904, étant dû à l’influence du latin, est emprunté à l’ita-
la partie d’un cours d’eau isolée du cours principal lien tio, lui-même repris d’un latin “orizum, va-
et résultant de la rupture d’un méandre. oPar riante de orizu, oryza. Ce dernier est emprunté au
analogie, il est employé pour désigner le fossé rem- grec oruzu ou oruzion (en grec byzantin ruzil, pro-
pli d’eau que doit sauter le cheval, dans un par- bablement d’origine iranienne orientale (l’afghan a
cours à obstacles (1855). vri;s8 n. f. pl.). L’ancien français est à l’origine de
,Le dérivé RIVI~~RETTE n. f., dont la forme ac- l’anglais rice, d’abord rys EV.1234) ; l’espagnol et le
tuelle (v. 12501 a remplacé tiverete Idéb. XIII~s.) ape- portugais urroz viennent tous deux de l’arabe uruz
tite rivière>, est à peu près inusité. +RIVIÉ- Cd, uruzlzl, de même origine persane.
REUX, EUSE adj., d’abord rivereux (v. 13541, est un + Le mot désigne comme l’étymon la graine d’une
terme technique de fauconnerie qutiant un oi- plante préparée pour la consommation, seul et
seau dressé à voler sur les rivières; on dit aussi ti- dans les noms de multiples préparations culi-
vereux (me s.l. naires. Employé comme nom de la plante d’où p1*0-
RIVERAIN. AINE n. et adj., d’abord riverun (1532) viennent ces graines, le mot est attesté en f?ançais
par emprunt à l’ancien lyonnais reveyrun abate- en 1298 IMarco Polo). La construction ...de riz est
lier)), dérivé de rivière, a été reformé sur rivière SOUS employée dans des locutions désignant des choses
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3265 ROBE

tirées de la plante, comme eau de riz Il?%), paille bonne robe =de bonne priseti, en parlant d’une
de riz (1835, Maison rustique), papier de riz (1875). femme et dans un contexte galant. +Le sens de
+ Par ailleurs, le mot entre dans de nombreux syn- <vêtement>> (v. 11601, d’abord pris avec une valeur
tagmes culinaires kiz à l’eau, au luit [ 16081,riz au collective : <ensemble de vêtements taillés dans
gras, etc., récemment riz cantonais ou cantonaise, une même étoffe, habillement complet à l’exclu-
riz au curry. .), agricoles (riz en paille ou paddy, riz sion de la chemiseti, peut provenir d’un glissement
glacé, perlé; J%ZgZuant.J multipliés par la diffusion de sens (non attesté) en germanique, de abutin% à
des cuisines chinoise, japonaise et indienne en Oc- «vêtements pris comme butin). Il concerne d’abord
cident. +Par analogie, la locution grain de riz est le long vêtement que portaient les personnes des
employée au pluriel pour désigner les éléments de deux sexes dans 1’Antiquité et jusqu’au XVI~s., et qui
la structure granulée de la surface apparente de la reste en usage dans certains pays d’Orient ; ce sens
photosphère solaire (1870) et, au singulier, & propos est toujours vivant mais secondaire. L’évolution de
d’un procédé de décoration céramique prîncipale- l’habillement occidental a fait réserver le mot au
ment pratiqué par les Chinois ( 1932 dans les dic- vêtement féminin composé d’un corsage et d’une
tionnaires). jupe d’un seul tenant (v. 1175). Plusieurs syntag-
wLes dérivés sont en majorité des termes didac- mes, dont robe du soir ( 18891, sont usuels. Le sens
tiques ou techniques. + RIZIhRE n. f. (17181, ater- général de avêtement long est en revanche réalisé
rain où l’on cultive le riz>>, est le plus ancien et le dans l’expression robe de chambre ( 15961, précé-
plus courant. ~AU XE” s. apparaissent les termes dée par robe à relever (13873,robe de nuit Iv. 14621,et
de commerce RIZON n. m. 11835) et RIZOT n. m. concurrencée à l’époque classique par l’emploi de
(18351, les adjectifs RIZAIRE 118381, sorti d’usage, robe seul I1670). +Le sens général de «long vête-
RIZICOLE 11870) et RIZIFORME (18781, ainsi que ment amplem reste vivant quand robe désigne l’ha-
RIZERIE n. f. (1868) qui désigne l’usine où l’on bit distinctif de certains états et professions : vête-
traite le riz. +AU XX~ s., on a formé RIZICULTURE ment des ministres de certaines religions Iv. 11601,
n. f. (1912) et RIZICULTEUR, TRICE n. EV.1915 au la robe désignant par métonymie la aprofession ec-
masculin). clésiastiqueu (fin XVI~s.) et les ecclésiastiques; cet
RISOTTO n. m. est un emprunt (1855) à l’italien ti- emploi a reculé devant celui de soutane, dans
sotie, nom d’un plat ftit de riz coloré au S&UI ou à l’Église catholique, avant la suppression de cet ha-
la tomate et accompagné de beurre, de parmesan bit. En partie par allusion à l’ancien vêtement civil
rapé, parfois d’autres ingrédients. Risotto est dé- médiéval, robe longue (1587) a servi sous l’Ancien
rivé de tio (+ riz, ci-dessus). Régime à différencier la noblesse et le clergé. L’op-
position robe longue/robe courte était effective à
R. M. 1. n. m., est le sigle (1988) de revenu mini- l’intérieur de l’état ecclésiastique, un jésuite de robe
mum d’insertion. courte ( 18421 désignant un membre non clerc de la
compagnie de Jésus et, ironiquement, un partisan
b n a pour dérivé RMiste n. Eprononcé érémiste).
des jésuites. Robe désigne aussi le vêtement porté
traditionnellement par les magistrats, les avocats
ROB ou ROBRE n. m., d’abord robre (1767) puis
et les professeurs dans l’exercice de leur profes-
aussi rab (17733, est l’adaptation et la déformation
sion 11530) ; de là, l’expression noblesse* de robe
de l’anglais rubber n. 115991,également rubbers, mot
par opposition à noblesse d’épée, et là encore, une
d’origine inconnue. On ne peut l’appasenter à rub-
opposition robe coude, robe longue à propos de
ber &otteur, frottoir>> (15361, lui-même dérivé de
deux types d’officiers du Châtelet, par suite d’une
to rub &otter>, que sans tenir compte du sens. En
outre, de rubber ou rubbers on ne sait quelle est la charge créée par François Ier en 1527; au XVII” s., on
forme originelle, ni si le second est un singulier ou parle aussi de chirurgiens en robe courte ou longue.
un pluriel. Le mot anglais désigne une partie en Par métonymie, robe a désigné la profession des
trois manches, spécialement au whist 11749) et, par gens de justice 11643) et l’ensemble des personnes
exerçant cette profession ( 16851, aussi dans les syn-
extension, dans toutes sortes de jeux (1807). On
tagmes haute robe cpremière magistrature du
rencontre aussi en français du XIX~ s. les formes an-
pays= ( 1798) et ancienne robe (1798) amagistrature
glaises rok>k>eret rubber (Balzac).
ancienne dans une famille*. +Par métaphore du
+ Le mot a gardé le sens de son étymon, au whist et sens concret général, robe s’applique à la parure
au bridge, où il est encore en usage. dont se revêtent les végétaux, la nature (1553).
+Par analogie robe désigne des enveloppes, no-
+% ROBE n. f. est emprunté (v. 1155) au germa- tamment de fixits et @urnes (15461, par exemple
nique occidental “rauba <<butin;rapine> (+ dérober), dans l’expression culinaire pommes de teve en
auquel est apparenté l’anglais to rob, d’où, pense- robe & chambre ( 1870) ou, plus rarement, en robe
t-on, <vêtement pris en guise de butins. L’italien a des champs ( 19381 expression qui prétend corriger
roba &tement» et (<biens mobiliers et immobi- la précédente (de même que homard ù I’améri-
liers)), l’espagnol a ropa (avec un p hétéroclite) 4- Caine a donné lieu à & L’umnoricainel. 0 FZobe dé-
tement», et l’ancien provençal a rauba <cbutinD, signe aussi le boyau qui recouvre une andouille
Grobe». ( 16801, l’enveloppe d’un cigare (17291, la partie su-
+ L’ancien et le moyen français robe ont encore fré- peticielle d’un pain de sucre ( 1870) et la partie cy-
quemment, et jusqu’au XVI~s., les sens de abutin, lindrique d’un réservoir de stockage de pétrole
pillagen (v. 1155) d’où <vol, larcin~~ et araptm, notam- (1964) ; jupe a des emplois comparables. +En oeno-
ment dans les locutions en robe & la dérobéen, et logie, le mot désigne la couleur du vin 118701par
ROBERT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une métonymie portant sur la couleur du vetement met de laisser couler ou de retenir l’eau f14011. Ce
et son caractère apparent. +Robe doit à un autre sens l’a emporté, réalisé dans des syntagmes plus
développement analogique le sens de ({pelage (de fréquents lorsque la distribution d’eau courante,
certains animaux, cheval, bœufIn i 16401; il a d&igné succédant aux fontaines à réservoir, s’est d8usée.
techniquement la laine fournie en une seule fois Après 1870, on parle de robinet électrique (18881, de
par un mouton (1752). robinet d’incendie, etc. 4 Par métonymie, le mot dé-
k ROBETTE n. f. (v. 14601, diminutif de robe, sorti signe surtout la partie de l’appareil permettant la
d’usage, s’emploie parfois en parlant de la chemise manoeuvre d’ouverture ou de fermeture (1690).
de laine que les chartreux portent sur la peau L’usage des robinets était normal dès le xwe s.,
(16801. -ROBERIE n. f. (déb. XVI~s., repris 1836) comme l’atteste l’emploi figuré du mot appliqué à
s’emploie dans les communautés religieuses pour ce qui retient ou laisse passer un flux : sons, distri-
désigner la pièce où l’on tient les vêtements. + RO- bution d’argent, d’avantages (1675, MT” de Sévigné)
BIÈRE n. f. désigne para&lement la religieuse et s’employant dans la locution te& le mbinet
chargée du soin des vêtements (16651, ainsi que apouvoir disposer et user d’une chose à sa volonté>>
l’armoire qui les contient (18031. * @ ROBIN n. m. (fin XVII’ s.l. L’expression robinet d’eau tiède (18351
(av. 16211, dérivé de robe dans homme de robe, par s’emploie à propos d’un bavard prolixe et insipide.
allusion plaisante à l’homonyme robin (+ robinet), a *Le mot fournit une désignation familière de la
été une appellation familière et péjorative pour un verge d’un petit garçon ( 16041, surtout dans petit ro-
homme de loi, usuelle aux ~VII@et XVIII~siècles. binet.
+ ROBER v. tr. (17231, d’abord attesté par son parti- F ROBINETTERIE n. f. (1845) désigne la fabrication
cipe passé adj ectivé dans garance robée, puis à l’ac- de robinets et, par métonymie, l’entreprise (1904,
tif (18031, a signi% <<dépouiller la garance de son l’industrie, le commerce des robinets. Il s’emploie
écorce* ; de nos jours, il indique l’opération consis- avec le sens collectif d’aensemble des robinets
tant à entourer le cigare ou les rôles de tabac d’une (d’une chaudière, d’un appareil)>> 119351. ~ROBI-
robe (1904). * En est dérivé ROBEUSE n. f. (1875) NETTER n. m. désigne un fabricant ou marchand
~ouvrière~ et (milieu XX~s.1 ccrnactie tiectée à de robinets (18701 et qualifie celui qui travaille dans
cette tâche)). la robinetterie (1870).
@ Voir DÉROBER. ENROBER. RUBATO. $’ Voir ROUBIGNOLES.

ROBERT n. m. est l’emploi comme nom com- ROBINIER n. m. est la fkncisation 11778) du la-
mun (1903) du nom propre Robert. tin botanique moderne robin& de même sens, tiré
4 Le mot a d’abord désigné en argot un œil poché, par Linné du nom de Jea;nRobin (1550- 16291, bota-
sens conservé régionalement (région lyonnaise) niste des rois Henri III, Henri IV et Louis XIII, qui
d’où l’emploi pour aoeil» chez San-Antonio. +De introduisit cet arbre, natif d’Amérique du Nord,
nos jours, il est employé, surtout au pluriel 119281, place Dauphine à Paris en 1601. En 1635, son fils
comme désignation populaire des seins, d’après Vespasien Robin le transplanta à son emplacement
Robert, nom de marque du premier biberon à té- actuel, au jardin des Plantes.
tine de caoutchouc fabriqué industriellement (1888) +Le mot employé en botanique mais peu courant
et lancé par la publicité. L’analogie de fonction et dans l’usage général est parfois employé à tort
d’apparence explique cet emploi argotique, puis fa- pour désigner l’acacia. Par ailleurs, le mot acacia,
milier, devenu moins courant. en botanique faux acacia, s’emploie réciproque-
0 Voir ROBINET. ment pour désigner le robinier, dans l’usage cou-
ra;nt.
ROBINET n. m. est le diminutif(1285) du moyen
français robin désignant une fontaine où l’eau sort ROBINSONNADE n. f., d’abord attesté chez
par un mascaron (attesté en 1527 dans l’Ardenne J. Ray (18721, traducteur du Capital de Karl Marx,
mais évidemment plus ancien) : c’est un emploi fi- sous la forme Robinsonade, est emprunté à l’alle-
guré de l’ancien français 0 ROBIN, nom du mou- mand Robinsonade. Le mot est tiré du nom de Ro-
ton Iv. 14501, l’extrémité des tuyaux de fontaines binson dans Robinson Crusoe (17191, titre de
étant souvent ornée d’une tête de mouton stylisée, l’œuvre de Daniel Defoe, désigne un type de récit
thème décoratif courant. 0 Robin est une forme £a- exploitant le mythe de l’île déserte et se donnant
milière (sufkée) du prénom Robert. Dans la littéra- parfois comme un manuel du parfait ~bri~oleur-
ture médiévale, Robin était souvent employé par agriculteur-éleveur*. En Allemagne, après 2’fle Fel-
dénigrement pour un paysan sot et prétentieux senburg 11731-17431 de G. Schnabel, c’est le Robin-
(déb. xrve, encore au XIX~s.1 ; d’autre part, le nom son des jeunes Wï’993 de J. H. Campe où se retrouve
servait à désigner le mouton Illobirt moutoti et des l’idée rousseauiste que toute expérience contribue
animaux domestiques. Pomme de Robin ( 13871 s’est à former l’être social, donnant à k%Vre un carac-
dit d’une pomme, bon robin d’une herbe, robin tère initiatique qui sera celui de L’École des Robin-
d’une poire d’été ( 1690). L’anglais a emprunté robin sons de Jules Verne 118821, de L’he mystérieuse du
à l’ancien fknçais dans des emplois analogues et même auteur, du Robinson suisse, etc. Marx a
en a fait le nom du rouge-gorge. rendu célèbre le terme en l’employant comme dé-
+ Robinet désigne d’abord un mascaron ornant le signation de l’utopie au sens le plus réducteur cala
haut bout d’un instrument à cordes (et qui devait révolution sur cinquante kilomètres car-r&4 à la-
représenter une tête de mouton), ainsi que la pièce quelle s’oppose la révolution selon le matérialisme
ajustée à l’issue d’un tuyau de fontaine et qui per- historique.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3267 ROC

4 Repris das le sens donné au mot par Mm, ré- +Robot s’emploie comme second élément d’un
bi~onn~de désigne aussi un récit d’aventures grand nombre de mots pour indiquer que le pre-
dans la nature à la manière de celles de Robinson. mier terme, s’il s’agit d’une machine, est à
F RoBXNsoN n. m. est l’emploi comme nom com- commande automatique et, s’il désigne une per-
mun (1857, Flaubert3 du nom propre Robinson sonne ou une collectivité, qu’elle a des attitudes,
(Crusoé) appliqué à une personne qui vit seule des gestes dont l’automatisme évoque qqch. d’in-
dans la nature. +Il a désigné un grand parapluie, humain (19561.
familièrement depuis la représentation en 1805 b RoBoTIsER v. tr., attesté en 1957 par son parti-
d’une pièce de Guilbert de Pixerécourt dans la- cipe passé adjectivé robotisé, est employé à l’actif
quelle le héros apparaissait avec un parasol, allu- ( 19691 un peu plus tard, mais au pronominal dès
sion entretenue par les illustrations de l’œuvre de 1957. Le mot est employé à la fois dans son sens
Defoe. 4ROBINSONNER v.intr. est dérivé (1870) propre -équiper de machines automatiquesm et au
du nom de Robi~~~n, exprimant le fait de <vivre figuré pour &ansformer (une personne) en robotm.
comme Robinson, dans un lieu désertn. *Robotiser a produit ROBOTISATION n. f. 119621,
attesté longtemps après l’anglais robotization
ROBORATIF, IVE adj. est dérive savarn- (19271, substantif d’action au sens propre et au sens
ment (1501) de l’ancien verbe reborer v. tr. (12952 figure (1967). + ROBOTISME n. m. (1959, Cocteau)
<<confirmer, ratiEer)>, roborer üfortSer>> (déb. XIV~s.3 est un mot rare référant à l’emploi de robots. + RO-
au propre et au figuré, lui-même emprunté au latin BOTIQUE n. f. (1974; ing&iew robotique 19721
roborure MfortSer, affermir, consolidern (4 corrobo- formé en f&nçais d’après automatique, ou peut-
rer) de robur, roboris I-+ robuste, rouvre). être emprunte à l’anglais robotic, également at-
+ Le mot est le seul dérivé vivant de la famille de ro- testé comme nom (1941, roboticl désigne l’étude et
borer; il qual%e ce qui donne des forces, au propre la mise au point d’automatismes adaptables à un
(dans l’ancienne langue médicale) puis au figuré, environnement complexe et pouvant remplacer ou
en style littéraire. prolonger des fonctions humaines. 0 Il a produit
F ROBORANT, ANTE, le participe présent adjec- ROBOTICIEN, IENNE n. (1974) «spécialiste de la
tivé de roborer employé au même sens (18211, est robotiqueti.
sorti d’usage.
0 voir ROBUSTE. ROBUSTE adj. est emprunté (XIII~s.) au latin ro-
bustus, proprement ade rouvre, de chêne>), d’ou
ROBOT n. m. a été introduit en 1924 dans Ie titre asolide (comme le chêne), fort, résista& et, en par-
Les Robots universels de Rossum, traduction de lant de personnes, wigoureuxn. Ce mot est dérivé
Rossum’s Universal Robots ou R. U. R. ( 19211 de de robw; -oris (<chêne très dw) b rouvre), au figuré
l’écrivti tchèque Karel Capek (Tchapekl [1890- «dureté, solidité>>, «vigueurfi et acœur, noyau, élite*.
19381, où le mot désigne des uouvriers arti-ficielsm, L’ancien français rubeste asauvage, cruels (1080), et
des automates fabriqués par la firme R. U. R. Il a cfort, rude)} @n XII~s.), était issu d’un latin populaire
été tiré par Capek du tchèque robota ({travail)) et “rebustus, altération de robustes.
spécialement atravail forcé, corvée>. Ce mot est 4 Le mot qutie un être humain ou un animal so-
issu du vieux slave rabota (russe robot’) dont le pre- lidement constitué et résistant EV.1300); il se dit en
mier sens est *esclavage>>, d’où <travail pénible de particulier du corps ou d’une partie du corps, de
l’esclaves, puis Mtravail physiquem et par extension l’état de l’organisme qui ne se laissent pas facile-
Nactivité laborieusen. Ce mot, représenté dans ment altérer ( 1690). Par analogie il qualifie un végé-
toute la famille slave, est l’altération par méta- tal qui vit sans dommage dans des conditions cli-
thèse, de orbotu, qui appartient à une racine in- matiques diEciles (1604). Au figuré, l’adjectif
doeuropéenne “orbho-, bien représentée dans les signifie cferme, inébranlable% (14811et caractérise
langues germaniques (ancien haut allemand une chose résistante (1869). Le mot appartient à
arabgitCi1, moyen haut allemand urielbe& alle- l’usage soutenu ; il semble plus spontané en fran-
mand Arbeit 4rava&, moyen néerlandais ar- çais québécois.
beitidl).
ä ROBUSTEMENT adv. (1539) est rare. ~ROBUS-
4 Le mot, d’abord appliqué à un androïde artScie1 TICITÉ n. f. dérivé savant (1776) s’est substitué au
capable d’accomplir des travaux normalement moyen f?ançais robusteté (15081«état d’une per-
exécutés par l’homme (19241, désigne plus géné- sonne robuste». Devenu archaïque, il a été repris
ralement une machine à l’aspect humain capable en médecine militaire dans l’expression indice de
de se mouvoir et de parler (1939). Il est employé par robusticité (19.22). * Il a souffert de la concurrence
métaphore et au figuré à propos d’une personne
de ROBUSTESSE n. f. (1852, Gautier), autre dérivé
réduite à l’état d’automate (1935). + II a été repris de l’adjectif, d’usage courant.
pour désigner un appareil capable d’agir automa- @ Voir CORROBORER. ROBORATIF.
tiquement pour une fonction donnée (1949 ; dès
1944 dans le français régiona de Liège pour dé- @ROC +ROCHE
signer les Vl), en particulier un appareil ménager
Cl9641 ; il n’implique plus alors l’apparence hu- 0 ROC ou ROCK n. m., nom d’un oiseau fabu-
maine. Ce genre d’emplois, après le vieillissement leux, est emprunté Edéb. XVII~~s., Galland, traduc-
du mot entre 1940 et 1960, s’est multiplié en rela- tion des Mille et Une Nui&) à l’arabe, qui l’avait pris
tion avec I’automatisation de l’industrie et l’appari- au persan ruh E-+roquer). Le mot avait déjà été em-
tion de dérivés (voir ci-dessous) et d’expressions. ployé par Marco Polo, sous la forme TUC(1298).
ROCAILLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Roc ou oifeaa ra: désigne un grand oiseau my- scientsque, aassemblage de minéraux détis par
thique de la légende persane et arabe, gigantesque leur composition chimiquem (1749, Btion), servant
oiseau de proie. 0 C’est le même mot que roc 4a à former de nombreux syntagmes didactiques.
tour, aux échec+ C+ roquer). D’autres sens et expressions, pierre & roche (18351,
moellon de roche, sont techniques. Par allusion à la
ROCAILLE + ROCHE masse pierreuse, on a baptisé fromage de roche un
fkomage rond d’un kilo fabriqué à Roanne (1723).
ROCADE + ROQUER *Le sens de apetit morceau de pierre>>, usuel en
hnçais du Canada tiuncer, tirer &s rochesl, ne
ROCAMBOLESQUE adj. est dérivé 61 correspond plus en lançais de France qu’$ un em-
~IX~ s.) de Rocumbole, nom du héros d’une tren- ploi technique, pour «morceau de charbon de plus
taine d’oeuvres du romancier français Pierre Alexis de quatre-vingts millimètres>> (milieu xxe S.I.
Ponson du Terrail ( 1829- 187 1) publiées en feuilleton
b @.IROCHER n. m. (v. 11381 désignant une grande
de 1859 à 1870, relatant des aventures aussi in-
masse de matière minérale dure, est un quasi-sy-
croyables qu’animées. Le nom du personnage est
nonyme de rocIw mais indique davantage une
peut-être repris du nom commun ROCAMBOLE
forme déterminée, souvent abrupte, pointue et
n. f. (16801, nom d’une espèce d’ail, autrefois em-
souvent considérée selon sa matiére ou sa paroi
ployé au figuré pour flattrait piquant> 117051, qui se-
( 17641.II est plus courant que roche dans la langue
rait alors une allusion au caraère de la narration.
parlée. 0 II partage avec roche le sens d’aécueil, ré-
Mais cette hypothèse est douteuse. Quoi qu’il en cifä (15801 et s’emploie aussi avec des valeurs sym-
soit, rocavnbole, qui avait pris au ti s. le sens pé jo- boliques; le style religieux biblique lui donnait le
ratif de Kchose sans valeur- kxe s.), est d’origine sens d’ccabri, refuge» (15601, la langue courante le
obscure : on y a vu l’emprunt de l’allemand Ro- prend comme symbole de l’insensibilité Idéb.
ckenbolle, formé de Rocken <quenouille* I-+ 0 ro- XVII~s., Malherbe) puis de la fermeté et de la
chet) ou forme ancienne de Roggen. aseiglem et de
constance (av. 1558). + Le mot est employé en déco-
BolEe «oignow. D’autres étymologistes, notamment ration pour désigner (15991 un ouvrage d’orfèvrerie
les auteurs de l’oxford Dictinary, font du mot alIe- en vogue au XVII~s., dont la forme et la décoration
mand dialectal et de l’anglais rocambole ( 16981 des rappelaient l’apparence d’un rocher, aussi dans la
emprunts au français. locution rocher d’argent ( 15991sortie d’usage. * F,n
4 Le mot qutie une aventure pleine de rebondis- architecture, rocher sert à désigner un massif de
sements extravagants, par allusion certaine aux pierre imitant un rocher naturel d’où rocher factice
œuvres de Ponson du Ter&. (16901, rocher artikiel t 18701, et une fontaine en
forme de rocher (1694, rocher d’eau). + Par analo-
* ROCHE n. f. est issu cv.980) du latin médiéval gie, on a nommé rocher de confiture ( 1690) expres-
rocca {roche, rocher>> (VIII~s.1 d’un type prélatin sion sortie d’usage, ou rocher (1904) une petite pâ-
oroccu d’origine inconnue; l’italien rocca et l’espa- tisserie légère en forme de rocher. +Parmi les
gnol roca remontent au même mot. sens spéciaux répertoriés au XVII? s., plusieurs,
4 Roche désigne couramment un gros bloc de ma- afourneau d’alchimiste> (172 11,amousse s’étendant
tière minérale dure, spécialement envisagée sur la bière lorsqu’elle commence à fermenterm
comme élément constituant de l’écorce terrestre, 117651,ont disparu. Cependant, rocher désigne en-
et, par métonymie aa roche3, un sol formé de ma- core une coquille du genre murex 11736) et, en ana-
tière minérale très dure Iv. 1120); il se dit aussi tomie, la partie massive de l’os temporal, en forme
d’une pierre utilisée comme matériau de construc- de pyramide quadrangulaire 11765).
tion Iv. 11781, emploi disparu, et d’un écueil à fleur b ROCHIER n. m. est la substantivation d’après
d’eau (~III~S.I. Les sens métonymiques de Ncaveme, roche (15601 de l’ancien adjectif roquier (1300) dé-
grotteti (v. 12101, #château fort bâti sur une rochen rivé de TOCdans colomb (pigeon) roquier. 0 Ce mot
(v. 1245) et ~carrière de pierres» ( 1269) ne se sont régional désigne un poisson de rocher, spéciale-
pas maintenus après le moyen tian~ais. -La lo- ment un squale des côtes de France, et pour l’éme-
cution de roche qual%e une chose qui sort de la rillon, surtout le vieux mâle ( 17761.
roche, comme dans la locution eau de roche (16901, ROC n. m., attesté vers 1470 mais probablement
au f$uré clair coifzIf2e de l’eau de roche (1690), antérieur si l’on en juge par les dérivés rocaille (ci-
@clair, évident>, et une espèce vivant près des dessous) et roqukr (ci-dessus), est la forme mas-
roches, des rochers, dans coq de roche, poisson de culine tirée de roche, désignant un bloc ou une
roche. De roche se dit aussi au figuré d’une chose masse de pierre dure formant une éminence, ainsi
ferme, inébranlable moralement (Malherbe) et que la matière rocheuse. Le mot, qui selon Condil-
s’emploie comme symbole de la dureté, de l’impla- lac «marque plus la dureté et la stabilité de la
cabilité 11633, Corneille). +Par spécitisation, le pierre>> (Dictionnake de synonymes), est plus litté-
mot désigne le minerai Contena;nt des pierres fines raire que rocher et indique souvent un soubasse-
116901,en particulier dans de tlal vieille roche avec ment. Comme ces deux derniers, il symbolise la
le sens figuré dkncien et éprouvép 116581, emploi dureté insensible ou L’extrême fermeté (1626). -Il a
archtique, (de vieille souche)) à propos d’un noble pour dérivé ROCAILLE n. f., d’abord roquuilles au
11718). +Le mot a désigné concrètement le borax pluriel (v. 1360) puis, sous l’influence de roche, roi-
impur (1690) et roche $ feu (1691, roche de feu) une chuille ( 13731, rochaille ( 16 111 formes abandonnées
composition incendiaire en pyrotechnie, emplois au profit de rocde 11636) et rocaille (16481. * Ce
sortis d’usage. + Au XVIII~s., il reçoit une détition mot désigne un amas de petites pierres sur le sol,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3269 ROCHET

un terrain rempli de petits cailloux et de débris mi- sens à rocher, signifie «personne qui fait du rochep>,
néraux; il s’est appliqué en Normandie aux coquil- par opposition à gluciétite.
lages et crustacés pêchés dans les rochers (13731. Par préfixation en dé- indiquant l’éloignement, un
o AU XVII~s., dans le vocabulaire des arts décora- verbe desrochkr (XII” s.) puis DÉROCHER a été tir8
t&, il désigne un morceau de minéral, un caillou de de roche. Il s’emploie intransitivement pour a%-
forme tourmentée, comme la perle baroque*, utilisé cher prise et tomber d’une paroi rocheusen, sens
avec des coquillages pour construire des grottes avec lequel il a été repris au début du me s. comme
artikielles, des décorations de jardins ( 1636). terme d’alpinisme plus tard en concurrence avec
0 Par métonymie, le mot désigne l’ouvrage dévisser. 0 Le verbe s’emploie aussi transitivement
construit avec ces matériaux ( 16691, servant à ca- pour Mdégager (un lieu: terrain, chenal), des ro-
ractériser le genre décoratif baroque qui s’est épa- chers qui l’encombrent (1671). oLe verbe corres-
noui sous la Régence et le règne de Louis XV, ca- pond aussi à 0 dérochuge, d’abord dans se déro-
ractérisé par des lignes contournées évoquant la cher (1879). + Les dérivés se répartissent entre les
forme des rochers et coquilles 11845) ; cf. JYICOCO, ci- deux sens : DÉROCHEMENT n. m., en moyen fran-
dessous. Une rocaille désigne une pièce fabriquée çais desrochement cdémolitionm 114721, a été repris
dans ce style (1842). Le mot est aussi adjectivé (style en technique pour aacte de dégager un terrain des
rocaille, 1842; meuble rocaille, 1846). +Rocaille a rochers qui l’encombrent-. + DÉROCHEUSE n. f.
produit plusieurs dérivés. ROCAILLEUR n. m. ( 1889) est le nom donné à la machine destinée à dé-
(16651 est le nom technique du cimentier spéciaksé gager un chenal. + @ DÉROCHAGE n. m. fournit
dans la confection de rocailles, puis (xx” s.) de l’arti- le substantif d’action, en alpinisme, pour le fait de
san ou artiste fabriquant des objets de style ro- lâcher prise (18381.
caille. + ROCATLLEUX, EUSE adj. (1692) qutie
un lieu couvert de petites pierres, plein d’aspérités, 0 ROCHET n. m. est le diminutif Iv. 1170) d’une
au figuré ( 17881 une œuvre, un style manquant de forme non attestée ‘roc chabitb, transcription du la-
grâce et d’harmonie, puis (xx” s.1des sons rudes qui tin médiéval TOCCUSou roches, roquus, hroccw, le-
heurtent l’oreille. + ROCAILLER v. tr. est d’abord quel désignait un vêtement masculin, une tunique
attesté sous la forme du participe passé rocaillé (v. 7991,un fkoc de moine Iv. 8171, un vêtement fémi-
(1765) en parlant d’une fontaine faite avec de la ro- nin, robe ou jupe. Ce mot est emprunté au fkan-
caille, puis à l’actif (18751, pour afaire (une orne- cique “rokk- de même sens, variante de “hrokk qui
mentation) en rocaille». 0 Ce verbe a produit RO- a donné froc*.
CAILLAGE n. m. (18751. +Rochet désigne le surplis à manches étroites,
ROCOCO n. m. et adj. est une formation plaisante orné de dentelles ou de broderies que portent les
née dans les ateliers pour se moquer du style déco- évêques et certains dignitaires ecclésiastiques; de
ratif rocaille, lequel, comme de nombreux élé- là un emploi métonymique pour désigner familiè-
ments artistiques de l’Ancien Régime (cf. trumeau, rement un évêque ! 1765, Voltaire), sorti d’usage.
permque), sert à qutier ce qui est vieillot, désuet, + Le mot a aussi désigné (1265) un vêtement médié-
ridicule (1825, Stendhal). Le mot, à l’origine péjora- val, casaque, capote ou tunique courte portée par
tif, a cessé comme bwoque” de l’être en histoire de les hommes et les femmes, surtout dans le peuple,
l’art (18281, 0-U il est réemprunté à l’allemand qui et que les paysans ont continué à revêtir jusqu’au
distingue plus nettement barok, terme qui s’ap- XVI~~s. et, dans certaines provinces, jusqu’au XMe s. ;
plique à un style pratiqué du XVI” au XV~II~s., et ro- ce sens n’existe plus qu’en histoire. Rochet a aussi
koko, pour le style du xwre siècle, +ROCOCO est désigné le mantelet de cérémonie des pairs d’An-
resté péjoratif en tiançais dans l’usage courant, ap- gleterre ! 16981.
pliqué par extension à une recherche artistique ou
littéraire qui tombe dans la mièvrerie (1846, Baude- 0 ROCHET n. m., attesté au début du XIII~ s., a)
laire), à un genre ou à un objet passé de mode également sous la forme roquet h. 1560, encore au
(18341. 0 On rencontre au XIX” s. les dérivés plai- xw~” s.), est d’origine incertaine. L’hypothèse la plus
sants ROCOCOTERIE n. f. (18391, ROCOCOTE communément admise (Wartburgl en fait le dimi-
adj. f. (18451, ROCOCOTIER, IÈRE adj. et n. (18581, nutif d’une forme non attestée “roc aquenouille-,
ROCOCOTER v. intr. 118641, témoins disparus de emprunt hypothétique au francique “rokko, va-
l’engouement pour le style rococo. riante masculine du féminin gotique “rukku de
ROCHEUX, EUSE adj. (15491, d’abord employé même sens (-, roquette) ; l’allemand Rocken “que-
pour qutier ce qui est situé sur un rocher puis nouille, appartient à cette famille de mots. L’italien
avec le sens aictuel de <<couvert de roches appa- rocca et l’espagnol ruecca <quenouille» se rat-
rente@ (15981, est resté rare jusqu’au XIX~ s. où il se tachent à la forme gotique du même mot germa-
dBuse dans ce second sens; il est admis tardîve- nique. Le mot frar@s n’ayant jamtis eu le sens de
ment par l’Académie 11878). Il qualifie, en géologie *quenotilep, P. Guiraud, pour qui le rochet est une
et couramment, ce qui est formé de roche rondelle et non pas une tige, préfère supposer un
Idéb. me s.l. * 0 ROCHER v. est un verbe technique galle-roman ‘rotica dérivé de rota (3 roue).
qui procède (1622) du sens spécial de roche <cboraxb, 4 En ancien lançais, le mot désignait le tampon au
et signi6e Nsaupoudrer (un métal à souder) de bo- bout de la lance courtoise puis ~VI” s.) le fer de
rax)‘. U s’emploie intransitivement en parlant de lance de joute dont on avait rabattu la pointe pour
l’argent fondu qui se refroidit en se couvrant d’ex- l’empêcher de porter des coups mortels. oPar
CrOiSsaJXes (1872). - ROCHASSIER, IÈRE n. 119043, comparaison avec ce fer, rochet a désigné la roue
terme d’alpinisme dérivé de roche mais lié par le dentée d’un ressort courbé Iv. 1560) avant de se
ROCK AND ROLL 3270 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dire, seul (1752) ou dans roue & rochet E18751, d’une b L’abréviation ROCKING n. m. (1895, P. Bourget)
roue dentée qu’un cliquet oblige à tourner dans un est peu répandue; on note aussi chez Bourget un
seul sens. Le sens de cbobine de filature sur la- emploi isolé de rocking, substantif verbal pour «w-
quelle on enroule la soie» (1669) viendrait d’une tien de se balancer dans un rocking-ch&).
comparaison de forme mais évoque aussi le sens
hypothétique ancien de MquenouilleB. ROCOCO a ROCHE
b ROCHETTE n. f. (1964 dans les dictionnaires) dé-
signe l’outil du fleur d’or sur lequel passe le fl en- ROCOU n. m., à la fois roucou et ou~oucou (1614
roulé sur la bobine. dans le fié& de voyage &ns les Antilles de Claude
d’Abbeville), quelquefois rocou ( 16151, est l’adapta-
ROCK AND ROLL n. m. inv. est un emprunt tion de uructi, ructi, rock, d’une langue indienne du
Iv. 19551non motié à l’anglais des États-Unis rock- Brésil (tupi ou guaranil désignant un pigment
and-roll, (1934, dans un titre de chanson), souvent rouge ormgé extrait de la matière cireuse rouge
écrit ro&‘n’roEl, dont le sens propre est (balancez qui entoure les graines d’un arbre.
et roulez!n et qui désigne une musique populaire b Le mot, repris avec le même sens, a immédiate-
américaine issue directement du rhythm and ment produit des dérivés. ROCOUYER n. m., nom
blues. Le mot est formé des verbes anglais to rock de l’arbrisseau qui produit les graines produisant
Iv. 11001, du vieil anglais roccart, appartenant à la le rocou, s’est d’abord écrit rocchouier (1645) avant
racine germanique ruizk-, et de to roll Kroüier, tour- roucouier (1727) puis roucouyer Il7981 et rocouyer
nep, emprunté 11375) & l’ancien français roler, rol- (1798). +ROCOUER 11640) ou ROUCOUER (1658)
ler, devenu rouler”. v. tr. Ncolorer ou teindre avec du rocou” est sorti
+ Le terme est apparu en français dès les débuts de d’usage.
ce genre de musique en Amérique du Nord. La
forme abrégée américaine ROCK a aussi été em- RODÉO ou RODEO nm. est emprunté
pruntée, comme adjectif 11957) et comme nom (1923) à l’angle-américain rodeo (19141, nom d’un
(1956). Elle s’emploie dans de nombreuses expres- jeu équestre consistant à maîtriser un cheval sau-
sions empruntées ou formées en français comme vage ou un boeuf non domestiqué, et lui-même em-
comédie rock, jazz-rock (19731, opérarock ou avec prunté (1834) à l’hispmo-américti rodeo aencer-
la syntaxe anglaise rock operu, rock culture, mck clement du bétail, emplacement circulaire où l’on
music. Hard-rock (19ï’2), littéralement *rock durs marque le bétailn Ixvm” s.l. Ce dernier est dérivé de
est souvent abrégé en hard. l’espagnol rodear atourner, encerclec, élargisse-
ment de roder «tournerfi qui représente le latin ro-
b ROCKER n. est emprunté (1963, Salut les copains)
tare de même sens, de rota (+ roue).
à l’anglais rocker, dérivé de rock avec le s&e
d’agent -er. + Le mot, qui s’emploie comme en an- $Le mot, essentiellement employé pour designer
glais à propos du chanteur ou musicien de rock et le jeu équestre pratiqué dans l’ouest des États-Unis
aussi de l’amateur de rock (19731, a eu plus de suc- et, par extension, le lieu où se déroule cette fête, se
cès que la forme rock’n’roller (1972) et a été suivi dit aussi, au figuré (xx” s.1, comme corrida, d’une
par son abréviation familière rocky (pluriel rockyd course agitée, d’une vive agitation collective et spé-
et ïa graphie francisée ROCKEUR (1981) à laquelle cialement d’une poursuite en voiture,
correspond un féminin ROCKEUSE (1981). H dé-
signe aussi un type vestimentaire et de comporte- RODER v. tr. est emprunté (1520) au latin rodere
ment. <ronger, miner, userm au physique et au moral, mot
d’origine incertaine; les rapprochements avec les
ROCKING-CHAIR n.m. est un emprunt formes germaniques du vieil allemand ruZi aâpre,
(1851) à l’anglais d’Amérique du Nord rocking-chair sauvage» et du vieux saxon rutte <<rat- et d’autre
(17661 composé de l’anglais chair achaise)> lui- part avec le sanskr3 raduti, ail gratte, il bêchem, sont
même emprunté à l’ancien français chaire @an- vagues. L’ancien français a eu un type populaire
çais moderne chatse*) et de rocking, gérondif de rare (v. K%O), reure «rongeT», vivant sous diverses
to rock abalancer, bercep I+ rock and roll). formes dans les dialectes méridionaux et centraux.
+ Le mot, depuis sa première attestation dans les 4 Le sens étymologique de arongers a disparu. Ro-
Lettres d’Amérique de Xavier Marmier, n’est guère der a été repris comme terme d’armurerie (17231
employé que dans un contexte américain, car il dé- avec un sens technique également sorti d’usage.
signe un article d’ameublement rare en Europe ; ce De nos jours et depuis le début du XM~s. (18361, il
siège avait été un objet de curiosité parmi les rela- exprime l’action de polir, d’user une pièce par le
tions de Benjamin Franklin lorsque ce dernier, frottement, pour qu’elle s’adapte exactement à une
chargé en septembre 1766 de solliciter l’aide ban- autre. + Par extension, il équivaut à <<userpar fYot-
cière et économique de Louis XVI en faveur de l’in- tement> et s’applique notamment Cl933 dm les
dépendance des États-Unis, s’était fait envoyer un dictionnaires) au fait de soumettre un moteur, et,
rocking-chair pour son séjour en Europe, En fi-an- par métonymie, une voiture neuve, à l’opération
ça&, on a désigné ce meuble sous le nom de chaise faisant subir une très légère usure aux pièces tiot-
berceuse ou berceuse, chaise à bascule, fauteuil à tantes de sorte que celles-ci s’ajustent parfaite-
bascule. Les Québécois, chez lesquels ce meuble ment. Ce sens, devenu le plus courant, a produit fa-
est répandu depuis longtemps, ont chaise berçunte milièrement la valeur figurée de amettre au point
ou berçante, calque du mot mnéricain attesté dès (une chose nouvelle) par la pratique, des essais,
1824. (1933) et afaire acquérir à tune personne, un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3271 ROGATOIRE
groupe) l’expérience permettant d’accomplir cor- leur diminutive; le dérivé RODAILLEUR, EUSE
rectement une tâche nouvelle>) (1932, en sporkl. n. et adj. 11951, Céline) est rare. * RODERIE n. f.
b Le dérivé RODOIR n. m. est d’abord un terme (18641, substantif d’action tiré de rôder, est littéraire
d’arquebusier dés@& l’outil servant à roder Itail- et rare.
ler les crans) de la platine d’une arme ( 18121. En
francais moderne, il s’emploie en tannerie pour dé- RODOMONT n. m. et adj. m., réfection (15731
signer la cuve dans laquelle les peaux sont assou- de rodomone ( 15271, est l’emploi comme nom com-
plies (1812) et designe un outil servant à roder les mun de l’italien Rodomonte, nom d’un roi d’Alger
pièces métalliques (1836). - RODAGE n. m. ( 1836) plein de bravoure, mais fier et insolent, qui appa-
désigne l’opération technique consistant à roder raît dans le Roland amoureu IOrlundo innamo-
une pièce, spécialement le moteur d’un véhicule rutol, poème chevaleresque écrit de 1476 à 1492 par
neuf (av. 19331 et, par métonymie, la période pen- Matteo Maria Boiardo, puis dans le Roland furieux
dant laquelle les pièces mobiles du moteur se (OrZuti titisol continuation de l’œuvre du pré-
mettent en place et ne doivent pas être soumises à cédent (1506- 1532) par 1’Arioste.
un effort excessif (1933) d’où en rodage. Le mot 4 Ce mot littéraire, par le même développement de
s’emploie familièrement au figuré 119411, comme le sens que matamore, désigne un fanfaron qui se
verbe, emploi usuel. + RODÉ, ÉE, le pa?dCipe vante de prétendus actes de bravoure et affecte
passé de roder, est adjectivé au propre 119331et au une hauteur méprisante.
figuré 11968).
b Le dérivé RODOMONTADE n. f. (15871, plus cou-
0 voir CORRODER. ~~RODER, ROGNE, R~SIRE.
rant, désigne l’attitude d’un fanfaron, une préten-
RÔDER v., d’abord rodder (1418) et ruuder (1530) tion ridicule et injusttiée, et par métonymie (une,
avant l’orthographe rôder (15391, est emprunté à cks rodomontadesI, les paroles d’un fanfaron.
l’ancien provençal radar <<tourner, aller en rond,
faire tournoyeru, encore usité das les parlers occi- ROGATION n. f., d’abord écrit rogacion
tans. Ce verbe remonte au latin roture ((tourner, Cv.13551,puis rogution (15301, est emprunté au latin
faire tourner (comme une roue)>, «tournoyeru, de rogatio, -anis *question, demande>>, sens classique
rota I--+roue). Cependant, P. Guiraud, pour lequel mais rare, et techniquement asollicitation, re-
la forme dominante est ruuder, a risqué l’idée d’un quêtep; à basse époque, le pluriel rogationes h” s,)
composé de re-* et de l’ancien français F&er, va- se dit des prières publiques faites pendant une pro-
riante hauder <<fatiguer, remuer, agiterm (v. 13601, cession. Le mot est dérivé de rogutum, supin du
d’origine inconnue. verbe rogare 4adresser à)>,puis =Poser une ques-
+ Du xve s. jusqu’à l’époque classique, le verbe s’est tion, interrogerg, également employé dans le sens
employé transitivement au sens de ~parcourir (une de petere I+ pétition) Ndemanderu, spécialisé en
région) en errant, d’où, au figuré *tourner, diriger droit public pour <<demander à qqn l’avis motivant
çà et là Iles yeuxlB 11580, Montaignel. L’usage in- son vote>>et, de là, aconsulter (le peuple)s, epropo-
transitif s’est substitué à ce transitif, pour 4ler çà ser une loi Clegemh et *proposer (un magistrat) à
et là sans but précis, souvent par désoeuvrement, l’assemblée du peuplen. Le mot s’apparente sans
par ennuim 115301, quelquefois en parlant d’une doute à regere (-, régirl, du radical de rex <roi,.
chose personni%e Iv. 15701.On a dit, par analogie, + Le mot, repris comme terme d’antiquité romaine,
un navire qui rôde sur son ancre ( 1831) à propos désigne le projet de loi présenté au peuple réuni
d’un bâtiment mouillé dans un courant violent qui en comice pour lui demander de l’approuver,
se meut de part et d’autre. Rôdkr a pris la valeur d’abord par oui ou non puis, à partir du II~s.
péjorative d’Kerrer avec une intention suspecte et av. J.-C., au scrutin secret; il n’est pas réattesté
hostile> ( 15591, s’employant spécialement dans un avant 1701. Le pluriel rogatiolzs, dans sa spécialisa-
contexte galant pour achercher à séduire par des tion religieuse @n xrve s.), désigne les cérémonies
moyens détournés» (1668). Il se dit aussi d’une des trois jours précédant l’Ascension, qui ont pour
chose abstraite qui manifeste sa présence de façon but d’attirer la bénédiction divine sur les récoltes. Il
furtive mais obsédante (xx” s.l. a remplacé l’ancien type populaire rovuisoM
F RODEUR, EUSE n. et adj. (15391 a d’abord dési- Iv. 1119).
gné une personne qui erre sans but précis ( 15381, ‘+ Voir INTERROGER; ROGATOIRE, ROGATON.
sens archaïque, puis, péjorativement, une per-
sonne d’allure suspecte qui erre à la recherche ROGATOIRE adj. est emprunté (1599) au bas
d’un mauvais coup à faire (1538 ; 1690 rôdeur de latin ecclésiastique rogutotius <<dedemande%, no-
nuit). + L’adjectif quatie d’abord (17641 un animal tarnrnent dans l’expression epkto2u rogutoria
qui se déplace sans suivre d’itinéraire tic; il se ré- alettre portant la requête adressée au métropoli-
pand au xi2 s. pour qualifîer une personne qui va- tain d’ordonner un évêque élup 1715). Ce mot est
gabonde à la recherche d’aventures plus ou moins formé sur rogutum, supin de rogure cdemanderm
louches (1823) et, au figuré, ce qui appartient à un (+ rogation) .
être qui erre avec des intentions malveillantes 4 Le mot, d’abord dans le syntagme juridique
(av. 1857). Il qualitie spécialement un esprit, un fan- codsjon rogatoire, emploi le plus usuel, qualifie
tôme errant (av. 1890, Maupassant), une chose per- plus largement ce qui est relatif à une demande
Sonn%ée qui va et vient dans l’attente du moment (18753. Il s’emploie aussi en termes d’antiquité ro-
où elle pourra se manifester &n xrxes.3. 4 RÔDAIL- maine, qualiknt ce qui est relatif à un projet de loi
LER v. intr. (18381 fournit un dérivé familier à va- soumis au peuple romain (1842).
ROGATON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b ROGATOIREMENT adv. (1875, h.mml oficiell si- 0 ROGNE + @ ROGNER


gn8e “par voie rogatoire, au titre d’une commis-
sion rogatoires. 0 ROGNER v. tr., d’abord re@&r En xre s.
0 voir INTERROGER, ROGATON, ROGATON. Gloses de Raschi), reoignier Iv. I 1311, puis ronmer
(~111~ s.3et enfm rogwr 11570 mais ronmure est anté-
ROGATON n. m. est un emprunt (13671, ortho- rieur), est issu d’un latin populaire “retundiare. Ce
graphié d’après la prononciation ancienne du latin mot est l’altération d’un “rotundiare =Couper en
(cf. dicton), au latin médiéval rog&.~~~ <demandes, rondn, du latin classique rotun&.s I+ rond, ro-
participe passé passif substantivé, au neutre, du la- tonde).
tin classique rogare Kdemander, solliciter, interro- 4 Le verbe, qui apparaît avec le sens de <tonsurer*
gem (3 rogation). et acouper autow Iv. 11601 a perdu l’idée étymolo-
4 Le mot a d’abord servi à désigner une assignation, gique de rondeur, n’exprimant plus que celle de
une convocation, l’expression porteur de rogatons couper de manière à diminuer la surface, la lar-
(1367) désignant l’officier chargé de porter cette geur, la longueur, l’épaisseur Cv.1175 et peut-être
convocation. Désignant un religieux mendiant qui dès la première attestation). De ce sens procèdent
porte les reliques et les indulgences (1534, Rabe- plusieurs valeurs spéciales pour 4imer frauduleu-
lais), elle est ironique, de même qu’à propos de sement les bords d’une pièce de métal précieux%
ceux qui présentaient de courts poèmes louan- Iv. 12831, Ncouper les marges d’un livre en reliure»
geurs ou des placets aux grands seigneurs dans (1690). Le verbe se construit également avec un
l’espoir d’obtenir de l’argent (16401. A l’époque clas- complément désignant une partie d’un être vivant
sique, le mot si@e en général ctrequêten Iv. 1260, les ongles), par exemple dans rog~~er Ie
(av. 16601, spécialement eplacet pour demander pied d’un cheval (18703, et métaphoriquement dans
une aumône3 (16903; il s’emploie familièrement au la locution rogner les griffes à gqn (1768). + Depuis
sujet d’une petite pièce littéraire sans importance le ~IP s., dans l’ancienne expression bien près ron-
@n xwe s.1et d’une nouvelle du jour, de peu d’inté- gnier les ongles à aucun ( 13581<rogner les ongles de
rêt 11676, We de Sévigné). -De nos jours, le mot très prèsn, rogwr Sign%e aretrancher mesquine-
n’est plus employé qu’avec le sens général dépré- ment à (qqn) une partie de ce qui lui revientm Il5591
ciatif de achose de rien= (16621, au propre et au fi- avec un complément désignant une chose concrète
guré (1860, Baudelaire), comme btiole, brimbo- ou abstraite; la construction indirecte roeer SUT
rion, etc. et, surtout avec le sens spécial de «menus qqch. signihant afaire de petits profits en réduisant
débris de nourriture (de viande en particulier1, ce dont on disposes (av. 1902, Zola).
restes d’un repasn (1694) et spécialement pour un b ROGNURE n. f. est attesté sous la forme latini-
plat composé des restes d’autres plats (17401. De sante ro&gwdure Km xr” s., Gloses de Raschi), puis
nos jours, avec le sens général de <résidus, restes-, rogneiire En XIII~sd, rongnure (15471 et enfin ro-
il est toujours péjoratif et dérisoire. gwre (1636). Le mot désigne ce qui se détache
-$’ voir INTERROGER, ROGATOIRE, ROGATION. ROGOMME d’une chose que l’on rogne, souvent avec la valeur
[selon P. Guiraud). péjorative de adéchetm. 41 a les mêmes emplois
spéciaux que le verbe, désignant un déchet de pa-
ROGER-BONTEMPS n. m. est l’emploi pier (16903, une parcelle limée frauduleusement au
comme nom commun de l’association du prénom pourtour d’une pièce d’or ou d’argent (18701, une
Roger et du nom ou surnom Bontemps (de bon et opération de reliure consistant à rogner les
temps, xrve S+I,La date à laquelle le mot est attesté tranches d’un livre (1875). +ROGNEUR, EUSE n.
pour la première fois, sous la forme Rogier Bon (16901, d’abord rongneur (13551, s’est dit de celui qui
tens, interdit l’interprétation longtemps donnée se- rognait frauduleusement les mondes puis a été
lon laquelle il se serait agi du surnom du poète repris pour désigner l’ouvrier chargé des opéra-
R, de CoIlerye né en 1470, joyeux viveur qui agallait tions de rognage (1845). 0 Le féminin ro@~use dé-
le bon tempsn. Aprés la forme RO&T Bon-Temps signe une machine à rogner le papier (1875) et un
(1480, René d’Anjou), on est passé à la forme sou- appareil utilisé en viticulture pour rogner les
dée (1572). plants (1968). + ROGNEMENT n. m. ( 16361, anté-
+ Le mot, désignation familière d’un personnage in- rieurement ronmement (15381, sert de substantif
souciant et jovial, s’est employé jusqu’au XIXesiècle. d’action au verbe, concurrencé par ROGNAGE
n. m. (1842). +Le nom d’action ROGNERIE n. f.
0 ROGNE n. f., réfection iv. 1220) de la forme 116081, dit spécifiquement de l’action de rogner
évoluée ruiptne (v. 1125) est issu d’un latin populaire frauduleusement les monnaies, est sorti d’usage.
Or~ne~ agales, altération sous l’tiuence du latin ~ROGNOIR n. m. (18031, d’abord “plaque de
classique To&re <<ronger* (-+ roder) du latin clas- cuivre chaude servant à rogner les chandelles>, est
sique aruneu qui désigne l’araignée I+ araignée), un autre nom d’instrument pour rogner ( 18361, spé-
sa toile, et à basse époque, l’herpès. Le mot latin ne cialement en reliure (1875). +Rogner, représenté
vit plus que dans le roumain r%. par l’élément rogne-, a servi à former ROGNE-
+Ancien nom populaire de la gale et de la teigne PIED n. m. inv. (17621, nom de l’outil du maréchal-
invétérées, le mot désigne une maladie des arbres ferrant servant à rogner la corne du sabot d’un che-
provoquée par l’humidité 115621, puis la mousse qui Val.
pousse sur le bois et le détériore ( 16761et l’excrois-
sance qui se développe sur les rameaux de l’olivier 0 ROGNER v. intr., d’abord ru@nier (XIII~s.1 at-
diminuant l’abondance de leur produit (1842). testé tardivement sous la forme rogner, (1876, Huys-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3273 ROI

mansI, certainement antérieur ré@onalement, re- incertaine dont la forme initiale suggère une pro-
lève d’un radical onomatopéique ron- exprimant le venance exotique. On a aussi évoqué la rencontre
grognement (grogner, grommeler, grorderl, très ré- de rhum* et de gomme” <sirop de sucrem - de ma-
pandu en galle-roman avec des variantes voca- nière purement hypothétique sur le témoignage
liques (normand roincep; limousin rundir). d’emplois où le mot désigne un verre d’eau-de-vie
+Rogner, terme familier pour &tre en colère, ra- bu à la santé de qqn - ou encore un doublet de ro-
ger)), est usuel dans les patois. gaton*, latin de cuisine pour rogatum <chose que
l’on demandeni selon Guiraud, auteur de cette hy-
.Le dérivéverbal ROGNONNER v.intr.C1680),az~ pothèse, le rogomme serait un pourboire bu à la
térieurement rongnww (161 II, attesté dès 1556 en santé du client généreux.
normand, est un mot expressif signifiant <ronchon-
ner (entre ses dent+. +O ROGNE n. f,, d’abord +Le sens premier du mot correspond à aliqueur
rongne MOI1 a d’abord désignb, par métonymie, la forte, eau-de-vie> dans la langue populaire. Il s’est
difkulté d’obtenir qqch., une longue discussion pé- effacé derrière l’emploi de la locution voix de ro-
nible. Longtemps usité dans la région de Lyon et de gomme (1823) avoix enrouée Id’ivrogneIm (cf. mélé-
Genève eanco-provençal) dans Za locution cher- casse) à partir duquel rogomme a pris la valeur ad-
cher flal rogne (<chercher noise>> W’O 11, le mot s’est jective de <<rauque, érailk (18611.
répandu plus tard à Paris I~D? s.3 avec une valeur b ROGOMMISTE n. m. <marchand d’eaux-de-vie
concrète, pour çaction de grogner entre ses dents*. et de liqueurs> (1788 rogomiste) et ROGOM-
On est passé au sens figuré de ~~mauvaise hurneurn, MEUX, EUSE adj. ((rauque, éraillé par l’abus d’al-
surtout dans être en rogne (1888) plus courant que cool (18471, sont sortis d’usage.
ramer. La paronymie avec gro@, de grogwr, a été
exploitée dans un discours célèbre du général 0 ROGUE adj. rage Iv. 11801, puis rogue par dis- 6)
de Gaulle. +ROGNE~~, EUSE adj., d’abord re- simîIation, est probablement emprunté à l’ancien
levé dans un texte lillois sous la forme rongneux scandinave hr&r <excès, insolence». P. Guiraud,
Nhargneuxn (18671, n’est attesté que depuis 1935 comparant urrogunt*, qui remonte au participe
IDuhamell sous la forme moderne; il caractérise présent du latin arogwe ademander avec insis-
une personne et, par métonymie, ce qui témoigne tance», suppose le représentant d’un type orogks
d’un mécontentement agressif. Ces mots sont tous dérivé de “rogkare, doublet galle-roman hypothé-
familiers. tique du latin rogiture qdemander avec insistance*,
@ voir RONCHONNER, RONFLER, RONRONNER. fréquentatif de rogure ademandern (+ interroger,
rogation, rogatoire, rogaton).
ROGNON n. m., d’abord roignon (ti xrle s.), ron- + Le mot, après avoir exprimé une notion d’agressi-
gnon (v. 1460) puis rognon (av. 16131, est issu d’un la- vité, caractérise la personne à la fois méprisante,
tin populaire “ronionem, assimilation vocalique de froide et rude Iv. 12781 et, par métonymie (15671, le
renionem, accusatif de renia =reinm, élargissement ton, la voix, l’air, les manières d’une telle personne.
du latin classique ren, rends de même sens E+ rein).
F Ni ROGUEMENT adv. (1564) ni ROGUERIE n. f.
L’italien mgnone, l’ancien proven@ renhon, rin-
(1” moitié ~VU~S., Saint-Simon) ne se sont répan-
hon, l’espagnol ti%n viennent du même étymon. dus.
+ Le mot désignait le rein de l’être humain, encore
à l’époque classique, avant d’être supplanté par 0 ROGUE n. f. est un emprunt (1723) au breton
l’emprunt médical rein. Il se rencontre aussi au rog, lui-m6me pris à un radical germanique hrogn
sens mktonymique de ahanches 61 XII~ S.I. En fka- (cf. danois et norvégien rog, allemand Roggen).
çais moderne, l’emploi de rognon s’est restreint au +Le mot désigne des œufs de morue, de hareng,
rein d’un animal, le plus souvent en cuisine, cette utilisés comme appât pour la pêche, puis (1870) des
acception étant en usage depuis l’ancien hnçais
œufs de poisson employés en cuisine.
61 XII” S.I. Par analogie, il désigne, aussi en cuisine,
les testicules d’animaux notamment dans rognon ROI n. m., d’abord sous la forme latine rex Cv. 881) o>
de coq (16901 et, par un nouveau développement puis rei (v. 980) et roi Iv. 1160), est issu du latin re-
analogique, certaines prunes, haricots et raisins de gem, accusatif de rex;, regis. Ce mot désigne le mo-
forme allongée 11701). 4 D’autres sens techniques narque qui dirige seul les a&res de l’Etat, et, pen-
procèdent d’une analogie de forme avec le rein : en dant la république, a pris la valeur péjorative de
géologie à propos d’une petite masse minérale ar- <tyran, despoteti. Il désigne également celui qui
rondie enrobée dans une roche différente (17791, en commande ou préside qqch., spécialement le
termes de pêche d’une cuiller métallique 11904, en prêtre et Jupiter, roi des dieux et des hommes. Par
arts décoratifs d’une petite table de style Louis XV extension, re3t se dit familièrement de toute per-
(xx” S.I. sonne riche et puissante, d’où chez Horace reges
F Le dérivé ROGNONNADE n. f. (19381, designe la pour 4es richesn. Le nom indoeuropéen “rëg- est un
longe de veau que l’on fait cuire avec le rognon en- de ces mots de la langue politique et religieuse qui
veloppé de sa graisse, et rappelle le provençal ron- se trouvent à la fois à l’est (indo-iranien) et à l’ouest
honada «longe de mouton>> dérivé de ronhon at- litalo-celtique) de kire indoeuropéenne. Sous
testé dès le XVI~ siècle. forme verbale (en latin, regere -+ régir), la racine
n’appardt que dans Hnde védique : r&@, et se-
ROGOMME n. m., d’abord roguvn (17001, rô- condairement r&uti 4 rè~e~~. Sous forme nomi-
gomme (17351, rogome (18231, est un mot d’origine nale, avec valeur de nom d’agent, “rëg- est surtout
_.~-.~-- ROI
Les noms du

cl
latin
-. rex, regis ancien français _ .-.~~. -.-.
<<roi (celui qui trace rei, roi
p-j
la voie a suivre) »
roitel ~’ - roitelet

real, roial -~ royal et dérivés

l
realté, roialté - ~ - royauté
I
anglais royalty -- royalties

regina -~-

regimen I- ancien français rejame, roiame


\ L- croisement avec roial ~.~- royaume
\ ~ ~-~ ~ ~ ..~ ~ régi me
\
bas latin
---~ ~- .~ -- régiment
reg i mentum
racine
indoeuropéenne
“REG- regete _~ ~- régir et dérivés
dcroi >#

participe présent repens, repentis - ~- régent


\
regio --région et dérivés

\
regnare - ~~~- régner

regalis ~-~ ~~~-- régalien

reg icida (latin scolastique) - ~~ -~ ~ -~- ~ ~ Ggicide


adj. et n.
1
regicidium (latin médiéval) ~.~ ~~ regicide
n. m.

l
.-
sanskrit
0-i*
raja /
hindoustani raja - - -- -- portugais ~ _ raja, rajah
l latin
genus, generis ~-
voir schéma PATERNITÉ

voir article GENE

anglais
king
f.(roi n

allemand
Ktinig

ccroi, souverain >>

b- basilikos ~~royal~~
‘i\
\\
basilikê --- latin basilica basilique
l\,
\
s

basilikon
(( plante -bas latin basilicum ~ basi lit
(plante)
royale B’

basi lit
I-- ---~- basi liskos (<petit roi a> latin basil iscus
(animal)
ROI 3276 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

représenté dans le second terme de composés ; rüj- spirituelle indiscutable, d’abord seul sous la forme
n’est courant en sanskrit que dans cette position : rex et reis Iv. 980) en parlant de Jésus-Christ, mes-
sam-ri+ uroi suprême>> ; au simple, la forme usuelle sie annoncé par les prophètes, puis en emploi dé-
est r&n- avec le féminin &G *reinen I+ rajah). Le terminé : roi céleste 110501, Rot des Rois Iv. 11751, cal-
gaulois a de même beaucoup de noms propres que de l’hébreu, livres des Rois Cv.11701,roi des Juifs
composés du type de Dumno-r-ix, cf. le nom Vercin- h~i01, roi du ciel (1553). L’appellation Christ-Roi
gétodx, et le groupe germanique, par le celtique vient d’une fête instituée en 19.25par Pie XI. 0 Par
rix, a un adjectif si@&& =puissant» I+ riche). Tou- analogie, roi se dit poétiquement de souverajns de
tefois, le védique n’ignore pas le nom singulier kt la mythologie antique, tels que roi des dieux
groin qui a pour correspondant le latin re3t et l’irlan- (av. 17411, roi des enfers (1875). -Le mot est pris fi-
dais lz: Il est naturel de penser que rex appartient gurément comme symbole de la puissance et du
au groupe de regere (-, régir) comme dux <<chefa bonheur attachés & l’exercice du pouvoir souverain
(d’où l’italien duce) au groupe de ducere I+ duire ; lfm XTV~s.1,dans des locutions comme moxeau de
conduire, etc.). L’emploi de ces thèmes-racines roi (16781, plaisir de roi (16901, parler en roi (1694) et
pour désigner les agents étant exceptionnel, on vivre en roi, ces deux dernières sorties d’usage,
doit être en présence de l’un des archaïsmes pro- alors que heureux comme un roi est resté usuel, de
venant des langues périphériques du domaine in- même que le roi n’est pas son cousin 11685; 1595
doeuropéen. Rex est probablement apparenté à di- mon cousin). + Concrètement, il se dit d’une figure
recti C+ direction, droite), sa valeur originelle en représentant ou évoquant la personne d’un mo-
latin correspondant au grand prêtre qui défmit narque, d’abord aux échecs, d’où échec au roi
l’axe de séparation entre sacré et profane, société Iv. 11751, puis aussi aux cartes ( 1665). En astrono-
et nature (Benveniste). mie, les tro;Gsrots (1752) s’applique aux trois étoiles
+ Dés les premiers textes, le mot se dit en général dessinant le baudrier d’Orion et où l’on voyait les fi-
du souverain qui, par droit héréditaire ou plus ra- gures des rois mages. 4 En emploi absolu, le mot
rement par suite d’une élection, est investi à vie s’applique au souverain du pays dans lequel on se
des pouvoirs de chef d’État; il est quelquefois ac- trouve ou dont il est question I~II” s.), seul et dans de
compagné d’une détermination comme dans roi de nombreuses locutions telles le feu roi En xv” s.1,la
théûtre (1671) ou roi en peinture (16901 flsouverain maison... du roi (16061,le roi est mort, vive le roi,
sans autorité~~, expressions disparues. Il s’est em- phrase exprimant la continuité du pouvoir. ~Plu-
ployé en fonction d’adjectif dans la locution roi vrai- sieurs expressions emploient le mot comme sym-
ment roi ( 1669) en parlant de celui qui exerce effec- bole de légalité et marque de l’autorité officielle ;
tivement tous ses pouvoirs. 0 À l’époque classique, depuis la chute de l’Ancien Régime elles sont sor-
et depuis le XIII~s., le mot s’écrit parfois roy, graphie ties d’usage : ce sont par exemple de par le roi, in-
reprise par archaïsme aux XIX~ et ti siècles. 0 Par jonction juridique remplacée après la Révolution
extension, peuple roi s’est dit Wï’531 du peuple ro- par au nom de lu loi, gens du roi ( 15491,coffres du roi
main qui, sous la république, restait le maître de (16271,main du roi (16941, taux du roi (16901, deniers
tous les pouvoir5 qu’il conférait à ses magistrats. du roi ( 1798). - L’emploi spécial de roi comme nom
* Roi, nanti d’un déterminant, s’emploie dans de d’une couleur rappelant celle des armes des rois
nombreux noms et titres de monarques parti- de France s’est réalisé dans le syntagme couleur de
culiers : dans la locution figurée ancienne c’est la rot 115431 qui a laissé place à bleu de roi 116903, de
cour du roi Pétaud I:16III, (c’est l’anarchie et tout le nos jours abrégé en bleu roi (déb. xx’ S.I. 0 En vertu
monde veut commander>> (-+ petaudière), dans de l’essence divine de la royauté absolue d’ancien
Grand Roi et Roi-Soleil En XVII~s.1 désignant régime, en France, le mot est spécialement pris
Louis XlV. La locution figurée travailler pour le roi comme symbole de l’autorité spirituelle émanant
de muSse, répandue au moment de la paix de 1748, de la personne du souverain, dit Roy T’rks-Chrétien
alors que la France semblait avoir œuvré pour la (1606) dans les appellations ordre du roi, au pltiel
Prusse, existait dès le début du XVIII~s. en parlant les ordres du roi (16111. 4Après la Révolution et
de mercenaires ou d’agents du roi de Prusse fort l’Empire, époques où le mot prend des connota-
mal payés. + Quant à la dénomination Rois mages tions négatives, la Restauration lui donne de nou-
C+ mages), qui pardt très tardive (attestée en 18931, veaux emplois officiels et courants. La locution être
elle a en partie remplacé les trois rois Km XII~s.1et plus royaMe Fe le roi apparaît alors (1816, Cha-
les Rois En xve S.I. La célébration de l’épiphanie* a teaubriand). Roi constitutionnel est attesté plus
donné lieu aux expressions feste des trois Rois tard (18931.
(XIV~s.1 puis fête des Rok (fin xv” s.1 ou jour des Rois Par extension, roi désigne une personne exerçant
115641,gûteuu des Rois (1553) et galette des Rois un pouvoir suprême conventionnel dans une col-
Id s.1, ainsi que faire les Rois (l68Ol, tirer les rois lectivité (cf. aussi ci-dessus, roi de lu ftiel; ainsi, au
(1615)le mot prenant alors la valeur extensive trai- moyen âge, il a servi de titre aux officiers ayant juri-
tée ci-dessous. Dans le même contexte, on appelait diction sur certains groupes de personnes (roi des
roi de la féve Cl5491celui qui avait trouvé la fève ribauds v. 1278, roi des merciers 1467); sous l’Ancien
dans le gâteau ; cette expression était usitée anté- Régime, ce fut le titre des chefs des corporations
rieurement à propos d’un roi faible et sans autorité jouissant de privilèges publics ( 1338) et des chefs de
(v. 14501; la phrase exclamative le roi boit! @in certaines institutions (1469, roi de lu basoche). Le
XVI~s.1saluait le moment où le roi de la fève buvait. titre de roi de Hune 11628)désignait en argot le
+ Dès l’origine, la langue religieuse emploie le mot chef d’une association de mendiants et de gueux
pour désigner celui qui exerce une souveraineté importante au xve siècle. En termes d’antiquité, la
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3277 RÔLE

locution roi du festin 116901 sert à désigner le Ce mot, diminutif du latin classique rota (-, roue)
convive choisi pour présider un repas romain. Le apetite roueB, désigne un rouleau, une feuille rou-
titre d’archonte roi (1866) est attribué au second des lée portant un écrit (v. 7511 et spécialement, dans la
neuf archontes d’Athènes chargé des fonctions re- langue adroinistrative et juridique, un registre
ligieuses. +Selon un développement analogue à d’actes, une liste, un rouleau faisant part d’un dé-
celui du latin rex, roi se dit au figuré, dès l’ancien cès et implorant des prières pour l’âme du di\funt
tiançais, d’un personnage dont l’autorité s’exerce (v. 964. L’idée de déroulement se retrouve dans le
sans contestation @n me s.), souvent adjectivement latin volumen (b volume), de volwe. Par une autre
@n XII~s.l. 11est employé à propos d’une personne spécialisation, rota désigne déjà le texte que doit
qui surpasse toutes les autres de même catégorie apprendre un acteur de théâtre. L’ancien proven-
ou jouît de la prééminence dans sa sphère d’acti- çal role, rolle, etc. crouleau, écrit, et l’espagnol
vité ti XII~s.), quelquefois par ironie (fin xwe s.1, ce rolde acercle de personnesu sont également issus
qui explique la valeur des nombreux noms de fa- du latin rotules; l’italien ruolo &stem et l’espagnol
mille Roi, Roy, Leroy (ainsi que Rey, occitan et roi viennent du français.
fkanco-provençal). + La locution le roi de la nature +Le sens initial de afeuillet, recueil portant une
4’hommen (1667) et l’emploi adjectif (16901, par liste de personnes ou de choses appartenant à une
exemple dans la locution proverbiale au royaume même classe» est sorti d’usage après le xwe s. sauf
des aveugles, les borgnes sont rois (16901, relèvent dans des emplois spéciaux. C’était une extension
du même sémantisme. Cette valeur est reprise au métonymique de la première acception erouleau
mf s. par calque de l’anglo-américain ding, pour de parchemin, de papiera (XIII~s.1 qui ne subsiste
aindustriel le plus important (dans un domaine)* (le qu’en archéologie médiévale et en paléographie.
roi du pétrole, de 1‘acier, etc.). * À partir du XVI~s., se 0 D’autres extensions sont usitées dans le langage
manifeste un dernier groupe d’emplois dans les-
administratif et juridique : rôle désigne la feuille ou
quels roi se dit d’un animal ou d’une chose se dis-
le registre sur lesquels on transcrivtit certains
tinguant par sa puissance ou l’éminence de cer-
actes ou certains titres Iv. 13901, spécialement le
taines qualités : roi des cailles (15471 <râle des
feuillet écrit recto verso d’un acte notarié, d’un ca-
genêts», semble inaugurer une série de désigna-
hier des charges ( 16901, et enfin, les registres ma-
tions d’animaux comme roi des rougets 118701,roi
nuscrits des actes du Parlement anglais (1870).
des gobe-mouches, roi des harengs (1875). La langue
- C’est du sens juridique de wegistre sur lequel les
poétique classique emploie roi des oiseaux Cl6941
aaigle, puis apaonm ( 1770) et roi des animuu3c (1668, affaires sont inscrites dans l’ordre où elles doivent
La Fontaine) &onx. - Roi s’applique poétiquement être plaidées devant un tribunal* 114541 que vient la
aussi à une chose abstraite qui semble disposer locution usuelle à tour de r6le (1636) d’abord à son
d’un pouvoir absolu (av. 16131,y compris en emploi tour de rolle (14541, qui était passée dans l’usage
adjectif (18751, et à une chose concrète qui est la commun (av. 14931, alors que les expressions rôle
plus réputée dans sa catégorie Cdéb. XX~s.1,Les al- général, rôle pwticulier Il7991 sont restées jti-
chimistes s’en sont servi pour désigner le soufre et diques. Le mot s’est spécialisé aussi en législation
l’or colloïdal (17211, les minéralogistes ont appelé fmancière (XVI~s.1 pour désigner le cahier qui, dans
l’or roi des métuux (av. 18141. hns le langage poé- chaque commune, porte le nom des individus as-
tique, le chêne a reçu le titre de roi des arbres ou sujettis à certains impôts et le montant de leur coti-
des forêts (v. 1800). Voir aussi le schéma les noms du sation individuelle. 0 En droit maritime, il désigne
roi pp. 3274-3275. (1728) la liste des personnes qui composent l’équi-
b ROITELET n. m., attesté une fois en 1180 selon page d’un navire et, éventuellement, de celles qui
Wartburg (a tort selon T. L. F.), repris au XIVes., est sont à bord comme passagers, plus spécialement
le diminutif de l’ancien fiançais raitel Iv. I 1381, roi- une liste distribuant les membres de l’équipage
tel Cti XII~s.1, roitel Km XIV” s.1,aroi d’un petit État>>, dans les différents services (18701. - Dès les pre-
lui-même diminutif de roi. Dès sa première attesta- miers textes, le mot a repris du latin le sens figuré
tion, puis de nouveau à partir de 1559, le mot dé- de *fonction propre à une personne dans la so-
signe un tout petit passereau chanteur. +Il s’em- ciété» (v. 1196, servait au rok d’escuierl, ahmlisé
ploie quelquefois ironiquement ti xrve s., reytelet) dans les locutions jouer son rôle *assumer son r6le
pour un souverain peu puissant, parfois comme dé- de manière satisfaisanten (v. 1550, Ronsard) jouer
signation familière d’un roi de petite taille (v. 1550) un roule *agir sur les événements+ (16711, faire un
et d’un très jeune roi (1875). rôle (16771 étant sorti d’usage au XVIII~ s., toutes sur-
VICE-ROI n. m. (14661, d’abord vige-roy (14631, tir- déterminées par la spécialisation du mot au
roy 114631, désigne le délégué direct d’une puis- théâtre (ci-dessous). +Par extension, rôle se dit des
sance royale. 0On en a dérivé VICE-ROYAUTÉ attributions d’un objet (concret ou abstrait) à l’inté-
n. f. ( 1680). - INTERROI n. m. (apr. 13503 a désigné freur d’un ensemble, sens précoce (v. 1268) mais
le magistrat chargé de gouverner pendant l’inter- qui ne semble s’être répandu qu’au &, la locution
règne. jouer son rôle, en parlant d’une chose, étant déjà at-
@ Voit- REGAL, RÉGALIEN, F&GlZNCE. RÉGICIDE. RÉGIR, testée au XVIII~s. (1778). +La spécialisation du mot
MGNE, REINE. ROYAL, ROYAUME. ROYAUTÉ. au théâtre date du XVI~s., rôle désignant la partie
d’une œuvre dramatique correspondant aux pa-
* 0 RÔLE n. m., d’abord écrit rolle Cv.1180) et roles d’un personnage (1580) et 11538) le person-
rok kwe sJ, également roole et roolle du ti au nage tel que le joue et le conçoit le comédien qui le
me s., puis rôle (xvrr” s.), est issu du latin médi&al représente. Ce sens donne lieu à des locutions du
rotulus, attesté quelquefois dans la basse latinité. métier comme jouer un &Je ( 16631, créer un rôle
RÔLE 3278 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

117981,J’esprit du rôle (17981,ultérieurement prise (19701, rouleau à pâtisserie, rouleau essoreur


de rôle (19751, rde de composition (19641.=+Rôle se iv. 19501. Le mot désigne notamment un morceau
dit couramment de la conduite d’une personne, de bois cylindrique que l’on glisse sous les objets
par allusion au comportement d’un acteur, d’un très lourds pour les déplacer plus facilement
personnage sur scène Cl5801; de là au XX~s. la lo- (xv” s.3,un instrument servant à briser les mottes de
cution avoir, tenir le beau rôle (1927) ccapparaltre à terre (1606), d’oti rouleau compressezw (1878) appli-
son avantage%. De ce sens procède la spécialisation qué par métonymie à un engin muni d’un tel rou-
en psychologie sociale 119681pour asystème d’obli- leau et qui, en 1914, a été appliquée par figure aux
gations et de droits déterminant l’ensemble des armées russes, par allusion à leur nombre et à leur
comportements d’une personne légitimement at- puissance supposée. 0 Le mot sert également à dé-
tendus par les autres=. signer un instrument exerçant une pression cir-
›R~LET OU ROLLET II.~., d’abord &et CV. 1220) culaire en imprimerie (1870), en peinture et, au plu-
puis rollet (v, 1278) et rôlet ti me s.1, diminutif de riel rouleau, un instrument de culture physique
rôle, a désigné un petit rouleau ou feuillet de papier triturant. -Son emploi pour désigner un objet cy-
sur lequel on écrit un texte; c’est de ce sens que lindrique destiné à recevoir ce qui s’enroule parti-
viennent les locutions être au bout de 3072rôlet <<ne cipe d’un croisement des sens de ({petite roueB et
plus savoir que dire, que fairem (déb. xwe s.), sortie de apetit rôle (liste)>>sans qu’il soit aisé de démêler
d’usage (cf. ci-dessous rouleaul, et ce n’est pas k les influences des deux mots (rôle et roue); en ma-
mon r&et, allusion savante (19%) à la Farce du rine, il désigne un cylindre de bois dur facilita& les
Cuvier du xv” s. dans laquelle un mari débonnaire mouvements des câbles ou amarres (18831,spécia-
doit exécuter tous les travaux domestiques que sa lement dans rouleau de cabestan 119041,voile à rou-
femme a inscrit sur un r6let et qui, lorsque sa leau (19641; en tissage, il se dit d’un cylindre em-
femme, tombée un jour dans un cuvier, l’appelle à ployé dans la fabrication des tissus (18753 d’où
son secours, se contente de répéter : ce n’est pas rouleau presseur, rouleau d’appel. Eh sports, il se dit
sur mon rôle& jusqu’à ce qu’il ait obtenu la pro- d’un cylindre protecteur tournant librement,
messe de n’être plus tyrannisé. 0 Le sens de apetit adapté à la roue arrière d’une moto dans les
rôle joué sur scène ou dans la société* 11535, roulet, courses (19021. de dérivé de rouleau, ROU-
fm XVI~s. rôlet) est sorti d’usage. + Du sens de arou- LEAUTÉ, ÉE adj. <façonné en bourreletti, comme
leaw, spécialement crouleau de draps Ixv”s.3 est terme de tailleur ( 18191, a été refait en ROU-
issu le dérivé féminin ROLETTE ou ROLLETTE LOTT&, ÉE (19331 sous l’influence de roulotier v. tr.
n. f., qui a gardé une graphie archaïque et désigne dérivé de rouler” qui a lui-même pris d’après rou-
un fil de lin fabriqué à Ypres et à Courtrai aux XVII” beauté le sens d’ccenrouler tiement le bord d’un pa-
et XVI# siècles. pier, d’un tissus 119323. RouZotG est substantivé
ROULEAU n. m. est l’autre dérivé diminutif de pour désigner un petit ourlet roulé 11933). + À son
rôle, d’abord rollel ( 13 151 puis roliel ( 13281, roolleau tour, le verbe a produit ROULOTTEUSE n. f. (19701,
(déb. xv” s.1 et rouleau (1430). Le mot est probable- également écrit rouboteuse et rouleuutewe cou-
ment croisé avec l’ancien français ruele (v. Il 191, vrière spécialisée dans cette opération>.
roele Iti XII~s.), puis rouelle” Iv. 1450) qui est proche ROULON n. m., d’abord roiloun Iv. 1280)puis roul-
par le sens et par la forme. *Le mot désigne 10~1(xv” s-1et roulon (l68O), a désigné un barreau de
d’abord une bande enroulée en cylindre allongé bois cylindrique qui entrait dans la fabrication des
(13151, spécialement le rouleau portant un écrit râteliers, ridelles, échelles; puis un petit balustre
Iv. 13601, par exemple la bande à demi déroulée qui des bancs d’église (16941.
sort de la bouche d’un personnage dans certaines 0 RQLE n. m. d’abord roole (xv” s.1, est le même
représentations au moyen âge @m xve s-1, ainsi mot que 0 rôle* issu du bas latin rotulus <<petite
nommée d’après le mot grec qui a donné phylac- roue, cylindren en emploi concret. 0 Le mot,
tke. De là vient la locution être au bout du rouleau, d’usage technique, a désigné un rouleau, spéciale-
de son rouleau (18351, employée avec un sens figuré ment un rondin de bois pour le chauffage. Il dé-
voisin de être au bout de soit rôlet «avoir épuisé signe encore la corde de feuilles de tabac torsa-
toutes les ressources)>, spécialement Gtre à bout de dées, enveloppée de la feuille appelée robe (1681).
force+ ( 1923). +Ultérieurement, le mot désigne +Le dérivé RÔLEUR, EUSE n. (1762, ihydopé-
une serviette en cuir qu’on peut rouler et dans la- die), désignant l’ouvrier qui fait les rôles de tabac,
quelle on range des partitions de musique (1904. et R&AGE n. m. ( 18321, nom de l’opération par la-
+Par extension, rouleau désigne le cylindre formé quelle on met le tabac en rôles, sont des termes
par une chose enroulée, une forme cylindrique ; en techniques.
orfèvrerie, il désigne un vase ou une fiole de forme Le verbe composé Cparasynthétiquel ENRÔLER
cylindrique Idéb. xv” s., repris comme terme tech- v. tr., réfection (1464) d’après rôle de enrolier
nique), puis une boucle de cheveux (18431, une Iv. ~MI), avec la Va&nte enrouler (XIII~ s.1, homo-
grosse lame qui se brise sur la plage (1910). En nyme de enrouler*, a d’abord si@é afaire entrer
sports, par adaptation de l’angkis roll (19 12 western Iqqch.) dans les rôles}) avant de se spécialiser pour
roll), rouleau désigne une technique de saut en Gnscrire sur un rôle* kme s.1, notamment <sur les
hauteur. 4’inG1ence de rouler*, enrouler est en- rôles de l’arméen (déb. XVI” s.), et, par analogie, 45
core plus sensible dans une série d’emplois appa- lier (qqn) à un groupe, un partim 11553).La forme
rus à partir du XIV~ s. ; rouleau se dit d’un cylindre pronominale s’enrôler prend au XVII~s. les sens cor-
destiné à être roulé (1328) et dont l’usage est pré- respondants de use faire inscrire sur les rôles d’une
cisé dans des syntagmes comme rouleau à encrer arméen (1636) et <se faire mer à un groupement*
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3279 ROMAINE

(1690). +Le dérivé ENRbLEMENT Km. (1559), dans les locutions le dernier des Romains 11835) WII
d’abord SOUS la fortne altérée enroulement (1285k a homme d’une hauteur morale digne des Ancierw,
suivi le même développement que le verbe ; depuis sorti d’usage, et un travail de Romain (1907) aun ~III-
<action d’enregistrer des personnesm, il passe à flac- mense travtil; un travail intense et grandiose». Fu-
tion d’enrôler ou de s’enrôler dans I’arméen (1559) retière (1690) répertorie l’expression beuuk ro-
et désigne par métonymie l’acte certtiant cette iris- maine et, dans d’autres domaines, chiffres romains
cription (17281. Par analogie, il se dit péjorative- (attesté en 16761 opposé à chifies arabes, et droit
ment du fait d’amener qqn à s’&lUier à un groupe- romain ( 1657).
ment, un parti (xx” s.l. +ENRÔLEUR, EUSE n. wL’appellation laitue romuiw (15701, de nos jours
(1660) s’est dit sous l’Ancien Régime, au masculin, 0 ROMAINE n. f. ! 18001, est due au fait que cette
de celui qui enrôlait les recrues (cf. recruteur). salade passait pour avoir été introduite par Bureau
+ENRÔLÉ, le participe passé de enrôler, est ad- de laRivière, chambellan de Charles V et de
jectivé kvre s.) et substantivé Kn XVII~s.) en parlant Charles VI, qui l’aurait apportée d’Avignon, où sié-
de celui qui est inscrit sur les rôles de l’armée. geait alors la cour pontficale. C’est à cette laitue
0 voir CONTRBEER,ROl-uLE. *papalen que fait allusion la locution populaire bon
comme la romaine (1915), qui se dit d’une personne
ROLLMOPS n. m. inv. est l’emprunt 11923) de d’une bonté à toute épreuve, puis d’une personne
l’allemand Rollmops (peu avant 1878 à Berlin) qui qui se trouve dans une situation fatale, par ren-
désigne un hareng mariné dont on a enlevé les forcement d’un sens populaire de bon I&re bon)
arêtes en le fendant, enroulé autour d’un corni- Ndup& Sa motivation est à chercher dans le cri des
chon. Le premier élément représente le verbe roi- marchands des quatre-saisons C&lle est bonne, ma
len, du moyen haut allemand rollen, lui-même em- romaine !4.
prunté (comme l’anglais to roll) à l’ancien fiançais Les dérivés sont formés savamment sur le radical
roWer, kançais rouler”. L’élément mops n’est pas latin. 0 ROMANISTE n. 11535) a désigné le parti-
expliqué (l’allemand a Mops Mpetit chien>, sans san du pape dans le langage des autres confessions
qu’on voie le rapport ; on peut toutefois songer à chrétiennes. Il se dit du spécialiste du droit romain
une métaphore analogue à celle de bot &g, litté- (1870). 0 Le pluriel romanistes, spécialisé en his-
ralement -chien chaudn, en anglais). toire de l’art, se dît (1876) des peintres flamands du
XVI~s. qui avaient travaillé à Rome et imitaient les
0 ROMAIN, AINE n. et adj. est emprunté maîtres de la Renaissance italienne. Un homo-
(1080 comme nom) au latin romanus ade Rome%, nyme, en linguistique, est tiré de roman”. + ROMA-
employé avec une valeur caractérisante dans l’ex- NISER v. (15661, a d’abord eu le sens intransitif de
pression romano more (& la mode romainen), c’est- Kparler la langue latines, avant de se dire en reli-
à-dire &anchement, nettementn et, à basse épo- gion pour «embraxser la foi de l’Église romaines
que, pour ade l’Église romaine». Cet adjectif est 11683, Bossuet); ces acceptions ont disparu. Depuis
substantivé comme nom ethnique du peuple ro- le xk s., le verbe s’emploie transitivement pour
main IRomani pluriel, Romanus singulier collectif) adonner un caractère romah, h-nposer la langue,
et, particulièrement, de l’habitant Romanus, Ro- les mœurs, les coutumes des Romains* (18331, spé-
mana au féminin). Le mot est dérivé de Borna cialement en religion Nconduire (qqn3 aux dogmes
*Rome)>, nom probablement d’origine étrusque. de 1’Eglise romaine)} (1874). En linguistique, il signi-
+ Romain est repris comme nom ethnique pour dé- fie 4ranscrire en caractères romairw (18701. + En
signer l’habitant de la Rome antique, ville et em- sont dérivés @ ROMANISANT, ANTE adj. (1875) à
pire kwe s.), puis aussi de la Rome moderne, après propos des tendances d’un culte schismatique (cf. à
la chute de l’Empire romain (v. 13801,l’adjectifqua- l’art. roman l’homonyme), et ROMANISATION n. f.
11894) qui désigne l’extension de la culture et de la
Mant d’abord (ti XII~ s.) ce qui est relatif à la Rome
moderne, siège de 1’Eglise catholique. D’autres em- civilisation romaine en même temps que le fait de
rOmaniSer une éCritut+e (1931). +ROMANISME
plois concernent la Rome moderne : dès les pre-
n. m., dériv6 savant de romain Ifm XWI~ s.), a dé-
mières attestations, romain qutie, en religion, ce
signé la manière d’agir à la romaine puis la doc-
qui est du ressort du Saint-Siège, entrant ultérieu-
rement dans les syntagmes Eglke romaine 11688, trine de l’Église romaine dans le langage des autres
confessions (1857). + ROMANITÉ n. f. est emprunté
chez Bossuet), Église catholique, apostolique et I-O-
(1851) au bas latin romanitas, -utis ales coutumes
maire ( 16571,UtUrgie romaine, etc. + Les extensions
romaines), dérivé du latin classique romanus.
de sens se rapportent à la Rome antique : Romain
@ Voir @ ROMAINJZ, ROMAN, ROMANCE. ROMANTIQUE.
s’est spécialisé en imprimerie pour désigner ( 15%)
et, dans caractères romains (17231, qualifier un type 0 ROMAINE adj. et n. f. est l’altération
de caractères inventé vers 1466 par l’imprimeur Iv. 1450) d’après 0 romain”, de rommune 114001,
Jenson, Français établi en Italie, en référence à l’al- roumune, encore au xwe s., avec un masculin rom-
phabet latin et par opposition à italique. 0 L’accep- mun krve s.) ~~balance composée d’un fléau dissy-
tion morale “qui rappelle les vertus légendaires métrique reposant sur un couteau soutenu par un
des anciens Romains de la Républiquen s’est ré- anneau tenu à la main>> et c(pesonn. Le mot est d’ori-
pandue au ~11’s. sous l’inkence de Corneille gine arabe, rummünu <grenade, ayant servi (par
(chez qui elle appartit en 1640) et déjà de Mon- analogie de formel à désigner un peson. L’ancien
taigne. Cette valeur inspire la locution ;i la rom&e provençal romunu, qui a les deux sens de NbalanceB
(av. 1696, La Bruyère) enregistrée par Furetière au et =pesorw, et l’espagnol romunu ont pu servir d’in-
sens d’& la mode romaine». Le mot se retrouve termédiaire entre l’arabe et le français.
ROMAN 3280 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot, employé seul ou dans balance romaine, aussi au XX~s., roman noir ou gothique appliqué à
désigne le même type de balance qu’en arabe. Il est un type de récit effrayant de la fin du XVIII~ s. et du
spontanément rattaché à romain, adj. préromantisme, roman noir à propos d’un type de
récit policier (ou plutôt crkninel~ violent, jusqu’au
+k 0 ROMAN n. m., d’abord romanz Iv. 1135) nouveau 7”omun (10 juillet 1967) qui désigne une
puis roman En XII~s-1,est issu d’un latin populaire tendance littértie de la seconde moitié du XX~ s.,
O~omanice, adverbe tiré de Romanus C+ romain) et caractérisée par son refus du roman narratif et
signihnt ke s.1 aen langue populaire, naturelles, psychologique traditionnel. Plusieurs donnent lieu
par opposition à aen latinn, puis employé par la à de véritables noms composés comme roman-
suite en opposition aux mœurs et à la langue des fewYZeton (1850, Nerval), et au me s. roman-ciné
Francs, considérés comme barbares. ( 1929) inversé de nos jours en ciné-roman, roman-
+ Le mot s’applique d’abord à la langue alors parlée fleuve ( 1930) et roman-photo (v. 19501, auxquels
dans la partie Nord de la France EV.11351, langue viennent s’ajouter de nombreux composés occa-
vernadaire opposée au latin qui était la langue sionnels (voir vérité pour roman-vérité). + Du sens
écrite et savante, et au germanique des Francs qu’avait pris le mot au XVII~s., vient la valeur de ro-
(francique) appelé thiois en moyen français. Roman rnun comme synonyme de &imère, fable, suite
se dit en philologie (16901de l’état de la langue que d’événements extraordinaires digne d’un roman»
l’on suppose avoir été intermédiaire entre le bas la- 11656) ; il se dit d’un tissu d’idées fausses (av. 16541,
tin populaire et l’ancien français. Ukrieurement, d’un assemblage de faits dénués de vraisemblance
des linguistes ont nommé pré-roman n. m. le latin et inventés (16561, d’une aventure amoureuse pas-
wulgairea parlé en Gaule et roman a été étendu à sionnée et exaltée (1659, Molière), sens toujours vi-
la langue latine populaire parlée dans l’ensemble vants, rapportés au roman moderne, mais qui réac-
des pays romanisés (la Remania), et à l’ensemble tivent la conception romanesque médiévale et
des langues romanes entre le ve et le x” s. 11870); ce classique. 0 La locution roman familial Cl9751 tra-
dernier emploi est abandonné en linguistique. duit l’allemand Fumilknromun défmi par Freud
+Par extension, le mot désigne simultanément dans un article datant de 1909 (et annoncé plus tôt).
(v. 1140) un récit en vers français (en roman) et non 0 Le composé ANTIROMAN n. m. (1948, Sartre)
en latin, adapté des légendes de la littérature la- s’applique à un récit qui se présente comme un ro-
tine, puis celte Ile roi Artus, le Graal), et aussi ger- man tout en contrevenant aux règles tradition-
manique, légendes où dominent les aventures fa- nelles du genre.
buleuses et galantes. Le premier type de récit, L’adjectivation de roman, @ ROMAN, ANE, adj.,
appelé aujourd’hui roman antique par les spécia- est relevée en 1596 puis dans l’Encyclopédie ( 17651
listes, constitue une transition entre l’épopée et le pour qualifier la langue vernaculaire - assez théo-
roman courtois. Depuis le XII~s., roman se dit d’un rique - parlée entre le v” et le xe s. dans l’ensemble
récit en vers contant des aventures merveilleuses, de la Remania et, par extension, ce qui a trait à
les amours de héros imaginaires ou idéalisés cette langue, ce qui est écrit en cette langue. Cet
(v. 1160) puis s’applique au même type narratif en emploi a évincé le synonyme romance (langue ro-
prose (Xnp s.l. Ce sens, historiquement daté (les his- mance, 16711. Roman qualse par extension la
toriens de la littérature parlent de romans courtois, langue d’oc 118081, emploi disparu, et les différentes
de Tomuns de chwalerte), se prolonge jusqu’au langues vivantes issues du latin (18631 en concur-
XVII~s., où l’on nomme encore romalzs des poèmes rence avec langues ho-latines, qui a vieilli. Il s’ap-
relatant des aventures fabuleuses. Cependant, dès plique aussi à ce qui est relatif aux peuples conquis
le xvle s., le mot répond en partie à sa dékition mo- et civilisés par Rome En XIX~ s.1.Voir l’encadré Les
derne : aœuvre d’imagination en prose, assez htgues romanes pages suivantes.
longue, qui fait vivre dans un milieu des person- La spécialisation du mot en histoire de l’art médié-
nages donnés comme réels et fait connaitre leur val est attesté en 1818 dans une lettre adressée
psychologie, leur comportement, leurs aventures,. par l’archéologue normand Charles Duhérissier
Aux XVII~-XVIII~s., roman suppose un imaginaire ga- de Gerville à Auguste Le Prévost : tirée de romain
lant peu réaliste, parfois peu éloigné de la berge& par allusion à la ressemblance des styles et par in-
#Adréel ; ainsi Furetière, en qualiEant son récit de fluence de roman employé à propos du moyen âge,
roman bourgeois, fait une contradiction plaisante elle instaure une distinction à l’intérieur de ce que
(cf. aussi le Roman cornique ades comédiens*, Scar- l’on qualifWt d’art go#kque Ile roman étant nommé
ronl. 0 Ce n’est qu’au XIX~ s. que le concept mo- gothique ancien ou gothique nomtund). L’adjectif
derne se dégage, les romans français du XVIII” s. res- roman, dans ce sens, a été diffusé par l’archéologue
tant pour la plupart dans la tradition des aventures A. de Caumont (18231 puis par Hugo Notre-Dame
galantes et invraisemblables ou, par contrepied, du de Purisl, Stendhal, Mérimée, qui fut le premier ins-
récit satirique et parodique. Puis, on commence à pecteur des monuments historiques. Il s’est imposé
nommer rétrospectivement roman des œuvres qui après 1860 aux dépens de su~on, nomzund, byzan-
n’étaient pas considérées comme telles lorsqu’elles tin et lombard. Qualifiant ce qu’on pensait être un
furent écrites. Aux XIX~ et XX~s., de nombreux syn- art romain dégénéré, l’adjectif ne s’appliquait qu’à
tagmes spécifient diverses catégories de romans : l’architecture et englobait tout le haut moyen âge,
roman de mœurs (18351, roman picaresque ( 18391, alors très mal connu. 0 De nos jours, roman se dit
roman &stoluire, didactique (18751, roman expéri- de l’art et d’abord de l’architecture d’Occident, de
mental (1879; Zola), roman d’uventures 118931, ro- la fin de l’État carolingien (VIII~s.1 jusqu’à la diffu-
man psychologique (19041, roman poker (19231, et, sion de l’ogive et du style (<gothique*, cet art roman
(Suite page 32861
DE LA LANGWE FRANÇAISE LANGUES ROMANES

LES LANGUES ROMNES

On appelle langues romanes les langues qui de bellus Ncharmant, aimableD. Le français, l’ita-
continuent directement et d’une manière înin- lien, le catalan, le rhétoroman, le roumain, le
terrompue le latin parlé (ou latin populaire, latin dalmate ont hérité de mandiicare>manger e.1,
vulgaire). On distingue en g6néral onze groupes manicare (ancien ital.1, mungiar Irhétorom.1,
dans cette famille de langue se rattachant, par le menjur Icatal.1, m6ncur (rourn.1, mun& Idalm.1
latin, à la branche italique : le fran~aîs, l’italien, et de bellus>beau (fr.1,hello lital.), bell Icatal.1, bel
l’espagnol, le portugais, le catalan, l’occitan, le (rhétorom.); l’espagnol et le portugais, en re-
fknco-provençal, le rhétoroman, le roumain, le vanche, ont opté pour comëdëre>comer et pour
sarde et une langue aujourd’hui disparue, le formosus>hemzoso (esp.1, fomtoso (port.), ainsi
dalmate. Cet ensemble linguistique porte le que le roumain frumos. Quant à ëdëre, déjà me-
nom de Roman& (nous l’emploierons ici indif- nacé en latin littéraire, et à pulcher, ils ne
féremment pour l’ensemble linguistique ou ter- connaissent pas de représentants dans les
ritorial). langues romanes. Wartburg fait remarquer,
I. ORIGINE ET FORMATION DES LANGUES d’autre part, que le latin parlé, importé par les
ROMANES. classes supérieures de la société, a moins ten-
La question qui se pose, lorsqu’on étudie l’ori- dance à évoluer que lorsque la latinisation a été
gine et la formation des langues romanes, est la accomplie par le petit peuple ou les paysans.
suivante : comment peut-on expliquer la diver- Prenons comme exemple, le -s fkal, effacé,
sité de ces langues à partir d’une langue unique, semble-t-il, en latin parlé, réhabilité en latin lit-
le latin? Pour y répondre, nous examinons ci- téraire : il est tombé dans les pays occupés par
après les trois facteurs qui ont joué un rôle de- des colons d’origine paysanne, d’où latin duos
terminant dans la fragmentation linguistique de cdeuxwoumain dei, italien due mais sarde
la Remania : duos, rhétoroman dus, lançais deux, occitan et
1. Le latin parlé, un et divers (voir l’article enca- espagnol dos, portugais dous. Un autre fait vient
dré langues latines). se greffer sur les deux précédents : l’espace ro-
Nous insisterons tout d’abord sur un fait essen- man a été latinisé à différentes époques plus ou
tiel : les langues romanes ne sont pas issues di- moins profondément; en Europe de l’Est, par
rectement du latin littéraire, mais bien du latin exemple, le grec a fait obstruction à la poussée
parlé. Au ler s. cohabitaient déjà dans l’Empire du latin qui restera dans ces régions une 1a;ngue
romain le latin littéraire kermo urbanusl et le purement administrative, sauf en Illyrie et en
latin parlé Isemo rusticusl, qu’un auteur Dacie (future Roumanie). Ces trois éléments
comme Cicéron utilise dans ses écrits, étant en- concourent donc à la diverstication du latin
tendu que le latin parlé n’est pas une forme dé- parlé dans la Romania, diversscation qui s’in-
cadente du latin littéraire. Le latin parlé n’était, tenssera, bien sûr, après la chute de l’Empire
en fait, pas aussi homogène qu’on a voulu le romain.
croire. Certes, le latin littéraire, celui de la cité 2. L’action des différentes langues parlées avant
lurbsl, celui de Rome et du Latium, devient avec la conquête romaine (langue de snbstrati et
la colonisation Za langue officielle, la langue de après la conquête romaine [langue de super-
culture, celle de l’administration, des écoles, strati.
puis, plus tard, celle de la liturgie chrétienne, a) Les substrats. On appelle langue de substrat
bref, la langue qui un%e les différents peuples une langue évincée par une autre et qui laisse
occupant le territoire de l’l3mpire. Mais le latin des traces notables dans la langue qui s’est im-
parlé, un puisqu’il est celui du peuple, se diversi- posée.
fie avec les peuples (présence de régionalismes) Si historiquement, les peuples indigènes n’ont
et dans le peuple, selon les différentes couches pas eu une grande importance, leur langue, en
sociales de la population (le latin parlé du pay- revanche, a laissé plus ou moins de traces dans
san était di%rent de celui du militaire ; le patri- le latin parlé. L’action de substrat contribue à ac-
cien qui parlait devant le sénat utilisait un ni- centuer les divergences entre le latin de la
veau de langue autre que dans son milieu Gaule, celui de l’Espagne, etc.; elle se fait sentir
familial). D’où le caractère hétérogène de ce la- aussi bien au niveau phonétique, morpholo-
tin vulgaire et le choix ultérieur des pays de gique, syntaxique que lexical et sémantique.
langue romane pour tel ou tel niveau de langue. Certaines évolutions phonétiques communes à
Prenons un exemple. Le latin Nnobleu se servait quelques pays de la Romania sont attribuées au
des mots ëdëre «mangeru et pulcher abeau; substrat : osto-ombrien, au centre et au sud de
noblem, un latin moins élevé utilisait à la place l’Italie, de m&me qu’au nord-est de l’Espagne;
comëdke cmanger (avec la nuance de tout man- étrusque, dans les parlers toscans; ligure, en Ita-
gerl; dévorep et fomzosus cbeau, élégant, bien lie du Nord (Piémont, Lombardie, Émilie) et en
fait>, à côté de mandticare amâcher; mangerm et Provence ; pré-indoeuropéen (basque, par
LANGUES ROMANES DICTIONNAIRE HISTORIQUE

exemple), au nord de l’Espagne et dans les Pyr& relations de la Gaule et de 1’Hispanie avec I’Ita-
nées; ibérique et celmue, en Espagne et en Gas- lie. En interrompant les communications à l’in-
cogne ; grec, sur le pourtour méditerranéen, des térieur de la Romania, elles ont favorisé le mor-
Alpes-Mtitimes jusqu’en Andalousie ; dacique, cellement de l’espace linguistique. On trouvera
en Roumanie. C’est toutefois le substrat gaulois des éléments germaniques dans les différentes
qui a eu la plus forte influence dans la Romania. parties de la Romania : ostrogothiques, en Italie,
Un lui attribue le passage de u... loti à ü lu1 qui a wisigothiques, dans le sud-ouest de la France et
eu lieu en hnçais mais aussi dans les parlers en Espagne; longobardes, en Italie; franciques,
de l’Italie du Nord et dans certaines parties du au nord de la France. C’est certainement sur le
Portugal comme, par exemple, latin murus territoire de la Gaule que le superstrat germa-
arnurm > kanFais mur Vm ü &, rhétoroman mür, nique UYancique) eut le plus d’incidence : il ac-
au contraire d’espagnol, italien muro C/m u r o/l, centue et ke la fkontière linguistique entre la
[prononcés ou, comme en latin1 etc.; de même France du Nord et celle du Sud; il scinde l’es-
que celui de -ct- à -it-, comme, par exemple, la- pace normanno-picard en deux zones. La
tin factum > français fuit. Ces changements pho- longue période de bilinguisme roman/germa-
nétiques différencient, dans une large mesure, nique contribue par ailleurs 4 faire du tiançais
le hnçais des autres langues romanes. On es- la langue romane la plus germanisée» ICam-
time que quelques 180 mots gaulois sont passés preux, op. cit., p. 59).
en latin de la Gaule, puis en français, tels que 3. L’apport du christianisme et le rôle du clergé.
gaul. “ande-banno > fr. auvent, drüto > d?u, car- Le christianisme, qui touche vers la fm du II~ s.
rüca > charrue, etc. (voir l’article encadré Le l’ensemble de la Romania, introduit dans le latin
gaulois). des notions nouvelles, liées au dogme, à la théo-
Ces langues de substrat ne nous sont connues logie et à la morale chrétienne, notions qui
que par reconstruction à partir de quelques s’étendent parfois au-delà du domaine reli-
données onomastiques (noms de lieux et de per- gieux. L’exemple bien connu de parler est
sonnes), quelques traces dans le lexique et quel- éloquent. Le latin littéraire possédait le verbe lo-
ques attestations sous forme d’inscription. Il est, qui, le latin familier, fabulati. Le latin chrétien
dans ces conditions, difkile et périlleux de faire dérive, à partir de parubola aparabole-, le sens
la part exacte des substrats dans la formation de <<parole» et crée le verbe parubolare aparler*.
des langues <néo-latines>. Il ne faut cependant Les langues romanes les plus conservatrices (es-
pas en nier l’existence. pagnol, sarde, rhétoromanl choisissent fubulari
bl Les superstats. On entend par superstrat (d’où l’espagnol hablar) ou sa variante fubellari,
une langue qui est venue se superposer sur les autres langues parabolare. Langue de secte,
l’aire d’une autre langue, langue qui a été adop- au départ, ce latin parlé et écrit - la littérature
tée par les conquérants au détriment de la leur. chrétienne naît vers le II~ s. - devient rapide-
Tel est le cas du slave pour le roumain, de ment une alangue chrétienne», cohérente, mar-
l’arabe pour l’espagnol et des langues germa- quée par un vocabulaire particulier, une syntaxe
niques pour la majeure partie de la Remania. Le claire et un style très simple. Le but était, en ef-
superstrat slave s’est particulièrement fait sen- fet, d’atteindre les masses en utilisant un dis-
tir sur la morphologie du roumain, qui lui doit cours sans ornements kerwzo humilis1. Lorsque
quelques smxes et prékes très productifs; le l’Empire romain s’etite au v” s., la force unîka-
superstrat arabe se manifeste dans le lexique de trice que représentait l’administration romaine
l’espagnol : environ 4 000 mots, dont certains ont est remplacée par les gouvernements ecclésias-
disparu aujourd’hui, sont entrés dans les tiques. Le diocèse devient alors le noyau admi-
langues ibériques. Le superstrat germanique a nistratif autour duquel la vie sociale s’organise.
joué, quant à lui, un rôle prépondérant dans la L’influence du diocèse est renforcée par le fait
Remania. À partir du III~s., les invasions germa- que ses limites coïncident avec les zones de peu-
niques modsent insensiblement le paysage ro- plement des tribus préromanes. On a longtemps
man. C’est vers le ves. toutefois que leurs effets cru, de ce fait, que les phénomènes linguistiques
furent perceptibles. Elles sont responsables, s’arrêtaient aux frontières des diocèses. C’était
d’après Watiburg, de la scission de la Remania : sans compter avec la distribution géographique
isolement de la Romania de l’Est IRomania et la cotiguration topographique (voies de com-
orientale avec l’Italie centrale et méridionale et munication, fleuves, montagnes, etc.). Quoi qu’il
la Roumanie) du reste de la Romania IRomania en soit, le latin ecclésiastique réussit à mainte-
occidentale1 - cette répartition n’étant valabe nir un semblant d’unité sans pour autant tier
qu’historiquement -; on leur attribue égale- les évolutions internes des différents parlers.
ment la séparation entre le galloroman et le La preuve en est qu’en 814, le Concile de
rhétoroman, la poussée des Alamans confmant Tours demande aux prêtres de prêcher «in TUS-
le latin dans les hautes vallées suisses des Gri- ticam romanan linguam aut theotiscam~~ (en
sons et de 1’Engadine; elles ont mis un frein aux langue vulgaire romane ou germanique), afm
DE LA LANGUE FRANÇAISE LANGUES ROMANES

d’être mieux compris par le peuple, ce qui per- giques, morphologiques, etc.) qui différencient
met à WoH de conclure que la prédication aa été chaque langue et des traits communs qui les
comme une ‘accoucheuse’ des langues ro- rapprochent. Nous constaterons simplement
manes» lop. cit., p. 711. que l’on peut classer, selon leurs afkités, les
Ainsi, les évolutions linguistiques immanentes à langues romanes en trois grands blocs (pour re-
toute langue et mod%ant son système ont été prendre la division de Wartburg) : le roumain,
renforcées par des facteurs externes qui ont d’une part, le tiançais Igalloroman), d’autre part,
abouti à la différenciation de ces langues issues et erk le groupe méditerranéen ou méridional
de la même souche : diversscation, dès le dé- Iitaloroman, ibéroroman, rhétoroman, sarde),
part, du latin parlé ; apport du christianisme ; dif- qui comporte toutes les autres langues du
férentes strates d’invasion ; résurgence des an- groupe -notons toutefois que cette typologie ne
ciens idiomes locaux ; nouvelle cotiguration rallie pas la majorité des linguistes. Nous nous
administrative et politique. Les changements se contenterons donc de donner brièvement quel-
sont acc&kés, en outre, lorsque ces différents ques caractéristiques, avant tout lexicales, de
groupes se sont retrouvés dans une situation ces langues.
d’isolement, après la chute de l’Empire romain CommenCons tout d’abord par quelques géné-
en 476. On peut dire, en fait, qu’,il n’y a pas eu un ralités. Certaines régions de la Romania se
latin vulgaire unique se scindant en langues montrent plus conservatrices que d’autres. C’est
nouvelles, mais accroissement des divergences le cas de la Roumanie et de l’Espagne, qui, par
au point de susciter de nouveaux regroupe- leur lexique, manifestent leur caractère conser-
ments)) (WoH, op. cit., p. 653. vateur. Citons quelques exemples : lat. class.
Bien que cette évolution aboutissant à des hhmerüs «humérus; épaule» > rown. umtir
langues distinctes s’inscrive dans un long conti- &paulen et esp. hornbro alors que les autres
nuum allant par exemple du latin parlé au latin langues romanes ont préféré le lat. tardif spa-
de la Gaule, au roman, puis au fkançais, on peut tiila <<épaulefi > fr. épaule, ital. spalla; ou encore
toutefois poser quelques jalons chronologiques. lat. class. fervëre abouilk > roum. fzerbe et esp.
Vers 500, *la langue parlée partout mérite un hewir à côté du latin bullire ((bouillonner, former
nom unique, c’est encore du latin (même si cer- des bulles», plus expressif, > fr bouillir, ital. bol-
tains linguistes préfèrent l’appeler protoro- lire (voir également l’exemple cité sous 1.3.). Le
mari); vers 800 dans la France du Nord (et plus sarde également, dans sa variante dialectale lo-
tard ailleurs), l’opposition entre latin et langue goudorienne, est certainement l’idiome roman
parlée est reconnue par les contemporains eux- le plus archaïque; cette situation linguistique
mêmes>> IWolfT, op. cit., p. 65). Au ves., on peut particulière est renforcée par le caractère insu-
déjà parler de balkzaaoroman, d’italoroman, de laire de la Sardaigne. Le français, quant à lui,
galloroman, de rhétoroman et d’ibéroroman, qui passe pour la langue romane la plus évoluée.
sont autant de variaAes du bas latin. D’autre P.Bec parle même -d’évolutionnisme endé-
part, les principaux changements phonétiques mique)>, «spécifkité atavique du français, qui dès
discriminants s’achèvent vers la ti du v” siècle, sa genèse lui conférait dans l’ensemble roman
On peut avancer, grosso modo, que les langues surtout du point de vue phonétique, une typo-
romanes ont commencé à se former entre le III~ logie particulière I...l* (Bec, op.cit.,II, 9). De fait,
et le v” s., qu’elles se sont distinguées les unes c’est l’idiome qui a évolué le plus rapidement. Le
des autres autour de 600 et qu’au début du IX~s. caractère archaïque et conservateur de cer-
on prend conscience de l’existence des idiomes taines de ces langues (sarde, roumain, rhétoro-
romans distincts. Rappelons que le plus ancien man, dalmate) permet d’attester, d’une part, des
texte rédigé intentionnellement en roman (gal- formes du latin parlé que l’on ne posséderait pas
loromanl est celui des Serments de Strasbourg sans elle, et d’autre part, de reconstituer et da-
(842). Nous avons jusqu’à présent parlé, par ter des évolutions phonétiques ou sémantiques
commodité, de langues. Sachons cependant particulières, disparues du reste de la Romania.
qu’autour de l’an 1000, il s'agiit encore de dia- 1, L’italien se distingue par le nombre irnpres-
lectes. Si nous devions établir une carte linguis- sionnant de ses dialectes toujours très vivants :
tique du domaine roman à cette époque, elle on a pu traduire en à peu près 700 dialectes ita-
présenter& une multiplicité de dialectes plus liens une nouvelle de Boccace ! Les premiers do-
ou moins spécifiques et d’une *langue> unique : cuments d’une langue italoromane remonte-
le latin. Ce n’est que plus tard, en effet, que cer- raient au Ixe siècle. La langue littéraire, qui
tains de ces dialectes spécsques accéderont au devient la langue commune, est celle difksée
statut de langue. par Dante (1265-13211, en particulier grâce à sa
II. LES LANGUES ROMANES. Divine Corné&e. La base en est le toscan et plus
Nous nous abstiendrons d’établir une typologie particulièrement le dialecte florentin. Il faut at-
des langues romanes car, dans la pratique, nous tendre cependant le début du xrxe s. pour que ce
aurions sous les yeux une longue énumération dialecte soit défxûtivement adopté comme
des traits spéctiques (phonétiques, phonolo- langue nationale et le xx” s. pour qu’il se dEuse.
LANGUES RUMANES DICTIONNAIRE HISTORIQUE

La base du lexique italien est constituée par des Portugais archaïque et galicien furent intime-
types lexicaux qui continuent le latin parlé, mais ment liés au moyen âge et cet ensemble sert de
aussi le latin classique ; certains sont sp&itiques base à la langue littéraire, illustrée particulière-
de cette langue : pècora abrebis» < lat. pëcora; ment par la poésie lyrique. Les plus anciens té-
&mbo <<nuage% < lat. nt&us, etc. Le lexique moignages datent du XII~siècle.
s’est enrichi par des emprunts précoces au latin On a vu que le portugais partageait des types
qui se distinguent très difMlement des mots hé- lexicaux avec l’espagnol. II comporte toutefois
rités à cause du conservatisme phonétique de la beaucoup moins d’arabismes et s’en distingue
langue: l’italien a également beaucoup em- par quelques archaïsmes. Là ou l’espagnol dit
prunté, d’une part, à ses nombreux dialectes, ventunu afenêtreti < lat. “ventana, le portugais
d’autre part, à l’espagnol (mots de cour1 et à utilise janela < lat. junuu, mot qui ne s’est main-
date ancienne au fiançais et au provençal (voir tenu que dans les régions les plus conservatrices
Italien). de la Romania. Comme l’espagnol, il a em-
2.L’ibéroroman : espagnol et portugais. prunté au français; pourtant le stock des galli-
a) L’espagnol posséde beaucoup moins de cismes désignant des objets courants est dif-
dialectes que l’italien ou le tiançais. La langue férent : port. chupeu «chapeau)), rua cruen mais
commune actuelle est basée sur le dialecte esp. sombrero «chapeaw et culEe <rue>>.- Voir
castillan. Ce n’est qu’à la NUI de la Reconquistu l’article encadré le Portugais.
(après 1492) que le dialecte castillan s’impose 3. L’occitano-roman : occitan et catalan.
comme langue commune, après avoir éliminé, On rattache en général le catalan à l’occitan,
dans sa progression vers le Sud, le mozarabe, parfois à l’ibéroroman. 11 présente toutefois
parler roman, en fait peu prestigieux, des popu- d’étonnantes ressemblances avec les parlers
lations sous domination arabe. C’est contre languedociens; il fait en outre partie, au moyen
l’arabe, avant tout, que le castillan dut lutter. Les âge, de la communauté culturelle des pays de
plus anciens témoignages remontent au xe s. : ce langue d’oc. On remarquera, de plus, qu’à partir
sont les Glosas emilianenses et les Glosas si- du ~III~ s., le catalan constitue une entité cultu-
1enses. relle autonome, se démarqua;nt de la Fra;nce du
Le fonds lexical, constitué essentiellement par le Sud puis de la Castille. L’ancien catalan litté-
latin parlé, a conservé quelques types du latin raire ne se distingue pas de l’ancien occitan. On
classique qu’il a en commun avec le portugais : le traite donc dans l’ensemble <<occitano-ro-
ex. lat. mëtus flpeur= > esp. miedo, port. medo; manm.
lat. avis coiseau> > esp. et port. uve, etc. Les Comme pour la phonétique et la morphologie,
autres langues romanes ont préféré les types cet ensemble présente, au niveau lexical, une si-
paver > fr. peur, ital. paura et wicellu > fr-. oi- tuation intermédiaire entre le galloroman et
seau, ital. Uccello (voir d’autres exemples sous l’ibéroroman Soit il prend les solutions du fran-
1.1.). Le lexique de l’espagnol s’est enrichi par çais, comme par exemple, pour oc&. et catal. fi-
quelques emprunts au basque, qu’il partage par- nestru, k fenêtre, qui se distinguent de
fois avec le portugais et le gascon : ex. basq. ez- l’esp. Yenturta et du port. janelu, soit il adopte
ker > esp. izquierdo, port. esquerdo, gascon es- celles de l’espagnol et du portugais comme pour
quer. Son originalité réside cependant par le campanu ticloche>>, esp. campanu < lat. cum-
nombre d’emprunts à l’arabe, peu nombreux, à pana, là où le français a eu sein < lat. signum,
vrai dire, si l’on considère le fait que les Arabes puis cloche < lat. C~O~CU(du vieil irlandais pro-
sont restés pendant huit siècles dans ce pays. bablement). D’autre part, occitan et catalan pos-
Les arabismes se retrouvent surtout dans les do- sèdent en commun avec l’espagnol des mots
maines de l’administration, de la guerre, et des spéctiques de la région aquitano-pyrénéenne,
sciences. Notons que beaucoup de ces termes tel occit. esquér «gauche), catal. esqueme, arago-
arabes ont pénétré en italien et en fraz@s par nais et port. esquerdo, esp. izquierdo, d’origine
i’intermédiaire de l’espagnol, comme par exem- basque, là où le fkançais a un terme d’origine
ple : ar. az’ar arougeâtre> > esp. aJazz& > fr. ale- germanique gauche < francique ‘wenkjun;
zan ou ar. bafüna cdoublure d’un vêtement» > d’autres mots, spécsques de la région méditer-
esp, badana <<peau de mouton tannéen > fr. bu- ranéenne comme occit. mourre ttmuseaw, ca-
sane. Ajoutons enfin que l’espagnol a emprunté tal. marre, esp. morro, sarde mourrou, gênois
au tiançais, dès le moyen âge, et à l’italien, au YIZOWOU, d’un mot probablement préroman dont
xvf s. (comme le fhnçais, d’ailleurs) - voir l’ar- la base est Omiiw-. Le lexique de l’occitan et du
ticle encadré L’espuflol. catalan possède également quelques mots d’ori-
bl Leportugds a des dialectes encore plus ho- gine arabe que le tiançais ne connaît pas. Les
mogènes que l’espagnol. Ceci s’explique à plus anciens témoignages datent de la ~III du
nouveau par le mouvement d’extension de la X” s. et sont rédigés en ancien occitan ; c’est, avec
Reconquistu vers le Sud. Se rattache aux dia- le roman des Gaules. Ia lmgue romane la P~US
lectes portugais le galicien ~gullegol, parlé en anciennement attestée. Les premiers témoi-
Galice espagnole et qui semble en être l’or@= gnages d’une langue vulgaire catalane re-
DE LA LANGUE FRANÇAISE LANGUES ROMANES

montent à 892 ; le premier texte en catalan n’ap- (hongroise, grecque, turque puis fkançaise) n’ont
paraîtra qu’à la Cn du XII~ siècle. Le catalan litté- touché que le lexique ; seules les influences slave
raire se détachera enfm de l’occitan au début et française ont atteint le fonds lexical originel et
du ~~“Siècle. En ce qui concerne la période ont modifié la structure de la langue. On notera
contemporaine, il faut noter la renaissance du que le français a largement contribué à la for-
catalan, surtout en Espagne, avec la ftn du fran- mation du roumain littéraire et commun par un
quisme. apport lexical massif et une élimination des élé-
4. Le français. Noir l’article encadré). ments slaves si bien que l’on peut parler de Nré-
5, Le roumain constitue à l’heure actuelle une romanîsatiow du roumain. Un sondage effectué
enclave romane dans un monde slave et hon- sur le lexique de base du roumain révèle que SUT
grois. Pourtant, dès la conquête des territoires 1 419 mots, environ 58 % sont d’origine latine et
balkaniques (Dalmatie, Illyrie) par Rome, la Da- environ 21 % d’origine slave. Dans la la-ngue par-
cie était rattachée au reste de l’Empire romain. lée, en revanche, le pourcentage des éléments
Perdue par Rome dès 271 à la suite d’invasions d’origine latine (français, italiens, etc.) s’élève à
de peuplades venues d’Asie et du Nord, ce terri- environ 80 *A. On peut caractériser, en résumé,
toire se trouve isolé du reste de la Romania. le roumain comme suit : -Dans nombre de faits
Seul le latin de Dacie survivra. La Dacie n’ayant de langue, le roumain fait cavalier seul (c’est,
été soumise que pendant deux siècles à peine à avec le français, 1“enfant terrible’ de la Roma-
l’emprise de Rome, il est curieux de constater nia), tout en ayant gardé une structure foncière-
que sa romanisation se soit produite si rapide- ment romane et ayant évolué moins que
ment. On pense que la rapidité de ce processus d’autres idiomes romans* (P. Bec).
d’assimilation linguistique est dû au brassage 6. Le sarde est rattaché généralement au groupe
des populations citadines et rurales; les habi- italoroma;n car il présente avec les parlers de
tants des villes s’étant réfugiés dans la cam- l’Italie du Sud de nombreux traits communs, On
pagne sous la pression des Barbares, ils ont peut néanmoins le traiter comme une langue à
achevé de romaniser les populations rurales. Un part : le caractère insulaire du pays, ses dia-
autre facteur important explique cette rapidité lectes très archaïques (en particulier le logoudo-
d’assimilation : les Daces, peuple essentielle- rien et le nuorais à côté du campidanien, à base
ment composé de paysans, d’artisans et de co- sarde mais fortement italianisél et un système
lons, ont été profondément christianisés, et ce, linguistique caractéristique en font un îlot lin-
avant le départ des Romains. Un îlot dace-latin guistique spéciCque. Langue véhiculaire et ad-
s’étant formé dès le me s., la langue évoluera très ministrative jusqu’au xwe s., elle fut alors rem-
vite en dace-roman et se démarquera des autres placée par le catalan, puis par l’espagnol et
langues romanes en manifestant, d’une part un enfm par l’italien, ces langues faisant office de
profond conservatisme, d’autre part une grande langue de culture et d’administration. Le logou-
homogénéité. L’influence slave commence à dorien est considéré comme le sarde par excel-
s’exercer dès le VII~ s. alors que la structure de la lence. L’ancien sarde nous est connu par des
langue, différenciée et du latin et des autres textes appelés condughi, dont les premiers
langues romanes, est déjà fixée; l’action de su- datent du XI~ siècle.
perstrat sera, de ce fait, sporadique, ce qui Le lexique sarde se caractérise par son ar-
marque l’originalité du roumain par rapport chaïsme, d’un côté, et la variété de ses couches
aux autres langues romanes. lexicologiques, de l’autre. Parmi les archaïsmes,
On distingue en général cinq phases dans l’évo- on notera des types lexicaux latins particulière-
lution du latin parlé en Dacie et jusqu’au rou- ment originaux que l’on ne retrouve que dans
main actuel : le dace-2atln. (avant le me sd, peu cette langue : ex. lat. ckw <cendre» > sarde du
différent du latin des autres pays romans mais Sud t&w s, là où le reste de la Romania (sauf le
présentant cependant quelques adacismesjj ; le roumain) a des représentants du latin cinis,
prote-roumain, formé entre le ve et le VIII” s. ; l’an- -ëris; d’autres ont disparu dans les rares langues
ckn rou~~~ain (nr” au XI~ s-1 : pendant cette pé- où ils étaient attestés : ex. lat. domus Idomol, au
riode (IX~ au XII~ s.), le proto-roumain se frag- sens premier de Mmaisona sarde et ancien lom-
mente sous l’influence des migrations slaves en bard domo (là où l’ital. a casa); lat. imber apluie,
quatre aires linguistiques. Les premières attes- averse> > logoudorien imbre apluiem, ancien oc-
tations d’ancien roumain manifestent des traits cit. yrnbre; on rencontre également d’anciens
dialectaux nord-danubiens. L’ûge classique se si- types lexicaux latins qui ne se retrouvent que
tue entre le XVII~ s. et la première moitié du dans des zones marginales et archaïsantes de la
XVILI~ siècle. L’immobilisme social explique que la Romania : ex. lat. vëtër&nus wieuxn > ancien lo-
langue a dû puiser dans ses propres ressources goudorien betrunu, roum. betiun, sicil. vitranu,
pour s’enrichir, d’où son archaïsme et son rhétorom. &ioulan) vedwn wieux garçon» ;
conservatisme. Le roumain mo&me apparaît lat. jübïlure Mappeler ; pousser des cris de joie>>>
au début du xrxe siècle. logoudorien dh ilare I/djouilure/l cappeler
Les différentes influences qu’a subies le roumain (qqnb, rhétorom. (engadinois) d%vler I/djuvler/l
LANGUES ROMANES 3286 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

apousser des cris de joie». L’action du substrat nois ts&qeZ VtsajeuZ/l alors que le frioulan pos-
punique, langue des Carthaginois qui s’étaient sède un type fromage; proche du galle-italien, il
installés en Sardaigne au we s. avant J.-C., est partage avec lui certains types comme lat. mëla,
très faible. Parmi les langues de superstrat Cger- pluriel de mélum, variante de mühm (qpommeD
manique, arabe), seuls l’espagnol et le catalan > rhétoroman mayl, ital. mela et franco-proven-
ont joué un rôle très important : présence de çal (fribourgeois) mel; avec le g&lloroman, des
nombreux kléments catalans au Sud (en campi- types tel le diminutkf du lat. S~E,“soliculus aso-
dtien), espagnols, au Nord Ilogoudorien). IeilB, présent da;ns la majeure partie du gak-
Quant à l’influence italienne, elle s’est traduite roman, en occitan et en catalan; le rhétoroman
au moyen âge par l’apport d’éléments génois et possède en commun avec les zones marginales
pisans, aujourd’hui par l’adoption de l’italien archtisantes quelques termes tout à fait spé-
comme langue officielle. ciaux cornrne par exemple les trois noms de
7. Le rhétoroman : romanche, ladin, frioulan couleur, <rouge B,ablancm et Mfauvem,issus respec-
forme un ensemble constitué de trois groupes tivement du lat. COC&US tà l’exception du friou-
de parlers : le groupe occidentale situé en Suisse, lanl, albus et mdïnus : on ne les retrouve,
dans les Grisons, formé par les dialectes ro- comme mots hérités, le premier qu’en roumain
manches (en particulier le sursilvan et I’engadi- et en albanais, le second en roumain, dalmate,
noM ; le groupe central constitué par les dia- ancien sicilien, ancien sarde, portugais, espa-
lettes ladim des Dolomites (Italie); en6n, le gnol et très rarement en galloroman, le troi-
groupe oriental frioulan (parlé dans la province sième en sarde et en ancien occitan. L’origina-
d’Udine, en Italie). Cet ensemble, un% autre- lité du rhétoroman ressort, en outre, du choix
fois, se trouve aujourd’hui morcelé et deux aléatoire et différent des types latins répartis sur
groupes de parlers se détachent de par leur son territoire ; il est frappant que ce phénomène
conscience linguistique et leur identité cultu- se soit produit dm des domaines aussi fonda-
relie : le romanche, reconnu comme quatrième mentaux que celui de la nature ou des animaux.
langue en Suisse en 1938, et le frioulan. Les Pour désigner l’arbre, le fkioulan a choisi le
vagues successives d’invasions germaniques ex- terme courant latin arbor, le romanche le
pliquent l’éclatement de ce domaine. La ques- lat. planta, le tyrolien le lat. Kgnum et l’engadi-
tion qui se pose aux linguistes est de savoir à nois le germanique “bosk- ; pour désigner la bre-
quel type il faut rattacher cet ensemble de par- bis, le romanche s’est dkcidé pour un represen-
lers : au galloroman ou à l’italoroman? Histo- tant de onutTtcu, l’engadinois pour bestia et le
riquement, les aEnités entre l’italoroman du frioulan pour pëcora (probablement emprunt6 à
Nord (galle-italien) et le rhétoroman sont in- l’italien),
contestables ; les évolutions linguistiques qui Comme pour les autres langues romanes, les
rapprochent le rhétoroman du galloroman sep- langues de superstrat ont enrichi le vocabulaire.
tentrionall ont eu lieu indépendamment l’une de Le courant slave a introduit dans le Frîoul une
l’autre et à des époques différentes; actuelle- centaine de mots slaves. L’apport le plus impor-
ment, le romanche et le frioulan sont des tant est celui des langues germaniques, Ètdate
1a;ngues distinctes. Cependant, si l’on considère ancienne - ceci est valable particulièrement
leur ancienne unité et la situation actuelle, le pour le Frioul dont la langue officielle fut pen-
rhétoroman constitue un groupe en soi. Le ro- dant trois siècles (x” au XIII~s.1 l’allemand; ac-
manche a obtenu le statut de langue; comme il tuellement, les emprunts aux divers dialectes
est formé d’environ une vingtaine de sous-dîa- germaniques environnants sont continus. L’in-
lettes, la Confédération helvétique a créé une fluence de l’italien s’exerce particulièrement
espèce de romanche commun écrit appelé in- dans le Frioul, mais aussi en Fzgadine. On re-
terromanche. marquera qu’à l’intérieur du domaine linguis-
L’espace linguistique rhétoroman se distingue, tique rhétoroman, le Frioul entretient un indivi-
comme beaucoup de zones marginales, par son dualisme certain.
conservatisme et son archaïsme, en particulier 8.Le franco-provençal.
lexical. II consewe des types lexicaux qui lui La spéticité du tianco-provençal n’a été re-
sont spécsques : ex. lat. algëre <avoir f?oid)) > ro- connue que récemment ( 1873). Pourtant, cet en-
manche aul& Vaouljdl ; lat. caseolus, diminutif semble linguistique possède des traits propres
de caseus &omage= > romanche kizi’dl, engadi- qui le distinguent d’une part du lançais d’oïl,

étant caractérisé par la prédominance de I’archi- architecture, style roman)) (1837, Stendhal1 et l’ad-
tecture religieuse, notamment monacale, la variété jectif s’applique par extension aux styles, aux ar-
régionale des styles lati roman normand, auver- tistes, à la sculpture, à la tiesque et tous les objets
gnat, poitevin.. .I, le d&eloppement d’une iconogra- d’art de cette période, et aussi à la période même.
phie abondante. Stylistiquement, on parle de ba- 4 Le composé PRÉ-ROMAN. ANE adj. (19aoI se dit
roque roman. +Le mot est substantivé pour de l’art qui précède immédiatement l’art roman
DE LA LANGUE FRANÇAISE L,ANGUES ROMANES

d’autre part, de l’occitan. Son aire recouvre la mate de cette époque, pour laquelle nous ne
plus grande partie des cantons suisses de Fri- possédons aucun document. Un autre moyen de
bourg et de Neuchâtel, le Valais et le canton de reconstruction est fourni par les emprunts à
Vaud (groupe septentrional), le canton de Ge- date ancienne que le croate a fait au dalmate.
nève, en France le Lyonnais, le Dauphiné, la Sa- Le lexique dalmate fait preuve de conserva-
voie, et en Italie, le Val d’Aoste (groupe méridio- tisme. Quelques types lexicaux latins anciens se
nal). La grande plaque tournante qu’était Lyon retrouvent aussi en roumain et, parfois, en rhé-
au moyen âge a permis le développement d’une toroman. Comme le roumain, le vegliote a
«langue de cité)> et d’une langue écrite à base perdu certains types lexicaux latins qu’il a rem-
dialecttale lyonnaise; c’est le prestige de cette placé par d’autres mots d’origine latine :
même ville, qui, dès le XIV~ s., favorisera la péné- ex. lat. ecclësia a été remplacé par basïKcu. For-
tration du tiançais dans l’aire méridionale. On tement influencé par le croate, le dalmate a éga-
s’accorde aujourd’hui pour reconnaître que le lement emprunté, dans une faible mesure, au
tianco-provençal n’est pa3 une entité intertné- vénitien, au grec, aux langues germaniques et
diaire entre le français d’oil et l’occitan; ce se- au dialecte roumain d’Istrie (au nord-ouest de la
rait, en fait, le premier ensemble à s’être déta- Yougoslavie) .
ché, vers le xe s., du galloroman septentrional CONCLUSION
(dès le v? s. des évolutions eançaises ne s’y pro- La différenciation des langues romanes a été
duisent pas) pour former une aire marginaJe, et étudiée ici sous l’aspect lexical et non phoné-
par là même conservatrice, ce caractère étant tique. Les dsérentes couches lexicales d’une
renforcé par le fait que son territoire est surtout la&ue- sont, en effet, plus faciles à reconstituer
constitué de régions montagneuses. Comme et à dater que les évolutions phonétiques; la re-
pour le rhétoroman, certains traits le rap- construction d’une action de substrat sur le pho-
prochent du domaine d’ail, d’autres du domaine nétisme d’une langue est, en outre, plus aléa-
d’oc. Le fonds lexical est essentiellement latin; toire à déterminer que celle d’un typé lexical. Il
un substrat pré-roman se fait stiout sentir dans faut dire que le linguiste possède un matériel
les Alpes; le superstrat germanique, plus préci- lexical exploitable très riche - tous les pays de
sément burgonde, n’a marqué que le lexique du langue romane possèdent des altas linguistiques
tianco-provençal. Le franco-provençal a em- et des dictionnaires étymologiques; les diction-
prunté au français, à l’italien, à l’occitan et aux naires de latin médiéval par région sont en
dialectes germaniques qui l’entoure. cours d’achèvement. Il est, pour ces raisons,
9. L’iuyro-roman, ou dalmate est une langue dis- moins aventureux d’aborder le problème de
parue aujourd’hui. Le dernier sujet parlant s’est l’origine des langues romanes par le biais du
éteint en 1898. Le dalmate était parlé autrefois lexique : <celui qui voudra s’attaquer au sujet de
dans une dizaine de villes côtières, dans ce qui la différenciation des langues romanes, devra
fut naguère la Yougoslavie. Cette langue est es- s’en tenir essentiellement au vocabulairex (trad.
sentiellement connue par le vegliote, mot formé de Wtiburg, cité d’après Schmitt, Die Spruch-
d’après le nom italien de la ville de KrK : Veglia; landschaften der Gulloromania 1Les Paysages
le rugusain, de Raguse aujourd’hui Dubrovnîk, linguistiques de la Galloromanial, Beme/Franc-
moins bien attesté que le vegliote, était aussi un fort, 1974, p. 44).
dialecte du dalmate. On a essayé de rattacher Marie-José Brochard
au groupe illyro-roman l’albano-romarz parlé au
BIBLIOGRAPHIE
moyen âge dans quelques villes de la côte d’Al-
banie et du Montenegro ; ce dialecte est trop peu P. l33; Af&uel pratique de philologie romane, 2 vol.,
connu pour que l’on en tienne compte ici. Si la , *
Éd. BOTJRCIEZ,Éléments de linguistique romane, Pa-
Dalmatie romane formait sous l’Empire romain ris, 1967.
un territoire continu, elle ne comporte plus, au Ch. CAMPROUX, Les Langues romanes, Paris, Que-
we s., que quelques îlots disséminés en milieu sais-je?, no 1562, 1976.
slave, croate. Soumis B l’tiuence de la Répu- Ph. WOLF’F,Les Otigines linguistiques de l’Europe oc-
blique de Venise dès le xv” s., le parler vénitien y czdentale, Toulouse, Association des publications
de l’université de Toulouse-Le-Mirafl, série A, T. 48,
a été modifié. La comparaison entre le vénitien 1982.
parlé en Dalmatie et celui qui était parlé en Ita- W. von WARTBURG, La Fragmentation linguistique
lie permet de reconstruire quelque peu le dal- de la Remania, Paris, 1967.

-
CWI”-X~s.> en donnant à roman. une extension un s’est appliqué au moyen âge à celui qui composait
peu moins large. des œuvres en langue romane, en français, avant
b Les principaux dérivés concernent 0 roman et le de désigner l’auteur de romans de chevalerie
domaine littéraire. ROMANCIER, IÈRE n., dérivé (xv” s.1 et, de nos jours, un auteur de romans (1669,
de TOKWXZ (xv” sJ, continue, avec un autre sufke, La Fontaine). Le féminin romancière est récent
la forme ancienne romanceor (v. 11751. + Le mot 11844). 0 Adjective au sens figuré, il a qutié ce qui
ROMANCE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

est digne de figurer dans des romans (17861, et celui sohn, traduction de l’allemand Lieder ohne Wotie.
qui raconte des histoires mensongères et extraor- Romance s’est répandu da,ns l’usage pour désigner
dinaires (av. 17991, valeurs disparues. +ROMAN- une chanson sentimentale d’inspiration populaire
CER v., d’abord romancier (v. 12281, a signifG titra- 1apr. 17501, d’où pousser la romance, quelquefois
duire du latin en fra;ncais= et alire, déclamer, avec une valeur figurée (dans l’ancienne locution
chanter en langue d’oc3, par emprunt à l’ancien c’est de lu romance) et en fonction d’adjectif, avec
provençal romencar ou romensar (v. 12001, ainsi une connotation péjorative. Par allusion à la douce
que acomposer des romans médiévauxti 11586). Son musicalité monotone de la romance, on a dit en ar-
sens actuel, figuré, *s’éloigner de la réalité en dé- got piquer une romance pour *dormir, ronfler=
formant à la manière d’un romans (av. 16811, est (1883).
peu attesté avant le me siècle. 0 Le participe passé b Le dérivé ROMAN~ISTE n. (me s.) désigne dans
ROMANCÉ, ÉE est adjectivé 11840) pour qutier un usage littéraire un auteur de paroles de ro-
ce qui mêle le réel à l’imaginaire notamment dans mances.
histoire, vie romancée. ROMANCER0 n. m. est emprunté 11827) à l’espa-
ROMANESQUE adj ., attesté une fois au XI$ s., puis gnol romancero «collection de romances>, dérivé
à partir de 1627, a subi l’influence de l’italien ro- de romance. Ce terme d’histoire littéraire espa-
manesco. Il qutie ce qui est merveilleux comme gnol, notamment appliqué au recueil poétique
les aventures de roman, une personne exaltée et le concernant le Cid Campeador, est également em-
genre de sentiment qu’elle a (16281. L’adjectifs’em- ployé, par extension, à propos d’un recueil de
ploie aussi dans le langage didactique pour qualî- poèmes épiques d’une autre nationalité.
fier ce qui est propre au roman, en tant que genre
littéraire (16901. Le substantif qui en est tiré s’em- ROMANCHE + encadré LANGUES BO-
ploie à la fois au sens didactique (16831 et dans son MANES (II, 7 : le rhétoroman p. 32861, et l’article
sens figuré de acaractère extravagantn (1689). Au ROMANCHE du glossaire Gnal.
XVIII~~., il servira à traduire l’anglais romantic
I+romantique). 0 Ledérivé ROMANESQUEMENT ROMAND, ANDE adj., attesté au XVI~s. (1556
adv. (16721 est peu usité. écrit roman&) est une graphie en -a& de 0 ro-
En linguistique, 0 roman a produit les composés mm, une, où le d est analogique de celui de l’ad-
italo-roman, hispano-roman, galle-roman (voir le je& allemand. + L’adjectif qual%e ce qui est relatif
premier élément) et rhéto-roman pour quali&er et à la Suisse de langue kançaise; il est substantivé
désigner les catégories géonaphiques de langues pour désigner les habitants de cette zone. Le ro-
romanes. - @ ROMANISTE n. ( 18721 désigne le lin- mand n. m. se dit des parlers franco-provençaux
guiste étudiant la structure et l’évolution des de Suisse romande. Voir franco-provençal, Suisse
langues romanes con dit aussi @ROMANI- (encadré). +Le dérivé ROMANDISME n. m. (1965)
SANT,ANTE adj. et n. 1872). +ROMANISTIQUE s’applique à un fait de langue française propre à la
n. f. *étude des langues romanesD est un emprunt à Suisse romande (cf. helvétisme).
l’allemand qui paraît récent (mil. XX~s.?).
ROMANICHEL, ELLE n., écrit par erreur
0 Voir @ ROMAIN, ROMANCE, ROhMND, ROMANTIQUE.
romamichel ( 1828, Vidocql puis romanichel ou ro-
munnichel 118451,est l’adaptation d’un mot du tsi-
ROMANCE n. f. est emprunté (15%) à l’espa- gane d’Allemagne signifiant littéralement <<peuple
gnol romance n. m., désignant spécialement un tsiganem. Le premier élément est romauli, pluriel et
bref poème épique en octosyllabes dont les vers féminin de l’adjectif romano, dérivé de rom
pairs sont assonancés. Comme l’italien roman20 ahomme, marin. Ce mot, sans rapport avec le latin
<roman», le mot est repris au provençal romans, romanus, est attesté dans plusieurs langues tsi-
issu d’un latin populaire Oromunice (+ 0 roman). ganes d’Europe Centrale sous les formes dom,
Introduit comme féminin, puis considéré comme dôm, dum, lom et est apparenté au sanskrit @ma,
masculin (16061, le mot est indEéremment de l’un @ômba {{musicien-danseur d’une caste Inférieure~.
ou de l’autre genre au XVII~s. ; sa terminaison l’a Le second élément représente le tsigane tschel, t2el
tié au féminin. <<peuple, tribw.
+ Le mot se réfère d’abord au petit poème épique +Le mot désigne un tsigane nomade appelé au
espagnol (+y veu... chanter en Espagne une vieille XIX~ s. bohémien, mais s’emploie surtout, de ma-
chunson que proprement on appelle la romance”, nière péjorative, en parlant de personnes sans do-
Brantôme), sens pour lequel les spécitistes fran- micile tic, nomades et étrangers (19041. C’est un
çais de la littérature espagnole maintiennent le mot xénophobe, sinon raciste, puisqu’il ne s’ap-
genre masculin (1606). +Par analogie et probable- plique plus à une communauté ethnique détermi-
ment par attraction de roman au sens de arécit ga- née.
lant et irréalisteB, il désigne aux xvme et XIX~ s. (1718) b La forme abrégée ROMANO n. (1859, Liszt) et sa
une pièce poétique simple sur un sujet sentimental variante ROMAN1 ( 18451 s’emploient, aujourd’hui
et m’attendrissante (Marmontel); par métonymie, il péjorativement, comme romanichel. - ROMAN1
se dit de la musique sur laquelle cette pièce est n. m. est également un nom de la langue tsigane
chantée. oLe mot s’applique ensuite à un chant (1877).
d’amour sans élément dramatique et à une pièce
instrumentale romantique de caractère mélodique ROMANTIQUE adj. et n. est, dans ses deux
(1870), d’où Romances sa72s paroles de Mendels- premiers sens, un emprunt ( 1675) à l’anglais ro-
DE LA LANGUE FRANÇAISE ROMARIN

mantic, adjectif ( 1650) et nom ( 16791, peut-être évoque les attitudes et les thèmes chers aux ro-
formé directement sur le latin moderne romanti- mantiques (av. 1837). Une autre substantivation
cus (XV” s.) OU tiré de roman& romaunt, anciennes correspond à Gxivain, poète romantiquen, par
formes du franqais roman*. Le mot anglais quatie exemple dans les pettts romantiqws. +Le mot est
ce qui est caractéristique du genre littéraire appelé passé dans l’usage général, à la fois de manière
roman. et qui parle à l’imagination (alors appelé en méliorative, pour asentimental et désintéressé*, et
anglais romance par emprunt & l’ancien kançais péjorative à propos de ce qui manque de réalisme,
romunz, romunl. Sacr%e l’analyse positive des faits à une certaine
+Repris pour qualifier ce qui tient du roman (au mystique (18751, notamment en politique.
sens du xwe s.1, ce qui en a le caractére merveilleux F ROMANTISME n. m. est attesté en 1804chez Se-
et c~érîque, le mot est d’abord attesté à propos nancour comme synonyme de le romantique n. m.
d’ouvrages anglais. Ce sens sera abandonné au C1804),chez le même auteur au sens ancien de aca-
profit de romanesque, et Littré l’enregistre encore ractère romantique (romanesque) d’un site, d’une
comme son synonyme. C’est pour quartier des chosem. L’évolution du mot échappe à l’histoire des
sites, des paysages, puis des jardins et des tableaux anglicismes, même si le concept est resté lié &
qui touchent la sensibilité à la manière des descrip- l’évolution littéraire des idées et des sensibilités
tions de romans que romantique, d’abord sous la outre-Manche. Il désigne à l’origine, d’après l’em-
forme anglaise romantic (17451,a été francisé au prunt à l’allemand (ci-dessus), le genre romantique
mue s., en concurrence avec romanesque. En 1774, inspiré par la chevalerie et le christianisme médié-
C. H. Watelet, dans un Essai sur les jardins, défmis- val 118161, puis nomme le mouvement de libération
saut les trois caractères de la décoration des nou- de l’art qui s’est développé en France, entre la Res-
veaux jardins Eà l’anglaise), cite le pittoresque, le tauration et la monarchie de Juillet, par réaction à
poétique et le romanesque. C’est en ce sens (attesté ce qu’on appelle alors d’un mot nouveau, le classi-
depuis 1705 en anglais), que l’adjectif romantique cisme, et au rationalisme des siècles précédents.
est lancé par les R&eries de Rousseau 117811,qui Les grands écrivains l’emploient en ce sens dès
hésitent encore entre romantique et romanesque. 1820; discuté en 1824 par l’Académie, le mot est
Devenu à la mode à la fin du XVIII’ s. comme notion alors déjà usuel. 0 Par extension, il caractérise le
distincte de celle de pittoresque, l’adjectif roman- comportement, l’attitude romantique dans la vie,
tique est ensuite accouplé à voyage comme syno- puis avec une connotation péjorative, en politique
nyme de sentimental, autre anglicisme du à Sterne, ( 1826). Uhérieurement, l’histoire littéraire en fait
et se rapproche à nouveau de romanesque un usage généralisé en parlant de tendances litté-
Woyuges pittoresques et romantiques dans I’an- raires étrangères (d’abord en parlant des sources
cknne France par Ch. Nodier, J. Taylor et anglaises et allemandes, puis d’autres littératures)
A. de Cailleux, t. 1, 1820).L’emploi du mot s’élargit et rétrospectif en parlant d’éléments propres au
ensuite à ce qui évoque la mélancolie, le mystère, romantisme décelable chez les artistes de toutes
l’imagination, mais romuntiqt4e serait peut-être époques Il 9351.+Le dérivé préfixé PRÉROMAN-
tombé en désuétude s’il n’avait été repris au début TISME n. m. est un terme d’histoire littéraire (19231
du xrxe s. par une seconde vague d’emprunt, cette fréquemment employé par la critique entre les
fois de l’allemand qui tient lui-même son adjectif deux guerres : le concept de préromantisme a
ropnuntich 116981,romuntik, de l’anglais romantic. pour fonction de ménager la continuité entre le
C’est de là que vient une valeur littéraire spéciale xwxe et le XTxes. et de souligner l’ancrage national
“propre aux owvres littérales inspirées de la che- du mouvement romantique en France. Certains
valerie et du christianisme médi&ab ( 18041, critiques usèrent de la notion moins comme un
d’après le sens donné par Schlegel à romanttich, principe de périodisation que comme une ten-
dès les dernières années du XVIII~ s., et plus systé- dance transhistorique de la littérature ; d’autres in-
matiquement dans son Cours de littérature drumu- sistèrent sur les influences anglaises et alle-
tique (18091, par opposition à classique (allemand mandes. La catégorie, mise en cause pour son
klassisch), dont l’emploi technique en littérature tialisme, est quelquefois remplacée par celle
est d’ailleurs contemporain. Ce sens est popularisé de premier romantisme. - PRÉROMANTIQUE adj.
en France par we de Staël et Sismondi et plus en- et n. a été créé conjointement au début du XX~siè-
core par Victor Hugo (préface des Odes et Bul- cle (1909,n. m.1. -ROMANTIQUEMENT adv. 11833)
lades); c’est aujourd’hui un archtisme littéraire ou & la manière des romantiques>, ne s’est guère ré-
un emploi d’historien de la littérature. * C’est éga- pandu. - ROMANTICISME n. m. (18181,emprunt à
lement de l’allemand que vient le sens littéraire et l’andais romunticism (1803; 1844 en ce sens) ou
artistique connu aujourd’hui (1810, W” de Staël). bien à l’italien romuntiismo, a été lancé par Sten-
Cependant, I’inUuence anglaise sur la terminologie dhal, qui l’a abandonné en 1824au profit de romun-
et la doctrine littéraire est restée intense, du fait de tisme (lettre au baron de Mareste du 26 avril 1824et
l’activité poétique en Grande-Bretagne et de la ré- %Cine et Shakespeare, t. u, 1825). n est sorti
férence constante des écrivains romantiques fran- d’usage et passerait aujourd’hui pour un angli-
çais à Shakespeare. Dans l’emploi adjectif et subs- cisme.
tantif pour apartisan du romantisme» (1824), par 6’ Voir ROMAIN. ROMAN, ROMANCE.
des écrivains tournés vers l’Angleterre, tels Sten-
dhal, Jacquemont, Mérimée, se manifeste la pers&- ROMARIN n. m., d’abord rosmutin (XIII~s.) puis
tance du courant d’emprunt initial. Au cours du romutin (v. 13543,est emprunté au latin rosmurinw
XIX~ s., romuntiqw se répand, qualifiant ce qui de même sens, littéralement arosée de mep, de
ROMBIÈRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ras, roris C--brosée1 et marinus (3 marin). La plante dans la locution biblique rompre le pain cv. 15501
était plus connue dans 1’Antiquité pour son parfum qui s’emploie par extension pour {{partager le
basalmique que pour ses vertus médicinales. Culti- même repasn (av. 1843). Ce sens, usuel jusqu’au
vée d6s le haut moyen âge dans les monastères du ~VII~s., a reculé au profit de briser et surtout de cas-
nord de la France, probablement dans une inten- ser, rompre, ne s’employant plus que pour insister
tion thérapeutique, elle accéda au xwe s. à la re- sur le caractère délibéré de l’opération ou intro-
nommée grâce à la fameuse aeau de la reine de duire une intention stylistique. Rompre correspon-
Hongriev, qui était produite par distillation d’une dait aussi Iv. 11551 à ~déchire~ et aarracher», sens
macération alcoolique de la plante : Isabelle de qui disparaît progressivement après le XVII~siècle.
Hongrie, prétendait en avoir reçu la formule d’un + Par exagération, le verbe est employé dans la lo-
ange et s’en était servi avec succès pour guérir ses cution rompre le cou, l’échine ii qqn et, au figuré,
rhumatismes. Cette eau de romarin servit d’élixir rompre les oreilles Nabasourti (1549). +Rompre
de jouvence jusqu’à la fin du XVIII~ siècle, Les fleurs gqn *épuiser de fatigues s’est spécialisé pour tifaire
n’étaient pas moins célèbres, appelées en officine subir à (qqn1 le supplice de la roue>> (1659). 0 De la
anthos i+ anth[ol-1, c’est-à-dire la fleur par excel- même idée de rupture violente procèdent les lo-
lence, La plante est toujours utilisée en phytothéra- cutions rompre i!a @ace Il60 1) et rompre des lances
pie. (16121, cette dernière également au figuré pour
+Le mot, son histoire en pharmacie étant à peu #prendre la défense de qqnm ! 17181, et rompre ses
près oubliée, est caractéristique des plantes aro- chalnes, ses fers de sens propre (16863 et figuré
matiques et évoque avec le thym les odeurs cham- (16901, dm une langue écrite très littéraire. oLa
pêtres et les parfums culinaires. locution applaudir à tout rompre (17683 reprend
formellement l’ancienne locution adverbiale à tout
ROMBIÈRE n. f., atteste depuis 1860 environ rompre, qui avait le sens de atout au plus* (15491.
(selon Esnault), est d’origine incertaine, peut-être oUne extension figurée donne à rompre qqn le
formé sur un radical onomatopéique rom- évo- sens tiaibli de 4isposer à supporter aisément
quant le grognement (-+ grommeler, rogner), peut- qqch., plier & ( 1580).
être par un verbe lorrain rombeld <gronder sour- Rompre exprime aussi l’idée concrète de «défon-
dementB qui pourrait être une variante dialectale cep, d’abord réalisée par le sens ancien de alabou-
de ramer MgrommelerB, «respirer d3?kilementm, rera (XIII~s.l. Le sens de arendre lune voie) imprati-
abougonner», Guiraud évoque un développement cable en la défonçantfi Iv. 1460) est sorti d’usage
sémantique analogue à celui de roquent&+ *vieux malgré le soutien du mot apparenté route*, étymo-
qui fait le jeune homrnen d’après le dialectal roquer logiquement «voie rompue>. +Dans un contexte
4ousser», le grommellement évoquant la vieillesse militaire, rompre se dit pour apénétrer dans (un dis-
maussade (cf. ronchonner). positif ennemi), disloquer par une action offensives
(v. 14601, et <disperser un rassemblement3 Iv. 14601,
4 Le mot, argotique puis familier, désigne une bour-
sens disparu, mais repris dans la locution rompre
geoise d’âge mûr, ennuyeuse, prétentieuse et un
les rangs (18071, absolument rompre, surtout à l’im-
peu ridicule; par extension, il se dit d’une femme
pératif rompez! aussi avec le sens figuré de <allez-
vieille et laide (1925), notamment dans une vieille
vous enu (18881. +Le sens de adétruireu notamment
rombière.
<détruire (un ouvrage) en pénétrant par la force»
b ROMBIER n. m. apparaît en argot Dictionnaire (15081, est réalisé dans la locution rompre les ponts,
de Rossig&, 1901) au sens de wieillard% et prend au figuré <interrompre les relations*. Dans l’usage
au &s. la valeur générale d’ahomme, person- classique, le verbe était devenu synonyme de edis-
nage». Ce mot pourrait être directement dérivé du perser, congédier lune assemblée)>> 116731, spécia-
verbe romber et équivaloir à flgrognons. À la dif- lement dans les locutions rompre son ménage
férence de rornbiére, il reste marqué comme argo- ( 16721, son train, sa maison (16901, Ncongédier ses
tique, équivalant à type, mec (cf. g&erJ, notam- gens, changer le seniceu, sorties d’usage. +Dès le
ment dans l’usage militaire. XIII~s., rompre, comme le latin rumpere, signifie abs-
traitement amettre fk à (un état existant, une situa-
ROMPRE v., d’abord écrit rumpre Cv.9801, puis tion établie, un déroulement en cours)» Cv.12101,
rompre ke s.), est issu du latin rumpere abriser avec sens archaïque sauf dans les locutions rompre le si-
forceB, souvent avec une idée accessoire d’arrache- lence (~LU”s.1 notamment en prenant la parole
ment, d’éclatement, de valeur concrète et abstraite 116751, et au XX~ s. rompre le combat (19351, rompre
avec le sens de <couper court à Cqqch.13.Si la forme le contact 11961). - Dans un registre voisin, le verbe
à infixe nasal Irump-1 est propre au latin, la racine, a S@i%, au XIII~s. Iv. 1210) Hrenoncer (à une entre-
avec une alternance p/b (attestée en germanique prise, un projet) ; supprirnern, à propos d’un voyage
par la coexistence du vieil anglais réofan <briser, (16 111 et, dans rompre sa table <cesser de recevoir
déchirem et du gotique raupjan), remonte à l’in- des invités à dîners (1690). Il équivaut à amettre un
doeuropéen. Le sanskrit a le présent dérivé nipyati terme à (une relation)» (v. 1370). L’ancienne lo-
qui concerne les tiraillements dans le corps; on a cution rompre un coup (xv” ~3.1aen amortir l’effet»,
aussi évoqué le polona;is rupi &railler)>, rypae abri- au figuré afaire échouer= ~V”S.), annonce déjà le
sern, le serbe tipa 4row. L’italien rompere et l’es- sens de <(faire cesser, détourner ou tiaiblir (une a~
pagnol ramper remontent aussi au latin rumpere. tien, un mouvement) en s’interposantn (1552). En
+Le verbe Sign%e aréduire d’un seul coup et vio- procèdent deux locutions techniques encore en
lemment (un objet récalcitrant)%, spécialement usage rompre les chiens arrêter les chiens dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3291 RONCE

leur poursuite de la bête* (av. 15731, au figuré adé- acheter un titre nouveau, appliqué également à la
tourner le cours de (la conversationIn, et rompre la tiaction qui reste d’un ensemble. +Le substantif
mesure, en escrime creculer en parantm 11718). d’action ROMPEMENT n. m. (V. 13%) a été évincé
+Rompre s’emploie pour <se délivrer de (une pro- par rupture*, sinon dans rompement de tête
messe)-, amanquer à (un engagement))> (15501, no- (av. 1526) avec le sens figuré de afatigue causée par
tamment dans les locutions rompre Ie jeiîne ( 16561, le bruit, l’agitation= et rompement de visière Nprovo-
rompre son ban 11875), archaïque, et rompre ses cationn (16511, qui est devenue archaïque. -ROM-
&wçailles, en relation avec l’intransitif dans PIS n. m. est un mot technique à valeur collective
rompre avec qqn. désignant un ensemble d’arbres cassés (1870).
En construction intransitive, le sens de rompre, «se RUPTEUR n. m. (19031, dérivé de rompre d’après
casser brusquementn Iv. 11551, est archaïque, rupture, peut-être par emprunt morphologique au
comme le sens transitif correspondant, Rompre latin ruptor Ncelui qui rompt, trouble, violateur>, dé-
s’est dit pour amettre brusquement fm & un entre- signe un interrupteur de courant. Il a été repris en
tienB (1424). Il est demeuré bien vivant au sens informatique (v. 19801 pour l’appareil permettant
d’ainterrompre brutalement et délibérément des de séparer des feuilles d’une sortie d’ordinateur
relationsm ( 1370) et =se détacher brusquement et (on dit aussi ncptewe).
défmitivement de qqch.n (fin xwe S.I. Rompre avec @ Voir ABRUPT, CORROMPRE, CORRUPTION, COURROUCER,
Qqn, des I~&itudesI, etc. est aussi usuel que l’em- tiRUPTION, INIERROMPRE, INTJXRUPTION, IFtRUPTION,
ploi absolu. * La locution rompre en vi&re à ou RAOUT, ROTURE, ROUTE, ROUTIJZR. RUPESTRE, RUPTURE.
avec qqn, qqch. s’emploie au figuré avec la valeur
de eprendre violemment à partieti ( 16511, par allu- ROMSTECK ou RUMSTECK n.m. est
sion au chevalier qui rompait sa lance dans la vi- l’emprunt, d’abord sous la forme romesteck ( 18161,
sière du casque de son adversaire lors d’un tournoi rump-steak 118421, rumsteah 118521, adapté en
(sens concret qui n’est répertorié qu’au ~LX~s., en romsteck ( 18801 ou rumsteck ( 18751, de l’anglais
1870). 4 En termes militaires, rompre signSe “pas- rump-steak. Ce composé anglais ! 17473 sigrSant
ser d’un ordre de bataille à un autre* ( 18351. * En apartie de I’aloyaw, antérieurement rum-beef: si-
escrime la locution rompre d’une semelle (1870) si- gnSe littéralement <boeuf dans la croupe% (1689). Le
gnSe weporter en arrière la pointe du pied à l’en- premier élément, rump, mot du mbyen anglais
droit qu’occupait le talon de l’autre pied- et, par ex- Ixv” s.) désignant la croupe, est probablement d’ori-
tension, areculer,, surtout en phrases négatives. Le gine scandinave : en effet, le moyen danois et le da-
sens de areculer pour fuir un conflitn (1870) est sorti nois ont rumpre, le moyen suédois et le suédois
d’usage. rumpu, l’islandais rumpr; le sens étymologique
La forme pronominale se rompre, d’abord em- pouvant être =Souche d’arbrem. Le second élément,
ployée au sens figuré de ase ruiner>> (CI XIV” s.1, dis- steak, atranche de viandem Exves.1,est issu du vieux
parue avant l’époque classique, s’est substituée à norois steik, apparenté à steikja <rôtir à la broches,
l’intransitif rompre pour atomber brusquement en stikna <être rôtb (+ bifteck). La graphie romsteck,
morceauxn (1559). 0 La locution se rompre le cou adoptée tardivement par le français, est aberrante
116681 correspond à <se tuer%. + À l’époque clas- car, outre son élément rom- francisé, l’élément
sique, le pronominal se dit spécialement de la lu- -Ste& ne correspond ni à une graphie franqaise ni
mière qui se brise, se réfracte ( 16901 et s’applique à à celle de l’anglais. J. Perret s’est amusé à tianciser
une masse d’eau qui éclate dans diverses direc- la graphie en romstèque (1953).
tions (16531. 0 Le sens figuré, ccesser d’être en vi- @ Voir BIFTECK.
gueurm (1640, Corneille), est sorti d’usage alors que
se rompre acesser brusquement de se manifesterm RONCE n. f. est issu Iv. 1175) du latin rumicem,
(déb. XVII~ s.) est encore en usage. accusatif de rumex, -micis <<dardB, *oseille> tainsi
nommée à cause de sa feuille en fer de lance) et à
b ROMPW, WE, le participe passé de rompre, est ad-
basse époque, comme on le suppose d’après les dé-
jectivé dès le XII~ s. pour quaJifrer un objet séparé
violemment en morceaux, sens dont procède la rivés romans, <(arbuste épineux+. Le mot, qui pré-
spécialisation en héraldique à propos d’une pièce sente une forme en -ex commune à beaucoup de
en longueur représentant une solution de conti- noms de plantes, est sans étymologie connue.
nuité (1690). C’est une des valeurs de bâtons rom- +Ronce désigne une plante épineuse et buisson-
pus t+ bâton). +Dès le XIII~ s., l’adjectif attribut qua- neuse et, plus couramment, une branche épineuse
Me une personne qui ressent une fatigue et basse (1403). 11a développé le sens figuré de udé-
musculaire extrême. En moyen français, il sagr-kments» ( 16901 et, tardivement, quelques sens
commence à qualser une chose interrompue, dé- techniques, servant à désigner les veines de bois à
truite, annulée Idéb. xve s-1, et à se dire d’une per- l’enchevêtrement irrégulier (1842) puis ces bois
sonne très exercée par une longue pratique ti 119361,par exemple dans ronce de noyer. * Le syn-
xvle S.I. 0 Des spécialisations techniques sont appa- tagme ronce artificielle, désignant un petit câble
rues au xwe s., rompu qualifiant un style au mouve- formé de Cls de fer tordus (18941, a remplacé ronces
ment irrégulier, saccadé (1673) et une couleur qui a en acier (1885).
des reflets d’une autre couleur (16801, d’où ton F Le dérivé RONCERAIE n. f., dont la forme ac-
rompu (18701, par la même métaphore que blanc tuelle (17711 prolonge l’ancien runcerei I~I~I”s.), dé-
cassé. * ROMPU n. m., substantivation du parti- signe un terrain envahi par les ronces. +@ RON-
cipe passé ( 18711, est un mot technique désignant la CIER n. m. (1547) désigne un buisson de ronces et
quantité de titres à regrouper, instisante pour RONCEUX,EUSE adj.(l583) qutie unlieuplein
RONCHONNER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de ronces, avant de qualifier un bois présentant des un corps qui présente un aspect cylindrique OU
ronces (1830). - RONCIERE n. f. (16111, doublet fé- tronconique dont la section a la forme d’un cercle
minin de ronckr, est demeuré rare. +Ultérieure- (v. 12651, servant spécialement en anatomie (1721,
ment, ronce a produit RONCET n. m. (19071, anté- ligament rond à décrire certains muscles ou liga-
rieurement roncé (18671, pour dénommer une ments (1805, muscle petit rond; 1827, muscle grand
maladie de la vigne caractérisée par un rabougris- rond. +Dès le XIII~s., l’adjectif est plus courant en-
sement de la plante. +@ RONCIER n. m. a été core pour caractériser un volume, et se dit de ce
formé pour désigner l’ouvrier qui fabrique les tis qui présente une forme arrondie, constituant
de fer barbelés à la machine 11955). souvent avec le nom qu’il qutie un syntagme
(lettre ronde, 16801, voire un nom composé, par
RONCHONNER v. intr., répertorié par Del- exemple RONDE-BOSSE n. f. 11615) =Ouvrage de
vau en 1867, est originaire de la région lyonnaise, sculpture en plein relief)) (+ bosse). +À partir du
ou le verbe roncher agrondern, est entouré de nom- XIII~s., l’adjectif est employé pour décrire le volume
breux dérivés comme ronchonner, ronchina signi- sphérique d’une partie du corps ou du corps hu-
fiant aussi agronder, grommelers. RoncIzw est une main (1277). Cette valeur, aujourd’hui usuelle en
survivance de l’ancien lançais ronchkr (XIII~ s.), emploi concret, est bientôt attestée avec une valeur
ronkier (XIII~s., picard), qui représente le bas latin figurée, dans la locution être rond &tre ivre* C14741,
rhloncure flrontler}, dérivé du latin classique par allusion à la réplétion, comme dans soûl,
rlhlonchus acroassementm, arotiement>j. Ce mot bourré; être rond s’emploie aussi dans les dialectes
est l’emprunt latin& du grec ronI&os, de la famille pour *être rassasié de nourritureu (16693 et ce sens
de renkhein aronflep. Le groupe expressif de mots doit être ancien *Par la suite, l’adjectif qual%e
grecs repose sur une harmonie imitative; l’initiale une personne petite et grosse (16901, un objet gon-
a dû être SF ou UIT- (on en a rapproché des mots flé en forme de sphère tel qu’une bourse (av. 17531,
celtiques : vieil irlandais srënnim aronflep, moyen un ballon de football, ballon rond se disant par mé-
irlandais srëimPn «ronflementmI. Cette famille tonymie pour désigner ce sport, opposé à ballon
évoque le grec rhunkzhos «groin (du porc), museau ovule (rugby). *Abstraitement, ro& qutie une
(du chien), bec (de l’oiseau)%, également expressif quantité numérique complète, entière, qui ne
par la sonorité. En fiançais même, la valeur ono- comporte pas de décimales (av. 14931; tout rond se
matopéique du mot a certainement été pour beau- disant d’une somme qui n’oblige pas à ajouter ou à
coup dans son adoption par le langage populaire. rendre de monnaie ( 1887). * Table ronde, fort de la
+Le verbe est employé dans le langage familier valeur symbolique qu’il tient des romans de che-
pour amanifester sa mauvaise humeur en bougon- valerie du cycle d’Artus (le roi Arthur), est entré
nant}). dans l’usage d’abord pour désigner un repas au-
b RONCHONNEUR, EUSE adj. et n. (18781, Pa;r quel peuvent participer ceux qui le désirent (xv” s.1,
changement de sufke, a lui-même donné RON- de nos jours une réunion où tous les participants
CHONNOT n. m. (1878), nom donné à un officier sont mis sur un pied dëgaJité dans la discussion
trop méticuleux qui ronchonne au moindre pré- (1955, in Témoimuge chrétin). *L’adjectif quatie
texte (aussi en nom propre, le colowl Ronchonnotl. moralement une personne qui agit avec tianchise
+Deux autres dérivés sont des noms d’action : et simplicit& parle franc et net sans discussion su-
RONCHONNEMENT n. m. (1880) et RONCHON- perflue (fin XIV~ s.l.
NADE n. f. (18841, moins usité. +RON- L’adjectif est adverbialisé tardivement dans la lo-
CHON, ONNE adj. et n. 118781 désigne une per- cution tourner rond 118701, dite d’un moteur qui
sonne qui a l’habitude de ronchonner (notamment tourne bien régulièrement, sans à-coups, et répan-
dans un vieux ronchon). +Le participe présent due dans le langage familier pour ce qui se déroule
RONCHONNANT, ANTE s’emploie adj ebivement de manière régulière, satisfaisante ( 1901). À ia
(1894) pour <qui ronchonne> et “propre à qqn qui forme impersonnelle, cola ne tourne pas rond
ronchonnem C1920). (1928) s’emploie en parlant d’une personne qui pré-
0 voir ROGNE, RONFLER, RONRON. sente des troubles. La locution jouer rond (18861,
dite autrefois dans l’argot du théâtre à propos d’un
+k ROND, RONDE adj., réfection (v. 13801 de acteur dont le jeu manque de vigueur, est sortie
reont Cv.11001, runt Cv. 11701, est issu d’un latin po- d’usage.
pulaire “retundus, altération, par dissimulation de la Dès l’ancien fknçais, rond est substantivé Iv. 1155)
première voyelle, du latin classique rotundus “qui a dans la locution en rond, d’abord employée avec le
la forme d’une roue, arronditi, employé au figuré à sens de <pris ensemble>. +Depuis le xme s., ~72rond
propos d’un style dont les parties sont bien équili- sert à désigner tout objet en forme d’anneau ou de
brées. Ce mot, dont le féminin a donné roto&* couronne, seul et en emploi déterminé, comme
par l’intermédiake de l’italien, est dérivé de rota rond de serviette (18431, rond-de-cuir, ce dernier
Ib roue). employé par métonymie (1885) pour désigner fami-
4 Dès les premiers textes, l’adjectif qualifie ce qui a lièrement un employé de bureau, sens illustré par
la form? approximative d’une roue ou d’une Courteline, D’autres emplois ont fourni des lo-
sphère. A partir du XIII~s., il se dit d’une figure géo- cutions figurées comme en baver des rond de ch-
métrique obtenue par révolution d’une surface, peau (19011, d’ailleurs mal expliquée. * Par méta-
d’une ligne autour d’un axe Iv. 12651,le vocabulaire phore, le nom s’emploie I 146 13 pour désigner une
didactique employant circulaire. Rond caractérise pièce de monnaie dans la langue familière, entrant
ce qui présente une surface circulaire @in xzIe s.), ultérieurement dans des locutions comme plus un
DE LA LANGUE FRANÇAISE ROND

rond (18701, et récemment pour pas un rond Wa- (1752) et en musique afigure de note présentée par
tuitement~. b Rond de flan n’est en usage que dans un ovale allongé, valant deux blanches ou quatre
en être, en rester comme deux ronds de flan ( 1892, noire+ (17031. +Avec son sens de ((dansen, le plus
chez Courteline; -+ flan). *Rond désigne égale- cowa&,îladormé le verbe RONDERv.irb. adm-
ment la figure plane appelée plus savamment ser une ronde> (Suisse). + RONDELLE II. f., d’abord
cercle (xv” s.), par exemple dans la locution ftie rondele (~XI rnr” s.), puis rondelle I12791, diminutif de
des ronds dam l’eau (16601, qui a pris la valeur figu- TO& n. m., *petit rond ou cerclen, a d’abord désigné
rée de *perdre son temps à des futilités)). La lo- un cercle de fer, puis une tête de chardon utilisée
cution usuelle en rond (15381 «en formant une fi- pour le peignage des draps bon marché. En armu-
gure circulaire», entre à son tour dans la locution rerie, rondelle de lance U3091 désigne une pièce
familière tourner en rond ane pas progresser, reve- d’acier façonnée en pavillon de cor et protégeant la
nir toujours à son point de départD (19041. +Le mot poignée de la lance de guerre, et rpndelle un petit
désigne en outre une piste circulaire dans un ma- bouclier en usage au moyen âge (15351 [cf. ron-
nège (av. 15771, spécialement la piste circulaire si- dachel, ainsi qu’une pièce d’armure ronde proté-
tuée dans l’enceinte du pesage où les chevaux geant le haut de l’épaule, la garde ronde d’une
tournent au pas avant de prendre part à la course épée. + Le mot a pris le sens de <<ciseauarrondi uti-
(milieu Iclr” s.l. +Rond de jambe <figure circulaire lisé par le sculpteur ou le marbrien (déb. XVII~s.),
que semble décrire la jambe» (18171, symbolise une d’où DEMI-ROND n. m. (1846) <couteau de cor-
attitude obséquieuse ou tiectée, par allusion aux royeur à lame en demi-cercle)). +Au XIXe s., il est
révérences (1874) ; rond de bras 11846) est rare ou passé dans l’usage courant, désignant une tranche
technique (danse). +À partir du XIX~ s., rond dé- mince coupée dans un objet cylindrique (18623, en
signe la tranche d’un objet cylindrique (av. 18501, concurrence avec rond, tout en prenant de nou-
par exemple dans ro& de saucisson, et développe velles acceptions techniques : “large rebord mobile
quelques emplois concrets d’usage technique : il placé & chaque extrémité du métier à tisserm (1875)
est repris en botanique à propos d’une maladie des et, en serrurerie, Ndouille de renforcement dans la-
arbres résineux (18771, en anatomie pour désigner quelle est actionnée la pièce qui reçoit la tige car-
deux muscles de I’épaule par substantivation d’un rée du boutonp (milieu IU? S.I. ~RONDIR v. tr.
emploi adjectif (ci-dessus) 118701;il est employé en (1243) -rendre rond- a été supplanté par arrortdir
boucherie dans les expressions rortd de g2e à la (voir ci-dessous); il a été repris en technique pour
noix 11933) et rond de tranck grasse. Rond à béton (<tailler (les ardoises1 à la forme et à la dimension
(1963) se rapporte à un fer rond utilisé pour la réali- voulues>> (1782, Encyclopédie). 0 Ses dérivés RON-
sation des armatures dans les ouvrages en béton DISSAGE n. m., RONDISSEUR n. m. et RONDIS-
armé. + L’appellation rond de sorcière «cercle ma- SEUSE n. f., apparus au ti s., dérivent de ce sens.
giquem s’est appliquée parfois à un groupement de RONDEAU n. m., qui, sous sa forme actuelle (fin
fructifications de certains grands champignons dis- XIV~s.), a remplacé RONDEL (fm XIII~s.), sauf en his-
posés sur le pourtour d’un cercle. toire littéraire, est le diminutif de ronde. Il a dé-
w RONDEMENT adv., réfection Cv.1380) de roonde- signé une danse en rond, puis un petit poème à
ment (v. 11551,reondement (v. 12651, a signifié menvi- forme fixe sur deux rimes avec des répétitions obli-
ron, en chif&es rondsn, Ià où Ze tian~ais moderne gées En XIII~s.1, qui a connu plusieurs formules
dit rond. II a signifié ‘(en rond* Cv.1265) avant d’être (nommées ro&eau a partir du xve s.1 dont cer-
supplanté au XVII~s. par la locution adverbiale en taines sont restées relativement vivantes dans la
rond. *De nos jours, plus encore qu’avec le sens poésie du XIX~ s. (Banville, Corbière). Par l’intermé-
psychologique de &anchement, sans façon> diaire du sens de KrefrainB I16901, il se dit en mu-
Iv. 13601, il s’emploie avec celui de «avec décision et sique d’une forme instrumentale se rapprochant
célérité* Iv. 1460) d’usage familier, quelquefois avec de la chanson populaire à refrain et couplets 117401,
la valeur superlative de <Je plus vite possible> appelée ronde (ci-dessus) [+ rondo]. *RONDET
11732). n. m., diminutif de rond Kn XI~I~s.1, s’est employé
0 RONDE n. f. (XIII~s.1, d’abord reonde Iv. 11751, comme synonyme de rondel et dans la locution ron-
YOO~& (XIII~s.1, féminin substantivé de rond, est d& de cwole <(chanson accompagnant une ronden.
d’abord employé dans la locution ii la ronde, avec RONDELET, ETTE adj. (v. 13541, diminutif de l’ad-
le sens spatial de adans un espace circulaire qui jectif rond, qutie ce qui est assez rond, d’abord en
s’étend alentours, et, selon le contexte, <en se tour- fauconnerie, en parlant de la tête de l’épetier,
na& successivement vers tous les membres d’une puis avec une nuance familière bienveillante
assemblée réunien (1653). oDepuis le xwe s., ce (v. 15501, par exemple à propos des formes du
nom est employé de manière autonome, d’abord corps. Il est employé au figuré, d’après une valeur
pour =Chape à forme ronde>>, emploi sorti d’usage, de rond, en parlant d’une somme d’argent assez
et en parlant d’une danse collective. Ce sens est si- importante ( 17281. + Le féminin rondelette est subs-
gnalé une fois au XIII~s. et semble repris au XVITI~s. tantivé (1724) pour désigner une toile à voiles, puis
(1783, Berquin), d’abord pour <chanson à re&ain> un tissu de lin et coton dont la trame est un fr.lassez
(ronde de table, 1751; ronde, 1763, Favart). L’accep- gros, d’après soik rondelette (1723). c= Le masculin,
tion concernant une danse où l’on se tient par la pris comme dénomination du rondeau (1301-13891,
main en tournant autour d’un point central est la est sorti d’usage.
plus usuelle. + Parallèlement, ronde a développé RONDIN n. m. (13871, nom d’une sorte de tonneau,
deux sens techniques : en calligraphie &criture à sorti d’usage, a été reformé pour désigner un mor-
jambages courbes, panses et boucles circUla,iresb ceau de bois de chauffage qu’on a laissé rond au
RONDACHE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lieu de le refendre ( 15261, d’oti, couramment, un la valeur d’une chose afm de constituer un tout
gros bâton 117011,puis une bille de bois non équar- complet% (1678). +ARRONDI,IE, le participe
rie (1843). Par métaphore, il a été employé paral- passé, est adjectivé Iv. 12801 pour qualser une
lèlement à rond, pour désigner populairement une chose à peu près ronde. Il se dit en phonétique de
pièce de monnaie (18291, sens disparu Le mot a dé- phonèmes émis en arrondissant les lèvres. Il est
signé un petit traversin destiné à soutenir les reins substantivé pour désigner la partie arrondie d’une
Iv. 17503 et un veston court à pans arrondis porté chose Curt arrondi). +ARRONDISSEMENT n.m.
par les garçons de café ( 1879). (v. 1450) a progressivement cessé de s’employer
RONDEUR n. f., relativement tardif Iv. 14601, dé- comme substantif d’action de arrondir. II a eu quel-
signe l’état d’une surface ronde, la forme sphéroïde ques emplois spéciaux, par exemple en peinture
d’un objet (15301, en particulier l’état d’une per- pour l’action de faire sentir les rondeurs (16211, le
sonne ou dune partie du corps bien en chair Il4801 fait d’arrondir une somme au tianc supérieur,
et, le plus souvent au pluriel, rondeurs ( 18061, une l’agrandissement d’un domaine ( 16801 et, en phoné-
partie du corps ronde et charnue, acception tique, le fait d’arrondir les lèvres pour émettre cer-
souvent appliquée à l’anatomie féminine. +Parai- tains phonèmes. +Il est beaucoup plus vivant dans
lélement, il s’emploie avec les sens figurés de l’ad- un emploi métonymique, désignant (en France)
jectif, se disant de ce qui est franc et saw facon une division territoriale (17373 puis la circonscrip-
(15411, de l’attitude qui exprime le naturel allié à un tion administrative kançaise créée par la loi du
prompt esprit de décision (1541) et, en rhétorique, 28 pluviôse an VIII (18001 et, couramment, une sub-
de l’harmonie d’une phrase bien équilibrée (15581. division administrative dans les très grandes villes,
@ RONDE n. f. (15591, à ne pas confondre avec le fé- Paris, Lyon, Marseille. -En ce sens, il a produit
minin substantivé de rond, est le déverbal de l’an- SOUS-ARRONDISSEMENT n. m. (1871) et AR-
cien verbe roonder v. tr. (v. 11851,ronder «tailler en RONDISSEMENTIER n.m. (18851, qui s’est dit du
ronds, mfaire la ronde> (déb. xve s.l. Le mot désigne, partisan du scrutin uninominal majoritaire à deux
dans le langage militaire, le parcours autour d’une tours pour lequel la circonscription électorale était
place pour s’assurer que tout va bien, d’où le syn- l’arrondissement I +ARRONDISSAGE n.m. 11838)
tagme chemin de ronde ( 1676) ; par extension, il dé- sert de substantif d’action à arrondir dans l’usage
signe l’inspection faite, surtout la nuit, par des poli- technique.
ciers, des gardiens pour vér%er que l’ordre règne + voir RONDACHE, RONDO.
(16231. Par métonymie, il se dit collectivement de
l’ensemble des personnes chargées de cette mis- RONDACHE n. f. est une forme normanno-pi-
sion (15671. carde (15691, ainsi que la variante rondace Km
Au XIX~s., rond redevient productif avec RON- xwe s.1,dérivée avec un sufke péjoratif, du français
DOUILLARD, ARDE adj. (18661, d’abord employé ro&eUe, diminutif de rond* employé au xvle s. à
dans l’argot des ateliers de peintres à propos d’un propos d’un petit bouclier rond et dont l’emploi de-
dessinateur maladroit qui procède par masses vait créer des ambiguités à cause de la polysémie
rondes, puis, en arts plastiques, pour un dessin, de ce mot. L’hypothèse d’un emprunt à l’italien ron-
une sculpture aux formes trop arrondies, d’un style daccia se heurte au fait que ce dernier est attesté
mou et fade. oLe sens plus courant de Kreplet, ultérieurement 116221, mais cette attestation peut
grassouillet (en parlant d’une personne)B est posté- fort bien être provisoire. On a aussi écrit et dit ro-
rieur (1893). *Au xxe s., roti a produit les termes danche (15611 et ridache au XVI’ s. (15731.
techniques RONDAGE n. m. (me s.1,dit en horloge- + Le mot désigne un grand bouclier circulaire em-
rie du tournage de la platine et des ponts, et RON- ployé au wre s. par les fantassins; par métonymie, il
DADE n. f., qui désigne un mouvement de gymnas- désigne le fantassin ainsi armé &n xv? s.l. 0 ll se
tique Il 964). dit aussi d’un ornement en forme de rondache.
Le composé ROND-POINT n.m., d’abord écrit Feuille en rondache (1870) désigne en botanique
roont-point *demi-cerclen I 13753,a désigné la partie une feuille dont le pétiole est tié au milieu du
semi-circulaire à l’extrémité de la nef d’une église limbe.
(17401, sens aujourd’hui archaïque. oLe mot dé- ä RONDACHTER n. m., d’abord rondacier Km
signe couramment la place circulaire où abou- xwe s.), puis rondachier ( 16251, désigne le soldat qui
tissent plusieurs rues d’une ville 118311, extension portait la rondache, au XVI~siècle. C’est un mot di-
analogique du carrefour vers lequel convergent dactique d’historien.
plusieurs allées dans une forêt ou un jardin ( 1708).
ARRONDIR v. tr. (v. 12781, également areondir RONDO n. m. est emprunté (1814, Stendhal) à
Iv. 13103 en moyen français, a supplanté rondin au l’italien rondo (seulement attesté en 1826). Ce mot
sens de Krendre rond% et spécialement de edonner (déjà passé dans l’anglais roti en 1797) est em-
une forme courbe de mon à supprimer les angles>, prunté au français rondeau”.
d’où, avec une valeur figurée, la locution ;wrondir +Le mot a été repris en musique, désignant une
les anges qui semble assez récente. De ce sens forme caractérisée par la répétition d’une phrase
procède, en marine, le sens de *contourner (un musicale entre les couplets, utilisée dans la sonate
obstacle) en suivant une trajectoire arrondie, et la symphonie.
(1829). + Le verbe se dit en rhétorique pour aéquili-
brer les parties des phrases, leur donner un RONÉO n. f. est l’emploi comme nom d’instru-
rythme harmonieux» 11671) et s’emploie avec une ment (19211 du nom déposé de la Compagnie du
valeur quantitative pour aaugmenter la surface ou Ronéo. Ce mot est déposé en anglais ~~OWO~ le
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3295 RONGER

27 novembre 1901 dans le Journal des Marques et quelquefois par le dormeur ( 1596) et, par extension,
recouvre du matériel de bureau, notamment une tout bruit rappelant celui-ci (1555). e RONFLOTER
machine reproduisant des textes. Il est formé des ou RONFLOTTER v. intr, ( 1879, Huysmans) est un
premières lettres de rotary «presse rotative- (-3 ro- verbe familier pour aémettre un petit ronflement».
ta@ et de Neostyle, littéralement «nouveau style» + RONFLETTE n. f. (19%) procède du sens familier
(4 néo-, style), dans Neostyyle Manufucturing de ronfler Ndorrnîrs, et se dit d’un petit somme.
Cornpany Limited. @ Voir ROGNE, RONCHONNER, RONRON.

+Le mot a été emprunté comme nom féminin


RONGER v. tr., d’abord ronyer dans les gloses
d’une machine reproduis& des textes préalable-
juives Iv. 11001, puis rwgi%r (v. 11301, rongkr
ment tapés sur un stencil. Par métonymie, un ronéo
(v. 11931,erSn ronger (déb. xwe s.), est issu du bas la-
se rapporte au texte (cours scolaire ou universi- tin rumigare ~ruminer)~ Ile sens chez ApuGe, au
taire) ainsi reproduit.
II~ s., étant (<avalernI. Ce verbe, latin par la forme, se
b Là où l’anglais utilise un verbe transitif to roneo rattache mieux à rumis, à côté de ruma cpis, ma-
(19211, lehJ'lçais acréé RONÉOTYPERv.tr.(1939) melle d’un animalp, combiné à ugere (-* agir), bien
ou RONÉOTER (1941; 1939, ronéoté), le premier que par le sens il procède plutôt de rumen, -ini,s
avec -me* et une désinence verbale, pour arepro- <<premier estomac des ruminants, panses, témoi-
duire un texte au moyen de la Ronéo-. La ronéo- gnant de la confusion existant en latin entre rumis
typie (nom attesté en 19621 a décliné au profit Irumal et rumen I+ ruminer). La forme française
d’autres techniques de reprographie (photocopie), actuelle s’expliquerait par l’irïfluence du latin ro-
et tous les mots de la série avec elle. &re srongerm (3 roder1 qui s’est conservé dans les
langues romanes : italien rockre, espagnol roer, an-
RONFLER v. intr. est une création onomato- cien provençal roire, ancien fra~@s rare. On peut
péique Iv. 11301 du type de ronchonner* et ronron*, évoquer aussi les dérivés populaires de rodere que
mais dans laquelle le radical expressif ron- a été sont “rodicare kmgevin rouger, occitan rouzegul et
allongé par le groupe -fi- évoquant le bruit du “rosicure (normand roucher). Ce croisement entre
sotie qui sort de la bouche. On peut aussi y voir deux séries de verbes est dû à l’analogie des deux
une motication expressive, d’après souffler*, sif- actions, ~ruminer~~ et <<ronger» : le &scon arou-
fter*, de l’ancien français ronchier de même sens mega a les deux acceptions.
(3 ronchonner) qui survit dans les parlers du nord- + Le sens étymologique de crurninep, encore enre-
est et de l’est de la France et surtout dans le do- gistré au XVII~ s., s’est conservé en parlant d’un cerf,
maine occitan. Le mot est aussi répandu en Italie en vénerie, et dans les dialectes CALlier, Loire). Le
(ombrien rontiure) et en Espagne. sens figuré correspondant, Nréfléchirn (XII~s.1, ares-
4 D’abord employé pour +oufTler bruyamment en sasser dans son esprit= (XIII~s.) a décliné conjointe-
respirant (à l’état de veille))>, ronfler s’emploie sur- ment puis disparu. +Le sens d’auser en grignotantm
tout aujourd’hui, et dès le ~II~ s., en parlant de qqn (v. 11751, en revanche, s’est répandu, d’abord en
qui produit en dormant un bruit sonore venant de parlant d’animaux puis d’humains qui prélèvent
la gorge et des narines (v. 11791. Par extension de avec les dents les derniers restes comestibles
ce sens, il rend l’idée de <dormir profondémentn adhérant à une surface dure cv.1180). Par exten-
(18091, dans l’usage familier. 0 Plus généralement, sion, le verbe s’emploie à propos d’animaux (in-
il correspond à <produire un bruit sourd et régulier sectes, etc.) qui, munis de pièces buccales
qui se prolonge>> (v. 1570). Faire ronfier se dit fami- broyeuses, attaquent une substance en l’absorbant
lièrement au figuré pour ({déclamer qqch. de ma- Iv. 11901. oll équivaut aussi à Nmordiller, mâchep,
nière emphatique= 11659, Molière). +L’usage fami- d’abord dans la locution ronger son &~JTIIdont le
lier s’en sert comme équivalent d’&ler bien? par sens figuré «être très impatientB 1x111~ s.1 est attesté
allusion à un moteur qui ronfle, c’est-à-dire qui longtemps avant le sens propre, qui concerne le
fonctionne régulièrement sans à-coups (xx” s.l. cheval, puis dans tout autre contexte (17691. II cor-
kLe participe présent RONFLANT,ANTE est ad- respond aussi à aattaquer avec les dents (une chose
jectivé (1529) pour qutier ce dont le bruit évoque dure non comestibleIn 11678, La Fontaine]. +Par
le fait de ronfler, spécialement en médecine dans abstraction, ronger, dès l’ancien français, se dit
la locution rae rtmiknt (1870). +Au xwe s., l’ad- pour xentamer petit à petitB, à la fois au figuré, avec
jectif prend un sens figuré et péjoratif: Nd’une so- la valeur de «miner* Iv. 1190) et, au propre, en par-
norité riche à l’oreille mais vide de sensm(16881,no- lant de ce qui réduit peu à peu la surface d’une
tamrnent dans propnesse ronflante (1835). L’idée chose (v. 14601,de ce qui attaque une chose, notam-
d’emphase se retrouve dans son emploi caractéri- ment le tissu vivant, en la désagrégeant Iv. 14601.
sant une chose, un discours d’un goût tapageur et + La forme pronominale se ronger (1610) ne s’em-
ridicule 11866). ~RONFLEUR,EUSE n. désigne,et ploie qu’au sens figuré de ase tourmentern (on di-
quelquefois quahfie (1552) une personne qui souille sait ronger son cœur v. 1460 en moyen fmnçaisl ;
et, plus couramment 115591, une personne qui elle s’emploie dans la locution familière se ronger
rode. + Il a été repris au masculin comme nom les saqp (1876).
d’un relais électromagnétique à lame vibrante dont b L’ancien déverbal RONGE n. m,, d’abord ange
le fonctionnement produit un rotiement de basse (v. I 1701, survit dans les dialectes pour désigner la
frequence 11901). *RONFLEMENT n.m. (15531, portion d’aliment ruminée par l’animal dans la lo-
d’abord pour le bruit que fait un cheval par les na- cution de vénerie faire son romge cuminer Ien par-
rines quand il a peur, désigne le bruit sonore fait lant du cerf% ( 16221.0 Le sens moral, aaction de re-
RONRON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

passer dans son espritu (v. I 1701, spécialement chef-lieu de canton de l’Aveyron IRoquefoti-sur-
aremordsti Cv.11701, qui correspond aux emplois fi- Soukonl, dans la r&ion duquel ce fromage est fa-
gurés du verbe pour aruminersp, a disparu. briqué. La graphie rocfoti a eu cours au xvme s. et
+RONGÉ, ÉE, participe passé de ronger, est ad- est encore répertoriée en 1836par le dictionnaire
jectivé avec un sens concret (1314,os ror@ et, ulté- de l’Académie.
rieurement, au sens figuré de +miné par une lente 4 Le mot désigne un komage à moisissures
dégradation moraleD lav. 1559, Du Bellay). +RON- (cf. bleu”1 fait avec du lait de brebis.
GEUR, EUSE adj. et n. m., attesté dès le xv” s.
(Bloch et Wartburg, sans indication de sens), s’est ROQUENTIN n. m., attesté depuis 1630,égale-
employé en moyen français dans la locution ron- ment sous la forme ancienne rocantin 116691,est
geur d’or <celui qui rogne les monnaie9 (1530). Vers d’origine obscure. Le sens de «vieux soldat- donné
la ti du XVII~s., la locution ver rongeur, dans la par les dictionnaires postérieurs n’étant cor&mé
langue poétique, se dit d’un souci obsédant qui par aucun texte, le rattachement proposé à roque
mine le moral, avant que l’adjectif seul ne soit at- *roche, forteresse)) est plus que douteux. L’emploi
testé avec l’acception figurée de «qui tourmente>) de vieux roquati chez Villon (xv” s.), à propos d’un
Iv. 1762,Rousseau), correspondant au sens concret vieillard morose, permet le rattachement du mot à
“qui corrode lentement)) (av. 17941.+ F!nfm, l’adjectif un radical onomatopéique rok- exprimant le bruit
quaMe un animal qui ronge, dont la denture est d’objets se heurtant. Un verbe roquer <heurter*, et
conformée pour ronger (1800), sens où le mot est aussi <<roter-n,<craquer>), etc. est répandu dans les
substantivé, d’abord au pluriel les rongeurs (1803) parlers régionaux (+ roquet); on peut penser que
pour désigner un ordre de mammifères végéta- roquentin a été formé sur le participe présent de ce
riens ou omnivores possédant de longues incisives verbe avec un sufke -tin d’après ignmuntin, plai-
coupantes. +RONGEURE n. f., ancien substantif santin, etc.
d’action de ronger (av. 15021,a été repris avec la va- + Le mot a désigné un jeune élégant qui fait la cour
leur métonymique de «débris d’un objet rongé& à une femme, puis 11669)un vieillard ridicule qui
( 1877). Il ne s’emploie plus qu’en technique pour prétend faire le jeune homme. Cet emploi était vi-
designer le défaut d’un drap rasé jusqu’a la Cha;îne vant au me et au début du XX~s., surtout dans vieux
aux endroits où se trouvaient des nœuds et des dé- roquentin, ~Pour une raison obscure, le mot a
chets (1904).-RONGEMENT n, m. (1538) fait office aussi désigné au xwe s. un chanteur de chansons
de substantif d’action, au propre et au figuré, à pro- satiriques (1631) et ces chansons 11640). ri est ar-
pos d’une douleur morale (av. 1615) et, par analo- chaïque dans toutes ses acceptions.
gie, de l’action de faire disparstre peu à peu
(déb. tis.1. +RONGEANT,ANTE, participe pré- +# ROQUER v. intr. est dérivé (16901de 0 roc
sent de ronger, est tijectivé avec un sens moral n. m. (v. 11701,ancien nom de la tour aux échecs,
(v. 1770, Rousseau), le sens propre n’étant attesté conservé en blason (1581). Ce mot est emprunté,
qu’au milieu du XIX~ siècle. -+Le substantif un ron- probablement par l’intermédiaire de l’espagnol
geant n. m. (18451 désigne un produit chimique qui roque, au persan ru@, nom d’un oiseau fabuleux
détruit certains colorants. -RONGEAGE n. m. (appelé en français oiseau TOC*)et aussi de la pièce
( 19491, outre un nom d’action, est un terme tech- d’échecs représentée par un éléphant surmonté
nique réservé a l’impression sur tissu réalisée au d’une tour. Le mot est passé du persan à l’arabe,
moyen de produits rongeants. puis s’est d8usé dans plusieurs langues.
RONRON n. m. est le redoublement (1761, 4 Le verbe, aussi écrit rocqwr, s’emploie aux
Rousseau) de l’onomatopée ron qui évoque un bruit échecs pour aplacer l’une de ses tours à côté de la
sourd et continu, comme confier” ou ronchonner*. case du roi et faire passer celui-ci de l’autre côté de
la tour lorsqu’il n’y a aucune pièce entre eux>>.
+ Le mot se dit à propos d’un bruit sourd et continu,
0 Par analogie, il se dit au croquet lorsque l’on
quelquefois avec une valeur figurée péjorative de
place sa boule près de la boule touchée et qu’on la
*routinem. 11 évoque spécialement le petit ronfle-
happe de mtière à les pousser toutes deux en-
ment régulier que le chat tire de sa gorge pour
semble I 1889).
marquer son contentement (1834).
FROCADE n. f. (av. 17901, terme militaire dési-
ä RONRONNER v. intr. (18531,dérivé de ronron, est
gnant une voie parallèle à la ligne de combat et re-
employé en parlant d’un chat qui fait entendre des
liant des secteurs voisins (également ligne de ro-
ronrons 03audelaireI et, par analogie, en parlant de
qqn qui évoque par son comporkement la béatitude
cade, voie de rocade), est dérivé de roquer par
comparaison du va-et-vient qui s’opère sur la ligne
du chat satisfait (1935). Plus généralement, il signi-
de rocade avec le mouvement de croisement du
fie aémettre un bruit sourd et régulier> (1908) et, au
roc aux échecs. Le mot, non attesté au )mce,est
figuré, <se complaire dans la routine*. *Son dérivé
passé dans l’usage au milieu du ti s. pour dési-
RONRONNEMENT n. m. (18621 exprime l’action de
gner une voie destinée à détourner la circulation
ronronner, jouant le rôle de nom d’action et de col-
d’une région déterminée en la contournant ou en
lectif par rapport à ronron. ORONRONNANT,
la longeant, et qui prend son origine et aboutit à
ANTE adj. 11890dans Verlaine) se dit du chat et, au
figuré, de ce qui exprime la routine. une voie principale. +ROQUE n. m. (18591, autre-
0 voir RONCHONNER, RONFLER.
fois également @ roc (18751, déverbal de roquer,
terme d’échecs, désigne le coup qui consiste à ro-
ROQUEFORT n. m. est l’emploi comme nom quer. +On emploie quelquefois le dérivé sutaxé
commun (1642) de Roquefort, aujourd’hui nom d’un ROQUAGE n. m. (1904 dans le même sens.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3297 ROSE

ROQUET n. m. appartient (15441, comme les + Le mot désigne une espèce de cetacé, à nageoire
mots diaIe&aux rokè *grenouille verte, (Pas-de- dorsale très développée, également appelé bak%
Cdtis) et rokè <crécelles Nord), à la famille du nop tère.
verbe dialectal roquer xcraquer, croquer, heurter)).
Ce verbe, répandu dans presque tous les parlers ROSACE + ROSE
gallo-rama du Nord, est dti à une onomatopée ROSAIRE n. m. est un emprunt 114951, adapté
qui rend un son brusque, soudainement inter- par le stixe -aire, au latin ecclésiastique rosarium
rompu (+ roquentin). qui désignait la guirlande de roses dont on couron-
+ Le mot désigne spécii?quement, mais toujours par nait la Vierge et qui, par le même développement
allusion aux aboiements, un petit chien à oreilles de sens que chapelet, s’est appliqué à un objet de
droites issu du croisement du petit danois et d’une piété. Rosarium, en latin impérial Nchmp de roses,
espèce de dogue. Par la locution comparative roseraie=, est le neutre substantivé, de l’adjectif la-
comme un roquet qui aboie 117391, il se dit au figuré tin classique rosutiw ade rosem, dérivé de rosu
d’une personne hargneuse mais que son insigni- (-, rose). L’italien et l’espagnol rosurio représentent
fiance rend peu dangereuse ( 1752). Par extension le même mot. Le moyen tiançais avait aussi rosier
du premier sens, il s’applique à tout petit chien (v. 15251, éliminé pour son homonymie avec le nom
hargneux qui aboie beaucoup (1845). de l’arbrisseau, et avait réemprunté rosaire pour
6 voir ROQUENTtN. «terrain planté de rosesn (15421, emploi sorti
d’usage.
0 ROQUETTE n. f. est emprunté (1505) à l’ita-
+ Le mot désigne un grand chapelet composé de
lien rochetta, variante (xv1~s.1 de rucchetia, nom
quinze dizaines de petits grains précédées cha-
d’une plante cultivée pour ses feuilles mangées en
cune d’un grain plus gros (le pater) et consacré à la
salade. Le mot est le diminutif de ruca, issu par
Vierge : par métonymie, il se dit des prières réci-
aphérèse du latin eruca achenillen d’oti, par analo-
tées en égrenant le chapelet ( 16941, d’où l’expres-
gie, {(plante dont la tige velue rappelle la chenîllem,
sion mois du rosaire (attesté ti s.l,pour nommer le
déformé en uruca, urica sous l’influence de urere
mois d’octobre pendant lequel 1’Eglise catholique
UbrulerD t-t combustion), en raison de la vertu
encourage les fidèles à réciter le rosaire. +On a
aphrodisiaque supposée de la plante. L’étymologie
appelé herbe rosaire (1845) puis herbe à rosaire
de eruca est inconnue.
(1870) un végétal dont les graines servent à faire les
4 Le mot, qui a pour variante rouquette, a gardé le chapelets.
sens du mot italien. Son emploi pour désigner une
perdrix grise (1875) procède d’un développement ROSBIF n. m., d’abord sous la forme analytique
peu clair : il peut s’agir d’un autre mot. ras de WC16911 puis sous sa forme actuelle (17271,
est l’adaptation de l’anglais toast-beef (également
0 ROQUETTE ne f. est la reprise (19391, d’après roustbeef: roust beef). Ce mot est formé (1635) de
l’anglais roche& de roquette (1752) dans la locution beef NbœufD (-+ bifteck), lui-même emprunté à l’an-
faire la roquette *jeter des fusées éclairante+. Ce cien français boet buef (-+ bœufl par l’anglo-nor-
mot français 05611 est le féminin de l’ancien muet, mand, et de roust <rôti,, de to ma& Mgriller, rôtirb,
variante picarde de @ rochet. L’anglais rocket de l’ancien français rostir (+ rôtir). La forme rosbif a
(16113 <fusées est lui-même soit emprunté de l’an- évincé l’emprunt brut toast-beef (17641, sauf à pro-
cien mot français roquet ou roquette, soit repris de pos de l’Angleterre et des pays anglo-saxons.
l’italien roccIwtto, diminutif de rocca, du gertna- 4 Le mot désigne un morceau de bœufrôti ou à rô-
nique “rüMzza cquenouille>>, par analogie de forme tir, généralement coupé dans l’aloyau. Il a aussi dé-
(40 rochetl. Roquette est en concurrence avec signé la partie de derrière d’un mouton, d’un che-
l’anglicisme ROCJSIIT n. m. (19491, condamné par vreti, que l’on sert rôtie ( 17271. + Par métonymie,
un arrêté ministériel du 12 août 1976, mais tech- d’après mangeur de rosbif: un, les rosbifs s’est dit
niquement en usage. péjorativement pour ~~Anglais~ (1774 ; dès 1727,
+ Le mot désigne un projectile autopropulsé par fw comme nom donné à un négociateur anglais), les
sée utilisé comme arme tactique et, par métony- peuples étant volontiers qutiés par leurs habi-
mie, l’arme qui lance ces projectiles 11953). tudes alimentaires. Cet emploi a disparu au cours
b Cette arme est spécsquement appelée LANCE- du XIX~ s., sauf reprise plaisante et occasionnelle.
ROQUETTE(S1 n. f. ( 19531, composé usuel dans le
* 0 ROSE n. f. est emprunté Idéb. XII~ s.1 au latin
vocabulaire militaire, en concurrence avec l’angli-
rasa qui désignait à la fois la fleur du rosier (égale-
cisme bazooka, et qui a soutenu la di&sion de la
ment avec une valeur collective) et l’arbuste qui
forme roquette. Le terme officiel est lance-fusées
porte des roses, et était employé au figuré comme
lanticharsl.
terme d’tiection. Le mot est apparenté au grec
RORAGE + ROSÉE (ROSAGE) rhodon (+ rhododendron), sans lui être emprunté :
les deux formes ne sont pas indoeuropéennes;
RORQUAL n. m. est emprunté (1789) au norvé- elles sont probablement des emprunts indépen-
gien myrkval, mot issu du vieil islandais reydar- dants à une langue de l’orient, pour le grec, pro-
hvulr, composé de r@lp; nom de l’espèce, et de bablement à l’iranien “y du. Le s latin pourrait in-
hvalr cbaleinen, lequel est apparenté à l’anglais diquer un passage par l’étrusque.
whde abaleine, et est également passé en français 4 Le mot désigne la fleur du rosier et, par exten-
dans le nom d’un autre cétacé (3 narval). sion, l’arbuste couvert de roses. L’ancienne déno-
ROSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mination eau rose Iv. 1433 ; antérieurement we 1835, notamment dans la locution ce n’est pas Itoutl
rose, déb. XIII~ s. ; cf. eau), désignait une eau de toi- rose (1809). *À son tour, cet adjectif est substantivé
lette préparée au cours de la distillation de l’es- (v. 13101 pour nommer la couleur rose et quelque-
sence de rose ; elle est devenue eau de rose (v. 1560) fois pour exprimer l’idée figurée d’optimisme (1809,
et a donné la locution figurée à l’eau de rose (18931 voir la vie en rose; cf. ci-dessus voir tout couleur de
cfade, mièvre>. Par ailleurs, on explique tradition- rose).
nellement l’expression le pot* aux roses par ale pot La dérivation de l’adjectif est importante.
d’eau de rose>>. oLa locution adjective de rose + ROSÉ, ÉE adj. Ifin xne s.) qualifie ce qui est vague-
(av. 1648) a développé d’autres emplois évoquant la ment teinté de rose. Par ellipse de vin rosé, il est
couleur rouge très pâle du type primitif de la fleur, substantivé de bonne heure pour un type de vin
comme dans l’épithète homérique de l’Aurore aux rouge clair (XIII~s.l. *n Sert à former RO&DES-
doigts de rose (16851, traduite du grec, dans Za déno- PRÉS n. m. (xx” s.1, nom d’un champignon comes-
mination bois de rose ( 16941, désignant un bois de tible de teinte rosée. ~0 ROSETTE n. f. (XVI~s.1,dé-
placage rosé, et dans la locution voir tout couleur de rivé de rose nom et adjectif de couleurs se dit tech-
rose 117541, remplacée par voir tout en rose ki-des- niquement de certaines matières rosées ou tirant
sous). +Dès le moyen fra,n@s, le mot inspire des sur le rouge (d’un cuivre 115761,d’une encre t15891,
emplois métaphoriques et figurés, induisant une d’une craie). Son emploi est limité par l’existence
idée de plaisir, d’agrément tv. 14601, désignant fa- de l’homonyme tiré du nom (ci-dessous). ~ROSER
milièrement la virginité féminine (v. 14601, d’où v. tr., formé ultérieurement ( 1765) en technique
cueillir lu rose ( 16261, cf. déflorer. La rose évoque picturale, a pris la valeur générale de adonner une
aussi la jeunesse, la vie éphémère (16071, et aussi la teinte rose à (qqch,)B [av. 18501, d’où se raser «deve-
félicité ( 1665, &tre sur un lit de roses). La locution nir rose% (1833). +ROSAGE n. m., nom technique,
proverbiale nulle rose sans épine (16111, üa~apas désigne une opération de teinture artisanale par
de rose sans épines (16511 sont toujours en usage. laquelle on ravivait le coton peint à la garance
0 Etre SUT les roses Kdans une situation fâcheuse, (1846). *ROSELET n. m., diminuWl7581, se dit de
(1844 et envoyer qqn SUT les mses (19611, d’usage l’hermine dans son pelage d’été et, par métonymie,
familier, viennent probablement d’une image ap- de la foumxre rousse de l’hermine 11904, tandis
parentée à envoyer promener, et jouent sur l’idée que ROSELLE n. f. (1768) sert régionalement à dé-
d’épines. + Depuis le moyen tiançais, le mot suscite signer la grive rouge. + Le sufke péjoratif -&e a
des emplois spéciaux fondés sur une analogie avec servi a former ROSÂTRE adj* ad’un rose Salem
la fleur, le plus souvent en emploi déterminé. Rose Il812). +ROSIR v. (18231, intransitif et transitif, ex-
d’or Imv” s.1 désigne la rose en or que le pape avait prime l’idée de adevenir roses et, en concurrence
coutume de bénir à la messe du quatrième di- avec raser, de arendre rose)>. Il a donné le substantif
manche de carême et qu’il envoyait ensuite à un d’action ROSISSEMENT n. m. (1894). + ROSANI-
souverain catholique. Rose désigne aussi un joyau LINE n. f. (18701, fait avec aniline*, est le nom d’un
Miman&, rubis) en forme de rose, et une taille du alcaloïde. + ROSÉOLE n. f. ( 18281 a été fait d’après
diamant (1752). Rose des vents (16781, après rose rougeole et rubéole pour désigner une éruption de
(16341, se dit d’une étoile à trente-deux divisions taches rosées qui s’observe dans certaines mala-
correspondant au trente-deux aires du vent sur la dies infectieuses.
boussole. Rose des sables ou rose du désert (1923) 0 ROSETTE n. f., diminutif du nom rose, s’est éloi-
gné de son sens propre de Npetite rose* ti XII~s.1
s’applique à une agglomération de cristaux de
gypse jaune ou rose rencontrée dans certains dé- pour développer des acceptions spéciales fondées
serts de sable. *En emploi absolu, rose sert à dé- sur une analogie de forme avec une petite rose : or-
signer un ornement d’architecture, de menuiserie, nement circulaire 112981, nmud formé d’une ou
deux boucles que l’on peut détacher en tirant sur
de marqueterie en forme de rose ( 13801, l’ouverture
les bouts ( 17653,décoration formée d’un petit cercle
se trouvant au centre d’un luth, d’une guitare, d’un
d’étoffe (1830, Balzac). +En sciences naturelles, il
clavecin (16171, la marque ronde que le teinturier
désigne un bouquet de petites feuilles terminant la
laisse au bout de l’étoffe pour distinguer les cou-
tige d’une mousse (18171, l’ensemble des feuilles
leurs qui ont servi de fond (1689) ; en architecture, il
herbacées disposées en rayon au contact du sol
s’applique à une baie circulaire garnie de vitraux
(1870; 1812, feuilles en rosette). + Il désigne aussi la
( 16901, appelée spécifiquement rosace (ci-dessous).
plaquette tiée de part et d’autre de la serrure
La locution rose du gouvernail (1736) désigne les
11842). 4 Dans l’expression rosette de Lyon (19381,le
ferrures. *F&in, rose entre dans le nom de varié-
mot s’applique à un type de saucisson sec.
tés de plantes dont la fleur ressemble plus ou + D’autres valeurs techniques sont moins usuelles ;
moins à la rose, comme rose trémière @II XVI~ sd, certaines viennent de l’adjectif (cf. 0 rosette). *Le
rose de hicho ( 15621, rose d’Inde ( 16601, rose de Noël sens figuré et populaire d’+musn 118643 sert à for-
(18031, rose du Jupon (18231, rose d’hiver 118421. mer quelques locutions référant à l’homosexualité.
b 0 ROSE adj. <couleur de la rosem, a été tiré en an- @ ROSIER n. m. (v. 11751,nom de l’arbuste portant
cien francais du nom de la fleur (v. 11601, seul, puis des roses, qui entre dans de nombreux syntagmes
aussi dans des syntagmes déterminés, comme rose désignant des variétés, a donné ROSIÉRISTE n.
tié <d’un jaune délicat comme la rose du même (18681 ehorticulteur cultivant des roses». + ROSE-
nom= (av. 18961, rose saumon, tieuX rose ke S.1, etc. RAIE n. f. 116901, dérivé de rosier sur le modèle
4 Il a développé tardivement le sens figuré de Msen- d’autres formations en -aie sur des noms d’arbres
timental, agréable>>, enregistré par l’Académie en en -er, désigne une plantation de rosiers.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3299 ROSÉE
ROSACE n. f. 11546) a été for’& d'après le latin ro- ROSE-CROIX n. f. et n. rn, et f. est la traduc-
suceus pour désigner une figure symétrique faite tion 116231 de l’allemand Rosenizreuzer désignant
de courbes inscrites dans un cercle et, par métony- une personne membre d’une confrérie formée au
mie, un ornement ayant cette forme. II est employé XVII~ s. et dont le nom remonterait à celui de Chris-
en concurrence avec rose pour un grand vitrail de tian Rosenkreuz, littéralement acroix de rosen, per-
forme circulaire (1831). oLe mot désigne aussi sonnage qui aurait vécu de 1378 à 1484. Ce magi-
l’ensemble des huit cases accessibles en un coup cien, grand voyageur, aurait vécu à Damas puis
aux échecs. +ROSACÉ, ÉE adj. et n. f. (1694) sert à serait revenu en AUemagne pour y fonder un
qual%er ce qui ressemble à une rose, spécialle- cloître. En 1604, on retrouva sa tombe qui contenait
ment, en botanique, une fleur dont les pétales sont des formules magiques et des conseils de règle de
dispos& comme ceux d’une rose. + Les ROSA- vie. Le manifeste paru à Cassel en 1614 porte en
CÉES n. f. pl. désigne une famille de plantes dont français le titre de Cowwww et Générale Réforma-
les fleurs présentent ce caractère (1812). +Repris tion de tout Le vaste monde, suivi de La Fuma Frater-
en médecine avec la notion de {(couleur rose)), ro- nitutis de l’ordre louable de Lu Croix de Rose,
sucé qutie (19%) et, comme nom, désigne la cou- dressé à tous les suvunts et les chefs de L’Europe. Il
perose. se présente comme une compilation et traduction
0 ROSIÈRE n. f. (15591, 4ieu planté de rosiers>, a des grands mystiques des siècles précédents, et il
été éhniné par roserak. * @ ROSIÈRE n. f., nou- Satir&e la situation spirituelle et morale du luthé-
veau dérivé de rose, est le nom familier donné à rianisme. En 1615, la Fuma est rééditée à Francfort
une jeune me vertueuse à laquelle on décerne une avec une Confession de Lu Frutemité qui, tout en se
récompense, originellement une couronne de défendant des accusations d’hérésie, promet le
roses 11779). Par extension, il se dit plaisamment règne de l’Esprit et la régénération intérieure. En
d’une jeune f?lle pure et candide (1846). Le mas- 1616, paraissent Les Noces c)-Lymiques de ~hristiun
culin @ ROSIER, ironique, est une création litté- Rozencreutz, anno 1454 : l’auteur en est probable-
raire de Maupassant ILe Rosier de APHusson, ment J. V. Andreae (1586-16541, luthérien de Tubin-
1888). gen et diacre depuis 1614, qui anime un cénacle
ROSAT adj. inv., qui a remplacé (XIII~ s.) huile, eve avec C. Besold et T. Hess. Bien que le -cénacle de
leau3 rosuck, est caliqué sur le latin impérial rosa- Tubingenu se doit défait dès 1616, le’ thème et le
tum loleuml. Rosatum y est le neutre de rosatus nom de Rose-Croix inspirent dès lors une abon-
afait avec des rosesn, de rosu, combiné avec oleum dante littérature et un grand nombre d’associa-
I-, huile). 4 Le mot qualifie en pharmacie une pré- tions.
paration où entrait originellement un distillat de +Lu Rose-Croix se dit de la confrérie mystique, et
roses rouges : miel rosut, pommade rosat, vinaigre un rose-croix du membre de cette con&érie alle-
rosat Iv. 1560). Le sens de ade couleur rosem (15461, mande 11671) et de diverses confréries analogues,
dans la locution I@II rosat win rosé,, est sorti ésotériques et mystiques 11648). Rose-Croix, en ap-
d’usage. position, sert aussi d’adjectif. ~DU fait que les
@ Voir RHODIUM, RHODODENDRON. ROSAIRE. ROSE- cercles Rose-Croix et, au XVIII~ s., les groupements
CROIX. tits Rose-Croix d’or comptent de nombreux bancs-
max;ons, le mot est devenu le nom d’un grade ma-
ROSEAU n. m., d’abord rosel Iv. 11601, puis ro-
çonnique supérieur à celui de maître, grade créé
seuu (XIII” s.), est le diminutif de l’ancien français
en 1761 (attesté 18253.
ruus (v. 9801 ou ras Iv. 11551 désignant lui aussi une
plante aquatique à tige droite et lisse. Raus est bROSICRUCIEN,IENNE n. et adj. (19071, attesté
peut-être un emprunt au germanique %XS ajonc», très tard par rapport à son équivalent anglais rosi-
à une époque antérieure à l’époque francique (en C?UCiUn ~VII~~.), et ROSICRUCIANISME n.m.
raison de la présence de la diphtongue -au-), et que Ixx"s.), postérieur à l’angltis rosicrucianism
permettent de reconstituer le gotique ruw et l’alle- (v. 17401, ont été formés savamment sur le latin mo-
mand Rohr. Cette forme axienne a fourni aussi derne rasa cruc;Gs (Du Gange), latinisation de Rose-
l’ancien provençal ruus. Croix, peut-être d’après l’anglais. On dit aussi en
hnçais ROSICRUCISME n. m.
4 Le mot est le nom usuel de plantes aquatiques à
tige droite et lisse. Il a développé des valeurs méta- ROSÉE n. f., d’abord rusee (10801, rose&
phoriques insistant sur la fragilité, la vulnérabilité (v. 11203, avant rosee Iv. 11601, est issu d’un latin po-
(déb. ~III~ s.; cf. au XVII~ s., Pascal, Nl’hornme est un pulaire “rosutu désignant l’ensemble de tics gout-
roseau pensant4 ou encore sur la flexibilité (cf. la telettes produites par la condensation de l’eau qui
fable de La Fontaine, Le Chêne et Le Roseau). +Par se dépose sur des objets en plein air. Le mot est dé-
extension, il est employé techniquement en archi- rivé du latin classique ros, roti de même sens, nom
tecture en parlant d’un ornement dont on remplit radical fixé en latin avec le o long du nominatif.
par le bas les cannelures des colonnes rudentées D’autres mots indoeuropéens présentent un u, tel
11870). Par métonymie (xx” s.), il désigne la tige de le lituanien rusà, le védique rasa, le sanskrît &S@T
roseau utilisée pour faire des cannes à pêche. ~<humidité, goûtn; le vieux slave a rasa. Un rappro-
b Son dérivé tardif ROSELIER,IÈRE adj. (18681 chement avec le grec drosos arosée» (+ droseral est
s’emploie régionallement pour qutier un endroit possible, mais non assuré.
qui produit des roseaux, le féminin ROSELIÈRE + Rosée a gardé le sens du mot latin et pris en fran-
étant substantivé pour désigner un endroit où çais une valeur figurée inattendue I~I XII~~.), peut-
poussent des roseaux 11802). être par influence de rose (feuille, pétale de rose),
ROSSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

désignant un aliment très tendre (16901, sens dis- à dire ou à faire des méchancetés, comme nom
paru, et entrant dans la locution comparative (1840) et comme adjectif1 18701, quelquefois avec les
tendre comme la rosée (av. 15153. Par analogie, nuances secondaires d’ironie mordante et brusque
dans le langage vétérinaire, il désigne le suinte- (1889) et de sévérité, d’exigence (xx” s.l. Le passage
ment qui sort de la sole du cheval quand le pied est d’une valeur figurée & l’autre n’est pas clair et
paré de trop près (1762). - La locution point de ro- évoque le cas de vache*, de l’idée de «mollesse ava-
sée 11832) dénomme en physique la température chieb à celle de améchancetén.
pour laquelle la vapeur d’eau de l’air, en un point F &I est dérivé ROSSARD, ARDE adj. et n. (18671,
donné et à une pression donnée, se condense en qui s’est dit d’une personne paresseuse (comme un
gouttelettes de rosée. cheval fourbu) et, proprement, d’un mauvais cheval
b ROSOYER v. intr., formé sur rosée (v. 13503 avec (1904). + D’après le sens figuré moderne de rosse, le
le suf5xe -oyer de poudroyer, a signi% (<être mouillé mot s’emploie à propos d’une personne malicieuse
de rosées, puis <<tomber sous forme de roséeD encline à la méchanceté (1935). -ROSSERIE n. f.
(av. 1589, BaïfI, deux sens devenus archaïques. 0 Le ( 1886) désigne à la fois le caractère rosse, méchant
dk-ivé ROSOYANT, ANTE, adjectivation du parti- et lune, des rosseriesl un acte, une parole rosse.
cipe présent, qualifiait ce qui tombe en rosée C’est un quasi-synonyme de vacherie.
(déb. XVII~s.l. - Le dérivé ROSAGE n. m, (19231, mot
ROSSER v. tr. est, selon une étymologie tradi-
technique pour l’exposition du lin à la rosée,
tionnelle, la déformation tardive 11650), sous lïn-
concurrence RORAGE n. m. 118121, formé savam-
fluence de rosse*, de l’ancien français roksier
ment sur le Latin ~OS, ~O?%S. +ROSÉOSCOPXE n. f.
Iv. 1175) de même sens, qui continue un latin popu-
Iv. 19501, composé hybride de rosée et de -scopie*,
laire ‘rustiare ebattreu. Ce dernier serait le dérivé
d’usage didactique, désigne la détermination du
de orustia agaulen, altération du latin o~~t~~ aar-
point de rosée.
buste, buissonn, Mroncen, également postulé par le
0 Voir ARROSER, ROMARIN, ROSSOIJS.
prover@ rouissio «branche morteN. Bloch et Wart-
burg n’excluent pas que rosser soit directement dé-
ROSSE n. f. et adj., d’abord roche iv. 1460) puis rivé de rosse* au sens de atraiter comme une rosse,
rosse Iv. 15501,est le féminin de l’ancien fkançais TOS malmener, battreB. Selon P. Guiraud, roissier et
n. m. Cv.1160) ~mauvais cheval>), qui semble em- rosser sont, malgré leur parenté sémantique, deux
prunté avec une valeur péjorative au moyen haut mots différents. Rosser, qui a signifié aussi <<rongep
allemand ross (allemand moderne ROSSI «cheval, et (<fatiguern, représenterait un roman “ruptiare fait
coursier)) (Wartburg). Ce mot, de l’ancien haut alle- d’après ruptus, participe passé de rumpere
mand YOS ou hros, hross, est apparenté au moyen (-+ rompre), le 0 ouvert postulant une origine dia-
néerlandais ors (devenu TOS par métathèse en lectale, à côté de la forme normale rousser, bien at-
néerlandais moderne), à l’ancien tison hors, bars, testée et parallèle au provençal roussa (+ rosse).
à l’anglo-saxon et au moyen anglais hors (anglais Selon cette hypothèse, rosse serait au contraire le
herse), à l’ancien norois hross (d’ou le suédois et da- déverbal de rosser.
nois hors, ~OS).Toutes ces formes relèvent de la ra-
+ Ce verbe familier, bien vivant, Sign%e afrapper
cine germanique “hersa-, “huma et, avec gémina-
(qqn) avec violence» et, par extension Kbattre,
tion expressive, “hrussa- qui pourrait être appa-
vaincre dans une bataille» 116901.
rentée à la racine oku~s- que l’on retrouve dans le
b Son participe passé féminin substantivé 118341,
latin cuwere I-+ courir). Cependant, parce qu’un tel
ROSSÉE n. f., correspond familièrement à acorrec-
emprunt “par l’intermédiaire des mercenaires al-
lemandsu lui semble peu probable au XII~s., P. Gui- tion, racléeti.
raud, s’appuyant sur l’existence de variantes pro- ROSSIGNOL n. m. est emprunté (v. 1160) à
vençales roussin, arroussin, postule une origine l’ancien provençal rosstnhol qui passe pour avoir
méridionale et probablement une dérivation d’un été emprunté aussi par les langues voisines, l’ita-
verbe qui pourrait être le provençal roussu «fati- lien Zusignuolo, l’espagnol ruisetir, et qui doit pro-
guexh, MherserB, lequel continue un latin “ruphare bablement sa diffusion au rôle de cet oiseau dans la
womprep I+ rosser). Selon cette hypothèse, un ras poésie des troubadours. Rossinhol continue le latin
et une rosse désignent un animal qui a Kle dos populaire “lusciniolus, masculin tiré de lusciniola
rompu, par le travail de charge et de trait (on peut (déjà chez Plaute), dérivé de lusciniu, mot sur l’éty-
évoquer aussi l’espagnol Rocinunte fait d’après ro- mologie duquel on ne peut faire que des hypo-
çar ~déchirer~ ; + rossinante, roussînl ; alors le mot thèses : on évoque notanxnent un dérivé de Zuscus
pourrait correspondre à rosser, en tant que déver- aborgne)} (mot populaire d’origine inconnue) sous
bal. Mais l’hypothèse germanique repose sur une l’influence des composés en -cen, -cinus, par allu-
large famille bien attestée, et le cheminement ori- sion au fait que le rossignol chante dans l’obscurité.
ginel du mot en moyen français est mal connu. Le r initial, attesté déjà dans roscinia, dans une
+Le mot désigne un cheval sans vigueur, sans glose du VII~s., est peut-être dû à une dissimilation
force, souvent maigre et vieux. * fl s’est employé du l- initial conservé dans l’italien Zusigniolo, ou en-
par métaphore à propos d’une femme vieille et dé- core à un croisement avec TUSSUS(+ roux), le ros-
crépite En xv” s.1, d’une personne sans valeur signol ayant un plumage roussâtre. On rencontre
(16181, notamment paresseuse ; ces emplois figurés aussi en ancien fkançais les formes Zosseignd
ont disparu +De nos jours, le mot s’emploie dans Iv. 1175) et lourseignos (XIII~s.) conformes au latin
l’usage familier à propos d’une personne qui aime populaire, et roussigneul, forme traitée selon la
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3301 ROSTRE

phonétique du fbnçais, et qui semble attester l’in- du mot fhn~aîs. Ils considèrent qu’il s’agit d’un em-
fluence de TOUX. ploi spécialisé du nom de plante @ ~OSSO~&qui au-
+ Le mot est le nom d’un petit passereau au chant rait pu être utilisé pour faire de la réclame à une li-
varié et harmonieux dont la place dans la littéra- queur ou parce qu’on se serait servi d’une
ture, notamment la poésie, est importante. Cette décoction de cette plante comme ingrédient. *Le
caractéristique lui vaut son emploi dans la locution mot, d’abord déti vaguement comme {(liqueur
V&X de rossignol (1694). La locution classique ros- parfumée-, désignait une liqueur composée d’eau-
s&noI d’arcade Il 611) est une désignation ironique de-vie brûlée, de sucre, de cannelle et quelquefois
de l’âne, par allusion à son braiement. oEn mu- parfumée (selon Trévoux, 17321. 11 s’est appliqué
sique, rossignol a désigné une petite pièce adaptée aussi à une liqueur fabriquée en Turquie et en Italie
aux anciens orgues de France et imitant le chant au XIX~s., à partir d’une macération de pétales de
du rossignol (16901, et aussi une petite flûte d’enfant roses, de fleurs d’oranger, de cannelle, de girofle,
11812). +Le sens de *crochet pour ouvrir les ser- de jasmin dans de l’alcool. II est démeuré rare.
rure+, ancien 114061 et utilisé dans le jargon des ROSTIS ou RCESTIS n. m., adapté en reuch-
malfaiteurs, procède d’un développement peu tis (18991 d’après la prononciation, puis rOsti et
clair : P. Guiraud l’explique par un croisement avec rœsti ( 19161, est emprunté à l’allemand de Suisse
rosse, rowsin (qu’il rattache à “ruptime womprem, rOsti I18921, surtout au pluriel et déjà dans le
cf. rosse), rendant compte en même temps de l’em-
composé Erdüpfelr&i (1863). Rôsti est attesté en al-
ploi pour &strument de torture destiné à rompre
lemand de Souabe en 1850. Le mot est dérivé de
les membres% (1569). Mais une métaphore sur le
rosten agriller, rôtirB, d’un verbe germanique dont
chant de l’oiseau est possible : une clef qui tourne
une forme a donné r&r*.
bien <chante*; par ailleurs, l’instrument de torture
arrache des cris aux victimes. + Le sens familier de + Le mot est un terme de cuisine régional (Suissel,
<<livre invendu)) 11835, Balzac), dont procède celui désignant un plat de pommes de terre râpées et
d’aobjet démodé, invendable>> (18471, ferait réfé- rissolées à la poêle. Il est peu connu en franqais de
rence au fait que les livres, les objets perchés sur France.
les plus hauts casiers, comme le rossignol sur la ROSTRE n. m., attesté une première fois au
plus haute branche, restent dans la boutique; cette XIVes. chez Bersuire, puis en 1577 et de nouveau en
explication n’est pas très convaincante, 1730, est emprunté au latin rostrum, dérivé de ro-
b ROSSIGNOLET n. m., d’abord russigwlet o!me ((rongerfi (+ roder). Rostrum désigne propre-
Cv. 11801 puis rossignolet (v. 12401, cjeune rossignob, ment ce qui sert à ronger, un museau, un bec. Les
est d’un usage poétique ou plaisant. 4 ROSSIGNO- représentants romans du mot latin ayant le sens de
LER V. intr., réfection (1492) de louse@oZer Iv. 12001, aboucheu, *visage%, une acception familière de ~OS-
est familier, voire ironique, en tout cas archaïque, trum devait être analogue à celle du français bec,
pour <imiter le chant du rossignol>>. + De ce dernier pnuseuu. Par suite de la ressemblance avec un bec,
vient ROSSIGNOLADE n. f. (1837) «chant orné de rostrum correspond à «éperon de navirem et à tout
roulades)), quelquefois dit par péjoration d’un chant objet en forme de bec, pointe de la serpe, de la
orné de fioritures excessives. charrue, bec d’une lampe, tête d’un marteau. Le
pluriel rostra désignait la tribune aux harangues
RO S SINANTE n. f. est l’adaptation (1718) du Forum, qui était ornée d’éperons Irostra) de na-
d’après rosse” du masculin rocinant El6331 <<cheval vires pris aux Volsques d’Antium pendant la
maigre et efflanqué=. Ce dernier est emprunté de guerre latine.
l’espagnol Ro&u&e, nom du cheval de don Qui-
+ Le mot a été repris au pluriel comme terme d’an-
chotte dans le roman de Cerwntès. Ce nom est dé- tiquité en parlant de la tribune aux harangues de
rivé de l’espagnol rocin <cheval de bâtn qui conti- Rome (v. 1355). - Au XIX~s., le singulier a été repris
nue le latin populaire “runcinus, également au latin, d’abord en zoologie pour désigner le pro-
prolongé par le français roussi~z*. longement de la cage thoracique chez les crustacés
+ Le mot a vieilli en dehors d’emplois littéraires. 118121,et la pièce buccale pointue de certains in-
0 voir ROSSE. sectes (18451. *En termes d’antiquité, le mot dé-
signe comme en latin l’éperon qui prolongeait la
0 ROSSOLIS n. m. est emprunté (1669) au la- proue d’un navire de guerre romain (une fois en
tin médiéval TOSsalis arosée du sole& de ~OS,roris 1577, puis 18703 et, en architecture, un ornement
(+ rosée) et du génitif de sol I+ soleil), employé représentant cette proue (1835).
comme nom d’une plante dont les feuilles portent
F Son dérivé ROSTRE, ÉE adj. tdéb. xwe s.3,
des poils terminés par des vésicules transparentes
dépourvu d’un éperon de navire,, puis uallongé en
ressemblant à des gouttes de rosée.
forme de becB (18121, n’est plus usité. -ROS-
+ Le mot désigne une plante appelée également ro- TRAL, ALE, AUX adj. est emprunté (v. 13631 au dé-
sée du soleil ( 1611) et &Osera*, du nom grec de la rivé bas latin rostraks wdes Rostresm. 0 Ancien
rosée. terme descriptif quatiant ce qui est en forme de
b @ ROSSOLIS n. m. (16451, aussi écrit ~OSSO~au bec, rostrul a été repris au xwe s. dans colonne ~OS-
xvue s. (16671, est d’origine incertaine. Bloch et traie <colonne ornée de proues de navires en sou-
Warkburg excluent un emprunt à l’italien rosoli, ul- venir d’une victoire navale> ( 16631, et couronne ros-
térieurement transformé en ros&o ahuile lokol de traie (<récompense acccordée à celui qui montait le
rose ~OS&, lequel serait au contraire repris 11753) premier à l’abordage d’un navire ennemi> (1690).
ROT 3302 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

0 voir CORRODER, ÉRODER, RODER; WLLIROSTRE (à d’un emploi en physiologie, il passe dans l’usage
LAME). courant Iv. 1710) pour désigner un mouvement cir-
culaire. ~Avec une valeur abstraite, il passe en
ROT n. m., d’abord sous les formes rut Iv. 1150) et économie où rotation des stocks, des capitaux
rout devenues
(XIII~ sd, rof (v. 1560) avec une voyelle ( 1765) concerne la succession des renouvellements
plus expressive, est issu du bas latin ruptus W s,l d’un stock, la circulation. L’idée d’une série pério-
de m6me sens. Ce mot est l’altération, par attrac- dique d’opérations s’applique aussi en agriculture
tion du participe passé de rumpere (+ rompre), du dans la locution rotation des cuhre~ Il 80 11, puis en
latin classique ructus aexpulsion bruyante de gaz sylviculture où le mot désigne la durée séparant
stomacaux par la bouche» (+ éructer3. deux passages consécutifs sur le même point des
coupes Il 933). +La notion de rotation en géométrie
+Rot, avec le même sens que le mot latin, est, au
(XWI~ s.1 et en cinématique Irotution plane, dans
moins en tiançais moderne, d’usage populaire et
l’espace, rotation vectorielle; mouvement de rotu-
vulgaire, tout comme pet. Par extension, il peut dé-
tien des solides) donne lieu à des applications en
signer un bruit analogue (déb. me S.I. Littérake-
astronomie, en physique Irotutin du plan de polu-
ment, comme synonyme énergique de renvoi, il a
rkation, rotation des molécules, des particules ; cf.
pu s’appliquer au retour à la conscience de souve-
moment cinétique, spin). 0 On parle aussi de rota-
nirs déplaisants Flaubert).
tion en physiologie, en gymnastique, en sports (ski,
F Il a produit ROTOTO n. m. par réduplication en- volley-ball), à propos des mouvements rotatoires
fantine (xx” s.1, mot familier pour le rot du bébé du corps ou d’une partie du corps. -Le sens abs-
après la tétée. trait, vers le milieu du XX~ s., concerne la fréquence
ROTER v. intr., d’abord ruter (v. 11201 ou rutter des voyages effectués par un moyen de transport
(v. 11301, refait en roter (v. 11301, continue le dérivé affecté à une ligne régulière 119531 et, dans rotation
bas latin rupture, altération, par attraction de rup- du personnel (19641, au roulement des fonctions.
tus, du latin classique ructare «faire un rot» et cprê- ä Sur le radical de rotation est formé ROTA-
cher» (-, éructerI. *Le verbe s’emploie comme in- TIF, IVE adj. Ifrn XIV” s.1, repris avec le sens tech-
transitif pour afaire des rots=, populaire ou très nique actuel “qui agit en tournants (19421, spéciale-
familier. 0 Les sens figurés anciens *proférer (une ment dans machine rotative ( 1845) et presse
parole)b et aexhaler)) (v. 11301 supposent un usage rotative (18731, cette dernière donnant lieu à l’em-
concret ancien non marqué. 0 Dans la locution el- ploi de ROTATIVE n. f. (19071, mot qui évoque sur-
liptique en roter E18811, il prend le sens figuré de tout l’impression des journaux, la presse. 0 Le dé-
upeiner sur un travail dur ou excessifm et aussi fivé ROTATIVISTE n. dénomme le technicien qui
&Prouver une admiration éperdue» En xrxe S.I. La conduit une rotative. 0 Rotative a donné, par apo-
métaphore est comparable à celle qui porte sur ba- cope et sufkation en -0, ROT0 n. f. (1923, dans les
ver. dictionnaires). *ROTOGRAVURE n. f. fomné
11914) d’un élément roto- et de gruvure, désigne un
ROTARIEN n. et adj. m. est tiré (1922) sur le procédé d’héliogravure sur cylindre. -Le radical
modèle de l’anglais rotarian, de Rotary Club, nom de rotation a servi à former ROTATOIRE adj.
d’une association internationale fondée en 1905 117461, qualifiant ce qui constitue une rotation et
aux États-Unis, réunissant des membres de chaque spécialement, en physique et chimie, le pouvoir
profession ou activité sociale et dont l’insigne est qu’ont certaines substances de faire tourner le plan
une roue, symbolisant la réunion de tous les efforts. de polarisation d’un rayon lumineux qui les tra-
Rotary est une spécialisation de l’anglais rotary, verse (1847). +Rotation a aussi produit ROTA-
adj. et n., issu du latin tardif rotatius, du latin clas- TIONNEL, ELLE adj. (1894, P. Curie), spécialisé en
sique rota b roue). ROTARY n. m. est passé en physique et substantivé dans le rotutionnel d’un
tiançais ( 1928) pour désigner un appareil dont le champ de vecteurs.
méctisme imprime un mouvement de rotation ROTATEWR, TRICE adj. est emprunté (1611) au
continu à certains orgmes et un système de télé- bas latin rotutor «celui qui fait tournep, du supin de
phonie automatique dans lequel certains organes roture. + Ce mot didactique a été repris en anato-
sont animés d’un mouvement de rotation continu mie, d’abord comme substantif, puis adjectivé ( 1690
(1952). Ces emplois techniques ont vieilli. à propos d’un muscle; emploi général mil. XIX~ s.l.
+ Rotatien désigne un membre d’une association ROTOR n. m., désignant la partie d’un moteur af-
nommée Rotary et, par extension, qualifie ce qui fectée d’un mouvement de rotation, est la contrac-
est relatif à cette association. tion ( 19001 du bas latin rotutor, <ce qui fait tournerm,
'+ Voir RONÉO.
du latin classique roture. Pour cwoilure tournante
(d’un hélicoptère)>> c’est probablement un emprunt
(1933) à L’anglais rotor 119301.
ROTATION n. f. est emprunté (1375) au latin
rotati <action de mouvoir en rond, de faire tour- 0 ROTE n. f. est emprunté (v. 1155) à un germa-
ners, dérivé de rotutum, supin de roture <tourner» nique “hrôtu attesté sous la forme latinisée chrotiu
13 roue, 0 rouer). (we s., Fortunatl, rottu (v. 7501, et par l’ancien haut
4 Le mot, terme technique désignant le mouvement allemand hruozzu. Le gallois crwth wiolonn et l’ir-
d’un corps tournant autour d’un axe fixe, est rare landais cuit <charpen, qui représentent cetiaine-
avant le XVIII~ s. (17011, date où il fait l’objet d’un nou- ment le même mot, siment respectivement
vel emprunt. Par extension et par l’intermédiaire aventre)) et =bosseB. Ces noms d’instruments pour-
DE LA LANGUE FRANÇAISE RÔTIR
raient donc être nés d’emplois par analogie de une petite pièce. À noter que, de manière aussi peu
forme; dans ce cas, les acceptions originelles explicable, jonc, oskr désignent l’or en argot.
(«bossen ou =Ventre4 n’étant représentées que dans + Le mot est un synonyme populaire de ~~SOU~, sur-
les langues celtiques, le mot a pu être emprunté tout usité dans des phrases négatives N’avoir pus,
par les Francs et pourrait remonter au gaulois ou, plus un rotinl.
venant de Grande-Bretagne, avoir été transmis en
Gaule par les Francs. RÔTIR v., d’abord rostir (v. 11551,puis rôtir (1483,
+ Ce mot désigne un ancien instrument de mu- est emprunté à une forme germanique oruustjun
sique à cordes pincées, utilisé notamment par les <<faire griller à la broche)), postulée par l’ancien
jongleurs <<bretonsm (Celtes de Grande-Bretagne). haut allemand rôsten (moyen haut allemand et al-
lemand rtistenl, lequel serait dérivé de rôst n. m.,
0 ROTE n. f. est un emprunt ( 1526) au latin ecclé- rôste n. f. «gr&. L’ancien provençal ruustir et lïta-
siastique moderne rota, désignant le tribunal ecclé- lien arrostire remontent au même étymon, lui-
siastique siégeant à Rome. Ce terme est un emploi même passé dans le latin du Bas-Empire par les
spécialisé du latin classique rota I-, roue). La juri- garnisons franques du long du Rhin. L’anglais
diction a été créée en 1331 par le pape Jean XXII à to roust est repris de l’ancien français. Selon
Avignon et a pris le nom de rota parce que les juges P. Guîraud, qui ne nie pas la possibilité d’un em-
s’installaient pour siéger sur un banc circulaire. prunt germanique, la forme romane représenterait
4 Le mot désigne la juridiction ecclésiastique du aussi un latin “rzïsturn <<buisson de ronces», et signi-
Saint-Siège instruisant surtout des causes matri- fierait proprement acuire sur un feu de broussailles
moniales, formée de juges qui ont reçu (av. 17203 le ou de roseauxm. Cette hypothèse manque de sup-
nom de auditeurs de rote. Par analogie, il s’ap- ports concrets.
plique à un tribunal collégial espagnol fonctionnant + Le mot Sign%e afaire cuire à la broche, au four>>et,
comme Ja rote romaine et qui lui est subordonné par extension, Nfaire cuire dans la braise ou dans la
(attesté XX~S.I. cendres 11690). 0 Par exagération, et dès l’ancien
français, ce verbe est employé dans le langage fa-
ROTIFÈRE adj. et n. m. est un composé savant milier pour <exposer à une forte chaleur, Iv. 11901.
(1762) de l’élément roti-, tiré du latin rota (+ roue) et La forme pronominale se rôtir (v. 1190) exprime
de -fère* «qui porte». cette même idée, en parlant d’une personne qui
s’expose au soleil, de même que le passif et le parti-
+ Ce terme de zoologie est employé surtout au plu-
cipe passé &w rôti au soleil), et que le factitif
riel pour désigner un groupe d’organismes micro-
(se faire rôtirl. 4Utir est également employé in-
scopiques, abondants dans les eaux douces, por-
transitivement à propos d’un aliment qui cuit à feu
tant deux couronnes de cils vibratiles autour de la
vif II 178 ; rare avant le français classique). Au figuré
bouche. +L’adjectif qutie en zoologie ce qui
et famihérement, il se dit d’une personne qui reçoit
porte un organe rotateur.
une chaleur très vive (1690).
0 ROTIN n. m. est emprunté (16881,par le néer- ,Le déverbal ROT n. m., attesté très tôt sous la
landais rottin, au malais Toton, nom d’un palmier forme rost Iv. 1112) refaite en rôt (16361, ne se dît
d’Inde, de Malaisie et d’Afrique tropicale (appelé plus que par archaïsme pour rôti. Dans l’ancienne
aussi jonc d’lizde) dont les tiges servent à fabriquer ordonnance du repas, le mot a désigné par méto-
des cannes, des meubles. Avant l’emprunt par le nymie le service qui suivait les potages et entrées,
néerlandais, la forme rota (16101 atteste le passage puis a désigné le repas lui-même Iv. 1398). On
par le portugais. La variante ro&ng (1610) pourrait connaît encore la locution figurée lu bmée du rôt.
venir directement du malais. ROTI n. m. est la substantivation du participe
passé masculin de rôtir, d’abord sous la forme rosti
4 Le mot désigne la partie de la tige des branches Iv. 1160) puis rôti 11636). Le mot désignait autrefois
du rotang servant à faire des meubles, des cannes, toute pièce de viande rôtie, emploi qui s’est substi-
ce matériau Idu rotinl et, par métonymie, (un rotin1 tué à celui de rôt (ci-dessus), et dont procède la lo-
une canne faite de tige de rotin (fin ~VII~s.l. cution s’endomzir S~U le rôti {retarder d’accepter
b ROTINEUR n. m. (18751, puis ROTINIER n. m. un avantage» (1611), de nos jours équivalente à ase
( 19331 ont servi à désigner l’ouvrier qui travaille le reposer après un succèsn (18421; cf. se reposer sur
rotin. ses lauriers. C’est aussi de cette acception large
qu’est venu le sens métonymique de Rpartie du re-
0 ROTIN n. m., mot populaire attesté depuis pas où l’on sert les viande+ 11671). + De nos jours,
1835,est d’origine obscure : on a pensé à une alté- rôti se réfère seulement à un morceau de viande de
ration de rondin au sens argotique de Npièce d’or> boucherie bardé et ficelé, cuit à sec peu de temps
(18371, diminutif de rond*, attiré par l’homonyme et à feu vif, ou destiné à cette cuisson, notamment
0 rotin. P. Guiraud évoque un dérivé de l’adjectif dans r6ti de veau, plus courant que rôti de bœuf: à
rot urompw, employé substantivement, comme cause des termes spéciaux et des emprunts I--+ros-
dans rapts n. m. pl. «tessons d’un potm ou roupte n. f. bif). + Le participe passé féminin, ROTIE, est hi
cpartie cassée de qqch.B, issu du latin ruptus, fémi- aussi substantivé sous la forme rostie (XIII~s.) puis
nin rupta (+ route), participe passé passif de rum- rôtie ti xwe s.l pour désigner une tranche de pain
pere (+ rompre). Selon cette hypothèse non corro- grillée et, autrefois (17651, une tartine. De nos jours
borée, le rotin serait proprement un petit morceau, archaïque ou régional en France, le mot est cou-
ROTONDE 3304 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

rant au Québec où il désigne la tranche de pain de ROTONDITÉ n. f. est emprunté (1314) au latin
mie grillé appelée toast en France, la tranche de rotunditas =Caractère de ce qui est rondn, dérivé de
pain francais grillé éta& appelée en France pain rotundus C-, rond, rotonde).
grillé. 4 Le mot exprime le caractère de ce qui est rond,
ROTISSEUR, EUSE n., d’abord rostiseur (1396) sphérique, autrefois dans la locution en rotondité &
avant rôtisseur (16361, sert à nommer le cornmer- la ronden. 0 Au xwY s., il a pris le sens concret de
çant qui vend des viandes rôties, un cuisinier qui arondeur physique (d’une personneIn (16961, fami-
sait rôtir les viandes Iv. 15903 et (xx” s.1 le traiteur lier, le pluriel rotondités se disant plaisamment des
qui les prépare et les sert. *RÔTISSERIE n. f., formes rondes et pleines du corps féminin, et spé-
d’abord rostisseti Iv. 1460) puis &issetie (1636), dé- cialement des fesses.
signait anciennement la boutique du rôtisseur, où
ä ROTOND, ONDE adj. (av. 18671, emprunt savant
l’on vendait des viandes r6ties et où on les man-
du latin rotundus, se rencontre chez quelques écri-
geait. Il se disait de la pièce voisine de la cuisine,
vains avec les sens de <rond)) (Baudelaire) et,
dans les grandes demeures, affectée à la prépara-
d’après rototiité, cbedonnant» t 1891, Huysmansl.
tion des viandes rôties (v. 14651, sens qui a été re-
pris par les historiens modernes. De nos jours, il fi-
ROTOR + ROTATION
gure surtout dans des noms d’établissements et
des enseignes, et désigne un restaurant spécialisé ROTULE n. f. est emprunté (14871 au latin ro-
dans les viandes, les volailles rôties (v. 19303 ou en- tula, proprement <petite roue», diminutif en -ula de
core, par retour au sens initial, un volailler où l’on rota I-, roue).
vend des volailles rôties, Rôtisserie et rotisseur dé-
+ Ce terme d’anatomie désigne l’os mobile en
signent aujourd’hui un commerce et un commer-
forme de disque arrondi sur le dessus, situé à la
çant qui vend aussi des plats cuisinés; cf. tiuiteur.
+RÔTISSOIRE n. f., anciennement rostGssoir n. m. partie antérieure du genou; il est passé dans
cv.1390) et roustissoire (14621, refait en rôtissoire l’usage général. De là, la locution expressive farni-
( 17651, désigne un ustensile de cuisine servant à
lière être SUT les rotuxes &tre épuisés (19541, va-
faire rôtir la viande, consistant en broche et tourne- riante de être sur les genoux. +Par analogie de
broche, coquille et lèchefrite. Le mot, devenu ar- forme, le mot est employé en zoologie pour dé-
chaïque, a été repris (milieu xx’s.1 pour désigner signer un oursin irrégulier, très aplati (17761, et en
un four muni d’une broche tournante. &RÔTIS- mécanique pour une artkulation sphérique utili-
sée dans les organes qui s’orientent dans tous les
SAGE n. m. (17571, 4orréfaction des minera&, a
sens (1875).
été repris d’après rôtir (18261 comme substantif
d’action de rôtir. b Son dérivé ROTULIEN, IENNE adj- (18221, didac-
+ Voir ROSBIF, ROSTIS. ROUSTIR. tique, qutie ce qui concerne la rotule aigument
rotulien, réflexe rotulienl.
ROTONDE n. f. est emprunté (1488) à l’italien
Rot-on&, nom propre d’un étice romain cir- ROTURE n. f. est issu par évolution phonétique
culaire surmonté d’une coupole (dénomination Iv. 1175) du latin impérial rupturu &acture>) qui a
correspondant au romain Ritonna), féminin subs- donné rupture” par emprunt Sava;nt. C’est un dé-
tantivé de roto& arond*, lequel est emprunté au rivé de mmpere (-, rompre). En latin populaire, le
latin rotundus (3 rond). mot a probablement désigné une terre arompuem,
+Le mot, d’abord employé comme nom propre défrichée (rompre me terre s’est dit en mcien fkan-
Sain& Ma& Eu Rotonde, Rrotre-Dame de la Ro- çais et longtemps encore régionalement, par
tonde, pour l’église établie à Rome dans l’ancien exemple dans le Berry) et, par suite de l’organisa-
Panthéon, est peu usité avant la 6n du XVII~siècle. tion sociale de la France, la redevance due pour
430tonde est alors repris comme nom commun une terre à défricher, enfIn la terre soumise à cette
pour désigner un édifice circulaire surmonté d’une redevance (cf. le développement de coterie), c’est-
coupole (dans Furetiére, 1690). De là ses spécialisa- à-dire un héritage non noble.
tions pour <petit pavillon sur colonnes placé dans 4 Passé en ancien français avec le sens concret de
un jardin» ( 1782) et, en chemins de fer, *construc- ~déchirure~, sorti d’usage, roture a été repris en
tion circulaire ou demi-circulaire dans laquelle les parlant d’une terre nouvellement défrichée, sou-
locomotives sont remisées sur des voies en éven- mise à un cens, c’est-à-dire non noble; cette re-
tails (1875). Par métonymie, roto& désigne un em- prise, attestée au début du xve s. (1406, roupture),
placement de forme ronde, anciennement le doit être antérieure, à en juger par roturier. + L’em-
compartiment arrière d’une diligence ( 18331, sens ploi du mot pour l’état d’une personne non noble
repris da;ns certains autobus parisiens (v. 19801, est seulement relevé dans les textes en 1549, mais
l’emplacement où se tenaient les parieurs aux est probablement plus ancien, comme l’indique
courses et, en technique, l’ensemble des panneaux aussi le dérivé roturier Ici-dessous), à moins qu’il ne
arrondis constituant l’arrière d’une carrosserie au- vienne lui-même de ce dérivé, pour servir de pen-
tomobile 11949). + Dans l’histoire de l’habillement, dant à noblesse. Le mot a développé un sens figuré
les sens de &-aise ronde, à la mode sous Henri IV et dans la locution en roture <<déprécié moralementB
Louis mII>> ( 16131 puis ample manteau de cavalier ( 16653 à l’époque classique. La valeur figureo pour
à pèlerine)} (1875) pourraient être des emprunts in- amanque de culture>> (av. 1922, Proust) est un em-
dépendants. ploi d’auteur, plutôt métaphorique du,sens usuel.
0 voir ROTONDrrÉ. Parallèlement, par métonymie, roture se dit avec
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3305 ROUBLE

une valeur collective pour <<ensemble des rotu- une petite boule de liège utilisée dans un jeu, puis
rier@ (1611). disparu. L'origine du mot est obscure : on a pensé
k Le dérivé ROTURIER, IÈRE adj. et n., à rappro- au provençal roubigmli, attesté en 1886 au sens de
cher du latin médiéval ruptuarius “paysann (1072), +$esticules», probablement à rattacher à roubh
est attesté dès le XIII~ s. dans le Poitou, puis à partir amouton>>, même mot que l’ancien fkncais robin
de 1306 à Paris (comme terme régional) pour dé- d’où est dérivé robirzet*.
signer et quafier une personne non noble possé- 4 Le sens argotique moderne de «testicules)> se
dant une 4erre rompue>>, une roture (voir ci-des- comprend aisément à partir de celui de «petite
sus). 11gagne tout le domaine d’oïl au XVI~s. dans la boule avec laquelle on joue>) ; mais ce dernier pour-
langue littéraire. Par extension, l’adjectif s’ap- rait être métaphorique du premier, qui serait alors
plique avec une valeur figurée à une personne qui plus ancien.
manque de distinction (xv” S.I. +De roturier est dé-
rivé ROTURIÈREMENT adv. (14111, autrefois <se- ROUBLARD, ARDE adj. et n. 08303 est
lon les lois qui concernent la roturen, de nos jours d’origine incertaine : on a évoqué un dérivé de l’ar-
got ancien roubbu Mfew, lui-même emprunté de
et rarement & la manière des roturiers» 115731.
l’italien robbio Mrouge)) qui continue le latin rubeus
0 ROUAN, ANNE adj. est un emprunt oral «roux, roussâtre» (+ rouge). Littré le fait venir de
(1340) à l’ancien espagnol ro& (espagnol moderne rouble* au sens non attesté de «homme à roubles,
roanol qui se dit d’un cheval, d’un mulet ou d’un richard». P. Guiraud préfère partir du sens a;ncien
bmuf aux crins noirs et à la robe formée de poils de ((mal habillé, mal miseret en faire un dérivé argo-
blancs, noirs ou roux. Ce mot est issu d’un latin po- tique de râb,Jer «ramasser avec un râblen, de rable*,
pulaire %V&~US, issu par élargissement du latin en s’appuyant sur les formes dialectales rouubler,
classique ravidus <grisâtre%. Ce dernier est dérivé robler. Selon lui, de roubler «racler>>, on aurait tiré
de YUVUS «d’un gris tirant sur le jaune>>, mot à l’éty- un roublard <<raclé, éraillé)) d’où Nmal mis, misé-
mologie obscure, le rapprochement avec l’ancien rable}), un autre roublard de sens actif désignant ce-
haut allemand grüo ~grisn se heurtant à des di6 lui qui racle, tire les marrons du feu, d’où, au figuré,
cuités formelles; le subie O-wo- est cependant cou- un extorqueur de tripot. Cette hypothèse tente de
rant à la base de mots exprimant des couleurs, rendre compte du développement sémantique pa-
avec la valeur probable de «tirant sur’>, par radoxal de roublard, dans ses premiers emplois.
exemple dans canus (-) chenu) helvw «jaunâtres. 4 La concomitante des sens d’aheureux)) (1830) et
4 Ce terme d’hippologie a gardé son sens d’em- de «mal habillé, sans valeur)) (1835) d’où &id, dé-
prunt. fectueux> (18361, tous deux sortis d’usage, est en ef-
fet difkile à expliquer. +Le sens moderne, Nhabile
0 ROUANNE n. f., réfection (attesté 1680 mais à se tirer d’tiaîre ou à défendre ses intérêts et ca-
antérieur ; cf. rouannetie) d’après la prononciation pable d’user de moyens peu délicats)) C18641, peut se
de roisne (attesté XIII~ s-1puis roynne (déb. xv” s.), est comprendre par l’intermédiaire de celui de Hper-
issu d’un latin populaire de Gaule ‘rucina, altéra- sonne extorquant de l’argent dans les casinos~
tion du latin classique runcina. Celui-ci est em- (1858l, lui-même sans rapport apparent avec les va-
prunte, avec developpement d’une consonne na- leurs initiales, ou encore à l’argot ancien aagent de
sale sous l’influence de mots comme tincare police» (1830). Selon l’hypothèse de P. Guiraud,
Msarcler, aplanira, au grec rhukzunê arabot, varlopeB. cette acception s’explique d’après l’idée de Ncelui
Ce mot n’a pas d’étymologie claire : un rapproche- qui rafles (raille, déverbal de railler «racler, rafler»,
ment avec le sanskrit snic- <(longue cuillère de sa- ayant le même sens argotique).
cticen est peu plausible,
+floubZard a produit ROUBLARDER v.intr. (1875)
4 Le mot est un nom technique d’outil, employé an- <agir en roublard>>, rare, et ROUBLARDISE n. f.
ciennement pour une tariére et, en médecine, une (1877) wcaractère d’une personne roublarde2 et, en
rugine” (1314,puis pour un compas muni d’une particulier (ww, des roublardkesl, <(action d’un rou-
branche tranchante à l’aide duquel les employés blard>> ( 19341, d’usage familier.
des contributions indirectes marquaient les ton-
neaux visités (déb. xve S.I. 0 Il désigne aussi un ROUBLE n. m. est emprunté (16061 au russe
compas servant à marquer le bois de charpente rubl’ qui désigne l’unité monétaire de la Russie
(déb. xve s.), puis l’outil de tonnelier, de sabotier, (1316, selon Fasmer; XIII~s., selon Tsuganienko),
servant à tailler, à dégrossir et à évider le bois puis de l’Union soviétique (19 171 et à nouveau ( 1991)
119041. de la Russie. Cette unité a d’abord été instaurée à
k ROUANNER v. tr., réfection graphique tardive Novgorod, avant d’être reprise dans le système mo-
(18701 de roisnier @IIIXII~s-1,roysner (1543, s’est em- nétaire moscovite au milieu du xv” siècle+ Le mot
ployé en médecine pour «trépaner* et pour «entail- est d’origine incertaine. Fasmer rejette l’hypothèse
ler avec la rouannen (13331, puis «marquer avec la d’un emprunt de l’arabe rub’ ((quart», fondée sur le
rouannem (1543). *ROUANNETTE n. f, diminutif fait que le rouble représentait un quart de l’unité
de rouame (16421, d’abord royenette he s.), dé-
antérieurement en vigueur, la grivna. Il évoque un
signe une petite rouanne servant au marquage des rapprochement avec le verbe rubiti (russe mo-
bois de charpente. derne rubit’) <(fendre, casser, couperu soit par allu-
sion au fait que le rouble était un morceau coupé
ROUBIGNOLES n. f. pl. est le pluriel (1896) dans une barre d’argent ou une barre dentelée, soit
de robignole (18361, roubignole (18621, employé pour parce qu’il représentait une -fraction de grivna. Le
ROUCHI 3306 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

verbe rubiti a un dérivé ruM’ designant d’abord une miers textes, il désigne ce disque utilisé comme or-
bille de bois, un troncon de bois (xreS.I. gane de déplacement d’un véhicule. Cette accep-
+ Le mot désigne l’unité monétaire de la Russie, tion donne lieu à des syntagmes, à des locutions
puis 11917) de 17-J.R. S. S. et à nouveau (19911 de la figurées, telles que cinquième roue du carrosse
Russie. ( 17431, variante de quinte roue du chariot (xv” s.),
Glément inutile, superflu,, pousser à la roue Gii-
ROUCHI n. m. est le nom donné (1812) par Ga- dep 115591, mettre des bâtons dans les roues agê-
briel Hécart à ce parler, d’après l’expression pa- ner, empêchera ( 1807). De l’ancien fiançais à nos
toise drouchi, drochi ((droit ici>>. jours, les applications évoluent en fonction des vé-
+ Le mot désigne le dialecte picard du Hainaut (ré- hicules : chars, chariots, carrosses, voitures à che-
gion de Valenciennes). val et Km XI? s.1cycles et automobiles. De là les syn-
tagmes usuels comme roue fibre 11897, en
ROUCOULER v. intr., d’abord rencouller cyclisme), roue de secows 11935). -Par métonymie,
Iv. 14621, puis par changement de préfixe rou- le syntagme deuxroues sert à désigner un véhicule
tonner (14951, vient peut-être d’un radical onoma- à deux roues ( 19321, tant dans le langage adminis-
topéique rulz- qui avait plusieurs variantes. Un tratif que dans l’usage courant. +Avec la même
évoque également le latin ruucus aenrouén fonction, roue désigne un disque muni d’éléments
I+ rauque). perpendiculaires servant à propulser un navire
+ Le mot est employé en parlant des pigeons, des (aube à roue, bateau à roue1 [ 18583. 4 Dès l’ancien
tourterelles qui émettent leur son spécifique. Par tiançais, roue se dit du même disque utilisé comme
extension, il s’est employé transitivement à propos un organe de transmission ou d’élévation (v. 11901,
d’une personne qui chante ou parle langoureuse- seul et dans des syntagmes techniques, comme
ment (v. 1770). 0 La valeur figurée, <<tenir des pro- roue de gouvernail 117571, roue hydraulique 118631,
pos tendres et langoureux» (18351, est restée vi- roue dentée ( 18701, mdresse roue ( 1870). + Dès le
XII~ s., roue se dit également, comme le Iatin rota,
vante.
d’un disque tournant, notamment d’un instrument
FROUCO~LEMENT n. m. Cl6111 désigne le bruit de torture formé d’une roue horizontale sur la-
que font entendre les pigeons et les tourterelles et, quelle on liait le supplicié Iv. 11121,d’où supplice de
par extension, un chant tendre et monotone (18311. Euroue (av. 1778) ; la locution figurée être sur la roue
*ROUCOULANT,ANTE, participe présent de ~souffrir le martyren 117981, est sortie d’usage, mais
roucouler, est adjectivé (1821, in D. D. L.), qutiant le dérivé 0 rouer (ci-dessous) perpétue cette ac-
ce qui roucoule (au propre et au figurél et, par ex- ception. - Dès le XII~s. également, le mot est investi
tension, ce qui rappelle le roucoulement de l’oi- de sign%cations métaphoriques et symboliques, la
seau (1855). +ROUCOULADE n. f. 118571, quasisy- locution roue de la forhwe Cv.1155)exprimant les
nonyrne de roucoulement, se dit du bruit que font vicissitudes, Ies &volutionsD du sort capricieux.
entendre les oiseaux en roucoulant, et, familière- D’où la locution être au plus haut, au plus bas de la
ment, de propos tendres entre amoureux. + ROU- roue Cv.1650) qui prolonge des variantes anciennes
COULIS n. m. (1890) recouvre le doux bruit des oi- hnilîeu XIII~S.I. Telle est l’origine de la roue de lote-
seaux qui roucoulent; il est à peu près inusité. rie, d’abord dénommée roue de Fortune (16901 et
désignant à l’origine un tambourin où l’on enfer-
* ROUE n. f, est la réfection (XIV~s.), d’après la mait les numéros pour les tirer au sort, aujourd’hui
série rouelle”, rouet et rouer, du type plus ancien
une roue verticale. +Par métaphore, roue est em-
riuode Cv.9801, rode Ifm XI~s.1,puis roe Cv.11121,ruee
ployé dans faire la roue, anciennement dit d’une
(XIII~s.) qui aurait abouti à reue, attesté dans de personne qui déployait en rond la queue de sa robe
nombreux parlers de l’Est, du Nord et de l’Ouest. ou de son manteau (XIII~s.) et appliqué par la suite à
Sous ses formes anciennes, le mot continue le latin un volatile déployant en rond les plumes de sa
rota qui désigne aussi bien la roue du char, celle du queue (v. 12781, d’après un emploi autonome de
potier, la roue hydraulique et celle du supplice, et roue désignant le déploiement de la queue du paon
qui sert en outre à désigner un poisson rond. Rota Iv. 12281. La locution s’emploie au figuré à propos
est apparenté par sa racine aux langues baltes (li- d’une personne qui adopte une position avanta-
tuanien titi Mrouler4, celtiques, au sanskrit r&ha& geuse Ifin Xnp s.l. Roue désigne aussi une figure de
ccchm. Une autre série verbale exprimant la même gymnastique ( 1802) d’où faire la roue, dans un autre
notion correspond au vieux prussien Man, au sens que la locution, * La locution roue de derrière
slave Izolo et au grec IzuMos (3 cycle). En ce qui a fourni une désignation familière de la pièce de
concerne la racine de rota, l’indo-iranien exprime cinq francs (1725). +Les emplois où roue n’est pas
la notion de char à l’aide de rcithaJz tout en usant, conçu comme une forme en mouvement mais un
pour celle de roue, d’un nom tiré de l’autre racine ; simple disque ou cylindre plat sont assez rares ; on
la série qui correspond à rbtht& se retrouve donc parle cependant de roue de fromage. Voir aussi les
du baltique à l’italo-celtique. Il semble que la racine schémas pp. 3308 sqq.
indoeuropéenne de rota soit plus spécfique du F 0 ROUÉ, ÉE adj., réfection (XIV” s.1 de roé (10803,
char; celle du grec Izu~Zos pZ”el-1 correspondrait qualifie d’abord ce qui est orné de dessins en forme
plutôt au mouvement, à la circulation, se spéciali- de roue ou est en forme de roue; ce sens ne survit
sant pour =rouejj et <<cercle>.La répartition entre les que dans quelques locutions techniques : tête
deux racines est géographique. rouée, terme de vénerie, a d’abord désigné une
+ Le mot désigne proprement un disque qui tourne tête de chevreuil, de daim ou de cerf ayant des
sur un axe passant par son centre. Dès les pre- perches serrées ( 15611, puis une tête dont les mer-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3307 ROUENNERIE
rains sont recourbés en dedans ( 1870) ; encolure pules 117881, par extension, d’une personne qui use
rouée, terme de manège, se dit d’une encolure qui d’arttices pour tromper et spécialement, au fémi-
s’arrondit progressivement du garrot à la nuque nin, d’une femme rusée à laquelle il ne faut pas se
11864). Un homonyme est le participe du verbe fier (18501. 4 De roué est dérivé ROUERIE n. f.
rouer Ici-dessous). +ROUAGE n. m., qui a pris sa Il 777) ((action d’un rouén, puis aussi aacte d’une per-
forme actuelle Cv.1268) après roage (11471, est à sonne ruséeB et, généralement, <<caractère d’une
l’origine un terme de féodalité désignant le droit personne rusée, sans scrupules>> (18461.
seigneurial perçu sur les voitures roulant sur les + voir BROUETrE, lbMELER. RODÉO, RODER, ROGNER,
grands chemins, particulièrement celles qui trans- ROLE et CONTROLE, ROND. ROTATION, ROTONDE, ROTON-
portaient du vin. +Par une autre dérivation, DITÉ, ROTULE, ROUELLE, 0 ROUER, ROUND.
rouuge désigne concrètement l’ensemble des
roues d’un véhicule ou d’une machine Iv. 15361, ROUELLE n. f. est la réfection d’après roue de
d’où la locution bois de rouage Mbois servant à faire rodele (av. 11001, riiele (11191, roide ~III~ s.) issus du
les roues des véhiculess (1723). 0 Le mot désigne latin tardif rotella Npetite roue*, diminutif de rota
aujourd’hui chacune des pièces d’une machine, (b roue), à côté de rotu2a (+ rotule). Son dérivé ver-
d’un engrenage ( 15781, d’où par métaphore 117621 bal rueler, rouler, est devenu rouler”.
une personne, un service participant au fonction-
$ Le développement sémantique procède du sens
nement d’une administration, d’une entreprise.
littéral de apetite roueH, lui-même attesté en 1119
- ROUET n. m., réfection (1382) de roet 1x11~ s-1, di-
Kelel. Dès les premières attestations, le mot s’em-
minutif de roc, roue, a désigné la roue de la fortune
ploie en cuisine pour une tranche mince coupée en
ainsi qu’une roue servant à monter l’eau (v. 12 153.
rond, emploi que lui dispute rondelle depuis la fin
0 Le mot est resté vivant avec d’autres emplois, dé-
du XII~s., sauf dans deux spécialisations, à propos
signant une petite machine à roue servant autre-
d’une épaisse tranche de veau taillée dans le cuis-
fois à fier le chanvre et le lin En XUT’s-1,la désigna-
seau ou le jarret (16001 et aussi d’une roue de fro-
tion restant connue après la disparition du
mage. Le mot, devenu archtique, s’est conservé
procédé. 0 D’autres sens ne sont plus connus que
comme terme historique à propos du cercle
par les historiens des techniques : apetite roue de
d’étoffe coloré porté comme signe infamant par les
bois ou de métal faisant partie d’une poulie ou d’un
juifs au moyen âge EV.11701, de la large rondelle
mouflen (1371); aux XVI~ et XVII~s., aroulette d’acier
contre laquelle la main abritée saisit la poignée
dentée qui, frappant sur un silex, enflamme la
d’une arme ( 14811, enfm de la pièce circulaire en
poudre des armes à feum Iv. 15361. Au XVII~ s., le mot
fer couvrant les articulations de certaines armures
a développé de nouveaux sens techniques, s’appli-
(16111.
quant à une pièce de serrurerie (16601, une char-
pente cylindrique en bois posée au fond d’un puits F Le diminutif ROULETTE n. f., aboutissement de
116901. reüeletie (11191, rouellette (1406-14421, absorbant le
@ ROUER v. tr., dérivé de roue 11326) à ne pas sens littéral de <<petite roue* qu’avait rouelle, a
confondre avec 0 rouer” qui représente le latin ro- évincé ce dernier de l’usage courant. Senti comme
tare, sign5ait afaire subir le supplice de la roue à un dérivé de rouler, le mot a connu une grande for-
(qqn)». La locution rouer de coups 116483, toujours tune dans les désignations techniques d’instru-
usuelle, est une extension hyperbolique. Le sens ments : d’abord appliqué à une petite roue de
d’&raser sous les roues d’une voituren 116431, nou- brouette 11406- 14421, il se rapporte à la petite roue
velle dérivation de roue, est sorti d’usage. * Le par- Exée sous le pied d’un meuble ( 16801, à un dispositif
ticipe passé 0 ROUÉ, ÉE a été adjectivé au sens de analogue au patin Ià glace) mais muni de petites
“qui a subi le supplice de la rouen (16281, devenu ar- roues, donnant la locution adjective a roulettes
chtique comme les emplois hyperboliques qui en ( 1875, patin à rou/eties). 0 Roulette est kncien
procèdent, dans la locution roué de fatigue (1694). nom de la cycloïde (1615) et d’un fauteuil à roulettes
*L’emploi de roué avec un sens moral pour digne utilisé pour véhiculer un invalide I168~0, + La lo-
d’être roué> (cf. gibier de potence, pendard) est cution comparative corne sur des roulettes sug-
d’abord un surnom donné aux compagnons de gérant l’aisance dans le mouvement, aller comme
plaisir de Philippe d’Orléans qui se réunissaient sur des roulettes ( 1813) équivaut à 4ler très bien*.
chez lui au Palais-Royal ou au Luxembourg chez la + Roulette désigne aussi un outil de relieur (1680) et
duchesse de Berry (déb. XVIII~ s., Saint-Simon). Le de graveur (18661, de couturier, de cordonnier
développement de sens est controversé : certains, (19041 et de dentiste (xx” s.), valeur plus courante.
dont Wartburg, l’imputent au fait que les compa- + Il s’est spécialisé dans le domaine des jeux de ha-
gnons de débauche du Régent étaient comme sard (1726, ~OUH 9 lu roulette), suscitant des emplois
*roués de fatiguem le lendemain de leurs excès; métaphoriques comme symbole du hasard 11840,
P. Guiraud, pour sa part, invoque une influence sé- Balzac), et en géométrie (1875) pour une courbe de
mantique de rouler et de certains de ses dérivés nature quelconque roulant sur une courbe ke.
(roulew «vagabond», roulure Nfemme de mauvaise 0 voir ROULER.
vies, dialectal roulado) : selon lui, le roué serait pro-
prement celui qui a roulé sa bosse dans les mau- ROUENNERIE n. f., correction (18001 de
vais lieux et en mauvaise compagnie; mais la pre- rouunnerie ( 17983, est dérivé de rouen, nom d’une
mière valeur indiquée semble la plus variété de toile (16091, emploi cornme nom com-
vraisemblable. Le mot est passé dans l’usage en mun de Rouen, nom de la ville où étaient fabriqués
parlant d’un débauché, d’une personne sans scru- ces tissus.
ROUE f-

espagnol
radar ~ rodéo

ancien français
roer - rouer
XIV s.
XIVs.

“. - rôderie
XIXBS.
radar 7
1 rôdeur
t XVIIIe s.

rôdai Iler r8dai Heur


XIX0 s, xxes.

rotatio rotative,
~---_ I.”-- rotation rotatif
44action de faire
xws. XIVes. rotativiste
tourner BB XXes.

roto,
rotogravu re
XXes.

rotationnel
XIXe s.

ct celui qui fait rotateur


tourner B’ XVII” s.
rotator
L <cce qui fait rotor
tourner >> XX”S.

moyen français
ancien français
latin populaire rouiller
- roetier -
“rotisulare (les yeux)
XIPS.
xws.

érailler
ccrendre
esraaillier cc écorcher éraillé
rauque BB --
x1t=s. superficiellement b) -- XIX” s.
x1x*s.
XVIIBS.

éraillant
éraihre XXes.
XVIIe s.
rouer
ancien français <dfaire subir roué
r0e

r
riuode le supplice ~ CCsupplicié BB
XIV s.
XBS. de la roue ‘b xw s.
XIV s.
l
rouerie
XVWS.

r0é
roué
cxen forme
~ en vénerie
de roue BB
XIV s.
xv s.

rouet
XIV” s.

roage rouage
XIV s. XIII’S.

rotifère

ancien français brouete


Oberoue XIII9 s.

brouette
XIIIe s.

brouetter -- brouetteur
XIIPS.

- brouettée

brouettier
XIV’S.
ROUE
._~~ .~ .-

(suite)

italien
“rotundiare -- rotonde
~- rotonde
CCcouper en rond »

“retundiare

ancien français
rogner - .~ -~- ~. _~ rognage
redognier --
XIIes. XIXe s.
XTs.

-- rognoi r
-~~-~-- rognement XIXe s.
c XVPS.

rogne-pied
I+-- rongneur rogneur XVIV s.
XIV”s. XW s.

rodognedure
- puis rognure
rongnure xvv s.
XIe s.

ancien français
_- rond anglais
reont ~~-~-~--- -- round
XIe s.

rond-point 1 rondeur rondoui Ilard


XIV s. XVS. XIXBS.

rondage
xx” s.
rondelet rondin
XIV”s. XVIe s.
- rondade
XXes.

~. ~ - reonde
XIV s.

ronde
ronde1 rondeau .~ italien
cc danse b~ - _--- rondo
XIVS. XIVS. rondo -
XIII” s.

ronder
cctailler en rond )a,
ronde
(<faire la ronde >>
xvs.
rotella
rotu ta
(v. pages suivantes)

ancien français
reont

roondement rondement
XII0 s. XIV s.

rondele rondelle rondache


XITs. XW s. XVIe s.

rondachier
XVIe s.

rondisseur

rondir
XWS.

rondissage
XFS.

arrondir sous-
a rrondissement
arrondissement
XIIT s.
XIX” s.

arrondi
XIV s.

arrondissage
XIX0 s.

rotunditas rotondité
------ --- ---- C<
caractère ce de rotondité
-~ <crondeur physiques)
XIVS.
qui est rond 13 wII*s.
ROUE
(suite et fin)

reüelette ~ .-~ .~ roulette


r XVs. xvs.

latin tardif ancien français


rodele
roue1 le enrou Ier
rotetla XIV s. XIV s.
<cpetite roue » XT s.

ruële
XIIes. L rueler
XII” s.
rouler
XIV s.
dérou Ier
XlV s.

L- roleiz roulis
XVII0 s. XVIIe s.

Oroleur rouleur
XIV s. XIV s.

roulier - roulière
I roulier
XIIT s. -i XIXes.
xx” s.

rolloir rouloir
XIV s. xvllle s.
r-

roulé _.~~_.~ roulé-boulé

r- XVI@ s. XX” s.

-_ roulement
I XVIe s.
I

roulade
XVII” s.

k roulage
I
xw s.

roulante
- roulant -_-p.---p ws.
1 XVIT s.

- roulure
t XVIWS.

rou lottier
! XIXe s.
i roulotte -7
xlxes. ~- roc1lottage
XIXBS.
latin
rotu la rotule rotulien
1 <t petl’; roue >> 1 xlxes.

v
latin médiéval
rollel rouleau
rotulus XVS,
en rôlement
ccrouleau ancien français 1. rôle XVleS.
rolle roolle - _ --
i portant un - <( liste 1’
1 écrit sb, <<liste )> XV s. XIV” s.
WlT s.
enrôleur
enroller
!- XW s.
r- enrôler
xvs. -
enrôlé
csfonction
ancien français xw s.
propre à une
role
personne dans
XIV s.
la société 3’

(4 petite roue =, roolle


2. rôle
---~- sens technique
immm
<<cylindre >’ - WS.
XVI0 s.

latin médiéval
contrarotulus
ancien français
cc registre tenu contrôle anglais
contre mode
en double pour XIVS. contrd
XIII9 s.
vérifier BB
XW s. contrôle
self contrez « maîtrise
soi-même
de
a’
XXe s.

self-control

latin médiéval
contrarotulare
(( vérifier des (( soumettre A contrôler contrôler
comptes avec -~
contre rouer ~ une vérification ,> ~ <(vérifier, ~ anglais
- t< makser »
un second XIV” s,
xvs.
maîtriser ‘b to control xlxes.
XVIIIe s.
registre ~2
XIIIe s. .. --I- .-

I
I I I ---7

incontrôlable incontrôlé contrôlable contrôlé


XIXe s. xvIII”S. XXe s. XYS.

latin médiéval
contreroullour
contrafotulafor
-- .- ” Personne
qui contrôleur
tient un registre ~s XIV s.
XIIPS.
XIIIe s.
ROUER 3314 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot désignait des tissus en laine, en coton, l’oreille. 0 De nos jours, il se dit surtout d’une patte
dont les dessins ou effets de relief r&ultent de sur le côté de la joue, qui forme une sorte de favori
l’agencement de as teints avant le tissage. Il a court.
vieilli.
ROUGE adj., d’abord rage Iv. I 130) puis rouge
b son dérivé ROUENNIER. IÈRE n. (1870) se distit
(av. 11911, est issu du latin rubeus “roux, roussâtrem,
de la personne qui fabrique ou vend de la rouenne-
dérivé de rubere <<être rougem et qui a supplanté
rie.
dans les langues romanes le mot ancien et clas-
sique cuber, de la même famille. Ruber était d’ail-
0 ROUER v. tr., d’abord roer (XII~s.1 puis ~OUW leurs le mot romain à côté de robes, &US, qui ont
(xnr” s.), est issu du latin roture (&ourner, faire tour- des caractères dialectaux. Cette famille appartient
rien, dérivé de rota (+ roue), et auquel remonte à une racine indoeuropéenne présentant une al-
également, par l’intermédiaire de l’ancien proven- ternance “reudho-, “roudho- : le vocalisme en -eu-
çal, le verbe rôder*. est supposé par le vieil islandais ti8&, le vieil an-
4 Le verbe était usuel en ancien et moyen français glais réod (anglais red); le vocalisme -ou- est déduit
aux sens de «jeter au loin en faisant tournoyer», d’après le gotique raiips et le serbe raid; les formes
*faire roulerm, <<tournoyer*, arouler» et wôder au- celtiques (irlandais ruadh, gallois rhudd), baltiques
tour dem; la forme pronominale se rouer signi&nt (lituanien ruüdas, en parlant de chevaux1 et ita-
{(tourner sur soi-même* (XVI~s.l. La spécialisation liques ne permettent pas de discerner ces va-
en marine pour «rouler un cordage en cercles riantes. La racine fournit aussi des formes verbales,
(1691) a elle aussi disparu. Le mot est quelquefois dont le grec ereuthein nrougip> (-+ érysipèle, éry-
employé dans un style littéraire avec le sens de thème). Rubeus s’est conservé presque partout
afaire la roue)) (v. 13301, sous l’influence de roue*. dans les langues romanes mais désigne des
0 voir @ROUILLER. nuances de rouge lespagnol tiio *blond dorém,
surtout en parlant de la robe des chevaux).
0 ROUER + ROUE + L’adjectif qualifie la couleur qui constitue l’une
des limites visibles du spectre solaire, celle du mé-
ROUF n. m. est emprunté (1582) au moyen néer- tal chauffé, du sang, etc. II est le plus souvent post-
landais roof: rouf: roefCnéerlandais roeB acabine sur posé au nom en fonction d’épithète et sert à former
un bateau>. Ce mot vient d’une racine germanique de nombreux syntagmes : il se dit d’animaux et de
représentée dans l’ancien frison rhoof (tison roefl, plantes caractérisés par leur couleur, quelquefois
le bas allemand rôt l’ancien islandais Mt et, avec avec une fonction classticatoire dans vin rouge
un sens élargi, dans le vieil anglais hr0f Id’oti l’an- (1538; 1228, rouge vin), opposé à blanc, d’où du
glais roof) *toits. Le français a connu des variantes rouge (1754) qui donne lieu à plusieurs expressions,
roufle et roufne 118711. et, par exemple, chou rouge, viande rouge (cf. chou,
viande). Il entre dans des dénominations d’ani-
+ D’abord employé à propos d’une cabine de ba-
maux comme perdrix rouge ( 16901, et de parties
teau, le mot a été repris (17521 pour désigner un pe-
d’animaux, par exemple canard aux puties rouges,
tit abri élevé sur le pont d’un navire et autour du-
écrwkses ù pattes rouges. Il indique souvent le
quel on peut circuler. La graphie moderne roof est
signe distinctif d’un état : chapeau rouge (1611)
due à l’influence de l’anglais et n’est donc pas éty-
après rouge Chapel (v. 1450) <chapeau du cardinals,
mologique.
et enfants rouges (1690) Kmousquetaires du roi, qui
étaient vêtus de rouges. D’après le livre rouge ( 1690)
ROUFLAQUETTE n. f., attesté depuis 1873 de la justice, sur lequel on enregistrait les défauts
(chez Charles Crosl, est d’origine obscure. Selon prononcés à l’audience, on a dit être écrit sur le livre
P. Guiraud, cet argotisme est tiré du dialectal rouge (16901, puis marqué en lettres rouges (1718)
ro~ik @flem Il 7981,à rat tacher au radical onomato- pour «être signalé à la justicen et, par extension,
péique rur, ~OUF- exprimant l’idée de csotier (en <<être signalé comme condamnable». C’est ainsi que
godant les joues))). Le développement de sens s’est rouge s’est trouvé associé à l’idée d’alarme et d’in-
fait par synonymie avec l’argot baffe <gifle» et aussi terdiction (d’où pétrole rouge <<envente illégale>>,
#favoris,, qui relève du radical onomatopéique 19711, par exemple dans téléphone rouge, liste
MT-, bous GsoufIlep>. Cette ressemblance de sens rouge... L’adjectifsert à distinguer un insigne, un si-
a entraîn4 le croisement des deux mots en rouaes gnal destiné à attirer l’attention, après des mots
*favoris», avec adjonction du suf!Exe diminutif -ette, comme feu, luntervte, drapeau (17311, croix
la syllabe -aque- étant inexpliquée (sinon par in- I+ Croix-Rouge). +Par métonymie de son emploi
fluence d’un élément fzac-, flaque) : les roufla- dans un contexte politique révolutionnaire Idru-
quettes seraient proprement de <<tous petits favo- peau* rouge], il sert à quaMer les partisans d’une
ris~. Cependant, roufie n’est attesté au sens de révolution politique ou sociale (18341 et, par méto-
<<mèche)>qu’en 1901 (Esnault), comme s’il s’agissait nymie, ce qui a trait à la révolution, à la pratique ré-
d’une aphérèse. La forme et le sémantisme de rou- volutionnake IISSO>, spécialement dans le contexte
ftaquette restent obscurs. de la révolution russe (amzée rouge, v. 1920) et
4 Le mot désigne d’abord, dans le langage des sou- chinoise ne petit livre rougeJO 0 fl est substantivé
teneurs, des mèches de cheveux, lisses et huilées, pour désigner un révolutionnaire (18431, et spécia-
en forme de virgule, collées sur les tempes, puis lement un membre du parti communiste, mais
une mèche de cheveux qui descend à côté de aussi, anciennement au Canada, un membre du
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3315 ROUGE

parti libéral (1864). Le féminin la rouge (1871) a dé- (1826). Le féminin de l’adjectif est substantivé pour
signé la République révolutionna;ire, sous La COm- abille rouge, au billard)> (1792).
mune. +La couleur ainsi appelée est, par exten- L’adjectif est aussi adverbialisé (1784) dans des 10-
sion, une couleur vive tirant sur le rouge cutions familières exprimant le fait de se mettre en
Il 180-12003, en particulier rousse ( 1368, à propos de colère comme se ficher tout rouge et voir rouge
la robe d’un cheval). Depuis le xrve s., rouge quali-
+ (1842, Sue). ~Dans le contexte politique, voter
fie spécialement un matériau qui a pris, par éléva- rouge 11945) équivaut à avoter pour les partis révo-
tion de sa température, la couleur du feu, d’oti la lo- lutionnaires>>.
cution figurée tirer à boulets* rouges (1798). b ROUGEUR n. f., réfection (attesté xrve s.) d’après
+Rouge caractérise également la peau, et, par mé- rouge de rogor Iv. 11301, puis rageur Iv. 12801, dérivé
tonymie, une personne de race CblancheB dont la de rage Ici-dessus), puis rouge, est d’usage poétique
peau prend la coloration du sang sous l’effet d’une ou littéraire pour désigner la teinte rouge, l’emploi
cause physique ou psychologique ( 16111, tant substantivé de rouge étant plus courant. + Il est
comme épithète que comme attribut, par la lo- surtout usité au pluriel, rougeurs (13 14, à propos de
cution être rouge comme un coq (16903. De la plaques rouges inflammatoires sur la peau et, en
même idée participe l’emploi en médecine vétéri- vénerie, pour des traces de sang que laisse le cerf
naire pour décrire des maladies du porc dites ma- aux branches des arbres ou sur le sol lorsqu’il frotte
ladies rouges (fm xv111~s.1ou des dindons, paons, son bois pour en faire tomber la peau qui le re-
pintades et faisans haladie rouge ou, substantivé, couvre (1834), +Le mot désigne aussi la teinte
chie du rouge) lxx” s.1, après la locution pousser le rouge passagère qui colore le visage et révèle une
rouge (BuEon, 1770). +Ce sens est d distinguer de émotion ( 1538).
celui de rouge dans race rouge ( 1755) ou Peaux- ROUGET, ETTE adj., d’abord roget Cv.11301 puis
Rouges (18421, terme vietii appliqué de façon vague rouget Iv. 11?0> WI peu rouge>, est connoté de nos
aux Amérindiens, notamment ceux d’Amérique du jours comme Kfamilier-. 4 Le mot est surtout usité
Nord, plutôt à cause des peintures corporelles que comme nom masculin pour désigner (XIII~s.1 deux
des pigments de la peau. sortes de poissons marins de couleur rouge, le bar-
L’adjectif est substantivé très tôt au masculin (XII~s.1 bet ou rouget barbet et, moins souvent, le grondin.
pour désigner la couleur rouge, sens avec lequel il + Le mot désigne aussi une maladie infectieuse des
développe plusieurs emplois spéciaux, désignant porcs caractérisée par des taches rouges sur la
un afflux de sang qui colore la peau du visage peau (18551, et la forme Larvaire d’un petit insecte
116611,la couleur rouge à la roulette 118701,d’où les parasite de l’homme 11904).
annonces du type rouge, impair et passe, et aux ROUGEOYER v, intr., d’abord rogeir EV. 11601, ro-
cartes ( 19331, une maladie des vers à soie ( 1870; jooier (v. 12 131, roujoier (XIII~s.1,a signifié «rougirn en
1796, au fémininl, du pin (18591,des chiens et des oi- ancien et moyen français puis a été abandonné
seaux (1870). + Des emplois qualifiés tels que rouge avant d’être repris sous la forme moderne pour
sombre, rouge vit rouge cetie servent à distinguer Hprendre une teinte rougeâtre- (1836, Hugo). * Ses
différentes nuances et des températures (1870) de dérivés ont suivi le même développement: son
métaux chauffés. *Le mot désigne également la participe présent ROUGEOYANT, ANTE adj .,
couleur caractérisque des signaux d’arrêt ou de d’abord rogeiant En XII~s.1=rougissantn, a été repris
danger I& s.), spécialement dans la locution sous sa forme actuelle et avec son sens moderne
mettre le rouge, le rouge est mis (19351, employée à 11831, Hugo). -ROUGEOIEMENT n. m., ph? tardif
la fois au cinéma, à la radio, à la télévision pour si- (19033, désigne une teinte ou un reflet rougeâtre.
gnifier une interdiction d’entrer dans une cabine, ROUGIR v. (v. 11551, d’abord intransitif au sens de
un studio ou un plateau de tournage I& s.), et aux cdevenir rouge sous l’effet d’une émotionn, a k-é-
courses, par allusion au disque rouge qui, une fois quemment dès cette époque la valeur figurée
placé sur le tableau d’tichage, annonce que la dé- d’eavoir honten Iv. 11603. Il est également employé
cision est irrévocable. 0 Le rouge désigne aussi une en parlant d’une chose qui devient rouge (v. 11901,
situation alarmante, dans être, entrer dans le rouge, emploi symétrique du transitif pour <rendre rougen
d’une afkire en déficit. +En emplois métony- En xrles.l. Le sens figuré concerne l’intransitif rou-
miques, le substantif rouge désigne une matière qui gir de qqch., de qqn (1580) aen avoir hontem. Le tran-
fournit un colorant rouge (1636) : il s’est spécialisé sitif donne lieu à une métaphore : rougir ses mains
pour un fard dans rouge d’Espagne Iv. 15601 ou dans le sang Ncommettre un meurtren (1870, Littré).
rouge (1690) par exemple dans mettre du rouge, * ROUGI, IE, participe passé de ro@r, est adjec-
d’où spécialement rouge A I&res et rouge (tube de tivé (déb. xv” s.) en parlant de ce qui a été rendu
rouge, etc.), élément important du maquillage fémi- rouge pour une cause quelconque, spécialement
nin. À partir du ~IF?s., il désigne le peroxyde de fer une eau dans laquelle on a mis un peu de vin ( 16941.
dont on se sert pour polir les métaux, les verres et +ROUGISSANT, ANTE, le participe présent, est
pierres dures 11870, rouge à polir ou rouge & lui aussi adjectivé (15551 pour aqui devient rouge»,
Prusse) et, en emploi déterminé, diverses espèces en particulier à propos d’une jeune me ou d’une
de marbre (1875). Rouge neutre et rouge Congo dé- jeune femme que la pudeur fait rougir facilement
signent un colorant biologique employé dans des ( 1890), + ROUGISSEMENT n. m., après deux oc-
expériences en biologie. +Seul, et surtout dans la currences isolées au sens de arougeurs, 11516 et
locution rouge de riviére, le mot sert de désignation 15761, a été repris ( 1793) comme substantif d’action
régionale pour le souchet (1877) ; il désigne égale- de rougir, appliqué spécialement à l’aspect plus
ment une variété de grive appelée aussi rouge-aile rouge d’une étoile lorsque son rayonnement ultra-
ROUGEOLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

violet est absorbé par


la matière interstellaire bus «roux», dit en particulier de la robe des bœufs
(1975). +RoUGISSURE n. f., ancien terme de et conservé dans quelques dialectes italiens. C’est
chaudronnerie (xvrr” s,), s’emploie pour désigner une forme dialectale de cuber «rouge2 13 rouge).
une maladie du fraisier comparable à une sorte de + Le mot désigne le produit de corrosion du fer en
rouille (1846). présence de l’oxygène de l’air et en milieu humide.
ROUGEÂTRE adj, et n. m., réfection de rougaste On a parlé par extension de rouille de cuivre, rouille
(v. 12701, écrit rougeastre 114911 puis roug&re verte *vert de gris+ ( 15381, rouille de plomb <<blanc de
116361, qutie ce qui tire sur le rouge, souvent avec plombn ( 18701, dénominations sorties d’usage.
une valeur péjorative. Le masculin est substantivé - Dès l’ancien français, le mot s’emploie au figuré à
comme dénomination d’une espèce de poisson propos de ce qui empêche une fonction, la rend
(17911, de champignon 118461et d’une pierre (1875). inefficace (v, 1278). +II sert, d’aprks un autre sens
+ROUGEAUD, AUDE adj. (16401 est un quahfrcatif du latin, à dénommer aussi une maladie des végé-
dépréciatif pour une personne qui a le teint haut en taux atteignant surtout ies céréales et caractérisée
couleur et, par extension, le visage ou une de ses par la présence de taches brunes ou jaunes sur les
parties d’un rouge prononcé (16681. +ROUGETTE tiges et les feuilles ( 1597). * En technique, il désigne
n. f., formé avec un stixe diminutif (1768) pour dé- spécialement l’altération du tain d’une glace 118031,
signer une chauve-souris rougeâtre, est surtout le mordant composé avec un sol ferrique employé
usité régionalement, y compris pour désigner la dans la teinture en noir de la soie (1875; 1870, au
terre argiIo-siliceuse arable qui se trouve dans l’Île- masculh et dans bah de rouil2el. +En cuisine,
de-France (1874). + ROUGEAU n. m. (1870) fournit rouille désigne une sorte d’aïoli relevé de piment
l’appellation régionale du canard milouin. +ROU- rouge et servi avec la bouillabaisse, la soupe de
GERoN n. m. (18741, synonyme de rougette, dé- poisson (me s.l.
signe une espèce de terre rougeâtre. k 0 ROUILLER v., dérivé de rouille, d’abord attesté
Deux composés désignent des oiseaux : ROUGE- au participe roiZl% (v. 11751, puis à l’actif roillier
GORGE n.m. (1464) et ROUGE-QUEUE n. m. Iv. 11961, rouiller (xv” s-1, exprime d’abord l’idée de
(1640) ~rossignol des murailles~. se couvrir de rouille, en construction intransitive et
INFRAROUGE adj. et n. m., formé savamment à la forme pronominale (se rouiller, 15471.Avant la
avec l’élément infra* (186o), se dit des radiations qui fin du XVI~s., il s’emploie au figuré pour -perdre sa
prolongent la lumière visible au-delà du rouge, force, sa souplesse, ses facultés par manque d’exer-
dans le spectre solaire; il est substantivé (18731 cicem, d’abord comme intransitif (av. 1563) puis à la
pour désigner l’ensemble de ces radiations, leurs forme pronominale se rouiller 6n XVI~s.l. * L’usage
fréquences. En tant que radiation invisible, il s’op- transitif du verbe correspond aussi à adonner la
pose, à l’autre bout du spectre, à ultraviolet*, couleur de la rouille à IqqchJb Iv. 1550) et, au figuré,
@ voit- RISSOLE, ROUGEOLE, ROUILLE. ROUX, RUBfiOLE, RU- eengourdir par manque d’exercice> cv.1550). Le
BESCENT, RUBICOND, RUBIS. RUBRIQUE. sens concret ~couvrir de rouillen n’est enregistré
qu’en 1680, D’après un autre sens de rouille, le
ROUGEOLE n. f., d’abord écrit rougeolle verbe sime en agriculture <<produire la maladie
(15381, est la réfection, sous l’influence de vérole*, de la rouille sur Iles végétaux)» (17151.
de rouge& ( 14251. Ce dernier est issu d’un latin po-
+ROUILLÉ, ÉE, le participe passé, est adjectivé
pulaire “tieola, nom d’une maladie caractérisée pour quaMer un métal couvert de rouille Iv. 1175);
par une éruption de taches rouges sur la peau par extension, il se dit aussi de ce qui a l’aspect de
c-t rubéole), féminin substantivé de l’adjectif rubeo- la rouille (déb. XIII~s.3,spécialement en évoquant la
lus arougen, lui-même à l’origine du terme d’ori- couleur de la végétation en train de se faner @n
gine dialectale rouvieux et du nom d’un boeuf U~O- ~LX~S.I. 0 Le sens figuré correspondant au verbe,
gel1 dans le Romart de Renati. C’est une extension aaffaibli par manque d’exerciceB @.n XVII~s.1, a
du latin classique ncbeus «roux> E+ rouge). évincé un autre sens figuré en usage au xwe s. (1564)
4 C’est le nom d’une maladie infectieuse et, par et au XVII~ s., rouillé se disant alors d’un esprit em-
analogie, d’une maladie de l’orge et du seigle Il43 1, barrassé, alteré sous l’influence du mal, des pas-
roujolle). sions (1676, We de Sévigné).
b Le dérivé ROUGEOLEUX, EUSE adj. et n. (1897) En fait de dérivés, rouiller n’a donné que 0 ROUIL-
et pré&&
le ANTIROUGEOLEUX, EUSE adj. LURE n. f., d’abord roilleure ( 14641, dit de l’état du
(xx” s.) sont usités en médecine. fer, d’une plante, et ROUILLEUX, EUSE adj- (xv” s.)
0 voir ROUVIEUX, RUBÉOLE. qui a remplacé rouleux (13891 «qui a 1’aspec;t de la
rouille>, peu usité, avant de sortir d’usage.
ROUILLE n. f., d’abord rail au masculin Le préfixé DÉROUILLER v., d’abord desroilkr en
Cv. 11201, puis au féminin raille (v. 11753 et enfin emploi intransitif au sens de aperdre sa rouille-
rouille (v, 13801,continue le latin populaire “robicuh II 1951,emploi sorti d’usage, rare en emploi transitif
(au masculin orobiculukl). Lui-même est l’altéra- pour débarrasser de la rouille>>, est surtout usité
tion, par changement de sufke, du latin classique avec le sens figuré de arendre plus actif, plus vifm
robigo, -ginis qui désigne la corrosion du fer par (16161. o Au XX~s., il a pris des valeurs argotiques :
oxydation et aussi, peut-être même d’abord, la intransitivement, il se dit d’une prostituée qui fait
nielle des blés, personnifk et divinisé avec majus- son premier gain de la journée (19073. 0Il s’em-
cule : Robigo =la Rouille des blés+, d’on Robigus <<le ploie pour <<attraper des COUPS~(1926) et, spétfi-
dieu R&llem, AU figuré, robigo désigne l’inaction, quement, transitivement pour adonner des Coups a,
les mauvaises habitudes. Le mot est dérivé de ro- battre (qqn), 119241, surtout à la voix passive. La
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3317 ROULER

forme pronominale se dérouiller s’emploie au + DOS son usage transitif, le verbe sign3e adépla-
propre et au figuré. - Contrairement à rouiller, dé- ter (un objet3 en le faisant tourner sur hi-mêmen,
rouiller a produit des substantifs d’action : DÉ- emploi concret auquel correspond, depuis N~O-
ROUILLEMENT n. m. kw” ~3.3, DÉROUILLAGE que classique, un emploi figuré ( 1642, Corneille). La
n. m. (1875) et, dans l’usage famiher, DÉROUILL&E locution rouler les yeux <<lesmouvoir en tous sens>
n. f. (1926) ou DÉROUILLE n. f. (1930) aaction de 61 XII~ s-1réalise l’idée de balancement ou de rota-
battre ou d’être battw. tion (du corps, d’un organe) réalisée ultérieure-
ment dans plusieurs locutions figurées : ainsi se
0 ROUILLER v. tr., d’abord roellkr Iv. 11311, rouler les pouces (18691, elliptiquement se Ies rou-
rooilkr Iv. 1160) puis rouiller Cv.13541, continue un Ier <ne rien faires 119011; roder sa bosse (18161, qui
latin populaire oroï%culure afaire tournern, élargis- semble une modification expressive de rouler SOI~
sement du latin classique roture <tourner, faire rou- corps <beaucoup voyagep 11781); roder les, des
lera (+ rôder, rouer), qui se disait aussi des yeux. mécaniques ! 19471, après rouler les épaules ebalan-
+ Le mot, employé jusqu’au XVIII’ s. dans la locution ter les épaulesm (18761, au figuré ((prendre une atti-
rouiller les yeux, est encore vivant dans certains pa- tude avantageuse,. De l’idée de rouler sa langue
tois lançais septentrionaux. Dans l’est de la France vient rouler un patin ((faire un baiser profond>>
(Champagne, Moselle), il s’est dit pour aaplanir (un (+ patin). + D’après le latin “rotulare, rouler sime
champ) à l’aide d’un rouleaw Il4OOI. aussi -faire tourner (une chose), lui donner la forme
b II a servi à former 0 ROUILLURE n. f., mot tech- d’un rouleau» 115531,en particulier dans rouler une
nique d’origine dialectale (1905) pour une coupure cigarette t 1854) et, en marine, dans rouler la toile ala
dans le front d’abattage dune mine. *De ce mot serrer sur la verguen (1904). + Rouler exprime le fait
est dérivé un autre verbe 0 ROUILLER v. intr. de afaire avancer, déplacen lorsque le com-
(v. 19501, epratiquer une rouillure dans une mine,. plément désigne un véhicule monté sur roues ou
roulettes (1611) et, par métonymie, la personne qui
ROUIR v., d’abord ropU Ixrn” 4, puis rouir (15521, s’y trouve (1833). La locution roder carrosse (17091,
est emprunté au tiancique “r@un. Ce mot appar- motication de faire rouler un carrosse (où rouler
tient à une racine germanique représentée par le
est intransitif, cf. ci-dessous) f16901, sime aavoir
moyen bas allemand rôten, r&ten, le moyen haut al-
une voiture à soi-; elle s’emploie par extension
lemand r&en (d’ou allemand tistzen, rosien), le pour simer de qqn qu’il mène un grand train de
moyen néerlandais rooten (d’où néerlandais mo- vie (1837). + BmZer qqch. dans sa tête ou dans son
derne rote&. Les formes nordiques du norvégien esptit (1636) correspond à *tourner et retourner
I-Q&, suédois rota, danois rode postulent un ancien dans sa tête=. L’emploi concret correspondant,
norois “reyta dont paraissent aussi procéder les
pour Ntourner et retourner Iqqch., qqnl sur toute sa
formes anglaises rayt, ruit correspondant à l’an-
surface>> , est beaucoup plus tardif (attesté indirec-
glais ret. Toutes ces formes sont apparentées à la
tement dans un emploi métaphorique en 1836 :
racine de l’anglais to rot ~~pourrir, se putréfiem.
rouler gqch. dans la boue). Le sens d’uaplanir (une
4Le verbe, d’usage technique, apparaît dans la chose) avec un rouleau> (1680, Richeletl témoigne
France du Nord, et signifie 4iminer par immer- directement de l’influence de rouleau I-, rôle). Ul-
sion les matières dans lesquelles sont noyés les térieurement, rouler gqch., qqn dans Iun
faisceaux de fibres de plantes textiles, afm d’en ex- objet souple) si-e <envelopper complètementa
traire ces fibres». Depuis le xwe s., il est employé in- Idéb. XIX~ S.I. La locution roder les mn (1845) fait al-
transitivement en parlant d’une matière textile (lin, lusion au fait de faire vibrer Iwouler4 sa langue
chanvre) qui subit cette opération. 0 Son extension contre ses dents (cf. ci-dessous r roulé). *Un em-
pour Nsubir un commencement de décompositionm ploi figuré et familier, avec un complément nom de
en parlant d’autres substances (1690, viande qui personne, est aabuser (qqn) pour en tirer le meil-
s’aitère ; 1723, vigne) est sortie d’usage. leur profit» 11834) et, spécialement, avoler,, sens qui
F Le dérivé régulier ROUISSOIR n. m. (15491, &eu a influencé la locution rouler qqn dans Ia farine
où l’on met à rouir les fibres textile+, a remplacé (18671, issue de la cuisine, et qui se rattache à un
routoir n. m. (1559; d’abord retour, 13211, mot em- emploi qui semble antérieur de rouler pour Nsemo-
prunté à la même racine germanique. +ROUIS- quer den (18081, d’où se faire rouler -être trompé,
SAGE n. m. ( 17061 a éliminé le substantif d’action vol&.
ROUISSEMENT n. m. (1611). -ROuISSEUR n. m., L’usage intransitif de rouler date lui aussi des pre-
nom de l’ouvrier pratiquant le rouissage, est enre- miers textes, à propos d’une personne, d’une chose
gistré en 1875 par le grand dictionnaire de Pierre qui tombe en tournant sur soi et d’une chose qui
Larousse. avance en tournant sur eue-même cv. 11601, notam-
ROULEAU + RdLE ment des roues, roulettes, etc. Par extension, rouler
se dit de ce qui remue en tous sens, par exemple
+b ROULER v., réfection
(XIV~s.1 de rkoller les yeux (v. 1695). +La plupart des autres emplois
Cv. 11601, meler Cv. 11701, Iv. 11701, est dérivé
roder apparaissent au 331~et au XVII~s. : par métonymie,
de ruele, roele, anciennes formes de rouelle* Npetite rouler s’emploie en parlant d’un véhicule qui se dé-
roue» et, dans certains sens, de rôle*. Il y a égale- place ( 15851 et, par une autre métonymie, d’une
ment eu confusion, dans certains cas, avec les re- personne qui se déplace en véhicule (16111, d’abord
présentants du latin populaire “rotulare, de rotula surtout un véhicule hippomobile, en relation avec
(+ rotule), attesté par l’ancien provençal rollat l’emploi transitif, par exemple dans rouler carrosse
Iv. 13001 mtourner qqch. autour d’un axen. (ci-dessus). Ce dernier emploi a suscité les lo-
ROULER 3318 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cutions figurées roder SUT I’or 117361, qui est peut- pour désigner l’ouvrier qui roule des tonneaux Km
être une altération du pronominal se rouler sur L’or XVI~s.) puis celui qui, dans les mines, est occupé au
Cl6901 dans laquelle rouler avait un autre sens. roulage à bras (1765, Encyclopédie), qui pousse des
0 Au début du ti s., le verbe tombe dans l’attrac- chariots (1803). - Avec une valeur péjorative liée à
tion du contexte de l’automobile, d’où de nom- LUI sens de rouler (et de rouler su bosse), il s’est ap-
breux emplois plus ou moins figés (rowkr tite, bien, pliqué à un marchand forain 117711,puis à un ou-
rouler à 100 à Uteure, etc.). +Au figuré, rouler in- vrier, une ouvrière qui change trop souvent de
transitif correspondant à *bien fonctionnep, et se place (1813) et aussi à une personne qui erre dans
substituant à aZler, marcher, appartit (1859) dans la de mauvais lieux 117901,une femme de mauvaise
tournure impersonnelle $a roule Igénéralement vie (1856). De nos jours, rouleur désigne un navire
déterminée par un adverbe comme bien. ou mal). qui roule beaucoup (17251, un coureur cycliste doué
+ Le sens figuré pour *avoir les moyens de subvenir de qualités d’endurance pour les parcours à plat
à ses besoins, vivre>>(16401 a disparu après l’époque (1926). Il désigne aussi certains appareils roulants,
classique, à la différence du sens plutôt péjoratif de par exemple un cric monté sur roues pour manœu-
amener une existence aventureuseD (16181, de- vrer les véhicules da;ns un garage (1933). + Le fémi-
meuré littéraire cil a roulé un peu partoutl, le tran- nin rouleuse a servi à désigner une ouvrière (18371,
sitif roder sit bosse étant plus courant. 4 Rouler se puis un appareil destiné à rouler à la main les ci-
dit abstraitement d’idées, de projets qui sont tour- gares et cigarillos (v. 1950).
ri& et retournés dans l’esprit (1656). Il concerne ROULIER, IÈRE n. m. et adj. (1292) a longtemps
aussi un entretien, un discours qui a pour objet tel désigné un voiturier transportant des marchan-
thème, dans la construction rouler sur (16601. Rou- dises. Le mot s’employait aussi comme adjectif
kr sur sign%ait aussi Ndépendre des 11668) d’où la pour qualifrer ce qui a trait au transport des mar-
locution tout roule k-dessus ale reste en dépend, chandises par roulage (1435, citire ruilliere, en
C1690). +Rouler se dit également de ce qui a une parlant dune brouette). Il s’est spécialisé en ma-
circulation active ( 16901,d’un navire anirné de mou- rine pour un navire qui touche tous les ports où il
vements alternatifs sous l’effet de la mer (1678) ; peut trouver du fret (19311, un type de navire de
cf. ci-dessous roulti. Il s’emploie techniquement en charge et un marin qui voyage sans cesse 11936).
imprimerie en parlant d’une presse mise en mou- - Le féminin ROULTÈRE n. f. (1829) Mblouse de rou-
vement (16801, aujourd’hui d’une rotative, notam- lier= a désigné un vêtement féminin à la mode à la
ment pour l’impression des journaux. * Il exprime Cn du XIX” s., puis est sorti d’usage.
encore le fait de produire un bruit sourd, prolongé, ROULOIR n. m., d’abord rolloir (13641, employé
pareil à un grondement ( 17873. comme adjectif en parlant d’un tonneau qui roule
La forme pronominale se rouler +e tourner de côté facilement, a été substantivé comme nom d’un ins-
et d’autre (dans, sur qqch.3*05381 a pris au xrxes. la trument servant à rouler (14441. + Le mot a pris sa
valeur de <<s’envelopper entièrement dans une forme actuelle et a reçu ses sens techniques au
choseB (18301, par exemple se rouler dans une cou- XVI~I~s. : il désigne alors l’outil au moyen duquel le
verture, en concurrence avec s’enrouler. +La lo- cirier roulait les bougies et les cierges sur une table
cution se roder par teme (18691, au figuré, signifie (17231, le rouleau d’un métier à bras (17511, le cy-
&re pris d’une crise de fou riren, le rire non maî- lindre dont on se sert dans l’industrie textile pour
trisé étant exprimé par la torsion du corps effacer les plis de la toile (1763, Encyclopédie).
(cf. se tordre, se gondoler et ci-dessous roulantl ROULANT, ANTE adj., participe présent de rouler,
F ROULIS n. m., d’abord roeleh (v. 11601, rolleS d’abord attesté comme nom (v. 14681, a été adjec-
bme s.1,a désigné dans sa première occurrence une tivé pour qutier un objet qui roule 11606). Par ex-
mêlée d’hommes et, concrètement, une palissade tension, il se dit d’un objet muni de roulettes 116681,
de troncs d’arbres ou de fascines roulés (XIII~s.1, en particulier dans chaise roulante ( 1694). 0 Maté-
sens limité à l’ancien fknçais. Ce n’est qu’au XVII~s. tie1 roulant se dit (1863) de l’ensemble des locomo-
(roulis, 1611) qu’il a pris son sens moderne courant, tives et voitures employées à l’exploitation d’une
désignant le balancement d’un navire sous l’effet voie ferrée. Par métonymie, roulant qutie et dé-
du vent et de la houle (16711, d’où coup de rouZis signe familièrement le personnel employé à bord
(1904, au propre et au figuré), planche à rouZis, rap- des véhicules de transport en commun 119391, ainsi
pel de roulis (19041, expressions techniques. 0 Par que l’employé des postes qui trie le courrier dans le
extension, le mot désigne un mouvement de droite train ( 1968, dans les dictionnaires). + Par une autre
à gauche Km XVII~s.) et, au figuré, le bouleverse- métonymie, l’adjectif s’applique à une voie de
ment, la confusion (av. 1885, Hugo). Par analogie, il communication bien tracée et favorisant la vitesse
s’applique au mouvement d’un véhicule (18441, Ichemin roulant, 1694). Tapis rouht (1907) se dit
d’une motrice, d’une voiture de chemin de fer oscil- d’une surface animée d’un mouvement continu,
lant autour d’un axe parallèle au sens de la marche servant à transporter les personnes ou des mar-
( 18751, et au mouvement oscillatoire d’un aéronef chandîses; escalier roulant correspond à escalier
autour de son axe longitudinal iv. 19503. mécun@ue. 43n relation avec les sens figurés du
ROULEUR, EUSE adj. et n. est attesté en 1284 sous verbe, roulant quame un feu de tir continu 11751). II
la fornre archaïque roleresse au féminin, en parlant se dit aussi des fonds avec lesquels on fait fme aux
d’une femme qui fait rouler qqch. L’adjectif qualifre besoins courants 11770). - Roulant, d’après se ~OU-
ce qui roule 113581, spécialement un insecte qui Zer(par terre, de rire), est employé au figuré dans le
roule les feuilles des plantes pour s’en nourrir OU langage populaire, puis familier, au sens de *qui
pour y pondre (17341. 0 Il est substantive d’abord fa;it rire à se tordre» (1883, Huysmansl; cf. ~ordunt.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3319 ROULER

+Ses quelques emplois substantivés, au masculin Lement, il s’est employé comme nom d’action de
et au féminin, pour désigner des objets roulants rouler ( 16901,mais ce sens rare a disparu. w Quel-
(1566, pour une charrette; 1827, pour une voiture), ques valeurs spéciales correspondent à celles du
ou un nomade vivant dans une roulotte (18751, sont verbe : passage au rouleau d’un champ (1842) ;
sortis d’usage. o Seul l’emploi de ROULANTE n. f. transport du charbon en berline dans les mines
désignant une cantine ( 19331, elliptiquement pour ( 1875). L’Administration préconise roulage pour la
cuisine, marmite roulante (18771, est encore en manutention de marchandises à l’aide d’engins
usage. roulants, ak~ d’éviter l’anglicisme roll odroll off
ROULEMENT n. m. (1538) désigne proprement (19751.
l’action, le mouvement de ce qui roule, sens dont ROULADE n. f., spécialisé au domaine acoustique,
participent les locutions techniques récentes désigne un ornement de chant, une succession de
comme chemin de roulement <<voiecimentée d’aé- notes chantées rapidement et légèrement sur une
rodrome, 11960). * Le mot désigne aussi le mouve- seule syllabe ( 16221, ainsi que le chant trillé de cer-
ment alternatif des yeux ou d’une partie du corps tains oiseaux 11690). + Au sens spatial de rouler, le
(1665). Par métonymie, il se dît d’un bruit pareil à mot désigne une tranche de viande ou de poisson
celui d’un objet qui roule bruyamment, d’abord en rodée et garnie ( 17781, concurrenqant aussi roulé
parlant des sons différents poussés d’une même en pâtisserie ( 1933). -Le mot dénomme aussi un
haleine par la voix (16801, puis dans roulement de mouvement de gymnastique, distinct du roulé,
t2unbow (1732) et en général (v. 1776). + Au figuré, consistant à s’enrouler sur soi-même (v. 1950).
avec l’idée d’échange circulaire, roulement s’ap- ROULURE n. f. (17751 est apparu, en relation avec
plique à l’action de remplacer qqn dans ses fonc- le sens figuré péjoratif du verbe, <<aller çà et lày
tions ( 1819) et, spécialement, de la réparkition an- (cf. rouler sa bosse), au sens de <femme vile, prosti-
nuelle des magistrats d’un même tribunal entre les tuée de bas étageN. C’est aussi un terme d’injure
chambres qui le composent (1835). En termes de agressive kf, salope). Dans ce sens, le rapport avec
commerce, fonds de rudement 11838) s’emploie le verbe rouler n’est plus senti. 4 Ce nom est repris
pour la somme ou les valeurs destinées à faire face pour désigner l’état de ce qui est enroulé sur soi-
aux dépenses d’exploitation, roulements de fonds même (1812) et, en technique, la manière de réunir
118421 désignant la circulation d’espèces, de capi- deux plaques métalliques entre elles par roulage
taux. + Le mot ne se rencontre que plus tard à pro- (1876).
pos du déplacement d’un objet qui tourne sur lui- ROULOTTE n. f., dérivé de rouler au sens d’aaller,
même sans glisser sur une surface (1838) et, en ma- avancer (en parlant d’une voiture)a, a eu le sens de
thématiques, du déplacement d’une courbe plane Ncharrue» et de woiture atteléen (début XIX~ s.1,dont
que l’on fait rouler sur une base ( 1875). procède la locution familière vol à la roulotte <<vol
ROULÉ, ÉE, participe passé de rouler, est employé dans les voitures en stationnementti ( 1836). + Le
adjectivement Iv. 15603 pour quatier un objet dis- sens moderne, {grande voiture où logent les forains
posé en boule ou en rouleau, en particulier un gâ- et les nomades, (18781, s’est différencié dans la pre-
teau dont la pâte est enroulée sur elle-même t 19381, mière moitié du xxe s. de la voiture ou remorque
emploi avec lequel il est aussi substantivé Iv. 19501. aménagée en logement pour faire du tourisme
+ Son emploi familier dans le syntagme bien roulé E19331,à laquelle est aujourd’hui réservé le nom de
«bien proportionné (en parlant du corps, et notam- caravane, par anglicisme. +De roulotte sont déri-
ment d’une femmeIn (18691,vient de la même méta- vés ROULOTTIER. IÈRE n. (18211, autrefois -char-
phore que fuitlel au tour. +L’emploi de roulé en retiep, puis «voleur à la roulotte>> (1835) et <(nomade
phonétique, pour qualfier la consonne r prononcée vivant dans une roulotte> ( 18951, ainsi que ROU-
avec vibration de la langue, date du début du LOTTAGE n. m. (début xrxes.1 avec le sens argo-
me siècle. +Le féminin roulée, de son côté, est subs- tique de wol à la roulotte» (1956).
tantivé avec quelques acceptions spéciales : ce nom La productivité de rouler au xxe s. est attestée par
désigne un filet utilisé pour la pêche à la lamproie ROULISSE n. f. (v. 19501,mot technique désignant
117711,a servi à désigner une volée de coups dans le l’anneau de surface élargie intallé à la base de
langage populaire (1800) [cf. tournée1 et sert de chaque retraite de revêtement d’un puits de mine.
nom, dans l’usage populaire, pour la cigarette rou- *Enfin, roulette, forme altérée de rouellette, ciimu-
lée à la main (et non à la machine, comme la toute nitif de rouelle”, est aujourd’hui spontanément rat-
cousue) iv. 19501. taché à rouler.
ROULÉ-BOULÉ n. m. (1961 in Petiot) désigne, Rouler a servi à former deux verbes prétiés. + EN-
d’abord dans le contexte du parachutisme mili- ROULER v. tr. (13341, dérivé verbal de rouler formé
taire, une chute volontaire suivie d’une culbute. II avec le préfixe en-, enchérit sur l’emploi de rouler
est formé des participes passés de rouler et de bou- pour Nenvelopper Eune chose) autour d’une autre
ler, fam., de boule. ou sur elle-mêmen et Menvelopper dans qqch. que
ROULAGE n. m., daté par Bloch et Wartburg de l’on roule autour» (xx” s.1. La forme pronominale
1567, sans indication de sens, a d’abord concerné, s’enrouler se dit pour <<seretourner, se lover sur soi-
en relation avec l’ancien sens de roulis, l’opération même>> (18341, entourer qqch. en faisant des spires
par laquelle on réunit des branchages en fascines (av. 1850) et, par extension, en parlant d’une per-
(v. 16003,sens disparu. Le mot désigne le transport sonne, pour s’envelopper dans qqch. qui entoure
des marchandises par voiture 116681et, par méto- (xx” s.l. +Il a donné le substantif d’action ENROU-
nymie, l’établissement se chargeant du transport LEMENT n. m. (16411, le nom plus technique EN-
par voiture (1803). D’usage plus technique que rou- ROULAGE n. m. hxe s.), les termes techniques EN-
ROULE’I’I’E( 3320 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ROULEUR, EUSE adj. et n. m. 11870) et ENROU- sansonnet (18771, précédée par ce n’est pas de la
LOIR n. m. Iv. 19501, et le préfixé de sens itératif roupie de singe (1864) dite à propos d’une chose ap-
RENROULER v. tr. préciable , d’importance. L’argot ancien l’a employé
DÉROULER v. tr., d’abord desroller W%9), est adjectivement dans c’est roupie pour <<c’estlaid,
formé avec le prétie dé- pour servir d’antonyme à sans intérêt». Ces emplois figurés dépréciahi% sont
rouler et à enrouler au sens de Ndéfaire (ce qui était & rapprocher de ceux qui concernent les excré-
roulé, enrouléb, à la fois da;ns l’usage courant et ments [crotte, merde, pipi de chat...I.
dans des emplois techniques (dans l’industrie du b ROUPIEUX, EUSE adj. (v. 12781 servait à quaser
bois). +Avec un sujet désignant une chose, il cor- une personne ayant souvent la goutte au nez et,
respond à «étaler sous le regard», «o&ir à l’œil ou à par extension, son nez (1631). +ROUPIOU n. m,
l’espritn (17901, sur un plan spatial ou temporel. 11840) désignait un étudiant en médecine qui rem-
+ La forme pronominale se dérouler, en plus du plaçait un externe dans un hôpital. Le mot roupiut,
sens propre, as’étendre en longueur en cessant que l’on trouve chez Céline à propos d’un commis,
d’être roulé», se dit au figuré d’une suite d’événe- d’un apprenti, en est une variante, elle aussi sortie
ments, de pensées qui prennent place dans le d’usage.
temps ( 1798). +Les principaux dérivés sont DÉ-
ROULEMENT n. m. 117041,d’abord relevé en géo-
0 ROUPIE n. f., d’abord mpia (16141, puis roupie
métrie descriptive, puis avec la valeur générale,
( 16631, est emprunté au portugais rupia, lui-même
*action de dérouler ou de se déroulern ( 1805) et, au
emprunté à l’hindoustani rûpîya wnité monétaire
figuré, afait de se succéder dans le temps>) (1799).
de l’Inde et de divers pays asiatique+, du sanskrit
+ DÉROULAGE n. m. (18021, synonyme du pré-
riîpyu aargent}).
cédent, est technique pour le débit d’une bille de
bois en une feuille mince et continue ( 1870). + DE- +Le mot désigne l’unité monétaire de l’Inde et du
ROULEUSE n. f. (1911) et DÉROULEUR n. m. Pakistan.
11924) désignent des dispositifs permettant l’enrou-
lement et le déroulement d’une bande, d’un câble. ROUPILLER v. intr., attesté ti xwe s. (15971, est @)
Le mot avait été formé (18021 pour apersonne qui peut-être un terme onomatopéique, formé sur le
déroule (qqch.In. radical YOU~P-,parallèle à celui de ronfler, mais qui
0 voir BROUET~, CONTROLE, ÉRAIUER. RODER, ROGNER, a probablement marqué un ronflement saccadé.
ROLE (etROULOTTk), ROND, ROTATION, ROTE, ROTONDE, On a aussi évoqué un dérivé de roupille n. f. (1594 ;
ROTULE, ROUE, ROUE?LLE (et ROULETTE), ROUER, ROUND. antérieurement ropille, 15761, nom d’un ancien
manteau court, emprunté à l’espagnol ropilla, de
ROULETTE -3 ROUELLE ropa ((costume, robe)), lui-même emprunté au go-
tique “ruupu &Bon, guenilles)>; selon cette hypo-
ROUMAIN brigue rcmminel voir l’article en- thèse, roupiller sign%erait proprement as’emmi-
cadré Les lan@es romanes. toufler pour dormirfi. En fait, l’origine et l’évolution
sémantique sont obscures.
ROUND n. m., cité en 1816 comme mot anglais
et traduit par assaut à propos du ring de boxe an- 4 Le mot populaire aura2 commencé par exprimer
le fait de sommeiller à demi, avant de devenir syno-
ghis, puis acclimaté (18501, est emprunté à l’anglais
nyme de dormir.
round n. (xwe s.), «rond» d’où acercle=, acycle)), spé-
cialisé en boxe pour la reprise du combat (1812). b fl a produit ROUPILLEUR, EUSE n. (1740) aper-
Round est lui-même emprunté au XLII~s. au franCais sonne qui roupille, aime roupiller> et ROUPILLON
rond*. La forme retiancisée rond a été employée n. m. (18811, plus courant, qui, après un emploi au
par Hugo (1869) au sens de «suspension, arrêt du sens d’ahomme endortniD, désigne un somme
combat ». ( 18941, surtout da!ns la locution piquer un roupillon
+ L’emprunt s’est imposé dans le vocabulaire spor- (1916), un petit roupiuon.
tif au début du XX~ s., mais, de nos jours, reprise et
pusse gagnent du terrajn. ROUQUIN, INE adj. et n., d’abord attesté en
Champagne (;845), est un mot des parlers du nord
CDROUPIE n. f., attesté à partir du XIII~s., est de la France. Etant donné son aire géographique, il
d’étymologie inconnue. G. Alessio a proposé un est probablement formé de roux* avec l’élément
étymon latin “ruppita qui serait emprunté au grec -quin qui représente soit la variante picarde pour
rupos ccrasse, saleté; substance gluante, poix». chien*, soit le suffixe diminutif -quin emprunté du
P. Guiraud propose d’y voir une variante dialectale néerlandais -Zen I+ mannequin). Une variante YOU-
de reupie dtcrachatn, la notion de =Crachat)> étant min est attestée en 1889 et rouquin est lui-même
souvent associée à celle de emorvem, comme dans relevé en 1889 pour désigner le sang, le sens étant
crac, crache. Roupie est attesté au xwe s. dans la ré- alors xle rouge>‘.
gion angevine au sens de <rouge-gorge=, mais il + En français central familier, le mot quatie et dé-
peut s’agir d’un autre mot; en raison de l’obscurité signe familiérement (1885) la personne qui a des
de l’étymologie, on ne peut déterminer le sens cheveux roux et, par extension, qutie ces che-
propre et le type d’évolution. veux Idéb. X? S.I. - Au sens maintenu de vrougen, il
4 Roupie, mot familier désignant la goutte d’hu- fournit un nom populaire pour le rouge, désignant
meur qui pend du nez, n’est resté vivant que dans un vin rouge de qualité ordinaire ( 19141, d’où un
la locution familière Ice n’est pasl de 124roupie de coup de ruuquin.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3321 ROUTE
b Dans ces deux sens, il est sufké populairement rait été formé, la forme germanique était encore
en ROUQUEMOUTE adj. et n. et ROUQUIN~S “mggi. P. Guiraud rattache roussin à ras, rosse*
adj. et n. <<mauvais chevalB et celui-ci au latin populaire “rup-
tiare; il fait de la forme roncin le résultat d’un croi-
ROUSCAILLER v. est issu 11628) du croise- sement entre roussi72 et roy1cer ~dékicher~~ (du latin
ment de deux verbes : le premier est l’ancien mot runcarel, ce cheval étant employé aux travaux des
argotique rosser (xwe s.), rousser <<gronder par mé- champs, mais cette hypothèse est gratuite. Une
contentementn (16 111qui présente un radical ono- simple spécialisation de 0 roussin I+ roux), avec
matopéique ross- évoquant le grondement ou qui, influence de termes désignant le cheval, n’est pas à
selon J. Picoche, viendrait par chute de la écarter.
consonne initiale de l’ancien français @oc&, 4 Anciennement employé pour désigner un cheval
grousser Ixf- s.), apparenté à l’allemand grunzen de service, le mot a désigné ensuite un cheval en-
{gronderm, du radical grun- évoquant le cri du porc tier, de forte taille, que l’on montait pour aller à la
(-+ goret, grogner, groin, grommeler, gronder). Le chasse, à la guerre ( 1530). La locution roussin &XI--
second est un verbe non attesté “cailler abavarder» cz&e ILa Fontaine, 16781 désigne l’âne (cf. rossignol
supposé d’après caillette Mfemme bavarde)), de d’Arcadiel. Le mot a dti être éliminé pour sa paro-
caille*, et, selon Guiraud, apparenté au picard ca- nyrnie péjorative avec roux et rosse.
lander <bavarder)) et caliéte <petite fille babillarde>
d’après le flamand kallen abavardep, mot repo- 0 ROUSSIN +ROUX
sant, comme l’anglais to ca& sur une racine in-
ROUSTE n.f. est un emprunt au provençal
doeuropéenne bien représentée en germanique et
rowto Mistrall, déverbal de roustb grosser», issu du
en slave.
latin populaire “rustiare, de ‘rhum Narbuste, buis-
+ Employé transitivement en argot ancien au sens son= (3 rosser). On dit aussi roustée, mot dialectal
de cparlep, le mot, sous l’influence de rouspéter*, de l’Ouest, substantivation du participe passé férni-
est employé intransitivement pour aproteste nin de rouster Idéb. me S.I.
(1899). Cette valeur populaire, puis familière, a été 4 Le mot, régional Midi), désigne une volée de
précédée par un emploi peu explicable pour <avoir coups.
des relations sexuelles>> 118231, peut-être par une
métaphore sur «parler, conversep ou par allusion ROUSTIR v. tr. est emprunté (17893 au proven-
aux cris et soupirs. Ce sens est aussi représenté çal roustir ar8tirp d’oti, au figuré, &mber, escamo-
par le dérivé rouscailleur. terfi, de même étymologie que le lançais rôtir*.
,En dérivent ROUSCAILLEUR,EUSE adj.etn. 4 Ce mot a été repris dans un usage populake avec
(18591, anciennement «libertin, débauch6 et de nos le sens figuré de aduper, escroquep, d’où ((voler,
jours ~rouspéteur~ (18991, et ROUSCAILLURE n. f. dévaliserti (18671, de nos jours peu usité. Par ex-
Il9 151<<protestation* dans la locution fa&e la ruus- tension, il aussi eu le sens de *perdre, dissiper
caillure, qui a vieilli. complètement (qqch.1)) Kn XIX~ s., A. Daudet). +Le
6’ voir ROUSPÉTER. sens propre de wôtir, grillep Idéb. =’ s.1est régio-
nal.
ROUSPÉTER v. intr. est issu (1878) du croise- k Le participe passé ROUSTI, IE est adjectivé et
ment du verbe argotique ancien rousser «gronder* substantivé dans sentir le rousti ale grillé>, au
(+ rouscailler) et de péter <protester bruyamment, propre et au figuré. -ROUSTISSURE n. f. (18593
faire du bruit>, ancien verbe apparenté à pet* ou à s’est dit en argot d’une blague, d’une escroquerie.
un verbe péter apiétiner (de colère)*, du latin des L’argot de théâtre a repris le mot pour désigner
gloses peditare (+ pied). une pièce sans valeur vouée k l’échec 118751, un
4 Ce mot argotique est passé dans le langage fami- rôle sans importance (18671, puis un échec à la
lier pour cmarquer son opposition, protesterp. Il a scéne (19541. Roustissure s’est dit aussi d’un objet
attiré dans son sémantisme le verbe rouscailler*, sans valeur (1877, A. Daudetl.
qui a eu au XIX~s. une valeur érotique. +b 0 ROUTE n. f., d’abord rote (XII” s.), rute
b Ses dérivés ROUSPÉTANCE n. f. (18781, plus ra- Cv.11551, puis route (XVI~s.1,continue un latin popu-
rement ROUSPÉTAGE n. m. (xx” s.), vaction de laire “rupta, substantivation par ellipse pour “via
rouspétep), et ROUSPtiTEUR, EUSE n. (1894) crâ- ruptu, littéralement woie ouverte, frayée» ; le p éty-
leur» sont d’usage familier et courant. mologique apparaît dans la variante roupte ( 1347).
L’expression latine est formée du latin classique via
0 ROUSSIN n. m., attesté aux+ s. (13501, avec I-+ voie3 et de ruptu, participe passé passif féminin
la variante rossin en moyen fknçais (déb. xv’ s-1,est de rumpere abriser; ouvrira I+ rompre), dans rum-
l’altération, sous l’influence de roux*, de l’ancien pere viam aouvrir, pratiquer un passagem. On
français roncin (10801, runcin (v. 1090) acheval de évoque aussi, au sens concret de rumpere, l’idée de
charges (d’où l’italien runzinol, parallèle à l’ancien pierres 9zassées» kuptul, celles-ci étant implicite-
provençal rocin (d’où vient l’espagnol rocin; + ros- ment opposées au pavage, aux dalles revêtant les
sinantel. Le mot est d’origine controversée. On a voies principales en Italie, mais l’opposition ainsi
proposé un latin de basse époque ruccinus Ccabal- posée entre deux catégories de voies n’est pas cor-
lusI qui serait dérivé de l’ancien haut allemand roborée.
rukki ados» (allemand Rückenl, mais cette hypo- 4 Le mot a désigné un chemin ouvert dans une fo-
thèse se heurte au fait qu’à l’époque où le mot au- rêt pour faciliter les charrois, la chasse, la prome-
ROUTE 3322 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nade, puis une voie de communication terrestre de cidents de la route, faire de la route (ci-dessus) et
première importance (v. 11551. L’extension du prendre la route Iv. 1950). + Eti, en relation avec
concept, qui exclut cependant les voies urbaines routard, le mot évoque le voyage individuel et libre,
(cf. rue), est précisée ultérieurement dans des syn- parfois à pied (faire la route, 19% ; tailler la route).
tagmes déterminés comme grande route 116%) b 0 ROUTIER, IÈRE adj. et n. m., réfection (xv” s.1
puis grund-route (18351, route royale (18101 et route de rofkr (XII’ s.1 qui correspond à l’ancienne forme
impériale (18701, sortis d’usage; de nos jours, on rote, qualifkt anciennement un voleur sur les
emploie route départementale (18351, route natio- routes ; cf. voleur de @and chemin. La confusion
nule ( 18751, avec les substantivations une départe- avec 0 routier est certaine. +L’adjectif routier, ière
mentule, une nationale, et aussi route militaire «relatif aux routesm 61539) semble inusité avant le
(17651, strutéique (18421. Ultérieurement, le mot est premier tiers du xrY s. (18281, quaKant depuis des
passé dans le vocabulaire du cyclisme, par opposi- substantifs comme carte, transports, gare, sécurité,
tion à piste, dans la locution sur route (18821, inspi- prévention (xx” s.l. + En moyen fiançais, routier dé-
rant les locutions nées de la rhétorique des chroni- signe aussi un recueil de cartes marines 11484).
queurs sportifs, les géants (19031, les rok (19091, les 4 Au XVIII~s. le mot est repris pour désigner une
forçats 119131 de la route =les coureurs du Tour de personne, un conducteur de voitures publiques
Francen. + Dès le XII~s., route désigne comme ch- (17651. De nos jours, il s’applique spécialement à un
min l’itinéraire à suivre pour se rendre d’un lieu à coureur cycliste sur route 118861, au membre d’une
un autre Cv.11301 et, par extension, un trajet par- association de scoutisme, les Scouts* routiers ayant
couru ou à parcourir (1690) ; ce sens est réalisé dans dépassé l’âge de seize ans (1949). 0 Plus couram-
des locutions comme bmer la route a gqn el’em- ment, il se dit du conducteur d’un poids lourd sur
pêcher de passer* @n xrx’s.1, également au figuré longue distance 119531, sens qui reprend l’emploi
(xx” s.), et plus concrètement feuille de route (18251, du XVIII~siècle. Le mot, dans ce sens, est usuel et
faire de la rorrte ~parcourir une longue distance, al- donne lieu à nombre d’emplois codés (les routiers
ler vite, ( 19071, surtout dans le contexte automobile sont sympas, par exemple). Par métonymie, un
qui mod%e l’équilibre sémantique du mot depuis le routier s’applique à un restaurant fréquenté princi-
début du XX~s. (voir ci-dessous). + Employé par mé- palement par les routiers (19701.
taphore pour désigner la voie que l’on suit (XIII~s.), Le verbe dérivé RO~TER v. tr., anciennement em-
route a pris ie sens figuré de <<moyen, ligne de ployé au sens intransitif de umarcher>> (déb. xrves.),
conduite pour parvenir au but que l’on se propose» puis comme transitif pour apercer (un chemin)
(15491, notamment dans des locutions déterminées dans une forêt, 113471,a disparu. +Comme terme
I.a route du suc&1 et dans des locutions comme technique, il est dérivé à nouveau de route, dans
être swla route de qqn (av. 17191, se mettre en tra- des emplois spéciaux : “grouper (les imprimésl en
vers de la route de qqn (attesté milieu XX~s.1, être liasses selon leur destination, 119081, <<diriger (un
surla bonne route, etc. + Le sens spécial de &rec- document) sur sa destination) ( 19591, en marine
tion dans laquelle progresse un bateau> ( 1552, mais &xer à (un navire3 l’itinéraire qu’il doit suivre»
antérieur; cf. ci-dessous routier) a suscité toute une (1968, dans les dictionnairesk + Son dérivé ROU-
phraséologie : faire route... ( 16801, donner la route TAGE n. m., attesté en moyen fiançais sous la
116901, faire fausse route 11690) dont l’emploi figuré forme rouptuge - qui correspond à roupte, ci-des-
(18351 est compris dans le contexte terrestre, route sus -) aaction de percer des chemins dans un boisn
magnétique, route vraie. Route est aussi employé (13473, a été repris au XX~s. avec les spécialisations
pour l’itinéraire habituellement suivi pour les com- techniques correspondmt au verbe, en termes de
munications et les échanges entre certains points poste EIYO?), de navigation (1968), de transport auto-
du globe (16941, parfois dans des syntagmes à va- mobile, domaines où il est courant. oDe là le
leur historique, comme la route de la soie Cv.19501, compose FERROUTAGE n. m. (19701, formé de fer
la route du rhum, etc. Par métaphore normale sur Ccf.chemin de fer*, yoie ferrée*) et de route, d’apr&s
l’emploi du mot dans le cadre de la navigation, routage, pour désigner un transport combiné
route s’applique aussi aux itinéraires aériens : route-rail.
route aérienne II93 1, dans les dictionnaires). + Avec ROUTINE n. f. (15801, d’abord ratine (15591, dérivé
une valeur très générale de ndéplacement>>, il s’em- de route au sens figuré de «moyen, ligne de
ploie dans des locutions de valeur active : faire la conduite» (ci-dessus), a d’abord évoqué un savoir-
route avec qqn (17981, de nos jours plus souvent faire acquis par une pratique prolongée. Détaché
faire route, en route! (18351, se mettre en route par le sens de route et de ses autres dérivés, il a
(av. 1850) et dans les syntagmes fiais de route pris le sens figuré d’ccaction accomplie par habi-
ID? s.3,délais de route (19041, carnet de route (19241. tude, machina[lement~~ ( 16731, d’où le sens péjoratif
La locution mettre en route, attestée tardivement courant (<habitude d’agir, de penser toujours de la
dans les dictionnaires (19641, s’emploie en parlant même manierez ( 17 151; une, des routines corres-
de la mise en marche d’un moteur et, au figuré, du pondant ( 1780) à «conservatisme borné, ensemble
commencement de l’application de qqch. +AU des tendances s’opposant à l’innovations. - Dans la
xxe s., route, employé absolument, désigne avec une seconde moitié du xxe s., sous l’influence de l’mglo-
valeur générale le réseau routier et aussi la tir- m&icain routine <procédure)), lui-même d’un mot
cülation automobile considérée en tant que moyen anglais repris au français, il est employé dans de
de communication et opposé au chemin de fer routine, sans valeur péjorative, à propos d’une ope-
(-fer, rail, et cf. ci-dessous ferroutage), à ration de caractère habituel, périodique, spéciale-
l’avion, etc. d’où code de la route Idéb. xxe s-1, itc- ment en médecine et en politique. Un second em-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3323 ROUX

pr~nt à l’anglais routivte explique son emploi en perser (en parlant d’une troupeln, 4 Son déverbal
informatique pour désigner une séquence d’ins- DÉROUTE n. f. ( 15411 est en revanche resté très vi-
tructions à l’ordinateur destinée à engager une vant ~OUI- <fuite désordonnée de troupes battues ou
suite d’opérations pour obtenir un résultat partiel prisesde paniqueB, mais senti comme isolé. Il a pris
ou faciliter la conduite de la machine ( 1968). + BOU- par extension le sens de «confusion, mise en dé-
tine a produit ROUTINER v. tr. ( 16171,qui s’est éloi- sordre)) (16431, emploi classique disparu plus tard.
gné du sens de apratiquer par routinem pour La locution en déroute est en revanche restée en
prendre celui de «habituer (qqn) par une routineti usage, notamment dans armée, tioupes ert déroute.
(1730), de nos jours d’usage régional. +R~UT& Par métaphore du sens militaire, déroute Sign%e
NIER, IÈRE adj. (1761) s’applique couramment aéchec complet, catastrophe>>.
avec une valeur péjorative à une chose et, moins
souvent, à une personne (1789). 0 L’adverbe dérivé ROUTINE + ROUTE
de l’adjectif ROUTINIÈREMENT (18321, est peu
usité. ROUVIEUX, EUSE n. m. et adj. est issu
RO~TIN n. m., diminutif de route (1829, Balzac), est ( 1743 du normand rouvieu qui continue le latin Oru-
un mot dialectal de l’Ouest pour «petit chemina. beolus, dont le féminin nous a donné rougeole? On
~ROUTARD, ARDE n. Iv. iw’o) marque déposée rencontre parfois la forme row-vieux due à une
( 197% pour le Guide du Routard, se dit familière- étymologie populaire.
ment d’une personne qui prend la route et voyage +Ce terme de médecine vétérinaire désigne la
librement, puis d’une personne qui pratique la gale du cheval, du chien, par allusion à la couleur
moto sur route. rousse du liquide sécrété par la peau malade; il
Route a aussi servi à former un dérivé cparasynthé- quaMe par métonymie l’animal atteint de cette
tiquem, formé avec le préfxé dé- et le sufbe verbal maladie.
-er. 0 DÉROUTER v. tr., d’abord soi desrouter
as’égarer de sa routeb (v. 12701, s’est spécialisé en ROUVRE n. m., motication (1552) de roure o>
vénerie et en marine. Puis, par abstraction, absor- 11401), puis sobre (15381, est issu d’un latin populaire
bant partiellement l’ancien verbe homonyme Oroborem, accusatif masculin remplaçant le latin
0 dérouter E+ 0 routier), 0 dérouter Sign%e «dé- classique robur, lequel est l’accusatif du neutre ro-
tourner, empêcher d’aboutti et, de là, <rendre in- bur. Ce mot désigne un chêne très dur (3 robuste)
capable de réagir, de se conduire comme il fau- et se dit par métonymie de son bois; il s’emploie
drait>> ( 17181. La construction intransitive corres- aussi avec les valeurs figurées de (<dureté, force, ré-
pondait à <faire un détotuh. +Outre les adje&& sistance, vigueur» au physique et au moral. Il re-
tirés de ses participes passé et présent, dérouter a présente une forme supposée Oreu&-os de genre
produit DÉROUTEMENT n. m. (1870), substantif neutre comme tous les noms désignant des ma-
d’action réservé spécialement au changement de tières et viendrait de la racine indoeuropéenne
route d’un navire et, par analogie, d’un avion. 0 Le Oreudh-, “roudh- que l’on retrouve en latin dans les
mot est en concurrence avec DÉROUTAGE n. m. noms de la couleur rouge : robus, ruber, rubeus, ru-
(19651. fus, russus (+ rouge, roux). Le o de robur, au lieu du
0 Voir AUTOROUTE h-t. AUTOMOBILE). u, traitement normal de la diphtongue eu, ou, té-
moigne de son origine dialectale. La parenté de ro-
0 ROUTIER n. m. est dérivé Cv.1220) de hn- bur n. et de robus «rouge>> adj. était connue des An
cien français rote <troupe militaire en marche, pe- tiens. Rouvre est à peu près inconnu des parlers
tite troupe de gensn (v. 11551, devenu ~III” s.) français septentrionaux mais de nombreux noms
0 route I+ raout), mot sorti d’usage au XVII~s., mais de lieux dans presque toutes les régions de langue
encore répertorié comme terme ancien par cer- d’oïl l’attestent pour le haut moyen âge : peut-être
tains dktionnakes modernes. Ce mot est le parti- distinguait-on alors entre quercus pedunculata
cipe passé féminin substantivé de rot, rout ({rompw (*cussunus d’où cIzê& et quercus sessilifiora, ce
(XII~s.), issu du latin ruptus, participe passé passif dernier étant appelé aujourd’hui par les botanistes
de rumpere (+ rompre, route). chêne rouvre, distinction qui n’a été maintenue que
+Le mot, d’abord appliqué à un valet d’armée, a dans peu de parlers. L’italien rovere et l’espagnol
désigné, surtout au pluriel routiers Iv. 12501,les sol- roble continuent le même mot latin.
dats irréguliers organisés en bandes qui pillaient + Le mot, seul ou dans chêne rouvre 11753, Encyclo-
les provinces aux XII~-& s., sens conservé par les pédie), désigne un chêne des forêts plutôt sèches, à
historiens de cette période. Le mot a du se feuilles pétiolées et glands sessiles (d’où, en latin
confondre avec le dérivé de @ route” au sens de scient%que, sa dénomination quercus sessilitiora).
cvoleur de grand chemin=. Telle est, par l’intermé- b ROUVRAIE n. f., écrit rouwaye (1611) puis rou-
diaire d’un ancien emploi figuré de routier (15381,
vraie ( 18701,désigne le lieu où croissent les rouvres.
l’origine aujourd’hui méconnue de l’expression
La forme masculine correspondante est attestée
vieux routier (av. 1606 Nicotl <<homme expérimenté,
dans le domaine d’oïl par les toponymes du type
habile», rattaché spontanément à un sémantisme
ne) Rouvray (Aisne, Pas-de-Calais, Yonne, Seine-
amlogue à celui de vieux loup de mer, et donc à
Maritime, Eure-et-Loir, Meuse).
l’idée de voyage, de route, au figuré.
0 Voir CORROBORER, ROBUSTE.
b Le composé 0 DÉROUTER v. tr. (desroter, 1155) a
été confondu avec le verbe formé sur @ route*, et il ROUX, ROUSSE adj. et n, d’abord ros 6n o>
est sorti d’usage au sens de ase débander, se dis- XI~s., Gloses de Raschi), puis rous Iv. I 160) et roux
ROYAL 3324 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

~VI~ s.) continue le latin wssw arouge, fauven, ap- s’explique par allusion aux hérétiques menacés du
parenté au latin ruber (+ rouge). bûcher et plus prosaïquement par les dégâts cau-
4 Le mot, d’abord employé pour quatier la figure sés par un plat qui brûle. -ROUSSISSURE n. f.
rouge d’un homme, a reculé au profit de rouge et (v. 1790) désigne l’action de roussir et surtout l’état
de ses dérivés. 0 II qutie une chevelure et un sys- de ce qui est roussi, une roussissure désigna;nt une
tème pileux d’une couleur rouge doré, d’où, par tache rousse lav. 1902). + ROUSSISSAGE n. m.
métonymie, une personne qui a les cheveux de (1827) est peu usité, de même que ROUSSISSE-
cette couleur iv. 1160). Cet emploi est demeuré MENT n. m. 11866).
usuel, mais le mot a perdu les connotations péjora- ROUSSÂTRE adj., d’abord roussastre (14011 puis
tives qu’il avait au moyen âge. Roux se dit générale- rouss&re (15491, quame ce qui tire sur le roux.
ment d’une chose de couleur orangée plus ou *ROUSSETTE n. f. est le féminin substantivé
moins vive Iv. 11751. Il sert spécialement à caracté- (15301 de l’adjectif rousset krve s.), antérieurement
riser des animaux par la couleur de leur robe, la lo- reset Cv.11311, rosset EV. 11701, rousset krv” ~3.1an
cution bêtes rousses (1549 englobant autrefois les peu rouxm, diminutif de roux. Il s’applique à un petit
cerfs, daims et chevreuils. ~Lune rousse désigne squale à taches rousses, aux chauves-souris de
la lune d’avril qui, selon la tradition paysanne, grande taille de couleur rousse ( 1765) et à la fau-
roussit et gèle la végétation (1628). En cuisine, vette des bois (1732). 0 Il se dit communément d’un
beurre roux ( 16793 rend compte d’un beurre fondu champignon de couleur rousse (18701, en concur-
qu’on a laissé roussir. +Roux est substantivé, rence avec le masculin rousset. En cuisine, TOUS-
d’abord comme nom d’une variété de cheval sette désigne de petites pâtisseries tites confec-
Iv. 11961. Une nouvelle substantivation désigne la tionnées dans l’Orléanais et analogues aux
codeur rousse 11636) et, en cuisine, une prépara- merveilles ( 1904). - ROUSSELINE n. f. ( 1778) a dé-
tion composée de farine que l’on fait cuire dans du signé une alouette des marais, puis un pipit (petit
beurre plus ou moins longtemps ( 17621. oiseau) à plumage roussâtre que l’on voit en France
b La dérivation est abondante. - ROUSSEUR n. f., au moment des passages 119041,sens qui reprend
d’abord rousor, russur Iv. 1155) puis rousseur l’ancien roussehn n. m. (18753. - ROUSSILLE n. f.
cv. 13981, exprime la qualité de ce qui est roux et (1816) est usité régionalement pour une variété de
s’emploie spécialement au pluriel rousseurs ( 1611) bolet. +ROUSSE n. f. (18271, mot argotique puis fa-
ou, plus souvent, dans taches de rousseur (16421, milier pour ~~police~, s’explique comme le féminin
aussi marques de rousseur (16401, éliminé par substantivé de roux pris dans son ancienne valeur
tache, pour désigner des taches rousses qui appa- morale de &aître» (XIII~s.) d’après un préjugé né-
raissent sur la peau. *ROUSSEAU n.m. et gatif appliqué aux personnes rousses. 0 De là,
adj. m., d’abord russe2 Iv. 1~XI), roussiel Iv. 1190) ROUSSI n. m. (18291, ancien mot d’argot pour
puis rousse1 (XI~~s.), rousseau ktv” s.1,a servi de sy- amouchard de la police», et 0 ROUSSIN n. m.
nonyme à row, se spécialisant pour qualZer une 11855, une fois en 18113,désignation plaisante pour
personne aux cheveux roux krve 4, emploi devenu un officier, dont est tiré ROUSSE n. m. (18291, de
archtique ou dialectal mais demeuré courant même sens. +ROUSSANE n. f. (18371, dérivé du ra-
comme nom patronymique (aussi Roussell. Ce sens dical de roui ou emprunté au banco-provençal
s’est maintenu dans les dialectes. + Rousseau a dé- rowsano, fournit un nom régional pour un cépage
signé le crabe tourteau (1560) et a été repris aux blanc-roux. +ROUSSÉE n. f. (1842) s’emploie lui
parlers de la Vendée pour désigner un poisson ma- aussi dans les Alpes-Maritimes pour un cépage
rin du genre pagel, de couleur rougeâtre krxe S.I. blanc.
0 Son emploi pour une espèce de poire à la peau 6) voir RISSOLE, ROUQUIN, RUSSULE.
roussâtre (attesté 1611) survit dans le dérivé
ROUSSELET n. m. (1600; poire de rousselet, 16111, ROYAL, ALE, AUX
adj. et n., d’abord real
mot qui recouvre aussi un cépage noir cultivé dans Km XI~ s.1,roial Cv.11881, puis royal (déb. XIII~s.), est
les Bouches-du-Rhône ( 1870). + L’ouest de la dérivé de roi* d’après le latin regalis ade rein, dérivé
France et le Canada emploient ROUSSELÉ, ÉE de rex, regis «roi», et qui avait fourni la forme an-
adj. pour «couvert de taches de rousseur” 11820, cienne regiel Iv. 88 1).
Nantes). + Le mot quaIse ce qui est propre au roi, à sa fonc-
ROUSSIR v. tr. (v. 12781, arendre rouxn, s’emploie tion, ce qui lui appartient. II entre dans des syntag-
spécialement pour afaire devenir roux en brûlant mes comme mais011 royale (15591, altesse royale, fa-
légèrement, par une forte chaleur ou par le froid» mille royale (tous deux enregistrés par Furetière,
11690) ; par extension, il se dit pour abrûler super- 1690) qui correspond pour le sens à l’ancienne lo-
ficiellement» (1802) et spécialement «détruire par la cution real li(gInage Iv. 11381. + Dès les premiers
flamme (le duvet d’une étoffeIn Iv. 1950). *L’emploi textes, royal qualse aussi ce qui dépend de l’auto-
intransitif correspond à adevenir roux, prendre des rité du roi, se fait en son nom, d’où en droit CCIS
teintes rousses» Iv. 13981,concurrencé par l’emploi royaux (16111, juges royaw (16901, s’appliquant à la
de la forme pronominale se roussir ( 1766). - Le justice rendue au nom du roi sous l’Ancien Ré-
, verbe a produit les dérivés habituels : son participe gime. +Par extension, le mot qualifie ce qui est
passé @ ROUSSI, IE est adjectivé Iv. 1278) et subs- digne d’un roi, majestueux, grandiose Cv.1170) et,
tantivé f 16801 en parlant de l’odeur d’une chose qui au figuré, “qui atteint un haut degré de qualité))
a légèrement brûlé, seul et dans la locution odeur (v. I I 191,nuance développée au XVII~s., puis dans la
de roussi (18701. La locution sentir le roussi seconde moitié du xrxe s. et, de nos jours, surtout
(av. 18341,ça sent le roussi Em” 4, de sens figuré, usitée dans le langage familier Curie paix royale). La
DE LA LANGUE FRANÇAISE ROYAUME

locution figurée route royale ( 18101,puis voie royale royalistes, comme les bonapartistes, s’opposent au
procède à la fois de l’emploi figuré du mot et de régime en place. Les connotations sont propres au
l’ancienne habitude d’accoler royal à un nom dé- L?ançais de France. +ROYALISME n. m., repéré
signant un lieu kue, p@e, paZais*I. SOUS l’An- dans la période prérévolutionnaire ( 1770, Beau-
cienR&ime et dans un Etat monarchique, YOYU~ marchais), désigne l’attachement à la monarchie et
qualifk notamment (déb. xv? s.1 des institutions aux idées monarchiques. Il a été précédé par
placées sous l’autorité du roi : musée, imprimerie, ANTI-ROYALISME n. m.,déjàrelevé en 1766.
académie, collège : collège royal (1752) étant l’an- ROYALTY, IES n. f. est emprunté (1865) à hnglaiS
cien nom de l’actuel Collège de Frunce. + Avec une royulty n. ( 13981, lui-même emprunté à l’ancien
valeur figut%e, l’adjectif sert à quamer certaines français roialté (-+ royauté), et employé au pluriel
espèces végétales et animales particulièrement re- royalties au sens de droit régalien* ( 14001,«préro-
marquables (déb. XVI~S.I. On notera la persistance gative accordée par le souverain à un individu OUà
de l’ancien pluriel épicène royaux dans quelques une corporation» ( 14831,puis <redevance payée par
expressions historiques (ordonnances royaux à l’exploitant au propriétaire d’une mine* (18391, et,
côté de royales). enfin, <droits d’auteur (d’un inventeurlm (1864) et
Le masculin royal, substantivé lun royaU, a désigné <droits d’auteur, au sens large (1880). En 1865, le
une monnaie Iv. 12501, le féminin royale une sorte mot anglais est cité en France comme terme étran-
de culotte (fin xwe s.), emplois disparus. 0 La lo- ger au sens historique de &Oit régulier> et de
cution à la royale & la mode du rein (1588) s’em- <<prérogative accordée par le souverain à un parti-
ploie de nos jours à propos de certaines prépara- culier}. 4 Le mot a été repris en fran@s au pluriel
tions culinaires riches et complexes (16901, royultis (18971, à propos des redevances payées
notamment dans lièvre à lu royale. * En emploi au- par les compagnies concessionnaires de mines au
tonome, ROYALE n. f. a désigné une petite touffe propriétaire flundlordl du sous-sol, d’abord dans
de barbe (une mouche) mise à la mode sous un contexte britannique. Le plus souvent au pluriel,
Louis XIII et qu’on laissait pousser sous la lèvre in- il désigne la redevance due à un inventeur, à un au-
férieure ( 1798). 0 En cuisine, le mot s’applique à teur, à un interprète, à un éditeur (1910, le Vocabu-
une préparation faite de consommé ou d’une pu- laire technique de I’éditeeurl, concurrencé par le
rée liée aux oeufs utilisée comme garniture des po- terme droits d’auteur, droits d’inventeur (juridique-
tages clairs (1938). ment difl’érents). Le pluriel royalties est employé
F Le dérivé ROYAUTÉ n. f., aboutissement (XIII~s.3 aussi en termes de commerce pour la somme que
de realted Cv.11381,realté Cv.11551, de real, a Sign%é l’utilisateur d’un brevet étra;nger verse à l’tiven-
<<domaine d’un roi ou d’une reine,, sens disparu au teur, et qui est proportionnelle au nombre d’objets
profit de royaume”. Le mot a conservé son autre ac- fabriqués 11947). Sa difksion se heurte alors à la
ception, «fonction de roi ou de reine>> Iv. 11551,cor- recommandation officielle de redevance. Le terme
respondant au latin médiéval regalitus (v. I 1151. Il royuutélsl, utilisé au Canada pour éviter l’angli-
se disait parfois de la dignité du roi* de la fève cisme, n’a pas été accrédité en France où royalties,
I 16801.Son extension figurée pour Gnfluence souve- malgré les critiques et les propositions d’équiva-
rainem est attestée à la fin du XIII~siècle. Par une lences, se maintient, la notion étant juridiquement
autre extension de nature métonymique, le mot distincte de celle de droits d’auteur.
désigne le pouvoir monarchique avec une valeur 0 Voir ROYAUME.
politique ( 1573). 41 entre dans VICE-ROYAUTÉ
n. f. Il6801 «fonction de vice-roi)}. ROYAUME n. m., d’abord reiulme (v. 10801,
ROYALEMENT adv., écrit roialment (déb. XIII~s.), puis roiuume Iv. 1196) et royaume (XIII~s.1,est l’alté-
royalment Iv. 13601, puis royalement Idéb. xv” s.), a ration, par croisement avec royal*, de l’ancien k-an-
succédé à reiulment Cv.11551,de seul, reial. Il signi- çais reiume, roiume <<étatgouverné par un roi)), at-
fie au figuré amagnifrquementn dès ses premiers testé à la ti du XII” s. et jusqu’au milieu du XIV” s.
emplois, alors que le sens strict, ((d’une manière mais probablement antérieur. Ce mot, compris
royale)}, est peu attesté. Il a pris la valeur familière comme un dérivé du latin re3c, regis Nroia, repré-
de ~parfaitement~ (1870). sente en réalité le latin regimen, -inis 4rection,
ROYALISTE adj. et n. (1589) qutie et désigne le gouvernementn qui, par voie plus savante, a donné
partisan du roi, de la royauté, sous une monarchie régime*. L’ancien provençal, qui emploie à la fois
puis sous la république (17891,en concurrence avec regeme, regeime et realme pour «état gouverné par
monurchien, puis monarchiste. La locution être un roim, appuie cette hypothèse. L’italien reume,
plus royaliste que le mi est une extension d’emploi l’espagnol archaïque reame, reulme et l’anglais
de la phrase historique il ne faut pas &e plus royu- reulm viennent du galle-roman.
liste gue le roi, que Chateaubriand fait remonter au + Le mot désigne un pays, un État gouverné par un
règne de Louis XVI. 0 Par métonymie, royaliste roi Ile régime étant nommé royauté), notamment
qualse une opinion, un parti favorable à la monar- en ce qui concerne la France d’AncienRégime,
chie (16 111. Le mot, retourné sur le plan des valeurs dans royaume de France, poétiquement royaume
en 1789, a donné lieu au composé ultra-royaliste des lis (av. 18431. De ce sens procède la locution ne
( 17981 I+ ultra]. fl a été concurrencé par des dé- pas en vouloirpour un royaume an’en vouloir à au-
signations spéciales (orléaniste, etc.1 au XIX~ s.; ses cun prixn (~III XVII” s.), avec des variantes attestées
connotations sont fonction de la situation politique : antérieurement, comme pus pour le royalme de Bu-
l’opposition avec républicain ne produit ses effets tiére (v. 13601.Le mot a donné lieu à des citations lit-
qu’avec un régime républicain stable lorsque les téraires et historiques comme nzun royaume
-RRCH)AGIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour un cheval ( 19041,allusion à l’exclamation de ru n. m., d’abord rui (v. 11601,puis TUCv,11751,Conti- o>
Richard III à la bataille de Bosworth où il devait nue le latin rivus aruisseau, petit cours d’eau>, éga-
être battu et tué, rendue célèbre par Shakespeare. lement <conduite d’eau, canal, tranchée» et, au fi-
+ Dès l’ancien français, le mot s’emploie au figuré guré, Gcoulement (de larmes, de sang, d’argentlti.
dans la locution Deu [Dieu1 reaume Iv. 12801, forme Le mot, auquel remontent l’italien et l’espagnol ri0
archtique pour royaume de Dieu «souveraineté de (-, rio), l’ancien provenqal riu, vient d’une racine in-
Dieu dans les âmes et dans le ciel* (forme attestée doeuropéenne Orei-,peut-être type élargi de “er- qui
tardivement : 1660, Pascal) ; la locution mon apparaît dans le latin otiti Hse lever, naître2
royaume n’est pas de ce monde (1672,Sacy) cite la I+ orient) : elle est représentée dans le sanskrit
réponse de Jésus à Pilate dans l’hngile dTean r@&i dl fait courir, il fait couler)), les verbes vieux
XVIII, 361. 0 Au XVI~ s., les poètes de la Pléiade em- slaves tingti se +5e précipiter)) et rëj~, r&ati «pous-
ploient la locution royaume des morts Cv.1550); on ser, mettre en mouvementn. La notion d’&nission,
parle ensuite en poésie de royaume sombre 116591, cours d’un 1iquideD figure dans le vieux slave rëka
noirs royaumes (1875) avec le même sens, et aussi ~cîvière», le vieil anglais tip arivagen, le vieil irlan-
de royaume de Pluton ! 1875). L’expression popu- dais tiuthor mtorrentm. REM. Rive et tivière ont une
laire parodique royaume des taupes désignant le autre origine.
cimetière ( 1611) est encore employée par ahsion +Ru apetit ruisseaum a été supplanté par ruisseau,
littéraire. 0 Royaume est employé abstraitement ruisselet et ne s’emploie plus que dans les dialectes
en parlant du domaine dans lequel une personne (dans de nombreux parlers septentrionaux).
exerce sa prééminence, une chose règne sans par- 0 Voit+ RIA, RIVAL, RUISSEAU.
tage (1643); avec la même valeur figurée, il se dit
aussi d’un lieu, d’un milieu où l’on est maître ab- RUBAN n. m., dont la forme la plus ancienne, en @)
solu (av. 1857, Musset). dépit des attestations, serait non pas ruban Iv. 1268)
mais tian (XIV~~3.1,est emprunté au moyen néer-
-RRIWAGIE est l’élément tiré du grec landais ringhbund (ccolliep. Le premier élément de
-rrhhgia, lui-même tiré d’une des formes verbales ce mot serait, selon Diez, le moyen néerlandais
de rhêgnunai &5ser, détruire, faire éclater, écla- WC, ring (néerlandais ring) : (anneau- qui corres-
term, employé au figuré à propos de la voix qui pond à l’anglais ring (+ ring). Le second élément
éclate, de larmes et de sources qui jaillissent. Le correspondrait au mot band fllienjj, représenté en
mot repose sur une racine ‘wrëg-, “wrog- et on l’a tiançais par le terme de marine hauban” et qui a
rapproché d’un verbe attesté en baltique (lituanien de nombreux correspondants dans les langues ger-
&iu, r&ti <<arracher4 et en slave (vieux slave maniques (-, bande, raban). Le sens propre du mot
rëzati). serait, dans cette hypothèse, 4ien de forme cir-
4 L’élément, écrit -rrhugie, puis -rragie, entre dans culaire», ce qui est compatible avec le sens du fla-
la construction d’un certain nombre de mots de mand ring-band acravate>>, et que ne démentent
médecine (substantifs féminins 3 où il désigne un pas les plus anciens emplois du mot fiançais
jaillissement du liquide exprimé par le premier (Du Gange, parlant de ruban de perles, paraît in-
élément (+ blénorrhagie, hémorragie), ou bien un duire l’idée du collier honotique). L’anglais a re-
écoulement soudain et abondant, le plus souvent pris le mot du tiançais sous ses deux formes : riban,
de sang. Cette spécialisation explique que son ribund (d’où ribbon) et ruban, cette dernière sortie
concurrent -rrhée*, de sens très voisin en français, d’usage à la ti du XVIII~siècle.
l’emporte en parlant d’un écoulement autre que 4 Le mot désigne une étroite bande de tissu servant
l’écoulement sanguin. Otorragie, par exemple, dé- d’ornement ou d’attache; les rubans, plutôt fémi-
signera un écoulement de sang provenant de nins jusqu’au XVI~s., sont fréquents dans la mode
l’oreiUe, mais on emploiera otorrhée à propos de masculine aux XVII~ et XVIII~s. : ruban de queue dé-
l’écoulement d’un autre liquide. signe 11740) le ruban dont les hommes entouraient
une touffe de leurs cheveux pour en faire une
-RRCHIÉE est l’élément tiré du grec -mChloia, de queue pendant sur la nuque (mode reprise par la
rhein ((couler, s’écouler)) employé dans diverses queue de cheval); de là, l’emploi figuré de cette ex-
métaphores Eà propos des cheveux qui tombent, pression pour une route qui s’allonge à perte de
d’un flot de paroles, d’une matière qui se liquéfie, vue (v. 18001, sorti d’usage. *Les expansions sé-
pour exprimer l’échec, le changement). Ce verbe mantiques sont tardives : par spécialisation, ruban
appartient à une famille indoeuropéenne bien éta- désigne une décoration qui se porte à la bouton-
blie par le sanskrit sr&ati Ncoulerb, le russe ostrov nière gauche des hommes (1802), par exemple
*île entourée de courantsm et strumenï=torrent)), le dans ruban rouge (de chevalier de la Légion d’hon-
vieil irlandais sruuimm afleuve>. neur), absolument, avoir le ruban (distinct de la ro-
+ L’élément, écrit -wée sans h plus récemment que sette), ruban violet apalmes académiques» (18931 et
-magie, entre dans la construction de termes de ruban bleu I& s.1,traduction de l’anglais Blue Rib-
médecine et de pathologie (substantifs féminins1 où bon (1875), allusion au trophée symbolique décerné
il indique un écoulement, normal ou non, d’un li- naguère pour un record de vitesse aux paquebots
quide organique autre que le sang (cette dernière transatlantiques effectuant le service entre l’Eu-
spécialisation étant accaparée par l’élément rope et les Etats-Unis. + PW analogie de forme, le
-rr(hJugie). mot désigne aussi une bande mince et étroite
0 voir CATARRHE, DL~RR&E, GONORWE. HI~MoRRO~DE. d’une matière flexible (1730) : il se dit de la bande
LOGORRHÉE, RHÉOSTAT, RHUMATISME, RHUME. RHYTON. de pâte dont on entoure certaines pâtisseries
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3327 RUBIACÉES

( 18421, de la disposition des matières textiles pen- consiste à décaler légèrement le rythme de la mé-
dant les opkations de filature ( 18701, de la boîte tir- lodie en retardant certaines notes et en en précipi-
culaire dans laquelle est enroulé un ruban métal- tant d’autres. Rubato y est le participe passé ad-
lique portant des divisions en mètres et servant à jectivé de rubare «voler, dérobern, du germanique
mesurer les distances ! 19041,aussi dans mètre à ru- Oruubôn.(-, dérober, robe).
ban, de la lame élastique venant s’appliquer par + Ce terme de musique est employé dans l’expres-
serrage contre un tambour de frein I19331. Il s’em- sion tempo rubato et, de manière autonome,
ploie aussi dans des syntagmes comme ruban en- comme substantif et comme adverbe.
creur ! 18771, ruban magnétique cv. 1950), concur-
rencé par bande. 0 Ruban d’eau 117653 est le nom RUBÉFIER v, tr., reprise (1812) de rubifkr
d’une plante aquatique à feuilles plates et minces. ( 14121, est la fkncisation du latin rubefacere
+Ruban se dit au figuré de l’apparence que pré- flrendre rougem, de rubere «être rouge)}, lui-même
sente une voie vue de loin sur une longueur irnpor- dérivé de ruber (4 rouge) et de facere (-, faire), avec
tante Iav. 1841) ; il est repris en argot avec le sens innuence des verbes en -tir.
plus abstrait de «chemin, trajet- (1896) et le sens + Le mot, employé en moyen français au sens de
concret de =trottoirn (19041. tichatier au rougem, sorti d’usage, a été refait en
b Le dérivé RUBANER v. tr. ( 1349) n’est plus usité médecine pour arendre rouge par l’effet d’une
au sens propre de *garnir de rubans> et il est rare cause irritantes Il 8 121, probablement d’après rubé-
avec une valeur figurée (xx” s.1; il s’est spécialisé fiant (ci-dessous).
techniquement pour Ndisposer en ruban» 11800). F RUBÉFACTIUN n. f., d’abord rubifactlon Il5551
+ RUBAN& ÉE. participe passé adjectivé (13791, a aaction de chauffer au rouge», est devenu rubrifuc-
quatié une chose garnie de rubans, sens disparu, tien Iv. 1560) en médecine pour (<rougeur qui se ma-
sauf dans Ie terme technique canote rubanée nifeste à la surface de la peau>. Après la disparition
acanne à pêche ligaturhe d’un bout à l’autre d’un de ces formes, le mot a été repris sous la forme ac-
ruban recouvert de vernis>> Iv. 19501. +L’adjectif tuelle (1812). Il s’applique aussi au phénomène de
s’emploie en sciences naturelles à propos de ce qui coloration rouge des sols ti9041. 4Le participe
présente des bandes analogues à des rubans ou présent du verbe, adjectivé d’abord sous la forme
des bandes moirées ! 1770) et d’une chose ayant la rubrifiant (v. 1560) puis RUBÉFIANT, ANTE (1765,
forme d’un ruban (18561. Rubané qutie aussi un Encyclopédie), se dit d’un agent médicamenteux
canon d’arme à feu formé d’une lame de métal tor- qui produit sur la peau une congestion intense et
due en spirale 11839). En préhistoire, il s’applique à passagère; iI est substantivé avec le même sens
un faciès culturel du néolithique ancien et moyen, (1793).
d’après le décor de la poterie en rubans et en spi- @ Voir ROUGE, RUBÉOLE, RUBESCENT, RUBIACtiES.
rales (poterie rubanée, 1930). ~RUBANEUR, EUSE
adj. (1870) est d’usage technique pour qutier ce RUBÉOLE n. f. est dérivé savamment (1743) du
qui sert à mettre en rubans les matières textiles. latin rubeus (-, rouge).
- RUBANAGE n. m. 11884) (<ensemble de couches +Le mot a d’abord désigné la garance. Au XIXe s.
géologiques superposéesn, substantif d’action de 118451, il s’est spécialisé en médecine, sur le modèle
rubaner, s’applique à la mise en place de rubans de de roséole*, pour une maladie éruptive, conta-
papier isolant autour des conducteurs électriques gieuse et épidémique, rappelant la rougeole.
cv. 1950).
RUBANIER, IÈRE n. et adj. désigne le tisseur qui F En dérivent RUBÉOLIQUE adj. (18363 grou-
fabrique des rubans t 13871, aujourd’hui au métier geâtrem en parlant des taches de la rougeole, puis
(1870) au sens actuel de arelatif à la rubéole*, et RU-
mécanique. II fournit un autre nom pour la plante
dite ruban d’eau (1803). Son emploi comme adjectif BkOLEUX, EUSE adj. et n. (1873, comme nom) are-
est em@St& au XIX~ s. 11839). + RUBANERIE n. f., latif à la rubéole» et *atteint de rubéolem.
d’abord rubennetie ( 14901, puisrubannerie 11594 et 0 voir ROUGE, RUBÉFIER.

rubanenk 117231, est le nom de la fabrication et du


RUBESCENT, ENTE adj. est l’emprunt sa-
commerce en gros des rubans et galons, différencié
vant tardif (1817) du latin rubescens, -entis, parti-
en petite et grande rubanerie (18451, et de la profes-
cipe présent de rubescere adevenir rouge>, lequel
sion de rubanier.
dérive de rubere &re rougen, de ruber Nrouge»
ENRUBANNER v. tr., attesté indirectement par le
I- rouge).
participe passé enrubannié ( 15321, avant d’être re-
péré à la fm du XVIII~s. (Beaumarchais), concur- + Le mot est d’usage didactique ou littéraire pour
rence rubaner au sens de “garnir de rubans». o Le qualifier ce qui devient rouge.
mot, d’usage courant et technique, au figure <orner ä n a produit RUBESCENCE n. f. <<rougeur de la
à l’excèsn, a produit ENRUBANNAGE n.m. peaun (milieu XX~s.3,mot didactique.
Iv. 19501, nom technique, dit aussi par métonymie 0 voir ROUGE, RUBÉFIER.
de la bandelette de tissu ou de gomme placée en
hélice autour d’une tige dans un pneu. RUBIACÉES n. f. pl. est un dérivé savant
(1718) du latin rubis ~<gamncet Ce dernier, em-
RUBATO n. m. et adj. est emprunté (tempo TU- prunté en kan~ais sous la forme francisée rubie
bato, 1907) à l’italien tempo rubato, littéralement (15701, relatinisée en rubis t 18701, désigne une
<temps dérobk expression employée en musique herbe des haies et buissons dont on tirait l’aliza-
depuis 1601 & propos d’un mode d’exécution qui rine. Rubia est dérivé de ruber arouge}) I--+rouge).
RUBICAN 3328 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Ce terme de classification botanique concerne + L’expression est parfois francisée en cube de Ru-
une famille de plantes phanérogames comprenant bik ou cube hongrois; elle semble déjà vieillie.
des espèces dont certaines (garance, hamélial four-
nissent des colorants rouges. RUBIS n. m. est la forme du pluriel, pris pour un
0 voir ROUGE, RURÉFLER. singulier (v. 11961, de rubi Iv. 11751, réfection, sous
l’inkence de l’ancien provençal robi qui avait
perdu normalement son n final, de l’ancien fkan-
RUBICAN adj. m. et n. m, est la réfection
çais robin iv. 11601, rubin. Ce mot est emprunté au
Idéb. ~VII~s.1, peut-être sous l’influence de rubi-
latin médiéval rubinw apierre précieuse rougen,
CO&*, de rubican (15591, lui-même emprunté à
dérivé du latin classique rubeus aroux, roussâtre»
l’italien rabrkano, employé pour qualifier la robe
(3 rouge), L’italien rubina (d’oti viennent l’espagnol
d’un cheval noir, bai ou alezan semée de poils
rubh et l’allemand Rubinl est emprunté au latin
blancs. Le mot italien est repris de l’espagnol rubi-
médiéval.
cum, proprement “qui a la queue blanche%, de rubo
-queue)) (du latin rupum ; + rave> et de cana 4 Le mot désigne une variété rouge de corindon,
ablancn, du latin canus (+ chenu). pierre précieuse qui peut être montée en bijou; par
analogie, il entre dans les dénominations d’autres
4 Le mot, employé à propos d’un cheval à robe se- pierres précieuses (déb. xnle s.) comme rubis de Bo-
mée de poils blancs (ou de cette robe), est quel- hkme ( 17681, faux rubis et rubis de Sibérie ( 1836). Son
quefois substantivé au masculin (16111 pour dési- emploi figuré en parlant d’un bouton rouge qui
gner les poils blancs épars de cette robe ou (17181 vient sur le visage, notamment dans le cas d’un bu-
en parlant de cette couleur de robe. veur (15391, est sorti d’usage. - La locution faire TU-
bis sur I’ongk (1640) a d’abord fait référence au fait
RUBICON n. m., tiré de la locution passer le de boire en vidant son verre de manière à ce qu’il
Rubicon En me s., Saint-Simon), est le nom reste à peine une goutte de vin qui, versée sur
propre, emprunté au latin Rubico, dune petite ri- l’ongle, ne s’épanche pas; par l’idée de uboire
vière formant la limite entre l’Italie et la Gaule ci- jusqu’à la dernière goutte», on est passé à l’idée de
salpine, que César franchit avec ses troupes au mé- “payer immédiatement jusqu’au dernier sou» et à
pris de la loi romaine qui interdisait à un général la locution moderne payer rubis SUT Itia@e (16681.
de passer cette frontière avec son armée. Cette ac- + Rubk se dit quelquefois par métaphore d’un éclat
tion eut lieu en janvier 49 av. J.-C. et reste liée à de lumière rouge (av. 1794) et s’emploie en apposi-
l’expression NAleu jacta est)>(le sort en est jeté), pro- tion avec la valeur d’un adjectif de couleur (18491.
noncée par César. Le nom propre repose sur la ra- Par métonymie, il désigne la monture de pivot en
cine crougen que l’on retrouve en latin dans cuber pierre dure, d’abord en rubis puis en cristal de
(b rouge). roche, dans un rouage d’horlogerie (1801).
4 Le mot, en dehors des locutions passer, ~Fanchir
le Rubicon, s’est employé pour acoup de forcen. RUBRIQUE n. f., d’abord rubriche (XIII~s.1 puis
rubrique (16061, est emprunté au latin rubricu cterre
Jouer le rubicon 11933) se dit pour <jouer une partie
rouge», acraie rouge>, en technique, =Couleur
de piquet en quatre coups en doublant les points
rouge)), spécialisé en droit pour désigner un recueil
obtenus par chaque joueur au premier et au der-
de lois où les titres des chapitres etaient inscrits en
nier coup)~ Il est adjectivé dans être rubicon (19641,
rouge k-f. miniuturel et, à basse époque, un titre
aux cartes, pour «être perdant dans une telle par-
écrit en couleur rouge. Le mot est le féminin subs-
tieB.
tantivé de l’adjectif rubricus grouge», lui-même at-
testé seulement à basse époque, dérivé du latin
RUBICOND, ONDE adj. est emprunté classique ruber (+ rouge).
(v. 1398) au latin rubicundus crouge, rougeaudn, dé-
+ Le mot a été repris dans sa spécialisation juri-
rivé de rubere 4tre rougeB, lui-même de ruber
dique, désignant le titre de chapitre des livres de
(4 rouge).
droit. À la iin du x19 s., il s’emploie pour <craie,
4D’abord employé en médecine, qua&& une terre rouges, puis au xwe s., par réemprunt au la-
urine rouge, colorée de sang, le mot a été repris en tin, désigne une terre rouge, épaisse et pesante
parlant d’un visage rouge vif ou, par métonymie, (1606) et la craie rouge utilisée par les charpentiers
d’une personne ayant un tel visage (16401; il est pour faire des marques (1673). Du sens juridique
rare avant le XVIII~s. (1732) et a aujourd’hui une vient un emploi spécial en liturgie pour les parties
connotation plaisante. des livres imprimées en rouge contenant des
@’ Voir RUBICAN, RUBIS, RUBRIQUE.
règles à observer (16713. +Par métonymie, il a pris
dans l’usage classique le sens familier de arègles,
RUBIK’S CUBE n. m. est emprunté (1980) à pratiques, coutumes* kw$ s.1 et la valeur spéciale
l’angle-américain RubiJz’s cube, nom déposé, de de nruses, fmessesn (1632, suvoir des rubriques), au-
c&e (+ cube) et du nom du mathématicien hon- jourd’hui disparue. Puis, le mot a désigné, dans un
grois Ezno Rubik, qui inventa le jeu et le présenta manuscrit, le titre écrit en couleurs et orné
au Congrès de mathématiques d’Helsinki en 1978. (av. 1850, Balzac), l’indication de la matière dont il
Ce jeu, aussitôt commercialisé aux États-Unis, s’est va être traité ( 1862). Tous ces sens ont vieilli. + Par
répandu dans le monde entier tant pour l’amuse- l’intermédiaire du sens de Mtitre, date indiquant le
ment que comme applications de théories scienti- lieu d’où vient une informationn ( 18121, rubrique dé-
fiques (les groupes tis). signe en journalisme la catégorie d’articles dans la-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3329 RUDE

quelle est classée une information 11846k ehad plate-forme (1875). + @~ucmR v. tr., ancienne-
da;ns des syntagmes comme chef de rikique, SOUS ment employé au sens intraitif de crecueillir le
tele rubrique, également employé au figuré dans miel des abetiesm ( 16111, a été repris comme tranSi-
l’usage général, où c’est le seul emploi vivant du tif en couture, d’après le sens correspondant de
mot. ruche, pour “garnir d’une rucheu 11834) et <(plisser
,Le dérivé RUBRIQUER v.tr., d’abord altéré en (une étoffe) en forme de rucheti 11870). * Par analo-
rebrichier <enregistrer, marquer par des rubriquesn gie, il est employé à propos de l’opération consis-
(12671, est sorti d’usage, Le verbe a été repris sous tant à disposer le foin en petites meules voisines les
sa forme actuelle ( 1803) au sens de aconnaître unes des autres et évoquant des ruches (1904).
toutes les rusesm. D’un sens spécial de rubrique *RUCHÉ, ÉE, le participe passé, est adjectivé
vient l’emploi pour cmarquer de notes à l’encre 11861) en couture pour qutier ce qui est plissé ou
rougem (18681. +RUBRXCAIRE II. m. (16821, terme froncé en ruche, et, par métonymie, un vêtement
de liturgie, désigne celui qui connaît parfaitement garni d’une ruche (av. 1896). Il est substantivé au
les rubriques des livres liturgiques. WRUBRICA- masculin (1904 en désignant une bande d’étoffe lé-
TEUR n. m. (1836) s’emploie dans le langage didac- gère, plissée, tioncée et cousue sur une seule ligne
tique à propos de celui qui écrivait les rubriques, (dés 1396, on rencontre la ruchie au même sens).
les lettres, les mots et titres en couleurs sur les
chartes, les diplômes, et de celui qui peignait sur
RUCKSACK n. m., d’abord écrit ticksack
(1896) puis rucksack (18991, est emprunté à l’de-
un manuscrit des miniatures” (autre mot évoquant
à l’origine la couleur rouge). mand Rucksack asac à dosp, mot des dialectes al-
pins composé de la forme sans tiexion, propre a
RUCHE II. f., d’abord écrit rosche, rusch,e l’Allemagne du Sud, de l’allemand Rücken ados- et
Idéb. XIII~s.1, avec les variantes rousche et rouche de Suck ~sac~ Rücken, comme ses correspondants
(XIII~ s.), ruque (XIV” sd, enfin ruche (15381, est issu du anglais tige (lequel, avec le sens de <dos+, a été éli-
latin médiéval rusca (attesté par des gloses du miné par buckl, néerlandais rug, se rattache à un
IX” sd, du gaulois rusca &corce)>, postulé par l’an- thème germanique lui-même apparenté à des
cien irlandais tic. L’ancien provençal rusca termes celtiques, lituaniens et sanskrits. Suck fait
*écorce- et le catalan ruse, aécorce de chêne-Iîègem partie d’un groupe de dénominations germaniques
et wuche d’abeillew, ont la même origine celtique. (néerlandais zuk) de même origine que le français
Le sens du gallo-roman et du catalan vient de ce suc*.
que l’on s’est d’abord servi d’écorce de chêne-liège 4 Le mot a été introduit par le Club alpin français ; il
pour faire des ruches avant que la ruche en paille a supplanté havresuc, d’origine allemande et liée à
tressée ne soit apportée dans la Gaule septentrio- d’autres contextes, mais il a lui-même décliné sous
nale par les Francs ; l’ancienne désignation est res- la concurrence de sac à dos, appelé simplement
tée parce que, rusca ayant été remplacé par le latin suc.
scortea au sens d’&corceB (+ écorce), le rapport du
mot rusca avec la matière n’a plus été senti. La RUDE adj. est emprunté (v. I 131) au latin ru&
ruche en écorce a subsisté plus longtemps dans “qui n’est pas travaillé, brut, grossiern, employé
une partie du sud de la France. également au figuré pour cnon dégrossis, par oppo-
4 Le mot désigne un petit logement aménagé pour sition à politus (-+ poli). Rudis, Gnexpérimenté, in-
recevoir un essaim d’abeilles. Par métonymie, il a culte, ignorant, novice», est souvent joint à un géni-
désigné aussi chacun des alvéoles du gâteau de tif qui précise l’objet de cette ignorance. Le mot a
cire contenant le miel (xwe s-3, sens disparu après pu être rapproché de rudus I-+ rudéral), mot tech-
l’époque classique, ainsi que celui qui correspond à nique désignant des gravais, du plâtw, des dé-
«colonie d’abeilles habitant un même abrin 115381. combres, assez proche par le sens, mais sans pou-
Par analogie de forme avec le panier de la ruche, le voir fournir une étymologie.
mot a désigné une grande nasse servant à la pêche + Après avoir quatié en ancien français un carac-
en mer (16141. +Par ressemblance avec la gaufre tère humain dur, violent, rude qualifie une per-
de cire, ruche s’est dit d’une bande plissée de den- sonne non civilisée, sans ratltinement (XII~s,l et, par
telle, de tulle ou de toile servant à orner un vête- extension, des traits physiques et moraux qui
ment de femme (18181, d’où rucher et ruche Cci-des- donnent une impression de force naturelle primi-
sous). h désigne techniquement les tuiles disposées tive (v. 1355). Parallèlement, il quaMie une chose
en piles pour recevoir le naissain des huîtres (1877). brute, inorganisée (v. 12131,sens qui a décliné après
4’emploi métaphorique ou figuré pour parler le xw” s.; rude qutie aussi concrètement une
d’une grande agglomération, d’un endroit où règne chose dure au toucher Iv. 12601, une chose qui
une grande activité humaine (18191, préparé par cause de la fatigue bme s.1et, abstraitement, qui est
des comparaisons entre l’homme et l’abeille ( 17561, pénible à supporter Iv. 14601, en concurrence avec
relève de l’assimilation fréquente des humains en dur, aujourd’hui plus usuel. Cette dernière valeur
grand nombre à des insectes. est réalisée da!ns la locution être ii rude école
b RUCHÉE n. f. (1562) désigne & la fois la population (1688) ; elle l’a également été dans l’emploi de ré.&
d’une ruche et le produit de la ruche ( 1610. 8 et infinitif, apénible à» (16891, et dans c’est un peu
+ 0 RUCHER n. m., d’abord écrit ruscher ( 1600) rude, cela me paraît ru& «c’est peu acceptablen
puis rucher (18031, sert à désigner l’endroit abrité (1798). + Par extension, rude a pris la valeur inten-
où sont groupées des ruches et, par métonymie, sive de uremarquable en son genreD 11580), alors
l’ensemble des ruches réunies sur une même placé devant le nom qui désigne une chose ou une
RUDÉRAL 3330 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

personne (1841, rude gaiElard). Au xrxes,, par ex- tativem. Il est employé au pluriel pour désigner les
tension de l’idée de chose pénible sur le plan intel- premiers élements d’une discipline, d’un art, d’une
lectuel, il se dit aussi de ce qui est ardu, difficile a science (15451. Le singulier rudiment a désigné, par
comprendre (1859). Il est substantivé dans la lo- métonymie, un petit livre contenant les premiers
cution en voir de rudes csupporter beaucoupB éléments d’une science, en particulier de la langue
(1872). latine (16661, d’où les locutions en être encore au TU-
b RUDEMENT adv. (fin XII” s.) recouvre en ancien diment et renvoyer qqn au mdiment 117401, sorties
français les sens de «brutalementm et acruellement, d’usage. Parallèlement, le mot a désigné la partie
sans ménagements (XIV~s.l. En relation avec l’ad- élémentaire d’une grammaire 11690). 4 Dans le do-
jectif, il a pris le sens intensif familier de *beau- maine concret, il s’appliquait aux premiers élé-
Coup~ (1594) qui est resté plus vivant que l’emploi ments de tissus animaux ou végétaux aptes à se dé-
correspondant de l’adjectif, et un sens figuré aavec velopper ( 1553) puis, depuis le xv& s. (1782, Btion),
une peine physique ou morale intense)) (1875). à un organe ne prenant qu’un très faible dévelop-
+ RUDESSE n. f. (~10~s.) se dit d’abord de l’&preté pement, emplois archaïques alors que le dérivé ru-
des paroles, du ton, du comportement. Il désigne dimentaire s’est maintenu.
ensuite, d’aprés le sens pris par l’adjectif, l’état de b RUDIMENTAIRE adj., d’abord employé comme
ce qui n’a pas été adouci par la civilisation ou policé nom (1789) pour désigner l’auteur d’un rudiment
par l’éducation (v. 13551, d’où l’emploi de une, des grammatical, s’est répandu très rapidement
rudesses pour Gmpolitessen et le sens spécial de comme adjectif (dès 1789) pour & l’état de rudi-
4ournure de style sans élégance», tous deux attes- mentn, csommairem, spécialement en sciences na-
tés aussi au milieu du XIV et en déclin après le turelles, & l’état d’ébauche ou de résidu, (1842) et
xvue siècle. -R~&sse correspond aussi à ce qui est & un stade de développement imparfaitu (1865).
désagréable à voir ou à entendre, parce que mal -Rudimentaire a produit RUDIMENTAIREMENT
dégrossi ( 15381, et à l’état de ce qui est pénible à adv. (18753, d’usage didactique et littéraire, et RU-
supporter 115591.Le sens physique, &tat de ce qui DIMENTATION n. f. (1976, dans les dictionnaires
est rugueux au toucherB ( 15801, n’a eu qu’une vita- généraux), terme scientifique pour aformation d’un
tité limitée. -RUDOYER v. tr., attesté une pre- organe rudimenttie~.
mière fois en 1372 et de nouveau au XVI~s. (15641,
exprime le fait de titraiter sans ménagement, avec 0 RUE n. f. est issu Iv. 10501 du latin rugu cride>
dureté et brusquerie%. 11s’est dit pour amener bru- (conservé en ce sens par l’italien rugu, l’espagnol
talement (une monture))} (av. 16601. 0 Il a pour dé- urrugu, l’ancien provençal Uga), qui a pris par mé-
rivé RUDOIEMENT n. m. (15711, d’usage plus litté- taphore en latin populaire le sens de achemin Ispé-
raire que le verbe. - RUDISTE n. m. 118341, terme cialement bordé de maison&. Le mot n’a pas d’éty-
de paléontologie désignant un mollusque fossile de mologie claire. À cause de la concordance du sens,
l’ère secondaire, est dérivé de rude par allusion au on hésite à écarter le lituanien ruizrzus cride*,
fait que la coquille de ce mollusque comporte beau- runkù, rùkti «se rider*, raukiù, ruùkti arider* qui in-
coup d’aspérités. diquerait une forme athématique à k alternant
'@ Voit- ÉRUDIT, RUDIMENT. avec g, fait courant, et qui pourrait indiquer une
source indoeuropéenne lointaine.
RUDÉRAL, ALE, AUX adj. est un dérivé + Le mot désigne depuis l’origine une voie bordee,
savant, avec le Su&e -al (1802), du latin ~US, TU- au moins en partie, de maisons, dans une agglomé-
de+, terme technique désigna& les plâtras, les dé- ration; il est employé en français moderne dans
combres et les moellons servant à paver en blocage des syntagmes qualifiés comme grund-rue (18021,
(cf. rutirution, ci-dessous). Le mot se laisse facile- grande rue (1870), rue couvetie (av. 1902) précisant
ment rapprocher de rudis (3 rude) par la forme et une caractéristique. Par ailleurs, les rues sont nom-
par le sens, sans qu’on puisse lui assigner une éty- mées depuis le moyen âge par des expressions (rue
mologie. des orfèvres, rue pavée, etc.1 et, à partir du XVIII~s.,
4 Le mot a été formé par les botanistes pour quali- par des noms propres commémoratif%. +Au-delà
fier un végétal qui pousse sur les décombres, les tas de la signil?cation dénotative, pue suggère plusieurs
d’ordures aux abords des habitations et des voies types de contenus : celui d’espace parcouru dans
de circulation, parce que ces sols (appelés u.&- courir les rues, d’abord attesté pour «être foum ( 1549)
raza) sont souvent riches en azote et en potasse. puis «être connu de tout le mondes (1660) ; celui de
w RUDÉRATION n. f. est un emprunt plus ancien lieu habituel, inchangé, dans être ~teux comme Les
(1547) au latin ruderutlo apavage en blocage ou blo- mes 11640) indiquant un grand âge. Enfant OU gu-
caillez, dérivé de ruderare, de rudus. Le mot s’em- min des mes 11834, Hugo), avec une valeur distincte
ploie pour désigner une maçonnerie grossière de fille* des rues, se dit d’un enfant qui, rejeté ou
avec des plâtras, sens disparu, et de nos jours un privé de milieu familial, erre dans les rues ; être à la
pavage en cailloux, en petites pierres ! 17651. rue exprime le manque de domicile et lu rue cor-
respond alors à (milieu extérieur, dans une villem.
RUDIMENT n. m. est emprunté ! 14%) au latin + Par métonymie, rue désigne l’ensemble des habi-
rudtmentum *apprentissage, débuts, premiers élé- tants de la rue (1675), spécialement le peuple, dans
mentsm, dérivé de rudis “qui n’est pas travaillé, ses virtualités insurrectionnelles, cette valeur re-
brut* et *inculte, ignora& I+ rude). jaillissant sur le sens propre, dans descendre dans
+ Le mot est d’abord attesté dans rudiment de conti- lu Tue (pour manifester, etc.). +Par analogie, le mot
nence au sens de <premier exercice, première ten- a développé quelques sens techniques : cespace qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3331 RUGBY

reste vide dans une carrière après l’extraction de qui lance vivement les pieds de derrière en soule-
bancs de pierre>> (1701) ; asubdivision d’une scène de vant son arrière-train Iv. 1212). Quelques locutions
théâtre en profondeur} (17721 et «espace vertical faisant allusion à différentes manières de ruer,
produit par l’alignement fortuit de blancs dans une comme mer en vache* (17181, ruer Ù la botte (18451,
page impriméen (19041, emploi où il est synonyme disparu, mer dans les brancards Nprotestep, sont
de cheminée. passées dans l’usage avec une valeur figurée. * La
langue familière a employé ruer à toti et à travers
F RUELLE n, f., d’abord ruele (v. 1138) et reuelle
(déb. XIV~ s.) puis ruelle (xv” s.), désigne proprement ( 1718) avec l’idée de afrapper de tous côtés dans la
une petite rue étroite. +Par analogie, il se dit de fouIen. La locution ruer ou se ruer en cuisine aman-
l’espace laissé entre le lit et le mur d’une chambre, ger gloutonnement>) (1534, Rabelais) est elle aussi
dans rwlle du lit E1408, ruyelle du lit), puis en emploi sortie d’usage.
autonome (1580). Aux XVII~ et XVIII” s., ruelle désigne b RUÉE n. f., participe passé féminin de ruer, est
par métonymie la partie de la chambre à coucher substantivé en ancien f~ancais pour désigner la
(située en principe entre le lit et le mur) où les portée d’un objet qu’on lance Iv. 11701. ~Sorti
dames de qualité recevaient leurs visiteurs (1614) d’usage après le XIII~ s., le mot a été repris assez ré-
et, par métonymie, la réunion mondaine qui se te- cemment ( 1864) pour traduire l’anglais rush et dé-
nait en ce lieu (1614) ; d’où style de ruelle, pour 4yle signer le mouvement impétueux d’une foule qui se
précieux, (17231, par allusion à cette forme de rue dans une même direction, spécialement dans
convivialité littéraire (emploi sorti d’usage au la locution rmée vers I’or (qui rend l’anglo-an&%
XIXe S.I. tain golden. rush). +RUEMENT n. m. Iv. 1310) a si-
@ voir RUGUEUX. gnifié «action de lancer> d’aprés l’emploi transitif
du verbe ; il a été repris pour dwtion de se ruerB et
0 RUE n. f., d’abord rude @n ~~ s., Gloses de Ra- cadion d’un cheval qui rue» (18771, tout en restant
schi) puis rue (XII~ s.1, est issu du latin rutu, nom rare. *RUADE n. f. Iv. 1500) désigne couramment
d’une plante vivace à fleurs jaunes vivant dans les l’action du cheval qui rue et se dit quelquefois au fi-
endroits secs. Le latin est peut-être repris du grec guré d’une réaction de défense brutale et inatten-
rhutê de même sens, à moins qu’il n’y ait deux em- due ti XVI~ S.I.
prunts parallèles à un même substrat. 0 voir RÂBLE, RUINE.

+ Le mot a gardé son sens d’emprunt, désignant


une plante méditerranéenne dont les feuilles
RUFIAN ou RUFFIAN n. m., d’abord rufin.
(XI$ s.), puis ruficcn (1512), est emprunté, peut-être
etaient autrefois prisées pour leur vertu antisep-
par l’intermédiaire de l’ancien provençal rofian ou
tique et stimulante.
rufian. aentremetteurn (XIII~-~IV~s.1, à l’italien ruf-
w RUTACEES n. f. pl. est un dérivé savant El8031 fiano de même sens (X[II~s.l. Ce mot est d’origine in-
employé en classification botanique pour des certaine ; on a évoqué l’ancien italien roi% asaleté».
plantes ayant un appareil sécréteur interne. Le On considère ce dernier soit comme emprunté à
x-vue s. atteste une occurrence unique de l’adjectif l’ancien haut allemand htif Nescarren soit comme
rutacé (1615) quali&nt l’huile tirée de la rue. Au représentant de rufulus, diminutif du latin rufus
XIX~ s., la sécrétion de la rue et d’autres plantes est aroux’> apparenté à ruber arouge>> I+ rouge), croisé
nommée RUTINE n. f. (18551, calque de l’allemand avec la hale de puttana *putain» (+ pute), masculi-
Rutin (18421 fait sur le latin, et RUTOSIDE n. m. risée.
(1949, tiré de rutine avec le suf5xe -os& composé
4 Le mot désignait autrefois un entremetteur, un
de -ose et de -i&.
souteneur, un débauché Ifm xrveS.I. Pour des rai-
sons qui tiennent vraisemblablement de l’analogie
o> RUER v. est issu (v. 11121d’un latin populaire “ru-
avec forban et avec les éléments initiaux de rustre,
tare, intensif du latin classique ruere Isupin rutum),
rude, sa sign5cation a évolué en <aventurier intré-
verbe transitif archaïque que l’on trouve surtout
pide, homme hardi et sans scrupules vivant d’ex-
chez les comiques et en poésie, aprécipiter, faire
pédientsn, le mot évoquant une époque historique
tomber, ruinep et, verbe absolu, pour (se précipi-
(xwe-xrxe S.I.0 Au XX~s., les médias, en particulier le
ter, s’écroulep. Pour des raisons morphologiques
cinéma, contribuent à donner au mot des connota-
et phonétiques, on hésite à rattacher ruere à une
tions positives de abandit au grand cœurn, «aventu-
racine indoeuropéenne ‘ru- «brisern, d’ailleurs mé-
rier peu scrupuleux mais sympathiquen, et il ne
diocrement établie à partir du sanskrit et de cor-
comporte plus l’idée d’infamie habituellement as-
respondants douteux en vieux slave et dans les
sociée au proxénétisme.
langues baltes.
+ Le sens transitif de ajeter avec impétuositén, au- RUGBY n. m. est emprunté (18881 à l’anglais
quel correspond un emploi absolu pour alancer rugby n. m. 08791 ou Rugby gume <jeu de Rugby~
une pierre» Iv. 11801, est sorti d’usage au XVIII~ s., (18641, du nom du célèbre collège de la ville de
sauf dans certaines régions (Nord). * La forme pro- Rugby dans le comté de Warwick, où ce sport fut in-
nominale SE RUER est devenue usuelle avec le venté en 1823. Le mot familier rugger n. m. (18931,
sens de ase jeter impétueusement en avantm altération populaire de rugby, a été repris en tian-
(v. 11751, au propre et quelquefois au figuré. +En çais où il a été interprété à tort comme un nom
construction intransitive, ruer, qui avait perdu le d’agent désignant le joueur de rugby 119271,mais il
sens de =se précipitern (v. 11%) au profit de se ruer, a disparu. Bloch et Wartburg avaient cru pouvoir
s’est spécialisé en parlant d’un équidé, cheval, âne, attester mg@ en fran@s dès 1859, mais le mot an-
RUGINE 3332 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

glais ne semble employé comme nom commun ment, le sens figuré (1875) correspondants, par
qu’en 1879 et, antérieurement, il doit s’agir du nom exemple dans les quarantièmes rugissa&, expres-
propre. sion récente qui désigne les zones de tempêtes au-
4 Le mot s’est diffusé en France au début du ti s., tour du quarantième degré de latitude sud, tradui-
aussi dans le syntagme football mg@, opposé à sant la locution anglaise the roating forties.
football ussociati~~ (+ football). Ce que l’on nomme 0 voir RUT.
en Amérique du Nord foot-bail est nommé en fran-
çais rugby améti&, le football européen étant ap-
RUGUEUX, EUSE adj. est emprunté 114611
au latin rugosus, qui qualifie une peau ridée et, par
pelé soccer en anglais et en lançais du Canada. En
extension, une chose plissée, râpeuse. Le mot est
francais d’Europe, rugby, opposé à football, est
dérivé de mgu titide= qui a donné l’ancien français
concurrencé par la pkiphrase métonymique bal-
rugue Miminé par W) et, au sens figuré, Iue*.
lon owle. Selon le nombre de joueurs, on distingue
L’ancien provençal mgos 4dé» est attesté dès le
le rugby (ou jeu3 ù treize* et & quinze”.
milieu du xrvesiècle.
b En francais, rug@ a produit RUGBYMAN n. m.
4 L’adjectif, d’abord attesté au sens figuré de (dé-
(19091, pseudo-anglicisme forgé sur le modèle de
vasté* en pariant d’un pays, n’est repéré qu’au
cameraman, clergy#wt, avec l’élément -mari (de
~VI~S. avec son sens actuel de aridé, raboteuxm,
l’anglais mari <<homme4 qui a supplanté l’emprunt
d’abord sous la forme rougue~~ (1525) puis rugueux
rugger, et RUGBY ~TIQUE adj. (19203 <<relatif au
115411. Il a pris la valeur figurée d’&pre, ruden
rugbyti, mot journalistique.
(av. 1891).
RUGINE n. f. est l’adaptation attestée en 1520, b RUGOSITÉ n. f. n’est pas emprunté au latin ?ugo-
mais probablement plus ancienne k-f. r@ner), du situs, qui si@e &oncement de SO~~C&, mais dé-
latin médiéval mgo, ruginis de même sens (me s.), rivé savamment 11503) de la forme latine rugosus
lequel est la relatinisation de roisne, ancienne pour désigner une petite saillie, une irrégularité
forme de rouanne*, mot d’origine populaire. sur une surface lune, des rugosités). Le mot semble
4 Ce terme technique désigne un instrument de abandonné après le xv+ et il est repris au XVIII~ s.
chirurgie servant à racler les os, à les isoler du pé- (v. 1760). La rugosité se dit de l’état de la qualité
rioste et des parties molles. d’une surface présentant des aspérités 11812) et, en
aéronautique, de la caractéristique d’un revête-
b Le dérivé RUGINER v. tr. Cv.1363) signifie <<racler ment dont la surface n’est pas parfaitement polie
avec la rugine>>. Il a pour dérivé RUGINATION n. f. (v, 19501. +En sont dérivés les termes didactiques
118551. RUGOSIMÈTRE n. m. h. 1950) et RUGOTEST
0 Voir @ ROUANNE.
n. m. (1968) pour atest de rugositén.
RUGIR v., réfection savante (15381 de rugier RUINE n. f. est emprunté (v. 1155) au latin rui~
(11201, rujkr he s.), parfois altéré en rougir Km qui désigne la chute, l’écroulement, en particulier
xve s.1,est emprunté au latin mgire exprimant le cri l’éboulement des bâtiments, le pluriel ruinue dé-
du lion, celui de l’âne qui braie et, au figuré, le bruit signant concrètement les décombres; le mot est
d’un ventre qui gronde. Le mot, surtout attesté à également employé au figuré pour ~effondrement,
basse époque, proviendrait d’un élément ru- sus- désastrem. Il est dérivé de ruere afaire tomber,
ceptible d’être diversement élargi, et qui a servi à s’écrouler, (+ ruer).
désigner des bruits d’animaux. Des mots sem- + Le sens très général de ~destruction, dégât=, at-
blables, non nécessairement apparentés, sont le testé dans les premiers textes, est usuel jusqu’au
moyen irlandais rucht *cri, hurlement-, le grec éru-
XVII~s., puis littéraire. Le sens parallèle de =Perte de
gui Mmugb Ià l’aoriste1 et le vieux slave tizati
la vie* en parlant d’une personne (XII~~s.) est ar-
ahennirn. L’ancien tiançais a eu une forme plus
chaïque après le XVII~siècle. Le mot désigne aussi
francisée ruir, ruire agronder (en parlant du lion)>, abstraitement la désagrégation d’une chose qui
<<gargouilleru et afaire du tumultes (v. 11901. amène progressivement sa disparition, cause sa
+ Le verbe s’applique à un fauve qui pousse le cri perte (v. 1160) ; de là, par métonymie, la cause de la
propre à son espèce. Par extension, il se dit pour destruction ( 15%). Un emploi familier concerne la
apousser des cris rauques, inarticulés, analogues à chose ou la personne qui est cause d’une impor-
ceux des bêtes férocesti (XII~s.l. 0 Au figuré, il peut tante perte d’argent ( 1559) dans être la ruirte de qqn,
s’employer en parlant d’une chose qui produit des avant la spécialisation courante du mot pour cperte
bruits rauques et violents ( 1690). L’usage transitif du de la fortune, des biense ( 16361. + Avant la fm du
mot pour <proférer en rugissant, en hurlants est XII~s., le mot s’emploie également, surtout au plu-
tardif (1853) ; il s’applique également à une chose riel, pour désigner concrètement, par réemprunt
(av. 1867, Baudelaire). au latin ruinue, les débris, les restes d’un edifke
k Le substantif d’action RUGISSEMENT n. m., abattu, écroulé Cl 180). À la fin du xvir~~s., les ruines
aboutissement (1539) de mjement et ruugisement nourrissant l’exaltation de la sensibilité et du senti-
Iv. 11201, désigne le cri du lion et de certains grands ment de la mélancolie, le mot est à la mode et s’ap-
fauves ainsi qu’un cri violent, inarticulé (attesté dès plique à la représentation picturale d’un étice en
l’origine). 11est appliqué, au figuré, au bruit violent ruines (1765) ; cf. ci-dessous ruiniste. + Le sens actif
produit par une chose (1769). *RUGIS- correspondant, -dégradation d’un bâtiment qui le
SANT, ANTE, le participe présent de m@r, est ad- met hors d’usage à la suite d’un manque d’entre-
jectivé Iv. 1460) avec le sens propre et, ukérieure- tien ou d’un sinistrem (XIII” s.1, est surtout réalisé
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3333 RUISSEAU

dans des locutions : battre en ruine, de sens propre continue un latin populaire *rkuscelZLls (avec le
(1611) et figuré 11671) cdétruire à coups de canon ou même type de préke que dans le mot qui a donné
par mines5 n’est plus guère usité; en revanche, &Ce&, diminutif du latin classique rivus «petit
tomber en ruine (1549) est demeuré usuel. + La va- cours d’eau>, qui a donné ru*.
leur étymologique latine de <chute>> (1262) a été + Le mot désigne un petit cours d’eau peu profond
réactivée en parlant de trombes, de chutes d’eau et de faible débit; il entre en ce sens dans la lo-
(av. 16551, puis a disparu. -L’emploi du mot pour cution proverbiale les petits ruisseaux font les
désigner une personne dans un état de délabre- grandes titières (1640). Par métonymie, il se dit du
ment physique ou intellectuel (1833, femme en lit de ce petit cours d’eau (15381. * Il est employé
ruine, une sotie ck ruine) est senti comme une mé- dès le x11~s. avec une valeur figurée, à propos de ce
taphore du sens d’kli6ce écrou.&, alors qu’il qui semble couler sans ti (1155) et des ruisseaux de
continue l’acception ancienne plus générale. (sang, etc.1 s’applique à un liquide coulant avec
b RUINER v. tr., d’abord employé intransitivement abondance, avec des effets de sens métaphoriques
à propos de navires qui s’enfoncent, sombrent (KIKI-1575,un ruisseau de perles) ; cf. le dérivé nck-
EV.1260) et de constructions qui tombent en ruine seler (XIV” s,). - Rutiseau a longtemps désigné le ca-
(13581, n’est plus que transitif. n a eu le sens de «sac- niveau ménagé de chaque c6té de la chaussée ou
cager, dévaster en ne laissant que des ruines- en son milieu pour l’écoulement des eaux (1530);
Idéb. XIVes-1 et d’aendommager gravement>> de là plusieurs emplois figurés Ifin xv~~~s., dans 2e
Cv.13701, puis d’xaltérer progressivement et défi- ruisseau, tirer du Puisseau) où le mot s’applique à
tivement (un organe, la santé de qqn)>) (ti XIV~s.l. un endroit sordide, au dénuement (16601, à une si-
Ces emplois, comme la locution technique ruiner tuation dégradante physiquement ou moralement
upz cheval, par travail excessif et manque de soins EfmXVII~s.), à une origine vile 11672); une bonne part
I16901, ont disparu. + Sur un pla;n abstrait, ruiner si- de ces emplois ont disparu après l’époque clas-
gn%e *faire perdre à (qqn1 sa raison d’êtreu ti sique.
xd- s.1puis =Causer la perte de> (15381, comme dans l RUISSELER v. intr. Iv. 13401, d’abord wceler
ruiner l’Empire romain (15591,*faire perdre tout Cv. 1180), est dérivé de ruissel, ruscel, anciennes
crédit à (qqch.1 dans l’esprit du publicm, ~anéantir formes de ruisseau. Il se dit d’une eau qui coule
un raisonnement sans preuvesti (15801, spécide- sans arrêt en formant un ou plusieurs filets, au fi-
ment <causer la perte de biens, de la fortune d’une guré, d’une chose qui retombe souplement en
personne ou d’une collectivités 116361, sens devenu nappe comme une onde Ifm mes.) et, abstraite-
le plus usuel. De ce dernier sens procède la lo- ment, d’une chose qui se répand à profusion à par-
cution ironique cela ne hms, tel minera pas (1883) tir d’un point qui en est la source (1830). Le verbe
adressée à une personne qui a largement les s’emploie aussi avec la valeur passive pour &tre
moyens de faire face à une dépense. +La forme couvert d’un liquide qui coules (1658). +Par méta-
pronominale se ruiner (i559) signifie <<perdre sa for- phore Uin xvi”-début XVII~s.1, il exprime l’état de la
tunem et, par hyperbole, «faire des dépenses exces-
personne qui laisse paraître ce qui la transporte
sivesB (1690). *Le verbe a donné un terme de
(bonheur, joie) et l’état d’une chose qui est inondée
construction, RUINURE n. f. (16761, pour l’entaille
de traits ou de jeux de lumière évoquant ceux de
pratiquée sur la face latérale d’une solive ou d’un
l’eau vive (18743. +RUISSELANT,ANTE, le parti-
poteau a&n de donner prise à la maçonnerie.
cipe présent de ruisseler, est adjectivé ( 149 11pour
+ RUINIFORME adj. (1803), formé de ruine et du
qualifier un liquide qui coule sans cesse et en abon-
second élément -forme*, quaMe une roche qui a
dance; les valeurs active et passive, propre et mé-
pris l’aspect de ruine sous l’action de l’érosion. Il
taphorique, correspondent à celles du verbe : ruis-
est didactique. +RUINISTE n. est le nom donné
selant qualse ce qui est mouillé par un liquide qui
11943) en histoire de l’art à un peintre de ruines, de
ruisselle 11615) et, absolument, ce qui dégoutte de
paysages comportant des ruines, en référence au
pluie (18041. +Au figuré, il qutie ce qui se répand
genre pictural pratiqué surtout à la fm du XVIII~et
à profusion comme une onde (av. 1872) et, passive-
au début du XIX~s. (Hubert Robert, etc.).
ment, ce qui est inondé d’un éclat se répandant à
RUINEUX, EUSE adj., réfection I~II~~s.1 de ruinus
(XII~ s-3,est emprunté au latin ruinosus “qui menace profusion (18291, une personne et, par métonymie,
ruine, écroulé,, puis au figuré adangereux, funeste>> un visage paraissant rayonner SOU l’emprise des
@n e-début v” s.1, dérivé de ruina. +Le mot a été sentiments qui l’exaltent (1893). + RWISSELLE-
repris avec le sens général de «qui cause un dom- MENT n. m., bien qu’attesté une première fois en
mage, un torb, usuel jusqu’au XVIII~s. puis sorti 1613, ne s’est répandu qu’au XIX~ s. (18311; il désigne
d’usage. Son emploi pour qualifier un bâtiment qui proprement le fait de ruisseler, l’écoulement d’un
menace de s’écrouler, tombe en ruine H?n XIII~s-1a liquide sous forme de nappe ou de filets, spéciale-
vieilli, de même que le sens figuré qui en était tiré ment l’écoulement des eaux de pluie ou de la fonte
( 15%). Le sens de “qui amène la rujne matérielle>> des neiges à la surface de la terre 11880). 0 Par mé-
et, par hyperbole, aqui provoque des dépenses ex- taphore, il se dit du jaillissement de lumière qui se
cessives» (v. 13801,correspond au seul emploi usuel répand à profusion (av. 18721 et d’une expression
du mot. +Le dérivé RUINEUSEMENT adv.
manifestant avec éclat un sentiment exaltant
(1873).
Idéb. XVII~s.) *cotiteusementn, inusité avant 1842, est
demeuré rare. RUISSELET n. m., diminutif (v. 1188) de l’ancien
ruissel, continue de s’employer pour Npetit ruis-
RUISSEAU n. m., d’abord russeai (v. 11201, rui- seau», dans un style littéraire. +RUISSON n. m.,
sel (v. 11301, risse,! (v. 1155) puis ruisseau (v. 13801, issu de ruisseau par changement de Su&e pour
RUMBA 3334 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

désigner un petit ruisseau U?nXII~s.), a disparu, sauf mastiquer les aliments en les broyant par un mou-
dans les dialectes. 0 Il est repris au XIX~s. (Littré, vement lent, continu et bruyant des mâchoires
1870) comme nom d’un petit canal aménagé pour 11884). 0 L’emploi figuré pour <<action de ressasser
vider un marais salant ; en ce sens, il est emprunté les mêmes choses- Cdéb.XX~s.3 est concurrencé par
aux parlers saintongeais. celui de ruminatin. +RUMINANT adj. et n. est le
SAUTE-RUISSEAU n.m.inv.~l796;éCx-i~sa;nS di- participe présent de ruminer adjectivé pour quali-
vision, en un seul mot, 1794 est une dénomination fier un mammif&re qui rumine (15531,puis substan-
imagée qui a désigné un agent de spéculateur, puis tivé 11680) en parlant des mammikes herbivores
un petit clerc d’avoué ou de notaire qui fait les pourvus d’une panse et capables de ruminer.
courses et porte les paquets, eh un jeune garçon RUMINATI~N n. f., d’abord ruminaciort ti xrve s.1
de courses ; le mot a vieilli. puis rumiflation ( 16151, est emprunté au dérivé la-
tin ruminati, -onti amode de digestion propre à
RUMBA n. f. est emprunté (1930, écrit en ita- certains mammifkres herbivores= et, au figuré, <<ré-
lique), probablement par l’anglo-américain, à un flexion, méditations. +Le nom, d’abord employé
mot espagnol des Antilles désignant une danse po- d’après le latin religieux pour arécitation d’un
pulaire cubaine connue depuis le XVI~s. et, par mé- psaumefi, sert à désigner au sens propre la fonction
tonymie, la musique sur laquelle elle se danse. Le physiologique des ruminants (16151. 4 Son sens fi-
développement sémantique s’est fait à partir de ce- guré, aaction de revenir en esprit sur les mêmes
lui de «fête, partie de plaisirs, le mot étant le fémî- chosesD, s’est développé tard ( 19361 par métaphore
nin de l’espagnol rumba <vacarme, tapages. du sens propre ; il est à la fois d’usage courant et di-
4 La rumba est devenue vers 1930 une danse de sa- dactique, ruminutin mentale caractkisant un
lon, après sa diffusion en Amérique puis en Europe. type de comportement en psychopathologie.

RUNE n. f. est un emprunt (1653) au danois rune,


RUMEUR n. f., d’abord rimur (1080), mmor
au norvégien rune ou au suédois runa qui dé-
Iv. 1180) puis, par fi-ancisation de la finale, rumeur
signent un caracttère de l’ancien alphabet des
(XIII’ s.), est issu du latin rumorem, accusatif de TU-
langues germaniques orientales (gotique) et sep-
mer, -arts <<bruits vague+, *bruit qui cou& <propos
tentrionales (noroisl. Voir [langues) germaniques.
colportésti, Nopinion couranten, usité au singulier et
Ces mots scandinaves sont issus du vieux nordique
au pluriel. Le mot est le seul reprhsentant clair en
et islandais nin asecret ; signe magique, rune>> (plu-
latin de la racine attestée par le sanskrit ruv&i «il
riel rriww puis rzinir), mot apparenté au gotique
crien, le vieux slave rov~, vuti ticrien. Un rapport tim amystkre, secret».
avec le latin rz@e (3 rugir} est possible.
+ Le mot a gardé son sens d’emprunt.
+ Le mot désigne d’abord un grand bruit confus, et
b Rune a produit immédiatement RUNIQUE adj,
s’est employé en ancien tiançais au sens de ata-
(1653) <formé de runes, relatif à cet alphabetn, dit
page)). Comme en latin, il se dit aussi d’une nou-
par extension de l’art scandinave du III~au x” siècle.
velle de source incontrôlée qui se répand dans le
+ RUNOLOGUE n. (1870) «linguiste spécialiste de
public, d’un propos colporté de bouche à oreille
l’écriture runique* et RUNIFORME adj. aqui a la
(12641, par exemple dms les rummrs publiques
forme des runes>> Iv. 1950) sont également d’usage
(1756). Il s’est spécialisé à propos du bruit sourd et
didactique.
menaçant d’une foule qui manifeste son méconten-
tement ou une intention de violence, de révolte RUOLZ n. m. est l’emploi comme nom commun
(1407). Enfm, il s’emploie (1651) à propos de l’assem- (attesté 1853 mais antérieur1 du nom du ckniste
blage confus de sons produits par les voix et bruits français François Albert Henri-Ferdinand, vicomte
d’un grand nombre de personnes réunies, puis de Ruolz (1808-18871, qui inventa en 1841 un pro-
d’un lieu de passage. cédé permettant de fabriquer un alliage utilisé en
orfèvrerie, d’une couleur analogue à celle de
RUMINER v. tr. est emprunté Idéb. XIJI~SJ au l’argent.
latin ruminare employé transitivement et absolu-
4 Le mot, d’usage technique, désigne cet alliage; sa
ment, en parlant des animaux qui mâchent de nou- valeur figurée, dans c’est du ruolz «c’est du toc»
veau des aliments revenus de l’estomac. Comme (18531, est sortie d’usage.
rumigare (+ ronger), le verbe est dérivé de rumen,
-in13 apremier estomac des ruminantsB, apansem, F Le dérivé RUOLZÉ, ÉE adj. (1852, Gautier) est ar-
*gosier*. chaïque.
+Le sens figuré de @faire longuement et obstiné- RUPESTRE adj., dont laforme atiuelle Il8121 a
ment repasser dans son esprit les mêmes chose+ supplanté le dérivé sukké rupestrul(l802), est em-
est le premier attesté, en emploi transitif direct et prunté au latin moderne rupestas arelatif aux ro-
indirect. +Le sens propre <remâcher les aliments chersti. Ce mot est dérivé savamment du latin clas-
ramenés de la panse dans la boucheu n’est attesté sique rupes aparoi de rochep, par métonymie
qu’au xrves. (1328) en emploi transitif et uhétieure- «grotte, cavernen et adéflé rocheux, précipice-; il
ment en emploi absolu Iv. 1600) ; il a supplanté l’em- est dérivé de rumpere abrisers (=+ rompre).
ploi synonyme du doublet ronger qui a pris un autre +L’adjectif est employé en botanique à propos
sens. d’une espèce végétale qui vit dans les rochers et
b Le dérivé RUMINEMENT n. m., substantif d’ac- pour quaMer une inscription, une peinture, exé-
tion 115381, s’est employé à propos de la manière de cutée sur une paroi rocheuse (1919).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3335 RURAL

8> RUPIN, INE adj. et n. est un mot d’argot 116281 plique aussi au fait de faire cesser brusquement un
d’origine incertaine. On a évoqué l’anglais argo- état existant, d’interrompre le cours de qqch.
tique rlpping aépatant* (18261, de to rip aouvrir en (16901, au W s. dans des locutions comme rupture
coupants, qui ne convient pas, ne serait-ce que du d’&uiZibre (1933, à propos d’un avion) ou rupture
point de vue chronologique. L’hypothèse générale- des rektio~ diplomatiques (19331. Il s’emploie en
ment admise y voit le dérivé de l’argot mpe, ripe droit à propos de l’annulation d’un acte public ou
adarnem (1596), lequel, par une étape sémantique in- privé (14411, en particulier dans les syntagmes dé-
termédiaire non attestée (injure à une femme), est terminés rupture de ban, d’où, au figuré, étie en
probablement un emploi figuré du moyen fiançais rupture de ban*, rupture d’un hymen (16441, d’un
ripe UgaleD ( 1422-1425). Ce dernier est dérivé de ri- mariage (1870) et, en droit du travail, rupture abu-
per <gratte-, emprunt au moyen nkerlandais rip- sive arésiliation abusive d’un contrat de travailn
pen &r&ller, toucher, racler) I+ riper). P. Guiraud, (v. 1950). *E&n, le mot indique une opposition
tout en acceptant ia parenté de rupe, ripe avec riper tranchée, un changement brusque entre les élé-
et ruper agrattep, évoque un autre développement ments d’un ensemble et interrompant leur conti-
sémantique en se fondant sur des mots d’ancien et nuité, d’abord en peinture 11684, rupture des cou-
moyen français ripa& agentilhomme», tipaudier leurs), seul et dans le syntagme rupture de ton,
-gouverneur de villeti, tipois «prince-, ripe et ri- ainsi que dans la locution rê&eJ en rupture avec.
paude <<dame,. Cette série partirait de riper apolirn L’idée d’interruption est exprimée en commerce
(toutefois non attesté avant le XVIII~s.), d’où ripe <ou- dans l’expression rupture de stocks, d’où être en
til de sculpteur pour polir la pierres (XVII~s-1,et per- rupture de stocks 4 court (d’un produit)>. Sur le
mettrait de considérer en rip-, rup- un doublet de plan spatial et concret, rupture de pente se dit d’un
poli au sens figuré de <<r-é, élégantm. brusque changement de pente.
4 Le mot appara3 comme substantif dans I’Argot ré- 0 voir RO-ruRE.
fomzé pour désigner un gentilhomme et une dame.
Adjectivé, il qualifie une personne bien habillée,
RURAL, ALE, AUX adj. et n. est emprunté
(début xwe s.) au bas latin ruralis <des champs, de la
élégante et riche (1630). +Passant au ~IX%. dans
campagne>, dérivé du latin classique rus, runS
l’usage familier, il fait coexister les notions d’élé-
<<campagne)), opposé à la fois à domus <maison>
gance 11835; 1836, comme nom) et de richesse
C-Pdôme) et à urbs willea (3 urbain), spécialement
(1844, nom et adjectti, cette dernière étant domi-
au pluriel rura cchamp, domaine campagnardx. Ce
nante dans l’usage actuel. Son emploi substantivé
mot appartient à une racine indoeuropéenne, mais
pour Mche apparence- est attesté chez Huysmans
on ne sait s’il repose sur Orewos lié à l’avestique
En XIX~ s.3, et a disparu Le mot a vieilli dans tous
ruv0 eespace libre- (rawwCar& désignant les ani-
ses emplois, mais il reste connu.
maux non domestiqués, particulièrement ceux de
b L’argot scolaire en a dérivé RUPINER v. ( 18901 la plaine) ou sur “ri&s, ce qui le ferait rapprocher du
<avoir des résultats brillants» et, transitivement, radical de l’ancien haut allemand tim *espace
vbien réussir une épreuve,, lui aussi vieilli. librem; cf. l’anglais zoom. En tout cas, il y a parenté
RUPTEUR + ROMPRE
entre les trois mots, latin, avestique et ancien haut
allemand. Rus, surtout usité jusqu’au premier siè-
RUPTURE n. f. est emprunté (13721, pour servir cle de l’Empire, a été éliminé par un dérivé de
de substantif d’action à rompre*, au latin împkial campus (+ camp, champ), probablement en raison
ruptura &acture, fait de casser» qui, par voie non de son caractère monosyllabique ; en outre, comme
savante, a donné roture”. Ruptura est dérivé du su- domus amaison,, il ne s’employait guère qu’aux cas
pin de rumpere (+ rompre). ayant une valeur locale (accusatif rus, locatif w-i,
+ Le mot, rare avant le XVI~s., désigne le fait de se ablatif rurel et, au pluriel, uniquement au nomina-
rompre, l’action par laquelle une chose est rom- tif-accusatif ruru.
pue. ll exprime également la séparation brutale en + L’adjectif qualtie ce qui concerne la vie dans les
deux ou plusieurs morceaux d’une chose résis- campagnes, l’agriculture, avec une valeur plus
tante, sous l’effet d’une force trop intense ou d’un neutre que agreste, campagnard, champétre et que
effort trop prolongé ( 1372). De ce sens procèdent le terme apparenté rustique*. ~Rarement usité
des spécialisations dans les sciences et les tech- pour quaMer une personne vivant à la campagne
niques, en mécanique, dans des locutions comme (v. 13983, il est courant avec ce sens en emploi subs-
point de rupture (1784) et en balistique (1904, projec- tantif, au singulier (v. 1453) et surtout au pluriel, Ees
tile ou obus de rupture). 4 est employé dans un ruraux (16021, spécialement en parlant de députés
contexte guerrier (154% à propos de l’opération ou- des campagnes à l’Assemblée nationale (18711.
vrant une brèche dans le dispositif défensif de l’ad- bRURALITÉ n. f. existait en ancien français au
versaire, puis du fait de rompre le dispositif d’une sens d’<@norance de campagnard> @n x19 s.), en-
troupe rangée en bataille pour la former en co- core attesté en 1842 mais évincé par rusticité. Le
lonne (1904). En médecine, le mot exprime la dé- sens actuel neutre est enregistré par Littré en 1870.
chirure d’un organe qui n’est pas produite par un +RURALISME n. m. (1874) désigne le préjugé en
instrument tranchant (16801, après avoir désigné la faveur des conditions de vie rurales. + RURALISTE
hernie (15381.4 Au figuré, rupture se dit de la désu- n. (19%) désigne un juriste spécialisé dans le droit
nion, de la séparation entre personnes liées par rUrd. +RURALISER v. tr. arendre ~“LE& (1973,
l’amitié, le sang, l’amour ( 16361. Il a eu le sens de Lehfondd et DÉRURALISATION n. f. (1972)
&ssolution d’une assemblée» [ 1601). 0 Il s’ap- restent très didactiques. +Les deux adjectifs rural
RUSE 3336 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et urbairt ont été combinés pour former l’adjectif russh~ au XIV~siècle. Rush désigne un mouvement
RURBAIN, AINE ( 19751,mot-valise mal formé pour violent, précipité; il s’est spécialisé en parlant de
qualser ce qui relève à la fois de l’inkence de la l’invasion rapide d’une région par des colons et
campagne et de la ville, et qui n’a guère eu de suc- chercheurs de mines (18501, en sports pour un ef-
cès. fort suprême (18571, au cinéma pour une prise de
@ Voir RUSTIQUE, RUSTRE. vues brute.
+ E;n français, rush est d’abord employé à propos de
RUSE n. f., d’abord reüsse (v. 11381, puis ruse
l’a$lux brusque d’une multitude de colons dans
Cv. 12801, est le déverbal de l’ancien français reüser
une région, en concurrence avec ruée, puis de l’af-
(v. 11121, ruser (v. 1155) ({repousser, faire reculer
flux d’un grand nombre de personnes dans la
(qqn)n et absolument =se retirer, reculem (v. 11%).
même direction ( 19011, en concurrence avec af-
Ce verbe était encore employé au XVII~s. à la forme
fluence et pointe. 0 Par un nouvel emprunt, il dé-
pronominale se ruser pour as’écartep (16051, le dé-
signe, d’abord en turf, l’accélération d’un
verbal mse s’employant parallèlement en moyen
concurrent en ~%IIde course (18751. + Ultérieure-
fkançais ( 1466) pour *action de repousser, renvoi-. Il
ment, il a repris de l’anglais sa spécialisation en ci-
remonte au latin recusaw wefusern qui a donné ré-
néma (19251 pour «épreuves de tournagem et
cuser” par voie savante et qui a dû prendre en latin
&ance au cours de laquelle on visionne l’en-
populaire le sens de Krepoussern, déja annoncé par
semble des prises de vues» ; la recommandation of-
l’emploi chez Ovide de fret recware aregimber
ficielle de kpreuves & tournage ( 19733n’a pas réussi
contre le frein*. L’ancien provençal rebmar ere-
à l’évincer dans ce dernier sens, alors que les em-
culer, empirerm s’explique par un croisement de
plois antérieurs semblent vieillis.
reüzar, ruüzar Ila chute du c entre voyelles atteste
que ces formes viennent de la région septentrio- RUSSE adj. et n. assez tardif Iatt. 1715 comme
nale du domaine provençal) avec rebotar «repous- adj . ; 1671 n. m. &ngue russe4 a succédé à TIIOSCO-
seru. La forme rehusser, russer, passée en anglais, a vite. Il est tiré de Russie, pris au russe Rosiju, Ros-
fourni rush, réintroduit en français dans l’mgli- si@, du slave Rus (grec byzantin Ras, att. en 839). Il
cisme rush*. s’agit probablement de la slavisation d’un mot
+Ruse est d’abord un terme de vénerie désignant vieux norrois {de rodh -ramer, naviguepl appliqué
le détour (fait de reculs) que fait le gibier pour aux Varègues. Le latin médiéval, outre Moscovitue,
mettre les chiens et les chasseurs en défaut. Il est employait Rutheni (de sens plus étendu : Ukraine,
passé dans l’usage généraJ. en désignant un pro- Biélorussie).
cédé habile, un artifice dont on se sert pour trom- F Le mot correspond à ade (la) Russie>). Il entre dans
per, pour abuser qqn (XIII~s.), 0 Le mot a eu en an- des syntagmes figés (tels montagnes russes, salade
cien français diverses nuances, amensongesn, russe, roulette russe). OLe russe n.m. 11671) dé-
Mpropos fivoles, attrayants>, cbadinages, <chanson signe la langue la plus parlée du groupe slave
satirique>, qui ne se sont pas maintenues après le oriental, écrite en caractères cyrilliques.
xv” siècle. 0 La locution ruse de peme concerne
b Russe a pour dérivés RUSSIFIER v. tr. (1815, Jo-
tout moyen utilisé au combat pour tromper ou sur-
seph de Ma&re), d’où RUSSIFICATI~N n. f.
prendre l’ennemi 11538). La ruse désigne abstraite-
hxes.)etDÉRUSSIFICATIONn. f. 119261.0 Parmi
ment l’art de dissimuler, de tromper (v. 1360) et
les composés : ANTIRUSSE adj. ( 1844) et, en his-
s’applique aussi aux animaux, traditionnellement toire, PANRUSSE adj. (18811 d’où PANRUSSISME
au renard. nm. 11890). oRUSSOPHILE adj.et n. 118541 et
b Le verbe moderne RUSER v. in&. Ex# s.), d’abord RUSSOPHOBE adj. et n. (av. 19181 sont en usage,
reiiser Cv. 12401, peut être considéré, au moins sé- ainsi que RUSSOPHONE adj. et n. <locuteur de la
mantiquement, comme un dérivé de ruse, distinct langue russe*.
de l’ancien verbe ruser (ci-dessus}. En ancien et
moyen français, il s’employait transitivement au RUS SUEE n. f. est l’adaptation ! 18161 du latin
sens de ctrompern et de *se moquer de (qqn)-. scientifique moderne russulu, nom d’un genre de
-L’usage intransitif s’est généralisé à propos champignon à lames dont le chapeau coloré tire,
d’une personne ou d’un animal (XIVes.) et, spéciale- dans certaines variétés, vers le rouge. Ce mot est le
ment en vénerie, de la bête chassée qui emploie di- féminin substantivé du bas latin russuZus «rou-
vers expédients pour échapper aux chasseurs et geâtren, dinûnutif du latin classique russus arouge,
aux chiens (15611. +RUS&ÉE adj., dérivé de ruse rouxb (--+roux).
(XIII~ s-1, qualse la personne qui fait preuve de ruse, +Le mot, bien que didactique, peut s’employer
possède l’art de tromper autrui. Il se dit aussi des dans la langue courante ; il désigne un champignon
animaux. Par métonymie, il s’applique à ce qui an très commun da;ns les forêts eançtises, dont plu-
nonce la ruse Iv. 15503 et à ce qui est fait avec ruse, sieurs espèces sont comestibles.
tiesse et habileté (v. 1550). Il est également subs-
tantivé 11553). RUSTAUD + RUSTRE

RUSH n. m. est l’emprunt ( 185 1) de l’anglais rush RUSTINE n. f. correspond à la difFusion Cv.19101
n. (13801, dérivé de to rush Mseprécipiter, se ruer», du nom de marque Rustine, lui-même tiré de RUS-
lui-même emprunté à l’ancien français Tehusser, Gn, nom du fabricant de ces petites rondelles adhé-
russer l-t rusel au sens de =repousser, faire re- sives en caoutchouc servant à réparer un objet de
c&p, par l’intermédiaire de l’anglo-normand caoutchouc, parkulièrement une chambre à air;
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3337 RUSTRE

les usines Rustin étaient à Clichy. * L’ancien terme pierre) au marteau à tranchant dentelé pour lui
technique rusMe n. f. ( 1754 <face postérieure du donner l’aspect brut- et Kcrépir (un mur) dans le
creuset dans lequel on af6ne la fonte*, emprunt à genre rustique>> (1875). L’ancien verbe intransitif
l’allemand Rüclastein, proprement Mpierre de dosm, rustiquer uhabiter la campagnen, ese livrer aux tra-
de ri&- Nde dosé et de Stein. apierre=, est un tout vaux des champs>> (1564) était un emprunt du latin
autre mot. rusticari de même sens, dérivé de wticus ade la
campagneu. Le verbe moderne a donné RUSTI-
0 RUSTIQUE adj. et n., réfection (v. 1355) de CAGE n. m. (18421, désignant un mortier très clair
rulstique (~II~s.), est emprunté au latin rusticus cre- que l’on jette sur le mur pour le crépir et (1890) l’ac-
latif à la campagne, campagnardu, substantivé pour
tion de rustiquer, ainsi que le déverbal 0 RUS-
désigner l’homme de la campagne. Par extension,
TIQUE n. m. (1904 amarteau de tailleur de pierre
l’adjectif latin qualifle ce qui rappelle la campagne,
pour rustiquer>.
s’employant en bonne part pour kmple, n&ïf, mo-
RUSTICITÉ n. f. est emprunté (v. 1380) au dérivé
destem et surtout avec la valeur péjorative de agros-
latin rusticitas (choses ou moeurs de la carnpagnen,
sier, gaucheb. Il est dérivé de rus, ruris wcampagnen
agrossièreté, gaucheries. 4 Le mot s’est employé en
(-, rurale). Une adaptation plus populaire a produit
rustre*. moyen français pour désigner le travail des
champs. Il se dit de la manière d’être prêtée aux
+ Le mot, repkré isolément au sens ancien de efé-
gens de la campagne (15121, souvent avec une va-
roces, qutie ce qui est relatif aux activités, aux
leur péjorative de <<manque de raBnement allant
choses de la campagne. En ce sens il a vieilli en de-
jusqu’à la grossièretéb (1512, 1862). Cette acception
hors de certains syntagmes didactiques, comme
est archaïque et littéraire. 0 Littré enregistre rusti-
dieux ru~tiquw (1549, demydieux rustbques), prési-
cité avec le sens technique de =robustesse td’un vé-
dant à l’agriculture. Il qutie ce qui est propre à la
gétal, d’un animal domestiqueIp (18701.
vie, aux moeurs des gens de la campagne Iv. 13551,
0 voir RUSTRE.
en particulier un langage, un accent, une expres-
sion littéraire, spécialement, en philologie Cti
xwe s.), d’après le latin médiéval rusticus, un latin RUSTRE n. m. et adj. est la réfection (1375) de
tardif répandu dans les diverses provinces de l’Em- l’ancien français ruMe (11121, également ruste
pire romain, et une écriture latine de basse époque (v. 11901et rutitre, qui qualifkt un coup, un combat
constituée par des capitales au tracé amaigri et violent, rude et, parallèlement, un homme vaillant,
simptié (1875). +Il s’emploie spécialement pour vigoureux avec une notion de vigueur physique, et
qualifrer un mobilier fabriqué, d’abord atiisanale- se disait d’une pente, d’un gué difkile et, abstraite-
ment, dans le style traditionnel de chaque province ment, d’un conseil important. Ce mot est l’adapta-
(18351, après s’être dit avec une tout autre valeur tion semi-savante du latin rusticus qui, par voie
d’un objet d’art qui imite la nature sans l’embellir d’emprunt, a donné rustique*.
( 1563, flotte rustique). Depuis le xwe s. il se dit 4 Rustre, employé dès les premiers textes comme
d’une architecture dont les colonnes, les entable- nom, désigne un individu grossier, brutal, man-
ments sont ornés de bossages vermiculés ( 1676) et, quant d’éducation, voire brutal et prétentieux
par analogie, d’un ouvrage de maçonnerie dans le-
( 1607). Un emploi classique neutre, pour wural de
quel les pierres de parement demeurent ou
la campagne» (1678, La Fontaine), synonyme de TUS-
semblent brutes (16901. La vogue du style carnpa-
ti@ue, puysan, ne s’est pas implanté. +Le mot est
gnard dans l’architecture et l’ameublement, aux
adjectivé pour qualger une personne grossière, in-
xwue et XIX~ s., a suscité bois rustique, désignant
culte 11668, LaFontaine) et, par métonymie, une
d’abord un bois aux fibres nouées (1723) puis des
chose témoignat d’un manque de finesse, de sa-
troncs et branches utilisés à l’état brut pour donner
voir-vivre Il 75 11.L’influence paronymique de rude
une note campagnarde à certains ouvrages (1842).
est probable.
Par extension, il se dit d’un décor, d’un meuble
conçu avec la simplicité propre à recréer une am- F De rustre est dérivé RUSTAUD, AUDE adj. et n.
biance de campagne (1835). - Dès les premiers tex- 115301, également ru~tauf au xwe s., avec chute du r
tes, rustique qutie des manières (v. 13551, puis par dissimilation. Le mot, comme rustre, est péjora-
une personne simple, mal dégrossie II 5071, quel- tif, désignant et qualsant ( 1668) un homme lourd et
quefois avec une intention valorisante, simple, sans grossier dans ses manières, le féminin se disant pa-
détour (1666). L’influence de rude et, bien entendu, rallèlement d’une femme brutale Cl61 1). 0 Comme
de rustre est alors sensible. L’adjectif quaMe aussi dans le cas de rustie, la tentative pour imposer un
un végétal ou un animal robuste et demandant peu emploi non péjoratif pour *propre à la campagne,
de soins (1845). simple et naturelm (1677) puis “qui vit à la cam-
un rustique n. m. (v. 15203 a servi à désigner un ha- pagne, paysan} (av. 1890) a échoué ; c’est l’adjectif
bitant de la campagne; d’abord neutre, cet emploi rural qui l’assume. *Un emploi historique du mot
est devenu péjoratif 11888). En arts décoratifs, le concerne les membres d’une secte d’anabaptistes
rustique réfère au genre rustique 11549, ù La rus- composée de paysans qui, au XVI~s., tentèrent de
tlQUd. susciter des révoltes (1875).
wRUSTI&UEMENT adv. (15391 ad’une manière RUSTRERIE n. f. Iv. 1534) s’est employé dans faire
rustique>> est demeuré rare. + RUSTIQUER v. tr, la rustrerie Kfaire bonne chère, vivre joyeusementa
(1676) est spécialisé d’après un emploi technique et au pluriel rustreries KdésordresB (v. 1570) ; cette
de l’adjectif en architecture, pour «tailler (une valeur a disparu en lançais classique. c= Le sens de
RUT 3338 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

amanière d’être d’un rustre% (1866) ne s’est guère +Le mot, repris avec le sens de abriller d’un vif
répandu. éclats, est resté rare entre le XVII~et la seconde moi-
@ Voir RUSTIQUE. tié du XIX~ s.; il demeure littéraire et beaucoup
RUT n. m., d’abord sous la forme ruit Iv. 11301,en- moins courant que rutilant (ci-dessous) ; Hugo l’em-
ploie Il83 11 avec sa valeur étymologique «briller
core au XVI~s., puis rut (v. 11551,est issu du bas latin
d’un rouge éclatantn, en parlant de visages.
rugitus, lui-même dérivé de rugire (supin rz@uml
qui a donné mg&*. R~@us signifie proprement b Le dérivé RUTILEMENT n. m. (18711, afait de bril-
~rugissement», au figuré MborborygmeB, et s’est dit ler, aspect de ce qui rutiles, a joui d’une certaine
spécialement du bramement du cerf lorsqu’il re- vogue dans la littérature symboliste (Huysmans,
cherche la femelle. À la différence du francais et du Bloyl. +RUTILANT, ANTE adj. est emprunté, sous
fdoulan tit, a&, l’espagnol et le portugais ruido si- la graphie rutillunt (14951, corrigée en rutilant
ment abruit>. (15591, au latin rutilants, -antis «brillant, éclatant»,
+Le mot désigne d’abord la période d’accouple- participe présent adjective de rutilare. 0 L’adjeckif
ment chez les mammifkes Iv. 11551.11 se dit fami- quaMe proprement ce qui est d’un rouge éclatant,
lièrement au figuré de l’excitation sexuelle chez les sens archtique, puis ce qui brille d’un vif éclat
(1512, rutiiun). 0 En chimie, vapeurs rutilantes s’est
humains Iv. 11303, surtout dans (être1 en rut, Un
sens phis général, 4umulte, grmd bruh, était en dit ( 1789) pour des vapeurs de peroxyde d’azote
usage en ancien français. d’un rouge brunâtre. +De rutilant dérive RUTILA-
TION n. f., attesté une première fois en 1785, puis
RUTABAGA n. m. est emprunté El7681 au sué- au xrx” s., <<étatde ce qui brille en émettat de vifs
dois dialectal rotubagge IGMand occidental) ou TO- reflet+ et, plus rarement, wétat de ce qui est d’un
tabuggur, proprement achou-rave>, spécialement rouge ardent- (1801). +RUTILANCE n. f. (18511,
achou-navet à grosse racine fourragère consommé également marqué comme &ttéraire~, possède les
par le bétail et, parfois, lorsqu’il est jeune, par mêmes sens.
l’homme*. Ce mot, dont viennent également l’an- RUTILE n. m., repris savamment (1821) de l’aile-
glais rutabagu et l’allemand Ruta- (ou Rota-Xmgu, mand Rut& mot formé par Werner en 1803 ou 1800
est formé avec la racine rot d’origine germanique d’après le latin rutilus, est un terme de chimie dé-
Wrot1 apparentée au latin rudix arave, racine>> signant une variété du dioxyde de titane qui est
(+ racine, radis, raifort). parfois d’un rouge brun. ~RUTILISME n.m., dé-
+ Le mot, qui a conservé le sens de l’étymon, a été rivé savant ( 19%) du latin rutilus, s’emploie en mé-
associé dans la mémoire collective fkançaise, de- decine pour désigner une pigmentation rousse
puis 1941-1945 et les restrictions alimentaires, et anormale.
jusqu’à une époque récente, au topinambour, en
tant que symbole de nourriture grossière. La nou- RYTHME n. m., réfection savante (1549, chez
velle cuisine a parfois réhabilité ce légume. DuBellay) de rime (v. 13701, puis rithrne (15121, est
emprunté au latin rhythmus *mouvement, batte-
RUTHÉNIUM n. m. est un mot du latin scienti- ment régulier, mesure, cadencep, spécialement en
fique moderne (18471, dérivé du latin médiéval Ru- rhétorique cnombre oratoiren et, en latin médiéval,
theniu aRussien (&thenus =Russe2 est attesté «poèmen (v. 1036). Le mot latin est repris au grec
v. 1250 dans le domaine anglais), mot considéré rhuthmos qui a en outre les valeurs analogiques de
comme une version latinisée de Rus Crx”s.), tenu proportions régulières, d’ordonnance symétrique
pour l’étymon du nom Russie. Rutheniu a été fran- et, par extension, de manière d’être, s’appliquant à
cisé en Ruthénie, nom d’une région d’Ukraine an- la forme d’une chose, à une figure géométrique et,
ciennement tchécoslovaque, rattachée à par suite, à un type, à une espèce. C’est un des
1’U. R. S. S. en 1945, et redevenue ukrainienne mots clés de la philosophie aristotélicienne Ipsy-
(1991). Le terme de chimie Ruthenium a été créé en chologie, théorie de l’art). Le mot est dérivé de
allemand en 1828 par le pétrographe allemand rhein acouler% et rhuthmos aurait, d’après Benve-
Osann qui a découvert ce corps en Oural; Claus l’a niste, d’abord le sens de UformeD, assumé par ce qui
isolé en 1844. est mouvant, fluide, motiable. De ce sens, gui cor-
+ Le mot désigne un métal blanc argenté brillant, respond à aarrangement des parties, dans l’es-
dur et cassant, utilisé en alliage, dans la fabrication pace», on serait passé à une notion temporelle, il-
de contacts électriques et pour certaines catalyses. lustrée dans les textes à partir de Platon.
F RUTHÈNE adj. 118821 correspond à ade la Ruthé- 4 Rythme, après un emploi isolé en musique, est re-
nien (voir ci-dessus). 0 Le dialecte ukrainien de Ru- pris au xv? s. et désigne le retour imposé à des in-
thénie est nommé (19041 le ruthène, n. m. tervalles réguliers d’éléments harmoniques carac-
RUTILER v. intr. est emprunté (14581 au latin téristiques du vers; puis, il renvoie au mouvement
rz&hre <<teindre en rouge Iles cheveux), et, intran- général résultant, dans un texte, de la répartition,
sitivement, hiller comme l’or, être éclatantm. Ce du retour régulier et plus ou moins rapide de cer-
mot est dérivé de mtilw, ancien adjectif qutimt tains éléments de la phrase 11647, N. Poussin). 0 Le
des cheveux roux, le poil d’un animal et ce qui est mot s’applique aussi à la musique Iv. 1512) OÙil est
éclatant, ardent comme l’or ou le feu : rutila pellis distingué plus tard de tempo et de mouvement.
tila Toison d’orn. L’origine de rutilw est énigma- ol3n médecine, rythme s’applique à la cadence
tique, même si l’on admet un élément radical de présentée par les mouvements du sang dans les W-
type Oem-,Oru- & côté du groupe bien établi de rubw tères (17651, d’où rythme cardiaque, rythme respira-
I+ rouge). toire (18901, etc. ll s’étend à toute espèce de ca-
DE LA LANGWE FRANÇAISE 3339 RYTHMl3

dences et de mouvements proportionnés que ancienne relative au rythme des vers grecs et latins
comprend la vie organique (1845) et se répaz~d dans (18701. +De nos jours, il s’emploie à propos de la
l’usage courant à propos de l’allure, de la vitesse à science des rythmes, appliquée à la prose et sur-
laquelle va un véhicule 118461, s’exécute une ahon, tout à la poésie ( 1765).
se déroule un processus (19 17 au cinéma), une suite @ RYTHMIQUE adj., d’abord altéré en richmique
d’événements (19241. + Par glissement de la valeur (~III xv” sd, puis rithmiqw (1521) et rythmique (16901,
d’organisation temporelle à celle de proportions est emprunté au bas latin rhythmicw “qui
donnant un eflet dynamique, le mot est passé dans concerne le rythme, cadencén, déjà employé à
le domaine spatial, en art, d’abord en sculpture l’époque classique comme nom désignant un tech-
( 17651, puis dans tous les arts plastiques. nicien du rythme. Ce dernier est emprunté au grec
b RYTHMÉ, ÉE adj., d’abord sous la forme rimé rhuthmikos “qui concerne le rythme, se conforme
(v. 13701, rythmé et rhithmé n’étant attestés que tar- au rythme=, dérivé de rhuthmos. + L’adjectif est in-
divement (18361, appartit une première fois chez troduit par les théoriciens des xv”-XVI” s. pour quali-
Oresme pour rendre une phrase grecque, dans fier les éléments harmoniques de la rhétorique en
musique rimée aqui possède une alternance déter- tant qu’elle s’applique à l’art des vers. Subissant
minée de sons forts et de sons faibles*. 0 Il est re- l’attraction de rythme, il a élargi son emploi, quali-
pris au XIX~ s. pour quamer ce qui a un rythme sen- fiant ce qui est relatif aux cadences et retours pro-
sible et bien marqué, aisément perceptible, à la fois portionnés de mouvement (enregistré par Fure-
en poétique (1852, strophe rythmée; 1867, prose yth- tière, 16901.Par latinisme, d’après versus rhythmici,
de), et dans les autres contextes du mot rythme il a qualifié un vers léonin reposant sur l’identité
(av. 18541. db dérive RYTHMER v. tr. qui, après des terminaisons ( 1588). Il s’étend à la musique
une première attestation (1372-13741, est repris au (1636, art rythmique, musique rythmique), spéciale-
XIXe s., d’abord écrit r~$w~~r 11856) asoumettre à ment à une méthode d’éducation musicale, mus-
un rythme, à une mesure>’ et, par extension, erégler culaire et respiratoire créée par Émile Jacques-
Iqqch.) selon une cadencem (1862, Mallarmé). 0 À Dalcroze et appelée gymnastique rythmique ( 1906)
son tour, ce verbe a produit RYTHMEUR, EUSE n. ou danse ythmique (1933). +Rythmique a produit
(1842) qpoète habile dans le maniement des ryth- RYTHMIQUEMENT adv. (1816) et RYTHMI-
mesD, mot peu usité. + RYTHMIES n. f. pl. ( 1972, CIEN, IENNE n. (18701, nom du spécialiste des
Manuila) est un terme de médecine désignant les questions de rythmique grecque et latine, et du
mouvements rythmiques stéréotypés accomplis in- poète habile dans le maniement des rythmes, ainsi
volontairement par certains malades mentaux. que RYTHMICITÉ n. f. (18771, acaractère ryth-
0 RYTHMIQUE n. f. est emprunté (v. 13551 au bas mique».
latin rhythmica ascience du rythme», lui-même re- ARYTHMIE n. f. est un emprunt de la langue médi-
pris du grec rhuthmikê de langage rythmé, la poé- cale au grec aruthmos, de a- privatif et ruthmos,
sien, féminin substantivé de rhuthmikos. + Le mot, d’après aythmique. 0 Il désigne (1879, Séel une ir-
introduit en musique, et rare avant le xvue s., a dé- régularité du rythme cardiaque et s’est étendu à di-
signé l’art des cadences et de la suite des mouve- VerSeS hTé&daritéS rythm@eS. * ARYTHMIQUE
ments, spécialement dans l’étude de la musique adj. se dit du pouls irrégulier (1865 dans le dict. de
ancienne, et la partie de la musique des Anciens Littré-Robin), puis d’une mélodie, d’une suite so-
qui concernait les lois du rythme, de la mesure nore.
(18423, Il se dit aussi de la partie de la grammaire @ Voir EUFWTHME.
S
S n. m., parfois aussi II. f., vient du s latin. ( 1842). Tous les figurés ont disparu, sauf peut-être
4 Le mot entre dans des locutions, dont la plus pit- Ngrand bruit ».
toresque est allonger les S qui a si@% ( 15421 cfaire ~SABBATIQUE adj., emprunté au dérivé latin
une tromperie dans un compte)}, car on terminait chrétien subbaticw, lui-même emprunt au grec,
les articles d’un compte par des s pour «SOUS» qui, est relevé en 1569 en emploi figuré, s’appliquant à
allongés vers le bas, formaient des f: qui signifkient une rivière qui s’arrête de couler un jour sur sept.
4hncs~. S désigne une forme sinueuse (xwe s.1, en Qualifiant ce qui a rapport au sabbat, l’adjectif n’est
particulier dans faire desS (<faire des zigzags attesté qu’au me s. (16111, après L’adjectif subbu-
comme une personne ivre)) (16401, et avoir les Chaire (15781, disparu. Année sabbatique 11650;
jambes en S <être bancah (18081, qui a vieilli. 0 Il 1569, an sabbatique) a désigné la 7eannée pendant
désigne enfin des objets et outils de cette forme laquelle les juifs laissaient reposer la terre et n’exi-
13 esse). geaient pas les créances, acception archaïque dès
le xmf s. (1680, Fkichelet); on a dit (15873 an subba-
S ABAY ON n. m., d’abord sabaillon (1803) pour thuire. 0 Par emprunt (1948) à l’anglais sabbaticul
une boisson italienne, écrit ensuite sabaione I1807), yeur (18861, l’expression se dit de l’année de congé
puis (184518461 avec un y, est emprunté à l’italien accordée tous les i’ ans aux professeurs d’univer-
zabaione Idéb. xv” s.1, puis zubu&one (1640, Oudin). sité, aux États-Unis, puis au Canada et dans
Ce mot d’origine inconnue se rattache peut-être au d’autres pays. + SABBATAIRE n., terme d’histoire
bas latin sabayu, nom d’une boisson illyrienne. religieuse, reprend l’ancienne forme sabbathuire
4 Sabayon désigne une crème constituée d’un mé- Ici-dessus) et désigne Il7211 un juif converti au
lange de jaunes d’oeufs, de sucre, de vin et d’aro- christianisme qui, au ler s., continuait à observer le
mates, que l’on a fait cuire. sabbat et, par ailleurs, une secte anabaptiste qui
observe le sabbat (aussi sabbatarien, 1694).
SABBAT n. m. est emprunté Iv. 1170, subat) au 0 voir SAMEDI.

latin ecclésiastique sabbutum, lui-même à l’hébreu


Zubbàt, proprement areposm, par le grec subbaton. SABIR n. m. représente une altération (1852) de
+ Ce terme religieux désigne le repos que les juifs l’espagnol ou du provençal saber nsavoti), tiré de
observent le 7e jour de leur semaine (le samedi), phrases souvent répétées, comme mi non sabir
consacré au culte divin. À partir du XIII~s., les juifk <moi pas savoir= : chez Molière, dans Le Bourgeois
étant mis à l’écart de la société française, leurs gentilhomme, IV, 10 11670) Si ti sabir, ti respondir,
usages sont dépréciés par les chrétiens ; les prières mots prêtés au muphti. L’occitan suber est em-
étant dites à voix haute, le mot sabbat prend la prunté au latin sapere qui a donné savoir*.
double valeur de <<grand bru& et wztitités de sor- + Le mot désigne d’abord un jargon mêlé d’arabe,
cierj; ces acceptions sont d’abord attestées par le de français, d’espagnol et d’italien, qui était utilisé
dérivé subut& he S.I. Vient ensuite le sens de <<ta- en Afkique du Nord et dans le Levant pour les rela-
page3 (v. 13601, dans mener le sabbat ( 145 1, tions commerciales avec les Européens (cf. Zingua
Ch. d’Orléml, puis d’aassemblée nocturne des franca). Sans la connotation péjorative prise dans
sorciersv (1508) ; de là des locutions disparues : faire la seconde moitié du xrx” s. (18821, subir s’emploie
ses sabbats use livrer à des réjouissances~ (14851, en linguistique Efg191 pour désigner un système
garder le sabbat de qqn aavoir le culte de qqn» mixte, limité à quelques règles et à un vocabulaire
(1512). L’idée de abruit>> explique que sabbat ait eu détermine, issu des contacts entre des langues très
le sens de agronderie» ( 1671, MT de Sétignél et ait différentes et servant de langue d’appoint (opposé
désigné un instrument pour nettoyer les grains à créole” et à pidgin*). Par figure, le mot désigne un
SABLE 3342 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

usage impur et incorrect de la langue, un jargon dance)). À la fin du xwr” s., le verbe Sign%ait *bâcler
(cf. le sabir atlantique, autre désignation du fran- (un travailIn ( 17891, comme si l’on jetait du sable
glais par Étiemble). dessus, métaphore proche de gtcher, sens encore
relevé au milieu du xrxe siècle. Sabler, terme tech-
0 SABLE n. m., attesté isolément vers 1150, est nique, s’emploie (déb. xxe s-1pour @décaper, polir à
issu du latin sabulum usablejj; repris au xv” s., c’est la sableuse%. -Le verbe a fourni plusieurs mots
alors un dérivé régressif de Sablon Cv. 11701 ou su- techniqueS : SABLEUR, EUSE n. (17561, SABLERIE
blun Il 1251, aboutissement du latin sabulonem, ac- n. f. 118701,SABLAGE n. m. (17863, SABLEUSE n. f.
cusatif de sabulo, -anis ~gros sable, graviep, dérivé c19073.
de sabulum <<sable>>. Subulum se rattache à d’autres 0 SABLIÈRE n. f., *carrière de sable* (16901, suc-
noms indoeuropéens du sable, comme le grec psa- cède à l’ancien provençal sublieru ( 13661. Le mot a
muthos ou l’ancien haut allemand sumpt. Voir ci- désigné dans le vocabulaire des chemins de fer Uin
dessous sublon. xrxe s.1un réservoir contenant du sable que l’on fait
4 Suble, qui désigne comme en latin une matière tomber sur les rails pour augmenter l’adhérence
pulvérulente formée de petits grains minéraux, des roues. -SABLIER n. m. désigne couramment
s’emploie depuis le xvre s. au pluriel, comme su- Iv. 16401, après sablière n. f. (16091, une horloge à
blons, au sens de 4ieu ensablé, étendue de sableD sable ; le mot s’est dit (1662) d’un petit récipient
Cv.12003,d’où cdésert de sable» Il 503). 0 Horloge de contenant du sable ti pour sécher l’encre et a dé-
sable ( 1552, Rabelais), puis horloge à sable (1636) est signé (1767) un arbre d’Amérique dont le fruit, cap-
un synonyme a;rlcien de sablier” (ci-dessous). 0 En sule dure, servait au même usage. Par une nou-
technique, sable se dit (1597) d’une composition ré- velle dérivation de sable, il a désigné un marchand
fkactaire à base de sable, utilisée en fonderie pour de sable (18321, un ouvrier qui récolte le sable dans
le moulage ; de là, jeter en sable ( 1636)acouler dans une rivière ( 1867). 0 Le mot, dans sa première va-
un moule de sable>), qui a signifié au figuré leur krécipient, instrument empli de sable4 est
(mil. XVII~s.1 <<boire d’un trait un verre de vin, d’al- employé ensuite comme terme technique, dési-
cooln; ce figuré est archtique. Ce sens figuré est gnant le compartiment d’une machine à papier où
probablement fondé sur la propriété qu’a le sable sont arrêtées les impuretés de la pâte (18771, et une
d’absorber les liquides. 0 Sable mouvant Idéb. boîte allongée et percée utilisée pour le soufrage
XVII~s.), le plus souvent au pluriel, désigne un sable de la vigne ( 1904. + SABLINE n. f. se dit ( 1778)
que les vents ou les eaux déplacent et qui, peu d’une plante des sables, des éboulis (nom scienti-
consistant, s’enfonce sous les pieds ; la locution fique : urenurial.
s’emploie au figuré 116893pour afondement peu so- Plusieurs verbes sont composés à partir de sable.
lide)). +Par analogie de forme et d’aspect, le mot a + ESSABLER v. intr. (15461 et DESSABLER V. tr.
désigné (1588 Montaigne) une concrétion qui se knil. XVII~ s.) <ôter le sable>> ont disparu. -ASSA-
forme dans les reins; cf. pierre, calcul. + Sable s’em- BLER v. tr. a signi% xéchouer sur le sableD (1544,
ploie dans diverses locutions figurées, parmi les- intr. ; 1550, pron.) jusqu’au XVIII~s., et en technique
quelles bâti à chaux et ii sable @II XVI~s.1 -solide- ((remplir de sable» (1546, Rabelais ; 1690, pron.), d’où
ment-, d’où être bâti à chaux et à sable, d’une ASSABLEMENT n. m. (16293,disparu. 0 On trouve
personne (1878) ; bâti SUT le sable (16251 et fonder aussila forme ASSABLIRvhtr.(1660) aupremier
sur Ie sable ( 1718) <(de manière précairen ; le mar- sens. -ENSABLER v. tr. est plus vivant. Il signifie
chand de sable a passé (1659) correspond dans d’abord, intransitivement, <échouer sur le sablen
l’usage enfantin à avoir du sable dam les yeux cen- ( 15371,puis est pronominal ( 1607) et transitif (1636) ;
vie de do& (1798 ; 1690, le petit homme Zuyu jetté le participe passé adjectivé est usuel. 0 Le verbe si-
du sable dans les yeux). 0 Etre SUT le sable Sign%e gn%e également aremplir, combler de sable> (1585-
4tre sans argent? d’abord en argot de la marine 16001, plus courant qu’ussabler. Il s’est employé
11725) par comparaison avec le bateau qui s’échoue pour <<tendre des filets sur un fond de sablen 11771).
sur le sable ; la locution ne se répand qu’à partir du oEn dérive ENSABLEMENT n. m. GUIMS de
XIX~s., d’abord en argot (1827, <<être dans la misère, sableu (16731 et, attesté plus tard, «action d’ensa-
faute de femmes, dans le vocabulaire des soute- blers, (18641. oLe préhé DÉSENSABLER v. tr.
neurs), 0 Le mot s’emploie également dans vin de ( 1694) a produit DÉSENSABLEMENT n.m.
sable <fait à partir de raisin cultivé dans une terre cv. 18601.
sablonneusen. SABLO-VASEUX, EUSE adj. 119501, terme de géo-
b Le dérivé SABLEUX, EUSE adj. est la réfection graphie, s’applique à un sol constitué de sable et de
de subelous Iv. 1285). Il signifie Nde la nature du vase.
sableD. * SABLER v. tr. est d’abord attesté au sens Avant que subie ne soit devenu courant, on em-
de Mrecouvrir d’une matière en poudrem ( 15871; le ployait en diverses acceptions SABLON n m.
verbe est sans doute antérieur, car @ SABLÉ, ÉE (1125, sublun), pour <<sable>> et 4erra;in sablonneux=
adj. «recouvert de sableD est relevé en 1507. * Le Cv.1130). Voir ci-dessus l’étyrn. de sable. Le mot se
sens actif de wecouvrir de sable>> Il680 ; p.ê. 1588) a dit toujours d’un sable très fm 112941, la hale on
vieilli, puis disparu. Sabler sime ensuite ( 1645) ayant été interprétée comme un diminutif. Dans
Ncouler dans un moule fait de sableti. Par allusion ses autres emplois, il a été supplanté par sable, par
au métal en fusion versé dans le moule, sabler a si- exemple dans horloge à Sablon (1393) ou Sablon
Né <boire d’un trait>> ( 16951 encore au XIX~ s.; au mouvant (1611). 4ubZort survit dans des noms de
milieu du XVIII~ s. CVoltaire), sabler Ie champage lieux et par ses dérivés. + SABLONNIER n. m.
s’emploie pour aboire du champagne en abon- CV. I 190,sublonierl, d’abord au sens disparu de uter-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3343 SABOT

min sablonneux=, désigne un ouvrier des carrières + Ce terme de marine désigne une ouverture prati-
de sable (xv” s.) et est sorti d’usage pour *marchand quée dans la muraille d’un navire et servant sur un
de sablem (14221, emploi où il avait un f&ninin SA- navire de guerre de passage à la bouche des ca-
BLONNIÈRE n. f. 11803) Le mot a aussi servi d’ad- nons. Par métaphore, coup de sabord s’emploie
jectif (v. 1236). +SABLONNIÈRE n.f a désigné (1850) pour coup d’œil; l’expression, d’abord em-
(v. 1200) une plaine de sable, une carrière de sable ployée dans la marine, a été altérée en coup de su-
(1237). o Avec une autre valeur, il désigne un co&e veur (mil. XX~S.I. 0 Mille sabords! est un pseudo-
dans lequel on prépare le sable pour les moules de juron (fin xrxe s-1mis dans la bouche des marins par
fonderie ( 17231. OSABLONNER v.tr., d’abord les auteurs de romans d’aventures. Aujourd’hui, il
terme technique (13871, Sign%e <jeter du sable fm est souvent repris par allusion au répertoire du ca-
sur le fer chaud pour soudep (1790) et, plus géné- pitaine Haddock, dans nntirz et Milou de Hergé.
ralement, ~couvrir de sable frnn 114833 ainsi que, kLe dérivé SABORDERv.tr.siae (1831) apercer
spécialement, (1494) Nrécurer avec du sable NUI” : en (un navire) comme par des sabords, mais au-des-
ce sens, ENSABLONNER v.tr. hihv~"s.~ a dis- sous de la flottaison, en créant des voies d’eau pour
paru. +SABLONNEUX, EUSE adj. 113801,réfection le faire couler>. 0 Par métaphore, il s’est dit (1942)
de sablonos Il 165-l 1701 <naturellement couvert de des journaux qui renoncèrent d’eux-mêmes à pa-
sables, s’est appliqué à un f?uit qui a la consistance raître après l’occupation totale de la France, puis
d’une poudre pierreuse. II est demeuré vivant dans pour Emettre fm volontairement aux activités
son premier sens et pour <où il y a beaucoup de (d’une entrepriseh +En dérivent SABORDAGE
sable (d’un SOU*. n. m. (18941, employé au propre et au figuré, et SA-
SABULICOLE adj., formation savate à partir du BORDEMENT n. m. 118461, quiavieilli.
radical de sabulum et de -cale*, s’applique à des
animaux qui vivent dans le sable. L’élément savant SABOT n. m., d’abord sous la forme Cabot
sabuli- concurrence sable-, de sable. (déb. XIV~s.) au sens de etoupieti, puis sabot cchaus-
0 voir @ SABLlk, @ SABLIÈRE. sure de bois» (15121, est d’origine incertaine. Pour
Bloch et Wartburg, il représenterait, par croise-
0 SABLE n. m. est un emprunt (v. 1165) au latin ment avec savate*, une altération de bot, autre
médiéval subellum, lui-même emprunté au russe forme de botte* signalée en 1564 dans la région du
sobol ou au polonais subol amartre à fourrure Poitou; ce mot serait propre aux parlers septen-
noire>. trionaux, le sud de la France employant des formes
+ Le mot est utilisé jusqu’au xwe s. pour désigner la qui continuent l’ancien provençal esclop, du latin
martre zibeline et la peau de l’animal employée scloppus <bruit produit en tirant contre la joue un
comme fourrure. * En termes de blason (v. 12401,il doigt introduit dans la bouchea (+ escopette). Cette
Sign%e anoirs, couleur de la zibeline. explication ne rend pas compte du sens de atou-
0 voir ZIBELINE.
pie», antérieur. P. Guiraud propose de distinguer
çubot et sabot; le normanno-picard cabot, çabot,
0 SABLÉ + 0 SABLE chubot ctoupien, puis achaussurem serait un dérivé
de bot, adjectif aémoussé, contrefaitn (cf. espagnol
0 SABLÉ, ÉE n.m. et adj. désigne (1870) un boto «émoussé4 et nom Sign%ant <<objet mal dé-
petit gâteau sec à pâte friable, d’abord produit dans grossi, et «crapaud» ; bot se rattache à un germa-
la ville de Sablé. L’adjectif s’applique (v. 1900) à ce nique “butta &moussé», que l’on trouve aussi dans
qui a la texture de ce gâteau Ip&e sablée1, souvent les langues slaves. La forme sabot serait alors méri-
compris comme hiable comme le sable>. dionale et liée à l’ancien saboter <<heurter, secouer,
ébranleps (d’où @gâcher le travail4, lui-même dé-
0 SABLIÈRE + Cjl SABLE rivé du provençal sabu (anc. prov. subctr) <<frapper
sur l’écorce pour la détachers, bien attesté dans
0 SABLIÈRE n. f., terme technique de char- l’aire méridionale et qui remonte au latin sapa, le-
penterie ( 13591,et antérieurement sablier (13461, est quel a donné stie”. Les deux séries se seraient croi-
peut-être dérivé de 0 sable parce que cette poutre sées à partir d’une métaphore sur le nom du cra-
soutient le mortier et le sable ou vient, selon P. Gui- paud, appliquée à des objets de facture grossière :
raud, de supel, supelle asapinn et serait alors un on relève en franco-provençal sabota <<crapaud>
doublet de sapirw CpoutreB, asolive en bois de sa- (Hautes-Alpes), en provençall sabatas «crapaud)> et
pib uchaussure grossièrem (3 savate), les diminutifs
+ Le mot désigne une pièce de charpente horizon- bubi ecrapaudv et bobo -soulier d’enfantm; par ail-
tale, disposée parallèlement au mur qui la sup- leurs, bot, botte acrapaudn, bot asabot» et botte
porte ou qu’elle soutient, et qui reçoit d’autres piè- <chaussure grossière> sont attestés en ancien fran-
ces de charpente. çais.
+ Sabot, au sens de «grosse toupie que l’on fait tour-
SABORD n. m. 115731, d’abord écrit saboti ner au moyen d’un fouet>>, est souvent considéré
114021,est peut-être un composé de bord*, mais le comme venant du sens de achaussure faite d’une
premier élément est inexpliqué; P. Guiraud sug- pièce de bois»; Littré cite La Monnaye expliquant
gère que su- pourrait représenter le verbe saper que ((ces toupies sont faites la plupart d’un mor-
qcreusem, le sabord étant une ouverture pratiquée ceau de vieux sabot)); mais cabot utoupie» semble
dans le bord, ou le mot sas, pour apassage dans le plus ancien. Avec ce sens de <toupie», le mot entre
bord». dans la formule Ie sabot dort 4 tourne sur place
SABOTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tellement vite qu’il paraît immobilea, d’où dormir chine, une installation), pour empêcher le fonction-
corne un s&ot <profondément>>, attesté chez Vil- nement d’une entreprises, d’où l’emploi particulier
lon Ixv” s.1 et qui n’est plus compris. -Sabot, dans le domaine militaire, où le sabotage va jusqu’à
achaussuren, désigne par analogie ( 1564) l’ongle la destruction (xx” s.), et l’usage figuré dans saboter
très développé qui entoure l’extrémité du doigt des un projet.
ongulés ; le mot entre dans plusieurs locutions figu- Le dérivé SABOTEUR, EUSE n. a désigné (1694)
rées : avoir casse son. sabot (<avoir perdu sa virgi- qqn qui joue à la toupie ; au sens (1800) de eper-
nité)) ~VII” s-1, en parlant d’une jeune me, est sorti sonne qui fabrique des sabot+, le mot n’a pas rem-
d’usage; avoir du foin dans ses sabots «être riche, placé sabotier. 0 Saboteur est lié aux valeurs du
(d’un paysan), relevé à la fin du XVIII~s., a vieilli, à la verbe, mais il est courant au sens de Mpersonne qui
différence de la variante avoir du foin dans ses sabote (un travail)> 118081 en le faisant mal, puis qui
bottes; voir qqn venir avec ses gros sabots El624 ; endommage ou détruit volontairement. + SABO-
dès 1587, je vous vois venir : vous portez, des bots et TAGE n. m. ne désigne plus ( 1842) la fabrication
sabots, in P. Enckell) et am’ver avec ses gros sabots des sabots, valeur où il est supplanté par saboterie.
&isser voir oti l’on veut en veti> (17901 exploitent Il a suivi une évolution parallèle à celle de saboteur,
l’idée de naïveté rurale attachée aux sabots ; être comme terme technique ( 18701, et courant pour
kesterl les deux pieds dans le même sabot <inca- «action de mal faire>>, puis ad’endommager, de dé-
pable d’agip>, d’allure archtique, n’apparaît qu’au truire en sabota& Km ~LX”S.I.
xx” siècle. +Par analogie de forme, sabot désigne Les autres dérivés de sabot sont archaïques et
de nombreux objets ; c’est le nom d’une baignoire rares. - SABOTIER, IÈRE n. (15181, qui n’a pas été
courte, où l’on se baime assis (1798), à l’origine en menacé par saboteur (ci-dessus), a perdu sa vitalité
forme de sabot; on dit aussi baignoire sabot. avec le recul de l’artisanat auquel il correspond.
0 Manches à subots ou sabots 11838) désignait des 4 SABOTERIE n. f., qui avait remplacé 11855) sabo-
manches courtes et évasées, *Parallèlement, la lo- tage, a vieilli plus encore que sabotier. + Enfh, SA-
cution corne un sabot s’emploie à partir de la BOTIÈRE n. f., qui s’est dit d’une danse paysanne
première moitié du XJX’ s. pour <<trèsmain, surtout en sabots (18321, est un synonyme rare E1904) de bui-
en parlant d’une manière de travailler, du jeu d’un gnoire sabot.
musicien, d’un acteur ; cet emploi s’explique à par-
tir de saboter (ci-dessous) et du sens péjoratif de sa- SABOTER -* SABOT
bot «mauvais instrument de musique)} (attesté
18351, métaphorique avec une idée de qualité mé- SABOULER v. tr., relevé au XVI~s. (15301, mot @)
diocre, de manque d’efficacité. 0 L’analogie et la fi- d’origine incertaine, est pour Bloch et Wartburg un
gure se développent au XIX” et au XX~ siècle; sabot croisement de saboter <(secouer>>et de bouler «ren-
se dît d’un mauvais billard (1852, Goncourt), d’un versep (1390 ; + bouler, chambouler) ; P. Guiraud le
bateau médiocre, d’où (xx” s.) d’un véhicule ter- donne pour un doublet de saboter, dérivé du pro-
restre. 0 Le mot désigne aussi divers outils, un ra- vençal saba hnc. prov. sabar) &apper sur une
bot cintré (18763, une boîte ouverte sur l’un de ses branche pour détacher l’écorce>) C+ sabot).
côtés pour distribuer les C&es à certains jeux +Le verbe s’est employé pour Nhouspiller» puis
d’argent 118861, une garniture de métal protégeant ( 1546) ((bousculer, secouern, d’où se sabouler <<s’agi-
l’extrémité d’une pièce de bois, etc. 0 Il est sorti ter, (1628) et <se battrem (XVIII~s.l. L’idée de mouve-
d’usage pour @personne maladroite)) (av. 1879, ment violent explique les sens de &otter, cirer=
Huysmans). + Sabot de Denver, nom déposé, ou su- Iv. 18301, de ((laver énergiquement)) &I XIX~ s.), em-
bot, désigne t1970) une pince (en forme de sabot) plois disparus. 0 Du dernier cité vient se sabouler
servant à bloquer la roue d’un véhicule en station- as’apprêter, se farder» (v. 19351,vieilli comme l’ad-
nement illicite. jectif SABOULI?, ÉE ahabillé».
,Le dérivé SABOTER v. (xwe s-1 a eu en ancien w Les dérivés SABOULEMENT n. m. El5731 et SA-
francais les sens de aheurtem, <secouer» (d’où su- BOULAGE n. m. ( 1673, R/f”” de Sévigné) sont sortis
bouler), peut-être en relation avec l’ancien sens de d’usage.
sabot atoupie>. De cette acception vient le sens, en-
core vivant régionalement, de «piétiner bruyam- SABRE n. m. a été introduit par les mercenaires
ment avec des sabots», et celui de amaltraitep, dis- allemands; relevé en 1598 (Bouchet), le mot est em-
paru. Le verbe a aussi sign% ( 15643 «jouer à la prunté à l’allemand Sabel (14281, variante de Sabel
toupie)). Selon les dictionnaires, il est resté intransi- (carme blanche à lame plus ou moins recourbéeD,
tif jusqu’à la ~III du XVUI~siècle. +Au début du XIX~s. lui-même du hongrois szablyu, peut-être par l’in-
118081,saboter est relevé au sens, devenu usuel, de termédiaire du polonais szubla.
«faire (qqch.1 vite et mal*, peut-être lié aux emplois + D’abord attesté au sens de afouet>>(15981, sabre re-
anciens du type csecouer» ou <maltraiter-n. oLe prend ensuite la valeur de l’étymon 11634; 1629,
verbe s’emploie également en technique, alors écrit sable). Le mot entre dans la locution péjora-
sans contenu péjoratif, pour «fouler Ile drapk tive traîneur de sabre amilitaire fanfaron et belli-
l’étoffe passant entre deux sabots de bois, accep- queux» Iv. 18301, le sabre symbolisant l’armée ( 1817,
tion du XIX~ s. disparue, *g& (un pieu) d’un sa- w” de Staël); bruit de sabre «menace de guerre>
bot3 ( 18421, «percer (une traverse de rail) pour pré- est vieilli (cf. bruit de bottes); sabre de bois! est un
parer le logement du patin du rail» (18721. * Par juron familier. En argot (v. 19301,par la métaphore
extension du sens de agkher (un travailIn, saboter fréquente du pénis comparé à une arme d’estoc,
signiCe @n XIX~ s.) <<détériorer ou détruire (une ma- coup de sabre s’est dit pour <pénétration sexuelle)).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3345 SAC

Q Le mot désigne par métonymie (1898) le sport de couverte d’un enduit blanc jaunâtre. On trouvait
l’escrime au sabre (à côté d’escrime, é@e...) et un chez Rabelais suburrer l’estomac ase remplir la
cavalier armé d’un sabre. Sabre d’abatth OU panse)) ( 1534).
d’abattage ( 19641 se dit d’un outil servant à se
frayer un chemin en brousse (cf. muchetel. 0 Sabre +@@ SAC n. m. est l’aboutissement (v. 1050) du la-
s’emploie plaisamment pour arasoir à main>. +Le tin classique succus, terme général pour bain à blé,
mot est employé par analogie pour nommer un à argentB, employé dans des expressions comme
poisson étroit et allongé 117701 et divers irkWu- succus vinarius =Crible pour filtrer le vinm; le mot a
ments courbes : en verrerie traditionnelle pris par métonymie, en latin populaire, le sens de
(mil XVIII~s,), dans le traitement des peaux (XIX~ s.1, avêtement de crin grossierm. Succus est un emprunt
la tonte des haies 118401, etc. ; haricot sabre ( 1870) ancien au grec s&Jzos, lui aussi terme commercial,
désigne une variété à gousse plate et recourbée. nom de la toile d’emballage, emprunté au sémî-
tique, probablement au phénicien (cf l’hébreu S&I.
F Le dérivé SABRER v. tr., <<frapper à coups de
Le mot existe dans les langues romanes (italien
sabren ( 16801, s’est utilisé par métaphore ( 17183
succo, espagnol suco) et a pénétré dans le domaine
dans subrer une affaire Nia juger avec précipitationu
germanique (gotique s&/ws, allemand Su&, an-
et par extension «exécuter rapidement à grands
glais sa&).
traitsti (1798). 0 À côté de l’usage du verbe dans la
technique des peaux, paralléle à celui de sabre, +Sac, d’abord employé pour désigner une étoffe
c’est l’idée de ahâte>> ou de =COUPporté» qui do- grossière, est ensuite attesté dans un emploi méto-
mine. Sabrer a vieilli au sens (ti s.1 de ucritiquer nymique en (<judéo--firançais» (XI~s.1 au sens de
sans ménageme& et Sign%e surtout Npratiquer de wzontenu d’un sacm, précisément <<quantité de rai-
larges coupures dans Iun textels et Htraiter sans sins ou d’olives pressée en une fois)}, puis on le
ménagement», d’où se faire sabrer use faire ren- trouve au sens général Cv.1160) de =Contenant de
voyer (d’un établissement scolajre), licencierm. toile ouvert seulement par le hautn. Les usages du
0 Par figure et en même temps que sabre, sabrer mot sont liés à ces deux valeurs. Sac se dit Iv. 11201
se dit aussi Iv. 19303 pour cposséder sexuellement d’un vêtement grossier confectionné avec de la
(une femme),. + Le dérivé SABREUR n. m. désigne toile, signe de pénitence dans la Bible, d’où sucbeni
celui qui se bat au sabre (17903 et au figuré un soldat (1690) «vêtement de toile donné aux condamnés à
brutal ( 1790). Le sens sportif de apersonne qui pra- mort par l’inquisitions, terme disparu. * Par analo-
tique l’escrime au sabre>) apparaît au XX~ s. 11924. gie, le mot s’est employé en médecine 11314) pour
0 Le mot est sorti d’usage (1860) en parlant de qqn Ndépôt d’humeurs formé près d’une plaie>, encore
qui travaille vite et mal (cf. saboter). +Le verbe a au XIX~s. (18351. Au figuré, faire le suc a signifG
fourni d’autres dérivés techniques : SABRAGE (13751 <{mettre un lit en portefeuilleu. À la ti du
n. m. apparaît 11883) au sens de (chachuren, en des- XIV~s., suc s’est dit par analogie pour Hventre, esto-
sin, et signifie ensuite ( 1895) ((action de sabrern ; SA- mac», d’où sac à vin aivrogne>> ( 14851, toujours en
BREUSE n. f. 11951) est le nom d’une ma&ine em- usage, suc a brun là merde) ahomme ventru» (16401,
ployée pour le sabrage des peaux. * On relève au milieu du xv” s. trousser son suc et
0 voir SABRETACHE. ses quilles 11680, avoir... ; 1690, prendre...) <<déguerpir
sans demander son reste>>, sorti d’usage, comme le
SABRETACWE n.f. représente (1752) une al- suc et les quilles de qqn ((son bienD Iv. 15101; donner
tération, d’après sabre, de l’allemand Sübeltasc!w à qqn son suc et ses quilles signifiait «le congédien
«poche de sabren, composé de Sabel <<sabre*n et de (16111, d’où donner son suc Ct qqn (1808) qui a pro-
Tusche -poche,; on trouve aussi sabeltuche (18453, duit 0 saquer. Le mot a désigné (1478) le dossier
saberduche ! 185 1). contenant les pièces d’un procès, à l’origine un sac,
+ Le mot désignait un sac plat plus ou moins orné, d’ou sac:de procès ( 15491et les locutions figurées et
en cuir, que les cavaliers suspendaient au ceintu- vieilIies : Ie fond du sac =Cequi est cachém (16081, ju-
ron, à côté du sabre ; ce sac contenait à l’origine des ger sur L%iquette (du suc1 «sur les apparences))
ordres ; il devint un simple ornement. La sabre- (16751; restent vivantes les locutions vider son sac
tache fut supprimée des uniformes en 1870. (1640; 1596, tu me vuyderus le fond du suc de tes
pensées, in Enckelll Mn’avoir plus de ressources
SABURRE n. f. est emprunté (1538) au latin su- mentalesn, puis adire le fond de sa pensée)> (18371,
burru «lest de navire, ballast>>, terme technique sans sens actuel, et I’aff.&e est dans le sac <le succès est
doute emprunté, dont le dérivé suburrutus est em- assur& (16803. +Par extension de l’idée de Nconte-
ployé au figur6 pour «lest&, en parlant de l’esto- riant)), le mot désigne un objet souple qui sert à ran-
mac Le latin avait abouti en ancien français à sa- ger, à transporter diverses choses ( 1599, suc de
voure n. f. ((lest>> (12981, devenu ensuite saome nuit), d’où suc à ouwuge (17401, suc à dos (18241, suc
(16151, savome 11622). de voyuge, etc. -Au XVII~s., le mot entre dans plu-
sieurs expressions : Ihomnel de sac et de corde
4 D’abord relevé au sens de «le&, sabume se disait <peu recommandable)) se dit par allusion à la façon
en médecine ancienne (1765) de l’humeur qui en-
dont on traitait certains malfaiteurs, enfermés dans
duit la langue et le palais d’un malade, des ma-
un sac noué d’une corde et noyés (et, pour corde, à
tières muqueuses que l’on supposait se trouver
la pendaison); suc évoquait la pratique du vol, par
dans l’estomac, à la suite de mauvaises digestions.
jeu de mots sur suc apillage)) (-, 0 sac) ; avoir lu tête
de dérivé SABURRAL,ALE,AUX adj.07761, tou- durts le suc signifiait <<être dans la plus totale igno-
jours employé, se dit de la langue lorsqu’elle est re- rancem ( 1675) ; on relève ensuite prendre gqn la
SAC 3346 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

main dans le sac (<le prendre sur le fait* (17%). jourd’hti pour -agiter par saccades,. Il s’emploie
0 Sac ù terre (16761, aujourd’hui suc de terre, aussi figurément pour titirailler (au moral), réprimandep
sac & sable, désigne un matériau pour édifier une (1300-1350, écrit sukier; v. 1380, suchierl, valeur re-
fortification. Suc percé, métaphore pour <<prodigue= prise au ti s. surtout dans un contexte scolaire
116901, a été remplacée par panier percé. 0 Para& (cf. sabrer). 0 Comme terme de marine, il sign%e
klement, suc devient un terme d’anatomie (1677) <tirer en dedans du navire» ( 1678, saquer lu voile).
désignant une cavité ou une enveloppe en forme Salclquer <<renvoyer, exclure>> (18661, d’abord en ar-
de sac. 0 Le mot s’est employé pour «taie d’oreil- got puis familier, vient de la locution donner son
len> (1692) et <<petit met pour la pêchem 11752). Suc à suc Ù qqn de congédiers, attestée dès 1611. Ne pas
laine, disparu, puis sac ii papier (17911, vieilli, sont pouvoir sacquer qqn Sign%e fine pas le supportep
des euphémismes remplaçant un juron (+ sacré). 119191.
0 Sac d’os, fig. Npersonne très maigrem, a été pré- Le préhé ENSACHER v. k. Iv. 1220, ensuchier;
cédé par suc 8 os ( 1878). + Suc pour «situation forme moderne, xve s.) Sign%e amettre (qqch.1 dans
complexe)} (XIX” s.1 fait allusion au fait que le un sac», spécialement gmettre (des fruits encore
contenu d’un sac n’est pas visible; il est a cédé la sur l’arbre) dans des sachets pour les preserverx
place à sac de noeuds, sac d’embrouilles. 0 Au (xx” S.I. 0 Le verbe a fourni les termes techniques
concret, sac à coucher ( 1825) est remplacé par sac ENSACHEMENT n. m., attesté isolément au XVI~s.
de couchage ( 19041 et a eu des équivalents argo- (ensucqwmen0 et repris en 1829, synonyme de
tiques : stu: à viande (1850) ou, familier sac S puces ENSACHAGE n. m. (18481, et ENSACHEUR, EUSE
(19161, expression qui s’applique aujourd’hui à un II, 11800), spécialement au féminin <<machine à en-
chien. D’abord argotique (18461, sac équivaut fami- sacher) 11888) et au masculin 4ispositiffacilitant le
lièrement à <<billet de 1000 Fn et a donné le dérivé remplissage des sacs’> (19071. + BISSAC n. m.
argotique SACOTIN n. m. Iv. 1910) ; la métaphore (v. 14601, formé avec bis- indiquant le redoublement
vient du fait que la Banque de France emploie à I+ bi-1, désigne un sac fendu en long par le milieu
partir de 1805, pour les transports de fonds, des et dont les extrémités forment deux poches. Le mot
sacs de toile contenant chacun 1000 F en pièces s’est employé dans les locutions réduire au bissuc
d’or ou d’argent ; de là avoir Je sac 118441, être au sac aréduire à la mendicitém Cv.15501,être au bissac 4-
4tre riche)) (x19 4, épouser Ie sac afaire un riche ler mendiepb (16941, sorties d’usage (+ besace).
mariageti. 0 Mettre dans Ie même sac (mil. XIX~~3.1 6’ voir SACOCHE, SACQUEBUTE.
signifie figurément <englober dans la même répro-
bationn, le sac étant alors ce qui sert à ranger ou à 0 SAC n. m. est un emprunt (1466-1467) à l’italien
enfermer; avoir bien des tours (18511, plus d’zm succo (XIV~s.3, notamment employé dans metiere a
tour (1935) dans son sac et sac ri malices ( 1876) re- succo *mettre a sac». Sacco représente une abré-
prennent la valeur de suc pour *esprits. ~Par fi- viation de succomunno {{pillardn, analogue à l’es-
gure, un suc ù charbon s’est dit (1884) pour <prêtre pagnol sucomuno <<pillage>, lui-même emprunté au
en soutane>, un suc au dos pour <<fantassins (18991. moyen allemand sukmun, littéralement <homme
0 Suc ù main Iv. 19031 ou suc désigne un accessoire au sac>, d’où «pillard, briganda. Le premier élément
féminin qui contient les fards, l’argent, etc.; suc, suk remonte peut-être au latin succus (++0 sac),
dans le langage des écoliers Idéb. XX~s.1,équivaut à mais on a aussi proposé de voir dans succomunno
«cartable>>. D’une manière générale, les emplois de un dérivé du latin populaire ‘succure, lui-même
suc Ncontenant souple ou rigideB se sont multipliés d’origine germanique. Succomunno a eu pour cor-
après 1950-1960. Les sacs (de voyage) tendent à de- respondants en moyen français sacquement n. m.
venir plus tiéquents que les valises dans la catégo- (14221, suquemund (15963 *pillard* et “pillage», en-
rie des bagages ; les sacs de papier, plastique... core employé au xvrres. et directement emprunté
remplissent de nombreux usages, représentés par de l’allemand.
des syntagmes comme suc plastique, suc poubelle, +Lemotestd’b a or d employé dans la locution
etc. Le mot a pour synonyme régional poche. metre en suq <(massacrer», puis ( 1527) mettre ii sac
k Le dérivé SACHET n. m., formé (v. 11901 avec le (une ville, etc.1 <piller de fond en comble)}. Par tiai-
sufke diminutif -et, se dit d’un sac, puis ( 1416) d’un blissement de sens, mettre ù suc s’est employé au
petit coussin où l’on met des parfums, placé dans le XIX~ s. (chez Balzac) pour «déranger complète-
linge. Au sens de Npetit sac%, on trouve sucon mentm.
Cv. 12001, suce1 Iv. 1215) et sachet hv” s.l. + SACHÉE F SACCAGER v. tr. est emprunté à l’italien suc-
n. f., en ancien et moyen français, s’est dit (v. 1190, cheggiure (XIII~ s.), dérivé de succheg@o “pillage)),
sachiee) du contenu d’un sac ; on emploie plutôt suc lui-même de succo. oLe verbe signifie amettre à
par métonymie, et la locution à lu suchée aen abon- sacb Iv. 14501, d’oti par extension edétruîren. Il s’est
dance* (1493) a disparu. SACHERIE n. f., afabrique dit pour <mettre à mal (qqn)n (15531 jusqu’au milieu
de sacsn, n’est attesté qu’en 1941, mais on relève su- du XVII~siècle; par affaiblissement, il s’emploie
querie, sacquerie, de sens incertain, en moyen. fiun- (XVI~s.1 au sens de <<bouleverser, mettre en dé-
çuis (1485). * SACQUER ou SAQUER v. tr. cv. 11751, sordre>. On relève aussi en moyen français, pour le
d’abord suchier (11501, a Sign%é ((tirer (l’épée) du premier sens, sacquer Cv.1530) et sucmenter
fourreaun et aretirer violemment (qqn1 d’un en- (mil. xv” sd, encore au sens de cmassacrern (1540) au
droit%, puis &rer violemment, ôter, arrachepj XVII~ siècle.
(mil. XII~s. ; V. 1175, saquer les yeux à qqn des me- Le dérivé SACCAGE n. m. (1596) s’emploie aussi
ven). 0 Par ailleurs, le verbe s’est dit 1x18 s., SU- au sens afTaiblî et désigne ( 1803) un amas d’objets
chier) pour Nbousculer, bouleverser-, et encore au- abîmés et en désordre. + SACCAGEMENT n. m.
DE LA LANGUE FRANÇAISE SACERDOCE

est sorti d’usage pour CpillageB ( 1544) et est viea F Il sert a former, à partir du ~LX~s., des termes
pour <<bouleversement» (attesté 1870, Goncourt). scientfiques, en particulier en chimie. + SACCHA-
+ SACCAGEUR, EusE n. s’emploie au propre MN, INE adj., didactique, s’applique d’abord (1573,
11553) et au figure. puis 1694) à ce qui est de la nature du sucre, à ce qui
a rapport au sucre, puis au xrx’ s. quaMe ce qui est
SACCADE n. f., attesté chez Rabelais en 1534, relatif à la production du sucre (1846, industrie SUC-
est d’origine discutée. Pour Bloch et Wartburg, Le chutinel. 0 Le mot est substantivé, d’abord au mas-
nom est dérivé par suKxation en -ade (cf. ruade1 de culin (1812) puis au féminin (18681, pour désigner
saquer IV. 11751, forme dialectale de l’ancien fi-an- une substance blanche à pouvoir édulcorant. * De
çais sachier II 150) ({tirer violemment=, dérivé de l’adjectif procède SACCHARINIQUE adj. (18901,
@ sac - le remplissage des sacs de blés suppose équivalent de SACCHARIQUE adj. (18371. SUCCha-
des secousses successives -; il pourrait aussi être rine a fourni l’adjectif SACCHARINÉ, ÉE (18421,
dérivé de l’espagnol sacar, de même sens et de d’usage assez courant. + SACCHARATE n. III.
même origine, beaucoup de termes de manège ( 17%) «sel de l’acide saccharique= est formé avec le
ayant été empruntés au XVI~s. & l’espagnol ou à suf%xe -de. +SACCHARIFIER v.tr. (1823, au
l’italien. P. Guiraud relève que suchier a aussi eu le p. passé : puis 1843) Sign%e @ansformer en sucre
sens de Krenverser» ( 1172-l 174) et dans les dialectes (les matières amylacées et cellulosiques)». Q Le
Nsecouer violemment>>, <rouer de COU~S~.Le rap- verbe a fourni SACCHARIFICATION n. f. (18231,
prochement des deux valeurs et de la forme avec SACCHARIFIABLE adj. (1843) et SACCHARI-
les mots d’argot sa&, sutou =gourdin>> et sutonner FIANT, ANTE adj. 11846). + SACCHAROSE n. m.
nrouer de coups* conduisent P. Guiraud à proposer (18601, formé avec le suf6xe -ose, désigne le sucre
un gallo-roman “supicure/“supiture, dérivé d’un alimentaire constitué de glucose et de fructose; le
“supure «faire couler la sèvem, reconstitué par les composé SACCHAROSURIE n. f. (xx” s.), de -urie,
formes dialectales suver, saber (+ sabot). Le verbe est un terme de médecine. - SACCHAROMYCES
Sign%erait <(faire sortir la sève en frappant sur n. m. pl. 118901, formé avec l’élément -myces, du
l’écorce> et secondairement Mdéchirern, &craser» grec muke achampignon», ou SACCHAROMY-
et afrapper avec violence, rosser», ces acceptions CÈTES, terme de botanique, est ‘te nom générique
étant en accord avec celles de sachier dont pro- des levures employées comme agents de fermenta-
cède saccade. Mais ceci reste très hypothétique. tion des sucres. 0 Le radical de ces mots a fourni le
+Saccade a désigné, en termes de manège, une terme de biologie SACCHAROMYCOSE n. f.
brusque secousse donnée par un cheval pour jeter (19331, de mycose. a SACCHARASE n. f.
bas le cavalier; Rabelais utilise aussi le mot par mé- hnîl. xxe s.1,formé avec le stixe -use, est un terme
taphore avec une valeur érotique (15341 dans elle de biochimie.
uwa la SUC~~&. Par extension, le mot signiEe ase-
cousse violente que l’on donne à qqn en le tirant>> SACERDOCE n. m. est emprunté @n XIII~s.)
( 1617) et spécialement Nbrusque secousse donnée au latin sucerdotium, dérivé de sacerdos, -0th <ce-
aux rênes d’un cheval» ( 16513.0 L’idée de brusque- lui qui accomplit les cérémonies sacrées)} puis
rie est conservée dans l’emploi figuré pour arude cprêtre)), en général ; sucerdos représente un
réprimande, correction>> ( 1694) et dans la locution composé ancien de type indoeuropéen, issu de Osa-
kzro-dho-ts “qui fait une action sacréen (4 0 sacrer).
figurée donner lu saccade à gqiz =Supplanter>>
Le second élément appartient à la racine “dl@
(17011, qu’on peut interpréter comme érotique
(cf. baiser, avoir) ; ces emplois sont sortis d’usage. La Nplacep, représentée dans facere (+faire). Sucer-
notion d’irrégularité est retenue en parlant de dos aprêtrem est représenté en judéo-français sous
l’écriture (17651, du discours et du style ( 1788). la forme sezers, en ancien français sucerdote
0 Par extension, saccade désigne Iv, 1800) tout iv. 11201, forme employée par Ronsard et attestée
mouvement brusque et irrégulier. encore au XIX~ s. (cf. aussi en moyen français sucer-
dos, 1442; 1538, sucer&, jusqu’au XVII~s.l.
bLe dérivé SACCADER v., d’abord employé,
4 Sacerdoce s’est d’abord employé pour désigner le
comme saccade, dans un contexte érotique par Ra-
ministère de ceux qui, dans l’Ancien Testament,
belais (1532, saccader une femme), se dit en équita-
avaient le pouvoir d’ofXr à Dieu des victimes pour
tion (16 11) et pour <<avoir un mouvement saccadé>
le peuple; le mot dési@e ensuite, dans la religion
(xx” s., intr.1 Le transitif <<rendre saccadéti est attesté
en 1839 chez le romantique Ph. 0’Neddy. -SAC- catholique, la prêtrise Il61 13 et le ministère du
pape, des évêques. 0 Il désigne par extension %n
CADÉ, ÉE adj. s’applique par figure au style (1774,
XVII~s.1 le corps ecclésiastique et l’autorité ecclé-
Beaumarchais) et qualifie un mouvement brusque
siastique Cv,1680) et s’emploie en parlant du minis-
et irrégulier ( 1779, de la diction). Les emplois
tère de ceux qui, dans l’Antiquité, ofiaient les sa-
concrets sont attestés postérieurement.
cr%ces aux dieux ( 1694, Académie). o Par figure,
SACCAGER + Q SAC sacerdoce se dit ( 1677) d’une fonction qui demande
de l’abnégation, comme vocation.
SACCHAR-, SACCHARO- est un élément + SACERDOTAL, ALE, AUX adj. est emprunté
tiré du latin succhurum, emprunté au grec sa!& (1325) au latin sucerdotulis, dérivé de sucerdotium,
baron asucre,, lui-même emprunt au pali sukhurü; avec la variante sucerdote Cv.1420). 0 Le mot quali-
le mot désignait une concrétion siliceuse logée fie ce qui est propre au sacerdoce, en tant qu’état et
dans les entre-nœuds de certains bambous, que que corps, et ce qui évoque le sacerdoce. Il entre
l’on importait d’Inde pour l’utiliser en médecine. dans des expressions didactiques : jeux sacerdo-
SACHEM 3348 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

taux, que les prêtres donnaient au peuple, et le * Par la même métaphore que fauconneau (15543,
corps sacerdotal <<lesprêtres%. + L’adjectif a fourni il s’est dit d’un canon lançant des projectiles de
des dérivés sortis d’usage : SACERDOTALITÉ n. f. cinq livres et, par figure (k XV~~.), d’un homme
Iv.15081, SACERDOTALEMENT adv. (15521, SA- sans foi ni loi, emploi disparu sans doute par confu-
CERDOTALTSME n.m. 11872). sion avec les dérives de sacré. Sucre s’est aussi dit,
en az’got ancien (16281, pour asergentn.
SACHEM n. m. est un mot iroquois introduit en
b Le dérivé SACRET n. m. ( 13731, d’abord sacreilet
français dans un récit de voyage (1784) et employé
upetit sacren (XIII~s., hapax), désigne en fauconnerie
ensuite par Chateaubriand (1801). Selon l’hypo-
un sacre mâle, plus petit d’environ un tiers I-+ tier-
thèse de Bruneau, dans 1’Histoire de la langue fran-
celet), la femelle, plus employée en chasse, étant
çaise, suchem serait aun mot oriental qu’une fantai-
désignée par sucre.
sie du voyageur anglais Carver avait naturalisé
Américaine (en 1774); cependant, l’attestation du
mot dès 1622 dans des relations anglaises va à l’en-
0 et 0 SACRE 4 @ SACRER
contre de cette thèse.
@SACRÉ -+@SACRER
4 Sachem désigne un vieillard qui faisait fonction
de conseiller et de chef ch?z les peuples indiens du @SACRÉ +SACRUM
Canada et du nord des Etats-Unis (un @und sa- I
chernI. Th. Gautier a applique le mot à Chateau- SACREMENT + @l SACRER
briand 11872, -Sachem du romantismen) ; grund sa-
ckm se dit familièrement (xx” s.) pour agrand
+# 0 SACRER v. tr. est un emprunt (11381, pos-
personnage, chef=. térieur à sacrement (ci-dessous), au latin sucrare
SACOCHE n. f. (16361, qui appartit sous la uconsacrer à une divinités, avouer, comme malédic-
tion, à une divinité», d’où «dédier qqch. à qqnm, donc
forme sacosse (16061, est emprunté à l’italien de
*rendre sacré> et en poésie cconsacrem. Le verbe
Toscane succocciu <poche, sacoche-, dérivé de
succo, mot emprunté au latin succus (-+ 0 sac). Sa- dérive de sucer, -cra, -cwm, anciennement sacras;
le sacrum désigne ce qui appartient au monde du
coche est d’ailleurs senti comme un quasi-dérivé
divin, opposé à ce qui est propre à la vie courante
de sac.
des hommes, le profunum (3 profane), le passage
+ Le mot a d’abord désigné au XVI~~s. un double sac de l’un à l’autre s’effectuant par des rites. Sucer dif-
de cuir dont se servaient les courriers en voyage, et fère de religiosus; il désigne ce qui ne peut être tou-
par la suite (1835) un long sac de cuir ou de toile où ché sans souiller ou sans être souillé, d’où le double
les garçons de recette mettent l’argent qu’ils sens de Ksacréa et amaudit* ; le coupable voué aux
touchent. Dans le vocabulaire militaire (18701, il se dieux des enfers est sucer, d’où le sens de ~crimi-
dit d’une poche de cuir bée à la selle du cavalier, neln. Le mot se rattache à une racine indoeuro-
puis (xx” s.1 d’un cycle. 0 Depuis le début du xxe s., péenne osuk-, comme sunctus (4 saint).
sacoche désigne une grosse bourse de cuir qui se
porte au c8té ou dans le dos; il s’emploie en Bel- + Le verbe est introduit en tiançais avec le sens re-
gique pour asac à main (de femme)». pris au latin de *conférer un caractère sacré à (qqn
ou qqch.), au moyen de rites, de cérémonies reli-
SACQUEBUTE ou SAQUEBUTE n. f., gieusesa. Il s’est employé pour =consacrern à Dieu
qui apparaît sous la forme suqueboute Cv.13101,tou- (v. 1155) ou à qqch. Ixw” s.1 et, comme verbe intran-
jours en usage dans l’Encyclopédie, puis saquebute sitlf, a signi% afaire la consécration à la messe>>
( 15241, est formé à partir des verbes saquer Iv. 12001,((présenter une ofianden (v. 12201.Son em-
(+ 0 sac) et bouter*. La graphie saqueboute a été ploi atiif a disparu, notamment sous la concur-
reprise avec la redécouverte du répetioire de la rence de consucrer”.
musique ancienne. b En revanche, le participe passé est demeuré trés
+ Ce terme d’archéologie désigne une lance, ar- vivant. @SACRfi, ÉE adj, et n. m., d’abord attesté
mée d’un fer crochu pour désarçonner un cavalier. dans pain sucré “pain consac& (v. 11301, puis seul
*Il désigne par analogie de forme 11466) un an- (v. 12001, s’applique à ce qui est consacré à Dieu; le
cêtre du trombone, nommé aussi trompette suic- mot a été senti comme une traduction de l’adjectif
queboute Iv. 1488). Probablement né en Italie, l’ins- latin sucer, d3usé par l’Église : un adjectif sucre
trument connaît un grand succès à la Renaissance, «Sacré~, directement tiré du latin à la fm du xve s.,
souvent associé au cornet à bouquin; disparu en s’est employé jusqu’au milieu du XVI~siècle. Sucré
France avec Lully, motié au XVIII~s., il est rem- qutie ce qui appartient à un domaine interdit et
placé par le trombone. inviolable (par opposition à profane) et qui fait l’ob-
jet d’un sentiment de révérence religieuse (XVH” s.,
SACQUER, SAQUER 3 0 SAC n. m-1. L’adjectif entre dans de nombreux syntag-
mes où il s’applique à ce qui appartient au sacré ou
0 SACRE n. m. est un mot emprunté &n me s.1 au culte : vuses sucrés, servant au culte (15501,
à l’arabe süqr, d’où vient aussi l’espagnol sacre, l’Écr&ure sucrée dhîture sainte>> 115641, livres su-
l’italien SU@~, désignant un oiseau de proie asia- crés Kl’Ancien et le Nouveau Testament% 11690).
tique proche du faucon. 0 Dans l’ancienne médecine, maladie sucrée se dî-
+ Le mot, en français, désigne cet animal que l’on sait de maladies attribuées à une influence surna-
utilisait à la chasse (1622, sucre «sacre femelleB). turelle : mal sucré désigne d’abord (1564) les
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3349 SACRER

&rouelles puis ( 17931 l’épilepsie, feu sacrk l’érysi- (XIII~ sd, ahuile pour le service religieux* (XIV~ s.),
pèle ( 16111.0 Au xvne s., le mot s’applique aussi a ce «Fête-Dieum (xv” sd, etc. 0 Sucre s’emploie aussi par
qui concerne les cultes païens ( 1636) et, dans un figure pour aconsécration solennelleu.
sens plus moral que religieux, qualse ce qui est L’adjectif sacré, par l’expression cœw sd de Jé-
digne d’un respect absolu (16401, d’où persona SU- sus, a servi à former SACRÉ-HEUR n.m. (18631,
crée (1673). Sacré est employé dans des expressions désignant Jésus-Christ dont le cœur, symbole de
pour désigner des pratiques propres à I’Antiquité : son amour pour les hommes, est l’objet d’un culte
feu sucré, entretenu sur l’autel des dieux ( 16901, spécifique de l’Église catholique.
poulets sucrés, dont on tirait des augures (v. 17301, SACREMENT n. m. est le mot le plus ancien de la
année sucrée, pendant laquelle on célébrait des série latine de sucer. Il est emprunté, d’abord
jeux périodiques ( 17651, etc. Feu sacré se dit au fi- Cv. 980) sous la forme saccrument, puis sUCrer?%ent
guré (1777, Voltaire) de sentiments passionnés qui (1165- 11701, au latin ecclésiastique sacrwwntitn
se communiquent chez les individus et avoirIe feu qui désignait tout objet ou acte aytit un caractère
sacré signifie -avoir foi dans son ai-t> (18421, puis sacré (mystère, révélation, rite, etc.); en latin clas-
<avoir de l’ardeur au travailn (xx” s.l. + Depuis le mi- sique, le mot signifie d’abord en droit adépôt fait
lieu du XVII~~ s., l’adjectif s’emploie avec une nuance aux dieux d’une certaine somme comme garantie
d’admiration ou d’ironie et une valeur intensive. Il de sa bonne foi, ou de la justesse de sa cause dans
est alors antéposé, et reste très vivant, avec une va- un procès» ; ce dépôt s’accompagnant d’une presta-
leur positive : une sacrée bonne femme, uw sucrée tion de serment, le mot a pris le sens de aserment
tigolude, etc. 0 Du fait de l’ambiguïté étymologique solennel>>, notamment dans la langue militaire ; par
de sacré ou bien par antiphrase, il se dit (1788) pour évolution phonétique, il a donné serment, dont sa-
amaudit, exécré)), là aussi toujours plaicé avant le crement est le doublet savant C+ serment). Sucru-
nom. Sacré est notamment utilisé pour renforcer mentum dérive de sucrutum, supin de sucrure
un juron (sa& nom de Dieu, etc.), souvent abrégé aconsacrep (cf. ci-dessus sucrer). + Sacrement,
en cré (18321, d’où c&nom, et autrefois en acré terme de liturgie chrétienne, apparaît avec le sens
(18371. général de <<rite religieux institué par Jésus-Christ
De ce sens vient l’intensif SACRÉMENT adv. pour donner ou augmenter la grâce (chacun des
Md’une manière intenses, attesté au XX~ s. (1929, sept sacrements)». ll se dit spécialement (1172- 11741
Giono, in T.L.F.1 mais plus ancien régionalement. du Sacr&e de la messe, et s’emploie aussi, comme
+De l’adjectif employé dans les jurons dérive 0 sacre, pour ((consécration d’un évêque>). Le mot
@SACRER v.intr.~jure~ (17261,vieti enfran@is désigne en particulier Iv. 1190) la partie de la messe
d’Europe mais très fréquent en français canadien, qu’on appelle consécration et élévation, et SuintC--l
également dans se sacrer de qqch. -s’en moquern et Sacrement correspond à Eucharistie. Q Sacrement
avec d’autres sens figurés. +De sucre Nsax=ré» ou de s’est employé dès l’ancien fkançais hors du
sacré, sacrer dérive 0 SACRE n.m. (1549, Mazari- cent exte chrétien pour ~~commémoration solen-
nades) pour Mforrnule de juron», régional mais cou- nelle» (v. 1190). Au XIII~ s., le mot s’est dit spéciale-
rant dans l’usage général au Canada 11894, Clapti. ment pour &knation ou promesse faite en attes-
Les sacres sont une partie très spéctique du voca- tant Dieu, un être ou un objet sacré>), acception
bulaire fiance-canadien et utilisent quantité de reprise du latin et encore relevée au xwe s. (16071.
mots empruntés au culte hostie, tabernacle...1 ou 0 Les sacrements, désignant les sacrements de pé-
de noms propres sacrés Notamment Chtitl. + SA- nitence, d’eucharistie et d’extrême-onction est at-
CREBLEU interj. (17451, d’abord par la sacre bleu testé en 1309, ainsi que l’expression sacrement de
( 16421, est un euphémisme de sacré Dieu, sucre hwtd Saintsacrement est repris cv. 14801 avec le
Dieu (1552) et est employé comme juron familier. sens de «la Fête-Dieu>>; sacrement se dit spéciale-
0 SACRÉDIÉ interj. (1757, par la sacre&), altéra- ment pour csacrement de mariagem ( 1515) et équi-
tion phonétique de sacredieu (xrve s.1, est rural et vaut familièrement à ccmariagep (cet emploi a
vieilli, ainsi que sucrenom (XVIII~ s.l. +On relève vieilli). Au milieu du XVI~ s., le mot s’emploie pour
d’autres jurons familiers formés à partir d’une alté- acérémonie rituelle* 11549) en parlant d’autres reli-
rationde sucrer: SACRISTI (1827;sucr...istie, 17901 gions. Il entre aussi dans la locution avoir eu, avoir
abrégé en ctiti 118661, devenu archaïque, a été al- rep tow les sacrements, ceux de pénitence, d’eu-
téré en SAPRISTI (18341, d’abord écrit supri&ie charistie et d’extrême-onction, quand on est grave-
(18081, lui-même abrégé en ptiti hxe sd; SAPRE- ment malade ( 1549) ; de là les derniers sacrements
DIÉ ou SAPRÉDIÉ, atteste au x~? s., est sorti Cl6363et être muni des sacrements de l&lise.
d’usage; SAGUERNON 07901, de sacré nom, a dis- D’autres locutions, aujourd’hui sorties d’usage, se
paru. SAPERLIPOPETTE est la resufkation 11864 forment au XVII~ siècle : s’approcher des sacrements
chez Rimbaud) de saperlotte 118091, suprelotte, alté- «se confesser et communiern (16851, fréquenter les
ration de sucrelotie ( 1750). D’autres suffixes plai- sacrements «se confesser et communier souventm
sants sont attestés chez Rimbaud (superlipouille, ( 16901, avoir tous ks sacrements «être en règle», Mne
-pouilZottel . manquer de rien= (16901 au figuré, Au début du
0 SACRE n. m., autre substantif verbal tiré de sa- xixe s., suint sacrement se dit spécialement pour
crer, désigne d’abord (1172- 1174) la cérémonie par <ostensoir= (1802).
laquelle un prêtre reçoit l’épiscopat, et aussi SACRAMENTAL,ALE,AUX adj. et n.m., em-
(v; 1170, Chrétien de Troyes) celle par laquelle prunté au latin ecclésiastique sucrumentulis, dé-
1’Eglise sanctionne la souveraineté royale. Le mot a rive de sucrumentum, est sorti d’usage dans son
eu plusieurs emplois en liturgie : asaint sacrement8 emploi adjectivé (1382) pour qualifier ce qui appar-
SACRIFIER 3350 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tient & un sacrement; il est alors remplacé par sa- facere afaire une cérémonie sacréen, composé de
cramentel (ci-dessous). 0 Le mot s’emploie au- sacrum C+ 0 sacrer) et de facere (+ faire). Le mot
jourd’hui comme substantif, attesté seulement au s’est spécialisé en latin chrétien.
début du xxe s. 11904, et correspond au latin ecclé- + Sactifier conserve le sens du latin chrétien, en
siastique sacrumenta2ia c4acrements mineurs» parlant d’une ofie à Dieu (11191, à une divinité
(dans le vocabulaire scolastique au XII~ S.I. Ce terme quelconque, à une idole Iv, 1120) ; on a dit sacrifier
de liturgie désigne le rite sacré, institué par un sactifice du me au XVI~ siècle. Le verbe s’emploie
l’Eglise, pour obtenir par son intervention des effets spécialement pour afaire le sacrifxe de la messen
d’ordre surtout spirituel. *SACRAMENTEL,ELLE (16691, d’après les emplois du type sucrefier le cors
adj. (13823 s’efface devant sacramental jusqu’au de Notre Seignor (v. 12201. La locution sacr8.w urkz
xvm” s. et s’impose ensuite comme terme de théolo- fête & sucre aconsacrer une Fête-Dieus (1225-1250,
gie pour qutier ce qui appartient à un sacrement. secrefiier) est sortie d’usage, le verbe n’ayant plus
L’usage génkral connaît paroles sacramentelles de complément interne (du type sactifice, cérémo-
(17981, mots sacramentels (1835) <paroles, mots qui nie, etc.). +Le premier emploi figuré est relevé à la
sont essentiels à la validité d’un acte, d’une conven- fm du XVI@s. (1580, sucrifier qqn ù son ambition), le
tionp. 0 De l’adjectif dérivent SACRAMENTELLE- verbe signihnt ensuite aabandonner volontaire-
MENT adv. (XV” s.1, précédé par la variante sacra- ment (qqnl au bénéfice de ce qu’on fait passer
mentalement Iv. 14501, de sacramental, et avanta ; d’où sacrifzer $gch. 116361. Depuis le début
SACRAMENTALITE n. f k~%.~, termes didac- du XVII~ s., sactifier a, par extension du premier
tiques de religion. ~SACRAMENTAIRE n. et adj., sens dans le domaine profane, s’emploie pour <<se
emprunté au bas latin ecclésiastique sacrumenta- conformer à, faire la volonté den, d’abord USIl)
rium arituel pour l’administration des sacrements=, dans la locution n’avoir pas sactiti aux Grûces
a d’abord désigné 11535, n. pl.) les hérétiques qui an’avoir aucun agrément, faire tout gauchementp;
ont enseigné des dogmes divergents touchant l’eu- ce type d’emploi littérale est devenu archaïque.
charistie ; I’adjectif’(16601, rare avant le me s., quali- De ce sémantisme procède plus tard suctifier a la
fie ce qui est relatif aux sacrements. mode, aux préjugés (1820). Sacrifier aux Muses
Le terme de religion le plus récent qui se rattache Idéb. ti s.) afaire des vers, de la musique, etc.= est
au latin sucer est SACRAL, ALE, AUX adj., attesté un archaïsme littéraire plus ou moins ironique. Se
en 1930 (Maritain), mais antérieurement en anglais sacriiîer (pour, ù3 sig&e =se dévouer par le sacri-
( 1882) et en allemmd (déb. & s., sukwal) d’où il fice de soi, de ses intérêts)} (mil. XVLI~ s.l. 0 Le verbe
semble procéder; il est formé sur le radical du latin se dit ensuite (1670) pour cher*, sans qu’il y ait d’in-
classique sucer. 0 L’adjectif, très didactique, s’ap- tention sacrifkielle kacrifier un animal malaokl,
plique, par opposition à profane, à ce qui a revêtu mais ce sont les idées d’eabandonnep et de
un caractère sacré, notamment en parlant de civili- MsuivreB qui sont à la base des nouveaux emplois :
sations. +Sacrai a permis de former SACRALISER d’une part, sactifier une personne, une chose à une
v. tr., attesté plus tôt (1899, Hubert et Mauss) «attri- autre (16691, notamment sacrifier ult amant (16901,
buer un caractère sacré à», d’où l’antonyme DÉSA- sacrifier tout ù ses intérêts U6901, sucrifter son bon-
CRALISER v. tr. (19491, de 0 dé-, qui s’emploie heur à celui d’un autre ( 17181, d’où sacrifier Kmettre
dans un rang infériew~ (1756) ;
aussi dans un sens étendu Idésacruliser une profes-
sionl. 0 Duverbe dérive 0 SACRALISATION n. £, F Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés
atksté(1941) aprèsson a&npeDÉSACRALISA- de sach’kar-e. +SACRIFICE n-m. ti xrves.),
TION n.f. (1934). +SACRALITÉ n. f. (mil.x~“s.l se d’abord sactifise, sacrefise Iv. 11201, est emprunté
dit du caractère de ce qui a été sacralisé. au latin sucrificium flsa,cr%cem, terme religieux. Le
SACRO-SAINT, SACRO-SAINTE adj. est em- mot a eu une &olution parallèle à celle du verbe. Il
prunté (1546, sucrosaiact) au latin sacrosunctus, de désigne d’abord une ofhnde rituelle à Dieu
l’ablatif de sucer et sanctus I+ saint). Sorti d’usage (v. 11201, caractérisée par la destruction, l’imrnola-
comme terme de religion, il s’applique ironique- tion réelle ou symbolique, ou l’abandon volontaire
ment kxe s-1 à ce qui fait l’objet d’un respect exa- de la chose offerte, d’où par extension sacrik sa-
géré. ctif&se de Zoenge Ncélébrer les 1oua;nges de Diew
(v. 11201, devenu ( 15501 otir un sacdke de louange,
De nombreux mots rattachés à la famille du latin
et faire sacrefice 4acr%erp (XII~ s.3. oSacr&se
sucer sont plus ou moins démotivés : sactikge et
(v. 11201 puis sactifice a pris la valeur particulière
sacrifier sont encore sentis liés à sacré mais
de amort de Jésus-Christ sur la Croix pour la ré-
semblent posséder une certaine autonomie ; sucris-
demption du genre humainm (mil. XV$ s., sacrifice
tain et sactitie sont encore plus autonomes; suc& de J.-C.). Sainf sacriike se dit du sacrifice de la
punt et sacrum, terme d’anatomie, n’ont plus guère messe (1670) et sactifice désigne la consécration à
de lien intuitif. E& saperlipopette, scrogmugneu, la vie religieuse (1675) et le saint sacrement (1687).
par leurs formes altérées, ne sont plus en rapport. 0 Par métonymie, le mot désigne la victime d’un
@ Vok CONSACRER, FXkRER. OBSÉCRATION, SACER-
sacrifice Iv. 11551; dans ce sens, il a été concurrencé
DOCE, SACRIFIER, SACRLÈGE. SACRIPANT, SACRISTAIN, par hostie aux XVI~-WII~ siècles. 0 Par extension, il
SACRUM, SCROGNEUGNEU, SE-.
s’emploie en parlant du culte rendu aux divinités
ptiennes (v. 1180, sacrehe). On relève au xvf s. sa-
SACRIFIER v. tr. est un emprunt (1119) au Za- critice’sanglant aoù l’on immole une créature vi-
tin classique sac&care ~0B-k un Sacr&e à une di- vmteB (16801, puis sacrifke humain ~~III~ s.l. +Au
vinité» Cintr.3 et aofkir en sacrike= Ctr.), de sacrum milieu du XVII~ s., sacrifice prend la valeur figurée
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3351 SACRUM

de -renoncement ou privation volontaire, en vue SACRISTAIN n. m. est la réfection 11552)


d’une fm». L’idée de <renoncement» s’étend au do- d’une série de formes de l’ancien fknçais, dont se-
maine esthétique, sactifice se disant (1812) d’un ar- crestuin ( 1145-l 1701, secretain EV.1280) : elles sont
ttice par lequel un peintre néglige certaines par- toutes empruntées à secrestanus (XII~s.), variante
ties d’un tableau pour en faire ressortir d’autres ; le de sacristanw, dérivée du latin médiéval suctitu
mot est ensuite employé (1835, au pluriel) en par- (v. 10501, d’abord <<celui qui garde le trésor de
lant d’une fin utilitaire au sens de adépenses que I’Églisem ; sucristanus a évincé secretutius I-, secré-
l’on s’imposem et par extension pour Hprivatiow taire) et a été emprunté sous la forme sucrestain
SACRIFICIEL, ELLE adj., dérivé didactique, quali- (13751, relatinisée en sacristain au XVI~s. (1552). De
fie ce qui est propre à un sacrike 11931 chez Bema- sucdstunus viennent également l’italien sagres-
nos) et a remplacé SACRIFICIAL, ALE, AUX tan0 et l’espagnol sactitan. La variante segrestain
Iv. 1510; aussi sacrifical, 15811, qui a disparu. Cv.1150) représente un latin médiéval segrestunw
SACRIFICATEUR, TRICE n. est emprud (1535) Suctita, emprunté en ancien français (XIII~s., sa-
au dérivé latin sactificator In. m.1, -atrix In. f.) ctite), dérive du radical du latin classique sucer
aprêtre, prêtresse préposé(e) aux sacrikesm et en I-, 0 sacrer).
conserve le sens; le grand sacz%k&eur désigne + Le mot désigne en français dès le XII~s. celui qui a
spécialement (1553) le grand prêtre chez les Hé- soin des objets sacrés d’une église. Sactitain s’est
breux. Le féminin appartit au milieu du xwes. dit pour Nserviteuraa (apr. 1550) et s’est employé au
(1656). - SACRIFICATURE n. f., dérivé savant ob- pluriel Ues sacristuinsl et au figuré 11793) pour ales
tenu par substitution de sufke 115351,se dit de la croyants», puis =les faux dévots2 (cf. calotin) ; ce sens
dignité de sacri-ficatew. + SACRIFICATOIRE adj. a disparu. 0 Au ti s., sacristain désigne aussi, sans
( 15971,emprunté au dérivé latin sactificator <<relatif qu’on en connaisse la raison, un petit gâteau de
au sacrifxe religieux*, équivaut à sacrificiel ki-des- pâte feuilletée, en forme de rouleau, garni
sus). d’amandes grillées.
SACRILÈGE adj., n. et n. m. est emprunté b Sacristain a fourni SACRISTAINE n. f. (1636) et
iv. 1190) au latin classique sactilegw “qui dérobe SACRISTINE n. f. 116711, areligieuse chargée de
des oblets sac&+, d’où <impie, profanateur, sacri- l’entretien de la sacristie».
lège}). A l’époque impériale apparaît le dérivé par SACRISTIE n. f. est emprunté (xv” s.), d’abord sous
substantivation sacriZe&um *vol dans un temple* et la forme sacrestk (13391, au latin ecclésiastique su-
<{profanation, impiétén. Su&e@ est composé de cristiu «charge d’un sacristain avec ses revenusm
la base de sacrare (-+ 0 sacrer) et de -legus “qui re- (11281, puis <(sacristies (v. 12091, dérivé de suctitu.
cueillem l-legium aaction de recueti), second élé- La sacristie a été désignée en latin médiéval par
ment de composition issu de legere I+ lire). d’autres dérivés de sacri& : suctitunia (10381 et
+Sacrilège est introduit en francais comme nom secretarium, qui correspond à secretarius ki-des-
d’action avec le sens du latin impérial, (<profanation sus). +Le mot désigne la partie de l’église où sont
de choses sacrées= (1190, n. m.); de là un sens déposés les vases sacrés, les vêtements sacerdo-
étendu, <<outrage à une personne digne de vénéra- taux, les registres de baptême et de mariage et, par
tion, d’égards- et aaction dirigée contre une per- métonymie I16941, s’applique à ce qui est contenu
sonne sacrées (12831. ~Parallèlement, le mot re- dans la sacristie. Sacristie s’est dit au XVII~s. (1690)
prend l’emploi du latin classique pour désigner des bénéfices tirés de ce qui est donné pour faire
comme nom (12831 une personne qui profane les dire des messes, des services ou prières. Le mot
choses sacrées, puis comme adjectif pour qualiiïer s’emploie ( 1862) avec une valeur péjorative pour
une chose (1528) qui a un caractère de sacrilège et désigner les prêtres, le parti clérical, en tant que
une personne ( 1550) coupable de sacrilège. Des symbole de la religion (cf. sacristain, ci-dessus),
emplois extensifs et figurés (firi xvd s.) sont liés aux d’on la locution familière pmake de s-e adé-
extensions de sacré. voten (1890, des sactitisl. La locution figurée, être
de la sacristie cappartenir à un petit cercle de
SACRIPANT n. m. est emprunté (1600, curieux, d’amateurs (18743, est sortie d’usage.
comme nom propre), à l’italien Sacripante, nom 0 En argot, sacristie s’est dit par dérision et analo-
d’un faux brave de l’Orlando innamorato (Roland gie (<lieu situé à côté4 pour acabinet d’aisancesm
amoureux, 1476-14941 de Boiardo et personnage re- 118881.
pris par Berni et Arioste. Le mot, en italien, re-
présente une formation plaisante sur l’adjectif sa- SACRUM n. m. représente une abréviation
cro +acrém, du latin sacer (+ 0 sacrer); il est passé Cl7931 de os sucrum ( 1478, Chauliacl, mots latins si-
aussi en portugais (sacripante &ipon, coquin, gre- gnihnt «os sac&, ainsi nommé parce que cet os
dilla). soutient les entrailles de l’animal que l’on ofTrait
+Sacripant s’est d’abord dit pour «fanfaron, faux aux dieux dans les sacrifices.
brave, bravachen, par allusion au personnage ita- + Ce terme du latin médical est passé dans di-
lien. Le mot est encore relevé en ce sens au XX” siè- verses langues, dont le français dans le vocabulaire
cle. Aujourd’hui, il désigne (depuis 17131 un mau- de l’anatomie, pour désigner l’os formé par la ré-
vais sujet, un vaurien, probablement par un effet de union des cinq vertèbres dites sacrées (ci-dessous),
paronymie sur la fiale Ichenapan) et par les va- situé à la partie inférieure de la colonne vertébrale.
leurs prises par sacré, employé dans les jurons et k Du nom dérive 0 SACRÉ, ÉE adj. Iv. 1560, Paré1
comme intensif dans des contextes péjorati& (+ sa- qui qualifie ce qui est relatif au sacrum et à sa ré-
cré à 0 sacrer). gion.
SADE 3352 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

0 SACRALISATION n. f. est un terme de méde- école. De l’emploi courant vient le sens étendu
cine emprunté 11912) à l’anglais sacrulizatioa, de (ti s.1 de <<plaisir mauvais, méchancetés.
sacra2 arelatif au sacrunk b SADISTE adj. et n. (1850) *disciple de Sade» est
Du radical de sacrum a été tiré SACR-, SACRO-, sorti d’usage. + SADIQUE adj. et n. ( 1862, adj . dans
élément signifknt <<dusacrum» et servant à compo- la correspondance de Flaubert; 1882, n.1 a des em-
ser des termes d’anatomie et de médecine : SA- plois analogues à ceux de sadisme; il a vieilli au
CRO-LOMBAIRE adj. Iv. 15603, de lombaire; SA- sens de &xurieux et cruel-, à la manière des per-
CRO-COCCYGIEN, IENNE adj. (17651, de sonnages du marquis de Sade. Le mot s’emploie en
-coccygien; SACRO-SCIATIQUE adj. (17651, de psychanalyse, en particulier en composition ktuck
sciatique; SACRO-ILIAQUE adj. (18361, d’iliaque. sadique-anal ou sudico-anal, sadique-oral), et cou-
SACRO-COXALGIE n. f. 118761,de coxdgie, et SA- ramment pour acruels, abrégé familièrement en
CRALGIE n. f. (me s.), du sufke -a&& sont des SADO adj. et n. (mil. me s.), par opposition à maso
termes médicaux. I+ masochisme). oSudique a fourni SADIQUE-
+ voir VERTÈBRE ISACRO-VEFWÉBRALL MENT adv. 11951). + SADIEN, IENNE adj. (av.
19691, didactique, s’applique à ce qui est propre aux
SADE adj. représente l’aboutissement Iv. 1175,
œuvres de Sade, du point de vue littéraire ou idéo-
Chrétien de Troyes) du latin impérial supidus “qui
logique.
a du goût, de la saveur» I+ sapide3 et au figuré
Sado-, élément tiré du radical de sadisme, entre
“sage, vertueux>, dérivé du latin classique supere
dans la composition de SADOMASOCHISME
(+ savoir), et qui a par ailleurs abouti, par une
n. m. 11935; 1914, sudi-masochisme), de muso-
forme populaire, à sage*.
chisme, Nsadisme combiné au masoch&meD, et SA-
4 L’adjectif, sorti d’usage au XVII~s., s’est employé DOMASOCHISTE adj. et n. (mil. xxe s.), abrégé en
en ancien et en moyen français avec le sens propre SADOMASO 11977, au pluriell. -D’abord didac-
du latin pour quatier ce qui est savoureux, tiques, ces termes se sont relativement répandus à
agréable en parlant de choses, et ce qui est char- la suite de sadique et de musolchistel.
mant, agréable, gracieux en parlant de personnes.
Le mot n’a survécu que dans quelques dialectes, SAFARI n. m. est un mot emprunté (mil. ti s.)
notamment méridionaux (ancien provençal sabe), au swahili safari siaant -bon voyage)), qui vient
et en composition dans maussade*. Ses dérivés ont de l’arabe sufura avoyagep.
disparu. + Safari désigne une expédition de chasse, d’abord
+ Voir MAUSSADE. SAGE, SAPIDE.
en Afrique noire.
SADISME n. m. a été formé (1834) sur le nom b Du nom procèdent SAFARISER v. intr. (1971)
du marquis deSu& (1740-1814); cet écrivain fut mfaire des sakîs~, SAFARISTE n. (19721 *personne
longtemps voué à l’anathème en raison de la part gui p&iCipe à un safauin et SAFARIEN, IENNE
accordée dans ses romans à un érotisme de la vio- adj. (1972) «relatif aux safaris~, tous trois très peu
lence et de la cruauté (incestes, viols, sodomie, usités. +Le composé SAFARI-PHOTO n. m. (19681,
etc.). On a voulu faire de ses ouvrages le délire d’un de photo, désigne une expédition, à la manière
pervers sexuel, en assimilant ses violences imagi- d’un safari, au cours de laquelle les animaux sont
nées à sa vie, d’ailleurs inquiétante. C’est Kra& photographiés au lieu d’être chassés.
Ebing, médecin allemand, qui a donné à la En du
xrxe s. un statut scientsque au mot sadisme, 0 SAFRAN n. m. est emprunté (v. 1150) au latin
comme antonyme de masochisme*. médiéval sufrunum, lui-même pris à l’arabe zufu-
rtin; de là viennent l’italien zufferuno, l’espagnol
+Le premier emploi de sadisme est aujourd’hui
uzufran (avec l’article arabe al, ici az); l’allemand
vieilli : le mot était déti en 1839 (Boiste) comme
Safran et l’anglais sufion sont eux-mêmes em-
<aberration épouvantable de la débauche ; système
pruntés au fkançais.
monstrueux et antisocial qui révolte Zanaturefi. Il se
dit couramment (18873 du goût pervers de faire 4 Safran désigne, comme son étymon, une plante
souffrir. 0 Sadisme est par ailleurs un terme didac- (crocus dans le vocabulaire scient%que) dont les
tique (psychiatrie, psychanalyse), proposé par stigmates sont utilisés pour leurs propriétés aro-
Krafft-Ebing pour désigner ( 1892, traduction en matiques et colorantes ; de là vient l’emploi Ixrr” s.1
français de Psychopathiu se3cuuksl une perversion en parlant de la matière colorante jaune et de l’ex-
sexuelle dans laquelle la satisfaction est liée à la trait de la plante, en particulier pour des usages
sou%ance ou à l’humiliation infligée à autrui en re- culinaires. Sutiu~z s’emploie pour «couleur jaunen
lation avec le masochisme, où le plaisir vient de la ( 15871, aussi comme adjectif invariable (17781. 0 La
sotiance du sujet lui-même. Freud, qui, le plus locution safran des métaux coxysulfure de fer uti-
souvent, réserve le terme de sadisme à l’associa- lisé contre l’anémie>> est sortie d’usage.
tion de la sexualité et de la violence exercée sur au- ,Le nom a produit plusieurs dérivés. *SAFRA-
trui, a cependant élargi l’emploi du mot pour dé- NER v. tr. (fin xrve s.) et SAFRAN~~, ÉE adj. s’ap-
signer cette seule violence, hors de toute phquent à l’arôme (1463) et à la couleur. 0 SAFRA-
satisfaction sexuelle. Bien que considérée par NÉE n. f. (mil. XX~ s.1est le nom donné à un papillon
Freud lui-même comme manquant de rigueur ha- à ailes jaunes. *SAFRANIER n. m. apparaît au
disme équivalant à agressivité), cette acception a XVI~s. dans un emploi figuré pour *personne qui fait
pris une large extension en psychanalyse, notam- faillites ( 15491, issu de l’expression ulEer au safran
ment dans les écrits de Mélanie Klein et de son <<fairebanquerouteti 115391,par allusion au fait que
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3353 SAGE

les boutiques de banqueroutiers étaient peintesen emprunt à l’espagnol uzuguyu, lui-même de


jaune. Il s’est dit d’un marchand de S&~UI 11568). l’arabe laz)-zu&u, mot d’origine berbère désignant
Ce n’est qu’au XIX” s. que saknier designe (1845) une sorte de javelot. Les formes Etnciennes
une personne qui cultive le safran. *SAFRA- contiennent l’article arabe al- hz-1.
NI&E n. f. ( 1600; 1568, safrentire) «plantation de 4 Sagaie se dit d’une lance utilisée comme arme de
safmm est rare. +SAFRAN~&~E adj. (1847, Bau- chasse et de guerre dans diverses sociétés de chas-
delaire) “qui évoque le s&an» est littéraire et rare. seurs, notamment akicaines.
+SAFRANINE n.f. (18751 estunterme de chimie.
SAGE adj. et n. représente l’aboutissement o>
0 SAFRAN n. m., d’abord saI??yn (v. 13821,est (1080),par l’intermédiaire de la forme suvie (10501,
emprunté à l’arabe za’fP&n. La forme moderne est d’un latin populaire “supi~~s, Osubi~~, attesté aussi
innuencée par 0 safran. par l’ancien provençal suvi, l’espagnol et le portu-
+ Ce mot de marine désigne la pièce principale, gais sabio. C’est une altération du’ latin classique
verticale, d’un gouvernail. supidus <<qui a du goût, de la saveur% (+ insipide,
sade adj., sapide) et au figuré «sage, vertueuxn ; Pé-
0 SAGA n. f. est un emprunt (1721,Dict. de Tré- trone a un composé nesupius &nbécile)) paralléle-
vo& à l’ancien norrois sugu «dit, contes, appa- ment à Ptesupus <qui non sapitm, “qui ne sait Pas~.
renté à l’allemand sugen &re>> et à l’anglais to say. Sa@&s dérive du verbe supere (-, savoir) et a, par
Ces mots reposent sur une racine indoeuropéenne ailleurs, abouti à l’ancien adjectif sade*.
qui semble occidentale, n’ayant aucun représen- + L’adjectif s’applique d’abord à une personne ins-
tant en indo-iranien. truite, savante; de cet emploi vieilli procèdent par
4 Ce terme littéraire désigne un récit historique ou extension les autres acceptions du mot ; en ce sens,
mythologique de la littérature médiévale scandi- le nom km sagel est sorti d’usage ( 1080).Suge qua&
nave et, par extension, un récit légendaire dans fie et désigne aussi, comme adjectif et comme nom,
d’autres civilisations (cf. mythe, légende). 0 Par em- une personne prudente, circonspecte, judicieuse ;
prunt à l’anglais sagu, il se dit pour histoire (d’une suive homme se dit en ancien français d’un homme
farnillel présentant un aspect légendaire>>. Ce sens de bon conseil (1080) et sapi Iv. 1080) puis sage
s’est répandu avec La Saga des For@e, cycle ro- (XII” s.1correspond à <raisonnable, inte&gentm, alors
manesque de J. Galsworthy, puis avec les récits lit- opposé à fou, écervelé, souvent au pluriel comme
téraires, cinématographiques, télévisuels améri- nom. 0 Par extension, l’adjectif s’applique (v. 1150)
CainS. à la conduite, aux paroles, etc. et qualifie une per-
sonne experte, habiIe dans son art, acception qui
0 SAGA n. f., mot du latin scientsque, désigne demeure dans sage-femme Ici-dessous1. 0 Par ex-
en zoologie (1876) une grande sauterelle verte, tension du premier emploi, le nom a désigné
commune dans le midi de la France. Son origine Iv. 1135) ceux qui se sont distingués par leur
est obscure; on ne voit pas le rapport avec 0 saga. connaissance de la philosophie et des sciences
dans 1’Antiquité grecque. 0 L’adjectif s’est employé
SAGACE adj. est emprunté (1495, sugux isolé- dans suge de 4nstruit de, renseigné sur» (1155,
ment ; rare av. 1788) au latin sugux, sugucis aqui a saive de1 et dans l’expression faire sage de, que 4n-
l’odorat subtils et, au figuré, *pénétrant, habile à former dem; on trouve encore au XVII~s. rendre sage
découvrir, à devinep, dérivé de sugire qui a signifié de ( 16101,cela ne me rend pus plus sage <mieux irx-
d’abord en termes de chasse equêters (en parlant truite (1690).Cette valeur se manifeste dans les dé-
d’un chien) et aavoir du nezp ; ce verbe, peu usité et signations disparues sage hopnrne de loi «juris-
remplacé par le composé pruesugire I-t présage, consulte= (v. 12801,homm sage ahomme de robe>
présager), se rattache à une racine indoeuro- (13851.0 Au XVI~s., un suge se dit (1580)de qqn qui,
péenne “stig- aavoir du flati, également représen- par un art de vivre supérieur, se met à l’abri de ce
tée en grec I+ exégèse, musagète). qui tourmente les autres hommes ; cette valeur voi-
4 Sagace, d’emploi littéraire, a conservé le sens fi- sine de celle de philosophe est encore vivante da;ns
guré du latin, qutiant ce qui dénote de la péné- l’usage littéraire. *Au XVII~s., c’est la notion de
tration d’esprit et s’appliquant aux personnes, aux amodérationm qui devient prédominante, en par-
paroles. lant de la conduite et des mœurs. L’adjectif s’ap-
F&I dérive SAGACEMENT adv. (18421. +SAGA- plique alors à une jeune Me chaste, pudique ( 1663)
CITÉ n. f. (14441,devenu plus courant que sagace, et sime plus généralement amodéré, maître de
se dit pour apénétration d’espritn, sens figuré du la- ses passionsm (attesté 16691; par extension, il s’em-
tin sagacitas, dérivé de sugux, auquel il est em- ploie en parlant d’un enfant calme et docile ( 1690)
prunté. 0 Le mot est rare avant le XV~~I~s. ou il s’est et d’un animal domestique docile ( 1694). La pre-
employé (1725) avec le sens propre du latin, afi- mière valeur, flsavafnt~,a été reprise au XVIII~s. pour
nesse de l’odorat), sorti d’usage. C’est la valeur ini- désigner une personne qui a fait de grands progrès
tiale qui l’a emporté. dans l’alchimie (1740) et comme équivalent de
*libre penseur, philosophep (1765). Avec l’idée de
SAGAIE n. f. Isuguye, 1476, puis 1556) a rem- amesures, sage s’applique à ce qui est écrit, exécuté
placé les formes urckguk (v. 13001, harcegaye avec correction, de facon ckssique; dans ce cas,
(14141,ussagaie (Rabelais, 1546) et umgaye (1556); l’adjectif connote souvent l’absence de hardiesse,
la graphie moderne en s 117521 continue zuguie d’originalité. oLe nom a été repris au milieu du
(15371,seule forme donnée par Utré. 11s’agit d’un me s. (attesté 19531pour désigner une personne ap-
SAGINE 3354 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pelée pour sa compétence et sa réputation d’ob- écartés au bénéfice de sage-femme pour les deux
jectivité comme conseiller d’un gouvernement ou sexes, malgré la bizarrerie de l’expression appli-
d’un organisme, en matière économique et sociale. quée à un homme.
La valeur s’étend dans des expressions du genre
comité des sages. SAGINE - SAINDOUX

b SAGEMENT adv. h. 11201, avec h Varia;nte saive- 0 SAGITTAIRE n. m. est emprunté (1119) au
ment Cv.1138) en ancien lançais, correspond aux latin sagitiarius =archern, afabricant de flèches=, et
valeurs principales de l’adjectif. Le sens va de aha- nom d’une constellation, dérivé de sag&ta aflècheu
bilementa à #modérément, sans excès3 (mil. XVI~s.1 et &Objet en forme de flèche (bout d’un bourgeon ou
et aans grande originalités en art (1798). *SA-
d’une crossette)>>, désignant par ailleurs une plante
GESSE n. f. a eu une évolution parallèle à celle de et une constellation (<<laFlèchenI. Sag&a résulterait
sage. Le nom, d’abord terme de th6ologie Iv. 1170, d’un emprunt à une langue non indoeuropéenne
saivesce), s’est dit pour la deuxième personne de la Ila tiale -itia est peut-être étrusque), l’arc et la
Trinité (la connaissance étant le premier des attri- flèche n’étant pas des armes nationales à Rome.
buts de Dieu). Le mot désigne ensuite une connais-
sance surnaturelle ou acquise des choses (v. 1240, + En tiançais, sagittaire désigne d’abord ( 1119) le
sagesse), sens noté avieuxn en 1821, encore vivant signe du zodiaque représenté sous la forme d’un
littérairement. Depuis le début du xve s., sagesse se centaure qui tient un arc prêt à tirer (v. 1200, suje-
dit pour <<prudence, circonspectiow. Il est repris taire acentaure4. Le sens d’aarchers est repris du
dans le vocabulaire religieux (1535) désignant la latin à la fm du xve s., puis le mot désigne (1655) un
connaissance inspirée des choses divines et hu- archer auxiliaire dans l’armée romaine, comme
maines (parex. des apôtres), d’où la Sagesse, le terme d’Antiquité.
Livre de Sagesse, <livre de l’Ancien Testament attri- b 0 SAGITTAIRE n. f. est emprunté (1780) au latin
bué à Salomon> ( 16941. Le mot s’emploie également des botanistes sagittatiu, dérivé savant Kinnél du
pour amodération, retenue, maîtrise de soi= (15491, latin sagitia, en raison de la fomne des feuilles de
sens courant, d’où par métonymie cu72esagesse1 cette plante aquatique nommée aussi fiéche d’eau
pour uacte de prudence* (16111, sorti d’usage. La lo- ou sagette Ici-dessous). *SAGITTAL, ALE, AUX
cution dents de sagesse ( 1611) =Secondes dents adj., didactique, a été dérivé Sava;mment (1534, Ra-
après les dents de laitn, caractéristiques de l’âge belais) du latin sugitia aflèche> (cf. sagittatus «percé
cde raisonm, est demeurée vivante. ~Sagesse est d’une flèche4 remplaçmt sugitelle (1490). L’adjectif
vieilli pour parler de la chastete féminine ( 16681. En qutie ce qui a une forme de flèche, ce qui
revanche, comme sage, le mot s’emploie encore à contient des flèches et ce qui évoque la position de
propos des enfants 11694) et des actions ( 1783) tran- la flèche par rapport à la cible, c’est-à-dire un plan
quilles et dociles. de symétrie : commissure sugitule (Rabelais), su-
Le composé prétié ASSAGIR v. a d’abord eu le ture saattale (v. 1560, Paré), coupe sagittale
sens d’4nstruire (qqn) de qqch.= II 188, assagir gq~~ (v. 15601, goutttire sagittale ( 18451, pbxn sag&ul
de qqch.1. Depuis le moyen français, il signifie (1910). ob dérive SAGITTALEMENT adv. (1897).
«rendre (qqn) sagen (1340-13701 et ne s’emploie plus SAGETTE n. f. représente une réfection (xv” s.) de
qu’au pronominal pour cdevenir sage)) (15301, alors kncien tiançais sakte (11381, suete Il 1551, saite
qu’on disait assagir intransitivement (ti XIVes.1. (XIII~sd, suyetie (14121, formes issues du latin clas-
Une valeur extensive s’applique aux choses, pour sique sugitiu. Sugette, Mflèchen, donné comme vieux
<<rendre moins vif, moins rapide ou incontrôléla. et réservé au style baroque par Malherbe, est sorti
*Le dérivé ASSAGISSEMENT n.m. a désigné d’usage, sauf par archtisme littéraire. oLe mot a
(1440-1475) l’action de donner des renseignements ; désigné Cl6111 une plante nommée ensuite sagit-
il ne se dit plus que de l’action d’assagir (1580, Mon- taire.
taigne).
SAGE-FEMME n. f. est attesté sous cette forme en SAGOU n. m. est emprunté (1611) à un mot ma-
12 12 ; on trouve aussi les variantes femme sage ainsi lais, par l’intermédiaire du portugais sugu. On
que sage mère (xv” s.), mère sage (1609). Le mot est trouve déjà sugu, sugk en 1525 Itrad. de Pigafetta)
composé de sage signiiknt Kexpert, habile (dans donné conzne mot malais.
son a~-& (1155, saWe en ce sens) et de femme”. Le + Le mot désigne une fécule aYnylacée qu’on retire
mot du latin classique obsteti a été emprunté de la moelle de divers palmiers. Il s’est applique
avec un autre sens (+ obstétrique). Sage-femme ap- (mil. XVIII~s.) au palmier qui produit cette fécule.
paraît avec le sens de Nfemme dont la profession b Le dérivé SAGOUTIER n. m. ( 1779) semble plus
est d’accoucher les femmesm qu’il a conservé; il normal que sagou pour désigner l’arbre kcienti-
s’est employé aussi (v. 1375) pour asorcièren, par fiquement metroxylo~). + SAGOUIER n. m., va-
une péjoration qu’a aussi connue matrone. * Le riante dérivée de sagou sans t (18271, semble inu-
développement de la mkdecine a conduit à une ex- sité.
tension de l’acception de sage-femme, désignant SAGOUMENTA n. f. (attesté 1933) désigne une
une personne dont l’activité n’est pas limitée à l’ac- pâte alimentaire faite avec le sagou.
couchement. Par ailleurs, la profession s’ouvrant
aux hommes (depuis 19801, on a proposé suge- SAGOUIN, OUINE n. est emprunté (15371
homme, matron (sur le féminin matrone), maièuti- au tupi suhy Nsinge>>par l’intermédiaire du portu-
ciert (proposé par l’Académie1 ou mai’eutiste thellé- gais saguim kriante sagui). On relève plusieurs
nismes savants), parturologw termes fmalement variantes : sugouyn (15371, sagoia (15821, encore
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3355 SAIGNER
chez Buffon, et sahuin (17451 plus proche de l’éty- s’emploie aussi comme terme didactique (1559,
mon. suye) pour désigner le vêtement court que les Ro-
4 Le mot est sorti d’usage pour désigner une es- mas, les Gaulois et les Perses portaient à la
pèce de petit singe à longue queue, originaire du guerre; en ce sens, on a dit aussi sagum n. m.
Brésil. Parce qu’on attribue au singe des habitudes 11665).
malpropres et surtout par influence de salaud, sa- b SAYETTE n. f. ( 14941, aserge de laine», est sorti
lopard, le mot se dit familièrement (1675, n. m. ; d’usage, comme SAYETTEUR n. m. (1290) et
1791, n. f,l d’une personne ou d’un enfant mal- SAYETTERIE n. f (v. 1440). + SAYON n. m., em-
propre et porte l’idée secondaire de alaidew) prunt à l’espagnol suy&, dérivé de saya, désignait
(1690). 0 Sagouin s’emploie encore comme injure, (1487) une casaque grossière de paysan. Le mot
équivalent de salaud. s’est dit aussi d’une tunique militaire 116711, spé-
b SAÏ n. m. est une adaptation (1766, Btion) du cialement portée par les Gaulois 117981,
mot tupi; terme didactique, il se dit d’un singe
d’Amérique du Sud (+ sapajou). SAIGNER v. (XI” s.) coexiste avec diverses va-
riantes en ancien fiançais : seiner (10801, seigner
SAHARIEN, IENNE adj. et n. qui apparaît Cv. 11303, seinier, seinner Cv. 11551, segwr Iv. 12001,
en 1845 à la nomenclature des dictionnaires (Bes- saignier Iv. 12 101, etc. La forme sangwr Uïn xv” s.),
cherelle), dérive du nom géographique Sahara, de refaite sur sang, a elle aussi disparu. Le verbe est
l’arabe suhrü Mie désert>). issu du latin impérial san@inare -saigner, être
4 L’adjectifquaiifie ce qui est propre au Sahara ou à sanglant, ensanglanté>>, dérivé de sanguis (-+ sang).
ses habitants, d’ou un, zme sahatime (attesté +Le verbe, comme en latin, signifie intransitive-
1857) ; il s’applique par analogie à ce qui rappelle le ment (XI” s.) aperdre du sang>, en parlant du corps
Sahara (v, 1901, climat saharien). Lan&es suha- ou d’un organe. La locution saigner par le FWZ
kmaes (v. 1964) désigne un groupe de langues par- Ixme s.) est devenue saigner du nez (15913 et s’est
lées à l’ouest et au nord du lac Tchad, au Tibesti et employée pour *manquer à un engagements 11560)
dans le sud de la Libye. et Kmanquer de courage», acceptions disparues.
b SAHARIENNE n. f. (19453, de veste saharienne, 0 Par hyperbole, on dit saigner comme un bœuf
est le nom d’une veste de toile légère dont la coupe 11690). 0 Saigner a ensuite (v. 1130, se@?xer) la va-
est inspirée de l’uniforme militaire. leur transitive de <tirer le sang de (qqn), en ouvrant
une veinen; de là vient la locution saigner gqn
SAHEL n. m., attesté au XDce s. (18391, après S&el jusqu’au blanc (17981 ajusqu’à ce que le patient de-
(16671, comme nom propre géogaphique, est une vienne exsangue», aujourd’hui saigner à blanc, au
adaptation de l’arabe sail arivage». figuré cpriver (qqn) de toutes ses ressourcesm 11863).
$ Le mot se dit d’une région de collines littorales, Suinner pour ~ensanglanter>> est attesté isolément
en Akique du Nord, spécialement en Algérie et en au XIII~ siècle. Le verbe s’emploie aussi à partir du
Tunisie (le Sahel d’Alger, de Sfax, etc.), et, par ex- XIII” s. au sens de afaire couler le sang 11213, sai-
tension (v. 19011, de la zone de transition entre les nier), d’où par extension <blesser, tuer)) Idéb. XVII~ s.)
zones désertiques et celles qui sont soumises au cli- et au figuré 4tre le siège d’une sotiance (comme
mat soudanais. 0 Par métonymie, suhel désigne un une plaie vive)-, d’abord dans la locution le cœu
vent du Sud marocain. Imel saigne En xw” s.), puis cela fait saignerle cœur
11798). ~Par figure, il a signifié 4hiblir Iqqch.b
b En dérive SAHIkLIEN, IENNE n. m. en géologie
dans saigner la terre *la remuer hors de saisonB
( 1858, Pomel) et adj. en géographie ( 1900).
(v. 16001. Par analogie, suignw prend le sens de
{{pratiquer lune rigole1 pour faire écouler (un li-
SAHIB n. m. est un mot indien emprunté (1872,
quide)> : saigner un fossé ( 167 11, saigner UIW rivière
Rousselet) à l’arabe g@b cseigneurn, probable-
aen détourner le courw. Ces emplois semblent pro-
ment par l’anglais.
céder de saignée. ~Avec un nom de personne
+ Suhib est, en Inde, un titre de respect ; il était em- pour complément, il sign%e &&iblir (qqn1 en lui
ployé à l’égard des Européens durant la colonisa- retirant ses ressourcesti, d’abord dans saigner su
tion anglaise. bourse =en tirer de l’argentn, se saigner adonner (de
lkgent, etc.1 jusqu’à se gênerB; saigner qqn est at-
S AIE n. f. est issu (v. 11851, comme l’ancien pro- testé dans ce sens en 1690. Cf. ci-dessus la méta-
vençal suyu (v. 11801, d’un latin populaire “sugia, phore saigner à blanc. 0 Par figure, on a dit d’une
dérivé de saga, pluriel neutre du latin classique su- pièce d’or récemment rognée qu’elle saignait en-
g~rn <<manteau en laine grossièrem. Le mot, d’ori- core (1690). 0 Le verbe s’emploie en boucherie
gine gauloise d’après Polybe, a désigné spéciale- dans saigner une viande <<en enlever le sanp; il si-
ment un manteau de soldat, opposé à togu me aussi (1835) &er (un animal) en le privant de
wêtement civ& C+ toge) ; par extension, sagum dé- son sang par égorgement)). 0 On retrouve aussi la
signait une couverture, un gros drap. métaphore de saigner qqn Cà blanc) dans &gner
+ Sak ou saye 11370) désigne d’abord une serge de un compte en banque Il8761 et se saigner aux
laine légère, puis un manteau ou une cape à larges quatre veines (déb. ti s.l. Parallèlement aux em-
manches de grosse étoffe Iv. 15101, sens peut-être plois de saignant, ça va saigner se dit familière-
introduit par l’espagnol sayo (xv” s.3, de même ori- ment (mil. ti s.1 pour 4l va y avoir du sang, de la
gine que saie. Ces acceptions sont archtiques. 0 Il violences).
SAILLIR 3356 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

F SAIGNÉE n. f. (13711, d’abord saigniee EV. 11501, a assaillir; ces emplois sont liés à la valeur générale
dkigné un coup qui fait saigner. 0 Le mot se dit de du latin, «sauter, bondir>>. Le verbe est attesté aux
l’ouverture d’une veine pour tirer du sang (v. 1190, XIe-XIIe s. avec plusieurs acceptions : CcsauterB,
sainie) et par métonymie (XIII~ s., suinée) du pli s’élancer (en avant, en dehors, sur)», ~jaillir~, en
entre le bras et l’avant-bras, où se fait souvent la parlant du sang, du feu, que l’on retrouve dans des
saignée, puis plus tard s’emploie (1694) en parlant emplois variés de l’ancien et du moyen fkançais,
du sang qu’on tire d’une saignée. Saig&e est at- par exemple saillir hors ase précipiter hors dem,
testé isolément (xv” s.1 pour parler de l’écoulement ~Sortir vivementn (11551 et assaillira Il 175 ; v. 1300,
du sang par une blessure, ce sens demeurant vir- tr.), faire saillir (qqn3 *faire tombep (v. 12001, reculer
tuel. 0 Au milieu du XVI~ s., le mot s’emploie par fi- pour plus loin saillir (v. 12501, pour mieux saillir
gure dans la locution disparue selon le bras fuis Eu (16171, remplacé par ,..pour rnie~~ sauter. Saillir
saignée con emprunte à qqn proportionnellement à s’employait aussi pour «se mettre debout (d’un che-
ses bien+, qui a pris le sens de aon proportionne vreuib, «partir (d’une perdrix)v Iv. 13751, au figuré
ses dépenses à ses recettew. oSaignke désigne <passer brusquement d’un sujet à un autrem 115381,
alors (1669, Molière) ce que l’on tire de qqn (argent, par extension <jaillir (d’une source)>> (1690). Pour
etc.) et, selon une métaphore analogue (16901, une une partie de ces sens, le verbe s’est aussi employé
perte d’hommes, par la guerre, l’émigration, etc. transitivement. +Par spkialisation de l’idée de
L’emploi figuré de faire une Su@ée 8 qqn «lui 6ortîr~), saillir fors ti XII~s.) a Sign%é ccappartitre
prendre beaucoup d’argent>> correspond aux em- hors de». 0 Le sens latin de ~couvrir la femelles est
plois analogues du verbe. Par une autre figure, le attesté au xwe s. (13751. Voir ci-dessous saillie. À
mot désigne concrètement une rigole ( 15551, une partir de la seconde moitié du XIII’ s., saillir est at-
incision faite à un arbre ( 1796). + SAI- testé au sens moderne de *déborder le mur, avan-
GNANT, ANTE adj. et n. m. est d’abord attesté au cer en faisant un relief> (cf. ci-dessous saillant). En-
figuré Iv. 1155, signant), se disant d’une blessure suite, par extension de l’idée de Ndéborderb>, il
morale récente et douloureuse. L’adjectif s’ap- Sign%e «avoir beaucoup de relief, sembler sortir de
plique par ailleurs (v. 1189, écrit gugnant) à ce qui la toilen en peinture (17711, puis <être mis en évi-
dégoutte de sang, d’oti viande suimnte (1694) «peu dence% Il 823).
cuitem, devenu l’une des références du degré de b SAILLER v. tr., usuel dans la marine ancienne, si-
cuisson des viandes rouges (bleu, saignant, ù point, gnihit <<pousser un objet de l’avantn (17731, apous-
médium, par anglicisme, bien cuit). Q En ce sens, ser (ou tirer) avec force pour hisser une ma-
saignant n. m. est attesté en 1860 Goncourtl. nœuvren (18121, d’où suilier les boulines 11836); ce
ol’adjectif qualifie figurément un propos cruel verbe est dérivé de saille!, impératif de saillir, ex-
( 18881, équivaut à «agressif>> dans l’argot des sports clamation des marins lorsqu’ils poussaient ou éle-
( 1926) et à Nsensationnel, dans celui des journa- vaient un fardeau ( 1721).
listes Iv. 1970, adj. et n. m., du saignant). Ces em- Les dérivés de saillir ont eu une évolution séman-
plois sont parallèles à ceux de saigner @a va sai- tique en partie parallèle à celle du verbe. + SAIL-
gner) et de sang (il va y avoir du sang1 pour LANT, ANTE adj. et n. m., d’abord ~~jaillissant~
connoter la violence, l’agression, ia lutte. M~AI- Il 1191et “qui saute, agile, léger (v. 11751,acceptions
GNEUR, EUSE adj. et n. m., d&ivé de saigner sorties d’usage, s’applique (mil. XVI~s.) à ce qui
(1275) qui a rempké sainneor (XIII~ s.1, au féminin avance, sort en dehors, d’où angle saillant adont le
saineresse, a désigné la personne qui pratique la sommet avance vers l’extérieur de la figure*. 0 Du
saignée, puis celle qui saigne un animal kuigneur premier sens subsiste l’emploi en termes de bla-
de porcs1. 0 II se dit d’un ouvrier qui récolte le latex son, à propos d’un animal qui se dresse comme
(en <<saignant= les arbres à caoutchouc). Le mot a pour sauter C168 1, bélier saillant), d’oti contre-suil-
disparu ou est rare, du fait de l’homonymie avec lant adj. ( 1754). Le mot se dit ensuite au figuré (1740)
sei@teur. + SAIGNEUX, EUSE adj. {(taché de sane de ce qui ressort sur le reste, s’impose à l’attention
(1538) a disparu. - SAIGNOIR n. m, est un terme 11771, en peinture). Saillant n. m. (17651, d’abord
technique pour acouteau à saignerm (xx” s.1; il n’a terme de fortfication, désigne la partie d’un ou-
pas de rapport direct (autre que la morphologie) vrage, d’une construction qui fait saillie. 4 SAILLIE
avec le dérivé ancien sangnoir aplaie qui saigne» n. f. s’est dit pour «sortie, attaque des assiégésn
11620). -SAIGNEMENT n.m. cécoulement de (1165-1170). oLe mot désigne au XJX~s. (1287; 1260,
sanp (1680) est resté vivant, surtout dans s-e- sous la forme salie) une avance formée par un or-
ment de nez. *Le composé SAIGNE-NEZ nement d’architecture ou une partie d’un écUce
n. m. inv. est une dénomination de l’achillée ( 1571). par rapport au reste de la construction, puis (15351
0 Voir SANG. ce qti dépasse un alignement quelconque, spécia-
lement une bosse à la surface de certains objets
SAILLIR v. est issu (1080) du latin salire <sauter, 115381,l’arête d’une pierre précieuse (1538). 0 Sail-
bondir)), spécialement ejaillirn (d’un liquide), apalpi- lie concerne ensuite ce qui ressort sur le reste
tep (du cœur) et dans la langue des éleveurs «COU- 117481, spécialement le relief apparent des objets
vrir la femelle)) ; l’intensif saltare tend à se substi- représentés dans un tableau (1835). + Par figure du
tuer à salire pour asauter*D. Salire n’a pour premier sens, saillie s’emploie (1580, Montaigne) à
correspondant que le grec hullesthai (+ haltère). propos d’un mouvement soudain de la pensée, ac-
+ Les emplois intransitif& encore vivants à l’époque ception disparue, et, en particulier, d’un trait d’es-
classique, sont sortis d’usage, saillir ayant été rem- prit brillant et imprévu, emploi encore vivant mais
placé dans beaucoup d’emplois par sauter ou par littéraire. e Comme terme d’élevage, correspon-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3357 SAINT

dmt à un emploi latin repris en fmnçais au me s. ment urbain; ASSAINISSEUR n. m. Il8661 est un
pour sail&, il n’est attesté qu’en 1870. terme technique relativement usuel.
@ voir ASSAILLIR,RÉSILIER, SALACE, SAUTER,TRESSE- ‘L?Qvoir 0 FOIN EtAINFOIN), INSANE, SANATORIUM, SANTÉ,
Lm. VlkSANIE.

0 SAIN, SAINE adj. est issu (v. 10501 du latin 0 SAIN -+SAINDOUX
sanus =bien portant (de corps ou d’espritIn, d’ori-
gine inconnue. SAINDOUX n. m. ( 1538, en deux mots),
+ L’adjectif s’est appliqué à la personne qui est dé- d’abord saimdok, satmdous (XII~ s.), est composé
barrassée d’un mal, qui est guérie ou (v. 1155) qui de doux* et de l’ancien tiançais S&I (11551, puis
est en bonne santé. Ces emplois ont disparu, sauf sain (v. 12101, issu du latin populaire “saginem, du
quand satn est opposé à malade et dans la locution latin classique suglna, mot sans étymologie
sain et sauf <en bon état physique après quelque connue. Ce dernier signifie «engrtissementn, puis
dangerm Iv. 1155, sain et salB, correspondant à l’ita- ~nourriture, régime= (en particulier des gladia-
lien sczno e salvo, à l’espagnol sano y salvo. 0 Par teurs) et <<embonpoint, graisse)), plus rarement wsi-
analogie, l’adjectif s’emploie à propos de kuits, de mal engraissé». L’ancien provençal sain, sagin
plantes, de l’eau, etc. EV.11551, d’un objet, d’un édi- Kgraissen (d’où l’espagnol sain) représente un latin
fice Iv. 1175) avec l’idée de bon état et de bon effet populaire osuginum. Saindoux a sans doute été
sur l’utilisateur. * Sain qutie ensuite Iv. 1165) composé pour éviter une équivoque de sain avec
une personne qui jouit d’une bonne santé mentale, les homonymes, notamment 0 sain, sein. Safm a
d’où la locution disparue sain de l’entendement désigné en ancien tiançais la graisse des animaux
(15521, sailt d’entendement ( 16903, remplacée par qu’on abat (v. 11551, en particulier celle du porc.
sain d’esptit ( 1694; sain de corps et d’esprit, 1732, $0 SAIN demeure comme terne technique de vé-
Lesage). 0 Le mot, sorti d’usage pour ajuste, loyal» nerie 11549) pour désigner la graisse des bêtes
(1172-11741, est demeuré d’emploi courant (v. 1175) *mordantes>, notamment celle du sanglier, mais il
pour qutier ce qui contribue à la bonne santé; il est inconnu de l’usage général. En revanche, sain-
fonctionne alors parallèlement à santé. On parle doux se dit couramment de la graisse de porc fon-
aussi d’un organe sain (1550). 0 Par analogie, il a due (15381; il a éliminé l’expression sain de parque
qualif% un lieu, un port +~IJX dangerm (v. 12403, un kwe s.l. Saindoux évoque familièrement l’adiposité.
rivage (16801, un bois (16941, une pierre (17521. k SAGINE n. f. (18761, adaptation du latin scienti-
0 Abstraitement, il se dit d’un jugement, d’une fique sa@2u, lui-même repris au latin classique,
idée (1440-14751, d’où saine raison (1610). Il s’em- désigne une petite plante herbacée qui était em-
ploie en théologie dans saine doctine ( 1662, Pascal) ployée pour engraisser les moutons.
*conforme aux décisions de I’Égliseu, puis en par- 0 voit- SAYNÈTE.
lant d’une critique impartiale 11740) et de ce qui est
conforme à ia vertu, au bon goût (1835). +# SAINT, SAINTE adj. et n. est issu (10501,
b SAINEMENT adv., d’abord aux sens disparus de par l’intermédiaire de sa72cz IfIn xe s., adj. et n. m.)
pans danger (v. 105Ol, Hd’une manière parfaiten et salzz Iv. 9801, du latin sanctus adj. wendu sacré et
(XIII” s-1, Sign%e aujourd’hui <d’une manière profi- inviolable». L’état de sanctus est obtenu par un rite
table à la santé, (depuis 1380) et Nd’une manière de caractère religieux, alors que sucer marque un
correcte sur le plan intellectuel ( 1562) ou moraln. état initial (+ 0 sacrer). Sanctus a pris ensuite le
Le composé MALSAIN, AINE adj. a disparu au sens du grec !I@W (-+ hagio-1 qui avait lui-même
sens de *malade, sotia& (v. 13501 et s’applique à reçu la valeur de l’hébreu qadôs* asaint)} (et qOd&
ce qui est nuisible à la santé (15531, en parlant du ~sainteté4 chez les juifs et les chrétiens. Du sens de
climat, d’une eau, etc. Malsain s’est employé pour aconsacré, établin, on passe à des acceptions essen-
~prédiSpO& aux maladies>> (16 113et appliqué à une tiellement morales : «vénérable>, wénérén, =Ver-
constitution qui porte en soi le germe d’une mala- tueux, puis, dans la langue de l’Église, asaint-.
die 11835) ; ces acceptions ont vieilli. 0 Au figuré, San&s est le participe passé passif, employé ad-
Yadjectif qutie une personne qui n’est pas nor- jectivement, de sancire, verbe de la langue reli-
male, qui est tournée vers les choses mauvaises gieuse et politique Sign%ant mrendre sacré ou in-
(av. 15771 avec une valeur voisine de morbide. Il se violablen, puis <établir solennellement* (par ex. par
dit ensuite de ce qui est contraire à la morale une loi) et ensuite c<ratser, sanctionner». Sur&e a
(av. 1850) par une assimilation fréquente entre le aussi le sens de ~proclamer comme exécrabien,
mal moral et la maladie. -SAINBOIS n.m.,fomé d’où ainterdire solennellement* et ~pm (+ sanc-
avec bok, Sign%e agaïaca ( 15401 et est une désigna- tion). Ce verbe se rattache comme sacré (+ 0 sa-
tion du garou (17911 et de son écorce. crer) à une racine indoeuropéenne exprimant
m, le préfrxé vefbd ASSAINIR v.tr., urendre l’idée de domaine réservé, surhumain et protégé.
sain, plus salubre> (1774, BuBon), s’emploie spécia- +Suint, dans la religion chrétienne, s’applique
lement 118401à propos d’un sol humide. Par figure, d’abord à Dieu, signifwt alors asouverainement
le verbe sign%e (1866) apurikr Iles mœurs, l’es- pur et parfa&, et à ceux qui sont admis dans le sé-
prit)~ et en économie *rendre plus stable lune mon- jour des bienheureux; dans ce cas, il s’emploie
ntieldl932).* Ledérivé ASSAINISSEMENT n.m. écrit avec une minuscule devant le nom propre. Le
En XV# s.), qui semble oublié au XVTII~s. (il est re- nom designe En x” s.1 une personne qui, après sa
levé, en 1801, par S. Mercier comme néologisme), mort, est l’objet d’un culte de la part de l’Église ca-
est de nouveau usuel, surtout à propos d’aménage- tholique. Depuis le XI~s., l’adjectif qutie 11050) ce
SAINT 3358 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

qui appartient à la religion chrétienne, ce qui est 1475). + SAINTEUR n., qui correspond à saintor
destiné à des usages sacrés, d’où le saint lieu asaint)) en franco-provençal Iv. 11801, a désigné
&ghse, le templen Iv. 11201 ou le lieu saint 112351, (1284) un homme libre qui s’était fait serf dans une
I’Écriture sainte, etc. Au xwe s., le lieu saint est le église, une abbaye. + SAINTETÉ n. f., variante clas-
sanctuaire précédant le saint des saints, chez les sique (1636) de formes médiévales, saintité (v. 11321,
Hébreux (15641; les lieux saints (1564) ou les saints saintetez Cv.1250) et par latinisme saincteté (14871,
lieux (1690, sorti d’usage) se dit des lieux de la Terre représente avec toutes ces variantes une réfection
sainte où le Christ a vécu. 0 L’adjectif s’applique d’après le latin de l’ancien sainfeed (v. 11201, suinté
également 11050) à une personne pure et véné- (v. 1200) qui se maintient jusqu’au xwe siècle. Ce
rable, aussi substantivé (14561, à une chose, à une dernier était issu du latin classique sanctitas usain-
action qui inspire ou doit inspirer de la vénération. teté, caractère inviolable, sac&, aprobité, droi-
0 Au milieu du me s., saint s’est employé pour ture», mot donné comme titre à un évêque. 0 Sain-
*chrétien3 puis a désigné au pluriel ( 1172-l 174, teté désigne le caractère de ce qui est saint;
sainz) les reliques des saints. Le sens de «statue de précédé d’un possessif &a, votrel, c’est un titre de
Sainte est ancien EV.1280). 0 Le saht des saMs, par respect donné au pape (1325, saintité; 1285, sain-
calque du superlatif hébreu, se dit 6n XIII~ s.1 de la tee). Sainteté se dit ensuite du fait de vivre comme
partie du tabernacle où était enfermée l’arche d’al- un saint ( 16451, d’où mourir en odeur de sainteté
liance, dans le temple de Jérusalem ; l’expression a (XDf S.I.
pris beaucoup plus tard (1845) la valeur figurée de Beaucoup de noms composés comprennent le mot
apartie la plus retirée, partie cachée (d’une maison, saint. Certains désignent des réalités liées à la reli-
etc.)>>,puis apartie secrète (d’une entreprise, etc.)n. gion catholique: SAINT-PÈRE n. m. désigne le
L’expression mal de saint s’employait pour une pape (XII~ s.), SAINT-SIÈGE n. m. le pouvoir, le gou-
maladie pour laquelle on demandtit l’aide d’un vernement du souverain pontife, la papauté (16691,
saint (v. 13751, d’où le sens de ~sans reméde Ihu- SAINT-OFFICE n. m. est le nom (1671) de la
main)»; malade de saint &pileptique» Iv. 1375) se congrégation romaine établie en 1542 pour diriger
disait encore à la ti du xrxesiècle. 0 Les requêtes les inquisiteurs. - D’autres reprennent le nom d’un
adressées aux saints expliquent la locution figurée saint patron d’une profession : SAINT-CREPIN
ne savoir à quel saint se vouer *ne plus savoir com- n. m. 0660, des cordonniers3 est sorti d’usage pour
ment se tirer d’tiaire~ Iv. 1500, Cornmynesl. <ensemble des outils du cordonnier et par figure
À partir du XVII~s., saint n. m. entre dans des lo- pour “bagage>> ( 1690) ; on dit aujourd’hui saint-fi-us-
cutions figurées : h chaque saint sa chand&e ( 16 11) quin (+ frusquinl; SAINTE-BARBE n. f., nom de la
se disait quand on tâche d’obtenir l’aide de qqn qui patronne des canonniers, a désigné (1669) la partie
peut faire réussir une tiaire; il n’y a pas si petit du navire qui servait de magasin à poudre; par
saint qui veuille sa chandelle 11640) sigCfmit acha- contamination avec le sens familier de barbe*, le
cun veut avoir son droit)). Saint qui ne guérit de rien mot se dit d’une personne ou d’une chose en-
(1640) désignait une personne qui, dans la disgrâce, nuyeuse. 0 On appdk SAINT-HONORÉ n. m.,
ne pouvait ni aider ni nuire; ces locutions ont dis- d’après le nom du patron des boulangers ou
paru. En revanche, on dit encore d vautmieuxpar- d’après celui de la rue Saint-Honoré, où était établi
Ier à Dieu gu’à ses saints aau chef plutôt qu’à ses su- le pâtissier Chiboust qui donna ce nom au gâteau
bordonnésa (1690, Furetièrel, un petit saint de bois ( 18631, un gâteau garni de crème Chantilly et de pe-
lune statue de saint) devenu un petit saint wne tits choux glacés. - Plusieurs désignations
personne vertueuse et inoffensive* (cf. sage comme viennent de toponymes; on trouve notamment des
une image), avoir la patience d’un saint 11773) <<être noms de komages, comme SAINT-BENOIT n. m.
très patients, prêcher pour son saint (18231 Navoir (xx” s.1 de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), SAINT-
en vue son intérêt personnel> et le proverbe MARCELLIN n, m. (attesté en 1926) de Saint-Mur-
comme on connaît ses saints on les honore (1835). cellin dans l’Isère, SAINT-NECTAIRE n. m. ( 1900;
Dans le calendrier, où les noms de saints désignent altéré en senectore 1862) de Saint-Nectaire (Puy-de-
traditionnellement le jour de leur fête CCtla suint Dôme), SAINT-PAULIN Iti. me s.) de Saint-Pau-
Medard, à la saint Jean, etc. ; cf. aussi la saint Glin- lin, SAINT-RÉMY knil. XX~s.) de Saint-Rémy-en-
gknl, les saints de g+.Zace (1866, Amiel) désignent les Bouzemont Marne), et aussi des noms de vins,
saints des 11, 12 et 13 mai, époque de la fm des ge- comme SAINT-ÉMILION n.m. (1797) de Saint-
lées nocturnes, après les réchatiements, et où l’on Émihm (Gironde1 et SAINT-ESTÈPHE n. m. 118441
observe souvent un abaissement important de la de Saint-Estèphe (Gironde). SAINT-GALMIER n.,
température. du nom d’un bourg de la Loire où se trouvent des
k SANCTUS n. m., attesté vers 1250, n’apparaît pas sources d’eau minérale, s’emploie (v. 1950) dans la
dans les dictionnaires avant le xrxe siècle ; le mot la- locution f-ère av0j.r des épaules comme une
tin désigne dans la liturgie catholique un chant de (ou en) bouteille de Sa.i&-C&i!mier -des épaules
louange à Dieu, chanté à la messe après la Préface, tombantesn, d’après la forme de ces bouteilles.
et dont les premiers mots sont Sanctus, sanctus, + SAINT-BERNARD n. m. (18681 est tiré de chien
sanctus Dominus; par extension, le mot se dit de la du mont Saint-Bernard (18371 *chien de montagne
partie de la messe où l’on chante cette hymne (mil. de grande taille,, qui vient du nom du col du
XIXe S.I. Grand-Saint-Bernard, dans les Alpes, où les reli-
Les dérivés de saint apparaissent au XII~siècle. gieux de l’hospice utilisent ces chiens pour retrou-
+ SAINTEMENT adv. h. 11451, ad’une manière ver les voyageurs égarés dans la neige, *SAINT-
sainte,, a aussi signi& waisonnablementn ( 140 CYRIEN n. m. 11851) est dérivé de Saint-Cyr, ville
DE LA LANGUE FRANÇAISE SAISIR

où fut installée cette école militaire, et désigne un allemand einem etwas setzen assigner à qqn un
élève de l’École militaire de Saint-Cyr, appelé en objet en propriét6. L’italien S@ire Serait empnlrzté
argot cyrurd. + SAINT-HUBERT n. m. (attesté en du galle-roman comme d’autres termes féodaux.
19331 vient du nom de l’abbaye de Saint-Hubert, -pour P. Guiraud, le lien entre le vocabulaire féo-
clans les Ardennes, où cette race de chien de dal et le germanique ne s’impose pas dans tous les
chasse fut introduite. + SAINT-LUC n. m. «c&, eu- cas; le latin médiéval sucire et saisir pourraient
phémisme littéraire et plaisant Idéb. XVIII~s.) où ZUC correspondre, selon lui, à “sutiire, forme progres-
représente l’inversion graphique de cul (cf. nec sive vraisemblable du latin classique sutiare wassa-
pour con), était en usage au XVIII~siècle; il est sorti sier, satisfaire>>, dérivé de su& (+ assez); saisir qqn
d’usage. a SAINT-PIERRE n. m. (1793 vient de d’une possession sign3e alors acombler un désir de
poisson. Saint-Pierre (16111, nom d’un poisson de possessionu, donc cmettre à la disposition den et, en
mer k chair estimée; on doit cet emploi au fait que droit, saisir une possession, <satisfaire à toutes les
le poisson porte sur chacun de ses côtés une tache obligations liées à la jouissance de cette posses-
ronde où la légende voit l’empreinte que laissèrent sionm, d’où «prendre avec la mainn pour s’assurer
les doigts de saint Pierre quand, sur l’ordre du de la possession. Saisir, dans cette hypothèse, se-
Christ, il tira de la bouche du poisson le statère du rait une variante en -ir de l’ancien fkançais suctir
cens (Évangile selon saint Matthieu, XVII, 26). Cv.9801, suisier t6atisfaire pleinementa, <(donner
+ VOil- ESPRIT (SAINT-ESPRlTl, FRUSQUIN, NITOUCHE. @ SA- pleine satisfaction)), issu de sutiure (+ rassasier).
CRER ISACREMENTL SACRO-SAINT, SANCTIFIER, SANC- 4 Le verbe Sign%ait en droit féodal *mettre (qqn) en
TION, SANCTUAIRE, @ et @ SANTON, TOUSSAINT. possession de qqch.D ( 1080, saisir qqn de qqch.) et le
participe passé saisi “qui est en possession de
SAINT-SIMONIEN, IENNE adj. et n. est qqch.s (1165- 11701, acception encore relevée au
dérivé 11830) du nom de Claude Henri de Rouvroy, XVLII~s. et qui subsiste dans l’adage juridique Je
comte de Saint-Simon (1760-18251, philosophe et moti saisit le Vif( 1270) «l’héritier est investi sans dé-
théoricien socialiste. lai des biens du défunt~~. Par extension, le verbe a
+ L’adjectif s’applique à ce qui est relatif à sa doc- signi@ (XIII~s.1 adonner Iqqch. à qqn)}). Saisir est
trine, le nom désigne un de ses partisans ( 1832, va- aussi sorti d’usage au sens de &Emparer de
riante suint-simonistel . Cqqch.),occuper (un lieu) avec la force arméeti, rem-
F SAINT-SIMONISME n. m., Mdoctrine de Saint-Si- placé par se saisir de (v. 1155). 0 Un trouve aussi
mon*, est aussi attesté vers 1830. dans Lu Chanson de Roland le sens demeuré cou-
rant de #prendre (qqch.1 avec la main, vivement et
SAINT-GLINGLIN (À LAI lot. adv,, attes- avec forcen. Au XII~s., sulsir se dit par extension
tée à la fm du XD? s. (18971, est probablement pour aattaquer (au Combat)s ( 1165- 11701, sens dis-
composée de seing”, issu du latin classique signum paru. l3n parlant d’un sentiment, d’une émotion,
~sign& puis asonnerie de cloche» en bas latin etc., le verbe sime abstraitement (v. 1200) as’em-
(-, signe), et d’un dérivé du verbe dialectal glinguer parer brusquement de la conscience, de l’esprit,
<<sonner)> kf+ allemand khgen). Seing au sens de des sens de CqqnIB. + C’est la valeur de «prendre>>
ucloche» (v. 1155, sein), aussi écrit suint Il 1701,a été qui se développe dans l’usage k partir du xve s., au
confondu avec saint* issu de sanctus. propre et au figuré. Saisir au corps <arrêter (qqn),
4 La locution, que l’on écrit aussi saint-glin-gün, prendre en son pouvoiru ( 14661a été supplanté par
s’emploie familièrement pour ajamais». Elle évoque se saisir de qqn (1538) et saisir lqqnl 115531. 0 En
un saint fictif et comique ou un nom de lieu. droit, le verbe si@e <faire la saisie de qqch.n
( 14951, d’où se saisir de qqch. (16901. Par extension,
SAISIR v. tr., déjà attesté avec plusieurs accep- saisir sime ensuite =cotisquern (1643, d’une
tions dans La Chanson de Roland (108Ol, est un mot arme), repris au XWI’ s. (1723) à propos d’objets pro-
d’origine controversée. Bloch et Wartburg pro- hibés ou de marchandises de contrebande. Saisir
posent, comme pour beaucoup de termes de droit qqn de ses biens (déb. me s,l a été supplanté par
féodal, un étymon germanique, d’ailleurs difkile à saisir qqn cfaire une saisie contre lui>> (18391. Tou-
déterminer. La forme latine tardive sacire jours en droit, mais avec une autre valeur, on re-
aprendre possessionu et cs’emparep, relevée dans lève aussi depuis le XVI~s. saisir un tribunal (15491.
les Lois Barbares (7001, ne représente pas un fran- 0 Par figure, le verbe est employé, en parlant d’un
cique osak~un <revendiquer des droits>), restitué agent physique, d’une maladie, etc. (15531, du froid,
d’après l’ancien saxon saca et l’ancien haut alle- pour <<avoirune action vive, subite sur (qqn, qqch&,
mand sahha aprocèsn : le passage au sens de puis au sens de <<semettre rapidement en mesure
amettre en possessionm s’expliquerait mal. Un tian- d’utiliser (une chose abstraite)>> : saisir un prétexte
cique osatjbn, représenté par le gotique @un et (15801, saisir une occasion ~XVII~s.l. 0 Au XVII~s., il se
l’ancien haut allemand sezzen (d’où l’allemand set- dit par figure pour (<se mettre en mesure de
zen eposer, mettre4 n’est pas plus satisfaisant, connaître (qqch.1 par les sens» et spécialement
puisqu’il aurait abouti à Os&, comme “hutjan a pour acomprendre, discerner= (16941, d’où saisir
fourni titi: Bloch et Wartburg suggèrent une péné- qqrt ale comprendre>. Aujourd’hui, le verbe s’em-
tration tardive du mot en gallo-roman Cv.800) et ploie notamment (attesté 19231 en emploi absolu
donnent pour origine l’ancien haut allemand saz- POU~ <<comprendre% (tu suisis ?1.0 Le verbe sime
jun, lui-même issu du francique ‘sutjun, le t évo- aussi afaire une impression vive et forte sur (qqn)m
luant régulièrement en z. Pour le sens, ces etymo- (1665), d’où être saisi (16941, usuel, et soutenu pour
logistes rapprochent saisir du moyen haut saisissant; cette valeur est sortie d’usage au prono-
SAISON 3360 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

minal I:1640, se saisir de jalousie). 0 En parlant d’un d’un condamné; ce sens est sorti d’usage, comme
agent physique, saisir est devenu un terme de cui- celui de efait de saisir Iqqch.1)) (1701, Sade). oSai-
sine (19041, signifiant ((exposer brusquement à une sissement s’emploie ensuite E1762) en parlant de
forte chaleur (ce qu’on fait cuirel3. oLe dernier l’impression subite et violente causée par le froid.
emploi, en informatique (v. 19681, correspond à ce- + SAISISSANT, ANTE adj. et n. m. quase et dé-
lui de saisie (ci-dessous). signe ( 16901 une personne qui fait opérer une saisie.
F Le dérivé SAISINE n. f. apparaît en droit féodal L’adjectif s’applique aussi à une sensation physique
Cv.1138) pour aaction de saisirm, c’est-à-dire @mise qui surprend (1694) et, par figure, à ce qui frappe
en possession, prise de possession,, «possession>, l’esprit (17911. + SAISISSABLE adj., introduit en
saisine de désignant Cv.1155) plus généralement chimie (d’un corps isolable, 1727, Réaumur), puis
l’emprise que l’on a sur qqn. Hors du domaine juri- en droit ( 17641 pour quamer ce qui peut faire l’objet
dique, avoir la saisine d’une langue «bien la possé- d’une saisie, qualifie ensuite (1831, A. Dumas in
dep est un emploi isolé (fm xrves., E. Deschamps). T.L.F.) ce qui peut être saisi, compris par les sens ou
Le mot est surtout resté un terme de droit avec di- par l’esprit. Il s’emploie enk concrètement (1875)
verses valeurs, par exemple droit de saisine Cl4951 pour “que l’on peut saisir, attrapep). 0 Le contraire
<droit dû au seigneur pour la possession d’un hérî- préké, INSAISISSABLE adj., est lui aussi un
tage relevant de luin. 0 Avec la valeur concrète de terme de droit 11770) et se dit d’un bien sur lequel
saisir, saisine a été repris en marine ~VII” s.1 à pro- on ne peut lever d’impôt (1789) ; le mot s’emploie au
pos d’un cordage servant à saisir, à fixer, à mainte- figuré ( 18241avec une valeur concrète 118451et s’ap-
nir. 0 Le mot est encore repris en droit, désignant plique à une personne qu’on ne parvient pas à ren-
(1804) le droit à la possession d’un héritage et, par contrer (1867). * SAISISSEUR, EWSE n., attesté au
ailleurs, la prérogative ouverte à un organe, une ti s. pour désigner une personne qui saisit qqch.,
personne de saisir un autre organe, pour faire est rare.
exercer ses droits (attesté 1949 in T.L.F.). Le verbe entre en droit dans des composés qui ex-
Le participe passé féminin substantivé SAISIE n. f. plicitent le type d’action juridique entreprise et qui
s’est dit d’abord (1465) de l’action de prendre qqch. correspondent souvent à des composés de saisie.
0 SAISIR-GAGER V. tr. ! 18061; SAISIR-ARRÊTER
D’après les valeurs juridiques de saisir, le mot
entre à la fin du xv” s. (14943 dans le vocabulaire ju- v. tr. 118351, d’abord saisir et arrêter (16901, qui cor-
ridique, désignant en droit féodal la mainmise par respond à saisie-arr& SAISIR-EXECUTER v. tr.
le suzerain sur le fief de son vassal pour s’en attri- (18351, antérieurement saisir et exécuter ( 1690);
SAISIR-REVENDIQUER v. tr. (1835); SAISIR-
buer les revenus 11507, saisie féodale) et une procé-
dure par laquelle des biens mobiliers ou irnmobi- BRANDONNER v. tr. (18451, d’abord saikir et bmn-
liers sont mis sous la main de la justice, dans donner Il 5051, correspondant à saisie-brandon.
l’intérêt d’un créancier ou ( 1765) parce que leur Parmi les composés verbaux de saisir, deux verbes
propriété est revendiquée, ces derniers sens étant subsistent. + DESSAISIR v. tr. est d’abord attesté
toujours vivants. Saisie se dit ensuite (16661 de la Iv. 1155, aussi pron.) au sens de <déposséder, priver
prise de possession d’objets prohibés, interdits par (qqn de qqch.l=, d’où les emplois juridiques dispa-
l’autorité publique, ou en droit pénal des preuves rus, se dessaisir de Kcéder la saisine des (XIII~ s.) et
dessaisir gqch. «renoncer à la possession de qqch.s
d’un délit. 0 Le mot entre dans des expressions fi-
(149%. 0 Dans le vocabulaire juridique, le verbe a
gées donnant fréquemment des composés, qui pré-
pris vers la k~ du XUC~ s. (attesté av. 1893) le sens de
cisent la nature de la procédure de saisie. 0 Saisie
«priver une instance Iparex. un tribunal) de ce
et exécution (16903, aujourd’hui SAISIE-EXÉ-
dont elle est saisies, sens toujours vivant. 0 Le dé-
CUTION n. f. (17561, ou saisie rnobiliaire (16901, puis
rivé DESSAISISSEMENT n. m. est littéraire pour
saisie mobti&e (17621, saisie et arrêt 11690) puis
uaction de se dessaisir (de qqch.)m 116091 et rare
SAISIE-ARRÊT n. f. (17621, SAISIE-GAGERIE n. f.
pour aaction de dessaisir qqn de qqch.s ( 1636). Ce
( 17571, saisie-réelle 11690) remplake par saisie im-
nom s’emploie aussi en droit ( 1645, amain levées ;
mobilière (18351, SAISIE-BRANDON n. f. (18061,
1872, en parlant d’un tribunal). ~RESSAISIR v. tr.
SAISIE-REVENDICATION n. f. (18063, Saisie-fo-
a d’abord eu divers sens juridiques, uremettre en
raine (18421, saisie conservatrice (1845) ensuite sai-
possession de>>(12071, *arrêter de nouveau par voie
sic conservatoire ( 18631.0 Saisie est rare pour par-
de saisie- (1510, ressaisir qqch.1, et s’emploie encore
ler de l’action de s’emparer de qqch. ( 15591. 0 Le au sens de «rentrer en possession de qqch.B (16161.
mot a été repris au sens concret en informatique 0 Le verbe, avec un sujet nom de chose, a le sens
Iv. 1968) pour désigner la mise en possession de de <saisir de nouveau (qqn)» C1643) et Corneile émit
données par la machine, grâce au travail d’un opé- ressaisir Qqn1 d’un serxtiment ( 1635). Au sens
rateur et ce travail lui-même, la saisie d’un texte concret, le verbe signtie <reprendre (ce qui a
correspondant à ce qu’est sa fkappe sur la maichine échappéIN (16901. Se ressaisir est courant (av. 1893)
à écrire. pour <redevenir ma;itre de soin. oLe dérivé RES-
Le dérivé SAISISSEMENT n. m. s’est employé SAISISSEMENT n. m., d’abord terme de droit
avec une valeur concrète, désignant l’action de ( 1510) sorti d’usage, est rare jusqu’au ti s. et de-
faire qqn prisonnier (1170) et en droit l’action de meure littéraire.
faire la saisie de qqch. (1463). 0 Au figuré, le mot se
dît ( 1548) d’un sentiment brusque, d’une émotion SA1 S ON n. f. représente l’aboutissement
vive qui saisit, qui s’empare de la conscience (1762, (v. 11751, écrit d’abord seison Cv.11191, de satinem,
Rousseau). Q Par métonymie, il a désigné 11680,Ri- aiccusatif du latin satio «semailles=, atemps des se-
chelet) les cordes dont le bourreau liait les mains mailles-, NsemencesD et au pluriel achamps ense-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3361 SAISON
mencés*, synonyme de sementi I+ semence). SMO prend les eauxn est relevé au XVIII~s. ( 1770, Diderot,
dérive de S&U~, supin du verbe serere Nsemern et saison d’eau; puis absolument au ~IX~ s.); il s’est
aplanter, ; ce double sens s’explique par le fait étendu à toutes sortes d’activités plus OUmoins pé-
qu’anciennement on semait en enfonçant les riodiques Cuvant, pendant lu suisonl. Au milieu du
graines dans la terre et non à la volée. Le verbe se XIX~ s., le mot désigne en emploi absolu l’kpoque de
rattache & une racine indoeuropéenne “së- «se- l’année où des visiteurs, des touristes muent en un
merm, inconnue à l’indo-iranien et au grec mais que lieu, d’où haute saison, basse saison, hors sdson
l’on retrouve dans l’ouest de la zone, du slave à (ti 4, et du moment où un sport s’exerce. De
l’italique et au celtique I+ semer). demi-saison, par exemple en parlant d’un vête-
+ Le mot est d’abord attesté au sens de ctemps qu’il ment, est attesté en 1870, et quatre-saisons wariété
fait=, puis de atemps indéterminé, époque, laps de de fraise remontanten en 1875. + ErSn les Saisons,
temps+, encore au XVIX~ s., d’où viennent les lo- comme nom propre didactique, s’applique aux
cutions disparues en nule saison ~jamais}) Cv.11551, trois déesses qui présidaient à l’Année chez les
longue saison 4ongtempsn kve s.l. oIl désigne Grecs (1788) et awr quatre déesses représentant les
spécialement (1160, selon) l’époque de i’année où saisons chez les Romains ( 1842).
se font certains travaux agricoles, la période où Le dérivé SAISONNIER, IERE adj. et n. qualtie
poussent certains produits de la terre (cf. judéo- 11775) ce qui est propre à une saison, ce qui ne dure
tiançais saizon Kmoisson4, par exemple dans fruits, qu’une saison (1870) ; il désigne et qualifie spéciale-
légumes de saison, et aussi dans marchande des ment 11928, adj.1 un ouvrier qui travaille à des
quatre saisons. De cette acception vient l’emploi tâches liées à une saison et une activité qui varie
Cv.11901 pour <temps favorable, moment opportun selon l’époque de l’année. SAISONNER v, intr. a
pour faire qqch.3, avec les locutions en saison & Sign%é 112%) &tre de saison>) ; terme d’agriculture,
propos, opportun» Cv.11751, supplantée par de saî- il s’est employé au XVI~s. pour <(rendre fertile (une
son (v. 12201; il est saison de ale moment est venu terre)}). Aujourd’hui c’est un terme technique
den (v. 1220) s’est maintenue jusqu’au xwtle siècle; Cv.1560) qui sime adonner une grosse récolte (de
de saison, qui a aussi signifk Iv. 1210) & point, assez fruits) n. - Les composés et prékés Sont usuels. AS-
cuit, en parlant de la viande, correspond à <<bon à SAISONNER v. tr. appartit (1209) avec le sens de
manger dans son état actuel, en parlant d’un ani- &sposer, préparers, proprement «approprier à la
mal (cerf de saison, v. 1250; bœuf de saison, 1534, saisonm d’où le participe passé usaisnié, ussesonné
Rabelais). oDe l’idée de <moment favorable)) <apprêt&, en parlant d’un plat (XIII~s.), et soi asui-
viennent les emplois disparus pour «prospérité» zones *se préparer, se mettre en état convenable>
Cv.1230) et =puissance, favew Cv.1260-1270). +Au (v. 13201.Le verbe s’est employé au sens concret de
XLII~s., sulson prend dans l’usage didactique le sens <cultiver (la terre), (13711, proprement aconduire
aujourd’hui dominant, achacune des quatre gran- les cultures selon les saisons», d’où assuzkoné <<rntim
des divisions de l’annéen [en zone tempérée1 en parlant du blé (14071, des fruits hv~” s.) et le sens
(v. 12601,d’où <chacune des époques de l’année ca- de afaire mm) (mil. xwe s.l. * Au xwe s., wsuiso~-
ractérisée par un climat relativement constant~, ner prend le sens aujourd’hui courant d’aac-
avec par exemple l’expression saison des pluies commoder (un plat) avec des produits qui en re-
Iv. 13701 aujourd’hui employée, en contraste avec lèvent le goûtm (1538 ; mais antérieur, car suysonner
saison séche, pour caractériser les deux saisons est relevé en 1530). Par figure, le verbe Sign%e
des pays tropicaux. *Par métonymie de l’emploi (1572) <<donner du piquant, de l’agrément à (qqch.la,
en agriculture, sazko~z s’est dit d’une terre qu’on la- métaphore littéraire. Il s’est employé au xwe s.
boure dans l’année tandis qu’on laisse reposer les pour =accommoder ensemble Ides choses di%-
autres (1303, en ancien wallon ; relevé, en 1690, par rentes))). Le sens métaphorique et familier de «mal-
Furetièrel. 0 En moyen fknçais 11440- 14751 appa- traiter Iqqn)n (xx” s.1,qui correspond à aranger, est
raît le sens particulier, en emploi qutié, de cpé- très vivant. +Le dérivé ASSAISONNEMENT n. m.
riode de l’année propice à une activité% (voyages, désigne ce que l’on emploie pour assaisonner
bains, etc.). Au xvre s., on relève la locution en temps (15381, l’hion, la manière d’assaisonner un plat
et en saison aen temps voulum (15381 puis en temps (1597). Il a vieilli au sens figuré (1580, Montaigne).
et sution 11613, encore en 16781, opposée à hors +ASSAISONNEUR, EUSE n. (1538) est noté peu
temps et saison (15381. Cette dernière a été sup- usité par Furetière.
plantée par hors de saison Imîl. XVI~s.) puis hors sd- MORTE-SAISON n. f. cv.13801, de @ mort, s’est
son. Avant la saison aprématurément* (1538) puis d’abord dit du temps de l’année où la terre ne pro-
avant saison (1669) est sorti d’usage. 0 Par figure, duit rien, où l’on ne fait rien; l’emploi moderne, en
le mot désigne (mil. XV~~s., DuBelIayl une période parlant de l’époque de l’année oti l’activité écono-
particulière de la vie, d’où la vieille saison <l’âge mique ou commerciale est réduite, est attesté dès
avancé- @n XVI~s,, Brantôme), et la durée de la vie 1611. +ARRIÈRE-SAISON n. f. h. 15001, de urriére,
(déb. XVII~s.1,emplois disparus, comme jeune saison désigne l’automne, dernière saison de l’année, et la
cla jeunesse= (ire moitié XVII~s.l. À partir du XVII~s., k de l’automne, le commencement de l’hiver.
l’emploi du mot dans des locutions se déveioppe; Dans le domaine agricole, le mot se dit de la fin
on relève kà befie saison (16691, opposé à la mau- d’une saison, des mois qui précèdent la nouvelle
v&e saison (attesté en 1835) ; saison de l’amour récolte ( 1690, vin, blé d’urhère-saison) ; par exten-
«époque de l’année où les animaux s’accouplentn sion, il s’emploie en parlant de toute ti d’époque
(mil. XVIII~ s., Buffon), devenu sakon des aniours 11907) et au figuré de l’âge voisin de la vieillesse.
(18051.0 L’emploi pour «durée pendant laquelle on +CONTRE-SAISON ~AI ~OC.adv., qui signiCe
SAJOU 3362 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’abord Idéb. XVII~ s.1 «hors de saison», est d’emploi salade de Gscon acorde de pendu» (16901. Salade
littéraire et s’applique notamment aux fkits, lé- s’est aussi employé pour acorrection manuelle=
gumes ou fleurs produits hors de la saison nor- (17981, wéprimande>> (1803). 0 De l’idée de cm&
IIIak. -1NTERSAISON nf. (19341, de inter-, se dit lange hétérogène », «ensemble de propos, récits, ac-
en sports de l’espace de temps qui sépare deux sai- tions embrouillésn, déjà illustré par lu Salade d’An-
sons sportives. toine de la Sale (14411, viennent les emplois 117321
@ Voir JNStiRER. dans (troupes de1 salades <formées d’hommes tirés
de divers corps> et régiment de salade <<petit régi-
SAJOU + SAPAJOU ment qui n’a pas encore setin; plus largement, le
mot se dit d’une mêlée confuse (18301, puis 11856)
S AKÉ n. m., qui apparaît d’abord sous les formes d’une réunion de choses confusément assemblées
saqué (16671, SU/&~ (17191, sacki (17773, sd& 118181,
(cf. salmigondis, étymologiquement apparenté).
puis saké 118631,est la transcription d’un mot japo-
0 On aboutit à la fin du xrxes. à sulude (souvent des
nais.
salades au pluriel) pour &istoires, mensonges»
+ Il désigne une boisson alcoolisée obtenue par fer- (1901, Bruant) et à la locution c’est toujours Ja
mentation du riz, dite aussi bière de riz, que les Ja- même salade <la même histoire)>, emploi précédé
ponais consomment tiède. par une valeur argotique du mot, «réponse, mes-
sage, t 1836, Vidocq). De l’idée de «proposer,
SALACE adj . est emprunté (1555) au latin sa&
vendre>>, souvent associée à un discours ambigu et
Nlubriquen et <aphrodisiaque», dérivé de salire, au flatteur, procède vendre sa salade, d’abord dans
participe passé saltus, Nsauter, bondir» et spéciale- l’argot du spectacle, où la locution s’est dite d’un
ment, dans Ia langue des éleveurs, +aillir>~, emploi artiste qui essaie d’être convaincant en public
dont procède le sens de sulux (-+ saillir). On a rap- ( 19011.0 C’est à l’idée péjorative de =complication,
proché erronément le mot de sel* et on l’a détii confusion» que se rattache la locution populaire
par “qui a en soi beaucoup de selb (Furetière, 16901, chercher des salades à gqn achercher querelle=. De
par référence aux emplois figurés du type propos panier ù salade, qui a remplacé sak&er Cci-des-
salés. sous) au sens propre, vient figurément le sens de
+ L’adjectif, d’emploi littéraire, quaMe (1576) une «voiture cellulaire>) (où l’on est secoué) (-+ panier).
personne lascive et spécialement prompte aux F Le dérivé 0 SALADIER n. m. a d’abord désigné
rapprochements sexuels. Il se dit aussi des ani- (1558) un fournisseur de légumes, puis s’est em-
maux (première valeur attestée). Salace qual%e ployé comme adjectif en parlant d’une herbe qui se
aussi (16381 un comportement, des propos, des pa- sert en salade (1580-1587) et pour qualifier ce qui
roles. concerne la salade (16111. 0 Le sens moderne de
F SALA~IT~~ n. f., emprunté (1552, Rabelais) au dé- «plat où l’on sert la saladeti est attesté au xwe s.
rivé latin salacitas &zivitém, se dit de la propen- (16601. Saladier s’est dit aussi ( 1680) d’un panier à
sion aux plaisirs érotiques. jour dont on se sert pour secouer la salade après
l’avoir lavée, acception encore attestée en 1923
0 SALADE n. f. est emprunté (1414) aux formes kf. ci-dessus panier à saladel. +~SALA-
dialectales suluda, sulutta Ifin xIrr”-déb. xrves.) de DIER, IÈRE n. dérive des emplois figurés de salade
l’italien insalatu, égaJement emprunté par l’espa- au sens de <<bonimenteur» (19011, puis en argot de
gnol ensuhh, le catalan unsuluda ( 14561, ensaluda «personne (notamment femme) qui embrouille tout
(15021 et l’occitan ensuludu; en revanche, l’ancien par ses mensongew La variante saludeur ne s’est
provençal a sala& (1333). L’italien insulutu a été pas maintenue.
formé, par prédation in- (du latin in-1 sur le parti-
cipe passé du verbe sulare asalerm, dérivé de sale, 0 SALADE n. f. est emprunté (14173, avec une
lui-même emprunté au latin su1 (4 sel). variante celade (16111, à l’italien celata signi&ant
+Salade désigne d’abord un mets composé proprement =pourvu d’une (grande) voûten,
d’herbes potagères ou de légumes, assaisonnés comme l’espagnol celuda, et issu du latin caelum
d’huile et de vinaigre ou de citron, de poivre et de ccciel*n. La transformation de ce- en sa- pourrait
sel. Par métonymie, le mot se dit (1536, Rabelais) de s’expliquer par le passage du mot par le domaine
la plante, du légume que l’on mange en salade et, provencal ou franco-provençal; un document de
spécialement, des espèces cultivées à cet effet, par Savoie fait mention en 1417 de cellatus que le duc
exemple salade de chanoine amâche* (1591). 0 Au- Amédée VIII avait fait venir de Milan.
jourd’hui, salade sans détermination équivaut à sa- +Le mot désigne un casque profond de forme
lade verte; s’il y a risque de confusion, c’est à ce syn- presque sphérique porté par les cavaliers aux xv”
tagme que l’on recourt, les autres salades ayant des et XVI~siècles; par métonymie, il s’est dit 115571d’un
désignations spéctiques. Q La salade étant un mé- soldat équipé de ce casque. 0 Salade a été repris
lange, le mot en est venu à désigner des composi- pour désigner un casque plat en usage dans l’ar-
tions diverses : à base de fruits ( 1690, sulude de mée britannique, mais il est alors senti comme re-
fruits), de viandes fkoides (16941, de légumes variés levant de 0 salade (plat à salade).
11877, sa,k!e russe) ; de là vient aussi en Salade «ac-
commodé comme une salade)) (1876). + À partir du SALAIRE n. m. est emprunté (v. 1260) au latin
XVI~~s. apparaissent des emplois figurés; plusieurs salarium, à l’origine <<ration de sel>>puis asomme
ont disparu, comme salade de Gascogrte pour dé- donnée aux soldats pour acheter leur selm, d’où
signer le chanvre dont on fait les cordes (1619) et (solde, traitement», dérivé de su1 I-, sel).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3363 SALE
+ Le mot désigne au sens large, dès le XIII~ s., la ré- Cv. 12651,salmandre (15381, salmande (15491, sal-
munération d’un travail ; il s’emploie ensuite par fi- mende (15541, etc. Lzs’agit d’un emprunt au latin sa-
gure IV, 1380) pour parler d’une récompense ou lamandru qgros lézard>>, mot grec sans origine
d’une punition méritée par des actions. 0 Salaire connue.
se dit au XvIlt:s. d’une somme d’argent payable ré- + Le mot désigne d’abord, comme en latin, un ba-
gulièrement par l’employeur à celui qu’il emploie. tracien à la peau jaune et noire. 0 C’est ensuite le
Cette acception, aujourd’hui courante, ne se ré- nom (1298, salemundre) donné à l’amiante flexible,
pand qu’au xY siècle et donne lieu à de nombreux qui ne brûle pas quand on la jette dans le feu, par
syntagmes au début du XX~s. : salaire minun~m référence à la faculté que l’on attribuait à l’animal
(puis S&&E horaire nzhimm garanti, 19301, sa- de vivre dans le feu. De cette croyance vient I’em-
laire de base 11923, puis au milieu du siècle et en- ploi pour Besprit, animal vivant dans le feun (xwe s.,
suite: allocation de salaire unique (19411,salaire d’après Paracelse), <<esprit de feu}) ,11670), et la va-
minimunz interprofessionnel garanti IS. M. 1. GI leur symbolique dkrdeur amoureuse>> en blason.
/19501, remplacée par de croiss~ce IS. M. 1. CI Pour les mêmes raisons, sang de salamandre ( 17081
[v. 19691; sdaire nuhimm d’hsertion 119881, rem- a désigné en akhimie la vapeur rouge qui s’élève
placé par reyenu. Ces syntagmes institutionnels pendant la distillation de l’esprit de nitre et se
français, rapidement remplacés, donnent lieu à des condense dans la sublimation, le soufre incombus-
sigles qui ont eux-mêmes des dérivés : SMI- tible ( 1721) et le mercure philosophai. En chimie
GARD, ARDE (v. 1964) puis SMICARD, ARDE n. ancienne, l’amiante est dénommé salamatire fos-
(v. 1969). sile, salamatidre de pierre 11765) ou pierreuse (1828).
b Du radical de salaire a été dérivé savamment SA- *Le lien entre l’animal et le feu se retrouve enk
LARIER v. tr., attesté en 1369, puis ti mes., rare dans l’emploi de salamandre pour désigner (1889 ;
jusqu’au xwe s. où le dictionnaire de Trévoux ne le d’abord marque déposée) un poêle à combustion
donne, avec des restrictions, qu’au figuré pour <<ré- lente, placé dans une cheminée.
compenser» (attesté 1456-1457) ; il est remis en
usage par les physiocrates (1766, Turgot). On relève SALAMI n. m. est un emprunt (18411, d’abord
au xwe s. une forme salariser, disparue. 0 Le verbe sous la forme salame (av. 1674; repris en 18521, à
a fourni, par son participe passé, SALARIÉ, ÉE adj. l’italien salami, pluriel de salame, salume, [pro-
et n., employé au figuré pour Mrécompensém (xv” ~3.1, noncé loumél, désignant, comme terme collectif,
au sens moderne <<qui reçoit un salaire d’un em- de la viande salée ; l’italien dérive de sale aseh, em-
ployeurn, comme nom et adjectif 11758; sens pré- prunté au latin sa1 (4 sel).
cisé, en 1810, dans le Code pénal). ~Son opposé 4 Salami désigne un gros saucisson sec, d’abord fa-
SALARIANT n. m. 11758) ne s’est pas maintenu; on briqué en Italie (en particulier à Bologne et à Mi-
dit employeur, +De salarié dérive SALARIAT lan). OPar analogie, le mot se dit en politique
n. m., *état, condition d’une personne salariée% (1969 ; sens probablement emprunté à l’anglo-amé-
(1845) et aensemble des salariésa Iv. 1860, Prou- Main, par une métaphore analogue à celle de sau-
dhon). + L’adjectif SALARIAL, ALE, AUX cissonnerl d’une méthode consistant à amener un
knil. me s.), dérivé savant de salaire, quaMe ce qui adversaire à composer, en lui extorquant une suite
est relatif au salaire; il est usuel et s’emploie en de concessions minimes (de même que l’on débite
économie, en administration (masse salariale, 1953, une à une de kes tranches dans un salami).
etc.).
SURSALAIRE n, m. (1925) correspond à asupplé- SALAUD - SALE
ment de salaire-, puis à ((salaire surévalué>>.
SALE adj, est issu (v. 1160- 1170) du kancique
SALAMALEC n. m. est emprunté (1559) à “sala “qui est trouble, terne&, représenté dans les
l’arabe as-salàm ‘aluykz, formule de salutation si- langues celtiques, comme l’ancien irlandais sail
gnifiant “paix sur toim. asale)), et germaniques, comme l’ancien danois sala
+ Introduit avec le sens de #salut à la turque, <sale, temeD et l’anglo-saxon sala.
grande révérence>> (on relève aussi l’ancien pro- + L’adjeckif s’applique d’abord, dans le domaine
vençal qalamalec asalut arabenI, le mot est employé concret, à ce qui est malpropre, personne ou chose,
à partir du xwe s. ( 16591 avec une connotation péjo- et spécialement Iv. 1210 in T.L.F.1 à une personne
rative et n’a conservé que le sens familier, surtout qui se lave insuf5samment. Dans ce sens, plusieurs
au pluriel, de arévérences, politesses exagérées, locutions comparatives ont cours (sale comme un
(faire des salamalecsl. cochon, un peigne, etc.). Avec une valeur abstraite,
On rencontre la graphie suEurnul& chez Nerval et, il quaMe (mues.) ce qui est déshonnête, blesse la
en tiançais d’Afrique, la forme empruntée salama- pudeur. 0 Par extension du premier emploi, il se
kkoum, formule de salutation équivalant à «la paix dit (fin xv” s.) de ce qui, sans être souillé, n’est pas
soit avec vous Ipluriel)~>. net, est d’une teinte équivoque, terne, d’où gris sale
b SALAM n. m., emprunt direct à l’arabe, désigne ( 1611) ; cette valeur correspond au sens initial de
en français d’Afi-ique la prière rituelle musüirnane l’étymon. 0 L’adjectif s’est employé kw” s.1 en par-
(faire le salarnl. lant de ce qui est contraire à l’honneur, de ce qui
0 voir ISLAM, MUSULMAN. est impur. De l’idée d’aabsence de netteté, vient
l’emploi figuré dans côte sale «dangereuse, pleine
SALAMANDRE n. f., emprunt du XII~s. 11121- de bancs>> 116801, qui s’est dit jusqu’à la fi du
11341, a eu plusieurs variantes, salemandre me siècle. Son cas est sale s’est dit ( 1690) d’un
SALER 3364 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

homme fortement menacé de poursuites judi- stixe argotique -ingue et reprend les valeurs de
ciaires. Employé en peinture à propos des couleurs sale.
mal fondues d’un tableau (17981, l’adjectif est en- 0 Voir SALIGAUD, SALOPE (et SALOP).
core en usage. 0 La valeur abstraite et morale se
SALER et dér. + SEL
développe au ti siècle; l’adjectif qualfie (1870)
des personnes que l’on condamne ou que l’on mé- SALICAIRE n. f. est emprunté ( 1694) au latin
prise (sale me, etc.), d’où son emploi fréquent dans des botanistes salicaria, dérivé du latin classique
les injures, notamment xénophobes et racistes. 0 II salix, -icis <saule>, qui a pour correspondant l’irlan-
s’applique à ce qui est laid, d’où avoir me sale dais sail et est apparenté à l’ancien haut allemand
guerrle (1888, Courteline), ou trés désagréable, par sulaha (3 saule).
exemple dans une sale affaire (1847, Balzac), et est 4 Le mot désigne une plante du bord des eaux (nom
employé en général comme dépréciatif pour 4rès scientifique : I;ythruml, utilisée en pharmacie
mauvaisn (sale temps, 1858 au figur61. ~Avec sa comme antidiarrhéique; son nom vient du fait
première valeur, il est repris 119681 en parlant qu’elle pousse souvent parmi les saules.
d’une bombe atomique dont les retombées radio- b SALICACÉES n. f. pl., dérivé savant (1884) du la-
actives sont importantes (opposé à propre, aussi tin salix avec le sufke -ucées, désigne en bota-
dans cet emploi spécial). nique une famille de plantes regroupant les saules
b Le dérivé SALIR v. tr. signiCe arendre sale ou et les peupliers. 0 On rencontre, avec le même
plus sale* (XII~ s. ; seulement XIII~ s. selon T.L.F.) ; avec sens,SALICIN&ES n. f. pl. (18171 et SALICARIÉES
le même sens, ensalir (XIII~ s.3 s’est maintenu n. f. pl. (18451,sortis d’usage. -SALICALES n. f. pl.,
jusqu’au début du XVIII~ siècle. 0 Salir s’emploie au formé savamment (mil. xxe s-1sur le latin SU~, dé-
figuré depuis la première moitié du xvr? s. CGuez signe un ordre de plantes ne comprenant que la fa-
de Balzac, au pronominal). 0 Le pronominal s’uti- mille des salicacées.
0 Voir SARGASSE, SALICYLIQUE.
lise spécialement aux sens de «perdre son éclatn,
en parlant d’une couleur (1740, se salir), et de Nse SALICOQUE n. f., mot normand de formation 9
souiller par ses déjections3 (1764, le sujet désignant obscure, appartit sous la forme saige coque en 1530
un enfant, un malade). Le transitif s’emploie avec (donné comme terme de Rouen), puis salecoque,
les mêmes valeurs. sukoque ( 15541 et sdicoque en 1560 hriante sali-
Le verbe a fourni plusieurs dérivés. * SALISSURE cet, dans le midi de la France]. Une forme suille-
n. fçchose qui salitD (V.~~~~),SALISSEMENT n. m. coque (1642) permet de supposer une composition
(1576) <<action de sab, rare. -SALISSEUR, EUSE avec salir, variante ancienne et dialectale INor-
n. (1886, Bloy, au figuré). +SALISSON n. f.,r&io- mandie) de saillir* «sauter)) et de coque* ccoquil-
na1 et famîher pour apetite me malpropre> ( 1585) et lagen (cf. le normand sauticot), mais il ne s’agirait
analogue à souillon, a désigné une petite servante peut-être, selon Bloch et Wartburg, que de croise-
chargée des travaux les plus salissants 11690). ments secondaires. Selon P. Guiraud, le mot serait
~SALISSANT, ANTE adj. s’applique à ce qui se un composé tautologique ; le second élément serait
salit facilement 116941,à ce qui fait que l’on se salit à rapprocher de toquer &appern et coter «donner
El8341 ; il s’emploie spécialement en agriculture des coups de corne>>, la salicoque étant l’animal qui
dans plante salissante (xx” s.3, semée à la volée, ce udonne des coups de corne en sautai&; crevette”,
qui exclut le sarclage. oLe composé INSALXS- forme normande de chevrette, manifesterait ce sé-
SABLE adj. 11845) est rare. 4RESALIR v.tr. (1875) mantisme, la crevette projetant ses antennes en
a le sens itératif attendu. avant comme si elle donnait des coups de corne.
Par ailleurs, sale a des dérivés noms et adverbe. 4 Salicoque, terme régional, désigne une crevette
+ SALETÉ n. f., <caractère de ce qui est sale% 11511 grise ou (en Normandie) rose, nommée à Paris bou-
11563 selon T.L.F.11,se dit au figuré pour Nirnpureté, quet (dérivé de bouc présentant aussi l’idée de
obscénité>> (1572). Une saleté désigne une chose sale corne4
11680) et au figuré une chose immorale, grossière
SALICORNE n. f. représente une altération
(1690). 0 Le mot s’emploie familièrement 11836)
(1611) d’après corne* de sukcor (15641, qui serait un
pour uchose sans valeur* et comme terme d’injure
mot d’origine arabe d’après 0. de Serres ksalicor,
(1916). +SALEMENT adv. (1511) s’emploie au h- par les Arabes dit salcoran4. P. Guiraud fait l’hypo-
guré C1671) &npudiquement», et spécialement thèse d’un croisement entre le latin SU~,salis C+ sel)
comme intensif familier 119021, équivalent de et corneus «de corne», dérivé de cornu 13 corne),
((beaucoup, très-. *SALAUD,AUDE n. et adj. est salicorne étant proprement selon lui une =Corne à
sorti d’usage au sens de apersonne très Salem(1584 ;
sein.
XXI~ s. selon Dauzat). Le mot s’emploie familière-
4 Le mot désigne une plante qui pousse sur les ter-
ment (17981 comme terme d’injure, puis équivaut à
rains salés du littoral atlantique ou méditerranéen,
apersonne moralement répugnante> (mil. ~IX~ s-1et aussi nommée chtite-marine (xv” s., crete marine).
à <<homme salace>; dans ce cas, il n’y a pas forcé-
ment de péjoration, l’état des moeurs valorisant la SALICYLIQUE adj. est dérivé 11838) de suli-
liberté sexuelle chez l’homme; à l’inverse, cette li- c$e n. m. (1838). Ce terme sorti d’usage est
berté est dépréciee chez la femme dans l’emploi de composé, par sufkation en -yle (du grec hulê abois,
salope*. Le féminin salauds 11584; «prostituée», matière>>), du radical de salicine n. f. (18301, terme
17981 ne s’emploie plus, supplanté par Su@e*. de chimie également disparu, dérivé savant du la-
+ SALINGUE adj. et n. est formé 11925) à partir du tin salix, -icis !-+ salicaire), avec le sulke -ine.
DE LA LANGUE FRANÇAISE SALLE

+ Salicylique se dit de l’acide ortho-hytioben- plus fortes et plus expressives, comme bave en
zoique, présent dans les fleurs de reines-des-prés; français.
autrefois employé pour la conservation des ali- + Salive désigne le liquide produit par la sécrétion
ments, cet acide est utilise en médecine POW ses des glandes de la bouche. A partir du XVII~s., le mot
valeurs antiseptiques. entre dans plusieurs locutions figurées : la salive en
b De l’adjectif dérivent les termes de chimie SALI- vient ;i la bouche aon a un grand appétit de» ( 16363
CYLATE n, m. (18441, stixe -de, SALICYLIDE et, par une relation avec la bouche, organe de la
n. m. (1904) et le terme de médecine SALICY- parole (réalisée aussi dans baver, buvusser, ba-
LISME n. m. (Xx” S.I. vard), perdre sa salive ((perdre du temps à parler, à
Le composé préfixé ACÉTYLSALICYLIQUE adje s’efforcer de persuaider qqn>>( 18431, dépenser sa sa-
(fm XJX~s.), de UC&&*, se dit, en chimie et en phar- live «parler beaucoupm (1867 ; dépenser beaucoup de
macie, de l’acide couramment nommé NaspirineD. salive, 19071, avaler sa salive ase retenir de parlers
h-le radical de sulkyle ont été formés SALICY- (1870).
LERv. tr. (1890)etSALICYLÉ, ÉE adj.11912).+ SA- F Le dérivé SALIVEUX, EUSE adj., d’abord <plein
LICOSIDE n. m. ou f., composé 11933) de salicciinel de salive)) (15701, puis “qui ressemble à de la salive»
et de -os&, d’après gkoside, s’est substitué & sali- (18421, acceptions disparues, est un équivalent litté-
cine pour désigner un glucoside contenu dans raire et rare de baveux.
l’écorce du saule, du peuplier. À l’époque impériale, ont été formés des dérivés du
latin saliva, auxquels sont empruntés plusieurs
SALIGAUD n. m., ecrit saligot (v. 1170) mots. 9 SALIVATION n. f., emprunt savant
jusqu’au XVII~s., puis saligaud (16561, est un mot ap- Iv. 1560, Paré) à sulivutio (de sulivatum, supin de sa-
parten& d’abord aux parlers picard et wallon, livure), se dit en anatomie de la sécrétion de la sa-
probablement dérivé du francique “su& (sale>), dé- live, spécialement de la sécrétion excessive. 0 Ce
rivé de “sulo (+ sale) à l’aide du sufke péjoratif -ot. substantif semble antérieur au verbe SALIVER
Le mot apparaît dans deux chansons de geste d’ori- v. intr. asécréter, rendre de la salive>, emprunt
gine picarde, vers 1170 et vers 1220, comme nom ( 1611) de salivure, mais l’ancien proveqal connais-
propre de deux rois sarrasins, puis comme surnom sait le verbe salivar dès le xrvesiècle. o Le verbe a
(1269, à Liège). fourni SALIVANT, ANTE adj. ( 1765) “qui fait sali-
+Saligaud est attesté vers 1380 en wallon comme ver>>,d’emploi rare, et SALIVELJR, EUSE n. (xx” s.)
épithète injurieuse. Au début du XVII~ s. (16111 en upersonne qui salive-. ~SALIVAIRE adj.%nxvr”s.
emploi adjectivé, il quatie une personne négli- bave salivaire, puis 16901, emprunt au dérivé latin
gente dans sa mise, sale, d’où l’emploi substantivé salivurius, s’emploie en anatomie Il 718, glandes su-
moderne et familier pour une personne sale (1656, livuires). + SALIVAL adj, (v. 1560, Paré), dérivé de
saligot et saligaud). ~Par figure, saligaud se dit salive et qui correspond à un adjectif de l’ancien
(1866) d’une personne qui agit de manière morale- provençal (v. 13501,est sorti d’usage.
ment répugnante. SdiVe a enfin fourni le composé INSALIVATION
b La variante graphique saligot, saligote ufemme n. f. knprégnation des aliments par la salive>>
sale» (18211 a fourni le dérivé SALIGOTER v. tr. OU (18051, didactique, et on relève le verbe insaliver
saliguuder (1859) <salir>> &I XIX~ s.1, qui se dit fami- chez Flaubert.
lièrement pour afaire très mal (un travaîl)~, comme 0 voir SJAUOL
saloper. SALLE n. f., réfection graphique Iv. 12501 des
formes sale (1080) et saule ( 12201, employées à coté
SALIQUE adj. est un emprunt savant (1380) au de salle jusqu’au XIV” s., est issu du francique “SU~,
latin médiéval sulicw, dérivé du bas latin Salii ales mot masculin (cf. allemand Saul) devenu féminin :
Francs Saliensp, nom d’une tribu banque établie on relève sala dans les Lois Barbares. La voyelle ac-
sur les bords de la rivière Sala (aujourd’hui 1’Yssell. centuée a a été conservée, peut-être sous l’in-
+ L’adjectif est d’abord attesté dans Loi salique cre- fluence de halle. L’espagnol et le portugais ont sala
cueil de lois des anciens Francs Saliensm qui <pièce principale d’habitation)).
contient une règle excluant les femmes du droit de + Le mot a d’abord désigné, dans un château, la
succession à la terre des ancêtres ; cette règle a été grande pièce où avaient lieu les réceptions (aussi
invoquée au xrve s. pour empêcher les femmes de gruti-salle). Jusqu’au XVI~s., le mot s’emploie seul ;
succéder à la couronne de France. En histoire, su- il s’est dit par métonymie pour cpalais, résidence
lique qualse plus généralement ce qui est relatif d’un souver+ Iv. 1250) et pour NbâtimentB en gé-
aux Francs Saliens. néral ( 1340). Egalement au XIV~s., il a désigné l’en-
b SALIEN, IENNE est la forme française désignant semble des rideaux et des tapis dont on peut garnir
les Francs Salii (ci-dessus). Comme nom, il est at- une pièce, sens disparu. Il s’est employé à la même
testé en 1589, comme adjectif, au XVIII~ s. (1756). époque pour parler de la salle du palais où se te-
nait l’audience d’un tribunal, d’ou le sens de -tribu-
SALIVE n. f. est un emprunt savant ( 1170) au la- nalm (13821, lui aussi disparu Condit salle d’un tribu-
tin saliva Nsalive, bave» et asaveur (qui excite la sa- nal). C’est toujours l’idée de <lieu vaste» que l’on a
live)=, aussi «salive en tant que marque de désir ou avec le sens de ~COU-pour les tournoism. 0 Salle cu-
d’appétit>>. Saliva, d’origine obscure, est bien repré- pituluire (du chapitre) semble une expression d’ar-
senté dans les langues romanes où il s’est vu ce- chéologue 118321. 0 À partir du XVI~s., le mot,
pendant concurrencé par d’autres dénominations souvent qualifié, se spécialise pour désigner un lieu
SALMIGONDIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

destiné à des activités spécsques ou un lieu ouvert Salie de réception et salle d’attente (1823 ; 1835 dans
au public. On relève salle d’audience (d’un triIxnal) une gare). Salle de contrôle est apparu en radio-
en 1538 et l’emploi de salle pour ((lieu vaste et ou- difhsion (1934). * Salle des ventes est attesté au
vert destiné à un service public> (15591,puis salle du XIX~ S. ( 1860, Duranty). 0 Fille de salle, guqon de
bal (15821, devenu salle de bal (15911. Salle désigne salle correspond à adomestique chargé de l’entre-
aussi l’endroit où le maître d’armes enseigne tien d’une pièce communen (1875).
(15941, puis on emploie salle d’escrime (16361, salle b Le composé ARRIÈRE-SALLE n. f. (1853) se dit
d’armes (1677). 0 Au xwe s. (15581 et au XVII~s., &Je d’une salle située derrière une autre (par exemple
se disait couramment de la pièce où l’on vivait et dans un restaurant).
recevait; cet emploi reste régional et rural, su& 0 Voir SALON, SALOON.
désigna;nt encore la pièce principale; en ville, il a
été concurrencé et supplanté par salon, puis living SALMIGONDIS n. m. (16271, (d’abord sakni-
et salle de skour (1955, Carnus), d’où le séjour (19603. gondin 1552, Rabelais), représente un élargisse-
Salle du commun Nsalle où les domestiques ment du moyen français salemine 11393) ou sala-
mangent> 116161 a disparu, de même que salle em- mine C1545) amets dans lequel entrent plusieurs
ployé seul pour <<endroit du collège où l’on se réu- espèces de poissonsn, dérivé du radical de sel* par
nit, spécialement pour les punitions» ; de là avoir la sufkation en -uin, -in (du latin -amen) ou -ine, à va-
salle &re foueU& ( 16 111, donner lu salle 4e fou& leur collective. Au xwe s., salemine, sulmin se serait
(1636). * Salle, au sens de -pièce disposée pour y croisé avec un second élément -gondin I-gondisl,
prendre les repasD ~VII” s.), est sorti d’usage, rem- qui pourrait être issu de l’ancien verbe condir sac-
placé par sak ti manger (16361, véritable composé comrnoder, hne s.1 et aassaisonnep IXVI” s.), em-
qui s’emploie aussi, par une métonymie commune prunté au latin condire aépicer, assaisonnera et
aux mots désignant des pièces d’habitation n’embaumera> (4 condiment 1.
Ichambre, sulonl, pour le mobilier de cette pièce.
+ Le mot est sorti d’usage pour désigner un ragoût
Salle de danse (1669) ou salle ( 1690) «lieu où l’on en-
fait de plusieurs viandes réchauffées (1552). 0 Au
seigne la danse» n’est plus employé. 0 Salle dé-
figuré, par la même métaphore que dans salade,
signe spécialement (1680) une pièce où sont les lits
mucédoine..., il se dit (1618) d’un mélange confus de
des malades, dans un hôpital. Le mot employé seul,
divers éléments, en parlant d’un discours, d’une
dans ce contexte, semble très antérieur à salle
conversation, d’un ouvrage.
d’hhpitul (attesté 1833, P. Borel). Salle d’opération
(1855) a vieilli (par rapport à bloc opératoire) mais F SALMIS n. m., d’abord écrit sahti (17181, est la
salle reste usueI dans de nombreux termes hospi- forme abrégée de salmigondis. Le mot est surtout
taliers. 0 Salle s’est dit (1690) pour «pièce où l’on employé au propre, notamment en parlant d’un ra-
fait la classe*, remplacé par salle d’étude (18551, goût de pièces de gibier ( 1740). 0 Sa valeur figurée
puis salle de classe (1900, Colette) et plus couram- (18001, qui équivaut à celle de saZmigond;Gs,est plus
ment classe. Plusieurs expressions ont disparu : rare.
salle des gwcks 11643) pour les gardes du corps du
souverain, salle de garde, aujourd’hui réservé à la SALMONICULTURE + SAUMON
salle où se tiennent les internes de garde, dans un
hôpital, toujours vivant et qui évoque l’humour par- SALON n. m. représente un emprunt (1650 dans
ticulier des carabins dans chansons de salle de une traduction) à l’italien sulone <grande sallen,
gurck, en général obscènes. 0 Salle cie MIE a dé- augmentatif de sala usalle», de même origine que le
signé (1691) une pièce d’un appartement de bains ; hnçais salle *.
au sens moderne, salle de baim 11765) a remplacé + Salon désigne d’abord la pièce d’un appartement
salle à bains, en usage aux XVIII~et XIX~ s., et est de- ou d’une maison, voire d’un palais (le salon Carré
venu usuel vers la fin du x& s., avec la diffusion de du Louvre), meublée et aménagée pour recevoir
l’hygiène domestique. Salle d’eau (19521, dans ce des visiteurs, d’où l’expression salon de compagnie
sens, est indépendant de salle d’eau Mpartie basse Mpièce où l’on reçoit ses amisn, sortie d’usage. Le
d’une fontaine>> (1691). 0 À la f5n du XVIII~s., salle de mot s’est employé par extension dans salon de
discipline se dit du local disciplinaire d’une ca- feuilluge (1.6781, salon de treillage (16911, à propos
serne, aussi nommé salle de police ( 1835). 0 salle d’un espace couvert de verdure, dans un jardin; sa-
d’asile (18011 &tablissement public où l’on reçoit les lon de verdure fut en usage aux XVII~ et XVIII~siècles.
très jeunes enfants~ a été remplacé au xxe s. par Au milieu du XVIII~ s., salon prend une nouvelle va-
k+colel maternelle. +Le mot désigne aussi un local leur : aexposition périodique des ouvrages d’ar-
aménagé pour recevoir des spectateurs, dans salle tistes Vivants~ (1750) ; cette acception vient du fait
des comédies (Académie, 16941, salle de spectacles que des expositions eurent lieu dans le salon Carré
(1738) et aussi dans salle de concert (18351, absolu- du Louvre à partir de 1737; par métonymie, le mot
ment suEEe,en particulier pour le théâtre, le cinéma désigne (1768, Les Salons de Diderot) le compte
(1917, salle obscure &néma=, le plus souvent au rendu d’une exposition artistique. L’emploi absolu
pluriel); par métonymie, lu salle désigne (1835, Vi- ( 1777) pour désigner la galerie où l’on expose les
gny) le public d’une salle de spectacle. 0 Salle des œuvres des artistes vivants (à l’époque, la Galerie
pas perdus, nom d’une grande salle au Palais de du Louvre) s’est effacé devant le sens moderne
justice de Paris (18351, se dit de la pièce qui précède d’cexpositionl, en particulier dans des syntagmes
la salle d’audience, puis au m’s. du hall d’une corrtme Salon des refusés (18631, devenu le Sulon
grande gare. 0 On relève, aussi au XIX~ S. (1835), &s artistes indépendants (1884) puis le Salon des in-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3367 SALPÊTRE

dépendants, ou encore Salon d’automne (19031,Sa- cet oiseau étant réputé très sale, ce que confume-
lon des Tuileries (19221, etc. D& la fm du XIX~ s., le rait l’expression attestée régionalement ~Wart-
mot dans cet emploi passe aux domaines industriel burg) sale comme eune happe (Lorraine), sale
et technique, dans un contexte analogue à celui comme une oupotte (Franche-Comté).
d’ewositin : Salon de Z’automobile C18981,etc. + Le mot, qui désigne d’abord une femme sale, s’est
À la ti du XVIII~ s., on retrouve la valeur initiale de appliqué à une personne (homme ou femme) trés
salon avec le sens de «salle, ou local, où l’on reçoit malpropre 116901,sens disparu. 0 De l’idée de «sa-
des clients, dans un établissement public ou com- leté, souillures, on passe au sens de «femme déver-
mercial)) ( 1798, salon asalle d’un traiteurmI. Dans gondée}) (17751, «prostituée>> ( 18081, par un glisse-
cette acception, le mot s’emploie le plus souvent ment sémantique courant en fkançais. Salope
dans des locutions figées, comme salon de coiffure, s’utilise ensuite comme terme d’injure pour une
d’abord salon pour la coupe des cheveux 118221, sa- femme (1877, Zola), rattaché alors à salaud dont il
lon d’essayage (18631, don de thé (19231, etc. 0 Pa- est devenu le féminin, puis comme terme intensif
rallèlement au développement de ce sens, salon se de mépris adressé à un homme.
dit (1807, Mme de Staël) d’un lieu de kunion dans
F SALOPERIE n. f. a d’abord signi% (1694) ((très
une demeure privée, où l’on reçoit régulièrement,
grande malpropret& ; les sens postérieurs sont liés
d’où faire Itenirl salon cse réurd (av. 1885); par
à cette valeur, au propre et au figuré. 0 Le mot dé-
métonymie, il désigne la société mondaine 11829,
surtout au pluriel) dont procède poète de sd011 signe aussi une chose sale (1704 ; cf. ordure), une
chose de très mauvaise qualité, répugnante, sans
(18351, rapidement péjoratif comme mondain. La
valeur 11830; cf. cochonnerie), Par figure, il se dit
locution le dernier salon oti l’on cause (xx” s.1se dit
d’un acte (18931 ou d’un caractère (xx” s.1 morale-
par plaisanterie de toute réunion, de tout lieu où
les gens bavardent. Par métonymie, salon. se dit ment abject. 0 Par hyperbole, saloperie de s’em-
E1883) d’un mobilier de salon. 0 Du sens de Klocal ploie (1919) pour parler de ce qui est méprisable,
dans un lieu public ou commercial)> vient l’emploi détestable. + SALOPER v. tr. s’est employé (1806,
du mot pour désigner une pièce conGue pour rece- intr.) pour *fréquenter les prostituée+. Il prend en-
voir les clients, dans certaines professions 11888, suite familièrement le sens de amal faire un travail>>
Maupassant), analogue à salle d’attente. (1841) et est employé (xx” s.) comme intensif de sa-
lir. +SALOPETTE n. f. désigne un vêtement d’en-
b SALONNIER, I&RE n. et adj. s’est dit (1870, n.) fant (1832, salopètel ou un vêtement de travail (18361
d’un journaliste, d’un critique qui rend compte des que l’on met par-dessus les vêtements pour ne pas
réunions mondaines. L’adjectif s’emploie Il 89 1) les salir; aujourd’hui la salopette est aussi un vête-
pour qualifier ce qui est propre aux salons. -=En ment de fantaisie, pour enfant ou adulte. Il a perdu
dérive SALONNIÈRE n. f. (1890, Maupassant), toute connotation négative. +SALOP n. m. (18371,
afemme qui fréquente les salons)), vieilli, et en haute sorti d’usage à cause de la paronymie avec salaud,
couture Ixx” s.) <employée d’une maison de couture sign&it Individu méchant,. oEn dérive SALO-
qui reçoit les clientsm. -SALONNARD,ARDE adj. PIAUD n. m. (1866) ou sulopiau 11879, Huysmans),
(1914, L. Daudetl, formé avec le sufke péjoratif
vieilli au sens fort de <(salauds et employé farnilière-
-ard, se dit d’une personne qui, fréquentant les sa- ment pour apetit sale= (xx” S.I. On trouve les va-
lons mondains, en tire des profits pour s’assurer
riantes sa~opio et salopiot. 4 SALOPARD n. m. est
une situation. On trouve aussi la graphie salonard. d’abord attesté comme terme d’argot militaire
* SALONNER v. intr. ! 19471, &équenter un salonB,
(191 II, nom injurieux par lequel les soldats fkançais
est rare. désignaient les dissidents marocains aux ordres
0 voir SALOON.
d’Abd el-Krim. Ce mot est sans doute beaucoup
SAFOON n. m. est un emprunt (1852) à l’anglais plus ancien, la forme chalopparde étant relevée en
des Etats-Unis saloon, lui-même emprunté au fran- 1752. Il s’emploie couramment pour salaud, en
çais salon*. Salo~n avait en anglais le sens ( 1728) de mOins injW”iem. +SALOPXN n.m.,motdide&l
«pièce de réception (dans une maison privée)»; le repris par Jarry (18961, est probablement un croise-
mot se dit ensuite 11747) d’une grande salle ou du ment de Salop(ard) et (galo)pin et équivaut à Nsale
hall d’un lieu de rencontre, de divertissement; au galopin). +Le composé MARIE-SALOPE n. f., de
xrxe s., saloon a pris en angle-américain le sens de Marie, nom donné couramment à des bateaux, dé-
*vaste bar avec de la musique et des jeuxn, surtout signe d’abord ( 1777) un bateau à fond mobile qui
dans l’ouest (1841). conduit en haute mer les produits de dragage.
0 Le mot a vieilli aux sens de afemme malpropre,
+Le mot s’est quelquefois employé en fknçais ( 183 1) ou de «prostituée» (1867).
con-une terme étranger (1800, puis 1852, Nerval, à
propos de l’Angleterre). 0 C’est au sens américain
SALPÊTRE n. m. est un emprunt du XIV~~.
de <<bar,tripot>> (1895) qu’il s’impose, en parlant du
( 1338 ; puis v. 1360) au latin médiéval sulpetrue, pro-
Far-west; le mot a été vulgarisé par les westerns et
prement Nselde pierre», composé du latin classique
ne s’utilise guère hors de ce contexte.
sal, salis (+ sel) et de petrue, génitif de petra aroc,
SALOPE n. f. et adj. 06601, d’abord saloppe roche, rocher>> C+ pierre). On relève plusieurs va-
( 1611; salouppe 1607) et donné comme orléanais riantes latinisantes : salipestre ( 13751, sallepetre
par Cotgrave, est d’origine incertaine. On propose (14061, sallepestre Cxve-XVI~ s.), etc.
habituellement d’en faire un composé tautologique 4 Salp&e est le nom usuel du nitrate de potassium
de sale” et de happe, variante dialecttale de huppe*, utilisé comme engrais et dans la composition des
SALPICON DICTTONNAIRE HISTORIQUE

poudres, des explosik etc. ; de là viennent les em- reille. La forme moderne ( 1585) représente une
plois figurés de saZp&re pour <vivacité du tempéra- kancisation, d’après l’adjectif pareille, f&ninin de
mentm (1677) et les expressions être tout (péti de) pareil”, du portugais sulsupariZlu ou de l’espagnol
salpêtre (16941, qui se disait d’une personne très zurzupatillu, mot composé de zurzu woncem, em-
vive, n’être que (feu et quel salpêtre (16941, c’est du prunt à l’arabe suras Nplante épineuseu, et de par-
salpêtre, etc. ; ces emplois sont sortis d’usage ainsi rillu, qui est peut-être un diminutif de puma
que le sens étendu de salpêtre pour apoudre de *treille>>, d’origine prélatine. Scalîger avait proposé
guerrem ( 1667, Boîleau) propre à la poésie classique au XVI~s. de tirer patik du nom de ParUo, méde-
hv~~~-xvm~,voire x@ siècles). 0 Le mot désigne au- cin espagnol qui aurait le premier utilisé les pro-
jourd’hui couramment les efflorescences de mé- priétés de cette plante, importée d’Amérique par
langes de nitrates qui se forment sur des corps hu- les Espagnols.
mides (1871, salpêtre tewew). 4 Salsepureille est le nom donné à une plante de la
b Salpêtre a fourni plusieurs dérivés. SALPÊTRIER famille des Liliacées (nom scienttique : Smik), ar-
n. m. désignait un ouvrier fabriquant du salp&re buste épineux dont la racine a des vertus dépura-
(14821 et, sous l’Ancien Régime, un oEcier qui était tives.
autorisé à collecter et & fabriquer le salpêtre.
w3ALPÊTREUX,EUSE adj. (1571bcouvert desal- SALSIFIS n. m., qui apparait sous les formes
pêtres est rare. - SALPÊTRER v. tr. (17621, d’abord sulsefîe En XVI~sd, sercifi en 1600 CO. de Serres), a
SALPÊTRE p. p. adj. (1585) ((mêlé de salp&reD, a de nombreuses variantes au XVII~siècle : sussefique
donné SALPÊTRAGE n. m. (18381, aaction de sal- ( 16 11, Lotgrave), sussefrique, susse&, sulsik
pêtrer un sol». + SALPRTRIÈRE n. f. désignait In-il. XVII~~3.1;la forme actuelle est relevée en 1680
( 1660) la salle d’un arsenal où l’on fabriquait le sal- par Richelet. Le mot est emprunté à l’italien Ceerba3
pêtre. La Sulpêtriére, à Paris, ancienne fabrique de sulsificu (~IV” s.1, qui a eu lui-même des formes va-
poudre, fut transformée en hôpital au XVII’ siècle. riées : salsefku, sassifrku Exvres.1,sassekku, et dont
-SALPÊTRISATION n. f. (1845) s’est dit de la for- l’origine est obscure. Sulsificu représenterait peut-
mation de salpêtre sur les murs. être le latin suxikîcu, proprement <(plante) qui
brise les rochers%, variante du bas latin saitiugu
SALPICON n. m. est un emprunt Cl7121 à l'es- I+ saxtiage). P. Guiraud suppose un composé de
pagnol salpi&n, composé de sal <<sel>,du latin clas- deux éléments : salsa wléem, en raison de l’amer-
sique sal I-, sel), et d’un dérivé de picar <<piquer*, du tume des feuilles de l’erba sakifica et %cu, de ficus
latin populaire “piizkure (-+ piquer). digueB et «verrue%, le salsifis commun étant nommé
4 Le mot, encore utilisé comme terme de cuisine, ~wlsik à feuilles de poireau>; mais cette hypo-
conserve le sens de l’étymon et désigne une prépa- thèse n’est pas étayée.
ration de volailles, crustacés, champignons, lé- +Salsifis désigne une plante potagère cultivée
gumes, etc., coupés en petits dés et servant à garnir pour sa racine kakifis blanc, ti feuilles de poireau,
des vol-au-vent, des bouchées, etc., ou à accompa- salsiti noir-l et plus couramment, par extension, la
gner une viande. racine comestible. 0 Par analogie de fomne ( 18911,
le mot s’est employé en argot, puis pour udoigt».
SALPINGITE n. f. est un dérivé savant (18581,
avec le suf5xe -ite indiquant une tiection aiguë, du SALTARELLE n. f. est emprunté (18343 après
bas latin salpinx, -ingis &ompette)>, emprunt au sukwella, donné comme mot italien (17031, à l’ita-
grec sulpinx, -ingos, de même sens, mot sans éty- lien sulturello <danse populaire, rapide et sautil-
mologie assurée. lanteu (issue des danses bachiques), diminutif de
4 Le mot désigne, en médecine, l’în%mrnation sako asaut*>>,de même origine que le mot français.
d’une ou des deux trompes de l’utérus (trompes de + Salturelle conserve le sens de l’italien.
Fallope) et l’inflammation de la trompe d’Eustache
(dans l’otite). S ALTATION n. f. est emprunté (1372, scdtu-
cion; 1559, forme moderne) au latin saltatio
b SALPING-, SALPINGO- est un premier élément
adanse>>,formé SUTsaltatum, supin de saltare <<dan-
tiré du latin sulpinx, -in@ et entre dans la compo-
ser>>, Kexprimer par la danse, la pantomime*
sition de termes médicaux concernant la trompe
(+ sauter).
d’Eustache, tels que SALPINGOSCOPIE n. f.
(1903, de -scopie. 0 D’autres composes concernent +Le mot désigne, en parlant de 1’Antiquité ro-
lestrompesde ~'utérus,commeSALPINGOTOMIE maine, l’art des mouvements réglés du corps,
n. f. (18901, de -tomie, du grec tomê =Coupure, abla- comprenant la danse, la pantomime et l’action
tien; SALPINGECTOMIE n. f, ti XIX~ s.), de -ecto- théâtrale. 0 Par l’idée de amouvement vi&, il dé-
mie, du grec ektomê; SALPINGO-OVARITE n. f. signe en paléontologie 11919) l’apparition brusque
(19041, de ovatite; SALPINGOSTOMIE n. f. d’une nouvelle espèce vivante et, en géomorpholo-
(mil. XX~s.1, de -S~OT&, du grec stoma Hbouche, ou- gie (mil. & s.), le déplacement des particules d’un
verturen; SALPINGOPLASTIE n. f. (mil. XX~s.1, de fluide par brusques entraînements successik
-plastie, du grec plastos remodelés. b Des dérivés du latin saltare viennent deux em-
prunts didactiques. +SALTATEUR n. m. (1819),
SALSEPAREILLE n. f. apparaît Iv. 1560, pris au latin sukztor, du supin du verbe, désigne un
Paré) sous la forme sulsepatille; on relève chez Mé- mime danseur de 1’Antiquîté romaine. -SALTA-
nage ~VII~ sd les variantes sdseperille, sarzepu- TOIRE adj. (1893; au sens de «de la danse», 1878,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3369 SALUT

GoncourtI, pris au latin s&atorius Nadapté au sautn + C’est d’abord dans le vocabulaire religieux que
(en zoologie), est appliqué en médecine à une ma- salut est employé, en relation de sens avec le verbe
ladie qui se manifeste par des mouvements rappe- sauver, désignant le fait d’échapper à la mort, à la
lant ceux de la danse (chorée saltatoire dite cou- damnation éternelle, grâce à la médiation du
ramment danse de saint Guy). Christ. 0 Depuis Lu Chanson de Roland (1080), le
mot désigne une marque extérieure de civilité
SALTIMBANQUE n. est emprunté au xwe s. qu’on rend aux personnes que l’on rencontre ou
(Pasquier) ou au XVII~ s. (1615 selon T,L.FJ à l’italien que l’on quitte et devient une formule exclamative
saltimbanco, littéralement csaute-en-bancn (aussi par laqueUe,on souhaite à qqn santé, prospérité
canti~~banco =Chante-en-ban&, mot formé de sal- (v. 1155). 0 A partir du XII~s., il se dit du fait
tare csauterm, du latin classique salture «dmeru d’échapper à la mort ou au danger Iv. 11501, avec
C+ sauter), de in adans, sur’) et de banco Nbanc, es- les locutions arriver a port de salut & bon portm
traden (du radical du germanique “bunJz; + bancl. (XVI~s.1 et planche de salut. Au XIII~s., salut lu Dieu
+ Le mot est d’abord employé IXVI” s.) pour désigner mere équivaut à CL’&kriu (v. 12231, ensuite sous la
un bateleur qui se produit sur les places publiques, forme salut de lu Vierge 11660). oSalut a aussi été
dans les foires. Il se dit ensuite péjorativement employé au XIII~s. I~II” s., en ancien provençal) pour
d’une personne qu’on ne peut prendre au sérieux désigner une pièce de vers qui commence par une
116901 et d’un mauvais orateur aux gestes out& salutation à la dame dont le poète fait l’éloge, d’où
(16943 ; ces emplois sont vieillis. l’emploi pour arécitn (v. 1250} qui a lui aussi disparu.
oEn tant que formule de souhait, salut s’utilisait
SALWBRE adj. est emprunt6 (1444; p.-ê. xrve s.,
spécialement (1316) dans le préambule des lois et
sans doute antérieur, cf. salubrement au latin sulu-
ordonnances, dans les bulles des papes, etc., usage
ber (et sulubrisl autile à la santé, salutaire, sain, et
qui se maintient avec salut et fraternité, utilisé pour
<<bien portantm, dérivé de salus, -uti cbon état,
terminer une adresse, une lettre, à l’époque de la
santén et -sauvegarde, conservationn (-, salut1.
Révolution. 0 Dans le vocabulaire de la liturgie ca-
+ Reprenmt les valeurs du latin, l’adjectif qual%e tholique, salut (v. 1520) ou salut du suint sacrement
d’abord ce qui a une action favorable sur l’orga- se dit d’une cérémonie qui comprend la bénédic-
nisme. En ce sens, plus fort que sain, il s’emploie tion du saint sacrement. Dans un contexte relu-
notamment en parlant du climat, d’un cadre de gieux, le mot a aussi désigné un sauveur, spéciale-
vie; il se dit par figure (1580, Montaigne) de ce qui ment le Christ (1535; 1689, F&ine, dans un emploi
est propre à préserver la santé morale. profane). ~Comme formule brève d’accueil ou
k De l’adjectif dérive SALUBREMENT adv. EV. 1190) d’adieu, avec une valeur très affaiblie, le mot est at-
ad’une manière salubres, d’emploi rare. testé dès 1612; il est devenu en tiançtis moderne
SALUBRITÉ n. f. est emprunté (1444 ; 1491 selon un équivalent familier de bonjour et d’au revoir. Il
T.L.F.) au dérivé latin sulubritus dont il reprend s’emploie spécialement en marine pour désigner
d’abord le sens propre, acaractère de ce qui est fa- ( 1670, aussi salut de mer) un échange de signes de
vorable à la santé des humains9 (aussi salubrici~é, reconnaissance entre deux navires, et dans le voca-
1569, de salubre). 0 Salubrité s’emploie spéciale- bulaire militaire (1680, salut militaire). 0 Dans le
ment (18353 en parlant des soins que l’administra- sens initial du mot, afait d’être sauvén, il entre à la
tion prend de la santé publique, d’où salubrité pu- même époque dans le proverbe hors de I’&i!ise,
blique 11870, Littré), et de l’état d’un milieu point de salut (Furetière, 16901, généralisé en hors
favorable à la santé. L’emploi figuré (xx” s.) pour de... , point de salut. 0 Salut public est une expres-
uapparence de santé (d’une personnels est litté- sion consacrée par le Comité de la Convention qui
raire et rare. porte ce nom 117931, mais employée auparavant et
INSALUBRE adj., emprunté (1505) au latin insulu- usitée avec un sens large dans mesure de saïutpu-
bris <cmalsainn, de in- !-+ 0 in-1 et su2ubris, qutie Mc urnesure d’urgence2 I~D? s.l. -Année du Salut
au propre ce qui est malsain, spécialement en droit est le nom (1884 ; anglais S&atin Army) d’une as-
en parlant d’industries ou d’établissements; au fi- sociation protestante fondée par William Booth,
guré pour =malsainB, le mot est littéraire et vieilli. destinée à la propagmde religieuse et au secours
+Le dérivé INSALUBREMENT adv. 11838) estrare. des indigents, d’où le dérivé SALUTISTE n. et adj.
- INSALUBRITÉ n. f., <caractère de ce qui est insa- (18901.
lubre% (15321, est rare avant la k~ du XVIII~s. puis as-
k SALUER v. tr. est issu (1080) par l’intermédiaire
sez usuel, notamment en droit.
de la forme suluder (v. 980) du latin salutare, rare-
SALUT n. m. représente l’aboutissement Iv. 980) ment employé au sens de adonner le salut, sauven,
de sulutem, accusatif de sulus, -utis <état de la per- et trés couramment avec les sens a$aiblis de 4ire
sonne ou de ce qui est entiern, <bon étatm, +aJut, bonjour à qqn =,=Venir présenter ses hommagesp ; le
sauvegarde, conservation» puis wiem, par opposi- verbe dérive de salus. *Le verbe apparaît vers 980
tion à amort». La notion est personnif&e et divinisée Isuluderl au sens d’chonorer, adorern. Avec une
dans la déesse Sulus, ticelle qui assure le salutm, et autre valeur du latin, <<donner à qqn une marque
le mot est souvent employé comme formule de sa- extérieure de civilité, de respect, en le ren-
lut kalutem dicere, dure). Comme f&s (-+ foi), su- contrant-, il est attesté à partir de Lu Chanson de
lus, ancien terme religieux passé dans la langue Roland (1080, saluer) et il est demeuré usuel. 0 Le
courante, a été repris dans la langue de 1’Eglise verbe reprend Iv. 11701 le sens premier du latin,
chrétienne qui lui a donné une nouvelle valeur. Le csauvep, encore au XVII~ s. avec une valeur affaiblie.
mot dérive de salves aentier, intacts I+ sauf?. Il s’emploie spécialement (1538) pour tifaire ses
SALVATEUR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

compliments par lettreB, puis *faire le salut mili- 0 SALVE n. m. inv., attesté en 1367 (écrit sahé),
taire & (1609), saluer de la voix correspondant à est le premier mot d’une antienne latine dite en
crier Vive le Rein, dans la marine 11690, Th. Cor- l’honneur de la Vierge, Salve, Regina USalut,
neille). Saluer empereur, etc., finommer par accla- Reinen, de salve <csalut;m(+ 0 salve) et regina
mation> 116431, est sorti d’usage. Saluer sime <reine**.
aussi «manifester du respect à (qqch.1 par des pra- + Dans la liturgie catholique, le mot désigne une
tiques réglées- (1611, saluer le drapeau, E’auteE, etc.). prière en l’honneur de la Vierge; on dit aussi le
0 Le verbe reprend au XVII~ s. le sens latin de wisi- Salve Regina n. m. (1870). La locution figurée il faut
ter (qqn)>> (1662). 0 Au XIX” s., il sime par figure chanter le sahé ~hfkire est terminée> (16901, en-
wzr=ueillir (qqch., un événement) par des manifes- core relevée au XIX~ s., est sortie d’usage.
tations extérieures* (1839, Balzac).
- Le dérivé SALUABLE adj. s’est appliqué à ce qui 0 SALVE n. f. est emprunté (16661 à l’espagnol
donne la santé Iv. 11551 et quaNe E& s.) ce qui mé- salva, dérivé de salvar asauvern, lui-même du bas
rite d’être salué. -SALUEUR,EUSE adj. et n. latin sahure <sauver*>.
Iv. 1530; féminin, relevé en 1875) se dit de qqn qui + Le mot, aujourd’hui didactique, désigne comme
fait beaucoup de saluts, qui salue. + SALUADE n. f. l’étymon une coupe en vermeil sur laquelle l’éti-
&vérence= Iv. 15601, donné pour vieilli en 1762, est quette voulait que l’on présentât certains objets à
sorti d’usage. un prince; le nom vient du fait qu’à l’origine la
SALUTATION n. f. est emprunté (v. 1275) au latin coupe avait été employée pour vétier que les ali-
salutatio ageste de salut », aaction de présenter ses ments et boissons destinés à un prince étaient
civilités », Nhommages, visiteti, dkivé de salutatum, sains, non empoisonnés.
supin de salutare. 0 Le mot est sorti d’usage pour
<action de saluer>>, premier sens attesté, noté peu SAMARITAIN, AINE n. apparaît sous la
usité en 1718. ~Dans le vocabulaire rehgieux, forme samarithan en 1330 et sous la forme mo-
sainte salutation. (xv” s.1, puis salutation afigélique derne au ~IX~ s. 11870, la Samaritaine, le bon Suma-
(16801, désigne les paroles de 1’Ave Maria par les- ritain). Le mot est emprunté au bas latin ecclésias-
quelles l’ange Gabriel annonça à la Vierge Marie tique Samatitanus ade Samarie,, dérivé du latin
qu’elle serait mère du Christ. 0 Le mot se dit aussi classique Samaria &kmarie~, ville et région de Pa-
(1718) d’une manière de saluer solennelle ou exa- lestine (en grec SamareiuI.
gérée. Il s’emploie au pluriel dans les formules de
+Terme d’histoire des religions, samatitain dé-
politesse écrites.
signe un Juif lune Juive) de Samarie, et les Sumati-
SALUTAIRE adj. est un emprunt au dérivé latin
tains, une secte religieuse gnostique et ascé!ique
salutati “qui concerne la conservation, le salut»,
qui ne croyait pas à la Résurrection. Dans l’Evan-
-utile, avantageux, favorablen. L’adjectif consewe
gile selon saint Luc (Iv, 103,le bon Sumaritain est le
d’abord le sens du latin ( 1315, estat salutaire, d’une
personnage présenté par le Christ dans une para-
ville), dans le domaine physique (1567) ou moral
bole comme un modèle de charité discrète ; d’où la
11495) ; il s’applique en religion à ce qui est propre à
locution figurée t%re (18791, faire Ie bon samaritain
assurer le salut de l’âme (v. 14001,d’où legation sa-
Ide qqn1 Nsemontrer secourable, dévoué>>, souvent
lutaire clegs pieuxm (16191, sorti d’usage. +SALU-
employée avec une nuance d’ironie, et l’emploi ré-
TAIREMENT adv. IXVI” s.1 est vieilli ou littéraire.
gional (Suisse) de samaritairt pour asecouriste».
0 voir SALUBRE, SAUF, SAUVEZ.
0 Le mot s’applique aussi, didadiquement (18761, à
SALVATEUR, SALVATION + SAUVER ce qui est relatif à la Sarnarie et désigne (18761 la
langue des Samaritains.
0 SALVE n. f. est un emprunt savant (15593 au
latin salve #salut>, =Porte-toi bien-, impératif de sal- SAMARIUM n. m. est formé (1879) à partir de
vere &tre sain et sauf, bien portantm, surtout usité samarlskitel [18781, nom d’un minerai découvert (et
comme formule de salutation ; l’italien salva n’est ainsi nommé en allemand, en 1847) par le chimiste
attesté qu’en 1614 au sens de +alutation». Le verbe russe Sumarskzi et duquel fut extrait ce métal Isym-
dérive de l’adjectif salves {(entier, intacts, puis asauf, bole Sml qui fait partie des terres rares.
sain et sauf, en bonne santé» (-, sauf).
+ Salve désigne d’abord une décharge simultanée SAMBA n. f. est un emprunt (v. 19231 au portu-
d’armes à feu et, plus tard, de coups de canon gais du Brésil samba, lui-même emprunté à une
(18291, tirée en l’honneur de qqn, puis pour annon- langue négro-ticaine ou au tupi.
cer une nouvelle ou en signe de festivités. Le mot 4 Le mot, qui ne s’est répandu qu’après la guerre
s’emploie aussi ( 1587, au masculin, d’Aubigné) en de 193% 1945, désigne une danse d’origine brési-
parlant d’une décharge d’armes à l’exercice ou au lienne à deux temps, apparentée à la rumba.
combat, d’où la locution tirer en salve <tirer plu-
sieurs pièces de canon en même tempsm. *Par SAMBUQUE n. f., réfection classique Il6401 de
analogie, le mot correspond dans salve d’appluu- la forme sambue (v. 11751,devenue sambique ( 1288)
dissemmts à =applaudissements éclatant en- puis sambucque (15X9, altéré chez Oresme krve s.)
sembleti 11792). Q Au XX~s., il désigne par analogie en jarnbus, est un emprunt au bas latin sambuca,
en physique l’appatition brusque d’un grand lui-même du grec sambukê dont il a repris les sens.
nombre de paires d’ions 11975 ; aussi salve de neu- Le mot grec désignait un instrument de musique
tronsl. triangulaire à quatre cordes (espèce de harpe) et
Q voir @SALVE. par ailleurs une machine de guerre pour lancer
DE LA LANGUE FRANÇAISE SAN-BENITO

des projectiles, dont la forme s’apparentait à celle XIII~s., incluait notamment la pratique de la mort ri-
de l’instrument. Sumbukê est d’origine orientale : il tuelle nommée seppuku (hara-kiri par les Occiden-
transcrit, dans la Bible, le nom arméen d’un ins- taux). Le mot s’emploie couramment en parlant
trument de musique, sabb”k6. Par analogie de d’un guerrier du Japon ancien, tel que la tradition
forme, le mot se dit en latin médiéval pour «selle de le fige dans des images convenues.
femme)).
SAMOVAR n. m., emprunté en 1843 (1829, sa-
4 Sambuque est utilisé en ancien français avec ce
mowar), est un mot russe, composé de sumo <auto-,
sens et par métonymie pour ahousse de selle»
soi-mêmea (neutre de sam «lui-même=, apparenté
iv. 1175, Chrétien de Troyes). 0 Le nom reprend
à la racine indoeuropéenne du latin similis; + simi-
ensuite les acceptions du grec et du bas latin. Il dé-
laire) et de vutit’ «cuire, bouillir*. Schifner croit y
signe d’abord ( 1288, sambique; 1533, sambucque,
voir un calque du latin authepsu (Cicéron) Kmar-
sambuche) une machine de guerre en usage au
mite faisant sa cuisson elle-même (contenant à la
moyen Age, constituée d’une échelle portée sur un
fois ce que l’on veut faire cuire et le foyer%, du grec
chariot, munie d’une plate-forme sur sa partie su-
uutheptis, également panthep%s flustensile pour
périeure. 0 Comme terme de musique, le mot a
faire bouilliw L’explication selon laquelle samovar
d’abord désigné (1372, sambux) une sorte de flûte;
viendrait du turc sanabr semble peu fondée.
l’emploi pour «harpe», attesté une première fois au
xrve s. Isambuel, est repris en 1765 pour désigner +Le mot désigne une bouilloire en cuivre où l’on
l’instrument à cordes pincées en usage dans la met des braises, qui permet d’avoir de l’eau bouil-
Grèce antique. lante pour les usages domestiques, notamment
pour la préparation du thé.
SAMEDI n. m. (11551, d’abord samadi (11191,re- @ voir S-AT.

présente une forme réduite de sambedi, sous l’in-


SAMPAN n. m. est un mot emprunté, d’abord
fluence de l’ancien français seme (du latin se@-
sous la forme italienne dampane (v. 1540, dans un
mu& sambedi est issu du bas latin sambati dies
récit de voyage, attestation isolée), puis sous les
<jour du sabbatm, du génitif de sambatum, variante
formes champun 116021, forme qui existe en néer-
d’origine grecque du latin classique subbatum
landais, siampan (17363, sampan (18481, au chinois
(+ sabbat) et du latin classique dks cjow
sanpan, proprement <trois Isanl planches Ipanh.
(+ diurne). La forme sabbatum est représentée
Ce mot extrême-oriental (également malais) a
dans les langues romanes par l’italien sabato, l’es-
peut-être été importé par les Portugais (cf. portu-
pagnol scibado, avec inversion de l’ordre latin dans
gais chumpana, espagnok samphnl.
le catalan dtisapte et l’occitan disapte; sambedi est
représenté dans Zeroumain sûmbütti, l’ancien haut 4 Sampan, aussi écrit sampang, désigne une petite
allemand sambuztuc (allemand Samstugl ; cette embarcation à voile unique utilisée en Chine et ser-
forme en mb est à la base des formes slaves, ce qui vant souvent d’habitation.
supposerait un déplacement depuis la région des wLe dérivé SAMPANIER n. m. (av. 18991 se dit de
Balkans, par le Danube et le Rhin, parallèle à une celui qui fait naviguer un sampan.
première vague de christianisation.
SANATORIUM n. m. est emprunté (1878, sa-
4 Samedi désigne le septième jour de la semaine, natorial au neutre du bas latin sanatotius apropre à
correspondant au jour du sabbat chez les juifs, d’où guéti, adjectif dérivé de sanatum, supin du latin
samedi suint, dernier jour de la semaine sainte. classique sanare +uérir~, lui-même de sanw -bien
portant, (+ sain). Une variante sanitarium, relevée
S AMIZDAT n. m. est emprunté ( 1960) au russe en 1870 chez L. Rousselet au sens de astation de re-
samizdat siaant proprement aauto-édition*, mot posa (aux Indes), représente sans doute un em-
composé, sur le modèle de gosizdat &ition d’Étatn prunt à l’anglais sanatorium, d’abord ustation de
et comme abréviation de samoizdatiel’stvo <auto- plein airm (18423,
éditionn, de samo, neutre, =autoa et de izdatil’stvo
&ditionn. Le mot n’existe pas dans les dictionnaires +Sanatotium, qui a signifié <hôpital maritimes
(18783, désigne ensuite (18881 une maison de santé
russes (absent du dictionnaire de l’Académie des
sciences, 19821, bien qu’il ait été employé tout à fait où l’on soigne au grand air certains malades, no-
normalement avant la période de libéralisation. tamment les tuberculeux pulmonaires.
SANA n. m. représente une abréviation familière
4 Samizdut désigne la diffusion clandestine des ou- (déb. XX~s.1de sanatorium.
vrages interdits par la censure en U. R. S. S. et par
b Le dérivé SANAT~RIAL,ALE,AUX adj. (1968)
métonymie un ouvrage ainsi diffusé.
est d’emploi didactique.
0 voir SAMOVAFL
SAN-BENITO ou SANBENITO n. m. inv.
SAMOURAÏ n. m. est la translittération (1852) est emprunté, d’abord sous la forme fkancisée sant
d’un mot japonais d’emploi didactique. CIbéni, sanbenite (1611; 1618, d’Aubigné) puis sous
+ Samourai, terme d’histoire, désigne un membre la forme d’origine 116751, à l’espagnol sambenito,
de la classe des guerriers (aussi nommé bushil qui, tiré du nom propre SanBenito asaint Benoîtn, par
dans la société féodale du Japon et jusqu’à la fin du allusion ironique à l’habit des moines de l’ordre de
xrx” s., était au service d’un seigneur appelé daïmyo Saint-Benoît. Une forme suc béni 116901, de sac*, est
(littéralement «les grands nomsmI. Le code d’hon- relevée avec le même sens (encore dans Trévoux,
neur de la classe des guerriers, déti au début du 1771).
SANCTIFIER 3372 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Terme d’histoire des religions, savtbenito désigne de l’approbation donnée à qqch. et en droit ( 17651
une casaque jaune que devaient revêtir ceux que d’une peine ou d’une récompense prévue pour as-
l’Inquisition avait condamnés au bûcher. On em- surer l’exécution d’une loi, d’où la valeur générale
ploie aussi la forme sambenito. de «peine ou récompense provoquée par une cer-
taine manière d’ag+ et ((conséquence résultant
SANCTIFIER v. tr. représente une réfection d’une façon d’a@, d’ordre naturel ou social
(1486) par latinisation de l’ancien français saintek (av. 1778, Rousseau). 0 Comme terme de droit ou
(v. 11201, issu du latin ecclésiastique sanctificare d’histoire, le mot désigne aussi ( 1788, Féraudl l’acte
<rendre saints (III~ sd, formé à partir du latin clas- par lequel le souverain, le chef du pouvoir exécutif,
sique sanctus C+ saint) et de fucere I+ faire). On re- revêt une mesure législative de l’approbation qui
lève aussi en judéo-français la forme saintijer lui donne une force exécutoire. o Au ti s., sunc-
(cf. espagnol santiguar) et en ancien français les va- ttin se dit couramment d’une peine établie par une
riantes suntifkr Il 155, Wace), suintefier he-xme sd, loi pour réprimer certains actes, et en droit inter-
sainctifîer En me s.l. national s’emploie dans sanction kconomiqw, mili-
4 Les principaux emplois du verbe apparaissent taire, etc. En français contemporain, le mot évoque
dès le X~I~siècle ; il signifie comme en latin ecclé- le concept de punition et sa valeur générale (in-
siastique arendre saint (qqch.1, conforme à la loi di- cluant arécompense n’est connue que d’une mi-
vine)> (w” s., suintefier) et, spécialement, -honorer norité de locuteurs.
dignement (le nom de DieuIn Im” s., saintefier; b SANCTIONNER v. tr. Sign%e (1777) adonner la
forme moderne, 15501, d’où «célébrer religieuse- sanction (à une loi)n puis le verbe prend le sens gé-
ment (le dimanche, les fêtes de l’Église)n (v. 12651, néral (1798) de aconkrner (légalement ou officielle-
sens disparu, oSunct&r se dit parallèlement ment)B. 0 Au ti s., il se dit pour <<punir par une
Iv. 1155, suntifler1 pour «rendre sacré, noble (qqch.), sanctionn .
par l’accomplissement de certains rites religieuxn;
cet emploi est aujourd’hui littéraire. 0 De la pre- SANCTUAIRE n. m. est la réfection (v. 1380)
mière valeur vient le sens de cmettre (qqn) en état d’après le latin de l’ancien français suintuurie
de grhe, (1550, sainctifîer; 1541, se sunctifw, chez Iv. 11201, issu du latin sunctzmrium acabinet d’un
Calvin) et ensuite *mettre par de bons exemples roi= et, en bas latin, alieu sac&, lui-même dérivé
dans la voie du salut» 11689, Racine). Le verbe s’est de sunctus (-+ saint).
dit à l’époque classique pour =sanctionner>) ( 1649,
Retzl, aweption sortie d’usage. + Le mot désigne d’abord la partie du temple de Jé-
rusalem où était gardée l’arche d’alliance, aussi
b Le dérivé SANCTIFIANT, ANTE adj., aqui sancti-
nommée Suint * des Suints ; dès le XII~s., il s’emploie
fiem, s’emploie dans g&e sanctifiante ( 16411.
EV.11551 à propos du lieu le plus saint d’un edifice
Aux dérivés du latin ecclésiastique sunctificutzm,
religieux. 0 Par extension, sanctuaire désigne un
supin de sunctikare, ont été empruntés deux
lieu saint (15591, un édifice consacré aux cérémo-
mots. + SANCTIFICATION 11. f., fOrnE refaite
nies du culte (1611) et la partie d’une église où se
(15601 sur sanctificutio, de saintificutiun, suntificu-
trouve le maître-autel 11690). Il s’emploie par figure
tiun (v. 11201, sunctifîcassion Iv. 13001, désigne
à propos d’un lieu fermé, secret (17881, dès le xwe s.
d’abord l’action de sanctfier (qqn, qqch.), puis l’ac-
dans l’expression sortie d’usage le sanctuaire de la
tion de révérer comme saint 11541, Calvin1 ainsi que
justice cle palais de justicen (1677). -Au me s., par
la célébration des jours consacrés à Dieu ( 1561,
emprunt (1970) à l’anglais sunctuury, sanctuaire se
Calvin). Au ti s., sanctification se dit du fait de
dit d’un lieu protégé des combats au cours d’un
conférer (à qqch.) un caractère sacré. + SANCTIFI-
conflit, puis d’un lieu protégé où vit une espèce
CATEUR, TRICE n. et adj ., emprunt au dérivé latin
d’animal menacée (19%) ; le mot anglais, emprunté
sanctificutor acelui qui sanctifïe~, est une réfection
krve s.1 à l’ancien français, a le sens de 4ieu pro-
(1486 ; le T.L.F. ne retient que 1539, Calvin) des
tégé, depuis le XVI~s. dans des composés (sunc-
formes nominales anciennes empruntées, suncti-
tuury town Mlle sanctuaire4
fiaire (XIII~s., hapax), ou évoluées : suinteiîmes En
me s., Joinville) et suintefleur Cv. 13101. On relève au k Lié aux emplois récents de sanchaire, SANC-
XIII~s. sunctificudor en ancien provençal. 0 Le mot TUARISER v. tr. 11973 est probablement em-
conserve le sens religieux du latin; il est attesté prunté à l’anglais to sunctuutize (1602) ; il a fourni
comme adjectif à partir de 1752. SANCTUARISATION n. f. (1973).

SANCTION n. f. est un emprunt Exil” s., hapax) SANDALE n. f., réfection Cv.1225) de spndde
au latin classique suncti <<peine, punitionm et en Cv.11701, cendule (12601, est emprunté au latin sun-
bas latin «Mit, ordonnance» Cv”s.l. Sanctio dérive dulium (pl. sanddu) Ksandale, chaussure de
du supin sunctum I+ saint) de sancire, terne de la femmen, lui-même emprunté au grec sundaltin, di-
langue religieuse et politique signifiant *rendre sa- minutif de sanddon désignant une chaussure de
cré ou inviolable= puis &tablir solennellement (par bois fixée par des courroies passant su le pied,
une loi)>, d’oti aratifler, sanctionner». probablement emprunt oriental ,kf. persan sandal).
+ Introduit dans la langue religieuse, le mot dé- La sandale était connue dans l’Egypte ancienne et
signe un précepte, puis une règle monastique en Syrie, où elle était le priviIège des dieux, des rois
(14931,un règlement concernant les matières ecclé- et des hauts dignitaires; de l’Egypte, elle passe en
siastiques (1516 ; encore à la ti du XIX” s.), toutes ac- Grèce puis en Italie où, ornée d’or et de soie, elle
ceptions disparues. 0 Sanction se dit ensuite ( 1762) reste réservée à l’aristocratie. Au début de l’ère
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3373 SANG

chrétienne, les prêtres se distinguent par le port de +Satire désigne un poisson de rivière, que l’on
sandales pour célébrer les cérémonies sacrées. rencontre en particulier dans les cours d’eau de
4 Sandale, en concurrence avec sandaile Iv. 12403 et l’Allemagne du Nord et dans le bassin du Danube.
sandaire (XIII~s.), désigne (v. 1225) une chaussure lé- SANDWICH n. m., attesté en 1802 et répandu
gère constituée d’une semelle retenant le pied par au ~IX~s., est emprunté à un mot anglais 11762) tiré
des cordons ou des lanières, d’abord utilisée par du nom de John Montagu, comte de Sandwich
les religieux, qui en eurent longtemps l’exclusivité. (1718-17921, dont le cuisinier inventa, dit-on, ce
oLe mot s’est aussi employé, par analogie de mode de repas sommaire pour éviter à son ma3re
forme (1694, Corneille), pour désigner un bateau en de quitter sa table de jeu. Le mot s’est employé au
usage dans le Levant et sur les cotes de l’A&ique féminin, encore dans Littré, en 1870. Queneau l’a
septentrionale. 0 Certains emplois particuliers du francisé en sandouiche (1951), mais l’orthoeaphe
sens premier sont sortis d’usage : sandale a dési- anglaise est seule normale.
gné un soulier à demi-empeigne et forte semelle,
que l’on chaussait pour tirer ou faire de l’escrime 4 Le mot désigne un mets constitué par deux
(1701, Furetière), et la petite plaque de bois sur la- tranches de pain entre lesquelles on place des ali-
quelle on appuie le pied pour faire mouvoir un ments froids. En France, la réalité ainsi désignée
sotiet d’orgues (18361, Q La locution figurée se- est très différente de son équivalent anglo-améri-
couer la poussière de ses sandales -quitter pour ja- tain. Le sandwich est souvent fait avec de la ba-
mais (qqn ou qqch.)n (1839) est très littéraire. ~AU guette, et non avec le pain de mie anglo-saxon. Le
XX~s., la sandale devient une chaussure légère cou- sandwich à la française est appelé sous-marin pan-
rante, portée par les hommes et les femmes, carac- glais stimarine) en français du Canada. 0 Le mot
téristique des vacances. donne lieu à divers syntagmes : sandwich au jam-
bon, au pûté, en apposition sandwich jambon, dl-
b SANDALIER n., terme technique, désigne (16801 lettes, etc. 0 Il s’emploie par analogie dans la lo-
la personne qui fait des sandales. 0 Il a pour équi- cution adverbiale en sandwich (1875) <<en étant
valent SANDALISTE n. Mil. xx’ s.l. +Le diminutif coincé entre deux choses ou deux personnesti et
SANDALETTE n. f. (19221 désigne une sandale lé- dans homme-sandwich (18761, payé pour se prome-
gère à empeigne très basse. ner dans les rues en portant des placards publici-
taires, à l’origine, l’un devant l’autre derrière; cet
SANDARAQUE n. f., réfection (1547) de emploi semble inspiré par l’anglais sandwich (1836-
formes comme sandarach ( 15371, antérieurement 18391 et sandwich-man (1864; de man «homme4.
altérée en landarache ( 14821, est un emprunt au la- 0 C’est aussi par analogie que le mot est utilisé en
tin impérial sandaraca w.rlfure rouge d’arsenic, biologie 119333 et dans le vocabulaire technique
réalgar=, lui-même pris au grec sandaralzê, em- ( 1934 ; en apposition mat&iuux satitichl.
prunt oriental de source inconnue. b SANDWICHER v. tr. s’emploie au propre (1925)
+Le mot s’est employé autrefois au sens du latin et au figuré (relevé en 1958).
jusqu’au XVIII~siècle ; il désigne ensuite I 16 11, aussi
satiarachel une résine extraite d’une espèce de SANG n. m. est issu Iv. 9801, écrit aussi sanc
thuya, utilisée autrefois pour glacer le papier et (10801, du latin classique sanguen, forme neutre fré-
l’empêcher de boire, aujourd’hui dans la prépara- quente pour cette notion dans d’autres langues, de
tion de vernis; en ce sens, on relève les formes la- sanguis, sanguinis -sang qui coulem, par opposition
tines sandaraca (1559) et sandaracha (1562). 011
à cruor eang coagulén (--+cru, cruel). Sanguis est
s’est dit par analogie de la substance dont se nour- toujours au singulier, sauf en latin ecclésiastique. Il
rissent les abeilles ouvrières (1812 ; sous la forme la- Sign%e aussi Nconstituant de la parenté ou de la
tine, 1562). descendance», selon la tradition ancienne et ren-
due caduque par la science du mes., qui fait du
sang le porteur des caractères héréditaires et ra-
SANDOW n. m., relevé en 1902 chez Jarry, est ciaux. Le latin a employé sanguis par figure pour
le nom anglais d’une marque déposée par la &-me <force vitale, vie>>, en parlant de l’État, de l’élo-
qui produisait l’extenseur ainsi appelé, probable- quence, etc., et par ailleurs dans des locutions. Le
ment d’après Sandow, nom d’un athlète célèbre au mot reste d’origine obscure, comme les équivalents
XIX~ siècle. grec huimu (-+ hémo-1 ou gallois gwued; le vieux
4 Le mot désigne un câble élastique, d’abord utilisé slave kruvi est de la famille de cwr, alors que les
dans le montage de certains appareils de gymnas- formes du baltique remontent au groupe du sans-
tique, d’où son emploi E19331pour un câble freinant krit @k, asn@.
l’atterrissage d’un avion 119293, pour l’appareil 4 Le mot désigne, comme son étymon sang&, le
gymnastique, pour le lancement des planeurs sang liquide, liquide organique rouge présent dans
(19331, etc. le corps des animaux supérieurs, notamment les
oiseaux et les mammifères, surtout perçu lorsqu’il
SANDRE n. m. est une adaptation (1785, trad. s’échappe soit par une cause naturelle, patholo-
de l’allemand) de l’allemand Zander; sous l’in- gique ou non (le sang menstruel), soit et surtout par
fluence du latin scienti-fique sandra, de même ori- une cause traumatique, blessure, coupure. Le sang
gine, et sans doute aussi de l’homonyme cendre, le est alors culturellement le symbole de la vie qui
mot est donné comme féminin dans la plupart des s’écoule et, par transfert métonymique, celui de la
dictionnaires de 1900 à 1950. violence, voire de la cruauté (verser le sang). Le lien
SANG 3374 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

entre violence et parenté, et donc hérédité, est déjà rassis (1538) ; foti Ù sang «empor& 11440- 14753qui a
établi par la Genèse, à propos de l’assassinat été remplacé par avoir le sang chaud ( 1636). Mau-
d’Abel par Caïn : il s’exprime par la locution la vo& vais sang amauvaise intentionn ( 1440-1475) a pris
du sang. Ces thèmes symboliques sont exploités ensuite une autre acception (ci-dessous). ~AU
tout au long de l’histoire des mots exprimant cette XVI~s., sang est employé en médecine dans sang
notion fondamentale, comme on va le voir pour le meurtry ~meurtrissure» (1510), sang mort cecchy-
français sang. m, le concept scientifique de mose, (1598) et dans tirer du sang ù qqn (1538) qui
sang, après la distinction antique des veines* et des correspond à saigner I+ saignée, saigner). 0 Prix de
artères* et la théorie galénique, se met en place au sang (15501, puis prix du sang “prix payé à un
XVII~ s., grâce à Harvey, premier descripteur de la homme qui a livré un condamné à mort, traduit
circulation (1619; puis 16281, et à Leuwenhoek qui une expression biblique (en latin pretium sungui-
observe les globules rouges en 1652. La découverte nis). 0 Le mot s’emploie pour <liquide mêlé de
des groupes sanguins est récente (1900, Landstei- sang> dans suer sang et eau (1588). ~Rouge sang
ner) et permet de reprendre le thème de l’héré- de boeuf désigne une couleur (déb. xv&.WLe
dité, validé par celui de la permanence génétique, XVIesiècle voit apparaître la précision conceptuelle
après les déviations idéologiques des XVIII~-XIX~ s., qui va de pair avec les progrès de la physiologie :
où un mythe du sang, toujours actif au XX~ s., ali- sang m-ter@ sang veynal(1520).
mente la pensée raciste. Au ~VII~s., les locutions se multiplient, beaucoup
Le sens du mot et sa symbolique essentielle n’évo- étant aujourd’hui littéraires et archaïques. Elles
luent que très lentement; en revanche, le concept concernent notamment le thème symbolique de la
scientsque se construit aux XVII~ et ~VIII~, puis se violence et de la mort violente : (1636) tremper ses
précise aux xrxe et me siècles. À partir de cette ac- mains dans le sang (variante : au sang), laver un ou-
ception, le mot est employé au propre et au figuré truge dans le sang; (1647) être déré de sang; (16521
dans de nombreuses locutions : sang versé Cà la pleurer des larmes de sang; (1662) verser le sang
guerre, dans une rixe...). Sang sert de métaphore se couvrir du sang de qqn; 11664) mettre qqn en
de la vie humaine, spécialement dans le vocabu- sang, inonder un pays de sang; (1675) nager dans Ie
laire religieux et comme principe K~3ifI de la fa- sang. 0 Le vocabulaire religieux s’enrichit pour dé-
mille et de la descendance, voire d’une naissance signer le sang du Christ (1670, Ie sang de I’&eati,
Npure>>. - Dès les premières attestations phraséolo- spécialement avec Précieux sw, vin changé en
giques, le sang est celui versé par violence (1080) : sang du Christ, dans l’Eucharistie (1680). 0 À la Cn
de sang <<de nature sanguinairep (XII~ s.), traire Mi- du siècle, les dictionnaires enregistrent de nou-
rer4 le sang =Verser le sang* (seconde moitié XII~ s.1, velles locutions figurées, comme tirer le sang des
espundre le sang (XII~ s.1 puis respundre ( 1550). Sang veines *tirer de l’argent de la bourse (d’un avare),,
a si@% aussi ametire, Sa;ng versé> (1170) et faire donner jusqu’à la dernî&re goutte de son sang «se
sang s’est dit (1283) pour Nblesseru, d’où sang fuit sacrifier entièrementm, le sang répandu ales tués>>,
ctblessuren. 0 La valeur métaphorique de Kprincipe payer qqch. de son smg11690, Furetièrel, épwer
des passions= apparaît dans avoir le sang müe &tre Ie saug. Se battre au premier sang signiCe <se
troublé, bouleversé)) (v. 11721, sorti d’usage. Faire battre en duel, en cessant le combat dès la pre-
bouillir le sang (le sang bout dans les veines, 1624, mière blessurea (1694, Académie).
Hardy) et sang-bouillant #homme d’un caractère La métaphore de l’extraction da!ns sang noble
emporté% (XVII~s-1réalisent une métaphore plus an- 116651 se retrouve (17011 dans droit du sang “que
cienne (XIV~s.l. On trouve aussi le sang se glace, se donne la naissance)), force du sang (vieux), VO~ du
gèle (1583, Garnier). 0 Sang <principe de vien est sang; lêtrel dans le sang se dit des caractères héré-
souvent associé à chair; ainsi, on dit que le Christ ditaires ( 17011 ou pour ainhérent à la personne,
prend la chair et le sang, devient un homme 11798). Le thème du sang pour ~hérédité~, devenu
(v. 1206). Par ailleurs, en religion, le mot désigne le scientifiquement caduc, alimentera pourtant les
sang que le Christ a versé pour la rédemption des hiérarchies racistes aux xd et me siècles. 0 Sur le
hommes; attesté isolément, cet emploi est repris plan psychologique, le sang *tempérament, pro-
au me s. (1670). 4Vers 1200 apparaît aussi la va- duit au XWII~s. faire du bon sang <éprouver du plai-
leur métaphorique du sang avec la valeur de afa- sin (17351, transformé en se faire du bon sang
mille}), puis comme constituant de la descendance, ( 18701, à côté de cela fuit faire de mauvais sang
de la parenté, dans boim sains ne poet fulir (bon (17521, puis du mauvais sang ( 1766) et se faire du
sang ne peut faillir; v. 13301, devenue bon sang ne mauvais sang (1769) ase tourmenter». + A la même
peut mentir (1577) <<lesqualités, (par ironie) les dé- époque, le mot s’emploie concrètement en cuisine :
fauts des parents se retrouvent chez les enfants, et au sag «cuit dans son sangD Il 740, canard au sang).
11640) 4tiection naturelle entre personnes de o En sciences, la division proposée au XVIII~ s. (1781)
même sang ne manque pas de se déclarep. On re- en unimuux ct sang chaud (oiseaux et quadru-
lève aussi en moyen français la locution estie de pèdes), à sang froid (serpents, poissonsl, à sang
sang à qqn *être son parent> (1390), mon (ton, etc.) rouge, à sang blanc restera en usage jusqu’au dé-
sang =mon père>, =ma Clle», etc. (1440-1475) et estre but du ti s. où c’est la variation thermique du sang
de sang ade famille royalen (1440-14751, locutions qui devient le critère Ihoméothemzti, etc.). 0 La fi-
disparues à la différence de prince du sang (1573). gure du sang en mouvement pour exprimer l’im-
+ Dans l’ordre du caractère, sont employés de froid tation, l’excitation a de nombreuses variantes,
sang 113951 qui a donné sang-t?oid (ci-dessous), a comme fouetter le sang (17841, dhmer le Smg
sanc ru&,s aavec calmem 113461, d’où être de sang (1800), etc. À la fm du xvme s., les dirigemts de la
LE SANG
sang
L palsamblcu

sanguinars saigner
saignée
t saignement, etc.

- sanguineus sanguin - sanguine


I- consanguineus consanguin
b sanguinolsnfus sanguinolent
: sa$sfus sanglant
L ensanglanter
sanguisuga sangsue
t-
- manguis exsangue

cru
tc qui fait couter le sang 11, r écru
tt cruel )b, « non cuit n
crudité

L reerudsseere recrudescence

*crudalis cruel
L erudelifas - “erudalifas cruauté

héma-

L L (himagogue,
hémat-
t (hématie, etc.)
etc.)

hémato-
L(h’ tmatologic, etc. )

l hémo-
grec
L [h’emoglobine,

t
hémophilie, etc.)
HAIMA-
-émie (leucémie, etc.)

c
lat.scientifique
anaimia anaemia
anémier
anémique
latin
haimorrhagia haemorrhagia hémorragie

L haimorrhois, -ides - haemorrhoioda hémorroide


SANG 3376 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Terreur ont été nommés ( 1793-17951 par leurs ad- sang, en sangB (10801, dans pluie sanglante @n
versaires buveurs de sang, hommes de sang, tigres xtle s.) ; puis il s’applique à ce qui est couvert du sang
altérés de sang par un usage de rhétorique clas- qu’on a fait couler (v. 11551 et à la personne qui a fait
sique (ci-dessus). - L’exploitation métaphorique de couler le sang (1172-l 174). 0 Par figure, sanglant
la qualité du sang pour symboliser celle du tempé- s’est utilisé jusqu’au XVI~s. (v. 1395, n. m.1 comme
rament se développe alors : n’avoir pas de sang élément pour renforcer la valeur péjorative d’un
dans les veines *être sans énergie, lâchem 117981, adjectif ou d’un nom Iv. 1450, le sanglant pis <ce
avoir du sang de navet (18751, de poulet (xx” s.) s’op- qu’il y a de pis au monde))), et comme terme d’in-
posent à avoir du sang dans les veines (attesté en jure (xv” s.3; bloody a gardé cette valeur en anglais
1835). 0 Avoir qqch. dans le sang (18883 sigle (cf. sacré). 0 Sanglant qual%e ensuite ce qui a la
aêtre intuitivement disposé à qqch.m. 0 Le diction- couleur du sang tv. 1580) et ce qui s’accompagne
naire de l’Académie (1835) relève coup de sw«hé- d’effusion de sang (1580; 1672, mort sanglante), spé-
morragie cérébrale%, le sang a coulé ta été ré- cialement (1640) de ce qui s’accompagne de luttes
pandu) et faire couler le sang *être la cause d’une meurtrières, en parlant d’un espace de temps lun
rixe sanglantes, qui montrent l’enrichissement des règne sangZant1. L’adjectif s’applique aussi à ce qui
emplois concrets. 0 L’idée de -race» passe dans le doit faire couler le sang, par exemple un ordre
domaine animal, avec sang *race de chevaux= (16401, et Sign%e figurément aextrêmement bles-
(18351, de pur sang, cheval pur-sang (1842) et demi- sant, (v. 16501. 0 Vian& sangZante (16941 a été sup-
sang (18701, pur-sang étant repris par l’argot pour planté par viande saignante, l’adjectif ayant pris
win purs 11867) et Nprostituée de luxe>> (18671, dans une valeur de violence meurtrière.
ce cas par jeu de mots sur pouliche. 0 On trouve De l’adjectif a été dérivé SANGLANTER v. tr.
encore, pour des réactions psychologiques, le sang (v. 12001, dès vers 1180 au participe passé. +De là
hi monte a la tête 11835) et, dans un registre plus vient le prétié ENSANGLANTER v.tr. h. 11501,
populaire, se manger le iw2g &impatienter, s’in- d’abord au participe passé ensanglentet (1080). Le
quiéter= 118421, faire tourner le sang si qqn &i cau- verbe sime ~couvrir, tacher de sanp (1215, au
ser un vif émoi)> ( 18471, se ronger les sarzg~ «se pronominall, puis (1640) *couvrir du sang qu’on fait
contenirn (1875). oBon sang! (1880) est une inter- couleru en parlant d’une guerre, d’un meurtre, et
jection marquant la mauvaise humeur, la colère, Mmarquer par la violence, la mortn ( 16431.0 Il s’em-
etc., qui continue par le sang de Dieu, masquée par ploie par figure (1690) au sens de ((représenter des
le sang bleu (3 palsambleu). 0 Avoir du sang bleu meurtres sur une scène de théâtre>>. 0 Le verbe est
<<être de sang noblem ( 1817, Stendhal) est un em- littéraire et vieilli pour acolorer de rouge» (av. 1848,
prunt tardif à l’espagnol sangre azul, expression at- Chateaubriand, parlant du soleil coucha&. +EN-
tribuée à la noblesse castillane qui se targuait de ne SANGLANTEMENT n. m. Sign%e cv.1190) <sang
pas s’être mésalliée avec les Maures ou les Juifs, et dont qqch. est couvertn, puis Cv.13501 <action d’en-
qui trouve sans doute son origine dans le fait que sanglanter*.
les veines des personnes de complexion délicate SANGUIN, INE adj. est un emprunt au dérivé latin
apparaissent nettement. 0 Avec la valeur de aprin- classique sanguineus wnglant , ensanglant& <csan-
cipe vital)), sang est employé au xx” s. par une nou- guinaireB et <couleur de sane, dont il reprend
velle métaphore dans un apport de sang frais d’abord (1138) le premier sens. 0 L’adjectif s’ap-
ad’éléments nouveaux, jeunes> ou ade capitauxw. plique Cl” moitié XII~s.) à ce qui est couleur de sang,
Voir aussi le schéma page précédente. d’où l’emploi disparu pour désigner une sorte
b Sang a fourni quelques COmpOSéS. -SANG- d’étoffe rouge Iv. 1200, n. m.) propre à l’ancien tian-
FROID n. m., d’abord locution adverbiale ( 1395, de çais. OSanguin se dit ensuite d’un tempérament
froid sang; 1569, de sang fioidl au sens de «sans em- où le sang prédomine Iv. 12651, substantivé (1279)
portement>>, est attesté comme nom en 1672. Le Nhomme sa;n@, d’où tempérament sanguin
mot se dit pour «maîtrise de soi,. -SANG-DE- ( 1694). Au XIV” s., sanguin s’applique à qqn qui a de
DRAGON IV. 15601 ou SANG-DRAGON n.m. bonnes couleurs (v. 1360). oll qutie (v. 13801 ce
(XIII~ s., sanc de dragon), précédé par l’ancien pro- qui a rapport au sang, à sa circulation dans I’orga-
vençal sanc de draco Iv. 12201, désigne une résine nisme, avec des syntagmes qui témoignent de
d’un rouge foncé, autrefois employée comme as- l’évolution de la physiologie après le me siècle :
tringent, aujourd’hui comme colorant, puis une vaisseau sanguin (17541, système sanguin (1805,
couleur (1332, sang-de-drugon). Sang-de-dragon est Cuvier), groupe sanguin (me s.l. 0 Viande sanguine
aussi le nom ( 16 11) d’une variété de patience, dont (1485) ({saignante)) a disparu par répartition des em-
les feuilles donnent un suc rouge et qui étaient uti- plois entre sanglant, sanguin, saignant. 0 Sanguin
lisées comme astringent. +SANG-MÊLÉ n. inv. s’applique ensuite à un jaspe vert marqueté de
s’est employé pour amélange de races* (1772) et dé- rouge ( 1701), puis à une orange dont la pulpe est ta-
signe aujourd’hui une personne issue du croise- chée de rouge (attesté 19071, substantivement une
ment de races différentes (1798; cf. métis). sanguine (1892). + SANGUINE n. f. s’est spécialisé
Les dérivés de sang sont sortis d’usage; plusieurs pour désigner une variété d’hématite rouge (XIII~s.,
mots sont issus ou ont été empruntés à des dérivés pierre sanguine, isolément ; puis 15621, puis un
latins de sanguinis. +SANGLANT, ANTE adj* est crayon fait de cette matière (17671 et par extension
issu (10801 du latin sanguilentus ((en sang, forme un dessin exécuté à la sanguine C1863). Sanguine se
rare de sanguiaolenti (voir ci-dessous sangui- dit également 11842) d’une variété de poire d’Italie.
nolent). Le mot s’emploie principalement dans des Orange sanguine est plus récent I191Ol. 4 De san-
contextes de violence, d’abord pour Ncouvert de min vient aussi SANGUINELLE n. f., désignation
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3377 SANGLOT

régionale du comouiller sanguin Isanguineul, a~+- tiquer violemment (qqn)m Cxw’ S.I. Sangler, par alllu-
buste à fleurs blanches et à baies noires ( 17671, qui a sion à l’idée de coup, a signifié acoïtern (16803. 0 fl
remplacé sanguinon Iv. 1485). +@SANGUINAIRE se dit techniquement pour “garnir lun objet : siège,
adj., emprunt au dérivé latin classique sanguina- meuble) de sangles= (16901. *SANGLADE n. f.
rius ade sang= et au figuré “qui se plaIt à répandre =COU~ de sangle» 11546, Fkbelais), sorti d’usage, est
le sang>, reprend d’abord le premier sens du latin dérivé du verbe ou directement de sangle. - SAN-
iv. 1370, Chauliac), qui a disparu, puis l’acception fi- GLAGE n. M. (mil, me s.), «action de sanglepj, est
gurée (15311. 0 Par extension, l’adjectif s’applique un terme technique, +Le composé CONTRE-
à des sentiments, pour “qui cherche à tuer, à faire SANGLE n. f. (1268-1271; v. 1160, contresengle) dé-
couler le sangm ((1580), et sime aoù le sang coule» signe une courroie, fixée à l’arçon de la selle et ser-
( 1756). 0 Sanguin&es n. f. pl. s’est employé pour vant à arrêter la boucle de la sangle. 4Le préhé
carnassiers en histoire naturelle. + @ SANGUZ- DESSANGLER V. tr. El530 ; v. 1165, descengler), *dé-
NAIRE n. f. a d’abord été, du ~III~ au XVIII~ s., le nom tacher la sanglen, a signif& edécrochern (XIII~s.) et
de plusieurs plantes astringentes (polygonum avi- s’emploie par extension pour adesserrer (ses vête-
culaire, géranium sanguiné, etc.) : cette désigna- ment& (1870). -SANGLON n.m., diminutif de
tion vient du latin sanguinaria 1Lerba (Pline) ; 1’Ency sangle (1375, dans le Sud-Ouest), terme technique,
clopédk (1765) reprend sanguinati pour désigner désigne (v. 1500) une petite courroie de harnais ; il a
une herbacée vivace, commune dans l’Amérique servi à former CONTRE-SANGLON n.m. (1583-
septentrionale, et qui contient un latex couleur de 1590) qui a pris au XX~s. le sens d’aextrémité (d’une
sang; on emploie dans ce sens sanguinaire (18293. ceinture, etc.1 qui se fke à la boucle>).
SANGUINOLENT, ENTE adj. est emprunté (fin
XIV~ s.) au latin sanguinolentus ainjecté de sang SANGLIER n. m. est obtenu EV.1155, sengkr1 o>
(des yeux), acouvert de sang»; il s’emploie d’abord par changement de sufExe, de formes en -er, sen-
en médecine, s’appliquant à ce qui est teinté de gler Iv. 11201, sangler (v. 1140, jusqu’au milieu du
sang. ell a siaé =Où il y a beaucoup de sanga XVI~s-1; sanglier est relevé vers 1300. Le mot est issu
puis quame Cv. 1560) ce qui est d’une teinte rouge par évolution phonétique du latin médiéval singu-
évoquant le sang, sens devenu péjoratif. Sangui- laris Iporcu.4, proprement aporc qui vit se&, du la-
nolent est sorti d’usage au sens 11575) de sangui- tin classique singularis <<isolé,sohire~ I+ singulier1
naire. Pêche sangukwlente, Nvariété d’une couleur et de porcus (-+ porc). On a aussi employé adjective-
rougeD (17551, a été Supphté par SANGUINOLE ment porcq saingler (v. 12651, en ancien provençal
n. f. (172 1; 1690, san@hollel, le mot désignant éga- porc cenghr he s.), puis porc sengkr (1380) et porc
lement une variété de poire (17151. sanglier (v. 1501; encore à la fin du XVIII~S.I.
0 voirCONSANGuIN, EXSANGUE, PALSAMBLEW. SAIGNER, 4 SangZier, qui a gardé le sens initial, désignant un
SANGRIA, SANGSUE.
mammifère sauvage, proche du porc, et important
SANGLE n. f., variante graphique krves.l de comme gibier C&asse au sanghI, s’emploie par
cengle, attesté dans la Chanson de Roland (10801, analogie pour désigner un poisson méditerranéen
puis sengle au XII~ s., est issu du latin cingula ucein- dont le museau ressemble à celui d’un porc (1558;
twe, ceinturonm, wknglep (aussi cingulum, cingil- puis sungkr de mer); sanglier d’Amérique se dit
lum et, da;ns les gloses, cingellal; le mot dérive de 11870) du pécari Le mot s’emploie par métonymie
cingere aceindren, par extension <<entourer, enve- pour désigner la chair de l’animal. L’importance du
loppers, et &corcern (3 ceindre). , sanglier est grande dans le domaine concret
+Le mot désigne une bande qui passe sous le (chasse) et symbolique; en témoigne la richesse du
ventre d’une bête de somme, pour assujettir un bât, vocabulaire qui s’y rattache, avec lute, qui a éliminé
une selle. 0 II s’est employé par analogie (v. 1130) le féminin régulier sanglière n. f. ( 1606 ; noté comme
pour aenceinte d’une ville&. 0 Depuis le xwe s., inusitk, en 1771, Trévouxl, marcassin, etc. 0 L’argot
sangZe se dit par extension d’une bande de cuir, de de Vidocq emploie le mot pour eprêtre)) (1828).
tissu, etc., utilisée pour lier, ceindre (1532, Rabe-
lais), pour suspendre l’épée, porter des fardeaux SANGLOT n. m., qui apparaît sous la forme o>
(16801, et spécialement désigne (16803 une bande de moderne dès le XII~s. (v. 11751, s’est aussi employé
toile forte formant le fond d’un siège ( 1680, lit de sous les formes souglout, seglout (XIII~s., en picard),
sangle). 0 Par anaJogie de forme, il s’est appliqué sunglout Iv. 12101,senglout 11549; encore en 16601; il
(1875) à une couleuvre et s’emploie en anatomie est issu d’un latin populaire “singluttus, altération
dans sangle abdominale (ou sangle) aensemble des d’après gluttus gosier ou gluttire Navaler» I+ déglu-
muscles abdominaux qui soutiennent les viscèrew tir) du latin classique singultus (csanglotm, ahoquets,
11895). 0 Comme terme d’alpinisme (18903, il dé- agloussement de la poulep, etc., mot de type expres-
signe un palier peu incliné permettant de traverser sif.
une paroi (cf. tire). + Le mot se dit, comme en latin, d’une contraction
b Le dérivé SANGLER v. k., =Serrer avec une ou spasmodique qui se produit dans une crise de
des sangles> (XII~ s.1, est rare au sens extensif de larmes. Il s’est employé aussi pour <hoqueta en an-
aserrer fortement comme avec une sanglem cien et en moyen français (XIII~s., seglout). Il a dé-
Iv. 1265). En revanche, le passif I&re sanglé dans un signé, par analogie ou par reprise du sens latin
uniforme1 est demeuré en usage. Le verbe est vieilli aglouglou de liquideti, le soulèvement des vagues
pour &apper à coups de sanglesti Iv. 14601, d’où (déb. XVII~s., seglout; v. 1510, singZot1. Ces valeurs ont
l’expression CkEsique sangler un coup (16361, et disparu. 0 Par extension, sanglot s’emploie (18351
sorti d’usage au figuré pour ~maltra,iter» (16123, =cri- pour parler de l’expression sincère de la douleur
SANGRIA 3378 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et, par figure, d’un bruit comparé à un sanglot assemblée formée de membres de la noblesse sa-
(1859, Hugo) ; cet emploi poétique s’illustre avec les cerdotale juive et de docteurs pharisiens, tribunal
célèbres asanglots longs Des violons De l’automne» religieux et civil pour toute la Palestine antique.
(Verlaine). Par figure, il s’est dît péjorativement Idéb. XVIII” s.,
b SANGLOTER v. intr. est issu (v. 1160) d’un latin Saint-Simon) d’un tribunal partial Ià cause de la
populaire “singlutiare, altération du latin classique condamnation de Jésus); cet emploi a disparu au
singultare ; comme pour sangZot, on relève plu- xIxe siècle.
sieurs variaxhes anciennes, tels sangZouter (v. 11501,
SANIE n. f. a été emprunté au XIII~s., en ancien
sangZotir Cv.11751, sengZoutter (15301. 0 Le verbe a
picard sous la forme sainnie, sous la forme mo-
d’abord signii% *avoir le hoquet» et se dit pour
derne avant 1478 chez Guy de Chauliac, au latin
apleurer avec des sanglots% ; il est aussi transitif au
sw&s *sang corrompu, pus qui s’écoule d’une bles-
xme s. dans sangloter des larmes, des cris, etc. L’em-
surem, dont l’origine est inconnue. On peut penser à
ploi figuré (1759, Voltaire) est littéraire. + Du verbe
la famille de sanus +a& par une évolution ana-
dérivent SANGLOTEMENT n. m., réfection attes-
logue à celle de purin, apparenté à épurer et donc à
tée tardivement (1660, sanglottementl de segloute-
pur.
ment (XIII~s.), rare du XVII~ au XIX” s. (1853, Baude-
laire) et littéraire, et SANGLOTANT,ANTE adj. 4 Ce mot de médecine ancienne est archaïque et
(1886, Goncourt, in T.L.F.I. littéraire aujourd’hui.
SINGULTUEUX, EUSE adj., d&ivé savant du latin FSANIEUX, EUSE adj. est emprunté (1314, sa-
classique singultus, qutie ce qui a rapport au san- nieus au dérivé latin impérial saniosus. Ancien
glot (17851, spécialement en médecine, dans respi- mot de médecine, l’adjectif est littéraire au figuré
ration sittguheuse (1828). Idéb. xxe s.) pour c<purulentn.

SANGRIA n. f., d’abord francisé par altération SANITAIRE + SANTk


en sang-@ (17231, reprend au me s. la forme de
SANS prép. est attesté vers 980, alors écrit sen et
l’espagnol sangria, dérivé par analogie de couleur
se72s avec uns adverbial; on relève ensuite senz
de sangre CsangB,de même origine que sang*. L’an-
EV.10501, seinz (10801, sains Cv.1155) et enfm sans
glais sangaree (1736) est considéré par le dîction-
(v. 1200). Le mot est issu du latin sine, préposition
naire d’Oxford comme un emprunt à l’espagnol
suivie de l’ablatif; sine s’employait seul ou avec une
sangria, attesté plus tard (1803 ; 1775 à la Nouvelle-
négation (par ex. non sine) formant litote, et était
Orléansl. Le tiançais sang-gris est actuellement la
souvent joint à omnk «toutm C+ omni-) et à ullus 4m
première forme attestée.
quelconque=, dérivé de unus C+~I). Sine est ap-
+ Le mot désigne, comme en espagnol, une boisson parenté à des formes du tokharîen et de l’irlandais
faîte de vin rouge sucré et d’oranges. On a dit en (sain &fEérent~~, adj.) qui permettent de re-
français vin d’oranges. construire une forme originelle du latin, “s-ni. L’ap-
partenance indoeuropéenne est attestée par le
SANGSUE n. f. est issu IV. 1170; 1190, sansue; sanskrit sud.& nséparément, en outre)> ; sans s ini-
encore au début du XVII~s.1 du latin impérial san- tial, on relève le sanskrit knu Mde côtéu, le gotique
guiwga Nsuce-sang*, composé de sanguis (+ sang) inu et l’ancien haut allemand ünu ~sans~, le grec
et de sugere C+ sucer). On trouve aussi en moyen awu %Séparément, sansa.
fiançais say1suce Iv. 15001, sungsucce (1568). Le latin
+ Dans les premiers emplois, sans, placé devant un
classique hiru& n’a laissé que quelques traces
nom ou un pronom, marque l’absence, le manque
dans les parlers méridionaux (ancien provençal
(de qqn ou qqch.) ou indique l’exclusion 110801, d’où
emgel .
sans plus (v. 1250). La préposition forme de nom-
4 Le mot désime un annélide qui possède une ven- breuses locutions adjectives ou adverbiales à va-
touse à chaque extrémité; on utilisait autrefois les leur négative (sans égal, sans exception, etc.). En
sangsues pour les saignées locales. 0 Par figure, il ancien fkançais, SCGYLS ce que 6tait suivi du subjonctif
se dit (XLII~s., Rutebeti d’une personne qui s’enri- Cv.1155); cette construction a c6dé la place à sans
chit aux dépens des autres, emploi vieilli, d’où l’ar- gue avec l’indicatif Km XVI@s, ; voir ci-dessous), équi-
got ancien afemme qui ruine son amantm (1867). Le valant à sans Ze fait que, courant à l’époque clas-
mot a été repris au XX~s. pour désigner une per- sique et sorti d’usage. 0 Depuis le XI$ s., SOI~Sest
sonne qui importune, as’accrochem, acception vieil- également employé suivi d’un inhnitîf, pour écarter
lie. ~Une analogie dans le vocabulaire technique une circonstance; au xwte s., le sujet de l’infmitif et
correspond à <(rigole d’assèchementm ( 1625). celui de la principale pouvaient être différents,
construction qui ne subsiste que dans quelques
SANHÉDRIN n. m., réfection savante (1663; exemples, tels sans menti, cela vfL sans dire «sans
sanedrin, 1605) de senedrin 115731, a été emprunté à que qqn (un autre) ne le dise=. Sans, sans que peut
l’hébreu et à l’araméen sanhkdtin &ibunal des être renforcé par un autre mot négatif, aucun, ja-
Juifs~ Mztthku, V, 221, du grec sunedrion aassem- mais, etc. (v. 1200, sarxs point de), Sans que
blée=, acollège judicîtire~, composé de sun cen- Iloc. conj.) suivi du subjonctif113731 a remplacé SU~S
sembleB I-, syn-1 et de hedra (<siège> (+ cathédrale, ce que et s’emploie de façon identique à sans avec
chaise). l’infinitif; c’est à partir de l’époque classique que
+ Le mot a été employé t 1573) comme nom d’un l’on trouve sans que construit avec ne, 0 On relève
traité du Talmud, Il désigne en histoire (1605) me àpartir du XVI~s. sans~ks avec l’infinitif, cux da-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3379 SANTÉ
vantagen 115301, puis les constructions sans cela riantes sandle ( 12981 et sandre (XIII~s., isolément).
(15381, sans quoi, à valeur hypothétique, non SW L’apparition du mot en tian@s correspond aux dé-
((avecpasmal defi, suivi d’un nom ou d’un infkGtif buts de l’importation du bois de santal (1” moitié
I1549). o Sans a pris dans l’usage familier une va- du ~III~ s.) de l’orient vers Marseille. Le passage de
leur adverbiale (182 11, dans des tours qui s’ex- d à t peut provenir de l’homonymie avec sandale et
pliquent parfois par une ellipse, comme les jours de l’influence de sentir, senteur.
sans; être sans un ems argent», par ellipse de sou + Santal, d’abord relevé au sens de apoudre médi-
(cf. être suris le sou), est attesté au début du xxe siè- cinale fabriquée avec le bois du santal*, s’emploie
cle (1910, chez Colette). ensuite ( 1538, sandal) pour désigner ce bois odori-
b Le mot, avec sa valeur générale, entre comme férant dont on extrait essence et poudres, aussi ap-
élément dans la construction de composés issus pelé bois de suntul, puis l’arbre lui-même (1562). On
d’expressions où sans précède un substantif : com- relève fuu-santal en 1752.
pagnons sans SOI.& (xnr” s.) qui donnera un sans F Le dérivé SANTALINE n. f. (entre 1814 et 1820,
souci; personne suris cœur, etc.). Ces tournures Pelletier) est un terme technique désignant la ma-
servent à former des noms à partir du XVIII~ siècle. tière colorante obtenue à partir du bois de santal
0 voir ABRI, CCJXJFL CULOTTE, DIEU. DOMICILE, FAUTE. FIL.
rouge. + SANTALACÉES n, f. pl., terme de bota-
Gf?NE, GRADE, LOGIS, SOU, SOUCI.
nique (1842 ; suffixe -acées), se dit de la famille de
plantes comprenant le santal.
SANS ONNET n. m. est le diminutif (v. 1480)
du moyen tiançais sanson (v. 14801, emploi plaisant SANTÉ n. f. représente l’aboutissement Iv. 1175)
du nom propre Samson. On a aussi dit chansonnet
par l’intermédiaire de santet iv. 10501de sunitutem,
( 16 111, d’après chanson, dénomination encore rele-
accusatif du latin sunitus, -atis asanté (du corps et
vée dans les dictionnaires du me siècle. On a pro- de l’esprit)>> et spécialement <<raison, bon sensn, “pu-
posé un croisement avec sassonet, dérivé de sasser
reté, correction (en parlant du style, en rhéto-
*cribler2 (-+ sas), qui permet de faire entrer sanson-
tiqueIn; sanitus est un dérivé de sunus I+ sain). Le
net dans le paradigme des <oiseaux à tachesu avec
mot latin avait été emprunté sous la forme sanitud
la grive, par exemple IP. Guiraudl. Iv. 9801, devenu sunitett Iv. 11901, forme relevée
+Sansonnet est un autre nom de l’étourneau. jusqu’au début du XVI~s., et sanité (XII~s.1, encore
Outre la petitesse de l’oiseau, un calembour est attesté dans des dictionnaires au sens de abon état
possible (sans son nez ?I pour expliquer la locution de santém au XIX’ et même au XX~ siècle.
familière attestée au xrxe siècle : ce n’est pus de la
+ Le mot conserve le sens du latin, d’abord en par-
roupie de sansonnet t+ 0 roupie).
lant du bon état physiologique d’un être vivant,
d’où teril bonne santé Iv. 12501, plus tard grande
SANSCRIT, ITE ou SANSKRIT, ITE
santé (16111, sorti d’usage, petite santé (1636) tou-
n. m. et adj. apparaît d’abord sous la forme haw
jours usuel dans l’usage familier Ccomment va cette
crit ( 1667) ; sanscreat, 1725, et sunscrit au XVIII~ s.

( 1756, chez Voltaire). Le mot est emprunté au sans-


petite santé?), santé de fer Idéb. XVIII~s., Saint-Si-
mon), santé insolente (18351, etc. 0 Par extension, le
krit samskrhlta «parfait*, c’est-à-dire Kobservant
mot s’est employé Cv.1190, santeit) à propos du bon
toutes les règles E&s par les grammaire+, par
état d’un objet, encore relevé chez Malherbe. 0 Il
opposition à pr&ritu & l’état naturel, peu soignés,
se dit aussi Iv. 1200) de l’équilibre et de l’harmonie
qui a donné pruktit.
de la vie psychique, religieuse (santé spirituelle,
+ Le mot désigne la langue classique et sacrée de la 15901,intellectuelle (santé de l’esprit, 18901, morale
civilisation brahmanique de l’Inde, appartenant au (santé morale, 1812). Par extension du premier em-
groupe dit indo-aryen des langues indoeuro- ploi Ixve s.), sante désigne le fonctionnement plus
péennes. U s’emploie aussi comme adjectif (18031. ou moins harmonieux de l’organisme (cf. com-
La graphie sanskrit (1870, adj. et n.1 l’emporte sur plexion). 0 La locution de santé “qui doit conserver
sunscrit dans l’usage didactique. la santé>>, relevée en 1835 Chocolat de santé), est
b Les dérivés sont didactiques. - SANSCRITISTE désuète. À la fin du XIX~ s., on relève la locution figu-
118301 ou SANSKRITISTE ( 1876) n. sign%e aspécia- rée en avoir une santé !1894) puis avoir de la sadé
liste du sanscritm. +SANSCRITISME 11867, Bur- aavoir beaucoup d’aplombn. *Avec l’idée de bon
nouf; dès 1849 pour «caractère indoeuropéen »I, état, il s’est dît au figuré (XVI” s.1 de la bonne qualité
graphie aujourd’hui vieillie, et SANSKRITTSME d’un jugement, puis de l’état salubre de l’air (16001,
n. m. (1876) désignent l’ensemble des disciplines se d’une ville, d’un pays (16591. + Au sens initial, le mot
rapportant au sanscrit (cf. indianismel. 0 voit- aussi, s’utilise en souhaitant à qqn une bonne santé, acte
page suivante,l’article encadré le sansh-it et lesprûhzrits. social désigné par les locutions boire à la santé de
gqn (15951, porter !a santé de qqn ! 1655) qui a dis-
SANTAL n. m. est emprunté, sous la forme sun- paru, et dans de nombreuses formules : à vos sari-
dali Iv. 1240) ou sandal (12561, au latin médiéval tés!(16281, bonne santé! (16313, à votre santé! 11622)
sundulum, lui-même emprunt au grec tardif sun- d’où, etiptiquement, santé! (1781) et à la vôtre!
dulon, altération de santalon, sur lequel a été re- (1875). Par extension 116291, santé se dît de cet acte
faite la forme santal (15501. Santulon est emprunté lui-même plus tard appelé toast. +Avec l’idée de
à l’arabe sandul, lui-même du sanskrît Eandunu. 4tuation collective quant à la santé des per-
On relève en ancien tiançais, à côté de la forme sonnes* (attesté mil. XVII~s.), santé a désigné (16691
sandal encore usitée à l’époque classique, les va- une maison où l’on mettait en quarantaine certains
SANTÉ 3380 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LE SANSKBIT [ET LES PRÂKRITSI

Nom de la langue de culture de l’Inde classique. Par opposition au sanskrit, la langue verna-
Le sanskrit est une forme de l’indo-aryen an- culaire est appelee prûktit, transposition d’un
cien, arrêtée dans son développement, Il se rat- terme indigène sign5ant <<naturel, ordinaire,
tache au groupe îndo-irtien de l’indoeuropéen vulgairem ; mais les prâkrits nous sont connus, au
(+ indoeuropéen). C’est la transposition indi- stade moyen-indien, sous des formes littérari-
gène, signi&nt 4anguel parfaite>>, c’est-à-dire sées, déjà distanciées des parlers courants. En
pourvue de tous les achèvements formels, et par Inde, l’emploi concerté de toute langue entraîne
conséquent à la fois bien articulée et pure, avec un travail sur la forme, qui fait du matériau lin-
une connotation spirituelle et morale. Le nom guistique un objet d’art. Le sanskrit présente ce
de la langue reflète l’idéologie qui a présidé à sa paradoxe d’etre une langue figée qui n’est ja-
tiation et à son adoption par les élites cultivées ; mais sortie complètement de l’usage bien qu’il
ce nom n’apparaît pas avant le Rûm6yuuLa, la ait disparu en tant que langue native, spontanée
grande épopée indienne (environ 300 av. J.-C.). et parlée, au cours des siècles précédant notre
Auparavant, le wmskrit~~ est une forme du vé- ère. Il y a toujours eu différents degrés dans la
dique tardif: c’est la langue du nord de l’Inde pratique du sanskrit : à côté d’un sanskrit litté-
décrite par le grammairien P@ini (v” s. ou au raire maîtrisé par un nombre limité de spécia-
plus tard rve s. av. notre ère), qui cotie dans un listes, un sanskrit discursif, mêlé de formes in-
traité une théorie de la langue, en reprenant les correctes, s’est maintenu comme langue
travaux de nombreux prédécesseurs. Cette seconde dans de larges couches de la société
gwnmaire se présente comme un formulaire jusqu’à la conquête musulmane. Dans une cer-
exposant de façon très concise, au moyen de taine mesure, le sanskrit est écrit et parlé en-
règles brèves, Ta formation de toutes les expres- tore de nos jours, dans des cercles de savants
sions corredes possibles dans la langue : c’est Epanndits), et il est compris dans des groupes as-
une sorte de grammaire générative, qui tient sez importants de lettrés. Le sanskrit a connu un

compte aussi de la variation linguistique. Tout statut comparable à celui du latin en Europe,
en décrivant marginalement les faits védiques, avec cette différence importante que les trans-
relevant de la langue sacrée, P&@ni décrit positions ont toujours été aisées avec les di-
l’usage parlé, profane, de sa propre langue. De verses langues vernaculaires, qui ont beaucoup
plus, il recourt à une analyse systématique des emprunté au sanskrit, à différentes époques. Les
mots en morphèmes (racine, affixe, désinence); langues modernes de l’Inde, à l’exception des
la rigueur de la présentation est unique dans langues dravidiennes, contiennent quantité de
toute Z’Antiquité, et n’a été égalée que par la lin- mots sanskrits. Dans l’histoire linguistique et
guistique structurale moderne. Du point de vue scientifique indienne, le sanskrit est resté une
indien, la précision et l’exhaustivité de cette référence et un modèle. Le sanskrit classique
grammaire ont contribué à l’établissement n’a guère d’intérêt pour la grammaire compa-
d’une norme; elle correspondait au souci de pu- rée, qui utilise les données du védique, complé-
reté formelle des brahmanes, et plus générale- tées éventuellement par celles des prâkrits.
ment des hommes ~cultivés~, des gens de bonne Mais il est important pour la réflexion sur le rôle
éducation et de conduite droite. institutionnel et social de la langue, et sur la no-
La lmgue est complètement normalisée, après tion de norme, alors que la tradition grammati-
les travaux des premiers commentateurs de PG,- calle indigène appartient à l’histoire de la lin-
nini (jusqu’au II~ s. av. J.-C.) qui enregistrent cer- guistique.
tahes difErences,d’usage, allant dam le sens de @ voir INDOEUFLOPÉEN.

la simplifkation. A partir de sa tiation, le sans- G.-J. Pinault


krit (dit 4assique4 n’évolue plus, et ne présente
aucune variation dialectale; les quelques varia- Brf3LIOGRAPHlE

tions formelles correspondent à des différencia- J. BLOCH, Indo-Aryan from the Ve& to Modem
tions de genres littéraires, à des registres ou des Times, Paris, Adrien Maisonneuve, 19165.
niveaux de la même langue. La tradition du L, FENOU, Histoire & la langue sanshtite, Lyon-Pa-
sanskrit est assurée par l’enseignement gra- ris, 1. A. C., 1956 ; 4ntroduction générak~ à J. Wac-
kernagel et A. Debr-unner, Altindische Grammatik
matical et le prestige de grandes œuvres litté- 1, Gottingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1957 (nou-
raires et religieuses. veIle édition du texte paru en 1896).

malades, par exemple des pestiférés ; on a dit aussi par clinique dans cette acception, étant conservée
heu de santé (16941, maison de santé (1721). aujourd’hui par euphémisme pour ahôpital psy-
La Santé, ancien hôpital de Paris, est devenu en- chiatriquen (me s.l. Bureau de santé (18121, puis la
suite une prison (18881. Maison de santé «hôpitaT~) santé, désigne dans un port le service de sweil-
(av. 172 1) s’est dit (1812) d’un établissement privé où lance des maladies épidémiques; service de santé
l’on reçoit des malades ; l’expression, remplacée se dit de l’ensemble du personnel médical dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3381 SAPER
l'a,r-&e (1825),puis dans WIPOI? (1875), et aUh"efOiS SAPAJOU n. m. (16541, ainsi que ses variantes
(18353 des médecins attachés au service de la santé sapugeou 116061, supugou (1665) et supujon (1743),
d’un souverain. Oficter de santé, aujourd’hui ar- est aussi représenté par supaiou, introduit en 1614
chtique pour cmédecin sans doctorat- (de 1804 à par Claude d’Abeville, et emprunté au tupi, langue
18921, est, en tant qu’expression, antérieur A 1680 indigène du Brésil (spécialement de l’île Maran-
(Richelet). hao) où il séjourna.
b SANITAIRE adj. et n., dérivé savant ( 18011 du la- + Le mot désigne un petit singe de l’Amérique cen-
tin sunitus, s’applique à ce qui est relatif à la santé trale et du Sud, pourvu d’une longue queue pré-
publique et à l’hygiène, d’où cordon sanitie (1829). hensile, 0 Par analogie, le mot se dit familièrement
L’adjectif s’emploie spécialement pour qualifier ce ( 1718) d’un homme petit et laid.
qui appartient au service de santé dans l’armée b SAJOU n. m. est une variante savante (1767, Bti-
(train sanitaire, 19163, d’où les sanitaires n. m. pl. fonI de sapajou.
=les membres de ce servicew et une sanitaire n. f.
aune voiture stitairen, emplois archaïques. -De- SAPÈQUE n. f., d’abord supocou (17521,puis su-
puis le milieu du XX~s., l’adjectif s’emploie surtout pech (18391, supèque (1841) est un emprunt au ma-
en parlant des appareils et installations employés lais, formé de su wn)) et pûku «cent pièces d’étain
pour distribuer et évacuer l’eau dans les habita- percées etiées sur une cordelette)>. Le mot était
tions, d’oti plomberie sanitaire (19281, LnsCullations passé en portugais dès 1509 Icepuycu).
(v. 19301,appareils Iv. 19401 sanitaires, puis Le suni- + Le mot s’applique à une petite monnaie chinoise
taire n. m. et les sanitaires n. m. pl., euphémisme en cuivre.
pour flw. C.D. +De cet emploi semble être d&ivé
~ANISETTE n. f., nom déposé d’un modèle de 0 SAPER v. tr. est un emprunt francisé (1547,
W. C. publics (v. 19801, sufIixe diminutif -ette et s de supperl à l’italien zuppure apiocher», dérivé de
liaison. zappu wpiochex kf, espagnol zupu), du latin mé-
diéval suppu(attesté au VIII~S.I. Selon P. Guiraud,
0 SANTON n. m. est un emprunt (1598; d’abord le latin tardif suppu et super ccreuser une tran-
suncton, d’après le latin, 15301,à l’espagnol SU&~, chéeB proviendraient d’un “suppure aproduire de
de sunto «saint=, du latin sunctw t+ saint). la sève>>,*faire couler la sèves, doublet d’un “su-
+ Le mot a désigné, comme en espagnol, un ascète pure qui aurait abouti en ancien tiançais à suver,
musulman qui se consacrait à la pratique et à l’en- suber, de même sens, dérivé du latin classique sapa
seignement de la religion et, par extension, dans «vin cuit réduit aux deux tiersn, qui a pris le sens de
certaines religions orientales, un moine mendiant. <sève)>dans les langues romanes I-, sève). Le verbe
Le mot est archaïque dans cet emploi, comme pour provençal sapa Sign%e entre autres afouler aux
<tombeau d’w santonn (XE~ s.); on emploie l’em- piedsB, apressern et @curer un fosséu, la boue du
prunt à l’arabe marabout. fossé étant un liquide épais, ce qui relierait le verbe
au latin classique sapa. Le bas latin suppu désigne-
0 SANTON n. m. est emprunté (1896 chez Paul rait donc une pelle avec laquelle on soulève, on en-
Arène) au provençal suntoun «petit saint; petit lève la boue des fossés, d’où un hoyau. Mais cette
buste de saint>, dérivé de sant (+ saint). hypothèse ingénieuse n’est pas étayée par des faits
4 C’est le nom donné aux figurines traditionnelles observés et le sémantisme du verbe la rend très
de terre cuite qui décorent la crèche de Noël en douteuse.
Provence. Répandu en français central, le mot fait +Super, terme de génie militaire, Sign%e d’abord
toujours allusion à la Provence. ~~détruire les fondements d’un édîke, d’un bastion,
F Le dérivé SANTONNIERJÈRE n. (1912, xmar- etc., en travaillant avec le pic et la piocheb. Au
chand de santonsnI désigne l’artisan qui fabrique XVI~s. (15521, ïl se dit figurément pour adétruire en
des santons. attaquant les bases, les principes de qqch.B. 0 Par
extension du premier sens, super Sign%e (av. 1620,
SANTONINE n. f.représente une altération Saint-Ama;nd) wser par la base», le sujet désignant
(17321 de santonique (15421, d’abord centonique les eaux.
(XIV” s.), emprunté au latin suntonicu Iherbul, pro- F Le verbe a fourni plusieurs dérivés. + 0 SAPE-
prement aherbe de Saintongen ; suntonicu est le fé- MENT n. m. Iv. 1536, Du Bellay) Sign$e <<action de
minin d’un adjectif dérivé de Suntones In. m. pl.), saper (un mur)». 40 SAPEUR n. m. a désigné
nom d’un peuple gaulois aquitain qui habitait la ré- d’abord ( 1547) un soldat d’infanterie employé à sa-
gion appelée pour cela Saintonge. per (un mur, etc.), puis (1790) un soldat du génie. A
+ Suntonine est le nom d’une variété d’armoise. Le par& de 1850, on représente couramment le sa-
mot a désigné une graine propre à faire mourir les peur portant une longue barbe carrée en éventail
vers intestinaux; il désigne par la suite 11830) le et fumant une bouffarde; de là barbe de sapeur
composé constituant le principe actif du semen- “grande barbe)) (18753, l’emploi de sapeur pour «ci-
contra, utilisé comme purgatif et vermifuge. gare presque enCep> ( 18801,sorti d’usage, et fumer
b SANTOLINE n. f., variante (15661 de suntonine, corne un sapeur 4urner beaucoup}} (xx” s.), tou-
désigne un arbrisseau aromatique (dit aussi petit jours usuel, peut-être par association avec les su-
cyprès), à propriétés vermifuges. peurs-pompiers* I+ 0 pompe), c’est-à-dire avec le
feu et la fumée. + Le dérivé 0 SAPE n. f. s’emploie
SAOUL + SOÛL d’abord Iv. 1560) avec le sens général de &anchée
SAPER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

creusée sous un mur (un bâtiment, etc.) pour le poésie de Saphon, employé en métrique (sapphicus
renverser>, d’où par métonymie Nprison souter- versus, supphicum metrum avers saphique, hendé-
raine> ( 15641, sens sorti d’usage. 0 Il désigne en- casyllabe4. Le latin est lui-même un emprunt au
suite spécialement Iv. 1620) une tranchée d’ap- grec sapphikos, dérivé de Supphô, poétesse de Les-
proche pour atteindre l’ennemi, lors d’un siège. Le bos.
mot, en parlant de l’Antiquité, désigne l’action de + Cet adjectif didactique s’emploie d’abord comme
démolir des murailles, notamment avec des ma- terme de prosodie ancienne 11373, sufique), en par-
chines. 0 Depuis le XVIII~ s. (Saint-Simon; repris au lant d’un vers composé de trois trachées et de deux
xrxe s.), sape se dit par métaphore pour «destruction ïambes suivis d’une syllabe hale. 0 De là saphique
par la base, menée souterraine pour miner}}, em- n. m. <vers saphiquea ( 1576) et adj . strophe saphique
ploi plus rare aujourd’hui que celui du verbe. Seul (1762). 0 À la k~ du XVIII~s. (1799, amour saphique),
le syntagme travail, travaux de sape, vieilli au sens directement dérivé de Sapho, apparaît l’emploi de
propre, est usuel au figur6; on a dit truvailler à la saphique pour crelatif à l’homosexualité féminines,
sape 11751, Prévost). par allusion aux mœurs attribuées à Sapho.
0 SAPE n. f. est emprunté au latin médiéval suppu
bSAPHISME n. m., dérivé savant de Sapho
dont il reprend d’abord le sens de ahoyaw ( 1474,
(av. 1842, Académie, Complément), désigne l’homo-
suppe), écrit sape au XVII” s. ( 1636). Le mot désigne
sexualité féminine (cf. lesbiunisme). Fourier em-
par la suite (18351 une petite faux de moissonneur,
ployait saphiennisme (av.1837).
à manche recourbé perpendiculairement, usage
aujourd’hui régional (parlers franco-provençaux).
Par analogie de forme, sape se dit aussi ( 19041d’une
SAPHIR n. m. et adj. inv. est emprunté IV. 11301,
d’abord écrit saphire Il 1251,au bas latin supphims,
pelle utilisée par les mineurs. * A l’emploi de sape
suppirus en latin impérial, lui-même au grec sup-
en agriculture se rattache 0 SAPER v. tr. ; attesté
pheiros, mot d’origine sémitique, Cf. hébreu suppîr
en ancien frmçais (mil. XIII’?s.1au sens de cbêchers,
«pierre bleue ».
ce verbe resté vivant dans les dialectes est repris
au x& s. pour <<couper Iles blés) avec la sape* 11842). +Le mot, désignant une pierre précieuse de cou-
0 L’idée de geste tranchant (comme dans faucher, leur bleue, variété de corindon, s’est employé par
couper) est probablement à l’origine du sens figuré analogie au sens de *bouton qui tiecte le visageti
argotique de Ncondanmer= ( 1867, in Larcheyl, le ( 1561, Parél, avec les variantes saphis Iv. 1500) et sa-
verbe étant attesté dialectalement pour abattre, pu- phiz (1548); cet emploi a disparu au XVII~siècle.
nirm, d’où <(sevoir infliger une peine pénalen (1926). 0 Comme terme poétique, il se dit (mil. XVI~s.1 de
On peut aussi y voir une métaphore de 0 saper. tout ce qui a quelque analogie avec le minéral, par
+Du sens de {(couper à la sape» dérive @ SAPEUR l’éclat ou la couleur. Qualifié, le mot désigne des
n. m. (1845) <moissonneur qui se sert de la sapem, minéraux de couleur bleue : saphir d’eau &zhroïte
ancien terme technique. 4L’emploi en argot a bleue>> 116801,dit aussi saphir occidental 1179l), su-
fourni @SAPEMENT n.m. (1873) et @SAPE n. f. phir du Brésil atourmaline bleueD (18351, saphir élec-
C19283 <<condamnation)). trique wariété de tourmaline ou de topaze>> 11842).
0 Saphir désigne aussi 11907) une petite pointe de
0 SAPER - 0 SAPER cette matière qui fait partie de la tête de lecture
d’un électrophone; cet emploi tend à dîspardtre
0 SAPER v. tr., terme d’argot familier attesté au avec la technique concernée, laissant la place au
début du XX~s. 11919) au sens de wêtir, habiller=, est laser. 0 De saphir s’emploie littérairement pour
d’origine obscure ; un rapprochement métapho- <<bleuet lumineuxm ( 1831, chez Hugo ; bleu de saphir,
rique avec l’argot super Kcondamner» (+ 0 saper) 17793. De là un emploi adjectif (1779, Btion) et no-
met en œuvre le sémantisme de achargera; il n’est minal (18001 pour 4del belle couleur bleue>).
que vraisemblable. b SAPHIRTN, INE, terme didactique, appar& dans
+ Le verbe est surtout usité au pronominal Bien pierre suphirine EV.1508) wariété de calcédoine
se super) ou au passif (être bien sapél. bleue>, puis suphirine n. f. qui désigne ensuite le si-
F Le déverbal 0 SAPE n. (1926) désigne au mas- licate double d’alumine et de magnesie (avant 1838-
culin un costume, un complet d’homme, emploi qui 1842, Académie, Complément), emprunt probable à
semble vieilli, et au féminin des vêtements en géné- l’allemand (mot créé par Giesecke v. 1820). L’ad-
ral, souvent au pluriel sous l’influence de frin@es, jectif qual%e ( 1845, saphirin) ce qui ressemble au
frusques. +Les composés DÉSAPER v.tr. et pron. saphir (variante suphiréen, éenne3.
&el déshabillera), et RESAPER v. tr. et pron. &e) SAFRE n. m., sans doute directement repris au
rhabillers, sont employés familièrement. + En tian- grec supheiros, par le commerce passant par Mar-
çais d’Afrique, 0 SAPEUR n. m. se dit d’un homme seille (emprunté par l’espagnol zafre, le portugais
(en général jeune) qui consacre son argent et son safraI, a eu en ancien f?ançais le sens de usaphirn
intérêt à la mode. Iv. 11701. 0 Supplanté par saphir, le mot désigne
par analogie l’oxyde bleu de cobalt servant à fabri-
SAPERLIPOPETTE -+, @ SACRER quer le verre bleu ou l’émail bleu ; il est écrit saphre
chez B. Palissy, sa@e au début du XVII~s. (1611) et
SAPIIIQUE adj., d’abord écrit safique 113731, aussi zafre (1690).
puis par réfection savante saphique ( 1511 sa-
phicqud et aussi sapphique (av. 1525) par retour au SAPIDE adj., attesté une fois au XVI~s. et repris
grec, est un emprunt au latin supphicus «relatif à la au XVIII” s. 117541,est un emprunt savat au latin im-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3383 SAPONAIRE

@id sapidus aqui a du goût, de la saveur)‘, aussi tantes; de là vient par métonymie un emploi
employé au figuré pour <sage, vertueux)). L’adjectif a,djectivé disparu pour Nenbois de sapin> Iv. 1120) et
latin dérive du verbe classique sapere <avoir du le sens usuel de chois de sapiw (XIII~s. ; v. 1155, s@.
goût, de la savez (en parlant des choses) et, plus Ce bois étant couramment utilisé en menuiserie, le
souvent au figuré, aavoir du discernement, du juge- mot s’est dit pour <poutre» ( 1458) et en argot (1628)
ment; être sageB (+ savoir). pour tiplanchep, encore au XIX~ siècle. * Par figure,
4 Sapide s’est d’abord appliqué à une terre fraîche, senti Ie sapin si@e (1694) n’avoir plus long-
fertile, acception rare (attestation unique) et dispa- temps à vivren, par allusion au cercueil fait de ce
rue. o L’adjectif reprend ensuite 11754) le sens du bois ; de même on a dit surtout de sapin ( 16953, re-
latin, dans l’usage didactique ou littéraire. dingote de supin ( 18813 pour «cercueil>>, d’où un su-
pin (18673. 0 Sapin a aussi désigné 117231un fiacre,
b Le dérivé SAPIDITÉ n. f. aqualité de ce qui a une
ce bois entrant dans la fabrication de la voiture,
saveurN 11762) est lui aussi didactique. +Le
puis (xx” s.1 un taxi. oEn argot, il s’est dit pour
contraire INSAPIDITÉ n. f. C18451, qui ne s’est pas
uplanchers ( 1836) avec la locution argotique dispa-
maintenu (+ insipidité), a aussi été employé ( 1865,
rue sapin des coma& aplancher des vaches»
Goncourt) au sens de «privation du sens du goûtu,
( 18291. 0 Sapin s’emploie par extension 11875) pour
INSAPIDE adj., de 0 in-, est un équivalent didac-
d’autres résineux (épicéa, pin) dans l’usage courant
tique et rare de insipide”.
(abusif en botanique). 0 Enfm, au xx” s., l’expres-
@ voir SADE, INSIPIDE.
sion sapin de Noël correspond à la coutume de
SAPIENCE n. f. est un emprunt CV.11201, l’arbre givré et orné décorant à Noël les intérieurs,
d’abord sous la forme latine supientia Iv. 10901, au en signe de fête.
latin classique supientia aintelligence, bon sens», b SAPINE n. f. (<bois de sapins>> EV.11751, sens dis-
ctsagessem,employé pour traduire le grec sophia paru, s’est employé pour ((bateau de rivière (en bois
t-+ sophisme). Le nom dérive de supiens, -entis &- de sapin)m 112953,encore au me siècle. 0 Le mot dé-
telligent, sage, raisonnable)), participe présent ad- signe régionalement (Bourgogne) un baquet en
jectivé de sapere <(avoir du goUt (en parlant de bois pour mettre le raisin (xv” s-1, d’où le sens dis-
chose& (+ insipide, sapide) et, au figure, <<avoir du paru de <<caisseà bouteilles» (1611, CotgraveI. 0 fl
discernement; être sage)’ (3 savoir). désigne aussi (1694) une solive en bois de sapin, ser-
4 D’abord terme de philosophie désignant les vant en particulier aux échafaudages, puis en tech-
connaissances les plus générales, supience se dit nique ( 1870) un appareil de levage aujourd’hui fait
ensuite Cv.1120) pour <+3agessea)et en religion pour de pièces métalliques. -SAPINETTE n. f. était le
<<verbe, sagesse de Dieu-, Noté comme wieuxs nom (15053 d’un crustacé qui s’attache aux rochers
en 1718 par l’Académie, il est parfois repris comme et aux bateaux. 0 Ce mot a été reformé pour chois
archaïsme littéraire. 4Zn religion, la Sapience a de sapin+ ( 1600, supinnetiel. C’est aussi le nom
désigné tl5501 le livre de Salomon. ( 1765) d’un épicéa d’Amérique du Nord (dit épinette
au Canada fkmcophone) et d’une boisson faite à
b SAPIENTIAL,ALE,AUX adj. et n.m,pl., terme
partir de bourgeons de cet arbre. 0 Il désigne
de théologie emprunté au bas latin sapientiaiis *in-
après supin& (ci-dessus) un bateau de rivière (18451,
tellectuel*, dérivé de supientia, s’emploie dans
aussi dît sapinière n. f. ( 1678, en ce sens). + SAPI-
livres sapiedbux E1374, livres sapienciulz; forme
NIÈRE n. f. <<plantation de sapins}) 11632) s’est dit en
moderne, 1740) en parlant des livres de l’Ancien
argot (18671, d’après la valeur de sapin <<cercueilx,
Testament qui contiennent des maximes morales
pour afosse commune,. +SAPINEAU n. m. <jeune
(les Proverbes, le Cantique des Cantiques, etc.).
sapinn (1876) est rare.
+ SAPIENS adj., didactique, est repris (1735) dans
homo sapiens pour qualifier l’homme en tant qu’es-
péce capable de pensée abstraite. * Leroi-Gourhan S APONAIRE n. f. est un emprunt Il562 ; supo-
a introduit (mil. XX~ s.) avec la même valeur l’ad- nere, xwe s.1 au latin médiéval des botanistes sapo-
jectif SAPIEN, IENNE.
nu&, dérivé du latin classique supo, saponis qui a
donné savon*.
SAPIN n. m. est issu Cv.1165) du latin classique + Le mot a remplacé erbe savontire Efin xre s.1,herbe
saplplinus désignant un arbre résineux, aussi sup- savonnière (15381, encore chez Oudin ( 16401, ou sa-
pium chez Pline ; le mot est probablement composé vonnière n. f. (16161, encore dans Larousse en 1875.
de “saplp)us, peut-être gaulois, et du latin classique Il désigne une plante à fleurs roses et odorantes qui
pinus (+ pin). “Suppus a abouti à sup en ancien fran- contient un glucoside dont la dissolution mousse
çais (fin me s.) et en ancien proven@ EV. 11811, comme du savon.
forme qui se maintient jusqu’au xwe s., prenant un b SAPONINE n. f., dérivé savant du latin supo
sens technique 11773) dans le vocabulaire de la ma- (18321, désigne ce glucoside, qui fut d’abord extrait
rine, et est encore attestée dans les dialectes, en ar- de la saponaire. +SAPONIFIER v. tr. est dérivé sa-
got jusqu’au XIX’ siècle. P. Guiraud rattache sap à vamment ( 1797) du radical du latin supo, d’après les
un verbe gallo-roman Osappere =Produire de la verbes en -ikr. 0 Ce verbe technique signif?e
sèven, dont l’existence est supposée d’après le latin Mtransformer (un corps gras) en savon». En chimie
sapa win cuit réduit à l’état de sirop* I+ sève), le (xx” s.), il correspond à atransformer (un ester1 en
suplphnus étant un arbre producteur de sève. acide et alcool (sous l’action d’une base))), 0 En dé-
4 Le mot désigne couramment un arbre d’une fa- rivent SAPONIFICATION n. f., d’abord Nart de
mille de résineux à tronc droit et à feuilles persis- faire le savonm 117921,puis terme technique ( 17971et
SAPRISTI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de chimie correspondant au verbe, SAPONT- b Du sens courant vient SARABANDER v.intr.


FIABLE adj, (1845), d’ou INSAPONIFIABLE adj. (mil. me s.), familier.
(18671, et SAPONIFIANT,ANTE adj. [XX"~.). -SA-
PON-, élément tiré du latin sapo, entre dans la SARBACANE n. f. est l’altération (15401,
composition de termes didactiques de chimie, d’abord notée salbaquane (15261, sous l’tiuence
comme SAPONACÉ, ÉE adj. (1793, Lavoisien), SA- de canne, de saybataane (Genève 15241,sarbatenne
PONITE n. f. (1870), SAPONOSIDE n. f. (19721, de (1525). Ce mot est un emprunt à l’espagnol zebra-
-oside*, etc. tana (14761, devenu cerbatana, mot d’origine ma-
laise (sumpitan ou sempitan), transmis par l’arabe
SAPRISTI + @ SACRER zarbagâna.
SAPROPHYTE adj. et n. m, est un composé 4 Le mot désigne, comme son étymon, un tube
savant (1875) de sapro-, du grec sapros <<putride%, creux servant à lancer de petits projectiles, par la
<moisi)), mot d’origine inconnue, et de -phyte, du force du souffle. 0 Par analogie de forme, il s’est dit
grec phuton ccc qui pousseti, dérivé de phueh <<faire d’un tuyau servant de porte-voix ~VII~ s-1 et a dé-
naître, faire poussen 1--+phyto-, -phyte). signé au figuré un intermédiaire (déb. XVIII~s.,
Saint-Simon), sens rapidement disparu.
4 Le mot se dit d’un organisme qui tire les subs-
tances nécessaires à sa vie des matières orga-
niques en décomposition. 0 Par extension, l’adjec- SARCASME n. m. a été emprunté ( 1552, Rabe-
tif (attesté 1933) s’applique à un germe qui vit dans lais) au bas latin sarcasmus, lui-même pris au grec
l’organisme sw être pathogène. sa~kw?~os wire amer)), dérivé de sarhazein m’ouvrir
la bouche pour montrer les dents>), <mordre la
bEndérivent SAPROPHYTIQUE adj.(18961etSA-
chair*, et au figuré <<déchirer par des sarcasmess.
PROPHYTISME n. m. (1892). -À partir de sapro-
C’est un dkivé de sarx, sarkos uchair>> (t sarco-,
ont été composés des termes didactiques comme
sarcophage).
SAPROPHAGE adj. et n, m. (18271, de -phage, “qui
se nourrit de matières putréfiées*, 0 SAPROPÉ- + Le mot, qui Sign%e 4ronîe mordante, raillerie
LIQUE adj , 119041“qui vit dans la vase des étang acerbem, est employé spécialement comme terme
Ide la flore, de la faune), du grec ~&OS«boue, de rhétorique (1690).
fange», d’où SAPROPEL n. m. (créé par H. Potonié, b SARCASTIQUE adj. dérive du nom Idéb. xrxe s.,
av. 1908 [Revue des sciences11 Nmasse gélî%e de M”” de Staël, B. Constant), d’après enthousiasme/
plancton», d’où 0 SAPROPÉLIQUE adj. (1913) et enkousiaste et sous l’influence de ironique Isarcas-
SAPROPÉLIEN, XENNE adj.(1922). matique est dans Chamfort, 1794). L’adjeckif s’ap-
plique à ce qui a le caractère acerbe du sarcasme
SARABANDE n. f. est un emprunt (16061, puis se dit plus couramment (v. 1840; in Besche-
aussi sous les formes zarabanda (1605, Le Loyer), reue, 1846) pour <<moqueur et méchant». 0 Il a
serabante (1605, J. Bordierl, à l’espagnol zarabanda fourni SARCASTIQUEMENT adv.Im”s.1.
11539) désignant une danse vive et lascive accompa-
gnée de castagnettes, puis un grand vacarme, mot SARCELLE n. f. (15641, d’abord cercek o>
lui-même emprunté par l’arabe au persan sarbartd (v. 11751,est issu d’un latin populaire Ocercedula, al-
4urbanp de sur NtêteDet band NIlen)). Cependant, ce tération du latin classique querquedula, lui-même
mot ne semble pas concerner la danse et dastband, emprunté au grec Izerkzithalis ((sarcelle>, mot d’ori-
de dust amainn, qui, lui, désigne une danse, ne gine expressive. Le changement de tiale vient du
convient pas formellement. On a supposé aussi une nom d’autres oiseaux, co1I1wle monedula <<chou-
altération de l’espagnol zarenda ccrible, van», par cas=, fzcedula Nbecf&ue>>.
allusion au mouvement. Cette hypothèse rendrait
4 C’est le nom d’un oiseau palmipède plus petit que
compte du caractère de la danse andalouse, qui
le canard commun. On distingue en France la sar-
aurait été autochtone.
celle d’été et la sarcelle d’hiver.
4 Le mot, en passant d’Andalousie au reste de l’Eu-
rope, a perdu en musique sa valeur de *danse las- b Du mot dérive SARCELLINE n. f. (xx” s.) apetite
cive, désordonnée et agitée» pour désigner une sarcelle-.
danse mondaine ou de cour. Cette danse à trois
temps, lente (1636, Mersenne), voisine du menuet, SARCLER v. tr. est issu 11271) du latin impérial @$)
en vogue aux XVII~et xwe s., correspondait à un air sarculare, dérivé du latin classique sarculum <tsar-
que le mot désigne aussi (1623). Il s’applique par ex- cloirj), lui-même de satire <(sarcler)), terme tech-
tension à la partie d’une suite qui s’en inspire, dms nique sans origine connue. Le latin populaire Osar-
la musique du XVIII~s. (Bach, par exemple). +Mais cellum, altération de sarculum, avait abouti à sarcel
n. m. ~~sarcloir» Iv. 11901, mot disparu.
le sens initial semble avoir survku, notamment en
parlant de l’Espagne (Lesage), et le mot a été repris 4 Le verbe sigr&e aarracher Iles mauvaises herbes)
pour ((jeux bruyants, vacarrnen Iav. 1778, Voltaire) dans un terrain- et (v. 1283) adébarrasser (une
et pour adanse joyeuse et collectivem Km XIX~s.1, en culture) des mauvaises herbesn, d’où plantes sar-
particulier dans danser, faire la sarabande. clées “qui nécessitent des sarclagesn (1870). *Le
o Cette valeur, comme celles de *ribambelle de verbe s’est employé par extension (1280-1290) au
gens qui s’agitent,) (xxe s.) et =succession rapide, sens de q<nettoyerD,emploi sorti d’usage comme le
sans ordre, d’éléments disparates=, vient en partie figuré aarracher, détruire~~ (par ex. des men-
de la forme du mot (cf. farandole, tiambekl. songes).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3385 SARDOINE

b Le verbe a des dérivés. + SARCLEUR, EUSE n. ~L’adjectif dérivé SARDANAPALESQUE <<digne


En XIII~s., n. m.); le féminin charqueleresse 115781, de Sardanapalen, vieilli et littéraire (mil. XIX~s.), a
sarcleresse ! 1636) ne s’est pas maintenu. * SAR- été précédé par sardanapalique (15 123, emprunt au
CLOIR n. m. (1413) s@ifïe &-kdxnent servant à bas latin surdanapulicus, encore relevé en 1877.
sarcler». + SARCLAGE n. m. (XIJI~ s. selon T.L.F. ;
1318, sarkelage; 1454, sacluge; 1776, forme mo- S ARDANE n. f., qui n’est attesté qu’au XX~s.
derne) a remplacé SARCLEMENT n. m. Il35O), en- ( 1929, Montherlant ire T.L.F.), est un emprunt au ca-
core relevé en 1700. +SARCLETTE n. f. (18431, qui talan surduna (15521, variante probable de cerdana
a remplacé SARCLET n. m. Cv.13803, désigne un (espagnol et catalan), de cerdù ade la Cerdagne».
apetit sarcloir)b. +SARCLURE n. f. (14131 COrTeS- 4 Le mot désigne une danse traditionnelle de Cata-
pond à ((action de sarclerm, sens vieilli au profit de logne et du Nord de l’Espagne, où les danseurs for-
sarclage, puis 116941 à ((ce qui est arraché par sar- ment un cercle et exécutent des pas compliqués,
clage» ,
6 Voir ESSART. SARDE + SARDINE

SARCO-, premier élément tiré du grec sarx, SARDINE n. f., réfection Cv.1380) de sordine
sarkos <<chair)>,mot d’étymologie douteuse malgré (mil. me s.), a été précédé par l’ancien provençal
des rapprochements avec des mots du domaine sardina (v. 1080). Le mot est issu du latin sardinu
indo-iranien, entre dans la composition de termes <<sardine», littéralement «(poisson) de SardaigneD,
didactiques de formation tiançaise ou empruntés. dérivé de sarda, substantivation du féminin de sur-
.SARCOCÈLE n.m. (15381, terme de médecine dus =de Sardaigne, Sarde», lui-même de Sardinia
emprunté au grec sarkok&lê, Sign%e «tumeur char- 4a Sardaigne-. L’italien et l’espagnol ont sardina,
nue du testicule ou de l’épididyme», de kêlê <<tu- mais l’italien emploie aussi surdella, emprunté par
meur, herniem. +SARCOME n. m. (v. 1560, Paré, l’allemand Sard&e.
sarcoma3, timcisé au XVII~ s. (16601, terme géné- +Le mot désigne un petit poisson comestible
rique en médecine pour désigner les tumeurs ma- consommé frais ou en conserve. Il entre dans des
lignes du tissu conjonctif, est emprunté au bas latin expressions comme sardines CtZ’huile ( 1810). De là
sarcoma, lui-même du grec sarkômu, dérivé de b&e de sardines, au figuré <(lieu très encombré», et
surkoûn «changer en chair, remplir de chairn. 0 Il êtie serrrés comme des sardines (qui a remplacé
a pour dérivés SARCOMATEUX, EUSE adj . ( 1803) comme des harengs en caque). 0 Par analogie d’as-
et SARCOMATOSE n. f. (19041. - SARCOPLASMA pect (allongé et argenté), il se dit familièrement
n. m. 118971, de plasma, OU SARCOSPLASME (1817) d’un galon de caporal, de brigadier, de sous-
(19041, terme de biologie, désigne le cytoplasme qui officier. 0 Au pluriel, il a désigné en argot ancien
entoure les fibrilles des fibres musculaires. les doigts de la main (1878, serrer Lescinq sardines).
Le mot le plus usuel, SARCOPHAGE n. m,, attesté 0 C’est aussi la désignation d’un piquet de tente
en 1496 (sacrophugue [sic]) mais rare avant le (xx” s.), d’abord de forme fuselée évoquant une sar-
XVII~s., a été emprunté au latin impérial sarcophu- dine.
gus Ktombeaw, substantivation de sarcophugus adj.
b SARDINIER II. m. désigne 11765) un flet pour la
“qui consume les chairs)>, surtout employé dans
pêche à la sardine, aussi SARDINIÈRE n. f. 118311,
sarcophagus lupis «pierre servant de cercueil>. Le
nommé en Provence sardinal n. m. ( 1769). SARDI-
latin est un emprunt au grec surkophugos “qui
NIER, IÈRE adj . quti8e ( 1765) ce qui est relatif à la
mange, qui consume la chair, (surtout en parlant
pêche à la sardine, à son industrie, d’où chaloupe
d’une pierre calcaire, lithos sarkophagos), et a
sardiniére, bateau sardinier ( 1765) ou sardinier n. m.
abouti à cercueil*. Le mot désigne un cercueil de
( 19041, sardinière n. f. ( 1904. Le nom se dit égale-
pierre; la pierre des tombeaux antiques, dans les
ment (18701 d’une personne qui prépare les sar-
croyances, détruisait les cadavres non incinérés, et
dines, d’un pêcheur de sardines Iv. 1890, n. m.1.
sarcophage a désigné cette pierre (16361, parfois al-
- SARDINERIE II. f. (1870) désigne un atelier, une
téré en sarcophunge (16il). 0 Le nom reprend le
usine où l’on prépare les sardines avant de les
sens du grec, sign5ant <anthropophage)> (1659,
mettre en conserve.
adj.), puis “qui ronge les chairw, en parlant d’un
SARDE n. f., du latin sarda, désigne (XIII~s.) une bo-
médicament (1752, adj. ; 1762, n. m.), et (carnivoren,
nite à dos rayé, courante en Méditerranée.
d’un oiseau ( 1772). Ces emplois ont disparu mais le
0 VOil- SARDOINE;, SARDONIQUE.
nom désigne encore en zoologie (1872) une mouche
à viande.
SARDOINE n. f., altération (1’” moitié XII~ s.) de
@ Voir CERCUEJL, SARCASME.
sardonie ( 10801, est emprunté au latin sardonyx, lui-
SARDANAPALE n. m. représente Idéb. même pris au grec sardonux, composé de sardion
XVII~ s., d’Aubigné) l’emploi comme nom commun acornaline, sardoinem, probablement Kpierre des
de Sardanapale (latin Surdunapalus), roi légen- Sarde+ 1-+ sardine), et de onux ((ongle>>(-+ onyx).
daire d’Assyrie que mentionnent les Grecs, le pré- + Le mot désigne une variété brunâtre de calcé-
sentant comme un tyran efféminé, possesseur doine.
d’immenses richesses et menant une vie de dé- b On trouve aussi dans ce sens sarde n. f. (Ire moitié
bauche ; le mot a le sens de «débauché)) en bas latin. XII~s.), issu du latin classique sardu acomalinen, et
+ Sorti d’usage, le mot désignait un homme fortuné en ancien français sardine n. f. (XII~s. ; 1530, ser-
qui mène une vie de débauche, dinne), du bas latin sardines tlupisl,dérivé de sar-
SARDONIQUE 3386 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dius Lhpisl; cette forme, concurrencée par le nom SARMENT n. m. est issu Cv.1I 19, Ph. de Taon)
du poisson a disparu après le XVI~ siècle. - SARDO- du latin sawnentum <(rameau de la vigne)), dérivé
NYX n. f., en ancien français sardonix ( lm moitié de surpere, supin sarptum, &iller la vignen. Ce
XII~s.) puis sardonyche ( 14971,se dit ( 1836) d’une va- verbe se rattache à une racine indoeuropéenne
riété d’agate blanche et orangée. “serp- Gnstrument crochu», que l’on retrouve dans
le grec ha@ <faux, faucille> I+ arpion, harpagon),
SARDONIQUE adj., d’abord dans ris sardo- le sanskrit s& afaucillem (-+ serpe).
nie ou sardonien Cv.1560, Paré; sardonien peu + Le mot désigne en ancien fiançais toute branche
avant dans du Bellay), puis W,l sardonique (16601, sèche (d’où ne valoir un sament ((ne rien valoti, au
reprend le latin sardonicus risus, calque du grec XIII~s.), la spécialisation pour *rameau de vigne>
sardonios (ou surdunios) geLôs 4re malveillants. étant ancienne (v. 12101, puis le cep lui-même
Sardonios était interprété comme ade Sardaignem cv.1300). Il se dit par extension 11549) de la tige des
ISardôI, le rire wrdonique» étant expliqué par les plantes sarmenteuses. 0 La locution figurée se bri-
effets de la sardonia CIwrbul4herbe) de Sardaignem der de sannent &re ivre- 11545)a disparu, ainsi
kf. sardonie, ci-dessous). Sardonien a été formé sur que jus de samzent win~ 116441,qui équivalait à jus
sardonius Isurdoniosl; sardonique est emprunté au de la treille.
dérivé grec surdonihos ou construit d’après les ad- b SARMENTER v. tr. s’est employé 116031 au sens
jectii% tiançais en -Que. de acouper Ides fleurs)>); il Sign%e aujourd’hui ara-
+ l%ire sardonique se dit d’une grimace rappelant le masser les sarments, après la taiuen (18361, sens at-
rire, due à la contracture spasmodique des testé dès le XILT~s. 11271) en ancien provençal cser-
muscles de la face. Sous l’influence de sarcastique, menturl. *ASSARMENTER v.tr., &der (la
l’adjectif s’applique à un rire (d’abord ris surdo- vigne)>> (14491, s’est aussi employé En xve s.) au sens
nique, av. 1754) qui donne à la bouche une expres- de samzenter. *SARMENTEUX,EUSE adj.dérive
sion de moquerie méchante 117621puis à ce qui ex- 11559) de sarment ou est emprunté au latin sawnen-
prime une intention méchante (v. 17701. tosus adj., appliqué à une plante dont la tige longue
bLe dérivé SARDONIQUEMENT adv. 11845) est s’appuie sur des supports. 0 Sumzenteux conserve
rare. ce sens et se dit d’une vigne qui produit beaucoup
SARDONIE n. f., terme didactique emprunté au la- de sarments (1793).
tin sardonti Cherbal, désigne Iv. 1560, surdoniul en
parlant de Mntiquité une renoncule toxique dont SARONG n. m. est emprunté (1836) au malais,
l’ingestion provoque la contraction de muscles fa- où il désigne un vêtement drapé.
ciaux.
0 Voir SARDINE, SARDOINE. SAROUAL ou SÉROUAL n.m. est em-
prunté sous plusieurs formes Isérouûl, 1887; se-
roue& surouel, 1860 ; surouul, 1906) par le vocabu-
SARGAS SE n. f. (16631, d’abord sous la forme
laire militaire à l’arabe sirwül, désignant un
surgasso ( 15981, est une adaptation du portugais
pantalon large et flottant.
surgaço aciste= puis, par analogie de forme, aalgue
de mer>>, peut-être par l’intermédiaire du néerlan- + Il conserve ce sens, en particulier en parlant de
dais. Le mot vient d’un latin populaire “sulicuceus, pantalons de femme, dans le vocabulaire de la
dérivé du latin classique sulix, salicis <<saulen(+ sa- mode.
licaire), les feuilles du ciste rappelant celles du
saule. Les formes masculines en o (sarguço, 1694; SARRASIN, INE n. et adj. est issu (1080) du
sargazo, 1701) sont encore usitées à la ti du bas latin Sarrucenus, singulier de Suwaceni
xvme siècle. n. m. pl., nom d’un peuple de l’Arabie, étendu par
les Byzantins à tous les peuples soumis au calife. Le
+ Le mot désigne, comme en portugais, une algue
latin viendrait de l’arabe garqiyyh, pluriel de 5arqi
brune très répandue au nord-est des Antilles. Le
«oriental», mais cette hypothèse est controversée.
syntagme mer des Surgusses désigne une zone de
Le mot a d’abord désigné une peuplade de i’Ara-
l’Atlantique où ces algues prolifèrent.
bie, puis un ensemble de tribus arabes nomades
(III~S.I. En bas latin, chez les écrivains ecclésias-
SARI n. m. reprend (1830, sarrie; 1843, suri; 1872, tiques, il n’est appliqué qu’aux tribus de l’est de la
sa& un mot hindi, désignant une longue étoffe Jordanie et du sud de la Palestine. C’est à partir de
drapée que portent les femmes dans l’Inde. l’époque byzantine que le mot prend sa valeur défi-
+ Le mot conserve ce sens en tiancais. nitive. Il se propage ensuite en Occident; il est em-
ployé pour <(Arabe= et désigne tout ce qui vient de
SARIGUE n. f. est emprunté une première fois l’Orient Machrek), parfois même des marchan-
au XVI” s, (1578, satigoy, n. m.), repris chez Btion dises européennes fabriquées d’après les modèles
11763) à sarigué, mot tupi (langue indienne du Bré- orientaux. Au moyen &ge, son emploi est fortement
si11par l’intermédiaire du portugais. coloré par les relations de guerre des Croisades.
+ Sarigue est le nom d’un petit mammifère à queue + Surrusin, aussi sous la forme surradin Cv.1175,
longue et préhensile. On relève aux XVII~et XVIII~S. Chrétien de Troyes) et avec des variantes sufExées
de nombreuses variantes : zetigon 116101, cerigon sarrazineis, sarrazinoti, quaMe et désigne en a;n-
116221, et avec la consonne tkl curage, carigueyu cien français ce qui vient d’Orient et notamment
C1658,jusqu’en 17631, catigue (1763, BuEon). tout païen, spécialement les musulmans d’Orient,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3387 SASHIMI

d’Afrique ou d’Espagne. Sarrasine n. f. KIKI XI~ s., sa- pelées sarriette de montagne (15621, d’été ( 16673,
razine) s’est dit d’un vêtement ample de dessus, à d’hiver (1667).
la façon des Arabes. 0 L’adje& a eu le sens de
a-ueb, caractère prêté aux Sarrasins, ennemis SAS nm., succédant 11380) aux formes saaz
pendant les Croisades ~III~ s.1, et de 4rompew (v. 12001, saas (XII” s.1 et aussi suz, est issu du latin
(1518). Il a signiEé de manière plus neutre «d’or?- médiéval slaIetacium &mis>~, dérivé du latin clas-
gîne ou d’imitation orientale)) (12241, spécialement sique saeta ou seta asoie de porc, crin de chevaln
dans lettres sarraknes (13681, lettres de sarrasin (+ soie).
( 1380) «inscriptions imitées des décorations + Le mot désigne d’abord une pièce de crin, de soie,
d’étoffes orientalesn. Loi sarrasin correspond à etc., montée sur un châssis et servant à tamiser no-
cpagtismen au xve siècle. 0 Blé sarrasin ! 15451, tamment de la farine; de là viennent les locutions
substantivé en SARRASIN n. m. 115511, désigne figurées passer Iqqch.1 au gros sas d’examiner ra-
une céréale introduite au xve s., originaire d’Asie pidement>> (mil. xve s.) et faire tourner le sas Hpré-
centrale, aussi appelée blé noir; le nom vient de la dire l’avenir en examinant le contenu d’un sas
couleur du grain, que l’on comparaît au teint des après l’avoir fait tourner, (mil. xwe s.1, sorties
Sarrasins; on relève en latin médiéval frumentum d’usage. 0 Sus, avec l’idée de mtrage, se dît ~VI” SJ
sarracenorum (14601. 0 L’adjectif s’emploie aussi de la partie d’un canal comprise entre les deux
depuis le XIX~ s. dans des domaines spéciaux, tech- portes d’une écluse, qui se remplit et se vide alter-
niques : tuile sarrasiw (18421 <tuile large- utilisée nativement. 0 Avec sa première valeur, le mot dé-
en Provence, que l’on fait remonter à l’occupation signe spécialement un tamis pour le plâtre
sarrasine, voiite sarrasine (1842) uogivde>j qui s’op- (mil. XVI~ s.), une grosse claie qui sert à passer la
pose à plein cintre, et au XIX~ s. art sarrasin pour art terre pour l’épierrer ( 16901. 0 La deuxième valeur
gothique (noté avieux>, en 1842, Académie) aboutit au nom (1885, sas à air, sas) d’une pièce
viennent de ce qu’on attribuait à l’ogive une origine étanche entre deux milieux différents (air à des
arabe, d’où aussi art maure, mauresque et parfois pressions différentes, etc.) et d’une ouverture prati-
arabe, tandis que l’art roman était nommé byzan- quée dans un oléoduc pour son nettoyage (19%).
tin. - kns l’argot des typographes (18671, SARRA- b SASSER v. tr. (13621, d’abord saacier Iv. 11931, si-
SIN n. m. a désigné un ouvrier qui brise une grève gnifie -passer au sas* et au figuré, dans la langue
ou n’est pas syndiqué. classique ( 16601, «examiner minutieusementm (voir
F SARRASINE adj. et n. f., attesté au milieu du ci-dessous ressasser). oLe verbe entre ensuite
xwe s. (1551, sarraziw; 1676, herse sarrasine; 1814, (1876) dans le vocabulaire de la navigation fluviale.
sarrasin n. mJ, terme d’archéologie, désigne une +Sasser a fourni plusieurs dérivés techniques :
herse de château fort, qui en fermait l’accès; on SASSEUR n. m. (xv” s. ; v. 1380, saceur), terme de
pensait que les Arabes l’avaient inventée. -SAR- meunerie qui désigne une personne puis une ma-
RA~INER v. într. (1907) dans l’argot de l’imprime- chine (1875, n. m. acrible mécaniquefi ; 188 1, sasseur
rie ubriser une grèveB a fourni SARRASINAGE élecbique), SASSEMENT n. m., employé en meu-
n. m. (19071. nerie (1611; v. 1400, sacernent) et pour &clusageB
(19001, SASSAGE n. m. 118751, plus rare.
SARRAU n. m. est une altération qui semble Le composé RESSASSER v. tr., d’abord resasser
tardive ( 1732) de sawot En XI~ s., Raschi ; 1276, en pi- (1549, jusqu’en 1752) puis écrit avec deux s (16801, a
card), lui-même altération de surroc Km XI~ s.1, em- signi% <(repasser au sas (la farine, etc.)fi puis par fi-
prunté au moyen haut allemand sarroc qui dési- gure, à l’époque classique, <<examiner minutieuse-
gnait un vêtement militaire. ment» 11690, sasser et ressasser). 0 Par extension
+Le mot se disait d’un vêtement de dessus, puis du premier sens, le verbe a si@% ((agiter, se-
(av. 1549) d’un vêtement féminin, et au xwte s. (1740) couers (2” moitié XVII~ s.l et au sens figuré *faire des
d’une ample blouse de travail en grosse toile, por- recherches contre qqn» 11694, jusqu’à &II XVIII~ sd,
tée par-dessus les vêtements. 0 Par extension, sar- aexaminer la conduite de qqn» 11718 ; encore relevé
rau désigne une blouse d’écolier, boutonnée dans en 1878). Le sens initial se perd alors et le verbe se
le dos (1857, sarrau d’enfant, Flaubert) et, par méto- détache de son origine. ~AU sens métaphorique
nymie 118761, une toile de fl de lin, ordinairement de «répéter (qqch.1 sans cesse», seul usuel en fran-
bleue, employée à la confection des sarraus. ça& moderne, il est attesté depuis 1721. + Ressasser
a produit, avec sa valeur figurée, RESSAS-
SARRIETTE n. f. représente le diminutif (13501 SEUR, EUSE n. et adj. (1764, Voltake), rare, RES-
de l’ancien fra;nçais sarree (XII~ s.), sarreie, serrk SASSEMENT n.m. (17771, assez coui"ant, RES-
(v. 12901, satiee (XIII” s.), d’abord sadree 61 XI~ sd, SASSAGE n. m. (1877) et RESSASSANXANTE
issu du latin satureia, L’ancien provençal sadriega adj. (mil. me s.) qui correspondent tous à la der-
Iv. 12801, de même origine, a été emprunté en nière acception du verbe.
moyen fkançais sous la forme sudtige ( 1528) puis
sadree (0. de Serres, 16001, encore attestée en 1767. SASHIMI n. m. est la transcription (xx” s.1 d’un
Les noms de plantes utilisés régionalement sont mot japonais formé de sashi apercer>> et de mi
souvent altérés, ce qui explique la variété des tchati.
formes. En français, on écrit aussi sariette. + Le mot désigne un plat, traditionnel et courant au
4 C’est le nom d’une plante herbacée aromatique Japon, constitué de poisson cru, découpé suivant
dont une variété, la sanietie des jurdins ( 15561 ou de diverses techniques (en lamelles, en petites barres,
jardin ( 15621, est cultivée ; d’autres variétés sont ap- en dés, en vagues, etc.), accompagné de sauce de
SASSAFRAS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

soja, de lamelles de gingembre confît au vintigre et d’un autre et, par figure, ce qui accompagne qqch.
de radis, ainsi que de raifort japonais Iwwabil, l’en- (1660). + Satellite prend au xv? s. (1665) le sens du
semble étant présenté de manière à flatter l’œïl. latin scientsque des astronomes sutelles C1611,Ke-
pler, De quatir Jwds sutellitibus erronibus NDes
SASSAFRAS nm. (16123 est un emprunt quatre planètes satellites de Jupiter>), c’est-à-dire
11590,arbre de sassefrasl à l’espagnol S~~&US, p.-ê. CO~~S céleste gratitant sur une orbite elliptique
d’une forme mozarabe issue du latin sud%aga autour d’une planète>. 0 Par analogie, le mot s’em-
(4 saxifragel ploie pour aélément périphérique ou secondairen
4 Le mot désigne un arbre d’Amérique du Nord, en anatomie (1814, adj. veine satellite; 1805comme
dont l’écorce était employée en pharmacie. nom), en mécanique (1902) «élément d’un engre-
nage MérentieL, en physique (v. 1960, électron su-
SATAN n. m. est un emprunt ~1165-11701, tektel. Il désigne dans certains aéroports, notam-
d’abord sous les formes satanas Iv. 980) et Sathan, ment celui de Roissy près de Paris, un bâtiment
nom propre (mil. XII~s.3, au bas latin ecclkiastique annexe, relié par un couloir (1964) au bâtiment cen-
Sutun ou Satanas Gatan, le diablen, lui-même au tral. 0 Par extension de la première acception, il
grec Satan ou Sutanus Nouveau Testament), d’ori- s’applique (1941) à un État sous l’étroite dépen-
gine hébrtique. L’hébreu &$ün, <adversaires, dé- dance d’un autre, sens diffusé à partir de 1945 à
signe dans le livre de Job l’ange chargé de tenter le propos des pays socialistes d’Europe cenhle et
héros pour le mettre à l’épreuve. Le nom est de- orientale par rapport à l’ancienne U. R. S. S. +Su-
venu celui du prince des anges déchus, le démon tellite artificiel Iv. 1950) ou satellite, par extension
et, par figure, d’une personnalité maléfique. du sens astronomique, désigne un engin destiné à
être lancé dans l’espace de manière à décrire une
4 C’est d’abord le nom du chef des anges rebelles
orbite autour de la Terre ou d’un autre corps cé-
(v. 9803 ; le mot désigne plus largement Il 165 11701
leste; cette dénomination s’applique surtout à des
un diable quelconque, emploi rare aujourd’hui. Su-
engins de taille réduite; les satellites artikiels
tunus s’est employé jusqu’au XVII~siècle. Michelet
conçus pour recevoir un équipage sont désignés
116801le considère comme un mot burlesque car- par des termes spéci-fiques, comme cabine, navette
chaïque et stylistique). ~Plusieurs locutions sont
spatiale, station orbitale I1961, satellite habité). Le
sorties d’usage, comme fils, enfant de Satan
développement des applications civiles et mili-
(homme méchant> (17681, qui succède à un su~unus
taires de l’exploration de l’espace a fourni de nom-
Iv. 11301,un sutun (11751,ou encore orgueil de Satan
breux syntagmes plus ou moins lexicalisés : sutel-
aextrêmen (1798). 0 L’emploi de Ie grand Satan *ce
qui incarne le mal absolw, par calque du persan
lite-reluis Il 9621, satellite-observatoire (1965;
satellite d’observation, 196 11,satellite & télécom-
(emprunt à l’arabe1 et appliqué aux Etats-Unis par
l’Iran intégriste, est journalistique (1987). munications (19631, satellite-ballon (19683,satellite-
espion (19691,etc.
b SATANIQUE adj., dérivé du nom propre et em- b SATELLISER v. tr. s’emploie en astronautique
prunt au latin médiéval satunicus kte s.1, s’ap- t 1957) et, par analogie, au sens de arendre dépen-
plique à ce qui fait penser à Satan (14751, est propre dant (un pays, etc.), ( 1966).0 Le verbe a fourni les
à Satan (16911 ou à ce qui est digne de Satan, ins- dérivés SATELLISATION n. f. (1961, au figuré
piré par l’esprit du mal lapr. 18501.0 Il a plusieurs 19581,d’où DÉSATELLISATION n. f, et SATELLI-
dérivés. - SATANISTE n. ( 15771, disciple de Sa- SABLE adj. (19641,seulement en astronautique.
tan%,est rare. +SATANISERv.h832) =rendresata- 4 SATELLITAIRE adj. 119751 est un terme tech-
nique» a été récemment repris avec diuboliser.
nique.
+ SATANISME n. m., didactique, signSe aculte de
Satan% 11855, Baudelaire) et aesprit satanique* SATI n. f. et n. m. invar. 11875, précédé par suttzk,
(1842, Mériméel. +SATANIQWEMENT adv. 11868) 1829 et suttee, 1839) est un emprunt au sanskrit
est didactique et littéraire. ~SATANÉ, ÉE adj. (puis hindi) çuddhi, du radical sign&nt «sagem,par
s’applique familièrement (17’92 dans la Mère Du- l’anglais.
chesne) à qqn dont la conduite est considérée + Le mot s’applique au fém. à la veuve qui s’immo-
comme abominable, puis par afkiblissement et à Iaît rituellement sur le bûcher funèbre de son mari,
l’image de sucré, dam& se dit (av. 1870) d’une en Inde, et au masculin, au rite lui-même.
chose désagréable, pénible, puis, par antiphrase,
équivaut (av. 1876)à atrès bon, remarquable>. SATIÉTÉ n. f., réfection du XVI” s. (1588, Mon-
taigne) de suzieted Cv.11201,sutietet hes., isolé-
SATELLITE n. m. et adj., écrit sutelite vers ment), est un emprunt au latin satietus «abon-
1265, B. Latini, (avec deux I vers 13551,est un em- dance=, ~wfEsance D,<satiété-, dérivé de saa.
prunt au latin classique satelles, sutellitis “garde du + Comme en latin, le mot désigne un état d’indif-
corps>, asoldatti, gsetiteurn, «auxiliaire, complice*; férence proche du dégoût lorsqu’un désir est plei-
le mot est souvent employé au pluriel. D’or@ne nement satisfait; il ne s’emploie aujourd’hui, en
obscure, sutelles est peut-être un emprunt à parlant d’une personne rassasiée h. 15301, que
l’étrusque. dans les expressions jusc&à satiété IV. 15801, à Sa-
4 Le mot a désigné, du XI# au XVII~s., un homme tiété (18271, usitées aussi avec la première valeur
anné à la suite d’un chef, qui exécute ses ordres I~UIXIX~s., répéter a satiété).
(v. 12651, péjorativement un homme aux gages d’un SATIABLE adj. est emprunté (mil. xve s.) au latin
ptissa,nt (14921,puis (1580) un homme dépendant s&&bilh et signifie, au concret puis à l’abstrait
DE LA LANGUE FRANÇAISE SATISFAIRE

(1486) “qui peut être satisfait=. Il est beaucoup plus latin sutyrus qui désignait aussi un drame satirique
rare que l’antonyme iwatiable”. (4 satyre). Les deux formes sont aujourd’hui nette-
0 voir RASSASIER. SATIRE, SA’ZISFALRE, SATURER, SOÛL. ment distinctes. Q Le mot s’emploie dans trait de
satire (av. 16961, faire lu satire & qqch., qqn (1711)
SATIN I-A.m. est emprunté (1351, zatin; 1387, sa- acritiquers,.
tin), sans doute par l’intermédiaire de l’espagnol b sAT1RIQUE adj. s’applique à ce qui appartient à
aceituni (avec l’article arabe), setuni, à l’arabe Zuy- la satire (v. 13801, à une personne portée à la Satire
tünï, proprement =de la ville de Z&ntuw c’est-à-
( 1488) ; un satirique n. (1524) ne se dit plus qu’en lit-
dire Tsia-Toung len Chine) où l’on fabriquait des
térature antique (depuis 15291. +Le dérivé SATI-
étoffes de satin.
RIQUEMENT adv. 1154% est rare. +SATIRISER
4 Le mot désigne une étoffe de soie, moelleuse et v. tr. 11544, Scève) est noté -peu usitém dès 1718; il
lustrée sur l’endroit et sans trame apparente, puis l’est resté. +SATIRISTE n. uauteur de satires>
(16901 toute étoffe moelleuse et lustrée, avec des ( 1683, suty-), aujourd’hui didactique, s’est employé
syntagmes comme satin @ec (1877) «dont la trame pou ((mauvais plaisants (1812>. +SATIROGRAPHE
est en laine», satin duchesse (18871, etc. Armure sa- n. m., emprunt ( 1842, Académie) au latin sutiroflu-
tin ou satin. ( 1751) se dit en tissage d’une des trois phus aauteur de satiresm, lui-même du grec
armures fondamentales. 0 Au figuré, peau de satin I+ graphe), ne s’est pas imposé.
s’est employé 11751, Crébillon) pour sutiti. 0 Satin
désigne aussi, par analogie d’aspect et de toucher SATISFAIRE v. tr. est un emprunt (12191,
(19331, un bois utilisé en ébénisterie pour son aspect adapté d’après faire*, au latin classique sutifucere
satiné, originaire de Sri Lanka (Ceylan). v. intr. as’acquitter de lune demande, un devoirln,
k Le mot a fourni plusieurs dérivés. + SATINÉ, ÉE asatisfaire (un créancier)n, <faire des excuses ($
adj. et n. m. (1603, sans indication de sens), attesté qqn)», adonner une explication, une justifications,
dans l’acception figurée, disparue, de <<doux, ai- puis «donner satisfaction en expiant*, Ce verbe est
mable>> (16891, s’applique ( 1690) à ce qui a la dou- composé de sutis assez*n et de fucere afaire”b. On
ceur ou les reflets du satin. 0 Le satiné n. m. dé- relève en ancien français les formes sutifier (12881,
signe (17061 ce qui est satiné, en a l’apparence. 0 Le sutisiier kuves., attestée jusqu’en 15301, faites
mot qutie plusieurs essences de bois tropicaux d’après les verbes en -tir.
qui fournissent des placages d’aspect satiné (1765, 4 Ce verbe a eu des constructions variées en ancien
bois satiné), substantivé (18901. +SATINETTE n. f., et en moyen français, intransitives comme en latin,
<étoffe de coton et de soie, ou de coton qui a l’aspect dans plusieurs acceptions. On relève d’abord satis-
du satins ( 1703, semble inusité avant la seconde faire qqch. à qqn “payer*, sorti d’usage comme su-
moitié du XIX~ s. (18771; SATINET n. m., de même tisfaire en qqn du prix (xrve4, de même que l’em-
sens (18421, a disparu. 4 SATINER v. tr. est attesté ploi intransitif ( 15381. 0 La construction moderne
depuis 1690, figurément au XIX~~. (1835, Balzac). sutisfctire à gqch. as’acquitter de ce qui est attendu
0 SATINEUR, EUSE n. est un terme technique ou exigé*, wemplir une exigencep, est attestée de-
(18421, comme satiner dont il dérive. Ainsi que SA- puis le xwe s., ainsi que satisfaire qqn «lui payer ce
TINAGE n. m. (17851, il appartit d’abord en impri- qui lui est dû-, alors que sutisfaire ù qqfi ne se dit
merie, d’après satiner le papier ( 17851. plus C1559, satisfaire à ses créanciersl. 0 Satisfaire
aaccomplir une pénitence> (xv” s.1est sorti d’usage;
SATIRE n. f., réfeckion (1352-1356, Berstie) de avec cette idée de réparation, satisfaire à qqn Hïn
la forme altérée satre Iv. 12901, est emprunté au la- xve s.1s’est employé jusqu’à l’époque classique pour
tin impérial sutiru, variante du latin classique su- «remplir son devoir envers qqn», satisfaire & Dieu
tura cmacédoine de légumes» puis en littérature (v. 1570) signifiant <donner à Dieu la réparation de
apièce de genres mélangés* (cf. en français salade, l’offense que constitue le péché>>. De même, sutis-
macédoine et aussi farce), appliqué à certains tex- faire à gqch. aexpier, (15381, satisfaire qqn de qqch.
tes d’Horace et de Juvénal au sens de «poème qui wémunérer un seticen (15451 ne s’emploient plus.
critique les vices,. Le mot a été rattaché à sutur 0 Se satisfaire «contenter le désir qu’on a de faire
xrassasié= (+ saturer), en parlant de nourritures, lié qqch.3 est relevé depuis Montaime (1580). 0 Au
à sutis flassez*u. xwe s., l’idée de réparation et surtout celle de
4 Satire se dit d’abord d’une dose parodique et, en contentement se développent parallèlement à
littérature latine, d’une pièce dramatique de por- celle de satisfait. Le verbe s’emploie à l’époque
tée morale, où se mêlaient les vers, la musique et la classique au sens de {{réparer une offenses, comme
danse ; c’est ensuite ! 14861 le nom d’un poème en intransitif (1636) et cornme transitif kutisfuire qqn),
vers, en hexamètres chez les Latins, en alexandrins d’où se satisfaire «se venger soi-même d’une of-
en France, où l’auteur attaque les ridicules de ses fense)) ( 1694) et es’apaisern (16381. Satisfaire qqn si-
contemporains; les Satires de Perse sont une ré- gn%e aussi &tre pour qqn ce qu’il dema;ndem ( 16401,
férence littéraire majeure à l’époque classique. Par se satisfaire Nsedonner à soi-même une explication
extension, le mot désigne un écrit mêlé de prose et Su&ante- (1640) et atrouver suikant, (1642, se su-
de vers (1594, Lu Satyre ménippée [Satire Ménip- tisfuire de qqch. ; 1650, .. . de qqnl.Avec un sujet nom
péel3, puis plus couramment un écrit, un discours de chose, satisfaire, transitif, si-e *correspondre
qui s’attaque à qqch. ou qqn en s’en moquant aux exigences de (qqn)> et «plaire à l’esprit, aux
(av. 1613, M. Régnier), genre bien illustré au XVII~ s. sensB (1644) en parlant d’une sensation (musique,
(Boileau, Furetière, etc.). On trouve la variante su- etc.), puis arépondre aux besoins de clarté de l’es-
tyre (15491, encore en 1740 (Académie), reprise du pritn (16601, à propos d’une réponse, d’une hypo-
SATRAPE 3390 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

thèse, etc. ; ces valeurs sont restées vivantes. 0 Le tiapes agouverneur de province, chez les Perse+,
verbe s’emploie également avec le sens de cconten- emprunté au grec sutru&, lui-même du vieux
ter (un désir)» (16671, &Pondre à lun besoin), Perse tiuthrupa <<officier du roi», d’où en persan
(16781, et satisfaire gqn ~assouti ses désirs)) (1690) Eh (-, shah).
s’emploie notamment dans le domaine sexuel. + Le mot conserve d’abord le sens de l’étymon, puis
Avec un sujet nom de chose, satifuire qqn corres- se dit (1389) d’un grand seigneur riche qui mène
pond à &Pondre à son attente* (17I8). Satisfaire ù grand train et, au XIX~~. (lSlOl, d’un homme puis-
qqch. prend enfin au XIX~s. le sens de *remplir les sant. Il est aujourd’hui didactique pour le sens his-
conditions requises*. torique, et littérale au sens figuré pour ahomme
wSATISFAIT, AITE adj. et n. m. a signîf% dans le puissant et corrompu>. 0 Le titre entre dans la hié-
vocabulaire religieux <pardonné, absous» (xv” s.l. Il rarchie du collège de Pataphysique.
s’applique à qqn qui a ce qu’il attend (1580, satisfait k Le dérivé SATRAPIQUE adj. s’emploie (18423 au
del, d’où être sutisfuit de soi-même (16901, à une per- propre et au figuré. *SATRAPIE n. f, emprunt
sonne à laquelle on a donné satisfaction ( 16111, d’où (1530) au latin sutrupiu, lui-même du grec sutru-
un air sutifuit (1761). Il qutie aussi ce qui est as- peiu, dérivé de sutrupês, est un terme didactique
souvi, réalisé 116111, ce qui a rew satisfaction (1713). d’histoire.
0 L’emploi comme nom masculin est attesté au mi-
lieu du XIX~siècle. +L’adjectif a fourni l’antonyme SATURER v. tr. est un emprunt Iv. 1300) au la-
préfixé INSATISFAIT,AITE adj. (151ol, inusité tin saturare 43ssasier=, =repaître» au propre et au
dans la langue classique, repris en Ii’94 puis en figuré. Ce verbe dérive de l’adjectifsutur wassasiém
1840, mais répandu seulement à la ti du XIX~(me s., (-+ soûll et au figuré <satu&, ariche, abondant}, ré-
n.). Mal satisfait amécontents (2” moitié x& s.) est sultant de “satu-ro-s, dérivé à l’aide du sufExe TO
sorti d’usage. +ATISFAISANT,ANTE adj., «qui d’un thème ‘satu-; la même racine a produit l’ad-
est conforme à ce qu’on peut attendreu (av. 1662, verbe sutGsaassez*B.
Pascal), s’applique aussi a ce qui peut être accepté,
saz-& plus (1876). 0 De l’adjectif dérive INSATIS- $ Le verbe apparaît au sens de Nrassasier, remplirn ;
FAISANT, ANTE adj. (1793). il est repris dans le vocabulaire scienttique (17621,
SATISFACTION n. f. est emprunté cv. 1155) au la- sign%ant <mélanger ou dissoudre une substance
tin sutisfuctio aexcuse, justification, amende hono- dans une solution jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus
en contenirn. * Il prend le sens figuré (1870) de
rablep, puis «réparation et aaction d’acquitter une
aremplir (qqn de qqch.1 jusqu’à l’en dégoûter» et si-
dettep, dérivé de satifuctum, supin de satifucere.
gn%e (depuis 1827) arendre tel qu’un supplément
0 Ce nom désigne d’abord l’acte par lequel on ob-
de la chose ajoutée soit impossible*. 0 En emploi
tient réparation d’une offense, surtout dans des lo-
intransitif, il s’emploie ftièrement pour =en
cutions verbales comme domer, obtenir satisfw
avoir assew
tien. 0 Dans le vocabulake théologique (12601, le
mot se dit de l’acte destiné à réparer envers Dieu k SATURANT, ANTE adj. “qui peut saturep (1765,
l’offense du péché. 0 Il s’est aussi employé ( 1280) n. m. ; adj. 18463 est didactique. + SATURÉ, ÉE adj.
pour l’acte par lequel on paie ce que l’on doit. est attesté au XWII~s. au figuré Iv. 1770, Rousseau),
0 Satifuctim dans l’usage courant (1611) désigne spécialement dans être s&ur~ de qqch, et concrè-
le plaisir qui résulte de l’accomplissement de ce tement ( 1772, air suturé de vapeur), en particulier
que l’on désire, d’où le sens de *plaisir, occasion de dans le vocabulaire de la chimie (1753). II s’applique
plaisir>> @n XVII~ s., MT” de Sévigné). Le nom se dit au figuré (1835) à qqn qui est rassasié jusqu’au dé-
ensuite (1836) de l’action de satisfaire un besoin, un goût, puis s’emploie couramment au sens de
désir et s’emploie dans donner satisfzwtion acomplètement rempli» ( 1870). C’est aussi au xx” s.
Kcontenter (qqn), Il67 1). +Le préfké INSATISFAC- un terme de mathématiques et de logique. bL’an-
TION n. f., relevé chez Francois de Sales au début tonyrne INSATURÉ, ÉE adj. 118401 est didactique.
du xwe s. (<mécontentement4 est repris en 1794 et + SATWRABLE adj. “qui peut être saturé» (18323 est
ne se répand qu’au début du XX~siècle; ces dates sans doute antérieur. 0 Le dérivé SATURABILITÉ
d’usage correspondent à celles d’insatisfait ki-des- n. f. est attesté en 1801; l’antonyme prétié INSA-
sus). *NON-SATISFACTION n. f., est relevé en TURABLE adj. (1482, au figuré) est plus fréquent
1866,AUTOSATISFACTION n. f. en 1963. que saturuble.
SATISFACTOIRE adj. est un emprunt 11495) au la- SATURATION n. f., emprunté au bas latin saturu-
tin scolastique satifuctotius <propre à expier une tio arassasiementn, dérivé de saturutum, supin de
fautem, dérivé du supin de sutisfucere. 0 L’adjectif saturure, est d’abord relevé (1513) au figuré, puis en
français conserve ce sens et s’est appliqué (1530) à 1836, pour désigner l’état d’une personne qui n’ac-
ce qui satisfait, également comme terme de droit. cepte plus ce dont elle a été trop abreuvée (cf. SU-
SATISFECIT n. m., mot latin repris au mes. (18451, tité). oLe mot est ensuite employé en sciences
Sign%e littéralement 4 a satisfaitn. C’est la 3” per- 117481 avec la valeur de Nsaturep, d’où point de sa-
sonne du singulier du parfait de sutisfucere. 0 Le turation (18011, avec des emplois spéciaux en éloc-
nom désigne d’abord une attestation qu’un maître tricité C~ourant de suturutin~, en logique
donnait à un élève dont il était content ; il s’emploie (mil. & s.), en physique nucléaire, en statistique
( 18661 pour aapprobation)>. 119641,en informatique, etc. + SATURATEUR n. m.,
emprunté au dérivé bas latin saturutor Ncelui qui
SATRAPE n. m. est un emprunt (v. 1265, B. La- rassasie%, de saturatum supin de saturure, désigne
tini linterpolation du x# s., selon T.L.F.1) au latin sa- en sciences (1857) un appareil qui dissout un gaz
DE LA LANGUE FRANÇAISE SATYRE
dans un liquide jusqu’à saturation et, couramment satumia (de Satumusl, est la désignation en zoolo-
(19103, un dispositif d’évaporation pour augmenter gie d’un papillon nocturne roux, communément
l’humidité de l’atmosphère. +Le composé SURSA- appelé paon & nuit.
TURÉ, ÉE adj. (1787, sel sursaturé est attesté avant
SURSATURER v. tr. (18121, didactique, qui a fourni SATYRE n. m., réfection étymologique 11549) de
SURSATURATION n. f. (1824) ; d’abord écrit sur- satire (v. 1372 ; xv” s. selon T.L.F.), doit être beaucoup
saturation 1819. plus ancien : satirel est relevé au XII~s. (1165- 1170).
@ voir SATKkTÉ, SO-. C’est un emprunt au latin Satyrus, nom des compa-
SATURNE n. m. est un emprunt (1564) au latin gnons de Bacchus aux oreilles, à la queue et aux
Satumus GSatumem, nom d’un dieu fis d’Uranus et pieds de chèvre, appliqué ensuite à un génie rus-
père de Jupiter, dieu du temps et personnikation tique confondu avec le Faune. Satyrus a aussi dé-
du temps; le mot apparaît (ler s. av. J.-C.) dans la sé- signé un drame satyrique (où jouaient des Satyres)
rie des noms de la semaine (satumus dies asa- I+ satire) et une espèce de singe. Le mot est em-
media)), C’est aussi en latin le nom d’une planète. Il prunté au grec Satures, nom d’un être mythique de
correspond au Khronos grec. la suite de Dionysos. C’est sans doute un emprunt,
mais son origine est inconnue.
+ Saturne est le nom d’un dieu de Rome et désigne
en alchimie (1564) le plomb, parce que ce métal + Satyre est introduit pour désigner, en parlant de
était considéré comme un métal froid, comme Sa- l’Antiquité, un demi-dieu rustique réputé pour sa
turne en astrologie était la planète koide. À partir lascivité, d’où son emploi figuré (1651, Scarron)
du xwe s., Saturne est également le nom d’une des pour «homme débauché)) à l’époque classique,
planètes du système solaire (fin XII~~s., Satwnus, vieilli aujourd’hui. Employé au féminin, il a eu le
ancien provençal). 0 Le mot s’est employé par lati- sens (17381 de apièce dont les principaux person-
nisme pour persoder le temps (1680, noté epoé- nages étaient des satyres>, en parlant du théâtre
tique4 *Comme nom propre, il est entré dans grec. 0 Le mot reprend ensuite (1760) le sens latin
des expressions désignant un produit à base de de «grand singe anthropomorpheB, sorti d’usage, et
plomb 11690, sel de Saturne aacétate de plomb cris- se dit d’un papillon diurne aux ailes brunes, noires
talliséd et jaunes (1764). c= C’est aussi (1870) le nom d’un
b SATURNIEN, IENNE adj. est emprunté (v. 13801 champignon dont la forme, à maturité, rappelle
au dérivé latin Saturnius «de Saturnen. 0 L’adjectif celle d’un phallus (aussi appelé phallus impudique,
entre en français en astrologie et en astronomie, latu botanique phallus impudicus). 0 Au XX~s., le
rare aujourd’hui dans cet emploi. 0 Il s’applique mot désigne un homme obscène qui entreprend
ensuite (mil. xwe s., Du Moulin, Ronsard) à une per- brutalement les femmes.
sonne triste, mélancolique, opposé à jtial (de Jupi- b Au sens d’aobsédé sexuel a&%, satyre a pour dé-
ter), substantivé dans ce sens au début du xwe siè- rivé SATYRISME n. m. (XX”~.), après satyriasme
cle. oLe mot a eu le sens de <livide* (v. 1561). oEn (1802). - SATYREAU n. m. *petit satyrem (XVI~s.), lit-
parlant de l’Antiquîté, il qual%e ce qui a rapport au téraire, est la réfection de satirelU 165-11701, satyrel
dieu Saturne 11764, n. m., Voltaire). 0 Vers satir- (XII~ sd. +Le féminin de satyre, SATYRESSE n. f.,
nkn (dans l’&~@opédie, 1765) s’applique à un vers est relevé en 1701 et il est demeuré rare.
latin formé de trois ïambes et demi suivis de trois SATYRIQUE adj. est emprunté au latin satyricus
trachées, employé à l’origine dans des poèmes en “qui concerne les satyresn, du dérivé grec saturikos
l’honneur de Saturne. En chiromancie ( 19001,ligne asemblable à un satyre-, “qui est relatif au drame
satumknne “qui part du poignet et se dirige vers la satyriquem. 0 L’adjectif s’applique d’abord 11555) à
racine du m&ium~ est un autre nom pour &gne une danse, un mouvement qui consiste en postures
de chancem. * SATURNALES n. f. pl. a été em- indécentes, en parlant de Mntiquité. * Satyriqw
prunté (1355, saturneles; 1564, forme moderne1 au n. m. a désigné (16621 un genre de la poésie pasto-
latin classique Satumalia «fêtes en l’honneur de rale ; le mot est noté ainusité» dans Littré ; il était ar-
Saturne)>, célébrées à partir du 17 décembre, jours chaïque depuis le XVIII~siècle. 0 L’adjectif s’em-
de réjouissmces et de liberté absolue, où les es- ploie dans poème satyrique 11701) Qqui appartient à
claves sont traités sur un pied d’égalité par les la satyre des Grecs,; il qu&e ensuite (17651 ce qui
maîtres. C’est la substantivation du pluriel-neutre a rapport aux satyres, en parlant de la mythologie.
de Satumalis dde Saturne%, dérivé-de S~turnus. Jeux satyriques désigne les farces jouées à Rome
0 Le mot conserve le sens latin, employé en par- avant les grandes Pi&es, imitation des drames sa-
lant de YAntiquité puis, par figure et littéraire (1666, tyriques grecs ; drame satywue se dit (1870) d’une
Guy Patin), sime *temps de licence, de débauche pièce boufTonne jouée après la trilogie tragique,
ou de désordren, également usité au singulier. chez les Grecs.
4 SATURNIN, INE adj. et n., emprunté (1636) au SATYRIASIS n. m. reprend (1538) un mot du bas
latin médiéval saturnirw ou dérivé de Saturne, a latin médical (V”+I” s.1 désignant l’exagération mor-
Sign%é =Sombre, mélancolique%. Terme de méde- bide des désirs sexuels chez l’homme, et lui-même
cine ( 18121, l’adjectif s’applique à une maladie pro- emprunté au grec médical saturiasis, dérivé de sa-
voquée par le plomb ou ses composés, d’où le sens twian &tre atteint de priapismeu, de satures asa-
(18761 de <personne atteinte de saturnisme~~. *SA- tyrej>. 0 Le mot, didactique, conserve le sens de
TURNISME n. m., dérivé de Saturne (18771, dé- l’étymon et s’est dit pour «érection pathologiques
signe une intoxication par le plomb. + SATURN~E (cf. priapisme). dl a fourni SATYRIASIQUE n. m.
n. f., emprunté ( 1842) au latin scientifique moderne et adj. (1874).
SAUCE 3392 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

SAUCE n. f., d’abord sausse (1165-1170), forme rieurs à ceux de saucer (ci-dessous). 0 En argot,
attestée jusqu’en 1740, sa& (1172-I 174) et sauce sauce tomate s’est dit pour <menstrues, (18891.
IV. 1240, Roman de la Rose et Romart de Renartl, re- 0 Sauce est aussi utilisé dans remettre la sauce ales
présente l’emploi substantivé de l’adjectif féminin gaz)’ (1905) et pour ccourant électriques (19181,
sake +aléem (de l’eau) [ 10801, encore relevé au dé- conlrne jus*.
but du xwe s., puis sause (XII~S.I. L’adjectif est issu b Le dérivé SAUCER v. est d’abord relevé au sens
du latin populaire salsa, féminin de salsus w,lé~, figuré (v. 1200 Ktromper> ; XIII~s., sauser) de uplonger
participe passé passif de sallere csalerti, lui-même (l’épée dans le sang),, disparu. 0 Le verbe sime
dérivé de sa1 I-+ sel). ensuite “garnir de saucen krv” s., suucier; 1538, sau-
+ Le mot s’est d’abord employé par métaphore cer). Il s’est employé pour ahumectern Iv. 1375, sau-
pour aeau de mers, sorti d’usage lorsque le sens cer), puis au sens de *tremper (du pain, etc.1 dans la
C=ulinaire (attesté 1266, mais antérieur) s’est a&mé, saucen ( 1532, sauker; 1611, saucer), également sorti
mais peut-être conservé dialectalement si l’on en d’usage, mais encore employé pour cessuyer la
juge par saucer <mouiller (par la pluie)p. Il désigne sauce de (un plat) avec du pain}), sens qui semble
parallèlement i 1172- 1174, sulsel un assaisonnement avoir étk repris déb. & s.. De là une valeur ex-
liquide où entrent du sel et des ingrédients divers; t ensive atremper Iqqch.) dans un liquidem
la variété des éléments utilisés et leur plus ou Idéb. xwe s.1, qui ne survit qu’en technique. 0 On
moins grande liaison explique que de nombreux relève ensuite, peut-être en relation avec le pre-
syntagmes viennent en préciser la nature; dès le mier emploi de sauce <(eau de mern, se saucer duw
xrve s. on relève sauce verCe isolément, puis sauce la tiw2re <<ytomber+ (1690) et aujourd’hui être saucé
vert tfin XIV~s.) et sause blanche (13931; sauce au *être trempé (dans une averse), ( 17251, se faire sau-
pauvre homme (16801, à pauvre homme (1718) se di- cer, saucer (<mouiller abondammentn (18001, em-
sait d’une sauce froide à base de ciboule et de sel ; plois familiers, de même que l’impersonnel il
au me s. sont attestés sauce piquante 118701, sauce suuce, ~a sauce, synonyme familier de pleuvoir, qui
italienne, indiertrze ( 18761, etc. ; plusieurs dénomina- paraît récent (mil, XX~S.I. 0 Par ailleurs, le verbe
tions ou le mot est sous-entendu sont employées s’est employé au figuré pour aréprimander forte-
substantivement (-, béchamel, mayonnaise, vinai- ment* (17181, valeur sortie d’usage. 0 Saucer signi-
grette, etc.) et adjectivement I+ marinière, etc.). Par fie enfm (xx” s.) aessuyer en enlevant la sauce* (pour
ailleurs, le mot entre dans plusieurs locutions, avec la manger). +SAUCEE n. f., fasnïler pour <averse,
sa valeur propre ou métaphoriquement pour cma- forte pluien (18641, ne s’emploie plus au sens figuré
nière de traiter qqn, d’utiliser qqch.n : metler (mê- et familier de avolée de COUPS~(1896 ; cf. trempe).
ler) sake, mélanger lu sauce Il 172-1174) afaire une + SAUÇAGE n. m. est un terme technique 11906)
machination coupable» a disparu avec ses nom- dans l’industrie du tabac.
breuses variantes, ainsi que avoir amere sawe SAUC[ER n. m., d’abord saussier 112851, avec l’or-
(v. 13091 aéprouver une déceptions ; faire la sauce à thographe actuelle en 1723, désigne un cuisinier
qqn (M~O- 14751 4e réprimandep s’est employé spécialisé dans la préparation des sauces, autrefois
jusqu’au x& siècle ; gober la sauce (1867) &re puni dans une grande maison (1285), aujourd’hui dans
pour les autres» est familier et archaïque. Donner un restaurant (1845). Il s’est dit d’un vendeur de
ordre uux sauces =aller dans la cuisine pour faire sauces ( 13941. 0 Le mot, dans l’ancienne marine
en sorte que le repas soit bien apprêt& (1566) se (17731,se disait d’une pièce évidée recevant le pied
maintient jusqu’au me siècle ; il n’est sauce que d’un étançon, peut-être par spécialisation de sau-
d’appétit “quand on a faim, tout ce qu’on mange est cier &cipientn (ci-dessous). - SAUCIÈRE n. f.,
bon» ( 1577) semble lui aussi sorti d’usage. Au XVII~ s., d’abord écrit sausstire 113281, forme utilisée
sauce désigne par figure, après un emploi a;ncien jusqu’au milieu du XVII~”s. à côté de saucière ( 13791,
avec la valeur d’aaccessoiren tv. 11651, ce qui est ac- désigne un récipient qui recoit des sauces. On a eu
cessoire, accompagne, est opposé à l’essentiel, aussi avec le même sens sauser n. m. (v. 11901 et
dans des locutions comme à toutes les sauces (16 10) sauckr t 1306 ; encore au XVI~s.l.
& toutes sortes de service% aujourd’hui dans
mettre qqn à toutes les sauces: donner la saulse «or- SAUCISSE n. f. est issu Iv. 1265) du latin popu-
ner la f51 d’un discours~ (16401, disparue ; mettre ;i laire “sakkiu, substantivation du féminin du bas la-
telle sauce Kprésenter de telle facon> (1680, être bon tin sulsicius, adjectif, lui-même dérivé de salsus
à certaines sauces, M”” de Sévigné; 1680, 9 quelle w&% (-+ sauce). Le mot correspond donc à wne sa-
sauce peut-on mettre cela ?), surtout aujourd’hui lées.
mettre à toutes les sauces; allonger la sauce, re- +Saucisse se dit d’une préparation de viande de
mettre la sauce, où sauce équivaut à wcompagne- porc assaisonnée et contenue dans un boyau. La lo-
ment inutilep, sont relevées au ti siècle. 0 Par cution figurée ne pas attacher ses chiens avec des
analogie, sauce, dans le vocabulaire technique, dé- saucisses &re avare)’ (1870) est sortie d’usage
signe une solution comprenant de l’eau salée, ajou- (mais encore connue) de même que fabricant de
tée au tabac pour en motier le goût (17651, une SO- saucisses pour 4llemand» (18841, puis mangeur de
lution d’or ou d’argent employée pour la dorure ou saucisses, allusions à l’importance de la charcute-
l’argenture (18031, un crayon très friable pour dessi- rie dans la nourriture allemande. ~Par analogie
ner à l’estompe 118321, une bouillie dans laquelle On de forme, le mot a désigné un rouleau rempli de
trempe les peaux (18751. 0 Par figure le mot se dit toile, pour mettre le feu à une mine (15931, une fas-
pour +werseB (1881), d’où 118881 il va tomber de la cine pour revêtir les embrasures des batteries
sauce 4 va pleuvoîrm. Ces emplois sont très posté- ( 1611). 0 Par une métaphore argotique claire, il dé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3393 SAUF

signe aussi le pénis ~VIII~ s.l. ~Par analogie de tègre). Salvus se rattache, comme SO~~~USE+ solide,
forme, saucisse désigne (attesté en 1914 un ballon SOU, souder), à une racine indoeuropéenne quel’on
captif de forme allongée. Dans rouler une saucisse retrouve dans le grec holos (issu de “SO~WOS;
adonner un baiser prolongé>, familier ( 1931), k mot -+ Mo-), dans le gotique a&. S&us a pour corres-
est pris pour langue. 0 Un sens d’abord argotique, pondant latin le substantif salus (-, salut).
eprostituées (18801, devenu terme d’injure à + L’adjectif a d’abord signifk dans un contexte reli-
l’adresse d’une femme, pourrait venir d’une méto- gieux “qui a le salut eternelm (v. 980, salv; v. 1155,
nymie sur l’acception de =pénisn, mais aussi d’une sauf), d’oti lei salve cloi (religieuse) qui assure le sa-
métaphore (cf. boudin) sur la grosseur informe. luts (1080). oLe sens laïque semble un peu moins
~Quant au terme d’injure, au sens d’knbécile~ ancien; il s’applique à ce qui n’a rew aucune at-
(1901, adj. ; 1906 comme nom en franç. d’Algérie), il teinte (1080) et à une personne qui a échappé à un
se rattache probablement au sens de ~pénis~~.0 Un grave péril Iv. 1155, sauf; XV? s., au féminin sauve).
calembour sur z’aussi Ceux aussi...1 a produit moi SAUF prép. s’est d’abord employé EV.1155) pour
sauciss’ (19001. M,IX qu’il soit porté atteinte àB, sens sorti d’usage;
,Le dérivé SAUCISSIER, IÈRE n., upersonne qui avec cette valeur, sauf est entré dans des locutions,
fait et vend des saucissess Cl467 ; encore en 18261, d’abord sous la forme variable sauf: sauve, dans
est sorti d’usage, comme les variantes SAUCIS- sauve la sace (13731, sauve votre grltce (xv” s.1,for-
SEUR n. m. (1475) et le féminin SAULCICIERE mule pour excuser des paroles trop hardies (en-
(Vtion). 4 SAUCISSON n. m. est un emprunt (1552, core attestée en 16901, puis Sauf votre ho~eur
Rabelais, saulcisson) à l’italien salsiccione <<grosse (15381,sauf votre respect(16711, Sa&le respect-e
saucisseB, augmentatif de salsiccia du latin popu- je vous dols, employée encore régionalement. À
laire “s&icia. *Le mot a d’abord eu, à l’époque partir du xwe s., on trouve sauf avec un féminin.
classique, le sens de l’italien. Puis, il désigne une *L’adjectif substantivé a eu en ancien français le
préparation de viandes hachées et assaisonnées, sens de &reté, dans mettre en sauf Cv.11801, d’où
cuites ou séchées dans un boyau. Le saucisson s’op- sauf 4ieu sûr>> (12501, sauve n. f. Nsalut de l’âme>
pose à la saucisse en partie parce qu’il est le plus (v. 12851, acceptions disparues. 0 Sauf de «exempt
souvent consommé fkoid Isaucisson sec). Le mot de> ( 12201ne s’est pas maintenu. * Suivie d’un nom,
donne lieu à des syntagmes désignant des variétés la préposition a pris au XIII~s. ( 1247) le sens de <si
kaucisson de Lyon, de montugne, etc.) et il a de l’on ne tient pas compte dea, également accompa-
nombreux synonymes. Par analogie de forme, sau- gnée de de Cfin xve s.l. La locution conjonctive sauf
cisson s’est dit d’une fusée d’artifice (1623, Sorel) et, gue (et indicats est attestée v. 1500; on employait
comme saucisse, d’un fascinage de branchages en aussi avec le même sens sauf ce que (1265; sauf ço
cylindres 116781, d’un rouleau empli de poudre gue, v. 1155). 0 Sauf «sans exclure l’éventualité de»
( 1736). 0 Par une figure familière, saucisson ri (1549) s’emploie spécialement dans sauf correctilz
pattes <personne courte et grosse> ( 1877, A. Dau- (v. 15701, sauf erreur de calcul (16901, sauf erreur
det), puis <(chevaln ou «chien bas sur pattes», est ar- (1835). Saufà (et infmiWY WJIS s’interdire de* (1655)
chaïque (mais on dit encore saucisse à pattes pour est littéraire. sauf si locution conjonctive (1580,
un basset) ; saucisson ficek aindividu maladroit>) Montaigne) semble rare avant le XX~s. et Sign%e
(18881 a disparu, mais la locution être ficelé collllfle «excepté le cas oùm.
un saucisson amal habillé)) demeure usuelle. b Le dérivé SAUVETE n. f., qui vient de l’adjectif au
Saucisson a pour dérivé SAUCISSONNER v., re- féminin, a désigné le salut de l’âme fv. 1050, salve-
levé chez Vallès (1885) comme verbe transitif signi- tet; v. 1175, forme moderne), puis l’état d’une per-
fiant «envelopper étroitement, attacher (comme un sonne hors de danger (XII” s.l. Il s’est dit (1376, sal-
saucisson))). Il est attesté isolément au sens de veté) d’une juridiction médiévale jouissant d’une
cmanger du saucissonm (18941, repris vers 1950 pour immunité. oLe mot a été repris en apiculture
cmanger fkoid, pique-niquer). 0 Par figure il se dit ( 1899) dans cellule de suuveté, puis rein de suuveté
pour «découper en tranches*. 0 En dérivent SAU- weine rapidement éduquée par les abeilles pour
CISSONNADE n. (mil. XX”~.) &Union oh l’on remplacer une reine morte)).
mange du saucisson, des mets fkoidsn, SAUCIS- SAUVEGARDE n. f. (mil. XIV~s.), d’abord salve
SONNEUR, EUSE I-i. (v. 19521, SAUCISSONNAGE garde Cv.11551, est composé du féminin de sauf eC
n. m. afait de ficeler comme un saucisson» (19591, de garde*. -Le mot se dit d’abord de la protection
«fait de découper en tranchess, au propre (1963) et et garantie (de la personne, des droits, etc.) accor-
au figuré (19711, * SAUCIFLARD n. m. (19511, dée par une auto& ; de là vient lettres de suuve-
formé à l’aide du sufke -a&, - avec un élément garde &crit par lequel la protection est accordée
de liaison fl- suscité par sifler - est argotique puis par une autorité, (15731, ensuite lettre accordée à
familier pour <saucissons; on trouve par aphérèse qqn pour l’exempter de loger des militairesm ( 16901,
siOZard n. m, dans le même sens. qui semble employé jusqu’au xrxe s. et a disparu. Le
mot s’est dit aussi (15491 de Ia garde d’un prince et
+k SAUF, SAUVE adj. succède (1155) à suiv (déb. xvue s.1 d’une troupe envoyée dans une pro-
Cv.9801, salve ( 1080, féminin) et est issu comme eux priété ennemie pour la préserver du pillage,
du latin classique salvus -entier, intactm, d’où uen 0 Sauvegarde désigne aujourd’hui l’état de ce qui
bonne santé, bien conservé*; le mot a pris en latin est protégé, gardé sauf et aussi Cv.1485) une per-
ecclésiastique le sens moral de «sauvé du mal (par sonne ou une chose assurant une défense, une pro-
le SauveurI». Le latin a par ailleurs créé integer, tection. *Le mot, cette fois composé à partir de
sans nuance religieuse, pour «entier, inta& t+ in sauver* et de garder”, désigne en marine un cor-
SAUGE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dage, une chaîne qui lie un objet au navire, pour 4 Saule se dit d’un arbre qui croît dans les lieux hu-
l’empêcher d’être emporté par la mer (16781, d’où mides. Qualifié, le mot désigne diverses variétés de
sauvegarde de gouvernail ( 1702). IL se dit aussi saules, par exemple saule pleureur 11771).
( 1842) de chacune des bandes de papier qui pro- b En dérivent : SAULAIE n. f. (12771, variante soloié
tègent les gardes d’un livre pendant le travail de (13281 qui a éhminé sauçai, suuçoie Cxme s.1, dérivé
reliure. Comme sauvegwder, le nom s’emploie en de suuz. + SAULET n. m. (17911, régional, est le
informatique (1972). de dérivé SAUVEGARDER nom d’un moineau qui vit dans les saules. + ~AU-
v. tr. 11788) s’applique à des réalités abstraites LÉE n. f. (1810) Sign%e *rangée de saule@.
avant d’être employé en informatique pour «mettre 0 voir SAWSSAIE.
à l’abri Iles données enregistrées) d’un efface-
mentm. SAUMÂTRE adj ., d’abord suumustie (1298, @$)
SAUF-CONDUIT n. m., formé (v. 11601 de CO?I&&, Marco Polo), écrit suumûtre depuis 1718, est issu
désigne un document délivré par une autorité et d’un latin populaire “sulmaster “qui a un goût amer
qui permet de circuler sans être arrêté. On trouve et salé comme l’eau de mep, lui-même du latin im-
en mcien français sauf alant et venant n. m. (XI# s.l. périal sulmucidus par changement de sufke. Ce
+l Voir 0 ET f& SALVE, SAUGE, SAUVER. dernier est le croisement de sulguma nom pluriel
neutre cconserves Ide fruits, de légurnes)~, sans éty-
o> SAUGE n. f. est issu (13201, par l’intermédiaire mologie sure, mais peut-être apparenté à sui
de formes comme salje Vin XI~s.1, saulje (XIII~s.1, du C-+sel), et de U&&S 4gre)) (+ acide). On relève
latin saltia flsaugeti, de salws *bien portant, en aussi chez Marco Polo salmuce (emprunté à sui-
bonne santé)), à cause des propriétés médicinales mucidus1 <<eau saléen ; eau somuche (16781, suu-
de la plante I+ sati. muche (1694) se maintiennent jusqu’à la fm du
+ Le mot désigne comme en latin une plante aro- XVIII~siècle.
matique, utilisée comme assaisonnement et 4 L’adjectif conserve le sens du latin; il s’applique
comme antispasmodique, tonique, etc. Il s’est em- (en picard) à une personne rusée ( 1464). 0 Le sens
ployé dans la locution figurée n’y avoir ni sel ni figuré ( 1774, Beaumarchais), qualifiant ce qui est
sauge ((être insipidep, en parlant d’un ouvrage désagréable, amer et pénible, est lui aussi courant.
(15491, et dans ne sentir ni sel ni sauge ( 16401, n’avoir La locution familière la trouver saumâtre, attestée
ni sel ni sauge ( 16901 &re mal assaîsonné~. 0 n a en 1915 doit être antérieure.
désigné une nuance de gris, dans gr13 de sauge
(1690). SAUMON n. m. Iv. 1165, Chrétien de Troyes), o>
d’abord salmun b. 11381, est issu du latin sulmo-
b Le dérivé 0 SAUGÉ, ÉE adj. aqui contient de la
nem, accusatif de sulmo, -on& Ce mot d’origine
sauge* s’applique d’abord (1352) au vin; au Xrves.
gauloise, attesté par des noms de lieux CSulmonu
con-une nom masculin, il désigne une cboisson où
&lm~, muent de la Moselle), est aussi passé dans
l’on a infusé de la sauge *.*@SAUGkouSAUGET
le domaine germanique (ancien haut allemand
n. m., peut-être dérivé de sauge, désigne (1875) une
sulmol. Plusieurs variantes sont attestées jusqu’au
varieté de lilas.
XVI~siècle : samon (13961, psdmon (1421) par fausse
étymologie, suulmon (1530; encore en 1660, chez
SAUGRENU, UE adj. (16111, d’abord noté so- Oudin), etc.
grenu (15781, représente l’altération d’après grenu
de l’ancien ztdj ectif suugreneux “piquant, salé-, em- + C’est le nom d’un grand poisson de mer à chair
ployé au figuré en parlant d’un conte ou d’un juron, rose, qui remonte les rivières au moment du frai.
seulement attesté chez Brantôme à la k~ du Le mot est usuel du fait de la consommation du
saumon, poisson estimé (d’où des syntagmes
XV? siècle. Le mot peut être rapproché de saugre-
née n. f. «assaisonnement d’un plat avec de l’eau et comme saumon fumé, mufs de saumon, etc.). *Par
du sein Iv. 15343, dricassée de fèves, de pois* 11552, analogie de forme, saumon se dit Iv. 14521 d’une
Rabelais). Il est formé de suu Ixrv” s.), forme dialec- masse de métal (plomb, étain, fer) obtenue en fon-
tale de sel* en position atone, et de grenu, dérivé de derie et, spécialement 116901,d’une masse de fonte
ou de plomb lestant un voilier. 4 Saumon, adjectif
gruin”.
invariable, qualtie (1830) ce qui est d’une couleur
4 L’adjectif s’applique à ce qui est bizarre et quel- rosée rappelant la chair du poisson.
que peu ridicule, surtout à propos de paroles et
b SAUMONEAU n. m., diminutif de saumon (1611,
d’écrits, plus rarement (1694) à des personnes et
avec deux nl, d’abord sous la forme suulmonneuu
des comportements. L’influence formelle de sot,
(1552, Rabelais), désigne un jeune saumon. - SAU-
sotte est sensible (on dit familièrement CU& sotie
MONÉ, ÉE adj., postérieur à L’ancien provençal
que grenue).
sulmonat (13431, s’écrit suulmonnée (1564, adj. f.1 et
b Le dérivé SAUGRENUITÉ n. f. (1840) est rare. saumoné (1636) ou suumonné au xwe siècle.
0 L’adjectif se dit de poissons qui ont la chair rose
o> SAULE II. m. est issu Iv. 1215) du fkancique comme le saumon (1564, truite suulmonnée) et qua-
“salha (cf. allemand Salweti, anglais sullo~). Le L%e des objets d’une couleur rose légèrement
mot a supplanté suuz (XI” s.1,su& (14201 encore re- orangée (18761.
levé en 1671, issu du latin sulti (+ salicaire). Le mot À partir du latin sulmo, -onis a été dérivé savam-
germanique et le mot latin reposent sur la même ment SALMONIDÉS n. m. pl. (18291, qui désigne
racine. une famille de poissons dont le saumon est le type.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3395 SAUPOUDRER
+SALMONIFORMES n.m.pl. (mes.; du latin disparu, sauf en histoire. 0 Saulnier désigne (de-
saZmo et -forme)est aussi un terme de zoologie. puis le XIII~s. et encore aujourd’hui saunier) un OU-
+ SALMONICULTURE n. f., mot kChrIique, est vrier qui travaille à la production de sel (dans ce
composé 119103de salmon(idés1 et de Episcikulture, sens, il continue le dérivé latin salinatorl et IIIE
et se dit de l’élevage des salmonidés (notamment personne qui exploite un marais salant ou une sa-
des truites). oDe là SALMONICULTEUR, TRICE line (1611, saoniw, sanniw; 1636, saunier). Saunier,
n. semble antérieur (1907). aussi écrit saulnier, du xve au XVII~s., est usuel avant
la Révolution, surtout au sens initial, du fait de la
o> SAUMURE n. f. appar& ( 1105) sous la forme réglementation sévère du commerce du sel, sou-
salmuire ; on relève ensuite saumuyre hve s.), sau- mis à la gabelle*. Le mot est entré dans des lo-
meure (1394, resuExé en saumure ( 1549, Estienne). cutions figurées aujourd’hui disparues : il se fuit
La graphie latinisante saulmeure 115301 ne s’est pas payer comme un saunier 4l se fait payer comptant-
imposée. Le mot est issu du latin médiéval salimu- (16901, avoir léché le cd au saunier <(avoir toujours
ria ke s.), composé du latin classique sa!, saiis ~0% (1752). 0 Saunier a désigné aussi (1845) un ba-
b sel) et de muria *saumure; eau salée)) I+ mu- teau dans lequel on transporte le sel.
riate); une forme “salmuria est attestée par le ger- ä SAUNERIE n. f., réfection ( 1321) de sanerie (12341,
manique et le vieil angltis soelmeyrk. désigne un établissement où l’on fabrique le sel.
+Saumure désigne l’eau salée dans laquelle on 4 SAUNIÈRE n. f., relevé une première fois au XIII~
conserve certains aliments (viandes, poissons, etc.), pour 4aloiw et repris au xwe s. 115291,est le féminin
puis un liquide formé de sucs organiques et du sel de l’ancien frmçais saunier achaudière pour fabri-
dont on a imprégné des substances à conserver quer le sel= (v. 12201 et en moyen tiançais *récipient
EV. 1560, Paré). À partir du XIX~s. le mot est employé où l’on conserve le sel» 11611, saulnier). Attesté au
par analogie, avec une valeur technique (18351, XIII~s. au sens de ~saloir~, saunière désigne ensuite
pour parler de l’eau de mer d’un marais salant qui, C15.N le cofie où l’on conservait la provision de sel
en partie évaporée, constitue une solution de sel d’un foyer. 0 Le mot demeure, dans le vocabulaire
concentrée. * Saumure désigne aussi 11964) le li- de la chasse, pour désigner (1834) un pain d’argile
quide salé rekoidisseur de certains appareils fi-igo- et de sel que l’on dépose dans un parc ou une forêt
tiques. pour attirer le gros gibier. + SAUNER v. intr., at-
F Saumure a servi à former des dérivés techniques. testé en 1660, mais certainement antérieur d’après
+ SAUMUR& ÉE adj. (1575, <wlé4 s’applique son dérivé saunuge, est issu d’un latin populaire
(16113 à ce qui est conservé dans la saumure. “salinare «produire du selfi, dérivé de salinae.
* SAUMURAGE n. m. désigne 11803) l’opération * Sorti d’usage au sens d’nextraire le selB (16601, le
qui consiste à mettre Iqqch.1 dans la saumure ; l’em- verbe reprend aussi (1680) le sens du latin. * SAU-
ploi ancien de saulmurages au pluriel ( 16111, <<dé- NAGE II. m., terme technique (14971, désigne l’épo-
bris de pierres servant aux fondations d’un bâti- que à laquelle on récolte le sel dans les marais sa-
ments, n’est pas clair. -SAUMURER v.tr. (1859) Iants. Il a signihé Naction de faire le sel)> (1499,
signiI?e aconserver dans de la saumure». saumagel et 4raZc de sel, ( 1660; faux saunuge,
1606, Sully); on dit aussi SAUNAISON n. f. (18701.
SAUNA n. m. ou f. est un mot mandais relevé +Le Composé FAUX-SAUNAGE n. f. (16061, formé
en 1930 (Garnier et Delamarel et répandu d’après faux-saunier, se disait sous l’Ancien Ré-
vers 1950 11951, n. m.; 1958-1961, n. f.). Une forme gime de la contrebande du sel.
seano est attestée en 1839 IX. Marmierk La langue
fmnoise ne marque pas la distinction des genres; SAUPIQUET n. m. est dérivé (v. 1380) d’un
en fkançais, le mot s’emploie aux deux genres mais verbe non attesté Osaupiquer, proprement <<piquer
le masculin est plus courant. avec du selm(cf. l’ancien provençal sulpicar, v. 12201,
composé de sau, forme atone de sel*, et de piquer*,
4 Saunu désigne un établissement où l’on prend
avec sufExe -et.
des bains de vapeur, à la manière finlandaise, et
par métonymie le bain de vapeur, obtenu à l’ori- 4 Terme de cuisine, saupiquet désigne une sauce
gine par projection d’eau sur une pierre volcanique piquante qui accompagne du gibier, du boeuf et par
brûlante, puis par des procédés analogues. Q Il se métonymie le plat lui-même. 0 Le mot, qui a des
dit par extension d’un établissement de mise en variantes en moyen fr-ançak txve s., saulpicquet;
forme physique comportant un sauna. 1490, sopicqwt), s’est employé au figuré aux sens
d’ahomme subtil, éveillé» Iv. 1460) et de <mauvais
o> SAUNIER n. m. est l’aboutissement au XIII~ s. tourn Iv. 15501; l’expression gras en saupicqwts si-
cféminin sauniers, v. 1250 ; saunier, 12601 des formes gnikit Mgrivoism@n XI$ s., Brantôme). Tous ces em-
salnier n m. Iv. 11381, salnere n. f. issues d’un latin plois figurés sont sortis d’usage.
populaire osaZinatius «relatif aux salines» (cf. italien b Le dérivé SAUPIQUETER v. tr., *donner un goût
sali~ro, espagnol salineroI, lui-même dérivé du la- piquant à Cqqch.)m(16111, a lui aussi disparu.
tin classique salirtue n. f. pl. *salines», dérivé de
sal, salis (-+ sel et 0 saline). SAUPOUDRER v. tr., relevé à la ti du XIV s.
+Le mot signifie d’abord Iv. 1138) «marchand de IE. Deschamps), est composé de sau krve s.1,forme
sel>, valeur dont procède le composé &.u-saunier ancienne et dialectale de sel*, et de poudrer*.
(1478, fuulx-saulnier) qui désignait une personne se 4 Le mot, lié à sel, a déjà une valeur plus large dans
livrant à Ia contrebande du sel. Cette acception a le premier emploi En xr? s.) puisque l’on dit suu-
SAUR 3396 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

poudrer & sel, mais il intègre le concept de sel Nsaurissew, désigne ( 18391un hareng laité nouvel-
dans les emplois absolus : saulpoudrer (1538), sau- lement séché.
poudrer (1558) «couvrir (qqch.) d’une légère couche 0 Voir SAUFLE.
de sel=, sens déjà archtique au XVII~ siècle : il est
donné pour «inusit& par Bossuet. o Cependant, SAURE adj., écrit SOTet saur dans ~a C~~~I.SOT-L o>
l’emploi moderne est déjà attesté au XVI~S. (1580, de EZolati (10801, représente le tiancique “saur
Monttigne); il correspond à rouvrir (qqch.) avec Nbrun jaune (en parlant des feuille+ qui, selon
une poudre, une substance pulvérisée (sucre, fa- Bloch et Wartburg, est apparenté au moyen néer-
rine, etc.)a. 0 Saupoudrer a signifié, en agriculture landais S~OTNséchéB (+ saur) et, selon P. Guîraud, à
(16901, ~couvrir légèrement de furnier sec (les lai- la racine latine saur- (+ saur; saurien). Saure est
tues, etc.),. 0 Au XVIII~ s. (1747) apparaît le sens fi- passé en roman avec d’autres adjectifs désignant la
guré d’corner, agrémenter (un discours, une couleur du pelage des chevaux. Il s’est par ailleurs
conversation) de qqch. (éloges, citations, etc.)n. La répandu comme terme technique dans certaines
quantité qui recouvre étant peu importante, sau- langues romanes : ancien provençal saur, italien
saura -allezann; italien, espagnol soro Kqui n’a pas
poudrer s’emploie au xxe s. (av. 1960) pour ((répartir
mué (d’un faucon),.
Ides crédits, des moyens) entre de très nombreux
bénéficiairesm . 4 L’adjectif s’est appliqué à un cheval dont la robe
est d’un jaune tirant sur le brun. 0 En fauconnerie,
b SAUPOUDROIR n. m. (18251, terme technique, le mot, écrit sors (17651, quatie encore aujourd’hui
désigne un ustensile de pâtisserie et de cuisine. un faucon pris jeune, mais déjà à taille adulte, et
* SAUPOUDRAGE n. m., caction de saupoudrerti s’oppose à hagard et à niais. On parle aussi de
(18731, a rempké SAUPOUDRATION n. f. 11842) plume saure.
et s’emploie aussi au figuré (1954). + SAUPOU-
b Certains dérivés de suure ont disparu, comme
DREUR, EUSE adj. et n. (1900, n. m.) désigne la
SOREL adj. (10801 aroux, fauve>> (jusqu’au xve s.1,
personne qui saupoudre, et saupoudreuse n. f.
SORET adj. (XII” s-1<<blond rouxn puis (1373) <<néde
(dans les dictionnaires généraux, 1964) est un équi-
l’année (d’un oiseau)», etc. - D’autres se sont main-
valent de saupoudroir.
tenus, mais SAURÉ, ÉE adj. ajaune brun»
(déb. XIII~s., soré; repris fin XIX~ s., Huysmansl est
SAUR adj. m., relevé au XIII~s. sous la forme sor, rare. -0 SAURAGE n. m. est un terme de fau-
puis au xvle s. soir 11549) et la graphie actuelle en connerie, désignant d’abord le temps de mue du
1573, est selon Wartburg un mot emprunté au faucon (XIII~s., sorage), puis la période pendant la-
moyen néerlandais soor aséché, desséchéti. P. Gui- quelle un oiseau est sors (1373, soruge; 1690, suu-
raud propose un rapprochement, utile pour expli- rage).
quer la forme moderne, avec une base latine saur-
(doublet de SOT-)que l’on retrouve dans le bas latin SAURIEN n. m. est un dérivé savant (1800, suu-
saura (+ saurien), saurus (nom d’un poissoti, ser- riens n. m. pl., Brongniart) du grec saura, sauros
vant à désigner des animaux à couleur mêlée de 4ézard)), emprunté en bas latin saura, sans origine
brun. connue. Le nom du lézard varie dans les langues
indoeuropéennes, car cet akrnal était méprisé et
+ Le mot quaMe le hareng salé et fumé (XIII” s., ha-
peut-être frappé d’un tabou.
reng sor) ; il s’est employé au figuré en moyen fkan-
4 Le mot désigne un sous-ordre des reptiles
çais (v. 1440-1475, sore3 pour Mdénué de, pauvre)).
comprenant les lézards, les crocodiles, etc. Le mot
~Hareng saur est encore employé dans des lo-
cutions figurées, maigre, sec comme un hareng est aussi employé 11836) comme adjectif.
saur. F SAUR-, SAURO-, premier élément tiré du grec
saura, sauros, sert à former des termes de zoologie.
F L’adjectif a fourni plusieurs dérivés. + SAURER SAUROPHIDIENS n. m. (18451 est composé avec
v. tr., d’abord relevé au participe passé (écrit soré, ophidierts;sAuROPSID&s n. m. pl. (-psides, 1888)
12841 et à l’actif en 1350 (saurer 1606, Cotgravel, est a remplacé suuropstdes 11888) et vient du grec
un terme technique pour cfaire sécher (notamment ops, opsis wue, aspectp (-+ optique); SAUROPODES
des poissons mis en saumure) à la fuméeB (cf. fu- n. m. pl. (1904) est formé avec -pode*.
mer). on a pour dérivé 0 SAURAGE n. m. (18761, -SAURE, élément tiré du grec saura, entre dans la
synonyme de saurissage (ci-dessous). -Le dérivé composition de mots désignant des reptiles fossiles
SAURIR v. tr. ( 1318, sorir; 1606, forme moderne) comme brontosaure, dinosaure, etc.
équivaut à saurer et Sign%e afaire sécher le hareng
à la fuméem; il s’est employé en moyen français SAUSSAIE n. f., attesté en 1314 Isauqoie, sau-
( 1380, sotir) pour «des&cher, griller (du pain), et si- Guye) est dérivé de l’ancien franqais SU~S, issu du
gniCe (1876) w-roser de saumures. oLe verbe a latin salix (-+ solitaire, saule) ou issu du dérivé latin
servi & former les termes techniques SAURIS- salice ta.
SEUR, EUSE n. (16061, SAURISSAGE n. m. (1741, + C’est une variante régionale de suulazk (-, saule),
sorissage), SAURISSERIE n. f. (1808) et SAURIS encore présente dans des noms de lieux.
n. m. (18421, ~saumure de harengs-. +SAURET
adj., d’abord nom masculin 11360, soret) puis ad- SAUT n. m. est issu Iv. 11551, par l’intermédiaire o>
jectif (1573, hareng sauret), est un équivalent sorti de saltz C1080), du latin saltus <saut, bond)), de sal-
d’usage de ahareng sauru. + SAURIN n. m., terme tum, supin de salire <sauter, bon& (+ saillir, sau-
technique 11680, sotin) autrefois employé p0Ur ter).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3397 SAUTER

+ Le mot désigne le mouvement par lequel une per- point. Enfin, saut correspond abstraitement à
sonne, un animal quitte le sol pour s’élever, se pro- <mouvement subit de l’imagination, (1872, Th. Gau-
jeter. De l’idée de «mouvementm on passe à celle de tier).
dmouvement brusque= pour changer de position, b Le composé SAUT-DE-LOUP n. m. E17401désigne
de place, dans des emplois adverbiaux tous dispa- un large fossé qui défend l’accès à un lieu privé.
rus : les salz aen toute hâten (1080; v. 1180, les S~US), *SAUT-DE-MOUTON n.m., terme technique,
les saus menus “par sauts pressés* Iv. 11901,de saut d’abord au sens de asaute-mouton» ( 18221, se dit
caussitôta Iv. 13601, du premier saut adès le début* (1835) du passage d’une route ou d’une voie ferr-ée
Iv. 1360) et de ptime saut (d’oti vient ptimesuutirl, au-dessus d’une autre. + SAUT-DE-LIT n. m.
tout d’un saut aaussitôt- ( 1685) et *sans intermé- Il 888 ; 1829, Kdescente de lit=) a remplacé suut-du-lit
diaire> 116941, de plein saut ( 1485, de plain saut) (18771, <<déshabillé que portent les femmes au saut
pour atout à coup>. En saut «en rutn, attesté isolé- du litv.
ment au XIII~,puis au xv” (erz suult), a été repris au SURSAUT n. m. vient de la locution adverbiale en
XVIII~ siècle ; saut a désigné le moment où l’étalon sorsaut aà l’improviste, d’une manière brusque>
couvre la jument (17651,aujourd’hui l’action de sail- (v. 11601,de SOT(+ sur), puis en sursaut 11549); il a eu
lir (1835 ; cf. saillie et sauter). 0 La locution faire le le sens de wxprise» (1573) et désigne un mouve-
saut (v. 1210) si@e encore <prendre une décision ment brusque, une réaction physiologique subite
hasardeuse», aussi sous la forme franchir le saut ( 15501. 0 Par figure, le mot s’emploie pour parler
(1572) remplacée par franchir le pas. 0 Les valeurs du regain subit (d’un état psychologique) condui-
métonymiques apparaissent en moyen fkançais : sant à une réaction vive. En physique, sursaut se dit
saut à moulin <chute d’eau qui fait aller le moulinp d’une brève émission d’un rayonnement. +Le dé-
113101,aussi saut de moulin (14091, est sorti d’usage, rivé SURSAUTER v. intr., attesté au XVI~ (15421, a
mais saut arupture de pente (d’un cours d’eau)% été repris au XIX~ s. ( 1842) puis est devenu usuel.
(1605) se dit encore. À la même époque Ixrv” s.) ap- @ Voir NSSi ASSAUT, PRIMESAUT, RESSAUT, SALTARELLE,
paraît une locution où saut a la valeur de Ndéplace- SOUBFESAUT.
ment rapiden : ne faire quim saut (de... A..) «aller
d’un endroit à un autre très rapidement)> Il5471, va- * SAUTER v. est issu (v. 1175) du latin classique
leur que l’on a aussi dans la locution disparue en saltare adanser tavec pantomime), et areprésenter
deux pas et un saut *très rapidementn (16111, au- par la dansen, qui a pris en bas latin le sens de ccsau-
jourd’hui dans faire un saut quelque part “y aller ter,. Ce verbe est l’itératif-intensif de salire asauter,
pour un instant, et aussi y aller d’un saut, en trois bon& (+ saillir).
sauts, 0 Le mot s’emploie également kve s.1 pour + Le verbe fr ançais, qui se développe parallèlement
désigner un pas de danse. Saut périlleux <<pendant à saut*, a d’abord le sens de aquitter le sol pendant
lequel le corps du sauteur effectue un tour un instant, par un ensemble de mouvementss, qui
complet» 11502) et saut de we 116941,d’abord saut est celui de salire en latin classique. 0 Au xve s., il
de la carpe ( 161II, Msaut fait en se retournant laté- est employé pour asaillir (une femelle)» (1440-1475,
ralement» concernent aussi des mouvements ré- sulter), emploi où il a été remplacé par saillir, mais
glés. La locution saut de mouton Il 611) s’emploie en qui se prolonge par un usage récent, très farnilîer,
termes de manège, en parlant du cheval qui ra- pour «posséder sexuellement>>. 0 Le verbe Sign%e
mène les pattes sous le ventre et effectue un mou- aussi (xv” s.) amonter, descendre vivement>. oLa
vement de côté. ~Saut a la valeur figurée de première valeur cfaire un sautn se développe à par-
achuteb ( 11701,spécialement dans faire le saut afaire tir du xwe s., avec l’idée de <mouvement rapiden
banqueroute» (1611) et aussi Nperdre sa virginités sans qu’il n’y ait à proprement parler de fran-
(1674), expressions disparues au cours du XVIII~siè- chissement, en particulier dans des locutions
cle. 0 L’idée de pendaison s’est exprimée par saut comme sauter sur qqn (v. 15001<<l’attaquer>>,et, avec
11585) puis au XVII~s. par faire le saut (16401, fuire le ou sans idée de tianchissement, reculer pour
saut en l’air 116901,puis faire le saut sur rien (1718). mieux sauter Iv. 1530, Marot) I-+ reculer]. oLe
Plus généralement faire le Ifla& saut équivaut à verbe Sign%e aussi 11527) par extension du premier
=mourir=. 0 Les anciens emplois recourent à l’idée sens 4ranchir un espace, un obstacle, en s’élançant
de destruckion brutale qu’exprime le verbe sauter, en l’ati, d’où sauter un obstacle, UYIfossé et au fi-
ainsi que faire un saut aêtre détruit par une explo- guré sauter le fossé «prendre une décision hasar-
sionm (v. 16501, fuire faire le saut Kdétruire (qqch.)= deuse>> (1732 ; 1690, dans un autre sens) ou encore
(16681 ou spécialement araser (une maison, etc.)>> sauter à pieds joints au-dessus de... ane pas tenir
(16901, puis *faire perdre son emploi (à qqn)» 118353, compte de...» (1767, Rousseau). Il reprend Cl5381 le
valeurs disparues mais qu’a gardées le verbe sau- sens latin de CdanserB, qui ne s’est pas maintenu, de
ter*. ~Une autre extension plus paisible est au même que celui de {(changer brusquement de
saut du lit (1588) <<aulever, dès qu’on est sorti du litm place» (15381; avec cette valeur, il si@e au figuré
(ci-dessous saut-de-lit). 0 N’aller que par sauts et apasser vivement (d’une chose à l’autre)- en par-
par bonds s’emploie figurément avec les sens de lant d’un propos ( 15381, du regard, etc. Sauter au
aparler d’une fwon décousue, (16741, «manquer de col a qqn (15381, puis de qqn ( 15491 Kembrasser avec
suite dans sa conduite» (1835). 0 Parmi les emplois empressementm devient au XVII~s. sauter au cou...
figurés, saut désigne un passage par degrés dis- ( 1666). + Plusieurs sens figurés apparaissent à par-
joints 11703, en musique), un mouvement inter- tir du XI? siècle. Sauter si@e (1587) woler en
rompu, un changement brusque Cv.17101, spéciale- éclats>, Mexploser de soi-mêmen, sens exploité par
ment en mathématiques une discontinuité en un métaphore dans se faire sauter la cervelle 11680,
SAUTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

faire sauter...). Ce sens est resté plus vivant que Il71 11, un piège a oiseaux (qui saute). C’est aussi le
l’emploi correspondant de saut*. ~Faire sauter nom (18701 d’un mécanisme d’attache à crochet
@qch.) est relevé en 16 19 au sens figuré de «voler*, vertical que l’on peut faire sauter rapidement.
qui est sorti d’usage, d’où en argot ancien sauter 0 Par jeu sw sauter au sens sexuel - attesté plus
v, intr. =Cacher le produit d’un voln (1827). 0 Dans tard -, le mot s’emploie (1791) pour «prostituée>>,
l’abstrait, saukr s’emploie avec l’idée de passage d’où probablement la valeur familière ( 1842) de
rapide pour #ne pas lire, dans un texteB (1636, intr.3, «femme maigrem (sentie comme une métaphore de
d’où @II xv$ s-3 sauter pur-dessus un clwpitre et l’insecte) et, péjorativement, de &lle, femmem
transitivement sauter un passuge. 0 Le f&itif kire (me s.l. * SAUTEREAU n. m., apparu Il 165-l 170,
sauter s’est employé au figuré dans faire sauter qqn suuterel) avec le sens de <<lutin sautem, équivaut
de maitraiter, le tuep (16401, fuire sauter l’urgent ensuite à sauterelle (XIII~s., soteream; fin XI? s.,
ale dépenser avec prodigalité* (16401 et fuire sauter forme moderne); ces emplois ont disparu cormne
un lieu de ferrnelh (16941, tous sortis d’usage ; faire kcception Nenfant vif et agilem (16111, employée
sauter la tête de qqn <<ledécapiter» (1694) comporte jusqu’à la ti du XVIII~siècle. 0 Le mot, en musique,
l’idée de déplacement brusque, que l’on a dans désigne (16 111 une languette mobile qui fait vibrer
faire sauter WI bouchon Il 7981et dans se faire suu- la corde dans un instrument à clavier et à cordes
ter use sabordep (1740). 0 F&e sauter, en termes pincées puis, dans le vocabulaire des tapissiers
de cuisine, sime Kfaire revenir à feu vif>>(17671, (17331, une lame de bois à laquelle est attachée un
avec l’idée de mouvements vi& des aliments en bâton lisse (aussi suutriau n. m.3.
train de cuire. Cet emploi succède au transitifsau- SAUTEUR, EUSE n. et adj., d’abord attesté au fé-
ter qqch (1612). 0 Sauter aux yeux, d’abord aattirer minin au sens disparu de ~danseuse~ 11380, suute-
l’attention= (16481 en parlant de qqch., signifie en- resse), est ensuite employé comme adjectif, appli-
suite &tre évidentm (16801, à côté de sauter aux yeux qué à un cheval dressé pour le saut (15251, puis
de qqn (sujet nom de personnel use jeter sur lui comme nom au même sens (16783. oLe nom dé-
pour le battre>> ( 16511 et se sauter aux yeux <se que- signe d’abord une personne qui saute C1530 ; suu-
rellep (16521, sortis d’usage, remplacés par sauter fewe, 16631,spécialement qui fait des sauts acroba-
sur (par ex. sauter sur le paletot) et se sauter &~SUS. tiques (1549). Il s’utilise ensuite pour parler d’un
Sauter au;i; noues (1664) signifiait &tre très surprîs~. animal qui avance en sautant (1768; 1790, adj.). 0 Ii
0 Sauter <faire un ou plusieurs sauts, se dit aussi à est sorti d’usage au figuré ( 1690, n. m.1 pour ccper-
la même époque (1672) en parlant des animaux. En sonnage inconsistant et brillant, qui saute d’un su-
termes de marine, le verbe a le sens (16783 de jet à l’autren. Sauteur est repris au XIX~ s. pour
«changer brusquement de directionn en parlant du <<homme prêt à changer d’opinion selon son înté-
vent, alors en relation avec saute. 0 Faire sauter su rêt» (1867). 0 C’est l’idée de <<changement» et aussi
charge à qqn al’obliger à s’en défaîrem (1690) a pro- l’écho des emplois sexuels de sauter qui motivent
bablement inspiré sauter aperdre brusquement sa le sens de <<femme de mœurs légèresm (18161, vieilli.
placem et faire sauter qqn =le renvoyep (17981. ~Enfin, au sens premier du mot mais dans le
0 C’est aussi à la ~III du XVII~s. que l’on trouve sau- contexte moderne des sports, le nom, aux deux
ter Kfaire un saut acrobatiqueti (1690) et «s’élancer genres mais moins fréquent au féminin, sauf dans
d’un lieu élevé vers le bas)), dans sauter les fenêtres des syntagmes Isauteuse en hauteur), se dit (19031
(1694) remplacé en fkançais moderne par sauter d’un athlète spécialiste des épreuves de saut.
par la fenêtre. 0 Avec l’idée apparue au xwe s. ki- +Dans le registre analogique où sauter s’emploie
dessus) de apasser sans interrnédiaire~~, sauter est avec des sujets noms de chose, SAUTEUSE II. f. dé-
employé en musique (1705, sauter d’un ton ù un signe (1875) une casserole dans laquelle on peut
autre). 0 Dans un emploi technique, sauter signifie faire sauter des légumes, etc. 0 Une sauteuse ou
(1772) <<presser et fouler (les harengs) en caquen. scie sauteuse ( 1933 est une scie à bois munie d’une
0 L’emploi figuré, en argot, de sauter qqn hrrêter lame animée d’un mouvement de va-et-vient.
par surprise)> correspond plutôt au sémantisme de SAUTELER v. intr., Hpalpiter, bondir» Cv.1200) en
la surprise, comme dans sauter sur qqn, lui sauter parlant du cœur, Sign%e ensuite #faire de petits
dessus et à celui de la possession (sexuelle) (sauter sauts redoublésn (XIII’ s.1; désuet en ce sens dès le
une femme, 19221.La sauter ase passer de mangerm XVII~, le verbe est repris au XMe s. (Hugo, Gautier)
(19141, d’où aavoir f&imn, recourt à l’idée de &-an- mais reste d’emploi littéraire, supplanté par saut&
chir sans s’arrêter», donc amanqueT». 0 Par exten- ler (ci-dessous). 0 Le verbe a aussi eu la même va-
sion de l’idée d’exploser, le verbe s’emploie en par- leur que sauter, achanger brusquement de sujet*
lant de fusibles, pour «fondre par un court-circuitB (1580).
(1935) : les plombs ont sauté. SAUTOIR n. m., d’abord terme de blason Cv.12301,
b Sauter a de nombreux dérivés. +SAUTERELLE se dit d’une pièce honorable formée de la bande et
n. f., (XIVes., d’abord sulterele v. 11201, désigne un in- de la barre, en forme de croix de Saint-André IX),
secte orthoptère sauteur à grandes pattes posté- d’où en sautoir en parlant d’un meuble de blason
rieures puis couramment ! 1551) le criquet, emploi (v. 13601,puis en général (1690). 0 Sautoir a désigné
erroné en zoologie. Par analogie, le mot s’applique 11352-1353) une pièce du harnais pendant à la selle
régionalement à la crevette grise 11551, suulterelle) et servant d’étrier, pour monter vivement [asauter,)
dite aussi (1769) sauterelle de mer. * Par analogie à cheval. Il s’emploie ( 1430 et 1486 isolément ; puis
de forme, sauterelle désigne ( 1506) une fausse XV s.) au sens de abarrière en X, empêchant le pas-
équerre, dont les branches mobiles sont compa- sage des bestiaux, mais qu’un homme peut sauter)).
rées aux pattes d’une sauterelle et, par ailleurs o La locution en sautoir, d’abord aen forme de XD
DE LA LANGUE FRANÇAISE SAUVAGE
(ci-dessus), a Sign$é <<en bandoulière>> (1775, potier porté au XIX~ siècle. +SAUTE-RUISSEAU n.m.,
en sautoir), aujourd’hui aen collier sur la poitrine» d’abord «agent de spéculateurs 117911 puis apetit
(1798) ; de là viennent les emplois de sautoir pour clerc de notaire qui fait les coursesn (18321, s’em-
décoration= 118323, apointe d’étoffe nouée sur la ploie encore parfois pour agarçon de courses=.
poitrine)) (1829) et <chaîne de perles qui se porte sur + SAUTE-MOUTON n. m. (18451, qui S’est employé
la poitrineti Iv. 1900). 0 Parallèlement, le mot s’uti- au figuré au XVII[~ s. ( 17773, a remplacé saut-dwnou-
lise en sports, pour désigner un cylindre servant ton (1822) et ne s’emploie que dans jouer ri saute-
aux sauts en gymnastique 11830, aussi chev(zJ sau- mouton, jeu de saute-mouton Mjeu où l’on saute
toir) et couramment (19 121 un emplacement pour le par-dessus un autre joueur, courbém (le amouton4.
saut. *SAUTE-MINES n. m. inv. est le nom technique
Le XVI~ siècle voit apparaître trois dérivés. * SAU- (mil. XX~ s-1 d’un appareil destiné à faire exploser
TELLE n. f., terme d’agriculture, est le nom d’une les mines. +SAUTE-AU-FAF adj., est cOmpO&
marcotte de vigne faite avec un sarment pour re- avec put: mot d’argot désignant le sexe de
garnir un vide t1551) ou le nom du sarment que l’on l’homme, pour qualifier une femme sexuellement
recourbe pour augmenter la production de très active.
grappes (1876). *SAUTILLERv.intr. si@e«faire Outre assaut et prime-saut, un composé préfixé ap-
de petits sauts successifs» ( 1564 [1572, T.L.F.1) et au partit en moyen fknçais : TRESSAUTER v. intr.
figuré cpasser rapidement et sans liaison (d’un su- hil. mve sd, de tres”, Sign%e &tre secoué d’un
jet à l’autre})) (1694). II s’emploie par extension en mouvement violent, sous l’effet de la surprise, etc.B
parlant de choses 11893) pour &tre agité de petits et s’emploie par extension en parlant de choses
mouvements rapides et saccadés*. 0 Sautiller, qui k=? s.l. 0 En dérivent TRESSAUTEMENT n. m., at-
est usuel et a remplace dans une large mesure sau- testé en 1569 mais rare avant 1857 (Goncourt), et
te& a ses propres dérivés. SAUTILLANT, ANTE TRESSAUT n. m., déverbal (mil. xrve s.1, également
adj. s’emploie au propre 11668) et au figuré 11768) ; amouvement brusque du corpsm, qui a signiEé sac-
SAUTILLEMENT n. m. aaction de sautillern 11718), tion de franchir par un saut>> ( 1611) et a eu des em-
comme SAUTILLAGE n. m. ( 17351 moins employé, plois techniques. Le mot est archaïque.
désigne aussi (1859) au figuré le passage rapide 0 Voir SAUT: EXULTER, INSULTER, RESSAUT, RÉSULTER,

d’une idée à une autre. Un SAUTILLÉ n. m. est en SALTJIMJMNQUE, SALTATION.

musique (1885) un coup d’archet bref et rapide.


+ SAUTERIE n. f. a été employé (fin XVI~ s., d’Au- SAUVAGE adj., d’abord salvuge Idéb. XII~ s.1
bigné) dans un contexte dramatique pour parler du puis sauvage Cv. 11751, représente l’aboutissement
saut dans une rivière (la Saône) auquel on obligea du bas latin salvaticus, altération par assimilation
les protestants. 0 Le mot a été reformé au me s. vocalique du latin classique silvatius <<fait pour la
(18241 pour désigner une petite réunion dansante, forêts et, en parlant des végétaux, “qui est à l’état
employé aujourd’hui par plaisanterie. Il a disparu de naturen. Cet adjectif dérive de silva <forêt, bois»,
au sens (1845) de <petits sauts répétéw En argot po- “parc, bosquet>, au pluriel <arbres, plantes,, qui a
licier, d’après sauter “arrêtera, il Sign%e aarresta- donné plusieurs mots romans au sens de «forêt,.
tiork Synonyme du grec hulê (+ hylo-1, silva en a repris
La langue classique voit appartitre SAU- en partie les sens, notamment ceux de =matériaux
TANT, ANTE adj., qui a signSé areprésenté de- de construction*, de {{matière (d’un ouvrage, d’un
boutH en héraldique ( 1690) et a été remplacé par poème, et&, d’où l’emploi du mot comme titre
sautillant (ci-dessus), appliqué au style 11776). d’ouvrage au sens de ematériauxs; l’acception de
~Repris au XX~ s., il est employé dans montre a «matière philosophiquem qu’avait hulê est rendue
chtfies sauta&, opposé aux montres à cadran et en latin par mute& (+ matière). Silva a abouti en
aiguilles, mais on dit plus couramment à afichuge français à selve I 10801, éliminé par forêt et ne de-
numérique (ou digital, anglicisme). + SAUTAGE meurant que dans des noms de lieux I+ selve, syl-
n. m., terme technique, s’emploie pour désigner vestre, sylvicole1.
l’action de faire sauter des poissons salés pour les + L’adjectif, q ui s’écrit aussi en ancien fiançais et
presser 11730) ou de faire sauter des explosifs jusqu’au xwe s. salvage, salvaige, saulvage, s’ap-
(17721. - SAUTE n. f., terme de marine, désigne un plique d’abord à des animaux carnassiers qui
brusque changement dans la direction du vent vivent en liberté dans la nature Cv. 1300, en parlant
(1771, saute-de-vent). 0 Il est devenu usuel dans cet d’oiseaux). Parallèlement à cette idée d’état de na-
emploi et surtout au figuré pour <<brusque change- ture, se développent à partir du x3 s. des valeurs
ment (de l’humeur)* (1868, Goncourt), couramment morales attachées à l’emploi du mot à propos des
dans saute d’humeur. humains. Sauvage se dit (XII~ s-1 d’ermites ou de bri-
Au XX~ s. apparaît SAUTÉ, ÉE adj. qui se dit d’un gands qui vivent solitaires, généralement dans les
aliment cuit à feu vif et en remuant (1803, ragoiit bois. Cependant, dès le XII~ s., l’idée initiale de forêt
sauté), puis est employé comme nom ( 1806, n. m.), tend à s’oublier, comme en italien pour forestiere
notamment dans muté de veau ( 1835) ; cf. ci-dessus qui en est venu à sign5er &rangerB, S&age, l’an-
sauteuse, sous sauteur. cienne forme, est en effet attesté dans ce sens
Saute entre aussi dans la formation de composés, Il 1251, par une opposition sous-jacente entre la ci-
dont plusieurs ont disparu, par exemple SAUTE- vilisation et la nature non dékichée Csilvd repré-
EN-BARQUE n. m., qui a désigné (1538) une ca- sentant l’opposition entre la société où l’on vit et le
saque boutonnée devant à manches courtes, puis monde extkieur. La gent salvage s’applique en
un manteau féminin, court et à manches ( 1870) particulier Cv. 1131) aux Sarrasins, opposés aux
SAUVAGE 3400 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

chrétiens dans le contexte des Croisades. Le mot sans connotation péjorative. À propos de plantes et
comporte aussi, en ancien fkançais, l’idée d’étran- de productions anknales, l’adjecttlf se rencontre
geté (cf. la parenté étrange-étranger) et sauvage isolément au XIII~ &rvageI puis normalement au
s’applique à la fois aux humains considérés comme XVI~ s, (depuis 1530) pour <<qui pousse ou est produit
anormaux, extraordinaires (v. 1165) et, dans la sans intervention humaine)) : plante, chicorée (15421,
culture elle-même, à ceux que l’on juge rudes, miel (15501 sauvage; on dit aussi (v. 1550) un jardin
grossiers, qui sont comme proches d’un état de na- sauvage +wulte, à l’abandon*, S’agissant de
ture (1165-I 1701. Q Le sémantisme initial apparaît plantes et de produits, l’emploi de l’adjectif a reçu
quand l’adjectif qualifie des lieux incultes, où la au XXe s. une connotation méliorative, en relation
présence humaine ne se manifeste pas Iv. I 150, avec l’appréciation des produits naturels; de nom-
Eneasl : le cdésetiB> est par nature asauvagem; au breux syntagmes en témoignent: soie sauvage,
xve s., un lieu sauvage peut aussi être un lieu inac- miel sauvuge, saumon sauvage <<non élevé=.
cessible. 0 À propos des humains, le mot a deux Complémentairement, les emplois péj oratîfs pour
valeurs distinctes. La première, individuelle, appa- amer, âcre», à propos du goût d’un fruit (16941,
raît en moyen franqais; elle qualXe des individus d’une huile ! 17181,ont disparu. Le passage alterna-
que l’on côtoie dans le groupe social, et sert à ex- tif du mot par des valeurs positives et négatives est
clure ceux qui ne participent pas à 1’aEnement des d’ailleurs attesté dès le XVI~siècle. Montaigne, en
mœurs propre à la courtoisie : on appelle ainsi effet, écrivait CEssuis,1, chap. 31, Pléiade p. 2131,
compugrwn suuvuge Iv. 13003 celui qui ignore les parlant des acannibalesn : 4s sont sauvages, de
manières de l’amour courtois. Au XIII~ s. est apparu mesme que nous appellons sauvages les fruicts que
un sens qui restera vivant à l’époque classique : ade nature 1.J a produicts : là où, à la vérité, ce sont
mauvaise humeur, grincheux» kf. la métaphore de ceux que nous avons alterez par nostre artike I...l
l’ours). Dès le XVI~ s., le substantif s’emploie pour que nous devrions appeller plutost sauvages.>>; ce
qualifier un mode de vie solitaire, asocial : vivre au passage manifeste la péjoration du mot. + Au XX~s.,
salvuge 115553, puis en sulvuge. + Une deuxième va- suuvuge a vieilli en ce qui concerne le domaine hu-
leur est collective et, pour employer un anachro- main, anthropologique, remplacé par pri~~itif (au
nisme, anthropologique. Dés la fm du XII~ s. cv. 11961, XIX” s. surtout), lui-même devenu archtique.
suuvuge qualifie des êtres humains, des peuples 0 Outre les valeurs nouvelles que l’on vient d’évo-
considérés comme étrangers à toute civilisation. Le quer (((naturel, sans artiGce4, sauvage évoque l’in-
mot équivaut à peu près à barbare, à primitif (en tensitk des sensations. II a en outre pris le sens
franqais moderne), mais avec une connotation de (v. 1965) de “qui surgît spontanément, sans organi-
violence naturelle, et qualifie aussi les coutumes, sation,, dans gréve sauvage ou affichage sauvage,
les caractéristiques des sociétés en question 11580). Nillégal>, le sémantisme central, qui oppose la no-
Cette acception se précise et se développe à la Re- tion de sauvagerie à celle de civilisation, d’organi-
naissance, avec les contacts de l’Europe et des In- sation, étant respecté.
diens d’Amérique, avant les Akkains. C’est aussi ~Sa~uge a de nombreux dérivés. ~SAUVAGE-
au xwe s. que l’on commence à employer sauvage MENT adv. a si@é EV.1180) ad’une manière ex-
dans ce sens comme nom, le féminin étant d’abord traordinaireB. Il s’emploie couramment au sens de
sauvugesse (1632, ci-dessous), puis une sauvage «avec brutalité, férocitén Iv. 13001, mais est sorti
(1762). Aux xwe et XVIII~ s., le nom et les expressions d’usage pour & la manière de ce qui n’est pas ha-
qu’il sert à former, comme le bon sauvage (15921, bité par l’homme)) (v. 13601, ad’une manière soli-
syntagme attesté dès le xwe s., concept développé taire» (15541, Navet un aspect inculte» (1574). * SAU-
et diflksé au ~VII~ s. par Rousseau, témoignent du VAGINE n. f. Iv. 11751, d’abord sulvugiw (v. 11191,a
débat entre valeurs naturelles et valeurs sociales. désigné l’ensemble des bêtes sauvages, puis une
À la même époque, les sauvages, en français, dé- bête sauvage (v. 11381, une réserve de gibier
signe normalement les Amérindiens, et cet usage cv.1155, sulvecine). Le mot s’est spécialisé à propos
se maintiendra au Canada jusqu’au xrxe siècle; il de l’ensemble des oiseaux d’eau qui sont chassés
est aujourd’hui senti comme indûment péjoratif et Cv.1240, suuvegine). Il a signifS aussi Kodeur d’une
il est proscrit. Le caractère de plus en plus dépré- bête sauvage> (12401. Par métonymie 11273, suuve-
ciatif de l’adjectif et du nom, s’agissant d’êtres hu- &w>, il désigne l’ensemble des peaux des animaux
mains, se marque par les applications courantes qui vivent à l’état sauvage en France, vendues sur
qui, aux XVI~ et xwe s., vont de “qui ait-ne à vivre seul, le marché de la fourrure. 0 Sauvagine a eu plu-
qui fuit les relations mondainesm à “qui se plaît à sieurs sens directement rattachés à sauvage, dé-
choquern, valeur aussi appliquée à l’expression signant un caractère analogue à celui d’un animal
Iv. 16401, aux attitudes et aux actions (16601. Ces ac- sauvage Iv. 12651,l’état sauvage des hommes (12843.
ceptions disparaissent au cours du XVIII” siècle ; au oLes dérivés SAUVAGINEUR n. m. (1914) et
XD? s., un sauvage est un être humain grandi sans SAUVAGINIER n. m. (mil. me s.) sont des termes
contact avec la civilisation El83 1) ou encore un indî- techniques de chasse. +SAUVAGIN,INE adj. et
vidu cruel 118471, puis grossier, un béotien (1887). n. m., d’abord «sauvage» en parlant d’animaux car-
+L’évolution est bien différente s’agissant des ani- nassiers ( 1416, suuvuizin; v. 1420, suuvugin), S’est
maux et des plantes. Suuvuge s’oppose alors, de- appliqué au XVI” s. à ce qui est propre aux bêtes sau-
puis le début du XIII~ s. (v. 12103, à domestique et vages (apr. 1550). Le nom a désigné une chose rude,
qualZe en termes de chasse 0%~ XI~ s.1 les bêtes qui âpre (1583). Il demeure comme terme de vénerie,
ont le goût de gibier (cf. suuvugine). Ce sens est au sens de «goût propre à certains oiseaux d’eaw
resté vivant, sans grande évolution et en général (1671, le suuvugin). +SAUVAGEON,ONNE n. et
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3401 SAUVER
adj , désigne d’abord un arbre venu spontanément, o Sauver s’est employé en droit au sens de <réfuter
sans culture ( 1396, sous la forme altérée sauvar- (les raisons de qqn)% Iv. 14501, spécialement en par-
gon; 1559, sauvageon); en ce sens on a aussi em- lant des attaques des témoins (1549). Dans l’usage
ployé sauvechon <pomme sauvagem (XIII~ 13.1et sau- gén&al, il a si@8 «excuser= t1440-14751, accep-
vugeau 11525). Le mot se spécialise ensuite en tion notée <rare» en 1694 et qui a disparu. * Sauver
arboriculture (15%) pour *arbre non greffé, qui qqn de (et infinita <@seTver», autre emploi du
peut servir de sujet pour la greffe». Il s’applique moyen fiançais, s’est conservé dans des usages ré-
11793) à ce qui appartient à un sauvageon, mais cet gionaux. osesauver, d’abord au sens religieux
emploi adjectif est rare. Par métaphore (18691, il se Iv. 1200), est attesté au XVI~ s. 11538) pour &chapper
dit d’une personne fruste, non cultivée, aussi à un danger)), «se tirer d’afkiren, sens sortis
comme nom (attesté en 1883, Zola). d’usage, et pour -s’enfuir pour échapper à un dan-
D’autres dérivés apparaissent en français clas- ger)) (v. IZBO), qui est resté courant. Se sauver (16731
sique. + SAUVAGESSE n. f. a désigné ( 16321 une est familier avec la valeur de as’en aller, prendre
femme d’une civilisation considérée comme peu congé)>. Il se dit aussi 117%) d’un liquide qui bout et
évoluée, en concurrence avec femme sauvage. s’échappe. 0 Sauver qqch. à qqn 11636) s’est em-
L’emploi figuré pour parler d’une femme peu culti- ployé jusqu’au xrxe s. au sens de afaire que qqn ne
vée, sans éducation (1824, Balzac) est demeuré ex- subisse pas (un mal),. 0 Plusieurs expressions
ceptionnel (aujourd’hui archaïsme littéraire). prennent le verbe au sens de <préserver)) (cf. ci-
+ SAUVAGERIE n. f. désigne ( 1739, d’Argenson1 le dessus sauver l’honneur) : sauver les apparences
caractère, les habitudes d’une personne qui vit à «ne rien laisser paraître qui puisse scandaliserm
l’écart de la société. Le mot s’est employé pour (1621) reste vivante; sauver les dehors (1652) a dis-
4ieu retirén ( 1825). 0 Il est sorti d’usage aux sens de paru et sauver la face est récente 11914, Jaurèsl.
apériode de l’histoire où l’homme n’était pas civi- Sauver les meubles correspond à «préserver ce qui
lisé% Cv. 1825) et de amœurs, condition des sau- peut l’être>> ( 19 18). Le verbe est chez Furetike
vages% ( 1807, DestuttI, opposé à civilisation. 0 Sau- (1690) dans plusieurs expressions aIors nouvelles,
vagerie, proscrit en anthropologie, equivaut comme sauver la partie, terme de jeu, sauver une
aujourd’hui en général à abarbarie, brutalités dissonance, en musique. Sauver un coup al’évitep
(v. 1855) pour qutier un comportement cruel et (1798) est sorti d’usag9. Sauver qqch. cen empêcher
violent. la vente, la dispersion, etc.>> est attesté à la ti du
Le préfixé ENSAUVAGER v.tr., «rendre sauvagen xrxe siècle.
en parlant de l’homme, des choses humaines, est b Le dérivé ancien SA~VOIR n. m., <<bassin amé-
rare et littéraire Cv. 1792; 1866, Goncourt, au prono- nagé pour conserver les poissons> (12531, a été sup-
minal). Ce verbe reprend l’ancien lançais ensuu- planté par vivier* et a disparu.
vagir v. intr., «agir en sauvage> (ti XI~ s., ensalvagir) SAUVETAGE n. m., formé 11773) d’après l’ancien
et adevenir sauvage> (12701, et transitif pour lançais sauveté (+ sauf), a remplacé les dérivés di-
crendre sauvage>> (12401, sorti d’usage avant l’épo- rects du verbe salvuige Ixve s.), et sauvage 11591). Le
que classique. mot désigne l’action de sauver un navire en dé-
tresse, ses passagers, etc. et plus généralement de
SAUVEGARDER -SAUF, SAUVE sauver qqn d’une situation périlleuse (18011, de la
noyade (18111. De là échelle de sauvetage (des pom-
SAUVER v. tr. Cv.11801,par les formes salvar piers) 118011, bouée de suuvetuge (1811), bateau de
(8421, salver (10501, est issu du bas latin salvare sauvetage ( 18631, précédé par bateau sauveteur,
<<rendre bien portant, guérir», <<maintenir, conser- etc., et en droit maritime droit de sauvetage uperçu
verm, cdéliwer» et dans la langue ecclésiastique sur les choses sauvées d’un naufrage= 118121, dis-
aprocurer le salut éternelmi salvare est dérivé de paru. Le mot s’emploie aussi au figuré Iv. 19201.
S&US <<bien portant, en bon états I+ sauf). -Du radical dérivent SAUVETEUR n. m. 11816, se-
+Le verbe a d’abord eu le sens général de cdé- lon Dauzat ; puis 1836, canot sauveteur, cbateau de
fendre (qqn), le secourir», qui ne s’est pas maintenu. sauvetagenI, apersonne qui sauve qqnn (18601, et
D est attesté vers 980 kalvarl avec son sens reli- SAUVETER v. tr. (18701, terme de marine peu em-
gieux, puis avec l’acception demeurée courante de ployé.
afaire échapper (qqn, un groupe) à un dangern À LA SAUVETTE lot. adv. s’est d’abord employé
tv. 1050, salver); de là viennent l’emploi pour *tirer en argot dans la locution jouer à la sauvette <<jouer à
(qqn) d’un danger mortels et la construction sauver se courir aprèsb 11867, aussi ...à la suuvimtie) et
la vie Ù qqn ( 1165-l 170, saher la vie). Le verbe signi- pour désigner (1898) la fuite du marchand sans pa-
fie par extension aempêcher que soit détruit tente, à l’arrivée de la police. Le mot reste usuel
(qqch.l*, par exemple dans sauver l’honneur dans vendre Q la sauvette Iv. 19201,marchand à la
Iv. 12081, et «conserver intact Iqqch.l» (v. 12101. sauvette et au figuré dans à la sauvette Iv. 1920) &
* Sauver s’est employé (v. 1370) jusqu’au XIX~ s. au la hâte et comme en se cacha&.
sens de *faire excuser ou faire passer Iqqch. de mé- SAUVEUR n. m. et adj. III. est l’aboutissement
diocre) par une présentation adroiten. 0 En moyen Iv. 13801, par la forme sauveor Iv. I 1751, de sulveur
français et avec la valeur la plus courante, sauver (11401, sulveor (11701, forme évoluée de salvedor
s’emploie dans il se suuve qui puet Km XIVe s.1, puis (salvedur, v. 11201, cas régime de salvaire C1050).
sauve gui peut! (1419) *que celui qui le peut se Ces formes sont issues du bas latin sulvutor *celui
sauve», substantivé en SAUVE-QUI-PEUT n.m. qui sauve)>. Ce mot, employé en latin chrétien pour
(1614, puis 1819) <<fuite générale et désordonnées. désigner Jésus-Christ, dérive de salvutum, supin
SAVANE 3402 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

du bas latin salvare. + Sauveur s’emploie d’abord avec habileté. *SAVANT n. m. (1588, Montaigne :
en parlant de J&us-Christ, celui qui a sauvé les un sgavant) est sorti d’usage avec la première va-
hommes, d’où la saint salvor & fête-Dieu)> (12371, leur de l’adjectif, Npersonne qui a de vastes
disparU, et au xwe s. le sauveur du monde d+dxi- connaissancesn. Dès le xwre s., par une spécialisa-
Christn (15501. 0 Le nom désigne aussi une per- tion qui s’est répandue au XIX” s., le nom désigne
sonne qui sauve qqn Iv. 1120, sahwdw~; en ce sens une personne qui, par ses connaissances et ses re-
le fkninin sauveresse (1165-l 170) s’est employé cherches, contribue au progrès d’une science; en
jusqu’au xwe siècle. 0 L’usage de sauveur comme français contemporain, il s’applique normalement
adjectif remonte au xv? s. (15552. Par extension, il à des scienttiques du passé; il est encore employé
s’est dit de ce qui rend la santé (18451: un médica- dans le discours journalistique ou de la fiction pour
ment, un traitement sauveur. parler de contemporains, mais il a vieilli par rap-
Le latin SdVator a été emprunté sous la forme SAL- port à scientifique, chercheur; il emporte en géné-
VATEUR, TRICE adj. “qui sauven, inusité au mas- ral l’idée d’une grande notoriété. +L’adjectif signi-
euh 11485, n. m.), repris à la ti du XE? s. au fémi- fie aussi ( 1677) <où il y a de l’érudition>>, employé par
nin salvatice, notamment à propos de la Vierge extension dans édition* savante. Mots savants s’ap-
Marie, et littéraire (1886, L. Bloy), le féminin de sau- plique aux mots empruntés tardivement au latin
veur 6bXd ineXiStad. *SALVATION n. f. est em- ou au grec ~OUformés d’éléments latins, grecs) et
prunté (v. 1120, salvaciun) au bas latin ecclésias- n’ayant pas suivi l’évolution phonétique des formes
tique salvati waction de sauver, salut», dérivé du populaires ; on dit aussi, avec une valeur voisine,
supin de salvare. 0 Le terme religieux désigne I’ac- formation suvunte. 0 Langue savante désigne
tion de sauver l’âme; il a disparu dans son emploi (1835) une langue qui n’est plus parlée tiungue
général pour <action de sauver, de préservera mortel et que l’on apprend par les livres (latin, grec,
(1172-l 174, sakztiun; XIII~ s., salvation). 0 SALVA- etc.). 0 Par extension, savant s’applique (1767) à
TIONS n. f. pl. a désigné en droit 11340) jusqu’à la une chose qui, par sa ticulté, est inaccessible au
fm du XVIII~s. les documents par lesquels on réfutait profane. ~Savant Khabilem est employé depuis le
des objections Il%$ salvation de témoins). Le mot XIX~ s. dans animai savant «dressés (1845, chim sa-
est archaïque dans tous ses usages. vant), par exemple dans puces suvantes.
0 voir SAUF, adj. ; 0 et @ SALVE. ,Le dérivé SAVAMMENT adv., d’abord ad’une
manière érudite> E1531 avec la variante disparue
SAVANE n. f. est emprunté (15293 à l’espagnol
savantement (16111, si@e ensuite «avec habileté»
çavuna, zabana Ixv~~-xvr~~
s.1, sabana 117011, lui- ( 1627, sçuvumment) et <<enconnaissance de cause>
même pris au taino (langue indienne disparue
11690).Un emploi didactique en linguistique corres-
d’Htiti1 zavana, zabuna. On relève aussi en fran-
pond à mot savant, formation savante. + SAVAN-
çais la forme suvana 11598) et la graphie savanne
TASSE n. m. (16461, formé avec le su%xe péjoratif
(1645, encore en 1851).
-asse, est sorti d’usage. Le mot, péjoratif pour «pk-
+ Le mot désigne une vaste prairie des zones tropi- dant qui joue les savants», a été aussi écrit suvantas
cales, pauvre en arbres. Au Canada, savane se dit (v. 16501, adaptation du gwzon subuntas, employé
(1683) d’un terrain marécageux. par d’Aubign6 Idéb. xvne s.), de l’ancien provençal
FSAVANISATION n.f. (mes.), terme de géogra- suben, sabent. +SAVANTISSIME adj. (1664) est
phie, se dit de la transformation en savane. ironique pour 4rès savant>>.
SAVANT, ANTE adj. et n. est l’ancien parti- SAVARIN n. m., abréviation 11861) de brillat-
cipe présent de suvoir”, adjectivé Iv. 1120). Le mot savarin (18563, est tiré du nom de Brillat-Savarin,
l’a emporté sur l’adjectif sachant “qui a beaucoup célèbre gastronome et écrivain fiançais ( 1755- 1826).
d’expérience, de la sagesseti Iv. 11553, Nhabile, expé- 4 Le mot désigne un gâteau en forme de couronne
riment& Iv. 1210) et +avants Cv. 1450, saichani). Par que l’on sert garni de crème et imbibé d’un sirop à
ailleurs, I’ancien kançaîs a employé le nom sa- la liqueur.
vance uconnaissance, fait de savoirti (XII~s.), encore
attesté en 1636. Le composé nonsavant @noraz+ SAVATE n. f., noté chuvute en picard à la fk du
(12101, d’abord nunsavant (XII~ s.1, est utilisé me s., puis gavate Iv. 12201 et savate au XIV~s., est
jusqu’au XVII~ siècle ; on relève aussi insçavanf; au d’origine obscure. Ses correspondants sont attestés
xve siècle. en ancien provençal IsabuW en italien Iciubaffu1,
+L’adjectif savant a d’abord signiM “qui a des en espagnol kupato Nsoulierm; 978, zapatones dans
connaissances étendues)) et, de facon plus précise un texte latin), en portugais fçuputol. On a proposé
Iv. 11551, “qui sait beaucoup, en matière d’érudition de faire de toutes ces formes des adaptations de
ou de sciencen. Cet emploi l'a emporté et est réa- l’arabe sabbat ou Sabbü( <<pantoufle>>,qui n’est at-
lisé par exemple dans femme savante 11672, MO- testé que dans les textes postclassiques mais est vi-
hère), stiété savante. Par extension, savant se dit vant da;ns tous les pays de langue arabe; le mot
(1538) d’une personne informée, au courant de arabe serait lui-même d’origine orientale. P. Gui-
qqch., d’où la locution figurée classique (1694) je raud, partant des sens de l’ancien provenqal suba-
n’en suis pas plus suvunf *je n’en sais pas plus (avec tas, sabata “gros soulier)) et <<crapaud», propose
celaIn. Savant en qqch. Idéb. XVII~s.) «qui est très ha- plutôt de voir dans savate l’emploi métaphorique
bile, s’y connaît dans un art, une spéciahtém a suc- d’un dérivé de “sapare «produire de la sèves d’oh
cédé à savant à gqch. Ci5491qui a disparu. 0 L’ad- abaver* (comme un crapaud); savate aurait donc
jectif quaWe ensuite ( 1622) une chose faite avec ti, selon lui la même origine que sabot*. +Les dB-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3403 SAVOIR

rentes phonétiques entre les variantes romanes, ploie avec un complément désignant une chose dé-
qui viennent selon Bloch et Wartburg des migra- plaisante kuvourer son chu@%&.
tions du mot, sont liées pour P. Guiraud au fait que SAVOUREUX, EWSE adj. est l’aboutissement au
l’étymon avait deux formes “supare et “suppure. La XVI~s. (v. 1508, supvoureux), par l’intermédiaire de
variante s/z k l’initiale se retrouve dans le nom du formes comme suveros Cv.1190), suvoreux Iv. 13803,
crapaud (pour le s espagnol supo, portugais supo); du bas latin suporosw (VI~s-1, dérivé de super.
l’italien ciu- et le picard chu- pourraient être d’ori- 0 L’adjectif qutie ce qui a une saveur agréable
gine onomatopéique (cf. le wallon chupoter abarbo- Cv.1220) et s’applique par figure Iv. 11901à ce qui est
tep), c’est-à-dire afaire chap, chup)J délicat, agréable, en parlant d’une personne, d’un
+Savate désigne d’abord une vieille chaussure, baiser, etc. 0 Par extension, il se dit ! 16941 d’un
une vieille pantoufle. Il s’emploie au figuré dans la plaisir dont on jouit. -Le dérivé SAVOUREUSE-
locution familière k&zer 1~8 savate whre miséra- MENT adv. est sorti d’usage pour uen savourant>)
blementm (1748 ; 1661, truîner ses savates). 0 Par fi- (v. 1210 suverousement; 1337, forme moderne) ; il si-
gure, le mot est employé familièrement (1656) en gnihe aavec saveur)).
0 Voir INSIPIDE, MAUSSADE, SADE, SAPIDE.
dérision à l’adresse d’une personne maladroite,
par une métaphore courante (cf. pied, pantoufle,
0 SAVOIR v. tr., resufkation Cv.11651 de la
sabot et ne pas valoir deux suvutes, 15081. Q Il dé-
forme suveir Cv.9801, est issu du latin populaire ‘su-
signe ensuite 11828, suvatte, Vidocq) une forme de
përe (premier e long), altération du latin classique
combat où l’on porte des coups de pied à l’adver-
supëre (premier e brefl, verbe intransitif aux sens
saire. 0 Par référence à la forme d’une savate, il
d’ccavoir du goût», *exhaler une odeur>> et par ail-
désigne (1842) un type de chaussure dont le quar-
leurs <sentir par le sens du goût», d’où par figure
tier est rabattu. 0 EnCn, par analogie d’usage, c’est
<<avoir de l’intelligence, du jugement>>, ((être sagen;
un terme technique employé (16171 pour parler de
transitivement le verbe signifie Nse connaître en
la pièce de bois sur laquelle repose un navire au
qqch. », «conntit re =, ((comprendre». Supere a un cor-
moment de son lancement, puis d’une semelle de
respondant en germanique, avec le vieux saxon afi
bois placée sous un objet lourd (1871, Littré).
sebbiun «apercevoir, remarquep. +Le latin clas-
Le dérivé SAVETIER n. m. (1213, çuvetikr), wac- sique scire «savoir» n’est pas représenté en fran-
commodeur de souliers)), est sorti d’usage rem- çais, sauf par le participe présent sciens, dans le
placé par cordorznier, sauf pour parler du passé. dérivé scientiu (+ science) et des composés
* SAVATER v. tr. adonner des coups de pied à (+ conscience, omniscient); mais à partir du xv” s.,
(qqn),, <pratiquer la savates, d’abord écrit sabater savoir a été erronément rattaché à scire, d’où les
(18981, est demeuré rare, sauf en argot. graphies scavoir, sçavoir à côté de savoir, encore
au XVII~ siècle.
SAVEUR n. f. (12561, d’abord suvor Iv. 11501, su-
+Savoir a d’abord un sens général : <avoir la
vour Cv.11901, est issu du latin super agoût, saveur
connaissance de (qqch.1)); il s’emploie aussi, suivi
caractéristique d’une chose*, <odeur, parfum)), (tac-
d’un infinitif, pour {{avoir la possibilité de (faire
tion de goûtern et, au pluriel, <<chosesde bon goûtn
qqch.), après un apprentissage* kuvoir marcher) et,
et files sens»; super s’est employé aussi au figuré,
suivi d’un nom, pour ((connaître Iqqch.) pour en
par exemple en parlant d’un homme sans person-
avoir été informé, kuvoir une nouvellel. Ensuite, le
nalité (homo sine suporel; c’est un dérivé de sapere
verbe signSe Cv.1050) <être en mesure de pratiquer
<<avoir du goût% (3 savoir).
km art, etc.), grâce à des connaissances)>, puis <<être
4 Le mot signifie d’abord (XII” s.1<qualité perçue par capable de (faire qqch.) parce qu’on le veut, qu’on
le sens du goût» et figurément EV.I 1501 {(agrément, en a le pouvoir, etc.m (10801, alors construit avec un
attrait>>. 0 Il a désigné ensuite une sauce, un assai- infmitif (savoir attendre). Deus le set Cv.10501,Dieu
sonnement, c’est-à-dire ce qui donne du goût sait si (fin xwe s.), Dieu le sait ( 15301, Dieu sait
(XIII~s.) et, par métonymie au pluriel, des légumes (XVII~s.1 introduisent un fait qu’on présente comme
pour le potage (12391, acception encore attestée en connu de Dieu, garant du vrai. La formule Que suis-
1667. 0 II reprend aussi le sens latin de (<parfum, je ? apparaît à la Renaissa;nce, illustrée par Mon-
odeurs Cv.12401, disparu. Lié à supere asavoir*, sa- taigne 11580). 0 La construction savoir gqn, gqch.
veur s’est employé en moyen français (1440- 1475) au suivie d’un adjectif Con le suit bon, mauvais...1 1x1~s.1
sens de Kconnaissmce qu’on a de qqch.>>, 0 Dans marque que la qualité indiquée par l’adjectif est
l’usage figuré, le nom désigne Cv.1820) ce qui flatte dans la chose, dans l’être. 0 Avec un sens affaibli,
le goût, dans les arts, etc, le verbe s’emploie dans ço est a savoir ((c’est-à-dire»
F SAVOURER v. tr. est dérivé de saveur, peut-être Cv.10901,devenu à savoir Iv. 1150), locution conjonc-
sur le modèle du bas latin suporure œrendre savou- tive de coordination, et par ellipse savoir (1658 ; fm
reux-, au propre et au figuré. 0 D’abord intransitif xve s., sçuvoir) ; de là vient assavoir conj. (xv” s., ha-
Cv.1225, savorer; le participe passé est attesté pax; puis 1534) sortie d’usage. ~AU XII” s., le sens
v. 1125, écrit savuret), le verbe signZe en ancien latin d’aavoir du goût», en relation avec saveur, est
français aêtre agréablen, sens disparu et Ravoir de repris Iv. 1165, en emploi transita, spécialement
la saveurs. 0 Il s’emploie dès le XIII~s. au sens fi- dans des locutions : mal suveir adéplairen Cv.11501,
guré de aprofiter lentement, de manière à prolon- savoir buen ((avoir du goût (en parlant du pain)>
ger le plaisir> et au sens propre, {{apprécier (un Cv.11751; il ne se maintient pas au-delà du XIV~siè-
mets, etc.) par le sens du goût» (v. 12601. Par anti- cle. 0 Dès l’ancien français (fin XII’ s.), savoir prend
phrase et littérairement Iv. 13801, savourer s’em- le sens d’ttavoir conscience de (qqch.), percevoir».
SAVON 3404 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

~Faire savoir (qqch. à qqnl Gnformer, comrnuni- gesse, intelligence>>, ahabileté> Isutiev, fm xe s. ; su-
quern (v. 11651 a pour variante faire ussuvoi~ (1170- veir, 1080, et savoir, XII’ s.1,d’où grunt saveir <grande
1 1751, d’où faire à savoir ( 15381 employé autrefois en sagesse)) (1080) et la locution disparue dire savoir
chancellerie, de même que la formule faisons sa- dire une chose sensée- Iv. 1175). 0 Le mot (Y 1155,
voir que (1549). 0 La construction savoir de qqch. suveir; 1193- 1197, savoirl désigne encore en fran-
Ravoir des connaissances en qqch.p txrr” s.) a dis- çais moderne un ensemble de connaissances ac-
paru. Savoir qqn, qqch. aavoir connaissance de qqn, quises par l’étude, l’expérience, d’où grand savoir
de qqch.)) Idéb. XIII~s.1 est devenu archaïque ou ré- <connaissances trés étendues%%(1673); il a signifk
gional, savoir étant alors le plus souvent supplanté spécialement «art magiquen Cv.1210). Par métony-
par conna&e. Il en va de même pour sesuvoir mie, il se dit kvIIe ~3.1pour «les savants, la science)).
(1580). *En revanche, se savoir *être sus (1580, -3 Le mot s’emploie spécialement en histoire litté-
Montaigne) est toujours en usage. Au sens d’«être raire dans @ savok upoétique des troubadours>>
capable d’utiliser ou de trouver Iqqch&, le verbe (18421, adaptation de l’ancien provençal gai suber
est aujourd’hui d’emploi littéraire. 0 Ne sui qui krv” S.I. L’expression fait aussi allusion à Nietzsche
pour (une personne quelconque» Iv. 1300) survit (+ science). *SU, SUE adj. et n. m. s’est d’abord
sous laforme jenesais qui(15381, aussi uITjenesais employé dans des locutions : tut a soüt ed’une ma-
gui ( 16663 «un individu quelconque>, vieilli. Je ne nière certaine» Cv.11201, senz le seü de & l’insu de))
sais quoi (1534, adjectif vieilli pour &défmissable>> Cv.11551, encore au XVI? s. CWIS le su del, emplois
en parlant d’un sentiment, de qqch., qui succède a disparus. 0 L’adjectif s’applique Cv.1175, seü; xvf- s.,
ne suis quoi ( 1440-14751, survit en tant qu’allusion su) à ce qui est connu, notoire. Au su de Iqqnl & la
littéraire à son emploi comme nom masculin (15461, connaissance dea 11440- 1475, au S~U de ; 1671, au su
surtout à l’époque classique,. 0 Savoir vivre 11466) del est moins courant que au vu et au su de Iqqnl
&re capable de se conduire dans le monde selon [1549, sceul, qui continue a la sue et a la veüe de
les règles en usage- a fourni savoir-yivre n. m. + Su- Iv. 1283). &Le préfixé INSU, UE adj. et n. m.
voir v. intr. aavoir des connaissances, de l’expé- Iv. 1500, dnconnw) est repris au milieu du XX~ s.
riencea est attesté au début du XVI~siècle; savoir en comme terme didactique I+ insu [à l’insu del).
gqch. aavoir des co~aissances en qqch.s Cl5491 a 0 voir INSIPIDE, MAUSSADE, SABIR, SADE, SAGE. SAPIDE,
disparu. 0 Savoir qqch. Navoir qqch. prksent à l’es- SAPIENCE, SAVANT, SAV-EUFL, SAVOUREUX.
prit dans tous ses détails>> a été remplacé dans
cette nuance par son expansion idiomatique savoir SAVON n. m. est issu (fin XII~s.) du latin supo-
par cœur, employée transitivement au XVII~s. (1662 ; nem, accusatif de sapo «savon%; le nom latin est em-
1669, savoir gqn par cœur). 0 Au xwe s., on relève prunté à un germanique “suipôn qui désignait pro-
plusieurs locutions, savoir son monde ( 16 12) et sa- bablement à l’origine une substance employée
vo& bien Ie monde (167 1) <<connaître bien ceux à qui pour teindre les cheveux. Supo est représenté dans
on a aaire*, je sais ce gue je sa& C1666) «je suis au les langues romanes par l’italien sapone, le portu-
courant, mais je n’en parlerai pas%, en savoir plus gtis subüo, le roumain stipun, etc. Le savon était
d’un 0668; plus d’une, 17981 «se conduire habile- bien connu des Gaulois.
ment>>, sortie d’usage, faut savoir! 116901, formule +Le mot a dès ses premières attestations son em-
exprimant l’admiration ; c’est d savoir, elliptique- ploi moderne, *produit utilis6 pour le dégraissage
ment à savoir savoir (16941 est alors employé pour et le lavage)) ; un qual*catif indique la composition,
marquer le doute. oLa négation exprime soit l’usage, etc. du savon dans suvon mol (XIII~s.), dis-
l’ignorance, par exemple dans ne savoir ni a ni B paru, équivalant aujourd’hui à suvon noir (I5301;
(16721, archtique, ne savoir rien de rien (16901, soit savon blanc (15301, vert (16671, marbré (16801 ne
l’indécision, la déraison : ne pas savoir oti se s’emploient plus, mais savon de Marseille (17231, sa-
mettre, ne pas savoir ce qu’on fait tifin XVIII”s.1; von de toilette (1835) restent usuels. + Comme dé-
est-ce gue je &s ?(1781) exprime aussi l’ignorance verbal de savonner Ici-dessous), savon s’est em-
comme n’en savoir rien (familier : j’en sais rien). ployé 11634, Corneille3 pour savonnage; c’est avec
b SAVOIR- entre comme premier &ment dans cette valeur active qu’au XVIII~s. le mot prend le
des composés dont le second est un irkitif. + SA- sens figuré et familier (1788) de &rieuse répri-
VOIR-VIVRE n. m. est formé au xwe s. avec vivre, mande>, issu de savonner lu tête. &Par analogie,
pour <<artde bien diriger sa vie-, puis 12” moitié du savon naturel (1767) désigne en minéralogie l’argile
XVII” s.) Nbonnes manières%. 0 SAVOIR-FAIRE smectique, savon de montagne (18281 le silicate
n. m. Il6711 «habileté à réussir ce que l’on entre- d’aluminium qui se dépose dans certaines eaux
prend>>, est devenu un terme de droit co,mmercial, thermales ; savon des Ve&rs (1812) le bioxyde de
par traduction de l’anglais lmow how. d A partir de manganèse employé pour décolorer le verre; ces
1970, des composés sur ces modèles apparaissent, emplois ont vieilli. 0 Le mot s’est employé en argot
surtout dans le vocabulaire des médias, comme ancien pour <(honoraires d’un avocat» (18301, l’avo-
SAVOIR-DIRE n. m. (1970), SAVOIR-ÊTRE n.m. cat ~~blanchissant» son client. 0 Un savon désigne
(19701, SAVOIR-MANGER n.m. (19733, etc. OSA- (1823) un morceau moulé de savon.
VOIR-MOURIR n. m. est une formation analo- F Le mot a plusieurs dérivés. + SAVONNIER, IÈRE
gique sur suvokWe 11866). n. m. et adj., <fabricant de savonn (1292), s’est em-
Les seuls dérivés du verbe sont trois de ses formes, ployé comme adjectif (16111. Il désigne aussi (1694)
l’ink&if et les participes I-, savant). @ SAVOIR un arbre exotique dont l’écorce, la racine, conte-
n. m. s’est employé pour désigner la connaissance, nant de la saponine, font mousser l’eau. + SAVON-
le fait de savoir (842, suvir), puis aux sens de vsa- NERIE n. f. si@e alieu où l’on fait le savon, 113131
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3405 SAYNÈTE
et afabrication du savon>> (1875). +SAVONNER du verbe frungere, au supin fiuctum, Nbrisern (+ en-
v. tr, anettoyer avec du savon= Iv. 1500) s’emploie au freindre , fraction) .
figuré dans la locution, vieillie, savonner Ia tête de + Cette plante herbacée, qui pousse dans les fis-
qqn Hle réprimandern (1669 ; cf. laver la teste sans sures des murs et des rochers, a été aussi nommée,
savon, 1597) et aussi Nrosser (qqn))) 116901, d’où un par calque du latin, rompierre (xv” s., pour rompt-
savon (ci-dessus). Par métaphore sur le caractère pierre), percepierre (15461, cassepierre (1669).
glissant du savon, savonner lu planche Cù qc@ si- F Le mot a fourni le dérivé didactique SAXIFRA-
gnifie familiérement apréparer sa perte>> (cf. Z’escu-
GACEES n. f. pl. (18421, qui a remplacé satikgées
lier savonné des concessimw, donné comme un cli-
t 1803).
ché du discours politique par Alphonse Allais).
@ voir SALSIFIS, p.-ê. SASSAFRAS.
0 Le verbe signifie spécialement (16901 Nenduire de
mousse de savon le menton lavant de se raser))). SAXON, ONNE n. et adj. représente un em-
oEn dérive SAVONNAGE n. m, 11680; 1579, SU- prunt savant 11512, n.1 au bas latin Saxo, Suxonti
VOnnH7Wnt, même sens). -Le diminutif SAVON- <habitant de la Saxe (région du nord de la Germa-
NETTE n. f. <<petit pain de savonn 115791 est rare nielu, plus courant au pluriel Suxones des Saxon+.
avant le XVII~s. 11640). Le mot s’est employé au fi- On relève dans Lu Chanson de Roland (1080, n.1 la
guré pour <<charge qu’un roturier achète pour forme Suisne, aboutissement du latin SUXOWS par
s’anoblirs, (11011, d’où l’expression archaïque savon- évolution phonétique.
nette à WI&*. 0 Il s’est dit du fkuit du savonnier
117211, qu’on nommait arbre à savonnettes (17651. +Le mot désigne, plus souvent au pluriel, un
0 Montre 8 savonnette (18421, d’où u72e savonnette membre ou les membres d’un des anciens peuples
germaniques; en linguistique il s’emploie dans
(18781, a désigné une montre dont le cadran est re-
vieux saxon 11655) pour désigner l’état le plus ar-
couvert d’un couvercle bombé en métal, qui s’ouvre
chaque du bas allemand et bus suxon pour l’en-
au moyen d’un ressort. 0 Dans l’argot automobile,
savonnettes n. f. pl. équivaut par allusion au glisse- semble des dialectes issus du vieux saxon et consti-
ment (1953) à apneus lisses n’ayant plus d’adhé- tuant le pluttdeutsch. 0 L’adjectif, qui n’est attesté
rente>’ . +SAVONNEUX,EUSE adj. s’applique qu’au XIX~ s. (18701, s’est appliqué, avant 1939, à un
(v. 1700 [atteste 17401)à ce qui rappelle le savon ou à groupe parlementaire français qui abmdonnait ses
alliés lors d’un vote important, par allusion à la ba-
ce qui en contient (1845). La métaphore de la pente
taille de Leipzig (18 13) au cours de laquelle les
savonneuse est attestée chez Léon Daudet, en 1915.
Saxons trahirent Napoléon pour passer du côté des
0 voir SAPONAmE.
Alliés. oSmon ne s’emploie plus comme équi-
SAVOYARD, ARIDE adj. et n. a remplacé valent d’4Uemand~.
avec un autre suftixe ( 1566, n.) la forme savoisien de composé ANGLO-SAXON,ONNE adj. et n.,
(v. 14601,aussi suvoyen EV.1360; jusqu’au XVII’ s.), et de unglo- (-+ anglais), s’emploie d’abord ( 16641 en
est dérivé comme elles du nom propre Savoie. parlant de ce qui est relatif aux envahisseurs ger-
+ Qualifiant tout ce qui concerne la Savoie, le mot maniques de la Grande-Bretagne au VI~siècle.
s’emploie spécialement à partir de la ti du XVIII~s., L’ungLo-saxon (1690) a désigné la langue anglaise et
en raison des tâches saisonnières que faisaient les aujourd’hui, en linguistique, l’anglais ancien. 0 À
Savoyards lorsqu’ils descendaient dans les vallées, partir du xrxe s., l’adjectif s’applique (1863) à ce qui
pour désigner un garçon de courses (av. 17981,un est relatif auxpeuples de civilisation britannique et
ramoneur 11802). 0 De ce dernier emploi sont ve- de langue anglaise.
nus, par analogie, le sens de Kpersonne sale et mal
élevée> (1803) et l’emploi du mot comme injure
SAXOPHONE n. m. est formé en francais
11843) du nom des inventeurs de l’instrument, SUX
(XIX~s.1, sortis d’usage. 0 Savoyard s’est aussi dit
(Charles-Joseph, 1791-1863, et son fils Adolphe,
(av, 1798) pour <(biscuit de Savoie>>.+Au me s., SA-
181448941, Belges établis à Paris, et de -phone*.
VOYARDE n. f. désigne (18211 un grand bateau de
la Saône et du Rhône destiné surtout au transport + Le mot désigne un instrument de musique à vent
de la houille. oIl s’est dit en argot pour ~~rnalle~ en cuivre, à anche simple et à clefs inventé par
Il8373 par référence à la profession de coursier A. Sax vers 1840. L’anglais a emprunté le mot ra-
exercée par les Savoyards. Ce nom féminin est pidement (18511. oLa forme abrégée SAX, dési-
aussi attesté (1870) aux sens de abarque avec la- gnant autrefois (18461 un instrument de la famille
quelle on transporte le fumier sur le canal de Lu- des saxophones, est aujourd’hui employée pour
nel, et (18751 de ((contrepoids suspendu A l’une des saxophone dans les milieux du jazz EV.1970, améri-
extrémités du rouleau sur lequel est monté le poil ctisme), moins courante en ce sens que SAXO
des velours frisés et des velours coupés)), peut-être n. m. Idéb. xxe s.1, aussi utilisé comme abréviation
d’après la valeur de «personnage grossier>>. de SAXOPHONISTE n.(i9381.
b SAXHORN n. m. 11846) est composé de l’alIe-
SAXHORN -3 SAXOPHONE mand Horn -cor», issu du gotique haurn qui se rat-
tache au latin cornu (-+ cor). Le mot se dit d’un ins-
SAXIFRAGE n. f. ou m. est emprunté (xm” s.) trument à vent en cuivre, à embouchure et à
au bas latin skfiagu Uwrbal, variante du neutre pistons.
saxitiu@m, littéralement *qui brise les pierres* ; ce
mot est composé du latin classique suxum «pierres SAYNÈTE n. f., écrit suinette (17643 puis saynète
et de l’élément -~@US C-a,-uml “qui brisen, dérivé en 1823, est emprunté à l’espagnol sainete, en véne-
SBIH3 3406 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

rie <morceau de graisse que l’on donne aux fau- quaISe aussi Il5011 ce qui est difEcile, présente des
cons quand ils reviennentm, d’ou cassaisonnementn dangers et au figuré (1549) un langage, un auteur
puis Npetite pièce bouffonne>>; le mot espagnol est désagréable, sens disparus. +Par extension, il
un diminutif de sain ~graisse=, issu du latin popu- s’emploie (1718, Le Roux) pour qualifier ce qui est
laire “suginem qgraisse» (+ saindoux). diEcile à évoquer, spécialement ce qui choque la
4 Terme d’histoire littéraire, saynète désigne une décence Il 7731, sens aujourd’hui le plus vivant.
comédie bouffonne du théâtre espagnol, jouée pen- 0 voir IkoÏNE, SCABIEUSE,SCAPmRE.
dant l’entracte d’une grande pièce. oLe mot par
confusion avec scèw (pour “scénettel est devenu SCAFERLATI n. m., attesté en 1707 chez
(19041 le nom d’une petite pièce comique en une J. A. Helvetius au sens de <<tabacturc)> et repris en
seule scène, avec peu de personnages (cf. sketch). 1762, est d’origine incertaine. L’hypothèse selon la-
quelle ce serait le nom d’un ouvrier italien qui tra-
SBIRE n. m. est un emprunt (1552, Rabeltisl à vaillait à la Ferme du tabac dans la première moitié
l’italien sbirro apolicier>>, forme altérée de birro, du du XVIII~s. n’est pas fondée. P. Guiraud propose de
bas latin biwus ou bures wouxm, lui-même em- rapprocher le mot du verbe Italien scarpellare
prunté au grec puros adj. <(d’un rouge de feu)), «couper (avec un scalpel))> I-, scalpel).
«roux», dérivé de pur, pur-os«feu> t-+ pyro-1. On a 4 Le mot désigne un tabac fmement découpé, pour
supposé que birro, sbirro venait du fait que le sbire la pipe ou la cigarette.
était vêtu de rouge, mais cette couleur a une valeur
symbolique négative qui a pu stisamrnent moti- 0 SCALAIRE n. f. et n. m. est un emprunt
ver l’emploi (cf. en argot français, la rousse 4a po- (18011 au latin scalaris ad’escaliep+ <<dedegrés)), dé-
lice»). rivé de scala, surtout employé au pluriel scalae et
4 Le mot a désigné un agent de police, en parlant qui a donné échelle”.
de l’Italie, puis péjorativement En XVII~ s.1 un poli- 4 Le nom férnînin désigne un mollusque gastéro-
cier, en France. La valeur négative attachée à la pode, dont la coquille porte des côtes lisses, espa-
fonction explique que le mot ait désigné 07911 le cées comme les degrés d’une échelle. C’est aussi,
forçat qui rivait la manille de pied de ses compa- au masculin, le nom d’un poisson d’aquarium, ori-
gnons. Par extension, sbire équivaut à <<homme de ginaire du Brésil, au corps aplati et rayé de jaune et
mainm (attesté 1862, Hugo), sens annoncé dans de noir (attesté XX~ S.I.
Beaumarchais, 1795. b SCALARIFORME adj., composé (1842) de scala-
ris et de fomte*, est un terme de sciences naturelles
SCABIEUSE n.f. est emprunté (1314, après IcoquiUe scalarifome) et de botanique (vaisseaux
scabiose (XII~~ s-1 au latin scientifique médiéval sca- scalarifomzesl.
biosa, féminin substantivé du latin classique scabio- @ SCALAIRE adj., didactique ( 19641, est employé
sus <<raboteux, rugueux)), *galeuxa, dérivé de sca- dans motif scalaire aen forme de grecque et de
bies caspétité, rugosité=, <<gale (des arbres, des ligne brisée», fréquent dans l’art précolombien.
plante& et au figuré adémangeaison-. Ce nom dé- 0 voir 0 SC-.
rive de scabere <gratter, se gratter)) (+ scabreux).
+ La scabieuse, ainsi nommée parce qu’elle passait 0 SCALAIRE adj. et n. m. est la francisation
pour guérir de la gale, désigne une plante sauvage (18853 de l’anglais scular “qui ressemble à une
ou cultivée utilisée aussi en médecine pour ses ver- échelleu, emprunt au latin scalati cd’escaliern
tus dépuratives. Employé comme adjectif inva- (+ 0 scalaire), et employé comme terme de mathé-
riable ( 18351, le mot se dit d’une couleur violette matiques depuis 1853. (Hamilton, puis Maxwell en
semblable à celle des fleurs de la scabieuse. physique, etc.).
b SCABIEUX, EUSE adj., emprunté au latin sca- +Scalaire se dit de toute grandeur stisamment
biosus, a Sign%é 113891 “qui a la gale- ; l’adjectif s’est détie par un nombre, par opposition aux gran-
employé en médecine 115451pour qualser ce qui deurs vectorielles.
est relatif à la gale. b SCALANT. ANTE adj., didactique (19781, dérivé
savant du latin scalare <<escalier>)(+ échelle), se dit
SCABREUX, EUSE adj. est emprunté (1498- d’une courbe, d’une ligne dont les parties ont la
1501) au bas latin scabrosus, de même sens que le même structure que le tout.
latin classique scaber <<rude (au toucher))), aâpre,
inégal)), acouvert de crasse, malpropre3 et au figuré SCALÈNE adj. et n. est emprunté (1542) au bas
adur)). C’est un dérivé de scabere agratter, se grat- latin sculenus, terme de géométrie, lui-mkme re-
ter>). Le verbe se rattache à une racine indoeuro- pris au grec skalênos “qui penche d’un côté; boi-
péenne “skebh-, skobh- que l’on retrouve dans le teux)), d’où en mathématiques &npair», et terme
gotique skabun Mgrattern, le grec skaptein acreu- de géométrie appliqué à un triangle aux côtés iné-
sep, le latin scobis araclure, copeaw ou le vieux gaux Skulênos dérive de skallein <fouiller, piocher,
russe &obK, désignant sans doute un racloir. +Le sarcler), mot que l’on rattache, dans diverses
français avait repris scaber sous la forme scubre langues indoeuropéennes, à des termes si@&
adj, <<rude au touchen, en parlant d’une étoffe =fendreB, comme le lituanien skilù ou le hittite gkal-
(154 1) puis comme terme d’histoire naturelle ( 1798). lai-.
+ L’adjetiifa d’abord qualif% un chemin rude, rabo- + Le mot conserve le sens du latin dans triangle
teux, avec la variante escabreux au xwe siècle. Il scalène. Il se dit en anatomie de chacun des
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3407 SCANDER
muscles de la partie antéro-latérale du cou, de l’émotion que provoquent des actes, des propos de
forme triangulaire Iv. 1560, Paré, muscle scaZ&e; mauvais exemple. Pierre de scandale s’est employé
1611, scalènes n. f. pl.). dans ce sens laïc et se disait (déb. XVII~ s.1de tout ce
qui fait obstacle à la réussite d’une a$aire. Fure-
SCALP n. m., attesté en 1769 chez Volney tière rappelle que la pierre de scandale était dans
(d’après Mackenzie) puis en 1771, est un emprunt à 1’Antiqtité romaine une pierre élevée devant le
l’anglais scalp acalotte crânienne= ( 1300, dialectal1 Capitole, #sur laquelle on faisoit heurter par trois
désignant spécialement (1601) la chevelure d’un fois à CU nud* les banqueroutiers. 0 Le mot s’em-
ennemi vaincu, détachée par incision de la peau du ploie aussi depuis le XVII~s. ( 1657) pour parler de
crâne, que les Indiens d’Amérique conservaient l’effet démoralisant que provoquent des actes bk-
comme trophée. Le mot anglais se rattache à la fa- mables, d’où SHB scandale t 16661, faire scandale
mille du gemnanique “skala, variante “skalja wo- (1690) ; maiion de scandale Cl6901 &eu de prostitu-
quille>> (3 calotte; écale). tion>> est archaïque. Par extension, le mot désigne
$ Scalp est introduit avec le sens de l’anglais en (av. 1834) une grave affaire qui émeut l’opinion pu-
parlant des Indiens d’Amérique (aussi scalpe, 1870). blique, notamment en finances.
OL’emploi pour =a&ion de scalper> (1826, Cha- wSCANDALISER v. tr. (14091, d’abord escandali-
teaubriand, krit scalpel traduit l’anglais scaEping, sier Cv.11901,scandalizer 112951,a été emprunté au
substantivation du participe présent de to scalp bas latin chrétien scandalizure, lui-même du grec
«scalpern (attesté en 1750, en américain1; on relève ecclésiastique skandulizein (dérivé de skundalon).
aussi scalpement 11870) et scalpation (1877) en ce *Le verbe français conserve d’abord les sens éty-
sens. De cet emploi vient la locution danse du scalp mologiques, Gnciter au péché* et qsusciter par son
( 1845) qui traduit l’arnéricti scalp@ dance ( 1755) mauvais exemple la réprobatiow, d’où se scandali-
et scalp dance (17911. ser (1440-1475) «se rendre coupable devant Dieu»,
b SCALPER v. tr. correspond (1769) à l’anglais sens disparu. Par extension, le verbe a slgnifré sdi-
to sculp aarracher le cuir chevelu à un ennemis> liguer (quand il s’agit du mal)» (v. 1380, escaadali-
(16931,dérivé de scalp; en dérive SCALPE~R n, m., sier) puis *diSmer, déshonorern ( 14091, encore à
«celui qui scalpe ses victimes>~ ( 18451. Le mot dé- l’époque classique, et dans un emploi concret gfaire
signe aussi en technique un gros crible sélection- mal (à qqn) physiquement)) (1644, Scarron).
nant les morceaux à broyer par un concasseur. SCANDALEUX, EUSE adj. reprend le bas latin ec-
clésiastique scundalosw <abominable», dérivé de
SCALPEL n. m., écrit scupel Cv.1370, Chauliad, scandalum. 0 Terme de religion (136 11, couram-
relevé ensuite en 1539 sous la forme actuelle Iva- ment appliqué en général à ce qui provoque un
riante scalpelle, 15541, reste rare jusqu’au XVIII~siè- scandale (attesté aussi en 13611, l’adjectif s’est dît
cle. 11est emprunté au latin scalpellum ((lancettem, ( 15961d’une personne qti en met une autre en dan-
diminutif de scalprum voutil tranchantn I-, 0 ger de péché. Il qualSe surtout (1690) ce qui est re-
échoppe), dérivé de scalpere ugratterm, acreuser» et latif aux scandales et, par extension, ce qui repré-
spécialement wgraver, tailler)> (+ sculpter), verbe sente un abus, est inadmissible. 4Le dérivé
sans étymologie connue. SCANDALEUSEMENT adv.(v. 14701, ade manière
scandaleuse)), s’emploie familièrement pour <d’une
+ Le mot désigne un instrument en forme de cou-
manière extrême>.
teau à un ou deux tranchants et à manche plat, uti-
lisé pour les dissections. Par métaphore, scalpel se
dit (attesté 1835, Gautier) d’un instrument d’ana- SCANDER v. tr. est un emprunt savant (1516)
lyse psychologique. au latin scandere proprement <monter, gram,
puis, dans la langue des grammairiens (mes.1,
SCANDALE n. m. est un emprunt (XII~~.) au Mscander Iles ver&, par allusion aux mouvements
bas latin sca~alum apierre d’achoppementm et ((ce du pied qu’on levait et baissait pour marquer la
qui fait tomber dans le mal>; le latin, pour traduire mesure. Le verbe se rattache à une racine indoeu-
X’hébreu mikSôZ *obstacle, ce qui fait trébucher», a ropéenne signifiant cmontep, que l’on retrouve
repris le grec skundalon epiègem (skandalê désigne dans scala b échelle) et dans le grec skundaZon
le trébuchet d’un piège où se trouve placé l’appât), I+ scandale). En ancien tiançais un verbe escutiir
pris au figuré sous l’influence d’emplois bibliques (v. 1240) s’est employé au sens propre du verbe la-
pour (<occasion de scandale, de péchén; skundalon tin jusqu’au xve siècle.
est apparenté au latin scundere (+ scander). Scun- + Scander, avec la valeur grammaticale de son éty-
dalum a par ailleurs abouti à esclandre”. mon, signifie d’abord aprononcer (un vers) en mar-
4 D’abord terme de religion, scunduZe se dit d’une quant fortement chacune des syllabes qui le
occasion de péché, sens qu’il a dans pbm-e de scun- composentn (15161 et adécomposer (un vers) en ses
dale (1530, par retour à l’étymologie). 0 Par figure éléments métriquesn 11573). 0 Par extension (1766,
et avec une valeur tiaiblie, le mot signifie udé- Rousseau), le verbe s’applique à la phrase musicale
sordre, tumultes cv.1360, escunduZe; 1611, scun- Cwx&er un air1 et s’emploie en parlant d’un texte,
dulel. Au XVI~s. il se dit pour «&ont~ E15301,Macte d’un discours que l’on prononce en détachant les
qui provoque la réprobation publiquem, emplois qui syllabes (1854). Au figuré 11893) il correspond à
demeurent à l’époque classique dans être scandale emarquer, souligner fortement=.
à qqn eoffenser (qqn), ( 15501puis être en scandale à MCANSION n. f., terme didactique emprunté
r15531. 0 Le mot désigne aussi II5411 l’indignation, Cv.17501 au latin des grammairiens scunsti wan-
SCANDINAVE 3408 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sionn, dérivé du supin de scandere, se dit de l’action d’abord tout objet creusé, «vase», Kcanot)>, Hbarque)),
ou de la mtière de scander (un vers); on relève et un&, undros =hommeD (3 andro- ; andre). Le pre-
aussi SCANDAISON n. f., dérivé de scander, chez mier élément vient du grec skuptein acreuser= ap-
Marmontel à la t5n du XVIII~ siècle. Le mot s’emploie parenté au latin scubere (cgrattern (-, scabreux). Le
en termes de pathologie ( 1933, après parole scan- grec skuphê a été emprunté tardivement par le la-
dee (19041, et désigne un trouble de la prononcia- tin scupha <<barque-.
tion qui consiste & forcer l’accent sur Certa;ines syl- + Scaphandre apparaît avec les sens de aceinture
labes de sauvetagen 11767) et de avêtement permettant de
0 voir ASCENlL4NT, CONDESCENDRE, DESCENDRE, se soutenir sur l’eau* (17751, disparus. Le sens mo-
ÉCHANTILLON, 0 SCANNER, TFUNSCENDER. derne, aappareil de plongée individueln, est attesté
en 1796, et plus sûrement en 1858, la réalité dé-
SCANDINAVE adj. et n., attesté en 1756 chez signée existant déjà au XVII~siècle. L’expression
Voltaire, est emprunté au latin Scadinatia ou scaphandre automme Epowvu d’une bouteille d’air
Scandinuvia, qui a pour origine un ancien germa- comprim4) apparaît en 1933 dans les dictionnajres.
nique skadinanju. Ce mot pourrait dériver d’un Scaphandre spatial se dit depuis 1961. +Par analo-
mot archtique sigdant de». gie, le mot désigne par ailleurs 118281 un mollusque
4 L’adjectif qua%e ce qui est relatif à la Scandina- gastéropode qui vit sur les côtes de l’Atlantique et
vie ou à ses habitants; le mot se dit (1870, adj. et n.1 de la Méditerranée.
des langues du groupe germanique septentrional b Du sens général dérive SCAPHANDRIER n. m.
(danois, islandais, norvégien, suédois), dont la plus (1805 au sens ancien de scaphandre, puis 1870;
ancienne était le norrois 1868, scaphandre&, «plongeur muni d’un sca-
b Le dérivé SCANDINAVISME n. m. (18561, sufke phandre non autonome,. 4 L’emploi en zoologie a
-isme, désigne le système politique qui s’inspire, fourni SCAPHANDRIDÉS n. m. pl. 119043,de -idé,
depuis la ~III du ~VIII~s., de la communauté ethnique du grec endos «forme, apparence,, désignant la fa-
et linguistique (partielle) des pays scandinaves. mille de mollusques comprenant le scaphandre.
SCAPH-, SCAPHI-, SCAPHO-, élément tiré du
0 SCANNER n. m. est l’emprunt (1964) d’un grec skuphê, entre dans la composition de quel-
mot anglais dérivé de to scun *scruter, examiner ques mots SaVa& parmi lesquels: SCAPHITE
minutieusementn, de même origine que le tiançais n. m. (18391, terme de paléontologie, <<mollusque à
scander*, tentacule)) et SCAPHOPODES n. m. pl. (av. 18921,
4 Scanner est d’abord employé comme terme dïm- de -pode, du grec pous, podos «piedn, terme de zoo-
primerie, désignant un appareil de photogravure logie. Comme second élément de composition,
analysant et reproduisant des clichés typogra- -scuphe apparaît dans quelques mots savants tiu-
phiques d’après des documents en noir et blanc ou thyscuphe, pyroscuphel.
en couleurs ; il désigne aussi 11975) un appareil uti- Quelques mots de la famille sont empruntés direc-
lisé en cartographie pour enregistrer une image, tement au grec ou au latin. +SCAPHOÏDE adj.
un document, etc. et convertir l’information origi- (1538) reprend le grec tardif skuphoeidês aen forme
nale sous une autre forme. 0 Le mot est plus cou- de barque>>, de eidos aforme, apparencen; ce terme
rant comme terme de médecine 119743pour xcappa- d’anatomie s’emploie notamment dans os sca-
reil de radiographie en profondeur, traitant les photi (fin XVI~s,, aussi n. m.). + SCAPHÉ n. m. est
resultats obtenus par une calculatrice glectro- emprunté (1818) au latin scuphe acadran solaire
nique=. SCANNEUR n. m. (1980, J. 0.1, adaptation concave*, lui-même au grec skaphê aobjet creusé,.
de l’mglicisme, est la fomne recommandée officiel- Ce terme d’Antiquité désigne un gnomon” et un
lement. vase sacrificiel. * SCAPHIDIE n. f. (18761, emprunt
au grec tardif skuphidion, diminutif de skaphis Npe-
b Sur scanner a été dérivé le terme technique
tit objet creusé et oblong, dénomme un insecte
s CANNAGE n. m., wtilisation d’un scannern C19801
ovale, noir taché de rouge. *SCAPHÉPHORE
tcf. buluyugel, pour remplacer l’anglicisme scun-
n. m. (18761, pris au grec skaphêphmos, de -@oros
ning n. m. 119731, emprunté à l’angltis scunning
aqui porte» (dérivé de phwein aporter4, s’applique
(19681, dérivé de to scan. 4À partir de scanner ont
au porteur de vases sacrifrciels, dans l’iintiquité
été composés les termes de médecine SCANO-
GRAPHIE ou scunrmgruphie n. f. ( 1972) et SCANO- grecque.
GRAPHE ou scannogru@e n. m. (19771, recom-
mandé officiellement pour remplacer scanning et 0 SCAPULAIRE n. m. est la réfection ( 1380)
scanner. 0 SCANOGRAMME (ou sCanmg?'U??2?ne)
de cupuluire Il 1951, encore chez Ch. de Pisan (fin
n. m. (19801, emprunté à l’anglais scunno@um, dé- xwe s.3; on note aussi les variantes anciennes cha-
signe l’image obtenue grâce à un scanner, en tech- pulaire Km XII~4, scupelaire (12001, scupelluire en-
core en 1611. Le mot est un emprunt savant au latin
nologie radar.
médiév~ scupuluris flrelatif à l’épaulen (variante
0 SCANNER v., adaptation (1980) de l’anglais
to scan, si@e abalayer à l’aide d’un scanner (en scupulutium~, dérivé du latin classique scupulue
cartographie)a et, intransitivement, &iliser un n. f. pl. aépaule+, peu représenté dans les langues
scannem romanes oti il a été remplacé par sputulu aépaule
(d’animal)= I+ spatule).
SCAPHANDRE n. m. est composé savam- + Le mot désigne d’abord un vêtement que portent
ment ( 17671 des mots grecs skupkê, désignant sur leur robe des religieux de certains ordres, ainsi
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3409 SCARLATINE

nommé parce qu’il recouvre les épaules à l’aide de Louis XIII, et resta attaché au personnage qu’il in-
deux larges bandes d’&toEe. 0 Au XVII~s., il se dit terprétait .
par analogie 11671) d’un objet de dévotion constitué 4 Scurumouche se dit d’un bouffon de la comédie
de deux petits morceaux d’étoffe bénits, réunis par italienne, tout habillé de noir. Par référence au ca-
deux cordons et portés au cou; de là nkdaille sca- ractère du personnage, le mot s’est employé Iitté-
pulaire Ntenant lieu de scapulaire>) E1935). * Par ex- rairement et momentanément (18451 en parlant
tension scapulaire désigne ensuite en chirurgie d’un homme vantard et poltron.
11752) une large bande de toile passée sur les
épaules pour retenir un bandage. SCARIFIER v. tr. est emprunté (1500, scurefier)
b 0 SCAPULAIRE adj., dérivé savant (1721) du la- au bas latin médical scurificure war%ern, adapta-
tin scapulae sur le modèle du nom, quaIse en ana- tion sous l’influence de sucrifccure ~sacrifïer~ du la-
tomie ce qui appartient à l’épaule ou à l’omoplate tin impérial scurifure, emprunt au,grec skuriphas-
( 172 1). L’adjectif est employé par extension en zoo- thut *inciser légèreme&. Ce verbe dérive de
logie 11791, plume scapulaire). 0 Il a servi de base skuriphos *stylet,, qui se rattache à une racine in-
aux composés SOUS-SCAPULAIRE n. m. (1690), doeuropéenne “sker- <gratte>, Gncisep, comme le
Nmuscle qui est sous l’épaulem (1765, adj.1, et INTER- latin scribere (+ écrire). L’allemand schrdpfen, le
SCAPULAIRE adj . t 19051,de inter-*. portugais surrafur, l’espagnol Su@r viennent aussi
SCAPULIob, élément tiré du latin scupulae, entre du latin scutificure.
dans la composition de quelques mots savants : + Scurik reprend la valeur médicale du verbe la-
SCAPULO-HUMÉRAL,ALE,AuX adj. (18391, de tin, c’est-à-dire <<inciser superfkiellement (la peau,
humé&, est un terme d’anatomie. +SCAPULO- les muqueuses) pour un écoulement de sang ou de
MAN~IE n. f. (19751,de -mande*, est un mot didac- sérosité». Ventouses scuriflées (v. 1560) se dit de
tique qui se dit d’un système de divination par l’in- ventouses appliquées sur des parties du corps
terprétation des os brûlés, notamment des préalablement scatiées. ~AU xrxe s., le verbe
omoplates du daim, pratiqué en particulier dans la passe dans le vocabulaire de l’agriculture, sous l’in-
Chine et le Japon anciens. fluence d’un sens étendu antérieurement de scuri-
ficution (ci-dessous), et se dit pour chiner la terre au
SCARABÉE n. m. est un emprunt savant 11526) scarificateurn (depuis 18701, puis en arboriculture
au latin classique scarubueus aescarbot (sorte de <procéder à la sctication de l’écorcen (1904; 1907,
scarabée)*, lui-même altération du grec kurubos de la vigne). Comme scurificutin, il s’emploie en
acraben, kngoustes et <warabée», mot qui désigne anthropologie.
aussi un bateau en grec byzantin (+ caravelle, ga- +Le verbe a fourni SCARIFICATEUR n. m.,
bare1. Ce terme méditerranéen, probablement em- d’abord en médecine Iv. 15601, puis en agriculture
prunté, a été repris en latin sous la forme carabus, 118421, désignant aussi (1964) un engin de chantier
qui Sign%e à la fois «craben et Nbarque en osier re- destiné à ameublir supeticiellement un sol durci.
couverte de peaw. En latin populaire, il existe un + SCARIFIAGE n. m. est un terme d’agriculture
doublet oscu&ks et dans les Gloses scatiagius (1859).
Ix” s.3.Le latin scarabueus a abouti en ancien fran- SCARIFICATION n. f. est emprunté 11314) au dé-
çais à la forme eschwbot C+ escarbotl. rivé latin impérial scurificuti Gncision de l’écorcen
4 Le mot désigne un insecte coléoptère dont le nom et <léger labow, devenu à basse époque terme de
scienttique est scarabaeus sucer, le scarabée sacré médecine. oLe mot français reprend d’abord
des Égyptiens, symbole de l’immortalité. En zoolo- I’emploi en médecine et se dit en arboricuItwe
gie, il s’applique par extension à tout insecte de la (1660, Boudin). Il désigne spécialement (xx” s.1 une
famille des scarabéidés ( 1803, proscurubél. 0 Au petite incision destinée à produire une cicatrice
xn? s., on relève l’emploi spécial (18193 pour Cern- durable et visible, constituant un marquage rituel
preinte ovale d’une pierre gravéem, disparu, puis symbolique dans certains groupes ethniques.
(18451 Kpierre gravée, bijou portant l’empreinte du
scarabée sacré-. Scarabée s’est aussi employé SCARLATINE n. f. est un dérive savant,
(18701 en parlant d’une courbe rappelant la forme d’abord comme adjectif (174 1, me scarlatine) puis
de l’insecte. comme nom féminin ( 18271, du latin médiéval scur-
de motafoumi,avec lesufke -idés,SCARABÉI- lutum &arlatem, latinisation de l’ancien français
DÉS n. m. pl., terme de zoologie (19041 écrit escurZute Ixn” s.1 1-+écarlate]. On a dit aussi If&vre)
écurlutine ( 17711,d’après écarlate. Une forme escur-
d’abord scurubéides (1804, Latreille), qui a rem-
placé SCARABÉOÏDE (18321, aujourd’hui adjectif lutin, ine adj., signifiant karlatep, est attestée à
partir du xwe s. (1562).
(me s-1qutiant en archéologie un contour rappe-
lant l’image du scarabée. + Le mot désigne une maladie infectieuse, conta-
0 voir CARABIN. gieuse et épidknique, caractérisée par une angine
rouge et un exanthème cutané écarlate. L’emploi
SCARAMOUCHE n. m., relevé chez Molière adjectivé, dans Gvre scurlutiw, est sorti d’usage ; le
en 1665, reprend le nom propre donné à un person- masculin est rare Irhumutisme scurlutinl.
nage de la comédie italienne, de l’italien Scuru- ~DU nom dérivent des termes de médecine.
muccio, Sign%ant proprement eescarmouche*n. Le -SCARLATINIFORME adj. (18521, de -fomze*, si-
mot fut d’abord le surnom attribué à l’acteur napo- gn5e “qui ressemble à la scarlatine>. 4 SCARLA-
litain Fiorelli lorsqu’il vint à Paris, à l’époque de TINEUX, EUSE adj . (19041 correspond à <relatif à la
SCAROLE 3410 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Scarlatine~. *SCARLATINELLE n.f. (1972) est le posée sur des actes pour les authentsern Iv. 1180).
nom d’une fièvre kuptive de l’enfant, ressemblant L’emploi figuré pour ace qui confirme», surtout
à la scarlatine et non contagieuse. usité dans la langue poétique, est attesté depuis la
ti du XII~ s. (le seel de foi a fiait ail a rompu l’alliance
SCAROLE n-f. succède kves.), avec sa va- avec Dieu4 0 Par extension, le mot s’applique en-
riante escarde, à scatile (XIII~ ~3.1,emprunté au tos- suite au droit attaché à l’emploi de l’empreinte
can scariola issu d’un latin populaire oescu~oZiu. Ce d’authentiikation Km XIV~ s., seel), d’où droits de
mot, qui sime proprement ~martgeable~~, est dé- sceaux (xv” s.1 et au xwf s. *taxe du droit du sceau)>
rivé du latin classique escutius “qui sert aux repas», (16901,depuis droit de sceau. Sceau désigne aussi
abon a manger» ; cet adjectif est lui-même dérivé de (1530) une marque de fabrique indiquant l’origine.
esca ~nourriture~ et dans la langue des pêcheurs + Parallèlement, au milieu du XVI~ s., le mot appa-
“appât, aznorcem I-, esche), dérivé de eokre aman- raît en composition pour désigner des plantes dont
gep (+ comestible, obèse), verbe à flexion irrégu- une partie semble marquée d’une empreinte :
lière concurrenc6 par mandere xmâchern, puis sceau-de-Salomon n. m. 115491,dont le rhizome
manducare qui a donné manger. garde, à la chute de chaque tige, une cicatrice sem-
4 Scarole désigne une sorte de chicorée consom- blable à un sceau ; sceau de Notre-Dame (15731,
mée en salade, d’abord (15381 seau Nostie Dame. 4 L’emploi figuré
de sceau pour Nsigne mtieste de qqch.m Cv. 1223)
SCATOLOGIE n. f. est un composé de forma- semble se répandre au WI~ s. (15531, et pour ace qui
tion savante au XIX~ s. (attesté en 1868) de scato-, rend inviolable» dans la locution sous le sceau de
tiré du grec skutos, genitif de SI& Mexcrémentsn confession ( 1546, Rabelais ; . ..& lu confession,
I-P scorie), mot d’origine indoeuropéenne, et de Jo- apr. 16501,puis couramment dans sous Ie sceau du
gw. secretapréservé par l’inviolabilité du secretn (1691).
* Au XVII’ s., au pluriel, sceaux désigne la fonction
4 Le mot se dit de propos, d’écrits où il est question de chancelier (1636) et l’on dit dans ce sens garde
d’excréments et par extension d’un discours, de des sceaux. -Enfm, à l’époque classique, le mot
plaisanteries axés sur ce thème. sert de substantif verbal à sceller et signCe caction
b En dérive SCATOLOGIQUE adj. (1863,Goncourt) de sceller Iune lettre, un acte, etc.), et atemps, lieu
aqui a rapport à la scatologieti Ipluisunteti scaCoEo- où l’on scellem, d’où oficiers du sceau adont les fonc-
gig&, abrégé familièrement en scuto, et “qui a tions ont rapport au sceaw (16901.
rapport aux excrément9 (aussi n. m.). + SCATO- b Le composé CONTRE-SCEAU n. m., d’abord
LOGUE n. m. (1886, Bloyl, de -logue*, rare, se dit contresueel(12561 puis contre-scel El611; encore re-
d’un écrivain qui verse dans la scatologie. levé en 1878, Académie), terme technique, désigne
À partir de l’élément SCATO- a été composé SCA- un petit sceau complémentaire, apposé au revers
TOPHILE adj. (18391,de -@le*, “qui vit ou pousse du grand.
sur les excrémentsm, terme de sciences naturelles. SCELLER v. tr., réfection (1229, seler) de Seiekr
+ SCATOPHAGE adj. est directement emprunté (10801,seeler (v. 11311, représente l’aboutissement
(15521 au grec shatophugos, composé de skates et du latin populaire “sigellare, altération du bas latin
de phugein, infinitif aoriste second de esthiein sig&re «empreindre, marquer d’un signe, scellern,
<(manger» (-+ -phage). 0 L’adjectif, didactique ou lit- dérivé du classique si@um. +Le verbe signiCe
téraire, signifie “qui se nourrit d’excrémentsn. En d’abord (1080) “appliquer un sceau sur (un acte)
emploi substantivé ( 18363, le mot désigne la pour l’authent%ers, (cf. cacheter). Au début du XI~~s.
mouche dite couraxnment découche St merde et un (v. 11191apparaît le sens analogique, «fermer her-
poisson qui cherche les lieux de déversement des métiquement (une ouverture, un contenant)m.
égouts pour se nourrir (18763.0 Le mot a servi à 0 Par extension, sceller se dit Iv. 1130) pour &xer
former SCATOPHAGIE n. f. (1904). Iqqch.) dans un mur, de la pierre, etc. avec du
plâtre, du ciment, etc.*; de là viennent les emplois
+# SCEAU n. m. est l’aboutissement C1256, scel ; techniques, par exemple sceller une glace 11765) et
CI mes., seau) de formes comme seel El0801 et sceller des pavés (18701, De la première valeur pro-
jusqu’au xrve s. suel, sui&, seial, seux, seau, etc. ; le c cède l’usage spécial de sceller pour <apposer les
(xv” s.), qui n’est pas étymologique, est destiné à dis- scellés sur (un objet), (1328). ~Sceller (une pro-
tinguer le mot de seau. La forme sceau l’emporte et messe, une dkcision, etc.) wla confirmer par un acte
élimine toutes les autres à partir du xve siècle. muni de sceaux” Iv. 1360, seelerl est sorti d’usage,
Toutes les formes sont issues du latin populaire “si- mais se perpétue dans l’emploi figuré au sens de
geElum, altération du latin classique si&lZuwz, pro- aconkmep, d’abord dans les constructions (v. 1360)
prement &gurine, statuette=, d’où aempreinte d’un seekr que «cert%er queB, sceller qqn de qqch. alui
cachetM et esigne, marques, diminutif de signum promettre que,, etc., disparues.
amarque distinctive, empreinten, avec divers em- Le verbe a plusieurs dérivés. * SCELLEUR n. m.
plois spéciaux, parmi lesquels acachet, sceaw (v. 1260 seeleres (sujet); seelleur, XIV~ s.), sorti
b signe). d’usage pour désigner une personne qui appose un
+Le mot est d’abord attesté (1080, seel) au sens sceau, est un terme technique, de même que
d’aempreinte faite par un cachet sur de la cire, du SCELLAGE n. m. (1425, seelluge; 1765, forme mo-
plomb, etc.n, puis Ixn” s-1 ecachet sur lequel sont gra- derne), aaction de sceller (qqch.1 avec un mortier>.
vées en creux l’effigie, les armes, la devise (d’un + SCELLÉ n. m., d’abord synonyme de sceau <<ca-
souverain, d’un État, etc.) dont l’empreinte est ap- ch& ou cempreinten 114391, désigne en droit (1671,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3411 SCÈNE

apposer 2escellé; puis 1804, les scellés) le cachet de terme technique de théâtre. ~L’emploi figuré
cire apposé par l’autorité de justice sur la ferme- pour <déroulement selon un plan préétabliB
ture d’un meuble ou la porte d’un local. + SCELLE- (av. 1850) ne s’est répandu qu’au xxe s., sous l’in-
MENT n. m. ( 1469, sellement; 172 1, forme moderne) fluence du sens devenu courant de scénario (1907,
s’emploie en maçonnerie (1671) se dit par exten- Méliès) qui désigne en cinéma la description rédi-
sion pour <fermeture hermétique> C17971et par mé- gée de l’action d’un film.
tonymie (18353 de la partie d’un objet scellé enga- k De cet emploi dérive SCÉNARISTE n. (1915), aau-
gée dans la matière qui scelle. teur de scénarios de fkw.
Parrni les composés de sceller, deux sont encore en
usage. +DESCELLER v. tr. (14731,réfection de des- SCÈNE n. f., relevé isolément au pluriel au xv” s.
saieler Cv. 11801, de 0 dé-, sime adéfaire ce qui est (Raoul de Presles3 puis au singulier au XVI~s.,
fermé d’un sceau, d’un cachetm puis ( 16601 a une va- (av. 15741, est un emprunt au latin classique scaena,
leur technique; en dérive DESCELLEMENT n. m. scena escène (d’un théâtre)*, -théâtres et par figure
(1768). bCONTRE-SCELLER v.tr. (1307, contres- «scène publique, scène du monden, puis Ncomédie,
cellerI, de contre * d’après contre-sceau (ci-dessus), intrigue» et à basse époque *partie d’un actes. Le
amarquer d’un contre-sceau», est vieilli. mot latin est lui-même emprunté au grec sk&G
0 voir SXGILLAKRE. *endroit abrité>, 4enten, Mtréteaw et terme tech-
nique de théâtre pour ascènem.Skênê est peut-être
SCÉLÉRAT, ATE adj. et n. est un emprunt apparenté à skia aombrem, d’origine indo-
savant (1536) au latin sceleratus, participe passé ad- européenne.
jectivé d’emploi très fréquent du verbe scelerare. +Le mot a d’abord désigné les représentations
Ce verbe, d’usage seulement poétique, Sign%ait théâtrales de 1’Antiquité. Il est réemprunté au mi-
gsouiller d’un crime)) et sceleratus #souillé par un lieu du XVI~s. mais ne se répand qu’à l’époque clas-
crime commb, d’où «criminel, impie, infâmep et sique avec le développement de l’art dramatique,
adésastreux, funeste, fatal%. Le verbe est dérivé de et entre alors dans diverses locutions et expres-
scelus, -ek, terme général d’origine probablement sions. Scène s’emploie aussi lune fois au xvie s.
religieuse, qui a les sens de {{mauvaise action, faute, av. 1564; repris en 16371 au sens de ,apartie d’un
crimes et, dans la langue familière, de «vaurien, cri- acte d’un ouvrage drarnatiqueti et, à la fm du xwe s.
minel)>, aussi employé comme terme d’injure. Le 115961,désigne la partie du théâtre OUse déroule le
mot n’a pas d’origine connue. La forme scélérat, jeu des ackeurs ; avec cette acception, il entre dans
sans doute empruntée sous l’influence de l’italien la locution mettre (qqn, qqch.~ sur la scène 116601,
scellerato (de même origine), est surtout employée aujourd’hui mettre en scéne (17651 <représenter
substantivement jusqu’au XVII~siècle. Elle s’est par l’art dramatique> et, par extension (16781, adon-
substituée à l’adjectif scéléré, emprunt plus fran- ner à (qqn, qqch.) une place dans un ouvrage litté-
cisé Idéb. xve s.) qui sort de l’usage au début du raire, etc.B. Cette expression changera de valeur à
XVII~s. et qu’on relève plus tard IHuysmans, 19013 l’époque romantique (voir ci-dessous). 0 Figuré-
par archtisme littéraire. ment, scène se dit 11668) d’un lieu où se passe qqch.,
4 D’abord adjectif (15361, le mot s’emploie au sens et, dans le domaine théâtral ( 1669, Boileau), de l’ac-
de anoir, atroce, infâme,, en parlant d’une chose; tion qui fait le sujet de la pièce; il désigne par ail-
c’est cette valeur littéraire que l’on a dans Lois scé- leurs ( 1671) l’ensemble des décors du théâtre. Par
lérates, nom donné par l’extrême gauche aux lois métaphore, le mot fournit plusiem expressions,
d’exception votées en vue de la répression des me- aujourd’hui littéraires, la scèw française (1675) 4a
nées anarchistes ( 1894- 1895). 0 Scélérat, substan- littérature dramatique de la France>>, la scène tra-
tivé, désigne (1589) un criminel. Ce sens a vieilli; gique 11677) ala Tragédie, comme genre*, la scèw
l’adjectif correspondant (1600) fut à la mode dans la «l’art dramatique en générais ( 17621, la scène
phraséologie de la Révolution et il est sorti d’usage. comique (18421, la scène lyrique (18451. 0 La valeur
OPar exagération et dans un emploi ironique de apartie d’un acte>) (cf. acte), qui existait déjà en
(16841, comme fripon, bandit, le nom s’emploie pour latin tardif, est devenue usuelle au xwe siècle : la
parler d’une personne ou d’un enfant auxquels on scène change chaque fois qu’un personnage appa-
reproche une peccadille (petit scéZérat!l. raît ou disparaît. 0 Par analogie, le mot désigne
b L’ensemble des valeurs du mot a aujourd’hui d’abord familièrement (1676) un événement qui
vieilli, de même que les dérivés. +SCÉLÉRA- offre une unité, présente une action vive, un aspect
TESSE n. f., amanière d’être, d’agir d’un scélérat> émouvant, etc. Id. spectacle). 0 Scène se dit au fi-
115601 et <<action scélérate> (XVII~s.), est très litté- guré d’une explosion de colère, d’une dispute
raire. *SCÉLÉRATEMENT adv. (18361 est encore bruyante (1675) ; cette acception a fourni plus tard
plus rare. les locutions toujours très vivantes : faire une scène
t& qqd de prendre violemment à partieti (1782) et
SCÉNARIO n. m. est emprunté (1764, Beau- scène de ménage (1875). 0 C’est également par
marchais3 à l’italien scenati, proprement adécop, analogie qu’il se dit (1690) d’une composition re-
puis cdescription de la mise en scènen, dérivé de présentée en peinture comprenant des person-
scena ascènem, du latin classique scaena, scena nages et suggérant une action (par ex. dans scéne
(-4 scène). de genre); par métaphore, scèrte désigne un pay-
+Le mot désigne d’abord le canevas, le schéma sage auquel on prête la vie; cette acception, appa-
d’une pièce; il s’est employé au XKX~s. au sens de rue en 1722 dans une traduction de l’anglais scew
mise en scènep (1875) et reste jusqu’au x? s. un (du latin scena), est répandue par les préroman-
SCENIC RAILWAY 3412 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tiques. * Par ailleurs, scène avec le sens de =Partie phie, v. 1600, chez 0. de Serres) et (16761 la repré-
de théâtren s’emploie dans des locutions, souvent sentation en relief d’un édXrce, d’un modèle. 11re-
avec une valeur figurée : monter sur la scène I.16901 prend au xvrite s. le sens propre du grec, =art de
accéder à un poste qui attire l’attention publique%, peindre les décorations scéniquesn ( 1752, Trévoux).
paraître sur la scène ( 16941, occuper la scène (1835) Au XX~s., scémgruphk entre dans le vocabulaire
ou être toujours en scène aavoir un comportement du théâtre pour parler de l’étude des aménage-
thé&alm, la scène du monde =la société humaine ments matériels de la scène (19431, de la partie ma-
dans son aspect de spectacle)) (1829). 0 Mettre un térielle de la mise en scène et de sa théorie. *Le
0uWuge en scène, qui existait pour creprésenter au mot a servi à former SCÉNOGRAPHIQUE adj.
théâtreti, prend 118351 une valeur plus technique, (17621, d’après le dérivé grec skênogruphtios <qui
&ansformer (un texte dramatique3 en spectacle*, à concerne un décor de peinture», et SCÉNO-
laquelle correspond l’expression mise en scène GRAPHE n. (18293, ces deux mots ayant pris au
(1835). Ces expressions prennent des valeurs figu- me s. les valeurs nouvelles de scéwflu@k.
rées, notamment semettre en scène (av. 1850) ase PROSCENIUM n. m., emprunt savant (1719) au la-
mettre en évidence, et mise en scène aprésentation tin proscenium =le devant de la scènen, repris au
fictive> (18751. +Au XX~s., metteur en scène et mise grec proskênion de même sens, s’emploie comme
en scène sont repris dans le vocabulaire du cinéma, terme d’histoire et se dit par extension pour
concurrencés par réuksateur et réalisation. Metteur aavant-scèneB ; on a dît proscenio (1627) par em-
en scène n’a pas de féminin usuel. 0 Par ailleurs, le prunt au mot itallien correspondant.
mot entre dans le vocabulaire de la psychanalyse, 0 Voir SCÉNARIO, SCENE RAILWAY.
dans scène primitive ou plus récemment scène ori-
@aire, pour traduire l’allemand Urszene employé SCENIC RAILWAY n. m. reprend (1904) une
par Freud (1897, dans un manuscrit ; repris, en 1918, locution anglaise 11901; aussi scenic railroad) apetit
dans L’Homme aux loups) : ce syntagme désigne train d’agrémentn, composée de scenic ccpanora-
une scéne de rapport sexuel entre les parents, ob- miquea, dérivé de scew au sens de “paysagea lem-
servée ou supposée, puis fantasmée par l’enfant. prurit au latin scena; + scène), et de ruilwuy =che-
b Scène entre dans la formation de quelques min de fep !+ rail).
composés. + AVANT-SCÈNE n. f. 115701,de avant*, 4 Cet anglicisme est un équivalent vieilli de mon-
est d’abord employé pour désigner le proscenium tagne russe, que l’on nomme en Angleterre switch-
(ci-dessous), partie avancée des théâtres antiques, buck ( 18871 ou switchback ruilwuy (18881 et aux
puis, à la fxn du XVIII~s,, la partie d’un théâtre mo- États-Unis coller coaster (19031. Le scenic ruilwuy
derne située entre la rampe et le rideau (17901, op- anglais est appelé petit train en français.
posé à ARRIÈRE-SCÈNE n. f. 117691, de arrière”. De
l’emploi moderne vient loge d’avant-scène <placée SCEPTIQUE n. et adj. est un emprunt savant
sur le côté de l’avant-scènew 118351 puis une avant- 115461 au grec skeptikos «qui observe, réfléchitm et
scène (1863). Par analogie avec balcon, avant-scène comme nom, *philosophe sceptique». Le mot est
se dit familièrement (1861) pour désigner les seins dérivé de skeptesthui *observer, considérern, les
d’une femme. *SCÉNOLOGIE n. f., terme didac- philosophes sceptiques faisant profession d’obser-
tique, est composé (mil. xxe s.1 de scènCe1et de -lo- ver sans rien mer, Le verbe se rattache a une
gie* et se dit de l’étude et de la pratique de la mise racine indoeuropéenne “skep-, skop- <regarder-
en scène au théâtre. (-, -scope, -scopie).
SCÉNIQUE adj. est emprunté Iv. 13751 au latin sce-
nicus ~scaenicus1 adj. ade la scène, du théâtre>>, spé- 4 D’abord terme de philosophie, sceptique désigne
cialement employé dans senici <jeux scéniques» et 11546, comme nom) un partisan de la doctrine de
substantivé au sens d’aacteur, actricem ; le mot latin Pyrrhon et, comme adjectif, quaMe (1611) ce qui se
est emprunté au dérivé grec skênikos. *Scénique rapporte à cette philosophie du doute. 0 À la ti du
est introduit comme terme d’histoire dans jeux scé- XVII~s. et sous l’influence du cartésianisme apparaît
niques *représentations dramatiques dans l’Anti- le sens étendu de “qui doute de tout ce qui n’est pas
qui& Le sens généraJ de crelatif à la scène, au évidentn 11694, comme adjectti, répandu au milieu
théâtrem apparaît au xwe s. Cv.15791 d’après les em- du XVIII~(aussi comme nom) et devenu courant à la
plois de scène, mais reste rare jusqu’au XVIII~ siècle. iin du XIX~ s. (1883, Renan3 en parlant d’une per-
L’adjectif s’emploie ensuite dans art scénique (18401 sonne incrédule ou méfiante quant à un problème,
et se dit 118681 de ce qui convient particuIièrement un résultat.
à la scène, au théâtre Isituation scéniquel. * SCÉ- b Le dérivé SCEPTICISME n. m. suit un dévelop-
NIQUEMENT adv. Kdu point de vue théâtraln est pement sémantique parallèle ; d’abord terme de
relevé en 1877. philosophie (16691, il désigne la doctrine des philo-
SCÉNOGRAPHIE n. f. est empm’dé (1545) au latin sophes antiques dont le principe est de réserver
sceno@u@& kcaenogmphti <coupe en perspec- leur jugement et spécialement ( 17151 la doctrine
tiven, terme d’architecture, lui-même du grec skê- des pyrrhoniens. Le mot s’emploie par extension
nogru~lGa =description dramatiqueB, adécor de depuis le XVIII~ s., en parlant du refus d’admettre
peinture pour le théâtres, composé de skênê et de une chose sans examen critique (1746, Diderot)
-gruphia, de @u@ein I+ graphe). - Ce mot didac- puis au sens courant de atournure d’esprit incré-
tique s’emploie d’abord comme ternie d’architec- dule, défiance à l’égard des valeurs reçues» (1779).
turc, désignant l’art de représenter en perspective 4 SCEPTIQUEMENT adv. (1839, G. Sand), *d’une
des édifices, des sites, etc. (écrit aussi schem@~- manière sceptique,, est rare.
DE LA LANGUE FRANÇAISE SCHÉMA

SCEPTRE n. m., graphie savante d’après le la- non, lié au sens rhétorique archalque, il signik
tin (Chanson de Roland, 10801, a remplacé les «proposition rédigée en forme pour être soumise
formes ceptre h. 11201, esceptre 11165-11701, cepdre au concileu (1870). 0 À la ti du me s., schéma se dit
IV. 11801, cepre Iv. 1200l, septre (v. 1220; encore re- surtout d’un tracé qui figure, par les proportions et
levé en 17591, Le mot est emprunté au latin clas- les relations de certaines lignes, les lois de varia-
sique sceptrum ou scaeptrum <sceptre» au propre tions de certains phénomènes, en physique, en mé-
et au figuré, et avec des valeurs métaphoriques canique (av. 18931, puis en statistique, etc. 0 À la fm
&ôneB, *royaume, royauté)), =suprématie>). Le latin du ~IX~s. apparaît le sens de cdescription ou re-
reprend le grec skêptron, proprement <<bâton (pour présentation mentale ; structure du déroulement
s’appuyerIn et aemblème du pouvoir royaln, dérivé (d’un processuslD (cf. canevas, esquisse) dont pro-
de skêptesthai, mot d’origine indoeuropéenne, à cèdent les emplois en psychologie et en psychia-
rapprocher de lzoptein &apper*. trie, par exemple dans schéma corporel cimage
+ Sceptre s’emploie d’abord (1080) au sens propre mentale subjective que la consciénce (d’un indi-
de *bâton de commandement», un des insignes de vidu) forme de son propre corps~. L’idée de «tracé
la royauté. On relève depuis le moyen fkançais figurant Iqqch.) de façon simplifSeu a fourni (19351
(v. 1500, ceptie; 1553, sceptre) la valeur métapho- le sens de «plan d’un ouvrage de l’esprit, d’une en-
rique de ~pouvoir souverain, royauté)> dont pro- treprise, etc., réduit à ses traits essentiels)>. Le mot
cèdent les locutions depuk le sceptre jusqu’à la passe dans le vocabulaire de la linguistique pour
houlette Ndepuis les fonctions des rois jusqu’à celles désigner (v. 1970) un système abstrait de la langue,
des bergers>> ( 16901, le sceptre et la houlette opposé à la norme* et à l’usage*.
(apr, 16501, sceptre de fer aautorité dure et despo- b @ SCHÉMATIQUE adj., relevé vers 1378 comme
tiquem (1691, Racine), le sceptre et l’encensoir <(l’auto- terme de rhétorique au sens de &mpli% par op-
rité monarchique et sacerdotale>> Iv. 17601, toutes position à dramatique et à exé@matique, réappa-
devenues archtiques. Au XVII~s., le mot s’est dit raît au XVII~s. dans les schématiques Iv. 1648) pour
pour =Signe de supériorité, prééminence dans un désigner, en termes d’histoire religieuse, les héré-
domaine quelconqueB (av. 1662, Pascal). Seul le tiques qui enseignent que le corps du Christ n’était
sens concret est d’usage normal en français qu’une apparence ; cette acception peut venir d’un
contemporain. croisement avec le latin des Gloses schismaticus
0 vOirl?CHWEAU,ESCABEAU. Kschismatiquem (VIII~s.3et semble employée aux xwe
et XVIII~s. ( 1771, Trévoux). 0 Les sens modernes de
SCHAH, CHAH ou SHAH n.m. a eu di- schémuQw, attestés au XIX~ s., se développent
verses graphies, siach 115423, sach 115591, chas d’après ceux de schéma, l’adjectif qualZant 11838)
(16151, schach (16261, schah (16531.Il s'agit d’un mot ce qui constitue un schéma, appartient au schéma
emprunté au persan %h -roi», titre porté par les I@we schkmatiquel et ce qui est réduit aux carac-
rois de Perse (cf. satiupe); le titre de kïhün Süh si- tères essentiels (1911) ; il prend en outre Cdéb.XX~s.)
gr&e Nroi des rois, en persan. Le mot persan avait le sens étendu de -trop simpl%é, qui manque de
été emprunté au erres. sous la forme échec*. détails, de nuances)), d’emploi plus usuel que le
+ Schah désigne le souverain de la Perse, puis de substantif schéma. +De l’adjectif dérive SCHÉMA-
l’Iran moderne avant l’instauration de la répu- TIQUEMENT adv. 118711,lui aussi courant.
blique islamique, en 1979. @ SCHÉMATISER v. tr., dérivé savant de schéma
sur le modèle du bas latin schemutizare, du grec
SCHÉMA n. m., relevé une première fois chez skhêmutizein *donner une figure, une formefi Idé-
B. Aneau sous la forme scheme 11550), se retrouve rivé de sJztimul, Sign%e d’abord, en philosophie
au ~~III~s. &rit schème ( 17651, puis par latlnisation <<considérer comme un schèmen (1800), puis
sous la forme schéma (1829) ; schème Ici-dessous) (déb. XX~s.1 Nmettre en schéma> et couramment
est repris de l’allemand. Le mot est emprunté au créduire à l’essentiel*, 6impliCer excessivement ».
latin classique schéma «attitude, manière d’êtren ; ob dérive SCHEMATISATION n. f., aaction de
&ure (géométrique), et &gure de rhétoriquen, réduire à l’essentiel, 118981, plus didactique que le
lui-même emprunté au grec sH@ma de mêmes verbe. + 0 SCHÉMATISME n. m. est emprunté
sens, dérivé de ekhein, aoriste s!zhein &tre dans un (1635) au bas latin schematismus Nexpression figu-
certain état* et aussi aavoir*, qui se rattache à une rée-, lui-même au grec skhêmatismos «action de
racine indoeuropéenne “segh-. façonner, de composer- et &yle figurés (dérivé de
+ Le mot est d’abord employé en rhétorique (1550, s?Aêmutizeinl. oLe mot a d’abord désigné une
scheme; 1829, schéme et schémul avec la même va- planche de figures mathématiques (16351, sens noté
leur que le latin et l’ancien provençal scema aieuxB en 1765 LEncyclopédiel. Puis, il s’est dit en
(v. 13501. Ce sens est sorti d’usage avant la k~ du rhétorique 118123d’une manière figurée de s’expri-
xrxe siècle. 0 Sctime reprend ensuite la seconde mer et en grammaire 11842) pour différence de
valeur du latin, &gure géométrique», encore rele- deux mots, quand elle consiste uniquement dans la
vée en 1845. Il s’est dit parallèlement de la repré- position de l’accentm, sens lui aussi disparu. oLa
sentation des planètes, chacune en son lieu, à un valeur moderne de Ncaractère schématique (de
moment donne (17653.0 À partir du XDces., la forme qqch.k spécialement en parlant de ce qui est trop
schéma l’emporte et les sens s’étendent : le mot dé- simphfié, est attestée en 1893.
signe (1858) une figure donnant une représentation SCHÈME n. m. représente un emploi spécialisé, au
simpli%e et fonctionnelle d’un objet, d’un mouve- début du ~IX~ s., de sctima dans le vocabulaire de
ment, d’un processus, etc. En termes de droit ca- la philosophie; c’est la forme francisée de schéma,
SCHERZO 3414 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

e-équemment employé en latin et en allemand par qui se sépare de l’Église reconnue, sans qu’il y ait
Leibniz et Kant. Le mot Sign%e chez Kant (1800) dissidence complète sur les points essentiels du
<représentation qui est l’intermédiaire entre les dogme et du culte. A partir du me s. apparaissent
phénomènes perçus par les sens et les catégories des emplois spéciaux liés à l’histoire religieuse; le
de l’entendement» Ischème transcendent&; cf. mot désigne (v. 1381, sc;Gsmella période d’anarchie,
concept) et dans la philosophie de Leibniz (18421 dans l’Église catholique, pendant laquelle de 1378
<<principe qui est essentiel à chaque monade et qui à 1429 il y eut plusieurs papes, chacun se préten-
constitue le caractère propre de chacune d’ellesB. dant légitime; cette période est nommée par la
* Schéme désigne par ailleurs 11813) la structure suite @und schisme d’Occident (1694) ; on trouve
ou le mouvement d’ensemble (d’un objet, d’un pro- ensuite schisme des Grecs 06901 «séparation de
cessus), valleur reprise en psychologie (1893) puis l’Église grecque et de l’Église romaine provoquée
dans le domaine de l’art (xx” s.3. + L’emploi en phî- par Photius en 862~, schisme d’Orient (1694) puis
losophie a fourni @ SCHkMATISER v. tr. (18001, schisme passif 117011, nom donné par les protes-
<considérer les objets sous la forme d’une abstrac- tants ti leur séparation, ainsi que schisme actif
tionm, @ SCHÉMATISME n. m. I1800), emprunt à (1765) <(actepar lequel on sf: sépare volontairement
l’allemand Sche~atimus, terme kantien, et de la communion d’une Eglisem, tous deux sortis
@ SCHÉMATIQuE adj. 118421, “qui est relatif à un d’usage. 0 Au XVIII~s. (av. 1750, Saint-Simon),
schèmej>, sorti d’usage, l’adjectif homonyme (voir schisme se dit par extension, en parlant de la so-
ci-dessus) étant plus courant. ciété civile, d’une division qui survient à l’intérieur
0 voir CACHEXIE. ENThkHlE, ÉPOQUE, IhIQUE, EU- d’un groupe organisé, d’une école, d’un parti, etc.
NUQUE. w SCHISMATIQUE adj. et n,, employé en ancien et
en moyen tiançais sous différentes graphies
SCHERZO n. m. et adv. est un emprunt musi- Iv. 1196, cimatique; XIII~ s., scisrnutique; 1294, cismu-
cal (18211 à l’italien scherzo *plaisanterien puis tique, etc.), a été refait au xve s. ou au xwe s. (15491
cmouvement vif, plaisant, en musiques, déverbal de d’après le latin schisrnaticus auquel il est em-
scherzare ~plaisante~, qui représente le longobard prunté. Le mot latin est pris au grec s~zhismuti~os
skerzon, de même sens. xrelatif à la séparation, schismatiquen [dérivé de
+Le mot est introduit comme terme de musique, sMksmu). 0 Le mot se dit de ce qui se sépare de la
désignant un morceau d’un caractère vif et gai, au communion d’une religion, de ce qui forme
mouvement rapide, employé aussi comme adverbe schisme Cv.1196). Dans ce sens, il est substmtivé
(jouer scherzo). ( 1549). lI s’est employé spécialement pour qprotes-
b SCHERZANDO adv., mot italien sign3ant pro- tanb (v. 1550, scisma~ue; 1562, forme moderne).
prement aen badinant, en plaisanta&, gérondif de 0 Schismatique sime par extension (xx” s.) fldis-
scherzare, est emprunté (18341 comme terme de sident, séparatisten.
musique pour indiquer un mouvement vif, gai et lé- 0 voir ESQUILJLE.
ger.
SCHISTE n. m., qui appar&t une première fois
SCHIBBOLETH n. m. est un emprunt ancien sous les formes scisth, sciste ( 15551 et dans pierre
( 1564 ; seboleth, v. 1195) à un mot hébreu siflant schiste, pierre sciste, est repris en 1742, écrit schiste
&Pin; dans un passage de l’Ancien Testament d’après le latin. Le mot est un emprunt savant au
Uuges, XII, 61,il est raconté que les gens de Galaad latin impérial schistes, proprement aséparé, di-
démasquaient ceux d’Éphraïm, leurs adversaires vis&, spécialement dans schistes lupis *(pierre)
en fuite, en leur demandant de répéter ce mot schisteb ; le latin reprend lui-même le grec skhtitos
qu’ils déformaient en sibbolet. Ce détail de pronon- afendu>), «qu’on peut fendres, adjectif verbal de
ciation servait de signe dénonciateur. shhizein cgfendremE+ schisme).
4 Par allusion à ce passage biblique, le mot, peu + Le mot désigne une roche sédimentaire ou méta-
usité et littéraire, se dît d’une épreuve décisive qui morphique qui présente une structure feuilletée et
fait juger de la capacité d’une personne. peut être débitée aisément en lames. On relève
huile de schiste aextraite du schisten, en 1875.0 En
SCHISME n, m. est la forme savante, par emploi technique (mil. XX~s.1,schiste est la dénomi-
conformation au latin et au grec (15491, de chisme nation générique de toute substance stérile mêlée
(15341, variante de clame 11365-13701, puis scisme au charbon.
Cv.1381; encore au xvrf s.l. Il s’agit d’un emprunt sa- b Schiste a fourni des termes techniques et didac-
vant (et, pour les formes anciennes, d’un semi-em- tiques. 4 SCHISTEUX, EUSE adj. (1765; 1758, d-
prurit), par l’intermédiaire du bas latin ecclésias- téré en shiteuxl Sign%e =de la nature du schistem.
tique schisme, -utos, au grec s&smu <<fente>, -Il a pour dérivé SCHISTOSITÉ n.f. (1868).
cséparationa, dérivé de sbhizein afendre>> E-+schiste, - SCHISTOÏDE adj. C1842), d’abord schistoti
schizo-1, qui se rattache à une racine indoeuro- (18361, Sign%e “qui a l’apparence du schisteti;
péenne %eid-, avec une variante expressive SCHISTIFIER v. tr. (xx” s.1 et SCHISTIFICATION
osM.eti- qui se réalise dans le latin scindere (3 scin- n. f. ( 1.9231,d’après pétrification, termes techniques,
der). concernent la transformation en schiste.
+ Au me s., le mot apparaît avec le sens de Nsépara- -SCHIST~~E n. f. (mil, xxe s.3, de -ose, est un
tion, anarchie, désaccord>, qui a disparu, et avec la terme de médecine.
valeur moderne Il 172- 1174, c&?w) désignant lors SCHISTOSOME n. m. (19331, emploi substa;ntivé
la formation, dans une religion établie, d’une Eglise d’un adjectif de sciences naturelles (1870) siflant
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3415 SCHLASS
=dont l’abdomen est fendu*, composé du grec zoid 119211, formé par Kretschmer, et SCHIZOIDIE
skhistos et de -some, du grec sôma ~corps~ est un n. f. (1922, E. Minkowskil à l’allemand Schizoidie
terme didactique de mbdecine désignant un ver (1% 1, Bleuler), à propos d’une constitution mentale
parasite du système veineux, aussi nommé bilhar- introvertie, considérée comme propice au dévelop-
zie, 0 En dérive le terme de médecine SCHISTO- pement de la schizophrénie. De là SCHIZOÏDIQUE
SOMIASE Il. f. (19331, moins courant que bilhar- adj. 119231. + SCHIZOMANIE n. f. 11924,H. Claude),
ziose n. f. (1906). de schizo@hrénkl et -maaie*, pour Nschizophrénie
peu évolutive>, a vieilli. + SCHIZOTHYMIE n. f.,
SCHIZO-, élément tiré du grec skhizein formé 11922) de schizo- et de -thymie &Tectivité~,
@fendre», &Parer, partager, divisep (+ schisme ; désigne une tendance caractérielle à l’introversion
schiste), entre dans la composition de mots savants. et à l’autisme. - SCHIZONÉVROSE n. f. (v. 19651,
b En psychologie. SCHIZOGRAPHIE n. f. (mil. de n@vrose”, désigne une forme de psychose înter-
me s-1, de -graphie*, signifie atrouble de l’usage du méditie entre la schizophrénie et la névrose.
langage écrit, caractérisé par la juxtaposition d’élé- w SCHIZO-ANALYSE n. f. ( 1972, Deleuze et Guat-
ments normalement séparés». - SCHIZOPHASIE tari), de IpsychlanaZyse*, désigne un processus psy-
n. f. (mil. XX~s-1,de -pha&*, est emprunté & un mot chique à visée thérapeutique.
créé en allemand par Kraepelin et si@e &sso- SCHIZE n. f., dérivé régressif (19491 du grec skhi-
ciation du langage, symptôme de la démence pré- zein, est un terme didactique Sign%ant acoupure,
coce et de la parapbrénie-. + En zoologie et en bio- disjonctions, appliqué aux domaines psychique na
logie. SCHIZOGONIE n. f. (18971, de -go&*, schize du sujet) et sémiotique, où il se dit de la sépa-
désigne le cycle de reproduction asexuée des spo- ration d’éléments fonctionnellement liés.
rozoaires et de certains protozoaires par division @ voir ESQUILLE.
multiple de la cellule. + SCHIZOGAMIE n. f. (19031,
de -gumie*, désigne la reproduction asexuée par S CHLAGUE n. f., attesté en 1815, est emprunté
division de l’organisme. + SCHIZOGENÈSE n. f. à l’allemand Schlag «COUP~,pris au sens particulier
(19031, de -genèse, vient par emprunt du latin scien- de *punition corporelle pratiquée dans l’armée al-
t%que schizogenesis Il8663 et correspond $ *variété lemanden; cet emploi est probablement passé en
de schizogamie de certaines annélides et turbella- tiançais dans la seconde moitié du tirr” s. par l’in-
ri&+. -+ Le mot est repris plus tard dans le vocabu- termédiaire des soldats suisses, qui étaient en ma-
laire de la psychiatrie ( 19721 pour <genèse schizo- jorité dans les régiments français, plutôt qu’au dé-
phréniquev. - SCHIZONTE n. m. (19071, de -onte*, b<t du ti s. par les Alliés (en 18141, si l’on en juge
désigne un stade dans la reproduction asexuée des par le dérivé SCHLAGUEUR n. m. (v. 1795 ; v. 1780,
protozoaires parasites. chelagueur) <celui qui donne la schlague (dans l’ar-
En psychiatrie et en psychanalyse : +SCHIZO- mée)N. L’allemand Schlug remonte au gotique shahs
PHRÉNIE n. f., relevé en 1917, est un emprunt & Cn.), du verbe sluhun, qui a fourm en anglais to sluy
l’allemand Schizophrenie, mot créé par le psy- atuep, d’une base germanique “SM- &appep.
chiatre zurichois E. Bleuler en 1908 à partir du grec 4 Le mot désigne un châtiment disciplinaire autre-
skhizein et phrên, phrenos «espritm (+fr&ésie, fois en usage dans les armées allemandes, qui
phréno-1, sur le modèle de schizopodes n. m. pl. consistait en coups de baguette appliqués sur le
(1819), terme de zoologie sorti d’usage, emprunté dos de soldats punis. Il se dit par figure (1876) d’une
au grec skhizopous. ~Bleuler choisit ce terme manière brutale de se faire obéir.
pour désigner un groupe de psychoses dont le ä Le dérivé SCHLAGUER v. tr. adonner la
symptôme fondamental est la 4issociation» Epal- schlague)>, attesté en 1842 et probablement anté-
ting en allemand3 des fonctions psychiques. Le rieur kf. ci-dessus schlugueur), est sorti d’usage.
terme de «démence précocea, employé jusqu’alors
dans un sens étendu par Kraepelin, ne convenait 0 SCHLASS, ASSE adj. (1916), écrit slusse
plus pour nommer les affections considérées. Schi- en 1883 (S&e chornrne ivre-, 18731,est un emprunt
zophrénie se dit d’abord d’une psychose caractéri- déformé à l’allemand schlufl cfatigué, moua, de
sée par une désagrégation psychique, la perte du l’ancien haut allemand sluf: gotique slepun, d’une
contact avec la réalité et divers troubles (endocri- base germanique *slupu- (cf. le Mois Zaappa afati-
mens, sympathiques, métaboliques). Noté «peu guénI qui a abouti en anglais à to sleep *dormir= et a
usité dans la langue psychiatrique courantem en pour correspondant le vieux slave slabii; le rap-
1917, le mot s’impose cependant, parfois appliqué prochement avec le latin lub; «glisser» I+ lapsus)
très largement à toutes les formes de psychose, et est hypothétique.
dans celui de la psychanalyse souvent complémen- + Le mot, d’usage très fanxilier, s’emploie pour qua-
tairement à paranoti. + Schizophrénie a servi à for- hfrer qqn en état d’ivresse (cf. 1873, sluze n. m.
mer des termes didactiques comme SCHIZO- «homme ivre=).
PHRÉNIQUE adj. ( 19131 arelatif à la schizo-
phrénieu, aussi substantivement ( 1% I 1, puis 0 SCHLASS n. m. est emprunté (1932) à l’an-
remplacé par SCHIZOPHRÈNE n. et adj., créé glais slusher carme blanche,, de to slash ~entailler~,
(1913) comme adjectif et comme nom, abrégé fam- <trancher*, NbalafPewsBCxvr”s.); ce mot est lui-même
lièrement en SCHIZO II. m. et adj. (v. 1960). emprunté à l’ancien français escluchier <briser en
Plusieurs termes didactiques ont été créés sur la morceauxp, variante de éclater*, issu du tiancique
base schizolphréniel. +SCHIZOIDE adj. et n. est “Izlac@un (moyen haut allemand Mechenl.
emprunté ( 1922, E. Minkowskil à l’allemand Schi- + Schlass acouteau> est argotique.
SCHLINGUER 3416 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

SCHLINGUER v., d’abord schelinguer (1846) SCHOONER n. m. est un emprunt (1751, SCOO-
et schlinguer en 1862 Ehgo), est d’origine discutée. ner dans une traduction) à un mot anglais d’abord
D’après I3loch et Wartburg, il s’agirait d’un em- écrit scooter et adapté en schoonier (17211, peut-
prunt à l’allemand schlirzgen aavalep, tiré par anti- être sur le modèle de mots en sch- empruntés au
nomie ironique vers le sens de «puer de la bouche)} ; néerlandais. L’origine en est incertaine : l’hypo-
selon Esnault, l’emprunt serait à l’allemand schla- thèse d’une dérivation de to scoon aeffleurer la sur-
gen ctaper, fouetter} I+ schlague), l’argot allemand face de l’eaw n’est fondée que sur une anecdote re-
ayant la même métaphore qu’en français : la puan- lative à la création du mot en 1713 à Gloucester
teur &appen violemment l’odorat (cf. cogner, fo&- (sous la forme scooner). L’emprunt à un mot néer-
ter asentir mauvaises). Enfin P. Guiraud, qui admet landais est peu vraisemblable; il semble au
ce sémantisme du coup, rapproche le mot de contraire que l’anglais soit à l’origine des passages
élingw* <cordage, filin>), d’où le sens de <<fouetter dans d’autres langues (néerlandais, allemand, da-
(avec une élingue))). nois, suédois et fkançais).
+ D’abord employé (18461 au sens spécial de <<puer + Aujourd’hui sorti d’usage, schooner a désigné un
de la bouchen, ce verbe très familier se dit en géné- petit navire à deux mâts, autrefois utilisé pour la
ral pour «sentir mauvaisa et, comme transitif, cré- pêche et le commerce.
pandre une très mauvaise odeur}}.
SCHUSS XI. m. et adv. est emprunté (1932,
n. m.l à l’allemand Schussfahti, terme de ski signi-
SCHLITTE n. f., attesté en 1860 mais certaine- fiant MtéraJement «descente à pic>; ce mot est
ment plus ancien d’après le dérivé schlitieur (ci- compose de Schuss <coup de feu, et atir», de l’an-
dessous), est un mot vosgien emprunté à i’alle- cien norrois skutr (cf. norvégien skzutl, et de Fuhti
mand Schlittert &tieaun, apporté par les bûche- ({marche, parcouw, dérivé de fahren «marcher, se
rons alsaciens. Le mot allemand a été emprunté déplacer>>, d’une racine indoeuropéenne Oper-,
par l’italien slitia. Schlitien, en ancien haut alle- ‘par-, représentée en grec par peran ase frayer un
mand SMO, slido n. m., slita n. f., vient du tiancique passage)) (poreuesthai tcvoyager4, l’ancien slave
osZido (cf. anglais to slide =glisserd, d’une racine in- perg flvolern, le latin per (+ par, per-1, etc.
doeuropéenne “Meidh-, Mi&-, représentée par
l’ancien slave &dti ctrace», le grec oltithanein. +Le mot désigne, dans le vocabulaire du ski, une
flglisser)>. descente directe effectuée en suivant la plus
grande pente.
+ Ce terme régional désigne un traîneau utilisé
dans les Vosges et la Forêt-Noire pour descendre SCIATIQUE adj. et n., d’abord siatique (1256)
dans les vallées le bois des montagnes. ensuite latinisé en sciatique (13721, est emprunté au
b Le mot a fourni les dérivés SCHLITTEUR n. m. bas latin S&&~US, altération du grec iskhiadikos
(17891, SCHLITTAGE n. m. (18701 et SCHLITTER “qui concerne la sciatiquea, dérivé de iskhias, -ados
v. tr. (attesté 1875, évidemment antérieur). «relatif à la hanchen, de iskhion <hanche» (+ is-
chion), mot d’origine inconnue.
SCHNAPS n. m. est emprunté à la ti du + L’adjectif qualifie ce qui se rapporte au bassin, à
xwre s. à l’allemand Schnaps <(eau-de-vien, dérivé l’os ischion; de là doiour sciatique (XIV~s.1, puis en
de schnappen {{happer, aspirer», en ancien haut al- anatomie échcmcrure, épine sciatique (1870). - Le
lemand snaben. Ce verbe remonte à une base nom féminin (v. 1560, Paré) s’emploie couramment
Osnap- ou osnuk- (cf. en anglais to snup, to snatch et pour désigner une a$ection du nerf sciatique.
to snaciz; + snack-bar). Le mot a peut-être été in- de composé SACRO-SCIATIQUE adj. (1765; de
troduit par les mercenaires suisses au service de la sacra-; + sacrum) se dit des ligaments qui vont du
France, comme schlague*. sacrum à l’épine sciatique.
+D’abord employé au sens de amauvaise eau-de-
SCIE 3 SCIER
vieB, schnups désigne spétiquement une eau-de-
vie de pomme de terre ou de grain, notaznment fa-
SCIENCE n. f. est emprunté (1080, Chanson de
briquée en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Roland) au latin classique scientia aconnaissanceu,
Alsace. Régionalement, le mot s’emploie pour spécialement ~QzoMaissmce scientifrquem, qui
toute eau-de-vie forte. prend dès l’époque classique le sens du grec epis-
têmê usavoir théorique*, aussi employé en philo-
SCHNOCK, SCHNOQUE ou CHNOQUE sophie (4 épistémologie). Scientia dérive de sciens,
adj. inv. et n., relevé en 1863 comme nom et 1872 scientis “qui sait», Gnstruit~, (<habile» et substantive-
comme adjectif est d’origine incertaine; le rapport ment “connaisseurs, participe présent de scire Nsa-
avec la chanson alsacienne H~PZSim Schnoheloch VO~, parfois employé à l’époque impériale pour
aHans dans le coin ILochl à moustiques Gchnockb «décider, décrétern, par confusion avec siscere, in-
est hypothétique. Le mot a désigné péjorativement choatif de scire. S&e a peut-être eu à l’origine le
les Allemands, de 1900 à 1914. sens de &ancher~ puis <décider* ; il n’a pas de cor-
+ 11 se dit familièrement pour aimbécile, un peu respondant dans les autres langues indoeuro-
foun, surtout dans [urz) V~U schnock. La forme du péennes.
schnock, duschnock est employée comme appella- + Le français reprend les deux valeurs générales
tif injurieux (cf. duconl. du latin, ~connaissance~ au sens courant, prédomi-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3417 SCIENCE
riante à partir du X~I~s., et asavoir théorique,, qui de Nietzsche, plutôt sous la forme le Gai savoir.
s’impose au XWI~ siècle. - SciRnce désigne d’abord oLe sens général ancien est appliqué dans des
le savoir-faire que donnent des connaissances syntagmes comme la science du monde, des ufi
jointes à l’habileté puis (v. 1119, la science) les fuires Il 6722, la science du cour Iv. 1695) <<laconnais-
connaissances étendues que l’on a acquises sur un sance intuitive des sentiments humainsm ; ces em-
objet d’étude (cf. savoir). Le mot, avant le XIV~ s., plois ont vieilli.
concerne la connaissance, notamment un savoir Concernant l’évolution des connaissances et le sa-
pratique (notion proche d’art <technique4 au ser- voir réglé, l’emploi du même terme peut masquer
vice de la religion. D’ailleurs, le mot s’emploie en des évolutions considérables. À la <science* médié-
religion Iv. 11201 à propos de la connaissance pro- vale servante de la foi, cumulative, rhétorique, fon-
fonde de Dieu et des créatures, d’où l’esprit de dée en révélation et en sources d’autorité Ipar ex.
science al’esprit de Dieu, en tant qu’il donne la Aristote, surtout à partir du me s.), succède la
science à l’hommem (15531, et aussi de la connais- Nsciencen de la Renaissance. A cette époque, deux
sance transcendmte que Dieu a des êtres et des types de savoir se disputent la prééminence : le
choses (v. 1165). Toujours en théologie, l’expression droit, émanation de la pensée divine et réglage de
la science du bien et du mal Cv.1170) concerne la la vie humaine, et les mathématiques, qui mani-
connaissance parfaite de ce qui est bon et mauvais, festent elles aussi l’ordre du monde. Les penseurs
par référence à la Genèse III, 91 et au mythe de les plus modernes comprennent alors, avec Léo-
l’Éden. La science de gqch. I 1170, Z’escience.. .) équi- nard de Vinci, que la science doit être fondée sur le
vaut à ~connaissance exacte et approfondien. Cet raisonnement formel (mathématiques) et sur l’ob-
emploi, comme Iu science de gon. *ensemble de servation et l’expérience controlée, C’est aussi à
connaissances~ (12501, d’abord dans mettre su cette époque que les effets de la science sont
science ù gqch. <s’appliquer à qqch. avec tous ses conkontés à une morale (science suris conscience...,
moyens intellectuels>> (12251, est devenu archaïque. Rabelais). 0 Au xwe s., parallèlement aux valeurs
Avec cette valeur, le mot entrait dans la locution courantes du mot, le concept de science, grâce à
par science aen sachant de quoi il s’agit)> Iv. 11651, des pensées comme celles de Francis Bacon puis
devenue en science @n xtves.) puis avec science de Descartes, s’écarte de ceux de philosophie et de
(16943, encore vivante. Par métonymie, science s’est théologie, et l’idée de méthode prend toute son im-
aussi employé (v. 1225) pour aintelligence avisée, portance.
pleine de connaissances, capable de sagesseB, d’ou A partir du XVI~ou au début du xwe s., science s’est
faire science “agir sagement> f15011, sorti d’usage. dit (1608, d’Urfé1 de toute connaissance assez pré-
0 Au milieu du XI~~s. se construit, avec la valeur gé- cise et entre dans des syntagmes qui en précisent
nérale de «savoir, connaissances>>, l’opposition la valeur, courante ou théorique : les sckwes libé-
entre pratique et théorie. *Depuis le XI~~ s., avec rales 4es arts libéraux>> (déb. XVII~s.), les sciences
une valeur proche du sens moderne, science dé- spéculatives <connaissances qui reposent sur le pur
signe (v. 1263 un ensemble de connaissances ayant raisonnementm (16701, les sciences naturelles (1674).
un objet déterminé et une méthode propre et les Sciences humuirtes désigne d’abord (16901 l’en-
sciences Ixwe s.) l’ensemble des disciplines qui for- semble <langue, grammaire, poésie, rhétorique,,
ment le savoir théorique. Cette valeur se précise au opposé aux xvue et XVIJ~s. à hautes sciences (1718)
XIVes. où apparaît le mot scienfifîque (ci-dessous) et athéologie, philosophie, mathématiquesn, ou bien
des syntagmes comme sciences mathématiques s’oppose à sciences divines IXVIII~-XIX~s.l. Sciences
(Oresme). Avec sa valeur plus générale, le mot curieuses 4astroIogie et l’alchimies a disparu, et
s’emploie dans les locutions avoir science aperte sciences occultes <relatives aux phénomènes irra-
[ouverte1 de... csavoir de façon sûren (12701, puis de tionnels de l’existence psychiqueB est enregistré
certaine science Cl2913 devenu au XVII~s. de science aussi en 1690. &Depuis le début du xvmes., lu
Iv. 16501,et de science certahe Iv. 16601,toujours en science se dit de la connaissance exacte, univer-
usage. oDe là l’emploi disparu de science pour selIe et vétiable exprimée par des lois; avec cette
Ncertitude= (apr. 13501. 0 En philosophie, science valeur, scientifique (ci-dessous) semble un peu an-
acquise signifie <puissance intellectuelle de térieur. Le mot, de plus en plus employé avec cette
l’homme en tant que fondement du savoir dans le valeur, conserve néanmoins dans des expressions
sujet>> (v. 1375) ; on dit aussi absolument science le sens plus large de aconnaissance précise,, par
(1413). Avec la valeur pragmatique de <technique exemple dans science philosophique, divine (17213
connue>>, science s’est employé Cl3731 pour aart de ou scikces morales Iv. 1750). À la même époque, le
la chasse» et, plus largement (xv” s.), cpratique né- mot désigne une branche de la connaissance dans
cessitant des connaissa;nces~. A la fin du xv” s., avoir sciences économiques Il 7601, science politique
la science infuse, en théologie, correspond à +woir (17721. Les sciences, sans qualification (17651, s’em-
la connaissance que donne Dieu par pure inspira- ploie pour les sciences où le calcul et l’observation
tionn, par référence à la connaissance qu’Adam re- ont une grande part, c’est-à-dire les sciences
çut de Dieu; l’expression a pris le sens courant de exactes (17511 4es mathématiques et les sciences
usavoir de façon innées puis de œprétendre tout sa- qui se fondent sur elles» et les sciences expérimen-
voti (1835). 0 À la ti du XVI~s., on relève la gaie tales (attesté 17871, sciences d’observation. ou
science, expression sortie d’usage pour désigner sciences de la nature. À partir de cette valeur appa-
(1586l l’art poétique et les connaissances qu’il im- raît l’opposition (1835) entre les sciences et les
plique, par emprunt à l’ancien provençal la guya lettres. -Au XIX~ s. sont attestées plusieurs expres-
scien~u Iv. 13501,reprise au XIX~ s. dans la traduction sions qui témoignent d’une précision accrue dans
SCIER 3418 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

la détition du concept : sciences positives *déduc- SCIENTIFIQUE adj. 11828) [-+ anti-1, Ncontraire à
tives ou susceptibles d’être contrôlées expérimen- l’esprit scienttique)>, PRÉSCIENTIFIQUE adj-
talement% Iv. 18603, sciences physiques (18681, (1907) [+ pré-l et ASCIENTIFIQUE adj. (19541
science pure opposé à sciences appliquées (1873). I+ 0 a- privatifl.
Au ti s., sciences humaines prend un sens nou- SCIENTISTE adj . et n., dérivé savant ( 1898, R. Rol-
veau, proche de sciences sociales qui semble un land] de science, se dit d’un adepte du S~IEN-
calque de l’anglais, et correspond à asciences dont TISME n. m., mot dérivé (19111 du précédent, créé
l’objet est l’homme en sociétén. 0 Un autre calque comme terme dépréciatif, désignant un mouve-
de l’anglais produit les expressions récentes ment d’après lequel la connaissance scientifique
sciences dures (sciences exactes, déductives ou hy- permet de résoudre tous les problèmes philoso-
pothético-déductives) et sciences molles Iles phiques. Cet emploi est en rapport avec positi-
sciences humaines lorsqu’elles ne recourent ni au visme. *SCIENTOLOGIE n. f. est un calque
calcul ni à l’expérience). OPar métonymie (v. 1975) de l’anglais scientology (19711, désignant
(av. 18921, 2a science s’emploie pour 4es savants>>. une philosophie religieuse appliquée qui prétend,
- Sciences a désigné (19023 une section de l’ensei- par une étude de l’esprit dans ses relations à lui-
gnement (secondaire, supérieur) où l’on enseigne même et à l’univers, rendre la personne humaine
les sciences. @s consciente; la doctrine a été élaborée aux
b SCIENTIFIQUE adj. et n. est emprunté au bas la- Etats-Unis par Ron Hubbard et s’est diffusée en Eu-
tin scolastique sctintificw, dérivé de scientia, rope dans les années 1980. Le mot est un nom dé-
d’abord ( 1370, Oresme, adj .I dans proposition sckn- posé.
tifisue “qui exprime une loi objectivem. L’adjectif est SCIEMMENT adv. (1375 lou v. 1465, selon T.L.F.11,
repris au xv” s. avec une autre valeur, s’appliquant qui succède à essianment (XIII~s., Roman de Re-
à une personne qui sait beaucoup de choses ( 14661; nati), sciumment (v. 13301,dérive, par s&ation en
au xvie s., on a aussi scientifen ce sens (encore re- ment, de l’ancien adjectif sciims &dit, instruit»
levé en 17011; de ce sens disparu procède (1484 le (XTII~s.1,emprunté au latin sciens, scieenti asachant,
titre de vé&rable et scientifique personne, qui était en connaissance de cause)} et Gnstruit, habile>>, par-
donné aux ecclésiastiques gradués. +Le mot, re- ticipe présent de scire csavoitb. En ancien proven-
pris au XVII~s., prend alors sa valeur moderne. En çal, les formes scienters, escienters, ecientiers conti-
rapport avec la recherche positive et par opposi- nuaient l’adverbe latin scienter <(avec du savoti,
tion à phiEosophiqw, Eitiéraire, moral, etc., il se dit *sagement, judicieusement, adroitementD, dérivé
11664, adj.1 de ce qui est conforme aux exigences de
de sciens. +L’adverbe conserve un des sens du la-
la science, de ce qui a la rigueur que nécessitent les tin sciaas, signi&nt aen connaissance de cause, en
sachant parfaitement ce que l’on faîtm; il est étran-
sciences. 0 À l’époque classique, l’adjectif s’est em-
ger au champ sémantique de science au sens domi-
ployé comme en moyen français pour *plein dëru-
nant du mot, mais correspond à la valeur ancienne
dition» ( 16691, en usage jusqu’au milieu du XVII~ siè-
cle. C’est vers la ti du XV~I~s. qu’il s’applique à ce de asavoir, connaissancem.
SCIENCE-FICTION n. f. est emprunté (v. 1950) à
qui est relatif aux connaissances propres à une
l’anglo-américain science fiction (19271,composé de
branche de la science ( 1694). + Au XVIII~s., le scienti-
fiction *romans et nouvelles= (lui-même emprunté
flque (d’un art, d’un métier) signil?e <ce qui y relève
au français, au XVI~s., au sens de =Création de l’ima-
ou peut y relever de la science> (1771). 0 L’adjectif
gination-1 et de science Kscientiiîquen, en fonction
qutie (1772) une personne qui procède dans sa
d’épithète. L’éditeur américain Hugo Gemsback
recherche selon les méthodes de la science. À par-
avait créé une première forme scientifiction (1926 ;
tir du milieu du Wces., l’adjectif peut aussi qualifier
de fiction et scientific) pour désigner ce genre. Le
une collectivité, une époque qui se consacre à la
mot désigne un genre narratif qui fait intervenir
science. *L’emploi substantivé, un, urne scienti-
des événements, un univers imaginaires fondés sur
fisue, désigne une personne qui s’adonne à une
des données scienttiques ou techniques contem-
science, aux sciences Il791 selon T.L.F. ; sûrement
poraines, en les situant le plus souvent dans le fu-
attesté et répandu ti XIX~ s.1 et par ailleurs une
tur; le français emploie alors aussi anticipatim.
personne dont l’esprit est porté aux méthodes des Science-fîctim est abrégé familièrement (v. 1970)
sciences (19101, par opposition à un, une littéraire. en S. F. ou SF. n. f. 0 Le mot s’emploie aussi par fi-
Cette valeur va remplacer en partie suvwt et est gure en parlant de ce que l’on considère comme
en concurrence avec chercheur, d’après le syn- scientaquement impossible.
tagme recherche scientifique. 0De là le sens @ Voit-CONSCIENCE, ESCIENT,OMNISCIENCE.PtiBISCTIE.
d’&tudiant qui se spécialise dans les études scien- PRESCIENCE.
tsques)) (d’abord dans l’argot scolaire), par opposi-
tion à littéraire et parfois à mathématicien. 0 SCIER v. tr. est une réfection savante Ix19 s.
Scientifique a fourni deux dérivés. +SCIENTIFI- lxwe s. selon T.L.F.11de formes en s (v. 1120, seiwl, is-
QUEMENT adv., relevé une première fois au sens sues du latin secare, au participe passé sectus
disparu de asciemment- (15311, est repris au XVII~s. (3 section), acouper, découperm (notamment en
avec la valeur moderne, qd’une manière conforme agriculture), <amputer, mutilep, Ndéchirer, écor-
aux lois et aux méthodes de la science* (1694). cher* et cfendre, diviser, partageru (au propre et au
+SCIENTIFISER v. tr. aété précédé parsci&%- figuré); ce verbe représenterait une forme élargie
cher 11833). 4CIENTIFICITÉ n. f., mot récent de la racine Ose/z- «couper>> à valeur technique,
(av. 19681, se dit du caractère de ce qui est scienti- propre à la civilisation du Nord-Ouest et inconnue
fique. +Les composés sont didactiques : ANTI- à l’indo-iranien, à l’arménien et au grec. La forme
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3419 SCINDER

scier (encore au XVI~~ s.1 et des variantes, telles que dont le museau se prolonge en une lame plate gar-
soiey, soiier (1165) et aussi seer (11701, sakr (1270), nie de dents acérées, ensuite nommé poisson-scie.
représentent un aboutissement régulier de secare; Les premiers emplois figurés, liés au verbe scier
on relève à la ti du XI~”s. sier, caractéristique, par aennuyer=, tiressasserti, apparaissent au début du
l’extension de la voyelle i, des formes accentuées XIX~ siècle ; scie est familier pour aplaisanterie, for-
sur le radical (cf. parallèlement, le substantif sk). mule que l’on répète à satiété, cocasse par sa répé-
Le c a été introduit d’abord dans le substantif scieur tition mêmes (18081, d’où l’emploi familier pou
(XIII~s.1 pour le distinguer de sieur, mais n’est de- arengaine> ; la variante scie d’atelier (1862) ne s’est
venu régulier pour le verbe qu’à partir du XVI~s., le pas maintenue. Le mot se dit aussi familièrement
rapprochant ainsi de la forme latine. d’une chose ennuyeuse (1808) puis d’une personne
(18191, de là un emploi péjoratif pour afemme légi-
4 Scier reprend d’abord (v. 11201 une des valeurs
timen et l’expression porter su scie flsortir avec sa
techniques du verbe latin, «couper (le blé, l’herbe)
femme)) (18671, tous deux disparus. 0 Au xxe s., scie
avec une faucillen, encore usitée régionalement.
designe par analogie de forme (1933) un instrwnent
Peu après appartit le sens courant de «couper
de musique dont on fait vibrer la lame (aussi
(qqch.) avec une scie, (1165, soiier; v. 1280, syer;
nommé scie musicale).
XIVes., écrit scierI. 0 C’est à partir du XVIII~s. que
SCIURE n. f. (XVI~s.), d’abord scrküre (v. 13981,est la
l’on relève les premiers emplois figurés : scier gqn
réfection de graphies en s, comme soiure Iv. 1270,
se dit familièrement, par référence au mouvement
-fauchage de l’herbe4 sayeure (1480, Naction de
monotone de la scie, pour <ennuyer, fatiguer par
scier))), seyeures pl. (v. 1500 ; aussi sieure). 0 Le mot
des répétitions> (17481, d’où l’expression scierle dos
désigne les déchets d’une matière sciée qui
ci (qqn) 117811, aujourd’hui vieilIie. On relève chez
tombent en poussière Iv. 1398) et, absolument, de la
Diderot (apr. 1750) scier le boyau cjouer mal du vio-
poussière de bois (v. 1500). - SCIAGE n. m. (1611),
lonp, disparu. 0 Au début du XIX~s., scier a si@%,
d’abord soiage ( 12941 puis siage (13281 <opération
toujours par figure, arailler, persifler*, oLe verbe
qui consiste à sciern, a eu aussi les sens de amétier
s’emploie intransitivement 11842) dans scier du hi-
de scieur}) (1536, siage) et de <(sciures (1564). On re-
don ou scier du met, expressions appartenant au
lève bois de ciage 11493) puis de sctig? (16361. 0 Le
vocabulaire de l’équitation et signi-fant *faire aller
mot a développé des emplois techniques au XX~siè-
transversalement l’embouchure du morsn. Q Par
cle : sciage du diamant (19221, sciage thermique
figure et familièrement, scier Ila branche) se dit
(1923). +Scie a fourni le terme technique SCIOTTE
( 1888) pour ~détruire la situation de Iqqn)D et cou-
n. f. (17651, réfection d’après scie de ciot ! 15601,ascie
ramment (mil. >cx”s.1 pour aétonner, surprendren,
à main de tailleur de pierres» In. f-1 et <scie à boism
surtout aux temps composés et au passif Ij’étals
(n. m., Canada). - SCIERIE n. f., réfection qui pa-
SCiél.
raît assez récente ( 1801) de formes anciennes soie-
b SCIEUR n. m., réfection (1247) des formes en s, rie (14211,soioire (1314, dialectaJ3, désigne unlieu où
comme soieres vers 1120 au cas sujet, sayeur ou l’on débite le bois, par extension la pierre, etc.; en
soyeur, au sens de <celui qui coupe les blésa, encore ce sea3 on relève moulin & scier (1690). + SCIABLE
régonalement, désiee aussi une personne dont le adj., peu usité et r&ent sous cette forme (18701, re-
métier est de scier la pierre, le bois. L’expression prend seuble (xv” s., hapax), siable 116361.
soyeur d’ais «celui qui scie le bois en long pour faire * SCIANT, ANTE adj., rare au sens propre, est
des planchesu (1294; 1378, sayeur d’ais) est devenue vieilli au figuré comme équivalent d’aennuyeux,
scieur de long (14661, précédée par seieur de boys importun, (18011. + SCIEUSE n. f., technique, dé-
au Jonc et saieur du lonc ( 1369). c= Le mot s’est dit signe (v, 1960) une machine à scier.
par figure (1808) pour <<railleur, persifleur», emploi 0 SCIER v. inh., terme de marine relevé en 1559
disparu. dans scier en amère (fin xwe s., scier), représente
SCIE n. f., déverbal de scier (d’abord sekr), désigne peut-être un emploi métaphorique de 0 scier ou
Iv. 1200, sic; 1538, scie) une lame d’acier dentelée bien, selon Bloch et Wartburg, se rattache à l’an-
servant à découper des matières dures (bois, cien hnçais seiller, siller, dont procède sillage
pierre, etc.). La locution figurée fait com dens de see C+ sillon), mais l’inhence de scier, même dans ce
( 1314) est devenue en dents de scie (attestée 18381. cas, est vraisemblable. -Le verbe signifie *manier
0 À partir du xve s., de nombreux syntagmes sont les avirons d’une embarcation pour arrêter la
liés au perfectionnement de l’outil et à ses applica- marche en avant ou pour reculerm Iscier bâbord, tri-
tions : sie Ù mairt ( 15301 puis scie 9 main (16761, bord.
d’abord soye b main «petite scie emanchée ou ‘+ Voir DISSÉQUER, INSECTE, lNTERSECTION, PROSECITWR,
montée sur un chksis)> (1407). A partir du ~VU~s., RÉSÉQ~R, sÉcm3m (et stic~mu~l, SECTEUR, SECTION.
l’outil se spécialise dans di%rents domaines ; scie SEGMENT, SEIGLE, VIVISECTION.
désigne une lame sans dents, pour débiter la pierre
(16761, et un instrument chirurgical (1690; 1835, scie SCINDER v. tr. est un emprunt savant (1539 ; re-
droite) ; scie & chantourner (1765) désigne une scie pris en 17913 au latin scindere «fendre», =déchirer))
dont la lame étroite permet de découper le bois puis <arracher», d’où adiviser, séparer>>. Ce verbe a
suivant des courbures. Parmi les syntagmes issus pour correspondant en grec le verbe skhizein
du sens technique, apparaissent au xrxesiècle : scie <<fendre-; l’un et l’autre se rattachent à une racine
circulaire (18351, scie b ruban, scie mécanique, scie indoeuropéenne Nfendre» (-+ schisme, schizo-1.
anglaise (18703, etc. + Par analogie de forme, sic de +L’emprunt, motivé par l’absence de correspon-
mer ( 1555; 1558, scie) désigne un poisson de mer dant verbal à scission Ici-dessous), est employé
SCINTILLER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’abord (15391 au sens de “retrancherez, disparu. signe en particulier la lumière stellaire ( 17401 et
* Il n’est repris qu’& la ti du XVI~” s. 11791, Mira- plus récemment, comme terme de physique, la alu-
beau) avec la valeur moderne de «couper, divisep, mière émise par une substance phosphorescente
en parlant de choses abstraites, de groupes. par ionisationn (mil. me s.l. +Scintilllationl a fourni
Se scinder, pronominal, est attesté en 1823. 0 Le quelques composés scientsques en physique :
verbe a eu un dérivé, SCINDEMENT n. m. *adion SCINTILLOMÈTRE n. m. (18581, de -mètre, dési-
de scinder» 118691, qui ne s’est pas maintenu. gnant d’abord un appareil de mesure de la lumière
b Deux mots ont été empruntés à des dérivés de stellaire (valeur disparue), puis un détecteur de ra-
scissum, supin de scindere. *SCISSION n. f. (14861, diations (mil. me Sd, et SCINTILLATEUR n. m., *qui
emprunté au bas latin scissio «coupure, division>, scintille» en emploi général ( 1918, Proust), puis en
est d’abord employé au sens d’caction de scinder», sciences, n. m., “appareil détecteur des particules
disparu. Le mot est attesté avec sa valeur moderne électrisées)), attesté en médecine au milieu du
en 1517 dans le domaine politique, de là faire SC&- XX~ siècle. + SCINTILLOGRAPHE n. m., SCINTIL-
sion (1835). Q Au XVIII~ s., scission s’est dit spéciale- LOGRAPHIE n. f., termes scientsques (apr. 19601,
ment pour <<schisme*n (17393 et pour “partage des ont pour équivalents contractés S CINTIGRAPHE
opinions ou des voix dans les vote+ ( 1762). 0 Il se n. m. et SCINTIGRAPHIE n. f., apparus à la même
spécialise par ailleurs dans le domaine de la phy- époque (1975, dans les dictionnaires généraux).
0 voir SrnCIL.
sique et de la bioIogie ( 1855). +a Du nom dérivent
SCISSIONNAIRE adj. (1792, n. m.; 1799, adj.1,
terme d’histoire, SCISSIONNISTE n. et adj. (19261, SCION n. m. est une graphie faussement étymo-
équivalent didactique de scissionnaire, et SCIS- logique ou analogique kwes.) pour cion (déb.
SIONNISME n. m. (19261, terme de politique, tous xwe s.), syon En xrves.), formes d’origine controver-
deux employés par Souvarine dans son ouvrage sée. Selon Wartburg, ce mot propre à la France du
sur Staline. + SCISSURE n. faest emprunté (x# s.), Nord (cf. picard chion) est issu d’un francique ‘kith
d’abord sous la forme cissure ( 1314, au latin impé- crejeton)) (cf. ancien haut allemand kidi) par suf-
riaI scissuru =Coupure, division, séparation>>, «dé- Gatien en -on Uiminutifl, comme dans rejeton.
chirure, égratignure» et à basse époque &vision, Ecartant en partie cette hypothèse, P. Guiraud rat-
scissionn. 0 D’abord relevé avec les sens latins de tache cion et chion à une base latine ci-, qu’il tire du
flcrevassen et &gratigure», qui ont disparu, le mot latin classique ciere <<mettre en mouvement*, spé-
est repris comme terme d’anatomie Iv. 1560) et dé- cialement Npousser, évacuera; ce verbe a été rem-
signe un sillon sur certains os et divers organes. placé par citare, employé à l’époque impériale
+ SCISSILE adj. est emprunté 11611; comme nom dans la langue rustique pour aproduire, pousser= et
masculin, 1561) au bas latin scissilis, du supin de à partir duquel on pourrait reconstruire un gallo-
scindere. 0 Il qutie ce qui peut être fendu en la- roman ocionnare. L’aire nordique du mot, indis-
melles. cutable, incite P, Guiraud à l’hypothèse d’un croi-
+ Voir ABSCISSE, CISEAU, SCHZSW, SCISSIPARE. sement avec la racine germanique “kith- évoquée
par Wartburg.
SCINTILLER v. intr. (XVI” s.), réfection savante + Sciun désigne d’abord une jeune branche, une
de sintiller 11377, Oresmel, est un emprunt au latin pousse de l’année et s’est employé par analogie
scintilare «avoir une lueur kntiIlante)», &ince- ( 1360, soyon) pour chacun des morceaux d’une
ler, briller», dérivé de scintilla <<point brillant> canne à pêche. * 11s’est dit d’une baguette pour
(3 étincelle). frapper qqn (apr. 1650) et en arboriculture, d’une
4 Le verbe, peu usité jusqu’au XVII~s., s’emploie pousse d’arbre plantée en terre ( 16881, d’un jeune
d’abord en parlant des étoiles, des astres, simant arbre greffé en pied. 0 Scion désigne aussi (19041 le
«briller d’un éclat inégalm, puis au xwe s. ( 1538) «jeter brin très fin qui termine une canne à pêche.
un éclat par intervalles, étincelerm (par ex. d’un dia-
mant). * On relève depuis le XVI” s. lapr. 1550, Ron- SCISSILE, SCISSION, SCISSURE
sard) le sens figuré, à propos du regard, des yeux, + SCINDER
wefléter par son éclat ses sentimentsti puis En
xwle s.), en parlant des choses de l’esprit, celui de SCIS SIPARE adj . est un mot de formation sa-
<(jeter de l’éclat par intervalles*, tous deux assez lit- Va;nte composé (1855) de scissi-, élément tiré du la-
téraires. tin scissum, supin de scindere (b scinder), expri-
F Le verbe a fourni SCINTILLANT, ANTE adj . et n,, mant l’idée de division, de séparation, et de -pare*.
employé au propre (v. 1560, adj.1 et au figuré (1775, + Ce mot didactique quaMe les organismes qui se
en parlant du style, de la pensée). 0 Un scintillant
multiplient et se reproduisent en se divisant.
n. m. désigne (1949) un ornement de clinquant
(pour les arbres de Noël, etc.). + SCINTILLEMENT F Le dérivé SCI[SSIPARITÉ n. f. (1845) désigne la
n. m. s’emploie en parlant des étoiles (17641, d’une reproduction asexuée par division simple de l’or-
pierre précieuse (1826) et s’étend (mil. me s.1au do- ganisme.
maine technique de la télévision, du cinéma.
SCINTILLATION n. f. est emprunté (14901 au latin SCLÉR-, SCLÉRO- est un premier élément,
impérial scintillati &blouissementa>. D’abord em- tiré du grec sklêros «dur», que l’on a rapproché,
ployé pour &clah, sens disparu, il équivaut à sein- sans certitude, de mots germaniques signifiant
tillement en parlant d’un diamant ( 1538). * fl dé- <mince, maigre)) (cf. l’anglais shdlow).
DE LA LANGUE FRANÇAISE SCOLASTIQUE

+ Cet élément entre dans la composition de termes (~~~,SCOLARISABLE adj.lv. 1963). oL’adjectifa
didactiques, en botanique et, le plus souvent liés à aussi produit SCOLAIREMENT adv. ( 19331, surtout
sclérotique Ici-dessous), en médecine et en anato- employé au sens péjoratif de scolaire.
mie, tels SCLÉREUX, EUSE adj. (18303, SCLkREC- Scolaire a également servi de base à quelques
TOMIE n. f. (18711, de -ectomie*, ou encore SCLÉ- composés, surtout d’usage administratif : INTER-
RAL, ALE, AUX adj. (1961). dcléro- sert aussi à SCOLAIRE adj. (18991, POSTSCOLAIRE dj.
former des termes techniques relatifs à ia mesure (1899) et son contraire PRÉSCOLAIRE adj. (1920).
de la dureté des corps solides, tels SCLÉRO- ~PÉRISCOLAIRE adj. et PARASCOLAIRE dj.
MÈTRE n. m. (18721, de -m&e, SCLÉROGRAPHE (1967) correspondent à acomplémentaire de l’insti-
n. m. (mil, & s.), de -graphe. tution scolaire>. Le second est moins administratif
b Quelques termes didactiques sont relativement et s’applique par exemple aux publications.
répandus. -SCLÉROSE n. f. est emprunté (1812) SCOLARITÉ n. f., emprunté (1383, scholaritel au la-
au grec tardif sklêrôsis =durcissement», dérivé de tin médiéval scholuritus &udeB, dérivé de schola-
shlêros. Ce terme de médecine a d’abord désigné ris, s’est d’abord dit de l’état d’étudiant dans une
une tumeur dure des paupières (sens disparu). * Il université et du privilège juridique qui en décou-
désigne (1842) l’induration pathologique d’un tissu, lait, d’où privilège, droit de scolarité (1463) dans
d’un organe, due à l’hypertrophie du tissu conjonc- l’Université ancienne. *Les sens modernes sont
tif entrant dans sa structure. ScIérose en plaques contemporains du développement de l’enseigne-
11876) désigne une maladie très spécfique, affec- ment du second degré : Nfait de suivre régulière-
tion grave du système nerveux central. 0 Le mot ment les cours d’un établissement d’enseigne-
s’emploie par extension et au figuré ( 1929, L. Dau- ment» (18613 et Ntemps d’études prescritn (18711.
det) pour aincapacité à évoluer et à s’adapter)) en
SCOLASTIQUE adj. et n. est emprunté,
parlant d’une personne, d’un groupe, etc., avec une
d’abord écrit scholcwtiq~ (XIII~ s.), au latin impérial
valeur voisine de vieillissement. 0 Le dérivé SCLÉ-
schoZastW.s <d’école» et comme nom masculin adé-
ROSER v. tr. s’emploie d’abord (1867 au p.p.; 18911
clamateur, rhéteurn, kuditb, CavocatB, «étudia&.
en médecine, en biologie ; scléroser ainsi que ~CLÉ-
Le mot est employé à l’époque médiévale pour dé-
ROSÉ, ÉE adj. sont devenus usuels 11926 pour sclé-
signer (v. 10401 le chef de l’école alors créée dans
rosé) pour *se figer, ne plus évoluera et &g& 0 Le
chaque église cathédrale. Il est emprunté au grec
verbeafourni SCLÉROSANT,ANTE adj.E1896),di-
s&&stikos <relatif à l’école,, dérivé de skholmein
dactique. +Sclérose a servi de base aux composés
&tre le disciple ou le ma?tre dem, de skholê 4oisir>>,
artériosclérose (3 artère), athérosclérose (-+ athé-
puis <<étude, école>, emprunté par le latin scholu
romel et arthrosclérose I+ arthr[ol-1, termes de mé-
I+ école). Scholusticus avait été emprunté en an-
decine.
cien fknçais (XII~~s.1 sous la forme francisée sco-
SCLÉROTIQUE n. f. est emprunté (1314, sdiro-
lastre, au sens du latin médiéval, et a abouti au
tique3 au latin médiéval sclerotica, terme de méde-
français écolûtre* (+ école).
cine formé sur le grec sklêrotês cduretém, dérivé de
sklêros. 0 Le mot désigne, en anatomie, la mem- +Le mot appar& au XIII~ s. comme adjectif dans
brane fibreuse qui entoure le globe oculaire, cou- histoire scholustique umanuel scolaire d’histoire bi-
ramment appelé ablanc de I’œiln. +Sclérotique a bliquen; il est repris au milieu du xv” s. avec un sens
fourni SCLÉRITE n. f. (1923 ; Su&e -ite), &hm- plus général lié & la valeur de l’adjectif latin; scho-
mation de la sclérotiquen, ainsi que des composés lustique qutie alors (1442) ce qui est propre à un
savants désignant l’inflammation simultanée de la professeur et aux écoles. C’est au xv” s. aussi que
sclérotique et d’un autre organe, comme SCLÉRO- l’on commence à écrire scolastique, mais la forme
CONJONCTIVITE n. f. (1878). schd- est encore usuelle au xwe siècle. On relève
au xwe s. d’autres emplois disparus : le nom mas-
SCOLAIRE adj. est un emprunt savant (1807) culin désignait (mil. xvre s.1 une personne qui se
au bas latin scholati <d’école)), dérivé du latin clas- consacre entièrement à l’étude, d’où au pluriel les
sique schola (+ école). scholastiques @II XVII~ s.1 csavantsn, par opposition
aux <<honnêtes gens>, et le chef d’une école ecclé-
+ L’adjectif, qui s’est aussi écrit par latinisme scho- siastique, l’écolâtre (1584). 0 Au milieu du XVI~ s.
luire (Académie, 1835-18781, qutie ce qui est rela- (15411 est attesté l’emploi du nom masculin pour
tif ou propre aux écoles, et par extension à l’en- aphilosophe, théologien adepte de l’enseignement
seignement et aux élèves, par exemple dans année et des méthodes anciennesn, sans valeur péjora-
scolaire ( 18291, obligation scolaire I 1882, lois J. Ferry tive. Parallèlement, l’expression théologie scolhs-
concernant l’instruction obligatoire), travail sco- tique afondée sur l’argumentation rationneflen
luire (1900). 0 n s’emploie péjorativement (1847 ( 1625) est opposée à théoiogie positive ( 16361, puis
dans Sainte-Beuve) pour qualii5er ce qui évoque les abrégée en scolastique n. f. (1670). De même, philo-
exercices de l’école, l’enseignement livresque et sophie scolush@e (17171 est abrégé en scolastique
donc ce qui manque d’originalité (cf. primuire3. n. f. au milieu du XVIII~ siècle. 0 À la fin du ~VII” s.,
b& l'adjbif d&iVe SCOLARISER v.tr. (19043, scolastique n. m. sert à désigner le titre honotique
d’abord =pourvoir (un lieu, une communauté) d’éta- dont on accompagnait le nom de certains person-
blissements scolaires et d’enseignement régulier. nages antiques, sens qui correspond à celui de
Avec l’expaion de l’enseignement après 1945, le scholusticus en bas latin Irve-w” s.1; le mot a aussi
verbe prend le sens de <soumettre (qqn) à la scola- désigné (1709) un écrivain attaché à la bibliothèque
riSatiOn~etaSWvià former SCOLARISATION n. f. vaticane, par référence à un usage du haut moyen
SCOLIE 3422 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

âge. 0 À partir du xvrr~” s. apparaissent des emplois skolopemh dnsectes et par analogie aanimal ma-
péjoratifs de l’adjectif (1764) appliqué à ce qui a le riw ; le grec a alors été repris par le latin.
caractère de la scolastique, & laquelle on reproche 4 Scolopendre conserve les sens de l’étymon; il est
l’abus de la dialectique et de l’abstraction, le forma- introduit en botanique puis repris au latin scolo-
lisme, etc. Un scolastique a désigné un esprit im- pendra ( 1552,Rabelais) pour désigner une sorte de
prégné de scolastique (1846, Michelet) et scolas- serpent fabuleux (emploi disparu) et ( 1558)un petit
tique n. f. se dit par extension (18751 de toute animal (myriapode) au corps formé d’anneaux,
méthode philosophique, de toute doctrine repo- couramment appelé mtlle-pattes. Seule cette der-
sant sur des procédés analogues à ceux de la sco- nière valeur est moderne.
lastique médiévale.
b Le dérivé SCOLASTZQUEMENT adv. (1596, scho- S CO OP n. m. est un emprunt (1957) à l’anglais
lastiquement), ade façon scolaire>> puis aujourd’hui scoop signi&nt proprement <<pelle, cuiller)} qui se
cd’une manière scolastique» (17181, est didactique rattache, par l’intermédiaire du suédois skopa, du
ou littéraire. 4 SCOLASTICAT n. m. (1894,<<état de moyen néerlandais scholelpe, au francique “sk6pa
scolastiquemI, terme de religion, désigne dans cer- qui a abouti à l’ancien francais escope &+ écoper).
tains ordres religieux (1904) une maison où les no- Le verbe francique correspondant “skuppjun a
vices vont achever leurs études. donné l’ancien français eschuvir v. tr. «façonner
qqch. en artiste>> cv. 1190) et il est aussi à l’origine de
0 SCOLIE ou SCHOLIE n., écrit scholk l$nglais shape «forme». Le mot anglais reçoit aux
en 1546et scolti en 1680, est un emprunt savant au Etats-Unis le sens de <<fait d’enlever en grande
grec tardif skzholion «explication, commentairea, quantité)), se spécialis& (1874) dans le vocabulaire
dérivé de skzholê NétudeB, emprunté par le latin journalistique pour désigner une nouvelle irnpor-
schola (-, école). tante donnée en primeur ou en exclusivité par une
4 Ce mot didactique désigne une note philologique, agence de presse.
historique, etc., écrite par un commentateur an- 4 Cet anglicisme est introduit en ce sens en fran-
cien et servant à expliquer un texte de 1’Antiquité. çais et équivaut à exclusivité* (+ exclure), recom-
0 Par extension (16911, il se dit en sciences au mas- mandé officiellement pour le remplacer.
culin d’une remarque à propos d’un théorème ou
d’une proposition. SCOOTER n. m., relevé en 1919 mais répandu
b Le dérivé SCOLIASTE n. m. (1552, Rabelais) ou à partir de 1945 avec l’emploi de ce véhicule, re-
scholictste ( 16741 se dit d’un auteur de scolies dans présente une forme abrégée de l’anglais r~~otor-
1’Antiquité et d’un commentateur érudit. scooter (1919) apatinette à moteura. C’est un
composé de motor en fonction d’épithète, de même
0 SCOLIE n. f. est emprunté ( 1732) au grec sko- origine que le tiançais moteur”, et de scooter epa-
lion, proprement ychanson tortueuse, qui va en zig- tinette, trottinette)), dérivé de to scoot udémmer à
zae, neutre de 1’adjectifskoliOs ((tortueux, obliques grande allure, filer= (d’abord to scout, sorti d’usage
(+ scoliose). au xrxe s.), verbe d’origine inconnue dont la forme
$ Ce terme d’Antiquité grecque désigne une chan- moderne pourrait venir des États-Unis.
son de table, que les convives chantaient l’un après 4 Scooter désigne un véhicule à moteur à deux
l’autre dans un ordre irrégulier, en se passant une roues de petit diamètre, caréné, à cadre ouvert où
branche de myrte. les pieds du conducteur, qui est assis sur une selle,
reposent sur le bas du carénage. Développé en Ita-
SCOLIOSE n.f. est un emprunt savant (1820) lie, il en a reçu le synonyme vespa (f(guêpe)>I, nom
au grec tardifskoliôsis (action de rendre oblique ou de marque.
tortueux)), dérivé de skoliotin <rendre courbe>, lui- b Le mot a produit SCOOTÉRISTE n. (19511, calque
même de skolios «oblique, tortueww. Ce dernier de l’anglais motor-scootetit,
vient de skeios <<jambe> (+ second élément de iso-
cèle), à rapprocher de termes indoeuropéens signi- -SCOPE, -SCOPIE est un second élément,
fiant ade travers, tordun, comme le germanique tiré du grec skopos <(observateur>), dérivé de sko-
“skélah-, et peut-être du latin scelus «crime~~ (-, scé- pein {{observer, examiner>> qui se rattache proba-
lérat) qui signifMt originellement <<cequi est de tra- blement à une racine indoeuropéenne “skep-, par
versp. métathèse de “spek- que représente par exemple
+ Ce terme de médecine désigne une déviation de le latin specere (+ spectacle).
la colonne vertébrale dans le sens transversal. + L’élément entre dans la composition de mots sa-
,En dérive SCOLIOTIQUE adj. (1857) et n. vants désignant des instruments d’observation
Id&. me s.), crelatif à la scoliose, atteint de sco- I-scopel, tels que microscope*, horoscope*, etc., ou
liose*. des techniques d’observation, l’acte même d’obser-
0 voir @SCOLJE. ver &scopiel, par exemple radioscopie”, themosco-
pie, etc.
SCOLOPENDRE n. f. est emprunté (1314, 0 v0irÉcu~r~. ÉPISC~PAT.ÉVÊQUE,SCEPTIQ~.
scolopendriel au latin scolopendrium (ou -ion), lui-
même pris au grec skolopendrion, terme emprunté SCORBUT n. m. est la reprise Idéb. XVII~ s.,
à un substrat mal connu, qui désignait une espèce d’Aubigné1 de scuerbuyck 115571,emprunt au néer-
de fougère dont les feuilles évoquent la forme du landais présenté comme mot étranger, puis em-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3423 SCORSONÈRE

prurit au latin médiéval scorbutus, terme de méde- n@ues se dît Iv. 17901 d’une matière volcanique lé-
cine, Scorbutus a été formé sur la base d’un moyen gère, ressemblant au mâchefer, provenant du re-
néerlandais “~C&%L& d’ou le néerlandais moderne froidissement superficiel des coulées de lave. Le
scheurbuik, que l’on suppose d’après le moyen bas mot s’emploie par figure, comme déchet (179OL au
allemand schorbuk (1404; 1486, scharbock). Ce mot sens de apartie médiocre ou mauvaisen.
a peut-être été emprunté à l’ancien suédois sktirb- F Du nom dérivent les termes techniques SCORI-
iug, lui-même issu de l’ancien norrois skyr-bjugr si- FIER v. tr. 11750) <<réduire en scoriesn, d’où SCORI-
gnifiant proprement Mmdème Ibjugrl dû à une FICATION n. f. 11747) et SCORIFIANT, ANTE adj.
consommation abusive de lait caillé Iskyrh : cet ali- (1944, et SCORIACE, ÉE adj. (1775)“qui comporte
ment, emporté en grande provision sur les navires, des scoriess, didactique.
passait, chez les anciens Normands, pour être à
l’origine de la formation d’œdèmes. Une autre hy- SCORPION n. m. EV.11301, d’abord sous les
pothèse COxford Dictinaryl fait venir le moyen formes scorpiun, escorpiun ( 11191, ht emprunté au
néerlandais schorbuk du verbe schorert <<briser, dé- latin impérial scorpio «scorpion (animal veni-
chirer» et de btik wentrev (le mot scandinave serait meux)m, nom d’un signe du zodiaque et d’un pois-
alors emprunté du néerlandais ou de son corres- son de mer (en ces sens, aussi sous la forme scor-
pondant bas allemand). La différence entre le sens pius1 et par figure d’une sorte de machine de
initial du composé scandinave et celui de scorbutus guerre, puis à basse époque ufouet armé de pointes
- scorbut relève de l’histoire de la médecine et des de fery le latin est lui-même emprunté au grec
maladies. skorpius de mêmes sens. On ignore l’origine de ce
4 Scorbut désigne aujourd’hui une maladie par ca- mot. À cause de l’habitat principal de l’animal,
rence en vitamine C, caractérisée par divers Frisk a supposé un emprunt à une langue du sud
troubles Wvre, anémie, etc.). de la Méditemmée.
4 Le mot apparaît ( 1119) avec les sens du latin, dé-
,Le dérivé SCORBUTIQUE adj. et n. (16421,
signant un arachnide dont la queue se termine par
d’abord au sens de abon contre le scorbuts, qutie
un aiguillon crochu et venimeux (escorpiun) ainsi
ce qui est causé par le scorbut ( 17181. L’emploi subs-
que le huitième signe du zodiaque (Scorpiun; 1273,
tantivé (un scorbutiquel est attesté en 1672. Le mot
Scorpion). 0 À la fm du XII~s., le mot reprend une
a servi de base au composé ANTISCORBUTIQUE
autre acception du latin, désignant ( 1175) un fouet
(1671, adj.; 1701, n. m.). SCORBUTIGÈNE adj.
de guerre muni de lanières ou de chaûnes à pointes
Cv.19411, de -gène*, se dit de ce qui provoque le
scorbut. de métal, puis (1270, escorpion; 1546, forme mo-
derne) une machine de guerre servant à lancer de
SCORE n. m. est emprunté (1896) à l’anglais gros projectiles, aujourd’hui termes d’archéologie.
0 Au XVI~s., scorpion s’est dit par figure pour Nper-
score (xv” s.) Sign%ant proprement ((entaille*, puis
wingt~~ (nombre marqué par une longue entaille sonne méchante> ( 1553) ; cette valeur figurée a dis-
sur un bâton), d’où les sens de amarque,, «compte>>, paru, mais des emplois métaphoriques du nom de
<<nombre de pointsn ( 1742). Il est emprunté à l’an- l’animal sont toujours possibles. 0 Par analogie
cien norrois skor aentaillen et wh@ (cf. suédois avec l’insecte, le mot s’emploie pour désigner
skara, danois skaar), qui se rattache à une base d’autres animaux, par exemple scorpion de mer
francique Oskor-. L’anglais score est relevé comme (16111, nom usuel du scorpène (ou rascasse), scor-
terme de sports au XVIII~s. (1742). pion d’eau (1690) cnèpe (insecte)>+ etc.
Ah nom dérive le terme de zoologie SCORPIO-
4 C’est dans cet emploi qu’il passe en français, dé-
NIDÉS n. m. pl. (1875; 1819, scorpionides).
signant le nombre de points obtenu par chaque ad-
versaire au cours d’une P&ie. Repris par analogie SCORPÈNE n. f. est emprunté (1552, Rabelais> au
dans le vocabulaire politique, le mot concerne le latin impérial scorpuena qui désigne un poisson de
mer d’espèce indéterminée (1445, ancien proven-
résultat chif?Yé obtenu par un candidat lors d’une
élection (19641, puis le résultat d’un test, d’un son- çal scorpenu), lui-même pris au grec skorpuina
dage ( 1968) et, avec une valeur positive, une perfor- <scorpion de merB, dérivé de skorpios. oEn hn-
çais, le terme désigne un poisson à tête forte et hé-
mance dans les domaines économique, technique,
etc. 119691, notantment dans un bon, un e;ccellent rissée d’épines, aussi appelé crapaud ou diable de
score. mer, et en Provence rascasse. +En dérive SCOR-
PÉNIDÉS n. m. pl. knil. XX~s.l.
SCORIE n. f., attesté une première fois à la fm SCORSONÈRE n. f., francisation (16511,
du XIII~ s. Iv. 1290) et repris au XVI~s. I15531, est em- comme scorzonère (1620) et scorçonère ( 16581, de
prunté au latin impérial scoria, lui-même du grec scorzoneru ( 15721 ou scorsoneru ( 16151, est em-
skôriu &ume d’un métal, en particulier du fern, prunté à l’italien scorzonera, dérivé de scorzone
dérivé de skôr, skutos ((excrément)> (+ scatologie), <<serpent venimeux» dont on soignait la morsure
qui s’apparente peut-être au latin stercus aexcré- par la scorsonère. Scorzone représente, avec 1’s de
ment, fumiern. scotio courts, le bas latin curcio, -onls wipère>> (at-
+ D’abord employé au sens d’&luvion» (v. 12901, testé dans les Gloses), qui s’apparente peut-être au
disparu, scorie a été repris au XVI~s. pour désigner latin classique cuti-tus «écourté, tronqué* I+ court),
un résidu solide provenant de la fusion de minerais cutio étant proprement un *animal aux membres
métalliques (qui monte comme une écume à la sur- écourtés et ~un serpent de taille assez courte>>.
face de métaux). ~Par analogie, scories V&U- D’autres font venir l’italien de l’espagnol escorzo-
SCOTCH DICTIONNAIRE HISTORIQUE

neru, lui-même pris au catalan escurFoneru, dérivé un emprunt savant au latin classique scriba ((CO-
de escurCo, formation parallèle à scorzone. On sup- piste-, «greffiep, <<secrétaire>> et, à basse époque
pose parfois un latin populaire “excurtio, de cutio, dans la langue ecclésiastique (au pluriel), (<docteurs
comme intermédiaire. de la Loi chez les Juifsm, traduction de l’hébreu sOfe-
4 Scorsonère désigne une plante dont une variété à rirn «docteurs de la Loi>>. Scriba est la forme nomi-
écorce noire, cultivée, est comestible, couramment nale de sctiere qui a donné éctire* et a par ailleurs
nommée ~3alstis noir=. abouti, par le latin populaire scribanem (accusatif
de scriba), à écrivain*.
SCOTCH +WHISKY +Le mot a d’abord le sens du bas latin ecclésias-
tique et s’emploie comme terme d’Antiquité juive,
SCOTOME n. m. est emprunté (18391, par l’in- puis 113751il désigne la personne qui, dans l’Anti-
termédiaire du latin médiéval scotoma *vertige, quité, écrivait les textes officiels, les actes publics,
éblouissementn, au grec tardif skot6ma «vertige)), etc. ; scribe conserve cette valeur dans la civilisation
dérivé du verbe skotoun. Ncouvrir de ténèbres, médiévale. 0 Le mot s’applique aussi ! 1461) à une
aveugler par un éblouissementm, lui-même de ho- personne employée à écrire à la main, à faire des
tas ((obscurité, ténèbresn, vocable probablement in- copies, profession répandue jusqu’à l’invention de
doeuropéen, que l’on rapproche de mots germa- la sténographie, à la ti du xwte siècle; cependmt
niques de sens voisin (anglais S~U&, shadcnu scribe prend une connotation péjorative dès le
«ombrenI. Le latin a été emprunté auparavant sous XVII~s. IAcadémie, 1694, “par raillerien) et il est usité
la forme scotomie n. f. *vertige apoplectiquen (xv”- pour {{employé de bureau> (cf. bureaucrate, grutte-
XVI~ sd, reprise au XVIII~ s. et encore attestée en 1858. papier). L’emploi péjoratif pour <<mauvais écrivainm
+ Scotome, terme de médecine, désigne un trouble (18231 est vieilli (cf. suibouilleur).
de la vision se manifestant par une tache qui b SCRIBOUILLER v. intr. a été formé (attesté 18491
masque une partie du champ visuel et, par analo- sur le radical de sctibe d’après les verbes tels que
gie I10r” s.), une lacune dans la perception de sé- gribouiller, barbouiller; on a rattaché par plaisante-
quences sonores. rie ce verbe au nom d’Augustin Eugène Scribe
b À partir du grec shotôma a été formé savamment I 179 l- 18611, auteur dramatique prolifique. SC&
SCOTOMISATION n. f., terme dû à Laforgue et Pi- houiller s’emploie familièrement pour &crire mal,
chon (19261, pour traduire l’allemand Verleugnung, sans soin ni stylen et <<travailler aux écritures%. +Du
((dénis chez Freud. Ce terme de psychanalyse se dit verbe dérivent SCRIBOUTLLAGE n. m. (18261,
du rejet inconscient et sélectif, hors du champ de *mauvaise écriture; mauvais style», SCRIBOUIL-
conscience, d’une perception, d’une réalité pénible LEUR, EUSE n. (fin XIX~ s.), ((mauvais écrivain)> et
pour le sujet, 0 De là SCOTOMISER v.tr. (1930). =Personne qui écrit beaucoup, aime à écrirem, et
SCRIBOUILLARD,ARDE n., apparu(19141ausens
SCOUMOUNE ou SCHKOUMOUNE de <soldat employé aux écrituresB In. m.) et em-
n. f., attesté en 1941 mais usité depuis 1930 au ployé couramment Il9391 pour «fonctionnaire,
moins en fiançais d’Algérie, est emprunté au corse commis aux écrituresm ainsi que pour amauvais
scomun ou à l’italien scomunica, dérivé de ~CO~U- écrivain, rédacteur...D.
nicare, du bas latin excommwicare (+ excommu-
nier). Un relève en ancien provençal escomengar et 0 SCRIPT n. m. est un emprunt (attesté 1951) à
en provenGa1 moderne escoumenia «maudiren. l’anglais script &crit, type particulier de caractères
4 Ce mot argotique s’est répandu en France à par- typographiquesm 119201, forme abrégée de script-
tir de 1950, par l’intermédiaire du milieu corse et wrlting (&criture») ou de print-script kimprime-
marseillais. Il se dit pour ccmalchancen, amauvais rie-); le mot anglais, (1838 en typographie) est em-
sol%. prunté au latin scriptum &gnep, &critm, participe
passé neutre substantivé de scribere (+ écrire).
SCOUT + BOY ~BOY-SCOUT) 4 Le mot désigne un type d’écriture à la main, sim-
Pli%e, qui se rapproche des caractères d’imprime-
SCRABBLE n. m. est un emprunt (1962) à l’an- rie 11951, écriture script), Dam le vocabulaire de
glais scrabble gribouillagep, dérivé de to scrubble l’imprimerie, SCRIPTES n. f. pl. se dit des carac-
~~gribouiller, griffonner-, littéralement agriffer, grat- tères typographiques imitant l’écriture. oUn ho-
ter)>. Ce verbe est de la famille de to scrape “grat- monyme du XVIII~s. (17881, employé en finances,
terri, d’origine germanique (francique oskzrup-3. Le vient d’une contraction de l’anglais subscription re-
mot anglais a été choisi en 1947 comme nom de ceipt areçu de prêt».
marque pour ce jeu d’origine américaine. 0 voir SCRIPTE.
4 Scrabble désigne un jeu qui consiste à remplir
une grille préétablie, au moyen de sept jetons por- 0 SCRIPT + SCRIPTE
tant chacun une lettre, de façon à former des mots
totalisant le plus grand nombre de points. SCRIPTE n. m. ou f. représente une tiancisa-
F Le dérivé SCRABBLEUR,EUSE n. est attesté en tion (1973) de l’anglicisme script-girl n. f. 119291,
1976. abrégé en script ( 1958). L’anglais script-girl (aussi
employé en français par emprunt : 1929) est
SCRIBE n. m. attesté chez Jean de Meung composé de script hextem (-, 0 script), et de girl
(av. 1278) sous la forme simptiée cribe (v. 13001, est &Ile» (+ girl).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3425 SCRUPULE

4 Le mot désigne, comme en anglais, une personne à la scrofulen, est substantivé au XVI” s. pour dési-
chargée de la tenue des documents et de la conti- gner une personne atteinte de cette maladie (15491.
nuité dans la réalisation d’un film, d’une émission SCROFWLAIRE n. f. est emprunté (xv” s.; v. 1240,
de t élévîsion. scrophulure) au latin médiéval scrophuiariu (dérivé
b @ SCRIPT n. m. est emprunté (mil. XX~s.) à l’an- de scrofulae), nom d’une plante herbacée appelée
glais script Kscénario d’un filmm, dans le vocabulaire «herbe aux écrouelles» (aussi nommée scrofularia)
du cinéma et de la télévision. passant pour guérir cette a$ection. *En dérive
SCROFULARIACÉES n, f. pl. (1871; 1817, scrofulu-
SCRIPTEUR n. m. est emprunté (1352-1356, rinies), terme de classtication botanique.
8ersuire) au latin sctiptor asecrétairen, spécialisé
au sens d’krivain, auteurn pour le distinguer de
SCROGNEUGNEU interj. est un mot ex-
pressif ainsi transcrit par Frison ILes Aventures du
scriba I+ scribe) et dérivé de sctiptum, supin de
colonel fionchonnot, 1884) pour sacré nom de Dieu!
scribere &crire*~~.
altéré par grogne (cf. sucrégnongnieu, 1884).
+ D’abord employé avec la seconde valeur du latin,
puis pour +cribea (Rabelais), le mot continue à dé- 4 Interjection de vieux soldat, devenue le nom d’un
vieux militaire bougon, aussi adjectif (en usage
signer, en termes de religion, un officier de la chan-
jusqu’à 1950 environ).
cellerie pontificale, qui écrit des bulles (1690).
0 Par reprise didactique au latin, il s’emploie en 0 SCRUPULE n. m. est emprunté 11375) aula-
graphologie 11907) et en linguistique, opposé à lo- tin scrupulus Kpetite pierre pointuen et par figure
cuteur, pour (celui qui écrit>>. =Sentiment d’inquiétude, embarras, souci)) (d’où
b Le composé TÉLESCRIPTEUR n. m., terme tech- l’anglais scruple, à moins que celui-ci ne soit repris
nique ( 1897 ; répandu plus tard) formé d’après télé- au français, l’allemand SkrupelI, diminutif de scru-
lgruphel, désigne couramment un appareil de pus <(pierre pointue>>, d’origine obscure.
transmission électrique des dépêches. + Le mot s’emploie d’abord au sens d’einquiétude
morale quant à la conduite à tenirn ou ucrainte de
SCRIPTURAIRE adj. est un dérivé savant
commettre, d’avoir commis une faute)) ; il entre
(1701) du latin classique scriptura &riture*B, dé-
dans les locutions scrupule de conscience (14051 et,
rivé de scribere Gxîre*~~, le latin scripturutius ne si-
sorties d’usage, mettre hors de scrupule (<enlever les
gnifmnt que agreffier)).
scrupules de>>,mettre qqn en scrupule (de) puis faire
4 Le mot s’est d’abord employé comme substantif scrupule à ( 1541) ((donner à qqn des scrupules3
dans un sens disparu (<secrétaire>)); il reprend en- (1538). 0 Scrupule se dit par extension pour <<doute,
suite Iv. 1850) la valeur du 1,atin ecclésiastique, qua- incertitude touchant un point précis> (15491,notam-
lihnt ce qui est relatif à 1’Ecriture sainte. 0 Quali- ment dans faire scrupule (del <hésiter GI», avoir
fiant ce qui se rapporte à l’écriture (18721, il est scmptde (del [ 16771 et se faire un scrupzde de
didactique. (av. 1695). Avec la première valeur du mot, faire
bSCRIPTURAL,ALE,AUX adj., relevé en ancien scrupule de Iù qqch.l s’est dit pour flne pas vouloir,
provençal vers 1350 au sens de *qui sert à écrire», par délicatesse de conscience, faire qqch.n (1549).
est un dérivé savant de scriptum ou est emprunté 0 Sans scrupule, d’abord gsans aucun douten
au bas latin ecclésiastique scripturulis <relatif aux ( 16001, a pris le sens ( 1734) de ~S~IX inquiétude sur
Écritures saintes- Cv.1834). Monnaie scripturale le plan moral>>. La notion de morale prédomine
( 19451, “qui permet d’effectuer des règlements par dans le sens de agrande exigence personnelle qui
simple jeu d’écriture», est un terme d’économie. pousse à juger avec rigueur de sa propre conduiten
(1611, scropule) ; elle a suscité des emplois étendus
SCROFULE n. f. apparait au xwe s. Iv. 13631, en parlant de la rigueur d’un artiste, d’un auteur
après l’ancien provençal escroulas (v. 12801, escro- dans la correction d’un ouvrage (16531, avec une va-
fila E13041 [cf. écrouellesl. Le mot, aussi écrit scro- leur péjorative à la ti du XVII~s., puis à propos
phule ( 14951, est emprunté au bas latin scrofulae d’une grande délicatesse de mœurs, de procédés
n. f. pl., terme de médecine (we s.), en latin popu- ( 17621, et la locution @tic exact1 iusp ‘au scrupule
laire “scrofellae, calque du grec khoirus, -ados aob- “jusqu’à la plus grande minutien. On reléve à l’épo-
jet en forme de dos de cochonm, d’où «écueils à fleur que classique, avec l’idée d’inquiétude, entrer en
d’eau)) (la métaphore du troupeau de porcs pour scrupule kur qqch.1 [ 16361, avoir du scrupule aavoir
désigner des rochers existe dans d’autres langues) une inquiétude de conscience>) (ti XVII~s., être en
et au pluriel khoirudes &crouelles>) par analogie de scrupule), emplois disparus, et par la suite se faire
forme. Scrofulue est le diminutif du latin classique un scrupule de 11740; se faire scrupule de, 1762).
scrofa &+uieB puis en bas latin <vulve>) (---+écrou, 0 Scrupule au sens de avétille, petit détailn (1670,
écrouelles). Molière) est sorti d’usage, de même que le sens
+ En médecine ancienne, le mot s’employait au plu- concret antérieur de Rpetit caillow ( 15851, lati-
riel pour =écrouelles» (ou Khumeurs noires4 0 Il nisme. 0 En psychologie on a appelé maladie du
est spécialisé aujourd’hui pour désigner une lésion scrupule 11907) une forme de psychasthénie carac-
de la peau ou des ganglions lymphatiques, tendant térisée par l’hésitation avant l’action, la manie de la
à produire des fistules, caractéristique de la tuber- vérification.
culose ou de la syphilis. WSCR~PWLEWX,EUSE adj. et n. est dérivé de
,Le dérivé SCROFULEUX,EUSE adj. et n. scrupule (fin XIII~s. Il382 selon T.L.F.1) sur le modèle
(av. 1363 ; 1534, scrophuleuxl, Nrelatif aux écrouelles, du dérivé latin classique scrupulosus arocaillewr,
SCRUTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

âpren et à l’époque impériale ~minutieux, vétilleux, désigné dans la langue religieuse une personne qui
scrupuleux>>. + L’évolution sémantique est paral- examine les profondeurs de la conscience, sens
lèle à celle de scrupule : d’abord ((qui est sujet & sorti d’usage comme celui de <personne qui exa-
avoir des inquiétudes de conscience> (1587), aussi mine le secret de qqch.n (15521, vivant à l’époque
en parlant de choses ( 15411, et aussi -minutieux, classique. 0 Au XVII~ s., par influence de scrutin, le
eXaCtn (15491, «fait avec un SO~I minutieux> (16851. mot substantivé désigne une personne appelée à
La construction être scrupuleux à hivie de l’inki- participer au dépouillement d’un scrutin (1680) ;
tifl <<être très attentif, s’attacher avec scrupules cette acception est restée vivante. OL’adjectif,
El6801 est sortie d’usage. L’adjectif est substantivé d’abord appliqué (17731 à une personne qui exa-
(1762) pour «personne scrupuleuse>). 0 Il a fourni mine qqch. avec une grande perspicacité, s’em-
SCRUPULEUSEMENT adv., *avec un soin minu- ploie au sens de <qui scrute, qui examine attentive-
tieuxn (13751, employé aussi avec une valeur morale mentn C1823, un regard scrutateur1 ; il est alors
(16901. -SCRUPULOSITÉ n. f., dérivé de scrupule littéraire. 0 Le nom est repris dans le vocabulaire
(xv” s-1 d’après le bas latin scw~uZositus, rare, technique 11907) pour désigner un appareil per-
«exactitude minutieuseti, ~souci, inquiétude>> Idé- mettant le contrôle de marche de certains procé-
rivé de scrupulosus) et repris en fiançais moderne dés continus (par ex. en chknie),
( 16 11, puis 1871, Littré), est littéraire ou didactique. 0 voir SCRUTIN.
0 SCRUPULE n. m., réfection (déb. xwe s-1de scru-
pel (xnr” s.1,est emprunté au latin classique scrupu- SCRUTIN n. m., réfection ( 1465) de crutine,
lum ou scripulum (aussi scriptulum, scriptulus par crestine (XIII~s.1, devenu escwtine (1326), scrutin
rapprochement avec scribere krire~), désignant ( 1413) puis scrutin, est emprunté au bas latin scruti-
en général la plus petite division d’une unité de nium aaction de fouiller)) qui se spécialisa dans le
mesure et, spécialement, la 24e partie de l’once et vocabulaire ecclésiastique pour désigner l’examen
de l’heure; le mot s’emploie aussi par figure pour des opinions; il dérive du latin classique scrutati
<faible poids, petite quantité, petite fraction%, Scru- qui a donné scruter*.
pulum représente une variante neutre de scrupu- + Le mot apparaît avec le sens d’&lection ou déci-
lus, diminutif de scrupus. *Scrupule est passé en sion par vote secret)} et s’emploie surtout dans des
français avec les acceptions techniques du mot la- expressions. Ainsi faire crestiw signifiait ({procéder
tin; deux sens ont été empruntés : wnité de poids à une élection par vote secret» (v. 1260) et par cw-
égde à la 24’? partie de l’once (équivalant à tine “par vote secretm. Sous la forme moderne, voie
24 grain+ (XI~” s.) et 4a plus petite monnaie d’or, à de scrutin ( 1465) et par scruti ( 1671) ont la même
Rome)) 11538). Le mot s’est employé comme terme valeur. Scrutin ne se répand qu’au milieu du
d’astronomie Iv. 1450, scriptdel, puis pour désigner XVIII~siècle. * Parallèlement, à partir du verbe dis-
une mesure de surface romaine (v. 1550) et pour paru scrutiner ( 1440- 14751, d’abord escrutiner
vtrès petite quantitén (av. 16541, acceptions ar- (v. 12401,emprunté au latin médiéval scrutinare, ré-
chaïques. fection de scrutari, scrutin se dit (1326) de l’examen
de l’opinion des religieux que pratique un supé-
SCRUTER v. tr., attesté en 1501, mais rare rieur en vue de choisir le titulaire d’un office, d’où
avant le milieu du xwte s., est encore donné comme
le sens laique &examen, recherche attentive>
néologisme en 1788 (Féraud) ; l’ancien provençal
11380). Cette valeur est conservée à l’époque clas-
escrutar est très antérieur (XIII~s.l. Le verbe est em-
sique, avec faire le scrutirc de Rappliquer sa re-
prunté au latin scrututi, d’abord employé au sens cherche à» 116381, spécialement aexaminer l’opi-
de afouiller (comme un chiffonnierl~~, puis plus lar-
nion des religieuxb, et, comme terme d’histoire,
gement {{fouiller, explorepj et NrechercherB ; SCTU- avec scrutin acérémonie où les catéchumènes
tari dérive de scruta n. pl. «hardes, chiffons, fripe-
étaient interrogés sur la foi)) (16901,le jour du scrutin.
rie+, mot sans étymologie connue, équivalent du dans l’ancienne Église correspondant au mercredi
grec grutê. saint (1690). *Ces emplois ont disparu, scrutin,
4 Scruter s’emploie au sens d’ccexaminer avec une après la disparition de scrutine (av. XVII~s.), déve-
grande attention, pour découvrir ce qui est cachén, loppant à la ti du XVIII~s, son acception électorale ;
d’abord dans le domaine moral, puis (1862, chez le mot désigne l’opération électorale elle-même,
Hugo1 pour «examiner attentivement par la vue, sens imposé par la Révolution, une modalité parti-
fouiller du regards. culière des élections ( 17891,en particulier avec une
~SCRUTATION n.f., dérivé du verbe (XV~~. ou qutication : scrutiez. couvert, aujourd’hui scrutin
1495) ou emprunté au latin impérial scrutatio we- secret ( 17931, opposé à scrutins découvert, devenu
cherche minutieusem, s’est employk dans ce sens; plus tard scrutins public ( 1875) ; scrutin de kste (17891
rare à partir du xwe s., réapparu vers 1790, puis et, avec la III” République, scrutin d’arrondissement
en 1859 (attestations isolées), il ne semble pas usité (1885). Le mot entre également dans des expres-
avant le milieu du XX~siècle, 0 Il désigne, en infor- sions verbales comme dépouiiler le scrutin ( 17891,
matique, l’opération du lecteur optique enregis- ouvrir, fermer le scrutin 11835).
trant un texte. + SCRUTEMENT n. m. est rare
(1888, A. Daudet) pour «action de scrutern. SCULPTER v. tr., apparu vers 1270 (in T.L.F.) et
SCRUTATEUR,TRICE n. et adj. est emprunté repris vers 1506, reste rare avant le XVI~I”~. (1718,
(XIV~s., selon Wartburg; 1495, T.L.F.) au latin impé- Académie]. Le verbe est une réfection de sculper à
rial scrutator acelui qui fouille (qqn, un lieu))) et au partir de sculpteur et sculpture ou est formé à par-
figuré (<celui qui scrute>>.Comme nom masculin, il a tir de sculptum, supin du latin impérial sculpere
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3427 SCYTHE

=Sculpter>> et au figuré «graver (dans l’esprit3M. Ce un artiste qui taille des images dans la matière
verbe est construit sur le modèle de verbes compo- dure ; en ce sens, le féminin sculptrice est employé,
sés à partir du latin classique scalpere (+ scalpell, mais l’usage tiançais préfère femme sculpteur En
au supin scalptum, agratter>>, <<tailler, sculpter>> dans XVIII~S.I.0 Au me s., en emploi technique, le mot dé-
la langue des graveurs et des statuaires, traduisant signe un tailleur de pierre qual%é, qui taille les
le grec gluphein agraver» I-, -glyphe). Sculpere morceaux les plus dficiles et, surtout, un artiste
(sculpire en bas latin), verbe sans étymologie créateur en toutes formes de sculpture.
connue, a été emprunté par le français sous la @ voir Q ÉCHOPPE, SCAJAPEL.
forme esculpir v. tr. <<graver, inciser» (xv” s.), mainte-
nue jusqu’au milieu du XVIII~s. 11771, Trévoux). SCUTWM n. m. est emprunté ( 1765, Encyclopé-
die) au latin scutum Sign%ant Mbouclier)), au figuré
+ Le verbe signifie d’abord <graver, tailler dans la
<<défense». On a rapproché le mot du sanskrit
matière dure>>. Une variante insculpter (xv” s-1s’est
skbuti uil couvre3 et, par ailleurs, de l’irlandais
employke jusqu’au XVIII~siècle; elle était emprun-
sciath, du vieux slave s’titii,mots signifiant abou-
tée au latin classique insculpere. 0 Sculpter prend
clierm, mais le problème de la première voyelle (u
son sens moderne au XVIII’ s. ; il s’emploie aussi
( 1760, absolument) pour afaire une sculpture)} et en latin) n’est pas résolu. Scutum a abouti par ail-
lapr. 17601 afaçonner, produire lune œuvre d’art en leurs en tiançais à écu* (1080, escut).
trois dimensions) en taillant une matière duren, 4 Comme terme d’archéologie, le mot désigne le
sculpté signifkmt corné de sculptures)> (18121. bouclier romain. oEn zoologie (18421, il désigne
0 Avec un nom de choses pour sujet Ha pluie, les l’écusson des insectes.
éléments...] (mil. XJY s.1,il se dit pour afaçonner en b SCUTIFORME adj., composé (1538) de scuti- et
formant des reliefs et des creux>>. de fowne*, est un terme didactique qual5ant ce qui
F Du verbe dérive le terme technique SCULPTAGE a la forme d’un écu, d’un bouclier. 0 On dit aussi
n. m. (18421, d’emploi rare. SCUTELLIFORME adj. (1871) et parfois SCUTEL-
SCULPTURE n. f. est emprunté ( 1380) au dérivé la- LOjiDE (18761, de -otie.
tin sculptura «travail de sculpture, gravure sur
pierres. 0 Il apparait avec le sens d’ccouvrage taillé
S CYTALE n. f. (15861, d’abord scitale n. m.
(xv” s.1, est un emprunt au latin scytala Iscytale)
par le sculpteur>> (en emploi non technique, statue
<bâton sur lequel était enroulé un parchemin* et
est plus courant) et désigne par exemple 11380)
«serpent», lui-même emprunté au grec skutulê,
l’ensemble des ornements qui décorent une partie
proprement «bâton à gros bout», «branche)). L’éty-
d’un navire. La valeur moderne de une sculpture
mologie du mot est incertaine; un rapprochement
n’est attestée qu’en 1529. 0 Au XVI” s., le mot s’em-
ploie (1530, scoulpture; 1549, forme moderne) en possible avec un verbe lituanien sign5ant agratter,
racler)) ne permet pas d’établir une famille indoeu-
parlant de l’art du sculpteur ; il remplace en ce
ropéenne.
sens la forme sculpeure ( 1403, dérivée de sculper.
0 L’art de la sculpture est évidemment représenté $ Le mot, didactique et rare, est d’abord emprunté
dans la culture médiévale avant l’attestation du avec le sens du latin (<serpent>, qui sera repris
mot. Ses produits étaient nommés par des termes en 1803 et employé jusqu’à la ~III du XD? siècle. 0 Il
comme statue, image, etc. Quant à l’activité même, est réemprunté au XVI~s. (1586) comme terme d’An-
dénommée à la Renaissance, elle relevait de la tiquité grecque, désignant un bâton sur lequel les
taille de la pierre, travail d’artisan à objectif reli- Spartiates enroulaient en spirale une bande de
gieux ou décoratif (ou les deux), avant de s’élever parchemin pour y écrire le texte d’une dépêche,
dans la conscience collective au statut d’art indé- puis par métonymie (1829) cette dépêche.
pendant. La notion même, à partir des temps mo-
dernes, dépend des techniques; de la taille d’un
S CYTHE adj . et n. est un emprunt savant (1422,
A. Chartier ; nom, 15111 au latin Scythu ou Scythes
bloc de pierre au ciseau - sens largement domî-
ahabitant de la Scythie, relatif à la ScythieD, em-
nant à l’époque classique - on est passé au mode-
lage de la glaise, aux processus de fonte et de mou- prunt au grec Skuthês. Ce nom reposerait sur la ra-
cine sanskrite “sku- et Sign%erait xgardeurs (de
lage, eux-mêmes fort anciens mais qui ne
relevaient pas de cette désignation, à l’exception troupeaux)=. Les Scythes, qui vivaient dans une ré-
des métaux moulés (bronze, etc.), puis au xxe s. à gion située au nord du monde que connaissaient
toutes les formes de ccréation esthétique dans l’es- les anciens Grecs, furent représentés dès Hérodote
pace”, incluant l’assemblage d’éléments, le sou- comme des guerriers violents, coupeurs de têtes et
dage, la compression, les structures mobiles, etc. grands buveurs, ne possédant d’autre savoir que
Ces motications tiectent la valeur de tous les leur habileté guerr?ère ; c’est ainsi que le mot a pris
mots de la série; cependant, sculpter reste plus at- en grec le sens d’ahomrne inculte, grossier, brutal*.
taché aux techniques traditionnelles. + SCULPTU- + Le mot signifie Nhabitant de la Scythîem et aussi,
RAL, ALE, AUX adj. quame d’abord (1765) ce qui comme dans 1’Antiquité Idéb. xwe sd, Gnditidu
est relatif à la sculpture puis (1869) ce qui évoque la grossiep, acception sortie d’usage comme le dé-
sculpture. 0 Ces emplois sont devenus archa,ïques rivé SCYTALISME n. m., formé (18121 sur le mo-
et l’adjectif s’emploie ( 1854, E. About in T.L.F.1 au dèle de vundakpne. 0 Au xxe s., Ie scythe n. m. dé-
sens de “qui décrit la beauté des formes en un style signe une langue iranienne ancienne dont est issu
lui-même plastique)). l’ossète, parlé dans le Caucase.
SCULPTEUR n. m., emprunté (v. 14001 au bas latin b SCYTHIQUE adj. est emprunté ( 15761 au latin
sculpter asculpteur>>, dérivé de sculptum, désigne scythicus {{relatif à la Scythie», lui-même pris au
S.D.F. 3428 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

grec shuthikos (dérivé de skzu~ti~l. D’abord em- SÉBUM n. m. est un emprunt savant ( 1764) au
ployé au sens de abarbaren, qui correspond à celui latin sebum «suif%
de scythe et a disparu, l’adjectif reprend ensuite la + C’est un terme technique pour désigner la sécré-
valeur ethnique et historique ( 1839). tion grasse produite par les glandes sébacées.
b SÉBORRHÉE n. f., composé (1855) de séb(umj et
S.D.F. +DOMICILE
de xrhée, du grec rhein ucoulep (+ rhume), désigne
l’augmentation de la sécrétion des glandes séba-
SE + SOI cées. oI1 a pour dérivé SÉBORRHÉIQUE adj.
11904).
SÉANCE, SÉANT + SEOIR SÉBACÉ, ÉE adj. est un emprunt savant I17341 au
latin impérial sebaceus Mde suif», dérivé de sebum.
SEAU n. m. Ixur” s.), qui a remplacé seel (XII~ s.), L’adjectif qualse, en médecine, ce qui est de la na-
est un mot d’abord propre à la France du Nord, issu ture du sébum, formé de sébum ; il s’emploie par
du latin populaire “sitellus, variante masculine du extension dans glandes sébacées (17%‘). 0 Il entre
latin classique sitella «urne (de scrutin)», diminutif dans le composé PILO-SÉBACÉ, ÉE adj. (1878; du
de situla Cou situlusl aseaum et w-ne (de vote)>, sans latin pilum «poil*), terme d’anatomie.
origine connue.
+Le mot désigne (~II” s.l un récipient qui sert à +@SEC, SÈCHE adj., adv. et n. est issu (v. 980)
transporter des liquides ou diverses matières. Par du latin siccus <dépourvu d’humidité», qui s’em-
métonymie (1240, sel; xvf s., seau), il s’applique au ploie avec de nombreuses acceptions dérivées ou
contenu d’un seau, d’où la locution figurée ilpleut à figurées, par exemple en parlant de la complexion
@leti1 seaux aabondammentn ( 1690). Seaux de ville du corps, d’une personne qui ne boit pas, et avec
<seaux dont on se sert pour porter de l’eau dans les les valeurs abstraites, &oid, indifférent» et <<sans
incendiesn (1680) a laissé la place (1835) à seaux Ù émotion> (du style). Cet adjectif est apparenté au
incendie, lui-même sorti d’usage. Seau de toilette, grec iskhnos de même sens kh expressif), à l’aves-
seau hygidnique, cara&éristiques du x& s., tendent tique hikti, et se rattache à la racine du sanskrit
à disparaître. sitic& *il verses.
k SEILLE n. f., (v. 1180) issu par évolution phoné- 4 En français, l’adjectif reprend les acceptions du
tique du latin situla, s’emploie encore régionale- latin avec des valeurs concrètes et abstraites; il
ment pour désigner un seau de bois à oreilles évi- s’emploie aussi comme nom masculin et comme
dées pour y passer un cordage. Il désigne par adverbe. On passe de l’idée d’aabsence d’humiditéx
extension (XIX~s.1 un récipient en bois ou en toile, à celle de amanque (de liquide, puis d’un élément
emploi technique. +De ce nom dérivent SEILLON quelconque)». Sec qutie une plante desséchée et
n. m., terme régional, d’abord au sens de *petit s’applique ensuite Iv. 11121 à ce qui est dépourvu
seaw (13551, disparu, repris à la fin du ti s. en em- d’humidité, ne renferme pas d’eau, d’où l’emploi
ploi technique (viticulture); SEILLOT n. m. 11842) substantif pour alieu sec», collectivement (v, 1112,
*petite seillem et SEILLÉE n. f., mot dialecttal (SO- au sec). Le sec n. m. désigne ( 1773) une terre sèche à
lognel, passé en fkan@s écrit au milieu du D? s. marée basse. 0 Au XL~~s., le sens concret s’ap-
comme terme de pisciculture, en moyen fkançais plique aussi à ce qui est séché par un traitement
(1367) <<contenu d’un seau’). approprié (12731, d’où raisins secs et le sec, pour
<fourrage secm( 13421,opposé à le Ve??.Au figuré, on
SÉBILE n. f., attesté en 1417, est un mot d’ori- disait employer le sec et le Vert 4ous les moyens”
gine incertaine. Un rapprochement avec le persan ( 1450). 0 La peau, la langue dépourvue de son hu-
zibb2 <panier d’osier destiné à renfermer des midité naturelle est aussi dite séche 11389, bouche
dattesB, acorbeille, sac, besace> est très hypothé- sèche). + À sec, où sec est substantivé, correspond à
tique, le mot français n’étant pas représenté dans asans eau> en parlant d’une rivière (XIV s.1 et à
l’aire méridionale. Il en va de même pour l’arabe asans se mouille- à propos d’un être vivant 115301.
subil =aumônev. P. Guiraud émet des réserves, À pied sec, oti sec est adjectif, a le même sens Eusec
pour cette même raison, et suggère pour étymon pé, xrves.l. À la fin du XVI~s,, par figure, être à sec si-
un latin populaire “cibilis, variante de cibalis “qui a me «n’avoir plus d’argentm ; de là viennent réduire
trait à la nourriturem, dérivé du latin classique cibus qqn 9 sec Il 6581,aujourd’hui mettre qv à sec ( 1690 ;
anotiture (de l’homme, des animaux)* (-, civière) ; dès 1531, metie qqn à sec d’argent). A sec évoque
sébile aurait désigné une auge recevant la nourri- en même temps l’emploi suivant. oEn termes de
ture des animaux, d’où son emploi figuré en par- marine, à sec s’est dit pour ((hors de l’eaw 116071,
lant d’un mendiant; mtis cette possibilité reste très puis pour @ans voile hisséen (16 113,remplacé par à
hypothétique. sec de voiles (18711, à sec de toile. A sec évoque
4 Sébile désigne une petite coupe en bois utilisée aussi l’échouage - cf. sur le sable* - et se prête à
par les mendiants pour recueillir les aumônes diverses métaphores, comme on vient de le voir. En
(longtemps constituées de noumiture). La locution outre, être à sec an’avoir plus rien à dîreB (1559)
tendre la sébile xdemander l’aumônen ( 1886, Loti) a s’emploie moins que être, rester sec &re inca-
vieilli avec l’emploi de l’objet. 0 Par extension, le pable de répondre (par ex. à un examer&, beau-
mot s’emploie dans divers corps de métiers pour coup plus récent (1866) ; mettre qqn à sec «le réduire
désigner un récipient en bois. au silenceu (1678) est sorti d’usage, mais on peut y
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3429 SEC

rattacher des emplois plus récents. ~Sec se dit à des metaux cassants. Dans ce même domaine
aussi pour ~sans pluie& : saison sèche Gin XIV~s.), artistique, mais avec le sens propre, gruvure ù la
d’où le sec n. m. (v. 12651, et il ftit sec kwe s.l. pointe sèche (1765) est concret et technique. 0 Sec
Sec se dit par analogie à partir du XII~s. d’une per- peut correspondre à ~Sans élément ajout& (cf. ci-
sonne qui a peu de graisse, d’oc les locutions être dessus tout sec). Dans jouer en cinq secs (1877)
sec comme un pendu (1690), disparue, sec comme ejouer en une seule manche de cinq points Ià
un hareng ( 18451, un échakw, etc. et l’emploi l’écart&, sec est substantivé; d’où l’emploi adver-
comme nom masculin (1835, ufl grund sec). L’em- bial en cinq sec <<rapidement- 11896). La locution ad-
ploi figuré pour ~sans argent>> (1640, être sec), qui verbiale ZWSSI’sec <<sans hésiter et sans tarderm
vient peut-être de ces comparaisons, est sorti 11904) est familière. L’avoIYrsec 11914-1918, argot de
d’usage (remplacé par St sec, ci-dessus). ~Depuis la guerre) «éprouver une déceptions, 4tre mé-
le milieu du XII~s., l’adjectif s’emploie pour quamer contentB, familière, n’est pas clairement expliquée,
ce qui n’est pas accompagné du liquide Cou d’un mais recourt à l’idée de privation. * La valeur ini-
autre élément) auquel il est généralement associé, tiale, wns liquidem, se réalise dans de nouveaux
dans pierre sèche ~U-E mortier>> (1538, mur de emplois spécialisés, Ainsi, nourrice sèche (18711si-
pierres &chesl. Toux sèche Il2 101réalise une valeur gnSe *personne qui élève un enfant sans lui don-
voisine. 0 L’adjectif s’applique (1156, puys sec) à ce ner le sein*. 0 Si boire sec, où sec est adverbe, si-
qui est sans humidité atmosphérique, le nom dé- gnifie depuis le XVII~s. (1640) <<boire sa;ns eaun,
signant Iv. 1265) l’état de ce qui est sec. 0 Par figure c’est-à-dire cboire beaucoup de vin et d’alcool>, sec
En XII~sd, vin sec s’oppose & vin doux avec l’idée de peut correspondre à wns alcoolm dans pays sec,
finon sucré- ; cet emploi a entraîné celui de demi- désignant ( 1923) un pays qui interdit la consomma-
sec. +Par extension, sec signifie gnon accompagné tion d’alcool, et ré&ze sec (19331 “qui exclut toute
d’un autre élémentn, d’abord comme adverbe dans boisson pendant les repas%, par extension Nrégime
payer sec acomptant=, puis dans argent sec <Cnetde sans alCOO1~.4 Au sens extensif de <non accompa-
tout fi%& (12601, d’où rente séc!w (16101, sens dîs- gné d’un autre élément- (ci-dessus), sec qualiCe
paru. Pain tot sec *sans autre aliment>> (XIII~s.1 est une guitare sans ampacateur, un licenciement
devenu pain sec, spécialement à propos d’une pu- sans mesures sociales, un voyage en avion sans
nition au collège (16711. La même idée se retrouve prestations hôtelières Cmil. ti S.I.
dans coup sec Nrapide et bref* 11703, et aussi ~coup
unique, décisif, par exemple au jeu de dés et dans b SÉCHERESSE n. f. désigne concrètement l’état
l’expression familière - très courante au Québec de ce qui est dépourvu d’humidité Cv.1120, seche-
- d’un coup sec cd’un seul COUP~.Cf. ci-dessous en rece; XM s., écrit avec deux& en particulier en
cinq sec, etc. et bruit sec ~mns résonancen parlant de l’atmosphère Cv.11751.0 Le mot a eu le
(déb. xrxe s.l. +Dans le domaine abstrait avec l’idée sens extensif de «privation de qqch.m (1195, seche-
d’absence, l’adjectif s’applique a une personne qui recel. 0 En emploi absolu, il se dit pour atemps sec%
manque de sensibilité (v. 1226, cœur sec) et à ce qui Cv.1354). 0 Avec une valeur abstraite, il désigne un
manque de grâce, de charme Cv.1265). * Au figuré, comportement froid, brusque Cv.16501, l’aridité de
tout sec, lot. adv., a Sign%é aaussitôt)) (xv” s.) puis l’esprit ( 16591et le manque d’argent (16681; les deux
Nuniquement, absolumentm (15801. o Sec s’emploie derniers emplois ont disparu. Q Le substantifs’em-
aussi comme adverbe pour «d’une façon brusquem ploie ( 1667) pour une œuvre csèches, qui manque
(xv” s.1,=avec netteté» ti xv” s.), puis «rapidementp, d’ampleur, de douceur, et spécialement une œuvre
«brutalement» (1582, aZIer sec). 0 Au début du littéraire qui manque d’agréments ( 1690). 0 Le sens
xwe s., sec s’employait comme interjection pour wi- de amanque de sentiment» (1680) a vieilli, comme,
vement !B, emploi disparu sauf en alpinisme pour en termes de religion, <manque de ferveur* ( 16901,
donner l’ordre de tendre la corde. en ce sens souvent employé au pluriel. 0 Enfm, sé-
Toujours avec une valeur abstraite, sec se dit de pa- cheresse est sorti d’usage pour <<maigreur (d’une
roles, de manières qui témoignent de brusquerie, personne))> (17561. + SÈCHEMENT adv. est d’abord
d’une intention blessante (1580), par exemple dans attesté au figwé (XII~s., sekement) pour ad’un ton
d’un ton sec, d’où les locutions disparues la donner sec, fkoid>>; il a signifk aen un lieu sec* (13081, sens
sèche Kdonner une mauvaise nouvelle sans précau- disparu, et s’emploie pour aavec un style sans agré-
tions)} 116611 et tête séche apersonne qui se met fa- mentD 11636; 1690, en peinture). + SÉCHERON
cilement en colère3 (1694). n m., attesté isolément au XIII~s. pour <échalas
À partir du xwe s. se développent de nouvelles va- usé=, désigne régionalement (Est) un pré sec situé
leurs, surtout dans des locutions ou expressions. sur une pente Ixv~” S.I. 0 Il est dialectal au sens de
Ainsi, tissu sec (1636) si@e & tissage bien mar- <<personne maigreb (1871). - @ SÈCHE n. f., féminin
qu&. 0 L’adjectif s’emploie figurément en parlant substantivé de l’adjectif, a d’abord eu le sens de
d’un discours, d’une œuvre ( 16361,ensuite du style «terreB Iv. 1300, saiche). Le mot désigne un banc (de
(16801 et de l’esprit Cl690), sens qui existaient en la- sable, etc.) à sec à marée basse IlSiS, sesque; 1619,
tin et qui ont pu faire l’objet de réemprunts. Par sèche) et, en marine, des écueils qui tieurent
allusion aux larmes absentes, d’un œil sec Sign%e 11730). Le mot s’est dit d’une poire séchée (1607,
4ndifférentm (16701. 0 Dans l’usage familier, sec a seiche). II désigne aussi une vergue sans voile
signi% au XVII~s. «mort» C1676 ; 1690, il y a long- (18421, et une maladie des pins dans les Landes.
temps qu’il est sec). 0 L’adjectif s’applique spéciale- + Au sens d’&cue&, sèche a pour variante
ment (1676) à une œuvre d’art dont les contours 0 SEICHE n. f., mot régional (Genève) qui désigne
sont marqués durement et, techniquement I16901, les oscillations à la surface d’un lac 117301, - SÉ-
SÉCABLE 3430 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

COT, OTE adj. (av. 18501 et ri. (18671, diminutif de Isechorl, désigne i 1660) un lieu amenagé pour le sé-
sec, est familier pour cmaigrem. chage, puis un dispositif pour faire sécher (17013. Il
@ SÈCHE n. f., terme familier et vieilli (1874) pour se dit (1846) d’un appareil à faire sécher par évapo-
acigaretteb, est peut-&re une substantivation du fé- ration, notamment (1904) les cheveux, et d’un dis-
minin de sec : la sèche, cigarette de manufacture, positif composé de tringles pour faire sécher le
aurait été opposée à la cigarette roulée & la main, lkge ~~~O~).~SÉCHEUR,EUSE adj.etn.,autrefois
dont on collait le papier en l’humectant de salive. <<personne qui fait sécher qqch.* (1611, seicheurI, dé-
Cette étymologie est hypothétique. signe au masculin un appareil de séchage (18711,
SÉCHER v. Iv. 1 K?O), aussi sechier (XII~s-1,est issu du spécialement un séchoir à tabac 0874) et un sé-
latin siccure tr. et intr. crendre secu, tifaire séchep, choir industriel (19041. 0 Par ailleurs, SÉCHEUSE
wider complètement-, <<sesécherB, dérivé de sic- n. f. se dit notamment d’une machine pour sécher
tus. Le verbe Sign%e d’abord {{assécher, tti, puis le linge ( 1876) et de la partie d’une couveuse où les
crendre secn (v. 1150) et afaire dépérir, faire tomber poussins sont séchbs après l’éclosion (19201. - Le
Ile ventb Iv. 11603. 0 Il a aussi un emploi intransitif, verbe a fourni plusieurs composés : SÈCHE-CHE-
adevenir sec)} (v. 11551, en particulier en parlant de VEUX n. m. im. (19101, SÈCHE-LINGE ri. m. (1936)
la végétation Iv. 11751, d’où sécher sur le pied (16941, et SÈCHE-MAINS n. m. inv. [xx” s.l.
aujourd’hui sécher sur pied, au figuré ene pas trou- DESSÉCHER v. tr., formé avec des-, préke à va-
ver à se marier)) (17 18). 0 Sécher, intransitif Sign%e leur intensive (latin de-), est d’abord intransitif au
&wécher~~ Cv,11703. Au XVI~s,, il s’emploie en par- sens de edevenir secs en parlant d’un cours d’eau
lant d’une partie du corps ( 15501, remplacé par iv. 1170, desechier; dessécb, XVI~s.1; on trouve
se dessécher, et dans la locution sécher sur ses pieds dans ce sens en latin médiéval dessicare (vmes.1 et
«être plein d’inquiétudeb, qui a diverses formes à dissicare W s.1d’où le verbe peut provenir. ~Des-
l’époque classique. +Le transitif s’emploie aussi sécher est atteste ensuite au sens de <<redevenir
dès le XII~s. pour (rendre sec par un procédé (des frais, perdre sa maigreurn ( 12 15) : il s’agit claire-
fkuits, etc.)> (v. 1170). 0 Se sécher est attesté au ment ici d’un composé en franqais et le préke des-
me s. (1547; sens passif 1538). 0 Dans un tout autre a ici une valeur négative (latin dz&-). Depuis le XILI~s.
domaine, sécher ses larmes s’emploie (1640) au Mesekkrl, il slgniCe crendre maigre)) puis, comme
propre, et au figuré pour Ndominer son émotion)); intransitif, «devenir maîgren (mil. XIVes.l. Q Il s’em-
sécher les pleurs de qqn (1670) sime «le conso- ploie ensuite au xrve s., en parlant d’un arbre k!&-
ler=. 0 Sécher un verre sime familièrement cier. et au sens de #rendre (plus) sec», spécialement
aboire, vider* (1880). - Le pronominal se séckr est en médecine 115591.0 Desséck prend une valeur
attesté au xwe s. (1538) pour *devenir sec>. Avec un abstraite avec le sens de arendre insensibleti ( 15531,
sujet nom de personne (16701, il Sign%e en parti- d’où dessécher l’esprit, Z’imugination ( 16801. + Le
culier asécher ses cheveux, son corps, ses vête- pronominal est attesté depuis le XVI~s. (1553, se de-
secher) et si@e au figuré adevenir maigre* (1672).
mentsa. *Le verbe est employé au XIX” s. 11866) en
argot scolaire pour *mal noter (un candidat) de ma- Au sens abstrait, depuis le début du xwe s., se des-
nière à recalerp, sorti d’usage, puis 4re embar- sécher se dit pour *désirer qqch. avec impatience
au point de maigrira; on dit encore se dessécher
rassé pour répondren (18661, en relation avec être
d’enwi, de chu@%, etc. II Sign%e aussi Il8291 <de-
sec (ci-dessus) et avec 0 sèche (ci-dessous}. Sécher
venir insensible, secn. ~DU verbe dérive DE~S&
un cours (1878) correspond à ane pas y assister» et
CHEMENT n. m., employé avec une valeur
sécher a pris par extension le sens de «manquer
concrète (1478 ; 1690, d’un étang) et au figuré
l’assistance à lune réunion, etc.)n. oLe participe
(mil. XVIII~s-1, la graphie dessèchement est admise
passé SECHÉ, ÉE, adjectivé dès l’ancien français
par l’Académie (18783. ODESSÉCHANT, ANTE
Iv. 11601, concerne surtout les valeurs concrètes du
adj. s’utilise au propre (15551 et au figuré kxe s-1.
verbe. + 0 SÈCHE n. f. est le déverbal de sécher au
ASSÉCHER v. tr. procède (déb. XII~s.), d’après sé-
sens de ane pas répondre, (ci-dessus) dans piqmr
cher, du latin udsiccare &chep, prétié de siccure.
une sèche (18801, qui correspondait à êtie, rester sec
Il signifie crendre sec (un terrain)~ et <vider l’eau de
en ne répondant pas à une interrogation. Ce mot
(un réservoir, un récipientjm. 0 L’emploi intransit;if,
familier est sorti d’usage, mais le préf& ANTI-
d’abord pour crester à sec (d’un bateau)* (v. 1i551,
SÈCHE n. f. (xx” s-1, <<information qui permet de ne puis en marine pour vdevenir sec* aa mer assèche
pas rester sec dans une épreuve d’examen,, mot à marée bussel, reste technique. 0 Le pronominal
d’argot scolaire, est toujours vivant. s’assécher et le participe adjectivé ASSÉCHÉ, ÉE
Le verbe a lui-même plusieurs dérivés. +SÉCHE- sont en revanche usuels, au propre et au figuré,
RIE n. f. est attesté isolbment (XTII~s., secherye) au comme variante de se dessécher, desséché. 0 Assé-
sens de asécheressen. R&ionalement, il désigne un thé s’emploie figurément et familièrement pour
lieu où l’on fait sécher diverses matières (en par- «quiatrès ~06.0 Ledérivé ASSÈCHEMENT n. m.
lant du poisson, 1333, Bretagne); cet emploi se gé- 11549 s’emploie au concret, d’abord en médecine,
néralise au xwe siècle. 11a signifk ( 159 11 aaction de figurément.
faire sécher le poisson ». 0 Une séchmie a désigné 0 voir DESSICATIF, PÉ7’ER (PÈTE-SIX), SICCATIF.
(1835) un lieu sec dans une forêt et (1933) une instal-
ration industrielle destinée au séchage. * SÉ- SÉCABLE adj. est, un emprunt savant (1690 au
CHAGE n. m. a désigné (1339, saichaige) un droit bas latin secubih “qui peut être coupé, divisés, dé-
payé pour faire sécher qqch. dans le four du sei- rive de secare f-+ scier). L’adjectif a repris en
gneur; il est repris en 17% pour <action de fa&-e sé- sciences le sens du latin. Il est demeuré rare.
cher+. 4 SÉCHOIR n. m., attesté isolément au xv” s. + En dérive SÉCABILITÉ n. f. (mil. XX~ S.I.
DE LA LANGUE FRANÇAISE SECOND

Le contraire INSÉCABLE adj. est emprunté ( 156 1) une forme exceptionnelle en -undus. Secundus
au latin insecubilis (de in- négatif), probablement s’est d’abord dit du courant que descend la barque,
antérieur au simple secaMis. 0 L’adjectif, plus du vent qui la pousse ; s’opposant à adversus, il a si-
courad que sécable, a fourni INSÉCABILITÉ n. f. gnifté “qui va dans le même sensm,d’où efavorableti,
(1845). puis “qui vient après, secondm, servant dès lors
SÉCANT, ANTE adj. est un emprunt savant 11542) d’adjectif ordinal à duo I+ deux).
au latin classique secww, -anti, participe présent + C’est avec cette dernière valeur que second appa-
de secare. Le mot s’est introduit comme terme de raît en français au début du XII~s., d’abord adjectif
géométrie au sens de aqui coupe (une ligne, une II 119, secuntl pour <<deuxième, qui suit immédiate-
surface3 n, d’ou absolument droite, courbe sécante, ment le premier» dans une succession, un ordre
opposé à parallèle et à tangent. 0 L’adjedif a fourni quelconque ; aujourd’hui, il est généralement placé
les termes de mathématiques SÉCANTE n. f., par avant le nom et préféré à deuxième, dans un usage
substantivation (16341, adroite sécantes et terme de plus soutenu, lorsque deux objets seulement sont
trigonométrie (16801, et SÉCANCE n. f. (mil. XX~s.1, considérés ou que l’idée de rang n’est pas prépon-
caractère d’une ligne sécante», mot très rare, no- dérante. ~Puis est repris,le sens figuré de efavo-
tamment du fait de l’homonymîe avec séquence. rable, profitable}} Iv. 11801.A la même époque, l’ad-
SÉCATEUR n. m. est un dérivé savant (1827) du la- jectif s’emploie par extension en parlant de ce qui
tin classique secare, formé d’après les nombreux constitue une nouvelle forme d’une chose unique.
mots savants en -heur. Il désigne couramment un 0 Le nom est attesté au XII’ s. (segonz, v. 1260) aux
outil de jardinage servant à tailler les rameaux des sens de «cousin issu de gertnaim et de <<second su-
plantes 11904, sécateur a haies) et par extension jet de chansonn; comme le sens de amoitié, (1288,
(1938) un instrument analogue utilisé pour décou- secont), ces acceptions ont disparu, mais la subs-
per les volailles. d,e composé SÉCATEUR- tantivation pour -second sujet de chanson>> sera re-
SERPE n. m. (de sepeI est attesté en 1904. prise en français moderne dans *second élément
d’une charade}} (mon second, 18421.0 Depuis la ti
SÉCESSION n. f., réfection étymologique du XIV~ s., pain secont s’est dit pour “pain bisn
Cv.1508) de cecession (1354, Bersuirel, est un em- (cf. pain secondaire”), emploi encore attesté au
prunt au latin secessic Kaction de se séparer, de XD? s. 11808, pain second). Une première locution
s’éloigner-n, <<séparation politiquen et <retraite du est liée à l’idée de Nnouveau, autrem : n’avoir ni se-
peupleti; secessio est dérivé de secessum, supin de conde ni premke Ien parlant d’une femme) «être
sece&re ealler à part, s’écarter, s’éloigner)>, <se reti- sans pareilles (~III xrve s., E. Deschamps); suivront
rern et au figure «se séparer de qqn lopinionln; le au XVI~s. d’autres locutions adjectives, aujourd’hui
verbe est composé de se- marquant la séparation et littéraires, marquant le caraotère superlatif
de cedere aallern, Nmarchern, =S’en ahep> (+ céder, d’après un tour hérité du latin : n’estre a nul second
cesser). (15591, n’avoir point IjamuisI de seconde 11564) aêtre
+ Introduit au sens de aséditionm, disparu en fran- sans pareil», sans second(e), archaïques, et, encore
çais classique, le mot est repris au début du xvre s. en usage, à nuMe autre secondlel kvf s.1 Kunique,
(v. 15081, se disant de l’action par laquelle une par- inégalable>>, c’est-à-dire teMe) qu’il n’en existe pas
tie de la population d’un Etat se sépare de l’en- de second(e), d’autre. Avec la première valeur du
semble de la collectivité Maire sécession1 pour mot, second, substantif’, désigne le cadet (de deux
constituer un État indépendant ou se réunir à un frères) Ifm xve s.l. Noces secondes (15591 est devenu
autre. Par extension, le mot désigne en général secondes noces adeuxième mariagen C16801,surtout
(av. 1634) l’action de se séparer d’un groupe. 0 Il dans (épouser) en secondes noces. + L’idée de «favo-
s’emploie par réempwt comme terme d’histoire rablem, “qui aidea est reprise au xve s. avec le nom
romaine 11834) en parlant de la retraite de la plèbe (segond; 1580, forme moderne) pour désigner la
sur le mont Sacré en 493 av. J.-C. +Un emploi personne qui accompagne un duelliste à titre de té-
usuel du mot est dans guerre de Sécession (18661, moin, puis au xv~~s. un ami, un compagnon (1560) et
calque de l’anglo-américain War of Secession, où la personne qui aide qqn dans une @aire (1587).
Secession a la meme origine que le français et dé- oDe là aussi, en marine, second pour =Vaisseau
signe le conflit civil qui opposa le nord et le sud des destiné à en soutenir un autre)) (1675; 1680, vais-
États-Unis de 1861 à 1865. seau second). 0 À la ti du XVI~s., on relève la lo-
b Du nom, et par emprunt de l’anglo-américain se- cution adverbiale au segond uen second lieus,
cessionist(l851), dérive SÉCESSIONNISTE adj.et maintenant 11694) en second (<en second rangB.
n. (1861, adj. ; 1866, n.), “qui fait sécession, lutte pour Avec l’idée de classement hiérarchique, l’adjectif
la sécession)). + SÉCESSIONNISME n. m. 11870) s’emploie dans capitaine en second (16721, devenu
<doctrine qui prône la sécession* est obtenu par ( 1765) second capitaine, puis p,ar substantivation
substitution de S&e. ( 1823) le second (en marine). 0 Egalement en fkn-
çais classique, le substantif féminin désigne en mu-
+# SECOND, SECONDE adj. et n., écrit en sique (16711 un intervalle entre deux degrés. 0 Par
ancien français secom! (v. 11551, secunt Il 1191, se- ailleurs, l’adjectif se dit de ce qui dérive d’une
cund Iv. 11381,avec une variante segond, segont (fin chose primitive (1690, causes secondes), toujours
xrves. ; 1220, en ancien provençal) demeurée cou- placé après le nom dans cet emploi. 0 Dans le do-
rante jusqu’au xwe s. et conforme à la prononcia- maine de l’enseignement, on disait second n. m.
tion, est emprunté au latin secundus, proprement 11690) pour Nélève de la seconde classe)>; seconde
“qui suîts, ancien participe de sequi I+ suivre), avec n. f. désigne I:17181 la classe qui précède la rhéto-
SECONDAIRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tique (c’est aujourd’hui la première) puis, par mé- valeur, le mot s’emploie en géologie (1786, H. de
tonymie (18451, l’ensemble des élèves de cette Saussure) dans période secondaire (opposé aussi à
classe. Le second n. m., pour asecond étage d’une tertiaire), d’où le secondaire (déb. XX~ s.l. L’adjectif
maison», est attesté en 1740. Au xrx’ s., les emplois se dit spécialement en chirurgie ( 18711 d’un temps
de l’adjectif s’enrichissent par des locutions opératoire postérieur à un autre. Avec l’idée cau-
comme seconde vue (18121, aussi don de seconde sale, secondaire devient un terme didhique au
vue wision intuitive, non physiquem, en second lieu xxe s. en psychologie, physique, grammaire, écono-
<<après, d’autre par+ (18571, de seconde main apar mie (secteur secondaire; aussi le secondaire n. m.1,
un intermédiaire)} (18711, qui a voulu dire emplois où il s’oppose en général à primaire, ter-
Idéb. xY s.1 nsans originalité~~ et qui remplace de la! tiaire. +L’adjectif a fourni SECONDAIREMENT
seconde main I17231.Eh termes de vénerie, cerfà sa adv. (1586; 1377, secunduirementl et SECONDA-
seconde tête désigne (1876) un cerf de trois ans. RITÉ n. f. 119451, terme de caractérologie.
0 On retrouve la notion de classement hiérar- SECONDE n. f. est emprunté 11636, Mersennel au
chique et d’aide appliquée aux personnes (voir ci- latin médiéval secundu minuta, pluriel neutre, pro-
dessous) dans l’emploi du nom : le second et la se- prement aparties menues fminutu1 résultant de la
conde (1885, Zola) désignant une couturière qui as- seconde division de l’heure ou du degré-, composé
siste la première, un vendeur qui vient après un de secundus et de minutus =Petit» (+ minute).
chef de rayon. 0 Seconde classe Il8901 se dit à pro- + Seconde est d’abord attesté au sens de «60e partie
pos des véhicules de transport public (aussi se- d’une minutem, acception usuelle et dominante.
conde n. f.). La seconde (<seconde vitesse d’une au- Il s’emploie par ailleurs en géométrie et en astro-
tomobilen 119351, seconde vitesse étant attesté dès nomie (16711, désignant une unité égale au
1899, donne lieu à être, passer en seconde. 0 Au mi- 1/60e d’une minute. Au XY s. appardt le sens ex-
lieu du me s., l’adjectif s’emploie en parlant de ce tensif de atemps très court>> 118301, d’où par ellipse
qui se manifeste simultanément, constitue un dé- une seconde! Rattendez un instants. De l’emploi
doublement, dans état second. comme unité de temps viennent la lo&ion tech-
~SECONDEMENT adv. tien second lieus 11529) nique arrêt, dé,part à la seconde et, par métonymie,
s’est d’abord écrit segondement 11284) ; il est resté seconde sautant;e aaiguille des seconde+. *PAR-
vivant en concurrence avec &ti??w?Wnt. *SE- SEC n. m., composé 119231 de purlulluxel” et de se-
CONDER v. tr., dérivé de seco& ou emprunté au c[ondeJ, terme d’astronomie, désigne une unité de
latin secundare afavoriser, rendre heureux, se- longueur valant 3,26 années de lumière.
condern (dérivé de secundusl, apparaît au sens de
*répéter, recommencep (~111~s., segonder; se- SECONDAIRE, SECONDER + SE-
conder, XVI~s.1,rapidement sorti d’usage, puis signi- COND,SECONDE
fie, d’après second 11343, segonder, intr.), avenir
après», sens en usage à l’époque classique ainsi que SECOUER v. tr. est une réfection (1538; v. 1450
le transitif (apparu au xve s.1,aussi au sens d’cégaler <<rudoyer4 de l’ancien kn~ais secoure (v. 1174, puis
(qqn) par l’imîtation~ ( 1559). Ces emplois ont eux secourre (xv”; jusqu’au déb. XVII~s-3,homonyme d’un
aussi disparu, sauf par archaïsme, après le ~VII~siè- autre verbe !+ secourir); il est issu par évolution
cle. 0 Le sens moderne, aaider (qqn) en tant que se- phonétique du latin succutere csecouer par des-
cond, dans un travail, etc.=, est attesté en 1529 sous,, composé de sub ~SOUS*~et de quutere ase-
(aussi en ancien provençal segondarl; le verbe touer, agiters,, &apper (le sol)~, <cbousculermet au fi-
s’emploie par extension (mil. XVI~s., Ronsard) pour guré aébranler, émouvoirn (+ casser); ce verbe,
cfavoriser (les actions de qqn)m. +SECUNDO adv. employé presque uniquement en poésie à l’époque
est emprunté ( 14191 au latin secundo adv. <<ense- impériale, a fourni des composés en -cutere (+ dis-
cond lieu», de l’ablatif de secundus. Il s’emploie en cuter, percuter); il est d’origine inconnue.
corrélation avec primo pour «secondement>>. 4 Secouer Sign%e d’abord <remuer avec force dans
SECONDAIREadj.,ernprunté aulatinsecundarius un sens puis dans l’autre, à plusieurs reprises=
asecondaire, de seconde qualU», dérivé de se- puis, par extension, ((se débarrasser (de qqch.) en
cundus, apparajt sous la forme secunduire 11287) se secouant>) (xv” s., secourre; 1550, secouer). Par fi-
puis secondaire, d’après second (v. 13721, au sens de gure, secourre (1524) puis secouer la poudre de ses
“qui vient au second rang. Avec cette valeur, on re- pieds ( 1553,) puis la poussière sime us’éloigner
lève puin secondaire ({pain bisn 115961,calque du la- d’un lieu avec colèren, emploi archtique. La lo-
tin secundatius punis <pain de ménagem (cf. ci-des- cution figurée secouer le joug&&anchir de la do-
sus pain second, et planètes secondaires mination>> (15381 précède secouer gqch. (de désa-
<<satellites» 1172 1) ; ces deux emplois ont disparu. gréable) 116711, secouer les préjugés 116831, secouer
0 Au XVIII~s., avec une valeur causale, l’adjectif se le joug des passions (1694). 0 Secouer le pehsson
dit de ce qui dérive ou dépend (de qqch.1, d’abord [pelisse, manteau1 à qqn Iv. ISSO)~~ battre, le mal-
en médecine dans fièvre secondaire “qui survient menerm est devenu secouer le paletot ù qqn et se-
après une crisen 117431,qui ne se dit plus, puis dans couer gqn 116361, aussi employé pour *réprimander
hémorrugk secondaire (187 11, accident secondaire, (qqnlm (16661, avec la variante expressive secouer
etc. Depuis la fin du XVII~~s., le mot s’emploie en les puces (16901, demeurée vivante. *Le verbe
parlant de ce qui constitue un second ordre dans le s’emploie spécialement (1559) pour <<mouvoir brus-
temps, spécialement opposé à primuire*, dans quement et par saccades lune partie de son
écoles secondaires, enseignement secondaire C184% COI-&~~,notamment dans secouer lu tête ( 1677, pour
d’où le secondaire n. m. (xx” s.l. Avec cette même refuser). Par figure (15883 et surtout au passif au-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3433 SECOURIR

jourd’hui, il Sign%e «ébranler par une commotion ment. *Aucun de ces dérivés n’est usuel en fkn-
physique ou morale s. 0 À la fin du WI” et au XVII~ s., çais contemporain.
les locutions figurées secouer une femme, secouer le
SECOURIR v. tr. représente la réfection
pochet ont eu le sens de afaire l’acte sexuel». Ce sé-
d’après courir de l’ancien français sucure ( 10801, se-
mantisme, souvent occulté, est lié à celui du coup
carre Cv. 11551, secoure (XIII~ s.1, issu du latin suc-
et il est important pour ce verbe. 0 Avec l’idée de
currere ase trouver dessous dans sa course», ~a&
afaire mouvoir), la locution secouer la bride à gqn
fronteru, «se présenter à l’esprît~~, ~Courir au
ul’exciter à un efforts (16903 a disparu, mais on em-
secours» ; ce verbe est composé de sub- indiquant la
ploie encore secouer gqn pour «le faire sortir de son
position inférieure (+ sous) et de currere, au supin
inactions. Dans ce sens, le pronominal se secouer
cursum, «coxîr*n.
(17743, qui avait depuis la Sn du XVII~ s. le sens de (<se
dégourdir, faire de l’exerciceti, correspond à Ncom- + En ancien français, secoure, secourre (homonyme
mencer à agir, sortir de la paresse ou de I?naction~. d’un autre verbe ; + secouer), refait en scourir 11410)
0 La locution figurée secouer le cocotier (xx” s.) si- puis secoutir (fin XIV~ s.1, construit avec à, avait le
gnifie aobliger une personne âgée à céder sa place sens généra[l de uporter secours à qqn>; il a repris
pour l’occupers, ; cette locution vient de l’anthropo- aussi le sens latin de cremédier à» ( 1466, sequeure).
logie pittoresque du XIX~ s., des ethnies polyné- +Verbe transitif, secoutizr Cqqnl sime avenir en
siennes ayant été décrites comme éliminant les aide à lune personne dans le besoin)D 0534, Rabe-
vieillards qui n’avaient plus la force de grimper aux lais), puis <aider (qqn qui a besoin d’un soutien mo-
troncs de cocotier. rail, (1559) et Nvenir au secours de (une personne
en dangerIn E15801, Tous ces emplois sont demeurés
b SECOUSSE n. f., féminin substantivé (v. 1460) de usuels.
l’ancien participe passé du verbe secoure, secos
b SECOURABLE adj. (11701, d’abord socuruble
(v. 12151, secous (xv” s.), désigne un mouvement
(v. 11551, s’applique à une personne qui secourt vo-
brusque qui ébranle un corps. Le mot a signi-fié lontiers les autres. C= Au sens de “qui peut être se-
(1534) <élan, mouvement en avant» dans la langue courue» en parlant d’une place de guerre Cl5i’5),
classique, d’où la locution figurée prendre une se- l’adjectif est sorti d’usage. + SECOUREUR, EUSE
cousse <mourir= ( 17251, sortie d’usage. L’idée de adj. et n., réfection 6n xv” s.1 de sucureor !1165-
<mouvement violent- est réalisée dans les an- 1170, n. m.1, puis secouwere Imv” ~3.1est rare au sens
ciennes locutions donner la secousse <<faire une of- de “qui secourt> (cf. sauveteur). En histoire, il dé-
fensiveb Iv. 15301, donner une nxauvuise secousse signe (1842) un membre d’une secte protesta&e
*battre3 (15491 et dans l’emploi figuré pour Matteinte écosstise fondée en 1755. +SECOURISTE n. et
portée à une institutionm E15591. Les locutions ad- adj. a désigné (1750, n, m.1 celui qui en guise de se-
verbiales 8 secousses (av. 15801, pur secousse (16901 cours faisait subir des tourments aux convulsion-
“par à-coup» puis pur secousses Edéb. XVIII~ s.) sont naires de Saint-Médard. 0 Il se dit aujourd’hui du
courantes dans la langue classique, comme à se- membre d’une société de secours ( 1835) et d’une
cousse atant bien que rndn ( 1667). 0 En emploi personne qui applique des méthodes de sauvetage.
concret, secousse se dit spécialement en parlant - Ces dernières sont appelées SECOURISME
d’un tremblement de terre, etc. (1690, d’un volcan). n. m. (19411, mot obtenu par changement de sexe,
0 Divers emplois abstraits, par exemple <choc psy- formé une première fois ! 17591 au sens religieux de
chologique)> (15801, ont eu cours, parmi lesquels ce- secouriste.
lui d’((agression, critique viclente)) ( 1659). Seule SECOURS n. m., réfection ti XII” s.) de socors
l’idée d’action vive est encore exprimée dans doa- Iv. 10503, secors Iv. 11751, issu du latin pop. suc-
ner une secousse (18881, figuré et familier pour titra- cwwn, du supin de succurere, désigne d’abord
vailler avec ardeuru, plus courant en tournure né- une aide dans le danger, spécialement (XIII~s.1une
gative (ne pas en ficher une secousse, 1883). 0 Une aide militaire, ou remédiant au besoin puis, par ex-
valeur sexuelle correspond au sémantisme de se- tension, ce qui est utile, ce qui aide dans une cir-
couer (ci-dessus). constance donnée Cv. 11901, en parlant de la mé-
SECOWEMENT n. m., dérivé de la forme moderne moire, de la grâce, etc. Dans le premier sens
du verbe (1538; 1528, in Bloch et Wartburg), est attesté, il entre dans des expressions comme venir
considéré comme peu usité par l’Académie en a secours I~II” 9, demander du secours, premiers se-
1798. fl est d’usage littéraire. +SECOUÉE n. f., cours, crier, appeler au secours, et dans l’exclama-
d’abord dans l’expression disparue secouée de tion au secours! ( 1690). 0 Il a désigné ( 1425) une
btide çsaccadem ( 15981, est attesté à partir du XIX~ s. poche attachée à une robe, servant en cas de be-
comme terme régional pour acommotion brusque= soin. 0 Au sens courant, il s’emploie en particulier
(18351, aaction de secouer, querellem Km xrxe s.), dans la locution venir au secours de qqn 11538) ; se-
Nbr-usque coup de ventn (18971, acorrectionu et “que- cours d%spugne aaide qui arrive quand elle n’est
relle vive>> 11907). Le mot est archtique. -SE- plus nécessaire> 115491 a disparu, comme secours
COUEUR, EUSE n., relevé au sens aujourd’hui cks Vénitiens, de Lombardie (1611) qui avait la
rare de apersonne qui secoue» (16 111, est devenu un même valeur. Ces expressions sont construites sur
terme technique en fonderie ( 1782, n. m. ; 1765, se- le même modèle que promesse de Gascon. oDe
coueux) et en agricukre (1904, n. m.). +SE- secours adestiné à servir en cas de danger, de ne-
COWAGE n. m., Maction de secouern, d’abord tech- cessit& (av. 1559) apparaît d’abord dans porte de se-
nique (1875, secouuge du tabac), s’emploie cours <<porte d’une citadelle qui donne dans la cam-
quelquefois comme synonyme ( 1877) de secoue- pagne, par laquelle on peut recevoir des secours ou
SECRET DICTIONNAIRE HISTORIQUE

s’eti), d’où en français actuel porte, sortie de se- sieurs euphémismes. Ainsi, l’expression les secrets
cours à utiliser en cas d’urgence. Église de secours a servi à désigner les parties sexuelles (v. 1360) et Ee
s’est dit (16901,d’après le latin médiéval succursus secret les besoins naturels (14211, laisser un secret
(XI” s.1, d’une église bâtie pour la décharge d’une s’employant plaisamment au xvf s. pour «faire un
paroisse. De secours, en fraz@s moderne, entre pet discret> 11640). 0 Une autre valeur manifeste le
dans de nombreuses expressions comme poste de passage de la notion d’information réservée à celle
secours (19071,roue de secours (1935). 0 Le mot de procédé connu de quelques-uns (1270, semé;
s’emploie spécialement & propos d’une aide mili- 1549, secret). Cette idée de cmoyen lié à un savoir
taire I&“oupe)), v. 11901, puis 116681 en parlant d’une réservé>> se développe en fkançais classique, avec la
aide matérielle, financière 11878,dans la législation nuance de «moyen ingénieuxn (16431 et surtout de
sociale). OIl désigne par métonymie (1671) l’en- Nmoyen, procédé, méthode devant faire l’objet d’un
semble des moyens destinés à secourir une per- enseignement» (mil. XVII~ s.3, par exemple dans 2es
sonne en danger et l’ensemble des personnes qui secrets d’un art (de h-t d’écrire, 1685) et plus tard
secourent qqn. dans secret de fabricatin, retrouvant d’ailleurs en-
0 voir SUCCURSALE. suite le sémantisme de l’information cachée ou à
cacher (secret industriell. w Depuis le XVI~ s., l’idée
+# 0 SECRET n. m. est la réfection (xwe s.) de acontenu caché)) (attesté 1549 s’intériorise et se-
d’après le latin de segrei Iv. 11381, secroi Cv. 11501, se- cret (souvent au pluriel) s’applique à la psychologie
cré Iv. 11551, formes issues du latin secrehm Geu intime et non révélée : secret (ou secrets) du cœur
écart&, <pensée ou fait qui ne doit pas être révélé,, ( 15601, le secret de qqn, d’où avoir le secret de qqn
<mystères Idu culte)>). Ce nom neutre est la subs- ( 1673) <avoir compris sa psychologien. 0 Un emploi
tantivation de l’adjectif secretus uséparé, à partm, métonymique pour adiscrétion absoluen (1667) a
6olitaire, isolé, reculé », acaché>) et urareb. Secretus disparu après le XVII~ s., un autre pour wzotidence»
a abouti par la forme segrei, segrek (v. 11651 à l’ad- est devenu archaïque, sauf dans des expressions
jectif secret, ète Cl 1803, aussi secré, ée (v. 1190) et se- verbales du type con& un secret. Dans n’avoir pus
gret ( 13721, la forme secret s’imposant d’après le la- @oint1 de secret pour qqn (enregistré par Furetière
tin. 0 L’adjectif latin vient du participe passé passif en 1690)ou dans c’est mon secret (18351, secret cor-
de secemre cséparep et au figuré emettre à part, respond en revanche à Mce qui n’est pas cor&&.
rejetep>, verbe composé du préke se- marquant la 0 Le secret peut aussi faire référence à la situation
séparation et de cemere, au participe passé cretus, de ceux qui connaissent une information par ail-
&-ier, passer au crible%, d’où &istinguer, discer- leurs secrète. De là &e du secret 116901, remplacé
ner)>, par tiaiblissement woir~, wzhoisir entre dif- par dans le secret CI?%l, et mettre qqn dans le secret
férentes solutionsn et ccdécidep (3 concerner, dé- qui semble postérieur (attesté ti XIX~ s.l. 0 L’tior-
cerner, discerner). Cemere se rattache à une racine mation que l’on prétend cachée ou réservée ne
de forme ‘krei- aséparern, que l’indoeuropéen l’étant pas toujours, secret entre dans des locutions
oriental ne conna2t pas, mais qui se trouve en grec, dérisoires, telles le secret de la comédie (16941, c’est-
en italique, en celtique et en germanique. à-dire ade la pièce de théâtre, que le public peut
+ Venus par voies parallèles, l’adjectif et le nom ont entendre», puis un secret de comédie (attestée au
eu des évolutions semblables, mais distinctes. Se- XX~ s. 118701).Ces formules ne s’emploient plus,
cret, substantif, a désigné dès l’origine un ensemble mais on dit encore le (ou un) secret de polichirwlle
de connaissances réservées à quelques-uns 11808); Polichinelle, personnage grotesque de la
(v. 11381, passant rapidement à l’idée d’un échange commedia dell’arte, étant berné, ses secrets n’en
de connaissances réservées donnant lieu à conseil, sont plus. 0 Par ailleurs, l’information cachée, hors
& avis (secré, v. 11551,notamment dans le contexte du contexte de la vie privée,,n’est pas politique, ce
du pouvoir politique Iv. 1160-11701.cette connota- qui est le cas pour secret d’Eta& lequel s’est appli-
tion relie le mot à secrétaire et à des emplois an- qué au XVII~ s. à un projet de coup d’Etat (1667) et est
ciens de l’adjectif secret. 0 Cependant, le nom enregistré au sens général de <secret politiques
s’emploie aussi plus généralement, s’agissant des en 1694 (dictionnaire de l’Académie), recevant au
éléments de la vie privée qui ne doivent pas être XXX~s. une valeur figurée, =Secret important> (attes-
connus de tous. i% secret (en secroi, v. 1150 ; eyL se- tée 1875). Secret défense, =Secret intéressant la dé-
pet, au xve s. Iapr. 14501) correspond à asans té- fense du territoire)), est devenu le type même du
moins et sans rien ébruiter»; l’expression est ren- secret impénétrable, inviolable. Secret s’applique
forcée dans en grand secret 114701, alors que à au devoir absolu de réserve dans certaines cir-
secret (xv” s.), sous le lson1 secret (1616) ont disparu. constances religieuses (secret de la confession,
Le passage du contexte politique à celui de la vie 16901et professionnelles, pour les avocats, méde-
privée est net dans le sceau du secret 11316, scel) cins, etc. (secret professionnel, attesté 1875).
*sceau royal utilisé pour cacheter les plis secrets>), Concrètement, secret désigne un mécanisme,
qui a donné lieu à sous le sceau du secret (1681)aen d’abord une machinerie de théâtre cachée (14961,
cotidence, en faisant promettre de ne rien révé- qui ne joue que dans des conditions connues d’une
lers. 0 Parfois, secret ne correspond à rien d’autre ou de quelques personnes (16901et une cachette
qu’à une communication restreinte, faite à voix dans un meuble (armoire, tiroir à secret), en
basse. C’est le cas dans le secret de la messe, qui concurrence avec un emploi de l’adjectif Tiroir se-
correspondait à messe secrée (v. 1280) amesse cret).
basse>. +Plusieurs valeurs se développent en L’évolution de 0 SECRET, SECRÈTE adj., depuis
moyen français. L’une d’elles correspond à plu- le XII~ s. (voir ci-dessus l’étymologie), est à peu près
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3435 SECRÉTAIRE

par&le à celle du nom. L’adjectif qutie d’abord pour soi» (XIII” s-1 puis se@& <cabinet, retrait-
W-Ilieu retiré Cl165-l 170, segrée) ; de là chambre Se- 11566). ~Secrétaire prend au XIII~s. la valeur de
crète ( 1380) puis 2ieux secrets (1534) pour <lieux d’ai- acotident, an& (12651, seulement attesté au mas-
sances,, acception qui correspond & un emploi du culin avant le xwe s. (v. 1550, au féminin) ; ce sens est
nom (ci-dessus). Lieu secret Iv. 1462) a d’ailleurs eu encore vivant au XVII~s. avec pour variante segre-
par un autre euphémisme le sens de -parties taire (XVI~s.l. Il s’est employé comme adjectif
sexuelles» (ci-dessus les secrets) et maladie secrète EV.13301 avec la même valeur. Comme nom, il dé-
11559) celui de «maladie vénérienne=. 0 Puis l’ad- signe aussi (1584) une personne discrète sachant
jectif développe comme le nom la valeur de <qui garder les secrets. Ces acceptions sont sorties
n’est connu que de quelques personnes», qualifiant d’usage. + Depuis le xrves., le nom désigne (v. 1350)
un moyen d’action 113551.Appliqué à un lieu, secret une personne attachée à une personne de haut
correspond depuis le XVI~s. (1529) à *qui est difkile rang, à une autorité, et qui rédigeait des lettres, des
à trouvep. 0 Il se dit aussi de personnes qui ne se dépêches de caractère officiel; dans ce sens, le fé-
confient pas Iv. 1150, secroie). oDe même que le minin apparaît vers la &I du XVIII~siècle. Le mot est
nom, l’adjectif s’applique à ce qui n’est pas divulgué employé dans des expressions pour Nagent gouver-
en politique, en particulier dans coIIseil secret du nement& ou CministreB : secrétaire du roi (1410).
roi (1611). 0 Puis secret qualifie ce qui n’est pas vi- Dans ces fonctions, l’aspect d’écriture, de rédaction
sible ou compréhensible ( 16551,spécialement dans prenant de l’importance, le mot a désigné (1611) un
langage secret(16691, et ce qui appartient à un do- officier attaché à un corps militaire pour les af-
maine réservé de connaissances ésotériques : faires administratives, puis un écrivain public (1636,
sciences secrètes ( 1690) correspond à ~connais- n. III.), s’appliquant généralement depuis le xwe s.
sances occultes». Diverses applications à des do- (1636) à une personne qui rédige certaines pièces,
maines particuliers donnent lieu à des syntagmes; s’occupe de l’orgtisation d’une assemblée, etc.,
l’idée de discrétion pour des actes privés dans mé- puis d’un setice administratif, d’un organisme et,
moires secrets (17541, celle d’action politique ca- plus largement, à une personne qui écrit pour le
chée dans fonds secrets ( 18711 et police secrète, compte de qqn lapr. 1650). oSecrétaire d’état,
d’où la secrète n. f. (1893). d’abord (WI” s., Pasquierl appliqué à un officier de
F SECRÈTEMENT adv., ((d’une manière secrèteti, la Couronne qui transmettait les dépêches du roi et
est la réfection 113201, d’après secret, de formes expédiait les grâces, avait pour synonyme secré-
anciennes : secréement Iv. 11201, segreement taire des commandements (15471 et, un peu plus
Iapr. 12251, la variante segretement Iv. 14403 ayant tard, secrétaire du cabinet ( 1611) ; ces fonctions sont
elle aussi cédé devant secrètement. 0 L’adverbe re- des variétés de celle de secrétaire du roi (ci-dessus)
prend les valeurs de l’adjectif. +SECRÈTE n. f., et concernent toujours la transmission de mes-
d’abord &ésorerie du princen (v. 12601, a désigné sages du souverain et au souverain. Secrétaire
des objets concrets cachés : une calotte de fer d’I&t prend après la Révolution une valeur dif-
(xv” s.), encore portée à l’époque classique sous le férente (18003 dans la Constitution de l’an VIII, titre
chapeau comme défense de tête, un jupon de des- aboli en 1814, une hiérarchie gouvernementale dif-
sous (16601. Dans le vocabulaire religieux, secrète férente se mettant ensuite en place avec des mî-
désigne (1690) la partie de l’oraison dite & voix nistres et des sous-secrétaires d’ht (ci-dessous).
basse, correspondant à secret de la messe Ici-des- 0 En terminologie politique, secrétaire d’I&ut peut
sus). aussi être un calque d’expressions en d’autres
@ SECRET n. m., terme technique attesté en 1875, langues (par exemple de9 Secretary of Stute, em-
mais antérieur, représente un emploi spécialisé de ployée en anglais des Etats-Unis). 0 Secrétaire
secret n. m. et désigne une solution de nitrate de entre dans de nombreux syntagmes désignant des
mercure, utilisée pour la confection du feutre en fonctions ackninistratives, comme secrétaire de Me
chapellerie. oEn dérive SECRÉTER v. tr., &otter ! 16361,secrétaire général (17891, secrétaire de mairie
avec le secret)> (17763, d’où SECRÉTAGE n. m. ( 18031. Secrétaire de réduction Idéb. XX~s.1 désigne
(1790) et SECRÉTEUR n.m. (18061. la personne chargée de recevoir et de revoir les ar-
+ Voir SECRÉTAIRE. SÉCRJhON. ticles d’un journal et, en ptiiculier, celle qui as-
siste un rédacteur en chef. 0 Secrétaire est aussi le
SECRÉTAIRE n. est emprunté EV.1180 Iseule- titre (19341que portent les responsables de certains
ment v. 1330, selon T.L.F.1) à deux dérivés de secre- partis politiques et syndicats; dans certains ré-
tum, supin de sece772ere &Carter» E-+secret) : secre- gimes, le titre s’applique à des personnages émi-
tarium n., en bas latin Nlieu retiré, isolém, spécialisé nents Ile secréth-e général d’un parti unique, le
pour usacristie~~ et <<salle d’audience, (Iv” s.), et se- premier secrétaire du Parti communiste fr-ançais,..)
cretatiw adj. &paré, isolép, d’où ce& secretaria retrouvant la valeur hiérarchique du mot du XIV~au
(<sacristie% (VI” S.I. Secretarius est substantivé Iv” s.3 XV~~I’siècle. 0 Enfm, le mot désigne dans l’usage
au sens de asacristainn puis par extension de =Se- courant, au XX~ s. (1935, dans les dictionnaires), une
crétaire à la cour»; en latin médiéval, le mot dé- personne capable d’assurer la rédaction du cour-
signe celui qui participe à des conseils secrets rier, de répondre au téléphone, etc., pour le
(XI” s.) et a le sens de ascriben. compte d’un patron ; il est alors tiéquemment em-
4 Le mot, repris au latin religieux au sens spécial de ployé au féminin, associé ou non à ductylo(grupM.
«tabernacle, (v. 11801, a été concurrencé en moyen Cet usage reflète une évolution dans les profes-
fhnçais, avec cette valeur de Mlieu secretm par la sions du secteur tertiaire et une spécialisation liée
forme populaire segreier n. m. <<lieuretiré où l’on vit aux professions féminines. Q Le mot a vieilli dans
SÉCRÉTION 3436 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’emploi métonymique (16901 pour <manuel conte- + Secte a d’abord eu le sens de {{doctrine religieuse
nant des modèles de lettres}. 4 Au XVIII~s., il prend OUphilosophiqueti, puis celui de «compagnie, suitem
par une autre métonymie, et peut-être par in- (v. 12001, encore relevé en 1611 et qui a disparu. De
fluence de l’italien, le sens de <<bureau sur lequel on l’idée étymologique de (<suite» viennent la locution
écrit et qui renferme des papiersu (1745). ktre d’une secte et d’un accord aprendre la même
b SECRÉTAIRERIE n. f. (15441, d’abord secrétaMe décision> Iv. 1340) et les emplois pour &oupe»
11407-14081, secretererie (14611, a désigné un office (xv” s.1, CO~~S de métier* 114771, tous disparus.
de secrétaire (au sens du moyen fran$aîsI puis le + Par inkence probable du latin secti (+ section)
bureau, le service de ces secrétaires (1568) et l’en- et du supin sectum, de secure «couperD, sete
semble des employés du service. Au XIX~ s. il dé- (v. 12301,secte (J525) désigne un groupe constitué à
signe un poste de secrétaire d’Etat au Vatican. l’écart d’une Eglise pour soutenir des opinions
+SECRÉTARIAT n. m. désigne Il5381 l’emploi, la théologiques particulières, appliqué aux protes-
fonction du haut personnage appelé secrétaire tants (1525, secte luthérienne). Le mot se dit pour
Il6 111,d’où aujourd’hui secrétaire d’fitat. 0 Il se dit Kcoterie, chapellea, aujourd’hui avec une valeur pé-
aussi du lieu où travaillent les secrétaires d’une ad- jorative ; faire secte ase distinguer par des opinions
ministration, d’une entreprise, etc., du temps de singulièresm GI xvLes.1, sorti d’usage, relève aussi
fonction d’un secrétaire (16801 et de l’ensemble des du sémantisme de la séparation. Secte reprend au
secrétaires d’un service (1893). 0 Le mot s’emploie XVII~s. un sens latin qui correspond à école “groupe
en particulier 11933) pour <métier de secrétaire» au de personnes qui professent la même doctrine))
sens moderne et Nensemble des secrétaires (d’une Cv.15301, d’emploi littéraire aujourd’hui. R&em-
entreprise, d’un service, voire d’une personnel». ment, le mot, sous iniluence de l’anglais sect, dé-
oSECRÉTARIAT-GREFFE: n.m. (1965) est la nou- signe des organisations fermées, organisées, exer-
velle appellation du geff”e*. *Le composé SOUS- çant une tiuence psychologique forte sur leurs
SECRÉTAIRE n., autrefois ( 1640) *secrétaire en se- adeptes et se réclamant d’une pensée religieuse ou
conda, désigne (1816) un haut fonctionnaire mystique étrangère aux grandes religions consti-
membre d’un gouvernement, à qui revient une par- tuées.
tie de la compétence d’un ministre, dans sous-se- w Le dérivé SECTAIRE n. et adj. a d’abord désigné
crétaired’lhut. =+En dérive SOUS-SECRÉTARIAT ( 1566) le partisan passionné d’une doctrine, spécia-
n. m. (18341, notamment dans la désignation SOUS- lement dans le domaine religieux où il s’est em-
secréturiut d’État. ployé pour ((protestant» (1566) avec la variade péjo-
rative sectard Iv. 15301,usage disparu au XVII~siècle.
SÉCRÉTION n. f. est emprunté El4953 au latin 0 Le mot est repris au XDI”s. (1825, Stendhal,
secretio <<séparationm, dérivé de secretum, supin de comme nom ; 1890, adj. ; 1879, n.) pour parler d’une
secewre aséparern (3 secret), puis Mrejetern. personne qui fait preuve d’intolérance et d’étroi-
+ Le mot a d’abord conservé le sens étymologique tesse d’esprit en politique, religion, philosophie.
de cséparationm, sorti d’usage comme celui de oDe cette acception dérive SECTARISME n. m.
achose séparée d’une autres (1611). + Il a été repris En me S.I.
en physiologie 11711) pour désigner le phénomène SECTATEUR, TRICE n. est emprunté (1403, n. m. ;
par lequel un tissu produit des substances qui sont 1752, n. f.) au latin sectutor ecelui qui accompagnes,
évacuées puis, par métonymie Cv.17401, la subs- «disciple, tenant d’une doctrine)+ dérivé du supin
tance ainsi produite. de secturi asuivre partout, escortern et ~poursuivre
F Plusieurs termes de physiologie sont des dérivés un animal>>, fréquentatif de sequi. Le mot désimait
savants du radical de sécrétion. +SÉCRÉTOIRE une personne qui adhère à des croyances dejà for-
adj . ( 1710) “qui a rapport à la sécrétion,, d’où (1904) mées; il est vieilli et péjoratif quand il s’agit d’une
nerfs sécrétoires. +SÉCRETER v. tr., employé en doctrine, dune religion rejetée par le locuteur (no-
physiologie Il 7981, puis par figue (18931 au sens de tamment l’islam, à l’époque classique, dans sectu-
&isser s’écouler lentement =. - SÉCRÉ- teur de Mahorn [Mahometl). II s’est dit pour Nhéré-
TEUR, TRICE adj 0, dérivé savant de sécrétion, est tiqueD Edéb. xwe s.) et EprotestantB 115291, d’après
attesté au féminin iv. 1560) dans faculté sécrétice l’emploi correspondant de secte, valeurs disparues
afaculté de choisir entre ce qui est bon et ce qui est au xvf siècle.
mauvaisn, expression encore relevée en 1611. 0 11
est ensuite repris comme terme de physiologie
SECTEUR n. m. est emprunté ( 1542) au latin
sector acelui qui coupe, tranche* et spécialement,
(17531, alors dérivé du verbe sécréter. +SÉCR&-
dans des syntagmes, ~assassin~ et <<faucheur», et
TINE n. f. désigne 11902) une hormone qui excite la
par ailleurs aacheteur de biens cotisqués (qui sont
sécrétion du suc pancréatique.
vendus par lots)>>.De cette valeur active, le mot est
Le composé préfixé HYPERSÉCRÉTION n. f. (1845)
passé en bas latin à celle de «partie coupée2,
a éliminé supersécrétion (1834, Broussais) et s’op-
comme terme de géométrie. Ce nom est dérivé de
pose à HYPOSÉCRÉTION n. f. 11896).
sectum, supin de secare acoupern, adivisern (+ scier;
SECTE n. f., réfection d’après le latin iv. 1316) de section, segment). Par ailleurs, le mot latin a donné
siecte CV. 11~4 sete Idéb. XIII~s.), est emprunté au la- par évolution phonétique les formes seytre en an-
tin secta «manière de vivre>, Ggne de conduite po- cien provençal (xv” s.), So@eur en Franche-Comté
litique} et aécole philosophique% puis ~~religieuse~~. (13321 au sens de efaucheum
Ce mot dérive de sequi wivre”)), au propre et au fi- + L’emprunt savant s’est fait au bas latin en géomé-
guré (+ second, séquence). trie 11564) pour <figure délimitée par deux rayons
DE LA LANGUE FRANÇAISE SÉCULAIRE

et une partie de la circonférence (d’un cercle)-, et l’acception métonymique kce qui est coupé, sé-
dans secteur d’une sptire, attesté un peu plus tôt par&). Ainsi, section désigne une partie d’un texte,
115421, wolume engendré par un secteur de cercle d’un ouvrage ( 1655) et aussi (1690) la représentation
tournant autour d’un rayon», appelé aujourd’hui graphique d’un ensemble à trois dimensions, que
secteur sphérique (1835). Concrètement, le mot est l’on suppose coupé selon un plan vertical perpen-
employé pour désigner un instrument ou un appa- diculaire à la longueur (cf. coupe). 0 Avec la valeur
reil qui comporte une portion de cercle (1762, pour de «partie, subdivision*, le mot entre pendant la
un instrument d’astronomie). 0 Il désigne ensuite Révolution dans des expressions comme section
(18711 la portion d’une enceinte fortifiée sous les d’un tribunal 117891, section de commune (17901 et il
ordres d’un officier puis, par extension (1904, la s’applique à une subdivision militaire (attesté 1798).
partie d’un territoire qui constitue le terrain d’opé- Cet emploi est caractéristique du vocabulaire poli-
rations d’une grande unité. Dans ce sens étendu, tique et administratif révolutionnaire (les sectilts
voisin de zopte, il est passé de l’usage militaire à des clubs, la section des Piques, etc.); de là tient
l’usage général ; des 1907, le mot désignait une sub- i’acception analogue ( 1862) concernant les subdivî-
division d’un réseau de distribution d’électricité, sions d’organisations, partis et, au me s., syndicats.
d’où par métonymie 119331, le courant distribué. Dans l’armée de terre, sectkon s’applique à la petite
Son usage s’élargit encore après la Première unité commandée par un lieutenant dit chef& sec-
Guerre mondiale, notamment avec secteur postal tion et qui fait partie d’une compagnie. 0 Dans un
( 1916). Secteur s’emploie ensuite avec le sens géné- contexte abstrait, section se dit (1815) d’une catégo-
ral de division (d’un territoire)>, <<subdivision ad- rie dans un classement, par exemple en biologie
ministrative d’une villem (19331, spécialement dans (187 1). * Section rythmique désigne concrètement
le domaine économique (secteur privé, attesté en (v. 1945) la partie d’une formation de jazz qui
19391, et au sens de <domaine, partie (d’un en- marque le temps (batterie, contrebasse, etc.).
semblelx). Dans l’usage familier, secteur, d’après un 0 Section désigne aussi la partie d’une ligne d’au-
emploi d’argot militaire I1919, sans doute des sec- tobus qui constitue une unité pour le calcul du prix,
teurs postaux)équivaut à ((zone, endroit, coins. et la partie correspondante d’un trajet (attesté
wLe latin sector a servi à former des dérivés sa- av. 1932, chez J. Romains).
vants. +SECTORIEL,ELLE adj. (19601, d’après F SECTIONNAIRE adj. et n., *relatif à une section
l’anglais sectotil (dérivé de sector, de même ori- électorale parisienne de l’époque révolutionnaire>)
gine que le français), terme didactique de mathé- 11793) et amembre d’une section de Park 118021, ne
matiques, est devenu usuel en économie (attesté s’emploie plus qu’en histoire. + SECTIONNER
1964, dans les dictionnaires). -SECTORISATION v. tr., relevé en 1796 dans un sens peu clair, signifie
n. f. (attesté en 1968) s’emploie en administration, Il8711 4iviser en sections Iélectoralesl~, rempla-
en économie et semble antérieur à SECTORISER Gant le terme révolutionnaire sectionniser 117931,et
v. tr. Cv.1968). +Le COmpOSé SOUS-SECTEUR en chirurgie, puis plus gonéralement, acoupers.
n. m., relevé en 1963, appartient aux vocabulaires oEn dérivent SECTIONNEMENT n. m. 11871) et
?JIihtaire et administratif. + BISSECTEUR, TRICE dans le vocabulaire de l’électricité SECTIONNE~R
adj., de 0 bis I-, bi-1, qualifie en géométrie ce qui n. m. (19241. -BISSECTION n. f. est un terme de
divise en deux partieségales (18721;BISSECTRICE géométrie (1751) ; on a employé bissecter v. tr.
n. f. (1857) est plus courant !-+ bissecter à section). krxe s.1 en géométrie pour =Partager en deux par-
ties égales par une lignes, forrné de 0 bis l-t bi-1
SECTION n. f. est un emprunt (1366) au latin et à partir de sectum (+ bissecteur à secteur).
sectio caction de couper» et wzoupureu, spéciale- 6’ voir SCIER, SECTEUR, SEGMENT.
ment <<venteà l’encan (par lot+ et <objets venduss,
et en géométrie &visionm (+ secteur). Sectio est dé- SÉCULAIRE adj., réfection (1611) de seculare
rivé de sectum, supin de secare acouper, divisern &n XII~~.), est un emprunt au latin impérial sac-
(3 scier). cuZuris ~séculaire~, d’où saeculares Chdil <jeux cé-
+ Le nom est introduit avec le sens de wission, dis- lébrés tous les cent ans)), et <<dusiècle, profane» en
sensions avec un sémantisme qui influence le mot bas latin ecclésiastique; le mot dérive de saeculum
secte, d’origine différente; cet emploi a disparu. C-bsiécle1.
0 Il désigne aussi depuis le xrv” s. l’action de cou- 4 L’adjectif a repris le sens de #profane, qui appar-
per, de diviser et son résultat (v. 13803. C’est l’idée tient au siècleB employé jusqu’au milieu du xrve siè-
de division», avec une valeur concrète ou abs- cle. 0 11s’applique ensuite à ce qui a lieu tous les
traite, qui se maintient ensuite dans l’ensemble des cent ans, dans des expressions didactiques tra-
emplois. Lin géométrie 115641,le mot désigne la pro- duites du latin : ieuvc sécuZares ( 15491, poème sé-
duction d’une figure par l’intersection de deux culaire (17181, année séculaire (17181. 4Il qualifie
autres, par exemple dans point de section (16941, et aujourd’hui couramment (v. 1745) ce qui date d’un
la figure ainsi engendrée (16711, notamment dans siècle, dure depuis un ou plusieurs siècles, notam-
section conique (1654, Pascal). Avec une valeur ment en astronomie ( 1796, Laplace) dans ~atiation,
concrète, il s’est employé en médecine 115981 là où perturbations séculaires.
le français moderne utilise dissection. oLe mot bLe dérivé SÉCULAIREMENTadv. (1845) estrare.
s’est aussi employé (16303 à propos de la division SÉCULIER, IÈRE adj. représente (déb. XIII~s-1 une
d’un bénéfice ecclésiastique en deux parties, mais transformation par changement de sufke de l’an-
les spécialisations de sens actif (aaction de couper, cien français seculer (v. 11901,emprunt au latin sae-
de séparepI sont moins fréquentes que celles de cularis. + Seculer, puis skulier Idéb. XIII~s.1 s’ap-
SÉCURITÉ 3438 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

plique à un homme qui n’a pas fait de voeux de médecine, dérivé de sedatum, supin du latin
monastiques et vit dans le siècle, opposé à régu classique sedare, proprement <<faire asseoirn, d’où
lier*. *Il quaNe aussi tout ce qui appartient à la «calmer, apaiser». Sedare est le causatif de sedere,
vie laique Iv. 12601,opposé à ecclésiastique, et il est au supin sessum, &re assisn C-+seoir; sédentaire,
substantivé CseculeP;n. m.) pour altiquem EV. 12691.Il sédiment).
s’emploie dans des expressions comme brw sé- 4 Ce terme de médecine conserve le sens du latin;
culier (1546 ; fin xv” s., brus seculkr) et M&&e sé- il s’est employé dans sel sédatif -acide boriquem
culier (1690). -Le dérivé SÉCULIÈREMENT adv. (17511. Eau sédative Nlotion ammoniacale caun-
Cv.1350 ; v. 1190, secuZementl est du vocabulaire re- phréea (1855) est encore en usage. +Le substantif
ligieux et assez rare. *SÉCULARISER vh., dé- un sédatif n. m. ( 14951, ~médicament qui calme la
rivé savant du latin saeculati, signXe cfaire passer douleur ou l’excitation d’un organe)), est usuel mais
à l’état séculier» (15861, spécialement (1680) en par- concurrencé par des mots plus récents Ctranquilli-
lant d’un bien, d’une fonction. 0 11a lui-même pour sant, etc.).
dérivé SÉCULARISATION n. f., apassage (d’un re-
ligieux) à la vie séculière>> 115871, “passage ($‘un b SÉDATION n. f., terme didactique de médecine,
bien ecclésiastique1 dans le domaine de 1’Etat)B est emprunté ( 13141 au latin sedatio <action d’apai-
(17433, appliqué aux fonctions publiques (18751, et ser, de cahner~ (dérivé du supin sedatuml; on a
=autorisation pour un relgieux de porter l’habit sé- aussi écrit cedation Cv.1520). 0 Qualihnt en
culiers Ixx” S.I. moyen français l’apaisement d’une querelle (1397,
SÉCULARITÉ n. f. a été emprunté au latin médik- cedatin; xv” s., sedation), le mot est sorti d’usage
val saecularitas (dérivé de saeculati), d’abord au en fknçais moderne.
sens de *mondanité, (v. 11i’OI. 0 Ce mot didactique
désigne l’état de prêtre séculier ( 14691et la juridic- SÉDENTAIRE adj. et n. est un emprunt sa-
tion séculière de YEglise pour le temporel ( 1718). vant Il555 ; 1492, selon Bloch et Wartburgl au latin
impérial sehkntarius & quoi on travaille assis» et
SÉCURITÉ n. f., attesté à la fin du XIe s. (1190) et “qui travaille assis*, dérivé de sedens, -enti parti-
repris vers 1480, reste peu employé avant le cipe présent du latin classique sedere &tre assi+
XVIII~siècle ; le mot est emprunté au latin secutitas (4 seoir; sédatif, sédiment1.
aabsence de soucisn, &anquillitéa, <<sûreté, sé- +Le mot signiCe d’abord “qui se passe, s’exerce
curité)), *garantie (par rapport à une detteIn, dérivé dans un même liew, en parlant de la vie, du travail,
de securus qui a abouti au tiançais ST*. etc. (1555). Au début du xvP s., il reprend le sens la-
4 Le mot désigne d’abord l’état d’esprit cotiant et tin de “qui demeure ordinairement assis%, qua&
tranquille d’une personne qui se croit à l’abri du fiant par extension une personne qui ne quitte
danger, d’où en toute sécurité aen toute tranquil- guère son domicile, qui sort ou voyage peu (16 111;il
litén 115801.Au xvwe s., il s’applique à une situation est alors aussi substantivé. 0 À la même époque
exempte de dangers, qui détermine la cotiance est attesté le sens de ufixe, attaché à un lieu-, en
11770). +Repris ti XIX”~., (1889, n’effigient de sé- parlant d’un fonctionnaire, d’un parlement. On a
curité), sécurité désigne le fait de fonctionner, de parlé au XIX~ s. de troupes sédentaires “qui ne
s’effectuer sans dSculté et de sécurité qualiCe un changent pas de garnison>) (18121, opposé à mobiles,
dispositif destiné à protéger les personnes et les d’où un sédentaire (1875) asoldat sédentairea. 0 Au-
biens (1925) et ce qui est utile en cas de danger. Il jourd’hui, le mot s’applique aussi à des populations
s’emploie dans plusieurs expressions, avec l’idée dont l’habitat est tic Idéb. XX~ s.1,opposé à nomade
de aprotectionn, comme sécurité militaire ( 19451. (en parlant de groupes humainsl et à migrateur (à
0 Sécw%é S&ale Il9451, calque de l’anglais social propos d’animaux). + L’adjectif s’est appliqué spé-
secutity 119351, est abrégé familièrement en sécu cialement 11768) à une araignée qui se tient immo-
n. f. 11960). L’expression désigne le système de pro- bile sur sa toile ; de là vient Sédentaires n. f. pl., nom
tection sociale et l’organisation destinée à garantir ancien d’un genre d’aranéides 11828). Sédentaires
les travailleurs contre certains risques liés à l’em- n. m. pl. a désigné ensuite (18591 un ordre d’anné-
ploi, à la santé, à la maternité, etc. lides vivant dans des tubes.
F Le dérivé SÉCURITAIRE adj., attesté dès 1294
,Sbdentaire a fourni SÉDENTAIREMENT adv.
dans catie [carte, charte1 securitaire alettre de
( 15781, littéraire et rare. *Les autres dérivés sont
sauf-conduit%, avait disparu. oLe mot a été re-
formés savamment sur le radical latin. 0 SÉDEN-
formé récemment, s’appliquant (1983) à ce qui tend
TARITÉ n. f. 11819) est littéraire en parlant d’une
à privilégier les problèmes de sécurité Ipo2itique,
personne sédentaire et didactique appliqué au
mesure, installation... sécuritairel. +SÉCURISER
mode de vie d’une population. 0 SÉDENTARISER
v. tr., en psychologie et couramment (19681, sime
v. tr. (1910) arendre sédentaireB, terme de géogra-
«donner un sentiment de sécurité à Iqqnla. 0 Ce
phie, s’est aussi employé ( 1930) pour Rattacher à un
verbe a fourni SÉCURISANT, ANTE adj. (1959
lieu fhe (un employé),. oLe verbe a pour dérivés
chez Hervé Bazin, in T.L.F.1, SÉCURISATION n. f.
SkDENTARISATIONn. f.(1934),~prOCeSSU?+rle-
(1968) devenus rapidement usuels, au point de
quel des populations nomades deviennent séden-
concurrencer apaisant, apaisement et des mots
~~~~~+,~~sÉDENTARIsME n.m. 119111,terme de
malogues. oLe préké et contraire INSÉCURITÉ
géographie qui s’oppose à nomadisme.
n. f. Il7941 s’oppose à sécurité.
SÉDATIF, IVE adj. et n. m. est emprunté SÉDIMENT n. m. est emprunté cv.1560, Paré)
(1314)au latin médiéval sedativus ~calmanh terme au latin impérial sedimentum &ssementB, G?la@s-
DE LA LANGUE FRANÇAISE SÉDUIRE

sement de sedimen «dépôt%, terme de médecine lieux)s, puis en latin ecclésiastique flcorrompre, sé-
Cv” s.1, dérivé de sedere &re assis>, au figuré &tre duire3. Il est composé de se, qui marque la sépara-
exén (b seoirl. tion, l’éloignement, la privation (par un sens parti-
+ Le mot est introduit comme terme de médecine, culier du groupe du réfléchi se; + se, à soi), et de
désignant d’abord (v. 1560) les parties solides que ducere &rer à soib, d’où Nconduire, mener* et, dans
laisse déposer l’urine, avec une valeur plus géné- la langue familière, Mtromper», qui a seni de base à
rale ensuite (1611). 4 Le mot est passé au XVIII~ s. de nombreux composés (+ conduire, induire, pro-
dans le vocabulaire de la géologie, désignant II7791 duire, traduire). Ducere est de la même famille que
un dépôt naturel formé par les eaux, le vent, etc. dux, ducis achef)) (+ duc; aqueduc), L’ancien f?an-
Cet emploi est un réemprunt au latin scientsque çais suduire était issu d’un autre composé de du-
sedimentum ayant acquis ce sens vers la ti du cere, subducere (de SU~-; + sous) atirer de bas en
X~II’ s., après les travaux fondamentaux de Sténon. haut>>et wetirer, soustrairen, Nenlever à la dérobéen
et, dans des expressions, {{compter, calculer-. Sub-
w Les dérivés et composés de sédiment sont pour la ducere a pris en latin populaire le sens de aséduire>
plupart des termes de géologie. +SÉDIMEN- à seducere (cf. italien soddure à côté de sedurre), et
TAIRE adj. (1838) si@e ((formé de sédimentsn et suduire Sign%e <<séduire, corrompre, suborner*.
qual%e une catégorie essentielle de terrains. * SÉ-
4 Séduire est sorti d’usage au sens initial de <<dé-
DIMENTATION II. f. s’emploie pour afait de se dé-
tourner du vrai, faire tomber dans l’erreuw De
poser en sédiments>) (1861) et aussi comme terme
même, l’emploi de séduire de faire gqch. <détour-
de médecine ( 1933, notamment dans vitesse de sé-
ner (d’une bonne ackionl>> (1460-1465) puis (1530) sé-
dimentation). -SÉDIMENTER v.tr., <<former par
duire, prolongé par la construction séduire à faire
sédimentation>> (1922 au pronominal), dérive de sé-
gqch. (16361, a disparu. 0 Le verbe s’est aussi em-
diment ou de sédimentation. ~SÉDIMENTOLO-
ployé pour umutinerm et, dans le domaine juridique
GIE n. f. (mil. & s.), de -logk*, d’après l’anglais se-
(14651, pour <suborner, corrompre (des témoin&.
dimentology I1932), désigne la discipline géologique
0 De l’idée de McorrompreB, on est passé à l’accep-
qti a pour objet l’étude de la sédimentation, d’où
tion moderne aamener (une femme) à se donnep
SÉDIMENTOLOGUEn.
115381, puis vers la fm du XVII~s. au sens de
aconvaincre (qqn) en employant tous les moyens de
SÉDITION n. f. est un emprunt savant Cl213 se-
plaires (16983, sens aujourd’hui archaïque, le verbe
dicion) au latin seditio aaction d’aller à partn, adésu-
n’ayant plus de connotation intellectuelle. Séduire
nion, discorde>, asoulèvement, révolte- (dans le vo-
ne correspond plus qu’à l’idée de «plaire», comme
cabulaire de la politique ou militaire). Ce mot a été
séduction. Cette valeur se développe au XVIII~s.,
formé directement (il n’existe pas de verbe “sedire),
soutenue par les emplois de sbduisant, skducteur et
peut-être d’aprés secessio I+ sécession), de sed-,
séduction.
préke marquant la séparation, et de itio, -anis «fait
d’aller, marchem, dérivé de itum, supin de ire cal- b SÉDUISANT, ANTE adj., du participe présent,
lerw, qui a fourni le futur et le conditionnel de aller” d’abord appliqué à des paroles propres à plaire et à
et entre dans de nombreux composés (+ errer) ; iti tromper (15421, qutie une personne qui peut sé-
(comme ifus twtion de partir, de marcherB3 appa- duire grâce à son charme ( 17121ou ce qui attire for-
raît surtout en composition (ambiti, redit& etc.). tement (1760).
SÉDUCTEUR, TRICE n. et adj., réfection savante
+Le mot s’est introduit en français avec le sens (v. 1370) de seduitor (v. 11551,reprend le latin ecclé-
d’&meute populaire, révolte, soulèvement contre siastique seductor, dérivé de seductum, supin de
une puissance établien, qu’il a conservé. Il s’est seducere. 0 Le mot a remplacé des formes de l’an-
aussi employé de manière plus large pour atu- cien verbe soduire, souduire, comme sodeor
multen (1334, sedicion), Mrésistancem (Cn xrv’s.1, Idéb. XIII~s.), sourduiseur Iv. 13301,puis du verbe mo-
aquerelle, discordem ( 1440-1475) et à l’époque clas- derne séduire, comme seduiseor hv” s.1, seduiseur
sique Iv. 1640) en parlant du trouble des passions, (14641, au féminin seduiresse (v. 1350). aLe sens de
avec le même séma;ntisme figuré que révolter, rd- <personne qui fait tomber en erreur)), le seul au
~oltant et révolution. Ces emplois sont archaïques moyen âge, au masculin comme au féminin seduc-
et le sens initial est seul demeuré vivant, dm un tice ( 143II, demeure jusqu’à l’époque classique, no-
usage littéraire. tamment dans esprit séducteur «démon>) (1690); il
.Les dérivés SÉDITIONNAIRE adj. (1533)et SÉDI- est sorti d’usage ensuite. + L’adjectif s’emploie
TIONNER v. tr. 118291 ont disparu. aussi dans le domaine amoureux ( 15461,mais n’est
SÉDITIEUX, EUSE adj. est emprunté IV. 1355) au usuel dans ce sens qu’au début du XVIII~s. (1718). Le
latin seditiosus <factieux», *exposé aux troublesm nom, à partir du XVII~s., désigne un homme qui usé-
(dérivé de seditio) et en garde le premier sens. du&>>une femme ou une fille, c’est-à-dire l’entraîne
L’emploi substantivé (1413) est littéraire et rare. à des relations sexuelles hors mariage (1662, Mo-
4Zn dérive SÉDITIEUSEMENT advh 1355),litté- lière, Dom Juan). Ensuite, l’évolution correspond à
raire et rare. celle de séduire, et séducteur se rapproche des va-
leurs de séduisant.
SEDUIRE v, tr. est une réfection d’après le latin SÉDUCTION n. f. est emprunté (1165-l 170) au latin
(1440-14751 de l’ancien tiançais suduire cv.11201, classique seductio *action de mettre à par%, asépa-
puis soduire (1165-11701,souduire he s.1,issu dula- ration, et dans le vocabulaire ecclésiastique «cor-
tin seducere. Ce verbe latin sign&it <emmener k ruptionD, dérivé de seductum. +Le mot équivaut
part, à l’écart», <séparer», cditiser (en parlant de d’abord à 4rahison», puis atromperie par laquelle
SEGMENT 3440 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

on fait tomber qqn en erreur- 11564, aussi es@ de rapport aux Blancs. De là vient l’emploi étendu du
séduction <démonnI, sens vivant à l’époque clas- mot (xx” s. : 1930, Morand) à propos de la séparation
sique. Il s’est dît de l’action d’exciter à la mutinerie de droit ou de fait de personnes, de groupes, en rai-
( 1461) ; ce sens a disparu plus tôt que le précédent. son de leur race, puis 119531 de leur niveau d’ins-
*Désignant l’action d’entraîner par un charme ir- truction, de leur condition sociale, etc. Wne idée
résistible (16801, séduction. prend au XVIII~s. 11734, voisine est exprimée par apartheid. oSég&gatin
Voltaire) le sens de ((moyen de séduire, de plaire». est passé dans le vocabulaire technique et scienti-
Le mot entre dans le vocabulaire de la psychana- fique (19271, où il désigne la séparation des phases
lyse au ti s. (scène de la séductionl, d’après une d’un alliage, en biologie et en géologie. Dans ces
théorie plus tard abandonnée par Freud. emplois modernes, il procède de l’anglais segrega-
tien, de to segregate, emprunt au latin segregwe.
SEGMENT n. m. est emprunté (15961 au latin
F De l’emploi de ségrégation en sciences a été dé-
segmentum acoupure, entaille, incision3 et par fi-
rivé savamment le nom féminin SÉGRÉGABILITÉ
gure «bande taillée, chamarruren, dérivé de secure
(mil. XX~s.1, didactique. +De l’emploi dans le do-
cccoupern (-+ scier; secteur, section).
maine humain et social viennent SÉGRÉGATION-
$ Segment est introduit en géométrie, désignant NISME n. m. (v. 19501, SÉGRÉGATIONNISTE adj.
une portion de cercle comprise entre un arc et la et n. h. 19501, d’où ANTISÉGRÉGATIONNISTE
corde qui le soutient, d’où ensuite segment de adj. et n. (v. 19501, de 0 an&, à la manière d’anti-
sphère (16911 et segment sphérique (18351, segment rabs te.
de ligne droite (1871) puis segment de droite (1893). SÉGRÉGER v. tr., emprunté au latin segwgwe,
La valeur de <<portion)> se conserve dans les emplois s’est employé pour uséparer (un office d’un autrelm
postérieurs. 0 Le mot est littéraire au sens général E1368, segregerl, Nune matière d’une autren (13771,
(1756) de <<partie d’un tout continus et didactique en aune partie de la masses ( 1482). Noté {(peu usitép
botanique 11765, seg?rzents de feuilles), en anatomie en 1771 (Trévoux), ce verbe est sorti d’usage.
animale et humaine (1812 ; cf. article pour les in- +Avec la graphie SÉGRÉGUER, venue de la pro-
sectes) et en parlant des amélides et des arthro- nonciation de ségrégation, il s’emploie encore très
podes 11904). Il entre dans d’autres domaines spé- rarement pour <mettre à Part~. 0 Le seul usage vi-
cialisés au xx” s., par exemple en mécanique (1861, vant correspond au sens moderne de ségrégation
sement de piston). I?n linguistique, il correspond à et vient de l’anglais to segregate. Le verbe Sign%e
(<élément distinct% (v. 19601,comme dans certaines alors <<séparer par la ségrégationn (19541. *SE-
techniques d’analyse (statistique, etc.) en informa- GRÉGUÉ, ÉE adj. iv. 19551,“qui est l’objet d’une sé-
tique, etc. grégation>>, est emprunté à l’anglais segregated,
b Segment a produit plusieurs dérivés didactiques. participe passé de to segregate.
+ SEGMENTAIRE adj . ( 1838-42, Acad.) Sign%e, are- SÉGRÉGATIF, IVE adj., didactique, est dérivé de
latif à un segment)>. + SEGMENTER v. tr. (attesté sé@éger au sens (1572) de “qui produit une sépara-
18731 et SEGMENTATION n. f. (1855, au sens géné- tionm, repris au xrxe s. (av. 18451. 11 qualifie au-
ral), notamment en biologie Il 8841, ont pris une va- jourd’hui ce qui favorise la ségrégation raciale.
leur plus générale. 4 Le comp0sé BISEGMENTER 0 L’adverbe SÉGRÉGATIVEMENT (1772, chez
v. tr. hx” s.) a fourni BISEGMENTATION n. f. Rousseau1 a disparu.
Cxme s.l. + SEGMENTAL, ALE, Aux adj. (1893 en Le composé DÉSÉGRÉGATION n. f., didactique
anatomie; repris mil. xx” s.), d’après l’anglais seg- (av. 19641, de 0 CG, se dit de la suppression de la
mental, a donné en linguistique SUPRASEGMEN- ségrégation raciale; en dérive DÉSÉGRÉGATION-
TAL, ALE, AUX adj. (v. 19601, quatiant un trait; ré- NER v. tr. (av. 1972).
parti sur plusieurs segments d’énoncé (par
exemple la négation dans “ça n’existe pas)) ; en pho- SÉGUEDILLE n. f. appardt sous la forme sé-
nologie, la nasalité, etc.). guidille en 1630, dans le GuzmavL d’Alfarache de
Chapelain, et séguedille en 1687, Le mot est em-
SÉGRÉGATION n. f., réfection (av. 1535) de prunté à l’espagnol seguidilla, nom d’une danse, di-
segregacion Il 3741, est emprunté au bas latin segre- minutif de seguida NsuiteB, dérivé de seguir
gatio +éparation)), formé sur segregatum, supin du +uivreD, verbe issu de sequere, forme active et rare
latin classique segregare, proprement aséparer du du latin sequi (-, suivrel.
troupeau,, puis cmettre à part, isoler, éloigner)). Ce
+ Le mot désigne une danse espagnole de rythme
verbe est composé du prétie se- marquant la sépa-
rapide, accompagnée de guitare et castagnettes et,
ration (+ séduire) et de grec, gTegis désignant une par extension, la musique et le chant qui ac-
réunion d’animaux ou d’individus de même espèce compagnent cette danse.
(4 grégaire, grège), à c8té de pecus (+ pécule), mot
désignant le troupeau en tant que bétail. 0 SEICHE + SEC
4 Le sens premier, Maction de séparers, en parlant
d’une masse ou d’un groupe, est aujourd’hui didac- 0 SEICHE n. f., réfection (v. 1270) de seche
tique. En lançais contemporain le mot s’applique (xrr” s.), est issu du latin sepia «seichen et <encre»,
au domaine humain, désignant d’abord la pratique lui-même emprunté au grec sêpia, dont I’étymolo-
de l’isolement des habitations et des établisse- gie reste obscure : on a rapproché le terme de së-
ments des colonisateurs, dans les pays colonisés, pesthai «être pourri», à cause du liquide noir émis
pis kégrkgution raciale1 la séparation organisée par l’animal, mais le rapport sémantique n’est pas
et réglementée de la population de couleur par clair. On retrouve le mot latin dans l’italien seppia,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3441 SEIGNEUR

le catalan cepia ou cipia, l’ancien provenqal sepia sieur). Senior représente le comparatif de sewx, se-
(12o01, sipia (XII~s.1 et des mots fkançaîs régionaux, ni,s «vieuxB et nom masculin wieillardn (+sénile);
tel supion apetit calmars L’espagnol iibia et le por- senior substantivé s’oppose &junior (alors que vetus
tugais siba sont empruntés au mozarabe tibia, qui -b [vieux1 s’oppose à novus I+ neufll et comporte
vient lui-même du latin. dès le ler s. une nuance de respect que la langue ec-
+ C’est le nom d’un mollusque céphalopode pourvu clésiastique développe. La base du latin se retrouve
d’une glande sécrétant un liquide brun foncé. Sa dans d’autres langues indoeuropéennes, par
coquille interne est nommée os de seiche 11606; exemple l’irlandais sen, le védique San&, l’aves-
cf. os de sépti, v. 1350, en ancien provençal). tique hano. Pour désigner des personnages de haut
rang, senior s’est substitué à ~~&JUS <chef, souve-
F SOUCHOT n. m. est un dérivé dialectal de seiche. rain- en latin classique et s’est employé en latin ec-
Le mot désigne le mollusque comestible aussi ap- clésiastique en parlant de Dieu.
pelé skpiole.
4 Dès ses premiers emplois ti x” s.), le mot sime
0 VOirSÉPIA.
asouverains en parlant à Dieu ou de Dieu, d’où
Notre Seigneur désignant Jésus-Christ Iv. 980) et
SÉIDE n, m. est attesté avec certitude en 1815,
Dieu (v. 1120) et ensuite Seigneur Dieu (XV;~s. 1672,
mais le mot aurait été employé en 1803 par Berna-
dotte, selon B. Constant, dans un texte que cite le seigwur Notre Dieu). Outre Notre Seigneur, en-
Chateaubriand. Le nom vient de Séide, kancisation core en usage, l’expression le jour du Seigneur,
de l’arabe Z&yd libn fl&@ul, nom d’un afYranchi du d’abord <(jugement dernier* 115501, s’emploie en
prophète Mahomet, aveuglément soumis & ses français moderne 11870) pour désigner le di-
ordres; ce personnage a été mis en scène par Vol- manche, et l’exclamation Seigneur! ( 1680, W” de
taire dans la tragédie Mahomet (1741). Sévigné1 équivaut à mon Dieu! oParallèlement,
c’est la désignation d’une personne noble, d’un
4 Séick se dit d’un adepte fanatique d’une doctrine, haut rang ti x” s.); de là vient l’emploi disparu
entièrement dévoué aux volontés d’un chef; le mot pour dcemperew EV.1240) et comme adjectif pour
a en général une connotation péjorative en parlant «puissantD. En ancien fkançais le mot est utilisé
des personnes attachées & un chef politique pour de nombreuses fonctions sociales qui im-
(cf. sbire). pliquent au moyen âge un pouvoir : <<mari>>Cv.10501,
valeur conservée dans l’emploi plaisant de mon
o> SEIGLE
provençal
n. m. est emprunté (12861 à l’ancien
seg,Je(XII~s.1 ou issu du latin impérial se-
seigneur et maître (16621, et <<maître, patron-
(v. 10501, ~propriékre~ (XIII” s.), avec les locutions
cale aseigle)). On relève en ancien et en moyen kan- seigneur et m&e «propriétairen (XIII~s.) et être mis
cals des formes très variées issues par évolution à seigneur de @qch.) -en possession de» 11344). Sei-
phonétique du latin : Soi&e (v. 1172, Chrétien gneur est aussi un terme de citité donné à des
de Troyes), sekle Idéb. XIII" s.), sueigle (1296, Berry) non-nobles Iv. 10501, en usage à l’époque classique
et, par réduction de la diphtongue, segle Iv. 12253 ; dans le style élevé, et Je titre donné à divers per-
dans seigle, cette diphtongue n’est plus marquée sonnages (membre d’Etats généraux, d’un Parle-
que graphiquement. Dans la France du Nord, les ment, etc.). ~Seigneur s’emploie C1080), au-
formes dominantes sont de type soile Iv. 11803 en jourd’hui comme terme d’histoire, pour désigner
Picardie, Flandres, etc., soille (mil. XIII~s.) puis seille un hornme de qui dépendent des terres et des per-
(xv” s.) en Normandie, Anjou, Poitou. Pour les sonnes, dans le système des relations féodales
formes méridionales, on trouve segel, seguel (cf. suzerain). C’est aussi un titre honotique,
Iv. 14401, segla (XIII~s., Dauphiné), en occitan segaZ, conservé jusqu’à la fm de l’Ancien Régime et em-
segle, d’où segolar, segulu uterre à seiglea. Le latin ployé notamment en parlant des grands person-
secale, mot sans doute emprunté, ne peut être rap- nages de Mntiquité (10801, usage constant dans le
proché de secure ~COU~~P (+ scier), les langues ro- théâtre classique. Par extension, il s’est dit à pro-
manes impliquant un a bref (cf. l’italien segale, le pos des saints Iv. 1155) et des ecclésiastiques
roumain secara, etc.). Cv. 1175). 0 11 désigne en général (v. 1175) une per-
+ Le mot désigne une céréale et son grain. II s’est sonne qui commande en maître, occupe une posi-
employé pour <<bière brassée avec du seigle>> ( 1625) tion dominante souvent par naissance (cf.prince,
et, par métonymie, pour cchamp de seigle>) (1803; roi). Gru& seigneur <personnage noble de haut
au pluriel, 1837, chez Hugo), sens attesté au XIV~s. ran@ (12501, expression en usage jusqu’au XIX~ s.,
dans les Flandres pour la forme ancienne soille. subit un déplacement sémantique et s’emploie
Cette métonymie est commune aux mots dési- aussi pour <<seigneur riche)), avec la variante SOS
gnant les céréales (cf. blé). seigneur (15321, puis à propos de toute personne
riche, en particulier dans faire le grand seigneur
o> SEIGNEUR n. m. est une suf6xation nouvelle
(XII~s.) de seignur, seignor (Chanson de Roland,
( 1690 ; faire le seigneur, 167 11, vivre
gneur (1694). Le cuti
en grand sei-
seigneur ( 15801, à l’époque
10801, précédé par senior (v. 9801,seinor (~III xes-3.En classique, désigne en particulier l’empereur des
ancien fran@s, le mot appartient à la 3” déclînai- Turcs (dit plus tard le Grand Turc). 0 À la ik~ du
son qui présente au singuLier deux formes très dif- xwe s., le mot s’est employé aussi comme titre de
férentes : seigneur, cas régime, est issu du latin dérision appliqué à un fanfaron, puis comme terme
classique senioyem, accusatif de senior (+ senior), le ironique pour 4ndividw ( 16 17). La locution dispa-
nominatif qui a abouti, à partir de la forme réduite rme seigneur du parchemin désignait une personne
“seyor, à sire, cas sujet en ancien fYancais (+ sire ; anoblie depuis peu (1718). + Seigneur et ses dérivés,
SEIN 3442 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

usuels et importants en ancien français et jusqu’à Cv.1430) par extension comme titre de personnes
l’époque classique, sont aujourd’hui des mots histo- qui ont un pouvoir : le père, le maltre de la maison
riques. (par les serviteurs), le mari. +Par une évolution
ä Le dérivé SEIGNEURIE n. f. lti XII~ s.1, d’abord obscure, le mot désigne (1723) un levier employé
seignorie Iv. 11302, a eu le sens large de «domina- par les voleurs pour forcer les portes, moins cou-
tion, autoritén et spécialement, dans le système féo- rant que PINCE MONSEIGNEUR n. f. (1827). +Le
dal (11353, de droits du seigneurn. Il s’est employé dérivé MONSEIGNEURISER v.tr., <<appeler du
par métonymie avec une valeur collective au sens titre de monseigneurs, 11704, est sorti d’usage ; il
Iv. 1150) de créunion des seigneurs, cour (d’un roi))>, était employé par plaisanterie comme le pronomi-
d’où au début du xve s. «noblesses, encore au debut nd semonsei~ewiiw (1692). -MONSIGNORIEl
du XVII~s., et pour (luxe, train de seigneurs (v. 11501, n. m. est un emprunt attesté au XVIII~s. (1769, Vol-
0 11 si@e aussi en ancien lançais (1165- 1170) taire) à l’italien monsi@ore, qui correspond au
<<terre d’un seigneurti et 112641 adroits féodaux atta- français monseigneur. 0 Il désigne certains digni-
chés à cette terre>>, emplois aujourd’hui histo- taires de la cour papale, au Vatican.
riques. 0 Au début du XIII” s., le mot prend diverses 0 Voir SENIOR, SIEUR, SIRE.

acceptions liées au statut social du seigneur, qcpre-


mier rane, «haute qualit&, GnfluenceB et Iv. 12753 SEIN n. m. est issu (v. 1120) du latin sinus, propre- o>
<acte noble de seigneur», 0 Votre seigneurie s’est ment “pli concave ou en demi-cerclem, d’où «cour-
utilisé kwe s.1 à l’époque classique en écrivant à bure, pli)) et spécialement ((pli demi-circulaire que
une personne digne de respect, puis par plaisante- forme la toge lorsqu’elle est relevée sur l’épaule*;
rie ( 1858) en s’adressant à une personne quel- ce pli de toge ou de robe était celui dans lequel les
conque. Sa seigneutie (16251, d’abord employé en femmes portaient leur enfant, d’où le sens figuré de
parlant à des personnes investies d’une certaine wsein, poitrine~~. Une autre valeur figurée est cre-
dignité, était le titre 11835) donné aux pairs de fuge, asiles et, dans des locutions, flintérieur de>>(in
France sous la Restauration, comme votre seigneu- sinu urbis nau cœur de la ville4; le mot a par ail-
rie. WSEIGNEURIAGE nm., terme de féodalité leurs des emplois techniques : <<enflure d’une
( 14213 au sens général de droit du seigneurs, est voileu, abaie ou crique en demi-cerclen, etc.; il est
une réfection de seigwruge <<seigneur>> et «terre sans étymologie connue (+ GI,0 sinus).
seigneuriales ti XI~ s.1, puis seignoruge {{autorité 4 Sein désigne d’abord l’espaice entre la poitrine et
du suzerain} Il 165-11701, 0 Le mot signifie en an- le vêtement qui la couvre, sens disparu, et (v. 1150)
cien français «puissance de Dieu) ( 11201et au figuré la partie antérieure du thorax humain, acception
-puissance (de faire qqch.)n Iv. 11551,*considération, courante à l’époque classique où poitrine* était
honnew Iv. 1165). En histoire, il s’emploie en parti- rare. OPar réemprunt, sein s’emploie comme en
culier pour désigner le droit de battre monnaie. latin pour Gntérieur> (v. 1155, en parlant d’un pays),
+SEIGNEURIAL est d’abord nom masculin d’où sein de... milieu de)) (v. 1390; puis XVII~s.l et
en 1372 (Oresme) pour <<seigneur, mtitren, puis *partie intérieure%, par exemple dans le sein de la
SEIGNEURIAL,ALE,AUX adj, (14081 correspond teme @n XVI” s.l. 0 Par métaphore du sens initial, le
à adu seigneur>. C’est une réfection de seigmurel sein d’Abraham désigne le refuge où étaient les
adj. (1174, en ce sens), antérieurement seignutil âmes saintes avant la venue du Christ (XIII~s.) et
(10803.0 L’adjectif s’applique par extension à ce qui correspond (fin xvre s.) à ((paradis)); on a aussi en ce
est digne d’un seigneur. En ancien français, il est sens sein de Dieu (1845). +Au xwe s., sein reprend
synonyme de 4istingué, gracieux>> (1534; h xues., plusieurs valeurs du latin sinus par réemprunt sé-
seignoril. mantique : cgolfe>>( 15351,«voile gonflée par le vent»
MONSEIGNEUR n. m., formé du possessif mon et (15641 et <partie de la voile qui se gode)), donné
de seigneur I+ monsieur à sieur), est utilisé comme comme du avieil gaulois», c’est-à-dire de l’ancien
titre, en appellatif, dès ses premiers emplois : français, en 1636. Par ailleurs, le mot désigne au fi-
d’abord pour accompagner le nom d’un saint guré l’esprit, le cewr de l’être humain (1538). *De-
Iv. 1155, mon seigneur> puis (XIII~ s.1 le nom de per- puis l’ancien franCais (v. 1200, le sain), sein désigne
sonnes nobles, aujourd’hui seulement pour les spécialement la poitrine de la femme acception
princes des familles souveraines. Le pluriel mes- nortnale au m’ s., puis sortie d’usage, sein s’em-
seigneurs est attesté vers 1350 ; nosseigneurs, rare ployant couramment Ixvr” s.) pour chacune des ma-
après 1650. Monseigneur était en particulier l’ap- melles de la femme. Cependant, le pluriel aes
pellation du Dauphin de Louis XIV; le mot a été seins1 et le singulier qui lui correspond hn sein1 ne
pris au XVIII~s. pour titre de membres du gouveme- semblent usités qu’au XIX” s., les synonymes Cma-
ment, de l’armée, usage repris sous Napoléon I”‘. melles, této& étant devenus soit archaïques, soit
0 Il s’est dit en parlant à un prêtre (1250) et s’est péjoratifs. Au XVII~s., le mot s’était spécialisé pour
placé devant le nom d’animaux personni%s désigner le sein féminin en tant qu’il sert à l’allaite-
(apr. 1250, Roman. de Renati), emploi conservé ment (16901, d’où prendre le sein etétep 117711 et
dans la fable à l’époque classique, en concurrence donner le sein I1802). Ces acceptions sont les plus
avec seigneur (par exemple chez La Fontaine). vivantes en franqais moderne.
0 On le trouve encore devant le nom de cardinaux 0 voir COSINUS, INSINUER. SWUIXIX, 0 ET @ SINUS.

ou de grands prélats Iv. 13501 et, dans cet emploi, il


s’emploie aussi comme désignation (non appella- SEINE OU SENNE n. f. sont des formes rela- o>
tive), en concurrence avec l’italianisme monsignor. tivement tardives : sein (16931, senne (17651, de
0 Monseigwur, comme sei&neur, s’est employé saine (fin XII~s., hapaxl, puis suime h. 12651, suyne
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3443 SEIZE

(1611). Toutes sont issues du latin sugena &let de cousses de l’écorce terrestre qui constituent un
pêche}}, lui-même emprunt au grec sage&, terme tremblement de terre. 0 Il s’emploie aussi au fi-
technique. G=Les formes d’ancien fr-ançaîs sans e fi- guré pour «bouleversement>> (1928, Colette).
nal, sain n. m. alien» EV.1180) et <filet» Iv. 1265), en- b Le grec seismos, puis le fkn$a;is séisme ont fourni
core attesté au début du XVII~s. chez Malherbe les composés MICROSÉISME n. m. (1903; av. 1877,
IseW, ont disparu en partie du fait de l’homonymie microsisme), MACROSÉISME n. m. (1907) et le dé-
avec sein. rivé SÉISMAL, ALE, AUX 11824) ou SIS-
+ Ce mot technique conserve le sens de l’étymon. MAL, ALE, Aux adj. (18711, arelatif aux séismesu.
b fl a fourni SEINER v. tr. (1716; 1876, seriner), cpê- SISMIQUE (1871) ou SÉISMIQUE adj. (1856) crela-
cher à la Seine=. tif aux séismes-, fréquent dans secousse sismique,
s’emploie aussi dans prospection sismique (relevé
SEING n. m. est issu II 165-1 Ii’01 du latin sigwm en 1964) ou sismique n. f. (v. 1979). L’adjectif s’est im-
qui a donné signe et signifie amarque distinctive>>, posé avant le nom; il en est de même pour l’anglais
+ignal)) (+ signe). seismic ( 1858) avant seism ( 18831. 0 Le mot a pro-
+ Seing a d’abord des emplois spécialisés : amarque duit SISMICITti n. f. [1892). +Plusieurs composés
(signe) sur la peau, naevus» Il 165- 11703, amarque ont été formés, comme SISMOGRAPHE n. m.
pour délimiter le bois 0-U l’on chasse aux flets)> (1871; séisme-, 18581, dont dérive SISMOGRAPHIE
Iv. 1170, écrit sain) et «but, ciblen (v. 12701. Il est at- n. f. (1902; séismo-, 1923); SISMOLOGIE n. f. [NI;
teste en ancien et en moyen français depuis la fm sékmo-, 19041, d’où SISMOLOGIQUE adj. (1881;
du XIII~s. (1283) au sens général de «marque, signep, séisme-, 1903) et SISMOLOGUE n. (1909). Ces

en particulier de Mmarque imprimée au moyen composés apparaissent entre 1850 et 1860 en an-
d’un instruments (12831, et se dit par métonymie glais, sismographe a été formé en italien (sismgrufo,
d’un instrument pour marquer les mesures (12961 kdmieri, v. 1850). 0 SISMOMÈTRE n. m. (1888) et
et d’une signature (~III~ S.I. C’est cette dernière ac- SISMOMÉTRIE n. f. (xx” s.) sont aussi en usage.
ception qui se maintient à l’époque classique : seing Les préfixés ANTISISMIQUE adj. ( 1979 et PARA-
prend le sens juridique de (kgnature qui atteste SISMIQUE adj. concernent les mesures et disposi-
l’authenticité d’un acte>>(13731; en ce sens, il s’écrit tifs destinés à lutter contre les effets des séismes.
0 voir SIsmE.
aussi sing (1538) ; on a dit également seng, seing ma-
nuel ( 1395, seng). 0 Le seul emploi qui subsiste en
droit est seing prive 11660) asignature d’un acte non SEIZE adj. numér. et n. m. inv., réfection o>
enregistré devant notaire* (voir sous-seing). (v. 1250)de seze Iv. 11551 et seise Iv. 12201, est issu du
latin sedecim, composé de sex «six*“) et de decem
F CONTRE SEING n. m. a d’abord désigné ( 13501 la *&q*>>.
marque distinctive d’un orfèvre; le mot se dit en
droit (1564) d’une signature apposée à côté d’une 4 Dès les premiers emplois (v. 11553, ce numéral
autre, et qui la rend valable, puis 11384) de l’énon- cardinal est aussi numéral ordinal (là où le tian@s
ciation sur une lettre de la qualité de l’expéditeur, moderne emploi seizième; 1165-I 170, la lune seze
en vue d’obtenir la tianchise postale. +BLANC- w-rivée & son seizième jour4 et nom masculin.
SEING n. m. 116711, d’abord blanc-signé (-, signer) ~L’adjectif est employé en imprimerie in-seize
puis blanc-sin (15731, terme de droit, désigne un pa- 11623) qui a remplacé en-seize (16901, disparu.
pier signé cotié à qqn pour qu’il le remplisse à son c= Comme substantif, il désigne ce qui porte le nu-
gré. +SOUS-SEING n. m., abréviation de (acte) méro seize (1871, «le seizième jour du mois>>).
sous seing privé, désigne Wï’73 un acte fait entre b Seize a fourni plusieurs dérivés. + SEIZIÈME adj.
des particuliers sans intervention d’un officier mi- et n., d’abord adjectif numéral ordinal, s’est écrit
nistériel. sezime 111381, seziesme (13801, sezième (16361, en-
0 voir SIGNE. core au milieu du XVLU~s., et sous la forme moderne
en 1665. 0 Comme nom, il a désigné ( 1246) la sei-
SÉISME n. m. est une adaptation (1885, T.L.F.1, zième partie d’un ensemble, d’abord en parlant
aussi sous la forme sisme 118891, - peut-être d’un impôt, puis au sens général ( 16061.0 Au fémi-
d’après l’anglais - du grec seismos &emblement nin, c’est aussi un terme de musique (une seizième,
de terrem, dérivé de seiein <secouer, ébranlep, mots 1705) et au piquet le nom d’une série de six cartes
encore vivants en grec moderne et que l’on rap- qui comptent seize points ( 1809). 0 Le seizième
proche de mots de langues iraniennes siaant pour =le seizième siècle- a fourni les dérivés didac-
<terreur, dangern. De seismos ont été aussi tirés les tiques SEIZIÉMISME n. m. (1942) et SEIZPÉMISTE
éléments SÉISM-, SÉISMO-, SISM-, SISMO- et adj+ et n. (1922, n. m.; 1945, adj. in T.L.F.). +SEI-
des composés et dérivés attestés antérieurement ZIÈMEMENT adv. est attesté au XVII~s. (1636, se-
(voir ci-dessous). zièmement).
+La forme normale du nom est skme, mais la SEIZAIN n. m. (16691, d’abord sezain «seizième~~
transcription littérale a amené la prononciation en (v. 12001, est un terme d’histoire ; il a désigné un
sé- isme, sur le modèle des mots en -isme. Pour les poème de seize vers (15741, le quart d’une once et
composés, l’existence de séisme et de formes en un droit sur le blé ( 16 111, une axienne monnaie va-
seism- dans les langues germaniques (anglais, alle- lant le quart d’un écu (1640, sesin) et un drap de
mand) font que l’on utilise aussi les formes en hine tissé à 16OOfls 11669). +SEIZAINE n. f.,
séisme-. En revanche, szkmisque est plus tiéquent d’abord «nombre de seizeD ( 16051, est un terme
que sékmique. + Le mot désigne l’ensemble des se- technique ( 17523 désignant une petite corde.
SÉJOURNER 3444 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

o> SÉJOURNER v. intr. est la réfection (ti XII~sd, extension (1681) le temps pendant lequel qqch.
probablement d’après séjour, de sejumer En XI~ s.1, reste en un endroit, acception vieillie. Le mot s’em-
sujumer Cv. 11381, sejomer (av. 11501; ce verbe est ploie aujourd’hui dans salle de sdjour ou séjour
issu du latin populaire “subdiumare, composé de I-P salle).
sub-, qui marque ici l’approximation (+ sous-), et du
latin impérial diumus ade jourm, dont le neutre +k SEL n. m. est issu cv.1150) du latin sctl asela
diumum a abouti à jour*. On relève en moyen fran- puis <<toute substance salée ou amère>, au pluriel
çais des formes refaites d’après le latin : subjoumer (sules) ugrains de sel» et, en poésie, <<mer»,à lïmîta-
04771, soubjoumer Cl540 tion du grec bals, halos *sel>>et (13.f.) ccrneP>.Par fi-
+ Le verbe sime dès l’origine <<rester assez long- gure, sal sime aussi Mesprît piquant)), &esse)),
temps dans un lieu)), 4’înstaller (pour un mo- &inztulant~~, et au pluriel <<plaisanteries>>. Comme le
ment))). 0 Il s’est employé en ancien fkançais grec bals (3 haliotide, halo-1 ou le vieux slave sol;,
(v. 11501 pour cse reposer (pendant un voyage))), su1 est à rapprocher d’une forme celtique (irlandais
wivre en compagnie de (qqnk De ces acceptions salunn) et du gotique suit (allemand Sulz). On re-
viennent séjourner de (suivi de l’i&nîtifJ acesser de>> lève en ancien français les variantes suu, sa2 et
(v. 11651, SURS séjourner aans s’arrêter>> Cv. 1270) même ser.
puis knmédiatement~ (av. 15503, emplois disparus. 4 Le mot, avec sa variante ancienne sui, désigne
0 Les emplois transitifs de séjourner gqn Nl’héber- une substance naturelle minérale, tirke de la mer
gern, c’est-à-dire le faire reposer (v. 11753, sejmmer ou de la terre, et d’un goût piquant (en termes mo-
des chevaw (fin XII~ s.l et au figurk se sejoumer erc dernes, le chlorure de sodium) ; son rôle pour l’as-
qqch. &arr&er SUI* qqch. pour y songer, s’y saisonnement et la conservation des aliments, es-
complaire>) Iv. 11751, encore à l’époque classique, sentiel au moyen âge, explique la variété des
ont eux aussi disparu. Il en va de même pour emplois et la diversité des dérivés. Les variétés sont
d’autres emplois transitifs en parlant d’un senti- appelées sel gemme* W s., sa1 gemme), sel blanc
ment, d’une qualité, pour alaisser reposera (1567) ou axf35né~ Ixwe s., SU~),sel commun (15491, sel gris, sel
encore séjouwr un camp 4’établirn (15691. oUn marin (1694). Aller au se2 (1611) a signifié <<acheter
dernier emploi intransitif, pour *rester à la même des vivres)), ce qui montre l’importance de cette
placeB (1600) avec un sujet nom de chose, est en- substance, notamment à l’époque de l’impôt sur le
core en usage, mais c’est le sens initial qui de- sel (gabelle) et des faux sauniers*. * SeE s’emploie
meure le plus usuel. d’après la métaphore biblique comme symbole de
k SÉJOUR n. m., attesté sous cette forme vers 1200, force spirituelle ( 15341et dans la désignation de ses
a eu comme le verbe diverses formes en ancien disciples par le Christ : vous êtes le sel de la Terre
tiançais, d’abord sujum (10801, sujur puis sejur (15341, expression employée plus tard au figuré :
Cv.11381,sojour Cv.1155). 0 Le nom désigne (10801 le aélément vivant, actif, supérieur, parmi les hu-
fait de séjourner, d’abord dans la locution verbale main+.
prendre séjour, qui équivaut au verbe (1080); on re- Le mot est employé depuis le moyen français, par
lève en ancien fhnçais avec le même sens tenir sé- réemprunts, dans des expressions qui désignent
jour ( 11381, faire séjour EV.11501. 0 Séjour s’est dit des substances analogues, par exemple au xwe s.
(av. 1138) pour ademeure>), avec les locutions dispa- sal, sel ummoniuc c&lorure d’ammoniumN, sel de
rues avoir sujur (v. 11381, a sejor Iv. 1175) aen repos» nitre (13141, plus tard désigné par le pluriel non
et <chez soin, être u sejor (XII~s.1, être de sejour En qualifié du mot : des sels, les sels (1764, sels angluis),
xvre s.1 Hsereposer». 0 L’emploi pour crepos, délas- par exemple dans respirer des sels. Le mot a dé-
sement)) EV.11551, en particulier dans la locution signé k. 15601 tout corps solide soluble dans l’eau
estre en sujor «être ois6 cv.11651 puis wivre en ressemblant au sel, jusqu’à Lavoisier; l’ancienne
paix» (v. 12401, a lui aussi disparu. 0 En revanche, chimie distinguait les sels acides, alcalins et
l’idée de ccreposn se maintient en moyen f~an@s, neutres: c’est à cette aicception large que se rat-
par exemple dans cheval de sejour arepos tachent des syntagmes comme sel de Saturne {(acé-
(apr. 13701, homme de séjour &ais, dispos, tate de plomb», sel d’enfer &lpêtres (16901, sel de
Idéb. XVI~s.1, et ne dispara2 qu’en français clas- terre ((mercure)> en alchimie (172 11,sel de Sediitz
sique. 0 Parallèlement, de l’idée d%nstallation du- asulfate de magnésiumD 11770). De tels emplois,
rable>) on passe aux sens de <<temps où qqn se- dans le vocabulaire commercial, continuent à vivre
journe» Iv. I 1751 et apays où l’on habite)), régional après la révolution conceptuelle et terminologique
maintenant. 0 En outre, le mot désigne en ancien de la chimie moderne : on parle ainsi de sel d’Ep-
et en moyen lançais un retard, un délai, dans des som 118121,de sel de Vichy ((bicarbonate de sodium))
locutions comme sws nul autre se@ ~&nmédiate- (1907). 0 Par ailleurs, les sels (dans ce sens large et
ment)) (1165- 11701,es& a sejur Ms’attarderH (v. 11751, ancien) à usage médicinal s’appellent absolument
encore sot de séjour Cv.1460) <sot pour toujours, sot des sels (17923, cet emploi étant devenu archaïque
absolu)>. Ce sens était encore en usage à l’époque au xxe s. 0 C’est à la fm du XVIII~s., avec Lavoisier et
classique. 0 Séjour désigne aussi (déb. XIII~s.1 par Guy-ton de Morveau (17871, que sel entre dans la
, métonymie le lieu où qqn demeure pendant un nouvelle nomenclature chimique, le concept alors
certain temps, acception aujourd’hui littéraire, construit étant <composé dans lequel l’hydrogène
d’où viennent les expressions s&our ténébreux aen- d’un acide a été remplacé par un métal>>; comme
fern Iapr. 16501, opposé à séjour des bienheureux acide et base, se2 fait partie des anciens mots de
(16901, et au XVIII~s. petit séjour «maison de cam- chimie et d’alchimie qui acquièrent alors une va-
pagne>> (av. 17761, disparues. 0 S@OU~désigne par leur nouvelle; le sel (défini comme du chlorure de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3445 SEL
S&~UIII) faisant partie des sels dans ce sens (1600) et le co&e renfermant la provision de sel,
chimique, +L’emploi figuré du latin *esprit pi- puis au XVII~s. une boîte à sel 11631). 0 Par figure, Le
quantm a fait l’objet d’un emprunt au XVI~ s. et le mot grand saloir s’est employé populairement (16401
se dit métaphoriquement de ce qui donne du pi- pour &metièren, emploi disparu (saleur ci-des-
quant, de l’intérêt à un propos, à un écrit. On parle sous). 0 Le mot a vieilli avec la disparition de la
notamment de sel attique (depuis 15861. chose. +SALAISON n. f., attesté isolément au
b Les dérivés, composés et emprunts à des dérivés xve s. IsaLLoiso~l, désigne la viande ou le poisson sa-
latins sont nombreux ; ils sont formés sur sal. Cer- lés (v. 1455). Le mot, repris au XVIII~s. dans ce sens
tains, avec l’initiale S~U- ou bien démotivés par rap- (17231, s’est dit de l’action de faire le sel El61 11,d’un
port à la notion, sont traités à l’ordre alphabétique impôt sur le sel ( 1636) et de la saison où l’on pré-
(ex. salade, salaire, sauce, saucisse, saupoudrer). pare les salaisons (1690). ~SALANT, ANTE adj.,
Tous attestent l’importance du mot et de la notion terme technique, s’applique à ce qui produit du sel,
au moyen âge et à l’époque classique. spécialement dans marais* salant 11417, maruys
SALER v. tr., dérivé de l’ancienne forme sal sallans). Salant n. m. désigne (1871) une étendue de
Iv. 11551, signifie <assaisonner avec du sel= et &II- terre proche de la mer où s’étendent des eflores-
prégner de sel, pour conservern (v. 1180, saler une cences de sel. - SALEUR, EUSE n. s’est dit h. 1560)
viande, un poisson), en technique ( 1723) saler Les pour celui qui embaumait les morts (saloir ci-des-
cuirs. 0 Le verbe s’est employé par figure IX$ s.) sus). Le mot désigne aujourd’hui qqn dont le métier
pour <<battre (qqn))), d’où en argot ancien <<adresser est de saler (1561, la morue, le hareng ; repris en
des reproches3 (18621, et aujourd’hui apunir sévère- 1721) et au déb. du me s. (1904 ; v. 1960, n. f.) un véhi-
ment>> (attesté en 19333. 0 Par une autre figure, sa- cule utilisé pour le salage des routes.
ler a Sign%é 115891 Nvendre trop cher>>, d’où saler Le préfixé DESSALER v. tr., d’abord attesté au
qqn ( 1845) et saler une note (1867). + Ce verbe a participe passé pour <(qui n’est plus salén (XIII” s.3,est
fourni plusieurs dérivés et composés. 0 SALÉ, ÉE relevé à l’actif en 1393, après l’ancien provenFa1 de-
adj., tiré du participe passé, Sign%e d’abord &II- salar (1240). +Par figure, DESSALÉ, ÉE adj. signi-
prégné de sel= Iv. 1160) et s’applique à ce qui fie *déniaisé, rusé= (1565; 1640, n.1 et s’est appliqué
contient naturellement du sel (1221, eau salée), à ce (1602) à un discours qui manque d’esprit. +Le
qui a un goût salé ( 1538). Le sens spécial «assaC verbe a fourni DESSALEMENT n. m. (17643, DES-
sonné de sel>>ou <<detrop de seln Cv.2640) est resté SALAGE n. m. ( 18771, noms d’action employés en
usuel en cuisine. Beurre salé s’oppose à beurre technique,et DESSALURE n.f. (1906bRESALER
doux. De porc salé vient petit salé n. m. kv? s. selon v. tr. est attesté en 1314.
F.e.w.1 <<chair salée d’un jeune cochons, aujourd’hui D’autres mots ont été dérivés de sal, forme an-
{{morceaux de poitrine moins sa&+. 0 À la fin du cienne de sel. SALÈGRE n. m., d’abord <<selqui
~VI~s., l’adjectif a qutié, par figure et d’après la s’attache au fond des poêles utilisés pour la fabrica-
valeur métaphorique de sel, ce qui a du piquant, au tion artisanale du sel» ( 1660) puis apâtée à base de
xvrres. une personne. Aujourd’hui, il se dit seule- graines écrasées et salées+ (17911, est aujourd’hui
ment pour <<grivois>>(depuis fin XVII” s.l. 0 Au sens un terme technique régional (18361, désignant une
propre, le nom (du salé1 a signif% achair, poisson pierre imprégnée de sel que les animaux peuvent
sab ( 16361; seul le sens de <<porc salé)) 116361s’est lécher à l’étable.
maintenu, sans éliminer petit salé Ici-dessus). Sur sel ont été formés plus tard des composés :
0 Par figure, il se dit familièrement pour uexagérén PÈSE-SEL n. m. est un terme technique (18381.
11660, d’un prix ; 1870, d’une condamnation). Au fi- 0 DEMI-SEL adj. inv. s’applique à quelques pro-
guré, petit saLé ( 18671 a siaé en argot aenfant né duits légèrement salés, porc au demi-sel 118421,
avant le mariagen et salé <nouveau-néB ( 18781. Ce beurre demi-sel, fromage demi-sel ou un demi-sel
sens vient p.-ê. de l’argot des typographes, où salé n. m. (1929). ODEMI-SEL n. m., argotique (18941,
(1808) Sign%ait «acomptea. + SALURE n. f. (1247, s’est dit d’un homme qui, vivant du proxénétisme,
saleure; repris 1559) désigne la proportion de sel continue d’exercer un métier régulier; ce sens
contenue dans un corps et le caractère de ce qui viendrait de beurre3 demi-sel, proprement ((ni salé,
est salé kd s., isolément; puis 1562). 0 Le mot s’est ni pas salé-, mais en même temps salé s’oppose à
dit pour désigner l’action de saler Iv. 13801,par mé- dessalé au figuré. Par extension En XIX~s.1, le mot
tonymie le poisson ou la viande salés (v. 1470) et en- désigne un homme qui tiecte d’être du milieu,
h la saumure (1611). +SALAGE n. m. a désigné mais n’est pas reconnu comme tel (opposé à
(128i)undroitsurletransportdusel.Ilsedit~l6111 homme).
du fait de saler et de son résultat, spécialement au- D’autres mots qui sont sentis comme rattachés à
jourd’hui en photographie 118701,et en technique sel, les dérivés hnçais tiectant la forme sal, sont
pour l’épandage de sel sur les chaussées 11907). empruntés à des dérivés du latin sal. +SALIÈRE
~Les emplois métonymiques pour uviande salée>> n. f., réfection Iv. 1225) de salere (déb. XXI~ s.) en
(16111 et <(quantité de sel employée pour saler la concurrence avec le masculin saler attesté isolé-
vîandeu (1690) ont disparu -SALOIR n. m. 11470 ment (XII~s.), est issu du latin salarius “par où l’on
saLLoir) de saLouer (13763 s’est appliqué à ce qui sert transporte le sel>>,et nom masculin «marchand de
pour la salaison, puis a désigné un pot destiné aux salaisonsm, dérivé de SU~.Le mot désigne un petit
salaisons 114891,synonyme de saleur et du féminin récipient pour mettre le sel sur la table. 0 Par ana-
saloire ( 13631, sens sorti d’usage. 0 Il désigne sur- logie de forme, la salière étant formée d’un ou de
tout le lieu où l’on fait les salaisons (15461, puis la deux creux, le mot désigne une partie enfoncée au-
table sur laquelle on disposait les viandes à saler dessus de I’œil du cheval (1600 ; d’une personne,
SÉLECTION 3446 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

1823) et familièrement un enfoncement derrike la une nouvelle fois sélection. (1864, Renouvier; 1866,
clavicule, chez une personne maigre (16111, d’où la traduction de De l’origine des espèces pur voie de
locution ancienne montrer ses saliéres ase décolle- sélection naturelle) dans la théorie de Darwin (qui
ter, (1862). + SALERON n. m. est le dérivé diminu- emploie nuturul selectin, en 1857) sur l’évolution,
tif 11406) de salere, ancienne forme de saltire. Le selon laquelle l’élimination naturelle des individus
mot désigne le creux de la salière. les plus faibles permet à l’espèce, par transmission
0 SALINE n. f. est issu du latin salinae =Salines>> de caractères, de se perfectionner d’une généra-
employé aussi au figuré pour Nce qui fournit des re- tion à l’autre; le franqais employait élection en ce
marques piquantes> D’abord employé pour arive sens. 0 C’est avec cette acception que le mot s’est
d’un fleuve salée par la maréen (v. 12101, puis pour répandu. Il désigne aussi, par métonymie du pre-
aheu où se fait le sel>) (v. 12451, saline ne se dit plus mier emploi ( 18871, l’ensemble des éléments choi-
pour mine de sel gemmefi (depuis 1596). Le mot sis, spécialement ( 1908) en parlant de joueurs,
désigne l’entreprise de production du sel, par d’athlètes pour une compétition cu72ebelle sélec-
exemple par évaporation de l’eau de mer (18701. tion; lu sélection françutie...l, en général avec l’idée
0 Le d&ivé SALINIER, IÈRE n. Cv. 1460, sallenier d’élimination des moins aptes. II s’emploie dans di-
en picard) Sign%e «producteur de sel)), d’où faux vers domaines techniques, par exemple en radio-
sulinier 114991, puis ( 1803 aouvrier dans une salines, électricité 119331, et aussi à propos du choix des
aussi adjectif (18741. 0 L’ancien verbe intransitif sa- candidats à un métier (19331, du classement
heir (12551, puis saliner v. intr. (1449) a Sign%é d’élèves.
*faire du sel*. 0 fl en reste le dérivé SALINAGE
n. m. (1407, &Oit de faire du sel*), aujourd’hui F Après un emploi isolé de sélecte avant 1654 (Guez
terme technique (1765). 0 @ SALINE n. f., dérivé de Balzac) au sens de gchoisip, par emprunt au latin
de SU~, sel, a désigné le fait d’être salé ( 13721, un selectus, participe passé de sehgere, SE-
poids de sel ( 14743, puis de la viande ( 15301 ou du LECT, ECTE adj. est ensuite repris ( 18311 à l’an-
poisson (1660) salés. -@SALIN. INE adj. qualifie glais Select adj. (1565, en parlant de choses ; 1602, de
(av. 1590, Paré) ce qui contient du sel (1636, suluin personnes, de la société), de même origine que le
6alant4. Le nom, un salin, s’est employé (1660) français. Longtemps invariable, sélect a été francisé
pour désigner un droit sur le sel et a eu divers sens et prend la marque du pluriel français, mais il est
techniques ( 1765, en verrerie) ; aujourd’hui, il équi- toujours senti comme un anglicisme, à la différence
vaut 11870) à (<marais salant». 0 Il a pour dérivé SA- de sélection. +Sorti d’usage pour quaMer une
LINITÉ n. f. ( 18671, <<teneur en sel», notamment ap- chose de première qualité, sélect est vieilli (1888) au
pliqué à l’eau naturelle (mer, lacs salés). sens de <<choisi, distingué>> en parlant de réunions
Un autre mot, 0 SALIN n. m., vient du latin suli- mondaines ou de personnes. OL’emploi substantif
num =salière>) ; il est attesté en ancien provençal au du mot (1893, J. Verne) n’a pas fait fortune.
sens de «grenier à sel>> (XIII~ s.) puis en moyen fran- SÉLECTIF, IVE adj. est dérivé 11871) du radical de
çais (14541; il a désigné (16801 un baquet employé sélection d’après l’anglais selective (16251, dérivé de
par les revendeuses de sel. to Select (1560) «sélectionnern, de Select. 0 Appliqué
Plusieurs mots didactiques sont composés du latin à ce qui constitue une sélection, puis à ce qui est
ml. SALIFÈRE adj. ( 1788, montagne salifère). 0 En destiné à opérer une sélection (18761, l’adjectif se
chimie, SALIFIER v. tr. (1789, Lavoisier) a fourni dit U9311 d’un poste de radio qui opère bien la sé-
SALIFIABLE adj. (17891 et SALIFICATION n. f. lection entre des émissions de fkéquences voisines
(1800). OSALICOLE adj. Ilsssl, SALICULTURE puis ( 19641de tout ce qui opère une séletiion. 0 En
n. f. (18701, d’où SALICULTEUR,TRICE n. dérivent SÉLECTIVEMENT adv. (1871) et SÉLEC-
(mil. me 4, concernent la production de sel marin. TIVITI? n. f. ( 1924, plus didactique. - Sélection a
@ Voir SALADE, SALAIRE, SALAMI, SALICORNE. SALMIGON- servià formerdeuxverbes. SÉLECTIONNER~. tr.
DIS, SALPÈTFLE, SALPICON. SAUCE, SAUCISSE, SAUCISSON, mentionné, mais écarté par la traductrice fran-
SAUGRENU, SAUMkTRE, SAUMURE. SAUNIER, SAUPIQUET, çaise de Darwin en 1866, sign3e <choisir par sélec-
SAUPOUDRER. tion> (1885) et en emploi absolu <opérer une sélec-
tion* (19241; d’où SÉLECTIONNÉ, ÉE adj, Cl912 en
SÉLECTION n.f. est d’abord un emprunt sports). O&LECTIONNEUR,EUSE n. a disparu
(16091 au latin selectio <choix, triage)), dérivé de se- comme adjectif (1923) employé pour désigner
lectum, supin de seligere <choisir et mettre à part», l’agent d’une sélection professionnelle (19491, agri-
composé de se-, qui marque la séparation C+ sé- cole (19521, sportive (19321, etc. +SÉLECTER v.tr.,
duire), et de legere ((ramasser, cueM (+ lire). d’abord à propos des cocons de soie (18781, est un
4 Introduit au sens de «choixn, le mot est très rare terme technique, spécialement en informatique, où
avant le XIX~ siècle. 0 Il est alors repris ( 1801) à l’an- c’est un réemprunt au verbe anglais to Select. * SÉ-
glais selection, attesté peu après le mot français LECTEUR,TRICE adj.etn.m.qU~e(19021Cequi
11656~16581, de même origine que lui, employé avec opère ou permet d’opérer une sélection et, comme
un sens plus spécialisé, désignant l’action de choi- nom masculin (19051, désigne divers dispositifs
sir méthodiquement, parmi des éléments de même techniques. En parlant d’une personne, il est syno-
nature, ceux qui conviennent le mieux selon cer- nyme (19451 de sélectionneur.
tains critères. Sélectim s’emploie en particulier Au sens de «sélection naturelle}}, sélection a donné
( 18571, toujours d’après l’anglais, comme terme SÉLECTIONNISME n. m. et SÉLECTIONNISTE
d’élevage et d’agriculture, en parlant du choix adj. et n., tous deux attestés en 1923 et employés
d’animaux reproducteurs. 0 Le français emprunte aujourd’hui iv. 19ï’5) au sens le plus récent de sélec-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3447 SELLE

tien, à propos de la tendance à pratiquer la sélec- (déb. XIIT~s.) une chtise percée, aussi avec un quali-
tion dans l’enseignement. ficatif : selle aisée ( 13161,selle kcessaire (13521,selle
percée (13871 plus tard remplacé par chaise.
SÉLÉNO-, -SÉLÈNE sont des éléments ti- o C’est de cet emploi que viennent les selles 4es
rés du grec selênê @Lune», adjectif substantivé Pse- excréments> @n xwe s., au singulier) et Mer à la
las-na1 tiré de selas ((lueur brillanten; la Lune, qui selle (xv” s.). Avec le sens ancien de asiègen, le mot
était considérée comme un astre dangereux, était entre dans la locution entre deux selles chkt [choit]
désignée par un adjectif plut& que par son nom 1e cul a terre (XIII~s.1 aux nombreuses variantes,
propre (en grec mênê, d’emploi rare). dont être assis entre deux selles «hésiter entre
b Ces éléments entrent dans la composition de deux choses)) (fin xve s.) et rester entre deux selles
quelques mots savants comme SÉLÉNOGRAPHIE C1935, Académie). Les expressions restées vivantes
n. f. (16481, de -graphk, *étude descriptive de la ne sont plus comprises et selle y est souvent rem-
Lune», SÉLÉNOLOGIE n. f. (v. 1969) <<étude phy- placé par chaise. ~Apparaissent ensuite des em-
sico-chimique de la Lune>). plois techniques disparus, selle désignant 11318) un
Par ailleurs plusieurs mots, notamment en chimie, escabeau de cordonnier puis 11534 une planche de
ont été formés à partir du grec selênê ou d’un de blanchisseuse. *Au sens de «selle de chevaln, le
ses dérivés. +O SÉLÉNITE n. et adj. (1812) dési- mot s’est employé dans la locution figurée selle à
gnait comme le grec selênitês un habitant de la tous chevwx (1594) et a donné lieu à diverses ex-
Lune, dont l’existence fut présumée à plusieurs re- pressions : selle de femme (16601& un seul étrierp
prises. L’adjectif s’applique (av. 1969) à ce qui est re- (selle Ù femme, 15651,cheval de selle (16901, opposée
latif à la Lune (cf. haird. +SÉLÉNIEN,IENNE à chevul de trait, emploi conservé comme être bien
adj . et n. s’emploie ( 1842) avec les mêmes valeurs. en selle «bien tiermi dans une positionn (ti xwe 4,
SÉLÉNIUM n. m. est dérivé 11817,Berzélius) de se- se remetre en selle (fin xvIIes.) et remettre qqn en
lênê pour désigner un métal rare, k cause de ses selle ( 1747). + Au sens de Msiège», les emplois tech-
analogies avec le tellure, du latin tellus <<Terren niques se développent dans plusieurs domaines :
I+ tellurique), comme la Lune a des rapports avec <escabeau surmonté d’un plateau tournant, sur le-
la Terre, dont elle est le satellite. - En dérivent plu- quel le sculpteur pose la matière à travailler>
sieurs termes de chimie, comme SÉLÉNIURE (16761, <caisse de ctiatn, sorti d’usage (16911, «banc
n. m. ( 1818, Berzélius), SÉLÉNIEUX adj . m. 118271, de bois pour poncer les peauxn ( 17231,abanc sur le-
@ SÉLÉNITE n. m. (18421, un homonyme ayant dé- quel on dispose les carreaux avant de les poserm
signé le gypse. (1812). *Par analogie de forme, selle Iturciquel dé-
signe (1679) en anatomie une excavation creusée
SELF, premier élément, entre dans la composi- dans la face supérieure de l’os sphénoïde (où est lo-
tion de mots empruntés à l’anglais. L’anglais self gée l’hypophyse). + Le mot s’emploie par analogie
Ksoi-même» est d’origine germanique (gotique en boucherie (17%) pour désigner la région de la
silba) comme le danois sels ou l’allemand selbst. croupe entre le gigot et la première côte chez le
mouton, le chevreuil, etc. + À la ti du xlxe s. et
+ Dans les emplois techniques, il a une valeur ad- d’après la selle du cheval, le mot désigne le petit
verbiale Sign%ant apour soi-même)}; dans la plu- siège adapté à un cycle, à une bicyclette ( 1889) puis
part des autres emprunts il sime «(de) soi- à une moto.
mêmex, entrant dans une construction réfléchie
b Plusieurs dérivés sont usuels. + SELLER v. tr.,
avec un nom d’action, équivalant à l’élément
Nmunir (un cheval) d’une selle* 11090), a pour dérivé
auto-*.
SELLAGE n.m. (1871).+Les prék&DESSELLER
b SELF-MADE-MAN n. m. est un emprunt (1881; v. tr. (v. 1300; 1165- 1170, desseler «renverser de la
mentionné comme mot anglais en 1873) à l’angle- selle4 surtout aenlever la selle à (un cheval, un
américain (1832). Il si@e littéralement <<homme équidéIn, et RESELLER v. tr. Il6901 sont eux aussi
(manI qui s’est fait CmadeI lui-même kelfln. Il se dit restés en usage. + SELLIER n. m. s’est dit (v. 1165,
d’un homme qui ne doit sa réussite et son ascen- sel&) de l’endroit, sur le dos du cheval, où l’on pose
sion sociales qu’à ses propres moyens et à ses seuls la selle. 0 Il a été reformé pour désigner (1216) un
efforts, souvent en contexte américain. fabricant et marchand d’ouvrages de sellerie, sens
0 voir CONTRbLE, GOUVERNER (GOUVERNEMENT), DÉ- conservé et élargi d’après sellerie. 0 Sellier dési-
FENSE.INDUIREIINDUCTION,INDUCTANCE),SERVICE. gnait aussi avant la fm du XK~ s. le fabricant et répa-
rateur de voitures à cheval.
SELLE n. f., réfection (XIII~s.1 d’après le latin de Le diminutif SELLETTE n.f, isolément au ~111”s.
sele (v. 10501,est issu du latin sella «siègen, spéciale- Cseletel au sens de <petit siège sans dossier), repris
ment <<siège des artisans qui travaillent assis>, en 1382 (celette), a été employé pour =béquilleD
usiège des professeurs)) et achaise à porteurs)>, aussi (déb. xme s., selleite) par analogie de forme. OLe
<(chaise percée» et, seulement en latin populaire, mot a désigné spécialement un petit siège bas sur
aselle de cheval>>. Sella, résultat de ‘sed-la, est un lequel on faisait asseoir des accusés pour les inter-
dérivé du verbe se&re qui a donné seoir*. roger, d’où mettre qqn sur la sellette (1326) 4inter-
4 Selle conserve d’abord le sens général de sellu rager=, par figure «l’interroger comme un accusé%
Kpetit siège sans dossiep, aujourd’hui disparu, et (1690) ; cette expression a vieilli, à la différence de la
celui de apièce de cuir incurvée, placée sur le dos locution familiére et courante être sw la sellette
d’un cheval, et qui sert de sioge au cavalier> (1080, (<exposé à la critique- (fin xwe s-1ou flaux questions)>.
sele). Il a désigné comme en latin populaire Par analogie de forme I&ge») ou de fondion kap-
SELON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

puin), le mot s’emploie comme terme technique au latin silva <<forêt, bois>, sans origine connue. Le
pour désigner une pièce du harnais ( 16 111, un établi mot latin avait abouti à l’ancien français selve cfo-
du vannier tl7743 et un support sur lequel le r-êt)) ( 10801et à l’ancien provençal silvu Cv.11801,qui
scdpteur pose une œuvre en cours ( 1876). demeure aujourd’hui dans des noms de lieux.
SELLERIE n. f., dérivé de sellier, se dit 11260, sele- 4 Ce terme de géographie désigne la forêt vierge
rie1 du métier de sellier, de ses ouvrages. Dérivé de des pays équatoriaux de l’Amazonie.
selle, le mot désigne ( 1390 ; 1360, cellerie) un en- wn a fourni SELVATIQUE adj. (19721, terme de
semble de harnais et ( 1701) le lieu où l’on range les géographie.
harnachements. 0 Par extension, selletie s’emploie $3 Voir SAUVAGE, SILVANER, SYLVESTRE, SYLVICOLE.
à propos de produits en cuir, de leur fabrication et
de leur commerce. SEMAINE n. f., réfection fv. 1119) de sameine
ENSELLÉ, ÉE adj. vient du participe passé de l’an- (v. 10501, est issu du latin ecclésiastique septimana
cien lançais enseller v. tr. aseller lun cheval)~ aespace de sept jours)) Gn we s.), féminin sub-
Cv.1090, eweler). L’adjectif, d’usage technique, a le stantivé du latin classique septimanus «relatif au
sens de uconcaven dans chwal ensellé 115611 et en nombre septD, dérivé de septem <<sept*>>. Septimana
marine dans navire ensellé ( 1691). 11se dit aussi de représente un calque du grec ecclésiastique heb-
la courbe des reins. OEn est dérivé ENSELLURE domas (<le nombre septfi et asemainen, dérivé de
n. f., -courbure de la région lombairen (18663, assez hebdomos «septièmen, mot apparenté par sa racine
courant en a;natomîe humaine, et ENSELLEMENT au latin (+ hebdomadaire). Au XVI~s., par latinisme,
n. m. 09071, appliqué en géologie à la forme d’un on a écrit sepmaine.
pli. + Le mot désigne d’abord la pkiode de sept jours,
0 voir BOUTER lBOUTEhSELLE1.
allant du lundi au dimanche, qui règle le déroule-
ment de la vie religieuse, ensuite professionnelle,
SELON prép. @n XII~s.1,d’abord sulunc, solonc sociale. Par extension Uin XII~s.), le mot s’applique à
Iv, 10501 puis selonc (v. 11751,viendrait d’un latin po- une période de sept jours, quel que soit le jour ini-
pulaire “sublongum <<lelong dea, sens propre de la tial. De nombreuses locutions apparaissent rapide-
préposition, composé de sub- (-, sous) et de Zongum ment : sor samaine a sigdïé (1210) wn jour ou-
(+ long]. I;ong s’est employé comme préposition au vrable, pendant la semaine (à l’exclusion du
sens de =Selon» en ancien fknçais (v. 1175, Jonc). On dimanche)~~, d’où en sursemaine (1279) et sur la se-
propose aussi de voir dans selon le résultat du croi- maine (1636). Semaine peneuse ade peinen s’est dit
sement de long* avec l’ancienne préposition son de la semajne qui précède le dimanche de Pâques,
Il 165-1170 ; aussi som, sun, sont, etc.1 qui Sign%ait appelée grunde semaine ( 1608) puis semaine sainte
w.Gvant~~, issue de secund (v. 11201, segun Cv.11551, (1680). 0 Dans le calendrier chrétien, on a dit feste
spécialisation de second*; secolzd s’est maintenu des semaines pour CPentecôteB (1564) ; on relève à
comme préposition jusqu’au xve s. (1486, segond et la même date une extension, semaine d’an, deve-
régionalement, par exemple dans le Vendemois nue (1681) semaine d’mées, expression biblique
(1694, Ménage). Cette hypothèse, qui se serait faite pour l’intervalle de sept ans qui sépare deux an-
à l’étape seon, seulement attesté au XIII~ s., rend nées sabbatiques. AMe semaine s’est dit par eu-
mal compte de la forme sulunc. phémisme pour ~menstrues~ (1611; 1640, les mules
+La préposition s’emploie d’abord, comme l’an- semain&. 0 L’expression familière semaine des
cienne forme son, avec la valeur de «suivant, trois jeudis 11640) <<jamais, a été modif%e en se-
conformément à qqch. (pris pour règle, pour guide, maine des quatre jeudis (18671, toujours en usage
pour modèle)>. Elle forme avec un nom une sorte alors même que jeudi n’est plus jour férié à l’école.
de locution adjective Iv. 1370, selon ses vœux). 0 Le tTne première métonymie 11552, sepmaind
sens étymologique ale long des (v. 1170, solonc) est concerne le salaire touché pour le travail d’une se-
sorti d’usage de même que la locution de selon maine. 0 Dans la seconde partie du XVII~s., le mot
(XIII~s.) =dans le sens de la longueurn. + Selon gue, prend le sens de *fonction (exercée pendant une
locution conjonctive suivie de l’indicatif (v. 12801, si- semaineIn, d’abord dans des locutions comme faire
gnifie vdans la mesure où, dans la manière que». La sa semaine 116691,être en semaine (1691, dans les
préposition entre dans des phrases marquant l’al- chapitres religieux), sorties d’usage, et (être) de se-
ternative ( 12151,de même que la locution conjonc- mdne (1694). De là vient semaine dravad qu’un ou-
tive selon gue (avec indicatif) 11270, seioncl et c’est vrier a fait pendant une semaines ( 1694). 0 &êter
selon *cela dépend des circonsta;ncesj> ( 16571, la (et prêt> ù lu petite semaine & très court terme et à
forme elliptique selon (1669) ayant disparu. 0 SelOn taux très élevé>>est attesté en 1740 ; de cette expres-
sert également Iv. 13701 à introduire un énoncé sion sortie d’usage vient la locution familière à la
présenté comme une sorte de citation, spéciale- petite semaine (xx” s.l. 0 À la fm du XVIII~s., se-
ment avec le sens de <<sil’on s’en tient à» @II ti S.I. maine s’est dit d’une petite somme donnée à un en-
La préposition, suivie d’un nom de personnes ou fant comme argent de poche pour la semaine
d’un pronom personnel, indique que la pensée ex- ( 1798). + Avec l’idée d’<(ensemble des jours ou-
primée est une opinion parmi d’autres 11530) ; elle vrable+, par opposition au dimanche et aux jours
est utilisée spécialement dans le vocabulaire reli- fériés, en semtie signSe apendant la semaines
gieux (1550, Ihngile selon saint Matthieu). (1871). 0 À la même époque, le mot désigne un bra-
celet, une bague composé de sept anneaux (aussi
SELVE n. f. est un emprunt (19381, d’abord selva semaini& 1876). + L’évolution du monde du travail.
118771,au portugais du Brésil selvu, lui-même pris et des règles qui le régissent amène à préciser
DE LA LANGUE FRANÇAISE SÉMANTIQUE

l’emploi du mot dans son sens le plus courant, qui glais (Ch. Morris) pour l’étude générale des rela-
s’applique à cette période du point de vue des tions entre les signes et leurs référents (opposé à
heures de travail ; ainsi semaine a@aise ( 19 11) a syntaxe* Isyntuxl et à prugmutique*l -3 Comme
désigné une organisation, d’abord en usage en An- adjectif ( 18971, sémantique correspond de manière
gleterre, qui accorde aux travailleurs le repos du plus vague à ade la sign5cation, du sens> et s’op-
dimanche et celui du samedi (-+ week-end). 0 Par pose parfois à fomtel, syntaxique.
extension, semaine se dit (xx” s.1 d’une période b Le mot a fourni plusieurs termes didactiques :
consacrée à des manifestations culturelles, so- StiMANTIQUEMENT a& (1919) et SÉMANTISME
ciales, commerciales, etc. n. m. (1913) sont devenus usuels. 431 revanche,
b Le dérivé SEMAINIER, IÈRE n. s’est dit d’abord SÉMANTÈME n. m. 119211, qui désignait un élé-
Iv. 1200,n. m.) d’une personne qui assure un ser- ment du mot support de la signification (par oppo-
vice pendant une semaine, par exemple dans une sition à morphème”), a vieilli dans ce sens et dé-
communauté religieuse. oLe mot s’est employé signe aujourd’hui 119641 l’ensemble des sèmes
comme adjectif (1380, semenkr; 1487, forme mo- spécifiques d’une unité linguistique. + SEMANT&
derne) pour ahebdomadairen, encore en 1875. CIEN, IENNE n. (1913) remplace SÉMANTISTE n.
0 Avec la première valeur, le nom désigne (17261 (1897).
chacun des deux comédiens chargés, pendant une D’autres termes didactiques sont formés à partir
semaine, des détails relatif% au répertoire à la de dérivés du grec sêmu. +SÉMIOTIQUE n. f. est
Comédie-FranGaise. +Au XIX” s. apparaissent des emprunté (v. 1560) au grec sêmetitikê aobservation
emplois analogiques, semainier désignant ( 1828) un des symptômes> en médecine, substantivation au
agenda de bureau divisé selon les jours de la se- féminin de l’adjectifsêmeiôtikos “qui concerne l’ob-
maine, puis une boîte & rasoir contenant sept lames servationti et <apte à notep, dérivé du verbe sê-
(1872) et un petit meuble comprenant sept tiroirs meioun <<marquer d’un signeB et lau moyen) are-
(xx” S.I. 4 En termes de comptabilité, le mot s’em- marquer, notern, c’est-à-dire aenvisager comme un
ploie 11904) pour parler de l’état des salaires dus signe>, lui-même de sêmeion &gnalB, dérivé de
aux ouvriers pour une semaine de travail. sêmu. 4Terrne ancien de médecine, le mot s’écrit
aussi séméiotique (v. 15551et s’est employé comme
SÉMANTIQUE adj. et n. f. est attesté isolé- adjectif (1839, sémti-; 1876, séméio-1; dans cet em-
ment en 1561, écrit symentique, et a été repris en ploi médical, il a été supplanté par sémiologie Ici-
1875. C’est un emprunt au grec sêmantikos =qui si- dessous). Locke (16901, dans son classement des
gnifie, indique, fait connaître}), formé sur le verbe connaissances rationnelles, oppose S&meiôtikê Ila
sêmainen amarquer d’un signem, cfaire savoir, expli- Logique) à la physique (connaissance de la naturel
quep, lui-même dérivé de sêma, sêmatos acarac- et à la pratique (la morale). L’emprunt grec désigne
tère distinct&, souvent rapproché, mais sans certi- chez le philosophe anglais la science des signes,
tude, du sanskrit &~a-mari 4a penséem. notamment des mots comme signe des idées. Ce
4 L’adjectif s’appliquait déjà, dans son attestation concept sera nommé en français à la ti du XVII~ s.
isolée au XVI~s., à ce qui concerne le sens des mots. tioio@e*, et l’opposition faite par Locke sera re-
On trouve ensuite en anglais semantick philosophy prise en anglais (1831, Smart) sous le nom de sema-
(16651, expression désignant chez J. Spencer la tology. +Sémiotique est repris en 1954 dans un ar-
science des présages météorologiques. Le nom ticle en fkançais du linguiste danois Louis
réapparaît en français au XIX~ s. (1875, Grand Dic- Hjelmslev où il signZe <système structuré de
tionnaire universel de P. Larousse) comme nom de signes>> et est employé également comme adjectif.
l’ensemble des signaux, télégraphie, etc. employés oLe mot prend ensuite (1966) le sens de *théorie
par l’armée pour transmettre des informations générale des signes, des systèmes de signes et des
I+ sémaphore). 0 C’est Michel Bréal qui propose le processus S&ui&nts» ; c’est alors une adaptation
terme dans aLes Lois intellectuelles du langage : de l’anglais semiotics (1964, Margaret Mead,
fragment de sémantique>) (1883, in Annuaire pour T. A, SebeokI, qui reprend semioti (1914,
l’enseignement des études grecques en France) et le Ch. S. Peircel. Sauf chez les théoriciens proches de
d3use par son Essai de sémantique C1897) oii il défi- Hjelmslev, qui opèrent une distinction entre sémio-
nit la sémantique comme (<lascience des signifIca- tique et sémiologie (ci-dessous), sémiotique possède
tionsm, l’étude des 4ois qui président à la trmfor- alors une valeur épistémologique qui le relie aux
mation des sens, aux choix d’expressions concepts grec (les stoïciens) et lockien. L’emploi
nouvelles, à la naissance et à la mort des lo- des deux mots relève souvent des théories : la tra-
cution+ ; le terme, qui reste d’abord propre à Bréal, dition de Saussure préfère sémloloae et la tradi-
désigne ensuite plus largement l’étude métho- tion anglo-saxonne sémiotique. +Le dérivé SE-
dique du langage considéré du point de vue du MÉIOTICIEN n. m. a disparu en médecine (1765,
sens. Sémantique a été parfois restreint (1923, Ven- art. Signe, &wydopédie); SÉMIOTICIEN, IENNE
dryès) à la valeur de 4exicologie historique*. Le n. a été introduit vers 1965.
mot est devenu aussi le nom de diverses disciplines SlkMIOLOGIE n. f. apparaît en 1752 b -lo@e) pour
à cara&ère plus philosophique que linguistique (sé- désigner la partie de la médecine qui étudie les
mantique philosoph@ue, sémantique générdel, symptômes des maladies, aussi écrit SÉMÉIOLO-
d’après l’anglais semant& (de même origine que GIE. oLe mot, employé en 1901 par Naville, a été
le français), dans des traductions des travaux de repris en linguistique par F. de Saussure dans son
Carnap ou Korzybski cgenerul semunticsl. C’est par célèbre Cours E19101 pour nommer la science étu-
ailleurs un terme de logique par emprunt à l’an- diant les systèmes de signes (langues, codes, signa-
SÉMANTIQUE 3450 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lisations) et la science générale des signes Mmio- ment statistique des réactions d’un échantillon de
t@ue ci-dessus). Il s’emploie spécialement en personnes à des mots qui lui sont proposés,,.
parlant des signes et des systèmes de signes inten- 0 voir SEMAPHORE.
tionnels, d’où sémiologk th&&e, littéraire, ou en-
core sémiologie gruphique (1967, J. Bertinl. +Le dé- SÉMAPHORE n.m. a été composé savam-
rivé SÉMIOLOGIQUE adj. s’emploie en médecine ment (1812) du grec sêma 4gnej) (-, sémantique) et
11846 ; plus rarement séméiotique, 1836) et en lin- de -phare (-+ phosphorel, du grec phoros “qui
guistique (19161, d’où, dans ce cadre, SÉMIO- porteN, lui-même du verbe phwein <<porter,.
LOGUE n. (v. 1950; attesté 1964, Barthes), distinct +Le mot désigne un dispositif knât muni de bras
ou non de sémioticien. mobiles) établi sur le littord, qui permet d’envoyer
SÉMIOGRAPHIE n. f. est une adaptation (1836) du des télégrammes optiques, ou un dispositif ana-
grec sêmeï!oflu@zos ~qui écrit en signes autres que logue qui indique si une voie de chemin de fer est
ceux de la graphie normale,. oLe mot s’est em- libre ou non (18881. Repris en informatique, séma-
ployé au sens de améthode d’écriture abrkgéeu, phore se dit par analogie Iv. 19751 d’un type parti-
avec la variante séméiogruphie ( 18421; il a eté rem- culier de variable qu’on utilise pour synchroniser
placé par sténographie. Il désigne aujourd’hui des travaux parallèles exécutés par un ordinateur.
(mil. XX~s.) la notation des informations cartogra- +k SEMBLER v. intr. est issu par évolution pho- o>
phiques selon un système de signes convenus. nétique (1080, mais antérieur ; cf. semMant1 du bas
oEn dérive SEMIOGRAPHIQUE adj- t1875, au latin similare, “similiare «être semblable-, dérivé du
sens ancien). latin classique similis Msemblable, ressemblant, pa-
SÉMASIOLOGIE n.f. a d’abord eu en fhnçais reil* (3 similairel. Le mot, dont la forme originelle
(1884) le sens dispac de Nsémantiqueu, repris à l’a3- doit être “semilis, vient d’une base semi- qui se rat-
lemand Semusiologie. Introduit en 1825 par Karl tache & une racine indoeuropéenne Osem- WP, ex-
Kristian Reisig, le mot désignait la science qui de- primant aussi l’identité. Cette racine est conservée
vait établir <<lesprincipes gouvernant le développe- en sanskrit Isamahl, en gotique Isamal, en vieux
ment du sens)>,partie de la grammaire qui compor- slave (sumti; + samizdat, samovar) et peut-être en
tait par ailleurs l’étymologie et la syntaxe, grec (hêmi-; + hémi-) pour désigner l’unité; elle a
c’est-à-dire la sémantique (ci-dessus). Le mot s’em- été rempkée en ce sens par w2LLsen latin. Le latin
ploie aujourd’hui en parlant de l’étude des si@- tardif “similiare a abouti à l’ancien provençal se-
cations qui, partant du mot, du signe, s’oppose à melhar wessemblern Iv. 1240).
l’onomc&oZo~e. + Le verbe a la valeur générale de *présenter telle
SÈME n. m., tiré ( 1926, puis 1943, E. Buyssens) du apparence pour qqnx (1080) dans la construction
grec sêmeion IdérM de sêmd sur le modèle de sembler à gqn et celle de «paraître%, suivi d’un attri-
phonème, morphème, désigne l’unité minimale de but Il 1551; dès la ti du XI~s. (v. 10901,sembler raison
signikation, selon les critères d’un type d’analyse signiWt asembler juste>). Suivi d’un infinitif, le
(la nature d’unité minimale des éléments dégagés verbe correspond à adonner l’impression de>
est périodiquement remise en question). Champol- Il 196). 0 Il s’emploie impersonnellement dans di-
lion avait employé le mot pour «unit6 de sens” (in verses constructions : me (te, etc.1 semble, suivi de
T.L.F.). l’infinitif (10803, aje (tu)... crois, je pense...» est de-
venu 2 me semble (15801, etc. II me semble que est
SÉM&ME n. m. (1949) est emprunté en linguistique
suivi de l’indicatif (v. 1260, d’abord sous la forme il
à l’anglais sememe ( 1926, Blootield), construit
me sanle; 1440-1475, forme moderne) ou du sub-
aussi sur sêrneion. * SÉMIQUE adj. (1943, BU~S- jonctif %n xv” s.l. Les constructions il me semble à
sens, acte sémique, puis 1960) quame ce qui est re- (15381, de (16 141sont sorties d’usage ; la construction
latif aux sèmes. elliptique ce me semble Iv. 1250) est httérake, rem-
L’élément bal -SÉMIE, du grec -&Ma, sert à for- placée par a ce gu’a me semble 11669) et à ce qui
mer plusieurs composés. + POLYSÉMIE n. f. a été semble (1665). Ce semble C166S) est archaïque.
créé par B&al C18971,de poly- d’après le grec pal u- 0 Une deuxième construction est sembler à qqn
sêmos “qui a de nombreuses signZcations*, pour «être apparemment pour qqn= 11080), d’où sembler
acaractère d’un signe unique (de même étyrnolo- bon Cùqqd [apr. 13701 et si bon me semble (1549).
gie) qui a plusieurs siqîkations, plusieurs signi- Enfin, l’impersonnel 17semble gue <<lesapparences
fiéSm, concept distinct de l’homonymie (qui donnent à penser» est attesté à partir de 1250 (avec
concerne deux signes différents de même formel. le SubjonctifJ.
La variante polysémantime (Gilliéron, 1922) ne F Le dérivé SEMBLANCE n. f. n’est plus employé
s’est pas imposée. 0 Polysémie, de même que PO- que par archaïsme pour <(apparence, forme exté-
LYSÉMIQUE adj. (19321, s’est diffusé dans l’usage rieuren II1501 et aressemblance* cv. 1119). Le mot a
didactique, avec les discussions lexicographiques signifk aussi Kmanière d’être, conduite> (v. 11551,
sur la polysémie et l’homonymie, vers 1960. *MO- cimage& cv. 11751, encore à l’époque classique, et
NOSÉMIE n. f. (mil. mes.) et MONOSÉMIQUE par métonymie asiacation (d’un rêveIn (XIII~s.1,et
adj., qui concernent le fait de n’avoir qu’une seule amine, visagen (XIII” s.l. Il a vieilli dans tous ses em-
signikation, ont probablement été formés sur plois, &miné par le mot de la meme famille res-
mow- d’après polysémie et polysémique. Andé- semblance, et on ne rencontre plus guère qu’à la
pendamment des composés déjà formés, I’élé- sembkmce de dans un usage M&aire.
ment SÉMIO- est productif, par exemple dans SEMBLABLE adj. et n. s’applique Iv. 1165, sevtlabkl
SÉMIOMÉTRIE n. f. (19221, amesure et traite- à des éléments qui se ressemblent entre eux, d’où
la notion d’identité :
SEMBLABLE
anglais
gotique
sdme
SAMA

1
indoeuropéen

“SM
* un B
dérivés et composés
latins
11en meme

tt une fois
SIMUL

SEMPER
pour
temps,

SINCERUS
tt pur, sans
toutes

mélange
également

; toujours

II
‘B

n
INSIMUL ensemble

sempiternel

sincère

SIMPLEX simple
g<isolé n ~1simple 51

SINGULUS
« isolé tx

latin
- semi-

hémi-

NOMOS homo-

-KY
ed semblatAe >’
dérivés et composés
Y-
tmMOIOS homéo-
(t semblable 1’
SEMELLE 3452 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’emploi substantif pour Nchose semblables, d’abord reC0m-d à celam (1678) et cela ne hi ressemble pas
dans la locution faire le semblable ala même ( 1798) <cette action n’est pas conforme à ce que l’on
chose= (v. 1370). L’tijectif se spécialise au xwe s. en pensait de cette personnen. oUn emploi spécial,
mathématiques (1484, Chuquet, de nombres; 1639 d’après ressemblance Ici-dessous), concerne le rap-
en géométrie). 0 ll signifie “qui ressemble-, avec la port entre une représentation figurée (peinture,
préposition k ou employé seul (1538). Il se dit de ce etc.) et son modèle (1690). 0 Se ressembler, c’est
qui est de même nature qu’une autre chose, spé- spécialement “agir comme on l’a toujours fait*
Cialement dans ne pas avoir son semblable (1538) ; (16691 et ane pas mettre assez de variété dans ses
aui~es semblables équivalait à «d’autres hommes œuvres= ~VI~I~ s.), emploi vieilli. 0 Le verbe entre
hns distinction)~ 11538; 1694, MS semblables). L’ad- dans de nombreuses locutions dont Certa;ines sont
jectif s’emploie aussi (1669) avec une valeur afTec- devenues proverbiales, telles gui se ressemble s’as-
tive pour *de cette nature, teln. 0 Il a produit SEM- semble (Furetiére, 16901,les jours se suivent, III&
BLABLEMENT adv. (1267 semblanblementl. ne se ressemblent pas. Ne ressembler à rien est
La forme du participe présent est substantivée dès employé en bonne part 11798)pour -avoir de l’origi-
le x" s. et SEMBLANT n. m. appartit vers 980 pour nalité,, mais plus souvent avec une valeur négative
aapparence, %pect>> et comme adjectif (1080) pour (17981, à propos de ce qui est de mauvais goût, in-
“qui ressemble-. Son semblant a signifié ~son sem- forme. On a dit aussi cela ressemble à tout ( 17981.
blable= Cv.1155) jusqu’au xve siècle, Avec l’idée +Le dérivé RESSEMBLANCE n. f. a le sens géné-
d’aapparencem, le mot s’emploie en ancien tiançais ral de Nconformité approximative entre les per-
de manière neutre ou positive avec un adjectif. Les sonnes ou les chosesm Iv. 1265; puis v. 13801mais ne
emplois avec des connotations négatives sont res- s’emploie couramment qu’à partir du XVI~s., en
tés vivants dans des locutions. 0 Le nom équivaut particulier pour les personnes, avec le sens de
Iv. 1155, Wace) à *signe, indice%, d’où faire semblant «portrait » ( 15801, d’abord dans ressemblance faite
de &isser paraîtren (v. 1155, id.), faire semblant de sur le vif (15381, faite au tif (16361, d’où “image de
et Mnitif aavoir l’air de», encore chez Littré, faire qqn dans un rêven m xwe s.1 et Kapparencen 11638) ;
bel semblant <faire bon accueil-, faire semblant ces emplois métonymiques ont disparu. 0 Dans les
d’amitié Ntémoigner de l’amitiém et la construction arts et les techniques de représentation, puis de re-
ftie semMa.& gue, suivie de l’mtif, amontrer production, le nom se dit ( 1676) de la conformité
que> (v. 1145). Toujours avec cette valeur, on trouve entre l’objet représenté et son modèle. Il s’est em-
semblant <accueil favorablen (v. 11753, d’où beau ployé en géométrie (16901 pour kmilitude~, 4 RES-
semblant =signe de gentillesse, (XII~s.l. 0 Parallèle- SEMBLANT, ANTE adj., rare au sens 11503) de
ment, ne faire semblant de rien signifie Nprendre «semblable Iàls, s’applique couramment (av. 16501à
un air indifférent pour tromper», toujours en usage ce qui a de la ressemblance avec son modèle.
(sans faire semblan de ~I&LS, v. 14501, comme faire DISSEMBLER v. tr., formé avec le préfixe dis-,
semblant de qqch. «feindre*, afaire comme si-. d’emploi littéraire et rare, Sign%e 4tre différent
0 SemUant sime aussi *manière d’êtreu (1244- dem. C’est une réfection (15943 des formes an-
1248) et Kopinionn dans à mon semblant & mon ciennes dessunler ( 1209, intr.1, dessembler (XIII~s.,
avisa (XIII~s.), sorti d’usage. 0 À partir du XVI~s., la hapax; puis v. 13901, qui correspondent à l’ancien
valeur négative, liée à l’idée d’apparence, l’em- provençal ckssemblur I~~II”s.), d’après sembler et
porte : beau semblant signifkit cbelle apparence ressembler. *DISSEMBLANCE n. fb, littéraire
trompeuse= Il 538) et faux-semblant «ruse, hypocri- (15201, s’est substitué à dissemblance ( 1165- 11701,
sie, apparence trompeuse> (15381, toujours en traduisant le latin dissimilitudo. Il désigne ce qui
usage et qui procède de l’expression pur Faus sem- diffère, un trait qui distingue. +DISSEMBLABLE
blant II 176). À la fin du xwe s., semblant prend sans adj., réfection savante (v. 1330) d’après le latin dissi-
qualikatif la valeur d’apparence visible et sans mil& de dessemblable Cv.11SOI,encore au xv” s., se
faire semblant a si@é «en cachette» (15991. Un construit au singulier avec de, aussi avec à à l’épo-
semblant de se dit en parlant de qqch. qui n’a que que classique. Le mot s’emploie plus couramment
l’apparence de.. . (1636); ce sens est resté vivant, au pluriel. ~L’adverbe DISSEMBLABLEMENT
mais le mot fonctionne surtout dans faux-semblant (15701, réfection de dessembleblement (XIVes.1, est
et faire semblant, toujours avec l’idée de <fausse ap- rare.
parences. 0 voir ASSEMBLER, ENSEMBLE. VRAISEMBLABLE.
Le pré& RESSEMBLER v. S'est employé trwk?i-
tivement du ~~ ( 1080) au XVII~s. ; cet emploi ar- SEMELLE n. f., attesté à la ti du me s. hemele),
chaïque survit encore dans les dialectes. Il avait le est d’origine incertaine. Bloch et Wartburg pro-
même sens que l’emploi moderne ressembler à posent d’y voir une altération de lemeile, employé
(xv” s-1(<avoir des traits communs avecm, d’où se res- dans ce sens vers 1200, et de considérer cette forme
sembler (XVI~s.l. 0 Le verbe a eu jusqu’au xve s, la comme la variante picarde de lamelle*, du latin la-
même valeur que sembler Eh XI~s., resempler), par mellu, diminutif de lamina &me*m; la première
exemple dans se faire ressembler ase donner un syllabe le- aurait été prise pour l’article défi le, fé-
certain airn Iv. I 175, resanbler) ou il ressemble que minin en picard, et remplacée par “se, du latin @sa,
ail semble quen Cv.1175, resemble). Ces valeurs ont féminin de ipse cen personneti, amême**. Ipse a en
disparu en moyen tiançais. Au sens dominant, le effet concurrencé ille (+ le) dans la longue période
verbe Sign$e par extension &tre digne de son au- où s’est élaboré l’article déti en français et s’est
teur= en parlant d’un comportement, d’une œuvre employé en particulier chez les auteurs du nord de
(XVII~s.), d’où les locutions ce];1 lui ressemble C<onle la Gaule. On trouve un phénomène analogue dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3453 SEMER

le gascon lighe tsauleb pour salighe [du latin dix (des difkultés, des embûches)>. Par métaphore, se-
Nsaule*s), par aphérèse de sa- pris pour l’article dé- mer son venin (XIII~ s., sammerl s’est dit pour “agir
Cni. Pour P. Guiraud, les formes anciennes et dia- méchamment}}, sorti d’usage, et semer l’argent
lectales sumeile, soumelle supposent en gallo-ro- pour 4tre prodiguefi Iv. 13301. ~Par analogie du
mari un dérivé “sub-lamella, sur le modèle du latin sens premier, semer s’emploie concrètement
sublamina <<lame de dessousm, lamelia et lamina (XIII~ s. ; par métaphore dès le XII~ s.1 pour <répandre
étant synonymes. ~Semelle s’est substitué à l’an- (de petits objets) en dispersant)), puis au figuré
cien fran@s sole Cfïn XI~ s.), qui est resté dans le vo- (XV”~.) pour tifaire courir (des bruits, des nou-
cabulaire technique I+ 0 sole), du latin populaire velle&. oLe verbe s’est employé dans de nom-
‘SOI~, altération du classique solea I+ seuil). breuses locutions comme semer en Z’euu Ndonner
+ Semelle se dit d’abord de la pièce constituant le des conseils à qqn qui n’en profitera pasn 115721, se-
dessous d’une chaussure. Par métonymie, le mot mer un grain. d’orge pour attraper un pigeon adon-
Sign%e ( 16111 (<longueur d’un pied-, d’abord en es- ner peu en espérant avoir beaucoup- (161.11, semer
crime, d’où reculer Iromprel d’une semelle <(reculer en teme hgate afaire du bien à qqn qui n’en est
de la longueur d’un pied>> (1835) ; cette acception est pas reconnaissa& (16901.0 Avec la valeur figurée
encore en usage dans des locutions figurées de wépandre*, il se dit (1668) en parlant de ré-
comme ne pas reculer d’une semelle Nmontrer de flexions, d’anecdotes, etc., dispersées dans un ou-
la fermeté» @I-I XI$ s.), ne piks bouger kwuzcerl vrage, une conversation; semer CqqchJ de Eqqch.1
d’une semelle (1840), ne pas quitter qqn d’une se- <<parsemern (1671) est aujourd’hui littéraire. *Se-
melIe En XIX~ S.I. La locution figurée courir d’une se- mer a eu en argot (1867) le sens de Njeter à terre>,
melle ( 1630) aaller A pied d’un lieu à un autre> a dis- puis C1867) de cfausser compagnie à (qqn)m ; il est
paru, comme battre la semelle (16271 dans le même employé aujourd’hui familièrement au sens de ase
sens ; en revanche, cette dernière expression reste débarrasser de (qqn) en devançantn, spécialement
usuelle avec un nouveau sens, <frapper le sol de ses en sports (19041.
pieds pour les réchauffer* ( 1834. 0 Semelle dé- .Plusieurs dérivés sont usuels. SEMÉ, ÉE adj.
signe aussi la partie d’une chaussette correspon- s’emploie spécialement en vénerie, autrefois dans
dant à la plante du pied (1636) et une pièce décou- tête semée, à propos d’un cerf qui a tous ses an-
pée (de feutre, etc.) qu’on met à l’intérieur d’une douillers ( 15521, puis dans andouillers muE semés
chaussure. ~Par analogie, le mot s’emploie en =dont le nombre n’est pas égal de chaque côté»,
technique pour désigner une pièce plate qui sert d’où cerf mal semé (17621, tête mal semée. 0 Par ail-
d’appui ou de renfort (16901, puis dans divers do- leurs, l’adjectif s’applique en blason (1573) à un écu
maines, dont l’électricité (1904, semelle d’urt élec- dont les pièces, en nombre indéterminé, sont ré-
tro-aimant). 0 Au XX~ s., surtout dans c’est de la se- pandues de telle sorte qu’elles se perdent sur les
melle, le mot se dit d’une viande très dure ou trop bords. +SEMEUR, EUSE n. apersonne qui sème
cuite. ~Par extension du premier sens, semelle du grah, d’abord semeour (v. 11801, semere (v.
désigne 11967) la partie médiane du dessous d’un 12201, écrit semeur au x+ s. 113771, est demeuré
Ski, usuel jusqu’à la mécanisation de l’agriculture (cf. le
b Le mot a Servi à fOrnW les composés : RESSE- geste au-te du semeur, chez Hugo). oLe mot
MELER v. tr. (16171, réfection de rusameler (1423) s’emploie aussi au figuré (déb. xwe s.1, par exemple
<remettre des semelles neuves à (des soulier+, dans semeur de discorde Ixve s.1, semeur de faux
dont dérivent RESSEMELAGE n. III 11782) et RES- bruits (1694). 0 Ce mot est rare au féminin, sauf à
SEMELEUR. EUSE n. (1797, n. m.) ; ce dernier est propos du motif symbolique de lu Semeuse (sur les
rare, du fait de l’emploi normal de cordonnier*. timbres fkançais du début du ~~~s.1, ~SEMEUSE
+ DESSEMELER v. tr. (1839) est un terme tech- n. f. (18751 désigne aussi une machine qui sert à se-
nique, surtout employé au participe passé. mer.
SEMAISON n. f., d’abord semoison avec des va-
+k SEMER v. tr. est issu EV. I 118) du latin clas- riantes, signifiait aaction de semep (XII~ s.) et
sique seminare <semer”, employé aussi aux sens de atemps des semailles> 11351, senisonl; il est sorti
<produire%, uprocréer> et au figuré en bas latin <ré- d’usage. 0 Il s’est aussi employé pour désigner
pandre, propagep. Ce verbe, rare à l’époque clas- (1842) l’ensemencement naturel par dispersion des
sique, dérive de semen, -inis «semence> et spéciale- graines à maturité. + SEMAILLE n. f., d’abord au
ment =Semence de blé>, d’où «blé>. Semen vient de pluriel Cfin XII~ s., semmaihs) puis au singulier
serere <csernep et *planter-n; ce double sens corres- C1260) et au pluriel, est dérivé de semer ou issu du
pond à une époque ancienne où l’on semait en en- bas latin seminaliu, pluriel neutre du latin clas-
fonçant chaque graine dans la terre. Dans les sique seminalis (+ séminal). 0 Le mot s’emploie ra-
langues romanes, les verbes procèdent de semt- rement au singulier. II désigne d’abord les grains
nare. Le verbe originel, serere, se rattache à une ra- semés, puis l’action de semer Iv. 1270, semenailles
cine indoeuropéenne “se-, Os+ «semer>>, également en Poitou ; 1549, semailles) et la saison où l’on ense-
représentée en vieux slave këj@, en gotique mence les terres (13263. Ces valeurs sont restées
Isuiul et en celtique Csans forme verbale attestée); courantes.
elle n’apparaît pas en indo-iranien. SEMOIR n. m. désigne d’abord ( 13281 un sac où le
+Le verbe signiCe d’abord, comme en latin, <<ré- semeur place le grti. Le mot s’est dit d’un terrain
pandre en surface ou mettre en terre (des se- où l’on sème des graines d’arbres (14861, parfois en
mence+, d’où par extension aensemencerm. 0 Il apposition : champ semoir 11543). Il s’est employé
s’emploie au figuré (XII~ s.1 au sens de wépandre au XVI” s. pour *race (d’animaux)~ (15161, du sens de
SEMESTRE 3454 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

seminare aprocréer)). 0 C’est depuis le XVIII~ s. le ensemencer un bouillon de culture pour ay mettre
nom d’une machine qui sert à semer (17621, et par des micro-organismes capables de se reproduire>).
analogie à répandre l’engrais (18751. oDérivé du verbe, ENSEMENCEMENT n. m.
SEMIS n. m. se dit (1742, Buffonl de l’action ou de la (1552 ; 1600, pour un étang) s’emploie aussi au fi-
manière de semer, de l’opération qui consiste à en- g&.ohc0mp0séRÉENSEMENCER~.td1845),
semencer une terre, puis 11753) d’une plante prove- terme d’agriculture qui a fourni REENSEMENCE-
nant de graines et d’un terrain ensemencé. ~AU MENT n. m. ( 18453, s’est substitué à re72semewer
mes., le mot désigne par analogie (1841, comme v. tr. (1549), rensemencement 11836).
terme de mode) un ornement formé d’un motif de 0 Voir CLAIRSEMER, DISSÉMINER, INSÉMJWATION, INSÉ-
petite taille fréquemment répété. -3 Il est rare au RER, SAISON, Sl%KLANT, s-AIRE, SlhNAL.
sens figuré (av. 18801 de achoses dispersées>>.
SEMESTRE n. m., d’abord attesté comme ad-
Le verbe a fourni plusieurs composés verbaux pré-
jectif Ml.XVI~s., Ronsard) puis comme nom
kés. + SURSEMER v. tr. signifie d’abord (v. 1174, h. 15961, est un emprunt savant à l’adjectif du latin
sorseimer v. intr.1 ase couvrir de taches* en parlant semestris =de six mois=, ad’une durée de six moisb,
de la peau, d’où sous la forme altérée seursamer composé de sex (+ six) et de mensk I+ mois).
«faire devenir lépreux» (1244-1248). 0 Le verbe si-
+ L’adjectif, appliqué à ce qui reparaît tous les six
gnifte ensuite (XII~~s., sorsemer) asemer une terre
mois Iv. 15501,à ce qui a six mois d’exercice (1564) et
déjà ensemencéen et s’est dit pour cjeter çà et là,
à ce qui dure six mois Il 5841,s’est employé aux XVI~
(1530). eRESSEMER v.tr. asemer une seconde
et X~II~ s. (encore au XVIII~s., à propos d’un parle-
fois)} (13341 s’emploie aussi pour Nensemencer de
ment). +Semestre comme nom désigne une pé-
nouveau> (attesté 1893). ~D’après semis, ce verbe
riode de six mois consécutifs, spécialement la pre-
a produit RESSEMIS n.m. IXX~S.).+PARSEMER
mière ou la deuxième moitié d’une année (1680,
v. tr., d’abord Iv. 1480) &pandre», se dit ensuite
semestre d’hiver, d’été, termes adrninistratilkl.
pour «répandre çà et là (des choses) sur qqch.» 0 Comme terme d’histoire, il s’est dit de la moitié
Ixv111~s.1. Le verbe a pris la valeur figurée (1777) d’une compagnie (Chambre des comptes, etc.3 qui,
d’aintroduîre çà et là (dans un discours, un texte)*. sous l’Ancien Régime, siégeait six mois et, par ail-
Il est beaucoup plus courant que les deux précé- leurs (15961, d’un emploi qui dure la moitié de l’an-
dents. 0 Pour ckairsemer, voir ce mot. née. * Par métonymie, le mot a désigné un congé
SEMENCE n. f. est emprunté (v. 1130) au bas latin de six mois accordé à un militaire Il 694, servir SOI~
semer&, pluriel neutre du latin classique semen- semestre) et par métonymie (17713 le militaire en
tis, pris pour un féminin singulier. Sementi cse- congé, emploi sorti d’usage. Il se dit aujourd’hui
mailles, ensemencement)}, Gpoque des semaille+, (depuis 1829) d’une rente, d’une pension, etc. qui se
<semence, semis= et <blé en herbem est dérivé de se- paie tous les six mois.
men. Sementis a par ailleurs abouti à l’ancien pro-
de dérivé SEMESTRIEL,ELLE adj.arepris (1829)
vençal semens (12181. 4 Semence se dit en fhnçais
les valeurs de l’ancien adjectif semestre; on relève
du sperme, le liquide séminal du mâle et par figure auparavant semestral (1821). +En dérivent 11873)
(v. llZO), da;ns la lanme biblique, pour cpostérité SEMESTRIALITÉ n. f., didactique et rare, et SE-
(d’un mâle)>. 0 Le mot désigne également tout ce MESTRIELLEMENT adv.
qui se sème de la main de l’homme, spécialement 0 Voir TRIMESTRE.
les graines (v. 1160-1170). R s’est dit kure s., isolé-
ment ; puis 1380) de l’action de semer (4 ci-dessus SEMI-, premier élément, est employé dans la
semaillel, encore au xwte s. d’ou, comme en latin, composition de mots techniques, scienttiques ou
<(temps des semaîhesti 116111.Ce sens est encore vi- d’usage général; il reprend le latin semi- ademi,
vant en français d’Afrique. Par analogie et métony- moiti&, utilisé comme premier terme de compo-
mie (achose semée+ semence de perles désigne sés. En latin, les mots ainsi formés appartiennent
(1418) des perles de très petite dimension, puis souvent à la langue littéraire, sur le modèle du grec
(1803) de très petits diamants et par ailleurs des h&M- (+ hémi-). A semi- correspondent l’ancien
mot& ornementaux parsemés sur une étoffe haut allemand sümi-, le sanskrit sami; ces élé-
(14211. Aux xviz et XVII~s., semence désigne par mé- ments se rattachent à une base indoeuropéenne
taphore 11538) une cause dont les effets se mani- “sëmi- indiquant ce qui n’a qu’un côté; la racine
festent à longue échéance (cf.gemte). 0 Avec l’idée “sem- de “sémi-, qui exprime l’unité, se retrouve
de apetitesse>>, le mot est entré dans la locution ce par exemple dans le latin simplex (+ simplel, simul,
n’est que semence ac’est une chose de peu d’impor- similis (-+ similaire; ensemble). 0 Semi- est en
tances I15731, d’où semence <<chose n@igeablen concurrence avec demi-. 0 Une semi se dit pour
(1611) ; ces emplois ont disparu. * Par analogie
semi-remorque I+ remorque), uyt semi pour ca-
(18031, semences désigne de petits clous à tête large mion semi-remorque.
0 Voir aUSSi FINIR t%MWINIl. PERMl?ABLE, PUBLIC.
employés en grand nombre par les tapissiers. * Le
dérivé SEMENCEAU n, m. (1842) est un terme SÉMILLANT, ANTE
adj. est issu (1546) par
technique, +ENSEMENCER v.tr. (15191, réfectiOn changement de sufke de l’ancien adjectif semil-
de ensemencier 113551, signifie ~pourvoir de se- /&,s arusé, astucieux)) cv. 12701, *inquiet, capricieux,
mences (un terrain)» et s’est employé p0W <tfé- remuantm (xv”-XVI” s., semilleuxl, dérivé de l’ancien
condep (v. 1550). Le verbe s’emploie aussi figuré- français semille n. f. 4ction valeureuseu En XIIe~3.1
ment (av. 16151 en parlant d’idées, de sentiments. OU *mauvaisen (1226). Semille a pour sens premier
~Par analogie, ensemencer me rivière se dit p0Ur aprogéniture, descendance de bonne ou mauvaise
“y mettre des akvins~ t 1864) et, en sciences (18731, origine> (11701, considérée comme la production
DE LA LANGUE FRANÇAISE SÉMITE

d’un certain personnage. Ce mot est un diminutif connotations figurées assez péjoratives (naïveté, bi-
de l’ancien français saimme «origine>, appliqué à goterie). Il est rare comme adjectif (1829) et ne s’est
une qualité morale, spirituelle Iv. 12201. Saimme guère répandu avec les valeurs modernes, non ec-
était issu du latin semen asemence* I-, semer). clésisatiques de séminaire.
+L’ancien français a aussi le verbe semiller «se
donner beaucoup de peine (dans un but mali- SÉMINAL, ALE, AUX adj. est un emprunt
cieuxb, dérivé de sémille. Sémiller a été repris au Cl3721 au latin seminalis <destiné à être seméB, spé-
XVI~s. au sens de gs’agiter, se donner du mouve- cialement employé au pluriel Iseminalia1 comme
ment,, d’aprés le sens de skmillant Mf et gai, qui nom au sens de ({terres ensemencéesm, cmoissonsn,
déploie une grande vivacité d’esprit, de manières et signifiant aussi aproMque%; le mot dérive de se-
(en parlant d’une personne, de l’esprit, du style, men (+ semer).
et&, puis le verbe est sorti d’usage. 4 D’abord employé dans l’expression didactique
4 L’adjectif, demeuré le seul témoin de cette famille disparue vertu séminale “qui se rapporte à la se-
de mots, a souvent une connotation plaisante ou mences, l’adjectif s’applique 11555) à ce qui est rela-
ironique, notamment en parlant d’un comporte- tif au sperme. 0 Il a qualifk (1611) ce qui concerne
ment galant. les graines des plantes dans lobes séminaux *coiy-
lédons>> (17651, feuilles séminales (18351, valeurs ar-
chaïques. Il a aussi vieilli comme terme de philo-
SÉMINAIRE n. m. est emprunté 115511au latin
sophie, reprenant le premier emploi du mot, dans
classique seminarium flpépînîèren et au figuré
raison séminale du monde aunion de l’intelligence
«source, origine, principe, cause», substantivation
et de l’âmes (18421, à propos du néo-platonisme,
de l’adjectif seminarius <<relatif aux semences>, dé-
mais existe encore didactiquement.
rivé de semen (-+ semer). Le mot en latin ecclésias-
tique (1545) désigne un établissement où l’on pré- SÉMIOLOGIE, SÉMIOTIQUE -3 sÉ-
pare des jeunes gens à l’état ecclésiastique. MANTIQUE
4 Séminaire reprend d’abord un sens du latin clas-
sique, aprincipe vital d’un phénomènes, disparu. Il SÉMITE n. et adj. a été dérive (18451, après sé-
est repris dans le vocabulaire de l’éducation reli- mitique (ci-dessous), de Sem, du latin Sem, nom
gieuse (2” moitié xwe s.) ; de là, il s’est employé en d’un fis de Noé qui, selon la Bible Genèse, x, 1II,
parlant d’un milieu dans lequel on se forme à une vécut six cents ans et dont la postérité, avec celle
profession (1570) puis, de façon plus restreinte, d’un de ses tikes Japhet et Cham, forma tous les
lieu ( 1636). * La valeur étymologique s’est conser- peuples de la Terre.
vée dans deux emplois. Le premier est adjectif, sé- + Le mot désigne une personne qui appartient à un
minaire qualifiant C1534) ce qui contient la semence, groupe ethnique originaire d’Asie occidentale,
par emprunt au latin. L’adjectif réappara3 au dont les peuples parlent ou parlèrent des langues
XVIII~s., d’après un sens de semen NgrainB, dans apparentées, dites sénaitiques (ci-dessous). 0 Abu-
pierre séminaire aqui paraît composée d’un amas sivement, le nom s’applique (18841 aux Juifs seuls
de graines, (17651,mais cet emploi est sorti d’usage. (1893, adj.1, alors que le concept englobait les
oLe nom a aussi le sens propre de ~~pépinière~ Arabes.
(15991, encore relevé en 1700. Par analo@e, il a été F SÉMITIQUE adj., dérivé savant de SePn (xwe s.;
employé pour <endroit où l’on élève de jeunes ani- aussi en allemand semitisch, ti XVIII~s.1, est vieilli
maux’> ( 1600). Da;ns la langue classique, il désigne dans son emploi général pour qualifier ce qui est
aussi abstraitement une cause (av. 16151, par re- relatif aux Sémites. Il est utilisé en linguistique
prise du latin. Tous ces emplois sont sortis d’usage. pour qualfier (18131 et désigner comme nom mas-
+Seul l’emploi pour Gtablissement de formationD culin (18821 le groupe de langues comprenant
a survécu après le XVIII~ s., cette acception donnant l’arabe, l’hébreu, caractérisé par des structures
lieu à des syntagmes comme petit séminaire Ci6811 communes. + SÉMITISME n. m., terme didactique
puis grund séminaire (attesté 1876). Par métony- pour acaractère de ce qui est sémite» (1857, sémiti-
mie, le mot désigne les élèves et les maîtres du sé- cisme 18481, a été repris à la fkt du ti s. par les
minaire ( 17183, le temps d’études Iv. 1770) et les bâ- théoriciens racistes. Le mot est archtique. - SÉMI-
timents d’un séminaire (XIX~s.l. +Au ti s., TISANT, ANTE adj. et n., aqui étudie les langues et
séminaire désigne (1845) divers établissements les civilisations sémitiques» (1862, Sainte-Beuve), a
d’instruction publique en Allemagne, par emprunt remplacé sémittste n. ( 1875).
à l’allemand Seminar, de même origine. Par un De l’emploi péjoratif et raciste de sémite pour ajuifn
autre emprunt à l’allemand, séminaire se dit 11893) vient le composé ANTISÉMITE n. (attesté 18891 et
d’un groupe de travail dirigé par un professeur et adj. 118961, d’où ANTISEMITISME n, m. (1886, Dru-
consacré a un domaine particulier de connais- mont), d’après l’allemand Antisemitismus Cv.18801,
sances. Par extension, il s’emploie pour une ré- et ANTISÉMITIQUE adj. (1883, L’Antisémitique,
union de spécialistes, en concurrence avec col- nom d’un journal; puis 1887, Goncourt), qui a dis-
loque, table ronde etc., acception répandue vers paru. *Tous ces mots ont été formés à la fm du
1950; cette valeur s’est répandue avec la pratique XM~ s., quand se développa en France un mouve-
dans la vie professionnelle (séminaire de vendeurs, ment raciste et xénophobe d’hostilité contre les
etc.). juifs. Chez les propagandistes de l’époque, l’anti-
F Le dérivé SÉMINARISTE n. m. et adj. est resté sémitisme prétend combattre le &mitismeB attri-
dans le vocabulaire ecclésiastique 11609) avec des bué aux juifs et supposé être nuisible à la civilisa-
SEMONCE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tion dite wyennem; cette interprétation pseudo- farine)), mot d’origine méditerranéenne. 0 Ce mot
historique n’est plus retenue, et les mots antisé- de civilisation, également repris par l’ancien haut
mite, antisémitisme ne concernent plus aujour- allemand similu, semala, d’où l’allemand Semmel,
d’hui que le racisme antijuif a donné l’espagnol sémola, le portugais semeu;
l’anglais semolinu est emprunté à l’italien semolinu
SEMONCE n. f., réfection (XIII~ s.1 de summunse Uiminutti. Par ailleurs, plusieurs formes d’ancien
Iv. 10501, cemonse Iv. 11901, est le participe passé français viennent de simila : simle n. m. Iv. 1180, en
substantivé de somondre (v. 10501, puis semondre Picardie), simbre Iv. 12101,semble en Wallonie, etc.,
(v. 11751, verbe issu par évolution phonétique du la- puis symel en Flandres au xv” s. et em, par croise-
tin populaire “submonëre (premier e breD <avertir ment avec l’italien, symole (15051 pour simole. La
secrètement)), en latin classique submonêre (pre- prononciation avec I mouillé se maintient au ~IX~ s.,
mier e long). Ce verbe latin est composé de sub-, c’est *la plus usuelle mais elle n’est pas fondées se-
marquant une action faite à la dérobée (+ sous), et lon Littré; elle explique la graphie semouille, par
de monere afaire songer à qqch.», cavertir, enga- exemple chez Huysmans.
gers, Gnstruire~ et aannoncer> (+moniteur, mon-
4 Le mot désigne ( 1505, symolel des grains de cé-
trer, prémonition), qui se rattache à une racine in-
réales concassés et débarrassés de leur enveloppe,
doeuropéenne ‘~FI- aavoir une activité mentale>>
puis une fine farine importée d’Italie (1583, semole)
(+ mental). Monere avait abouti à l’ancien proven-
et en générale la farine de froment ( 1694). 0 Se-
çal moinner v. tr. <avertir den, {rappeler qqch.,
moule bhche «semoule de rizn (1845) a disparu;
(XIIIes.1et à l’espagnol mufiir Gnviter)~.
sucre semoule hil. XX~s.1 se dit par analogie d’un
Semondre v. tr. aexhorter (à faire qqch.)» et «prier
sucre en poudre. L’utilisation culinaire est concer-
avec insistance, inviter= (v. 10501 s’est maintenu
née, par exemple dans gûteau de semoule et à pro-
jusqu’à l’époque classique ; en 1694, l’Académie
pos du couscous* maghrébin.
constate qu’il ne s’emploie qu’en parlant des noces,
puis le donne pour vieilli en 1718. Il était encore b Semoule a fourni les dérivés techniques SEMOU-
d’usage régional au XIXe s. (chez G. Sand au sens LERIE n. f. (19301 et SEMOULTER, IÈRE n.
d’ainviter à une noceu). Il a eu d’autres sens en an- hnil. EF S.I.
cien tiançais : uinviter (qqn) à faire qqch.>), *convo-
quer des vassaux)> (1080), csommer (qqn) de s’expli- SEMPITERNEL, ELLE adj. est emprunté
quer sur un fait» Iv. 11551, flconvoquer en justice» Iv. 12651 au latin médiéval sempitemalk aéternel>
Cv.1200) puis aavertir en adressant une répri- (VF s.), dérivé du latin classique sempitemus -qui
mande> En xve s.), d’où à l’époque classique tcrépri- dure toujoursn, lui-même composé de semper aune
manden ( 1658). À partir du xv” s., il est concurrencé fois pour toutes) et atoujoww et de aetemus
par semoncer Ici-dessous). (-3 éternel). Semper se rattache à la racine indoeu-
ropéenne Osem- «un», qui subsiste dans des dérivés
4 Semonce apparaît avec le sens d’&witation (à
et des composés latins (-+ semi-, simple ; ensemble) ;
faire qqch.ln, qui se maintient à l’époque classique,
et a Sign%é spécialement EV.1155) “appel du roi, ou le mot latin avait abouti à l’adverbe français sem-
per, sempre Iv. 9801, sempres h. 1050) «toujours> et
du seigneur, à ses vassauxBu. ~Pour Gnvitation à
atout de suite>.
une noce= (v. 15341,qui correspond à une valeur im-
portante du verbe semondre, il est déjà noté wieuxB 4 L’adjectif conserve le sens du latin médiéval, en-
en 1680. Semonce s’applique ensuite à une chose core au XVIII~s. (1764, la vie sempitemellel, et s’est
I dont on fait part, à une convocation en justice aussi employé pour &ès âgén, notamment comme
Iv. 11901, puis au bannissement (1467). 0 ll équivaut nom féminin pour Nfemme très âgée» (15521 dans le
à partir du xwe s. à *avertissementn et, de façon plus vocabulaire familier. Par plaisanterie, il s’applique
restreinte knil. XVII~s.), désigne un avertissement (1798) à ce qui semble durer depuis toujours et,
sous forme de reproches, sens resté vivant dans un avec un possessif, équivaut k” s.) à *habituel*.
registre soutenu. Par extension, il s’emploie spé- bLe dérivé SEMPITERNELLEMENT adv. 11527) ne
cialement en marine pour l’ordre donné à un na- conserve que cette valeur ironique.
vire de montrer ses couleurs (v. 17201, en parti- Par ailleurs, sempitemus avait été emprunté en
culier dans coup Ciesemonce (18031,locution entrée moyen français, SEMPITERNE adj. Sign%ant
dans l’usage courant au figuré pour *avertissement &emeb (1440-1475) et SEMPTTERNE n. f. (17231,
avec menacen. désignant une serge très solide, d’où sepnpitemille
F En dérive SEMONCER v. tr., attesté isolément au ( 17231, altéré d’après l’adjectif moderne en SEM-
XII~s. kemonserl, repris vers 1400, alors en concur- PITERNELLE n. f. (1812) avec ce sens.
rence partielle avec semondre, pour -convoquer
Ides vassaux)», puis =Convoquer en justice)) (1244, SÉNAT n. m. est emprunté (v. 12131comme l’an-
cemonser), & une cérémonien 11542) encore à l’épo- cien provençal cenut Iv. 1240) au latin senatus, litté-
que classique. 0 Le verbe est vieilli au sens de *ré- ralement <conseil des Anciens>>, désignant à la fois
primander* ( 1798) et ne s’emploie plus qu’en ma- ce conseil, une de ses réunions et les places réser-
rine (1842). vées aux sénateurs au théâtre. Le mot dérive de se-
nex wieux)) et wieillardn, employé avec des noms
SEMOULE n. f. est l’altération (1650, Ménage1 d’objets ou d’animaux dans la poésie de l’époque
de semole (1583 ; encore chez Boudin, 16601, em- impériale. Le comparatif de senex a abouti à se&
prunt à l’italien semola, lui-même pris au bas latin gneur*, sieur”, sire* et quelques-uns de ses dérivés
simola, altération du latin impérial simila deur de ont été repris en français !+ sénile).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3457 SÉNÉGALAIS

+Sénat se substitue aux formes populaires sened SENAT~S CONSULTE n. m. (14761, d’abord sous la
(v. 11201,sené Iv. 11551, issues par évolution phoné- forme senat consult, et francisé en sénat conseille
tique de senatus, pour désigner le sénat de l’an- (1352-13563, reprend le latin senatus consultwn <<dé-
cienne Rome. À partir du XVII’ s. ( 16361, le mot dé- cret du sénatm, composé du génitif de senatus et de
signe plus généralement en histoire un corps co~uliwn <<résolution>, substantivation du parti-
politique dont le recrutement et le rôle ont varié cipe passé passif de consulere Kdélibérerm. + Le mot
selon les époques, des républiques de Mntiquité conserve le sens latin en histoire romaine. Repris
au moyen âge, et il se dit par métonymie (1636) de sous le Consulat C17993,il désigne une décision du
l’édifice où siège un sénat. 0 Par extension, il s’est sénat consentuteur (ci-dessus).
employé pour xparlementn (16361, désignation qua- 0 voir SIkLE.
Wée de «poétiquen par l’Académie de 1694 à 1798.
Il s’est aussi employé tapr. 1650) à propos d’une ré- SÉNÉ n. m. est emprunté (XIII~s.1au latin médié-
union de personnes quelconques, ceci jusqu’au val sew, qui reprend l’arabe su&, nom d’un ar-
xvd siècle. + L’application institutionnelle mo- brisseau du Moyen-Orient dont les feuilles étaient
derne en France date du Consulat (17991, où sénat utilisées en médecine pour leur vertu purgative.
consentateur ou sénat désigne l’assemblée chargée + Séné désigne l’arbuste et le médicament qu’on en
de veiller au respect de la constitution ; l’institution tire, puis est repris comme nom de diverses
(appelée alors sénat impérial) a été conservée sous plantes du genre casse (1771, séti bkrd; 1665,
le premier Empire et reprise par le second (1852- fam sérié). La locution proverbiale sur la casse” et
1870). 0 À l’époque contemporaine (1875) dans les le sérié concerne les médicaments.
régimes à deux assemblées, sénat est le nom de
celle qui est élue au suffrage indirect. Le sénat de la SÉNÉCHAL n. m. est issu En XI~ s., seneschul; o>
IV” République s’est appelé Conseil de lu Répu- v. 1265, sénéchal) d’un mot francique “sinkhk, at-
blique. 0 En parlant des Etats-Unis, le mot est em- testé en bas latin sous la forme sinticalcus (d’où
prunté à l’andais senute, de même origine. l’italien siniscalco). Le mot, Sign%ant proprement
aserviteur le plus &géw, est formé de “skalk adornes-
b SÉNATEUR n. m. est la fkancisation Iv. 1165) de
tique- et de “sinistu 4e plus âgém; “sintita est à rap-
sewtor (v. 11501, emprunt au latin senutor
procher du latin seniores, comparatif de senex
amembre d’un sénat (romain ou étranger),, dérivé
<vieux, vieillardti I+ sénile; seigneur).
de senatus. *Le mot conserve le sens du latin à
propos de Rome, et s’est employé en ancien kan- 4 Ce titre désignait, à partir de l’époque mérovin-
çais comme titre donné aux douze apôtres EV.1204). gienne, un officier chargé de la surintendance, puis
0 Depuis la fin du XVI” s., il a désigné un magistrat, (me s.) un officier chef de la justice. 0 Dans les pro-
sens noté afamilierm en 1680, puis archaïque. 0 II se vinces méridionalles, le sénéchal exerçait sous l’An-
dit aussi 11667) du membre d’un sénat autre que cien Régime des fonctions analogues à celles du
l’assemblée romaine. 0 Par allusion à la réputation bailli (sens enregistré par Furetière, 1690).
de gravité des sénateurs romains, il entre dans dé- b Le dérivé SÉNkCHAUSStiE n. f., réfection (1406)
marche et train de sénateur *allure et démarche de seneschauck Iv. 11551,désigne d’abord la dignité
lente, majestueuses, répandue par La Fontaine de sénéchal, puis l’étendue de sa juridiction
(16681, En histoire, c’est, par reprise au latin, le nom Iv. 12081, le lieu où se tenait le tribunal du sénéchal
117011 du magistrat à la tête de Rome. 0 Sous le (XIII~s.1 et enfin ce tribunal ( 1690). 0 L’institution,
Consulat, l’Empire, puis avec les régimes parle- sous l’Ancien Régime, était propre au sud de la
mentaires, l’emploi de sénateur correspond en France et correspondait au bailliage du Nord.
France à celui de sénat; sous la TV” République, le
titre était remplacé par conseiller de lu République. SÉNEÇON n. m., réfection (XIII~s.) de senetin
0 Le féminin sénutice s’est dit en histoire (av. 1703) (me s-1, est un emprunt au latin senecio, littérale-
de la femme d’un sénateur (en Pologne, à Venise, ment «petit vieillards, calque du grec titigerôa, lit-
etc. ; 1798, pour Rome) ; le mot reprend le bas latin téralement wieillard précocem, de hêri ade bonne
senutrix, féminin de senutor; la forme féminine de heure, tôt» et gerôn «vieillard> (+ gérante). C’est le
sénateur, senatresse, attestée isolément au XIII~s., a nom d’une plante ainsi nommée à cause des poils
$SpM-ll. blancs dont elle est couverte au printemps. Le nom
A partir du latin senatotiw, dérivé de senutor, ont latin dérive de sewx wieuxm et avieillard, (4 sei-
été formés quelques mots. - SÉNATO- gneur, sénat, sénile).
RIEN, IENNE adj. est un terme rare d’histoire ro- + Séneçon conserve le sens du latin.
maine Iv. 1510; repris en 16901. W3ÉNATO-
RIAL,ALE, AUX adj. 11518) sime en histoire SÉNÉGALAIS, AISE adj. et n., attesté
<<propre au sénat romain#, spécialement dans ordre en 1765 dans l%ncycZopédie (article Nèfles), dérive
sénatorial 4asse oti se recrutaient les sénateurs du nom propre Sénégal, nom &icain d’un pays
romain+ (17281, opposé à ordre équestre et à plèbe. d’Afrique et d’un fleuve, peut-être du nom de ville
* Aujourd’hui, le mot s’applique à ce qui est relatif Sanghana ou de l’arabe us-sini& «le navigable».
au sénat, aux sénateurs Il 6941, d’où délégués sénu- + Le mot qutie ce qui est relatif au Sénégal et dé-
to?kwx “qui élisent un sénateurm (1893). - SÉNA- signe un habitant de ce pays; l’adjectif s’est em-
TORERIE n. f. 118031, Kdotation accordée à un séna- ployé spécialement à l’époque de la colonisation
tew sous le Consulat et le premier Empire, est un française dans tirailleurs sénégalais ( 1904 ; aussi
terme d’histoire. n. m.).
SENESTRE 3458 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b Le dérivé SENEGALISME n. m. (1973 se dit en lation avec sénile. +SÉNILEMENT adv. (1874) est
linguistique d’un fait de langue propre au hnçais littéraire. +SÉNILISME n. m. (1903) s’emploie en
parlé au Sénégal kBicanisme sénégalaisl. e SÉNÉ- médecine.
GALIEN, IENNE adj., dérivé de Sénégal 118591,a Dans le vocabulaire de la physiologie, on relève
qua&5 une chaleur excessive, tropicale, et s’em- aussi SÉNESCENT, ENTE adj., d’abord au sens gé-
ploie en géographie, de même que SIWÉGAM- néral de aqui vieillit» En xve s.1,repris au xrxes. en
BIEN, IENNE adj. et n. (1843, Gautier) correspond médecine, et SÉNESCENCE n. f. (1876). L’adjectif
à Sénégambie, nom formé à partir de Sé&g& et de est un emprunt et le nom un dérivé savant du latin
Gambie (nom du fleuve et du pays qui s’étend d’est senescens, -enti, participe présent de senescere
en ouest à l’intérieur du Sénégal). wîeillir» au propre et au figuré, dérivé de sewx.

SENESTRE ou SÉNESTRE adj. est issu SENIOR n. et adj. est un emprunt (1884, in
(10801 du latin sinister {{gauche, qui est du côté G. Petiot) à l’anglais senior, spécialisé comme
gauche», d’où sinktra n. f. amain gauche», et par fi- terme de sports. Cet adjectif signifkit d’abord “qui
gure Nmaladroit b, <<malheureux, fâcheux,; dans la se distingue par son comportement ou son âgem
langue augurale, le mot Sign%e “qui vient à he s.), dné~ (xv” s.) et <<(d’un rang) supériem>
gauche>>, c’est-à-dire afavorablen si l’on interprétait (xwe s.1; il est emprunté au latin senior ~plus âgé»,
le présage d’après le rite étrusco-romain, ou au comparatif de sewx 4eux)) I+ seigneur).
contraire afuneste)> d’après le rite grec t+ sinistre); +Senior désigne la catégorie dans laquelle sont
c’est le second qui a prévalu. classés les concurrents plus âgés que les juniors”.
4 Semestre, introduit avec le sens propre du latin, b SÉNIORITÉ n. f. représente une francisation
était encore en usage au XVI~I~s., ma& a été concur- (v. 19701 de l’anglais seniodty, dérivé de senior. Ce
rencé puis éliminé par gauche*, quand droit s’est terme d’ethnologie se dit de la prééminence et des
substitué à dextre. 0 Le mot s’est employé comme garanties déterminées par l’ancienneté, dans une
nom féminin pour désigner, comme en latin, la fonction ou une maison.
main gauche Iv. 1190, sinestre; v. 1380, semestre).
oLa locution adverbiale à &nestre & gauche- 0 SENS n. m., attesté dans La Chanson de Ro-
Iv. 11553 reste en usage en blason, l’héraldique land (10803, est issu du latin sensus, qui désigne en
conservant aussi l’emploi adjectif (1658, sénestre général l’action de sentir, de percevoir, d’ou de
atourné vers la gauche*), spécialement dans le côté nombreuses acceptions : <perception par les sens>,
sépzestie de L’écu Nie côté gauche pour l’écuyer qui Rsentimenta>, dans le domaine intellectuel Nmanière
est censé le portem. 0 Par analogie, coquille sé- de voîrs, qfaculté de penser, de comprendre)), <idée,
oestre (1872) désigne une coquille de mollusque qui pensée», et en rhétorique Nphrase, période>>. Le mot
s’enroule dans le sens inverse de celui des aiguilles est formé sur sensurn, supin de sentire &Percevoir
d’une montre. (par les sens, l’intelligencel~ t-+ sentir). Dès l’ancien
wParmi les dérivés de senestre, l’adjectif SENE& français, des confusions se sont faites entre ce lati-
TR&, ÉE (16901, terme de blason, s’emploie encore. nisme et le germanisme 0 sens*.
+ SINISTRALITÉ n. f., didactique, est dérivé sa- 4 Le français seyLsa hérité de la polysémie de sen-
vamment (xx” s.1 du latin sinister pour désigner le sus, à laquelle s’est ajoutée l’influence du mot ger-
fait d’être gaucher. 4 L’élément SÉNESTRO-, dé- manique qui a fourni 0 sens direction>. Trois axes
rivé du latin ou de semestre, sert à former plusieurs se dégagent dès le XI~~s., après que le mot se soit in-
composés. 0 SÉNESTROCHÈRE n. m. 116901, du troduit en ancien tiançais pour cfaculté de juger%,
grec kheir amain*, désigne en blason la figure d’un <sagesse* et <<raison)>,par exemple dans perdre le
bras gauche. 0 SENESTRORSUM adj. inv. et adv., sens aavoir l’esprit égaré)) (1080). I?n ancien français,
d’abord sinistrorsum Il 8751, adapte le latin sinistior- selon G. Matoré, six acceptions principales sont en
SU~, d’après semestre (19041, pour «qui tourne de usage : facuIté de juger, sagesse, jugement pra-
droite à gauchen. tique Bon sens>, fmesse d’esprit et ruse, connais-
sance technique (valeur proche d’art), et manière
SÉNEVÉ 4 SINAPISME de voir. Deux autres valeurs sont Mfaculté de perce-
voir les impressions> (v. 1119) et, à la même époque,
SÉNILE adj,, attesté au XV” s. puis en 1512, est Kcontenu intellectuel auquel renvoie un signe». Les
emprunté au latin senilis ade vieillard)), dérivé de deux premiers axes correspondent à deux grands
sewx wieuxs et wieillardn, dont le comparatif se- aspects de la vie psychique : raison et sensation. Le
nior a donné seigneur* (-, aussi sénat). troisième met en rapport un type particulier d’ob-
+L’adjectif s’applique à des comportements que jets perceptibles (les signes) et les contenus men-
l’on attribue aux vieillards, d’abord dans le do- taux. Bien que l’unité profonde du mot puisse ainsi
maine moral. Il est repris à la fm du xvme s. comme être dégagée, les trois «sens> du mot se72ssont bien
terme de médecine pour parler d’un ensemble de distincts dans la conscience langagière. Dans l’his-
processus propres à la vieillesse. oDans l’usage toire, le premier, <raisons, est lentement devenu
courant, il qu&e abusivement un vieillard qui n’a archtique, laissant cependant de nombreuses
plus ses moyens intellectuels (mil. WI” s., par ex. traces Notamment bon sens, sens commun); les
Hugo, 18621,mais les puristes considèrent vieillard deux autres restent vivants et actifs à travers huit
sénile comme une tautologie. siècles d’usage,
b SÉNILITÉ n. f. (1832) est employé en médecine Le premier emploi, orienté sur l’idée de Mraisona, a
dans sénilité précoce et dans l’usage courant en re- rapidement pris trois aspects, l’un abstrait et théo-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3459 SENS

tique, l’autre pratique et actif (au XII~s.1, le troi- valeur. Cependant, l’idée de jugement, qui lui est
sième visant la volonté (au 2=zite53. Les principaux liée, s’est maintenue plus longtemps (voir ci-des-
usages de l’ancien fkanqais ont disparu. Ce sont par sus).
exemple «action, chose raisonnable>> (v. 11201, La deuxième grande valeur de sens, apparue au
&onne) manière de faire qqch.>> Iv. 11351 et «sen- début du XII~ s., concerne la faculté (notamment hu-
tente, préceptes (11701. *Par extension, sens a maine) de percevoir les impressions faites par les
aussi désigné la connaissance, le savoir Iv. 11751 et objets et désigne chacun des systèmes récepteurs
dans le domaine pratique l’habileté, l’adresse qui permet la perception et la sensation : vue, oule,
CV. 1180). I&re fors [hors1 del sens s’est dit (1165-l 1701 odorat, goût, toucher, d’où les cinq sens E1175, aussi
pour «avoir l’esprit égaré>>, expression remplacée sens dou cors idu corps11 appelés sens de nature par
par tirs du sens (fin xues.1,correspond à changer le Charron au xwe siècle. 0 À côté de cette acception
sens adevenir foum @n XIII~s.), et être au bout de son psychophysiologique, en relation avec sensation et
sets en moyen fkançais Sign%e (<neplus savoir quoi sentir, le mot, qui correspond à «faculté d’éprou-
faire» 11538). 4 Bon sens tv. 1167, boen sens) afaculté ver>, en est venu au xwie s. à s’appliquer au plaisir
de juger raisonnablementn, qui a eu pour équi- tiré des impressions (16361, notamment dans le
valent bon semsnaturel (13931, est resté usuel, rem- contexte chrétien avec mortifier ses sens 11680) ou
Pl%ant en partie des us?ges archaïques de sew et au contraire donner tout 9 ses sens ( 1694) ; sens est
correspondant à sensé. Etre en, dans ( 1651) son bon alors lié aux valeurs prises par sensuel* et sensuu-
sens correspond à <<jouir de toutes ses facultés in- Zité. De là, au XVII~s., des expressions comme plaisir
tellectuelles*. L’expression en dépit du bon sens des sens (1636). C’est avec cette valeur hédoniste
( 16641, qui remplace en dépit du droit sens qu’apparaît l’expression sixième sens au xv& s.
(mil XVII~s.1, correspond d’abord à cette valeur, <<sensations liées aux plaisirs de l’amour*; cette ac-
puis si@e «de manière désordonnée, absurde)}, ception a disparu et la locution s’applique au-
équivalant à n’impotie* comment, autre gallicisme. jourd’hui à la connaissance intuitive, au flair. 0 À
Au XVIII~et surtout au XIX~ s., bon sens s’applique à côté de ce type d’emplois lun, les se&, le collectif
un jugement conforme aux critères dominants, le sew peut aussi prendre cette nuance. Ainsi, tom-
avec une connotation de sens pratique bourgeois ber sous le sens (av. 1662) ne s’applique pas au ju-
(cf. jute milieu) et de banalité, voire de grossièreté, gement rationnel, comme on pourrait s’y attendre,
par exemple dans gros bon sens (av. 18611. Cela mais à la perception directe, sensible d’une évi-
@a1 n’u pas de bon sens est dans Balzac (18471. dence. 0 Par extension, sew a pris la valeur psy-
+ Depuis le XIII~ s. et jusqu’à l’époque classique, sens chologique plus générale d’aaptitude à percevoir
s’est employé pour wolont& - En outre, il a repris une catégorie de valeurs+, d’où sens moral ( 17651,
(v. 1285) la valeur latine d’=idée», d’où vient l’emploi un instant concurrencé par sens intime (1771) qui a
pour afaculté de connaître intuitivem ( 13101, valeur disparu; sens pratique 118711, sens esthétique
que prolonge l’emploi que Descartes fait du mot, (18931, emploi où deux acceptions, celle qui est dé-
voisin de raison. Parmi les acceptions anciennes crite ici et celle de jugement Ici-dessus), s’entre-
qui se sont conservées jusqu’au français classique, croisent.
c’est avec celle de XjugementD que le mot entre La troisième classe d’emplois du mot 0 sem
dans plusieurs locutions employées du xv” au concerne la relation entre un objet perceptible qui
xwe siècle : tirer au selzs avenir à l’essentiel>, en renvoie à une autre réalité que lui-même (un signe)
grund sens “par mûre réflexion- ( 1440-1475). 0 Au et ce à quoi il renvoie. En ancien français cet em-
xwe s., reprise de la locution latine seyLsus commu- ploi, proche de senefiunce IsignifiunceI, est ambigu,
nis, apparaît sens conimm 115341 qui confère au évoquant à la fois plusieurs valeurs du latin semas
bon sens une dimension collective, d’où n’avoirpas et du germanique sinno (-+ 0 sens). L’usage se dé-
de Ile1 sens commun (1625) équivalant à ne pas être gage en moyen français et se précise au XVII~s. avec
dans son bon sens. Sens commun s’emploie aussi des emplois comme sens figuré* ( 16661, opposé à
(v. 1560) en philosophie néo-scolastique pour dési- sens propre*, ou sena profond ( 1694, Académie).
gner la faculté de l’âme par laquelle elle juge de Au XIX~ s., plusieurs expressions portent sur les er-
toutes les espèces des objets perçus par les sens reurs concernant le sens des mots et des expres-
extérieurs. ~AU début du XVII~s., on a dit dent de sions ou des constructions dans les exercices de
sens qui sera éliminé par &nt de sagesse, cette va- traduction, par exemple dans faux sens (1874); voir
leur de sey1sayant disparu, sauf dans bort se72set ci-dessous non-sens et contresens.
sens commun. *Par reprise du latin sensus, sens, b SENSÉ, ÉE adj., d’abord dans mal sensé aab-
depuis le début du me s. et jusqu’à la période clas- surde)) ( 15671,disparu, est dérivé de @ sens, dans sa
sique, correspond à Mavis,opinionm, que celle-ci soit première valeur, d’après le bas latin sensutus et a
exprimée ou qu’elle corresponde à la manière de remplacé l’ancien francais se&, qui se rattache à
voir, de considérer un objet, à la manière de @ sens, mot germanique k-+forcené). 0 L’adjectif
comprendre qqch. Cette valeur dispartit aux XVII~ s’applique (1629) A une personne qui juge, raisonne
et XVIII~s., ne subsistant que par des locutions selon les normes. Il s’est employé comme nom
comme abonder (ou aller) dans le sens de qqn ( 1652). L’adjectif quame aussi des choses
kwe s.), a 111011sens (16361, d’ailleurs plutôt com- conformes à la raison (16801. *L’adverbe SENSÉ-
prises aujourd’hui comme relevant de la valeur se- MENT ( 1636; 1531, semeement) est sorti d’usage,
mantique (+ignikation~) ou même directionMIe peut-être à cause de l’homonymie avec censément.
(4 0 sens) du mot. Entier G!UWle selzs de gqn, parler + INSENSÉ, tiE adj. et n. est emprunté au latin ec-
selon son sens 115801 sont sorties d’usage avec cette clésiastique insensatus “qui n’est pas sens&, du bas
SENS 3460 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

latin sensatus. ++ Il conserve cette valeur tl406), cution adverbiale ce dessus dessow Iv. 13981, litté-
également comme nom ( 15381, et s’applique ralement <ce (qui est) en dessus (étant) dessous>>,a
Iv. 1480, incensél à des choses contraires au bon été a&érée, par rapprochement sémantique, en sen
sens. 0 Il a signifié par hyperbole 4ncroyablement dessus dessous (déb. xve s.), &rite cen &~SUS des-
grandn I16471, valeur sortie d’usage. Au XIX” s., in- sous (15391, suris... (15591 et enGn sens dessus des-
sensé se dit de ce qui dknote l’extravagance puis, sous au xwe s. (1559, Amyot), employée au r2pre et
sur le modèle de fou, est employé au XX~s. comme au figuré. De même, ce devant derrière ~OC.adv.
intensif (cf. dément, dingue...). 0 L’adverbe derivé, (v. 1283) est devenu cen devant demère (av. 14931 et
INSENSÉMENT (16711, estrare. eINSENSI?ISME sens devant detière ( 1607) <dans une position telle
n. m. (18753 a été à la mode à la ~IJXdu XIX~ siècle. que ce qui doit être devant se trouve derrière, et in-
Le composé préfIXé NON-SENS n. m. ~IX., fOrIT& versement}} (aussi sens dwunt et sens dernére,
avec non*, a signSé Iv. 1210) adéraison, sottisen. 1534.0 Sens se dit aussi de la direction privilégiée
C’est alors la valeur de “jugement>> qui est en cause. d’une chose (1690; le serw d’un ttssul. ~Dans
+ Le mot, disparu, a été repris au XVIII~ s. (av. 17781 l’ordre abstrait, le mot Sign%e (1876) asuccession
avec l’acception de l’anglais norzsewe pour dési- ordonnée et irréversible Ides états d’une chose en
gner une proposition, un raisonnement dkpouwu devenir))) et uordre (des éléments d’un processus)>.
de sens, de signification ; on en trouve un emploi 0 Avec la valeur spatiale dominante, le mot s’ap-
isolé (1829) sous cette forme. Le mot anglais a peut- plique en particulier à la circulation routière, par
être été repris à l’ancien fkançais C16 14) ou est exemple dans des locutions comme sens tique
formé de MUX et de sense, de même origine que le cdéb. XX~s.), serrs interdit (19331,voie à double sens,
kançais sens; noy1sewe s’est employé comme col- etc.
lectif pour <<bêtises, sottisesn (16381, d’où a pkce of @ Voir ASSÉNER, 0 SENS ICONTRE-SENS). FORCENÉ.

nowense aune absurdité> (1643). +En fkançais, non-


sens équivaut aussi à (<absurdité% 11830, Balzac). SENSATION n. f., réfection graphique clas-
*Le mot anglais a été réintroduit en français au sique (16711 de sensation 113701, est emprunté au
milieu du me s. pour parler de ce qui est paradoxal, bas latin sewatio «compréhension*, formé sur sen-
absurde, en littérature puis dans les arts narratifs, SU~, supin du latin classique sentire (-+ 0 sens, sen-
et d’un texte qui a ce caractère ; il est surtout usité à tir). Le mot semble rare avant la seconde moitié du
propos de la littérature de langue anglaise (Lewis xwe siècle.
Carroll, Ambrose Bierce, par ex.); avec cette va- + Il désigne d’abord l’impression produite par les
leur, on trouve aussi la graphie &nçaise non-sens objets sur les sens; au XVII~s., on a employé senti-
(1961) et le dérivé, rare, NON-SENSIQWE adj. ou ment* avec cette valeur: sensation et sentiment
NONSENSIQUE (19661, d’après l’anglais nonsensi- sont quasi synonymes chez Bossuet et Male-
cal. branche. Puis sensation se dit ( 1754 d’une forte im-
CONTRESENS n. m., formé avec contre” et @ sens pression produite sur plusieurs personnes, notam-
<@nifkation», désigne ( 1560) une interprétation ment dans faire une sensation (17621, devenu faLre
contraire à la siacation véritable. La locution ad- sensation (1775). Le mot designe aussi la faculté
verbiale a contresens <dans un sens contraire au d’être sensible aux stimulations (av. 1778). * Dans
sens normal, ( 16071 vient de @ seyLs =directionn. la langue courante, sensation se dit surtout ( 1784)
* ContresePzs s’emploie Iv. 16801 à propos d’une d’un état psychologique à forte composante tiec-
chose opposée à la logique, à la raison et, à la ti du tive, distinct du sentiment par ses effets immédiats
XVII~ s., d’une erreur de choix; il Sign%e encore et son caractère physiologique plus marqué
<mauvaise interprétatiow et s’emploie spéciale- (cf. émotion). Au XIX~ s,, le mot prend une acception
ment dans l’évaluation des fautes scolaires, dans plus restreinte en psychophysiologie (18421, en re-
les exercices de traduction (avec faux se72set non- lation avec perception. 0 Le sens courant s’emploie
sens). avec une valeur étendue dans la locution adjective
+ Voir CONSENSUS, DISSENSION, SENSATION, SENSIBLE, à sensation adestiné à faire sensation)) 118691, lié au
SENSITIF, SENSORKEL. SENSUEL, SFJWIR. dérivé sensationnel (par ex. la presse à sensation),
b SENSATIONNEL, ELLE adj. et n. m. est dérivé
0 SENS n. m. est issu Cv.1160) d’un germanique de sensation d’après l’anglais sensationai, dérivé
“sinao 4irectionn et abstraitement, par l’idée de de sensation, mot anglais de même origine que le
bonne direction, <<entendement, raison, intelli- francais. 0 Sensationnel Sign%e d’abord ( 1837) are-
gences, représente par le gotique siryba, l’ancien latif à une, aux sensations», acception disparue.
haut allemand sindon (woyager)j, et qui se rattache 0 Il s’applique couramment (1875) à ce qui produit
peut-être à la famille du latin sensus (4 CDsens). Le une vive impression dans le public d’où, par ex-
mot, d’abord écrit sen, a été influencé dans son or- tension, à ce qui est très remarquable (1924, fami-
thographe par 0 sens, proche sémantiquement lièrement SENSASS (18893, abréviation qui n’est
pour certains emplois. plus à la mode. On dit aussi le sensationnei n. m.
4 Sens désigne (v. 11301 le côté d’un objet, relative- (1% 1). L’adjectif s’emploie familièrement comme
ment à sa direction, sa position dans l’espace, et intensif (19441, avec une valeur méliorative ou péjo-
(1165-l 170) l’espace que parcourt un mobile, plus rative.eEndérivent SENSATTONNALISME n. m.
tard analysé en série ordonnée de points. 0 Le mot 119o91 et SENSATIONNALISTE adj., attesté
a signifG aussi ((avis, opinion>, <<adresse, habileté, en 1965 et probablement antérieur.
ruse, Cv.11901,en concurrence avec @ sens issu du Un autre dérivé de sensation, SENSATIONNISTE
latin; ces valeurs subsistent dans forcené”. 0 La lo- adj* 118681 et n. (18781, terme didactique, s’est appli-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3461 SENSIBLE

gué & la philosophie de Condillac qui considère la en parlant d’objets matériels, au sens de «capable
sensation comme la source des connaissances. de réaction, dans différents domaines>) (seconde
Compromis par l’évolution de sensationnel, il ne moitié du XVIII~s. : v. li’90, Condorcet, balance sen-
s’est pas imposé en face de sensualisme (+ sen- sible; 1876, en photographie, notamment dans
suel), malgré l’ambiguïté de ce dernier. *n s’est @que puis surface sensible).
employé en art @n XIX~ s., Goncourt) pour impres- v Le dérivé SENSIBLEMENT adv. a Sign%é Nd’une
sionniste qui l’a éliminé. oSENSATIONNISME manière sensée% Iv. 11801 et 4siblementn (13141,
n. m. (1877) est aussi un terme de philosophie. emplois archaïques. 0 Le mot sime couramment
(v. 13803 «d’une manière notable». 0 I1 s’est em-
SENSIBLE adj. est emprunté (v. 1265) au latin ployé pour wivement, cruellement5 valeur dispa-
sensibilis aqui tombe sous les sens, tangibleu, par rue. Au xxe s., il se dit pour aapproximativementn
exemple dans sensibilis auditui <<appréciable à (19261. ~SENSIBLERIE n. f. désigne péjorative-
l’oreillen. L’adjectif a pris en latin médiéval le sens ment 11782) une sensibilité outrée, déplacée.
actif de “qui peut sentirb; il est dérivé de sentire ~SENSIBILISME n. m., ancien terme didactique
Ib 0 sens, sentir). ( 1821, J. de Mai&re), désignait en psychologie le
+ Apparu dans âme sensible opposé à âme raison- système qui fait prévaloir la sensibilité.
nable, opposition qui vaut pour 0 sens et raison, Le pré& HYPERSENSIBLE adj. (19071, de hyper-,
l’adjectif s’applique aussi à un être vivant qui peut s’applique à des personnes pour drés réceptif, qui
sentir (xwe s.); par extension, il s’est employé pour a une sensibilité extrême* et à des choses (instru-
-intelligent* ( 1365) et en droit krv” s.1 pour qualifier ments, etc.) très sensibles, dors que SUPRASEN-
une personne qui a la capacité juridique. À côté de SIBLE adj. (1850, Renan; comme nom max., 18331
ces emplois actifs, venus du latin médiéval et cor- s’applique aux objets supposés inaccessibles aux
respondant à la valeur rationnelle de sewws sens.
(+ 0 sens), par exemple pour qual%er (xv” s.l une SENSIBILISER v. tr., dérivé savant de sensible ou
action raisonnable Ccf.sensé), il a aussi emprunté formé sur le radical latin, apparaît d’abord en phi-
l’emploi passif du latin classique s’appliquant à ce losophie pour arendre perceptible2 (1803, Maine de
qui est perçu par les sens Iv. 1370). Depuis le xwe s., Biran), sens disparu comme l’emploi du verbe pour
sensible se dit en particulier 115593 de ce qui peut Gdouer, pénétrer de sensibilité, (1839). Sensibiliser
facilement être perçu par les sens, d’où l’emploi s’emploie couramment au figuré (1865) pour afaire
pour C<assezgrand pour être perp ( 15591et la va- réagir (qqn) àa, surtout au participe passé et au pro-
leur de <notable, appréciable*. A l’époque clas- nominal (xx” s.l. À la iTn du XIY s., il prend le sens de
sique, sensible s’est dit, avec sa valeur passive, de arendre irritable>) 11876). 0 En rapport avec la va-
ce qui se fait douloureusement sentir dans les do- leur technique de sensible, le verbe s’emploie en
maines physique (1634) et moral ( 1640) ; 11 a disparu photographie ( 1859, Goncourt) pour <<rendre sen-
dans cette acception. 0 Le XVI~siècle voit aussi se sibleD et s’utilise spécialement en médecine (me s.1
développer une valeur passive concernant les per- pour Nrendre sensible (un être vivant) à un agent
sonnes et l’adjectif qufle 11559) une personne ca- (physique, chimique, etc.))). oLe verbe a produit
pable de sentiment et apte à ressentir profondé- SENSIBILISABLE adj. (18711 en photographie.
ment les impressions. Cet emploi, développé au 4e contraireprétié DÉSENSIBILISER v. tr. est
me, est devenu typique des valeurs du XVIII~s., épo- employé en photographie (18981, en médecine
que où l’idéal de l’homme sensible remplace l’hon- 119261et au figuré (xx” s.l. 0 En dérivent des termes
nête homme du XVII~siècle. La capacité de ressentir didactiques: DÉSENSIBILISATION n.f W%),
prenant des caractères actik (cf. pussionl, sensible DÉSENSIBILISANT n. m. (1933) et DÉSENSIBILI-
s’applique Idéb. xvr~~s.) à une personne particuliè- SATEUR. TRICE n. (me s.), et d’après sensibilisa-
rement capable d’éprouver des sentiments tion, -uteur (ci-dessous).
d’amour. 0 Sensible à “qui se laisse toucher par» Plusieurs mots de la série sont formés à partir du
(1640) était en concurrence à l’époque classique latin ou empruntés. - SENSIBILITÉ n. f, est un em-
avec sensible sur (1671) ; il a éliminé cette deuxième prunt ( 1314) au dérivé bas latin sensibilitas -sens, si-
construction, 0 La valeur passive de aqui peut être gnifkation)) et ((sentiment, sensibilité-. 0 I1 apparaît
ressenti, perçu> se développe au XVII~s, et l’adjectif dans semibilité semblable Nexemple semblable=,
prend à cette époque ( 1656) le sens particulier de emploi disparu, l’idée de +ignifïcation» liée à un
aclair, évidentm. Les expressions sensibles propres, emploi de se72sLLset de 0 selzs ne s’étant pas main-
CO~~U~S (16711, où l’adjectif est substantivé, s’en+ tenue. 0 Sensibilité désigne aussi, dès les premiers
ploient pour &alités sensibles* à propos de la phi- emplois, la propriété qu’a un être vivant d’être ex-
losophie d’Aristote ; elles désignent respecttive- cité par le milieu extérieur. Le mot est repris au
ment les qualités qui peuvent ou semblent pouvoir XVII~s. à propos de la faculté d’éprouver de la sym-
être perçues par un seul sens (par ex. le son3 ou par pathie (av. 1662) et de la propriété de l’être humain
plusieurs (la grandeur). 0 L’adjectif s’applique d’éprouver des sentiments, des états a$ectifs, etc.
aussi & ce qui est particulièrement susceptible (1671) ; il désigne spécialement le caractère d’une
d’éprouver la douleur (1677, endroit sensible), d'où personne sensible à qqch. 116751. Il s’est dit spé-
sensible Ù <excitable pars (1690). Idées sen&les cialement ( 1680) de la reconnaissance éprouvée
(17491 désigne dans la philosophie de Condillac et pour un bienfait reçu. 0 Au XVIII~s., le mot désigne
des sensualistes* les idées qui procèdent des sens. la qualité de sentir et de transmettre les émotions,
0 Le mot s’est spécialisé en musique (1752) dans et devient typique des valeurs de l’époque comme
note sensible ou la sensible n. f. o Enfin, il s’utilise sensible dans homme sensible; il s’emploie notam-
SENSITIF 3462 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment à propos des artistes, des écrivains (17381, de tien-, dérivé du latin classique sensus aaction de
la qualité d’une œuvre (av. 18721, plus tard à propos percevoir, de sentir, de comprendre>, formé sur
d’une époque, d’une génération (av. 18901. 0 At- sensum, supin de sentire (-, 0 sens, sentir).
testé dès le XVII~s., à propos du caractère de ce qui + L’adjectif a qualG ce qui appartient & la sensibi-
peut produire une sensation (16741, le mot entre en- lité, aux sens et s’est appliqué à une personne
suite dans le vocabulaire technique 117981, dési- douée de sensibilité; &me sensitive (v. 1265) d&i-
gnant l’aptitude à détet7ter les faibles variations gnait dans la philosophie scolastique le principe de
d’une grandeur, puis l’aptitude à réagir à une ac- la sensation chez l’homme et l’animal. 0 L’adjectif
tion physique 11858 en photographie); il s’emploie entre ensuite dans le vocabulaire de la physiologie
dans diBérents domaines pour «aptitude à réa& : 113141 au sens de “qui transmet les sensationsm
en économie dans sensibilité de Ia Bourse ( 18771, au (nerfs sensitifs). 0 Il s’applique aussi depuis le xwe s.
xx’ s. en écologie, en acoustique, etc. *Le composé 11587) à une personne douée d’une sensibilité ai-
HYPERSENSIBILITÉ n. f. (18961, formé avec hy)W- guë, dont la vie a$ective a une grande importance,
et qui correspond à hypersensible (ci-dessus), est di- mais reste exceptionnel dans cet emploi avant la
dactique. + SENSIBILISATION n. f., dérivé savant fin du xrxes. où il est repris par influence de l’an-
de sensibilk, a d’abord signi% Il801 1 aaction de glais 11866, Amiel), avant d’être réemprunté à l’alle-
rendre sensible la penséem, acception disparue. Dé- mand en caractérologie Nretschmer), d’où la subs-
signant l’acte de sensibiliser ou son résultat, le mot tantivation un (~321 sensitif TiVel.
s’emploie en particulier en photographie ( 18451, en
F SENSITIVE n. f., abréviation 11665) de krbe sen-
médecine 11900), puis au figuré (1946). + Sur son ra-
sitive ( 16391, est le nom d’une variété de mimosa
dicalaété formé SENSIBILISATEUR,TRICE adj.
dont les feuilles se rétractent quand on les touche.
et n. (18581, employ6 en chimie, en photographie
Par figure ( 18711, le nom désigne une personne très
(n. m.1 et en biologie (1903, n. f. ; antisensibiksatrice
n. f, est attesté en 1905). 0 Le composé HYPER- sensible, qui se replie facilement.
SENSIBILISATION n. f. (attesté 1924 est didac-
tique. SENSORIEL, ELLE adj. est formé savam-
INSENSIBLE adj. est emprunté (1227) au latin im- ment 11839) à partir du bas latin sensotium *organe
p6rîal insensibilis Gncompréhensible» puis “qui ne d’un sens», du latin classique selzsus <action de per-
sent pass, formé de in- privatif (+ 0 in-1 et de sens- cevoir>) (3 0 sens) ; on a d’abord dit sensoriaZ(i830).
bilts. Le mot s’applique (1314) à un être vivant qui Le moyen français sensoire ( 15411,issu du latin, s’est
n’éprouve pas les sensations habituelles, valeur dé- employk avec le même sens.
veloppée au xwe et au XVIII~s., par exemple dans in- + L’adjectif s’applique à ce qui concerne les modali-
sensible au froid, etc. (av. 17781, par une évolution tés dif%-entes de la sensation faorganes des sens4
parallèle à celle de sensible Ici-dessus). 0 L’adjectif puis quakfie ce qui est relatif à la sensation sur le
qualfie ensuite une personne qui n’a pas de sensi- plan psychophysiologîque (1904, localisations sen-
bilité morale (1370; puis 1617). Toujours chez sorielles). Dans l’usage général, sensoriel et sensible
Oresme 1137O1,il se dit, au sens passif de sensible, peuvent être synonymes.
d’une chose que l’on ne perçoit pas ou qui est à
F Le mot a fourni des dérivés et des composés di-
peine sensible; cette acception est reprise chez
dactiques comme SENSORIALITÉ n. f. (miL&W
Montaigne et produit le sens de ugraduel, progres-
et SENSORIMOTEUR, TRICE adj. (1879).
sif> (1588, pente insensible). 0 Avec l’idée morale de
SENSORIUM n. m., emprunt au latin (17181, dési-
&oideurD, on relève cœur insensible 11578) et la
gnait la partie du cerveau qu’on pensait être le
spécialisation dans le domaine amoureux (16341,
centre de toutes les sensations. Ce terme didac-
aujourd’hui littéraire. Avec cette nuance, insen-
tique se disait aussi (1762) de l’organe où l’on
sible s’est employé comme nom (1635) masculin et
croyait que s’opérait la synthèse des impressions
surtout féminin (cf. cruelle) dans le langage galant,
permettant la perception d’un objet unique; on a
aux XVII~et XVIII~siècles. 0 Insensible ù s’utilise en-
dit également sensotium commww (1801; du
suite Cl6421 à propos d’une émotion, d’une in-
neutre du latin classique co~nmunti ~comrnun*4.
fluence, d’une œuvre. +Le dérivé INSENSIBLE-
Ces valeurs correspondaient à des hypothèses psy-
MENT adv. a d’abord signif% Il3141 ~sans
chophysiologiques mécanistes, prolongement de
manifester de sensibilité physique%. Il s’emploie
celles de Descartes. oLe mot est aussi sorti
couramment (1571) pour apeu à peum et est litté-
d’usage au sens de <<systèmenerveux central=, acer-
raire au sens de *sans que cela se remarquem (15803.
veau» (1852) en tant que centre des sensations.
*INSENSIBILITÉ n. f,, emprunt 11314) au bas latin
insensibilitas, a remplacé le dérivé fkmçais insensi-
bleté. oLe mot désigne l’absence de sensibilité SENSUEL, ELLE adj. est emprunté (v. 1370)
physique. 0 Il s’est employé aussi ( 14151pour “pri- au latin ecclésiastique sensualk <relatif aux sens>,
vation de raison» jusqu’au début du XVIII” siècle. 0 Il adoué de sensation>>, dérivé du latin classique sepz-
se dit de l’absence de sensibilité, dans le domaine sus <<action de percevoir, de sentir, de comprendres
moral (15881, en amour (16341, emploi devenu ar- C+ 0 sens), lui-même de sensum, supin de sentire
chaïque, ainsi qu’à propos des faits esthétiques ou (3 sentir). La forme sens& est attestée isolément
inteliectuek (av. 1662). au xrvesiècle.
+L’adjectif s’applique à ce qui est propre à pro-
SENSITIF, IVE adj. est emprunté Iv. 1265) au curer le plaisir des sens, valeur demeurée usuelle.
latin médiéval sensitivus <<qui concerne la sensa- 0 Il se dit aussi de ce qui émane des sens, des qua-
DE LA LANGUE FRANÇAISE SENTINE

lités sensibles (1541). 0 Il qutie ensuite (1636) une est employé à propos des Indiens d’Amérique du
personne portée a rechercher tout ce qui flatte les Nord.
sens (substantivé ti XVII~ s.1 et notamment ce qui
évoque un caractère voluptueux ! 1690). SENTENCE n. f. est un emprunt Iv. 1175 en
droit religieux, puis 1283 en droit laïc) au latin sen-
w L’adverbe SENSUELLEMENT a si@é (xv” s., tentiu afacon de sentir, de pensep, spécialisé dans
avec un seul 1) “par le moyen des sens>>. 0 II s’em-
la langue du droit pour ((avis (donné au sénat),
ploie aujourd’hui (depuis 1548) avec la valeur mo- voten. II s’emploie aussi en rhétorique au sens de
derne de sensuel. aphrase, période= et en particulier de «trait qui ter-
SENSUALITÉ n. f., réfection graphique (v. 1265) de mine la phrase=, d’où amaxime=; dans la langue
sensualiteit (v. 11901, est emprunté au latin ecclé- philosophique, il traduit le grec dosa «opinionn
siastique sensua1ita.s #sensibilité>), dérivé de sen- Ib doxa). Sententiu dérive, par l’intermédiaire d’un
sualis. oLe mot s’est dit de l’activité des sens substantif osentens (non attesté), du verbe sentire
(v. 12651, correspondant alors à sensibilitk. 0 La va-
aéprouver Cun sentiment, une sensation15 <avoir un
leur moderne, attestée avant celle de sensuel
avis et l’exprimer» et, spécialement, woteru (+ sen-
( 14861, concerne le tempérament d’une personne
tir).
qui recherche les plaisirs des sens et, plus couram-
ment, la recherche de ce qui est propre à satisfaire +Sentence emprunte d’abord au latin le sens de
les sens, la sexualité Ixw” s.l. 0 Da!ns le vocabulaire <<pensée, opinion exprimée d’une manière dogma-
religieux, il s’est employé au singulier 116361et au tiquem, valeur devenue archaïque (cf. maxime), puis
pluriel 11671) au sens de ~plaisirk) sensuells)n lune, celui de *jugement)), en particulier (v. 1190) <<juge-
des sensualités1 ; cet emploi a disparu. ment de Diew, acception disparue. De là vient le
SENSUALISME n. m., terme répandu par V. Cou- sens de (<jugement rendu par les Mérents degrés
sin, a été dérivé savamment (attesté en 1803, de la juriditiion ecclésiastiquen kaf s.1 toujours vi-
Boiste) du latin sensudis. C’est le nom donné à la vant en droit canon, par exemple dans sentence
doctrine philosophique élaborée par Condillac, d’e3ccommunicution. Le mot désigne aussi en droit
d’après laquelle l’ensemble des connaissances E1283) un jugement rendu par des juges et spéciale-
vient des sensations ; on a dit aussi sensationnisme ment un jugement qui prononce la peine capitale
(+ sensation) pour éviter la confusion avec l’accep- (1553; 1778, sentence capitale). Par extension, il se
tion moderne de sensuel, notamment quand le mot dit d’une décision, d’un jugement quelconque, favo-
a été repris comme terme de morale (1841) dési- rable ou pas cv. 1470). 0 Avec la valeur de
gnant la recherche des plaisirs des sens. 0 Le dé- Nmaximem, le mot s’emploie dans la locution ne par-
rivé SENSUALISTE n. (1801, Vtiers, traducteur de ler gue pas sentences t 16801 <&ecter de parler gra-
Kant) et adj. (18421 est aussi un terme d’histoire de vement et par lieux communsn.
la philosophie. F Le dérivé SENTENCIER v. est sorti d’usage aux
sens d’ccordonner Cqqch.1 par jugement}} (1310,
SENTE n. f. représente l’aboutissement (v. 11551 comme transitif) et de ucondamner (qqn) par une
du latin classique semitu *petit chemin de traverse, sentencea ( 1530). Il est didactique et rare en emploi
sentier, trottoir, ruellem, dont l’origine n’est pas intransitif pour «prononcer une sentencen (13 181.
éclaircie. SENTENCIEUX, EUSE adj., attesté isolément au
XIII~et repris au début du XVI~s., est emprunté au la-
+ Sente conserve le sens latin de apetit chemin, sen-
tin sententisus #riche d’idées, de pensées», dérivé
tien, aujourd’hui dans un usage régional ou très lit-
de seatentia. ~Sorti d’usage pour qualifier une
téraire.
personne qui s’exprime par maximes hf s.) ou un
F SENTIER n. m., d’usage plus général et demeuré discours (1549, senieentiem), l’adjectif se dit encore
courant, est issu (v. 1150, sous cette forme) du latin Iv. 16701, avec une connotation péjorative ou îro-
populaire osemitariw, en latin médiévall semtero nique, pour qutier un ton, un comportement, etc.
(9081,devenu au XII~s. senterium (1184). La forme re- d’une gravité affectée. 0 En dérive SENTENCIEU-
présente la substantivation de l’adjectif du latin SEMENT adv.(1599;1546,sententieusement), d’em-
classique semitarius <<deruelle, qui se tient dans les ploi littéraire.
ruelles», dérivé de semitu. Le latin a abouti en an-
cien français aux variantes senter (1080), sentir SENTIMENT, SENTIMENTAL + SEN-
(v. 11901,semter ( 14003, sendier Cv. 14301, etc., et par TIR
ailleurs à l’amien provençal sendier Iv. 11351, à l’ita-
lien sentiero, au portugtis sendeiro. SENTINE n. f., réfection (XLII~s.) de suuntine
Le mot appartit (1080) avec le sens de Nchemin ( 1165-l 1701,est emprunté au latin sentinu «endroit
étroit, utilisé par les piétons, dans la campagne, les de la cale ou s’amassent les eaux’> et au figuré <<re-
boisn, valeur qui s’est conservée au cours des siè- but, lien ; aucun rapprochement n’a pu éclairer
cles. 0 On relève dès le XII~s. Cv.1190) l’emploi par l’origine de ce mot.
figure pour *voie morale, avec l’idée d’étroitesse, 4 Sentine a désigné Cl 165- 11701 une sorte de bateau
et donc de difkulté ; de là les locutions figurées les plat. 0 Au figuré il s’est employé (v. 11851, comme
sentiers des justes «la bonne voie)) (16721, les sentiers en latin, pour un milieu où règne le vice, emploi lit-
peu battus (1678) et, toujours en usage, les sentiers téraire, 0 Il est sorti d’usage pour Gtat d’abaisse-
battus 11796) ales voies les plus banales», avec l’idée mentm (v. 1190). 0 Le mot a également repris
de lieu commun. 0 I%re SUTle sentier de la guerre Iv. 1200, suntinel le sens propre du latin. Avec la va-
<prêt à partir en guerre, (18721, calque de l’anglais, leur initiale, il a désigné (1438) un bateau plat utilisé
SENTINELLE 3464 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour le transport du sel sur la Loire, acception en- avec un complément exprimant une qualité du su-
core relevke en 1771.0 Au sens de «lieu sale et hu- jet, avec le sens de adégager l’odeur dea 11320).
mide* (18341, le mot est très littéraire. Cette valeur, en emploi transitif et absolu, se déve-
loppera à partir du XV? s. (voir ci-dessous).
SENTINELLE n. f., apparu au xve s. chez Bas- Avec l’idée de reconnaissances correspondant à la
selin, selon Littré, puis au xwe s. : centinelEe, 1540; première valeur de 0 sens, sentir équivaut à asa-
1546Rabelais), est emprunté à l’italien (fur lu1 sen- voir (pour l’avoir apprislm Cxrv”s.), sens disparu
tinella <faire le guet>, dérivé de sentire {{entendres, comme la locution sentir qqch. ù (ou de) qqn ~‘în-
du latin classique sentire (3 sentir). Le mot est par- former auprès de qqn>, mais faire senti <<faire
fois masculin chez certains auteurs ( 1798,Acadé- comprendre» 11440-1475)est restée vivante Cillui a
miel. fait sentir sa force, qu’il était fort). OSe sentir de
4 Sentinelle désigne une personne armée, généra- pour Nseconsidérer comme capable deD Efm XIV~s-1
lement un homme, qui fait le guet (cf. &etieur), au- est aujourd’hui remplacé par le composé se ressen-
jourd’hui qui a charge de protéger un lieu public, tir, sauf en emploi négatif (il ne se sent pus 132...I tan-
de surveiller un lieu occupé par l’armée (1690). Du dis que sentir qqn atâter le terrain avant de com-
premier emploi vient le sens de «guet, surveil- mencer des pourparlers, (1440-1475) est sorti
lancen (15531, qui ne survit que dans quelques ex- d’usage. ~Par figure, le verbe Sign%e «évoquer à
pressions comme faire Ict sentinelle (16361,calque l’esprit l’idée que, donner une impression de>, avec
de l’italien, faire sentinelle ( 16681,sentinelle perdue des locutions comme sentir le paysan (15271,cet ou-
mplacée dans un poste avanck et dangereux* 115801, vrage sent I’huile «a coûté beaucoup de veillesm
plus ou moins sorties d’usage. OLa locution en (1534, sentir la chair, en parlant de propos grivois
sentielle (1580) Sign%e <en observation,, d’où Iv. Z55O),emplois disparus ou archaïques. Sentir son
mettre gqn elz sentinelle (1694).0 Par comparaison, bien 4tre bien né, bien élevén 11566)se maintient
le mot s’emploie trivialement pour Nexcrément hu- encore à la CI du XVIII~siècle; les locutions méta-
main (dressé ou isolé comme une sentinelle)>, phoriques du même type sont très nombreuses : on
d’abord dans poser une sentinelle ( 16401, puis em- a encore par exemple au XVII~s. cela sent la vieille
ployé seul 118481,emploi vieilli. 0 Avec l’idée de guerre cela n’est pas à la moden (16111,disparue,
wrveillance~, le mot s’est employé au figuré (1659) cela sent le gibet, la corde (16671,cela sent le corps
pour parler d’une personne qui veille à la conser- de garde E16861;la locution métaphorique senti le
vation de certaines valeurs. Outre le sens initial, terruir se dit d’un goût ou d’une personne, puis
militaire, le mot ne s’emploie plus guère que dans (1718) d’un ouvrage. Familièrement, ça sent le supin
en sentinelle et, par analogie (mil. XVIII~ s.), à propos (le cercueil) s’emploie pour 4a mort semble
d’une personne ou d’un animal qui veille. proche>. 0 Au sens déjà ancien Kn XII~ s., ci-dessus)
de «percevoir par l’odorat-, sentir ajoute celui de
* SENTIR v. est issu (fin XI~ s.1du latin classique {{chercher à percevoir une odeur, humern (15303. À
sentire {{percevoir par les sens ou par l’intelli- la même époque, la valeur complémentaire de cdé-
gence», puis <<être d’un certain avis>>et, spéciale- gager une odeur» (attestée mil. XIII~s.) devient
ment dans la langue juridique et politique, Mdéci- usuelle, notamment avec les expressions senti
der, voter», généralement «se rendre compten, bon, mauv& ( 1530;1640, intr.) ; sentir mal «mau-
<<avoirdans l’esprit, penserti et par ailleurs Gtre af- vais)) 11538)est considéré comme un gasconisme.
fecté par qqch.». Ce verbe, dont l’origine est obs- Sentir s’emploie aussi absolument pour <<sentir
cure, est cependant rapproché de l’irlandais sét mauvais)) ( 1640). Plusieurs expressions corres-
=Chemin, du gotique ~g&-sk@ <compagnon de pondent à l’idée de amauvaise odeur) : celu sent
voyagea (ancien haut allemand sindon (woyager»; son épaule de mouton En XVI”~.), sentir le lapin
allemand sinnen cméditep; + 0 sens). (1867). Par métaphore, sentir mauvais et ne pas
4 Sentir, verbe transitif, Sign%e 4tre informé par senti bon correspondent Il8351 à ales choses vont
les sens ou la sensibilité (quant à un fait, une qua- mal tourner>>.
lité, etc.lm 6n xie s.1et flconnaître ou reconnaître par +Dans l’ordre abstrait, en relation avec 0 sens et
l’intuitionn (10801,se sentir (et adjectif) équivalant à avec sentiment, le verbe signifie depuis le XVI” s.
<<avoir conscience de son propre état». Le verbe <prendre, ou avoir conscience de Iqqch.) d’une fa-
s’emploie aussi absolument Iv. 1175). Il a les valeurs çon plus ou moins nette>> (v. ~HI), d’où sentir que
spéciales Cv.1119) de <<percevoir par l’odoratu @n me s.) et se sentir, réfléchi indirect ( 15801,Ksen-
Cv.11201,valeur demeurée très courante, mais aussi tir comme étant en soi ou à soi>>ke sentir le courage
de cpercevoir par le touchep et même (v. 1180) del. 0 La valeur abstraite du verbe est parfois re-
«percevoir par le sonn, valeur disparue. OPar ex- couverte, en fiançais moderne, par la métaphore
tension, on a dit Ix# s.1 sentir une femme pour <la de l’odorat, cet emploi de sentir étant plus courant.
possédew Toujours au XII~s., sentir, dans le do- Le verbe est vieilli pour ((avoir le goût de- en par-
maine tiectif, se dit pour ((être affecté agréable- lant d’un plat, d’une boisson (1636). 0 A l’époque
ment par Iqqch.b et Nrecevoir une impression mo- classique, la valeur intellectuelle, appréciative du
rale>) (v. 11901.Au début du XIII~s., faire sentir ~qqqch.1 verbe est renforcée par l’emploi pronominal et par
à Qqn1 Sign%e <(faire qu’il en prenne conscience>> le factitif; se sentir signkit cv.16503((savoir de quoi
11221). La plupart de ces emplois d’ancien fkanqais on est capable )‘, <<êtremaître de soi» ; il ne s’emploie
ont disparu, à l’exception de la connaissance intui- aujourd’hui que sous la forme négative, par
tive et de la spécialisation pour l’odorat. Cette der- exemple dans ne pus se sentir de joie ( 1668)ou en-
nière correspond d’ailleurs à l’emploi du verbe core ne pas se senti 116651, ne plus se sentir Faire
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3465 SENTIR

sentir (1669) Sign%e efaire ressentir (qqch.)», par lier et parfois ironiquement en locution, par
exemple dans un texte, mais aussi avec une valeur exemple dans ça n’empêche pas les sentiments,
générale Iv. 17501, et se faire sentir, d’une chose, compris au sens d’&Xectionn+ Sentiment a désigné
Mdevenir sensible» ( 16901. Sentir gqch. pour 9912~l’ai- aussi (fm XVII~s,) la disposition à réagir de fwon af-
rnep (1672) a été remplacé par ressentir. 0 senti fective à qqch., acception sortie d’usage. * Le mot
gqn de loin «deviner ses intentionsti est relevé s’emploie également (av. 17141 pour parler de l’ex-
en 1670 (une expression équivalente est voir venir~ pression des phénomènes affectifs, en particulier
et senti C@I. de loin en 1690. 0 Le verbe s’em- dans les arts; le sentiment, notion essentielle au
ploie dans l’ordre esthétique pour ((appréciera> XVIII~s,, corne sensible’ et sensibilité, équivaut
! 1694, sentir la musique). La locution ne pas pouvoir (1735) à la vie dective, opposé à Z’action, à la rai-
senti gqn aavoir de l’aversion pour luin (1788) son; Ies gran& sentiments ales sentiments nobles,
donne au verbe la valeur de <supporter)), par spé- généreux>> Il 766) s’emploie parfois ironiquement
cialisation de apercevoir vivement}}, et est souvent pour «sentiments outrés)). C’est l’époque où appa-
interprétée comme wpercevoir l’odeur de* au fi- raît sentimental (ci-dessous3. Sentiment, dans
guré, d’où je ne peux pas le piffer (de pifKnez4. l’usage familier, correspond à <(démonstrations
ä SENTIMENT n. m. représente une refection sentimentalesu, notamment dans les locutions faire
Ii3 14 de l’ancien français sentement (v. 11901, dé- du sentiment 118451 et ne pas faire de sentiment
rivé de sentir; la plupart des emplois de sentement (xx” s.l &re pratique et dur». 0 Le mot a désigné
sont repris par sentiment, qui s’impose à partir du concrètement ( 1843) un bijou formé d’un assem-
XVI~siècle. + Sentement, puis sentiment dhsigne le blage de tresses de cheveux [marques des senti-
fait de percevoir, de sentir; cette acception est ar- ments). Cet emploi a disparu. 0 Sentiments au plu-
chaïque, y compris dans la locution perdre le senti- riel (xx” s.) s’emploie avec une valeur afkiblie dans
ment Ns’évanouirn ( 16671, où sentiment correspond des formules épistolaires de politesse (sentiments
à conscience. 0 En vénerie (1538, sentement), le mot distingués, cordiaux, meilleurs sentiments, etc.).
désigne l’odorat des chiens de chasse et l’odeur SENTIMENTAL, ALE, Aux adj. et n. apparaît
qu’ils perçoivent. A la même époque, le mot se dit en 1769 dans la traduction de The Sentimental Jour-
de l’État ou de la motication suscitée par une sti- ney de Sterne; le traducteur, J.-P. Fresnais, note :
mulation, sens repris par sensation. -Sentement &e mot anglais sentimental n’a pu se rendre en
(XIII~s.), sentiment ( 1559) avait pris le sens de Kcapa- français par aucune expression qui pût y répondre,
cité d’apprécier un ordre de choses, une valeur et on l’a laissé subsister. Peut-être trouvera-t-on en
morale, esthétique, (cf. les emplois correspondants lisant qu’il méritoit de passer dans notre 1angue.m
de @ sens). Le mot a eu (v. 1210) le sens de aconnais- En anglais, le mot était recent (17491, dérivé de sen-
sance». 0 Dès l’ancien français, le mot désigne timent, lui-même emprunt krvesJ au français.
(1279) un état qui relève de l’tiectivité et, spéciale- + L’adjectif, rapidement senti comme un dérivé
ment, une tendance affective stable et durable, tiançais de sentiment, s’applique à ce qui concerne
d’où l’emploi également courant (XIII” s.1 à propos la vie tiective, spécialement aux sentiments
de l’inclination d’une personne pour une autre, tendres, à l’amour; comme en anglais, il dénote
qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié. Dans ces em- d’abord une certaine élévation de sentiments, mais
plois, sentiment remplace sentement à partir des il prend rapidement une connotation péjorative,
xv”-xvre siècles. Le mot a désigné l’action et la fa- quatiant 11781) ce qui exprime une a$ectivité un
culté de penser Iv. 13901, d’où bon sentement pour peu rniévre ou artificielle, qui ne manifeste pas une
bon sens (v. 1390 ; + 0 sens), valeur qui ne s’est pas pensée solide (cf. romanesque). L’adjectif se dit en-
maintenue. * Sentement @in XIV~~3.1, puis sentiment suite (17971 de ce qui provient de causes subjectives
Il 5801se dit d’une opinion fondée sur une apprécia- et tiectives, opposé à réak&e, et d’une personne
tion subjective et non sur un raisonnement logique ; qui donne de l’importance aux sentiments tendres
cet emploi fournit au XVII’ s. les locutions au senti- et les manifeste volontiers (17981; en ce sens il s’op-
ment de «selon l’avis den 116591,juger pur le senti- pose souvent à sensuel, 0 Le mot est repris en ca-
ment (av. 1662) et Ù sentiments ouverts w,ns rien ractérologie (1945, n.1, opposé à actif: +Le dérivé
dissirntiern (16671, toutes sorties d’usage, l’accep- SENTIMENTALISER v. intr. (1801) et tr. (18453 est
tion du mot étant encore en usage dans un registre peu usité en français, alors que l’angltis to senti-
soutenu et littéraire. 0Ll désigne En xve s.) la mentalize est courant comme verbe intransitif.
conscience plus ou moins claire que l’on a de qqch. *SENTIMENTALISME n. m. (18011, péjoratif dans
puis ( 15801la faculté de connaître plus ou moins in-- l’usage courant, s’emploie en philosophie (1842)
médiatement un objet abstrait, alors opposé à rai- comme nom de la morale du sentiment chez Rous-
sonnement et, seulement à partir de la Renais- seau, Schopenhauer, etc + SENTIMENTALITE
sance (av. 1549, sentiment), la conscience de soi, la n. f. désigne (28043 un caractère très ou trop senti-
connaissance de son existence; de là vient l’emploi mental- Le mot lune, des sentimentaZités1 désigne
classique en philosophie pour (<intuitions ( 1674, Ma- une attitude, un geste sentimental (1842); cet em-
lebranche). *C’est en moyen français que senti- ploi est vieilli. 0 Il désigne spécialement le carac-
ment développe des acceptions liées à l’ordre af- tère mièvre d’une œuvre (1876). +L’adverbe SEN-
fectif <tendance affective- puis arancune, (13761, TIMENTALEMENT ( 1827) est assez courant.
remplacé plus tard par ressentiment et, à l’inverse, D’autres dérivés et composés du verbe sentir sont
*dévouement, zèles (16421, sorti d’usage. 0 Ees sen- usuels ou l’ont été. +Le participe présent SEN-
timents, en emploi absolu lav. 16781 s’oppose à TANT, ANTE, adjective, s’applique à un être qui a
Z’égotsme, Z’intérêt, aujourd’hui dans l’usage fami- la faculté d’éprouver des sensations (XIVes., isolé-
SEOIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment; repris en 1611). 0 L’adjectif a signi% *plein SION, PRESSENTIR, 0 SENS, SENSATION, SENSIBLE, SENSI-
de sentiments>> (v. 1360) et <<quirépand une odeur)> TtF, SENSORIEL, SENSUEL, SENTENCE, SENTINELLE.
( 15381,encore en 1660.11 a vieilli dans tous ses em-
plois. + SENTEUR n. f. apparaît Iv. 1354, F.e.w. ; seu- +k SEOIR v. intr est I’aboutissement (v. 11751,
lement XVI’?s. selon T.L.F.) comme terme de véne- par sek Iv. 11551, des formes seder Iv. 980) puis se-
rie; il désigne généralement une odeur forte, d& Cv.10501, issues du latin sedere, au supin ses-
désagréable Iv. 1380) ou plus souvent agréable sum; ce verbe indique la station assise par opposi-
(1471, au pluriel) ; avec cette dernière valeur, il s’est tion à stare 4tre debout* (+ ester) et à cubare Hêtre
employé dans la locution de senteur atrès odorant>) couché» I-, concubin, incuber). Sedere a pris de
(1514, pomme de senteur). Pois de senteur désigne nombreux sens spéciaux dans la langue du droit et
couramment (1791) la gesse odorante. +SENT- du rituel, se disant du magistrat qui siège et de l’au-
BON n. m. est un équivalent familier de ~parfum~ gure qui prend les oracles. 0 Il signifie aussi <<de-
( 15301, employé en fkançais moderne dans le lan- meurer, séjourner» et familièrement tir-ester înac-
gage enfantin. + Le participe passé SENTI, IE adj. tif}) ; en parlant de choses, il a le sens de «rester
et n. m, s’est appliqué ( 1758) à un sentiment sin- stable, demeurer fixén. Sedere se rattache à une
cère, sérieux puis, dans le domaine des arts, à ce base indoeuropéenne conservée sous diverses
qui est exprimé avec vérité (1770, aussi le senti formes, par exemple hedru asiègen en grec (dont le
n. m,). 0 Bien senti aexprimé avec viguewb (1876) composé Jzathedra a donné cathédrale*), saditi
s’emploie par extension et familièrement en par- Gtablirm en vieux slave, d’où le russe sadit’sju) sut-
lant d’un coup (xx” s.3.0 Le nom, repris au xx’ s. en iun aposern en gotique (cf. I’angltis to sit 4asseoirs
philosophie, désigne ce qui est senti ou ressenti. I-, sit-in1 et to set aposern [+ offset, set], l’allemand
Le préfixé RESSENTIR v. tr. semble peu employé setzen, etc.).
jusqu’au me siècle. Comme pronominal (v. 1190,
soi resentir) il Sign%ait <se sentir de nouveau} et + Seoir apparaît avec le sens étymologique d’4tre
comme transitif (XIII~ s.) nexhaler l’odeur den, isolé- assis> Iv. 980; aussi pronominal), déjà considéré
ment au xrv” s. «reprendre ses sensn. Ces valeurs comme vieux à l’époque classique, sauf à l’infïnîtif,
ont disparu. + Ressentir signif?e aujourd’hui à l’indicatif et à l’impératif présent, mais en général
&Prouver les conséquences d’un événement» remplacé par s’asseoir*. 0 Ce verbe reprend en-
(1557) qu’eues soient avantageuses (1564) ou pé- suite au latin plusieurs acceptions : 4tre situé
nibles (1669). Se ressentir de a signi% <<sevenger de (quelque part), ( 11601, aséjourner)) (11751, sorties
(une injure, etc.)n ; ressentir gqch., qqn s’est employé d’usage ; aêtre convenable, bien aller= Iv. I 1751,litté-
(1561) comme ressentir ù (déb. XVII~s.) pour {(porter raire aujourd’hui et rarissime, sauf à l’impersonnel
le caractère de (qqch., qqn)>>, jusqu’à la fin du lil sied...). 0 L’idée de «demeurer» s’est réalisée
XIX~ siècle. 0 Le verbe s’emploie aussi pour «sentir dans seoir devunt <(faire le siège de>) (v. 12101, celle
vivement (l’effet moral d’une cause extérieure))> de aconvenirti dans l’emploi pour <<avoirlieu à telle
E15801, d’où ressentir un outrage, une injure Il6 17).
date)) (XIII” s.1,sens propres à l’ancien et au moyen
oLe verbe a été utilisé à l’époque classique aux kançais. oSeoir s’est employé pour aêtre assis
sens de areconnaître, discerner (un sentiment, dans une assemblée» (XIV” s.), encore à l’époque
etc.lB En XVI~s.), sens assumé aujourd’hui par sen- classique, remplacé ensuite par Si!éger.
tir, et de ase souvenir avec reconnaissance ou avec b Si le verbe n’a plus beaucoup d’usages, certains
rancune’> (cf. ressentiment) Il6 17, aussi pronomi- de ses dérivés et composés sont restés usuels.
nall. 0 fl signif?e aussi ! 1636) &Prouver lune dou- + SÉANT, ANTE adj. et n. m., participe présent de
leur physique))}, puis (1644) 4tre sensible à (ce qui seoir, d’abord sedunt (v. 10501,est écrit seant depuis
arrive à autruiIn et C1680) -être pleinement Lu Chanson de Roland (10801 et signifie QLMS,
conscient de (un état subjectif)-; se ressentir de aussi dans la locution en seant, puis en son seant
s’emploie ( 16901 au sens de <continuer à éprouver Iv. 11301, devenue sur mn séant (v. 12651, toujours
les effets d’une douleur morale ou physique>. Au en usage. L’adjectif s’est employé pour «décent,
négatif et suivi d’un irkitif, ne pas se ressentir de..., convenable» iv. 11801,sens aujourd’hui littéraire, de
qui remplace souvent ne pus se SentiP, signifie <<ne même que l’acception “qui contient à (qqch., qqn)%
pas se sentir capable de, disposé à..., Au début du dans séant k (v. 1360) et l’impersonnel il est séant
xx” s., s’en ressentir pour équivaut familièrement à de (1538). OL’adjectif a Sign%é en ancien et en
<se sentir en bonnes dispositions pouru (19 191.* Le moyen fkncais <<avenant» (XIII~s.), Nbien placé%
dérivé RESSENTIMENT n. m. (15581, réfection de (12201, asitués (1278); ce sens a disparu Mats le mot
recentement Iv. 13001 puis resentement (15441, signi- était encore vivant à l’époque classique appliqué à
fie d’abord cfait de se souvenir avec rancune, ani- une personne qui siège dans une assemblée (de-
mosité-, seul sens demeuré vivant. De la ~HIdu XVI~ puis 1440-1475). *Au sens de “qui va bien», séant a
au XVII~s., il s’est dît, en relation avec le verbe, du été remplacé par SEYANT,ANTE El769 &Un&
fait d’éprouver une douleur (15741, une impression Resta, variante d’après les formes de l’imparfait
morale ( 15801.0 bis il a eu le sens ( 16 121 de <<senti- du verbe. + Substantivé, séant n. m. 116941se dit fa-
ment éprouvé en retour)}, encore à la fk du milièrement pour Mderrièren. Sur son séant aassis*
XVIII~siècle; on a dît à l’époque classique ressenti- est d’emploi normal et moderne, parfois plaisant.
ment pour +o&ance moralen. 0 Aujourd’hui, ce +L’adjectif SIS, SISE, du participe passé de seoir,
substantif spécialisé pour «rancu.nen n’a plus de signZe flsituén (12901 et ne s’emploie plus qu’en
rapport sémantique avec le verbe dont il dérive. droit (depuis 16711; l’ancien provençal sizu se disait
0 voir ASSENTIMJZNT. CONSENSUS, CONSENTIR, DISSEN- ( 1350) de la position d’un vers.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3467 SÉPARER

De séant dérive SÉANCE n. f. (XIII~s-1qui a d’abord CV. 1200) “qui ne convient pas,, est archaïque. Il a été
signifié <aptitude, convenaxe>> (1266, en se seance) substantivé (12501. oMESSÉANCE n. f. Iv. 1270)
et flsituation (topographiqueIn. De là, à la séance s’est employé jusqu’au milieu du XVIII~siècle.
de qqn aselon sa convenancen (v. 13103, encore SURSEOIR v. tr., réfection (XIV” sJ d’après seoir de
au XVII~s. sous la forme selon la séance (de formes comme surseair Iv. 10901, est composé de
qqn) iv. 16501, disparu ensuite. 4 Au xwe s., séance sur- d’après le latin supersedere <<être posé sur+- et
prend le sens ( 1356) de &union des membres au figuré Kse dispenser de%, Ns’abstenir deB, lui-
d’une assemblée, d’une compagniem, demeuré même de sedere. La forme supercéder (16 Il), précé-
usuel en français contemporain. 0 Le mot s’est em- dée par supercedir en ancien provençal (14561, est
ployé à l’époque classique pour <<fait d’être assis» empruntée au latin. 0 Surseoir a signiU as’abste-
(v. 15501, sorti d’usage au xvf s., et au sens de droit nir de faire qqch.m ( 157 1, pron.3 puis aremettre à
de siéger dans une assemblée- (1580), d’où avoir plus tard* ( 1255, sourseoir). On ne l’emploie plus
séance «siéger, se réunir-n 11594, Il s’est dit aussi de que dans la construction surseoir 9 Il636 ; h XVI~s.,
la place réservée à un magistrat ( 1602) et en géné- surséer b). +Du participe passé vient SURSIS
ral du siège où qqn s’asseoit ( 1606). + Au sens mo- n. m., d’abord sorsis ~XII~ s., «échappés ; v. 1175 men-
derne, séance désigne par extension (1636) la durée volé)), en chasse), repris au sens de <<délai, remise>>
d’une réunion et aussi le temps que l’on passe à (déb. XVII~s., sursoy; forme moderne, XVII~s., in Fu-
table ou dans une visite (16941, cet emploi étant retière) et par métonymie ({période où une obhga-
sorti d’usage. Le mot s’emploie ensuite pour la du- tion est remise>. Ce sens est conservé dans l’emploi
rée déterminée consacrée à un travail, etc. moderne en droit pénal, concernant la suspension
Iv. 17841, notamment de la pose chez un peintre d’exécution d’une peine (peine de prison avec sur-
(18001. 0 Séance tenante <(au cours de la séance= sis, opposé à ferme). 0 Le mot a pris une valeur ad-
(18021 se dit au figuré comme locution adverbiale ministrative, notamment à propos de l’autorisation
pour «sur-le-champ> (18351.0 Séance désigne aussi de surseoir à l’incorporation dans l’armée, le sursis
(av. 1880) le temps consaoré & certains divertisse- étant remplacé en 1973 par le report d’incorpora-
ments, spectacles. Cette valeur s’est diffusée avec tion (ci-dessous sursitairel. On trouve en ancien
le cinéma (première, deuxième, dernière séance), au fiançais ( 1098) sursise n. f. ((manquement de qqn qui
sens métonymique désignant le spectacle lui- néglige ce qu’il devrait faire*. 0 Sursis a pour dé-
même, puis au figuré et en emploi familier rivé SURSITAIRE adj. et n. qui s’est appliqué
(mil. xxe s.) le speotacle donné par qqn qui se 11915) à un homme affecté au service civil en temps
comporte d’une façon bizarre ou insupportable. de guerre, puis (19231 à la personne qui bénéficie
+ PRÉSÉANCE n. f, a été formé (1580) d’après le la- d’un sursis, spécialement d’un sursis d’incorpora-
tin pruesidere <être assis en avant» et au figuré tion. oLe participe présent de surseoir a donné
weiller surm, Kavoir la préséance>> (3 présider). Ce SURSÉANCE n. f. (13721, ~~d6lab, employé dans la
nom désigne le droit de précéder qqn dans une cé- langue classique puis éliminé par sursis.
0 Voir ASSEOIR. SÉDATIF. &DENTAIRE, SÉDIMENT, SELLE,
rémonie protocolaire et, par extension (16861, une
STÈGE: aUSSi DISSIDENT, INSIDIEUX, OBSkDER, POSSÉDER,
prérogative due à l’âge, au rang, etc. Le verbe pre-
PRÉSIDER, RESIDER, SUBSIDE ainsi que NID et son groupe.
seoir, de pré- et seoir, était attesté en ancien fran-
çais . SÉPALE n. m. est la forme francisée du latin
Séant a fourmi k composé BIENSÉANT,ANTE scientsque sepulum ( 17901, mot créé par le bota-
adj ., d’emploi littéraire, d’abord écrit en deux mots niste allemand Necker à partir du grec skepê ace
et appliqué (1080) à qqn d’avenant, de bien fait, ac- qui recouvre, couverture, protection*, sans étymo-
ception disparue. Bienséant ;i @~III “qui convient» logie établie, croisé avec le latin botanique petalum
(XLII~s.1 est archaïque et littéraire. L’adjectif prend apétalen. La forme normale e-Lrtété skepulum.
un sens moral et social à partir de l’époque clas- 4 Sépule désigne chaque foliole du calice d’une
sique. *Il a servi à former BIENSÉANCE n. f., qui fleur.
désignait ce qui convient à qqn ( 1534 et s’employait
F Le mot a fourni en botanique des dérivés et
dans la locution être a la bienséance de qqn (XVI~ s.) composés : SÉPALOÏDE adj. (18711, de -o&*, sÉ-
*convenir». 0 Le nom se dit (15593 aujourd’hui à
PALAIRE adj. (1877) et des préf&s: MONOSÉ-
propos de ce qu’il convient de dire OUfaire selon les
PALE adj. (17901, de mono-*, GAMOS~~PALE adj.
usages, dans une société donnée. Le sens de “qua-
( 18401, de gumo-, du grec gumos «mariage, union))
lité d’une œuvre qui répond aux critères du gofit (-+ gamète).
dominantm (1622) ne s’emploie plus qu’en parlant
du XVII~siècle. +A bienséant s’oppose MAL- SÉPARER v. tr. est emprunté (1314) au latin se-
SÉANT, ANTE adj. (16651, “qui ne convient pas>> parare fimettre à part>>, au propre et au figuré,
puis “qui n’est pas bienséantm, dont dérive MAL- composé de se- marquant la séparation I+ séduire)
SÉANCE n. f. (15733, à peu près sorti d’usage. et de parure apréparerb, w-rangeru (t 0 et 0 pa-
Des verbes composés à partir de seoir, restent mes- rer), lui-même intensif de purere. Purere signifie
Seoir et surseoir. +MESSEOIR v. intr. Iv. 122Ol, de ~~procurer~ et, par spécialisation, «faire naîtrem
mes- négatif, est employé en ancien français au (cf. parent, primipure, etc.), cproduireu; 11 se rat-
sens concret d’&tre mal placé, mal conformé, et au tache à une racine indoeuropeenne “per- “pro-
sens moral de cmal conver&. Il est inusité au- curer». Separure a abouti en hnçais, par évolution
jourd’hui sauf à la 3epersonne du présent : il mes- phonétique, à sevrer”.
sied 4l ne convient pas,, très littéraire. o Le dérivé $ Séparer a d’abord le sens général de afaire cesser
MESSÉANT, ANTE adj., attesté peu avant le verbe d’être ensemble (des personnes, des animaux)>). AU
SÉPIA 3468 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pronominal, le verbe si@e cv. 1398) “se diviser en Cv.1282) à 4ndissolublen en parlant d’un mariage.
plusieurs éléments>>. Q Le transitif s’emploie par Q Il s’applique aujourd’hui à ce que l’on ne peut sé-
extension (1461) pour adésunir (ce qui formait un parer, dans l’ordre concret ou abstrait, spéciale-
tout4 et Km xv” s.) <constituer une séparation, éloi- ment à des éléments du langage (16071, à des per-
gner (d’une destination)> en parlant d’une distance. sonnes 116561, d’où l’emploi substantif (16801,
0 Le verbe prend au xwe s. le sens de udivker, par- surtout au pluriel des inséparables (1690). Spécialle-
tager} (15381, surtout dans se séparer 116901,et abs- ment, Enséparables n. m. pl. ou f. pl. (av. 1867) se dit
traitement celui de 4istinguer, classer par une de perruches qui ne peuvent être élevées que par
opération de l’espritfi 11549). ~Séparer un combat couples. 0Le dérivé INSÉPARABLEMENT adv.
4e faire cesser en séparant les combattants* a dis- ktv%.)estassezrwe.oINSÉPARABILITÉ n. f. (fin
paru, remplacé par séparer des combattants (1559). xwe s.), ra;re lui aussi, est un dérivé de l’adjectif ou
0 Dans l’ordre abstrait, séparer se dit de notions, est emprunté au bas latin inseparabilitus.
de qualités pour &+inguer de manière à ne pas ~ÉPARATEUR,TR?CE adj. et nm., emprunt
confonckem (1629). 0 Séparer des personnes peut adapté au bas latin sepurator, s’applique a ce qui a
correspondre à Krompre les liens entre elle3 la propriété de séparer Iv. 1560, faculté sépuratrice).
115521, d’où se séparer (16361 «cesser de vivre l’un Comme substantif, séparateur n. m. désigne (1859)
avec l’autre» et, en droit, separer de corps, de biens un appareil destiné à séparer les composants d’un
(16801 surtout au passif. Se séparer de gqn (xx” s.1, mélange, acception reprise dans divers domaines
euphémisme pour <congédier qqn», s’est surtout dit techniques au & s., en parlant d’une cloison iso-
à propos d’employés travaillant auprès de leur em- lante entre les plaques d’un accumulateur Il 904,
ployeur, dans sa vie privée (domestiques, secré- en physique dans séparateur d’isotopes, en infor-
taires). +Avec un sujet désignant la cause, chose matique pour nommer le symbole d’un langage de
ou personne, le verbe si@e ( 1667) <former un obs- programmation qui sert à délimiter des unités syn-
tacle entre deux personnesm ; avec cette valeur abs- taxiques. 4 SÉPARATIF, IVE adj., emprunt des
traite, séparer si@e aussi (16903 <constituer une grammairiens au bas latin sepurutivus <&jonctifx,
différence (entre des personnes, des choses))>. dérivé de separatio, est introduit au début du
+Dans le domaine concret, séparer a aussi le sens XVII” s., appliqué à ce qui opère une séparation
(1690) de «diviser (dans l’espace) par une sépara- chimique, en parlant du feu 11608). Il s’emploie au-
tions et se séparer de <se dispersep ( 1690). - Dans jourd’hui IlSO pour qualifier ce qui constitue une
le vocabulaire religieux (16971,le verbe s’est spécia- séparation. ~SÉPARATISTE n. et adj., ,employé
lisé au sens de aprononcer une sentence d’inter- (16501 en parlant d’une secte opposée à 1’Eglise an-
diction>>, c’est-à-dire aséparer de l’Eglise». glicane, reprenait l’anglais sepurutist, dérivé de
b Le dérivé du participe passé, SÉPARÉMENT to sepurate, de même origine que le verbe fkançais.
adv., d’abord écrit separeement (1370) et sous la Le mot aussi a désigné (1666, n. m.1 une personne
forme moderne au xvres. (15382, s’emploie pour aen qui se détache des choses mondaines. Repris en
séparant>> et «en étant séparé» au propre et surtout politique Il 796 à propos des provinces allemandes),
au figuré, abstraitement Iétiier &UX cas séparé- puis en religion, il s’est dit (1845) de qqn apparte-
ment). nant à une communauté dissidente. 0 Il s’applique
Plusieurs mots de la même famille sont empruntés couramment ! 18451 à une personne favorable à une
à des dérivés du verbe latin ou de son supin. + SE- séparation, religieuse ,ou politique et désigne,
PARATION n. f., emprunté (1314) au latin sepuru- d’abord à propos des Etats-Unis (18711, une per-
ti, désigne comme en latin le fait de séparer (des sonne qui demande ou fait une séparation politique
choses, des personnes), le fait de se séparer et son par rapport à un État kf. autonomiste). 0 Le dérivé
résultat. Le mot a signifié aussi (déb. xrve s.1 SÉPARATISME n. m. s’est employé à propos de
Nbrouille, fait d’être en lutte avec qqn» et (1552) *fait l’Église anglicane (172 11et reste usuel avec une va-
de cesser d’être ensemblem. 0 Il se spécialise dans leur politique Il 7931.
le vocabulaire juridique (1636) dans séparation de
corps, de biens, plus tard (1845) de dettes. 0 Il dé- SÉPIA n. f. reprend le latin sepiu comme nom
signe aussi concrètement ce qui sépare (cf. cloison, scîentsque de la seiche (1832; + 0 seiche), d’abord
mur) et abstraitement l’action de séparer (v. 1700, adapté en ceppia (16651, seppie (1791). Sépia est par
mur de séparation). Au mle s., on relève une nou- tieurs emprunté 11804) à l’italien seppiu.
velle valeur concrète en sciences, sépuratin des 4 Le mot, comme son étymon italien, désigne le li-
métaux Il 7181. 0 Avec l’idée de &isjonctionn, le quide brun ou noirâtre que répand la seiche, qu’on
mot s’utilise en politique dam séparation des pou- emploie pour le lavis puis, par métonymie (18381,
voirs Il 79 11,notion essentielle du parlementarisme, un dessin fait à la sépia (alors d’un brun rougeâtre) ;
en droit privé séparation des patrimoines (18041, et on trouve parfois en ce sens au me s. l’orthographe
séparution des &Lises et de I’Éfut 11830, Lamen- italienne.
nais). - SÉPARABLE adj., emprunt au dérivé latin k SÉPIOLE n. f., emprunt savant (1812) au latin se-
separubilis (13901, a dû rapidement passer pour un piola, dixninutif de sepia, désigne un mollusque
dérivé fknçais du verbe. Employé aussi au figuré, aussi nommé souchot (+ 0 seiche).
l’adjectif quaMe aussi ce qui peut être divisé en
parties 11626). oLe dérivé SÉPARABILITÉ n. f SEPT adj. numér. est la réfection graphique
(17001 est didactique. +INSÉPARABLE adj. etn., d’après l’étymologie (v. 1190) de sep Iv. 9801, set
du latin insepurubilis I-t 0 in-), d’après séparer ké- (v. 10501, formes issues par voie orale du latin sep-
paruble n’était pas encore attesté), équivalait tem nseptn, qui a des correspondants exacts dans le
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3469 SEPT

grec hepta (-, hebdomadaire, hept-1, le sanskrit À partir de sept ont été formés plusieurs composés.
suptci, l’avestiquehuptu, l’irlandais secht. + SEPT-~IL n. m. inv. (17681, d’abord écrit setiille
+ Sept apparaît comme adjectif numéral cardinal, n. f. CV. 1220) [+ œill, désigne régionalement un
introduit dans des locutions avec une valeur sym- poisson serpentiforme qui porte sur la tête sept
bolique, par exemple les Sept Sages de Rome marques semblables à des yeux. -SEPT-HUI-
(XII~s.1, les sept sacrements, les Sept Merveilles du TIÈME n. m. (me s.), de huitième, terme de mode,
monde, etc., puis employé en combinaison (1273) désigne un manteau un peu court Icf. Pobquuti).
avec un autre numéral. Le mot est substantivé au *SEPT-MÂTS n.m.(+ mât).
XV~~s., d’abord pour désigner une carte de jeu mar- Plusieurs mots ont été formés en français à partir
quée de sept points (16641, puis le nombre sept. À du latin septem. *sEPTILLION n. m. (1520, septi-
l’époque classique, etre &XX~ son sept simait «en lion), d’après quudrilloa, désigne un million de sex-
être au Te mois d’une grossesse> (1718) ou =au ttions. *SEPTICOLORE n.m. (1791, SeptiCOlOr;
7” jour d’une maladiem 11718). Le nom s’emploie au 1875, -are), d’après tricolorrel, d&&nme en zoolo-
sens de «7” jour du mois» (1871). +L’emploi ordinal gie un petit passereau à teetes très variées. * SEP-
au sens de NseptièmeD n’est attesté que tard dans le TIDI n. m. (1793, Fabre d’Eglantinel a désigné le
XVIII~ siècle. 0 La locution nu&ro sept (1867, sept septième jour de la décade dans le calendrier révo-
n. m.1 pour *crochet de ch8onnierm est sortie lutionnaire . + SEPTUOR n. m. (18051, d’après qua-
d’usage. tuor, est un terme de musique désignant une
wDeux mots ont été formés directement sur sept. composition musicale à sept parties, puis (1874)
+SEPTIÈME adj. et n. (15381, d’abord écrit sep- une formation de sept instrumentistes.
tiesme (14871, est la réfection de setime Iv. 11381, D’autres mots sont empruntés à des dérivés latins
septisme (XIII~s-1,setiesme (v. 12071. Ces formes, dé- de septem. + SEPTANTE adj. numér. tard. est la
rivées de set, puis sept (ci-dessus), se sont substi- réfection iv. 1240) d’après le latin de l’ancienne
tuées à l’ancien fiançais sedme Iv. 10501, setme forme setante Iv. 1120), issue d’un latin populaire
lu. I IN), issu du latin septimus c<septiémeB, dérivé “septunta, alltération du latin classique septuaginta
de septem. Cette forme ancienne, setme, était en- asoixante-dix*. Septante reste en usage dans la par-
core en usage au XVII~~s. dans la langue administra- tie est de la France allant de la Belgique à la Pro-
tive et est signalée par Ménage pour désigner ré- vence; il est norrnal et courant en Belgique et en
gionalement (Anjou, Poitou) le service religieux Suisse romande, soixante-dix l’ayant remplacé en
célébré sept jours après un enterrement. 0 Le mot français central. *Les Septante n. m. pl., didac-
moderne, sufké en -2me, s’emploie d’abord tique, désigne les 70 (ou 721 traducteurs du texte
Iv. 1138) comme adjectif numéral ordinal de sept, Il hébreu de l’Ancien Testament en grec ; de là, par
sert à former les ordinaux correspondant aux ordi- ellipse, la Septante n. f. ala version des Septante=.
naux en sept. 0 Le premier emploi substantivé 0 Le dérivé SEPTANTIÈME adj. numér. ordinal
(1472, septimne) désigne un impôt (d’un septième) (1538 ; 1530, septuntksmel -soixante-dixièmem est en
sur le sel ; on trouve ensuite la valeur générale de usage en Belgique et en Suisse romande. *SEP-
G’~partie d’un tout», comme adjectif numéral TUAGÉSIME n. f., réfection (XIII~s.1de settuugisme
116721, puis comme nom 11694, septiesme). 0 Le Cv.11901, est un emprunt au latin ecclésiastique sep-
nom féminin, une septième, désigne en musique tuugesimu kEesl 4oixante-dixième (jour)», f&inin
( 1671) un intervalle de sept degrés. Il s’est employé substantivé de l’adjectif latin classique septuugesi-
en parlant d’une suite de sept cartes de la même mus <soixante-dixième>, dérivé de septuuginta. Le
couleur (1680). À la ti du XVII~s., avec la valeur ini- mot désigne, dans la liturgie catholique, le di-
tiale d’ordinal, on relève la locution &e dans son manche qui précède de deux semaines le carême.
septième, sous-entendu *mois de grossesses, en +SEPTUAGÉNAIRE adj. (v. 13801, didactique ou
concurrence avec dans son sept Ici-dessus). Le nom littéraire, emprunte au bas latin septuugenurius le
s’emploie aussi à propos d’une personne occupant sens d’aâgé de 70 ans ou plusm, spécialisation du la-
la septième place (attesté x12 s.l. 0 Septime n. f. tin impérial “qui contient TO,,mot dérivé de septuu-
est ensuite (18121 le nom dans l’enseignement pri- geni qui désigne la répartition (a70 chacun»), luî-
maire de la septième classe, remplacé récemment même de septem ou de septu@ntu. +SEPTEN-
par COUTSmoyen Zeannée. 0 Quelques locutions NAL, ALE, AUX adj ,, relevé une fois vers 1330
formées avec l’adjectif ordinal au xrx” et au xxe s. (texte de 1469 selon T.L.F.) et repris en 1722, est dé-
sont usuelles, telle êtie au septième ciel” (v. 18401. rivé savamment avec le suf6xe -al du bas latin sep-
Le septième art <Je cinéman 11921) fait référence à tennis (ou septuennisl aâgé de 7 ~JW, composé de
un classement des arts en six. oLe dérivé SEP- septem et de -ennk, issu de uP1nu.s(-* an). Cet ad-
TIÈMEMENT adv. (septiksmement, 1479 ; sous la jectif didactique Sign%e “qui dure sept ans, se re-
forme actuelle, 1564) est usuel. * SEPTAIN n. m. nouvelle tous les sept ans». 0 II a fourni SEPTEN-
est le nom donné (v. 1500-1548) à un poème ou une NALITÉ n. f (18231, rare, et SEPTENNAT n.m.
strophe de sept vers. Le mot s’était employé au (1873; 1823, d’après Bloch et Wartburg), formé sur
XVI~s. comme adjectif dans fi&we septaine “qui re- le modèle de décennut pour désigner une durée de
vient tous les sept joursy. -=3La forme septen. (13091, sept ans (en parlant d’une fonction, d’une magistra-
réfection de setain Iv. 11601,avait désigné une rede- ture) et spécialement (1873, pour Mac-Mahonl de la
vance sur le sel. Septain (13801, d’abord septein période pendant laquelle un président de la Répu-
(1317) au sens ancien de Hnombre de sept unités>), blique, en France, est en fonction. +SEPTUPLE
sorti d’usage, avait désigné Il4211 un paquet de sept adj. et n. m., “qui est rkpété sept fois, qui vaut sept
serviettes destinées à la semaine (cf. semainier). fois-, est emprunté au bas latin septuplus Nsep-
SEPTEMBRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tuple)), substantivé en septuplum, d’abord comme impérial septentrio (ou septemtriol, nom singulier
adjectif (1458) puis comme nom (1484). 0 Le dérivé formé sur le pluriel septentriones des sept bcwfs de
SEPTUPLER v., didactique, est attesté une pre- labourn, nom de la constellation appelée plus tard
mière fois en 1493 (v. tr.) et repris en 1771. Son par- I’Ourse (Grande ou Petite Ourse) et par extension
ticipe passé substantivé (des septuplés, n. m. pl.1 dé- *vent du nord% et ((contrées septentrionales, pôle
signe sept enfants nés d’une seule grossesse. 0 Le Nord>. Ce mot est composé de septem (+ sept1 et de
composé SOUS-SEPTUPLE adj. et n. m. (18761, de trio, -0ni.s cbœuf de labourn, terme rare et ar-
sous*, est un terme de mathématiques. + SEPTÉ- chaïque, peut-être apparenté à terere &otten,
NAIRE adj. et n. ma est emprunté, à la ti du xv” s. ausep et Gbattre (le grain)~ C+ détritus, trier, tritu-
( 14951,au latin septendus acomposé de septs, spé- rer). Le sens de septentines n’étant plus compris,
cialement employé au pluriel comme terme de le singulier s’est substitué au pluriel pour désigner
métrique, dans septenarius versus et septenarius le nord.
numerus 4e nombre sept». 0 L’adjectif s’est + Septentrion a repris les valeurs du latin pour dé-
d’abord dit (xv” s.) de ce qui dure sept jours, puis signer le nord (v. 1155) et poétiquement la constel-
sept ans (XVII~ s., parlement septénairel et d’un lation (1380, pour la Petite Ourse ; 1636, pour la
mandat de sept ans (septennul ci-dessus). Le nom a Grande Ourse), en concurrence avec le Chariot. II
désigné ( 16941chacwe des périodes de sept ans se- s’est dit pour «vent du nord* 11530). Seul le premier
lon laquelle on divisait la vie de l’homme; il s’est sens est encore en usage, dans un registre archti-
employé en médecine Il8551 au sens de <période de sant.
sept jours, dans la durée d’une maladien. Lorsqu’il
.SEPTENTRIONAL,ALE,AUX adj.eStempwté
n’est pas archtique, Ie mot est très didactique.
(déb. XIV~s.1 au dérivé latin septentrionalis. Le mot,
* SEPTEMVIR n. m. est un emprunt (1636) au latin
qui Sign%e <<du nord, situé au nordm, est rase
composé de septem et de W d’hommes (-+ viril).
jusqu’au xwe s., puis didactique (mais non pas
Terme d’kntiquité romaine, il conserve les accep-
vieilli3 comme adjectif correspondant à nord, en
tions du latin, désignant chacun des sept magis-
concurrence avec nordique.
trats, membres d’une commission chargée du par-
tage des terres et chacun des sept prêtres qui
SEPTIQUE adj. est un emprunt savant (1538
présidaient aux festins Sa&s. + SEPTIME n. f. est
medecine septique) au latin impérial septicus “qui
un emprunt savant (1859) au latin septimus pour
putréfien, lui-meme emprunté au grec sêptikos, dé-
désigner en escrime l’une des lignes d’engage-
rivé de sPpein «faire tomber en pourriture>, d’où en
ment. * SEPTIMO adv., équivalent rare de septiè-
général *décomposer les chairs>> et au figuré «cor-
mement, reprend (1842, Académie} le latin impérial
rompre, gâter*. L’origine de ce verbe est obscure;
septimo <<pour la 7efois)>,ablatif neutre adverbialisé
on l’a rapproché du sanskrît kyüku «champignonB
de septimus.
et du lituanien Sikpti mpourr+, sans pouvoir re-
0 Voir SEMAINE, SEPTEMBRE, SEPTEM’RION.
constituer un groupe de mots indoeuropéens.
SEPTEMBRE n. m. représente une réfection + Septique, terme de médecine, s’est d’abord em-
112261, d’après le latin, et à côté de l’emprunt sep- ployé au xv~~s. avec la valeur du mot latin, au sens
tember Iv. 1119, Ph. de Thaon), de l’ancienne forme de “qui fait pourrir les chairs (en parlant d’un to-
setembre (v. 11551,usitée jusqu’au xwe s. et issue du piqueIn. 0 Repris au xrxe s., l’adjectif qutie les ef-
latin september, dérivé de septem (=+sept). Septem- fets de germes (18121 et ce qui produit la putréfac-
ber désignait le 7” mois de l’ancienne année ro- tion (18451, emplois disparus. ODepuis Pasteur
maine, commenqant en mars. lapr. 18701, le mot se dit de ce qui produit l’infection
+ En tiançais, le mot désigne le neuvième mois de (microbe septique1 puis de ce qui présente une in-
l’année actuelle. 0 L’expression massacres de sep- fection d’origine microbienne (xx” s.,plaie septique).
tembre désigne la vague de crimes révolution- II est surtout courant dans fosse septique (19 101,
naires commis entre le 2 et le 5 septembre 17%. Ce adaptation probable de l’anglais septic tank ( 18961,
syntagme attesté chez Chateaubriand CMémoires ou l’adjectif septic vient du même mot latin.
d’outre-tombe1 a dû être employé très tôt. &e dérivé SEPTICITÉ n. f. t18241, didactique, se
b De là viennent SEPTEMBRISER v. tr. (1793 ccexé- dit du caractère de ce qui est infectieux.
cuter sommairement et en masses, qui a fourni Sur la base septique ont été composés deux termes
SEPTEMBRISEUR n. m. (1792) o'u SEPTEM- courants en médecine. b ANTISEPTIQUE adj.
BRISTE n. m. 117921,sorti d’usage, et SEPTEMBRI- (17631, de 0 an&, comme l’anglais antieptic El7531
SADES n. f. pl. 117981 emassacres de septembrep, de même origine, rapidement substantivé (un anti-
avec le même sufExe que noyade (apparu à la septique; 17651, est passé dans l’usage courant.
même époque}. ~Tous ces mots ne s’emploient 0 En dérivent ANTISEPSIE n. f. (18801, d’abord
que par allusion à 1792 ou à des événements ana- (1865) mascülin, formé d’après le grec sèpsis “pu-
logues. tréfaction, fermentation)>, et ANTISEPTISER v. tr.
Le dérivé SEPTEMBRAL,ALE,AUX adj., d’abord (18921,vieilli. + ASEPTIQUE adj. (1871; de a- priva-
dans purée septembrale (1534, Rabela3 &II=, est tif) s’emploie aussi au figuré pour <<exempt de toute
peu usité pour qutier (187 1) ce qui est propre au corruptionm . ODe là ASEPSIE n. f. cv.18801 et
mois de septembre. ASEPTISER v. tr. 11897; v. 1900, p. p.1 dont procède
ASEPTISATION n. f. (19071, tous usuels en méde-
SEPTENTRION n. m., écrit septentriun cine. ~ASEPTXQUEMENT adv. Cl9101 est plus
(v. 1155) puis -mon (v. 13801, est emprunté au latin rare.

c
DE LA LANGUE FRANÇAISE SÉQUESTRE

SEPTICÉMIE n. f. est un composé savant (1847) du prunté à l’anglais sequel ( 17931, lui-même pris au la-
latin septicus et du grec haima asan& I-P -émie3, sur tin médical sequela, et s’applique en médecine
le modèle de anémie*. Il désigne en médecine, puis 119041, le plus souvent au pluriel, aux suites et aux
couramment une maladie provoquée par le déve- complications d’une maladie ; par extension, le mot
loppement de germes pathogènes dans le sang; en Sign%e dans l’usage général ceffet inévitable, mais
dérive sEPTICÉMIQUE adj. 11857) et n., amalade isolé et passager (d’un événement grave)>>.
atteint de septicémie>>. + Voir SÉQUENCE.

SÉPULCRE n. m. (v. 11201, d’abord sepulcru SÉQUENCE n. f. est emprunté (v. 11701 au bas
Iv. 9801, est un emprunt au latin sepulcrum ou sepul- latin sequentia 4uites, <succession>, dérivé du latin
chrum atomben, =monwnent funéraires, dérivé de classique sequens, -entis flsuivant, qui suit», adjecti-
sepelire (+ ensevelir). vation du participe présent de sequi (+ stivre~.
+ Le mot ne s’emploie pour *tombeau>, en dehors 4 Le mot désigne d’abord en liturgie, d’après le la-
d’un style très littéraire, qu’en parlant du tombeau tin chrétien sequentia, un chant rythmé qui pro-
du Christ (v. 11501, appelé aussi saint-sépulcre longe le verset de l’alléluia et une pièce de vers me-
(v. 12301, ou à propos des tombeaux des anciens surés et rimés. Il conserve l’idée de succession aux
( 1680). 0 Au figuré, il désigne ( 1642) un lieu aban- sens de w%-ie de coups>> (v. 1210) et asuite, ordre,
donné où sont conservés des vestiges anciens; il est rang, txv” s.1, emplois disparus. -3 Le mot est repris
dans ce cas littéraire, comme au sens concret de au xwe s. pour désigner (15831, à certains jeux de
4ieu sombre, humide*. cartes, une série de cartes qui se suivent, de même
couleur (au piquet) puis de couleur quelconque, en
bSÉPULCRAL,ALE,AUX adj.estemprunté( 1487,
concurrence avec suite. Au XVIII~s., séquence s’est
sepulchral) au dérivé latin sepulcralis “propre à un
dit de l’arrangement particulier que chaque fabri-
sépulcrea. 0 Sorti d’usage au sens latin, il s’ap-
cant donne à ses jeux de cartes. ~AU xx” s., le mot
plique à ce qui évoque la tombe, la mort 116541, no-
entre dans des vocabulaires spécialisés, devenant
tamment dans voix sépulcrale (1718) acaverneuseb.
courant au cinéma Iv. 1925) pour désigner une sé-
0 voir SÉPULTURE.
rie de plans constituant un tout, d’o$ le composé
PLAN-SÉQUENCE n. m. 0 En linguistique, le mot
SÉPULTURE n. f. est emprunté (v. 1112) au la-
s’applique à une série ordonnée de termes, en
tin sepultura #derniers devoirs (rendus à un mortIn,
sciences (av. 19511 à une suite ordonnée d’opéra-
4ieu où l’on dépose le corps d’un défunts, dérivé de
tions logiques. En astronomie, séquence polaire in-
sepultum, supin de sepelire, que l’on retrouve dans
ternationale (1953) désigne une série d’étoiles utili-
ensevelir”.
sée comme étalon. Séquence s’emploie aussi en
+ Le mot reprend le second sens du latin; il désigne informatique Id s.l. Ces emplois récents sont tous
aussi bien une simple fosse qu’une tombe, un tom- influencés par l’anglais sequence, lui-même em-
beau, sens qu’il a eu en ancien français Iv. 11551.Il prunté à l’ancien français.
désigne parallèlement (mil. XII~ s.) l’inhumation,
b Le mot a fourni dans la seconde moitié du XX~s.
surtout considérée dans les cérémonies qui l’ac-
des dérivés didactiques. - SÉQUENTIEL, ELLE
compagnent, en particulier dans les honneurs de la
adj., attesté au milieu du ti s. Iv. 19571,s’applique à
sépuhre (16681, être privé de sépdure (16891,
ce qui est relatif à une séquence, puis à ce qui est
droit de sépulture (1694). Il s’est dit aussi ( 12921des
partagé en séquences, qui commande une suite or-
titis d’inhumation et, à l’époque classique (16511,
donnée d’opérations, par exemple en informatique
s’est employé pour amort, trépaw. Ce dernier sens
(v. 1964, opposé à parallèle) ; en dérive SÉQUEN-
est un archaïsme poétique, les autres emplois étant
T~ELLEMENT adv. IV. 1957). GÉQUENCER V. tr.
d’usage soutenu.
(v. 19701,«mettre en séquence,, formé d’après l’an-
6 Voir SÉPULCRE.
glais to sequence, dérivé de sequence, a produit sÉ-
QUENÇAGE n.m. et SÉQUENCEMENT n.m.
SÉQUELLE n. f,, écrit sequele en 1369, avec
h.1970). -SÉQUENCEUR n. m. (1971) est une
deux 1 au xve s,, est emprunté au latin impérial se-
adaptation de l’anglais sequencer n. m. (1966; de to
quela ou sequella asuite de gens= et au figuré
sequence). Séquencer et ses dérivés s’emploient no-
«conséquenceB, dérivé de sequi (3 suivre).
tamment en biologie génétique.
+ Le mot a d’abord désigné une suite de personnes, @ Voir SÉQUELLE.
une escorte et, péjorativement (v. 13901, une suite
de gens attachés aux intérêts de qqn, acception ar- SÉQUESTRE n. m. est emprunté (1281) au la-
chaïque. *Avec l’idée de conséquence qu’avait tin sequester adj. «médiatew, surtout employé
aussi le mot latin, il s’est employé aux sens de aré- comme nom pour désigner un intermédiaire qui
solution, délibération (d’un corps de métiers), recevait de l’argent pour le distribuer a$n d’ache-
11392) et de adépendance» (13931; il a d’ailleurs eu ter les juges, les électeurs, etc., ainsi que le déposi-
au xve s. le sens latin de wzonséquenceB. Au xves., le taire de biens contestés. En outre, sequestrum n. m.
sens initial se spécialise pour anombreuse et mau- s’employait dans des expressions comme sequestro
vaise compagnie» ( 14631; employé par métonymie, dare Kremettre en dépôt>. Sequester est dérivé de
un séquelle s’est dit ( 1440-1475) pour wzompagnonn. secus, préposition signifiant ale long de>>et adverbe
Au sens de Msuite de choses fâcheuses ou de mots flautrement)), cautrement qu’il ne fautm. Secus, sur-
sans intérêt- 116901, séquelle est archtique. c= Le tout fkéquent en poésie à partir de Cicéron, existe
seul sens vivant en kançais contemporain est em- en particulier comme second terme de composés
SEQUIN 3472 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(t extrinsèque, intrînsèquel. Le mot se rattache à l’arabe siI& apièce de monnaiem. Ce dernier est dé-
une racine indoeuropéenne “sekw- «suivre, venir rivé de sikka <<coin à frapper la monnaie,, Kmon-
après% que l’on retrouve dans le latin sequi naie>, lui-même emprunté par l’italien zecca «ate-
(--+suivre) et qui a fourni des formes adverbiales et lier monétaire>, qui correspond à l’ancien
prépositionnelles. provençal seca Nh&el de la monnaîen (xrveS.I.
+ Terme de droit, séquestre désigne en tiançais le +Le mot désigne une ancienne monnaie d’or de
dépôt d’une chose contestée entre les mains d’un Venise, qui avait cours en Italie et dans le Levant;
tiers en attendant le règlement de la contestation, au XVII~s., on relève aussi zecchin ( 16111, plus
d’où l’expression 114511 [bien1 mis sous séquestre ; proche de l’italien. 0 Par analogie, le mot se dit (fin
le mot s’emploie aussi ( 13801 pour désigner le dépo- XIX~s.1 d’un petit disque de métal jaune ou blanc,
sitaire en cas de séquestre, mais cette acception est cousu sur un vêtement pour servir d’ornement.
rare. 0 Utilisé comme adjectif, il s’est appliqué au
figuré (1470)à ce qui est secret, caché, encore au SÉQUOIA n. m. est la reprise (1871) d’un mot
me s. dans lieu séquestre ~retir& ( 1528) ; puis cet du latin des botanistes (1847, Endlicher), formé à
emploi est sorti d’usage. oLe nom, toujours en partir du nom d’un chef cherokee, See-Quayah, cé-
droit, se dit ( 16901 de l’état d’une personne séques- lèbre pour avoir inventé un syllabaire pour sa
trée, autrefois dans la locution mettre qqn en sé- langue. L’anglais sequoia est attesté en 1866.
questre & l’écart de la société>>. + C’est avec l’idée 4 Le mot désigne un conifère originaire de Califor-
d’écart que séquestre est repris en pathologie (1810) nie, qui peut atteindre des dimensions gigan
pour désigner un petit tiagment d’os détaché au tesques. Des variétés de cette espèce sont nom-
cours d’un processus de nécrose osseuse. 0 Le mot mées wellingtonia (1867, du nom propre
s’est employé au féminin @II x~? s.1 pour désigner WeZli@on) et washingtonia ( 1874, de l’État de Was-
la cellule ou l’on enfermait un puni dans un collège. hingtonl .
F SÉQUESTRER v. tr. (1443) est précédé par la
forme SÉQUESTRÉ, ÉE adj. Iv. 12601 du participe SÉRAC n. m. est repris (1796, H.-B. de Saussure)
passé, signifiant Gsol& en parlant d’un lieu. Le au savoyard et suisse romand sérui (14061, sémt
verbe est emprunté au latin sequestrure cmettre en 11572). Le mot, qui désigne un fromage blanc
dépôt,, <(coder », &loigner, séparerti, dérivé de se- compact tiré du petit-lait provenant de la fabrica-
quest7um. 0 D’abord terme de droit, séquestrer si- tion de certains fromages, est issu du latin popu-
gnifie «mettre sous séquestre}}; le verbe s’emploie laire oseruceum, formé sur le latin classique serum
ensuite couramment pour Menfermer et isoler <petit-lait>> E+ sérum).
(qqn)» (v. 15601, et se séquestrer (1567) pour «vivre vo- + Le mot conserve régionalement le sens de &o-
lontairement à l’écart du monde» ; cet emploi est mage blancm (1796, sérac) ; on a dit aussi séré n. m.
archaïque comme celui de sequestré, ée adj. (1678) Il528), autre forme tianco-provençale de même
dans ce sens. ~Séquestrer qqn de qqch. s’est dit origine. 0 Par analogie de couleur et de forme, sé-
( 1562) pour «priver, retirer> et séquestrer qqch. a eu rac désigne 11779) dans un glacier un bloc de glace
le sens de amettre à part, de côté= ti XVI~S.I. 0 Le qui se forme aux ruptures de pente; ce terme ré-
verbe est repris dans le code pénal (1810) au sens gional (Savoie) est devenu usuel chez les géo-
de atenir illégalement et arbitrairement enfermé graphes puis chez les alpinistes et est entré dans
qqn%; ce sens est demeuré courant (par ex. séques- l’usage général.
trer un otage). Par extension, il a signiG (XIX~ s.1
amettre à l’écart (des animaux ContagieuxIn. SÉRAIL n. m. est un emprunt (ti XIV~s.), égale-
SkQUESTRATION n. f. est un emprunt juridique ment écrit serrail, à l’italien serraglio (cf. l’espagnol
( 13901 au dérivé bas latin sequestratio <dépôt chez semallo et le portugais serralhol, lui-même em-
une tierce personne (d’un objet contest& et «sépa- prunté par le turc au persan sarày apalais, hôtels.
ration». Il désigne d’abord en droit l’action de sé- + Le mot désigne le palais du sultan, dans l’ancien
questrer des biens et la mise sous séquestre; il est Empire ottoman. Il est aussi écrit saruil au début du
rare dans ces emplois. oLe sens le plus courant XVII~s. par emprunt direct. Il s’est employé cv. 1570)
correspond à l’action qui consiste à séquestrer qqn pour désigner les femmes d’un harem et le harem
(1810). Par extension 118693,il s’est employé à pro- lui-même ( 15801, sens sortis d’usage. 0 Par métony-
pos d’animaux contagieux. oEn médecine et mie du premier emploi (18751, il s’est dit de la cour
d’après séquestre, il équivaut à cnécrose (d’un os)=, d’un haut dignitaire de l’Empire ottoman. L’expres-
emploi attesté tardivement dans les dictionnaires sion nourri dans le séraü, allusion au vers de Ra-
(19511.0 C’est aussi un terme de chimie, désignant cine Nourri dans le sérail tserraill, j’en connais les
le blocage d’un processus, d’une précipitation. détours CBajazet, IV, 71, où le mot est dans son sens
Le dérivé ~ÉQUESTRANT,ANTE adj. et n. m., propre, désigne (1876) une personne ayant une
terme de médecine (v. 19701, s’applique à ce qui longue expérience d’un milieu politique, profes-
produit une séquestration osseuse. Le mot désigne sionnel. 0 Le mot s’est employé pour Klieu de plai-
en chimie (19731 un agent qui bloque une réaction, sir> (encore en 1878) et <ensemble des femmes d’un
en particulier une précipitation. tel lieu, d’un maison closex 11871). Ces emplois ont
disparu au début du XX~siècle.
SEQUIN n. m., attesté (15321, en concurrence 0 Voir CARAVANE ICARAVANSÉRAILI.
avec plusieurs variantes : essequin 114001, chequin,
sechins, cequin 115401,sechin ( 15701, est une adapta- SÉRAN n. m., écrit cerens à la ti du ~~ s., puis
tion de l’italien zecchino, mot vénitien emprunté à serans Cv.12651, seran et séran bmf s.1,est d’orighe
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3473 SEREIN

incertaine. Ce terme de la technique du chanvre et mot issu d’un latin populaire “seranus, altération
du lin était répandu dans les parlers galle-romans du latin classique serenus “pur, sans nuage% et au
sous deux formes : séré (Wallonie et Est, Franche- figuré <<calme,paisiblen, d’où serenum n. *temps se-
Comté, Suisse romande) et sérun (dans le reste de rein-. Serenus, d’où viennent l’italien et l’espagnol
la France du Nord); ces deux formes provîen- sereno, est formé d’un ancien Oseres-no-s, sans
draient, selon Wartburg, d’un radical gaulois “Izer- doute issu d’un thème Oser- désignant l’état clair et
-cerf>>, d’où Hpeigne)b par comparaison des pointes sec du ciel. Les rapports avec d’autres mots restent
de l’instrument avec les bois du cerf (cf. le radical peu convaincants : si l’on rapproche serenus du
de cen’ qui exprime également la protubérance). grec xêros <seca (+ élixir), la voyelle longue TêI est
Pour P. Guiraud, il faut partir du verbe serancer, inexpliquée; par ailleurs, l’ancien haut allemand
anciennement chkrencier, cerenckr (attesté seule- seruwen asécher> est éloigné par le sens.
ment au xrrr” ~5.1,qui représenterait un gallo-roman + L’adjectif français, aujourd’hui liftértie, Sign%e
(latin populaire des Gaules) “cerr-inMciare CeBan- comme en latin aqui est à la fois pur et calmeD, en
ger», dans lequel le redoublement du sufke ex- parlant du ciel, de l'air; il s’applique par figure
primerait le mouvement de peignage du chanvre; (v. 1240, serin) à ce qui indique la maîtrise de soi, le
le verbe serait construit à partir du latin classique calme. 0 Au xv? s., serein s’est employé comme
cirrus <<mèche de cheveuxp, &ange~, représenté nom masculin pour parler de la clarté du temps
par l’ancien provençal ser =Paquet de lin non roui)> ( 1538) et d’un visage paisible Iv. 1550). 0 Avec une
et le tiançais ceron, seran apoignée de chmvrep. valeur abstraite, l’adjectif qualZe (av. 1550) ce qui
+ Ce terme technique désigne une carde servant à est exempt d’agitation, puis s’emploie pour cmo-
diviser la fiasse de chanvre ou de lin; le mot se dit ralement calme, apaisé» (av. 1648). Au ti s., tou-
aussi (1871) d’un chanvre de seconde qualité. fl jours avec l’idée de acalme>), il s’utilise en parlant
semble archaïque. d’une situation sociale.
ä SÉRANCER vtr., réfection (1600, seruncer) de b Le dérivé SEREINEMENT adv. ( 1556 serenement)
formes anciennes khkrenchier, XIII~s-1, est soit dé- semble avoir disparu, puis avoir été repris au XX~ s.
rivé du nom, soit (selon Guiraud) l’aboutissement Le Composé RASSÉRÉNER v.k., <<rendre Sereim,
du latin. Le verbe Sign%e *diviser (la filasse de d’abord relevé au pronominal ( 1544) puis à l’actif
chanvre,de linb. 41a fourni SÉRANCEUR n. m. (av. 15591, s’est écrit aussi resérener (1564) jusqu’au
( 17651, attesté longtemps après un féminin, ckrun- milieu du XVII~siècle. Les dictionnaires le donnent
chmesse (me sd, SÉRANÇAGE n. m. (17901, gui a comme peu usité en 1706 et vieux en 1771. Il a été
remphcé S&U?m?ment (16361, et SÉRANCOIR repris au figuré dans l’usage littéraire (depuis ti
n. m., forme moderne (1845) de cherunchoir I15971, xwe s.3,surtout au passif et au pronominal; le parti-
nom d’un appareil qui tend à se substituer à sérun. cipe passé est aussi adjective. 0 Le dérivé RAS&-
RÉNEMENT n. m. (attesté 1834) est rare.
SÉRAPHIN n. m. est emprunté (mil. XII~s.1 au SÉRÉNITÉ n, f. est un emprunt au dérivé latin se-
latin de la Vulgate seruphim ou seruphin, forme qui renitus, employé comme titre d’honneur en bas la-
est à la base d’emprunts dans les langues romanes. tin. 0 Le mot désigne Iv. 1190, sereniteit) le carac-
Seruphim est lui-même emprunté à l’hébreu bi- tère d’une personne sereine, puis s’emploie en
blique ierafim, nom que la vision d’Isaïe (ch. 6) parlant du ciel, isolément vers 1390, à nouveau au
donne aux figures du Saint des saints du temple, xwe s. Iv. 15081; cet emploi est sorti d’usage. Il s’uti-
les plus proches de la présence divine. Le mot vient lise avec une valeur large pour «absence de
du verbe Süraf <brûler,, les séraphins étant de na- troublen (16861. OSérénité a été employé 11471)
ture ignée. La forme seruph vers 1300 (forme restée comme titre d’honneur donné à certains princes,
en anglais) est un emprunt savant au latin médié- en particulier ( 1680) au doge de Venise, ceci
val seruph. jusqu’en 1798 (cf. ci-dessous s&kntssime).
+ Dans les religions hébraïque et chrétienne, séru- SÉRÉNISSIME adj., attesté isolément en 1336 et
phin désigne un ange de la première hiérarchie. Le en 1441, et repris en 1607, est un emprunt à l’italien
mot s’est employé comme adjectif ti xv” s.1 et a serenissimo, superlatif de sereno, du latin classique
désigné ( 16111 une sorte d’alambic, probablement serenus. Comme en italien, l’adjectif est un titre ho-
par l’idée d’épurer, de rafkter par le feu. notique donné à certains hauts personnages,
b SÉRAPHIQUE adj . est un emprunt (v. 14601 au la- comme le doge de Venise (ci-dessus sérénité). II
tin ecclésiastique seruphtcus, dérivé de seruphim, s’emploie aussi dans le titre d’Altesse séréntisime.
attesté tardivement au moyen âge. Quali&nt ce Dans cet emploi, on relève en bas latin serenissi-
qui est propre aux séraphins, l’adjectif s’emploie mus, superlatif de serenus.
( 1440-1475) da!ns ordre séraphique *l’ordre fhncis- 0 voir @ SEREIN k3hlkNADEI.

cairw, par référence à l’extase oti saint François


0 SEREIN n. m,. réfection (1580) d’après l’ad-
d’Assise vit un séraphin cruci%. 0 Il a eu aussi
jectif de seruin Iv. 11381, S&ain cv.11751, est issu
( 15481le sens de ebrûlant, ardent)>. 0 Par figure lit-
d’un latin populaire “seranus, dérivé de serum
téraire (déb. ti s.1,il s’applique à ce qui évoque les
uheure tardive)>. Ce dernier est la substantivation
anges, comme équivalent savant d’ungblique.
du neutre de l’adjectif latin classique serus &rdifB,
SERDEAU - SERVIR qui a un correspondant, pour la forme, dans le vieil
irlandais sir ((long- et, pour le sens, dans le sanskrit
0 SEREIN, EINE adj. est la réfection (1549) süy& &SO~~TDe serua vient le bas latin sera n, f. ale
d’après le latin de seruin (v. 1175 ; jusqu’au xwe s.), soirn, dont procèdent l’ancien provençal sera aso+
SERF 3474 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Iv. 1160) et l’italien sera. L’adverbe sera Ntardu, 4rop également en emploi adjectif depuis la fin du
tard>> a abouti iv. 980) à ser, qui a donné soir*. XII~siècle. Plus généralement, il a désigné une per-
+Le mot a d’abord désigné la tombée du jour, le sonne qui n’est pas de condition libre Iv. 11701,aussi
soir puis Cv.1180) l’humidité qui tombe avec la nuit, au féminin (v. 1500). 0 Par une métaphore assimi-
acception aujourd’hui littéraire ou régionale. 0 La lant la relation entre le serf et le seigneur Iposses-
locution prendre le serein qui Sign%ait aen éprou- seur de la terre) avec celle de l’homme par rapport
ver les effets makisantsn ( 16711 continue l’ancien à Dieu, serf a désigné des religieux et en parti-
provenqal pausar a la serena «exposer à l’air tiais culier, avec une valeur proche du sens initial, un
de la nu+ Ixme s.); au XIX~ s., la locution s’est quel- serviteur ltic dans un monastère (déb. XIII~S.I. Puis
quefois employée (18751 pour aprendre le tiais~; le mot a servi de nom pour un ordre religieux
elle est archaïque. (16111, en particulier les se& de la Sainte Mère de
SÉRÉNADE n. f. est un emprunt (15551 à l’italien Dieu (attesté seulement en 172 11, fondé à Marseille
serenata, du latin classique serews (voir ci-dessus au XIII~siècle. Le nom a eu la valeur de <<fidèle, dé-
0 serein) ; le mot italien a d’abord sign5é atemps votm (xv” s.l. 0 Le mot s’est employé au figuré pour
sereinn, anuit sereine>> Ixrv” s.), par influence de sera <entièrement soumis, asservi», par exemple dans
«soir», puis «concert donné au dkbut de la soiréem serf de péché Cv.1190) aesclave du péchés, serf à un
(xv” S.I. +Sérénade désigne comme en italien un vice (v. 1270) et être serf à faire gqch. (v. 13501. C’est
concert donné le soir sous les fenêtres d’une per- avec cette valeur que l’on a serf arbitre 11561), par
sonne que l’on voulait honorer ou divertir, surtout opposition à libre arbitre. 0 Comme les emplois re-
dans un contexte galant. Spécialisé en musique ligieux, ces valeurs ont disparu ; le mot n’est plus
E17031, c’est le nom d’une pièce composée en prin- connu que par sa valeur historique, féodale.
cipe pour être jouée en plein air et la nuit, et deve- F Les nombreux dérivés de serf ont disparu en
nue un genre de composition libre à plusieurs même temps que l’institution; reste SERVAGE
mouvements. Q Par antiphrase, le mot se dit fami- n. m., acondition de serfa (v. 1150) employé au figuré
lièrement (1646) pour un concert de cris; cette va- à la fm du XII~s. pour &at de dépendance%. Donné
leur a été reprise (1898) pour un <<concert* de re- comme wieuxs en 1680, le mot est aujourd’hui litté-
proches, de protestations. raire. 0 Par une autre figure, il a désigné la sou-
mission totale de l’amant à sa maîtresse (v. 11851,
SERF, SERVE n. et adj. (lOBO), réfection sens considéré comme poétique au XVII~s. ( 1694,
d’après le pluriel (du cas régime) serfs (fin xes.) de Académie). 0 En moyen lançais, il s’est dit (1404)
la forme sew (v. 9801, est issu du latin set-vus aes- du service auquel le serf était astreint et au figuré
clave», opposé à liber I+ libre) ; c’est un terme géné- (v. 1501, servaige) pour ahumiliationn, <<avilisse-
ral à coté de mancipium <<choseacquisen, puis «es- ment)}.
clave» (-, émanciper) et de captivus {{prisonnier de SERVILE adj. est emprunté au dérivé latin servilis
guerren I+ captif). Il se disait des hommes Iservus “qui est propre aux esclaves*. Le mot apparaît iso-
homo1 mais aussi des choses, des biens soumis à lément sous une forme francisée Il3031, dans condi-
une servitude Cservapraediu1. Il était aussi employé tion servel, puis dans œuvres serviles «travail ma-
comme substantif, mais rarement au féminin, dé- nuel et salarié=, terme de religion (v. 13551,emploi
signant alors la condition juridique, à c8té de an- correspondant à l’ancien provençal obra servi1
cilla cservante)) (+ ancillaire). 0 On ignore d’où (v, 1350). 0 L’adjectif s’applique ensuite Iv. 1350) à
vient le mot, l’origine et l’évolution de l’esclavage ce qui est propre aux serfs, aux esclaves. -3 En his-
antique restant peu connues. Il existe en avestique toire, guerres serviles se dit (15491 des révoltes d’es-
un équivalent phonétique exact de servus, dans claves à la fin de la République romaine. 0 L’ad-
l’adjectif pusus haurvo “qui garde le troupeaun et jectif s’emploie à l’époque classique (depuis 1580)
ti-haurvo “qui garde le village,, mots employés pour parler de ce qui contraint, par exemple une
pour désigner des chiens; serves se rattacherait, si obligation, sens sorti d’usage. Par extension, il a
l’on accepte ce rapprochement, à une racine in- qualifié 11690) ce qui est propre à un domestique.
doeuropéenne “swer-, avec les variantes Oser- et +Après avoir qualifié en moyen lançais une per-
‘wer-, sign%ant <<faireattention, surveiller-, mais on sonne soumise ou moralement basse, il est repris
ignore comment aurait pu s’effectuer le passage du au figuré (1718) dans l’ordre esthétique et intellec-
sens de c<gardienB - conservé par le latin servare tuel, s’appliquant à ce qui est étroitement soumis à
<garder, protégep, à celui d’flesclaven ; par ailleurs, un modèle, d’où (1738) détail servile &numération
l’esclavage paraît avoir été une institution des trop scrupuleusen, sorti d’usage. oEn emploi di-
peuples méditerra&ens, non des Indoeuropéens dactique, lettres serviles désigne ( 1842) des lettres
venus d’orient, Benveniste propose de voir dans employées dans certaines langues sérnîtiques pour
serves un emprunt à l’étrusque, où l’on repére des noter les modifications de racines qui caractérisent
noms de familles proches du mot; Vendtyes a mis les modes, les genres, etc.
en relation le latin avec l’iriandais serbh apillagex et Le dérivé SERVTLEMENT adv. signSe d’abord
le gallois hem «état d’un individu hors-la-106 Cv.13701<<enqualité d’esclave)), puis ( 1444) *en consi-
4 Serfapparait comme nom au sens de «serviteur)), dérant les gens comme des esclaves» et au-
valeur qu’il conserve ensuite dans des emplois spé- jourd’hui <d’une manière servile>, au propre ( 15381
cîalisés; avec cette acception, le féminin est relevé et surtout au figuré (av. 1654). +SERVILITÉ n. f.
au xve siècle. 0 Le nom désigne ensuite une per- «comportement servile> ( 1542) est rare avant le
sonne n’ayant pas de liberté personnelle complète, XVIII~s. 11740) ; le mot s’emploie aussi au figuré
attachée à une terre (fin XI~s.; v. 1165, au féminin), (v. 17601; une, des sewiktékl est littéraire et rare
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3475 SERGENT

(18571 pour aactions serviles>>. + SERVILISME de diminutif SERGETTE n.f. (16051, auparavant
n. m., mot du langage politique révolutionnaire sargette (13521, désignait une serge mince et lé-
(1794, est didactique et rare. gère ; le mot se dit aujourd’hui Cd s.) d’une serge
ASSERVIR v. tr. (v. 12001,formé de 0 a-, serfet suf- de laine mêlée de soie, fabriquée en Flandre et en
ke verbal, sime d’abord <<réduire en esclavage>> Picardie aux XVII~ et XVIII~siècles. + SERGERIE n. f.,
et par extension (1209) amettre dans une extrême sorti d’usage, s’est dit d’un tissu de serge ( 1374,sur-
dépendance (par rapport à qqn ou à qqch.)B. 0 De gerie3, de la fabrication et du commerce de ce tissu
ces valeurs viennent l’emploi d’ctssewi pour <bas (1723). + SERGER n. m. (16691 ou sergier (16901, au-
(moralement)b (v. 1225) et celui de s’asservir pour paravant surgier (12551,désignait un fabricant de
«se soumettre>> (v. 1226, s’userver), qui ont disparu. serge. 0 SERGE, ÉE adj. (1771)et n. m. (18201qua-
0 Au pronominal, le verbe a Sign%e (1373) ee faire Me et désigne une étoffe traitée comme la serge.
domestique>. 0 Dans le domaine juridique, asser- 0 Voir StiRtCI-.

tir correspond à acharger lun bien) d’une servi-


tude> 11400).0 Avec un complément nom de chose, SERGENT n. m., réfection Idéb. XILI~s.) de ser-
le verbe s’emploie aussi au sens de @contraindre, gant, serjant Cv.10501,forme courante en ancien
maîtriser> ( 1493, asservir la nature), littéraire fknçais, est issu du latin juridique senientem
comme l’usage figuré Iv. 1553, assewir ses pas- I~~II’ s.1, employé à propos d’un homme au service
sions), OAsservir est devenu au XIX~~. un terme d’un seigneur ; ce nom est la substantivation de
technique pour «soumettre à une commande>) (us- l’accusatif de semiens, participe présent de setire
servissement ci-dessous) 11875,moteur usserd *Le (+ servir).
dérivé ASSERVISSEMENT n. m., d’abord xdépen-
dance, servitude> au propre et au figuré ( 1443, se- 4 Sergent désigne d’abord un serviteur employé
lon Bloch et Wartburg ; puis 15701, désigne aussi par un seigneur avec un rang supérieur à celui du
(1611) l’action d’asservir. 0 Il se dit en technique de
valet’ (XII~s., féminin sergunte; 1396, sergentel ; c’est
l’état d’une grandeur physique qui impose ses va- avec cette valeur que le mot est surtout employé en
riations à une autre grandeur sans être influencée ancien fknçais; il se dit en particulier Kn XI~ s.)
par elle. +ASSERVISSANT,ANTE adj. (1792) et d’un officier, délégué du seigneur, qui administre
ASSERVISSEUR,EUSE n. (18281, littéraires et les domaines, d’un officier de justicé chargé des
rares au sens général du verbe, ont été repris en saisies, des poursuites, etc. (v. 1155). Le plus
technique avec la valeur d’asservissement. souvent la fonction est précisée : sergent d’umzes
@ voir CONCIERGE, SERGENT, SERVICE, SERVIR (et renvois
aofficier qui accompagne le roi et sert dans les cé-
SOUS Cette entrée), SERVITUDE, SERVO-, SIRVENTE.
rémonies)) (12851, sergent fîeffé «qui agit au nom du
seigneur* (12951, sergent des eaux, sergent cham-
SERFOUIR v. tr. remplace 11800) la forme an- pê&e, etc. (mil. xrves.); ces acceptions, qui s’em-
cienne sutiouir (15491, elle-même altération de ploient aujourd’hui en histoire, se maintiennent à
seurfouir (k-i x19 s.3 ou cerfou (XIII” 13.1.Le mot est l’époque classique où l’on relève encore sergent de
issu d’un latin populaire “circumfodire, forme alté- querelle *qui assiste aux duels)) (1690). 0 Parallèle-
rée du latin classique circumfodere «creuser au- ment, dès le XII~s., sergent a désigné un homme de
tour», composé de circum <autour)) (préposition et troupe à pied qui sert d’aide ; serfsergent se dit d’un
préke), de circus I-, cirque) et de fodere ((creuser, serf attaché à la maison comme serviteur, d’où
labourep) C+ fouir). l’emploi de sergent pour =Serf> ( 13801.Le mot se spé-
4 Le verbe au sens de <<sarcler, binep en agriculture cialise au XVI’ s., après avoir désigné un homme de
est archaïque. guerre subalterne, sergent d’umtes s’appliquant à
b Le dérivé SERFOUETTE n. f. (1553, variantes cer- un officier de rang élevé. Sergent désigne un sous-
fouette (15341, sutiouette (15781,désigne un outil de officier dans une compagnie d’infanterie, sens qui
jardinage et est toujours en usage. ~SERFUUIS- s’est conservé également dans d’autres armes,
SAGE n. m. 11812) s’est substitué à setiouuge 11597). alors que sergent de bataille (15341, s’appliquant à
l’officier chargé de ranger les troupes en bataille, a
SERGE n. f. est la réfection (1360) de surge disparu. 0 Du XI~I’ au XVI~s., le mot s’est appliqué à
(v. 11751, forme issue d’un latin populaire osarica, un serviteur de Dieu, sergent de I’Eghse s’étant dit
altération du latin classique serica «étoffes, vête- (1530) pour <<bedeau>>.0 Le mot s’emploie au XIX~ s.
ments de soie)), pluriel de seticum <soies, nom dans sergent de ville 118291,remplacé par gurdien
neutre, substantivation de l’adjectif sericu,s & de lu paix (1870, à Paris), mais employé plus long-
soie-. Ce mot dérive de Sel-es, nom d’un peuple temps, absolument dans la langue familière, aussi
d’Extrême-Orient, probablement les Chinois, em- altéré en SERGOT n. m. (1873; 1868,serge), en ar-
ployé pour parler de produits originaires de Chine. got serge ( 1878)sergeot et serpied (1884)par jeu de
Ser&s est la transcription du grec sêrkos, dérivé mots sur serrer; tous ces emplois sont archaïques.
de Sêr, souvent au pluriel L!3êresl, mot d’origine b Sergent a servi à former deux composés,
obscure; par dérivation inverse, le grec s& sime SERGENT-CHEF n. m. (18761, désignant le sous-of-
aussi -ver à soies. fiCierSUp&burau sergent, et SERGENT-MAJOR
4 Le mot désigne en tiançais une étoffe légère et n. m., apparu au XVI~s. au sens de asergent de ba-
croisée, ordinairement de laine, et, par métonymie, ta;illem (1574; 1575 sergent-majeur) et repris (1690)
une couverture de lit (XIV s.) et une tenture pour désigner un sous-officier de rang plus élevé
(v. 14001; c’est aussi le nom d’une étoffe de soie que le sergent. Plume sergent-major ou une sergent-
( 1504,sage de SO~I. major n. f. (1903) désigne un type de plume d’abord
SÉRICI- 3476 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

utilisé dans l’administration militaire puis dans les même proposé 0 En musique, il désigne la suite de
écoles. douze demi-tons de la gamme chromatique (sériel
0 voir smvEm. ci-dessous), utilisée comme unité dans la musique
dodécaphonique (1947).
SÉRICI-, premier élément, est tiré du latin seti-
tus <(de soie>, lui-même emprunté au grec sêtikos b SÉRIER v. tr. 11843, Proudhon), adisposer par sé-
(3 serge). ries*, est d’abord attesté au participe passé ( 1815) ; il
s’est spécialisé pour 4asser par sériesti M-ier les
ä L’élément entre dans la composition de quelques
questiod; en dérive SÉRIATION n. f. (1843). + SÉ-
mots didactiques, dans la technique de production
RIEL, ELLE adj., terme didactique (1843, Prou-
de la soie naturelle par élevage des vers a soie.
dhon, loi S&?elle), est spécialement employé en mu-
* SÉRICICOLE adj. 11836) est formé d’après ug&
sique 11947) dans musique sérielle, d’où SÉRIA-
colle, SÉRICICULTURE n. f. (1845) d’après culture,
LISME n. m. (mil. XX~ s.l. L’adjectif a remplacé
SÉRICICULTEUR n. m. 118581, d’après agriculteur.
séria2 (1835) qui succédait lui-même à sétiaire
0 SÉRICIGÈNE adj., didactique (18711, sime aqui
cv. 1820). + SERIALISER v. tr. (19661, utilisé en in-
produit de la soie,. - SÉRICITE n. f. (18781, terme
formatique (v. 19701, et SÉRIALISATION n. f. 119663
de minéralogie, désigne un silicate naturel de la fa-
sont empruntés à l’anglais to setialize et serializa-
mille des micas, d’apparence soyeuse. 4sÉRICb
tin, de setil ade série, constitué par une sérien.
GRAPHIE n. f. ou, P~US COUrant, SÉRIGRAPHIE
@ voir ASSERTION. DISERT, DISSERTER, XNSÉRER. SERMON.
n. f. 119493,de -@uphie, est le seul mot de ce groupe
qui soit relativement répandu ; il désigne un pro- SkRIEUX, EUSE adj. et n. m. est emprunté
cédé d’impression à l’aide d’un écran formé de Cv.1370)au latin médiéval setisus (XIII~ s.), dérivé
mailles, à l’origine d’une trame de soie. Il est du latin classique serius «sérieux, en parlant de
souvent mis en rapport avec série. choses (verba seriu dictu <<paroles sérieuses>)), d’où
SERIE n. f. est un emprunt savant (1715) au latin serium n., au pluriel seria Nies choses sérieusesn,
opposé à iocus (+ jeu). Ce mot s’est ensuite appli-
setis <<entrelacs=, «suite ininterrompueD, {(arrange-
ment de choses qui se tiennent», et au figuré &- qué à des personnes; on le rapproche de termes
gnée de descendants, descendancem. Ce nom est qui, en ancien haut allemand et en lituanien, expri-
dérivé de serere «tresser, entrelacep, 4ier en- ment la notion de poids, de lourdeur.
semblev et Kengagerm, verbe que l’on rattache en la- 4 L’adjectif conserve d’abord la valeur du latin clas-
tin à sermo b sermon) et à sors (3 sort); les rap- sique, s’appliquant à des choses importantes, de
prochements avec d’autres langues indoeuro- grande conséquence. Il est repris au XVI~s. ( 1572)
péennes restent hypothétiques. pour qualifier ce qui mérite réflexion puis, par
4 Série s’emploie d’abord en mathématiques pour exemple chez Montaigne, ce qui n’est pas fait ou dit
désigner une suite de nombres ou d’expressions pour l’amusement, ce qui ne peut prêter à rire. 0 Il
mathbmatiques formée suivant une loi connue ; par s’applique aussi (1588, Monttigne) à une personne
extension (av. 1784, Diderot), le mot se dit d’une qui prend en considération ce qui mérite de l’être,
suite déterminée et limitée de choses de même na- ou qui ne manifeste aucune gaieté. *Remplaçant
ture qui forment un ensemble. C’est avec cette va- sériosité @n xvIe s. ; emprunt au latin médiéval se-
leur qu’il est utilisé ensuite en zoologie (1798). 0 De tiositus, dérivé de seriosus), la substantivation sé-
l’idée de <suiten, on est passé en sports à celle de rieux n. m. apparaît dans la locution donner de son
Npetit groupe formant une subdivision d’un classe- sérieux Stqqch. ( 16591, puis dans prendre qqch. au
mentm (1859) pour désigner chaque groupe de sétieux (16941, qui la remplace ; l’expression paraît
joueurs sélectionnés pour des épreuves de qua&- ne s’appliquer aux personnes que beaucoup plus
cation. Série désigne ensuite (18753 au billard une tard (1875). 0 Employé seul, le sérieu désigne
suite de points réussis d’afWe. Il s’est spécialisé 11663) l’état de la personne qui ne rit, ne plaisante
pour adegré de classement)) avant les épreuves pas, d’où garderson sérieux(l7171. Le sérieux s’ap-
dites quarts de finale, demi-finales... 11905). 41 plique aussi à la qualité d’une personne appliquée
s’emploie dans le vocabulaire commercial ( 1893) 11647) et d’une chose faite avec réflexion 116903.
dans séti de prix, d’où prix de skie. 0 Sétie nuire 0 L’adjectif qual%e ce sur quoi (1690) ou qqn sur
asuite d’événements pénibles ou de catastrophes)> qui (1694) l’on peut compter. 0 Il s’emploie spécia-
(1895) vient de ce que ces événements isolés lement ( 1690) en parlant d’une personne réservée
semblent obéir à une sorte de logique interne; l’ex- dans son comportement amoureux, et se dit en-
pression sera réutilisée comme titre d’une collec- core aujourd’hui pour <chaste, fidèle* à propos
tion de romans policiers. * En série Sign%e “grand d’une femme et, surtout dans ne pas ê&e sérieux,
nombre d’objets identiques* 119031 dans des ex- d’un homme. 0 En littérature, sérieux qualSe un
pressions Ifabtiatio~ en sériel. En série, en électri- genre, qui n’a pas l’élévation de la tragédie mais
cité 11881, trad. angl.1, se dit d’un montage de d’où le comique est exclu, dans pièce sérieuse
conducteurs bout à bout, opposé à en parallèle. (16641, puis genre sétiux (17571, défmi par Diderot
Hum sétie 4ifTérent de ce qui est commun (en sé- comme intermédiaire entre le tragique et le
rieh signSe par extension txx” s.1 <<de toute pre- comique. 0 Avec la valeur de &P, l’adjectif s’em-
mière qualité». 0 Série s’emploie aussi comme ploie dans acheteur sérieux “qui a les moyens de
terme de boxe pour asuite rapide de COU~S~(19211, payerfi ( 1871). 0 La langue popdaire emploie sé-
en éducation physique pour nencha*%ement de rkux comme adverbe (av. 1880, Zola). + Un sétiw
mouvementsn 11922). 0 En radio et en télévision, le se dit d’un grand verre à bière (<<double bock*,
mot s’emploie pour (suite d’émissions ayant le 1907).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3477 SERMENT

b SÉRIEUSEMENT a&. cv. 13803 s’emploie avec SERINGUE n. f., réfection (XVI” s-1 de cetinge
des valeurs analogues à celles de l’tijectif. (XIII~ s.1, siringe, est emprunté au bas latin médical
syingu &tule~~ et aseringuen, par extension alave-
SERIN n. m., attesté en 1478, est d’origine incer- ment, clystère» ; ce mot est lui-même emprunté au
taine; il représente peut-être un masculin de l’an- grec swinga, accusatif de sutinx aflûte de berger»,
cien français sereine n. f. E+ sirène) [fin XIe s.1, issu désignant par extension différents objets creux,
du bas latin Sirena, du grec seirkn, qui est aussi le par exemple l’étui d’une pique, et des lieux de
nom donné à une sorte de guêpe qui ne vit pas en forme analogue (galerie, couloir, etc.); surinx s’em-
essaim, ces deux acceptions étant reprises en latin. ployait par ailleurs en médecine pour <(trachée,
Serin a pu être emprunté à l’ancien provençal se- bronches, fistulen, etc. Ce mot est peut-être d’ori-
rena k-v” s.1, nom d’un oiseau destructeur de gine méditerranéenne ou orientale Icf. arménien
guêpes, d’abord cerena EV. 12001, adaption par les sring).
Massaliotes du grec seirên. P. Guiraud note que le + Le mot désigne d’abord I~~II~ s.1 un’instrwnent ser-
provençal moderne distingue sereno, sireno <si- vant à donner des lavements kf. clystère), accep-
rènes et <guêpier (l’oiseau))) et serin, seren cseriw tion disparue, puis au ~VI~ s. (15491 un instrument de
alors que serena est ancien. Selon lui, l’oiseau au- jardinier servant & arroser ou projeter des insecti-
rait pu être nommé d’après sa couleur et représen- cides. La locution familière chanter conmze une se-
terait le latin classique cerinus <couleur de cire, ringzre <<chanter faux>> (18081ne s’explique pas clai-
jaunen, dérivé de ceru &re*n; la disparition de l’rz rement. 0 Un sens figuré correspondant à <niais,
final dans les dialectes occitans peut par ailleurs imbécile)) a servi de terme injurieux ( 1845).Le mot
suggérer un emprunt au fkmçais. s’est aussi appliqué à une épouse acariâtre. 0 Du
+ Serin, parfois écrit serein aux XVII~ et XVIII~ s. et premier emploi procède (1876) le sens moderne de
aussi cetin (161II, est le nom donné à un petit pas- <<petite pompe, utilisée pour introduire des fluides
sereau jaune élevé en cage et recherché pour son dans l’organisme ou les en retirern. Par analogie,
chant. 0 Jaune serin (IBOO), jaune queue de serin seringue se dit dans l’argot militaire pour 4~4~
11809)et setin adj- inv. 117901désigne un jaune clair (18851,puis, dans l’argot du milieu pour <<arme auto-
et vif. Le mot a désigné en argot un garde national matique-.
dont la tenue comportait des parements jaunes F Le dérivé SERINGUER v. tr. signiCe ({injecter à
11867; en usage sous Louis-Philippe) et par exten- l’aide d’une seringuem Il5471 ; il s’emploie aussi en
sion un gendarme ( 1867). + Parce qu’il faut long- horticulture (1876). 0 ll se dit, d’abord en argot
temps exercer l’oiseau pour qu’il chante, le mot a 119271, pour atirer, notamment avec une arme auto-
pris le sens de «niais, nigaudm (1821, adj. ; 1843, matique )>. 0 1l a pour dérivé SERINGAGE n. m.
n. m.). (1871),dont le sémantisme est analogue.
@ voir SERINGA. SYFUNX.
b Le dérivé SERINER v. tr. a d’abord signW en
emploi intransitif (1555)«chanter agréablement% en SERMENT n. m. est l’aboutissement (1290) des
parlant d’un oiseau, sens disparu. 0 Repris au dé- formes sugrament (842,dans ce que l’on nommera
but du xrxe s. en emploi transitif, le verbe sime plus tard les Sewnents de Strasbourg) puis seire-
eapprendre à chanter à un oiseau>> (1808)puis ( 18351 ment, serement Iv. 11201, suirement Iv. 11551,etc. Le
fljouer (un air) avec la serinette,. c= De là vient le mot est issu par voie orale du latin classique sacru-
sens figuré de Nrépéter continuellement (qqch.1 à mentum, terme de droit signSant adép8t garantis-
qqn- ( 1831, E. Sue) ; par extension, setiner gqn ( 1846) sant la bonne foi d’un plaideur et consacré au ser-
signi6e «l’importuner par une répétition fasti- vice des dieux en cas de perte du procèsm, d’où
dieuse>; il a vieilli dans cet emploi. 0 Serirzer, <serment (personnel et volontaire))} dans la langue
d’après serin ~niaîs~, s’est dit aussi en argot (1896) militaire. Le terme s’opposait au jusjurandum dé-
pour ctromper (un mtib. + SERINE n. f. est rare signant un serment collectif et imposé; dans la
au propre, <<femelle du serin- ( 16801,conune au fi- langue ecclésiastique, sucrumentum s’est dit en-
guré. - SERINETTE n. f. a désigné (1739) un petit suite de tout objet ou acte ayant un caractère sacré,
orgue mécanique actionné par une manivelle, avec ce qui a donné lieu à l’emprunt sous la forme sucre-
lequel on apprenait un air aux serins. Dans cet em- ment*. Sucrumentum dérive de sacrare {(consacrer
ploi et au sens figuré de <<personne qui répète qqch. Ià une divinit&, lui-même de sucer I+ 0 sacrer).
mécaniquement, (1803, en parlant d’un chanteur), + Serment s’est introduit avec le sens de apromesse
il est sorti d’usage. ou afkrnation faite en invoquant Dieu, un être ou
un objet sacré*; on le rencontre à la fm du XIII~ s.
SERINGA ou SERINGAT n.m. est em- EV.1200,sugrumen), en fknçais et en ancien pro-
prunté au XVII~ s. (1600, seringa; 1652,serhgut) au venqal, employé pour cjuron, imprécation*, sens
latin des botanistes syringa, qui reprend le bas latin encore en usage à l’époque classique, net-ent
médical syringu <seringue>> et &stule>>, lui-même pour ablasphème» (vilain semtent, 13171.0 A partir
emprunté au grec sutim «flûte, roseau coupé et du xrve s., on relève le mot au sens laïc de «pro-
creuséu I-+ seringue). La forme savante mfiga est messe)) dans de nombreux syntagmes : mettre à
employée au XVIII~ s. (1715-1798). semzent ademander sur la foi du sermentti (v. 1360;
+ Le seringa a été ainsi nommé parce que le bois de 1615,mettre au semzent) est sorti d’usage ; prêter
cette plante aux fleurs blanches odorantes servait, serment (1538) est d’abord juridique puis général,
une fois vidé de sa moelle, à faire des seringues, déférer le serment à qqn &û imposer le sermentb
des flûtes. (1549)a disparu. Le mot a une valeur générale dans
SERMON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

faire Ile) serment de &klarer queu (1664). 0 Au signifk ~prédicateuw 0 D’après le sens extensif de
xwe s., le mot s’applique en général à une pro- semzonner, il s’emploie, aussi au féminin, pour
messe ferme, une mation insistante (1670),d’où *personne qui sermonne, morigène» Iv. 1220,selon
serrnent d’amant (17181,serment de joueur (1740; Larousse de Zu langue fi-ançaise; v. 1270, T,L.FJ
1718, serment des joueurs) et par ironie serment comme nom et récemment comme adjectif (ti
dkrogne 118081,toujours usuel. Sont sortis d’usage XIX@ S.I. + SERMONNAIRE n. m., terme didactique
rendre Ù qqn son serment al’en déliep (16751,être de dérivé de sermon, désigne un auteur de sermons
serment as’entendre, se concerter» (1697). 0 Avec (1584) et un recueil de sermons Iv. 1587). 0 Il est
l’idée d’engagement solennel prononcé en public, peu usité comme adjectif (1798).
le mot s’est employé dans des expressions conser-
vées en histoire : serment corporel (17043 se disait SÉROPOSITIF + SÉRUM
en parlant du serment de fidélité que le vassal non
lige faisait en levant la main, serment civique (1790) SERPE n. f. est la réfection (xm” s-1de sarpe, issu o>
a désigné le serment de fidélité, d’attachement et Idéb. XIII~ s.1 d’un latin populaire ‘sapa, dérivé du
de soumission prête par un citoyen à la première latin classique sarpere 4ailler la vignen, qui se rat-
Constitution. tache, comme le grec harpê <faux, faucille, crochetm
C-t arpion, harpagon), à une racine indoeuropéenne
F Le CompoSé ASSERMENTER v. tr. (3 @ a-) appa-
OseTp-4nstrument crochus.
rtit dans la seconde moitié du XII’ s. avec le sens de
@faireprêter sermenta, déjà vieux au XVII~siècle; le 4 Le mot désigne un outil forme d’une large lame
verbe reste dans le vocabulaire du droit public, en croissant, à manche court, destiné à élaguer. II
mais il est moins courant que le participe passé est utilisé chez Villon Iv. 1460) pour Mcoupeur de
ASSERMENTÉ, ÉE adj. (13561, spécialement em- bourse>). 0 Depuis l’époque classique, l’élagage
ployé en parlant des prêtres qui, en 1790, avaient étant une coupe grossière, il s’emploie dans la Io-
prêté le serment de fidélité à la constitution civile cution fait à la serpe 11694; 1690, j’en ferais autant
du clergé E17W. 0 Dans cet emploi, on relève le avec une serpe), appliquée à un travail manuel ou à
contraire INSERMENTÉ, ÉE adj. et n. m. (1792, un ouvrage de l’esprit exécuté grossiérement. Par
n. m.), composé de in- négatif et de l’ancien ser- extension, la locution fait avec une serpe (1718) a si-
menté “qui a prêté sermenta. Ce dernier, d’abord gn%é <<mal bâti» en parlant d’une personne, au-
sous la forme sairemente adj . EV.12501,puis ser- jourd’hui surtout en parlant d’un visage aux traits
ment6 n. m. (12601,est tiré de l’ancien verbe ser- anguleux, sous les formes &k!Zé a la serpe (1887,
mertter flfaire prêter serment* (v. 12001 et Mprêter Zola1 ou Q coupsde sewe 11935, Académie). +Par
sermenta (1386; encore en 1530). ImewnePtté, au- analogie, serpes au pIurie1 a désigné 116803un fer
jourd’hui terme d’histoire, a eu pour équivalents tranchant utilisk pour couper à l’abordage les
non-semtenté, ée (1791) et imementaire (17921, câbles du navire ennemi (jusqu’en 1771).
mots révolutionnaires. F SERPETTE n. f. 11538),diminutif de serpe, rem-
place surpeste Iv. 13503et sarpette 11549; jusqu’à fm
SERMON n. m. est un emprunt très ancien XVIIeS.I. + SERPILLON n. m., autre diminutif
(v. 980) au latin classique semzo, -optis <conversa- Iv. 1530; 1272, surpillon), est aujourd’hui un mot ré-
tion, entretien et, dans la langue littéraire, <<dis- gional.
cussion, dialogues, équivalent de disputatio I+ dis- 0 v0irsAmmN-r.
pute); par extension, sermo prend le sens de
amanière de s’exprimern, {{langue, langagen et, SERPENT n. m. est issu 110803,comme l’ancien o>
dans la langue de l’Église, celui de ~~discours pro- provençal serpent n. f. ( H~?O),de serpentem, accusa-
noncé en chairem; ce mot était rattaché par les An- tif du latin classique serpent, -entis n. f. <<serpent»,
ciens à serere, au supin sertum, aentrelacer, tres- wer (du corps humain)m et nom d’une constellation
sep et, par figure, aenchaîner, unir% (3 série), (au masculin). C’est le participe présent substan-
interprété comme (<enfilade de motsn, d’où dis- tivé de serpere aramper, se glissera, au propre et au
cours,. figuré. Serpes, d’abord serpent bestia wximal
+ Semzon apparaît en français avec la valeur &y- rampantb, sans doute à cause d’interdictions de vo-
mologique de &~COUTS, proposn (du Christ sur la cabulaire concernant cet animal, a remplacé un-
terre), qui ne s’est pas maintenue, non plus qu’une guis, mot pIus ancien utilisé dans la langue reli-
autre acception du latin, &ngue= Iv. 1130).On re- gieuse b anguille) ; on relève aussi comme
lève ensuite le sens du latin ecclésiastique, spéciali- substituts vipera (-, vipère), draco (+ dragon). Ser-
sation durable depuis La Chanson de Roland (1080), pere, comme le grec herpein ase trakrer)) (-, herpès)
et par extension I~II~s.1l’emploi pour discours mo- et le sanskrit sarpati 41 rampe», se rattache à la ra-
ralisant, généralement long et ennuyeuxm (v. 1131). cine indoeuropéenne “serp- qui provient probable-
b Cette valeur apparaît également dans le dérivé ment d’un élargissement de Oser- aaller, couler=
SERMONNER v., réfection (v. 1180) de semtuner (4 Sérum~.
v. intr. (v. 111.21,
surmunw 11l20), d’abord *prêcher>, + Serpent, parfois savent Iv. 11603en ancien hn-
acception sortie d’usage au XVII~siècle. 0 Le verbe çais, désigne comme en latin un reptile au corps
s’emploie transitivement Iv. 1165 1170) au sens de très allongé ; dans la langue courante, il se dit aussi
<<faire des remontrances, adresser des conseils à des sauriens serpentiformes, comme l’orvet
qqn, devenu le seul emploi moderne. 0 Son dérivé IV. 1130) appelé plus tard serpent de verre (1791), Ou
SERMONNEUR n. m. (h mes., sa?vboneor; v. 1250, de poissons anguiformes, spécialement marin
sawnoneur; forme moderne, déb. XVI~s.) a d’abord serpent (v. 11121 puis serpent de mer (1855), animal
DE LA LANGUE FRANCAISE 3479 SERPILLIÈRE

marin fabuleux de grande taille, employé au figuré posé pour traduire l’anglais snaking, dérivé de
à propos d’une information fausse ou sans intérêt to snake ttrampep, lui-même de snuke aserpenta.
qui revient périodiquement dans la presse. 0 Par Au x~~s.apparaissent SERPENTUEUX.EUSEadj.
allusion aux caractères de ruse, de finesse, etc. at- (18361, équivalent de &nueux? littéraire, et le
tribués traditionnellement au serpent, symbole de composé SERPENTIFORME adj. 118241, de -fo?wze,
l’esprit du mal dans la Bible, le mot s’emploie pour didactique.
upersonne méchante)) (v. 1175, Renartl, emploi Quelques mots sont empruntés à des dérivés du la-
vieilli. En revanche, les allusions bibliques aux rela- tin serpe-. -SERPENTXN,INE adj., emprunt au
tions entre le serpent tentateur et Ève (à partir de bas latin serpentinus ((de serpent>>, s’applique
15011restent courantes. Avec une valeur analogue, Imil. me s.) à ce qui a la forme d’un serpent qui
la locution Eeserpent est caché entre les belles fleurs rampe, Au sens de <<relatif au serpent» Iv. 11651,il a
(15721, puis sous Ies fleurs 4e danger est dissimulé disparu. Par figure, il s’est dit pour <perfide, mé-
sous des dehors séduisants, vient d’un vers de Vir- chant» (v. 12251, d’où lan@e serpentine h. 15001, de-
gile : higidus lutet anguis in herba. 0 Le XVII~siècle venu archaïque. 0 L’adjectif quatie aussi (15341 ce
voit apparake l’expression réchauffer IéIever, qui est marqué de taches et rappelle la peau du
nounirl un serpent dans son sein <<élever, aider un serpent. 0 Enfin, ligne serpentins (1812) signi-fie «si-
ingratn ( 1662). Au sens propre, le nom est qualifié nueuse)). +De l’adjeckif vient SERPENTINE n. f.,
dans des noms d’espèces : serpent cornu fISIl), au- disparu comme mot générique pour ales serpentsn
jourd’hui 9 cornes E1904) wipère à cornes», serpent (v. 11801, devenu au XZII~s. le nom de roches d’as-
ti sonnettes ( 16801 «crotale», serpent à deux têtes pect rubané, d’où SERPENTINEUX,EUSE adj.,
(1671) wnphisbènes, serpent à lunettes (1763) aformé de serpentinen ( 1801). 0 Par analogie de
«najD, etc. 0 Dans le domaine des mythes, on peut forme (av. 14531,serpentine a désigné une bouche à
citer le serpent à plumes, nom d’un dieu indien du feu. C’est aussi le nom ( 1871) d’une figure de ma-
Mexique, Quetzalcoatl. +Par analogie, il se dit nège en ligne sinueuse et d’un petit ornement en
pour une chose longue et sinueuse (av. 16061; c’est passementerie. ~TOUS les emplois ont vieilli.
spécialement le nom (1636) d’un ancien instrument -0 SERPENTIN n. m. désigne ti xv” s.1 une
à vent dont le tube était recourbé plusieurs fois et bouche à feu à canon allongé (cf. codeuvtizne), en-
par métonymie (1718) le nom de l’instrumentiste. core en usage au XVII~ siècle. Par analogie de forme,
Dans le vocabulaire technique, le mot désigne alambic serpentin se dit ( 15641d’un tube en spirale
(19081 un cordage fixé sous la nacelle d’un ballon. utilisé dans les appareils de distillation. ~AU-
0 Par métaphore, il s’emploie en économie (19723 jourd’hui, le mot désigne couramment ( 1892) un pe-
pour une marge de fluctuation des cours d’un en- tit ruban de papier coloré qui se déroule quand on
semble de monnaies, spécialement dans serpent le lance.
monétaire européen, abrégé en S. ~ofzciellement SERPENTAIRE n., emprunt au latin impérial ser-
pour système1 M. E. (1978). +Seqoent avait repris au penturia, nom d’un arum, en conserve la valeur
XVII~s. ( 169 1) le sens latin de «constellation de l’hé- (XIII~s., n. f.) et nomme d’autres plantes 11723, ser-
misphère boréaln qui n’est plus connu. pentuire de Virginie +xistoloche4. 0 Le mot est en-
b Le dérivé SERPENTEAU n. m. @II xv” s.), d’abord suite repris (1819, n. m.) au latin zoologique Ifalco)
serpentel Il 165- 11701, désigne un jeune serpent. Le serpentarius ~VIII” s.) pour désigner un oiseau ra-
mot a pris par analogie 11629) le sens de «petite fu- pace qui se nourrit de serpents.
sée volante à mouvements sinueux». Il s’est dit SERPER v.tr. (1611) ou saquer (v.1508) est em-
11690) d’une boucle de cheveux longue et sinueuse prunté à l’ancien italien serpare, sarpare (XIV~sd,
puis Ii7011 d’un cercle de fer muni de petites gre- dérivé de serpe {CserpentB, spécialisé en marine au
nades qu’on jetait sur une brèche. +SERPENTE sens de apartie de la proue où était placée l’ancren.
n. f., d’abord <(serpent>> Iv. 12801 puis afemelle du Serpe vient d’un latin populaire “serpem, accusatif
serpenta Idéb. XIV” s.), est aujourd’hui didactique de “serpes, altération de serpent. 0 Cet ancien
11680) et désigne un papier très ti utilisé pour faire terme de marine signi-fiait ((lever (l’ancrel~ ; le verbe
des éventails et pour protéger les gravures des était employé aussi absolument 11677).
livres; à l’origine, ce papier, nommé papier Ib lu1 @ Voir SERPOLET.

serpente, portait un serpent en filigrane.


SERPENTER v.într. h.1370) Sign%e <<aller ou être SERPILLIÈRE n. f., réfection (1403) de sarpil-
disposé suivant une ligne sinueuse>> EV.1650, pour liere (v. I 1801, est d’origine incertaine, le premier
des personnes). Au sens figuré (av. 17841, &ntro- sens mal établi désignant une étoffe précieuse Cor
duire de manière insidieusem, il a disparu. +Le et argent et tice sarpilliere). Le mot est peut-être
verbe a fourni plusieurs dérivés. SERPEN- issu d’un latin populaire r~sirpiculuriu désignant
TANT, ANTE adj. est attesté au XVI” s. 11564); SER- une étoffe faite avec un tissu analogue à du jonc
PENTEMENT n. m., *chemin tortueuxn (16141, (cf. espagnol herpil asorte de sac grossier=), du latin
s’emploie ensuite en mathématiques ( 1754) pour classique sklirpiculus adj. “qui concerne le joncn et
apartie d’une courbe qui va en serpentant*, au- n. apanier de joncp; ce mot dérive de sCcIirpw
jourd’hui dans point de serpentement 11904. Kjonca, d’origine inconnue (passé en fran@s dans
0 Comme substantif d’action (attesté depuis 17563, l’emprunt savant SCIRPE n. m. en botanique). Par
«action, fait de serpenter», il est rare. + SERPEN- ailleurs, les variantes dialectales en ch- kharpil-
TAGE n. m. Iv. 19701, terme technique pour amou- Ière1 suggèrent à P. Guiraud un rapprochement
vement d’oscillat;ion d’un avion)), est un mot pro- avec charpiller <<réduire en charpien, qui a pu se
SERPOLET 3480 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

croiser avec son synonyme Se@ller 4ailler à coups du bas latin serare <<fermer avec une barren, sans
de serpe, grossièrementn, mais ce verbe est attesté doute sous l’influence de fermm <(fer*>>ou de seru
tard (16111. cscie» (--+0 serre3 à cause de la forme dentelée de
+ Serpillière désigne au moyen âge une étoffe de certaines pièces de serrure; le verbe dérive du la-
laine ou un manteau fait de cette étoffe h. 1180). tin classique sera désignant à l’origine une barre de
Par la suite, les différents emplois restent liés à bois qu’on glissait derrière la porte, puis un verrou
l’idée d’étoffe grossière : le mot s’est dit dune ou un cadenas. Ce terme technique n’a pas dëty-
grosse toile que les marchands mettaient devant mologie claire.
leur boutique pour la protéger du soleil 11244, sur- + Semer appartit avec le sens de apresser (qqch.) de
pikre), d’un linceul (1288, sa?@, encore au manière à ne pas laisser échapperm, où l’idée de
XVIII~siècle. Il désigne ensuite une grosse toile ser- rapprochement est liée à celle de clôture. De là le
vant à emballer les marchandises 11302, sarpilliere; sens de emaintenir énergiquement fermé (la
1403, serpillkre), sens du latin médiéval surpille& main, etc.)=. La valeur étymologique est reprise
(1233) que reprennent l’ancien prover@ serpe- Iv. 1155) par l’acception de Kfermer (avec un ver-
liera, l’ancien catalan sarpelleru (XIII~s.1 et d’où rou, etc.)fi, sortie d’usage et remplacée par femzer,
vient l’espagnol hurpilleru. Le mot a parfois désigné verrouiller, régionalement barrer. De cet emploi
de belles étoffes (tice surpillere, v. 1270). oSe@- vient au XVI” s. le sens de sewer le passage CG qqn de
lière a désigné ensuite ( 1345, surpilltire) un tablier fermer, l’interdire» (15531, qui a disparu après le
de grosse étoffe, porté par certains corps de mé- xwe siècle. *Les principaux sens en usage en an-
tiers et, dans la seconde moitié du XVI~s., une cou- cien tiançais, outre les précédents, sont l’intransitif
verture de cheval. En argot, il s’est dit au XVII~s. serrer, correspondant aujourd’hui à être serré em-
pour *robe de prêtre» (1628). + Le mot n’est plus en ployé du XIII~ Iv. 1250) jusqu’au XVII~s., en emploi
usage que pour <(pièce de toile épaisse servant à la- transitif la valeur physiologique pour aoppressep
ver les carrelages, à éponger* (déb. XX~s.; chu@- (ci-dessous, à propos du cœur), le sens militaire
lere, Saône-et-Loire, ti xrxes.); il est d’ailleurs pour «assiéger)) (seTer une place, 1165-l 170) qui uti-
concurrencé par des mots régionaux (comme wus- lise à la fois l’idée concrète de rapprochement et
singue, dans le nord de la France, en Belgique) et celle, abstraite, de contrainte. Cette idée concrète
semble stiout parisien. se réalise par l’emploi de serrer pour ajoindre étroi-
tement>), «rapprocher autant qu’on le peut (des
SERPOLET n.m. est emprunté au mes. choses, des personnes)= Iv. 11751,sens vivant, mais
(av. 1525; serpoulet v. 1500) au provençal serpolet, plus usuel au pronominal, au passif et dans le parti-
diminutif de serpol (XXI~s.), repris aussi en moyen cipe passé serré (ci-dessous). + À partir du ~III~ s., le
-français (1387) et issu du latin classique serpullum verbe correspond par extension à Menfermer (des
ou serpillum, serpyllum. Le mot latin est emprunté personnes, des animaux) da;ns un lieu clos+
au grec herpullos athym, serpoletti, dérivé de her- Iv. 12101,valeur sortie d’usage, et à amettre à l’abri,
peint -ramper, glissern (+ herpès), le serpolet étant remiser, garder dans un lieu surU (v. 12401, cet em-
une plante rampante. Herpein se rattache à une ra- ploi étant concurrencé par ranger mais encore vi-
cine indoeuropéenne “serp-. Cette racine est sans vant régionalement. 0 En moyen fknçais, le sens
doute un élargissement de Oser- aaller, couler* initial [serrer le poing) se réalise dans des locutions
(3 s&um1 et est aussi représentée par le sanskrit marquant la violence, l’étranglement, l’é totie-
s&outi cil rampe, se glisse>> et le latin serpere ment : serrer lu Vaine Iveinel ù qqn 4’étranglern (fin
I-, serpent); une influence de serpere expliquerait
xrves.), serrer le cou (17381, lu gorge, le Iziki 11888, le
le s de serpullum.
quiqui). Serrer le ventre à qqn a signifié au figuré @n
+ Surtout régional, serpolet désigne une plante aro- XIV~s-3 ((lui couper les vivresm, sorti d’usage; l’ex-
matique appelée aussi thym* sauvage. pression a été reprise au xwe s. 11636) pour Mconsti-
0 SERRE n. f. a repris en géographie Cv.1726) per». c= Le sens d’&toufferB s’est utilisé dans des
l’ancien français serre (<scie))Km XI~ s.) puis Nmon- imprécations du type gue lu fitire Iv. 14601, lu peste
tagne» (v. 1190), qui s’est maintenu dans les dia- le serre, usuelles en fkmçais classique. Ce séman-
lectes du Centre, à côté de serra dans le Sud-Ouest tisme initial se retrouve, derrière les défmitions
et en Provence, de même sens (XII~s., en ancien fonctionnelles modernes, dans de très nombreuses
provençal). Ces deux mots sont issus du latin serru locutions formées avec ce verbe.
-scie>) et <ordre de bataille en dents de scien, terme L’idée de <<rapprocher, mettre ensemble*, croisée
technique sans étymologie claire (- serrer). avec celles de =ferrnep et de KrangerB, a fait que
serrer, avant plier, s’est appliqué aux bagages, d’où
+ Sere désigne une colline étroite et allongée.
la locution figurée serrer bagages 6’esquiver)b
b Le latin a abouti en espagnol à sierra, de même (v. 15001, alever le camps (1566-1568). 0 L’idée de
sens que l’ancien français serre, emprunté par le «rendre plus étroit>>, de <diminuer le volume> appa-
français. + SIERRA n. f. (1669) désigne en français raît ( 15271 dans serrer un noeud, d’ou plus tard, par
une chaîne de montagnes ou une montagne allon- figure, serrer Zesnœuds de l’amitié (1666) et en argot
gée, dans un pays de langue espagnole. 0 En topo- ancien (1867) serrer le nazud «se marier,. * Avec
nymie portugaise, on dit serra. cette valeur et avec un sujet nom de personne,
se serrer Msetapiru (1538) a disparu, mais le prono-
0 SERRE -3 SERRER
minal se maintient aux sens de <se rapprocher}
+k SERRER v. tr. est issu Ifin XI” s. hnil. XII~s. se- (1549) et (<semettre tout contre (qqch., qqnjm 115531.
lon T.L.F.1) d’un latin populaire Osemare, altération 0 Serrer prés (15381, aujourd’hui semer de près
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3481 SERRER

Qqn], signifk ~poursuivre~ et spécialement (v. 16601 verbide, serk a signifk cfortementn (15591, d’où
serrer de près une femme ki faire une cour pres- mentir serré ( 16901, disparu au cours du XVIII~siècle.
sante)). Serrer près (qqn) a signifG aussi (<lepousser 0 Il s’emploie pour <concis, précis» ( 15591, mais est
en le gênant)), sens où l’on emploie ensuite serrer disparu au sens de <<secret>Ifm XVI” s.l. Jouer serré
qqn. +S’agissant des organes et parties du corps, (où serré est adverbial) aavec prudence» (16061 se dit
les emplois vont du geste matériel de pression aux par figure pour (<agir avec circonspection>> 11784) et
emplois figurés évoquant l’angoisse. Ceux-ci, très avoir un jeu semé s’emploie au propre (17181 et au
anciens à propos du cœur, dont on dit qu’il se serre figuré 11835). 0 Serré mis en lieu sûr, rangé- 11607)
depuis le XII~s. Iv. 1150) à côté de un sentiment, etc. ne s’emploie plus que régionalement. Avoir le
serre le cœur (v. 12701, sont mal attestés concrète- ventre se& &tre constipé)) ( 1765) donne hieu à être
ment en ancien francais. Ainsi serrer la rn& (de, serré (16901 qui a disparu. 0 L’adjectif a aussi dis-
puis ii gqnl, geste essentiel qui accompagne le salut paru pour «assiégé (d’une villeIn ( 1681) et <peu com-
et qui est un symbole très ancien de bonne inten- municatif». Au XVIII~s., fortune serde a indiqué une
tion (la main, étant libre, ne porte pas d’arme), n’est situation tiancière difkile. 0 C’est l’idée de
attesté qu’à la fm du xwe siècle. 0 De même, serrer acontrainte» qui s’exprime avec le sens de <(très sé-
les dents est évidemment antérieur à 1607 (où l’ex- vère> (17981, en parlant d’une éducation, etc. ~I%re
pression est attestée) puisque desserrer les dents serré sig&e aussi aavoir peu d’argent et en être
existe dès l’ancien lançais (ci-dessous). 0 D’autres gêné, contraintB et l’adjectif s’emploie en parlant
expressions, comme serrer les doigts à qqn d’un vêtement ( 1809) ou d’une personne. 0 Avec la
<contraindre & avouer>> (16361, ont disparu. valeur de «dense*, il a été repris au xxe s. dans un
Depuis le XVII~s., le verbe s’emploie aussi avec le café serré et, récemment, dans montage serré
sens d’4ller plus pr&+, apaz,ser auprès den ( 1648) 11973, terme technique de cinéma.
surtout en marine, par exemple dans semer le vent 0 SERRE n. f., déverbal de serrer, a eu en ancien
<naviguer au plus près du ventm 116781. 0 Serrer fkançais des emplois aujourd’hui sortis d’usage :
arendre étroit, entourer étroit ementx I 1653) donne afermeture)) (mil. XII~s.), csuite, ordre>> Il 165-11701,
lieu à des spécialisations. Serrer s’emploie spéciale- Mprison, endroit clos» Iv. 11751, d’où au XIII~s. metie
ment en imprimerie (1688 ; sans doute antérieur, en serre #emprisonnerfi. oLe mot a désigné des
cf. serrage) dans serrer la fomze &xer solidement la pièces qui serrent, par exemple la branche d’un
composition dans la forme» et en marine (169 1) mors de cheval Iv. 1138). * Comme nom d’action, il
dans serrer les voiles <les pliern. Par figure, semer se dit de l’action de garder, puis de la garde elle-
SO?Istyle s’est employé pour &crire d’une manière même (XIII~s.), d’où tenir en serre aassujettiru (13021,
plus concisen (1690). 0 Concrètement, le verbe encore relevé en 1669. +Au xwe s. apparaît la va-
prend en technique le sens de {{faire mouvoir leur logiquement première, #action de serrer, son
(qqch.) de manière à rapprocher, à fier>> (1690, ser- résultat)}, seulement aujourd’hui dans des emplois
rer une vis). Au figuré, serrer la vis a eu le sens techniques, par exemple (mil. XVI~s.) pour parler de
11867) de apresser un travail>) pu& d’cktrangler chacun des pressurages successifs d’une subs-
(qqn)* (1872) ; il ne s’emploie plus aujourd’hui qu’au tance. Au figuré, ce sens actif a donné (16801 la lo-
figuré ( 1889) pour cexercer une contrainte rigou- cution avoir la serre borne «être avare* k’est-à-
reuse*. 0 Avec la valeur de «tenir à l’étroit)), se ser- dire attraper, garder et ranger, c’est-à-dire serrer
rer le ventre (1808) a eu au figuré le sens de +e pas- l’argent) puis ( 1690) aavoir une forte poignes. Par
ser de mangep; on dit aujourd’hui se serrer Ja métonymie, les serres désigne 115381un élément de
ceinture. 0 En emploi familier, serrer les fesses la membrure d’un navire. 0 Tous les emplois pré-
El8121 exprime la contention de la peur. Se serrer cédents ont disparu ou ont vieilli. + L’emploi le plus
s’emploie pour wcomprimer sa taille» (18421, par fi- courant en français moderne, surtout au pluriel,
gure <<sepriver», et serrer pour aappliquer étroite- concerne les griBes des oiseaux de proie (1549);
ment (un vêtement) contre le corps» (XIX” s.3. +En serre a désigné ensuite une pince qui serre bien
emploi intransitif (18761, serrer signifie use rappro- (16111, sens conservé en fonderie 117233. +Avec
cher de>>(serrer à ~surl sa droite). + En argot serrer, l’idée de rangement et en emploi concret, il s’est
qui au sens de arangerB a Sign%é wolerm (1830), se dit d’un lieu où l’on conserve qqch. (1640, des fi-uitd,
dit (1906) pour vdévaliser qqn en le serrant entre d’où sere à lkgumes (18451, valeur remplacée par
deux agresseurs». Il signiCe aussi carrêter, appré- resserre (ci-dessous). 0 Par extension, c’est le nom
hendep>, c’est-à-dire nprendrep. d’une construction vitrée où l’on met des plantes à
F SERRÉ, ÉE adj. a le même sémantisme que le l’abri (16601, et cet emploi est resté vivant avec des
verbe. Le mot s’applique Iv. 1112) à un ensemble syntagmes comme culture en serre, de serre, serre
dont les éléments sont très rapprochés ou Cv.11551 chaude (17621, qui s’est employé par métaphore
à des personnes, des choses placées près les unes dans c’est un fruit de serre chaude 118351 ou Iéduca-
des autres. Avoir le cœur serré, qui vaut d’abord tionl en sexe chaude (1875) avec l’idée de protec-
pour 4tre sans pitié» Iv. 11301, prend le sens mo- tion excessive. 0 Serre s’est aussi employé pour
derne aêtre angoissé, dans la peine» vers 1165-1170. «réservoir à eau> (18741, aujourd’hui terme tech-
~Nuit serrée a signi% *nuit noiren du XII~ au nique (mil. XX~s.1 équivalent de wiviep>. 0 Reflet de
XVII~siècle. 0 Le mot quaae (v. 1175) ce qui est serre Cv.1960) désigne par analogie la rétention de
comprimé, contracté et, aussi, dense ; l’idée est réa- l’énergie calorifique du soleil par absorption de
lisée dans conseil se& (<restreint> Ii4W; l’adjectif l’atmosphère. *De serre aprotection pour faire
s’est maintenu jusqu’au XIX~s. pour aétroit, qui oc- pousser les plantesti viennent deux mots tech-
cupe peu de place)) (15381. 0 Avec une valeur ad- niques. 0 @ ENSERRER v. tr. (17181, «mettre en
SERRWRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

serre=, est sorti d’usage. 0 SERRISTE n., dspécia- ( 17941 est d’abord un terme d’imprimerie et prend
liste de la culture en serres*, est récent (attesté unevaleur généraleau xrxes.(1874bDESSERRE-
v. 1973). MENT n. m. s’emploie au propre Idéb. ti s.1 et au
SERREMENT n. m. (15381, d’abord sarement figuré en parlant des activités économiques
Iv. 15001, désigne l’action de serrer. Il est rare, sauf Iv. 1965; cf. déconcentration).
dans la locution serrement de main, et disparu RESSERRER v. tr. développe ses acceptions avec
pour «action de mettre en réserve)) (serre ci-des- le sens de aserrer de nouveau ou encore plus*, ser-
sus). 0 Le mot désigne le fait d’être contracté, au fi- rer étant pris dans ses divers sens ou comme anto-
guré (1671, serrement de c~url. oPar métonymie nyme de desserrer. Il apparaît comme équivalent
! 18121, il se dit d’un barrage qui s’oppose à l’inva- de Nrengainer» (11971, sorti d’usage. Il Sign%e en-
sion des eaux dans une mine. + SERRAGE n. m. a suite arapprocher davantage (des parties dis-
désigné une opération d’imprimerie C1567, Plantin). jointe& (1287) puis s’est employé pour Kfermer de
Le mot a été reformé au XVI? s. en marine (1643) nouveau9 (v. 14621. 0 Au sens général de upresser
pour désigner l’ensemble des pièces de membrure de nouveau, davantagem, il s’emploie (1465) au pro-
appelé seres; il s’agit alors d’un collectif, alors que nominal pour =se rétrécir, se contracter=. De là le
sewuge (1845) copération qui consiste à serrer qqch. sens de diminuer le volurne (d’une choseIn (1.538).
et son résultat», d’oti 4ispositif servant à serrern ~Resserrer a eu de nombreux sens du WI’ au
(xx” s.), est un nom d’action formé avec un autre XVIIIes., vieillis ou littéraires aujourd’hui, par
sufke -uge. exemple <fermer» ( 15341, Rassiéger= I 15341, aenfer-
SERRE-, tiré du verbe serrer, est le premier élé- mer (un prisonnier), (15521, {cacher, retirer)
ment de mots composés dont beaucoup ont dis- (déb. xwe 4. À l’époque classique, il s’emploie aussi
paru, par exemple serre-Croup&e (1532, dans un pour =constipen E1534, d’où se resserrer 07401 [voir
emploi érotique) ou serre-brosse n. m. ( 16901, terme resserré, ci-dessousl, et par figure en parlant du
de marine ancienne; restent SERRE-FILS coeur, de l’âme 11660) ainsi que pour aabréger (un
n. m. im. (18711, SERRE-ÉCROU n. m. (19041, récit, etc.)B (16671, emploi aujourd’hui très littéraire.
SERRE-TUBE n. m. (1904). 0 D’autres composés Se resserrer a vieilli pour aréduire ses dépenses»
sont traités au radical; (+ file, joindre, livre, papier, (fin XVII” s.l. Le sens concret arendre plus serré (un
tête). lier& est resté vivant avec des métaphores comme
Serrer a fourni plusieurs composés verbaux. resserrer les liens (de I’amitiél 117181, littéraire.
+ @J ENSERRER v. tr. apparaît Iv. 11201 avec le sens dhdjectif RESSERRÉ, ÉE s’applique (1538) à ce
figuré dbngoisserfi qui a disparu. Le verbe a signi- qui est enfermé en des limites étroites; dépense
fié tienfermer (qqn, qqch.)n Iv. 1X25), sorti d’usage resserrée <<peu élevée> (1559) ne s’emploie plus, ni
(dès 16801, <faire prison.nierD Idéb. XIII’ s.) et aenter- resserré aavare Idéb. XVII~s.l. 0 Le mot a le sens de
rerB Iv. 15011, valeurs toutes disparues. 011 ne si- flcontracté», d’où spécialement êtie resserré
gnifie plus qu’ccentourer en serrant étroitement)) Mconstipén ( 161 Il. Il s’est appliqué à une personne
(15491, aussi au figuré (1870). +DESSERRER v.tr. a qui a de la retenue (16111, qui communique peu
eu des acceptions très nombreuses, liées à l’idée lapr. 1652) ou, concrètement, qui est enfermée dans
générale d’ouvrir, de défaire. Il apparaît avec les un lieu étroit (1697). Tous ces emplois ont été
sens d’Mouwir lune portels Iv. 11251, de adéchirer, concurrencés par ceux de serré. -RESSERRE-
rompre= Iv. 11301 et aussi d’&arter (un bateau du MENT n. m., d’abord aétat de ce qui est resserrém
rivage)» ( 1165- 11701, tous sortis d’usage. 0 Il s’em- 115501, désigne aussi l’action ( 1669). Il a si@é
ploie depuis le X~I~s. (v. 11751 pour arelâcher ce qui =constipation>> et <action d’enfermer (qqch., qqn)>
est serrém, sens toujours usuel, d’où au figuré =don- (1671). 0 Il s’emploie encore, mais de manière très
ner libre COUTSà (un sentiment)> Iv. 1172-l 174) et *Ii- littéraire au figuré en parlant du cœur, de l’esprit
béret (déb. XIII~s.), valeurs disparues avant l’épo- (1671). 0 Il a disparu pour parler d’une moins
que classique, ~Les métaphores de l’emploi grande circulation de l’argent ( 1798). 0 Au sens
concret usuel, comme desserrer Ies nœuds de propre, notamment à propos d’un noeud, il n’est at-
l’amitié (16561, etc. sont littéraires alors que l’em- testé qu’après 1850. +RESSERRE n. f. appar& en
ploi concret, desserrer un nœud 11694, mais anté- 1629, désignant en Normandie la paroi qui sépare
rieur), est demeuré usuel. 0 C’est au XIII~s. qu’ap- le bûcher du four. Le mot se dit aujourd’hui 11835,
partit isolément desserrer Ies dents m’ouvrir la I3alzac) d’un endroit ou l’on range certaines choses,
bouchen, puis dessemer les dents ct qqn (XIV~ s., ha- puis (xx” s.1 de marchandises stockées dans un
pax), emplois repris au milieu du XVI~~s., notam- marché de gros. Il a remplacé quelques emplois de
ment au figuré, d’où ne pas dessemer les dents serre (ci-dessus).
Hrester muet)) (1656). 0 Le verbe avait eu le sens $’ Voir SERRURE.

113101 de &ncer Ides coups, etc.In, encore à l’épo-


que classique; de là tissever un coup de pied SERRURE n. f. (v. 11701, d’abord seredure Km
Iv. 15501, disparu. 0 Avec l’idée d’ouvrir, le verbe XI~sd, puis serretire Iv. 11651, est dérivé de semer au
s’emploie pour as’épanouip 63 xwe s.1 en parlant sens de #fermer (par ex. avec un verroub, courant
des fleurs et au figuré dans desserrer le cœur «SOU- en ancien français (-+ serrer). On relève aussi dans
lagem (15271, encore vivant au pronominal (1863). les dialectes du Nord-Est (v. 1165) le déverbal sare
+Le dérivé DESSERRE n. f., apparu au sens de (de sarrer, serrer), encore attesté au XVI~ siècle. La
Nvêtement qu’on quitteB, a eu de nombreuses ac- dérivation n’est plus sentie.
ceptions, en particulier ((action de desserrep) +Serrure désigne En XI~ s.) un dispositif Fe qui
Cv.15301.Il est sorti d’usage. ~DESSERRAGE n. m. permet de verrouiller une porte, un tiroir. A ptiir
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3483 SÉRUM

du XV$ s., le mot prend des valeurs figurées : re- 4 SERTE n. f. (17651, aopération qui consiste à Sertir
muer les serrures ( 16111 s’est dit pour cse donner une pierre précieuse)), est un synonyme rare de
l’air d’être fort occupé)>, brouiller une serrure aen SERTISSAGE n. m. 118711, usuel en joaillerie et qui
déranger le mécanisme>> (1680) donne au figuré a pris d’autres acceptions techniques au me s., par
woir la swrzwe brouillée <l’esprit dérang& (1680, exemple en optique, en broderie. +SERTI n. m.,
Mme de Sévigné) ; VOUS avez la serrure et nous avons participe passé substantivé (18751 de sertir, désigne
la clef «VOS précautions ne nous empêcheront pas un ouvrage serti. bSERTISSEUR,EUSE n., =OU-
d’obtenir ce que nous voulons- (1690). 0 Dans le do- vrîer qui sertit (des pierres, des pièces métal-
maine érotique, et par allusion aux anciennes cein- lique& (18371, désigne aussi un appareil qui sertit
tures de chasteté, on a dit familièrement mettre un les cartouches de chasse (1902, sertisseur n. m. ;
cadenas à la serrure «s’abstenir de faire l’amour>> et plus récemment sertisseuse n. f-1 et un appareil
laisser la clef à lu serrure Kavoir un enfant par sur- pour sertir les boîtes de conserve, 1~s œillets (19501.
prise)) t 18883. 0 Regarder par Ie trou de la serrure * SERTISSOIR n. m. (xx” s.) équivaut à sertisseur
(xx” s.1 évoque le fait de se montrer indiscret. 0 Ser- dans le domaine de la fabrication des cartouches et
rure, en technique, désigne (xx” s.1 un dispositif de désigne un outil de maroqtiier.
sécurité employé dans les chemins de fer. Le composé DESSERTIR v.tr. est employé dès
F Le dérivé SERRURIER n. m. Cv. 1260; 1237, sareü- l’ancien français (v. 1180, desartirl au sens de
rier) désigne couramment un ouvrier qui fait ou ré- arompre l’assemblage des mailles (d’un haubertl,
pare des serrures, fabrique des clés et, par exten- mettre en pièces (un bouclierIn. + De dessertir, aen-
sion (xx” s.1, un entrepreneur ou un ouvrier qui lever une pierre précieuse de sa monture>> 117511,
fabrique ou pose certains ouvrages en fer. Le fémi- dérive DESSERTISSAGE n. m. (18701, également
nin Wwriere est attesté v. 1330. +SERRURERIE terme de joaillerie.
n. f. 11393 ; v. 1268, serreüretie) désigne couramment
le métier de serrurier puis, altéré en serreuzeti au SÉRUM n. m., réfection (1538) de la forme dimi-
nutive sérot (14781, est emprunté au latin serum
xve s. et repris en 1694 Serrurerie), un ouvrage fait
<petit-lait% puis &quide séreux* en général ; ce mot
par le serrurier et, par la suite, en technique, la
de la langue rustique se rattache à une racine in-
confection de certains ouvrages en fer 11871, grosse
doeuropéenne Oser- cccoulern, qui a donné en sans-
senurerie; 1876, semurerie du bûtiment1.
krît san’t COUTS d’eau, et qui, par un élargissement,
SERTIR v. tr. apparait ti XI? s.) sous la forme serait à la base d’herpès, serpe& serpolet-
surtir (le participe passé adjectif sati est relevé 4 Sérum s’est employé au sens étymologique de
v. 11303, refaite en sertir ( 1636 ; XIV~ s., selon Bloch et <petit-laitn, sorti d’usage, aussi dans serum du luit
Wartburg). La première forme représente l’abou- Iv. 1560 ; repris en 18121, ou ser du lait (15671, ser de
tissement d’un latin populaire “satire, dérivé de lait ( 16111, ser étant une forme kancisée conservée
sartum, supin du latin classique surcire. Sarcire, après le XVII~ s. dans des dialectes. + Au XVI~ s., sé-
terme technique, a eu probablement le sens de ccre- rum prend en physiologie le sens de apartie liquide
coudre> et plus généralement <<réparer, rac- du sang constituée par le plasma débarrassé de la
commoder>), au propre et au figuré. La racine de ce fibrine>) Isérurn sanguin). Le mot est repris au XIX~ s.
verbe n’a pas de correspondant exact dans 118881 en médecine pour désigner une préparation
d’autres langues. Le participe passé a été em- à base de sérum d’animal immunisé qui, contenant
prunté par l’espagnol et le portugais satin, dési- un anticorps spéc%que, est utilisée en injection à
gnant une série de choses etiées (collier, chape- titre curatif ou préventif k&um thérapeutiquel.
let]. Par ailleurs, le latin classique surcire a été Une solution de chlorure de sodium injectée pour
emprunté par l’ancien français sur& arecoudre certains lavages est nommée sérum physiologique,
(une déchit-urel~ IXIT~ s.1 et l’ancien provençal sarcir sérum artificiel (1883) ou sérum. 0 La locution sé-
(~HI” s.1 de même sens. Quant au nom d’agent sutior mm de vérité hnil. d s.1 est un synonyme usuel de
&ailleurn, il n’a laissé que des noms propres penthotal.
ISartrel. F Sur le radical de sérum a été formé le terme de
4 Le verbe s’est employé Ifm XII~ s., sutir) au sens médecine SERIQUE adj. (19241, «relatif au sérum».
d’ccattacher solidement- (plusieurs pièces, surtout + Le nom entre par ailleurs en composition dans Ia
de métal), encore en usage au XVII~ s. 11660). 0 Sertir formation de termes de biochimie: SÉRUM-AL-
se spécialise au XVII~ s. en joaillerie, pour «enchâs- BWMINE n. f. (19031, de albumine, ~~SÉRUM-GLO-
ser (une pierre) dans le chaton d’une bague, la BULINE n. f. 119031, de globuline.
monture d’un bijow ( 1622, satir; 1642, sertir). 0 Le SkRO-, élément tiré de sérum, entre dans la
verbe prend ensuite d’autres acceptions tech- composition de termes de médecine. - SÉRODIA-
niques ; sorti d’usage en serrurerie (18711, il se dit GNOSTIC n. m. (18961, de diagnostic”, désigne le
encore pour *assujettir, sans soudure, deux pièces diagnostic de certaines maladies, fondé sur la re-
métalliques= ou “par insertion d’un couverclem cherche d’anticorps spécifiques dans le sérum du
(18711, spécialement dans sertir une cartouche malade ; le mot s’est dBusé vers 1985, à la suite de
(19041, puis en broderie et dans le travail du cuir la banalisation de séropositif. +S&ROPOSI-
(xx” S.I. TIF, IVE adj, et n. Idéb. XX~ s., adj.1, de positiP, si-
b Sertir a fourni quelques dérivés techniques. gnSe “qui présente une réaction positive lors d’un
+ SERTISSURE n. f. désigne (1328) la partie du sérodiagnosticn ; le substantif, employé Iv. 19851 à
chaton d’une bague qui maintient la pierre et (1701) propos du diagnostic du sida*, s’est largement ré-
Ia manière dont une nierre nrécieuse est sertie. pandu, comme l’adjectif, avec l’extension de cette
SERVICE 3484 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

maladie. Le mot est abrégé en séropo adj. et n. ~VIII~ s., att. 1720,devenu institutionnel en 17981, ap-
(1989). OS~~RONÉGATIFJVE adj. Idéb.xx”s.1 est pelé aujourd’hui en France service national 11971)
parallèle. + D’autres formations restent d’usage di- ou service dans l’usage courant (faire son setice ;
dactique : SÉRO-SANGUIN, INE adj. (18371, de pendant son service). 0 I%re de service aoccupé par
sanguin (-+sangl; SEROTHÉRAPIE n. f. (18881, de sa fonctionm ( 167 1)s’emploie en particulier à propos
thérctpie, aussi sous la forme SÉRUMTHÉRAPIE d’un militaire ; être serke ou service-sewice signi-
en 1890 <soins & l’aide de sérum Ithérapeutiquek a fie 11901) faxnilîèrement &tre très pointilleux~~.
fourni SÉROTHÉRAPIQUE adj. (1891). *SÉRO- + Parallèlement, service désigne une activité parti-
LOG~E n. f. Idéb. xx” s.), de -logie, a donné SÉRO- culière que l’on doit accomplir auprès d’une per-
LOGIQWE adj. (19131 et SÉROLOGISTE n. sonne, les obligations de la personne qui sert un
hdl.x~~s.l. +ÉROVACCINATION n.f. (1923, de maître (v. 11701,un employeur et, en général, ce
vaccination, concerne aussi le sérum thérapeu- que l’on fait pour qqn, d’abord dans la locution
tique. rendre malvais service a qqn -lui nuire>> (10801,de-
SÉREUX, EUSE adj. a été dérivé (v. 1363,Chauliac) venue en français moderne rendre UIZmauvais ser-
du radical de serum. oL’adjectif s’est employé en vice, puis employé seul Iv. 11551.On trouve aussi of-
physiologie pour quamer ce qui a les caractères de frir hnl service Cv.11701, faire un service à qqn (1370)
la partie liquide des ~humeurs~ Iv. 1363) et en pa- et rendre service ( 1610, H. d’Urfé1 seul demeuré en
thologie pour qualifier ce qui est abondant en séro- usage. De là viennent les sens de Nsalake, rémuné-
sités anormales Il543 d’où maladies séreuses, en ration pour son servicea (v. 1155)et En XII~s.1 (chom-
médecine ancienne. 0 Sérem s’est dit aussi (1835) mage rendu à la femme que l’on courtise)), employé
pour aaqueux», en parlant du lait (ci-dessus s&.&. au pluriel dans la langue classique (1670). Le mot
oLe mot prend sa valeur moderne au début du est entièrement sorti d’usage à propos de l’attache-
XIX~ s., qualifiant ce qui est relatif à la sécrétion de li- ment que l’on porte à une femme (XIII~s.l.
quides (par ex. de l’oeil, de l’oreille interne), spé- Dès le XIII~s., service se spécialise et désigne l’ac-
cialement à propos des liquides qui facilitent le tion, la manière de servir à table (déb. XILI~s,, f&e
glissement de parties en contact : asi membrure le service) et plus généralement la situation, la
séreuse (18061et .h séreuse ( 18251,système séreux fonction de domestique (XIII~s.1, 0 Par extension,
<ensemble des membranes séreuses)} (18351. sewice s’est employé (1175) pour désigner les plats
* Pour crelatif au sérums (ci-dessus skique), l’ad- qu’on apportait sur la table ; de là premier, second
jectif s’emploie dans anémie séreuse C1904. + Le dé- service apremière, seconde série de plats servis*
rivé SÉROSITÉ n. f,, apartie la plus aqueuse des (15521,repris au MC”s. pour =prernière, seconde sé-
humeurs anknales> ( 1495, cerosité), prend sa valeur rie de repas servis à la fois% (19351, par exemple au
moderne au début du XIX~s., surtout au pluriel, wagon-restaurant. 0 Le mot s’emploie ensuite @n
et désigne des liquides organiques (18101 et, en
xv” s., service de table; 1508, service) pour l’en-
pathologie (18351, le liquide des hydropisies,
semble de la vaisselle et du linge utilisés pour ser-
oedèmes, etc.
vir à table. Il se specialise en vaisselle, argenterie
0 voir S&AC.
(service ù café), vénerie. La locution figurée service
SERVICE n. m. (v. 1050,servise; v. 1155,service) trois pièces Iv. 19301, argotique, équivaut à aparties
est issu du latin classique setitium gcondition d’es- génitales de l’hommem. 4 Service a eu le sens géné-
clave,, <esclavage* et «classe des esclave+, puis ((of- ral (1508)d’«activité utile», demeurant dans des ex-
ficeb dans le latin ecclésiastique. Il est dérivé de ser- pressions avec la valeur dksage, fonctionnementn
vus «esclave* I-, serfX comme mettre en service (18831,être en service,
4 Mot du vocabulaire religieux (v. 10501et féodal hors de servile (18931,usuelles à propos d’une ma-
t 1080), service désigne d’abord l’obligation de servir chine, d’un dispositif automatique. La variante hors
et l’activité qui en résulte, et notamment le culte service est abrégée en H. S. au Eguré &puisé».
rendu à Dieu, aussi nommé service de ûku 4 Par ailleurs, service désigne (1580) les avantages
(v, 1207). Par extension, il se dit (v. 11751de l’en- que l’on tire de qqch. et s’emploie dans la locution
semble des pratiques destinées à honorer Dieu, rendre service à (qqn1 4’aidep (1610). 0 Lié à la
spécialement de la messe et des prières pour un fonction de domestique, servke s’emploie depuis le
mort Iv. 11751, d’où ser&e du bout de hn (16901, milieu du XVI~~s. pour désigner le travail de la per-
pour le premier tiversaire d’un décès, et au sonne qui sert, la manière dont elle le fait, le temps
xixe s. l’expression service funèbre (18761. + Avec la pendant lequel elle sert et aussi (1694) ce qu’un
même valeur d’obligation, semice désigne En XI~ s.1 ma,ître exige d’un serviteur. Avec cette valeur, on
dans le système féodal les charges du vassal envers relève ensuite escalier de service (1842) et porte de
le supérieur, spécialement dans service de I’ost *de sertice, destinés aux employés de maison, aux
l’armée~~ Ixnr” s.1I-+ hôte 1.Au xrr” s., le mot s’emploie fournisseurs. oLa locution B votre service (mil.
Cv.1185 ; services, 1270)en parlant de l’ensemble des XVII~ s.1 s’est employée comme réponse à la ques-
devoirs envers une collectivité (voir ci-dessous ser- tion comment allez-vous ? Icf. serviteur, dans un
vice public). Ces deux valeurs se maintiennent au emploi analogue). +C’est l’idée d’activite qui se
xvf s., où homme de service désignait Il.5381 un réalise en sports au XVII~s., le service étant l’action
homme qui servait dans l’armée, encore employé à de mettre la balle en jeu à la paume (1669) et, spé-
l’époque classique, et où service désigne (15491la cialement, le jeu pendant lequel on sert (1690, <côté
fonction de ceux qui servent l’État et les activités 0-Uest celui à qui l’on sert la balle4. La balle de ser-
militaires exercées pour le compte d’un pouvoir; vice, à la paume, était annoncée par l’interjection
on a dit ensuite pour ces activités service militaire tenez !, d’oti tennis*. 0 Semtice a été repris au tennis
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3485 SERVIR

C18941, au ping-pong pour désigner le premier coup l’emploi intransitif (v. 1165) pour «s’occuper des
d’un échange. hôtes à table». Le pronominal se servir, dans ce
Depuis le xrx’s., setice désigne un organisme contexte, paraît beaucoup plus tardif (18321.0 Ser-
chargé d’une fonction administrative (av. 1835, vir a par extension (10801 le sens de as’acquitter
Académie) ; l’expression service public Gnstitutions d’obligaGons envers (une personne ou une înstitu-
administratives, mission d’intérêt général» (1835) a tion à qui on obéit))), spécialement dans la société
pris dans l’usage courant une acception plus large. féodale (servir un suzerain) ; servir por armes (XII~s.)
Au sens d’cobligaUon envers la collectivité>> Ici-des- s’est dit en parlant de jeunes nobles qui n’étaient
sus) service public avait désigné le fait de servir pas encore armés chevaliers. 0 Par analogie, servir
dans l’administration ( 1580). 0 En économie, le mot à une dame Iv. 11651,puis servir une dame Cv.11751,
se dit ( 1875) d’une activité qui représente une va- c’était être son chevalier semant, fidèle et dévoué.
leur économique sans correspondre à la produc- 0 Le verbe avait repris par ailleurs le sens latin de
tion d’un bien matériel, surtout utilisé au pluriel : {{subir la domination de (qqn), être esclaven (v. 1150,
les biens et les services, société de services. Service servir & gqn; v. 1550, intr,), sorti d’usage au xrxesiè-
désigne également (1876) une organisation chargée cle. 0 Par figure, servir à gqn d’un coup Cv.1155) a
d’une branche d’activités dans un établissement signifk «le tiappern, valeur maintenue dans servir ù
public, en particulier dans l’armée (18881, par oppo- qqn (du bûtonl t1204-12091. 0 Servir qqn de qqch.
sition aux unités combattantes. 0 Le mot entre au «lui présenter (un compliment), lui raconter lune
d s. dans de très nombreux syntagmes comme histoire)>> Cv.1155) a été remplacé par servir qqch. à
services socimx, service après-vente (av. 19691, qqn 11633).
abrégé couramment en S.A. V 0 Avec la valeur Depuis la fin du XI? s. le verbe, avec a Là1ou de et un
d’xaction de servir qqch.n, c’est au XIX~ s. que service Mnitîf pour complément, Sign%e <<mettre à la dis-
a pris le sens de «distribution (d’un journal)» ( 18671, position d’une personne)} (v. 1175, servir à dtijeuner),
employé spécialement dans setice de presse <être utile à, utilisé à>>dans servir de (faire) qqch.
Id s.) uenvoi (d’un livre, d’un disque) aux journa- Cv.1175). Sewir pour, plus tardif (xrves., apr. 13601 et
listesm, d’où par métonymie aexemplaire envoyé encore employé à l’époque classique, a été rem-
gratuitement>>, abrégé en S. P. Service sign5e éga- placé par servir à ( 1508). 0 Servir à qqn équivaut
lement ainvitation à un speckacie>> ( 1871; aussi billet aussi Iv. 1165) à *être utile à (qqn)», en parlant d’une
de setice). 0 En zoologie, le mot, en relation avec chose, d’où fuire servir à <employer pourri ( 16581.
un sens spkialisé de seoir, équivaut (1904) à asail- ~Servir à Sign%e aussi (XIII~s.; v. 1050 d’après
lie (d’un étalonIn. T.L.F.) «apporter une aide à (qqn), hors de toute
b SELF-SERVICE n. m. est un emprunt (1949) à un obligations ; servir 8 Iqqch.1 «donner ses soins à
mot anglo-américain composé (19343 de self qqch.» (1213) est sorti d’usage (1300, servir à
Ib self-1 et de sewice, lui-même repris à l’ancien I’amour), remplacé par servir qqch. (16801. 0 Servir
lançais. Cet anglicisme, abrégé familièrement en de peu <<êtrepeu utilen Iv. 1300) se maintient à l’épo-
self n. m. ( 19611, est parfois remplacé dans l’usage que classique, proche de la construction Inel servir
par l’adaptation kançaise LIBRE-SERVICE n. m. de rien <<êtreinutile% (XIV~s-1,toujours en usage mais
Iv. 19501, de libre. plus littéraire que ne servir à rien, très usuel dans
@ Voir SERVIR. ça (ne) sert à rien, ct quoi ça sert ?, etc. 0 Servir de
&re utilisé en guise, être utile à titre dem (1440-
SERVIETTE + SERVIR 14751, qui s’est imposé aux dépens de servir en lieu
de (15381, s’emploie au figuré, par exemple dans
SERVILE -+ SERF servir de couverture ade prétexte> (1613). De quoi
sert-il de suivi d’un infinitif ( 1538) <<quel avantage a-
# SERVIR v. est issu (880) du latin servire &re t-on de)> a pour équivalent moderne gue sert de...
esclavex, wiwe dans la servitude>>. Le verbe latin, (15531.+ Au xwe s. apparaît servir «être soldatn 11538,
qui a donné l’italien servire, l’espagnol servir, est intr.), spécialisation du sens ancien, féodal, tou-
aussi employé pour «frapper une terre d’une servi- jours liée aux emplois correspondants de service.
tudeu et, au figuré avec diverses acceptions, «être - Se servir de <<faireusage de, (1538) va devenir très
sous la dépendance den, «se mettre au service de>>, usuel, alors que servir à (une passion, etc.) <<selais-
&tre dévoué àn et, avec un sujet nom de chose, ser aller à)) (v. 15503 a disparu, remplacé par la
&tre utile àm.Il dérive de serves ccesclavem(--+serf), construction transitive.
qui avait antérieurement fourni servare «garder, On retrouve le sémantisme de la mise à disposition
protégen, maintenu dans la langue religieuse et au XVII~s. dans des expressions comme servir une
senti comme séparé du nom. semaine 4tre de service pendant une semaine>>
+ C’est avec la valeur du latin, &tre soumis ou dé- (16361, pour VOUSse& (av. 16481, formule utilisée
voué à (qqn)s, que le verbe apparaît dans sewir comme réponse afkmative. OServir la balle
diaule (diable) ase vouer au diable» (880) et sentir (av. 1650; 1669, intr.) <<lamettre en jeu», malgré le
Dieu En f 4, aussi servir a [àl Dieu Cv.1050) al’ho- caractère usuel de service*, ne se dit plus, rem-
norern , construction disparue en ce sens. oLe placé par l’intransitif (notamment au tennis).
verbe s’est employé intransitivement, en relation 0 Dans le contexte du service de table, l’emploi fi-
avec service, au sens de &re la messe» cv.10501,au- guré de servir un plat de sa fagon (1655) <<traiter
jourd’hui remplacé par servir la messe. 0 Il s’uti- malu est sorti d’usage. 0 Au passif, 4tre servi équi-
lise dans un contexte non religieux Iv. 10501,le sujet vaut (1694) à apouvoir se mettre à table, et corres-
désignant un domestique, un subordonné, d’où pond à servir qqn, qui a vieilli, alors que le déjeuner
SERVIR 3486 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

est servi 11835) est le passif de se& le déjeuner, au XE? siècle. Servante-maîtresse ! 1746) «servante
très vivant. 0 Le complément accompagnant setir qui a pris autorité dans la maisonm est aujourd’hui
au sens d’4dern peut désigner un sentiment, une un archaïsme littéraire. Servante a aussi désigné
idée (1667, setir les passions de qqn) et le sujet un une femme qui sert Dieu fidèlement (15501, au-
nom de chose (1669, le hasard Z’a servi). Servir (qqn1 jourd’hui dans des expressions comme servante de
a Sign%é spécialement <<être le second dans un Dieu, de Jésus-CM (av. 17041, du Seigneur, ou
duelm (v. 1675). Par ailleurs, le verbe s’emploie par dans le nom de congrégations catholiques. 0 La lo-
euphémisme à propos d’un animal pour =couvrir cution je suis votre (très humble1 servante, le mas-
(une femelle)*, Dans le domaine commercial, servir culin étant alors setiteur, était à l’époque classique
un client correspond à «vendre ce que le client de- la formule de politesse des femmes pour prendre
mande> ( 1768). 0 Les emplois de servir dans les congé 11649) ou pour exprimer un refus 11663, être
jeux et les sports sont moins courants que ceux de servante ù, de qqn). 0 À partir du XVIII~s., servante a
service. ns sont attestés au jeu de dés (1718), aux pris, comme servant au XVI~s. (ci-dessus), des ac-
cartes (18031, au tennis. 0 En argot, le verbe a eu di- ceptions techniques et désigne des choses : un petit
verses acceptions figurées et ironiques au xrxesiè- meuble de salle à manger servant de desserte
cle : 4ssassiner~, wolep (18301, ~wrêter (qqn)» (17461, un support de hauteur réglable utilisé par
(18371, <dénoncer>> (1867). 0 Par un euphémisme de un forgeron ou un menuisier @n XVIII~s.l. Lampe
même nature, ou par reprise de la valeur ancienne servante ou servante 11879) a désigné une lampe de
de servir un coup & gqn (voir ci-dessus), servir, en théâtre, employée pour les répétitions. Ces accep-
vénerie (18651, c’est <<achever (une bête forcée), tions ont vieilli.
avant la curée». Voir aussi le schéma page suivante. SERVIABLE adj., dérivé d’après amiable Cv.1130-
k Le participe présent a été adjectivé et substantivé 11401,a été en concurrence avec semfisuble (v. 11551,
de manière courante, tant au masculin qu’au fémi- serviGable (v. 12001, dérivé de servise (3 service);
nin. 4 SERVANT adj. m. et n. m. a désigné (v. 1140) l’adjectif s’est d’abord applique à un animal qui
celui qui se consacre au service de Dieu. Le servant peut être dressé pour qu’il cserve». 0 Il quame au-
était aussi un religieux convers chargé des travaux jourd’hui et depuis l’ancien fkançais (v. 1210) une
matériels dans un monastère 11213-12191, plus tard personne qui aime & rendre service. oll a eu di-
nommé frère semant 116591. Le mot s’applique verses acceptions liées au sens de servir Gtre
aussi (v. 1150) à un domestique ou un écuyer, d’oc utilen : “qui fait bien son service)> (v. 11751, <<utile>>,
en
spécialement 11339) servant de l’écuelle, du vin, etc. parlant d’une chose (1499- 15081, et soumis à une
désignant diverses fonctions assurées par des offi- servituden. +L’adjectif a fourni les dérivés SER-
ciers à la table du roi. Dans gentilhomme servant VIABLEMENT adv. CV. 12001, rare, et SERVIABI-
(16111, de même sens, le mot est adjectif. 0 En rela- LITÉ n. f. (18591, auparavant setiableté (15301, rela-
tion avec le sens correspondant de servir, le mot tivement usuel. + Lecomposé INSERVIABLE adj.
s’est employé ( 1213-1239) pour «amoureux~~, dans la (18751, de @ in-, est très littéraire comme son dé-
locution servant d’amour ! 18301, sortie d’usage, et rivé INSERVIABILITÉ n. f. (1920). +SERVABLE
dans chevalier servant <compagnon dévoué (d’une adj. Sign%e d’abord ((serviable>> (xv” s.) puis <<ut%
femmeIn iv. 18401, allusion tardive au passé, tou- sable> (1600). Il a disparu, sauf quand il peut s’oppo-
jours usuelle, et qui utilise l’expression chwu2ier ser à INSERVABLE adj. Ce dernier (18751, formé
servant, allusion à la féodalité, qui semble elle aussi de 0 in-, s’emploie à propos de ce qui n’est pas
très postérieure 11690) à la période de référence. présentable au repas.
0 S’appliquant aux choses, l’adjectif est propre à SERVEUR, EUSE n., aboutissement du bas latin
l’ancien français (XIII~s. ; sorti d’usage en 1690, Fure- sentitor (serviteur ci-dessousl, d’abord serveor
tière); il s’est employé dans des locutions : homme (v. 12401, serveour Iv. 12551, a eu le sens de «servi-
de servent condition <serf)> ( 146 11,fief servant “qui teur, valet}> avec pour féminin serveresse (v. 1300). Il
relève d’un autre fiefn ( 15391,terme de droit féodal. a aussi désigné un gardien (de troupeaux) 112751.
0 Le français moderne a vu une évolution du nom oLe mot a disparu en moyen français et réappa-
en fonction des moeurs et du statut des domes- raît au XVIII~ s., alors dérivé de servir, pour désigner
tiques; par rapport au vocabulaire désignant les (1739) celui qui sert la messe (ci-dessus servant1 ;
“gens de maisonn, le mot servant, à la différence de cette acception a elle aussi disparu. 0 Le mot dé-
son homologue anglais, se situe dans d’autres do- signe en sports 11824, à la paume ; 1904, au tennis) la
maines que serviteur. Il désigne par exemple (1812) personne qui met la balle en jeu Iservant ci-dessus).
celui qui sert le prêtre pendant la célébration de la 0Le nom masculin se spécialise dans le vocabu-
messe Mi%rent de desservant) et, dans le vocabu- laire technique, autrefois pour aaide-mineur qui
laire militaire (18351, un artilleur qui approvisionne déblaie le minerai, apporte les matériaux de boi-
une pièce. 0 En sports (paume, puis tennis et ping- sage” (18711, aujourd’hui pour désigner un ouvrier
pong), et d’après les valeurs correspondantes de qui alimente une machine (xx” s.l. ~Repris d’un
servir et service, le semant est le joueur qui met en sens de servir (et de service), serveur désigne aussi
jeu la balle de service ( 18941. 0 Enfm, servant, en et surtout un garcon de restaurant (av. 18851 avec
moyen français (depuis 15391,a désigné un objet de pour féminin serveuse EV.1920). 0 Aux cartes, le
service, une petite étagère posée sur un buffet; ce serveur est la personne qui sert les cartes (xx” s.l.
sens est sorti d’usage. ,Le féminin SERVANTE oDam un réseau, un serveur est un ordinateur
n. f. a désigné Iv. 1330) une femme employée fournissant des services à d’autres ordinateurs.
comme domestique; le mot était encore en usage Serveur s’emploie aussi en apposition dans centie
La notion indocuropéenne de {cgarde » :
SERVIR
german . ancien français
H(ARJAN sarir guérir
t< protéger II ti défendre ”

german.
WARNJAN garnir
11pourvoir, munir ” garnement
I 1 .
L garnison, etc.
I francique
égarer
(t conserver >I

I anc.
VARASK
stand.
1
garer
tt avertir d’un danger II
L- VA rm3 vareuse
11Ouest 3~
latin
- SERVUS serf
indoeuropéen t* gardien de troupeau ,,?
puis 41esclave a’
l- asservir
servo-
“SWER-, LSERVITOR
“SER-, SERVILIS servile
*WER- SERVIRE servir
<t faire attention 13
t- serviette
desservir, dessert
L SERVIENTEM sergent

SERVICIUM service
i
SERVITUDO servitude

- SERVARE
tt préserver, assurer
la conservation b>

CONSERVARE conserver
CONSERVAT10 conservation
t CONSERVATOR conservateur
OBSERVARE observer
I- OBSERVAT10 observation
RESERVARE réserver et dér.
I PRAESERVARE préserver et dér.

grec
- HÔRAN
tc faire attention, voir M
anglais
I HORAMA - panorama panorama
<<spectacle SI
SERVIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

serveur (v. 1975). *SERVEUSE n. f., nom d’objet, populaire en 1718, s’est maintenue jusqu’à la fm du
équivaut à averseusem (xx” s.l. xvme siècle. L’expression votre serviteur «soi-
SERVIETTE n. f. (13281 a remplacé touaille (v. 1155, même>) Iv. 17401, en s’adressant à qqn, est toujours
touille), qui, issu du francique “tiahlja, est encore en usage, avec une nuance archaïque ou plaisante.
représenté par l’anglais towel (moyen anglais to- 0 DESSERVIR v. tr., composé de dés- négatif
wailkl. C’est un dérivé de servir qui n’est plus du I+ dé-) et de servir, sime adébarrasser Eune table)
tout perFu comme tel. 0 Serviette désigne une des plats qui ont été servis» en emploi absolu ~13931
pièce de linge dont on se sert à table OUpour la toi- et dans desservir la table 115301, le repas; comme
lette knil. XIX~ s., serviette de to&ttel. Le mot s’est servir, il est également employé avec Un
dit, du XVI~ (1580) au XVIII~s., de cette pièce de linge, complément désignant une personne ( 1MO- 1475).
pliée, utilisée comme bandage et par ailleurs 0 Lié à un autre emploi de servir, desservir a aussi
(v. 16301pour <couvert (à table)%. 0 Il s’est employé le sens de <rendre un mauvais service à qqnn @n
en argot ( 17891 au sens de ce qui sera nommé plus xve s-1comme l’ancien provençal desentir amanquer
tard papier hygiénique. -D’abord dans l’argot des à son devoirn iv. 1120). Cette acception s’est déve-
avocats (18401, serviette désigne un sac, générale- loppée quand 0 desservir amériter>> a disparu ki-
ment pliant, servant B porter des papiers, des livres dessous). De là viennent les emplois desservk qqn
(cf. portefeuille) ; le mot s’est développé dans ce de qqch. 4e dépouîllerm Cfïn xv” s.1 et desservir qqn
sens, à côté de sac, cartable, etc. -Le composé =le maltraiter= (v. 15001, qui ont disparu en fra~~çais
SERVIETTE-ÉPONGE n. f., au sens premier de classique. +Le dérivé 0 DESSERTE n. f. a désigné
SwVi&e, est attesté en 1890. +PORTE-SER- à la fois Il3931 les plats qui ont été servis et ce que
VIETTES n. m. (18681, esupport pour les serviettes l’on mange à la fm d’un repas, d’où la 1ocUtion à la
de toilette>>, est demeuré distinct de PORTE-SER- desserte & la fmm( 15791,sortie d’usage. Il s’emploie
VIETTE n. m. (attesté 1962) =Pochette destinée à ensuite à propos de l’action de desservir (1611).
ranger une serviette de table>. 0 C’est enfin le nom (fin ~IX~s.) d’une table ou d’un
SERDEAU n. m. représente (1440-1475) une va- meuble où l’on met les plats qui ont été desservis
riante de sert-de-l’eau (XIV~s.), composé de (il) sert, ou qui Sont prêts a être SWviS. +DESSERT n. m.,
de sewir, et d’eau”. 0 Ce terme d’histoire désigne réfection (déb. XVI~s.3 de desert 114661, d’abord em-
ployé au premier sens de desserte *plats déjà ser-
l’officier de bouche qui recevait les plats dessetis
vis> 114661,a désigné (1539) le dernier service d’un
de la table royale, puis (1680; d’abord écrit cerdeau,
repas, constitué de tiomages, pâtisseries et coti-
1644) le lieu où ces plats étaient déposés et (1798)
turcs; aujourd’hui, il ne s’applique plus qu’à ce qUi
l’endroit où on les revendait.
est servi après le fromage. Par métonymie (16901,
SERVITEUR n. m. Ixrves.) s’est substitué avec Un
il désigne le moment où l’on mange le dessert,
Su&e hnçais à la forme servitor, empruntée
mais il ne se dit plus de la corbeille qui contient les
(v. 1050) au bas latin servltor <<serviteur (des dieux),,
fruits du dessert ( 1723). 0 Par figure, le mot signifie
dérivé de servitum, supin de sewire. 0 Le mot a dé- (1560; repris XIX~ s.1 whèvementn, -complément
signé Iv. 1050) celui qui est dévoué à Dieu, à la reli-
agréable».
gion, d’où, à l’époque classique, serviteur de Dieu 0 DESSERVIR v. tr. est issu (v. 10501 du latin doser-
<chrétien, fidèle>, grand serviteur de Dzku Kper- vire Me intensifl aservir avec zèlen, ase consacrer àn
sonne très pieuseti ( 1690). 0 Il s’est dit Iv. 1155, servi- et au figuré 4tre destiné àx. 0 En ancien lançais,
tur) pour adomestiquen, avec les féminins setite- le verbe conserve la valeur propre du latin dans
resse (12931, serviteure Iv. 1380) et serviteuse (14851, desservir Dieu (v. 1050) et en emploi intrmitif
en concurrence avecservante (ci-dessus) qui les éli- iv. 1155) pour <<fairedu service militaire-, puis dans
mine. Cet emploi est générique par rapport à YU- desservir qqch. ù gqn «le payer de retow Km XII~ s.) ;
Zet,etc. et sera concurrencé par domestique. E&n ces acceptions ont disparu, comme le sens de amé-
le mot a désigné (1723) un ouvrier loué à l’année. riter)) (10801, qui était encore en usage au XVII~siè-
Ml désigne aussi (v. 1225, servitour) la personne cle. 0 Desservir ne s’emploie plus aujourd’hui que
qui sert qqn ou une collectivité et envers lesquels dans le vocabulaire religieux, le complément dé-
elle a des obligations, d’où serviteur de justice signant Un lieu (desservir une chapelle). 0 Dans un
CbourreauB I15011,serviteur du roi, serviteur de l’État tout autre contexte, le verbe s’utilise couramment
(apr. 16501,ce dernier étant toujours en usage. 0 Le avec un sujet désignant une voie de comnwnica-
mot s’est employé (v. 1430) jusqu’au milieu du tion, un moyen de transport (18591. Par extension, il
XVIII~s. comme équivalent de chevalier servant dans sime (1890) <<fairecommuniquer, donner dansa, à
le vocabulaire gaknt; être serviteur aavoir du dé- propos d’une porte, d’une voie, et kxe s.1 <assurer
vouement pour qqn* 11%4) a subsisté jusqu’au un service de distribution (dans un lieu)». + 0 DES-
XVIII~siècle. Serviteur a également été utilise dans SERTE n. f. a Sign%é Iv. 11503 Nrécompense ou pu-
des formules de politesse comme votre très humble nition* et Cv.11553 aaction de méritep, =méritem, en-
et très obéissant sewiteur ( 15641,à la k d’une lettre. core au milieu du xwe siècle. 0 Le mot s’est dit
Employé oralement, serviteur est devenu au xwe s. (1680) de la fonction de desservant, sens noté
une formule ironique (1640 ; 1666, je suis votre servi- wieuxB en 1870 et sorti d’usage. Il s’est spécialisé
teur) ou de salut avant de quitter qqn, de partir pour désigner (18381 le fait de desservir Une loca-
( 16581; dans ces emplois sociaux, où le féminin est lité, en parlant d’une voie ou d’un moyen de trans-
toujours servante, le mot a été en usage aux xwIe et port. *DESSERVANT n. m. ~<eCCléSiaStiqUe qui
xvme, disparaissant au XIX~siècle. La locution faire dessert une cw-e» (13223 est rare avant le XVIII~s.
serviteur vfaire la révérence>> ( I 6801,donnée comme (17521.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3489 SET

RESSERVIR v. a signi% (1165-l 1703<être utile? en OU moins apparentées entre elles; c’est à certaines
parlant de qqn, puis Nrendre service en retow de ces formes qu’ont été empruntés l’ancien fran-
(XIII~s., tr.). Le verbe prend au xwe s., le prétie W- çais susseman (mil. XIII~ sd, suseman (12981, SOS6
étant repris au sens itératif, la valeur générale de main (Marc0 Polo) ou suscinun et le moyen fiançais
uservîr de nouveaun (1549, intr. resewir; puis 18701, susamin, susimin (XIV~s.1.On a par ailleurs rappro-
par exemple dans ça pourra resservir, le pronomi- ché le grec sêsamon de formes sémitiques (par ex.
nal se resservir & gqch., de gqn étant attesté au dé- l’akkadien j;amus’s’~mmulml <<plante à huile)), l’ara-
but du XVIII~siècle. 0 Le verbe s’emploie avec un méen et l’hébreu j;umSUm, l’arabe sirnsim) SEULS
sujet nom de personne au sens de «replacer un plat que le rapport ne soit clairement établi.
sur la table» ( 1842). Comme intransitif, il signiI6e +Sésame désigne une plante oléagineuse origi-
aussi asewvir une nouvelle fois dans l’armée>>, vieilli naire de l’Inde, d’où graine, huile de sésame. La for-
kf. le familier rempiler). mule magique Sésame, ouvre-toi (v. 18503,pronon-
@ voir CONCIERGE, CONSERVER, OBSERVER, PRÉSERVER. cée pour obtenir qqch., est une allusion au conte
RÉSERVER, SERGENT. SERVICE. SERVITUDE, SERVO-. d’Ali-Baba où cette formule magique ouvre la ca-
verne aux trésors, dans la traduction française des
SERVITUDE n. f. Cv.1270) a été en concur- Mille et Une Nuits. De là l’emploi d’un sésame ou un
rence en ancien fhnçais avec servitude Iv. 11801, sésame ouvre-toi n. m. *mot de passea; mais il peut
mot emprunté au latin classique servitus, -utis eser- s’agir d’un autre mot.
vitude, esclavage)>, dérivé de servus *esclave)) ä &SAMOÏDE adj., didactique, est emprunté
I+ serfl. Sewkck est un emprunt au bas latin sewi- (1552, n. m. ; v. 1560, adj.) au grec sêsamoeidês
tio, variante du latin classique. Les deux formes asemblable au sésame (en parlant dune plante) ou
sont en concurrence jusqu’au xve s., où servitude aux grains de sésame Ien parlant d’un os>*,
l’emporte. Quant à sentiturne Cv.1170) eesclavage>>, composé de sêsumon et de endos aforme, appa-
construit d’après coutume, il n’a pas vécu. rences (+ -oïdeI. +Le nom a désigné en botanique
+ Le mot a d’abord désigné l’état d’esclavage, en- (1552) une espèce de reséda. L’adjectif s’emploie
core au xwe s., et dans la langue chrétienne Cv.1190, depuis A. Paré Cv.1560) en anatomie dans os sésu-
servituit) l’état d’un homme livré au péché. Par ex- motis Npetits os du carpe et du tarse)> (aussi
tension, il se dit (XIII~ s.1de l’état de dépendance to- n. m. pl.1 et quame (1842) ce qui est arrondi comme
tale d’un individu soumis à un maître et Iv. 12703de un grain de sésame. +Le dérivé SESAMOÏ-
ce qui crée cet état de dépendance, emploi au- DIEN, IENNE adj. (18711 est un synonyme rare de
jourd’hui littéraire. C=Sentitu& s’est aussi employé sésumotie adj.
(v. 1283) pour <condition de serf)) et (une, des servi-
tudesl «redevances dues au seigneurm. 0 La valeur SESSION n. f., réfection Cv.1440) de sessiun
plus générale de Nservice, usagep, qui correspond à (v. 11201, est emprunté au latin sessio caction de
celle de l’ancien provençal setitut Cv.11401, de- s'asseoir*, «audience du préteur» et apause, haltea,
meure en droit civil 114731,en parlant de la charge dérivé de sessum, supin de sedere «être assis))
établie sur un immeuble pour l’utilité d’un autre (+ seoir).
immeuble, d’on setifude de vue (1690) et, en droit +Le mot a signihé Mfait d’être assi+ Cv.11.20, ses-
public Ifin xv” s.1,à propos des restrictions au droit siunl; il désigne (v. 1440 à Liège) la séance d’une as-
de propriété immobilière (1936, servitude aérienne). semblée qui délibère, par exemple la séance d’un
0 Servitu& est vieilli et littéraire pour désigner concile ( 1680). 0 Il s’est dit de la position de celui
l’état d’une nation privée de l’indépendance natio- qui est assis 11559 et d’un bain de vapeur qu’on
nale 114921ou d’un peuple privé de sa liberté poli- prend assis Iv. 15601, sens encore relevé en 1858,
tique (fin XVII~s.1, 0 À l’époque classique, le mot a mais probablement archaïque depuis longtemps.
signifk ~~servilité~~( 15591, adévouement à l’égard de 4 D’abord dans un texte à propos du Parlement an-
qqn> Ixw” s.1, <complète soumission)> Idéb. XVII~s.1, glais (16571, puis en droit hnçais (1750 ; 1765, ses-
en particulier dans le vocabulaire galant k-f. ser- sion de ParlementI, il s’emploie pour apériode pen-
vice, servir) et dans des formules de politesse dant laquelle une assemblée délibérante est apte à
comme assurer qqn de su complète servitude. 0 Bû- tenir séance», se substituant à séance; l’anglais ses-
timent de servitude (1871) désigne en marine un ba- sion (1553) qui a inspiré remploi est emprunté di-
teau destiné au service des ports, des rades. rectement (Xnp s-1au latin sessio ou à l’ancien fkkn-
çais. * Par analogie, session désigne (& s.1 la
SERVO-, premier élément tiré du latin servus période de l’année pendant laquelle siège un jury
*esclave» 13 serfl, entre dans la formation de mots d’examen.
techniques, marquant un asservissement méca-
nique : sento-moteur, serve-freins, etc. (voir au radi- SET n. m. est emprunté (1833) à un mot anglais
cal). aux wzeptions variées qui en font, d’une part, le
déverbal de to set <poser, placern 1-3 offset), issu de
SÉSAME n. m. est emprunté 115701,après la va- l’anglo-saxon et moyen anglais seftun, d’une base
riante sisame Cv.15001,au latin sesamum, sisamum germanique “sutjan- et, au-delà, de la même base
asésame (plante)>, qui reprend lui-même le grec sê- que le latin sedere 13 seoir), et, d’autre part, un em-
sumon désignant la plante et la graine. Pline af- prunt à 1’a;ncien français sette, du latin secfa
fmne que cette plante vient des Indes; le mot grec, secte”= ou une variante de l’anglais sec& de même
probablement emprunté à une 1a;ngue d’Asie, ap- origine. De cette source latine viennent en anglais
partient à un ensemble de formes orientales plus les sens de #groupe de personnes> Ix+ s.) puis de
SETIER 3490 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gcollection, ensemble de choses)) kwe s.1; set est at- le niveau d’intensité minimal d’un stimulus, au-
testé au jeu de paume dès 1578, jeu nommé tennis” dessous duquel une excitation n’est plus perçue.
en anglais (1928, set hall <<balle de set4 et comme Dans plusieurs domaines (physique, biologie), seuil
terme de cinéma en 1918. signiCe (1924) 4mite hnférieureb. 0 A cause de
4 Le mot passe en fkan~ais avec le sens, aujourd’hui l’exhaussement de la plupart des seuils, le mot
disparu, sauf dans l’emprunt récent jet-set, de s’emploie pour &lévationm, à propos d’un fond ma-
acercle, milieu mondain (1833 ; attesté chez rin 119071,glaciaire, etc.
P. Bourget Iav, 189511,puis comme terme de tennis,
SEUL, SEULE adj. et n., d’abord sols Iv. 9801
désignant ( 1893) une série de jeux Cgu@wr un set
au cas sujet, puis sol (v. 10501 au cas régbne et seul
par 6 & 4. Q Au xxe s., il passe dans le vocabulaire
(v. 11751, est issu du latin SO~US<seul, unique>, Gsolé,
du cinéma (19221, où il est assez rapidement rem-
délaissées, «solitaire)>, et aoù il n’y a personne (d’un
placé par plateau*. oEn revanche, set ou set de
lieu)», mot d’origine inconnue.
table, désignant ( 1933 une série de napperons as-
sortis faisant office de nappe et couramment cha- + L’adjectif Sign%e d’abord Iv. 9801 & l’exclusion de
cun des napperons, est resté en usage. toute autre personne ou chose», «sans aide*, d’où
son emploi en ancien français comme constituant
o> SETIER n. m. est issu (1267; v. 1170, sestier) du de la négation Il 165-1170, ne... sol1 et pour désigner
latin sextarius kxième partie, un sixième)) et spé- Iv. 1050) une personne qui est sans compagnie, sé-
cialement 4xîème partie du conge (mesure de ca- parée des autres, souvent renforcé dans tout seti
pacit&; il dérive de sextus 4xièmen, lui-même de (1080), au XVII~s. aussi dans h seul ( 16361, sorti
sex (4 six). d’usage. La locution seul à seul aen tête à tête-
4 Setier a désigné du XI~ au ~VIII~s. une mesure de II 170, sol a sol) était considérée traditionnellement
capacité pour les grains, variant entre 150 et 300 comme invariable ; depuis le XVIII~ s., les auteurs ac-
litres et, de là (1335, stier; xwe s., setier), une étendue cordent souvent chaque adjectif. 0 Renforçant un
de terre ensemencée fournissant un setier de blé. avec une idée de restriction (v. 10501, par exemple
OUn setier était aussi une mesure pour les Ii- dans une seule fois, l’adjectif qualifie Il0801 ce qui
quides U!n XX~s., sestierl, correspondant à huit est unique, seul de son espèce, aujourd’hui
pintes, surtout employée pour le vin Iv. 1175, se3c- construit avant le nom, mais parfois après jusqu’au
tir), notamment dans DEMI-SETIER n.m. wn ~VII~siècle. c= En ancien tian@s, seul s’employait
quart de litren ( 1530, ckmy-sestierl. Tous ces em- dans la locution verbale estre seus de «manquer de>>
plois ont disparu avec l’instauration du système (XII~s.l. L’adjectif a aussi qutié un lieu vide
métrique 11795) et l’Académie donne le mot comme Iv. 11901, sens repris au latin. + Un seul, une seule,
derme d’histoire> en 1835. apparus au XVI~s. (av. 15631, et pas un seul (1546)
restent vivants. N’avoir pus pour un seul. .. suivi d’un
o> SEUIL n. m. représente la réfection (v. 13521, nom (apr. 16501, pour Ravoir plus d’un...B, est sorti
d’après des mots en -euil, de suiE Iv. 11601,sueil, sue,! d’usage. 0 Seul asans considération du reste> (1580)
Iv. 11751ou soil Cv.1210) ; les formes seule et suil sont marque que l’idée verbale ne s’applique qu’au mot
encore relevées en 1611 et sueil s’emploie toujours auquel seul se rapporte; à l’époque classique on a
au XVI~siècle. Le mot est issu par évolution phoné- aussi employé hi seul (av. 1678) avec cette valeur,
tique du latin classique solea n. f. «sandale» ke- qui correspond à celle de l’adverbe seulement.
melle placée sous la plante du pied), «entraves de Dans la langue classique, l’adjectif s’applique par
bois*, <<garniture du sabot (d’un chevalin et aussi extension à une personne qui n’a pas ou qui a peu
asole (poissonIn C+ 0 sole); ce mot, qui en bas latin de relations avec les autres (166 11,spécialement qui
désigne le plancher, dérive de solum au sens de n’a pas les amitiés, les appuis habituels, d’on G&el
«base, fondement)) en général, «fondn, cplante des seul tins le monde (16801, devenu seul au monde,
piedsn, asurface de la terre> (4 sol) et «pays, seul sw la terre (av. 1776). Tout seul, locution an-
contréeH. Solum repose sur une racine indoeuro- cienne Eci-dessus), entre au XVII~s. dans la locution
péenne indiquant un établissement humain, repré- cela va tout seul 116791 <(leschoses se passent sans
sentée par exemple par le russe s’elo willagen et le difkult&. ~Avec l’idée de ~KIF, aide)>, il entre
longobard sala {{maison, constructions. dans la locution gagner tout seul asans avoir à lut-
4 Depuis le xr~~s., le mot désigne en français l’en- ter>> (1880, en hippisme). 0 En musique, VO~ seule
trée d’une maison, la partie du sol qui entoure la (18351 concurrence solo*.
porte (v. 11601 et la dalle qui forme la partie infé- F Le seul dérivé usuel de seul est SEULEMENT
rieure de la baie d’une porte Iv. 11751,d’où passe& adv., xen excluant ce qui est mentionné, sans rien
seuil, rester SUT Ie seuil (attestés 1893). oIl s’est d’autre, (v. 1121). L’emploi pour aen étant seul%,
employé iv. 1210) pour *châssis (d’une fenêtre)>>. dans être, laisser qqn quelque part seulement Nseuln
0 En technique, il se dit par extension de la pièce Cv.11301,a disparu. Q Tant seulement, tour où l’ad-
qui forme la partie inférieure d’une ouverture, verbe est renforcé Cv.11751, se rencontre encore
d’une écluse ( 1392, suez), d’un pont-levis 11506) et comme archtisme en franqais moderne IHuys-
aussi d’un linteau de porte (1549 ; + 0 sole). * Par maris, 1887). L’adverbe modifknt un terme tempo-
métaphore, seuiZ sign5e adébut de qqch., limite rel (1546) sime alors “pas avant (tel momentb ; il
marquant le passage à un autre état)} (1552, Rabe- s’est employé pour encourager ou rassurer qqn à
lais). Le mot est repris par analogie dans le vocabu- propos d’une action faite, d’une invitation à accep-
laire technique et scientsque au ~IX~ s., désignant ter (1560, venez seulement), aujourd’hui très vivant
en physiologie 11865, seuil de la connaissance) régionalement (Belgique, Suisse). *Il est encore
DE LA LANGUE FRANÇAISE SÉVIR

employé dans une phrase négative ou irnterroga- (16741, une critique rigides, sans indulgence ; avec
tive (1580, ne... seulement pus ((ne... pas même4 cette valeur, en parlant de choses ou de personnes,
mais le tour est maintenant considéré comme fa- l’adjectif a été substantivé à l’époque classique (le
milier. En tête de proposition (déb. xwe s.), seule- s&&re [cf. &v&itél et un sévére). Sévère se dit en-
ment sert à introduire une restriction, soulignant suite par extension ( 1636) d’un comportement,
l’existence d’une seule chose à ajouter. si sede- d’une attitude dénotant l’absence d’indulgence,
ment ( 1561) signifie asi au moinsn. + Le diminutif dans &tre sévère à qqn ~rigoure~ à l’égard den, puis
SEULET, ETTE adj, iv. 12281, réfection de solet &e sévère pour qqn 11771). 0 A l’époque classique,
( 1165-l 170) atout seulm, surtout usité au féminin, est une femme sévère (1659) était ceiie qui ne permet-
archaïque. Il évoque la poésie ancienne (notam- tait pas qu’on lui fasse la cour; avec cette valeur
ment un poème célèbre de Louise Labbé). eSEU- forte équivalant à cruel, l’adj ectif était usité en par-
LABRE adj. (19261, argotique, signilkit <<seul=et a lant du destin, du sort (16721, encore au XIX~ siècle.
vieilli. 0 Sévère s’appliquait aussi à ce qui exige une vigi-
Le composé ESSEULÉ, ÉE adj. Iv. 12251, “qui est lance sans relâche (1680) ou demande une exacti-
seul, sans compagnie>) C1553, vie esseulée aoli- tude rigoureuse UTn XVII~s.l. 0 L’adjectif passe au
taire~l, est donné comme familier en 1694 et peu xwte s. dans le domaine esthétique, qualifiant (1765)
usité en 1787. ll a été repris au xrxe s. et semble au- le goût pour ce qui est simple et dépouillé; il garde
jourd’hui assez littéraire. + Son dérivé ESSEULER aujourd’hui cette valeur d’<<absence d’ornement ou
v. est rare (XIII~s., pron. ; ti xve s., tr.). de charme» en parlant d’un visage, d’une physiono-
REM. 1soZéet sa famille, apparentés & la famille de mie 117881, d’un style, d’un dessin (17981, d’une fa-
Se*, sont rattachés à seul par étymologie populaire. çon de s’habiller (1833, tenue sévère), etc. 0 Avec le
$’ Voir DÉSOLER, SOLILOQUE, SOLIPSISMEZ. SOLITAIRE. sens de <<rigoureux, dur», l’adjectif s’est employé en
SOLO. parlant du froid ( 1810) ; cet emploi reprend celui de
swere tempeste Kterrible, redoutable)> (XVI~s.); par
SEVE n. f. représente l’aboutissement (XIII~s.1 du la suite, sévère qualifie un climat (18711, peut-être
latin classique sapa, attesté au sens de win cuit déjà par emprunt à un sens de l’anglais swere.
(jusqu’à réduction des deux tien+ mais qui a sans 0 La locution familière en voilii une sévère ~un fait
doute signifié à l’origine ~suc, sève-, seule accep- surprenant et révoltant>> est relevée en 1830 et une
tion passée dans les langues romanes (italien sapa, S&&e n. f. «un événement inattendu) ( 1840) est
ancien provenqal subu 1x11~ s.1).Le mot pourrait être sorti d’usage. 0 La valeur de «très grave, pénibleti,
apparenté au latin classique super, dérivé de su- apparue dans le contexte médicale 118801,puis mili-
pere (-, savoir), «goût, saveur* et aodeurn, employé à taire t19141, notamment dans Csubir des1 pertes sé-
l’époque impériale au sens de .jusn. L’ancien haut véres, sévère défaite, est clairement empruntée à
allemand SU~:le vieil islandais safi, le vieil anglais l’anglais swere, lui-même emprunté au fiançais,
saep correspondent au latin sapa. même si elle continue des emplois antérieurs; elle
$ Sève désigne le liquide nutritif qui, montant des s’est répandue par les communiqués diffusés pen-
racines, circule dans les plantes. On relève ensuite dant la guerre de 1914-1918, l’mglais swere loss
Ii5491 ra&rel en su séve <<aprèsla montée de la sève [pertes] étant attesté depuis 1838. Cet emploi, criti-
du printemps>, puis en stie (1636) et &TU su sève qué comme anglicisme abusif, est néanmoins cou-
( 16901,aujourd’hui en pleine sève. Le mot s’est em- rant.
ployé par analogie pour ajus de pommes)) Iv. f260- F Le dérivé SÉVÈREMENT adv. (15393 suit les prin-
1270) et *jus de viande» (XIV” s., apr. 1370). ~AU cipaux emplois de l’adjectif. + SÉVÉRITÉ n. f., ré-
xwe s. apparaît le sens technique, toujours en fection kw” s.1 de severiteit Iv. 11901, est emprunté
usage, de aqualité d’un vin qui a de l’arôme et du au dérivé latin swetitus aaustérité, gravité, sé-
bouqueta 11538). 0. de Serres (1600) emploie sube rieux>>, wigueur, dureté)) et =Sévérité (dans le style,
avec la valeur étymologique de <vin doux cuit uti- les jugements littéraires))). +Le sémantisme du
lisé comme condimentn et sape & coing «jus de nom est parallèle à celui de l’adjectif 11est d’abord
coing cuitn; ces formes sont empruntées aux par- attesté pour frigidité, rigueur (de Dieu)B. ~Repris
lers méridionaux. -Sève se dit aussi par figure au xwe s., le mot s’applique à l’absence d’indul-
pour aviguew (14131, aprincipe vital» (1697, Bos- gence ( 15301, puis au rigorisme moral ( 1665) et au
suet) et pour wervem, en parlant des ouvrages de dépouillement, à la simplicité (1690). oLe sens de
l’esprit (18351. gravité, caractère dangereuxs (18121, déjà ancien
F SÉVEUX, EUSE adj. &VI” s.1, “qui a rapport à la dans l’usage médical, est critiqué.
sève=, est rare. + voir PERSlhl%ER.

Sli?VÈRE adj., réfection kw” s.1de la forme sever SÉVIR v. intr. est emprunté (fin xrve s.) au latin
Cv.11901,rare en ancien français, est emprunté au suevire &re en fureur, en rage», en parlant des
latin swerus «grave, sérieux, austèrea et <dur, ri- animaux et de l’homme, d’où auser de rigueur>> ; le
goureux’}, employé en parlant de choses et de per- verbe s’emploie également en parlant des élé-
sonnes Ile mot a aussi servi de nom propre). Seve- ments naturels. Il dérive de l’adjectif sawus &-
rus, dont la valeur initiale a peut-être été rieux, cruel, impitoyable)), qui semble avoir d’abord
Gnflexiblen, est d’origine inconnue. qutié des animaux et dont le sens initial a peut-
4 Le mot s’emploie d’abord @n erres-1pour quaMer être été & l’aspect (au visage) efTroyablej>.
une personne prompte à punir ou à blâmer, avec + Sévir reprend en français les valeurs du latin, si-
l’idée de justice rigoureuse lj@e s&èrel. Il s’ap- gnifiant d’abord aêtre tourmenté, en colère*, sens
plique 11499) à une loi, un châtiment, une morale sorti d’usage. II se dit aussi Cti xwe s.) pour {{exercer
SEVRER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une répression avec rigueur)). À la même époque, il accompagné des adjectifs virile, mukbre ksexe
s’est employé pour Rmaltraiter, user de violence3, masculin, fémininn1.
en parlant d’un supérieur à l’égard d’un inférieur, + Sexe, qui semble rare avant le XVI~ s., désigne abs-
sens qui disparaît au xrxe siècle. 0 SeYir, souvent traitement (v. 1180) l’ensemble des caractères qui
employé absolument (17481, s’applique par exten- distinguent l’homme de la femme. Les diction-
sion (1845) à un fléau qui exerce des ravages. Il se naires modernes relèvent souvent le sens d’aor-
dit par plaisanterie ! 19001 d’une personne qui gane sexuel (d’un être humair+ à une date très an-
exerce une activité considérée comme pénible, cienne (v. 1190) ; mais cette valeur, que I’on trouve
inutile pour autrui. isolément au début du XIV’ s. à propos d’un oiseau,
b SÉVICE n. m., réfection (1499) de cevise (1273) n’est plus attestée dans les dictionnaires avant le
d’après s&ir, a été aussi employé comme féminin XX~ s. ; la date ancienne correspond probablement à
(depuis 1539) à l’époque classique; le mot est em- une confusion sémantique. Ce sens est clair en
prunté au latin sawitia &reur, violence, cruauté», 1880, (Zola, Nana). 0 Avec une valeur plus géné-
dérivé de ~~VUS. 0 Sevice désigne, en droit et cou- rale, le mot se dit (1380, sexes) de I’ensemble des ca-
ramment, de mauvais traitements corporels exer- ractères et fonctions qui distinguent le mâle de la
cés sur une personne que l’on a sous son autorité, femelle et, par analogie, s’emploie à propos des
sa garde. II s’emploie surtout au pluriel, Au figuré plantes 11562). Par métonymie %n XIV~ s.), sexe a si-
kx” s.), il est littéraire. gni% <<espèce, générationb, sens sorti d’usage, et
par extension l’ensemble des hommes et des
SEVRER v. tr. est issu (10801 du latin populaire femmes. L’opposition fondée sur leurs caractères
“seperure, altération du latin classique separure supposés a fourni plusieurs expressions : souveruin
(3 séparer). sexe 4es femmesm EMO- 1475) a disparu, et beau
4 Le verbe a eu d’abord la valeur générale de Msé- sexe (16401 est archaïque mais bien connu, parfois
parer», spécialement atrancher (une partie du employé ironiquement ; sexe volage ne se dit plus ;
corps humair&. Se sevrer s’est dit pour «se sépa- sexe faible (v. 1640) et sexe fort (1842) se disent en-
rer=, «s’éloigneru (1165-l 1703, sens qu’a aussi le core, le second souvent ironiquement et rempla-
verbe employé intransitivement (XIII~ s.), d’où sevrer çant sexe viril, archtique. Le sexe pour 4es
d’EgZi.se ~excommunier». On relève encore au XIV s. femmes» (1580) est complètement sorti d’usage.
sevrer de (un keul Ns’en aller de, (apr. 1360). 0 Le 0 Par extension, le mot s’emploie kwie s.1 en par-
verbe prend la valeur de ((priver (qqn de qqch.1)) au lant du fait d’appartenir à la classe des hommes ou
XI# s., valeur qui va se spécialiser (ci-dessous). Au des femmes, mais son usage est limité à certains
XVII~ s., le verbe a signiM (1636) cpartager lune contextes à cause du sens moderne de aparties
terreIn et <(séparer Ides combattantsln avec la va- sexuelles)), usuel depuis la ti du XIX~ siècle. oLe
leur latine de &parern. + C’est une spécialisation sexe équivaut aussi aujourd’hui (1889, P. Bourget) à
du sens de <<priver)) qui va orienter l’emploi domi- al’ensemble des questions sexuelles» (sexualité, ci-
nant du mot à partir du x19 s., swrer de lu mumele dessous), probablement d’après l’anglais sex qui
{séparer un enfant de la mère qui l’allaite>~ puis se- avait pris cette valeur plus tôt. 0 La locution le troi-
vrer (un enfant) Iv. 13301, aussi suer du Zet Ilaîtl sieme sexe «les homosexuels> est relevée en 1847
(v. 13801, aboutissant à afaire cesser l’alimentation chez Balzac; le deuxiéme sexe <<les femme+ a été
par le lait maternel». Au figuré, c’est l’idée de “pri- répandu par l’ouvrage de S. de Beauvoir portant ce
vation de nourriture>) qui s’impose, d’ou l’emploi en titre (1948, dans la revue Les Temps modernes).
arboriculture 11660) au sens de ((séparer (une mar- oEn biologie, le concept se précise scientiiique-
cotte) quand elle a pris ra,cine». Le verbe est repris ment aux XX~ s. et XXe siècles, les syntagmes spécia-
par analogie au ti s. dans le domaine médical lisés de la génétique n’étant attestés qu’au milieu
Iv. 1975) pour «supprimer l’accoutumance à l’alcool, du XX~ s. (sexe chromosomique, gonudique...l
la drogue... chez (qqn)*. F Les dérivés et composés de sexe n’apparaissent
F Le dérivé SEVRAGE n. m. (17411, «action de se- qu’au XX~ siècle. +SEXOLOGIE nf, didactique
vrer un nourrisson>~, a remplacé sevrement n. m., 11933, de -logzk, si@e Gtude des phénomènes
d’abord &parationBB (v, 1120, seiwement), puis «ac- sexuel% et a fourni SEXOLOGUE n. (1946) et
tion de sevrerti au sens moderne (v. 1380, sevrement SEXOLOGIQUE adj. (19331. +SEXISME nm. a
du Zetl. 0 Sevrage s’emploie aussi en arboriculture désigné (1948) ce qui se rattache à la dyade des
(1812) et en toxicologie Iv. 1960; 1935 {(privation de types vivants. 0Le mot a été repris (19601, comme
qqch.4. SEXISTE n. et adj- 119703, à l’anglo-américain
sexisr (1965) et sex.Lsm (1968) pour parler d’une atti-
SEX-, SEXA- sont des éléments tirés du latin tude de discrimination à l’égard des femmes; les
sex &xa, que l’on retrouve en composition dans deux mots sont courants. *On relève également
sexugenatius, sextilis. + SIX. les termes didactiques SEXONOMIE n f. 119111, de
-nom& SEXOPHOBE adj. et n, (mil. XX~ s.), SEXO-
SEXE n. m. est une réfection cv. 12651, d’après le THÉRAPIE n. f etSEXOTHÉRAPEUTE n.h.1970).
latin, de ses fi XI~~s.), forme évoluée, les deux - CACHE-SEXE n. m. est attesté à la fin du XIX~ siè-
étant empruntées au latin sexus, aussi employé en cle, * UNISEXE adj. Iv. 1960) qualifie un vêtement
parlant des plantes. Ce mot d’origine discutée a été conçu pour les deux sexes.
rapproché de secare ucouper, diviser}) (+ scier, sec- SEXUEL, ELLE adj. est un emprunt assez tardif
tion), le sexes étant le partage d’une espèce en (1742) au bas latin sexuulis <du sexe féminin*, dé-
mâles et en femelles. Le doublet secus est toujours rivé de sexes. 0 Le mot s’applique d’abord en biolo-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3493 SEXE

gîe à ce qui se rapporte au sexe, puis s’emploie homosexuell, désigne ( 1891) une personne qui
( 18903, pour sexué Ici-dessous), emploi qui a dis- éprouve une appétence sexuelle plus ou moins ex-
paru. L’adjectif qualifie couramment ce qui clusive pour les individus de son propre sexe. Le
concerne les differences et les comportements liés mot, aussi adjecOf ( 18941,abrégé familièrement en
au sexe 11798) et ce qui se rapporte à la sexualité 0 HOMO n. et adj. pour ~homosexuel masculinu,
(1835). Le mot est à la mode avec des expressions est aujourd’hui plus souvent employé en parlant
comme bombe sexuelle (d’une femme), symbole d’un homme. Homosexuel et homosexuelle (ce der-
sexuel (voir ci-dessous sex symboll, etc. ~Sexuel nier à la différence de lesbienne”) ont partiellement
est repris (xx” s.1avec une valeur élargie en psycha- perdu leurs connotations péjoratives ; cette évolu-
nalyse pour parler de ce qui est relatif aux pulsions, tion tient à l’atténuation des interdits sur les rela-
à l’activité de la libido. 0 Le mot entre dans de tions sexuelles et au développement, après 1970,
nombreux composés prékés (voir ci-dessous). des mouvements homosexuels, masculins et fémi-
* Les composés formes à partir de sexuel et de ses nins. Le vocabulaire familier, pour les emplois péjo-
dérivés appartiennent le plus souvent à la biologie ratîk, dispose de termes surtout relatifs à I’homo-
et à la psychophysiologie ; le mouvement de forma- sexualité passive de l’homme (par ex. enculé, folle,
tion est surtout important à la ~XI du me siècle. La pédale, tante, etc.), plus nombreux que pour l’ho-
disparition relative de certains tabous sexuels et la mosexualité féminine Igougnotte, gouine, goussel.
vulgarisation de la psychanalyse, dans les années Les homosexuels utilisent gay adj. et n. m. (4 gai>,
1970, expliquent que plusieurs dérivés sont passés mot de l’argot angle-américain. ~HÉTÉRO-
dans l’usage courant. * SEXUALISME n. m. 11775) SEXUEL,ELLE adj. (1894) et n. (18951, abrégé au-
correspond d’abord à &at d’un être pourvu d’un jourd’hui en WÉTÉRO adj. et n. (av. 19641, s’est ré-
sexe». Il désigne (1892) la sexualité considérée pandu après la d8usion d’homosexuek 0 Son
comme un principe, comme SEXUALISTE n. et dérivé HÉTÉROSEXUALITÉ n. f. (1894) reste di-
adj. (1923; autre sens en 1905). ~PANSEXUA- dactique. +PSYCI-IOSEXUEL,ELLE adj. (18951,
LISME n. m, 119211, de pan-, didactique comme les arelatif à la sexualité en psychologiem, INTER-
deux précédents, signifie Gnterprétation par la SEXUEL, ELLE adj. (19101, d’aprés l’anglais inter-
sexualité», souvent employé en parlant des théo- sexuul (18971, et MONOSEXUEL,ELLE adj.
ries de Freud, - SEXUALITÉ n. f. désigne (1838) en CV.19501, qui a fourni MONOSEXUALITÉ n. f.
biologie le cmactère de ce qui est sexué et l’en- Iv. 19501, sont des termes didactiques. +TRANS-
semble des caractères propres à chaque sexe. 0 Le SEXUEL, ELLE adj. (attesté v. 1965) est formé
mot a pris le sens courant de 4e sexuelleM (1884) d’après l’anglais transsexuul et s’applique à une
et, en psychanalyse (1924, s’emploie au sens personne qui passe d’un sexe à l’autre; ce mot
étendu de sexuel. 0 Il a produit des composés di- d’abord didactique a été répandu par les médias
dactiques souvent en relation avec les mots pré- sans pour autant devenir courant. oIl a fourni
Cxés à partir de sexuel (voir plus loin) : UNISEXUA- TRANSSEXUALITÉ n, f. Cv.1960) qui désigne la si-
LITÉ n. f. (18941, d’après unisexué, tuation d’une personne qui passe d’un sexe à
INTERSEXUALITÉ n. f. (19311 et ASEXUALITÉ l’autre, par modification de la sexualité somatique.
n. f. ( 19701, formé sur asexué, qui remplace 0 TRANSSEXUALISME n. m. 119561, d’après l’an-
ASEXUALISME rl.m. (1920). +SEXUELLEMENT glais, désigne le sentiment délirant d’appartenir au
adv., terme de biologie (18961, s’emploie aussi cou- sexe oppose.
ramment (xx” ~3,).-SEXUALISER v.tr., terme di- SEXUÉ, ÉE adj., formé savamment (18731 sur le ra-
dactique 119171 signiCant adonner des caractères dical de sexes, est un terme de biologie ; l’adjectif a
sexuels à (un organisme)~, a pris le sens relative- fourni plusieurs composés didactiques : BI-
ment courant de adonner un caractère sexuel à SEXUk ÉE adj. (18451 a remplacé bisexe (1814);
Iqqch.)n; ce verbe a fourni SEXUALISATION n. f., UNISEXUÉ, ÉE adj* s’emploie en botanique (1864)
relevé (1914 dans un texte technique sur la psycha- et en biologie (18901. -+ASEXUÉ, ÉE adj. Il8661
nalyse et répandu un peu plus tard (attesté 1932). s’est substitué à usexe ~VIII~ s.) et, devenu assez
oLe composé DÉSEXUALISER v.tr. (1921) reste Usuel, est aussi employé au fi@& 0 INSEXUÉ, ÉE
didactique, comme son dérivé D~SEXUALISA- adj .11886), rare en biologie, a vieilli au sens de “qui
TION n. f. 11926). 0 DÉSEXUALISti, ÉE adj. s’était manque de sexualité>> (1896) ; on a dit aussi in-
déjà employé (v. 1780) au sens de aqui a changé de sexé, ée ( 18051.
sexe’). Plusieurs mots de la même famiLle ont été emprun-
SEXAGE n. m. <détermination du sexe (d’un ani- tés à l’anglais. *SEXAPPEAL n. m.( 1929,sezeup
mal, et spécialt d’un oiseau d’élevageIn (19621 et ped, d’abord tiancisé en appel du sexe ( 19271, est
SEXEUR n. m. ( 19793semblent antérieurs au verbe emprunté à un composé anglais où uppeal (3 ap-
SEXER «déterminer le sexe den. La plupart des pel) correspond à l’attraits. 0 Il désigne l’attrait, le
composés préfixés de sexuel ont produit des déri- charme d’une personne, en général une femme,
vés su%xés sur le modèle de sexualité. 4 UNI- qui excite le désir. Le mot a légèrement vieilli.
SEXUEL, ELLE adj. s’est employé pour aunisexué)> + SEXY adj* inv. reprend un mot angle-américain,
(1794) et aussi pour NhomosexuelB (1894). -BI- dérivé de sex, lui-même emprunt au français. Le
SEXUEL,ELLE adj. (1826) a fourni BISEXUALITÉ mot est vieilli appliqué (1925) à une œuvre licen-
n. f. (18941. +ASEXuEL, ELLE adj. (18361, disparu cieuse ; il qualifie (195-G une personne, une chose
au sens d’aasexué*, est un terme de biologie. * HO- qui excite le désir sexuel. -SEX-SHOP n. m. dé-
MOSEXUEL, ELLE n. et adj., peut-être fort-né signe Cv,19i’OI une boutique spécialisée dans la
d’après l’anglais homosexual ( 1869) ou l’allemand vente d’objets, d’écrits, de films pornographiques.
SEXTANT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Le mot, composé de sex et de shop «boutique>, lui- récipient utiiisé pour préparer des cocktails ou des
même emprunté (~111~s.1 au français eschope boissons glacées.
(+ 0 échoppe), provient des pays scandinaves. +Le mot a désigné un membre de la secte des
- SEX-SYMBOL n. m., emprunt à l’anglo-améri- Ntrembleurs>). 0 Il a été repris (1895) à propos du ré-
tain, désigne (1976) une vedette féminine remar- cipient contenant les liquides mélangés et secoués
quable par la syrnbollque sexuelle qu’elle induit. pour faire un cocktail.
SEXTANT n. m, est un emprunt savant (1553) SHAMPOOING n. m. est un emprunt, relevé
au latin sedans, -antis «sixième partie d’une unité», par Littré ( 18771,à un mot anglais Sign%ant propre-
dérivé de sex (+ six). ment aaction de masser-n Il 7621, substantif verbal de
+ Au XVI~s., le mot reprend la valeur du latin, dé- to shumpoo xmassern (1762) puis afaire un sham-
signant une mesure de longueur valant six pouces pooinp ( 18603; par ailleurs, le déverbal shumpoo,
(15531 et un poids de deux onces (1556; aussi sex- d’abord synonyme de shampooing, a seul conservé
tum, au xvme 4. * Parallèlement à ces emplois au- le sens de <produit utilisé pour le lavage de la che-
jourd’hui disparus, le latin scientifique sextant, velures), mais n’a pas été emprunté en français. Le
choisi par l’astronome danois Tycho Brahé (en verbe anglais io shumpoo a été emprunté au hindi
15983, fait l’objet d’un nouvel emprunt en français champnû amasser, presser», sous la forme ch6mpii.
au XVII’ s. ( 1639, Mersenne) en astronomie et en ma- +Shampooing désigne le lavage des cheveux au
rine. II designe un instrument composé d’un sec- moyen d’une lotion et, par métonymie, le produit
teur circulaire (un sixième de cercle1 articulé, qui utilisé pour ce lavage. Par analogie, le mot s’em-
permet de faire le point en mesurant l’angle d’un ploie à propos des moquettes (voir shampouineuse
astre au-dessus de l’horizon. Sexfanf désigne en- ci-dessous).
suite (1721) un arc de soixante degrés. b Sur le modèle de to shumpoo a été dérivé SHAM-
b Le composé RADIO-SEXTANT n. m. (av. 19701, POOTNER ou SHAMPOUINER v. tr., <faire un
de radio, désigne un instrument de radio-naviga- shampooing à» (1960 ; shampouiné, 19541; d’abord
tion. shumpooingner ( 18941.On écrit aussi chumpouiner.
Ce verbe a fourni SHAMPOUINEUR,EUSE n.
SEXTINE, SEXTUPLE + SIX Il 955, -pooingneur) «personne qui s’occupe de faire
les shampooings dans les salons de coiffure».
SEYANT, ANTE 3 SEOIR
0 SHAMPOUINEUSE n. f. ( 1964) désigne aussi un
appareil servant à, appliquer une mousse net-
SFUMATO n. m, est un emprunt (1758 Co&in,
toyante sur les sols et les moquettes.
in Brunotl à l’italien, part. passé de sfumure aenfu-
merm, préfixé de fumure (+ fumer). SHANTUNG n. m. est un emprunt (19071 au
4 Le mot désigne en peinture l’effet produit par des nom d’une province de Chine.
contours estompés (sens qui apparaît en italien F Le mot, parfois écrit chuntoung, désigne un tissu
chez Vasari, et notaunment à propos de Léonard de de soie.
Vinci).
SHÉRIFF n. m. est attesté une première fois
SHAKE-HAND n. m., relevé isolément ( 15471 sous la forme cherruy dans la Correspon-
Iv. 17903dans les Mémoires de Casanova, à nouveau dance politique d’0. de Selve, puis est écrit chétif
chez Musset (v. 18401,représente la substantivation (1601) et shérif(l680), variante toujours en usage. Le
de la locution anglaise to sh&e hands Itithl «ser- mot est emprunté à l’anglais shwS(lO341, de shire-
rer la main (à1n (15351, composée de to shaize reeve <premier magistrat, officier supérieur treevel
(+ shaker) «secouer» et 4remblerB (d’un germa- du comté W&&, issu de l’anglo-saxon scir-gerêfu;
nique “shahun-1 et de hand tcrnainm, d’une forme scir <comté, est issu de l’ancien haut aIlemand
germanique “hunduz, de racine inconnue. La lo- sciru <charge officielle% ; gerëfu «officiers représente
cution anglaise a donné par la suite les fomnes ‘ge-rO@, composé de -r6f «arméen.
substantivées shuke-huti (18111, peu usitée, et + ShériF, seulement employé en parlant des institu-
handshulze ( 18731. tions anglo-saxonnes, désigne d’abord 11547, cher-
4 Le mot ne s’utïlise que dans un contexte anglo- ruy) le magistrat de chaque comté qui, en Grande-
saxon ou par plaisanterie au sens de apoignée de Bretagne, est responsable de l’application de la loi.
main>. Il s’employait surtout à propos des manières À partir du xrxe s. (1835, Tocqueville), stiriffdésigne
anglaises ou américaines, dans des expressions l’officier du comté chargé, aux États-Unis, du main-
conventionnelles (un vigoureux shahe-ha&, par tien de l’ordre, de l’exécution des sentences, etc. Le
exemple). rôle dans les westerns de cet officier, plutôt appelé
murshul en angle-américain, a répandu l’usage du
SHAKER n. m. reprend (1830) un mot anglais mot en français.
dérivé de to shuke asecouep> I+ shake-hand), dési-
gnant proprement en anglais qqn ou qqch. qui se- SHERPA n. m. est un emprunt, par l’anglais
coue (14401,une personne qui tremble (1648) et spé- sherpu (18471, au nom d’un peuple du Népal, em-
cialt le membre d’une Sec?te[cf. quuherl. *À partir prunté au tibétain shur-pu <peuple de l’Est)>. Le mot
du XIX~s., c’est le nom donné à divers appareils ser- est attesté en fi-anGais dans porteur sherpu en 1933.
vant à secouer qqch., d’abord aux Etats-Unis où + Sherpa, répandu en fiançais par l’expédition de
CO&Q& sh&er (18681 puis shaker (18891 désigne le M. Herzog à I’Annapurna, en 1950, désigne un par-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3495 SHORT

teur de haute montagne de l’ethnie Sherpa, dans SHOAH n. f. est emprunté à l’hébreu shoah
l’malaya. 0 En politique, il se dit (v. 19701 de la flanéantissement>>.
personne qui prépare une conférence aau sommet>> +LU Shouh désigne le génocide perpétré contre les
~OUI- le compte des hommes d’État. Juifs par le régime nazi, de 1939 à 1945. On écrit
parfois (à tort) shoa. Syn, : l’holocauste.
SHERRY n. m. est un emprunt (1823) à l’anglais
s&rvy, transcription de l’espagnol Jerez + Xérès. SHO CKING interj. et adj . inv.,relevé chez Bal-
zac ( 1842) qui l’emploie comme interjection, est un
SHILLING n. m.11656) est apparu en lançais mot anglais signîfknt «bouleversant, scandaleuxp,
SOUSla forme claelin ( 1558) liée à la prononciation dérivé de to &ock ((choquer les convenancesm
du mot anglais auquel il est emprunté, shilling (-+ choquer).
Egoo). Ce dernier est d’origine discutée, peut-être + ShocJzing n’a pas conservé en français le sens fort
issu de l’ancien haut allemand scellan atinterm, du mot anglais et n’est en usage que comme înter-
d’une racine germanique “sk& <<résonner, sonner>, jection employée par des anglophones, équivalant
ou provient d’une racine “skil- diviser, séparer», à ((c’est inconvenant !Y L’adjectif s’est dit par plai-
appliqué à une monnaie. L’anglais a pour corres- santerie (1866) pour Nchoquantb, parfois substantivé
pondants le néerlandais schelling, le danois et le (1860, Baudelaire).
suédois skilling, L’ancien lançais avait emprunté
le mot au XIII~s. sous la forme eskollin. SHOGOUN n.m. (1875; djogoun, 1830; seo-
+Le shilling est l’ancienne unité monétaire an- goun, 1836) emprunte un mot japonais, lu par les
glaise valant I/20e de la livre (12 pence), supprimée deux caractères chinois Chiang <<conduiren et
depuis l’adoption du systéme décimal. On a aussi chung arméen, et sima& (chef d’armée hérédi-
écrit schekng (17623, schilling ( 1765, i!kydopédie), ta,ireB. 0 Les dérivés sont SHOGOUNAL, AUX adj.
shell ing. (1904 in Larousse) et SHOGOUNAT n. m. (1912, Élie

+La même racine germanique a produit Faure).


SCHILLING n. m., d’abord unité monétaire d’AUe-
SHOOT n. m. est un emprunt (18971, d’abord
magne, de Flandre, de Hollande (1680 en français1
avec la graphie correcte shot ( 18931, à l’anglais shot
et aujourd’hui (depuis 1924, attesté 1930) unité mo-
COUP, déchargeti, terme de sports depuis 1868 ; le
nétaire de l’Autriche.
mot dérive de to shoot <(lancer, tirep), issu d’une
base germanique “skeutan-, comme le danois
SHIMMY n. m. est un emprunt ( 19.20)à l’anglo-
skyde, le suédois skjutu, l’allemand schiessen.
américain shimmy (ou shimmey), altération du
français chemise”, attesté en ce sens en 1839. Le 4 Shoot passe en fran@s dans le vocabulaire du
mot prend une autre valeur avec l’expression : I’m football pour désigner un tir au but ou un dégage-
jz& shaking my shimmy flje ne fais que secouer ma ment puissant ; il tend aujourd’hui à être remplacé
chemise», appliqué 11919) à une danse, voisine du par tir. 0 Le sens de apiqûre, injection d’un stupé-
fox-trot, qui s’exécutait avec un tremblement des fiantn, est un réemprunt Iv. 1960) à un emploi spé-
épaules. cialisé de l’angle-américain shot ( 1929).
+ Shimmy passe en fiançais avec ce sens, cette b On retrouve ces deux valeurs dans SHOOTER
danse ayant été en vogue dans les années 1920- v. tr. et intr., dérivé d’après le verbe anglais ; il est
1930 en France. *Le mot reprend ensuite à l’an- d’abord terme de sports (1900, intr.1, moins courant
glais, par analogie, le sens de {{tremblement ou flot- aujourd’hui que tirer (ou &guger). 0 De l’argot de
tement des roues et du train avant (d’une auto- la drogue (v. 19681, surtout au pronominal se shoo-
. mobile)> (19%). ter, il passe à l’emploi familier pour «absorber
Iqqch. d’agréableIn (1981), par exemple dans
SHINTO ou SHTNTOÏSME n. m. apparaît se shooter à lu bière, aux chocolats, etc. +De l’em-
( 1765, hcydopédie) sous la forme sintoisme puis ploi en sports dérive SHOOTEUR, EUSE n. (19061,
shintotime (1877) ; shinto ( 1904 ; aprés shintos, précédé par shooter Nmembre d’une société de tir
av. 1750) est la transcription d’un mot japonais si- aux pigeons» (1874) et =Chasseur= (1904). + SHOO-
mant proprement woie des dieux>> et repris au TEUSE n. f. (1972) désigne une seringue hypoder-
chinois shin tao (3 taoïsme). Les spéciahstes mique.
écrivent shint0.
SHOPPING n. m., cité en 1804 comme mot an-
+ Le mot désigne la religion première du Japon, en- gltis, est emprunté au mil. du xrxe s. (aller à shop-
semble de croyances animktes et chamanistes, qui ping, Mérimée 1843) et se répand déb. XX~s. 11913
honore une multitude de divinités. Il est diEcile de Larbaud, par ex.). Le mot anglais 11764) est dérivé
marquer une séparation nette entre le shint0, reli- de to shop, de shop aboutique>) + échoppe.
gion nationale (officielle de 1868 à 1949, et le boud-
dhisme, importé au VI~s. qui a intégré les div=init& 4 Cet anglicisme, traduit en français du Canada
et rites indigènes. Le shinto, qui n’établit pas de dis- par mugusinuge, s’emploie dans faire du shopping,
tinction tranchée entre le sacré et le profane, a et dans shopping tenter ( 1963 ; mot américain formé
servi de véhicule aux doctrines nationalistes et à en 19511,dont l’équivalent fkançais est centre com-
l’exaltation du rôle de l’empereur. merciul.
,La forme shintokme a fourni le dérivé SHIN- SHORT n. m. est emprunté (1910) à l’anglais
TObTE ou SHINTO n. et adj . Il887 ; sintokte, 1842). shorts (18261, substantivation de short «cou&, issu,
SHOW 3496 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

comme le nom anglais de la chemise shirt (+ tee- tienne sei s’est réduite à si et, suivie de -ce, à sic
shirt), d’une base germanique “sketi- acoupern, (+ 0 si), d’abord seic. Il n’existe pas de conjonctions
élargissement de “sker-, de même sens (cf. ancien conditionnelles communes à plusieurs langues in-
haut allemand scum3. Le mot anglais est parfois doeuropéennes. Pour Ernout et Meillet, si et sic
rattaché, par une forme “KG~U&S, au latin CU&LLS étaient à l’origine le même mot, le sens ancien de si
(-, courtl. étant aen ce cas, ainsi% sans valeur subordonnante;
+ Le frmçais a retenu le singulier short et le pluriel mais si s’est aussi employé très tôt en latin avec les
Ides shorts1 pour désigner, comme le pluriel an- valeurs qu’il a conservées en lkançais.
glais, une culotte courte utilisée pour le sport, les + La forme se (v. 10501,antérieurement sed (fin x” s.1,
vacances. La graphie francisée châtie, chez des au- est la plus courante en ancien tiançais ; elle perd
teurs comme R. Queneau, M. Aymé, ne s’est pas du terrain à partir du XVI~ et est éliminée au
imposée. XVII~siècle ; elle provient d’un latin populaire Oseou
Osed,altération de si, d’après le latin classique quid,
SHOW n. m., employé une première fois par neutre de guis, pronom interrogatif. +Dans une
Voltaire (17731, puis en 1848 comme mot anglais phrase à deux membres en corrélation, si hypo-
cité, est emprunté ensuite (ti XIX” s.) à l’anglais thétique introduit dès l’origine une hypothèse
show 113001,attesté au sens de aspectacle, paraden simple (8421, une hypothèse réalisée dans le passé
en 1561; c’est le déverbal de to show amontrer, ex- (1080) ou exclue dans le présent @n XII’ s.), ou bien a
poserm, en moyen anglais schewen et en vieil an- une valeur de potentiel, l’hypothèse pouvant etre
glais sceuwiart *voir, apercevob, puis {(faire voir, réalisée dans l’avenir Iv. 11751. 0 Si s’emploie
montrer» ; ce verbe se rattache à une racine germa- comme nom masculin pour <<hypothèse, supposi-
nique “skuw-, que l’on rapproche du latin cavere tionB, dans suy1ssi «sans condition3 (XI~I”s.); le subs-
<<veiller à, surm (-, cautèle, caution) et du grec koein tantif est entré dans la locution avec un si (17181,
aobservep). puis avec des si on mettrait Paris dans une lenl
+ Employé avec la valeur générale d’aexhibitionn à boutefle (1787). 0 Présentant une donnée, si peut
la fm du ~IX~ s., le mot a suivi l’évolution des formes être renforcé : même si Cv. 11501, que si ti XVI~s.),
du spectacle aux XIX” et xx” s. et désigne au- courant en français classique et devenu archaïque.
jourd’hui ( 1930) un spectacle de variétés cent& sur * Par ailleurs, si peut introduire, depuis le XII~s.,
une seule vedette ou exclusivement réservé à une une opposition avec une valeur concessive Iv. 11501,
vedette, ~Par analogie, show se dit Iv. 1971) d’une équivalente du tour latin ut. .. ita.. . et appelant
apparition publique démonstrative, propagandiste. souvent dans la proposition suivante un restrictif
ki.. néanmoins...) ou un adversatif ki... au
bONE MAN SHOW lot. subst. m. est emprunté
contiaire...). Toujours sans valeur hypothétique, la
(19551 à une expression anglaise composée de la lo-
conjonction introduit ( 1273) une proposition à va-
cution adjective one mari (1882) {{d’un seul homme>>,
leur de complétive [cela m’est égal si...). Elle entre
& un seul homme)>. 0 La locution s’emploie en
dans des locutions figées comme si ce n’est (15303,
lknçais avec les deux sens de ski, en parlant hypothétique ou marquant une restriction lav. 1684,
d’une vedette masculine, d’un homme politique. si ce n’est gue =excepté4. 0 Ou si... En XVI~s.1,
L’équivalent féminin ow woman show est rare Eat- construction aujourd’hui littéraire, est employé
testé en 1972). +SHOW-BUSINESS n. m. (relevé
pour introduire le second terme d’une interroga-
en 19551 est emprunté à un composé anglo-améri- tion directe double. -A partir du XVII~s., on passe
tain (+ business), 0 L’abréviation américaine de &ant admis pour vrai queu à «étant donné queB
SHOW-BIZ, empruntée (1954) est assez courante. et si prend une valeur causale (16671, équivalent de
L’homonymie avec chaud donne lieu à des &-peu- puisque. 0 Le mot est également utilisé ( 16781 en
près. phrase exclamative, pour exprimer une sugges-
tion, un souhait ou un regret (Si j’usais su!). 0 Si
SHRAPNEL ou SHRAPNELL n.m., at- oui asi la réponse est &rmative» n’est pas relevé
testé en 1860 Ishrapnel, 1876, pour shrupnell), est avant le XXesiècle.
emprunté à un mot anglais, substantivation du
b Le composé SINON Conj. est usité avec les élé-
nom propre ShrapeII, général anglais (1761-18421
ments disjoints (1080, se nun; déb. XII~s., si non)
inventeur d’un obus ainsi dénommé. Le mot était
jusqu’à la lk du xv” s. CCommynesl. + Le mot intro-
apparu déjà en 1827 en parlant de l’artillerie an-
duit une exception ou une restriction hypothétique
glaise. Littré signale que cette arme fut employée
avec la valeur d’eccepté, sauf oLa locution
pour la première fois en 1795, durant le siège de
conjonctive senon que (ti me s.1, puis sinon gue
Dunkerque.
(déb. xv’s.), a vieilli, Sinon que ne... rien asi ce n’est*
+ Shrapnel designe un obus rempli de balles, qu’il ( 15591 s’est employé à l’époque classique. 0 Sinon
projette en éclatant. introduit également une concession, une restric-
tion en corrélation avec au mois, du moins (15801,
0 SI conj, et n. m. inv. est issu (842) du latin si ou non. 0 En emploi absolu, la conjonction sime
<toutes les fois que », aau cas OÙ~,qui introduit une Ifin XVI~s.1asi la condition (la supposition) ne se réa-
phrase conditionnelle, la supposition étant consi- lise pasm.
dérée comme réelle (avec indicatti ou comme ir-
réelle ou éventuelle (avec subjonctif). La conjonc- @ SX adv. et n. m. inv. est issu (842) du latin sic
tion latine est en général placée en tête de phrase ad., anciennement seic et Sign%ant aainsi, de cette
et peut être renforcée par un adverbe. La forme an- façon>>, <<demême (que)*, ctellement (que),, e&ns
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3497 SIBYLLE

plus+. L’adverbe latin était répété dans les compa- ensuite (1765) à ce qui est relatif au Siam. w L’em-
raisons et s’employait avec toute espèce de mots ploi spécial dans fières st’amois (18391, S@urs sia-
introduisant une comparaison; dans la langue fa- moises (18721,pour désigner des jumeaux rattachés
milière, il correspondait parfois, comme itu, au l’un à l’autre par deux parties homologues de leurs
flouin du français I+ 0 si). corps, vient des fières siamois, originaires du Siam,
+ Si appara?t comme adverbe de comparaison (842) présentés en France en 1829. Au figuré, frères sia-
[si. .. CU&, équivalant à aussi; si... que ne subsiste mois équivaut à «amis inséparables}). oSiamoise
dans une proposition tirmative que dans quel- n. f. désigne 118771 un canapé en S sur lequel les oc-
ques expressions, comme si peu gue rien (15461,si cupants se trouvent vis-à-vis. 4 Chat siumois ou
peu que vous voudrez (18351. oLe mot ne s’em- siamois n. m. ( 19303 succède à chat de Siam C19071
ploie plus pour a&mer une idée en opposition et désigne un chat d’une race importée du Siam à
avec la proposition négative qui precède (fin rxes-1, la fm du XIX~ siècle.
souvent avec avoir, être, faire (si a, si estes, si fuz,
1080 ; si ferai, ti XIII~sd; si ferai-je est noté ((bas>>en SIBÉRIEN, IENNE adj. et n., relevé une pre-
1694. Voir ainsi. mière fois comme substantif (1610) puis adjectif
Comme adverbe d’afknation, si s’utilise seul ( 17401,dérive du nom propre Sibérie (d’étymologie
Iv. 1490) ou renforcé (av. 1650, que si); la locution énigmatique), région septentrionale de l’Asie,
que si que non (16681est sortie d’usage. Si a égale- 4 Employé comme nom d’un peuple dans sa pre-
ment en ancien lançais (fm rxes.l le sens de pour- mière attestation, le mot s’applique à ce qui se rap-
tant; cet emploi était déjà vieux au XVII” siècle; il a porte à la Sibérie. 0 Il qual%e notamment (1870,
disparu, comme les formes renforcées si bien Goncourt) un froid très rigoureux, glacial kf. po-
(apr. 13601,si &unmoiw (1669), si est-ce que, etc. luire).
Adverbe d’intensité siflant & ce point, k tel de- b Le composé TRANSSIBÉRIENJENNE adj.
gré>, si s’emploie devant un adjectif ou un adverbe ( 18891, de trans-, s’emploie comme nom masculin
(2” moitié x” s.), en corrélation avec que (v. 12001 pour désigner le chemin de fer reliant la Russie
pour introduire une consécutive ceelleest si belle d’Europe au Pacfique et à la Chine.
que...) ; avec cette fonction, si bien que (15301 est
toujours suivi de l’indicatif ou du conditionnel, for- SIBILANT, ANTE adj. est un emprunt savant
mant une locution conjonctive qui équivaut à ade (1819) au participe présent sibilans, du latin sibilure
sorte que+ Si (conjonction3 <<jusqu’à ce quep (v. 1190) qui a donné sifner”.
et si très <<tellement)> Iv. 12001 ne se sont pas mainte-
+ Terme médical, il qual%e ce qui produit un sBle-
nus; si tellement s’emploie encore plaisamment. ment, spécialement dans râle sibilant qu’on entend
Si... (adjectif) gue, suivi du subjonctif Cfk XII~s.1,in- dans la bronchite. En phonétique, l’adjectif s’ap-
troduit une concession. - L’emploi substantivé lun
plique aux kicatives caractérisées par une k-é-
si1 correspond à =Objection, difkulté~ (13711, en
quence élevée.
particulier dans des locutions comme des si et des
mais (15341, les si et les mais de qqn Iv. 16701, les si b Endérive SIBILANCE n. f. (18711,rare. -SIBILA-
et les car (1671).
TION n. f., emprunt Iv. 15 10) au dérivé bas latin sibi-
6’ voir AINSI, AUSSI, SITôT.
Zctti &fBement~~, a désigné l’action de soufIler, en
parlant du vent (v. 15101, et signifie au figuré 115301
0 SI n. m. inv,, attesté au début du XVII~s., est «moquerie, dérisionm, d’après un sens du verbe la-
formé des initiales de Suncte Johannes U et J étant tin 0 Dans l’usage didactique, il signifie (av. 1672)
alors confondus) dans l’hymne de saint Jean-Bap- {{action ou manière de siftlerB, CcsaementD.
tiste, pour désigner la septième note de la gamme
d’ut et le signe qui la représente (1871). SIBYLLE n. f. est la réfection savante (mil.
xwe s-1, d’après le latin, de sibile lll891, sebile
SIAL-, SIALO-, premier élément savant, est (v. 12131, empruntés au latin SibyUu qui reprend lui-
tiré du grec sia2on +&ive, baves, mot populaire de même le grec Sibullu, nom d’une prophétesse
sonorité expressive, et entre dans la composition d’abord située en Asie Mineure puis, en Occident,
de termes médicaux. à Cumes. Plus tard, les Sibylles se sont multipliées ;
b SIALAGOGUE adj. et n. m. U7411, de -agogue, en latin, le mot a désigné plusieurs prophétesses et
correspond à “qui accroît la sécrétion de salives. s’est employé familièrement pour <<devineresse»,
* SIALADÉNITE n. f. 118711, d’adénite, désigne l’in- L’origine du mot grec est inconnue.
fiammation des glandes salivaires. + SIALOGRA- 4 D’abord employé en f?ançais comme terme d’An-
PHIE n. f. (ti s.), de -graphie, signiCe wadiographie tiquité (cf. Pythk), Sibylle s’est dit par extension
des canaux salivaires». d’une femme qui lit dans les astres (XIII~s., sebiZel,
puis d’une devineresse 11546, Rabelais, sibylle). Au
SIAMOIS, OISE adj. et n. apparaît comme moyen âge, le mot était un prénom féminin usuel.
nom féminin kiamoisel en 1686 puis est relevé en Dans les chansons de geste, Sebile, la roynne Se-
1765, adjectif et nom; le mot est dérivé de Siam, bille, lu roine Seblie 112831, h royne Sibille (1442) dé-
nom du pays appelé Thailande depuis 19%. signe un personnage mythique qui aurait prophé-
$ Le mot est d’abord employé pour désigner, aux tisé la venue du Messie. 0 À partir du xv” s., sibylle
XVII~et XVIII~s., une étoffe de soie et de coton, intro- s’emploie figurément avec une valeur péjorative,
duite en France par les ambassadeurs du roi de dans vieille sebille (14931, vieille sybik ((vieille
Siam envoyés auprès de Louis XIV. 0 ll s’applique femme qui a des prétentions au savoir» et plus tard
SIC 3498 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

<vieille femme méchante> ( 1835). Par ailleurs, le SICILIEN, IENNE adj. et n. est emprunté
mot, par référence au célibat des prophétesses de (sycillien, n., déb. XIVes. ; 1550 adj.1 au latin médiéval
I’Antiquité, a désigné a l’époque classique une me Siciliunus, dérivé du latin classique Sicilia, lui-
qui vieillît sans se marier t 1694). même emprunt au grec Sikeliu &icilem, de Sikeloi,
b Le dérivé SIBYLLIQUE adj., “qui se rapporte aux nom des habitants primitifs de l’île.
sibyllesn Iv. 18501, est didactique et rare. +SIBYL- + Le mot qualifie ce qui se rapporte à la Sicile ou à
LIN, INE adj ., réfection ! 1564) de sibilh Cv.13551, ses habitants, oLe nom masculin désigne le dia-
est un emprunt au latin sibyllinus, dérivé de sibylla, lecte du groupe italien parlé en Sicile. oLe sicilien
notamment employé en parlant de recueils de se dit en géologie d’un étage du quaternaire marin.
livres déposés au Capitole, qui contenaient les pré- F SICILIENNE n. f. s’emploie pour désigner une
dictions versfiées de la Sibylle. 0 L’adjectif est di- danse sicilienne ( 1705, Trévoux) et un air à danser,
dactique comme terme d’Antiquité et usité dans puis une forme dans les suites de danses en vogue
quelques syntagmes ( 1718, oracles, livres, vers sibyl- au XVLII”s. (attesté 1829). 0 C’est par ailleurs le nom
lins). Il équivaut à sibyllique. Il est plus courant au fi- donné à une étoffe de soie (1874, Mallarmé).
guré 11836) pour qutier ce dont le sens est caché,
symbolique comme celui des oracles. SIDA n. m., attesté en 1982, est l’acronyme de
Syndrome Immuno-Déficitaire (ou d’lmmuno-Défi-
SIC adv. 11771)” s. est le mot latin simant aainsi*
ciencel Acquistel, d’abord écrit S. 1. D. A., puis
et qui a donné l’adv. 0 si. SIDA, Sida et enfm sida. L’anglais a parallèlement
+ Ajouté à une citation, sic sert à souligner l’exacti- AUX.
tude textuelle et, du même coup, l’étrangeté ou
4 Le mot désigne un syndrome, souvent mortel, dû
l’anomalie du contenu. Il est parfois substantivé.
à un virus (rétrovirus) et caractérisé par une chute
SICAIRE n. m. est emprunté 6n XIII~s.) au latin brutale des défenses immunitaires. Ce terme mé-
sicatius +~~assin», dérivé de sica désignant un poi- dical a été largement diffusé par les médias, à
gnard pointu à lame recourbée, puis la défense du cause de la gravité de la maladie, à la fois dans cer-
sanglier. Ce poignard, arme nationale des Thraces, tains pays du Tiers Monde (Afrique notamment) et
fut considéré à Rome comme l’attribut des bri- dans les pays les plus industrialisés. La maladie a&
gands et des assassins ; de là l’emploi spécial de si- fecte particulièrement, par transmission sanguine,
carius, qui ne faisait pas référence à une arme spé- et par voie sexuelle, les personnes à multiples par-
cif?que. Sica, sans étymologie claire, a peut-être été tenaires sexuels et celles qui sont exposées à des
emprunté à la langue thrace. transfusions tiéquentes, à des piqûres, etc. oLe
+ Sicaire apparaît avec le sens de atueur à gagesn ; il mot a des emplois figurés (sida mentull.
est d’emploi historique ou très littéraire au- b Plusieurs dérivés sont attestés depuis 1985 : SI-
jourd’hui. Il a désigné un terroriste zélote de l’Anti- DATIQUE adj. et n., <du sida, atteint du sida)>, criti-
quité hébraïque (1863, Renan). qué, en général remplacé par SIDÉEN, ENNE
EV. 19881, et SIDOLOGUE n., =Spécialiste du sidaD
SICCATIF, IVE adj. et n. m., relevé une pre- (1985).
mière fois comme nom v. 1300, puis 1495 comme
adjectif, écrit seccitif: repris en 1723 sous la forme SIDE-CAR ou SIDECAR n.m, est un em-
actuelle, est emprunté au bas latin médical siccati- prunt 11888, puis 1912) à I’a;nglais side-car, sidecur
VUS(aussi siccatori~~), dérivé de stccutum, supin du (19041, proprement wéhicule de côté,, composé de
latin classique siccure <rendre secn, aassécher, side <<côté-, mot d’origine germanique, et de car
épuiser, vider complètement%, lui-même dérive de wéhicule~, emprunt au français dialectal cur, va-
siccus C-3sec). riante de char*.
+ Employé à la fm du xv” s. au sens de adesséchant», + Employé isolément à propos d’un cabriolet irlan-
l’adjectif, repris au XVIII@ s., qualifie un produit qui dais à deux sièges accolés dos à dos (18881, le mot
active la dessiccation des couleurs en peinture désigne aujourd’hui (depuis 1912) un habitacle ca-
11723, vernis siccatif; 1802, huile siccative). 0 Le mot réné à une roue sur le côté d’une motocyclette,
est substantivé dans ce sens (un siccatif: 1812). Au pour l’usage d’un passager; par extension 119221,
~IX~ s., l’adjectif passe dans le vocabulaire médical, si&-car se dit de l’ensemble du véhicule, alors que
qual%ant ce qui favorise la cicatrisation par son ac- l’anglais emploie dans ce cas motorcycle und si&-
tion desséchate ( 1855) ; il est aussi substantivé car; aujourd’hui, ce véhicule est presque disparu.
dans cette acception (1875). +Le sens de <Cockta;il américain, composé d’un
b Deux termes techniques dérivent de siccatif: tiers de Cointreau, un tiers de jus de citron, un tiers
SICCATIVITÉ n. f. (1825) et SICCATIVANT n. m. de cognac= (relevé en 1936) vient de l’anglo-améri-
(mf S.I. tain (19281.
SICCITÉ n. f. est un emprunt plus ancien (1425) au ä DU premier sens dérive SIDE-CARISTE OU SI-
latin siccitas, dérivé de siccus. 0 C’est un équi- DECARISTE n. (1913) <<pilote d’un side-carn. - SIDE
valent savant de sécheresse. - Sur le supin du latin n. m. est l’abréviation de sidecar.
siccure a été dérivé savamment SICCATEUR n. m.
(19231, terme technique d’agriculture désignant un SIDÉRAL, ALE, AUX adj. est emprunté
assemblage de perches sur lequel on met le foin à Cv. 1510, sidereul; 1520, sidéral) au latin si&rukS “gui
sécher, dans cerbines régions. concerne les astres>, derivé de sidus, -cris; ce mot a
@ voir DESSICCATIF. d’abord le sens de aconstellatiow, et s’oppose à
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3499 SIÈCLE

stella aétoile isolée3 (qui a donné le lançais étoile*) ; Naction, ouvrage, travail. L’origine de stiros est
puis sidw s’est dit d’un astre isolé; il s’emploie par inconnue ; le fer ne semble pas avoir été connu des
figure pour désigner le ciel, la nuit, une saison et premiers Indoeuropéens et il n’existe pas de racine
notamment l’hiver. Son origine est inconnue. unique pour désigner ce métal. Quant à ergon, il se
+ L’adjectif est didactique et qualse ce qui a rap- rattache à la racine indoeuropéenne ‘werg- «agir»
port aux astres. Il est employé en particulier dans que l’on trouve, entre autres, dans le grec energein
année sidérale (1751, sydéréale puis 17621, révoh- “agir= d’où energ& (+ énergie) et dans les langues
tin sidérale t 18051, jour sidéral ( 1835). 0 Dans germaniques.
l’usage littéraire, il peut qutier ce qui tient des +Le mot désigne couramment la métallurgie du
astres @III ~VIII~s.); ou ce qui est constitué par des fer, de la fonte, de l’acier et des alliages ferreux.
astres et, plus rarement, ce qui ressemble à un F 1l a fourni les dérivés SIDÉRURGIQUE adj. (1871)
astre, rayonne comme un astre (XVI~s., puis XIX~ s., *de la sidérurgie>), usuel, SIDÉRURGISTE n. 11934,
av. 1889, Barbey d’Aurevilly1. nom d’agent avec le même sémantisme que métal-
+Le composé INTERSID~~RAL,ALE,AUX adj. lurgiste (ouvrier, entrepreneur) et le composé
(18803, formé avec inter-, didactique, Sign%e “qui est ÉLECTROSIDÉRURGIE n. f. (igo7) de électro-,
situé, compris entre les astresm. terme technique, dont procède ÉLECTROSIDÉ-
0 voir SlDl?Rlk RURGIQUE adj. (1911).
Si&urgie a eu pour équivalent SIDÉROTECHNIE
SIDÉRÉ, ÉE p. p. adj. est emprunté (1521) au n. f. (1839) de -te&&, formé sur la base SIDÉRO-
participe passé skkratus du latin impérial siderari tirée du grec sidhos, qui entre par ailleurs dans la
asubir l’action funeste des astres» et aussi «être composition de quelques termes scientiftques et
frappé d’insolation» ; le verbe dérive du latin clas- techniques (botanique, médecine, chimie, astrono-
sique sidus, -cris <<constellations, employé en par- mie).
lant de l’influence sur la destinée I+ sidéral).
SIDI n. m. est d’abord attesté dans une traduc-
+ Sidkré apparaît en francais avec le sens latin tion de l’italien (v. 15401, puis dans des écrits
d’4nfluencé par les astress, employé jusqu’au concernant le Maroc, une première fois chez Tem-
XVIII~s., puis sorti d’usage. La reprise du mot à la fin poral Description de l’Amue, 1556) puis écrit Cidi
du me s., d’abord à la forme verbale SIDÉRER v. tr. 116171 dans les Voyuges de Mocquet. C’est un em-
( 18941,provient peut-être de l’emploi médical, lié à prunt à l’arabe moderne Sidi (en arabe classique
sidérution (ci-dessous). Quoi qu’il en soit, le verbe, S&@%I «mon seigneurti qui équivaut au f?ançais
dans l’usage familier et au sens de &apper de stu- monsieur, mot placé devant le nom de la personne
peur), est surtout employé au passif et au participe à qui l’on s'adresse ou dont on parle. Le mot arabe
passé adjectif, sidéré, ée signifiant (19233 Mstupéfait, a donné Cid en espagnol.
abasourdk
+ Dans ses premières attestations, sidi est employé,
FSIDÉRANT,ANTE adj. a d’abord quali& une avec la valeur de l’arabe, d’abord noble («seigneur> ;
planète qui exerce une influence sur la santé ou la cf. Cid en espagnol), puis honorable (~~monsiew~).
vie d’une personne, d’aprés son horoscope 11858) ; Ces emplois, rares et exotiques -il s’agit d’un
le mot, en ce sens, est dérivé de sidéral, plutôt que <mot de relationn - sont attestés chez les voya-
du verbe. 0 C’est en revanche de sidérer que pro- geurs, par exemple Nerval, Voyage en Orient
cède directement l’adjectif en médecine, alors lié à (1847). 0 Ils n’ont rien à voir avec la diffusion du
sidération (ci-dessous1 et au figuré (18851, où il équi- mot au me s., réemprunt à l’arabe d’Algérie par
vaut à stupéfiant et correspond à l’emploi familier l’armée et les colons f&nçais pour désigner les sol-
de stiré. dats ou les manœuvres nord-afkicains (attesté en
SIDÉRATION n. f. est emprunté ( 1549, syderution) 1928). Puis sidi est employé comme terme péjoratif
au latin impérial siderutio cwtion funeste des et méprisant dans le vocabulaire raciste, un sidi dé-
astres et notamment du soleil» et «insolation>, aussi signant, surtout en France, un Algérien petit com-
«position des astres (pour interpréter la destinéeIn, merçant, vendeur de tapis, etc. Ces emplois péjo-
dérivé de stiratum, supin de siderati. + Le mot ap- ratifs sont sortis d’usage, sidi étant remplacé par
paraît dans une spécialisation du latin médical d’autres termes encore plus injurieux et racistes,
pour <<nécrose, gangrène» et cmaladie des arbres tels bicot ou bougnoule.
attribuée à l’influence des astresm. Il s’emploie en-
suite comme terme d’astrologie ( 15601, pour parler SIÈCLE n. m. est la réfection d’après le latin
de l’influence subite d’un astre sur la vie ou la santé (v. 10501, avec la variante secle correspondant à
d’une personne, oEn médecine, il désigne depuis l’ancien provençal segle (v. 11701, de la forme orale
le xv& s. (1759) l’anéantissement subit des forces vi- seule Km rx” s.), issue du latin classique saeculum
tales sous l’effet d’un choc émotionnel ou de la (variante seculum) «générationn, «race», adurée
foudre. Cet emploi a pu motiver la reprise de sidéré d’une génération humainen (environ 33 ans) puis
et la création de stirer vers la ti du XIX~siècle. &ge, époque,, ((espace de 100 ansn et au pluriel
0 Voir CONSIDÉRER, DÉSIRER, SIDlbAL. along espace de temps)), au figuré <<mode de l’épo-
quem. En bas latin chrétien, sueculum désigne le
SIDÉRURGIE n. f. est un dérivé savant IlSlZ), monde, la vie du monde par traduction du grec
sur le modéle de métallurgie*, du grec sidêrourgos ai&, lui-même chargé du sens d’un mot hébreu
«celui qui travaille le fer, serrurier, forgeron», düm, qui désigne une ère de l’histoire, en cours ou
composé de sidhos afer, objet de fern et de ergon à venir. Saeculum ne peut être rapproché que du
SIÈGE 3500 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gallois hoedl <<durée de la vien, ce qui ne permet pas Ifin XII~sd, d’un latin populaire *sedicum ou “sedica
de reconstituer une famille indoeuropéenne. qui suppose un verbe “sedicare, formé avec sufExe
4 Le mot apparaît en tiançais avec le sens chrétien à partir du latin classique sedere «être assism,verbe
de wie terrestre» opposé k Z’autre siécle 4a vie fu- dont procède le français seoir*. Sedere avait pour
ture)) (XII~s.), devenu le stick futur (16851, locution dérivé en latin classique sedes, qui a abouti à l’an-
sortie d’usage au xrxe siècle; de là vient aussi l’ex- cien lançais sied 4ieu où l’on séjournem t 10801, sié
pression d’ancien frangeais siecle tiespasser =mou- &ge épiscopal» (v. 11301,encore relevé au xvie siè-
rir» (v. 1155). 0 Il désigne ensuite (1080) le temps cle.
présent, l’époque où l’on vit (12581, d’où le mal du 4 Siège désigne dans les premiers textes un endroit
siède romantique ! 18331, emploi stylistique qui s’est où qqn, qqch. est établi, sens sorti d’usage, et aussi
conservé, mais en prenant la valeur de figuré par un lieu de résidence, conservé dans plusieurs em-
rapport à l’emploi dominant Ici-dessous), au- plois spéciaux. oLe sens de 4ieu où s’établit une
jourd’hui dans le discours journalistique avec l’ex- armée autour d’une place forte pour l’investir=
pression du siècle <<exceptionnel, unique en son (1080; v. 1138, sege), n’existe plus aujourd’hui que
genre>>. - Dans le vocabulaire religieux (fk xres.3,il dans des locutions, mais celui d’aopérations me-
se dit aussi comme en latin de la vie du monde, nées pour prendre une placeu reste vivant. Par mé-
avec une valeur changeante selon les époques, par tonymie, stige s’est appliqué à une armée qui as-
opposition à la vie spirituelle, dont les valeurs sont siège I&I me s., saige) et à une tranchée creusée
présentées comme immuables et intemporelles ; devant une ville assiégée (1465). Une série de lo-
de là viennent les emplois d’ancien et moyen tian- cutions verbales équivaut en ancien et moyen fran-
çais opposant les chevaliers aux clercs (v. 1200) et çais à wssiéger*>~ : estre a siege devant Cv.11751,po-
désignant l’expérience du monde (v. 1372 et jusqu’à ser son siege devant Ixv” s.), mettre le siège devant
la fm du XVI~s.l. Le mot s’est employé aussi en an- 11549); faire siege de (13911, erdn faire le siège de
cien et moyen français pour parler de l’ensemble (16461, seule restée en usage. Plus tardive, la lo-
des hommes Iv. 1165, s&gEe) et a eu le sens de cution lever le siège ( 1502) s’emploie aussi au figuré
«peuple* cfin XII~S.I. 4 Avec la valeur temporelle de I1754 pour us’en aller=. Au XIX~ s., l’expression état
4ongue période» ( 1080, les siedes), en secle lsicl de de siège désigne (1811) l’état où se trouve une place
siecle <éternellement)) (v. 12201 est repris sous la de guerre lorsque l’autorité militaire tient tous les
forme dam les siècles des siècles 116721,ou jusqu’A pouvoirs; elle s’applique ensuite ;Idep. 18351 à un
la fi des siècles (1697) traduisant le latin ecclésias- régime spécial qui comporte la mise en application
tique per omnia saecula saeculorum, formule litur- d’une législation exceptionnelle. 0 Par ailleurs,
gique à la fin des oraisons. +Une autre valeur re- dans le vocabulaire galant où les métaphores mili-
prise au latin (mil. XIII~ s.; v. 1380 selon T.L.F.) est taires sont nombreuses, s2ge s’est employé au sens
-durde de cent ansm et, spkialement, Npériode de 05801 de <<poursuites auprès d’une femme pour ob-
cent ans dont le début ou la fm est déterminé par tenir ses faveurw, emploi attesté dès le xv” s. dans
rapport à un moment arbitrairement déki, ou la locution avoir (une femmel sans siège (14621.0 La
considérée comme une unité historique)). Cette ac- locution figurée et vieillie avoir son siège fait davoir
ception est aujourd’hui la plus courante. Le grand une opinion arrêtées, Npersister dans une résolu-
siétie s’applique au XVII~s. français et notamment à tion» 118421, viendrait de la réponse mon si&ge est
la partie où s’afkme le pouvoir royal, culminant fait qu’avait faite l’abbé Vertot, historien connu et
avec Louis XV (17761, l’expression étant aussi em- auteur en 1719 d’une histoire du siège de Rhodes
ployée par Michelet à propos du XVIII’ siècle. Le siè- par SolimanII, quand lui pawinrent des docu-
cle des Lumières 4e XVIII~sièclen semble être une ments qu’il n’avait pas attendus. Mais cette explica-
expression romantique (av. 1825). Par extension, le tion anecdotique utilise peut-être un jeu de mots
siècle ck suivi d’un nom propre désigne une pé- conscient de l’historien.
riode dominée par une personnalité i 1671) : par Dès l’ancien français, siège désigne également
exemple dans Le Siècle de Louis XIV, ouvrage de (v. 1170) un meuble disposé pour qu’on puisse s’y
Voltaire II 75 1). 0 Par exagération, siècle s’emploie asseoir, sens générique auquel correspondent des
pour un espace de temps indéterminé qui paraît mots spécifiques très courants, comme chake, fau-
long (1530). Le mot désigne depuis la fin du XVI” s. teuil, tabouret. De l’idée de 4ieu (où l’on s’assied),
une longue période de temps définie par des ca- partie (d’un siége)B 112601,procèdent plusieurs ac-
ractères saillants, par exemple KII siécle d’or, ceptions différentes; d’une part siége se dit krve s.)
d’argent (déb. XVII~s-1, en concurrence avec 6ge*, de la ptiie du siège où l’on s’assied et, par ex-
un nouveau siècle C17751. Un a dit les siécles pour tension, s’emploie depuis le XVII~à propos du siège
l’Navenir= (16401, puis les sticles 8 venir E16741, les d’une voiture (1680, siège de cocher), au XVIII~s. pour
sihdes futurs 11684) et, pour le passé lointain, les si& la planche où s’assied le potier (1723) et la vasque
cles les plus éloig&s ( 1699). Les sI%es équivaut d’un cabinet d’aisance ~~XV~I” S.I. *De s%ge de
aussi à «le temps)) M?I). 0 En-fin, le siècle s’ap- voiture, le mot est devenu aujourd’hui l’équivalent
plique absolument à celui où vit le locuteur, par de Kplace assisen dans un moyen de transport.
exemple dans le mal” du siècle, relevé chez Sainte- ~D’autre part, environ un siècle après le sens
Beuve en 1833. concret, siège désigne en droit ( 11191la place où le
0 voir SE-. SÉIZXJLIER. juge s’assied et beaucoup plus tard celle d’un dé-
puté. En religion Iv. 13071, il s’applique à la dignité
+k SIÈGE n. m. est issu par évolution phoné- d’évêque ou de pontife, symbolisée par le siège
tique (10801, aussi sous les formes sege (XII~s.), saige qu’occupe le prélat ; on emploie encore auj ourd’hti
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3501 SIEN

les expressions saint-siège ( 1669) I+ saint], siège aavoir son siège dans tel liew *Il a par ailleurs
apostolique (16881, siège épiscopal (1690). 0 Par mé- ( 1798) le sens de ase trouver, se produire dans tel
tonymie, le mot désigne la charge de juge ( 13401 endroit}), par exemple en médecine en parlant
puis en français moderne la fonction exercée par d’une douleur. Cet emploi est plus rare que celui
un membre d’une assemblée. +Enfm le mot au du sens correspondant de siège.
sens de *partie du corps où l’on s’assied)) s’est em- ASSIÉGER v. tr. est la réfection (1174) d’après
ployé pour ~anus~ (XIII~s., hapax, repris à partir de siège de l’ancien fkançais usseger (10801, avec des
13731 en parlant d’un oiseau, puis ( 1538) d’un être variantes lasiier, ussegier...l, Issu d’un latin popu-
humain. Cet emploi a disparu, le mot désignant en- laire OaSsedicure, dérivé de Osedicure (voir ci-des-
core le derrière, le fessier 115381,aujourd’hui seule- sus, siège). Le latin classique avait obstiere, préfixé
ment dans bain de stige 118121 et présentation du de seckre. L’italien ussediare et l’espagnol ussediur
siège, dans un accouchement ( 18351, d’où par el- reprennent le latin médiéval ussediure, calqué sur
lipse wa siège dans la langue médicale. le français asseger, la circulation des formes s’ex-
Du sens initial de &eum, d’ktablissement de rési- pliquant facilement dans le cas des termes mili-
dence>> procèdent en ancien français les emplois taires. 0 Le verbe Sign%e d’abord (1080) «faire le
juridiques de siège pour désigner une taxe payée siège de (une place)>). Prenant des valeurs figurées,
pour le stationnement dans un marché (12601 ou il est employé au sens de 4owmentew le sujet dé-
dans un port 11402). Par Ueurs, dès le XIII~s., stige signant des difkultés concrètes Km XIII” s., usijer) et,
est utilisé avec une valeur abstraite à propos du plus tard, des abstractions 11538). Il veut dire aussi
lieu où se trouve la cause d’un phénomène {{entourer Cqqch.), tenir (qqn) enferm& (XIV~s,, asse-
(v. 12651; il Sign%e avec une spécialisation médicale gier; 1568, usskger), en parlant des contraintes
qui semble tardive <partie de l’organisme où se ma- concrètes (1694, des flammes, de l’eau). 0 Par ana-
nifeste un trouble)) (18 12). 0 Par métonymie du lieu, logie, assiéger, cette fois avec un nom de personne
siege désigne aussi (XIII~s.) une séance tenue par pour sujet, Sign%e (1580) -se presser autour de)> et
une assemblée, acception qui correspond à l’an- au figuré knportuner (qqn)» [ 16361, avec une va-
cien proveqal setge ClZ52). Au xwe s. le mot s’est riante synonymique (1655) assi%ger lu porte de qqn.
employé ( 1342) pour Rassemblées, d’abord attesté à w Lié à d’autres emplois de s%ge, le verbe a Sign%é
propos du banquet qu’oeait la confrérie de Saint- en ancien français, intransitivement, ~&sseoir~
Jacques aux pèlerins (1326). 0 Aujourd’hui et de- Iv. 1150, soi usejier) et en emploi transitif (<faire as-
puis le xv” s. (v. 14601, siège désigne le lieu où se seoirB (XIII~s., useigier). 0 Au figuré, il s’est employé
trouve la résidence d’un tribunal, d’où estre en pour adisposer, établîrti Il 165- 11701, d’où spéciale-
siège <rendre la justice dans le tribunala, ensuite ment aassigner (de l’argent)» 11243, usegkrl. + Le
être darts son stige 117621, sorti d’usage. De là, une dérivé ASSIÉGEANT, ANTE n. et adj., d’abord les
valeur métonymique ((l’ensemble des jugesu ( 1599). ussiégeunts ( 1440- 1475) désignant l’ensemble de
0 Par extension, s2ge s’applique à l’endroit où ré- ceux qui assiègent une place, s’est substitué à un
side une autorité 115491,un évêché 115731,une as- dérivé des formes anciennes du verbe, avec le suf-
semblée ~VII” s.1, et s’emploie spécialement en tic -or, -eur : ussÿor (déb. xme s.), devenu essoigeour
droit commercial dans siège social (attesté 1936). Iv. 12901, assegeur (fin xrve s.1, ussiégeur (15301, re-
Une valeur analogue dans le vocabulaire technique levé jusqu’en 1660 et encore signalé par Littré
donne à siège la valeur d’wnité d’exploitation mi- (1877). 0 Assiégeant est attesté comme adjectif de-
nièren (xx” s.l. -Une autre valeur ancienne et puis Furetière (1690). ASSI&GÉ, ÉE n. et adj. dé-
concrète de sikge correspond Iv. 1175) à la partie signe une personne assiégée (1564, à nouveau en
sur laquelle repose un bâtiment, acception sortie 1680) et s’emploie surtout au pluriel, rarement avec
d’usage comme ses spécialisations : «fondement une valeur collective (1835, n. m.), dans l’assiégeant
(d’un moulinln [ 13401 ou s%ge de gazon Mpetite butte et 1‘assiégé.
de gazonm 116901, et «partie du four où l’on pla@t
les pots dans une verrerie)) 11765). Cependant, la SIEN, SIENNE adj. poss., pron. poss. de la
valeur de <<fondement)) se maintient dans le voca- 3” pers. et n. représente (v. 1165) une réfection,
bulaire technique moderne, s2ge étant par d’après mien*, de suo (8421,soen (1080), suen Ixf sd,
exemple le nom de la partie d’une soupape en formes issues du latin classique suum, accusatif de
contact avec son appui. suus, sua, suum ason)> et 4eur)). Le féminin sienne,
b Le dérivé SI&EGER v. intr. s’est d’abord employé de formation analogique, s’est substitué à l’ancien
transitivement pour *assiégera) C11741; cette accep- français soue Cxles.1issu de suum, accusatif tonique
tion, réattestke à partir du XVII” s. (16091, est jugée de sua, avec les variantes soie tv. 11803 et scie (12143.
fautive dans Trévoux ( 17011,le verbe étant devenu Suus (+sonl se rattache à une racine indoeuro-
surtout intransitif. 0 À partir de l’époque classique, péenne ‘swe- qui marque l’appartenance d’un indi-
siéger Sign%e =Occuper le siège pontifkal ou épis- vidu à un groupe social ou au contraire l’isolement ;
copal> ( 16111, puis atenir séance>), en parlant d’une cette racine, élargie, se retrouve dans le grec ethos
assemblée, d’un tribunal. Il s’emploie avec un sujet <coutumeB C+ éthique) et ethnos (+ ethnique).
nom de personne (1690) pour *occuper une place + Ce possessif simant “qui est à lui (à elle), se rap-
dans une assemblée ou un tribunal)) et au début du porte à lui (à ellek, est aujourd’hui littéraire en
XVII~ s. tav. 17191 pour «être assis sur un siège que fonction d’épithète Km XII~S.I. 0 Le nom, au mas-
l’on considère comme un symbole de pouvoir ou lié culin singulier au sens de ((son bien, sa propriété%
à une fonction honotiques. 0 En parlant d’une ins- (11301, ne s’emploie plus que dans la locution y
titution ou d’une entreprise, siéger a si@ïé (1812) mettre du sien (16961 <contribuer à, favoriser qqch.
SIERRA 3502 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

par sa bonne volonté». Courant au masculin pluriel, 1’Antiquité ( 1512). Un monsieur, qui se disait autre-
les siens Iv. 12401, il équivaut à Ksa famille, ses a,mis, fois (xv” s-1d’un noble ou d’une personne de condi-
ses partisans~, etc. La locution familière faire des tion élevée, désigne en fkançais contemporain un
siennes Sign%e (1558) tifaire des folies, des sottises>>. homme de la bourgeoisie et, dans le langage enfan-
Le pronom de la 3’ personne indique un rapport de tin, du fait de la civilité, un homme d’apparence
possession, de parenté ; il est attesté en 1669 chez bourgeoise (cf. ci-dessous). 0 Avec une fonction
Boileau : à l’époque classique, on utilisait %n XVI~~s.1 distinctive, le mot s’est employé du xv” E1440-1475)
du sien pour Nde lui-même>. au XVIII~s. pour parler des princes de la famille
0 Voir SE, SOI, SUICIDE. royale, ce qui les opposait aux enfants naturels du
roi, puis Monsieur désigna spécialement 11670)
SIERRA + 0 SERRE l’aîné des kères du roi, un emploi analogue exis-
tant pour Mudame. 0 Parallèlement , monsieur
SIESTE n. f. est emprunté t 1660 ; aussi siesta s’emploie depuis le xv? s. (1532) comme titre donné
1691) à l’espagnol sieste, issu du latin classique au maître de maison par les domestiques ou par les
setiu Ihorul =la sixième heure)), c’est-à-dire 4e mi- personnes qui s’adressent à eux ; le mot a aussi la
lieu de la journée-, amidi», les Romains divisant la valeur familière de amarin ( 1588) [cf. madamel. Le
journée, du lever au coucher du soleil, en douze pluriel messieurs, pris absolument, a désigné (1532)
eheuresm égales entre elles, mais inégales selon les les membres du parlement et des autres cours sou-
saisons. Sexta est le féminin de setius, dérivé de veraines. 0 À l’époque classique, le mot s’est em-
sex (b six). ployé dans la noblesse pour se distinguer des rotu-
4 Sieste, d’abord dans fd la sieste E1715, Lesage, riers (15431, mais en même temps il prend une
sous la forme moderne), se dit du repos pris après valeur péjorative qui se développe au XVII~s., par
le repas de midi, accompagné ou non de sommeil. exemple dans la locution faire le monsieur «faire
l’homme d’impotiance~~ En xwe s.l. Monsieur est
k Le dérivé SIESTER v. intr. (1872) «faire la sieste>),
alors abrégé par mépris en mens (16181, parfois
est d’emploi courant en français d’Afrique.
écrit monse (16951, et s’emploie, par ironie ou par
dérision, comme titre donné à un homme d’une
SIEUR n. m. représente (129.21,avec la variante condition peu élevée ( 1643). 0 Dans diverses ex-
sor (1260, mon sorl, l’ancien cas régime de sire*, du
pressions, il a une valeur affective (rarement mélîo-
lat. seiorceeml, lat. class. senior I+ seigneur, senior-1 ;
rative) : un gros monsieur (1654) désignait un
on relève en ancien provençal les formes corres-
homme qui a une situation importante, mon Icel
pondantes se& (1187) et skre (v. 1250).
petit monsieur s’emploie (1669) pour s’adresser à
4 Le mot s’est employé au sens de *maître d’une qqn que l’on traite de haut, et vilain, joli monsieur
terre>> E+ seigneur), devenu archtique à l’époque se dit par antiphrase (1669) d’une personne mépri-
classique mais encore relevé en 1798. 0 Puis il sable. Par ailleurs, monsieur, conservant ses conno-
prend le sens plus large de «possesseur (de la mai- tations positives, désigne (1684) un homme dont
son, d’une femme)s [v. 14301. Il a été aussi un titre l’aspect et les manières annoncent quelque éduca-
honorifique pour un saint (1260, SO~I,un noble, un tion. Au pluriel, ces Messieurs, les Messieurs Ide
prélat (XVI~s.), et, plus modestement, un marchand Port-Royal1 désignait ( 16661 les jansénistes de Port-
(16791. ~Attesté au sens de «dupes> chez Villon Royal. Mais l’expression ces messieurs avtit déjà au
114573, il est encore utilisé péjorativement ou iro- XVII~s. la valeur actuelle, «les personnes dont on
niquement ( 1644) devant un nom propre masculin parle» (1678). C’est encore au XVII~s. que le mot
(le sieur Un tel). Sieur demeure dans le style judî- entre dans l’usage des relations commerciales
ciaire ( 1694) comme qualificatif devant un nom (16731, comme titre donné à un client. 0 Le double
d’homme, parallèlement à dame et femme. registre de monsieur, aux xwe et XVIII~ s., reflète la
F Le composé MONSIEUR n. m., d’abord monsor montée de la bourgeoisie (valeurs positives) et les
(12971, formé avec le possessif mon*, s’est soudé et résistances, à la fois aristocratiques et populaires,
est devenu indépendant grâce k l’évolution phoné- contre cette ascension (valeurs négatives). ~AU
tique de mon en me- et de sieur où le r fmal n’est XVIII~s., un nouvel emploi péjoratif (17523 corres-
plus prononcé. Le mot a d’ailleurs été souvent al- pond à <<homme riche qui entretient une femmem;
téré graphiquement, pour restituer l’usage oral, en outre, monsieur s’emploie accompagné d’un
d’abord populaire, en MOUSS~~U(17501, sorti mot qui exprime une particularité, un ridicule
d’usage, Mosieu 117511,Mossieu (17941, puis M’sieu (17751, d’où spécialement Monsieur Veto, Ma-
(1815). Le pluriel messieurs, oti le r se prononce dame Veto, surnoms révolutionnaires de Louis XVI
jusqu’au XVIII~s., s’est substitué à messiours Iv. EOO), et de Marie-Antoinette ( 179 1) qui ont aussi pour ef-
puis monsieurs (1549). La forme pnonsieux (1662), fet de ramener le roi et la reine au statut bourgeois,
dans la bouche de paysans chez Molière, permet- roturier. Pendant la Révolution, l’usage de Mon-
tait la rime avec des mots en -eux, le r tial se pro- sieur donne lieu à de nombreux débats et on lui
nonçant encore au XVII~siècle. - Dans ses premiers substitue couramment citoyen*. À noter que mon-
emplois, monsieur qui équivaut à monseigneur et à sieur, en emploi désignatif, correspond à dame,
messire, est un titre d’honneur donné à un noble, & alors qu’en emploi appellatif, il a pour répondant
un prince, et aussi à des personnages d’une condi- madame. Q L’emploi spécial de Monsieur avec un
tion élevée non noble. L’usage du mot dans cet em- nom de ville (Monsieur de Paris, de Tours1 pour dé-
ploi noble s’étend et il a été utilisé pour un saint signer le bourreau, qui apparaît tardivement en ar-
(XV~s.), un évêque, enfin pour un personnage de got 118671,semble réactiver ironiquement les em-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3503 SIFFLER

@ois d’Ancien Régirne concernant les prélats. vertme de la voieh, s’est employé dans le vocabu-
+Depuis la Restauration, monsieur devient le laire des chemins de fer et a pris le sens figuré de
terme d’adresse usuel pour un homme d’appa- «solliciter qqch.n ( 1879). Siffler un commwxckment
rente bourgeoise ; les distinctions sociales s’atté- dans la marine (1904) signifMt cle répéter au sif-
nuant progressivement, son emploi se genéra[lise fl&. u En termes de sports, siffler une faute sime
vers le début du xx” s. avec la disparition de dé- «la sigrder en siffla& (1900).
signations et appellati& condescendants (I’homme, b SIFFLANT, ANTE adj. et x2.f. (15521, usuel dans
mon. brwe, etc.), mais cet emploi généralisé est au- une voix siflunte, s’applique spécialement en pho-
jourd’hui concurrencé par les synonymes familiers nétique 117011 à une consonne dont l’émission est
de homme (type, gurs, mec), sauf en appellatif: k, caractérisée par un bruit de sifIlement; d’où une
monsieur, par exemple, tend à se substituer à gur- si#knte n. f. 11835) en phonétique. * SIFFLEMENT
çon!, au café. -=Récemment, par calque de l’an- n. m. CXJV”s.1,écrit ciflement au XII~s., Iv. 11801,a eu
glais, Monsieur s’emploie (1966) suivi d’un nom qui pour variantes schieulement en ancien fixiçais
désigne l’activitk, la compétence de la personne en (XII~s.1et siblement au XVI~siècle. c=Le mot désigne
cause, ou la charge qui lui est confiée. 0 Enk, un l’action de sifner et le son émis, spécialement
monsieur s’emploie de manière laudative au sens Iv. 1560, chifBement1 le bruit d’une respiration pé-
de apersonnage remarquableB. nible. Il désigne au figuré, d’après le sens corres-
pondant du verbe, l’action de skier pour désap-
SIFFLER v. est issu Cl’* moitié XII~s.1du bas latin prouver (1672). Le mot s’emploie par analogie en
sifilare (rv’s.1, variante du latin classique sibibare physiologie kiflement d’oreille, 1572) et pour parler
kf?ler~~ et asmer qqn)) (+ sibilant), lui-même dérivé d’un bruit parasite dans un récepteur radio Ixxe s.l.
de sibilus 4fIIets, huées)), de formation expressive. + SIFFLET n. m., dérivé avec le sufExe diminutif-et
La variante dialectale (Ouest) sibler et l’ancien pro- du radical verbal, sigMe apetit instrument avec le-
vençal siblar continuent le latin classique, alors que quel on sme, on produit un sif!flementm Iv. 1225) ; il a
les formes subler (Ouest) et siular (ancien proven- pour variantes chift’let (XIII~s.1et siflot (XII~ s.l. Par fi-
çal) supposent un latin populaire “subilare. gure, le mot s’est dit pour agosier (par où l’on res-
pire)% Iv. 15601, d’où couper le smet à qqn (fin
+ Le verbe français conserve le sens du latin “pro- xvf s.), puis serrer le simet ( 16971 <l’étrangler, l’égor-
duire un son aigu (avec les lèvres [ 11701,un instru- gern, sorti d’usage; couper le sifflet correspond au-
mentla. Par analogie, il s’emploie en parlant d’ani- jourd’hui à afaire tairem 11740). 0 SifXet a désigné
maux en colère tl1301, puis du bruit aigu de l’air aussi l’action de saler (v. 13803, aujourd’hui dans
(vent, 13061 et du CI? de certains oiseaux Iv. 15301. coup de smet caction de siEler avec un sifIlet)>
0 Par extension, il est utilisé transitivement (avec (16361, où sifflet n’est plus compris au sens actif, et
un sujet nom de personnel pour aappeler en sif- Nbruit qui en résulteti (1654). 0 Au XVI~s., par dériva-
flanC», par exemple un chien (v. 13871, d’où la lo- tion du verbe au sens de cboîren, un sifflet a désigné
cution figurée et familière n’avoir qu’à siffler plaisamment un cabaret (Rémi Belleaul. 0 Simet
<n’avoir qu’à faire connaître sa volonté pour être est aussi le nom 11690) d’un petit appeau. 0 Le mot
obéi)) (1694; 1680 sous la forme il ,‘y a qu’ù siffler et désigne, d’après le sens correspondant du verbe
à remuer les doigts). 0 Simer au sens de *raillera (1287, T.L.F., puis XVII” s-1,la désapprobation expri-
(XIII~s.) procède peut-être de la variante régionale mée par des siftlements et a par extension depuis
chifler (XI~ ~3.1“plaisantera, aussi chufler (XIII~s.1 qui Voltaire (av. 17781 le sens de acritique+ 0 Par ana-
correspond à l’ancien provençal chuffur (XIII~s-1; logie de forme avec l’ouverture d’un siHet, la lo-
dans ce sens, sii?ler a été remplacé par persifler*. cution adverbiale ou adjective en sifl!let signifie aen
Depuis le xv” s., le verbe sigde par figue aboirea, biseau> 117841, d’où aux avirons attaquer en siflet
intransitif au XVIII~ s. (1759, chiflerl, aujourd’hui en aen plongeant l’aviron en biaisn (18951. Siflet pour
construction transitive (1718 ; 1640, siffler h rôti), <habit à queues, dont l’extrémité est en sifIlet, est
d’où par métonymie (<dépenser en buvant» sorti d’usage avec la chose; cet emploi, attesté vers
Idéb. xxe S.I. Cette acception se retrouve dans les 1880, est typique de l’époque 1900, ainsi que la va-
dérivés siffleur et siMet. ~Par extension, le verbe riante sifftet d’ébène. ~Fxh, du fait que les ar-
signifie au figuré 11549) ((désapprouver bruyam- bitres de sports signalent les fautes et imposent les
ment par des sifnements, des crisn une personne interruptions de jeu au sifIlet kf. ci-dessus sifner
qui se produit en public et par extension une une faute), vient l’expression tenirle sifflet ((être ar-
œuvre. On disait aussi sifner sur, contre qqn. Le bitrem, et le sens argotique de sifnet pour <<arbitre>>.
verbe Sign%e par ailleurs (1547) <<moduler (un air) SIFFLEUR, EUSE adj. et II. m. sign5e qui sifIlen,
en sifflantn. Dans l’usage classique, si/Zer un oiseau d’abord à propos d’un oiseau 115371,d’où l’emploi
s’est dit pour 4ui apprendre un air en le lui sifkntm pour désigner divers oiseaux ( 1555, abouvreuiln) et
(1651) et, par figure, (<endoctriner» (mil. XVII’ S.I. Par aujourd’hui une espèce de canard sauvage 11834).
analogie, siffler s’emploie (déb. XVII~s.1 à propos du 0 SiffZeur s’emploie aussi en pariant d’une per-
vent, d’un courant d’air, etc. Le verbe, employé sonne 11606, n. m.1, spécialement de qqn qui ma-
transitivement au sens de &re d’une voix sif&nteti nifeste son improbation (1685). 0 Au XVI~s., d’après
( 17181, est d’usage littéraire. 0 Dans une série un sens de sifner, il a signifk “gros mangew (15371,
d’emplois, ie verbe correspond à <<produire le bruit + SIFFLOTER v., «sfier négligemment en modu-
d’un sifIlet Ien général, un signalIs. De là, des syn- lant un aidé (1840; déjà en moyen f&n@s à propos
tagmes comme lu locomotive, 2e train sif7le. Si!?Zer du vent, 15861, a fourni SIFFLOTEMENT n. m.
au disque «actionner le sif&let (pour demander l’ou- (1837) et SIFFLOTIS n. m. (18851. +Deux autres
SIGILLAIRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dérivés, SIFFLABLE adj. (~~~~)~~sJFFLAGE~. m. ä Il a servi à former le dérivé SIGLER v. tr. (v. 19501
(17881, sont rares ou didactiques. d’où SIGLAISON n. f. (attesté en 19641, aprocédé
‘$ Voir PERSIFLER, SIEHLANT. de formation de mots nouveaux par sigles et acro-
nymew
SIGILLAIRE adj. et n. f. est, soit LUI dérivé sa-
vant ( 14563 du latin sigibm «petite image, sta- SIGMA n. m., reprend (15621 un mot grec, nom
tuette» et weaum (-+ sceau), dérivé de signum d’une lettre de l’alphabet (2 U, çl, signiiknt par
(+ signe), soit un emprunt à un dérivé de sigillum, analogie, à cause de la forme primitive du sigma
le bas latin sigillatius ccfabrica& de cachets». (croissant de la lunes, ~~hémicycle de l’orchestre
+ L’adjectif s’appliquait à ce qui est muni d’un sceau d’un théâtre- et <(ornement semi-circulaire (sur les
de justice 11456). Il qualifie ( 1871) ce qui est relatif boucliers ioniens)>>. Ce mot, contrairement aux
aux sceaux M.stoire sigilZaire1. 0 Le nom, qui s’est noms des autres lettres grecques, n’est pas un em-
employé (17673 comme synonyme de terre sigiliée prunt sémitique ; il est peut-être formé sur sizein
Ici-dessous), est devenu un terme de paléontologie, &ffler».
emprunté au latin scientfique sigikria ( 18221, nom +Le mot désigne la 18” lettre de l’alphabet grec, qui
d’un arbre fossile du carbonifère dont le tronc note la sifknte sourde [SI.
porte des empreintes en forme de sceau.
k fl a fourni les dérivés SIGMATISME n. m. (1823)
F Plusieurs termes didactiques sont empruntés à
~~SIGMATIQUE adj. (1871). +SIGMOÏDE adj. et
des dérivés de sigilhm, dont est tiré l’élément SI-
n. m., emprunt didactique (1566, sigmceide) au grec
GILLIOI-, qui entre dans la composition de quel-
sigmoid& «demi-circulaire~~, composé de sigma et
ques termes savants. de composé SIGILLOGRA-
de eidos «forme, apparence> b -oïde), s’applique à
PHIE n. f. (1851; -) -graphie) désigne l’étude
ce qui a la forme d’un sigma majuscule. Il s’emploie
scientfique des sceaux, en particulier ceux des
en anatomie dans vulvuZe sygmoi’de [sic1 (1690) et
chartes médiévales. En procèdent SIGILLOGRA-
côlon sigmoïck substantivé en sigmoti n. m.
PHIQUE adj. (1853) et SIGILLOGRAPHE n. (1907).
In? s.l.
* SIGILLÉ, ÉE adj., francisation du latin sig&tus
Korné de figures, de reliefs)>, «ciselé-, apparaît
Iv. 1350) dans terre sigillée <<terre ocreuse employée
SIGNAL n. m., (v. 12201 s’écrit aussi seignal au
~III~ s. (v. 1265) ; le mot, qui correspond à L’ancien
en médecine et vendue en pains marqués du sceau
provençal sennuZ(ll741, est un emprunt au bas la-
du souverain>). L’adjectif s’applique aujourd’hui
tin signale =Signe», neutre substantivé du bas latin
( 1501) à ce qui est marqué d’un sceau. 0 En archéo-
signulis “qui sert de Signe#, dérivé du latin classique
logie, céramique sigillée Il9351 ou sîgillée n. f. dé-
signe un vase en terre cuite décoré ou signé avec
signum t-3 signe).
des poinçons ou des sceaux. +SIGILLAIRES 4 Le mot apparaît en fkançais avec des sens parti-
n. f. pl., terme d’histoire romaine, est un emprunt culiers : aquillon d’une épéem, <<sceau avec lequel on
(172 1) au latin impérial sig&ti «fêtes qui suivaient signe un actem (v. 1260, se@&, et c’est aussi le
les Satur&es, et où des statuettes (nommées sigil- nom d’une constellation (v. 12651, Il Sign%e aussi
lati) étaient offertes>>. *ce dont un propriétaire marque un animab,
«marque sur la peaun (v. 12981, Legros grain de cha-
SIGISBÉE n. m. est une adaptation 11736) de pelet% (13281, etc. Dans tous ces emplois, S&U~ dé-
l’italien cickbeo <(cavalier servant d’une femmes, signe des signes naturels ou conventionnels qui
mot d’origine obscure. II s’agit peut-être d’une for- constituent ou donnent des informations; au-
mation expressive : le verbe ckisbeare «faire la jourd’hui dans l’usage courant, signal correspond à
cour à une femme> aurait d’abord signifk cchucho- un signe de nature conventionnelle, même si, pour
ter», ce que cotierait l‘existence de l’italien de les théoriciens, le signal peut être formé par un
Venise cici «bavardage des femmes3 au XVIII~ siècle. signe naturel. oLe mot désigne en particulier
Pour P. Guiraud, la première partie du verbe pour- ( 1540) un signe convenu fait pour indiquer le mo-
rait venir d’un latin populaire ‘cicure, doublet de ci- ment d’agir, d’où la locution domer Ie signal ( 179810
tare (-+ citer), fréquentatif de cire, signifiant entre Il s’est dit (1690) d’un moyen utilisé pour porter au
autres aappeler à soin ; le second élément représen- loin une information; il désigne (1718) le fait par le-
terait le latin classique beare Krendre heureux, obli- quel un processus commence et qui constitue un
gep), d’où ibeutus I+ béat, béatifrerl. signe, un symptôme de ce processus, aujourd’hui
+ Le mot ne s’emploie aujourd’hui que de fqon iro- (xx” s.) surtout dans des emplois didactiques, par
nique. exemple en psychanalyse, signa2 d’ungoisse.
0 Avec la valeur de asigne conventionnel*, il s’em-
SIGLE n. m., d’abord nom féminin (17121, puis au ploie pour <(bouée flottante (qui marque la place de
genre masculin (17591, est emprunté au bas latin ju- filet& [1i’691, en marine dans Code international de
ridique sigle, nom neutre pluriel signîfrant 4gnes signaux 118681, couramment pour ceux qui règlent
abréviatifsn; ce mot vient peut-être, par syncope, la circulation 11875, dans les chemins de fer), puis
de singulu I-, singulier), les abréviations étant au- dans les télécommunications (19331, en informa-
paravant appelées singulae litterue (Ier s. apr. J.-C.). tique Iv. 19701. C’est un concept essentiel, à l’inté-
+ Ce terme didactique a désigné une lettre initiale rieur de la notion théorique large de signal, concer-
puis, seule acception vivante, une suite d’initiales nant tous les canaux de communication (sigwux
servant de signe ah-éviatif et pouvant former un visuels, ucoustiqum, olfactifs, surtout en éthologie,
mot. chimiques...).
DE LA LANGUE FRANÇAISE SIGNE
~SIGNALE, ÉE adj., «remarquable, notable>> s’ap- allemand sagen dire)), slave sot+% 4ndiquern, grec
plique à une chose Cl5571 et à une personne ! 1578). enepein Nparler, dire, racontep (où en- ne fait pas
0 Cet adjectif est la tiancisation, d’après signe, de partie de la rahnel.
l’italien segnalato, participe passé de segnalare + Signe désigne dès les premiers emplois un élé-
*rendre illustrea, dérivé de segnale. ll a vieilli, sauf
ment qui permet de conclure à l’existence d’une
dans l’expression UR S&I~& service f-, insigne).
chose absente, d’où la locution sortie d’usage en
-De cet adjectif dérive au XVI~ s. le verbe SIGNA-
signe de ((pour attester (qqch.))} [XIVes.1et les syntag-
LER v. tr., d’abord seignaler ( 15721, qui Sign%e
mes mauvais signe (av. 16621, bon signe hme sd,
«faire remarquer (qqn, qqchk 0 Se signaler (1587)
toujours usuels. 0 Le mot s’emploie aussi (fin xe s.1
correspond à se distinguer et, à l’époque classique,
à propos de phénomènes naturels qu’on donne
signifie srendre célèbren (1669). Signaler un soldat
s’est dit (16801 pour aen faire par écrit la description pour des présages, en particulier d’une manifesta-
(quand on l’enrôlelu; de là vient signaler qqn *don- tion de la puissance divine, la chose absente à la-
ner son signalement» (1798). 0 Signaler qqch. à qcyn quelle renvoie le signe étant alors un événement
( 1798) correspond à afaire connaître». 0 Par ail- futur. De là vient le sens de “miracles Iv. 11121; dans
leurs d’après signal, le verbe veut dire ( 1773) WI- le vocabulaire biblique, l’expression les signes des
noncer par un signalm, d’où tien S signaler (xx” s.), temps désigne 115351 les miracles prédits par les
abrégé en R. A. S. * Signaler, outre son participe prophètes annonçant que les temps ont changé.
passé s@nal& ée adj. 11778) mmoncb par un si- 0 Par ailleurs, signe se dit comme en latin (v. 1119)
gnal>, a fourni des dérivés liés à signal. + SIGNA- de chacune des constellations du zodiaque, l’ex-
LEMENT n. m. (1718) s’est spécialisé irnmédiate- pression signe du zodiaque étant enregistrée par
ment au sens de <<description physique (d’une Furetière (1690) ; les expressions dEusées au XIX~ s.,
personne) qu’on veut faire reconnaître>, d’abord en signe astrologique 118421,être hé) sous tel signe (du
termes d’administration, puis de police. ~SIGNA- zodiaque) 118761, d’où au figuré sous le signe de
LÉTIQUE adj. et n. f. (1832) correspond à la fois au adans une atmosphère de» (déb. xxe s.1,relèvent de
sémantisme de signalement (fiche signulétiquel, la même spéckkation. 0 Aujourd’hui employée de
s’employant aussi pour quaMer ce qui signale des manière plus vague, l’expression signe du temps
références (bulletin signalétiquel, à celui de signal (1862) puis sî@e des temps (18811 -ce’ qui caracté-
Midactiquel et à celui de signalisation. 4 SIGNA- rise l’époque où l’on vit>, semble prendre source
LEUR n. III. désigne dans le vocabulaire militaire dans cet emploi. 0 Signe de croix (v. 11551,calque
(1869) celui qui est chargé de la signalisation. - SI- du latin signum crucis, représente l’emblème des
GNALISER v. tr. est dérivé 119091de signal, peut- chrétiens, la croix représentée ; de là l’emploi pour
être d’après l’anglais to signulize, Il signZe aamé- ((geste qui évoque cet emblème», dans s&ne de Ia
nager en ce qui concerne les signaux)>. +Il a pro- croix (15641, couramment signe de croti (1580).
duit SIGNALISATION n. f. (1909) «ensemble des Signe s’est dit aussi ( 1172- 1174) d’une enseigne de
signaux des voies de communications et Mensemble pèlerinage; ce sens Spécia[l a disparu. 0 Le mot
des signaux pour communiquerm (in Larousse, prend en ancien français la valeur plus générale de
1933.4 Un autre dérivé de signaliser, SIGNALISA- «marque qui permet de distinguer une personne
TEUR,TRICE adj. (1947) est rare. ou une chosem; en procède l’emploi pour *marque
sur un ac%eB ( 1362 ; cf. signature) sorti d’usage et
* SIGNE n. m. @II xes. ; alors aussi signa) est un
pour ((marque naturelle sur la peaw (16901.0 Sigm
doublet de la forme populaire seing*, auquel il s’est
substitue dans la plupart des emplois. C’est un em- reprend le sens latin de «symptôme>> (13 141et dé-
prunt au latin classique signum qui avait le sens gé- signe Ifin XIII~s-1un mouvement conventionnel des-
néral de amarque distinctive, empreinteB, prenant tiné à faire savoir qqch., à communiquer avec qqn.
ensuite diverses acceptions; dans le vocabulaire Cette acception a produit les locutions faire signe
militaire : Benseigne, étendard distinguant les divi- que Iv. 11701 qui avait auparavant une autre valeur,
sions d’une armée* et, peut-être parce qu’on avait Hsembler faire qqch.D Iv. 12701, faire signe de (1494,
l’habitude de distinguer les enseignes ou les fkire signe Id qqn). 0 Depuis la Renaissance
proues des bateaux de guerre par des figures bro- (v. 15501, le mot désigne un objet matériel simple
dées ou sculptées, +-nage peinte ou sculptée)). Par (geste, figure...) qui, par convention ou par rapport
ailleurs signum signZe ~kgnal~, amot d’ordre>), naturel, est pris pour tenir lieu d’une réalité
«présage, symptôme D,asigne (du zodiaque)», toutes complexe; c’est alors un quasi-synonyme de sym-
acceptions qui entrent dans le concept actuel de bole; avec cette valeur le mot s’emploie en parti-
signe. Il sign%ait en outre «constellations et s’appli- culier en parlant de l’écriture Il6901, en musique
quait parfois à un sobriquet. 0 Signum correspond ( 1767). Au me s., en linguistique ( 1910, F. de Saus-
au grec s&na (3 sémantique); on a rapproché le sure) et en sémiologie, défmie par Saussure
mot de secare <<couper)) tb scier), signum étant comme ascience des signesb (-+ sémiologie, sémio-
alors à l’origine une marque faite par incision ; on a tique), le concept prend une valeur très large in-
proposé aussi de le rattacher à une racine îndoeu- cluant le langage ; il est analysé vers 1900 par le phi-
ropéenne “sek’+- indiquant une déclaration pu- losophe américain Ch. S. Peirce (anglais sign, de
blique, un récit fait devant un public ; cette racine même origine) qui crée des composés, très récem-
n’existe en latin que dans quelques formes ver- ment empruntés en fkmçais, comme le@&@, quu-
bales : insequk atu racontes», insece, inseque, impé- Zisign, et oppose parmi les signes les icones, indices
ratif, mais elle est bien attestée dans d’autres (pluriel d’index) et symboies ky&olsI, donnant à
langues : cf. irlandais insce 4iscours~, ancien haut ces termes une précision nouvelle.
SIGNER 3506 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

F Signe a pour d&ivé CQ&W~~SIGNET n. m. apetit extension, signer s’emploie aussi pour flapprouverm
sceaux (v. 1300) d’abord sinet Iv. 1280), sens d’où ~VIII~ s-1puis pour Mattester qu’on est l’auteur d’une
viennent diverses acceptions disparues, par œuvre, en apposant sa signatureH ( 1865; signer un
exemple celles de ((poinçon des drapiers)) ( 13481, tableau, 1871).Au xxe s., il se dit aussi pour xcdédica-
asignature authentique» (14791, encore relevées à ter (un livre)».
l’époque classique. 0 Avec la valeur de Nmarquen, F SIGNATURE n. f. est un emprunt (1430)au bas la-
signet designe 11377, au pluriel) de petits rubans tin juridique simatura, dérivé de signator kgna-
pour marquer les pages d’un missel, par extension tairen. Signuturu désigne l’action d’apposer son
11718)ce qui sert à marquer un endroit d’un vo- nom pour authentser un acte et par métonymie le
lume, sens aujourd’hui courant. +Le composé IN- nom d’une personne inscrit sous une forme parti-
TERSIGNE n. m. 118351, d’inter-*, désigne une rela- culière (cf. seing). 0 Ce sens repris au latin a
tion mystérieuse apparaissant entre deux faits conféré au verbe signer (ci-dessus) son usage ac-
simultanés, dont l’un appartit comme le signe de tuel. Signature désigne aussi par figure (apr. 17501
l’autre (cf. L’Intersigw, nouvelle de Villiers de l’kle- ce qui révèle la personnalité d’un artiste et, par ex-
Adam, 1867). Le moyen français intersingne Gn- tension, le nom ou la marque d’un auteur apposé
signe, marquen (1477-1482) avait été emprunté au sur une œuvre (attesté en 18761,d’où par métony-
latin médiéval intersignum, forme latinisée d’après mie l’auteur lui-même W siècle : une signature il-
signum de l’ancien fYan@s entreseing Iv. 11501,en- lustie, etc.). 0 Le mot a cependant gardé des traces
treseigne &signe du chevalier-, d’un emploi général au sens de xmarquen, plus par-
‘$ voir SEING, SIGILLAIRE, SIGNAL, SIGNER, SIGNIFIER: et
ticuliérement asignet» (1660)et arepère placé au dé-
ASSENER, ASSIGNER, CONSIGNER, DESIGN, DÉSIGNER,
but et à la fm d’un cahier à relierv (16691, d’où par
DESSEIN. DESSIN, ÉCARLATE, ENSEIGNE, ENSEIGNER. @ et métonymie =Cahier à relierm hn livre de vingt-cinq
@ INSIGNE, RENSEIGNER, RÉSIGNER, SCEAU, SCELLER,
signatures). +SIGNATAIRE n. a été formé (17891
TOCSIN.
sur le radical de signature dans son sens dominant,
SIGNER v. tr. représente une réfection &IV” s. ; remplacant signuteur (1541) ; il a fourni COSIGNA-
v. 1230,sigmkrl, d’après signe*, de l’ancien français TAIRE n. (1876).
seignier ( 10801,issu comme s&g l’est de signum du Le composé CONTRESIGNER v. tr., terme de droit
dérivé latin classique simare <marquer d’un signe- ( 14151, est passé dans l’usage courant avec la valeur
d’où «caractériser, distinguer)>, <(graver (dans l’es- de «donner son aval-. En dérive CONTRESIGNA-
prit), et amarquer d’un sceau, d’un poinçon» et par TAIRE n. (1818-18271,d’après signataire, mot rare.
extension adésigner, indiquer, et ((remarquer, dis- 4 SOUSSIGNÉ, ÉE adj. et n. vient du participe
tinguer». Signare est le verbe qui correspond à si- passé du verbe SOUSSIGNER (16111, réfection de
gnum I+ signe). soubsigner (12741,donné comme inusité à partir de
+ Le verbe fkançais apparaît ( 1080)avec le sens de 1694 par l’Académie. 0 Soussigné, d’abord soubsi-
*faire le signe de la croix sur (qqn)», toujours vivant gné (15071, signifie <<dont la signature est au-des-
au pronominal EV.1175, sei seignier; 16Il, se signer) ; sous)) et s’emploie dans des formules du type Je
de là viennent plusieurs acceptions propres a l’an- soussigm%el, X...
cien francais, comme ss’émerveillern (v. 11751,le @ voir ASSENER, ASSIGNER, CONSIGNER, DkSIGNER. DES-

signe de la croix étant une marque d’admiration, SINER, ENSEIGNER, RÉSIGNER.

45rmer en faisant le signe de la croix>>, c’est-à-


SIGNIFIER v. tr., représente EV.1190) la réfec-
dire ujurers (v. 1180).0 11reprend au latin Iv. 1120,
tion, d’après le latin, de signefter Iv. 11191, succé-
seignierl le sens de «marquer d’un signen, d’où di-
dant lui-même à senefier (1080), forme plus popu-
vers sens techniques encore vivants : <<poinçonne0
laire. Toutes ces formes sont issues ou empruntées
une mesure (12651,une pièce d’argenterie (1363,si-
du latin significare Gndîquer (par signe)>>, Nfaire
gner), *marquer des bois de charpente» (17651,ou
connaître, comprendre)), adonner à entendre>>; ce
des acceptions étendues comme Mscellerm 11331,sei-
verbe avait aussi le sens de {{présager, annoncern et
gnier) et <marquer un livre d’un signet, ( 14901, sor-
wouloir dire, avoir tel sens>; il est composé de si-
ties d’usage. En emploi figuré, signer a Sign%é
gnum (+ signe) et de fucere (+ faire).
Iv. 13301 amarquer d’un signe qui fait reconnaître
comme tel>>,sens usuel à l’époque classique. 0 Le + Le verbe fkançais a d’abord le sens de <<marquer,
verbe s’est employé, du XII~au XVII~s., avec la valeur être le signe den IlOSOlen parlant de choses ou de
de cfaire signe (à qqn))) (v. 1190, senerl et comme faits, et s’emploie Iv. 11193 à propos d’un signe du
verbe intransitif pour {{faire des signes-. Ces em- langage, mot, expression, énoncé, en relation avec
plois ont disparu en francais classique. +C’est le sens, avec significutiort (ci-dessous) et avec divers
sens restreint de Nrevêtir de son nom pour confir- équivalents, dont le plus usuel en français moderne
mer (un écritlu 115231, aussi intransitif (15381,qui se est vouloir dire*. Depuis le XVI~s. (1546,Rabelais), si-
développe ensuite, avec des emplois figurés gnifier correspond plus précisément à ((avoir pour
comme être prêt si signer qc@. de son sang 116061 sens>, à propos d’un mot, d’une phrase. Le
ou signer sa condamnation ( 16901, et au propre complément du verbe exprime alors une synony-
dans signer à (un contrat1 <<comme témoin>) 116681, mie et signifier se distingue de désigner, dont le
ou encore signer son nom (1669).Ce sens, probable- complément renvoie à une chose extérieure au
ment induit par l’emploi antérieur de simature (ci- langage (concept ou objet du monde). Mais signifier
dessous), devient ensuite dominant, les emplois gé- avait en français classique cette valeur, et signifier
néraux et les autres spécialisations du verbe dispa- qqn s’est employé Idéb. xwe s.1pour <<désigner (qqn)
raissant de l’usage, à l’exception de se signer. * Par par un nomn, là où le français moderne emploie
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3507 SILENCE
n0mmer et désigner. 0 Les locutions tek ne signi- Quelques mots liés à signifier sont empruntés à des
fie rien (16811 et qu’est-ce gue cela s&Xe? (1759) dérivés latins de sig&catum, supin du verbe latin.
expriment le mécontentement. +Le verbe se dit +SIGNIFICATION n, f. Iv. 11191,d’abord adapté en
aussi, à partir du XLI”s., pour «faire connaître (qqch. signefzcaciun, est emprunté au latin significati
à qqn) par des signes= (v. 11551 et spécialement -action d’indiquerm, flannonce, indication- et, spé-
pour Knotifrer par des paroles expresses» (1165- cialement , «marque d’approbation, manifestation
11703. De là viennent la valeur d%ssigner en jus- favorableb, et <<sensd’un mot». 0 Le mot s’emploie &
tice% (13861, sortie d’usage, puis celle de «faire sa- propos de ce que Sign%e une chose, un fait Iv 11191,
voir légalement>> (1636). 0 Signifier avait repris dès un signe et spécialement un mot ou une locution
l’ancien français les valeurs latines de «présager, Iv. 1283). Dans l’usage courant, signification équi-
pronostique0 Iv. 11751, d’où «supposer, imaginer)> vaut à sens, mais les spécialistes lui accordent
(12231; ces acceptions sont sorties d’usage comme après Saussure la valeur de “rapport réciproque
<<donner à entendre* (apr. 1360). qui unit le si@ant et le si@& et ((effet séman-
b Le dérivé SIGNIFIANCE n. f. (v. 1155) qui a rem- tique (d’un signe) en situation, dans le discours»,
placé senefiance (1080) dérivé de senefw, et signe- alors distinct de sey1s et opposé à désignation.
fiance (v. 11191, de sigwfier, s’est employé pour csi- oL’acception de atémoignage, annonce> (v. 1155)
grGfication=, en particulier à propos d’un rêve ( 10801 se maintient encore au xwe s., remplacée ensuite
et pour ((indice, marque par laquelle on révèle par les valeurs spéciales de signe. Signification est
qqch.n (1165-l 1701; de là viennent en ancien fkm- aussi un terme de droit 113471,par exemple dans si-
çais plusieurs valeurs : ellégorie~~ (v. 12101, qm- gnifzcation d’un jugement; il se disait plus générale-
bolen Cv.12201, etc. + Le mot, entièrement sorti ment à l’époque classique (dep. 1580) de l’action de
d’usage, a été repris assez récemment dans le vo- faire connaître qqch. - SIGNIFICATIF, IVE adj .,
cabulaire de la sémiologie et de La sémiotique (par emprunt 114%) au bas latin sigkficativus “qui a la
exemple R. Barthes, 19731, désignant Eprobable- propriété de faire comprendren, “qui est le signe
ment d’après l’anglais significancel le fait d’avoir de%,s’est appliqué à ce qui annonce qqch. (à propos
du sens, opposé à non sig&ance. - SIGNIFIÉ, ÉE d’un astre, d’une planète). 0 L’adjectif s’est déta-
adj. et n. m. En xvr~”s.), tiré du participe passé du ché de la valeur générale de signification, en quali-
verbe, s’est employé dans volonfë Sign%ée, par la- fiant Iv. 15601 ce qui exprime clairement qqch., d’où
quelle Dieu demande ce qu’il veut aux hommes. (16941 ce qui révèle ou est très caractéristique. Par
oLe mot a été repris en linguistique comme ad- extension (18701, il correspond aussi à Hmarquant,
jectif’ et nom masculin 11910, F. de Saussure1 pour inlportant~, s’opposant alors à insignifiant. 0 Le
désigner un aspect du signe correspondant aux ef- dérivé SIGNIFICATIVEMENT adv. (18191 est di-
fets de sa siaance, effets considérés à part dans dactique mais assez courant. - SIGNIFI~A-
sey1set signification mais, ici, indissolublement liés TELJR, TRICE adj. et n. m., emprunt au bas latin si-
au signifzant. + SIGNIFIANT, ANTE adj. et n. m. a g~~ificator <celui qui indiquem, utilisé dans le latin
désigné (13441 une personne qui fait connaître des astrologues au moyen âge, s’est employé au
qqch. par des signes. L’adjectif s’est appliqué (15531 sens de “qui annonce telle qualité>>, en parlant
à ce qui marque ce qu’une personne veut dire, d’une planète (1526) ; le nom désigne encore en as-
~Repris en même temps que si@ifie (1910, trologie, depuis le XVII~s, (1690), une planète qui
F. de Saussure), le nom désigne l’aspect matériel joue un rôle da!ns un thème de nativité.
du signe linguistique, suite de phonèmes (<image
acoustique4 ou de lettres, auquel correspond un ou SILENCE n. rn, est un emprunt (1119) au latin
plusieurs signi%s. Signifiant et Sign%é s’emploient classique silentium Mabsence de bruit, de pa,roles)a
en linguistique et plus généralement en sémiolo- et, au féminin, <repos, inaction, oisiveté», dérivé de
gie, parfois abusivement pour signe (la sémiotique silere <<être silencieux>), <<taire», (se taire». À l’ori-
ignore ces concepts et ne connaît que S~~TE,signifi- gine, le verbe était employé pour parler de l’ab-
ca tion, sens, référence). sence de mouvement et de bruit; il s’utilisait autant
Le composé INSIGNIFIANT, ANTE adj, qutie à propos des choses que des personnes, plus cou-
11750) ce qui n’a pas d’importance, de portée. Dans ramment que tacere I+ taire). L’origine de silere
cet emploi usuel, l’adjectif s’applique aux per- reste obscure.
sonnes, aux actions, aux paroles, etc. 0 La valeur +Dans les premiers emplois, le mot conserve le
générale, pour “qui n’a pas de sensn, est très rare, sens propre du latin et désigne également EV.1190)
même en sémiologie (mil, xxe s.1 pour qualifier ce le fait de ne pas exprimer sa pensée, oralement ou
qui ne constitue pas un signe et par opposition à si- par écrit. Comme en latin, silence est parfois aussi
gnifîance (ci-dessus). 0 Insignifiant équivaut féminin depuis le début du ~III~ Iv. 1210) jusqu’au
souvent Idep. 1778) a «très faiblen sur le plan quanti- milieu du XVII” siècle. Les deux valeurs premières
tatif et s’applique aussi 11789) à une personne dont du mot apparaissent dans en siIence (v. 11903 asans
la per’Soma[lité est effacée. *INSIGNIFIANCE faire de bruit, sans dire un motn et «sans se
n. f., littéraire et rare au sens général d’Mabsence de plaindre», puis dans les locutions être mis au si-
signikation* 117851, peut s’opposer dans le vocabu- lence (13273 qui a eu cours dans le vocabultire reli-
laire didactique (mil. XX~s.l à sigkfiance, mais on gieux des monastères, paçser qqch. sous silence
dit plus souvent non signifiante pour &iter l’ambi- ( 1330, souk silance) «ne pas en parler-n, imposer si-
guïté avec le sens courant. 0 Ce dernier ( 17891, Nca- lence zi qqn (xv” s.), réduire qqn au silence (17621,
ractère de ce qui a peu de portée)}, correspond à dans silence! (17181, du silence! (1835). oSilence
l’emploi courant d’insignifzant. s’emploie depuis le moyen tiançais de manière
SILÈNE 3508 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

plus ghérde Iv. 1350, sii!enche; 1380, silence) pour comme une outre, père nourricier de Bacchus. Si-
parler de l’absence de bruit, d’agitation, comme lenus est lui-même emprunté au grec Sil&os, nom
quasi-équivalent de calme, d’où les sens disparus du compagnon de Dionysos et des nymphes, d’ori-
de <lieu retiré» (fi XVI~ s-1, <<secret, mystèrem (16561, gine inconnue.
et l’usage figure dans le domaine moral @n XVII~s.), + Le mot a désigné ( 1534; encore en 16601,par r&
par exemple dans le silence des passions ( 1788). férence à la physionomie joviale du dieu, une petite
0 Le mot désigne également ti X~I~s., scilence) le boîte peinte de figures joyeuses et frivoles, que l’on
fait de ne pas exprimer qqch., ne pas divulguer ce trouvait chez les pharmaciens. ~Par analogie
qui est secret, sens auquel se rattache la locution la d’aspect, silène désigne (1765) une plante herbacée
lui du sgence (xx” s.1, qui interdit aux membres dont les fleurs présentent un calice gonflé, puis
d’une association de malfaiteurs de rense@ner la ( 179 1) un papillon du genre des satyres.
police, par exemple l’orne& sicilienne. 0 A partir
du XVII~s., il se dit de l’absence de sons perçus SILEX n. m. est la reprise t 1556) du mot latin si-
(av. 1626). Un silence désigne un temps d’ar&t dans lex désignant une sotie de lave, employée dans la
un discours (1672) et, par figure, l’interruption de construction des maisons. Le mot, qui signifie aussi
relations épistolaires ( 16901, puis (xx” s.) télépho- ~caillow et est utilisé en poésie pour «roc, roche>>,
niques. 0 En musique UT~silence s’applique à l’ab- n’a pas d’origine claire.
sence ou à l’interruption du son, indiquée par des 4 En français, silex désigne une roche siliceuse et,
signes particuliers 11743,Rousseau) et, par métony- par métonymie Idéb. me s.), un objet en silex, en
mie, désigne chacun de ces signes (1767) (cf.pause, particulier un outil préhistorique.
soupir). 0 Par figure, silence désigne aussi le fait de 0 voir SILICE.
ne pas mentionner qqch. dans un écrit, d’abord en
parlant d’un texte de loi ( 18041, puis avec une va- SILHOWETTE n. f. apparaît 11759) dans l’ex-
leur étendue (18711,en relation avec f&e silence pression à la silhouette, venant du nom d’Étienne
sur qqch., qui correspond à se taire. 0 La valeur de Silkuetie, homme politique ( 1709-1767) qui fut
d’ttabsence de son= s’applique au xxe s. au contexte impopulaire et chansonné pour ses projets
technique (silence radio1 et didactique, en physiolo- d’économie, lorsqu’il fut ministre des Finances
gie ou en physique (zone, côw de silence). Silence (mars-novembre 1759). On a supposé sans preuve
radio, repris au figuré, s’applique à une absence de que l’expression évoquait le fait qu’Étienne de Sil-
déclaration, de discours, de réaction verbale. houette avait l’habitude de tracer ce genre de pro-
+ STLENCIEUX, EUSE adj ., formé d’après le dérivé ClS.
bas latin silentiosus CApulée>, s’applique à un lieu +Dans sa première attestation, à lu silhouette
où l’on entend peu de bruit 11524, à une personne semble désigner des objets faits & l’économien,
qui ne parle guère (1611) ou s’abstient momentané- d’une façon sommaire ou peut-être des ombres
ment de parler (v. 1750). 0 L’adjectif quatie aussi passagères, à l’image d’une politique changeante
ce qui se passe sans paroles (av. 1784,un repas si- et inefficace. L’expression est employée chez Rous-
Ilencieuxl, une chose qui fait peu de bruit iv. 18001, seau ( 1765, profil ù la silhouette) au sens moderne
d’où une SILENCIEUSE n. f. (18771, @machine à pour un dessin au trait de profil exécuté en suivant
coudre qui ne fait pas de bruitn, emploi disparu, l’ombre projetée par un visage ; on disait aussi por-
alors que SILENCIEUX n. m. désigne encore un trait à lu silhouette, et silhouette (1788). Ce sens est
dispositif servant à atténuer un bruit ! 18981, notam- devenu didactique. ~Par extension, le nom dé-
ment celui d’une arme à feu (mil. me s.), d’un pot signe couramment une forme qui se profile en noir
d’échappement. 0 L’adverbe SILENCIEUSE- sur fond clair (av. 1841, Chateaubriand), la ligne gé-
MENT est usité au propre ( 15861 et au figuré (1854). nérale d’un corps humain figurée sommairement
+ SILENCIAIRE adj. et n. est emprunté (1567) au (av. 18501,puis tout dessin aux contours schéma-
dérivé bas latin silentiurius <<esclave qui fait obser- tiques (18901, en particulier dans silhouette de tir
ver le silences et Khuissier du palais impérial=, sens El9041 dans le vocabulaire militaire.
emprunté en fkancais au xwe s. (1611). 0 Comme F Le dérivé SILHOUETTER v. tr. (1857 chez Sainte-
adjectif, le mot a signi% “qui reste silencieux». Il a Beuve), d’abord relevé au pronominale (18651, a
été repris par L. Bloy, familier du vocabulaire reli- fourni SILHOUETTAGE n. m., terme technique de
gieux (ti me s.1,appliqué à ce qui réduit au silence. photographie I 1905).
0 Le nom a désigné (1721) une personne qui parle
peu et, spécialement (18191, un religieux tenu d’ob- SILICE n. f. est emprunté (1787, Guyton de Mor-
server le silence. Le mot est archaïque ou didac- veau) au latin siliceus Nde silexD, dérivé de silex,
tique. + SILENCER v. tr., attesté en 1874 (1888, si- -icis ~caillou, silexm, ou directement dérivé de cette
Zenci&), est littéraire. 4 SILENCEWR adj. m., dans base I-, silex).
bloc silenceur (v. 19701, est un terme technique qui
+ C’est le nom donné, en chimie et en minéralogie,
traduit l’anglicisme SILENT-BLOC n. m. passé en à un corps dur, constituant très courant des miné-
tiançais (1928) pour ((petit bloc de caoutchouc qui raux naturels, plus tard identfié à l’oxyde d’un
permet d’absorber les bruits et les vibrations d’un corps simple, qui sera appelé silicium (ci-dessous).
moteurk
w Silice a produit plusieurs dérivés et composés di-
SILÈNE n. m. est tiré du nom propre Silène dactiques. + SILICEUX, EUSE adj. (1780) si@e
(1534, Rabelais), emprunt au latin Silenus, nom du Kformé de silice>> et, par extension, Nriche en silice>
demi-dieu communément représenté gonflé (terrain siliceux, 1812). + SILICIUM n. m. désigne
DE LA LANGUE FRANÇAISE 3509 SILLON

un corps simple métalloïde, du groupe du carbone, “seliare. Ce dernier proviendrait d’un radical gau-
découvert à partir de la silice qui en est l’oxyde, et lois se&, que l’on retrouve dans le rhéto-roman sa-
nommé en 1809 par le chimiste suédois J. J. Ber- glia abande étroite au milieu d’un pré fauché, sur
zelius (1779-1848). 0 Le mot, attesté en 1816 enfkan- laquelle on étend l’herbe du pré entiers. Cepen-
çais, a servi de base pour former SILICONE n. f. dant, P. Guiraud fait venir sillon d’un ancien verbe,
qui désigne d’abord ( 1876; précédé par silicon, attesté tardivement, siller (15831, seiZZer (16431, va-
1863) un composé résultant de l’action de l’acide riantes de seigler ( 1542) Sign%ant en marine afaire
chlorhydrique sur un sel kiliciure) de calcium. Em- un sillage}} et issu d’un latin populaire oseculare, lui-
ployé au pluriel (19061, c’est le nom génétique de même dérivé du latin classique secare qui a donné
dériv& du silicium à importants usages industriels scier*; le seillon ou sillon serait alors une raie, dé-
Ihuiles, résines de siliconesI. oEn dérive SILI- coupée dans la terre ou dans l’eau comme avec
CONER v. tr. (mil. XX~ s.), “garnir de siliconen, terme une scie. Cette explication - qui rejoint celle de
technique qui a fourni SILICONAGE n. m. et SILI- Furetière, rapprocha;nt sillon et sion (scionl - se
CONÉ. ÉE adj. (mil. ti s.l. e SILICIQUE adj. heurte à des difkultés chronologiques.
( 18 181, dans anhydride silicique, ancienne désigna- 4 Le mot a désigné 11306, sellon une bande de
tion chimique (erronée3 de la silice, et acides sili- terre, une planche de labour, acception encore re-
tiques (notion hypothétique), a disparu. + SILI- levée au début du XVII’ siècle. Il s’applique aussi en
CATE n. m., dérive savant de silice, désigne ( 1818) ancien français (XIII~s.) et jusqu’au xwe s. à une unité
une combinaison de silice avec un oxyde métal- de mesure. 0 Le sens de Ntranchée ouverte dans la
lique. oLe mot a fourni plusieurs dérivés, en terre par une charrue* semble apparaître au xwe s.
chimie : SILICATÉ, ÉE adj. (18421, SILICATISER (1538, seillon; ti XVI~s., sillon). ~Les emplois du
v. tr. (18761, SILICATATION n. f. (18781, SILICA- mot sont ensuite analogiques ou figurés. Il désigne
TAGE n. m. (mil. XX’ s.), SILICATER v. tr. (id.). une ligne creusée plus ou moins profondément sur
+ SILICIURE n. m. (18241,
<combinaison de sihcium une surface, d’abord en parlant des rides d’un vi-
et d’un élément», a produit SILICIURATION n. f. sage ti xwe s.1; dans le langage poétique, sillon
(1877). correspond ( 1611) à cligne, trace longitudinalen. Par
Parmi les composés, on relève en botanique SILI- ailleurs, les sillons pour 4a campagne, les champsti
CICOLE adj. 118711, de -col& qui s’applique aux ( 16581, lui aussi d’usage poétique, est sorti d’usage.
plantes poussant bien en terrain siliceux. + SILI- Le mot s’est en outre employé ( 1690) pour &llageD
COSE n. f. (19451, de -ose, désigne une maladie pro- Ici-dessous). oIl s’est spécialisé pour désigner
voquée par l’action de poussières de silice sur les (1704) la dépression entre les deux seins. Il devient
poumons, maladie professionnelle grave des mi- un terme spécialisé d’anatomie, simant &rie
neurs, des tailleurs de pierre. II a pour dérivé SILI- profonde>) ( 17651, «rainures Oisillonsdu cerveaul, em-
GOTIQUE adj. (v. mol ployé ensuite en sciences naturelles killon d’une
L’élément SILICICO- ou SILICO-, tiré du radical coquille1, en embryologie (xx” s., sillon primitif).
de silicium, indique, dans des termes de chimie, la 0 Au sens dominant de atrace de la charruen, des
présence de silicium dans un composé (par locutions apparaissent après 1750 : tracer son don
exemple silicocalcium n. m., mil. XX~ s.l. (av. 17781, faire son sillon 118351, creuser son sflon
(1875) siment figurément Npoursuivre sa tâche la-
SILLAGE + SILLON borieusement, avec persévéranceti. 0 Par analogie,
sillon désigne une dépression étroite plus ou moins
SILLET n. m. est emprunté ( 1642, Oudin) à l’ita- profonde ( 1871, sillon des roues) et, Spécia[lement
lien ciglietio, proprement <petit cil>, diminutif de ci- 118891, la trace produite à la surfxe d’un disque par
glio 41, SOU&~, issu du latin cilium désignant la l’enregistrement phonographique (d’où microsil-
paupière (infkieure) et par extension les cils (at- lon). oLe Sillon, nom d’une revue que fondèrent
testé depuis Pline) I+ oîll. P. Renaudin et M. Sangnier en 1894, organe du ca-
4 SiZZet, terme technique de musique, désigne tholicisme libéral et social, fait référence à la méta-
comme en italien une petite pièce de bois collée phore du labour et de la trace; autour de cette re-
sur le manche de certains instruments à cordes, vue se forma un mouvement appelé (déb. XX~s-1
juste au-dessus de la tête, pour empêcher que les SILLONNISME n. m., d’où SILLONNISTE adj. et
cordes n’appuient sur la touche. 0 Le mot désigne n. Ce mouvement fut condamné par Pie X en 1910.
par extension (mil. XX~s.) l’ensemble des saillies b Le dérivé SILLONNER v. tr. remplace Km xwe s.)
longitudinales incrustées sur le manche d’un ins- seillonrw, seilonner 11538) au sens de {{labourer en
trument à cordes pour marquer l’emplacement ouvrant des sillonsn, sorti d’usage. Le verbe s’est
des notes. tié sur un emploi analogique cv. 15701, <<parcourir
en tous sensu, d’où spécialement en parlant d’un
SILLON n. m., attesté chez Villon 114621, a rem- navire 115751 «traverser d’un bout à l’autre en lais-
placé les formes sellon (XIII~~.~,seillon cv. 1200, avec sant un sillagem puis 4raverser2, en parlant d’une
l’idée de mesure pour le terrain), le dérivé seillonet voie Iv. 1850). 0 Par ailleurs, siZZonner s’emploie
étant relevé au XII~s. ( 1165- 1170) ; la graphie seiZZon avec un sujet qui désigne ce qui marque, forme des
est encore attestée au xwe siècle. Le mot, d’origine sillons Ifm xwe s., en parlant des rides ; 1765, d’un
incertaine, représente pour Bloch et Wartburg un éclair dans le ciel).
dérivé de l’ancien français silier 4abourerB 11322; Le composé MICROSILLON n. m. h. 19501, de mi-
cf. v. 1210, seil «sillon~I puis (v. 13303 *marquer (la cro-, terme technique pour le sillon très ~HI d’un
chair1 de coups de fouetn, issu d’un latin populaire disque 33 ou 45 tours longue durée, désigne cou-
SILO 3510 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ramment par métonymie le disque lui-même. Le (mf s.) et ENSILEUR n. m. (1875) ccelui qui met
mot s’emploie aussi en apposition (disque micro- dans les silos>>.
sillon1 mais tend à disparaître, avec l’élimination
des anciens disques 78 tours, le microsillon étant SILURE n. m. est emprunté (1558) au latin impé-
pendant un temps le seul disque usuel, concur- rial sibus, lui-même pris au grec silouros dési-
rencé puis éliminé (entre 1980 et 1990) par le gnant un poisson. La finale -0~0s vient de ours
acompact* (voir disque). *INTERSILLON n. m. aqueue», mais le premier élément est obscur. On
IV. 19503 de inter-, désigne en technique du son la relève en moyen tiançtis la forme dialectale suluth
partie située entre deux spires adjacentes d’un sil- ( 1560 ; 1611, salus) devenue salut ( 179 1)et conservée
lon. en Suisse.
SILLER v. a signifk en moyen fi-an@ ( 1583) {(tra- + Silure est le nom d’un poisson de grande taille qui
ter un sillage», puis est sorti d’usage. Il a été repris vit sur les fonds vaseux des grands fleuves (Danube,
à la f?n du XJX~s., au sens de ~~parcourir dans le sens Nil), des lacs et de certaines mers (mer Noire, Cas-
de la longueurn (1887, Huysmans), mais ne s’est pas pieMe). * En tiançais d’Afrique, le mot s’emploie
imposé. +Le verbe avait servi à former SILLAGE en parlant de différentes espèces de poissons à
n. m. (15741, d’abord seillage (xv” s., selon Ho& et barbillons développés, alors équivalent de poisson-
Wartburg), qui désigne la trace que laisse un bâti- chat.
ment derrière lui. Par extension, le mot Sign%e + Le dérivé SILURIDÉS n. m. pl. (19043, du grec ei-
aussi (16791 witesse de marche (d’un navire)», la dos <forme, apparencen G+ -idés), terme de zoolo-
trace dépendant de cette vitesse. 0 Il se dit par gie, est le nom de la famille de poissons dont le si-
analogie 11803) d’une veine de prolongement, dans lure est le type. oLe mot a eu pour équivalent
une mine de houille; c’est alors un terme tech- SILUROIDES n. m. pl. (18281, de -o&, qui a dis-
nique. 0 Par extension, il désigne la trace d’un pas- paru.
sage quelconque 11830, sillage &s étoiles), d’où la
locution figurée et courante marcher, être dans le SILVANER n. m. est emprunté (1868) à un mot
Mage de gqn cen suivant son exemple)) (1904 et allemand d’Autriche, dérivé du latin classique silva
(xx” s.1 le sillage d’un parfum 4’odeur parfumée aforêtn (+ selve, sylti- ; sauvage).
laissée par une personne qui passes. En physique, $ Silvaner, écrit aussi qdvaner, désigne un cépage
sillage désigne la partie d’un fluide que laisse der- blanc cultivé en Allemagne, en Autriche, en Suisse
rière lui un corps en mouvement (xx” s.l. et en Alsace ; par métonymie, c’est le nom 11904)
d’un vin blanc produit avec ce cépage, souvent,
SILO n. m. est emprunté ( 1685) à l’espagnol silo dans le contexte tiançais, d’un silvawr d’Alsace.
(10501, emprunté, par l’intermédiaire du latin di-
datiique sirus, au grec siros aexcavation souter- SILVES + SYLVE
raine où l’on conserve le grain) et “trappen, «ca-
chot)), mot technique sans étymologie connue. SIMAGREE n. f., attesté en 1285, est d’origine
obscure. On a fait l’hypothèse, plus plaisante que
+ Silo s’est employé au sens de ccachot souterrain> vraisemblable, d’une substantivation de si m’agrée
qu’avaient le grec et l’espagnol (au XIII~s.l. Le mot, à «ainsi cela m’agrée» (4 agréer), dont on ne trouve
peu près inusité, est repris au xme s. ( 18231, dési- pas d’exemple très ancien, à l’exception du dernier
gnant une excavation où l’on conserve le grain ce vers du fabliau du Powe Mercier : donne-moi boire,
sens ayant été réalisé par l’ancien provençal siI au si t’agrée. On a proposé par ailleurs une formation
moyen âge EV.1280). Silo a désigné Idéb. me s.1 une à partir de sime a Poe <<singe avec des griffes*, qui
punition consistant, da;ns l’armée d’Afrique, à en- serait apparue dans le Hainaut (cf. simagraw en
fermer un condamné dans un silo. Le mot s’ap- wallon, chimugrue dans Molînet, fm xve s.1 et serait
plique aussi à d’autres produits agricoles que les une ancienne dénomination du diable. P. Guiraud
grains (1871) et se dit par extension d’un dispositif retient de ces deux hypothèses les formes sime,
ayant cette fonction de stockage, mais consistant forme dialectale de singe* (variantes syme, chimel,
en un réservoir élevé E& s.l. En revanche, la valeur et a@ée : sime et agrée désignant un agrément, une
d’excavation réapparaît à propos d’un site souter- approbation de singe (cf. monnaie de singe), et les
rain de lancement de missiles (v. 19701, tandis que simagrées des <4ngeriesn. Au XVII~s. (la Piquetière,
l’analogie de fonction et la forme des silos à grains cité par Ménage), on le rapprochait de simulacre.
modernes, qui sont des tours élevées, produit + Simagrée, le plus souvent employé au pluriel, se
d’autres sens figwés, “garage à étagess (19721 et au dit d’un comportement tiecté, destiné à attirer
figuré et péjorativement Cv.19731 aimmeuble à l’attention ou à tromper. Il n’a guère changé de
nombreux étages et à forte densité d’occupation». sens au cours des siècles.
.Le dérivé SILOTAGE n. m. (19231 est un syno-
nyme d’ensilage. -Le pré&& ENSILER v.k.(1865, SIMARRE n. f. est un emprunt (16101, d’abord
au participe passé) ou, rare, ENSILOTER V. tr. écrit cymurre (15111, à l’italien zipna7ra (XIV~s., aussi
CV. 1890), terme technique signi&nt ((mettre en cimarraI, lui-même pris à l’espagnol zamarra qui
sh, a fourni ENSILAGE n. m. (1838; de en, et silo), l’a emprunté à l’arabe sammtir, mot désignant
qui désigne par métonymie le fourrage à demi sé- 11lool la zibeline ou sa fourrure. Le français a em-
ché stocké dans des silos, alors que ensiloter a pour ployé chumarre (1490) au sens moderne de simare,
dérivé ENSILOTAGE n. m. (18731 <<mise en silos par emprunt à l’espagnol zamarra, qui correspond
oEmiler a en outre produit ENSILEUSE n. f. à l’ancien provençal samarrct ( 1330). On relève
DE LA LANGUE FRANÇAISE SIMONE

aussi les variantes chimarre ( 1627)et cimarre ( 16401, sIMILITuDE n. f. a été emprunté Iv.1220) au latin
plus courante à l’époque classique E+ chamarré). similitudo Mressemblance, analogie», areprésenta-
4 Dans sa première attestation 115111, simarre dé- tion, image ressemblante)), acomparaison, rappro-
signe une sorte de pot, sémantisme déjà présent en chementn et «monotonien, dérivé de similis. *Le
ancien provençal ( 1425); on serait passé de l’idée mot a d’abord Sign%é dans le vocabulaire religieux
de wêtementn (qu’avait chamarre) à celle d’ahabil- <rapport exact entre deux être+, en parlant de
lement> d’une bouteille, d’un pot et, par métony- Dieu et du Christ. Il s’est employé en rhétorique
mie, le mot aurait désignk le pot lui-même. -Ce depuis le XIII~ s. Iv. 1270) et encore à l’époque cks-
sens est sorti d’usage, et simarre, par retour à l’idée sique, au sens de ((comparaison fondée sur l’exis-
initiale ou par réemprunt, la référence à la four- tence de qualités communes à deux chosesa, d’où
rure n’étant pas exclue, a désigné ( 16 10) une longue l’usage dans la langue biblique 11535) pour mpara-
robe d’homme ou de femme, faite d’une riche bolen. 0 ll désigne (13651la relation qui unit deux
étoffe ; c’est aujourd’hui (depuis 17041 le nom d’une choses exactement semblables (cf. unaZo@e), spé-
espèce de robe portée par les prélats ou les magis- cialement en géométrie où il s’emploie pour parler
trats. de deux figures qui peuvent être rendues homo-
thétiques ( 1765)et pour nommer la transformation
SIMIESQUE adj. est formé par dérivation sa- qui permet de passer d’une figure à une autre sem-
vante (1843, Balzac) à partir du latin simiu n. f. blable (1876). Avec la même valeur, le mot est re-
b singe). pris en médecine homéopathique dans loi de simi-
+Le mot qual%e ce qui tient du singe ou qui litude, selon laquelle de très faibles doses toxiques
l’évoque ha visage simiesque). guérissent des symptômes semblables à ceux qui
sont provoqués chez une personne par ces
F À partir de ce même radical a été créé le terme
toxiques administrés à fortes doses, principe déjà
de zoologie SIMIEN, ENNE adj. (18421, d’abord
énoncé dans I’Antiquité par Hippocrate.
concurrencé par simiun, qui se dit de ce qui est re-
SIMILI-, élément tiré de similis, marque qu’on a af-
latif aux singes. Le substantif pluriel, les Simiens,
faire à une chose semblable, souvent avec une va-
désigne (1876) un sous-ordre de l’ordre des Pri-
leur péjorative (cf. pseudo-1. + L’élément a été subs-
mates, comprenant les singes proprement dits et
tantivé en SIMILI n. m. (attesté 1881, Huysmans) et
l’homme.
équivaut à knitationm. Le mot désigne aussi un cli-
SIMILAIRE adj. est dérivé 11539) du latin clas- thé obtenu par similigravure (+ gravure) et du co-
ton simihsé (mil. XX~s., n. m.). + SIMILISER v. tr.
sique similis asemblable m,<ressembla&, issu d’une
forme ancienne “semiks ; la forme ancienne du (19351, d’abord au participe passe SIMILISÉ, kE
neutre, simul (semul, semoll, est demeuree comme 119091, Sign%e Ntraiter (des fibres de coton) pour
adverbe au sens d’=en meme temps, également)) et leur donner un aspect soyeux>); l’opération est
a été renforcee à l’époque impériale en insimul nommée SIMILISAGE n. m. (1935).
@ Voir ASSIMILER, DISSIMULER. ENSEMBLE, SEMBLER.
(-* ensemble). “Semilis se rattache à une racine in-
SIMPLE, SIMULACRE. SlMULER, SlMULTANk
doeuropéenne ‘sem- ~un» servant aussi à exprimer
l’identité et représentée par le gotique samu, le
sanskrit sbmu@, le vieux slave samii. Le latin n’a de SIMONIE n. f., réfection graphique (v. 11801 de
correspondants exacts qu’en celtique (irlandais sa- symonie (1172-l 1741, est emprunté au latin eccl&
mail aressemblance)J. 0 Similis avait abouti en an- siastique médiéval simonia IlOSZ), tiré du nom
cien provençal à semble «semblable= (v. 10901, propre Simon, porté par plusieurs personnages de
forme relevée isolément en ancien français (XIII~s. YEvangile et désignant ici Simon le Mugicien Gi-
et 1378). mon mugud qui avait voulu acheter les apôtres
+ L’adjectif similaire est d’abord un mot médical, at- Pierre et Paul pour recevoir d’eux le pouvoir de
testé en anatomie dans parties similaires (15391,dé- conférer le Saint-Esprit par l’imposition des mains
signant les parties fondamentales qui constituent tictes des Apôtres, VIII, 9,241. Le nom Simon vient
des systèmes et se réunissent pour former des or- du latin classique Simo, -anis, signifiant aussi Ndau-
ganes. ll s’est appliqué plus largement à des élé- phiw, et dérivé de sirnus =camus, au nez aplatin. Il a
ments de même nature, équivalant à homogène en été employé au moyen âge (1225-1250, symon) pour
anatomie (v. 1560,Paré, partie similaire), plus tard

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