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Soudain un long bruit sourd de métal plié monta de la cale. Aussitôt une grimace
se dessina sur le visage du capitaine. La coque avait dû toucher un rocher. Cette
pensée fut aussitôt confirmée par l’apparition d’un matelot au visage livide. De
l’eau rentrait dans la cale. Le bateau al ait progressivement sombrer dans la mer.
Le capitaine évalua rapidement la situation, il allait perdre son bateau, mais pire
encore, le naufrage allait aussi prendre la vie de ses passagers. Alors que la
vision du navire sombrant dans les abîmes troublait son esprit, une bande sombre
apparut au-dessus des vagues mugissantes. Une île... cette zone inhospitalière ne
contenait pas seulement de redoutables récifs. Cela n’allait pas sauver le bateau
pensa le capitaine en poussant les moteurs pour atteindre la plage qui se dessinait
à l’horizon.
Quelques heures plus tard, le bateau avait sombré mais tous les passagers étaient
réunis en sécurité sur une bande de sable. L’île avec ses montagnes et ses arbres
trônait, majestueuse, au milieu de l’océan. Cette question fut rapidement l’objet
de discussions aussi houleuses que la mer. Pour certains, il était inadmissible que
ce naufrage ait eu lieu. Poussant de grands cris contre le capitaine, un groupe se
sépara des autres, s’ils étaient dans cette terrible situation, c’était à cause de
l’équipage, des défauts du bateau, de la compagnie, de l’agence de voyages.
Animés d’une grande colère, ils allaient réunir toutes les preuves nécessaires
pour se battre et pour obtenir une substantielle réparation financière.
L’ambiance n’était pas très agréable et sur la plage, on entendait aussi les
sanglots d’un groupe qui se lamentait de la situation. « C’est terrible, pourquoi
cela est-il arrivé », « Quel manque de chance, nous allons tous mourir dans ce
coin perdu ». « C’est notre terrible destin », ajouta doucement un homme
prostré.
Mais non, nous n’allons pas mourir, on va venir nous chercher ». L’un d’eux qui
pointaient des jumelles sur l’étendue liquide ajouta «il y a bien un navire qui va
passer pour venir nous sauver. Il faut absolument rester sur la plage et
Un grand sourire illumina le visage d’un jeune homme « avec ce qu’il y a ici
nous pourrons vivre des années ».
Comme le montre cette histoire, tant que tout va bien il est difficile de discerner
ce qui habite les hommes, mais lorsqu’une situation se détériore, ce qui est caché
se dévoile dans des comportements bien différents.
« c’est la faute aux entreprises qui ne veulent pas nous embaucher », etc.
Ces parts de responsabilité dans leurs malheurs peuvent être vraies, mais se
focaliser dessus ne va pas améliorer la situation et l’amertume qui va naître peut
même conduire à détruire le peu de bonnes choses qui restent.
je suis dans la difficulté parce que je suis maudit ou je n’ai pas de chance».
Cette focalisation sur les malheurs conduit les populations à ne voir que les
choses négatives. Nous n’avons rien, nous sommes pauvres, cet endroit n’offre
aucune possibilité, c’est impossible que nous puissions nous en sortir...
Ce qui est tragique dans ce comportement, c’est que ces personnes ne réalisent
pas qu’elles sont prisonnières d’un mensonge qui déforme la réalité.
Alors que le monde qui les entoure offre de réelles possibilités d’améliorer
leur vie, elles ne les voient pas, car leur manière de penser amplifie les
problèmes en leur chuchotant qu’elles seront incapables de les résoudre.
en Europe pour vivre une vie d’abondance. », « je vais trouver une personne
riche qui me donnera de l’argent. », « une ONG va forcément m’apporter de
l’aide. ». Tous ces rêves conduisent des millions de personnes à rester
misérablement sur leur plage de sable. Pourquoi restent-elles là à attendre et à
espérer ?
Cet espoir d’une aide providentielle se nourrit jour après jour en prêtant une
oreille attentive aux témoignages de ceux qui ont obtenu des assistances
externes. Telle personne, qui est partie dans un pays riche, mène la belle vie1,
telle autre a reçu de grands soutiens de la part d’une ONG. Grâce à cette aide, il
est maintenant le mieux loti du village.
Si ces personnes ont trouvé leur salut grâce à des aides venues de l’extérieur
c’est que cela peut aussi m’arriver !
Mais cette déduction, qui conduit à attendre le miracle, est là encore une tragique
illusion et il est malheureux que les aides (pas toujours avisées) des ONG
entretiennent le mythe que le salut va venir d’une générosité extérieure.
Les trois demandes ci-dessous sont extraites du courrier abondant que reçoit
l’association Entraid. Leurs auteurs sont persuadés que nous avons les moyens
de venir répondre à leurs besoins financiers !
Cher frère, ce qui me pousse à vous écrire, c’est que j’ai besoin d’un appui
financier de quinze mille dollars, pour la réalisation de mes projets...
Bonsoir, cher président, dans notre région nous sommes à l’arrêt faute de
financements, bref nous vous prions de financer nos activités de formation et de
couture...etc.
la dignité et les capacités humaines. Si je pense que je dois tendre la main pour
assumer mes besoins, c’est que je suis habité par la mentalité d’un mendiant.
C’est pourtant avec cette attitude avilissante que de nombreuses personnes vont
quémander l’aide de leur entourage. Dès lors, lorsqu’un membre de la famille
réussi, il est aussitôt assailli par un cortège de frères, de parents et d’amis. Cette
soudaine affection dissimule plutôt mal la tentative de profiter sans effort d’une
manne providentielle. Ces pressantes demandes conduisent le plus souvent à
casser les relations et finissent aussi par étouffer les initiatives de ceux qui
travaillent dur pour créer des richesses.
Alors, oui, l’assistance est l’une des très belles expressions de la foi chrétienne,
toutefois elle doit s’adresser exclusivement à des personnes qui ne sont plus à
même de pouvoir se prendre en charge, tels que les veuves, les orphelins, les
handicapés et les personnes touchées par des cas d’urgences (accidents, guerres,
famines, cataclysmes, etc.).
Protester avec colère, se lamenter sur son sort, attendre du secours ou tenter de
partir. Toutes ces attitudes n’améliorent pas la situation, mais conduisent à se
focaliser sur des attentes qui n’apportent pas de solution. Conséquence, la
pauvreté et les problèmes augmentent.
Avec l’attitude des quatre groupes, nous observons l’influence déterminante dans
notre façon d’évaluer une situation.
Alors que ces immigrés sont arrivés, comme des naufragés sans richesses, ils
sont, quelques années plus tard, propriétaires de magasins, de restaurants de
petites fabriques et vivent dans l’abondance.
Ce n’est évidemment pas le pays qui a favorisé ces personnes, au contraire, lors
de leur arrivée, elles ne connaissaient pas la langue et n’avaient pas de relations
qui puissent les aider à réaliser leurs projets. Pourtant, malgré ces handicaps, ces
nouveaux venus arrivent à prospérer alors que les populations locales restent
engluées dans la misère. Pourquoi ceux qui vivent là depuis toujours ne
connaissent-ils pas la même réussite ?