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AFRIQUE, COVID-19 ET ENDETTEMENT : Besoin de

sécurité sanitaire et de souveraineté économique


afrocentricity.info/medias/afrique-covid-19-et-endettement-besoin-de-securite-sanitaire-et-de-souverainete-
economique/5929

Yves Ekoué Amaïzo July 1, 2020

Le 29 juin 2020 1 selon l’Organisation mondiale de la Santé, le monde a atteint les 10


021 401 cas confirmés de malades du COVID-19 avec une courbe mondiale toujours
ascendante et 499 913 morts. En Afrique, avec 288 347 cas confirmés avec 5 879 morts,
soit au plan mondial, 2,88 % des cas confirmées et 1,18 % de morts. Il y a réellement
pour le moment une résilience du peuple africain. Le COVID-19 sera indissociable de
notre vie quotidienne, ce pour longtemps.

Les disruptions causées dans le monde et en Afrique sont hétéroclites et handicapantes


pour de nombreuses économies africaines où le confinement rime avec l’option de
« mourir ». Cela touche la plupart des secteurs sauf ceux qui ont intégré la digitalisation
et l’économie de proximité au plan stratégique dans leur modèle économique.

Il faudra toutefois une période de relance variable, entre 12 et 24 mois au moins pour
retrouver la situation d’avant le COVID-19, si entretemps, des faillites et autres
marginalisations par le chômage, n’ont pas changé la donne à nouveau. La réalité est
que le COVID-19 a révélé les Etats sans « réserves substantielles » avec comme
conséquences, un endettement supplémentaire des Etats. Pour les pays africains, la
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soutenabilité de la dette devient problématique au point de relancer le besoin
d’annulation totale ou partielle de la dette extérieure afin de conserver une capacité
d’endettement et finalement une marge de manœuvre économique !

1. COVID-19, UN ACCOMPAGNATEUR NON DESIRÉ DU GENRE


HUMAIN
Le COVID-19 est une maladie infectieuse causée par un coronavirus identifié et
découvert dernièrement. Le virus COVID-19 se propage principalement à partir d’une
personne infectée qui tousse ou éternue, ce par des gouttelettes de salive ou des
écoulements nasaux, mais aussi à partir des surfaces d’où l’importance qu’il y a à
stopper toutes formes de propagation par des protections et des opérations de
désinfection et de décontamination.

Lors de l’infection par ce virus, deux types principaux de patients sont à relever. Ceux
qui souffriront d’une maladie respiratoire légère à modérée et se rétabliront rapidement
sans nécessiter de traitement particulier, grâce à leur niveau élevé d’immunité innée ou
acquise. Toutes les autres personnes, notamment les personnes âgées et celles
présentant des problèmes médicaux sous-jacents comme les maladies cardiovasculaires,
le diabète, les maladies respiratoires chroniques et le cancer sont plus susceptibles de
développer une maladie respiratoire bien plus lourde. Il faut se protéger et s’engager à
protéger les autres dans les comportements.

La prévention, le ralentissement de la propagation et de la transmission des infections


liées au COVID-19 supposent d’être très bien informé et de respecter un certain nombre
de comportements (amélioration en prévention du niveau d’immunité, gestes barrières,
masques, distanciation, lavage fréquent des mains régulier avec un désinfectant à base
d’alcool en évitant de toucher le visage et parties sensibles à des contaminations).

Le Covid-19 devient de facto un accompagnateur non désiré du genre humain, en


attendant un traitement spécifique qui ne peut exclure la prévention par les plantes qui
augmentent le niveau d’immunité. Les conséquences sont multiples avec en premier
lieu la déstabilisation et la réduction des activités humaines nécessitant le contact
humain rapproché avec en contrepartie une prime pour toutes activités humaines
prospérant sur l’utilisation de la digitalisation des transactions. Il y a donc des gagnants
et des perdants de cette nouvelle disruption non sollicitée. Il y aurait une sorte de
prédisposition à une meilleure résistance chez les personnes ayant fait l’usage d’anti-
palludéens sur une longue période précédant l’irruption du COVID-19.

C’est à ce titre qu’une partie des citoyens africains, confrontés au COVID-19 et dénués
des principales infrastructures sanitaires modernes des Etats industrialisés, a pu
découvrir que l’épicentre de l’épidémie s’est déplacé de l’Asie, vers l’Europe, puis vers
les Etats-Unis et l’Amérique latine, mais pas « encore » vers l’Afrique et que partout
cette pandémie a permis de découvrir « l’impuissance de la puissance 2 » tant au plan
sanitaire qu’économique avec l’endettement massif contracté en peu de temps par les
pays considérés comme des créanciers systémiques.
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2. « SANTE-BUSINESS » : LES AFRICAINS GLOBALEMENT
HOSTILES
En Afrique, le COVID-19 a révélé au grand jour l’occidentalisation de l’ordre sanitaire
précédé d’ailleurs par un ordre politique, social, environnemental et culturel 3, qui sous-
tend une domination qui a anesthésié, non sans des déresponsabilisations internes des
élites africaines. Cette organisation sanitaire et économique ne correspond pas aux
traditions et mode d’existence des Africains. La rhétorique de la rupture n’est qu’un
paravent face aux zélés dirigeants africains reproducteurs de modèles occidentaux dont
la pertinence en temps de crise s’évanouit. Il était alors impossible pour les
responsables africains de continuer à copier les consignes occidentales et chinoises,
devenues universelles, parfois véhiculées par l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), et croire que les résultats seraient au rendez-vous.

Le multilatéralisme sanitaire pourrait se révéler n’être qu’une forme nouvelle de pensée


unique sanitaire pour définitivement annihiler les chances pour une émergence de
l’Afrique fondée sur son approche sanitaire privilégiant la prévention, la pharmacopée
et les solutions non abrasives. Ces approches inclusives sont compatibles avec toutes les
sciences mais se donnent comme priorité le résultat que souhaitent les populations, à
savoir la guérison, pour le plus grand nombre, de la maladie Covid-19. En effet, à
vouloir corréler la santé et le profit, certaines multinationales finissent par influencer
des Etats afin d’obtenir des budgets publics pour la fabrication de vaccins non encore
trouvés, ni vérifiés. Les citoyens africains, avertis ou non, sont majoritairement hostiles
à l’approche « santé-business », cette approche qui inverse les priorités : ce n’est plus la
santé qui est au service de l’humain, mais bien l’humain, en tant que cobaye qui est au
service des multinationales de la santé.

3. SANTE POUR TOUS EN AFRIQUE : PRIVILÉGIER ET


REVALORISER LA PHARMACOPÉE
Au même titre que la démocratie représentative occidentale a été ré-accommodée en
Afrique à la sauce de la contre-vérité des urnes, de même la pratique de la médecine
occidentale a montré ses limites, principalement pour sa préférence pour le
« traitement curatif » trop souvent encore aux dépens du « traitement préventif ». Le
confinement de milliards d’humains en Afrique était intenable. Selon l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), plus de 170 pays du monde utilisent la médecine
traditionnelle et complémentaire et près de 88 % de la population africaine utilise des
traitements issus de la pharmacopée africaine. Il n’est pas étonnant que l’Afrique ait le
plus grand nombre de centres ou instituts de recherche nationaux sur ces questions,
près de trois fois plus que la moyenne mondiale en 2018 4. Quoi de plus naturel qu’une
solution émerge en Afrique dans la prévention-traitement du COVID-19 au service des
populations.

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La culture, la connaissance de la pharmacopée, l’usage traditionnel des plantes
médicinales et les savoir-faire ethnobotaniques en Afrique ne peuvent passer par pertes
et profits, n’en déplaise aux multinationales qui ont transformé la santé, un droit et un
bien public commun, en une propriété privée où le médicament se commercialise
comme une vulgaire marchandise, ce qui en dit long sur la valeur portée à l’être
humain. Les efforts pour créer un hypothétique vaccin contre un COVID-19,
apparemment non mutant pour l’instant, permet d’orienter une partie importante des
recettes fiscales des Etats vers une science du « tâtonnement », amnésique à l’utilisation
sans dénaturation de la puissance des principes actifs de la pharmacopée concentrée
sur le COVID-19, car générateurs de sécurité sanitaire, de coûts abordables et de
promotion de l’harmonie sociale en Afrique.

La santé-business 5 a aussi besoin de cobayes vivants, de préférence en Afrique. C’est


toute la confiance des citoyens africains envers des prétendus « bienfaiteurs
occidentaux » qui a volé en éclats suite à l’expérience du COVID-19. Une confiance
bafouée, c’est la confiance mutuelle perdue, avec en prime, les conséquences à long-
terme de la trahison de certains dirigeants africains, parties-prenantes de ce jeu non
transparent des essais cliniques en Afrique. Sans consultation des hautes autorités du
Congo, les paroles du Docteur Jean-Jacques Muyembe, chef de la riposte en République
Démocratique du Congo, résonnent encore lorsqu’il déclara, sans ambages, le 3 avril
2020, « qu’il pourrait y avoir des essais cliniques d’un vaccin contre le nouveau
coronavirus dans son pays 6 ». Il n’a jamais véritablement été démenti malgré la
polémique sauf que le Chef d’Etat, Félix Tshisékédi a bien indiqué que ces paroles
n’engageaient que celui qui les a prononcées.

Alors, certains dirigeants africains, crédules ou peu soucieux de la santé de leurs


concitoyens, optent pour un nouveau partenariat de santé-business où le seul point
commun consiste à « autoriser » sans débat parlementaire ou sociétal, des fameux
« tests-cliniques » sur des populations pauvres, faibles, ignorantes de leurs droits et
souvent dans des zones d’instabilité sécuritaire ou de guerre. Les retombées pour la
grande majorité des populations africaines des politiques du « ruissellement » du
COVID-19 » sont annoncées avec des budgets importants pour la communication en
faisant miroiter une solution « miracle » pour les plus vulnérables au COVID-19.

Les essais-cliniques en Afrique demeurent une question hautement politique truffée de


non-transparence. En effet, les premiers essais cliniques en Afrique notamment les tests
vaccinaux réalisés sur le continent par le passé par les firmes multinationales
pharmaceutiques occidentales se sont déroulés dans la duperie, avec parfois un objectif
non avoué d’éliminer purement ou simplement des populations, ou de les rendre
inaptes à procréer, ou pire, à tenter d’identifier le niveau de douleur tolérable quant il
ne s’agit pas du niveau de tolérance du médicament avant que mort ne s’en suive. « De
grands groupes pharmaceutiques ont été accusés, à l’instar de Pfizer en 1996, d’avoir
profité du manque d’information des populations locales pour mener des tests dans
des conditions douteuses 7 ». Il n’est pas rare que la vie du citoyen « noir » soit estimée
à si peu en termes monétaires, que sa mort, en réminiscence du « Code Noir » de
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Colbert, soit considérée comme une variable d’ajustement pour créer un médicament
ou un vaccin pour satisfaire d’abord les citoyens des pays des membres des conseils
d’administration des entreprises multinationales pharmaceutiques.

En complément à des tests-cliniques initiés par le Royaume Uni, l’Afrique du sud mène
depuis le 23 juin 2020 sur plus de 50 personnes volontaires et sur une période de 12
mois, les premiers tests cliniques déclarés sur le continent africain, ce au sein de son
université « WITS » à Johannesburg. Il s’agit d’un vaccin (ChadOx1 nCov-19) censé
lutter contre le COVID-19 alors que la propagation et les contaminations sont en phase
ascendante. Pourtant, ce « test ne vise pas encore à évaluer l’efficacité du ChadOx1
nCov-19 contre la maladie ». Selon le médecin pédiatre qui supervise l’un des sites de
l’essai clinique à l’université de WITS, « l’objectif, pour l’instant, est de nous assurer
que le vaccin n’est pas dangereux pour les patients [qu’il n’y a pas d’effets secondaires,
NDLR] et de mesurer la réponse du système immunitaire » sur des personnes en
bonne santé. Autrement dit, il s’agit déterminer « quelle est la dose d’un vaccin qui
produit la meilleure réponse immunitaire 8 ». On est donc bien loin des ambitions
affichées d’avoir un vaccin contre le COVID-19.

Comme les initiateurs de ces essais cliniques sont basés au Royaume-Uni où plus de 4
000 personnes seront aussi testées, il serait plus exact de parler d’analyse comparative
entre des populations blanches et des populations noires pour estimer les meilleures
réponses immunitaires. Il faut espérer qu’il ne s’agit pas en fait de tester le contraire, à
savoir le niveau où les populations noires n’offrent plus de réponse du système
immunitaire. Si cela était le cas, ce que personne ne souhaite, mais que personne ne
peut exclure, alors les dirigeants africains qui s’empressent de signer, en catimini la
validation de tests-cliniques contre des contreparties obscures, devraient prendre
conscience de leur rôle de complices potentiels.

Autrement dit, il faut faire attention à ce que le la dose de ce « nouveau » vaccin qui
devrait produire la « meilleure réponse immunitaire » ne soit pas justement structurée
pour donner le résultat contraire, celui de savoir quelle dose il faut pour « réduire la
population cible » ou carrément l’« éliminer ». Cela peut être « choquant », mais ne pas
le savoir c’est faire semblant de ne pas savoir ce qu’est la « real politik », surtout que ces
nombreux dirigeants africains en sont complices !

Les réactions d’indignation aux déclarations le 1 er avril 2020 sur le plateau télévision de
la chaine d’infos LCI du groupe TF1, provoquées par deux médecins français, Jean-Paul
Mira, chef de la réanimationà l’hôpital Cochin à Paris, et Camille Locht, directeur de
recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui, sans
vergogne, ont proposé de reproduire « ce qui se faisait de toutes les façons
régulièrement par le passé mais sans publicité », en disent long sur les intentions
réelles des laboratoires. Jean-Paul Mira déclare : « Si je peux être provocateur, est-ce
qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de
traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études
avec le sida, où chez les prostituées : on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont
hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez ? » Le Pr. Locht, sans corriger son
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confrère réplique : « Vous avez raison », et ajoute cyniquement qu’« on est d’ailleurs en
train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d’approche, ça
n’empêche pas qu’on puisse réfléchir en parallèle a une étude en Europe et en Australie
» 9.

Bref, il s’agit d’une relégation de l’Africain au niveau où l’avait placé un certain


« Colbert » dans le code noir, c’est-à-dire la « chosification » du Noir, justifiant alors
que si on peut utiliser un meuble comme on le souhaite pourquoi ne pas utiliser toute
l’Afrique comme un laboratoire des suprémacistes blancs, une catégorie incluant
vraisemblablement les deux cas d’espèces cités plus haut. L’être noir, en principe
« indigne d’être qualifié d’humain » doit servir de terrains d’expérimentation pour
sauver l’humain blanc, en fait principalement les suprémacistes riches ou pas, se
considérant généralement comme étant au-dessus des lois.

Au-delà de leur caractère surréaliste au 21°siècle, de tels propos relèvent non pas
seulement du racisme génétique hérité de Colbert et compagnies 10 , mais surtout de la
parole décomplexée fondée sur le malthusianisme, la théorie d’un économiste anglais
du nom de Thomas Malthus (1766-1834). Ce dernier prônait la restriction de la natalité
comme un moyen d’assurer un équilibre entre la production de ressources nécessaires -
alimentaires ou économiques – et la population. Du fait de l’augmentation de la
population, ceux qui ne pouvaient pas reconstituer leur « force de travail » et de ce fait
leur existence, donc les pauvres, et par dérivées les esclaves à l’époque et les Noirs, sont
responsables de leur sort. Il n’était donc pas question de leur venir en aide.

La justification de la cupidité et de la pingrerie des classes riches ou privilégiées


blanches, généralement au pouvoir à l’époque, était trouvée. D’ailleurs, l’abolition de
l’esclavage serait moins une œuvre humanitaire qu’une volonté de s’affranchir de la
responsabilité de prendre en charge un esclave qui « vieillit » et non « rentable ». Le
salariat sans capital est venu soutenir la thèse de la rapacité économique des
propriétaires d’esclaves de l’époque 11, et vraisemblablement de leurs descendants
culturels du 21e siècle. Le refus de partager la richesse de manière inclusive serait
d’ailleurs partiellement justifié à partir de la thèse du malthusianisme. En effet, la
défense des « classes pauvres » irait contre les intérêts des classes riches et comme les
premiers sont, selon cette théorie, responsables de leur sort, il y a lieu d’aider le « sort »
faire en sorte qu’ils ne viennent pas ponctionner sur les richesses accumulées de la
classe riche.

Aussi, la limitation de naissances avec le malthusianisme démographique coexiste avec


le malthusianisme économique qui permet en économie, ceci de manière délibérée et
préméditée, de limiter la production d’un bien ou la fourniture d’un service ou de
raréfier le capital afin de créer la rareté et d’assurer de substantiels gains justifiés par la
neutralisation d’une économie où l’offre serait trop abondante et déprécierait la valeur
des biens et services offerts. Le partage du monde qui fonde le soubassement du

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malthusianisme est aux antipodes de la conception africaine et ancestrale du « monde
du partage » … C’est dans cette culture du partage que s’inscrit l’approche de la sécurité
sanitaire de Madagascar.

4. MADAGASCAR APPRIVOISE LE COVID-19 : LA VOIE DE LA


SECURITÉ SANITAIRE
Le Président de Madagascar, Andry Rajoelina n’a pas hésité à faire la promotion d’un
remède à base de plantes, dit « Covid-Organics (CVO) ». Développé et produit à
Madagascar par l’Institut malgache de recherche appliquée, il s’agit d’une boisson à
base d’Artemisia qui est censée prévenir et guérir la maladie du Covid-19.
Politiquement, il faut savoir que l’Etat malgache a ordonné une distribution nationale
aux populations. A la date du 19 juin 2020 et selon l’OMS, Madagascar avait un total de
1 403 cas confirmés de COVID-19 avec 25 nouveaux cas et 13 décès avec 1 nouveau cas
12. Plus de 20 pays africains sont officiellement en train de faire valider le COVID-

Organics, une solution adaptée au pouvoir d’achat des Africains et sans effets
secondaires constatés à ce jour, au point que l’Organisation mondiale de la Santé
n’hésite plus à saluer les succès de Madagascar dans la lutte contre le COVID-19 13.

Rappelons tout de même que c’est l’Afrique en tant que région qui fait le meilleur score
mondial de résilience au COVID-19 le 20 mai 2020 avec 1,37 % des cas identifiés dans le
monde et 0,58 % de morts en pourcentage du total mondial. Dans les dernières 24
heures, le nombre de cas identifié par rapport au total mondial est de 4,21 % avec 1,9 %
de morts dans les dernières 24 heure en Afrique en pourcentage du total mondial 14. En
comparaison avec l’Europe, l’Asie et les Amériques (voir le tableau de l’annexe 1), c’est
le meilleur score qui rappelle que, dans ce domaine comme dans d’autres, la puissance
et le refus de prendre en considération ce qui provient d’Afrique dans le domaine
sanitaire ne peut mener qu’à l’impasse pour ceux qui ont opté pour l’irrespect des
résultats issus des cultures ancestrales et de la maîtrise de la pharmacopée africaine. Ce
n’est certes pas la solution parfaite, mais les statistiques de morts et la dignité humaine
qui en découle servent de témoignage. L’« impuissance de la puissance » de l’Europe se
lit dans les chiffres avec 53,02 % de morts en pourcentage du total mondial contre 0,58
% pour les pays africains.

ANNEXE 1 :
COVID-19 – PART EN POURCENTAGE DANS LA RÉPARTITION
MONDIALE DE RÉGIONS CHOISIES

Données datant du 19 juin 2020

Régions. Cas COVID-19 en % du total Afrique Europe Les Asie


mondial Amériques Région
(Nord et Sud et
Sud) Est

7/17
Pourcentage de cas identifiés dans le 1,38 % 40,27 43,96 % 3,26 %
monde %

Pourcentage des cas identifiés au cours du 4,21 % 33,23 39,41 % 12,88


dernier 24 heures % %

Nombre de morts en pourcentage du 0,58 53,02 39,47 % 1,56


total mondial % % %

Nombre de morts dans les derniers 24 h en 1,9 % 39,48 44,86 % 7,28 %


pourcentage du total mondial %

Source : Calcul à partir de WHO (2020). Coronavirus disease (COVID-19). Situation


Report – 121. Data as received by WHO from national authorities by 10:00 CEST, 20
May 2020. World Health Organization: Geneva. Retrieved on June 19, 2020. From
https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/situation-
reports/20200520-covid-19-sitrep-121.pdf?sfvrsn=c4be2ec6_2

Selon l’OMS, le vendredi 19 juin 2020 a été considéré une des journées exceptionnelles
d’infections dans le monde avec plus de 150 000 nouveaux cas recensés à l’échelle
mondiale, le record sur une seule journée depuis le début de l’épidémie avec près de la
moitié des cas provenant des Amériques. Avec 201 178 cas confirmés en Afrique et
4 595 victimes mortes le seul jour du 19 juin, et plus de 128 203 guérisons, l’Afrique
demeure résiliente. Les cinq pays les plus touchés par le Covid-19 sont : Afrique du Sud
(83 890 cas avec 1737 morts), Égypte (50 437 cas avec 1 938 morts), Nigeria (18 480
avec 475 morts), Ghana (12 929 avec 66 morts), Algérie (11 385 avec 811 morts) 15 et le
Cameroun (9 864 avec 276 morts). Au bas du tableau, on peut rappeler que les
Seychelles avec 11 cas et le Lesotho avec 4 cas n’ont à ce jour pas eu de morts liés au
COVID-19. L’Ouganda (823 cas), la Namibie (39 cas) et l’Erythrée (142 cas) n’ont pas
rapporté des cas de morts, mais la fiabilité des informations fournies est à prendre en
considération 16

Des pays comme Madagascar ou le Bénin et bien d’autres ont pu offrir des solutions à
partir de la pharmacopée africaine, non homologuées par les censeurs internationaux.
Cette politique est efficace au regard de la guérison de plus de 60 % de la population et
l’arrêt de la prolifération-contamination du COVID-19 17. Le faible taux de mortalité en
Afrique et surtout dans ces pays et l’accès au soin pour le plus grand nombre ont changé
le paradigme de l’excellence. Il ne s’agit pas d’avoir la certification de ceux, individus ou
institutions, qui contrôlent le monde par la puissance militaire, le capital, les normes
sanitaires et les agressions territoriales et culturelles, mais bien de résoudre le problème
des citoyens en les guérissant sans effets secondaires indésirables ou générateurs de
maladies ou dépendances connexes.

5. ENDETTEMENT DE L’ETAT SANS AMÉLIORATION DES


INFRASTRUCTURES DE BIEN-ÊTRE

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La réalité est que l’on assiste à l’instauration d’une nouvelle politique économique
libérale post-COVID-19 où les revenus de l’Etat ne permettent plus de faire des
réserves, mais doivent servir à améliorer les revenus des plus riches (individus ou
sociétés). Ces derniers, in fine, sont censés les réinjecter dans l’économie, si possible
nationale ou régionale. Mais la vérité est que les soi-disant revenus des Etats qui sont
affectés sont en fait des emprunts, groupés ou pas, auprès des banques centrales, elles-
mêmes incapables d’exiger des Etats membres les remboursements. En définitive, ce
montage financier finit par offrir à terme une impunité à la mauvaise gouvernance des
comptes publics des responsables politiques.

Dans ce contexte, la consommation, l’épargne ou la création monétaire qui devrait


servir de levier à l’investissement ne contribuent plus directement ou indirectement à la
réalisation d’une activité économique tangible, ni à la protection des équilibres
environnementaux, et encore moins à la création de richesses partagées grâce à l’emploi
décent avec un pouvoir d’achat valorisant pour la grande majorité des acteurs de la
société. La Banque mondiale estime que les épidémies survenues dans le monde depuis
les années 2000 ont réduit la productivité du travail de 6 % au total, ce en moins de cinq
ans. L’impact négatif sur l’investissement et la main-d’œuvre va s’accentuer avec le
COVID-19 déjà classé comme une catastrophe majeure 18.

La perturbation du fonctionnement du marché du travail et les distanciations dans nos


vies quotidiennes vont affecter la productivité avec des travailleurs morts ou malades, et
ceux qui restent ne peuvent avoir le niveau de productivité collective souhaité. Ce
capital humain atone a des répercussions directes sur les secteurs connexes que sont la
santé, l’éducation, l’alimentation, le tourisme et loisirs, etc.

Cela suppose souvent une réorganisation-réaffectation, une sous-utilisation, voire une


destruction des outils de production et du capital physique en général. La productivité
est directement affectée par l’incertitude économique. Celle-ci peut déclencher des
décisions de délocalisation, de fuites des cerveaux et des capitaux surtout si elle
s’accompagne d’environnement des affaires imprévisible, une fiscalité neutralisante,
des conditions d’accès au crédit ou rééchelonnement de la dette défavorables.

Les ruptures et perturbations dans les chaînes d’approvisionnement tendent à décaler


dans le temps les innovations créatrices de nouvelles valeurs ajoutées. Le confinement
ou la fermeture des lieux de travail et les quarantaines imposées lors des voyages et
déplacements limitent fortement les échanges et dégradent la productivité totale. Du
coup, les profits s’amenuisent pour les entreprises, les décisions d’ajustement se font
souvent par des coupes sombres dans les emplois, mais aussi dans l’investissement
direct, limitant d’ailleurs la diffusion du savoir, de la technologie et même des
partenariats. La déstructuration des chaines de valeurs peut avoir un effet boule de
neige comme cela se perçoit nettement dans le secteur du textile et de l’habillement,
très fortement globalisé avec une sous-traitance dans les pays pauvres et une course aux
conditions précaires avec des salaires orientés vers le bas. Le non-respect des contrats
ne peut qu’affecter en profondeur la productivité et même le circuit de production vers

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un fort protectionnisme pour les pays bénéficiant d’un très grand marché comme la
Chine, l’Inde et un processus de décision pyramidale, facilitant la rapidité des décisions
d’ajustement.

En fait, c’est même l’occasion rêvée pour rogner sur tous les droits acquis de « haute
lutte » des salariés. La réduction des impôts notamment pour les apporteurs de capital
et les hauts revenus n’arrivent plus à avoir un effet d’entraînement sur les économies
aux plans national, régional et global. L’économie africaine n’y fait pas exception. La
ponction systématique et non sollicitée sur les classes appauvries tend à conduire quasi-
systématiquement à des confrontations sociales de plus en plus « musclées », au point
de transformer parfois les forces de police en véritables bouc-émissaires involontaires,
malgré quelques bavures intolérables 19.

Plus que la politique du ruissellement, c’est bien la restauration de l’interventionnisme


de l’Etat, un Etat-providence national qui pourrait ici et là, ne pas être à la hauteur pour
répondre aux défis d’un monde interdépendant. Toutes crises sanitaires ou
environnementales sérieuses ne peuvent que se transformer en une crise économique et
financière. Les principes de la souveraineté des Etats, les principes de la priorité pour la
régulation au service des populations, le principe de la coordination démocratique et
décentralisée de la crise sanitaire, ont sauté. Sauf pour ceux qui détiennent le pouvoir
de coercition adossé à la puissance militaire, ésotérique et économique. Avec un
endettement massif, les Etats-Unis peuvent encore dicter leur loi. Avec un endettement
bien moindre, les Etats africains, collectivement ou individuellement, ne font pas
nécessairement le poids face à des négociations sur l’annulation, voire le
rééchelonnement de leur dettes multiformes, et encore moins sur les conditions
draconiennes pour obtenir de nouveaux crédits de créanciers publics ou privés, peu
enclins à solder des comptes publics d’Etats africains sans contreparties notables.

La réponse à apporter passe nécessairement par l’interventionnisme de l’Etat


notamment par une politique et une programmation budgétaire, fiscale et monétaire
bien au-delà de ce qui avait été fait lors de la dernière crise financière de 2007-2008.
C’est ce qu’ont fait de nombreux pays industriels notamment en faisant appel à leurs
banques centrales. Mais pour les Etats africains, Encore faut-il que ces allocations
aillent effectivement vers ceux qui en ont besoin, ce qui n’est pas nécessairement le cas.
La politique du ruissellement de la période post-COVID-19 semble contribuer
massivement à l’endettement de l’Etat au profit d’une minorité plus que de la majorité.
L’Afrique apparaît d’ailleurs plus comme un terrain d’expérimentation de cette
pratique, ce en toute impunité puisque le principe de rendre des comptes aux
populations reste très embryonnaire.

6. ETATS AFRICAINS : MARGE DE MANŒUVRE ECONOMIQUE


OU NOUVELLES DEPENDANCES

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La récession économique est aux portes de l’Afrique. Le produit intérieur brut (PIB)
annuel en 2020 est estimé autour de -2,8 % pour l’Afrique subsaharienne alors qu’il y
avait à peine 6 mois, ces estimations étaient autour de 3 %. C’est toujours mieux que
l’estimation d’une moyenne de la récession mondiale de -5,2 %. Pour ce qui est de la
croissance du PIB par habitant, elle s’est fortement dégradée, passant d’une estimation
d’environ 1,5 % il y a 6 mois, à la réalité de la récession économique autour de -5,3 % 20,
toujours mieux que les -6.2 % de la moyenne mondiale.

La chute de la croissance par habitant dans les pays africains aura comme contrepartie
de refléter l’inversion des faibles progrès acquis en termes de réduction de la pauvreté
et de développement humain. La réalité sur le terrain risque de se traduire par une
perturbation multiforme dans le secteur sanitaire, puis de l’approvisionnement en
nourriture avec une accentuation de l’insécurité alimentaire, dans le secteur de
l’éducation, sans compter les catastrophes comme les invasions acridiennes, les
intempéries (inondations et sécheresse alternées) avec des flambées de prix qui
excluraient une grande majorité des citoyens africains du système économique. La
création de richesses par la digitalisation et l’industrialisation risque de n’être que
l’apanage des pays ayant une vision pour leur Peuple.

L’épidémie du COVID-19 risque de faire glisser l’économie mondiale de sa morosité pré-


COVID-19 en l’enfonçant dans une récession sans précédent post-COVID, ce malgré
l’interventionnisme de l’Etat. Le temps que les Etats mettront pour maîtriser la crise
sanitaire déterminera l’ampleur et la durée des disruptions économiques qui s’en
suivront 21. Les pans entiers du commerce, du tourisme, des marchés des produits de
base et financiers vont renforcer les déséquilibres macroéconomiques avec une
accentuation de l’informalité et une aggravation des inégalités, des crises sociales et de
la pauvreté. La confiance des acteurs économiques ne sera pas au rendez-vous avant
plusieurs mois du fait même des incertitudes liées à la chute de la demande mondiale
en général, celle de l’énergie. Pour redémarrer les fondamentaux de la croissance
économique partagée, l’Afrique doit opter pour des actions souveraines et cesser son
mimétisme collectif qui la conduit à refuser de faire confiance à ses propres
intelligences et talents.

Le Covid-19 a été en fait un révélateur d’une crise socio-économique rampante, liée elle-
même au non remboursement des dettes liées entre autres à la crise financière de 2007-
2008 et à la faible efficacité de l’Etat redistributeur et de l’effet de levier pour relancer la
capacité de générer de la valeur ajoutée au profit du plus grand nombre. La mauvaise
gestion stratégique des finances publiques de nombreux Etats occidentaux comme
africains a mis en lumière l’impasse collective sur les effets pernicieux de la
délocalisation et de la spécialisation des chaînes vers les pays où la course des salaires
vers le bas était devenu un sport national. Sauf que le principal concerné, à savoir la
Chine, a vu ses salaires augmenter rapidement, assurant ainsi la sortie de la pauvreté de
millions d’individus tout en améliorant la productivité.

11/17
Le COVID-19 a subrepticement introduit une rupture dans un système mondial
s’approvisionnant en matières premières en Afrique tout en cantonnant l’Afrique dans
son rôle statique de « consommateur net des excédents du monde » et neutralisant celui
plus dynamique, de « producteur net à partir de ses propres matières premières », non
sans l’aval et même la participation active de certaines de ces élites au pouvoir. Le
système de la dette perpétuelle infligé à certains Etats africains, notamment en zone
francophone, trouve ses limites. Les adaptations de façade du nom de l’ex-monnaie
coloniale Franc CFA 22 ne sont que des signes annonciateurs de bouleversements plus
profonds d’une Afrique qui a soif de retrouver sa souveraineté à partir des choix de
société du Peuple africain. La réalité est que sans création de valeurs supplémentaires
globales et collectives, de nombreux Etats africains se retrouvent avec une dette
structurelle. Le COVID-19 serait alors un nouvel élément déclencheur d’une
insolvabilité avec comme conséquence paradoxale, un appel pour l’annulation de la
dette africaine.

Selon la banque mondiale, le stock total de la dette extérieure des pays en


développement avoisine les 8 000 milliards de dollars des Etats-Unis (USD) en 2020,
soit 7 810 milliards de USD en 2018 23, dont 70,5 % représentent de la dette à long
terme et 27,6 % de la dette à court terme. La part de l’Afrique subsaharienne dans la
dette totale des PED ne représente que 7,5 %, soit 583 milliards de USD.

7. ANNULATION DE LA DETTE : UNE « PREUVE » D’UN


POTENTIEL FUTUR DÉFAUT DE PAIEMENT
Parmi les critères de convergence de la CEDEAO, il faut noter l’obligation faite aux
États-membres que leur dette extérieure respective ne dépasse pas 70 % du produit
intérieur brut (PIB) afin d’éviter qu’il n’y ait pas trop de pression budgétaire au point de
voir le Gouvernement perdre sa marge de manœuvre et augmenter sa vulnérabilité et sa
dépendance vis-à-vis des créanciers. Mais il y a un autre critère tout aussi important
qu’est le fait d’avoir des réserves de changes, c’est-à-dire la capacité de pouvoir financer
au moins trois mois d’importations. Si sur plusieurs années, ces critères ne sont pas
respectés, la dette ne peut que s’accumuler au point de transférer la prise de décision
sur les choix stratégiques aux créanciers.

Mais en cas d’insolvabilité et de faillite de l’Etat, le même créancier perd tout. Aussi,
avant toute insolvabilité d’un Etat sur sa dette extérieure, tout une gymnastique est mise
en place pour éviter le défaut de paiement. En fait, l’annulation d’une dette par un
créancier est une prise en charge de cette dette afin de redonner une nouvelle capacité
d’endettement à l’emprunteur, ou alors à utiliser cette dette comme un moyen de
coercition ou de négociation pour se faire transférer la propriété de pans entiers de
ressources de l’emprunteur. C’est d’ailleurs cela qui, entre autres, explique d’abord
pourquoi certains Etats africains refusent de s’engager dans la stratégie de la
suspension ou de l’annulation de leurs dettes extérieures 24, du fait des l’augmentation
imprévue de leurs dettes suite aux conséquences du COVID-19.

12/17
Ni les créanciers publics, ni ceux du privé n’ont accepté d’effacer la dette africaine. En
fait, celle-ci a été repoussée dans le temps. Il s’agit donc d’un rééchelonnement dont les
conditionnalités ne sont pas véritablement connues.

De nombreux pays africains, pour financer de manière plus indépendante leur


développement, ont choisi d’éviter de passer par les « fourches caudines » des dettes
publiques et de ce fait, ont doublé en 10 ans la part des emprunts effectués auprès
d’acteurs privés sur le marché international, ce qui constitue leurs dettes privées.
« Selon les informations de la Banque mondiale, de 2008 à 2018 la part de la dette
privée (créanciers obligataires, banques commerciales et autres créanciers privés) est
passée en Afrique subsaharienne de 22 % à 43 % 25 ».

Alors, pour accéder à ces prêts provenant du secteur privé, il y a lieu d’être considéré
comme crédible et en position de ne pas faire défaut. C’est ainsi que les agences de
notation analysent et notent en fait la capacité de faire défaut d’un Etat. Cette « note »
est fondamentale pour obtenir de nouveaux prêts et surtout de les obtenir à des taux
d’intérêts préférentiels. Le paradoxe veut que ce sont justement les Etats africains
pauvres qui auraient besoin d’avoir les taux d’intérêt les plus faibles sur le marché
international qui se retrouvent à payer plus cher l’accès à l’argent par rapport aux pays
riches.

Aussi, certains pays africains comme le Ghana ou le Bénin qui tiennent à avancer sur le
terrain de leur souveraineté préfèrent ne pas donner la priorité à l’annulation de la
dette car cela risquerait d’avoir un effet sur leur notation et constituerait un risque de
potentiel défaut par les créanciers privés. Si en apparence, ce risque ne concernerait que
le secteur privé créancier, dans la pratique, ce risque serait encore plus grand avec les
créanciers publics car ces derniers, via les institutions multilatérales comme le Fond
monétaire international, peuvent plus facilement imposer des conditionnalités
exorbitantes aux pays africains. En résultante, chaque pays africain opte pour une
stratégie « nationale, régionale ou continentale » quant à la demande d’annulation de
sa dette publique et la restructuration de sa dette privée. Les institutions comme le
Fond monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les banques multilatérales
de développement exigent souvent de fournir une garantie de l’Etat sur l’exécution de
conditionnalités spécifiques avant d’offrir des crédits à des taux concessionnels ou pas.

La réalité est que le G20 a opté pour un rééchelonnement, soit un report pour début
2021.

Bref, si certains pays africains sont réticents à s’engager dans une logique d’annulation
de la dette, c’est que certains y ont perdu l’essentiel de leur capacité productive au profit
d’acteurs privés étrangers qui se sont retrouvés propriétaires dans le cadre de la
privatisation de véritables poumons économiques d’un pays pauvre. Par contre en
refusant de souscrire à la « facilité » que constitue la demande d’annulation de la dette
avec contreparties draconiennes, le courage du Bénin a été récompensé avec une
« reconduction de sa note B+ par l’une des agences de notation « Standard and
Poor’s ». Cette note lui permet ainsi de continuer à bénéficier de la confiance des
13/17
milieux financiers et d’accéder, en toute indépendance, à de l’argent sur le marché
international. C’est aussi en filigrane une sorte de confirmation de la volonté d’avancer
vers la souveraineté économique et donc de disposer d’une véritable marge de
manœuvre dans ses choix politiques, sociaux, environnementaux, économiques et
culturels.

8. POUR UN PLAN DE RELANCE ECONOMIQUE POST-COVID-19


CIBLÉ EN AFRIQUE
Chaque pays africain ne peut se permettre de ne pas avoir un plan post-covid-19 de
relance de son économie. La transition écologique, l’amélioration de la productivité
notamment avec la digitalisation et une meilleure intégration dans les chaines de
valeurs locales et globales où le pays dispose d’un avantage compétitif sont des points
stratégiques qui supposent d’éviter de taxer la production, l’importation des transferts
de technologies ou encore la localisation industrielle en Afrique. La sécurité sanitaire
devrait figurer parmi les priorités avec des objectifs d’avancer vers une souveraineté
sanitaire.

La transformation digitale de l’Afrique pourrait servir de point de convergence et


d’unité africaine retrouvée. En effet, le paiement digital pourrait véritablement
révolutionner les rapports entre les populations et améliorer les transactions
commerciales. Toutefois, il est indispensable d’introduire plus de transparence dans le
contrôle des investissements étrangers effectués sur le sol africain tout en listant, pays
par pays, les secteurs et entreprises stratégiques pour le pays, ses habitants
d’aujourd’hui et de demain.

Par exemple dans le domaine sanitaire, dès lors que la liste des équipements et
médicaments, si possible génériques, d’intérêt sanitaire et stratégique pourraient être
fabriqués en Afrique, alors dans le cadre de la substitution à l’importation, les produits
équivalents fabriqués hors Afrique devraient ne plus bénéficier d’une forme d’incitation
fiscale dans le cadre de préférence africaine afin d’éviter aussi que la plupart des appels
d’offres ne soient gagnés et exécutés par les sociétés non africaines qui refusent le
partenariat avec les sous-traitants africains.

Enfin, les pays bénéficiant d’une notation positive et disposant d’une marge de
manœuvre économique, devraient pouvoir se regrouper, pour rejeter de manière
souveraine la dette « inique », annoncer une réorientation préférentielle des
investissements étrangers vers les projets stratégiques et devenir proactifs en lançant
un Fonds souverain dédié à la protection capacités productives et entreprises
stratégiques, notamment avec une partie de l’argent de la Diaspora africaine et
l’épargne des ménages africains.

Le premier des projets concrets pourrait être la « production régionale ou continentale


de médicaments. Mais la volonté des chefs d’Etat africains est-elle au rendez-vous ?

14/17
Collectivement, l’insoutenabilité de la dette africaine permet de soutenir l’initiative
d’une agence onusienne, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement (CNUCED) qui le 23 avril 2020, proposait une solution globale dans le
cadre d’un arrangement global sur la dette « Global Debt Deal 26 » avec comme
objectif :

L’allègement par l’annulation de la dette des pays en développement pour un


montant estimé autour de 1 trillion soit de 1000 milliards de dollars des Etats-
Unis (USD), avec un trillion étant égal à 1 000 000 000 000, afin d’éviter le
défaut de paiement général lié à l’impact de la pandémie du COVID-19 au cours de
la récession économique annoncée ;
la création d’une autorité́ mondiale indépendante chargée de superviser les
restructurations de la dette des pays en développement, afin de garantir que cet
allégement ne se transforme pas en des conditionnalités mettant en cause la
souveraineté des Etats et attentatoire aux droits des populations locales.

A défaut de le faire pour toute la dette, au moins pour la dette inique que les créanciers
ont sur l’Afrique, il serait temps de commencer par « nettoyer » la dette inique issue des
corrupteurs et des taux d’intérêts usuriers.

Les risques de défaut de paiement en Afrique suite aux conséquences du COVID-19,


notamment de récession économique de l’Afrique, sont réels. Les vulnérabilités
budgétaires sont en augmentation. Les solutions ne peuvent plus être parcellaires et
supposent une approche holistique et souveraine. Mais personne ne peut faire
l’économie du bilan de la gouvernance publique en Afrique, ni surtout de
l’augmentation de la dépendance vis-à-vis de la Chine 27 et le manque de transparence
des comptes publics. YEA.

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO

1er juillet 2020

© Afrocentricity Think Tank

Notes:

1. WHO (2020). “WHO Coronavirus Disease (COVID-19) Dashboard” In


COVID19.who.int. Retrieved 19 June 2020. From https://covid19.who.int/ ; ↩
2. Badie, B. (2004). Les nouvelles formes de domination internationale . Editions
Odile Jacob : Paris. ↩
3. Badie, B. (2012). L’Etat importé : L’occidentalisation de l’ordre politique.
Editions Fayard. Paris. ↩

15/17
4. WHO (2019). WHO Global Report on Traditional and Complementary Medicine
2019. World Health Organization: Geneva. Retrieved 19 June 2020. From
https://www.who.int/traditional-complementary-integrative-
medicine/WhoGlobalReportOnTraditionalAndComplementaryMedicine2019.pdf?
ua=1 ; voir pp. 10, 26 et 60. ↩
5. Van Den Eynde, H. (1995). Santé-Business, ou La confiance bafouée. Editions
EPO : Bruxelles. ↩
6. Mukoso, C. (2020). « Afrique et Covid-19 : Essais cliniques du vaccin, un cheval
de Troie ? ». In vaticannews.va. 16 avril 2020. Accédé le 19 juin 2020. Voir
https://www.vaticannews.va/fr/afrique/news/2020-04/afrique-et-covid-19-
essais-cliniques-du-vaccin-un-cheval-de-t.html ↩
7. Seibt, S. (2020). « Covid-19 : un vaccin testé en Afrique du Sud, une première sur
le continent ». In France24.com. 26 juin 2020. Accédé le 29 juin 2020. Voir
https://www.france24.com/fr/20200626-covid-19-un-vaccin-test%C3%A9-en-
afrique-du-sud-une-premi%C3%A8re-sur-le-continent ↩
8. Seibt, S. (2020). Op. Cit. ↩
9. J., CI. (2020) « Coronavirus : un « vaccin testé en Afrique » ? Deux médecins font
polémique sur LCI » ». In Le Parisien. 3 avril 2020. Accédé le 29 juin 2020. Voir :
https://www.leparisien.fr/politique/coronavirus-un-vaccin-teste-en-afrique-
deux-medecins-font-polemique-sur-lci-03-04-2020-8293419.php ↩
10. Bien que connu sous l’appellation de Code noir, il s’agit de trois ordonnances (ou
édits) qui ont évolués au gré des colonies. La première ordonnance a été
promulguée sous le roi français Louis XIV. Datée de 1685, il a été rédigé par le
Marquis de Seignelay (1651-1690), secrétaire d’État à la Marine et fils du ministre
Colbert et a été promulgué sous le titre d’« Ordonnance ou Edit de mars 1685 sur
les esclaves des îles de l’Amérique ». ↩
11. Amaïzo, Y. E. (2001). Naissance d’une banque de la zone franc : 1848 – 1901.
Priorité aux propriétaires d’esclaves. Editions l’Harmattan : Paris. ↩
12. WHO (2020). Coronavirus disease (COVID-19). Situation Report – 121. Data as
received by WHO from national authorities by 10:00 CEST, 20 May 2020. World
Health Organization: Geneva. Retrieved on June 19, 2020. From
https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/situation-
reports/20200520-covid-19-sitrep-121.pdf?sfvrsn=c4be2ec6_2 ↩
13. Tih, F. (2020). ‘WHO commends Madagascar’s fight against COVID-19’. In
aa.com.tr. May 21, 2020. Retrieved on June 19, 2020. From
https://www.aa.com.tr/en/africa/who-commends-madagascars-fight-against-
covid-19/1848550 ↩
14. WHO (2020). Coronavirus disease (COVID-19). Situation Report – 121. Op. Cit.

15. WHO (2020). “WHO Coronavirus Disease (COVID-19) Dashboard” In
COVID19.who.int. Retrieved 19 June 2020. From https://covid19.who.int/ ; voir
aussi le site africain de l’OMS. https://www.afro.who.int/health-
topics/coronavirus-covid-19 (attention les données sont alors enregistrées le
matin à 7 : 00 et pas mise à jour au cours de la journée). ↩
16/17
16. WHO (2020). Coronavirus disease (COVID-19). Situation Report – 121. Op. Cit.

17. Baker, A. (2020). ‘Could It Work as a Cure? Maybe.’ A Herbal Remedy for
Coronavirus Is a Hit in Africa, But Experts Have Their Doubts”. In Time.com. May
22, 2020. Retrieved 19 June 2020. From
https://time.com/5840148/coronavirus-cure-covid-organic-madagascar/ ↩
18. World Bank (2020). Global Economic Prospects, June 2020. The World Bank:
Washington, D.C., p. 151. ↩
19. Amaïzo, Y. E. (2020). « George Floyd et Adama Traoré, Bouc-émissaires noirs :
entre bavures policières et impunité institutionnelle ». In Afrocentricity.info.11
juin 2020. Accédé le 19 juin 2020. Voir https://afrocentricity.info/positions-
afrocentriques/george-floyd-et-adama-traore-bouc-emissaires-noirs-entre-
bavures-policieres-et-impunite-institutionnelle/5900 ↩
20. World Bank (2020). Global Economic Prospects, June 2020. Op. Cit., p. 17. ↩
21. World Bank (2020). Global Economic Prospects, June 2020. Op. Cit. ↩
22. Amaïzo, Y. E. (2020). « RDC : La condamnation de Vital Kamerhe pour
corruption et au Nigeria, le risque de dislocation de la CEDEAO ». Radio Kanal K
et Avulete. Interview par Sylvain Amos. In Afrocentricity.info. 27 juin 2020.
Accédé le 29 juin 2020. Voir https://afrocentricity.info/medias/rdc-la-
condamnation-de-vital-kamerhe-pour-corruption-et-au-nigeria-le-risque-de-
dislocation-de-la-cedeao/5922 ↩
23. World Bank (2020). International Debt Statistics 2020. World Bank: Washington,
D.C., pp. 17 et 23 ↩
24. Lapchine, I. (2020). « Pourquoi certains Etats africains refusent la suspension ou
l’annulation de la dette ? ». In AFP et RT France. 25 juin 2020. Accédé le 29 juin
2020. Voir https://francais.rt.com/economie/76308-pourquoi-certains-etats-
africains-refusent-suspension-annulation-dette ↩
25. Lapchine, I. (2020). Op. Cit. ↩
26. UNCTAD (2020). From the Great Lockdown to the Great Meltdown: Developing
Country Debt in the Time of Covid-19. April 2020. UNCTAD: Geneva ↩
27. He, L. (2020). “China is promising to write off some loans to Africa. It may just be
a drop in the ocean”. In CNN Business. June 19, 2020. Retrieved June 19, 2020.
From https://edition.cnn.com/2020/06/19/economy/china-xi-jinping-africa-
intl-hnk/index.html ↩

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