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Cancer de l'ovaire

Christine Rousset-Jablonski, Isabelle Ray-Coquard


Chapitre 14
PLAN D U C H A P IT RE tecteurs du cancer de l'ovaire bien connus, tels
Généralités qu'une puberté tardive, une ménopause précoce,
Épidémiologie les périodes de grossesse et d'allaitement, qui dimi-
Prise en charge nuent le nombre d'ovulations au cours de la vie, de
Tumeurs borderline de l'ovaire nombreuses études ont montré que les patientes
Ménopause et risque de cancer de l'ovaire ayant subi une hystérectomie (sans annexectomie)
Traitement hormonal de la ménopause et risque de ou une ligature des trompes encouraient un risque
cancer de l'ovaire
diminué de cancer ovarien [3].
Ménopause après cancer de l'ovaire
Certaines populations prédisposées pré-
Conclusion
sentent un risque de cancer de l'ovaire parti-
culièrement élevé. Il s'agit en particulier des

Généralités Tableau 14.1 Classification histologique


Avec 4 615 nouveaux cas estimés en 2012, le can- des cancers de l'ovaire.
cer de l'ovaire se situe au seizième rang des can- Cancers Séreux
cers par ordre de fréquence en France [1]. épithéliaux :
La majorité des cancers de l'ovaire sont des cancers Endométrioïde
adénocarcinomes
épithéliaux (avec, par ordre de fréquence, les adénocar- Mucineux
cinomes séreux, endométrioïdes, mucineux, à cellules Cellules claires
claires, à cellules transitionnelles, indifférenciés, les car- Cellules transitionnelles
cinosarcomes, mixtes). Les autres types histologiques,
moins fréquents sont les tumeurs germinales malignes Indifférenciés
(les dysgerminomes, les tératomes immatures, les Carcinosarcomes
tumeurs vitellines, et plus rarement les carcinomes Mixtes
embryonnaires, les choriocarcinomes ovariens, les
Tumeurs germinales Dysgerminomes
tumeurs germinales mixtes), les tumeurs du stroma et malignes
des cordons sexuels (tumeurs de la granulosa, tumeurs Tératomes immatures
à tubules annelés, tumeurs de Sertoli-Leydig, tumeurs Tumeurs vitellines
à cellules stéroïdiennes), et d'autres types plus rares Carcinomes embryonnaires
encore (carcinomes à petites cellules, carcinomes adé-
Choriocarcinomes ovariens
noïdes kystiques, tumeurs du rete ovarii…) [2] (tableau
14.1). Tumeurs germinales mixtes
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Tumeurs du stroma Tumeurs de la granulosa


et des cordons (adulte/juvénile)
sexuels
Épidémiologie Tumeurs à tubules annelés
Tumeurs de Sertoli-Leydig
Le risque cumulé pour une femme de développer Tumeurs à cellules stéroïdiennes
La ménopause en pratique

un cancer de l'ovaire (entre 0 et 74 ans) est de l'ordre


Autres types Carcinomes à petites cellules
de 0,90 % dans la population générale. L'incidence
de ce cancer est néanmoins en diminution depuis Carcinomes adénoïdes
kystiques
les années 1990 [1]. Cette diminution d'incidence
a été en partie attribuée à l'utilisation des contra- Tumeurs du rete ovarii
ceptifs hormonaux [1]. En plus des facteurs pro- Source : d'après la classification de l'Organisation mondiale de la santé [115].

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Partie IV. Ménopause, prise en charge par organe

femmes porteuses de mutations BRCA1/2


(risque cumulé de 15 à 40  %, selon le gène)
Ménopause et risque de cancer
[4], de mutation RAD51C/D (risque cumulé de de l'ovaire
l'ordre de 10 %) [5], ou de femmes atteintes de
syndrome de Lynch (risque cumulé de l'ordre Le cancer de l'ovaire concerne majoritairement
de 10 %) [6]. des femmes ménopausées au diagnostic, plus
Si les taux de mortalité par cancer de l'ovaire de 85  % des cancers de l'ovaire touchant des
sont en diminution, cela s'explique en partie par femmes âgées de plus de 50 ans [1]. Le taux d'in-
le biais de la diminution de l'incidence, car une cidence augmente progressivement avec l'âge, il
fois diagnostiqué, ce cancer garde un mauvais est maximal dans la tranche d'âge allant de 75 à
pronostic, dépendant du stade au diagnostic. La 79 ans, de 43 pour 100 000 femmes-années [1].
survie nette a été évaluée en effet de 40 % à 5 ans
et de 32 % à 10 ans [1]. Dépistage et prévention du risque
de cancer de l'ovaire
chez les femmes ménopausées
Prise en charge Il n'existe pas de dépistage systématique
Les modalités de prise en charge combinent, selon recommandé de cancer de l'ovaire, ni dans
le stade et le sous-type histologique, la chirurgie la population générale, ni chez les femmes
et la chimiothérapie (à base de sels de platine porteuses d'une mutation BRCA1/2 ou
et de taxanes pour les tumeurs épithéliales). RAD51C/D. En effet, l'examen clinique,
L'utilisation de traitements anti-angiogéniques (en l'échographie pelvienne systématique ou le
entretien pour les stades avancés) et d'inhibiteurs dosage de marqueurs sériques présentent de
de PARP (poly [ADP-ribose] polymérase), chez les faibles valeurs prédictives, et de nombreuses
femmes porteuses de mutations constitutionnelles études ont conclu à l'inefficacité des stratégies
ou somatiques des gènes BRCA1/2 a permis une de dépistage [7].
amélioration du pronostic de cette maladie. En cas de masse annexielle, l'échographie
transvaginale a une sensibilité de 90  % et une
spécificité de 80  % pour le diagnostic de can-
Tumeurs borderline de l'ovaire cer de l'ovaire, sa performance diagnostique
variant selon le niveau d'expertise de l'échogra-
Les tumeurs borderline de l'ovaire (TBO) sont phiste. L'IRM pelvienne, grâce à son excellente
des tumeurs à la limite de la malignité. Elles spécificité, permet de reclasser comme lésions
représentent 15 à 20 % des tumeurs épithéliales bénignes de nombreuses lésions jugées indéter-
de l'ovaire. Elles se différencient des cancers de minées à l'échographie. Ainsi, en cas de lésions
l'ovaire en deux principaux points : leur âge de ovariennes indéterminées à l'échographie, il est
survenue, en général plus précoce de dix  ans recommandé de réaliser une IRM pelvienne.
que celui de survenue des tumeurs invasives de Une prévention chirurgicale (annexectomie
l'ovaire, et leur pronostic, qui est bien meilleur bilatérale prophylactique) est recommandée
que celui des cancers de l'ovaire, avec une survie chez les femmes ayant une prédisposition
de 95  % à cinq ans et de 90  % à dix  ans, et ce familiale ou génétique au cancer de l'ovaire
tous stades confondus. Leur prise en charge est [5,  7] (cf. Chapitre 41, « Prédispositions géné-
essentiellement chirurgicale. tiques aux cancers »).

Les cancers de l'ovaire gardent un mauvais pro- Le cancer de l'ovaire concerne principalement les
nostic, malgré la diminution d'incidence obser- femmes ménopausées. Il n'existe pas à ce jour de
vée. Le type histologique et le stade lors de la stratégie de dépistage systématique. L'IRM pel-
découverte restent les deux principaux facteurs vienne est essentielle dans l'évaluation des lésions
pronostiques. ovariennes indéterminées en échographie.

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Chapitre 14. Cancer de l'ovaire

Traitement hormonal méta-analyse réalisée par L.F. Shi et  al. à partir
de 12 études (9 cohortes et 3 études cas-témoins)
de la ménopause et risque a retrouvé une augmentation du risque pour les
de cancer de l'ovaire estrogènes seuls (HR/RR poolés = 1,37 (IC95  :
1,19–1,58), et pour les estroprogestatifs (HR/RR
Il existe de nombreuses données sur le risque poolés = 1,27 ; IC95 : 1,18–1,36), avec les schémas
de développer un cancer épithélial de l'ovaire combinés continus (HR/RR = 1,27 ; IC95  : 1,04–
associé à l'utilisation d'un THM. Ces études 1,54) et les schémas séquentiels (HR/RR = 1,31
montrent de façon globale une augmentation de (IC95 : 1,08–1,58) [9].
risque de cancer de l'ovaire liée à l'utilisation du
THM. La méta-analyse du Collaborative Group
on Epidemiological Studies of Ovarian Cancer
Risque selon la durée
(CGESOC), réalisée sur données individuelles à
partir de 52 études épidémiologiques et portant du traitement hormonal
sur 21 488 cas de cancer de l'ovaire en postmé- de la ménopause
nopause, a retrouvé une augmentation du risque Dans la méta-analyse du CGESOC, le risque était
d'adénocarcinome à la fois chez les utilisatrices augmenté de façon similaire chez les utilisatrices
en cours (RR = 1,43 ; IC95 = 1,31–1,56 ; p < 0,0001) en cours de traitement, quelle que soit la durée de
et chez les utilisatrices récentes, ayant arrêté prise (durée < 5 ans : RR = 1,43 ; IC95 : 1,31–1,56),
depuis moins de 5 ans (RR = 1,37 ; IC95 = 1,29– durée ≥ 5 ans  : RR = 1,41 ; IC95  : 1,34–1,49). En
1,46 ; p < 0,0001). En termes de risque absolu, les revanche, après l'arrêt, le sur-risque persistait
auteurs ont évalué un excès de risque de 1  cas chez les patientes ayant utilisé le THM pendant
pour 1 000  femmes utilisatrices de THM pen- plus de 5 ans (RR = 1,10 ; IC95 : 1,01–1,20) plus de
dant 5 ans [8]. 5 ans après l'arrêt du THM, tandis qu'il n'était pas
retrouvé de sur-risque pour celles l'ayant utilisé
moins de 5 ans [8].
Risque selon le type histologique
Cette augmentation était retrouvée dans les cas
d'utilisation (passée ou en cours) de THM pour Traitement hormonal
les sous-types séreux (RR = 1,40 ; IC95  =  1,31– de la ménopause et mortalité
1,49), endométrioïdes (RR = 1,28 ; IC95 = 1,13– par cancer de l'ovaire
1,45), tandis qu'il n'existe pas d'augmentation
significative pour les mucineux (RR = 0,80 ; IC95 Une étude réalisée sur une cohorte de 395  cas
= 0,69–0,93) et à cellules claires (RR = 0,80 ; incidents de cancers épithéliaux de l'ovaire n'a
IC95 = 0,65–0,98) [8]. retrouvé aucun impact de la prise de THM préa-
lable à la maladie, quelle que soit son ancienneté,
son type et son schéma d'utilisation, sur la morta-
Risque selon le type de traitement lité par cancer de l'ovaire [10].
hormonal de la ménopause utilisé
Les études semblent retrouver un sur-risque, quel Traitement hormonal
que soit le type de THM utilisé. Dans la méta- de la ménopause et risque
analyse du CGESOC, le risque d'adénocarcinome
de tumeur borderline
de l'ovaire était augmenté dans les cas d'utilisa-
tion en cours ou récente, que le THM comporte Dans la méta-analyse du CGESOC, le risque de
des estrogènes seuls (RR = 1,32 ; IC95 = 1,23–1,41) développer une TBO séreuse était augmenté dans
ou des estroprogestatifs (RR = 1,25 ; IC95 = 1,16– les cas d'utilisation (en cours ou passée) de THM
1,34). En revanche, les données étaient insuffi- (RR = 1,26 ; IC95 : 1,01–1,58), alors que le risque de
santes pour évaluer les effets des différents types développer une TBO mucineuse était réduit (RR =
de molécules et du mode d'administration [8]. La 0, 73 ; IC95 : 0,57–0,95) [8].

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Partie IV. Ménopause, prise en charge par organe

Traitement hormonal
Le THM est associé à une augmentation du
risque de développer certains types histologiques de la ménopause après cancer
de cancers de l'ovaire, sans augmentation globale épithélial de l'ovaire
de la mortalité. Il n'apparaît pas de différence,
selon le type de THM utilisé. Tous types histologiques
d'adénocarcinomes confondus
Plusieurs études de cohortes ainsi que quelques
Ménopause après cancer essais randomisés ont évalué l'impact de la prise
de l'ovaire d'un THS ou d'un THM à la suite d'un cancer épi-
thélial de l'ovaire. Une méta-analyse effectuée par
Particularités de la ménopause D. Li et al. a inclus 4 études de cohorte et 2 essais
après cancer de l'ovaire randomisés (au total, 419 femmes ayant utilisé un
THS/THM et 1 029 femmes n'en ayant pas utilisé)
La chirurgie radicale (incluant hystérectomie et [13]. De façon globale, une amélioration signifi-
annexectomie bilatérale) fait partie intégrante cative de la survie globale a été retrouvée chez les
du traitement des cancers épithéliaux de l'ovaire, utilisatrices de THS/THM (HR = 0,69 ; IC95 : 0,61–
en dehors des cas particuliers des stades locali- 0,79), sans impact significatif sur la survie sans
sés chez les femmes en âge de procréer. Pour les récidive (HR = 0,83 ; IC95  : 0,64–1,07) [13]. Une
tumeurs non épithéliales, les TBO ou certains étude randomisée versus placebo, plus récente et
cancers épithéliaux peu avancés, une chirurgie non incluse dans la méta-analyse de D. Li et al.,
conservatrice est parfois possible, évitant ainsi a évalué l'impact de la prise d'un THM après
une ménopause précoce chirurgicale chez les un cancer épithélial de l'ovaire (40  % de séreux,
femmes non ménopausées au diagnostic. 15 % de mucineux, 10 % de cellules claires, 10 %
La radiothérapie ne fait généralement pas partie du d'endométrioïdes) : 150 femmes ont été incluses,
traitement de ces cancers, et les femmes traitées pour dont 75 ont été randomisées dans le groupe THM
cancer de l'ovaire ne sont ainsi pas concernées par (durée médiane de prise de 1,14 ans). Cette étude a
d'éventuelles séquelles pelviennes post-radiques. Une retrouvé une amélioration significative de la sur-
altération de la qualité de la vie et de la sexualité est vie globale (HR = 0,63 ; IC95 : 0,44–0,90), et de la
néanmoins fréquente à la suite d'un cancer de l'ovaire. survie sans récidive (HR = 0,67 ; IC95 = 0,47–0,97)
Une chirurgie radicale chez une femme non chez les patientes prenant un THM [14].
ménopausée entraîne une situation de carence
estrogénique, responsable d'une altération de la
qualité de vie et d'une augmentation du risque de Selon le sous-type histologique
pathologies telles que l'ostéoporose ou les coro- L'impact selon les sous-types histologiques n'était pas
naropathies [11], d'AVC, voire de démences et de évalué dans la méta-analyse menée par D. Li et al. [13]
syndrome de Parkinson, particulièrement lorsque ni dans l'essai randomisé de R.A. Eeles et al. [14]. Une
la ménopause survient avant l'âge de 45  ans. des études de cohortes incluse dans la méta-analyse
L'espérance de vie est également diminuée [11]. de D. Li et al. (150 utilisatrices de THM, 499 non-
Dans cette situation de ménopause précoce, le utilisatrices), qui, de façon globale (tous types histo-
THM pourrait prévenir certains de ces risques [12]. logiques confondus), a retrouvé une meilleure survie
L'hormonosensibilité de certaines tumeurs ova- globale des utilisatrices de THM (HR = 0,57 ; IC95 :
riennes peut néanmoins limiter l'utilisation de THM. 0,42–0,78), rapporte cette amélioration de survie
globale dans les cas d'adénocarcinomes séreux, tan-
dis qu'il n'existait pas de différence significative pour
Le traitement chirurgical associant hystérectomie les mucineux ou les endométrioïdes [15]. L'analyse de
et annexectomie reste le gold standard en matière l'impact selon le grade (bas grade ou haut grade) n'a
de traitement du cancer de l'ovaire. Lorsque celui- pas été réalisée dans cette étude.
ci survient chez des femmes jeunes, la ménopause Une seule étude a évalué spécifiquement l'uti-
précoce qu'il induit peut faire discuter l'utilisation lisation d'un THS/THM après une tumeur épi-
d'un THM, selon le type histologique. théliale non séreuse de l'ovaire. Une amélioration

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Chapitre 14. Cancer de l'ovaire

significative de la survie sans récidive, observée • Après adénocarcinomes séreux et endomé-


chez les femmes âgées de moins de 55 ans au diag­ trioïdes de bas grade : il s'agit de tumeurs répu-
nostic et utilisant un THM après la maladie (HR = tées hormonosensibles, exprimant fréquemment
0,354 ; IC95 : 0,17–0,74), n'était pas retrouvée chez des récepteurs hormonaux, et répondant à des
les femmes plus âgées. Cependant, la survie n'était hormonothérapies anti-estrgéniques (inhibi-
pas évaluée selon le type histologique [16]. teur de l'aromatase, tamoxifène) [19]. Ainsi, et
Des experts du réseau national dédié aux cancers malgré l'absence de données de la littérature
gynécologiques rares (Tumeurs malignes rares gynéco- évaluant spécifiquement l'utilisation d'un THS/
logiques [TMRG]/Tumeurs malignes rares de l'ovaire THM après ces types histologiques, une certaine
[TMRO]) et du Groupe d'investigateurs nationaux prudence reste nécessaire. Un THM ne sera pas
pour l'étude des cancers ovariens et du sein (GINECO) utilisé chez les femmes traitées pour un adéno-
ont émis des recommandations nationales sur l'utilisa- carcinome séreux de bas grade de stade > 1A/B,
tion du THM après un cancer de l'ovaire et après une tandis qu'il pourra être discuté au cas par cas
tumeur maligne rare de l'ovaire (encadré 14.1) [17]. pour les stades 1A/B (notamment en fonction de
• Après un adénocarcinome séreux de haut grade l'âge de la patiente, du bénéfice attendu du THS/
(sous-type pour lequel il existe le plus de données), THM en termes de prévention osseuse et cardio-
les données de la littérature sont clairement ras- vasculaire et sur la symptomatologie) [18].
surantes quant à l'impact d'un THS/THM après
traitement, qui peut donc être utilisé [18].
• Après un adénocarcinome mucineux ou L'utilisation d'un THM après un cancer
un adénocarcinome à cellules claires  : bien de l'ovaire peut être autorisée selon le type et le
qu'elles soient peu nombreuses à évaluer spé- stade histologique. Les données de la littérature
cifiquement l'utilisation d'un THM après un ne montrent pas d'effet délétère sur la survie glo-
adénocarcinome mucineux, l'ensemble des bale ou le risque de rechute. Il faut cependant res-
ter prudent en cas d'adénocarcinome séreux de
données suggère l'absence d'impact délétère
bas grade ou endométrioïde de bas grade, car il
d'un traitement hormonal : il s'agit de maladies
s'agit de tumeurs hormono-sensibles.
considérées comme non-hormonosensibles, et
la prise d'un THM n'augmente pas le risque de
les développer. Un THS/THM peut donc être
utilisé après traitement de ce type de tumeur Quel traitement hormonal
[18]. de la ménopause prescrire
et comment ?
L'effet du THM en fonction de son type (estro-
ENCADRÉ 14.1

Recommandations d'utilisation
du THM dans le contexte d'une gènes seuls ou traitement combiné) n'a été éva-
lué ni dans la méta-analyse de D. Li et al. [13],
tumeur ovarienne.
ni dans l'essai randomisée de R.A. Eeles et al.
▶ Après un traitement radical, un THS ou [14]. Il est à noter que les THM utilisés dans
un THM peut être proposé, sans contre- ces études étaient majoritairement des traite­
indication, aux femmes antérieurement
traitées pour les tumeurs épithéliales sui- ments par estrogènes seuls. Une des études
vantes  : mucineuses, à cellules claires, ou cas-témoins [19] incluse dans la méta-analyse
séreuses de haut grade. de D. Li et al. [13] a comparé l'impact selon le
▶ Après un traitement radical, un THS ou
type de THM (estrogènes seuls ou tibolone ou
un THM est contre-indiqué chez les femmes estrogènes + tibolone). Selon cette étude, l'effet
antérieurement traitées pour un adénocarci-
nome séreux de bas grade de stade > 1A/B. du THM sur la survie globale et sur la survie
▶ Après un traitement radical, chez les sans récidive n'était pas significatif, et il n'y
patientes antérieurement traitées pour un avait pas de différence entre les traitements
adénocarcinome séreux de bas grade de [19]. Dans les études concernant le risque
stade IA/B, l'indication d'instauration d'un THS de développer un cancer de l'ovaire chez les
ou d'un THM doit être discutée au cas par cas.
femmes utilisatrices de THM, le type de THM
Source : adapté de Rousset-Jablonski et al. 2018 [17].
(par estrogènes seuls ou traitement combiné ;

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Partie IV. Ménopause, prise en charge par organe

en séquentiel ou combiné en continu) n'influe « péjoratif » (notamment sans implant), aucun


pas sur le risque [8]. argument n'est en faveur de la contre-indication
En pratique, aucun argument ne permet de d'un THM [17]. En revanche, en cas d'antécédent
privilégier l'un ou l'autre traitement, et le choix de TBO avec implants, l'indication d'un THM
d'un THM par estrogènes seuls ou par estro- devra être discutée au cas par cas, en réunion de
progestatifs dépendra de l'antécédent d'hysté- concertation pluridisciplinaire (RCP) dédiée [17].
rectomie, conformément aux recommandations Les éléments susceptibles de guider la prescription
de prescription du THM dans la population pourront être le type d'implant (invasif ou non),
générale. Le THS ou le THM ne sera instauré associé à d'autres critères histologiques péjoratifs
qu'après la fin du traitement oncologique, afin (contingent micropapillaire, micro-invasion) et à
de limiter les risques thrombo-emboliques la précocité de la ménopause.
[17]. Il n'est pas possible de recommander une
durée maximale de traitement. Chez la femme
jeune, la poursuite peut être recommandée au Traitement hormonal
moins jusqu'à l'âge de 45 ans, en prévention des
risques osseux et cardiovasculaires. Sa pour-
de la ménopause
suite (ou son introduction) après cet âge sera après une tumeur maligne
fonction de la symptomatologie, de la balance non épithéliale de l'ovaire
bénéfices-risques du THM et de sa réévaluation
régulière. Tumeurs germinales malignes
Aucune donnée spécifique ne porte sur la prise d'un
THM après une tumeur germinale maligne, ni sur
Si l'utilisation d'un THM est autorisée après le risque encouru, dans les cas d'utilisation en cours
un cancer de l'ovaire, il peut être instauré une ou passée de THM, de développer une tumeur ger-
fois le traitement oncologique achevé. Le choix minale maligne. Compte tenu de l'absence d'hormo-
entre estrogènes seuls ou combinés dépend du nodépendance de ce type de tumeur, et de l'absence
type de chirurgie, avec ou sans hystérectomie. de lien probable entre tumeur germinale et THM,
La durée du THM se discute au cas par cas, le groupe TMRG/GINECO a retenu qu'un THM
selon l'âge de la patiente au diagnostic. pouvait être utilisé chez une femme antérieurement
traitée pour une tumeur germinale maligne [17].
Traitement hormonal
de la ménopause après tumeur Tumeurs des cordons sexuels
Aucune donnée de la littérature n'a spécifique-
borderline de l'ovaire
ment trait à l'utilisation d'un THM après une
Il y a un continuum entre les TBO séreuses et les tumeur des cordons sexuels. Néanmoins, compte
adénocarcinomes séreux de l'ovaire de bas grade tenu de l'éventuel impact délétère des hormones
[20], potentiellement hormonosensibles. De ce stéroïdiennes sur ce type de tumeurs, une certaine
fait, la présence ou l'absence de critères histolo- prudence est nécessaire. Un effet délétère des
giques « péjoratifs » (contingent micropapillaire, estrogènes est probable sur les tumeurs de la gra-
présence d'une micro-invasion, d'implants périto- nulosa, puisqu'une certaine réponse a été observée
néaux), associés à un sur-risque de récidive sous sous tamoxifène ou sous inhibiteur de l'aromatase
forme de lésion invasive devra être prise en compte [21] pour des tumeurs de la granulosa avancées.
pour autoriser ou contre-indiquer un THM. Ainsi, le THS/THM sera contre-indiqué pour les
Il existe peu de données spécifiques concernant la femmes ayant été traitées pour une tumeur de la
prise de THM après une TBO. Une étude de cohorte granulosa de stade IC ou de stade supérieur [17].
prospective (150  femmes dont 72  utilisatrices de En cas d'antécédent de tumeur de la granulosa de
THM) n'a pas retrouvé de différence significative de stade IA/B, l'administration d'un THM devra être
survie globale après un suivi de 60 mois [15]. discutée au cas par cas [17]. L'utilisation de THS/
À la suite du traitement d'une TBO mucineuse, THM est également contre-indiquée à la suite
ou d'une TBO séreuse, sans critère histologique d'autres types de tumeurs des cordons sexuels [17].

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Chapitre 14. Cancer de l'ovaire

[9] Shi LF, Wu Y, Li CY. Hormone therapy and risk of


L'utilisation d'un THM après TBO ou tumeur ovarian cancer in postmenopausal women : a syste-
maligne non épithéliale dépend du type histo- matic review and meta-analysis. Menopause 2016 ;
logique, du stade et de l'âge lors du diagnostic. 23 : 417–24.
L'indication sera alors discutée en RCP dédiée. [10] Felix  AS, Bunch  K, Yang  HP, et  al. Menopausal
hormone therapy and mortality among women dia-
gnosed with ovarian cancer in the NIH-AARP Diet
Conclusion and Health Study. Gynecol Oncol Rep 2015 ; 13  :
13–7.
[11] Rocca  WA, Grossardt  BR, de Andrade  M,
• Les cancers de l'ovaire concernent principale- Malkasian  GD, Melton  LJ. Survival patterns after
ment des femmes ménopausées au diagnostic, oophorectomy in premenopausal women : a popu-
et leur incidence augmente avec l'âge. Dans la lation-based cohort study. Lancet Oncol 2006 ; 7  :
population générale, il n'existe pas de dépistage 8218.
systématique de ce cancer. [12] Lobo  RA. Surgical menopause and cardiovascular
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• De façon globale, la prise d'un THM augmente [13] Li  D, Ding  CY, Qiu  LH. Postoperative hormone
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prescription d'un THM après un cancer de patients  : a systematic review and meta-analysis.
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