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(7)
chercha point à savoir son nom ni celui de sa
belle.
Cela me rappelle qu'il_fut beaucoup plus sé
vêœ à l‘égard d'une autre fc_mme de chambre de
madame Bonapartc. Elle étaitpæunc et très-jolie,
et inspira des seutimens fort tendres à deux
aides-de—camp , l‘.iM.li...et Ils soupiraienl‘.
sans cesse à sa porte , lui envoyaient des fleurs
et des billets doux. La ieune fille, du moins
telle fut l'0pim‘on générale de la maison, uelcs
payait d’aucun retour. Joséphiue l‘aimait l:eau-»
coup , et pourtant le premier consul s'étant
aperçu des galanteries de ces messieurs , se
montra fort en colère , et fit chasser la pauvre
demoiselle , malgré ses pleurs et malgré les priè—
ns de madame Bouaparte et celles du brave et
bon. colonel R... , qui jurait naïvement que la’
faute était t0uîe de son côté , quela pauvre pe
tite ne méritait que des éloges , et nie l‘avait
point écouté. Tout fut inutilec0ntre la résolution
du premier consul ,qui réponditiz tout en disant: '
« Je ne veux point de désordre chez moi, point'
_ de scandale.» * "
Il fallait pour subjuguer cette mm si forte ,
nuire chose que des charmes physiques, qui ne
peuvent , au plus, provoquer que des désirs.
Chez Joséphin‘e 5euleil'a trouvé un cœurmpæ
ble de comprendre le sien :, aussi l'a-kil aimée‘
de cet amour vrai qui résiste,au kmpm Ou peut
. 8_ v
juger de la violence de sa)passion par les lettres
qurl écrivait à sa femme quand il combattait
en Italie. Je vais donner des fragmcns de quel—
que:—uncs qui ne sont pas connues ; je les crois
fort curieuses :_ Napoléon ne pouvait pas aime!
comme un autre homme.
« Ma chère amie ‘
( 10 ) '
u Dans la lettre , ma bonne amie , aie soin
de me dire que tu es com aincue que je t‘aime
au-delà de ce qu'il csî possible dimagincr , que
tu es persuadée que tous mes instans le sont
consacrés, que jamais il ne se passe une heure
sans penserà toi, que jamais il ne m’est venu
dans l'idée de penserà une autre femme; qu’elle
sont toutesà mes yeux sans grâces, sans beauté,
sans esprit; que toi , toute entière , telle que je
te vois , telle que tu es ,. pouvais me plaire et
absorber toutes les facultés de mon ame , que tu
en as touché toute l'étendue , que mon cœur
n'a pas de replis que tu ne voies , point de
pensée qui ne te soit subordonnée.»
qu...cocoau.d(tnllonoc
q Bouumm. 3
Cet amour passionné de Bonaparte pour sa
femme , que lÎabsence semblait accroître tous
les jours , diminua subitement d’intensité lors
qu’il put se satisfaire à son gré. Tout en cou-
servant à Joséphine son estime et surtout son
amitié, il se permit quelques passades qui fu
rent, dans le temps, sues de tout le monde,
excepté , peut-être, de celle qui avait le plus.
d’intérêt à les connaître. En voici plusieurs
exemples.
Ianusie de Josépl‘zùxe..
Le cozzier; -
Après la campagne de Marengo , Bona—
parte s’éprit de madame 11.... et lui lit une cou 1':
assidue. S’étant aperçu qu’elle désiraitvivcrueut
un beau collier en diarnans dont elle avant parlé
(levant lui , il l’acheta et s’empressa de le lui
offrir , Madame li..... sut reconnaître comme
elle le deva‘t , la grâce de ce procédé.
Elle tenait catin l'objet (le ses désirs ; mais
_ comment faire pour s’en parer et pouvoir le
montrer à son mari i" ’ le cherche un moyen.
qui puisse sauver toutes les apparences, et elle
imagine de dire que sa. revendeuse à la toilette,
madame Iloël , lui a laissé un très—beau collier
dont on veut dix mille francs , payés (le suite ,
et que l’on veud'par besoin d’argent., Le comte
consent à voir le collier , promet de l’acheter ,
puis l’enferme dans son Secrétaire.
Avant de se rendre aux Tuileries , M. Il....a
va chez le joaillier Dubicf pour connaître la va‘
leur de ce collier , qui, disait-il, lui était due...
a Cet objet , ajoute R.....,_ me semble beaucoup
» plus précieux que ce que suis en droit
8 d’exiger. Je ne veux pas être en reste , esti—
. ( 15 ) \{ f
x .—-.— hprendriez—vous à‘ce prix? ——Oui, cer—
4» t31nement. —En ce cas . il est à vous , re
» mettezles fonds. »'
L’affaire terminée , le comte R.... se rend
au conseil—d’état, et rentre chez lui pour dîner 1
« — Ma bonne amie , dit-il à sa femme, j’ai
»» fait évaluer ie collier qu’on t’a présenté; je
‘ » l’ai vendu quatrewingt mille francs :. en voilà
» dix mille que tu-remettras à ta matclxande à
n la toilette, et en voilà cinq mille pour tes
.11 épingles. J‘espère que tu dois être contente. ».
, était trop fin pour ne pas avoir deviné le
dessous des cartes , et soixante—cinq mille francs.
lui parureut une indemnité suffisante qu’il crut
pouvoir s’adjuger sans scrupule. Napoléon ne
fut jamais instruit de cette consolation à l‘an—L
glaise. '
Les Actrices.
mW m_vwvw‘w"Ï‘w':
H» w
( 19 ) .
manière , il monte dans un franc, et va ,6:
droiteligne , me Chantereiue , n" 28, chez la
Grazini. Le petit homme , c’est vous, Sire ,
88". à qui la belle cantatrice fait des irztidélités en
faveur de Rode , le violon , et le compagnon
a de Votre l‘.laiesté est le maréchal L‘uroc. »g
Napoléon , sans dire un mot , se mit à siffler
un air italien , et tourna/le dos à son ministre
qui se retira sans rien ajouter.
Le duc d’Ahrantès , que l‘empereur honorait
d’une intimité toute particulière , fut chargé par»
lui de faire l’eunuque noir auprès de l’infidèle
qui, indignée} refusa de scsoumettre au régi me
du sérail. Elle ne chanta plus aux concerts par—
ticuliers , et ne reçut plus , dès lors, aucune
gratification; on finit même par la priver de
son traitement, croyant la réduire parla {au
mine; mais sen amour pour Rode lui fit tout
supporter , elle reieta des offres plus brillantes
encore , qui lui furent faites par Berthier. Enfin
Napoléon , honteux d'avoir donné tant cic soins
à une femme q“;i s’en montrait si peu digne ,
lui intime. l‘ordre de quitter Paris et de retour«
ner en ltalie. Elle se refugia ê’aiacrdà Versailles
avec son amant , puis tous deux\ disparurent
pour aller chercher fortune en Russie.
Une liaison si sérieusa et si longue est peut.
être la seule que l'on puisse citer dans toute la;
vie de l’empereur
( I9 )
Le Camp de Boulogne..
t Signé Bouamnrn. »
. . ( 25 ) . .
’ Îe grancl avantage d'avoir un enfant de Bang—
jar-te , nous rèpondait : Majbi 1... ‘ce n'est pas
" ana faute. n ‘
... -. _- «. _
<2 .
temps. A peine était-elle'cntrée dans le salon ,
que Sa majesté s’écria : v( Je suis sûre qu'il est
» maintenant couché avec une femme. Ma chère
» amie , ajouta-t—elle continuant de pleurer ,
» prenez ce flambeau et allons écouterà sa porte:
» nous entendrons bien. » Madame de R*** fit
tout ce qu’elle put pour la dissuader de ce pro—
jet; elle lui représenta l’heure avancée , l’obscu
rité du passage , le danger qu’elles couraient
d’être surprises; maistout fut inutile. Sa Majesté
lui mit le flambeau dans la main en lui disant :
« Il faut absolument que vous m’accompagnez.
» Si v0us avez peur, je marcherai devant vous.»
Madame de R*** obéit, et voilà les deux. dames
s’avancant sur la pointe du pied dans le con i
dor , à la lueur d‘une seule bougie que l‘air
agitait. Arrivées à la porte de l‘antichambre (lè
l’empereur , elles s’arrêtent , respirant à peine 7.
'ct l’impératrice tourne doucement le bouton;
Mais au moment où elle met le pied dans l‘ap_
parlement, Roustan qui y couchait, et qui était
profondümwt endormi , poussa un ronflement,
formidable et prolongé. Ces dames n’avaient pas
pensé apparemment qu’il se trouverait là , et
madame de R*“* s'imagi'nantle voir déjà sautant
à bas du lit , le sabre et le pistolet au poing *
tourne les talons et se met à courir de toutes ses
forces ,V son f'amhcau à la main , Vers l’aie .artc‘
ment de limyë’ratrice , laissant celle—ci dans à
, ' Ù
, .4, 1‘;
\
< 3° >
plus complète obscurité. Elle ne reprit haleinet
,
que dans la chambreà coucher de l'impératrice ,1_
ct ce ne fut aussi que là qu’elle se souvint que.
celle—ci était restée sans lumière dans les corri-_.
dors. Madame de R*"* allmt retourner à sa ren-.
contre, lorsqu’elle la vit revenir se tenant les
côtés de rire, et parfaitement consolée de son
chagrin par cette burlesque aventure. Madame
de ‘\*** cherchait à s’excuser : « Ma chère amie ,‘
» lui dit Sa Majesté , vous n’avez fait que me
)_) prévenir. Cc buter de Roustanm’a fait une
y» telle peur , que je vous aurais donné l'exem—.
>- ple de la fuite , si vous n’aviez pas été encore;
» un peu plus poltronne que moi. » '
Je ne sais ce que ces dames auraient décou
vert si le courage ne leur eût manqué avant
d'avoir mené à fin leur expédition; rien du tout,F
peut-'tre , car l‘empereur ne recevait que rare
ment aux Tuileries la personne dont il était épris
pour le moment.‘0n a vu que, sousle consulat,
il donnait ses rendez-vous dausune petite mai—v
son de lalléc des Veuves. Empereur , s’était en—
core hors du château qu’avaient lieu ses entre—
vues amoureuses. Il s’y rendait incognito la
nuit , et s‘exposait à toutes les chances que court
un homme à bonne fortunes.
Un soir, entre onze heures et minuit, l'em—
pereur me fait appeler , demande un frac noir
ct un chapeau rond , et m’ordonne de le suivre.
’ ( 31
Nous montons , le price Murat troisième, dans,
une Voiture de couleur sombre ; César condui«
sait. Il n’y avait qu’un seul laquais pour ouvrir
la portière , et tous deux étaient sans livrée.
Après une petite course dans Paris ,l'empereur
fit arrêter dans la rue de... Il descendit, fit
quelques pas en avant, frappa à une porte co
ehèrc et entra Seul dans un] hôtel. Le prince et
moi étions restés dans la voiture. Des heures se
passèrent , et nous commençâmes à nous in
quiéter. La vie de l’empereur avait été assez son!
Vent menacée pour qu’il ne fût que tr0p naturel
de craindre querque nouveau piége ou quelque
surprise. L’imagination fait du chemin lors«
qu’elle est poursuivie par de telles craintes. Le
prince Mnrat jurait et inaudissait énergique-’
ment tantôtl’imprndenœ de Sa Majesté , tantôt
sa galanterie , tantôt la dame et 505 complai
sances. Je n’étais pas plus rassuré que lui , mais ,
plus calme , je cherchais à le calmer. Enfin, ne
pouvant plus résister à son impatience, leprince
sélance hors de la voiture , je le suis , et il avait
la main sur le marteau de la porte lorsque l’em
pereur en sortit. Il était déja grand jour. Le
prince lui fit part de nos inquiétudes et des ré—
flexions que nons avions faites sur sa témérité.
a Quel enfantillagel dit là—dessns Sa Majesté,
«» qu’aviez-vous tant à craindre i’ partont_oü je
m, suis ne suis—je pas chez moi P)
< 32 >
C’était bien volontairement que quelques ha—
bitués de la cour s’empressaient de parler à
l’empereur de jeunes et jolies personnes qui dé—
siraient être connues de lui , car il n’était nulle—r
ment dans son caractère de donner de pareilles
commissions. Je n’étais pas assez grand seigneur
pour trouver un tel emplm honorable ; aussr
n ai—je jamais voulu me mêler des affaires de ce
genre. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été
indirectement sondé, où même ouvertement sol
licité par certaines dames qui ambitionnaient le
titre de favorites , quoique ce titre ne dounât
que fort peu de droits et de privilèges auprès de
l’empereur; mais encore une fois je n’entrai5
oint dans de tels marchés; je me contentais de
m’occuper des. devoirs. que m’impOSait ma place,
non d’autre chose ; et quoique Sa Majesté prit
plaisir à ressusciter les usages de l’ancienne mo«
_narchie , les secrètes attributions du premier
valet de chambre ne furent point rétablies , et je
me gardai bien de les réclamer.
Assez d’autres ( non des valets de chambre )
étaient moins scrupuleux que moi. Le général
L... parla un jour à l’empereur d’une demoi.
selle fort johe , dont la mère tenait une maison
de jeu , et qui désirait lui être présentée. L’etng.
*reur la reçut une seule fois. Peu de jours
après elle fut mariée. A quelque trmps .de là,_
Sa Majesté voulut la revoir et la redemande.
. < 3.3 ,>.
Mais la jettnefemrne répondit qu’elle ne s’ap
partenait plus , et elle se refusa à toutes les offrés
qui lui furent faites. L’empereur n’en parut nul—
lement mécontent ; il loua au contraire madame
de sa fidélité à ses devoirs et approuva
fort sa conduite.
Son altesse impériale la princœse Mural avait,
en 1804, dans sa maison une jeune lectrice ,
\ mademoiselle 15.... Elle était grande, svelte ,
bien faite, brune avec de beaux yeux noirs ,
ViVe et fort coquette , et pouvait aroir de dix—
sept à dix«lruit ans. Quelques personnes qui
croyaient avoirintérêt à éloigner Sa Majesté de
l’impératrice sa femme , remarquèrent avec plai-«
sir la disposition de la lectrice à essuyer le pou
voir de ses œillades sur l’empereur, et celle de
ce dernier à s’y laisser prendre. Elles altisèrent
adroitement le feu , et ce fut une d’elles qui se
chargea de toute la diplomatie de cette affaire.
Des dispositions faites par un tiers furent sur-«
let—champ acceptées. La belle E.... vint au châ-’
teau , en secret , mais rarement , et elle n’y pas
sait que deux ou trois heures. Elle devint gressa.
L’empereur fit louer pour elle , rue Chantereine ,'
un hôtel ou elle accoucha d’un beau garçon qui
fut doté dès sa naissance de 30 , 000 francs de
rente. On le confia d’abord aux soins de rna— .
dame L.... , nourrice du prince Aclrille Mnrat ,
laquelle le garda trois ou quatre ans. Ensuite
i
( 34 >
M. M.... , secrétaire de Sa Majesté , fut chargée
de pourvoir à l’éducation de cet enfant. LorsqueÏ
l’empereur revint de l‘île d’Elbe , le fils de ma-.
demoisrlle fut remis aux mains de Sa Ma—
jesté l’impératrice mère. La liaison de l’empereur
avec 1‘nadrmoiselle ne dura pas long—temps.
Un jourpn la vit arriver avec sa mère à Fon«
'tainelilcau , où se trouvait la cour. Elle monta
iÜ‘appartenuentde Sa Majesté, et me demanda
de lannoncer. L’empereur fut on ne peut plus
mécontent de cette. démarche , et me chargea
d‘aller dire de sa part à mademoiselle qu’il
lui défendaitde jamais se Présenter devant lui
sans sa prrmisàion et de s<‘;ouruer un instant de.
plus à Fontainebleau. Malgré cette rigueur pour
la mère , l‘empereur aimait tendrement le fils;
Je le. lui mneqais souvent; il le caressætiÏ , lui
donnait cent friandises , et s‘amusait beaucoup...
de sa vivacité et de ses reparties , qui étaientt
très-spirituelles pour son âge.
Cet enfant et celui de la belle Polonaise don!
je parlerai plus tard sont, avec le roi de Home ,5
les seuls enl‘ans qu‘ait eus l’empereur. Il n‘a ja« ‘
tirais en de filles , et je crois qu’il n’aurait pas
aimé à en avoir.
A J’ai Vu le ne sais où,que l'empereur,penâan‘
le séjour le plus long que nous ayons fait à
Boulogna , se délassa‘it la nuit destravauX dela
journéeavec une belle italienne. Voici ce que je.
( 35')
_ Sais de cette aventure. Sa Majesté‘se plaignait
un matin , pendant que je l‘habillais , en pré—
sence du prince Murat , de ne voir que des
figures à moustaches , ce qui, disait-elle, était
fort triste. Le prince toujours prêt , dans les 0e—
easions de ‘ce genœ , à offrir ses serviœs à son
beau-fière, lui parla d‘une dame génoise belle et
spirituelle, qui avait le plus grand désir devoir
Sa Majesté. L’empereur accorda , en riant, un
tête-à—lête, et le prince se chargea de tran‘s—
mettre le message. Il y avait deux jours que‘ ,
par ses soins , la belle clame était arrivée et iris
tallée dans la haute ville, lorsque l’empereur , ,
qui habitait au Pont de_Briques , m’ordonna un
soir de prendre une voiture et d’aller chercher
la protégée du prince Mural. J’obe’is et l’amenai
la belle Génoise , qui, pour éviter le scandale ,
bien qu’il fit nuit dose , fut introduite par un
petit jardin situé derrière les appartemens de Sa
Majesté. La pauvre femme était bien émue et
pleurait ; mais elle se. consola promptement en
se voyant bien accueillie: l’entrevue se prolongea
jusqu’à trois heures du matin , et je fus alors
appelé pour reconduire la clame. Elle revint ,
depuis , quatre ou cinq fois et revit cncorel’em
pereur à Rambouillet. Elle était bonne, simple,
crédule’ct point du tout intrigante, et ne clier
cha point à tirer parti d”une liaison qui , du
reste, ne fut que passagère. ' '
. < 36 .
Une autre de ces favoriies d‘un m0ment qtti
se précipitaient en quelque sorte dans les bras
de l'empereur , sans lui donner le temps de lui
_arlresser ses hommages, mademoiselle L. B. était
. "';unc fort jolie personne 5 elle avait de l’esprit et
un bon cœur, et si elle eût reçu une éducation
moins frivole , elle aurait été sans doute une
femme estimablc. Mais j’ai tout lieu de penser
que sa mère avait toujours en le dessein d’ac4
quérir un protecteurà son second mari , en uti—
»Iisarpt l't jeunesse et les attraits de la fille de son
premier; je ne me souviens pas de son nom,
mais il était d'une famille noble, ce dont la mère
et la fille se félicitaient beaucoup. La jeune per—
sonne était bonne musicienne , et chantait agréa-*
' blement; mais ce qui me paraissait aussi ridi—
cule qu’indéeent, c’était de la Voir devant une
assez nombreuse compagnie réunie chez sa‘ mère ,
danser des pas de ballet, dans un costume pres—
que aussi léger qu’à [Opéra , avec des casta
;Ênettes ou un tambour de basque , et terminer
sa danse par une répétition d’attitudes et de
grâces. Avec une pareille éducation, \elle devait
. trouver sa position toute naturelle; aussi fut—
elle fort chagrine du peu de durée qu’eut sa
,' liaison avec l‘empereur. Pour la mère , elle en
était désespérée , et me disait avec une naïveté
'1-évoltante: «Voyez ma pauvre Lise, comme
« elle a le teint échauffél c’est le chagrin de se
» voir
( 3 .
» voir négligée , cette chère enfant. Que vous
» seriez bon si vous pouviez la faire demander Ï »
Pour provoquer une entrevue dont la mère etla
fille étaient si désireuses , elles vinrent toutes
deux à la chapelle de Saint—Cloud , où pendant
la messe la pauvre Liselançait à l’empereur des
œillades qui faisaient rougir les jeunes femmes
qui s’en aperçurent. Tout cela fut' du temps
perdu , et l’empereur n’y fit nulle attention.
Le colonel L. B. était aide-de-camp du géné—
ral L....., gouverneur de Saint-Cloud; le géné
ral était veuf, et c’est ce qui peut faire excuser
l’intimité de sa fille unique avec la famille L. B.... ,
qui m’étonnait beaucoup.Un jour que je dînais
chez le colonel avec sa femme , sa belle-fille et
mademoiselle L.... , le général fit demander
son aide-deæamp , et je restai seul avec ces
dames , qui näc sollicçtètent vivement de les ac-_
compagnerclicz mademoiselle Lenormand. J’au
rais en mauvaise grâce à. ne pas céder. Nous
montc‘rm'es en voiture, et arrivâmes 1‘uedeT0ü;‘
non. Mademoiselle L. B... entra la première dans
l’antre de la sibylle , y'resta long—temps , mais
fut fort discrète sur ce quilui avait été dit. Pour
mademoiselle , elle nous dit fort ingénu
ment qu’elle avait de bonnes nouvelles, etqu’elle
{penserait bientôt celui qu’elle aimait ; ce qui.
en effet ne tarda pas. Ces demoiselles me pres—:
sËreut de consulter à‘ mon tour la.propliétesseqi ’
( 38 )
et m’aperçus bien que j’étais connu, ou ma.
demoiselle Lençrmand vit tout de suite dans ma
main que j’avais le bonheur d‘approcher d’un
grand homme et d'en être aimé ;puis elle ajouta
mille autres balivmncs de ce genre dont je la
remerciai au plus vite , tant elles m’ennuyaient.
Là belle Polonaise.
MHV _‘
.. . ( 39 ) _
sntot-une conversation qu’elle soutint avec beau—s
coup de grâce et d’esprit , laissant voir qu’elle
avait reçu une brillante éducation. Une teinte
légère de mélancolie répandue sur toute sa per—'
sonne la rendait plus séduisante encore. Sa Ma
jesté crut v-oireu elle une femme sacrifiée , mal
heureuse en ménage , et l’intérêt que cette idée
lui inspira le rendit plus amoureux, plus pas—
sionné que jamais il ne l’avait été pour aucune
femme. Elle dut s’en apercevoir.
Le lendemain du' bal l’empereur me paru!
dans une agitation inar;coutumée. Il se levait,
marchait, s’asseyait et se relevait de nouveau ;
je croyais ne pouvoir jamais venirà bout de sa
toilette ce jour-là. Aussitôt après son déjeuner,
il donna mission à un grand personnage queje
ne nommçrai pas , d‘aller de sa part faire une
visite à Madame......., et luipréseu‘tcr ses hom
mages et ses vœux. Elle refusa fièrement dés
pr0positions tr0p brusques peut—être , ou que
peut-être aussi la coquetterie naturelleà toutes
les femmes lui recommandait de repousser; Le
héroslui avait plu , l’idée d'un amant tout res—
plendissant de puissance e1(le gloire fermentait
_sans doute avœ violence dans sa 'tête , mais
jamais elle n’avait eu l’idée de se* livrer. ainsi
sans combat. Le grand personnage revint tout
eonfuset bien étonné de ne pas avoir réussi dans
sa négociation. Le jour d’après , . au lever îglg
( 40
l’empereur , je le trouvai eitcore pré0cupe’. Il ne
me dit pas un mot , quoiqu’ileût assez l’habi—
tude de me parler. Il av ait écrit plusieurs foisla
veille à madame V .... , qui ne lui avait pas
répondu. Son amour—propre était vivementpiqué
d’une résistance à laquelle on ne l'avait pas ha—
bitué. Enfinil écrivit tant de lettres et si tendres 5
si touchantes , que madame céda. Elle
e0nsentit à venir voir l’empereur le soir entre dix
et onze heures. Le grand personnage dont j’ai
parlé reçut l’ordre d’aller la prendre en voiture
dans un endroit désigné. L’empereur, en l’ab
tendant, se promenait à grands pas, et témoi
gnait autant d’émotion que d’impatience; à cha-*
que instant il me demandait l’heure. Madame
, arriva enfin , mais dans quel état! pâle ,
muette et les yeux baignés de larmes. Aussit(t
qu’elle parut , je l’introduisis dans la el1amhxe
de l’empereur , elle pouvait à peine se soutenir
et s’appuyait en tremblantsur mon bras. Quard
je leur. fait entrer, je me retirai avec le persox .
nage qui l’avait amenée. Pendant son tête-à—tête
avec l’empereur , madame pleurait et
sanglot’œit tellement , que , malgré la distance,
je l‘entendais gémir de manière à me fendre le
cœur. Il est probable que dans ce premier en
tretien , l'empereur ne put rien obtenir d’elle.
Vers deux heures du matin, Sa Majesté m’ap—l
pela.‘ J’accourus et je vis sortir madame ,
, ( 4!
le mouchoir sur les yeux et pleurant encore à
chaudes larmes. Elle fut rèconduite chez elle par
le même personnage. Je crus bien qu’elle ne
reviendrait pas. .
Deux ou trois jours après néanmoins , ÿà peu
près à la même heure que la première fois, ma«
dame revint au palais; elle paraissait
plus tranquille.La plus vrve émotion se peignait
encore sur son charmant visage ; mais ses yeux
au moins étaient secs et ses, jettes moins pâles.
Elle se retira le matin d‘assez ‘houne heure, et
continua ses visites jusqu’au meurent du départ
de l’empereur.
Deux mois après , l‘empereur , de son quaro
fier—général de l’inkcstciu , écrivit à madame
, qui s’empressa d’encourir auprès de lui..
Sa Majesté lui fit préparer un appartement qui
communiquait avee‘le sien. Madame V...‘.. si
établitet ne quitta plus le palais de l"inltensteîn,
laissant à Varsovie son vieil époux qui, blessé
dans son honneur et dans ses affections, ne
voulut jamais revoir la femme qui l'avaitaham’
donné. Madame V....... demeura trois semaines
avec l’empereur , jusqu’à son départ et retourna
ensuite dans sa famille. Pendanttoutce temps ,
elle ne cessa de témoigner à Sa Majesté la ten
dresse la plus vive , connue aussi la plus dés
intéressée.L’empereur , de son côté , paraissait
Parfaitement comprendre tout ce qu‘avait din«.
__—‘|
42
:léressant cette femme angélique , dont le carac—
1ère plein de douceur et d alnrégation m’a laissé'
un souvenir qui ne s’eliacera jamais. Ils pre—
naient tous leurs repas urscmlle‘, je les servais
seul ; ainsi j’étaisà même de jouir de leur con—
wersation toujours aimable , vive , empressée de
la part de l’empereur , toujours tendre , pa_s—
sionnée , mélancolique de la part de madame
V....... Lorsque Sa Majesté n’était pohrt auprès
d’elle ,. madame passait tout ’son temps à
lire , ou bien à regarder , à travers les jalousies
de la chambre de l’empereur, les parades et les
évolutions qu’il faisait exécuter dans la cour
d’honneur du château , et que souvent il com—
mandait en personne. Voilà quelle était sa vie,
comme son humeur, toujours égale , toujours
uniforme. Son caractère chàrmait l’empereur ,
et la lui faisait chérir tous les jours davantage.
Après la bataille de Vl’agram , en 1809;
l’empereur alla demeurer au palais de Schœn
brunn. Ilfit venir aussitôt madame . pour
laquelle on avait loué et meublé une maison
charmante dans l’un des faubourgs de Vienne,
à peu de distance de Sehœnhrunn. J’allaismys
térieusement la chercher tous les soirs dans une
voiture fermée , sans armoiries , avec un Seul
domestique sans livrée Je lÏame1mis ainsi au
palais par une porte dérol.ée , et je l’introduisais
chez l’empereur. Le chemin , quoique fort court,
,43
n’était pas sans danger , si)rrtout dans les temps
de pluie , à cause des ornières etdes trous qu’on
rencontraità chaque pas. Aussi l’empereur me
disait—il presque tous les jours : « Prenez bien
» garde ce soir, Constant, il a plu aujourd’hui ,
» le chemin doit être mauvais. Êtes-vous sûrde
» votre cocher? La voiture est—elle enbon état?»
et autres questions du même genre , qui toutes
témoignaient l’attachement sincère et vrai qu’il
portaità madameV....... L’empereurn’avait pas
tort , au reste , de m’engager à prendre garde ,
car un soir que nous étions partis de chez ma
dame un peu plus tard que deeoutume,
le cocher nous versa. En voulant éviter une or—
nière , il avait jeté la voiture dans le débord du
chemin. J’étais à droite de madame V.......,la
voiture tomba sur le côté droit , de sorte que
seul j’eus à souffrir de la chute , et que madame
, en tombant sur moi , ne se lit aucun
mal. Je fus content de l’avoir garantie. Je le lui
dis} et elle m’en témoigna sa reconnaissance
avec une grâce qui n’appartenait qu’à elle: Le
mal que j’avais ressenti fut bientôt dissipé. Je
me mis à en rire le premier , et madameV.......
' ensuite, qui raconta notre accidcntà Sa Majesté
aussitôt que nous fûmes arrivés. '
C’est à Schœnhrunn que madamç de«
vint grosse Je n’essaierai pas deraeontcr tous‘l‘es:
soins , tous les égards dont l’empereurl’entourer}
1 ’l
‘Il la lit venir à Paris , acciuirpaènéc de son frère ,
otlic1er fort distingué, et d’une fennnedeeham
‘bre. Il chargea le grand-maréchal de lui acheter
un joli hôtel dans la Clraussée-d’Antin. Madame
se trouvait heureuse ; elle me le disait
souvent : «Toutes mes pensées, toutes mes ins
» pirations viennent de lui et retournent à lui:
J) il est tout mon bien, mon avenir , ma vie l»
Aussi ne sortait—elle de sa maison que pour venir
au x Tuileries dans les petits appartemens. Quand
ce bonheur ne lui était point permis, elle n’al
lait point chercher de distractions au spectacle ‘,
à la promenade ou dans le monde. Elle restait
clcm elle , nerecevant que fortpeu de personnes,
écrivant tous les jours à l’empereur. Elle accoucha
d’un fils qui ressemblait d’une manière frappante
'à sa Majesté. Ce fut une grande joie pour l’eut—
pereur. Il aecourut auprès d’elle aussitôt qu’il lui
fut possible de s’échapper du_château-;-il prit
l’enfantdans ses bras; et l’em‘brassant comme il
venait d’embrasser la mère , -il lui dit: « Je te
faiscomte. » Nous verrons plus tard ce fils re—
cevoir à Fontainebleau de l’empereur ’une_ der—,
nière marque d’attachement.
' Madame V....... éleva son fils chez elle , et
ne le quitta jamais; elle le conduisait souvent
au château , où je les faisais entrer par l’escalier
" noir.Quandl’uue ou l’autre était malade, l’emà
ipereu'r leur envoyait M. Corvisart; ce! habile
u«»—.«a..-..- l
,u
0 .
médecin eut une fois 4le bonheur de sauver le
jeune comte d’une maladie dangereuse.
' Madame avait fait faire pour l’em e—.
Ieur une bague en or autour de laquelle elle
avait roulé de ses beaux cheveux blonds. L’in-.
térieur de l’anneau portait ces mots gravés:
Quand tu cesseras de m’aimer , n’oublie pas
queje t’aime. L’empereur ne lui donnait pas
d’autre nom que Marie.
Je me suis peut—être arrêté tr0p long—temps à.
Cette liaison de l’empereur, mais madame V.... ..
différait complètement des autres femmes dont
Sa Majesté a obtenu les bonnes grâces , et elle
était digne d’être surnommée la Lavallière de.
l’empereur , qui toutefois ne se montra point '
ingrat envers elle comme Louis XIV' enversla
seule femme dont il a été aimé. Ceux qui ont eu ,
cumme moi , le bonheur de la connaître et de
la voir de près ont d’à conserver d’elle un souf
venir qui leur fera comprendre pourquoi il a
une si grande distance , à mes yeux , de ma«
dame V......, tendreet modeste femme , élevant
dans la retraite le fils qu’elle a donné à l’empe—
reur, auxfavorites du vainqueur d’Austerlitm,
Le bal masqué.
. ._.F.4__ ,..——«-»,-__
‘ , _ , \
°_ 7 r. '
( 49 )
Intrigues galantes de l‘errzpereur à Fontai—
nebleau.
( 51 ) .
de la lumière. Ne connaissant pas l’intérieur de
cesappartunens , j’arrivai et jcntrai par la fe
nêtre; croyant alors marcher de plain-picd , je
fis une chute bruyante , occasionnée par une
haute marche qui était dans l'embrasure de la
croisée. Au bruit que jeiis en tombant , j‘eu—
tendis pousser un cri et une porte se fermer brus
quement. Je m’étais légèrement blessé au genou,
au coude età la tête.
Je me relevaiavec peinfe tant j’étais cudolori ‘
et je me mis à chercher à. tâtons autour de cet
appartunent obscur: mais n’cntcndant plus rien ,
craignant de faire un nouveau bruit qui pour
rait être entendu par des personnes qui né de
vaient pas me savoir là , je pris mon parti et
retournai auprès de l’empereur auquel je contai
ma mésaventure. Voyant qu’aucune de mes
blessures n’était grave, l'empereur se prit à rire
de toutson cœur; puis il ajouta: « Uhloh l il
» parait qu’in a une marche ,c’est bonù savoir.
» Attendons que madame de B...,. soit remise;
» de sa frayeur ,‘ j'irai chez elle , et vous m’ac
» com P a 5 nerez. )r Au bout d’une heure
i : l’cm-.
percur sortit avec moi par la. porte de son cabi
net donnant sur-le jardin ; je le conduisis en si-7
lrnce versla croisée qui était encore ouverte. Je_
l’aidaià entrer , et cette fois , ayant appris à
mes dépens la connaissance des liens, je le di-»
.;geai de manière à luiévitcr la chute quej’aràis
(-52 >
faite. Sa Majesté entrée sans accident dans la
chambre, me dit de me retirer; je n’étais pas
sans inquiétude ,_ et j’en fis part à l'empereur ,
qui me répondit qucj'étais un enfant, et qu’il
ne pouvait y avoir aucun danger. Il paraît que
Sa Majesté réussit mieux que je n’avais fait à
trouver uneissuc, car elle ne revint qu’au point
du jour. En rentrant , elle m’adressa encore
quelques plaisanteries sur ma maladresse , en
avouant toutefois que si ne l’avais pas préve
nue , pareille mésaventure aurait pu Iuiarriver.
Quoique madame de B;_'.,,. fût digne d’un
véritable attachement, sa liaison avec l’empereur
ne dura pas long-temps. Ce ne fut qu’une fau
taisie. Je pense que la difli'culté de ses visites
nocturnes refroidit singulièrement Sa Majesté;
car l’empereur n’était pas tellement amoureux
qu’il Voulût tout; braver pour voir sa belle maî—
tresse. Sa Majesté me g‘onta l’effroi qu’avait
causé ma clitûe, et l’inqlt’iétude où cetteaimable
dame était sur mon connflqfiL’empä’errr‘ l’avait
Cependant rassurée; mais cela 'ne l’empêcba pas
d’envoyer le lendemain savoir de mes nouvelles
par une personne de confiance qui me renouvela
tout l'intérêt que madame de B... avait pris à.;
mon accident. '
La belle Grecque.
Le bal de 1'Opéra.
( Go >
moi ; mais vous viendrez déguisé. Pr ruer. le
costume qui vous conviendra : arrangez-rous de
manière à n’être point reconnu, et je VO 15 don
nerai vos instructions. » Je m’empresmi de
faire ce,que désirait Sa Majesté..Je pris un c05—
tume suisse qui m'allaitfort bien , et j”alte:rdis ,
ainsi équipé , que l‘empereur vouth bien me
donner ses ordres.
lls’agit d’intriguer plusieurs grands person—
nages et deux ou trois dames que l‘empereur me
désigna avec un soinct des détailssi mimrieux
qu‘ilétait impossible de s’y tromper. Il m’apprit
sur leur compte des choses fort cnrirnscs cîf0rt
ignorées , bien faites pour leur causer le plus
mortel embarras. Je partais; l‘empereur me rap—
pela : « Surtout, Constant , prenez bien garde
(le vous tromper; n’allez pas confondre madame
de M.... avec sa sœur. Elles ont à peu près le
même costume , mais madame de M...: est plus
grande qu sa sœur. Prenez garde 1 » Arrivé
au milieu du bal , je cherchai et trouvai assez
facilement les personnes que Sa Majesté m’avait
désignées. Les réponses que l'on me fit l‘amu—
sèrent beaucoup ,lorsquc les lui racontai à
Son eo_uclrer.
Il y eutù cette époque un troisième mariage,
à la cour: celui du ‘prince de Neufcl:âtçl et (le
la princesse de Bavière , Il fut célébré dans la alm
lielle des Tuileries , par M. le cardinal l"eïÇlr
V Il
< 6' - .
“Un voyageur del’île de l’rance présenta dans
‘ce temps , à l’impératrice , un singe femelle de
la famille des orang-outangs. Sa Majesté donna
l'ordre que l’animalfût placé dans la ménagerie
de la Malmaison. Celte macaque était extrême—
ment douce et paisible. Son maître lui avait
donné une excellente éducation. Il fallait la voir
lorque quelqu’un s’approchait de la chaise où
elle était assise , prendre un maintien décent ,
remcner sur ses jambes et sur ses cuisses les
pans d’une longue redingote dont elle était re—
_v_frtue , se lever ensuite pour saluer en tenant
toujoui‘s sa redingote fermée devant elle , faire
enfin tout ce que ferait une jeune fille bien élevée.
Elle mangeait à table avec un couteau et une
fourchette , plus proprement que beaucoup d’en
fans qui pa seraient pour être bien tenus ; elle
’aimait , en mangeant , à se couvrir la figure
avec sa serviette , qui) se découvrait ensuite en
poussant un cri de pue. Les navets étaient son
ahment,de prédilection; une dame du palaislui
en ayant montré . elle se mit à courir , cabrio
ler , à faire des culbutes , oubliant tout—à-faitles
leçons de modestie et de décence que lui avait
données son professeur. L‘impératrice riait aux
éclats de voir la macaque aux prises avec cette
dame dans un tel désordre d'a justement.
Cette pauvre bête eut une inflammation d’in
testius. D’après les instructions du voyageur qui
(623 .
l’avait apportée , on la coucha dans un lit, vêtud
comme une femme, d’une chemise et d’une ea—'
misole. Elle avait soin de ranienei‘ la couverture‘
jusqu’à son menton, ne voulait ri‘elt supporter
sur la tête, et tenait 5er. bras hors du lit ,’ les
mains cachées dans les manches de sa camis‘ole.
Lorsqu’il entrait dans sa chambre quelqu’un de
sa connaissance , elle lui faisait signe de la tête‘
et lui prenait la main qu’elle serrait affectueuse—
ment. Elle prenait avœ avidité les tisanes or-‘
données pour sa maladie, parce qu’elles étaient
sucrées. Un jourf;qu’on lni préparait une potion
de manne , elle trouva qu’on.était'trop lentà la
lui donner , et montra tous les signes d'impa—
tiencc d’un enfant, criant , s’agitant {jetant sa‘
couverture à bas et tirant son médecin par
l‘habit avec tant d’upiniâtreté que celui—ci fut
obligé de céder. Dès qu’elle eut en sa possessi0n
la bienheureuse tasse, elle se mit à boire' , tout
doucement ,- à petits coups , avec toute la sen
sualité d’un gastronome qui aspire un. verrerie.
vin bien vieux et bien parfumé , puis elle rendit
la tasse et se recouchà;
Il est impossible de se figurer combien ce
pauvre animal témoignait de reconnaissance
pour les soins qu’on prenait de lui. L’itnpéralriœ
l’aimait beaucoup.
( 53 )
deame ambitieuse;
*.»4s. 1; . ,fl.._a a
( 64 >
v.—» Oui, Sire.
—— « Alors vous êtes bien heureux. »
L’empereur sourit ; le préfet du palais s’éloi—«
gua , enchanté de pouvoir unir à la serviette
brochée le e3ducée (le lami du prince. Il con—
naissait en effet la dame; belle , mais plus aux..
biticuse encore. Il se hâte le lendemain de con
rir chez elle, lui conte ce qu’on a ditg la voilà
aux anges, un avenir: brilla_n{ s'ouvre à elle :
elle ne témoigne de la vertu qui ce qu’il en faut!v
pour être mise à l‘enchère, et aâÊeptç un rendez—c
\ous que certainunent on lui pr wsera.
Le service ramène M. de t5....:'ÿau château ,
il y reparaît en triomphe , causeuriinstanxt avec
l’empereur qui lui donne: ses instrubäiflo;s et 16-.
moigne un vif désir de causer avec ' adame
de Bat... Le préfet revientà elle , il s’agitd‘au
river aux Tuileries, de monter dans l'apparte
ment de M. (le Bourg‘ienne, on consent à tant ,k
on se fait belle ,} on arrive avec un monde de
chimères, on_veut filer une passion , mais le
moyen (l‘arrêter le vainqueur d’Austerlitz et de
Marengo P Napoléon fait sentir qu‘il n‘a pas le
temps d’attendre , et l’on cède (la peur de ne. .u
65 '
Napplé‘on la laisse(parler), voit où elle en veut
venir , et prenant à son tour la parole:
' —- j«Madame , lui dit-il , ma chaise longue
n’a place dans mon cabinet. ».
Ce fut un coup de poignard , il amena une
disgiäce rapide ; l’empereur se leva , salua la.
dantte et redescendit. Je laisse à penser quelle
i_n)t’lla douleur de [ambitieuse qui s’était t10p
téj}_ä(lév0ilée ; le préfet du palais la-trouva de.
seSPérée.‘
' «Cet homme n‘a pas de cœur ,4 dit—elle , je
me flattais de lui inspirer de la passion , je n’ai,
pas même parlé à sa tête. »»
; Elle partit enfin, détrompée de ses beaux
t:êves , et Napoléon dità M. à son sujet :;
«Une autre fois 1_ choisissez-Ian_mette , si elle
ést sourde même cela ne vaudra que mieux, a;
- . .41. L"'—
*"Î ..'_- '.t ..__W
66
tement la plus indisëensabie. .On était alors à la
fin de septembre. Les nuits commençaient à
être froides; il n’y avait pas de feu dans la
chambre , de sorte qu’après avoir attendu plus
d’une heure , elle se trouva transie de froid. Elle
‘ sonna , et pria d’avertir l‘empereur de la situæ
lion où elle se trouvait. Son travail n’était pas
encore terminé: «Qu’elle s’en aille , » répondit:
i. ; et; jamais il ne la redemander.
( 67 ) '
» —— Vous devez avoir été contente des pro—
çédés de l’empereur , dit—il à l‘aimal:le enfant ;
;on cœur est si grand , si généreux l...
» -— Oh ! enchantée ; il était si bon, si ente
pressé , si complaisant ‘. il était aux petits soins
_pour :1101.
» —— Je le crois , mais encore, il doit vous
_avoir laissé des gages de son amitié , quelques
preuves de souvenir?
» -— Oui , sans doute , il m’a promis dix
fois que je lei‘everrais‘ , qu’il ne m’oublicrait
point à son retour; Dieu conserve ce héros !‘
» —— C’est fort bien ; mais voyons , pendant
son séjour ou à son départ , que vous a—t-il
donné 9 ' '
» —- Bien; mais je ne me rappelle pas moins
son cher souvenir ; et l’avoir connu fera tou—
jours mon bonheur l
Tout cela parut fort touchant et sentimental
sans doute au payeur; mais il lui sembla qu’on
pouvait s’attendre à quelque chose de mieux.
En quittant la jeune fille , il rencontra le comte
Estève , trésorier général de la couronne , auquel
il raconta l’aventure et les soupçons qu’il avait
conçus. Celui-ci en entretint le duc de Feltre ,
gouverneur général (le la Prusse , et ils couvin—
rent de questionner à ce sujet le grand maréchal
du palais.
Duroc , auquel ils. avaient écrit , en parla à‘
.- . ..M>JM.JKÆWN‘M
68 r
Napoléon lui—même ,(qui fii aussitôt appeler nm
de ses valets de chambre et lui dit en le regar—
dant d’un œil sévère : « Qu’avez-vous fait des
» diamans que je vous ai chargé de porter .‘t
» une jeune dame de Berlin? » Cet homme ne
répondit qu’en tombant aux pieds de son mal.—
tre_ , et il avoua son crime. M. E5tève eut ordre
d’envoyer soixante mille francs à la: jolie Pros—.
sienne.
Quand au valet infidèle , il avait. été à l’instant
chassé.
L’Âctrice Espagnole.
Le roi fit immédiatement sa rentrée dans la.
capitale ;. avec lui revinrent les hautes familles
de Madrid que les troubles avaientéloignées du.
foyer de l’insurrection , et bientôt recommencè«
rentles bals , les fêtes, les festins , les spectacles.
Au grand théâtre était alors une fort jolie»
personne , de quinze à seize ans tout au plus ,
aux cheveux noirs, à l'œil plein de feu et d’une
fraîcheur ravissante. Elle avait su , on le disait:
d‘u moins , préserver sa vertu des dangers aux
quels sa profession d’actrice l’exp05ait,; elle avait.
une lylle ame , un bon cœur , une vivacité d’ex-.
pressions singulière : elle avait tout enfin , elle
était adorable. Voilà ce que dit un jour à Sa”.
Majesté.M, de B... ,qui était allé au théâtr'e
. ,4!ËI l; Wm__..
( 69 ) _
la veille et qui était rev enu tout émerveillé.
M. (le B.... ajouta que cette jeune fille n’avait
plus ni père ni mère; qu’elle vivait chez une
vieille tante ; que cette tante , aussi avare que
dépravée,_ la surveillaitavec un soin particulier,
affectant pour elle un attachement très—vif , l’ai.
sant partout l’éloge des charmes et des qualités
de sa chère enfant , dans l’espérame qu‘ele
nourrissait de fonder bientôt sa fortune sur la
libéralité de quelque protecteurriche et puissant
Sur un portraitsi engageant, l’empereur a) ant
témoigné le désir de voir cette belle actrice.M.
de B....c0urut chez la tante , avec laquelle il
fut bientôt d’accord , et le soir la nièce était à
Champ—Martin , parée d’une manière éblouis
sante , 'et parfumée de tous les parfums imagi«
fiables. J'ai déjà dit que l’empereur avait un
dégoût très—prononcé pour les odeurs; aussi ne
manqua—kil pas de le témoigner quand j’intrœ
duisis dans sa chambre cettepauvre fille , qui ,
sans doute, avait cru faire grand plaisir à Sa
Majesté en se co‘uvrant ainsi d’essences. Mais
enfin elle étaitsi jolie , si séduisante, qu’en la
regardant l’empereur sentit s’évanouir son an—_
lipathie. ' ' '
Il y avait deux. heures a peu près. que j’étais
sorti de la chambreà coucher , lorsque j’_enten_dis
sonner à casser le cordon , j’flitijäi‘hirn vite ce
j le trouvai que la jeune. personne.‘ L’empereuy ,
70 )
était dans son cabinet de toilette , la tête ap
|.uyée sur ses mains. « Constant , s’écria-t—il en
me voyant, emmena—moi Cette petite ! Elle me
fma mourir avec ses odeurs: cela n’est pas sup
portable. Ouvrez toutes les fenêtres, les portes...
mais surtout emmenez—la ! dépêchez—vous. »
Il était bien tard pour renvoyer ainsi une
femme. Mais enfin l’ordre n’admettail point de
réplique. J’allai donc faire part à la pauvre pe—
tite des intentions de Sa Majesté... Elle ne me
romprit pas d'abord , et je fus obligé de lui ré—
]éter plusieurs fois: «Mademoiselle, Sa Ma.
jesté désire que vous vous retiriez... » Alors elle
se mit à pleurer, à me conjurer de ne pasla faire
sorlir à une pareille heure ; j’eus beau lui dire
que je prendrais toutes les précautions nécessai-.
res , une voiture douce et bien fermée , elle ne
mit fin à ses prières et à ses larmes et ne se con
sola un peu qu’à la vue d’un présent considéra«
_ble «riont l’empereur m’avait chargé pour elle.
En rentrant, ie trouvai l’empereur encore
assis dans son cabinet et se frottant les tempes
avec de l’eau de Cologne; il s’appuya sur moi
leur aller se recoucher.
Mademoiselle Georges.
. ( 3
Elle consentit donc et7avet): empressement a Se
rendre au château. A l’heure indiquée , la perä-’
sonne dont j’ai parlé vint la chercher. Je la reçus
à’son arrivée , et lintroduisis dans la chambre
de Sa Majesté ; elle ne pallait point fran’çàis ,
maiselle savait parfaitement l'itàlien '; en con—
séquence il fut aisé à l’empereur de causer avec
elle. Il apprit avec étonnement que cette char
mante demoiselle appartenait à une famille très—‘
honorable de Vienne, et qu’en venant le voir
elle n’avait été inspirée que par le désir de lui
témoigner son admiration. L’empereur respecta
l’innocencede la jeune fille , la fit reconduire
chez ses parens , donna des ordres pour que
l’on prit soin de son établissement, qu’il rendit
plus facile et plus beau au moyen d’une dot
considérable.
74 )
son arrivée. Il était couché sur son lit et plongé
dans ses 'méditations , tellement que ce ne fut
qulà un second avertissement de ma part qu’il
me répondit : « Priez-la d’attendre. » Elle at-*
tendit donc dans l’appartement qui précédait
celui de Sa Majesté , et je restai avec elle pour
lui tenir compagnie. Cependant la nuit s’avana
çait ; les heures paraissaient longues à la belle
voyageuse , et son aflliction était si vive de voir‘
que l’empereur ne la faisait pas demander, que
j’en pris pitié. Je rentrai dans la chambre de
l’empereur pour le prévenir de nouveau. Il ne
dormait pas; mais il était si profondément ab
sorbé dans ses pensées , qu’il ne me fit aucune
réponse. Enfin , le jour commençantà paraître ,
la comtesse, craignant d’être vue par les gens
(le la maison , se retira , la mort dans le cœur
de n’avoir pu faire ses adieux àl’objet de toutes
ses affections. Elle était partie depuis plus d’une
heure quand l'empereur , .se rappelant, quelle
attendait , la lit demander. Je dis 51 Si Majesté
ce qu’il enétait; je ne lui caclräi point l’état de
désespoir de la comtesse’." au moment de son
“"“‘-«- «mec—bd“.
( 5
départ. L’empereur en7 fui vivement affecté :
« La pauvre femme, me dit-il , elle se croit
humiliée ! Constant , j’en suis vraiment fâché ;
si vous la revoyez , dites—le lui bien. Mais j’ai
tant de choses la l » ajouta—kil d’un ton très—
énergique, en frappant son front avec sa main.
-m ‘ _.‘(_su. J
de la scène nocturne de ma chambre de Stupinis.
L’appartement qu’occupait mon bon colonel
Gruyer était contigu au mien, et nous nous en
tendions si facilement à|travers la cloison qui
nous séparait , que cela explique comment l’a-
venture que je viens de raconter n’a pas été per—
due pour la postérité. Une voisine fut indiscréte,
et il est peu probable quel’empercur , l’aide—de—
camp ou même la dame en aient jamais parlé à
personne. l\’os appartemens étaient composésïle
deux chambres et ornés d’un grand nombre de
portraits de papes. Gruyer un jour eut la sin.
gulière fantaisie de leur tirer aux yeux avec un
pistolet , et , comme il y était très—adroit , à
l’aide de deux balles il aveugla effectivement
l’effigie d’une sainteté; j’essayai d’en faire au
tant , mais, comme j’étais moins habile , je n’at.
teignis pas l’œil auquel je visais ; de sorte que ,
grâce à ma maladresse , je n’ai réellement à me
reprocher que le nez d’un pape. Nous fîmes cette
belle équipée un jour qu’il n’y avait personne au
palaistn autre jour nous voulùmcs nous écla_ir«
cir d’uh’doute , et pour cela nous eûmes. recours
à un tour pardon;xable au plus à des écolier&
Nous soupçonnions depuis quelques jours que ,
lorsque toutle monde était end0rmi , un de nos
voisins sortait de sa chambre pour aller.... je
ne vous dirai pas où , et avait grandsOin de
rentrer avant le jour. Pour nous en assurer *
' 80
nous imaginämœ dg broy)er un pain de blanc
d’Espagne , et de répandre cette poussière devant
la porte de notre voisin aPrés que nous le sûmes
rentré cliez lui. Le lendemain , à la pointe du
jour , nous vîmes dans le corridôr des em'prein—
tes de pieds marquées en blanc , précisément
dans la direction que nous soupçonnions , et
nous fîmes tout disparaître avantque personne
fût levé dans le palais. '
2
Aventure de la belle Banquiêre.
————=...=.———
4 La princesie Pauline.
. -Lh.-n._y_üM"
( 88
méprise l’époux qui est tot?j0ur5ltt très—humble
valçt de ses moindres caprices. 7
Pauline avait été forcée par l’empereur de
suivre son premier mari dans son expédition de
Saint-D0minguç. En proie _aux vives ardeurs du
climat des tropiques , et reléguée dans l’île de la.
Tortue par suite des revers de l’expédition , elle
se plongea , pour s’étourdir , dans tous les genres
de sensualités. A la mortde Leclerc , elle se bêta
de remettre à la voile et vint jouir de toutes les
délices que lui offrait la capitale. Une maladie,
suite de ses excès de tout genre, fit long-temps
craindre pour sa vie. Elle guérit enfin, et sa
beauté , loin d’être ternie par ses longues souf—
frances , reparut avec plus de fraîcheur et d’éclat.
Redoutaut son frère dont la sévérité et la sur—
veillance l’empêchaicnt de jouir sans frein et
sans retenue , elle forma _ le projet d’assujétir
Napoléon à tout l’empire de ses charmes. Elley
mit tant d’art , tant de raffinement que son
triomphe fut complet.
L’enivrement du frère pour la sœur dura plus
d’un an. Pauline se croyait si sûre de son em
pire que lorsqu’il fut question du divorce de
Joséphine , elle s’écria : « Pourquoi ne régnons
» nous pas en Egypte? nous ferions comme les
» l-‘loléme’cs: je divorcerais et j’épouserais mon
» frère. »
Qu’on juge de son dépit, lorsqu’à quelques
' ( 89 )
mais de là elle vit une princesse d’Autriche venir
s’assseoir sur un trône où elle ne pouvait pas
monter , mais dont elle espérait subjuguer tou
jours le possesseur l La cour subit une réforr’nc
complète dans ses mœurs , dans ses habitudes
et dans son étiquette. Napoléon en donna lui»
même l'exemple par le strict maintien des con
venances et l’observation de ses devoirs comme
époux. Dès ce moment , la cour licencieuse de
Paulinc fut abandonnée, et cette femme , qui
joignait les faiblesses aux grâces de son sexe ,
conçut contre la nouvelle impératrice un ressen—
timent si vif que sa santé en fut altérée et que
les médecins lui conseillèrent les eaux d’Aix4a—
Chapelle. S’étant mise en route , elle se croisa
dans BrnxelleS aVec Napoléon et Marie—Louise,
qui se dirigeaient vers la Hollande. Là , forcée
de paraître à la cour de la jeune souwraine, et
ne résistant pas au désir de lui faire une injure,
elle se permit en la voyant passer dans un sa—
lon , de faire derrière elle , et avec des ricane—
mens indécens , un signe de ses deux doigts ,
que le peuple , dans ses grossières allusions,
n’applique qu’aux époux honaees et trompés.
Napoléon, témoin et choqué d'une si grave im
pertinence que le reflet des glaces avait même
décelée à Marie-Louise, ne pardonna point à sa
sœur qui reçut, le jour même ,l’ordre de quitter
la cour. Trop fière et trop piquée pour faire la
. . . < 9° > ,
momdre sonmrssron, elle vecut dans lexrl et
. .
dans la disgrâce , et ne revit son frère qu’en
1814 , au moment où il s’embarquait pour l’île
d'Elbe.
Le dentiste Borglet.
.4 ..-g.s «w;; A
3
« Très—CertainemcnP, n)ron cher ami . l’em
pereur sera charmé de voir à sa cour un perd
sonnage comme vous , je lui en parlerai... A
quelques jours de là , le maréchal dit à M. 1’....
qu’il n’avait pas encore obtenu de Sa Majesté
une réponse positive; puis il se plaignit d’un
retard de paiement de ses pensions.... Le ban
quier_ s’esquive et rentre un instant après appor—
tant dans un_ porte-feuille jaune trente mille
francs dont il ne demande pas de billet. Le ma
réchal remercie le banquier , et doit lui rendre
son argent aussitôt qu’il le pourra. Le maréchal
se trouvait engagé plus loin cpt’iln’auraitvonln;
il devait de la reconnaissance au banquier , il
parla donc à l’empereur qui le renvoya à mille
lieues. Cependant le solliciteur ne lâche point
priser, il fait au maréchal dix visites par se
maine. Le maréchal qui est débiteur d’une som—
me de trente mille francs , l’entretient toujours
dans ses illusions. En lui rendant ses visites , il
fait une découverte ', la femme du banquier est
jeune , fraîche et jolie. « Pointons nos batteries
de ce côté. » Mais en amour comme en guerre
les généraux d’armée arrivent quelquefois trop
tard , ou trop tôt. Le cœur de madame
n’était pas vacant dans ce moment, et le maré—'
chal XXX. perdit auprès d’elle le fruit de son:
amabilité et de ses peines....Upe idée folle s’em
pare de lui. '
»— x. .. mæ.—..-—.u. -— ——
94 )
...» Mon ami, dit-il un jour au banquier ,
vous avez réussi auprès de l'empereur , il vousl
nomme son grand trésorier à la place de M.\
listève. l
——r) Ah ‘. mon cher maréchal. souffrez que
je vous embrasse , vous voyez en moi le plus
heureux des hommes. - r
.——» Un moment , vous êtes grand trésorier ‘
à une condition... - ‘
—— » A une condition 1 E11 quelle est cette
condition, je vous prie?
—» En vérité je n’aurai jamais le courage
de vous dire ce que c’est. '
—-» Parlez donc , M. le maréchal... grand
trésorier Mais quelle est donc cette condi—
tion? v
—— » L’empereur est amoureux de votre
femme... Vous comprenez maintenant.
——:» Diable , oui je comprends... je ne veux
plus être trésorier de la couronne , ne m’en par—
lez plus. Quel est le costume de ce dignitaire?
'——'» Son costume est très-beau , habit de
velours, couleur de bois , brodé en argent,
manteau Pareil , ceinture rouge , chapeau à la
Henri IV. Figurez-vous avec ce costume là ;
combien il vous flatterait l Quel Ornemcutpour
un salon qu’un portrait de famille décoré deces
msrgnes.
—)) C’est vrai, maréchal , mais liemPerellr
met à ses grâces un prix L...
a __, ,___,.M
’ 95 )
—— « Je pense que si vous acceptiez, l’em
pereur‘ne bornerait pas là ses faveurs , et le
grand cordon de la légion—d’honneur ne se ferait
pas attendre long—temps.
— «Le grand cordon , mon cher maréchal l...
— « Oui , le grand cordon , sans compter les
marques particulières d’estime qui vous Seraient
données en présence de la cour. Écoutez, M.
P... vous êtes philœophe.;.
Quand on l‘ignore ce n’est rien ,
Quand on le sait c’est peu chose.
Le mari Ç0mflàt‘sant.
M. de Canouviiie était‘i‘m‘ beau cavaiior ,
d‘une [aille magnifique , doux ,, gracieux , aië'
mahle , empressé, nouinoins que brave, ai‘marit
h princesse Pauline, en mari,et qui sedmngait
les airs de l'êtrc,‘au.poînt de emmerdes méprisés
à ceux qui le malin ,‘ ve‘naut chez madamfikit
Borghèze, le trouvaientélabii‘cn robe de clmubm
-A1—:{‘—_A.,»J.—-L_«-æ» ,
z"
( rot )
et sans aucune eérQnouie. Cette familiarité dé«y
plaisantà pinsieurs personnes, etuotammet;t au
prince liorgltézc qui disait à ce propos :_ c( Jele
lui passerais , si Cela me 'tlônnait un héritier ;
mais en vérité , à quoi sert d’avoir épousé la.
sœur d‘un empereur , si on ne laisse point de
postérité qui puisse recueillir les avantagrs d’une
alliance aussi élevée. » Le prince s‘était imaginé
(et peut»être son espoir n’était—il pas sans fonde
ment ) , que si l’auline lui donnait urrfils ,
l’empereur l’aurait gratifié d’une principauté
souveraine autre que celle de Guastallæqui lui
fut reprise en échange d’une forte somme d’argent.
Je reviens à M. de Carrouville ,{qui ne jouit
pas long—temps de son auguste_bo_nquête. Un
e0np de canon tiré après uni: bataille:et simple
mentir l’effctde déchargerïune pièce d’artillerie ,
le ren've‘rsa baigné dans son sang} Ce fut une
perte - pour larmée_ «franchises - Canôuv ille
avait cette bravoure cl:èèaleresäùg et téméraire
qui , “dans ces*d’eini‘ers ternps’Îàiàitî Sortir de
nos bataillons tant de capitaines distingués. '
La princesse Pauline se montra long-temps
inconsolahl‘e de sa‘mo‘rt’, elle dit adieu aumou-
de; ce qui fit dire à sa sœur Elisa qui ne l‘ai—
mait guère : « La voilà à' son second veuvage ,
le troisième ne lui coûterait pas autant de lar—
mes. » Madame Baceiocchi avaihraison.
fi" ' ‘ . 8.,
(102)
Vengeance a”un mari.
Le pagefemme de chamêre.
( 10
Madame D*** était gra7vée dela petitevérole ;
mais faite comme un ange. Elle avait toujours
dans sa iniSe _une simplité qui annonçait peut
être plus de recherche et de (0]uetteric que la
parure la plus éclatante. Avec cela un pied, une
maint... Unamant aurait été jaloux du parquet
qu’elle foulait , du gant qui emprisonnait ses
doits éfilés et potelés. Elle avait dans l’œil un
je ne sais quoi qui faisait qu’on ne pouvait en
sontenir;long—temps le regard. Ajoutez à cela de
belles dents et des petites oreilles , on aura le
portrait ressemblant de madame D*‘*. Du reste
peu, de gorge , mais beaucoup de fortune.
Partout où elle habitait , soit à l‘hôtel de la
princesse, soit à Saint—Cloud ou à Compiègne
lorsqu’elle y venait , elle avait toujours le soin
de décorer elle—même et avec un goût exquis le _
logement que le fourrier du pa'ais lui destinait ,
n’importe dans quel état elle le trouvait. En
entrant on se sentait comme enw10ppé d‘une
atmosphère ‘suavc; il n‘y régnait jamais qu’un
demi—jour qui avait quelque chose de volup
tueux. Elle savait le diriger avec art vers le ca—
napé on la bergère sur lesquels elle restait'cons
tamment assi5c , elle ne se levait même pas lors-'
qu’il fallait saluer ou donner quelques ordres :
un léger c0up de tête poirrvoyait à tout. Mes
quatorze ans avaient été plus d‘une fois élec
trisés en entrant chez elle , et j‘ouhfiais souvent
l-._s-._..:= à g“
( 108 )
le sujet qui m’y avait amené. Avec tout cela ,
madame D“* avait déjà une rivale; c’était... je
dois dire toute la vérité... c’était mademoiselle
Ilerminie , sa femme de chambre et en même
temps sa femme de confiance l ..
Il faut qu’onsaehc que cette demoiselle Hier—+
minie, dont, sans doute , t0ut autre aurait fait
li a ma place était aussi bien élevée que sa
maîtresse, plus instruite , peut—être, mais aussi
plus c0qnette. Ce joli péché lui servit à quelque
chose : elle eut le talent de devenir baronne , en
épousant , en 181 1 , le colonel La... , qui fut
tué un an après, à la bataille de la Moscowa ,
en attaquant la grande redoute. Mademoiselle
est morte en
Hrrminie, 1823 , madame
ou plutôt à l’époque
la de la dernière
baronne La
5%.
112 )
je n’en sais rien. — A—t—elle été bien en colère
en ne me trouvant pas? -—- Elle ne m’a rien
88‘:
dit. — VOUS l’avez donc vue? — Je suis re—
» venu dcla chasse avec elle. —— Madame est si
vv bonne 1 —— Oui , il faut en convenir. —— Heu—
\
133)
de la trahir , car sa toilette était celle d’une‘
g:iselte , tout—à—fait à l’unisson de son ouvrier
amoureux , mais elle baissait les yeux parce
que , même après avoir franchi les limites du
devoir et bravé toutes les convenances, elle con—
servait encore malgré elle un reste ‘de pudeur
dont il lui était impossible de se dépouiller
entièrement. .
Charles , bien repu , et beaucoup plus excité
parla présence d’une jolie femme que par les
vapeurs du vin , se disposait à lui donner les
preuves les plus grandes de sa passion; l’agita
tion de la dame était extrême , elle reculait au
‘hord du précipice , mais était—il temps de 1‘6
culer ?-Ce qui devait arriver arriva , et toutes
les distances furent franchiesl
A qUelqucs jours de là , Joseph le cocher de
l’hôtel demanda à M. et madame R...son congé
Pour affaires de famille, disait—il ,- et en même
temps il fit agréerà sa place un jeune homme
de sa connaissance nommé Urbain , un fort
eau garçon , grand , bien fait , leste comme les
Frontin de la plus haute volée. Toujours en l’air
pour le service de madame, quoique la nature
de_son service l’appelât auprès de ses chevaux ;
il la suit comme son ombre , devine ses désirs ,
c’est un homme unique. On le regarde , il a de
la tournure , ses traits réguliers , et à tout
prendre il vaut mieux avoir devant ses yeux
* i0
W
134)
une belle figure qu’une figure maussade ; mais
on ne va pas plus loin , et madame}... estbien
loin de se douter que ce drôle en livrée"...
Charles d’ailleurs l’occupc exclusivement.
Mais voici un nouvel adorateur qui se met
sur les rangs, c’est le ministre de la poliœen A
’ personne. Le lecteur s’étonnera peut—être queles
soupirans se succèdent ainsi auprès de madame
R.... Charles avait—il commis des indiscrétions ,
ou la faute qu’avait connnise madame B... la—
vait-elle précipitée dans de tels excès , que le v
premier venu pût se croire autorisé à obtenir
ses faveurs? Nous ne pensons pas que Charles
fût indiscret , ni que madame R....lui eût été
déjà infidèle. Peut—être , sans chercher ailleurs
la solution de cette dilIiculté , la trouvera-bon
aisément si l’on pense à Urbain , ce domestique
de madame B... qui l’avait rencontrée à laguin-—
guette de Ménilmontant. '
Quoiqu’il en soit , le ministre de la police}
l’erg-oratorien Fouché voulut avoir sa part des
faveurs de madame R...; une ame commecelle
de Fouché pouvait—elle être aceessibleàl’amour ?
Mais Robespierre ne l’a-t-il pas été l C’est im—
possible , medira le lecteur incrédule: le lecteur
dira et pensera ce qu’il voudra ; moi qui sais la
chose à n’en pas douter , je soutiens que Ro
hespierre a soupire :, il est vrai qu’il a conduit
la femme qu’il aimait sur l’échafaud. Je n’en— .
e'-=
135
'trerai pas dans les détails du fait que j’avance,
je te dével0ppemid3ns
Iivrurai d’autres
peut—être au public Mémoires
à une époqueque
plus
138
et. quand elle a fini’, il posiæ un baiser sur son
front , s’échappe et descend rapidement l’esca—,
lier. Il avait vu Urbain en sentinelle dans la
rue , madame B... le lui'ayant montré par la
fenêtre. Il s’avance vers lui; « Monsieur, dit-il ,
la personne qui est chez moi désire vous parler ,_
elle est prudente et je suis'discret.»
Urbain triomphe , il suit Charles , mais à
peine a-t-il mis le pied dans l’allée longue et
obscure, qu’il tombe frappé de deux coups de.
couteau si bien appliqués , qu’il perd la vieen
jetant à peine un faible cri. L’audacieux jeune
lemme remonte et apprend en deux mots à‘
madame R... ce qu’il vient de faire; il la supplie
de s’éloigner sans perdre un instant; elle obéit,
elle passe auprès du cadavre sanglant , tourne
dans le passage Aubert , sans savoir où se diri-_
gent ses pas ; elle arrive dans la rue Saint-Denis;
un fiacre se présente , elle se jette dedans , va;
donner l’ordre de la conduire chez elle, mais
une pensée la frappe tout—à«coup la.. « Au mi-j
nistère de la police , » dit—elle.
Je saute à pieds joints sur ce ni s’était dit
après le meurtre; ce sont des dé ils aquuels
l’exaltation d’un moment si terrible donna, une
teinte d’énergie peu commune ; ces détails (
pourraient paraître romanesques et je fais de
l’histoire. ,
Charles voulait se sana, mais il en fut an—_
MW 7 f_
—v W'wv>v‘vwm
l39 )
irement, Une persome entrant dans la maison
guit un cadavre baigné dans son:ang; des cris
se font entendre , on se rassemble de toute part,
et déjà les gendarmes du poste voisin sont ac—
coums. On cherche à reconuoître le cadavre ,
les gendarmes promènent autour deux des re—.
gards serutateurs; Charles estlà parmi les en
rieux , aucun tache de sang ne souille ses ha-,
bitsil s’est dessaisi de l’instrumentde son crime,
ou plutôt il ne l’a point retiré du flanc de sa
victime. Cependant le commissaire de police est
arrivé , et après avoir dressé procès—verbal , il
demande quelles personnes habitent la maison ;\
quelques soupçons vagues lui passent par la
tête , il fait arrêter Charles. Mais le même jour
un ordre de la préfecture de police vint le re—.
mettre en liberté.
' Madame li... , arrivée chez Fouché , avait
demandé à lui parler , forcé tonte consigne , et
se présentait dans un état d’agitation difficile à
décrire. Le ministre est tout surpris de voir
enfin cette divinité si souvent invoquée et alors
si peu attendue ; elle se déclare coupable de
meurtre”! avoue , ce qui n’est pas , qu’elle et
armé le bras du jeune homme pour se venger
de la scélératesse d’Urbain. Si on le condamne,
il faudra aussi qu’elle soit mise en accusasion :
en mot , elle parla si bien ou Pouché jugea
tellement à propos de ne point ébruitçr une
.’!'
< 140 )
affaire où son nom figurerait d'une manière
peu avantageuse , que le cadavre fut enterré
sans cérémonie et qu’on n’en parla plus. Charles
partit pour rejoindre la grande armée , et courut
après la gloire , tandis que son amante se dé—
,vouait à Paris pour le sauver.
Long—temps après, un manuscrit , Où étaient
retracés tous les détails que je viens de racon—
ter], fut trouvé , en 1815 , dans les bureaux du
ministère de la police. On le remit au roi ;' nous
le lûmcs ensemble , et Louis XVIII voulut 53—.
voir ce qu’il y avait de Vrai. Madame B... ,
confondue à la vue de son écriture , qu’il lui
étaitimpossible de désavouer , finit par me ra
c_onter de point en point les particularités qu’on
vient de lire. ‘ y
-— «lit Charles, lui dis—je , qu’est—ildevenui‘_
-—» Il est aujourd’hui colonel.
—-» Quoi l c’est le baron?
—-« » Lui—même.
-— » Voilà un coup de couteau qui a eu des
résultats bien satisfaisans. »
Je promis cependant à madame R... de ne
pas faire mention au roi de cette dernière par—
ticularité , qui aurait pu être un obstacle à
l’avancement de ce brave militaire. Du reste ,
je n’eus pas besoin de faire un grand effort
pour taire au roi le nom du jeune militaire , il
( i4! )
ne daigna pas même s’en informa, Il y a une
si grande distance d’un roi à un petit officier ,
qu’il est bien rare que le premier s’occupe du
second , à moins que le roi n’ait commencé
lui -même par être un petit officier, ce qui est
encore plus rare.
FIN.
'Jmour de Bonapafle pour son épouse
Jose'phine. page 5
Jalousie de Joséphine. n:
Le Collier. 14
Les Actrices. 15
Le Camp de Boulogrze. 19
BonapÏzrte en Egypte. 23
17/; chapitre entier des Mémoires de Cons:
tant , premier xvalet de chambre de
l’empereur. . 25
‘ La belle Polonaise. 38
Le bal masqué. 45
Intrigues galantes de [empereur à Fontaz}
nebleau.. 49
La jeune Prussienne. 53
La [zelle Grecque. 57
Le baL de l'Opéra. 58
La dame ambitieuse. 63
Mademoiselle Duchesnois. 65
(AÏZî ___ Ÿ
Tout à la fin se découvre. ' 6àË 1
L'Âctrice Espagnole. . " Ï68‘Ë’ ‘.
Mademoiselle Georges. 70 '
Aventure galante de l’empereur à Selzœm
lzrünn. 7u
Une visite à Fontainebleau. 73
LAventure de l'empereur à Saint—Claud. 75
L’empereur , la belle dame .et l’aide-de:
Ca’"P' ' 77.
Aventure de” la belle banquie‘re‘. 80
Parallèle et de Joséphine de Marie—baise; /
‘ . 81!
Premier attachement de Napoléonc , 85
Opinion le Napoléon sur l’amour. id;
Laprincesse Pauline. 87‘
Le dentiste Borglet. 90
Le banquier et le maréchal d’empire. 92
Passion (1'unfou pour Hortense de Beau—
harnais. 99
Le mari complaisant; l! 00
Vengeance d’un mari. 1,02
{Le pageflzmme-de-clzambre. 105
l’empereur et la belle Anglaise.- ,12U
,/.
1 “y '| u
,. ; ê"tÂiî '1‘
‘.
-:. .j'..
. ' ct au préfet du palais. t 23 '
. .
1
du palais et un jeune ouqrier.‘
- .a‘!n T' *:
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