Sunteți pe pagina 1din 16

Néphrologie & Thérapeutique (2009) 5, 68—83

EXPERTISE MÉDICALE CONTINUE EN NÉPHROLOGIE

Exploration des fonctions tubulaires rénales§


Exploration of renal tubular functions
Anne Blanchard a,b,c,*, Rosa Poussou d, Pascal Houillier a,b,c

a
Faculté de médecine, université Paris-Descartes, Paris, France
b
Département de physiologie, hôpital européen Georges-Pompidou, 20-40, rue Leblanc, 75015 Paris, France
c
Inserm U 652-IFR 58, Paris, France
d
Service de néphrologie pédiatrique, CHU de Rouen, Rouen, France

MOTS CLÉS Résumé Le rôle vital des reins est intimement lié à leur fonction dans l’homéostasie du milieu
Tubule rénal ; intérieur, permettant de protéger les cellules vis-à-vis des conséquences des variations envi-
Test dDAVP ; ronnementales de l’organisme. L’atteinte des fonctions tubulaires, qu’elle soit primitive ou
Charge acide ; secondaire, met en péril cette homéostasie. L’étude des fonctions tubulaires trouve deux
Réabsorption du grandes indications : la recherche et la caractérisation d’un déficit primitif d’une ou plusieurs
phosphate ; fonctions tubulaires et la détection des altérations précoces des fonctions tubulaires au cours des
Réabsorption du maladies rénales glomérulaires. Après un bref rappel physiologique, cet article décrit la
glucose ; démarche du diagnostic positif et étiologique d’une altération tubulaire, que celle-ci soit
Charge en bicarbonate ; détectée à partir de l’analyse étiologique d’un désordre métabolique ou spécifiquement
Désordres recherchée à l’aide d’un test dynamique. Les principaux critères d’interprétation pour déter-
hydroélectrolytiques miner l’origine rénale ou extrarénale des désordres métaboliques sont rappelés. Sont exposés le
principe général, l’indication et l’interprétation des explorations les plus couramment utilisées
pour l’exploration des réabsorptions tubulaires proximales (calcul ou mesure des capacités
maximales de réabsorption ou Tm, du glucose, du phosphate ou du bicarbonate), des réabsorp-
tions distales de chlorure de sodium (réponse aux diurétiques, test de charge en chlorure de
sodium hypotonique), de concentration/dilution (tests de restriction hydrique avec ou sans
administration de dDAVP, test de charge aqueuse) ou d’acidification distale des urines (charge
acide, charge en bicarbonate, test au furosémide). Finalement, un exposé sur l’exploration
tubulaire ne serait pas complet, s’il ne concluait pas sur la possibilité d’accéder en routine au
diagnostic génétique de la plupart des tubulopathies héréditaires (syndrome de Bartter/Gitel-
man, diabètes insipides néphrogéniques, acidoses tubulaires distales, syndromes de Lowe et
de Dent).
# 2008 Elsevier Masson SAS et Association Société de Néphrologie. Tous droits réservés.

§
Cet article est paru initialement dans EMC-néphrologie, II-2006, volume 1, 18-012-A-10, 14 pages. Nous remercions la rédaction de
EMC-néphrologie pour son aimable autorisation de reproduction.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : anne.blanchard@egp.ap-hop-paris.fr (A. Blanchard).

1769-7255/$ — see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS et Association Société de Néphrologie. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.nephro.2008.03.004
Exploration des fonctions tubulaires rénales 69
Summary The vital role of the kidneys is closely related to their interior homeostatic function
KEYWORDS that provides a protection to the cells regarding the consequences of environmental variations of
Renal tubule; the organism. Any primary or secondary damage caused to the tubular functions may impair this
dDAVP test; homeostasis. Two indications justify an analysis of these functions: the search for and char-
Phosphate; acterization of a primary defect of one or several tubular functions and the detection of early
Glucose Tm; alterations of tubular functions in glomerular renal diseases. Following a brief overview of
Bicarbonate load; physiological aspects, the positive and aetiologic diagnosis of a tubular alteration is described,
Hydroelectrolytic whatever the way the disorder have been detected, aetiologic analysis of a metabolic disorder or
disorders specific screening using a dynamic test. Main criteria used to determine the renal or extrarenal
origin of the metabolic disorders are reviewed. General principles are described, together with
the indication and interpretation of the most current investigation procedures for proximal
tubular reabsorption (calculation or measurement of bicarbonate, phosphate, or glucose Tm),
distal NaCl reabsorption (response to diuretics, hypotonic saline load test), concentration/
dilution (dDAVP water restriction test, water load test) or distal urinary acidification (acid load,
bicarbonate load, furosemide test). Last, as a conclusion, we highlight the possibility of
performing routinely genetic diagnosis of most hereditary tubular diseases (Bartter/Gitelman
syndrome, nephrogenic diabetes insipidus, distal tubular acidosis, and Lowe and Dent syn-
dromes).
# 2008 Elsevier Masson SAS et Association Société de Néphrologie. Tous droits réservés.

Introduction avec le degré d’insuffisance rénale ou si elles sont dispro-


portionnées au degré d’insuffisance rénale, suggérant alors
Le rôle vital des reins est intimement lié à leur fonction dans une atteinte tubulaire primitive.
l’homéostasie du milieu intérieur, permettant de protéger
les cellules vis-à-vis des conséquences des variations envi-
ronnementales de l’organisme. Les reins éliminent les pro- Point fort
duits métaboliques terminaux (urée, protons, acide urique, L’exploration des fonctions tubulaires rénales est
créatinine, bilirubine, etc.), un grand nombre de substances indispensable, non seulement pour le diagnostic
exogènes comme certains médicaments et additifs alimen- des déficits tubulaires primitifs, mais aussi pour la
taires et une quantité ajustée d’eau et d’électrolytes. Les détection d’altérations tubulaires précoces au
fonctions tubulaires jouent un rôle central dans cet ajuste- cours des glomérulopathies.
ment au jour le jour de la composition de l’urine finale,
ajustement dont elles constituent, à quelques exceptions
près, l’étape limitante. Ce n’est qu’à un stade tardif de
l’insuffisance rénale que la diminution du débit de filtration Rappel physiologique
glomérulaire (DFG) devient suffisante pour altérer par elle-
même les capacités d’homéostasie hydroélectrolytiques.
Cependant, les fonctions tubulaires sont fréquemment
Segmentation fonctionnelle du tubule rénal
altérées à un stade précoce des néphropathies glomérulaires
et ces altérations présentent un intérêt prédictif sur l’évo- Avant d’envisager l’étude des fonctions tubulaires, il
lution vers l’insuffisance rénale chronique. En effet, il a pu convient d’effectuer quelques rappels de physiologie rénale,
être montré que la vitesse de décroissance du DFG au cours que le lecteur pourra compléter par la lecture d’ouvrages
des néphropathies glomérulaires était mieux corrélée à spécifiques en langue française [2,3] ou anglaise [4].
l’importance des lésions fonctionnelles et morphologiques Très schématiquement, le tubule se subdivise en trois
tubulo-interstitielles (fibrose tubulo-interstitielle ou atro- parties fonctionnelles : le tubule proximal, l’anse de Henle
phie tubulaire) qu’aux lésions glomérulaires elles-mêmes et le néphron distal, qui s’étend du tubule contourné distal
[1]. au canal collecteur, inclus (Fig. 1).
L’étude des fonctions tubulaires trouve donc deux grandes Le tubule proximal réabsorbe la quasi-totalité des acides
indications : aminés et du glucose, 70 % de l’eau, du sodium, du phos-
phate et 80 % du bicarbonate filtré par les glomérules. Il est
 la recherche et la caractérisation d’un déficit primitif également le site principal de réabsorption du calcium, de
d’une ou plusieurs fonctions tubulaires ; réabsorption/sécrétion des anions et cations organiques et
 la détection des altérations précoces des fonctions tubu- participe à la réabsorption du magnésium. Finalement,
laires au cours des maladies rénales glomérulaires. le tube proximal est le siège d’une activité d’endocytose
et de dégradation lysosomale intense [5,6]. Généralement,
Un déficit tubulaire primitif congénital ou acquis doit être une altération proximale partielle ou totale (syndrome de
distingué des atteintes tubulaires non spécifiques d’une Fanconi) des fonctions tubulaires altère de manière impor-
néphropathie tubulo-interstitielle. En présence d’une insuf- tante la capacité maximale de réabsorption (Tm) d’un ou
fisance rénale, l’exploration des fonctions tubulaires doit plusieurs électrolytes et s’accompagne d’une protéinurie
donc déterminer si les anomalies observées sont en rapport tubulaire.
70 A. Blanchard et al.

en altérant qualitativement et quantitativement les capa-


cités tubulaires de réabsorption, comme illustré par la perte
hydroélectrolytique majeure du syndrome de Bartter (cf.
infra) [7].
Le néphron distal réabsorbe moins de 10 % de la charge
filtrée en eau et électrolytes, mais joue un rôle déterminant
dans l’ajustement des bilans. Une altération à ce site, illu-
strée par le syndrome de Gitelman [8] (cf. infra) ou par les
pseudohypoaldostéronismes de type 1 [9], a des consé-
quences moins quantitatives que qualitatives et peut
entraı̂ner des désordres électrolytiques sévères sans altérer
de manière significative les capacités maximales de réab-
sorption tubulaire de sodium et de bicarbonate ou le pouvoir
de concentration des urines.

Fonctions tubulaires rénales

Endocytose proximale et distale


L’endo/exocytose est un processus complexe qui permet aux
cellules de capter des macromolécules exogènes pour les
dégrader dans les lysosomes ou au contraire de délivrer des
protéines néosynthétisées à la membrane plasmique ou dans
les milieux extracellulaires [10]. Dans le tubule rénal, l’endo-
cytose apparaı̂t comme une des multiples facettes de la ou
plutôt des, fonctions tubulaires épithéliales. Dans le tubule
proximal, l’endocytose des protéines filtrées permet indi-
rectement de préserver le capital en acides aminés essentiels
de l’organisme et d’épurer le fluide tubulaire de peptides
biologiquement actifs issus de la filtration glomérulaire [11].
Figure 1 Segmentation fonctionnelle du tubule rénal. 1 : Tout au long du néphron, les mécanismes d’endo/exocytose
tubule proximal : réabsorbe 100 % du glucose, des acides seraient impliqués dans la régulation de l’expression des
aminés ; de 60 à 70 % de l’eau, du sodium, des phosphates et protéines de transport à la membrane plasmique. Dans les
des bicarbonates ; endocytose des protéines filtrées ; 2 : anse de cellules intercalaires du canal collecteur, ils pourraient jouer
Henle : complète la réabsorption proximale pour ajuster le débit un rôle protecteur vis-à-vis des microcalcifications [12] et des
d’eau, de sodium, de magnésium et de calcium délivrés au invasions bactériennes. Il n’existe pas d’exploration spécifi-
tubule distal ; initiation de la création du gradient osmotique que de cette fonction, dont le déficit proximal est indirecte-
de potassium et de NH4+ ; 3 : tube contourné distal : réabsorption ment apprécié par l’analyse quantitative et surtout
quantitativement faible (moins de 10 % de la charge filtrée), mais qualitative de l’excrétion urinaire des protéines, avec une
qualitativement importante (ajustement des bilans) ; 4 : canal excrétion préférentielle des protéines de bas poids molécu-
collecteur : site majeur de l’excrétion hydrique, potassique et laire (a1et b2 microglobulines) par rapport à l’albumine [13].
de la sécrétion acide distale (dépendant du gradient osmotique,
de potassium et de NH4+).
Point fort
La branche fine descendante ainsi que la branche fine et
La fonction d’endocytose tubulaire proximale des
large ascendante de l’anse de Henle réabsorbent de 20 à 30 % protéines filtrées peut être appréciée indirecte-
du sodium, de 15 à 20 % du bicarbonate, 30 % du calcium et ment par l’étude qualitative de l’excrétion pro-
70 % du magnésium filtrés par le glomérule. L’anse de Henle téique urinaire.
est le site initiant la constitution du gradient corticopapil-
laire, qui repose sur l’accumulation interstitielle dans la
médullaire externe et interne d’osmoles (urée, sodium et
potassium) et de NH3/NH4+. La réabsorption de chlorure de Réabsorptions et sécrétions tubulaires
sodium (NaCl) dans la macula densa, localisée à la fin de L’excrétion urinaire de chaque substance est la résultante de
l’anse de Henle, est l’étape initiale du feed-back tubuloglo- trois processus : sa filtration glomérulaire ; sa réabsorption
mérulaire qui permet d’ajuster le DFG pour maintenir et sa sécrétion tubulaires [14]. La formation de l’urine
constant le débit de fluide et de NaCl délivré au néphron commence par la filtration d’un volume proche de 170 l
distal. L’anse de Henle détermine donc l’environnement des par 24 heures, dont la composition est très proche de celle
cellules des segments plus distaux en ajustant non seulement du liquide plasmatique. La plupart des substances qui doivent
la composition et le débit du fluide délivré à ces segments, être éliminées de l’organisme ne sont pas réabsorbées
mais également la composition du fluide interstitiel qui les (comme la créatinine) ou peu réabsorbées et sécrétées
entoure. Une altération des transports tubulaires à ce site a (comme certains médicaments) et, par conséquent, sont
une répercussion importante sur l’état hydroélectrolytique éliminées en grande quantité dans l’urine. Inversement,
Exploration des fonctions tubulaires rénales 71

les électrolytes comme les ions sodium, chlore et bicarbo-


Point fort
nate sont très fortement réabsorbés et leur excrétion frac-
tionnelle est très faible. Si la réabsorption est en règle Le rein réabsorbe la totalité du bicarbonate filtré,
générale quantitativement plus importante que la sécrétion soit plus de 4500 mmol par jour.
tubulaire, cette dernière peut jouer un rôle déterminant
dans l’ajustement de la quantité finale excrétée dans l’urine.
Ainsi, l’adaptation rénale à des apports potassiques élevés
consiste en une stimulation de la sécrétion distale de potas- Régulation du bilan de l’eau
sium et non en une inhibition partielle de sa réabsorption La prise de boisson physiologique et l’alimentation exposent
proximale. l’organisme à des altérations importantes du contenu hydri-
que et osmotique de l’organisme. Le rôle du rein est d’élimi-
ner la quantité d’eau et d’osmoles appropriée pour
Point fort maintenir un contenu hydrique et osmotique de l’organisme
La composition finale de l’urine est la résultante [16]. Les sorties rénales d’eau sont la cible majeure de la
de processus de filtration glomérulaire, de réab- régulation des sorties hydriques de l’organisme, principale-
sorption tubulaire et d’excrétion tubulaire dis- ment sous le contrôle de l’hormone antidiurétique. À l’état
tincts pour chaque substance et adaptables en stable, la diurèse est équivalente aux apports d’eau exogènes
permanence. qu’elle reflète. L’intégrité de la régulation du bilan d’eau
repose sur trois éléments qui doivent être évalués
parallèlement :

Régulation de la volémie  la sécrétion d’hormone antidiurétique et la soif, qui doi-


Les reins d’un sujet sain filtrent quotidiennement plus de vent être stimulées par l’hyperosmolarité et inhibées par
25 000 mmol de NaCl par 24 heures. L’excrétion urinaire de l’hypo-osmolarité ;
sodium dans l’urine définitive ne représente qu’environ  les capacités rénales de concentration/dilution de l’urine
150 mmol par jour, soit moins de 1 % de la charge filtrée intrinsèques du rein ;
et reflète, à l’état stable, l’apport alimentaire de sodium.  les apports osmotiques, qui modulent les capacités
La valeur régulée du bilan de sodium est la volémie d’excrétion hydrique minimales et maximales.
efficace, définie par le volume sanguin artériel. La baisse
de la volémie efficace (qu’elle soit liée à une hypovolémie
vraie, à une diminution du débit cardiaque ou à une baisse
des résistances périphériques) entraı̂ne une stimulation des Point fort
facteurs antinatriurétiques (système sympathique, axe À l’état stable, la diurèse est équivalente aux
rénine—angiotensine—aldostérone) qui stimulent la réab- apports hydriques exogènes.
sorption tubulaire rénale de NaCl et diminuent l’excrétion
sodée.

Explorations tubulaires rénales


Point fort
L’excrétion urinaire de sodium est inférieure à 1 % Principes d’exploration
de la charge filtrée. La valeur régulée du bilan de
sodium est la volémie efficace. Le plus souvent, les explorations tubulaires sont motivées par
un désordre hydroélectrolytique faisant suspecter une perte
(ou plus rarement une rétention) rénale primitive sélective
ou non sélective d’eau ou d’électrolytes (pertes rénales de
Régulation de l’état acide/base bicarbonate, glucose, phosphate, sodium, potassium, cal-
Chez le sujet normal, le pH extracellulaire est maintenu cium ou magnésium). Des tests simples réalisés en ambula-
sensiblement constant (entre 7,37 et 7,43), de même que toire peuvent donner des indications sur les altérations de
le pH cellulaire dont la valeur, généralement inférieure, varie certaines fonctions tubulaires. Cette analyse suppose de
selon le tissu considéré de 6,8 à 7,2. Le rein élimine, sous connaı̂tre la réponse normale à une diminution ou, au
forme de NH4+ et d’acidité titrable, la charge en acides fixes contraire, à une augmentation brutale des apports en eau,
d’origine alimentaire. Il filtre quotidiennement plus de minéraux et électrolytes. Le Tableau 1 résume les critères
4500 mmol de bicarbonate qu’il doit réabsorber totalement, de jugement principaux pour déterminer la présence
sous peine d’induire une acidose métabolique par perte ou l’absence d’une perte rénale hydroélectrolytique ou
rénale de bicarbonate. Enfin, en cas de perte extrarénale minérale.
de bicarbonate ou d’apport exogène d’acides, le rein est L’étude du comportement tubulaire d’un soluté consiste à
capable de générer du NH4+ et du bicarbonate, permettant mesurer la quantité filtrée (produit de la concentration
de restaurer le stock de tampons de l’organisme ayant permis ultrafiltrable du soluté et du DFG) et celle excrétée dans
transitoirement de tamponner la charge acide et d’excréter l’urine au cours de l’administration aiguë de cette substance.
la charge acide sous forme d’ammoniurie essentiellement Ce type d’épreuve permet par exemple de déterminer le Tm
[15]. du glucose ou du bicarbonate au cours de l’analyse des
72 A. Blanchard et al.

Tableau 1 Critères de jugement pour déterminer la présence ou l’absence d’une perte rénale hydroélectrolytique.

Perturbation Critère Interprétation


Hypovolémie Natriurèse > 30 mmol/24 heures Perte rénale de sodium
Natriurèse < 20 mmol/24 heures Perte extrarénale de sodium
Hypokaliémie Kaliurèse > 40 mmol/24 heures Perte rénale de potassium
Kaliurèse < 20 mmol/24 heures Perte extrarénale de potassium
Hypernatrémie Osm U < 800 mOsm/kg d’eau a Défaut de concentration des urines
Hyponatrémie hypotonique Osm U > 150 mOsm/kg d’eau Antidiurèse inappropriée
Acidose métabolique hyperchlorémique pH Urinaire5,5 et/ou Acidose tubulaire
ammoniurie < 70 mmol/24 heures
Hypophosphatémie TmPi/DFG < 0,76 mmol/l Perte rénale de phosphate
Hypomagnésémie Magnésurie > 1 mmol/24 heures Perte rénale de magnésium
TmPi : capacité maximale de réabsorption des phosphates ; DFG : débit de filtration glomérulaire.
a
Critère à réviser à la baisse en fonction du degré de polyurie.

fonctions tubulaires proximales [14] ou de caractériser le Analyse des désordres hydroélectrolytiques et/
comportement tubulaire d’autres solutés comme le calcium ou du métabolisme minéral
[17], le magnésium [18].
Pour détecter et/ou caractériser une anomalie d’adapta- Pertes rénales de potassium et/ou de chlorure de
tion tubulaire rénale, en particulier lorsqu’il n’existe pas de sodium
désordre hydroélectrolytique à l’état basal, il est souvent Une perte rénale de sodium peut facilement être mise en
nécessaire de tester la réponse rénale à un « stress évidence en confrontant l’excrétion rénale de sodium
métabolique ». Les trois épreuves les plus couramment mesurée sur un échantillon d’urines ou dans les urines de
utilisées sont : 24 heures à l’état du volume extracellulaire [23]. En pré-
sence d’un tableau de contraction du volume extracellulaire
 le test de charge acide, qui apprécie la fonction d’aci- d’origine extrarénale, la réponse normale du rein, sous
dification distale de l’urine [19] ; l’influence de l’hyperaldostéronisme secondaire essentielle-
 l’épreuve de restriction hydrique avec administration ment, est de réabsorber la quasi-totalité du sodium filtré par
de 1-désamino-8-D-arginine vasopressine (dDAVP), qui le glomérule. Dans ce cas, l’excrétion urinaire de sodium est
estime le pouvoir de concentration des urines [20,21] ; effondrée, inférieure à 10 mmol/l dans un échantillon ou à
 le test de charge aqueuse, qui estime le pouvoir de 20 mmol par 24 heures.
dilution.
Pertes rénales de chlorure de sodium hypokaliémiques
Ces épreuves peuvent être complétées par des tests La présence simultanée d’une hypovolémie clinique et/ou
pharmacologiques, afin de localiser la ou les anomalies tubu- d’un hyperaldostéronisme secondaire (élévation de la rénine
laires et d’en déterminer les mécanismes. Cet aspect est et de l’aldostérone en dehors de tout traitement capable
illustré par exemple par l’étude de la réponse natriurétique à d’influer sur leur sécrétion) et d’une natriurèse supérieure à
différents diurétiques comme outil de localisation du défaut 30 mmol par 24 heures permet d’affirmer l’existence d’une
de réabsorption de NaCl au cours des syndromes de Bartter/ perte rénale de NaCl. Dans les situations intermédiaires
Gitelman [22] ou du défaut de réabsorption des cations (excrétion urinaire de sodium entre 20 et 30 mmol/
divalents caractérisant certaines tubulopathies héréditaires 24 heures), on peut d’abord corriger la déshydratation extra-
[22]. cellulaire en apportant du NaCl, puis imposer ensuite une
restriction des apports de NaCl pendant quelques jours
(apports de moins de 20 mmol par 24 heures). Le rein normal
Points forts adapte son excrétion urinaire de sodium aux apports (natriu-
Il est possible d’explorer par des tests simples, rèse inférieure à 20 mmol par 24 heures) en 2 à 4 jours, ce qui
réalisables en ambulatoire, les principales fonc- n’est pas le cas d’une situation de perte rénale de sodium où
tions tubulaires ;leur interprétation correcte sup- le rein s’adapte sur une période beaucoup plus longue,
pose une bonne connaissance de la physiologie expliquant l’apparition d’une déshydratation extracellu-
laire. C’est le cas des atteintes spécifiques médullaires
tubulaire.L’étude du comportement tubulaire
(polykystoses rénales, pyélonéphrite chronique, uropathie
consiste à mesurer la quantité filtrée et excrétée obstructive, etc.), mais aussi de l’insuffisance rénale chro-
d’une substance donnée. En l’absence d’anoma- nique, en particulier dans le cadre du syndrome d’hyporéni-
lies à l’état stable, une anomalie des processus némie—hypoaldostéronisme.
d’adaptation du tubule rénal est recherchée après Une kaliurèse inférieure à 20 mmol par 24 heures
administration d’une dose de charge ou création contemporaine d’une hypokaliémie signe l’origine extraré-
d’une situation de restriction. Ces épreuves sont nale de cette hypokaliémie. Inversement, une kaliurèse
complétées, le cas échéant, par des tests phar- supérieure à 40 mmol par 24 heures signe l’origine rénale
macologiques. de cette hypokaliémie [24]. À noter qu’il existe une zone
d’incertitude qui justifie de répéter cette exploration après
Exploration des fonctions tubulaires rénales 73

administration orale ou intraveineuse de potassium, mais de diurétiques et les vomissements intermittents entraı̂nent
avant correction totale de cette hypokaliémie. Une fois la des périodes de perte rénale de sodium espacées par des
perte rénale établie, il convient d’en analyser les méca- périodes au cours desquelles l’arrêt des diurétiques ou des
nismes et en particulier de rechercher si cette hypokaliémie vomissements permet l’adaptation rénale à l’hypovolémie
s’associe à une perte rénale ou extrarénale de NaCl. Si la dont témoignent les natriurèses périodiquement adaptées.
kaliurèse est évaluée sur un échantillon, il est préférable de
calculer le gradient transtubulaire de potassium (GTTK ;
abréviation anglo-saxonne : TTKG), qui tient compte de Points forts
l’état d’antidiurèse des patients et donc de l’élévation de  hypovolémie (et/ou hyperaldostéronisme secondaire
la concentration urinaire du potassium liée à la concentra- non induit par un traitement) plus natriurèse supérieure
tion des urines [25]. à 30 mmol par 24 heures égale à perte de sel d’origine
L’association d’une perte rénale de NaCl à une alcalose rénale ;
hypokaliémique d’origine rénale évoque une diminution de la  hypovolémie plus kaliurèse supérieure à 40 mmol par
réabsorption de sodium dans un segment localisé en amont du 24 heures égale à hypokaliémie d’origine rénale ;
canal collecteur : branche ascendante large ou tubule  alcalose hypokaliémique d’origine rénale plus perte de
contourné distal. Cette perte de NaCl peut être liée à sel d’origine rénale : rechercher une diminution de la
l’utilisation de diurétiques capables d’inhiber spécifique- réabsorption de sodium dans la branche ascendante de
ment la réabsorption de sodium dans ces segments : diuré- l’anse de Henle ou dans le tube contourné proximal ;
tiques de l’anse de type furosémide pour la branche  les troubles hydroélectrolytiques liés à des pertes diges-
ascendante large ou diurétiques thiazidiques pour le tube tives hautes se caractérisent par leur association à une
contourné distal. Des tableaux similaires sont observés dans chlorurie très basse.
des pathologies héréditaires congénitales : les syndromes de
Bartter et de Gitelman. Les cinq sous-types de syndrome de
Bartter décrits à ce jour correspondent à des défauts génét-
iques portant sur des protéines directement ou indirecte-
ment impliquées dans le transport cellulaire de NaCl dans la Pertes rénales de chlorure de sodium
branche ascendante large de l’anse de Henle, tandis que le hyperkaliémiques
syndrome de Gitelman est généralement secondaire à une Une perte de NaCl associée à une hyperkaliémie, ainsi qu’à
inactivation génique du cotransport NaCl thiazide-sensible une acidose métabolique doit faire évoquer en priorité un
ou, plus exceptionnellement, du canal chlore basolatéral défaut primitif (insuffisance minéralocorticoı̈de) ou secon-
ClCKb. Ces syndromes peuvent être différenciés entre eux daire de sécrétion d’aldostérone dans le cadre d’un
par la précocité des signes, la présence d’un hydramnios hyporéninémie—hypoaldostéronisme. Dans ce contexte, la
anténatal, d’un défaut de concentration des urines, d’une présence exceptionnelle de concentrations élevées de rénine
néphrocalcinose et/ou d’une hypercalciurie (caractéristiques et d’aldostérone évoque un pseudohypoaldostéronisme de
du syndrome de Bartter) ou d’une hypomagnésémie qui est type 1. Dans le pseudohypoaldostéronisme de type 1, la perte
plus sévère dans le syndrome de Gitelman (pour revue [7,26]). rénale de NaCl et l’acidose hyperkaliémique s’associent à des
La chlorurie est conservée au cours des prises de diuré- concentrations plasmatiques élevées de rénine et d’aldos-
tiques hypokaliémiants et dans les syndromes de Bartter/ térone, témoins de la résistance rénale à l’action de l’aldos-
Gitelman. Elle permet de différencier ces états de la perte de térone. Ces états rares peuvent être secondaires à des
sodium et de potassium induite par des vomissements profus mutations inactivatrices du gène du récepteur aux miné-
qui s’associent à une chlorurie inférieure à 10 mmol/l [25]. ralocorticoı̈des ou de celui du canal EnaC responsable de
Dans cette dernière situation, la perte extrarénale d’acide la réabsorption de sodium dans le canal collecteur [9].
chlorhydrique correspond pour l’organisme à une perte de
chlore associée à un apport brutal de bicarbonate, que le rein
élimine en association avec du sodium et du potassium. La Point fort
déplétion chlorée stimule la réabsorption rénale de chlore, Perte de sel plus hyperkaliémie plus acidose
dont témoigne la chlorurie effondrée (inférieure à 10 mmol métabolique : évoquer en premier lieu un syn-
par 24 heures) alors que la natriurèse est conservée et le pH drome hyporénine—hypoaldostérone (primaire ou
urinaire alcalin supérieur à sept. À l’arrêt des vomissements, secondaire).
l’hypovolémie précédemment constituée stimule la réab-
sorption rénale de sodium et la natriurèse devient adaptée
à l’hypovolémie (natriurèse inférieure à 10 mmol/l ou
20 mmol par 24 heures). En revanche, l’hyperaldostéronisme Réponse rénale à une acidose métabolique
secondaire qui stimule la sécrétion distale de potassium L’analyse de la réponse rénale à une acidose métabolique est
explique que la kaliurèse demeure inappropriée à l’hypoka- plus complexe. La première étape consiste à calculer le trou
liémie qui s’est antérieurement constituée tant que la volé- anionique plasmatique (TAP = [Na]p [K]p [CI]p [HCO3] p,
mie n’est pas corrigée. normale : 17—21 mmol/l). En présence d’une acidose hyper-
La répétition des mesures de la natriurèse et de la chlo- chlorémique (TAP normal), l’analyse de la réponse rénale
rurie est donc un élément important dans le diagnostic permet de différencier la surcharge acide avec fonction rénale
étiologique d’une hypokaliémie rénale. La natriurèse reste normale de la diminution primitive de la capacité d’excrétion
constamment inappropriée à l’hypovolémie dans les syn- des ions H+, définissant l’acidose tubulaire [15]. Dans l’acidose
dromes de Bartter et de Gitelman. Au contraire, la prise extrarénale, le rein normal adapte au maximum sa capacité
74 A. Blanchard et al.

d’excrétion rénale d’ions H+ et l’excrétion urinaire de NH4+ est que le sodium. La mesure de l’osmolarité plasmatique et le
donc toujours élevée, supérieure à 70 mmol par 24 heures, ce calcul du « trou osmotique », différence entre l’osmolarité
qui témoigne d’une réponse appropriée du rein. Dans l’acidose plasmatique mesurée et celle calculée (natrémie  2) peut
rénale, l’excrétion de NH4+ est inférieure ou égale à 40 mmol révéler alors un trou osmotique augmenté (supérieur à 10
d’ions H+ par 24 heures. La mesure du NH4+ urinaire n’étant mOsm/kg d’eau). Il convient alors de mesurer l’urée et la
pas encore de pratique courante, il a été proposé d’estimer glycémie et d’évaluer la notion de chronicité d’une éventuelle
l’ammoniurie par le calcul du trou anionique urinaire (TAU). Le hyperglycémie, afin de mieux préciser si l’osmole en cause est
TAU est égal à la différence entre anions et cations indosés ou non osmotiquement active. Ainsi, une élévation du trou
de l’urine (TAU : Na + K Cl, la quantité de HCO3 urinaire osmotique par élévation de l’urée non osmotiquement active
étant considérée comme quantitativement négligeable lors- est banale au cours de l’insuffisance rénale chronique.
que le pH urinaire reste inférieur à 6,5). Le principe est Une hyponatrémie hypotonique correspond nécessaire-
que l’augmentation de l’excrétion de NH4 se traduit par ment à une hyperhydratation intracellulaire, qui doit entraı-
l’augmentation de l’excrétion de cations indosés et de chlore. ner un état de dilution. Dans cette situation, une osmolarité
Plus l’ammoniurie est importante, plus le TAU diminue, jus- urinaire supérieure à 150 mOsm/kg d’eau signe un état d’anti-
qu’à se négativer. Chez un sujet à fonction rénale normale, diurèse inappropriée, tandis qu’une osmolarité inférieure à
sans acidose et soumis à une alimentation occidentale, 150 mOsm/kg d’eau signe un apport hydrique dépassant des
l’excrétion urinaire de NH4+est voisine de 40 mmol par capacités d’excrétion hydrique normales ou altérées par des
24 heures et le TAU physiologique est positif (environ 30 mmol apports osmotiques faibles. Inversement, une hyperosmola-
par 24 heures). En cas d’acidose métabolique extrarénale, rité efficace témoigne d’une déshydratation intracellulaire,
l’augmentation progressive du NH4 urinaire à une valeur qui doit entraı̂ner une rétention hydrique. Une osmolarité
supérieure à 70 mmol par 24 heures (les autres anions et urinaire inférieure à 850 mOsm/kg contemporaine d’une
cations indosés ne variant pas significativement) explique hypernatrémie signe une altération du pouvoir de concentra-
que le trou anionique urinaire diminue et devienne négatif. tion des urines tandis qu’une osmolarité urinaire supérieure à
Lors d’une acidose rénale, il n’y a pas d’augmentation de 850 mOsm/kg contemporaine d’une hypernatrémie signe une
l’excrétion urinaire de NH4 et le TAU urinaire reste positif. La perte hydrique extrarénale ou un apport hypertonique dépas-
limite de cette approche est que la mesure de la chlorurie est sant des capacités d’adaptation rénales normales. Ce dernier
parfois plus difficile à obtenir en routine que celle de l’ammo- critère de jugement doit cependant être ajusté au degré de la
niurie. L’analyse physiopathologique d’une acidose tubulaire polyurie éventuellement associée, qui altère en soi le pouvoir
requiert la réalisation de tests dynamiques : en pratique, un de concentration (cf. infra, test de restriction hydrique avec
test de charge en bicarbonate, complété éventuellement d’un administration de dDAVP).
test au furosémide (cf. infra). Finalement, l’absence d’aci-
dose métabolique à l’état basal n’exclut pas un défaut
d’excrétion acide distal (acidose distale partielle) qui néces- Points forts
site, pour être objectivé (ou exclu) la réalisation d’un test de  hyponatrémie hypotonique plus osmolarité urinaire
charge acide (cf. infra). supérieure à 150 mOsm/kg H2O égale à l’antidiurèse
L’insuffisance rénale chronique s’associe à l’apparition inappropriée.
progressive d’une acidose métabolique à trou anionique  hypernatrémie plus osmolarité urinaire inférieure à
plasmatique augmenté, reflet de l’accumulation plasma- 850 mOsm/kg H2O égale l’altération du pouvoir de con-
tique d’anions partiellement dissociés au pH plasmatique. centration des urines.
En présence d’une insuffisance rénale, l’apparition d’une
acidose métabolique sans élévation parallèle du trou anio-
nique plasmatique doit faire évoquer une acidose d’origine
extrarénale ou la présence d’une acidose tubulaire proximale
surajoutée. Exploration du comportement tubulaire d’un ou
plusieurs solutés

Points forts Certaines substances comme le glucose et le bicarbonate


 une acidose hyperchlorémique peut être due à une sont physiologiquement complètement réabsorbées puisque
surcharge acide ou à un déficit d’excrétion tubulaire les transporteurs spécifiques de ces substances ne sont pas
des ions H+ ; saturés. Lorsqu’une telle substance est administrée en aigu,
 l’acidose métabolique de l’insuffisance rénale chroni- son excrétion urinaire apparaı̂t dès que la concentration
que se caractérise par une augmentation parallèle du plasmatique atteint une valeur critique qui définit le seuil
trou anionique plasmatique. rénal de cette substance. Au-dessus de ce seuil, les trans-
porteurs sont progressivement saturés et l’excrétion urinaire
de la substance augmente parallèlement à la charge filtrée,
permettant de calculer la capacité maximale de réabsorption
Réponse rénale à une variation de l’osmolarité ou Tm de la substance.
plasmatique (régulation rénale du bilan hydrique) Pour certains solutés cependant, la réabsorption tubulaire
Toute analyse du bilan de l’eau doit commencer par l’analyse est plus complexe et la capacité de réabsorption tubulaire ne
de l’état d’hydratation intra- et extracellulaire [16,27]. La peut pas être appréciée par un Tm mesuré ou estimé.
natrémie est le reflet de l’osmolalité efficace, sauf lorsqu’il L’exemple le plus représentatif est probablement celui du
existe en quantité notable des substances osmotiques autres calcium, dont la réabsorption est progressivement inhibée
Exploration des fonctions tubulaires rénales 75

Tableau 2 Principales causes de syndrome de Fanconi. variation de la concentration plasmatique (glucose, acide
aminé) ou d’une baisse de la concentration plasmatique
Héréditaires Cystinose (phosphore, bicarbonate) avec une excrétion urinaire
galactosémie conservée et donc inappropriée. Une altération globale de
syndrome de Lowe, toutes les réabsorptions tubulaires proximales définit le
syndrome de Dent syndrome de Fanconi rénal, dont les principales causes sont
tyrosinose listées dans le Tableau 2, parmi lesquelles on notera les
intolérance au fructose nombreuses causes médicamenteuses [28].
Atteinte rénale Amyloses
de pathologies syndrome de Sjögren
systémiques myélome multiple Réabsorption tubulaire du phosphate
myélome multiple
myélome multiple La concentration plasmatique de phosphates chez le sujet
transplantation rénale normal (voisine de 1 mmol/l) est supérieure au seuil réel
plasmatique. Il existe donc une excrétion urinaire physiolo-
Médicaments et toxiques Tétracycline périmée gique notable de phosphates qui représente environ 30 % des
streptozotocine phosphates filtrés [29]. La valeur du Tm rapporté au DFG
gentamicine (TmPi/DFG) mesure la capacité de réabsorption maximale de
azathioprime phosphates indépendamment des variations de la charge
cisplatine filtrée, résultant soit d’une variation de la phosphatémie,
plomb soit d’une variation du DFG [30]. Sa valeur est comprise, chez
cadmium les sujets normaux, entre 0,77 et 1,45 mmol/l de filtrat
mercure glomérulaire. L’excrétion fractionnelle et la réabsorption
Idiopathique fractionnelle du phosphate (connue sous le terme de TRP)
ne devraient plus être directement interprétées car elles
sont influencées par la charge filtrée et donc par la concen-
avec l’élévation de la calcémie. L’étude de la relation entre tration plasmatique du phosphate et le DFG. Ainsi, lorsque la
la concentration plasmatique et l’excrétion urinaire permet phosphatémie diminue, l’excrétion fractionnelle diminue et
de comparer l’excrétion urinaire de calcium avec celle obte- la réabsorption fractionnelle augmente et inversement. Leur
nue chez des sujets sains, à calcémie et charge filtrée calcul à partir des mesures de concentrations plasmatiques
identiques et de documenter une éventuelle modification et urinaires de phosphate et de créatinine chez un sujet à
de la réabsorption tubulaire de calcium [17]. jeun permet cependant de déduire le TmPi/DFG à partir d’un
nomogramme [31].
La diminution primitive du TmPi/DFG est généralement
Exploration des fonctions tubulaires associée à une diminution de la phosphatémie et ne doit pas
proximales être confondue avec la diminution du TmPi/DFG à phospha-
témie normale observée en réponse à des apports de phos-
Un certain nombre de constituants du filtrat glomérulaire phates élevés ou au cours de la réduction néphronique. Dans
sont quasi totalement réabsorbés (glucose et acides aminés) ces situations, la baisse du TmPi/DFG représente une adap-
ou de manière prédominante (phosphates, 70 % ; bicarbo- tation par rapport à l’augmentation des apports ou à la
nate, 85 %) dans le tubule proximal. Une diminution de leur charge filtrée de phosphate augmentée par néphron résiduel
capacité de réabsorption dans le tubule proximal s’accom- et ne doit pas être interprétée comme une anomalie primi-
pagne d’une excrétion urinaire anormalement élevée sans tive de la réabsorption tubulaire rénale de phosphates. Les

Tableau 3 Principales causes d’hypophosphatémie.

Redistribution interne Augmentation de la sécrétion d’insuline, particulièrement pendant la renutrition


Alcalose respiratoire aiguë
Correction d’une acidocétose
Mécanismes de réparation osseuse (exemple : après parathyroı̈dectomie)

Diminution de l’absorption Apports alimentaires faibles


intestinale Antiacides à base d’aluminium ou de magnésium (chélation intestinale du phosphate)
Stéatorrhées et diarrhées chroniques
Déficit ou résistance à la vitamine D
Diminution de la réabsorption Hyperparathyroı̈die primaire et secondaire
tubulaire Déficit en — ou résistance à la — vitamine D
Rachitisme héréditaire hypophosphatémique
Ostéomalacie oncogénique
Syndrome de Fanconi
Divers (diurèse osmotique, acétazolamide, expansion volémique aiguë)
76 A. Blanchard et al.

causes d’hypophosphatémie par diminution de la réabsorp- Réabsorption tubulaire de l’acide urique


tion tubulaire rénale de phosphate sont listées dans le
Tableau 3. L’acide urique est le produit final de la dégradation des
purines libres. Sa production quotidienne est comprise entre
600 et 800 mg, éliminée pour deux tiers dans l’urine et pour
Point fort un tiers dans la bile, l’estomac et principalement l’intestin
Chez le sujet à fonctions tubulaires normales, où il est dégradé par l’uricase des bactéries coliques. La
0,77 < TmPi/DFG < 1,45 (mmol par litre de FG). clairance urinaire de l’acide urique est de 9  3 ml par
minute, soit un dixième de la clairance de la créatinine.
La présence d’une hypo-uricémie (Tableau 4) relève de
deux mécanismes physiopathologiques qui sont distincts mais
Réabsorption tubulaire du glucose non exclusifs : la diminution de formation de l’acide urique
due à un défaut primaire ou secondaire de l’activité
La valeur plasmatique normale du glucose étant bien infé- xanthine—oxydase ; l’augmentation de la clairance rénale
rieure à son seuil rénal, le sujet normal n’élimine pas de de l’acide urique. En l’absence de phénomène de saturation
glucose dans les urines. Ainsi, la présence d’une glycosurie apparente de la réabsorption de l’acide urique, son altéra-
à jeun contemporaine d’une glycémie normale démontre une tion est évaluée à l’aide de l’excrétion fractionnelle [33]. Ces
glycosurie rénale. Devant une glycosurie sur un recueil uri- deux cadres physiopathologiques peuvent être distingués par
naire de 24 heures, il faut s’assurer que le sujet n’a pas une la mesure de l’uricurie qui est effondrée dans le premier cas,
intolérance aux glucides en faisant simplement une épreuve conservée dans le second avec une excrétion fractionnelle
d’hyperglycémie provoquée orale pour vérifier que, lors de supérieure à 10 %.
cette épreuve, le glucose plasmatique ne s’élève pas large- La voie de transport d’urate étant commune à plusieurs
ment au-dessus du seuil, pouvant alors expliquer la glycosurie. anions organiques, de nombreuses substances généralement
La glycosurie rénale peut rester isolée sans conséquence pour exogènes peuvent entrer en compétition avec l’acide urique
le patient ; elle peut également s’intégrer dans un syndrome sur ses sites de transport (tels que les salicylates à faibles
de Fanconi (Tableau 2). Finalement, une glucosurie précédant doses) et exercer en pratique clinique un effet hypo- ou
l’apparition du diabète a été décrite dans les diabètes de type hyperuricémiant. Après filtration glomérulaire, l’urate subit
MODY III en rapport avec une mutation du gène HNF1a [32]. La un transport complexe bidirectionnel, essentiellement dans
quantification de cette perte rénale de glucose nécessite alors le tubule proximal où il est le siège à la fois d’une réabsorp-
la mesure du Tm/DFG du glucose au cours d’une perfusion de tion et d’une sécrétion. La portion la plus proximale du
glucose hypertonique. La valeur normale du seuil rénal du tubule proximal (S1) est le siège d’une réabsorption
glucose est de 1,4 à 2 g/l (8 à 11 mmol/l), celle du Tm/DFG du nette ; la seconde portion (S2) est le siège d’un flux net
glucose de 3 g/l (16 mmol/l). de sécrétion, suivie d’une faible réabsorption nette dans les
segments plus distaux (réabsorption dite « postsécrétoire »).
Des tests pharmacologiques ont permis de définir des
Point important modifications « présécrétoires », « sécrétoires » et
Glycémie normale plus glucosurie à jeun égale à « postsécrétoires ». Ils consistent à analyser les réponses
glucosurie d’origine rénale. uricosuriques induites par la combinaison d’administrations
aiguës de pyrazinamide (supposé inhiber sélectivement la

Tableau 4 Causes des hypo-uricémies.

Hypo-uricémie extrarénale Allopurinol


Xanthinurie héréditaire, déficit en xanthine-oxydase
Autres déficits enzymatiques : adénosine-désaminase,
nucléoside—phosphorylase
Hypo-uricémie rénale Médicaments Benzbromarone, losartan. . .
(excrétion fractionnelle Urate-oxydase
de l’acide urique supérieure à 10 %) Nutrition parentérale
Dans un contexte Insuffisance hépatocellulaire
clinique connu et évolutif Néoplasies : lymphome de Hodgkin,
certaines néoplasies solides
Syndrome d’immunodéficience acquise
Diabète
Syndrome de sécrétion
inappropriée d’hormone antidiurétique
Syndromes de Fanconi Acquis
Héréditaires
Hypo-uricémies
idiopathiques familiales
Exploration des fonctions tubulaires rénales 77

sécrétion d’acide urique) et de benzbromarone (commercia- Réabsorption tubulaire des acides aminés
lisé en France jusqu’en 2003 sous le nom de Desuric1,
qui inhiberait préférentiellement la réabsorption Chez le sujet normal, la concentration plasmatique d’acides
« postsécrétoire »). aminés est également au-dessous de leur seuil de réabsorp-
tion. Plus de 98 % des acides aminés filtrés sont réabsorbés
dans le tubule proximal et l’aminoacidurie physiologique est
Point fort très faible. On détecte facilement une aminoacidurie patho-
La clairance de l’acide urique est normalement logique avec une chromatographie des urines. Une aminoa-
égale à environ un dixième de la clairance de la cidurie pathologique et non sélective implique toujours une
créatinine. anomalie de la réabsorption tubulaire proximale. En pré-
sence d’une aminoacidurie sélective d’acides aminés diba-
siques (cystine par exemple), neutres (méthionine,
tryptophane, histidine) ou diacides (acides aspartique, glu-
Réabsorption tubulaire du bicarbonate tamique et aminoglycinurie), il devient absolument néces-
saire de vérifier l’absence d’élévation dans le plasma des
Chez le sujet normal, 85 % de la charge filtrée de bicarbonate acides aminés correspondants. Cette mesure permet de dis-
est réabsorbée dans le tubule proximal. Le seuil réel plasma- tinguer une aminoacidurie prérénale par augmentation de la
tique du bicarbonate est légèrement supérieur à la concen- concentration circulante et de la quantité filtrée, d’un défi-
tration normale de bicarbonate plasmatique, l’excrétion cit spécifique tubulaire proximal du transport d’un groupe
urinaire est donc physiologiquement négligeable. En cas d’acides aminés.
d’acidose tubulaire proximale, la diminution de la capacité
de réabsorption de bicarbonate entraı̂ne la diminution de la
concentration plasmatique, jusqu’à ce que la baisse de charge Point fort
filtrée soit suffisante pour contrebalancer la baisse de réab- La chromatographie des acides aminés urinaires
sorption tubulaire. La perte urinaire de bicarbonate s’arrête permet le diagnostic des troubles de la réabsorp-
alors et un état stable s’instaure, caractérisé par une acidose tion tubulaire proximale des acides aminés.
métabolique profonde mais un bilan acide équilibré. En effet,
l’excrétion nette acide est égale à la production quotidienne
d’acides fixes, puisque la fonction distale d’acidification des
urines est intacte. Le pH urinaire peut théoriquement être
acide. Cependant, les patients sont souvent explorés alors que Tests de localisation des défauts tubulaires
leur acidose est partiellement corrigée par un apport exogène de réabsorption de chlorure de sodium
de bicarbonate. Ce traitement, qui maintient artificiellement
leur concentration plasmatique de bicarbonate au-dessus de Lorsque le contexte clinique et biologique est fortement
son seuil de réabsorption, explique que le pH urinaire observé compatible avec un syndrome de Bartter ou de Gitelman,
soit fréquemment supérieur ou égal à sept, pouvant faire il est possible, par des épreuves appropriées, de mieux
conclure abusivement à une acidose tubulaire distale. Le documenter la diminution de NaCl dans le segment de dilu-
diagnostic d’une acidose tubulaire proximale repose sur la tion (qui inclut la branche ascendante large de Henle et le
mesure du Tm du bicarbonate dans une situation de charge tubule contourné distal). Les tests peuvent consister en
filtrée normalisée. L’épreuve consiste à corriger la concen- l’étude de la réponse natriurétique aux diurétiques (réponse
tration plasmatique de bicarbonate (valeur supérieure à natriurétique au furosémide diminuée dans le syndrome de
24 mmol/l), généralement à l’aide d’une perfusion de NaHCO3 Bartter, réponse natriurétique aux diurétiques thiazidiques
hypertonique. Une excrétion fractionnelle du bicarbonate diminuée dans le syndrome de Gitelman) [34] ou à estimer
supérieure à 15 % contemporaine d’une bicarbonatémie nor- indirectement la réabsorption de NaCl dans le segment de
male (24—26 mmol/l) ou mieux un TmHCO3 /DFG inférieur à dilution [35]. Cette dernière épreuve consiste à mesurer la
20 mmol/l de filtrat glomérulaire permettent d’affirmer clairance de l’eau libre et la clairance du chlore au cours
l’acidose tubulaire proximale. À noter que dans l’insuffisance d’une perfusion de NaCl hypotonique [36]. Le principe du test
rénale chronique la diminution de la capacité de réabsorption est que la réabsorption de NaCl dans le segment de dilution
de bicarbonate garde toute sa valeur spécifique d’une atteinte permet de soustraire des osmoles du fluide tubulaire et
tubulaire proximale car, en dehors de cette situation, l’insuf- d’excréter en situation de charge aqueuse un grand volume
fisance rénale s’accompagne plutôt d’une augmentation du d’eau sans osmole, volume qu’il est possible de quantifier par
TmHCO3 /DFG, reflet de la réabsorption augmentée par le calcul de la clairance de l’eau libre (CH2O). Le débit de
néphron résiduel. NaCl délivré au segment de dilution est indirectement estimé
par la somme de la clairance du chlore (reflet de la quantité
de NaCl délivrée, non réabsorbée et excrétée dans l’urine) et
Point fort de la clairance de l’eau libre (reflet du NaCl délivré au
Le diagnostic d’acidose tubulaire proximale segment de dilution et réabsorbé à ce site). Le rapport
repose sur la mesure du Tm du bicarbonate après CH2O/(CH2O + CCl) est utilisé pour estimer la réabsorption
correction de la concentration plasmatique de fractionnelle de NaCl dans le segment de dilution. Ce rapport
bicarbonate. Il est possible même en cas d’insuf- est fortement affecté au cours du syndrome de Bartter et, à
fisance rénale chronique. un moindre degré, dans le syndrome de Gitelman. La clai-
rance du lithium, proposée comme reflet de la réabsorption
78 A. Blanchard et al.

de NaCl dans le tubule proximal, s’avère peu spécifique en mutations hétérozygotes du gène qui code l’échangeur Cl/
pratique. HCO3AE1. Les formes autosomiques récessives sont liées dans
80 % des cas à des mutations homozygotes ou hétérozygotes
Exploration des fonctions tubulaires distales composites du gène qui code les sous-unités B1et A4 de la
H  ATPase (cf. infra).
Étude du pouvoir d’acidification des urines
Défaut de voltage
Dans le voltage defect, la sécrétion acide par les cellules
Épreuve de charge acide
intercalaires n’est pas primitivement altérée mais insuffi-
Cette épreuve est inutile et néfaste chez un patient pré-
samment stimulée, parce que la réabsorption de sodium est
sentant une acidose métabolique spontanée. En revanche,
inhibée (exemple : prise d’amiloride) ou non stimulée
dans les anomalies partielles d’acidification des urines, le
(exemple : hypoaldostéronisme). Ce défaut est corrigé par
défaut d’excrétion peut être compensé par la mobilisation
les manœuvres qui augmentent la différence de potentiel
des tampons osseux. Dans ce cas, la pathologie peut être
transépithéliale lumière négative (charge en bicarbonate,
révélée par une déminéralisation osseuse ou par des calculs
test au furosémide). Il s’associe généralement à une ten-
rénaux. Biologiquement, il n’existe pas d’acidose, mais une
dance hyperkaliémique qui inhibe la production et l’accu-
hypocitraturie qui témoignerait de l’acidose intracellulaire
mulation interstitielle de NH3/NH4+. La faible disponibilité en
associée à une hypercalciurie. Une anomalie d’acidification
tampons interstitiels dans les acidoses distales hyperkalié-
en l’absence d’acidose métabolique spontanée (acidose dis-
miques fait que le pH urinaire peut de manière trompeuse
tale partielle) peut être recherchée par un test de charge
s’abaisser de manière appropriée en réponse à la charge
acide, consistant à administrer 2 mmol/kg de NH4Cl en solu-
acide, alors que l’excrétion acide n’est pas stimulée de
tion aqueuse. La réponse est jugée dans les six à huit heures
manière appropriée.
qui suivent sur deux critères : l’acidification urinaire (le pH
Un sous-type de voltage defect est le « shunt au chlore »
urinaire doit s’abaisser au-dessous de 5,5) et le débit
décrit dans le syndrome de Gordon, aussi nommé impropre-
d’excrétion acide, qui doit augmenter.
ment pseudohypoaldostéronisme de type 2, caractérisé
par une rétention rénale primitive de NaCl avec freination
secondaire de l’axe rénine—angiotensine. On sait mainte-
Points forts nant que cette acidose est liée à l’hypoaldostéronisme,
 il est inutile et dangereux de réaliser une épreuve de associée à une stimulation de la réabsorption de NaCl
charge acide en cas d’acidose métabolique non dans le tubule contourné distal qui diminue la charge de
compensée ; NaCl délivré au canal collecteur. L’anomalie primitive
 le test de charge acide consiste à mesurer l’abaissement est liée au déficit d’une protéine régulatrice du cotranspor-
du pH urinaire et l’augmentation du débit d’excrétion teur NaCl thiazide-sensible du tube distal. La particularité
acide urinaire dans les six à huit heures qui suivent de ce syndrome est d’être extrêmement sensible aux diuré-
l’absorption de chlorure d’ammonium en solution tiques thiazidiques dont de faibles doses corrigent l’hyper-
aqueuse. tension artérielle, l’acidose et l’hyperkaliémie (pour revue
[38]).

Défaut de gradient
Dans le gradient defect, la sécrétion acide par les cellules
Caractérisation du défaut d’acidification des urines
intercalaires est conservée, mais il existe une incapacité
L’acidification des urines nécessite le fonctionnement couplé
tubulaire à maintenir le gradient de pH. Le modèle physio-
des cellules principales et intercalaires du canal collecteur.
pathologique de ce type de défaut est l’acidose tubulaire
Selon le schéma classique, la réabsorption électrogénique de
induite par l’amphotéricine B.
sodium par les cellules principales est indirectement liée à la
génération d’une différence de potentiel négative dans la
lumière qui stimule la réabsorption de Cl paracellulaire (qui Tests dynamiques
tendrait elle-même à dissiper la différence de potentiel
transépithéliale), la sécrétion de potassium par la cellule Ces défauts sont caractérisés à l’aide de tests dynamiques.
principale et de protons par la pompe à protons apicale des
cellules intercalaires (H+ATPase). L’acidification de l’urine Charge en bicarbonate
crée un gradient de pH entre l’urine et l’interstitium favo-
rable à la diffusion de NH3 qui est piégé et excrété dans Elle permet de tester la sécrétion acide en mesurant l’élé-
l’urine sous forme de NH4+. vation de la pression en gaz carbonique (PCO2) urinaire par
rapport à la PCO2 plasmatique, reflet de la PCO2 du liquide
Défaut sécrétoire interstitiel cortical. Le principe de ce test est d’utiliser le
Dans le secretory defect, la sécrétion acide par les cellules bicarbonate urinaire comme un réactif qui génère du CO2
intercalaires est primitivement altérée. Ces défauts peuvent en quantité proportionnelle au débit de sécrétion acide.
être acquis ou secondaires à l’inactivation génique d’un L’épreuve n’est interprétable que s’il n’existe pas de
transporteur impliqué dans la sécrétion acide distale [37]. néphropathie interstitielle avancée (ce dont peut attester
Il existe deux formes d’acidoses tubulaires distales hérédi- une capacité conservée de concentration des urines) et si
taires. La forme autosomique dominante est liée à des la bicarbonaturie est suffisamment élevée en cours
Exploration des fonctions tubulaires rénales 79

Tableau 5 Causes des acidoses tubulaires.

Acidoses tubulaires proximales Isolées héréditaires (mutations des gènes de l’anhydrase carbonique
de type 2 cytosolique CA2 ou du cotransport Na-HCO3, NBC1)
Syndrome de Sjögren, gammapathies monoclonales,
amylose et myélome
Déficit en vitamine D, médicaments et toxiques
Cystinose ++, maladie de Wilson
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique,
métaux lourds (plomb, mercure, cuivre)
Ifosfamide
Acidoses tubulaires distales Héréditaires autosomomiques dominantes (AE1) ou récessives
hypokaliémiques (secretory defect) (sous-unités de la H+ATPase)
Maladies auto-immunes
Syndrome de Sjögren ++
Autres causes d’hypergammaglobulinémie
Acidoses tubulaires distales Amphotéricine B
hypokaliémiques (gradient defect)
Acidose distale hyperkaliémique Déficit en minéralocorticoı̈de (maladie d’Addison, bloc surrénalien,
(voltage defect, défaut de NH4 interstitiel) infection par le virus de l’immunodéficience humaine)
Hyporéninémie-hypoaldostéronisme, héparines,
anticalcineurines, AINS-COXIB, IEC-ARA2

Résistance à l’aldostérone
Diurétiques hyperkaliémiants (spironolactone, amiloride)
Pseudohypoaldostéronisme type 1
Néphropathies tubulo-interstitielles (néphropathie diabétique ++)
Uropathies obstructives
Drépanocytose
Secretory defect : la sécrétion des ions H+ par les cellules intercalaires est primitivement altérée, en particulier par dysfonction de la
H+ATPase ; voltage defect : la réabsorption électrogénique du Na+ est diminuée et l’électronégativité luminale est réduite ; gradient defect :
l’épithélium est anormalement perméable et incapable de maintenir le gradient de pH.

d’exploration. Une élévation insuffisante de la PCO2 urinaire Étude du pouvoir de concentration/dilution des
(PCO2 urinaire — PCO2 plasmatique inférieure à 20 mmHg) urines
témoigne d’un défaut primitif de sécrétion acide
(Tableau 5). Étude du pouvoir de concentration des urines :
tests de restriction hydrique et d’administration de
Test au furosémide dDAVP
Une altération primitive de la capacité de concentration des
Il consiste à stimuler la réabsorption distale de NaCl urines entraı̂ne une déshydratation intracellulaire habituel-
par l’administration combinée de minéralocorticoı̈de et lement limitée par une stimulation de la soif. Le signe plus
de furosémide qui entraı̂ne chez le sujet sain une acidifica- précoce d’un défaut de concentration des urines est donc
tion des urines et une stimulation de l’excrétion acide. Une généralement une polyurie, définie par un volume d’urines
réponse anormale signe un défaut primitif de sécrétion supérieur à 3 l par 24 heures.
acide. Pour tester la capacité de concentration des urines, il
Relation entre ammoniurie et pH urinaire faut interpréter l’osmolarité urinaire en période d’hyperna-
Elle permet finalement de détecter une acidose tubulaire trémie, que celle-ci soit spontanée ou provoquée par une
distale par faible disponibilité interstitielle de NH3/NH4+ épreuve de restriction hydrique. L’épreuve de restriction
[39]. hydrique habituelle dure de 12 à 16 heures et commence la
veille au soir, en dehors des cas de polyuries majeures
supérieures à 6 l par 24 heures où une surveillance médicale
permanente est nécessaire. La restriction hydrique est
Points forts poursuivie jusqu’à ce que l’osmolarité plasmatique dépasse
 une élévation de la PCO2 urinaire inférieure à 20 mmHg 290 mOsm/kg d’eau (en l’absence de trou osmotique) et
après charge en bicarbonate témoigne d’un défaut que l’osmolarité urinaire se stabilise sur trois recueils
primitif de sécrétion acide tubulaire distale ; urinaires successifs de une heure chacun. Chez un sujet
 une réponse anormale au test au furosémide signe un sain non polyurique, l’osmolarité urinaire s’élève au-dessus
défaut primitif de sécrétion acide tubulaire distale. du 850 mOsm/kg d’eau et le débit urinaire est inférieur à
0,5 ml par minute. Le bilan d’osmoles, en particulier de
80 A. Blanchard et al.

Tableau 6 Causes des polyuries.

Prises inappropriées de boisson Potomanie (schizophrénie +++)


Polydipsie primaire
Diabètes insipides centraux Héréditaires (mutation des gènes codant la neurophysine et
l’hormone antidiurétique)
Post-traumatiques, postischémiques, infectieux (méningite, encéphalite)
Tumeurs, granulomes
Idiopathiques (hypophysite méconnue +++)
Diabètes insipides néphrogéniques Néphrogéniques héréditaires
Lié à l’X (gène du récepteur V2 de l’hormone antidiurétique)
Autosomique dominant ou récessif (gène codant l’aquaporine 2 : AQP2)
Diabètes insipides néphrogéniques acquis
Néphropathies (néphropathie interstitielle chronique, drépanocytose)
Métaboliques (hypercalcémie ++, hypokaliémie)
Médicaments (lithium +++, déméclocycline, foscarnet, méthoxyflurane,
amphotéricine B, antagonistes V2)

sodium, n’est pas modifié ; la perte de poids modérée


correspond à la perte d’eau, environ 500 g. À la fin du Points forts
test (ou d’emblée chez un patient spontanément hyperna-  la capacité de concentration des urines ne peut être
trémique), l’administration dDAVP par voie nasale est utile évaluée qu’en situation de restriction hydrique ;
pour tester l’origine neurogénique (défaut de sécrétion  le test à la dDAVP vise à distinguer le diabète insipide par
d’hormone antidiurétique [ADH]) ou néphrogénique (défaut déficit en hormone antidiurétique du diabète insipide
de concentration des urines secondaire à l’absence de néphrogénique ;
réponse rénale à l’hormone).  le diagnostic de diabète insipide peut être difficile,
Dans leurs formes complètes, il est facile de différencier même après test de restriction hydrique ;
un diabète insipide néphrogénique d’un diabète insipide  quelle que soit sa cause, la polyurie chronique peut
neurogénique. Chez les patients dont la polyurie est secon- induire une altération du pouvoir de concentration des
daire à une polydipsie primitive, les urines deviennent fran- urines.
chement hypertoniques après la seule restriction hydrique
contrôlée. Chez les patients avec un diabète insipide
complet, l’osmolarité urinaire ne dépasse pas 200 à Intérêt du dosage de l’hormone antidiurétique et de
300 mOsm/kg d’eau. L’administration dDAVP entraı̂ne une l’évaluation de la soif
réduction brutale du débit urinaire et une augmentation très La sensation de soif peut être mesurée à l’aide d’une échelle
significative de l’osmolarité urinaire dans le cas du diabète d’autoévaluation. La concentration circulante d’ADH est
insipide neurogénique, mais ne permet pas d’élever de mesurée par technique radio-immunologique, dans des
manière significative l’osmolarité urinaire en cas de diabète conditions qui permettent de limiter sa dégradation. Dans
insipide néphrogénique. les situations de diabète insipide partiel, il est particulière-
Dans les tableaux modérés, plus courants, le diagnostic ment important de mesurer la concentration circulante
étiologique d’une polyurie est souvent beaucoup plus diffi- d’ADH : l’osmolarité urinaire maximale est obtenue au prix
cile puisque les sujets conservent alors une certaine capacité d’une sécrétion d’ADH très élevée en cas de diabète insipide
de concentration des urines en restriction hydrique et peu- néphrogénique ou au contraire basse dans les diabètes insi-
vent répondre de manière partielle à l’administration de pides neurogéniques qui s’associent à une sensibilisation
dDAVP. Il est alors difficile de savoir si l’anomalie primitive en périphérique à l’hormone. Il est parfois utile de caractériser
cause est un défaut partiel de sécrétion d’ADH ou une la réponse de la sécrétion d’ADH et de la soif en réponse à une
résistance partielle à l’effet rénal de l’hormone (diabètes hyperosmolarité induite par une perfusion de NaCl hyperto-
insipides neurogéniques ou néphrogéniques partiels). Il est nique. Chez un patient avec un diabète insipide néphrogén-
également parfois difficile d’exclure une polydipsie pri- ique ou une polydipsie primaire, la concentration
maire, même lorsque l’osmolarité maximale en restriction plasmatique d’ADH s’élève normalement alors que les
hydrique ou après dDAVP se stabilise à une valeur inférieure à valeurs d’ADH restent basses et inappropriées chez un sujet
850 mOsm/kg d’eau [27]. L’interprétation doit alors tenir atteint de diabète insipide neurogénique [27,40].
compte de l’effet propre de la polyurie chronique qui altère
considérablement le pouvoir de concentration des urines
(Tableaux 6 et 7). On comprend donc la difficulté de diffé- Point fort
rencier sur ce test une polyurie liée à des apports d’eau La concentration d’hormone antidiurétique circu-
primitivement excessifs (polydipsie) d’une polyurie liée à un lante est très élevée dans le diabète insipide
diabète insipide néphrogénique ou neurogénique partiel néphrogénique, basse dans le diabète insipide
[40]. central.
Exploration des fonctions tubulaires rénales 81

Tableau 7 Osmolarité urinaire maximale approximative tité d’eau équivalente à 20 ml/kg de poids corporel en
attendue sous 1-désamino-8-D-arginine vasopressine (dDAVP) l’espace d’une demi-heure provoque une diminution atten-
en fonction du degré de polyurie chronique (données obte- due de l’osmolarité plasmatique de l’ordre de 10 mOsm/kg
nues chez des patients atteints de polydipsie primitive [40]). d’eau et de la natrémie de l’ordre de 5 mmol/l. Cette
épreuve permet d’apprécier la capacité rénale d’excrétion
Diurèse les jours Osmolarité maximale hydrique, qui permet normalement d’éliminer 70 % de la
précédant le test attendue charge hydrique en moins de quatre heures.
2l > 800 mOsm/kg d’eau Le défaut de dilution est lié à la stimulation de la sécrétion
4l 700 mOsm/kg d’eau d’ADH par une hypovolémie vraie ou efficace (stimulus volé-
6l 600 mOsm/kg d’eau mique de l’ADH) ou en rapport avec un tableau de SIADH dont
8l 500 mOsm/kg d’eau les principales causes sont résumées dans le Tableau 8.
10 l 400 mOsm/kg d’eau Les apports osmotiques sont évalués par la quantité
12 l 250 mOsm/kg d’eau d’osmoles excrétées dans un recueil urinaire de 24 heures.
14 l < 200 mOsm/kg d’eau Des apports osmotiques faibles limitent les capacités
d’excrétion hydrique et prennent une importance particu-
lière chez des sujets ayant une petite altération de la
capacité de dilution. C’est ainsi qu’une personne âgée ayant
une légère altération (physiologique) de sa capacité de
Étude du pouvoir de dilution par le test de charge dilution (osmolarité urinaire minimale 150 mOsm/kg d’eau)
aqueuse a une diurèse maximale de 6 l si ses apports osmotiques sont
de 900 mmol par 24 heures (900/150 = 6), mais ne peut
L’organisme possède une capacité d’élimination hydrique excréter que 2 l d’eau dans les urines si ses apports osmo-
impressionnante, puisque les reins sont théoriquement capa- tiques sont faibles, à 300 mmol par 24 heures (300/150 = 2).
bles d’excréter près de 20 % du DFG, ce qui amène la capacité Cette personne a alors une propension à développer une
d’excrétion hydrique théorique à plus de 20 l par 24 heures hyponatrémie, pour peu que son alimentation soit essentiel-
comme en témoignent les diurèses extrêmement élevées lement basée sur des apports liquidiens (soupes, thé, tisanes,
exceptionnellement observées en pathologie clinique [41]. etc.). Ce tableau est décrit sous le terme de tea and toast
Cette capacité d’excrétion hydrique dépend de trois syndrome.
éléments : le DFG, la capacité de dilution et les apports
osmotiques du sujet, qui doivent être tous trois évalués
parallèlement. Une insuffisance rénale ne peut expliquer Point fort
par elle-même l’apparition d’une hyponatrémie que si elle Le pouvoir de dilution des urines peut être évalué
est sévère (DFG inférieur à 20 ml par minute). grâce à une épreuve de charge hydrique.
La capacité de dilution est appréciée chez un sujet dont
l’osmolarité plasmatique est inférieure ou égale à
280 mOsm/kg d’eau, qui entraı̂ne chez un sujet sain une
augmentation de la diurèse et une diminution de l’osmolarité
urinaire à une valeur minimale inférieure ou égale à Diagnostic génétique des tubulopathies
100 mOsm/kg d’eau, ce qui définit la capacité intrinsèque héréditaires
de dilution des urines du sujet. Une osmolarité urinaire
supérieure à 100 mOsm/kg d’eau (150 chez la personne âgée) Un grand nombre de tubulopathies héréditaires sont main-
contemporaine d’une hyponatrémie hypotonique signe une tenant élucidées à l’échelle moléculaire. Les renseignements
altération de la capacité de dilution. En l’absence d’hypo- concernant ces maladies orphelines, leurs présentations
natrémie spontanée, l’état de dilution peut être induit par un cliniques, les centres de soins ou de diagnostiques spécialisés
test de charge aqueuse. L’administration orale d’une quan- dans ces pathologies sont consultables sur le site Orphanet

Tableau 8 Causes des hyponatrémies.

Apports hydriques dépassant une Potomanie (schizophrénie)


capacité de dilution tea and toast syndrome
normale ou peu altérée
Altération de la Insuffisance rénale préterminale (débit de
capacité d’excrétion hydrique filtration glomérulaire < 20 ml/min)
Stimulus volémique de l’hormone Hypovolémie vraie
antidiurétique Hypovolémie efficace (insuffisance cardiaque,
syndrome néphrotique, cirrhose)
Sécrétion inappropriée d’hormone Médicaments (Tégrétol1, thiazides, autres...)
antidiurétique Endocrine (hypothyroı̈die, insuffisance en cortisol)
Paranéoplasique
Atteintes neurologiques ou pulmonaires autres
82 A. Blanchard et al.

Tableau 9 Diagnostics de tubulopathies réalisés en routine (département de génétique moléculaire, hôpital européen Georges-
Pompidou, Paris).

Pathologie Mode de transmission Gènes en cause Références


Syndrome de Gitelman Autosomique récessif SLC12A3 [8]
CLCNKB [42]
Syndrome de Bartter Autosomique récessif SLC12A1 [43]
CLCNKB [44]
KCNJ1 [45]
BSND [46]
CASR [47,48]
Diabètes insipides néphrogéniques Autosomique récessif ou dominant AQP2 [49]
Lié à l’X AVPR2 [49]
Acidoses tubulaires distales Autosomique récessif ATP6V0A4 [37]
Autosomique dominant ATP6V1B6 [37]
CLC4A1 [37]
Syndrome de Dent Lié à l’X CLCN5 [50]
OCRL1 [51]
Syndrome de Gordon Autosomique dominant WNK1 [38]
WNK4 [38]
Syndrome de Liddle Autosomique dominant EnaC [38]
Pseudohypoaldostéronisme Autosomique récessif SCCN1A, SCCN1B, [38]
SCCN1G
Autosomique dominant NR3C2 [9]
Hypomagnésémie hypercalciurie familiale Autosomique récessif PCLN-1 [23]

(http://www.orpha.net). Les principaux diagnostics dispo- collecting duct cells. Biochem Biophys Res Commun 2003;300:
nibles à ce jour dans le cadre du réseau de soin « maladies 305—10.
rénales héréditaires (MARRHEA) » sont résumés dans le [13] Norden A, Scheinman S, Deschodt-Lanckman M, Lapsley M,
Tableau 9 [8,9,22,37,38,42—51]. Nortier J, Thakker R, et al. Tubular proteinuria defined by a
study of Dent’s (CLCN5 mutation) and other tubular diseases.
Kidney Int 2000;57:240—9.
Références [14] Vander A, Sherman J, Luciano DS. Basic principles of renal
physiology. In: Luciano DS, editor. Human physiology. Paris:
[1] Shemesh O, Golbetz H, Kriss JP, Myers BD. Limitations of McGraw-Hill; 1998. p. 421—33.
creatinine as a filtration marker in glomerulopathic patients. [15] Paillard M, Froissart M, Blanchard A, Houillier P. Bilan des ions H+
Kidney Int 1985;28:830—8. et état acide-base sanguin. Encycl Med Chir (Elsevier SAS,
[2] Bichara M, Paillard M. Tubule rénal. Paris: Hermann; 1993. Paris), Endocrinologie, 10-354-A-10, 1995.
[3] Paillard M. Physiologie du tubule rénal. In: Guenard H, editor. [16] Paillard M, Froissart M, Blanchard A, Houillier P. Bilan de l’eau et
Physiologie humaine. Paris: Pradel; 1996. p. 255—78. osmolalité extracellulaire. Encycl Med Chir (Elsevier SAS, Paris),
[4] Brenner BM, Levine SA. The kidney. New York: Elsevier; 2005. Endocrinologie, 10-352-A-10, 1995.
[5] Christensen E, Devuyst O, Dom G, Nielsen R, Van der Smissen P, [17] Peacock M, Robertson WG, Nordin BE. Relation between serum
Verroust P, et al. Loss of chloride channel ClC-5 impairs endo- and urinary calcium with particular reference to parathyroid
cytosis by defective trafficking of megalin and cubilin in kidney activity. Lancet 1969;1:384—6.
proximal tubules. Proc Natl Acad Sci USA 2003;100:8472—7. [18] Rude RK, Bethune JE, Singer FR. Renal tubular maximum for
[6] Christensen EI, Birn H. Megalin and cubilin: multifunctional magnesium in normal, hyperparathyroid, and hypoparathyroid
endocytic receptors. Nat Rev Mol Cell Biol 2002;3:256—66. man. J Clin Endocrinol Metab 1980;51:1425—31.
[7] Zelikovic I. Hypokalaemic salt-losing tubulopathies: an evolving [19] Tannen RL. The response of normal subjects to the short
story. Nephrol Dial Transplant 2003;18:1696—700. ammonium chloride test: the modifying influence of renal
[8] Simon D, Nelson-Williams C, Bia M, Ellison D, Karet F, Molina A, ammonia production. Clin Sci 1971;41:583—95.
et al. Gitelman’s variant of Bartter’s syndrome, inherited hypo- [20] Miller M, Dalakos T, Moses AM, Fellerman H, Streeten DH.
kalaemic alkalosis, is caused by mutations in the thiazide- Recognition of partial defects in antidiuretic hormone secre-
sensitive Na-Cl cotransporter. Nat Genet 1996;12:24—30. tion. Ann Intern Med 1970;73:721—9.
[9] Zennaro MC, Lombes M. Mineralocorticoid resistance. Trends [21] Bichet DG, Razi M, Lonergan M, Arthus MF, Papukna V, Kortas C,
Endocrinol Metab 2004;15:264—70. et al. Hemodynamic and coagulation responses to 1-des-
[10] Devuyst O, Jouret F, Auzanneau C, Courtoy PJ. Chloride chan- amino[8-D-arginine] vasopressin in patients with congenital
nels and endocytosis: new insights from Dent’s disease and ClC-5 nephrogenic diabetes insipidus. N Engl J Med 1988;318:881—7.
knockout mice. Nephron Physiol 2005;99:69—73. [22] Blanchard A, Jeunemaitre X, Coudol P, Dechaux M, Froissart M,
[11] Cutillas PR, Chalkley RJ, Hansen KC, Cramer R, Norden AG, May A, et al. Paracellin-1 is critical for magnesium and calcium
Waterfield MD, et al. The urinary proteome in Fanconi syndrome reabsorption in the human thick ascending limb of Henle.
implies specificity in the reabsorption of proteins by renal proxi- Kidney Int 2001;59:2206—15.
mal tubule cells. Am J Physiol Renal Physiol 2004;287:F353—64. [23] Paillard M, Froissart M, Blanchard A, Houillier P. Bilan de sodium
[12] Sayer JA, Carr G, Pearce SH, Goodship TH, Simmons NL. Dis- et volume sanguin circulant. Encycl Med Chir (Elsevier SAS,
ordered calcium crystal handling in antisense CLC-5-treated Paris), Endocrinologie, 10-352-B-10, 1995.
Exploration des fonctions tubulaires rénales 83

[24] Houillier P, Paillard M, Blanchard A. Métabolisme du potassium. [39] Stinebaugh BJ, Schloeder FX, Tam SC, Goldstein MB, Halperin
Encycl Med Chir (Elsevier SAS, Paris), Endocrinologie, 10-356-A- ML. Pathogenesis of distal renal tubular acidosis. Kidney Int
10, 1995. 1981;19:1—7.
[25] Ethier JH, Kamel KS, Magner PO, Lemann Jr J, Halperin ML. The [40] Zerbe RL, Robertson GL. A comparison of plasma vasopressin
transtubular potassium concentration in patients with hypoka- measurements with a standard indirect test in the differential
lemia and hyperkalemia. Am J Kidney Dis 1990;15:309—15. diagnosis of polyuria. N Engl J Med 1981;305:1539—46.
[26] Naesens M, Steels P, Verberckmoes R, Vanrenterghem Y, Kuypers [41] Robertson GL. The use of vasopressin assays in physiology and
D. Bartter’s and Gitelman’s syndromes: from gene to clinic. pathophysiology. Semin Nephrol 1994;14:368—83.
Nephron Physiol 2004;96:65—78. [42] Jeck N, Konrad M, Peters M, Weber S, Bonzel KE, Seyberth HW.
[27] Palmer B, Alpern R. Integrated renal response to abnormalities Mutations in the chloride channel gene, CLCNKB, leading to a
in tonicity. In: Giebisch G, editor. Clinical disturbances of water mixed Bartter-Gitelman phenotype. Pediatr Res 2000;48:754—8.
metabolism. New York: Raven Press; 1993. p. 273. [43] Simon DB, Karet FE, Hamdan JM, DiPietro A, Sanjad SA, Lifton
[28] Izzedine H, Launay-Vacher V, Isnard-Bagnis C, Deray G. Drug- RP. Bartter’s syndrome, hypokalaemic alkalosis with hypercal-
induced Fanconi’s syndrome. Am J Kidney Dis 2003;41: ciuria, is caused by mutation in the Na-K-2Cl cotransporter
292—309. NKCC2. Nat Genet 1996;13:183—8.
[29] Bijvoet OL. Relation of plasma phosphate concentration to [44] Simon DB, Bindra RS, Mansfield TA, Nelson-Williams C, Mendonca
renal tubular reabsorption of phosphate. Clin Sci 1969;37: E, Stone R. Mutations in the chloride channel gene, CLCNKB,
23—36. cause Bartter’s syndrome type III. Nat Genet 1997;17:171—8.
[30] Bijvoet OL, Morgan DB, Fourman P. The assessment of phosphate [45] Simon DB, Karet F, Rodriguez-Soriano J, Hamdan J, Di Pietro H,
reabsorption. Clin Chim Acta 1969;26:15—24. Trachman S, et al. Genetic heterogeneity of Bartter’s syndrome
[31] Walton RJ, Bijvoet OL. Nomogram for derivation of renal thres- revealed by mutations in the K+ channel ROMK. Nat Genet
hold phosphate concentration. Lancet 1975;2:309—10. 1996;14:152—6.
[32] Pontoglio M, Prie D, Cheret C, Doyen A, Leroy C, Froguel P, et al. [46] Estevez R, Boettger T, Stein V, Birkenhager R, Otto E, Hildebrandt
HNF1alpha controls renal glucose reabsorption in mouse and F, et al. Barttin is a Cl channel beta-subunit crucial for renal Cl
man. EMBO Rep 2000;1:359—65. reabsorption and inner ear K+ secretion. Nature 2001;414:
[33] Bordier L, Blanchard A, Sarret D, Herody M, Nedelec G, Duvic C. 558—61.
Hypouricemia, an old subject and new concepts. Presse Med [47] Vargas-Poussou R, Huang C, Hulin P, Houillier P, Jeunemaitre X,
2004;33:555—63. Paillard M, et al. Functional characterization of a calcium-
[34] Reinalter SC, Jeck N, Peters M, Seyberth HW. Pharmacotyping of sensing receptor mutation in severe autosomal dominant hypo-
hypokalaemic salt-losing tubular disorders. Acta Physiol Scand calcemia with a Bartter-like syndrome. J Am Soc Nephrol 2002;
2004;181:513—21. 13:2259—66.
[35] Hené R, Koomans H, Mees E. Suppressed diluting segment [48] Watanabe H, Sutton RA. Renal calcium handling in familial
reabsorption in Bartter’s syndrome: studies in 1 patient and hypocalciuric hypercalcemia. Kidney Int 1983;24:353—7.
synthesis of literature data. Am J Nephrol 1988;8:402—9. [49] Fujiwara TM, Bichet DG. Molecular biology of hereditary dia-
[36] Schuster V, Seldin D. Water clearance. In: Giebisch G, editor. betes insipidus. J Am Soc Nephrol 2005;16:2836—46.
Clinical disturbances of water metabolism. New York: Raven [50] Lloyd S, Pearce S, Fisher S, Steinmeyer K, Schwappach B,
Press; 1993. p. 51—64. Scheinman S, et al. A common molecular basis for three inhe-
[37] Karet FE. Inherited distal renal tubular acidosis. J Am Soc rited kidney stone diseases. Nature 1996;379:445—9.
Nephrol 2002;13:2178—84. [51] Hoopes Jr RR, Shrimpton AE, Knohl SJ, Hueber P, Hoppe B,
[38] Vantyghem MC, Perimenis P, Wemeau JL. Pseudo-hypoaldoste- Matyus J, et al. Dent disease with mutations in OCRL1. Am J
ronisms. Presse Med 2004;33:123—9. Hum Genet 2005;76:260—7.

S-ar putea să vă placă și