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Etudes francophones (Ière année)

Sandu Mihăiță-Bogdan

Vive l’absurde !
Les (en)jeux d’une
mise en scène
de La Leçon
d’Eugène Ionesco

« Le théâtre n'est fait


que pour être vu. »

Molière 

Selon Patrice Pavis, une mise en scène ne doit respecter la fidélité du texte originel
mais il faut poursuivre la tension dramatique c’est-à-dire la figuration des sentiments par les
acteurs dans la scène. Le réalisme théâtral est une projection de l’intention d’imiter « la
fiction » du texte. Cette véridicité théâtrale ne cherche qu’une imitation nécessaire pour créer
l’effet du réel.
La Leçon a été écrite en juin 1950 et mise en scène pour la première fois au Théâtre
de Poche Montparnasse, le 20 février 1951 par Marcel Cuvelier. Une « drame comique » qui
progresse lentement vers une exaltation du sentiment de l’absurde de la situation et de
l’existence humaine : les trois personnages sont trois archétypes humains. Ainsi, l 'histoire de
La Leçon s’articule sur l’absurde de l’existence : par voie de conséquence, la pièce doit
montrer avant tout un jeu de caractères, des personnages typologiques. Le côté comique de
cette pièce s’établie au niveau du sens, de l’idée. Echapper de l’existence tyrannique par le jeu
des mots et par l’absurde des actions et des gestes représente le salut pour la souffrance
existentielle.
Et où il s’arrête le comique « dur, sans finesse, excessif » doit commencer la critique
de la société et de l’incapacité de communiquer. Une exégèse de la moralité sur l’éducation

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autoritaire dans une société marquée par le pouvoir des dominants qui influencent la vie des
faibles, des impuissants. Dans la mise en scène du surréalisme, ce drame textuel cache
derrière l’image du comique des gestes, des mots et d’actions une analyse psychologique des
relations de pouvoir : le professeur-l éleve-la bonne. Pendant la mise en scène, les relations
humaines se dégradent jusqu’ à « tuer le quotidien », la réalité qui fatigue. L’irruption d’un
monde incapable de communiquer c’est le but cherché par Eugène Ionesco dans un « théâtre
de l’insolite » : la dégradation des relations professeur(s)-élevé(s) s’observe aussi dans le
choix des objets /du décor : un espace clos et obscure – d’ailleurs qui montre une intimité
effrayante ! – ; quelques accessoires scolaires -une vague imitation de la réalité : des crayons
et des gros livres sur la table ce qui démontre l’artificialité des gestes et du monde. Le cours
s’écrit sur les murs : ce climat ne permettra jamais une atmosphère nécessaire pour l’étude ce
qui provoque l’aliénation de l’élève. La leçon se transforme peu à peu dans un rituel
mortuaire et c’est seulement la bonne qui garde vraiment sa lucidité, la logique des faits.
Avant de lever le rideau, il n’y a aucune conversation entre les personnages : le but -
montrer le manque de communication. Puis la scène est vide assez longtemps et la chambre
du professeur devient le lieu de l’action. On sonne et la bonne ouvre la porte puis la jeune
entre et le professeur vient timide et lui propose de vérifier ses « connaissances ».
Imperceptiblement, le rythme du discours ralenti : la fille est dominée par le professeur.
Finalement, l’innocence de la fille et sa crédulité permet au professeur d’exercer son pouvoir
et de mettre en pratiques ses désirs. C’est un micro-universe crayonné d’une manière très
simple, représenté avec peu de meubles et par l’artificialité, un vide toutefois vers un
humanisme périmé.
Sur la scène de théâtre, il y a quelques accessoires suggestifs qui simulent une
chambre d’étude : la table grise et les chaises d’une même couleur, quelques rideaux d’une
couleur noir diagonalement illuminés d’une ampoule bleue. On retrouve aussi un objet
rectangulaire qui sert de fenêtre. La lumière reste diffuse : un réflecteur jette un rayon de

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lumière bleue sur le rideau mettant en évidence le mannequin blanc accroché au plafond qui
démontre une exagération et une caricature de la féminité qui n’a aucune valeur devant le
professeur. Donner le sentiment du vertige ? Percevoir plus tard l’horreur de la situation ? Le
viol et la mort de l’élève est suggéré par la seule source lumineuse, l’œil du bien et du mal. Le
professeur est représenté dans cette mise en scène comme un vieux aux vaines ambitions : le
tremblement des mains ou la position démontre une exaltation du soi et une tension
dramatique ; s’asseoir devant la fille signifie une manière d’aborder progressivement la cible
par une fausse timidité ; il pose des questions qui manquent de sens et d’idée. Or, il cache
derrière son image du professeur sérieux une volonté obscure de séduire ses élevés.
Cependant, le professeur perd de sa sobriété et s’écroule dans le ridicule : une chemise
blanche accompagnée d’une veste et d’une écharpe rouge qui renforce ses fantasmes
malicieux.
De l’autre côté, la fille symbolise la jeunesse et l’innocence prétendue : elle porte
une blouse blanche avec un pantalon court qui démontre une sensualité inappropriée.
La « bonne éleve » est préparée pour connaitre « les saisons » et pour approfondir ses
connaissances : les trois semaines nécessaires sont le temps idéal pour apprendre pour le
« doctorat totale ».
Quelques bruits au moment clés de la pièce détruisent le calme et la normalité
apparente. Une voix prémonitoire qui effraie parfois semble connaitre tout ce qui se passe
dans la maison du professeur : celle de la bonne, la femme-complice qui prépare et entend les
actions de son « Maître ». Les sonnets de Marie - transposée dans cette mise en scène dans
une figure masculine, dominante - pendant le cours d’arithmétique qui vient recommander le
calme au professeur annonce le dénouement de l’action, issu de la fatigue. Le manque de
ration et de logique des mots se transpose aisément dans les mouvements des acteurs : le
professeur est debout, même sur la table, afin qu’il puisse exercer son pouvoir sur l’élève
tandis que la servante est disparue (est-elle partie vraiment ?)
La mort effraie : à la fin de la scène le professeur crie à Marie pour sauver la situation,
une erreur faite pour « la quarantième fois aujourd’hui ». Le théâtre d Eugen Ionesco détruit
nos principes connus comme vraisemblables : l’idée qu’il est possible de s’entendre au moyen
du langage, la vision sur le monde qu’on le croit parfait, et les idées préconçues concernant le
sentiment d’une existence en harmonie avec les autres. Or, sur le compte de quoi faut-il
mettre cette exacerbation de la communication sinon pour dévoiler l’absurde ? Chercher un
moyen de transmettre (une information ou une idée) n’a aucune efficacité car le discours est
corrompu par la nature humaine aliénée, perdue … et retrouvé dans l’absurde ontologique.

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L’incapacité de communiquer s’appuie sur la phobie qui domine l’esprit humain
devant le changement et représente après tout un fait social et une compétence de l’homme de
percevoir – que ce soit par l’histoire, la littérature, les arts ou l’expérience directe – des
natures, personnalités et mentalités différentes, c’est-à-dire le monde.

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