Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
/Université Lyon 2
Mémoire de DESS
"Développement culturel et direction de projet"
Présenté par
Jean-Yves Camus
Le cirque, la quadrature
du cercle
Sous la direction de
Madame Sylvia Girel docteur en sociologie
Membre du jury
Madame Isabelle Faure, responsable du DESS "Développement culturel et direction de projet"
A.R.S.E.C.
Monsieur Dominique Répécaud, directeur du Centre Culturel André Malraux, Scène Nationale
de Vandoeuvre
2
Sommaire
Avant-propos p.6
Introduction générale p.7
1. Introduction p.11
2. De l'antiquité au cirque romain p.11
3. Les mouvements migratoires p.13
3.1. La culture tsigane p.15
3.2. Les troubadours p.15
4. Les notions de palquiste et de banquiste p.16
5. Les formes archicturales du cirque p.18
5.1. Le cirque, une architecture entre mobilité et statisme p.19
5.2. Les premiers cirques itinérants p.20
6. Le contenu du cirque p.22
7. Les prémisses du cirque moderne p.24
8. Conclusion de la première partie p.26
1. Introduction p.28
2. Le cirque au regard de l'architecture p.28
3. L'évolution de l'esthétique du cirque en France p.30
4. Le cirque nouveau en France p.32
4.1. La première rupture p.32
4.2. La deuxième rupture p.33
4.3. La troisième rupture p.33
4.4. La quatrième rupture p.35
5. Le cirque et la danse p.36
6. Le cirque et le théâtre p.37
7. Le cirque et le cinéma p.38
8. Le cirque et la télévision p.40
9. Le cirque et les arts plastiques p.40
10. Écoles du cirque et formation, un rôle prépondérant pour l'image du cirque p.43
10.1. La formation circassienne p.44
3
10.2. Les écoles du cirque p.46
11. Conclusion de la deuxiéme partie p.48
1. Introduction p.51
2. Du cirque pour qui ? p.52
3. L'adhésion à une forme particulière p.55
4. Le public comme entité agissante p.57
Chronologie p.63
Lexique p.65
Annexes p.67
Bibliographie p.73
4
Le cirque, la quadrature du cercle
1
«Lao TSE dit : "si tu te construis une pensée (= clown blanc), ris-en (= auguste)" »
1
François Laplantine, Alexis Nouss in, Métissage de Arcimboldo à Zombi, p.164.
5
Avant-propos
Je me souviens, lorsque j'étais enfant, de ce cirque qui s'installait en ville pour une
semaine durant sur les berges de la Creuse. Je me souviens de la déambulation des
artistes, des montreurs d'animaux, des clowns et des jongleurs. Je me souviens aussi de
tous ces regards écarquillés qu'ils provoquaient sur leur passage. Dans mes souvenirs
d'enfant, la voiture de laquelle jaillissait une musique entraînante entrecoupée d'une voix
annonçant l'heure et le lieu de la représentation, m'apparaît encore comme un véhicule aux
couleurs chatoyantes et aux pare-chocs rutilants. Ce fut là certainement ma première
rencontre avec le spectacle vivant. Puis il y eut la "piste aux étoiles". Je revois encore sur le
petit écran ce monsieur Loyal dans son extraordinaire costume rouge…
Est-ce que cette rencontre avec le monde du cirque est à l'origine de mon intérêt pour
le spectacle vivant? Exercerai-je le métier de programmateur parce qu'à un moment donné,
mes yeux se sont ouvert sur le cercle, la piste des possibles? En effet, cette rencontre a
permis de développer mon intérêt pour d'autres formes de spectacle vivant. Ma rencontre
avec la danse et en particulier avec le chorégraphe josef Nadj, m'a renvoyé à mes émotions
vécues sous le chapiteau. Il devenait évident que des relations entre les différentes formes
de créations existaient. Les toiles de Picasso me produisaient le même effet ou encore le
travail de Toulouse-Lautrec et celui de Alexander Calder … tous m'apparaissaient comme
hantées par l'image du cirque. Le cirque à développer chez moi le goût de la découverte et
de la recherche artistique ainsi que mon intérêt pour l'art en général. Au travers de ce que je
viens d'énoncer, il m'apparaît une question fondamentale à laquelle il semble important
d'apporter quelques éléments de réponse. Je formulerai cette question de la façon suivante :
"en quoi la fréquentation du cirque peut-elle amener le public à s'intéresser aux autres
formes de création artistique?". Cette question en amène d'autres : "quelles sont les
interactions entre ces différentes formes de création? Ne sommes-nous pas en face d'une
nouvelle forme émergente d'écriture théâtrale?". Ces interrogations ainsi posées, constituent
l'axe d'étude de ce travail de mémoire.
6
Introduction générale
7
danse, au théâtre et aux différentes formes artistiques. La formation des acteurs du
cirque qui élargit leurs compétences et nourrit leurs propos a certainement permis de
répondre aux attentes d'un public nouveau (désir de nouveauté, attente de propos
artistiques, …). Mais surtout, le désir de devenir un jour cet acrobate ou ce jongleur
est désormais possible. Un nouveau rêve est né pour les "Gadjo2" …
Le deuxième aspect qui participe à l'évolution du cirque concerne l'apparition
de nouvelles formes de cirque. Cette mutation se nourrit, elle aussi des autres
formes issues de la création artistique du spectacle vivant et des cultures populaires.
Il donne alors au cirque la possibilité d'appréhender autrement son rapport à sa
propre esthétique ou plutôt à ses propres esthétiques. Nous nous retrouvons ainsi
devant une forme métissée d'art du spectacle vivant, issue de la confrontation de
plusieurs cultures, et notamment celle du nomadisme, de la transmission par filiation
et celle de l'artiste sédentaire ayant appris sa technique dans une école. Après un
temps où le cirque à pu semblé en perte d'intérêt, les chapiteaux ont recommencé
leurs rondes. Mais pas seulement, ils se sont arrêtés pour se fixer dans des murs
échappant ainsi à l'image du nomadisme et ont investi d'autres lieux de
représentation comme les Centres Dramatiques Nationaux (C.D.N.) ou les Scènes
Nationales. De la représentation sous chapiteau, les acteurs passent à des formes
très diverses de représentations, c'est-à-dire sans chapiteaux, avec des chapiteaux
de formes et de textures très différentes de l'objet traditionnel, les représentations se
font même parfois de manière frontale (le public est assis en face de l'objet comme
dans un théâtre)… Cela dit, le cirque reste un art populaire et c'est peut-être pour
cette raison qu'il puise sa capacité à attirer les foules sous son chapiteau pour faire
partager la magie de son monde et de ses esthétiques. En 2002, selon le ministre de
la culture : "le cirque est en effet la deuxième pratique culturelle des Français3". Pour
autant, est-ce que le public le considère comme un art ou tout simplement comme un
objet de divertissement? Le cirque a cette facilité et capacité à mixer les différentes
formes artistiques du spectacle vivant et des arts plastiques. Le cirque a pu véhiculer
son image au travers de réalisations cinématographiques. Il devient alors un vecteur
essentiel de ces pratiques. Il vient de la rue et en particulier du contact avec les
citoyens à l'inverse de la danse ou peut-être du théâtre et de la musique savante,
arts nobles par essence. Le métissage qui s'opère actuellement dans l'univers du
2
Terme gitan désignant l'étranger, le non-gitan, par extention celui qui ne fait pas partis du groupe.
3
Dossier de presse Année des arts du cirque 2001/2002
8
cirque nous conduit à cette deuxième question : "de quelle manière le cirque est-il
perçu par le monde du théâtre, de la danse ou de la musique ? Quelles en sont leurs
représentations ? Et quelles sont les représentations que le cirque peut avoir des
autres formes de spectacles vivants et des arts plastiques ?"
En répondant à cette question nous pourrons percevoir en quoi il est devenu
important pour ces différents univers apparemment distincts de s'interpénétrer. Il
nous semble que ces mondes sont aujourd'hui prêts à confronter leurs savoirs, leurs
techniques pour faire émerger les créations de demain. Des expériences ont déjà été
réalisées dans l'histoire du cirque. Le théâtre, la danse se sont déjà confrontés à des
écritures communes dans des espaces de représentation dédiés à l'une ou l'autre
des disciplines. En 1832 par exemple, la création de la chorégraphe Maria Taglioni
avec son ballet romantique "La Sylphide" est adaptée pour la piste. On compte aussi
parmi ces expériences "L'hipodrame", une sorte d'intermédiaire entre le théâtre et le
cirque. La chorégraphie est une écriture qui n'est pas étrangère aux arts de la piste.
Les artistes circassiens s'y réfèrent volontiers. L'espace de la piste nécessite une
écriture particulière pour que l'enchaînement des numéros se fasse de façon
harmonieuse. Cette écriture chorégraphique directement liée au déplacement des
corps est en partie dictée par un espace circonscrit qu'offre celui de la piste. De plus,
il nous semble important dans la façon dont se construit cet espace de
représentation de prendre en compte les évolutions aériennes des artistes sous le
chapiteau créant ainsi une dimension supplémentaire qui projette le spectateur dans
un univers en quatre dimensions difficiles à retranscrire de façon frontale et donc très
liée à l'espace du cirque.
Dans cette approche, et avec pour objectif de mieux cerner les différentes
interactions entre les formes de spectacles vivants, les arts plastiques et le cirque,
d'autres questions se posent : "peut-on dire qu'il y a cirque à partir du moment ou un
élément de la composition du cirque traditionnel est adopté dans l'écriture d'un
spectacle ? Peut-on alors parler de cirque en dehors de la piste de représentation?
Doit-on employer d'autres termes pour qualifier le cirque ?". Nous savons que
Bartabas pour le cirque Zingaro se défend de l'appellation de cirque et préfère celle
de "théâtre équestre".
Tout au long de ce travail, nous reviendrons sur ces questions auxquelles
nous tenterons de répondre. Notre questionnement résume l'idée selon laquelle le
cirque est devenu un art à part entière et qu'il a su à ce titre susciter l'intérêt du
9
public, des institutions et des tutelles publiques. Nous avons bien évidemment
abordé le travail de manière méthodologique.
Pour répondre à tous ces questionnements, nous avons opéré par ordre.
Dans un premier temps, nous aborderons le cirque et son évolution. À partir de
repères historiques, nous tenterons de montrer que le cirque a subi de nombreuses
influences pour parvenir à ce qu'il est aujourd'hui dans notre espace contemporain.
Puis, dans une deuxième partie, nous regarderons comment le cirque s'est nourri
des autres formes du spectacle vivant pour élargir le champ de ses compétences
artistiques.
Enfin et avant de conclure sur notre problématique initiale, nous aborderons le
concept de public et l'évolution spécifique des publics du cirque.
10
Première partie
1. Introduction
11
2400 avant Jésus-Christ, sur le site de Cnossos, un mur peint montre de jeunes
athlètes avec des taureaux. Nous pouvons aussi voir des mosaïques romaines
représentant "l'aurige4" du cirque antique.
Toutefois, le cirque romain ne serait pas dans la droite lignée du cirque
comme nous le connaissons. En effet à cette époque, la cruauté et la barbarie qui
étaient l'essence même des représentations publiques ont disparu des
représentations contemporaines. Nous pouvons les retrouver de façon symbolique
dans certaines représentations du cirque traditionnel et contemporain. L'évolution de
notre société a moralisé les rituels, mais les publics viennent encore chercher
l'émotion puis la poussée d'adrénaline qui l'accompagne, lorsqu'ils sont confrontés à
certains numéros, comme autrefois dans les arênes face à la mort violente du
gladiateur ou devant une éventuelle chute du trapéziste. Nous voyons ici comment le
cirque antique devient un exutoire pour le peuple et comment il pourrait encore l'être
aujourd'hui. Est-ce que cette notion d'exutoire se retrouve dans le cirque romain?
C'est ce que nous allons aborder à la suite.
À Rome, le peuple veut "du pain et des jeux". Le cirque, gratuit, devient le lieu
principal de loisir et de divertissement. Il rythme le quotidien des romains avec pour
attractions : des animaux sauvages, des gladiateurs, des courses de chars
qu'accompagnent des parades, des fanfares, des comédiens masqués, des écuyers,
des voltigeurs, des funambules, des dresseurs d’animaux... et des martyres
chrétiens. Avec la chute de l’empire romain, les jeux disparaissent eux aussi peu à
peu. L'époque romaine étant fondée sur une société du loisir et du raffinement, ceci
lui confère quelques points de similitude avec notre société actuelle, permettant ainsi
de situer le cirque traditionnel actuel dans ce même rôle que nous qualifierons
d'exutoire.
Depuis cette époque, la forme du cirque ou encore celle de l'amphithéâtre ont
été conservées. En effet, certaines caractéristiques architecturales sont encore
présentes dans les cirques du 21è m e siècle comme la forme de la piste de
représentation, la disposition des spectateurs et l'élévation en gradins. Nous avons
perdu la gratuité des spectacles comme aux "Circus Maximus" de Rome. À cette
période historique, les représentations étaient prises en charge par l'état romain.
4
Antiquité, conducteur de char dans les courses.
12
Ainsi, l'antiquité est l'époque des jongleurs, et des acrobates. Nous trouvons
aussi des traces de danseurs de corde dans des documents datés de la Chine
ancienne en 3500 avant notre ère. En Egypte, nous trouvons des jongleurs et des
"posticheurs5" comme en attestent des réalisations plastiques, peintures, mosaïques,
sculptures6. Le cirque a pourtant subi d'autres influences importantes qui participent
à des faits historiques incontournables et que nous allons aborder dès maintenant.
Les nomades (ce qui étymologiquement signifie les pasteurs) ont une
existence au quotidien liée aux exigences des mouvements migratoires d'une
structure sociale de type tribal et ont aussi par ailleurs une volonté farouche
d'affirmer leur indépendance. Ils apparaissent menaçants lorsqu'ils n'assurent pas de
fonctions économiques utiles au territoire sur lequel ils se trouvent de façon
éphémère. Mais ils portent en eux tous les lieux qu'ils ont traversé. C'est pour ces
raisons-là qu'ils attisent la curiosité et la peur des habitants des territoires empruntés.
"Le musicien gitan, tout en conservant son identité tsigane frappe tour à tour
sur ses instruments des rythmes indiens, arabes… Le tzigane est une figure
exemplaire du nomadisme et du métissage : être soi en étant autre7".
Le cirque semble aussi prendre son ancrage dans les cultures nomades. Ces
peuples qui se déplacent portent des noms différents selon leurs provenances
géographiques, ou leurs liens historiques. Nous trouvons les bohémiens venant des
Balkans, de Prague. Ils sont les sujets du roi de Bohême et ils représentent le
passeport de ce dernier. Les gypsies ce qui signifie ethymologiquement les
égyptiens sont des nomades venant de la "petite Égypte" une région de Grèce. En
France, nous pouvons dénombrer quatre principales dénominations, les roms qui
viennent d'Europe centrale, les sintis qui viennent du Piémont en Italie, les gitans qui
viennent d'Espagne et les Manouches mot qui en tsigane signifie "les hommes"
viennent d'Allemagne et des Pays-Bas. Ces derniers forment le peuple nomade le
plus ancien établi en France. Le tsigane est en fait le terme générique qui rassemble
tous ces peuples sous le même fondement, le nomadisme. Nous retrouvons le terme
5
Synonyme de bonimenteur ou de bonisseur (voir lexique en fin de document).
6
Musée du Louvre, paris, Musée des thermes, Rome, Musée archéologique d'Héraklion.
7
F.Laplantine, A. Nouss, Métissage de Arcimboldo à Zombi, p.456.
13
de nomadisme dans les valeurs fondatrices du cirque. Il reste encore de nos jours
comme une farouche volonté de la part de certains artistes à se revendiquer de la
famille des gens du voyage. Ils ont tranformé les roulottes en camionettes ou en
camping-car. Pourtant, l'errance fait partie intégrante des valeurs qu'ils défendent. La
liberté de se déplacer et de vivre au jour le jour est le point d'ancrage de cette
philosophie. Le cirque et le théâtre se retrouvent dans ces propos. L'artiste est une
personne mobile comme le marin qui sillone les océans. C'est pour cela qu'il nous
semblait important de souligner ici cette filiation, théme que nous allons développer
dés maintenant selon leurs cultures d'appartenance.
14
3.1. La culture tsigane
8 é é
Poète lyrique de langue d'oïl aux XII et XIII siècle (petit Larousse édition 1991).
9
Les Bateleurs sont ceux qui utilisent le baastel.
15
charlatans semblent être tous réunis autour de l'appelation d'ancêtre du cirque
moderne.
Comme le laisse entendre Hugues Hotier dans son ouvrage intitulé "Cirque
communication culture"10 il nous semblait ici important de prendre en compte la
communauté nomade dans sa globalité et de ne pas tomber dans le travers de
l'exclusion des tsiganes dans le rôle qu'ils ont joué dans l'évolution et l'apparition du
cirque dans sa forme moderne. Nous savons que Bouglione est sinti de souche et
qu'il appartient à une de ces grandes familles qui ont fait et font encore tant de
choses pour le cirque. Le cirque s'est formé de manière multiple et variée. Il semble
que son évolution participe principalement à l'intégration de cultures différentes. Il
apparaît possible de le qualifier d'art porreux, d'un coté il absorbe les savoirs et d'un
autre il les rend accessibles. En effet, la diversité des voyages à travers l'Europe et le
monde, a nourri la créativité des artistes et des directeurs de chapiteaux. Il est
difficile de pouvoir affirmer dans quel sens cette filiation s'est effectuée. Cependant, il
nous est permis de penser que le cirque à un certain moment est façonné par la
culture dans laquelle il est immergé et à d'autre moment, il intègre et digère une
culture qu'il cotoie. Cette évolution s'est faite sans préjugé. L'intégration d'autres
cultures lui a permis de lutter contre les éventuels problèmes liés à la consanguinité
qui auraient pu mettre en péril son devenir. Le cirque puise sa force dans le
métissage et les idées nouvelles. Aujourd'hui, le cirque apparaît comme un art
métissé, un art mutant au développement rapide qui intégre et digére les formes
artistiques contemporaines. Il est influencé par celles-ci et les questionne à son tour.
Il nous semble ici intéressant de nous attarder d'avantage sur les palquistes et
les banquistes. En effet, les artistes de cirque se retrouvent volontiers dans cette
filiation. Les palquistes sont les plus anciens. Ils jouaient en plein air sur des tapis
posés à même le sol sur une place publique ou sur le trottoir. Ils attiraient le public
par des effets d'annonce spectaculaires en crachant du feu par exemple. "En fait, il y
a deux notions qui définissent le travail en palc,(un palc est un espace délimité au sol
10
Cf bibliographie p.73.
16
par un tapis par exemple ou une natte avec très peu d'accessoires et de décors) le
plein air et plus secondairement mais souvent présente, la distribution du public en
rond, autour de l'artiste11". Les banquistes sont des saltimbanques12. Et c'est de là
que provient leur nom. Sont banquistes les jongleurs, les mimes, les danseurs de
corde, les illusionnistes, les montreurs d'animaux et de marionnettes (corporation
florissante du XVIème au XVIIIème siècle). Ils vont de châteaux en forteresses, de
foires en foires, pour gagner leur pitance. À la morte-saison, certaines troupes
prennent l'habitude de retourner dans la région de Bergame en Italie devenue à
l'époque classique le principal foyer européen de formation des danseurs de corde.
Nous les retrouvons aussi en extérieur sur leurs tréteaux dans des représentations
de commedia dell' arte. Il est difficile de dater de façon précise le moment de leur
apparition, mais la forme de représentation sur tréteaux est arrivée après une forme
plus rudimentaire de représentation qui est celle des palquiste jouant à même le sol.
Il ne nous semble pas ici fondamental de définir une chronologie précise dans
l'évolution du cirque entre palquistes et banquistes, cependant, il est intéressant de
constater que les palquistes et les banquistes étaient des artistes avant-gardistes
puisque les formes de leurs représentations perdurent encore de nos jours. Il est
difficile de dater de façon précise leur avènement. Cependant, il semble que cela se
situe entre le XVème et le XVIème siècle. Ils se retrouvent par la suite sur des tréteaux
à l'entrée des chapiteaux. Leurs représentations sont courtes et spectaculaires afin
de donner envie au public d'entrer dans le cirque. Les directeurs de cirques avaient
bien compris le rôle attrayant que pouvaient avoir les saltimbanques sur le public,
une sorte de publicité vivante, des animateurs avant l'heure.
11
Hugues Hotier in, Cirque communication culture p.30.
12
De l'italien "saltimbanco", qui saute sur le tremplin (petit Larousse édition 1991).
17
Nous allons donc dés à présent regarder au plus près l'évolution du cirque et
plus particulièrement comment le cirque d'hier nous amène au cirque que nous
connaissons aujourd'hui. Tout d'abord, "si le cirque est un spectacle, on oublie trop
souvent qu'il est aussi un lieu13". Dans l'évolution des arts de la piste, il nous semble
important de prendre en compte d'une part les formes de la création artistique mais
aussi d'autre part, les formes architecturales des lieux de représentation. C'est ce
que nous allons développer à la suite.
13
Arts de la piste, numéro spécial "cirque(e) aujourd'hui, année des arts du cirque 2001 2002 " p.62.
14
Hugues Hotier in, Cirque communication culture p.23.
18
Les premières constructions en matériaux durs furent celles d'Astley. En effet,
en 1770 à Londre, il a d'abord construit une piste circulaire entourée de bois et à ciel
ouvert. Astley, était un cavalier anglais émérite, sergent-major des 15ème dragons
légers qui après l'épopée napoléonienne tente une reconversion en mettant ses
connaissances des équidés au service de la création artistique. Son cirque n'avait
alors rien à voir avec celui des saltimbanques et des autres troubadours que nous
avons décrits plus haut. Pourtant, Astley lui aussi influencera le cirque car son
approche architecturale et esthétique perdure encore aujourd'hui. Il semble qu'Astley
fût le précurseur dans la construction d'un lieu de cirque. Regardons de plus près
comment Astley a imposé à tous ses contemporains le cirque comme un lieu dans
lequel le spectacle compose avec sa forme et plus précisément avec celle du cercle
ou de la piste.
À l'origine, en 1755, Defraine, acteur de cirque français, donnait des
représentations de "vénerie15". Ces spectacles se passent dans un espace en forme
d'amphithéâtre à ciel ouvert. Asley s'est alors largement inspiré du cirque de
Defraine. Il a cependant modifié cette approche en apportant quelques innovations
majeures. C'est pourquoi, le nom d'Astley est inscrit dans l'histoire comme la
personne ayant influencé de façon radicale les constructions de cirque et la façon
d'appréhender les représentations. En 1770, il conçut à Londres un amphithéâtre
également à ciel ouvert, composé d'une piste circulaire. Son innovation majeure est
qu'il fût le premier à adjoindre aux représentations des numéros différents que les
spectateurs n'avaient jamais eu l'occasion de voir. Les représentations dans le cirque
d'Asley se composent de voltigeurs équestres et de danseurs de cordes, de
sauteurs. Très rapidement nous retrouvons dans le cirque d'Asley des clowns et des
acrobates. En 1779, son cirque se dote d'une toiture et d'un nom, le "Astley's Royal
Amphithéâtre". Le cirque prend alors une toute autre forme. Les compétences sont
mutualisées dans un lieu fixe dans lequel les spectateurs et les acteurs sont
enfermés dans un face à face pour toute la durée de la représentation comme dans
un théâtre. Les répercutions sont nombreuses. Dans un premier temps, on constate
que le public change. Par ce fait, nous avons à faire à des publics très divers. Le
cirque d'Astley concurrence les théâtres d'alors. La noblesse et la bourgeoisie sont
15
Art de chasser avec des chiens courants des animaux sauvages, tel le cerf, le chevreuil…
19
conquises et viennent au cirque pour se divertir. Le cirque pénètre dans la cité et se
fige dans sa forme architecturale. Les spectateurs doivent se déplacer et aller dans
un lieu unique de représentation ou la place est payante. Où sont passés nos
nomades qui sillonnaient nos villes et nos campagnes apportant leurs nouvelles
trouvailles et autres animaux exotiques? Nous verrons dans le chapitre suivant
comment la forme du cercle persiste, mais devient mobile pour pouvoir à nouveaux
se déplacer à travers le monde.
En France, les grandes villes disposent de cirque stable. Ils étaient assez
nombreux. Ils furent construits pour la plupart entre 1850 et 1900. Aujourdhui, il ne
reste que ceux de Reims, Paris, Châlons-sur-Marne, Amiens. Cependant, il existe
une autre forme de cirque que l'on trouvait aussi dans les villes ou les campagnes.
Ces cirques sont des baraques de bois avec une piste ou une scène. Ils sont montés
20
sur le champ de foire. Les représentations ne durent que le temps des festivités
qu'occasionne la foire. Le terme de banquiste leur convient parfaitement car les
acteurs de ces cirques appelés forains présentent tout comme les banquistes d'avant
de courts spectacles pour les badauds et les promeneurs de la foire. Ces forains
deviendront plus tard des directeurs de cirque sous chapiteaux en créant leurs
propres compagnies. Devenants des institutions à part entière, les cirques ont alors
au fil du temps du modifier la forme et le contenu des spectacles. La pensée
philosophique sous jacente au propos artistique viendra nourrir les acteurs
circassiens. Pour certains, ils choisiront la provocation, l'absurde ou encore le
merveilleux et la parodie. Cependant, bien avant que cette révolution intellectuelle ne
s'opère, les représentations circassiennes sont principalement constituées de
numéros qui s'enchaînaient selon une logique plus empirique qu'esthétique. Nous
allons dès lors détailler ce qui constitue alors une représentation type du cirque
classique.
6. Le contenu du cirque
16
Thétard Henry in, Coulisses et secret du cirque Plon Paris 1931.
21
d'animaux divers. On trouve aussi des lutteurs et des attractions comme "le mur de la
mort" (Il s'agit d'une sorte de cylindre aux parois verticales sur lesquelles roulent des
motocyclistes). Nous trouvons aussi des jongleurs de force. Ces forains qui sont
devenus eux-mêmes des directeurs de cirque ont emmené dans le spectacle ce
qu'ils connaissaient le mieux, c'est-à-dire, les artistes de foires, le cirque offrant à ces
artistes des conditions de travail moins rudes que l'abattage (plusieurs
représentations par jour) de la maison foraine, beaucoup de ces artistes se virent
offrir des engagements par des cirques établis et prestigieux ou par ceux que
créèrent des transfuges de la foire. On entendra ici par transfuge des anciens
artistes de foires, ou de fêtes foraines qui préférèrent se rallier à des structures fixes
ou monter leurs propres structures. La principale conséquence de tout cela est que
les dompteurs, les motocyclistes dans leur sphère, les acrobates, les jongleurs de
force devinrent les artistes attitrés des spectacles circassiens. Les nains et les
géants, les monstres aux physiques ingrats se joignirent aux circassiens sortant ainsi
de l'ombre des "entresorts". Barmun Phyneas Taylor incomparable "bateleur17" du
XVIIe siècle, su tirer profit de ces étranges sujets. Né en 1810 dans le Connecticut, il
fût un imprésario et un entrepreneur de spectacles américain. Il dirigea à partir de
1871 un grand cirque itinérant. Il avait en qualité de directeur de cirque un sens aigu
des affaires, de l'innovation et de la démesure. Là ou d'autres cirques n'avaient fait
de la foire qu'un phénomène, il réussit à créer un monde particulier à partir de cet
aspect. François filiatrault, romancier, professeur de psychologie au collége de Saint-
Laurent au Québec et membre des Sceptiques du québec, attribue à Barmun
Phyneas Taylor patron du célèbre cirque américain deux phrases qui expliquaient à
ses yeux le succès de son entreprise. La première, qui affirme qu’ "à chaque minute
naît un gogo18", évoque bien sûr l’indéracinable crédulité de tout un chacun et la
seconde qui dit que pour être populaire "il faut réserver à chacun un petit quelque
chose19". Barnum nous offre un bel exemple de filiation entre le cirque et la foire et
nous montre à quel point il lui semblait important de se préoccuper du public, comme
le principal acteur de ses spectacles de cirque.
17
(ancien français, baastel, tour d'escamoteur). Personne qui fait des tours d'acrobatie, de force,
d'adresse sur les places publiques. (Petit Larousse en Couleur éd. 1991)
18
François Filiatrault, L'effet Barnum une simple curiosité ?, in Science et pseudo sciences N° 256, mars
2003.
19
François Filiatrault, L'effet Barnum une simple curiosité ?, in Science et pseudo sciences N° 256, mars
2003.
22
Il apparaît important de faire un inventaire de l'environnement qui préfigura le
cirque sans pour autant élaborer une chronologie précise. Cela nous a permis de
montrer comment le cirque a été un moyen extraordinaire d'intégrer et de socialiser
des pratiques ou des formes d'expression marginales en lui donnant en partie, ses
lettres de noblesses. Cela étant dit, nous allons maintenant aborder les moments
importants qui nous conduisent à partir du cirque d'Astley jusqu'à nos jours.
23
Zingaro et ses spectacles équestres. La bourgeoisie s'approprie cette forme de
représentation artistique. En 1850, pourtant, un directeur de cirque connu sous le
nom de Dejean fût le premier à faire des propositions tarifaires en directions des
classes défavorisées. Ces places à tarif réduit sont alors appelées "les populaires".
Cependant, il faut bien souligner que les populaires étaient aussi les places les
moins confortables (visuellement parlant) du chapiteau.
En 1793, pour raison de guerre, Asltey est contraint de quitter la France. Celui
que nous considérons comme le père du cirque français, Antonio Franconi récupère
l'amphithéâtre Astley et le rebaptise amphithéâtre Franconi. Franconi après avoir été
un saltimbanque dresseur de canaris se retrouve directeur de cirque à Paris. Nous
pouvons dire qu'Antonio franconi fut un des pères fondateurs du cirque français en
s'inspirant de sources nouvelles qui ne portaient pas atteinte à la forme de ce
spectacle mais lui apportaient une richesse et une originalité supplémentaires.
La ménagerie foraine connut un grand succès au XIXème et au XXème siècles.
C'est probablement Henri Martin qui fut le premier dompteur. Après une carrière de
forain, il est en 1831 engagé par les frères Franconni. Les représentations de
domptage se font dans des voitures cages, mais en 1888 les allemands Wilhelm et
Karl Hagenbeck inventent la cage centrale qui permet ainsi les représentations
directement sur la piste.
Le cirque, dans son acception moderne est ainsi devenu une piste circulaire
sur laquelle sont présentés des acrobates, des clowns et accessoirement des
animaux dressés. Il est né à la fin du XVIIIème siècle. Il est issu à la fois de l’académie
équestre et des pratiques saltimbanques en vigueur sur les champs de foire. Le
cirque se codifie en quelques décennies et offre à un public plutôt bourgeois des
spectacles fondés sur la diversité. Ses codes de représentation reposent sur une
24
extrême hétérogénéité des formes en matière d’art vivant. À la fois inspiré par la
danse classique et le théâtre, le cirque se situe plutôt dans l’imitation que dans la
création. C’est ici qu’est la force du cirque. Elle repose sur cette faculté
extraordinaire d’assimilation d’éléments extérieurs, pour les transformer en puissants
symboles : le rideau rouge, le tutu de l’écuyère, le chapiteau, les étoiles peintes et le
clown sont des images récurrentes que l'on retrouve dans la peinture.
Au XIXème siècle et à la première moitié du XXème, le cirque joue avec des codes
de définition ancrés dans l’antiquité et jusqu'à nos jours. Ces codes, tels que la
curiosité, la violence, la surprise, l’exotisme, la couleur sont encore prépondérants.
C’est un siècle de fondations, au cours duquel apparaît le trapèze volant inventé par
le Français Léotard. Cette révolution technique permet aux artistes de s’élancer dans
les airs et de réaliser des figures acrobatiques à une grande hauteur. Durant le siècle
dernier, apparaissent également l’Auguste, l’écuyère en tutu, le dressage des
fauves. Cependant, l’arrivée du chapiteau vers 1825 aux Etats-Unis, va bouleverser
les règles d’un jeu de plus en plus rapide : la mobilité, la rapidité d’installation d’une
salle de spectacle complète, la liberté de monter la tente au hasard des étapes et la
possibilité de travailler n’importe quand, vont remettre en cause la nécessité des
cirques en dur. Le public va lui aussi changer et devenir plus populaire, moins
exigeant sur la qualité des exercices équestres mais surtout avide de nouveautés et
d’attractions sensationnelles. L’apparition de l’exotisme, notamment, va faire des
ravages et les animaux dressés vont devenir vers 1880 un élément essentiel de la
représentation.
25
Deuxième partie
1. Introduction
26
d'importance, mais au regard des puristes n'emportera pas une adhésion totale. En
1782, le Royal Circus and Equestrian Philarmonic Academy de Charles Hugues
ressemble de l'extérieur à n'importe quel théâtre. Sa conception intérieure est
cependant bien différente de celle d'un théâtre ou d'un cirque car "elle obéit aux
règles de la juxtaposition et révèle l'ambiguïté de la vision du spectateur20". En effet,
nous sommes en face d'une forme de spectacle de juxtaposition. Dans cette
enceinte particulière, le spectateur se retrouve face à une scène qui lui propose de
multiples choses en même temps. Il doit alors faire un grand effort d'interprétation. Le
genre sera relativement éphémère, mais nous laisse entrevoir les prémisses d'une
collaboration certaine entre l'architecture du cirque et celle du théâtre.
Les tentatives architecturales vont se multiplier et de nombreux architectes
vont s'approprier le concept d'une salle de représentation en matériaux durs. En
1843, l'architecte Jacques Ignace Hittorf va concevoir une salle dont la particularité
est d'avoir des gradins en entonnoir. Il s'agit du Cirque des Champs-Élysées.
Auparavant les salles de cirques s'identifiaient aux théâtres à l'italienne avec une
disposition structurée en plusieurs étages de loges. Dans une logique identique à
celle des salles de théâtre, la salle du cirque est éclairée. Le lustre est central et
unique ou bien est multiplié en périphérie de la scène. En 1876, Richard Wagner à
Bayreuth révolutionne l'esthétique de la représentation théâtrale. Il condamne le
public à l'obscurité, ce qui focalise son attention sur la scène. Le cirque va privilégier
le plein feu et restera le dernier lieu où le spectateur et le décor sont visibles durant
la totalité de la représentation. Un des paradoxes de l'histoire du cirque réside dans
une errance notoire et une sédentarisation rendue obligatoire par l'édification de salle
de spectacle en dur. Paradoxe que nous retrouvons encore aujourd'hui. La difficulté
pour les compagnies actuelles est de trouver des espaces pouvant accueillir leurs
chapiteaux. Quand ces espaces existent, ils sont souvent situés à la périphérie des
cités.
Après avoir situé l'influence architecturale et l'intérêt qu'elle a suscité. Nous
allons regarder de plus près l'évolution de l'esthétique du cirque en France.
20
Théâre aujourd'hui N°7 2001 "Le cirque contemporain la piste et la scéne", p.20
27
Pour mieux comprendre les changements notoires qui se sont opérés au sein
du mouvement circassien, nous allons maintenant focaliser notre étude sur
l'évolution du cirque en France à partir des années 70 du siècle passé. En effet, le
cirque connaît en France depuis ces années-là un profond renouvellement. Alors que
le cirque traditionnel décline artistiquement et économiquement, nous avons vu
éclore en France depuis plus d'une vingtaine d'années un large mouvement de
renouveau. "Il s'exprime au travers de quatre grandes ruptures : la disparition des
numéros de dressage d'animaux sauvages, la remise en cause de la piste et du
chapiteau, la mise en œuvre d'une nouvelle dramaturgie et la multiplication des
esthétiques porteuses de nouvelles représentations de l'homme et du monde
social21". Ces changements ont permis au cirque de s'affirmer en tant que cirque
d'auteurs et de rencontrer des publics différents. Il a su intéresser les politiques de la
culture qui lui ont permis ainsi de renouveler et de continuer sa création. Longtemps
confiné dans le cercle de la piste, le cirque s'ouvre tous azimuts. Son expansion est
géographique, mais dépend aussi de la création de nouveaux réseaux qui favorisent
le dialogue, les échanges et les métissages entre les différentes cultures
circassiennes. Le cirque dans son expansion artistique contamine la danse, le
théâtre …, autant qu'il leur emprunte. Dans l'univer des arts visuels ou encore dans
celui des arts plastiques, le cirque est présent à part entière. Par ailleurs, les
frontières sont de plus en plus poreuses entre les arts du cirque et les arts de la rue.
C'est en réalité un juste retour des choses au regard de son histoire. Les artistes
circassiens actuels sont originaires de milieux sociaux et d'univers culturels variés.
Cette multiplicité des genres se traduit dans les esthétiques et les relations au
monde que leurs spectacles nous donnent à voir.
D'un autre coté, les artistes indépendants, rebelles aux formes
institutionnelles, en porte-à-faux face au théâtre et aux formes "aseptisées" du
spectacle vivant, en marge de leurs milieux sociaux d'origine, vont dans la seconde
moitié des années 1970 renouveler le théâtre forain. Nous trouvons ici des artistes
comme Igor, le fondateur de la Volière Dromesko, Bartabas, le fondateur du théâtre
équestre Zingaro, Pierrot Bidon, le fondateur du cirque Archaos, Bernard Kudlak, le
fondateur du cirque Plume et Christian Taguet, le fondateur du cirque Baroque. Ces
artistes d'un nouveau genre se produisent dans la rue, comme les saltimbanques et
21
Jean-Michel Guy in,Théâtre aujourd'hui N°7 Le cirque contemporain, la piste et la scène, p.26.
28
les palquistes d'autrefois. Ils apprennent leur art de façon autodidacte pour certains
et pour d'autres dans les écoles de cirque récemment créées. Ils présentent alors
des spectacles mêlant le cirque et le théâtre. Les grandes enseignes des cirques
traditionnels de leur côté continuent à se produirent face aux spectacles étonnant
que nous proposent ces jeunes circassiens. À force de travail et de communication,
ralliant un public toujours plus nombreux dans les années 1980, les nouvelles formes
de spectacle gagnent en visibilité. La critique et l'institution éprouvent alors le besoin
de les rassembler sous l'appellation générique de "nouveau cirque".
Une des rupture les plus fortes est certainement la disparition des numéros
mettant en scène des animaux sauvages. Cette absence prend tout son sens quand
en 1992 le cirque Plume crée "No animo mas anima". Il présente une parodie de
numéros de dressage dans laquelle le félin est un homme et le dompteur une vamp.
La rupture est fortement revendiquée et devient comme la force fondatrice d'un
nouveau genre le "nouveau cirque". Depuis cette date, un grand nombre de
compagnies vont à leur tour mettre en scène des parodies de dressage. Il s'agit
parfois d'un clin d'œil, parfois de plagiat de la création du cirque Plume.
29
Selon le cirque traditionnel, "Les spectateurs ne conçoivent pas un spectacle
de cirque sans félins ou sans éléphant22". Cela conforte bien l'idée d'une rupture
entre les deux premières formes d'esthétique du cirque. Elles partagent les mêmes
techniques, mais leurs finalités sont fondamentalement différentes. Cependant le
cirque Plume n'a fait qu'importer une tradition déjà bien ancrée dans les pays
scandinaves ou le dressage est interdit depuis les années soixante.
Ce changement identitaire s'accompagne d'un mouvement ministériel
important. Le cirque nouveau est né en 1979 quand s'effectue un transfert de tutelle.
En effet, la gestion des cirques bascule de la tutelle du ministère de l'agriculture à
celle du ministère de la culture, confortant ainsi le choix de ne plus avoir d'animaux et
lui reconnaissant son caractère culturel. Seuls les numéros équestres furent
épargnés par la critique et la contestation. Les compagnies issues du nouveau cirque
comme le cirque Zingaro et le cirque du docteur Paradis ont remis le cheval sur la
piste.
22
Jean-Michel Guy in,Théâtre aujourd'hui N°7 Le cirque contemporain, la piste et la scène, p.32.
30
bulle. Il est donc désormais possible de faire du cirque dans n'importe quel type
d'espace.
31
4.4. La quatrième rupture
23
Jean-Christophe Camps, musicien du groupe Kristoff K.Roll, in arts de la piste N°27, Janvier 2003, p.31.
32
5. Le cirque et la danse
Les créations du nouveau cirque sont protéiformes, elles mixent toutes les
disciplines, du jonglage, de l'acrobatie, des chants, de la musique en passant par la
vidéo et les arts plastiques. Elles innovent en permanence et défrichent de nouveau
territoires de création. Les metteurs en scène et les chorégraphes s'intéressent alors
de près aux arts de la piste et ont ainsi contribué de façon importante à cette
dynamique. C'est sûrement grâce à leur présence dans les établissements de
formation aux arts de la piste que les choses ont pu prendre forme. Prennons
l'exemple du chorégraphe, Joseph Nadjd. La danse a toujours été présente sous les
chapiteaux comme le rapelle Jean-Pierre Siméon : "dés leur plus jeune âge, les
artistes de cirque, en même temps que l'acrobatie apprennent la danse (…). La
danse en elle-même a sa place au cirque. On y a présenté de tous temps des ballets
dont l'aspect a évolué puisque sous l'influence du cirque américain, ils sont devenus
plutôt des démonstrations de girls, intermèdes entre les numéros24". Joseph Nagdj
ne s'inscrit pas dans cette catégorie, il est avant tout un chorégraphe contemporain
qui en 1995 devient le "metteur en piste25" de la 7e promotion des élèves du
C.N.A.C.26.
Nous noterons que pour cette occasion une nouvelle catégorie est lancée par
le quotidien Libération qui emploie pour la création des élèves du C.N.A.C. et pour la
première fois le terme de "cirque contemporain". Une classification supplémentaire
vient donc ici se rajouter au terme de "cirque traditionnel", "cirque actuel" et
"nouveau cirque". Je me permettrai ici d'en rajouter une autre qui est celle de "cirque
improvisé" dénomination utilisée par Francis Albiero27 pour son nouveau travail de
recherche et de création en compagnie de divers artistes circassiens. Nous voilà en
face d'une pléthore de qualificatifs qui nous montre la difficulté de voir dans un
spectacle une même et unique forme. Cela nous démontre par là même les
24
Jean-Pierre Siméon in, "Algues, sable, coquillages et crevettes", Cheyne éditeur, Le chambon-sur-
Lignon, 1997.
25
Le terme de "mis en piste" est utilisé par Rosita Boiseau in, Théâtre aujourd'hui N°7 Le cirque
contemporain, la piste et la scène, P.124 le terme de "metteur en piste" est aussi utilisé par Laurent
Gachet in, Arts de la piste numéro spécial "cirque(s) aujourd'hui, année des arts du cirque" p. 54
26
Centre National des Arts du Cirque, à Chalon-en-Champagne.
27
Artiste circassien issue du C.N.A.C. travaillant actuellement dans la région de Nancy sur un projet de
création de cirque improvisé réunissant des artsites de toutes horizons et nommé "Chantier de cirque".
33
croissements établis entre le cirque et les différentes formes du spectacle vivant et
des arts plastiques. Pour revenir à la danse nous notons qu'un grand nombre de
chorégraphes a travaillé pour le cirque. Balanchine régla des parades pour Barnum,
Régine Chopinot, Hervé Diasnaz, Francesca Lattuada et bien d'autres encore ont
participé à de nombreuses créations. Nous remarquons que les deux disciplines
(danse et cirque) interagissent l'une sur l'autre. Le travail emblématique de Philipe
Découflé est un exemple remarquable dans ce domaine en particulier lors de sa
création pour l'ouverture des jeux olympiques d'Albertville. En effet Philippe Découflé
à été formé par l'école d'Annie Fratellini aux techniques du cirque et a su se faire
reconnaître dans les milieux de la danse contemporaine.
6. Le cirque et le théâtre
28
Jean-Michel Guy in,Théâtre aujourd'hui N°7 Le cirque contemporain, la piste et la scène, p.47.
34
spectacles circassiens et dans la prise en compte de l'importance du corps et de son
positionnement dans le théâtre. En 1920, "Meyerhold, Annekov et bien d'autres
passent à l'action et cherchent à "cirquiser" le théâtre pour réinsuffler au plateau la
force de l'émotion pendant le spectacle29". Aujourd'hui, il apparaît que ces deux
formes interagissent. Elles commencent aussi à partager les mêmes plateaux de
"théâtre".
7. Le cirque et le cinéma
29
Béatrice Picon-Vallin, directrice de recherche au c.n.r.s., dirige le laboratoire des arts du spectacle, in Le
cirque au risque de l'art, p.169.
30
Thierry Lounas in, Théâtre aujourd'hui N°7 Le cirque contemporain, la piste et la scène, p.135.
35
clownesques, les machineries infernales et les effets spéciaux servent son univers.
Le cirque prime dans le muet et le burlesque américain. Le mouvement des chevaux
d'Etienne Jules Marey dans ses chronophotographies est identique au mouvement
du cheval sur la piste. Les premiers cinématographes sont d'abord apparus dans des
cirques sous des chapiteaux. Ils firent des projections une attraction divertissante au
sein des foires et fêtes populaires.
8. Le cirque et la télévision31
31
cf, annexes p.70.
36
Le cirque a largement marqué les arts plastiques. Son attrait réside dans les
costumes étincelants, les éclairages spectaculaires, les flonflons des orchestres et
les odeurs d'écurie et de sciure mélangées. Son attrait réside dans les voltiges à
couper le souffle des trapézistes, les facéties des clowns et des nains sans oublier
les numéros des dompteurs exigeant des nerfs d'acier. Le cirque nous provoque et
va chercher au plus profond de notre être les frissons de notre enfance. C'est une
pure fête pour les yeux, les oreilles et tous nos autres sens. Les éclairages
multicolores, les costumes à paillettes, les maquillages de théâtre, tout force le
regard et l'attention du public et le projette dans un univers imaginaire loin du
ronronnement et de la grisaille du quotidien. Il n'est pas étonnant alors, au regard de
toute cette iconographie que le cirque ait pu fasciner le dessinateur, le peintre, le
sculpteur, le graveur, ou encore le vidéaste et le photographe. Les artistes face à ce
déchaînement de forme et de couleurs ne peuvent s'empêcher d'en restituer ou d'en
interpréter les moindres aspects. Un ouvrage nous retrace une extraordinaire
exposition " La grande Parade, portraits de l'artiste en clown32". Cette exposition a eu
lieu à la Galerie nationale du Grand Palais du 11 Mars au 31 Mai 2004. Elle nous
donne à voir les œuvres de différents artistes ayant un rapport avec l'expression du
cirque, elle donna lieu à de multiples projections de film sur le cirque, des
conférences et un colloque sur "L'artiste en clown raison et signification".
Le cirque aujourd'hui, dans toutes les diverses formes n'a pas fini d'influencer
les nouvelles générations de plasticiens. Le cirque du Soleil a fait des arts plastiques
une deuxième raison d'être. Dans ses créations, les costumes sont pensés comme
des œuvres d'art à part entière. Il présente des numéros de tous les styles et de
toutes les couleurs. Les artistes sont des champions de l'extrême habillés en clown
d'avant-garde. Ils utilisent une langue parlée imaginaire, des acrobates discos. Le
cirque du soleil est comparé par certains à un "entrecroisement" digne de Disney
présentant un show total et féerique, rempli de chorégraphie, d'acrobatie et de
musique. Nous trouvons-nous en face du chapiteau du futur ou le spectacle est
calibré telle une machine de guerre pour avaler les masses de public crédule à la
recherche de l'exception? Le cirque du Soleil s'est produit en France cette année
32
cf Bibliographie p.73.
37
2004 dans trois villes, Lyon, Marseille et Lille, "les trois villes française ont été
soigneusement choisies par les services commercialisation, selon des critères
géographiques et démographiques, les habitudes culturelles et le revenu moyen par
habitant!33". il n'est pas le seul, les grands cirques de tradition où les artistes de
cabaret sont dans cette même dynamique de création plastique autour de leurs
numéros. Il nous semble évident ici que les artistes, en règle générale, prennent en
compte de façon plus ou moins importante la dimension plastique dans leurs
créations d'autant que nous nous trouvons dans une forme de création où
l'implication du corps revêt son importance et doit à ce titre répondre au critère
esthétique attendu ou se mettre en tensions face à ceux-ci.
D'un autre côté, le cirque a influencé plusieurs générations de peintres, de
photographes et de plasticiens comme nous pouvons le voir dans les œuvres de
Toulouse lautrec, Frantisek Kupka, T. Lux Feininger, Paul Mccarthy et bien d'autres
encore.34
Maintenant que nous savons à quel point les arts de la piste se sont inspirés
de toutes les autres disciplines artistiques, nous allons développer un paramètre tout
aussi important en matière d'évolution du cirque. Il s'agit en fait de la formation et de
la création d'écoles qui ont permis à des esprits novateurs d'environ extérieurs de
s'approprier la piste.
"Rarement, sans doute, l'évolution d'un art aura été autant liée aux conditions
da sa transmission. Voilà pourquoi le cirque est aujourd'hui, aussi ouvert aux
influences que rétif aux définitions, aussi poreux à tous les alphabets artistiques que
fragile dans ses repères35".
La formation aux arts de la piste est en plein essor, mais cela semble difficile
d'allier la formation et la création. Il fut un temps ou le cirque n'était accessible qu'à
ceux qui faisaient déjà partie de cette grande famille. Aujourd'hui les écoles et les
formateurs se posent la question de la transmission. Comment enseigner un art
33 er
Gilles Médioni In, L'expressmag, édition de lyon du 1 Mars 2004.
34
Cf. bibliographie, La grande parade, portrait de l'artiste en clown.
35
Anne quentin, in dédale, pédagogies des arts de la piste & de la scène N°1, mars 2004, p.6.
38
complexe en pleine mutation tout en conservant l'exigence et la rigueur qu'imposent
les disciplines circassiennes mais aussi les autres formes d'écriture artistique.
La formation est un enjeu pour l'avenir des arts du cirque et pour leurs
développements. Plusieurs acteurs sont concernés. Nous trouvons parmi eux l'état et
ses différentes instances ministérielles, les milieux de la formation, les artistes, les
compagnies, les structures d'accueil.
Le public peut aujourd'hui s'il le désire se hisser au rang d'artiste circassien et
égaler les plus grand qui les ont un jour fait rêver sous le chapiteau. Et c'est bien en
cela que cette nouvelle manière de transmettre, en dehors de toutes filiations,
quelles soit d'ordre familial, social ou culturel, trouve son importance et son lieu d'être
dans notre société occidentale. "Je n'étais pas un enfant de la balle, mais j'avais le
désir violent de faire du cirque. J'ai passé au C.N.A.C. quatre années
mouvementées. (…). Il faut dire que nos enseignants de l'époque étaient pour
beaucoup issus du cirque traditionnel. Nous ne voulions pas de cette influence, des
paillettes, de tous ces artifices. (…). Pourtant c'est cette confrontation qui nous à
permis de nous situer, c'est comme cela qu'on a pu évoluer36". Cette rencontre et
cette formation ont permis a Johann Le Guillén d'acquérir les fondements techniques
mais aussi une ouverture aux autres formes artistiques intégrées aux enseignements
de l'école. Cette création lui confère une reconnaissance d'avant-gardiste, il
reconnaît que, grâce à l'école, il n'a jamais eut de soucis. L'école qu'elle soit
reconnue par l'état ou encore un lieu de pratique amateur est le lieu de tous les
possibles et permet alors la confrontation de son savoir, la rencontre et l'échange
avec les autres artistes et les compagnies. Mais au-delà de l'enseignement, les lieux
de diffusion dans leurs rôles de commanditaire se doivent aussi d'être des lieux de
rencontre entre les artistes et leurs formes personnelles de création afin de favoriser
les échanges et de permettre aux publics de se retrouver en face d'œuvres majeures
de la création contemporaine.
36
Johann Le Guillerm, propos receuillis par Anne Quentin in, Arts de la piste numéro spécial "cirque(s)
aujourd'hui, année des arts du cirque" p. 26.
39
Nous faisons remonter l'origine du renouveau du cirque à partir de 1974. En
effet, c'est cette année-là qu'Alexis Grus et Sylvia Monfort inaugurent leur "école au
Carré" et qu'Annie Fratellini inaugure "l'école nationale du cirque d'Annie Fratellini".
Ce sont les premières écoles en Europe occidentale. En U.R.S.S., "l'école nationale
du cirque" à Moscou avait déjà une cinquantaine d'années. Ces écoles entre autres
vont permettre de renouveler l'esprit du cirque qui périclitait dans les années
soixante-dix. L'arrivée d'acteurs nouveaux dans l'enceinte du cirque va permettre de
compenser les problèmes de consanguinité qui menaçaient la survie des groupes
ethniques. La création d'écoles ouvertes à des élèves de toutes origines remet en
cause les fondements même de la transmission des savoirs. Les codes se
définissent différemment et s'ouvrent à nouveau vers l'extérieur. Cela ne se fait pas
sans générer d'autres difficultés. Comme l'écrit le funambule Philippe Petit : "les
derniers funambules (…) préfèrent disparaître avec leurs savoirs plutôt que de
laisser les nouveaux venus cueillir les fruits de leurs arbres généalogiques37".
37
Philippe Petit in, Traité du funambulisme, Actes Sud, 1997.
40
10.2. Les écoles du cirque
38
Alexandra Echkenasi et Michel Léon, sont tous deux journalistes, Antoine Billaud, juriste est chargé de
mission au sein d'HorslesMurs, association nationale pour le développement des arts de la rue et des rats
du cirque.
39
In Droit de cité pour le cirque,édition du moniteur, 2001, p.25
41
Nous nous apercevons alors que cette légitimation par les instances culturelles
compétentes est inséparable de l'évolution esthétique des arts de la piste.
40
Saison 2001/2002
41
Trois millions d'euros de mesures nouvelles et un million pour l'équipement.
42
territoriales n'auront été réunies autour d'un même genre dans un même temps42". Il
nous semble que le renouveau du cirque se soit exercé durant la saison 2001/2002,
"année des arts du cirque". En effet l'année des arts du cirque consacre le
mouvement né dans les années 70 et permet l'accomplissement d'une synthèse
exemplaire entre l'exigence artistique et le succès populaire."La diversité des formes,
la reconnaissance des créateurs tant en France qu'à l'étranger, l'explosion des
pratiques amateurs, la fréquentation des chapiteaux témoignent de ce renouveau43".
Dans la première partie, nous avons pu aborder la façon dont les arts du cirque
ont évolué. Nous sommes en face d'une évolution chaotique aux filiations diverses.
Ces évolutions participent aux différentes cultures que des peuples nomades ont
traversées ou encore à la rencontre et à l'échange qui ont influencé les artistes dans
leurs déplacements.
La toile de fond de tout cela est aussi liée à la réalité économique de subvenir
à ces besoins. Émerge alors aussi, la nécessité d'être en perpétuel mouvement pour
toujours innover dans la création et susciter la curiosité du spectateur. En effet, les
différents artistes, palquistes, banquistes, saltimbanques et autres montreurs d'ours
ont le désir prégnant de capter leurs publics. Un public qu'ils retrouvent aux fils des
ans et de leurs passages sur les places des villages, les terrains de foires… Ils
donnent leurs représentations dans la rue au plus près de la plèbe et des gens du
peuple. Les spectacles s'adressent aux crédules, aux badauds et aux curieux de tout
genre. Nous sommes en face d'un spectacle populaire. Astley construit son cirque et
sa piste couverte ses chevaux et ses idées de génie attirent les foules au sein de ce
que l'on pourrait appeler "le nouveau théâtre ". Il est novateur et le public averti des
villes s'empare rapidement de cette nouvelle forme. La nécessité économique donne
à certains des élans de créativité, le désir de structurer ces spectacles et de les
donner en un lieu unique. L'exemple de Astley leur permet de créer dans les mêmes
échelles architecturales des spectacles sous chapiteaux. Le cirque ne fait que des
42
Anne Quentin in, Arts de la piste N°27, Janvier 2003, p. 44.
43
Bernard Latarjet in, "Pour un débat national sur l'avenir du spectacle vivant", compte rendu de mission,
Avril 2004 p. 115.
43
aller-retour entre la volonté de conquérir les publics nobles, acquérir sa
reconnaissance artistique et le désir de rester accessible au plus grand nombre dans
ces chapiteaux mobiles. Si les spectacles à caractère populaire sont restés pérennes
c'est aussi que la demande était forte et que le théâtre dans les grandes villes prenait
le pas sur les autres formes de spectacle vivant.
44
Jean-Michel Guy in,Théâtre aujourd'hui N°7 Le cirque contemporain, la piste et la scène, p.51.
44
Nous allons dès maintenant aborder la troisième et la dernière partie de ce
travail. Il s'agira de regarder comment s'est formé le public du cirque et comment il
fonctionne face aux formes nouvelles de spectacle qui lui sont proposées.
45
Troisième partie
1. Introduction
46
théâtrale était de contribuer à l'éducation et à l'élévation du spectateur, il devait sortir
meilleur45". Dans l'ancienne Rome, le théâtre est réservé à une élite intellectuelle et
politique. Le spectateur recherche le divertissement immédiat dans des pièces dans
lesquelles le contenu est axé sur la satire populaire et la dimension superficielle de la
vie. Le public de ce type de représentations est considéré par les politiques comme
une masse inculte. "La masse a besoin de pain et de divertissement46".
45
Antigone Mouchtouris in, Sociologie du public dans le champ culturel et artistique, p.11.
46
Attribué à Néron.
47
In, Arts de la piste, n°10, 1998, Jean-Michel Guy, "la fréquentation du cirque est en forte augmentation".
48
in, Arts de la piste numéro spécial "cirque(s) aujourd'hui, année des arts du cirque" p.67.
49
Graphiques en annexe p.67.
47
minoritaires, ils se partagent entre le cirque de tradition et les formes plus
contemporaines de création circassienne. Il apparait que les enfants restent les
premiers spectateurs du cirque traditionnel. Ils sont aussi ceux qui motivent le plus la
demande de spectacle auprès des adultes. Le public du cirque traditionnel est très
attaché à la forme esthétique de celui-ci contrairement au public du cirque
contemporain qui recherche l'innovation, l'audace créatrice et une nouvelle
esthétique. En ce qui concerne le cirque contemporain, Clothide Granguillot50, auteur
et photographe, nous dit que ceux-ci semblent avoir favorisé l'apparition d'un
nouveau public. Elle souligne qu'il est issu bien souvent d'un milieu aisé. Il s'agit
aalors de ce public qui boudait autrefois les chapiteaux aux profits d'autres
spectacles dont la connotation est considérée comme moins populaire. Elle affirme
que ces nouveaux spectateurs sont principalement des adultes constitués
majoritairement de femmes. Florence Lévy51, sociologue, responsable des études à
l'établissement public du parc et de la grande halle de la villette, nous confirme cette
tendance. Elle parle d'un public féminin, jeune, urbain actif et diplômé. Elle s'appuie
sur une enquête menée à l'espace chapiteau à la Villette, le lieu de la programmation
de spectacle de cirque. Nous nous appuierons sur cette enquête dans la suite de ce
document pour tenter de mettre en avant le profil des publics de cirque. Nous
soulignons ici, que toutes ces études semblent corroborer l'enquête menée par le
Département des Etudes et de la Prospective (D.E.P.) du ministère de la culture et
de la communication effectuée en 1997. Cette enquête témoigne d'une augmentation
importante de la fréquentation du cirque (de 9% à 13% soit 2 millions de spectateurs
adultes supplémentaires). Cette évolution de la fréquentation est cependant plus
sensible à Paris que dans les autres agglomérations, et s'accompagne aussi d'une
modification qualitative du profil des spectateurs. Les spectateurs de cirque
contemporain viennent avant tout à la rencontre "d'une esthétique, d'une créativité,
d'une mise en scène" et viennent aussi pour "découvrir de nouvelles formes
artistiques". Les spectateurs du cirque traditionnel motivent leur venue par leurs
désirs d'apprécier les performances des artistes et de partager ce plaisir avec leurs
enfants. Nous sommes ici en face de deux démarches fondamentalement distinctes.
La première s'apparente à celle des amateurs de formes artistiques qui effectuent
cette sortie pour eux-mêmes dans un but de découverte. L'autre implique fortement
50
In, Arts de la piste numéro spécial "cirque(s) aujourd'hui, année des arts du cirque" p. 67.
51
In, "Avant-garde, cirque!, les arts de la piste en révolution" p. 183.
48
la présence d'enfants et le partage familial de la sortie pensée comme exceptionnelle
et divertissante. Pour cette dernière, le spectacle doit comporter les éléments
fondamentaux constitutifs d'un spectacle de cirque traditionnel. Ces éléments sont :
le trapéze, les clowns, les jongleurs, monsieur Loyal, les animaux… Le cirque
contemporain draine aussi son lot d'enfants, cependant, ils ne sont pas les premiers
demandeurs. "Ils ne sont en aucun cas les destinataires privilégiés du spectacle,
mais peuvent néanmoins s'y trouver à leur place"52. Les publics de spectacles de
nouveau cirque nourrissent une curiosité pour les nouvelles formes de création qui
croisent les différentes disciplines. Il semble que ces mêmes spectateurs affirment
un goût prononcé pour le cirque non traditionnel. Nous noterons la particularité des
publics comme ceux du cirque Plume par exemple. Il s'agit de publics qui sont
sensibles à la notoriété du cirque. Ces publics semblent êtres moins avertis et
répondent plus volontiers à un appel fortement médiatique. Le "cirque du docteur
Paradis" entretient des proximités esthétiques avec le cirque traditionnel et
rassemble un public hétéroclite entre amateur de cirque traditionnel et spectateur
averti.
La pratique culturelle des spectateurs de nouveau cirque témoigne de leur
intérêt pour les autres formes de spectacle vivant et plus particulièrement pour le
théâtre. Le contenu des spectacles, leur style et l'esprit des compagnies
caractérisent de façon évidente la création du cirque contemporain. Le public ne s'y
trompe pas et nous percevons au regard des différents ouvrages spécialisés une
réelle curiosité et un engouement pour ce type de programmation. Nous pouvons
qualifier ce public de pionnier. Cela concerne un public aux caractéristiques sociales
et culturelles favorisées. Leurs pratiques semblent êtres orientées vers la découverte
d'expressions nouvelles. Cependant, nous pensons que l'avenir pourrait faire place
à un public plus diversifié. C'est ce que nous observons déjà dans des spectacles de
compagnies plus connues et médiatisées avec le cirque Plume, ou le théâtre
équestre de Zingaro.
Les comportements vis-à-vis du cirque ont aujourd'hui évolué et en partie en
raison de l'année du cirque en 2001. Cependant, il ne nous semble pas qu'un réel
changement se soit produit quant à la façon dont le public appréhende ces deux
formes de créations. Autrement dit, le cirque traditionnel continu d'attirer son propre
52
In, "Avant-garde, cirque!, les arts de la piste en révolution" p. 187.
49
public constitué principalement de familles alors que le cirque contemporain draine
des publics plus avertis qui fréquentent les autres formes de spectacles vivants.
53
Florence Levy in, Le(s) public(s) de la culture, 2003, CD Rom, p. 189.
50
de façon radicale du profil plus hétérogène du public du cirque traditionnel. Il s'agit
donc d'un public déjà familiarisé à une pratique culturelle comme le théâtre, la danse,
les expositions, les concerts, etc. C'est un public curieux, désireux de découvrir les
nouvelles formes de création qui croisent différentes disciplines. C'est en cela que
réside leur intérêt pour les spectacles de cirque contemporain. Il aime le nouveau
cirque et rejette de manière explicite le cirque traditionnel. Il semble que se soit
autour de la relation avec le cirque traditionnel que leur discours se partagent sur le
statut de cette discipline. Nous avons d'un côtè ceux qui déclarent avoir toujours
aimé le cirque et qui mettent l'accent sur les points communs et la continuité entre
ces formes et d'un autre côté, nous avons ceux qui rejettent le cirque tradtionnel en
s'appuyant sur ce qui fait du cirque contemporain une création artistique plutôt qu'un
loisir destiné à la famille. Le public du cirque contemporain semble donc être un
public habitué et assidu des institutions culturelles et des innovations des arts de la
scène.
"L'émergence du cirque contemporain correspond à un phénomène de
renouvellement créatif d'une forme populaire opéré par des artistes et des
professionnels de la culture. Il remet en cause, de l'intérieur, les frontières de la
culture légitime. Les publics principalement concernés, sont donc ceux qui multiplient
les sorties culturelles et qui s'intéressent aux recherches créatives pluridisciplinaires.
La venue d'un nouveau public, dont la présence varie selon les spectacles, est
essentiellement conditionnée par l'accessibilité de ces formes54".
Il nous semble que c'est dans la formation des individus et par conséquent
des publics de demain que ces pratiques se modifieront peut-être. Un type donné
d'activités culturelles peut devenir un pôle d'attraction pour un certain public. Il nous
semble que le groupe de public alors concerné s'individualise dans sa pratique, face
à celle des autres. Nous pensons que l'adhésion à ce groupe social devient alors une
métaphore d'un phénomène social, en effet, adhérer au groupe social des individus
qui vont voir du cirque permet à l'individu de se sentir rebelle face à la société de la
culture de masse.
54
Florence Levy in, Le(s) public(s) de la culture, 2003, CD Rom, p.193.
51
4. Le public comme entité agissante
55
Antigone Mouchtouris in, Sociologie du public dans le champ culturel et artistique, p.16.
52
Sous la Rome antique, la volonté politique était d'encourager les grandes
manifestations populaires à travers desquelles le peuple pouvait se divertir sans
avoir à exprimer son opinion sur la qualité de l'œuvre. L'esprit romain est encore
perpétué de nos jours. Il nous semble en effet que la proposition de divertissement
domine dans les spectacles que l'on pourrait qualifier de populaires. En revanche, les
spectacles aux contenus plus complexes où les tensions sociales ou politiques sont
mises en scènes semblent réservés à une élite. Le cirque dans cette nouvelle forme
d'écriture semble être à même de créer une brèche entre ses deux mondes.
"La relation de l'individu, ou des individus avec la culture ou le champ
artistiques dépend de leurs tendances, de leurs aspirations sociales et des
interactions et interférences entre le pouvoir d'action dont ils disposent, ce que
propose le marché du champ culturel et les valeurs admises dans une période
donnée. Le public n'est pas un groupe construit une fois pour toutes mais un
organisme vivant qui se fait et se défait, se constituant de groupes sociaux différents
selon les périodes56".
56
Antigone Mouchtouris in, Sociologie du public dans le champ culturel et artistique, p. 117.
53
Conclusion générale
54
cirque. Cela va transformer le "cirque" en profondeur. Nous écrivons, ici, cirque entre
guillemet pour souligner que ce terme générique constitue deux courants
radicalement différents. Le cirque traditionnel qui continue de faire ce qu'il a toujours
su faire, c'est-à-dire, divertir les publics et le cirque contemporain qui nous propose
une vision sublimée du monde. Nous sommes alors en face d'une forme d'écriture
artistique. En effet, il nous semble que cette forme soit plus proche de la danse et du
théâtre que le cirque traditionnel, à la fois d'un point de vue esthétique mais aussi du
point de vue économique.
Nous pouvons donc penser que le cirque contemporain draine un public averti
qui a déjà une pratique culturelle diversifiée. Par conséquent, il est envisageable que
cette curiosité déclenche chez lui le désir de voir d'autres spectacles qu'il n'a pas
l'habitude de voir. Nous pensons aussi que le cirque est une porte d'entrée plus
accessible pour la formation des publics. Cependant, il serait utopiste de penser que
la simple fréquentation d'un spectacle de cirque suffit a amener les publics vers les
autres formes de création sans la mise en place d'un travail de médiation par les
professionnels de la diffusion. Par conséquent, nous pouvons dire que notre
hypothèse de départ n'a qu'une validité toute relative. La fréquentation du nouveau
cirque concerne des individus qui ont déjà des pratiques culturelles bien ancrées. Ce
55
sont ces habitudes culturelles qui les ont emmenés au cirque et non pas l'inverse.
Cependant, l'offre croissante de spectacles de cirque contemporain permet de
drainer des publics que nous nommerons des "badauds culturels". Cette catégorie de
public se trouve parfois au contact de formes artistiques contemporaines sans le
savoir pour autant, comme lorsqu'elle se retrouve "témoins" d'un spectacle de rue
par exemple. Ces spectateurs doutent de leurs capacités à recevoir un message
artistique actuel, pourtant ils apparaissent comme des spectateurs en devenir.
56
trouve des artistes et des professionnels suffisament engagés pour défendre ces
nouvelles formes et les légitimer. Le cirque contemporain peut être comparé à cette
forme novatrice que nous avons envisagée plus haut. Cependant, les instances de la
culture patrimonialise le cirque et l'enferme dans une appelation dont il aura du mal
a se défaire. Seul Bartabas du cirque Zingaro a réintérogé cette appelation en se
proclament "théâtre équestre". C'est dans la recherche de nouvelles appelations que
le public pourra éventuellement se diversifier.
57
Chronologie
58
1993 Première représentation de La Voliére Dromesko au festival d'Avignon.
Création de l'association HorsLesMurs.
1995 HorsLesMurs sort la premiére revue les "arts de la piste".
2001 Ouverture de l'année des arts du cirque.
2004 Exposition au grand Palais "La grande parade, portrait de l'artiste en clown".
2004 Le cirque du soleil se produit dans trois ville en France : Lyon, Marseille et Lille.
59
Lexique57
Bonisseur Celui qui fait le boniment. Les gens du cirque utilisent rarement le
terme de bonimenteur qui est péjoratif.
Cage centrale Cage que l'on installe dur la piste et qui permettra la présentation
des numéros d'animaux dangereux.
Clown Personnage comique qui apparut dés les début du cirque. Personnage
qui assurait des intermèdes entre les numéros.
57
Hugues Hotier in, cirque communication culture.
60
Entresort Baraque foraine dans laquelle on expose des phénomènes ou
des animaux rares. Ainsi appelée parce que l'on entre part un côté et l'on sort par
l'autre après être passé devant l'exhibition.
Palc Cirque en plein air, sans chapiteau, tapis posé au sol délimitant ainsi
l'espace de jeu.
Cirque traditionnel Grand chapiteau ou cirque stable de tradition familiale avec des
moyens importants.
61
Structure d'âge du public du cirque
sur 100 spectateurs des 12 derniers mois…ont...
9%
5% 6%
58
10% 14%
9%
0 à 5 ans
8% 6 à 10 ans
11 à 14 ans
15 à 24 ans
25 à 34 ans
17% 4% 35 à 49 ans
50 à 64 ans
14% 65 ans et plus
24%
59
58
Source : D.E.P. études réalisée en 1992, publiée dans developpement culturel N°100, septembre 1993
59
Source : D.E.P. études réalisée en 1992, publiée dans developpement culturel N°100, septembre 1993
62
Les parts de marché du cirque
sur 100 sorties au cirque au cours des 12 derniers mois, ont bénéficié aux...
Cirques "modernes"
14%
Cirques
"traditionnels"
60%
Cirques de village
26%
Cirques "traditionnels"
Cirques de village
Cirques "modernes"
60
83 84
14 13
1 1
60
Source : D.E.P. études réalisée en 1992, publiée dans developpement culturel N°100, septembre 1993
61
Source : D.E.P. études réalisée en 1992, publiée dans developpement culturel N°100, septembre 1993
63
Les attraits du cirque
sur 100 personnes de chaque groupe, se déclarent tout à fait d'accord avec les opinions suivantes :
50
c'est la féerie et le merveilleux
52
50
il faut emmener les enfants au cirque
48
31
le cirque à une valeur éducative
46
33
ça remue, ça choque, ça sort des habitudes
41
23
le cirque procure les émotions les plus fortes
35
16
le cirque est un mode de vie dont on rêve
16
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
62
L'évolution du cirque
sur 100 personnes de chaque groupe, répondent "absolument" à la question suivante : que désireriez vous trouvez dans le cirque moderne.
sans chapiteau 25
8
musique rock 23
14
62
Source : D.E.P. études réalisée en 1992, publiée dans developpement culturel N°100, septembre 1993
63
Source : D.E.P. études réalisée en 1992, publiée dans developpement culturel N°100, septembre 1993
64
programmation télévisuelle entre le 15 décembre 2003 et le 4 janvier 2004 ayant
trait au cirque
65
Spectacle au profit de l'association "Sol en Si" pour aider les enfants touché par le
SIDA et leurs familles. Seront Présent des artistes chanteurs interprètes et des
artistes des cirques Bouglione, Phénix et Pinder. Un album de recueil de contes et
de chansons sur le thème du cirque est paru chez Warner music "Sol en Cirque"
66
Samedi 27 Décembre 2003 16.25 France 3
Les étoiles du cirque de Pékin
Spectacle enregistré au cirque Phénix. Réalisation : Grégoire Saint Pierre, avec
Stéphane Freiss en maître de cérémonie (France 2003 75mn)
67
Bibliographie
Petit Larousse en couleur, édition Larousse 1991, format 19,5x28,5 cm, 1824 p.,
ISBN 2-03-301292-1.
Artpress, numéro 20, Spécial, "Le cirque au-dlà du cercle", 1999, format 22x28,5 cm,
194 p., ISSN0245-567, 95 francs.
68
Antoine BILLAUD, Alexandra ECHKENAZI, Michel LEON, "Droit de cité pour le
cirque", guide juridiques collectivités locales, édition originale Juillet 2001, édition du
Moniteur, format 16x26 cm, 145 p., ISBN 2-281-12323-5, 22 euros.
Ouvrage collectif dirigé par Emmanuel WALLON, " Le cirque au risque de l'art",
édition originale Février 2002, édition Acte sud-Papiers, collection Apprendre, format
10x19 cm, 254 p., ISBN 2-7427-3612-3, 11 euros.
Cahier trimestriel "Dédale" N°1 Pédagogies des arts de la pistes & de la scène, 1er
trimestre 2004, Publication du centre national des arts du cirque et de l'institut de la
marionnette, format 22x28, 19 p.,ISSN en cours, 7 euros.
Arts de la piste, N° 21-22, numéro spécial, cirque(s) aujourd'hui, Année des arts du
cirque 2001-2002, Octobre 2001, édition de HorslesMurs, format 22x28,5 cm, ISSN
1269-0120-CP, 9,23 euros.
69
Avant-Garde, Cirque!, Les arts de la piste en révolution, ouvrage collectif dirigé par
Jean-Michel Guy, édition originale Novembre 2001, édition Autrement, collection
Mutations N°209, format 17x25 cm, 253 p., ISBN2-7467-0141-3, 19,82 euros.
70