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communiste chinois qui peut désormais épingler


n’importe qui en invoquant cette loi démoniaque qu’il
A Hong Kong, le grand méchant flou est
peut interpréter comme il l’entend. »
arrivé
PAR MARGOT CLÉMENT
ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 14 JUILLET 2020

Des autocollants disant «nous ne sommes pas des émeutiers». © MC


La loi de sécurité nationale imposée par Pékin a
introduit plus d’incertitudes qu’elle n’a restauré la
stabilité. Le texte fragilise les libertés mais aussi le
système judiciaire et légal hongkongais qui a fait la
réputation du centre financier international. L'artiste Kacey Wong, ici lors d'une performance artistique réalisée
pendant une manifestation non autorisée le 1er juillet à Hong Kong,
Hong Kong (Chine).–« Dans l’art comme dénonce le flou de la loi de sécurité nationale imposée par Pékin. © MC
dans le régime communiste chinois, tout est La société hongkongaise, très normée, a basculé du
question d’interprétation », résume l’artiste jour au lendemain dans l’inconnu avec cette loi floue
hongkongais Kacey Wong. Le 1er juillet, l’encre de la à dessein. La loi décidée par Pékin fin mai est
loi de sécurité nationale n’avait pas encore séché que le destinée à « restaurer la stabilité » dans l’ancienne
performeur se baladait ostensiblement devant la police colonie britannique en proie depuis juin 2019 à une
anti-émeutes lors d’une manifestation non autorisée, contestation anti-régime inédite.
les bras couverts de sacs aux slogans détournés.
Face à l’ampleur des plaidoyers en faveur du suffrage
« J’ai recopié sur chaque sac des mots de la loi, universel et surtout à la propagation des idées
“terrorisme”, “sécurité”, “nation”, “libertés”, et indépendantistes et au risque de contagion avec le
selon l’ordre que je leur donne, ces mots revêtent reste du pays, le régime central a rédigé une loi pour
des significations différentes. C’est tout le pouvoir avoir les coudées franches. Le texte comprend quatre
de l’art, c’est malheureusement aussi celui du Parti chefs d’accusation (subversion, sécession, terrorisme
et collusion avec un État étranger ou des forces
extérieures).
Il a été promulgué en contournant les instances locales
et sans que soient consultés les 7,5 millions d’habitants
qui n’ont donc pas pu se familiariser avec les principes
du texte avant son entrée en vigueur. Publié en chinois
seulement les premiers jours, il n’était pas accessible
aux étrangers auxquels il s’applique aussi, y compris
au titre d’activité ayant lieu hors de Hong Kong.
Même une semaine après son entrée en vigueur il
est, selon le député d’opposition Dennis Kwok, « très
difficile de donner des conseils juridiques sur cette
loi aux citoyens ou aux militants, car le texte n’est

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pas basé sur la common law britannique », socle « Les responsables ont souligné que seul un petit
du système légal hongkongais hérité de l’époque nombre de cas exceptionnels seront traités sur le
coloniale et toujours en vigueur grâce au principe « un continent plutôt qu’à Hong Kong, mais il faut plus de
pays, deux systèmes » censé durer jusqu’en 2047. clarté », écrit Cliff Buddle, éditorialiste au quotidien
« Ce n’est pas ce que nous connaissons comme des hongkongais South China Morning Post, propriété du
principes normaux juridiques s’appliquant dans une groupe chinois Alibaba. « De quelle manière sera
situation normale », résume-t-il. « Mais le seul conseil considéré un “cas complexe” impliquant un pays
que je peux donner est de ne pas se laisser gagner étranger ou une “situation grave” hors du contrôle de
par la peur, parce que c’est exactement ce qu’ils Hong Kong ? Les tribunaux de la ville n’ont aucun rôle
cherchent à faire, insuffler la peur dans le cœur des à jouer pour décider quelles affaires seront traitées
gens de Hong Kong qui aspirent à la liberté et la sur le continent », ajoute-t-il.
démocratie. » De nombreux citoyens ont nettoyé le
contenu de leurs publications sur les réseaux sociaux
ou utilisent désormais l’application Signal par peur
que leurs propos ne tombent sous le coup de la loi.
L’article 4 mentionne que « la population de
Hong Kong devrait pouvoir continuer à jouir de la Des autocollants disant notamment «conscience», «nous ne sommes pas des émeutiers»,
liberté d’expression, de la presse, de publication, sont distribués le 1er juillet lors d'une manifestation non autorisée à Causeway Bay. © MC
de manifestation, etc. », garanties dans la loi Le barreau a également exprimé ses inquiétudes face
fondamentale hongkongaise, a expliqué la cheffe de à un texte défini en des termes « vagues » et qui
l’exécutif Carrie Lam. Selon elle, « critiquer ne sera « risque d’être appliqué de manière arbitraire ».
pas une offense » sauf si « bien sûr la personne qui le Il « sape l’indépendance du système judiciaire » du fait
fait a “des arrière-pensées” et qu’elle est impliquée notamment que des juges spécifiques pour les affaires
dans l’organisation ou la collusion ». Il est par ailleurs de sécurité nationale seront nommés par l’exécutif.
difficile de définir si un comportement constitue une
Quant aux chefs d’accusation, la sécession peut être
enfreinte à la loi car c’est « l’intention » qui compte,
commise « avec ou sans violence », ce qui laisse
a-t-elle déclaré en guise d’éclaircissement.
craindre que « cela puisse être utilisé pour prohiber le
Les premiers actes de censure ne sont pas pour moindre discours ou plaidoyer pacifiste ». Les médias
rassurer. Le slogan « Libérons Hong Kong, la pourraient ainsi être accusés d’« incitation à la haine »
révolution de notre temps » a été déclaré illégal et poursuivis pour « subversion » ou « collusion avec
par l’exécutif, le chant « Gloire à Hong Kong », des forces étrangères », de même que les ONG.
sorte d’hymne adopté par les opposants, interdit des
« L’objectif du Parti communiste chinois est de faire
écoles. Et, dans ce que le secrétaire d’État américain
taire les critiques » et ce dans tous les secteurs
Mike Pompeo a qualifié d’« acte orwellien », des
grâce notamment « aux pouvoirs extrêmement larges »
ouvrages d’opposants ont été retirés des bibliothèques
conférés à la police qui peut désormais perquisitionner
publiques, dont deux de Joshua Wong, figure du
sans mandat et surveiller les communications, estime
mouvement des parapluies de 2014.
l’avocat de Hong Kong Craig Choy.
L’extraterritorialité du texte inquiète par ailleurs. La
Les milliers d’entreprises qui gèrent des opérations
loi indique que dans des situations « graves »ou d’une
quotidiennes avec des entités étrangères sont aussi
« menace majeure et imminente » à la sécurité de
exposées à la loi et les données financières que
l’État, la justice pourra être rendue en Chine.
certaines manipulent peuvent être considérées comme
« des secrets nationaux » par Pékin et tomber de

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fait sous le coup de la loi, rappelle l’avocat. « Ce le temps de saisir l’impact de la loi sur la
pouvoir existe désormais, il est inscrit dans la loi et liberté d’expression. Mais les Hongkongais semblent
peut s’appliquer à quiconque », souligne Craig Choy. déterminés à continuer de s’exprimer. Le slogan
Google, Twitter et les autres géants du Net ont interdit est reproduit de manière codée. Les « Lennon
suspendu la coopération avec les autorités sur la Wall », ces messages politiques écrits sur des Post-it
transmission de données personnelles d’utilisateurs qui recouvraient les murs de restaurants engagés ou de
la région, ont été remplacés par des Post-it vierges.

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