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DOI : 10.4000/books.psorbonne.28144
Éditeur : Éditions de la Sorbonne
Année d'édition : 2009
Date de mise en ligne : 29 juillet 2019
Collection : Histoire ancienne et médiévale
ISBN électronique : 9791035102210
http://books.openedition.org
Édition imprimée
ISBN : 9782859446406
Nombre de pages : 488
Référence électronique
DONDIN-PAYRE, Monique (dir.) ; RAEPSAET-CHARLIER, Marie-Thérèse (dir.). Cités, municipes, colonies :
Les processus de municipalisation en Gaule et en Germanie sous le Haut Empire romain. Nouvelle édition
[en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2009 (généré le 02 août 2019). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/psorbonne/28144>. ISBN : 9791035102210. DOI : 10.4000/
books.psorbonne.28144.
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Jusqu'en 1999, la municipalisation dans les Gaules et les Germanies, c'est-à-dire la constitution
des cités, leurs statuts et les modalités de leur administration, n'avait jamais encore été abordée
sous un angle global. Les études envisageaient la question soit dans l'optique de l'urbanisation,
soit dans un cadre géographique limité. Nous nous sommes donc efforcés d'établir des dossiers
documentaires complets et de les discuter de façon approfondie. En dépit des nombreuses
publications concernant ces provinces occidentales publiées entretemps, le livre n'a pas été
remplacé, et il est apparu qu'une réédition était souhaitable. Les contributions, conformes à
celles de la première livraison, concernent donc l'évolution de la Narbonnaise (M. Christol), les
magistratures des Trois Gaules (M. Dondin-Payre), la colonie de Lyon (F. Bérard), la
problématique de la future Normandie (E. Deniaux) d'une part; pour les Germanies, les colonies
suisses (R. Frei-Stolba et coll.), rhénanes (H. Galsterer), et la totalité des autres cités (M. Raepsaet-
Charlier) d'autre part; enfin, trois analyses sont consacrées aux vétérans en Belgique et Germanie
inférieure (S. Demougin), et aux aspects religieux de la municipalisation (J. Scheid, avec une
attention spéciale portée aux curies, W. Van Andringa, les sacerdoces publics).
MONIQUE DONDIN-PAYRE
Directrice de recherche, Centre national de la recherche scientifique38, rue de Groussay -
F-78120 Rambouillet
2
SOMMAIRE
Introduction
Bibliographie générale
Kolonisation im Rheinland
Hartmut Galsterer
MUNIZIPALVERWALTUNG IN NIEDERGERMANIEN
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Les institutions municipales dans les Germanies sous le Haut Empire : bilan et questions
Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier
I. Introduction
II. Germanie inférieure (carte 1)
III. Germanie supérieure (carte 2)
IV. Conclusion
Germanie inférieure
B. MAGISTRATS, PRÊTRES, DÉCURIONS, COLLÈGES
Germanie supérieure
C. ÉLÉMENTS POUR UNE ÉTUDE DU CULTE PUBLIC
B. MAGISTRATS, PRÊTRES, DÉCURIONS, COLLÈGES
Prêtrises et cités dans les Trois Gaules et les Germanies au Haut Empire
William Van Andringa
I. Sacerdoces provinciaux et municipaux
II. Sacerdoce et flaminat
III. Prêtrises et évolution juridique des cités
IV. Le prêtre et la religion de la cité
Index locorum
NOTE DE L’ÉDITEUR
Ouvrage publié avec le concours de l'Université Libre de Bruxelles et du Conseil
scientifique de Paris I - Panthéon-Sorbonne
5
Introduction
anachronique, qui se veut révélateur d’un souci d’originalité, en réalité quelque peu
chauvin. Pour ne citer qu’un cas, l’usage anachronique du terme « colonisation » dans ses
acceptions ethnographiques ou historiques contemporaines a généré des ambiguïtés dans
la compréhension des notions romaines de colonie ou de municipe, suscitant l’élaboration
de « modèles » locaux de romanisation qui auraient fait appel à des idéaux de résistance
ethnique. La lecture de plusieurs de ces études laisse une impression curieuse, comme si
ces provinces n’avaient pas été réellement intégrées à l’empire romain, ou plutôt comme
si elles s’étaient vu appliquer des règles et des lois différentes de celles du reste des
territoires conquis. Comme si la citoyenneté, le droit latin, les magistratures, les lois
municipales, les règles d’organisation du culte impérial, etc… y avaient connu des
pratiques différentes, des implications autres qu’en Afrique ou en Espagne, par exemple.
4 Aussi cette publication, issue de nombreux débats savants et confrontations amicales, est
consacrée aux statuts et aux institutions de l’ensemble de l’espace gallo-germanique,
Gaule Narbonnaise, Trois Gaules, Germanies, tant dans leurs aspects profanes que
religieux. Les régions qui constituent la Suisse actuelle n’ayant pas, par les hasards de la
recherche, été abordées par notre groupe, Régula Frei-Stolba a bien voulu compléter le
tableau en établissant, dans le droit fil de nos préoccupations, une synthèse des
institutions des trois colonies, Nyon, Augst et Avenches. Notre collègue, elle-même aidée
d’Anne Bielman et de Hans Lieb, a bien voulu se joindre à nous et faire en sorte que notre
aperçu soit géographiquement et statutairement exhaustif. Cependant, si la cohérence du
cadre a pu être totalement respectée, bien évidemment des discordances d’interprétation
demeurent. Nous avons certes partagé une optique commune de travail, mais les
problèmes sont trop nombreux, trop épineux et la documentation trop incomplète pour
qu’un consensus total puisse émerger. Pour prendre un exemple frappant, c’est la raison
pour laquelle les Tongres sont traités à la fois dans le cadre des Trois Gaules et dans celui
des Germanies. Mais la cohésion de méthode est absolue, comme le souci partagé par tous
les auteurs de prendre en compte toutes les notions et de les envisager sans a priori, à la
lumière des connaissances générales du droit romain. En ce sens, les pages novatrices
consacrées aux aspects religieux de la municipalisation constituent un reflet fidèle de
l’état d’esprit de cette recherche.
5 Municipalisation. Ce terme technique a été adopté à dessein : comment, quand, selon
quelles procédures, sous quelles impulsions, avec l’appui de quelles autorités, les peuples
des territoires gaulois et germaniques ont-ils accédé aux formes romaines ou romanisées
de l’organisation civique ? Telle est la question que nous nous sommes efforcés de
résoudre.
6 Le titre même du volume révèle que la réponse est plurielle : plusieurs processus de
municipalisation ont coexisté. La Gaule méridionale, confrontée au fait urbain depuis la
fondation de la colonie grecque de Marseille, soumise à la colonisation romaine depuis le
IIe siècle avant notre ère (avec Narbonne), expérimentant des créations de villes au cours
de la République (avec Aix ou Fréjus), n’est pas séparée de la vallée du Neckar, conquise
par les Flaviens et démilitarisée sous Antonin le Pieux, que par des centaines de
kilomètres ou des variantes d’identité ethnique. Interviennent aussi la chronologie et
l’histoire de ces régions et de l’ensemble de l’empire, l’évolution de la politique de Rome à
l’égard des peuples conquis mais également envers les vétérans. Aussi nous nous sommes
attachés à mettre en lumière les différents processus de municipalisation sans pour
autant ni les juger ni les qualifier.
7
7 L’évolution de la Narbonnaise est la plus ancienne, elle est aussi la plus complète. Elle a
généré des colonies de déduction, romaines et latines, des promotions de sites indigènes
au rang colonial, latin puis quelquefois romain. Pour cette province, une description
synthétique soulignant les temps forts est possible grâce à l’abondance des études
ponctuelles et à la qualité de la documentation. Les Trois Gaules, elles, comportent une
seule colonie romaine, Lyon. Mais qu’en est-il des autres cités ? Le droit latin leur a,
semble-t-il, été accordé aussi, entraînant l’adaptation des entités administratives, sans
doute avec des diversités locales. Que penser des éventuels municipes ? Des colonies ?
Malgré la complexité de la question un bilan des données et des acquis, préalable
nécessaire à la formulation de nouvelles hypothèses, a été tenté, fondé strictement sur les
faits, sur les notions et mécanismes issus des constitutions publiques de l’État romain,
élucidant une fois pour toutes l’articulation entre colonia et civitas. Et quand le regard se
tourne vers les Germanies, les difficultés s’aggravent : une multiplicité de statuts, avec
des colonies romaines, des colonies latines, des municipes latins, des cités ; une
chronologie fragile ; des sources peu explicites ; une géographie historique en devenir. Ici
plus encore il faut s’imposer, en un premier temps, d’abattre toutes les cartes, sans en
mésestimer ni en écarter aucune, pour, ensuite, proposer une nouvelle donne, ou, si
nécessaire, plusieurs.
8 De façon paradoxale mais non contradictoire, la deuxième réponse sera l’unité. Malgré
toutes les différences, une des grandes conclusions qui se dégage de cette recherche est
l’homogénéité de l’empire romain. Le moule institutionnel de l’administration était
suffisamment contraignant pour que, dans les grandes lignes, malgré des processus
variés, des délais inégaux, des péripéties diverses, notamment la perte des Champs
décumates qui a entravé l’évolution des régions les plus orientales, on puisse dessiner une
histoire de l’intégration provinciale qui soit cohérente. Les appréciations portées sur la
« réussite » de la municipalisation doivent être révisées. A condition de prendre un peu
de hauteur, de regarder la réalité de ce qui a été (et non de ce qui demeure dans le
paysage actuel), le succès du phénomène urbain, dans ses formes matérielles autant
qu’institutionnelles, est beaucoup plus affirmé qu’on le pense généralement : si les
amphithéâtres, les théâtres, les quadrillages urbains, les enceintes, les tours, les temples
de l’ancienne Narbonnaise nous livrent l’image d’une spectaculaire réussite de la
municipalisation, au même titre que les nombreuses colonies et l’épigraphie abondante,
ce que nous contemplons là est en partie le reflet de l’histoire moderne de ces régions.
Lorsque l’on examine de près les plans et les vestiges archéologiques, moins prestigieux
en apparence, de Cologne, de Xanten, de Mayence, de Lopodunum ou de Saintes, comme
les sites suisses d’Augst et d’Avenches, on se rend compte que l’urbanisation de
l’ensemble des provinces gauloises et germaniques a été une réalité. Les vicissitudes de
l’histoire plus récente ont masqué la splendeur des monuments. Il en va de même sur le
plan statutaire, comme on le voit lorsque l’on prend en compte les villes de « vraie
municipalité » des provinces gauloises et germaniques et que l’on se remémore que ces
promotions étaient sollicitées par les élites locales relayées par les patrons proches du
pouvoir central, et non pas imposées. Cependant, il ne faut jamais oublier que certaines
zones ont évolué moins vite, ou se sont coulées moins strictement dans les moules
romains, l’exemple de l’actuelle Normandie, comme celui de la Zélande, sont là pour nous
le rappeler. Encore, à y regarder de près, ce constat doit-il être nuancé. Les notions
d’urbanisation et de municipalisation sont certes très proches et se superposent souvent ;
elles ne se recoupent toutefois pas exactement : l’apparat monumental nécessaire à la
8
***
12 Nous avons le plaisir de remercier les institutions qui nous ont permis de nous
rencontrer, de discuter des questions et de publier les résultats : tout d’abord l’U.M.R.
9
CRITÈRES ONOMASTIQUES
abréviation du
à partir du milieu du IIe s.
gentilice
FORMULES FUNÉRAIRES
nom du mort au génitif, seul Ancien : I er s., mais surtout valable en Italie
« l’abondance verbale est tardive » : les rubriques qui suivent détaillent ce principe fondamental
FORMULAIRES RELIGIEUX
Maires, Matronae apparaît sous les Flaviens en Germanies, antérieur plus au sud
numinibus Augusti,
non exploitable
Augustorumi
CRITÈRES DIVERS
formules militaires
langue, écriture
N.B. : ces critères, en principe valables pour l’ensemble des Gaules et des Germanies, sont
éventuellement à moduler en fonction de la paléographie et de la chronologie des supports quand on
peut les établir pour les séries locales.
CRITÈRES MILITAIRES
Légions rhénanes
15
Garnison de Lyon
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie
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Vienne, 1932, p. 288-289.
▪ H. SCHÖNBERGER, Die römischen Truppenlager der frühen und mittleren Kaiserzeit zwischen
Nordsee und Inn, BRGK 66,1985, p. 321-497.
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zum Tode Trajans, JRGZM 33,1986, p. 221-320.
▪ K. STROBEL, Bemerkungen zum Wechsel zwischen den Legionen XIV Gemina und XXII
Primigenia in Mainz, Germania 66,1988, p. 437-453.
▪ F. BÉRARD, Bretagne, Germanie, Danube : mouvements de troupes et priorités stratégiques sous le règne
de Domitien, dans Les années Domitien (= Pallas 40, 1994), p. 221-240.
▪ M. REDDÉ, Le camp de Mirebeau et l’histoire de la Ville légion Auguste sous les Flaviens, dans R. GOGUEY
et M. REDDÉ, Le camp légionnaire de Mirebeau, Mayence, 1995, p. 373-380.
▪ F. BÉRARD, La garnison de Lyon à l’époque julio-claudienne, dans Militaires romains en Gaule civile.
Actes de la table ronde de mai 1991, Lyon, 1993, p. 9-22.
▪ F. BÉRARD, La cohorte urbaine de Lyon : une unité à part dans la Rangordnung ?, dans La hiérarchie
(Rangordnung) de l’armée romaine sous le Haut-Empire. Actes du congrès de Lyon (15-18 septembre 1994),
Lyon, 1995, p. 373-382.
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AUTEURS
MONIQUE DONDIN-PAYRE
Directrice de recherche, Centre national de la recherche scientifique
38, rue de Groussay - F-78120 Rambouillet
MARIE-THÉRÈSE RAEPSAET-CHARLIER
Professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles
8, rue des Houblonnières - B-5000 Namur
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Bibliographie générale
I. Sources épigraphiques
Corpus Inscriptionum Latinarum
CIL XII ▪ volumen XII, Inscriptiones Galliae Narbonensis Latinae, ed. O. Hirschfeld, Berlin, 1888.
CIL
▪ volumen XIII, Inscriptiones trium Galliarum et Germaniarum Latinae
XIII
▫ pars I, fasciculus II, Inscriptiones Belgicae, ed. O. Hirschfeld et C. Zangemeister, Berlin, 1904.
▫ pars II, fasciculus I, Inscriptiones Germanicae supertons, ed. C. Zangemeister (et O. Hirschfeld), Berlin, 1905.
▫ pars II, fasciculus II, Inscriptiones Germaniae inferioris, Miliaria Galliarum et Germaniarum, ed. Th. Mommsen,
O. Hirschfeld et A. v. Domaszewski, Berlin, 1907.
▫ pars III, Instrumentum domesticum, fasc. I, ed. O. Bohn, 1901 ; fasc. II, O. Bohn, E. Espérandieu, Berlin, 1906.
▫ pars IV, Addenda ad partes primam et secundam, ed. O. Hirschfeld et H. Finke, Berlin, 1916.
CIL ▪ volumen XVI, Diplomata militaria, ed. H. Nesselhauf, Berlin, 1936 ; Supplementum, ed. H. Nesselhauf, Berlin,
XVI 1955.
CIL ▪ volumen XVII, II. Miliaria Imperii Romani provinciarum Narbonensis, Galliarum, Germaniarum, ed. G. Walser,
XVII Berlin, 1986.
NB : Dans les tableaux, sauf mention contraire, les numéros d’inscriptions sans recueil précisé
renvoient au CIL XIII.
18
AE ▪ L’Année épigraphique.
▪ Les inscriptions latines de Gaule Narbonnaise, Actes de la table ronde d’Alba, 2-3 juin 1989, Travaux du
Alba
Centre Camille Jullian 10, Nîmes, 1992.
▪ E. SCHALLMAYER et al., Der romische Weihebezirk von Osterburken. I. Corpus der griechischen und
CBI
lateinischen BeneficiarerInschriften des Romischen Reiches, Stuttgart, 1990.
Genavae ▪ J.-L. MAIER, Genavae Augustae. Les inscriptions romaines de Genève, Genève, 1983.
▪ M. CHRISTOL (Dir.), Inscriptions antiques de la cité de Nîmes, IACN-21, Cahiers des musées… de Nîmes
IACN
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IKöln
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IKoln SI ▫ Neue Inschriften aus Köln. Funde der Jahre 1974-1977, Ep. Stud. 12,1981, p. 225-264.
IKoln S II ▫ Neue Inschriften aus Köln. II. Funde der Jahre 1980-1982, Ep. Stud. 13,1983, p. 167-206.
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Lettres, Sources et Instruments VII, Bruxelles, 1985.
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ILBelgSec
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ILN Antibes, ou
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Riez, ou Digne
ILN Aix-
▫ J. GASCOU, ILN III, Aix-en-Provence, Paris, 1995.
enProvence
ILN Apt ▫ J. GASCOU, Ph. LEVEAU et J. RIMBERT, ILN IV, Apt, Paris, 1997.
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ILS
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1985-1993, Londres, 1994.
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S-H Inscriptiones Bavariae Romanae, Inschriften aus dem deutschen Anteil der germanischen
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ALFÖLDY, ▪ G. ALFÖLDY, Die Personennamen in der romischen Provinz Dalma tia, Beitr. zur Namenforsch.
Personennamen Beih. 4, Heidelberg, 1969.
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CHASTAGNOL, romanisation des habitants.
Gaule Scripta varia 3, Coll. CERGR 14, Lyon, 1995 comprend plusieurs articles sur l’onomastique et
la municipalisation :
CHASTAGNOL, ▫ Les cités de la Gaule romaine, dans Sept siècles de civilisation romaine vus d’Autun, Autun, 1985,
Cités Gaule p. 85-100 = p. 13-26.
▫ L’organisation du culte impérial dans la cité à la lumière des inscriptions de Rennes, dans A. M.
CHASTAGNOL,
ROUANNET-LIESENFELT, La civilisation des "Riedones" , 9e suppl. à Archéologie en Bretagne, Brest,
Culte
1980, p. 187-199 = p. 29-35.
CHASTAGNOL, ▫ La frontière provinciale entre Belgique et Lyonnaise à l’époque gallo-romaine dans sa partie
Frontière occidentale, p. 37-47.
CHASTAGNOL,
▫ L’onomastique de type pérégrin dans les cités de la Gaule Narbonnaise, MEFRA, 102,1990,
Onomastique
p. 573-593 = p. 51-71.
pérégrine
CHASTAGNOL, ▫ Considérations sur les municipes latins du premier siècle apr. J.-C., dans L’Afrique dans l’Occident
Municipes romain, coll. EFR 134, Rome, 1990, p. 351-365 = p. 73-87.
CHASTAGNOL,
▫ A propos du droit latin provincial, Iura 38,1987, p. 1-24 = p. 89-112.
Droit latin provincial
CHASTAGNOL, ▫ Les cités de la Gaule Narbonnaise. Les statuts, dans Actes du Xe Congrès international d’épigraphie
Cités Narbonnaise grecque et latine. Nîmes, 4-9 octobre 1992, Paris, 1997, p. 51-73 = p. 113-129.
▫ Coloni et incolae. Note sur les différenciations sociales à l’intérieur des colonies romaines de
CHASTAGNOL, peuplement dans les provinces de l’Occident (Ier s. av. J.-C.-Ier s. ap. J.-C.), dans Splendidissima civitas.
Coloni Études d’histoire romaine en hommage à la mémoire de François Jacques, Paris, 1996, p. 13-25 =
p. 131-141.
CHASTAGNOL, ▫ Société et droit latin dans les provinces des Alpes occidentales, dans Savoie et Région alpine. Actes
Alpes du 116e congrès National des Sociétés Savantes, Chambéry, 1991, p. 35-47 = p. 143-154.
CHASTAGNOL, ▫ Considérations sur les gentilices des pérégrins naturalisés romains dans les Gaules et les
Gentilices provinces des Alpes, BSNAF 1993, p. 167-183 = p. 155-166.
CHASTAGNOL,
▫ Les changements de gentilice dans les familles romanisées en milieu de tradition celtique,
Changements de
p. 167-180.
gentilice
CHASTAGNOL,
▫ Le problème de la diffusion du droit latin dans les Trois Gaules, p. 181-190.
Droit latin Gaules
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La municipalisation de la Gaule
Narbonnaise
Michel Christol
maintien d'une domination militaire. Jusque là, on sait bien peu de choses, bien moins en
tout cas que pour la péninsule ibérique, il est vrai plus anciennement prise en mains par
Rome1. Cependant, même le Pro Fonteio ne permet pas de dresser un tableau totalement
satisfaisant : il est autant significatif par ses silences que par les renseignements qu'il
apporte. Il nous place dans la décennie 80-70 av. J.-C., c'est-à-dire au lendemain des
grandes décisions politiques qui contribuèrent à l'organisation de l'Italie.
3 Rappelons que l'argumentation de Cicéron repose sur une nette opposition, faite dans les
plus vifs contrastes, entre les peuples gaulois de Transalpine d'une part, Rome, ses
partisans et ses représentants de l'autre2. Ces peuples provinciaux sont des barbares. Il est
question de nationes (5,13 ; 13, 30), parfois de civitates (5, 12), et dans un cas, celui des
Rutènes (dit provinciales par César, quelques années plus tard), ce peuple est gratifié de la
possession d'un aerarium, à l'image de l'aerarium populi Romani (3, 4). Mais Cicéron se laisse
aller à l'ironie et aux sarcasmes, il manie la dérision, et il semble bien difficile de dégager
du passage en question que ce peuple avait des institutions financières comparables à
celles du peuple romain. Il faut se garder, à ce sujet, d'une interprétation littérale. En tout
cas, ce ne sont pas ces témoignages qui permettent d'apprécier les structures politiques
et les institutions des communautés provinciales. Cicéron, comme plus tard César, doit
trouver les mots latins aptes à décrire les réalités provinciales afin de les rendre
accessibles à ceux qui l'écoutent. Puis, quand il évoque les Rutènes, apparemment si
proches de la cité romaine et de ses institutions, il procède par provocation en
développant un parallèle qui est plutôt un paradoxe : l'affirmation d'une identité des
institutions doit susciter un réflexe de doute et conduire au sentiment d'une distance
infranchissable.
4 Face aux provinciaux, présentés comme d'irréductibles adversaires de Rome, se trouvent
les représentants de Rome et les partisans de sa domination.
5 D'abord Narbonne, Narbo Martius, colonia nostrorum civium, spécula populi Romani ac
propugnaculum istis ipsis nationibus oppositum et objectum (5, 13). Elle devient rempart du
peuple romain dans ces passages pleins de références martiales3. Ailleurs les
ressortissants de cette communauté sont appelés coloni Narbonenses (6,14), coloni vestri
(6,15, en s'adressant aux juges). Cicéron évoque alors le iudicium colonorum populi Romani
Narbonensium (20, 34), comme si un décret municipal venait porter témoignage de l'appui
de la colonie, et il poursuit en précisant combien ces gens soutiennent son client :
propugnat… pro salute M. Fontei Narbonensis colonia (20, 46). Mais, dans ce contexte
conflictuel, qui appelle des images ou des références belliqueuses, Narbonne est toutefois
isolée comme communauté civique prolongeant la cité romaine4.
6 Puis l'on trouve Marseille : urbs Massilia, fortissimorum fidelissimorumque sociorum (5,13), ce
qui met aussi en évidence un contexte guerrier et les contraintes militaires de l'alliance.
Elle apparaît aussi plus simplement sous d'autres expressions, plus banales : Massiliensium
civitas (6, 14), ou bien amicissimi et antiquissimi socii (7,15), ou bien Massiliensium cuncta
civitas (20, 45). Comme Narbonne, elle a pu apporter un témoignage de soutien à Fonteius :
iudicium… fidelissimorum sociorum Massiliensium (15, 34). Marseille, cité grecque, est la seule
cité qui se soit placée aux côtés de Rome5.
7 Il y a, enfin, un troisième groupe, dont l'existence s'explique par le contexte général de
l'histoire de la Transalpine à cette époque, profondément marquée par l'intense mise en
valeur au profit d'Italiens, car cette province était devenue terre d'exploitation. La
Transalpine est peuplée de nombreux citoyens romains : ceux-ci constituent la troisième
25
partie du camp romain (5, 12 ; 7, 15 : ils sont alors appelés negotiatores vestri). Ils
apparaissent dans 15, 34, aux côtés des Marseillais et des Narbonnais : omnes illius
provinciae publicani, agricolae, pecuarii, ceteri negotiatores uno animo M. Fonteium atque una
voce defendunt (20,46).
8 De ce tableau, valable certainement pour la période du gouvernement de Fonteius (76-74
av. J.-C.) et pour une période un peu plus large s'étendant avant et après ce bref laps de
temps, quelques considérations générales peuvent être dégagées.
En premier, l'absence de tout autre colonie que Narbonne, qu'il s'agisse de colonie
romaine, ce qui est évident, ou de colonies latines, ce qui a été récemment remis en
question. En effet, en estimant que Aix-en-Provence avait été le lieu d'établissement
d'une colonie latine dès les années 120 av. J.-C., on se donnait la possibilité de
démultiplier les hypothèses de fondations semblables entre la date d'établissement de la
puissance romaine et l'époque césarienne6. Il est toutefois difficile d'argumenter à partir
de Strabon, évoquant l'installation d'une garnison de Romains (Geogr. 4, 1, 5 : ἐντα θά τε
φρουρὰν κατῴκισε ‘Ρωμαίων) par les soins de Caius Sextius Calvinus, sur le rôle militaire
qu'aurait pu tenir une éventuelle colonie latine7. Si la Periocha 61 de Tite Live mentionne
bien une fondation à l'issue de la défaite des Salyens, l'analyse serrée des documents à
laquelle a procédé J. Gascou, montrerait qu'il ne faut pas surestimer la portée de ce
passage, qui ne s'accorde pas avec les autres données du dossier, et que le procédé de
résumé aurait pu conduire à la formulation d'une phrase imbriquant des données qui
n'étaient pas nécessairement aussi étroitement liées dans le texte de l'historien8. Mais à
l'époque de Tite Live, Aix-en-Provence était sans aucun doute une colonie latine. Il semble
nécessaire de prendre aussi en compte, dans la discussion, le passage du Pro Fonteio, et
l'argument du silence. Cicéron faisait tout pour grossir l'animosité des peuples gaulois
contre Rome afin de réévaluer l'œuvre de Fonteius. Il lui importait peu de mettre en
évidence l'isolement de Narbonne et de Marseille. Eut-il pu trouver des colonies latines en
Transalpine, n'aurait-il pas montré leur faiblesse ou leur impuissance face aux peuples
indigènes menaçants ? Ne les aurait-il pas mentionnées, comme Narbonne, propugnaculum
istis ipsis nationibus oppositum et obiectum (4, 3) ? Ne les aurait-il pas citées en évoquant un
combat semblable à celui des Narbonnais (20, 46) ? Il est difficile d'admettre que si
d'autres colonies à vocation militaire avaient été établies, Cicéron n'eût point eu envie de
les mentionner9.
9 Une autre donnée qui se dégage du discours de Cicéron concerne l'absence de tout autre
forme d'intégration organisée, comme le droit latin. La situation de la Transalpine vers
80-70 av. J.-C. n'est pas celle de la Cisalpine, qui avait bénéficié en 89 av. J.-C. des
dispositions de la lex Pompeia, accordant le droit latin aux peuples provinciaux 10. Rien de
tel ne se trouvait vraisemblablement dans les décréta de Pompée, qui organisaient alors la
province, à la veille du gouvernement de Fonteius, lorsqu'il traversa la province mal
soumise, afin d'affronter Sertorius en Péninsule ibérique11. Les décisions de Pompée
avaient en particulier un contenu tributaire ; elles concernaient d'une part les modalités
d'utilisation ou d'exploitation, bref le droit du sol dans certaines parties de la province, et
elles comportaient d'autre part des clauses relatives à des avantages accordés aux
Marseillais12. Ces décisions, qui avaient une portée générale, pouvaient s'accompagner de
mesures plus conjoncturelles liées à l'effort de guerre et à l'organisation provisoire de la
Transalpine comme base d'arrière pour la guerre en Péninsule ibérique. Pour ce qui
concerne les dispositions générales, le Pro Fonteio fait allusion à des confiscations de terres
(6,14) : dicunt qui ex agris ex Cn. Pompei decreto decedere sunt coacti. De son côté, le Bellum
26
civile du corpus césarien fait état des faveurs accordées aux Marseillais (1, 35) : quorum
alter agros Volcarum Arecomicorum et Helviorum publice iis concessit, alter bello victos Sallyas
adtribuerit vectigaliaque auxerit. Ce ne sont pas les mêmes choses. Dans le second cas, il
s'agit d'attribution de revenus de l'ager publicus, sans que soient nécessairement modifiés
les modes de possession et les modes d'exploitation du sol ; dans le premier cas, il s'agit,
par suite d'une punition, de dépossession de terres, mais ces terres étaient déjà entrées
dans l'ager publicus par la conquête des périodes précédentes. Cette décision impliquait
vraisemblablement, pour qu'il y ait punition des adversaires de Rome, le transfert du
droit d'exploitation à d'autres que les anciens occupants. Ce type de transfert foncier
s'était déjà produit à plusieurs reprises. Dans un cas, il s'était traduit par la création d'une
colonie romaine sur un espace dégagé de ses anciens occupants et transféré à des citoyens
à titre privé : celle de Narbonne. Dans d'autres cas, au moins une fois avant l'époque du
Pro Fonteio, si l'on se réfère aux données du Pro Quinctio, qui date de 81 av. J.-C., il s'était
traduit par une mise en exploitation de l'ager publicus sous des formes neuves 13. Cette
situation nouvelle avait dû être accompagnée d'une mesure des terres et du déroulement
des procédures spécifiques pour attribuer le droit d'exploitation sinon la possession du
sol. Elle entraînait aussi une transformation des méthodes d'exploitation14. On reviendra
sur ce point.
10 Mais, quelles que soient les conclusions limitées que l'on peut dégager de l'analyse du Pro
Fonteio, on ne peut ignorer l'existence d'un certain nombre de phénomènes économiques
et sociaux dont les effets seront sensibles un peu plus tard.
11 1) Une présence de citoyens romains, liée, dans certaines parties de la province, à la mise
en valeur de l'ager publicus et des ressources provinciales. Ce fait est assurée par plusieurs
passages du discours. Le principal d'entre eux concerne l'expulsion des indigènes vaincus,
par décision du Sénat (Pro Fonteio 6, 13) : qui proxime fuerant (hostes), eos ex iis agris quibus
erant multati decedere coegit. On peut rapprocher ce passage de 4, 14, qui indiquerait qu'il
s'agit là de l'application des décisions de Pompée. Comme nous l'avons soutenu plus haut,
il ne s'agit pas simplement du passage de ces terres de vaincus dans l'ager publicus populi
Romani. Elles s'y trouvaient depuis longtemps. Il s'agit d'une expulsion, retirant aux
anciens occupants l'usage du sol, en transformant l'affectation, ce qui s'accompagnait
d'une nouvelle forme de mise en valeur par les nouveaux occupants. Alors que Rome avait
pu, dans bien des cas, laisser aux provinciaux l'usage de leurs terres, ici il ne s'agissait pas
de récompenser d'autres provinciaux fidèles15, mais plutôt d'un transfert de possession,
s'accompagnant de changements dans l'exploitation : cadastration, concession des terres
(par vente questorienne le plus souvent), mainmise par des nouveaux exploitants rompus
à des méthodes d'exploitation élaborées en Italie. Ce transfert au profit d'Italiens avait pu
commencer un peu plus tôt, puisqu'il faut tenir compte des renseignements fournis par le
Pro Quinctio, qui concernent une période encore plus ancienne. Mais il semblerait que
cette politique ait été reprise et développée à l'époque de Pompée et de Fonteius, donnant
naissance à la mainmise d'exploitants issues d'Italie sur un certain nombre de zones
rurales. Mais, hormis l'hinterland de Narbonne, en direction du nord-est, ce que l'on
appelle le cadastre pré-colonial de Béziers, ou Béziers B, on ne sait pas avec une précision
suffisante si d'autres secteurs de la province furent touchés précisément par ces
expulsions d'indigènes, et par leur confinement dans des espaces strictement vivriers. Les
premières cadastrations concernent toutes les environs de Narbonne, c'est-à-dire le
Languedoc occidental et le Roussillon, par où s'effectuait la liaison avec la province de
Citérieure16. Quelques zones du Languedoc oriental et de la vallée du Rhône auraient pu
27
également être touchées : par hypothèse, on peut se demander s'il n'en fut pas ainsi dans
la zone correspondant au cadastre B d'Orange, au nord de plusieurs villes, Arausio,
Avennio, Cabellio, qui faisaient partie du pays cavare et auraient pu entrer, à l'image
d'Avignon, dans le groupe des villes de Marseille (voir plus bas). L'organisation de ces
nouveaux venus, exploitants venus d'Italie, est mal connue, mais il est vraisemblable
d'envisager qu'ils n'entrèrent que plus tard dans la composition des communautés
provinciales, à l'époque de la municipalisation. Toutefois, Cicéron les dénombre, peut-
être d'une façon générique, en évoquant dans une énumération remarquable par son
amplitude, les agricolae, les pecuarii, et les publicani : les deux premières catégories étaient
intéressées par l'exploitation du territoire, la troisième par la perception des revenus,
dont certains étaient liés à l'exploitation du sol.
12 2) On ne devra pas oublier, aussi, le rôle important de Narbonne comme plaque tournante
des grands trafics commerciaux en Occident : on peut le dégager aussi d'un passage de
Posidonios d'Apamée, inclus dans la Géographie de Strabon (4, 1, 12). Mais de Narbonne
s'irradie la présence des trafiquants italiens vers l'Ouest et vers le Nord-Ouest, ainsi que
vers le Sud-Ouest, le long de la côte catalane. Les trafics du vin italien, puis catalan à
partir des années 40 av. J.-C., l'exploitation des ressources minières du rebord méridional
du Massif central attirèrent des négociants italiens, dont on entrevoit parfois le rôle par
l'épigraphie, lapidaire, amphorique, et même tégulaire17. Mais toutes ces situations
entrent dans la problématique de la pré-municipalisation. Cicéron ferait entrer ces
personnages dans la catégorie des nostri ou des vestri.
13 3) L'existence de garnisons, comme celle d'Aix-en-Provence. D'autres peuvent avoir été
établies durablement, en raison de l'agitation qui troubla à plusieurs reprises la
Transalpine18. Pompée, pour sa part, replia son armée dans cette zone d'arrière, afin
qu'elle hiverne (7, 16), lors du gouvernement de Fonteius. Par rapport à la péninsule
ibérique voisine, les phénomènes sociaux liés à l'établissement et au maintien de la
domination romaine sont peut-être de moindre importance et de moindre grande
ampleur dans le temps. Ils sont aussi moins bien connus. Furent-ils pour autant
inexistants ? Les groupes concernés entrent toutefois dans la problématique de la
prémunicipalisation.
14 L'horizon du Pro Fonteio est, du point de vue qui nous intéresse, un horizon pauvre. Mais il
n'y a pas lieu de soupçonner la valeur globale des maigres renseignements que l'on peut
en tirer, ni le tableau sommaire que l'on peut en dégager. Il permet d'attirer l'attention
sur la présence d'un élément italien autre que le groupe des colons de Narbonne. Mais il
laisse dans l'inconnu toutes les questions relatives au milieu indigène et à ses modes
d'organisation politique.
15 Ce dernier est connu fragmentairement, par les monnayages locaux, parfois par
l'épigraphie gallo-grecque, qui souffre toutefois d'incertitudes chronologiques,
accessoirement par quelques allusions des sources classiques. Elles montrent un
développement des communautés vers des formes proches de la cité classique,
notamment dans l'arrière-pays de Marseille19.
28
derniers furent peu nombreux. À tout le moins ils n'entrainèrent pas la rédaction d'un
autre document comparable, rendant obsolète la formula augustéenne. Pline avait devant
lui une source qui résumait toute l'histoire des cités de Narbonnaise depuis 27 av. J.-C.
Mais la compilation ordonnée, réalisée à cette date, transmettait aussi, sous forme d'un
bilan, des éléments hérités de l'époque précédente. L'un de ceux-ci, dont la date est
controversée, correspondait à l'octroi du droit latin aux communautés indigènes, sur le
modèle dont avait bénéficié antérieurement la Gaule Cisalpine. Nous reviendrons
constamment par la suite sur les diverses parties de ce document. Mais parmi les
éléments hérités de l'époque pré-augustéenne, quelques-uns peuvent être dégagés, soit
de façon ferme, soit de façon hypothétique.
18 1) Le cas de Ruscino permet de formuler une hypothèse. En effet, dans la présentation du
littoral de la province et des cités qui entame la description de la Narbonnaise, Pline
l'Ancien mentionne des communautés qui, s'il n'avait pas usé de ce procédé, auraient fait
partie de l'énumération plus complète qui apparaît plus loin, dans la longue liste des
oppida latina (NH 3, 36-37). Or, dès sa première phrase, une fois achevé l'éloge de la
province (Italia verus quam provincia), il s'engage dans une présentation du littoral depuis
les Pyrénées : in ora regio Sordorum, intusque Consuaranorum, flumina Tetum, Vernodubrum,
oppida Illiberis, magnae quondam urbis tenue vestigium, Ruscino Latinorum, flumen Atax e
Pyrenaeo Rubrensem permeans lacum… Il ne fait pas de doute que de terme d'oppida doit être
éclairé par l'expression oppida latina qui vient plus loin : Illiberis (Elne) et Ruscino sont des
communautés de droit latin. Pour Ruscino, de plus, ce que l'on sait de l'histoire
institutionnelle de la cité le confirme. L'on ne peut en douter23. On n'en doute pas pour
Maritima Avaticorum (Martigues) 24. Mais pourquoi, dans le nom de cette communauté,
Ruscino Latinorum, a-t-on éprouvé le besoin d'insister sur la communauté de Latini qui s'y
trouvait ? Il ne s'agit pas d'une maladresse pour dire différemment que Ruscino était un
oppidum latinum. Et si Ruscino avait reçu avec d'autres communautés provinciales le droit
latin, puis avait été inscrite dans liste des oppida latina, où Pline la découvrit, l'adjonction
de ce nom de latini dans sa dénomination serait tautologique, en n'apportant rien de plus.
On peut donc se demander si, au moment de la grande diffusion du droit latin, par César
vraisemblablement, Ruscino n'était pas déjà une cité dans laquelle se trouvaient des Latini,
et si la dénomination qu'elle conserva ne peut se comprendre à l'instar de la
dénomination de la colonia libertinorum que reçut Carteia 25. En somme, à l'époque de
l'octroi du droit latin aux cités pérégrines de Transalpine, Ruscino portait le titre qui est
celui transmis par Pline, comme la marque d'un privilège acquis depuis un certain temps.
La cité, par son emplacement, jouait un rôle important dans le contrôle de la Voie
Domitienne au nord du col du Perthus26. Là, Pompée avait érigé un trophée, mentionnant
les peuples et cités vaincus durant la guerre de Sertorius ou à l'occasion de celle-ci. Ce
conflit avait montré l'importance des passages pyrénéens pour assurer de bonnes
relations entre la péninsule ibérique et les armées qui y avaient été engagées et les zones
d'arrière. Si Pompée organisa, sur le piémont des grands massifs pyrénéens le point
d'appui de Saint-Bertrand-de-Comminges, ne peut-on penser qu'il fit davantage encore
au débouché de la traversée des Pyrénées orientales, où venaient confluer la route
ancienne de la Via Domitia et la route plus difficile de la Cerdagne ? 27 II pouvait être tenté
d'y établir des soldats méritants, dans une communauté dotée du droit latin, ce qui
devrait signifier qu'il s'agissait d'une communauté hétérogène. Mais, pour l'instant, si
l'hypothèse est recevable, il s'agirait de la seule communauté provinciale de ce type. De
plus les données de son organisation institutionnelle nous échappent.
30
19 2) Jouèrent un rôle comparable les diverses agglomérations mises en place par les
autorités romaines afin de faciliter la vie collective, là où elle n'était pas suffisamment
coordonnée. On connaît en effet un certain nombre de fora, dont les uns constituèrent
plus tard des centres civiques, et dont les autres furent absorbés par des entités politiques
plus importantes. Cette catégorie concerne Forum Domitii sur la voie Domitienne, Forum
Voconi et Forum Iulii en Provence orientale, enfin Forum Neronis au pied du Massif central.
César avait créé sur la bande de terres côtières enlevées aux Marseillais en 49 av. J.-C., une
de ces agglomérations sur le modèle des fora italiens. Si c'est lui qui octroya le droit latin
aux cités de Narbonnaise, il ne fait pas de doute qu'entre la date de la création et la date
de la fondation de la colonie de vétérans, Fréjus entrait dans la catégorie des oppida latina
28
. Il en fut de même, mais à une date imprécise pour Forum Voconi, que l'on retrouve dans
la liste des oppida latina de Pline l'Ancien. Mais cette agglomération était déjà connue en
43 av. J.-C.29 : elle conservait donc son autonomie à l'époque flavienne, avant d'être plus
tard absorbée dans la cité de Fréjus. En revanche Forum Domitii avait disparu assez
rapidement, en étant fondu dans la grande colonie latine de Nîmes30.
20 3) On doit aussi s'intéresser désormais au développement propre de communautés
provinciales dans l'arrière-pays de Marseille. La cité grecque avait développé des points
d'appui sur le littoral, dont certains devinrent des noyaux de peuplement à l'époque
hellénistique, tel Agde sur le delta de l'Hérault. Mais à côté de ces établissements grecs
existaient les « villes de Marseille », qui ont été définies non comme villes situées dans la
région de Marseille, dans une Massalie difficile à définir, mais comme villes liées
politiquement à la cité grecque31. On a ainsi un témoignage sur Cavaillon et sur Avignon,
nommément connues comme telles par Étienne de Byzance, auteur du VIe siècle ap. J.-C.,
reprenant Artémidore, lui-même auteur du IIIe siècle av. J.-C. Chr. Goudineau a ajouté à
ces deux villes Glanon et le chef-lieu des Καινικηται (les Caenicenses de Pline le Naturaliste),
car ces villes frappèrent, à côté des deux autres, des monnaies d'argent et de bronze avec
des légendes grecques. Toutes ensemble, elles auraient constitué un état fédéral autour
de Marseille, elle-même fédérée à Rome, suivant une interprétation séduisante du Pro
Balbo 50. Trois d'entre elles eurent par la suite un destin remarquable, tandis que
l'histoire des Caenicenses demeure pour l'instant fort obscure 32. L'inventaire de ces
communautés ne peut être exhaustif, et si nous pouvons supposer que d'autres cités
indigènes purent faire partie du groupe des villes de Marseille ce n'est que par analogie
avec la cité d'Avignon et avec son destin ultérieur. Mais il s'agit là d'un élément
proprement provincial, manifestant l'influence de Marseille. Cette question ne peut
prendre appui sur le texte de Pline, mais elle permet d'éclairer, parce qu'elle montre un
développement pré-municipal important sur la rive gauche du Rhône, qu'il pourrait en
être de même sur la rive droite, si l'on s'attarde un instant sur les oppida ignobilia qui font
partie de la grande cité de Nîmes.
21 4) En effet, c'est le même processus de développement interne qui caractérise les petites
communautés qui entourent Nîmes, la métropole, au sein de la confédération des Volques
Arécomiques. Nous ne les connaissons qu'à partir de la documentation sous-jacente chez
Pline l'Ancien, qu'il faut interpréter pour ce qu'il nous apporte dans cette perspective
indirecte. Il s'agit de la mention des vingt-quatre oppida ignobilia qui auraient été attribués
à la colonie latine de Nîmes. Ce renseignement est recoupé par ce qu'indique pour sa part
Strabon (4, 1, 12)33, puisant lui-aussi dans une source d'époque augustéenne, mais de
nature différente de la formula provinciae. On a proposé de comprendre cette mention, qui
correspond à une glose de Pline, comme signifiant que les vingt-quatre oppida ignobilia
31
étaient des oppida latina qui avaient été déclassés. Ils avaient disposé, durant un certain
temps, d'une réelle autonomie, ce qui aurait entraîné, lors de la rédaction de la formula,
leur insertion au sein des oppida latina in mediterraneo, à une place commandée par la
première lettre de leur nom34. Puis, ils auraient perdu cette autonomie, leur nom étant
maintenu dans le document augustéen, mais étant alors affecté d'une indication de perte
d'autonomie. Cette interprétation intéresse non seulement la politique augustéenne, sujet
sur lequel on reviendra plus bas, mais aussi la politique césarienne, puisqu'il faut bien
s'interroger sur les raisons de l'émiettement politique dans la confédération des Volques
Arécomiques vers le milieu du Ier s. av. J.-C. À notre avis, la mention des vingt-quatre
oppida dans la formula, en 27 av. J.-C., signifie qu'à l'époque de l'octroi général du droit
latin aux cités indigènes de Transalpine, il avait fallu prendre en considération cette
situation d'émiettement. Celle-ci révélait une transformation profonde des communautés
indigènes et imposait, tout autant qu'à celles de la rive gauche du Rhône, de reconnaître
leur droit d'acquérir l'autonomie politique, au risque de leur faire souffrir le risque
d'étiolement dans le cadre étroit qui les caractérisait.
chronologique a été proposée. Elle est peu différente de la précédente, mais ses
implications politiques et sa signification ne sont pas alors tout à fait identiques. Elle vise
à attribuer à Lépide la paternité de cette décision, lorsque ce personnage disposa du
contrôle de la Transalpine. Nous serions donc plutôt dans le contexte des compétitions
entre triumvirs et de la recherche des soutiens politiques par le biais de la distribution de
privilèges. Entre 43 et 40, la date de 42, moment où la Transpadane perdit le statut latin,
serait une date appropriée38. Les fondements numismatiques ne sont pas aussi assurés
que l'aurait voulu G. B. Rogers39. Les monnaies d'Antibes portant au revers la légende
ΑΝΤΙ ΛΕΠΙ ont des légendes grecques, certes bien compréhensibles dans le cadre d'une
cité détachée de Marseille et ayant reçu le droit latin, dont profitaient ses notables, mais
ce monnayage peut-il signer l'octroi du droit latin ? D'elle-même, l'émission de la
monnaie ne peut être rapprochée de la diffusion de ce privilège. Elle n'est pas comparable
aux monnaies de Nîmes à la légende NEM COL, car, dans ce dernier cas, l'indication du
statut colonial est évidente : la légende l'exprime. De plus, le rapprochement avec le
monnayage de Cavaillon n'est pas aussi probant qu'on pourrait le penser à première vue.
Les monnaies à légende CABE LEPI sont comparables aux monnaies d'Antibes, à
l'exception de la légende qui est inscrite en latin : elles ne signent pas, non plus, l'octroi
du droit latin ; elles fourniraient plutôt un terminus ante quem. Nous savons certes que
Cavaillon fut colonie latine. Mais les monnaies qui l'indiquent (COL CABE) sont datées du
onzième consulat d'Auguste (IMP CAESAR AVGVST COS XI), c'est-à-dire au plus tôt de
l'année 23 (le douzième consulat est de 5 av. J.-C.). On peut tout aussi bien soutenir
qu'entre la première série et la seconde eut lieu l'élévation au rang de colonie latine,
c'est-à-dire refuser à Lépide tout rôle décisif en ce domaine, si l'on associe étroitement
octroi du droit latin et création de ces colonies latines.
24 D'autre part, il n'est pas nécessaire d'attribuer au cas nimois, tel qu'il est traité par
Strabon, la valeur de repère essentiel pour l'octroi du droit latin. Comme on le verra plus
bas, le texte de Strabon vise plus à exalter les conditions institutionnelles de la mise en
place d'une grande ville que l'originalité propre du droit latin.
25 En revanche, le texte de Suétone relatif à la mission du père de Tibère, chargé par César
d'installer en Transalpine des colonies, implique l'existence d'une première phase de
colonisation latine avant même l'assassinat du dictateur. C'est un repère suffisant pour
aborder différemment l'histoire institutionnelle de Nîmes et pour relier à cette première
phase de colonisation latine la décision d'octroyer à tous les peuples de Transalpine le
droit latin40.
V. Municipalisation et urbanisation
32 A partir de cette période, l'histoire de la municipalisation de la province suit d'autres
développements. Coïncidant peut-être avec la dernière étape de création de colonies
latines, c'est-à-dire la vague de peu postérieure à 27, se manifestent les intentions d'un
remodelage du réseau des communautés, entraînant parfois des décisions catégoriques
quant au sort de quelques-unes d'entre elles.
33 L'évolution institutionnelle de la cité de Nîmes offre quelques pièces significatives d'une
histoire. Le même destin fut, peut-être aussi, suivi par Vienne, si tant est que le parallèle
établi par Strabon, dans la Géographie, a une signification et peut suggérer, pour
reconstruire l'histoire de cette dernière cité, la transposition d'un schéma mieux connu
en ce qui concerne la capitale des Volques Arécomiques56.
34 Nous avons proposé, en compagnie de Chr. Goudineau, d'interpréter la qualification d'
ignobilia, attribuée aux vingt-quatre oppida attribués aux Nimois, comme signifiant que ces
oppida avaient été à un moment des oppida latina, mais qu'ils ne méritaient plus d'être
cités, lorsque Pline écrivait57. La glose de Pline révélait une histoire institutionnelle
partagée entre deux dates : celle de leur établissement comme communautés de droit
latin, et celle de leur déclassement, lié à l'absorption dans la grande cité de Nîmes du Haut
Empire, qui s'étendait désormais du Rhône aux rives orientales de l'étang de Thau. Entre
temps s'était produite la confection de la formula, donc l'insertion de ces communautés
dans la liste des oppida latina sis in mediterraneo. Comme Pline disposait d'un document
remontant au début de l'époque augustéenne, et portant trace des quelques changements
qui s'étaient produits, il pouvait, dans sa glose, embrasser un chapitre d'histoire
35
mettait l'accent sur le prestige et la puissance nécessaires des chefs-lieux de cités. Mais,
hormis le cas de Nîmes et, vraisemblablement celui de Vienne, cette politique de
« correction » fut pendant de longues années limitée. Désormais la carte politique de la
province présentait des contours stables.
38 Peu de choses changent. À tout le moins, l'évolution ultérieure est lente. Elle se
caractérise essentiellement par la transformation de quelques cités latines en colonies
latines, et par l'assomption de quelques colonies latines au rang de colonies romaines, à
titre honorifique.
39 Au premier phénomène ressortissent la création des colonies latines de Lodève et celle de
la colonie des Tricastins. La première s'appelle colonia Claudia Luteva : elle apparaît vers le
milieu du Ier s. ap. J.-C.62 La seconde s'appelle colonia Flavia Tricastinorum : elle est un peu
plus tardive, et devrait être l'œuvre de Vespasien63. Même si l'installation d'un groupe de
colons devient de plus en plus rare, le fait n'est pas impossible.
40 En revanche, l'élévation à titre honoraire, de colonies latines en colonies romaines se
produit au Ier comme au IIe siècle ap. J.-C. Ce phénomène concerne Valence, puis Vienne64.
On peut interpréter l'insertion de ces deux cités dans la liste de Pline de la même façon.
Leur dénomination ne comporte aucune référence à une unité légionnaire. Elles sont
donc distinctes des autres colonies de vétérans qui les précèdent ou devaient les précéder
dans l'énumération parce que de fondation antérieure. Elles ont été rajoutées à la liste des
colonies romaines par suite d'une élévation qui s'est produite après 27 : leur nom a été
transféré de la catégorie la plus basse, celle des cités de droit latin, à la catégorie la plus
haute par simple ajout en bas de liste (adiectio). Pour Valence nous ne savons quand cela
se produisit65. Pour Vienne, en revanche, il ne fait plus de doute maintenant qu'il faille
attribuer cet avantage à l'action du célèbre sénateur viennois, Valerius Asiaticus, auprès
de l'empereur Caligula66. Tel était le bilan quand Pline composait l'Histoire naturelle. Ce
n'est que par la suite que s'ajoutèrent à cette maigre liste Aix-en-Provence67, Antibes68 et
Avignon69, puis d'autres encore70. Peut-être aura-ton dans l'avenir d'autres précisions sur
l'évolution du rang des cités de droit latin. Mais il semble bien qu'un certain nombre
d'entre elles aient conservé, telle Nîmes, leur statut latin jusqu'au début du III e siècle.
41 Quoi qu'il en soit, vers la fin du Ier siècle ap. J.-C., la carte des cités provinciales n'avait pas
fondamentalement changé par rapport aux débuts de l'époque augustéenne, si l'on
excepte le sort de Vienne et celui de Nîmes. La liste contenue dans la formula augustéenne
était encore une liste vivante lorsque Pline la reprenait. En témoigne le cas de Glanum.
Longtemps on crut que cette agglomération avait été bien vite absorbée dans la grande
colonie d'Arles. Or, la liste de Pline la mentionnait. Fallait-il considérer que ce document
était dépassé ? La découverte récente d'un lot de plusieurs inscriptions officielles, par
lesquelles les Glanienses rendent hommage aux princes d'époque antonine et sévérienne,
doit montrer le maintien de la vie municipale jusqu'à cette date71. On pourra certes tenter
d'expliquer ces témoignages comme des survivances, si l'on ne souhaite pas récuser
catégoriquement une hypothèse ancienne, longtemps reçue comme acquise, et si l'on ne
souhaite pas reprendre la question ab ovo 72. Il n'en reste pas moins qu'il faut avant tout
comparer les Glanienses aux Nemausenses ou aux Narbonenses et renverser complètement
les données de l'interprétation traditionnelle. Jusqu'à preuve du contraire, leur mention
doit être prise comme un témoignage de continuité de l'autonomie civique. Glanum fut
une cité autonome à l'époque augustéenne, qui plus est colonie latine ; la liste de Pline
nous conserve la preuve du maintien de son autonomie ; pourquoi ne pas interpréter les
documents nouveaux venus à notre connaissance et l'inscription du curator peculi r(ei) p
37
(ublicae) Glanico(rum) dans le même sens ? 73 Sans aucun doute la phase de rétraction du
nombre des cités, provoquant la disparition d'un bon nombre d'oppida latina, et la mise en
place d'entités aux vastes dimensions, fut assez tardive. Elle se place vraisemblablement à
la fin du IIIe siècle74.
42 La municipalisation de la Narbonnaise est un chapitre d'histoire dont les temps forts se
placent, pour la mise en place du phénomène, entre l'époque de Pompée et de César,
d'une part, et le milieu de l'époque augustéenne, d'autre part. Les rythmes
chronologiques semblent à présent assez bien fixés, qui permettent de mesurer avec
précision la place des diverses phases de colonisation, césarienne, triumvirale,
augustéenne, y compris même l'étape de « correction » voulue par Auguste. Mais cette
évolution du cadre de vie institutionnel des populations provinciales se place à la fin
d'une période durant laquelle le développement propre des institutions indigènes, les
interventions des imperatores romains, l'arrivée d'Italiens suscitée par la mise en
exploitation des ressources provinciales, enfin l'octroi du droit latin, avaient contribué,
dans la première moitié du Ier s. av. J.-C. et dans les décennies médianes de cette période,
à rapprocher cette partie de l'Empire de l'Italie et de la Cisalpine. Certains de ces facteurs
sont relativement bien connus, comme les diverses strates de l'intégration dans la cité
romaine des aristocrates indigènes75. D'autres pourraient être mieux appréciés grâce aux
travaux archéologiques en cours sur les diverses phases de l'évolution du paysage agraire
et de l'exploitation rurale : ils pourraient fournir, dans un cadre infra-provincial, la
mesure et les étapes des mutations agraires largement imputables à l'influence italienne
et à l'exploitation de l'ager publiais76. En revanche, l'évolution propre des communautés
indigènes, en ce qui concerne les réalités institutionnelles, est plus malaisée à
caractériser77. Enfin, la détermination de la date d'octroi du droit latin demeure encore
l'objet de débats, car on ne peut l'établir que par hypothèse : mais, quelle que soit la
solution retenue, il s'agit d'une date haute (césarienne ou des débuts du triumvirat).
43 Néanmoins, il ne fait pas de doute que si, en Occident, la Péninsule ibérique fut depuis
plus longtemps un champ d'expériences, la Transalpine, plus proche de l'Italie, subit une
évolution plus rapide. Cette province fut, après la Gaule cisalpine et, peut-on dire, dans la
continuité par rapport à cette dernière, le champ d'application des formes d'intégration,
mises en évidence au début du Ier siècle avant J.-C., au moment de la guerre sociale. Avec
les décisions de César, si ce fut lui qui octroya le droit latin à tous les peuples de la
province, l'évolution des communautés indigènes était orientée, suscitant un
rapprochement progressif par rapport à un optimum, la cité romaine. Il devenait alors
possible, à un observateur, de saisir le point d'évolution de chacune d'entre elles, de le
mesurer, et d'apprécier la distance ou l'écart par rapport à la forme idéale ou la forme la
plus achevée. Un esprit grec, tel Strabon, aurait peut-être été attaché aux dimensions
culturelles de cette évolution et de ces transformations. Un esprit romain était plus
attentif aux formes juridiques et institutionnelles. C'est ce que permet d'apprécier le
document précieux qu'est la formula augustéenne, reprise par Pline l'Ancien. S'il évoque
l'octroi du droit latin à l'ensemble des provinces hispaniques, cette mesure avait alors un
effet moins novateur. En revanche, pour lui, à l'horizon des premières années de
Vespasien, ce qui importait c'était, d'évidence, le rapprochement entre l'Italie et la
Narbonnaise. Quand il les rapprochait, dans l'éloge initial (Italia verius quam provincia), son
propos signifiait qu'un processus s'était achevé. Il mettait alors en valeur la virorum
morumque dignatio : le statut des communautés tenait dans cette appréciation une place
importante. Mais les mots de Pline se rapportent à ce qui lui semblait acquis : son
38
témoignage est utile pour fournir un terminus ante quem si l'on veut apprécier le moment
où ce processus de rapprochement entre l'Italie et la Narbonnaise s'imposait.
44 On peut donc remonter le temps. Dans cette perspective, le discours de Claude au Sénat
en 48 ap. J.-C., constitue un point de repère plus important pour fixer le moment où cette
conviction fut bien ancrée78, d'autant que ce prince, en 49 ap. J.-C., en permettant aux
sénateurs de Narbonnaise de sortir librement de l'Italie pour aller visiter leurs domaines,
plaçait la province en prolongement de la péninsule79. Peut-on remonter plus haut ? Peut-
on parvenir jusqu'à la censure d'Auguste et de Tibère, en 14 ap. J.-C., qui avait étendu aux
boni viri et locupletes de toutes les cités de Narbonnaise la possibilité d'être candidats aux
magistratures à Rome ?80 Quoi qu'il en soit, à l'intérieur de l'Occident romain, la mise en
évidence de décalages ou de différences dans les rythmes d'intégration donne sans aucun
doute, à partir d'un certain moment, l'avantage à la Narbonnaise, conçue comme une
totalité provinciale, bien distincte des Tres Galliae. Le déroulement des phases essentielles
de la municipalisation, de la fin de l'époque césarienne aux débuts de l'époque
augustéenne, soit, en comptant large, de-50 à-15, est en ce domaine un facteur
déterminant81. Celle-ci ne fut peut-être aussi réussie que parce qu'elle combina deux
facteurs. L'un, qui correspondait à la vague de colonisation en faveur des vétérans, était
alors un phénomène d'ensemble, affectant la plupart des provinces du pourtour
méditerranéen. Mais sous la forme des colonies de droit romain, il se termina assez tôt en
Transalpine.
45 L'autre, qui correspond à l'octroi du droit latin et à l’adaptation du système des colonies
latines à ce cadre de transformation des sociétés indigènes82, est spécifique à la
Transalpine. Il fut actif à peine plus longtemps. Mais, en deux générations, leurs effets
furent essentiels.
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie complementaire
CHRISTOL, Mémoire perdue ▪ M. CHRISTOL, Pline l'Ancien et la formula de la Narbonnaise, dans La
mémoire perdue. À la recherche des archives oubliées, publiques et privées de la Rome ancienne, Paris,
1994, p. 45-63.
GASCOU, Carrière ▪ J. GASCOU, La carrière des magistrats dans les villes latines de Gaule Narbonnaise, dans
Splendidissima civitas. Études d'histoire romaine en hommage à François Jacques (réunies par A.
CHASTAGNOL, S. DEMOUGIN, C. LEPELLEY), Paris, 1996, p. 119-131.
39
NOTES
1. P. LE ROUX, L'armée romaine et l'organisation des provinces ibériques d'Auguste à l'invasion de 409,
Paris, 1982, p. 35-38 ; ID., Romains d'Espagne. Cités et politique dans les provinces (II e siècle av. J.-C.-IIIe
siècle ap. J.-C.), Paris, 1995, p. 45-58.
2. M. RAMBAUD, Le Pro Fonteio et l'assimilation des Gaulois de la Transalpine, dans Mélanges de littérature
et d'épigraphie latines, d'histoire ancienne et d'archéologie. Hommage à la mémoire de Pierre Wuilleumier,
Paris, 1980, p. 301-316. Voir aussi : M. GAYRAUD, Narbonne antique, des origines à la fin du III e siècle,
RAN Supplément 8, Paris, 1981, p. 169-175.
3. R. REBUFFAT, Propugnacula, Latomus 43,1984, p. 4-5.
4. Sur les débuts de la colonie de Narbonne : M. GAYRAUD, Narbonne antique, p. 119-143.
5. Sur cette période de l'histoire de Marseille : M. CLAVEL, Marseille grecque, Marseille, 1977,
p. 137-141.
6. D. ROMAN, Aix-en-Provence et les débuts de la colonisation de droit latin en Gaule du Sud, RAN
20,1987, p. 185-190 ; déjà en ce sens, pour Aix-en-Provence, A. DEGRASSI, Quattuorviri in colonie
romane e in municipi diretti da duoviri, Memorie dell'Accad. Nazionale dei Lincei, Cl. di scienze morali e
storiche. Série 8, 2,1949, p. 312-313 = Scritti vari di Antichità. I, Rome, 1962, p. 137-138. D. ROMAN, op.
cit., p. 186, envisage ce qui serait la reconstruction traditionnelle de l'histoire institutionnelle
d'Aix. Il semble difficile, après la critique de ses arguments (voir ci-dessous n. 7-9), de revenir à
ce schéma : M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, Les colonies latines de Narbonnaise : un nouveau
document d'Arles mentionnant la Colonia lulia Augusta Avennio, Gallia 49,1992, p. 42 et 44. Voir
aussi R.-CH., Intégration, p. 144.
7. D. ROMAN, op. cit. (n. 6), p. 187.
8. ILN Aix-en-Provence, p. 21-23. Reprenons aussi la conclusion de J. Gascou : « on peut faire valoir
que si Aix avait été fondée comme colonie latine dès 122, elle aurait eu au nombre de ses
épithètes le titre de Sextia ou Sextiana : en effet l'adjectif Sextiae accolé à Aquae concerne le nom de
la ville, et non la titulature de la colonie, et l'on verra plus loin que cette dernière ne s'intitule,
selon les cas, que lulia ou lulia Augusta ».
9. Cet argument de M. CLERC, Aquae Sextiae. Histoire d'Aix-en-Provence dans l'Antiquité, Aix-en-
Provence, 1916, p. 147, demeure valide, comme l'essentiel de sa démonstration. D. ROMAN, op. cit.
(n. 6), p. 189, insiste d'ailleurs elle-même sur le rôle militaire des colonies latines.
10. C. PEYRE, La Cisalpine gauloise du IIIe au Ier siècle avant J.-C., Paris, 1979, p. 66-68.
11. Ces décrets sont mentionnés dans le Pro Fonteio 6,14. On peut abusivement les qualifier de lex,
d'après CIC., 2 Verr. 2, 32 : ex P. Rupili decreto quod is de decem legatorum sententia statuit quant illi
legem Rupiliam vocant ; cf. H. GALSTERER, Roman Law in the Provinces : Some Problems of Transmission,
dans l'impero romano e le strutture economiche e sociali delle province, Corne, 1986, p. 15-16.
12. Chr. GOUDINEAU, Le statut de Nîmes et des Volques Arécomiques, RAN 9,1976, p. 107-111.
13. On entre ici dans le domaine de l'utilisation de Vager publicus, suivant une problématique
abordée par M. CLAVEL-LÉVÊQUE, Terre, contrôle et domination. Révoltes et cadastres en Transalpine,
dans Puzzle gaulois, Paris-Besançon, 1989, p. 213-254 (= Forms of Control and Subordination in
Antiquity, Tokyo, 1988, p. 177-208). Mais nous retenons, d'après les textes, une première phase,
correspondant aux données du Pro Quinctio, et une seconde phase, très explicite, correspondant
au Pro Fonteio. Dans ce discours, le passage de 5,12 (partim modo ab nostris imperatoribus subacti,
modo belle domiti, modo triumphis ac monumentis notati, modo ab senatu agris urbibusque multati sunt…)
a une valeur générique ; puis, il convient de rapprocher 6, 1 (qui erant hostes, subegit ; qui proxime
fuerant, eos ex iis agris quibus erant multati decedere coegit…) de 6, 14 (Dicunt contra quibus invitissimis
imperatum est, dicunt qui ex agris ex Cn. Pompei decreto decedere sunt coacti…), passages qui montrent
40
l'application par Pompée des directives du Sénat. Toutefois, une corrélation avec des réseaux
centuriés est dificile à établir, sauf peut-être dans la zone correspondant au cadastre dit « Béziers
B », si sa mise en place date vraiment de cette période et n'est pas, de peu, antérieure : M. CLAVEL-
LÉVÊQUE, op. cit., p. 224-240. Il semble de plus en plus vraisemblable que le cadastre B pourrait
dater du tournant entre le IIe s. av. J.-C. et le Ier s. av. J.-C.
14. G. CHOUQUER, M. CLAVEL-LÉVÊQUE et F. FAVORY, Cadastres, occupation du sol et paysages agraires
antiques, Annales ESC 37, 1982, p. 861-863. Voir aussi, d'une façon plus large, et dans des
perspectives plus diverses, F. FAVORY, Retour critique sur les centuriations du Languedoc oriental, leur
existence et leur datation, dans G. CHOUQUER (Éd.), Les formes du paysage. 3. L'analyse des systèmes
spatiaux, Paris, 1997, p. 96-126.
15. M. J. PENA, Importance et rôle de la terre dans la première période de la présence romaine dans la
péninsule ibérique, dans Structures rurales et sociétés antiques. Actes du colloque de Corfou. 14-16 mai
1992, Besançon-Paris, 1994, p. 329-337.
16. Quelques observations, déjà, dans M. GAYRAUD, Narbonne antique, p. 204-240. Plus récemment :
A. PEREZ, Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale. Essai sur la politique coloniale romaine en
Gaule du Sud (IIe s. av. J.-C. - IIe s. ap. J.-C.), RAN Supplément 29, Paris, 1995, p. 197-239. Mais les
propositions de l'auteur nécessitent des confirmations de terrain. Pour le Biterrois, voir S. MAUNE,
Les campagnes de la cité de Béziers dans l'Antiquité (partie nord-orientale) (II e s. av. J.-C. - VI e s. ap. J.-C.),
Montagnac, 1998, p. 39-68. On éclairera ces travaux à l'aide des réflexions de F. FAVORY, citées ci-
dessus n. 14.
17. Un des documents épigraphiques les plus originaux, mais incomplet, en tout cas précoce par
sa date provient d'une des zones minières qui se trouvaient chez les Rutènes dits
« provinciaux » : G. BELLAN et M. CHRISTOL, Une inscription romaine à Villemagne L'Argentière. Le
site de Saint-Martin-Le-Vieux, Bulletin de la société archéologique et historique des hauts cantons de
l'Hérault 2,1986, p. 33-44 (AE 1986 470). Voir aussi, sur la question : R. GOURDIOLE et C. LANDES,
Passions métalliques sur les monts d'Orb, Bulletin … des hauts cantons de l'Hérault 21, 1998, p. 33-50.
Sur les relations entre Narbonne et la côte catalane, dans la seconde moitié du I er s. av. J.-C., mais
impliquant plus généralement les trafiquants italiens de la fin de l'époque républicaine : M.
CHRISTOL et R. PLANA-MALLART, Els negotiatores de Narbona i el vi català, Faventia 19, 2,1997,
p. 75-95. Sur la localisation des Rutènes dits « provinciaux », voir en dernier M. CHRISTOL, Cités et
territoires autour de Béziers à l'époque romaine, dans M. CLAVEL-LEVÊQUE et A. VIGNOT (Éd.), Cités et
territoires. II. Actes du colloque européen, Béziers 24-26 octobre 1997, Paris, 1998, p. 209-222. Sur
l'exploitation des mines au pied du Massif Central, R. GOUDIOLLE et Chr. LANDES, La Transalpine
minière : des Monts d'Orb au bassin de Lodève, dans L. SCHNEIDER et D. GARCIA, Le Lodévois. Carte
Archéologique de la Gaule 34/1, Paris, 1998, p. 53-65.
18. M. CLAVEL-LÉVÊQUE, op. cit. (n. 13), p. 213-254.
19. Chr. GOUDINEAU, La Gaule Transalpine, dans C. NICOLET, Rome et la conquête du monde
méditerranéen. 2. Genèse d'un empire, Paris, 1978, p. 695-696 ; sur les villes de Marseille, voir infra n.
31.
20. CHRISTOL, Mémoire perdue, p. 45-63.
21. PLINE, NH 3, 37 : adiecit formulae Galba imperator ex Inalpinis Avanticos atque Bodionticos quorum
oppidum Dinia. Sur ce passage, CHRISTOL, Mémoire perdue, p. 51-53.
22. M. CHRISTOL, Nîmes dans les sources antiques, dans J.-L. FICHES et A. VAYRAC (Dir.), Carte
archéologique de la Gaule, 30/1. Nîmes, Paris, 1996, p. 59.
23. M. GAYRAUD, Les inscriptions de Ruscino, dans G. BARRUOL (Éd.), Ruscino, Château-Roussillon,
Perpignan (P.-O.). Études archéologiques. I, Paris, 1980, p. 95-97 ; A. L. F. RIVET, Gallia Narbonensis.
Southern France in Roman Times, Londres, 1988, p. 136 ; C. RICO, Pyrénées romaines. Essai sur un pays de
frontière (IIIe siècle av. J.-C. -IVe siècle ap. J.-C.), Madrid, 1997, p. 194.
41
24. G. BARRUOL, Les peuples préromains du Sud-Est de la Gaule. Étude de géographie historique, RAN
Supplément 1, Paris, 1975, p. 21 & 194-197 ; A. L. F. RIVET, Gallia Narbonensis, p. 202-203. Sur cette
cité, à partir des données de l'archéologie, voir en dernier, F. GATEAU, La question de Maritima à
l'intérieur du territoire d'Arles, dans P. GROS (Dir.), Villes et campagnes en Gaule romaine, Paris, 1998,
p. 157-165, dont l'appréciation du statut (p. 164) demeure toutefois incertaine.
25. LIV. 43,3 (en 171 av. J.-C.) : Senatus decrevit uti nomma sua apud L. Canuleium profiterentur,
eorumque si quos manumisisset, eos Carteiam ad Oceanum decuci placere. Qui Carteiensium domi manere
vellent, potestatem fore, uti numéro colonorum essent, agro assignato. Latinam eam coloniam esse,
libertinorum appellari. M. HUMBERT, Libertas id est civitas : autour d'un conflit négatif de citoyenneté
au IIe s. avant J.-C., MEFRA 88,1976, p. 221-242.
26. G. CASTELLVI, avec la collaboration de C. GAVAGE et J. LAFORGUE, La via Domitia en montagne : le
franchissement des Pyrénées, dans G. CASTELLVI, J.-P. COMPS, J. KOTARBA et A. PEZIN, Voies romaines du
Rhône à l'Èbre : via Domitia et via Augusta, DAF 61, Paris, 1997, p. 201-214.
27. Sur l'histoire et l'utilisation des voies pyrénéennes : R. ETIENNE, Les passages transpyrénéens
dans l'Antiquité. Leur histoire jusqu'en 25 avant Jésus-Christ, Annales du Midi 67,1955, p. 295-312
(= En passant par l'Aquitaine… Recueil d'articles de Robert Étienne, Bordeaux, 1995, p. 125-146, surtout
p. 138-141 sur le contexte sertorien et pompéien), ainsi que : Josep PADRÒ et Concepciò PIEDRAFITA,
Les étapes du contrôle des Pyrénées par Rome, Latomus 46,1987, p. 356-362 ; C. RICO, Pyrénées
romaines, p. 139-154.
28. CIC., Fam. 10,15, 3, puis Fam. 10,17,1, mentionne à deux reprises, en 43 av. J.-C., Forum Iuli ; ILN
Fréjus, p. 14-15 ; R.-CH., Intégration, p. 146.
29. CIC., Fam. 10, 17, 1.
30. JULLIAN 3, p. 36 considère qu'il s'agit d'une création du proconsul qui intervint en Transalpine.
Voir aussi A. L. F. RIVET, Gallia Narbonensis, p. 43. Mais on a parfois hésité à les suivre : C. EBEL,
Transalpine Gaul. The emergence of a Roman province, Leyde, 1976, p. 84.
31. J. BRUNEL, Etienne de Byzance et le domaine marseillais, REA 43,1945, p. 130-131 ; Chr.
GOUDINEAU, Sur un mot de Cicéron, ou Avignon et le domaine de Marseille, dans Mélanges offerts à Jacques
Heurgon. I, Rome, 1976, p. 325-332.
32. Leur monnayage rapprocherait leur destin de celui des Samnagetai/Samnagenses, dont
l'histoire est aussi peu connue. Observations récentes sur le pays salyen, par F. VERDIN, Du
territoire salyen à la cité d'époque romaine, dans P. GROS (Dir.), Villes et campagnes en Gaule méridionale,
Paris, 1988, p. 89-103.
33. Sur ce texte Chr. GOUDINEAU, op. cit. (n. 12), p. 105-107. Le contexte archéologique doit être
apprécié à partir de Μ. PY, Culture, économie et société protohistoriques dans la région nimoise, Rome,
1990.
34. CHRISTOL, Mémoire perdue, p. 58-61.
35. PLINE, NH 3, 4, 30. P. LE ROUX, op. cit. (n. 1), p. 83-87.
36. Pour le repère de 22 av. J.-C., qui correspond au transfert de la Narbonnaise au peuple
romain, en rapport avec l'évolution du statut de Nîmes, voir ci-dessus avec n. 22.
37. M. CHRISTOL et Chr. GOUDINEAU, Nîmes et les Volques Arécomiques au Ier siècle avant J.-C., Gallia
45, 1987-1988, p. 90-93. Il importe de tenir compte des renseignements fournis par SUET., Tib. 4 :
voir ci-dessous avec n. 40. La datation césarienne avait déjà été proposée par E. HERZOG, Galliae
Narbonensis provinciae romanae historia, descriptio, institutorum expositio, Leipzig, 1844, p. 87 (pour la
tribu Voltinia, p. 165) ; voir aussi O. HIRSCHFELD, CIL XII, p. XII, qui distingue toutefois entre l'œuvre
de César (l'octroi du droit latin) et l'œuvre d'Auguste (le rattachement de ces communautés
latines à la tribu Voltinia, en 27 av. J.-C.).
38. CHASTAGNOL, Droit latin provincial, p. 93-94 ; ID., Cités Narbonnaise, p. 117 (=Xe congrès d'épigraphie,
p. 56-57).
42
39. G. B. ROGERS, Notes sur des rapports métrologiques : un système monétaire en Gaule de 43 à 23
av. J.-C., RN 6e s., 28,1986, p. 83-93.
40. Chr. GOUDINEAU, Note sur la fondation de Lyon, Gallia 44,1986, p. 171-173.
41. M. CHRISTOL et Chr. GOUDINEAU, op. cit. (n. 37), p. 92.
42. R.-CH., Intégration, p. 146, fournit une liste vraisemblable.
43. Voir à ce sujet : CHRISTOL, Mémoire perdue, p. 53-56.
44. A. PIGANIOL, Orange, p. 79-84 (qui place toutefois les deux fondations de Béziers et d'Orange en
35) ; M. CLAVEL-LÉVÊQUE, Béziers et son territoire dans l'Antiquité, Paris, 1970, p. 161-167 ; M. CHRISTOL,
Béziers en sa province, dans M. CLAVEL et R. PLANA-MALLART (Éd.), Cité et territoire, Paris, 1995,
p. 102-103. Nous adoptons ainsi des points de vue qui procèdent plus des travaux d'E. Kornemann
et Fr. Vittinghof que de C. Jullian.
45. J. GASCOU, Quand la colonie de Fréjus fut-elle fondée ?, Latomus 41, 1982, p. 132-145 ; ILN Fréjus,
p. 15-19.
46. M. CHRISTOL, op. cit. (n. 44), p. 106-107.
47. A propos de Digne, le document essentiel est une inscription de Narbonne (C/L XII 6037a),
remise en évidence par A. Chastagnol dans son introduction : ILN Digne, p. 263-266. Voir aussi
GASCOU, Carrière, p. 124-125. Les doutes exprimés à propos de sa datation augustéenne par G.
BARRUOL, Les agglomérations gallo-romaines des Alpes du sud, dans P. GROS (Dir.), Villes et
campagnes en Gaule romaine, Paris, 1988, p. 33, ne peuvent être retenus. Il en est de même pour
l'interprétation du mot Dinia, proposée par A. ROTH-CONGES, L'inscription des Escoyères dans le
Queyras, la date de l'octroi du droit latin aux Alpes Cottiennes et la question du statut de Dinia,
Riv. di stud. liguri 59-60,1993-1995, p. 73-101 ; voir aussi à ce sujet AE 1994 1178.
48. CIL XII 1005, 1114, 1116, 1118, 1120 ; M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, op. cit. (n. 6), p. 41. Pour les
institutions, J. GASCOU, Magistratures et sacerdoces municipaux dans les cités de Gaule Narbonnaise, dans
Xe congrès d'épigraphie, p. 105-107 ; ILN Apt, p. 23-25 ; ID., Carrière, p. 121-122.
49. CIL XII 1239 ; M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, op. cit. (n. 6), p. 42.
50. CIL XII 5371 ; M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, op. cit. (n. 6), p. 42. Pour les institutions, J. GASCOU,
op. cit. (n. 48), p. 107-108.
51. CIL XII 358, 367, 3291, 4082 ; M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, op. cit. (n. 6), p. 42. Pour les
institutions : A. CHASTAGNOL, ILN Riez, p. 187-194 ; J. GASCOU, dans Xe congrès d'épigraphie,
p. 117-118 ; ID., Carrière, p. 126-127.
52. CIL XII 982 et 4528 : M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, op. cit. (n. 6), p. 42 ; ILN Aix-en-Provence,
p. 28-30, adopte, à notre avis, une démarche trop prudente. Pour les institutions voir aussi J.
GASCOU, dans Xe congrès d'épigraphie, p. 101-104 ; ID., Carrière, p. 122-123.
53. M. CHRISTOL et M. HEIJMANS, op. cit. (n. 6), p. 38-41 (AE 19921181). Pour les institutions voir J.
GASCOU, dans Xe congrès d'épigraphie, p. 107 ; ID., Carrière, p. 123.
54. J. GASCOU, Duumvirat et quattuorvirat dans les cités de Narbonnaise, dans Epigrafia. Actes du colloque
en mémoire de Attilio Degrassi, Rome, 1991, p. 560-561 ; ID., Carrière, p. 124 (Cavaillon), 128-128 (Alba
Helvorum), 129 (Antibes).
55. CIL XII 4379. La solution retenue par Hirschfeld (aedil(is) co[l(oniae) Ae/|clano) se heurte au fait
qu'Aeclanum, à l'époque impériale, fut longtemps un municipe, avant de devenir colonie. Or
l'inscription de Narbonne ne peut dépasser le milieu du I er s. ap. J.-C. Une révision du document,
en compagnie de M. Janon, a permis de constater qu'à la ligne 3 la première lettre est un G, plus
difficilement un C. Cette proposition a été retenue par R.- CH., Intégration, p. 147. Voir aussi ci-
dessous avec n. 71-73. Sur le texte, voir M. CHRISTOL et M. JANON, Le statut de Glanum à l'époque
romaine, à paraître.
56. STRABON, Geogr. 4, 1, 11 pour Vienne ; 4,1,12 pour Nîmes ; R.- CH., Intégration, p. 147.
57. M. CHRISTOL et Chr. GOUDINEAU, op. cit. (n. 37), p. 97-98 ; CHRISTOL, Mémoire perdue, p. 58-61.
43
démonstration chronologique est plus serrée pour Carcassonne : l'absorption de la cité se place à
l'époque tétrarchique. Ailleurs, Béziers absorbe les petites cités des Piscenae, de Cessero et d'Agde.
75. Facteur mis en évidence par Chr. GOUDINEAU, La romanisation des institutions en Transalpine,
Cahiers ligures de préhistoire et d'archéologie 24,1975, p. 34, à la suite des travaux de R. Syme, E.
Badian, entre autres. Pour la Transalpine, voir en particulier Y. BURNAND, Domitii Aquenses. Une
famille de chevaliers romains de la région d'Aix-en-Provence. Mausolée et domaine, RAN Supplément 5,
Paris, 1975, p. 211-237. Pour les Marii : M. CHRISTOL, Les Volques Arécomiques entre Marins, Pompée et
César, dans Mélanges offerts au docteur J.-B. Colbert de Beaulieu, Paris, 1987, p. 211-219.
76. Voir ci-dessus la bibliographie citée aux notes 14 et 16. On ajoutera les travaux de M. Clavel-
Lévêque sur le cadastre B de Béziers : M. CLAVEL-LÉVÊQUE, Atlas des cadastres de Gaule. I. Le réseau
centurié Béziers B, Paris, 1995. Mais ce secteur de la province n'est pas le seul en cause. Il y aurait
certainement à apprendre à partir d'une meilleure connaissance de la mise en valeur des zones
correspondant au cadastre B d'Orange.
77. Chr. GOUDINEAU, op. cit. (n. 75), p. 29-31. P.-Y. LAMBERT, L'épigraphie gallo-grecque, dans X e congrès
d'épigraphie, p. 39, fait observer que la chute de Marseille et le démantèlement de son territoire,
en 49 av. J.-C., ne firent pas disparaître l'épigraphie gallo-grecque.
78. CIL XIII 1668 ; TAC., Ann. 11, 23-25. Voir à ce sujet A. CHASTAGNOL, Les modes d'accès au Sénat
romain au début de l'Empire : remarques à propos de la table claudienne de Lyon, BSNAF, 1971,
p. 282-310 ; ID., Le Sénat romain à l'époque impériale, Paris, 1992, p. 79-96.
79. TAC., Ann. 12, 23,1 ; DION CASSIUS 52, 42, 6-7. A. CHASTAGNOL, Le problème du domicile légal des
sénateurs à l'époque impériale, dans Mélanges offerts à Léopold Sédar Senghor, Dakar, 1977, p. 43-54 ; ID
., Le Sénat romain, p. 164-165.
80. A. CHASTAGNOL, op. cit. (n. 78), p. 293-295 ; ID., Le Sénat romain, p. 81-83.
81. On rapprochera cette conclusion des observations générales de Chr. GOUDINEAU à propos de la
romanisation des institutions en Transalpine (voir ci-dessus n. 77).
82. P. LE ROUX, Le Haut-Empire romain en Occident, d'Auguste aux Sévères, Paris, 1998, p. 247-249.
AUTEUR
MICHEL CHRISTOL
Professeur honoraire de l’université Paris 1 -
Panthéon-Sorbonne
Résidence Le Paroy - 2, rue de la Division Leclerc - F-94250 Gentilly
45
Mes vifs remerciements vont à Anne Bielman qui a bien voulu revoir la rédaction française du texte
et discuter de certaines hypothèses avec moi ; ils vont également à Hans Lieb qui m’a donné de
précieux conseils au cours de débats nourris.
1 Les pages qui suivent vous présenteront l’état de la recherche relatif à trois cités situées
sur le territoire de la Suisse actuelle : deux colonies romaines, la Colonia Iulia Equestris
(Nyon) et la Colonia Augusta Raurica (Augst), ainsi que la ciuitas des Helvètes qui a obtenu le
rang de colonie sous Vespasien et dont le centre était Auenticum (Avenches). À l’époque
impériale, cette région appartenait à la partie méridionale de la Gaule Belgique, puis – à
partir de Domitien – de la Germanie supérieure, en conservant des relations culturelles
avec la Gaule ; la Colonia Iulia Equestris entretenait notamment des rapports avec la Gaule
Narbonnaise, tandis que la cité des Helvètes était liée avec les Trois Gaules, en particulier
avec l’Autel de Lyon. Les deux colonies servaient certainement d’avant-postes de la
romanisation ; il semble d’ailleurs que la romanisation des Helvètes, de l’élite sociale du
moins, fut particulièrement rapide.
2 Après un bref survol des événements importants, nous présenterons d’abord les deux
colonies romaines – Nyon et Augst -, puis la situation des Helvètes avant et après la
guerre civile de 68/69 ap. J.-C. L’analyse se concentrera sur les questions
constitutionnelles et administratives, laissant de côté les aspects sociaux ou les points
spécifiquement liés à la romanisation1.
3 Cette étude aura en outre pour but de reprendre et de mettre à jour notre contribution
sur la Suisse gallo-romaine, publiée en 1976 dans l’ouvrage collectif Aufstieg und
Niedergang der römischen Welt2. En confrontant l’état actuel de la recherche et l’état
présenté en 1976, on se rendra facilement compte des progrès accomplis durant ces vingt
dernières années et, inversement, des problèmes qui n’ont pas encore trouvé de réponse
ou qui se posent en des termes nouveaux. De la même manière que nous l’avons fait
en 1976, nous nous proposons de traiter uniquement des débuts de l’époque impériale, en
46
laissant volontairement de côté le Bas Empire et la transition entre Bas Empire et Haut
Moyen Âge.
Suisse actuelle : le Valais, le Tessin, les Grisons et la Suisse orientale ; le Plateau suisse a
été intégré pacifiquement puisque les Helvètes n’apparaissent pas parmi les peuples
vaincus.
7 La Colonia Iulia Equestris était sans doute une colonie romaine, fondée par César qui
déduisit des vétérans au bord du lac Léman12. Il y a également consensus parmi les
chercheurs sur la nature juridique de cette colonie : c’était une colonie installée sur un
territoire enlevé aux Helvètes qui s’étaient montrés des voisins dangereux, comme
l’avaient prouvé les événements de 58 av. J.-C., tout comme leur participation au
soulèvement de Vercingétorix en 52 av. J.-C.
8 Au-delà de ces certitudes, des points obscurs demeurent. Aucune source antique ne
parlant de la fondation (nous évoquerons infra le passage souvent oublié de Lucain dans
son Bellum ciuile), toutes les hypothèses concernant la date exacte de la fondation, les
premiers colons ou les motifs qui auraient conduit César à fonder cette colonie ne sont
que des interprétations basées sur la situation géographique de la colonie ou sur sa
titulature, Colonia Iulia Equestris. Le mot Iulia indique que le fondateur en fut César ou
peutêtre Octavien13. Les années 50/49, 45 et aussi 32 av. J.-C. ont successivement été
proposées comme date de fondation. Denis van Berchem, qui mettait en évidence le
praefectus arcendis latrociniis – magistrat extraordinaire de la colonie, d’interprétation
délicate – retenait les années 50/49 av. J.-C., période qui précédait immédiatement les
guerres civiles. Il était d’avis que la préfecture à la répression du brigandage était inscrite
dans la constitution de la colonie et trahissait une situation politique contemporaine.
Selon cet auteur, les latrones auraient désigné les Helvètes et les vétérans installés dans la
colonie auraient eu pour tâche de protéger la Gaule Narbonnaise contre d’éventuelles
incursions helvètes. La date de 50/49 av. J.-C. avait été déjà suggérée par Konrad Kraft.
Hans Bögli, en collaboration avec Niklaus Dürr, a tenté de confirmer cette datation en
exploitant un trésor trouvé à Vidy, contenant notamment des demi-victoriats frappés, à
son avis, par César14. Mais – ainsi que Μ. A. Crawford le soupçonnait et qu’Anne Geiser
peut désormais le confirmer15 – le trésor de Vidy n’a aucun rapport avec la date de
fondation de la colonie puisqu’il s’agit d’un dépôt de faux-monnayeurs. Nous-même, nous
avons argumenté en faveur de la date de 45/44 av. J.-C., prenant en considération la
situation politique générale et les prérogatives dont César jouissait à l’époque. Nous
pensons encore que la date de 45/44 av. J.-C. est celle qui convient le mieux à la déduction
de vétérans à Nyon, mais nous y apporterons toutefois une retouche. Brigitte Galsterer-
Kröll, au contraire, penche plutôt pour une datation basse, post-césarienne16.
9 Les Pharsalia de Lucain n’ont guère été mis en relation avec la colonie de Nyon17. Pourtant,
au début de son poème, le poète énumère les troupes que César réunit afin de former une
armée et d’envahir l’Italie en franchissant le Rubicon. Parmi ces troupes sont citées des
unités qui étaient stationnées au bord du lac Léman et qui répondirent à l’appel du chef
militaire18. Il faut naturellement se demander si les éléments de ce catalogue de troupes,
d’ailleurs rédigé dans un style épique traditionnel19, sont corroborés par des sources
fiables. Même si ces passages de Lucain ont échappé à l’attention des auteurs modernes 20,
il semble que le poète ait puisé ses données historiques dans l’oeuvre de Tite-Live, voire
48
dans d’autres ouvrages historiques qui nous demeurent inconnus21. Il se peut que ces
vers, nourris de sources fiables et détaillées, contiennent une allusion à un camp de
marche situé sur les rives du lac Léman, éventuellement à l’emplacement où s’installera
ultérieurement la colonie22. On pourrait ainsi concilier les différentes datations
proposées : une première tentative d’occupation du site par des forces militaires, en
50/49 av. J.-C., aurait été suivie d’une déduction de colonie, en 45/44 av. J.-C.
10 Qui étaient les vétérans de la nouvelle colonie ? Ce problème tant discuté n’est pas encore
résolu23. Le seul élément de réponse reste l’épithète Equestris. Selon Konrad Kraft,
l’épithète reflèterait la déduction de vétéranscavaliers provenant de différentes légions ;
César les aurait installés sur les bords du Léman pour qu’ils fassent barrage aux Helvètes,
réputés pour leur cavalerie24. J. G. P. Best, en revanche, a supposé que ces soldats étaient
issus de la legio X Equestris, la légion favorite de César, et d’après B. H. Isaac, L. Munatius
Plancus aurait en parallèle déduit des vétérans de la légion IX Triumphalis à Augst 25.
Toutefois, il est impossible en l’état de nos connaissances de prouver des liens, quels
qu’ils soient, entre les épithètes d’une colonie et celles d’une légion, ceci par manque de
sources d’époque césarienne se référant explicitement à cette question. En effet, nous ne
trouvons trace des vétérans césariens de la colonia Equestris ni dans les sources littéraires,
ni dans les documents épigraphiques26. Pour l’époque pré-augustéenne et augustéenne,
en revanche, la situation est plus claire. Nous savons ainsi sans conteste que des vétérans
de la legio X Equestris ont été déduits dans la colonie de Patras 27. Cependant, en ce qui
concerne Nyon, les sources épigraphiques ou numismatiques qui pourraient jeter une
lumière sur les colons de l’époque augustéenne font également défaut. D’autres
approches devraient être reprises, telle l’analyse des toponymes du territoire de la
colonie – commencée par Edgar Pélichet. Toutefois, le procédé même est à revoir et les
toponymes remontant selon cette hypothèse (douteuse) aux premiers colons nous
renseignent sur l’origine italique ou provinciale de ces derniers28 mais ne donnent pas
d’indication sur la légion dont ils seraient issus.
11 En ce qui concerne les motifs qui auraient amené César à fonder la Colonia Iulia Equestris,
tous les chercheurs suivent la démonstration de Konrad Kraft et s’accordent à y voir une
barrière contre les Helvètes, dressée afin de les empêcher de tenter de pénétrer une
nouvelle fois en Gaule Narbonnaise. Toutefois, Nyon n’était pas la seule colonie installée
dans les Trois Gaules puisqu’existaient Augst et Lyon. Avant K. Kraft, l’opinio communis
voulait que les trois colonies répondissent à un plan prémédité de Jules César, plan dans
lequel Nyon jouait un rôle pionnier. K. Kraft exprime des doutes quant à ce dessein
césarien, arguant du fait que cette conception globale reflèterait davantage la situation
augustéenne puisqu’à cette période l’offensive contre la Germanie était réalisée et que
Lyon avait acquis une position centrale dans le réseau des voies de communications.
D’autres auteurs comme Denis van Berchem ont exprimé des doutes analogues29.
L’analyse des circonstances dans lesquelles fut déduite la colonie de Lyon vient à l’appui
de cette attitude prudente30 et il n’est pas davantage certain que la colonie Raurica ait été
l’aboutissement d’un plan césarien, comme nous essayerons de le démontrer plus loin 31. Il
faut donc envisager séparément la fonction de la colonie de Nyon, puis celle d’Augst.
12 D’autres sources peuvent-elles venir à notre rescousse, telles l’archéologie ou les sources
épigraphiques et numismatiques ? Les fouilles intensives des vingt dernières années n’ont
pas encore livré de trace d’un habitat celtique sur l’emplacement de la future colonie, ce
qui jette le doute sur le mot gallo-romain Nouiodunum et sur sa signification historique 32.
En revanche, la fourchette entre la fondation césarienne de 45/44 av. J.-C. et le premier
49
urbanisme augustéen daté des environs de 15 av. J.-C., fourchette marquée par l’absence
d’objets archéologiques, semble se réduire maintenant. Les plus anciens tessons trouvés
dans les fouilles33 remontent aux années 40 av. J.-C. ; toutefois, des vestiges permettant la
reconstitution de plans de bâtiments se font encore attendre, tout comme des vestiges
indiquant le schéma régulateur de l’urbanisme, schéma connu pour l’époque suivante.
13 Comme nous l’avons souligné plus haut, des inscriptions datées du début de l’ère
coloniale font défaut. La première inscription porteuse d’indices chronologiques se réfère
à Claude34 et aucun vétéran, ni césarien ni autre, n’est attesté épigraphiquement puisque
P. Annius Montanus n’entre pas dans cette catégorie35. Les trouvailles monétaires de
Nyon, y compris les monnaies provenant de collections privées et qui sont entrées dans le
lot des monnaies nyonnaises, ont été présentées par Colin Martin. Elles font actuellement
l’objet d’une série d’études globales. Ce n’est qu’après ces travaux préparatoires qu’on
pourra éventuellement utiliser les sources numismatiques à des fins historiques36.
Nouiodunum
Le territoire de la colonie
15 L’étendue du territoire de la colonie n’est pas indiquée par des sources antiques directes.
Il faut donc recourir à des procédés indirects, bien connus mais pas nécessairement
fiables41. Nous pensons premièrement aux milliaires puisque l’on reconnaît généralement
que les cités ont érigé sur leur territoire des milliaires indiquant le caput uiae territorial 42 ;
nous pensons ensuite aux frontières des diocèses médiévaux, à condition que ces
subdivisions trahissent une permanence frontalière de l’Antiquité au Moyen Âge,
permanence certes vérifiée dans plusieurs cas mais pas systématiquement. En ce qui
concerne le territoire de la colonie Équestre, la discussion a été renouvelée récemment.
16 Les frontières des diocèses médiévaux délimitent le territoire colonial comme suit : le
nom de la Colonia Iulia Equestris survit dans la dénomination du pagus Equestricus qui
apparaît au Xe s. dans des chartes du second Royaume de Bourgogne43. Le pagus
Equestricus, un comté du royaume des Rodolphingiens, était soumis à l’autorité
50
ecclésiastique de l’évêque de Genève et Ton peut encore suivre sur ce point les études
conduites au XIXe s. par Frédéric Gingins-La Sarra44. D’ouest en est, les frontières
diocésanes se limitaient au lac Léman et à la première chaîne du Jura ; il s’agit de
frontières naturelles qui appartiennent aujourd’hui à la fois au canton de Genève, au
canton de Vaud et au Pays de Gex situé en France voisine. Au sud, il faut supposer que le
territoire s’étendait jusqu’au Pas de l’Écluse, tandis qu’au nord, l’Aubonne, un petit
fleuve, marquait la frontière avec le diocèse de Lausanne. Tous les auteurs, à partir de
Theodor Mommsen, ont attribué le même territoire à la colonie Équestre45.
17 Cependant, deux nouveautés ou plutôt deux précisions sont apparues récemment :
d’abord, comme nous venons de le relever, le territoire de la colonie romaine appartient à
deux États modernes, à savoir la Suisse et la France, et dans la Suisse même à deux
cantons (Genève et Vaud), ce qui ne facilite ni la recherche ni la vue d’ensemble. Ainsi,
tous les auteurs s’accordent à attribuer le Pays de Gex au territoire de la colonie46 mais la
situation moderne complexe a conduit les éditeurs du CIL à attribuer aux Séquanes
quelques inscriptions trouvées dans le Pays de Gex, au lieu de les rattacher au dossier
épigraphique de la colonie Équestre lorsque les copies de l’abbé Claude de Veyle furent
connues47. La plupart des auteurs modernes négligent dès lors trois inscriptions du Pays
de Gex48, deux inscriptions funéraires trouvées à Thoiry et un fragment découvert en
réemploi dans les murailles de la forteresse de Léaz. Il est vrai qu’elles sont aujourd’hui
perdues et qu’au moment de leur découverte, elles étaient sans doute déjà peu lisibles ;
néanmoins, les deux inscriptions funéraires mentionnaient peut-être des édiles de la
colonie49.
18 En revanche, deux milliaires provenant de Prévessin (F) et qui y sont exposés aujourd’hui
encore ont été correctement insérés dans le dossier épigraphique de la colonie Équestre 50,
de même qu’on n’a jamais oublié que l’aqueduc menant de Divonne à Nyon était une
construction appartenant au territoire de la colonie51.
19 Justin Favrod a rouvert le dossier de la frontière orientale du territoire colonial puisque
les frontières des diocèses médiévaux et les milliaires ne concordent pas 52. Comme nous
l’avons dit plus haut, l’Aubonne a constitué la frontière entre le diocèse de Genève et celui
de Lausanne. Mais trois milliaires appartenant au territoire colonial ont été répérés à l’est
de cette frontière, à Lavigny, à Étoy et à St-Prex ; les milliaires de Lavigny et d’Étoy
indiquent les milles qui correspondent à la distance séparant ces bourgades respectives
de la colonie Équestre tandis que le fragment de St-Prex est inutilisable53. Puisque le
milliaire de Lavigny était in situ ou quasiment in situ au moment de sa découverte, force
est d’admettre que la frontière orientale de la colonie passait un peu à l’est de l’Aubonne,
peut-être sur la Morge ; probablement, le diocèse de Lausanne s’est-il élargi à un moment
de son histoire et a-t-il grignoté l’ancien territoire colonial54. En suivant cette hypothèse –
que nous avons adoptée pour l’édition des inscriptions de la colonie Équestre-, il faut
ajouter au dossier épigraphique nyonnais une petite statuette en bronze, retrouvée au
XVIIIe s. dans les vignes de St-Prex55.
20 La difficulté majeure qui grève toute étude détaillée de la colonie Équestre est le
problème de l’appartenance des inscriptions retrouvées à Genève. Theodor Mommsen
s’était déjà rendu compte de l’impossibilité de séparer nettement les inscriptions
illustrant le uicus de Genaua des inscriptions antiques transportées de Nyon à Genève à
51
La constitution de la colonie67
La tribu et les liens entre Nyon et Genève
21 La colonie Équestre était une colonie romaine établie sur un territoire enlevé aux
Helvètes68. Elle était inscrite dans la tribu Cornelia bien attestée par les sources
épigraphiques69. Toutefois, une remarque s’impose : comme on le sait depuis longtemps
déjà, les relations entre la colonie et Genève, ou plutôt entre la colonie et la cité des
Allobroges étaient particulièrement étroites, de sorte que plusieurs magistrats exerçaient
des fonctions tant à Nyon qu’à Vienne. On retrouve donc à Nyon aussi la tribu Voltinia.
Denis van Berchem, cherchant une explication à ce phénomène, a supposé que César avait
admis des Allobroges de la région de Genève dans la colonie Équestre, les Allobroges
ayant des possessions sur la rive droite du Rhône70. Ce dossier mériterait d’être repris.
Une histoire des familles antiques concernées pourrait peut-être y apporter quelques
lumières. Nous avons d’ailleurs commencé à étudier la famille des Iulii Ripani, une famille
équestre de la Colonia Iulia Equestris sur laquelle on possède désormais quelques données 71.
Enfin la tribu Teretina a été récemment attestée dans un document nyonnais mais le
notable en question, P. Annius Montanus, était probablement originaire d’Arles et n’est
venu s’installer que tardivement à Nyon72.
52
23 Dans la colonie Équestre sont attestés jusqu’à présent huit duumuiri ; trois d’entre eux ont
itéré la fonction73. Se rencontrent ensuite cinq édiles, si nous incluons, avec beaucoup de
prudence, dans l’analyse, les fragments provenant de Thoiry et si nous prenons en
considération la formule omnibus honoribus… functus 74. Manque dans le dossier la mention
du duumuir quinquennalis. Ce poste très prestigieux n’est pas attesté pour l’instant dans la
colonie Équestre75. Celui de questeur qui était facultatif dans une colonie romaine, fait
également défaut.
24 Les deux carrières les plus détaillées, celle de C. Lucconius Tetricus et celle de Q. Seuerius
Marcianus76, font état de la charge de « préfetremplaçant d’un duumuir », selon la
trafuction adoptée par la majorité des auteurs ; l’inscription dédiée à Q. Seuerius
Marcianus mentionne le titre en entier, pr[ae]fect(us) pro Iluiris, tandis que dans le cas de C.
Lucconius Tetricus, le texte est endommagé et l’on ne sait pas s’il faut compléter au
pluriel, praefect(us) pro IIuir[is], ou au singulier, pro Iluir[o]77.
25 Les différents préfets attestées dans les municipes et dans les colonies posent encore des
problèmes d’interprétation, malgré les analyses de J. Gascou sur les préfets i(ure) d(icundo)
attestés en Afrique du Nord et les préfets des cités de la Gaule Narbonnaise, malgré
l’étude de Maria S. Bassignano sur les cas attestés en Italie du Nord et malgré les
remarques d’autres auteurs qui se sont penchés en particulier sur les préfets-remplaçants
de l’empereur78. J. Gascou notamment distingue quatre cas de préfets dont deux sont
clairement attestés par les lois municipales, à savoir d’une part des préfets remplaçant
temporairement le duumuir lorsque celui-ci était contraint de s’absenter plus d’une
journée de sa colonie et que son collègue était également absent et d’autre part des
préfets remplaçant un membre de la famille impériale. Ces deux remplacements sont
minutieusement organisés par les lois municipales79. Il n’est pas étonnant qu’un préfet
substitut de l’empereur cite ce remplacement très honorifique dans son cursus honorum,
mais comme le dossier épigraphique de Nyon ne présente pas un tel cas, nous le laissons
de côté. Il est en revanche plus difficile de comprendre pourquoi une charge temporaire
ordinaire était mentionnée parmi les magistratures d’un cursus honorum, où elle précédait
régulièrement le duumvirat80 ; à notre avis, J. Gascou a bien démontré que cette charge
qui n’était pas une véritable magistrature – elle n’entrait pas au nombre des honneurs, et,
pour l’assumer, il n’était pas nécessaire de payer la summa legitime 81 – apportait
53
peut-être la raison pour laquelle la place de cette charge dans le cursus municipal n’était
pas fixe. La création d’une magistrature municipale bien après l’octroi de la constitution
initiale de la colonie est envisageable : que Ton pense, par exemple, aux prêtres et surtout
aux prêtresses du culte impérial (flammes Augusti et flaminicae Augustae), introduits les uns
après la divinisation d’Auguste, voire plus tard, les autres au plus tôt après la divinisation
de Livie en 42 ap. J.-C.102. Mais il reste d’autres points obscurs et les circonstances qui ont
présidé à la création de cette magistrature, peut-être temporaire, nous échappent103. On
ne sait même pas si les latrones en question étaient des brigands, des marginaux ou des
soldats maraudeurs. De même, on ignore si les préfets de Nyon devaient surveiller les cols
du Jura, comme C. Jullian le supposait, et/ou des actes de piraterie sur le lac Léman qui
connaissait certainement un trafic beaucoup plus dense qu’aujourd’hui104.
L’interrex
33 En 1996, lors des fouilles de l’amphithéâtre de Nyon, deux inscriptions ont été
découvertes105 utilisées en réemploi comme couverture de l’égout qui traversait l’arène.
Quant à leur emplacement original, on envisage également l’amphithéâtre ; l’une, qui
date de l’an 111 et qui honore Trajan, était probablement placée au-dessus de l’une des
portes élevées en l’honneur de cet empereur. C’est la seconde inscription qui est au
centre de la discussion : une belle plaque complète, aisée à lire mais difficile à interpréter
106
. Il s’agit d’une dédicace gravée par Annia Sabina, flaminique du culte impérial
(flaminica Augustaé), en l’honneur de son père, P. Annius Montanus. L’individu, inscrit
dans la tribu Teretina et donc étranger à la colonie Équestre, avait parcouru une carrière
bipartite, d’abord militaire avec les charges d’optio et de quaestor equitum de la legio XXI 107,
ensuite municipale avec le décurionat de la colonie. Annia Sabina fait mention à la ligne 3
d’un interrex (interregi leg(ionis) XXI decurioni) et cette charge a plongé les éditeurs dans
une grande perplexité. Dans la première édition, F. Rossi, M. Tarpin et nous-même avons
présenté brièvement trois explications possibles, à savoir l’interrex comme fonction
militaire, ce qui serait une charge unique, ensuite l’interrex comme fonction municipale,
mais alors il faut s’imaginer que le lapicide aurait déplacé le mot, et finalement une faute
du graveur qui aurait écrit interrex au lieu d’interpres108. Depuis lors, les discussions se sont
poursuivies. D’une part des solutions intéressantes ont été proposées pour mieux
expliquer le déplacement du mot interrex qu’il faudrait lier à la mention de la col(oniae) Eq
(uestris)109. D’autre part, Μ. A. Speidel discutant l’origine et le cursus militaire de P. Annius
Montanus attire à juste titre l’attention sur une seconde attestation d’un interrex legionis,
également de lecture difficile110, et l’auteur ne se prononce pas définitivement sur le cas
de Nyon. C’est pourquoi nous restons favorable à l’idée d’une charge municipale pour l’
interrex. En dernier lieu, sans encore avoir pris connaissance de la nouvelle trouvaille
épigraphique de Nyon, Lidio Gasperini, publiant un autel funéraire de Gaète dédié à un rex
sacrorurn et duumuir de Formies établit un lien entre le rex sacrorurn, l’interrex attesté à
Formies et l’or do regalium111 ; toutefois, l’auteur, qui est resté très prudent, s’est limité à
ce seul cas particulier, à savoir l’interrex attesté au sein d’un collegiurn de cette ville 112,
sans le confronter aux autres attestations d’interrex.
34 Cela nous conduit à examiner l’interrex en tant que fonction municipale et nous ne
traiterons ici ni de l’origine de P. Annius Montanus ni de son cursus militaire, renvoyant
pour cela à l’article de Μ. A. Speidel113. Comme on le sait, l’interrex est une institution
romaine archaïque, ce magistrat entrant en charge lorsqu’il n’y avait plus de détenteurs
légitimes du pouvoir suprême (imperium)114. Or, on trouve de rares cas de reprise de
56
l’institution de l’interrex dans des cités italiques ou provinciales ; parmi les cités italiques,
il faut nommer Bénévent, Formies, Fundi et Pompéi115. L’institution de l’interrex a été donc
adoptée dans une partie relativement restreinte de l’Italie. En province, des interreges sont
attestés dans deux cités de la Gaule Narbonnaise : à Narbonne, la colonia Iulia Patenta
Claudia Narbo Martius, la plus ancienne colonie romaine de Gaule fondée en 118 av. J.-C., et
à Nîmes qui était une colonie de droit latin116. On rencontre également un intenex à Siarum
Fortunalium (La Cañada, Séville) qui était un municipe de Bétique fondé par César 117. Enfin,
un intenex est mentionné dans le texte de la loi de la colonie d’Urso, chap. 130, où le mot,
par une inadvertance du graveur, n’a pas été supprimé118. Selon Th. Mommsen, les
praefecti pro duouiro et d’autres praefecti sont à considérer comme les successeurs des
interreges et le remplacement aurait eu lieu en 32 av. J.-C. 119. Nous avouons ne pas voir
encore nettement cette supposée transition qui mériterait une nouvelle analyse120 ;
néanmoins, nous retenons l’essentiel de cette démonstration, à savoir la disparition de l’
interrex au profit d’un préfet. Les attestations épigraphiques plaident dans ce sens puisque
toutes les inscriptions mentionnant un interrex datent de la fin de la République ou des
premiers temps de l’Empire.
35 Si nous versions, avec la prudence nécessaire, l’inscription nyonnaise à ce dossier, il
faudrait admettre que la fonction d’interrex découlait de la constitution césarienne de la
colonia Iulia Equestris. Cette fonction insolite aurait été maintenue un certain temps, pour
ensuite céder sa place aux praefecti pro duouiris bien attestés dans le matériel épigraphique
de la deuxième moitié ou de la fin du IIe s. ap. J.-C.121. En ce qui concerne la date de
l’inscription en l’honneur de P. Annius Montanus, nous sommes d’avis que la plaque a été
gravée entre le milieu du Ier s. et le début du IIe s. ap. J.-C., la carrière de l’honoré s’étant
déroulée durant la première moitié et jusqu’au milieu du Ier s. On devrait donc
reconnaître dans l’interrex de cette inscription – sans certitude absolue – une fonction
municipale.
Les prêtrises
36 Nous n’avons pas trace à Nyon des prêtrises mentionnées dans la loi de la colonie romaine
d’Urso, à savoir les pontifices et les augures 122 ; en revanche, six flamines Augusti y sont
attestés123.
37 Le cas des sévirs augustaux est plus délicat. De la colonie nyonnaise proviennent le sévir
augustal qui a donné la mensa ponderaria aux habitants de la cité et l’affranchi D. Valerius
Sisses dont l’épitaphe indique qu’il fut sévir de la colonie Équestre. D’autres inscriptions
mentionnant des sévirs ont été retrouvées à Genève, telle une liste énumérant les noms
de six sévirs124. Ces pierres ont-elles été transportées de Nyon à Genève ? On l’ignore et
nous ne disposons d’aucun critère infaillible permettant de juger si, par exemple, les
sévirs augustaux s’étaient plutôt rassemblés dans le chef-lieu (la colonie de Nyon) pour y
déployer leurs activités ou plutôt dans un uicus (Genève par rapport à Vienne).
38 Aux six prêtres du culte impérial s’associent des prêtresses du culte impérial, les
flaminicae Augustae, dont le nombre s’élève à cinq. Ce chiffre est particulièrement élevé
par rapport à l’ensemble des témoignages des Trois Gaules et des deux Germanies 125. Deux
inscriptions proviennent certainement de la colonie Équestre126. Trois fragments
mentionnant des flaminicae Augustae ont été retrouvés à Genève ; se pose à leur sujet un
problème d’attribution identique à celui que nous avons évoqué précédemment pour les
sévirs127.
57
Les décurions
39 Ajoutons encore que quatre décurions de la colonie Équestre sont attestés qui
s’échelonnent du Ier jusqu’au milieu du III e s. ap. J.-C. Ce sont : P. Annius Montanus, l’
interrex dont nous avons parlé plus haut ; Q. Seuerius Marcianus, le deuxième préfet à la
répression du brigandage ; C. Anstistius Crescens mentionné dans une inscription très
abîmée et aujourd’hui peu lisible ; et éventuellement Aurelius Crispus, si l’on veut adopter
la nouvelle lecture proposée par A. Abramenko128.
40 La colonie d’Augst est une soeur jumelle de la colonie Équestre. Elle fut fondée dans les
mêmes années de la fin de la République et était également une colonie romaine, prise sur
le territoire de la tribu des Rauriques, mais son étude suscite des difficultés plus
importantes vis-à-vis de celles que pose la colonie Équestre. En effet, si de nombreux
vestiges archéologiques sont bien visibles à Augst, les traces historiques et épigraphiques
sont en revanche fort maigres. Là ou plutôt les deux fondations de la colonie sont
difficiles à cerner ; la délimitation du territoire colonial ainsi que la localisation du
territoire de la ciuitas des Rauriques ne sont pas attestées avec certitude et le dossier
épigraphique conservé est tellement maigre et aléatoire que l’élite locale antique nous est
quasiment inconnue. Ces faits se reflètent dans la recherche des dernières décennies : les
fouilles archéologiques et surtout la valorisation des données archéologiques ont
beaucoup progressé129, les trouvailles monétaires ont été répertoriées de façon exhaustive
130 mais, par manque de sources écrites (la remarque est valable tant pour les documents
littéraires que pour les inscriptions) ou par manque d’analyse approfondie des sources
disponibles, de nombreuses questions historiques n’ont pas encore trouvé de réponse.
41 Toutefois, en ce qui concerne l’épigraphie, l’examen critique des inscriptions et des
fragments a été repris en 1994 avec un succès remarquable et l’on attend avec impatience
la publication des premiers résultats de cette recherche131.
42 Depuis 1974, date de la publication par Hans Lieb de fragments trouvés dans le dépôt d’un
bronzier antique133, on sait que la colonie d’Augst a été fondée deux fois, la première fois
durant l’été 44 av. J.-C. par L. Munatius Plancus, puis une seconde fois par un certain L.
Octavius, parent d’Auguste, à une date inconnue du règne de ce prince. On croyait
également avoir retrouvé grâce à ces fragments les noms de la colonie : Colonia I≥[---] P≥[ia
Apollin]aris [Augusta E]merita [Raur]ica134, la discussion portant ensuite sur les éléments
onomastiques de la colonie135. Mais un groupe de jeunes chercheurs d’Augst, analysant à
nouveau en été 1992 les fragments de bronze précités, fit deux découvertes
révolutionnaires : premièrement, ils conclurent qu’il ne s’agissait pas d’une seule plaque
mais que, éventuellement, les fragments conservés appartenaient à deux inscriptions ; en
second lieu, ils notèrent des traces de martelage et de soudage au bas du premier
fragment, ce qui abolit ou du moins modifie la reconstitution du texte telle qu’elle avait
58
été admise jusqu’alors136. On peut toutefois retenir quelques résultats des recherches
antérieures même si les éléments récents modifient la donne des problèmes.
produisit dans une zone intermédiaire entre la Rhétie et la Gaule. On peut supposer que
les Rhètes avaient fait des incursions hors des vallées grisonnes, cheminant le long du
Walensee et du lac de Zurich pour arriver au Rhin. Cette route sera plus tard, en 15 av. J.-
C., protégée par trois petites forteresses ou tours de guet sur le Walensee149. Strabon fait
également allusion à des incursions rhètes150. À notre avis, L. Munatius Plancus, après
avoir vaincu les Rhètes dans la région du Haut-Rhin, entre Schaffhouse et Bâle, fonda la
colonie d’Augst afin de garantir les axes de communication contre des attaques de ces
peuplades à qui l’on barrait du même coup l’accès à la Gaule nouvellement conquise. L.
Munatius exécuta-t-il un ordre de César ? On ne le sait pas. Toujours est-il que
l’emplacement de la colonie d’Augst ne répond que difficilement à un dessein présumé de
César – et encore plus difficilement à un plan d’Auguste dans les années qui suivirent 15
av. J.-C., les perspectives politiques et stratégiques de l’Empire ayant alors beaucoup
évolué151.
46 Même si l’on ne connaît pas l’étendue exacte du territoire de la colonie, il est évident que
celui-ci comprenait de nombreux axes de passage et de vastes forêts ; par conséquent, le
but de cette colonie n’était certainement pas l’attribution de terres fertiles aux vétérans
ou aux prolétaires urbains, à la différence des colonies déduites dans la plaine du Pô. À
Augst, les raisons militaires prévalaient. D’après Benjamin H. Isaac qui a souligné le
caractère militaire de la colonie, L. Munatius Plancus y aurait déduit des vétérans de la IXe
légion et, ce faisant, aurait réalisé une action parallèle à l’installation – également
hypothétique – de vétérans de la Xe légion à Nyon. Malheureusement, nous ne sommes en
mesure ni d’infirmer ni de confirmer cette hypothèse puisque nulle inscription dédiée à
l’un de ces premiers colons ne nous est parvenue152. En tout cas, puisqu’il y eut
refondation de la colonie, force est d’admettre que le premier essai de 44 av. J.-C. échoua,
les vétéranscolons ayant probablement quitté les lieux afin de rejoindre les troupes et
participer aux guerres civiles.
47 Reste le problème des titres de la première fondation. Robert Bedon a fait progresser le
débat en réaffirmant une distinction entre le nom de la colonie munatienne et celui de la
colonie augustéenne153. En l’absence de tout document, on achoppe sur le fait de savoir si
la première colonie portait une dénomination renvoyant au premier fondateur (Colonia
Munatia), agrémentée éventuellement de l’épithète Triumphalis si l’on admet l’hypothèse –
difficilement vérifiable – d’une déduction, à Augst, de vétérans de la IXe légion. Robert
Bedon, qui s’inspire des noms d’autres colonies césariennes, y ajoute Copia et Felix, retenus
par l’équipe des chercheurs d’Augst154. Tout ceci est vraisemblable mais les preuves font
défaut155. Dernièrement, le toponyme même de Raurica a été remis en question par Rudolf
Fellmann ; selon cet auteur, ce mot serait plutôt un adjectif (« la colonie des Rauriques »),
et il faut avouer qu’aucun site indigène n’a été mis au jour à Augst156. Le débat reste donc
entier.
48 De nouvelles analyses des fragments de bronze trouvés en 1967 dans le dépôt d’un
bronzier antique nous incitent à réexaminer la refondation de la colonie sous Auguste et
en particulier le texte reconstitué par Hans Lieb. Comme on l’a dit précédemment, la
reconstitution du texte proposée en 1974 n’est plus valable. Pour faciliter la discussion,
nous reproduisons ici la lecture de H. Lieb157 : L(ucio) Octa[uio L. f] / nuncu[patori] / Colonia I
≥[---]/P ≥[ia Apollijnaris / [Augusta E]merita / [Raur]ica / [publi]ce.
60
52 Le nom de la colonie (colonia Raurica) indique que la colonie a été fondée sur un territoire
pris à la tribu des Rauriques, ce qui pose le problème de la localisation des Rauriques. En
ce qui concerne les sites primitifs, les sources littéraires à notre disposition sont bien
connues. Strabon, se basant sur Posidonios, omet les Rauriques dans sa description des
peuples de la rive gauche du Rhin168. Selon César, qui ne donne pas de détails, ils étaient
les finitimi des Helvètes169, et ce fut précisément César qui leur attribua un territoire après
61
leur défaite à Bibracte. Selon cette hypothèse à laquelle nous nous rallions, cette tribu
habitait avant la guerre des Gaules sur la rive droite du Rhin, et c’est pourquoi leur nom
manque dans le récit final de la Guerre des Gaules 170. Mais cette explication est contestée et
d’autres auteurs attribuent aux Raurici la même zone d’habitat depuis la fin du II e s. av. J.-
C. déjà171. Après la défaite de Bibracte, dans la deuxième moitié du Ier s. av. J.-C., la
situation devint plus claire : les Rauriques érigèrent un oppidum sur la colline de la
cathédrale de Bâle (site de Bâle/Münsterhügel) où les fouilles archéologiques ont répéré
un puissant murus Gallicus. Plus tard, autour de l’an 15 av. J.-C., Rome établit une garnison
sur ce site172. La mention de Raurica dans la titulature de la colonie de l’époque impériale,
mention attestée par l’inscription funéraire de L. Munatius Plancus, indique que les
Rauriques habitaient à proximité de la colonie.
53 Pour connaître le territoire de la ciuitas des Rauriques, amoindri en 44 av. J.-C. par la
création du territoire colonial, on ne possède que de rares données. Selon toute
probabilité, la ciuitas des Rauriques a maintenu son existence, du moins pendant le I er s. et
la première moitié du IIe s. ap. J.-C. En apportent la preuve un passage de Pline l’Ancien,
un autre de Ptolémée et l’attestation épigraphique d’une cohors I Sequanorum et Rauricorum
equitata173. Juliane C. Wilmanns renvoie – à raison, selon nous – à un diplôme militaire qui
mentionne un Raurique détenteur de la citoyenneté romaine174. On peut en déduire
l’existence de la ciuitas jusqu’à l’époque d’Antonin le Pieux au moins. En revanche, une
inscription fragmentaire trouvée à Colijnsplaat et qui témoigne d’un seuir de la ciuitas
Rauracorum, ainsi que le fragment de bronze trouvé à Augst qui présente les mots corpus
et ciuitas ne nous paraissent pas se référer à la ciuitas pérégrine ; dans ces deux
documents, selon un procédé bien connu, le mot ciuitas remplace le mot colonia175.
54 La mention épigraphique d’une cohors I Sequanorum et Rauricorum equitata laisse penser,
par la juxtaposition des Séquanes et des Rauriques, que la ciuitas des Rauriques se trouvait
à proximité immédiate des Séquanes. À ce témoignage s’ajoute le passage de Ptolémée qui
place les Rauriques à la suite des Triboques, autrement dit, qui leur attribue la partie
méridionale de l’Alsace (Dépt. du Ht-Rhin) en signalant deux agglomérations, Argentouaria
et Augusta Raurikon (la colonie d’Augst). Même si l’on ignorait l’étendue exacte de ce
territoire, tout cela était connu de longue date. La nouveauté provient de Rudolf Fellmann
qui, en se basant sur des recherches alsaciennes, a pu identifier le uicus d’Argentouaria :
alors que celui-ci était autrefois assimilé à Horbourg, près de Colmar, il faut aujourd’hui le
rapprocher du site de Oedenburg-Biesheim (Dépt du Ht-Rhin) où semblent avoir été
répérées les traces d’une grande agglomération gallo-romaine176.
55 Nous revenons enfin sur le problème des relations qui règnaient sur le plan juridique
entre la ciuitas et la colonia, afin de déterminer si la ciuitas a été soumise à la colonia, voire
absorbée par celle-ci. Une première constatation s’impose : l’état de la question est resté
le même aujourd’hui qu’en 1976, on ne sait rien des relations entre la ciuitas et la colonia
durant leur existence respective et on utilise les rares attestations pour saisir une
évolution ultérieure. On suppose, en effet, une fusion ou plutôt une absorption de la
ciuitas par la colonie entre le II e et le IV e s. ap. J.-C. puisque dans la Notitia Galliarum qui
date d’environ 400177 n’existe qu’une seule entité, la ciuitas Basiliensium 178. Hans Lieb a
essayé d’exploiter la terminologie antérieure, du Ier au III e s., afin de saisir une étape
intermédiaire. Il constate que dans les documents anciens – tels l’inscription de L.
Munatius Plancus, celle de l’époque augustéenne ou Pline l’Ancien – on écrivait Colonia…
Raurica tandis que les documents plus récents, à savoir Ptolémée et les Itinéraires,
présentent la forme Augusta Rauracum (= Rauracorum). Il confère une signication précise
62
La constitution de la colonie
Les magistrats
Les sévirs
61 Deux inscriptions attestent de sévirs augustaux. Une inscription votive dédiée à Mercure
Auguste a été dressée par L. Ciltius Cossus, fils de Celtillus, qui était seuir Aug(ustalis) 193 ;
l’homme est ingénu et citoyen romain, même si l’onomastique démontre son origine
indigène. La deuxième attestation est une dédicace fragmentaire à la Dea Nehalennia. Le
nom du dédicant est restitué ; son cognomen était peut-être Marcellus194.
Addendum : P. C. R.
62 Comme nous l’avons déjà rappelé à maintes reprises, le dossier épigraphique de la colonie
d’Augst n’est pas riche. Toutefois, il présente des particularités parmi lesquelles il faut
noter deux pierres portant les lettres P. C. R., séparées les unes des autres par une hedera.
L’une des pierres a été découverte dans le courant du XIXe s., l’autre en 1982, à Augst,
dans des remblais datant de la fin du Ier s195. Les auteurs proposent différents
développements196. Nous voudrions pour notre part suivre Hans Lieb et y voir des pierres
délimitant une aire du domaine public : donc nous lisons P(ublicum) C(oloniae) R(auricae) 197.
On peut souligner que ces pierres constituent, à notre connaissance, les seules
attestations de ce genre au nord des Alpes alors que des inscriptions semblables se
rencontrent en Italie et dans d’autres régions profondément romanisées198.
en faveur de la solution romaine ou latine, raison pour laquelle les auteurs qui se sont
penchés sur le cas des Helvètes (nous-même y compris) ont changé d’avis à diverses
reprises202.
64 Nous tenterons de donner ici une vue d’ensemble des différents courants issus des
recherches conduites durant ces vingt dernières années, en y insérant les résultats
détaillés, et d’en dégager une synthèse.
65 On peut séparer les études en trois chapitres majeurs. Le premier concerne la phase
précoloniale d’Avenches, que l’on distingue mieux aujourd’hui de la phase coloniale. La
période précoloniale nous a été rendue accessible par les fouilles et par les inscriptions ;
nous apparaissent ainsi des données urbanistiques, sociales et administratives relatives à
cette première phase d’occupation du site.
66 Une deuxième direction de recherche a conduit quelques auteurs à revoir le statut
juridique de la colonie, en définissant notamment les éléments qui caractérisaient le droit
latin et les colonies latines sous l’Empire. Les études menées sur ce thème soit par Denis
van Berchem, soit par Patrick Le Roux203 réservent une place importante à Avenches et à
la colonie des Helvètes.
67 Un troisième chapitre est constitué par de minutieuses analyses épigraphiques, portant
sur la lecture de tel ou tel cursus honorum particulier ou sur le développement d’une
abréviation. À ce même chapitre appartiennent les études consacrées à la religion des
Helvètes, aux divinités vénérées dans la colonie, aux sacerdoces attestés, notamment aux
prêtres et prêtresses du culte impérial204. Ces études ont eu des répercussions
importantes en ce sens qu’elles ont permis parfois de mieux dater des inscriptions. Nous
avons ainsi d’Avenches une vision plus historique et plus dynamique, même s’il n’est pas
encore possible d’offrir une réponse à toutes les questions posées. Un dossier devrait
impérativement faire l’objet d’études dans un avenir que nous espérons proche, celui de
l’histoire et de l’archéologie d’Avenches au Bas Empire et durant les décennies de
transition avec le Haut Moyen Âge.
68 Après leur défaite contre César, les Helvètes retournèrent sur l’actuel Plateau suisse. Cet
épisode est bien connu mais il est peut-être possible d’y ajouter quelques détails. César
nous présente la ciuitas helvète comme une structure divisée en quatre pagi et nous
fournit les noms de deux d’entre eux, les Tigurins et les Verbigènes205. Les pagi
continuèrent d’exister ultérieurement, mais on ne connaît que le pagus Tigorinus
mentionné dans une inscription votive qui était dédiée au Genius pagi Tigorini 206. Selon
Michel Tarpin, les Tigurins étaient peut-être une tribu indépendante qui s’installa aux
alentours d’Avenches après la défaite de Bibracte ; Denis van Berchem se demandait
d’ailleurs si le clan des Camilli dont les terres se situaient près d’Yverdon n’était pas
d’origine tiguriné207.
69 Le débat sur l’étendue du territoire des Helvètes sous l’Empire romain a été récemment
réouvert. Selon la tradition, adoptée par la plus grande partie des auteurs, le territoire
des Helvètes s’étendait – après leur défaite à Bibracte et leur retour forcé – du lac Léman
au lac de Constance et était délimité d’un côté par le Jura et le Rhin, de l’autre par les
Préalpes et les Alpes où il est difficile d’établir une frontière précise208. La superficie
65
dévolue aux Helvètes fut réduite lorsqu’on y préleva le territoire de la colonie Équestre en
45/44 av. J.-C.209.
70 La question se pose de savoir s’il n’y eut pas d’autres réajustements le long de la frontière
orientale du territoire helvète210. On constate en effet que dans le dernier quart du Ier s.
av. J.-C., les Romains protégèrent cette zone par des postes militaires ; sur un
cheminement existant, ils construisirent une route et établirent un uicus à
Oberwinterthur (les dates dendrochronologiques remontent à 4 av. J.-C. pour le uicus et à
7 ap. J.-C. pour la route)211. Finalement ils installèrent un camp légionnaire à Windisch
(Vindonissa) en 16/17 ap. J.-C. 212. En laissant de côté l’épineux problème du territorium
legionis213, se posent néanmoins diverses questions relatives à l’aménagement du
territoire. En effet, les fouilles archéologiques n’ont répéré pour l’instant audelà du fleuve
Limmat aucun vestige datant de la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. C’est seulement avec
l’installation des uillae que l’on relève dans cette zone des traces d’habitat ou d’activités
humaines et tout semble indiquer que les Romains ont construit ces uillae selon un plan
établi214. Les découvertes épigraphiques confortent cette interprétation car le toponyme
Aquae Helueticae (Baden), connu par les protège-étuis du bronzier Gemellianus 215, marque
la limite orientale au-delà de laquelle ne se rencontre plus aucune référence aux Helvètes.
De même, aucun milliaire indiquant Avenches comme caiput uiae n’a été retrouvé au-delà
de Baden216. Force est aussi de constater que la frontière provinciale établie entre la Gaule
Belgique et la Rhétie coupait l’ancien territoire supposé des Helvètes, puisque la partie
orientale de ce territoire – de Frauenfeld au lac de Constance – fut attribuée à la Rhétie 217.
Cela signifie qu’à cette date (après 15 av. J.-C.) en tout cas, le territoire helvète ne touchait
plus au lac de Constance. De multiples raisons plaident donc en faveur de l’hypothèse de
Hartmut Wolff qui suppose que la région située entre le fleuve Limmat et le lac de
Constance était une région non rattachée à une ciuitas (« provinzunmittelbares Gebiet »)
218.
71 Tentons de réunir ces données éparses : il se peut que la cité des Helvètes ait été
réaménagée lorsque les autorités romaines ont installé un camp légionnaire à Vindonissa,
privant la ciuitas de la partie orientale de son territoire ; peut-être est-ce également à
cette époque qu’Avenches fut nommée Forum Tibeni, changement de dénomination dont
les conséquences nous échappent encore219. Toujours est-il que sous le Haut Empire, la
partie occidentale de la ciuitas helvète prenait une place plus importante que la partie
orientale, le uicus de Soleure (Salodurum) sur l’Aar constituant le dernier uicus attesté par
un certain nombre d’inscriptions220. Confirmation supplémentaire de ce déplacement des
intérêts de la ciuitas : le uicus de Lousonna, établi au sud d’Avenches, présente des
inscriptions précoces remontant à la première moitié du Ier s. ap. J.-C.221.
72 S’ajoutent à ces réflexions les considérations de Michel Tarpin sur l’attribution
provinciale de la cité des Helvètes à l’époque augustéenné222. L’auteur s’inspire des
suggestions de quelques auteurs qui prennent en considération un passage de Strabon.
D’après Strabon en effet, la cité des Helvètes appartint dans un premier temps à la Gaule
Lyonnaise223. À l’époque tibérienne peut-être, elle fut intégrée à la Gaule Belgique, ainsi
que le confirme Pline l’Ancien224, puis finalement à la Germanie supérieure sous Domitien
225. Se dessine là un nouvel indice d’un remaniement administratif de la ciuitas helvète à
l’époque tibérienne.
66
73 Au cours des vingt dernières années, les origines de la ville d’Avenches ont été placées
sous les feux de la recherche. En effet, des fouilles conduites entre 1987 et 1995 ont mis au
jour le sanctuaire et les mausolées d’En Chaplix, ainsi que le port d’Avenches sur le lac de
Moraf226. S’y ajoutent des découvertes fortuites de vestiges d’époque augustéenne dans le
tissu urbain antique. On attend maintenant d’Anne Hochuli-Gysel une étude d’ensemble
sur ces importantes trouvailles augustéennes et julioclaudiennes227. Parallèlement, les
études d’archives menées par Martin Bossert et Michel Fuchs, qui ont réuni toutes les
données disponibles sur les fouilles effectuées aux XIXe et au début du XXe s., ont permis
d’identifier les phases de construction du forum d’Avenches228 : s’en dégagent nettement
les phases tibérienne et claudienne, antérieures à la colonisation229. Dans le même
contexte et sur une idée de Denis van Berchem, Hans Lieb a évoqué le passage de
Ptolémée concernant Forum Tiberii, puis identifié ce toponyme au site précolonial d’
Auenticum230, avec raison selon nous. Finalement, il faut signaler que les études
onomastiques conduites par Denis Van Berchem et nous-même ont confirmé les résultats
de l’archéologie puisqu’elles ont clairement montré que l’élite des Helvètes avait obtenu
très tôt la citoyenneté romaine231. Le cas le plus spectaculaire est celui de C. Iulius
Camillus, pour qui nous possédons deux inscriptions quasiment identiques. Cet Helvète
appartenait à une famille indigène noble, très tôt romanisée ; il accéda à l’ordre équestre,
s’engagea dans l’armée romaine en tant que tribun militaire d’une légion et sut même
attirer l’attention de l’empereur Claude puisqu’il fit partie de l’entourage impérial en 43
ap. J.-C., lors de la campagne militaire de Bretagne, et qu’il fut décoré en 44 ap. J.-C. lors
du triomphe de l’empereur232. La relecture attentive des deux inscriptions dédiées à C.
Iulius Camillus a porté ses fruits puisqu’elle a permis d’abord de retrouver une
magistrature et une prêtrise de la ciuitas Heluetiorum pérégrine, ensuite de mieux
comprendre les événements de 68 ap. J.-C. et la signification politique de la promotion de
la cité indigène au rang de colonie.
74 Les deux tituli dédiés à C. Iulius Camillus, dont nous avons rappelé cidessus la brillante
carrière sous l’empereur Claude233, présentent les abréviations sac. Aug. mag., une charge
que ce noble helvète revêtit avant ou plutôt après son tribunat militaire234. D. Iul(ius) C. f.
Fab(ia) Consors, que Denis van Berchem considérait comme le frère jumeau de C. Iulius
Camillus235, est paré du titre de sac. Augustal. mag. qui doit être une formule équivalente à
la précédente. Tout comme son frère, D. Iul(ius) C. f. Fab(ia) Consors revêtit certainement
cette charge avant la fondation de la colonie, les deux hommes étant des citoyens romains
de la seconde génération, inscrits dans la tribu Fabia 236 et non dans la Quirina qui sera
notamment la tribu de la colonie. Une dédicace à un certain Flauus ferait également état
de la formule magistro≥ [sa]c≥[rorum / Aug]us[t(alium)], mais son interprétation est très
délicate. Il s’agit d’une inscription très fragmentaire reconstituée par Thomas Pekâry à
partir notamment des parallèles précités relatifs à cette charge ; la reconstitution de Th.
Pekáry a été suivie par Stefan Oelschig lors de la toute récente révision des fragments 237.
Le document est délicat puisque l’ordre des mots y est inversé, seul le mot magister étant
67
vraiment assuré ; de surcroît, le personnage honoré est inscrit dans la tribu Quirina et non
dans la tribu Fabia238. En dernier lieu, on retrouve la forme sac. Aug. seule, sur un fragment
qui n’est connu que par tradition manuscrite239.
75 Le titre sac. Aug. mag. n’est pas attesté hors d’Avenches qui a donc livré trois exemples de
sac. Aug. mag., un exemple de sac. Aug. et un autre de magister suivi peut-être de sacrorum
August(alium). Les abréviations ont été lues d’ordinaire sous la forme sac(rorum) Aug
(ustalium) mag(ister)240, dans la lignée de Hermann Dessau, de Ernst Meyer et de Gerold
Walser, lignée que nous avons également suivie241. C’est seulement lorsque nous avons
pris connaissance des propositions de Hartmut Wolff242 d’une part – dans une publication
peu répandue, il est vrai – et de celles d’André Chastagnol, de Patrick le Roux et d’Uta-
Maria Liertz d’autre part243, que nous avons adopté la nouvelle lecture244 présentée ci-
dessous.
76 Cette lecture s’articule selon une réflexion en deux temps : d’abord, il faut admettre que
l’abréviation sac. Aug. se résout d’ordinaire en sac(erdos) Aug(usti) qui désigne la prêtrise
du culte impérial ; c’est précisément la lecture retenue par les auteurs que nous venons
d’évoquer. Ceci posé, il faut voir dans mag., que l’on développe sans difficulté en mag
(ister), la désignation d’un second poste, une magistrature civique.
77 La fonction de sac(erdos) Aug(usti), qui apparaît une seule fois sous le titre sac(erdos)
Augustal(is), sera remplacée ensuite par le flamen Aug(usti), comme le veut l’usage dans les
colonies245. Il est évident – et cela n’a jamais été contesté – que la ciuitas des Helvètes
disposait avant même sa promotion coloniale de la prêtrise du culte impérial 246. Le
changement par rapport à l’ancienne interprétation réside uniquement dans la titulature
de cette prêtrise qui ne se présente plus désormais sous une forme exceptionnelle mais se
range parmi les attestations usuelles.
La magistrature civique
praetor, sans oublier l’attestation d’un mag(ister) chez les Consoranni 250. Visiblement, la
traduction latine du titre gaulois offrait des variantes.
80 En ce qui concerne le statut juridique de la ciuitas helvète et de ses notables, on constate
que les deux magistrats de la cité précoloniale jouissaient déjà de la citoyenneté romainé
251
. Ce phénomène se rencontre dans d’autres inscriptions de Gaule mentionnant une
magistrature unique, à deux exceptions près comme le souligne André Chastagnol 252.
Selon cet auteur, l’attribution de la citoyenneté romaine aux détenteurs de magistratures
indigènes latinisées ne signifie pas que la cité elle-même avait déjà obtenu le droit latin.
C’est seulement par « la substitution d’un collège de deux (ou quatre) magistrats au
magistrat unique antérieur » qu’on peut saisir le passage d’une cité pérégrine à une cité
jouissant du droit latin ; c’est à ce moment là, ou un peu plus tard, que la cité recevait sa
charte municipale253. Si ces déductions sont correctes, la cité des Helvètes s’alignait
parfaitement sur les cités des Trois Gaules. Jusqu’aux guerres civiles de 68 à 70 ap. J.-C.,
l’élite indigène se romanisa par l’octroi de la citoyenneté romaine, comme en témoignent
les gentilices Iulii et Claudii répandus parmi les Helvètes de la couche sociale supérieure 254.
C. Iulius Camillus entra même dans l’ordre équestre et accomplit les premières étapes
d’une carrière militaire couronnée par l’obtention de décorations militaires255. Nous
pouvons désormais ajouter que la ciuitas elle-même adapta ses institutions en latinisant le
titre de la magistrature suprême, faisant ainsi un premier pas sur le chemin de la
romanisation, à en croire André Chastagnol256 ; en créant ensuite la fonction de prêtre du
culte impérial (sacerdos Augusti), fonction également assumée par les membres de l’élite
locale, elle s’insérait dans le courant général de la vénération des autorités romaines,
seconde preuve de l’acculturation de cette cité257.
Les pagi
82 C. Valerius Camillus C. f. était inscrit dans la tribu Fabia, tout comme D. Iulius C. f. Consors
et C. Iulius C. f. Camillus. Depuis longtemps déjà, on a déduit de ces témoignages que les
Helvètes qui avaient accédé à la citoyenneté romaine avant la promotion coloniale étaient
inscrits dans la tribu Fabia, tandis qu’après cet événement les citoyens romains
appartinrent à la tribu Quirina265. Il faudrait repréciser cette hypothèse traditionnelle qui,
présentée en ces termes, s’avère trop brève. Les Helvètes qui ont accédé individuellement
à la citoyenneté romaine sous les Juliens, ont été inscrits dans la tribu Fabia, qui était la
tribu d’Auguste, de Tibère et Caius (Caligula). Nous n’avons pas d’attestations relatives à
la tribu des Helvètes romanisés sous Claude et Néron ; leur tribu aurait dû être la Quirina
266. Denis van Berchem a expliqué autrefois l’attestation conjointe de la tribu Quirina et de
85 Sont attestés aujourd’hui six curatores ciuium Romanorum conuentus Heluetid, soit le même
nombre qu’en 1976270 ; quatre sont connus par des inscriptions retrouvées à Genève, à
Nyon ou à Lausanne271 tandis que deux proviennent d’Avenches. D. Iulius C. f. Consors,
Helvète issu d’une famille romanisée de longue date, a précisément revêtu cette fonction,
de même que l’anonyme (-) Flauus dont nous avons déjà parlé272. Les auteurs s’accordent à
dater la création de cette association du début de l’Empire, lorsque la ciuitas des Helvètes
était encore une cité pérégrine273. On notera d’ailleurs que la dénomination conuentus
ciuium Romanorum semble avoir été utilisée principalement à la fin de la République et au
début de l’Empire274. Ajoutons que l’institution du conuentus ciuium Romanorum a été
maintenue jusqu’à la fin du IIe s. ap. J.-C.275.
86 Si l’on veut conclure sur la cité des Helvètes au début de l’Empire romain, force est de
constater qu’elle était une cité pérégrine ; néanmoins, tant les fouilles archéologiques
récentes que les études onomastiques des dernières années soulignent la romanisation
rapide et profonde de l’élite de la ciuitas.
70
87 Les événements qui se sont produits entre 68 et 70 ap. J.-C. ont été rendus tellement
célèbres par le récit de Tacite qu’il n’est pas nécessaire de les rappeler ici 276. Il importe
davantage de se préoccuper de l’interprétation historique moderne des faits. À la suite de
Gerold Walser277, on peut résumer les termes de la problématique à travers une double
interrogation : les Helvètes se sont-ils soulevés contre le joug romain et la déduction de la
colonie par Vespasien fut-elle une punition réservée à un peuple turbulent ? Ou au
contraire la déduction de la colonie fut-elle un bienfait accordé aux Helvètes qui avaient
perdu de nombreux compatriotes durant les troubles ? Les auteurs modernes ont tour à
tour défendu les deux interprétations, parfois sous l’influence d’événements
contemporains, ou ont tenté d’y apporter des nuances278. Même si Gerold Walser a montré
en 1954 déjà que les Helvètes avaient participé aux guerres civiles en tant que partisans
de Galba, certains soutiennent toujours que la révolte des Helvètes fut une insurrection
nationaliste contre les Romains279. Pourtant Denis van Berchem a relu une inscription
d’Avenches mentionnant une educatrix Aug(usti) n(ostri) et en a déduit que l’empereur
Titus avait passé une partie de sa jeunesse à Avenches, auprès de son grand-père Flavius
Sabinus280 ; les liens supposés entre la famille flavienne et les Helvètes s’en trouvent dès
lors confirmés. P. Frei de son côté, appuyé par Denis van Berchem281, a montré par
l’onomastique que les Helvètes n’ont pas été écartés du pouvoir lors de la promotion
coloniale. Enfin, selon Ute Schillinger-Häfele l’apport de nouveaux colons, même s’il
s’agissait de vétérans, signifiait un renforcement de la communauté concernée282. Nous
pensons que le cursus honorum de C. Iulius Camillus représente un élément décisif de ce
dossier : ce notable helvète romanisé appartenait selon toute vraisemblance à la clientèle
de Ser. Sulpicius Galba, le futur empereur, ce qui explique la prise de position des
Helvètes en 67/68 ap. J.-C. Malheureusement, la nouvelle de la mort de Galba ne leur étant
pas arrivée à temps, les Helvètes s’opposèrent à Caecina, partisan de Vitellius, et
restèrent fidèles à leurs convictions283. Malgré quelques problèmes en suspens,
notamment celui du castellum tenu par une milice helvète 284, il nous semble en définitive
qu’il faut considérer la promotion d’Avenches au rang de colonie par Vespasien comme
un appui apporté aux Helvètes, ou plus précisément à l’élite dirigeante helvète285.
Duouiri et aediles
89 La structure de la colonie se présente comme suit286. Y sont connus sept duouiri, à savoir C.
Flauius Camillus (de la fin du Ier s.)287, Ti. Iulius Ti. fil. Quir. Abucinus (fin du Ier s.)288, [-]
Otacilius Seccius (IIe s.)289 et M. Dunius Paternus (fin du II e ou début du III e s.)290 ; dans
toutes ces inscriptions, le duovirat est explicitement nommé. S’y ajoutent trois
inscriptions caractérisées par la tournure omnibus honoribus apud suos functus, tournure en
71
vigueur après Hadrien291 : elles concernent Q. Cluuius Macer (IIe s.), étudié par Anne
Bielman292 ; Q. Macrius Cluui Macri f. Quir. Nivalis, fils du précédent293 et Q. Otacilius
Pollinus, fils de Q. Otacilius Cerialis, qui obtint trois fois l’immunité fiscale de la part du
divin Hadrien294. Cette liste est connue depuis longtemps ; les recherches récentes ont
confirmé ou précisé la datation de chaque inscription et nous l’avons signalée dans
l’énumération ci-dessus. On rencontre ensuite un édile en la personne de Ti. Claudius Ti.
f. Maternus qui fit un acte d’évergétisme en donnant à la communauté une salle de jeu de
paume (première moitié du IIe s.)295. Quant au praefectus pro IIuiro, restitué sur un
fragment, la lecture semble en être tellement douteuse que nous renonçons pour le
moment à cette attestation, attendant l’édition mise à jour des fragments296. Manquent
jusqu’à présent les duouiri quinquennales et les décurions.
90 Les inscriptions dédiées à Ti. Iulius Ti. f. Abucinus témoignent d’un cursus honorum
développé puisqu’elles mentionnent le duumvirat, la préfecture operum publicorum et des
prêtrises qui seront analysées dans la suite de cette étude. La magistrature du praefectus
operum publicorum n’est pas attestée en dehors d’Avenches 297 et elle n’a pas encore fait
l’objet d’une étude spécifique. On ignore si cette préfecture était une magistrature
permanente qu’on pourrait rapprocher des tresuiri locorum publicorum persequendorum
connus à Vienne ou s’il s’agissait au contraire d’une magistrature extraordinaire
répondant à une demande précise. Toujours est-il que Ti. Iulius Abucinus, qui se dit
premier patronus publicus de la colonie et qui est honoré par les coloni Auenticenses, date
probablement de la fin du Ier s.298 ; il est donc proche de la promotion d’Avenches au rang
de la colonie. Une fonction extraordinaire paraît de ce fait aisément envisageable.
Les prêtrises299
91 Comme nous l’avons dit plus haut, le culte impérial était desservi par des prêtres et des
prêtresses. Les prêtres étaient parés du titre de flamen Aug(usti) ; on en connaît
maintenant trois représentants, donc un prêtre de plus qu’en 1976. Ce sont C. Flauius
Camillus, Ti. Iulius Abucinus (attesté par trois témoignages légèrement différents) et
Pomp(eius ?) Optatus, dont Anne Bielman a relu la dédicace et corrigé l’ancienne lecture
300. À côté de ces flammes, il faut mentionner Iulia Festilla, première flaminique du culte
impérial, flaminica prima Aug(ustae) ; par cette formule nous voyons en Iulia Festilla la
première prêtresse du culte impérial installée dans la toute nouvelle colonie. Iulia Festilla
a vécu la transition entre la ciuitas pérégrine et la colonie puisqu’elle était la fille de C.
Iulius Camillus – décoré par Claude – et qu’elle fut exécutrice testamentaire de C. Valerius
Camillus – qui vivait également sous Claude – en vertu de liens de parenté dont les détails
nous échappent301.
92 À côté de ces prêtrises usuelles est également attestée pour la phase coloniale d’Avenches
la charge de sacerdos perpetuus ; on connaît jusqu’à présent trois exemples de cette
prêtrise : un exemple assuré – celui de Ti. Iulius Abucinus attesté par trois inscriptions
parallèles-, un exemple hypothétique mais probable – celui de (-) Flauus restitué par
Stefan Oelschig-, et finalement l’attestation de la titulature sur un fragment encore inédit
302
. Il a fallu attendre l’ouvrage de Uta-Maria Liertz pour que cette prêtrise soit mise en
évidence. Selon cet auteur, le sacerdos perpetuus devrait être rapproché des sacerdotes
Augusti, les prêtres du culte impérial de la cité pérégrine ; l’adjectif perpetuus signifierait,
72
93 La résolution du titre abrégé curator col(-) constitue l’un des problèmes majeurs de
l’histoire constitutionnelle d’Avenches. On ne dispose pour examiner cette fonction que
de quelques documents qui présentent néanmoins des traits caractéristiques communs.
En fait, sont connues trois inscriptions mentionnant un curator col(-) ou des curatores col(-).
Les quatre fonctionnaires désignés par ce titre érigèrent, seul ou à deux, une dédicace à la
Dea Auentia, déesse tutélaire de la colonie : T. Ianuarius Florinus et P. Domitius Didymus,
curatores col(-), ont dédié un monument ex stipe annua en complétant ce don par une
contribution personnelle305 ; C. Iul(ius) Primus, originaire de Trèves et citoyen de cette
ville (Treuir), curator col(-) et curator des sévirs, a également consacré un monument à cette
déesse306 ; enfin, T. Tertius Seuerus, qui se dit curator col(-) idemque all(ectus), est félicité
par les incolae Auenticenses pour avoir fait une donation à la déesse 307. Notons que ce
document évoque conjointement un curator col(-) et les incolae Auenticenses. Notons
également qu’un certain C. Iulius Marcellinus, Equester (c’est-à-dire originaire de la Colonia
Iulia Equestris), a vénéré la déesse tutélaire d’Avenches mais nous ne savons pas si le
dédicant était un incola ou s’il était seulement de passage à Avenches308.
94 La formule curator col(-) a suscité trois voies interprétatives qui offrent chacune une
vision très différente de la structure coloniale d’Avenches. Selon la première théorie, qui
était en vogue au XIXe et au début du XXe s., il faut développer curator col(onorum) et voir
dans ce curator le curateur de l’association des colons déduits et installés à Avenches 309.
Les actes de dévotion à la déesse Aventia, déesse tutélaire de la colonie, découleraient
tout naturellement de la fonction du curateur, et selon Patrick Le Roux qui a repris
dernièrement cette interprétation, c’est justement ce devoir religieux qui constituait la
tâche principale des curateurs des colons310. Dans cette optique, les coloni à la tête
desquelles se trouveraient les curatores étaient des colons romains, notamment des
vétérans déduits à Avenches lors de la promotion de la cité des Helvètes au rang colonial.
Et dans cette optique toujours, Avenches était une colonie romaine, une colonie visant à
contrôler les Helvètes et à les punir de leur attitude rebelle durant la guerre civile311.
95 Il existe une deuxième interprétation : Peter Frei, sur les pas de Friedrich Vittinghoff, a
remarqué que ces prétendus curateurs de colons ne présentaient pas du tout le profil
attendu des membres d’une association de coloni, citoyens de plein droit de la colonie :
tout d’abord, C. Iulius Primus annonce clairement qu’il est Trévire ; il était donc étranger,
résident domicilié (consistens) ou mieux encore incola d’Avenches 312. De même, les autres
curateurs, T. Ianuarius Florinus, P. Domitius Didymus – à l’instar de T. Tertius Seuerus –
portent certes les tria nomina des citoyens romains mais sans la filiation. De plus, dans
l’inscription dédiée par T. Tertius Seuerus, les incolae Auenticenses honorent le curator col(-)
313. Convaincu de l’étroite relation existant entre le curator col(-) et les incolae, l’auteur a
raccourci de l’expression curator (incolarum) col(oniae) 314. Ce tour de force a suscité la vive
opposition de Denis van Berchem315 – malgré la pertinence des observations de Peter Frei
–, et le débat s’est figé.
96 L’issue réside peut-être dans une troisième voie interprétative, proposée en 1981 par Jean
Krier316. L’auteur est parti de l’idée – justifiée à notre avis – qu’Avenches ne constituait
pas un cas unique mais se modelait sur les autres colonies. Le curator désignant en règle
générale un individu qui assume une cura, reste à définir la cura concernée ; or, ce terme
recouvre des réalités très variées et peut signifier dans le cadre des droits municipaux
une tâche extraordinaire (munus) que l’ordre des décurions attribuait à de riches
individus légalement empêchés de briguer des magistratures ?317. C’est précisément la
situation de l’un des curateurs d’Avenches au moins, C. Iulius Primus, qui en tant que
Treuir ne pouvait accomplir une carrière municipale 318. Les trois autres curateurs
subissaient les mêmes restrictions si on les tient pour de riches affranchis, et c’est avec
raison que Jean Krier a critiqué notre avis selon lequel ces curateurs témoignaient plutôt
d’une origine moyenne ou basse319 : leur appartenance sociale et leur fortune ne
coïncidaient pas.
97 En lisant donc dans les trois inscriptions curator col(oniae), nous voyons dans ces hommes
non pas les curateurs d’une association de colons mais de riches individus qui ont assumé
des liturgies en faveur de la colonie.
98 Après avoir écarté de ces trois inscriptions la mention de coloni – restituée à tort selon
nous-, il reste à déterminer le contexte dans lequel on rencontre l’un ou l’autre des deux
groupes sociaux attestés à Avenches, les coloni et les incolae. Or, l’étude que nous avons
conduite sur les patrons d’Avenches en 1995 a produit des résultats liés à cette épineuse
question mais encore partiellement inexplicables320. Nous avons distingué deux notions
de patronus : dans plusieurs documents épigraphiques avenchois, le patronus correspond
au modèle usuel de patron tel qu’il a été décrit par Robert Duthoy et d’autres321. Il s’agit
d’un patron issu de la couche sociale supérieure, appartenant à l’ordre sénatorial, honoré
publice soit par la communauté tout entière, soit par la colonia, soit par les Helvètes
(Helueti)322.
99 Deux autres documents avenchois, l’un concernant un anonyme, l’autre le bien connu Ti.
Iulius Abucinus323, présentent en revanche la tournure patronus publicus et ils sont
d’interprétation plus délicate ; en général, les auteurs modernes ont tenté de dissimuler
la difficulté ou se sont contentés d’une allusion aux problèmes soulevés sans entrer dans
le vif du débat324. Seuls Martin Bossert et Michel Fuchs ont relevé la singularité de ce titre
en se demandant s’il ne fallait pas y voir une particularité liée d’une manière encore
inexpliquée aux incolae et aux coloni d’Avenches 325. En effet, la notion de patronus publicus
semble très rare et on a l’impression que l’origine sociale de ces patrons est différente de
celle des patrons « traditionnels » : loin d’être des individus de haut rang, extérieurs à la
cité, ils sont installés dans la colonie et sont d’origine locale326. Les patroni publici honorés
à Avenches semblent, d’ailleurs, en étroite relation tant avec les incolae Auenticenses
qu’avec les coloni Auenticenses : Ti. Iulius Abucinus qui est dit primus omnium patronus
publicus est honoré par les coloni Auenticenses 327. Les incolae Auenticenses honorent un
anonyme – probablement, selon nous, un sénateur d’origine locale – comme patronus
publicus et le sévir Augustal T. Nigrius Modestus s’est chargé d’ériger le monument.
74
100 Résumons les résultats provisoires de notre étude : à Avenches, le patronus publicus semble
patroner les incolae Auenticenses et les coloni Auenticenses ; peut-être assumait-il une tâche
précise au sein de la colonie328. En l’état de nos connaissances, nous ne pouvons donner
une signification juridique exacte du terme patronus publicus mais nous constatons,
comme nos prédécesseurs, que nous repérons dans ces documents deux notions-clés de la
colonie, les coloni et les incolae.
La colonie d’Avenches
101 Dans l’état actuel de nos connaissances, alors qu’aucune inscription n’est venue enrichir
le dossier avenchois présenté en 1976, il nous semble très difficile de nous prononcer
définitivement sur le statut juridique de la colonie. Les épithètes de la colonie (Colonia Pia
Flauia Constans Emerita Heluetiorum Foederata) ne convergent pas vers une interprétation
univoque puisqu’ils semblent contradictoires : l’épithète Foederata serait plutôt
compatible avec une colonie latine tandis que l’épithète Emerita a toujours été considérée
comme un renvoi à l’installation de vétérans, donc un renvoi à une colonie romaine 329.
102 Néanmoins, la recherche des dernières années a contribué à éclairer ces problèmes. Il
nous semble que Denis van Berchem d’abord, Patrick Le Roux ensuite ont démontré de
façon convaincante qu’Avenches était, selon toute probabilité, une colonie latine. Le
premier auteur a relancé le problème du statut d’Avenches par le biais des études
onomastiques en comparant les noms des Helvètes aux noms d’habitants d’autres cités
gallo-romaines. Ce faisant, il est revenu sur sa position initiale pour défendre désormais
le statut latin d’Avenches330. En particulier, il a mis une nouvelle fois en évidence le fait
que de nombreux Helvètes restaient pérégrins, mais que la colonie et la ciuitas Heluetiorum
supposée possédaient le même centre administratif et les mêmes magistrats 331 ; au lieu
d’imaginer une relation compliquée entre la colonie romaine – Avenches, cité entourée
d’un territoire de dimensions inconnues – et la ciuitas pérégrine subordonnée, l’auteur
propose le modèle d’une colonie latine puisque dans celle-ci les citoyens romains étaient
d’ordinaire minoritaires, la majorité restant pérégrine332. Tandis qu’André Chastagnol a
maintenu en 1992 l’interprétation traditionnelle d’une colonie romaine à Avenches333,
Patrick Le Roux, partant d’une vision plus globale, montre qu’une des caractéristiques
majeures des villes latines, notamment des colonies latines, était la mixité d’éléments
romains et d’éléments indigènes ; la déduction à Avenches d’un groupe de vétérans
auxquels paraît faire référence l’épithète Emerita de la titulature coloniale ne contredirait
dès lors en rien le caractère latin de cette colonie334. Selon nous, c’est là une réflexion
capitale qui permet de concilier les diverses caractéristiques de la colonie d’Avenches. À
ceci, il faut ajouter les suggestions de Ute Schillinger-Häfele qui a mis en évidence le
caractère non punitif de l’installation des vétérans sous Vespasien, une interprétation qui
a été soutenue par Denis van Berchem335. Ainsi ont été écartés – nous semble-t-il – les
arguments les plus pertinents avancés pour faire d’Avenches une colonie romaine.
103 Ainsi, à notre avis, Vespasien a promu la ciuitas des Helvètes au rang de colonie latine. Les
magistrats coloniaux étaient ceux que nous avons énumérés plus haut, les duouiri, les
aediles, les praefecti operum publicorum (peut-être une charge extraordinaire), auxquels
s’ajoutaient des prêtres du culte impérial, des flaminicae Aug. et des sacerdotes perpetui
dont on ne sait quasiment rien. D’ailleurs pour plusieurs des postes cités, nous ne
disposons que d’une seule attestation. Les duouiri et les décurions contrôlaient l’ensemble
du vaste territoire colonial qui comportait aussi des uici assumant une administration
75
locale. Sont également nommés des coloni et des incolae, ces derniers ayant peut-être un
patron spécifique (le patronus publicus ), mais nous concédons volontiers que nous ne
sommes pas encore en mesure d’expliquer la signification juridique de chacun de ces
termes ; peut-être l’édition des fragments d’Avenches fournira-t-elle de nouveaux
renseignements.
104 Nous voudrions revenir en dernier lieu sur l’origine sociale des habitants de la colonie. Si
l’on examine les documents épigraphiques, on constate rapidement une différence entre
la société à l’époque précoloniale et celle de l’époque coloniale. Il faut dès lors nuancer
l’interprétation défendue par Peter Frei et par nous-même en 1976336. L’ancienne noblesse
qui avait obtenu la citoyenneté romaine sous les empereurs Julio-Claudiens ne figure
plus, ou du moins plus de façon exclusive, parmi l’élite coloniale. Ce changement de
composition de la classe supérieure ne constitue pas un fait spécifique à Avenches ; J. F.
Drinkwater a mis en évidence le même phénomène dans les Trois Gaules337. Cependant, il
ne faut sans doute pas négliger parmi les causes possibles de cette mutation sociale la
guerre sanglante menée par les Helvètes contre la XXIe légion et les pertes humaines qui
s’ensuivirent, notamment parmi l’élite helvète338. L’impression qui se dégage de la
documentation épigraphique est que Vespasien a tenté d’intégrer dans la nouvelle
colonie les membres de cette noblesse qui avaient survécu la guerre : ainsi C. Flauius
Camillus qui était probablement membre d’une branche latérale de la grande famille des
Camilli, accéda sous Vespasien à la citoyenneté romaine 339. Non seulement il obtint la
citoyenneté romaine sous cet empereur mais il fut également nommé prêtre du culte
impérial, duumuir et patron de la ciuitas340. On peut évoquer ensuite le cas de Iulia Festilla,
première flaminique du culte impérial après la fondation de la colonie, qui était la fille de
C. Iulius Camilllus – actif sous Claude – et qui était apparentée à D. Valerius Camillus,
également actif dans la ciuitas pérégrine. Ces deux personnages témoignent de la volonté
de maintenir une certaine continuité sur le plan social entre ciuitas et colonie.
105 Au IIe s. apparaissent des noms nouveaux à côté des noms de l’ancienne noblesse, toujours
existante341 Q. Cluuius Macer est considéré par Anne Bielman comme un soldat auxiliaire
qui reçut la citoyenneté romaine par l’armée mais qu’une alliance matrimoniale rattacha
ensuite à la noblesse d’Avenches342. La famille des Otacilii, florissante également dans la
première moitié du IIe s., était certes constituée d’immigrants italiens, comme l’a
démontré Heinz E. Herzig, mais qui n’étaient pas apparentés à Vespasien, contrairement à
ce que l’on a supposé343. D’autres noms que nous ne voulons pas énumérer ici
représentent l’élément gallo-romain habituel.
V. Conclusion générale
106 Au terme de ce large survol, nous voudrions revenir sur la documentation épigraphique
disponible pour l’étude des trois sites envisagés cidessus : Nyon, Augst et Avenches. Cette
documentation nous frappe par sa disparité sur le plan quantitatif. Avenches et Nyon
offrent un échantillonnage épigraphique relativement riche, à la différence d’Augst. Cela
tient au destin différencié que connurent ces trois villes dès la fin de l’Antiquité. Le site
de Nyon fut constamment occupé tout au long du Moyen Âge et durant l’époque moderne.
D’importantes campagnes de fouilles n’ont été entreprises sur ce site que dans les deux
76
dernières décennies du XXe s. et ont livré des résultats très intéressants. À Avenches, la
bourgade médiévale ne recouvrit pas le site antique. Les ruines de la colonie étaient
visibles à la fin du XVIIIe s. encore, mais les monuments antiques ont souvent servi de
carrière pour les fours à chaux. Les multiples fragments épigraphiques avenchois,
porteurs de quelques lettres seulement, sont les témoins de la destruction subie par le site
à partir du début du XIXe s. Cependant, le centre administratif de la colonie (le forum
notamment) a été localisé grâce à des sondages mais n’a pas encore été exploré
systématiquement. Les avancées documentaires ne peuvent reposer pour l’instant que sur
l’étude des fragments. Augst a fait et fait encore l’objet de nombreuses campagnes de
fouilles mais très peu d’inscriptions ont été mises au jour. Peut-être les blocs
épigraphiques ont-ils été détruits dès la fin de la période antique.
107 Seules de nouvelles fouilles conduites sur l’ensemble des sites concernés pourraient
apporter des éléments susceptibles de modifier de manière significative le bilan que nous
avons tenté d’établir ici.
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie complémentaire
BEDON , Propositions ▪ R. BEDON, Propositions sur la titulature de la colonie romaine de Raurica
(A.Ε., 1974,435), Latomus 56,1997, p. 107-117.
BERGER, Führer ▪ L. BERGER, Führer durch Augusta Raurica. Mit einem Beitrag von Thomas Hufschmid. 6.
Auflage des von R. Laur-Belart begründeten "Führers durch Augusta Raurica", Bâle, 1998.
BÖGLI, Studien ▪ H. BÔGLI, Studien zu den Koloniegründungen Caesars, Université de Bâle, thèse de
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(édition posthume d’un ouvrage très sérieux qui a gardé toute sa valeur).
Out of Rome ▪ K. KOB (Dir.), Out of Rome. Aquincum/Augusta Raurica. Das Leben in zwei römischen
Provinzstädten, Bâle, 1997.
Arculiana ▪ F. E. KOENIG et S. REBETEZ (Éd.), Arculiana. Mélanges en l’honneur de Hans Bögli, Avenches,
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Rekrutierung, JGMZ 4, 1957, p. 81-107 (= H. CASTRITIUS et D. KIENAST (Éd.), Gesammelte Aufsätze zur
antiken Geschichte und Militärgeschichte, Darmstadt, 1973, p. 181-208.)
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PEKÁRY, Inschriften ▪ Th. PEKÁRY, Inschriften von Avenches, BPA 19, 1967, p. 37-55. Cf. aussi ID.,
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Augst und Kaiseraugst, sous presse.
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KAENEL et P. SIMON (Éd.), 60 BC – 15 AD. D’Orgétorix à Tibère. Colloque – ARS – Kolloquium, 2/3 novembre
1995, Porrentruy, Lausanne, 1995, p. 11-20.
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Städtewesen in Obergermanien, Epigraphische Studien 12,1981, p. 1-182.
NOTES
1. Pour la romanisation des Helvètes, cf. F.-S., Helvetier ; F.-S., Claude et les Helvètes I ; F.-S., Claude et
les Helvètes II.
2. F.-S., ANRW.
3. Pour l’histoire des Helvètes, nous nous sommes inspirée du texte rédigé pour l’ouvrage
collectif La Suisse du Paléolithique à l’aube du Moyen Âge, Bâle, 1993, vol. 4 (sous presse). En dernier
lieu G. WALSER, Bellum Helueticum. Studien zum Beginn der caesarischen Eroberung von Gallien, Historia
Einzelschr. 118, Stuttgart, 1998, et ID., DNP 5, col. 337-338, rapproche la migration des Helvètes
d’une expédition de mercenaires.
4. CAES., Bell. Gall. 1, 2, 3.
5. STRAB., Géogr. 7, 1, 5 ; 4, 3, 3-4.
6. CIC., Pro Balbo 14, 32 : Cicéron ne mentionne que des clauses traitant de droits civils et des
peuples du IIe siècle soumis à de semblables traités.
79
7. Selon l’écrasante majorité des auteurs, César conclut un foedus avec les Helvètes, une alliance
formelle. Contra : F.-S., Bemerkungen zum Helvetierfoedus, RSH 25, 1975, p. 127-141 ; EAD., ANRW,
p. 328-338 ; J. G. P. BEST et B. H. ISAAC, The Helvetians : From foederati to stipendiant, Talanta
8-9,1977, p. 11-32, et maintenant R. WOLTERS, Römische Eroberung und Herrschaftsorganisation in
Gallien und Gernianien. Zur Entstehung und Bedeutung der sogenannten KlientelRandstaaten, Bochum,
1990, p. 77-82. Une opinion explicite contre la nouvelle datation du foedus à la fin du II e s. av. J.-C.
est exprimée par F. FISCHER, Caesar und die Helvetier. Neue Überlegungen zu einem alten Thema,
Bonnjahrb. 185, 1985, p. 1-26, et par TARPIN, Tigurins (en part. p. 15-16).
8. CAES., Bell. Gall. 7, 75, 3.
9. Ce fait est souligné en part, par R. WOLTERS, op. cit. (n. 7), p. 77-82.
10. TARPIN, Tigurins, veut faire une distinction plus nette entre les Tigurins considérés – au moins
aux IIe et Ιer s. av. J.-C. comme une peuplade indépendante – et les Helvètes (cf. infra, n. 207). C’est
une idée séduisante, mais très difficile à prouver.
11. Cette nouvelle vision de la campagne de P. Silius Nerua, dont nous nous faisons l’écho ici, a
été proposée par VAN BERCHEM, Routes, p. 87-102 ; cf. également F.-S., Räter ; F. SCHÖN, Der Beginn der
römischen Herrschaft in Rätien, Sigmaringen, 1986, p. 34-39.
12. Cf. les derniers articles en date concernant la Colonia Iulia Equestris (Nyon) : W. DRACK et R.
FELLMANN, Die Römer in der Sclaveiz, Stuttgart – Jona, 1988, p. 20-22 ; FELLMANN, Suisse, p. 16-18 (en
général, nous ne citerons ici que le second titre de R. Fellmann) ; Ph. BRIDEL, Le programme
architectural du forum de Nyon (Colonia Julia Equestris) et les étapes de son développement, dans XIV
Congreso Internacional de Arqueologia Clásica / Congrès International d’Arqueologia Clàssica, Tarragone,
1993, p. 137-151 (très importante contribution sur les débuts de la colonie) ; ROSSI, Nyon, avec un
résumé de l’histoire nyonnaise aux pages 10-17. Il faut également mentionner la bibliographie
raisonnée de P. BONNARD, La ville romaine de Nyon. Cahiers d’archéologie romande 44, Noviodunum
I, Lausanne, 1988.
13. Ainsi déjà Th. MOMMSEN, Schweizer Nachstudien, Hermes 16, 1881, p. 485-486, n. 1. L’épithète
Iulia a été étudiée par B. GALSTERER-KRÖLL, Untersuchungen zu den Beinamen der Städte des
Imperium Romanum, Epigraphische Studien 9,1972, p. 44-145, en part. p. 65-70.
14. N. DÜRR et H. BÔGLI, Halbvictoriaten Julius Caesars. Ein Beitrag zum Gründungsdatum von
Nyon (Colonia julia Equestris), GNS 6, 21, 1956, p. 7-9 ; cf. également BÖGLI, Studien, p. 21 sq.
15. Μ. H. CRAWFORD, Roman Republican Coin Hoards, Londres, 1969, n o 482, p. 131 (44-27 av. J.-C.) ;
auparavant déjà KRAFT, Rolle, p. 182, n. 8, supposait des frappes irrégulières peu avant 29 av. J.-C.
Un bref renvoi est fait à ce trésor par C. MARTIN, Trésors et trouvailles monétaires racontent l’histoire
du Pays de Vaud, Bibliothèque Historique Vaudoise 50, Lausanne, 1973, p. 27-28. Cf. maintenant A.
GEISER, Un faussaire à Lausanne-Vidy ? À propos du trésor de « demi-victoriats républicains » et des
émissions permettant d’envisager la date de la fondation de Nyon, avec une étude métallographique de
B. Neal (sous presse).
16. B. GALSTERER-KRÖLL, op. cit. (n. 13), p. 68 ; cet avis est discuté mais rejeté par Ch. GOUDINEAU,
César et la Gaule, Paris, 1990, p. 235 et 351.
17. Seul E. MENSCHING, Vosegus und die Vogesen. Die Vogesen als geographischer Begriff in
römischer und frühmittelalterlicher Zeit, Pfälzer Heimat 1,1982, p. 7-19, exploite cette source. Cf.
en part. p. 11-12 sur la question des Vosges (l’auteur suppose que Lucain a utilisé un ouvrage
géographico-ethnologique).
18. LUCAIN, Bell. ciu. 1, 392 : Caesar ut acceptum tant prono milite bellum/fataque ferre uidet, ne quo
languore moretur / Fortunam, sparsas per Gallica rura cohortes / euocat et Romam motis petit undique
signis. Deseruere cauo tentoria fixa Lemanno / castraque quae Vosegi curuam super ardua ripam /
pugnaces pictis cohibebant Lingonas armis.
80
19. Cf. J. GASSNER, Kataloge im römischen Epos. Vergil – Ovid – Lucan, Diss. Munich, Augsburg, 1972,
p. 138-174 (non vidi) ; nous ne connaissons l’ouvrage que par le compte rendu de W. RUTZ, Gnomon
46, 1974, p. 470-475.
20. Ni F. Stahelin, ni D. van Berchem, ni R. Frei-Stolba, ni R. Fellmann, ni Ph. Bridel ne font
allusion à ce passage. Seul MÜLLER, Nyon, p. 183 (13) y fait un renvoi, tandis que KRAFT, Rolle, p. 182
et n. 7, cite incidemment le passage.
21. W. D. LEBEK, Lucans Pharsalia. Dichtungsstruktur und Zeitbezug, Hypomnemata 44, Göttingen,
1976, p. 42.
22. Ainsi MÜLLER, Nyon, p. 183 (13). Mais pour l’instant, on n’a retrouvé aucune trace d’une
occupation antérieure. Cf. également infra, à propos du toponyme Nouiodunum.
23. BÖGLI, Studien, p. 23-25, commente la relation entre Equestris et equites (adoptant la notion de
« chevaliers » au lieu de « cavaliers ») mais ne la retient pas.
24. B. ISAAC, Limits of Empire. The Roman Army in the East, Oxford, 1990, p. 315-317, est en général
très sceptique et relève – à juste titre, il faut l’avouer – qu’aucune source ne vient à l’appui de la
théorie du rôle défensif des colonies de Nyon et Augst.
25. Ainsi J. G. P. BEST, Colonia Iulia equestris und Legio decima equestris, Talanta 3, 1971, p. 3-10, suivi
par F. FISCHER, op. cit. (n. 7), p. 18. Pour la legio X Equestris cf. également P. CASTRÉN, About the Legio
X Equestris, Arctos 8, 1974, p. 5-7. Pour les vétérans installés à Augst, cf. infra, n. 152.
26. R. F.-S., Legio X Equestris, Talanta 10-11, 1978-79, p. 44-61. En l’absence d’attestation fiable,
nous restons sceptique.
27. A. D. RIZAKIS, Achaïe. II. La cité de Patras : épigraphie et histoire, Melètèmata 25, Athènes, 1998,
p. 24-28. À juste titre, l’auteur souligne qu’à Patras, il faut distinguer deux mouvements de
déduction distincts.
28. E. PELICHET, Contribution à l’étude de l’occupation du sol de la Colonia lulia Equestris, dans W. DRACK
(Éd.), Beiträge zur Kulturgeschichte. Festschrift Reinhold Bosch zu seinem sechzigsten Geburtstag, Aarau,
1947, p. 117-136. Hans Lieb relève à justre titre que nous ne savons pas si le toponyme renvoie au
premier colon ou au contraire à un propriétaire ultérieur.
29. Ainsi, par exemple, STÄHELIN, p. 102 ; F. VITTINGHOFF, Römische Kolonisation und
Bürgerrechtspolitik unter Caesar und Augustus, Wiesbaden, 1952, p. 69 ; KRAFT, Rolle, p. 190-192 ; VAN
BERCHEM, Routes, p. 52.
30. La colonie de Lugdunum (Lyon) a été créée par L. Munatius Plancus en 43 av. J.-C., cf. Ch.
GOUDINEAU, Aux origines de Lyon, Lyon, 1989, p. 24-27 et 35, et R.- CH., Intégration, p. 152.
31. Cf. infra, n. 147 et 151.
32. Cf. infra, n. 37-39.
33. On attend la publication complète de ces fouilles. Cf. pour l’instant S. AMSTAD, La céramique
gallo-romaine de Nyon, thèse de doctorat en préparation, anoncée dans J. MOREL et S. AMSTAD, Un
quartier romain de Nyon : de l’époque augustéenne au III e siècle. (Les fouilles de Bel-Air/Gare 9 – 1978-1982),
Cahiers d’archéologie romande 49, Noviodunum II, Lausanne, 1990, p. 111 et n. 198. P. HAUSER et F.
ROSSI, Urbanisme et habitat, dans ROSSI, Nyon, p. 18-19,
34. CIL XIII 11468, fragment de titulature impériale (se référant à Claude ou éventuellement à
Néron mais cette seconde possibilité est moins satisfaisante).
35. F.-S. et al., Inscriptions, en part. p. 189-196, cf. infra, n. 106.
36. C. MARTIN, Monnaies romaines trouvées à Nyon, RHV 66, 1958, p. 67-75. Mme Geiser, directrice
du Cabinet des Médailles de Lausanne, et nous-mêmes dirigeons actuellement des mémoires de
licence ayant pour sujet des monnaies trouvées à Nyon.
37. Ainsi STÄHELIN, p. 47, qui parle d’un oppidum celtique ; F.-S., ANRW, p. 343 ; D. PAUNIER, Histoire
de Nyon. Des origines au Ve siècle, dans Nyon. Hier – Aujourd’hui – Demain, Nyon, 1982, p. 13, suppose
que l’oppidum était érigé sur la petite colline où s’élève aujourd’hui le château (mais où il est
impossible de faire des fouilles, cf. infra, n. suivante).
81
38. ROSSI, Nyon, p. 12. À notre avis, il n’y a aucune raison impérieuse de postuler l’existence d’une
vieille ville pour expliquer Nouiodunum (« la nouvelle ville »).
39. Ainsi l’affirme Hans Lieb avec qui j’ai discuté des attestations de l’Antiquité tardive et de la
tradition médiévale et moderne.
40. Not. Gall. 9, 5 : ciuitas Equestrium [id est Noiodunus (-um)/ ; Vita S. Romani 13 : Quo in tempore duo
quidam iuuenes Nouidunensis municipii clerici…uagantes (F. MARTINE, Vie des pères du jura, introduction,
texte critique, lexique, traduction et notes, Paris, 1965). Hans Lieb nous a signalé que la date de la Vie
des Pères du Jura était controversée.
41. Cf. dans le même sens J. GASCOU, ILN Fréjus, p. 26-27. À Nyon, nous ne pouvons pas utiliser
l’attestation de la tribu pour définir les dimensions d’un territoire. Pour la spécificité de la tribu,
cf. infra, n. 69.
42. Cf. en dernier lieu G. WALSER, Zu den Römerstrassen in der Schweiz : die capita uiae, MusHelv
54, 1997, p. 53-61 ; ID., Bemerkungen zu den gallisch-germanischen Meilensteinen, ZPE 43,1981,
p. 385-402.
43. Cf. R. POUPARDIN, Le royaume de Bourgogne (888-1038), thèse, Paris, 1907, p. 268-271, et Th.
SCHIEFFER, Regum Burgundiae e stirpe Rudolfina diplomata et acta. Die Urkunden der burgundischen
Rudolfinger, Monumenta Germaniae Historica, Munich, 1977. La plus ancienne charte nommant le
pagus Equestricus date de l’an 926 (Anselmus, comes de pago Equestrico, dans ibid., n o 22, p. 123-125).
Nous laissons de côté la question très délicate de l’éventuelle existence, même brève, d’un évêché
à Nyon.
44. GINGINS, Équestres ; p. 73-95, il reconstitue le territoire de la colonie Équestre d’après les
toponymes indiqués dans les chartes.
45. Th. MOMMSEN, CIL XIII, pars II, p. 1, d’après MÜLLER, Nyon, p. 185-192. Mais J. J. Müller défendait
une thèse tout à fait particulière, selon laquelle il y avait deux uici différents à Genève, le uicus
situé sur la rive droite du Rhône étant inscrit dans le territoire de la colonie Équestre. J. J. Müller
s’est probablement inspiré de villes situées sur les deux rives du Rhin et portant le même nom,
comme Laufenburg (All.) et Laufenburg (Suisse).
46. Th. MOMMSEN, CIL XIII, pars II, p. 1 ; GINGINS, Équestres, p. 75 ; MÜLLER, Nyon, p. 187-189 ; STÀHELIN,
p. 95 ; ISchweiz, p. 235 ; F.-S., ANRW, p. 343 ; FELLMANN, Suisse, p. 16 ; Rossi, Nyon, p. 16 (carte).
47. Abbé CLAUDE DE VEYLE, Explication des antiquités romaines de Bresse, Bugey, Valromey et Gex, Bourg
en Bresse, 1720 (manuscrit). Le manuscrit a été utilisé et, de ce fait, porté à la connaissance d’un
public plus large par M.-C. GUIGUE, Topographie historique du département de l’Ain, Trévoux, 1873. Les
travaux plus anciens de l’érudit local A. SIRAND, Antiquités générales du département de l’Ain, Bourg,
1856, ainsi que ses notices publiées dans le Journal de l’Ain (vers 1858) ont échappé à Th.
Mommsen. O. Hirschfeld en prit connaissance, mais il a classé les inscriptions retrouvées dans le
Pays de Gex dans le Supplément du CIL XIII, p. 70, sous l’intitulé Sequani et Regio ad Iuram montent.
– Pour Claude de Veyle, cf. maintenant A. BUISSON , Claude de Veyle. Antiquités romaines de Bresse,
Bugey, Valromey et Gex, Bourg, 1985. Plusieurs informations relatives à ce sujet nous ont été
communiquées par Hans Lieb.
48. Nous-même n’en avions pas tenu compte au début de nos recherches sur Nyon. Hans Lieb a
beaucoup contribué à les retrouver. À l’opposé, A. BUISSON, L’Ain, Carte archéologique de la Gaule
01, Paris, 1990, p. 77, 80, les attribue aux Helvètes, tout comme GINGINS, Équestres, p. 54. Il faut dire
que l’inscription CIL XIII11551 (statio militum) provenant de Gex est un faux, cf. C. JULLIAN , Notes
gallo-romaines, RÉA 22,1920, p. 282.
49. CIL XIII 11553 et 11554, très fragmentaires et de lecture difficile. Les inscriptions sont
aujourd’hui perdues, selon des informations qui nous ont été transmises par Μ. A. Melo,
archéologue à Feigères-Peron, que nous remercions de son amabilité. CIL XIII11553 et 11554 sont
deux inscriptions distinctes, comme le prouve le dessin de C. de Veyle. Le fragment de Léaz, CIL
XIII11552, était probablement aussi une inscription funéraire.
82
50. CIL XII 5534 = ISchweiz 381 = RIS 319 = CIL XVII 135 : milliaire de Maxime le Thrace. CIL
XVII134 : milliaire d’Elagabal.
51. E. PELICHET, L’aqueduc romain de Nyon, Suisse Primitive 6,1942, p. 68-71 ; Suisse Primitive, 9,
1945, p. 76. Les vestiges ont été répérés récemment, cf. Revue Historique Vaudoise 100, 1992,
p. 173-255.
52. FAVROD, Burgonde, p. 114 ; GINGINS, Équestres, p. 54, postulait déjà une frontière plus à l’est, par
exemple sur la Morge ou la Venoge.
53. Lavigny : CIL XIII 9059 = ISchrweiz 386 = CIL XVII 127 (milliaire de Gordien III portant m. p. XII).
L’emplacement originel de ce milliaire a été longtemps débattu (STÄHELIN, p. 357, n. 5, et ISchweiz
386 pensent à un réemploi). F. MOTTAS, Les voies romaines en terre vaudoise, Route et trafic 68,
5,1982, p. 112-115, montre que le milliaire a été retrouvé in situ. Etoy : CIL XIII 9060 = CIL XVII 128
(milliaire d’Hadrien ou d’Antonin le Pieux portant m. p. X). Notons que ces milliaires notent la
distance en milles romains tandis que les milliaires nommant Avenches comme caput uiae
utilisent des lieues comme mesure de distance. St-Prex : CIL XIII 9061 = ISchweiz 387 = CIL XVII 126
(milliaire de Caracalla, sans m. p.). G. WALSER, op. cit. (n. 42), p. 53 et 55, semble adhérer à cette
thèse.
54. Ainsi FAVROD, Burgonde, p. 114.
55. CIL XIII 5032 ; ISchweiz 151, cf. A. LEIBUNDGUT, Die römischen Bronzen der Schweiz. III. Westschweiz,
Bern und Wallis, Berne-Mayence, 1980, n o 154 et tab. 152. CIL XIII 5001 (Caesia Vegeta) appartient
également au dossier de Nyon. Je dois cette information à C. Brélaz, Université de Lausanne.
56. Th. MOMMSEN, CIL XIII, pars II, p. 1.
57. J.-L. MAIER et Y. MOTTIER, Les fortifications antiques de Genève, Genava 24,1976, p. 239-257, avec
bibliographie.
58. Cf. D. WEIDMANN, La ville romaine de Nyon, AS 1, 1978, p. 75. Ph. BRIDEL, Les basiliques du
forum de Nyon (Colonia Iulia Equestris), Revue du Nord 71, 280, 1989, p. 59-65.
59. L’ancienne trouvaille de Nyon : CIL XIII 5014. Les fragments sont maintenant exposés au
Musée Romain de Nyon. Cf. V. REY-VODOZ, Un site, un musée, dans ROSSI, Nyon, p. 79 (photo).
60. VAN BERCHEM, Routes, p. 258-260.
61. On n’a pas encore analysé systématiquement les pierres trouvées à Genève afin d’identifier
leur provenance, mais il ne sera probablement jamais possible de trier avec certitude ce matériel
épigraphique.
62. Cf. Genavae 49-73.
63. Nous rangeons dans cette catégorie au moins quatre inscriptions : (a) l’inscription funéraire
de M. Carantius Macrinus, CIL XII 2602 = RIS 11, retrouvée en 1805 sur la vieille route de Pinchat ;
cf. maintenant M. A. SPEIDEL, Carrière militaire et solde : l’exemple de M. Carantius Macrinus. Notes sur
l’inscription CIL XII 2602, dans Arculiana, p. 371-380 — (b) l’inscription funéraire de D. Iulius
Modestinus, CIL XII 2626 = RIS 24, retrouvée également en 1805 sur la vieille route de Pinchat – (c)
CIL XII 2586 = RIS 4 – (d) G. ZOLLER, ASSPA 79,1996, p. 253 et Ch. BONNET, Genava 44, 1996, p. 31 (nous
reprendrons cette inscription dans AL 19 %) ; cette nouvelle trouvaille détermine la provenance
genevoise des deux inscriptions (c) et (d). À été également trouvée in situ l’inscription de Bernex,
cf. D. PAUNIER, Une inscription dédiée à la foudre trouvée à Bernex, Genava 21, 1973, p. 287-295, et
Genavae 88 ; Bemex se trouve dans la campagne genevoise et la pierre relevait sans doute de la
Gaule Narbonnaise.
64. Nous pensons à CIL XIII 5012 (D. Valerius Sisses) ainsi qu’à CIL XIII 5006 (L. Aurelius
Repertus) ; Aegidius Tschudi a vu et copié les deux inscriptions (la première en 1537), l’une sur la
porte de Versoix, l’autre près de la route qui mène de Versoix à Genève (cf. S. VÖGELIN, Wer hat
zuerst die römischen Inschriften in der Schweiz gesammelt und erklârt ?, jahrbuch für
Schweizerische Geschichte 11,1886, p. 82 ; 86). En 1590, après la conquête de Versoix par les
Genevois, elles furent transportées à Genève et encastrées l’une sous l’horloge du Molard, l’autre
83
dans une maison de la place du Molard ; aujourd’hui, elles sont conservées au Musée d’Art et
d’Histoire de Genève.
65. Genaua Aug(usta) : ISchweiz 90 = RIS 30 = Genavae 61 ; Genavae 30. Nous renonçons à énumérer
d’autres éléments assurés d’attribution telle, par exemple, la tribu Voltinia.
66. Cf. dernièrement LIERTZ, Kult, p. 24-29.
67. Cf. F.-S., ANRW, p. 343-344, mais nous n’avions pas encore vu les problèmes que posait la
constitution de cette colonie. Nous nous basons notamment ici sur le manuscrit du fascicule des
inscriptions de la Colonia Iulia Equestris, rédigé en 1993-1994 par J.-L. VEUTHEY, Lausanne. Cf.
également RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 209-211.
68. Selon TARPIN, Tigurins, p. 13, la colonie aurait été établie plutôt sur un territoire enlevé aux
Tigurins, cf. infra, n. 209.
69. CIL XII 2608 = ISchweiz 95 = RIS 16 ; CIL XII 2614 = ISchweiz 142 = RIS 18 ; CIL XIII 5003 = IScInveiz
145 = RIS 46 ; CIL XIII5010 = IScInveiz 140 = RIS 47 ; CIL XIII5013 = IScInveiz 141 ; AE 1978 567 = RIS
247 ; AE 1993 1215.
70. VAN BERCHEM, Routes, p. 52, suivi de ROSSI, Nyon, p. 13 ; F.-S., ANRW, p. 344, où nous avons cité à
titre comparatif (n. 204) des cas de l’Afrique du Nord, en soulignant que le phénomène n’avait pas
été étudié globalement. C. Brélaz, Lausanne, nous informe qu’on trouve plusieurs cas similaires
dans le dossier épigraphique de la colonie de Philippes.
71. On attend la publication de l’ouvrage de Y. VAN DER WIELEN sur le monnayage des Allobroges
qui contiendra un chapitre sur la répartition des familles nobles indigènes. Nous remercions Y.
van der Wielen de nous avoir fait parvenir son mémoire de licence, écrit sous la direction de D.
van Berchem qui traitait des Allobroges au début de l’empire, ainsi que les pages manuscrites de
son livre qui concernaient cette question. Cf. R. FREI-STOLBA, Une grande famille équestre originaire de
la colonie Équestre (Nyon) et de Genève (en préparation, titre provisoire).
72. F.-S. et al., Inscriptions, en part. p. 190 ; SPEIDEL, Interrex. Nous remercions vivement M. A.
Speidel de nous avoir autorisée à prendre connaissance de son article.
73. Les duumuiri bis : (1) C. Lucconius Tetricus (CIL XIII 5010 = ISchweiz 140 = RIS 47). — (2) Q.
Seuerius Marcianus (AE 1978 567 = RIS 247). – (3) C. Iulius Sedatus (CIL XIII 5009 = ISchweiz 139 = AE
1993 1215 adn., tribu Voltinia). — Les duumuiri simples : (4) L. Iul(ius) Brocchus Val(erius) Bassus,
de la tribu Voltinia et qui avait également été magistrat à Vienne (CIL XII 2602 et 2607 = ISchweiz 93
= RIS 13). — (5) C. Plinius Faustus (CIL XII 2614 = ISchweiz 142 = RIS 18). – (6) [---] Cantaber (CIL XIII
5013 = ISchweiz 141). – (7) [-I]ul(ius) D. f. (AE 1993 1215, fragment trouvé à Prangins). — (8) L.
Sergius Lustrostaius Domitinus (CIL XIII 5011 = IScinveiz 145 = RIS 46).
74. (1) Q. Seuerius Marcianus (AE 1978 567 = RIS 247), cf. infra, n. 75. — (2) C. Plinius Faustus (CIL
XII 2614 = ISchweiz 142 = RIS 18). – (3) CIL XIII 11553 : aedili ? – (4) CIL XIII 11554 : aedi[li]. Les deux
attestations sont très incertaines. — (5) L. Sergius Lustrostaius Domitinus (CIL XIII5011 = ISchweiz
145 = RIS 46).
75. F. MOTTAS, Un nouveau notable de la Colonie Équestre, AS 1,1978, p. 79-83, proposait d’insérer
le duumvirat quinquennal dans une lacune de l’inscription honorifique dédiée à Q. Seuerius
Marcianus (AE 1978 567 = RIS 247). C’est une solution envisageable ; toutefois, nous avons opté –
comme G. Walser et les éditeurs de l’Année épigraphique – pour la restitution Ilui[r(o) bis fla]m(ini)
Au[g(usti)] qui correspond davantage à la longueur de la lacune.
76. C. Lucconius Tetricus (CIL XIII 5010 = ISchweiz 140 = RIS 47). Pour l’inscription de Q. Seuerius
Marcianus, cf. supra, n. 74-75.
77. Avant que Ton ne retrouve la plaque en l’honneur de Q. Seuerius Marcianus, les auteurs ont
tout naturellement suivi les exemples écrits en toutes lettres qui provenaient de Gaule
Narbonnaise, des Trois Gaules et des Germanies (Béziers : CIL XII 4320 ; Narbonne : CIL XII 4417 et
AE 1982 694 = CIL XII 4371-4372 ; Avenches : CIL XIII 11486, un fragment). Ils ont ainsi complété pro
(duo)uir[o].
84
78. J. GASCOU, La « praefectura iure dicundo » dans les cités de l’Afrique romaine, dans L’Afrique dans
l’Occident romain. Ier siècle av. J.-C. -IVe siècle ap. J.-C., Coll. Éc. franç. de Rome 134, Rome, 1990,
p. 367-380. ID., Magistratures et sacerdoces municipaux dans les cités de Gaule Narbonnaise, dans Actes
du Xe congrès international d’épigraphie grecque et latine. Nîmes, 4-9 octobre 1992, Paris, 1997,
p. 77-140, en part. p. 79, 85 et 136. Je remercie vivement M.-Th. Raepsaet-Charlier d’avoir attiré
mon attention sur ces pages. Pour l’Italie du Nord, cf. M. S. BASSIGNANO, I « praefecti iure dicundo »
nell’ltalia settentrionale, dans Epigrafia. Actes du colloque en mémoire de Attilio Degrassi. Rome 27-28 mai
1988, Coll. Éc. franç. de Rome 143, Rome, 1991, p. 515-537 (= AE 1991 320 adn). Sur les exemples
d’une interprétation plus facile, de préfets substituant l’empereur ou un membre de la famille
impériale élu comme duumuir, cf. G. MENNELLA, Sui prefetti degli imperatori e dei cesari nelle
città dell’Italie e delle province, Epigraphica, 50,1988, p. 65-85. En ce qui concerne la Lex Petronia
très discutée, nous ne voulons pas approfondir ce problème ici, et nous nous bornons à renvoyer
à l’article de F. SARTORI, La legge petronia sui prefetti municipali e l’interpretazione del Borghesi, dans
Bartolomeo Borghesi. Scienza e libertà, Bologne, 1982, p. 211-222. Voir aussi M. H. CRAWFORD, How to
create a municipium, dans M. AUSTIN, J. HARRIES et C. SMITH (Éd.), Modus operandi. Essays in Honour of
G. Rickman, Londres, 1998, p. 31-46, spéc. p. 37-38. Je dois cette référence à mon collaborateur
Cédric Brélaz, Lausanne.
79. Lex Salpensana, ch. 25 = Lex Irnitana, ch. 25 ; Lex Salpensana, ch. 24 = Lex Irnitana, ch. 24.
80. Ainsi J. GASCOU, Praefectura, op. cit. (n. 78), p. 373.
81. Cf. J. GASCOU, Praefectura, op. cit. (n. 78), p. 374-375.
82. Selon J. Gascou, la préfecture temporaire n’a pas constitué l’équivalent d’un duumvirat ; ainsi,
il est exclu qu’un duumuir bis ait pu n’occuper qu’une seule seule fois le duumvirat tandis que le
bis représentait la préfecture. Contra le commentaire ajouté à l’inscription de Q. Seuerius
Marcianus, AE 1978 567.
83. GASCOU, Magistratures, p. 79 (Narbonne), p. 85 (Béziers).
84. Nous avons repris le dossier des inscriptions inédites de Philippes. Selon Cédric Brélaz, qui
travaille sur les magistrats municipaux de Philippes, la fonction de praefectus pro duouiro n’y est
pas attestée ; en revanche, on trouve des irénarques. Dans d’autres colonies romaines de Grèce et
d’Orient (Antioche, Corinthe), la charge de praefectus est attestée, mais sous la forme de praefectus
i(ure) d(icundo). Le dossier des praefecti mérite d’être repris.
85. Le duumuir qui voulait s’absenter lorsque son collègue était déjà au loin nommait un
remplaçant, le praefectus pro duouiro. Lorsque le premier duumuir était de retour, le préfet quittait
sa fonction ; cf. supra, n. 79.
86. Cf. supra, n. 76. Dans le présent chapitre, nous nous appuyons beaucoup sur le mémoire de
licence de J.-L. VEUTHEY, Nyon et son praefectus arcendo latrocinio à la lumière des colonies de
vétérans césaro-augustéennes de la Gaule Narbonnaise, mars 1993, manuscrit disponible à la
Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne, ainsi que sur l’article du même auteur : J.-L.
VEUTHEY, Préfet. Nous ne renverrons par la suite qu’à l’article publié.
87. On ne sait pas comment développer les abréviations ; faut-il lire praefec[t(us)l arcend(is) latroc
[in(iis)] ? arcend(o) latroc[in(io)] ? Ou même arcend(orum) latroc[in(iorum)] ?
88. CIL XIII 6211 : M. Pannonius Solu[tus praef(ectus)] / latr(ociniis) ar[c(endis)] praef(ectus) Binlgi(i)
ripae Rheni ?]/…
89. Nous ne retenons que quelques titres de l’abondante bibliographie consacrée à ce sujet :
MÜLLER, Nyon, p. 194 (« Polizeichef zur Unterdrückung des Brigantenwesens », I er s. ap. J.-C.) ; E.
MEYER, ISchweiz, p. 230 et STÄHELIN, p. 92 n. 4, mettent l’accent sur les cols du Jura, zone sauvage et
dangereuse ; G. WALSER, RIS 47, admet toutes les possibilités. L. FLAMZUCKERMANN, À propos d’une
inscription de Suisse (CIL XIII 5010) : étude du phénomène du brigandage dans l’Empire romain,
Latomus 29,1970, p. 451-473, étudie de manière systématique le phénomène des latrones et des
troubles endémiques secouant l’Empire romain.
85
90. Ni KRAFT, Rolle, ni nous-même (R. F.-S., Colonia Iulia Equestris. Staatsrechtliche Betrachtungen
zum Gründungsdatum, Historia 23,1974, p. 439-462 ; F.-S., ANRW), n’avons abordé le problème de
cette préfecture.
91. D. VAN BERCHEM, Nyon et son praefectus arcendis latrociniis, dans Routes, p. 47-54, en part, p. 48.
92. VAN BERCHEM, Routes, p. 49, renvoyant à des études antérieures de A. Alföldy.
93. D. PAUNIER, op. cit. (n. 37), p. 17 ; P. BONNARD YERSIN, Ph. BRIDEL, F. MOTTAS, D. PAUNIER et D.
WEIDMANN, Nyon, la ville et le musée romains, Guides archéologiques de la Suisse 25, Nyon, 1989,
p. 30-31 ; FELLMANN, Suisse, p. 56-57 et n. 76, p. 62 et n. 86, est plus nuancé car il a déjà pris
connaissance de l’inscription trouvée à Bois l’Abbé. Nous étions plus sceptique, cf. F.-S. & MARTH,
Florilegium, p. 70, no 31.
94. Cf. M. MANGARD, L’inscription dédicatoire du théâtre de Bois l’Abbé à Eu (SeineMaritime),
Gallia 40,1982, p. 35-51 (= AE 1982 716). Sur cette inscription et les problèmes qu’elle pose, voir
aussi infra, M. DONDIN-PAYRE, p. 185, 188, 190.
95. VEUTHEY, Préfet, p. 73-75.
96. SHA, Marc. Aur. 22, 10 : Res etiam in Sequanis turbatas censura et auctoritate repressit. Cf.
notamment FELLMANN, Suisse, p. 58-62 ; VEUTHEY, Préfet, p. 81.
97. J.-L. Veuthey complète dans les deux inscriptions de Nyon latroc[in(io) arcend(o), tandis que le
TLL, X/2, 1985, col. 630, 1. 2-4, envisage la résolution latroc[in(iorum) arcend(orum), une résolution
soutenue également par E. Grzybek, Université de Genève, lors de la discussion qui suivit la
présentation du mémoire de J.-L. Veuthey.
98. Ainsi VEUTHEY, Préfet, p. 81, qui plaide en général pour une charge impériale en se basant sur
l’exemple du praefectus fabrum.
99. O. HIRSCHFELD, Kleine Schriften, p. 609-610, suivi par GASCOU, Magistratures, p. 131 et n. 309. De
même H. DESSAU, ILS, Index, vol. III, p. 693 (sous la rubrique « XI. Res municipalis ») et W. ENSSLIN,
RE, XXII, 1954, col. 1257-1347, s.v. praefectus, en part. col. 1330, ont opté pour une charge
municipale.
100. Cf. supra, n. 96.
101. Ainsi déjà VAN BERCHEM, Routes, p. 219-220 ; L. FLAM-ZUCKERMANN, op. cit. (n. 89), p. 455 ;
FELLMANN, Suisse, p. 58-62 ; VEUTHEY, Préfet, p. 80-81.
102. Le principe d’une constitution immuable, en l’occurrence la constitution césarienne de
Nyon, représentait l’argument fondamental du discours de VAN BERCHEM, Routes, p. 48. Pour les
prêtrises, cf. infra, n. 123,125-126.
103. Cf. en part. L. FLAM-ZUCKERMANN, op. cit. (n. 89), p. 455 et n. 5, renvoie à la Porte Noire de
Besançon « qui commémorait la répression de la révolte par Marc-Aurèle » ; une hypothèse
reprise par VEUTHEY, Préfet, p. 82.
104. C. JULLIAN, Notes gallo-romaines 73 : aux cols du Jura. La Faucille et Saint-Cergues, RÉA
21,1919, p. 210-215. Nous sommes plutôt sceptique à l’idée d’établir un lien entre ce préfet et la
surveillance des cols du Jura (cf. à ce propos VAN BERCHEM, Routes, p. 47-48), et par conséquent,
nous tendrions plutôt à voir dans le praefectus arcendis latrociniis un préposé à la surveillance des
routes et du port de Nyon, comme cela a été proposé par E. Grzybek.
105. F.-S. et al., Inscriptions ; cf. supra, n. 35.
106. P(ublio) Annio Teret(ina) Montano / optioni et quaestori equit(um) / interregi leg(ionis) XXI
decurioni / col(oniae) Eq(uestris) / Annia Sabina flaminica Augustae / patri.
107. Cf. pour ces charges de sous-officier, SPEIDEL, Interrex.
108. F.-S. et al., Inscriptions, p. 192-193.
109. Le texte aurait été gravé en deux temps : la pierre n’aurait porté d’abord que les charges
militaires, y compris la mention de la legio XXI gravée au centre d’une ligne ; auraient ensuite été
ajoutés les postes municipaux, à savoir interregi et decurioni, postes qu’il faudrait relier à la
mention de la col(oniae) Eq(uestris). Fr. Bérard a proposé cette interprétation lors du Colloque de
86
Lyon sur l’histoire des légions, 17-20 septembre 1998 ; W. Eck a soutenu, oralement, la même
idée. Nous adoptons volontiers la nouvelle explication qu’il faudrait peut-être approfondir.
110. SPEIDEL, Interrex, renvoie au cas parallèle d’une inscription provenant de Boldog (Slovaquie)
que nous avons mal lue. Il s’agit de T. KOLNIK, Q. Atilius Primus – Interprex Centurio und
Negotiator. Eine bedeutende Grabinschrift aus dem 1. Jh. u.Z. im quadischen Limes-Vorland, Acta
ArchAcScientHung 30, 1978, p. 61-75 = AE 1978 635 (présentant la lecture : interprex/leg(ionis) XV) ;
la lecture a été ensuite corrigée par R. HOŠEK, Tituli latini Pannoniae Superioris annis 1967-1982 in
Slovacia reperti, Prague, 1985, p. 78-84, n o 35 = AE 1988 938 (une correction qui nous a échappé).
Contrairement à l’opinion de Μ. A. Speidel, nous pensons que l’agrandissement, p. 82, semble
montrer une tentative de correction de la part du graveur.
111. L. GASPERINI, Vecchie e nuove epigrafi romane di Gaeta, dans Formianum. Atti del Convegno di Studi
sull’antico territorio di Formia. II. 1994, Marina di Minturno, 1995, p. 11-24, en part. p. 16-19 = AE
1995 279 et nous remercions Hans Lieb de nous avoir signalé cette nouvelle interprétation.
112. L. GASPERINI, op. cit., p. 19. Th. Mommsen proposait déjà une interprétation très proche, cf. CIL
X 6094 et CIL X 6071. M. GUSSO, Sul pressunto interrex del collegiurn incertum di CIL X 6071,
Prometheus 17, 1991, p. 155-172, avance une autre hypothèse (l’ interrex serait une traduction
littéraire de la charge d’antarchon).
113. Cf. SPEIDEL, Interrex, qui souligne qu’il y avait d’autres soldats de la XXI e légion recrutés en
Gaule Narbonnaise et qui plaide en conséquence pour Arles comme lieu d’origine de P. Annius
Montanus. À juste titre, il établit un lien plus étroit entre optio et quaestor equitum en ce sens que
P. Annius Montanus a d’abord été optio de la cavalerie légionnaire, après avoir débuté comme
miles, puis comme cavalier.
114. Cf. en premier lieu A. MAGDELAIN, Auspicia ad patres redeunt, dans Hommage à J. Bayet, Coll.
Latomus 70,1964, p. 427-473 (= ID., Jus, Imperium, Auctoritas. Études de droit romain, Coll. Éc. fr. de
Rome 133, Rome, 1990, p. 341-383) et T. MOMMSEN, Römisches Staatsrecht, vol. 1, Leipzig, 1887 3,
p. 647 sq.
115. Bénévent : CIL IX 1635 = ILS 6492 = CIL I 2 1729, cf. add. tert. p. 1030 ; on place l’inscription
avant ou après la guerre sociale. — Formia : CIL X 6101 = ILS 6285, l’inscription date du début de
l’époque impériale, cf. en outre supra, n. 112 — Fundi : CIL X 6232 = ILS 6279 (époque julio-
claudienne ?). — Pour Pompéi, cf. P. CASTRÉN, Ordo populusque Pompeianus, Rome, 1975, p. 51,
p. 270-272.
116. Narbonne : CIL XII 4389 = ILS 6966 : T. Cominius C.f. Po[l(lina)] / duouir, aedilis,/ interrex. Cf. M.
GAYRAUD, Narbonne antique des origines à la fin du III e siècle, Paris, 1981, p. 330-347, en part,
p. 336-337 ; GASCOU, Magistratures, p. 77 et n. 6 : seconde moitié du I er s. av. J.-C. — Nîmes : CIL XII
3138 = ILS 6975 : C. Annius C.f. Cor(nelia)/interrex uouit,/posuit. L’inscription date, selon O.
HLRSCHFELD, CIL, ad loc., du début du I er s. ap. J.-C. On notera que le magistrat n’est pas originaire
de Nîmes, cette ville ayant été inscrite dans la tribu Voltinia. — Sur ces colonies, leur statut et leur
chronologie, on verra M. CHRISTOL, supra, p. 3-22 (avec la bibliographie). Pour le droit latin
provincial – formule que nous empruntons volontiers à A. Chastagnol et P. Le Roux, cf.
CHASTAGNOL, Cités Narbonnaise, p. 116-117, et LE ROUX , Question.
117. AE 1982 511 : Gn(aeo) Seruilio Gn(aei) f(ilio) / Gal(eria) Nigro, IIuir(o) / interregi. Cf. aussi J.
GONZALEZ, Tabula Siarensis, Fortunales Siarenses et municipia civium Romanorum, ZPE 55, 1984,
p. 55-100, en part. p. 85.
118. Lex col. Gen. Urs. 130,1. 50.
119. Th. MOMMSEN, op. cit. (n. 114), p. 650, n. 1. Mommsen renvoie aux fastes de Venouse (CIL IX
422 = ILS 6123).
120. Dans l’article F.-S. et al., Inscriptions, nous suivions encore Mommsen qui supposait que le
remplacement de l’interrex par un praefectus se faisait conformément à la lex Petronia (ainsi
également J. GASCOU, Praefectura, op. cit. (n. 78), p. 367 sq.). Depuis lors, nous avons pris
87
connaissance de deux articles qui apportent des corrections à ladite hypothèse : M. S. BASSIGNANO,
op. cit. (n. 78), l’auteur démontre les particularités des préfets de certaines villes de l’Italie du
Nord ; F. SARTORI, op. cit. (n. 78), p. 211-222. L’auteur prouve que la lex Petronia date probablement
des années 50 à 60 ap. J.-C. et n’était valable que pour la région osco-latine.
121. Dans l’article F.-S. et al., Inscriptions, nous n’avons pas suffisamment tenu compte de la
chronologie relative, l’inscription de P. Annius Montanus précédant les praefecti pro duouiris Q.
Seuerius Marcianus et C. Lucconius Tetricus, cf. supra, n. 76, qui datent de la fin du II e s.
122. Lex col. Cen. Urs. 66. Pour les prêtrises, cf. l’analyse de LIERTZ, Kult, p. 24-32.
123. (1) C. Lucconius Tetricus, cf. supra, n. 76. — (2) Q. Seuerius Marcianus, supra, n. 75. — (3) C.
Iulius Sedatus, cf. supra, n. 73. — (4) C. Plinius Faustus, cf. supra n. 74. — (5) L. Iul(ius) P. f.
Brocchus Val(erius) Bassus, de la tribu Voltinia, mais qui dit clairement qu’il était dans la colonie
Équestre IIuir et flamen (scil. Augusti), — (6) et le nouveau fragment [---I]ulius D. f., cf. AE 1993 1215
où la prêtrise est partiellement restituée. — On pourrait ajouter à cette liste L. Sergius
Lustrostaius Domitinus qui se dit omnibus honoribus in colonia Equestri et in colonia Viennensium
functus, cf. supra, n. 74. Nous ne voulons pas entrer dans la discussion d’un autre cas possible de
flatnen Aug(usti), attesté par un fragment (CIL XII 2605 = ISchweiz 96), cf. LLERTZ, Kult, p. 27.
124. T. lul(ius) C ≥ f. Post[---]us (H. LIEB, Fine mensa ponderaria in Nyon, dans Arculiana, p. 325-331
= AE 1995 1133). – D. Valerius Asiatici libert(us) Sisses (CIL XIII 5012 = ISchweiz 144 = RIS 41). — La
liste des sévirs (CIL XII 2617 = ISchweiz 101 = RIS 20). J.-L. Veuthey suppose à juste titre que cette
liste, loin de représenter une simple énumération des sévirs en charge, constituait la dédicace
d’un grand monument disparu depuis. MÜLLER, Nyon, p. 197 et n. 84, ainsi que VAN BERCHEM, Routes,
p. 258 et n. 1, avaient déjà émis l’hypothèse que l’inscription provenait de Nyon.
125. Pour les flaminicae Augustae, cf. F.-S. et al., Inscriptions, p. 193 ; A. BIELMAN et R. FREL- STOLBA,
Les flaminiques du culte impérial : contribution au rôle de la femme sous l’Empire romain, Études
de lettres (Revue de l’Université de Lausanne) 2,1994, p. 113-126 ; W. SPICKERMANN, Priesterinnen im
römischen Gallien, Germanien und in den Alpenprovinzen (1.-3. Jahrhundert n. Chr.), Historia 43,
1994, p. 189-240, en part. p. 219-221.
126. Iulia Pusinna (CIL XIII 5002 = ISchweiz 143). L’autel, aujourd’hui perdu, a été découvert dans
les ruines du château de Vincy (VD). — Annia Sabina, cf. supra, n. 106.
127. ILGN 366 = ISchweiz 100 = RIS 33 : [Labi]ena C. f. [—]montica, pour qui son père, [C. La]bien(us)
Bassus, a érigé un monument honorifique sur un emplacement public accordé par décret des
décurions. — ILGN 367 = RIS 34 : épitaphe de [—] Quintilla. — CIL XII 2616 : [— Se]xti fili(a) [—]bina.
Cette flaminique ne peut être Annia Sabina, citée plus haut, puisque les prénoms paternels
diffèrent.
128. P. Annius Montanus, cf. supra, n. 106. — Q. Seuerius Marcianus, cf. supra, n. 75. — C. Antistius
Crescens (CIL XIII 5005). — Aurelius Crispus (CIL XIII 3684), cf. A. ABRAMENKO, Ein weiterer Dekurio
der Colonia Equestris. Zur Titulatur des rômischen Ritters Aurelius Crispus, ZPE 99, 1993,
p. 214-216 = AE 1993 1311. Dans F.-S. et al., Inscriptions, p. 191, nous avons discuté la signification
de la mention du décurionat.
129. Cf. la remarquable synthèse dirigée par K. KOB, Ouf of Rome ; en outre, BERGER, Führer, et pour
la publication des fouilles annuelles cf. la revue Jahresberichte in Augst und Kaiseraugst (JAK) ainsi
que la série de monographies Forschungen in Augst.
130. M. PETER, Augusta Raurica I et II (Augst 1949-1972). Inventaire des trouvailles monétaires en Suisses 3
et 4, Lausanne, 1996. Augst est le seul site antique de Suisse à avoir vu ses trouvailles monétaires
répertoriées de façon exhaustive. À Nyon, les recherches numismatiques sont en cours et, à
Avenches, l’important travail de Franz E. Koenig sur les trouvailles monétaires du site n’est
malheureusement pas publié.
131. Testimonien. Nous remercions vivement P.-A. Schwarz de nous avoir généreusement
communiqué le manuscrit de cette importante publication (cf. également infra n. 136). En outre,
88
la grande entreprise qu’est la nouvelle édition mise à jour du Dictionnaire Historique Suisse
consultable pour le moment par voie électronique (http://www.dhs.ch) stimule également les
investigations scientifiques et entraîne la révision de beaucoup d’idées reçues ; cf. infra, n. 184.
132. Cf. F.-S., ANRW, p. 345-350 ; on consultera également STÂHELIN, p. 30-32, 48-51, 95-103, qui
reste d’une grande valeur.
133. LIEB, Zweiten Colonia = AE 1974 435.
134. Pour l’état de la recherche en 1976, cf. F.-S., ANRW, p. 345-347.
135. Cf. BEDON, Propositions, qui discute les propositions antérieures.
136. Le groupe formé par Bettina Janietz, P.-A. Schwarz, L. Berger et alii a présenté ses premiers
résultats scientifiques en mars 1994, lors d’un colloque épigraphique. Les résultats seront inclus
dans la publication de P.-A. SCHWARZ et L. BERGER, op. cit. (n. 131). En attendant la publication, nous
renvoyons à BERGER, Führer, p. 12, et à E. DESCHLER-ERB, dans Out of Rome, p. 46-47, qui présentent de
nouvelles tentatives de restitution du texte des deux inscriptions. Hans Lieb avait déjà repéré à
l’époque ces traces qu’il expliquait comme des coups portés aux bronzes au moment de leur
découverte (information orale).
137. Pour L. Munatius Plancus, cf. PIR2 M 728.
138. La date de la mort de L. Munatius Plancus n’est pas connue ; sa dernière activité publique fut
la censure, exercée avec Paullus Aemilius Lepidus en 22 av. J.-C., mais on peut peut-être placer sa
mort entre 20 et 10 av. J.-C., cf. G. WALSER, Der Briefwechsel des L. Munatius Plancus mit Cicero, Bâle,
1957, p. 21 sq. et nos remarques qui apportent quelques nuances. Nous pensons avec G. Walser
que l’inscription a été rédigée après 15 av. J.-C., mais qu’elle trahit par le choix des mots (ex Gallia
ou ex Raetis) une sorte de rivalité entre Munatius Plancus et l’empereur, cf. F.-S., Rater, p. 21 n.
123. Pour le monument funéraire, cf. R. FELLMANN, Das Grab des Lucius Munatius Plancus bei Gaëta,
Bâle, 1957.
139. CIL X 6087 = ILS 886 : L. Munatius L. f(ilius) L. n(epos) L. pron(epos) / Plancus co(n)s(ul) imp(erator)
iter(um) (septem)uir / epulon(um) triump(hauit) ex Raetis, aedem Saturni / fecit de manibis, agros diuisit
in Italia / Beneuenti, in Gallia colonias deduxit / Lugudunum et Rauricam.
140. G. WALSER, op. cit. (n. 138), p. 18.
141. M. MARTIN, …in Gallia colonias deduxit Lugudunum et Rauricam, Jahresberichte Römerhaus und
Museum Augst 1971, p. 3-15, suivi par H. BÖGLI, ibid., p. 15, n. 42. À une certaine époque, nous avons
nous-même été séduite par cette hypothèse, cf. F.-S., ANRW, p. 346-347.
142. E. DESCHLER-ERB, Geschichte zweier Provinzstddte, dans Out of Rome, p. 45 ; cf. FURGER, Entwicklung.
143. Cf. R.- CH., Intégration, p. 152, qui renvoie à A. DESBAT, Établissements romains ou précocement
romanisés de Gaule tempérée, dans A. DUVAL et al. (Éd.), Gaule interne et Gaule méditerranéenne aux II e
et Ier siècles avant J.-C. : confrontations chronologiques, RAN Supplément 21, Paris, 1990, p. 243-254.
144. Déjà BÖGLI, Studien, p. 20-21 ; F.-S., ANRW, p. 346 ; FELLMANN, Suisse, p. 364, n. 13 ; ID., Germania
superior, en part. p. 291 sq.
145. Pour la situation géographique générale, cf. L. BERGER, Die Gründung der Colonia Raurica und die
Bedeutung der Mittelland-Hauenstein-Strasse, dans Provincialia. Festschrift für Rudolf Laur-Belart, Bâle,
1968, p. 15-24 ; l’auteur souligne l’importance de cette ligne de communication mais ne distingue
pas suffisamment la situation césarienne de la situation augustéenne. Cf. maintenant la critique
formulée par FELLMANN, Germania superior, p. 293.
146. LIEB, Bodenseeraum, en part. p. 144. En ce qui concerne le plan de César, cf. déjà VAN BERCHEM,
Routes, p. 52, qui a émis des doutes.
147. LIEB, Bodenseeraum, p. 144 ; son idée est suivie par F.-S., Rater, p. 16,21, n. 123 et 124.
148. Fastes triomphaux : CIL I 2 p. 50 = Inscrit XIII/1, p. 87. Pour le texte de l’inscription funéraire,
cf. supra, n. 139. Mais nous ne croyons pas que les Romains ne connaissaient pas le nom des
Rhètes (contra, G. WALSER, op. cit. (n. 138), p. 21 sq.). La guerre a eu lieu dans une zone
89
intermédiaire, Pline l’Ancien connaît même l’expression in Raetia Galliae (Hist. nat. 18, 172), cf. F.-
S., Räter, p. 21 n. 125.
149. Les forteresses se trouvent à Voremwald (Filzbach), à Strahlegg et au Biberlikopf, cf. F.
SCHÖN, op. cit. (n. 11), p. 39-43, et en dernier lieu FELLMANN, Suisse, p. 20.
150. STRAB., Géogr. 4, 6, 8, p. 206 C.
151. Nous reprenons donc l’hypothèse de LIEB, Bodenseeraum, p. 144, et de VAN BERCHEM, Routes,
p. 52, qui ont inversé l’ordre des événements : l’incursion des Rhètes et la victoire de L. Munatius
Plancus ont précédé la fondation de la colonie. L. Munatius Plancus aurait imité César et la
fondation de la colonie d’Augst, loin d’avoir été préméditée ou ordonnée par César, aurait bien
plutôt constitué une réponse à une situation factuelle nouvelle. Le site de la nouvelle colonie ne
pouvait d’ailleurs avoir été sélectionné à l’avance par César puisqu’il n’est en rien lié à la
situation politique prévalant lors de la guerre des Gaules. La fondation de la colonie de Lugdunum,
née également d’une situation spécifique, offre à cet égard un parallèle instructif, cf. R.- CH.,
Intégration, p. 152, qui renvoie à Ch. GOUDINEAU, Note sur la fondation de Lyon, Gallia 44,1986,
p. 171-173.
152. B. H. ISAAC, Colonia Munatia Triumphalis and Legio Nona Triumphalis ?, Talanta 3, 1971,
p. 9-43. L’auteur propose dans cette perspective (p. 29) d’ajouter les épithètes Munatia et
Triumphalis. En passant, nous voudrions attirer l’attention sur l’inscription connue par tradition
manuscrite seulement, dédiée à une certaine Prisca Iulia, cf. N-L 105 et LIEB, Zweiten Colonia, p. 423.
Si cette inscription provenait vraiment d’Augst, elle daterait de l’époque augusto-tibérienne.
153. Cf. BEDON, Propositions, p. 109,114 ; cf. déjà dans le même sens LIEB, Zweiten Colonia, p. 422.
154. WLLMANNS, Doppelurkunde, p. 93, n. 310, se montre plutôt sceptique vis-à-vis de la restitution
Munatia, proposée déjà par BÖGLI, Studien, p. 19, et par B. H. ISAAC, op. cit. (n. 152), p. 29. R. Bedon,
qui ne connaissait pas encore les nouvelles données sur les fragments de bronze, suggère dans
Propositions, p. 115, les restitutions Co/pia et Felix. L. Berger et P.-A. Schwarz retiennent pour le
moment Felix et Munatia comme épithètes supplémentaires de la colonie d’Augst (cf. infra, n. 161).
Nous ne considérons pas ici la discussion centrée autour de l’élément I≥[ulia] proposé par les
rédacteurs de l’AE 1974 435.
155. Les nouvelles dimensions supposées des plaques de bronze seront publiées dans le volume
consacré aux documents d’Augst (cf. supra, n. 131). Faut-il supposer que la ligne martelée
contenait une épithète abandonnée lors de la refondation de la colonie ? L. Berger propose d’y
restituer Munatia Felix mais lors du colloque épigraphique d’Augst, en mars 1994, ces propositions
n’ont pas remporté une approbation unanime (cf. les restitutions proposées, infra, n. 161).
156. FELLMANN, Cermania superior, p. 291-293 (et ID., Suisse, p. 364, n. 13) ; l’auteur s’appuie sur
PLINE, Hist. nat. 4, 17, 106, et suit la tradition manuscrite, souvent considérée comme une faute de
copiste : Sequani, Raurici, Helueti, coloniae Equestris et Raurica. Nous nous sommes montrée prudente
sur la signification du mot Raurica, cf. F.-S. & MARTH, Florilegium, p. 66-69. Hans Lieb met en
évidence le nom d’Atuatuca qui présente également une forme adjectivée et est en même temps
un toponyme. Le problème reste ouvert. Toutefois, le site d’Augst n’a livré – pour l’instant –
aucun signe d’habitat indigène rauraque alors que les archéologues ont repéré des traces
d’essartage par brûlis, cf. FURGER, Entwicklung, p. 87 et ID., dans Out of Rome, p. 85.
157. LIEB, Zweiten Colonia, p. 418 = AE 1974 435, repris par F.-S., ANRW, p. 345-346 ; VAN BERCHEM,
Routes, p. 142 ; FELLMANN, Suisse, p. 27.
158. AE 1974 435 : Iulia Co/pia. WLLMANNS, Doppelurkunde, p. 93, n. 310, relève l’étrangeté de la
coupure I[ulia Co]/p[ia] dans cette inscription à l’alignement régulier. Elle propose en
conséquence P[aterna] / P[ia], La même proposition a été faite par M. MARTIN, Römermuseum und
Römerhaus Augst, Augst, 1981, p. 31 (1987 2, p. 31), suivi par F.-S. & MARTH, Florilegium, p. 66-69.
BEDON, Propositions, p. 113-115, refuse Paterna et met en doute Pia, lui préférant Co/pia.
90
159. Cf. les dessins donnés par BERGER, Führer, p. 12, et E. DESCHLER-ERB, dans Out of Rome, p. 46-47 ;
pour le texte, cf. infra, n. 161.
160. LIEB, Zweiten Colonia, p. 421. À l’heure actuelle, l’auteur confirme oralement ses hypothèses.
161. BERGER, Führer, p. 12 ; Out of Rome, p. 46-47 : (a) L. Octa[uio L.f. ] / nuncu[patori] colonia P[aterna]
/ [[Munatia Felix]] / [Apollinaris / Augusta Emerita / Raurica / publice]. — (b) [Imp(eratori) Caesari / diui
Iuli f. / Augusto / conditori / colonia Paterna / [[Munatia Félix]] / [Apolli]naris / [Augusta E]merita /
]Raur]ica / [publ]ice.
162. Le mot et la fonction de nuncupator nous sont inconnus. Le mot est attesté deux fois : outre
ici, cf. APUL., Fl. 15. L’homme officiait probablement en tant que prêtre lors de la cérémonie de
fondation, cf. LIEB, Zweiten Colonia, p. 420.
163. La fourchette chronologique obtenue pour les objets analysés serait de 20-15 av. J.-C., cf.
FURGER, Entwicklung, p. 87, et ID., dans Out of Rome, p. 85. Les premiers édifices en bois suivaient
déjà le plan orthogonal de la colonie.
164. P.-A. SCHWARZ, JAK 12, 1991, p. 181-184 ; M. A. SPEIDEL, Goldene Lettem in Augst. Zu zwei
frühen Zeugnissen der Kaiserverehrung und des goldenen Zeitalters in der colonia Augusta
Raurica, ZPE 95,1993, p. 179-189 = AE 1993 1220.
165. Le troisième fragment n’est qu’un mince ruban portant une seule haste verticale,
interprétée par H. Lieb comme l’initiale de P[ia]. Le groupe de chercheurs d’Augst complète
maintenant (à tort selon Hans Lieb) M[unatia Felix].
166. LIEB, Zweiten Colonia, p. 422 sq. ; F.-S. & MARTH, Florilegium, p. 67 ; BEDON, Propositions, p. 109.
167. En compagnie de Hans Lieb, nous avons discuté de la terminologie de ce peuple (Rauraci et
Raurici) lors de l’Assemblée générale de l’ARS (Association pour l’archéologie romaine en Suisse),
les 6 et 7 nov. 1998, à Bâle : le premier témoignage du mot Rauracus se rencontre désormais dans
le diplôme militaire AE 1995 1183, datant du 30 oct. 139 ap. J.-C. et provenant de Pfôrring. Le
dernier document daté présentant la forme Rauricus est CIL XVI 50, daté du 13 mai 105 ap. J.-C.
Naturellement, nous ne voulons pas proposer une date précise pour ce changement. Il ne faut pas
non plus oublier dans ce contexte le problème des manuscrits du Bellum Gallicum de César : les
manuscrits contiennent la forme Rauraci, reflétant ainsi un remaniement du texte au Bas Empire.
168. Cf. F.-S., ANRW, p. 301. STRAB., Géogr. 4, 3, 2, p. 192-193 ; 4, p. 193 C ; également CAES., Bell. Gall.
4, 10, 3.
169. CAES., Bell. Gall. 1, 5,4, sans indication géographique.
170. CAES., Bell. Gall. 1,28, 3 : Heluetios, Tulingos, Latobrigos in fines suos, unde erant profecti, reverti
iussit. H. Fuchs, par exemple, restitue pourtant dans son édition (Editiones Helveticae, Frauenfeld,
1944, 1952, 1955) le nom du peuple concerné.
171. Cf. F.-S., ANRW, p. 301-302 et les notes 34 et 35. La question des sites primitfs des Rauriques
n’est pas résolue, cf. en dernier lieu R. ASSKAMP, Das südliche Oberrheingebiet in friihromischer Zeit,
Stuttgart, 1989, p. 114, n. 587 et p. 115-116 ; FELLMANN, Germania superior, p. 291. Beaucoup de
certitudes sont aujourd’hui remises en question : ainsi, le site de Bâle/Gasfabrik est plus ancien
qu’on ne le pensait (cf. contra l’état de la recherche dans les années 1970, F.-S., ANRW, p. 302), et il
faut joindre au débat la nouvelle chronologie et la nouvelle typologie des monnaies celtiques,
établies par A. BURKHARDT, W. B. STERN et G. HELMIG, Keltische Münzen aus Basel. Numismatische und
metallanalytische Untersuchungen, Bâle, 1994 ; cf. le résumé p. 14-16 et le c.r. établi par A. GEISER,
RNS 75, 1998, p. 253-262. Le site de Bâle/Gasfabrik est antérieur à la guerre des Gaules, mais était-
il habité par les Rauriques ? (cf. FELLMANN, Germania superior, p. 291).
172. Cf. A. FURGER-GUNTI, Die Ausgrabungen im Basler Münster. I. Die spätkeltische und augusteische Zeit,
Basler Beitrâge zur Ur- und Frühgeschichte 6, Derendingen, 1979 ; FELLMANN, Suisse, p. 20.
173. PLIN., Hist. nat. 4, 17, 106, cf. supra, n. 156 : l’auteur mentionne les deux entités, les Raurici et la
colonia…Raurica. PTOL., Géogr. 2, 9,9. Pour la cohors I Sequanorum et Rauricorum equitata, cf. les
inscriptions énumérées par ISchweiz 481.
91
185. Un problème se pose : l’Augstgau, comme plus tard le Buchsgau, s’étendait jusqu’à l’Aar et
englobait par exemple le castellum Olten qui, dans l’Antiquité, faisait partie du territoire des
Helvètes (cf. la carte et l’explication de W. LEIMGRUBER, Die Karten des Bistums Basel, dans Helvetia
Sacra 1,1, p. 316-354, et les cartes ajoutées au volume I de l’ouvrage précité). Force est donc
d’admettre quelques retouches.
186. Nous nous appuyons sur les cartes accompagnant l’ouvrage Helvetia Sacra 1,1 (cf. supra, n.
182), ainsi que sur l’entrée « Bâle (diocèse) » du Dictionnaire Historique Suisse (cf. supra, n. 131).
187. Seul FELLMANN, Germania superior, p. 296 sq., s’est demandé, par exemple, si le uicus de Bâle
appartenait à la colonie d’Augst ou s’il relevait au contraire de la ciuitas péregrine des Rauriques
(pour Bâle, cf. R. FELLMANN, Basel in römischer Zeit, Bâle, 1955, et L. BERGER, Archäologischer Rundgang
durch Basel, Bâle, 1981). L’emplacement des trouvailles épigraphiques modernes – Bâle ou Augst
respectivement – ne nous renseigne en rien puisqu’un nombre indéterminé d’inscriptions
d’Augst a été transporté à Bâle. Personne n’a remis en cause l’appartenance de Bâle à la colonie
d’Augst car l’influence de Bâle, devenue le centre de l’humanisme en Suisse, était trop forte. Pour
accréditer cette idée, les autorités de Bâle ont fait ériger au XVI e s. un splendide monument à L.
Munatius Plancus, exposé aujourd’hui dans la cour de la Mairie.
188. L’existence à Augst d’inscriptions funéraires mentionnant des pérégrins n’a pas été toujours
reconnue. Ainsi G. WALSER, RIS 217 (= CIL XIII 5282 = IShweiz 357) considère Blandus dans
l’inscription Blandus Vin/dalucon(is f.) hic s(itus) e(st) / fili pro pietate posier(unt) comme un esclave,
ce qui ne correspond pas à la formule onomastique usuelle. En fait, Blandus était un pérégrin,
parmi d’autres, attestés avec certitude : CIL XIII 5278 = ISchweiz 353 = RIS 213, CIL XIII 5281 =
ISchweiz 356 = RIS 216, CIL XIII 5282 = ISchweiz 357 = RIS 217, CIL XIII 5287 = ISchweiz 360 = RIS 220,
CIL XIII 5292 = ISdnueiz 361 = RIS 223, CIL XIII 5313 = ISchweiz 365, CIL XIII 5295 = ISchweiz 366, cf.
pour l’histoire de cette inscription perdue F.-S., Die Überlieferungsgeschichte des Grabsteines des
Tetto (ICH 298 = CIL XIII 5295), dans Testimonien (sous presse, cf. supra, n. 131).
189. Cf. mes remarques concernant les Helvètes, F.-S., Helvetier, p. 182-183. Mais – cf. la situation
similaire relative à Genève et Nyon – il est très difficile d’attribuer à un site antique les pierres
retrouvées en réemploi à Bâle puisque leur provenance est inconnue. Ainsi, le dossier
épigraphique ne peut être exploité complètement.
190. ISchweiz, p. 305-306 ; RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 215 ; F.-S., ANRW, p. 348 et n. 220. Il faut
toutefois ajouter une précision : l’inscription CIL XIII 11546 témoignerait d’un duouir selon Th.
BURCKHARDT-BIEDERMANN, op. cit. (n. 180), p. 5 ; ISchweiz 342, et RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 215 ;
contra, maintenant R. HAENSCH , Senatoren und Ritter in Inschriften aus Augusta Raurica, dans
Testimonien, qui conclut que les fragments conservés appartiennent à un cursus sénatorial.
191. (a) CIL XIII 5272 = ISchweiz 343 = RIS 210. – (b) CIL XIII 5273 = ISdnueiz 342. G. WALSER, RIS, ne
mentionne pas l’inscription mais elle n’est pas perdue, cf. J. EWALD, Paläo- und epigraphische
Untersuchungen an den römischen Steininschriften der Schweiz. Antiqua 3, Bâle, 1974, p. 144.
192. CIL XIII 5260 = ISchweiz 344 = RIS 205.
193. Cf. supra, n. 192. L’onomastique trahit son origine indigène et romanisée.
194. Cf. supra, n. 175.
195. (a) CIL XIII 5283 = RIS 218. – (b) AE 1991 1264.
196. G. WALSER, RIS 218, voulait y voir le fragment d’une inscription monumentale, R. FELLMANN,
JAK 7, 1987, p. 319-321, a considéré ces pierres comme des blocs délimitant des places funéraires.
197. Ainsi déjà dans notre commentaire commun dans AE 1991 1264, et maintenant H. LIEB, CIL 13,
5283 und AE 1991, 1264, dans Testimonien. On peut également envisager d’autres développements
ayant la même signification.
198. On peut ainsi les rapprocher de CIL XIV 457 (Ostie) : P(ublicum) c(oloniae) O(stiensis). Dans la
publication mentionnée supra, H. Lieb donnera la liste complète des parallèles.
93
199. Parmi la bibliographie publiée après le résumé de F.-S., ANRW, p. 384-403, il faut noter les
contributions suivantes : VAN BERCHEM, Routes, p. 123-150 ; p. 155-164 (l’auteur a changé d’avis et
considère dans sa dernière publication Avenches comme une colonie latine). CHASTAGNOL, Coloni,
p. 137-141 (l’auteur considère Avenches comme une colonie romaine). LE ROUX, Question (l’auteur
considère Avenches comme une colonie latine, mais il présente sous un jour nouveau le droit
latin) ; ID., Rome et le droit latin, RHDF 76, 1998, p. 315-341. Il faut compléter les analyses de P. Le
Roux concernant Avenches par KRIER, Treverer, p. 67-70 et FELLMANN, Suisse, p. 51 sq.
200. Les opinions des auteurs modernes divergent sur la nature de cette guerre, cf. n. 277.
201. La date de la fondation a été restituée par P. FREI, Das römische Aventicum bei Fredegar,
MusHelv 26,1969, p. 101-112, en part. p. 104. Peut-être est-ce un hasard (mais nous ne le croyons
pas) : la première attestation de la nouvelle colonie, une inscription datant probablement de la
fin des années 70-80 ap. J.-C., ne contient pas l’épithète Foederata (CIL XIII 5094 = ISchweiz 199 = RIS
87, cf. la relecture de cette inscription par F.-S., Claude et les Helvètes II, p. 61-63, cf. infra, n. 232).
En revanche, l’inscription dédiée à un sénateur anonyme et datant de l’époque de Trajan (CIL XIII
5089 = ISchweiz 198 = RIS 82, cf. aussi AE 1992 1270) contient la titulature complète.
202. Cf. supra, VAN BERCHEM, Routes, p. 123-150 ; p. 155-164. Nous avons défendu dans ANRW,
p. 393-397, l’hypothèse selon laquelle Aventicum était une colonie romaine.
203. VAN BERCHEM, Routes, p. 141-150 ; p. 155-164. LE ROUX, Question, p. 183-200, et ID., op. cit. (n.
199), p. 315-341. Nous ne citons que ces deux contributions de P. Le Roux. Dans les notes, l’auteur
renvoie à d’autres de ses analyses qui forment ainsi une contribution originale et capitale à
l’étude du droit latin sous l’Empire romain.
204. Les études épigraphiques seront citées à leur endroit spécifique ; cf. en outre, W. VAN
ANDRINGA, Cultes publics et statut juridique de la cité des Helvètes, dans C. M. TERNES et P. F. BURKE jr
(Éd.), Roman Religion in Gallia Belgica & the Germaniae (= Bull. Ant. lux. 22, 1993), Luxembourg, 1994,
p. 169-194 ; LLERTZ, Kult, p. 33-48.
205. Tigurins : CAES., Bell. Gall. 1, 12, 3-4 et 7. – Verbigènes : CAES., Bell. Gall. 1, 27, 4 (la tribu fut
anéantie).
206. Les pagi sont mentionnés dans l’inscription dédiée à C. Valerius Camillus : CIL XIII 5010 =
ISchweiz 194 = RIS 95 (…qua pagatim qua publiée…). Le pagus Tigurinus : CIL XIII 5076 = ISchweiz 195 =
RIS 76. L’inscription a été copiée par Aegidius Tschudi au XVI e s. déjà, à Villarsles-Moines où elle
se trouvait en réemploi au Prieuré ; or, les inscriptions réutilisées au Prieuré de Villars-les-
Moines provenaient d’Avenches. M. Bossert prépare actuellement un corpus des pièces
architecturales et des inscriptions repérées à Villars-les-Moines. Pour l’activité épigraphique de
Tschudi, cf. F.-S., Früheste epigraphische Forschungen in Avenches. Zu den Abschriften des 16.
Jh., Revue Suisse d’Histoire 42, 1992, p. 227-246.
207. TARPIN, Tigurins, p. 11-20. VAN BERCHEM, Routes, p. 62-65 : les Camilli auraient contrôlé le col de
Jougne, dans le Jura (cf. également l’inscription dédiée à C. Valerius Camillus et érigée en son
honneur par les Éduens et les Helvètes, supra, n. 206).
208. F.-S., ANRW, p. 295-300, où nous mettions déjà en évidence le fait que les frontières n’étaient
pas déterminées avec certitude, cf. p. 402 avec les n. 397-399.
209. TARPIN, Tigurins, p. 13, se demande si les terres n’avaient pas été confisquées aux seuls
Tigurins.
210. Nous devons ces remarques aux suggestions formulées par l’archéologue J. Rychener lors de
notre travail commun sur l’époque romaine dans le canton de Zurich, cf. F.-S., J. E. SCHNEIDER, A.
ZÜRCHER et J. RYCHENER, Römische Zeit, dans Geschichte des Kantons Zürich. I. Frühzeit bis
Spätmittelalter, Zurich, 1995, p. 78-108, en part. p. 101-102, et maintenant J. RYCHENER, Die
Nordostschweiz, dans 60 BC-15 AD. D’Orgetorix à Tibère, Lausanne, 1995, p. 95-99.
211. Cf. FELLMANN, Suisse, p. 19-24, pour les détails que nous ne reprenons pas ici. Il s’agit de
postes militaires installés dans le cadre de la campagne des Alpes en 15 av. J.-C. à
94
220. CIL XIII 5169-5189 ; ISchweiz 246-253 ; RIS 126-141. Il faut enlever du corpus des inscriptions
de Soleure la dédicace aux Lares Augusti, CIL XIII 5173 = ISchweiz 248, une inscription connue
uniquement par tradition manuscrite qui résulte probablement d’une attribution erronée, cf. F.-
S., Helvetier, p. 179 et n. 77, et maintenant, sans connaître nos réflexions, LIERTZ, Kult, p. 119 sq.
Pour le uicus de Soleure, cf. B. SCHUBIGER, Die Kunstdenkmaler des Kantons Solothurn. I. Die Stadt
Solothurn 1, Bâle, 1994, p. 51-56, p. 65, et H. SPYCHER, Solothurn in römischer Zeit. Fin Bericht zum
Forschungsstand, dans Solothurn. Beiträge zur Entwicklung der Stadt im Mittelalter. Kolloquium vom
13./14. November 1987 in Solothurn, Zurich, 1990, p. 11-32. Les attestations épigraphiques du uicus de
Baden (cf. supra, n. 215) sont plus maigres ; on ne peut en retenir que l’inscription témoignant de
la largesse de L. Annusius Magianus (CIL XIII 5233 = ISchweiz 258 = RIS 187).
221. ISchweiz 159 = N-L 23 = RIS 50, qui remonte au début du I er s. si l’on se fie à la formule pro
salute Caesarum. Nous tenons l’affranchi Aptus pour un commerçant italique installé à Lousonna.
Datent probablement également du Ier siècle : ISchweiz 160 = N-L 27 = RIS 53 ; ISchweiz 157 = N-L 25
(lecture améliorée). Pour le uicus de Lousonna, cf. N. PICHARD SARDET, S. BERTI et C. MAY CASTELLA,
Lousonna, la ville gallo-romaine et le musée. Guides archéologiques de la Suisse 27, Lausanne, 1993, et
S. BERTI, Nouvelles recherches sur le vicus de Lousonna, dans F.-S. et H. E. HERZIG (Éd.), La politique
édilitaire dans les provinces de l’Empire romain, IIème – IVème siècles après J.-C. Actes du II e colloque
roumano-suisse, Berne, 12-19 septembre 1993, Berne, 1995, p. 249-256 (bibl.).
222. TARPIN, Tigurins, p. 13. Par la suite, les Helvètes ont bel et bien participé au concilium gaulois
comme le prouve la fameuse inscription dédiée à Q. Otacilius Pollinus, cf. F.-S., Q. Otacilius Pollinus,
Inquisitor III Galliarum, dans A/te Geschichte und Wissenschaftsgeschichte. Festschrift fur Karl Christ
zum 65. Geburtstag, Darmstadt, 1988, p. 186-201, et St. OELSCHIG, Methode und Geschichte : Variationen
zur Inschrift CIL XIII 11480, dans Arculiana, p. 47-60.
223. STRAB., Géogr. 4, 1, 1, p. 177 C, et F.-S., ANRW, p. 364 et n. 263. Cf. en outre Ch. GOUDINEAU, Les
provinces de Gaule : problèmes d’histoire et de géographie, dans M.-M. MACTOUX et E. GENY (Éd.),
Mélanges Pierre Lévêque. 5, Paris, 1990, p. 161-176 ; TARPIN, Tigurins, p. 13-15.
224. PLIN., Hist. nat. 4, 31, 105-106. Cf. F.-S., ANRW, p. 365.
225. Nous ne reprenons plus la discussion sur l’attribution de la cité des Helvètes sous le Haut
Empire, nous contentant de renvoyer à F.-S., ANRW, p. 365. Les provinces de Germanie inférieure
et de Germanie supérieure ont été constituées après 83, en 84 ou plutôt en 85 ap. J.-C., cf. R.-CH.,
Intégration, p. 163.
226. Cf. brièvement FELLMANN, Suisse, p. 27, avec les illustrations correspondantes ; D. CASTELLA
(Éd.), Aux portes d’Aventicum : dix ans d’archéologie autoroutière à Avenches, Documents du Musée
romain d’Avenches 4, Avenches, 1998.
227. A. HOCHULI-GYSEL qui prépare cette étude, a tenu une conférence intitulée « Aventicum vor
der Koloniegründung (71/72 n. Chr.) » à l’assemblée générale de l’association Pro Vindonissa (le
17 oct. 1997).
228. M. BOSSERT et M. FUCHS, De l’ancien sur le forum d’Avenches, BPA 31,1989, p. 12-105 ; la
contribution est accompagnée d’une préface de D. TUOR-CLERC, À la recherche du forum (avec des
tableaux relatant les étapes de la recherche), Ibid., p. 3-11.
229. Ibid., p. 38.
230. H. LIEB, Forum Tiberii, BPA 31,1989, p. 107-108 ; cf. déjà VAN BERCHEM, Routes, p. 16 et 17, n. 63.
Contra (mais les découvertes archéologiques évoquées par l’auteur gardent toute leur valeur) H.
SCHWAB, Forum Tiberii : Überlegungen und Beobachtungen zum Standort einer Helvetierstadt,
Archäologisches Korrespondenzblatt 26,1996, p. 189-199.
231. Cf. VAN BERCHEM, Routes, p. 141-150, p. 155-164 ; ID., Notes (= AE 1994 1289). F.-S., Helvetier, cf.
en part, tableau I. Le même tableau, mis à jour, se trouve dans les articles cités à la note suivante.
232. F.-S., Claude et les Helvètes I, p. 264-266 ; F.-S., Claude et les Helvètes II, p. 63-67. Nous avons
proposé une nouvelle lecture et une nouvelle interprétation de deux inscriptions quasiment
96
identiques, à savoir (1) CIL XIII 5094 = RIS 87 et (2) CIL XIII 5093 = ISchweiz 199 = RIS 86. Nous lisons
(1) : [C(aio)] Iul(io) C(aii) f(ilio) Fab(ia) Camillo / sac(erdoti) Aug(usti) mag(istro) trib(uno) mil(itum) / [l]eg
(ionis) IIII Maced(onicae) hast(a) pura / [e]t corona aurea donato / [a] Ti(berio) Claudio Caesare Aug(usto)
/ IGJer(manico) ab eo euocatus / [i]n Britannia militasset / [c]ol(onia) Pia Flauia Constans Emerita
Heluetior(um) / ex d(ecreto) d(ecurionum).
233. Cf. supra, n. 232.
234. On peut pas trancher définitivement entre les deux solutions car l’inscription indique le
poste ou plutôt, comme on le verra, les deux postes assumés au sein de la ciuitas sans tenir
compte de l’ordre chronologique, cf. F.-S., Claude et les Helvètes II, p. 64.
235. Cf. VAN BERCHEM, Routes, p. 151-154. CIL XIII 11478 = ISchweiz 197 = RIS 105. La plaque brisée en
plusieurs fragments est aujourd’hui fortement restaurée : D(ecimus) Iul(ius) C(ai) f(ilius) Fa[b(ia)] /
Consors sac(erdos) Augustal(is) mag(ister) / cur(ator) c(iuium) R(omanorum) conuen(tus) Hel(uetici) ex uis
[u].
236. Pour les tribus, cf. infra, n. 264.
237. PEKÁRY, Inschriften, p. 40-45 et tab. 1, 2a et 2b = AE 1967 326 (cf. aussi ID., Ausgewählte kleine
Schriften, dans H. J. DREXHAGE (Éd.), St. Katharinen, 1994, p. 79-101). St. Oelschig qui travaille
actuellement sur les fragments d’Avenches a révisé cette reconstitution en rejetant la nouvelle
interprétation défendue ici, cf. OELSCHIG, Wege, part. p. 171 et ill. 5 : […]idio [L. ? f.] Quir(ina) / Flauo
magistro [sa]cr[orum / aug]us[t(alium) cu]ratori ciuium R(omanorum) sacerd[oti) p[erp]e[tuo] / ciuitas
Hel(uetionim). L’auteur propose de compléter le gentilice par Aufidius d’après les dénombrements
de Nomenclator, p. 353-354. Toutefois, cette restitution semble assez hypothétique.
238. Nous avons encore suivi la lecture traditionnelle dans Musée Romain, n o 1. R. ÉTIENNE, Un
complexe monumental du culte impérial à Avenches, BPA 29, 1985, p. 5-26, en part. p. 16, était
déjà sceptique à propos de cette restitution. LIERTZ, Kult, p. 35, relève à juste titre que la tribu
Quirina pose des problèmes.
239. CIL XIII 5123, fragment trouvé en 1710 au château de Chamblon près d’Yverdon ; nous
devons cette information à l’amabilité de M. Ph. Bridel. Selon la tradition manuscrite, le
fragment se lit :------]agm[--- / sac Au[g---] / matro[---/ ---] alc+---/---]zu[-----. Th. Mommsen a
corrigé à la ligne 1 l’ordre des lettres en lisant [m]ag, c’est pourquoi cette inscription s’est glissée
à tort dans la liste des attestations de la formule, cf. F.-S., Claude et les Helvètes II, p. 63, qu’il faut
corriger. Cf. maintenant LIERTZ, Kult, p. 36.
240. Th. MOMMSEN a lu à l’époque sac(erdos) Aug(usti) mag(ni), cf. CIL XIII 5093 et 5094 ; ou [m]ag
(nae) sac(erdoti) Aulgustae], cf. supra, n. 239. H. DESSAU a proposé dans les Addenda à ILS 2697 de lire
dans l’inscription CIL XIII 11478 sac(erdos) Augustal(ium) mag(ister). Cette lecture a été adoptée par
les éditeurs du CIL XIII 11478 adn. et elle est ensuite entrée dans les ouvrages seins être remise en
question.
241. F.-S., ANRW, p. 387 ; EAD., Claude et les Helvètes I, p. 259-261. Nous avons corrigé la lecture dans
F.-S., Claude et les Helvètes II. Contra, en dernier lieu OELSCHIG, Wege, p. 167 et p. 172. L’auteur fait
remarquer à juste titre que les trois abréviations se trouvent liées les unes aux autres, ce qui
plaiderait pour une seule prêtrise. Le fragment CIL XIII 5123 (cf. supra, n. 239) pourrait contredire
cette supposition mais puisqu’il est perdu, il est impossible de vérifier.
242. H. WOLFF, op. cit. (n. 218), p. 6 et n. 10.
243. CHASTAGNOL, Culte, p. 30. P. LE ROUX nous a confirmé oralement qu’il approuvait cette lecture.
LIERTZ, Kult, p. 34-37.
244. La nouvelle lecture est adoptée dans Musée Romain, n o 1, p. 21-24, et dans F.-S., Claude et les
Helvètes II, p. 63-64.
245. Pour les flammes Aug. et la flaminica Aug., cf. infra, n. 297-298.
246. STÄHELIN, p. 500.
97
247. Pour l’inscription, cf. supra, n. 239. PEKÁRY, Inschriften, p. 45, la date avant ou après 73/74 ap.
J.-C., qui était, en 1967, la date supposée de la fondation de la colonie. Selon LIERTZ, Kult, p. 35, le
titre de magister pourrait renvoyer à une autre fonction que la magistrature suprême,
mentionnant à titre d’exemple les magistri uici attestés à Soleure (N-L 52 = RIS 141). Nous-même,
nous sommes plutôt encline à voir dans le magister une fonction de la cité mais il faut maintenant
revoir le document reconstitué et le mettre en relation avec son emplacement d’origine tel qu’il
est proposé par OELSCHIG, Wege, p. 164.
248. Cf. supra, n. 239.
249. Cf. F.-S., Claude et les Helvètes II, p. 64. Une double magistrature signifierait l’octroi du droit
latin si nous voulons être logique, cf. CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 186-188.
250. Cf. F.-S., Claude et les Helvètes II, p. 64 : uergobretus : CAES., Bell. Gall. 1,16, 5 et 7, 33, 2 ; CIL XIII
1038 + AE 1980 624 ; CIL XIII1048 (Santons) ; AE 1980 633 = 1981 643 (Bituriges Cubi) ; AE 1989 521
(Lémovices). — praetor : CIL XIII 596-600 (Bituriges Vivisques). — magister : CIL XIII 5 (Consoranni) ;
Hanarrus, fils de Dannorix, fut quatre fois magister et une fois questeur. CHASTAGNOL, Droit latin
Gaules, p. 187, voit dans cette magistrature une fonction locale particulière.
251. Pour le troisième magister, attesté par le fragment de (-) Flauus, cf. supra, n. 237.
252. CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 187 : CIL XIII 5, Hanarrus, fils de Dannorix, et Postumus, fils
de Dumnorix (AE 1989 521).
253. Ainsi CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 187-188, que nous citons littéralement.
254. Cf. F.-S., Helvetier, tableau I ; F.-S., Claude et les Helvètes I et II, tableaux.
255. Cf. F.-S., Claude et les Helvètes I et II.
256. CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 187-188. En l’absence d’inscriptions, nous ne savons pas s’il y
avait d’autres magistratures indigènes latinisées dans la cité des Helvètes.
257. Cf. les remarques de LIERTZ, Kult, p. 209-211.
258. CIL XIII 5110 = ISchweiz 194 = RIS 95 = Musée Romain, n o 5, p. 35-39 : C. Valer(io) C. f. Fab(ia) Ca/
millo quoi publice / funus Haeduorum / ciuitas et Heluet(i) decre/uerunt et ciuitas / Heluet(iorum) / qua
pagatim qua publice / statuas decreuit / I[ul]ia C. Iuli Camilli f(ilia) Festilla / ex testamento.
259. À C. Valerius Camillus, il faut ajouter D. Valerius Camillus (CIL XIII 5054, lecture fautive dans
ISchweiz 165 et RIS 60). D. van Berchem a repris la lecture, cf. VAN BERCHEM, Notes (= AE 1994 1289).
Pour le gentilice Valerius, cf. les remarques ibid., p. 114, n. 29, que nous avons reprises (F.-S.,
Claude et les Helvètes II, p. 69, n. 70) : l’auteur pense à un gouverneur romain de la fin de la
République ou alors à M. Valerius Messala Corvinus qui fit campagne contre les Salasses en 34 av.
J.-C.
260. C’est très rare, cf. G. WESCH-KLEIN, Funus publicum. Eine Studie zur öffentlichen Beisetzung und
Gewährung von Ehrengräbern in Rom und den Westprovinzen, Stuttgart, 1993, p. 80 et 199.
261. Pour la datation cf. ISchweiz 194 = RIS 95 = Musée Romain, n° 5, p. 38. LE Roux, Question, p. 188
(tableau), la date de 95 à 120 ap. J.-C.
262. Ainsi encore F.-S., ANRW, p. 387 et 401 ; ISchweiz, p. 241.
263. M. TARPIN, Les uici d’Occident : modèles urbains hors des villes, dans D. ALICU et H. BÖGLI (Éd.), La
politique édilitaire dans les provinces de l’Empire romain, IIIème – IVème siècles après J.-C. Actes du Ier
Colloque roumano-suisse, Deva, 21-16 octobre 1991, Cluj-Napoca, 1993, p. 157-161 : les uici ont été
établis par les Romains pour contrôler le territoire. F. LAUBENHEIMER et M. TARPIN, Un pagus à
Sallèles d’Aude ? Essai sur les pagi de Narbonnaise, RAN 26, 1993, p. 259-276, et ID., Tigurins, p. 13
et n. 50 où l’auteur souligne la fonction fiscale des pagi.
264. Reg(io) Lind(ensis) : F 98 = IScInveiz 234 = RIS 124. — reg(io) Arure(nsis) : CIL XIII 5161 et A.
LEIBUNDGUT, op. cit. (n. 55), p. 65-66, et ill. 84-87. — [re]gio O[---] : H.E. HERZIG, Otacilius Seccius
Duovir, BPA 22, 1974, p. 67-68 = AE 1978 566 = RIS 121. Cf. F.-S., Götterkulte in der Schweiz zur
römischen Zeit, unter besonderer Berücksichtigung der epigraphischen Zeugnisse, dans C. M. TERNES
98
(Éd.), La religion romaine en milieu provincial (= Bull. Ant. lux. 15), Luxembourg, 1984, p. 75-126, en
part. p. 104-105.
265. Cf. STAHELIN, p. 148 et n. 1 ; ISchweiz, p. 242 ; F.-S., ANRW, p. 388 n. 339 ; FREI, Gründung, en part.
p. 145, est plus nuancé ; FELLMANN, Suisse, p. 51. Pour les tribus des empereurs, cf. W. KUBITSCHEK,
Imperium Romanum tributim discriptum, Prague, 1889 [Rome, 1972], p. 270, 272.
266. On connaît des Claudii, énumérés par Tacite, cf. TAC., Hist. 1, 68,1 : Claudius Seuerus ; 1, 69 :
Claudius Cossus. Ti. Claudius Maternus de l’inscription ISchweiz 206 = N-L 44 = RIS 111 ne fait pas
référence à la tribu (certainement Quirina, la tribu datant de l’octroi de la citoyenneté romaine à
la famille ou de l’époque de la fondation de la colonie).
267. Pour le texte du fragment, cf. supra, n. 239 ; VAN BERCHEM, Routes, p. 151, complète le gentilice
en [Clau]dio, en supposant que la tribu Quirina remontait à Claude ; PEKÁRY, Inschriften, p. 42-44 a
refusé cette reconstitution qui ne remplissait pas toute la place disponible ; en outre, il supposait
que la tribu Quirina de (-) Flauus remontait à Vespasien. OELSCHIG, Wege, ne se prononce pas.
268. Q. Cluuius Macer : CIL XIII 5098 = ISchweiz 200 = RIS 90, cf. également infra, n. 292. — Q.
Otacilius Pollinus : CIL XIII11480, cf. F.-S., op. cit. (n. 222), p. 186-201, et ST. OELSCHIG, op. cit. (n. 222),
p. 47-60. — Ti. Iulius Ti. f. Quir. Abucinus, connu par trois inscriptions parallèles, cf. PEKÁRY,
Inschriften, p. 49-55, qui améliore les éditions antérieures : (1) CIL XIII 5102 = ISchweiz 203 — (2) CIL
XIII 5103 = ISchweiz 204 — (3) CIL XIII 5104. Nous donnons le texte de la première inscription : Ti
(berio) lul(io) T]i(berii) fil(io) Quiri[na] / Abucino / IIuir(o) praef(edo) o[p]er(um) pu[blicor(um)] / flam(ini)
Aug(usti) sacerd(oti) perp[etuo] / primo omn(ium) patron(o) pub[lic(o<)] / coloni Auenticenses e[x] aere
con[l]ato ob egregia / eius erg[a] se merita patrono.
269. Ainsi FREI, Gründung, p. 145 et n. 69 ; repris par F.-S., ANRW, p. 388. Ti. Iulius Abucinus, cf. la
note précédente, est le premier patron public et date donc de la fin du I er s. ; cf. pour
l’onomastique cf. PEKÁRY, Inschriften, p. 53.
270. Cf. F.-S., ANRW, p. 388 et n. 340, et maintenant en part. F. GOGNIAT LOOS, Les associations de
citoyens romains, Études de lettres (Revue de la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne) 2, 1994,
p. 25-37, qui résume son mémoire de licence, Les Associations de citoyens romains dans le monde
romain et particulièrement en Mésie inférieure, Université de Lausanne, manuscrit disponible à la
Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne, oct. 1989.
271. (1) CIL XII 2618 = ISchweiz 97 = RIS 21 (fragmentaire, anonyme ; l’inscription étant
probablement dédiée à un magistrat ayant revêtu des fonctions à Vienne et à Nyon). — (2) CIL XIII
5013 = ISchweiz 141. — (3) CIL XIII 5026 = ISchweiz 156 = RIS 51. La lecture de Corn. - P. Clod(ius) Corn(-
) Primus - est discutée, Cornelius ou Cornelia, scil. la tribu, ou Corn(elianus). ainsi LE ROUX ,
Question, p. 188 n. 45. — (4) ISchweiz 157 = N-L 25.
272. D. Iul(ius) Consors, cf. supra, n. 235. Pour l’anonyme Flauus, cf. supra, n. 237.
273. F.-S., ANRW, p. 388 ; VAN BERCHEM, Routes, p. 129 sq., p. 142.
274. Ainsi F. GOGNIAT LOOS, op. cit. (n. 270), p. 28, les attestations étant pour la plupart littéraires.
275. Selon une inscription retrouvée à Lausanne, cf. supra, n. 271. VAN BERCHEM, Routes, p. 145, y
voit un argument à l’appui de l’hypothèse selon laquelle les Helvètes ont obtenu le droit latin.
276. TAC., Hist. 1,68-69.
277. G. WALSER, Das Strafgericht über die Helvetier im Jahre 69 n. Chr., RHS 4, 1954, p. 260-270. Cf.
F.-S., ANRW, p. 391-392.
278. Cf. en part. FREI, Gründung, p. 6-8, 20-21.
279. A. FURGER-GUNTI, Die Helvetier, Kulturgeschichte eines Keltenvolkes, Zurich, 19914, p. 132-133
(« letzter offener Kampf gegen die Römer ») ; FELLMANN , Suisse, p. 42-47 (« le soulèvement des
Helvètes »). Ces titres inadéquats de sous-chapitres sont toutefois suivis d’un récit beaucoup plus
nuancé.
280. VAN BERCHEM, Routes, p. 113-121 (« Un banquier chez les Helvètes », première édition
en 1978). Pour l’inscription, CIL XIII 5138 = ISchweiz 233 = RIS 97 (nouvelle interprétation, mais
99
307. CIL XIII 5072 = ISchweiz 208 = RIS 74. Nous voyons dans la titulature all(ectus) ou peut-être all
(ector) le titre d’un caissier d’une caisse de la cité, cf. Musée Romain, p. 71 sq.
308. F 91 = ISchweiz 182 = Musée Romain, no 16.
309. STÄHELIN, p. 223-225 ; IScchweiz, p. 253 ; surtout VAN BERCHEM, Routes, p. 121-131 (mais l’auteur
révoque sa position dans un article postérieur, cf. Routes, p. 144-146) et maintenant LE ROUX,
Question, p. 188-190.
310. LE ROUX, Question, p. 189 ; l’auteur distingue nettement la curatelle de cette association des
colons installés à Avenches d’une curatelle des citoyens romains.
311. Cf. l’état de la recherche retracé en 1976, F.-S., ANRW, p. 392 et notes 351-353. ISchweiz,
p. 252-253, et plus explicitement E. MEYER, Römische Zeit (op. cit. n. 210), p. 55-92, en part. p. 75 et n.
82. VAN BERCHEM, Routes (l’article remonte à l’année 1944), en part. p. 125-128.
312. Cf. supra, n. 306. FREI, Gründung, p. 18, qui renvoie à Fr. VITTINGHOFF, Rômische
Stadtrechtsformen in der Kaiserzeit, ZSS 68, 1951, p. 435 sq., p. 452 et n. 57. SCHILLINGER-HÄFELE,
Deduktion, p. 441, n. 4, relève à juste titre qu’un magistrat de la colonie pouvait difficilement être
Treuir et elle le considère comme un vétéran installé à Avenches.
313. Cf. supra, n. 305 et 307.
314. FREI, Gründung, p. 18. Cf. également F.-S. ANRW, p. 394-395.
315. VAN BERCHEM, Routes, p. 145.
316. KRIER, Treverer, p. 67-70.
317. Selon KRIER, Treverer, p. 69, »ein niederes Quasi-Gemeindeamt extra ordinem«.
318. Cf. supra, n. 306.
319. KRIER, Treverer, p. 69, qui renvoie à FREI, Gründung, p. 18, et F.-S., ANRW, p. 400.
320. F.-S., Patroni, p. 33-45.
321. R. DUTHOY, Le profil social des patrons municipaux en Italie sous le Haut Empire, Ancient
Society 15-17, 1984-1986, p. 121-154. Nous ne citons pas les articles précédents de l’auteur pour
lesquels nous renvoyons à F.-S., Patroni, p. 37.
322. F.-S., Patroni, p. 38.
323. (1) CIL XIII 5091 = ISchweiz 211 = RIS 83. – (2) Ti. Iulius Abucinus, cf. supra, n. 268. Il faut verser
à ce même dossier l’inscription dédiée à C. Flavius Camillus, patronus ciuitatis, CIL XIII5063 =
ISchweiz 168 = RIS 65.
324. PEKÁRY, Inschriften, p. 54, et G. WALSER, RIS 83, ne distinguent pas le patronus publicus du
patronus tout court. ISchweiz 211 et 203 : »Schutzherr der Volksgemeinde«, c’est-à-dire que ces
hommes auraient été en même temps patrons des Helvètes et patrons des colons. Seul FREI,
Gründung, p. 15, est resté très prudent : »Patron der Kolonie oder der Volksgemeinde der
Helvetier«.
325. M. BOSSERT et M. FUCHS, op. cit. (n. 228), p. 117 et n. 32.
326. Ceci vaut pour Ti. Iulius Abucinus. En ce qui concerne l’anonyme, CIL XIII 5091 = ISchweiz 211
= RIS 83, nous étions depuis longtemps intriguée par la prolixité et la rhétorique de ce texte qui
présente la fin d’un cursus sénatorial. R. Haensch, lors du Colloque épigraphique d’Augst en mars
1994, a de son côté supposé une origine locale de ce sénateur, cf. R. HAENSCH, op. cit. (n. 190). Nous
retenons donc l’idée d’une origine locale pour le sénateur anonyme honoré en tant que patronus
publicus par les incolae Auenticenses, cf. F.-S., Patroni, p. 39.
327. CIL XIII 51202 = ISchweiz 203 = AE 1967 328. Dans une deuxième dédicace, le même
personnage est honoré par un parent. Il n’est pas exclu de supposer pour le troisième monument
une dédicace des incolae Auenticenses, ainsi LIERTZ, Kult, p. 38.
328. On note l’adjectif Auenticensis qui renvoie à un toponyme ; il faudrait maintenant étudier la
signification des adjectifs accompagnant des mots tels que incolae ou coloni. L’adjectif Auenticensis
concernait-il le seul centre d’Aventicum ou toute la ciuitas promue au rang de colonie ? LE ROUX,
Question, p. 190, opte pour la deuxième solution.
101
329. Pour l’interprétation des éléments du nom de la colonie, cf. F.-S., ANRW, p. 395. Pour
Foederata, cf. VAN BERCHEM, Routes, p. 148, qui suppose, comme nous-même, un traité conclu sous
Vespasien, et n’accepte plus son hypothèse selon laquelle l’épithète était une réminiscence d’un
ancien foedus. Pour Emerita, cf. F.-S., ANRW, p. 393-394. Pour la contradiction entre Emerita et
Foederata, cf. les remarques de CHASTAGNOL, Coloni, p. 137, et de LE ROUX, Question, p. 198.
330. VAN BERCHEM, Routes, p. 141-150, p. 155-164.
331. VAN BERCHEM, Routes, p. 147. Ce fait est également souligné par Hans Lieb. Pour le problème
des Helvètes pérégrins, cf. F.-S., ANRW, p. 400 et n. 381 : il faut mentionner la cohors I Heluetiorum
(cf. ISchweiz 480) constituée au milieu du II e s. ap. J.-C. et les soldats auxiliaires énumérés dans
ISchweiz 466-476.
332. VAN BERCHEM, Routes, p. 146-147. En 1976, nous avions tenté de nous représenter les relations
entre une colonie romaine et une ciuitas pérégrine (cf. F.-S., ANRW, p. 400-403), mais il apparaît
que c’est là une relation difficilement conciliable avec le droit constitutionnel.
333. CHASTAGNOL, Cités Narbonnaise, p. 126 et n. 60. Nous avons pu assister lors du X e Congrès
International d’Épigraphie grecque et latine, tenu à Nîmes en 1992, à un débat instructif auquel
ont participé A. Chastagnol, D. van Berchem et P. le Roux.
334. LE ROUX, Question, p. 190, p. 197.
335. SCHILLINGER-HÄFELE, Deduktion, p. 441-449, en part. p. 447 ; VAN BERCHEM, Routes, p. 149.
336. FREI, Gründung, p. 16, qui suppose une continuité linéaire de l’époque précoloniale à la
colonie constituée ; F.-S., ANRW, p. 398, n’a pas pris en considération la guerre de 69 ap. J.-C. qui a
causé de grandes pertes dans la population et sans doute aussi dans l’élite helvètes. Meilleure
présentation dans EAD., Helvetier, p. 174-178.
337. J. F. DRINKWATER, The Rise and Fall of the Gallic Iulii. Aspects of the Development of the
Aristocracy of the Three Gauls in the Early Empire, Latomus 37, 1978, p. 817-850.
338. TAC., Hist. 1, 68.
339. Ainsi également FREI, Gründung, p. 14-15, qui ne fait pas encore de distintion entre la branche
Iulia et la branche Flauia du clan des Camilli. VAN BERCHEM, Notes, p. 109-110, souligne à juste titre
le lien entre C. Flauius Camillus et Vespasien.
340. CIL XIII 5063 = ISchweiz 168 = RIS 65. Nous avouons ne pas pouvoir expliquer d’une manière
satisfaisante la tournure patronus ciuitatis.
341. VAN BERCHEM, Notes, p. 109, fait référence à C. Camillius Paternus ( AE 1991 1257) et à L.
Camillius Aetolus (CIL XIII 5046 = ISchweiz 164 = RIS 58).
342. Cf. A. BIELMAN, op. cit. (n. 292), p. 26-27, qui renvoie à l’inscription CIL XIII 5099 = ISchweiz 201
= RIS 91 et à des estampilles de tuiles d’Afranius Professus (non encore publiées) retrouvées dans
la grande villa de Vallon (F). Cf. M. FUCHS et G. MARGUERON, Estampilles de tuiles à Avenches :
Afranius, la légion XXI, Cornelius, Camilius et les autres, BPA 40,1998 (sous presse).
343. H. E. HERZIG, Die Familie der Otacilier, Jahrbuch des Bernischen Historischen Museums 56-57,
1973-74, p. 35-41 ; F.-S., Helvetier, p. 177.
102
AUTEURS
REGULA FREI-STOLBA
Professeur honoraire à l’Université de Lausanne
Igelweid 3 - CH-5000 Aarau
103
L’organisation municipale de la
colonie de Lyon
François Bérard
1 La colonia Copia Claudia Augusta Lugudunum occupe une place à part dans l’ensemble des
Trois Gaules, par son ancienneté, puisqu’elle fut fondée en 43 av. J.-C., par son statut,
puisqu’elle est la seule colonie romaine des trois provinces, par sa situation
géographique, excentrée et toute proche des confins de la Narbonnaise, par sa richesse
épigraphique enfin (plus de 850 textes), qui, elle aussi, la rapproche davantage des villes
de la province méridionale que des cités de l’intérieur de la Gaulé1. Mais sa position de
capitale fait aussi de Lyon une sorte de vitrine des provinces gauloises dont une partie des
élites, prêtres fédéraux, mais aussi commerçants et simples particuliers, sont connus par
des inscriptions lyonnaises. On ne traitera pas ici de ces Gaulois résidents ou de passage à
Lyon, puisque les magistrats font l’objet d’une étude spécifique2, non plus que des
militaires, sévirs augustaux et membres des autres corporations lyonnaises auxquels
seront consacrés de prochains travaux3. Conformément au sujet de ce volume, on s’est ici
limité à l’élite politique de la colonie de Lugdunum, et on a essayé de proposer un tableau
général de l’organisation municipale lyonnaise qui, même s’il n’apporte pas beaucoup de
nouveauté ni d’originalité, pourra fournir d’utiles éléments de comparaison, avec les cités
gauloises beaucoup plus démunies, mais aussi avec les colonies des provinces voisines de
Germanie, qui offrent en général un matériel épigraphique plus abondant.
I. État de la question
2 L’absence d’étude complète, même ancienne, invite à rouvrir le dossier de l’organisation
municipale de la colonie de Lyon. Paradoxalement, la municipalité lyonnaise a
relativement peu intéressé les historiens. Chez les antiquaires et historiographes lyonnais
des siècles passés, le chapitre est en général traité assez brièvement, même chez ceux qui
sont d’ordinaire les plus attentifs4, et les deux œuvres parallèles d’A. Allmer et O.
Hirschfeld, sur lesquelles repose notre science moderne, sont à peine plus généreuses. Des
quelque 200 pages que compte l’« exposé préliminaire » qui dans le t. 2 des Inscriptions
antiques d’Allmer et Dissard ouvre le chapitre consacré aux inscriptions municipales, il est
104
6 On a noté avec un point d’interrogation les quelques inscriptions pour lesquelles soit
l’attribution à la colonie de Lyon soit le rang de décurion ou de magistrat ne semblaient
pas absolument certains. Il s’agit d’abord de deux inscriptions extérieures, l’une et l’autre
fragmentaires, qui ont suscité de nombreux débats. Celle de Saint-Bertrand-de-
Comminges (no 27) pose toujours bien des questions, qui ne concernent pas seulement les
noms du dédicataire (l’éventuel notable lyonnais) et du dédicant (son père ?), mais aussi
107
leur origine et leurs rapports avec la cité des Convènes19. Les trois premières lignes, avec
la tribu Galeria20 et des éléments d’une titulature coloniale qui comporterait les épithètes
Augusta et peut-être Claudia, invitent effectivement à attribuer, comme la majorité des
spécialistes, le décurion anonyme à la capitale de la Lyonnaise plutôt qu’au Lugdunum des
Convènes. Mais les lacunes considérables du texte obligent à considérer cette attribution
comme toujours hypothétique, et le flaminat proposé par P. Wuilleumier à la 1. 4 paraît
encore plus incertain, tant du point de vue de la restitution que de celui de son
attribution à la colonie de Lyon21.
7 L’inscription d’Upie (no 2) pose des problèmes différents, car le nom de la colonie de Lyon
doit y être complètement restitué. Cette suggestion, proposée par les premiers éditeurs et
reprise par M. Christol et D. Fishwick22, a été contestée par L. Maurin, qui, à la suite de
nombreux savants, considère le sacerdoce fédéral ad aram trium Galliarum comme
incompatible avec une citoyenneté lyonnaise23. La forme de la restitution est
effectivement discutable24, mais l’attribution paraît malgré tout assez vraisemblable, tant
à cause de la tribu Galeria que du style très lyonnais de l’inscription, et elle a été
récemment réaffirmée dans une nouvelle étude de D. Fishwick, qui relève fort justement
la présence de plusieurs autres notables lyonnais dans la région valentinoise 25. Il reste
cependant des incertitudes, et la même étude de D. Fishwick propose concurremment
l’hypothèse d’un notable ségusiave, dont la participation au culte fédéral ne poserait plus
de problème. Quels que soient les liens, d’ailleurs fort mal connus, entre Ségusiaves et
Lyonnais, il n’est pas sûr que M. Bucc[---] ait pu appartenir en même temps aux deux
cités, comme semble l’admettre D. Fishwick, et il faudrait plutôt envisager, le cas échéant,
un transfert de l’une à l’autre26. Mais il est peut-être plus simple d’admettre que, sinon
dès l’origine, du moins à partir d’une certaine date, les Lyonnais ont pu participer ès
qualité au culte impérial du Confluent, comme l’avaient envisagé P. Wuilleumier et L.
Maurin lui-même27 et comme cela se passe par exemple en Espagne Tarraconaise, où la
ville de Tarragone, avec 13 exemples connus, est, et de loin, la première pourvoyeuse en
flamines provinciaux28. Rien n’empêcherait alors, surtout à l’époque sévérienne, que M.
Bucc[---] ait pu exercer à la fois tous les honneurs à Lyon, puis le sacerdoce fédéral au
Confluent et de nouveau des prêtrises municipales à Lyon. Mais l’état fragmentaire de
l’inscription ne permet pas d’envisager une telle reconstitution autrement que comme
une hypothèse, qu’on aimerait pouvoir vérifier par des éléments plus solides.
8 Une autre inscription de la vallée du Rhône nous fait peut-être connaître un membre de 1’
ordo lyonnais, le célèbre Alethius, ordine princeps, Lugduni procerum nobile consilium, dont le
sarcophage orne la commune ardéchoise de Charmes-sur-Rhône29 ; mais il a semblé
préférable de l’exclure de notre liste, moins parce que son appartenance à l’ordo lyonnais
est elle aussi hypothétique que parce que la date tardive de l’inscription (Ve ou VIe siècle)
nous aurait entraîné dans un autre monde, sans doute déjà plus burgonde que gallo-
romain. Une dernière inscription extérieure a été affectée d’un point d’interrogation,
bien qu’elle figure dans la plupart des inventaires30 : il s’agit d’un ex-voto trouvé dans le
Rhin près de Remagen et offert par un euocatus qui semble avoir été dec(urio) col(oniae) Ḷug
(udunensis) (n o 25). Il y a une incertitude concernant la lecture, mais elle semble surtout
due à l’éloignement et l’attribution à la colonie de Lyon reste la plus probable 31, à moins
qu’on préfère lire Ạug(ustae) et qu’on puisse prouver que col(onia) Aug(usta) était, dans la
province de Germanie inférieure, une dénomination régulière pour la ville de Trèves 32 ou,
éventuellement, de Cologne. Le statut militaire du dédicant pourrait expliquer en effet
qu’il soit entré en rapport avec Lyon, même si c’est, comme nous le verrons, d’une
108
III. Décurions
11 Le premier point à noter est la forte proportion des simples décurions, qui forment
environ la moitié du chiffre total des notables43 et les deux tiers des membres de l’ordo
connus44. La situation est de ce point de vue très différente de ce qu’on observe à Nîmes,
où on ne trouve jamais de mention du décurionat, et à Vienne, où il n’y en a que sept
exemples pour une soixantaine de magistrats45, mais aussi à Narbonne et à Tarragone46.
On peut en tirer deux sortes de conclusions, la première, que, contrairement à ce qui se
passe, semble-t-il, à Nîmes, l’ordo n’était pas formé uniquement d’anciens magistrats,
mais devait pratiquer la cooptation et s’adjoindre régulièrement de nouvelles recrues, la
seconde qu’il pouvait y avoir un certain clivage sociologique entre les magistrats qui
tenaient dans leurs mains l’administration de la cité et les simples décurions qui
composaient l’ordo. La première conclusion me paraît pouvoir rencontrer un accord assez
général, d’autant que, comme nous le verrons, elle se trouve confortée dans le cas de Lyon
par plusieurs exemples concrets d’accession à la curie. La seconde sera peut-être discutée
et le cas échéant nuancée. Mais il faut d’abord examiner d’un peu plus près les cas les plus
significatifs.
12 On remarque d’abord la présence d’un petit nombre de vétérans qui ont été admis dans l’
ordo après avoir été libérés de l’armée. Il s’agit de deux anciens soldats de la XIII e cohorte
urbaine, qui était cantonnée à Lyon au IIe siècle, C. Flauius Ianuarius (no 16) et Minnius
109
Vestinus (no 20)47. Le premier, dont la tribu Galeria indique l’origine lyonnaise, était
probablement le premier de sa famille à accéder à la curie. Il est certes impossible de
prouver que son père n’était pas décurion, mais le gentilice Flauius ne plaide pas en faveur
d’une famille ancienne et l’octroi des ornamenta duumuiralia pourrait convenir aussi à
quelqu’un que ses origines ne destinaient pas aux magistratures. Quant au second vétéran
de la XIIIe cohorte, il était fils de décurion, mais d’un décurion de la petite cité alpine des
Sogiontii, dont l’importance ne pouvait se comparer avec celle de la colonia Copia Claudia.
On ajoute parfois un troisième soldat de la XIIIe cohorte urbaine en la personne d’un
euocatus connu par une inscription de Remagen, [---]ius Secundus (n o 25), qui aurait pu
trouver pendant son temps de service à Lyon l’occasion de devenir décurion de la ville 48.
L’hypothèse, qui remonte à A. von Domaszewski49, est judicieuse, puisque les soldats de la
cohorte urbaine de Lyon semblent bien avoir eu accès à l’euocatio, comme les prétoriens
romains50. Mais il n’est pas sûr que [---]ius Secundus, dont l’inscription présente des
signes de datation récente, ait pu servir dans la XIIIe cohorte, qui fut dissoute au début du
règne de Septime Sévère, et on peut préférer l’hypothèse d’un euocatus du prétoire 51 qui,
dans la première moitié du IIIe siècle, aurait été nommé dans une légion de Germanie
inférieure et de là détaché à Lyon52. Quelle que soit la solution choisie, ce décurion, dont
l’attribution à la colonie de Lyon reste, rappelons-le, hypothétique, ne sortait sans doute
pas des rangs, à cette époque largement barbarisés, des légions de Germanie, mais de
l’encadrement des cohortes prétoriennes ou urbaines, dont le recrutement était resté
beaucoup plus sélectif. Nous avons donc bien deux et peut-être trois exemples de
promotion au décurionat par la voie de l’armée, mais toujours par l’intermédiaire des
corps d’élite qu’étaient les cohortes prétoriennes et urbaines. Il est naturellement
possible que l’ordo lyonnais ait compté aussi dans ses rangs des vétérans légionnaires,
mais nous n’en avons pas de traces.
13 À côté de l’armée, les notables des cités voisines pouvaient aussi constituer un vivier pour
le recrutement de la curie lyonnaise. Il n’y a pas d’exemple, comme en Espagne ou même
en Narbonnaise, de notables transférés directement de l’ordo de leur cité dans celui de la
colonie de Lyon53. Cependant, le cas de Minnius Vestinus (no 20) montre comment les
familles décurionales de petites cités pouvaient enrichir les effectifs du sénat lyonnais,
même si l’armée a pu jouer, en l’occurrence, un rôle d’intermédiaire, et il ne serait peut-
être pas impossible de trouver des liens familiaux entre décurions lyonnais et viennois
par exemple54. Mais, à défaut de changement de cité, le dossier lyonnais offre avec Sex.
Vencius Iuuentianus (no 24) le cas très rare d’un notable admis dans la curie nomine
incolatus, c’est-à-dire à titre de résident étranger et donc sans changer de cité. L’exemple
est précieux, car il n’a guère qu’un seul parallèle dans tout le monde romain, dans une
inscription espagnole qui mentionne d’une façon analogue un citoyen de Cordoue qui
était lui aussi ex incolatu decurio dans le municipe voisin d’Axati 55, et il constitue donc une
pièce importante dans le dossier des droits politiques octroyés aux incolae, dont la lex
Malacitana (ch. 53) nous apprend qu’ils pouvaient également voter à certaines élections 56.
Pour ce qui est de Iuuentianus, il faut remarquer aussi que, même si son origine exacte
garde quelque incertitude, il s’agit sans doute encore d’un notable originaire de
Narbonnaise ou d’une des provinces alpines voisines57. On peut penser que les cités de
Gaule Lyonnaise ont dû, de la même façon, envoyer certaines de leurs élites dans le sénat
lyonnais, soit par transfert définitif, soit au titre de l’incolatus, comme Iuuentianus ; mais
la pauvreté de leur documentation épigraphique ne permet pas de le vérifier, ni de
mesurer l’attraction exercée par la capitale provinciale sur les aristocraties municipales
gauloises.
110
ténues, et il n’est pas sûr que la méthode puisse donner de bons résultats, au moins dans
le cas de Lyon, où les inscriptions me semblent trop peu nombreuses ; on compte
d’ailleurs aussi des liens onomastiques et même, dans le cas des Acceptii, familiaux avec les
duumvirs.
17 Quant au nombre relativement élevé des simples décurions par rapport aux magistrats,
l’explication politique ou sociologique soit la seule possible. Il me semble en effet avoir
aussi des raisons d’ordre archéologique. La disparition complète du forum, dont
l’emplacement même reste incertain, a privé Lugudunum de son épigraphie publique
monumentale et donc de ses magistrats en même temps que des gouverneurs, sénateurs
et chevaliers qui devaient aussi y être honorés. Il est également possible, bien que ce soit
plus difficile à apprécier, que les nécropoles les plus riches aient été davantage détruites
ou plutôt réutilisées que les autres. On constate en tous cas que l’épigraphie funéraire
nous fait surtout connaître les couches moyennes de la population (sévirs, soldats,
commerçants), à l’exclusion des plus grandes familles. Ainsi pourrait s’expliquer que nous
connaissions davantage de simples décurions et aussi peu de duumvirs et surtout de
chevaliers, alors que ceux-ci devaient avoir une place importante dans l’administration
d’une colonie comme Lyon. On remarquera, dans le même sens, que plus de la moitié des
duumvirs sont connus par des inscriptions honorifiques, trouvées dans l’odéon (no 4), le
temple du Verbe Incarné (no 8) ou en remploi dans les édifices de Saint-Jean (no 5 et 6),
alors que la proportion est beaucoup plus faible pour les simples décurions, qui
apparaissent surtout dans des inscriptions funéraires.
18 Le dossier épigraphique lyonnais suggère une dernière observation. C’est le prestige dont
semble jouir le titre de décurion, qui est en général mis en valeur par la longue titulature
coloniale (colonia Copia Claudia Augusta Lugudunum). On le trouve, comme nous l’avons vu,
dans les épitaphes de simples décurions, pour qui il devait être une sorte de symbole de
leur réussite sociale. Mais on le trouve aussi, comme nous le verrons, dans les carrières de
magistrats municipaux (no 3, 9, 11, 13 et peut-être 27), alors que l’usage est plutôt, dans
les autres cités, de passer sous silence une dignité qui était considérée alors comme allant
de soi63. Le titre paraît donc bien avoir eu à Lyon une faveur considérable et pourrait être,
en somme, comme l’expression épigraphique de la très haute position sociale des
membres de l’ordo, qui, dans l’ordre protocolaire des distributions, venaient avant les
chevaliers romains64. Je ne sais si on peut y voir une particularité de la colonie de Lyon.
Mais nous verrons que cela n’est pas sans importance dans l’étude des magistratures.
pratiquement au cas de Sex. Ligurius Marinus (no 5), celui de l’anonyme du passage Gay (n
o 7) étant, comme nous l’avons vu, très incertain : elle peut donc être considérée comme
un véritable schéma de carrière. Cela n’exclut pas des dispenses et des carrières plus
rapides, mais suffit à distinguer la ville des colonies de Nîmes et, dans une moindre
mesure, de Vienne, où l’usage était au contraire d’exercer soit la questure, soit l’édilité.
Cela n’est pas très étonnant, dans la mesure où la colonia Copia Claudia n’avait pas de
magistrature spéciale, comme la préfecture uigilum et armorum nîmoise ou le triumvirat
locorum publicorum viennois, et présente au contraire un profil classique de colonie
romaine de déduction.
V. Magistrats supérieurs
22 Avec six mentions (no 3-8), le duumvirat n’est guère mieux servi que les magistratures
inférieures, puisqu’on ne peut supposer cette fois qu’il ait été passé sous silence, sinon
dans les deux inscriptions qui utilisent la formule omnibus honoribus functus (n o 1-2). On
remarquera qu’il n’y a aucune mention du titre complet de IIuir iure dicundo, ni de celui de
IIuir quinquennalis, ce qui est plus curieux étant donné son caractère très honorifique 74. On
constate en revanche la présence d’une expression plus originale, Iluir ex postulatione
populi ou expostulante populo, qu’on retrouve dans les carrières de Ti. Aquius Apollinaris (n
o 4) et de Sex. Ligurius Marinus (no 5), ainsi que dans une inscription fragmentaire du
passage Gay (no 7), soit pour la moitié des duumvirs explicitement connus. Cette
proportion élevée a pu faire penser, surtout après la découverte de l’inscription d’Aquius
Apollinaris, qu’il s’agissait d’une particularité lyonnaise75, mais la question est complexe
et mérite d’être examinée de plus près, ainsi que la signification de cette intervention
pour le moins inhabituelle du peuple dans la désignation de magistrats.
23 Les premiers éditeurs de la nouvelle inscription, suivis par Y. Burnand, voyaient dans la
postulatio populi une procédure très honorifique dans laquelle le peuple recommandait aux
décurions la désignation d’un duumvir et qui impliquait aussi la dispense de l’édilité 76.
Pour F. Jacques, il ne s’agirait pas d’une procédure particulière de désignation, mais d’une
action politique du peuple, qui interviendrait exceptionnellement dans la désignation des
duumvirs en imposant un nom, en dehors de la procédure habituelle et de l’ordre prévu
par les décurions, et sans par exemple que le bénéficiaire ait rempli auparavant les
fonctions d’édile77. Mais même si cette intervention prenait place dans la vie politique
traditionnelle, par exemple dans le cadre d’une assemblée religieuse, culturelle ou
sportive, il n’est pas sûr qu’on puisse envisager ainsi en plein IIe siècle, et a fortiori au IIIe,
l’expression épigraphique d’un conflit politique qui se serait terminé au désavantage du
sanctissimus ordo de la colonie, et la question doit donc, me semble-t-il, rester ouverte. La
différence entre les deux positions n’est de toutes façons pas si grande qu’il y paraît, car,
du point de vue juridique, on ne voit guère quelle autre forme aurait pu prendre le choix
populaire que celle d’une recommandation du peuple à l’ordo et, du point de vue
politique, la force et la nature d’éventuelles oppositions nous échappent complètement.
24 Un point de convergence entre les diverses analyses est la question de l’édilité. Même si
c’est de manière différente, presque toutes les études admettent que la nomination au
duumvirat ex postulatione populi se faisait avec dispense de l’édilité. La raison est
évidemment la carrière de Sex. Ligurius Marinus (no 5), qui, avant sa nomination à la
magistrature suprême, avait été questeur, mais pas édile et avait reçu, peut-être en
compensation, les ornamenta duumuiralia 78. On admet en général le même type de
promotion pour Ti. Aquius Apollinaris (no 4), dont le cursus ne fait pas état de
magistratures inférieures79. Mais l’explication me paraît dans son cas beaucoup moins
114
proposait F. Jacques92. La différence est qu’il s’agit là seulement de l’honneur d’une statue
et non du choix d’un magistrat, mais je me demande si au fond ce n’est pas le modèle qui
explique le mieux la procédure lyonnaise, qu’on le prenne au sens propre, si on acclamait
le nom des notables dans les gradins, ou de manière plus indirecte, si on se contentait
d’appliquer aux élections des magistrats un formulaire épigraphique qui avait été élaboré
pour autre chose93. Je ne fais que poser la question, mais on voit que, dans un cas comme
dans l’autre, la politique ne sort pas nécessairement grandie et qu’au lieu d’une rare
survivance de débat démocratique, nous n’aurions plus qu’un exemple supplémentaire du
ravalement des magistratures au rang de distinctions honorifiques, comme les statues ou
ces ornamenta que les assemblées déjà distribuaient largement94. On ne prétend pas traiter
ici d’une question aussi complexe que la survie d’une forme de vie politique dans les cités
de l’empire, qui suscite comme on sait de nombreux débats. Mais je voulais souligner les
difficultés d’interprétation qui se posent quand nous ne disposons que des seules sources
épigraphiques. La riche collection lyonnaise nous fournit avec les duumuiri ex postulatione
populi un élémént de titulature qui semble assez original dans l’ensemble de l’empire.
Mais elle ne nous garantit pas que cette originalité corresponde à des institutions ou à
une pratique spécifiques. Il pourrait s’agir simplement d’une formule destinée, comme
tant d’autres, à mettre en valeur le consensus qui régnait entre l’ordo et le peuple 95. Ce
serait en somme un luxe non pas politique, mais épigraphique, qui ne saurait surprendre
à Lyon, où les pierres sont, comme on a pu dire, un peu plus bavardes qu’ailleurs.
27 Il arrive aussi qu’elles le soient un peu moins. Nous avons vu en étudiant le cursus de Ti.
Aquius Apollinaris (no 4) qu’il n’était pas nécessaire de supposer, comme pour Sex.
Ligurius Marinus, une dispense de l’édilité, et que, plus probablement, on n’avait pas jugé
utile dans une carrière aussi riche de mentionner les magistratures inférieures. Le
procédé est courant96 et pourrait rendre compte aussi du cas de Q. Acceptius Firminus (n o
3), qui, dans l’épitaphe de son fils, a pu se contenter de ses deux titres principaux, le
duumvirat bien sûr, mais aussi le décurionat, toujours actuel dans l’intervalle des
magistratures et qu’il partageait de surcroît avec le jeune défunt. L’hypothèse paraît
confortée par le prestige particulier que nous avons cru reconnaître au décurionat
lyonnais, qui pourrait expliquer que la mention en survive souvent à côté même des
magistratures97. Si nous acceptons ce raisonnement, il n’y a plus de raison de supposer
une procédure de nomination directe au duumvirat98, et le cursus modèle est au contraire
celui qui enchaîne questure, édilité et duumvirat, comme dans l’inscription de Sex.
Vagirius Martianus (no 6) et sans doute aussi dans le nouveau fragment du Verbe Incarné
(no 8), ainsi que je vais essayer de le montrer maintenant.
28 Le fragment de cursus qui figure sur une des plaques de marbre découvertes dans la
fouille du grand temple du Verbe Incarné, sur la colline de Fourvière, est, en ce qui
concerne la carrière municipale, la principale nouveauté de ces trente dernières années 99.
On sait que ce cursus occupe la partie inférieure d’une plaque fragmentaire qui porte
dans sa partie supérieure une titulature impériale écrite en lettres plus grandes. Sans
revenir sur le problème de cette titulature, et plus généralement de la fonction de ces
inscriptions, qui seront étudiées ailleurs100, je voudrais seulement faire le point ici sur la
carrière qui est présentée en dessous et qui était probablement celle du dédicant (ou d’un
des dédicants) de l’inscription, bien que les lettres conservées ne donnent pas
explicitement de forme au nominatif. Le nom a malheureusement entièrement disparu,
mais les deux premières lettres conservées au début de la 1. 3 ont permis aux éditeurs de
restituer avec assez de vraisemblance le titre de [praef(ectus) fa]ḅr(um). Suit la carrière
116
municipale proprement dite, qui commence par la questure et l’édilité. Selon la lecture
proposée par les premiers éditeurs, cette carrière s’étend ensuite sur la 3’, mais aussi sur
la 4e ligne de la plaque, avec entre les deux une très importante lacune, dans laquelle
prendraient place l’indication des ornamenta duumuiralia, dont il faudrait reconnaître les
premières lettres à la fin de la 1. 3, puis la désignation au duumvirat lui-même,
entièrement restituée, et le titre fort long de curator ciuium Romanorum, dont il ne
resterait que les dernières lettres au début de la 1.4101.
29 Ces propositions de restitution sont directement inspirées par la carrière de Sex. Ligurius
Marinus, qui avait été à la fois curateur des citoyens romains de la province de Lyonnaise
et honoré des ornements du duumvirat, avant d’être désigné duumvir ex postulatione
populi (n o 5). Mais de tels compléments, que les auteurs eux-mêmes présentaient comme
hypothétiques, supposent un texte fort long et qui suscite, pour les ornamenta comme
pour la curatèle des citoyens romains, un certain nombre d’objections. Comme nous
l’avons vu, les ornamenta duumuiralia conviennent davantage aux notables qui ne peuvent
être magistrats qu’à quelqu’un qui a déjà été questeur et édile102, et, après une telle
séquence, il serait beaucoup plus logique de restituer le simple duumvirat. Si on juge le
texte trop court pour la lacune, les solutions ne manquent pas. À défaut d’une nouvelle
mention de la postulatio populi, qui me semble pouvoir être exclue à une date aussi haute,
on pourrait penser, aussi bien qu’au titre provisoire de designatus, au quinquennalat ou
surtout à une prêtrise, qui serait logique pour un personnage dont le nom figurait à une
place très honorifique sur le plus grand temple de la ville. Mais il n’est pas sûr qu’il y ait
vraiment une lacune aussi importante à combler. Au début de la 1. 4, en effet, la
restitution du titre de [curator ciuium Roma]noru(m) paraît également peu assurée. Si on
connaît à Lyon des summi curatores à l’échelon provincial, comme justement Sex. Ligurius
Marinus (no 5) pour la Lyonnaise ou Sex. Vagirius Martianus (no 6) pour l’Aquitaine, il n’y
a pas en revanche de preuve sûre de la présence de curatores ciuium Romanorum à l’échelon
municipal, et l’institution paraît du reste moins nécessaire dans une colonie romaine que
dans d’autres cités103. Rien n’indique par ailleurs que la4e ligne, dont la disposition est
curieuse, contienne encore le cursus du même notable anonyme et, sans me hasarder ici à
de nouvelles restitutions, je proposerais plutôt de ne pas en tenir compte pour la
reconstitution de la carrière municipale. Il n’est dès lors plus nécessaire de trouver de
nombreux titres pour combler, entre les 1. 3 et 4, une lacune dont nous ignorons
l’étendue, et il me paraît plus prudent, en attendant un réexamen complet de
l’inscription, de s’en tenir aux seules fonctions figurant explicitement sur la pierre : q
(uaestor), aed(ilis), IIuir. C’est d’autant plus tentant que c’est exactement le cursus colonial
le plus classique, que nous avait déjà fait connaître la carrière de Sex. Vagirius Martianus
(no 6), et qu’il me semble constituer un modèle bien plus satisfaisant que celui, aussi
célèbre mais beaucoup plus atypique, de Sex. Ligurius Marinus.
30 Ce modèle est d’autant plus intéressant qu’il apparaît désormais à une époque assez
ancienne. Si la date néronienne proposée par les premiers éditeurs doit être considérée
comme incertaine, on peut néanmoins dater sans trop de risques d’erreur le document
avant la fin du Ier siècle. C’est une donnée précieuse dans une ville dont l’épigraphie n’est
pas antérieure, dans sa très grande majorité, aux époques antonine et sévérienne. Le
duumvir anonyme du Verbe Incarné s’ajoute ainsi à l’édile, également anonyme, d’un des
mausolées de Trion (no 12), dont l’inscription, encore plus fragmentaire, est généralement
datée de la première moitié du Ier siècle. Les seules autres inscriptions auxquelles on
puisse attribuer une date relativement haute viennent de l’extérieur et concernent de
117
simples décurions, Ti. Claudius Pius, dont le monument funéraire se trouvait à Valence (n
o 15), et, probablement, l’anonyme de Saint-Bertrand-de-Comminges (n o 27), dont
l’inscription présente une paléographie assez ancienne. Parmi ces rares textes datables du
Ier siècle, la plaque du Verbe Incarné est la seule à fournir une carrière. Elle nous permet
ainsi de vérifier que l’organisation municipale que nous avons essayé de définir avec des
inscriptions qui datent majoritairement de la seconde moitié du IIe ou du III e siècle était
déjà en place dans ses grandes lignes dès le début de l’empire, sinon dès la fondation
coloniale, qui est naturellement hors de portée de nos sources épigraphiques. Cette
organisation semble différente, non seulement de celle des villes d’origine ou de statut
latins que sont Vienne et Nîmes, où la carrière est divisée en deux niveaux et où
apparaissent des magistratures spécifiques comme le triumvirat locorum publicorum
persequendorum ou la préfecture uigilum et armorum, mais aussi de celle d’une vieille
colonie romaine comme Narbonne, qui avec ses praefecti pro duumuiro dispose sans doute
elle aussi d’une magistrature supplémentaire et où la questure semble plutôt alterner
avec l’édilité104. Il faudrait essayer de préciser si cette structure, en elle-même classique,
mais plutôt originale en Gaule, a eu à son tour une influence dans le reste des provinces
gauloises ou germaniques, mais il n’est pas sûr que le matériel épigraphique soit
suffisamment riche pour permettre une telle enquête. À Lyon même, il faut souhaiter que
de nouvelles découvertes, viennent, comme celle du Verbe Incarné, renouveler ou
compléter une documentation qui reste modeste et uniquement épigraphique.
VI. Conclusion
31 L’inventaire qu’on vient de présenter ne rend pas également compte de toutes les
composantes de l’élite municipale lyonnaise. On a volontairement laissé de côté les
prêtres, qui font l’objet d’un autre article dans ce volume et dont on a seulement signalé
les noms à la fin du tableau, et surtout les sévirs augustaux, qui, à Lyon comme ailleurs,
constituaient comme un second ordre après celui des décurions et dont le matériel
considérable (près de soixante-dix inscriptions, soit plus de deux fois plus que
l’aristocratie municipale) est en cours d’étude. En ce qui concerne les magistrats et les
décurions, l’enquête a surtout porté, conformément aux orientations du volume, sur leurs
fonctions politiques. Mais je voudrais conclure par quelques remarques plus générales sur
leurs origines et sur leur position sociale. Au sommet de l’échelle, nous avons recensé un
chevalier ayant effectué une milice (no 6) et trois notables ayant exercé des fonctions
impliquant ou approchant le rang équestre, comme l’appartenance aux décuries de juges
romaines (no 1 et 4) et peut-être la praefectura fabrum (n o 8) ; il n’est pas surprenant de
constater que tous les quatre étaient parvenus jusqu’à la magistrature suprême du
duumvirat. Mais, tel quel, ce nombre reste modeste pour une ville de l’importance de
Lugudunum, et on a déjà remarqué que la catégorie la mieux connue était sans conteste
celle des simples décurions, les pedani qui n’avaient exercé aucune magistrature et étaient
souvent des hommes nouveaux, sortant de l’armée (no 16, 20, 25), du milieu des affranchis
(no 15 ; cf. no 1) ou des cités voisines, notamment de Narbonnaise et des Alpes (no 24 ; cf. n
o 15, 17, 20). Il faut noter en revanche l’absence complète des milieux économiques et
commerciaux, qui paraît un peu surprenante quand on sait la puissance des corporations
lyonnaises. Ainsi les grandes corporations des nautes du Rhône et de la Saône, qui
comptaient dans leurs rangs au moins un décurion trévire et un duumvir viennois105, ne
comprennent, du moins à notre connaissance, aucun notable lyonnais ; mais peut-être
118
leurs échanges avec les autorités municipales se faisaient-ils à Lyon plutôt au niveau du
sévirat.
32 Parallèlement à l’étude des hiérarchies sociales, l’analyse des gentilices permet aussi
quelques observations intéressantes, même si elle ne pourra être achevée qu’avec la prise
en compte de l’ensemble du matériel épigraphique lyonnais. On ne connaît pratiquement
pas de famille décurionale, et en tous cas pas les grandes familles de l’aristocratie
municipale, puisqu’on ne peut en citer que deux qui aient fourni plus d’un notable à la
colonie, les Acceptii, pour lesquels une même inscription nous fait connaître, au début du
IIIe siècle, un père duumvir (no 3) et un fils décurion, mais qui n’est encore âgé que de
11 ans (no 14), et les Aquii dans la seconde moitié du II e siècle, si du moins on admet un
lien de parenté entre le duumvir et flamine de l’inscription de l’odéon (no 4) et le pontife
de 184 (no 28). Mais, à défaut de familles solidement installées dans le décurionat, on
dispose d’au moins un exemple caractéristique d’ascension sociale avec C. Aucius
Macrinus (no 1), dont le père était sévir augustal106, et cette promotion peut être
rapprochée du cas de la flaminique Iulia Helias, qui avait également un père sévir 107. Si on
ajoute Ti. Claudius Pius, dont le père semble avoir été un affranchi impérial (no 15), et
Minnius Vestinus, qui était le fils d’un décurion du petit peuple alpin des Sogiontii (n o 20),
on voit que, même du point de vue des relations familiales, les milieux en cours
d’ascension sociale sont mieux représentés que la vieille aristocratie coloniale.
33 Le trait le plus étonnant pour une vieille colonie romaine est peut-être le nombre élevé de
gentilices qui paraissent formés sur des noms celtiques, comme Aucius, Attius, Bucc[ius ?],
Minnius, Vendus et sans doute aussi Vagirius, auxquels on peut ajouter au moins un
gentilice formé sur un cognomen, selon un usage particulièrement fréquent dans les
provinces de Gaule du nord et de Germanie : Acceptius 108. Faut-il voir là les noms d’une
population indigène qui aurait été très tôt intégrée dans le corps civique colonial, ou
plutôt, puisque la majorité de ces noms apparaissent dans des inscriptions postérieures
au milieu du IIe siècle, les témoins d’un brassage de population qui aurait
progressivement amené dans la capitale fédérale des éléments venus de toute la Gaule ? Il
est difficile de répondre à cette question, d’autant que le patrimoine onomastique des
Ségusiaves, cité sur le territoire de laquelle a été prise la colonie de Lyon, est
particulièrement mince et que les deux principaux gentilices que nous y connaissons
(Titius et Vlattius) n’apparaissent pas dans la liste des notables lyonnais. Mais la rareté des
gentilices « italiens » dans nos tableaux (outre le peu significatif Valerius, on ne peut
guère citer que Manlius et peut-être Aquius) laisse plutôt penser, là encore, qu’il manque
dans notre documentation l’élite de l’aristocratie coloniale. L’analyse onomastique rejoint
ainsi les conclusions de l’étude prosopographique, qui met également en valeur la rareté
ou l’absence de carrières de très haut niveau.
34 Si l’analyse des gentilices ne permet guère d’identifier un noyau de familles solidement
implantées à Lyon109, la tribu est en revanche une aide précieuse, dans la mesure où la
tribu Galeria, qui était sans contestation possible celle de la ville, n’est jusqu’à présent
connue pour aucune autre cité de Gaule110. C’est, comme nous l’avons vu, un argument
solide pour attribuer à la colonia Copia Claudia certains décurions ou magistrats qui
apparaissent dans des inscriptions extérieures, comme Ti. Claudius Pius (no 15), M. Bucc
[---] (no 2) et peut-être aussi l’anonyme de Saint-Bertrand-de-Comminges (no 27). Mais je
voudrais ajouter au rappel de cette vérité bien connue une observation plus directement
liée à notre sujet. Si on excepte les inscriptions extérieures, et notamment celles des
militaires, qui, comme on sait, fournissent un état-civil en général beaucoup plus complet
119
que celui des civils, la grande majorité des mentions de la tribu Galeria que l’on connaît à
Lyon vient de notables municipaux. Sur les huit mentions lyonnaises répertoriées à
l’index du CIL XIII, six concernent en effet des magistrats ou des décurions (nos n o 1, 5,
6,12, 21, auxquels il faut sans doute ajouter un fragment orné d’un relief où sont
représentés des faisceaux111) et une un sévir augustal112, le seul particulier étant un enfant
mort à l’âge de 4 ans113. Si l’on ajoute AE 1966 252 et 1976 443 (nos n o 4 et 16) et les
inscriptions extérieures déjà citées (no 2, 15 et 27), on a bien l’impression que la tribu était
perçue et utilisée comme un signe fort de l’identité coloniale, au même titre que la longue
titulature c. C. C. A. Lugudunum, qui s’étale en grandes lettres sur tant de monuments.
35 Je serais tenté d’expliquer de façon analogue le prestige du titre de décurion, que nous
avons déjà eu plusieurs fois l’occasion de noter114. Une telle fierté ne surprend en effet pas
vraiment de la part de sénateurs qui qualifiaient leur ordo de sanctissimus et dont les
ancêtres, affirmant orgueilleusement être une partie de l’armée, avaient tenu le discours
que l’on sait aux soldats de Fabius Valens115. Ces notables seraient sans doute fort déçus
de savoir que leurs statues et leurs grandioses monuments funéraires ont aujourd’hui
presque totalement disparu et que nous ignorons jusqu’au nom de la quasi-totalité
d’entre eux. La perte est naturellement tout aussi regrettable pour nous, mais elle est
malgré tout relative, si l’on compare le tableau auquel nous sommes parvenus avec ceux
que nous pouvons dresser pour le reste des trois Gaules et même des Germanies. À
l’intérieur même de l’épigraphie lyonnaise, si les sévirs augustaux ou les corporations
sont incontestablement mieux connus que les magistrats, il y a également des domaines
beaucoup moins bien documentés, comme l’étendue du territoire colonial, qui est
toujours aussi difficile à cerner116, ou les rapports de la colonie avec ses voisins, et en
particulier avec la cité des Ségusiaves dont elle était issue, mais aussi avec l’organisation
fédérale des Trois Gaules, dont on ignore quel était le statut territorial, sans oublier le
mystérieux pagus de Condate. Voilà quelques questions qu’il faudrait aussi éclaircir pour
pouvoir mieux préciser la place de Lugudunum dans l’ensemble gaulois. Mais les sources
épigraphiques sont, sur ces points difficiles, presque totalement muettes, et il n’est pas
sûr que la documentation archéologique, si riche soit-elle, puisse jamais les remplacer
complètement, notamment en matière juridique.
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie complémentaire
BURNAND, Duumvirs lyonnais ▪ Y. BURNAND, Deux carrières contrastées de duumvirs lyonnais :
Ligurius Marinuset Vagirius Martianus, REA 24, 1973 (= Mélanges A. Bruhl, I), p. 331-340.
FABIA, Municipalité ▪ Ph. FABIA, La municipalité de Lugudunum, Revue d’Histoire de Lyon 10,1911,
p. 5-42.
GASCOU, Magistratures ▪ J. GASCOU, Magistratures et sacerdoces municipaux dans les cités de Gaule
Narbonnaise, dans Actes du Xe Congr. Int. d’Épigr. Gr. et Lat., Paris, 1997, p. 75-140.
GOUDINEAU, La maison au dauphin ▪ Chr. GOUDINEAU, Les fouilles de la maison au dauphin. Recherches
sur la romanisation de Vaison-la-Romaine, Gallia Suppl. 37, Paris, 1979.
NOTES
1. Cette situation de Lyon comme prolongement de la province de Narbonnaise a souvent été
soulignée, en particulier par M. LE GLAY, Le culte impérial à Lyon au IIe siècle ap. J.-C., dans Les martyrs
de Lyon (177), Paris, 1978, p. 26-27.
2. Cf. M. DONDIN-PAYRE, infra.
3. En particulier, pour les militaires, dans le corpus des inscriptions militaires de Lyon, en voie d ’
achèvement (en attendant voir F. BÉRARD, Vie, mort et culture des vétérans d’après les
inscriptions de Lyon, REL 70,1992, p. 166-192) ; pour les sévirs augustaux et les milieux
commerçants, dans une étude collective en cours de réalisation.
4. Cf. par exemple A. DE BOISSIEU, Inscriptions antiques de Lyon reproduites d ’après les monuments ou
recueillies dans les auteurs, Lyon, 1846-1854, p. 145-168, avec un chapitre (V) moins développé que
ceux qui sont consacrés aux sévirs ou aux militaires.
5. AD 2, p. 225-226 ; cf. aussi p. 335-336 sur la « constitution municipale ». Cet exposé figurait déjà
dans le premier ouvrage d’A. ALLMER et P. DISSARD, Trion. Antiquités découvertes en 1885, 1886 et
antérieurement au quartier de Lyon dit de Trion, Mémoires de l ’Académie des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Lyon 25, 2 vol., Paris-Lyon, 1888.
6. CIL XIII, p. 253
7. CIL V, p. 634.
8. CIL XI, p. 6.
9. FABIA, Municipalité.
10. WUILLEUMIER, Métropole, p. 43-45.
11. RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 73-75 et 172-181.
12. PELLETIER, Histoire de Lyon, p. 96, qui recense 19 décurions lyonnais.
13. BURNAND, Personnel municipal, notamment p. 571.
14. AE 1980 639 : voir infra et tableau, n o 8. Cette inscription est en revanche citée par PELLETIER,
Histoire de Lyon, p. 92-93 et n. 16, 21, 23 bis, mais dans le texte proposé par les premiers éditeurs,
qui, comme nous le verrons, me paraît devoir être révisé sur certains points.
15. CIL XIII1912 : voir infra et tableau, no 9.
16. CIL XIII1925 : voir infra et tableau, no 23.
17. Fragment publié par Y. BURNAND, Fragments d’inscriptions latines inédites de Lyon, Bulletin des
Musées et Monuments Lyonnais 5, 1972-1976, p. 140-145, et non repris dans l ’ΛΕ ni dans les listes de
G. Rupprecht et A. Pelletier ; voir infra, n. 34 et tableau, n o 30.
121
18. Voir par exemple JACQUES, Privilège, p. 394, n. 52, pour qui le décurionat, allant de soi pour un
notable, n’est normalement pas mentionné sauf conditions particulières ; sur l ’omission des
magistratures inférieures, voir infra et n. 96.
19. ILTG 87 = CIL XIII256-257 ; voir les comptes rendus critiques de A. DEGRASSI, Epigraphica 25,
1963, p. 113-114, et G. ALFÖLDY, B/166,1966, p. 637, avec des solutions alternatives qu ’il ne nous
appartient pas de discuter ici, dans la mesure où elles ne remettent pas en cause le décurionat
lyonnais.
20. Sur la tribu Galeria, voir infra, n. 110.
21. Voir surtout P. Wuilleumier (ILTG 87), qui s ’appuie, tout en la corrigeant sur certains points,
sur la recomposition proposée par R. LIZOP, Une inscription récemment reconstituée à Saint-
Bertrand-de-Comminges, Bull. Soc. Arch. du Midi de la France III e s., 4/1, 1939-1940, p. 109-120 (avec
une précieuse photographie). Un nouvel examen des trois fragments conservés, qui ont été
retrouvés dans l’ancien couvent des Olivétains, pourrait peut-être lever une partie des difficultés
que pose ce texte lacunaire.
22. AE 1952 23 ; J. SAUTEL, Carte archéologique de la Gaule Romaine. 11. Drôme, Paris, 1957, p. 145-146,
no 66 ; M. CHRISTOL et D. FISHWICK, A priest of the Three Gauls at Valentia, RAM 12, 1979, p. 281-286
(d’où AE 1979 403) ; A. BLANC, Colonia Valentia, Paris, 1982, p. 75-76, no 42.
23. L. MAURIN, Gaulois et Lyonnais, REA 88,1986, p. 109-124, notamment p. 119-124, où il préfère en
conséquence lire à la 1. 2 Galer[iano] plutôt que Galer(ia). Sur l ’exclusion des Lyonnais du sacerdoce
fédéral, voir déjà Allmer (AD 2, p. 117 et 371) et Hirschfeld (C/L XIII ad 1927) ; mais ce postulat
très ancien de l’épigraphie lyonnaise mériterait peut-être d’être reconsidéré aujourd’hui (voir
infra, n. 27).
24. En particulier Luguduni, que M. Christol et D. Fishwick proposent à la 1. 4 avant flaminis
diuorum. Mais la formule omnibus honoribus… functus des 1. 3-4 suffit de toutes façons à indiquer la
cité d’origine : peut-être faudrait-il pour Lyon restituer in colonia, comme dans l ’inscription de C.
Aucius Macrinus (no 1), plutôt que apud suos, qui conviendrait mieux en revanche à une cité
gauloise.
25. D. FISHWICK, The federal priesthood of M. Bucc[… again, RE A 98,1996, p. 413-419, qui renvoie
judicieusement à une observation faite par O. Hirschfeld au CIL XIII, p. 249.
26. On pourrait songer soit à un notable ségusiave parvenant d ’abord au sacerdoce provincial,
puis, après adlectio, à un flaminat municipal lyonnais, soit au contraire à un notable lyonnais
acquérant la citoyenneté ségusiave pour parvenir au sacerdoce provincial, mais aucune de ces
deux solutions n’est vraiment satisfaisante. On connaît en Tarraconaise au moins deux notables
qui ont fait une double carrière municipale, dans leur cité d ’origine puis à Saragosse, et sont
ensuite parvenus au flaminat provincial (CIL II4244 et 4249 = G. ALFÖLDY, Flamines provinciae
Hispaniae Citerioris, Madrid, 1973, no 61 et 66), mais il s’agit de cas plus simples de promotion d’une
petite cité dans une capitale de conuentus, et on ne peut absolument prouver que cette promotion
ait été directement liée à la perspective de l’accession au flaminat provincial.
27. L. MAURIN, op. cit. (n. 23), p. 123-124, qui, avant d ’écarter l’hypothèse, envisageait plusieurs
dates possibles pour une éventuelle ouverture du culte fédéral aux colons lyonnais, depuis le
règne de Claude jusqu’à l’époque sévérienne. En faveur d’une évolution chronologique qui aurait
ouvert aux colonies romaines une institution qui leur était d’abord extérieure, voir déjà JULLIAN 4,
p. 433 et η. 1, et depuis la découverte de l’inscription d’Upie WUILLEUMIER, Métropole, p. 35 et n. 20 ;
A. AUDIN, J. GUEY et P. WUILLEUMIER, Inscriptions latines découvertes à Lyon dans le pont de la
Guillotière, REA 56,1954, p. 321 et n. 3 ; R. FREI-STOLBA, Q. Otacilius Pollinus : inquisitor III Galliarum,
dans Alte Geschichte und Wissenschaftsgeschichte. Festschrift für Karl Christ, Darmstadt, 1988,
p. 187-193, et, avec plus de prudence, Die Kaiserpriester am Altar von Lyon, dans Roman Religion in
Gallia Belgica and the Germaniae, Luxembourg, 1994, p. 37 et n. 9.
28. Cf. G. ALFÖLDY, op. cit. (n. 26), p. 20-23.
122
53. Cf. par exemple à Tarragone RIT 341 (duumvir à Osicerda et à Tarragone) et 352 (transféré du
municipe d’Augustobriga dans la colonie de Tarragone) ; à Béziers les cas de deux notables qui
étaient également décurions à Narbonne (CIL XII4402) ou à Lodève (4247).
54. On pourrait ainsi rapprocher Sext. Attius Ianuarius (n o 9) de la famille viennoise des Sex. Attii
qui a fourni au moins un magistrat (CIL XII 2235 et VI 29698) et à laquelle on rattache souvent le
préfet du prétoire Sex. Attius Suburanus Aemilianus (cf. R. SYME, Guards Prefects of Trajan and
Hadrian,/RS 70,1980, p. 79, et More Narbonensian Senators, ZPE 65,1986, p. 22 ; Y. BURNAND,
Senatores Romani ex provinciis Galliarum orti, dans Epigrafia e ordine senatorio. 2, Rome, 1982,
p. 414-415 ; M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, Prosopographie des femmes de l ’ordre sénatorial (Ιer-ΙIe siècles),
Louvain, 1987, p. 134-135 etc). On remarquera aussi que C. Iul(ius) Cornelianus (n o 17) a pour
épouse une femme qui paraît originaire du nord de la cité de Vienne (CIL XII 2375 ; cf. 2376).
55. CIL II 1055 = ILS 6916 ; cf. THOMAS, Origine, p. 28 et n. 13 (voir aussi p. 89, n. 16). Un troisième
exemple est cité par Y. Thomas, également lyonnais, puisqu ’il s’agit de C. Valerius Antiochus
Libanius (notre no 21), à qui il semble attribuer, apparemment à la suite d ’Hirschfeld et de
Rupprecht, une origine extérieure et en l’occurrence syrienne. Mais ce personnage ne doit sans
doute pas être considéré comme incola, car la tribu Galeria en fait un assez probable citoyen
lyonnais, qui a dû être plus simplement décurion dans sa ville.
56. Sur les incolae voir désormais THOMAS, Origine, p. 25-34.
57. II est très généralement considéré comme Voconce (cf. GOUDINEAU, La maison au dauphin,
p. 289-290 et 295 ; JACQUES, Privilège, p. 415, no 12 ; L. WIERSCHOWSKI, Die régionale Mobilität in Gallien
nach den Inschriften des 1. bis 3. ]ahrhunderts n. Chr., Stuttgart, 1995, p. 173 et 297 ; GASCOU,
Magistratures, p. 129-130), bien que le texte de l ’inscription ne l’implique pas absolument ; pour
une position plus prudente, cf. RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 177-178, qui semble suggérer plutôt
un peuple alpin.
58. CIL XIII 1938.
59. Cf. RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 175 ; BURNAND, Personnel municipal, p. 571 ; PELLETIER, Histoire
de Lyon, p. 96.
60. AD 141 ; cf. FABIA, Municipalité, p. 8, n. 1.
61. Sur le sens de la postulatio populi, voir infra.
62. BURNAND, Personnel municipal, p. 562.
63. Voir supra, n. 18 et n. 45-46.
64. Cf. CIL XIII 1921 (no 5).
65. Ainsi FABIA, Municipalité, p. 29 ; WUILLEUMIER, Métropole, p. 44 ; BURNAND, Duumvirs lyonnais, p. 334
et 338 ; PELLETIER, Histoire de Lyon, p. 92.
66. Sur les différents types de questure municipale, voir M.-F. PETRACCIA LUCERNONI, 1 questori
municipali dell’ltalia antica, Rome, 1988 ; pour l ’Afrique, F. JACQUES, La questure municipale dans l ’
Afrique du nord romaine, BACTHS17 B, 1984, p. 211-214.
67. Voir en ce sens BURNAND, Duumvirs lyonnais ; JACQUES, Privilège, p. 390-393, qui considère la
carrière comme exceptionnelle. Sur la postulatio populi, voir infra, p. 114-118.
68. Voir infra.
69. Ainsi BURNAND, Personnel municipal, p. 554.
70. Sur les problèmes posés par la restitution de cette plaque, notamment en ce qui concerne le
duumvirat, voir infra.
71. BURNAND, Personnel municipal, p. 554.
72. Voir infra et n. 96.
73. Les deux édiles pour lesquels est attestée une promotion au duumvirat sont ceux qui
présentent le cursus classique commençant par la questure (no 6 et 8). On peut envisager édilité
et duumvirat dans le cursus de Sex. Attius Ianuarius (no 9), pour lequel c’est doute la solution la
plus satisfaisante. Mais les deux magistratures doivent être restituées à la fin de la 1. 2, ce qui
124
reste hypothétique, surtout pour le duumvirat, et on ne peut totalement exclure une mention de
la questure à la fin de la 1.1, même si cela paraît moins probable.
74. L ’absence de quinquennales est moins étonnante si on note qu ’on n’en connaît pas non plus à
Vienne ni à Nîmes, pourtant beaucoup plus riches en cursus municipaux.
75. Cf. surtout A. BRUHL et A. AUDIN, Inscription du Lyonnais Tiberius Aquius Apollinaris, Gallia 23,
1965, notamment p. 270 ; voir aussi BURNAND, Duumvirs lyonnais, p. 339, et Les juges des cinq décuries
originaires de Gaule romaine, dans Mélanges… William Seston, Paris, 1974, p. 67, qui parle de
« procédure spéciale ».
76. Dans le même sens, voir déjà FABIA, Municipalité, p. 26, qui considérait la postulatio populi
comme une recommandation.
77. JACQUES, Privilège, p. 390-393 ; cf. aussi Les cités de l’Occident romain, Paris, 1990, p. 100-101
(« Manifestations et pressions populaires ») ; dans le même sens A. LEWIN, Assemblee popolari e lotta
politica nelle città dell’impero romano, Florence, 1995, p. 22-23 (sans référence directe au dossier
lyonnais).
78. II y a en revanche divergence sur la date à laquelle ces ornamenta auraient été conférés, Y.
Burnand pensant qu’ils étaient contemporains de la questure, qu’ils auraient contribué à
rehausser, alors que F. Jacques, critiquant ce point de vue, préfère les placer après celle-ci. Les
deux autres exemples d’ ornamenta duumuiralia que nous connaissons, ceux de C. Flauius Ianuarius
(no 15) et de Ti. Claudius Pius (no 16), sont indépendants de toute magistrature.
79. Ainsi A. BRUHL et A. AUDIN, op. cit. (n. 75), p. 270 ; BURNAND, Duumvirs lyonnais, p. 339 ; JACQUES,
Privilège, p. 390.
80. Comme le remarque F. JACQUES, Les cités de l ’Occident romain, Paris, 1990, p. 101, même s ’il
’ ’
préfère l hypothèse d une accession directe au duumvirat.
81. Comme le note justement PELLETIER, Histoire de Lyon, p. 94.
82. JACQUES, Privilège, p. 388-399.
83. CIL XIV 375 et 2410 (= ILS 6147 et 6190), à Ostie (in comitis facto) et à Bouillae (comitia
magistratuum) ; CIL X 7023 (= ILS 6771), à Catane (IIuir suffragio populi creato). Il n ’est pas sûr par
contre que les saepta de CIL V 7637 (= ILS 5065) doivent être rapportés à des activités électorales.
84. CIL X 112 (= ILS 6467) : ob honor(em) Aug(ustalitatis) quem primus omnium post k. Aug. a senatu
conspirante populo accipere meruit ; cf. JACQUES, Privilège, p. 407, qui classe le cas parmi les
distinctions honorifiques ; CIL V 5600 : [sex]ui[rij gra[tui]ti Com(i) suffragio populi.
85. CIL V 995 (= ILS 6687) : IIIIuir i. d. populi beneficio ; le commentaire des ILS comprend la formule,
à la suite de Mommsen, comme une allusion à un vote comitial et la rapproche de CIL X 7023 (voir
supra, n. 83) ; mais peut-être pourrait-on songer aussi à une forme de recommandation.
86. CIL V 4981 (= ILS 4901) : decurio honore gratuito d. d. ex postulation, pleb. ; mais le cas est lui aussi
douteux, car l’intervention du peuple pourrait avoir été limitée soit à la restauration de l ’autel
(ainsi InscrIt X/5 1051), soit plutôt à la dispense de la summa honoraria, la nomination proprement
dite restant la prérogative du sénat (cf. en ce sens JACQUES, Privilège, p. 407, qui classe également
ce cas parmi les distinctions : voir infra, n. 94).
87. JACQUES, Privilège, p. 393-397, avec en particulier CIL VIII2450 = 17950 (ob honorem fl. pp. conlati
in se a populo), où il y aurait, mais on ne voit guère pourquoi, à la fois postulatio et élection. Le
vocabulaire de ces inscriptions (en particulier le verbe conferre) nous situe plutôt, comme le note
F. Jacques lui-même, dans le registre du vote. Il est certes possible que celui-ci n ’ait pas été
entièrement formel, mais c’est de toute façon une autre question. Sur ces formules africaines,
voir aussi X. DUPUIS, Constructions publiques et vie municipale en Afrique, MEFRA 104,1992,
notamment p. 259-261.
88. JACQUES, Privilège, p. 398.
125
89. Voir notamment CIL VIII 11034, 22733, 22743 et les parallèles réunis par P. GAUCKLER,
Inscriptions de Gigthis (Tunisie), MEFRA 34, 1914, p. 269, η. 1, qui ne cite pas les textes lyonnais ;
plus récemment JACQUES, Privilège, p. 410-417 (tableau 31), avec une quarantaine d’exemples.
90. CIL XII1585 = ILS 6992. Sex. Vencius Iuuentianus fut honoré d ’une statue par l’ordo Vocontiorum
ex consensu et postulatione populi.
91. Voir par exemple à Gigthis CIL VIII 22733 (expostulante uniuerso populo ordo posuit) ou à Canosa
IX 334 = ILS 2768 (postulatu populi d. d.). Ces formules rappellent les dédicaces de très nombreuses
statues élevées à Lepcis Magna decreto ordinis et suffragio populi (IRT 519, 561, 564-568, 574, 578,
581, 595 etc ; cf. aussi à Bulla Regia AE 1962 184), à propos desquelles on peut se demander si
suffragium implique un véritable vote du peuple ou s’il n’est pas un peu l’équivalent de postulatio.
92. CIL X 3704 (à Cumes) et 7295 (à Palerme) = ILS 5054-5055, les deux fois pour une statue en
bige : cum populus in spedaculis adsidue postulasset ; cf. JACQUES, Privilège, p. 392-393 et 413.
93. On trouve aussi la formule dans le cadre des jeux, pour réclamer l ’ouverture d’un munus ou la
libération d’un gladiateur : CIL VIII 958 (= ILS 6819) ; IX1184 ; X 6012 (= ILS 5062) ; cf. G. VILLE, La
gladiature en Occident des origines à la mort de Domitien, Rome, 1981, p. 327-328 et n. 222.
94. II n’est peut-être pas sans intérêt de remarquer que deux des rares exemples de nominations
que nous avons pu recenser (CIL X 112 et V 4981 ; supra, n. 84 et 86), sont classés par F. Jacques (
Privilège, p. 407) parmi les distinctions honorifiques conférées à la demande du peuple, peut-être
dans le second cas parce qu’il s’est seulement agi d’accorder la gratuité du décurionat et non la
dignité elle-même. Quant au premier exemple, il ne concerne pas une magistrature, mais
seulement l’honor Augustalitatis, et F. Jacques cite dans le même paragraphe des ornamenta
decurionatus décernés à un sévir petente populo (AE 1953 21).
95. Sur les formulations épigraphiques du consensus, voir le tableau consacré aux statues par
JACQUES, Privilège, p. 410-417 ; on notera deux cas (n o 5 et 6) où le consensus est triple : CIL XI 3013
(consentientibus augustalibus et plebe, decuriones obtulerunt) et IX 4970 (consensu decur. et Vluirum,
postulante plebe).
96. Cf. GASCOU, Magistratures, p. 94 (pour Vienne).
97. Voir supra. On notera que la même juxtaposition du décurionat et du duumvirat se retrouve à
Lyon dans l’épitaphe d’un notable lingon, T. Tinc(ius) Alpinus (AD 232 = CIL XIII 1922).
98. Comme l’envisage BURNAND, Personnel municipal, p. 554 et n. 34.
99. J. LASFARGUES et M. LE GLAY, Découverte d ’un sanctuaire municipal du culte impérial à Lyon,
CRAI 1980, p. 394-394 (pour l’épigraphie AE 1980 637-639).
100. Les inscriptions impériales du Verbe Incarné ont fait l ’objet d’une étude de G. Di Vita-Evrard
présentée lors d’une table-ronde consacrée aux Inscriptions Latines de Gaule Lyonnaise à l ’E.N.S.
le 8 juin 1996 et qui est en cours de publication. Elles seront par ailleurs reprises dans le corpus
des inscriptions de Lyon, lui aussi en préparation.
101. Cf. M. LE GLAY, op. cit. (n. 99), p. 410-412 (d ’où AE 1980 639) : [--- praef(ectus) fa]br(unt), q
(uaestor), aed(ilis), IIuir[alibus ornamentis honoratus, IIuir desig(natus),… curator ciuium / Roma]noru
(m).
102. Voir supra.
103. Il existe au moins deux mentions possibles du titre dans l ’épigraphie lyonnaise (AD 103 et
189 = CIL XIII 1667f et 2013), mais elles sont l ’une et l’autre incertaines, comme j’ai essayé de le
montrer dans une étude récente (en cours de publication). De toutes façons, même si on admet l ’
existence de ces parallèles, cela ne suffit pas pour imposer la restitution du titre, qui reste assez
rare, sur la plaque du Verbe Incarné.
104. Cf. GASCOU, Magistratures, p. 77-81, qui envisage, avec de bons arguments, que les praefecti pro
duumuiro aient été, non de simples remplaçants, dont le nombre serait bizarrement élevé, mais
plutôt de véritables adjoints permanents des duumvirs et remarque que, quand elle figure dans
des carrières, cette préfecture apparaît toujours après l’édilité.
126
105. CIL XIII 1911 et 11179 ; 1918 ; on connaît aussi à Vienne un marchand de vin décurion : XII
1896.
106. CIL XIII 1938 ; voir supra et n. 58.
107. AD 146 et 154 = CIL XIII 2181 et 1956. Cf. Y. BURNAND, De la servitude au flaminat : quelques cas de
promotion sociale en Gaule romaine, dans La mobilité sociale dans le monde romain. Actes du colloque
organisé à Strasbourg (novembre 1988), Strasbourg, 1992, p. 203-205.
108. Sur ces noms celtiques dans l ’aristocratie lyonnaise, voir les remarques de M. CHRISTOL et D.
FISHWICK, op. cit. (n. 22), p. 282-283 et n. 17, qui y voient un argument supplémentaire pour faire
de M. Bucc[---] un notable lyonnais ; contra L. MAURIN, op. cit. (n. 23), p. 123, dont les critiques n ’
emportent en l’occurrence pas l’adhésion.
109. Cf. sur le sujet, M. LE GLAY et A. AUDIN, Gentilices romains à Lugdunum, RAE 24,1973 (= Mélanges
A. Bruhl. I), p. 537-544, dont les principaux développements sont, de manière significative,
consacrés aux noms des étrangers de passage dans la colonie, en particulier les commerçants
gaulois ou orientaux et les militaires des légions de Germanie qui tenaient garnison dans la ville.
110. Cf. J. W. KUBITSCHEK, Imperium Romanum tributim discriptum, Vienne, 1889, p. 217-218 et
270-271.
111. CIL XIII 1915 ; voir supra, n. 35.
112. CIL XIII1938 ; voir supra, n. 58 et 106.
113. CIL XIII 2266. Voir pour le décompte CIL XIII, p. 134, dont il faut exclure CIL XIII 1803, qui
concerne un sénateur qui n’était pas d’origine lyonnaise.
114. Voir supra, n. 63-64 et n. 97.
115. Cf. TACITE, Hist. 1,65 : se coloniam Romanam et partent exercitus.
116. Pour un état de la question sur ce sujet délicat, voir F. BÉRARD, Le projet des inscriptions de Lyon,
dans Lyonnaise, p. 9-11.
AUTEUR
FRANÇOIS BÉRARD
Professeur à l’université Jean Moulin Lyon 3 et directeur d’études à l’École pratique des hautes
études – Section des Sciences historiques et philologiques
13-17, rue de la Voûte - F-75012 Paris
127
Magistratures et administration
municipale dans les Trois Gaules
Monique Dondin-Payre
1 Il est banal de dire que la « municipalisation », terme un peu ambigu dans le vocabulaire
contemporain, qui recouvre l'urbanisation et son corollaire, l'introduction ou la
généralisation de statuts civiques collectifs romains dans les provinces, est un des aspects
essentiels de l'empreinte de Rome. Bien étudiée pour la Narbonnaise1, la question a fait, et
fait toujours, en ce qui concerne les Trois Gaules, l'objet de controverses considérables,
sur des points essentiels (accord général du droit latin aux Trois Gaules ? sous Claude ?
sous Hadrien ? existence de municipes ? réalité du cursus munimunicipal ?…) si bien qu'il
a été décidé de l'aborder sous un angle étroit mais rigoureux : par un recensement aussi
exhaustif que possible des attestations épigraphiques de magistratures pour constituer
un corpus documentaire incontestable2. L'avantage de ne prendre en considération que
des témoignages contemporains des faits, plus informatifs que démonstratifs, moins
entachés d'un contexte personnel, technique ou idéologique que les textes littéraires ou
juridiques est essentiel du point de vue de la méthode. On verra que, même sur des points
où les apports documentaires littéraires sont très importants quantitativement (pour les
pagi et les vici par exemple), ce choix s'est révélé extrêmement opportun, car il permet
d'argumenter solidement les conclusions. Priorité est donnée à la présentation et à
l'analyse de ces textes, et la bibliographie immense, stimulante par les débats renouvelés,
si elle a constamment nourri la réflexion3, ne sera pas citée point par point, notamment
pas lorsqu'on se démarque des affirmations antérieures.
2 Le recensement couvre toutes les mentions repérées de magistrats, de magistratures, de
fonctions individuelles ou collectives (comme ordo decurionum…), les expressions précises
(identifiant les charges) comme les formules générales qui attestent l'existence d'un
cursus ou d'une magistrature directement (omnibus honoribus functus…) ou indirectement
(decreto). Afin d'arriver à la constitution du corpus le plus incontestable possible, aucun
exercice de magistrature déduit d'une autre information n'a été retenu, même si
l'équivalence est généralement admise : on ne trouvera donc ni les flamines du culte
impérial, ni, sauf exception motivée (dans des vici ou des pagi par exemple), les donateurs
d'édifices publics (par exemple, M. Vegisonius Marcellus qui offre l'amphithéâtre à Metz),
128
non parce qu'ils n'ont pas toutes chances d'avoir été aussi magistrats, mais parce que la
démarche consiste précisément à oublier les présupposés, quitte à pouvoir les confirmer,
mais sur des bases assurées4 ; pour Lyon, au statut exceptionnel puisque unique colonie
romaine des Gaules, qui fait l'objet d'études spécifiques5, seuls les magistrats dont la
fonction est précisément identifiée ont été retenus (édile, questeur, mais ni décurion ni
ordo etc…). Au cours de l'enquête, il est apparu qu'il était judicieux de l'étendre à des
informations extérieures aux magistratures, mais qui les éclairent ; il s'agit notamment
des modes de désignation des cités et de toutes les mentions de vicus et de pagus,
particulièrement intéressantes car ce niveau administratif a été négligé jusque là. Dans
l'ensemble, d'ailleurs, plus d'attention a été accordée aux questions épineuses, au détail
de documents difficiles à comprendre et noyés dans les démonstrations globales, qu'aux
problèmes généraux maintes fois débattus, mais souvent indirectement éclairés par ces
analyses.
3 L'ère géographique considérée recouvre les Trois Gaules telles que les définit le CIL, c'est-
à-dire que les Lingons et les Séquanes (traités dans le volume avec les Germanies) en sont
exclus6.
LES ATTESTATIONS EPIGRAPHIQUES DE MAGISTRATS DANS LES TROIS GAULES questeurs désigne les
questeurs de cité ; les questeurs de citoyens romaines, les magistratures exceptionnelles, les
quattuorvirs, les formules générales figurent sous "autres mag. ou général"
Ne sont pas représentées les cités suivantes : Abrincatui, Andécaves, Aulerques Diablinthes,
Bodiocasses, Coriosolites, Esui, Lexovii, Meldes, Parisii, Unelles.
129
en évidence aucune logique : les échelons supérieurs ne sont pas forcément mieux
connus, dans certaines cités on n'a trace que de vici ou de pagi, dans d'autres on a plus de
témoignages sur les instances supérieures, sans qu'aucune rationalisation ne se dessine,
et les cas où les témoignages sont équilibrés entre les deux catégories, comme chez les
Riedons, sont extrêmement rares.
5 La certitude qu'on a une vision tout à fait globale des magistrats permet de trancher
nettement l'âpre controverse sur le sens de civitas et ses implications administratives.
Dans cette perspective, dresser le catalogue du mode de désignation des cités ne répond
pas à un désir de simple érudition, l'enjeu est double : déterminer la réalité géographique
et la portée juridique de chaque terme. Personne ne pense que les mots sont employés
indifféremment, sans que leur variété ait de signification : bien au contraire, la discussion
sur la désignation des cités et la signification des variantes de cette désignation est très
vive et centrée autour des termes civitas - colonia. Pour résumer cette question épineuse,
disons que l'ambiguïté du mot cité - civitas, qu'on emploie aujourd'hui pour désigner deux
réalités, une cité, c'est-à-dire une ville, ou un territoire occupé majoritairement par tel ou
tel peuple (par ex. civitas Arvernorum ) a entraîné deux prises de position en ce qui
concerne les magistrats. Certains estiment que les responsables, qui portent des titres de
magistrats municipaux (édiles, questeurs, duumvirs…), sont des magistrats urbains qui
n'administrent que les chefs-lieux ; d'autres, à l'inverse, qu'ils gèrent la totalité du
territoire de la cité, y compris, mais non exclusivement, le centre administratif urbain,
car les deux éléments ne peuvent être dissociés. Il y a, pour l'un et l'autre termes de
l'alternative, tant d'arguments qui s'équilibrent que les deux opinions ont trouvé jusqu'à
aujourd'hui des partisans chez les plus grands savants. En ce qui concerne l'articulation
entre civitas et colonia, le principe longtemps le plus généralement admis est que civitas
désigne une communauté pérégrine, colonia une communauté qui, ayant été dotée du
droit latin, a ensuite ou en même temps été promue au rang de colonie7. En ce cas, la
coexistence des deux termes pour désigner la même entité administrative est
incompréhensible, d'autant plus qu'elle se produit à plusieurs reprises dans les mêmes
documents et dans les mêmes contextes.
131
6 En fait, les dénominations sont beaucoup plus variées, et, pour évaluer la place et la
signification des deux pivots, civitas et colonia, il faut envisager l'ensemble du vocabulaire
employé.
LA DÉNOMINATION DES CITÉS DANS LES TROIS GAULES. Les noms soulignés sont ceux des cités qui sont à
la fois civitas et colonia ; mil. = milliaire, suivi de la date. Civitas
AQUITAINE
Arvemes : CIL XVII 341 (mil., 244-249) et 343 (mil., 121) et 351 (mil., 275) et 353 (mil.,
262-267) ; Bituriges Cubes : CIL XIII1378 à 1380 (dite aussi res publica ? lecture à
vérifier, voir n. 263) ; Bituriges Vivisques : CIL XIII 566 = ILS 7038 ; Convènes : CIL XIII
254 et 2558 (dite aussi colonia), CIL XVII 308 (mil., 244-247) ; Élusates : CIL XIII 563 (dite
aussi colonia) ; Gabales : CIL XIII1571, CIL XVII 333 (mil., 260-269) et 334 (mil., 267 ou
268) ; Lactorates : CIL XIII 511 ; Lémovices : CIL XIII 1803, CIL XVII 354 à 357 (mil.,
entre 243 et 260) et 365 (deux fois, mil., 271-274) ; Nitiobroges : CIL XVII 370 (mil.,
293-305) ; Pétrucores : CIL XIII 971 et 11040 ( ?), CIL XVII 369 (C P L = libera) (mil., 276) ;
Pictons : CIL XIII 1114 et 1129, CIL XVII 432 (mil., 271-274) et 433 (mil., 276) et 440 et
442 ? (mil., 286-293 ?) ; Rutènes : CIL XVII 337 (mil., sans date, très douteux), 338
(mil., 324-337) ; Vellaves : CIL XIII 1576, et 1591 (civitas V. libéra) et 1592 et 1614 (dite
aussi colonia), et les mil. CIL XVII 319 (275) et 320 (222-235) et 324 (244-247) et 329
(251-253) et 330 (244-247) et 331 (260-268)
soit 13 cités sur 21
BELGIQUE
Ambiens : CIL XVII 508 (mil., 305-309) ; Leuques : CIL XVII 534 (mil., 317-326) et 535
(mil., 317-337) ; Médiomatriques : CIL XIII 4290 et 4291 (dite aussi colonia) et XVII 517
132
(mil., 97) et 536 à 538 (mil., respectivement 213,117-138, 269) ; Morins : CIL XIII 3560,
cf. CIL XI 391, CIL XI 391 (dite aussi colonia) ; Nerviens : CIL XIII 3571 et 3573 ; Rèmes :
CIL X 1705 (/civitas Remor]um foed[erat]), civitas Remorum foederata respectivement
explicité, fragmentaire et complètement restitué dans CIL XII 1855 et 1869 et 1870 et
2613 (voir infra n. 15), CIL XIII 3255 (civitas sua Remorum), CIL XVII 509 (mil., 269-270) ;
Silvanectes : ILTC 357 ; Suessions : CIL XIII 3528 ; Tongres : CIL XIII 3599 ; Trévires : CIL
XIII 1911 et 3693 et 3694 et 6800 et 11179, AE 1968 321, F 322 (dite aussi colonia)
soit9 cités sur 14
LYONNAISE
Aulerques Éburovices : CIL XIII 1390 ; Coriosolites : CIL XVII 419 (mil., 293-305) et 423
(mil., 269-270) ; Éduens : CIL XIII 2658 et 29249 ; Éduens ou Mandubiens : CIL XIII 2586
(douteux) et 2877 ; Meldes : CIL XIII 2924 (voir n. 9) ; Namnètes : CIL XVII 387 (mil.,
269-270) et 391 ? (mil., sans date et très douteux : C N O) ; Parisii : CIL XIII 2924 (voir n.
9) et 3034 et XVII 494 (mil., 305-309) ; Riedons : AE 1969-70 405 (dite aussi res publica),
et les mil. CIL XVII 424 (273-274) et 463 (261-269) et 467 (269-270) et 469 ? et 470 ?
(tous deux sans date, très fragmentaires) et 471 et 472 (tous deux 237) et 473 et 474
(tous deux 269-270) et 476 et 477 (tous deux sans date, très fragmentaires) ;
Ségusiaves : CIL XIII 1629 ? et 1632 et 1645-1646 et 1712 (dite aussi colonia) ; Senons :
CIL XIII 2924 et 2926 et 2942 et 2949 = ILS 7049 (dite aussi colonia)10 ; Tricasses : AE
1953 56, et CIL XIII 2924 (voir n. 9) et 2957 ; Turons : CIL XIII 3076 et 3077 (civitas Tu
[ronum] libéra) ; Viducasses : CIL XIII 3166 et 3162 = ILTG 341= AE 1949 136-137 (civitas
libera, dite aussi colonia)
soit 12 cités sur 28, hors Lyon
le milliaire de la voie Orléans-Lutèce qui, d'après CIL XIII, p. 472, aurait désigné la
cité des Camutes comme civitas Aurelianorum n'existe pas ; il doit y avoir confusion
avec le milliaire de Saclas conservé au musée d'Orléans qui est daté du règne
d'Aurélien.
Colonia
AQUITAINE
Convènes : ILTG 59 et 76-78 (impendio c[…/) (dite aussi civitas)11 ; Élusates : CIL XIII 546 ;
Vellaves : CIL XIII 1577 (praefectus coloniae) (dite aussi civitas)
BELGIQUE
Médiomatriques : CIL XIII 11359 (douteux) (dite aussi civitas) ; Morins : CIL XIII 8727
(IIvir colon. Morinorum) (dite aussi civitas) ; Trévires : F 17, 26, CIL XIII 3641,11313 = AE
1908 132 (douteux), CIL III 4153 ?, AE 1979 417 et 418, S-H 84 (revu AE 1968 321, civitas,
colonia Treverorum) et les mil. CIL XVII 543 (121) et 544 (100) et 561 (139) et 552 (121)
et 553 (139)
7 LYONNAISE
Ségusiaves : CIL XVII 346 (mil., 98-117, dite aussi civitas) ; Senons sans doute : CIL XIII
1684 (à Lyon) (dite aussi civitas) ; Viducasses : CIL XIII 3162 = ILTG 341= AE
1949 136-137 (dite aussi civitas)
133
Patria
Arvernes : CIL XIII 1463 ; Cadurques : CIL XIII 1541 ; Viducasses : CIL XIII 3162 (outre
colonia, et civitas libera)
Res publica
AQUITAINE
Bituriges Cubes : CIL XIII 1376 et 1377 (dite aussi civitas ? lecture à vérifier, voir n.
263) ; Lactorates : CIL XIII 520 et 534 ; Pétrucores : CIL XIII 971 et 11040 ; Santons : CIL
XIII 1114 ; Pictons : AE 1967 30312
LYONNAISE
Aulerques Éburovices : CIL XIII 3203 ? (très douteux13) ; Riedons : AE 1969-70 405a et b
(dite aussi civitas)
Oppidum
Unicum dans l'épigraphie des Gaules, ou plus exactement comme pour vicus / vicani,
on dit oppidani ; ILTG 314 = AE 1913 161 = ILS 9516, Chalon-sur-Saône, Éduens 14
8 La première constatation est la domination écrasante, sur tous les autres termes, de
civitas ; elle est évidente dans les trois provinces, avec une densité surprenante pour des
cités comme les Vellaves ou les Ségusiaves. Civitas, très rarement mentionné seul, et en ce
cas dans la cité même, est complété la plupart du temps par un nom de peuple (le seul ou
le principal du territoire), jamais par celui de la capitale (ce qui implique la révision de
plusieurs restitutions15). Le terme désigne une entité, éventuellement mais pas
obligatoirement calquée sur un découpage gaulois, c'est-à-dire une circonscription
administrativement délimitée, composée de deux éléments indissociables, une ville qui
fait office de capitale et son territoire, plus ou moins vaste, sans présager du statut
civique et notamment sans impliquer aucunement qu'il s'agit d'une communauté pérégrine :
civitas est juridiquement neutre. Le mot n'acquiert une nuance civique que lorsqu'il est
précisé par les seuls adjectifs qu'on lui voit jamais accolés en Gaules, libera, pour les
Pétrucores, les Vellaves, les Turons, les Viducasses, foederata pour les Rèmes 16, qui font
référence à un statut privilégié dont la cité a bénéficié après l'annexion et qui, à partir de
Tibère, n'est plus qu'honorifique, sans aucune implication juridique, plus
hypothétiquement splendidissima chez les Éduens17.
9 Il n'y a donc aucun obstacle à ce que, pour une même cité, d'autres mots ou groupes de
mots soient employés, et la pratique est tout à fait courante (de même que, ainsi que sur
les milliaires essentiellement, une désignation par de simples noms propres non précédés
d'un terme générique). Certains sont tout aussi neutres juridiquement : patria, par
exemple, rare et toujours intégré à la formule omnibus honoribus functus (parce qu'il
indique une relation personnelle entre le personnage et sa cité) mais, assez curieusement,
dans la cité d'origine du personnage, alors que, à Lyon, pour le même individu et dans les
mêmes circonstances, on préfère apud suos qui marque la différenciation entre les
concitoyens du magistrat et ses collègues fédéraux18. Que patria soit réservé à l'Aquitaine,
134
avec une seule citation en Lyonnaise, chez les Viducasses où il renvoie à la communauté
qui a élevé Sollemnis à tous les honneurs ou à la prêtrise seule19, semble ne relever que du
hasard.
10 Res publica est également rare, et surtout employé en Aquitaine 20, la province la plus
fertile en nomenclatures civiques variées, sans doute parce qu'elle bénéficia du droit latin
plus tôt. L'adjonction à plusieurs reprises (3 fois) de termes ou d'expressions qui
recouvrent d'autres groupes en éclaire peut-être le sens : chez les Bituriges Cubes des
vicani sont co-bénéficiaires, avec la res publica, d'équipements collectifs, chez les
Lactorates des vicani élèvent un hommage à un personnage qui a exercé une fonction ou
une influence au sein de la res publica, T. Flavius Postuminus est remercié par les
décurions Riedons dans des décrets où civitas apparaît à plusieurs reprises, de ses erga r. p.
et in singulos merita. Res publica pourrait être (le faible nombre des documents contraint à
la circonspection) plus restrictif que civitas et désigner l'ensemble du corps civique au
sein duquel s'isolent des ensembles, soit les décurions qui veulent souligner la générosité
envers chacun d'eux de Postuminus, soit les vicani qui, on le verra, constituent un groupe
défini par son lieu de résidence.
11 A l'inverse, aucune cité des Gaules, y compris Lyon, n'est nommée colonia sans être aussi
désignée par un autre terme, civitas, sur les mêmes pierres ou séparément. Cette dualité
ne résulte donc ni d'une répartition chronologique ni d'une obligation institutionnelle
qui recouvrirait une différence de statut juridique ni de la réalité d'une déduction initiale
de vétérans dont il est vain et injustifié de discuter la réalité (interrogation pourtant
systématiquement posée) lorsque colonia est employé. Le cas le plus caractéristique est
celui des Trévires que de multiples documents, et à plusieurs reprises les mêmes, citent
comme colonia (accompagné ou non d'Aug. et de Treverorum), mais aussi comme civitas.
Bien que les Trévires, à l'épigraphie très abondante, aient focalisé l'attention des
historiens21, il ne s'agit nullement d'une exception : les Convènes, les Élusates, les
Vellaves, les Senons, les Ségusiaves, les Tricasses, les Viducasses, les Morins, les
Médiomatriques présentent exactement le même cas de figure22. Un raisonnement a fait
de colonia la désignation de la capitale, sinon par opposition, du moins par distinction,
avec son territoire ; colonia serait le siège des institutions, le caput civitatis, où par
conséquent sont exercées les magistratures ouvrant l'accès à la citoyenneté romaine23.
Certes, quand elle n'est pas éclairée par le croisement entre les mentions de
magistratures et des circonscriptions dans lesquelles elles ont été exercées, précision qui
manque souvent, cette hypothèse pourrait sembler confortée par plusieurs arguments.
D'abord l'emploi de colonia dans des contextes qui en font le pendant de termes qui
définissent des entités géographiques et/ou administratives : ainsi genio coloniae, parallèle
de formules comme genio pagi24. De même, si les arenarii consistentes col. Aug. Trev. (CIL XIII
3641) ne sont pas obligatoirement des employés municipaux mais peuvent dépendre
d'entrepreneurs privés, la résidence ainsi déterminée pourrait n'être précisément que la
ville de Trèves ; l'interprétation des adjectifs impériaux accolés à colonia comme trace
d'une promotion accordée par tel ou tel empereur à une ville va dans ce sens25. La
dissociation capitale-colonia / temtoire-civitas a servi notamment à justifier deux mentions
d'un praefectus coloniae dans deux provinces différentes, probablement vers la même
époque, la seconde moitié du IIe s. ou le début du IIIe s., de sorte qu'on ne peut invoquer
une pratique du début de l'Empire26 : ce titre insolite porterait témoignage de
responsables spécifiques de la capitale, moins nombreux, donc plus rarement évoqués
que les magistrats de la cité. Cette proposition aurait entre autres l'avantage de résoudre
135
quels que soient son étendue et le nombre des agglomérations qui y sont disséminées ;
certaines villes sont les chefs-lieux, ou capitales, des cités dotées d'institutions et de
statuts variables et gérées par des magistrats qui ont en charge la totalité du territoire.
Comme dans n'importe quelle communauté, les habitants n'ont pas, individuellement, un
statut uniforme, certains sont citoyens romains, d'autres pérégrins, certains sont libres,
d'autres affranchis, d'autres esclaves, mais le statut de la communauté (pérégrin, droit
latin, colonie) s'applique sans différenciation au territoire et à la ville qui en est la
capitale33. Cité doit être réservé à un chef-lieu avec son territoire ; par conséquent, les
formules fréquemment utilisées comme « dans la colonia ou/et dans la civitas » sont à
proscrire absolument, plus encore à propos de magistrats qui ont, certes, sans doute
« siégé » dans la capitale mais dont la fonction concernait toute la cité, quelle que soit
leur origine personnelle, autre ville, agglomération ou secteur rural. Les expressions
« duumvir de Metz » ou « décurion de Bordeaux » doivent être bannies, au profit de
« duumvir à Metz » ou mieux « des Médiomatriques » ou « décurion à Bordeaux » ou
mieux « des Bituriges ». Bien évidemment il s'agit des magistrats de la cité (civitatis), à
l'exclusion des responsables pour lesquels on spécifie qu'ils ont en charge un groupe (les
citoyens romains par exemple) ou une circonscription (le pagus).
13 Le mode de désignation des magistrats n'est pas indifférent pour le statut de la cité qu'il
éclaire, au-delà du témoignage sur les statuts individuels34. Puisque le droit latin stipule
que l'exercice d'une magistrature municipale entraîne l'accession à la citoyenneté
romaine, transmise aux descendants, la présence dans une cité de magistrats dotés d'une
onomastique de citoyen s'explique, pense-t-on, par le fait que cette cité jouit du droit
latin ?35. Les inscriptions mentionnant les magistrats ne sont ni assez nombreuses au I er s.
ni datées assez précisément pour qu'on puisse en déduire l'époque de concession de ce
droit ; elles ne contribuent donc pas directement à argumenter les différentes théories
sur ce point36.
14 Puisque, nous l'avons dit, l'octroi du droit latin, quelle que soit sa date, n'a pas affecté que
les habitants des capitales, mais toute la population libre des cités, urbaine ou rurale, la
réaction aux mentions de magistrats à nom unique, c'est-à-dire pérégrins, est un peu
surprenante. En négatif de la phrase de C. Jullian (les magistrats citoyens romains sont
« chez un peuple le signe distinctif de sa qualité de latin »), on s'étonne de leur existence,
alors que l'insolite est leur nombre très réduit : la citoyenneté romaine pour les
magistrats et certains membres de leur famille étant acquise à leur sortie de charge, on
aurait dû trouver un effectif non négligeable de magistrats en fonction non encore dotés
de la citoyenneté, pourvus d'une onomastique indigène jusqu'à leur promotion. Au
contraire, ils sont rares et ne sauraient refléter la proportion réelle de magistrats
pérégrins ; sinon, il faut imaginer que l'octroi du droit latin n'aurait eu comme effet que
d'entériner une situation acquise, la majorité des notables gaulois étant déjà citoyens ; il
aurait alors paradoxalement perdu sa principale raison d'être (et la date de sa concession
serait à repousser bien après le règne de Claude).
137
15 Un certain nombre de cas de magistrats à nom unique sont attestés, dont la plupart
posent des problèmes de lecture et d'interprétation. Voici le tableau de toutes les
occurrences possibles.
Note 3737
16 Les cas doivent être soigneusement examinés : l'indice du nom unique ne suffit pas pour
déduire une condition pérégrine, il peut être imputable à d'autres facteurs, comme une
évolution tardive de l'onomastique ou un mode d'expression particulier. Il convient aussi
de prendre garde à ne pas surestimer la présence d'un élément celtique comme indice
chronologique ?38. La nature de la fonction doit aussi être scrutée, notamment et en tout
premier lieu pour départager les simples fonctions officielles des réelles magistratures :
répétons que seul l'exercice des magistratures municipales proprement dites, à
l'exception des rôles de représentants, même officiels, de communautés, des
magistratures de pagus, et des prêtrises, même du culte impérial, est qualifiant pour la
citoyenneté romaine. Même si la majorité des prêtres a toutes chances d'avoir acquis la
citoyenneté grâce à l'exercice de fonctions municipales, en stricte méthode l'assimilation
n'est pas légitime en l'absence de témoignages explicites.
17 On peut classer en trois catégories les occurrences du tableau.
18 Deux témoignages sont les plus simples car il ne fait guère de doute qu'il faut les éliminer.
• Amilius (2) parce que l'inscription est un faux39.
• Litavis Necochoris f. (14) parce qu'il a très certainement fait l'objet d'une mauvaise lecture 40.
19 Les seules sûres concernent deux vergobrets (10 et peut-être, mais la restitution est très
hypothétique, 13) que leur onomastique comme leur fonction placent sous les Julio-
Claudiens41 ; la situation est sans surprise : des responsables des débuts de l'Empire, non
138
encore citoyens, qui bénéficieront après leur sortie de fonction d'une promotion civique
s'ils sont postérieurs à Claude. Aussi probable est Corius fils d'Icanius (3) ; le
développement h(onore) f(unctus) est tout à fait crédible, et la qualité de magistrat du
bénéficiaire de la dédicace d'autant plus plausible qu'il est cité seul au datif, donc occupe
une position qui le signale à l'attention publique42.
20 Un grand nombre de cas sont douteux à des degrés divers, y compris celui d'Hanarrus fils
de Dannorix (8), pourtant toujours retenu. De son onomastique, sans aucun doute
pérégrine, l'élément paternel est bien connu dans la cité ; joint à ses caractéristiques
celtiques il a conduit à placer le texte au Ier s. Si Hanarrus est questeur de cité et non du
pagus dans lequel il a été magistet43, il deviendra bien citoyen romain ; mais si on n'accepte
pas cette interprétation, il faut avoir présent à l'esprit que les magistratures de pagus ne
sont pas municipales, et sont donc non qualifiantes pour la citoyenneté. Même si, en ce
cas, Hanarrus a pu accéder au niveau municipal et devenir citoyen, on ne peut toutefois
l'affirmer sur la foi de ce seul texte44. Mediusacer Medianni f. (15) me semble mériter
d'être rapproché d'Hanarrus fils de Dannorix, bien que sa situation officielle soit
beaucoup plus douteuse ; ce pérégrin accompagne sa dédicace à l'empereur, à la déesse
Clutoida et aux vicani Masavenses (de Mesves) du don d'un mur et des deux arcs qui le
flanquent ; aucune fonction n'est nommée, un bienfaiteur n'est pas systématiquement
investi d'une fonction publique, mais les deux éléments sont assez souvent liés pour que
ce cas soit inclus pour mémoire. Selon le schéma traditionnel, puisqu'on met le titre
mystérieux de dannus (6) 45 en relation avec l'héritage celtique, on place au début du I er s.
Giamillus, qui a été chargé de la réalisation d'une dédicace, pour certains en tant que
dannus ; en fait, la formule dédicatoire, qui commence par deo Mercurio, rend improbable
une date antérieure à 13546. Quoi qu'il en soit, dans l'ignorance de la nature et même de la
réalité de la charge de dannus, on doit prendre la même position que pour les précédents
et le ranger parmi les cas incertains. Il en va de même pour Consinius (1), dont le titre a
été restitué en [tri]bunus, hypothèse retenue faute de meilleure idée puisqu'il s'agit d'un
hapax. On est d'autant moins sûr qu'il est magistrat que le document est une dédicace
privée offerte à Apollon Grannus à la suite d'un rêve47. Dans le cas du graffite sur une
cruche datée du Ier s. par son matériau (11), deux interprétations s'opposent : pour les uns
(CIL) Genitor est le nom d'un duumvir éponyme de la cité, dont la mention date l'année de
production du produit contenu dans le vase ; il serait donc magistrat municipal pérégrin.
Mais, pour les autres (ILA), les duumvirs devraient être cités ensemble, et Genitor n'est
que la désignation du médicament contenu dans le vase. On passe donc d'un cas de figure
parfaitement conforme au modèle général à une situation qui n'a rien à voir avec une
magistrature.
21 Plusieurs personnages sont certainement curateurs, ils représentent des vici lors de
gestes officiels, mais les curatelles sont des fonctions publiques et non des responsabilités
municipales, leurs magistratures ne sont que conjecturales48 ; on peut penser soit que,
marque de prestige, elles auraient été mentionnées, soit que, à l'inverse, puisqu'on n'est
justement pas dans un contexte municipal, on ne les cite pas. Il s'agit de
• Vitalis (4) qui représente le vicus pour l'exécution d'un voeu à l'empereur ( ?) et à Jupiter, il
est donc officiellement reconnu par ses concitoyens, peut-être, mais on n'en a absolument
aucune preuve, en tant que magistrat municipal
• et de Secundus fils de Sembedo (7) qui se charge d'une dédicace au numen Aug. (la formule
date des Julio-Claudiens) au nom des vicani.
139
22 Deux officiels sont cités par un nom unique, mais certainement pour des raisons sans
rapport avec leur statut civique ; bien au contraire, leur rôle est quasiment contradictoire
avec l'éventualité d'une qualité de pérégrin. Il s'agit du curateur des Élusates Quietus (9),
dont on n'imagine pas qu'il n'ait pas été citoyen, la date tardive (Dioclétien, d'après la
mention du martyr saint Luperc) justifie sa nomenclature simplifiée. On se rallie à la
même explication pour Verus (12) : la mission de ce magistrat, qui obtint que les neuf
peuples du sud de la Garonne n'envoient plus de délégués au conseil de Lyon est datée par
différents historiens, d'après la forme des lettres, à un moment qui varie entre la fin du I er
s. au milieu du IIIe s. G. Rupprecht attribue le nom unique à la forme poétique du texte49,
et, de fait, un statut pérégrin est tout à fait improbable pour ce grand notable choisi par
ses concitoyens pour mener une importante négociation à Rome directement avec
l'empereur. Il reste déconcertant que l'élément onomastique retenu soit si commun qu'il
est équivoque ; on l'expliquerait volontiers par la date car, sans entrer dans le détail
d'une démonstration, il est peu probable que l'autorisation de se démarquer des autres
cités ait été donnée tôt, alors qu'Auguste avait délibérément rattaché cette région à
l'Aquitaine ; le IIIe s. est l'époque la plus vraisemblable pour cette mission, et le nom
unique est la marque à la fois de la période et de la nature poétique du document.
23 Au total, la plupart des occurrences d'officiels à nom unique s'appliquent, ce qui n'a rien
d'étonnant dans un contexte moins urbanisé où les responsabilités ne donnent pas accès
à la citoyenneté, surtout à des responsables de vici et de pagi (qui seront envisagés plus
loin à ce titre) ou à des magistrats particuliers. La raison de la pénurie n'est donc pas
imputable au statut des cités, il faut la chercher dans les motivations des auteurs
d'inscriptions : plutôt que de laisser des témoignages au cours de leurs magistratures, ils
ont préféré attendre et célébrer leur fonction une fois leur promotion civique acquise, en
mentionnant leur nouvel état civil comme allant de soi. En second lieu, des membres de
familles en cours d'assimilation devaient être moins sensibles aux habitudes
épigraphiques, c'est-à-dire romaines, que les familles citoyennes de moins fraîche date 50.
Enfin, les témoignages datent essentiellement des IIe et III e s. quand une proportion,
qu'on ne peut chiffrer, des ascendants des notables municipaux, par suite précisément du
droit latin, jouissait déjà de la citoyenneté51 ; cette probabilité ne suffit toutefois pas à
situer systématiquement les individus à nom unique au Ier s. comme on le fait souvent,
par un raisonnement faussé, dans une tentative pour les marginaliser, comme s'ils
infirmaient la concession du droit latin, alors que la situation est exactement contraire.
24 Bien que, en tant que formule onomastique, elles soient l'opposé des nomenclatures à
nom unique, les filiations développées constituent une pratique qui ressortit à la même
motivation : se situer par rapport au corps des citoyens romains. A. Chastagnol a pensé
trouver trace du moment même où les pérégrins accédaient à la citoyenneté romaine par
l'exercice des charges (donc de la manifestation essentielle du droit latin) dans la
construction de l'onomastique de familles gauloises sur plusieurs générations : lorsqu'un
fils porte un gentilice différent de celui de son père, en général dérivé de son nomen, il
s'agirait d'un pérégrin gaulois qui, accédant à la citoyenneté, construit son onomastique à
partir du nom unique de son père ; plausible dans certains cas, la proposition n'est pas
acceptable dans beaucoup d'autres, et on ne peut retenir cette transformation de la
nomenclature comme une preuve systématique de l'accession à la citoyenneté52. On
considère aussi en général que les filiations indiquées par les tria ou les duo nomina du
140
LES FILIATIONS DÉVELOPPÉES DE MAGISTRATS. Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des
magistrats attestés à l'autel de Lyon
Note 5353
25 Les occurrences sont relativement nombreuses : plus d'une quinzaine, dont plus de la
moitié proviennent de l'autel de Lyon et accompagnent la formule omnibus honoribus
functus. Ces deux constatations, qui prouvent que l'on a affaire à des notables bien établis
puisqu'ils ont parcouru un cursus et accédé au conseil fédéral, et, pour l'un d'entre eux, le
Cadurque Tib. Pompeius Priscus, à l'ordre équestre, conduisent à proposer pour ces
filiations insistantes une explication opposée à celle qui a été avancée, c'est-à-dire une
citoyenneté récente : si le Santon C. Julius Marinus, tout au début de l'Empire,
s'enorgueillissait de la citoyenneté paternelle, tout à fait exceptionnelle à cette date, les
magistrats adoptant plus tard (aux IIe et III e s.) ces nomenclatures volontairement
développées ne voulaient pas attirer l'attention sur une récente promotion civique (dans
un cadre, le sanctuaire fédéral où, contrairement à la cité, elle ne pouvait rien avoir de
glorieux), mais, au contraire, démontrer qu'ils appartenaient à un milieu romanisé de
longue date, qu'ils faisaient partie des notables les plus en vue de leur cité, de lignées
citoyennes solidement établies et ayant consolidé leur position, et ne voulaient pas être
assimilés à ceux dont les familles n'avaient été propulsées que récemment parmi les
citoyens romains. Il en va très certainement ainsi pour Tib. Avitius Genialis (10) et T.
141
Sennius Sollemnis (17), comme pour bien d'autres notables, dont les magistratures ne
sont pas mentionnées, par exemple les Pétrucores L. Pomponius Paternus, prêtre fédéral,
fils de Sext. Pomponius Paternus sacerdos arensis ou M. Pompeius Libo sacerdos arensis, fils
de C. Pompeius Sanctus sacerdos arensis54.
26 On a donc gardé dans l'onomastique témoignage de trois étapes des conséquences du
droit latin :
• les magistrats en cours d'exercice de charge ou les prêtres, non encore citoyens romains
mais appelés à le devenir immédiatement pour les premiers, dans un avenir proche pour les
seconds, destinés à être aussi magistrats ; ils ont encore une onomastique pérégrine ;
• les magistrats (ou les promus par faveur exceptionnelle) ayant accédé si récemment à la
citoyenneté que l'onomastique de leurs ascendants immédiats reste pérégrine,
contrairement à celle de leurs conjoints et descendants ;
• les familles citoyennes depuis un temps indéterminé, mais suffisamment long pour qu'elles
en tirent fierté et l'expriment par une filiation développée. L'Aquitaine se distingue par le
nombre de ces derniers témoignages (plus de la moitié du total) et par la date précoce du
premier d'entre eux ; que cette province, dotée la première du droit latin et dont on a
souvent souligné les parentés avec la Narbonnaise romanisée de longue date, compte parmi
ses notables les plus anciennement promus des citoyens romains ne serait pas pour étonner.
LE VERGOBRET ET LE PRÉTEUR
Argenton-sur-Creuse, Bituriges
Cubes, graffite sans vercobretos
AE 1980 633 = 1981 643
ver[gobretus ?
Vellaves, Le Puy
Dubnocus douteux ou filiation, Ver[…
CIL XIII 1579 = ILA Vellaves 26
f.] ?
Lémovices, Limoges
Postumus Dumnorigis f. verg(obretus)
AE 1989 521
Santons, Saintes
C. Julius Marinus C. Juli verg[obretus]
CIL XIII 1048 + 1074 = AE 1948 166 = ILTG
Ricoveriugi f. Volt. puis questeur
149
142
27 Le vergobret occupe une place à part parmi les catégories de magistrats qui vont être
examinées maintenant. Parce qu'il est considéré comme une trace de permanence de la
culture celtique pendant l'occupation romaine, le vergobret, porteur d'une forte valeur
symbolique, est très souvent évoqué. Le recensement n'ayant pas fait apparaître de
témoignage nouveau, on ne fera que quelques remarques.
28 Tout d'abord, le vergobret de la période de l'indépendance est paradoxalement moins
connu que celui de la période romaine : il n'est attesté sous ce vocable qu'une fois, par
César, à propos des Éduens, et, suppose-ton, c'est à lui que César se réfère quand il évoque
un summus magistratus, toujours à propos du même peuple55. Sous la domination romaine,
à l'époque julio-claudienne, le titre apparaît beaucoup plus largement, mais jamais chez
les Éduens, et jamais deux fois dans la même cité, mis à part probablement chez les
Santons, avec un ver[c]obr[etus] incertain à l'amphithéâtre de Saintes et C. Julius Marinus
fils de C. Julius Ricoveriugus vergobret sans doute avant d'assumer la questure, plutôt
qu'après. L'enchaînement témoigne de la transition entre institutions celtisantes et
romaines, même si on considère, à cause de la mention en grec d'un préteur à Vitrolles,
que c'est le préteur qui représente la traduction romaine du vergobret56 ; si on accepte
cette dernière hypothèse, C. Julius Secundus, préteur à Bordeaux, le seul des Gaules, serait
l'héritier du vergobret bordelais antérieur et inconnu par ailleurs ; il n'apparaît qu'en
tant qu'évergète, de sorte que la nature de ses responsabilités est inconnue57. Il est
indubitable qu'il a sa place parmi les magistrats romains, même si, dans l'état actuel du
dossier, le passage unanimement admis de la structure aristocratique gauloise à la
collégialité romaine n'est pas apparent puisque le préteur comme le vergobret ne sont
attestés que seuls ; le préteur ne pourrait d'ailleurs avoir assuré qu'une transition
éphémère puisqu'on n'en connaît qu'un58. Qu'il soit en Aquitaine (à Bordeaux) n'est pas
indifférent puisque c'est dans cette province que les vergobrets épigraphiquement
attestés sont concentrés, sans que l'importance ou l'ancienneté de la documentation des
cités concernées (nullement supérieure à celle des Éduens chez qui on trouve trois
gutuaters, auxquels on accorde, dans le domaine religieux, la même signification qu'aux
vergobrets59) puisse l'expliquer. Dans l'état actuel des choses, soit on invoque le hasard
archéologique (la trouvaille d'Argenton, due au fait que le site bénéficie depuis longtemps
d'explorations approfondies, y inciterait), soit on suppose que les modalités de la
romanisation en Aquitaine, une transition plus progressive dans une province qui adapte
tôt sans rupture aux règlements romains des structures administratives bien établies
avant la conquête ont conduit à la persistance d'un titre gaulois ; la singularité de
l'Aquitaine se manifesterait là encore. Mais l'important est le contenu qu'on donne à ce
titre gaulois : sans même la déclarer incompatible avec le droit latin, déduire de cette
étiquette indubitablement héritée de la période « de l'indépendance » que l'officiel
qu'elle désigne exerce une fonction elle-même similaire à celles de la période pré-
romaine, comme la royauté, et est par conséquent détenteur d'un héritage gaulois, est
abusif ; aucun document n'autorise cette interprétation. L'autorité romaine a
simplement, temporairement, conservé un mot celtique pour désigner une charge
municipale semblable à toutes les autres fonctions romaines, banalisées et normalisées
puisque nommées par un mot latin60. Le vergobret témoigne certes d'une continuité, mais
143
29 Comme il a été dit, les magistrats ont en charge capitale et totalité du territoire, quelle
que soit l'étendue de celui-ci, et quels que soient les problèmes matériels qu'elle doit
poser (coordination sur une grande échelle des opérations de maintien de l'ordre, de
l'entretien du réseau de communications…) et que pallient certaines fonctions
spécifiques. On ne trouve aucune attestation de deux niveaux d'exercice des fonctions,
urbain et de la cité - territoire61. Dans les cas où ils précisent le cadre dans lequel ils ont
assumé leur charge, les magistrats soit donnent des informations neutres (apud ou inter
suos), soit ajoutent suae civitatis ou civitatis suivi du nom du peuple, ce qui conforte le
principe de responsabilités définies par les limites de la cité. Il est beaucoup plus rare,
sauf à Lyon où la titulature complète de la colonie romaine est volontiers développée, que
le statut juridique de la cité soit précisé. Cela se produit pour certaines coloniae mais dans
aucun autre contexte et en aucun cas autre que celui, douteux, d'un municipe supposé
dont il sera question plus bas, le nom d'une ville n'est mentionné ; l'identification, quand
elle est donnée (ce qui n'est pas toujours le cas, et ce silence est source d'ambiguïtés pour
trancher entre cité et pagus) ne l'est que par le nom du peuple, le plus souvent précédé
d'un terme qui renvoie à une entité administrative (civitas, colonia etc…). Les très rares
exceptions à cette pratique concernent les curateurs de cité62, pour lesquels l'usage
général se limite à la mention du peuple, comme si, dans ces circonstances, les relations
s'établissaient plus avec les membres d'une communauté qu'avec une abstraction, et
144
Lyon, pour laquelle les formules vont de l'énoncé complet de la titulature coloniale à
Lugudunensium (une fois) et à la simple abréviation Lug., libellés attestés uniquement pour
des décurions et hors de la ville. Le seul autre cas pour toutes les Gaules est un duumvir
nervien63. Cet usage est à garder en mémoire pour les restitutions.
30 Les formules générales (omnibus honoribus…) dont le pluriel implique que le titulaire a
participé pendant un certain laps de temps à la vie publique ont été prises en compte :
elles prouvent l'existence de réels cursus municipaux et elles donnent une image plus
exacte du tableau administratif des Gaules, comblant des vides dus au hasard
documentaire.
LES ATTESTATIONS GLOBALES DE MAGISTRATURES sans autre information, la formule est omnibus
honoribus apud suos functus
145
146
les étapes de la carrière sont énumérées : elles les incluent en principe toutes (omnibus),
de sorte qu'il est implicite que celui à qui elles sont appliquées est parvenu au duumvirat (
summis l'explicite, 24) et que, quand une fonction autre est citée, il faut, lorsqu'on hésite
entre une charge municipale ou d'un autre niveau, trancher en faveur du second terme
de l'alternative (souvent une fonction dans le cadre des Gaules, 2 ?, 3,11,19 ; d'une des
provinces, 14 ?, 45 ; ou de l'empire, 36). En revanche, il faut souligner que les prêtrises ne
sont pas concernées : à la différence des magistratures, souvent la mention d'un ou de
plusieurs exercices de responsabilité sacerdotale complète la formule (22, 26, 28, 32 ?, 36 67
, 39), et la précision cum sacerdoti(o) (16) suit un libellé déjà suffisamment détaillé (omnibus
[honoribus et ci]vilib. munerib.) pour recouvrir les prêtrises si elles avaient été incluses 68.
Encore une fois, il faut souligner que, quoique les prêtrises et les magistratures soient
exercées par les mêmes personnes, elles n'appartiennent pas à la même catégorie de
responsabilités et ne doivent pas être assimilées.
Les décurions
34 Le second groupe à rattacher aux formules générales est celui des mentions de décurions
soit individuelles et nominales, soit globales en tant qu'autorité garante de telle ou telle
décision (decreto decurionum), ou en tant que groupe (ordo, senatus, curia) éventuellement
complémentaire d'une autre composante de la population civique (populus par exemple).
35 L'effectif total, sans être très important, surtout si on met à part la colonie de Lyon, peut
néanmoins apparaître remarquable, tout particulièrement si on établit un parallèle avec
la Narbonnaise, où, pour un volume de documentation beaucoup plus grand, le nombre
des décurions attesté est bien moindre. Mais l'essentiel est alimenté par les mentions
148
globales et collectives (ordo, senatus), plus que par le désir d'individus de mettre leur
appartenance personnelle à la curie en valeur.
36 Cependant, le type de citation individuelle et nominale domine, proportionnellement, en
Gaule Belgique, presque à l'exclusion du second, alors que les pagi et les viici y sont
abondamment attestés par rapport aux civitates ; en Aquitaine, en revanche, les décurions
connus comme tels individuellement sont totalement absents alors que les expressions de
leur volonté collective y sont très fréquentes, et, seconde spécificité, à côté de celle du
corps civique (plebs éventuellement qualifiée). On peut interpréter cette répartition
comme la preuve d'une emprise moindre de la centralisation romaine en Belgique, ou
plutôt d'un prestige plus grand des institutions à l'échelle locale, plus attractives pour la
population, alors qu'en Aquitaine, à l'inverse, tôt et facilement réceptive à l'organisation
centralisée apportée par les Romains, l'appartenance à la curie, allant de soi, était moins
volontiers rappelée que les décisions officielles que l'assemblée avait prises, parfois de
concert avec l'ensemble des citoyens ; le parallèle avec la situation similaire de la
Narbonnaise où intensité de la vie civique et silence sur la qualité individuelle de
décurion vont de pair oriente vers cette interprétation. Le volume des mentions de
décurions ne devrait donc pas, où que ce soit, être interprété comme un indice révélateur
de la romanisation.
37 Il est impossible de tirer de leur fréquence respective dans les différentes cités aucune
conclusion, comme l'évaluation de leur effectif total ou la définition de leur place par
rapport aux magistrats69 : entre les deux hypothèses, magistrats choisis parmi les
décurions ou magistrats devenant décurions à leur sortie de charge, dont on privilégie en
général la première, l'enquête ne permet pas de trancher puisque, la plupart du temps, le
décurionat ne figure pas parmi l'énumération des charges ; on ne connaît que trois
mentions de duumvirs qui se disent aussi décurions70. Que les décurions attestés soient
tous citoyens romains ne permet pas, en raison de leur faible effectif par rapport à
l'ensemble du corps décurional, d'affirmer qu'ils étaient tous passés par une magistrature
qui leur avait valu la citoyenneté ; il ne faut jamais perdre de vue que le contexte culturel,
un contact plus étroit et plus ancien avec la civilisation romaine de personnages dont la
famille faisait partie des cadres civiques depuis longtemps, conduisait à une pratique
épigraphique plus intense. Comme pour les magistrats, l'absence de décurions pérégrins
trouve là une explication.
38 Il est difficile de dire quelle est la différence, s'il y en a une, entre ordo, terme le plus
couramment employé pour désigner l'assemblée, curia attesté dans la seule colonie de
Lyon et senatus, assuré chez les Rutènes sous le règne d'Auguste, mais également possible
sur un fragment non datable des Senons, et sur plusieurs dédicaces rennaises de 135 ;
l'interprétation qui voit dans ce dernier vocable une marque d'archaïsme qui
caractériserait une cité pérégrine n'est pas convaincante71.
LES DUUMVIRS DES TROIS GAULES à compléter par le tableau Les quattuorvirs dans les Gaules
Note 7272
39 Tous les duumvirs sont identifiés individuellement, comme il est normal pour ceux qui,
jouant un rôle officiel personnel, sont plus portés à célébrer leur fonction que les
décurions, sans personnalité publique en dehors de l'assemblée. Leur qualification
technique (jure dicundo, ab aerario, aerarii publici) n'est presque jamais précisée et le
quinquennalat n'est cité qu'à une, ou peut-être deux reprises, en Belgique : l'échantillon
est trop réduit pour qu'on puisse tirer de conclusions de cette répartition73. La
constatation la plus frappante est l'extraordinaire fréquence des attestations en
Aquitaine, notamment par rapport à la Lyonnaise en général et à Lyon en particulier, ce
qui conforte l'impression de bonne réceptivité à l'organisation municipale centralisée par
les cités de Gaule du sud que donnaient les décurions74. En revanche, il est difficile de
mettre ce fait en rapport avec une autre variante, même si leur répartition géographique
est identique : en Aquitaine le nom de la cité dans le cadre de laquelle le duumvirat a été
exercé n'est jamais mentionné, contrairement à la Lyonnaise et surtout à la Belgique (les
Ségusiaves ; les Morins, les Nerviens et les Trévires).
40 Bien évidemment, tous ceux dont l'identité est connue sont citoyens romains, mais on ne
peut approfondir l'analyse sociale. Il est en particulier abusif de déduire du fait que le
père du duumvir vellave Nonnius Ferox était gutuater une condition pérégrine, à cause
du prétendu héritage gaulois (il était intégré à l'administration romaine, comme
responsable des mines et préfet de la colonie)75, et par conséquent d'interpréter le
duumvirat comme un moyen d'ascension sociale, d'autant plus que Nonnius est duumvir
pour la seconde fois, donc très engagé dans la gestion administrative. Cette itération n'est
pas rare, notamment, une fois encore, en Aquitaine (quatre cas) ; totalement absente de
Belgique, elle est peu fréquente en Lyonnaise (un cas), mais c'est uniquement dans cette
150
Lyon
1 anonyme duumvir ex [postulatione populi ou [postulante populo
CIL XIII 1929
Vieux,
Viducasses T. Sennius
CIL XIII 3162 Sollemnis
4 = ILTC 341 Sollemnini fil. IIvir sine sorte quater
= AE 1949 oriundus ex civitate
136-137 et 214 ; Viducassium
AE 1959 95
Hautefage-la-
Tour, aedilis permissu ordinis c(ivitatis) Nit(iobrogum) la
Nitiobroges M. Cl(audius) formule permissu… concerne les conditions d'érection
5
CIL XIII 916 Severus de l'autel (dans un sanctuaire public et non dans un
= ILA Nitiobroges simple emplacement public, ILA)
17
Eauze, Élusates
6 ordo sanctissimus et plebs optima
CIL XIII 546
Poitiers,
7 Pictons sportul[is decurionibus plebi]que
CIL XIII 1132
151
Dax, Tarbelles
8 pleb[s universa] et o[rdo Aquensium
CIL XIII 413
Sens, Senons
senat]us populi[que Senonensis plutôt que… j]us(su)
9 ILTG 329 = AE
populi [Senonensis
1959 66
Sens, Senons
10 p(opulus) ?
CIL XIII 2943
42 On peut reléguer ces formules au rang de figures de style, sans contenu réel et sans
rapport avec une situation concrète, mais leur examen conduit à penser qu'elles
traduisent au contraire la participation active du peuple dans le choix des magistrats,
sans qu'on puisse dire ni à quel niveau ni de quelle façon elle se manifestait : pour
devancer ? pour modifier ? pour supplanter le choix des décurions ? D'ailleurs, il n'est pas
nécessaire d'imaginer que les interventions ont toujours pris la même forme, et on ne
peut évaluer exactement le rôle respectif des deux composantes ; elles sont juxtaposées
dans des libellés, sans rapport avec des nominations de magistrats (6 à 10) mais qui
montrent que l'ordre décurional est à la fois distinct et solidaire du corps civique qu'il
peut précéder ou suivre dans les énumérations ; leur dignité respective n'est donc pas
figée dans une position hiérarchique fixe, c'est pourquoi l'éventualité d'affrontements ne
peut être exclue, même si aucun n'est attesté dans ces textes publics. Cependant, plutôt
que de refléter des conflits, ces expressions corrigent simplement le tableau naguère
dessiné d'un désintérêt de la communauté pour un exercice de droits civiques vides de
sens ; bien au contraire, les différentes instances coopèrent pour un fonctionnement plus
animé de la vie publique. Ainsi, Sex. Ligurius Marinus (2), après avoir reçu les ornements
duumviraux par vote des décurions, se vit désigné pour l'exercice effectif de la charge par
pression populaire : les deux intervenants se sont complétés, l'un (le peuple) allant en
quelque sorte plus loin que l'ordo, et confortant son premier avis. Souvent ces procédures
sont examinées pour Lyon seule, et, si elles n'avaient été attestées que là, on aurait pu
penser que le plébiscite n'infléchissait la nomination des magistrats que dans les colonies
romaines, communautés citoyennes nombreuses et anciennes, par conséquent
exceptionnellement actives et concernées par les pratiques civiques ; mais il n'en est rien,
le rapprochement avec le « marbre de Thorigny » est éclairant : la précision sine sorte par
laquelle les Viducasses expriment au IIIe s. la faveur avec laquelle le corps civique a
accueilli la candidature de Sollemnis, rendant sa nomination inévitable et le recours au
tirage au sort en cas d'égalité de voix entre plusieurs candidats inutile, est exactement du
même ordre76. Il est improbable que la mention de cette pratique honorifique ait été
fréquemment omise par ceux qui en ont bénéficié, elle est donc inaccoutumée en elle-
même, mais elle suffit à prouver la vigueur d'une participation active et efficace à la vie
civique, qui ne se borne pas à enregistrer les décisions prises par un petit groupe,
uniquement dans les chefs-lieux (alors que ces attestations en proviennent parce que
c'est là qu'ont lieu ces désignations).
43 Les fonctions ayant nécessairement précédé le duumvirat sont rarement citées, mise à
part la questure. Cette caractéristique est à souligner : elle est tout à fait contraire à la
152
LES QUESTEURS DES TROIS GAULES : QUESTURE DE CITÉ, QUESTURE DE PAGUS ET QUESTURE DE CITOYENS
ROMAINS
153
Note 7777
improbable puisque le cursus est assez détaillé pour que l'ambiguïté ait été évitée par
l'intitulé complet de la charge, on se trouve simplement en présence de l'abréviation la
plus commune pour q(uaestor). C'est cette pratique graphique qui incite à voir aussi dans
G. Velorius Sacrillius (13) un questeur de cité chargé par les habitants du vicus d'exécuter
une dédicace. Au total, tous les questeurs de Lyonnaise (sept grâce aux effectifs de Lyon),
trois en Belgique (8, 11, 12) et trois en Aquitaine (3, 4, 6) sont questeurs assurés de cité,
soit treize en tout ; deux (1, 2) en Aquitaine peuvent être questeurs de pagus, et trois
lectures sont très douteuses quant à la mention même d'un questeur (5, 7, 13). La
situation est donc exactement opposée à celle de la Narbonnaise où la questure est plus
rare que l'édilité80 ; encore une fois il se confirme qu'il est dangereux d'extrapoler quelle
constatation que ce soit de la Narbonnaise vers les Trois Gaules. Cependant, on n'a aucune
raison d'imaginer que la questure a un contenu différent de celui qu'elle recouvre
d'ordinaire, c'est-à-dire financier, la questure des citoyens romains des Nerviens (9) le
confirme, mais les textes sont trop laconiques pour en dire plus, notamment sur
l'articulation avec le duumvirat et l'éventuelle édilité, sinon qu'à Lyon la questure
précède l'édilité et tout naturellement le duumvirat, mais, contrairement à certaines
affirmations, jamais il n'apparaît ni que la questure remplace l'édilité ni que la questure
et l'édilité sont incompatibles81.
45 Sauf à Lyon où elle n'est ni plus ni moins fréquente que la questure, l'édilité n'est
qu'exceptionnellement mentionnée82, mais si les trois seules cités concernées par elle
(Nitiobroges, Senons, Tongres), une dans chacune des provinces83, outre Lyon84, ne
semblent présenter aucun point commun, pas même celui de leur statut (seuls les Senons
sont peut-être colonia ), ces occurrences suffisent à confirmer l'existence, parfois
contestée, de la charge, jusqu'au IIIe s. au moins. De sa rareté on peut avancer plusieurs
explications qui ne s'excluent pas : son exercice n'était pas indispensable pour accéder au
duumvirat ; son prestige inférieur à celui de la questure a entraîné l'occultation
coutumière en ces circonstances ; elle n'existait pas dans toutes les cités, preuve de la
variété des institutions municipales (mais on ne peut dire qu'elle était « remplacée » par
la questure, ce qui impliquerait une équivalence dans la nature du contenu de la charge).
Hors Lyon elle n'est pas combinée à d'autres charges, sans qu'on puisse savoir si elle était
exercée au début du cursus (auquel cas la situation serait l'inverse de celle de Lyon) ou si
la questure est omise parce que les magistrats ne mentionnent que la fonction exercée au
moment où ils élèvent l'inscription85. Ce serait compréhensible pour le Nitiobroge M. Cl.
Severus qui offre une dédicace avec l'autorisation de l'ordo de sa cité, et s'inscrit donc
dans un contexte chronologique défini, mais apparaîtrait comme curieux, sans être
impossible, pour le Tongre C. Gracileius Similis qui, dans son épitaphe, aurait plutôt dû
retracer la totalité de son parcours. La carrière du Senon C. Amatius Paterninus va aussi
dans le sens d'une absence de charge antérieure à l'édilité puisque cet aedilis à deux
niveaux, celui de la seule capitale (qui ne nous concerne pas ici) ?86 et celui de la cité ne
fait état, dans l'énumération détaillée de ses premières étapes dans la vie publique,
d'aucune questure. Il faut supposer soit que la séquence questure - édilité définie pour
Lyon est spécifique à la colonie soit que, comme dans les provinces hispaniques, la
questure éventuelle succède à l'édilité au lieu de la précéder et n'a par conséquent pas de
raison de lui être systématiquement associée dans les textes ; l'énumération avec la
questure, dans un nombre non négligeable de cas, de plusieurs charges ou dignités va
dans ce sens. Quelle que soit la solution à laquelle on se rallie, la variation des fonctions
sinon d'une cité à l'autre, du moins d'une province à l'autre, est patente.
155
47 Mise à part la place du duumvirat comme consécration, une constatation essentielle est, à
la lumière du cursus du Senon C. Amatius Paterninus (5) et, moins clairement, de ceux de
Verus et de L. Cerialius Rectus (2 et 3), l'imbrication étroite entre charges « civiques » au
sens précis de « concernant toute la cité » et charges plus locales, c'est-à-dire limitées à
des subdivisions de la cité, pagus ou vicus ; le détail de ces dernières sera examiné plus
loin, mais cet aspect doit être souligné ici : les groupes gouvernants sont homogènes et
sont autant impliqués au niveau de la cité que des autres unités administratives
inférieures, y compris hors de leur cité. Ainsi l'anonyme de Lyon (4), quelle que soit son
origine, certainement extérieure à la colonie lyonnaise, est assez concerné par la capitale
des Gaules et plus précisément par le territoire de l'autel fédéral (où il a sans doute
représenté sa cité) pour en être le patron.
48 Cette indifférenciation est patente dans un des deux parcours élaborés (4 et 5) attestés.
Parce qu'on ne peut effectuer de recoupements avec d'autres enchaînements significatifs,
on a rattaché aux Senons l'anonyme de Lyon (4), sur la foi de deux fonctions (actor
publicus et duumvir ab aerario) qu'on retrouve dans la dédicace, postérieure d'un demi
siècle, élevée au Senon Amatius. Ce rapprochement est, assez superficiellement, renforcé
par la présence, dans la fin mutilée du texte, des lettres SEN, qu'on peut développer en
Sen(onius) ; il n'est cependant pas complètement convaincant88. Des autres magistrats
senons connus aucun, en particulier ni la prestigieuse famille de Sex. Julius Thermianus
ni C. Decimius Sabinianus (voir tableau des attestations globales de magistratures, 39 et
40) qui ont pourtant parcouru l'intégralité du cursus, n'énonce aucune fonction : la
caractéristique de la précision énumérative que partagent les pierres d'Amatius et de
l'anonyme de Lyon n'est pas un critère d'identité senone. Cette particularité,
artificiellement invoquée, puisqu'elle sert d'argument pour rattacher à la cité des Senons
l'anonyme de Lyon et, ensuite, de « preuve » de cette parenté, est imputable à un hasard
documentaire et non à la « complexité » des institutions locales89. Il est excessif d'en
déduire que les seuls Senons avaient structuré leur administration municipale en y
introduisant des spécialisations comme le duumvirat financier ou que seuls leurs
magistrats faisaient appel à des représentants comme les actores publici pour les seconder
(on peut faire le parallèle avec les modes de désignation originaux traités plus haut qu'un
examen superficiel aurait pu faire croire spécifiques de Lyon). Les fonctions sont
examinées individuellement à leur place respective, mais leur combinaison fait
apparaître, sans qu'on en soit trop surpris, un semblant de spécialisation : Amatius (5) a
assumé plusieurs responsabilités de type édilitaire culminant, au moment où la dédicace
I'honore, avec la préfecture de l'annone ; dans cette perspective, l'adjectif integerrimus
paraît si pertinent qu'il ne lui a sans doute pas été appliqué au hasard. Son possible
compatriote anonyme (4) est plus « généraliste », et, notamment, sa préfecture de colonie
ne peut être assimilée, sinon par le vocabulaire, avec la préfecture de l'annone
d'Amatius ; à la différence d'Amatius, il ne dit pas avoir oeuvré dans les instances locales
non municipales, mais il a assumé, à l'intérieur de sa cité et dans la capitale fédérale, des
157
responsabilités qui l'ont introduit dans l'ordre équestre. Il avait atteint un échelon
beaucoup plus avancé qu'Amatius au moment où ses subordonnés célèbrent ses mérites.
Ces deux seuls parcours gaulois connus sont, finalement et contrairement à ce qui est
généralement admis, bien différents.
49 De ces esquisses de cursus se dégagent cependant trois points : l'imbrication entre les
niveaux administratifs, municipal et impérial, les rapports entre les cités, la variété et le
nombre des « magistratures exceptionnelles ».
50 On ne reviendra pas sur le passage à l'ordre sénatorial, déjà fait dans les bilans globaux
des sénateurs d'origine provinciale90 ; on donne ici le tableau des notables gaulois passés
dans l'ordre équestre sans s'attacher à leur parcours en tant que chevaliers, qui relève
des études sur cet ordre.
qu'une réelle entrée dans l'ordre équestre comme le font les milices, la consécration
d'une intégration dans les élites provinciales92
52 Les témoignages qui juxtaposent plusieurs cités ne sont pas tous de même nature. En
premier lieu, il faut écarter les hommages qui, à l'autel fédéral de Lyon, célèbrent des
magistrats extérieurs à la colonie, car ils ne sont imputables qu'au rôle centripète du
sanctuaire des Gaules. Les attestations concernant les militaires (tableau, 2, 14) sont à
mettre au crédit des contraintes de mobilité professionnelle ; elles contribuent cependant
à nourrir le réseau de relations entre cités, au même titre que les curateurs de cités,
obligatoirement originaires d'une cité autre que celle qu'ils supervisent quand ils
s'inscrivent dans le cadre provincial (12 à 15)93, de même que le rassemblement sous une
autorité commune de plusieurs cités, décidé par commodité géographique par l'autorité
impériale, a pu être favorisé par des relations antérieures (17 très douteux, voir 19). Ces
attestations ne prouvent pas que les cités ont noué des liens de leur propre fait, mais,
même si ils ont été imposés par les nécessités extérieures, ils ont contribué à favoriser les
rapports.
[.] Minnius
le père est décurion chez les Sogiontes
St Romain-en-Gal Venustus
2 le fils, émérite de la 13 e cohorte urbaine, est
CIL XII 1871 [Sex. ?] Minnius
décurion à Lyon
Vestinus, son fils
Upie
M. Bucc[onius … Lyonnais ? ou Ségusiave ? honoré en Narbonnaise
5 AE 1952 23 = AE
Gale[… près de Valence95
1979 403
Alise-Ste-Reine
7 … ] Professus Niger omnibus honoribus apud Aeduos et Lingones functus
CIL XIII 2873
Avenches,
Helvète, la cité des Éduens et les Helvètes lui
Germanie C. Valer. C. f. Fab.
9 offrent des funérailles publiques, en tant
supérieure Camillus
qu'ancien magistrat sans doute ?
CIL XIII 5110
Villards-d'Héria,
Germanie C. Licinius
10 supérieure Pomptina Aeduus, magistrat honoré par les Séquanes
CIL XIII 5353 = AE Latini fil. Campanus
1979 341
Lyon L. Lentulius
12 Pictavus, curateur des Bituriges Vivisques
CIL XIII 1697 Censorinus
…]elius Mag
[nus ?] (ou Mac
Orléans
13 [..]) Senoni[us, curateur d'Orléans ? 96
CIL XIII 3067
Atepomari [fil.
civi]s ?
Sens C. Decimius
14 Senon, curateur des Vénètes
CIL XIII 2950 Sabinianus
Lyon
15 Marcius Vr[… curat[or… Se]gusiavis 97
CIL XIII 2013
Remagen,
Germanie décurion de Lyon, soldat de cohorte urbaine honoré en
16 …]ius Secundus
inférieure Germanie
CIL XIII 7816
Vienne
CIL XII 1855 et D. Julius D. f. magistrat viennois, chevalier en fonction dans la cité
19
1869, cf. CIL XII Capito des Rèmes (censeur de la cité)
2613
160
53 Il reste moins d'une douzaine d'attestations, dont un nombre non négligeable met
naturellement en scène Lyon, soit à travers des magistrats lyonnais en contact avec
d'autres cités (1, 2), soit, inversement, et l'attraction de la capitale est encore à invoquer,
par l'exercice de magistratures lyonnaises par des étrangers à la cité (3, 4), ou encore le
patronat exercé sur le pagus de Condate par un magistrat peut-être senon (18) 98. D'autres
échanges de type semblable sont très significatifs d'une communauté civique qui déborde
le cadre des cités : les magistratures assumées dans une cité autre que celle d'où l'on est
originaire (6 à 9)99. Peut-être par le hasard documentaire, mais peut-être aussi à cause de
caractéristiques propres, les Éduens sont toujours concernés, preuve du dynamisme de la
cité, que sa position géographiquement centrale a pu favoriser et, pourrait-on aussi
imaginer, d'une certaine ouverture d'esprit. Les deux magistrats (10,11), dont encore un
Éduen, mais cette fois-ci « expatrié », honorés hors de leur cité, ne le sont pas au titre de
leur fonction mais à titre privé et pour des raisons dont nous ne pouvons préciser la
nature. Même si les cités concernées sont la plupart du temps peu éloignées, elles sont
parfois rattachées à des provinces différentes (aux Germanies beaucoup plus qu'à la
Narbonnaise) ; quoique les implications, les conditions, les ramifications de ces rapports
tissés entre les cités à travers les magistrats restent inconnues, leur seule existence, qui
va jusqu'à l'exercice de doubles cursus (6, 7, 9), tempère l'impression de variété que laisse
par ailleurs l'examen des magistratures et prouve l'unité et la solidarité administratives
des Trois Gaules et leurs relations privilégiées avec les Germames.
la phrase est assez insolite : la pratique de faire précéder, et non suivre, la mention de la
charge du nom de celui qui l'occupe ne souffre que peu d'exceptions. En second lieu, les
éléments onomastiques ne sont pas sans parallèles dans les pays gaulois : Dannus est bien
attesté, sous la forme gentilice Dannius autant que comme nom unique, et il en va de
même pour Giamillus / Giamillius. Cependant, une objection à cette lecture subsiste : un
personnage qui s'appellerait Dannus Giamillus porterait deux noms dont le premier n'a ni
la forme gentilice ni la forme prénominale. Soit il s'agirait d'une combinaison
particulière, et jusqu'à présent non reconnue dans les Gaules (mais, semble-t-il, attestée
dans les pays hispaniques), qui juxtaposerait deux noms, d'ordinaire qualifiés de « noms
uniques » puisque, caractéristiques de l'onomastique pérégrine, leur spécificité est
précisément, à la différence de la nomenclature citoyenne, d'être employés seuls. Soit il
faut corriger per Dannum en per Dann(i)um pour en faire l'accusatif du gentilice déjà
connu ; on doit alors supposer une imprécision de lecture (un I non déchiffré, peut-être
en ligature ?) ou bien une erreur du graveur (qui a par ailleurs simplifié fecerunt en ferunt)
110
. Bien que cette dernière solution soit la plus économique, elle ne permet pas de
trancher définitivement la question de la signification de dannus.
59 Deux préfets (1-2) ne présentent pas une titulature suffisante pour émettre des
hypothèses raisonnables sur leur rôle ; le premier est cité sur un fragment très réduit, le
second est chargé de la réfection d'un temple, probablement mais pas obligatoirement
parce qu'il est aussi magistrat, et le fait qu'il soit cité chez les Senons ne permet pas à lui
seul, contrairement au raisonnement tenu d'ordinaire, de compléter son titre en
praefectus coloniae, même si un des deux préfets de colonie des Gaules est sans doute senon
(3). Parce que le second préfet de colonie connu, chez les Vellaves (6) est aussi gutuater,
prêtrise gauloise, parce que le premier (3) se nomme très hypothétiquement C. Julius, on
a placé cette fonction aux débuts de la domination romaine, en en faisant, comme pour le
vergobret et le dannus, un héritage celtique ; cette déduction est irrecevable parce que le
préfet peut-être senon (3), quel que soit son nom, même s'il est homonyme de César, est
daté sans hésitation, par une mention impériale, de la fin du IIe ou du début du IIIe s. Par
ailleurs, l'hypothèse qui fait du préfet de colonie un magistrat chargé de la gestion du
chef-lieu de cité est sans fondement, et même inacceptable. On a déjà dit que
l'assimilation entre colonia et chef-lieu est injustifiée ; il est encore plus curieux qu'elle ait
été proposée dans ce cas : le rattachement aux Senons de C. Julius, cité à Lyon, a été
suggéré par la présence dans son cursus de deux fonctions ( duumvir ab aerario, actor
publicus) qui ne sont attestées que là et une seule autre fois ; or cet autre personnage, C.
Amatius Paterninus (4) est précisément édile du vicus de Sens, c'est-à-dire, seul cas sûr en
Gaules, d'un chef-lieu, qui, étant au milieu du IIIe s. vicus, peut difficilement avoir, un
demi-siècle plus tôt au minimum, été désigné comme colonia, même si on imagine que
l'administration du vicus était très complexe et nécessitait de nombreux responsables 112.
Quelle que soit la façon dont il était choisi (par désignation ? de qui ? des décurions ? des
duumvirs ? du populus ? par cooptation ? parmi les magistrats ? les décurions ?), quel
qu'en soit le nombre (on ne le connaît que par unité, mais il en va de même de plusieurs
fonctions, édilité, questure, préture, qui sont sans doute, d'une façon ou d'une autre,
regroupées en collèges), un praefectus coloniae ne peut avoir eu en charge que la totalité du
territoire de la cité113. La proposition la plus vraisemblable est d'en faire un représentant
des autorités municipales qui leur servait de relais, perpétuel ou chargé d'une mission
ponctuelle à l'intérieur de la cité, et qui, loin d'être confiné aux débuts de l'empire, serait
plutôt apparu avec la spécialisation et la diversification de l'administration des cités. La
préfecture de l'annone (4), elle aussi chez les Senons, et les préfectures des appariteurs
(7), des vigiles (5) et des pompiers (8), datées de la fin du II e - IIIe s., avec certitude pour la
première et la dernière, de façon plus incertaine pour les autres (à partir des noms
Flavius et Aurelius), illustrent la subtilité de la situation : certes, l'exercice concret de ces
charges concernait essentiellement, notamment pour les deux dernières, la ville
proprement dite, c'est-à-dire le chef-lieu, mais cette limitation territoriale imposée par
des contraintes matérielles n'implique pas que les magistrats dirigeant ces services soient
magistrats de la ville et non de la cité, au contraire ; il ne fait pas de doute que la charge
164
de praefectus annonae designatus (4) qui clôt le cursus détaillé de C. Amatius Paterninus le
Senon l'est, comme les deux précédentes, civitatis, sinon la précision inverse aurait été
apportée, comme elle l'est pour les fonctions s'inscrivant dans le cadre d'un vicus ou d'un
pagus. On comprend parfaitement dans ces conditions que ce soit le splendidissimus ordo de
la cité des Trévires et non une instance de la ville de Trèves qui intervienne pour
autoriser le préfet des fabri dolabrarii (8) à assurer la construction d'un temple dans la
ville.
VII. Le princeps
60 Un raisonnement exactement similaire aux précédents a fait de C. Jul. Julius, auquel la
civitas Segusiavorum offre publice un funus et un monimentum comme principi suo, un
magistrat unique, de date haute114, singularité d'autant plus volontiers admise que les
Ségusiaves ont livré une autre curiosité, un quattuorvir (voir tableau ci-dessous, 5). Il est
indiscutable que C. Julius Julius s'est, d'une façon ou d'une autre, signalé à l'attention de
ses concitoyens qui ont tenu à lui décerner collectivement des honneurs funèbres
publics ; mais ni le texte de l'inscription ni le contexte ni les autres emplois du mot 115 ne
contraignent à l'insérer dans le cadre administratif ; C. Julius peut tout autant s'être
distingué autrement, par des bienfaits, ou une intervention en faveur de la cité ou par un
exercice avisé de magistratures sans que la formule qui le qualifie mentionne ces
magistratures. Princeps, le « premier », non dans le contexte d'une hiérarchie stricte mais
dans une acception honorifique, presque morale, de « dignitaire »116 ne s'applique pas
obligatoirement à un magistrat. Même si on a restitué [primarius ou principalis] vir dans le
texte de Lectoure où des vicani honorent L. Rocius Lepidus, ce formulaire, trop aléatoire,
doit être revu puisqu'il ne repose sur aucun parallèle valable et n'apporte aucun élément
en faveur de cette argumentation117.
sur une assimilation très douteuse avec l'Italie puisque, en Narbonnaise, la présence de
quattuorvirs permet de distinguer précisément les colonies latines des colonies romaines
122. Il reste que des quattuorvirs sont attestés en Gaules, à côté des duumvirs, et qu'une
Note 123123
Note 124124
62 Examinons d'abord le Carnute transplanté à Lyon (6) ; il pose plusieurs questions : il n'est
connu que par un manuscrit qui a très probablement été mal lu puisqu'on a transcrit IIIvir
qui peut également avoir été substitué à IIvir, beaucoup plus fréquent que IIIIvir, mais le
doute impose sa mention dans le dossier des quattuorvirs, afin de pouvoir l'analyser,
quitte à le récuser après avoir pesé les arguments125. Cependant l'agencement de
l'ensemble de l'inscription, sans être inacceptable, engendre la suspicion : DM et memoriae
aetern. Litiavi Necochoris (f.) sagarico ci. Carnuteno Macidula conjugi carissimo IIIvir. vivus erat
[…] et sub ascia dedicaverunt. Puisque les noms sont au datif, Necochoris ne peut être que la
filiation du défunt (notons que tous les éléments onomastiques sont inconnus ailleurs 126) ;
en ce cas sagarico, au datif, a toutes chances d'être un métier plutôt qu'un deuxième nom
formé sur le gentilice Sagarius127, d'autant plus que Litiavis signale ensuite son origine
étrangère à la ville, pratique parfaitement cohérente avec le métier de marchand. Il serait
alors curieux que le mot interprété comme IIIvir soit une fonction, qui, importante pour
un personnage de milieu modeste, n'aurait pas été repoussée après une expression banale
de parenté (conjugi carissimo) ; on ne saurait non plus isoler comme une formule
autonome au nominatif IIIvir vivus erat, l'expression devenant ridicule. Toutes ces
considérations incitent à corriger ce texte, peut-être à mettre son authenticité en
question, mais ne permettent pas vraiment de l'éliminer, d'autant moins que plusieurs
166
mentions de quattuorvirs subsistent, dont deux sont indéniables : C. Julius Sex. fil.
Serenus IIIvir à Saint-Bertrand-de-Comminges à la fin du I er s. - début du II e s.128, et L.
Cerialius Rectus IIIvir et questeur, au pagus de Bois l'Abbé, un siècle plus tard 129 (2 et 1). Si
on part du postulat qu'il est exclu qu'il s'agisse de quattuorvirs de cité, on argue de la
mention dans le libellé pour celui-ci du pagus, pour celui-là de [convic]ani très
problématiques pour affirmer que ces personnages ne sont pas magistrats de cités mais
de subdivisions administratives (pour lesquelles, on le verra ci-dessous, pareille
magistrature est absolument inconnue) : comme il arrive souvent, le prémisse devient
conclusion et l'argumentation se mord la queue. Trois pièces douteuses renforcent le
dossier des quattuorvirs : IIII [… (=Illlvir ?) inscrit sur un morceau de plaque métallique
trouvé à Boiron (5)130, quelques lettres découvertes près de Clermont-Ferrand (3)131, et,
dans le même esprit que pour ce deuxième document, un développement [IV]vir suggéré à
côté de [II]vir pour des textes incomplets de Saintes et de Saint-Bertrand-de-Comminges
(4)132. Aucun des éléments n'est absolument irrécusable (la plaque de Boiron peut avoir
passé la frontière toute proche de la Narbonnaise, et la lecture des deux autres pierres se
réduit à des hypothèses) ; le dossier reste si mince, l'effectif des quattuorvirs si faible
(comme celui des municipes en Germanies d'ailleurs) qu'on est tenté de le clore par une
réfutation globale, mais, inversement, il suffirait de la découverte, à l'image de celle de la
dédicace de Bois l'Abbé, d'une ou de deux inscriptions pour faire basculer définitivement
l'interprétation de documents déjà connus en faveur de la présence de municipes en
Gaules (avec quattuorvirs ou non), en nombre réduit comme en Germanies, et, par suite,
pour placer fermement les Tongres en Belgique.
63 C'est avec un certain soulagement qu'on peut affirmer que T. Aurelius Flavinus, cité à
Oescus, Mésie inférieure133, bouleute de plusieurs cités, dont les Tongres, peut être éliminé
de la liste des magistrats des Gaules, à double titre : les Tongres ne sont probablement pas
ceux de Belgique, et un bouleute n'est pas un magistrat ; le cas ayant été parfaitement
argumenté, il est inutile de le développer134.
64 Enfin, bien qu'elle soit sans conteste à classer parmi les fonctions équestres, la charge de
censor civitatis Remorum foederatae exercée par D. Julius Capito mérite d'être brièvement
évoquée. Membre bien connu d'une famille viennoise, magistrat et prêtre municipal, il a
entamé un cursus équestre, dont on connaît deux étapes indiscutables : le tribunat
militaire de la IIe légion adjutrix et la procuratèle ducénaire d'Asturie et de Galice 135 ; on
rattache aussi sans hésiter au parcours équestre sa fonction de censor de cité, qu'on classe
dans la catégorie sexagénaire. Cette censure des Rèmes, équestre, donc mission exercée
sur mandat impérial, comme on en connaît beaucoup d'autres dans le monde romain,
pose quelques problèmes. La formulation seule désignerait la charge comme municipale ;
on n'en connaît aucun parallèle ni pour aucun chevalier (soit une formule développée soit
le terme censitor sont employés 136, et l'assimilation de censor et de censitor sans autre
analyse, au point que censitor est souvent appliqué à tort à Julius Capito luimême, ne
paraît pas absolument aller de soi) ni pour aucune cité, mises à part les villes italiennes et
quelques villes siciliennes, sous la République ou au début de l'Empire. De plus, les
dédicaces à Julius Capito ne respectent pas une séparation stricte entre les fonctions
municipales et les charges équestres, notamment le triumvirat locor. publ. pers. qui fut
exercé après le tribunat légionnaire avant lequel il est mentionné137 : le censeur
municipal, qui met au net l'album de la curie, est certes rarement mentionné, autant dans
les documents épigraphiques que dans les oeuvres littéraires138, mais les opérations de
cens assurées par les chevaliers ne le sont que dans le cadre d'une ou de plusieurs
167
provinces ou de plusieurs cités, jamais pour une seule cité, mis à part Julius Capito 139. Si D.
Julius Capito est certainement un censeur équestre, les raisons ne tiennent qu'à la logique
de la structure des formulaires épigraphiques : bien que Viennois il aurait pu faire
carrière dans une autre cité, d'une autre province, mais la censure, équivalente au
quinquennalat, constitue le couronnement d'une carrière municipale or aucun stade de
celle-ci ni aucune formule globale la résumant ne sont mentionnés par les Rèmes dans
l'hommage qu'ils lui élèvent à Vienne, alors qu'à l'inverse la partie restante de la dédicace
du conventus des Asturies, ne retient que certaines étapes équestres, sélectionnées, et
parmi elles la censure de la cité des Rèmes140.
Aquitaine, Bituriges
Nemetogena ancilla publica Vivisques, Bordeaux
CIL XIII 603
168
Belgique, Médiomatriques,
Jul. Paternus tabellarius Sablon
CIL XIII 4313
Belgique, Trévires,
Wasserbillig
[Doccius ?] Acceptas tabul[arius
CIL XIII 4208 = AE 1967 320
et 1987 771
Lyonnaise, Lyon
Marcus CorneliusRufinus civis Lug. tabellarius ejusdem civitatis
CIL XIII 1989
Belgique,
statores (dirigés par un préfet) Médiomatriques,Metz
CIL XIII 4291
Lyonnaise, Lyon
vigiles (dirigés par un préfet)
CIL XIII 1745
169
Aquitaine,
graphicus143, doctor, librarius, maisaussi lusor
Ausques, Le
C. Afranius Clari lib. latrunculorum (joueur d'échecs) = employé privé plutôt
Hallai
que municipal ?
CIL XIII 444
Matem(ius
Sens, Senons
Eucharistas et Pat officiales de C. Amatius Paterninus magistrat municipal
CIL XIII 2949 =
[e]r(nius Pollio Sill( des Senons
ILS 7049
)
A éliminer
Aquitaine,
Bitariges
anonyme, peut-être …]s lictor, sans doute en poste non à Bordeaux mais
Vivisques,
[Au]gustalis à Rome : cives urbicus
Bordeaux
CIL XIII 593
67 Les curateurs de citoyens romains sont rappelés ici, pour mémoire : bien qu'ils ne fassent
pas partie du personnel municipal et que leur présence ne soit pas liée à un statut
spécifique de la cité (même si on peut penser que les conventus de citoyens romains se
forment de préférence quand les effectifs sont assez nombreux grâce au droit latin), les
curateurs participent sinon à la vie administrative, du moins à la vie publique puisqu'ils
contribuent à la célébration, au niveau municipal et provincial, du culte impérial 144.
LYONNAISE
Sex. Ligurius Sex. fil. Galeria Marinus CIL XIII 1921 = ILS
11 Lyon
summus curator c. R. provinc. Lug. 7024
BELGIQUE
68 On peut remarquer que, une fois encore, l'Aquitaine se distingue, ici par le nombre
proportionnellement considérable des attestations (8 contre 3 pour la Lyonnaise) ; sans
nul doute l'« avance » de la province sur la voie de la romanisation, son acclimatation
rapide au cadre administratif et donc à la fois la progression de la citoyenneté et la
structuration en associations en sont la cause. L'attestation unique de Belgique va dans le
même sens. Qu'un des curateurs soit affranchi (1) n'importe pas ici ; en revanche il faut
remarquer que cette responsabilité n'est pas souvent associée à l'exercice de
magistratures (7) et que les différents niveaux de l'administration romaine sont
représentés, la province (8, 11), la cité et son chef-lieu (2 à 5, 7, 12), les agglomérations (1,
9), le vicus (6), qui, comme nous allons le voir pour les mentions de cette subdivision, est
le lieu de découverte mais non d'exercice de la fonction.
171
70 N.B. : on n'a pas décompté les documents, mais les attestations de pagi et de vici
individuels. Les variantes, pagus ou pagani, vicus ou vicani étant importantes, elles ont été
respectées151.
Les vici
172
173
Les pagi
Note 152152
Note 153153
Note 154154
Note 155155
Note 156156
Note 157157
Note 158158
Note 159159
Note 160160
71 Le premier coup d'oeil sur la liste des vici et des pagi fait ressortir que la Belgique est, en
proportion inverse du volume global de la documentation, la province la mieux pourvue
en attestations de ces structures (40 pagi et vici connus pour la Belgique, contre 31 pour la
Lyonnaise, 17 pour l'Aquitaine). Si, à l'intérieur des divisions provinciales, les
témoignages ne sont pas répartis de façon uniforme (la richesse épigraphique en
conditionne en partie le nombre, l'abondance des Trévires en fait foi), cette explication
ne suffit pas : le contraste avec les attestations des autres structures, beaucoup mieux
connues pour la Lyonnaise que pour la Belgique, ne peut être totalement imputable au
174
hasard documentaire. Faut-il donc en déduire que, dans cette dernière province, ces
subdivisions sont les plus vivantes, surtout les vici ? On peut légitimement penser que,
mieux adaptées aux milieux romanisés plus progressivement, elles ont acquis plus de
vitalité là où le cadre civique romain s'est développé plus tard. La pauvreté, en dépit d'un
volume documentaire similaire à celui de la Belgique, de l'Aquitaine, dont la parenté avec
la Narbonnaise tôt romanisée et l'adaptation immédiate aux structures administratives
urbaines romaines ont déjà été soulignéesi161, va dans ce sens.
73 Pour déterminer leur nature et leur rôle respectifs, vicus et pagus doivent être examinés
parallèlement.
74 On classe les vici en deux catégories : les vici « ruraux », agglomérations indépendantes
situées sur le territoire de la cité ; ce sont ceux dont les archéologues discutent depuis
longtemps les critères, en l'absence de désignation explicite (ce débat qui n'a guère
d'issue ne nous concerne pas directement ici), et les vici « urbains », quartiers d'une ville,
capitale de cité ou non. Le partage ne se fait que selon la localisation des témoignages,
aucun élément interne aux documents ne permettant de discerner aucune différence. La
majorité des inscriptions concerne les vici « ruraux », mais celles qui posent un problème
sont celles des vici « urbains » ; ils sont considérés comme des quartiers de ville, quand ils
sont multiples et/ou que cette ville est connue pour être le chef-lieu. On cite toujours
dans cet esprit les vicani Spariani à Bordères-Louron (mais le support est en réemploi dans
une église, les vicani se trouvent peut-être cités là par hasard 164), les vicini Florentini peut-
être à Saint-Bertrand-de-Comminges (voir tableau), le viens Honoris et le vicus Paris à Metz,
les trois vici de Trèves, mais, pour respecter la logique du raisonnement, il faudrait
ajouter les vicani de Lectoure (leur cas sera évoqué plus bas), et, pour les capitales, à Sens
incontestablement désigné comme un tout (vikani Agiedincenses), Saint Girons-Saint Lizier
(où est attesté aussi un duumvir), Lillebonne et Nantes.
75 Ce dernier cas a donné lieu à une controverse qui mérite d'être d'approfondie. Trois
dédicaces, toutes à Vulcain, seul ou associé au culte impérial, ont été trouvées dans un
fossé, à la porte Saint-Pierre, au centre de l'agglomération nantaise, l'une au XVI e s., les
deux autres au XIXe s. ; elles mentionnent des vicani Portenses qu'on a identifiés comme
Namnetenses, bien qu'aucune lacune ne suive Portenses, et que la formule ne soit jamais
attestée avant la Table de Peutinger, où le toponyme Portus Namnetum (Portunamnetu)
n'est pas accompagné de la vignette de capitale165. Ce développement épigraphique serait
la première mention de Portus Namnetum, mais il en découle aussi, même si cet élément
essentiel n'a pas été assez souligné, le statut de vicus du chef-lieu de la cité.
76 En un premier temps, il a été admis, simplement, que le Portus et Condevicnum, le
« confluent » (de la Loire et de l'Erdre) cité par Ptolémée seul comme la « ville des
Namnètes », avaient fusionné, constituant la ville de Nantes, mais une objection a été
avancée : l'impossibilité géographique que la superficie connue de la ville antique, trop
réduite (18 à 20 ha selon les dernières estimations), englobe un port, excluant ainsi
l'éventualité de voir dans ce vicus non autrement désigné un quartier urbain, spécialisé
dans les activités portuaires166. En revanche, sur la rive opposée de l'estuaire on
connaissait un site portuaire plus favorisé par la nature, Rezé167, et il faut toujours
176
faut aussi souligner que Rezé est connu au début du Moyen Age comme vicus Ratiatencis .
177
Certes, cette éventualité implique l'existence de liens étroits entre deux cités et même deux
provinces des Gaules puisque Rezé est toujours présenté comme le port des seuls Pictons, la
Loire formant la frontière, non seulement entre les cités mais entre la Lyonnaise et
l'Aquitaine. Encore cette frontière at-elle été modifiée, précisément pour détacher Rezé des
Namnètes et le joindre aux Pictons, entre 56 av. et 17 ap. J.-C. sans doute. Il n'est pas
imaginable que deux villes aussi proches, par leur histoire, leur situation et leur rôle, n'aient
pas entretenu des rapports, religieux, culturels et commerciaux, quand la limite les séparant
était purement administrative et avait varié. La répartition des espèces monétaires tend à
montrer que les Namnètes étaient plus actifs au sud de l'estuaire de la Loire que les Pictons
178
et il est invraisemblable que les habitants de l'un aient ignoré ceux de l'autre, alors que
leurs intérêts coïncidaient. Au contraire, Rezé n'aurait-il pu, même après son rattachement
à une autre cité qui le transportait dans une autre province, conserver sa place de débouché
fluvial, y compris pour les régions du nord de la Loire, et en premier lieu maintenir des liens
réguliers avec l'autre rive, exprimés par les dédicaces élevées par ses ressortissants à
Nantes ? Les commerçants et les instances représentatives du vicus portuaire prospère
s'associaient naturellement aux cultes de leurs voisins et partenaires de la capitale namnète.
Celle-ci (Condevicnum ?) au statut juridique inconnu, au tracé urbain effacé par la
superposition de la ville postérieure à la ville antique, a pu développer des installations
portuaires spécifiques, restées modestes notamment parce que celles de sa voisine, le vicus,
devenu picton, de Rezé, avaient longtemps suffi. Soulignons que la reconstitution qui fait
succéder Nantes à Rezé à partir du IIe s. dans une suprématie portuaire, non prouvée, ne
saurait être superposée à une évolution du rôle administratif 179.
• Même si on n'accepte pas cette proposition d'identification des vicani Porteuses comme
Ratiatenses et non plus Namnetenses, il est essentiel de garder en mémoire que la coïncidence
géographique entre lieu d'apparition d'un document et lieu(x) cité(s) par ce document n'est
pas contraignante, le cas des pagi le prouve avec éclat180.
79 La base documentaire épigraphique n'éclaire pas l'origine des pagi, sinon que la
désignation de certains d'entre eux par le nom d'un peuple et la présence chez les
Riedons d'un pagus Carnutenus que l'autorité romaine aurait pris aux Carnutes pour le
rattacher aux Riedons peuvent conforter leur image d'héritiers des structures tribales
indigènes. Cependant, la plupart des noms de pagi ne sont pas explicables : certains
viendraient d'anthroponymes, de notables ? de propriétaires terriens ? évoqueraient des
richesses naturelles181 ? Sans aucun doute un pagus est un territoire qui a des limites
officielles (voir le finis pagi Carucum)182 et auquel la population est officiellement rattachée
(le pagus Condrustis mili[t(ans)] in coh. III Tungro(rum) offre une dédicace collective 183). On ne
peut déterminer ni une taille moyenne ni un nombre moyen de pagi par cité : le chiffre de
quatre, à l'appui duquel on cite un passage de César184, n'est ni confirmé ni infirmé par les
sources épigraphiques puisqu'on connaît 4 ou 5 pagi chez les Trévires, 3 chez les Leuques
ou chez les Convènes, 4 ou 5 chez les Riedons. De plus, les sources littéraires citent des
pagi beaucoup plus nombreux que l'épigraphie, sans qu'il y ait jamais recoupement, et on
n'est jamais fondé à penser qu'on a une attestation épigraphique par pagus, même
lorsque, comme chez les Riedons, le dossier est très fourni : les pagi ne sont pas énumérés
dans le même texte, mais dans des dédicaces dont rien ne prouve que la série entière nous
est parvenue et les limites assignées aux pagi connus sont hypothétiques de sorte qu'on
ne peut ni savoir s'ils recouvrent la totalité de la cité ni établir une relation entre le degré
de romanisation et le nombre de pagi. Il faut aussi remarquer que, si les pagi sont, comme
on le pense souvent, des traces résiduelles de divisions ou de statuts territoriaux
178
niveau de la cité, honorent des pagi et les divinités qui leur sont associées, et sur le plan
religieux puisqu'un même dieu, Mars Mullo, peut être associé à plusieurs pagi et être
honoré par un culte et des sacerdoces de toute la cité dans le chef-lieu de laquelle il a un
temple. Flavius, prêtre impérial de la cité des Riedons et flamine du dieu de la cité, Mars
Mullo, qui honore à Rennes la maison impériale et les différents pagi qui composent la
cité, est à son tour honoré par celle-ci pour ses bienfaits ; les échanges ne sont ni
uniquement centripètes ni dirigés uniquement du bas (le pagus) vers le haut (le chef-lieu),
d'une entité que les études locales décrivent volontiers comme rurale et liée à des
divinités topiques vers un centre urbain dévoué au culte impérial ; il y a brassage,
solidarité, coopération, tant au niveau des hommes que des croyances. Cependant, même
si la civitas fait un tout, concerné par les actions et les décisions des pagi, ceux-ci lui sont
subordonnés : la civitas, à travers les décurions, autorise l'érection des statues de divinités
des pagi et décide du lieu où elles seront exposées. La gestion propre des pagi n'équivaut
pas à leur autonomie193.
81 La différence essentielle entre les vici et les pagi ne réside ni dans leur rôle ni dans leur
nature, rurale ou urbaine, ni dans leurs relations avec la cité mais dans leurs institutions.
82 Les pagi ont des instances de décisions officielles, qui sont mentionnées en termes
absolument identiques à ceux qu'utilise la civitas. Les decreta pagi, évoqués dans des
formules dont le laconisme prouve le caractère coutumier, émanent de représentants du
corps civique qu'on peut imaginer comparables aux décurions de cité : l(oco) d(ato) d
(ecreto) p(agi) Cond(atis)194, l. d. ex d. pag.195 permettent de développer v. s. l. m. d(ecreto) p(agi)
196
chez les Leuques, et, dans la même cité, ex d. o. p. en ex decreto ordinis pagi 197 ; mais, mise
à part l'hypothèse, qu'on ne peut accepter, selon laquelle le decurio Vitorius Caupius le
serait d'un pagus des Tongres (il est en fait décurion de la cité) 198, rien n'autorise à dire
que l'ordo du pagus est, à l'image de celui de la cité, composé de décurions ; decretum
implique l'existence d'une assemblée, mais n'entraîne pas la dénomination de ses
membres, même si l'appellation décurion n'est pas à exclure. De même, on peut supposer,
mais cela reste dans le domaine de la probabilité, qu'une autonomie plus grande est
concédée si les finances et la vie publique du pagus seul sont en jeu, comme dans les
exemples cités ci-dessus qui concernent la concession de terrains publics ou l'exécution
de dédicaces, ou comme pour l'affranchissement qui fait de l'ancien esclave du pagus
Teucoriatis Teucoriatius Securus 199 : jamais on ne mentionne l'approbation des autorités
de la civitas (même si les dédicaces des Riedons évoquées montrent qu'elles interviennent)
non plus qu'une délégation de pouvoir200 ; une procédure de contrôle ou
d'enregistrement, si la décision met en cause l'autorité centrale et la responsabilité de la
cité, est conforme à la vraisemblance mais jamais attestée. En effet, l'existence de
magistrats, magistri, ou quaestores spécialisés dans les finances rend plausible celle d'une
caisse du pagus même si tous les frais engagés dans les pagi et les vici le sont à titre privé
dans l'épigraphie201. Si ces magistrats de pagus sont bien attestés, une incertitude subsiste
parfois quant au cadre d'exercice de leur fonction : l'homogénéité du personnel et des
missions est telle que les deux niveaux, celui du pagus et celui de la civitas, ne sont pas
toujours différenciables, et, que, pour les charges d'intitulé semblable (la questure
notamment) on ne peut départager les pagi des civitates, d'autant qu'un seul parmi les
magistrats de pagus ayant une onomastique pérégrine, l'appartenance au corps des
citoyens ne les différencie pas202. Il est par ailleurs frappant que, si les pagi sont assez
souvent cités, les pagani le sont rarement, à l'exception, remarquable et qui devrait être
analysée à la lumière de l'ensemble de l'épigraphie de leur cité, des Convènes 203 ; le seul
180
texte qui fait peut-être référence à des habitants de pagus regroupés (les actores ? les
possessores ?) est très lacunaire204. Les pagi s'expriment à travers des représentants
officiels, qui ne sont ni en majorité pérégrins, ni distincts des magistrats de la cité : ceux-
ci interviennent dans les pagi auxquels ils font des dons, dont ils sont patrons, d'autant
plus volontiers qu'ils en ont été, en sont ou en seront magistrats. Rien ne survit de la
probable origine indigène de la structure et le heu commun de « milieu indigène
romanisé » pour désigner les responsables des pagi ne leur convient ni plus ni moins qu'il
ne conviendrait à ceux de la cité ; la coexistence de mentions de pagus et de civitas dans
les mêmes textes est tout à fait banale205. Les deux documents qui mentionnent, dans la
civitas de Lyon, le pagus de Condate, son magister, son patron, la pratique du banquet
public ne posent donc aucun problème particulier206 : ils correspondent parfaitement au
pagus portion administrative, mais pas obligatoirement rurale contrairement à ce qui est
très souvent affirmé, de territoire d'une cité ; comme il a été dit, que celle-ci soit colonie
romaine ne change rien ; il n'y a rien d'étonnant à ce que le pagus de Condate, subdivision
de la colonie lyonnaise, même de superficie réduite, ait gardé, jusqu'au III e s. au moins,
une vitalité et une identité d'autant plus affirmées qu'il était le siège de l'autel fédéral.
LYONNAISE
CIL XIII
Condate, Lyon 1670 C. Gentius Olillus magister pagi bis
= ILS 7036
AQUITAINE
CIL XIII
Verus, quaestor pagi, magister ; il est aussi duumvir,
Hasparren, Tarbelles 412
questeur et flamine
= ILS 6961
BELGIQUE
AE 1978
L. Cerialius Rectus, questeur du pagus ? ou plutôt de la cité
Bois l'Abbé, Ambiens 501
où il est quattuorvir
= 1982 716
Rappel des représentants officiels de pagus, non magistrats et des cas à éliminer
CIL XIII 2949 C. Amatius Paternus, actor publicus pagi Tout(iaci ?), qui
Sens, Senons
=ILS 7049 exerce plusieurs magistratures de cité
ILB 60
Vaux-les-Cherain, épitaphe privée, Vitorius Caupius est sans doute decurio de
= AE 1921 66
Tongres cité
=F3
AE 1916 26
Trèves, Trévires Secundius Primulus est autistes c'est-à-dire prêtre
= KTrier 181
83 On ne peut guère douter que la personnalité administrative du vicus est différente de celle
du pagus. En tout premier lieu, à l'inverse de pagus et pagani, les mentions de vicani sont
beaucoup plus nombreuses que celles de vicus 210 : les pagani agissent à travers les
magistrats qu'ils se sont donnés, les vicani, qui forment une communauté bien vivante et
définie, s'organisent pour agir collectivement, en l'absence d'instance représentative. La
plupart des emplois de vicus correspondent à une indication de localisation (vico) ou
d'appartenance (vicani vici) ; quatre occurrences seulement sur plus de trente cinq
utilisent vicus pour désigner une entité.
84 Vico : locatif
Leuques, Soulosse, CIL XIII 4679 : vico Soliciae, emplacement d'une dédicace
Médiomatriques, Donon, CIL XIII 4549 : a vico Saravo, emplacement d'une borne
Médiomatriques, Herapel, CIL XIII 4481 : vico[…, résidence de negotiatores qui
consistunt…
Éduens, Monceaux le Comte, CIL XIII 2828 : vico Brivae Sugnutiae, résidence des opifices
loricari qui… respondent
182
87 L'image du vicus, ressort administratif qui possède ses propres instances, est, en Gaules,
absolument infirmée par l'examen des témoignages. Contrairement aux pagi, aucune
décision collective de vicus n'est désignée comme un decretum ou une sententia vici 211,
jamais il n'est fait mention d'ordo vici, et, s'il est indéniable que des magistrats de vicus
sont connus en Narbonnaise et en Germanies, même s'ils sont rares212, il est tout aussi
indéniable que, dans les Trois Gaules, il en va autrement, et on a vu à plusieurs reprises
que l'assimilation systématique entre provinces n'est pas justifiée. Dans les vici, même
dans les contextes où on attendrait une mention de fonction officielle, celle-ci n'apparaît
pas213 ; un cas isolé, susceptible d'interprétation subjective et lié à un contexte particulier
serait sans signification, mais l'unanimité est frappante. Rappelons que lieux de mention
et d'exercice d'une magistrature ne se superposent pas, le personnel administratif n'étant
pas différencié entre niveau local et niveau de la cité ; on ne peut départager les deux que
si la précision est apportée, or, parce qu'il n'en va jamais ainsi pour un vicus, on se trouve
en présence de quelques cas apparemment ambigus214, mais il est invraisemblable que A
[…]f. [P]omp. Sab[inus], fasse office de curateur des citoyens romains dans un vicus 215, et rien
n'indique que L. Julius Equester et ses fils, qui, magistrats et prêtres de la cité des
Bituriges Cubes, font don de bâtiments au vicus de Néris y exercent une quelconque
responsabilité216. On ne peut absolument pas associer le quattuorvirat incontestable du
chevalier C. Julius Serenus, chez les Convènes, sous Trajan, et l'identification très
douteuse d'un des groupes des dédicants l'honorant à des [convic]ani pour faire de ce
quattuorvir un magistrat ce vicus217 ; et G. Velorius Sacrillius, que les vicani Belgin(enses ou
-nates) ont chargé (curante) d'exécuter une dédicace en l'honneur de la maison impériale
et d'Epona était sans doute q(uaestor) 218, mais de quoi ? rien ne dit qu'il s'agit du vicus, un
pagus est attesté au même endroit, et il l'est plus probablement de la cité des Trévires, à
Trèves, ce qui, allant de soi, n'est pas précisé219. Cette interprétation est d'autant plus
convaincante qu'on a la preuve que, lorsqu'il y a, pour un même personnage, risque de
confusion, la précision nécessaire est apportée (sans qu'on puisse dire qu'elle l'est
toujours) ; autrement dit, si questeur ne signifiait pas questeur de cité, cela aurait sans
doute (mais peut-être pas toujours) été dit220. On ne peut donc retenir ces occurrences
comme preuves de l'existence de magistratures de vicus. Dans tous les cas où un acte
officiel est exécuté dans un vicus, il l'est nomine vicanorum par un personnage, citoyen
183
romain ou non, mais qui ne porte aucune titulature ayant trait au vicus 221, tandis que,
dans un contexte exactement similaire, les pagi évoquent un questeur ou un magister. Au
mieux ces mandataires pourraient être curateurs sans que cela soit clairement énoncé ;
cette hypothèse que la présence du mot cur. autorise 222 est renforcée par l'expression,
quand le mandat dure plus longtemps, du mot curateur : ainsi chez les Trévires, les
curatores vici chargés de veiller à l'exécution d'une donation qui, outre des équipements
publics, comprend l'organisation de jeux annuels, et par conséquent une mission de
longue durée, sont désignés par ce titre ; ils ne sont pas nommés individuellement, et la
formulation laisse supposer que le vicus a en permanence des curateurs, qui seront
chargés, entre autres, de cette responsabilité223 ; les adores vicanorum du port de Nantes -
Rezé correspondent exactement à ce cas de figure224. Il faut effectuer une distinction
nette entre les mentions de magistrats au sens strict et les attestations de représentants
d'une collectivité mandatés par consensus ; il en va ainsi des curatores ou des actores qui
ne sont pas des magistrats nommés ou élus s'inscrivant dans l'organisation municipale
des provinces mais qui agissent le plus souvent au nom des vicani (et non du vicus) ; aux
premiers a été confiée une tâche (exécution d'une donation, d'une dédicace) qu'ils
mènent à bien sans doute à frais publics, aux autres revient probablement la gestion
financière225. Que leur existence révèle « une personnalité juridique reconnue » n'induit
ni qu'ils sont les magistrats élus de celle-ci, contrairement aux magistri ou aux quaestores
de pagus dans les mêmes circonstances (il suffit de rappeler que les curatores ou les actores
peuvent aussi agir au nom de particuliers)226, ni qu'ils reflètent une autonomie
administrative du vicus. Par ailleurs, l'emploi, dans la dédicace trévire de la fin du II e s.
évoquée plus haut, d'un mode de datation résolument romain, par la mention des consuls
227
, et l'usage absolument généralisé de formulaires votifs sans aucune particularité
battent en brèche l'image du vicus indigène, « ethnique » même pour certains, et
témoignent de la parfaite intégration des vici dans le cadre des cités romaines.
88 Il reste deux attestations de magistrats réellement dits de vicus, dont l'une est
incontestable. Examinons d'abord celle qui semble devoir être réfutée. Célèbre parce
qu'unique, et par conséquent souvent citée, elle vient de Metz, et concernerait un vicus
des environs228 : deo Mercurio numini sanctissimo Amilius magister vici Bodatii 229. Les premiers
éditeurs émettaient les plus grandes réserves sur l'authenticité du document : personne
ne l'a jamais vu, il apparaît dans des manuscrits du XVIIe s. que personne n'a jamais eus
en main mais qu'ont exploités ensuite les érudits locaux. Les premières publications du
XVIIIe s. le soupçonnent d'être une invention, à cause de cette totale disparition des
sources, de la fréquence des falsifications chez les auteurs l'ayant mentionné et de l'état
de conservation impeccable de son intitulé ; elles l'écartent, comme deux autres mentions
de vici, trouvées aussi à Metz (dont une également avec un magister) trop excentriques et
connues par les mêmes sources230. Puis, les savants allemands l'ayant réhabilité après
1870 pour des raisons idéologiques (le désir de montrer que ce territoire nouvellement
annexé présentait les mêmes structures que les Germanies voisines), il a été retenu au CIL,
les deux autres, trop peu crédibles, n'étant même pas mentionnés parmi les faux 231. Tout
conduit légitimement à le récuser aussi232. En revanche, le second témoignage est
irréfutable : le cursus de C. Amatius Paterninus, fils de C. Amatius Paternus, cite, au milieu
du IIIe s., comme première charge, celle d'aedil(is) vikati(orum) Agied(incensium) 233.
Introduisant un cursus inaccoutumé en Gaules, cette fonction est extraordinaire à
plusieurs titres et doit être examinée dans le contexte de la cité des Serions ? 234, à laquelle
on rattache (peut-être à tort) une autre pierre, un peu plus tardive, trouvée à Lyon et qui
184
mentionne un praefectus coloniae 235. On se trouve donc en présence d'une cité sans doute
colonie (latine) dont le chef-lieu (Sens, Agedincum) est vicus 236 et, fait unique dans les
Gaules pour une capitale, a une administration propre en la personne d'un édile,
magistrat rare en Gaules237. Comme Amatius précise qu'ensuite il fut édile de la cité des
Senons, avant d'assumer plusieurs autres fonctions dans un pagus et dans la civitas, on ne
peut douter que l'édilité fut bien assumée au profit des vicani de Sens. Comme pour la
plupart des vici, le terme désigne le groupe humain, les vicani, et non l'entité, le vicus,
mais, à la différence des vici cités à Metz ou à Saint Bertrand-de-Comminges, tous les
habitants de Sens sont inclus dans la dénomination vicani Agiedincenses 238. Si on souscrit à
l'analyse précédente, qui a tenté de montrer que les vici gaulois n'avaient ordinairement
pas de magistrat, le statut de vicus de Sens permet, paradoxalement, une explication : en
tant que capitale de cité, Sens avait besoin de responsables du maintien de l'ordre, de
l'approvisionnement etc…239, ce que l'organisation d'un vicus ordinaire ne permettait pas ;
la charge d'édile de vicus, distincte de celle d'édile de la cité, répond exceptionnellement
aux nécessités concrètes d'administration d'une capitale au statut particulier, mais non
unique240. Dans l'état actuel de la documentation, aucun document solide ne permet
d'affirmer l'existence de magistrats de vicus en Gaules, on se trouve, par rapport à la
Narbonnaise et aux Germanies, dans une situation similaire à celle des municipes et des
quattuorvirs : il faut admettre, provisoirement peut-être ?, la possibilité de variantes dans
le détail de l'organisation municipale des Gaules par rapport aux Germanies et l'absence
ici de structures attestées là241.
89 En revanche, les sphères d'activité et les modèles d'organisation de la population des pagi
et des vici sont, pour autant qu'on les connaisse, très similaires, et là encore avec peu de
coloration indigène. Que la population ait été sinon recensée, du moins rattachée
officiellement aux subdivisions et répartie en groupes, au moins informels, découle de
quelques expressions, certaines banales, comme pagani pagi 242 ou vicani vici 243, d'autres
plus originales, comme les juniores vici hic cosistentes 244. La réelle portée de cette dernière
formule est prouvée par la distinction apportée par les opifices loricari qui in Aediis consis. et
vico Brivae Sugnutiae respondent : les fabricants d'armes qui offrent une dédicace à M.
Ulpius Avitus, le centurion de la3e légion Auguste qui doit superviser leur travail,
précisent que, résidant dans la cité éduenne, ils sont rattachés au vicus de Brèves (la
pierre a d'ailleurs été trouvée non à Brèves, mais dans l'agglomération proche un peu
plus importante, Monceaux, nouvel indice de la dissociation entre lieu de trouvaille et
localisation du vicus, carte 4)245. Similaire à ce rôle, la fonction de centres de recrutement
semble attestée pour le pagus Condrustis mili[t(ans)] in coh. III Tungro(rum) 246, dont le
formulaire conforte peut-être la lecture vet(erani) peregri(ni) au pagus Dervetus 247. Certains
critères d'appartenance sont officieux et généraux comme la répartition par groupes
d'âge (les juniores du viens Bedensis 248) ; d'autres sont officiels mais également globaux,
ainsi la situation par rapport au corps civique : le vir inco[latus ?] peut-être magistrat de
pagus à Belley, chez les Ambarres ne peut être pérégrin, si on suit le raisonnement d'A.
Chastagnol, puisque cette différenciation serait incohérente dans une cité de droit latin 249
; en revanche, des peregrini pourraient être les auteurs d'une dédicace élevée en 232 au
genius du pagus Dervetus 250 ; d'autres sont professionnels : les fabriquants d'armes des
Eduens cités plus haut251, les nautes de la Loire au port de Nantes - Rezé252, les marchands
du vicus d'Herapel 253, peut-être les propriétaires terriens d'un pagus viromanduen 254. En
dépit de l'absence de magistrats, les mots vicus et vicani ont donc une réelle signification
et ne doivent pas être banalisés, comme ils le sont généralement, pour désigner toute
agglomération, quelle qu'elle soit ; il n'existe aucun indice qui permette d'affirmer que
185
tous les groupements urbanisés, hors les chefs-lieux, ont, dans les Trois Gaules, le statut
de vicus.
équipements urbains plus élaborés concernent des vici si l'on en croit quelques
témoignages : une tour de guet ( ?) qui aurait été édifiée dans un vicus grâce aux juniores
du lieu260, des mensae cum basibus, aménagements de marché plutôt que de lieu de culte 261,
un tribunal ou une estrade et ses annexes (tribunal cum locis)262. Même s'il faut sans doute
revoir la lecture des pierres, les libéralités envers deux vici des Bituriges Cubes, le vicus
Neriomagensis et un vicus dont le nom a disparu, respectivement Néris et Vendoeuvres-en-
Brenne (carte 5), sont de nature architecturale comparable263. Comme pour les pagi, elles
confirment la remarque faite à propos des cursus : les officiels agissent indifféremment
dans les capitales et dans les villes secondaires, sans qu'on puisse discerner ni une
coupure ni une mainmise de celles-là sur celles-ci, parce que les responsables, issus de la
capitale, seraient venu administrer les subdivisions ; leur vitalité, une réelle activité
communautaire qui les insérait dans le fonctionnement général de l'empire, permettaient
à ces dernières d'être un vivier de cadres civiques ; la constatation qu'une proportion
importante des évergésies est due à des magistrats municipaux n'autorise pas à affirmer
que l'aristocratie de la capitale s'expatrie vers les autres localités pour les contrôler, le
mouvement est en partie inverse (des notables locaux ayant accédé au gouvernement de
la cité et résidant en partie dans la capitale embellissent le noyau urbain le plus proche de
leur berceau familial), le brassage dans le recrutement, qui se traduit dans l'homogénéité
urbanistique souvent soulignée, domine ; il ne faut pas amalgamer unification des
processus administratifs et provenance unique de ceux qui les appliquent264.
91 La banalité même des activités des pagi et des vici (religion, évergésies, urbanisme)
montre combien ils sont intégrés au fonctionnement général des provinces gauloises, et
leur souplesse explique leur réussite que traduit l'abondance épigraphique. Comme pour
la cité, la structure administrative est mise en place au niveau d'un territoire, le pagus, et
non d'une agglomération, le vicus ; ils sont dissociés et indépendants, mais ni pour l'un ni
pour l'autre on ne décèle aucune trace de pratiques qui seraient « indigènes » par
opposition avec les structures « romaines » des cités. Entre les différents niveaux de
l'administration, la complémentarité et non l'opposition, des compétences comme du
personnel, assurent la continuité du tissu administratif265.
187
XI. Conclusion
92 L'impression essentielle qui se dégage du recensement épigraphique des magistrats et des
responsables municipaux des Trois Gaules est celle d'un équilibre entre unification de
l'empire et diversité. Unification discernable à travers les modes de désignation des cités,
la présence de duumvirs, de décurions, les modes de prise de décision.
93 Diversité, par rapport à la Narbonnaise tout d'abord : l'édilité, commune pour celle-ci,
presque inconnue dans celles-là, les pagi presque absents de celle-ci, rouage usuel de
l'administration municipale dans celles-là, situation absolument inverse de celle des vici
dans les deux ensembles provinciaux, les colonies latines administrées par des duumvirs
dans les Gaules, par des quattuorvirs en Narbonnaise ; ces variantes ôtent une grande
partie de leur valeur aux parallèles qui sont souvent proposés.
94 Diversité aussi entre les trois provinces et entre les cités. L'Aquitaine est apparue à de
multiples reprises comme une entité singulière, globalement très ouverte à
l'administration romaine dont la présence s'est affirmée sans heurt, dans des villes et
avec du personnel hérités de la période antérieure266, ce qui pourrait signifier que la
constitution de la province par Auguste n'a pas répondu qu'à un désir d'équilibre
mathématique entre les trois composantes des Gaules, mais que des considérations de
parenté culturelle sont entrées en ligne de compte267. Entre les cités, ensuite ; même si la
rareté des témoignages ne permet pas d'esquisser des profils de carrières, et par
conséquent d'établir des comparaisons, les magistratures envisagées individuellement
frappent autant par leur variété que par leur homogénéité : questure ici, édilité là,
vergobret, préteur ou quattuorvirs parfois, importance des pagi dans certaines cités.
L'archéologie montre que l'urbanisation, support indispensable au fonctionnement des
institutions municipales romaines, est le plus souvent, sauf en Aquitaine, une innovation
consécutive à la conquête268 ; cette mise en place, comme la participation aux
magistratures, ont nécessité une collaboration entre les populations locales et le pouvoir
central269, un compromis entre les principes généraux valables pour l'ensemble des
provinces et l'adaptation aux pratiques régionales. À la lumière de l'exemple des Trois
Gaules, la force de l'organisation de l'empire romain, assurée par un personnel municipal
aux effectifs extraordinairement réduits par rapport à l'étendue des territoires, tient plus
à une faculté d'adaptation aux conditions locales, à l'intérieur de cadres généraux, qu'à
l'astreinte imposée par la force à des modes de gouvernement identiques.
BIBLIOGRAPHIE
188
Bibliographie complémentaire
Le statut des cités et le droit latin
Immense bibliographie, avec des controverses infinies ; pour les Gaules, les travaux suivants sont
essentiels et donnent la bibliographie antérieure :
▪ B. GALSTERER-KRÖLL, Untersuchungen zu den Beinamen der Städte des Imperium Romanum, Ep.
St. 9, Bonn, 1972, p. 44-145.
▪ B. GALSTERER-KRÖLL, Zum ius Latii in den keltischen Provinzen des Imperium Romanum, Chiron
3,1978, p. 277-306.
▪ P. LE ROUX, La question des colonies latines sous l'Empire, Ktéma 17, 1992, p. 183-200.
▪ H. WOLFF, Kriterien für lateinische und rômische Stadte in Gallien und Germanien und die
Verfassung der gallischen Stammesgemeinden, BJ 176, 1976, p. 45-421.
pour le vocabulaire
▪ S. DARDAINE, Une image des cités de Bétique aux IIe et IIIe siècles après J.-C. : l'emploi du terme respublica
dans les inscriptions de la province, dans Cité et communauté civique en Hispania, Madrid, 1993,
p. 47-52.
Dans les histoires des provinces on trouve toujours des chapitres, souvent peu détaillés, mais où
les auteurs prennent parti sur la signification administrative de la notion de cité.
1914.
▪ J. F. DRINKWATER, Roman Gaul. The Three Provinces, 58 B.C.-A.D. 260, Londres, 1983.
▪ P. WUILLEUMIER, L'administration de la Lyonnaise sous le Haut Empire, Ann. Univ. Lyon, Paris, 1948.
▪ F. BÉRARD et Y. LE BOHEC (Éd.), Inscriptions latines de Gaule Lyonnaise Lyonnaise, coll. CERGR 10, Lyon,
1992.
189
Les magistrats
▪ J. F. DRINKWATER, A Note on Local Careers in the Three Gauls Under the Early Empire, Britannia
10, 1979, p. 89-100.
▪ Y. BURNAND, Personnel municipal dirigeant et clivages sociaux en Gaule romaine sous le Haut-
Empire, MEFRA 102, 1990, p. 541-571 (étude sociologique limitée à Vienne, Nîmes et Lyon).
à titre de comparaison
Les études de J. Gascou sur la Narbonnaise, très approfondies, peuvent servir de modèle :
J. GASCOU, Duumvirat, quattuorvirat et statut dans les cités de Gaule Narbonnaise, dans Epigrafia, coll.
E.F.R. 143, Rome, 1991, p. 547-563. GASCOU, Epigrafia
J. GASCOU, La carrière des magistrats dans les villes latines de Gaule Narbonnaise, dans Splendidissima
civitas, Études d'histoire romaine en hommage à François Jacques, Paris, 1996, p. 119-131. GASCOU,
Carrière
J. GASCOU, Magistratures et sacerdoces municipaux dans les cités de Gaule Narbonnaise, dans Actes du X e
Congrès international d'épi graphie grecque et latine, Nîmes, 4-9 octobre 1992, Paris, 1997, p. 75-140.
GASCOU, Magistratures
voir aussi
comportent toujours des passages sur les magistrats et les subdivisions administratives
▪ J.-P. BOST et G. FABRE, Quelques problèmes d'histoire dans deux cités d'Aquitaine méridionale à
l'époque gallo-romaine, Aquitania 1,1983, p. 25-36.
▪ R. A. DELMAIRE, Civitas Morinorum, pagus Gesoriacus, civitas Bononensium, Latomus 33, 1974,
p. 265-279.
R. LIZOP, Les Convenae et les Consoranni (Comminges et Couserans), Histoire de deux cités gallo-
romaines, Toulouse-Paris, 1931. (très vieilli) ▪ LIZOP, Convenae
▪ M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, La cité des Tongres sous le Haut Empire. Problèmes de géographie
historique, BJ 194,1994, p. 43-59.
▪ A. REBOURG et Ch. GOUDINEAU (Éd.), Les villes augustéennes de Gaule. Actes du coll. intem. d'Autun, 6-8
juin 1985, Autun, 1991.
Les vici
ont fait jusqu'à une date récente l'objet de bilans essentiellement archéologiques, qui
cherchaient, sans beaucoup de succès, à définir les caractéristiques permettant d'appliquer ce
terme de façon cohérente ; les pagi ne sont pas pris en compte.
▫ Le Vicus gallo-romain. Actes du colloque, ENS, 14-15 juin 1975, Caesarodunum 11,1976,
meilleure problématique
M. MANGIN, B. JACQUET et J. P. JACOB (Dir.), Les agglomérations secondaires en Franche-Comté, Ann. Litt.
Univ. Besançon 337, Paris, 1986. Aggl. Franche-Comté
▪ J. BÉNARD et al. (Dir.), Les agglomérations antiques de Côte d'Or, Annales littéraires de l'Université
de Besançon 522, Paris, 1994.
et surtout
▪ M. MANGIN et J. P. PETIT (Dir.), Les agglomérations secondaires. La Gaule Belgique, les Germanies et
l'Occident romain, Paris, 1994. Aggl. Belgique
▪ Les villes de Gaule Belgique sous le Haut Empire. Actes du colloque tenu à Saint Riquier, 22-24 octobre
1982, Rev. arch. Picardie 3-4, 1984. Villes Belgique
comprend notamment :
▫ Cl. LEFÈBVRE et P. WAGNER, Metz antique. Remarques sur la connaissance de l'organisation spatiale du
fait urbain, p. 149-169 (totalement archéologique, rien sur les vici).
▪ L. A. CURCHIN, Vici and pagi in Roman Spain, REA 87,1985, p. 327-343 (intéressant pour les
parallèles).
les études de M. Tarpin sur les pagi et les vici de l'ensemble de l'occident romain sont les plus
pertinentes, mais elles ne s'attachent pas spécialement aux Gaules :
191
• F. LAUBENHEIMER et M. TARPIN, Un pagus à Sallèles d'Aude ? Essai sur les pagi de NARBONNAISE, RAN
26, 1993, p. 259-276.
▪ M. TARPIN, Inscriptions des vici et des pagi dans les Trois Gaules et les Germanies : remarques et
problèmes, dans L'epigrafia del villagio, Epigrafia e antichità 12, Faenza, 1993, p. 217-236.
plus général :
▪ M. TARPIN, Vicus et pagus dans les inscriptions d'Europe occidentale et dans la littérature latine, thèse
inédite, Aix-Marseille 1, 1989.
▪ M. TARPIN, Les vici d'Occident : modèles urbains hors des villes, dans Politique édilitaire dans les
provinces de l'empire romain, IIème-IVème siècles après J.C., colloq. roumano-suisse, Deva, 21-26 octobre 1991,
Cluj-Napoca, 1993, p. 157-162.
▪ M. TARPIN, Oppida vi capta, vici incensi… Les mots latins de la ville, Latomus, à paraître.
▪ H. WOLFF, Die Bewohner des römischen Alzey. Vicani Altiaienses. Die Lebenbedingungen in einem Vicus
Obergermaniens, dans 1750 Jahre Alzey (Ed. F. K. BECKER), Alzey, 1973, p. 33-51.
sur le vocabulaire
▪ J. GASCOU, Vici et provinciae d'après une inscription de Banasa, AA 28, 1992, p. 161-172.
▪ M. FINCKER et Fr. TASSAUX, Les grands sanctuaires « ruraux » d'Aquitaine et le culte impérial,
MEFRA 104,1992, p. 41-76.
NOTES
1. Voir J. GASCOU, dans la bibliographie en fin d'article ; M. CHRISTOL, supra.
2. Une présentation rapide de cette recherche a été faite dans CCG, 1997, p. 285-300 ; elle est
corrigée ici sur plusieurs points, en particulier grâce aux remarques et à l'érudition de M.-Th.
Raepsaet-Charlier, que je remercie de sa patience sans faille. La principale liste de magistrats des
Gaules a été publiée par RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 164-197 ; bonne base mais lacunaire et
parfois erronée, elle ne prend en compte ni les pagi ni les vici ni les formules générales.
3. Voir la bibliographie critique jointe, qui complète la bibliographie générale du volume.
4. M. Vegisonius Marcellus, CIL XIII 4317 et 4318. Cette enquête est complémentaire de celle que
W. van Andringa a menée pour les prêtres du culte impérial ; voir infra.
5. Voir supra, F. BÉRARD.
6. Les Tongres, dont l'appartenance provinciale est discutée (M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, BJ
194,1994, p. 44-50), sont considérés ici, mais aussi avec les Germanies.
7. Rappelons que le cas de Lyon, seule colonie romaine des Gaules, n'est pas considéré ici, voir F.
BÉRARD, supra.
8. D. SCHAAD et M. VIDAL, Origines et développement urbain des cités de Saint Bertrand-de-Comminges,
d'Auch et d'Eauze, dans Villes Sud-Ouest, p. 211, note 4 : il faut lire [civitas] Conv(enarum) plutôt que
[Lugdunum] Conv(enarum) ; le toponyme Lugdunum n'est donc pas attesté pour Saint-Bertrand en
192
épigraphie, mais voir T. Peut., col. 98 MILLER (voir n. 151) : Lugdunum sur les cartes, complété en
Convenarum sur le modèle d'Aquae Convenarum, Bagnères-de-Bigorre.
9. L'inscription est jugée fausse ou au moins interpolée par le CIL.
10. CIL XIII 921, Le Touron, Nitiobroges, Claudius Lupicinus, patron de la civitas des Senons, n'est
pas retenu ici à cause de sa date tardive, IVe s.
11. La lecture par J. GUYON, Saint-Bertrand-de-Comminges - Valcabrere, dans Villes Sud-Ouest, p. 142,
d'une brique marquée R P C C comme res publica civitatis Convenarum est insolite car res publica est
d'ordinaire immédiatement suivi du nom du peuple.
12. Première publication, à compléter avec J. HIERNARD, À propos de la dédicace du théâtre des
Tours-Mirandes, BSAO, 1986, p. 585-586 (voir infra W. VAN ANDRINGA) ; la formule serait, sur la
première face et sur les deux pierres,… re]i pub[licael P[ictonum].
13. Cette mention est purement conjecturale, c'est une restitution (imp[ensam reip.]) mais dans
une formule similaire, ILTG 81, on aurait impendio coll(oniae)…
14. CHASTAGNOL, Cités Gaule, p. 17-18 ne le cite pas car il s'appuie sur les sources littéraires ;
l'interprétation traditionnelle est que le terme fait référence à une structure urbanistique
concrète (un lieu fortifié ou qui l'a été). R.-CH., Intégration, p. 146-147.
15. Par conséquent, la restitution proposée par le CIL pour une dédicace très mutilée d'Autun :
[cur. civ. splendidis]simae Au[gustodunens.] est tout à fait invraisemblable (CIL XIII 2658) : même si
les seuls adjectifs accolés à civitas connus en Gaules sont libera et foederata, splendidissima ne serait
pas inenvisageable puisqu'il est attesté accolé à ordo (Éduens, CIL XIII 2877 ; Trévires, CIL XIII
11313 ; voir tableau ci-dessous Les décurions des Trois Gaules) ; en revanche, le seul complétif
possible est le nom du peuple principal du territoire : ici Aeduorum ; la deuxième lettre du nom, E,
incomplète, a dû être confondue avec V. De même, on ne peut hésiter entre Convenue et
Convenarum dans ILTG 59 ; la seconde proposition est obligatoirement la bonne. Voir aussi n. 108.
16. La restitution de foederata au CIL X 1705 a été rediscutée et confirmée avec de nouveaux
arguments par M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, Priscus, gouverneur de Gaule Belgique (CIL X 1705), Rev.
du Nord 73,1991, p. 75 ; certainement, comme le propose l'auteur, il faut faire précéder le nom du
peuple, les Rèmes, de civitas ; pour la signification honorifique de foederata, Ibid., notes 12,13 et 16
et EAD., Intégration, p. 173.
17. Sur les trois catégories de cités à l'annexion et les différences estompées par l'extension du
stipendium, R.- CH., Intégration, p. 173. Pour civilates liberae, libertas et immunité fiscale, JULLIAN 4,
p. 249. Pour splendidissimus voir n. 15.
18. Voir ci-dessous Les expressions générales des magistratures.
19. CIL XIII 3162 - ILTG 341= AE 1949 136-137.
20. Pour l'emploi du terme en Espagne, sans connotation de statut, S. DARDAINE, Cité et
communauté, p. 47-52 ; il est associé ou non au nom des habitants au génitif ou moins souvent à un
adjectif géographique.
21. Voir notamment CHASTAGNOL, Municipes, p. 85 ; H. WOLFF, Historia, 1977, p. 213-240. Voir le
récapitulatif des désignations de la cité des Trévires dans ILB 136bis, p. 189-190.
22. Pour les cités passées des Gaules aux Germanies, les Ségusiaves, les Séquanes, les Lingons,
voir CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 183.
23. C'est le sens de la célèbre phrase de PLINE, HN 3, 4, 37 évoquant deux capita pour la cité des
Voconces (CHASTAGNOL, Alpes, p. 144) : les magistratures donnant accès à la citoyenneté peuvent,
exceptionnellement, être exercées dans l'une ou l'autre ville.
24. Genio coloniae, Convènes, ILTG 59 ; par rapprochement, on restitue co[loniae pour ILTG 81. On
peut penser qu'il faut ajouter Convenarum.
25. B. GALSTERER-KRÖLL, Ep. St. 9, 1972, p. 44-145.
26. Vellaves, CIL XIII 1577 et Senons sans doute, CIL XIII 1684. Voir infra Les magistratures
exceptionnelles.
193
27. CIL XIII 11359. On peut aussi penser à l'équivalence de colonia Convenarum avec Lugdunum
Convenarum (ILTG 59) mais cette dernière dénomination n'est pas formellement attestée, voir
infra n. 8.
28. Le praefectus coloniae de Sens, Senons, CIL XIII 2949 = ILS 7049. Nimègue, CIL XIII 8727.
29. Pour CHASTAGNOL, Gaule, passim, non seulement le titre colonia n'est pas seulement honorifique,
mais il implique la possession du droit latin.
30. CIL XIII 1989 ; les autres responsables publics de Lyon le sont coloniae.
31. Voir ci-dessous Les expressions générales des magistratures.
32. CHASTAGNOL, Cités Narbonnaise, p. 123.
33. On ne saurait mieux s'exprimer que le faisait CHASTAGNOL, Cités Gaule, p. 13-15 à propos
d'Autun : « Il ne faut pas confondre une ville, un lieu habité, comme Autun, avec une cité gauloise
ou gallo-romaine (on l'appelle en latin une civitas ) qui couvre une superficie plus ou moins
étendue et se réfère à une région entière » (p. 13).
34. CHASTAGNOL, Onomastique pérégrine, p. 54.
35. JULLIAN 4, p. 246 ; après lui, André Chastagnol s'est penché à plusieurs reprises sur la question,
Gaule, passim (notamment p. 54 et s. : interprétation de l'onomastique de tous les pérégrins des
cités ; ou p. 186, la preuve que toutes les cités gauloises ont le droit latin est que, à partir de
Claude, aucun magistrat des Gaules n'est pérégrin).
36. Celle qui rallie aujourd'hui le plus de suffrages étant la supposition de C. Jullian, récemment
reprise et argumentée par CHASTAGNOL, Gaule, passim, d'un octroi global par Claude du droit latin
aux cités de Gaules qui n'en disposaient pas (l'Aquitaine l'avait probablement déjà reçu), Hadrien
en ayant étendu les avantages à la fois à tous les décurions et aux ascendants des bénéficiaires ;
voir synthèse dans R.-CH., Intégration, p. 175.
37. Pour le cas 6, voir ci-dessous Les magistratures exceptionnelles et n. 103 et suivantes.
38. Voir la constatation de la permanence des noms celtiques par CHASTAGNOL, Gentilices, p. 159 (à
propos du marchand viducasse Placidus Viduci f. à la fin du II e ou au début du IIIe s., AE 1975 651) ;
mais ibid., p. 187 : l'onomastique celtique est indicatrice d'une date haute.
39. Voir ci-dessous Les subdivisions administratives des cités.
40. Voir ci-dessous Les quattuorvirs.
41. Le second n'est pas retenu par Chastagnol (pour le premier, Droit latin Gaules, p. 187) car la
proposition d'interprétation de sa fonction n'a été faite que dans le volume récent des ILA
Vellaves.
42. Pour honore functus, voir tableau Les attestations globales de magistratures, 15 ; CIL XIII 3548 :
Corio Icanii f. h.f
43. Comme le pense CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 187. Voir ci-dessous Les magistratures de
cité. La questure.
44. Voir ci-dessous Les subdivisions administratives de la cité.
45. Voir ci-dessous Les magistratures exceptionnelles.
46. R.-CH., DDS, p. 13.
47. Le nom est rare (Nomenclator, p. 87 : une seule attestation ; peut-être une autre, Repertorium,
p. 60) ; la date est incertaine, elle ne repose que sur la restitution du nom du dieu : [deo Apollini
Gr]anno.
48. Si on accepte le raisonnement infra, il ne peut y avoir de magistrat de vicus.
49. Dekurionenstand, p. 166.
50. CHASTAGNOL, Onomastique pérégrine, p. 56-57.
51. STRABON 4, 1, 12 à propos de Nîmes ; la lex Irnitana 21, précise bien cum eo honore abierint (AE
1986 333). Bénéficient de la promotion l'épouse, les parents et les descendants sur deux
générations. On peut se demander ce qui se passait quand le magistrat mourait dans l'exercice de
194
sa charge ; la promotion civique était-elle, ce qui semble logique, acquise pour la famille par la
nomination et la prise de fonction ou était-elle perdue ?
52. CHASTAGNOL, Gentilices, p. 155-165 ; Changements de gentilice, p. 167-180 et, en dernier lieu, Aux
noms du père et du fils, dans V. LE BOHEC (Éd.), L'Afrique, la Gaule, la religion à l'époque romaine.
Mélanges à la mémoire de M. Le Glay, Bruxelles, 1994, p. 407-415. L'application par CHASTAGNOL,
Changements de gentilice, p. 175 à C. Catullius Deciminus de ce raisonnement engendre la
perplexité : C. Catullius Decimius, fils de Tutius Catullinus, qui a parcouru toute la carrière des
honneurs, et est devenu prêtre fédéral au début du IIIe s. serait issu de pérégrin ; sans être
impossible, notamment en cas de grande richesse, cette trajectoire serait extraordinaire ;
l'analyse est exactement semblable pour le Viducasse T. Sennius Sollemnis fils de Sollemninus :
sa carrière prestigieuse ne saurait être celle d'un nouveau promu (voir n. 54). Le contexte, en
particulier la nature des noms du père, des oncles, des frères, l'énoncé de charges, sont essentiels
pour fonder l’évaluation.
53. Une lacune ne permet pas de savoir quelle est la formulation exacte de la filiation de L. Julius
Equester, mais la mention concomitante de ses deux fils a conduit à le retenir dans cette série.
54. Périgueux, CIL XIII 11042 = ILS 9278 et CIL XIII 939 = ILS 4638. La filiation de Sollemnis n'est pas
tout à fait aussi développée que les autres, mais il est intéressant de l'inclure, puisque l'idée qu'il
était fils de pérégrin a été avancée alors que son père, bienfaiteur de la cité, a toutes chances
d'avoir exercé une magistrature.
55. B.C. 1,16, 5, en 58, à propos de Liscus, César emploie le mot vergobretus, magistrat suprême
annuel qui a pouvoir de vie et de mort ; 7, 33, 2, six ans plus tard César doit trancher entre deux
prétendants à la magistrature suprême, qu'on suppose être des vergobrets, encore chez les
Éduens. Il n'emploie jamais le terme vergobret pour aucun autre peuple. La signification de la
frappe de la monnaie par les Lexovices est discutée (geste d'autonomie ? ou récompense accordée
par Rome à une cité fidèle ?), voir par exemple C. LEMAÎTRE, Noviomagus Lexoviorum. Réflexion sur
les origines de Lisieux, dans Villes Lyonnaise, p. 134-136.
56. En dernier lieu sur la préfecture, voir la présentation nuancée de GASCOU, Magistratures, p. 78 ;
107. Pour l'inscription de Vitrolles, M. LEJEUNE, Recueil des Inscriptions gauloises. I, Paris, 1985, G
108 ; ID., La préture en Narbonnaise et l'inscription gauloise de Vitrolles, Études classiques 3,
1968-70, p. 131-139 et Inscriptions lapidaires de Narbonnaise I, Études celtiques 12, 1966-69,
p. 22-35.
57. Sur cette donation, Y. DE KISCH, Tarifs de donation en Gaule romaine d'après les inscriptions,
Ktéma 4,1979, p. 271.
58. En toute rigueur méthodologique, on ne peut tirer argument du fait que ces magistrats ne
sont jamais attestés que seuls pour affirmer que leur fonction était unique, puisque c'est aussi le
cas de nombreuses magistratures dont on est certain qu'elles étaient collégiales, voir n. 113. Sur
le passage de la magistrature unique à la collégialité qui est la marque de l'accession au droit
latin, A. CHASTAGNOL, ILA Santons, introduction, p. 10 : « Dans cette perspective, le droit latin aurait
imposé, à la place d'un magistrat supérieur unique, un système collégial cher aux Romains avec
des duumvirs ou des quattuorvirs attestés une fois à Saintes à une date imprécise (ILA Santons
21) ».
59. CIL XIII 2585 ; 11225 ; 11226.
60. A. CHASTAGNOL, ILA Santons, introduction, p. 10 considérait que l'objectif du droit latin était ce
passage à la langue latine.
61. Avec l'exception de Sens, voir ci-dessous.
62. JACQUES, Privilège, p. 176-178.
63. Les décurions : decurio Lugudunensium, à Rome, CIL VI 29709 ; dec. Lug. à Saint Romainen-Gal et
près de Vienne, CIL XII 1871 et 2375 ; decurio Luguduni à Valence, CIL XII 1750. Le duumvir : CIL XIII
195
3572, Tib. Iul. Tiberino IIvir Ner. On a quelques attestations en Germantes (par exemple, CIL XIII
1927, decurio Lingonum).
64. Le plus souvent, on trouve honore au singulier quand le mot est précisé par l'énoncé de la
charge : honore quattuorviratus, dummviratus, quinquennalitatis (index ILS p. 687, 698). Mais CIL VI
9044, honore accepto ; 29681 : honore functi.
65. Y. LE BOHEC, Les inscriptions des Éduens : présentation générale, dans Lyonnaise, p. 85-90 (à nuancer
pour les inscriptions honorifiques, elles ne sont pas en nombre si réduit, p. 87).
66. Sur la différence, qui n'est pas juridique mais se situe sur le plan de la dignitas, entre honos et
munus dans le cadre municipal, JACQUES, Privilège, p. 351-357 avec la bibliographie spécialisée
antérieure.
67. La controverse sur la restitution du texte ne porte que sur l'identification de la cité d'origine
de M. Bucc[…, la mention d'une prêtrise impériale municipale et d'une prêtrise fédérale n'est pas
contestée, D. FISHWICK, The federal priesthood of M. Bucc[… again, REA 98, 1996, p. 413-419 avec la
bibliographie antérieure.
68. GASCOU, Carrière, p. 126, donne un exemple, qui va dans le même sens, pour la Narbonnaise : le
recrutement dans un collège sacerdotal est mentionné en sus des fonctions administratives dans
CIL XII 370 = ILN Riez 16 :… adlecto in]ter sac[erdotales, omnibus] honor[ibus functo, flamini divi]u]li,
sacer[doti… Voir infra W. VAN ANDRINGA pour une opinion différente.
69. J. F. DRINKWATER, Britannia, 1979, p. 89-100, fait, p. 91-92, la remarque de la rareté des
décurions (attribution par erreur de CIL XIII 1390 aux Lémovices alors que le décurionat a été
assumé chez les Aulerques Éburovices).
70. Tableau : CIL XIII 3693 (decurio civitatis Treverorum, duumvir aerarii publici). RUPPRECHT,
Dekurionenstand, p. 191 repousse le texte comme douteux, notamment à cause de cette
association, mais son argumentation n'est pas convaincante : à Lyon, CIL XIII 1910 et tableau Les
décurions des Trois Gaules, CIL XII 1750.
71. Pour cette interprétation voir la publication de la pierre de Rodez par R. SABLAYROLLES, Le
forum de Rodez. Étude de l'inscription : un prêtre du culte impérial au début de notre ère à
Segodunum, Mém. soc. arch. midi France 44,1994, p. 52 et note 12.
72. Cette lecture est celle de W. VAN ANDRINGA, infra, qui estime que la précision in colonia
Treverorum ne peut s'appliquer à la prêtrise impériale et qu'il convient donc de la faire précéder
par le duumvirat.
73. JACQUES, Privilège, p. 476-477, pour la signification de l'itération du duumvirat par rapport au
quinquennalat.
74. Voir F. BÉRARD, supra, le forum de Lyon n'a pas été trouvé, or les duumvirs devaient y être
célébrés par prédilection. P. Vettius Perennus, cité à Bologne, Carnutinus ex provincia Lugdunensi
duumviralis sacerdot. est peut-être, si Carnutinus n'est pas un nom (ce que la précision
géographique « de la province de Lyonnaise » rend improbable), un Carnute ancien duumvir,
mais le libellé peu clair de l'inscription rend l'interprétation délicate.
75. CIL XIII1577 = ILA Vellaves 25.
76. Le « marbre de Thorigny », CIL XIII 3162 = ILTG 341 = AE 1949 136-137 et 214 ; 1959 95 ; analyse,
PFLAUM, Thorigny, p. 12. Pour l'interprétation de ces formules, dans le cadre lyonnais uniquement,
supra F. BÉRARD, et JACQUES, Privilège, p. 389 et s.
77. CIL XIII et ILS donnent Velorio, KTrier 66 donne Vellorio par erreur comme la photo en fait foi ;
la forme a été vérifiée sur la pierre par M.-Th. Raepsaet-Charlier qui a formulé aussi les
propositions onomastiques du 11.
78. La raison pour laquelle une questure de vicus ne peut être envisagée est expliquée plus loin,
dans la partie consacrée à ces subdivisions.
79. Cité, passim et notamment pour le cas 2, p. 187.
80. GASCOU, Carrières et Magistratures, passim, notamment p. 135-136.
196
81. J. F. DRINKWATER, Britannia, 1979, p. 93 avec raison pour les rapports questure - édilité, mais
RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 167-168 à tort, pense qu'elle aurait été remplacée par la questure.
82. En Narbonnaise, l'édilité semble être exercée après la questure, GASCOU, Magistratures, p. 135.
83. CIL XIII 916 = ILA Nitiobroges 17, M. Cl. Severus ; CIL XIII 2949 = ILS 7049, Senons, C. Amatius
Paterninus (voir annexe) ; CIL XIII 3599 = ILB 21, Tongres, C. Gracileius Similis.
84. Six attestations dont une douteuse, et deux questeurs devenus édiles, voir supra F. BÉRARD.
85. II est cependant impossible de préciser comme le font pour l'Espagne G. FABRE, M. MAYER et I.
RODÁ, Les « élites municipales » dans le nord-ouest de l' Hispania citerior, MEFRA 102,1990,
p. 526-527 que le cursus normal fait se succéder l'édilité, le duovirat, le flaminat, puis la questure
qui est rare et confiée à des hommes expérimentés.
86. Voir ci-dessous Les subdivisions administratives des cités, et n. 233-240.
87. Sur les cursus, J. F. DRINKWATER, Britannia, 1979, p. 89-100, qui estime que la question de la
dualité capitale - cité est encore en suspens, même s'il prend comme postulat la signification de
civitas comme un tout (p. 90-91). Les études de J. Gascou sur la Narbonnaise, Magistratures et
Carrière, p. 119-131 font apparaître que, même dans une province beaucoup plus favorisée du
point de vue de la documentation que les Trois Gaules, les cursus municipaux sont si peu
nombreux que certains ont pu mettre en doute leur existence même. On peut remarquer que, là
aussi, souvent, les magistratures précédant le quattuorvirat ou le duumvirat sont rarement
mentionnées. Y. BURNAND, MEFRA 102, 1990, p. 541-571 ne prend en compte que Vienne, Nîmes et
Lyon, les villes les mieux documentées, mais peu pertinentes ici puisque les deux premières sont
en Narbonnaise et l'autre est l'unique colonie des Gaules.
88. SEN, suivi d'une lacune, termine la ligne après une lacune qui suit un nom C. Res[---], dont la
longueur est impossible à évaluer, mais peut être importante, de sorte que son articulation avec
l'onomastique est tout à fait incertaine. Suit, à la ligne suivante, MA, puis un vide, qu'on a
restitué en ma[tri, mais de façon encore très hypothétique.
89. L'expression est employée par JACQUES, Privilège, p. 66.
90. Y. BURNAND, Senatores Romani ex provinciis Galliarum orti, dans Epigrafia e Ordine Senatorio. II,
Rome, 1982, p. 387-437, à compléter par W. ECK, Die Struktur der Städte in den nordwestlichen
Provinzen und ihr Beitrag zur Administration des Reiches, dans Die Stadt in Oberitalien und den
nordwestlichen Provinzen des römischen Reiclies, Cologne, 1991, p. 73-75 (repris dans Tra epigrafia
prosopografia e archeologia, Vetera 10, Rome, 1996, p. 96-97).
91. Y. BURNAND, MEFRA 102, 1990, p. 555 : les cursus des magistrats municipaux de Lyon futurs
chevaliers n'ont rien que de très banal.
92. S. DEMOUGIN, L'ordre équestre sous les Julio-Claudiens, Coll. Éc. fr. Rome 108, Rome, 1988,
p. 457-459 ; sur les tableaux M. Bucc[…, non encore connu, ne figure pas, non plus que dans Y.
BURNAND, Les juges des cinq décuries originaires de Gaule romaine, dans Mélanges d'histoire ancienne
offerts à William Seston, Paris, 1974, p. 64, n o 4 (C. Aucius Macrinus) ; p. 67, no 7 (Ti. Aquius
Apollinaris). Sur la signification de l’inscription dans les décuries de juges, JACQUES, Privilège,
p. 152-153.
93. Sur les curateurs voir JACQUES, Privilège, liste, p. 253-254 ; le 12 manque.
94. La lecture des mots qui suivent le décurionat est incertaine, mais on ne peut actuellement
proposer d'interprétation mieux argumentée, voir F. BÉRARD, supra.
95. Sur les origines possibles de ce magistrat, voir discussion par F. BÉRARD, supra. S'il est lyonnais,
il faut effectivement restituer in colonia plutôt que apud suos, voir ci-dessus le tableau des
attestations globales de magistratures.
96. La restitution curato]r Cenab[… avancée par L. RENIER, Note sur une inscription récemment
découverte à Orléans, Mém. Inst, impérial France, AIBL 26, 1867, p. 119-136 ; repris dans Rev. arch.,
1865, p. 3-16, très généralement acceptée, est possible mais non certaine ; ce Senon peut avoir
exercé une autre fonction à Orléans (duumvir par exemple).
197
97. Plutôt qu'un curateur des citoyens romains, ce personnage est un curateur de cité si on en
croit l'intitulé curator (quand on a en écrasante majorité c. pour les c. c. r.), et l'indication de la
cité d'origine nécessaire pour ces officiels obligatoirement en fonction hors de leur cité ; voir n.
146.
98. Mis à part cet anonyme, probablement Senon, patron du pagus de Condate on n'a pas de
témoignage d'échanges entre un pagus d'une cité et une autre cité ; le Senon était délégué à
l'autel fédéral, donc dans une situation particulière : CIL XIII 1684, voir ci-dessous, tableau des
magistrats de pagus. Cette délimitation des sphères d'activité rend peu probable l'hypothèse de G.
BARRUOL, Les peuples préromains du sud-est de la Gaule. Études de géographie historique, RAN Suppl. 1,
Paris, 1969, p. 277, note 3 selon lequel le patronat du pagus des Vordenses exercé par C. Allius
Celer, magistrat municipal à Apt, n’implique pas que le pagus appartenait au territoire de la cité
d'Apt, mais plutôt à la cité voisine de Cavaillon, parce qu'un notable peut exercer son patronat
hors de sa cité. Gordes étant sur la limite entre les deux cités, il vaut mieux trancher nettement
en faveur d'Apt, comme le font ILN Apt 22. Voir n. 265.
99. Sur les ressortissants d'autres cités dans des colonies de droit latin, CHASTAGNOL, Coloni, p. 136
et s.
100. Sens, CIL XIII 2949 = ILS 7049 : actor de pagus et de la cité ; Lyon, CIL XIII 1684. Voir cidessous
Les subdivisions des cités. Que les adores exercent des responsabilités financières (on traduit
d'ordinaire leur titre par trésorier) n'implique pas qu'ils sont magistrats, DACR, s.v. actor, I, p. 59,
un actor publicus est le représentant d'une cité en matière juridique ou contentieuse, choisi par
les décurions ou les duumvirs.
101. CIL XIII 1576 = ILA Vellaves 24, voir note suivante ; possible : CIL XIII1577, ILA Vellaves 25.
102. Voir ILA Vellaves 24 pour l'argumentation convaincante selon laquelle Donnius n'est ni
chevalier ni gestionnaire de mines provinciales.
103. CIL XIII 4228, près de Pachten, Trévires : deo Mercurio coloni Crutisiones fe(ce)runt de suo per
Dannum (ou dannum) Giamillum. Voir n. 37.
104. Mayence, CIL XIII 6776 = ILS 7087 : lacune initiale, puis quatre noms de citoyens romains
suivis de platiodanni vici novi sub cura d. s. ; Köngen, CIL XIII 11727 = ILS 7101 : in h. d. d. I. O. M.
platiae d[…l c. [Su]melocenes. vici Grinar(ionis) maceriam d. s. p. La question qui nous intéresse ici est
la restitution du mot qui suit platiae. Les premiers éditeurs, F. HAUG et G. SIXT, Die römischen
o
Inschriften und Bildwerke Württembergs, Stuttgart, 1900 [Aalen, 1970], p. 304-306, n 497 constatant
que, si on complétait, à partir du texte précédent, par danni, ces magistrats ne seraient pas
nommés, ce qui leur paraissait rédhibitoire, proposèrent d[extrae], en s'appuyant sur d'autres
inscriptions des Germanies (voir n. 107) ; dextra est alors une désignation de la route qui la situe
par rapport au vicus. Ils repoussaient ainsi une interprétation proposée par Zangemeister et
reprise par lui au CIL XIII, qui, à partir du texte de Mayence, faisait des platiae d[… des magistrats
chargés de la surveillance des marchés. Les lectures possibles et la bibliographie sont exposées
dans M. LUIK, Köngen - Grinario. I. Topographie, Fundstellenverzeichnis, ausgewählte Fundgruppen [=
Köngen], Stuttgart, 1996, p. 175-176, ph. 118, p. 174, qui se rallie à la compréhension de platiae d[…
comme un génitif, complément de désignation de Jupiter. On est aujourd'hui sûr que le D est
suivi d'un E grâce à la photographie publiée (voir n. 108).
105. LAMBERT, p. 31 ; 35 ; 130-132 comprend cassidannos comme une « fonction importante dans la
société des potiers de la Graufesenque » (p. 35 et 130), alors que MARICHAL, Graufesenque, p. 78 ; 98
(avec la bibliographie antérieure complète sur « dan »), et doc. 2, 4, 8, 11, 19, 32 et surtout 74,
l'interprète comme « flamine » pour deux raisons : la présence du mot flamen en tête de la liste, là
où figure d'ordinaire cassidannos, et, à la fin du même document Cres]ces k. qu'il développe en k
(assidannos), et dont il fait une formule de datation, qui implique donc la mention d'un titre. Mais
cette intervention d'un flamine dans ce contexte n'est guère convaincante. Voir infra W. VAN
ANDRINGA.
198
106. Datation d'après les critères établis par R.- CH., DDS. Diz. ep. II, Spolète, 1910, s.v. dannus,
p. 1463 : curateur de vicus, mot gaulois cité chez les Trévires. Plus approfondi, J. LOTH, Le gaulois
Arcantodan. Le nom de l'argent chez les Celtes, REA 21, 1919, p. 263-269 expose le raisonnement
conduisant à l'interprétation « magistrat monétaire » ; le compte rendu dans Rev. celt. 38, p. 380,
plus équilibré, rend bien compte de la large part d'incertitude.
107. Voir n. 104. Une route passant au vicus Grinario s'appelait platia Sumelocenensis (CIL XIII 11726
= ILS 7101a = Haug-Sixt n o 498 = Köngen n o 5). Deux inscriptions de Kastel, près de Mayence,
associent, exactement sur le même modèle qu'à Kôngen, plat. dext. suivi d'une indication
topographique à une formule dédicatoire à une divinité : CIL XIII 7263 et 7264 = ILS 7089 et 7089a :
IOM plat. dext. e(unti) N(idam) et Iun. reg. plat. dex. eunt. Nid. ; platia apparaît aussi, toujours dans un
vicus, à Heddernheim (CIL XIII 7335 à 7337), et toujours en complément d'une divinité bénéficiaire
d'une dédicace : genio platiae novi vici, CIL XIII 7335 = ILS 7096 ; genio platiae novi vici, CIL XIII 7336 ;
in h. d. d. plat, praetor., CIL XIII7337 = ILS 7097.
108. Si la formulation particulière qui consiste à identifier une divinité par la situation de son
sanctuaire par rapport au réseau routier doit être admise puisqu'elle a plusieurs parallèles étroits
dans la région, le développement de c. Sumelocenes vici Grinar. en c(ives) Sumelocene(n)s(es) vici
Grinar(ionis) n'est pas aussi logique que certaines présentations le laissent entendre (voir n. 104) :
pourquoi les citoyens de la cité des Sumelocennenses (rappelons qu'il ne s'agit pas des citoyens de
la ville, puisque, même si le mot ne se terminait pas tout à fait sûrement par un S un
développement en Sumelocenna, n'aurait pas été envisageable, cette combinaison étant inconnue,
voir ci-dessus n. 15) se désigneraient-ils ainsi dans un vicus qui fait partie de leur cité ? Tous les
hommes libres résidant dans le vicus, à l'exception des étrangers à la cité, sont des cives
Sumelocennenses, la combinaison est à ma connaissance sans parallèle mis à part dans la locution
cives Romani vici…, qui définit un groupe juridique, alors que vicani vici… est courant. Le
développement platiae de[x. ] c(ivitatis ou-ti) [Su]melocene(n)s(is ou -si) (voir n. 104, CIL XIII 11726 =
ILS 7101a et CIL XIII 6358 = ILS 7099) serait plus satisfaisant, mais il manquerait alors un sujet à d.
s. p. Cet argument est aussi gênant que celui qui consistait à réfuter le développement en
platiaedanni parce que les noms des magistrats ne sont pas énumérés. Si, faute de pouvoir
proposer une restitution totalement convaincante, en bonne méthode, on ne peut pas réfuter
absolument la possibilité d'une magistrature, il faudrait trouver un intitulé de fonction qui
commence par de[.
109. Cet emploi de platia à la place de via est particulier aux Germanies (aucun à l'index du CIL
VI) ; sans doute est-il inutile d'y voir l'expression de particularités techniques (route
spécialement large) ; tous ces textes sont datés de la seconde moitié du II e s.-IIIe s. (voir infra les
tableaux complets dans M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER).
110. Dans l'index du CIL VI, les très nombreuses occurrences de per sont toujours suivies du nom
de la personne, auquel succède la mention de sa fonction, à quatre exceptions près : per promag. à
deux reprises dans les actes des arvales, en 155, CIL VI 2086 + 32380 et en 186, CIL VI 2100 ; per
maritum suum Sex. Traulium, CIL VI 28256 ; per legatum Val. Marcellum, CIL VI 1454 + 31659. Pour
Dannius / Dannus, ILB, p. 128 ; Repertorium, p. 66 ; Nomenclator, p. 98. Pour Giamillus / Giamillius,
ILB, p. 129 ; Repertorium, p. 88 (et aussi Giamilos sur une monnaie des Senons : GIAMILOS / SIINV,
BN 7554-7569, LAMBERT, p. 183 et à Côme, CIL V 5376). Il est impossible de citer en Gaules
d'exemple certain de deux noms pérégrins juxtaposés car dans tous les cas où on pourrait
proposer cette lecture, les noms sont au génitif et on ne peut donc savoir si le second élément
n'est pas, selon la pratique courante, le nom du père après lequel f(ilius) a disparu ou a été omis.
Par conséquent, cette interprétation est rarement retenue. Cependant, les Tables générales de AE,
1961-1980 font apparaître un certain nombre de noms uniques juxtaposés (la formule est
maladroite mais cette combinaison de noms définis comme uniques est difficile à désigner), en
général dans les provinces hispaniques. Par ailleurs, le Repertorium propose couramment
l'interprétation comme gentilices de noms en-enus,-inus ou-anus ; il faudrait les examiner
199
dédicants ; C. Julius Serenus est aussi prêtre du culte impérial et préfet d'aile. L'association du
quattuorvirat et des convicani ne tient qu'à une restitution très douteuse, voir n. 153.
129. Belgique, cité des Ambiens, chef-lieu Amiens, Samarobriva, AE 1978 501 = 1982 716 dédicace
aux numina impériaux, à Mars et au pagus ; comme Serenus, Rectus est prêtre du culte impérial et
peut-être pra[efectus latro]cinio [arcendo ?].
130. En limite de la cité des Ségusiaves ; précédé de po]… (= pontifex ?), CIL XIII 1624.
131. A Orcines, à proximité de Clermont-Ferrand, chef-lieu de la cité des Arvernes, en belles
majuscules monumentales, CIL XIII 1525 = ILA Arvernes 77. Ligatures IR et MV. Hirschfeld a
proposé la restitution [Il]vir ou [IV]vir sans donner d'arguments, mais il est très probable que la
seconde proposition lui a été inspirée par le début du second mot qu'on peut compléter en mu
[nicipii] puisque le statut de la civitas des Arvemes est inconnu.
132. CIL XIII 1050 = 11067 = ILA Santons 21.
133. CIL III 14416 = ILS 7178.
134. ILB, p. 44-45, avec la bibliographie antérieure ; M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, BJ 194, 1994, p. 47,
note 28, et infra. À tort RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 195-196 le compte parmi les décurions des
Tongres belges.
135. PIR2 I 244 ; PME J 40, p. 445-446 ; H.-G. PFLAUM, Les fastes de la province de Narbonnaise, 30e suppl.
à Gallia, Paris, 1978, p. 225, no 23.
136. Je remercie très vivement Ségolène Demougin, qui a mis amicalement à ma disposition toute
sa science sur l'ordre équestre et m'a communiqué les fiches de la base de données informatisée
des procurateurs qu'elle a établie ; elles m'ont permis de vérifier que, malgré la variété des
titulatures des officiels chargés des opérations de recensement, la formule censor civitatis est
inconnue ailleurs.
137. GASCOU, Magistratures, p. 96-97 discute le parcours en détail et établit l'imbrication des
charges municipales et équestres.
138. Voir JACQUES, Privilège, p. 573-579 notamment pour les rôles respectifs des décurions et des
quinquennaux. Censeur municipal : PLINE, Lettres 10, 79 (a destinatis censoribus) ; le « moissonneur
de Mactar », CIL VIII 11824 = ILS 7457, 1. 23.
139. Mis à part Q. Aemilius Secundus, qui agit en tant que subordonné de Q. Sulpicius Quirinius
auquel fut confié au tout début de l'Empire (en 6-7) le recensement de toute la province de Syrie ;
dans le cadre de cette opération Q. Aemilius Secundus dénombra 117 000 hommes pour la cité
d'Apamée (CIL III 6687 = ILS 2683) ; son épitaphe le rapporte sans donner son titre, sans même
insinuer qu'il en avait un (idem jussu Quirini censura egi Apamenae civitatis millium homin. civium
CXVII ; PME A 90 ; H.-G. PFLAUM, Les carrières procuratoriennes équestres sous le Haut-Empire romain.
III, Paris, 1961, p. 1081).
140. Les Rémois : CIL XII 1869 ; les Asturies : CIL XII 1855. L'énoncé de ce cursus équestre est
insolite puisqu'il ne cite qu'une milice et rien entre la censure sexagénaire et la procuratèle
ducénaire.
141. Voir, par exemple, infra J. SCHEID, pour le rôle des duumvirs dans la mise au point du
calendrier religieux et un haruspice municipal : M. Oppius Placidus har(uspex) prim(us) de LX cui
locum sepultur. ord. sanctissim. Lug. dedit, CIL XIII1821, Lyon.
142. DAGR, I, p. 126 b ; III, p. 966 b ; IV, p. 1469 b.
143. DAGR, s.v. graphicus, IV, p. 1510-1511.
144. CHASTAGNOL, Culte, p. 34.
145. C'est la première attestation du renouvellement de la fonction, CHASTAGNOL, Culte, p. 34.
146. L'abréviation, plus développée que d'ordinaire, et l'indication de la cité d'origine incitent à
en faire un curateur de cité plutôt qu'un curateur des citoyens romains, voir n. 97.
201
147. Rappelons que les curies ne sont pas des structures administratives (voir infra J. SCHEID) ; par
conséquent CIL XIII 3632 = ILS 4564 = ILB 62, Trévires, près de Bastogne, la dédicace à Entarabus et
au génie d'une curie et l'offrande d'un portique ne concernent pas un vicus.
148. Pour les Gaules l'étude récente de Y. BURNAND, Latomus 53,1994, p. 737-744 ; pour la péninsule
ibérique L. A. CURCHIN, REA 87, 1985, p. 327-343 ; pour l'Occident, la thèse de M. TARPIN, Vicus et
pagus ; je remercie l'auteur de m'avoir autorisée à l'utiliser, et de m'avoir communiqué de
nombreuses informations.
149. CIL XIII 4481, Médiomatriques, Herapel.
150. N-L 8, Bitburg, Trévires.
151. Les vici non cités dans les inscriptions mais connus par la Table de Peutinger (K. MILLER,
Itineraria Romana. Römische Reisewege an der Hand der Tabula Peutingeriana, Stuttgart, 1916) sont :
pour l'Aquitaine, cité des Pictons, Brioux, Brigiosum ou Briosso vico, col. 106 ; pour la Belgique, cité
des Tongres, Liberchies ?, Geminico vico, col. 60 ; cité des Trévires, un vicus le long de la route de
Cologne à Trèves, col. 78, Oos, Ausava, Ausava vicus ; deux vici sur la route de Reims à Trêves,
Niederanwen, Andethannale, indexé Andethannale vicus, et Voncq-sur-Aisne, Vungo vicus, Vungum,
col. 79 et 89. Les pagi attestés ibid., sont : pour la Belgique, cité des Médiomatriques, Tarquimpol,
ad Decem pagos, col. 66 ; pour la Lyonnaise, cité des Senons, Melun, Meteglo ou Miglidunensis pagus
ou Melodunum Senonum, col. 110 et Roanne, Roidomna, pagus Rodonensis, col. 93. En outre des vici
sont mentionnés par l'Itinerarium Antonini (Ed. Cuntz 1990 2) : outre Arlon, Niederanwen, Bitburg,
Oos et Voncq, on notera Epoisso vicus (Carignan-Epoissu m chez les Trévires, Wess. 365, 9 - 366, 3).
152. La lecture de cette inscription pose de nombreux problèmes, qui ne sont pas tous résolus
malgré l'étude de G. FABRE, Aspects de la vie économique et sociale dans la vallée du Louron, Hautes
Pyrénées à l'époque romaine, dans Hommages à Robert Étienne, REA 88, 1896, p. 63-76. La graphie est si
mauvaise que l'interprétation reste hypothétique ; la lecture co(n)<p>vic(a)ni semble légèrement
plus conforme à la gravure que co(m)p(a)g(a)ni, mais si peu que l'argument est sans poids,
notamment parce qu'il faut alors éliminer le p. Comme il est dit ici (voir n. 210) vicani est
beaucoup plus fréquent que pagani, ce qui ne constitue pas une raison suffisante pour l'imposer,
d'autant que les formations convicani comme compagani (sur un modèle bien connu comme
consacrant dans la même région, CIL XIII 397 = 5379) ne sont jamais attestées en Gaules. Elles ne
sont, bien évidemment, pas à éliminer pour autant, mais cet hapax doit être souligné, et on peut
se demander si un des développements précédemment proposés - faire de cop un verbe lié à
posuerunt qui précède par et - ne pourrait être maintenu. On n'explique plus toujours
l'intervention des (con)vicini Spariani dans l'inhumation des parents de Muntanus et Sixsio par
leur appartenance à un collège funéraire (proposition de J. J. HATT, La tombe gallo-romaine, Paris,
1951, p. 248-250 ; M. MANGIN et F. TASSAUX, Les agglomérations secondaires de l'Aquitaine romaine, dans
Villes Sud-Ouest, p. 462, note 12 et M. FINCKER et F. TASSAUX, MEFRA 104,1992, p. 47, note 12
maintiennent l'interprétation funéraire), mais, même si cela était le cas, ces vicini doivent être
maintenus dans le dossier des vici car leur regroupement en association funéraire a été dicté par
leur localisation commune. On ne peut dire si la version vicini a une signification ou non, s'il
s'agit simplement d'une variante graphique de vicani ; voir vicina = habitante d'un vicus (CIL XIII
5064, Yverdon, Germanie supérieure, une flaminique qualifiée de vicina optima) et voir vicinia à
Trêves (n. 156). On ne peut non plus trancher entre Spariani et Spartani, les rapprochements avec
des anthroponymes ou des toponymes ne sont pas concluants le mode de composition des noms
de vici et de pagi n'étant pas élucidé.
153. Pour M. MANGIN et F. TASSAUX, dans Villes Sud-Ouest, p. 462, note 12, l'origine du premier
document (CIL XIII 258) est peu assurée puisqu'il s'agit d'une table en marbre qui peut avoir été
transportée de n'importe où. La seconde mention est très douteuse : on a restitué à partir des
trois lettres ANI subsistant à la dernière ligne d'une dédicace très fragmentée à C. Julius Serenus
[convic]ani, inspiré par la mention des vicani du premier texte ; mais on peut penser à plusieurs
202
autres solutions, outre [vic]ani ou [pag]ani, à la fin du nom propre du ou des dédicants, au génitif
ou au pluriel, à un groupe comme [Aquit]ani etc…
154. je remercie W. van Andringa qui a bien voulu me communiquer les dernières propositions
de lecture, qui semblent maintenir la possibilité d'un vicus Pa[…, voir n. 215.
155. Voir n. 230 et 231.
156. Voir les vicini Spariani, n. 152 ; vicinia est rare, mais pas inconnu dans l'épigraphie, et attesté
par exemple à Olbia, AE 1910 60, étudié récemment par J. ANDREAU, La vicinia d'Olbia, note 64, à
par. : il cite onze références de vicinia ; on ne peut douter que le terme désigne un rassemblement
fondé sur la proximité.
157. Je remercie très vivement J. Metzler, conservateur au musée du Luxembourg, qui m'a fourni
les informations sur ce nouveau texte et m'a autorisée à les utiliser. Il s'agit d'une stèle,
réemployée mais dont le texte est intact, mise au jour en mai 1998 sur le site de l'ancienne église
de Mertert : Cenio vic/anorum Su/romagiensi/um justini/us Mercuri/alis / dono ded. L'inscription sera
prochainement publiée par son inventeur.
158. Signalé dans J. BLACHON, O. BLIN et al., L'agglomération antique du site de la « ferme d'Itlie » à
Jouars-Pontchartrain (Yvelines), dans Bilan scientifique DRAC Ile de France, 1996, à par. Je remercie très
vivement O. Blin, responsable AFAN des fouilles de Jouars, de m'avoir informée de l'existence de
cette pierre et autorisée à la mentionner. Elle fait partie d'un bandeau, surmontant une scène de
sacrifice, sur un édifice dont le parement a été débité en morceaux ; d'autres fragments ont été
rassemblés, qui n'ont pas permis jusqu'à présent de reconstituer le nom du vicus. Une étude est
en cours.
159. Autel en réemploi dans le mur de l'église de Vignec, Hautes-Pyrénées, en cours de
publication par l'université de Pau. Je remercie J. L. Schenck, conservateur du patrimoine à
SaintBertrand-de-Comminges, de m'avoir signalé l'existence de ce texte.
160. La lettre E[… qui suit le mot pagi est peut-être l'initiale du nom du pagus, ou du dédicant.
161. Voir ci-dessous conclusion. Sur la spécificité de l'urbanisation de la Gaule Belgique et les
variations à l'intérieur de la province, J. MERTENS, Quelques aspects de l'urbanisation dans les régions
septentrionales de la Gaule Belgique à l'époque romaine, dans Villes Lyonnaise, p. 361-395, surtout
p. 363-365.
162. Briord, le pagus Viennet(onimagensis), ILTG 303 = AE 1959 129 ; à Vieu, vicani Venetonimage
[ns]es, CIL XIII 2541, cf. 2544 et 2564 (Venetonimagenses) et à Belley, un magister pagi, CIL XIII 2507.
163. Vicus Belginum, Trévires, CIL XIII 7555a ; finis pagi Carucum, CIL XIII 4143 ; pagus Ac[…, F 238.
164. Voir n. 152.
165. CIL XIII 3105 = ILS 7052 (voir n. 172) ; CIL XIII 3106 = ILS 7051 ; CIL XIII 3107 (voir n. 176).
166. On préfère la version aujourd'hui la version Condevicnum à Condevincum, précédemment
utilisé. Pour la bibliographie, considérable, CIL XIII surtout 3106 (le premier découvert) ; M.
PROVOST, Carte archéologique de la Gaule 44, Nantes n o 69, p. 81-95 (objection de la superficie
insuffisante de la ville antique, p. 95) ; Rezé, n o 33, p. 45-63 ; voir ID., Nantes, Rezé et Angers, trois
croissances urbaines différentes, dans Villes Lyonnaise, p. 345-360, et Le Val de Loire dans l'Antiquité,
Gallia Suppl. 52, Paris, 1993, p. 140-142. Pour les rapports entre les deux villes, G. AUBIN, La Loire-
Atlantique des origines à nos jours, Saint-Jean-d'Angély, 1984, p. 73-93 ; P. GALLIOU, Villes et bourgades
maritimes de l'Armorique romaine, dans Villes Lyonnaise, p. 321-344. Voir aussi F. TASSAUX, dans Villes
Sud-Ouest, p. 209.
167. Sur les avantages naturels de Rezé, L. MAÎTRE, Le port de Rezé, dans Les villes disparues des
Pictons, 1899, p. 41 : « La nature avait favorisé Rezé au détriment de Nantes » (cité par M. PROVOST,
dans Villes Lyonnaise, p. 349-350, note 9). Le point sur les fouilles et sur l'histoire de Rezé, avec la
bibliographie antérieure, S. DESCHAMPS, F. GUERIN, J. PASCAL et L. PIRAULT, Ratiatum (Rezé, Loire-
Atlantique) : origines et développement de l'organisation urbaine, Rev. arch. Ouest 9, 1992,
p. 111-127.
203
183. CIL VII 1073 = ILS 4756 = RIB 2108, sous le commandement du préfet Silvius Auspex vers le
milieu duIIe s. Quoique des Bataves (pagus Vellaus, CIL VII1072 = ILS 4752 = RIB 2107) et des Rètes (
CIL VII 1068 = ILS 2555 = RIB 2100, cives Raeti) servent aussi dans la même cohorte, les membres du
pagus Condrustis sont très probablement tongres (cf. les Germains Condrusi entre les Éburons et les
Trévires - d'où Condroz en Belgique - B.G. 2, 4, 10 ; 4, 6, 4 ; 6, 32, 1 ; M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, BJ
194, 1994, p. 51, note 54 et 59). L'expression pagani pagi Teucoriatis (Trèves, Trévires, N 14) va dans
le même sens.
184. Pour CHASTAGNOL, Cités Gaule, p. 15 pense que la moyenne peut être de quatre ; cf. CÉSAR, B.C. 1,
12, 4 : quatre pagi chez les Helvètes, mais les Suèbes sont réputés en avoir cent (B.C. 1, 37, 3 et 4, 1,
4). L'effectif de douze pagi pour les Convènes et les Consoranni avancé par LIZOP, Convenae, p. 66-68
n'a aucun fondement.
185. CIL XIII 3148 à 3150 = ILS 7053 et a et b ; on peut en rapprocher CIL XIII 3152, un tout petit
fragment avec peut-être les premiers mots de la dédicace.
186. AE 1969-70 405a et b, qui permet de proposer pour CIL XIII 3151 la mention possible du pagus
[Carnut]inus.
187. On ne revient pas sur l'étude de la provenance et de la signification religieuse de ces
dédicaces, traitées longuement par CHASTAGNOL, Culte, p. 29-35 ; et voir infra W. VAN ANDRINGA.
188. Les dédicaces : CIL XIII 2608 et 2609 = ILS 4631 et 4632 ; oppidani Cabillonum, ILTG 314 = AE 1913
161 = ILS 9516.
189. CIL XIII 2920.
190. CIL XIII1646.
191. CIL XIII 604.
192. CIL XIII 412 = ILS 6961.
193. Voir l'analyse de Ch. GOUDINEAU, Les fouilles de la Maison au Dauphin. Recherches sur la
romanisation de Vaison-la-Romaine, 37e suppl. à Gallia, Paris, 1979, p. 278, 296.
194. Lyon, Condate, CIL XIII 1670 = ILS 7036.
195. Chalon-sur-Saône, Éduens, CIL XIII 2608-2609 = ILS 4631 ; 4632.
196. Soulosse, Leuques, CIL XIII 4679.
197. Naix, Leuques, CIL XIII 4636.
198. Vaux, ILB 60 = AE 1921 66 = F 3.
199. Trèves, Trévires, AE 1916 26, KTrier 181 ; voir n. 203. ·
200. Comme celle que détiennent les praefecti pagi de la cité de Vienne d'après GASCOU,
Magistratures, p. 82.
201. D. s. p., Éduens, Chalon-sur-Saône, dédicaces à des divinités à titre privé, CIL XIII 2608-2609 =
ILS 4631-4632 ; s. p. f. c., CIL XIII 258, Convènes, Saint-Bertrand, offrandes à titre privé ; suo
inpendio pour les juniores du vicus, près de Bitburg, Trévires, CIL XIII 4131 = ILS 7056 ; de suo pour
les offrandes aux pagi des Riedons par L. Campanius Priscus, CIL XIII 3148-3150 = 7053 et a et b.
Seule intervention d'un groupe, collective mais privée, ex stipe conlata, pour le don d'un tribunal
cum locis par des actores vicanorum Portensium, Namnètes, Nantes, CIL XIII 3106 = ILS 7051.
202. Voir ci-dessous le tableau Les magistrats de pagus.
203. Pagan]i pagi Teucoriatis, en partie restitué mais probable, Trèves, Trévires, AE 1916 26 = N 14.
Mise à part cette occurrence, les pagani ne sont cités que chez les Convènes, à trois reprises ; la
dédicace des pagani au dieu Ageius, à Asque, d'origine douteuse d'après CIL XIII 384 (Oihenart
[Arnold Oihenart au XVIIe s.] qui se vidisse ait. Ab hoc pendent reliqui ; d'où la remarque du lemme,
Vide ne ficta sit) est certainement authentique pour J. L. Schenck, conservateur du patrimoine, qui
a étudié le support (un autel) et la gravure (lettre du 8 octobre 1998) ; je ne peux reprendre ici le
développement de son argumentation, que je le remercie d'avoir bien voulu m'exposer en détail.
L'exception que représentent les Convènes ne tient pas au nombre de pagi connus chez eux (la
publication de l'autel de Vignec en triple l'effectif) mais à l'emploi systématique, dans ces trois
205
occurrences, sur deux documents, de pagani et non de pagus ; le faible nombre de textes ne
permet toutefois pas de dire si ce vocabulaire est significatif, ou d'en déduire, par exemple, que,
dans une région montagneuse, les pagani, ayant plus de difficultés à circuler, donc à atteindre le
chef-lieu, entretiennent une vie locale spécifique : il est, par exemple, très banal, qu'une
communauté élève une dédicace ; l'originalité des Convènes ne réside pas là.
204. Le Fort, près d'Aubenton, Viromanduens, dédicace à Mercure, actor]es ejus pagi in
[sta]uraverunt Auc[alo ? Auconis fil. ou possessor]es ejus pagi in [agro suo c]uraverunt, CIL XIII 3529 +
ILTG 361. Sur les actores voir ci-dessous.
205. Mandubiens, Alise-Sainte-Reine, CIL XIII 2877 ; Ségusiaves, Bussy Albieux, CIL XIII 1646 ; ces
deux textes sont difficiles à comprendre mais semblent mentionner la cité et un pagus ; Senons,
Auxerre, CIL XIII 2920 citerait la r. p., un pagus et un municipe : voir ci-dessus Les magistratures
exceptionnelles ; enfin, deux Senons, un anonyme, patron du pagus de Condate et magistrat de la
cité des Senons (CIL XIII1684), l'autre, C. Amatius Paterninus a parcouru un cursus dans un pagus
et dans la cité (CIL XIII 2949 = ILS 7049).
206. CIL XIII 1670 = ILS 7036, Dianae Aug. sacrum in honor. pagi Condat(e) C. Gentius Olillus magister
pagi bis (= pagus Condate) cujus dedicatione honoratis praesentib. dedit [ep]uli XII l. d. d. p(agi) Cond. ; CIL
XIII 1684 patron du pagus de Condate, probablement Senon, grand notable, de la fin du IIIe s.
Lyon civitas, CIL XIII 1989.
207. Ivrinco […] VIIIvir […] duob[…/…]agistro p. vir. inco[… a été restitué au CIL en VIIIvir [in pagisl
duob[us…mlagistro p[agi] vir(e) inco[latus], et interprété comme une mention de magistrat d'un ou
peut-être de deux pagi, le prétendu octovirat est pour RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 182, puisqu'il
la mentionne, une magistrature de cité originaire d'Italie où des octovirs sont connus, mais le
texte est si incohérent qu'il est injustifié de fonder des déductions à partir de cette version.
208. Ivrinco […] VIIIvir […] duob[…/…]agistro p. vir. inco[… a été restitué au CIL en VIIIvir [in pagisl
duob[us…mlagistro p[agi] vir(e) inco[latus], et interprété comme une mention de magistrat d'un ou
peut-être de deux pagi, le prétendu octovirat est pour RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 182, puisqu'il
la mentionne, une magistrature de cité originaire d'Italie où des octovirs sont connus, mais le
texte est si incohérent qu'il est injustifié de fonder des déductions à partir de cette version.
209. Pour la discussion sur le cadre d'exercice des questures, voir ci-dessus Les magistratures
municipales romaines, questure.
210. Cette constatation est valable pour l'ensemble de l'empire romain : alors que dans les ILS on
compte une douzaine d'attestations de pagani (p. 662), les vicani sont beaucoup plus nombreux
(une quarantaine, p. 663).
211. Y. BURNAND, Latomus 53,1994, p. 733-747 est à nuancer et à corriger : on ne peut mettre sur le
même plan une borne de délimitation, qui prouve que la circonscription a des frontières
officiellement définies et des toponymes qui ne reflètent que l'existence de limites d'un
territoire, fût-il privé.
212. En Narbonnaise, par exemple la magnifique plaque de trois citoyens romains magistri du
vicus Eburomagus au II e s. (AE 1969-70 388, cf M. PASSELAC, Le vicus Eburomagus. Éléments de
topographie. Documents archéologiques, RAN 3,1970, p. 89-91 ; 100, et M. GAYRAUD, ibid.,
p. 103-114).
213. Par exemple on aurait volontiers supposé que Mediusacer fils de Mediannus qui offre un
mur et deux arcs aux vicani (Mesves, Senons, CIL XIII 2895 = ILS 4702) était investi d'un rôle
officiel ; ou que les vicini Spariani (Bordères, Convènes, ILTG 126 = AE 1928 13) participent à
l'hommage funéraire que Muntanus et Sixsio rendent à leurs parents - ou à leur père - parce que
la famille avait un rôle public (voir n. 152).
214. ILB 46bis, Theux, Tongres : il convient très probablement de compléter la lacune, après la
mention de vicani, par curator. Parmi les hypothèses proposées dans ILB, M.-Th. RaepsaetCharlier,
ainsi qu'elle a bien voulu me l'indiquer, se rallierait aujourd'hui à celle qui est retenue ici, c'est-à-
206
dire à celle d'une curatelle de vicus assumée par un citoyen romain (à cause de la date du texte,
voir AE 1984 648).
215. Il s'agirait d'un vicus si on accepte la proposition de restitution, très séduisante car elle
donne un sens à un texte dont la première version en est dépourvue, mais un peu hasardeuse, de
G. NICOLINI et G. C. PICARD, dans Caesarodunum, p. 268 (révision complète de AE 1967 303, d'après
une première publication par G. POTUT, Gallia 31, 1973, p. 392) : Pictons, Vendeuvre - Les Tours
Mirandes, ce curator c. [R.] vic. Pal[…] aurait, selon une coutume fréquente dans un vicus, offert une
basilique, et serait prêtre impérial. Il faut abandonner la restitution de la mention de la tribu,
insolite en Gaules.
216. Selon un schéma classique, on suppose qu'ils en sont originaires ou y habitent (CIL XIII 1376
et 1377,11151). Mais voir infra le cas des Riedons où T. Flavius Postuminus ne peut ni être
originaire de, ni habiter dans, tous les pagi qu'il célèbre.
217. Voir ci-dessus n. 128 et 153 pour ce texte, ILTG 76, et sa restitution très douteuse.
218. CIL XIII 7555a = ILS 7057. On a proposé aussi q(uinquennalis), ce qui en ferait un duumvir de la
cité, sans discussion, mais est peu probable, voir ci-dessus tableau Les questeurs des Gaules, 13.
219. Pagus Ac[…, F 238. De même, dans CIL XIII 6541 (Germanie supérieure, Ôhringen), rien ne dit
que Faustius Faventinus qui offre aux vicani Aurelianenses la restauration d'une statue de Minerve
est quaestor du vicus ; ce titre est mentionné immédiatement avant la date consulaire (232), et il
n'y a aucune raison de penser qu'il ne concerne pas la cité. Le cas est exactement semblable
toujours en Germanie, chez les Lingons (CIL XIII 5661, vicus de Vertault, près de Dijon), pour les
frères L. Patricii Martialis et Marcus, qui font don d'édifices cultuels aux vikani Vertillenses et une
dédicace à la maison impériale, sans mentionner aucune fonction dans le vicus, alors qu'ils ont
exercé toutes les charges civiles in civitate sua. Pour Mayence et l'interprétation de CIL XIII 6676 et
des vici de la ville, voir M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, infra, et pour Sens, capitale de cité et vicus, et
pourvue d'un magistrat particulier, un édile, voir texte cidessous et n. 233 à 239.
220. Voir ci-dessus Les magistratures de cité, la questure. En bonne méthode il conviendrait de
pendre position de façon cohérente à propos de ces magistrats incertains : si l'anonyme de Belley
(Ambarres, CIL XIII 2507) est octovir de la cité alors qu'il est magister de pagus (RUPPRECHT,
Dekurionenstand, p. 182) pourquoi Velorius serait-il questeur de vicus et « non de la cité ou de la
colonie de Trèves (ibid., p. 194) ? ».
221. Bagnères, Bigerriones, CIL XIII 389, dédicace au numen impérial nomine vicanorum par Secundus
Sembedonis fil. ; Flavigny, Bituriges Cubes, ILTG 169 = AE 1958 193, dédicace et don ussibusque
vicanorum par M. Piieionius Rufus.
222. Boulogne, Morins, CIL XIII 3563, dédicace…] et deo jovi vicus Dolucens(is) cu(ravit) Vitalis Prisc[i
f.].
223. Bitburg, Trévires, CIL XIII 4132 = ILS 5646 = KTrier 126 : L. Ammia[tius] Gamburio (…) ludos
omnibus annis pri. kal Mai. curatores vici procurare debunt (sic) fide mandavit, daté de 198 par les
consuls Saturninus et Gallus.
224. M. Gemel(lius) Secundus et C. Sedat(ius) Florus actores vicanorum Portensium qui font don
d'un équipement (CIL XIII 3106 = ILS 7051). Sur la définition d'actor voir n. 100.
225. Ainsi, outre les exemples évoqués ci-dessus, Iovi O. M. vicani Solimariacenses faciendum
curaverunt Meddugnatus Ategniae f. et Serenus Silvani lib. (Leuques, Soulosse, CIL XIII 4681), ou,
moins explicite, la formule nomine vicanorum (Bagnères, CIL XIII 389, n. 221). Dans le vicus
Ratumagensis (Hermes, Bellovaques) des curateurs sont sans doute cités, sans que leur rapport
avec le vicus soit explicité dans les mots restants (CIL XIII 3476 :…]ius Tiberinus et [. Vl]pius Paullinus
[cur]atores ? ejusde[m ? monum]ent. ponendum [… curaverunt ? ; et CIL XIII 3480, fragment très
réduit : curat[… ?), mais rien n'oriente vers une curatelle dans la dédicace impériale, et à Jupiter, à
Hercule Saxanus et aux vicani élevée au même endroit par Sex. Fabius Asclepiades, médecin : il
agit totalement à titre privé, et à ses frais d. s. p. (CIL XIII 3475 = ILTG 358).
226. Contra Y. BURNAND, Latomus 53, 1994, p. 737-738.
207
227. Voir n. 223. Le commentaire de CIL XIII 4132 dans KTrier 126 est d'une pertinence
remarquable.
228. Identifié d'abord à Marsal, où un autre vicus est attesté, CIL XIII 4565 = ILS 7061, vicani
Marosallenses, puis à Vic-sur-Seille, à 45 km au sud-est de Metz.
229. CIL XIII 4310, Metz.
230. Joseph CAJOT, Les antiquités de Metz ou recherches sur l'origine des Médiomatriciens, leur premier
établissement dans les Gaules, leurs moeurs, leur religion, Metz, 1760, p. 78, exprime déjà des doutes
(« dans les mémoires de M. Bontems où elle a été insérée sur la foi de M. Praillon », un maître
échevin qui, doit-on supposer, devait affirmer l'avoir vue). Dans l'Histoire de Metz par les Rév.
Bénédictins, Metz, t. 1, 1769, p. 62 ; 91-92, les auteurs ont cherché en vain les deux manuscrits
(p. XIII, « cités par Meurisse, Histoire des évêques de Metz, 1634 »), ils donnent cependant un dessin
très précis de la pierre, pl. X, fig. 4 on ne sait d'après quelles sources ? (Cajot ne joint aucune
représentation figurée). P. Ch. ROBERT, Épigrapliie gallo-romaine de la Moselle. I, Paris, 1873, p. VII et
note 2 (sur les falsifications des antiquités de Metz), 55-58 (« transcriptions souvent inexactes »)
doute de ce texte « arrivé sans coupure », écarté par les épigraphistes mais repris « chez les
auteurs messins qui l'ont tous reproduit sur le témoignage du maître échevin Praillon transmis
par le chanoine Bontemps et par D. Cajot ». Le même récuse avec fermeté l'authenticité des
monuments (« inadmissibles ») de M. Afranius Heliodorus, magister vici Sandaliaris (p. 96), et de M.
Front. vic. argent. magist. (p. 97).
231. Son authenticité est défendue en premier lieu par le conservateur du musée de Metz, I. B.
KEUNE, Lothringer Jahrbuch, 1897, p. 171 ; à partir de ce moment, les savants allemands l'acceptent,
et substituent à Marsal une localisation à Vic-sur-Seille ; cf. J. L. MASSY, Les agglomérations
secondaires de Lorraine, dans Aggl. Belgique, p. 106, note 11 exprime un certain malaise envers ce
texte, mais ne va pas jusqu'à le contester. On n'a pas assez noté que les deux autres textes
transmis par la même source ne figurent pas au CIL.
232. Le formulaire lui-même est curieux, sans être invraisemblable, R.- CH., DDS, p. 22, note 81 :
sanctus au superlatif est très rare, mais un autre exemple à Trèves de l'emploi accolé à numen (CIL
XIII 11311, « inhabituelle à beaucoup d'égards ») et précédé de in h. d. d. dont l'absence à Metz,
sans être scandaleuse, est inaccoutumée pour une dédicace de vicus.
233. CIL XIII 2949 = ILS 7049.
234. Elle est très souvent citée, par exemple, RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 183-184, mais on
constate ses particularités plus qu'on ne les explique, voir J. GUERRIER-DELCLOS, Les inscriptions des
Senons. État de la question, dans Lyonnaise, p. 92.
235. CIL XIII 1684.
236. Voir ci-dessus le cas du vicus Portensium, sans doute à distinguer de Nantes, chef-lieu de la
cité des Namnètes.
237. Rappelons qu'on ne connaît que deux autres édiles, un par province (CIL XIII 916 = ILA
Nitiobroges 17, en Aquitaine ; CIL XIII 3599 = ILB 21, Tongres, en Belgique) ; voir ci-dessus Les
magistratures de cité, l'édilité.
238. CHASTAGNOL, Cités Gaule, p. 18 classe Agedincum parmi les oppida cités par César mais, à la
différence de Vellaunodunum (BG 7, 11, 2) ou de Metiosedum (7, 58, 2), désignés comme oppidum
Senonum, Agedincum, qui semble bien être la ville la plus importante de la cité (six légions y sont
cantonnées : 6,44, 3) ne se voit aucunement définie (7, 10, 4 ; 57, 1 ; 59, 4 ; 62, 10). Voir supra La
dénomination des cités.
239. Amatius a été ensuite préfet de l'annone ; voir supra Les magistratures exceptionnelles, les
praefecti.
240. R.-CH., Intégration, p. 179.
208
241. Sans aboutir à cette conclusion catégorique, F. TASSAUX, Les agglomérations secondaires de
l'Aquitaine romaine : morphologie et réseaux, dans Aggl. Belgique, p. 201-213 limite les responsabilités
des magistrats de vicus au domaine religieux, sans implications administratives.
242. Pagani pagi Teucoriatis, Trèves, Trévires, N 14.
243. Vicani vici Pacis, Metz, Médiomatriques, CIL XIII 403 ; Saint-Bertrand, Convènes, convic]ani ?
et vicani vici Florentini, CIL XIII 258 et ILTG 76.
244. Près de Bitburg, Trévires, CIL XIII 4131 = ILS 7056.
245. CIL XIII 2828 = ILS 7047 ; Dessau explique respondent par ULP., Dig. 50,1, 30 : Qui ex vico ortus est
eam patriam intellegitur habere cui rei publicae vicus ille respondet ; le rapprochement est très
intéressant car le texte juridique inclut le vicus dans une res publica alors que l'inscription
emploie le terme respondere à l'inverse.
246. CIL VII 1073 = ILS 4756 = RIB 2108.
247. CIL XIII 4679, Soulosse, Leuques ; la lecture est difficile : DERWETPEREGRI. Si on interprète
DERWET comme un seul mot, le pagus est Dervet(us plutôt que -ensis) ; si on fait une coupure, il est
Derv(ensis), VET signifie alors vet(erani) suivi de peregri(ni) ; la première version semble
préférable : (genio) pagi Derveti peregrini.
248. CIL XIII4131 = ILS 7056, Trévires, près de Bitburg.
249. CIL XIII 2507 ; CHASTAGNOL, Cités Narbonnaise, p. 121-141, surtout p. 136-137.
250. CIL XIII 4679, Soulosse, Leuques, pour le nom du pagus, voir n. 247 ; pour les attestations de
peregrini et des collegia peregrinorum, KTrier 218, Trèves.
251. Monceaux-le-Comte, Éduens, CIL XIII 2828 = ILS 7047.
252. CIL XIII 3105 = ILS 7052.
253. Negotiatores, Herapel, Médiomatriques, CIL XIII 4481.
254. Le Fort, CIL XIII 3529 + ILTG 361, mais il ne reste que …]es et la restitution en possessores
(l'autre proposition est adores, voir plus haut) conforte artificiellement la vision des pagi ruraux.
255. Noter le développement loco sibi concesso et donato a vikanis Bedensibus (CIL XIII 4131 = ILS
7056, Trévires, près de Bitburg), qui décompose le processus en deux phases : la concession du
terrain aux juniores pour qu'ils y édifient une tour de guet ( ?) puis l'abandon des droits de la
communauté du vicus sur ce terrain.
256. Dans un même lieu, on trouve les variantes, dédicace impériale seule, associée à une
divinité, à une divinité seule ; à Nantes par exemple, CIL XIII 3105 à 3107 (Vulcain, Vulcain et num.
Augustor., numen seul). Les dieux invoqués sont très divers, locaux (les divers Mars des Riedons),
ou non (Diane et le pagus de Condate, CIL XIII 1670 = ILS 7036), Mercure, Hercule Jupiter, Epona
etc… Pour l'Aquitaine, M. FINCKER et F. TASSAUX, MEFRA 104,1992, p. 64-73.
257. AE 1978 501 = 1982 716 ; CIL XIII 3450 ; F 238.
258. CIL XIII 4132 = ILS 5646, N-L 8 (la restitution proscaenator qui renvoie à un homme et son sens
sont incertains). Peut-être aussi à Vendoeuvres-en-Brenne une basilique a-t-elle été offerte à un
vicus par un prêtre impérial, voir n. 263.
259. Il faudrait examiner au cas par cas les sites fouillés et ayant livré des inscriptions, mais le
croisement de ces deux caractéristiques n'est pas fréquent, et les monographies des
récapitulations régionales n'accordent souvent que peu de place aux sources épigraphiques.
260. CIL XIII 4131 = ILS 7056, Trévires, près de Bitburg, daté de 245, fara[to]rem exaedificaverunt.
261. CIL XIII 258, Convènes, Saint-Bertrand : offrande vikanis vici Florentini par Tib. Publ. Sabinus.
262. CIL XIII3106 = ILS 7051, Namnètes, Nantes.
263. Néris, CIL XIII 1376 et 1377, complétés par CIL XIII 1378 à 1380, très lacunaires ; Vendoeuvres,
CIL XIII 11151 = ILS 9361. La révision, qui nécessite le contrôle sur place des textes, implique un
développement trop long pour qu'il soit inclus ici.
264. Contra, entre autres, M. MANGIN et F. TASSAUX, dans Villes Sud-Ouest, p. 471-477 ne considèrent
les agglomérations secondaires que comme un enjeu pour les notables des chefs-lieux (p. 475) ; il
209
en va de même pour P. LEVEAU, La recherche sur les agglomérations secondaires en Gaule Narbonnaise,
dans Aggl. Belgique, p. 182-186 qui, en outre, estime qu'il y a coupure entre pagus, espace indigène,
et vicus, espace bâti imposé par Rome.
265. Toutefois les échanges au niveau des pagi restent douteux, voir n. 98.
266. P. GARMY, Traditions et nouveautés dans les cadres de la vie urbaine au début de l'empire romain,
dans Villes Sud-Ouest, p. 223-235.
267. Sur les raisons qui ont pu pousser Auguste à rattacher à l'Aquitaine les cités entre Loire et
Garonne, Ch. GOUDINEAU, dans Villes Sud-Ouest, p. 497-498. Voir infra W. VAN ANDRINGA sur la
particularité des prêtrises convènes, et, par exemple, N. DUPRÉ, Remarques sur les capitales
provinciales de Gaule et d'Hispanie, dans Villes Lyonnaise, p. 297-413, surtout p. 400.
268. Voir les rapports des volumes régionaux sur le tissu urbain, dans Villes Lyonnaise : la plupart
des capitales de cités n'ont pas livré de trace d'occupation antérieure à la conquête.
269. E. FRÉZOULS, par exemple, le remarque, dans Villes Belgique, p. 83.
AUTEUR
MONIQUE DONDIN-PAYRE
Directrice de recherche, Centre national de la recherche scientifique
38, rue de Groussay - F-78120 Rambouillet
210
1 L’Ouest de la Gaule, situé loin du centre du pouvoir romain et des grands axes de
communication de l’Empire, attire peu l’intérêt des chercheurs. Les inscriptions qui
concernent les cités de la future Normandie sont très rares. Les textes qui parlent de ces
cités le sont aussi. Des trois tribus limitrophes dont je vais m’occuper, Unelles, Bajocasses,
Viducasses, seuls les Unelles sont cités par César1 ; Pline mentionne les Unelles, les
Bajocasses et les Viducasses2 et Ptolémée les Unelles et les Viducasses3.
2 Pourtant le mouvement de municipalisation affecta cette région comme toutes celles de
la Gaule et une des plus importantes inscriptions municipales connues en Gaule ornait
sans doute le forum d’Araegenuae, capitale des Viducasses, devenue aujourd’hui la petite
bourgade de Vieux, au milieu du IIIe siècle après J.-C. Il est vrai que la statue de Titus
Sennius Sollemnis avait été élevée par le conseil des Gaules dans sa propre cité sur un
emplacement fourni par le conseil des décurions, 18 ans après que le notable viducasse ait
exercé la charge de grand-prêtre de Rome et d’Auguste à Lyon. L’initiative d’édifier un
pareil monument et de graver une telle inscription4 n’était donc pas viducasse.
Cependant, elle honorait un homme à la notoriété remarquable qui avait réussi à
s’imposer au choix des notables envoyés par leurs cités à l’assemblée de Lyon en 220 pour
devenir le grand-prêtre cette année-là. Celui-ci avait su user de son autorité et de son
éloquence pour calmer l’hostilité des sentiments de la majorité des délégués de
l’assemblée à l’égard du gouverneur et pour les faire changer d’avis. Alors que ceux-ci
voulaient envoyer à l’empereur Élagabal une sorte de « motion » critiquant le
gouverneur, Titus Sennius Sollemnis avait suscité la rédaction d’un éloge des mérites de
celui-ci, ce qui lui avait valu d’entrer dans son amitié ainsi que dans celle de son
successeur qui l’avait même accueilli chez lui à Rome. Une très grande figure de l’élite
gauloise résidait donc alors chez les Viducasses. En revanche, nous ne connaissons aucun
des membres des élites des cités voisines. Les premiers notables des Bajocasses connus
apparaissent au IVe siècle après J.-C. ; Ausone mentionne l’origine bajocasse de deux
211
professeurs bordelais5, Attius Patera et Phoebicius, ainsi que leur appartenance à une
famille de druides. Nous ne savons rien des fonctions municipales qu’ils auraient pu
exercer. Leur histoire est pourtant intéressante, avec la volonté d’enraciner celle-ci dans
le passé6. Les sources concernant les Unelles sont encore plus rares. Le nom de Viridovix
est le seul que celles-ci nous aient transmis. C’est celui du chef charismatique qui réussit à
entraîner dans la lutte contre César en 56 une coalition de peuples de l’Ouest, Unelles,
Lexovii, Aulerques Éburovices, Coriosolites, et de contingents hétérogènes venus de
l’Ouest de la Gaule7. Les Unelles apparaissent, en effet, comme le peuple qui mena cette
coalition alors que César était retenu chez les Vénètes et que les peuples armoricains
s’étaient tous révoltés. Il semble que ce peuple puissant ait frappé des monnaies dès le II e
siècle avant J.-C.8
3 L’Antiquité tardive amena une nouvelle structuration de l’espace dont les témoignages
nous ont été laissés par le réseau des évêchés et des circonscriptions ecclésiastiques. La
civitas des Viducasses n’eut plus de chef-lieu ; Vieux ne fut pas entourée de murs
contrairement à la capitale des Bajocasses, qui a pris le nom de la tribu qui occupait son
territoire et est devenue Bayeux. L’évêché de la cité des Unelles est l’évêché de
Coutances ; Constantia apparut au Bas Empire comme capitale administrative des Unelles
alors qu’elle ne l’était pas sous le Haut Empire9. Pour quelle raison ? Nous voudrions nous
intéresser à l’histoire du choix des capitales de ces cités avant d’aborder l’histoire des
institutions municipales qu’il nous est possible de connaître.
4 C’est à la géographie autant qu’à l’histoire qu’il faut faire porter son intérêt pour trouver
des explications aux choix faits par Rome pour les capitales de civitates. La proximité de la
mer ou d’un fleuve est ici l’élément déterminant. Le fleuve n’a jamais dans cette région
constitué une frontière politique. L’empereur Auguste lui-même avait valorisé le rôle
d’axe économique majeur de la Seine en associant deux populations gauloises d’origine
belge, les Calètes et les Véliocasses, sur la rive droite de la Seine, à d’autres populations
gauloises de culture différente situées sur la rive gauche du fleuve ; il rassemblait ainsi
pour la première fois, en formant la province de Lyonnaise, les populations qui
constituèrent la future Normandie (fig. 2). La capitale des Viducasses, Araegenuae, se
trouvait à une vingtaine de kilomètres de la mer. Vieux, sur la vallée de la Guigne, est
localisée près du confluent de cette rivière avec l’Orne qui mène à la mer. Bayeux, à moins
de 10 kilomètres de la mer, contrôle les voies d’accès à celle-ci et est située à l’endroit où
la vallée de l’Aure marque un changement d’orientation vers l’Ouest. La capitale des
Lexovii, Noviomagus, devenue Lisieux, était, jusqu’au XVIII e siècle, un port sur la Touques,
situé à plus de 25 kilomètres de son embouchure. Quel choix fut fait pour la capitale des
Unelles ? Il semble que l’implantation de la capitale a varié au cours des siècles.
5 La péninsule du Cotentin constitue une avancée profonde entre deux côtes, en face de la
Bretagne romaine. La presqu’île elle-même est isolée par une série de marais ou de pays
inondables qui n’est guère interrompue que par un massif de collines entre la Sée et l’Ay à
l’Ouest. La hauteur de cette ligne de collines atteint 130 mètres. Ces collines contrôlent
l’accès à la côte occidentale par ces deux rivières. Elles permettent aussi de surveiller
l’accès à la côte orientale et particulièrement à la grande baie des Veys, débouché de la
vallée de la Douve, qui prend sa source au Sud de Cherbourg et traverse toute la péninsule
avant de se jeter dans la baie, ainsi que celle de la Taute qui vient du Sud et rejoint la
Douve dans la baie des Veys (fig. 3). C’est dans cette zone, naturellement défendue par des
collines abruptes, qu’est situé l’oppidum du Mont Castre (fig. 4), éminence stratégique
permettant de surveiller l’entrée de la presqu’île à l’endroit où celle-ci est resserrée ainsi
que le marais, obstacle séparant les deux rives du Cotentin mais aussi canal naturel qui
peut unir celles-ci en fournissant un passage par voie d’eau plus aisé que le
contournement par la mer de la presqu’île du Cotentin. L’écoulement des eaux ainsi que
213
la circulation sur les fleuves était d’ailleurs sensible au régime des marées qui
envahissaient les estuaires.
6 Les premières fouilles sur le Mont Castre, situé sur les communes de Lithaire et de
Lastelle, commencèrent en 1862. L’oppidum s’inscrit dans un trapèze dont le plus grand
côté a près de 500 mètres de long et le plus petit 360 mètres. Il est bordé de deux
enceintes et protégé par un fossé en V.
7 Mais il n’y eut jamais de fouilles complètes semblables à celles que M. Wheeler effectua au
Sud-Ouest de la péninsule, sur l’oppidum du Petit-Celland10. Le site de l’oppidum de la tribu
des Unelles ne semble pas avoir été complètement abandonné à l’époque romaine.
Cependant la capitale de la civitas ne peut être cherchée dans le voisinage immédiat de ce
point stratégique ; elle est située près d’une côte, la côte Ouest ou la côte Est, ou, plus
vraisemblablement, selon les circonstances, sur la côte Ouest ou sur la côte Est du
Cotentin.
8 Les témoignages antiques concernant les noms de « villes-étapes » chez les Unelles sont
au nombre de quatre sur la table de Peutinger, Crouciatonum, Alauna, Coriallo, Cosedia, mais
c’est Crouciatonum ou Crociatonum qui est citée comme capitale des Unelles chez Ptolémée,
au IIe siècle après J.-C., et c’est la seule attestation littéraire d’un nom de capitale pour ce
peuple avant le Bas Empire. La Notitia Dignitatum mentionne Constantia, ville dans laquelle
fut installée une garnison11. Un examen de la table de Peutinger montre des symboles
différents en fonction de la nature des relais. Un chef-lieu de cité est indiqué par deux
tours au toit pointu. C’est, par exemple, le cas de Ratumagus, Rouen, chez les Véliocasses,
Condate, Rennes, chez les Riedones, et Araegenuae chez les Viducasses. Or non seulement
Crouciatonum n’apparaît pas avec ce symbole (pas plus qu’Augustodurum chez les
Bajocasses), mais c’est Cosedia qui apparaît avec le symbole le plus visible d’une ville
fortifiée, avec deux tours au toit pointu entourées d’une sorte d’enceinte circulaire très
rare (dans l’Ouest, ce signe est seulement associé au nom de Juliomagus, Angers) qui
marque sans doute une nuance dans l’importance de la ville. Peut-on imaginer qu’avant
même de changer de nom, sous l’influence de Constance ou de Constantin, Cosedia ait déjà
214
été la ville la plus importante des Unelles ? Sur la table de Peutinger, elle est, avec son
symbole particulier, une étape de la route qui longe la côte Ouest du Cotentin en venant,
semble-t-il de Coriallo (la carte, abîmée, ne permet pas de voir la ligne de la route) et qui se
dirige vers Condate (Rennes). Enfin, l’Itinéraire d’Antonin 12 indique Cosedia comme
première étape sur une route partant d’Alauna et se dirigeant vers Condate (Rennes).
9 Il est possible qu’en fonction des circonstances historiques, des phases de la consolidation
de la conquête ou de la défense du littoral, les Romains aient choisi d’imposer une
capitale sur la côte Ouest ou sur la côte Est du Cotentin. Coutances et Carentan
(vraisemblablement Crouciatonum) ne sont situées qu’à une trentaine de kilomètres l’une
de l’autre. À la base de la presqu’île du Cotentin, à une dizaine de kilomètres de la mer,
sur un site facile à fortifier dominant la vallée de la Soulle, au cours orienté Est-Ouest, peu
avant son confluent avec la Sienne qui vient du Sud, Coutances semble avoir été un des
lieux privilégiés des débuts de l’implantation romaine en Normandie. Sa situation permet
de contrôler les routes qui vont vers le Nord du Cotentin, mais aussi vers le Sud et vers
l’Est et de surveiller la mer et l’accès aux îles britanniques. Le port le plus proche de
Coutances est aujourd’hui un havre ensablé à l’embouchure de la Sienne, Régnéville. Les
témoignages littéraires de ses relations avec le golfe de Gascogne et les îles britanniques
remontent au XIIIe siècle. La richesse du site de Coutances en témoignages archéologiques
précoces de ses relations avec le monde méditerranéen est remarquable, fragments de
céramique d’Arezzo, de La Graufesenque, fragments d’amphores républicaines Dressel I et
augustéennes Pascual I, abondance d’amphores à huile de Bétique précoces. Tout ceci
permet d’affirmer l’importance de la position privilégiée de Coutances au début de
l’implantation romaine dans la future Normandie13. L’importance de cette ville diminua
quand la romanisation progressa à l’intérieur des terres, mais son intérêt stratégique
parut à nouveau évident à la fin du IIIe siècle, quand des menaces venues de la mer firent
naître l’insécurité dans la Manche et sur son littoral. Constance, qui donna peut-être à
Coutances son nouveau nom, est l’empereur qui mit fin à l’usurpation de Carausius en
Bretagne. Or Carausius contrôla un moment une partie de la Manche et de ses deux rives
puisqu’il établit un atelier monétaire à Rouen14. Il faut noter que Coutances ne semble pas
215
15 Le nom des Viducasses est cité par Pline au Ier siècle ; leur nom et celui de leur chef-lieu
apparaissent chez le géographe Ptolémée au IIe siècle23. Le nom d’Araegenuae est, en outre,
mentionné sur la table de Peutinger, associé au symbole du chef-lieu de cité. À ces
occurrences, il faut peut-être ajouter celle d’une borne milliaire très lacunaire dans la
dernière ligne de laquelle apparaîtrait avec des ligatures un ensemble de lettres dont le
développement serait A F(inibus) V(iducassium). Cette borne, datée de l’époque de
Constance Chlore ou de Constantin, montre l’intérêt des empereurs de la fin du III e et du
début du IVe siècle pour le réseau routier de ce territoire dont nous ignorons quelle fut
l’histoire tardive24. Cependant, au IVe siècle, les structures urbaines semblent assez bien
organisées et la présence de nécropoles des VIe et VII e siècles montre, à cette époque
encore, une certaine densité du peuplement25. Les débuts de l’urbanisation de Vieux, qui
ne semblent pas remonter au-delà du Ier siècle après J.-C. nous sont mal connus aussi ;
cependant une carte du territoire des Viducasses peut fournir des éléments pour
expliquer le choix de ce site près du confluent de la Guigne et de l’Orne, à un endroit où
ce fleuve qui traverse le territoire de la civitas est aisément franchissable. L’accès à la
Manche était donc facile. Il se peut que la proximité d’un important sanctuaire celtique
ait aussi favorisé le choix du site de Vieux. En effet, à environ deux kilomètres au Nord-
Ouest du bourg, sur la commune de Baron-sur-Odon, a été exploré un intéressant
sanctuaire celto-romain situé sur une butte calcaire, au lieu-dit le Mesnil (tout près de la
cote 112 qu’illustrèrent des combats lors du débarquement de 1944)26.
16 Le nom d’Araegenuae ne se trouve pas inscrit sur le marbre de Thorigny et il fallut de
longs débats aux érudits du XVIIe siècle pour attribuer ce document aux Viducasses et
l’inscription honorant Titus Sennius Sollemnis à Vieux ; je pense en particulier aux débats
opposant l’orientaliste Antoine Galland, secrétaire de l’intendant Nicolas Foucault, et
l’évêque d’Avranches Daniel Huet. Le « marbre de Thorigny » a, en effet, été découvert
dans le château des Matignons à Torigny-sur-Vire. Nous savons pas qui l’y apporta,
Joachim de Matignon sous François Ier, ou, plus vraisemblablement, Jacques II de
Matignon, lieutenant général du roi en Basse Normandie de 1559 à158027. L’histoire de
cette pierre est riche de déplacements multiples. Elle servit longtemps de base à la statue
de l’astronome Le Verrier au musée de Saint-Lô, fut transportée à l’université de Caen
après la guerre qui détruisit Saint-Lô avant de retrouver la ville de Saint-Lô en 1989 (fig.
5).
218
17 Titus Sennius Sollemnis, le notable qui était honoré par la statue dont nous avons
conservé la base, est un personnage qui a exercé des fonctions dans le cadre municipal et
dans le cadre provincial. Il est un bon représentant des aristocraties municipales de Gaule
par ses richesses qui lui ont permis d’accéder au pouvoir local, par son prestige qui l’a fait
choisir comme premier personnage de sa province en 220 et accéder à la charge de grand-
prêtre de Rome et d’Auguste à l’autel de Lyon. Il est aussi un bel exemple des amitiés qui
pouvaient être nouées entre les membres des élites gauloises et la classe dirigeante
romaine. Cette inscription laisse voir enfin, dans l’histoire d’une ville de province, le
reflet des luttes politiques que connut Rome en 238. C’est la première fois que le conseil
des Gaules élève une statue au préposé de la caisse des mines de fer du conseil des Gaules
et ceci 18 ans après qu’il ait exercé la fonction de grand-prêtre à l’autel de Lyon. Or
Tannée 238 est marquée par de grands changements politiques : Maximin le Thrace est
remplacé par Gordien III. Le conseil des Gaules et, avec lui, le procurateur Timésithée,
s’étaient compromis avec Maximin. Pour proclamer indirectement leur attachement à la
cause du Sénat, ils auraient, selon H.-G. Pflaum, fait ériger une statue à un notable bien
introduit dans les milieux dirigeants romains, d’où le caractère inhabituel de la
transcription des lettres des gouverneurs sur les côtés de la base de la statue et le fait que
la moitié de l’inscription principale soit consacrée à l’énoncé des bonnes relations de
Sollemnis avec des Romains en vue28.
18 L’objet de notre étude ne permet que d’envisager l’histoire du marbre de Thorigny
comme source pour l’histoire de la municipalisation de cette partie de la Gaule de l’Ouest.
La face principale de l’inscription est malheureusement lacunaire à l’endroit où sont
énoncées les fonctions municipales de Sennius. Titus Sennius Sollemnis porte un nom
patronymique ; il est fils de Sollemninus. Son intégration à la citoyenneté romaine est
donc récente. Est-elle liée à l’attribution de la citoyenneté à tous les habitants libres de
219
l’Empire en 212 ou à l’exercice des charges municipales dans un cité qui a obtenu le droit
latin ? Il est maintenant établi29 que la mention de colonia dans l’inscription du marbre de
Thorigny permet d’affirmer que la cité a bénéficié du droit latin et que ses magistrats ont
pu ainsi accéder à la citoyenneté romaine. Il est vraisemblable que Titus Sennius
Sollemnis, duovir sans tirage au sort à quatre reprises, ait pu exercer ses premières
fonctions municipales avant 212 et obtenir de ce fait la citoyenneté romaine avant l’édit
de Caracalla ; son père était déjà un personnage en vue chez les Viducasses puisqu’il offrit
à ses concitoyens un établissement de bains que Sollemnis acheva. L’expression duovir sine
sorte, duovir sans tirage au sort, confirme la puissance locale de Sollemnis et renforce
l’indication du fait que son autorité et sa richesse lui avaient permis d’être duovir à
quatre reprises. Cette expression unique est surprenante. M. Dondin-Payre a signalé qu’à
Lyon, pour évoquer l’unanimité des suffrages, les expressions utilisées étaient ex
postulante populo ou ex postulatione populi 30. H.-G. Pflaum suggérait la même idée
d’unanimité ; puisque le tirage au sort n’est utilisé qu’en cas d’égalité entre deux
candidats pour départager ceux-ci (le texte de la loi de Malaca31 l’atteste dans la péninsule
ibérique), le texte de l’inscription souligne qu’il ne fut jamais nécessaire d’utiliser cette
procédure et que Sollemnis fut toujours largement élu.
19 Il est à remarquer qu’il n’y a dans l’inscription qu’une seule occurrence du mot colonia 32,
alors que le mot civitas se rencontre à 4 reprises : Sollemnis a reçu tous les honneurs
municipaux dans sa civitas 33 ; il est le premier personnage iudex de l’ arca ferrariarum
auquel le conseil des Gaules ait jamais élevé une statue dans sa propre civitas 34 ;
l’emplacement de la statue a été donné par l’ordo de la civitas libera des Viducasses 35 ;
enfin, Sollemnis est dit grand-prêtre né dans la civitas des Viducasses à la ligne 11 de la
face droite (lettre d’Aedinius Julianus). Nous savons que le terme de civitas désigne la ville
et son territoire. C’est dans le cadre de la civitas des Viducasses que Sollemnis a exercé des
fonctions municipales, omnibus honoribus mun[... (l’inscription est ensuite lacunaire 36),
qu’il a été duovir et augure37. La civitas des Viducasses, qui avait ses magistrats et ses
prêtres, avait aussi un sénat, un ordo, qui prit la décision d’aliéner une portion de
territoire public, vrai semblablement située sur le forum, pour permettre l’érection de la
statue de Sollemnis. Nous pouvons noter que le terme de patria est substitué au terme de
civitas (mais qu’il semble avoir le même sens) dans un cas précis 38 : Aedinius Julianus,
ancien gouverneur de Lyonnaise, écrit à Badius Comnianus, son successeur, pour lui
recommander Titus Sennius Sollemnis. La lettre de recommandation, lettre privée, a
toujours, et déjà chez Cicéron, un caractère public ; même si elle n’est que rarement
gravée sur le marbre, elle est destinée à être lue en public39. Il n’est donc pas étonnant
qu’Aedinius Julianus ait songé à substituer le terme de patria à celui de civitas pour éviter
les redites et affirmé que c’était la propre patrie de Sollemnis qui, en le choisissant
comme délégué, n’avait pas donné mandat à celui-ci pour mener une action contre le
gouverneur, mais, au contraire, n’avait eu pour lui que des éloges.
20 Le qualificatif de civitas libera est un qualificatif rare 40, utilisé au moment de la mise en
place de l’organisation administrative des Gaules pour mentionner un statut privilégié du
point de vue fiscal mais dont les avantages furent atténués par l’extension de l’impôt
direct à toutes les cités. Il est intéressant de constater que l’utilisation de cette expression
unique41 valorise l’ordo des Viducasses, mentionné comme ordo de la civitas libera, ce qui
permet de se poser la question de l’attribution du titre de civitas libera comme titre
honorifique à une période postérieure et de poser la question d’une éventuelle médiation
220
de Sollemnis auprès du pouvoir romain pour l’obtention de ce titre, mais ceci n’est qu’une
hypothèse.
21 Nous ignorons aussi à quel moment la civitas des Viducasses 42 obtint le titre de colonia en
complément du droit latin. Ce statut privilégié lui fut-il octroyé en même temps qu’aux
cités voisines dont nous avons parlé et sur le statut desquelles notre ignorance est totale ?
Nous pouvons cependant observer, ici encore, la place particulière qu’occupe le mot
colonia dans notre inscription. Il est dit 43 : « l’établissement de bains, que Sollemninus
avait laissé par testament pour le profit des compatriotes de sa colonie, après en avoir
jeté les fondements, il l’acheva et légua le revenu, duquel il devait être restauré à
perpétuité ». La colonie ne pourrait-elle pas dans ce cas s’entendre comme le chef-lieu de
la civitas, puisque ce sont les habitants de la ville d’Araegenuae qui vont surtout profiter du
bénéfice de l’établissement thermal ? Les choses sont rendues plus complexes par
l’expression pop]u[lar]ibus coloniae s[uae], que Pflaum restitue ; il traduit populares par
compatriotes. Mais s’agit-il des compatriotes de la ville ou de la totalité du territoire ? En
fait, cette expression ne semble pas avoir été utilisée en Gaule ; habituellement, c’est le
mot populus qui est d’usage quand il est fait référence à des manifestations d’évergétisme
à l’égard des citoyens. Le texte de la face principale du marbre de Thorigny est beaucoup
trop abîmé pour qu’il soit possible de lire quelque chose à cet endroit, mais je me
demande s’il ne faudrait pas substituer u[ss]ibus à popularibus, car l’expression usibus ou
ussibus est beaucoup plus fréquente dans ce cas 44. Cependant, même si les populares de la
colonie des Viducasses disparaissent, le statut des habitants de la civitas pose encore
problème. La richesse de notre documentation concernant les Viducasses n’est pas due
aux Viducasses eux-mêmes mais à une initiative politique du conseil des Gaules en 238,
initiative dont nous n’avons pas encore achevé de tirer les multiples profits.
22 Il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances, de sortir de l’obscurité l’histoire
de la municipalisation des Bajocasses et des Unelles. L’épigraphie municipale est
inexistante dans ces cités. Il est nécessaire de recourir à d’autres types de sources.
L’intérêt des chercheurs pour l’étude historique de la future Normandie à l’époque
romaine s’était manifesté d’une manière précoce45. C’est par des recherches
archéologiques sur l’occupation du territoire des Unelles que pourront, à l’avenir, être
enrichies nos perspectives sur les questions posées par la municipalisation de ce peuple si
puissant à l’époque de César.
fig.
Monnaie des Unelles(d’après P. M. DUVAL, Les Celtes, 1977)
1
fig. La Normandie romaine (É. DENIAUX, La civilisation romaine en Basse Normandie, CRDP, Caen,
2 1985)
fig.
Le relief de la presqu’île du Cotentin (L. DANGEARD, Études normandes, 1944)
3
fig.
Les oppida de Normandie (d’après L. HARMAND, Histoire de la Normandie, 1970)
4
221
fig.
Le marbre de Thorigny (dessin E. LAMBERT, 1870)
5
NOTES
1. B.G. 3, 11 et 17-19.
2. H.N. 4, 32.
3. Géog. 2 ,8, 2, éd. C. MÜLLER.
4. CIL XIII 3162.
5. Commemoratio Professorum Burdigalensium 4 et 10, 18.
6. Sur les druides, cf. Ch. J. GUYONVARC’H et F. LE ROUX, La civilisation celtique, Paris, 1995, p. 147-150,
et J. L. BRUNAUX, Les religions gauloises. Rituels celtiques de la Gaule indépendante, Paris, 1966, p. 28-38.
Sur les druides de Bayeux, cf. A. D. ΒΟΟTH, Notes on Ausonius’ Professores, Phoenix 32,1978,
p. 235-249. Je remercie vivement François Chausson de m’avoir signalé cet article et de m’avoir
donné de précieux renseignements sur les pratiques généalogiques à l’époque impériale. Cette
dynastie de druides de Bayeux, dans laquelle est diffusée une onomastique spécifique liée au
temple de Belenus identifié à Apollon (le père d’Attius Patera s’appelle Phoebicius et son frère
Delphidius) n’a pas de parallèle en Occident ; c’est seulement en Orient que les lignées de prêtres
maintiennent ainsi de fortes traditions familiales.
7. Le prétexte de la révolte est décrit par CÉSAR, B.G. 3, 7. Pendant l’hivernage de 57, Publius
Crassus manquant de blé, envoie des officiers chercher des vivres dans les tribus de l’Ouest
gaulois. Celles-ci retiennent les officiers romains comme otages, pensant recouvrer par ce moyen
les otages qu’elles avaient elles-mêmes livrés à Crassus en signe de soumission. César intervint
contre les Vénètes et confia à Q. Titurius Sabinus un grand commandement contre les Unelles et
leurs alliés (B.G. 3,17-19).
8. Cf. fig. 1, monnaie des Unelles, datant du II e siècle av. J.-C. (diamètre 1,9 cm), avec un rapace
chevauchant un cheval, sous les pattes duquel se trouve un crustacé, P. M. DUVAL, Les Celtes, Paris,
1977, p. 141.
9. Cf. N. GAUTHIER, Province ecclésiastique de Rouen, dans N. GAUTHIER et M. FIXOT, Topographie
chrétienne des cités de la Gaule des origines au milieu du VIII e siècle. 9, Paris, 1996. D’utiles
monographies concernant ces trois cités se trouvent dans Art de Basse Normandie 54, 1969,
Bayeux ; 87, 1983, Vieux ; 89-91, Lisieux ; 95, 1987, Coutances. Sur Vieux, cf. aussi Ch. PILET, Vieux
antique, Rev. Arch. Ouest 1, 1984, p. 63-84.
10. M. WHEELER et K. M. RICHARDSON, Hillforts of Northern France, Oxford, 1957, p. 115 pour l’oppidum
du Mont Castre et p. 38-53 pour l’oppidum du Petit-Celland, vraisemblablement lieu de
rassemblement des révoltés de 56.
11. PTOLÉMÉE 2, 8,2 éd. C. MÜLLER ; la Notitia Dignitatum Occidentalis 37, 20, p. 204-205 (Éd. O. SEECK,
Berlin, 1876) fait mention d’une zone militaire, le Tractus Armoricanus et Nervicanus, dans laquelle
une unité, la première légion flavienne, est stationnée à Constantia ; elle signale aussi, 42, p. 216,
une garnison de Lètes à Constantia. Au début du Ve siècle, Coutances s’appelait donc Constantia.
12. Wess. 386,6-7 (O. CUNTZ, Itineraria romana. I, Leipzig, 1929, p. 60).
222
13. Br. BEAUJARD et H. HUVELIN, Le trésor de Rouen et l’occupation de la Gaule par Carausius, dans
Histoire et Numismatique en Haute-Normandie, Cahier des Annales de Normandie 12A, Caen, 1980,
p. 63-91 ; J. B. GIARD, La monnaie de Carausius à Rouen, Revue numismatique 150, 1995, p. 263-266.
14. Cf. É. DENIAUX, Recherches sur les amphores antiques de Basse Normandie, Cahier des Annales de
Normandie 12B, Caen, 1980 ; M. LE PESANT, Le commerce maritime de Regnéville au Moyen Âge,
Annales de Normandie 7, 1958, p. 323-335.
15. Sur Coutances, cf. M. LE PESANT, Les origines antiques de Coutances, Revue du département de la
Manche 5,1963, p. 6-29.
16. CIL XVII 460.
17. P. VIPARD, Le milliaire de Sainte-Mère-Église (Manche) et le problème de la localisation de
Crouciatonnum, Annales de Normandie 40, 1990, p. 248-262 (AE 1990 722).
18. Les fouilles récentes des thermes par Th. Lepert n’ont pas été encore publiées ; mais celui-ci
avait communiqué des renseignements sur ses fouilles à Madame A. Taboué, qui a rédigé,
en 1992, un mémoire de maîtrise sur Alauna, cité gallo-romaine sous ma direction. Les plus
anciennes notices concernant Valognes dans l’Antiquité se trouvent dans Don B. de MONTFAUCON,
L’Antiquité expliquée. 3, 2,1723 ; cf. aussi Ch. H. HÉRISSIER DE GERVILLE, Recherches sur les villes et
voies romaines dans le Cotentin, Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie 5, 1829-1830. Le
plan des thermes de Valognes ne se trouve pas dans A. GRENIER, Manuel d’archéologie gallo-romaine.
4, Paris, 1960 ; sous le nom de thermes de Valognes sont représentés les thermes de Vieux
(p. 350-355) avec un correctif de l’auteur, car l’attribution fausse remonte à Montfaucon ; le plan
du volume 3 de L’Antiquité expliquée indique « thermes de Valognes » alors que l’auteur
reconnaissait son erreur dans l’avertissement du t. 1 de L’Antiquité expliquée. En revanche, dans le
vol. 3 du Manuel d’archéologie gallo-romaine, p. 959-963, A. Grenier présente le théâtre de Valognes,
d’après les travaux de Montfaucon. Les thermes de Valognes ont été étudiés par J. MACÉ, Bull. Soc.
Ant. Normandie 54, 1959, p. 384-395 et 55, 1961, p. 362.
19. Valognes n’eut sans doute ensuite que le statut d’un vicus. À l’époque mérovingienne, il devait
y avoir un pagus autonome dans cette région septentrionale du Cotentin. Je remercie vivement M.
Musset de m’avoir signalé Tunique occurrence de ce pagus Onellicus (dans le martyrologe
hiéronymien, à propos de la date du 1er mai).
20. CIL XVII 449.
21. ORDERIC VITAL, Histoire ecclésiastique 5, 9.
22. CIL XVII 447 (pour le milliaire de 165) et CIL XVII 446 et 448 (pour les milliaires de 207).
23. PLINE, H.N. 4,32 et PTOLÉMÉE, Géog. 2, 8, 2.
24. Cf. É. DENIAUX et D. BERTIN, Découverte d’une borne milliaire à Vieux, Annales de Normandie 3,
1979, p. 251-257 (AE 1979 410). Si la lecture A F(inibus) V(iducassium) était possible, la notation du
nom des Viducasses indiquerait qu’au début du IVe siècle, la civitas avait encore une existence
administrative autonome.
25. Ch. PILET, op. cit. (n. 9), p. 63-84.
26. Cf. D. BERTIN, Le temple celto-romain du Mesnil de Baron-sur-Odon, Gallia 34,1977, p. 75-88.
27. La riche histoire de ce document (CIL XIII3162 = ILTG 341 = AE 1949 136-137 et 214 ; AE 1959 95)
sera développée dans un autre cadre. Le nom de Sollemnis a peut-être laissé une trace dans la
toponymie locale, cf. L. MUSSET, Bull. Soc. Ant. Norm. 56, 1961-1962, p. 823 (sur l’origine du nom de
la commune de Soulangy, qui viendrait de Sollemniacum, le domaine de Sollemnis).
28. PFLAUM, Thorigny. Sur les gouverneurs romains que connut Sollemnis, cf. P. WUILLEUMIER,
L’administration de la Lyonnaise sous le Haut Empire, Paris, 1949, p. 18 (Ti. Claudius Paulinus), p. 19
(M. Aedinius Julianus), p. 19-20 (Badius Comnianus), et A. BIRLEY, The Fasti of Roman Britain, Oxford,
1981, p. 188-190 (Ti. Claudius Paulinus).
29. La question des relations entre le caractère de la civitas et le statut de la colonia avait été
abordée dans la thèse de MAURIN, Saintes, p. 166 sq. Elle avait été renouvelée par la découverte
223
en 1968 (AE 1968 321) d’une inscription de Trèves dans laquelle se trouvaient associées les deux
expressions colonia Treverorum et civitas Treverorum ; cf. le commentaire de H. WOLFF, Civitas und
Colonia Treverorum, Historia 26, 1977, p. 204-242. L’ensemble du dossier est repris par CHASTAGNOL,
Droit latin provincial, p. 89-112 et Droit latin Gaules, p. 181-190 qui a réalisé des tableaux complétés
par M. Dondin-Payre dans ce volume. Sur les relations entre le droit latin et le statut de colonia,
cf. aussi J. F. DRINKWATER, A Note on Local Careers in the Three Gauls under the Early Empire,
Britannia 1979, p. 89-100 et M. DONDIN-PAYRE, Réexamen des magistratures municipales des Gaules
d’après l’épigraphie, CCG 8,1997, p. 286-287 et aussi supra.
30. CIL XIII 1921,1929 et AE 1966 252.
31. ILS 6089,57.
32. L. 10, face principale.
33. L. 5, face principale.
34. L. 28, face principale.
35. L. 29, face principale.
36. L. 3, face principale.
37. J. F. DRINKWATER, op. cit. (n. 29), p. 94-95 a attiré l’attention sur le fait que les notables de Gaule
qui avaient accédé aux honneurs provinciaux cessaient d’indiquer en détail les étapes
antérieures de leurs carrières et la résumaient souvent par une phrase comme omnibus honoribus
apud suos functus.
38. L. 22 de la face droite.
39. Sur la pratique de la recommandation chez Cicéron, cf. É. DENIAUX, Clientèles et pouvoir à
l’époque de Cicéron, coll. EFR 182, Paris - Rome, 1993.
40. Cf. la synthèse de M. Dondin-Payre dans ce volume.
41. L. 29, face principale.
42. Cf. le débat historiographique sur colonia et civitas, cité supra, n. 29, et surtout la synthèse de
M. Dondin-Payre dans ce volume qui montre que l’accession au droit latin ne peut s’entendre
dans une interprétation restrictive. À son avis, tous les habitants de la civitas bénéficient du
statut latin octroyé par l’empereur à une cité ; le titre de colonia est le signe d’une promotion
supplémentaire.
43. L. 10, face principale, trad. H.-G. PFLAUM.
44. Cf. par exemple, en restant dans l’Ouest de la Gaule, l’inscription des foulons d’Évreux (CIL
XIII 3202, ussibus fullonum mediolanensium ) et la dédicace du théâtre de Jublains ([u]sibus ou
[uslsibus civitat[is, R. REBUFFAT, Les Aulerques Diablintes, dans Lyonnaise, p. 115-120).
45. Cf. la recherche de l’abbé BELLEY, Une voie romaine de Valognes à Vieux, Mém. Acad.
Inscriptions 28,1761, p. 475. La création de la Société des Antiquaires de Normandie par Arcisse de
Caumont en 1824 avait permis le développement d’importantes recherches et donné une grande
impulsion aux fouilles des monuments urbains romains.
224
AUTEUR
ÉLISABETH DENIAUX
Professeur à l’université Paris Ouest Nanterre
La Défense
155, rue Ordener - F-75018 Paris
225
Kolonisation im Rheinland
Hartmut Galsterer
1 Ich habe bereits vor einigen Jahren hier an dieser Stelle tiber die römische
Koloniegründung in Köln gesprochen, und dieser Vortrag ist dann freundlicherweise
auch in den Cahiers Glotz publiziert wordern1. Das Quellenmaterial hat sich seitdem
überhaupt nicht verändert, was die literarischen Zeugnisse betrifft, und nicht
dramatisch, was die Inschriften angeht ; auf archäologischem Gebiet gibt es allerdings
einiges Neue. Ich möchte mich heute über Köln kürzer fassen, allerdings meine früheren
Ausführungen an manchen Stellen präzisieren und korrigieren ; den Schwerpunkt meiner
Ausführungen werde ich aber etwas anders legen : Auf der einen Seite soll das Objekt der
Romanisation mehr in den Blick kommen, d. h. die Stämme, in deren Gebiet und mit
deren Beteiligung römische Kolonien gegründet wurden ; auf der anderen Seite möchte
ich etwas ausführlicher auf die zweite Kolonie am Niederrhein eingehen, die Colonia
Ulpia Traiana bei Xanten, und drittens auch über die Modalitäten der Kolonisation
sprechen. Bei beiden rheinischen Kolonien handelt es sich um Ansiedlungen
verabschiedeter Militars, also um Deduktionskolonien römischer Bürger – von einer
privaten Einwanderung von cives Romani aus Italien in die Rheinlande grösseren
Ausmasses ist nichts bekannt.
2 Ich möchte hier auch nur die Lage in der späteren Provinz Niedergermanien behandeln ;
in Obergermanien mit seinen teilweise bis in die caesarische Zeit zurückreichenden
Kolonien wie Iulia Equestris und Raurica liegen die Verhältnisse vermutlich erheblich
anders.
3 Die Quellenverhältnisse für die beiden hier zu behandelnden Städte sind alles andere als
gut. Über die frühe Geschichte und die Koloniegründung in Köln besitzen wir zumindest
den Bericht des Tacitus, doch die coloria Ulpia Traiana taucht in keiner literarischen Quelle
auf. Köln besitzt zwar mit etwa 700 Inschriften allein aus der Stadt und weiteren 800 aus
dem gesamten Territorium ein verhältnismässig umfangreiches Corpus, doch handelt es
sich hierbei vorwiegend um Grabinschriften von den Friedhöfen entlang der
Ausfallstrassen und um Weihungen an römische und einheimische Götter, die
ursprünglich hauptsächlich in der Peripherie der Stadt standen. Aus den zentralen
Bereichen der Kolonie, vom Forum oder von der Umgebung der ara Ubiorum, dürften nur
sehr wenige Inschriften stammen : die Wiederverwendung der Steine als Baumaterial
226
oder im Kalkofen liessen wenig übrig2. Auch die archäologischen Reste sind aufgrund der
fast zweitausendjährigen kontinuierlichen Besiedlung recht sparlich, trotz der Reste des
Statthalterpalastes unter dem heutigen Rathaus (auch dies ein Zeichen der Kontinuitat),
der Überreste der Stadtmauer und imponierender Grabdenkmàler. Noch betrüblicher
sind die Verluste an epigraphischer und archäologischer Substanz in Xanten, wo – wir
befinden uns schon in der Nähe der steinlosen Niederlande – das Ausbrechen und der
Weiterverkauf der römischen Mauern bis in die Neuzeit fortgesetzt wurde3.
4 Den Übergang von der Prähistorie zu der Historie bedeutet in unserem Raum die
»Vernichtung« der Eburonen, quorum pars maxima est inter Mosam et Rhenum, durch Caesar
als Rache für den Überfall auf eines seiner Winterlager4. Auch wenn Caesar natürlich kein
Interesse daran hat, uns über die Struktur dieses zu den Germani Cisrhenani gehörenden
Stammes oder Stammesbundes näher aufzuklären (falls er selbst genaueres wusste),
können wir nach den bekannten Parallelen doch annehmen, dass die Eburonen aus einer
Reihe von pagi, Gauen bestanden, die untereinander nicht sehr eng zusammenhingen5. Bei
der »Vernichtung« des Stammes wird es sich vermutlich um diejenige des namen- und
traditionstragenden Hauptverbandes gehandelt haben, lateinisch des nomen, wobei einige
an der Peripherie siedelnde pagi wie etwa die Sopeni oder die Sunuci (s. u.)
möglicherweise relativ ungeschoren blieben6.
5 Archäologisch stellt sich sowieso die Frage, was aus der einheimischen Bevölkerung –
nicht erst seit der »Vernichtung« der Eburonen – ab dem 1. Jhdt v. Chr. wurde. Die
einheimischen Gräber hören, z. B. auf der Aldenhovener Platte zwischen Jülich und
Maastricht oder auch auf der Kempener Platte nordwestlich von Düsseldorf, mit dem
Ende von Latène Cl, also nach dem ersten Viertel des 1. Jhdts v. Chr., auf und eine massive
römische Prasenz setzt hier erst ab Domitian ein7.
6 Zu den pagi, die das caesarische Morden überstanden hatten, dürften zum Beispiel die
Sunuker gehört haben, deren Hauptheiligtum, das der Göttin Sunuxsal, möglicherweise in
dem vicus Varnenum bei Kornelimünster in der Nähe von Aachen lag 8. Bei Caesar sind die
Sunuci noch nicht genannt und für Strabo (4, 3, 5) wohnen westlich der Ubier noch
Eburonen. Es liegt also nahe, in diesem »Volk« einen dem caesarischen Massaker
entgangenen Eburonenrest zu sehen, der spàter in den Ubiern bzw. der Kolonie Köln
aufging. Àhnlich mag es sich mit dem kleinen Stamm der Sopeni verhalten haben :
Zülpich/Tolbiacum wird im Itinerarium Antonini (373, 4) als vicus Sopenorum bezeichnet ;
auch sie waren also im Gebiet der colonia Agrippinensium aufgegangen.
7 Nördlich der Eburonen nennt Caesar – mit Ausnahme der schon im Rhein-Maas-Schelde-
Delta siedelnden Menapier – keine weiteren Stämme zwischen Rhein und Maas ; die
Bataver erscheinen nur in dem sicher nicht echten Kapitel b. Gall. 4, 10. Doch gab es
südwestlich der späteren Kolonie Ulpia Traiana zwischen Maas und Niers die Baetasier,
nach denen im ersten Jahrhundert eine Auxiliarkohorte benannt war und die unter dem
eigenen Ethnikon in den Listen der Gardereiter in Rom auftauchen. Schon 103 n. Chr.,
also unmittelbar im Anschluss an die Koloniegründung, nennt sich ein solcher Baetasier
aber Traianensis… Baetasius ; sie waren also spätestens zu diesem Zeitpunkt mit der colonia
Ulpia Traiana verbunden9.
8 Das durch die Ausschaltung der Eburonen entstandene Vakuum füllte sich in dem
nächsten Jahrhundert mit aktiven und verabschiedeten römischen Soldaten, mit Galliern
und vorwiegend mit Germanen von der anderen Rheinseite. Das von den – spärlichen –
literarischen Quellen10 nahegelegte, eher statische Bild von einer einmaligen, unter Roms
Kommando erfolgten Ansiedlung germanischer Stämme wurde durch die archàologischen
227
Funde der letzten Zeit etwas nuancenreicher. Im Süden des Eburonenlandes siedelte
Agrippa die Ubier an, die vorher vom Neuwieder Becken bis in das Lahntal gesessen
hatten. Die Aufgabe des grossen keltischen Oppidum auf dem Dünsberg bei Giessen wird
wohl mit diesem Abzug der Ubier zusammenhangen. Wann die Umsiedlung erfolgte, ob in
der ersten oder der zweiten gallischen Statthalterschaft des Agrippa, ist unklar, tut wohl
auch nichts zur Sache, wenn man sich unter dieser »Umsiedlung« nicht einen einmaligen
Zug von Zehntausenden von Ubiern vorstellt, sondern eher ein langsames Einsickern von
ubischen und anderen Bevölkerungsteilen, dem Agrippa zustimmte und die endgültige
staatsrechtliche Form durch die Einrichtung der civitas Ubiorum socia nobis gab 11. Eine
wichtige Rolle hierbei dürften die bei den Ubiern sicher schon früh aufgestellten
Hilfstruppeneinheiten gespielt haben, für deren Bezahlung anscheinend lokale Münzen in
der Nachfolge der keltischen »Regenbogenschüsselchen« geprägt wurden12. Sie standen,
wie bei Treverern, Batavern und schliesslich auch bei den Cheruskern, unter dem
Kommando einheimischer Aristokraten, die möglicherweise dann auch ebenso schnell
das Bürgerrecht erhielten wie Arminius. Sie waren wohl auch die ersten, die sich mit
ihrem Anhang in den neuen linksrheinischen Gebieten ansiedelten13.
9 Die frühesten Spuren der Ubier finden sich direkt am Rhein, in Neuss und in Bonn 14. Hier
interpretierte M. Gechter die früher als Auxiliarlager angesehenen ältesten Reste als
Spuren eines ubischen Flachland-Oppidum, das um oder kurz vor 30 v. Chr. – zeitgleich
mit den frühen Militärlagern vom Titelberg und vom Petrisberg bei Trier – gegründet und
ab 16 kurzfristig von römischem Militär mitbenutzt wurde15. In Neuss sprechen nach
Gechter Funde einheimischer Spät-La Tène-Keramik im Verbund mit italischer Keramik
aus der Zeit um ca. 16 v. Chr. für ein ähnliches Ensemble, doch könnte man sich dort
ebenso gut ubische Hilfstruppeneinheiten vorstellen : bei diesen – im Rahmen der neuen
Offensive – ersten Erkundungszügen der Römer an den Rhein wäre es auch nur
vernünftig gewesen, ortskundige und seit langem den Römern freundschaftlich
verbundene Einheimische in grösserem Ausmass zu beteiligen.
10 An den Ort des spateren Köln scheinen die Ubier erst eine halbe Generation später, und
auch hier im Schlepptau des römischen Militärs, gekommen zu sein16. Seit 19 v. Chr.
konnte man in Nordwestspanien den Krieg gegen die Asturer und Kantabrer als
gewonnen ansehen, d. h. es wurden eine Reihe von Legionen und Hilfstruppen zu
anderweitiger Verwendung frei. Schon um 17 v. Chr. wurde die Moselbrücke in Trier
gebaut, über die die von Agrippa kurz zuvor geplante Strasse von Lyon und Metz in
Richtung Rheinland verlief17. Eine strategische Einordnung dieses Strassenbaus ist nicht
ohne weiteres möglich, doch zeigt er zumindest, dass der Ostrand Galliens nun wieder
mehr in das Blickfeld Roms geriet. Anscheinend war die Niederlage des Lollius im Jahr 16
v. Chr. dann das auslösende Moment für die in den Jahren des durch die clades Lolliana
verursachten Aufenthaltes des Augustus in Gallien 16-13 v. Chr. konzipierte Befriedung,
wenn nicht Eroberung des freien Germanien zwischen Alpen und Elbe18. Schon während
im Süden Drusus und Tiberius die Alpenpässe freikämpften, wurden die Truppen an den
Rhein vorverlegt : Bonn, Neuss I und Nijmegen/Hunerberg I gehören in diese Zeit 19. Erst
im Zusammenhang mit der Anlage der Verbindungsstrassen zwischen diesen Lagern, und
derjenigen über Trier und Lyon zum Mittelmeer (die zumindest in Trier um 17 v. Chr.
ausgebaut wurde) sowie derjenigen nach Westen (wo Tongern mit Schichten des sog.
Oberaden-Horizontes, d. h. der Drususzeit beginnt20) mit Ziel Kanalküste und Reims
bekommt die Gründung Kölns einen Sinn : Nicht als ubische Stammesmetropole und auch
228
Stadtmauer fanden sich Gräber. Vielleicht haben wir in dieser frühen Zeit also noch gar
nicht mit einer zusammenhàngenden Siedlung zu rechnen, sondern vielmehr mit
einzelnen Siedlungsinseln, wie zunächst auch im augusteischen Trier29. Hierzu würde es
passen, dass von einer zahlenmässig beachtlichen ubischen Bevölkerung dann erst in der
zweiten Jahrhunderthälfte, d. h. nach der Koloniegründung die Rede ist, wie die
Ausgrabungen an dem Friedhof bei St. Gereon zeigten, der nach einigen dezidiert
unrömischen Beigaben (z. B. eines Pferdes) mit einigem Recht als ubisch interpretiert
wird30, ebenso wie das Gräberfeld an der Norbertstrasse, wo eine massive Belegung
ebenfalls erst seit ca. 50 beginnt. Die Funktion eines Zentralortes, d. h. eines
Verwaltungsmittelpunktes für die civitas der Ubier, konnte der Ort auch ohne grosse
Bevölkerungszahl erfüllen.
13 In dieser anfangs wohl sehr vom Militär bestimmten Stadt wurde spätestens im ersten
Jahrzehnt nach Christi Geburt der Altar gegründet, an dem 9 n. Chr. der oben erwahnte
cheruskische Adlige Dienst als Priester tat. Wenngleich die Ausgrabungen der letzten
Jahre uns so langsam eine Vorstellung von dem spàteren Aussehen des Bezirkes (mit
grosser Kryptoporticus) geben, in dem wohl diese ara stand, ist über frühere Phasen
bislang nichts bekannt31. Immerhin zeigt die Einrichtung des Kultes, dass Köln schon in
augusteischer Zeit als Hauptstadt – vergleichbar Lyon und, etwas später, Kempten in
Raetien – galt. Da es aber bis Domitian bekanntermassen keine separaten germanischen
Provinzen gab, muss sich die ara, was ja auch die Beteiligung von Cheruskern nahelegt,
auf die geplante Errichtung Grossgermaniens bis zur Elbe beziehen und wird dann am
ehesten in die letzten Jahre der römischen Herrschaft jenseits des Rheins gehören, als
sich Quinctilius Varus mit grosser Intensitàt (und wenig Ruhm bei der Nachwelt) um die
Provinzialisierung und Romanisation der germanischen Stämme kümmerte.
Möglicherweise sind die σύνοδοι είρενικαὶ, von denen Cassius Dio in diesem
Zusammenhang spricht, auf solche »Provinziallandtage« zu beziehen, ebenso wie die von
Varus geforderten Steuern auf einen Census zurückgehen mögen, wie er ähnlich auch in
Gallien vor der Gründung des Landtages von Lyon durchgeführt worden war32. Wie im
gesamten Rheinland – und wie nach Tacitus'Zeugnis später in den Dekumatlanden – ist
wohl auch in Köln in den Jahren vor der Koloniegründung mit einer nicht unerheblichen
Einwanderung von Galliern zu rechnen33; eine der ersten römischen Inschriften ist die
Grabstele einer jungen Remerin, die hier – möglicherweise im Kindbett – starb34. Daneben
blieben selbstverständlich auch viele Veteranen zurück, vor allem in den Jahrzehnten, als
Köln ein Legionslager war und es im westlichen Teil des Reiches keine grosse
Kolonisationstatigkeit gab35. Die wirtschaftlichen Vorteile des Statthaltersitzes, unter
anderem die periodisch stattfindenden Gerichtssitzungen, werden hierbei zweifellos ihre
Rolle gespielt haben36. Nach der grossen Zahl der Iulii, unter ihnen besonders der Ti. Iulii,
sowie der Claudii, die im Kölner Umland belegt sind, ist mit einer erheblichen Zahl von
Bürgerrechtsverleihungen schon vor der Koloniegründung und dann bei dieser selbst zu
rechnen37. Teils waren diese Neubürger sicher Hilfstruppensoldaten, die hier das
Bürgerrecht erhielten ; vor allem war es aber die ubische Oberschicht. Warum sollten die
seit so langer Zeit mit den Römern verbündeten Ubier anders behandelt werden als
Haeduer, Bituriger, Treverer usw. zwei Generationen zuvor38 ?
14 In diese schon weitgehend romanisierte Stadt lässt dann Agrippina 50 n. Chr. die Colonia
Claudia Ara Agrippinensium deduzieren. Die Stadt wurde sicher nicht in wenigen Jahren
fertiggestellt, und auch die Veteranen, sicher über 1000, kamen vielleicht nicht alle schon
im ersten Jahr in ihre neue Heimat39.
230
15 Hiermit möchte ich mich zunächst von Köln verabschieden und 100 km rheinabwärts
nach Xanten gehen. Die Geschichte der Kolonie bei Xanten beginnt mit einer Umsiedlung
von 40.000 Sugambrern und anderen Germanen aus den rechtsrheinischen Gebieten in
die Umgebung des Doppellegionslagers Castra Vetera am Fürstenberg, das wegen seiner
hervorragenden strategischen Lage gegenüber der Mündung der Lippe in den Rhein (vgl.
die Lage von Mainz !) seit Beginn der Germanenoffensive besetzt war40. Nach Sueton
siedelte Tiberius diese Germanen, die sich ihm ergeben hatten, auf der anderen
Rheinseite an41. Die Datierung ist unsicher, doch bringt Sueton dieses Ereignis als drittes
Glied in einer Aufzählung nach der Alpenunterwerfung und dem pannonischen Krieg, in
dem der Prinz die Breuker und Dalmater unterwarf. Es scheint sich hier nicht um den
grossen pannonischen Aufstand zu handeln, sondern um den Feldzug des Jahres 13/12 v.
Chr42. Damit ist es wahrscheinlich, dass auch der Germanensieg in diesen zeitlichen
Zusammenhang gehört, d. h. die Jahre um 8 v. Chr., als Tiberius als Nachfolger seines
Bruders Drusus das Kommando am Rhein übernommen hatte und, nach dem zweifellos
voreingenommenen Urteil des Velleius Paterculus, Germanium… in formam paene
stipendiariae redigeret provinciae (2, 97, 4). Die offizielle Übersiedlung erfolgte also gar nicht
so viel später als die der Ubier.
16 Um welche Germanen es sich bei der Ansiedlung des Tiberius handelte, wird nicht gesagt.
Meist geht man davon aus, dass es Sugambrer waren, die Hauptgegner der römischen
Invasionstruppen in den Jahren zuvor. Dies würde durchaus auch strategischen Sinn
ergeben, da durch diese Dezimierung des Stammes nicht nur der Druck auf die südlich
von ihnen lebenden restlichen Ubier, sondern auch auf die Rheinlinie zwischen Bonn und
Xanten genommen wurde. Doch waren bei dieser Umsiedlung sicher auch andere
Germanengruppen beteiligt, etwa Brukterer. Es ist in dieser Zeit überhaupt mit grösseren
Völkerverschiebungen zu rechnen. Aufgrund von Stammesfehden ausgewanderte Teile
der Chatten liessen sich in dieser Zeit in den siedlungsarmen Gebieten links des
Niederrheins nieder und vereinigten sich mit Resten einer autochthonen (eburonischen ?
) Bevölkerung zu dem neuen Stamm der Bataver43. In derselben Zeit werden auch die
Canninefaten westlich der Bataver entstanden sein. Ob die Cugerner ein Teilstamm, pagus,
der Sugambrer waren, Teile einer anderen rechtsrheinischen Ethnie darstellten oder ob
es sich um einen im Land verbliebenen Rest der Eburonen handelt : nach ihnen jedenfalls
nennt sich nun die neue civitas, die zwischen Rhein und Maas, zwischen Ubiern und
Batavern entsteht44.
17 Für die Datierung der offiziellen Stammeskonstitution dieser neuen civitates spricht auch
ein Passus in der tabula Siarensis, der Sammlung von Ehrenbeschlüssen für den
verstorbenen Germanicus, die sich in vieler Beziehung an die entsprechenden Ehren für
Drusus anlehnten. Hier ist die Rede von den Gallis Germanisque qui citra Rhenum incolerent
quorum civitates iussae essent ab divo Augusto rem divinam ad tumulum Drusi facere45, d. h.
spätestens beim Tod des Drusus 9 v. Chr. müssen die linksrheinischen germanischen
civitates existiert haben.
18 Das oppidum der Cugerner besteht seit spättiberischer Zeit ; J. Bogaers hat für die Stadt in
einer scharfsinnigen Untersuchung einer neuen Inschrift den Namen *Cibernodurum
(nach einer Nebenform *Ciberni für Cugerni) erschlossen46. Ebenso wie in Köln, handelte
es sich auch hier nicht um eine spontane Stadtwerdung, sondern um eine unter
römischer Aufsicht geplante Siedlung, die auf die Limesstrasse als Hauptachse orientiert
war. Die Funde am Ort zeigen eine 10ha grosse, wenn auch vielleicht nicht geschlossene
Siedlung, die auch durch Zuwanderung aus Binnengallien wuchs47; ebenfalls deutlich ist
231
eine dichte militärische Präsenz auch in dieser sog. Zivilstadt48. Zur Zeit des
Bataveraufstands sah die Cugernersiedlung schon fast wie eine ordentliche Stadt, in
modum municipii exstructa, aus49.
19 Im Bataveraufstand scheinen sich die Cugerner, zumindest nach dem Bericht des Tacitus,
nicht besonders hervorgetan zu haben, traten aber – ob gezwungen oder nicht – auf die
Seite der Aufständischen über50. Vielleicht deshalb wurde bei der Koloniegründung das
Dorf schwer in Mitleidenschaft gezogen, doch das Beispiel Kölns, wo es 50 n. Chr.
niemanden zu »bestrafen« gab und wo trotzdem die Stadtstruktur durch die
Koloniegründung schwer in Mitleidenschaft gezogen wurde, rat zur Vorsicht bei
derartigen Rückschlüssen. In Xanten wurde ein Wohn- und Gewerbegebiet niedergelegt,
um den Hafentempel zu bauen, und unter dem späteren Kapitol fand sich ein erst vor
kurzem angelegtes Brandgrab ; aber auch in Köln zerstörte man luxuriöse Wohnhäuser,
um genügend Bauplatz für den Kapitolstempel zu erhalten.
20 Die Donaukriege Domitians und Trajans brachten Veränderungen in den strategischen
Konzeptionen Roms mit sich, die auf das nördliche Niedergermanien nicht ohne Einfluss
blieben51. Angesichts der seit langem herrschenden relativen Ruhe an der unteren
Rheinfront entschloss man sich, die Garnison der Provinz zu reduzieren, um mehr
Truppen an der Donau zur Verfügung zu haben. Zunächst wurde die legio XXII Primigenia,
bisher in Xanten, nach Mainz versetzt, von wo die 14. Legion an die mittlere Donau
abgezogen war. In Xanten nahm nun, möglicherweise schon Anfang der 90er Jahre, die
legio VI Victrix aus Neuss Garnison – Neuss hört damit auf, Legionslager zu sein 52. Die legio
X Gemina, bisher in Noviomagus/Nijmegen bei dem Hauptort der Bataver stationiert,
wurde 101 oder 102 n. Chr. an die Donau verlegt, um an dem Dakerkrieg Trajans
teilzunehmen, ohne dass in Nijmegen zunächst eine andere Legion gelegen hätte. Die
Legionsstärke der Provinz war also auf die Hälfte gesunken und zugleich stand relativ viel
bisher den Legionen zugewiesenes Land zur Verfügung. Zur Verstärkung der
Provinzverteidigung, so war vielleicht die Überlegung im römischen Hauptquartier, bot
es sich dann an, auf dem freien Gebiet eine Kolonie einzurichten.
21 Koloniededuktionen erfolgten in der Kaiserzeit meist an aufgelassenen
Legionsstandorten, so 50 n. Chr. in Köln, aber auch fast gleichzeitig in den anderen
claudischen Kolonien Colchester und Aequum sowie in Lincoln und Gloucester unter
Domitian bzw. unter Nerva. Nimmt man eine solche Intention auch in Xanten an, so wäre
zu vermuten, dass auch das Lager Vetera zur Auflassung bestimmt war und die 6. Legion,
die anscheinend für Grossbaumassnahmen besonders geeignet war (s.u. 265), zum
Koloniebau ganz oder in Teilen in Vetera II untergebracht wurde mit der Absicht, sie
später nach Neuss zurückzuverlegen. Die Entfernung von Neuss nach Xanten ist zwar um
einiges grösser als die von Bonn nach Köln, aber die Rheingrenze der Provinz wäre so
durch eine regelmässige Abfolge von Legionslagern und Kolonien geschützt gewesen.
Warum dieses Konzept später geändert wurde und dann doch eine Legion, die XXX Ulpia
Victrix, nach Vetera zurückkehrte, wissen wir nicht, doch mag das mit der definitiven
Räumung von Nijmegen zusammenhängen.
22 Ein Veteran der 10. Legion, der bereits in Carnuntum bestattet wurde, gibt als seine origo
schon die Kolonie Ulpia Traiana an53. Wenn er, was höchst wahrscheinlich ist,
unmittelbar vor dem Abzug der Legion rekrutiert wurde, fällt die Gründung der Kolonie
in die Jahre zwischen 98 und 101/2 v. Chr. Schon um 100 sind in den Steinbrüchen des
Brohltales verstärkte Aktivitäten von Legionsvexillationen des niedergermanischen
Heeres, dann auch der Mainzer Legion bemerkbar und im Jahre 105/6 wurden im
232
mittleren Maingebiet die Eichenstämme geschlagen, auf denen die östliche Stadtmauer
errichtet wurde54. Dies bedeutet, dass man zu diesem Zeitpunkt zumindestens die in das
Hafenbecken abfliessenden und unter der Mauer durchgeführten Abwasserkanäle
fertiggestellt hatte. Da die Anlieferung schwerer und sperriger Baumaterialien vom
Hafenkai in die Stadt sicher einfacher war, Solange die Stadtmauer dort noch nicht stand,
ist anzunehmen, dass die hafenseitige Stadtmauer erst nach dem Ende der
hauptsächlichen Baumassnahmen hochgezogen wurde. Wenn dieses Argument gilt,
würde dies bedeuten, dass um oder kurz nach 106 der Aufbau im grossen und ganzen –
vor allem was die Ausschachtung und Fundamentierung grosser öffentlicher Gebäude
betrifft – beendet war55. Dass derartige Überlegungen den Römern nicht fremd waren,
zeigen Beobachtungen zu »infrastrukturellen« Massnahmen während der ersten
Kolonisationszeit. Um den Durchgangsverkehr auf der Hauptstrasse des Cugernervicus,
die ja auch die Limesstrasse war, z. B. während des Baus an dem Hauptabwassersammler
möglichst wenig zu belöstigen, wurde die Limesstrasse umgeleitet ; nördlich und südlich
der Kolonie verläuft sie dann wieder auf ihrer alten Trasse56.
23 Aber möglicherweise wurde bereits die 6. Legion, die man als eine »Baulegion«
bezeichnet hat, in Hinblick auf Kolonisationspläne nach Xanten versetzt, und dies könnte
eine Bestätigung finden in einem Ausbau der Kais in der Cugernersiedlung, der vielleicht
ebenfalls schon im Hinblick auf diesès Projekt erfolgte57. Da die für diese Massnahme
benutzten Eichenstämme sich dendrochronologisch in die Jahre um 90+/-5 datieren
liessen, eröffnet dies die interessante Vermutung, dass die Kolonie möglicherweise
bereits von Domitian geplant, dann aber erst unter Trajan durchgeführt wurde.
24 Kolonisten werden in erster Linie die entlassungsreifen Soldaten der 10. Legion gewesen
sein, sofern sie im Lande bleiben wollten, vermutlich auch andere Veteranen. Ihre Zahl ist
unbekannt und hing sicher auch von der militärischen Lage ab. Falls die Vermutung
zutrifft, dass die Gründung der Kolonie bereits auf Domitian zurückging, waren es
vielleicht einige Veteranenjahrgànge, die sich so angesammelt hatten. Rüger glaubte, aus
der Zahl der Privathäuser in der Stadt auf ca. 260 Kolonisten schliessen zu können58. Diese
Zahl, aus der sich eine Einwohnerzahl von ca. 1000 Menschen ergäbe, scheint
ausserordentlich niedrig ; ausserdem ist anzunehmen, dass wie in Köln auch in der neuen
colonia Ulpia Traiana die Bewohner der Vorgängersiedlung nicht verjagt, sondern in die
neue Stadt mitaufgenommen und wohl nach relativ kurzer Zeit integriert wurden59. Eine
Verleihung von conubium, wie sie für Köln durch Tacitus belegt ist, darf man auch für die
neue Kolonie unterstellen – wie hätten die neuen Kolonisten sonst Frauen finden sollen ?
Ebenfalls wie bei Köln bestehen zwar die aus der civitas rekrutierten cohortes Sugambrorum
weiter, aber dies ist kein Beleg dafür, dass ihre »Heimatgemeinde« noch existiert hätte
(s.o. 265). In einer Hilfstruppeneinheit, die in der Inschrift des Monuments von Adamclisi
in Dakien genannt war, dienten unter Domitian nur noch Agrippinenses, keine Ubier mehr
60. Die den Cugernern angeschlossenen (attribuierten ?) Baetasier sind bereits 103 n. Chr.
Traianenses Baetasii (vgl. oben) und verschwinden wenig später ; dasselbe wird auch mit
den Cugernern der Fall gewesen sein.
25 Beide Kolonien zeigen manche Ähnlichkeiten. Beide entstehen bei einem früheren
Legionslager und beide im Hauptort einer recht »unhistorischen«, aus
Bevölkerungsteilen verschiedener Herkunft zusammengewürfelten civitas. Im Gegensatz
zu den kleineren Orten in der Provinz wie Bonn und Neuss, Zülpich und Marcomagus
haben sie keinen keltischen oder germanischen Namen, sondern einen künstlich
gebildeten römischen. Ihre Bürger sind Agrippinenses oder Traianenses. Es scheint aber
233
auch ganz erhebliche Unterschiede zwischen den beiden Kolonien gegeben zu haben,
obwohl wir hier, was die Ursachen betrifft, auch aus den oben konstatierten
Quellendefiziten noch erheblich im Dunkeln tappen. Sicher scheint, dass die
wirtschaftlichen Ressourcen der colonia Ulpia Traiana sehr viel geringer gewesen sein
müssen, wenn ein Germaneneinbruch des 3. Jhdts sie so in Mitleidenschaft zog, dass sie
anscheinend für mehrere Generationen zu existieren aufhörte, bis an dem Platz dann
unter Konstantin die spätantike Festung Tricesimae errichtet wurde 61. Ein anderes
Symptom könnte sein, dass wir unter den Weihungen von Händlern für die
Schiffahrtsgöttin Nehalennia in Colijnsplaat zwar Bürger von Köln und Trier, von
Besançon und Rouen haben, aber keine aus Xanten62. Möglicherweise war auch die
Oberschicht, die die Selbstverwaltung der Stadt trug, anders strukturiert als diejenige
beispielshalber von Köln, obwohl wir dies aus den wenigen Inschriften nicht erkennen
können63. Vielleicht ist es aber kein Zufall, dass mit der Grenze zwischen beiden
Kolonieterritorien im grossen und ganzen auch die Nordgrenze der Villenwirtschaft und
damit verbunden die zwischen Ackerbau und Viehzucht als hauptsächlichen
landwirtschaftlichen Erwerbszweigen zusammenfiel ; das mag sich auch auf die
Einkommen der Dekurionen ausgewirkt haben. Möglicherweise ist es auch kein Zufall,
dass wir aus Köln immerhin einen, wenn nicht zwei römische Ritter im Reichsdienst
kennen, aus Xanten dagegen keinen einzigen (und ebensowenig – natürlich – aus den
noch nördlicheren Munizipien in den heutigen Niederlanden)64. Zumindest zu der
Struktur der lokalen Oberschichten werden hoffentlich archäologische Untersuchungen
in den Territorien etwas aussagen können – zunächst muss es leider bei dem
unbefriedigenden Zustand bleiben, dass man mehr ahnt als Tatsachen vorbringen kann.
MUNIZIPALVERWALTUNG IN NIEDERGERMANIEN
234
BIBLIOGRAPHIE
Ergänzende Bibliographie
GALSTERER ▪ B. und H. GALSTERER, Die römischen Steininschriften Kölns, Köln, 1975.
Kolloquium Xanten 1998 ▪ Genese, Struktur und Entwicklung römischer Städte im 1. Jhdt n. Chr. in
Nieder- und Obergermanien, Kolloquium Xanten Februar 1998, Xantener Berichte, im Druck.
KÜHLBORN ▪ J.-S. KÜHLBORN, Germaniam pacavi – Germanien habe ich befriedet. Archäologische Stätten
augusteischer Okkupation, Münster, 1995.
NOTES
1. Des Éburons aux Agrippiniens. Aspects de la romanisation en Rhénanie, Cahiers C. G. Glotz 3,
1992, 107-121. Eine frühere Version in Kölner Jb. 23, 1990, 117-126.
2. Unter ihnen z. B. die grosse Inschrift für Nero IKöln 178, die nach W. ECK, Agrippina, die
Stadtgriinderin Kölns, Köln, 1993, 79 möglicherweise die Bauinschrift eines bedeutenden
öffentlichen Gebaudes war
3. Es ist typisch, dass Inschriften, die von stadtischen Beamten aufgestellt wurden, in beiden
Städten kaum je aus der Stadt, sondem vom Territorium, aus Bonn bzw. aus Heerlen stammen.
4. CAESAR, Gal. 5, 24, 4. Der Bericht über seinen Kampf gegen die Eburonen bei Caesar a. O. 5, 26 ff.
und 6, 29 ff.
5. Die Sueben, hatte Caesar gehört, sollten 100 pagi umfassen (Gal. 4, 1, 3); von ihnen sonderten
sich wenig später die Chatten ab. Ebenfalls zu dem »Stamm« der Chatten gehörten wohl die
Triboker und Vangionen, die von den Römem später im Bereich des exercitus superior angesiedelt
wurden. Zu solchen pagi in Niedergermanien und ihren Beziehungen zu den im Matronenkult
belegten curiae vgl. P. HERZ, Einheimische Kulte und ethnische Strukturen, in Labor omnibus unus (= Fs.
G. Walser), Stuttgart, 1989, 206-218.
6. Zu den »Traditionsträgem« vgl. R. WENSKUS, Stammesbildung und Verfassung, KölnGraz 1961, 54
ff.: Der Stamm als »Traditionsgemeinschaft«.
7. K. H. LENZ, Germanische Siedlungen in der Spätlatènezeit und der römischen Kaiserzeit im
rheinischen Braunkohlenrevier, Archäol. Informationen 18, 1995, 157-162. Das etwa 3ha grosse
Flachlandoppidum von Niederzier-Hambach im Bereich der Braunkohlegrabung wurde Mitte der
50er Jahre v. Chr. planmässig geräumt. Die meisten Gräber pro Jahrzehnt lassen sich hier in
antoninischer Zeit feststellen. Zu der Kempener Platte jetzt C. BRIDGER, Die römerzeitliche
Besiedlung der Kempener Lehmplatte, Bonner Jbb. 194,1994, 61-163. Auch im oppidum Nijmegen
gibt es einen Hiat in dieser Zeit.
236
8. Hauptargument für die von H. v. Petrikovits, zuletzt in: F. PETRI und G. DROEGE (edd.), Rheinische
Geschichte. I. 1, Düsseldorf, 1978, 12 ff. vertretene Identifizierung ist die Namensähnlichkeit.
Allerdings wurde in Varnenum hauptsächlich der Gott Varneno verehrt, vgl. Verf., Das römische
Aachen. Anmerkungen eines Althistorikers, Zeitschr. Aachener Geschiclitsverein 98/99, 1992/3, 23f.
9. M. Arrad(ius) Prisais Traianensis... Baetasius, CIL VI 31140. Die cohors I Baetasiorum c. R. ist in
Britannien noch im 2. Jhdt. n. Chr. in Maryport (RIB 830 ff.) und in Bar Hill (a. O. 2169 f.) belegt.
10. Vgl. W. CAPELLE, Das alte Germanien, Jena, 1937, und J.-M. RODDAZ, Marcus Agrippa, Rom, 1984, 385
f.
11. TACITUS, Ann. 13, 57, 3 zum Jahr 58 n. Chr.
12. Hierüber ist in nächster Zeit die Habilitationsschrift von Dr. J. HEINRICHS, Köln: Civitas Ubiorum.
Historisch-numismatische Studien zur Geschichte der Ubier und ihres Gebietes zu erwarten, die das
Urteil von Gechter (vgl. u. Anm. 15) über die geringen militärischen Leistungen der Ubier im
Rahmen der römischen Armee relativieren wird.
13. Vgl. den Kommentar des Tacitus zu der Umsiedlung: ut arcerent non ut custodirentur (Ger. 28, 5).
14. Faits nicht, wie Heinrichs annimmt, die frühesten ubischen Münzen dort schon viel früher
auftauchen.
15. M. GECHTER, Early Roman military installations and Ubian settlements in the Lower Rhine, in Th.
BLAGG und M. MILLETT (edd.), The Early Roman Empire in the West, Oxford, 1990,97-102 und ders., Das
ubische Bonn, in J. MATZERATH (ed.), Bonn. 54 Kapitel Stadtgeschichte, Bonn, 1989, 33-33-38; zu den
Lagern im Treverergebiet H. HEINEN, Trier und das Trevererland in romischer Zeit, Trier, 1985, 37 ff.
In der Treverersiedlung am Ort des heutigen Trier scheinen die Fibeln der Zeit von 50 bis 20 v.
Chr. zu fehlen.
16. Für eine Datierung der »Stadtgründung« in die zweite gallische Statthalterschaft des Agrippa,
d. h. am Anfang des 2. Jahrzehnts v. Chr. vgl. zuletzt auch RODDAZ (O. Anm. 10) 383 ff. und G. A.
LEHMANN, Zum Zeitalter der römischen Okkupation Germaniens: Neue Interpretationen und
Quellenfunde, Boreas 12,1989, 207 ff. - GECHTER (o. Anm. 15) 100 möchte die Gründung des ersten
Lagers überhaupt erst um 5 v. Chr. ansetzen, die des oppidum Ubiorum um Christi Geburt; zum
Lager ähnlich C. RÜGER, Germany, CAH, X2, 525.
17. Die Datierung beruht auf den Dendrodaten der Holzpfähle, auf denen die Brücke ruhte, vgl. H.
HEINEN (O. Anm. 15) 42 ff. Zu dem Strassenbau Agrippas STRABO 4, 6, 11.
18. Die Vorstellung von dem damais aufgestellten Eroberungsplan findet sich bereits bei
MOMMSEN, Röm. Geschichte 5; in neuerer Zeit werden hieran immer mehr Zweifel geäussert, vgl.
zuletzt KÜHLBORN 12 f. Zu dem - geringen - Mass an römischer Planung auch H. WOLFF, Die römische
Erschliessung der Rhein- und Donauprovinzen im Blickwinkel ihrer Zielsetzung, in Römische Inschriften.
Neufunde, Neulesungen und Neuinterpretationen (= Fs. H. Lieb), Basel, 1995, 309-340.
19. Zu Nijmegen jetzt J. K. HAALEBOS in KÜHLBORN 29 ff., wobei ich den archäologischen
Argumenten für eine Frühdatierung (Service la, Acobecher) mehr Gewicht beilegen möchte als
dem Zeugnis des CASSIUS DIO 54, 32, der so interpretiert werden kann, dass er eine Datierung von
Nijmegen erst in das Jahr 12 v. Chr. stützt. TACITUS, Hist. 4, 23 legt nahe, dass der Platz des
Legionslagers von Augustus selbst ausgesucht worden war, und im Jahre 12 war Augustus schon
nicht mehr in Gallien, sondem nach Rom zurückgekehrt. Nach H. VAN ENCKEVORT und J. THIJSSEN,
Kolloquium Xanten 1998, handelt es sich wegen der Grosse der Principia und der Menge der
Offiziersunterkünfte in diesem Lager wohl nicht um ein »normales« Legionslager, sondem um ein
Hauptquartier der römischen Oberkommandierenden, ihres Stabes und ihrer Begleittruppen (z.
B. elbgermanischer Reiterei).
20. Vgl. zu Tongern jetzt M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, La cité des Tongres sous le HautEmpire,
Bonner jbb. 194,1994, 43-59 und Municipium Tungrorum, Latomus 54,1995, 361-365. In Jülich/
Iuliacum, einem weiteren wichtigen Flussübergang der Weststrasse, sind bislang hingegen nur
Materialien des Haltemhorizontes, also gut 20 Jahre später, festgestellt, vgl. M. PERSE, Jülich.
237
36. Zu den wirtschaftlichen Auswirkungen, die die längere periodische Anwesenheit des
Statthalters einer Stadt bringen konnte, vgl. jetzt R. HAENSCH, Capita provinciarum.
Statthaltersitze und Provinzialverwaltung in der römischen Kaiserzeit, Kölnische Forschungen 7,
1997.
37. Vgl. G. ALFÖLDY, Epigr. St. 4, 1967, 19 ff.; zu den in Köln vertretenen Gentilicia vgl. J.-P. BOST,
Questions d'onomastique limousine, Travaux d'Arch. Limousine 17, 1997, Tafeln 3a und 3b auf S.
58f.
38. Claudia Sacrata, die Frau, mit der Petillius Cerialis die Nacht verbracht haben soll, als die
Bataver beinahe sein Admiralsschiff kaperten, dürfte zu diesen Neubürgem gehört haben. Zu den
aus der Namengebung zu erschliessenden frühen Bürgerrechtsverleihungen bei den Treverern
vgl. M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, Caractéristiques et particularités de l'onomastique des Trévires sous le
Haut-Empire, à paraître.
39. Vgl. W. ECK, Ubier, Römer und Soldaten. Köln, eine »römische« Stadt an der germanischen Crenze, in
Universität im Rathaus 2, Köln, 1994, 15 f.
40. Zu der Geschichte der Colonia Ulpia Traiana vgl. jetzt H.-J. SCHALLES, Überlegungen zur Planung
der Colonia Ulpia Traiana und ihrer öffentlichen Bauten im Spiegel städtischer Architektur des 2.
Jhdts n. Chr., Xantener Berichte 6, 1995, 379-428.
41. SUETON, Tib. 9, 2: Germanico (sc. bello) quadraginta milia dediticiorum traiecit in Galliam iuxtaque
ripant Rheni sedibus adsignatis conlocavit.
42. Vgl. hierzu J. WLLKES, Dalmatia, London, 1969, 63-65.
43. TACITUS, Hist. 4, 12 und Ger. 29. Die Zahl der Bataver wird von W. J. H. WILLEMS, Romans and
Batavians. A Régional Study in the Dutch Eastern River Area, 1986, auf 30-40.000 geschätzt. Die Funde
in ihrem späteren Hauptort Ulpia Noviomagus Batavorum, ca. 1km von dem bei Tacitus für die
vorflavische Zeit erwähnten Batavodurum, beginnen ebenfalls im letzten Jahrzehnt v. Chr.: J. E.
BOGAERS u. a., Noviomagus. Auf den Spuren der Römer in Nijmegen, Nijmegen o. J., 17 ff. Der Tempel
von Noviomagus scheint jedenfalls, nach VAN ENCKEVORT und THIJSSEN im Kolloquium Xanten 1998,
Kontinuität aus vorrömischer Zeit zu besitzen. Auch am Kopse Plateau gibt es eine fast
kontinuierliche Besiedlung (mit Ausnahme des 1. Jhdts v. Chr.) seit dem Neolithikum, vgl.
HAALEBOS bei KÜHLBORN 44.
44. Bevor die Sugambrer in den Cugemem aufgingen, wurden aus ihnen noch mehrere cohortes
Sugambrorum aufgestellt, vgl. G. ALFÖLDY, Die Hilfstruppen der römischen Provinz Germania
Inferior, Epigr. St. 6, 1968, 84f.
45. Tab. Siar. I 29-31 (RS, nr. 37, S. 515) und W. H. LEBEK, Die drei Ehrenbögen für Germanicus: Tab.
Siar. frg. 19-34; CIL VI 31199a 2-17, ZPE 67, 1987, 129-148.
46. J. E. BOGAERS, Zum Namen des »oppidum Cugemorum«, Naamkunde 16, 1984, 33-39. Zuletzt
hierzu N. HANEL, Zum antiken Namen der Legionslager auf dem Fürstenberg bei Xanten: Vetera
castra, Xantener Berichte 1994, 263-265.
47. C. B. RÜGER, Vindex cum inermi provincia ? Zu einer weiteren neronischen Marsinschrift vom
Rhein, ZPE 43, 1981, 329-335.
48. LENZ in Kolloquium Xanten 1998, der der Existenz eines oppidum überhaupt skeptisch gegenüber
steht.
49. TACITUS, Hist. 4, 22, 1 ist mit ROGER, Römer in NRW 629 - doch vgl. 624 - und CAH, X 2, 531 auf das
Cugernerdorf und nicht auf die canabae legionis zu beziehen; die Meinung des Autors, die Siedlung
sei wirklich Municipium gewesen, ist allerdings unbegründet. Vgl. auch U. HEIMBERG, Colonia
Ulpia Traiana. Die früheste Keramik aus der Forumsgrabung, Bonner Jbb. 187, 1987, 411-474. Nach
M. GECHTER und J. KUNOVV, Zur ländlichen Besiedlung des Rheinlands vont 7. Jhdt. v. bis ins 5. Jhdt. n.
Chr., in: R. F. J. JONES u. a. (edd.), First Millenium Papers, BAR Intem. ser. 401, 1988, 109-128 beginnen
die Funde allerdings erst um 30/40.
239
50. Hist. 4, 26, 3 sagt er von ihnen, sie hätten societatem Civilis acceperant; in a. O. 5,18, 2 lassen sie
sich - parum intenti - von zwei römischen Alen niederhauen.
51. Zum Folgenden vgl. K. STROBEL, Bemerkungen zum Wechsel zwischen den Legionen XIV
Gemina und XXII Primigenia in Mainz und zur Struktur des untergermanischen Heeres in
trajanischer Zeit, Germania 66, 1988, 437-454.
52. Die Frühdatierung nach einer einleuchtenden Vermutung von H. v. Petrikovits, der darauf
hinwies, dass die Ziegelstempel der Legion in Xanten nahezu alle, in Neuss aber kaum die
Beinamen p(ia) f(idelis) tragen, was dafür spricht, dass die Legion schon bald nach 89 aus Neuss
abzog.
53. AE 1929223 L. Valerius Pap. Verinus Traiana.
54. Zur Datierung der Stämme B. SCHMIDT, BonnerJbb. 187, 1987, 495-503; zu den Inschriften des
Brohltales STROBEL (o. Anm. 51) 445.
55. So auch STROBEL a. O. 446 A. 50.
56. SCHALLES (o. Anm. 40) 386 f.
57. Zu der Kai-Revovierung SCHALLES a. O. Die 6. Legion als »Baulegion« bei RÜGER, Römer in NRW
322.
58. C. B. RÜGER, zuletzt in Römer in NRW 631.
59. In Aosta wurden unter Augustus 3000 Prätorianerveteranen angesiedelt, zuzüglich eine nicht
unbeträchtliche Zahl von Salassi; in Colchester wurde nach Tacitus eine valida manus deduziert
und für Köln rechnet HORN, Römer in NRW 461 mit ca. 15.000 Bewohnem (150/ha). In Thamugadi,
der mit der CUT gleichzeitigen Gründung in Numidien, kann man ca. 1000 Kolonisten annehmen,
vgl. Ch. WLTSCHEL, Die Entwicklung der Gesellschaft von Timgad im 2.-4. Jhdt. n. Chr., Klio 77, 1995,
266-331.
60. CIL III 14214 und AE 1963 98-102 mit Gefallenenlisten wohl der Schlacht von Tapae. Zu dieser
Inschrift zuletzt K. STROBEL, Die legio V Alaudae in Moesien. Eine Phantomtruppe der römischen
Militärgeschichte, Hist. 37, 1988, 504-508, der sich vor allem gegen E. DORUTU- BOILA, Dacia n. s. 5,
1961, 349-352 wendet.
61. C. B. RÜGER, Die spätrömische Grossfestung in der Colonia Ulpia Traiana, Bonner Jbb. 179, 1979,
499-524.
62. SCHALLES (o. Anm. 40) 426.
63. Das Hauptheiligtum der Bataver, das des Hercules Magusanus von Empel, liegt nicht in der
Stadt, sondem einige Kilometer von dem municipium Batavorum entfemt. Kann man dies als Beleg
dafür nehmen, dass die Zentralisation in den Gemeinden nach Norden hin abnahm ?
64. Zu Titius Similis vgl. CIL II 484 und H.-G. PFLAUM, Les carrières procuratoriennes..., Paris 1960, 856
ff. nr. 330; ich bin nicht überzeugt von der These W. Ecks, dass der in der Inschrift IKöln 146
genannte Prätorianerpräfekt Flavius Constans (PFLAUM a. O. 349 ff. nr. 149) ein Bürger Kölns war:
Geschichte in Köln 1, 1984, 15 f.
AUTEUR
HARTMUT GALSTERER
Professeur émérite de l’Université de Bonn
Mainzerstrasse 45 - D-50678 Köln
240
I. Introduction
1 La présente étude se propose d’examiner l’état des connaissances concernant le processus
de municipalisation des cités des deux provinces de Germanie, à l’exclusion des colonies
de déduction. Elle comprendra deux parties : un tableau de tous les indices d’existence et
de statut des cités, et un exposé de l’évolution générale des institutions municipales dans
les deux provinces et des questions en suspens, cité par cité.
2 La première difficulté réside dans la définition même des civitates des Germanies : leur
nombre, leur dénomination et leur chef-lieu suscitent de nombreux problèmes que la
documentation ne permet pas toujours de résoudre.
3 La seconde question qui se pose est celle de la pertinence des indices de municipalisation
que nous avons choisis les plus nombreux possibles : au relevé systématique des titres
officiels attribués aux cités et à celui des magistratures et sacerdoces, nous avons joint le
recensement des chefs-lieux et divisions du territoire et celui de toutes les associations.
4 Le classement a été opéré sur la base des cités habituellement retenues comme telles, les
cas problématiques étant traités après les cas explicites, dans un parcours tracé
globalement du nord au sud et de l’ouest vers l’est en tenant compte cependant de
l’histoire respective des régions. Les éléments de type géographique et ceux issus des
sources littéraires ont été pris en compte de manière complémentaire, lorsque les indices
documentaires (inscriptions, itinéraires) font défaut ou sont peu nombreux.
5 Dans la mesure où les sources le permettent, nous fournissons pour chaque cité : ses
dénominations officielles (civitas, colonia, municipium, regio le cas échéant), le nom (ou les
noms successifs) de sa capitale, les pagi, vici et saltus que nous avons pu relever sur son
territoire (supposé)1 ; lorsque la documentation sur la civitas est très faible, ont été jointes
241
les attestations de « nationalité ». Un second tableau mentionne, avec le cas échéant les
noms des individus, les magistrats, décurions, prêtres, membres du personnel
administratif, esclaves et affranchis publics, ainsi que les collèges (même supposés) et les
attestations de décrets, ordines,… qui illustrent le fonctionnement des institutions
municipales dans la cité. Une seule exclusion a frappé les aspects militaires de
l’organisation locale, à supposer que les canabae en relèvent. L’étude attentive (avec
recueil des inscriptions) que Fr. Bérard2 vient de leur consacrer nous a paru légitimer ce
rejet. Nous avons également écarté – car ressortissant à l’administration centrale et non
municipale – les mentions de fonctionnaires provinciaux et esclaves impériaux.
Rappelons que les actores, s’ils nous renseignent sur l’existence d’associations ou de
groupements institutionnels dont ils sont les représentants en justice3, ne sont pas des
magistrats. Un troisième tableau retient les éléments qui pourraient fournir des pistes
pour reconnaître les cultes publics de la cité4 (triade capitoline, génies locaux, dédicaces
publiques ou de magistrats). Ce n’est encore que l’ébauche d’une recherche ultérieure
destinée à déterminer, dans la mesure du possible, le dieu ou le couple de divinités choisi
par la cité dans le cadre de l’établissement de sa religion officielle.
6 Les cités retenues sont celles qui, après avoir fait partie de la Gaule Belgique dans la
répartition provinciale d’Auguste, ont été attribuées aux nouvelles provinces mises en
place par Domitien, après avoir relevé des districts militaires de Haute et de Basse
Germanies dus à Tibère. Pour la Germanie inférieure, on trouvera donc les Tongres, les
Bataves et les Canninéfates, ainsi que les Frisiavons. Pour la Germanie supérieure, se
succèdent les Lingons et les Séquanes ; les Vangions, les Némètes, les Triboques ; les
Mattiaques, les Tanneuses, les Auderienses, les Suèbes du Neckar, les Alisin(enses), la civitas
Aurelia G(-), les Aqueuses, les Sumelocennenses et le municipe d’Arae Flaviae ; font l’objet d’un
traitement séparé les probables cités de Mayence et de Pforzheim ainsi que les
éventuelles civitas ST(-) ou S(-) T(-) et cité de Schleitheim.
7 Analysons ces tableaux en nous replaçant à chaque fois très brièvement dans l’histoire
des provinces, de leur conquête, de leur aménagement, de leur romanisation civile 5, en
gardant à l’esprit quelques éléments de base : le droit latin provincial conçu comme un
droit collectif attribué à une cité (et non personnel et individuel) dont la jouissance
n’implique pas l’existence d’un rang colonial ou municipal stricto sensu, le rejet des a
priori d’« originalité » gauloise ou germanique, la conception des colonies (même
honoraires) et municipes selon les règles et usages en vigueur dans l’empire – notamment
le principe qui semble bien établi partout que l’on n’a plus créé que des municipes latins à
partir de Claude (ou de Vespasien)6.
transfert des Ubiens et l’installation de l’oppidum Ubiorum sur le site de la future Cologne 8.
Ensuite l’importante défaite de Lollius en 16 imposa un retour d’Auguste en Gaule
accompagné du futur Tibère qui guerroya dans les Alpes avec son frère Drusus. C’est
pendant les trois années du second séjour augustéen (16-13) que sont constituées les
structures territoriales (civitates)9 fondées sur le recensement préalable effectué en 13 par
le même Drusus qui, en 12, inaugura l’Autel de Rome et d’Auguste au Confluent. Les zones
rhénanes furent-elles comprises dans les mêmes opérations ? Il semble bien que le Rhin
inférieur proprement dit, la région des embouchures, ne fut atteinte véritablement que
dans le cadre suivant, celui de la campagne germanique de Drusus10, de 12 à 9. En ce qui
concerne les Tongres, cette civitas au nom nouveau que Strabon ne connaissait pas
encore, il n’est pas possible de déterminer si elle fut constituée par Agrippa ou seulement
par Drusus, en rassemblant les restes des Eburons et Aduatuques décimés ainsi que les
Taxandres et des populations de Germani cisrhenani comme les Condruses, sans doute en y
incluant des éléments celto-germaniques venus de l’autre rive du Rhin. Dans l’éventualité
où les Tongres comme les Bataves11 seraient légèrement plus tardifs que les cités de Gaule
Belgique, comme celle des Nerviens, parce que liés à l’activité de Drusus en Germanie, se
comprendrait bien l’usage du pes Drusianus chez les Tongres, attesté par Hygin 12 : lors de
l’établissement de la cité, Drusus aurait pu « romaniser » une ancienne mesure
germanique, en usage soit chez les Cisrhenani, soit chez les populations déplacées pour
combler le vide des Eburons, un phénomène plus ou moins comparable à l’usage
(postérieur) de la lieue gauloise mentionnée même sur des milliaires « officiels » et
particulièrement sur la colonne itinéraire de Tongres13.
9 Quoi qu’il en soit de la chronologie exacte et précise de ces fondations, la cité des Tongres
est installée avec un centre urbain carroyé dès l’époque augustéenne14 : il doit s’agir
assurément d’une cité pérégrine mais nous ne disposons d’aucun élément épigraphique
243
sûr qui nous renseigne sur le fonctionnement de la civitas à cette époque. Le seul
magistrat connu, C. Gracileius Similis, aedilis c(ivitatis) T(ungrorum), est attesté sur une
inscription indatable. Ce document constitue aussi la seule mention explicite de la civitas,
dénommée regio sur une inscription de Bulla Regia 15. Le chef-lieu se situe dans l’actuelle
ville belge de Tongres (Tongeren) qui s’appelait Atuatuca Tungrorum comme on peut le
déduire de la combinaison des informations de Ptolémée, de la tabula Peutingeriana et de
l’Itinéraire d’Antonin. Deux pagi au moins sont connus : le pagus Condrustis, explicitement
mentionné dans une inscription de Bretagne, et celui des Taxandres, peuplade
mentionnée par Pline et diverses inscriptions, mais pour la définition duquel en tant que
pagus nous devons faire appel aux sources médiévales 16. Le premier se situe dans l’actuel
Condroz qui en a gardé le nom et le second en Campine. Certains chercheurs imaginent,
sur la base de la documentation archéologique et de la faible romanisation matérielle de
la région des Taxandres au Ier siècle, que la constitution de cette zone en pagus à
l’intérieur d’une civitas ne serait pas antérieure à l’époque flavienne, dans le cadre de
l’organisation provinciale proprement dite. Comme pour les cités plus septentrionales, il
ne nous paraît pas que les arguments invoqués soient suffisants pour dénier une
organisation augustéenne à ces régions, d’autant que, dans cette hypothèse, il faudrait
supposer une sorte d’autonomie indigène et un vide institutionnel en tant que « part of
the northern frontier »17 qui ne nous semblent pas compatibles avec l’organisation
militaire romaine18.
10 Les agglomérations secondaires sont nombreuses sur ce grand territoire mais seul
Geminiacum porte à notre connaissance le titre de vicus (sur la tabula Peutingeriana ; dans
l’Itinéraire d’Antonin sans précision de statut). Il doit sans doute être identifié à
Liberchies si Ton accepte de corriger les distances de l’Itinéraire en lieues. Peut-être la
bourgade de Theux portait-elle également cette appellation mais ce n’est qu’une
restitution possible d’une inscription très mutilée.
11 Outre la fondation coloniale de Claude chez les Ubiens en 50, sur le site de l’Ara Ubiorum
conçu sans doute par Drusus comme siège du culte impérial pour la province de Germanie
en cours de conquête, l’histoire de la province est marquée par la guerre civile et la
révolte des Bataves dans les années 68-70. Après les destructions subies par les Tongres
au cours de ces événements, des aménagements sont opérés dans le chef-lieu. On
retiendra la construction d’un grand sanctuaire sur terrassé19 qui témoigne de la vitalité
de la cité mais non de son statut ; rien toutefois dans la documentation ne s’oppose, au
contraire20, à l’idée d’un droit latin acquis dès cette époque. Toutefois, c’est sans doute
plus tard, dans le courant du second siècle, après la création des provinces germaniques
proprement dites par Domitien, entre 83 et 90, peut-être en 85, année de la censure, que
la cité bénéficie d’une élévation au rang de municipe. Le monument qui nous en informe
est un autel offert à Jupiter et au génie du municipe sans doute dans la seconde moitié du
IIe ou le début du III e siècle. On peut hasarder une hypothèse pour la datation de la
promotion. La ville de Tongres se dote d’une enceinte vers le milieu ou dans la deuxième
moitié du IIe siècle21. A la même époque, le sanctuaire que nous avons déjà cité est
transformé en un « vrai » temple monumental romain classique avec péristyle et
décoration somptueuse. Il est dès lors très tentant d’associer les événements. Comme
l’installation du municipe devait assurément comprendre des aspects relatifs aux cultes
publics22, le réaménagement d’un temple important inclus dans l’espace clos de l’enceinte
paraît le témoignage d’une volonté locale d’inscrire le nouveau municipe dans les formes
les plus romanisées avec tous les attributs et les parures d’une véritable ville. On pourrait
244
contemporain37. Avec les traces archéologiques relevées à Nimègue d’une ville quadrillée
à la romaine dès l’époque augustéenne, ce monument constitue un argument très fort en
faveur d’un ville chef-lieu de cité à l’intérieur de l’Empire et paraîtrait incongru au centre
d’un « Etat-client ».
14 De cette civitas constituée donc par Drusus ou Tibère au plus tard, nous connaissons un
magistrat : Flaus Vihirmatis filius, summus magistratus civitatis Batavorum. L’inscription
paraît bien remonter à la première moitié du Ier siècle. On notera la magistrature unique
et la dénomination pérégrine (germanique) qui dénotent une cité pérégrine et une
appartenance à l’élite locale38 ; en matière de culte public on trouve ici une attestation
d’Hercule Magusanus que l’ensemble de la documentation invite à reconnaître comme
dieu principal des Bataves39. Sur le plan archéologique, dès l’époque augustéenne comme
nous l’avons dit déjà, s’installe sur le site de la future Nimègue (Nijmegen), avec une
trame urbaine régulière40, l’agglomération civile de Batavodurum (citée par Tacite et
Ptolémée), à considérer logiquement comme le chef-lieu de la civitas. Mais cet oppidum
Batavorum41 serait selon certains chercheurs une « kolonistenstad » 42, essentiellement
peuplée d’immigrants gallo-romains, étrangère aux Bataves eux-mêmes. Ceux-ci
continueraient leur vie en dehors de la ville, qui ne serait pas l’oppidum des Bataves mais l’
oppidum chez les Bataves43. Nous ne reviendrons pas en détail44 sur les critiques que suscite
cette affirmation fondée sur des arguments fragiles et spécieux. Qu’il y ait eu, outre
l’immigration légionnaire et auxiliaire avérée, une immigration civile dans ces régions
peu peuplées et proches des camps, c’est possible, quoique Tacite semble insister sur
l’originalité des Champs décumates en cette matière45 ; qu’il y ait eu des negotiatores
étrangers, cela va de soi46 ; que le succès de la politique d’intégration auprès des élites ait
été plus lent, c’est envisageable si l’on admet la validité de l’argument archéologique
(maintien des fermes et non modernisation en villas) mais d’autres indices (comme
l’originalité des commandements militaires confiés aux pritnores )47 vont en sens
contraire ; que l’implantation urbaine ait été réalisée sous l’impulsion des Romains et
selon leurs normes et schémas, c’est une évidence applicable à pratiquement tous les
chefs-lieux des cités gallo-ou germano-romaines, sans valeur pour la définition ethnique
de leurs habitants. Certaines zones de la cité sont peu urbanisées, mais est-ce une attitude
délibérée (et dans ce cas il faudrait encore montrer que ce fut par rejet de la romanité) ou
la conséquence d’une certaine faiblesse du taux de population ou du niveau de richesse
sur des terres moins fertiles ?
15 Revenons aux institutions des Bataves : l’inscription évoquée est la seule à mentionner
explicitement la civitas. Dans la même inscription de Bulla Regia de l’époque de Marc
Aurèle, les Bataves sont définis comme regio, comme les Tongres. En 227 au plus tard la
cité a été élevée au rang de municipe. Mais Trajan a dû jouer un rôle dans les institutions
locales. En effet, la ville du Ier siècle ayant été détruite dans la révolte en 70, une nouvelle
capitale est bâtie, Noviomagus (mentionnée par la tabula Peutingeriana), dans la plaine 48.
Vers 102-104, la Xe légion Gemina quitte le site pour la Pannonie et la ville reçoit de
l’empereur Trajan l’épithète Ulpia très souvent mentionnée dans les inscriptions. Cela ne
semble pas correspondre à la promotion municipale jamais accompagnée de l’épithète
impériale. Est-ce purement honorifique ? S’agit-il du ius nundinarum ou d’un avantage
d’immunité supplémentaire attribué à la seule ville ? Ou bien est-ce le signe de l’octroi du
droit latin accordé à la cité ? En effet, en ce début du IIe siècle, se pose la question de
l’extension du droit latin aux Germanies. Dans ces cités, comme dans celles des Gaules
mais avec un certain retard, l’autorité romaine doit avoir un jour étendu la jouissance du
246
droit latin dont témoignent divers indices comme la dénomination et l’évolution des
magistratures et des sacerdoces, la diffusion de la citoyenneté, l’onomastique.
L’attribution à Trajan de cet octroi serait assez logique dans la mesure où son action en
Germanie supérieure est bien attestée et qu’il est, en Inférieure, le fondateur de la colonia
Ulpia Traiana sur l’ancienne cité des Cugernes. Mais nous en sommes réduits aux
conjectures car la documentation est d’une faiblesse insigne. Ainsi pour la date de la
promotion au rang municipal. Aucun magistrat du municipe n’est attesté, et deux (ou
trois) décurions en représentent les seuls éléments institutionnels connus : de ces
décurions un seul est assurément citoyen romain (Valerius Silvester) ; un autre porte le
nom d’Hilarus isolé mais, s’il est identique à l’Hilarus de 227, on peut penser qu’il n’a pas
fait état de son gentilice et de son prénom. Ou bien il est plus ancien et pérégrin 49 ? Le
troisième, celui qui honore Nehalennia à Colijnsplaat en 227, porte semble-t-il prénom et
gentilice si l’on en juge par les photographies de l’autel qu’il a offert 50. Sur le plan des
divisions du territoire, nous ne connaissons qu’un seul pagus, le pagus Vellaus qui doit
correspondre à la Veluwe51, et aucun vicus explicite. Aux possibles associations évoquées
ci-dessus, non localisées avec certitude, on joindra un collège avéré à Nimègue, celui des
fabri tignuari, non daté. Dès lors il faut tenter, comme pour Tongres, une approche
archéologique : au milieu ou dans la deuxième moitié du IIe siècle, la ville de Nimègue –
très mal connue mais qui comptait au moins un grand sanctuaire à temples jumelés, des
thermes et sans doute même un cryptoportique, tous éléments de bonne romanité –
s’entoure d’un rempart52. L’accès au statut privilégié de municipium ne représente-t-il pas,
en effet, une excellente occasion de construire une muraille dont la valeur symbolique de
délimitation de l’espace urbain est bien connue53 ? C’est pourquoi l’hypothèse d’une
fondation antonine est également séduisante pour les Bataves bien qu’une fondation
ulpienne ne puisse être exclue.
16 On peut se demander de quand date la constitution de la cité des Canninéfates et de celle
(probable mais non explicitement attestée) des Frisiavons, ces peuples des embouchures
du Rhin, de l’Escaut et de la Meuse54. Drusus y a manifesté de l’intérêt pour les
circulations fluviales et maritimes et creusé la fossa Drusiana, reliant le Rhin à l’Ijsselmeer
55. Mais par la suite le rôle de Corbulon en 47 a été déterminant : il a pacifié la zone,
installé des Frisons rebelles et creusé la fossa Corbulonis entre la Meuse et le Rhin. 56 Il doit
aussi avoir fondé à Valkenburg57 l’agglomération civile datant archéologiquement du
milieu du Ier siècle, de Praetorium Agrippinae dont le nom, conservé par la Tabula
Peutingeriana58, évoque Agrippine mais dont le probable statut de vicus n’est pas avéré. De
plus, de nouvelles recherches dans le site de la capitale, Voorburg-Arentsburg, montrent
un site vierge avant l’époque claudienne59. Si le chef-lieu est également de fondation
claudienne, cela implique probablement une constitution en cité de cette époque. La
meilleure interprétation d’ensemble des institutions de la région des embouchures nous
semblerait désormais la suivante : à l’époque augustéenne est fondée une seule cité – celle
des Bataves – dont Tacite semble dire qu’elle va jusqu’à la mer60 incluant les terres
occupées par les Canninéfates, les petits peuples difficiles à localiser, ainsi que peut-être
des Frisons (ceux de l’épisode61 de 28) ; cela expliquerait peut-être le toponyme de
Lugdunum Batavorum (Katwijk) 62 à l’embouchure du Rhin et le fait que Ptolémée ne
connaît que les Bataves au nord de Vetera. A l’époque claudienne sont fondées deux
nouvelles cités.
17 La cité des Frisiavons est très mal connue (aucune définition claire comme telle,
uniquement l’expression regio Frisiavonum dans l’inscription de Bulla Regio 63, deux
247
mentions du peuple chez Pline, une cohorte auxiliaire64 et une origo de soldats). En
admettant qu’elle existe et que les Frisiavons ne soient pas un pagus d’une cité voisine,
elle serait de constitution plus récente aux dépens des territoires soit des Bataves soit des
Canninéfates ; les Frisiavons (que connaît Pline mais non Strabon) pourraient donc être
les Frisii65 auxquels Corbulon imposa senatum, magistratus, leges après leur avoir donné des
terres pour s’établir66. Le chef-lieu reste inconnu67 : J. E. Bogaers a pensé à Gannuenta-
Colijnsplaat68 ; on propose aussi Maasdam69. Il ne semble pas que cette cité ait connu un
développement urbain notable : ne négligeons cependant pas les ports de Domburg et de
Colijnsplaat où la documentation épigraphique implique des sites religieux (et
commerciaux ?) d’importance mais non définis institutionnellement. Le fait d’y
rencontrer un décurion du municipe des Bataves n’est pas un argument contre
l’autonomie en cité propre des Frisiavons car, à Colijnsplaat, on trouve des ressortissants
de nombreuses régions de la Gaule et des Germanies, même, par exemple, un sévir
d’Augst70. Enfin on peut émettre l’hypothèse de l’existence de deux pagi, pour localiser
deux peuples voisins mentionnés par Pline dans cette région (dans des « îles » quae
sternuntur inter Helinium ac Flevum), les Sturii et les Marsaci. Les premiers sont sans doute à
reconnaître dans une unité d’exploratores Stu(---) mentionnés sur une inscription 71 de
Walldürn en 232, les seconds sont attestés comme ethnique de soldats, en Germanie
même et surtout à Rome parmi les equites singulares. Si l’on risque une comparaison avec
les Catoslugi désormais pagus assuré des Ambiens 72, et avec les Texuandri chez les Tongres,
ces populations pourraient bien correspondre à des pagi mais de quelle cité ? Plutôt que
des Ménapiens de Gaule Belgique, nous proposerions les Frisiavons voisins en raison des
habitudes de recrutement des soldats de la garde rapprochée des empereurs73. Mais les
Marsaques peuvent aussi relever des Canninéfates74 auxquels Tacite les associe, de même
que le pagus Chersiacus, voisin des Marsaques, dont seul Pline nous informe.
18 La civitas des Canninéfates, installée sans doute par Corbulon, n’est cependant jamais
attestée comme telle. Seul le municipe dont le nom même fait problème est avéré en 162 :
faut-il lire m(unicipium) Ae(liutn) C(annenefatium) ou m(unicipium) A(urelium) E(---) C
(annenefatium) en supposant une épithète encore inconnue ? Le milliaire de Rijswijk de
l’année 250 est lacunaire et on ne sait s’il faut restituer civitas ou municipium. L’inscription
très fragmentaire de Voorburg nous fait connaître un décurion du municipe, sans plus.
Les Canninéfates n’apparaissent curieusement pas comme regio sur l’inscription de Bulla
Regia. A moins de leur attribuer les Marsaques et/ou leurs voisins encore plus mal connus,
aucune division du territoire n’est attestée, et aucun vicus expressis verbis. Le chef-lieu est
assurément Voorburg-Arentsburg75, lieu de découverte de plusieurs inscriptions – dont
une dédicace émanant d’un collège de pérégrins agissant par l’entremise de deux
probables curateurs-, site archéologique sur le canal de Corbulon apparaissant au milieu
du Ier siècle76, développé à partir de l’époque flavienne, et point de départ des bornes de
Naaldwijk et de Rijswijk. La dénomination antique de Forum Hadriani (connu par la tabula
Peutingeriana et une inscription de Adiaum, peut-être mentionné sur l’inscription du
décurion) indique aussi un intérêt impérial et un avantage dû à Hadrien. Lequel ? Les
mêmes hypothèses peuvent être avancées que pour l’épithète Ulpia de Nimègue. Rien
n’exclut en outre qu’il s’agisse de la promotion municipale, habituellement attribuée à
Antonin ou Marc Aurèle, en se souvenant qu’Hadrien est sans doute responsable de
l’octroi du ius Latii maius dans les Gaules 77. Dans ce dernier cas, l’épithète du municipe
serait bien Ae(lium).
248
19 En comparant les différents indices chronologiques, on peut sans doute proposer une
concordance dans la première moitié ou au milieu du IIe siècle de l’octroi du rang
municipal à trois au moins des quatre cités de Germanie inférieure. On ne sait rien du
statut des Frisiavons : toutefois, s’ils ont bien constitué une cité autonome, il serait
quelque peu étonnant que, seuls de toute la province (colonies exclues évidemment), ils
n’aient bénéficié d’aucune promotion alors qu’ils représentaient un atout de première
importance pour le trafic avec la Bretagne. Restons prudents faute de source, mais
évitons d’engager l’avenir car les définitions explicites de statut sont (très) récentes pour
les trois municipes, exception faite du milliaire des Canninéfates. Nous aurions ainsi, mais
peut-être n’est-ce qu’une apparence, une certaine cohésion dans la romanisation de
Germanie inférieure, voire même de Supérieure car, sur la rive droite du Rhin, une vague
au moins de civitates pourrait être contemporaine.
21 Reprenons les étapes de la conquête depuis César car c’est peut-être lui qui fonde la
première unité territoriale stricto sensu de la future Germanie supérieure : la colonia Iulia
Equestris de Nyon selon l’interprétation de Denis van Berchem78. En tout cas c’est de cette
époque que date assurément le foedus qui lie les Lingons aux Romains, et la civitas de
création augustéenne continuera à faire usage de ce titre. Qu’en est-il du termefoederata
qui figure dans la nomenclature de la colonie flavienne d’Avenches ? Est-il césarien ou
249
postérieur ? Nous n’entrerons pas ici dans la controverse79. La phase suivante est
triumvirale et voit, outre l’installation du réseau routier d’Agrippa, la fondation à Augst
de la colonia Raurica en 44-43 par Munatius Plancus. Les cités des Helvètes, des Lingons,
des Séquanes, de conquête césarienne, sont assurément installées en civitates dans le
cadre de la mise en place des provinces des Trois Gaules. Mais qu’en est-il des autres cités
cisrhénanes, les Némètes, les Triboques, les Vangions (déplacés sur la rive gauche du Rhin
80) ? Le texte de Strabon autorise peut-être une hypothèse de constitution en deux phases,
à laquelle nous avons déjà fait allusion ci-dessus : les peuples qui ne figurent pas dans la
liste de Strabon, mais qui sont cités par Pline l’Ancien (et pour la plupart par Ptolémée),
soit les Tongres, les Bataves, les Canninéfates, les Frisiavons, les Cugernes, les Vangions,
les Némètes, seraient des cités établies après l’inauguration de l’Autel du Confluent,
oeuvre de Drusus, de Tibère (en tant que général ou comme empereur après l’arrêt du
projet de conquête). Dans cette hypothèse, toutefois, on peut s’interroger sur la date de
constitution des Triboques, mentionnés par Strabon (4, 3, 4) mais situés dans la zone des
créations postérieures. D’autre part, Claude, auquel on a coutume désormais d’attribuer
la diffusion du droit latin dans les Trois Gaules81, a-t-il étendu la jouissance de ce droit aux
cités « césariennes » de Germanie, comme les Lingons et les Séquanes ?
22 La guerre civile qui amena au pouvoir les Flaviens a joué un rôle très important dans la
romanisation de ces régions qui y ont été étroitement mêlées, à la fois par les
protagonistes romains et par Civilis. C’est de là que nous partirons pour envisager cité par
cité les éléments d’institutions disponibles dans nos sources.
23 La cité des Lingons retiendra d’abord notre attention. Sa définition en civitas Lingonum
(foederata) est bien attestée, notamment par Frontin 82 pour l’épisode de 70, et par des
inscriptions des IIe et IIIe siècles. Les milliaires par contre ne la mentionnent jamais. Trois
inscriptions explicites font état d’un statut de colonie, latine ou romaine ? En fait le
problème n’est pas simple car nous savons par Tacite83 qu’Othon avait accordé la
citoyenneté romaine aux Lingons (universis Lingonibus, ce qui implique le droit romain).
Toutefois, vu les épisodes suivants et notamment l’alliance de Sabinus avec Civilis, on
suppose habituellement84 que Vespasien pourrait avoir retiré aux Lingons ce bénéfice. La
documentation épigraphique montre un statut colonial mais ne permet pas de trancher
avec certitude entre droit romain et droit latin car le titre colonial a pu être maintenu
mais le rang diminué, avec l’éventualité d’une promotion coloniale latine antérieure à
Othon (claudienne par exemple) restaurée par Vespasien. La réalité archéologique et
urbanistique de la ville ne nous est, dans l’état actuel des connaissances, d’aucun secours.
En tout cas, et cela n’a rien pour surprendre, la documentation épigraphique des Lingons
montre bien la coexistence des termes non concurrents de civitas et de colonia et rappelle,
par conséquent, qu’aucun critère de datation ne réside dans l’usage du terme civitas 85. Les
magistratures explicitement attestées dans des inscriptions dont aucune ne paraît
antérieure au IIe siècle, sont le IIvirat et l’édilité ; les autres sources évoquent des cursus
imprécis (omnibus honoribus [ou officiis civilibus] functus ; ou magistratus au pluriel) ; les
prêtrises sont l’augurat (particulièrement rare dans l’espace germano-gau lois86 et
possible indice de la jouissance du droit romain87) mentionné à plusieurs reprises, le
sacerdoce local de Rome et d’Auguste et le sévirat augustal. Les décurions sont également
évoqués, soit par la formule l.d.d.d., soit nommément, ainsi qu’un aerarius. Plusieurs
esclaves publics et affranchis figurent sur des monuments et la dénomination de Fructus,
col(oniae) Ling(onum) lib(ertus) pose peut-être le problème de la nomenclature et du statut
des affranchis dans une cité de droit latin88. Un pagus est nommément cité 89, le pagus
250
Andomus, qui figure sur deux inscriptions de Dijon (Dibio dont le statut propre n’est pas
mentionné) et qui nous permettent de connaître deux collèges, celui des fabri ferrari et
celui des lapidari, qui se présentent tous deux comme les clientes d’un patronus identique.
L’une de ces dédicaces comporte une information rare : l(ocus) d(atus) d(ecreto) p(aganorum)
A(ndomensium). Un pagus (ou du moins ce pagus) disposait donc d’une assemblée et celle-ci
était habilitée à voter des décrets. Une autre inscription, de Vertault cette fois, renseigne
sur les liens qui unissaient la cité à l’un de ses vici : L. Patricius Martialis et L. Patricius
Marcus, Lingons, ayant accompli toutes les fonctions civiles dans leur cité, ont offert sans
doute des thermes (cellant vestibulam e regione columnae cum suis omnibus commodis) aux
vikani Vertillenses. Des magistrats issus de l’élite de la cité assument l’équipement de vikani
et font acte d’évergétisme (de sua pecunia largiti sunt) même en dehors du chef-lieu 90. C’est
le seul vicus explicite de la cité. Quant au chef-lieu, AndemantunnumLangres, il est très
souvent mentionné, sur des bornes, chez Ptolémée, sur la tabula Peutingeriana et dans
l’Itinéraire d’Antonin.
24 Les questions que soulève l’histoire de la cité des Séquanes sont assez proches. Elles ont
toutefois perdu de leur complexité. En effet, un nouvel examen de la dédicace à Mars
Auguste trouvée au temple du Lac d’Antre et conservée à Besançon91, remet en question
l’existence de IIIviri dans la cité. Q. Petronius Metellus et M. Petronius Magnus sont
indubitablement des llvir(i) sans qu’il puisse y avoir de confusion entre un trait
légèrement oblique, plus mince et non aligné, et une troisième haste gravée, sans non
plus qu’il y ait ni place ni dégât dans la pierre qui permettent de restituer une quatrième
haste92. Les deux autres personnages dont la fonction ou la définition est illisible en fin de
quatrième ligne peuvent être des magistrats inférieurs, ou des appariteurs, ou des
prêtres. L’inscription ne présente pas de critère valable de datation. Les IIviri sont connus
chez les Séquanes, notamment par une inscription des environs de 74 provenant du
sanctuaire fédéral de Condate et sans doute aussi par un monument de Besançon même. La
civitas est bien attestée, la colonia par une seule inscription. En outre le rôle de Galba
pourrait avoir été comparable à celui d’Othon chez les voisins lingons, bien que les textes
soient moins explicites93. Plusieurs scénarios sont possibles, qui doivent tenir compte
aussi des événements de 70 (où les Séquanes fidèles ont vaincu les Lingons de Sabinus) 94
et de l’archéologie (grand développement urbain dans la seconde moitié du I er siècle95 ;
possibilité d’une centuriation à la même époque96). On pourrait songer à une évolution de
ce type97 : le droit latin serait claudien comme dans les Trois Gaules, le rang colonial dû à
Galba, le droit romain dû à Vespasien, mais les deux premières étapes peuvent n’en faire
qu’une. En faveur de ce scénario, on avancera l’absence d’obligation de sanction puisque
les Séquanes avaient été plutôt fidèles, que la période flavienne paraît une époque de
richesse et d’essor et que l’ensemble des indices montre un développement des
institutions municipales compatible avec l’idée d’une colonie de droit romain98. Toutefois
les historiens99 optent généralement pour un rabotage des avantages par Vespasien et
pensent que, s’il y a eu colonie romaine sous Galba, celle-ci a dû être ramenée en colonie
latine par la suite, notamment parce qu’une colonie romaine, de l’avis de F. Vittinghoff 100,
n’envoyait pas de délégués à l’Autel de Lyon (or nous en connaissons un de l’époque
flavienne et un autre plus tardif). En fait cette affirmation doit peut-être être révisée à la
lumière du débat sur la participation des Lyonnais101 au sanctuaire fédéral. Dans l’état
actuel de la recherche, rien ne nous paraît imposer le droit latin plutôt que romain pour
la colonie des Séquanes. Les magistratures connues sont donc le duumvirat (au moins à
partir de l’époque flavienne), la questure et l’édilité ; sont également attestés des cursus
non détaillés (omnibus honoribus inter suos functus) ; du côté des prêtrises, on notera le
251
duo nomina) mais il est clair Q. Adginnius Urbici fil. Martinus est-il citoyen de la première
génération ? Aucun décurion n’est nommément connu, ce qui est quelque peu étonnant,
mais l’ordo civitatis est mentionné sur une inscription de l’Autel de Lyon, et peut-être un
décret si l’on maintient dans la documentation l’inscription (perdue) du taurobole de
Vesoul dont M. Gschaid pense qu’elle n’a jamais existé104. Un seul membre de
l’administration, le tabellarius coloniae Sequanorum Q. Silvius Perennis, est porté à notre
connaissance, grâce à la dédicace à Jupiter Poeninus qu’il a offerte au Grand-Saint-
Bernard. La capitale, Vesonfio-Besançon, est abondamment documentée, par des
milliaires, la tabula Peutingeriana, l’Itinéraire d’Antonin, Ptolémée, Dion Cassius, et
auparavant César. Aucun pagus, un seul vicus, dont le nom est perdu, qui devait définir
l’agglomération des grands sanctuaires105 de Villards-d’Héria : ceux-ci étaient dédiés à
Mars (et à sa parèdre Bellone), assurément le dieu « poliade » des Séquanes 106, assimilé à
Segomo, défini comme Augustus ou comme Vesontius107, honoré par les IIviri et par de
nombreux particuliers dans toute la cité et même associé à Jupiter, à Lyon.
25 Sur la rive gauche du Rhin, la première cité de Germanie supérieure, après la frontière de
la Vinxtbach, pose d’énormes problèmes : son existence ne paraît pas faire de doute mais
sa dénomination et sa capitale au moins font difficulté et nous reprendrons cette question
plus tard.
26 Nous envisagerons donc la cité des Vangions dont G. Walser 108 semble penser qu’elle
englobait toute la zone entre la Vinxtbach et Worms, ce qui n’est pas vraisemblable 109.
Peuple connu de Pline et de Ptolémée mais non de Strabon, la cité doit avoir été
constituée par Drusus ou Tibère, même si la documentation épigraphique ne semble pas
remonter plus haut que le IIe siècle. En fait nous connaissons assez mal cette cité qui reçut
sans doute le rang de municipium dans la première moitié ou le milieu du II e siècle : le
problème est de savoir si l’on accorde une valeur exacte et institutionnelle à la dédicace
municipib(us) Vangionibus d’un graffito sur une sigillée du milieu (éventuellement
deuxième quart ?) du IIe siècle. Les éditeurs110 opposent à cette interprétation stricte
l’usage de municeps signifiant « compatriote » dans certaines épitaphes de soldats issus de
villes italiennes, non municipes certes, mais toutes évidemment de droit romain111 ; cela
n’exclut pas ici l’emploi du mot dans son autre acception juridique (« qui appartient à une
communauté élevée au rang de municipe ») comme y invite l’existence de plusieurs
municipes dans les Germanies vers la même époque, surtout qu’il s’agit d’un mot rare ne
faisant pas partie du vocabulaire épigraphique des Gallo-Romains112. Quant à l’argument
du maintien de l’emploi du terme civitas au III e siècle, nous savons qu’il n’a pas de valeur
113
. Nous retiendrons donc les Vangions parmi les cités ayant obtenu un rang municipal
explicite et jouissant donc du droit latin avéré114. Le chef-lieu de la cité était Borbetomagus-
Worms, attesté par Ptolémée, la tabula Peutingeriana, l’Itinéraire d’Antonin et la borne
itinéraire de Tongres ; sur les milliaires, par contre, seule la civitas est mentionnée.
27 Pour le recensement des magistratures et sacerdoces, il se pose un problème de transfert
éventuel d’inscriptions depuis la cité voisine des Némètes : en effet, pour la construction
de la fortification du Bas Empire à Altrip, on pourrait avoir apporté des pierres de Worms,
puisque l’on y trouve la dédicace religieuse d’un esclave et d’une affranchie de la cité des
Vangions alors que, d’après les bornes routières, Altrip se situe chez les Némètes. Dès lors
la question pourrait se poser pour d’autres mentions : ainsi l’édile Vegetius Gattus a-t-il
252
Séquanes et donc, dans l’interprétation suggérée du terme Flavia, flavien. Mais ce n’est
qu’une hypothèse. L’époque flavienne est aussi le moment du développement urbain123. Le
chef-lieu est Spire-Noviomagus (Speyer) selon le témoignage d’un milliaire, de Ptolémée, de
l’Itinéraire d’Antonin, de la tabula Peutmgeriana. Un seul vicus, mentionné par la Notice des
Dignités (occ. 41, 5.17), le vicus Iulius, est attribué traditionnellement à Germersheim bien
qu’aucune découverte archéologique significative n’y ait été faite124. Aucun magistrat
supérieur n’est connu, seul Vegetius Gattus dédie un autel à Mercure ob honorem 125
aedilitatis (que nous proposons d’attribuer aux Némètes en vertu du lieu de découverte :
cf. supra). Des décurions sont mentionnés, nommément pour deux d’entre eux, avec des
gentilices locaux, C. Candidius Calpurnianus à Heidelberg (décurion également de la cité
des Suèbes du Neckar, il offre un temple avec une statue à Mercure sous le nom de
Visucius) et Barbatius Silvester à Impflingen (hors du chef-lieu donc) ; un troisième reste
anonyme à Spire même. Un décret des décurions doit être à l’origine de la désignation des
places à l’amphithéâtre du chef-lieu mais l’inscription est incomplète. En ce qui concerne
l’exercice des cultes, outre une prêtresse de Cybèle à Altrip126, il convient de signaler
Pompeianius [---], haruspice127, auxiliaire du culte public128. Une liste de noms (duo
nomina) renseigne sans doute sur l’existence d’un collège. Entre une simple civitas avant
l’empire gaulois, mais très vraisemblablement de droit latin avec une administration
calquée sur les « vraies » municipalités, ou une colonie latine flavienne, l’état des sources
ne permet pas de trancher avec certitude.
30 Examinons rapidement, vu le peu de textes, la cité des Triboques. Peuple connu de
Strabon, Pline et Ptolémée, la civitas Tribocorum, de constitution ancienne, n’est
mentionnée que deux fois, sur des bornes. Sa capitale Brumath-Brocomagus, remplacée
sans doute au Bas Empire par Strasbourg, apparaît en outre chez Ptolémée, sur la tabula
Peutingeriana et dans l’Itinéraire d’Antonin, ainsi que chez Ammien Marcellin. La cité
abritait le camp légionnaire de Strasbourg, et donc des canabae et le vicus canabarum de
Koenigshoffen129. On citera en outre le vicus de Saverne (Tabernae sans précision de statut
de la tabula Peutingeriana et de l’Itinéraire d’Antonin) et le vicus d’Argentovaria-Horbourg
quoique ce dernier relève plus vraisemblablement des Rauriques130. Comme éléments
connus du fonctionnement municipal : un décurion anonyme sur une inscription mutilée
de Dalheim chez les Trévires, un sacerdos associé à un pr(a)efectus à Mietesheim ; peut-être
un collège à Brumath et un autre à Strasbourg. C’est très peu. Ce n’est donc que par
comparaison avec des cités plus documentées que l’on peut estimer les institutions de la
civitas des Triboques, pérégrine puis latine assurément.
31 Passons sur la rive droite du Rhin. Les cités de cette région ne figurent évidemment pas
chez Strabon ou chez Pline ; leur absence chez Ptolémée indique l’ancienneté de ses
sources. Même si des têtes de pont et des avancées militaires dans ces régions sont
antérieures, c’est l’époque flavienne qui voit la mainmise romaine sur la vallée du Neckar
avec le «Clemensfeld-zug« zug« 131de 72-74 et la conquête des Champs décumates par
Domitien en 83. L’empereur crée ensuite les provinces (pendant la censure de 85 ?) puis
doit faire face en 89 à la rébellion d’Antonius Saturninus appuyé, semble-t-il, sur la XXI e
légion Rapax qui sera sans doute dissoute après l’écrasement de la révolte 132. C’est donc à
la dynastie suivante, et à Trajan en particulier, qu’échoira la tâche d’organiser
administrativement les conquêtes133. Dans le nord du territoire outre Rhin, cela paraît
assez évident puisque trois civitates, sans doute, portent l’épithète Ulpia qui rappelle leur
création ou leur élévation au droit latin134, à supposer que les deux actions ne soient pas
concomitantes.
254
32 La civitas Ulpia Mattiacorum est citée sur un nombre intéressant de documents (pas de
milliaires), une seule fois dotée de l’épithète impériale. Le chef-lieu, Aquae Mattiacorum
(Wiesbaden) est caput viae en 122, plutôt terminus ante quem de la création de la cité que
date de sa constitution135 en raison de l’épithète Ulpia. C’est effectivement dans les
premières années du IIe siècle que l’on voit se développer l’agglomération civile assez
riche qui continuera même après sa démilitarisation à rester visitée par des soldats en
raison des vertus de ses eaux. La ville est mentionnée sur une seconde borne (sans doute
du IIIe siècle) et peut-être en tant que ΜαTTιακόν chez Ptolémée (dans le chapitre
consacré à la Γερμάνια Μεγάλη).
33 Le problème du statut du chef-lieu se pose ici comme dans d’autres cités germaniques. S’il
s’agit bien de l’ensemble de la ville, et non d’un de ses quartiers (cf. infra), Aquae était
vicus, si Ton en croit l’inscription des vicani Aqueuses. Cela signifie-t-il que la ville avait
une administration propre séparée de la civitas ? En fait cela pose le problème général du
fonctionnement d’un vicus 136. Dans la mesure où Ton conçoit l’administration d’un vicus
sur le modèle des quartiers (vici) de Rome, c’est-à-dire comme une délégation d’un certain
nombre de pouvoirs par l’autorité centrale dans le but d’une meilleure gestion des
problèmes « sur le terrain », en particulier la célébration de certains cultes, elle ne peut
être que limitée. L’examen de la documentation montre très peu d’attestations137 de
magistri (véritables magistrats) qui, dès lors, n’existaient sans doute pas partout. En effet,
l’idée d’une délégation de pouvoirs limités permet de supposer une organisation locale
des vici avec peut-être un statut proche de celui d’un collège, variable selon les pouvoirs
délégués. J’envisagerais la même souplesse pour les pagi : dans les vici ou/et les pagi, il y
aurait – ou il n’y aurait pas – selon les dispositions prises dans chaque « municipalité », un
ordo, des magistri, des curatores… Ces derniers n’étaient d’ailleurs peut-être que
circonstanciels, chargés d’une cura bien précise, définie sur le monument qui les atteste.
Dans cette optique, une ville pouvait être divisée en quartiers avec délégation limitée ou
une agglomération (ou les agglomérations « urbanisées ») du territoire pouvai(en)t être
élevée(s) au rang de vicus pour gérer la vie quotidienne et religieuse de cette portion du
territoire138. Qu’en est-il alors d’une ville considérée comme un vicus ? Il me semble que
cela pourrait s’adapter à des villes peu importantes constituées d’un seul « quartier » et
où, effectivement, l’autorité centrale de la civitas (l’ ordo decurionum et les magistrats)
pourrait déléguer certains pouvoirs limités de gestion locale, les rues, le marché, le
maintien de l’ordre,… alors que dans les villes plus importantes les mêmes délégations
étaient divisées entre plusieurs vici. Le fait que (à l’exception de Sens 139) tous les chefs-
lieux dénommés vicus relèvent de la Germanie supérieure pourrait aussi – et peut-être
plus simplement – n’être que la traduction d’un terme indigène du genre oppidum, ou
enfin être resté comme souvenir de la première dénomination de l’agglomération dans la
phase militaire lorsque les maisons entouraient le camp et que l’administration civile
n’avait pas encore été mise en place (entre 70 et 100/110 approximativement pour
Wiesbaden140.) Enfin, et c’est la comparaison avec Nida (où il existe des vicani Nidenses et
un viens novus ) qui suggère cette piste, les vicani Aqueuses représentaient-ils toute
l’agglomération d’Aquae ou bien seulement le quartier ancien, celui qui avait donné son
nom à la ville et qui aurait gardé ce type de dénomination du tout pour la partie ? Dans
cette dernière hypothèse, nous serions dans la situation classique d’une ville divisée en
quartiers et les interrogations spécifiques disparaîtraient. En tout cas, je pense
fermement qu’il faut éviter de déduire de l’appellation vicus de quelques chefs-lieux
l’existence de deux niveaux de pouvoir qui viendraient raviver l’ancienne conception, à
255
mon sens tout à fait inexacte141, d’un chef-lieu et d’une civitas distincts car rien dans la
documentation, comme il apparaît bien pour les Gaules aussi142, ne vient conforter une
telle théorie, laquelle irait par ailleurs à l’encontre de tout ce que nous connaissons du
fonctionnement de l’ensemble ville + territoire = πόλις dans l’antiquité tant grecque que
romaine. En effet, tous les décurions et collèges qui se définissent le font par rapport à la
civitas Mattiacorum, et les témoignages sont nombreux et explicites : décurions, sévir
augustal également pragmaticus, hastiferi, négociants, qu’ils soient attestés dans le chef-
lieu, dans le territoire ou à Mayence, la capitale provinciale proche. Aucun magistrat
malheureusement. Tous ceux qui sont nommément connus, porteurs des tria nomina (ou
duo), montrent une bonne diffusion de la citoyenneté, comme dans une région de droit
latin. Leurs gentilices, Novellius, Secundinius, Aquilinius, par exemple, sont typiques des
formations locales qui s’accordent aussi à la jouissance du droit latin.
34 Autre problème, Kastel. Autrefois tête de pont de la légion de Mayence, Castellum
Mattiacorum devait logiquement faire partie de la cité des Mattiaques 143. Pourtant certains
144 pensent que le vicus, bien attesté, avait une administration propre »selbständig« et une
ville : peut-on imaginer un vicus divisé en vici ? Sur le plan archéologique, on constate que
la ville, après le départ des troupes vers 110, s’est développée très richement ? 148 avec
forum, théâtre, port fluvial, cinq mithraea, grand ensemble thermal avec hôtellerie 149.
Même si ce n’est qu’au début du IIIe siècle qu’elle se dote de murailles, la ville comportait
peut-être dès le IIe siècle un grand ensemble sculpté, peutêtre un arc de triomphe ou une
porte monumentale, dont plusieurs éléments nous sont parvenus, parmi lesquels il faut
signaler un relief représentant un licteur150. La documentation épigraphique est très riche
et nous connaissons un Ilvir, un édile, un questeur151, 7 ou 8 décurions nommés (tous
porteurs de tria ou de duo nomina, avec de typiques gentilices patronymiques comme
Sedatius, Stephanius, Paternius, Quietius, Senilius, Cintugnatius152…) et un anonyme. En
outre, et la mention est encore plus rare, deux sacerdotales sont connus : il s’agit
assurément d’(anciens) prêtres du culte impérial, mais local ou provincial ? Cela pose tout
le problème de l’organisation du culte impérial en Germanie (supérieure) d’autant que le
plus célèbre des deux, Dativius Victor, tout en étant décurion des Taunenses, a promis (ses
fils Victorii Lupus et Ursus l’ont offert) le magnifique arc, qui porte traditionnellement
son nom, aux Mogontiacenses. Comment comprendre ? Nous reviendrons sur l’hypothèse
d’un culte impérial provincial organisé à Rottweil (cf. infra). Ces deux mentions, alliées à
la présence d’un théâtre et à la richesse de la ville, pourraient alimenter aussi l’hypothèse
d’un culte pratiqué à Nida, mais l’arc de Dativius mène à celle d’un culte organisé à
Mayence, chef-lieu de la province, ce qui serait quand même plus normal. La conviction
répandue d’une administration exclusivement militaire de Mayence est sans doute
l’obstacle le plus fort à cette vision des choses mais nous y reviendrons infra. Notons
encore la mention chez un même décurion et vir sacerdotalis de la qualification de
pragmaticus qui évoque sans doute une sorte de juriste ou de juge, et dans l’administration
de la cité, d’un aerarius. Parmi les collèges, une iuventus, un collège de fabri tignari et
surtout des dendrophores consistentes Med(---) itemque Nidae qui reçoivent des vicani
Nidenses une schola et qui nous informent sans doute au passage du nom du chef-lieu de la
cité voisine. Sur le plan du culte public, notons une dédicace des Taunenses à Mercure.
37 La cité des Auderienses , jamais à notre connaissance qualifiée d’Ulpia 153, devrait, pour des
raisons géographiques et archéologiques, avoir fait partie de la même vague de création 154
que les Mattiaques, les Taunenses et les Suèbes du Neckar que nous étudierons ci-dessous.
Elle est relativement mal connue, mentionnée dans trois inscriptions, ou plutôt dans
quatre si l’on admet la lecture proposée par E. Schallmayer155 de la borne routière de
Kleestadt. En effet, sur cette borne des années 235-238, autrefois attribuée à Wiesbaden
comme caput viae, puis à Mayence par G. Walser, deux villes bien peu probables quand on
regarde la carte et que l’on compare avec l’ensemble de la documentation routière, lire [C
(ivittas)] A(uderiensium) a(b) M(ed---) constitue une proposition très satisfaisante 156. En
effet, l’inscription des dendrophores de Nida, de découverte assez récente, a rouvert le
débat sur le nom antique de Dieburg, qui pourrait être la capitale de la civitas : il s’agit
d’une ville (sans camp préliminaire) datant du début du IIe siècle, qui a connu un
développement assez important avec forum, basilique, grand mithraeum et ensuite
enceinte au début du IIIe siècle. Malheureusement la borne leugaire n’a pas conservé la
distance qui aurait pu grandement aider à conforter l’hypothèse. Si l’on accepte l’idée que
la ville de Med(---) des dendrophores doit être voisine de Nida, comme Wiesbaden et
Ladenburg sont exclus, que l’on a retrouvé à Dieburg une colonne à Jupiter offerte par un
décurion de la cité recherchée, que la borne renvoie nécessairement à une ville dont
l’initiale est M, l’ensemble des indices permet de se satisfaire de leur fragilité isolée. Les
deux autres décurions ont laissé des traces épigraphiques à l’extérieur de leur cité, l’un à
257
40 Plus au sud les définitions et chronologies des cités posent encore davantage de
problèmes. Les retraits militaires sont plus tardifs, liés au déplacement du limes vers l’est
au milieu du IIe siècle. La première cité est la c(ivitas) Alisin(ensium ?)166. Si l’on accepte la
lecture de l’inscription de BadWimpfen, le génie de cette cité est offert par un décurion de
la cité écrite cidessus d(ecurio) c(ivitatis) s(upra scrip)t(ae) ou par un décurion de la cité avec
une formulation st(ipemque) don(avit) ; la seconde lecture semble démentie par la
présentation des lettres sur le monument où S et T sont bien séparés167 mais la première
s’appuie sur un type d’abréviation rare168. Une autre possibilité serait de considérer qu’il
était décurion d’une c(ivitas) S(---) T(---) et que le terme Alisin(---) indique le nom d’un c
(ollegium)169. A titre d’hypothèse de travail, nous retiendrons l’interprétation
traditionnelle d’une c(ivitas) Alisin(---) dont L. Aventinius Maternus serait (ou non) un
décurion. Nous reviendrons sur les autres mentions possibles d’une cité supplémentaire.
Bad-Wimpfen, agglomération civile succédant à un castellum démilitarisé au milieu du II e
siècle, est le chef-lieu supposé de cette cité, sans qu’aucun document probant ne
confirme une archéologie urbaine claire : réseau carroyé, sanctuaire et ensuite muraille à
la fin du IIe ou au début du III e siècle170. Récemment a également été découverte
l’attestation d’un haruspice, M. Ianuarinius Secundinus171. C’est là toute la documentation
directe de la cité qui ne peut guère avoir été créée avant le déplacement du limes
extérieur et l’abandon du site comme camp auxiliaire (puisque l’agglomération civile se
superpose au castellum), et donc devrait relever de l’action de Marc Aurèle. Dans le
territoire, on signalera les vicani Saliob[rig]enses à Sinsheim172, sans doute le vicus Nediensis
(avec un curateur des vicani lesquels honorent Mercure et Rosmerta dans une seconde
inscription) à Spechbach173, le contubernium peregrinorum de Walheim et, moins probable,
le collegium Matisonensium de Bietigheim174.
41 De l’autre côte du Neckar, après le déplacement de la frontière vers 150, a été créée une
cité dont le nom propre n’est pas connu, la civitas Aur(elia) G(---) 175. Elle est attestée dans
la définition de décurions à Neuenstadt et à Hagenbach, soit immédiatement à l’est de
Bad-Wimpfen et des Alisinenses. Son chef-lieu est inconnu. Aucun milliaire ne permet de
faire une proposition. On a songé à Öhringen-vicus Aurel(ianus ?)176, à Bad-Cannstatt177, à
Neuenstadt178. Epigraphiquement, l’hypothèse Öhringen paraît mieux établie avec un
toponyme explicite, un collegium iuventutis, un collegium convenarum et peut-être un
collège de vétérans et pérégrins. Mais, en faveur de Bad-Cannstatt, on peut invoquer une
meilleure localisation dans le territoire et le fait que ce site relève d’un schéma
d’évolution plus classique pour les chefs-lieux179 : en effet, le site d’Ohringen, situé sur le
limes extérieur, resta le siège d’un camp auxiliaire tandis que celui de BadCannstatt fut
démilitarisé au milieu du IIe siècle. Si l’on privilégie ce choix, le nom du chef-lieu serait à
chercher dans la dédicace au génie de Da(---) par deux dédicants, Sag(---) Magiatus et Fla
(vius) Senecianus, qui pourraient être des magistrats180. Si l’on se rallie à Öhringen, le
chef-lieu serait à nouveau un vicus. Celui-ci pourrait devoir son nom à Marc Aurèle, et dès
lors aussi la civitas née de la réorganisation de la zone frontière après l’avancement de la
ligne fortifiée. Mais le nom et l’épithète pourraient aussi être rattachés à Elagabal 181 si
l’on interprète ainsi un texte peu clair de Dion Cassius (qui parle d’éponymie). Cependant
la cité doit être antérieure à cette date car une dédicace au futur Caracalla du début du III
e
siècle représente à Neuenstadt un acte d’évergétisme ob honorem dec(urionatus) et flam
[o]n[(ii) --- malheureusement anonyme et muet sur le nom de la cité. Peut-on distinguer
l’épithète impériale de la fondation et en faire un avantage ultérieur ? Les exemples de
cités ulpiennes ne plaident pas en faveur de cette interprétation. Si l’on considère le
259
contexte général de naissance des cités de cette région, c’est bien Marc Aurèle qui est le
plus probable « fondateur ».
42 Un seul magistrat nous est connu, le questeur Faustius Faventinus, qui doit être celui de
la cité182. Quatre décurions, dont trois nommément Avitius Maiiorinus, Avitius Apollinaris
(ces deux personnages assurément parents offrent à Mercure une statue) et L. Iulius
Victorinus, et le quatrième également flamine. Outre les collèges déjà cités pour
Öhringen, notons un collegium iuventutis et des ministri Apollinis à Neuenstadt. Un autre
vicus peut être mentionné avec grande probabilité, celui des vicani Murrenses à Benningen,
dont le nom indique le lien avec la rivière Murr qui se jette dans le Neckar à cet endroit.
On y connaît une association de nautes et un collège de pérégrins.
43 Au sud-ouest, en bordure du Rhin, on trouve la cité des Aquenses autour de Baden-
Baden183. La cité et son chef-lieu (Aquae) sont assez bien documentés 184, notamment par
des milliaires qui mentionnent généralement les deux éléments. Sur les bornes du III e
siècle apparaît (à dater de 220) l’épithète Aurelia. A nouveau il faut s’interroger sur la date
et la signification de cette épithète impériale. Remonterait-elle à la création de la cité
(assurément au IIe siècle) et ne serait-elle que sporadiquement employée ? Ou bien, liée à
un avantage impérial non précisé, serait-elle due à Caracalla qui est honoré sans doute en
213 lors de sa campagne victorieuse dans la région (CIL XIII 6301) ou même à Elagabal 185 ?
En fait nous restons dans l’incertitude. La création de cette cité relativement éloignée du
limes ne peut être reportée au III e siècle. Peut-être même pourrait-elle revenir à Trajan
mais après l’année 100 : une source importante pour la chronologie de la région réside
dans une borne de cette année découverte près de Büh186 où le caput viae est Mayence. En
100, donc, le territoire est encore considéré globalement et non divisé en cités 187. La res
publica Aquensium sans épithète est attestée en 197 ; entre ces deux dates, Trajan ou Marc
Aurèle sont les auteurs les plus vraisemblables de la mise en place de la cité. Que faut-il
penser de l’épithète ?
44 Sur le plan archéologique, la ville d’Aquae, peut-être bien un site exclusivement civil, a été
construite dans les années 80 et s’épanouit à partir des années 100 avec des rénovations à
l’époque sévérienne : les thermes y avaient bien entendu une grande ampleur188. Deux
décurions – et tous deux notamment à l’occasion de la dédicace d’un temple à Mercure –
sont connus, dont l’un deux fois à Mörsch et à Ettlingen, L. Cornelius Augurinus. Dans
l’hypothèse, probable, d’une cité avec Pforzheim pour chef-lieu, Dürrmenz en ferait
partie189 et le second décurion des Aqueuses, Tib. Iulius Severus, serait attesté hors de sa
cité mais ce ne serait pas le seul cas190. Quant au vicus Senot(---) de Wilferdingen 191, son
rattachement aux Aqueuses est possible bien que la cité de Pforzheim soit très proche.
L’appartenance aux Aqueuses des vicani Bibienses de Sandweier est davantage assurée de
même que celle du contubernium nautarum de Ettlingen ; plus douteuse, celle du collège
probable de Stettfeld192. A Baden-Baden même on connaît un collège de fabri tignan, qui y
avait sans doute une schola, et une prêtresse (magistra) d’une divinité Dum(---) non
autrement connue193.
Dans la haute et moyenne vallée du Neckar se situe la cité de Sumelocenna . Les vicani
Grinarionenses se définissant comme des Sutnelocennenses et la borne milliaire datée de 129
provenant de Köngen194 mesurée a Sumelo(cenna) nous indiquent sans doute le confluent
de la rivière Fils comme limite de la cité. Celle-ci est connue par deux inscriptions, Tune
d’un décurion également de Köngen, P. Quartionius Secundinus, l’autre d’une iuventus à
Rottenburg. Le chef-lieu est assurément homonyme de la cité, SumelocennaRottenburg,
mentionné sur la borne milliaire de 129 et la tabula Peutingeriana. Le problème de cette
260
cité est son éventuelle « préhistoire » en saltus. En effet, une inscription de Rottenburg,
malheureusement difficile à dater, fait état d’un décret de l’ordo saltus Sumelocennensis et
de magistri. Une inscription de Bithynie 195 mentionne un procurateur impérial χώρας
(Σ)ομελοκεννησίας καί (ὑ)περλιμιταν ς. Il a donc dû exister un domaine impérial contrôlé
par un procurateur équestre et administré par un ordo installé à Rottenburg. La question
est de savoir quelle est la relation de ce domaine avec la civitas. L’interprétation la plus
courante196 considère que le saltus a précédé la civitas, et que celle-ci est issue de la
transformation du saltus. Cela expliquerait le milliaire de 129 sans indication de civitas
(mais ce n’est pas un argument197). Ensuite, à l’époque de Marc Aurèle, la région aurait été
réorganisée en civitas comme le reste de la province. On a aussi pensé à un domaine
impérial beaucoup plus vaste d’après l’inscription de Bithynie, qui aurait précédé
l’organisation civile. Mais il ne nous paraît pas exclu de concevoir simultanément un
saltus, domaine impérial (soit d’ampleur moyenne et ne concernant que les environs de
Rottenburg, soit de grande superficie et englobant toute la région proche du limes), avec
organisation propre et même ordo, sous le contrôle d’un procurateur qui aurait sa
résidence à Rottenburg)198, et une civitas (voire même des civitates dans l’hypothèse de la
chora) dont le saltus serait une partie soustraite à son (leur) administration. Une situation
en plusieurs étapes ne paraît pas non plus exclue : chora vaste dans un premier temps
immédiatement après la conquête (inscription de Bithynie datée de Domitien-Trajan),
subdivision ensuite en civitates avec maintien d’un domaine impérial dans une région
limitée (inscription de Rottenburg).
45 Dans la cité se rencontrent le vicus Grinario à Köngen et des Confane(n)sses Armisses à
Metzingen, représentant soit un collège soit un vicus. A Rottenburg même, une des plus
grandes villes de la province, des plus riches et des mieux équipées199, remontant à
l’époque de Domitien, on trouve aussi en 225 un sévir augustal, M. Messius Fortunatus ;
deux questeurs (est-il absolument exclu qu’il puisse s’agir de quinquennales ?), Albanius
Agricola et Macrinius Iulianus, deux noms typiques du droit latin, font une dédicace à
Mayence en 231. Outre Diane-Abnoba que l’on retrouvera à Pforzheim, sans doute faut-il
accorder une place particulière à Mercure Visucius (et à Visucia) dans les cultes locaux
étant donné qu’une fois encore dans cette cité200, c’est ce dieu qui est honoré par un
décurion. Comme nous le signalons à chaque fois, en effet, Mercure, associé à Visucia ou à
Maia, fait l’objet d’une proportion élevée de dédicaces, notamment évergétiques, par des
décurions, magistrats et instances officielles (Aquenses, Suebi Nicrenses, Taunenses,
Alisinenses, Némètes, Pforzheim [cf. infra ]) : cela pourrait avoir une signification en
matière de culte public dans ces cités.
46 Avant d’envisager les civitates « problématiques », il nous faut traiter, brièvement, du
municipe d’Arae Flaviae . Brièvement car il ne s’agit pas ici de faire le bilan
archéologique201 d’une ville riche et bien développée avec forum, basilique, théâtre, mais
où la documentation écrite est exceptionnellement pauvre. Mentionné par la tabula
Peutingeriana et Ptolémée (qui le place en Germanie libre), le site d’Arae Flaviae, Rottweil
sur le haut Neckar, représente assurément un site-clef de la domination romaine entre
Rhin et Danube depuis l’époque flavienne. Une tablette de bois nous en a fait connaître le
statut de municipium pour l’année 186. Deux débats entourent cette découverte : municipe
latin ou romain ? date de la promotion ? Malgré la conviction de certains202, on ne peut
considérer Arae Flaviae et son territoire (l’existence d’une civitas n’est pas avérée mais cela
ne prouve rien vu l’absence quasi totale d’épigraphie civile à Rottweil) comme un
municipe romain, pour la simple raison que ce type de municipe n’existe plus à l’époque
261
déjà à l’époque de Claude, et encore en 282/3 ; sans mention de la cité sur les milliaires
mais cela ne prouve pas l’inexistence de celle-ci. En effet, Andemantunnum-Langres est
seul mentionné sur les bornes de la cité des Lingons, sans que l’on puisse mettre en doute
la réalité de la civitas. Et cela vaut aussi pour les Séquanes. D’autre part, Mayence possède
des canabae (c’est normal à proximité de camps légionnaires 220) et une association de
citoyens romains avec administration particulière221, encore attestée en 276, mais dont
l’existence n’exclut nullement la présence d’une civitas 222. Est-ce là, en effet, toute
l’administration de la ville ou seulement une partie ? L’abondance locale des inscriptions
ne peut faire exclure qu’il ait existé des institutions que nous ne connaissons pas. En
outre toutes les données doivent être prises en compte, sans tenir compte des restitutions
ou des résolutions abusives du Corpus : pourquoi, en effet, dans la dédicace 223 découverte à
Mayence du décurion Quietius Amandus, avoir restitué, même exempli gratia, le nom de la
cité du Taunus – d(ecurio) [c(ivitatis) T(aunensis)] – plutôt que le nom probable ou possible
de la cité locale224, sinon parce que l’existence de cette cité est déniée a priori ? Si nous
reprenons la dédicace au bénéfice des haruspices225 avec la formule « haruspicib. col. », la
lecture qui s’imposerait, avec un seul L à col, est haruspicib(us) col(oniae) ; or, cette lecture
est rejetée par Zangemeister au profit de col(legis) proposé par Domaszewki avec le
commentaire suivant : « col(oniae) admitti non potest, cum Mogontiacum colonia numquam
fuent »226. Est-il absolument exclu que Mayence ait reçu le rang colonial de droit latin ? Et
peut-on imaginer un collège d’haruspices – notons au passage que la seule autre
attestation d’un tel collège dans nos provinces gallo-germaniques se rencontre,
précisément, dans la colonie de Trèves227 – dans un simple vicus ?
49 On constate que la ville porte un nom propre et que ses habitants228 comme ses résidents
229 y renvoient explicitement ; elle était caput viae et cheflieu de la province 230 ;
l’agglomération était fort étendue (composée, du moins au Ier siècle, de plusieurs unités
archéologiques231) et fut dotée d’une enceinte au milieu du IIIe siècle. Administrativement,
elle comptait au moins 7 vici (connus épigraphiquement, certains avec des « magistrats »
très particuliers les platiodanni 232). Je pense dès lors qu’il faut admettre l’existence, dès le
Haut Empire, d’une cité de création julio-claudienne, avec Mayence pour chef-lieu,
occupant toute la zone jusqu’à la Vinxtbach233. Mayence serait peut-être un simple vicus,
si l’on prend au pied de la lettre234 les vicani Mogontiacenses vici novi, ce ne serait ni
impossible ni exceptionnel, mais un vicus lui-même divisé en autant de vici me paraît faire
difficulté (cf. aussi supra). En outre, même si elle repose sur une courte mention abrégée –
lorsque l’on fait le décompte des attestations explicites des municipes (deux pour les
Canninéfates, trois pour les Bataves, une seule pour les Tongres, les Vengions et Arae
Flaviae) ou des colonies honoraires (trois pour les Lingons, deux pour les Némètes, une
seule pour les Séquanes), on constate que la documentation est partout très faible
numériquement parlant –, l’hypothèse d’un statut municipal ou plutôt colonial pour la
cité de Mayence est loin d’être invraisemblable car les indices onomastiques du droit latin
sont bien présents dans la population.
50 Pour la dénomination de la cité, deux possibilités : soit une civitas Mogontiacensis , le nom
avéré pour la charnière des IIIe et IV e siècles (avec un pagus des Aresaces, un pagus des
Cairacates235 et un autre des Lugnesses 236, un vicus à Carden, un vicus Magio non localisé) ;
créée par découpage des Trévires, elle n’aurait pas reçu un nom de peuple237. Soit une
civitas Aresacum comme on Ta proposé ; en effet, si les Aresaces font une dédicace publice,
ils doivent représenter une institution. Comme l’inscription est fragmentaire et que le
début de la ligne manque, on pourrait songer à vicani Aresaces, la proposition du Corpus,
263
mais un vicus comme cadre de recrutement militaire 238 serait étonnant. Par contre une
dédicace par le peuple de la cité suivi de publice est une formulation connue, pour les
Séquanes par exemple ou pour les Rèmes239.
51 De cette cité on connaît, si notre interprétation est exacte, un décurion (Quietius
Amandus, cf. supra ), le collège d’haruspices, deux questeurs (T. Tertius Felix 240 et
Modestus au gentilice peu lisible), un autre magistrat non identifié du nom de Valerius
Faustus, un collège de fabri, deux actores, C. Atius Verecundus et Valerius Albanus, un
tabellarius, plusieurs iuventutes, diverses autres associations encore… Dans le culte public,
à côté de Jupiter et Junon, on placera Mars Loucetius et sa parèdre Nemetona honorés à
plusieurs reprises dans la région et notamment par les Aresaces.
52 Si l’on sort Mayence du carcan d’une administration spéciale et militaire, on peut alors
regarder autrement le problème du culte impérial et se demander si ce qui justifie
l’offrande évergétique de l’arc de Dativius Victor decurio civitatis Taunensium, sacerdotalis,
aux Mogontiacenses, pollicitatio exécutée par ses fils, ce n’est pas que la ville était, très
normalement, le site du culte impérial provincial, comme toute bonne capitale241. On
rappellera à cette occasion que Mayence était le site du cénotaphe de Drusus et qu’un arc
de Germanicus fut élevé à Kastel. Les cités cisrhénanes leur rendaient des honneurs 242 et
célébraient des fêtes, sans doute dans le théâtre voisin du Tombeau : peut-être faut-il
faire le rapprochement avec le culte impérial provincial dont ces festivités pourraient
constituer une phase ?
53 Autre cité sans doute à installer, la cité de Pforzheim243, aux dépens des Aqueuses 244. En
effet, la borne leugaire de Friolzheim de 245-6 porte un caput viae qui n’est pas Aquae mais
Port(us) (Antiensis ?) lequel doit être le nom antique de la ville de Pforzheim 245. Et tous246
les milliaires de Germanie ont un chef-lieu pour caput viae. On pourrait envisager
l’hypothèse d’un saltus (si l’on admet que le milliaire qui renvoie à Sumelocenna date du
saltus sans civitas) mais, au IIIe siècle, il s’agirait d’un cas isolé. La solution la plus simple
serait une civitas, dont le nom n’est pas identifié encore (voir cependant infra) et dont on
connaîtrait un quaestor, lequel honore Abnoba, qui pourrait constituer un élément du
culte public247. Relèverait alors sans doute de ce territoire de la vallée de l’Enz, le collegium
Matisonensium de Bietigheim, ce qui implique que le décurion des Aquenses de Dürrmenz
soit attesté hors de sa civitas (ce qui n’aurait rien d’exceptionnel). Autre attribution
possible, vers l’ouest, les vicani Senot(-) de Wilferdingen : on notera, en effet, à Pforzheim
une dédicace très fragmentaire à Mercure Seno[---] qui pourrait être mis en rapport avec
le nom du vicus248. La date de cette cité est difficile à établir mais l’agglomération date des
années 80-90 et se développe surtout des années 120 aux environs de 260. L’hypothèse
d’une création de la cité au IIIe siècle249 paraît trop tardive si l’on compare avec le
développement municipal de la région, et une création aurélienne voire même plus
ancienne serait assez cohérente.
54 Nous avons évoqué à deux reprises250 l’éventualité d’une civitas ST(---) ou plutôt S(---) T
(---) . Sur une inscription de Bad-Wimpfen, sur deux inscriptions de Eisenberg,
apparaissent des décurions CST. Dans le premier cas, la lecture s(upra scrip)t(a) peut
résoudre la question, quoique cette abréviation soit un peu étrange dans ce contexte et
avec une telle perte de place disponible. A Eisenberg, on a proposé st(ipem) mais cela ne
donne pas un sens très satisfaisant : stipem ex voto vsllm n’est pas une formulation connue
251
et d(ecurio) c(ivitatis) sans définition 252 n’est attesté dans aucune cité de Germanie. Il
faut donc envisager la possibilité d’une cité supplémentaire. Avec quel nom ? L’hypothèse
c(ivitas) S(altus) T(ranslimitani) n’est pas satisfaisante253. Je songerais plutôt à une deuxième
264
cité de Suèbes, Suebi T(---), ce qui expliquerait254 que la cité dont Ladenburg était chef-lieu
porte un double nom, Suebi Nicrenses. La localisation de cette nouvelle civitas n’est
évidemment pas une hypothèse facile à formuler car les attestations en sont assez
éloignées les unes des autres. H. Wolff, avant de proposer stipem255, avait localisé la cité ST
(---) à Eisenberg 256, ce qui est possible mais alors il faut renoncer sans doute au nom de
Suebi. Ne serait-ce pas plutôt le nom de la cité de Pforzheim, voisine au sud des Suèbes du
Neckar ? Ou encore le véritable nom de la cité qui a Bad-Wimpfen pour chef-lieu257 : dans
ce cas Alisin(ensium) définirait un c(ollegium) et non la c(ivitas). Ce sont là pures conjectures
mais elles auraient le mérite d’éviter la « création » de nombreuses cités.
55 Les dernières questions portent sur le sud de la province. En dehors des colonies de la
Suisse actuelle, il semble rester un vide au sud de Rottweil. Soit le territoire du municipe
était immense258, soit il nous manque une civitas ou plusieurs. L’hypothèse a été émise 259
de voir Schleitheim- Iuliomagus , en raison de son nom impérial ancien 260 supposant une
intervention impériale directe, comparable aux Caesaromagus (Beauvais), Iuliomagus
(Angers) ou Iuliobona (Lillebonne) des Gaules, être aussi chef-lieu d’une cité, peut-être
originellement située en province de Rhétie. Mais Iuliomagus n’est qu’une étape sur la
tabula Peutingeriana261, une bourgade sans grand apparat urbain sinon des thermes,
débutant apparemment sous Tibère, développée rapidement puis en lent déclin, sans
doute à cause d’une certaine mise à l’écart dans la réorganisation provinciale de l’époque
flavienne262 ; rien d’autre dans la documentation n’étaie actuellement cette proposition à
prendre en considération avec prudence. Si toutefois elle devait un jour être avérée, se
poserait alors l’attribution du site de Hüfingen-Brigobanne.
56 La possibilité a également été évoquée de compter davantage de cités263 entre le Rhin et le
municipe d’Arae Flaviae : le site assez important de Badenweiler264 (habituellement situé
chez les Rauriques) pourrait ainsi avoir été chef-lieu. Mais dans l’état de nos
connaissances cette hypothèse ne peut recevoir aucun appui particulier.
Enfin il reste à justifier une absence, celle de la cité des Rauriques. En effet, contrairement
à une opinion assez répandue265, je ne crois pas à l’existence, même temporaire, d’une cité
(pérégrine ou latine) des Rauriques à côté de la colonia Raurica qui n’aurait occupé qu’une
partie de leur territoire. Aucune source ne la mentionne explicitement et les arguments
avancés en faveur de cette hypothèse ne sont pas, à mon sens, déterminants. Pline
l’Ancien266 cite à la fois les Raurici et la colonia Raurica mais cela n’implique pas l’existence
parallèle de deux entités distinctes car, dans le même passage, d’une part plusieurs
populations sont mentionnées qui n’ont assurément pas rang de civitas (ainsi les Sunuci,
les Texuandri, les Baetasi par exemple), d’autre part et surtout l’auteur fait état
séparément des Catoslugi et des Ambiant alors que nous savons que ces deux noms
désignaient des populations emboîtées (pagus et civitas)267. Rien n’exclut donc que les
Raurici habitent le territoire de la colonia Raurica. Ptolémée (2, 9, 9) place Augusta
Rauricorum et Argentovaria comme deux sites urbains avec coordonnées sous le nom de
peuple ‘Ραυρικ ν. Il ne distingue pas deux entités institutionnelles et territoriales268,
puisque, de la même façon, il cite Bonn et Cologne (2, 9, 8) ou Toul et Naix chez les
Leuques (2, 9, 7) : cela n’implique pas davantage l’existence d’une cité de Rauriques 269 que
l’hypothèse d’une cité séparée pour le territoire autour de Bonn ou de Naix. Enfin,
l’attestation d’un corps de troupe auxiliaire « de Séquanes et de Rauriques » et celle de
l’ethnique « raurique » ou « rauraque » dans des diplômes et inscription militaires 270 me
paraissent simplement renvoyer à des pérégrins indigènes relégués dans la catégorie des
incolae au sein d’une colonie romaine de déduction271. On rencontre de la même façon une
265
unité de Sunuques recrutés dans le territoire de la colonie de Cologne272 et, chez les
cavaliers de la garde impériale par exemple, l’ethnique Baetasius ou Traianensis Baetasius
(Speidel 3) est bien connu pour les ressortissants d’un pagus de la colonie de Xanten, à
côté de l’origine urbaine « Ulpia Traiana » (Speidel 341). Par contre l’existence simultanée
et parallèle d’une civitas Rauricorum et d’une colonia Raurica aurait, me semblet-il, généré
des confusions administratives. Si les deux entités avaient existé, elles auraient porté des
noms bien différenciés comme la colonia Equestris et la colonia Helvetiorum, précisément.
IV. Conclusion
57 De manière peut-être imprudente, je tenterai de formuler une hypothèse chronologique
pour le processus de municipalisation dans les Germames, en ne tenant pas compte des
déplacements de population avérés ou supposés de l’époque césarienne, triumvirale,
augustéenne. Tout commence avec César pour la conquête, peut-être pour la colonie de
Nyon, avec Munatius Plancus pour celle d’Augst. Dans les autres territoires tout
commence avec Agrippa (pour les Ubiens) puis Drusus, dans sa constitution des cités
gallo-romaines d’abord, où il établit sans doute les cités des Séquanes et des Lingons, sans
doute des Helvètes, avant 12. Une remarque importante, en passant : ces cités qui existent
dès l’époque julio-claudienne témoignent que, dans les futures Germanies, des civitates
ont été constituées, même à proximité immédiate des camps ; il n’est donc nul besoin,
comme on le fait parfois, d’attendre Domitien pour admettre l’existence de civitates.
Drusus donc, dans son entreprise germanique, établit ensuite les Tongres et les Bataves.
Après sa mort on (Tibère ? Germanicus ?) établit les Cugernes, les Vangions, les Némètes,
les Triboques et la cité de Mayence. Faut-il placer ici l’hypothétique création de Iuliomagus
? La phase suivante est claudienne : établissement des Frisiavons et des Canninéfates,
colonie de Cologne, droit latin aux Trois Gaules (y compris peut-être les Séquanes et les
Lingons). Ensuite la guerre civile donnerait le droit romain aux Lingons et aux Séquanes,
en tout cas le rang colonial, ramené peut-être en droit latin par Vespasien. Celui-ci fonde
la colonie d’Avenches chez les Helvètes, fait ouvrir la vallée du Neckar aux Romains.
L’époque flavienne voit encore le droit latin concédé aux Némètes (éventuellement avec
un rang colonial) et peut-être à leurs voisins ainsi que la fondation de la cité et de la ville
d’Arae Flaviae avec peutêtre un immense territoire couvrant toutes les futures cités du
Neckar, à moins – plutôt ? – qu’il ne soit d’abord établi un grand domaine
d’administration équestre273 ; Domitien conquiert le Taunus, crée les provinces de
Germanie. Trajan donne le droit latin aux Bataves (et aux autres cités de Germanie
inférieure ? et aux anciennes cités de Supérieure qui ne le détenaient pas encore ?), fonde
la colonie de Xanten, crée les cités ulpiennes des Mattiaques, des Taunenses, des Suèbes du
Neckar et logiquement des Auderienses. Sans doute élève-t-il les Vangions au rang
municipal (ou bien est-ce Hadrien ?). Peut-être fonde-t-il le municipe d’Arae Flaviae et les
cités des Aqueuses (c’est la plus vraisemblable des cités de cette série au regard de son
archéologie274), de Sumelocenna (dont témoignerait le milliaire de 129, à côté du saltus qui
subsisterait dans un territoire restreint), de Pforzheim : certains éléments le donnent à
penser mais alors pourquoi ces civitates ne sont-elles pas Ulpiae comme les plus
septentrionales ? Hadrien donne le nom de Forum Hadriani et complète la jouissance du
droit latin. Antonin fonde le municipe des Canninéfates et déplace le limes vers Test. Marc
Aurèle crée les cités Aurelia G. et des Alisinenses et, si ce n’est fait, élève Arae Flaviae au rang
municipal. Peut-être est-ce seulement lui d’ailleurs qui met en place l’ensemble des cités
266
Germanie inférieure
(1) Tongres
60 Tungri : PLINE, HN 4, 17
267
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté
capitale (Tongres)
Ατουάτουκον PTOLÉMÉE 2, 9, 5
pagi, vici
Condrusi CÉSAR, BG 2, 4 ; 4, 6 ; 6, 32
Texuandri PLINE, HN 4, 17 ca 70
St Huibrechts-
aedilis c.T. 3599 = ILB 21 ? C. Gracileius Similis
Hem
F 3 = AE 1921 66 =
decurio Cherain IIIe s. Vitorius Caupius
ILB 60
buleuta civitat(is) Oescus (Mésie III 14416 = ILS T. Aurelius T. fil. Papir.
IIIe s.
Tungrorum** inf.) 7178 Flavinus
Jupiter et Genius
Cat. Drousus sal. Men. AE 1994 1279 2 e moitié IIe s. 7
Mun. Tungr.
* actuellement on pense plutôt à Con(cangensium) en raison du lieu de découverte (or il s’agit d’un
numerus)
** est-ce la bonne cité ? sont-ce des ornements décurionaux ? ?
*** collège de Tongres chez les Bataves ou les Canninéfates
**** Tongres ? Bataves ? frontière incertaine
(2) Bataves
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
capitale (Nimègue)
Bataus U[l]pi[a Noviomagi] 32860 + 328371 et q + 32834 = SPEIDEL 173 déb. IIe s.
pagi
dec(urio) m. Bat. Kapel- Avezaat AE 1959 10 = N-L 261 150-250 Val(erius) Silvester
* Tongres ou Bataves ?
(3) Canninéfates
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté
capitale (Voorburg-Arenstburg)
(4) Frisiavons
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté
* épithète de Mercure
Germanie supérieure
(1) Lingons
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
capitale (Langres)
And(emantunnum) AE 19951152 43 ?
Ανδομάτουννον PTOLÉMÉE 2, 9, 9
pagi, vici
5708
mag(istratus) plur. ? IIe s. ? - (testament du Lingon)
1,19
In h d d et
Bov[---] Magnianus ae[dilita]te funct. in ci[vitate] Lingonum 5682 198-210
empereur
**problème d’Alesia : selon M. Mangin relèverait des Lingons plutôt que des Eduens ; si exact il
faudrait ajouter 11252 qui atteste un iivir et 2877 pour un flamine
(2) Séquanes
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
capitale (Besançon)
Ούισοντίον PTOLÉMÉE 2, 9, 10
vici
Villards- M. Petronius
iivir* 5343 Ier s. ?
d’Héria Magnus
Villards- Q. Petronius
iivir* 5343 Ier s. ?
d’Héria Metellus
C. Iulius Metellus
[---] Villardsd’Héria 5343 Ier s. ?
C. Iulius Respectus
* texte vérifié
** inscription fausse pour M. Gschaid
Q. Adginnius Martinus
Mars Segomo et IOM Seq(uanus) sacerdos Romae et Aug. ad aram… 1675/1674 ca 74
flamen iivir in civitate Sequanorum
(3) Vangions
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté
Capitale (Worms)
Βορβητóμαγος PTOLÉMÉE 2, 9, 9
vici
T ? Roman[ius] Respect
dec(urio) c(ivitatis) Van(gionum) Worms 6225 II e-IIIe s.
[us]
IIe(-IIIe)
iiiiiivir Aug.* Worms 6243 C. Candidius Marti nus
s.
* relève peut-être d’une autre cité si c. Senio signifie civis Sentio cf. XII, p. 49.
** de quelle cité ? des Vangions ou d’une cité inconnue (infra no 17) ?
(4) Némètes
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté
capitale (Speyer)
Νοιόμαγος PTOLÉMÉE 2, 9, 9
vici
* inscription corrompue
fin IIe-1ère m.
ob honorem aedilitatis Altrip N 77 Vege[ti]us Gattus
IIIe s.
C. Candidius
dec(urio) c. Nemet. Heidelberg 6404 IIe-IIIe s.
Calpurnianus
d(ecurio) c(ivitatis)
Impflingen 11690 200-250 ? Barbatius Silvester
N(emetum)
d(ecurio) c(ivitatis)
Speyer 6106 ? anonyme
N(emetum)
AE 1990 756
[har]uspex Speyer 200-250 Pompeianius [---]
= 757
(5) Triboques
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté
capitale (Brumath)
Βρευκόμαγος PTOLÉMÉE 2, 9, 9
vici
collège ? (liste de noms) Strasbourg F137 = ILTG 425 II e s. ? s.d. tria nomina
(6) Mattiaques
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
capitale (Wiesbaden)
vici
vicus C. M. à restituer ou collège car actor explicite Kastel 7302 fin II e-IIIe s.
283
T. Veter(ius) Atessas et S
d(ecuriones ?) Kastel 7263 150-200 ?
(extus) Masc(-) Concessus
iiiiiivir Augustalis c. U. M.
Mayence 7061 IIe-IIIe s. C. Iulius Simplicius
pragmaticus
hastiferi civitatis Mattiacorum Kastel 7281 236 liste avec tria nomina
negotiatores c(ivitatis) M
Wiesbaden 7587 212 anonymes
(attiacorum)
In h d d et Jupiter
vicani Aquenses 7566a 194
Dolichenus
Jupiter et 208,248 ou
Aquilinius Paternus d.c.Matt. 7266
JunonReine 255
* FOS 80 et 648
(7) Taunenses
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté
capitale (Heddernheim)
vici
Cintugnatius
iiv(ir) c(ivitatis)
Kastel 7265 242 Publius (nom
T(aunensium)
corrigé)
1ère m.
aedilis c(ivitatis) IIIe s.
Heddemheim 7370 Murrius Victor
T(aunensium) (p.-ê.
245)
C. Sedatius
dec(urio) c(ivitatis) Stephanus et
Heddernheim 7352 240
T(aunensium) Stephanius
Maximus
d(ecurio) c(ivitatis)
Heddernheim 7386 ? anonyme
T(aunensium)
dec(urio) civit(atis)
Mayence 11810 200-250 Dativius Victor
Taun(ensium), sacerdotalis
.Tert(i)nius
d(ecurio) c(ivitatis) [T(aunensium) ?] Friedberg 7394 II e-IIIe s
Catullinus
AE 1962
dendrophori Aug. consistentes Med()
Francfort 232 = S-H 150-250 -
itemque Nidae
104
Jupiter et Junon Reine G. Iun(ius) Secun(dus) dec. c. {Taun. corr.} 7321 150-250
In honorem d d et
Taunenses 7360 150-250
Mercure negotiator
In h d d et génie du coll.
7424 242
iuventutis
(8) Auderienses
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
capitale (Dieburg)
pagi vici
d(ecurio) c(ivitatis)
Dieburg F183 200-250 Licinius Ob[---]
A(uderiensium)
Pa[---] [Per]pe
ha[rus]pex Stockstadt 11788 150-250
[tu]us
vers
Nundinenses Seligenstadt N-L 158 -
150-160
288
L. Martialius Messor et T.
In h d d genio vici V() 6433 150-250
[---]emius Cupitus
67 Citoyenneté .
Pour nom Suebi Nicrenses, voir AE 1990 752-755
cives Suebi mentionnés sur nouvelle inscription de Cologne (cf. n. 164)
capitale (Ladenburg)
pagi, vici
XII T. Fl(avius)
[dec(urio) ?] Genève IIe s. ?
2604 Exomn[us ?]
T. Fl(avius) Ianu
m(agister) p(agi) Ladenburg 6422a ?
(arius)
290
genio c(ivitatis)
U(lpia) S(ueborum) ? (3 dédicants ?) 6417 IIe-IIIe s.
N(icrensium)
(10) Alisin(enses ?)
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
Bad-
d(ecurio) c(ivitatis) ST # 6482 150-250 L. Aventinius Maternus
Wimpfen
contub(emium) peregr
Walheim 11750 150-250 anonyme
(inorum)
291
ob honorem dec(urionatus) et
Neuenstadt 6467 202-211 anonyme
flamin(atus) ou flam[o]n(ii)
N Avitius Maiiorinus et
d. c. Aur. G. Hagenbach 150-250
106 Avitius Apollinaris
M. Victor(ius ?)
ministri Apollinis Neuenstadt 6463 ?
Ambaxius
S-H
collegium convenarum Öhringen 232 -
40
S-H
collegium [co]nvenarum Öhringen 232 -
41
Marbach-
coll. peregrinorum 6453 150-250 -
Benningen
Marbach-
(coll.) peregrinor(um) 6451 150-250 -
Benningen
Marbach-
(coll.) naut(arum) 6450 150-250 ?
Benningen
In h d d et Apollon
L. Iulius Victorinus dec. c. A.G. 6462 150-250
Grannus
In h d d signum
Faustius Faventinus questeur 6541 232
Minerviae
(12) Aquenses
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
capitale (Baden-Baden)
vici
dec(urio) c(ivitatis)
Mörsch N-L121 200-250 L. Cornelius Augurinus
Aq(uensis)
[dec.] civ(itatis) Aq. Ettlingen 6323 corr. 200-250 [L. Cor]nelius [Augu]rinus
contubernium
Ettlingen 6324 200-250 -
nautarum
In h d d Mercure et Maiia L. Cornelius Augurinus dec. civ. Aq. N-L 121 200-250
(13) Sumelocennenses
A. DÉNOMINATIONS OFFICIELLES
citoyenneté *
capitale (Rottenburg)
vici, saltus
Diane (Abnoba), In h d d,
Iulius Hermes 6358 150-250
pro iuventute c. Sum.
Mercure Visucius et Visucia P. Quartionius Secundinus decu. civi. Suma. 6384 175-250
capitale (Rottweil)
pagi, vici
capitale (Mayence)
Μοκοντιακόν PTOLÉMÉE 2, 9, 8
Mogontiacum TACITE, H. 4, 70 70
297
pagi, vici
d(ecurio) [c. M. vel Ar. ?] *** Mayence 6770 II e-IIIe s. Quietius Amandus
Nemonius Senecio, T.
c(urator) v(eteranorum ?) q
Mayence 6676 IIe (-IIIe s.) Tertius Felix et C. Atius
(uaestor) + actor
Verecundus
q(uaestor) * c(urator)
c(ivium) R(omanorum)
Mayence 7222 198 L. Senilius Decmanus
m(anticulariorum)
neg(otiatorum) Mog(ontiaci)
d(ecurio) c(ivium)
Mayence 6733 276 Marcellinius Placidinus
R(omanorum) Mog.
AE 1979
iuventus vici [---] Mayence 424= S-H 150-200 -
91
2e moitié
curia Flacci Mayence S-H 60 -
du Ier s.
Jupiter et JunonReine in h d d
Ser[vandius ?] Melius F 205 150-250
et [génie ?] des vicani
Génie de la iuventus
T. Genialinius Crescens 6689 199
Vobergensis
In h d d et génie de la
Acutius Ursus et Acutia Ursa 6688 220
iuventus du vicus Apol.
capitale (Pforzheim)
vici
Incerti
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie complémentaire
R. in H. ▪ D. BAATZ et F. R. HERRMANN (Éd.), Die Romer in Hessen, Stuttgart, 19892
302
BOGAERS, Civitas en stad ▪ J. E. BOGAERS, Civitas en stad van de Bataven en de Cannine faten,
Berichten van de Rijksdienst voor oudheidkundig bodemonderzoek 10-11,1960-61, p. 263-317.
R. in B-W ▪ Ph. FILTZINGER et al. (Éd.), Die Römer in Baden-Württemberg, Stuttgart, 1986 3
FRÉZOULS ▪ Ed. FRÉZOULS, Les villes antiques de la France. Germanie supérieure. 1. Besançon, Dijon,
Langres, Mandeure, Strasbourg, 1988.
GALSTERER-KRÖLL, Ius Latii ▪ B. GALSTERER-KRÖLL, Zum ius Latii in den keltischen Provinzen des
Imperium Romanum, Chiron 3, 1973, p. 277-306.
MANN ▪ J. C. MANN, City Foundations in Gaul and Britain, dans M. G. JARRETT et B. DOBSON (Éd.), Britain
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R.-CH., Tongres ▪ M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER, La cité des Tongres sous le Haut Empire. Problèmes de
géographie historique, BJ 194, 1994, p. 43-59.
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2. Jh. ▪ H.-J. SCHALLES et al. (Éd.), Die römische Stadt im 2. Jahrhundert n. Chr. Die Funktionswandel des
öffentlichen Raumes. Kolloquium in Xanten von 2. bis 4. Mai 1990, Xantener Berichte 2, Cologne - Bonn,
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SOMMER, Municipium ▪ C. S. SOMMER, Municipium Arae Flaviae. Militärisches und zivi les Zentrum im
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WILMANNS ▪ J. C. WILMANNS, Die Doppelurkunde von Rottweil und ihr Beitrag zum Stadtewesen in
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WOLFF, Alzey ▪ H. WOLFF, Die Bewohner des römischen Alzey. Vicani Altiaienses, dans 1750 Jahre Alzey.
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Germanien und die ‘Verfassung’ der gallischen Stammesgemeinden, BJ 176, 1976, p. 45-121.
303
WOLFF, Erschliessung ▪ H. WOLFF, Die römische Erschliessung der Rhein-und Donaupro vinzen im
Blickwinkel ihrer Zielsetzung, dans R. FREI-STOLBA et Μ. A. SPEIDEL (Éd.), Romische Inschriften. Neufunde,
Neulesungen und Neuinterpretationen. Festschrift für Hans Lieb, Bâle – Berlin, 1995, p. 309-340.
NOTES
1. Pour les vici, nous nous sommes limitée aux cas explicites : un relevé de toutes les
agglomérations secondaires archéologiquement attestées dépasserait de loin le but que nous
nous sommes assigné, strictement institutionnel. De même il n’a pas été possible de reprendre la
question, épineuse s’il en est, des limites des cités qui réclamerait une étude approfondie, fondée
sur un examen conjoint des sources antiques et médiévales.
2. Vikani, kanabenses, consistentes : remarques sur l’organisation des agglomérations militaires
romaines, dans L’epigrafia del villaggio, Faenza, 1993, p. 61-90 ; voir aussi VITTINGHOFF, Canabae,
p. 140-159.
3. Et sans doute aussi les agents économiques : voir J.-J. AUBERT, Business Managers in Ancient Rome.
A Social and Economic Study of Institores, 200 B.C. - A.D. 250, Leyde, 1994, spéc. p. 186-196 et 411-412.
4. Sur cette question, voir, par exemple, W. VAN ANDRINGA, Cultes publics et statut juridique de la cité
des Helvètes, dans C. M. TERNES et P. F. BURKE jr (Éd.), Roman Religion in Gallia Belgica & the Germaniae
(= Bull. Ant. lux. 22,1993), Luxembourg, 1994, p. 170-194.
5. Il n’entre pas dans notre propos d’envisager le problème historique et archéologique complexe
des installations militaires, de leur occupation et de leur abandon, bien que ces éléments aient
indubitablement eu un impact sur les phases d’urbanisation et de municipalisation. Comme pour
les frontières, il faudrait reprendre chaque cité, chaque site pour définir avec le plus de précision
possible toutes les données à prendre en compte. Des études existent mais elles ont, le plus
souvent, une perspective étroitement archéologique et une appréciation institutionnelle
imprécise qui ne permettent pas une mise en oeuvre historique complète (c’est le cas par
exemple de M. GECHTER, Das städtische Umland in Niedergermanien im 2. Jahrhundert n. Chr., dans 2. Jh,
p. 153-161, spéc. p. 156 ; voir aussi G. LENZ-BERNHARD et H. BERNHARD, Das Oberrheingebiet
zwischen Caesars Gallischen Krieg und der flavischen Okkupation (58 v. - 78 n. Chr.). Eine
siedlungsgeschichtliche Studie, Mitt. des Hist. Vereins der Pfalz 89,1991). On trouvera un aperçu
intéressant des informations archéologiques sur les chefs-lieux des cités de la rive droite du Rhin
dans SOMMER, 2. Jh.
6. P. LE ROUX, Municipe et droit latin en Hispanie sous l’Empire, RHD 64, 1986, p. 325-350.
CHASTAGNOL, Municipes, p. 73-87 ; VITTINGHOFF, Rheingebiete, p. 84-85. Pour le droit latin, voir aussi
CHASTAGNOL, Droit latin provincial, p. 89-112 ; Droit latin Gaules, p. 181-190 ; GALSTERER-KRÖLL, lus Latii ;
Municipalisierung ; P. LE ROUX, La question des colonies latines sous l’Empire, Ktèma 17,1992,
p. 183-194 (avec des variantes d’interprétation).
7. On trouvera un exposé détaillé dans R.- CH., Cité et municipe ; des compléments ont toutefois été
déjà apportés ici pour les Bataves et les Canninéfates. Pour l’appartenance des Tongres à la
Germanie inférieure, voir Municipium ; Cité et municipe ; étant donné le doute qui subsiste, les
Tongres font l’objet dans ce volume d’un traitement double, dans le cadre des Tres Galliae par M.
Dondin-Payre, et ici.
8. STRABON 4, 3 ,4.
9. DION CASSIUS 54, 19, 1 et 54, 25, 1.
10. DION CASSIUS 54, 32 - 55, 5.
11. Egalement absents de la description de STRABON 4, 3, 4-5 ; pour les Cugernes, il faut sans doute
attendre l’action de Tibère en 8 av. n. è. et la transplantation des Sicambres (cf. VITTINGHOFF,
304
Rheingebiete, p. 67) mais la cité deviendra la colonia Ulpia Traiana et ne sera pas envisagée ici. Cf. H.
GALSTERER, dans ce volume.
12. De condicionibus agrorum 86 (Th) = 123,9-19 (L).
13. XIII 9158 = XVII 675 = ILB 135.
14. M.-Th. et G. RAEPSAET-CHARLIER, Drusus et les origines augustéennes de Namur, dans Y. LE BOHEC
(Éd.), L’Afrique, la Gaule, la Religion à l’époque romaine. Mélanges à la mémoire de Marcel Le Glay,
Bruxelles, 1994, p. 447-457, spéc. p. 451 ; A. VANDERHOEVEN, The earliest urbanisation in Northern Gaul.
Some implications of recent research in Tongres, dans N. ROYMANS (Éd.), Front the sword to the plouglt.
Thee Studies on the Earliest Romanisation of Northern Gaul, Amsterdam, 1996, p. 189-260, spéc. p. 221.
15. AE 1962183.
16. Voir R.-CH., Tongres, p. 53.
17. J. SLOFSTRA, Changing seulement Systems in the Meuse-Demer-Scheldt area during the Early Roman
Period, dans N. ROYMANS et F. THEUWS (Éd.), Images of the Past. Studies on Ancient Societies in
Northwestern Europe, Amsterdam, 1991, p. 131-199, spéc. p. 135-136 et 156-157 (avec la
bibliographie antérieure).
18. Pour l’ensemble de la discussion, voir R.-CH., Cité et municipe, p. 254-261.
19. Cf. J. MERTENS, Een Romeins tempelcomplex te Tongeren, KJVF 9,1967-68, p. 101-106.
20. Voir R.-CH., Onomastique, p. 218.
21. Cf. W. VANVINCKENROYE, Romeins oostbegraafplaats van Tongeren, Limburg 74, 1995,
p. 151-184.
22. Cf. H. GALSTERER, Municipium Flavium Irnitanum : a Latin Town in Spain, JRS 78, 1988, p. 78-90,
spéc. p. 79 ; J. SCHEID dans ce volume, p. 398-402.
23. T. PANHUYSEN, Der groβe Iuppiterpfeiler von Hotel Derlon in Maastricht, dans Akten des IV. int.
Kolloquiums über Probleme der provinzialrömischen Kunstschaffens, Celje 1995, Ljubljana, 1997,
p. 183-196, spéc. p. 184 ; ID., Romeins Maastricht en zijn beelden, CSIR, Maastricht - Assen, 1996,
p. 46-51, 203-214 et 340-343, note 56.
24. G. RAEPSAET, Quelques aspects de la division du sol en pays tongre, dans Studien zu den Militärgrenzen
Roms. Il, Cologne - Bonn, 1977, p. 147-157.
25. Voir J. LOICQ, Théonymes celto-germaniques en Gaule du Nord, dans Études de linguistique et de
littérature en l’honneur d’André Crépin, Greifswald, 1993, p. 245-253.
26. AE 1968 311 = ILB 51.
27. Voir R.-CH., Tongres, p. 54-55.
28. W. WLLL, Römische ‘Klientel-Randstaaten ‘am Rhein ? Eine Bestandsaufnahme, BJ 187, 1987,
p. 1-61, spéc. p. 4-24 ; N. ROYMANS, Romanization, Cultural Identity and the Ethnic Discussion, dans J.
METZLER et al. (Éd.), Integration in the Early Roman West. The Role of Culture and Ideology, Doss. arch.
Mus. Art Hist. 4, Luxembourg, 1995, p. 47-64 spéc. p. 51-55.
29. TACITE, H. 3, 46 ; 4,12 ; 4,17 ; G. 29.
30. TACITE, H. 4,12 ; 4,17 ; 5,25.
31. H. N. 4,106.
32. G. 29 ; H. 4,12 ; 4,14 et passitn.
33. PLINE, H. N. 3,37.
34. VITTINGHOFF, Militarterritorium, p. 124-139.
35. Voir, par exemple, le cas de Civilis : PME 1 45 ; en outre, les détenteurs du gentilice Iulius et
Claudius sont nombreux dans la région (cf. les indices du CIL).
36. Comme le propose pour les Bataves à partir du mandat de Tibère, W. WLLL, op. cit. (n. 28), p. 9.
37. Il ne s’agit en effet pas d’un trophée ou autre monument militaire et il ne date pas des années
40 comme on l’a cru. Dans l’attente de la publication complète du monument par les soins de T.
Panhuysen que nous remercions de nous avoir permis de faire état de ses interprétations
305
55. Pour les dernières hypothèses en matière de localisation du canal (ou des canaux ?) de
Drusus, on verra : K. HUISMAN, De Drususgrachten, Westerheem 44, 1995, p. 188-194 ; F. D. ZEILER,
Een Drusiaanse Compagnonsvaart ?, Westerheem 45,1996, p. 66-69.
56. TACITE, An. 11, 20.
57. T. BECHERT, Romisches Germanien zwischen Rhein und Maas, Munich, 1982, p. 153.
58. 2, 2 Miller.
59. W. DE JONGE, J.-L. E. MARCILLAUD et C. MILOT, Een nieuwe kijkje in-en onder-Forum Hadriani,
Westerheem 45,1996, p. 247-258.
60. H. 4, 12, 3 (cf. 4,15).
61. TACITE, An. 4,73.
62. PTOLÉMÉE, Géogr. 2, 9, 1 ; cf. Tab. Peut. 2, 1-2 Miller ; It. Ant. Wess. 368, 3-4 : Ludgunum caput
Germaniarum ; cf. J. E. BOGAERS et C. B. RÜGER (Éd.), Der niedergermanische Limes. Materialien zu seiner
Geschichte, Cologne, 1974, p. 36-39.
63. AE 1962 183 déjà citée.
64. Cf. G. ALFÖLDY, Die Hilfstruppen in der römischen Provinz Germania inferior, Düsseldorf, 1968, p. 82.
65. Branche des Frisons venant de l’extérieur, ceux qui se seraient ainsi installés dans l’empire
pourraient avoir pris ou reçu le nom de Frisiavons pour les distinguer de la branche restée
extérieure.
66. TACITE, An. 11, 19, 2.
67. Ce fait n’est pas unique et n’écarte pas les Frisiavons du modèle gallo-romain de
romanisation : songeons aux Ambarres.
68. J. E. BOGAERS et M. GIJSSELING, Nehalennia, Gimio en Ganuenta, Oudheidkundige Mededelingen van
het Rijksmuseum van Oudheden te Leiden 52, 1971, p. 86-92 spéc. p. 89.
69. N. ROYMANS, op. cit. (n. 28), p. 56-57 ; pour l’archéologie de la Zélande, voir J. A. TRIMPE-BURGER,
De Romeinen in Zeeland, s.l., 1997 : aucun site significatif.
70. AE 1980 658.
71. XIII 6592 : cf. M. LEMOSSE, L’inscription de Walldürn et le problème des déditices, Ktèma 6,1981,
p. 349-358, spéc. p. 351.
72. PLINE, H. N. 4,17 ; AE 1982 716 (cf. CHASTAGNOL, Frontière, p. 37-47).
73. SPEIDEL, p. 15.
74. Sur ces questions ethniques, voir W. DE JONGE et C. MILOT, De Cananefaten, Westerheem 46, 1997,
p. 2-13 et 16-30.
75. J. E. BOGAERS, Forum Hadriani, BJ 164, 1964, p. 45-52, spéc. p. 51-52 ; archéologiquement il
existe cependant des liens - mais géographiquement limités - entre la Zélande et les Ménapiens :
J. A. TRIMPE-BURGER, op. cit. (n. 69), p. 19.
76. Cf. supra n. 59.
77. Cf. supra n. 49.
78. D. VAN BERCHEM, Les routes et l’histoire. Études sur les Helvètes et leurs voisins dans l’Empire romain,
Genève, 1982, p. 15, 50-52, 258.
79. Voir par exemple F. FISCHER, Caesar und die Helvetier. Neue Überlegungen zu einem alten
Thema, BJ 185, 1985, p. 1-26 ; R. FREI-STOLBA, dans ce volume, p. 31 et 89.
80. VITTINGHOFF, Rheingebiete, p. 67-69.
81. CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 181-190.
82. Str. 4, 3, 14 : il offrit la citoyenneté à ceux qui resteraient fidèles ; un ancêtre au moins du
Lingon du « Testament » fut de ceux-là, puisque son fils et son petit-fils s’appellent Sextus lulius
[voir Y. LE BOHEC, Le « testament » du Lingon et le Lingon du « testament » dans Y. LE BOHEC (Éd.), Le
Testament du Lingon, Actes de la journée d’étude du 16 mai 1990, Lyon-Paris, 1991, p. 41-55, spéc.
p. 45 ; cf. aussi M. LE GLAY, Notes sur le « Testament du Lingon », Ibidem, p. 57-61].
83. H. 1, 78, 1.
307
84. FRÉZOULS, p. 409-410 ; WOLFF, Kriterien, p. 87, notes 122-123 (avec des nuances) ; cf. aussi F.
VITTINGHOFF, Römische Stadtrechtsformen der Kaiserzeit, ZSS 68, 1951, p. 435-485, spéc. p. 484,
note 174 ; WILMANNS, p. 91-92.
85. Comme on l’a fait, par exemple, pour la datation du « Testament du Lingon » : Y. LE BOHEC, loc.
cit. (n. 82) ; de même l’usage du terme civitas à l’époque sévérienne ne permet en aucune manière
de faire l’hypothèse d’un lien entre la promotion coloniale et l’enceinte (du Bas Empire) :
FRÉZOULS, p. 411.
86. Cette rareté conduit U.-M. Liertz à lire, au moins dans deux inscriptions, [sac(erdos)] Aug(usti)
plutôt que aug(ur), alors que, comme chez les Viducasses (XIII 3162), nous sommes ici dans une
colonie avérée (U.-M. LIERTZ, Kult und Kaiser. Studien zu Kaiserkult und Kaiserverehrung in den
germanischen Provinzen und in Gallia Belgica zur römischen Zeit, Rome, 1998, p. 51-52 et 213 ; voir
aussi W. VAN ANDRINGA, infra, p. 435). Sur les augures, sacerdoce obligatoire dans une colonie, voir
J. SCHEID, dans ce volume, p. 396-397.
87. Cf. LADAGE, p. 32-36.
88. Sur ces questions, on verra S. DARDAINE, Les affranchis des cités dans les provinces de l’Occident
romain : statut, onomastique et nomenclature, dans Actes du Colloque « Ciudades privilegiadas en el
Occidente romano », Séville, 1996, sous presse.
89. Selon M. MANGIN (Les agglomérations secondaires de Côte-d’Or, Paris, 1994, p. 33) un autre pagus
relèverait aussi des Lingons, le pagus des Mandubiens autour d’Alesia. L’association à Alesia de la
cité des Eduens et de la cité des Lingons dans le chef d’un magistrat qui a effectué une double
carrière apud Aeduos et Lingonas (XIII 2873 cf. 2878) ne permet pas de choisir entre les deux cités.
En l’absence d’une nouvelle publication des inscriptions concernées, la documentation d’Alesia
est recensée selon la tradition dans le chapitre « Tres Galliae ».
90. Ce texte fournit l’occasion de revenir un instant sur l’argumentation de ceux qui affirment
que le chef-lieu de la cité des Bataves n’intéressait pas les Bataves (cf. R.- CH., Cité et municipe,
p. 266-267) et qui en veulent pour preuve l’existence de sanctuaires hors de la ville où les vrais
Bataves de l’élite indigène feraient leurs actes d’évergétisme. Cette inscription à elle seule (et elle
n’est pas isolée) suffit à ruiner ce type de raisonnement fondé sur un examen étroit de la
documentation, alimenté par des comparaisons modernes, et sans connaissance suffisante des
pratiques avérées du monde antique.
91. XIII 5343. Nous remercions Mme M.-H. Lavallée, conservateur en chef des Musées de
Besançon, et M. J.-M. Dubois, conservateur au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, de nous
avoir permis de contrôler ce monument dans de bonnes conditions dans le lapidaire annexe du
Musée. Sans doute un accès difficile et/ou un mauvais éclairage expliquent-ils l’ancienne lecture
de Hirschfeld dans le CIL reproduite par L. LERAT, La « ville d’Antre ». Mythes et réalités, Ann. litt.
Univ. Besançon 74, Paris, 1965, p. 25-28, et M. GSCHAID, Die römischen und die gallorômischen
Gottheiten in den Gebieten der Sequaner und der Ambarrer, JRGZM 41, 1994, p. 323-469,
p. 355-356 note 12 ; voir aussi ID., Inscriptions religieuses des cités des Séquanes et des Ambarres.
Nouvelles interprétations, DHA 20, 1994, p. 155-188, spéc. p. 163. On notera toutefois que K.
KORTÜM, Portus-Pforzheim. Untersuchungen zur Archälogie und Geschichte in römischer Zeit,
Sigmaringen, 1995, p. 100, classe l’inscription avec la mention Ilviri. Pour un éventuel autre IIvir
des Séquanes, voir infra p. 353-354.
92. La valeur supposée de lectures anciennes invoquée par M. Gschaid (p. 355) pour justifier sa
propre interprétation ne paraît pas suffisante pour modifier le déchiffrement actuel car la pierre,
même si elle est érodée, est bien conservée ; par ailleurs la prise en compte de la barre oblique est
elle-même ancienne car elle a été peinte en rouge comme une lettre.
93. DION CASSIUS (XIPH.) 58,24 ; cf. TACITE, H. l, 8 ; l, 51,4.
94. TACITE, H. 4, 67, 1 et 5.
95. L. LERAT, Besançon antique, Paris, 1990, p. 21.
308
96. N. JEANNIN et G. CHOUQUER, Eléments pour une géographie historique du Finage (Jura) à
l’époque gallo-romaine, RAE 29, 1978, p. 267-291, spéc. p. 291, n’envisagent une centuriation que
dans le cadre d’une colonie de déduction avec spoliation des indigènes (voir aussi G. CHOUQUER et
H. DE KLIJN, Le Finage antique et médiéval, Gallia 46, 1989, p. 261-299, spéc. p. 287, qui précisent la
chronologie : seconde centuriation correspondant à une extension et une expansion agricole à la
fin du Ier siècle).
97. D’autres hypothèses ont été émises mais elles se fondent sur l’ancienne lecture et
l’intercalation de IVviri avant les Ilviri. Nous les évoquerons pour mémoire. Soit les IVviri seraient
le fait d’une colonie latine (Galba) comme en Narbonnaise et les IIviri celui d’une colonie romaine
(Vespasien). Ou bien : droit latin (Claude : IVviri ), droit romain (Galba : llviri ), droit latin
(Vespasien avec maintien des llviri).
98. L’éventuel argument à tirer de l’absence du mot κολωνία chez Ptolémée (qui l’utilise pour
Lyon par exemple) n’est pas valable ici puisque le géographe ne l’applique à aucune des colonies
romaines avérées de la région (Cologne, Nyon, Augst par exemple).
99. M. GSCHAID, op. cit. (n. 91), p. 331 ; WOLFF, Kriterien, p. 87, n. 122 (avec des hésitations :
« wenigstens das Latinische Recht« ) ; WILMANNS, p. 91-92 (idem).
100. p. VITTINGHOFF, op. cit. (n. 84), p. 484.
101. Sur cette question très disputée, on verra M. CHRISTOL et D. FISHWICK, A Priest of the Three
Gauls at Valentia, RAN 12, 1979, p. 281-286 (AE 1979 403) ; L. MAURIN, Gaulois et Lyonnais, REA 88,
1986, p. 109-124 ; D. FISHWICK, The federal priesthood of M. Bucc[… again, REA 98,1996, p. 413-419 ;
aussi Fr. BÉRARD dans ce volume, p. 103-104.
102. XIII 5415 : la lecture sacerdols lavis A]ṃmoni[s retenue encore récemment par M. GSCHAID (op.
cit. n. 91, p. 421-423) ne me paraît pas vraisemblable ; d’une part parce que l’insertion de Jupiter
Ammon dans le culte public des Séquanes est difficile à défendre sur la base d’un texte aussi
restitué alors que ce culte égyptien n’est pas attesté dans les Gaules ; d’autre part parce que la
forme de la partie de la première lettre conservée n’exclut nullement un A plutôt qu’un M ; dès
lors on peut songer à un mot comme fl]ạmoni[o beaucoup plus satisfaisant ; enfin l’inscription
perdue XIII 5410 ne peut être utilisée comme argument parce que la présence des lettres AMM
dans un fragment informe qui contient aussi le mot IOV n’autorise nullement l’hypothèse de
Jupiter Ammon ; ces lettres peuvent appartenir à n’importe quel mot et notamment au nom du
dédicant. Sur les cultes égyptiens dans les Gaules et les Germanies, très peu répandus hors de
Nîmes d’une part et du milieu militaire d’autre part, M. MALAISE, La diffusion des cultes égyptiens
dans les provinces européennes de l’Empire romain, ANRW, II, 17, 3, 1984, p. 1615-1691, 1651-1659
(ne pas confondre les aegyptiaca et les attestations de culte véritable) ; G. GRIMM, Die Zeugnisse
Ägyptischer Religion und Kunstelemente im Römischen Deutschland, EPRO 12, Leyde, 1969, p. 67-69 : le
catalogue épigraphique montre un nombre d’attestations très limité ; p. 69 n. 2, l’auteur
considère, à juste titre, les inscriptions de Mandeure comme » sehr unsicher «.
103. Sur l’importance de ce sacerdoce « romain » dans une colonie, voir J. SCHEID, dans ce volume,
p. 396-397.
104. M. GSCHAID, Eine Bemerkung zum Taurobolium von Vesoul (Haute-Saône), Latomus 52,1993,
p. 112-116.
105. Le double site remarquable du Lac d’Antre et « du Pont des Arches » aux Villards-d’Héria
(voir L. LERAT, op. cit. (n. 91), et ID., Les Villards d’Héria dura). Recherches archéologiques dirigées par
l’auteur de 1958 à 1982 sur le site gallo-romain du « Pont des Arches », Ann. litt. Univ. Franche-Comté
677, Paris, 1998) constitue aussi un exemple de grand sanctuaire hors ville bénéficiant des
offrandes et des largesses de l’élite dirigeante d’une cité sans qu’il soit besoin d’imaginer un
« modèle batave » pour l’expliquer (voir supra notamment n. 90).
106. Voir M. GSCHAID, op. cit. (n. 91), p. 333-367 ; L. LERAT, op. cit. (n. 105), p. 40.
309
107. L’inscription (XIII 5368) est fragmentaire et l’on propose d’y restituer un Genius Martis : le
fait que ce type de définition divine est exclusivement attesté dans la région du Neckar (R.- CH.,
DDS, p. 67, confirmé par une nouvelle découverte dans la même zone : AE 1992 1282) me fait
mettre en doute la validité de cette hypothèse.
108. Bemerkungen zu den gallisch-germanischen Meilensteinen, ZPE 43, 1981, p. 385-402, spéc.
p. 402 (il place en effet tous les milliaires de la zone dans la rubrique « civitas Vangionum »).
109. H. BERNHARD, R. in Rh.-Pf., p. 108 et carte p. 110 ; R. HÄUSSLER, The Romanisation of the Civitas
Vangionum, Bull. Inst. Arch. London 30,1993 [1994], p. 43-44 ; H. BANNERT, RE, Suppl. XV, 1978, col.
654-662, s.v. Vangiones : ces auteurs les limitent plutôt à hauteur de la Nahe, en fonction des
frontières médiévales de l’évêché de Mayence (cf. infra n. 213) ce qui pose d’autres problèmes
dont, précisément, celui de Mayence.
110. H.-U. NUBER, Municipes Vangiones, Germania 50, 1972, p. 251-256 ; S-H 56. Voir aussi :
VITTINGHOFF, Rheingebiete, p. 85, note 95 ; J. C. WILLMANNS, p. 53 et 141, note 595 ; H. BANNERT, op. cit.
(n. 109), col. 658 ; R. HÄUSSLER (loc. cit.) n’envisage pas la question (même s’il définit Worms comme
« a relatively large municipium », p. 53) et cite l’inscription (p. 68) uniquement pour son
dédicant.
111. XIII 6853, 6914, 6919, 6944, 7039 (7304 de Kastel est trop incomplète). Sur la notion juridique
de municeps, voir Y. THOMAS, « Origine » et « commune patrie », Rome, 1996, p. 97-102.
112. Inusité en dehors des épitaphes citées : voir l’index du CIL XIII, p. 153.
113. Voir, exempli gratia, les remarques de DONDIN-PAYRE, Réexamen, p. 287 ; VLTTINGHOFF, Struktur,
p. 210-212 ; pour une bonne analyse du succès du terme civitas dans les toponymes au Bas Empire,
voir aussi J.-P. BOST et G. FABRE, Quelques problèmes d’histoire dans deux cités de l’Aquitaine
méridionale à l’époque gallo-romaine, Aquitania 1,1983, p. 25-36.
114. Cf. CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 189 ; S. DARDAINE, op. cit. (n. 88).
115. D’autant que, à Altrip également, a été découverte une dédicace (N 78) à Virtus Bellona par
une sacerdos M(atris) D(eum) M(agnae) (ou par l’épouse d’un sacerdos ? L’inscription n’est pas claire)
qu’il n’y a aucune raison valable de croire déplacée [contra W. SPICKERMANN, Priesterinnen im
römischen Gallien, Germanien und den Alpenprovinzen (1.-3. Jahrhundert n. Chr.), Historia
43,1994, p. 235-236, note 10].
116. Voir R.-CH., DDS, p. 38-39.
117. M. GRÜNEWALD, R. in Rh.-Pf, p. 673-679, spéc. p. 678.
118. Cf. CHASTAGNOL, Gentilices, p. 155-166 ; R.-CH., Onomastique, p. 213-216.
119. Cf. CHASTAGNOL, ILN Digne, p. 266.
120. Voir WOLFF, Alzey, p. 37-38.
121. WLLMANNS, p. 142-143 ; H. BERNHARD, R. in Rh.-Pf, p. 108 ; R. HÄUSSLER, op. cit. (n. 109), p. 46.
122. Cf. G. FORNI, Le tribu romane. III, 1. Le pseudo-tribù, Rome, 1985, spéc. p. 79, n o A162.
123. H. BERNHARD, R. in Rh.-Pf., p. 107-108 ,557-567.
124. H. BERNHARD, R. in Rh.-Pf, p. 372-373.
125. Le commentaire de Nesselhauf »dass in so später Zeit die Ädilität noch als honos be zeichnet
wird, ist erstaunlich« montre une fois encore la nécessité de réviser les jugements de valeur sur
l’autonomie municipale à la fin du IIe siècle.
126. Rattachée parfois aux Vengions : cf. W. SPICKERMANN, loc. cit. (n. 115).
127. R. WLEGELS, Mithras und Haruspex im rômischen Speyer, Mitt. des hist. Ver. der Pfalz 86, 1988,
p. 5-34 ; à propos de ces haruspices, on verra aussi infra la note 172.
128. Cf. LADAGE, p. 18-19, 34, 54.
129. Voir Fr. BÉRARD, loc. cit. (n. 2) ; pour un aperçu général de la cité, H. BERNHARD, R. in Rh.-Pf,
p. 107.
130. Selon PTOLÉMÉE, Géogr. 2, 9, 9. Pour une autre localisation du toponyme, voir R. FELLMANN,
Germania superior, in der Stadte sind… von den Raurikern aber Augusta Raurikon und Argentooaria.
310
Kritische Bemerkungen zu civitas und colonia im Raurikergebiet, dans F. E. KOENIG et S. REBETZ (Éd.),
Arculiana. Recueil d’hommages offerts à Hans Bögli, Avenches, 1995, p. 289-301, spéc. p. 293-296 ; R.
FREI-STOLBA, supra, p. 63.
131. Cf. XIII 9082 = XVII 654.
132. Fr. BÉRARD, Bretagne, Germanie, Danube : mouvements de troupes et priorités stratégiques sous le
règne de Domitien, dans Les années Domitien (= Pallas 40,1994), p. 221-240, spéc. p. 225.
133. EUTROPE 8, 2, 2, et OROSE 7,12, 2.
134. II n’y a guère de raison de penser que les cités germaniques, à la différence des gauloises,
n’auraient pas été gratifiées du droit latin : en dernier lieu W. CZYSC, Wiesbaden in der Römerzeit,
Stuttgart, 1994, p. 160.
135. Comme le proposait H. SCHOPPA, Aquae Mattiacorum und Civitas Mattiacorum, BJ 172, 1972,
p. 228-237.
136. Voir VITTINGHOFF, Rheingebiete, p. 81-83 ; WOLFF, Kriterien, p. 92-103 ; WOLFF, Alzey, p. 38-45 ;
WILMANNS, p. 88-89.
137. Par exemple ceux de Metz (XIII 4310 : voir cependant les critiques de M. DONDIN-PAYRE, supra
p. 199 et 218-219) et de Soleure (N-L 52). L’inscription CIL XIII 7279 de Kastel, dédiée aux
Nymphes, ne mentionne pas un praef(ectus) Aque(nsium) ni Aqu(a)e [retenu par W. CZYSZ, op. cil. (n.
134), p. 162], soit un préfet de la ville ou des habitants de Wiesbaden, difficile à expliquer, mais
un praefectus aqu(a)e, un responsable de l’aqueduc (sur ce monument, voir W. CZYSZ, op. cit. (n.
134), p. 229-230 ; sur cette lecture, voir aussi H.G. FRENZ, Denkmäler römischen Götterkultes aus Mainz
und Umgebung, CSIR Deutschland II 4, Mayence, 1992, p. 113). Notons que la dédicace aux
Nymphes en rapport avec un aqueduc est explicite au moins dans deux monuments d’Ôhringen
(XIII 11757 et 11759).
138. R.- CH., Intégration, p. 179 ; on rappellera, à ce propos, l’existence d’un bornage de vicus en
Germanie inférieure (XIII 8695).
139. A ce propos voir M. DONDIN-PAYRE, supra dans ce volume, p. 219-220.
140. En ne tenant pas compte du premier établissement militaire augustéen : cf. H.-G. SIMON, R. in
H., p. 485-491 ; W. CZYSZ, op. cit. (n. 134), p. 146-165.
141. Voir, par exemple, les critiques de VITTINGHOFF, Rlieingebiete, p. 81 ; WLLMANNS, p. 85-89.
142. Cf. DONDIN-PAYRE, Réexamen, p. 287, et dans ce volume ; déjà MANN, p. 113 (= 127).
143. Comme le pensait, par ex. H. SCHOPPA, op. cit. (n. 135), p. 229.
144. VLTTINGHOFF, Rlieingebiete, p. 83.
145. Voir aussi les critiques de WLLMANNS, p. 135, note 554.
146. WLLMANNS, p. 136-140 (noter les réflexions sur le nom original de cette cité, dérivé du nom
géographique du Taunus) ; les hypothèses avancées par P. HERZ (Altbürger und Neubürger.
Bemerkungen zu einer Inschrift aus dem römischen Heddemheim, AKB 19, 1989, p. 159-167) à
propos de catégories différentes de citoyens à l’intérieur de la cité (sur la base d’une
interprétation très sollicitée de l’inscription dédicatoire du génie de la platea novi vici, XIII 7335)
nous paraissent trop fragiles pour être retenues. Je pense que ces vétérans tiennent simplement à
faire savoir qu’ils sont des indigènes et non des « étrangers » installés après la fin de leur service.
Voir Y. THOMAS, op. cit. (n. 111), spéc. p. 61.
147. Plateae dextrae euntibus Nidam : XIII 7263 et 7264.
148. Une belle illustration de cette richesse très romanisée consiste dans l’exceptionnel (du
moins à notre connaissance) ensemble de peintures murales de la période 100-140 récemment
publié par M. SCHLEIERMACHER, Der Freskenraum von Nida, Saalburg Jb 48,1995, p. 52-99.
149. I. HULD-ZETSCHE, 150 Jahre Forschung in Nida-Heddemheim, Nassauische Ann. 90, 1979, p. 5-38 ;
EAD., R. in H., p. 280-293 ; EAD., Nida. Eine römische Stadt in Frankfurt am Main, Stuttgart, 1994.
311
150. A moins qu’il ne s’agisse de fragments d’un grand monument funéraire : I. HULDZETSCHE, 150
J. (op. cit. n. 149), p. 23 et fig. 4 ; EAD., Nida (op. cit. n. 149), p. 18 et 76, fig. 18.
151. II n’est pas tout à fait clair si L. Senilius Decmanus, par ailleurs curateur à Mayence, était
questeur chez les Taunenses dont il se dit civis, ou à Mayence.
152. Le nom nous a paru devoir être corrigé (l’inscription XIII 7265 est actuellement brisée et la
lecture habituellement retenue repose sur des copies anciennes) : en effet, la forme du nom serait
un hapax, Licin(ius) Tugnatius Publius. La présence de deux surnoms est très rare mais surtout
Tugnatius serait un monstre linguistique alors que CINTVGNATIVS est un gentilice de formation
patronymique tout à fait satisfaisant et bien connu. Correction de lecture ou correction de
l’inscription, je suis convaincue que le magistrat s’appelait Cintugnatius Publius. Cela ferait en
outre disparaître à la ligne précédente l’étonnante abréviation de l’épithète Conservato(ri) de
Jupiter. Soit une lecture : IOM / Conservato/ri Cintugna/tius Publius etc.
153. Voir cependant infra la possible épithète d’un quartier du chef-lieu.
154. WILMANNS, p. 140-141 ; WOLFF, Erschliessung, p. 332, note 82.
155. E. SCHALLMAYER, R. in H., p. 250-255 ; ID., Zum römischen Namen von Dieburg, Germania 59,
1981, p. 307-319 : cette lecture est adoptée par K. KORTÜM, op. cit. (n. 91), p. 97-98, mais rejetée par
WILMANNS (p. 127 et 140) sans argument probant.
156. A(b) A(quis) M(attiacorum) reposait sur une bonne lecture ; a(b) M(ogontiaco) par contre, sur un
déchiffrement erroné que la photographie publiée par E. Schallmayer dément nettement.
157. Pour la lecture vicus V(lpius) v(etus) voir E. SCHALLMAYER, R. in H., p. 250 ; pour la critique
WILMANNS, p. 140-141.
158. Pour cette déesse du culte public des Tongres, voir supra.
159. WLLMANNS, p. 131-132 ; E. SCHALLMAYER, R. in H., p. 482.
160. On rapprochera par exemple des rivières Nidda et Nidder et peut-être aussi du vicus
Nediensis de Spechbach.
161. WLLMANNS, p. 128-133.
162. M. P. SPEIDEL et B. SCARDIGLI, Neckarschwaben (Suebi Nicrenses), AKB 20, 1990, p. 201-207.
163. AE 1990 752-755.
164. H. GALSTERER, Die neue Inschrift aus der Makkabäerkirche in Köln, dans B. RABOLD, C. S. SOMMER et
al., Lopodunum 98. Vont Kastell zur Stadt, Ladenburg-Stuttgart, 1998, p. 45-46.
165. B. HEUKEMES et H. KAISER, R. in B.-W, p. 383-393 ; H. KAISER et C. S. SOMMER, Lopodunum. I,
Stuttgart, 1994 ; B. RABOLD, C. S. SOMMER et al., op. cit. (n. 164).
166. WILMANNS, p. 141-145.
167. On verra la photographie dans R. in B-W, p. 224, fig. 69.
168. On peut citer les hastiferi de la cité des Mattiaques quorum nomina i(nfra) s(crip)ta sunt (XIII
7281).
169. K. KORTÜM, op. cit. (n. 91), p. 101 : voir aussi infra.
170. M. PLETSCH, R. in B-W, p. 219-225.
171. II ne paraît pas y avoir de raison particulière de considérer cet haruspice comme privatus à
la différence de celui de Spire catalogué comme officiel (R. WIEGELS, op. cit. (n. 127), p. 26), puisque
l’inscription de Spire n’est qu’un fragment. Les haruspices connus de Germanie supérieure
posent tous, en fait, à l’exception de ceux de Mayence, le problème de leur caractère officiel.
Nous les retenons comme tels dans cette étude, au bénéfice du doute.
172. Si l’on suppose que toute la vallée de l’Elsenz-*Alisantia appartient à cette civitas : WILMANNS,
p. 143
173. Qui pourrait appartenir à la cité des Suèbes : cf. WILMANNS, p. 130.
174. Qui pourrait appartenir plutôt à la cité de Pforzheim (ou à l’Aurelia G(-) ou encore, mais
moins vraisemblablement car trop au nord, à la cité de Sumelocenna : cf. WILMANNS, p. 144 et 147).
312
175. Et non G(---) S(---) comme on l’a cru car le s. de N 106 doit signifier s(ignum) en complément
au verbe posuerunt.
176. WILMANNS, p. 145-146 ; R. KOCH et D. PLANCK, R. in B-W, p. 464-465.
177. SOMMER, Zivilsiedlungen, p. 290 ; 2. Jh, p. 120.
178. WOLFF, Alzey, carte p. 35.
179. Ph. FLLTZINGER, R. in B-W, p. 573-578 ; pour le site archéologique, très desservi par
l’implantation moderne dense de Stuttgart, voir en dernier lieu W. JOACHIM et E. STORCK, Neues zum
Kastellvicus von Bad-Cannstatt, Stadt Stuttgart, dans Arch. Ausgrabungen in BadenWürttemberg 1996,
Stuttgart, 1997, p. 185-187.
180. Selon la lecture la plus vraisemblable de cette inscription mutilée (N 102) : WILMANNS, p. 147,
note 641.
181. DION CASSIUS 77, 13. Mais est-il bien question d’Ohringen ?
182. Sur cette question, voir supra M. DONDIN-PAYRE, p. 216.
183. E. SCHALLMAYER, Aquae. Das römische Baden-Baden, Stuttgart, 1989.
184. Voir aussi les remarques de WLLMANNS, p. 123-128.
185. II s’agit peut-être d’une autre cité dans ce passage de DION CASSIUS : cf. supra, n. 181.
186. XIII 9120 = XVII 649.
187. Cf. G. WALSER, op. cit. (n. 108), p. 397.
188. E. SCHALLMAYER, R. in B-W, p. 226-234.
189. Cf. K. KORTÜM, op. cit. (n. 91), p. 99.
190. On évoquera brièvement ici l’hypothèse parfois avancée (W. SCHLEIERMACHER, Die letzten
Dekurionen am Untermain, dans R. CHEVALLIER (Éd.), Mél. d’arch. et d’hist. off. à A. Piganiol, Paris, 1966,
p. 1387-1393 ; I. HULD-ZETSCHE, Nida (op. cit. n. 149), p. 61) que les décurions ou magistrats attestés
hors de leur cité au IIIe siècle seraient des réfugiés fuyant la destruction de leur propre cité ; c’est
ainsi qu’on interprète, par exemple, la dédicace d’une petite colonne à Jupiter in suo à Kastel,
dans la cité des Mattiaques, par un magistrat des Taunenses en 242 (CIL XIII 7265). Les régions de
la rive droite du Rhin ont effectivement subi des dommages à cette époque mais la
documentation épigraphique y est aussi abondante et, à Nida même, constructions ou
reconstructions sont attestées dans les années 240 (e.g. XIII 7352). On voit ainsi une autre colonne
au géant élevée in suo par un décurion des Auderienses (XIII 7353 de 239) Serait-il lui réfugié à Nida
alors qu’un magistrat de Nida aurait fui à Kastel ? Je pense que le problème des attestations hors
cité et des doubles appartenances est une question plus générale de citoyennetés ou de
possessions multiples et ne doit pas être lié à des événements ponctuels (voir aussi les remarques
de G. BAUCHHENSS, Denkmäler des luppiterkultes aus Mainz und Umgebung, CSIR Deutschland II 3,
Mayence, 1984, p. 50).
191. Voir aussi infra.
192. Qui pourrait toutefois relever des Suebi Nicrenses ou même des Alisinenses.
193. Voir W. SPICKERMANN, op. cit. (n. 115), p. 239, note 17.
194. Voir M. LUIK, Köngen-Grinario. I. Topographie, Fundstellenverzeichnis, ausgewählte Fundgruppen,
Stuttgart, 1996, p. 172-180.
195. IGR III 70 = ILS 8855 : H.-G. PFLAUM, Les carrières procuratoriennes équestres sous le HautEmpire
romain. I, Paris, 1960, p. 182-183, note 85. On joindra au dossier une autre inscription avec
mention éventuelle du tra[ctus Sumel(ocennensis)], dans une carrière sénatoriale toutefois dans le
courant du IIe siècle : X 3872 ; H.-G. PFLAUM, Du nouveau sur les agri decumates à la lumière d’un
fragment de Capoue, BJ 163, 1963, p. 224-233, spéc. p. 229-231. Ce document étant restitué pour sa
partie essentielle, nous ne le prendrons pas en considération car son interprétation repose sur un
trop grand nombre d’hypothèses préalables : voir WILMANNS, p. 150 n. 657.
196. Voir par exemple D. BAATZ, Der romische Limes, Berlin, 1974, p. 55-56 ; D. PLANCK, R. in B-W,
p. 118 ; aussi VITTINGHOFF, Rheingebiete, p. 78-79 (avec des hésitations et des critiques).
313
221. Décurions, ordo, curateur,… : voir tableau. Certains d’entre eux (ou d’une autre association ?)
sont précisés être des commerçants (XIII 7222) ; sur ces questions et celle des vici urbains, cf.
VLTTINGHOFF, León, p. 115-116. Voir aussi infra n. 229 et 237.
222. Comme l’indique, exempli gratia, le questeur des citoyens romains de la cité des Nerviens (C/
L XIII 3573). L’existence d’un conventus civium Romanorum n’est pas incompatible non plus avec
une colonie, comme en témoigne le cas d’Avenches : R. FREI-STOLBA, Die Helvetier im römischen
Reich : Überlegungen zu ihrer Integration und Gesellschaftsstruktur, dans R. FREI-STOLBA et H. E. HERZIG
(Éd.), La politique édilitaire dans les provinces de l’Empire romain. IIème-IVème siècles après J.-C., Berne,
1995, p. 167-186, spéc. p. 173 ; voir aussi F. GOGNIAT LOOS, Les associations de citoyens romains,
Études de Lettres 1994, p. 25-36 ; également supra, p. 80-81.
223. XIII 6770.
224. On pourrait aussi en faire un décurion de l’ordo des citoyens romains de Mayence (cf. CIL XIII
6733 ou AE 1990 745), ce qui serait déjà plus satisfaisant.
225. XIII 6765 ; cf. LADAGE, loc. cit. (n. 128).
226. Ainsi aussi : « Mogontiacum hat bis zum Ende des 3. Jarhunderts niemals den Rechtsstatus
eines Civitas-Hauptortes, eines municipiums oder gar einer colonia… erhalten« (H. BERNHARD, R. in
e
Rh.-Pf, p. 109). Notons en outre que le municipium prétendu pour le IV siècle (loc. cit.), fondé sur
les praeter alia municipia d’Ammien Marcellin (15, 11, 8 : où municipia n’a manifestement pas de
valeur institutionnelle), n’existe pas (voir VITTINGHOFF, Rheingebiete, p. 74, note 40).
227. XIII 3694 : sur ce collège voir J. SCHEID, Sanctuaires et territoire dans la colonia Augusta
Treverorum, dans J.-L. BRUNAUX (Éd.), Les sanctuaires celtiques et le monde méditerranéen, Paris, 1991,
p. 42-57, spéc. p. 48 ; également dans ce volume p. 389-390. R. HAENSCH, Capita provinciarum.
Statthaltersitze und Provinzialverwaltung in der römischen Kaiserzeit, Mayence, 1997, en tout cas, ne
considère pas les haruspices de Mayence comme officiant auprès du gouverneur provincial.
228. Mogontiacenses : e.g. XIII11810.
229. Les cives Romani déjà évoqués sont dits installés à Mogontiacum (comme ceux d’un site civil)
et non ad legionem comme ceux d’Aquincum (III 3505) ou legionis comme ceux d’Apulum (III1158),
ou ad canabas comme à Troesmis (III 6166).
230. R. HAENSCH, op. cit. (n. 227), p. 149-153. A cet égard, signalons un remarquable graffito (AE
1964 148 = S-H 94) du IIe siècle qui fixe un rendez-vous « Mogontiaci ante pretorium Poblici M(a)rcelli
ad hiberna leg. XXII P. p.f. », ce qui implique que le siège du gouvernement était situé non dans le
camp légionnaire mais dans l’établissement civil (R. HAENSCH, p. 150).
231. W. SELZER et al., Zur Topographie des romischen Mainz, dans Landesmuseum Mainz. Band 1.
Römische Steindenkmäler, Mayence, 1988, p. 47-62.
232. Voir M. DONDIN-PAYRE, dans ce volume, 181-184.
233. Noter là une différence avec les cartes n. 218 qui font de cette cité une entité ne dépassant
pas la ligne Nahe-Glan, en fonction de la frontière médiévale de l’évêché (cf. supra n. 213), sans
tenir compte suffisamment des milliaires ni des sources du Bas Empire.
234. Je comprendrais plutôt « les Mayençais du nouveau quartier » mais ce n’est pas
démontrable.
235. Cives Cairacas dans l’inscription de Mayence peut renvoyer à un pagus comme dans le cas des
Sunuques, des Bétasiens, des Marsaques : voir WOLFF, Kriterien, p. 100, note 162.
236. Serait un vicus pour WOLFF, Kriterien, p. 114.
237. Dans ce cas, on pourrait penser (mais est-ce envisageable ?), que les différentes mentions
non explicitées C R M ou Mog dans la définition de décurions ou d’ordo demanderaient peut-être
une autre résolution, à savoir c(ivitatis) R(---) Mog(ontiacensium) plutôt que c(ives) R(omani) Mog
(ontiaci). Cela résoudrait la question mais que faire avec R ? Autre interrogation, sans doute non
pertinente : l’agglomération urbaine s’étant (ou ayant été) constituée autour du conventus de
citoyens romains, la dénomination du conseil de la cité n’aurait-elle pu conserver la forme ordo c
315
(ivium) R(omanorurn) [---] Mog[ontiaci], fossilisée en quelque sorte ( CIL XIII 6769 : il est
particulièrement regrettable que cette inscription soit endommagée) ?
238. F 322 : c’est un argument décisif pour H. Klumbach qui ne semble pas songer aux cas des
troupes issues manifestement de pagi (cf. supra n. 235).
239. Sequani publice : XIII 5353 = AE 1965 341 = 1967 332 ; Remi publice : XII 1869 = ILS 6997.
240. A moins que ce questeur soit celui du collège de vétérans dont Nemonius Senecio est le
probable curateur. Une remarque identique foit être faite à propos de l’actor C. Atius Verecundus
attesté dans la même inscription (XIII 6676).
241. Voir R. HAENSCH, op. cit. (n. 227), p. 153.
242. Sur ces questions, voir la Tabula Siarensis (Fragment I, 26-34 : J. GONZALEZ, Bronces jurίdicos
romanos de Andalucίa, (Séville), 1990, p. 153-163) ; SUÉTONE, Claude 1, 3 ; EUTROPE 7,13, 1 ; DION
CASSIUS 55, 2, 3. H. BELLEN, Das Drususdenkmal apud Mogontiacum und die Galliarum civitates,
JRCZM 31,1984, p. 385-396 (= Politik - Redit - Geseltschaft. Studien zur Alten Geschichte, Stuttgart, 1997,
p. 87-101) ; W. LEBEK, Die Mainzer Ehrungen für Germanicus, der älteren Drusus und Domitian,
ZPE 78,1989, p. 45-82.
243. K. KORTÜM, op. cit. (n. 91), p. 95-101 ; ID., Portas/Pforzheim. ‘Furt, Fähre’ oder ‘Hafen’ ?, AKB
25,1995, p. 117-125 ; D. PLANCK, R. in B-W, p. 119 ; VITTINGHOFF, Rheingebiete, p. 78 ; contra WILMANNS,
p. 126-128, qui argumente notamment en vertu du milliaire de Kleestadt (mal interprété, cf. supra
).
244. Cf. H. NESSELHAUF, ZU den Funden neuer Leugensteine in Obergermanien, Cermania 21,1937,
p. 173-175, pense effectivement à une création tardive en tant que civitas d’une zone retirée aux
Aqueuses, ce qui expliquerait selon lui l’attestation d’un décurion des Aqueuses à Dürrmenz ; ce
dernier argument n’a cependant pas l’importance que lui accordait H. Nesselhauf, comme l’a
montré K. KORTÜM, op. cit. (n. 91), p. 100-101 (liste incomplète).
245. K. KORTÜM, op. cit. (n. 91), p. 73-75.
246. Sauf celui de 100 compté depuis Mayence (cf. supra n. 186-187). L’exception du milliaire de
Germanie supérieure compté à partir d’Argentorate (Strasbourg) ne peut intervenir (cf. G. WALSER,
op. cit. (n. 108), 394) car il ne s’agit pas d’un milliaire normal mais de la commémoration du
« Clemensfeldzug » » (XIII 9082 = XVII 654).
247. La répartition des attestations de cette divinité assimilée à Diane qui portait le nom de la
Forêt Noire (PLINE, H. N. 4, 12 ; TACITE, G. 1 ; cf. PTOLÉMÉE 2, 11, 5 ; 6 ; 11) est géographiquement très
limitée.
248. Voir aussi supra n. 200.
249. A. DAUBER, R. in B-W, p. 477-481 ; cf. aussi supra n. 244.
250. Voir supra dans le cadre des Alisinenses et des Vangions ; WILMANNS, p. 142-143.
251. Dans l’ensemble des inscriptions religieuses de Germanie supérieure, on ne trouve pas un
seul cas où la collecte soit l’objet de la dédicace. La formule de base est ex stipe (voir XIII 5056,
5073, 6094,11475 [relue par A. BIELMAN, Un nouveau flamen chez les Helvètes, Bull. Ass. P. Av.
38,1996, p. 54], RIS 121, F 98) ; elle est d’ailleurs rare et presque exclusivement helvète.
252. On trouve deux fois decurio tout court, mais c’est différent.
253. Lecture envisagée par Zangemeister sur base de l’inscription de Bithynie concernant le
saltus de Sumelocenna (cf. supra) ; autres solutions suggérées : les Seiopenses (XIII 6605 ; plutôt
toponyme ?), les Toutoni (XIII 6610 : borne de pagus ?) ou des S(uebi) T(---) : CIL XIII, 2,1, p. 251.
254. Par exemple, en Aquitaine, on trouve ainsi des Bituriges Cubes et des Bituriges Vivisques.
255. Lecture mentionnée par WILMANNS, p. 143.
256. Alzey, carte p. 35.
257. Cf. aussi supra.
258. C’est l’interprétation de WLLMANNS, p. 109.
316
AUTEUR
MARIE-THÉRÈSE RAEPSAET-CHARLIER
Professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles
8, rue des Houblonnières - B-5000 Namur
317
1 Un duumvir récemment apparu dans la bibliographie mais dont la localisation n'est pas
sûre doit être ajouté à la documentation de la Lyonnaise ou de la Germanie supérieure. Il
s'agit de L. Maccius Aeternus, iivir, qui fait une dédicace ex voto au dieu Cobannus (AE 1994
1915) sur la base d'une statuette de bronze entrée dans les collections du Museum Paul
Getty après avoir figuré dans la collection Fleischmann. M. Henri Lavagne, Directeur
d'études à l'ΕΡΗΕ (IVe section), que nous remercions très sincèrement de son aide
bienveillante, a été chargé par le Musée de la publication du « trésor » dont la base fait
partie.
2 D'après l'histoire de la collection, il est possible que l'objet provienne de la région de
Besançon. Nous aurions alors affaire à un duumvir supplémentaire de la cité des
Séquanes, ce qui enrichirait notre dossier sans le modifier. On remarquera cependant que
le dieu honoré, Cobannus, figuré en statuette, est connu par une autre dédicace mise au
jour près de Vézelay (AE 1993 1198), sur un monument erronément décrit comme une
borne par l'éditeur. D'autre part, la formulation de la dédicace « Aug(usto) sacr(um) Deo
Cobanno », sur la base de bronze du duumvir, comme sur la pierre de Vézelay, est tout à
fait particulière, attestée uniquement dans le pays des Senons et des Mandubiens 1. En ce
cas le duumvir viendrait étoffer un corpus peu fourni sans infléchir les conclusions. Enfin,
la même divinité doit être reconnue sur une plaquette métallique gauloise écrite en
caractères grecs trouvée dans la presqu'île d'Enge à Berne (AE 1995 1143), ce qui nous
renvoie au territoire helvète.
3 Pour être complet, il faut signaler que la dédicace à Intarabus (autre avatar du dieu Mars)
découverte à Noville près de Bastogne (AE 1965 28bis = ILB 63), dans la cité des Trévires, et
datant sans doute du milieu du IIe siècle de notre ère2 est archéologiquement et
paléographiquement très proche de cette base et de sa statue.
4 En l'absence de toute certitude sur la province et le lieu exacts de trouvaille, il nous a
paru plus prudent de consigner ce nouveau magistrat dans un appendice séparé de nos
contributions.
318
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie complémentaire
▪ J. HERMANN et A. VAN DEN HOEK, dans M. TRUE (Éd.), A Passion for Antiquities. Ancient Art from the
Collection of B. and L. Fleischmann. The Paul Getty Museum in Association with the Cleveland
Museum of Art, Malibu, 1994, p. 310-313, no 162.
▪ CI. ROLLEY, Un Dieu Gaulois près de Vézelay, Bull. Soc. Ét. d'Avallon, 74, 1993, n. p.
▪ R. FELLMANN, Die Zinktafel von Bern-Thormebodenwald und ihre Inschrift, Archäologie der
Schweiz 14, 1991, p. 270-273.
▪ R. FELLMANN, Die Helvetier entlang des Rhein-Stromes, deren Städte Ganodurum und Forum Tiberii,
dans R. FREI-STOLBA et M. A. SPEIDEL (Éd.), Römische Inschriften. Neufunde, Neulesungen und
Neuinterpretationen, Festschrift für Hans Lieb, Bâle - Berlin, 1995, p. 205-216, spéc. p. 210-214.
NOTES
1. R.-CH., DD S, p. 55-56.
2. R.-CH., DDS, p. 81-82.
AUTEURS
MONIQUE DONDIN-PAYRE
Directrice de recherche, Centre national de la recherche scientifique
38, rue de Groussay - F-78120 Rambouillet
MARIE-THÉRÈSE RAEPSAET-CHARLIER
Professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles
8, rue des Houblonnières - B-5000 Namur
319
1 Toutes les études sur la romanisation des provinces de l’Empire romain insistent à l’envi
sur le rôle éminent qu’y joue l’armée, d’une part par sa garnison permanente même,
d’autre part par le maintien sur place d’anciens soldats possédant déjà le droit de cité ou
admis à son bénéfice. Il n’est donc pas inintéressant d’examiner à nouveau la situation
des vétérans, dans des provinces militarisées, comme la Germanie inférieure *, ou proches
de ces zones, comme la Belgique.
2 Avant même de revenir sur les différents éléments de l’enquête, la problématique qu’elle
suscite, et les premières conclusions que l’on peut en tirer, il n’est sans doute pas
nécessaire de définir la condition des vétérans, soldats légionnaires ou auxiliaires, qui ont
accompli leur temps et sont renvoyés avec une honesta missio, c’est-à-dire une retraite
honorable. On ne discutera pas ici des uexilla ueteranorum 1, et donc de la réserve qu’ils
constituent après leur retraite, pour une période estimée par A. von Domaszewski à cinq
ans2. Dans la bibliographie, on s’est, en réalité, assez peu intéressé à la couche des
vétérans de l’armée impériale dès qu’ils sortent de la sphère militaire : bien entendu, il ne
faudrait pas généraliser abusivement. On se souvient des études que L. Keppie3 a
consacrées à l’installation des vétérans en Italie, ou aux travaux de J.-C. Mann4 sur le
recrutement des légions et l’installation des vétérans. En réalité, ces questions ont été en
général abordées au coup par coup, et dans des monographies5. En effet, si les historiens
de l’armée utilisent naturellement beaucoup les documents qui nomment ces ex-
militaires, c’est en particulier pour les données qu’on peut en tirer sur la localisation et le
transfert des unités, ou sur la réserve qu’ils forment. Mais il faut dépasser ce stade pour
arriver à d’autres considérations, qui touchent aussi bien la romanisation que l’histoire
sociale. Comme B. Dobson6 l’a fait remarquer, l’armée romaine doit être considérée
comme un organisme vivant qui se développe constamment, et nos vétérans, qui ont
participé à l’évolution de cet organisme, ne doivent pas être oubliés. Les documents - en
particulier les inscriptions en l’occurrence - sont plus que fréquemment cités dans les
articles de la Realencyklopädie, et en particulier dans celui d’E. Ritterling, consacré à legio 7,
ainsi que dans ceux de C. Cichorius pour les alae et cohortes. Dans son ouvrage
320
indispensable sur les auxiliaires de Germanie inférieure8, G. Alföldy n’a pas négligé les
vétérans. Mais l’enquête vaut d’être reprise, en utilisant les documents apparus dans les
publications les plus récentes.
3 Pourtant, je dois en signaler une difficulté : le terme de ueteranus ou de missicius peut être
employé absolument, sans aucune référence à l’unité d’origine ; ainsi, il peut s’appliquer
soit à un vétéran légionnaire, soit à un vétéran auxiliaire. Ce phénomène se rencontre
aussi dans les deux aires géographiques examinées ici.
Mineruia, mais devenu principalis en tant que bénéficiaire du légat consulaire de Germanie.
On constatera avec intérêt que la famille a tenu à conserver des surnoms très typés,
attestant son origine. D’autre part, on voit se perpétuer ici ce qu’on peut appeler peut-
être la vocation militaire de la famille, situation assez banale à cette époque.
8 Il n’y a rien à tirer de l’onomastique de P. Vettius Saturninus21, connu au IIe s. ; mais sa
dédicace aux Aufaniae et aux matres domesticae montre bien que, s’il n’est pas d’origine
locale, il a du moins adopté les cultes régionaux.
9 On pourrait faire des remarques de même nature pour les vétérans de la XXXa Vlpia de
Xanten. À côté de noms tout à fait italiens comme Caesiusi22 ou Pontius 23, on voit
apparaître des noms d’origine indigène, comme Gratinius, Priminius, ou Seuerinius 24. On
sait bien que les légions, Prima Mineruia ou Trecesima Vlpia, ont fait appel à un recrutement
local, dans les régions voisines. Aux exemples que je viens de citer, j’ajouterai un Q.
Mattonius dont le surnom a disparu, vétéran de la Trentième Ulpia stationnée à Xanten,
et qui s’installa, pour la retraite, à Cologne25. Évidemment, on connaît aussi le mouvement
inverse, c’est-à-dire le retour dans leur région d’origine, de légionnaires ayant servi dans
les provinces germaniques, et qui n’avaient aucun lien avec elles. Ainsi, on peut citer T.
Aurelius Morauesus Seruano26, vétéran de la XXXa Vlpia, ancien bénéficiaire de l’un des
tribuns, qui se retira chez les Anauni, où il était né. En passant, pour une fois, à la
Germanie supérieure, on signalera un autre exemple intéressant : un certain G. Antonius
Auitus, vétéran de la XXIIa Primigenia 27, quitta Mayence pour se réinstaller en Lusitanie,
dont il était originaire.
10 Pourtant, un certain nombre de vétérans des deux légions de Germanie supérieure
semblent s’être installés pour le temps de leur retraite dans l’aire de la province, après
avoir obtenu l’honesta missio, sans avoir réussi à atteindre, durant leur service, des grades
plus prestigieux que ceux de principales, comme il ressort des listes que j’ai établies.
11 Cependant, on doit signaler un cas relativement rare, celui de C. Tauricius Verus 28,
enterré à Cologne29, dont l’onomastique est tout à fait locale30 ; nous connaissons ce
personnage par deux autres textes ; le premier provient des bords du Rhin, 31 et notre
sous-officier y honore tous les dieux et les déesses, les matres locales et le genius loci, en
qualité de beneficiarius consularis ; le second, daté exactement de 233 par une date
consulaire, et trouvé à Bonn, figure sur un autel32 offert aux Matronae Aufaniae par notre
militaire, qui possède le même grade. Le document de Cologne, constituant son épitaphe,
est un peu plus bavard sur la carrière militaire : il énumère les fonctions et le statut de
Tauricius Verus, ueteranus ex beneficiario consularis, petitor militiae. Ainsi n’est pas indiquée
la légion à laquelle il appartenait, mais cela ne posait sans doute aucun problème à ses
contemporains qui comprenaient qu’il s’agissait de la légion de Bonn qui déléguait des
principales auprès du légat consulaire de Germanie inférieure. En tout cas, il souhaitait
continuer sa carrière et, en tant que petitor militiae, avait demandé un commandement
équestre. B. et H. Galsterer ont rappelé33 que, depuis Septime Sévère, les bénéficiaires
pouvaient demander directement un grade équestre, à un moment même où le service
militaire équestre « classique » tel qu’il avait été établi par Claude pour les chevaliers,
devenait de plus en plus accessible aux militaires professionnels, et perdait d’ailleurs de
son importance pour les chevaliers eux-mêmes.
12 Cependant, de la liste peu nombreuse que l’on peut établir des petitores militiae, et que je
présente ci-dessous34, il apparaît que les principales ne sont pas plus favorisés que les
autres demandeurs des milices équestres.
322
PETITORES MILITIAE35
Chevaliers
eques Rom.,
militiae petitor, CIL VIII 9047 = 20736 (
Q. Gargilius av. le
3 praef. coh., ILS 2767), Auzia ;
Martialis38 26mars 260
trib. coh., EE V 1300, ibid.
praepositus coh.
eques Romanus,
Laurens Lauinas, CIL III 7416 = 14207 16,
4 Heluidius Priscus39 IIIe s.
[m]i[l]iti[ae Serdica
petitor
M. Aurelius
5 IIIe s. militiae petitor CIL VI 3549, Roma
Maximus40
Sous-officiers
Vétérans
CIL VI3548,
9 M. Aurelius Emeritus44 IIIe s. uet(eranus), mil. petit.
Roma
12 [-] déb. IIIe s. [militiae] petitor ZPE 116, 1997, p. 174, n o 11, Roma
13 D’ailleurs, demander n’est pas obtenir : nous le voyons dans le cas de C. Tauricius Verus ;
on doit constater que sa demande de promotion fut un échec. Autorisé à postuler un
commandement équestre, il ne l’obtint pas et prit sa retraite comme vétéran.
14 Reste à s’interroger sur la position des vétérans dans les cités où ils choisissaient
désormais de résider à l’issue de leur temps de service.
après la révolte de Civilis. Ces archives nous donnent les noms de quelques officiers des
unités qui y apparaissent (la VIIIIa Batauorum et la la Tungrorum). La première d’entre elles
a été commandée par Flauius Cerialis ; un autre officier, Flauius Genialis, apparaît dans les
archives de ce dernier. Certains, comme K. Strobel65 en ont conclu, en se fondant sur
l’onomastique de ces personnages, qu’ils étaient des notables bataves et qu’eux-mêmes
(ou leurs parents) devaient leur droit de cité à l’un des Flaviens ; ils avaient été préposés
au commandement des nouvelles unités de Bataves66. Ainsi, Flauius Cerialis67 - ou sa
famille - aurait reçu le droit de cité par l’entremise de Petillius Cerialis, pendant
l’insurrection ou juste après la révolte de 7068. Ce raisonnement est fondé, entre autres,
sur l’existence d’un diplôme militaire du 2 juillet 11069 donné à C. Petillius C. f. Vindex, un
Batave, ancien décurion de l’ala Frontoniana Tungrorum, dont le père avait été promu
citoyen romain grâce au vainqueur de Civilis.
23 K. Strobel applique le même raisonnement à l’autre officier, Flauius Genialis 70 et renvoie
aussi au « chevalier d’origine batave T. Flauius Maritimus, CIL III 14403a ; 244 ap. J.-C. ». Il
faut d’abord se débarrasser de ce chevalier d’origine batave. Il s’agit d’un bébé, T. Flauius
Maritimus, natione Batau(us), mort à 9 mois, et fils d’un centurion de la légion IIa Parthica,
qui passait alors par Cnide ; c’est le père ici qui importe, d’une part parce, que Batave, il a
donné sa nationalité à son fils, d’autre part, parce qu’à cette période du III e siècle, le don
de la dignité équestre à des fils de centurions, nommés chevaliers dès le plus jeune âge,
n’est pas rare. Donc, le cas de Flauius Maritimus reste très particulier.
24 Cependant, la proposition de K. Strobel a été renouvelée aussi un peu plus tard par A. R.
Birley71 ; il revient sur les liens amicaux entre les épouses des préfets Flauius Cerialis et C.
Aelius Brocchus, dont il a discuté le statut personnel et l’origine. Pour Flauius Cerialis, il
se demande s’il ne faut pas le considérer comme le fils d’un noble batave resté fidèle aux
Romains. Quant à Aelius Brocchus, on pourrait peut-être l’identifier au C. Aelius Brocchus
qui offre un autel à Arrabona, en qualité de praefectus equitum ala I…, que H. Devijver, pour
sa part72, place d’abord au IIIe s. avant d’adopter l’avis d’A.R. Birley73.
25 Pour en revenir à Cerialis et à Genialis, ce sont des surnoms relativement communs, et
portés par d’autres officiers équestres, qui ne sont en rien originaires des pays bataves ou
du Nord des Gaules. Je renverrai ici d’une part aux indices de la somme d’H. Devijver, où
l’on trouve des officiers équestres qui n’ont rien à voir avec les Bataves, et aussi, par
exemple, à l’index onomastique de Rome, où il apparaît assez clairement que les surnoms
de Cerialis et de Genialis sont trop nombreux pour être typés.
26 On peut légitimement s’interroger sur la volonté du pouvoir impérial de maintenir ce
système de commandement, le recours à des dignitaires locaux pour diriger ce que l’on
pourrait appeler des troupes nationales, même si des exceptions peuvent toujours être
signalées, comme pour les archers palmyréniens dont j’ai parlé plus haut, ou, par
exemple, les cavaliers maures commandés par Lusius Quietus. À ce compte, il faudrait
aussi admettre que le préfet de la Ia Tungrorum 74, Iulius Verecundus75 est un Tongre. Les
dangers de l’étude onomastique sont montrés par l’analyse de la nomenclature d’un autre
préfet, connu par les archives de Vindolanda, Aelius Brocchus 76 dont le surnom n’est pas
aussi « gaulois » qu’on a voulu le croire, mais serait plutôt italien77, contrairement à celui
de Sulpicia Lepidina78, l’épouse de son collègue et ami Flauius Cerialis.
27 Bien entendu, les textes de Vindolanda ne mentionnent pas de vétérans. Je voudrais
ajouter ici une autre remarque : les vétérans connus sur le territoire britannique
n’abondent pas. Hors diplômes militaires, et sans compter le collectif des vétérans 79
auteur d’une dédicace, on ne peut citer que trois noms : T. Flauius Natalis, ueteranus 80, d’
326
Isca Silurum ; G. Licinius [-], ueteranus 81 de Deua et Aurelius Tassulus uet(eranus) 82, qui
honore le dieu Belutucader, divinité particulièrement révérée à Olerica.
28 Revenons à nos vétérans auxiliaires, qui sont connus uniquement en Germanie inférieure.
Déceler leur origine montre bien le double recrutement des soldats, local et national.
Ainsi, certains vétérans indiquent l’origo qui figure dans leur matricule ; de plus, dans les
débuts de l’Empire, ce sont des soldats recrutés dans leur patrie pour des unités à
composition ethnique83 : ainsi, M. Lucilius Secundus, originaire de Gaule Belgique84, Ti.
Iulius Sbebdas, de Tyr85, alors que plus tard cette particularité a disparu. On citera ici M.
Marius Vale[ns], un Galate86, et ce Tertius M. f., Treuir, dont nous avons conservé le
diplôme militaire87.
29 Par des recoupements onomastiques, on parvient à repérer d’autres origines, très
diverses : ainsi [Ti. I]ulius Ad[ali ? f. F]uscus venait d’Espagne, sinon de Lusitanie 88, tandis
que le surnom de Bititralis suffit à indiquer un Thrace89. M. Cocceius Dasius porte un
surnom illyrien90, comme un autre vétéran dont l’unité reste inconnue, mais dont la
nationalité est précisée, M. Aurelius Dasius, domo Dalmatia 91. Restent quelques vétérans
qui ont été recrutés en Belgique ou en Germanie, et dont les noms ou surnoms sont
typiques de l’aire celtique ou de Taire germanique : Atil[l]us Di(ui)xti f. porte un nom
celtique92, tout comme [-]stis Dirimes[us]93. M. Traianius Gumattius est d’origine batave94.
Le surnom Inge[nuus] du quasi-anonyme RO[..]H INGE95 est un indice d’origine indigène.
Quant à Ahucco Leubasni ? f.96, G. Alföldy considère qu’il vient de Belgique ou de
Germanie inférieure ?97 ; mais le nom de son père, sans doute Leubasnius, est ubien pour
L. Weisgerbei98.
30 On ne s’étonnera pas de constater que l’enrôlement de recrues locales des soldats des
unités de l’armée romaine se double, tout naturellement, du maintien sur place des
vétérans qui, au moment de la retraite, ne quittent pas leur province d’origine.
31 On peut faire des remarques identiques, si l’on analyse l’onomastique des vétérans connus
en cette seule qualité dans l’aire géographique concernée ici. Exceptons ici le Dalmate M.
Aurelius Dasiusi99 et les vétérans dont la nomenclature est italienne - comme Q. Ancharius
[-]100, ou Veranius Aestiuus101 ; pour le reste, on retrouve noms et surnoms d’origine
germanique comme Tauricius102, Priscinius103 ou Ianuarius, Brato 104 nom typiquement
indigène, et des surnoms comme Fruendus105 et Superans106.
déléguaient des soldats à Lyon, pour le service des légats et des procurateurs. Ceux-ci, au
moment de l’honesta missio sont restés dans la capitale des Trois Gaules, ou en Lyonnaise,
pour y passer une retraite paisible.
33 Cependant, on peut constater, en Belgique et dans les Germanies, le même mouvement
qu’ailleurs : d’une part, un maintien dans la région où l’on a servi, même après le délai de
cinq ans durant lequel les vétérans forment une sorte de réserve. Ainsi, à Cologne 110, on
possède une dédicace due à Tiberius Claudius Romanius, un vétéran resté entre Bonn et
Cologne. D’autre part, une installation dans des lieux relativement peu éloignés des
régions où les anciens soldats étaient cantonnés, sans qu’on puisse s’expliquer vraiment
les raisons de leur installation, sauf à invoquer peut-être des raisons de type privé,
comme l’origine personnelle ou le mariage, qui échappent totalement à toute
investigation. Je prendrai ici un exemple dans une cité qui ne se situe pas sur le Rhin : à
Diuodurum111, chez les Médiomatriques, où, en dépit de l’abondance épigraphique, il est
peu de notables qui soient connus, émergent plusieurs soldats retraités. Ainsi, un Q.
Domitius Sextus ueteranus 112, dont nous ignorons l’unité d’origine, mais dont nous
connaissons la famille, se trouve dans la même situation que le ueteranus Veranius
Aestiuus113. On citera aussi un dénommé [-Fr]uendus, ueteranus ex optione leg(ionis) XXII P
(rimigeniae) p(iae) f(idelis), avec sa femme Finitimia Nonna 114, et, de la même unité, mais
simple vétéran, M. Aurelius Sanctus, uet(eranus) leg(ionis) XX[II]115.
34 On pourra faire des considérations identiques sur un personnage qui se nommait peut-
être Antonius, et qui, après avoir fait un voeu en tant que cornicularius praesidis prouinciae
Belgicae, l’accomplit en tant que vétéran dans un sanctuaire trévire 116. Il était sans doute
un ancien légionnaire. Mais, pour trouver des témoignages sur l’enrôlement de soldats
belges ou germains dans les unités de l’armée romaine - et surtout de ceux qui, non
citoyens encore, recherchaient le service auxiliaire - il nous reste la latitude de nous
tourner d’abord vers les diplômes militaires, même si nous en avons conservé trop peu.
Rappelons les mises au point qui avaient été faites dans le colloque tenu à Passau en 1984,
et publié par W. Eck et H. Wolff en 1985117 ; je signalerai, pour le domaine qui nous occupe
ici, la communication d’H. Wolff sur les privilèges des vétérans118, et celle de Μ. P. Speidel
sur la patrie des vétérans119. Parmi ceux-ci, on connaissait déjà l’origine belge ou
germanique de certains vétérans, comme le montre la liste ci-dessous :
35 La liste publiée par Μ. P. Speidel n’a guère été modifiée depuis 1984 par la publication des
nouveaux diplômes militaires. En tous cas, elle confirme l’emploi systématique
d’indigènes dans les unités ethniques recrutées et stationnées dans le territoire
germanique avant la révolte de Civilis ; si le recrutement n’a pas cessé ensuite, on a pris
soin d’envoyer les recrues hors de leur cité d’origine, comme je l’ai déjà indiqué.
36 Il faut évidemment se poser un autre problème : celui de l’insertion des vétérans dans la
vie locale. Il a été répété bien des fois120 que, tout naturellement, les vétérans, installés
dans des cités, pouvaient appartenir à la gentry locale, et même y jouer un rôle important.
En effet, leur prime de démobilisation leur permettait d’acquérir les terres fondant le
patrimoine des notables locaux. Cependant, nos vétérans semblent n’avoir pas participé à
la vie municipale. Dans une cité comme Metz, les quatre vétérans connus sont restés des
priuati. Passons à une ville importante comme Cologne, dont on connaît le statut de
colonie romaine obtenu grâce à Agrippine en 50 : d’une part, on ne possède que quelques
mentions des magistrats de la cité et d’autre part, aucun de nos retraités militaires, qu’ils
viennent des légions ou des unités auxiliaires, ne semble avoir joué quel que rôle que ce
soit dans l’administration de la cité. Des vingt-trois vétérans, repérés dans la cité ou sur
son territoire, il n’est personne qui ait participé à la vie de la communauté, ou qui se soit
acquitté d’une fonction publique, même pas les anciens légionnaires. On pourrait peut-
être, dans ce cas, penser aux barrières censitaires, qui étaient peut-être très élevées dans
la capitale de la Germanie inférieure ; mais, parmi nos retraités, il y avait des principales
qui auraient peut-être été en mesure de posséder le cens nécessaire à toute carrière
municipale.
37 Cela est vrai aussi pour d’autres colonies, comme Xanten121, la colonia Vlpia Traiana. Cela
amène à s’interroger sur la place réelle que jouent dans les sociétés locales les anciens
militaires. À titre de comparaison il faut alors considérer d’autres provinces à forte
garnison. On est parfois ébloui par des réussites exceptionnelles : quittant le Nord pour
l’Afrique, on peut citer le cas de Q. Gargilius Martialis, vétéran et flamine perpétuel à
Auzia, dont le fils homonyme devint officier équestre122, ou Hostilius Saturninus, de même
origine123. Mais des travaux plus récents sur le Maghreb montrent bien qu’il faut parfois
se méfier des idées reçues ; ainsi, une étude sur les notables de Byzacène, récemment
présentée par S. Belkhaya124, montre bien la faible part prise par les vétérans à la vie
locale, là où ils s’installent. X. Dupuis125, pour la Numidie, est parvenu aux mêmes
conclusions. Assez récemment, des travaux similaires ont été entrepris sur la couche des
élites locales dans les régions rhénanes et danubiennes. Il faut se reporter à la thèse de L.
Mrozewicz126, recensée par J. Kolendo127 et aux publications qui l’ont suivie128 ; leur auteur
parvient à des constatations identiques à celles de S. Belkhaya et de X. Dupuis : les
vétérans sont très peu nombreux dans les curies locales. Il en va de même en Dacie,
d’ailleurs129.
38 En précurseur, Fr. Jacques130 avait déjà insisté sur ce fait, et sur la faible représentation
des vétérans dans les élites décurionales, et il présentait une explication plausible : nos
329
vétérans ont sans doute voulu profiter de leurs privilèges d’immunité131, en se tenant en
marge de la vie politique locale. Il faut dire que, s’ils acceptaient volontairement l’entrée
dans les curies, dans ce cas, ils perdaient leur immunité ou devaient négocier avec les
autorités locales le maintien de ces privilèges, en ne supportant seulement, par exemple,
que les dépenses « liées aux honneurs »132. On comprend parfaitement, dans ces
conditions, que les vétérans se soient gardés de revendiquer une participation à
l’administration de la cité où ils s’étaient retirés. En fait – et c’est ce que l’on peut
constater ailleurs – ce sont les fils de vétérans qui allaient devenir des notables
municipaux actifs, sans compter d’autres promotions encore plus prestigieuses ; mais, là
encore, il serait nécessaire de consacrer une enquête exhaustive à ce phénomène.
39 Quant à nos vétérans belges et germaniques, ils ne semblent pas avoir eu la moindre envie
de renoncer à leur immunité, puisqu’on n’en connaît pas qui ait accepté des charges
municipales. Jouer un rôle important dans la capitale de la Germanie inférieure 133 leur
était sans doute impossible. Pour les autres cités, il vaut sans doute mieux ne pas risquer
d’hasardeuses spéculations.
40 S’il n’a pas été possible, dans le cadre de cette enquête préliminaire, ni d’aborder ni de
traiter toutes les questions liées à la condition des vétérans en Belgique et en Germanie
inférieure, quelques conclusions peuvent être tirées, en dépit de la ténuité de la
documentation conservée : il suffit de comparer les effectifs théoriques des unités
stationnées dans les contrées belge et germanique et les quelques documents attestant la
présence des vétérans pour s’en convaincre.
41 Ainsi, l’étude de la localisation des vétérans montre bien que ceux-ci s’établissent de
préférence près du cantonnement de leurs anciennes unités, comme Vetera, Asciburgium,
Nouaesium… ou dans les villes : nous avons évoqué le cas de Metz. À cet égard, le cas de
Cologne est particulièrement éclairant, car il démontre l’attirance du caput prouinciae
pour les soldats retirés du service. Donc, la participation des vétérans à la romanisation
générale reste faible. En revanche, l’attrait de la romanisation personnelle joue pour
l’enrôlement des pérégrins dans les auxilia, par exemple, comme l’indiquent les
recrutements d’indigènes que nous avons notés pour toute la période envisagée ici, les
trois premiers siècles de l’Empire.
42 D’autre part, on assiste, dans les cités où sont installés les vétérans, à l’émergence d’un
phénomène remarquable : la coexistence, au sein d’une même collectivité de deux entités
sociales bien distinctes, l’une purement civile, l’autre formée des anciens militaires,
simples soldats et sous-officiers. Bien que profitant d’un certaine aisance, ils ne
s’intègrent pas dans cette partie de l’élite locale représentée, mais en partie seulement,
par les membres de la curie, les anciens magistrats et leurs familles, les titulaires de
sacerdoces, etc… Les vétérans, jouissant de privilèges personnels importants, ne
désiraient pas y renoncer ; mais il est frappant de constater, en Belgique comme en
Germanie, leur abstention totale ; il faudra s’assurer si la même discrétion s’observe dans
la toute proche Germanie supérieure134.
43 On constate donc qu’en Belgique et en Germanie inférieure, l’installation des anciens
soldats ne semble pas liée au développement de la romanisation. Les vétérans profitent
des avantages de leur statut, dont la citoyenneté fait partie, sans s’intégrer véritablement
à la collectivité dans laquelle ils s’établissent. Ils se satisfont des privilèges accordés à
eux-mêmes et à leurs familles à titre individuel. La municipalisation s’est effectuée sans
leur concours ; ils n’ont pas été le ferment de la présence romaine.
330
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie complémentaire
ALFÖLDY, Germania ▪ G. ALFÖLDY, Die Hilfstruppen in der Germania inferior, Bonn, 1968.
DEMOUGIN, CJC ▪ S. DEMOUGIN, Prosopographie des chevaliers romains julio-claudiens, Rome, 1992.
RO2 ▪ A. von DOMASZEWSKI, Die Rangordnung des römischen Heeres, 2. Aufl. von B. DOBSON, Cologne -
Graz, 1967.
STEIN, Beamten ▪ E. STEIN, Die kaiserzeitlichen Beamten und Truppenkörper im römischen Deutschland
unter dem Pinzipat, Vienne, 1932.
ANNEXES
A. LÉGIONS
L. Metilius P. f. Fab.,
3 av. 43 CIL XIII8288 = IKöln 224
ueter. leg. XX
Legio V Alaudae
M. Iulius M. f.,
1 av. 50 CIL XIII 8711, prope Heerlen
missus leg V
L. Poblicius L. f. Ter.,
2 av. 50 S-H 172 = IKöln 216
uetera. leg. V Alauda
Legio I
[Au]relius A. f. [Le]m.,
1 [mis]sus ex leg. I, av. 50 CIL XIII 8276 (ILS 2324) = IKöln 207
[uex]slo C. Lucretei
L. Stertinius L. f. Volt.,
4 av. 50 CIL XIII 7776, Uhrbach
uet. ex leg. 1
A. Volsonius A. f. Cla.
5 Paullus. av. 70-1 N144, Kierdorf
uet. ex leg. I
332
M. Metius L. f. Rom.
2 Marcellus, av. 83 CIL XIII 8556, Nouaesium
ueteranus ex leg. XXI
M. Vettius Saturninus,
1 ciuis Traianensis, uet. leg. XXII 90-97 CIL XIII 8652, Vetera
P.p.f.
Legio VI Victrix
Iulius Macro,
1 av.97 CIL XIII 8549, Nouaesium
uet. leg. VI Vic. p.f.
L. Vettius M. f. Publilia
2 Firma[n]us, av.97 CIL XIII 8590, Asciburgium
uetera[n.] leg. VI Vic. P.f.
Legio X Gemina
Iulius Genialis,
2 75-102 AE 1990 739, Empel139
ueter. leg. X G.p.f.
M. Val(erius) Celerinus
Papiria Astigi,
3 75-102 CIL XIII 8283 = IKöln 219
ciuis Agrippine(nsis), ueter. leg.
XG.p.f.
Claudius Ianuarius,
4 75-102 CIL XIII 8715, Nouiomagus
ue[t.] leg. X [Gem. p.f]
333
M. ? [- C]eler,
5 75-102 CIL XIII 12006, Aquae
ue[t.] leg. [X G]eminae
Legio I Mineruia
Claudius Saturninus,
2 100-200 CIL XIII 8280 = IKöln 213
uet. leg. I Pri. Min.
C. Iulius Agelaus,
3 100-200 N198, Bonna
uet. leg. 1 M. p.f.
C. Iulius Maternus,
4 100-200 CIL XIII 8267a = IKöln 196
uet. ex leg. I
[. Opponiu]s Pater[nus ?]
5 Agripp(a), 100-200 ? CIL XIII 8002, Lessenich prope Bonnam
uet. ex c. a. leg. I
P. Vettius Satuminus,
6 100-200 N182, Bonna
uet. leg. 1 M.
Iulius Primus,
7 100-270 CIL XIII 8222 = IKöln 105
uet. leg. 1 Mineruiae
T. Aurelius Rufinus,
8 100-270 CIL XIII 8277 = IKöln 211
ueteranus leg. I M.
M. Aurelius Victorius,
9 100-270 CIL XIII 8279 = IKöln 212
uet. leg. p.
10 Aur(elius) Aristanaetus, ueteranus leg. IM. 180-270 CIL XIII 8278 = IKöln 210
Iulius Hilario,
1 120-150 ? CIL XIII 8666, Burginatium
ueteranus ex legione XXX V. V.
P. Gratinius Primus,
2 120-200 ? CIL XIII 8567, Nouaesium
u(e)t(e)r. leg. XXX V. V.
M. Caesius L. f. Mutilus,
3 120-200 CIL XIII 8591, Asciburgium
ueter. leg. XXX V. V.
Priminius Tullius,
4 120-200 ? CIL XIII 8601, Vetera
ue[t.] leg. XXX V. V.
334
C. Seuerinius Vitealis,
5 ueteranus honestae missionis 120-200 CIL XIII 8293 = IKoln 231
ex bf. cos. leg. XXX V. V.
C. Sextilius Lepidus,
6 120-200 ? CIL XIII 8609, Vetera
uet. leg. XXX V. V.
8 M. Ulp(ius) Aspadius,
[Iu]l(ius) Victor,
9 misssi hon, missione ex signiff.
leg. XXX
Q. Mattonius [-],
10 180-220 IKöln S II 16 (AE 1984 662)
uet. leg. XXX [V. V.]
[-]MP Ant[-],
11 180-250 CIL XIII 8294 = IKöln 232
ueteranus leg. XXX V. V.
Flauiu[s Seueru]s,
12 120-250 ? CIL XIII 8638, Vetera
uet. leg. X[XX] V. V.
Iul(ius) Vitalis,
13 120-250 ? CIL XIII 8622, Vetera
uet. leg. XXX
Pontius Crescens,
14 120-250 ? CIL XIII 8636, Vetera
uet.
B. ALAE
M. Lucilius Secundus,
1 decurio mis(sus) ex ala Front., av. 70 CIL XIII 8558, Nouaesium
domo Camppili
Ala I Thracum
Valentius Bititralis,
1 117-150 CIL XIII 8818, Traiectum
uet. ex n. al. I [Tr]achum
335
Flauius Simplex,
1 70-96 CIL XIII 10024, 34 (ILS 9146), Vetera
u(e)tr. ex dup. al(a)e
M. Traianius Gumattius
2 Gaisionis f., ca. 100 CIL XIII 8806, Dodewaard
uet. alae Afror.
[-]us Rufinus,
2 70-117 CIL XIII 8503 (IKöln 251), Diuitia
[ueteran]us ex dec. [alae felici]s Moesicae
Ala Noricorum
M. Cocceius Dasius,
1 70-98 CIL XIII 8243 (ILS 9270) = IKöln 157
uet. alae Noric.
C. COHORTES
Cohors I Germanorum
Cohors Silaucensium
M. Cassius Verecundus,
1 IIIe s. CIL XIII 11982, Rigomagus
ueter. ex coh. I Hispano.
D. NVMERI
Numerus Brittonum
[-]stis Dirimes[us],
1 [uetera?]nus, item cu[rat(or) n. IIIe s. CIL XIII 8492 (ILS 4630), Diuitia
Bri(t)o]num
Ro[..]h Inge[nuus],
1 IIIe s. CIL XIII 8683, Neu-Luisendorf
uet. n. e[xpl. G]erm.
G. Iulius Max(i)minus,
emeritus legionis VIII, 70-71 au plus CIL XIII 3983 (ILB 84), Vicus
1
b(e)neficiarius procuratoris, tôt141 Orolaunum
onesta missione missus
337
Q. Domitius Sextus,
2 IIe s. CIL XIII 4330, Diuodurum
ueteran[us]
IIe s. au plus
3 Veranius Aestiuus, ueteranus AE 1976 476, Diuodurum
tôt
Q. Ancharius Q. f. [-]T[-],
3 av. 50 CIL XIII 8301 = IKöln 241
ueter. leg. [-]
Tiberius Cl(audius)
5 Romanius, pas av.180 S-H 173 = IKöln 125
ueteranus
M. Valerius Superans,
6 200-220 CIL XIII 8214 = IKöln 94
m(issus) h(onesta) m(issione)
C. I[u]l. [A]prilis,
7 223 AE 1975 652 (CBI 94), Zierikzee
ueteran[us ex bf.] cos.
C. Tauricius Verus,
233 et N-L 221 = IKöln 202 ; cf. CIL XIII 8841, ad Rhenum
8 uet. ex bf. cos., equestris militiae
après et N159, Bonna143
petitor
[-]rianus,
11 - CIL XIII 8746, Nouiomagus
ue[t]e[r. ?]
Post-scriptum
Mme M.-Th. Raepsaet-Charlier me signale aimablement un diplôme militaire découvert
en Germanie inférieure à Elst en 1988, mentionné par J. E. Bogaers144, et qui n’est pas
encore publié à ce jour. Ce diplôme fut remis à un Batave, de l’ala la Batauorum, le 20
février 98.
Il existe d’autres diplômes militaires, ou textes similaires, concernant la Germanie
inférieure, dont il n’a pas été tenu compte dans cet article, car on manque de données sur
l’affectation du récipiendaire, son identité et sa nationalité : il s’agit d’un diplôme
militaire trouvé à Flémalle145, d’un autre diplôme militaire de Clèves146, et d’une tabula
honestae missionis, venant de Han-sur-Lesse147.
NOTES
1. L. KEPPIE, Vexilla veteranorum, PBSR 41, 1973, p. 8-17.
2. RO 2, p. 81.
3. L. J. F. KEPPIE, Colonisation and Veteran Seulement in Italy, 47-14 A. C., Londres, 1983 ; ID.,
Colonisation and Veteran Settlement in Italy in the first Century A.D., PBSR 52, 1984, p. 49-71.
4. J.-C. MANN, Legionary Recruitment and Veteran’s Settlement, Londres, 1983.
5. E. M. WIGHTMAN, Gallia Belgica, Londres, 1985, n’aborde jamais ce problème.
6. B. DOBSON, RO 2, p. XX.
7. E. RITTERLING, RE, XII, 2 ,1925, s.v. legio.
8. ALFÖLDY, Germania.
9. On peut toujours se reporter au livre canonique, STEIN, Beamten.
10. CIL XIII 8283 = lKöln 219.
11. E. RITTERLING, op. cit. (n. 7), col. 1422-1433.
12. B. et H. GALSTERER, Die römischen Steininschriften aus Köln, Cologne, 1975 (IIn).
13. B. et H. GALSTERER, Ep. Stud. 12, 1981, p. 225-264 ; 13, 1983, p. 167-206 (IKöln S I et S II).
14. B. et H. GALSTERER, Kölner jahrbuch 20, 1987, p. 83-109.
15. B. et H. GALSTERER, Kölner Domblatt 57, 1992, p. 296-300.
16. C. Iulius Matemus, CIL XIII 8267 = IKöln 196 ; Iulius Primianus, CIL XIII 8222 = IKöln 105 ; C.
Iulius Agelaus, N 198, Bonna. Pour les datations, se reporter à l’appendice. Peut-être aussi de la la
Mineruia, C. Iulius Aprilis, beneficiarius cos. , CIL XIII 8204 = IKöln 67 = CBI 67, puis vétéran ex
beneficiario, adorateur de la déesse Nehalennia - ce qui semble peut-être indiquer son origine, AE
1975 652 = CBI 94, Zierikzee.
17. Claudius Saturninus, CIL XIII 8280 = IKöln 213.
18. M. Aurelius Victor, CIL XIII 8279 = IKöln 212 ; T. Aurelius Rufinus, CIL XIII 8277 = IKöln 211 ;
Aurelius Aristaenetus, CIL XIII 8278 = IKöln 210 ; [.] Aurelius Arusenius, CIL XIII 8066, Bonna ; ils
appartiennent tous aux IIe/IIIe s.
19. Voir les références supra, n. 16.
20. Cf. supra, n. 18, pour les références.
21. N 182, Bonna.
22. M. Caesius L. f. Mutilus, CIL XIII 8591, Asciburgium.
23. Pontius Crescens, CIL XIII 8636, Vetera.
24. P. Gratinius Primus, CIL XIII 8567, Nouaesium ; Priminius Tullius, CIL XIII 8601, Vetera ; C.
Seuerinius Vitalis, CIL XIII 8293 = IKöln 231.
339
62. La documentation n’a conservé que la mention de quelques officiers des cohortes de Bataves ;
parmi eux, certains sont considérés comme des Bataves, ou du moins originaires de Germanie
inférieure, comme cela ressort des listes que l’on peut établir à partir des notices publiées par H.
Devijver :
Cohors la Batauorum
C’est sur la cohors VIIIIa Batauorum que nous sommes le mieux renseignés, grâce aux documents
de Vindolanda, du début du règne de Trajan. Mais il me semble qu’on ne peut pas tirer de
conclusions générales, étant donné que des officiers originaires d’autres parties de l’Empire ont
commandé aussi ces unités. Par ailleurs, il faut replacer ces commandements dans une
perspective chronologique : les officiers de la IIIa Batauorum, considérés commes des Bataves, ont
dirigé cette unité au IIIe siècle, donc près de deux siècles après la révolte de Civilis.
63. T. Vindol. 1 et 2 ; pour le premier volume, voir les remarques d’A. R. BIRLEY, ZPE 88, 1991,
p. 87-101.
64. Par là disparaissent toutes les spéculations sur la disparition des cohortes Batauorum IV à VIII ;
cf. ALFÖLDY, Germania, p. 47.
65. K. STROBEL, Anmerkungen zur Geschichte der Bataverkohorten in der hohen Kaiserzeit, ZPE
70,1987, p. 271-292.
66. K. STROBEL, op. cit., p. 273, n. 19.
67. Pour le personnage, PME Suppl. 2, p. 2103, F 49 bis bis.
68. Pour Q. Petillius Cerialis Caesius Rufus, voir W. ECK, Die Statthalter der germanischen Provinzen
vom 1-3 Jahrhundert, Ep. Stud. 14, Cologne, 1985, p. 135, no 13.
69. CIL XVI 164.
70. PME Suppl. 2, p. 2106, F 49 bis bis.
71. A. R. BIRLEY, Vindolanda. Neue Ausgrabungen, 1985-6, dans Akten 14. int. Limeskongr. 1986 in
Carnuntum, Vienne, 1990, p. 333-339.
72. PME A 26.
341
73. A. R. BIRLEY, Vindolanda : Notes on Some New Writing-Tablets, ZPE 88, 1991, p. 87-102, spéc.
p. 95-100, où il est revenu sur cette question, en particulier aux notes 48 et 49.
74. T. Vindol. 2,154 ; 210 ; 211 ; 3132
75. PME Suppl. 2, p. 2150, 1137 bis.
76. T. Vindol. 1, 21, p. 103 ; T. Vindol. 2, 233 ; 243 ; 244 ; 246 ; 248 ; 291. Cf. supra.
77. T. Vindol. 1,21, p. 103.
78. T. Vindol. 2, 291.
79. RIB 770.
80. RIB 358, Isca Silurum.
81. RIB 534, Deua.
82. RIB 887, Olerica.
83. Pour le détail des unités, se reporter à l’Appendice.
84. CIL XIII 8558 Nouaesium ; ALFÖLDY, Germania, p. 189.
85. CIL XIII 8593 (ILS 3567).
86. CIL XIII 8306 (ILS 2543) = IKöln 249.
87. CIL XVI 23 (ILS 9052).
88. CIL XIII 8560 ; cf. ALFÖLDY, Germania, p. 209.
89. CIL XIII 8818.
90. CIL XIII 8243 (ILS 9270) = IKöln 157 ; cf. ALFÖLDY, Germania, p. 181, sur ce surnom, que Ton
trouve en Pannonie et en Dalmatie et aussi en Rhétie.
91. S-H 174 = IKöln 157.
92. CIL XIII 8671 Burginatium ; cf. ALFÖLDY, Cermania, p. 191.
93. CIL XIII 8492 (ILS 4630) ; pour l’onomastique, ALFÖLDY, Cermania, p. 220 ; WEISGERBER, Ubier,
p. 78 ; 357.
94. CIL XIII 8806 Dodewaard ; ALFÖLDY, Cermania, p. 173 ; WEISGERBER, Ubier, p. 83.
95. J’ai adopté la restitution proposée par ALFÖLDY, Germania, p. 223. Pour l’origine indigène
d’après le surnom, cf. WEISBERGER, Rhenania, p. 68 ; 268 ; ID., Ubier, 83.
96. RMD 52.
97. ALFÖLDY, Cermania, p. 165.
98. WEISGERBER, Ubier, p. 85.
99. Cf. supra, n. 91.
100. CIL XIII 8301 = IΚöln 241.
101. AE 1976 476 ; sur le nom et le surnom, WEISBERGER, Rhenania, p. 112 ; ID., Ubier, p. 101.
102. WEISGERBER, Ubier, p. 99.
103. WEISGERBER, Rhenania, p. 425 pour la répartition des noms en -inius ; ID., Ubier, p. 92.
104. WEISGERBER, Rhenania, p. 430 ; ID., Ubier, p. 235.
105. CIL XIII 4331, Diuodurum ; WEISGERBER, Rhenania, p. 112 ; ID., Ubier, p. 81.
106. WEISGERBER, Ubier, p. 98.
107. AE 1993 1196, St Symphorien-les-Autun, Augustodunum, Lugdunensis.
108. CIL XIII 2614, Cauillonum.
109. CIL XIII 1883, Lugdunum.
110. IKöln 125 = S-H 173.
111. D’après CHASTAGNOL, Gentilices, p. 173 : « la cité des Médiomatriques a obtenu le droit latin et
le titre de colonie à un moment difficile à déterminer », moment qu’il plaça plus tard au II e siècle
(communication orale).
112. CIL XIII 4330, Diuodurum, où apparaît toute sa famille, Attonia Barbara (nomenclature
locale), et ses enfants, Domitia Sextia sa fille et Sextus (son fils ?).
342
113. AE 1976 476, Diuodurum, qui nomme aussi sa femme, Sumaronia Tasgilla, et ses enfants
Veranius Verinus et Verania [-] ; sur l’onomastique, cf. S. DEMOUGIN, À propos des
Médiomatriques, CCG 6,1995, p. 188.
114. CIL XIII 4331, Diuodurum.
115. CIL XIII 4329, Diuodurum.
116. CIL XIII 11350 = KTrier 226, pl. 55.
117. W. ECK et H. WOLFF (Éd.), Heer und Integrationspolitik. Die römischen Militärdiplome als historische
Quelle, Cologne - Vienne, 1985.
118. H. WOLFF, Die Entwicklung der Veteranenprivilegien vont Beginn des 1. Jahrhunderts v. Chr. bis auf
Konstantin d. Gr., dans W. ECK et H. WOLFF (Éd.), op. cit., p. 44-115.
119. Μ. P. SPEIDEL, The soldiers’ home, dans W. ECK et H. WOLFF (Éd.), op. cit. (n. 117), p. 467-481.
120. Voir par exemple P. PETIT, Histoire de l’Empire romain, Paris, 1974, p. 202 ; G. ALFÖLDY, Histoire
sociale de Rome, Paris, 1991, p. 155 ; et encore les remarques de F. VITTINGHOFF, dans Handbuch der
europäischen Wirtschafts- und Sozialgeschichte. I, Stuttgart, 1990, p. 242, sur le rôle important joué
par les vétérans là où ils s’étaient installés, et J. D’ARMS, ibid., p. 403 qui considère, pour l’Italie,
que le niveau économique des vétérans les amenait à jouer un rôle important dans la vie locale.
Cette question est à reprendre pour les vétérans installés en Italie.
121. Cf. RUPPRECHT, Dekurionenstand, p. 206.
122. CIL VIII 9047 = 20750 (ILS 2767) ; VIII 20736, Auzia.
123. CIL VIII 4437 = 18596 ; 4436 = 18596, Lamsorti, Numidia.
124. S. BELKHAYA, Élites des cités de Byzacène, du Ier au IVe siècle ap. J.-C., thèse de l’Université de Paris
I, ex. dact., septembre 1994, p. 126-127. Il y a deux exemples de vétérans installés : tout d’abord,
T. Flauius Secundus de Cillium, qui n’est pas dit vétéran expressis uerbis, mais cela ressort
clairement de son épitaphe ; d’autre part, à Ostie, un vétéran de la première cohorte du prétoire,
décurion et duovir à Uluzibbira, et membre du collège des importateurs de vins à Ostie. Dans la
région, on rencontre aussi des soldats encore en activité, comme Aemilius Pudens, frère du préfet
du prétoire Aemilius Laetus, centurion et duovir quinquennal à Thaenae.
125. X. DUPUIS, La participation des vétérans à la vie municipale en Numidie méridionale aux II e et IIIe s.,
dans 4e Coll, sur l’histoire et l’archéologie de l’Afrique, 113 ème Congrès national des Sociétés Savantes,
Strasbourg, 1988, p. 343-354 : sur les vétérans installés en Numidie, 19 vétérans, soit 7 % du total
connu ont géré des charges municipales.
126. L. MROZEWICZ, Municipal Aristocracy in Roman Provinces on the Rhine and the Danube, in the Period
of Early Empire, (I-III centuries), Poznan, 1989.
127. JRA 4, 1991, p. 327-330.
128. L. MROZEWICZ, Die Veteranen in den Munizipalrâten an Rhein und Donau zur hohen
Kaiserzeit (I.-III. Jh.), Eos 77,1989, p. 65-80. Pour ces régions, l’auteur établit que 5,8 % des
vétérans se retrouvaient dans les conseils municipaux, et que seuls 1 % de leurs fils entraient
dans l’aristocratie municipale.
129. R. ARDEVAN, Veteranen und stâdtische Dekurionen im römischen Dakien, Eos 77,1989,
p. 81-90. Il n’y a, sur tout le territoire dace, que 29 inscriptions mentionnant l’entrée des vétérans
dans les curies, et ils restent presque tous simples décurions.
130. JACQUES, Privilège, p. 629-630.
131. Voir l’article de H. WOLFF, signalé supra, n. 118.
132. JACQUES, Privilège, p. 624-625.
133. On ne peut rien dire de la capitale de la Belgique, Reims, cité pour laquelle nous n’avons pas
de documentation.
134. En revanche, et à titre de comparaison, on peut citer en Rhétie ce [.] Iulius C. f. Quir. Pintam
[us], domo ex Hisp(ania) citerio[re] Augusta Brac(ara), uet(eranus) ex dec(urione) a[l(ae)], époux d’une
343
NOTES DE FIN
*. Les inscriptions conservées au Musée de Cologne citées dans cet article l'ont toujours été sans
leur localisation exacte, mais elles proviennent toutes de la ville et du territoire de la cité.
AUTEUR
SÉGOLÈNE DEMOUGIN
Directeur de recherche émérite, Centre national de la recherche scientifique et directeur
d’études à l’École pratique des hautes études – Section des Sciences historiques et philologiques
104, rue du Théâtre - F-75015 Paris
345
Aspects religieux de la
municipalisation. Quelques
réflexions générales
John Scheid
sources romaines. Quelles étaient les effets religieux des transformations subies par les
structures traditionnelles des zones occupées, en l’occurrence celles des pays gaulois ? La
« romanisation » n’entraînait pas seulement l’occupation militaire et l’action de
l’administration provinciale romaine, elle transformait également les structures du
quotidien par ce qu’on appelle communément la municipalisation. Cette transformation
ne se fit pas sans violence. Leur ancienneté et surtout leur hégémonie culturelle protégea
les cités grecques contre des modifications radicales, mais on sait qu’en Italie
l’intégration rapide des communautés italiques après la Guerre sociale fit disparaître en
deux ou trois générations l’essentiel du droit et des langues italiques1. Quant aux religions
italiques, elles se sont fondues à tel point dans le moule romain qu’il est difficile
d’identifier les rites spécifiques de ces cités sous l’Empire.
4 La seule information claire que l’on peut prendre en compte d’emblée, pour étudier la
transformation des religions de l’Italie ou de la Gaule romaine, est le fait que,
manifestement, il n’existait pas de conflits graves entre les systèmes religieux respectifs 2.
Des conflits aigus et prolongés laissent des traces. L’exemple le mieux connu est la
réaction des Juifs à l’occupation de leur pays, qui se traduisit par un soulèvement et par
une transformation progressive du judaïsme lui-même3. À l’exception de quelques
soulèvements limités, ces traces n’existent pas dans les Gaules. Les élites locales n’y ont
pas considéré la confrontation des deux systèmes religieux comme un problème
important. Pour dépasser ces constatations générales, il convient de poser le problème en
termes empiriques, c’est-à-dire il faut s’appuyer sur des sources précises et assez riches
pour permettre d’élaborer un modèle pour penser les conséquences religieuses de
l’occupation des provinces. On ne peut guère s’appuyer, pour ce faire, sur les modèles
fournis par l’anthropologie contemporaine, puisqu’ils sont fondés sur l’opposition entre
les religions monothéistes des nations européennes et les religions souvent polythéistes
des colonies. Lorsque les deux adversaires possèdent des religions polythéistes ignorant
le prosélytisme, les réactions et les interactions sont très différentes. Bref, pour étudier
l’acculturation religieuse d’un peuple par un autre, il faut d’abord savoir ce qu’ils
entendaient tous deux par la religion, et il faut savoir également ce qu’on comprend soi-
même par ce terme.
I. Remarques préliminaires
5 Même si les sources attestent globalement un forte homologie entre les pratiques
religieuses dans les Gaules et dans le monde romain, elles sont encore loin d’offrir une
connaissance précise des conséquences de la « romanisation ». L’une des voies pour sortir
de cette impasse consiste à poser la question du point de vue romain : qu’est-ce que la
présence romaine a nécessairement changé ?
6 Outre la défaite militaire et les massacres, destructions et déportations en esclavage
qu’elle a entraînés dans certaines régions des Gaules, l’occupation romaine s’est traduite
avant tout par la perte de l’autonomie absolue. La deuxième transformation importante,
qu’elle ait été voulue ou non par les élites gauloises, a été l’instauration progressive des
cités sur le modèle de la cité romaine. C’est un fait qu’un demi-siècle après la conquête et
la fin des Guerres civiles romaines, la plupart des peuples des Gaules ont commencé à
s’organiser dans le cadre de cités, qu’elles fussent pérégrines, libres, fédérées, latines ou
romaines4. Désormais toutes les relations sociales s’effectuaient dans le cadre formel des
cités. Sans parler des municipes ou colonies romaines, cette « romanisation » est
347
évidemment plus profonde et rapide dans les cités jouissant du droit latin, dans la mesure
où ce statut les contraignait d’adopter les formes et les procédures du droit civil romain :
comment imaginer que cette formalisation de la patria potestas, des héritages, du tutorat
etc. n’ait pas durablement affecté les conduites et les mentalités5 ? Les relations avec les
dieux furent également réorganisées dans ce cadre, dans le cadre de la cité. Et pour se
faire une idée des changements produits sur le plan religieux, il suffit d’étudier les
constitutions municipales qui sont conservées. Avant d’étudier ce modèle romain de la
municipalisation il convient toutefois d’ajouter aux considérations que je viens de faire
quelques remarques supplémentaires, pour mieux définir l’objet de l’enquête.
7 L’étude comparative des religions grecque et romaine apprend qu’on ne peut pas parler
de la religion des Grecs ou des Romains, de manière synthétique, en versant dans la même
catégorie tous les témoignages de pratique religieuse concernant des Grecs et des
Romains. Car les sources montrent que dans le monde gréco-romain les religions et les
communautés religieuses étaient autonomes. On ne peut pas confondre le système
religieux des différentes cités ni même toutes les pratiques religieuses qui se déroulent à
l’intérieur d’une même cité. Il n’existait ni besoin de tout unifier, ni volonté ou autorité
pour ce faire. Bien entendu, les différences peuvent paraître minimes et on peut parler de
culture religieuse commune, mais sur le plan formel, il est inexact de dire que les
Italiques, les Étrusques ou les Gaulois avaient une religion : les différentes cités étrusques
ou italiques pouvaient posséder une telle religion collective, mais entre ces cités il
n’existait que peu de liens religieux. Parler de la religion des Samnites ou des Germains
n’a donc qu’un sens rhétorique. On annonce par là le secteur géographique auquel on se
réfère, et non un corps de pratiques et de croyances partagées par tous les Samnites et
Germains.
8 En mettant à part les Romains, on peut considérer qu’il n’existe qu’une situation dans
laquelle on puisse parler de la religion de tel ou tel peuple. Posséder une même religion
signifie que l’on appartient à la même communauté religieuse et qu’on célèbre en
commun des rites. Les citoyens romains constituent effectivement une énorme masse
possédant, du point de vue formel, un culte commun : la religion publique de la cité de
Rome, telle qu’elle est célébrée à Rome ou partout où les Romains agissent publiquement
par l’intermédiaire des magistrats, promagistrats et prêtres du peuple romain. Mais les
citoyens romains n’appartenaient pas tous d’office à la communauté religieuse publique
des colonies ou des municipes romains ; s’ils n’y étaient pas officiellement enregistrés, ils
n’avaient pas davantage de devoirs religieux dans ces communautés qu’ils n’y jouissaient
d’emblée du droit de vote local. Une telle collectivité religieuse, une telle religion
commune n’existaient pas partout ni toujours. Avant la conquête romaine, les Gaulois ou
les Germains ne se trouvaient dans un contexte collectif que lorsqu’ils faisaient la guerre
ensemble, ou du moins lorsqu’ils tenaient de grandes réunions qui, d’ailleurs,
débouchaient généralement sur des guerres communes. C’est dans ce cadre qu’ils
devaient célébrer des rites collectifs qui s’inspiraient de traditions partagées et
partageables par tous. On peut supposer, par exemple, que lorsque des Celtes faisaient la
guerre ensemble, ils aient sacrifié – selon un rite que nous ne connaissons pas – à la
divinité politique et guerrière qu’ils appelèrent plus tard Mars. Ces rites communs ont pu
jeter les bases de ce qui est devenu, à l’époque romaine, la religion publique de telle ou
telle cité. Nous ignorons bien entendu presque tout de cet embryon de religion collective
des peuples gaulois. En tout cas, pour ceux qui ne vivaient pas selon le mode
méditerranéen avant la conquête, on aboutit ainsi au paradoxe que leur unité
348
permanente et aussi leur religion collective n’ont, au fond, existé qu’à partir du jour où ils
ont fondé, dans le nouveau cadre institutionnel, une cité avec un chef-lieu, un calendrier,
des magistrats et des prêtres communs. Auparavant leur religion étaient morcelée entre
plusieurs lieux de pouvoir et clans ; sous la poussée des événements, la synthèse entre ces
diverses composantes fut réalisée par l’évolution institutionnelle. La religion de telle ou
telle cité gauloise fut, en fait, un effet de la conquête romaine.
9 Les Anciens évoquent, certes, la religion ou les dieux des Samnites ou des Gaulois. Mais,
comme je l’ai dit, il faut éviter d’utiliser sans critique préalable les textes et les
descriptions de César, Diodore, Cicéron ou Tacite, comme si ces auteurs décrivaient des
systèmes religieux universels, semblables aux religions du Livre. Il s’agit, en fait, chez ces
auteurs d’abstractions généralisant certaines pratiques ou représentations, dont rien
n’apprend quand elles ont été observées. César et son ami Divitiac parlent-ils des Gaulois
qui les entourent, qui sont leurs amis, ou de tous les Gaulois ? S’agit-il de leurs dieux
publics ou de leurs dieux privés ? Pour qui connaît les sources littéraires antiques, et sans
même évoquer la question des emprunts entre auteurs, il est patent que les
généralisations sont faites avant tout pour spéculer et pour construire des figures
typiques, tantôt positives tantôt négatives, de l’adversaire. Qu’il y ait des traits pertinents
dans ces documents va de soi. La difficulté réside dans le fait qu’on ne sait pas desquels il
s’agit, et que le rapport avec la réalité archéologique ou épigraphique de telle ou telle cité
n’est jamais clair. Ajoutons que dans les systèmes religieux polythéistes (et les cités
gauloises appartenaient indubitablement à cette catégorie), les dieux des autres n’étaient
pas de faux dieux. Leur adoption ne posait pas les mêmes problèmes que dans les
religions monothéistes. La vénération et l’adoption des dieux des autres étaient, d’après
la formule d’A. Bendlin, « an additive extension of an open System »6.
10 On a pu montrer au cours des deux décennies passées que c’est dans ce cadre que se
développent les religions du monde gréco-romain, et que c’est notamment le culte dit
public qui livre le plus de renseignements sur les pratiques religieuses7. Or, il me semble
que cette référence au modèle de la cité est parfois mal comprise.
11 Ainsi reproche-t-on au modèle de la religion civique, déjà utilisé par les anciens eux-
mêmes8, de ne pas englober toute la religion et de ne pas rendre compte de toute la
complexité de la vie religieuse. Ce modèle n’aurait, par exemple, rien à dire des pratiques
religieuses privées9. C’est exact, si l’on met à part le mépris dans lequel on tenait
officiellement la superstition publique ou privée. Mais en fait le problème est mal posé. Ce
que le modèle civique de la religion, le polis-model, étudie, ce sont les cultes publics, et rien
d’autre ; et par cultes publics on désigne ceux qui sont célébrés pour le corps civique,
nous dirions l’État, dans son ensemble et à ses frais, par les autorités temporelles de cette
collectivité. D’après les sources antiques, c’est ce type de pratique religieuse qui jouissait
du rang le plus important dans les cités. Les cultes des quartiers, des villages, des collèges,
les cultes domestiques ou les dévotions individuelles étaient, du point de vue de la cité
concernée, subordonnés au culte public, qui intéressait tous les citoyens, et non
seulement une partie d’entre eux. Ce type de religion est évidemment particulier et
relativement exotique pour les Occidentaux, mais comme on l’a montré depuis
longtemps, cette originalité ne suffit pas pour en faire un type religieux mineur ou
décadent10. L’importance du cadre « poliade » pour étudier et tenter de comprendre les
grandes lignes des conduites religieuses des Anciens provient aussi du fait qu’il est
impossible, dans le monde gréco-romain, de séparer la religion de son contexte social : il
ne s’agit pas (encore) de religions universelles supra-sociales. Que cette « embeddedness »
349
pose des problèmes est évident, mais ces difficultés tiennent à l’objet même et à nos
préjugés, et non à l’approche. C’est comme si Ton séparait le droit civil contemporain des
grands principes de la république et de la notion de citoyen.
12 Il ne faut pas s’appuyer, par ailleurs, sur l’opposition entre cultes privés et cultes publics,
au sens où les uns seraient riches, proches du religieux tel que les Occidentaux le
définissent (généralement d’après le modèle chrétien), et les autres « simplistes ». Si les
chercheurs privilégient les cultes publics, c’est également parce qu’en raison de leur
caractère officiel et des moyens matériels que ce statut leur donnait, ils sont les seuls qui
ont laissé des traces assez détaillées et précises pour permettre d’étudier le
fonctionnement du religieux : on sait infiniment plus de choses sur les sacrifices publics
que sur les sacrifices privés. C’est malheureux, mais cela ne signifie pas que les personnes
privées ne sacrifiaient pas, ni que leur pratique était sensiblement différente de celle des
magistrats ou prêtres publics11. Il serait heureux de disposer d’une documentation plus
équilibrée, pour ne pas privilégier les cultes publics. Mais les faits sont ce qu’ils sont.
Mieux vaut un peu d’histoire que pas d’histoire du tout. D’ailleurs, il n’est pas certain que
les cultes des communautés subordonnées, domestiques, et davantage encore celles des
quartiers, des associations, aient été substantiellement différents des pratiques publiques.
Car on peut se demander si des personnes qui consacrent autant de temps, d’argent et
d’attention à des cultes publics, vivent une vie religieuse complètement différente chez
eux. D’une manière ou d’une autre ces attitudes religieuses étaient complémentaires, et le
problème provient sans doute d’une surévaluation anachronique de la religion « privée ».
13 G. Woolf soulève deux autres difficultés inhérentes au polis-model. Il considère que ce
modèle ne rend pas compte de la complexité des panthéons et laisse subsister de
nombreux cultes redondants. Cette objection me paraît se résoudre d’elle-même. D’abord
le grand principe des religions du monde gréco-romain était que les divinités
appartenaient comme les mortels à des communautés sociales : cités, subdivisions de
cités, familles. De ce fait, les divinités redondantes peuvent n’être en fait que des versions
socialement différentes d’un même culte que rien n’obligeait à fusionner, puisqu’il
n’existait aucune contrainte ni aspiration à l’unification religieuse. D’autre part l’un des
traits permanents de la théologie polythéiste est sa tendance à segmenter sans cesse la
personnalité et le pouvoir des divinités. Ainsi, dans une religion polythéiste la
coexistence des divinités redondantes est-elle presque nécessaire. Quant à la subsistance
de pratiques « païennes » après la disparition du modèle et de la structure de la cité, elle
me paraît encore confondre culte public et cultes privés qui, du point de vue juridique et
pratique, sont deux réalités différentes. Il était relativement aisé d’arrêter les cultes
publics : il suffisait de fermer les temples publics, de supprimer les subventions publiques
et d’interdire aux magistrats et prêtres de célébrer les rites publics. Il était en revanche
beaucoup plus difficile pour l’État romain d’intervenir dans le domaine privé et surtout
d’y contrôler l’application des interdits, de sorte qu’il n’est pas surprenant que des
pratiques condamnables aux yeux des autorités chrétiennes y aient pu continuer après la
disparition du modèle de la cité. D’ailleurs, il ne faut peut-être pas systématiquement
identifier les pratiques incriminées par les autorités ecclésiastiques postérieures aux
pratiques du « paganisme » classique, sous peine de donner l’impression que le
christianisme ne connaissait pas des pratiques déviantes, et que toute conduite religieuse
de ce type était une survivance de l’époque antérieure.
14 Après ces réflexions préliminaires, qui tentent de définir les concepts avec lesquels nous
travaillons, nous pouvons revenir aux questions posées : comment se fait du point de vue
350
Le calendrier public
En outre les feriæ, observées en raison du culte de la famille Auguste, s’opposent aux
autres jours de fête des municipes, en ce que l’interdit d’agir publiquement qui les frappe
est absolu, alors que pour les autres jours de fête, des aménagements peuvent être
trouvés. Cette différence montre, d’après J. Rüpke, que ces Kaiserfeste étaient imposées
d’en haut, et témoigneraient de la prédominance et du monopole du culte impérial dans
la réception de la religion romaine sur le plan local33.
22 Cette observation est très intéressante, même s’il faut peut-être nuancer l’affirmation
concernant le monopole du culte impérial dans la diffusion de la religion romaine. Deux
interprétations sont possibles, qui ne sont d’ailleurs pas contradictoires. La différence de
statut entre les deux types de jours de fête repose plutôt sur la distinction entre les fêtes
dont les décurions ou les citoyens peuvent modifier le statut, et celles où cela est
impossible. L’impossibilité provient peut-être du fait qu’il s’agit de fêtes dictées par le
sénat et les autorités de Rome à tous les citoyens romains et à toutes les cités romaines 34.
Il est, en effet, difficile d’imaginer que sous les Flaviens les Diui et le Génie impérial
fussent supérieurs aux dieux immortels, au point que cela aurait conféré un statut
supérieur à leurs fêtes.
23 En tout cas, cet article apporte trois informations très intéressantes pour notre propos.
D’abord il montre que le calendrier et la vie judiciaire étaient bien soumis dans les
municipes au système des jours « fastes » et « néfastes ». Et même si le système n’est plus
celui de Rome35 et si la terminologie a perdu de sa pertinence, le principe en était
officiellement institué par la lex. Par ailleurs il semble, si l’on accepte les déductions faites
à propos des dies festi feriæue, que Rome imposait des règles générales aux municipes de
l’empire. Indépendamment du statut « latin » des municipes d’Hispanie, les règles
concernant les dies festi feriæue étaient les mêmes qu’à Rome : en l’occurrence, les
municipes devaient respecter le principe de la ueneratio de la domus Augusta telle que des
lois, des sénatus-consultes ou des édits impériaux l’avaient imposé36. Enfin, la clause
relative au statut des autres jours de fête, pendant lesquels une action demeurait possible
si toutes les parties en tombaient d’accord, paraît attester un système particulier des
jours « fastes » et « néfastes », qui laissait aux citoyens la décision finale sur le statut du
jour37. On dirait que la lex réalise à deux siècles de distance l’esprit de la réponse de
Mucius Scaevola, admettant que l’interdiction d’agir un jour férié pouvait être violé au
cas où l’omission de cette action serait nuisible38.
24 Il paraît difficile, en lisant les articles sur le calendrier judiciaire, de parler de monopole
du culte impérial et surtout d’un calendrier dicté d’en haut. Le texte de la Lex Irnitana,
comme celui de la Colonia Genetiva, souligne que les duumvirs ont la haute main sur
l’essentiel du calendrier, à cette nuance près qu’ils doivent respecter le statut des fêtes du
culte impérial, car celles-ci sont régies par une autre autorité que celle des duumvirs, par
exemple par une loi ou un sénatus-consulte romains.
choses divines »40. L’adjudication de tout ce qui était requis pour le bon déroulement du
culte, la préparation des lieux de culte et de spectacle, et sans doute aussi l’entretien du
patrimoine sacré (les res diuinæ ) était conforme à la tradition41. Mais la somme en
question ne devait pas être confondue avec celle qui était tirée des amendes au titre des
impôts. Il est impossible de dire si c’était pour ne pas diminuer les revenus du culte ou si
cette somme-là était affectée au culte proprement dit, c’est-à-dire à l’achat de victimes,
d’encens, de vin, et au dédommagement des sacrificateurs.
26 Après ces rubriques introductives, deux chapitres traitent des subventions pour les jeux
et de la contribution obligatoire des magistrats42. Les jeux en question sont ceux que les
duumvirs et les édiles doivent célébrer en l’honneur de la triade capitoline et des dieux et
déesses43. Aucune date n’est indiquée pour ces jeux, mais on peut penser au modèle des
Jeux romains du 13 septembre. Outre les passages mentionnant une prestation de
serment, ces rubriques sont les seules qui nomment des divinités. Il convient de souligner
que la mention des jeux figure dans un ensemble de dispositions financières, et non dans
les chapitres relatifs à l’organisation du calendrier ou du culte. Il ne s’agit donc pas à
proprement parler d’une prescription : la constitution considère simplement comme
allant de soi que la triade capitoline et les autres dieux ainsi que Vénus soient installés
dans la colonie. Elle ordonne seulement que les magistrats célèbrent les jeux pendant tant
de jours, qu’ils fassent au moins telle dépense et reçoivent tels subsides. De ce point de
vue, les chapitres 70 et 71 confirment le chapitre 64, en ce qu’ils montrent que la
construction précise du « panthéon » et des obligations cultuelles de la colonie est
l’affaire des décurions et des magistrats. Mais bien entendu, même si les prescriptions de
ces articles ne concernent pas l’obligation de célébrer ces jeux, ils rendent inéluctable
leur célébration.
27 Le chapitre 72 précise l’utilisation des sommes d’argent données au temple en guise
d’offrande44. Enfin, deux rubriques affirment l’interdiction d’enterrer et d’incinérer à
l’intérieur de la ligne définie par le passage de la charrue45. Ces interdictions sont
purement « profanes », car la zone entourée par le pomérium n’est pas sacrée46. J’y
verrais plutôt le souci de séparer strictement l’espace des vivants de celui des défunts,
sans parler des soucis d’urbanisme. La règle est énoncée par d’autres textes littéraires et
juridiques, mais il n’est jamais question de souillure et d’impiété47. Ce qui a pu induire en
erreur, c’est le sacrifice expiatoire que les magistrats doivent offrir lorsqu’ils doivent
détruire une tombe et transférer un corps déjà enterré48.
28 Des règles semblables mais moins précises sont attestées par la Lex Irnitana. L’article <19>,
qui appartient aux dispositions relatives aux magistrats municipaux, stipule que la
gestion et le contrôle des « temples, lieux sacrés et religiosi », entre autres, revient aux
édiles49. Dans les parties consacrées aux affaires financières, les articles <77> et <79>
confèrent aux décurions le devoir et le droit de fixer chaque année, « à la première
occasion » (primo quoque tempore), le montant à attribuer aux cérémonies sacrées, aux jeux
et aux banquets publics liés, de toute évidence, au culte, ainsi qu’à l’entretien des temples
50
. Autrement dit, ce sont les autorités locales, et non la lex comme à Urso, qui définissent
le budget des dépenses cultuelles. Au lieu d’une taxe attribuée une fois pour toutes à ce
budget lors de la déduction de la colonie, c’est la décision annuelle des décurions qui
prévoit ces financements. Ni les dépenses supplémentaires ni l’adjudication ne sont
mentionnées à Irni, comme si ces questions également devaient être réglées par le sénat
local à sa guise, conformément au statut plus autonome du municipe.
354
Le personnel religieux
grande liberté était laissée à l’élite qui siégeait au conseil décurional pour créer les
institutions et les cultes qu’elle désirait, et pour faire investir ceux qu’elle voulait comme
responsables des lieux de culte. La liberté paraît encore plus grande pour le municipe,
conformément aux remarques faites par Hadrien à l’occasion de sa fameuse proposition
au sénat58. Ajoutons que ce modèle ne concerne que les colonies et les municipes, et dans
ceux-ci uniquement les cultes publics. Il ne faut surtout pas oublier que les cultes publics
des cités pérégrines et, dans toutes les cités quel que fût leur statut, les cultes
domestiques n’étaient nullement touchés par ces règles. Pour les cités pérégrines, la seule
nouveauté consistait dans l’envoi annuel d’un délégué à l’autel provincial pour y célébrer
le culte de Rome et d’Auguste ; plus généralement toute la population du monde romain
était tenue de respecter sur le plan religieux ce que les Romains appelaient l’ordre public.
34 Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela. Ou plutôt, elles risquent d’être mal
interprétées. La liberté relativement grande des élites locales peut donner lieu à deux
types de conclusions exagérées et même erronées. Prenons le cas du statut « le plus
romain », la colonie59. Deux situations sont possibles, celle d’une colonie avec installation
de colons romains, et celle de la promotion juridique d’une cité pérégrine ou d’un
municipe sans apport de nouveaux colons. Dans le premier cas, l’élite locale est ou
devient romaine, et donc une majorité de colons romains siègent dans la curie
municipale : ce sont bien entendu leurs volontés qui s’imposeront, et non pas celles de
leurs éventuels concitoyens italiques ou gaulois. Dans le deuxième cas, en revanche, il n’y
a pas ou très peu de Romains dans 1’ordo décurional et dans l’élite locale, et c’est en
principe, d’après le modèle retenu, la décision des aristocrates locaux qui fera loi. Il ne
faudrait pas en conclure qu’on aurait donc un type de colonie d’« occupants »,
exclusivement tournée vers Rome, opposé à une colonie « honoraire », une façade de
colonie, concernant par exemple uniquement le chef-lieu, mais non pas le reste de la
ciuitas60, laissant donc toute latitude à la ciuitas « indigène » de suivre ses propres
institutions.
35 Il s’agit dans les deux cas d’exagérations et d’erreurs, comme le raisonnement suivant,
prenant pour exemple les conduites religieuses publiques, l’illustre. Que signifie dans le
premier cas, « colon romain » ? Qui sont exactement ces « Romains » ? Il s’agit de citoyens
romains originaires des cités de la plaine du Pô, d’Étrurie, du Samnium, de la
Narbonnaise, ou bien de soldats auxiliaires issus des provinces, qui ont reçu le droit de
cité à la fin du service. Quels qu’ils soient, ces vétérans auront tendance à introduire dans
les traditions locales plutôt les divinités et les rites de leur cité d’origine que celles de
Rome à proprement parler. C’est par leur intermédiaire que, d’après les recherches de G.
Alföldy, Chr. Rüger et T. Derks61, les Matres ou Matronæ de la zone du Pô ou du Piémont et,
ajouterai-je, de Narbonnaise, se sont installées dans le territoire des Ubiens pour former
avec des traditions locales les cultes que l’on connaît. Dans le cas où l’« élite romaine »
était issue presque exclusivement de troupes auxiliaires et des grandes familles locales,
on peut présumer que le nombre de divinités indigènes dans le calendrier public était
supérieur à ce qu’il serait dans une « vraie » colonie, ce qui paraît poser un problème si
l’on admet que la colonie correspond à un mode de gouvernement entièrement romain.
En outre, il ne faut pas oublier que les Romains et les Anciens en général avaient
l’habitude, et ressentaient presque l’obligation, d’établir des relations ordonnées avec les
356
elles élaborent souvent pour la première fois une religion publique, collective. À cette
occasion, les différents groupes et clans qui composaient la nouvelle cité devaient
s’entendre pour choisir les divinités principales, sur leur culte et sur l’emplacement de
leurs lieux de culte.
40 Prenons l’exemple des Trévires. Lenus Mars y est devenu la référence commune de tous
les Trévires, alors que des Mars possédant d’autres épiclèses sont attestés sur le territoire,
perpétuant la mémoire des clans qui le dominaient avant leur fusion dans la cité des
Trévires65. Les cultes publics les plus importants sont célébrés au centre de la cité, dans le
chef-lieu. J’ai déjà attiré l’attention sur le fait que le grand temple suburbain de
l’Irminenwingert, dont une inscription prouve qu’il appartient à Lenus Mars, doit être
considéré comme un sanctuaire public de la colonie. D’ailleurs comme le vaste ensemble
de l’Altbachtal, le temple de Lenus Mars a été fondé à l’époque d’Auguste, à la date de la
création de la ciuitas Treuerorum et de son chef-lieu 66. Aucun autre grand lieu de culte
régional n’a subsisté sur le territoire de la colonie, tel celui du Martberg près de Coblence
67
: appartenant aux Trévires orientaux, qui ne furent pas inclus dans le territoire de la
colonie, ce grand ensemble cultuel ne fut pas abandonné au profit du chef-lieu et
continua à être fréquenté et développé tout au long de l’Empire. On aimerait disposer de
données plus précises sur son statut. Permettait-il à tous les Trévires de se retrouver à
l’occasion de certaines fêtes, en quelque sorte au-delà des frontières établies par la
déduction de la colonie ? ou s’agissait-il seulement du lieu cultuel central des Trévires
orientaux ? Par ailleurs, à l’époque de la fondation de la cité de type méditerranéen, c’est-
à-dire vers le début de notre ère, sont installés sur le territoire de la colonie des uici ainsi
que des sanctuaires qui maintenaient, d’une part des traditions de passage ou de limites,
et qui servaient aussi à la définition des articulations de ce territoire68. L’oppidum du
Titelberg perd son rôle hégémonique et économique, mais son grand lieu de culte
continuera d’exister69. À côté, dans la plaine un uicus fut construit, à Dalheim70. De l’autre
côté de la Moselle, à Wederath, le uicus Belginum prend manifestement la suite d’un lieu
traditionnel marqué par une grosse nécropole71. Les lieux de culte publics de Bastendorf72
et de Wallendor73 se situent tous deux près d’un gué ou d’un pont, et on peut considérer
qu’ils marquent l’emprise de la colonie sur son territoire.
Curies et Matrones
41 Un deuxième exemple est donné par le culte des Matres ou Matronæ, si richement attesté
chez les Ubiens. On constate, en effet, que sur le territoire de la colonie des Trévires ce
type de culte n’est à première vue pas célébré, alors qu’il existe dans la zone trévire située
à l’extérieur de la colonie74. En revanche, une chapelle aux Iunones75 qui pourrait avoir un
rapport avec ce culte apparaît dans une inscription de Trèves76. La dédicace qui la
mentionne a été faite conjointement aux Numina Aug(ustorum) et aux Iunones. Or la taille
du bloc et la dédicace paraissent confirmer que cette inscription appartenait à une
chapelle ou un temple de la ville de Trêves ; en outre la dédicace conjointe aux Pouvoirs
divins des Augustes et aux Iunones place le culte des Iunones dans le cadre du culte
impérial, c’est-à-dire atteste ainsi qu’il était public : dans la mesure où il était traditionnel
d’accorder à l’empereur ou à la divinisation de ses pouvoirs les mêmes honneurs publics
qu’aux divinités, toute inscription associant un hommage à l’empereur ou ses vertus, et à
une divinité, appartient à un contexte public, ou du moins collectif. Une autre dédicace,
adressée aux Matronæ par un cavalier légionnaire a été découverte à Trêves 77. Il existait
donc, semble-t-il, un ou plusieurs lieux de culte des Matronæ ou Iunones dans le chef-lieu
358
Note 8282
Note 8383
Note 8484
Note 8585
Note 8686
Note 8787
Note 8888
Note 8989
Note 9090
Note 9191
Note 9292
Note 9393
fig.1 • Répartition des sites d’attestation de Matrones et de curies – Belgique et Germanie supérieure
(ancien pays trévire)
fig. 2.• Répartition des sites d’attestation de Matrones et de curies – Germanie inférieure
361
47 Les découvertes survenues au cours des années soixante, ainsi que deux études plus
récentes dues à G. Alföldy et Chr. Rüger, ont permis de mieux comprendre la nature des
curies, ou *co-uiriæ, qui étaient, littéralement, des groupes d’hommes réunis pour une
raison donnée. Le principal progrès de ces recherches a été de montrer que, dans la zone
qui nous intéresse, il existait entre curies et cultes matronaux un lien étroit. Les noms des
curies sont liés soit à des toponymes (Vaison, Neuvy-en-Sulias, Amberloup ?), ou à des
noms de groupes sociaux (Textoverdi, Etrates, sans doute *Amrates, ou les groupes fondés
par Flaccus ( ?), et éventuellement Ollodagus). Le document de Vienne-en-Val reste
ambigu. Or les textes de Eschweiler, Holzweiler, rapprochés de certaines dédicaces aux
Matrones, trouvées dans la même région98, prouvent que les Matrones Etrahenæ sont liées
aux Etrates, comme les Gesahenæ aux Gesationes et les Austriahenæ aux A usina tes (voir
tableau 2).
48 À cette reconstruction, les découvertes d’Eschweiler ont apporté une belle confirmation,
puisqu’elles montraient que la curia Amratnina était effectivement liée, comme Rüger
l’avait postulé99, aux Matronæ Amfratninæ. Pour notre propos, cependant, le dossier des
Matrones ubiennes apporte la très forte présomption que là où apparaissent des cultes
matronaux de ce type, il y a des curies, et inversement que l’attestation d’une curie
signale l’existence d’un culte matronal100.
49 Cette déduction est d’autant plus vraisemblable que tous les documents que nous
étudions viennent de la même zone. Les témoignages de Lyonnaise et de Narbonnaise,
joints aux cognationes de Dalmatie ou de Galice montrent, toutefois, que ce type
d’institution dépasse de loin le contexte ubien ou trévire. Quoi qu’il en soit, ces curies
seraient, d’après G. Alföldy et Chr. Rüger101, des groupements d’hommes, des
Männerbünde, se situant sous le niveau de la ciuitas, en relation avec des clans
revendiquant les mêmes ancêtres mythiques : les Matrones. La curie serait une partie de
tribu, une sorte d’équivalent du pagus ; parfois ces curies se seraient d’ailleurs
développées en entités territoriales. S’y ajoutent deux autres faits. Dans les deux seuls
lieux cultuels de curies ou de Matrones fouillés, à Pesch et à Eschweiler-Fronhoven102, on
a mis au jour des sortes de basiliques qui pourraient correspondre aux lieux de réunion
des curies. On y restitue des bancs, mais peut-être ne devrait-on pas réserver l’usage de
ces salles à la simple réunion, car elles pourraient également servir de salles de banquet 103
. Mais peu importe, car il s’agit de toute évidence de lieux de réunion à l’intérieur de lieux
de culte.
362
50 Chr. Rüger a noté que la plupart des dédicaces des curies s’adressent à des divinités
masculines, qu’il identifie à des parèdres des Matrones. Il rapproche en effet des fameuses
Matronæ Aufaniæ l’épithète de leur voisin à Bonn, Mercurius Gebrinius, et la représentation
d’un animal mythique (trois corps de chèvres possédant une seule tête) sur un autel des
Aufaniæ. Ce serait le témoignage du stade thériomorphe des Matrones, qui seraient à
l’origine des déesses-chèvres, et dont Gebrinius (*gabro-, cf. caper) serait l’époux 104. Sans
vouloir souligner davantage le caractère fantaisiste de cette combinaison, puissamment
inspirée par le mythe moderne de la déessemère, l’hypothèse de Chr. Rüger pose un
problème supplémentaire, que soulève également l’identification des Matrones aux
ancêtres mythiques. D’un côté on aurait un seul dieu en face d’un groupe de matrones :
qui représente qui ? Pourquoi un seul dieu face à une pluralité de divinités liées à un
clan ? Il serait plus prudent de considérer qu’il est banal de trouver plusieurs divinités
dans un même lieu de culte105. D’autre part, comment les matrones représentent-elles
l’ancêtre féminin du clan ? Laquelle des trois est-ce ? Ne seraient-elles pas toutes les trois
des matrones divinisées de la lignée ou du groupe concerné ? S’y ajoute le fait que, sur les
représentations matronales, deux portent des coiffes et paraissent plus âgées que celle du
milieu, qui ne porte pas non plus la coiffe caractéristique des deux autres. Manifestement
quelque chose nous échappe dans ce dossier, et je serais très prudent avant d’interpréter
ce type de divinité collective.
51 T. Derks a naguère soumis à nouveau toute la question à la critique, en se fondant
notamment sur les compléments chronologiques donnés par M.-Th. Raepsaet-Charlier. Il
a démonté à juste titre les reconstructions schématiques de l’évolution supposée du culte
des matrones du stade préanthropomorphe au stade anthropomorphe dont les belles
sculptures découvertes sous le Münster de Bonn marqueraient le début106. Plus
intéressant est l’observation faite par Derks que les cultes matronaux sont concentrés sur
le territoire ubien et dans la zone du Pô et du Piémont (fig. 3). Or, le pays des Ubiens est
une zone de villas de type méditerranéen, qui se développe à partir du milieu du I er siècle,
sans prendre la suite de fermes plus anciennes107. Comme ces villas appartenaient
vraisemblablement à des vétérans, et que ceux-ci provenaient précisément des régions
d’Italie où les cultes matronaux sont attestés au Ier siècle108, on ne peut s’empêcher de
faire le rapprochement (fig. 3). T. Derks en conclut que le culte des ancêtres féminins a
pris dans la zone des Ubiens la forme du culte des Matrones tel que nous le connaissons
sous l’influence de ces colons et à travers la fusion d’éléments locaux et italiques, ce qui
est confirmé par les noms des dédicants ainsi que par la pratique précoce du vœu à la
romaine. Une fois installés, ces cultes devinrent peu à peu des cultes locaux importants,
caractérisant une cité ou un lieu. Comme l’écrit Derks, à Bonn le lieu de culte des Aufaniæ
appartenait au IIe siècle à la tradition religieuse du camp légionnaire et de la région. De la
même manière, les Matres Treueræ, Remæ ou les Neruinæ étaient présentées comme des
divinités « poliades ».
52 Ces hypothèses devront être éprouvées et confortées au cours des années à venir. On
pourra aussi verser au dossier une troisième zone dans laquelle existe une concentration
ancienne de cultes matronaux : celle qui s’étend d’Orange à Marseille109. Quoi qu’il en soit,
quelle lumière les nouvelles interprétations sur le culte des Matrones apportent-elles à la
question des curies ?
53 Commençons par une donnée extérieure peu remarquée. Au moins deux sites, Pesch et
Eschweiler-Fronhoven prouvent que les curies possédaient des lieux de réunion. On ne
connaît pas le nom attribué à ces locaux ; Rüger110 pense que le terme curie désignait
363
également ces locaux. Quoi qu’il en soit, l’existence d’un tel lieu renvoie à un corps
constitué, et rapproche les curies des collèges. Ainsi, les centonarii de Clivium, sur le
territoire de Côme, appelaient-ils la schola de leur collège curia, de même que le collège
qui se réunissait à Rome dans le domaine de Larcius Macedo111. Cette conclusion est
confortée par l’inscription de Noville, qui mentionne une pollicitatio. Ce détail renvoie
également à l’organisation collégiale et à ses pratiques, dont la fameuse inscription de
Sex. Fadius Musa et quelques autres documents portent témoignage112. Autrement dit, un
certain nombre de curies possédaient des locaux de réunion et recevaient des promesses
comme les collèges. On ne manquera pas de souligner que les cognationes de Salone
pouvaient percevoir des amendes113, comme les collèges, et que par ailleurs les curies
municipales, comme celle de Chemtou par exemple, fonctionnaient également comme des
collèges. Il est de toute façon difficile d’imaginer que tous ces organismes, réunissant un
nombre relativement important de personnes et bénéficiant de moyens, aient pu ne pas
être soumis à la même réglementation que les collèges.
fig 3 • Sites de découverte d’inscriptions votives pour des Matrones (d’après T. DERKS, Gods, Temples
and Ritual Practices, Amsterdam, 1998, p. 129)
trouve dans la zone des Ubiens, sur l’ancien territoire des Trévires114, puis à l’ouest, entre
les Tongres et les Nerviens115, entre les Tongres et les Trévires, et enfin à Mayence. On
peut discuter sur l’appartenance des inscriptions d’Amberloup, de Noville, de Liberchies
ou de Hoeilaart, car toutes proviennent de zones frontières, ce qui rejoint d’ailleurs une
particularité des Matrones116. Celle de Hoeilaart qui s’adresse aux Matronæ Cantrusteihiæ,
et semble être en relation avec les Condruses, provient cependant d’au-delà de la
frontière présumée des Tongres, fixée traditionnellement à la Lasne et la Dyle. Mais on
n’a sans doute pas à en tenir compte, car la qualité de la pierre en question, un grès
identique à celui de la zone d’Aix-la-Chapelle, où existent d’autres témoignages des
Matronæ Cantrusteihiæ, laisse supposer que l’inscription n’est en fait pas originaire de
Hoeilaart117. De toute manière, la situation de ce lieu de culte, s’il était authentique, serait
marginale, tant pour la cité des Nerviens que pour la cité des Tongres. Quant aux Iarae de
Liberchies, également attestées près de la frontière entre les Tongres et les Nerviens, il
s’agit encore vraisemblablement de Matrones même si le terme lui-même n’est pas
mentionné.
56 Pour ce qui est de l’inscription de Noville, J. Loicq l’a attribuée aux Trévires, en supposant
que le dieu Entarabus, mentionné sur cette inscription, ne pouvait être honoré que chez
les Trévires118. Il n’est toutefois pas certain qu’il faille – ou qu’on puisse – être aussi strict,
surtout dans un secteur de frontière. Entarabus est effectivement implanté au Nord de la
Moselle, à l’ouest de la Sûre et à Trèves, mais cela ne suffit pas pour dire que seuls les
Trévires honoraient ce dieu. Car après tout Mars Camulus le Rémois est vénéré à Arlon,
Mayence et Rindern119. Et puis, que faire de la curie voisine d’Amberloup qui se trouve
bien sur le territoire de la cité des Tongres ? D’autre part, il n’est pas assuré que le pagus
Vilcias doive comprendre l’ensemble du territoire parcouru par la Wiltz, qui tire peut-être
son nom du pagus trévire. De toute façon, un fait demeure : dans la cité des Tongres, la
cité des Nerviens et dans la colonie des Trévires, les curies et les témoignages du culte
matronal ne se situent que dans les zones frontières ou dans le chef-lieu. Tel n’est pas le
cas chez les Ubiens et dans la Colonie Claudia Ara Agrippinensis. Cette opposition l’emporte
en importance sur l’appartenance précise des curies et Matrones à telle ou telle des trois
cités concernées. Il y a quelques années, j’ai mis en relation cette observation avec
l’évolution institutionnelle de la cité des Trévires à partir de Tannée 17 avant notre ère 120.
J’opposais les curies et les cultes matronaux, exprimant la vie religieuse et l’autorité
clanique, pré-étatique, aux institutions politiques et religieuses de la cité, puis de la
colonie. Je voudrais reprendre, corriger et compléter cette hypothèse.
57 D’abord, s’il est exact que les curies et Matrones renvoient au contexte familial, il faut
aussi tenir compte du fait qu’il s’agit, au IIe siècle en tout cas, d’organismes tout à fait
officiels, reconnus et fonctionnant parfois même comme un culte public (Aufaniæ à Bonn).
Il se peut que chez les Ubiens ou sur la rive du Rhin, en Germanie Supérieure, il y ait eu
des cultes privés des Matrones parallèles aux lieux de culte collectifs, mais cette situation
ne correspond pas à celle que Ton observe plus à l’ouest.
58 Les cités qui nous intéressent étaient proches du point de vue culturel, et on peut
s’attendre à ce qu’au IIe siècle les cultes et les institutions religieuses y soient à peu près
identiques. Les zones trévire et ubienne, au moins, ont été bénies par l’archéologie et
l’épigraphie, de sorte qu’on ne peut guère spéculer à propos de lacunes éventuelles.
Pourquoi alors la situations étaient-elles si différentes ? Pourquoi n’y a-t-il pratiquement
pas de culte matronal chez les Trévires, Tongres, Rèmes ou Nerviens – sauf au chef-lieu et
365
dans des dédicaces faites à l’extérieur de la cité-, et pourquoi une telle abondance chez les
Ubiens ?
59 Pour ce qui concerne les territoires des Tongres et des Trévires, l’existence de cultes
matronaux dépend du tracé des frontières. Mais comme nous l’avons déjà vu, cette
question n’est pas essentielle. Oublions ce problème et faisons l’expérience suivante :
admettons que la curie d’Ollodag(us) se trouve dans la colonie des Trévires. Dans ce cas,
conformément à l’hypothèse de J. Loicq, elle faisait partie du pagus Vilcias. Or celui-ci est
représenté au lieu de culte public de Lenus Mars à Trèves. L’emplacement des bancs du
pagus devant le temple du dieu, de part et d’autre de la voie d’accès 121, peut uniquement
signifier que ces « scholæ » représentaient l’ensemble des pagi trévires dans ce site, c’est-à-
dire lors des fêtes publiques annuelles. Si l’on accepte cette interprétation, il faut en
conclure que la curie d’Ollodag(us), contemporaine des dédicaces figurant sur les bancs
de Trèves, est subordonnée au pagus, puisqu’elle n’est pas mentionnée. C’est ce que
l’inscription de Noville laisse également entendre : dans la mesure où il s’agit d’une
association semblable à un collège, elle peut difficilement être assimilée à une
circonscription administrative, et pas davantage elle ne peut s’intégrer dans un contexte
domestique. D’ailleurs, les communautés locales du territoire sont toujours désignées
sous le nom de uicus ou de uicani, qui honorent à l’occasion le Genius pagi, mais jamais les
Matrones ou Matres. En outre, on note aussi que les dédicaces des bancs et de l’autel du
pagus Vilcias ne s’adressent pas à Mars Intarabus, mais à Mars (sans épithète) associé à
Ancamna. Mars Intarabus est nommé, en revanche, sur l’autel d’une troisième exèdre,
dont le banc n’a pas été exhumé. Quoi qu’il en soit, d’après tous ces documents, la curie
Ollodag(ia) est un organisme contemporain des délégués officiels du pagus Vilcias,
officiellement reconnu mais subordonné. Rien n’atteste une évolution possible de ce
groupe vers le pagus, comme par exemple l’inscription de Hoeilaart peut le laisser
supposer pour le pagus Condrustis 122. La proximité de la curie d’Amberloup paraît
confirmer la déduction que la curie ne concernait qu’un territoire relativement limité.
60 Que pouvons-nous conclure ?
1. Les curies exprimaient les structures sociales locales, puisqu’elles étaient liées aux cultes
matronaux tels qu’ils se sont développés à partir de traditions celtiques dans le contexte des
mutations sociales du pays ubien à partir du milieu du I er siècle de notre ère.
2. Manifestement, ce type d’organisation et de culte existait également chez les Nerviens, les
Tongres et les Trévires, même s’il n’est pas certain si la curie Ollodag(ia) appartenait aux
Tongres plutôt qu’aux Trévires et si elle était également liée au culte de Matrones, ou que les
Matrones Cantrusteihiæ possédaient bien un lieu de culte à Hoeilaart.
3. Le culte matronal n’était en tout cas pas inexistant chez les Trévires, les Nerviens, et sans
doute les Tongres. Les curies y sont rares, mais officielles ; la pollicitation de Noville prouve
qu’elles dépassaient le cadre familial. Chez les Trévires et les Nerviens (si l’on met entre
parenthèses le document de Hoeilaart), le seul culte matronal clairement attesté concerne
l’ensemble de la cité. Les dédicaces aux Matres Treueræ ou Remæ confirment également
l’existence de ce type de cultes et les mettent en relation avec l’ensemble de la cité.
4. Chez les Trévires, la curie apparaît comme un organisme subordonné au pagus comme entité
régionale123 et au uicus comme habitat organisé et officiellement reconnu. La curie ne se
situe d’ailleurs pas dans un uicus, mais en pleine campagne, et n’a apparemment pas un
grand rayonnement. Dans la Colonia Claudia Ara Agrippinensis, en revanche, les cultes
matronaux et les curies possèdent manifestement une grande importance régionale, et on
les rencontre d’ailleurs dans les uici. 124. Enfin ils sont également attestés en nombre dans les
chefs-lieux Cologne et Xanten125
366
5. Nous ne possédons pas de sources suffisantes pour reconstruire une évolution des curies
claniques vers des pagi. Les documents connus prouvent uniquement que les curies existent
et fonctionnent encore au cours des IIe et III e siècles à côté des autres institutions des cités
concernées.
6. Chez les Trévires et les Tongres, les témoignages des curies sont concentrés dans une zone
précise, comprise entre Amberloup et les environs d’Aix-la-Chapelle. Est-ce en raison du
caractère montagneux et reculé de cette région que ces institutions y ont subsisté ?
7. S’il n’y a aucune trace claire d’une évolution de la curie au pagus, on a néanmoins
l’impression que la marginalité des curies et des Matrones chez les Trévires, les Tongres ou
les Nerviens est liée à un événement politique : la création d’une cité dès le début de
l’Empire, qui rivalisait avec les lieux et symboles du pouvoir local représentés par les
Matrones et les organismes liés à leur culte. Cela signifierait que le pagus et les uici se sont
superposés avec leurs lieux de culte propres aux structures précédentes, en même temps
que la cité et son chef-lieu assumaient éventuellement dans un temple urbain les anciens
cultes claniques du territoire. Sur le territoire, les sanctuaires collectifs étaient désormais
ceux des uicil126 ainsi que des lieux de culte qui sont situés hors des uici, près des frontières et
subdivisions internes de la colonie127. La différence avec les cités précédentes et celle des
Ubiens réside dans le fait que celles-là n’avaient pas été soumises à la colonisation par des
populations locales128 et par des vétérans originaires d’Italie, peu propices à l’émergence
rapide d’un nouveau type de structure politique. Instable, la zone ubienne devint peu à peu
beaucoup plus romaine que celle des cités situées à l’ouest. Cette évolution prit un certain
temps129, et sur le territoire la population choisit comme divinités locales les Matrones,
familières à tous. Et lorsque la région se structura, les curies et les Matrones avaient pris une
grande importance sur le plan local, au point de devenir une référence incontournable.
61 En tout cas, l’exemple des curies montre comment la « romanisation », avec et sans les
Romains, a modifié les coutumes religieuses locales, en refoulant vers les zones
marginales ou vers le cercle strictement domestique, ne laissant aucune trace
monumentale, ce qui paraît avoir été un temps un culte structurant la population
celtique.
fouilles. Mais il ne faut peut-être pas désespérer. Les bons documents qui informent sur
les rites sont rares, même à Rome et en Italie. Mais il en existe132, et il faut formuler le
vœu que dans les années à venir sorte du sol une inscription livrant une « lex sacra » gallo-
romaine. Ce n’est qu’alors qu’on pourra avancer dans l’appréciation du degré et des
mécanismes de la romanisation.
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie complémentaire
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NOTES
1. Voir HARRIS 1989, p. 178.
2. Voir à ce propos les remarques de G. WOOLF dans METZLER, MLLLETT, ROYMANS 1995, p. 15 à propos
de la langue. Voir aussi MARCO 1996 pour un traitement et une bibliographie récents du sujet.
3. Voir pour cette question Fr. SCHMIDT, La pensée du Temple, Paris, 1996.
371
4. Voir pour la signification des ces termes JACQUES 1990, p. 219-250 ; LE ROUX 1998.
5. Y. THOMAS, « Origine » et « commune patrie » : étude de droit public romain (89 av. J.-C. - 212 ap. J.-C.),
Coll, de l’École Française de Rome 221, Rome, 1996.
6. BENDLIN 1997, p. 53.
7. Voir pour une présentation générale du modèle WOOLF 1997, p. 72-75.
8. WOOLF 1997, p. 72.
9. BENDLIN 1997, p. 47 ; WOOLF 1997, p. 76.
10. BEARD-CRAWFORD 1985, p. 25 sq. ; SCHEID 1985, p. 35-36 ; NORTH 1992, p. 178.
11. Ce n’est pas le lieu de le démontrer ici, mais l’analyse des procédures magiques, qui
constituent l’un des aspects les mieux documentés de la pratique religieuse privée, révèle les
mêmes conduites rituelles que les cultes publics. Mais conformément à l’objectif particulier des
célébrants, ces conduites sont inversées et déplacées. Que de tels comportements existent
d’ailleurs également dans les rites publics - qu’on pense à l’ensevelissement de couples de Gaulois
et de Grecs au Forum boarium - met en évidence l’étroite parenté entre les deux types de rites : il
s’agit d’une seule et même « religion », et il est légitime de proposer en modèle la piété publique
pour en comprendre la logique. Il serait erroné de suivre les Anciens pour établir une différence
entre la bonne piété, mesurée et bienfaisante, et la mauvaise, la superstition, effectant les mêmes
rites de façon exagérée et avec l’intention de faire du mal et de dominer les autres citoyens et les
dieux.
12. Excluant avant tout le droit de faire la guerre contre ses voisins et les Romains, et
comprenant, bien entendu, le paiement d’impôts aux Romains.
13. PLINE, NH 30,13 et STRABON 4, 4, 5 attribuent la mesure à Tibère, mais SUÉTONE, Tib. 36, n’évoque
pas cette interdiction. D’après SUÉTONE, Claud. 25, 5, Claude aurait entièrement interdit « le culte
atroce et barbare des druides » (druidarum religionem - qu’il faut traduire ici par « culte, rites » -
diræ immanitatis) ; voir aussi POMPONIUS MELA 3, 18 et pour le problème, en dernier lieu MARCO
1996, p. 230 sq. - Les Galli mentionnés par Suétone ne sont pas autrement spécifiés. Pline semble
dire qu’à son époque ces rites et druides n’existaient plus qu’en Bretagne. Il convient d’ailleurs
d’apprécier la part de topos dans le texte de Pline, d’après lequel les rites magiques des druides
consistaient non seulement à tuer un homme, mais à le manger (hominem occidere religiosissimum
erat, mandi uero etiam saluberrimum). Comme tant d’autres témoignages, ces documents associent
sans ambiguïté druides et sacrifices humains, voire cannibalisme. Ces textes peuvent, certes, se
référer au topos sur la magie ou les druides, mais ils sont particuliers. 11 mentionnent, en effet,
des interdictions officielles, c’est-à-dire des lois, des sénatus-consultes ou édits impériaux, qui ne
peuvent pas être traités de la même manière que des reconstructions ou spéculations de
philosophe ou de géographe, d’autant que Claude avait à conduire une guerre en Bretagne, en
contact direct avec ceux qu’il appelle les druides. On peut, bien entendu, classer ces édits parmi
ceux qui persécutaient la mages et sorciers, et considérer qu’il s’agissait de mesures fondées sur
des lieux communs et des soupçons alimentés par la rumeur. Mais en contexte militaire, et même
dans le domaine de la magie, il ne faut peut-être pas être trop « révisionniste ». Je ne serais pas
non plus étonné que l’honorable Divitiac, interlocuteur de César et de Cicéron, ait pratiqué, dans
son monde à lui, des rites que la morale civile romaine réprouvait : son collègue César n’a
d’ailleurs pas hésité à immoler deux émeutiers dans un simulacre de sacrifice. Sur son fils
Octavien des rumeurs sinistres couraient, et plus généralement, l’élite romaine, imbue de
philosophie et d’humanisme, enterrait plus ou moins régulièrement vivants au Forum romain,
depuis 228 avant notre ère et jusqu’à l’époque de Pline l’Ancien, des couples de Gaulois et de
Grecs. Ces faits rappellent qu’il ne faut peut-être pas trop suivre certains anciens en idéalisant les
druides. Enfin, ajoutons que le fait d’accuser les druides de magie, de sacrifice humain etc. peut
se référer, du point de vue romain, soit à un contexte de conjuration (et donc à un contexte
372
politique), soit à un trouble de Tordre public : c’est en tout cas une manière de désigner un
ennemi public. Mais cela n’éclaire pas le rôle des druides au cours du I er siècle.
14. Cette réorganisation formelle, dont les conséquences pouvaient être très grandes, diffère
selon le statut conféré ou obtenu par les cités. Il est évident que les cités pérégrines pouvaient
continuer à pratiquer leurs religions comme elles l’entendaient. Nous ne sommes
malheureusement pas à même de décrire ce que cela signifie dans les provinces septentrionales,
mais il en existe un bel exemple à Lepcis Magna (par exemple IRT 319, de 8 avant J.-C. : l’identité
du dédicataire n’est pas claire, le nom d’Auguste est au nominatif, un flamine est mentionné). On
relève, en outre, jusqu’en 69 (quand la cité devient municipe) et au-delà, des fonctions
sacerdotales particulières, des formes peu romaines du « culte impérial », et une modification
immédiate des signes tangibles de romanisation après Trajan, quand le municipe devient colonie.
Cependant dès le début de l’Empire, les inscriptions emploient fréquemment le latin et la
terminologie religieuse romaine, et recourent à l’occasion au gouverneur comme dédicant.
15. Voir pour ces questions la récente mise au point de R.- CH., Intégration, p. 173.
16. Je cite la Lex Colonise Genetiuæ luliæ d’après RS, p. 393-454, n o 25. Datant de César, le texte de la
constitution fut gravé sans modification majeure sous Domitien.
17. La constitution du municipe Flavien d’Irni est citée d’après GONZÁLEZ 1986.
18. Voir GALSTERER 1987.
19. SCHEID 1991, p. 44 sq. - Dans les notes de cet article, on corrigera les erreurs suivantes : p. 54
note 1, on complétera « à la carte de la page 43. » ; p. 55, note 27 : lire « CIL XIII, 3655 » ; note 41 :
lire « encore un soldat) ; BRGK 1927, 356-357 » ; p. 56, note 44 : lire « c’était une culina comme celle
qui est mentionnée sur l’inscription CIL XIII, 3650, voir ci-dessus ; une culina » ; note 53, lire :
« Voir note 14 » ; note 57 : lire « CIL VI, 520 (ILS 3200) » ; note 60 : lire « Carignan (75) » ; pour
d’autres précisions, voir Μ. H. CRAWFORD, How to create a municipium, dans M. AUSTIN, J. HARRIES et C.
SMITH (Éd.), Modus operandi. Essaye in Honour of G. Rickman, Londres, 1998, p. 31-46.
20. Pour les haruspices et joueurs de flûte des magistrats romains, voir MOMMSEN, DP I, 417.
D’après les différences de salaire entre les haruspices et joueurs de flûte des duumvirs et des
édiles, ils formaient au moins deux catégories.
21. IEph 1540 (ILS 8833, Ephèse). Voir M. G. GRANNINO et J. SCHEID, Les sacerdoces publics équestres,
dans S. DEMOUGIN, H. DEVIJVER et M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER (Éd.), L’ordre équestre. Histoire d’une
aristocratie, Rome, 1999 (sous presse).
22. CIL XIII 3694.
23. N-L 45.
24. Je pense qu’il ne faut pas traduire sacra par « sacrifices », mais par « rites », même si la
plupart de ces rites consistaient essentiellement en sacrifices. Car on ne peut pas limiter le culte
aux sacrifices.
25. Publiquement sous-entend que les rites sont célébrés pour tous les citoyens, aux frais publics
et (parfois) par les autorités publiques.
26. RS, no 25, p. 401, ch. 64 : IIuiri quicumque post colon(iam) deductam erunt, ii in die | bus X proxumis,
quibus eum mag(istratum) gerere coeperint, at\decuriones referunto, cum non minus dux partes | aderint,
quos et quot dies festos ese et quæ sacra | fieri publice placeat et quos ea sacra facere place | at. Quot ex eis
rebus decurionum maior pars, qui\tum aderunt, decreuerint statuerint, it ius ratum | que esto, eaque sacra
eique dies festi in ea colon(ia) | sunto.
27. Tel est aussi le choix de RÜPKE 1995, p. 535, contre GONZALEZ 1986, p. 236.
28. RÜPKE 1995, p. 535 sq. Contrairement à feria, dies festus n’est pas un terme du droit sacré, et
exprime seulement l’aspect festif et social de la journée. Ainsi certains travaux peuvent être
permis pendant un dies festus, mais interdits pendant une feria (SERV. AUCT., in Georg. 1, 268).
29. AE 1986 333, ch. 92 (trad. Année épigraphique) : Ne quis <qui> in eo municipio i(ure) d(icundo) p
(rærit) in diebus iudicem arbitrant recipera\tores rem priuatam iudicare sinito, nette in eos dies in terti
373
\um dato, quos dies propter uenerationem domus Augustx festos\feriarumue numéro esse haberique o
[p]ortet oportebit, quibusque di\ebus ex decurionum conscriptorumue decreto spectacula in [e]o{m} |
municipio edentur, epulunt aud uesceratio municipibus aut ce \ na decurionibus conscriptisue municipum
inpensa dabitur… Les précisions sur les jours pendant lequels il n’est pas permis d’agir sont encore
données aux lignes 38 et 45.
30. Je change légèrement la traduction, car il s’agit dans les deux cas des jours dédiés au culte
impérial, et pas de deux catégories différentes de fêtes.
31. AE 1986 333, ch. 92 : (…) nisi si iudex arbiterue aut reciperatores et quorum res | agetur omnes dum d
(e) e(a) r(e) agi uolent, neque is dies erit quem prop \ ter uenerationem domus Augustæ festum feriarumue
nume | ro esse haberiue oportebit.
32. RÜPKE 1995, p. 544.
33. RÜPKE 1995, p. 545.
34. On peut déduire cette conclusion de la loi Rufrena mentionnée par des inscriptions d’
Ocriculum (ILS 73 ; ILLRP 409) et d’Interamna Prætuttiorum, puisque ces deux municipes se réfèrent
à une loi romaine pour dresser des statues au Divin César. On peut également citer les prodiges et
les oracles Sibyllins, qui concernent en principe tous les citoyens romains ; c’est ce fait qui
explique le contrôle par les XVvirs des élections de prêtres de la Grande Mère, voir SCHEID 1998,
p. 25-26. À Urso également, les stipulations sur les jeux en l’honneur de la triade capitoline et des
autres dieux imposent ce jour de fête, quel que soit son statut (s’il s’agissait des ides de
septembre il appartenait à Rome aux feriæ ). On ne peut manquer de rappeler, enfin, le
témoignage du sénatus-consulte des Bacchanales, qui impose des règles d’ordre public
concernant le culte de Bacchus et les associations incriminées également aux alliés du peuple
romain.
35. En examinant les calendriers épigraphiques découverts dans les colonies et municipes
d’Italie, RÜPKE 1995, p. 170-173 a montré que le calendrier ria jamais été centralisé et unifié, et
que le statut des jours n’y a jamais été adapté à celui du calendrier romain. Il faut, d’ailleurs,
souligner que l’imposition du calendrier romain aux municipes et colonies paraît peu probable et
n’aurait d’ailleurs aucun sens. Car le système des feriæ et des interdits qui les caractérisent
concernent avant tout les comices, les actions de la loi : tout ceci regarde les magistrats et les
préfets du prétoire à Rome, ou des promagistrats, mais non les cités de l’Italie et de l’empire. Le
fonctionnement du calendrier de Rome est lié à des institutions spécifiques, et il n’y aucune
raison d’imposer toutes ces règles calendaires à d’autres cités, même romaines.
36. I1 ne faut pas trop être surpris que cette règle n’existe pas pour les autres jours de fête. En
effet, les autres fêtes existaient par tradition, non en vertu d’un texte qui les aurait rendus
obligatoires. En revanche, les nouvelles fêtes n’existaient juridiquement que par des
prescriptions plus ou moins récentes.
37. AE 1986 333, ch. 92 : Ne quis <qui> in eo municipio (etc…) sinito, neue in eos dies in tertium dato, quos
dies propter uenerationem domus Augustæ festos feriarumue numero esse haberique o[p]ortet oportebit
(etc…) nisi si index arbiterue aut reciperatores et quorum res | agetur omnes dum d(e) e(a) r(e) agi uolent,
neque is dies erit quem prop\ter uenerationem domus Augustae festum feriarumue nume | ro esse haberiue
oportebit (etc.).
38. Voir J. SCHEID, The expiation of impieties commited without intention and the formation of Roman
theology (sous presse).
39. RS, no 25, p. 401, ch. 65 : Quæ pecunia pœnæ nomine ob uectiga<l>ia, quæ | colon(iae) G(enetiuae) lul
(iae) erunt, in publicum redacta erit, eam \ pecuniam ne quis erogare neue cui dare attri | buere potestatem
habeto nisi at ea sacra, quæ \ in colon(ia) alioue quo loco colonoruni nomine fia<n>t ; etc. - On notera que
ces sacra peuvent être célébrés sur le territoire de la colonie ou ailleurs, par exemple dans un lieu
de culte situé sur le territoire d’une autre cité, et peut-être même à l’autel provincial. La tradition
de transformer certaines amendes en offrandes aux dieux est attestée sous la République. Ainsi,
374
le temple de Faunus sur l’île Tibérine fut-il construit avec le produit d’amendes payées par les
éleveurs (LIV. 33, 42, 10).
40. RS, no 25, p. 402, ch. 69 : IIuiri qui post colon(iam) deduc<t>am primi erunt, ii in su\o mag(istratu) et,
quicum(que) IIuir(i) in colon(ia) lul(ia) erunt, ii in\diebus (sexaginta) proxumis, quibus eum mag(istratum)
gerere cæ | perint, ad decuriones referunto, (…), uti redemptori redemptoribusque |, qui ea redempta
habebunt quæ ad sacra resq(ue) | diuinas opus erunt, etc.
41. Voir par exemple les nouveau fragments des Jeux séculaires d’Auguste, L. MORETTI, Frammenti
vecchi e nuovi del commentario dei Ludi secolari del 17 a.C., RPAA 55-56, 1982-1983, 1983-1984
(1985), p. 361-379. Voir aussi Μ. A. CAVALARO, Spese e spettacoli. Aspetti economici-strutturali degli
spettacoli nella Roma giulio-claudia, Bonn, 1984.
42. RS, no 25, p. 403, ch. 70 (IIuiri quicu[m]que erunt, ei praeter eos qui primi | post h(anc) I(egem) [fa]cti
erunt, ei in suo mag(istratu) munus lu | dosue scænicos Ioui lunoni Mineruæ deis | deabusq(ue)
quadriduom (…) faciunto) et 71 (ædiles quicumq(ue) erunt etc.).
43. Il faut interpréter cette formule à la lumière de la coutume qui consistait à invoquer tous les
dieux et déesses à l’occasion d’une offrande à une divinité donnée (voir G. APPELL, De Romanorum
precationibus, Gieβn, 1909, p. 83 pour les sources). D’ailleurs lors des processions qui inauguraient
les jeux, on portait en procession bien d’autres divinités que la triade. Autrement dit dei deæque
recouvre pratiquement le même groupe de divinités que dei Penates.
44. Voir à ce propos les stipulations de la Lex du temple de Jupiter Liber à Furfo (CIL IX 3513 ;
ILLRP 508).
45. RS, no 25, p. 403 sq., ch. 73-74 : 73. Ne quis intra fines oppidi colon(æ)ue, qua aratro | circumductum
erit, hominem mortuom | inferto neue ibi humato neue urito neue homi | nis mortui monimentum ædificato
(etc.). 74. Ne quis ustrinam, ubi homo mortuus | combustus non erit, prop{r}ius oppidum pas | sus
(quingentos) facito etc. - La ligne définie par la charrue correspond à la ligne pomériale. Ce rite et
cette limite juridique n’existent qu’à Rome, dans le Latium et dans les colonies romaines. Il est
donc absurde d’appliquer ce terme à d’autres types de cités, et surtout à des cités pérégrines.
46. MAGDELAIN 1990, p. 209-228. Le témoignage de Dion Cassius sur un sénatus-consulte pris en 37
avant notre ère pris à l’instigation des pontifes (DION CASSIUS 48, 53, 5-6) et ordonnant la
destruction de la tombe de M. Oppius, installée au Champ de Mars par le peuple, parce que ses
ossements reposaient dans une terre sacrée (ώς ούκ όσίως ἐv ίερῷ χωρίῳ κείμενα) n’a rien à voir
dans ce contexte. D’abord il ne s’agit pas du pomerium, et de l’autre le sénat qui n’avait pas été
consulté - comme il l’avait été par exemple pour la tombe de Hirtius et Pansa en 42 avant notre
ère - intervint en se référant au caractère sacré du campus du dieu Mars.
47. Dig. 47, 12, 5. - Cod. Just. 3, 44, 12 ne forme pas une exception puisque c’est le ius du municipe
qui se trouve violé par l’infraction. Indirectement, un autre passage qui interdit que des cadavres
soient introduits dans la ville, ne funestentur sacra ciuitatis (PAUL., Sent. 1, 21, 2), montre que seuls
les rites, les temples ou les statues des dieux pouvaient être « souillés » par le contact avec les
morts. C’est ce que prouvent aussi les règlements des bois sacrés de Lucérie et de Spolète (ILLRP
556 ; S. PANCIERA, La lex luci Spoletina e la legislazione sui boschi sacri in età romana, dans Monteluco e i
Monti sacri, Spoleto, 1994, p. 28 sq.).
48. Voir J. SCHEID, Tlie expiation of impieties commited without intention and the formation of Roman
theology (sous presse).
49. Les lieux religiosi sont les tombes, propriétés des Dieux mânes. Voir A. DUBOURDIEU et J. SCHEID,
Lieux de culte, lieux sacrés : les usages de la langue. L’Italie romaine (sous presse).
50. AE 1986 333 : 77. Duumuiri (…) referunto quantum in inpensas sacrorum <ludorum> et quantum | in
cenas, quæ municipibus aut decurionibus consriptis | ue communibus dentur, (…). 79. (…) Qu[o mi]nus
quantæ pe[c]uniæ in sacra ludos cenas, quibus decuriones cons[cr] \ ipti] municipesu[e uo]cantur (…)
ædium sacrarum monumentorum \ que custodiam [habend]am etc.
51. GALSTERER 1988, p. 79.
375
52. On apprend ainsi que des auspicia existaient dans les colonies.
53. RS, n o 5, p. 402, ch. 67 : Quicumque pontif(ices) quique augures c(olonix) G(enetiuæ) I(uliæ) | …in
conlegium pontific(um) augurumq(ue) in demor | tui damnatiue loco h(ac) l(ege) lectus cooptatusue erit (…)
\ Neue quis quent in conlegium pontificum kapito subie \ gito cooptato, nisi etc. LADAGE, p. 74 sq. attire
l’attention sur le fait que d’après la formule employée (cooptatoue) la cooptation est un acte qui
succède à l’élection par les comices, comme à Rome.
54. LADAGE, p. 76-77.
55. RS, no 25, p. 415, ch. 128. Les cérémonies à célébrer par ces magistri sont des ludi circenses, des
sacrificia et des puluinaria. Je suppose que ces derniers sont à considérer comme des lectistemes
ou des supplications, lors desquels les magistri devaient préparer le temple et notamment les
puluinaria, les espaces où les statues, symboles et lits de table des divinités, étaient exposées, d’où
le nom de puluinar attribué à la cérémonie. - Les lieux de culte et les rites concernés sont de toute
évidence publics.
56. RS, no 25, p. 395.
57. Voir GALSTERER 1971, p. 59-60. Dans les Gaules et les Germanies, la situation n’est pas aussi
claire que dans les provinces hispaniques, mais c’est dû aux lacunes de la bibliographie.
58. GELL., NA 16,13. À titre d’exemple, on peut citer le passage du Digeste qui cite et commente le
rescrit d’Hadrien confirmant l’interdiction d’enterrer quelqu’un dans l’espace des villes (47,12,
5) : d’une part, on apprend que certaines constitutions de cité le permettaient (quid tamen, si lex
municipalis permittat in ciuitate sepeliri ?), de l’autre on constate la tendance d’Hadrien à unifier le
droit des cités romaines, qui contredit, d’une certaine manière, sa fameuse oratio.
59. Pour la confusion progressive des statuts voir P. GROS, Villes et non-villes : les ambiguïtés de la
hiérarchie juridique et de l’aménagement urbain, dans P. GROS (Éd.), Villes et campagnes en Gaule
romaine, Paris, 1998, p. 11-25, notamment p. 13-14. Lors de l’aménagement des nouvelles
provinces, qui nous intéressent ici, ces statuts possédaient, bien entendu, une réelle importance,
même si nous insistons peut-être trop sur les nuances. En fait, l’insistance est motivée par le fait
que seules les institutions des colonies sont bien connues et nous permettent de formuler
quelques conclusions.
60. Voir par exemple pour l’exposé de cette théorie, avec la bibliographie HEINEN 1985, p. 61-66.
L’un des arguments sur lesquels se fonde ce raisonnement, le fait que dans l’inscription AE
1968 321 mentionne côte à côte dans un cursus des honneurs effectués dans la ciuitas Treuerorum
et la colonia Treuerorunt. Or on sait maintenant que ce type de juxtaposition dans une même
inscription est due à un souci de uariatio et ne renvoie pas à deux de communautés différentes.
Même dans les constitutions municipales on recourt à cet expédient. Voir pour tout ceci les
contributions de M. DONDIN-PAYRE et de M.-Th. RAEPSAET-CHARLIER dans ce volume.
61. DERKS 1998, p. 119-120, voir infra.
62. La colonie de Carthage, installée sur le site de la cité punique détruite en 146 avant notre ère,
adopta entre autres Junon Caelestis comme l’une ou la divinité publique principale. Les colonies
augustéennes en Macédoine ou en Asie Mineure intègrent les divinités locales dans leur culte
public, de même que la colonie des Trévires accorde une place éminente à Lenus Mars.
63. Ceci est d’ailleurs même la cas pour les municipes. L’article <93> de la constitution d’irni le
prouve explicitement, non seulement pour les citoyens du municipe, mais aussi pour les incolæ.
64. On a en fait tendance à confondre l’organisation institutionnelle impliquée par le statut de
colonie ou de municipe, latins ou romains, avec le rang que peut conférer parmi toutes les cités
d’une province le titre de colonie.
65. DERKS 1998, p. 96-97. - On notera que Mars est le dieu guerrier, le dieu des guerriers dans le
cadre d’une cité organisée, alors que le dieu Hercule, lui aussi associé à la guerre et au triomphe,
fut préféré par les Bataves. Manifestement ceux-ci étaient, à la date à laquelle ils ont opéré l’
interpretatio de leur divinité suprême, plus intéressés aux exploits du guerrier errant, revenant
376
toujours victorieux, qu’à une représentation civique de la guerre. On pourrait aussi conclure que
les Trévires et tant d’autres cités des Gaules pensaient dans ce contexte de manière
institutionnelle, alors que les Bataves pensaient de manière mythologique.
66. Voir SCHEID 1991. La date de la déduction de la colonie Auguste des Trévires n’est pas connue.
On l’attribue généralement à Claude, mais P. Le Roux suggère de la dater déjà de l’époque
d’Auguste (LE ROUX 1992, p. 196).
67. H. H. WEGNER, Keltisch-römische Tempelanlage auf dem Martberg oberhalb der Mosel, Archäologie in
Deutschland. 1, 1995, p. 48-49.
68. II s’agit par exemple du lieu de culte du Titelberg, des sanctuaires de Bastendorf et de
Wallendorf, dont les nouvelles fouilles en cours préciseront les connaissances.
69. J. METZLER, Das treverische Oppidum auf dem Titelberg (G.-H. Luxemburg). Zur Kontinuität zwischen
der spätkeltischen und frührömischen Zeit in Nord-Gallien, Dossiers Archéologiques du Musée
National d’Histoire et d’Art 3, Luxembourg, 1995.
70. J. KRIER, Der römische Vicus von Dalheim, dans Der Kreis Merzig-Wadern und die Mosel zwischen
Nennig und Metz, Führer zu archäologischen Denkmälern in Deutschland 24, Stuttgart, 1992,
p. 243-251 avec la bibliographie.
71. Voir A. HAFFNER (Éd.), Graber - Spiegel des Lebens. Z um Totenbrauchtum der Kelten und Römer am
Beispiel des Treverer-Gräberfeldes Wederath-Belginum, Mayence, 1989 pour la bibliographie.
72. REINERT, 1995.
73. KRAUSSE 1996 - Tous ces sites sont actuellement l’objet de nouvelles et importantes recherches
dans le cadre d’un projet de la Deutsche Forschungsgemeinschaft. Un volume de présentation des
premiers résultats sera publié en 1999.
74. À Bellerberg / Mayen (F 356-357, voir maintenant MERTEN 1989) ; Andernach (CIL XIII 7681) ;
Schweppenburg / Brohl (ILS 4772) ; Bingen (ILS 4773).
75. Comme on peut aisément le constater en comparant les inscriptions ILS 4774, 4775, 4778,
4780, les Matres, Matronæ, Iunones et Suleuiæ recouvrent le même type de divinités. Voir aussi
DERKS 1998, p. 120, n. 183.
76. N 8 (Trèves, Heiligkreuz, dans les déblais du fossé de la ville ; au plus tôt milieu du II e siècle) :
Numinibus / Aug(ustorum) et Iunónib(us) / L. Mártius / Gasculus u.s.l.m (voir KTrier, p. 59, n o 99).
77. N 4 : Matronis / M. Val. Crescens / eques leg. VI uic. /cornicularis /P. Aburi Luculll[i] (voir BINSFELD
1988, p. 140, no 292 et J. SCHEID, La piété des procurateurs des Gaules et des Germanies, CCG (sous
presse). Quant aux nombreuses « Muttergöttinnen » du Musée de Trèves (KTrier, p. 131-135, n o
266-283) elles sont en fait des déesses féminines non identifiées, dont rien n’indique qu’elles sont
Mères : on notera que les Matronæ sont toujours au moins trois, alors que les « Muttergöttinnen »
sont généralement seules, parfois deux. Quoi qu’il en soit, toutes ces statues proviennent de
Trèves.
78. Si les Xulsigiæ du téménos de Lenus Mars doivent être rangées dans cette catégorie, nous
aurions une autre attestation de la concentration de ces cultes au chef-lieu de la colonie.
79. ILS 4792 (Xanten) : Matribus | Treueris \ T. Paternius | Perpetuas | cornicular. | leg. leg. | XXX V vlm.
80. CIL XIII 3569.
81. Ce tableau figure déjà dans RÜGER 1972, p. 254.
82. Cur(ia) Vardigiae.
83. Aug(usto) Rudiobo sacrum. | Cur(iae) Cassiciate d(e) s(ua) p(ecunia) d(edit), Ser(uius) Esumagius
Sacrouib (!) Ser(uius) Iomaglius Seuerus f(aciendum) c(urauerunt).
84. Il s’agit d’une base de 116 cm x 59 cm, portant sur ses quatre faces les représentations de
Jupiter lançant le foudre sur un personnage terrassé, Vénus, Mars et Vulcain. L’inscription figure
deux fois sur la pierre, sous les figures de Jupiter et de Mars. Le surnom de la curie ne concerne
pas Lyon ou Lion-en-Sullias, le développement de Ludn(…) étant alors aventureux. L’ Année
épigraphique suggère qu’il s’agit d’une autre cité, comme par exemple Ludna qui figure sur la
377
Table de Peutinger près de Lyon. On peut toutefois également comprendre Ludn(…) comme un
nom propre ou un nom de clan, au génitif ou sous forme adjectivale. L’inscription pourrait être
attribuée au Ier s., la formule pro (perpetua) salute diuinse domus existant en Belgique dès Tibère
(XIII 4635, Leuques). Néanmoins cette formule n’est pas connue en Lyonnaise, où la forme InHDD
elle-même n’est attestée qu’en 135 et n’a jamais joui d’une grande diffusion, alors qu’elle n’est
pas employée en Aquitaine (où Domus diuina seul apparaît trois fois seulement), voir R.- CH., DDS,
p. 51-53 ; 57.
85. I(oui) o(ptimo) m(aximo) pro | sal(ute) d(omus) d(iuinae) et cu | riae Ludn(…)| Perpetus Rulli f. et |
Maternus | Toutorigis | f. d(edicauerunt) p(ecunia) p(ublica) p(osuerunt).
86. Curia Arduenn(ae) ou Arduenn(a).
87. Datation des ILB.
88. Deo Entarabo et Genio | 7Ollodag(i/iae) porticum, quant | Velugnius Ingenuus promi | serat, post obitum
eius | Sollauius Victor fil. adoptiuos | fecit.
89. AE 1972 356 : [Mercurio] | Curia | Amratnina | inpendio Sex(ti) | Antisti | [N]auini ; XIII 7859 :
[Mer]curio Leud | [iac]ạno 7. Attirai | [nin]a impendio\[Fla]ui Proculi.
90. Mercurio | Tib. Claudius | lustus ex iṃ[p(erio)] | ips(ius) l(ibens) ṃ(erito) [pro s(alute)] | 7. Etraṭịụṃ
91. Ce document doit être lu comme INSTINSKY 1972 l’a fait. L’Année épigraphique avait donné une
version très osée en proposant de lire Cani[nefas]. Rüger avait lu CAI\TRACAS. Sur la pierre on
déchiffre sans problème CA\IRACAS. Ruto, dont le nom est fondé, semble-t-il, sur un radical
celtique, est citoyen caeracate, de la curie de Flaccus. Le nom de cette curie est étrange et
rappelle la terminologie militaire. S-H propose d’y voir une influence militaire. Le document est
daté par Instinsky de la deuxième moitié du IIe siècle, d’après l’inscription et le décor sculpté,
d’avant 70 par S-H, sans doute en raison de l’épisode des Cæracates évoqué par Tacite.
92. Ruto | Mattiaci\f dues ( !) Ca | iracas curia\Flacci an(norum) XXV | Allia mat|er an(norum) (vacat) |
sibi [et]filio s(uo) p(osuit).
93. Deae Sattadae | curia Tex | touerdorum | u(otuin) s(oluit) l(ibens) m(erito).
94. DRIOUX 1934, p. 121, no 664.
95. CIL XIII 8727.
96. Pour la Galice (Tarracortnaise), voir TRANOY 1981, p. 369-378, notamment p. 371-376 ; pour la
Dalmatie, voir WILKES 1969, p. 185-190.
97. CIL III 3224 (gente Undius centuria secunda).
98. Ep. Stud. 1983, p. 132 n o 17 (Eschweiler, Kr. Aachen) 2e moitié II e s./1 tiers du III e : Matronis \
Amfratnineis \ T. Iulius Secun | dus u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) ; XIII 7890 (Rödingen, Kr. Höllen).
IIe/IIIe s. : Etrahenis | et Gesahenis | Bassian<i>a Ma\terna et Bass<i>an<i>a Pa<t>erna | ex imp(erio) ips
(arum) l(ibentes) m(erito) ; XIII 7895 (Bettenhofen). Sans doute II e siècle : Matronis | Ettrra | heins ( !) |
et | Gesa|lienis| M. Iul(ius) Amandus | [ex imp(erio) ips(arum) l(ibens) m(erito) ?]. ; S-H 148 Jülich). Sans
doute 2e moitié IIe s. : Matronis | Gesation[u[\m lul(ia) Ver[i] f(ilia) Attia | u(otuin) s(oluit) l(ibens) ṃ
(erito) ; BJ 160, 1960, p. 57 n o 5 = AE 1969 102 (Morken-Harff, Kr. Bergheim). Parmi les autels les
plus anciens, donc sans doute antérieurs à deuxième moitié du II e s. : M. Iulius | Vassile | ni f(ilius)
Leu | bo Matro | nis Austri\atium u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito).
99. La phonétique du latin des Ubiens étant particulière, il est difficile de reconstruire
exactement le nom des curies ou des groupes sociaux. Ainsi aux Matrones Amfratninæ (Rüger
avait supposé qu’elles devaient s’appeler Amrahinæ) correspond la curie Amratnina. Les Etrates
quant à eux n’utilisaient pas l’adjectif après curia.
100. Le fait que la dédicace de Noville ne mentionne que le dieu Entarabus et le Génie de la curie
ne plaide pas contre cette hypothèse, car la plupart des inscriptions mentionnant des curies
s’adressent à des divinités masculines, voir RÜGER 1972.
101. ALFÖLDY 1967, p. 3-6 ; RÜGER 1972, p. 257 sq. ; 1987,18. Voir aussi HERZ 1989, p. 211.
378
121. Voir pour les documents E. GOSE, Der Tempelbezirk des Lenus Mars in Trier, Mayence, 1972,
p. 91-98 ; SCHEID 1991, p. 51. Pour des espaces semblables composés de bancs entourant un autel
voir WALTZING 1895, p. 215-217.
122. ILB, p. 28-29.
123. Pour le pagus comme district territorial, voir R.- CH., Intégration, p. 177-180 ; aussi supra M.
DONDIN-PAYRE. Chez les Trévires on possède même une borne de limite de pagus (CIL XIII 4143
(Neidenbach)).
124. Par exemple à Jülich (Iuliacum) voir CIL XIII 7869 ; 7879-7895 ; S-H 148, ou à Zülpich
(Tolbiacum), voir CIL XIII 7920a ; 7921-7939.
125. Voir GALSTERER 1992b, p. 380 pour la bibliographie.
126. Par exemple chez les Trévires, à Dalheim, au Titelberg, à Belginum.
127. Toujours chez les Trévires, par exemple à Bastendorf ( REINERT 1995) ou à Wallendorf (voir
KRAUSSE 1996). Voir aussi le Colloque international de la Deutsche Forschungsgemeinschaft à
Trèves, septembre 1998 (sous presse).
128. II convient toutefois de nuancer cette affirmation en signalant que l’origine de la population
de la ciuitas des Tongres n’est pas certaine, voir RAEPSAET-CHARLIER 1996, p. 254-255.
129. Voir pour cette évolution GALSTERER 1992a.
130. SCHEID 1995, p. 106.
131. EGGER 1953.
132. Je pense aux inscriptions commentées par LE ROUX-TRANOY 1974 et TRANOY 1981, p. 281-3, ou
ALFÖDY 1967. Il y a aussi, à l’inverse, les témoignages sur les pratiques votives très romaines
identifiés par T. Derks (DERKS 1998, p. 220-239).
AUTEUR
JOHN SCHEID
Professeur au Collège de France
230, rue de Tolbiac - F-75013 Paris
380
1 Une inscription récemment mise au jour à Rodez (Segodunum) nous apprend que sous le
règne d'Auguste, quelque part entre 10 av. J.-C. et 14 ap. J.-C., le prêtre local de Rome et
d'Auguste César fit aménager des gradins pour les sénateurs appelés à diriger la cité
nouvellement constituée1. Le texte, incomplet, est opisthographe. Il peut être restitué
ainsi (AE 1994 1215) :
2 T. Iulius ? ---]rigis f(ilius) Volt(inia tribu) [Fla]ccus ?, sacerdos Romae et Augusti Caesaris, senatui
sedilia de suo dedit.
3 La pierre a été retrouvée à l'emplacement du forum daté par les archéologues de la
deuxième moitié du Ier siècle ap. J.-C. Il est probable cependant, à l'exemple d'autres fora
gallo-romains2, que l'emplacement destiné à être occupé par l'espace du forum fut
délimité lors des réaménagements urbanistiques motivés par la constitution des Rutènes
en cité, soit à l'époque augustéenne3. Et c'est là, sur ce qui n'était peut-être à l'origine
qu'une simple esplanade marquée par un autel, que le prêtre public fit construire à ses
frais les sièges destinés à l'espace de réunion du sénat local4. On peut bien sûr contester
dans le détail la reconstitution des événements, mais cela n'enlève rien au caractère
exceptionnel de ce document qui montre que l'on doit lier étroitement la création des
sacerdoces publics des cités gallo-romaines au processus d'organisation des peuples
gaulois en cité : l'inscription, mentionnant le terme de senatus plutôt que celui d'ordo
habituel dans les cités de droit latin ou romain, pourrait confirmer que les Rutènes ne
disposaient sous Auguste que du statut pérégrin5. Retenons par conséquent que
l'installation du chef-lieu de la nouvelle civitas à l'emplacement du site indigène de
Segodunum fut accompagnée de la consécration d'un autel dédié à Rome et à Auguste
inauguré comme il se doit par l'élection (creatio) d'un sacerdoce public. Et il n'est pas
innocent que le prêtre augustéen de Rodez fut choisi parmi l'élite citoyenne de la cité. En
Gaule comme ailleurs, les sacerdoces furent confiés aux primores des cités jouissant de la
citoyenneté, seuls habilités par leur statut à représenter la cité et le culte incarnant la
381
mise en place de l'institution municipale. On comprend dès lors que la fonction était
particulièrement adaptée au culte impérial, manifestation essentielle de la vie publique
des cités et relais privilégié du dialogue établi entre la communauté autonome et le
pouvoir central. C'est donc moins l'activité proprement liturgique des prêtres, d'ailleurs
secondaire dans la civilisation gréco-romaine, que le lien de l'institution sacerdotale avec
la mise en place et le développement d'un régime municipal qui est en cause ici. Une telle
approche nous paraît de surcroît adaptée au type de documentation dont on dispose.
Notre connaissance sur la fonction sacerdotale des cités de Gaule dépend en effet presque
entièrement d'inscriptions honorifiques ou funéraires qui font de la charge sacerdotale
une étape essentielle de la carrière municipale. En somme, le but est ici de reprendre le
dossier des prêtrises municipales dans le cadre très précis de la mise en place du système
de gouvernement de la cité dans les Trois Gaules en essayant de mesurer l'influence de
l'évolution juridique et de la romanisation des communautés locales sur l'évolution des
sacerdoces. On pourra ensuite envisager les modalités de l'implication des prêtres dans la
religion des civitates.
sacerdotes répertoriés dans les cités qui ne portent pas la précision d'un élément
topographique du Confluent.
5 Chez les Convènes, on a voulu faire du sacerdos Romae et Augusti connu par 15 inscriptions,
la plupart très fragmentaires, un prêtre attaché à un culte régional regroupant les cités
de l'Aquitaine césarienne15. Certes, on attendrait plutôt un flaminat municipal dans une
cité qui a obtenu le droit latin dès Auguste16, puis le titre de colonie peu après, mais
l'argument ne nous paraît pas définitif : à Cologne, par exemple, qui est colonie romaine,
la prêtrise est restée un sacerdoce17. Remarquons simplement qu'à Saint-Bertrand-de-
Comminges, l'intitulé des prêtrises ne précise jamais le ressort géographique de la
fonction, particularité que l'on s'attendrait à trouver dans le cadre d'une institution
supramunicipale. Aussi, tant qu'aucun document n'explicite clairement l'existence d'un
culte régional chez les Convènes, le plus simple consiste, selon nous, à identifier les
sacerdotes de Lugdunum Convenarum à des fonctions municipales18.
6 Une fois ces observations faites, il est possible de proposer une liste des prêtrises
municipales attestées en Gaule sous l'Empire (voir tableau). On remarque d'emblée qu'en
Gaule comme ailleurs dans les provinces occidentales de l'Empire romain – avec peut-être
l'exception de la Bretagne où les intitulés de prêtrises n'apparaissent que de façon très
anecdotique19 –, les prêtres publics portent invariablement le titre romain de sacerdos ou
celui de flamen.
officielle », en somme les premières expressions de la religion publique des cités gallo-
romaines, des sacra célébrés au nom des citoyens membres de la cité21.
8 Ce lien nécessaire entre l'institution des sacerdoces et l'établissement d'un lieu de culte
correspondant a été initié en Gaule lors de la consécration du sanctuaire du Confluent 22 :
ara divi Caesaris ad confluentem Araris et Rhodani dedicata sacerdote creato C(aio) Iulio
Vercondaridubno Aeduo. Et il semblerait que les cités aient suivi le mouvement assez
rapidement. Du moins, quelques inscriptions militent en faveur d'une date précoce.
L'inscription déjà citée de Rodez atteste de la présence d'un sacerdos Romae et Augusti dès
le règne d'Auguste alors que la cité était pérégrine et que se faisaient sentir les premiers
aménagements urbanistiques transformant le site gaulois en chef-lieu de cité23. Chez les
Helvètes, la présence d'un sacerdos Augustalis dès l'époque de Tibère-Claude peut être de la
même façon mis en relation avec l'essor de l'urbanisme et la construction du forum
d'Avenches ?24. T. Iulius Couribocalus fut à la même époque sacerdos Augustalis chez les
Tricasses (AE 1953 56). Un sacerdos Augusti est également connu à Feurs, chez les
Ségusiaves, sous Claude : celui-ci offre à ses concitoyens un théâtre en pierre, espace
collectif qui vient s'ajouter au forum édifié entre 10 et 30 ap. J.-C.25. On peut assigner une
date identique à la prêtrise de Sec(undius) Priscus, sacerdos Romae et Augusti chez les
Trévires26 ( AE 1929 173). Force est de remarquer tout en répétant le caractère très
parcellaire de notre documentation que ces prêtres de l'époque Auguste-Claude sont le
plus souvent des sacerdotes, à deux exceptions près cependant, celle de Ti(berius) Cl
[audius ---] d'Évreux chez les Aulerques Éburovices (CIL XIII 3200 : époque claudienne) et
celle de C. Iulius Marinus (époque tibérienne). Ce dernier fut – nous suivons la restitution
donnée par L. Maurin – le premier flamine des Santons comme le stipule l'inscription de
son mausolée (CIL XIII 1074 = ILA Santons 20) : C(aio) Iulio C(aii) Iuli(i) Ricoveriugi f(ilio) Vol
(tinia tribu) Marino, [flamini] Augu[s]tali primo, c(uratori) c(ivium) R(omanorum), quaestori, ver
[cobreto], Iulia Marina filia p[osuit]. C. Iulius Marinus a visiblement exercé la charge de
vercobret alors que les Santons ne disposaient que du statut pérégrin, avant de devenir le
premier flamine de sa cité sur proposition du sénat local, conséquence selon L. Maurin de
l'obtention du droit latin au début du règne de Tibère. Considérant la naissance précoce
de l'urbanisme à Saintes, l'importance de la ville et la présence d'un prêtre de Rome et
d'Auguste à Rodez dès le règne d'Auguste, la date d'apparition de la prêtrise du culte
impérial nous paraît néanmoins tardive ; à moins de concevoir que le flaminat ait pu être
institué à la place du sacerdoce lors de la promotion de la communauté, peut-être sous
Tibère. La question mérite au moins d'être posée au vu d'autres dossiers montrant
l'adoption du flaminat dans le contexte, précisément, d'une promotion juridique. Une
telle hypothèse, si elle devait être vérifiée, confirmerait en outre que l'institution des
sacerdoces publics s'est faite dans le cadre des cités pérégrines du début de l'Empire.
flamines : il est donc très probable que le flaminat a été institué par les autorités
municipales lors de la promulgation de la charte municipale. Le premier flamine nommé
dut même recevoir l'honneur supplémentaire d'être primus, honneur qui était bien
entendu décerné par l'ordo en fonction. La procédure est documentée par une inscription
du début de l'Empire retirée du forum de Nora en Sardaigne qui ne laisse aucun doute sur
l'initiative des autorités de la cité28 : Q. Minucio Q. f. Pio, IIIIvi(ro) i(ure) d(icundo) tert(ium),
flam(ini) Aug(usti) prim(um) dec(urionum suf(fragio) cre(ato), flam(ini) Aug(usti) [pe]rpet(uus)
prim(um) et apsen(ti) dec(urionum) decret(o). L'exemple de Volubilis, en Mauritanie, est
encore plus révélateur parce qu'il fait intervenir le contexte d'une promotion juridique.
Le dossier épigraphique de cette ville montre en effet qu'avec la création du municipe
sous Claude, M. Valerius Severus, ancien sufète et édile de la cité pérégrine devint
duumvir et premier flamine in municipio suo 29. Au même moment, sa femme fut nommée
première flaminique du municipe30. Même si le contexte est différent, nous proposerions
volontiers un processus analogue à Avenches où Iulia Festilla, membre elle-aussi de la
famille des Camilli, fut nommée à la charge de première flaminique de la colonie (CIL XIII
5064), sans doute lors de la promotion ou peu après. Certes, on note qu'un citoyen
éminent de la colonie reçoit, lui, le titre de sacerdos perpetuus 31, mais il s'agit là d'une
autorité exceptionnelle conférée par l'ordo à un membre méritant de la noblesse locale : à
Avenches, les prêtres publics de la colonie nommés annuellement portaient en principe le
titre de flamine d'Auguste.
10 Peut-on faire du dossier helvète l'exemple qui confirme la règle ? Chez les Ségusiaves, par
exemple, le flaminat peut avoir remplacé le sacerdoce attesté sous le règne de Claude,
changement potentiellement dicté par l'obtention du titre de colonie sous les Flaviens 32.
Le même schéma peut être proposé chez les Trévires où le flaminat du culte impérial est
mentionné sur un texte du IIe siècle, même si là encore, l'hypothèse ne repose que sur ce
seul document (CIL XIII 4030). Point de certitude ici ou de modèle unique. On doit
d'ailleurs convenir que les titres de prêtrises sont a priori interchangeables. Le terme de
sacerdos est générique et peut désigner toutes sortes de prêtrises. N'a-t-on pas à Pompéi,
en quelques années seulement une succession désordonnée de sacerdotes et de flamines
d'Auguste, qui plus est au sein d'une même famille33 ? Reste malgré tout que le contexte
pompéien est fondamentalement différent et que l'étude des sacerdoces autant que celle
des cités résiste mal à toute synthèse mélangeant époques et situations historiques 34. À
Pompéi, la prêtrise fut créée en même temps que fut institué le culte impérial dans le
cadre d'une colonie romaine qui avait déjà une histoire vieille de plusieurs générations.
Dans les Trois Gaules, les cités tout juste constituées semblent d'abord avoir adopté des
formulaires proches de celui du Confluent, ainsi les sacerdotes de Rodez, d'Amiens,
d'Avenches, de Feurs, de Saint-Bertrand-de-Comminges, de Metz ou de Trèves. La
diffusion du droit latin a ensuite progressivement motivé l'établissement de constitutions
élaborées sur le modèle romain, l'adoption d'un ordo et de magistratures romaines : c'est
à ce moment-là qu'a pu s'imposer le flaminat, pendant institutionnalisé du duumvirat
dans la grande majorité des cités représentées35. Ici encore, point de règle fixe : les
autorités de la cité restaient maîtres en la matière ! Au IIe siècle, chez les Riédons ou chez
les Ambiens, on trouve un titre analogue à celui des origines : les prêtres portent en effet
toujours le titre de sacerdos Romae et Augusti. Dernier argument sans céder à nos
convictions : si les inscriptions hésitent parfois – citons l'exemple connu en Espagne
d'une flaminica sive sacerdos (CIL II 3277-3279) –, les mots ont une signification autant que
les institutions. Si le titre de sacerdos est le terme générique pour désigner une prêtrise,
385
celui de flamine a un sens plus précis, il désigne une prêtrise spécialement attachée à une
divinité, plus exactement à un culte public, que celui-ci se rapporte à l'empereur ou à une
divinité importante de la cité36. En vertu de cela, on peut penser que, sur le modèle des
flaminats romains, la fonction pouvait générer un certain nombre de règles laissées à
l'appréciation des cités (conditions d'âge, de naissance, de séjour dans le chef-lieu, etc.),
exigences envisageables lorsqu'il s'agit de représenter un culte essentiel de la
communauté37. Et il n'est pas surprenant de voir que dans bien des cas – on se reportera à
la liste des prêtrises donnée ci-jointe –, les cités de Gaule ont adopté progressivement le
titre de flamine au gré des changements institutionnels : c'est au moins la tendance
observée, tout en étant bien conscient que celle-ci se reflète dans le miroir d'une
documentation encore trop parcimonieuse.
11 Si le flaminat se rapporte très souvent au culte impérial, certaines cités ont respecté les
habitudes romaines en associant la prêtrise au culte d'un dieu. Un flamen Leni Martis est
connu dans la colonie des Trévires, répondant au flamen Martis Mullonis attesté chez les
Riédons. L'habitude ne se rencontre cependant pas partout : les Éduens ont ainsi conservé
une prêtrise indigène, le gutuater Martis, même si celle-ci était attachée au dieu Mars, soit
à un dieu interprété38 (CIL XIII 2585). Inscrite comme chez les Vellaves (CIL XIII 1577) dans
la carrière des honneurs, la charge de gutuater fut à première vue intégrée dans les
sacerdoces publics de la cité dominés par le flaminat, mais l'état de la documentation ne
permet pas de dire si, à la suite d'un réaménagement institutionnel, le terme de flamine
s'est substitué à celui de gutuater. Changement de mot, continuité des prêtrises
indigènes ? Le processus nous paraît moins mécanique, plus complexe. À Trèves ou à
Rennes, les autorités de la cité ont vraisemblablement institué le flaminat dans le cadre
d'un réaménagement du culte du Mars local39. À quel moment ? J. Scheid a logiquement
proposé de mettre en relation la création du flaminat et l'interpretatio de Lenus avec
l'obtention du statut de colonie40. Le modèle fourni par la charte d'Urso montre en effet
que la première tâche de l'ordo en fonction était d'établir les prêtrises publiques ainsi que
le calendrier des cultes publics41. L'évolution est importante : le culte de Lenus Mars – on
ne sait pas cependant si le culte de Lenus était attaché à l'ensemble des Trévires de
l'indépendance ou à une fraction d'entre-eux seulement – est devenu par décision
municipale un culte public, géré par les autorités de la cité et commun à l'ensemble de la
collectivité ; bref, il est devenu un culte poliade. Le titre de colonie n'étant pas attesté
chez les Riédons, on peut penser qu'un tel processus pouvait intervenir dans le cadre de
l'obtention du droit latin42. Mars Mullo, divinité tutélaire de certains pagi de la cité, fut
choisi pour présider les destinées de la civitas. La divinité reçut alors un sanctuaire dans le
chef-lieu ou son suburbium et fut dotée d'un flaminat. La réorganisation du culte était
achevée sous Hadrien : c'est à cette époque que l'ordo des Riédons décerna le titre de
flamen perpetuus de Mars Mullo à T. Flavius Postuminus (AE 1969-70 405.) Le terme de
perpetuus, exceptionnel, signifiait que Postuminus gardait alors l'honos de flamine jusqu'à
sa mort43. Celui de flamine était adapté, quant à lui, au nouveau statut de Mullo devenu
Mars Mullo, dieu de la cité des Riédons.
12 Autant dire que la diffusion du droit latin ou l'accession au rang de colonie ne signifiaient
pas l'adoption servile de titres de prêtrises propres à la cité de Rome. Si le flaminat avait
la préférence des cités devenues Res Publicae, c'est que la fonction était adaptée à la
construction municipale dotée progressivement d'une religion publique. L'obtention du
titre de colonie pouvait sanctionner l'évolution. Lourde de sens, la promotion impliquait
que la communauté était dorénavant gérée selon le droit romain. Ainsi que le stipule la
386
divinité protectrice du pagus réalisait le lien institué entre les dieux majeurs du panthéon
local, la cité et le pouvoir impérial divinisé, acteurs divins indissociables des systèmes
religieux publics des communautés provinciales. En d'autres termes, les prêtres publics,
incarnant un culte qui était à l'origine du dialogue établi entre la communauté locale et
Rome, jouaient un rôle essentiel dans l'organisation des relations établies
progressivement au sein de la res publica entre les citoyens et leurs dieux. Ne voyons pas
du culte impérial partout, institué à tous les échelons de la cité (pagi et vici) – on parle
souvent d'organisation fédérale –, l'impression n'est qu'illusion. Hors du centre urbain, le
culte impérial n'existait qu'associé aux dieux de la cité61. Les inscriptions qui unissent
invariablement le pouvoir impérial divinisé aux dieux patronnant les grands sanctuaires
de la cité ne sont pas la marque d'un culte impérial devenu envahissant, mais font
intervenir, sous le haut patronage du prêtre ou du magistrat deux cultes dont
l'association fondait le système religieux de la civitas. À Eu chez les Ambiens, vers la fin du
IIe siècle ap. J.-C., Lucius Cerialius Rectus, sacerdos Romae et Augusti 62, inaugure le théâtre
offert à une petite localité que nous assimilons à un vicus, par un sacrifice célébré
numinibus Augustorum, pago Catuslougo, deo [Marti]. Sa fonction de représentant du culte de
Rome et d'Auguste local, culte attaché à l'élaboration de la construction municipale
investissait le prêtre d'une autorité religieuse suprême qui en faisait manifestement le
serviteur des dieux de la cité. À Néris, chez les Bituriges Cubes, le réaménagement du
centre du vicus est l'occasion de célébrer comme il se doit les numina Augustorum et le dieu
Nerius sous la présidence de l'évergète, L. Iulius Equestris, flamine de Rome et d'Auguste
honoré du flaminat p[erpétuel ?] associé à ses fils tous deux flamines de Rome et
d'Auguste (CIL XIII 1376-1377). La même impression prévaut pour une autre inscription
biturige établissant la consécration d'un complexe monumental aux dieux du vicus de
Vendœuvres-en-Brenne (CIL XIII 11151).
18 Les prêtres publics incarnaient cette relation essentielle qui liait la communauté humaine
à ses dieux protecteurs. On comprend donc aisément que le sacerdoce fut considéré
comme le premier des honneurs63. Rien ne le dit mieux que le passage bien connu de
Censorinus qui concerne un notable provincial, peut-être originaire de Gaule64 : officiis
municipalibus functus, honore sacerdoti in principibus tuae civitatis conspicuus, ordinis etiam
equestris dignitate gradum provincialium supergressus (« toi – Q. Caerellius – qui a exercé des
responsabilités municipales, qui a été honoré parmi les premiers de ta cité par une charge
sacerdotale, qui a dépassé ton rang de provincial par l'entrée dans l'ordre équestre »).
C'est tout naturellement à un citoyen exceptionnel que l'on réservait une telle charge. À
Rennes (AE 1969-70 405a), le prêtre public est d'abord un honestissimus civis, un citoyen
très honorable rompu aux qualités suprêmes : l'ordo local honore ainsi Titus Flavius
Postuminus ob eius erga rempublicam et in singulos merita et liberalitatem et mores
emendatissimos, ob quos ei subinde gratias egerunt (« en raison de ses mérites envers la cité et
envers chacun, de ses libéralités, de ses mœurs très droites dont on a eu à le remercier si
souvent », trad. A. Chastagnol). Chez les Éduens, c'est un civis optimus et innocentissimus
que la cité salut : Caius Sulpicius Gallus a revêtu tous les honneurs dans sa cité – on trouve
la formule générique omnibus honoribus apud suos functo – parmi lesquels les sacerdoces
publics énumérés avec scrupule, le flaminat d'Auguste et deux prêtrises indigènes
attachées l'une à Mars, l'autre au dieu Moltinus (CIL XIII 2585). Certes, tous les prêtres
publics n'ont pas la même excellence. Un document de Metz mentionne même un sacerdos
de condition pérégrine, alors que la cité jouissait sans doute du droit latin : sa nomination
à une charge aussi prestigieuse montre que, malgré son statut, il réunissait les qualités
civiques essentielles qui le plaçaient au premier rang de sa cité65.
389
19 Comme dans les autres provinces de l'Empire, en Gaule, l'élection des flamines était
soumise aux mêmes conditions que celles des magistrats. Les prêtres étaient nommés par
l'ordo en fonction. La charge était en principe annuelle 66 et pouvait honorer, semble-t-il,
plusieurs personnages comme ce fut le cas chez les Riédons ou chez les Bituriges Cubes 67.
L'accumulation fréquente des fonctions sacerdotales revêtues par un même individu ou
leur distribution au sein d'une même famille montrent qu'elles constituaient un enjeu
important du pouvoir local, consacraient en quelque sorte les familles en vue de la cité 68.
Dans un sanctuaire de Sens, chef-lieu des Senons, les Iulii Thermiani signalent leur
prééminence en faisant ériger une véritable galerie de portraits : l'inscription votive
énumère brièvement la carrière de Sextus Iulius Thermianus et de ses petits-fils sous la
forme omnibus honoribus apud suos functo, mais précise pour chaque personnage leur
élection au sacerdoce (CIL XIII 2940). Le texte déjà mentionné de Néris fait, lui, intervenir
un père et ses deux fils, tous trois flamines de Rome et d'Auguste (CIL XIII 1376-1377).
L'appartenance à une grande famille de notable pouvait même dispenser les descendants
de gravir les différents échelons d'une carrière locale69. C'est, semble-t-il, le cas des deux
fils de L. Iulius Equester qui apparaissent dans l'inscription de Néris. À Auch, l'inscription
funéraire de Caius Antistius Severus mentionne la seule charge de flaminat (CIL XIII 445).
Or, le personnage est membre des Antistii, première gens de la cité.
20 Tout au long de l'enquête menée sur les sacerdoces municipaux des Trois Gaules et de
Germanies, on a pu souligner combien la documentation dont nous disposons reste
lacunaire, imprécise, autorisant finalement trop d'hypothèses et pas assez de conclusions
fermes et définitives. Doit-on pourtant refuser de donner une signification importante au
changement d'intitulé des sacerdoces au sein d'une même cité ? Doit-on s'en tenir à la
dimension honorifique et politique des prêtrises ? Doit-on faire des prêtres, personnages
éminents de la communauté, de simples serviteurs par obligation du culte impérial ? Car
l'image, même floue, se fait plus précise du moment que l'on dépasse le cadre défini par la
méthode prosopographique – indispensable mais trop restrictive – et que l'on pose le
problème des sacerdoces municipaux sur le terrain conceptuel de la cité et de la religion
publique. La prise en compte du contexte historique des cités gallo-romaines a permis de
préciser le lien qui nous paraît central entre l'institution des sacerdoces de Rome et
d'Auguste et l'avènement de la cité, entre l'évolution du système municipal et l'adoption
du flaminat attaché selon les cas au culte impérial ou aux grands dieux de la cité. La
nature et la fonction des sacerdoces rencontrés en Gaule correspondent finalement au
modèle civique de prêtrise inhérent au mode d'organisation de la cité. Épisode révélateur
des premiers temps de l'Empire, Ségimond le Chérusque, en refusant les ornements
sacerdotaux, marquait au fond de la meilleure manière possible, son refus du système
proposé par Rome70. Répétons qu'en matière d'organisation religieuse, l'adoption
d'institutions municipales avait deux implications majeures sur le plan religieux. La
première concernait le culte impérial, élément indispensable de la définition des cités et
ferment nécessaire de l'élaboration des publica sacra. La deuxième est une gestion
spécifique du système religieux public progressivement mis en place, au gré de
l'évolution juridique des cités, qui donnait aux prêtres municipaux, citoyens
remarquables, une fonction essentielle, celle de représentant des relations instituées
entre la cité et ses dieux.
390
LES PRÊTRES MUNICIPAUX DES PROVINCES DE GAULE ET DE GERMANIE (seules les restitutions certaines sont
répertoriées)
Note 7171
391
392
# Lecture incertaine
NOTES
1. Ce texte a été publié par R. SABLAYROLLES, Un prêtre du culte impérial au début de notre ère à
Segodunum, MSAMF 54,1994, p. 49-53.
2. Par exemple Limoges, Cartes archéologiques de la Gaule 87, 1980, p. 94. À Vannes (Darioritum), le
forum initial se présente sous la forme d'une simple place cailloutée, aménagée progressivement,
cf. A. TRISTE, dans Quand Vannes s'appelait Darioritum. Catalogue d'exposition, Musée de Vannes, 1992,
p. 92 sq. C'est aussi, semble-t-il, le cas à Périgueux, J. DOREAU et al., Contribution à l'étude du
forum de Vésonne (Périgueux), Aquitania 3,1985, p. 31-61, et à Bavay, P. THOLLARD et al., Bavay
antique, Paris, 1996.
3. Selon le rapport de fouille, seul le portique oriental du complexe fut érigé sur des maisons
d'habitation du premier urbanisme daté de 20 av. – 10 ap. J.-C., cf. J. CATALO et al., Le forum de
Rodez. Premiers résultats, MSAMF 54,1994, p. 11-49.
4. Les sedilia concerneraient selon SABLAYROLLES, op. cit. (η. 1), un sanctuaire, soit selon toute
logique l'autel de Rome et d'Auguste. Une autre hypothèse peut-être préférable, retenue par le
rédacteur de l'AE, permettrait d'identifier les sièges de la curie qui constitue, selon la tradition
romaine, un templum.
5. Ce qui paraît confirmé par STRABON 4, 2, 2, qui écrit au début du règne de Tibère : à cette
époque, il semble que seuls les Ausques et les Convènes jouissaient du droit latin en Aquitaine, cf.
CHASTAGNOL, Droit latin Gaules, p. 182.
6. On peut comparer les conclusions établies par MAURIN, Saintes, et CHASTAGNOL, Culte, p. 29-35.
7. Voir C. JULLIAN, DAGR, s.v. flamen, p. 1182 : « en Occident, le flaminat paraît assez rare dans la
Gaule Propre… », plus récemment M. LE GLAY, Un flamen munerarius à Lyon, dans Lyonnaise, p. 43 :
« La situation est claire dans sa simplicité [dans les Trois Gaules], cette prêtrise [le flaminat] est
inconnue dans les cités… ». Pour une liste complète des flamines de Gaule, voir L.-A. GYSLER et A.
393
BIELMAN, Le flaminat municipal : prêtrise officielle du culte impérial à travers les témoignages
épigraphiques de la province des Trois Gaules, Études de lettres 2,1994, p. 93-112.
8. PFLAUM, Thorigny, p. 13 : « En effet, il n'existe qu'un seul sacerdos en Gaule chevelue, le grand-
prêtre du culte impérial élu par le Conseil des Gaules ».
9. MAURIN, Saintes, p. 197 : « les sacerdotes sont toujours des prêtres annuels du culte impérial au
Confluent de la Saône et du Rhône ». L'affirmation est cependant nuancée dans L. MAURIN, Gaulois
et Lyonnais, dans Hommages à R. Étienne, REA 88,1986, p. 109-24.
10. Le détail de l'analyse est donné dans notre travail sur Religions et cités en Gaule romaine au Haut-
Empire, thèse dactylographiée, Toulouse, 1997, p. 261 sq. auquel nous renvoyons.
11. Cf. J. SCHEID, Sanctuaires et territoire dans la colonia Augusta Treverorum, dans J.-L. BURNAUX (Éd.),
Les sanctuaires celtiques et le monde méditerranéen, Actes du coll. de St-Riquier, 1990, Paris, 1991, p. 48.
12. ILTG 217, mais le texte est fragmentaire et CIL XIII 1704.
13. CIL XIII 939.
14. AE 1973 343. Pour voir le cas de Metz, voir déjà les réflexions de S. DEMOUGIN , À propos des
Médiomatriques, CCC 6, 1995, p. 189-193.
15. Les inscriptions sont rassemblées dans A. BADIE, R. SABLAYROLLES et J.-L. SCHENCK, Saint-Bertrand-
de-Comminges. I. Le temple du forum et le monument à enceinte circulaire, suppl. Aquitania, Toulouse,
1994.
16. C'est par exemple le cas chez les voisins Ausques qui disposaient du ius Latii dès le règne
d'Auguste : une inscription atteste en effet la présence d'un flamine dans cette cité, CIL XIII 445.
17. Attesté par quatre documents : N 162 et 225 ; CIL XIII 7918 ; 8244. Il est vraisemblable que les
autorités de la nouvelle colonie ont conservé l'intitulé attaché à l'Ara Ubiorum, TACITE, An. 1, 57, 2.
18. C'est l'option prise par A. AYMARD, Notes sur des inscriptions de Lugdunum Convenarum, dans
Études d'histoire ancienne, Paris, 1967, p. 528. La fouille récente du temple du forum n'a pas fait
avancer le débat : A. BADIE et al., op. cit. (n. 15), p. 108 sq. évoquent simplement l'hypothèse d'une
ara Convenarum d'obédience régionale dont les vestiges seraient à chercher sous la route moderne
qui passe devant le temple.
19. RIB 155 ; 1314 ; 2065.
20. Sur la place donnée à ces monuments dans l'urbanisme des villes julio-claudiennes, cf. P.
GROS, Les autels des Caesares et leur signification dans l'espace urbain des villes julio-claudiennes, dans R.
ETIENNE et M.-Th. LE DINAHET (Éd.), L'espace sacrificiel dans les civilisations méditerranéennes de
l'Antiquité, Paris, 1991, p. 179-186 ; bilan pour les Trois Gaules dans VAN ANDRINGA, op. cit. (n. 10),
p. 49 sq.
21. On peut renvoyer à la définition romaine des publica sacra donnée par FESTUS, p. 284 L : publica
sacra quae publico sumptu pro populo fiunt… Rappelons également que le terme générique de culte
impérial est riche de sens religieux, recouvrant une grande variété de destinataires (Rome et
Auguste, le numen, l'honneur de la maison impériale, etc.) et d'associations avec les dieux de la
cité qui restent hiérarchiquement toujours supérieurs, voir S. R. F. PRICE, Rituals and power. The
Roman Imperial Cult in Asia Minor, Cambridge, 1984.
22. TITE-LIVE, Per. 139.
23. Voir J. CATALO et al., op. cit. (n. 3), p. 11 sq.
24. CIL XIII 5093-5094 ; pour la datation du forum, A. BIELMAN et M. BLANC, Le forum d'Avenches :
inscriptions et monuments, Études de lettres 2, 1994, p. 84 sq. et M. BOSSERT et M. FUCHS, De l'ancien
sur le forum d'Avenches, BP A 31,1989, p. 12-105.
25. Cf. V. GUICHARD et P. VALETTE, Le forum gallo-romain de Feurs (Loire), Gallia 48, 1991,
p. 109-164.
26. Le sacerdoce apparaît également sur un texte contemporain de Mayence, AE 1968 321 = AE
1976 505.
394
27. La cité est alors dirigée par un mag(istratus) ou mag(ister), cf. CIL XIII 11478 et CIL XIII
5093-5094.
28. L'inscription est publiée par G. SOTGIU, Iscrizioni latine della Sardegna. I, Padoue, 1961, n o 45.
L'inscription marque vraisemblablement l'instauration du culte impérial dans la cité.
29. IAMaroc 369 ; 448.
30. IAMaroc 439.
31. CIL XIII 5102-5104.
32. CIL XIII 1642 (sacerdos Augusti) ; CIL XIII 1629 (flamen Augusti). Pour le statut de colonie, CIL XIII
8917.
33. CIL X 830 ; 837 ; 838 ; 947 ; 948 ; 840 ; 945 ; 946.
34. On rappellera le constat de C. JULLIAN, DAGR, s.v. flamen, p. 1182 : « la question du flaminat
municipal demeure une des plus inextricables que l'épigraphie puisse provoquer. Ce qui vient la
compliquer, c'est qu'il y a eu sans nul doute des divergences nombreuses suivant les provinces, et
suivant les villes d'une même province ». C'est également l'absence de règles immuables et
rigides qui ressort de la synthèse de LADAGE.
35. Le duumvirat et le flaminat apparaissent conjointement sur CIL XIII 1376-1377 ; 11151
(Bituriges Cubes) ; CIL XIII 2585 (Éduens) ; CIL XIII 548 (Élusates) ; CIL XIII 5009-5010 ; CIL XII 2606 ;
2614 ; AE 1978 567 (Colonia Equestris) ; CIL XIII 5063 ; 5102-5104 (Helvètes) ; CIL XIII1684 (Senons) ;
CIL XIII1674-1675 (Séquanes) ; CIL XIII 412 (Tarbelles) ; CIL XIII 4030 (Trévires) ; CIL XIII1577
(Vellaves) alors que le couple duumvir/ sacerdos n'apparaît que 2 fois : CIL XIII 8727 ; 11047 ( ?).
36. CICÉRON, Leg. 2, 8, 20.
37. C'est l'option prise par C. JULLIAN, DAGR, s.v. flamen, p. 1185 même si les preuves formelles
manquent encore. La loi de Narbonne, relative aux flamines provinciaux, montre une adaptation
provinciale des règles imposées au flamen Dialis romain, CIL XII 6038 = ILS 6964. On remarque
également que, dans la loi d'Urso (chap. 66), les pontifes et les augures municipaux sont exemptés
du service militaire et des munera de la même façon que leurs homologues romains.
38. La fonction de gutuater est également attestée sur deux autels votifs du sanctuaire d'Anvallos
(CIL XIII 11225-11226). S'agit-il de prêtres attachés au culte d'Anvallos ? Quoi qu'il en soit, la
fonction n'est pas intégrée dans un cursus municipal. Difficile par conséquent d'en faire une
prêtrise publique. Ajoutons que le maintien de sacerdoces indigènes est rarement attesté dans les
provinces occidentales de l'Empire : on peut citer le manisnavius de Vérone (CIL V 3931-3932),
titre d'ailleurs associé à celui de flamine, observation valable pour le praefectus sacrorum de Lepcis
Magna, forme romanisée de l'addir ’azarim (IRT, p. 80 et n o 319 ; 321-323 ; 347). Peut-être doit-on
tenir compte également du flamine de La Graufesenque même si l'identification d'un flamine
éponyme sur les bordereaux d'enfournement des ateliers de céramique laisse perplexe ? Pour
MARICHAL, Graufesenque, p. 98 et p. 109, le titre de flamen s'est substitué à celui de cassidanos qui
désigne, selon lui, une prêtrise indigène. Une telle identification peut néanmoins être contestée,
voir M. DONDIN-PAYRE, supra.
39. Sur les Mars indigènes et leur évolution sous l'Empire, cf. VAN ANDRINGA, op. cit. (n. 10), p. 165
sq.
40. J. SCHEID, Sanctuaires et territoire dans la Colonia Augusta Treverorum, dans J. L. BRUNAUX (Éd.), Les
sanctuaires celtiques et le monde méditerranéen, Dossiers de Protohistoire 3, Paris, 1991.
41. Voir J. SCHEID, supra.
42. Les articles concernant la nomination des prêtres publics devaient figurer dans les premiers
chapitres de la lex Irnitana, précisément ceux qui n'ont pas été retrouvés.
43. C'est du moins à cette conclusion qu'arrive A. CHASTAGNOL, L'album municipal de Timgad, Bonn,
1978, p. 29, à partir du dossier des flamines de Timgad.
44. RS 25, chap. 66,67 et 68.
45. Cf. F. BÉRARD, supra.
395
66. C'est au moins le cas des flamines municipaux africains, CIL VIII 23280 ; AE 1911 22 ; à Timgad,
cf. A. CHASTAGNOL, op. cit. (n. 43), p. 29. Pour tout cela, R. MACMULLEN, Le paganisme dans l'Empire
romain, Paris, 1987, p. 77.
67. CIL XIII 3148-3151 (deux frères) ; CIL XIII 1376-1377 (deux frères également).
68. Voir les remarques de R. GORDON, From Republic to Principate : priesthood, religion and ideology,
dans M. BEARD et J. NORTH (Éd.), Pagan priests, Londres, 1990, p. 179-98.
69. Le même constat est établi pour les flamines de Timgad par H. PAVIS D 'ESCURAC, Flaminat et
société de la colonie de Timgad, Ant. Afr. 15, 1980, p. 192.
70. TACITE, An. 1, 57, 2.
71. SBC I = Saint-Bertrand-de-Comminges. I. Le temple du forum et le monument à enceinte circulaire,
Toulouse, 1994. Les inscriptions sont présentées par J.-L. Schenck
AUTEUR
WILLIAM VAN ANDRINGA
Professeur à l’université Lille 3
57, rue Faubourg Saint-Martin - F-75010 Paris
397
(Les termes et noms ne figurant que dans des tableaux ne sont pas systématiquement indexés)
[
[---] [---]bina 53
[—]idius Flavus74, 76, 77, 79, 80, 84
A
Aar (Arura). 65, 72
Abrincatui. 129
Acceptius 111, 123
Acceptius Firminus (Q.) 101, 119
Acceptius Venustus (Q.) 102
actor. 172, 173, 180, 185, 192, 206, 211, 212, 214, 217, 222, 272, 315, 337, 350, 351
Adginnius Martinus (Q.) 292, 332, 446
Adiutorius Memor (Μ.) 295, 333, 352
administration provinciale, gouverneur. 71, 78, 111, 232, 245, 247, 313, 338, 358, 359, 389
Aduatuques (Aduatuci). 275
Aelius Brocchus (C.) 365, 366
Aernilius Laetus 371
Aemilius Pudens 371
Affranchis 52, 72, 87, 109, 110, 122, 123, 139, 140, 193, 196, 207, 208, 272, 289, 294, 330, 333,
358
Afranius Heliodorus (Μ.) 219
Afranius Professus 91
Agde (Agathè). 13, 24
ager publiais. 5, 6, 25, 280
Agrippa 10, 21, 254, 255, 256, 274, 287, 319
398
Aquenses 197, 273, 298, 306, 307, 309, 315, 320, 337, 338, 345
Aquitaine 120, 130, 132, 134, 135, 136, 137, 141, 143, 146, 148, 149, 152, 154, 160, 163, 164,
166, 168, 169, 171, 175, 185, 188, 190, 193, 194, 195, 196, 197, 200, 202, 207, 213, 219, 222,
225, 293, 317, 404, 426, 428
Aquius 101, 102, 114, 115, 119, 123, 124, 165, 172, 176, 177, 443
Aquius Antonianus (Q.) 102, 443
Aquius Apollinaris (Ti.) 114, 115, 119, 177, 443
Ara Ubiorum 257, 259, 276, 311, 428
Arc 294, 300, 301, 303, 315, 351
Aresaces (civitas ? pagus ?) 312, 314, 315, 348, 349, 351
Argentan 150, 152, 428
Argentovaria 63, 296
Arles (Arelate Sextanorum). 17, 18, 23, 42, 50, 411, 435
Arlon (vicus Orolaunum) 197, 199, 200, 378
Armée
beneficiant 71, 115, 141, 144, 175, 182, 294, 357, 358, 359, 378, 379
cavaliers 34, 50, 319, 362, 363, 365, 403
cornicularius 369
légions 15, 17, 18, 22, 34, 49, 50, 70, 71, 74, 108, 124, 175, 176, 184, 191, 220, 237, 256, 258,
260, 263, 264, 265, 279, 280, 281, 282, 296, 299, 312, 313, 355, 356, 357, 358, 359, 365, 367,
369, 370, 373, 378, 403, 411
Prima 374, 375
I Minervia 356, 357, 358, 375, 409
II Parthica 365
V Alaudae 374
VI Victrix 263, 375
IX Triumphalis 34, 58
X Equestris 34, 58
X Gemina 264, 281, 375
XX Valeria Victrix 374
XXI Rapax 50, 90, 297, 374
XXII Primigenia 263, 358, 368, 374, 378
XXX Ulpia Victrix 264, 356, 358, 368, 370, 376, 377, 403
vexillations 264, 355
officiers 188, 232, 279, 361, 363, 364, 365, 370
légat 55, 311, 358, 359
milices équestres 176, 177, 359, 360, 379
préfet 49, 50, 362, 363, 365
tribun 74, 258, 358, 409
sous-officiers 49, 357, 359, 372
interrex legionis ? 43, 49, 50, 51, 52, 53
principalis 358, 359, 370
quaestor equitum 49
petitor militiae 359, 360, 379
soldats 9, 12, 34, 49, 50, 89, 91, 98, 107, 111, 125, 179, 184, 278, 283, 293, 297, 324, 355, 357,
400
358, 361, 362, 363, 366, 367, 368, 369, 371, 372, 373, 378, 379, 399
troupes auxiliaires 31, 89, 91, 116, 192, 254, 255, 256, 260, 266, 279, 280, 283, 296, 304, 305,
306, 318, 355, 356, 361, 362, 363, 366, 369, 370, 372, 373, 379, 399
ailes 62, 175, 190, 356, 362, 363, 364, 365, 369, 376, 377, 379
ala Afrorum veterana 376
ala Batavorum 363
ala I mill. Batavorum 363
ala Gallorum et Thracum Classiana c.R. 377
ala Indiana 362
ala Moesica felix torquata 369, 377
ala Noricorum 369, 377
ala I Thracum 369, 376
ala Treverorum 362
ala I Tungrorum Frontoniana 364, 369, 376
ala Augusta Vocontiorum c.R. 117, 377
cohortes 33, 62, 63, 89, 107, 178, 179, 208, 254, 262, 266, 283, 356, 360, 361, 362, 363, 364,
371
cohors I Batavorum 363, 369
cohors III Batavorum 363, 364
cohors VIIII Batavorum 364
cohors VII Breucorum 369
cohors II Dalmatarum 369
cohors I Germanorum 377
cohors I Helvetiorum 89
cohors I Flavia Hispanorum eq. p.f. 377
cohors I Pannoniorum et Delmatarum eq. c.R. 377
cohors I Sequanorum et Rauricorum eq. 62, 63, 318
cohors I Thracum 369
cohors I (Antoniniana) Treverorum eq. 362
cohors II (Antoniniana) Treverorum 362
cohors I Tungrorum 364, 365
cohors III Tungrorum 220
cohors III Lusitanorum 377
cohors Silaucensium 377
numerus Brittonum 378
numerus exploratorum Germaniciorum 378
vétérans 9, 10, 12, 14, 17, 18, 22, 26, 31, 32, 34, 36, 58, 82, 86, 89, 97, 102, 107, 110, 138, 251,
260, 265, 300, 305, 315, 340, 345, 350, 355, 356, 357, 358, 359, 360, 361, 366, 367, 368, 369,
370, 371, 372, 373, 374, 375, 376, 377, 378, 379, 399, 410, 413, 417
prime 370
Arminius 255
Arvernes (Arverni) 130, 132, 134, 136, 154, 188, 190
Asberg (Asciburgium) 358, 372, 375, 376, 377
assemblée provinciale 104, 259
Asturiens (Asturi) 255
Atillus Divixti f. 366, 377
401
B
Baden (Aquae Helveticae) 71
402
C
Cadastre 6, 7, 25, 277, 290
Cadurques (Cadurci) 130, 136, 149, 154, 157, 160, 175
Caenicenses 13
Caerellius (Q.) 439
Caesius Mutilus (Μ.) 358, 364, 376
Cairacates (pagus ?) 312, 314, 349, 405
calendrier public 193, 384, 390, 391, 392, 393, 394, 395, 396, 397, 399, 401, 434
dies festi / feriæ 390, 391, 392, 393
jours fastes 51, 57, 392
jours néfastes 392, 393
Calètes (Caleti) 129, 199, 235
Camillius Aetolus (L.) 91
Camillius Paternus (C.) 91
Camillus 69, 78, 91, 431
Campanius Priscus (L.) 209, 211, 444
Campanius Virilis 209, 444
camps militaires 3, 34, 65, 70, 71, 82, 256, 257, 260, 261, 264, 266, 279, 280, 296, 299, 302,
305, 306, 310, 312, 313, 319, 411
canabae 263, 272, 296, 299, 312
Candidinius Martinus (C.) 294
Candidius Calpurnianus (C.) 296, 304, 335, 343
Candidius Mercator (L.) 304, 343
Canninéfates (Canninefates) 272, 273, 278, 282, 283, 284, 285, 287, 314, 319, 325, 326, 328,
361
404
Cologne - Köln (oppidum Ubiorum - colonia Claudia Ara Agrippinensium) 105, 106, 197, 251,
252, 253, 255, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 267, 268, 274, 291, 303, 318,
319, 328, 342, 357, 358, 359, 368, 370, 372, 414, 416, 428, 429, 446
colonie (colonia) 1, 3, 4, 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 22, 23, 26, 29, 31, 34, 35, 42 44, 45,
51, 52, 54, 55, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 67, 68, 76, 86, 87, 89, 97, 100, 102, 103, 104, 106, 107,
111, 114, 124, 132, 134, 135, 136, 138, 139, 140, 141, 153, 156, 158, 162, 166, 170, 172, 176,
178, 179, 184, 185, 186, 187, 194, 197, 199, 200, 201, 225, 245, 246, 247, 251, 252, 253, 254,
258, 259, 261, 263, 264, 265, 266, 271, 272, 273, 275, 280, 281, 285, 287, 288, 290, 291, 295,
313, 314, 317, 318, 320, 321, 370, 382, 383, 384, 389, 390, 391, 393, 395, 396, 398, 399, 400,
417, 418, 429, 435, 436
colonie de vétérans 3, 5, 6, 7, 8, 12, 15, 17, 18, 19, 23, 24, 25, 42, 44, 45, 50, 51, 86, 106, 107,
108, 121, 251, 398, 411, 433
colonie latine 1, 3, 4, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 22, 24, 27, 51, 67, 68, 88, 89, 90, 179, 187, 225,
280, 290, 291, 296, 321, 389
colonie romaine 1, 22, 23, 29, 42, 45, 104, 166, 187, 291, 321, 383, 395
colons (coloni) 3, 8, 18, 22, 32, 35, 58, 61, 80, 82, 83, 85, 86, 87, 88, 90, 104, 135, 162, 181, 329,
330, 331, 332, 390, 394, 395, 398, 399, 411
comices 116, 393, 397
Condate (pagus) 125, 179, 201, 211, 212, 213, 214, 222, 237, 240, 290, 331, 332
Condrustis (pagus) 201, 208, 220, 275, 276, 278, 324, 325, 413, 415
conseil fédéral des Gaules 149, 231, 245, 246, 248, 259
Consinius 142, 145
consistentes 86, 138, 155, 178, 194, 220, 272, 299, 302, 330, 337, 338, 340, 341, 377
Consoranni 77, 130, 143, 163, 166, 197, 200, 208, 213
Constance - Konstanz 30, 69, 71, 237, 239, 242, 243
constitutions municipales 5, 44, 45, 51, 98, 109, 146, 193, 383, 388, 389, 391, 393, 396, 397,
398, 399, 400, 419, 434, 435
loi d'Irni 44, 146, 389, 391, 396, 400, 401
loi d'Urso 51, 52, 389, 392, 396, 433, 434, 435, 437
loi de Malaca 109, 246
loi de Salpensa 44
conubium 266
Convènes (Convenae) 103, 130, 134, 135, 138, 160, 163, 175, 177, 188, 189, 190, 197, 200, 208,
211, 212, 215, 216, 220, 223, 426, 428, 442
conventus civium Romanorum 80, 101, 192, 194, 312, 314, 350
Coriosolites (Coriosolites) 129, 132, 135, 232
Corius Icani f. 142, 144, 155, 157
Cornelia (tribu) 42, 80
Cornelius Augurinus (L.) 307, 346
Cornelius Rufinus (Μ.) 140
Cotentin 235, 237, 239, 240, 241
Coutances (Constantia / Cosedia) 233, 237, 239, 240, 241
407
D
Dacie 266
Dalheim (Ricciacus) 297, 336, 402, 417
Dalmatie 261, 366, 408, 409
Dannius 183, 184
Danube (Danuvius) 310
Dativius Victor 301, 315, 339, 340, 351, 446
Decimius Sabinianus (C.) 173, 179
Decorata 295, 334
deductor 60
Delphidius 232
Die (Dea Augusta) 117, 159
Dieburg (Med(---)) 302, 340, 341
dieux
Ageius 212
Ancamna 415
Anvallos 433
Apollon 145, 210, 232, 309, 345
Aventia 85
Bacchus 392
Belenus 232
Bellone 292, 294
Cobannus 353
Cybèle 294, 296, 392
Diane 222, 300, 316, 338, 347
Abnoba 316, 347, 352
Faunus 394
Genava 40, 41
Génies 196, 272, 277, 300, 303, 304, 306, 327, 338, 340, 351, 352
Hercule 210, 218, 222, 279, 326, 401
Magusanus 267, 279, 326
Iarae. 414
408
E
Eauze (Elusa) 143, 165
Éburons (Eburones) 208, 252, 253, 254, 262, 275
Eclano (Aeclanum) 19
410
Éduens (Aedui) 69, 78, 129, 132, 135, 136, 137, 150, 151, 155, 157, 159, 162, 168, 172, 178, 179,
194, 200, 201, 210, 211, 214, 221, 260, 429, 433, 438, 439
Eisenberg 295, 316, 333, 352
élites municipales. 16, 23, 25, 29, 42, 54, 65, 73, 77, 79, 81, 82, 90, 97, 99, 100, 103, 104, 106,
108, 110, 112, 117, 119, 120, 122, 123, 124, 125, 142, 146, 149, 150, 157, 164, 170, 174, 177,
179, 208, 209, 213, 223, 231, 245, 246, 255, 257, 260, 266, 279, 284, 289, 292, 362, 363, 364,
368, 370, 371, 372, 382, 383, 388, 398, 399, 400, 417, 418, 426, 438, 439, 440
Elne (Illiberis) 11, 24
Elsenz (Alisantia ?) 305
Élusates (Elusates) 127, 134, 135, 138, 143, 146, 160, 163, 165, 167, 433, 443
employés municipaux 138, 192, 193, 252
appariteur 186, 290
arenarius 138, 194
clavicularius 193
designator 193
gardien de prison 194
licteur 193, 301
officialis 193, 194
personnel des spectacles · 193, 391
pompier 186, 194
saltuarius 193
tabularius 194
tabellarius 140, 193, 194, 292, 315, 350
vigile 186, 194
enceinte 21, 39, 40, 205, 237, 242, 252, 257, 258, 264, 277, 282, 288, 294, 301, 302, 304, 305,
313
Enz·316
Equestricus (pagus) 37, 38
Escaut (Scaldis) 282
Eschweiler- Fronhoven 404, 408, 409
esclaves 66, 140, 193, 211, 272, 289, 294, 330, 333, 418
Espagne Bétique 51, 239, 436
Espagne Tarraconaise 104, 255
estrade (tribunal) 206, 211, 223
Esui 129
Etrates 408, 409
Ettlingen 307, 345, 346
Evergétisme 21, 83, 152, 222, 224, 248, 289, 292, 306, 309, 437, 438
F
Fabia (tribu) 74, 79, 80, 98, 110
faisceaux 106, 124
411
G
Gabales (Gabali) 130, 134, 148, 154, 157
Galeria (tribu) 101, 102, 103, 104, 106, 107, 109, 124, 164, 168, 172, 195
Galice 191, 408, 409
Gargilius Martialis (Q.) 360, 370
412
Gaule Belgique 29, 71, 72, 131, 132, 135, 142, 148, 155, 159, 160, 162, 163, 164, 167, 169, 172,
175, 177, 185, 187, 190, 191, 193, 194, 195, 196, 197, 198, 200, 202, 203, 208, 213, 219, 272,
275, 284, 355, 361, 362, 366, 368, 372, 373, 378, 404, 405, 413, 436
Gaule Cisalpine 1, 5, 10, 25
Gaule Lyonnaise 72, 103, 109, 112, 120, 129, 132, 135, 136, 137, 143, 148, 155, 157, 159, 162,
163, 164, 168, 169, 172, 176, 177, 184, 187, 189, 194, 195, 196, 197, 198, 199, 201, 202, 207,
213, 235, 242, 247, 353, 367, 373, 404, 405, 409
Gaule Narbonnaise 1, 9, 10, 11, 12, 15, 18, 22, 24, 26, 29, 31, 32, 35, 41, 43, 44, 48, 50, 51, 97,
108, 110, 122, 127, 150, 158, 159, 160, 161, 166, 169, 170, 171, 178, 180, 187, 190, 196, 202,
215, 220, 225, 278, 291, 399, 404, 409, 427, 435
Gaule Transalpine 2, 3, 4, 5, 8, 9, 11, 13, 14, 15, 16, 25, 26, 55
Gellius Celerianus (L.) 295
Gemellianus 71
Gemellius Secundus (M.) 217
Genève (Genovae) 30, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 52, 53, 66, 80, 304, 341, 343, 445
Genitor 143, 145
Germani cisrhenani 252, 275
Germanie 29, 32, 35, 44, 53, 72, 73, 98, 105, 108, 123, 124, 125, 128, 138, 139, 154, 156, 175,
178, 179, 180, 181, 183, 187, 190, 198, 215, 216, 219, 256, 271, 272, 273, 275, 276, 278, 281,
284, 285, 287, 291, 292, 293, 298, 301, 305, 310, 311, 316, 317, 319, 321, 324, 325, 327, 329,
333, 334, 336, 353, 355, 356, 358, 359, 361, 362, 363, 366, 368, 370, 372, 373, 378, 379, 389,
397, 404, 405, 413, 414, 425, 427, 429, 435, 437, 440, 442
inférieure 73, 105, 108, 139, 179, 272, 273, 285, 298, 320, 321, 324, 355, 356, 359, 361, 362,
363, 366, 367, 370, 372, 373, 378, 379, 404, 405
supérieure 29, 72, 73, 178, 198, 216, 272, 281, 285, 287, 292, 298, 305, 311, 316, 321, 329, 353,
358, 363, 372
Germersheim (vicus Iulius ?) 295, 335
Gex 30, 38, 39, 332
Giamillus 142, 145, 181, 184
Glanum (colonia) 13, 19, 23, 24
Gracileius Similis (C.) 170, 276, 324
Grand 142, 198
Gratinius Primus (P.) 358, 376
Guerre sociale 382, 418
H
Hagenbach 305, 334, 344
Halinghem (vicus Dolucens) 199, 215
Haltern 257, 258
Hasparren 143, 167, 172, 200, 213
Heddernheim (Nida) 182, 299, 300, 302, 338, 339, 340, 341
413
I
Ijsselmeer 282
Impflingen 296, 335
impôts 259, 388, 394
incolae 85, 86, 87, 88, 90, 102, 108, 109, 117, 159, 189, 213, 319
Ingenuus 367, 378
institutions municipales 2, 18, 19, 22, 23, 24, 26, 29, 77, 82, 118, 138, 140, 152, 160, 170, 173,
211, 225, 233, 267, 271, 272, 278, 281, 283, 287, 291, 297, 312, 320, 393, 398, 399, 400, 414,
416, 418, 431, 433, 435, 441
bouleute 191
cooptation 107, 186
curateur 24, 80, 85, 86, 87, 99, 101, 110, 112, 120, 142, 143, 145, 146, 153, 155, 156, 167, 168,
171, 172, 175, 177, 178, 179, 182, 183, 192, 194, 195, 196, 215, 216, 217, 268, 285, 295, 298,
300, 301, 305, 312, 315, 334, 350, 352
curateur de la colonie (des Helvètes) 85, 86
curateur des citoyens romains 86, 101, 110, 112, 120, 167, 171, 172, 175, 179, 195, 216
curia decurionum 23, 68, 88, 107, 108, 115, 117, 124, 159, 160, 161, 163, 192, 194, 211, 232,
268, 289, 371, 372, 398, 426, 438
décret 3, 5, 6, 53, 117, 118, 128, 138, 159, 209, 211, 215, 222, 272, 289, 292, 296, 308, 347, 391,
397
décurion 48, 49, 53, 66, 83, 86, 90, 99, 100, 102, 103, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112,
115, 117, 118, 119, 121, 122, 123, 124, 125, 128, 129, 130, 131, 138, 141, 153, 154, 159, 160,
161, 162, 163, 165, 168, 177, 178, 179, 180, 186, 191, 192, 209, 211, 214, 225, 231, 267, 268,
272, 277, 281, 284, 289, 292, 294, 295, 296, 297, 298, 301, 302, 303, 304, 305, 306, 307, 308,
309, 313, 314, 315, 316, 321, 324, 326, 327, 330, 332, 333, 335, 336, 337, 339, 340, 341, 343,
344, 345, 346, 347, 348, 350, 352, 364, 371, 372, 376, 390, 391, 392, 394, 395, 396, 397, 398,
399, 418
élections 109, 116, 118, 392, 426
ardo decurionum 101, 102, 105, 107, 108, 109, 110, 112, 115, 116, 117, 118, 125, 128, 136, 159,
414
160, 161, 164, 170, 172, 186, 246, 247, 292, 298, 314, 332, 399, 426, 431, 432, 434, 439, 440
ornamenta decurionatus 106, 118, 277, 325
primarius 187
princeps 21, 105, 186, 187
principalis 187
sévir 52, 53, 62, 66, 85, 88, 97, 98, 105, 109, 111, 116, 118, 122, 123, 124, 125, 155, 178, 189,
284, 289, 294, 299, 309, 310, 311, 321, 332, 347, 348
trésor (aerarium) 2, 161, 162, 163, 172, 173, 185
Irni 389, 396, 400, 401
Italiques 382
Itinéraire d'Antonin 197, 237, 242, 253, 276, 293
ius nundinarum 281, 295
J
Januarinia Matrona 368
Januarinius Secundinus (M.) 305, 344
Januarius Florinus (T.) 85, 86
Jouars-Pontchartrain (vicus [---]) 199
Julia Festilla 78, 84, 91, 432, 446
Julia Helias 123, 443
Julia Pusinna 53, 445
Juliers - Jülich (Iuliacum) 253, 256, 404, 408, 410, 416
Julii Ripani 42
Julius 12, 42, 77, 260, 357, 440, 442
Julius Abucinus (Ti.) 80, 82, 83, 84, 87, 88, 446
Julius Agelaus (C.) 357, 375
Julius Agricole (Cn.) 257
Julius Aprilis (C.) 357
Julius Brocchus Valerius Bassus (L.) 445
Julius Camillus (C.) 73, 74, 76, 77, 82, 84, 445
Julius Civilis 263, 279, 287, 288, 361, 362, 363, 364, 369
Julius Classicus 362
Julius Consors (D.) 74, 76, 79, 80, 445
Julius Cornelianus (C.) 102, 108
Julius Couribocalus (T.) 168, 176, 430
Julius Equester (L.) 148, 216
Julius Firminus 101, 102
Julius —]rigis f. [F]ajccus (T. ?) 425
Julius Fuscus (Ti.) 366, 377
Julius Indus 362
415
K
Kastel (Castellum Mattiacorum) 182, 293, 298, 299, 300, 307, 315, 337, 338, 339, 340
Katwijk (Lugdunum Balavorum) 283
Kleestadt 302, 315, 340, 341
Köngen (vicus Grinario) 181, 182, 183, 308, 309, 347, 348
Kornelimünster (Varnenum) 253
L
[Labi]ena C. f. [---]montica 53
lac Léman (lacus Lemannus) 30, 32, 33, 34, 38, 49, 69
Lactorates (Lactorates) 130, 134, 136, 138, 160, 198
Ladenburg (Lopodunum) 302, 303, 304, 317, 341, 342, 343, 348
Lahn (Lagona) 254
416
M
Maasdam 283
Maastricht (Traiectum ad Mosam) 253, 277
Maccius Aeternus (L.) 353
Mâcon (Matisco) 156, 167, 172
Macrinius Julianus 309, 347
417
N
Naaldwijk 285, 326
Nahe (Nova) 293
Naix (Nasium) 200, 211, 318
Namnètes (Namnetenses) 129, 135, 200, 204, 205, 207, 211, 219, 223
Nantes (Condevicnum ou Condevincum) 198, 200, 204, 205, 206, 207, 211, 217, 219, 222, 223
Narbonne (Narbo Martius Decumanorum) 3, 5, 7, 8, 15, 17, 18, 19, 24, 44, 45, 51, 106, 107, 108,
121, 433, 435
natio (peuple) 2
nautes 122, 206, 222, 278, 279, 306, 308, 325, 346
Neckar (Nicer) 292, 297, 305, 306, 308, 310, 317, 319
Négociants 3, 8, 214, 222, 280, 299, 303, 338, 340, 348, 351
Némètes (Nemetae) 273, 287, 294, 295, 304, 309, 314, 319, 334
Nemonius Senecio 315, 350
Néris (vicus Neriomagensis) 197, 216, 223, 224, 439, 440, 442
Nerviens (Nervii) 131, 135, 154, 155, 162, 164, 167, 169, 193, 195, 275, 312, 403, 413, 414, 415,
416
Neuenstadt 305, 306, 344, 345
420
O
Oberaden 256
Oberwinterthur (Vitodurum) 70
Octavius (L.) 55, 60
Octonius Tertius 295
Oescus. 191, 277, 325
Öhringen (vicus Aurelianus) 216, 298, 305, 306, 344, 345
Onellicus (pagus) 241
onomastique 66, 80, 82, 110, 124, 141, 142, 143, 144, 146, 147, 149, 173, 175, 183, 187, 193,
212, 232, 281, 287, 289, 295, 357, 358, 359, 364, 365, 367, 368, 373
duo nomina 147, 292, 296, 301, 335
filiation 86, 148, 149, 150, 157, 189, 428
gentilice 75, 78, 79, 80, 107, 110, 123, 147, 183, 184, 190, 193, 253, 279, 281, 295, 301, 315
tria nomina 86, 299, 336, 337, 338
Oos (Ausawa v.) 197
oppida ignobilia 13, 14, 21
oppidum 10, 11, 36, 37, 56, 62, 129, 136, 210, 219, 235, 237, 253, 255, 257, 262, 263, 274, 280,
298, 325, 395, 402
Oppius Placidus (Μ.) 193
Orange (Arausio Secundanorum) 7, 17, 18, 25, 411
Orgius Suavis (Sex.) 210
421
P
Pachten (vicus Contiomagus) 142, 181, 199
pagus 37, 38, 69, 78, 125, 127, 128, 129, 130, 131, 132, 138, 141, 143, 144, 146, 153, 160, 162,
166, 167, 168, 172, 173, 179, 180, 185, 186, 188, 190, 196, 197, 198, 199, 200, 201, 202, 203,
207, 208, 209, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 219, 220, 221, 222, 224, 225, 241, 252, 253,
262, 272, 276, 278, 282, 283, 289, 292, 298, 312, 314, 317, 318, 321, 324, 325, 326, 328, 329,
341, 342, 343, 344, 348, 349, 409, 414, 415, 416, 434, 438
ordo pagi 211, 215
pagani 197, 200, 201, 208, 212, 214, 220
compagani 197, 200
Pannonie 281, 363, 366, 408
Pannonius Solutus (Μ.) 46, 351
Papiria (tribu) 277, 375
Paris (Lutetia) 72, 188, 279, 444
Parisii 129, 132, 135, 179
Paternius 157, 193, 301, 339, 403, 446
patria 137, 140, 154, 157, 247
patria potestas 383
Patricius Marcus (L.) 216, 289
Patricius Martialis (L.) 216, 289
patron (patronus) 66, 80, 83, 85, 87, 88, 90, 91, 100, 101, 135, 173, 179, 193, 210, 212, 213, 214,
289
pérégrin 1, 15, 62, 66, 68, 73, 74, 76, 77, 80, 81, 84, 89, 91, 134, 137, 140, 141, 143, 144, 145,
147, 149, 161, 164, 183, 184, 212, 221, 275, 279, 281, 285, 297, 305, 306, 318, 345, 372, 383,
388, 398, 405, 426, 430, 431, 436, 440
Périgueux (Vesunna) 149, 155, 195, 425, 428, 443
pes Drusianus 275
Pesch 409, 410, 411
Petillius Cerialis Caesius Rufus (Q.) 260, 364
Petillius Vindex (C.) 364, 369
Petronius Magnus (Μ.) 290, 332
Petronius Metellus (Q.) 290, 332
Pétrucores (Petrucorii) 130, 134, 136, 137, 148, 149, 155, 163, 195, 443
Pforzheim (Portus Antiensis ?) 273, 305, 307, 309, 315, 317, 320, 344, 352
Phoebicius 232
422
Pictons (Pictones) 130, 134, 136, 155, 160, 163, 165, 175, 195, 197, 198, 200, 207, 216, 443
pilier funéraire 257
piraterie 49
Piscenae 24
place publique (campus) 206, 395
platea 181, 182, 183, 300
Plinius Faustus (C.) 43, 52, 445
Poitiers (Limonum) 165
Pollicitation 315, 411, 416
pomerium 395
Pompée 5, 6, 8, 9, 12, 24
Pompeianius [—] 296, 335
Pompeius ( ?) Optatus 84
Pompeius Libo (Μ.) 149
Pompeius Priscus (Ti.) 149
Pomponius Paternus (L.) 149
Pontius Crescens 358, 376
populus 2, 3, 6, 101, 110, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 120, 159, 160, 164, 165, 172, 176,
186, 246, 248, 430
postulatio populi 101, 110, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 120, 164, 246
port 49, 73, 204, 205, 207, 217, 222, 235, 239, 257, 263, 265, 301
portique 196, 206, 425
Portus Namnetum 204, 205
possessores 212, 222
praefectus fabrum 101, 120, 122, 168, 176
pragmaticus 299, 302, 337, 339
préfet 297
Priminius Tullius 358, 376
Priscinius Florus 367, 379
Promotion 18, 40, 74, 76, 79, 82, 84, 86, 104, 108, 109, 112, 113, 115, 123, 139, 142, 144, 146,
149, 162, 174, 205, 209, 277, 281, 285, 288, 310, 361, 398, 431, 435
proscenium 206, 222
Publ(icius) Sabinus (Ti.) 223
Publicius Decmanus (Sex.) 139, 193
Punicius Genialis (T.) 139, 444
Q
Quartionius Secundinus (P.) 308, 347, 348
Quietus 146, 365
Quinctilius Varus (P.) 195, 257, 259
423
R
Rauriques (Raurici) 31, 54, 56, 59, 61, 62, 63, 64, 65, 296, 318
Recensement 127, 128, 150, 169, 180, 191, 192, 224, 271, 274, 294
Régio 9, 11, 78, 272, 276, 281, 283, 284, 324, 325, 327
Reims (Durocortorum) 197, 256, 372, 429
Religion
appariteurs 389, 436
haruspices 193, 296, 303, 305, 313, 315, 321, 389, 390, 436
joueurs de flûte 390
auspicia 396
calendrier 193, 384, 390, 391, 392, 393, 394, 395, 396, 397, 399, 401, 434
cooptation 396, 397
culte funéraire 252, 259, 396
culte impérial 48, 49, 52, 53, 60, 66, 69, 74, 75, 76, 77, 83, 84, 90, 91, 97, 98, 99, 100, 101, 102,
103, 104, 105, 106, 116, 120, 122, 123, 128, 137, 140, 144, 147, 148, 149, 156, 158, 162, 167,
168, 170, 175, 176, 182, 185, 188, 189, 190, 191, 195, 198, 204, 205, 209, 213, 214, 216, 222,
223, 225, 232, 246, 272, 276, 288, 290, 300, 301, 306, 311, 315, 321, 324, 326, 327, 330, 331,
332, 333, 335, 336, 337, 339, 341, 343, 344, 346, 347, 348, 350, 370, 384, 386, 387, 389, 391,
392, 393, 396, 397, 403, 425, 427, 428, 429, 430, 431, 432, 433, 434, 435, 436, 437, 439, 440,
441, 442, 443, 444, 445, 446
cultes privés 385, 386, 387, 398, 414
cultes publics 272, 277, 279, 291, 292, 296, 300, 302, 303, 309, 315, 316, 325, 326, 327, 331,
332, 334, 335, 338, 340, 341, 343, 344, 345, 346, 347, 351, 352, 384, 385, 386, 387, 394, 398,
399, 400, 401, 414, 415, 417, 418, 419, 430, 433, 434, 435, 436, 441
curie (curia) 196, 253, 351, 402, 404, 405, 408, 409, 411, 413, 414, 415, 416, 417
dendrophori 302
droit sacré 391, 397, 400, 418, 436
druides 232, 388
financement des sacra 394, 396
hastiferi 299, 304, 337, 338
instauratio 436
interpretatio 401, 434
jeux (ludi) 118, 217, 392, 394, 396, 397, 437
lieux de culte 381, 394, 397, 398, 401, 402, 403, 409, 410, 414, 416, 417
litatio 390
modèle civique 385, 441
numina 145, 189, 190, 217, 219, 222, 430, 438
oracles 392
polythéisme 382, 385, 387, 398, 400
prêtres. 48, 49, 52, 53, 60, 66, 69, 74, 75, 76, 77, 83, 84, 90, 91, 97, 98, 99, 100, 103, 104, 105,
106, 116, 120, 122, 128, 137, 140, 144, 147, 149, 156, 158, 162, 167, 168, 175, 176, 185, 189,
424
190, 191, 209, 214, 216, 223, 225, 232, 246, 271, 272, 281, 288, 290, 292, 294, 300, 301, 321,
324, 326, 327, 330, 332, 333, 335, 336, 337, 339, 341, 343, 344, 346, 347, 348, 350, 372, 384,
386, 387, 392, 396, 397, 425, 427, 428, 429, 430, 431, 432 433, 434, 435, 436, 437, 439, 440, 442
Augure 52, 101, 102, 246, 288, 310, 321, 330, 348, 396, 397, 418, 433, 435, 436, 443, 444
creatio 426
élection 392
flamme 48, 52, 66, 76, 84, 100, 101, 102, 103, 104, 116, 123, 128, 148, 156, 167, 168, 170, 175,
176, 182, 188, 195, 210, 213, 291, 306, 311, 331, 332, 370, 389, 397, 427, 428, 429, 430, 431,
432, 433, 434, 435, 436, 437, 440, 441, 442, 443, 444, 445, 446
flamine perpétuel 84, 102, 434, 435, 443, 444, 445, 446
flamine provincial 104, 433
flaminique 49, 53, 76, 84, 91, 123, 198, 432, 433, 443, 446
gutuater 152, 156, 164, 168, 185, 429, 433, 443
magistri 74, 75, 397
ministri 306, 344
pontife 112, 123, 168, 189, 190, 292, 321, 395, 396, 397, 418, 433, 435, 436
pontife perpetuel 84, 102, 112, 168, 186, 370, 434, 435, 438, 443, 444, 445, 446
rex sacrorum 50, 75, 396, 434
sacerdos 76, 77, 84, 90, 101, 149, 155, 209, 257, 268, 291, 294, 297, 301, 311, 315, 321, 332,
335, 339, 340, 351, 389, 397, 425, 427, 428, 429, 430, 431, 432, 433, 438, 440, 442, 443, 444,
445, 446
sacerdos Augustalis 430, 431
sacerdos Augusti 76, 77, 84, 430, 432
sacerdos perpétuas 84, 432
sacerdos Romae et Augusti fédéral 101, 103, 104, 149, 291, 292, 332, 427, 428, 430
sacerdos Romae et Augusti local 289, 330, 332, 425, 427, 428, 430, 433, 439
prodiges 392
ritualisme 381, 382, 384, 386, 387, 388, 390, 394, 395, 396, 397, 398, 399, 418, 419, 436
sacra 390, 394, 395, 396, 419, 430, 436, 441
sacrifice 200, 386, 388, 390, 396, 436, 437, 438
sanctuaire fédéral des Gaules 103, 149, 173, 177, 179, 213, 275, 287, 427, 429, 430, 432, 444,
446
supplications 397
temples 60, 73, 99, 111, 113, 119, 120, 149, 165, 177, 183, 185, 205, 207, 210, 232, 243, 277,
282, 289, 292, 294, 296, 304, 305, 307, 369, 387, 394, 395, 396, 397, 400, 401, 402, 403, 410,
413, 415, 416, 417, 426, 427, 428, 429, 430, 433, 434, 436, 437, 438, 440, 442
aedituus templi 300, 338
capitale 258, 263, 294
curator templi 300
Remagen (Rigomagus) 105, 107, 179
Rèmes (Remi) 131, 135, 137, 179, 191, 200, 260, 315, 403, 415
Rennes (Condate) 156, 201, 205, 209, 237, 240, 401, 434, 439, 444
res publica 134, 135, 138, 140, 157, 187, 205, 210, 212, 220, 307, 331, 438
Rezé (Ratiatum) 198, 200, 204, 205, 206, 207, 217, 219, 222
Rhètes (Raeti) 55, 57, 208
Rhétie 57, 71, 317, 366, 372, 418
425
Rhin (Rhenus) 30, 31, 38, 56, 61, 64, 65, 69, 105, 175, 273, 274, 279, 282, 285, 287, 292, 297,
300, 306, 307, 310, 318, 327, 359, 361, 367, 368, 371, 373, 378, 414
Rhône (Rhodanus) 7, 13, 14, 17, 20, 30, 38, 42, 105, 122, 427
Riédons (Riedones) 129, 132, 135, 136, 138, 156, 159, 162, 201, 208, 209, 211, 216, 222, 429,
433, 437, 440, 444
Riez (Alabaece Reiorum) 19, 435
Rijswijk 284, 327
Rindem 414
Roanne (Rodumna /pagus Rodonensis) 197
Rocius Lepidus (L.) 187, 205
Rodez (Segodunum) 161, 425, 426, 429, 430, 432, 438, 443
Rottenburg (Sumelocenna) 183, 273, 305, 308, 309, 316, 317, 320, 347, 348
Rottweil (Arae Flaviae) 273, 301, 309, 314, 317, 318, 320, 348
Rouen (Rotomagus) 237, 239, 266
Rutènes (Ruteni) 2, 8, 130, 134, 160, 161, 425, 443
S
Saepta 116
Sag(—) Magiatus 306, 345
sagaricus 189
Saint-Bertrand-de-Comminges (Lugdunum Convenarum) 12, 103, 121, 124, 135, 137, 138, 139,
175, 177, 188, 190, 198, 204, 211, 219, 220, 223, 428, 432, 442
Saint-Paul-Trois-Châteaux (Augusta Tricastinorum) 10, 14, 22
Saint-Quentin (Augusta Viromanduorum) 176
Saintes (Mediolanum) 143, 150, 152, 167, 171, 189, 190.195, 206, 427, 431, 443
Salasses (Salassi) 31, 78
Salpensa 44
saltus 272, 308, 311, 312, 316, 317, 320, 347
ordo saltus 308, 347
saltus Sumelocennensis 308, 317, 347
Sandweier (vic. Bibienses) 308, 346
Santons (Santones) 77, 130, 136, 143, 148, 150, 151, 155.160.163.167.171.189.195, 430, 431,
443
Saveme (Tabernae) 296, 336
Schleitheim (Iuliomagus) 273, 317, 319
schola 302, 308, 340, 411, 415
Sec(undius) Priscus 167, 175, 427, 430, 445
Secundus 102, 107, 143, 145, 150, 179, 192, 206, 217
Sedatius Florus (C.) 217
426
Ségusiaves (Segusiavi) 104, 124, 125, 129, 135, 136, 138, 156, 162, 164, 176, 186, 189, 190, 195,
201, 210, 212, 429, 430, 432, 444
Seiopenses 317
Seligenstadt 303, 341
Senilius Decmanus (L.) 301, 339, 350
Sennius Sollemnis (T.) 137, 147, 148, 149, 157, 164, 165, 166, 176, 231, 243, 245, 246, 247,
435, 444
Senons (Senones) 129, 132, 135, 136, 138, 139, 143, 148, 156, 160, 161, 162, 165, 170, 172, 173,
176, 178, 179, 180, 184, 185, 187, 194, 197, 200, 201, 212, 213, 214, 215, 219, 353, 433, 437,
440
Sens (Agedincum) 139, 153, 156, 165, 172, 178, 179, 180, 184, 185, 193, 194, 200, 204, 206, 214,
216, 219, 220, 298, 429, 440, 444
Sentius Saturninus 257
Séquanes (Sequani) 38, 59, 63, 128, 138, 178, 188, 273, 287, 289, 290, 291, 295, 312, 314, 315,
319, 331, 353, 433, 437, 446
Sergius Lustrostaius Domitius (L.) 43, 52
Severinius Vitalis (C.) 358
Severius Marcianus (Q.) 43, 44, 45, 46, 47, 48, 52, 53, 445
Sextius Calvinus (C.) 4
Sicambres (Sugambri) 261, 262, 275
sièges (sedilia) 425, 426, 438
Silius Nerva (P.) 31
Silvanectes (Silvanectae) 131, 135
Silvius Perennis (Q.) 292, 332
Simplicius Quietus (Μ.) 363
Simplicius Simplex (Μ.) 363
Sinsheim (vicus Salobriga ?) 305, 343
Sogiontii 107, 123
Soleure - Solothurn (vicus Salodurum) 72, 76, 298
Sopeni 253
Soulosse (Solimariaca v. / pagus Dervetus) 198, 201, 211, 214, 217, 221
Spechbach (vicus Nediensis) 303, 304, 305, 343, 344
Spire- Speyer (Naviomagus) 294, 296, 305, 334, 335
ST(---) ou S(---) T(---) (civitas) 273, 295, 304, 316, 317, 343
Stettfeld 308, 346
Stockstadt 303, 341, 436
Strasbourg (Argentorate) 296, 316, 336, 378
Sturii 284, 328
Suèbes (Suebi) 57, 208, 273, 296, 302, 303, 305, 308, 309, 317, 320, 341, 342, 344
Suèbes du Neckar (Suebi Nicrenses) 273, 296, 302, 303, 308, 309, 317, 320, 341, 342, 344
Suebi T(---) 317
427
T
Table de Peutinger 197, 204, 237, 240, 242, 276, 281, 282, 285, 289, 292, 293, 295, 296, 308,
310, 317, 324, 326, 327, 329, 331, 333, 335, 336, 347, 348, 349, 404
Tabula Siarensis 262, 315
Tarbelles (Tarbelli) 130, 143, 160, 163, 165, 167, 169, 172, 200, 210, 213, 433, 443
Tarquimpol (Decempagi) 197
Taunenses 273, 300, 301, 302, 303, 307, 309, 313, 315, 320, 338, 339, 340, 446
Taunus 300, 313, 320
Tauricius Verus (C.) 148, 157, 359, 360, 361, 367, 379
Taurus Celeris f. 444
Terentius Varro Murena (A.) 31
Teretina (tribu) 42, 49
territoire militaire 70, 278, 311
Tertius M. f. 366, 377
Tertius Felix (T.) 315, 350
Tertius Severus (T.) 85, 86
Teucorias (pagus) 201, 208, 211, 212, 220
Teucoriatius Securus 208, 211
Texuandri (pagus) 275, 276, 278, 284, 318, 324
théâtre 118, 194, 222, 240, 241, 248, 301, 304, 310, 315, 430, 439
thermes 240, 241, 248, 282, 289, 301, 307, 317
Thérouanne (Tarvenna) 139
Theux ([vicus ?] Tect[ensium]) 142, 167, 199, 200, 215, 216, 276, 324
Tigurins (Tigurini) (pagus) 69
Tincius Alpinus (T.) 119
Titelberg 193, 255, 402, 417
Titurius Sabinus (Q.) 232
Tolbiac- Zülpich (Tolbiacum) 253, 266, 268, 416
Tongres- Tongeren (Atuatuca Tungrorum) 59, 275, 276, 277, 324, 325
Tongres (Tungri) 128, 131, 135, 142, 159, 167, 170, 187, 191, 197, 199, 201, 211, 214, 215, 216,
219, 256, 272, 273, 275, 278, 281, 284, 287, 293, 303, 314, 319, 324, 325, 326, 361, 364, 376,
400, 403, 405, 413, 414, 415, 416, 417
428
Toutoni 317
Traianius Gumattius (Μ.) 367, 377
traité (foedus) 31, 89, 287
Trebur (vicus Augustanus) 303, 341
Trèves- Trier (colonia Augusta Treverorum) 85, 105, 139, 167, 175, 185, 186, 194, 197, 198,
199, 201, 204, 208, 211, 212, 214, 215, 216, 217, 219, 220, 221, 245, 255, 256, 258, 266, 311,
313, 362, 378, 390, 401, 403, 404, 410, 414, 415, 427, 429, 432, 434, 436, 445
Petrisberg 255
Trévires (Treveri) 123, 131, 135, 136, 138, 142, 159, 161, 162, 164, 167, 168, 175, 177, 181, 182,
185, 186, 187, 193, 194, 196, 197, 199, 201, 202, 203, 208, 211, 212, 214, 215, 216, 217, 220,
221, 222, 223, 245, 255, 260, 297, 311, 314, 354, 361, 362, 368, 369, 399, 400, 401, 402, 403,
404, 405, 409, 413, 414, 415, 416, 417, 418, 419, 429, 430, 432, 433, 437, 445
Triboques (Triboci) 63, 253, 273, 287, 296, 319, 336, 349
Tricasses (Tricasses) 129, 135, 138, 156, 168, 169, 176, 178, 179, 430
triclinium 409
Trois Gaules 26, 29, 35, 44, 53, 77, 90, 97, 98, 100, 125, 127, 128, 134, 159, 161, 162, 166, 169,
171, 180, 187, 189, 206, 215, 222, 224, 225, 273, 274, 287, 289, 291, 319, 368, 425, 426, 427,
429, 432, 435, 440, 445
Turons (Turones) 129, 135, 137, 157, 444
Tutius Catullinus 147
tutorat 383
U
Ubiens (Ubii) 252, 253, 254, 255, 257, 258, 260, 261, 266, 274, 276, 319, 352, 367, 399, 402,
409, 410, 413, 414, 415, 417
Ulpius Abgar (M.) 362
Ulpius Avitus (M.) 220
Unelles (Unelli) 129, 132, 231, 232, 233, 235, 237, 240, 241, 248
Upie 103, 104, 156, 176, 178
Urso (colonia Cenetiua Iulia) 51, 52, 389, 392, 396, 433, 434, 437
V
Vagirius Martianus (Sex.) 112, 119, 120
Vaison (Vasio) 404, 408
Valais (Vallis) 32, 72
Valence (Valentia Cavarum) 17, 22, 23, 110, 121, 154, 156, 159, 176, 178, 435
Valentius Bititralis 366, 376
Valerius Albanus 315, 350
Valerius Antiochus Libanius (C.) 102, 109
Valerius Asiaticus (D.) 23
429
193, 194, 195, 196, 197, 198, 199, 200, 201, 202, 203, 204, 205, 206, 207, 208, 211, 214, 215,
216, 217, 218, 219, 220, 222, 223, 224, 225, 241, 253, 272, 276, 282, 283, 284, 289, 292, 295,
296, 298, 299, 300, 303, 304, 305, 306, 307, 309, 310, 312, 313, 314, 316, 321, 324, 328, 329,
332, 333, 335, 336, 337, 339, 340, 341, 342, 343, 344, 346, 347, 348, 349, 350, 351, 352, 402,
415, 416, 429, 438, 440, 444
vicani 136, 137, 144, 145, 183, 187, 197, 198, 199, 200, 201, 203, 204, 205, 206, 207, 211, 214,
215, 216, 217, 218, 219, 220, 222, 289, 295, 298, 299, 300, 303, 304, 305, 306, 308, 314, 316,
333, 334, 336, 337, 338, 341, 343, 344, 345, 346, 347, 349, 350, 351, 415
convicani 190, 197
vicina 198
vicinia 198, 199
Vicus U(lpius ?) v(etus ?) 303, 341
Viducasses (Viducasses) 129, 132, 135, 136, 137, 138, 147, 148, 157, 162, 164, 165, 166, 176,
231, 233, 235, 237, 242, 243, 246, 247, 288, 435, 436, 437, 444
Vienne (Vienna Allobrogum) 17, 18, 20, 22, 23, 42, 43, 53, 80, 83, 99, 106, 107, 108, 111, 114,
119, 121, 123, 154, 171, 179, 192, 196, 211, 435
Vienne-en-Val 404, 408
Vieu (vicus Venetonimagensis) 199, 202, 203, 205
Vieux (Araegenuae) 165, 176, 231, 233, 235, 237, 241, 242, 243, 248, 444
Vilcias (pagus) 201, 414, 415
villa 70, 91, 312, 410
Villards-d'Héria (vic. [---]) 156, 178, 289, 292, 331, 332
Vindolanda 364, 365, 366
Vinicius (M.) 257
Vinxtbach (Fines) 292, 293, 311, 314
Viridovix 232
Viromanduens (Viromandui) 131, 155, 157, 176, 201, 212, 214
Vitalis 142, 145, 217, 376
Vitorius Caupus 211, 214, 277, 324
Voconces (Vocontii) 48, 138, 175, 196, 278, 404, 435
Volques Arécomiques (Volcae Arecomici) 13, 20, 21
Voltinia (tribu) 15, 41, 42, 43, 51, 52
Voncq (Vungum v.) 197
Voorburg-Arentsburg (Forum Hadriani) 269, 284, 320, 327
W
Walheim 305, 344
Wallendorf 402, 417
Wasserbillig (vicus Suromagus) 194, 199
Wederath (vicus Belginum) 168, 199, 200, 201, 203, 216, 402, 417
Wiesbaden (Aquae Mattiacorum). 297, 298, 299, 300, 302, 337, 338
431
X
Xanten (castra Vetera). 261, 264, 283, 358, 372, 374, 376, 403
Xanten (colonia Ulpia Traiana) 251, 252, 254, 261, 263, 264, 265, 266, 268, 269, 275, 281, 319,
320, 370, 377, 405, 416
Tricesimae. 266
Y
Yverdon (vicus Eburodunum). 69, 75, 198, 446
Z
Zélande 283, 285
Zurich (Turicum) 57, 70
432
Index locorum
Sources épigraphiques
(Pour les abréviations, voir la bibliographie générale du volume)
AD
2 ∙ 98, 103
28 ∙ 100
103 ∙ 120
138 ∙ 102
139 ∙ 102
140 ∙ 101, 102
141 ∙ 101, 102, 110
142 ∙ 101
143 ∙ 101, 102
144 ∙ 101, 102
145 ∙ 102
146 ∙ 123
154 ∙ 123
189 ∙ 120
232 ∙ 119
AE 1908
132 ∙ 135
AE 1910
60 ∙ 199
AE 1911
22 ∙ 440
AE 1913
161 ∙ 136, 210
AE 1916
26 ∙ 211, 212, 214
433
AE 1921
66 ∙ 211, 214, 324
AE 1924
43 ∙ 345
AE 1928
13 ∙ 197, 200, 215
AE 1929
132 ∙ 350, 351
173 ∙ 167, 175, 427, 430, 445
223 ∙ 264
AE 1935
5 ∙ 23
AE 1937
55 ∙ 142, 198
AE 1939
46 ∙ 199
AE 1944
97 ∙ 326
AE 1947
169 ∙ 362
AE 1948
166 ∙ 148, 150, 171, 195
AE 1949
136 ∙ 135, 136, 137, 148, 157, 165, 166, 176, 243
137 ∙ 135, 136, 137, 148, 157, 165, 166, 176, 243
214 ∙ 148, 165, 166, 176, 243
AE 1952
22 ∙ 195
23 ∙ 101, 102, 103, 156, 176, 178, 435, 443
AE 1953
21 ∙ 118
56 ∙ 135, 168, 176, 430
112 ∙ 195
AE 1954
78 ∙ 328
AE 1956
252 ∙ 359
AE 1958
193 ∙ 197, 217
AE 1959
10 ∙ 325, 326
66 ∙ 165
95 ∙ 148, 157, 165, 166, 176, 243
129 ∙ 203
434
AE 1962
102 ∙ 408
143 ∙ 22
183 ∙ 276, 283, 324, 325, 327
184 ∙ 118
232 ∙ 339, 340, 341
AE 1963
98 ∙ 266
99 ∙ 266
100 ∙ 266
101 ∙ 266
102 ∙ 266, 324
AE 1964
148 ∙ 313
AE 1965
28bis ∙ 354
118 ∙ 327
341 ∙ 315, 331
AE 1966
252 ∙ 101, 102, 125, 165, 172, 176, 246, 443
AE 1967
303 ∙ 136, 175, 195, 198, 216
320 ∙ 194
326 ∙ 75
328 ∙ 88
332 ∙ 315, 331
AE 1968
308 ∙ 404
311 ∙ 278
320 ∙ 343
321 ∙ 135, 162, 167, 175, 245, 399, 430, 445
AE 1969-70
388 ∙ 215
405 ∙ 135, 156, 162, 434, 438
405a ∙ 136, 201, 209, 438, 439, 444
405b ∙ 136, 201, 209, 438, 444
405c ∙ 201, 438, 444
AE 1971
319 ∙ 359
AE 1972
356 ∙ 404, 405
357 ∙ 405, 409
AE 1973
58 ∙ 327
63 ∙ 328
66 ∙ 327
435
67 ∙ 328
343 ∙ 428
361 ∙ 162, 445
AE 1974
435 ∙ 55, 58, 59
AE 1975
630 ∙ 325, 326
641 ∙ 328
646 ∙ 282, 325, 326
651 ∙ 143
652 ∙ 357, 379
AE 1976
443 ∙ 102, 125
476 ∙ 367, 368, 378
505 ∙ 162, 167, 430, 445
AE 1977
532 ∙ 22
AE 1978
501 ∙ 167, 172, 185, 188, 190, 200, 213, 222
502 ∙ 148, 155, 427, 439, 444
534 ∙ 333
566 ∙ 79, 82
567 ∙ 42, 43, 45, 433, 445
635 ∙ 50
AE 1979
341 ∙ 156, 178
403 ∙ 101, 103, 156, 176, 178, 291
410 ∙ 237
417 ∙ 135
418 ∙ 135
424 ∙ 350, 351
AE 1980
624 ∙ 77, 150
633 ∙ 77, 150
637 ∙ 119
638 ∙ 119
639 ∙ 99, 101, 119, 120, 168
647 ∙ 379
656 ∙ 414
658 ∙ 62, 284
AE 1981
491 ∙ 358
643 ∙ 77, 150
656 ∙ 327
691 ∙ 348
436
AE 1982
511 ∙ 51
694 ∙ 44
715 ∙ 429
716 ∙ 47, 167, 172, 185, 188, 190, 200, 213, 222, 284, 318, 444
AE 1983
690 ∙ 207
714 ∙ 444
AE 1984
648 ∙ 142, 216
662 ∙ 358, 376
AE 1986
333 ∙ 146, 391, 392, 393, 396
522 ∙ 336
AE 1987
771 ∙ 194
AE 1988
938 ∙ 50
AE 1989
515 ∙ 163
521 ∙ 77, 143, 150
535 ∙ 413
AE 1990
432 ∙ 358
722 ∙ 240
739 ∙ 375
745 ∙ 313, 349, 350
752 ∙ 303, 342
753 ∙ 303, 342
754 ∙ 303, 342
755 ∙ 303, 342
756 ∙ 335
762 ∙ 344
AE 1991
320 ∙ 44
1199 ∙ 23
1257 ∙ 91
1264 ∙ 67
AE 1992
1181 ∙ 19
1184 ∙ 24
1185 ∙ 24
1186 ∙ 24
1187 ∙ 24
1188 ∙ 24
1239 ∙ 437, 445
437
3505 ∙ 313
4153 ∙ 135
4279 ∙ 327
6166 ∙ 313
6687 ∙ 192
7416 ∙ 360
8675 ∙ 413
11936 ∙ 326
14207 ∙ 360
14214 ∙ 266
14403a ∙ 365
14416 ∙ 191, 325
CIL V
995 ∙ 117
1978 ∙ 411
3931 ∙ 434
3932 ∙ 434
4981 ∙ 117, 118
5376 ∙ 184
5447 ∙ 411
5600 ∙ 116
5747 ∙ 348, 350
6887 ∙ 331, 332
7637 ∙ 116
CIL VI
220 ∙ 187
221 ∙ 187
404 ∙ 411
1454 ∙ 184
1691 ∙ 187
2086 ∙ 184
2100 ∙ 184
2485 ∙ 360
2488 ∙ 360
2606 ∙ 360
3203 ∙ 327
3221 ∙ 328
3230 ∙ 328
3237 ∙ 326
3260 ∙ 328
3263 ∙ 328
3284 ∙ 326
3422 ∙ 411
3548 ∙ 360
3549 ∙ 360
3550 ∙ 359
9044 ∙ 157
439
9422 ∙ 411
10234 ∙ 411
10242 ∙ 411
28256 ∙ 184
29681 ∙ 157
29692 ∙ 444
29698 ∙ 108
29709 ∙ 102, 154
31140 ∙ 254
31162 ∙ 326
31171 ∙ 334
31659 ∙ 184
32380 ∙ 184
32843 ∙ 326
32850 ∙ 328
32866 ∙ 327
32869a ∙ 328
32869bb ∙ 326
32937 ∙ 360
CIL VII
66 ∙ 62, 319
1068 ∙ 208
1072 ∙ 208
1073 ∙ 201, 208, 221
1234 ∙ 324
CIL VIII
958 ∙ 118
2450 ∙ 117
4436 ∙ 370
4437 ∙ 370
9047 ∙ 360, 370
11034 ∙ 117
11824 ∙ 192
17950 ∙ 117
18596 ∙ 370
20736 ∙ 360, 370
20750 ∙ 370
22733 ∙ 117, 118
22743 ∙ 117
23280 ∙ 440
CIL IX
334 ∙ 118
422 ∙ 51
1184 ∙ 118
1584 ∙ 268
1635 ∙ 51
440
3513 ∙ 395
4970 ∙ 119
CIL X
112 ∙ 116, 118
830 ∙ 432
837 ∙ 432
838 ∙ 432
840 ∙ 432
945 ∙ 432
946 ∙ 432
947 ∙ 432
948 ∙ 432
1705 ∙ 135, 137
3704 ∙ 118
3872 ∙ 308
6012 ∙ 118
6071 ∙ 50
6087 ∙ 55
6094 ∙ 50
6101 ∙ 51
6232 ∙ 51
7023 ∙ 116, 117
7295 ∙ 118
CIL XI
391 ∙ 135
716 ∙ 162, 443
3013 ∙ 119
6191 ∙ 411
CIL XII
175 ∙ 23
179 ∙ 23, 435
358 ∙ 19
367 ∙ 19
370 ∙ 158
692 ∙ 435
696 ∙ 435
701 ∙ 435
982 ∙ 19
983 ∙ 435
1005 ∙ 18, 24
1114 ∙ 18, 435
1116 ∙ 18
1118 ∙ 18
1120 ∙ 18, 23, 435
1239 ∙ 19
1368 ∙ 435
1371 ∙ 435
441
1373 ∙ 435
1468 ∙ 404
1567 ∙ 435
1585 ∙ 102, 117, 159
1750 ∙ 102, 154, 159, 161, 162
1782 ∙ 102, 435
1783 ∙ 435
1839 ∙ 435
1840 ∙ 435
1855 ∙ 135, 179, 192
1867 ∙ 435
1869 ∙ 135, 179, 192, 315, 435
1870 ∙ 135, 435
1871 ∙ 102, 154, 178
1896 ∙ 123
1903 ∙ 435
2235 ∙ 108
2327 ∙ 23
2337 ∙ 435
2365 ∙ 435
2375 ∙ 102, 108, 154
2376 ∙ 108
2378 ∙ 435
2586 ∙ 41
2602 ∙ 41, 43
2604 ∙ 341, 343
2605 52, 445
2606 ∙ 433, 435, 445
2607 ∙ 43, 435, 445
2608 ∙ 42, 435, 445
2613 ∙ 135, 179, 435
2614 ∙ 42, 43, 433, 445
2616 ∙ 53, 445
2617 ∙ 52
2618 ∙ 80, 435
2626 ∙ 41
2660 ∙ 105
2794 ∙ 435
3043 ∙ 411
3134 ∙ 435
3138 ∙ 51
3142 ∙ 435
3150 ∙ 21
3151 ∙ 21
3153 ∙ 21
3154 ∙ 21
3155 ∙ 21
3166 ∙ 435
442
3291 ∙ 19
4082 ∙ 19
4230 ∙ 44
4232 ∙ 435
4247 ∙ 108
4251 ∙ 435
4272 ∙ 22
4371 ∙ 44
4372 ∙ 44, 435
4379 ∙ 19
4387 ∙ 435
4389 ∙ 51
4393 ∙ 411
4402 ∙ 108
4417 ∙ 44
4436 ∙ 435
4528 ∙ 19
5371 ∙ 19
5534 ∙ 39
6037a ∙ 18
6038 ∙ 433
CIL XIII
5 ∙ 77, 143, 166, 197, 200, 213
9 ∙ 163
254 ∙ 134
255 ∙ 134
256 ∙ 103, 160
257 ∙ 103, 160
258 ∙ 198, 211, 220, 223
384 ∙ 200, 212
389 ∙ 143, 197, 217
397 ∙ 197
403 ∙ 220
407 ∙ 163
412 ∙ 143, 163, 167, 172, 200,
210 ∙ 213, 433, 443
413 ∙ 160, 165
444 ∙ 194, 195
445 ∙ 428, 440, 442
446 ∙ 163
511 ∙ 134, 160
520 ∙ 136
534 ∙ 136, 187, 198, 205
546 ∙ 135, 160, 165
548 ∙ 160, 163, 167, 433, 443
563 ∙ 134, 143
566 ∙ 134
443
583 ∙ 160
584 ∙ 160
593 ∙ 194
596 ∙ 77, 150
597 ∙ 77, 150
598 ∙ 77, 150
599 ∙ 77, 150
600 ∙ 77, 150
602 ∙ 442
603 ∙ 193
604 ∙ 166, 197, 200, 210, 213
757 ∙ 335
916 ∙ 160, 165, 170, 219
921 ∙ 135
939 ∙ 149, 428
950 ∙ 195
951 ∙ 195
952 ∙ 195
953 ∙ 195
954 ∙ 195
965 ∙ 195
966 ∙ 148, 163
968 ∙ 163
970 ∙ 195
971 ∙ 134, 136, 155
974 ∙ 163
1033 ∙ 331
1038 ∙ 77, 150
1048 ∙ 77, 148, 150, 171, 195
1050 ∙ 163, 189, 190
1074 ∙ 148, 150, 195, 430
1114 ∙ 134, 136, 155
1129 ∙ 134
1132 ∙ 160, 165
1147 ∙ 163
1169 ∙ 443
1194 ∙ 195
1197 ∙ 160, 163
1373 ∙ 197
1374 ∙ 197
1376 ∙ 136, 148, 163, 197, 216, 223, 433, 439, 440, 442
1377 ∙ 136, 148, 163, 197, 216, 223, 433, 439, 440, 442
1378 ∙ 134, 197, 223
1379 ∙ 134, 197, 223
1380 ∙ 134, 197, 223
1390 ∙ 135, 159, 161
1463 ∙ 136, 154
1525 ∙ 188, 190
444
1540 ∙ 160
1541 ∙ 136, 148, 154
1571 ∙ 134, 148, 154
1576 ∙ 134, 155, 181
1577 ∙ 135, 139, 163, 164, 181, 185, 433, 443
1579 ∙ 143, 150
1585 ∙ 159
1591 ∙ 134
1592 ∙ 134
1606 ∙ 155
1614 ∙ 134
1624 ∙ 189, 190
1629 ∙ 135, 432, 444
1632 ∙ 135, 162, 444
1642 ∙ 432, 444
1645 ∙ 135, 186
1646 ∙ 135, 201, 210, 212
1667f ∙ 120
1668 ∙ 26
1670 ∙ 201, 211, 213, 222
1672 ∙ 155
1674 ∙ 188, 331, 332, 433, 446
1675 ∙ 188, 331, 332, 433
1676 ∙ 156
1684 ∙ 136, 139, 162, 172, 176, 179, 180, 184, 201, 212, 213, 214, 219, 433, 444
1686 ∙ 148, 154, 175
1687 ∙ 156
1688 ∙ 155
1690 ∙ 155
1691 ∙ 148, 156
1693 ∙ 154
1694 ∙ 155
1695 ∙ 331, 332
1697 ∙ 155, 178
1698 ∙ 148, 154
1702 ∙ 148, 155
1703 ∙ 157
1704 ∙ 428
1706 ∙ 148, 154
1707 ∙ 154
1709 ∙ 148, 157
1711 ∙ 156
1712 ∙ 135
1714 ∙ 155
1717 ∙ 157
1745 ∙ 185, 194
1751 ∙ 159
1752 ∙ 159
445
1753 ∙ 159
1754 ∙ 159
1780 ∙ 194
1782 ∙ 443
1798 ∙ 100, 156, 176
1801 ∙ 159
1803 ∙ 124, 134
1821 ∙ 159, 193
1883 ∙ 368
1900 ∙ 101, 168, 173, 176, 195
1910 ∙ 101, 102, 161, 162
1911 ∙ 123, 135, 148, 159, 178
1912 ∙ 99, 101, 102
1915 ∙ 106, 124
1916 ∙ 102
1917 ∙ 101
1918 ∙ 123
1919 ∙ 101
1920 ∙ 101, 102
1921 ∙ 101, 102, 112, 164, 168, 172, 195, 246, 435, 443
1922 ∙ 119, 330
1923 ∙ 102
1924 ∙ 102
1925 ∙ 99, 101, 102, 168
1927 ∙ 102, 103, 106, 154, 159, 443
1928 ∙ 102
1929 ∙ 101, 164, 168, 246
1938 ∙ 109, 123, 124
1956 ∙ 123
1989 ∙ 140, 194, 213
2010 ∙ 143, 178, 189
2013 ∙ 120, 179, 195
2018 ∙ 336
2019 ∙ 159
2020 ∙ 333
2043 ∙ 199
2181 ∙ 123, 443
2266 ∙ 124
2450 ∙ 199
2451 ∙ 159
2500 ∙ 199
2502 ∙ 159
2506 ∙ 347
2507 ∙ 189, 201, 203, 213, 217, 221
2541 ∙ 199, 203, 205
2544 ∙ 199, 203
2564 ∙ 199, 203
2585 ∙ 152, 156, 162, 168, 172, 433, 440, 443
446
2586 ∙ 135
2608 ∙ 201, 210, 211
2609 ∙ 201, 210, 211
2614 ∙ 368
2653 ∙ 194
2658 ∙ 135, 136
2669 ∙ 155, 159, 178
2670 ∙ 162
2671 ∙ 155
2681c ∙ 329
2806 ∙ 156
2828 ∙ 200, 214, 220, 221
2870 ∙ 156, 446
2871 ∙ 184, 352
2873 ∙ 156, 178, 289, 330
2877q ∙ 135, 136, 156, 159, 201, 212, 331, 444
2878 ∙ 156, 168, 178, 289, 330
2883 ∙ 159
2895 ∙ 143, 200, 215
2899 ∙ 160
2920 ∙ 187, 201, 210, 212
2924 ∙ 135, 179
2926 ∙ 135
2940 ∙ 156, 437, 440, 444
2942 ∙ 135, 429
2943 ∙ 165
2949 ∙ 135, 139, 148, 162, 170, 172, 180, 184, 194, 200, 201, 212, 214, 219, 437
2950 ∙ 148, 156, 179
2957 ∙ 135, 178
3012 ∙ 184
3024 ∙ 444
3034 ∙ 135, 444
3067 ∙ 178
3071 ∙ 404
3076 ∙ 135
3077 ∙ 135
3079 ∙ 444
3105 ∙ 200, 204, 206, 222
3106 ∙ 200, 204, 206, 211, 217, 222, 223
3107 ∙ 200, 204, 206, 222
3148 ∙ 159, 201, 209, 211, 438, 444
3149 ∙ 159, 201, 209, 211, 438, 444
3150 ∙ 159, 201, 209, 211, 438, 444
3151 ∙ 201, 209, 438
3152 ∙ 201, 209
3153 ∙ 159
3162 ∙ 135, 136, 137, 148, 157, 162, 165, 166, 176, 231, 243, 288, 435, 437, 444
3166 ∙ 135, 162
447
5352 ∙ 332
5353 ∙ 156, 178, 315, 331
5367 ∙ 332
5368 ∙ 292, 333
5379 ∙ 197
5383 ∙ 332
5410 ∙ 291
5415 ∙ 291, 332, 446
5416 ∙ 331
5417 ∙ 331
5428 ∙ 332, 446
5451 ∙ 332
5474 ∙ 329, 330
5475 ∙ 329, 330
5488 ∙ 329, 330, 435
5639 ∙ 330
5661 ∙ 216, 329, 330, 331
5679 ∙ 330
5681 ∙ 329
5682 ∙ 329, 330, 331
5685 ∙ 329, 330, 435
5686 ∙ 330
5687 ∙ 330
5688 ∙ 330, 446
5689 ∙ 330, 435, 446
5690 ∙ 330, 435, 446
5691 ∙ 330, 435
5692 ∙ 330
5693 ∙ 329, 330
5694 ∙ 329, 330
5695 ∙ 330
5696 ∙ 330
5700 ∙ 330
5708 I, 19 ∙ 330
5708 II, 6 ∙ 329
5883 ∙ 330
5921 ∙ 330
5967 ∙ 336
6013 ∙ 336
6026 ∙ 336
6054 ∙ 336
6094 ∙ 316
6106 ∙ 334, 335
6211 ∙ 46, 351
6225 ∙ 333
6239 ∙ 324
6243 ∙ 334
6244 ∙ 333
451
7302 ∙ 337
7304 ∙ 293
7317 ∙ 338
7321 ∙ 338, 339, 340
7335 ∙ 182, 300, 339, 340
7336 ∙ 182, 339
7337 ∙ 182
7352 ∙ 307, 339, 340
7353 ∙ 307, 340, 341
7357 ∙ 339
7360 ∙ 338, 340
7370 ∙ 338, 339
7371 ∙ 340
7378 ∙ 340
7386 ∙ 338, 339
7394 ∙ 338, 339
7424 ∙ 340
7555a ∙ 168, 199, 203, 216
7565 ∙ 338
7566a ∙ 337, 338
7570 ∙ 338
7587 ∙ 337, 338
7590 ∙ 338
7640 ∙ 350, 351
7655 ∙ 350, 351
7681 ∙ 402, 413
7734 ∙ 338
7741 ∙ 446
7776 ∙ 374
7816 ∙ 102, 105, 107, 179
7859 ∙ 404, 405
7869 ∙ 416
7879 ∙ 416
7880 ∙ 416
7881 ∙ 416
7882 ∙ 416
7883 ∙ 416
7884 ∙ 416
7885 ∙ 416
7886 ∙ 416
7887 ∙ 416
7888 ∙ 416
7889 ∙ 416
7890 ∙ 408, 416
7891 ∙ 416
7892 ∙ 416
7893 ∙ 416
7894 ∙ 416
454
8317 ∙ 328
8492 ∙ 367, 378
8503 ∙ 377
8519 ∙ 362
8549 ∙ 375
8556 ∙ 374
8558 ∙ 366, 376
8559 ∙ 379
8560 ∙ 366, 377
8567 ∙ 358, 376
8590 ∙ 375
8591 ∙ 358, 376
8593 ∙ 366, 377
8601 ∙ 358, 376
8609 ∙ 376
8617 ∙ 268
8622 ∙ 376
8636 ∙ 358, 376
8638 ∙ 376
8651 ∙ 374
8652 ∙ 374
8654 ∙ 376
8666 ∙ 376
8671 ∙ 367, 377
8683 ∙ 378
8695 ∙ 298, 352
8701 ∙ 414
8711 ∙ 374
8715 ∙ 375
8718 ∙ 379
8726 ∙ 328
8727 ∙ 135, 139, 162, 405, 433, 444
8735 ∙ 375
8737 ∙ 374
8742 ∙ 269
8746 ∙ 379
8771 ∙ 325, 326
8774 ∙ 278, 325, 326
8806 ∙ 367, 377
8807 ∙ 269
8808 ∙ 327
8815 ∙ 324, 325
8818 ∙ 366, 376
8838 ∙ 352
8841 ∙ 359, 379
8849 ∙ 374
8917 ∙ 432
9041 ∙ 329
456
9042 ∙ 329
9044 add. ∙ 329
9045 ∙ 329
9046 ∙ 329
9059 ∙ 39
9060 ∙ 39
9061 ∙ 39
9075 ∙ 71
9076 ∙ 71
9078 ∙ 331
9079 add. ∙ 331
9081 ∙ 331
9082 ∙ 297, 316
9084 ∙ 347
9085 ∙ 333
9086 ∙ 333
9087 ∙ 333
9089 ∙ 334
9090 ∙ 334
9091 ∙ 334
9092 ∙ 334
9093 ∙ 334
9094 ∙ 334
9095 ∙ 334
9096 ∙ 334
9097 ∙ 336
9098 ∙ 336
9099 ∙ 342
9100 ∙ 342
9101 ∙ 342
9102 ∙ 342
9103 ∙ 342
9104 ∙ 342
9105 ∙ 342
9106 ∙ 342
9107 ∙ 342
9108 ∙ 342
9109 ∙ 342
9110 ∙ 342
9111 ∙ 342
9113 ∙ 345, 346
9113 add. ∙ 345, 346
9114 ∙ 345, 346
9115 ∙ 345, 346
9116 ∙ 345, 346
9117 ∙ 345, 346
9118 ∙ 346
9119 ∙ 346
457
84 ∙ 369
125 ∙ 324
158 ∙ 373
164 ∙ 364, 369
CIL XVII
126 ∙ 39
127 ∙ 39
128 ∙ 39
134 ∙ 39
135 ∙ 39
308 ∙ 134
319 ∙ 134
320 ∙ 134
324 ∙ 134
329 ∙ 134
330 ∙ 134
331 ∙ 134
333 ∙ 134
334 ∙ 134
337 ∙ 134
338 ∙ 134
341 ∙ 134
343 ∙ 134
346 ∙ 136
351 ∙ 134
353 ∙ 134
354 ∙ 134
355 ∙ 134
356 ∙ 134
357 ∙ 134
365 ∙ 134
369 ∙ 134
370 ∙ 134
387 ∙ 135
391 ∙ 135
419 ∙ 135
423 ∙ 135
424 ∙ 135
432 ∙ 134
433 ∙ 134
440 ∙ 134
442 ∙ 134
446 ∙ 242
447 ∙ 242
448 ∙ 242
449 ∙ 241
460 ∙ 240
460
463 ∙ 135
467 ∙ 135
469 ∙ 135
470 ∙ 135
471 ∙ 135
472 ∙ 135
473 ∙ 135
474 ∙ 135
476 ∙ 135
477 ∙ 135
485 ∙ 331
487 ∙ 331
490c ∙ 329
494 ∙ 135
502 ∙ 331
508 ∙ 135
509 ∙ 135
517 ∙ 135
526 ∙ 329
527 ∙ 329
530 ∙ 329
531 ∙ 329
532 ∙ 329
534 ∙ 135
535 ∙ 135
536 ∙ 135
537 ∙ 135
538 ∙ 135
543 ∙ 135
544 ∙ 135
552 ∙ 135
553 ∙ 135
561 ∙ 135
562 ∙ 349
563 ∙ 349
564 ∙ 349
566 ∙ 348
567 ∙ 348
572 ∙ 349
573 ∙ 349
574 ∙ 349
575 ∙ 349
587 ∙ 327
588 ∙ 326
594 ∙ 71
595 ∙ 71
599 ∙ 336
600 ∙ 336
461
605 ∙ 334
606 ∙ 334
607 ∙ 334
608 ∙ 334
609 ∙ 334, 335
610 ∙ 334
612 ∙ 334
613 ∙ 334
614 ∙ 334
615 ∙ 334
616 ∙ 334
617 ∙ 334
618 ∙ 334
620 ∙ 333
621 ∙ 333
622 ∙ 333
624 ∙ 339
626 ∙ 337
627 ∙ 337
629 ∙ 338
630 ∙ 340, 341
631 ∙ 342
632 ∙ 342
633 ∙ 342
634 ∙ 342
635 ∙ 342
636 ∙ 342
637 ∙ 342
638 ∙ 342
639 ∙ 342
640 ∙ 342
641 ∙ 342
642 ∙ 342
643 ∙ 342
644 ∙ 345, 346
645 ∙ 345, 346
646 ∙ 345, 346
647 ∙ 346
648 ∙ 346
649 ∙ 307, 349
650 ∙ 345, 346
652 ∙ 345, 346
653 ∙ 352
654 ∙ 297, 316
656 ∙ 347
675 ∙ 275, 333, 349
676 ∙ 350
462
EE V
1300 ∙ 360
F
3 ∙ 211, 214, 324
13 ∙ 201
14 ∙ 201
17 ∙ 135
26 ∙ 135
91 ∙ 85
98 ∙ 79, 316
137 ∙ 336
183 ∙ 340, 341
204 ∙ 351
205 ∙ 350, 351
238 ∙ 201, 203, 216, 222
262 ∙ 268
289 ∙ 268
306 ∙ 268, 269
307 ∙ 268, 269
308 ∙ 268, 269
322 ∙ 135, 167, 175, 314
328 ∙ 193
356 ∙ 402
357 ∙ 402
372 ∙ 378
Genavae
30 ∙ 41
49-73 ∙ 41
61 ∙ 41
88 ∙ 41
IAMaroc
369 ∙ 431
439 ∙ 432
448 ∙ 431
IEph
1540 ∙ 390
IGR III
70 ∙ 308, 347
1202 ∙ 360
IKöln
4 ∙ 268
5 ∙ 106, 268
44 ∙ 268
67 ∙ 357
76 ∙ 106, 268
94 ∙ 379
463
ILA Nitiobroges
17 ∙ 160, 165, 170, 219
ILA Santons
10 ∙ 150
20 ∙ 167, 171, 195, 430, 443
21 ∙ 152, 163, 167, 189, 190
22 ∙ 160
1004, 4 ∙ 143, 163
ILA Vellaves
24 ∙ 155, 181
25 ∙ 163, 164, 181
26 ∙ 143, 150
ILB
5 ∙ 413
21 ∙ 170, 219, 324
46bis ∙ 142, 167, 199, 201, 215, 216, 324
51 ∙ 278
60 ∙ 159, 211, 214, 324
61 ∙ 404
62 ∙ 196, 404
63 ∙ 354
64 ∙ 199
65 ∙ 201
67 ∙ 414
84 ∙ 378
135 ∙ 275, 333, 349
136bis ∙ 138
137 ∙ 379
138 ∙ 379
ILBelg Sec
180 ∙ 162
ILGN
366 ∙ 53, 445
367 ∙ 53, 445
ILLRP
409 ∙ 392
508 ∙ 395
556 ∙ 395
ILN Aix-en-Provence
245 ∙ 435
298 ∙ 23
ILN Antibes
12 ∙ 23
101 ∙ 23
ILN Apt
22 ∙ 179
465
ILN Riez
16 ∙ 158
ILS
73 ∙ 392
886 ∙ 55
1074 ∙ 171
1348 ∙ 436
1368 ∙ 436
1381 ∙ 436
1416 ∙ 436
1417 ∙ 436
1538 ∙ 324
2228 ∙ 436
2324 ∙ 374
2534 ∙ 377
2543 ∙ 366
2555 ∙ 208
2683 ∙ 192
2697 ∙ 75
2725 ∙ 436
2733 ∙ 436
2758 ∙ 360
2767 ∙ 360, 370
2768 ∙ 118
3152 ∙ 436
3303 ∙ 344
3567 ∙ 366, 377
4185 ∙ 436
4564 ∙ 196
4630 ∙ 367, 378
4631 ∙ 210, 211
4632 ∙ 210, 211
4638 ∙ 149
4684 ∙ 404
4702 ∙ 143, 215
4752 ∙ 208
4756 ∙ 208, 221, 324, 325
4757 ∙ 324, 325
4772 ∙ 402, 413
4773 ∙ 402, 413
4774 ∙ 403
4775 ∙ 403
4778 ∙ 403
4780 ∙ 403
4792 ∙ 403
4794 ∙ 409
4806 ∙ 410
466
4832 ∙ 334
4901 ∙ 117
5012 ∙ 436
5016 ∙ 436
5054 ∙ 118
5055 ∙ 118
5062 ∙ 118
5065 ∙ 116
5163 ∙ 437
5646 ∙ 217, 223
6089 ∙ 246
6123 ∙ 51
6147 ∙ 116
6190 ∙ 116
6279 ∙ 51
6285 ∙ 51
6467 ∙ 116
6492 ∙ 51
6687 ∙ 117
6771 ∙ 116
6819 ∙ 118
6916 ∙ 109
6961 ∙ 143, 167, 172, 200, 210, 213
6963 ∙ 197, 200
6964 ∙ 433
6966 ∙ 51
6975 ∙ 51
6992 ∙ 117
6997 ∙ 315
7024 ∙ 168, 195
7025 ∙ 168, 173, 176, 195
7036 ∙ 211, 213, 222
7038 ∙ 134
7040 ∙ 171, 195
7041 ∙ 148
7047 ∙ 220, 221
7049 ∙ 135, 139, 170, 172, 180, 184, 194, 212, 214, 219
7051 ∙ 200, 204, 211, 217, 223
7052 ∙ 200, 204, 206, 222
7053 ∙ 201, 209
7053a ∙ 201, 209
7053b ∙ 201, 209
7054 ∙ 176
7056 ∙ 199, 211, 215, 220, 221, 222, 223
7057 ∙ 142, 168, 216
7058 ∙ 199, 215
7058a ∙ 199, 215
7058b ∙ 199, 215
467
7061 ∙ 218
7072 ∙ 105
7087 ∙ 181
7089 ∙ 182
7089a ∙ 182
7096 ∙ 182
7097 ∙ 182
7099 ∙ 183
7101 ∙ 181
7101a ∙ 182, 183
7178 ∙ 191, 325
7457 ∙ 192
8833 ∙ 390
8847 ∙ 360
8855 ∙ 308, 347
9052 ∙ 366, 377
9146 ∙ 376
9270 ∙ 366, 377
9278 ∙ 149
9361 ∙ 197, 223
9418 ∙ 185
9516 ∙ 136, 210
ILTC
59 ∙ 135, 137, 138, 139
74 ∙ 163, 190
76 ∙ 135, 175, 188, 190, 198, 216, 220
77 ∙ 135, 175, 188, 190
78 ∙ 135, 175, 188, 190
79 ∙ 175, 188, 190
80 ∙ 175, 188, 190
81 ∙ 36, 138, 175, 190
82 ∙ 163
87 ∙ 102, 103, 160, 177, 443
126 ∙ 197, 200, 215
149 ∙ 148, 150, 171, 195
169 ∙ 197, 217
174 ∙ 148
209 ∙ 443
217 ∙ 428
223 ∙ 148, 154
238 ∙ 159
240 ∙ 159
303 ∙ 201, 203
314 ∙ 136, 210
329 ∙ 160, 165
338 ∙ 195
341 ∙ 135, 136, 137, 148, 157, 162, 165, 166, 176, 243
468
348bis ∙ 155
357 ∙ 135
358 ∙ 198, 218
361 ∙ 201, 212, 214, 222
362a ∙ 155
362b ∙ 155
369 ∙ 444
391 ∙ 198
425 ∙ 336
3476 ∙ 198
3480 ∙ 198
Inscrit X/5
1051 ∙ 117
IRT
319 ∙ 389, 434
321 ∙ 434
323 ∙ 434
347 ∙ 434
519 ∙ 118
561 ∙ 118
564 ∙ 118
565 ∙ 118
566 ∙ 118
567 ∙ 118
568 ∙ 118
574 ∙ 118
578 ∙ 118
581 ∙ 118
595 ∙ 118
ISchweiz
90 ∙ 41
93 ∙ 43
95 ∙ 42
96 ∙ 52
97 ∙ 80
100 ∙ 53
101 ∙ 52
139 ∙ 43
140 ∙ 42, 43
141 ∙ 42, 43, 80
142 ∙ 42, 43
143 ∙ 53
144 ∙ 52
145 ∙ 42, 43
151 ∙ 40
156 ∙ 80
157 ∙ 72, 80
469
159 ∙ 72
160 ∙ 72
164 ∙ 91
165 ∙ 78
168 ∙ 82, 87, 91
169 ∙ 84
182 ∙ 85
194 ∙ 69, 78
195 ∙ 69
197 ∙ 74
198 ∙ 68
199 ∙ 68, 74
200 ∙ 80
201 ∙ 91
202 ∙ 83
203 ∙ 80, 84, 87, 88
204 ∙ 80
205 ∙ 83
206 ∙ 79, 83
207 ∙ 85
208 ∙ 85
209 ∙ 85
211 ∙ 87, 88
233 ∙ 81
234 ∙ 79
244 ∙ 83
246 ∙ 72
247 ∙ 72
248 ∙ 72
249 ∙ 72
250 ∙ 72
251 ∙ 72
252 ∙ 72
253 ∙ 72
258 ∙ 72
342 ∙ 66
343 ∙ 66
344 ∙ 66
353 ∙ 66
356 ∙ 66
357 ∙ 66
360 ∙ 66
361 ∙ 66
365 ∙ 66
366 ∙ 66
371 ∙ 71
381 ∙ 39
386 ∙ 39
470
387 ∙ 39
392 ∙ 71
393 ∙ 71
448 ∙ 71
466 ∙ 89
467 ∙ 89
468 ∙ 89
469 ∙ 89
470 ∙ 89
471 ∙ 89
472 ∙ 89
473 ∙ 89
474 ∙ 89
475 ∙ 89
476 ∙ 89
478 ∙ 62
480 ∙ 89
481 ∙ 62
KTrier
66 ∙ 168
90 ∙ 194
99 ∙ 403
126 ∙ 206, 217, 218
179 ∙ 185, 194
181 ∙ 208, 211, 214
218 ∙ 221
226 ∙ 369, 378
266 ∙ 403
267 ∙ 403
268 ∙ 403
269 ∙ 403
270 ∙ 403
271 ∙ 403
272 ∙ 403
273 ∙ 403
274 ∙ 403
275 ∙ 403
276 ∙ 403
277 ∙ 403
278 ∙ 403
279 ∙ 403
280 ∙ 403
281 ∙ 403
282 ∙ 403
283 ∙ 403
N
4 ∙ 403, 410
471
8 ∙ 403
14 ∙ 208, 212, 220
43 ∙ 193
72 ∙ 334, 335
75 ∙ 282, 333, 334
77 ∙ 294, 335
78 ∙ 294, 335
79 ∙ 294, 335
102 ∙ 306, 344, 345
106 ∙ 305, 344, 345
144 ∙ 374
159 ∙ 359, 379
162 ∙ 268, 428, 446
163 ∙ 268
164 ∙ 268
165 ∙ 268
182 ∙ 358, 375
198 ∙ 357, 375
225 ∙ 428, 446
258 ∙ 334, 335
259 ∙ 334
260 ∙ 334
261 ∙ 334
262 ∙ 334
263 ∙ 352
Nehalennia
27 ∙ 328
32 ∙ 325, 326
N-L
1 ∙ 429
8 ∙ 196, 199, 215, 223
11 ∙ 199
13 ∙ 199
23 ∙ 72
25 ∙ 72, 80
27 ∙ 72
44 ∙ 79, 83
45 ∙ 390, 436
52 ∙ 76, 298
105 ∙ 58
121 ∙ 345, 346
129 ∙ 348
141 ∙ 377
158 ∙ 341
162 ∙ 282
178 ∙ 351
221 ∙ 379
472
247 ∙ 268
252 ∙ 326
261 ∙ 325, 326
RIB
108 ∙ 319
155 ∙ 429
358 ∙ 366
534 ∙ 366
770 ∙ 366
830 ∙ 254
887 ∙ 366
1314 ∙ 429
1538 ∙ 324
1695 ∙ 405
2065 ∙ 429
2100 ∙ 208, 326
2107 ∙ 208, 326
2108 ∙ 201, 208, 221, 324, 325
2169 ∙ 254
2170 ∙ 254
2480 ∙ 324
RIS
4 ∙ 41
11 ∙ 41
13 ∙ 43
16 ∙ 42
18 ∙ 42, 43
20 ∙ 52
21 ∙ 80
24 ∙ 41
30 ∙ 41
33 ∙ 53
34 ∙ 53
35 ∙ 331, 332
41 ∙ 52
46 ∙ 42, 43
47 ∙ 42, 43, 46
50 ∙ 72
51 ∙ 80
53 ∙ 72
58 ∙ 91
60 ∙ 78
65 ∙ 82, 87, 91
66 ∙ 84
74 ∙ 85
75 ∙ 85
76 ∙ 69
473
82 ∙ 68
83 ∙ 87, 88
85 ∙ 83
86 ∙ 74
87 ∙ 68, 74
90 ∙ 80
91 ∙ 91
95 ∙ 69, 78
97 ∙ 81
105 ∙ 74
111 ∙ 79, 83
121 ∙ 79, 82, 316
124 ∙ 79
125 ∙ 83
126 ∙ 72
127 ∙ 72
128 ∙ 72
129 ∙ 72
130 ∙ 72
131 ∙ 72
132 ∙ 72
133 ∙ 72
134 ∙ 72
135 ∙ 72
136 ∙ 72
137 ∙ 72
138 ∙ 72
139 ∙ 72
140 ∙ 72
141 ∙ 72, 76
187 ∙ 72
205 ∙ 66
210 ∙ 66
213 ∙ 66
216 ∙ 66
217 ∙ 66
218 ∙ 67
220 ∙ 66
223 ∙ 66
247 ∙ 42, 43, 445
319 ∙ 39
322 ∙ 71
RIT
257 ∙ 106
272 ∙ 06
279 ∙ 106
295 ∙ 106
474
296 ∙ 106
312 ∙ 106
336 ∙ 106
338 ∙ 106
339 ∙ 106
340 ∙ 106
341 ∙ 106, 108
342 ∙ 106
345 ∙ 106
349 ∙ 106
352 ∙ 106, 108
355 ∙ 106
356 ∙ 106
357 ∙ 106
359 ∙ 106
RMD
1 ∙ 379
52 ∙ 367, 377
79 ∙ 369
86 ∙ 369
120 ∙ 327, 369, 377
RS
25 ∙ 389, 390, 394, 395, 397, 435
37 ∙ 262
S-H
31 ∙ 343
40 ∙ 345
41 ∙ 345
56 ∙ 293, 333
60 ∙ 349, 351, 405
84 ∙ 135, 175
91 ∙ 350, 351
94 ∙ 313, 349
104 ∙ 339, 340, 341
148 ∙ 408, 416
172 ∙ 374
173 ∙ 368, 379
174 ∙ 366, 379
226 ∙ 372
230 ∙ 184
SFEIDEL
2 ∙ 336
3 ∙ 319
25 ∙ 334
101 ∙ 328
103 ∙ 327
110 ∙ 326
475
137 ∙ 328
144 ∙ 325
159 ∙ 327
166 ∙ 326
173 ∙ 325
174 ∙ 328
180 ∙ 327
181 ∙ 326
202 ∙ 328
211 ∙ 326
239 ∙ 327
245 ∙ 327
275 ∙ 328
284 ∙ 326
326 ∙ 327
341 ∙ 319
359 ∙ 327
619 ∙ 328
691 ∙ 328
708 ∙ 328
710 ∙ 325
712 ∙ 328
STÄHELIN
1 ∙ 79
4 ∙ 46
5 ∙ 39
T. Vindol. 1
21 ∙ 366
T. Vindol. 2
154 ∙ 365
210 ∙ 365
211 ∙ 365
233 ∙ 366
243 ∙ 366
244 ∙ 366
246 ∙ 366
248 ∙ 366
291 ∙ 366
313 ∙ 365
Textes
AMMIEN MARCELLIN
15, 11, 8 ∙ 313
16, 2, 12 ∙ 336, 349
17, 8 ∙ 324
476
APULÉE
Florida
15 ∙ 60
AULU-GELLE
Nuits Attiques
16,13 ∙ 310, 398
AUSONE
Commemoratio
Professorum
Burdigalensium
4 ∙ 232
10, 18 ∙ 232
Moselle
423 ∙ 342
CENSORINUS
15, 4-6 ∙ 439
CÉSAR
Guerre Civile
1, 12, 4 ∙ 208
1, 16, 5 ∙ 151
1, 35 ∙ 5
1, 37, 3 ∙ 208
4, 1, 4 ∙ 208
7, 33, 2 ∙ 151
Guerre des Gaules
1, 2, 3 ∙ 30
1, 5, 4 ∙ 61
1, 12, 3-4 ∙ 69
1, 12, 7 ∙ 69
1, 16, 5 ∙ 77
1, 27, 4 ∙ 69
1, 28, 3 ∙ 61
1, 38, 1 ∙ 331
1, 39, 1 ∙ 331
2, 4 ∙ 324
2, 4, 10 ∙ 208
3, 7 ∙ 232
3, 11 ∙ 231
3, 17-19 ∙ 231, 232
4, 1, 3 ∙ 253
4, 6 ∙ 324
4, 6, 4 ∙ 208
4, 10 ∙ 254
4, 10 ∙ 3 ∙ 61
5, 24, 4 ∙ 252
5, 26 ∙ 252
6, 29 ∙ 252
477
6, 32 ∙ 324
6, 32, 1 ∙ 208
6, 44, 3 ∙ 220
7, 10, 4 ∙ 220
7, 11, 2 ∙ 219
7, 33, 2 ∙ 77
7 ∙ 57, 1 ∙ 220
7, 58, 2 ∙ 219
7, 59, 4 ∙ 220
7, 62, 10 ∙ 220
7, 75, 3 ∙ 31
CICÉRON
Ad familiares
10, 15, 3 ∙ 12
10, 17, 1 ∙ 12
In Verrem 2
2, 32 ∙ 5
Lois
2, 8, 20 ∙ 433
Pro Balbo
14, 32 ∙ 31
50 ∙ 13
Pro Fonteio
3, 4 ∙ 2
4, 14 ∙ 6
4, 3 ∙ 4
5, 12 ∙ 2, 3, 6
5, 13 ∙ 2, 3
6, 1 ∙ 6
6, 13 ∙ 6
6 ,14 ∙ 3, 5, 6
6, 15 ∙ 3
7, 15 ∙ 3
7, 16 ∙ 8
13, 30 ∙ 2
15, 34 ∙ 3
20, 34 ∙ 3
20, 45 ∙ 3
20, 46 ∙ 3, 4
Codex Justinianus
3, 44, 12 ∙ 395
DIGESTE
47 ∙ 12, 5 ∙ 395, 398
50, 1, 30 ∙ 220
DION CASSIUS
38, 34 ∙ 331
478
2, 9, 5 ∙ 324
2, 9, 7 ∙ 318
2, 9, 8 ∙ 318, 325, 348
2, 9, 9 ∙ 62, 63, 296, 318, 329, 333, 335, 336
2, 11, 11 ∙ 316
2, 11, 14 ∙ 337
2, 11, 15 ∙ 348
2, 11, 5 ∙ 316
2, 11, 6 ∙ 316
SERVIUS
Sur les Géorgiques
1, 268 ∙ 391
SHA, Marc Aurèle
22, 10 ∙ 47
STRABON
Géographie
4, 1, 1 ∙ 72
4, 1, 11 ∙ 20
4, 1, 12 ∙ 8, 14, 20, 146
4, 2, 2 ∙ 426
4, 3, 2 ∙ 61
4, 3, 3-4 ∙ 30
4, 3, 4 ∙ 61, 274, 287
4, 3, 4-5 ∙ 275
4, 3, 5 ∙ 253
4, 4, 5 ∙ 388
4, 6, 11 ∙ 256, 274
4, 6, 8 ∙ 57
6, 15 ∙ 4
7, 1, 5 ∙ 30, 71
SUÉTONE
Claude
1, 3 ∙ 315
25, 5 ∙ 388
Tibère
9, 2 ∙ 261
36 ∙ 388
TACITE
Annales
1, 57, 2 ∙ 257, 428, 441
2, 11 ∙ 363
3, 42 ∙ 362
3, 46 ∙ 362
4, 73 ∙ 283
11, 19, 2 ∙ 283
11, 20 ∙ 282
481
11, 23-25 ∙ 26
12, 23, 1 ∙ 26
13, 57, 3 ∙ 254
Germanie
1 ∙ 316
28, 5 ∙ 255
29 ∙ 262, 278, 280
29, 3 ∙ 260
Histoires
1, 8 ∙ 290
1, 51, 4 ∙ 290
1, 59 ∙ 363
1, 64 ∙ 363
1, 65 ∙ 125
1, 68 ∙ 90
1, 68, 1 ∙ 79
1, 68-69 ∙ 81
1, 69 ∙ 79
1, 78, 1 ∙ 288
2, 27 ∙ 363
3, 16 ∙ 278
4, 12 ∙ 262, 278
4 ∙ 12, 2 ∙ 281
4, 12, 3 ∙ 283
4, 14 ∙ 278
4, 15 ∙ 283
4, 16 ∙ 280
4, 17 ∙ 278, 361
4, 22, 1 ∙ 263
4, 23 ∙ 256
4, 26 ∙ 3 ∙ 263
4, 32 ∙ 361
4, 56 ∙ 328
4, 64 ∙ 268
4, 67, 1 ∙ 290
4, 67, 5 ∙ 290
4, 70 ∙ 349
5, 18, 2 ∙ 263
5, 19 ∙ 325
5, 20 ∙ 325
5, 25 ∙ 278
Vie d'Agricola
21, 1-2 ∙ 258
TITE-LIVE
33, 42, 10 ∙ 394
43, 3 ∙ 11
482
Periochae
61 ∙ 4
139 ∙ 430
VARRON
De lingua latina
5, 84 ∙ 436
VELLEIUS PATERCULUS
2, 97, 4 ∙ 261
2, 104, 2 ∙ 257
483