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Or, Il est prouvé que l’accès aux services financiers particulièrement le crédit aide les
populations à faibles revenus à mieux tirer profit des opportunités économiques qui se
présentent à eux et à gérer leurs risques en améliorant leur niveau de revenu, leur
conditions de vie, de santé et d’éducation. Toutefois, on estime que 2,5 milliards de
personnes dans les pays à faibles revenus ne sont pas bancarisées. Au Sénégal,
moins de 20% de la population détienne des comptes dans une banque ou un SFD.
Le modèle de distribution basé sur les agences physiques traditionnelles adopté par
la plupart des institutions financières connait des limites quant à l’accès à moindre coût
des populations exclus des services financiers, qui sont obligés de recourir à la place
à des services financiers informels généralement peu sûrs, peu pratiques et onéreux.
Toutefois, au sein de cette population non bancarisée, plus d’un milliard de personnes
à accès à un téléphone portable. Au Sénégal, le taux de pénétration du téléphone
portable est estimé à 104,78%. Cet outil adossé à un réseau de distributeurs de
proximité appelé réseau d’agents tiers constituent des canaux de distribution
alternatifs qui peuvent être mis à profit pour fournir un accès à des services financiers
tels que les paiements, les transferts, l’assurance, l’épargne et le crédit, de façon plus
économique, sûre et pratique que les agences traditionnelles.
Le réseau d’agents permet l’offre de services financiers en dehors des agences
traditionnelles. Les clients se rendent chez des agents pour réaliser leurs
transactions classiques – La transaction atteint le compte du client chez l’institution
financière via un compte de monnaie électronique
Au Sénégal, les opérateurs de téléphonie mobiles (OTM) jouent un rôle important dans
la fourniture de services financiers (transferts P to P, paiements etc.) grâce à une
infrastructure technologique performante et un réseau de distribution étendu. Par
contre, il convient de signaler que ces OTM n’offrent pas encore des services
financiers digitaux de seconde génération importants pour permettre l’accès des
pauvres aux financements à moindre coût leur permettant de mener des activités
génératrices de revenus. Au demeurant, même si les services de transferts et de
paiement sont utiles, ils ne permettent pas de régler l’une des contraintes majeures de
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Ce chiffre diffère des statistiques officielles obtenues auprès des prestataires de services financiers. Il n’intègre pas les
comptes de personnes morales, les comptes inactifs et les comptes multiples détenus par une seule personne
LPS 2014-2020 lettre de politique sectorielle de la microfinance
l’accès aux services financiers révélées par l’enquête ESRIF/DRSSFD c’est-à-dire
l’absence ou l’insuffisance de revenus. Le motif de non bancarisation des adultes est
dû à 81.3% à l’insuffisance de revenus.
Les SFD quant à eux, ont réalisé des efforts considérables et déployé des moyens
conséquents pour rendre leurs services accessibles et plus proches de leurs
membres/clients. En effet, les grands réseaux de SFD ont procédé à l’implantation
d’agences et de guichets pour couvrir le maximum de zones géographiques. En
dehors des canaux de distribution classique ils ont exploré d’autres canaux alternatifs
tels que les clubs d’épargne et les guichets mobiles. Ces derniers ont permis de
desservir des marchés hebdomadaires et d’atteindre des zones enclavées dépourvues
d’agences physiques.
Par contre, le téléphone mobile est utilisé actuellement par les SFD à des fins
relationnelles, notamment la consultation de soldes par SMS et l’envoi d’’information.
Malgré ces efforts, le constat fait apparaître un accès relativement limité des
populations aux services financiers de base. Moins de 1 point de service pour 10 000
habitants selon les données de l’ESRIF 2017(DRSSFD/ANSD) et moins de 20% des
ménages ont accès aux services financiers classiques. Cette situation s’explique
notamment par un problème l’accessibilité géographique car les populations habitant
à moins de 500 m d’un point de service sont de 14% pour les banques, 21% pour les
SFD contre 42% et 59% respectivement pour les opérateurs de monnaie électronique
et de transfert d’argent.
En fin décembre 2017 le taux global d’utilisation des services financiers est de 75%
avec une contribution de la finance digitale de 26%
De plus, le nombre élevé de points d’argent 30 934 agents actifs pourrait être une
opportunité importante de création d’un réseau d’agents tiers pour distribuer les
produits et services des SFD. Ce canal alternatif semble le mieux adapté au profil de
la clientèle exclue. Il s’adosse à la technologie digitale pour rendre en toute sécurité
les services financiers aux populations.
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Rapport trimestriel ARTP, mars 2018
Le défi lié au coût élevé des services (frais payés par les clients) qui est une des
dimensions de l’inclusion financière pourrait être relevé par ce biais car il est l’un des
principaux facteurs d’inactivité des comptes de money électronique et de faiblesse de
la fréquence d’utilisation. En effet, au 31/12/2017 le nombre de comptes s’élevait à
5 527 819 mais seuls 41% étaient actifs. Cette situation se reflète aussi sur le nombre
d’agents inactifs 36 759 sur 67 693. De plus, une bonne proposition valeur « client »
et « agent » fondée sur une stratégie marketing et commerciale bien élaborée parce
que dictée par le marché, est une solution à ce fort taux d’inactivité. C’est pourquoi
les SFD doivent définir clairement leur stratégie digitale avant de passer à la
technologie.
L’utilisation des plateformes et des réseaux d’agents existants notamment ceux des
OTM recèle des avantages certains aussi bien pour l’inclusion financière que pour
l’IMF mais présente des risques importants. En effet, Les EME/OTM ont tous prévu
dans leur stratégie à moyen terme le lancement de produits d’épargne digitale et de
crédit digital. D’où un risque de conflit d’intérêt préjudiciable à la confiance que les
différentes composantes de l’écosystème devraient entretenir. La crainte des IMF de
subir une interruption d’activité dans quelques années quand les OTM décideront de
lancer leurs propres produits renforce ce sentiment de précarité de la relation.
Au niveau macro, l’Etat doit jouer sa partition en prenant des mesures structurantes
allant dans le sens de :
- favoriser l’utilisation des moyens de paiements digitaux par une loi obligeant
les entreprises (TPE ou PME ) ayant un niveau de chiffre d’affaire donné à
accepter les moyens de paiements digitaux ( mobile, carte, etc)
- D’assurer la disponibilité de l’énergie et de la connectivité internet dans les
zones rurales
- Mettre en place une fiscalité incitative pour les investissements dans les
services financiers numériques (l’Etat compensera le manque à gagner par la
TVA collectée sur des flux financiers plus importants, en 2017 la valeur des
opérations via téléphone mobile est de 1 262 milliards avec une croissance
moyenne annuelle de 150%)
- Promouvoir la numérisation des transferts gouvernementaux et la collecte des
recettes (G to P/P to G / B to G)
- D’autoriser l’accès au fichier d’identification nationale pour faciliter le kyc.
- Limiter les fintech à assurer l’agrégation des opérateurs et des paiements mais
aussi des réseaux d’agents
- Veiller à ce que les EME/OMM/OTM ne puissent pas exercer des activités de
crédit et d’épargne par le contrôle d’une institution financière soit directement
ou indirectement.
Souleymane SARR
Economiste financier
Sarrjules2002@yahoo.fr