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Master 2 de Recherche en Santé Publique –Option Epidémiologie

Université Paris Sud/Paris-Saclay

Avoir été témoin de violences inter-parentales


pendant son enfance :
état de santé global et santé mentale à l’âge adulte.
- Données du Baromètre Santé 2017-

Noémie ROLAND
Année Universitaire 2018-2019

Sous la direction de Virginie Ringa


INSERM U 1018 - Equipe 7 - Sexualité et Soins
Hôpital Paul Brousse, 94807 Villejuif

Conseil et relecture Dr Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles


Equipe INSERM UMR1153 - EPOPé

Convention avec M. Christophe Léon et M. Enguerrand du Roscoät, Unité Santé Mentale à


Santé Publique France, Hôpitaux de Saint-Maurice.
REMERCIEMENTS

Je remercie chaleureusement Virginie Ringa pour son soutien, sa rigueur et sa


disponibilité tout au long de ce travail de mémoire. Sa bienveillance et ses conseils ont
grandement contribué à me donner l’envie de poursuivre plus loin mes études en épidémiologie.

Je remercie également Marie-Josèphe Saurel pour sa relecture attentive de mes écrits.


Avoir bénéficié de son expertise et de ses réflexions a été un privilège. Je lui renouvelle ici
toute mon admiration pour son travail.

Un grand merci à Santé Publique France de m’avoir autorisée à utiliser leur base de
données. Je remercie particulièrement Christophe Léon, Enguerrand du Roscoät et Audrey
Sitbon pour leur disponibilité et leurs encouragements.

Merci à toute l’équipe INSERM U1018 pour leur aide et leur accueil inestimables :
Henri, Guillemette, Lorraine, Fatoumata, Sabine, Dina, Kevin, Mireille.

Je remercie Laurence Meyer pour sa bienveillance et son écoute quant aux difficultés
rencontrées cette année, ainsi que l’ensemble des enseignants du M2 pour la qualité de leur
enseignement.

Merci à Amin et Myriam. Si vous n’aviez pas été là pour m’empêcher d’abandonner au
cœur de la tempête, ce travail n’aurait pas vu le jour. Longue et belle vie à vous.

Enfin, un merci particulier à mon premier fan, qui est devenu spécialiste des violences
intrafamiliales à force de me relire et de me faire répéter depuis des années. Sans ton soutien
logistique et affectif sans faille, cette année n’aurait pas été possible.

2
ABREVIATIONS

ATCD : Antécédents
EDC : Épisode Dépressif Caractérisé
HAS : Haute Autorité de Santé
IMC : Indice de Masse Corporelle
INED : Institut National d’Études Démographiques
INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Économiques
MESG : Mauvais État de Santé Global
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONED : Office Nationale de l’Enfance en Danger
PS : Pensées Suicidaires
RRa : Risque relatif Ajusté
RR : Risque Relatif
VIP : Violences Inter-Parentales

3
RÉSUMÉ

Avoir été témoin de violences inter-parentales pendant son enfance : état de santé global
et santé mentale à l’âge adulte. Données du Baromètre Santé 2017.

Noémie ROLAND

Introduction : Chaque année, en France, on estime à 143 000 le nombre d’enfants vivant dans
un foyer où sévissent des violences entre leurs parents. L’exposition à ces violences est une
maltraitance à part entière, avec un impact potentiellement négatif sur la santé des adultes qui
en ont souffert enfants. Les objectifs de ce travail sont d’étudier le lien entre le fait d’avoir été
témoin de violences inter-parentales (VIP) et l’état de santé global, la présence d’un épisode
dépressif caractérisé (EDC) et la présence de pensées suicidaires dans les douze derniers mois.
Population et Méthodes : Les données sont issues de l’enquête téléphonique du Baromètre
Santé 2017 sur un échantillon représentatif de 12 876 personnes (49,5 % d’hommes, 50,5 % de
femmes) âgées de 18 à 49 ans. L’association entre l’antécédent d’exposition aux VIP dans
l’enfance et un mauvais état de santé global (MESG), la présence d’un EDC et la présence de
pensées suicidaires dans les douze derniers mois a été estimée par des risques relatifs en utilisant
un modèle de Poisson avec variance robuste, et en stratifiant sur le sexe. Deux analyses de
sensibilité ont été réalisées en excluant les moins de 25 ans, et en excluant les personnes
déclarant un antécédent de violence sexuelle dans la vie entière. Résultats : Sur les 12 876
personnes interrogées, 417 (3,8 %) ont déclaré un mauvais état de santé général, 1429 (11,5 %)
ont eu un EDC, 590 (4,9 %) ont eu des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois, 3003 (24,5
%) ont déclaré avoir été exposées à des VIP dans l’enfance. Après ajustement, il existait un lien
significatif entre avoir été exposé à des VIP et : déclarer un MESG pour les hommes (RR =
1,59 [1,04-2,41], p=0,030), avoir présenté un EDC dans l’année pour les 2 sexes (RR hommes
= 1,62 [1,28-2,06], p<0,001, RR femmes = 1,80[1,54-2,11], p<0,001), avoir eu des pensées
suicidaires dans l’année pour les 2 sexes (RR hommes = 1,78 [1,26-2,51], p<0,001, RR femmes
= 2,40 [1,81-3,18], p<0,001). Les analyses de sensibilité n’ont pas montré de modification de
ces associations. Conclusion : L’existence de liens entre l’exposition aux VIP et ces trois
indicateurs de santé à l’âge adulte viennent renforcer l’importance de la prise de conscience
politique actuelle autour des enfants co-victimes de violences conjugales et la nécessité d’études
longitudinales pour évaluer leur état de santé physique et mentale à l’âge adulte.

4
INTRODUCTION

1. CONTEXTE
L’expression « enfant témoin » désigne les enfants qui vivent dans un foyer où sévissent
des violences conjugales, que ces violences soient psychologiques, physiques, sexuelles et/ou
économiques. Souvent également appelés « enfants exposés à la violence conjugale »
notamment dans la littérature internationale, ils ont été renommés depuis 3 ans en France
comme « enfants co-victimes de la violence conjugale »1. Ces trois dénominations renvoient au
fait qu’un enfant qui vit dans un foyer où sévissent des violences conjugales peut être un témoin
direct auditif et/ou visuel des violences, un témoin indirect (en constatant les conséquences
psychologiques et physiques des violences sur le parent victime par exemple, ou en entendant
des conversations a posteriori), et/ou un objet de manipulation par le parent agresseur (qui peut
s’en servir comme levier de menace, et ce bien au-delà d’une séparation éventuelle entre les
parents). L’arrivée ou la présence d’un enfant dans un foyer n’est pas en effet un facteur
protecteur pour le conjoint violenté, bien au contraire : de nombreuses études anglo-saxonnes
montrent que les violences conjugales sont plus fréquentes et plus sévères pendant la grossesse2.
Avoir un enfant, surtout en bas âge, est d’ailleurs reconnu comme un facteur de risque de
violence conjugale pour les femmes3. Par ailleurs, l’enfant exposé aux violences inter-
parentales (VIP) peut également être victime directe de maltraitances (psychologiques,
physiques, sexuelles ou encore de négligences) par le parent violent dans 10 %4 à 40 %5 des cas
selon les études. Enfin, l’enfant qui vit dans un foyer violent est en danger de mort : en 2017 en
France, 25 enfants mineurs ont été tués par le parent violent, de façon concomitante ou non au
meurtre du parent victime6.

Dans le monde, le nombre d’enfants témoins de VIP est estimé entre 133 et 275 millions chaque
année7. En France, selon l’enquête Cadre de Vie et Sécurité 2010-20158, environ 1 % des
enfants de moins de 18 ans vivent dans un foyer où une femme a déclaré des violences
conjugales physiques et/ou sexuelles dans l’année précédente, soit une estimation de 143 000
enfants français exposés chaque année, dont 42 % ont moins de 6 ans. Les travaux scientifiques
sur les enfants témoins de VIP, dont les premiers articles datent de 19759,10 ont été surtout
consacrés pendant 30 ans à l’étude de la reproduction de la violence à l’âge adulte et/ou de la
répétition des situations de victimation. Ce n’est que récemment, depuis 2001 en France
notamment grâce au rapport Henrion⁴ et à l’Enquête Nationale sur les Violences Envers les

Femmes en France (ENVEFF)³, que les conséquences de l’exposition aux VIP sur la santé

5
physique et mentale des enfants et des adolescents ont été étudiées. Ces conséquences sont
majeures, avec des symptômes et des pathologies comparables à ceux présentés par les enfants
victimes de maltraitances directes et de négligence : « La violence dont l’enfant est témoin a les
mêmes effets sur lui que s’il en était victime »⁴. La Haute Autorité de Santé considère depuis
2014 que l’exposition aux VIP, même en l’absence de violences dites « directes » sur l’enfant,
est une maltraitance à part entière11 qui doit faire donc l’objet d’un signalement obligatoire
auprès de la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP) par le médecin12. Les
politiques ont également pris conscience de la gravité du sujet des enfants témoins, à
l’international (Conseil de l’Europe13, US National Center on Child Abuse14) et en France
(rapport de l’ONED15). Il est maintenant reconnu que conjugalité et parentalité sont
indissociables : « Toute violence faite aux femmes est une violence faite aux enfants »16. Un
premier plan triennal interministériel de lutte contre les violences faites aux enfants a été lancé
en 2017, il mentionne explicitement le risque d’exposition aux VIP : « Les violences au sein du
couple ont des conséquences graves, parfois fatales, sur les enfants qui y sont exposés et en
deviennent ainsi pleinement victimes »17.

Malgré cette prise de conscience médicale et politique, peu de travaux en France ont abordé la
problématique des enfants exposés aux VIP18, et encore moins d’études se sont penchées sur
leur devenir une fois adultes. Deux études françaises ont interrogé des personnes majeures sur
leurs antécédents d’exposition aux violences conjugales, mais elles n’ont pas été réalisées en
population générale : d’abord l’étude ENVEFF³ en 2000, qui n’interrogeait que des femmes de
18 à 59 ans, et qui se concentrait principalement sur les conséquences de l’exposition aux VIP
en termes de facteurs de risque d’être à nouveau victime de violences dans la vie entière ;
ensuite l’étude SIRS (Santé, Inégalités et Ruptures sociales)19,20en 2005, qui a interrogé plus de
3000 hommes et femmes de plus de 18 ans, mais seulement des habitants Paris et de sa banlieue
et en se concentrant sur les difficultés psychologiques à l’âge adulte. En attendant les résultats
de l’étude VIRAGE (Violences et Rapport de Genres)21 et de la cohorte ELFE (Etude
Longitudinale Française depuis l’Enfance)22, aucune étude française à notre connaissance n’a
étudié les répercussions sur la santé globale à l’âge adulte de l’exposition aux VIP. Car si
l’impact du fait d’avoir été témoin de VIP sur la santé physique et mentale a été largement
étudié sur les enfants et les adolescents23, les parcours de santé des adultes qui en ont souffert
sont peu connus.

6
Il semble important de s’interroger sur le lien entre l’exposition aux VIP et l’état de santé
global à l’âge adulte, ainsi que sur le lien entre cette exposition et des indicateurs de santé
mentale à l’âge adulte, sur une population mixte et représentative de la population française.

2. HYPOTHESES
L’hypothèse de ce travail est que les personnes adultes qui, enfants, ont été témoins de
violences entre leurs parents :
- déclarent un plus mauvais état de santé global que les adultes qui, enfants, n’ont pas été
exposés aux VIP, en miroir de ce qui est connu grâce aux recherches sur la santé physique et
globale des enfants et des adolescents, et en supposant l’impact de l’exposition aux VIP
suffisamment fort pour persister au-delà des 18 premières années de vie.
- déclarent un plus mauvais état de santé mentale que les adultes qui, enfants, n’ont pas été
exposés aux VIP : plus de syndromes dépressifs, et plus de pensées suicidaires.

Cette étude fait également l’hypothèse que l’effet de l’exposition aux VIP sur ces 3 indicateurs
de santé (état de santé global, présence d’un syndrome dépressif, présence de pensées
suicidaires) est différent que l’on soit une femme ou un homme, indépendamment des
caractéristiques socioéconomiques, de la présence de marqueurs de santé (surpoids ou obésité,
consommation de tabac et d’alcool), de l’existence de difficultés dans l’enfance (séparation des
parents, décès ou grave maladie d’un des deux parents dans l’enfance) et de l’existence d’un
antécédent de violence sexuelle dans la vie entière.

3. OBJECTIFS
Trois objectifs sont associés à ces hypothèses :
- Objectif n°1 : Etudier le lien entre le fait d’avoir été témoin de VIP et le niveau de santé
global,
- Objectif n°2 : Etudier le lien entre le fait d’avoir été témoin de VIP et la survenue d’un
syndrome dépressif caractérisé dans les 12 derniers mois,
- Objectif n°3 : Etudier le lien entre le fait d’avoir été témoin de VIP et l’existence de
pensées suicidaires dans les 12 derniers mois.

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POPULATION ET MÉTHODES

1. POPULATION D’ÉTUDE
Cette étude s’est appuyée sur les données du Baromètre Santé 2017, une enquête
téléphonique menée par Santé Publique France, comme chaque année depuis plus de 20 ans. Il
s’agit d’un questionnaire durant 31 minutes en moyenne, s’intéressant aux comportements et
aux connaissances en santé des Français. Les données ont été recueillies selon un sondage
aléatoire à deux degrés (foyer puis individu) sur des numéros de téléphone fixes ou mobiles.

Au total, 25 319 personnes (48,7 % d’hommes, 51,3 % de femmes) résidant en France et âgées
de 18 à 75 ans ont répondu à ce questionnaire entre le 05 janvier et le 18 juillet 2017. Le taux
de participation « révisé » global (en tenant compte du taux d’éligibilité des foyers qui ont pu
être contactés et en l’appliquant aux refus-ménages immédiats et aux ménages non-joints après
contact) était de 48,5 %. La méthodologie du Baromètre Santé 2017 est décrite en détail et
disponible en ligne24.

Une première pondération a été effectuée sur chaque individu interrogé pour tenir
compte du poids de sondage (probabilité de tirage au sort du numéro appelé, nombre de
numéros de téléphone fixe et mobile de la personne interrogée, nombre de personnes au sein du
ménage). Ensuite, un redressement des données a été effectué afin de représenter au mieux la
population française grâce à une post-stratification. Les données ont été redressées selon la
structure de référence issue de l’Enquête Emploi 2016 (INSEE), sur les variables suivantes :
sexe croisé par l’âge en tranches décennales, taille d’unité urbaine (de résidence de la personne
qui répond au téléphone), région de résidence, niveau de diplôme, nombre d’habitants dans le
foyer.

2. SÉLECTION DE L’ÉCHANTILLON POUR LE TRAVAIL PRÉSENTÉ


Seules les personnes âgées de moins de 50 ans (strictement) ont été incluses dans notre
étude afin de constituer un groupe homogène quant à la prévalence de l’exposition aux
violences inter-parentales (voir les parties résultats et discussion).

Ainsi, 12 876 personnes composent l’échantillon (49,5 % d’hommes, 50,5 % de femmes, en


pourcentages pondérés).

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3. NON - RÉPONSES

Il y a très peu de non réponses aux questions du Baromètre Santé étudiées. Ces non-réponses
concernaient moins de 0,05 % de l’ensemble de l’effectif global pour chacune des variables
d’intérêt. La décision a été prise de ne pas reclasser ces non-réponses et, exception faite pour la
variable explicative principale (statut de témoin de violences inter-parentales), de ne pas en
décrire les fréquences.

4. VARIABLES
Variables expliquées

a) Etat de santé global

L’état de santé global a été mesuré par la question « Comment est votre état de santé en
général ? » avec des réponses ordonnées selon une échelle de Likert en 5 modalités : ‘Très
Bon’, ‘Bon’, ‘Assez Bon’, ‘Mauvais’, ‘Très Mauvais’.

Dans un souci de simplification, une variable « Etat de santé global » a été créée, avec 2
modalités : « Bon état de santé » (réunissant les modalités ‘Très bon’/’Bon’/’Assez Bon’,
vectrices d’une connotation plus positive) et « Mauvais état de santé » (réunissant les modalités
‘Mauvais’/’Très mauvais’, vectrices d’une connotation plus négative).

Au total, 12 871 personnes ont répondu à cette question.

b) Episode dépressif caractérisé

Un épisode dépressif caractérisé (EDC)25 est défini par la présence d’une période d’humeur
dépressive ou de perte d’intérêt/de plaisir pendant au moins deux semaines consécutives,
associée à au moins trois symptômes secondaires et une perturbation des activités de la vie
quotidienne. Les symptômes secondaires sont :

- l’insomnie ou l’hypersomnie,
- la fatigue ou le manque d’énergie,
- le gain ou la perte d’au moins 5 kg,
- l’agitation ou le ralentissement psychomoteur,
- les troubles de concentration,
- la dévalorisation,

9
- ou encore des pensées de mort récurrentes.

L’EDC est classé selon trois niveaux de gravité (léger, modéré et sévère).

Dans le Baromètre Santé 2017, l’EDC a été mesuré au moyen du CIDI-SF. Le CIDI-SF
(Composite International Diagnostic Interview Short Form) est un questionnaire développé par
l’OMS depuis 199826. Il évalue sur les douze derniers mois sept pathologies mentales (dont
l’EDC) et deux addictions. Ce questionnaire est administré par des enquêteurs formés mais non
spécialisés, possiblement par téléphone.

L’algorithme élaboré par Santé Publique France pour diagnostiquer l’EDC dans les réponses
du Baromètre Santé 2017 est présenté dans l’encadré ci-dessous.

Dans cette étude, l’EDC a été étudié en variable binaire (avoir un EDC : ‘Oui’/’Non’).

Au total, 12 852 personnes ont répondu à cette question.

c) Pensées suicidaires

La présence de pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois a été mesurée par la
question : « Au cours des 12 derniers mois, avez-vous pensé à vous suicider ? ». La réponse
peut prendre deux modalités : ‘oui’/’non’.

Au total, 12 864 personnes ont répondu à cette question.

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Variables explicatives

a) Variable explicative principale

La variable explicative principale est issue de la question: « Avant vos 18 ans, avez-vous
connu de graves disputes ou un climat de violences entre vos parents ? ». Il y avait 4 modalités
de réponses à cette question : ‘Oui’, ‘Non’, ‘Refus’, ‘Ne sait pas’ ; il n’y a aucune donnée
manquante.

Les caractéristiques des personnes ayant donné comme réponses ‘Refus’ et ‘Ne sait pas’
ont été comparées à celles des personnes qui ont répondu ‘Oui’ ou ‘Non’, puis une variable
« Exposition aux disputes et aux violences inter-parentales » binaire (‘Oui’/’Non’) a été créée
en excluant les ‘Refus’ et ‘Ne sait pas’ dans un souci de simplification.

b) Autres variables explicatives

Quatre groupes de variables explicatives ont été utilisés.

- Les caractéristiques sociodémographiques : âge en continu, situation matrimoniale,


niveau de diplômes (Bac + 5 ou plus, Bac +3/+4, Bac +2, Bac ou équivalent, inférieur
au Bac, sans diplôme). Le revenu par unité de consommation par terciles n’a pas été
retenu ni la situation professionnelle, du fait de leur corrélation importante avec le
niveau de diplôme.
- Les marqueurs de santé : statut tabagique (non-fumeur, fumeur occasionnel, fumeur
quotidien), la consommation d’alcool avec deux variables non corrélées : alcool
quotidien (Oui/Non) et ivresses régulières (+ de 10 par an, Oui/Non), et l’IMC
(poids/taille²) en 3 classes selon la classification de l’OMS (IMC normal ou maigre,
surpoids, obésité).
- Les évènements dans l’enfance : divorce ou séparation des parents de Ego pendant
l’enfance (Oui/Non), décès ou grave problème de santé d’un parent de Ego dans
l’enfance (Oui/Non).
- l’antécédent de viol(s) et/ou d’agression(s) sexuelle(s) (dans la vie entière)

Ces variables explicatives, reconnues par la littérature comme facteurs de confusion entre
nos variables dépendantes et notre variable explicative principale, ont été utilisées comme
variables d’ajustement.

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L’orientation sexuelle (hétérosexualité, homosexualité, bisexualité et asexualité, c’est-à-
dire qui n’a aucune attirance sexuelle pour une autre personne) a été utilisée pour décrire la
population d’étude.

5. STRATEGIE D’ANALYSE ET STATISTIQUES

Les analyses ont été réalisées sur deux strates : hommes/femmes.

La population d’analyse a été d’abord décrite, en utilisant des effectifs « bruts » et des
pourcentages « pondérés » par la variable de pondération.

Ensuite, les associations entre les variables expliquées et les variables explicatives ont été
étudiées en univarié, en utilisant le test du Chi2 avec un seuil de significativité à 5 %.

Pour détecter la multicolinéarité et identifier les variables impliquées dans cette


multicolinéarité, des régressions logistiques des variables utilisées en ajustement en fonction
des autres variables ont été effectuées, avec un calcul de la VIF (Variance Inflation Factor), soit
l’inverse de la tolérance. Une VIF égale à 1 signe l’absence de corrélation entre deux variables.
Ceci a permis de sélectionner les variables explicatives d’ajustement, au cas par cas, en vérifiant
que deux ou plusieurs variables ne mesuraient pas la même chose (par exemple, élimination de
la variable « situation professionnelle » colinéaire avec « niveau de diplôme », et maintien dans
le modèle des variables « alcool quotidien » et « plus de 10 ivresses par an » qui n’étaient pas
colinéaires et n’apportaient pas la même information).

L’association entre l’exposition dans l’enfance aux violences inter-parentales et les différentes
variables expliquées a été étudiée en multivarié, en utilisant un modèle de Poisson avec variance
robuste et en calculant des Risques Relatifs ajustés sur les différentes variables explicatives,
avec un intervalle de confiance de 95 %.

Enfin, deux analyses de sensibilité ont été faites en excluant des populations particulières :

- Une analyse en excluant les personnes de moins de 25 ans, population particulière car
majoritairement étudiante, moins diplômée, avec des revenus déclarés plus faibles, avec
moins de fumeurs et de buveurs d’alcool au quotidien mais avec plus d’ivresses
régulières. Ce groupe d’âge plus jeune a probablement un rapport différent à
l’éventuelle exposition aux violences inter-parentales que les populations plus âgées,

12
avec moins de recul chronologique face aux conséquences de cette exposition, mais
aussi avec moins de biais de mémorisation.
- Une analyse en excluant les personnes qui déclarent un antécédent d’agression sexuelle
ou de viols (question : « Au cours de votre vie, vous a-t-on forcé(e) à subir ou à faire
des attouchements sexuels, ou vous a-t-on forcé(e) à avoir des rapports sexuels contre
votre volonté ? ») car l’antécédent d’agression sexuelle ou de viol est un facteur majeur
de morbidité physique et psychique. Nous avons décidé d’analyser un sous-échantillon
composé de personnes indemnes d’antécédent d’agression sexuelle/de viol.

Les analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel Stata v.14®.

RESULTATS

1. DESCRIPTION DE L’ÉCHANTILLON

La Baromètre Santé 2017 a interrogé 25 319 personnes de 18 à 75 ans.

Une prévalence différente de la variable explicative principale a été observée selon les âges
(tableau 1) : pour les 18-49 ans, la prévalence d’exposition aux violences inter-parentales (VIP)
est stable, autour de 24,5 %, puis elle diminue nettement après l’âge de 50 ans (17,4 % environ).

Tableau 1 : Exposition aux violences inter-parentales et classes d’âge


N = 25 241 Total Témoins de violences
Effectifs bruts Effectifs bruts (% pondérés)
Age en 6 classes
18-29 4030 966 (24,6)
30-39 4110 960 (24,7)
40-49 4709 1077 (24,2)
50-59 5191 981 (19,5)
60-69 5051 812 (16,5)
70-75 2150 277 (13,4)
Total 25241 5073 (21,4)

Il a donc été décidé d’étudier l’échantillon de personnes du Baromètre santé âgées de moins de
50 ans (strictement).

Au total, 12 876 personnes composent cet échantillon (49,5 % d’hommes, 50,5 % de femmes).
Leurs caractéristiques sont présentées dans le tableau 2.

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Tableau 2 : Caractéristiques sociodémographiques, orientation sexuelle, santé et évènements
dans l’enfance de l’échantillon étudié, selon le sexe, N= 12876

Hommes Femmes
N=6236 49,5% N=6640 50,5 %
(pondéré) (pondéré)

Caractéristiques sociodémographiques

Age en 4 classes
18-24 ans 1187 20,2 1090 19,4
25-29 ans 880 14,3 881 14,0
30-39 ans 1921 31,4 2198 33,1
40-49 ans 2248 34,1 2471 33,5
Nationalité
Française de naissance 5556 87,2 5933 86,8
Française par acquisition/réintégration 270 4,8 304 5,0
Etrangère 403 8,0 395 8,2
Situation matrimoniale
Marié(e) ou Pacsé(e) 2384 37,4 2879 41,0
Célibataire, en union libre ou concubinage 3531 57,9 3190 50,7
Divorcé(e), en instance de divorce ou séparé(e) 308 4,5 513 7,5
Veuf (ve) 10 0,2 51 0,8
Niveau de Diplôme
Bac +5 977 12,7 1030 12,9
Bac +3/+4 791 6,7 1355 11,1
Bac +2 990 15,5 1019 15,5
Bac ou équivalent 1673 26,1 1680 25,6
Inférieur au Bac 1460 28,1 1216 23,5
Sans diplôme 330 12,0 326 11,3
Revenus/uc en terciles
1er tercile (faible) 1798 23,7 2446 29,1
2eme tercile 2103 43,6 2280 40,5
3eme tercile (élevé) 2009 32,7 1634 30,4
Orientation sexuelle
Hétérosexualité 5852 94,4 5960 90,3
Bisexualité 243 3,7 566 8,4
Homosexualité 109 1,4 40 0,6
Asexualité 21 0,5 34 0,7
Santé
Statut tabagique
Non-fumeur 3699 56,0 4417 64,0
Fumeur occasionnel 459 7,2 445 6,2
Fumeur quotidien 2060 36,8 1768 29,8
Alcool quotidien
Non 5766 91,5 6491 97,8
Oui 470 8,5 149 2,2
Ivresses régulières (+10 par an)
Non 5603 89,9 6442 97,1
Oui 628 10,1 192 2,9
IMC en 3 classes
Normal et Maigre 3683 59,8 4545 67,7
Surpoids 1940 30,5 1316 20,8
Obèse 598 9,7 700 11,5

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Evènements dans l’enfance
« Avant vos 18 ans, avez-vous connu de graves
disputes ou un climat de violences entre vos
parents ? »
Non 4915 78,4 4931 72,6
Oui 1307 21,6 1696 27,4
« Avant vos 18 ans, vos parents ont-ils divorcé
ou se sont-ils séparés ? »
Non 4790 74,6 5008 72,7
Oui 1436 25,4 1627 27,3
« Avant vos 18 ans, l’un de vos parents a –t-il eu
un gros problème de santé ou est-il décédé ? »
Non 5092 80,4 5232 77,8
Oui 1139 19,6 1405 22,2
Agressions sexuelles et/ou viols dans la vie
entière
« Dans votre vie, vous a-t-on forcé à subir ou à
faire des attouchements sexuels ou vous a-t-on
forcé(e) à avoir des rapports sexuels contre votre
volonté ? «
Non 6096 98,0 5914 89,0
Oui 124 2,0 690 11,0

Variables expliquées
En ce qui concerne la fréquence des trois indicateurs d’état de santé analysés, 417 personnes
(3,8 %) ont déclaré un mauvais état de santé global, 1429 personnes (11,5 % pour les 2 sexes,
8,1 % des hommes, 14,8 % des femmes) ont eu un épisode dépressif caractérisé dans les 12
derniers mois, 590 personnes (4,9 %) ont eu des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois
(tableau 3).

Tableau 3 : Prévalences des trois indicateurs d’état de santé par classes d’âge de 5 ans et selon
le sexe

Mauvais état de santé Episode Dépressif Pensées suicidaires


général Caractérisé
Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes
N = 6234 N = 6637 N = 6224 N = 6628 N = 6232 N = 6632
Age (3,5 %) (4,1 %) (8,1 %) (14,8 %) (4,4 %) (5,4 %)
(années)
18-24 12 (0,6) 21 (2,5) 97 (8,3) 163 (15,1) 47 (3,6) 58 (5,6)
25-29 13 (1,8) 28 (3,0) 64 (7,8) 134 (14,9) 26 (3,4) 45 (4,4)
30-34 24 (2,9) 28 (2,9) 80 (9,0) 137 (13,2) 33 (4,2) 44 (4,3)
35-39 27 (3,5) 37 (4,3) 70 (6,9) 158 (14,1) 37 (4,2) 44 (4,1)
40-44 42 (5,5) 53 (6,2) 87 (8,4) 175 (17,2) 44 (5,3) 74 (7,6)
45-49 62 (6,9) 70 (5,9) 85 (7,8) 179 (14,4) 60 (5,7) 78 (6,2)

15
Variable explicative principale
A la question : « Avant vos 18 ans, avez-vous connu de graves disputes ou un climat de
violences entre vos parents ? », 3003 personnes (24,5 %) ont répondu Oui, 9846 (75,3 %) Non,
11 ont refusé de répondre (0,1 %) et 16 ont répondu ne pas savoir (0,16 %).

Le tableau 4 en annexe décrit les personnes qui refusent de répondre ou qui ne savent pas
répondre à la question de l’exposition aux VIP.

Les 11 personnes qui ont refusé de répondre sont plus souvent mariées ou pacsées, sont moins
diplômées, plus fumeuses, ont plus volontiers des parents qui ont divorcé pendant leur enfance,
et sont plus nombreuses à refuser de répondre à la question des antécédents d’agressions
sexuelles et/ou de viols que les personnes ayant accepté de répondre à la question de
l’exposition aux VIP.

Les 16 personnes qui ont répondu ne pas savoir sont également moins diplômées, mais aussi
plus fumeuses et consommatrices d’alcool (alcool quotidien et recherche d’ivresses
régulièrement) que les personnes qui ont répondu à la question. Elles ont majoritairement des
parents qui ont divorcé dans leur enfance, et sont 42,4% à avoir connu le décès d’un de leurs
parents.

2. FACTEURS ASSOCIÉS AU FAIT DE DÉCLARER UN MAUVAIS ÉTAT DE


SANTÉ GLOBAL, ANALYSE UNIVARIÉE

En analyse univariée, il existe pour les deux sexes une association significative entre le fait
de déclarer un mauvais état de santé global (MESG) et le fait d’avoir été exposé à des VIP, mais
avec un RR plus élevé chez les hommes : RR hommes = 2,25 [1,50-3,09] (p<0.001), et RR
femmes = 1,65 [1,21-2,24] (p=0.001). Le tableau 5 décrit les risques relatifs pour chacune des
variables explicatives.

Le fait de déclarer un mauvais état de santé global est associé à un plus bas niveau de
diplôme, un tabagisme quotidien, une consommation d’alcool quotidienne, une obésité (et un
surpoids pour les femmes), un antécédent de divorce parental dans l’enfance pour les hommes,
un problème de santé ou un décès d’un parent pendant l’enfance pour les 2 sexes, un antécédent
d’agression sexuelle et/ou de viol pour les 2 sexes.

16
Tableau 5 : Caractéristiques sociodémographiques, santé, évènements dans l’enfance et
mauvais état de santé global (MESG) selon le sexe, analyse univariée, N= 12871

Total Hommes Femmes


MESG MESG RR [IC95] MESG RR [IC95]
(%) (%) (%)
Exposition aux VIP
Non 236 104 Ref 132 Ref
(3,1) (2,8) (3,5)
Oui 178 73 (6,0) 2,15***[1,50-3,09] 105 1,65***[1,21-2,24]
(5,9) (5,8)
Situation Matrimoniale
Marié (e) ou Pacsé (e) 141 56 (2,9) Ref 85(3,2) Ref
(3,0)
Célibataire/concubinage 223 107 1,33[0,89-1,97] 116 1,48**[1,06-2,06]
(4,2) (3,8) (4,7)
Divorcé (e)/séparé (e) 51 (5,4) 17 (5,3) 1,88*[0,97-3,63] 34 (5,5) 1,73**[1,09-2,77]
Veuf (ve) 2 (5,1) 0 0 2 (6,2) 1,97 [0,50-7,74]
Diplôme
Bac +5 ou plus 24 (1,1) 7 (0,6) Ref 17 (1,5) Ref
Bac +3/+4 38 (1,8) 13 (1,4) 2,52*[0,89-7,14] 25 (2,0) 1,32 [0,65-2,69]
Bac +2 46 (2,2) 17 (1,4) 2,52*[0,96-6,62] 29 (2,9) 1,89*[0,95-3,79]
Bac ou équivalent 108 48 (2,9) 5,02***[2,09-12,03] 60 (3,1) 2,05** [1,09-3,88]
(3,0)
Inférieur au bac 129 64 (4,7) 8,23***[3,47-19,49] 65 (4,8) 3,18***[1,69-5,98]
(4,8)
Sans diplôme 71 31 (8,9) 15,52***[6,29-38,26] 40 7,64***[3,95-14,77]
(10,2) (11,6)
IMC Normal 220 96 (3,2) Ref 124 Ref
(3,2) (3,2)
Surpoids 112 50 (3,1) 0,97 [0,64-1,46] 62 (5,3) 1,67***[1,15-2,41]
(4,0)
Obésité 80 (6,9) 33 (6,4) 2,02***[1,24-3,28] 47 (7,4) 2,32***[1,57-3,43]
Pas de tabac 206 79 (2,8) Ref 127 Ref
(3,2) (3,4)
Fumeur occasionnel 15 (1,8) 8 (1,7) 0,59[0,24-1,44] 7 (1,9) 0,55[0,23-1,29]
Fumeur quotidien 194 91 (4,9) 1,74***[1,20-2,52] 103 1,75***[1,28-2,39]
(5,4) (6,0)
Pas d’alcool quotidien 383 155 Ref 228 Ref
(3,7) (3,2) (4,0)
Alcool quotidien 34 (6,4) 25 (6,3) 1,94**[1,17-3,23] 9 (6,8) 1,68[0,80-3,56]
Pas d’ivresses régulières (10 389 158 Ref 231 Ref
et +/an) (3,8) (3,5) (4,1)
Ivresses régulières (10 et 28 22 (3,9) 1,13[0,66-1,95] 6 (4,3) 0,82[0,33-2,05]
+/an) (3,8)
Divorce de vos parents avant
18 ans ?
Non 296 121 Ref 175 Ref
(3,6) (3,1) (4,1)
Oui 120 58 (4,7) 1,53**[1,04-2,25] 62 (4,3) 1,05[0,74-1,50]
(4,5)
Problèmes de santé ou décès
d’un parent avant 18 ans ?
Non 284 126 Ref 158 Ref
(3,2) (2,9) (3,5)

17
Oui 132 54 (6,0) 2,08***[1,42-3,03] 78 (6,2) 1,78***[1,29-2,47]
(6,1)
Vie entière : agression (s) sexuelle (s) et/ou viol (s)
Non 338 159 Ref 179 Ref
(3,5) (3,3) (3,7)
Oui 73 (8,0) 19 4,15***[2,37-7,27] 54 (7,0) 1,87***[1,31-2,68]
(13,5)
* p<0.10, ** p<0.05, *** p<0.01

3. FACTEURS ASSOCIÉS AU FAIT DE PRÉSENTER UN ÉPISODE DÉPRESSIF


CARACTÉRISÉ, ANALYSE UNIVARIÉE

En analyse univariée, il existe dans les 2 sexes une association significative entre le fait de
présenter un épisode dépressif et le fait d’avoir été exposé à des VIP, mais avec un RR plus
élevé chez les femmes : RR hommes = 1,90 [1,54-2,35] (p<0.001), et RR femmes = 2,29 [1,99-
2,64] (p < 0.001). Le tableau 6 décrit les risques relatifs pour chacune des variables explicatives.

Le fait d’avoir présenté un épisode dépressif caractérisé dans les 12 derniers mois est associé
au fait d’être divorcé ou séparé, d’avoir un plus bas niveau de diplôme, d’être fumeur quotidien,
de consommer quotidiennement de l’alcool et d’avoir plus de 10 ivresses par an chez les
hommes, d’être obèse chez les femmes, d’avoir connu un divorce parental dans l’enfance pour
les 2 sexes, d’avoir connu un problème de santé d’un parent ou un décès d’un parent pendant
l’enfance pour les 2 sexes, d’avoir subi une agression sexuelle et/ou un viol pour les 2 sexes.

18
Tableau 6 : Caractéristiques sociodémographiques, santé, évènements dans l’enfance et
présence d’un épisode dépressif caractérisé (EDC) selon le sexe, analyse univariée, N= 12852

Total Hommes Femmes


EDC EDC (%) RR [IC95] EDC (%) RR [IC95]
(%)
Exposition aux VIP
Non 865 315 (6,7) Ref 550 (10,9) Ref
(8,8)
Oui 559 166 1,90***[1,54-2,35] 393 (25,0) 2,29***[1,99-2,64]
(19,7) (12,8)
Situation Matrimoniale
Marié (e) ou Pacsé (e) 446 133 (6,0) Ref 313 (11,1) Ref
(8,7)
Célibataire/concubin 814 311 (8,9) 1,50***[1,18-1,90] 503 (16,5) 1,49***[1,27-1,74]
(12,5)
Divorcé (e)/ séparé (e) 157 37 (14,1) 2,37***[1,55-3,63] 120 (23,6) 2,13***[1,69-2,69]
(20,1)
Veuf (ve) 12 2 (9,8) 1,65[0,37-7,31] 10 (16,2) 1,46[0,75-2,86]
(15,0)
Diplôme
Bac +5 ou plus 169 64 (5,5) Ref 105 (10,2) Ref
(7,9)
Bac +3/+4 235 55 (6,9) 1,25[0,84-1,87] 180 (13,4) 1,32** [1,02-1,71]
(11,0)
Bac +2 207 69 (7,0) 1,28[0,87-1,87] 138 (14,0) 1,38** [1,05-1,81]
(10,6)
Bac ou équivalent 407 147 (9,1) 1,65***[1,19-2,28] 260 (15,2) 1,49***[1,17-1,90]
(12,2)
Inférieur au bac 321 113 (8,6) 1,56***[1,12-2,19] 208 (16,9) 1,66***[1,29-2,14]
(12,5)
Sans diplôme 88 34 (9,3) 1,69** [1,07-2,67] 54 (17,3) 1,70***[1,20-2,41]
(13,2)
IMC Normal 911 299 (8,6) Ref 612 (13,9) Ref
(11,4)
Surpoids 328 129 (6,8) 0,79* [0,62-1,01] 199 (15,2) 1,09[0,91-1,31]
(10,2)
Obésité 182 55 (9,1) 1,06[0,77-1,47] 127 (19,0) 1,36***[1,10-1,69]
(14,5)
Pas de tabac 745 224 (6,2) Ref 521 (12,0) Ref
(9,3)
Fumeur occasionnel 97 30 (6,4) 1,04[0,68-1,60] 67 (14,2) 1,18[0,89-1,57]
(10,1)
Fumeur quotidien 582 226 1,82***[1,47-2,25] 356 (20,8) 1,72***[1,48-2,00]
(15,5) (11,2)
Pas d’alcool quotidien 1350 429 (7,7) Ref 921 (14,7) Ref
(11,4)
Alcool quotidien 79 54 (11,5) 1,48** [1,06-2,08] 25 (19,7) 1,34[0,89-2,03]
(13,2)
Pas d’ivresses régulières 1321 414 (7,7) Ref 907 (14,7) Ref
(10 et +/an) (11,4)
Ivresses régulières (10et 107 69 (11,1) 1,45***[1,09-1,91] 38 (18,8) 1,28[0,91-1,79]
+) (12,9)
Divorce de vos parents avant 18 ans ?
Non 999 357 (7,5) Ref 642 (13,0) Ref
(10,3)

19
Oui 427 124 (9,6) 1,28**[1,01-1,62] 303 (19,4) 1,48***[1,28-1,73]
(14,7)
Problèmes de santé ou décès d’un parent avant 18 ans ?
Non 1065 367 (7,5) Ref 698 (13,5) Ref
(10,5)
Oui 362 115 1,39***[1,09-1,76] 247 (19,1) 1,41***[1,21-1,66]
(15,1) (10,4)
Vie entière : agression (s) sexuelle (s) et/ou viol (s)
Non 1197 451 (7,7) Ref 746(12,8) Ref
(10,2)
Oui 219 29 (23,7) 3.08***[2.06-4.61] 190(30,3) 2.36***[1.99-2.79]
(29,2)
* p<0.10, ** p<0.05, *** p<0.01

4. FACTEURS ASSOCIÉS AU FAIT D’AVOIR DES PENSÉES SUICIDAIRES,


ANALYSE UNIVARIÉE

En analyse univariée dans les 2 sexes, il existe une association significative entre le fait
d’avoir des pensées suicidaires (PS) dans les 12 derniers mois et le fait d’avoir été exposé à des
VIP, mais avec un RR plus élevé chez les femmes : RR hommes = 1,90 [1,54-2,35] (p<0.001),
et RR femmes = 2,29 [1,99-2,64] (p < 0.001). Le tableau 7 décrit les risques relatifs pour
chacune des variables explicatives.

Le fait d’avoir eu des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois est associé au fait d’être
divorcé ou séparé, d’avoir un diplôme inférieur au Bac ou pas de diplôme, d’être fumeur
quotidien, de consommer quotidiennement de l’alcool pour les 2 sexes, d’avoir plus de 10
ivresses par an chez les hommes, d’être obèse chez les femmes, d’avoir connu un divorce
parental dans l’enfance pour les 2 sexes, d’avoir connu un problème de santé d’un parent ou
un décès d’un parent pendant l’enfance pour les femmes, d’avoir subi une agression sexuelle
et/ou un viol pour les 2 sexes.

20
Tableau 7 : Caractéristiques sociodémographiques, santé, évènements dans l’enfance et pensées
suicidaires (PS) dans les 12 derniers mois selon le sexe, analyse univariée, N= 12864

Total Hommes Femmes


PS (%) PS (%) RR [IC95] PS (%) RR [IC95]
Violence
Non 306 (3,2) 154 (3,3) Ref 152 (3,1) Ref
Oui 282 (10,1) 92 (8,3) 2,51***[1,86-3,40] 190 (11,4) 3,64*** [2,82-4,69]
Situation Matrimoniale
Marié (e)/Pacsé (e) 146 (2,9) 53 (2,8) Ref 93 (3,0) Ref
Célibataire/concub. 355 (5,6) 164 (4,9) 1,75***[1,21-2,54] 191 (6,3) 2,09***[1,56-2,80]
Divorcé(e)/ séparé 82 (10,8) 29 (10,5) 3,75***[2,22-6,33] 53 (11,1) 3,66***[2,48-5,42]
Veuf (ve) 7 (20,4) 1 (32,5) 11,66***[2,77- 6 (17,7) 5,86***[2,47-
49,06] 13,86]
Diplôme
Bac +5 ou plus 69 (3,2) 25 (2,5) Ref 44 (3,9) Ref
Bac +3/+4 86 (3,7) 28 (2,9) 1,18[0,64-2,19] 58 (4,2) 1,08[0,70-1,67]
Bac +2 86 (4,7) 33 (4,0) 1,62[0,90-2,91] 53 (5,3) 1,37[0,88-2,13]
Bac ou équivalent 151 (4,2) 62 (3,5) 1,39[0,82-2,35] 89 (5,0) 1,28[0,86-1,92]
Inférieur au bac 148 (5,7) 77 (5,7) 2,29***[1,37-3,82] 71 (5,8) 1,49*[0,98-2,27]
Sans diplôme 50 (7,7) 22 (6,8) 2,72***[1,45-5,12] 28 (8,6) 2,22***[1,32-3,72]
IMC Normal 378 (4,8) 152(4,6) Ref 226 (5,0) Ref
Surpoids 118 (4,2) 63 (3,7) 0,82[0,58-1,15] 55 (5,0) 0,99[0,69-1,42]
Obésité 90 (7,0) 32 (5,7) 1,24[0,79-1,96] 58 (8,1) 1,62***[1,16-2,25]
Pas de tabac 287 (3,8) 118 (3,6) Ref 169 (4,0) Ref
Fumeur occasionnel 32 (3,0) 9 (1,8) 0,49*[0,24-1,01] 23 (4,3) 1,08[0,66-1,77]
Fumeur quotidien 268 (7,3) 118 (6,2) 1,72***[1,27-2,33] 150 (8,6) 2,14***[1,65-2,78]
Pas d’alcool 530 (4,5) 207 (3,8) Ref 323 (5,2) Ref
quotidien
Alcool quotidien 60 (11,9) 40 (10,7) 2,81***[1,89-4,20] 20 (16,2) 3,14*** [1,90-5,17]
Pas d’ivresses 530 (4,7) 204 (4,0) Ref 326 (5,3) Ref
régulières (10 et +/a,)
Ivresses régulières 60 (7,8) 43 (7,6) 1,89***[1,28-2,79] 17 (8,4) 1,58[0,90-2,76]
(10 et +/an)
Divorce des parents avant 18 ans ?
Non 396 (4,0) 170(3,6) Ref 226 (4,4) Ref
Oui 193 (7,5) 77 (6,8) 1,91***[1,39-2,61] 116 (8,0) 1,83***[1,41-2,38]
Problème de santé ou décès d’un des parents avant 18 ans ?
Non 419 (4,3) 183(4,1) Ref 236 (4,6) Ref
Oui 170 (7,0) 63 (5,3) 1,29[0,92-1,79] 107 (8,4) 1,84***[1,40-2,41]
Vie entière : agression (s) sexuelle (s) et/ou viol (s)
Non 444 (3,97) 225 (4,1) Ref 219 (3,8) Ref
Oui 138 (17,9) 20 (17,0) 4,11***[2,43-6,96] 118 (18,0) 4,75***[3,68-
6,14]
* p<0.10, ** p<0.05, *** p<0.01

21
5. ASSOCIATION ENTRE LES 3 INDICATEURS DE SANTÉ ET L’EXPOSITION
DANS L’ENFANCE AUX VIP, ANALYSE MULTIVARIÉE

Les RR ajustés pour mesurer l’association entre les variables expliquées et l’exposition dans
l’enfance aux VIP ont été calculés en ajustant sur l’âge en continu, la situation matrimoniale, le
niveau de diplôme, l’IMC en 3 classes, le statut tabagique, la consommation quotidienne
d’alcool, la présence d’ivresses régulières (+ de 10 par an), les antécédents de divorce des
parents ou d’un décès ou d’un grave problème de santé d’un des parents dans l’enfance et sur
la présence d’un antécédent de viol(s) et/ou d’agression(s) sexuelle(s) (vie entière).

Il persiste une association significative entre déclarer un mauvais état de santé global et le fait
d’avoir été exposé aux VIP après ajustement chez les hommes : RRa hommes = 1,59 [1,04-
2,41] (p=0.030). En revanche, chez les femmes, cette association n’est plus significative : RRa
femmes = 1,28 [0,92-1,79] (p=0.143) (Tableau 8).

Tableau 8 : Mauvais état de santé global/Episode Dépressif Caractérisé/Présence de pensées


suicidaires et exposition aux VIP : RR bruts et ajustés, selon le sexe, N = 12871

Hommes Femmes

Univariée Multivariée¹ Univariée Multivariée¹


RR [IC95] RRa [IC95] RR [IC95] RRa [IC95]
Variable expliquée :
Mauvais État de Santé Global 2,15*** 1,59** 1,65*** 1,28
N=12871 [1,50-3,09] [1,04-2,41] [1,21-2,24] [0,92-1,79]

Episode Dépressif Caractérisé 1,90*** 1,62*** 2,29*** 1,80***


N=12852 [1,54-2,35] [1,28-2,06] [1,99-2,64] [1,54-2,11]

Pensées suicidaires 2,51*** 1,78*** 3,64*** 2,40***


N=12864 [1,86-3,40] [1,26-2,51] [2,8-4,69] [1,81-3,18]

* p<0.10, ** p<0.05, *** p<0.01

¹Ajusté sur les données sociodémographiques, IMC, alcool, tabac, évènements dans l’enfance et ATCD
d’agression sexuelle et/ou viol

Il persiste une association significative entre présenter un épisode dépressif et le fait


d’avoir été exposé aux VIP après ajustement chez les hommes et chez les femmes : RRa
hommes = 1,62 [1,28-2,06] (p<0.001), RRa femmes = 1,80 [1,54-2,11] (p<0.001) (Tableau 8).

Enfin, après ajustement, il persiste également une association significative entre avoir
eu des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois et le fait d’avoir été exposé aux VIP chez

22
les hommes et chez les femmes : RRa hommes = 1,78 [1,26-2,51] (p<0.001), RRa femmes =
2,40 [1,81-3,18] (p<0.001) (Tableau 8).

6. ANALYSES DE SENSIBILITÉ

En excluant les moins de 25 ans, les RR ajustés restent quasiment les mêmes pour les 3
variables expliquées, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, sauf pour la présence
de pensées suicidaires chez les femmes avec un RRa qui baisse de 2,40 [1,81-3,18] (p<0.001)
à 2,00 [1,46-2,75] (p<0.001) (tableau 9).

Tableau 9 : Association entre l’exposition aux VIP dans l’enfance et la déclaration de mauvais
état de santé global, la présence d’un épisode dépressif caractérisé et la présence de pensées
suicidaires, dans tout l’échantillon et après exclusion des personnes de moins de 25 ans, selon
le sexe.

Hommes Hommes ≥25 Femmes Femmes 25


N = 6157 ans N=6507 ans
Multivariée N = 6026 Multivariée N = 5796
Multivariée Multivariée
RRa [IC95] RRa [IC95] RRa [IC95] RRa [IC95]
Variable expliquée :
Mauvais État de Santé 1,59** 1,55** 1,28 1,33
Global [1,04-2,41] [1,01-2,39] [0,92-1,79] [0,94-1,87]

Episode Dépressif 1,62*** 1,63*** 1,80*** 1,84***


Caractérisé [1,28-2,06] [1,24-2,13] [1,54-2,11] [1,54-2,19]

Pensées suicidaires 1,78*** 1,71*** 2,40*** 2,00***


[1,26-2,51] [1,16-2,51] [1,81-3,18] [1,46-2,75]
* p<0.10, ** p<0.05, *** p<0.01

La deuxième analyse de sensibilité exclut les personnes qui ont subi une/des
agression(s) sexuelle(s) et/ou un/des viol(s) au cours de leur vie. Les RR ont été ajustés sur les
mêmes variables que précédemment, sauf sur avoir subi un antécédent d’agression
sexuelle/viol. Dans ce sous-échantillon les RRa sont moins élevés mais les associations avec
l’exposition aux VIP restent significatives. Pour les femmes, l’association entre un mauvais état
de santé global et l’exposition aux VIP reste non significative (tableau 10).

23
Tableau 10 : Association entre l’exposition aux VIP dans l’enfance et la déclaration de mauvais
état de santé global, la présence d’un épisode dépressif caractérisé et la présence de pensées
suicidaires, dans tout l’échantillon et après exclusion des personnes déclarant un antécédent
d’agression sexuelle/viol, selon le sexe.

Hommes Hommes sans Femmes Femmes sans


N = 6157 ATCD de violences N=6507 ATCD violences
sexuelles sexuelles
N = 6026 N = 5796

RRa [IC95]¹ RRa [IC95]² RRa [IC95]¹ RRa [IC95]²


Variable
expliquée :
Mauvais État de 1,59** 1,63** 1,28 1,17
Santé Global [1,04-2,41] [1,06-2,50] [0,92-1,79] [0,80-1,71]

Episode Dépressif 1,62*** 1,59*** 1,80*** 1,80***


Caractérisé [1,28-2,06] [1,24-2,04] [1,54-2,11] [1,51-2,15]

Pensées suicidaires 1,78*** 1,73*** 2,40*** 2,49***


[1,26-2,51] [1,22-2,46] [1,81-3,18] [1,77-3,51]
* p<0.10, ** p<0.05, *** p<0.01

¹Ajusté sur les données sociodémographiques, IMC, alcool, tabac, évènements dans l’enfance et ATCD
d’agression sexuelle et/ou viol

²Même ajustement sauf pour l’ATCD d’agression sexuelle et/ou viol

24
DISCUSSION

1. PRINCIPAUX RESULTATS
A partir des données du Baromètre Santé 2017 sur un échantillon de personnes de 18 à 49
ans, cette étude a permis de montrer qu’il existe une relation significative entre déclarer avoir
été témoin de violences entre ses parents dans son enfance et :

- déclarer un mauvais état de santé global à l’âge adulte chez les hommes (mais pas chez
les femmes),
- avoir présenté un épisode dépressif dans les 12 derniers mois pour les 2 sexes,
- et avoir eu des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois pour les 2 sexes.

Ces associations ne se modifient ni en excluant les personnes de moins de 25 ans, ni en


excluant les personnes qui déclarent des antécédents de violences sexuelles.

2. POINTS FORTS
Cette étude présente plusieurs forces.

D’abord, l’effectif important de l’échantillon a permis de stratifier sur le sexe avec une
puissance statistique satisfaisante. Ensuite, le redressement des données permet une
représentativité de la population et d’extrapoler les résultats obtenus. Le taux de non-réponses
à la variable explicative principale était très bas (0.26%), et le profil des personnes qui n’ont
pas répondu a été analysé. Enfin, il faut souligner l’originalité de ce travail, qui aborde
l’association d’indicateurs de santé physique et mentale avec l’antécédent d’exposition aux
violences inter-parentales ; et ce dans une population plus large (hommes et femmes de la
France entière de 18 à 49 ans) que celle des travaux français existants à ce jour sur le sujet.

Par ailleurs, l’analyse statistique a été faite en utilisant des Risques Relatifs plutôt que des Odds
Ratio, ce choix permet une facilité de compréhension (un rapport de risques est plus facile à
appréhender qu’un rapport de cotes).

25
3. LIMITES
Il n’existe ni définition précise de ce qu’est l’exposition aux violences inter-parentales, ni
outil d’évaluation spécifique. La question « Avant vos 18 ans, avez-vous connu de graves
disputes ou un climat de violences entre vos parents ? » (le mot « parents » étant remplacé par
« personnes qui vous ont élevé » quand la personne interrogée n’a pas vécu avec ses parents) a
été posée dans ces termes exacts dans l’enquête ENVEFF³ et quasi-exacts (le mot « connu » est
remplacé par « été confronté ») dans les études Cadre de Vie et Sécurité⁸ de la DREES27, ce qui
permet de comparer plus facilement les résultats des enquêtes, même si cette question reste
soumise à l’interprétation du répondant. Il est licite d’imaginer que la définition d’un climat de
violences n’est pas la même pour chacun d’entre nous. Néanmoins, le but principal de ce travail
n’était pas d’estimer une prévalence précise de l’exposition aux VIP. Le ressenti des personnes
répondantes quant à cette exposition infantile reste tout aussi intéressant malgré les
interprétations possibles.

L’exclusion des plus de 50 ans a été choisie afin de constituer un groupe homogène en termes
de prévalence de l’exposition aux VIP et afin de limiter les biais de mémorisation. Ceci étant,
cela prive l’étude d’un effectif important qui aurait pu augmenter la puissance statistique, même
si l’effectif de l’échantillon reste conséquent.

Le sujet des violences intrafamiliales se heurte en permanence d’une part à des problèmes de
banalisation, et d’autre part, la déclaration des violences est soumise à un phénomène
d’atténuation émotionnelle avec le temps et de rationalisation par le sujet lui-même, ce qui a
pour conséquence une minimisation des faits et une sous-estimation de l’importance des
violences. Quand on parle en particulier des études rétrospectives sur les événements
traumatisants dans l’enfance, les prévalences de ces évènements sont connues pour être sous-
estimées systématiquement28. D’abord l’état émotionnel de la personne au moment du
questionnaire, notamment sur des sujets sensibles comme les violences, conditionne sa réponse,
ce qui entraîne un biais de déclaration. De plus, un biais de prévarication (omission volontaire
ou mensonge dans la réponse du fait du caractère intime du sujet) peut aussi exister. Enfin, un
biais de mémorisation existe également dans cette étude du fait de questions posées à des
adultes sur leur enfance. Exclure les sujets de plus de 50 ans a permis de limiter ce biais, mais
là encore la prudence est de mise quand on étudie le sujet des violences dans l’enfance : ces
violences sont connues pour entraîner des conséquences psychologiques de résilience et
d’amnésie traumatique propres à biaiser les réponses des personnes interrogées29.
26
Quelle serait la conséquence d’une sous-estimation de l’exposition aux VIP ? Si le nombre
d’adultes qui ont été exposés aux VIP est systématiquement sous-estimé, alors on pourrait faire
l’hypothèse que les RR seraient biaisés vers le bas (ou biaisés vers l’unité). Mais peut-être les
personnes dépressives ou en plus mauvais état de santé global portent sur leur enfance un œil
plus attentif ou sévère sur les violences éventuelles auxquelles elles ont assisté (par rapport à
des personnes adultes en bonne santé, qui seraient plus résilients ?) et déclareront plus
facilement avoir été exposées aux VIP. Le sens de la modification de la mesure de l’association
avec les indicateurs de santé suite à une mauvaise estimation de la prévalence de l’exposition
aux VIP ne peut être déterminé.

La question d’avoir subi ou non d’autres formes de maltraitances (physiques, psychologiques


ou sexuelles) dans l’enfance n’a pas été posée dans le Baromètre santé 2017, il n’a donc pas été
possible d’ajuster sur l’existence ou non de maltraitances dites « directes » co-existantes avec
l’exposition aux VIP (alors que cette coexistence est souvent décrite⁴ et que l’impact de ces
maltraitances à l’âge adulte est majeur), ce qui induit une source de confusion résiduelle.

En ce qui concerne les variables expliquées

D’abord, le CIDI-SF, outil utilisé dans le Baromètre Santé pour évaluer la présence ou non d’un
EDC, est basé sur la déclaration du répondant, ce qui peut engendrer un biais de classement. Ce
même biais existe pour la question sur l’état de santé global, qui est soumise à l’interprétation
de la personne interrogée. Par ailleurs, le CIDI-SF a une tendance à la surestimation de la
prévalence de la dépression par rapport au CIDI d’environ 50 %30. Ce manque de spécificité est
dû au fait que des critères d’exclusion somatique (maladies, prises de médicaments ou de
substances) ou de la présence d’un deuil au moment de l’évaluation ne sont pas pris en compte.
Néanmoins, cet outil reste validé pour les grandes enquêtes en population générale quand un
entretien approfondi n’est pas réalisable31. Enfin, répondre à la question de la présence de
pensées suicidaires, sujet sensible et intime comme l’antécédent d’exposition aux violences,
peut conduire également à un biais de déclaration.

La question de savoir si ces biais sont différentiels ou non ne peut pas être tranchée : par
exemple sur la question de la santé globale, les traumatismes dans l’enfance rendent-ils plus
sensibles à des symptômes ou plus attentifs à des dysfonctionnements physiques ?

27
En ce qui concerne les données :

Il existe des limites propres à la méthodologie du Baromètre Santé. Outre le caractère


rétrospectif des questions qui engendre un possible biais de mémorisation déjà évoqué plus
haut, il s’agit de données déclaratives d’une étude transversale, qui empêchent de conclure bien
évidemment sur une quelconque causalité. Est-ce que le fait d’interroger les personnes par
téléphone a une incidence sur la mesure des variables ? Il est connu que le recueil téléphonique
des données en ce qui concerne la santé mentale est tout aussi fiable que l’entretien en face à
face32. Mais, à notre connaissance, il n’existe pas de données dans la littérature qui valident le
mode d’entretien téléphonique en ce qui concerne les questions sur les violences.

4. CONFRONTATION A LA LITTERATURE
La prévalence de la variable explicative principale dans cette étude, c’est-à-dire
l’exposition aux violences entre les parents durant l’enfance chez les personnes âgées de 18 à
49 ans, est de 24,5 %, un chiffre supérieur à la prévalence retrouvée chez les femmes interrogées
dans ENVEFF en 2000 (15 %) et chez les franciliens interrogés dans l’étude SIRS en 2003 (16
%). Cet écart de prévalence témoigne de la difficulté de mesurer précisément le taux d’enfants
témoins en France, qui est estimé par des enquêtes de victimation (enquête Cadre de Vie et
Sécurité et appels aux 3919), des rapports de Justice et des données de police et de gendarmerie
ou de l’aide sociale à l’enfance. Les méthodes de chiffrage se heurtent à l’inadaptation des outils
de repérage et à la multiplicité des acteurs autour des violences intrafamiliales33 qui donnent
tous des chiffres différents et parcellaires. Toutefois il est très vraisemblable qu’il s’agisse d’un
phénomène massif ⁷.

Une baisse de prévalence de l’exposition aux VIP avec l’âge a été constatée dans l’étude
SIRS (18,8 % chez les moins de 36 ans, diminuant jusqu’à 13,5 % pour les plus de 55 ans), ce
qui est aussi retrouvé dans nos résultats, et qui a conduit à ne se concentrer que sur les moins
de 50 ans.

Etat de santé global


Après ajustement (sur les caractéristiques sociodémographiques, l’IMC, la
consommation de tabac et d’alcool, les évènements de vie dans l’enfance et les antécédents de
violences sexuelles), il persiste une association significative entre déclarer un mauvais état de
santé global et le fait d’avoir été exposé aux VIP chez les hommes (RRa = 1,59 [1,04-2,41],
p=0,030). En revanche, chez les femmes, cette association n’est plus significative après

28
ajustement (RRa = 1,28 [0,92-1,79], p=0,143). Cette différence n’est pas documentée dans la
littérature.

Les conséquences de l’exposition aux violences inter-parentales sur la santé globale des
enfants sont bien connues : les études internationales montrent que plus les violences sont
importantes entre les parents, plus l’enfant exposé (notamment en bas âge) présente des
problèmes de santé (infections, allergies, troubles du sommeil, troubles gastro-intestinaux34,
asthme35…). Les recherches en neurosciences expliquent l’origine de ces troubles36 :
l’exposition à des évènements psychotraumatisants dans l’enfance génère une activation
excessive de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien37, toxique pour l’organisme, qui, à
terme, entraîne une dysrégulation de la réponse aux stress de la vie future via les systèmes
nerveux, neuroendocrine et immunitaire. Les effets du stress chronique lié à l’exposition aux
VIP augmentent la vulnérabilité des enfants face à toutes sortes de pathologies38. Au Canada,
Onyskiw (données issues du National Longitudinal Survey of Children and Youth, une cohorte
de plus de 20 000 enfants canadiens âgés de 2 à 11 ans) montre un lien pour les enfants entre
être exposés aux violences intrafamiliales et avoir un mauvais état de santé, et un lien entre
cette exposition et avoir une consommation plus importante de médicaments que chez les
enfants non exposés39. Chez les adolescents, une étude finlandaise (plus de 1300 interrogés
mais issus d’une seule commune) montre que les jeunes de 14-17 ans qui ont été exposés à des
violences entre leurs parents déclarent un plus mauvais état de santé global40.

Chez les adultes, l’étude ACE (Adverse Childhood Study)41, une étude de cohorte régionale de
plus de 9500 patients ayant consulté dans une clinique américaine, montrait déjà en 1998
qu’être exposé à des traumatismes dans l’enfance, dont celui d’être exposé à « la violence sur
la mère », est associé à un risque de développer une des principales causes de mortalité à l’âge
adulte (abus de substances, obésité, maladies cardiovasculaires, cancer, diabète,
bronchopneumopathie chronique, infections sexuellement transmissibles). Cette association
suit un modèle à la fois cumulatif (plus on est exposé à des événements traumatisants dans
l’enfance, plus le risque de morbi-mortalité est grand) et adaptatif (l’environnement de l’enfant
et ses expériences vont moduler positivement ou négativement l’impact des traumatismes sur
la santé à long terme), modèle que l’on retrouve dans l’association avec la dépression¹⁹ (ce qui
sera développé plus loin).

La différence de déclaration entre les sexes n’a été étudiée que chez les adolescents,
d’un point de vue des troubles du comportement et mais pas sur le plan de la santé globale. Le

29
fait que les hommes semblent plus « marqués » au niveau de leur santé globale que les femmes
par l’exposition aux VIP n’est pas une notion connue. S’agit-il d’une différence expliquée par
l’intégration de codes différents en fonction du genre ? Les hommes s’autorisent-ils à se
plaindre dans un contexte de santé globale plutôt que dans le domaine de la santé mentale, dans
lequel les femmes seraient plus à même de s’accorder le droit à la souffrance ?

Il faudrait une étude supplémentaire pour vérifier ce résultat. Interpréter cette différence
n’est pas un exercice facile : il pourrait aussi s’agir de facteurs de confusion différents selon le
sexe.

Episode dépressif caractérisé dans les 12 derniers mois

Dans l’échantillon étudié (18-49 ans), 11,5 % des personnes ont présenté un épisode
dépressif caractérisé (8,1 % des hommes, 14,8 % des femmes) dans les 12 derniers mois. Il est
difficile de comparer ces chiffres à d’autres études françaises, qui différent en termes de
méthodologie, de définition du trouble de l’humeur analysé et de classe d’âge concernée.
Néanmoins, la différence de prévalence de l’épisode dépressif entre hommes et femmes est
systématiquement retrouvée. La prévalence de l’épisode dépressif majeur dans la vie entière
dans l’enquête Anadep en 2005 (une enquête représentative en population générale des 15-75
ans avec plus de 6 000 participants) est de 17,8 % (deux fois plus élevée chez les femmes : 23,5
%, que chez les hommes où elle est égale à 12 %)42. Dans l’enquête SPMG (Santé Mentale en
Population générale), enquête multicentrique et internationale sur des échantillons
représentatifs de la population adulte (plus de 77 000 sujets inclus), la prévalence d’un épisode
dépressif récent est de 8,9 % chez les hommes et 13,1 % chez les femmes43.

L’étude des personnes de 18-49 ans du Baromètre Santé 2017 retrouve pour les deux sexes une
association significative entre la présence d’un épisode dépressif caractérisé dans les 12 derniers
mois et l’exposition aux VIP, avec un RR plus grand chez les femmes que chez les hommes
(RRa femmes = 1,80 [1,54-2,11] vs RRa hommes = 1,62 [1,28-2,06]). L’étude ACE
précédemment citée retrouvait également une association entre les évènements de vie
traumatisants dans l’enfance et la survenue d’une dépression dans la vie adulte¹². Les effets de
l’exposition à la violence dans l’enfance sur le développement psychologique et la santé
psychique ultérieurs ont été bien documentés par les neurosciences44. Il est connu depuis une
dizaine d’années que l’impact de l’exposition aux VIP sur la santé mentale des enfants à long
terme n’est pas significativement différent de celui engendré par les maltraitances infantiles

30
directes45. En ce qui concerne la différenciation des sexes, une méta-analyse n’a pas montré de
différences d’impact au niveau psychologique des VIP que l’on soit fille ou garçon46. La seule
différence retenue dans une étude interventionnelle concernait la réponse à la qualité du soutien
environnemental : le taux de dépression des filles en âge scolaire diminuait significativement
suite à la mise en place d’un soutien (familial, social) après l’exposition aux VIP, tandis que ce
taux restait stable chez les garçons même après l’aide apportée47.

En France, l’équipe de la cohorte SIRS s’est intéressée à la prévalence des épisodes


dépressifs chez les personnes qui déclaraient avoir été exposées aux violences interparentales¹³.
Après ajustement sur les conditions socioéconomiques actuelles et dans l’enfance, la santé
mentale des parents et la présence de ruptures familiales, cinq évènements concernant l’enfance
restaient associés à la survenue d’une dépression dont les violences conjugales inter-parentales.
Dans cette cohorte SIRS, les adultes exposés aux VIP dans l’enfance ont un risque plus
important de développer une pathologie psychique à l’âge adulte, et ce même après ajustement
sur les autres formes de violence domestique²º. Les facteurs reconnus de stress familiaux et
sociaux n’expliquaient pas par ailleurs cette association. La différence entre hommes et femmes
n’a pas été étudiée dans ce travail à notre connaissance.

Existence de pensées suicidaires dans les 12 derniers mois

Dans l’échantillon, 4,9 % des personnes déclarent avoir eu des pensées suicidaires dans
les 12 derniers mois. Là encore, il est difficile de comparer ces résultats à d’autres études tant
les outils et les définitions diffèrent. A titre d’exemple, l’enquête World Mental Health Survey
menée de 2001 à 2007 par l’OMS dans 21 pays (étude transversale qui a interrogé plus de
100 000 personnes en face à face par des enquêteurs formés, dans des pays développés et des
pays en voie de développement) estime la prévalence des pensées suicidaires à 2 %, mais cette
prévalence concerne la vie entière48.

L’association entre la présence de pensées suicidaires et l’exposition aux violences


inter-parentales dans l’enfance est statistiquement significative dans l’échantillon, avec un RR
plus grand chez les femmes que chez les hommes (RRa femmes = 2,40 [1,81-3,18] vs RRa
hommes = 1,78 [1,26-2,51]). Dans les études ACE et SIRS, seules les associations entre
l’antécédent de tentatives de suicide (TS) et l’exposition aux VIP ont été étudiées, et ces
associations sont significatives.

31
Dans un article paru en 2019 issu du Baromètre santé 2017, être exposé à un climat de violence
entre ses parents dans l’enfance multipliait par 2 le risque de faire une tentative de suicide au
cours de la vie, dans les 2 sexes49. Les pensées suicidaires ont également été étudiées dans cet
article, mais sans confrontation avec l’antécédent d’exposition aux VIP.

Beaucoup d’études à l’international se sont intéressées au lien entre l’exposition aux VIP et
l’existence d’une ou plusieurs tentatives de suicide dans la vie entière, comme l’étude ACE en
1998 ou l’étude de Rico & al en 2011 (enquête transversale menée dans 5 pays en voie de
développement sur des échantillons nationaux représentatifs). Cette étude montre que les
personnes exposées dans l’enfance aux VIP ont 1,8 fois plus de risque d’attenter plus tard à
leurs jours50. Peu de recherches ont exploré spécifiquement le lien avec les pensées suicidaires.
En revanche, des liens entre la présence de pensées suicidaires à l’âge adulte et l’existence
d’autres traumatismes, notamment les antécédents de violences sexuelles, ont été mis en
évidence51. Enfin, il existe dans la littérature un lien fort connu entre les pensées suicidaires, les
tentatives de suicide et le suicide accompli52.

Dans une enquête américaine recueillant plus de 30 000 participants (échantillon national
représentatif, mais sans facteurs d’ajustements notamment sociaux), qui ont présenté dans leur
vie un Etat de Stress Post Traumatique (ESPT), 43,2 % des personnes ayant été exposées à « de
graves disputes à la maison » avant l’âge de 18 ans souffrent d’idées suicidaires53. Il existe un
lien significatif entre souffrir d’un ESPT et avoir été exposé aux VIP54,55 et par ailleurs on
estime aux États-Unis que 50 % des enfants âgés de 1 à 7 ans et exposés aux VIP souffrent de
symptômes posttraumatiques56.

Ces liens connus entre l’exposition aux VIP, l’ESPT, l’existence de pensées suicidaires
et les tentatives de suicide, sans y voir une chaîne de causalité directe, permettent de conforter
les résultats obtenus dans notre étude.

L’exclusion des personnes ayant subi des violences sexuelles

Dans l’échantillon, 814 personnes (6,6 %) déclarent avoir subi des attouchements
sexuels et/ou un viol : 124 hommes (2,1 %) et 690 femmes (11,0 %). Selon l’enquête VIRAGE
en 2015 (enquête transversale réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 28 000
personnes âgées de 18 à 69 ans), 14,47 % des femmes et 3,94 % des hommes ont subi au moins
une violence sexuelle, quelle qu’elle soit, au cours de leur vie²¹. Ces violences sexuelles se
déroulent essentiellement pendant l’enfance et les agresseurs font partie majoritairement de la

32
famille ou des proches. Dans l’échantillon des 18-49 ans du Baromètre Santé 2017, 76,4 % des
personnes qui déclarent une agression sexuelle et/ou un viol ont été agressés avant l’âge de 18
ans.

Avoir subi une violence sexuelle au cours de sa vie est un facteur de risque majeur d’être de
nouveau victime de violences57, et un facteur majeur de morbi-mortalité58, surtout si ces
violences se sont produites pendant l’enfance. Cet impact sur la santé physique et mentale des
victimes des violences sexuelles peut induire une confusion sur la mesure de l’association entre
l’exposition aux VIP pendant l’enfance et les indicateurs de santé à l’âge adulte, d’autant plus
que dans le Baromètre on ne pouvait dater avec précision l’âge de début d’exposition aux VIP,
la date de l’agression sexuelle et/ou du viol éventuel(le)(s) et la temporalité entre les deux.

Les deux variables n’étaient pas corrélées. En faisant une analyse de sensibilité en excluant les
personnes qui ont déclaré un antécédent de violence sexuelle, le lien statistique entre
l’exposition aux VIP dans l’enfance et les 3 indicateurs de santé à l’âge adulte reste significatif,
même si les risques relatifs ajustés sont moins importants. Ceci conforte le fait que l’exposition
aux VIP pendant l’enfance reste associé dans le long terme à la présence d’un épisode dépressif,
de pensées suicidaires, et d’un mauvais état de santé global (seulement pour les hommes dans
ce dernier cas), indépendamment d’avoir été victime de violences sexuelles au cours de la vie.

5. PERSPECTIVES
Mettre en évidence un lien entre l’antécédent d’exposition aux VIP et trois indicateurs de
santé tels que l’état de santé global (pour les hommes), la présence d’un épisode dépressif
caractérisé et la présence d’idées suicidaires dans les 12 derniers mois (pour les 2 sexes) permet
de souligner la nécessité d’étudier l’impact des violences conjugales sur les enfants témoins, et
d’aider à sortir d’une banalisation de ces violences au niveau médical et sociétal.

Perspectives cliniques

Si le dénombrement des enfants témoin de VIP n’est pas encore optimal en France, et
que l’on peine à mesurer l’ampleur de ce phénomène, le fait de montrer que les conséquences
de l’exposition aux VIP sur la santé physique et mentale des adultes qui en ont souffert sont
préoccupantes peut entraîner une prise de conscience des politiques et des professionnels de
santé. Au-delà du dépistage des maltraitances dites « directes » sur l’enfant par le médecin
traitant, rechercher l’exposition aux violences chez l’enfant, mais aussi chez l’adulte pour des

33
violences passées, permet à la fois de centrer le médecin sur une démarche de prévention et sur
une prise en charge ciblée.

Prenons l’exemple du lien avec la présence des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois.
Le suicide représente en France presque 10 000 décès par an, une incidence qui est supérieure
à la moyenne européenne59. L’OMS souligne qu’avoir été confronté à des traumatismes dans
son enfance, et notamment le fait de vivre dans un foyer violent, est un facteur de risque de
comportement suicidaire60. Une des recommandations des politiques de prévention des
suicides61 est d’identifier les personnes vulnérables pour pouvoir intervenir bien en amont de la
crise suicidaire. En dépistant les violences intrafamiliales, y compris l’exposition aux VIP, le
médecin s’inscrit dans la prévention primaire du geste suicidaire et dans la prévention
secondaire des récidives.

Perspectives de santé publique

Le taux de personnes déclarant avoir été témoins de VIP dans l’analyse des données du
Baromètre santé 2017 est important : 1 personne de 18-49 ans sur 5 déclare avoir connu de
graves disputes ou un climat de violences entre ses parents pendant l’enfance. Ces chiffres
doivent être confrontés à d’autres études représentatives de la population française pour valider
cette prévalence préoccupante et renforcer la sensibilisation de la société et des pouvoirs publics
sur le sujet des enfants vivant dans un foyer violent.

L’enquête ELFE²² est une analyse longitudinale française qui va étudier pendant 20 ans
l’évolution de 18 000 enfants nés en 2011. Des questions sur les violences psychologiques dans
le couple ont été posées aux deux parents lors du questionnaire distribué aux 2 mois de l’enfant.
Ces données n’ont pas été exploitées pour le moment.

Les résultats de l’enquête VIRAGE sont particulièrement attendus concernant l’exposition aux
VIP dans l’enfance. Cette étude a interrogé près de 30 000 personnes (hommes et femmes) en
2015, sur l’ensemble des violences subies au cours de la vie, et a intégré des questions
exhaustives portant sur l’enfance. Les résultats de cette analyse, qui seront probablement une
référence pour les années à venir, comme ceux de l’enquête ENVEFF qui ont fait référence
depuis 20 ans sur les violences faites aux femmes, seront à confronter avec les résultats de
l’échantillon du Baromètre Santé 2017.

34
Les résultats de notre analyse soulignent l’importance d’un problème sanitaire majeur
et pourraient contribuer à inciter les politiques publiques à prendre conscience de ce
phénomène. Développer l’accompagnement pluridisciplinaire des enfants victimes et des
adultes ex-victimes, former les professionnels (de police, de justice et du secteur médicosocial)
et encourager le dépistage systématique de l’exposition à des VIP, font déjà partie des
recommandations des observatoires des violences¹. Il serait souhaitable de créer un outil de
dépistage validé de l’exposition aux VIP afin d’obtenir une prévalence fiable de cette exposition
dans la population, et de suivre au long cours des enfants co-victimes de violences conjugales
pour mesurer l’impact de l’exposition aux violences sur la santé physique et mentale, impact
dont notre étude ne donne qu’une intuition pessimiste sur le devenir des enfants co-victimes
une fois adultes.

35
ANNEXES

Tableau 4 : Caractéristiques sociodémographiques, orientation sexuelle, santé, évènements


dans l’enfance, antécédent d’agression sexuelle et/ou viol dans la vie entière des personnes
refusant de répondre ou ne sachant pas répondre à la variable explicative principale

Réponses Refus Ne Sait Pas


connues N = 11 N = 16
N = 12 849
N (% N % N %
pondéré) pond pondéré
éré

Caractéristiques sociodémographiques
Age en 4 classes
18-24 ans 2272 (19,8) 1 3,4 4 20,1
25-29 ans 1758 (14,2) 2 26,8 1 6,9
30-39 ans 4110 (32,2) 3 37,7 6 48,5
40-49 ans 4709 (33,8) 5 32,1 5 24,5
Situation matrimoniale
Marié(e) ou Pacsé(e) 12610 (49,7) 6 79,0 2 24,7
Célibataire, en union libre ou concubinage 8728 (37,7) 4 17,2 3 75,3
Divorcé(e), en instance de divorce ou séparé(e) 2730 (9,2) 1 3,8 0 0
Veuf (ve) 1153 (3,3) 0 0 0 0
Niveau de Diplôme
Bac +5 3242 (10,5) 1 5,0 1 2,6
Bac +3/+4 3701 (7,6) 1 2,9 3 8,9
Bac +2 3261 (12,9) 1 5,2 2 7,9
Bac ou équivalent 5413 (20,4) 2 6,3 0 0
Inférieur au Bac 7963 (35,3) 4 49,8 7 43,7
Sans diplôme 1601 (13,3) 1 30,8 3 36,9
Orientation sexuelle
Hétérosexualité 23441 (93,5) 9 94,8 14 88,5
Bisexualité 1225 (4,6) 1 5,2 1 4,1
Homosexualité 220 (0,8) 0 0 0 0
Asexualité 235 (1,1) 0 0 1 7,4
Marqueurs de santé
Statut tabagique
Non-fumeur 18035 (68,2) 1 17,2 8 48,6
Fumeur occasionnel 1234 (4,9) 1 3,4 0 0
Fumeur quotidien 5937 (26,9) 9 79,4 8 51,4
Alcool quotidien
Non 22540 (89,5) 9 91,4 13 67,6
Oui 2701 (10,5) 2 8,6 3 32,4
Ivresses régulières (+10 par an)
Non 24334 (96,1) 10 95,1 12 74,6
Oui 883 (3,9) 1 4,9 4 25,4
IMC en 3 classes
Normal et Maigre 14139 (55,6) 5 64,4 10 72,9
Surpoids 7687 (30,8) 4 32,9 5 24,6
36
Obèse 3231 (13,6) 1 2,8 1 2,6
Evènements dans l’enfance
« Avant vos 18 ans, vos parents ont-ils divorcé ou
se sont-ils séparés ? »
Non 21133 (81,2) 3 25,3 6 39,3
Oui 4080 (18,8) 5 74,7 8 60,7
« Avant vos 18 ans, l’un de vos parents a-t-il eu un
gros problème de santé ou est-il décédé ? »
Non 19943 (78,1) 9 94,6 9 57,6
Oui 5281 (21,9) 1 5,4 6 42,4
Agressions sexuelles et/ou viols dans la vie entière
« Dans votre vie, vous a-t-on forcé à subir ou à
faire des attouchements sexuels ou vous a-t-on
forcé(e) à avoir des rapports sexuels contre votre
volonté ? «
Non 23687 (93,8) 6 54,1 14 87,6
Oui 1472 (3,8) 1 3,5 1 4,1
Refus 66 (0,4) 4 42,4 1 8,3

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