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La Guerre froide est un conflit idéologique (politique), dans la mesure où l’enjeu de ce

conflit n’est pas seulement la conquête de territoires (conflit de puissances), il est surtout un
conflit opposant deux modèles de société : le modèle américain et le modèle soviétique

Langage et pouvoir symbolique - Bourdieu

LANGAGE ET POUVOIR SYMBOLIQUE - BOURDIEU

(Cours donné à des élèves de Lettres Supérieures à propos de l'ouvrage de Pierre


Bourdieu " Langage et pouvoir symbolique")

PREMIERE PARTIE : SOCIOLOGIE DE BOURDIEU.

A) QUI EST BOURDIEU ?

Pierre Bourdieu est probablement le sociologue français le plus connu et cité en France et à
l’étranger. Né en 1930 dans une famille modeste du Sud-Ouest, il passe l’agrégation de
philosophie puis devient professeur de sociologie à la Sorbonne avant d’occuper la chaire de
sociologie du collège de France à partir de 1981 ; politiquement, il s’engage très à gauche et
soutient notamment les mouvements de grève de 1995. Il meurt en 2002. A ses débuts, il s’est
intéressé à l’ethnologie et à l’analyse de la société kabyle. Il s’intéresse également au
problème de la culture et de son appropriation selon les différents milieux sociaux.. Le thème
de la Culture est un  ses autres thèmes de prédilection, notamment à travers son ouvrage, paru
en 1979, « La distinction ». Ses  contributions les plus connues concernent l’analyse du rôle
de l’Ecole  mais c’est en 1964 qu’il s’est vraiment fait connaître avec la parution de « Les
héritiers » puis « la reproduction » qui appartient  à l’ensemble des travaux qu’il consacre au
rôle de l’école dans la société : à rebours des thèses sur l’école égalitaire, il montre que celle
ci ne parvient pas à réduire l’inégalité des chances. L’Ecole, finalement, aboutit à reproduire
en les masquant des inégalités déjà existantes dans la société (thèse contestée notamment par
Raymond Boudon -voir plus bas). Mais en masquant ces inégalités, l’école les rend légitimes
et exerce une « violence symbolique » à l’égard des classes populaires.

B) UNE SOCIOLOGIE DE LA DOMINATION-

1) Les thèmes essentiels

Selon une lecture radicale des travaux de Pierre Bourdieu, l’inégalité des chances face à
l’Ecole résulterait de ce que le capital transmis par l’Ecole serait proche du capital familial
des catégories favorisées et éloignées de celui transmis par les familles défavorisées. On se
représente alors un individu comme soumis à des déterminations sociales dont il n’est pas
conscient. Bourdieu pense que la sociologie a pour mission de dévoiler aux individus les
mécanismes cachés qui les soumettent au système, ambition qui subsiste dans l’optique d’une
sociologie critique. Aujourd’hui, l’ambition des sociologues se limite souvent à éclairer les
décideurs ou les individus sur les évolutions qui entrent dans leur champ de compétence.

2) les concepts majeurs

Habitus :Selon la définition canonique de Bourdieu l’habitus est un ensemble de


« structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes »[.
L'habitus est le produit du travail d'inculcation et d'appropriation nécessaire pour que ces
produits de l'histoire collective que sont les structures objectives (e. g. de la langue, de
l'économie, etc.) parviennent à se reproduire, sous la forme de dispositions durables, dans tous
les organismes  durablement soumis aux mêmes conditionnements, donc placés dans les
mêmes conditions matérielles d'existences. » (Pierre Bourdieu Esquisse d'une théorie de la
pratique, p. 282) Plus simplement, l’habitus désigne un système de dispositions durable
acquis au cours de la socialisation et recouvre « ce qui va de soi » ou ce qui se fait
apparemment naturellement.

Champs : L’espace social analysé par Bourdieu est structuré en divers « champs » c’est à
dire des espaces sociaux spécifiques relativement autonomes comme le « champ politique »,
le « champ religieux », le « champ artistique », le « champ scolaire »,… cependant ces
champs ne sont pas des donnés qui s’imposent aux individus, ils sont structurés par les actions
et stratégies des individus qui essaient de s’imposer dans ce champ. Par exemple, dans le
champ du « commentaire économique » il peut y avoir une concurrence entre les journalistes
spécialisés (ou non) et les économistes professionnels, les entrepreneurs, les syndicalistes,
etc…

      Capitaux : A l’intérieur de ces champs les intervenants sont dotés


de capitaux spécifiques dont Bourdieu distingue quatre sortes : le capital économique
recouvrant l’ensemble des revenus et possessions, le capital culturel (ensemble des savoirs et
savoir-faire, compétences, forme d'élocution, possession d'objets culturels, titres et diplômes
scolaires, etc.... Il est en général mesuré par le niveau de diplômele capital social : réseau
durable de relations sociales. Le capital symbolique : l’honneur, le prestige, la réputation,
capital lui-même lié aux trois autres formes de capital. En fait, c’est la reconnaissance sociale
d’une forme de capital. Les individus auront à leur disposition une masse globale de capital
plus ou moins forte et une structuration particulière de capitaux. Par exemple, et si on en reste
aux seuls capitaux économiques et culturels, les professions libérales et les chefs d’entreprise
se distingueront des ouvriers par l masse globale de capital dont ils disposent. Mais par
exemple, à capital global comparable, les professeurs de lycée disposeront surtout d’un capital
culturel alors que les commerçants disposeront surtout d’un capital composé avant tout de
capital économique

     Classes sociales : Les individus sont donc dépositaires d’une masse plus ou moins grande
de capital et en lutte pour s’imposer dans un champ particulier. Ils peuvent donc se retrouver
proches les uns des autres dans l’espace social et être enclins à se rapprocher ce qui peut
aboutir à la constitution de classes sociales mais, pour Bourdieu, les classes sociales ne sont
pas un donné, elles n’existent qu’à l’état virtuel et sont « quelque chose qu’il s’agit de faire ».
Les classes existent donc parcequ’elles sont en lutte pour démontrer leur existence ; cela se
fera par exemple par le goût et la distinction : dans son ouvrage « La distinction » (écrit en
1979 mais fondé sur des questionnaires passés au début des années 1960), il montre que le
goût permet de se situer socialement, et de situer les autres, distinguant la classe dominante de
la petite bourgeoisie (marquée par la « bonne volonté culturelle ») et des catégories populaires
(animées par le « goût du nécessaire »).

      Violence et domination symboliques : Il ya donc une domination chez Bourdieu mais
une domination qui n’est pas reconnue comme telle. Par exemple, la domination qui passe par
la réussite scolaire ne sera pas perçue comme un travail de reproduction de la domination
sociale mais comme le résultat d’un manque individuel de capacités oude travail. Ou si les
filles se dirigent peu vers les filières scientifiques (alors qu’elles ont en moyenne de meilleurs
résultats que les garçons) ce sera perçu par le fait « que ce ne n’est pas fait pour elles ». En ce
sens, elles dominés participent à leur propre domination. La domination est avant tout une
« domination symbolique » parce qu’elle est acceptée et intériorisée et la violence qui
l’accompagne est une « violence symbolique ».

C) Filiations théoriques

On voit donc que l’objectif principal de Pierre Bourdieu est de dévoiler les mécanismes de
domination sociale que les acteurs ont intégrés et dont ils n’ont pas forcément conscience. On
peut dire en cela qu’il rejoint une certaine tradition marxiste mais en réalité il en est, de ses
propres dires, assez loin. En effet, pour Marx, les classes sociales sont des phénomènes réels
qui existent de toutes façons (indépendamment de la volonté de s individus) et qui
s’enracinent dans l’économie. Pour Bourdieu, l’existence de classes sociales est « virtuelle »
dans le sens où si les phénomènes de classe peuvent apparaitre, ils ne sont pas donnés une fois
pour toutes et ces distinctions se font dans le domaine économique mais aussi et surtout dans
le domaine de la culture et de la distinction. En ce sens, même quand il y a une réduction des
différences sociales en termes de revenus, par exemple, la distinction sociale continuera à se
faire dans le domaine des goûts, des pratiques culturelles, etc… La structuration des classes
sociales, unidimensionnelle chez Marx, sera pluridimensionnelle chez Bourdieu. En ce sens,
ses travaux se situent à la jonction des analyses de Karl Marx et de celles d’un autre grand
sociologue, Max Weber.

DEUXIEME PARTIE : LANGAGE ET POUVOIR SYMBOLIQUE.

I) PRESENTATION DU LIVRE

« Langage et pouvoir symbolique » est la reprise et l’augmentation d’un ouvrage déjà paru
« Ce que parler veut dire » (1982). « Ce que parler veut dire » relevait surtout de la
sociolinguistique et de l’analyse du langage (dont l’analyse de la domination par le langage).
« Langage et pouvoir symbolique » reprend ce livre mais Pierre Bourdieu y a ajouté une
partie consacré au pouvoir symbolique dans le champ politique (cf annexe). On peut donc
penser qu’il a développé une partie de sa réflexion première en abordant la question de la
puissance du langage dans le « champ politique ».
ELEMENTS COMMUNS A « CE QUE
PARTIES ET CHAPITRES
PARLER VEUT DIRE » ET A
SPECIFIQUES A « LANGAGE ET
« LANGAGE ET POUVOIR
POUVOIR SYMBOLIQUE »
SYMBOLIQUE »

  Ajout d’une préface et d’une introduction

PARTIE I : L’économie des échanges Ajout d’une annexe« Vous avez dit
linguistiques populaire ? »

Le chapitre « La force de la représentation »


PARTIE II : L’institution sociale du pouvoir
est réintégré dans la partie III sous le titre
symbolique
« L’identité et la représentation »

PARTIE III : Pouvoir symbolique et champ


 
politique

PARTIE III : Analyses de discours ». Partie


reprise sous le titre « Pour un pragmatique  
sociologique » (Partie IV)

II) SOCIOLINGUISTIQUE

La tradition centrale de la linguistique consiste à analyser la langue en dehors de ses usages


sociaux, à la décontextualiser. Ainsi, Ferdinand de Saussure, précurseur des approches
structuralistes, en distinguant la langue de la parole, fait de la première un élément qui peut
être partiellement abstrait de ses conditions d’exercice. Plus près de nous, dans les années 60,
Noam Chomsky développe ses approches (« grammaires génératives ») en supposant
l’existence de locuteurs idéaux en situation symétrique. La linguistique classique s’attache
donc  souvent à l’analyse de phrases grammaticalement correctes correspondant plus ou
moins à la langue écrite. Or, l’usage quotidien de la langue implique des écarts à la norme
écrite aussi bien par la construction des phrases que l’adjonction d’onomatopées, de gestes,…
L’analyse du langage ne peut donc pas être détachée de ses conditions sociales
d’énumération. Mais la langue va connaitre des variations importantes suivant les groupes
concernés; ces variations peuvent être lexicales, grammaticales ou phonologiques.  Elles
dépendent des lieux géographiques (région, rural/urbain), de l’origine sociale (sociolectes),
des classes d’âge (ou plutôt des générations), du sexe. Cela nous amène à ce qu’il est
communément admis d’appeler l’hypothèse de « Sapir-Whorf » (Whorf – 1969). Selon cette
hypothèse, l’analyse de la langue est en mesure de nous révéler les univers mentaux des
divers groupes de locuteurs et la structure de la langue impose une certaine vision du monde.
Whorf, dans son travail sur la langue Hopie, considère que les Hopis n’ont pas de moyens
linguistiques de marquer les différences entre le passé, le présent et le futur mais différencient
ce qui est « objectif » (ce qui est, ce qui s’est passé,…) de ce qui est subjectif (ce qui est
imaginé, ce qui pourrait arriver, ce qui va arriver, les désirs, les intentions,…mais également
un acte qui en est à son début qui est en devenir). Ils n’ont donc pas une conception d’un
temps linéaire, homogène et auquel on pourrait attribuer des qualités comme les durées
longues ou courtes. Ainsi, l’élément temporel n’est pas séparé des éléments spatiaux ; cela fait
que ce qui s’est passé loin de l’observateur ne peut être connu que si l’évènement est ancien et
il n’y a aucun sens à dire que quelque chose s’est passé « ailleurs et au même moment ».

III) LE LANGAGE COMME MARCHE

Le marché linguistique

Bourdieu, et d’autres sociologues à sa suite, vont utiliser la métaphore du marché pour


analyser le langage. Comme pour un marché, il ya à travers l’échange linguistique une offre et
une demande d’information (factuelles mais aussi d’informations sur le statut social des uns et
des autres). Bien souvent, il y a une hiérarchisation des diverses langues (par exemple, le
français présenté comme langue alors que pendant longtemps, le breton ou d’autres langues
ont été qualifiés de « dialectes » ou de « patois »). Bourdieu va mettre l’accent sur le fait que
dans nos sociétés (et particulièrement dans la société française, une « langue standard » va
s’imposer. Dans l’histoire des sociétés, la langue standard a à voir avec la modernité : en effet,
son institution suppose l’unification du « marché linguistique » grâce à l’action de l’Etat et
notamment de l’Ecole. La langue standard est destinée à être comprise par des locuteurs qui
ne se connaissent pas et ne se rencontrent pas ; elle est donc un instrument de la
rationalisation et de l’impersonnalisation des sociétés.

Langue légitime et habitus de classe

Mais cette langue standard est aussi la langue légitime et dominante (le « beau français »). Ce
marché est dominé par les détenteurs de la compétence légitime et participe aux divers
processus de domination à l’œuvre dans la société (il faut savoir « parler bien »). Ainsi, non
seulement la langue mais aussi le vocabulaire, la syntaxe utilisée, l’accent, etc… seront autant
de marqueurs linguistiques et sociaux. Par exemple, William Labov, partant de l’idée que
certaines prononciations du « r » passent pour propres aux catégories favorisées, va montrer
que cette prononciation sera faite par les employés des magasins « huppés » (repérés par leur
localisation géographique ou leurs prix) et pas par ceux des magasins populaires. Il est facile
de transposer cela à l’accent et au vocabulaire des banlieues ou de voir comme Sarkozy a pu
jouer d’un « parler peuple ». Mais il faut ajouter qu’il s’agit là d’une pure domination
symbolique dans laquelle les dominés intériorisent les principes à l’œuvre dans leur propre
domination, cette intériorisation s’inscrivant notamment dans les pratiques d’hypercorrection
propres à la petite bourgeoisie. Cela se passe quand certaines personnes sont dans l’angoisse
de ne pas « savoir parler comme il faut » ; elles sont alors dans un état « d’insécurité
linguistique » («  Enfant, quand je m’efforçais de m’exprimer dans un langage châtié, j’avais
l’impression de me jeter dans le vide » - Annie Ernaux « La place » - Gallimard – 1983.) et
tentent de compenser cette insécurité par l’emploi d’un usage supposé prestigieux de la
langue. Cette tendance à « l’hypercorrection » s’appliquera à la prononciation et à l’usage de
certains termes ou de certaines formes grammaticales précises dans le but de masquer ses
origines, et elle touchera essentiellement les membres des classes moyennes et les femmes.
Cependant, l’usage étant souvent outré et mal maîtrisé, il peut entraîner une certaine
stigmatisation de la part des détenteurs de la parole légitime (qui peuvent, stratégiquement,
avoir des pratiques «d’hypocorrection»). On peut cependant remarquer l’existence de
pratiques d’hypercorrection généralisées comme l’usage inapproprié du subjonctif quand
l’indicatif suffit (il est notable que l’usage d’un indicatif  à la place du subjonctif entraînera
une réprobation alors que la faute inverse n’entraîne généralement pas de reproches).
Bourdieu va consacrer une annexe au « langage populaire ». Il faut insister sur la polysémie
du terme populaire (qui est « populaire » au sens de « famous » ou qui appartient au peuple).
Ce terme de populaire ne peut se comprendre que relationnellement par opposition à
« distingué » ou légitime. Ce langage, lorsqu’il est perçu comme une opposition au langage
légitime, se retrouverait plutôt chez les hommes jeunes et peu intégrés et agirait comme un
refus du légitime. A contrario, on retrouve chez les femmes jeunes et scolarisées une
soumission à la langue légitime. On retrouve un résultat ancien du à Wiliam Labov selon
lequel les femmesadopteraient des attitudes contradictoires d’hypercorrection dans le discours
surveillé et d’adoption des formes neuves dans le langage familier. Compte tenu de leur rôle
dans l’éducation des enfants, il n’est pas étonnant qu’elles aient un poids essentiel dans le
changement linguistique. Cette réalité est d’ailleurs ancienne : alors que des pillards ne
parlant que le Danois s’installent en 911 dans la région qu’on appellera dorénavant
« Normandie », en 1066 leurs descendants qui traversent la Manche sous les ordres de
Guillaume le Conquérant ne parlent que le Français. Cet abandon d’une langue en moins de
deux siècles s’expliquerait, selon le linguiste André Martinet, par le fait que les Danois, venus
seuls, ont pris femme sur place et c’est la langue des mères (et donc des vaincus) plutôt que
celle des pères qui a été transmise (Régis – 1992).

III) LANGUE ET POUVOIR SYMBOLIQUE/POLITIQUE

 Le champ politique

Le champ politique se structure autour de la conquête du pouvoir politique (par les élections)
ou par les pressions qu’on peut exercer sur celui-ci : pression directe quand un lobby ou un
représentant syndical émet des opinions, pressionindirecte que font les journalistes au cours
d’un éditorial par exemple. Le langage va donc être essentiel et on comprend le soin que
prennent les hommes politiques à leur communication. Bien que le champ soit structuré de
telle manière qu’il est parfois bon de parler « populaire » ou qu’il convient d’abandonner le
langage technocratique,d’une manière générale, le langage légitime est celui qui correspond
aux catégories sociales elles mêmes les plus légitimes. Il faut voir aussi que la
professionnalisation croissante du champ politique tend à mettre le plus grand nombre « hors-
champ ». Il ya donc une homologie entre l’espace politique et l’espace social qui permet la
coïncidence des intérêts des politiques professionnels et ceux des individus.

 La langue mobilisatrice et performative

Le langage a de multiples fonctions (poétiques, informatives, phatiques, etc…). En politique,


sa fonction première est de pouvoir mobiliser les foules.Sa performativité est alors essentielle.
Bourdieu emprunte la notion de « performativité » au linguiste John Austin.Celui ci, dans son
ouvrage «  Quand dire c’est faire », va s’intéresser plus particulièrement aux « énoncés
performatifs », c'est-à-dire les énoncés qui signent une action au moment où ils sont dits.
Ainsi, l’énoncé « Je te baptise  » est performatif. On peut considérer, avec Bourdieu, que des
discours plus élaborés sont performatifs dès lors qu’ils transforment le réel, le discours
économique en étant l’exemple le plus clair. Dès lors, on procède souvent à un élargissement
de la notion de performativité en la rapprochant de celle de « prophétie autoréalisatrice ». Par
exemple, quand un économiste annonce une crise à venir, il court le risque de provoquer cette
crise car les individus qui l’écoutentvont moins consommer. Mais on voit du coup, que le
caractère performatif d’un énoncé est indissociable de la personne qui l’énonce. Si celle-ci
n’est pas habilitée, l’énoncé ne sera pas performatif (je serai incapable de vous baptiser et si
j’annonce une crise, ça n’aura pas grand effet). Il faut donc un pouvoir symbolique pour que
la performativité agisse, ce qui la rapproche de la « puissance magique ».

 Le Rite d’institution

Derrière cette parole « performative », il ya donc institution d’un « rite ». Bourdieu reprend
ici la conception des rites de passage de Van Gennep. On pourra appeler « rite » un ensemble
de gestes codifiés sans forcément de finalité pratique ou concrète mais à finalité symbolique
(baptême, fiançailles, mariage, etc…). Van Gennep a mis en évidence la notion de « rite de
passage » qui sont destinés à faire passer d’un état à un autre. Par exemple, le rite du mariage
fait passer de l’état de célibataire (avec ses droits et obligations) à l’état de marié (avec ses
droits et ses obligations). Le rite est décomposé en trois parties (séparation, liminalité et
agrégation). Bourdieu va reprendre cette idée mais en insistant sur le fait que le rite ne peut
être effectif que si celui qui l’instruit a légitimité pour le faire. Il préfère donc utiliser le terme
de « rite d’institution ». L’acte d’institution est un acte de communication qui signifieà
quelqu’un son identité et la lui impose en l’exprimant à la face de tous. Mais le rite ne sera
efficace qu’à condition que tous y croient ; la croyance du groupe est donc essentielle.

III) LE MYSTERE DE LA DELEGATION

Se choisir un représentant, pour le groupe, va d’abord dire que le groupe va passer d’une
situation d’agrégation d’individualité à al situation d’un groupe parlant d’une seule voix. Le
représentant va alors user d’un « effet d’oracle », c’est à dire qu’il a le droit de parler au nom
du groupe et pour le groupe. En fait c’est le porte-parole qui fait le groupe autant que le
groupe qui fait le porte-parole ; le porte-parole fait parler le groupe au nom duquel il parle.
Cette relation circulaire et de construction mutuelle entre le porte parole et le groupe est à
l’origine d’un acte de « magie sociale » (selon les termes de Bourdieu). Cependant, le porte-
parole comme le groupe vont changer. A mesure que le groupe, s’il s’agit d’un parti politique,
se rapproche du pouvoir, il va devoir modifier son discours. Tant qu’il est loin du pouvoir, il
cherche à mettre en évidence sa « spécificité » en mettant en avant ses idées et en cherchant la
« conquête des esprits ». A mesure qu’il approche du pouvoir, il va devoir « ratisser large » et
chercher l’efficacité de son discours et à la « conquête des esprits » va se substituer la
« conquête des postes ». Le représentant, ou porte-parole, peut aussi changer ; A l’ origine
cela peut être unindividu au pouvoir charismatique mais quand celui-ci se retire le pouvoir ne
passera pas ipso facto à un autre individu charismatique mais la direction du groupe sera prise
en charge par un groupe ou une coordination. A « l’effet d’oracle » succèdera un « effet
bureau » (c’est la question de la « routinisation du charisme » qu’avait déjà posée Max
Weber).
IV) CRITIQUES ET REMARQUES

Bourdieu insiste sur le rôle de la domination dans le langage, rôle effectivement essentiel mais
il tend du coup à le surestimer et à sous estimer les capacités de résistance face à la langue
dominante, capacités d’autant plus importantes qu’on se situe dans un contexte
polylinguistique. En effet, Bourdieu parle surtout des contextes mono linguistiques comme la
France. Mais en réalité, la plupart des pays du monde connaissent une situation
polylinguistique et s’ily a en général, une langue dominante, on a aussi une spécialisation des
marchés linguistiques par fonction. L.J. Calvet utiliser le concept de « marché linguistique »
pour l’adapter à la réalité la plus fréquente dans le monde qui est celle du plurilinguisme et de
la diglossie (Calvet – 1994), réalité généralement liée au phénomène de l’urbanisation. A
Dakar, par exemple, il y a coexistence de trois langues – le français, l’arabe et le wolof – avec
des mélanges et des néologismes : ainsi, on peut trouver du Wolof en caractères arabes ou
latins. Cependant, chaque langue écrite a une fonction particulière par rapport à l’écrit public :
le français est la langue officielle, le wolof est la langue véhiculaire et l’arabe, la langue de la
religion. On constate alors l’existence de variétés « hautes » (prestigieuses) et « basses » de la
langue et celles ci sont également marquées par une spécialisation fonctionnelle. Du point de
vue de l’oralité, la situation va être beaucoup plus complexe ; l’exemple, rapporté par Calvet,
d’une famille de Casamance installée à Dakar en est une bonne illustration. Les grands-
parents sont monolingues et parlent le Diola – langue grégaire - les parents sont plurilingues
mais le Diola reste leur langue première, les enfants sont également plurilingues mais c’est le
wolof – langue véhiculaire de Dakar – qui devient langue première. Au sein de la famille, les
parents parlent wolof aux enfants avec adjonction de Diola pour les enfants les plus âgés mais
pas pour les plus jeunes. Qu’en est-il dans l’espace public, à savoir sur les marchés des
produits ? Il y a alors une spécialisation selon les produits : le Peul est utilisé pour les marchés
de laitage, le français pour les tissus, le wolof chez les tailleurs. Cependant, il s’agit ici du
« Français d’Afrique », différent du Français standard par ses échanges faits avec diverses
langues africaines. En fait, il ne s’agit pas réellement d’un « français d’Afrique » mais d’un
« français urbain » comme il existe un « Wolof urbain » différent du wolof rural.
L’urbanisation constitue donc le cadre essentiel de transformation des langues. Bien souvent,
le plurilinguisme concernera plus de deux langues (à l’exemple du Luxembourg où le
Lëtzebuergesch est utilisé dans la communication orale traditionnelle, le Français pour les
textes officiels et l’Allemand est langue de lecture pour les textes non officiels). Ces langues
pourront avoir des fonctions spécialisées et elles seront soit véhiculaires, soit vernaculaires
(Une langue véhiculaire est une langue servant aux communications entre des peuples de
langue différente, les langues vernaculaires sont les langues spontanément parlées dans un
lieu, souvent opposées à véhiculaire (Rey-1992). Du coup, l’individu peut passer d’une langue
à l’autre suivant ses besoins, ce qu’on appelle « l’alternance codique ».  L’alternance codique
consiste dans le passage d’une langue à une autre au sein d’un même échange voire au sein
d’une même phrase. Un exemple rapporté par  Gumperz permet de montrer qu’il peut s’agir là
d’un élément  compris dans une stratégie de communication : un étudiant noir parle en anglais
à son professeur blanc pour avoir une recommandation et glisse une phrase en anglo
américain noir afin de signifier à ses camarades qu’il n’est pas dupe du jeu social qu’il joue.

VI) OUVERTURES
Le livre de Bourdieu offre pas mal d’ouvertures pour la réflexion.

1. Le rôle et la place du langage dans les interactions sociales, c’est à dire qu’on se pose
la question de la sociolinguistique.

2. La question de la domination symbolique en général dans la société

3. La question du pouvoir dans la société et comprendre comment cette question peut


être appréhendée par la sociologie.

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