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MIHAELA CHAPELAN IULIANA PAŞTIN

(coordonator)
FENÊTRES SUR LA FRANCE
ediţia a II-a
Descrierea CIP a Bibliotecii Naţionale a României
CHAPELAN, MIHAELA
Fenêtres sur la France / Mihaela Chapelan, Iuliana Paştin
- Ed. a 2-a, Bucureşti: Editura Fundaţiei România de Mâine, 2005
192p. 20,5 cm.
Bibliogr.
ISBN 973-725-421-X

I. Paştin, Iuliana

811.133.1(075.8)

© Editura Fundaţiei România de Mâine, 2006


UNIVERSITATEA SPIRU HARET
FACULTATEA DE LIMBI ŞI LITERATURI STRĂINE

MIHAELA CHAPELAN IULIANA PAŞTIN


(coordonator)

FENÊTRES
SUR LA FRANCE
ediţia a II-a

EDITURA FUNDAŢIEI ROMÂNIA DE MÂINE


Bucureşti, 2006
AVANT-PROPOS

Cet ouvrage s’adresse à des étudiants en français de niveau avancé et


se propose d’atteindre deux grands types d’objectifs pédagogiques: enrichir
leurs connaissances de langue mais aussi favoriser une connaissance et une
compréhension plus complètes de la France et des Français.
La matière est découpée en huit unités thématiques, dont les titres
illustrent certains aspects de civilisation ou de mentalité françaises.
Chaque unité est composée de plusieurs textes, le premier étant une
présentation synthétique de notre point de vue sur l’aspect de civilisation
abordé, tandis que les autres donnent la parole aux Français eux-mêmes, étant
généralement des extraits de presse ou des fragments littéraires d’auteurs
français dont les oeuvres traitent de ces sujets. Les textes sont suivis
d’explications lexicales qui visent à rendre plus facile leur compréhension et
d’une série de questions qui ont pour rôle de vérifier celle-ci. Ce premier volet
des unités se propose également de favoriser l’expression orale et écrite des
apprenants, ainsi on y trouvera des suggestions concernant l’organisation de
débats ou des sujets de rédaction. Le deuxième volet de chaque unité comprend
une série d’exercices lexicaux visant à faire travailler les étudiants sur
certaines difficultés lexicales et grammaticales rencontrées dans les textes
choisis. Les exercices grammaticaux se proposent de consolider leurs
connaissances théoriques de syntaxe française, notamment celles concernant
les types essentiels de phrase et la phrase moléculaire.
Pour mieux susciter l’intérêt de nos étudiants, majoritairement jeunes,
nous avons préféré choisir des textes qui, tout en élargissant leur horizon
culturel, soient en même temps vivants, agréables, avec une pointe d’humour
et dans lesquels ils puissent retrouver leurs propres préoccupations.

Les auteurs
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6
TABLE DES MATIÈRES

Unité 1: Qu’est-ce qu’un Français? (Mihaela Chapelan) ……..…. 9


Peut-on définir l’identité d’un peuple? …………………………….. 10
Pierre Daninos, Les Carnets du major Thompson ......................…... 12
Le glaive et la balance du jugement des autres nations ..................... 17
Exercices (la phrase interrogative) .................................................... 23

Unité 2: La famille - du côté des jeunes (Mihaela Chapelan) ..…... 33


La famille française aujourd’hui ........................................................ 34
Le mariage à l’essai ........................................................................... 37
Marcel Aymé, Uranus..............…...................................................... 40
Paule Constant, Confidence pour confidence.............……................ 45
Exercices (la phrase exclamative) ...................................................... 51

Unité 3: Ainsi va la langue française (Mihaela Chapelan) ........….. 55


La francophonie ................................................................................. 56
Les trésors de la francophonie ........................................................... 60
Andrei Makine, Le Testament français .…........................................ 64
Exercices (la phrase injonctive) ......................................................... 69

Unité 4: Le Paris des cafés littéraires (Mihaela Chapelan) ........….. 73


De l’origine du café en Europe .......................................................... 74
Un café à histoire et histoires: Le Procope (d’après Gérard-Georges
Lemaire) ....... .................................................................................… 79
Sous le signe de Flore (d’après Gérard-Georges Lemaire) ............... 86
Exercices (l’expression de la conséquence et du but) ........................ 90

Unité 5: L’école et le travail (Iuliana Paştin) ............………....….... 101


Les jeunes et leurs problèmes ............................................................ 102
Daniel Pennac, Témoignages....................…...................................... 111
Exercices (l’expression de la cause) .................................................. 114
7
Unité 6: Voyages (Iuliana Paştin) ............................……......…...…. 127
Michel Butor, Écrire c’est voyager ......................................…....…. 128
Colette, Le pays que j’ai quitté ......................................................... 132
Exercices (l’expression de la condition) .…..................................…. 134

Unité 7: Le cinéma français (Iuliana Paştin) ........….......……..…... 141


Le Festival de Cannes 2002 ............................................................... 142
Quelques opinions sur le cinéma français ………………………….. 143
Exercices (l’expression de la concession) ......................................… 149

Unité 8: La ville (Iuliana Paştin) ....................…..…......................... 157


Bernard-Henry Lévy, La beauté des villes ....................................... 158
J. M. G. Le Clézio, Les bruits de la ville ...................................... 164
Exercices (la comparaison) ...................................................………. 166

Évaluation – auto-évaluation (Iuliana Paştin) ................................ 176


Texte pentru traduceri (Mihaela Chapelan) ..….............................. 180
Textes à traduire (Mihaela Chapelan) ….........…............................ 183
Bibliographie sélective ...................…........….....................………. 191

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UNITÉ 1: Qu’est-ce qu’un Français?

CONTENU

TEXTES:

1. Peut-on définir l’identité d’un peuple?


2. Les Carnets du major Thompson, de Pierre Daninos
3. Le glaive et la balance du jugement des autres nations

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux
2. Exercices grammaticaux: la phrase interrogative

9
Peut-on définir l’identité d’un peuple?

Définir l’identité d’un peuple est une question difficile et


controversée. À un journaliste qui lui demandait: « La France, pour
vous, qu’est-ce que c’est? », l’historien Fernand Braudel, qui venait de
publier un livre ayant justement pour titre « L’identité de la France »,
répondit: « C’est la seule question à laquelle, finalement, je ne sais pas
répondre. »
Établir les traits distinctifs d’un Français, d’un Anglais, d’un
Allemand etc. reste une entreprise hasardeuse. Premièrement, parce
qu’elle doit ignorer les nuances et opérer des généralisations simplifi-
catrices, amputant ainsi l’infinie diversité humaine qui caractérise
chaque nation. Deuxièmement, parce qu’elle fonde ses conclusions sur
des sources empreintes souvent de subjectivité. Il est connu que
l’auto-définition peut se constituer en une image idéalisée de sa propre
identité et que le regard des étrangers, source potentiellement objec-
tive, est lui aussi influencé par la mentalité de l’espace social et cultu-
rel où il s’est formé. À ces facteurs de relativisation de tout « portrait-
robot » d’un peuple s’ajoute un fait historique incontestable: les pre-
mières rencontres entre les nations furent souvent conflictuelles, les
premiers contacts avec d’autres civilisations étant occasionnés par des
guerres ou des invasions. On comprend aisément que, dans ces condi-
tions, le regard porté sur les nations ennemies n’étaient pas des plus
tendres, et que les caractérisations visaient non pas à décrire réelle-
ment l’adversaire, mais plutôt à le dévaloriser.
La prise en compte de la relativité et de la subjectivité des
images véhiculées à propos de telle ou telle autre communauté, images
transformées parfois en véritables clichés, n’a pas empêché de nom-
breux écrivains, philosophes, journalistes et même historiens connus
pour leur soucis de l’exactitude et de la rigueur (tels Pierre Chaunu,
Fernand Braudel, Jean Tulard, Colette Beaune, pour n’en rester qu’à
l’espace français) de se déclarer «hantés » par le problème de la défi-
nition de l’identité des peuples en général et du leur en particulier, ce
qui prouve que le besoin de se définir par rapport à l’Autre reste soli-
dement ancré dans la nature humaine.
10
AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions suivantes:

- Quels sont les risques théoriques qui rendent hasardeuse toute entre-
prise de définition de l’identité d’un peuple?
- Quels sont les « risques moraux » auxquels pourrait s’exposer une
nation trop confiante dans les caractérisations rapides et les clichés
concernant autant son identité que celle des autres nations?
- Connaissez-vous quelques ouvrages importants qui se proposent de
définir l’identité des Français?

EXPRESSION ORALE

Sujet de débat:

Prenant en compte ces risques, est-il bon, est-il mauvais ce besoin que
ressent toute nation comme tout être humain de se définir par rapport
aux autres? Argumentez votre opinion et essayez de trouver par quels
moyens on peut éviter ces «risques moraux» que vous avez définis
auparavant.

PIERRE DANINOS, Les Carnets du major Thompson


11
Né à Paris, en 1913, journaliste dès 1931, Pierre Daninos est
l’auteur de plusieurs oeuvres: Le Jacassin; Les Carnets du Bon Dieu
(Prix Interallié, en 1947) ; Sonia, les autres et moi (Prix Courteline, en
1952); Un certain Monsieur Blot; Les Carnets du major Thompson,
Snobissimo; Ludovic Morateur; Les Touristocrates; Made in France
etc.
Lorsqu’en 1954 Pierre Daninos fit apparaître dans les pages
du Figaro un mystérieux major anglais qui, abandonnant la chasse au
tigre dans les colonies, décidait d’explorer la jungle française et de
consigner ses observations sur les autochtones, leur comportement,
leurs manies, leurs qualités et leurs défauts - il ne pensait pas que ces
articles allaient devenir un livre, et un livre promis à l’un des plus
grands succès de librairie de son époque, étant réimprimé depuis
d’innombrables fois. Traduits dans vingt-huit pays, aussi bien au Ja-
pon qu’en Finlande, en Russie, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis
etc., Les Carnets du Major Thompson font l’objet d’éditions scolaires
et universitaires dans beaucoup de ces pays.
En 1977, avec Made in France, Pierre Daninos délaisse le
déguisement du major, mais non pas son thème préféré, et invente un
autre personnage, une jeune Norvégienne, par les yeux de laquelle il
nous fait découvrir la France et les Français. Cette diversité des pers-
pectives ainsi que l’humour et l’ironie omniprésente constituent sa
manière d’assumer et de résoudre le problème de la relativité de tout
point de vue. C’est aussi ce qui fait que les réflexions de la jeune nor-
végienne ou du major anglais sont « non seulement drôles, mais cons-
tamment drôles et profondes » (Paul Morand)

Qu’est-ce qu’un Français?


12
(fragment)

Dans le secret de son cabinet de Harley Street, un de mes


amis, réputé chirurgien du cerveau, ouvrit un jour un Anglais.
Il y aperçut d’abord un cuirassé de Sa Majesté, puis un imperméable,
une couronne royale, une tasse de thé, un dominion, un policeman, le
règlement du Royal and Ancient Golf Club, une bouteille de whisky,
une balle de cricket, du brouillard, un morceau de terre sur lequel le
soleil ne se couchait jamais et, tout au fond de son subconscient tapis-
sé de séculaire gazon, un chat à neuf queues........
Je me suis souvent demandé ce que mon ami trouverait s’il
ouvrait un Français. By Jove! Comment définir un Français? La ri-
tuelle définition du Français qui mange du pain, ne connaît pas la géo-
graphie et porte la Légion d’honneur n’est pas tout à fait inexacte.
Mais elle est insuffisante.
Je suis effrayé à la pensée que si mon ami ouvrait un Français
il tomberait, saisi de vertige devant un abîme de contradictions. Vrai-
ment...Comment définir ces gens qui passent leur dimanche à se pro-
clamer républicains et leur semaine à adorer la Reine d’Angleterre, qui
se disent modestes, mais parlent toujours de détenir le flambeau de la
civilisation, qui font du bon sens un de leurs principaux articles
d’exportation, mais en conservent si peu chez eux qu’ils renversent
leurs gouvernements à peine debout, qui placent la France dans leur
coeur, mais leurs fortunes à l’étranger..... qui adorent entendre leurs
chansonniers tourner en dérision les culottes de peau, mais auxquels le
moindre coup de clairon donne une jambe martiale, qui détestent que
l’on critique leurs travers, mais ne cessent de les dénigrer eux-mêmes,
qui se disent amoureux des lignes, mais nourrissent une affectueuse
inclination pour la tour Eiffel, qui admirent chez les Anglais
l’ignorance du «système D », mais se croiraient ridicules s’ils décla-
raient au fisc le montant exact de leurs revenus, qui se gaussent des
histoires écossaises, mais essaient volontiers d’obtenir un prix infé-
rieur au chiffre marqué, qui s’en réfèrent complaisamment à leur His-
toire, mais ne veulent surtout plus d’histoires, qui détestent franchir la
frontière sans passer en fraude un petit quelque chose, mais répugnent
à n’être pas en règle, qui tiennent avant tout à s’affirmer comme des
13
gens auxquels on ne la fait pas, mais s’empressent d’élire un député
pourvu qu’il leur promette la lune, .........qui ont un respect marqué
pour les tribunaux, mais ne s’adressent aux avocats que pour mieux
savoir comment tourner la loi,..... enfin, qui sont sous le charme lors-
qu’un de leurs grands hommes leur parle de leur grandeur, de leur
grande mission civilisatrice, de leur grand pays, de leurs grandes tradi-
tions, mais dont le rêve est de se retirer après une bonne petite vie,
dans un petit coin tranquille, sur un petit bout de terre à eux, avec une
petite femme qui, se contentant de petites robes pas chères, leur mi-
tonnera de bons petits plats et saura à l’occasion recevoir gentiment
les amis pour faire une petite belote? ......Quel damné observateur
oserait les définir d’un trait, si ce n’est par la contradiction? Le Fran-
çais? Un être qui est avant tout le contraire de ce que vous croyez »
(Chapitre I, Les Carnets du major Thompson)

EXPLICATIONS LEXICALES

cuirassé, e adj. = revêtu d’une cuirassse, subst. un cuirassé: navire de


guerre blindé; fig. armé, endurci, protégé (ex. Il était cuirassé contre
toutes les vanités)
saisir v. = attraper (ex. Il a saisi la bourse avec rapidité); profiter (ex.
saisir l’occasion); comprendre, discerner (ex. Je n’ai pas très bien
saisi votre idée); s’emparer brusquement de la conscience, des sens
(ex. Une faiblesse le saisit); mettre sous la main de la justice (ex. On
lui a saisi les meubles); en informatique: introduire (une donnée, un
texte) dans l’ordinateur
placer v. = mettre à une certaine place (ex. placer les invités à table);
placer quelqu’un: lui proccurer un emploi; vendre (ex. placer des
marchandises); investir (ex. placer son argent en viager)
tourner en dérision loc.v. = se moquer (de manière méprisante), rail-
ler, persifler, plaisanter, blaguer
tourner la loi = éluder la loi
donner une jambe martiale = insuffler un esprit guerrier
se gausser v.pron. = se moquer ouvertement (de qqn. ou de qq.ch.)
système D = fam. le système des gens débrouillards
14
histoire n.f. = connaissance des événements du passé (ex. histoire
d’un peuple); étude scientifique d’une évolution (ex. histoire natu-
relle); récit, relation (ex. écrire des histoires fantastiques); fable, men-
songe (ex. Il en racontait, des histoires); ennuis, événement fâcheux
ou compliqué (ex. C’est toute une histoire!); histoire de + v.inf. :
marque le but, l’intention (ex. Je t’avais dis ça histoire de rire); faire
des histoires : faire des simagrées

AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions suivantes:

- Quelle est, selon le major Thompson, la principale caractéristique


des Français?
- En analysant bien le texte, quels autres traits du caractère français
pouvez-vous dégager derrière les ironies et les jeux de mots dont nous
régale Pierre Daninos?
- Sachant que le sous-titre de cet ouvrage est: « Comment peut-on être
Français? », comment expliquez-vous le choix de ce sous-titre et à
quelle référence culturelle nous renvoie-t-il?
- A quel trait de caractère attribué aux Français se réfèrent les passages
suivants et en quoi diverge l’opinion des auteurs de ces lignes:

a) « Les livres de géographie et les dictionnaires disent: La Grande-


Bretagne compte 49 millions d’âmes, ou bien Les États-Unis
d’Amérique totalisent 160 millions d’habitants.
Mais ils devraient dire: La France est divisée en 43 millions de Fran-
çais. La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix ci-
toyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divi-
sions..... » (P. Daninos, Les Carnets du major Thompson, ch. II, Le
royaume de la subdivision)

b) « Tenez: Il n’est pas, dit-on, de peuple plus individualiste. Or il


s’agit de millions d’individualistes qui ont l’habitude de faire tous la
15
même chose en même temps. Ils lisent les mêmes livres, ceux que
leurs imposent les jurys des prix littéraires; ils se précipitent tous aux
mêmes expositions; ils assistent, tous à la même heure, aux grand-
messes que sont les journaux télévisés; ils partent à-peu-près tous le
même jour en vacances, empruntent les mêmes autoroutes; ils aiment à
se retrouver, tous ensemble, dans les bouchons du week-end.... » (Ro-
ger de Weck, Quand Siegfried se paie la tête d’Astérix, dans
l’Evénement du jeudi, 30 novembre, 1998)

- Qu’est-ce que représentent les deux personnages, Siegfried et Asté-


rix, mentionnés par le journaliste d’origine allemande dans le titre de
son article?
- Quels prix littéraires français prestigieux connaissez-vous?
- Comment appelle-t-on, en français, cet esprit de regroupement dont
font preuve les Français modernes, selon le journaliste allemand?

EXPRESSION ÉCRITE

Sujet de rédaction

En vous inspirant du modèle offert par le premier paragraphe de


l’ouvrage de Daninos, rédigez un texte qui présente ce qu’un chirur-
gien pourrait trouver en ouvrant le cerveau d’un Roumain-type. Es-
sayez de marier la manière humoristique avec la pertinence des obser-
vations.

EXPRESSION ORALE

Sujet de débat: Les Français devant le jugement des autres na-


tions

Suggestions concernant l’organisation de l’activité:

16
L’effectif des apprenants sera divisé en trois groupes: le groupe de
l’accusation, chargé de formuler les défauts des Français, le groupe de
la défense, chargé de répondre aux accusations et d’invoquer, en tant
que circonstances atténuantes, les qualités des Français et le jury,
chargé de donner le verdict du procès et de le motiver. Après consulta-
tion, les groupes pourront éventuellement désigner des porte-parole
(l’avocat de l’accusation, l’avocat de la défense, le président du jury).
Pour faciliter leur tâche, l’enseignant leur demandera de lire d’abord
les textes suivants:

Le glaive et la balance du jugement des autres nations


(synthèse de plusieurs articles parus dans L’Événement du Jeudi du 17
octobre 1992)

L’Allemagne

À mesure que s’efface le citoyen de la RFA et que se dessinent labo-


rieusement les contours d’une nouvelle identité allemande, le regard
sur le voisin occidental devient sensiblement plus critique.
Pour les Allemands, la France reste le pays du savoir-vivre, de la
bonne bouffe et l’accent français n’a, grâce à Dieu, pas encore perdu
sa connotation sensuelle. La France reste un pays de culture
dont on prend les intellectuels très au sérieux. On envie le panache des
« grands travaux du président »* et on envie son cinéma,

le dernier en Europe à être encore capable de produire de vraies stars.


Mais c’est fini, l’Allemand honteux et maso de jadis. Celui qui disait
parfois: «Que vous avez de la chance d’être Français! » Il n’est plus
interdit d’être sévère envers son voisin, et beaucoup s’en donnent à
coeur joie. Quand l’Allemand désigne l’Hexagone, en parlant de « la
grande nation » c’est presque toujours de manière ironique.
( Alain Auffray)

*
il s’agit des travaux exécutés pendant la présidence de François Mit-
terrand (les pyramides en verre de l’entrée du Louvre, l’Opéra Bastille, la
Très Grande Bibliothèque)
17
L’Espagne

Conformistes, arrogants, snobs...Les adjectifs péjoratifs ne manquent


pas aux Espagnols pour décrire leurs voisins français. En haut de la
liste, le chauvinisme. Leur propension au « nombrilisme national »
agace les Espagnols.
« En fait, les Français ne sont peut-être pas plus chauvins que les au-
tres. Mais ils projettent davantage cette image », constate un journa-
liste espagnol.
Les Espagnols reprochent aux Français un excès d’orgueil national et
de confiance en leurs capacités, qu’elles soient professionnelles ou
culturelles, qui les conduit parfois à une attitude quelque peu mépri-
sante envers les autres nations. Car si les Espagnols sont prêts à leur
reconnaître des compétences en bien des domaines, ils trouvent exagé-
rée leur tendance à se croire meilleurs que les autres. Et l’Espagne a
encore des comptes à régler avec la France. Elle n’a pas oublié les
hordes de touristes qui envahissaient ses plages à bas prix et compa-
raient - toujours désavantageusement - l’Espagne à leur pays. « Cela
n’a fait que renforcer l’image d’un Français dédaigneux, traitant
l’Espagne de voisin pauvre et sous-developpé. Mais ce ressentiment
est profondémment ancré dans notre histoire. Il remonte en fait, à
l’époque napoléonienne », expliquent les professeurs d’histoire espa-
gnols. Mais, à force de travail, l’Espagne a démontré qu’elle ne pou-
vait pas être traitée comme quantité négligeable, qu’elle est un parte-
naire européen incontournable....Il est temps donc, pour les Français,
d’en finir avec leur complexe de supériorité. (Agnès Maillot)

Grande-Bretagne

«Si vous voulez avoir une vision de l’enfer, il vous suffit simplement
de franchir la Manche », déclarait Edmund Burke après l’exécution de
Louis XVI. Deux cents ans plus tard, les Anglais citent encore, sou-
vent avec humour, cette phrase, mais 15 millions de Britanniques né-
gligent chaque année l’avertissement du grand idéologue conserva-
18
teur, adversaire implacable de la Révolution. Ils se risquent, chaque
été, dans la patrie des sans-culottes. Sans même parler des milliers de
retraités anglais qui préfèrent couler des jours tranquilles en Dordogne
plutôt que dans les brumes de Bradford ou de Newcastle. Est-ce à dire
que les «rosbifs» n’ont plus rien à redouter des «froggies»? Tout
prouve au contraire que les vieilles hantises ont la peau dure. Vus de
Londres, les Français sont d’autant plus redoutables qu’ils sont impré-
visibles et contradictoires: tantôt des anarchistes (....), tantôt des enra-
gés de la bureaucratie qui veulent régenter l’Europe entière à coups de
normes et de réglementations....L’arrogance, la suffisance, le manque
d’humour, sont les vices hexagonaux les plus souvent cités. Interrogé
au téléphone, Jonathan Fenby, rédacteur en chef du Guardian,
confirme ce diagnostic: «Vous avez tendance à vous prendre pour le
nombril du monde, mais le problème est que, selon moi, vous êtes bel
est bien le nombril du monde»
À noter qu’un compliment peut cacher une perfidie: l’écrivain Antony
Burgess salue notre aptitude à raisonner, « mais, ajoute-t-il, si la
Grande-Bretagne avait été cartésienne en 1940, elle aurait sans doute
comme la France baissé les armes devant les nazis ». Francophile dé-
claré, Théodor Zeldin nous invite à ignorer ces menues malveillances:
« L’important, dit-il, c’est votre art de vivre, la qualité de votre
conversation et la place accrue des valeurs féminines dans la société
française ».
(Eric Dior)

L’Italie

Le protrait-robot du Français moyen vu de Rome est lapidaire. Une


vraie image d’Epinal. Râleur - les Italiens ont assisté avec étonnement
aux scènes de révolte des paysans et des camionneurs - individualiste
avec un grand sens de la dignité personnelle, correct, mais peu géné-
reux dans ses transactions commerciales, comme dans ses relations
personnelles. Le Français a tous les vices de ses vertus...L’aspect le
plus préoccupant? Cette auto-suffisance orgueilleuse, cette tendance à
19
la fermeture sur soi-même. Le côté positif? La vision cartésienne des
choses, une certaine attitude rationnelle et déterminée, leur esprit de
clarté et de pragmatisme celtique qui ne cède pas aux influences sen-
timentales, mais qui, en même temps, n’exclue pas de la vie les capri-
ces sentimentaux. Pour les Français, les sentiments sont là pour leur
rendre la vie plus agréable, mais ils se gardent bien de les laisser pren-
dre le dessus et de leur bousiller la vie.
(Salvatore Aloise)

EXPLICATIONS LEXICALES

glaive n.m. = épée de combat à deux tranchants; fig. l’autorité punitive


de la loi
balance n.f. = instrument qui sert à peser (ex. La balance à deux pla-
teaux est devenue le symbole de la Justice); fig. jugement judicieux,
qui pèse toute chose (la balance de la raison); état d’équilibre (ex. la
balance des forces politiques..)
savoir-vivre n.m. = art de bien diriger sa vie; qualité d’une personne
qui se conduit selon les règles de politesse (ex. Les jeunes hommes
d’aujourd’hui n’ont plus de savoir-vivre.)
bouffe n.f. = fam. nourriture, repas, cuisine (ex. Il aime la bonne
bouffe. Elle prépare la bouffe.)
bouffer v. = se maintenir gonflé (ex. Sa longue jupe, bouffant autour
d’elle..); fam. manger gloutonnement (ex. Il ne mange pas, il bouffe);
fam. manger (ex. On bouffe toujours mal chez eux)
expr. bouffer du lion: se dit de quelqu’un qui manifeste une énergie
inhabituelle; bouffer des kilomètres: rouler beaucoup en voiture;
bouffer du curé : être très hostile aux curés
panache n.m. = faisceau de plumes serrées à la base et flottantes en
haut (ex. le panache d’une armure; le panache de la tête d’un oiseau);
allure fière, bravoure spectaculaire et plus ou moins gratuite (ex. Ce
garçon a du panache)
s’en donner à coeur joie loc.v = faire quelque chose avec délectation,
jusqu’à satiété
20
Hexagone n.m = mot servant à désigner la France (à cause de la res-
semblance de son territoire à un hexagone)
chauvin, ine adj. = qui manifeste un patriotisme fanatique; par ext.
qui a une admiration outrée, partiale et exclusive pour son pays; xéno-
phobe; provient du nom propre Chauvin, type du soldat enthousiaste
et naif de l’Empire
nombril n.m. = cavité placée à l’endroit où le cordon ombilical a été
sectionné, fig. centre (ex. se prendre pour le nombril de la terre)
nombrilisme n.m = fam. attitude égocentrique
ancre n.f. = croc qui immobilise les navires; jeter l’ancre: s’arrêter,
se fixer; fam. lever l’ancre: s’en aller
ancrer vb. = retenir un navire en jetant l’ancre; fig. enraciner, fixer
solidement
sans-culotte n.m. (pl. sans-culottes) = nom que se donnaient les ré-
publicains pendant la Révolution française, parce que les gens
du peuple portaient à l’époque le pantalon, tandis que la culotte passait
pour aristocratique
hanter v. = obséder, poursuivre; fréquenter de manière habituelle un
lieu (ex. Il hante les tripots)
la hantise n.f. = action de hanter; obsession, idée fixe, manie, (ex. La
hantise du péché..)
avoir la peau dure = être résistant
baisser les armes = capituler, renoncer
enrager v. = éprouver un violent dépit (ex. Il enrageait de la voir
réussir son coup)
enragé adj. = atteint de rage (ex. Il a été mordu par un chien enragé);
fig. furieux, fou de colère, fam. passionné, fanatique (ex. un enragé du
cinéma); expr. fam. manger de la vache enragée: mener une vie de
privations
image d’Epinal = gravure, illustration populaire naïve, dans le style
des illustrations fabriquées à Epinal, dans les Vosges
lapidaire n.m. = traité sur les pierres préciseuses; artisan qui les taille;
commerçant en pierres précieuses autres que le diamant
lapidaire adj. = concis, laconique
râler v. = faire entendre un râle en respirant (ex. un moribond qui
râle); pousser des cris (se dit de certains animaux: le tigre, le daim, le
21
chevreuil râlent); manifester sa mauvaise humeur, son mécontente-
ment
râleur, euse adj. = personne qui proteste à tout propos
bousiller v. = fam. gâcher, abîmer, pop. tuer

EXERCICES

I. Exercices lexicaux

1. Découvrez les différents sens du mot polysémique « cuirasse » et


essayez de les réutiliser dans des énoncés adéquats:

Les premières cuirasses étaient en cuir.


Le devant de sa cuirasse était taché du sang des ennemis abattus.
Il s’était construit une triple cuirasse de froideur indulgente, d’ordre
poussé jusqu’à la minutie et de politesse.

22
On le dit infaillible, mais il ne faut pas désespérer; patientez et cher-
chez le défaut de sa cuirasse.
La cuirasse protégera notre navire contre l’effet des projectiles.
Certains poissons sont recouverts d’une cuirasse écailleuse.

2. Etablissez la famille lexicale du mot: « cuirasse » et formez des


énoncés pour chacun des exemples trouvés.

3. Remplacez les points de suspension par le mot « cuir » ou


« peau »:

Mon nouveau sac est en.......de veau.


J’aime caresser son/sa ......... doux/douce.
Se laver avec un bon shampooing, c’est la meilleure façon de protéger
son .........chevelu/e.
Fais gaffe, si tu te barres avec l’argent, je vais te faire le/la........
Pourquoi tu t’en fais pour elle, ce n’était qu’un/e vieux/vieille......
Les flics qui l’ont attrapé lui ont tanné un peu durement le/la.............
Ne t’inquiète pas, personne ne le saura; tout va se passer entre
le/la.....et la chair.
Au dix-neuvième siècle déjà, les Français se moquaient des fonction-
naires en leur donnant un surnom qui leur a collé à le/la ......: «mes-
sieurs les ronds-de-........ ».

4. Comment expliquez-vous les sens sur lesquels joue Pierre Dani-


nos dans les phrases suivantes:

«.... qui placent la France dans leur coeur, mais leur fortunes à
l’étranger... »
« ...qui s’en réfèrent complaisamment à leur histoire, mais ne veulent
surtout plus d’histoires...... »

5. Etablissez la famille lexicale du verbe « placer » et construisez


des énoncés avec chacun des termes trouvés.

23
6. Le nom « place » a comme synonymes: « lieu », « endroit »,
« emplacement », « site ». Remplacez les points des énoncés sui-
vants par le ou les mots de la série synonymique convenant au
contexte:

Vous le rencontrerez au même.........


Il faut choisir ........pour camper.
Quel est votre .............de naissance?
Après son retour, il a repris son/sa........., comme si de rien n’était.
Nous prions les passagers de regagner leurs ..........et de remettre leurs
ceintures de sécurité.
Les gens du/de la ...........n’étaient pas très chauds pour la construction
de cette usine de recyclage.
Cet enfant est très remuant: il ne peut pas tenir en ......une minute.
Sa maison est devenue rapidement un/e véritable.........de débauche.
A cet (cette) ...........de l’histoire, les enfants s’endormirent.

7. Trouvez des synonymes de l’expression « tourner en dérision »


et formez des énoncés avec chacun d’entre eux.

8. En vous aidant d’un dictionnaire, trouvez les différents sens des


mots « travers » et « traverse ».

9. Complétez les points de suspension par un des deux mots: tra-


vers ou traverse

Non, merci, je ne bois pas d’alcool. Bon, si vous insistez, mettez-moi


juste un/e...... de doigt.
Je te l’accorde, j’ai beaucoup de .........., mais toi non plus tu n’es pas
parfait.
Pour arriver plus vite, j’ai pris un chemin de.........
Arrête de me regarder de ........., ce n’est pas moi qui t’ai balancé aux
flics.
Il n’a pas eu toujours une vie facile; pour arriver à cette position il a
dû essuyer bien des.............
Cet homme parle à tort et à...............
24
Je suis en froid avec Ginette, elle a pris de ........... ce que j’avais dit
sur son copain.
Chaque fois que je veux faire quelque chose, il se met en ............de
mon chemin.
D’où tu me sors ça? Non, mais, vraiment, tu as l’esprit de ...........

10. Expliquez les diverses valeurs prises par les adjectifs « petit »
et « grand » dans le fragment suivant et essayez de le traduire en
roumain:

«Comment définir ces gens qui (......) sont sous le charme lorsqu’un de
leurs grands hommes leur parle de leur grandeur, de leur grande mis-
sion civilisatrice, de leur grand pays, de leurs grandes traditions, mais
dont le rêve est de se retirer, après une bonne petite vie, dans un petit
coin tranquille, sur un petit bout de terre à eux, avec une petite femme
qui, se contentant de petites robes pas chères, leur mitonnera de bons
petits plats et saura à l’occasion recevoir gentiment les amis pour faire
une petite belote » (Pierre Daninos)

II. Exercices grammaticaux


(la phrase interrogative)

1. Etablissez de quel type d’interrogation il s’agit dans les phrases


suivantes:

Pour vous, la France, qu’est-ce que c’est?


Est-ce que tu es content de ta nouvelle voiture?
Est-ce que vous quitterez Bucarest ce week-end?
A qui désirez-vous parler?
Combien de livres avez-vous lu cette semaine?
25
Que se passe-t-il?
Viendras-tu me voir samedi?
Que fais-tu samedi?
Est-ce qu’ils boivent du café?
Lequel d’entre vous ment?
Ta soeur a-t-elle mangé?
Qu’est-ce qu’elle a mangé?
Comment veux-tu t’y prendre?

2. Faites porter la question sur les constituants en caractères gras:

Exemple:
J’habite dans la banlieue. - Où est-ce que tu habites?

Il ressemble comme une goutte d’eau à son père.


Nous n’aimons pas du tout les polars (romans policiers).
Elle paraissait très émue.
J’étais, à l’époque, professeur.
Nous avons vu deux hommes sortant de la maison.
Marie lit à haute voix sa composition.
Nous l’avons rencontrée pour la première fois il y a deux semaines.

3. Posez les questions adéquates aux réponses suivantes, en faisant


porter la question sur des constituants différents:

La mariée jette des dragées autour d’elle en sortant de l’église. Pierre a


mangé les gâteaux.
Chloé n’arrête pas de pleurer depuis deux jours.
Anne part à la montagne avec ses amis.

4. Lisez les textes suivants:

A) Un jour vers midi 30, du côté du parc Monceau, sur la plate-forme


arrière d’un autobus à peu près complet de la ligne S, j’aperçus un
26
personnage au cou fort long qui portait un feutre mou entouré d’un
galon tressé au lieu de ruban. Cet individu interpella tout à coup son
voisin en prétendant que celui-ci faisait exprès de lui marcher sur les
pieds à chaque fois qu’il montait ou descendait des voyageurs. Il
abandonna d’ailleurs rapidement la discussion pour se jeter sur une
place devenue libre.
Deux heures plus tard, je le revis devant la gare Saint-Lazare en
grande conversation avec un ami qui lui conseillait de diminuer
l’échancrure de son pardessus en faisant remonter le bouton supérieur
par quelque tailleur compétent.

B) - A quelle heure ce jour-là passa l’autobus de la ligne S de midi 32,


direction porte de Champerret?
- A midi 38.
- Y avait-il beaucoup de monde dans l’autobus de la ligne S sus-
désignée?
- Des flopées.
- Qu’y remarquâtes-vous de particulier?
- Un particulier qui avait un très long cou et une tresse autour de son
chapeau.
- Son comportement était-il aussi singulier que sa mise et son anato-
mie?
- Tout d’abord non; il était normal, mais il finit par s’avérer être celui
d’un cyclothymique paranoïaque légèrement hypotendu dans un état
d’irritabilité hypergastrique
- Comment cela se traduisit-il?
- Le particulier en question interpella son voisin sur un ton pleurni-
chard en lui demandant s’il ne faisait pas exprès de lui marcher sur les
pieds à chaque fois qu’il montait ou descendait des voyageurs.
- Ce reproche était-il fondé?
- Je l’ignore.
- Comment se termina cet incident?
- Par la fuite précipitée du jeune homme qui alla occuper une place
libre.
- Cet incident eut-il un rebondissement?
- Oui, moins de deux heures plus tard.
27
- En quoi consista ce rebondissement?
- En la réapparition de cet individu sur mon chemin.
- Où et comment le revîtes-vous?
- En passant en autobus devant la cour de Rome.
- Qu’y faisait-il?
- Il prenait une consultation d’élégance.
(Raymond Queneau, Exercices de style)

a) Sachant que dans « Exercices de style » Raymond Queneau


raconte la même histoire quatre-vingt-dix-neuf fois dans quatre-
vingt-dix-neuf manières différentes, sous des titres suggestifs
quant à la manière adoptée, précisez en quoi consiste la différence
entre ces deux textes et quels pourraient être, selon vous, leurs
titres?

b) Classifiez les interrogations du texte B en fonction de


l’incidence

c) Etablissez quels marqueurs apparaissent dans chacune de ces


interrogations et à quel niveau de langue ils se situent

5. Quels procédés interrogatifs apparaissent dans les énoncés sui-


vants et à quel niveau de langue (soutenu, standard, familier, po-
pulaire) appartiennent-ils?

a) « Je monte dans le bus.


- C’est bien pour la porte Champeret?
- Vous savez donc pas lire? ......
Je regarde autour de moi. Il a une sorte de galon autour de son cha-
peau.
- Vous pourriez pas faire attention? » (Raymond Queneau, Exercices
de style)

b) Tu fais quoi, dimanche?


Qu’est-ce qu’il t’a encore raconté pour te mettre dans des états pa-
reils?
28
Quand est-ce que nous allons enfin partir?
D’où venez-vous?
Qui c’est-ti qui t’a embobiné comme ça?
D’où vous tenez ce renseignement?
Alors, moi, je compte pour du beurre, non?
Tes parents ne seront jamais d’accord, n’est-ce pas?
Croyez-vous avoir le droit de me parler avec cette grossièreté? T’as
rien pigé, mon pote, hein?
Quoi, c’est toi qui m’as fait le coup?
Mais, t’es fou ou quoi?

6. Transformez ces interrogations directes en interrogations indi-


rectes en essayant de varier les verbes introducteurs:

Exemple:
Quel cadeau allez-vous lui offrir? - Elle veut savoir quel cadeau on va
lui offrir.

a) Quand est-ce que vous irez au cinéma avec Pierre?


Comment iras-tu à la gare?
Qu’est-ce qui la rend de mauvaise humeur?
Où est-ce qu’il est parti?
Etes-vous prêts à assumer les conséquences de vos actes?
Avec qui partez-vous à la mer?
Est-ce que tu as compris?
Qu’est-ce qu’on fait ce soir?
Est-ce que vous allez à sa soirée?
Laquelle des deux préfères-tu?

b) «- Je veux savoir: qu’est-ce que vous fichez là? Vous croyez peut-
être que la compagnie vous a embauchée pour traîner dans les cou-
loirs?
- Concrètement, qu’est-ce que ça peut vous faire? Vous savez que je
n’ai rien à travailler, non? Dîtes: qu’elle importance ça peut bien avoir
que je sois là ou dans mon bureau? » (Amélie Nothomb, Stupeur et
tremblements)

29
7. Transformez ces énoncés en discours indirect en faisant les
changements qui conviennent:

a) - Où est-ce que j’ai pu oublier mon sac?


Elle se demande........................
Elle se demandait......................

b) Est-ce que vous pourrez m’accompagner à cette réunion?


Il veut savoir.....................
Il voulait savoir..................

c) Pourrais-tu me prêter ta voiture?


Elle ne sait pas.....................
Elle ne savait pas..................

d) Avez-vous réussi à décrocher le premier prix?


Nous ignorons...............
Nous ignorions...............
Dîtes................................

e) Où as-tu rangé mes affaires?


Il ne sait pas....................
Il ne savait pas................
Répondez-lui......................

8. Les questions qu’on nous adresse nous prennent parfois au dé-


pourvu et on ne sait pas trop ce qu’il faut répondre, ou la réponse
nous gêne à cause de l’effet supposé sur notre interlocuteur. Dans
ces cas, on peut gagner du temps pour réfléchir en précédant no-
tre réponse par les syntagmes: Eh, bien....; c’est à dire que....; je
veux dire que...; si vous voulez......; enfin...; il faudrait...; plus préci-
sément....; euh, vous voyez....
Imaginez un petit dialogue basé sur des questions et des réponses
de ce type.

9. Mettez en roumain le texte suivant:

30
« - Mais nous t’avons déjà immatriculé hier! Qu’est-ce que tu veux
encore? Pourquoi n’es-tu pas dans ta compagnie?
- Rien...Je ne sais pas.....Ah, j’y suis; la Surintendance des Duels,
Vengeances et Atteintes à l’Honneur, où donc se trouve-t-elle?
- A peine débarqué, voyez-vous ça, ce gamin, ce qu’il vient de nous
sortir! Et que peux-tu bien connaître à la Surintendance?
- Un chavalier m’en a parlé...Ah, comment s’appelait-il?..Un avec une
armure blanche...
- Zut! Il ne manquait plus que lui! Naturellement, avec sa manie de
fourrer partout le nez qu’il n’a pas!
- Que dites-vous? Il n’a pas de nez?
- .....Monsieur est un chevalier qui n’y est pas.
- Comment, qui n’y est pas? Je l’ai vu, moi. Il y était!
- Tu as vu quoi, au juste? De la ferraille....C’est quelqu’un qui est sans
y être, tu as compris, blanc-bec? »
(Italo Calvino, Le chevalier inexistant)

10. Mettez en français:

« Atunci Sfântul Petre întrebă dinlăuntru:


- Cine-i acolo?
- Eu.
- Cine eu?
- Eu, Ivan.
- Şi ce vrei?
- Tabacioc este?
- Nu-i.
- Votchi este?
- Nu-i.
- Femei sunt?
- Ba.
- Lăutari sunt?
- Nu-s, Ivane, ce mă tot baţi la cap?
- Dar unde găsesc de aceste?
- La iad, Ivane, nu aici.
- Măi! dar ce sărăcie lucie pe aici, pe la rai, zise Ivan. »
(Ion Creangă, Poveşti, Ivan Turbincă)

31
32
UNITÉ 2: La famille - du côté des jeunes

CONTENU

TEXTES:

1. La famille française aujourd’hui


2. Le mariage à l’essai
3. Uranus, de Marcel Aymé
4. Confidence pour confidence, de Paule Constant

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux
2. Exercices grammaticaux (la phrase exclamative)

Le Baiser, statue de Constantin Brâncuşi


(école de Paris)

33
La famille française aujourd’hui

Quand on les questionne sur leurs valeurs, les Français se décla-


rent généralement très attachés à la famille. Pourtant, en France,
comme ailleurs, depuis le début des années 70, le modèle familial du
couple marié est en déclin constant. La révolte des étudiants en 1968
fut aussi une révolte ouverte contre la famille traditionnelle, basée sur
deux principes essentiels: autorité des parents sur leurs enfants, devoir
de respect et d’obéissance des enfants envers les adultes. Les jeunes
révoltés ont réclamé plus de liberté pour eux-mêmes et moins de res-
pect pour l’autorité, mettant ainsi en cause d’une manière tranchante le
modèle familial, qui, malgré une courte reprise de 1987 à 1990, ne
s’en relèvera pas. En trente ans, la baisse du mariage est de 45% pour
les deux sexes. En même temps, le divorce a progressé très régulière-
ment, en 1996 seuls 254.000 mariages ont été célébrés et plus de
110.000 divorces prononcés: le rapport est donc pratiquement devenu
de un à deux (conformément au rapport Sardon 1996). De plus, les
Français se marient de plus en plus tard. En 1975, l’âge du premier
mariage était de 24-25 ans pour les hommes et 22-23 pour les femmes.
En 2000, il est de respectivement 30-32 et 28-30 ans. Les raisons de
ce retardement du mariage sont diverses: l’allongement de la durée des
études, le chômage qui affecte les jeunes, mais aussi cette liberté re-
vendiquée en 1968 de pouvoir vivre en « union libre ». La cohabita-
tion hors mariage, nommée aussi, avec une pointe d’ironie, « mariage
à l’essai », est devenue la norme de l’entrée dans la vie de couple. En
1965, seulement 10% des nouveaux couples cohabitaient, en 2000 ils
le font à 90%. De moins en moins de cohabitations se transforment en
mariages et le phénomène est de moins en moins une caractéristique
des jeunes et des couples sans enfants.
Le déclin du mariage se mesure également au fait qu’il n’est
plus le préalable nécessaire à la procréation: les naissances hors ma-
riage croissent régulièrement depuis le milieu des années 60. En 1996

34
ce sont 36% des enfants qui naissent de «filles-mères», contre moins
de 6% au début des années 60.
Le célibat (ayant un taux très fort chez les cadres de moins de 35
ans), les divorces, les familles monoparentales, caractérisent surtout
les agglomérations de plus de 20.000 habitants et font de Paris « la
capitale de la solitude », puisque la moitié des ménages y sont consti-
tués d’une personne seule.
Si les unions libres ont contribué au début à une prise de dis-
tance de la part des jeunes par rapport à leurs familles d’origine, qui
souvent désapprouvaient leur mode de vie, à présent les familles mo-
noparentales resserrent les liens familiaux, revalorisant surtout la rela-
tion mère - fille adulte. Pour surmonter les contraintes contradictoires
de leur métier et de leurs tâches éducatives, nombre de mères céliba-
taires font fréquemment appel à leur mère pour les aider. L’enfant est
alors élevé à cheval sur deux foyers et parfois les valeurs des grands-
parents sont directement transmises aux enfants et se confrontent avec
celles des parents qui ne sont pas nécessairement identiques. Tous ces
changements du modèle familial influencent la psychologie et le com-
portement des enfants, et les parents doivent le prendre en compte. Ils
doivent comprendre que le respect de leurs enfants ne leur est plus
assuré par le simple fait de pourvoir à leurs besoins et que la négocia-
tion doit s’instituer là où l’on ne connaissait bien souvent que
l’autorité et le cloisonnement.
L’Etat français, en ce qui le concerne, a compris qu’il ne sert à
rien de fermer les yeux devant la crise du mariage traditionnel et ses
conséquences sur la société et a essayé de s’adapter à cet état de fait,
prenant à sa charge certaines fonctions autrefois dévolues à la famille
(assurances vieillesse, chômage ou maladie) et offrant des solutions
juridiques à la diversification des modèles matrimoniaux (le PACS).
(Les données statistiques de cette présentation sont fournies par
les Cahiers français, no 291, 2001)

35
EXPLICATIONS LEXICALES

reprise n.f. = action de reprendre (ex. la reprise des hostilités);


loc.adv. à plusieurs/maintes reprises: plusieurs fois, souvent; rac-
commodage d’un tissu (ex. la reprise du pantalon était assez visible);
accélération de vitesse après un ralentissement (ex. cette voiture a de
bonnes reprises); le fait de reprendre essor après une crise (ex. Jus-
qu’à la reprise des affaires, il faut se contenter de peu)
relever v. = v.tr. remettre debout; remettre en bon état (ex. relever un
pays détruit); ramasser; faire remarquer, mettre en relief (ex. relever
les défauts de qqn.); répondre vivement (ex. relever une allusion per-
fide, une offense); noter, copier (ex. relever une adresse); élever (ex.
relever le niveau des salaires); v.pron se relayer (ex. ils se relevaient
au chevet du malade); se diriger vers le haut (ex. les coins de sa bou-
che se relèvent)
fille-mère n.f.; pl. filles-mères = mère célibataire
taux n.m. = pourcentage appliqué à la base imposable (ex. Le taux
augmente en même temps que le salaire); le cours, le prix d’une mon-
naie étrangère (ex. le taux de change du dollars); le pourcentage (ex.
un taux de 4% pour tous les prêts)
pourvoir v. = v.tr.indir. pourvoir à: assurer, fournir le nécessaire;
v.tr.dir. munir, donner (ex. pourvoir qqn. d’une recommandation);
v.pron. faire en sorte de posséder, s’approvisionner (se pourvoir en
aliments); jur. recourir à une juridiction supérieure; être pourvu (de):
avoir, posséder (ex. animal pourvu d’écailles); être riche (ex. Sa vie
est facile, il est pourvu)
pourvoyeur, euse n.m.f. = personne qui fournit (qqch.)
pourvu que loc.conj. = à condition que, si
à cheval loc.adv. = sur un cheval (ex. Ils y allaient à cheval); à cali-
fourchon (une jambe d’un côté et l’autre de l’autre): fig. tenir rigou-
reusement à qqch. (ex. être à cheval sur ces principes/sur la hiérar-
chie etc.); une partie/période d’un côté, une partie de l’autre (ex. Il
vit à cheval entre la France et l’Espagne. Le sujet de son livre
est à cheval sur deux périodes historiques.)

36
dévolu, e adj. = acquis, échu par droit (ex. héritage dévolu à l’Etat);
par ext. réservé (ex. Les récompenses sont souvent dévolues aux nulli-
tés.)
jeter son dévolu sur une personne (chose) = fixer son choix sur elle

AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions suivantes:

- Quelles sont les tendances de la vie familiale dans la société fran-


çaise contemporaine?
- Quel événement historique a marqué une remise en cause collective
des valeurs de la famille traditionnelle?
- Quels sont les nouveaux modèles de vie en couple?
- Connaissez-vous une décision législative récente qui témoigne du
fait que l’Etat français prend en compte ces nouveaux modèles?

EXPRESSION ORALE

Sujet de débat:

Que pensez-vous du «mariage à l’essai»? Argumentez votre opinion!

Pour vous aider, voilà quelques unes des réponses données par des
jeunes français de 18 à 30 ans aux questions: «Accepteriez-vous le
mariage? Pour quelles raisons?»:

Le mariage à l’essai?

OUI, tout de suite:

* Je n’ai pas envie qu’on dise: «Elle vit avec un homme». Je l’aime, je
me marie. Je n’ai pas peur. On verra bien...

37
* Vivre sans être mariés: ma grand-mère ferait les gros yeux et dirait:
« Qu’est-ce que c’est que ça? »

* C’est plus commode pour avancer dans la vie quand on a des en-
fants, pour avoir un logement, tout, quoi!..

* Je ne veux pas rester célibataire; je n’ai pas le courage de vivre


seule.

* Le mariage, ce n’est pas seulement la robe blanche, c’est la vie à


deux. Je trouve ça merveilleux.

* Je ne peux plus me passer de lui, donc c’est normal de vouloir me


marier. S’il le souhaite aussi, pour moi c’est une preuve d’amour.

NON, pas du tout

* Être marié, ça donne des obligations. Il faut être là le soir, tous les
soirs. C’est terrible.

* Pourquoi se marier? Qu’est-ce que ça nous donne de plus? On est


heureux ensemble. Alors c’est bien comme ça.

* On vit comme si on était mariés. Et, en plus, on peut avoir une vie
intéressante chacun de son côté. C’est formidable, non? Pourquoi gâ-
cher ça?

* Se marier, ça veut dire se lier à quelqu’un pour toute la vie. C’est


long, c’est trop long.

* Je ne veux pas avoir une vie comme mon frère et sa femme. Ils
s’aiment. Ils ne se quittent jamais. C’est un couple où rien ne peut
entrer, d’où rien ne sort. Je trouve ça appauvrissant.

38
* J’aime mieux rester seule. J’ai trop peur de faire un mauvais mariage
et de faire souffrir les enfants.

OUI, mais plus tard et avec un passage obligé: le mariage à l’essai

* C’est important de mieux se connaître. Donc, on vit ensemble. Si ça


marche, on se marie...si ça marche pas, c’est plus facile de se quitter.

* Pour le moment on est bien comme ça. Mais si on décide d’avoir des
enfants, on se mariera.

* Ça ne plaît pas à mes parents, mais ils me laissent faire parce qu’ils
comprennent que ce n’est qu’en vivant avec quelqu’un qu’on arrive
vraiment à bien le connaître.

* J’ai des petites amies, parfois on habite ensemble. Mais si je vois


qu’elles commencent à penser au mariage, je prends le large....Je suis
trop jeune pour ça et puis il faut d’abord que je finisse mes études de
médecine. J’ai du pain sur la planche..

* A partir du moment où on se marie, on doit être fidèle à sa femme.


Je ne vois pas la raison qui pourrait m’obliger à me marier maintenant.
Cela n’empêche d’avoir des sentiments et la vie à deux peut être une
expérience utile. Je ferai peut-être moins d’erreurs lorsque je ren-
contrerai la femme de ma vie.
(sondage effectué par l’Institut national d’Études sociales)

39
MARCEL AYMÉ, Uranus

Ecrivain d’une étonnante diversité, Marcel Aymé (1902-1967)


s’est illustré autant par des romans et nouvelles (La Table-aux-Crevés,
qui lui a valu le Prix Renaudot, Brûlebois, La Jument verte, La Voui-
vre, Les Contes du chat perché, Le Passe-muraille) que par des pièces
de théâtre (notamment La Tête des autres, Lucienne et le boucher,
Clérambard etc.)
Qu’il s’agisse d’oeuvres à caractère fantastique (telles: Le Passe-
muraille, La Vouivre, La Jument verte) ou d’oeuvres à caractère ré-
aliste (La Table-aux-Crevés, Brulebois, Uranus), Marcel Aymé
s’avère un extraordinaire observateur des faiblesses humaines, qu’il
exploite avec une verve hors pair qui va de l’ironie légère jusqu’à la
satire la plus corrosive. D’ailleurs, l’originalité de Marcel Aymé en
tant qu’écrivain fantastique réside justement dans le fait que son fan-
tastique s’introduit dans un univers très familier et est accepté par les
personnages avec beaucoup de naturel. Ce fantastique cocasse ne di-
sloque pas de manière flagrante l’odre de l’univers réel, il sert plutôt
de révélateur de la nature humaine. Dans son roman Uranus, Marcel
Aymé suit l’évolution d’une famille sur la toile de fonds de la société
française d’après la Libération, en ironisant avec amertume les excès
de cette période où trop souvent l’ombre d’un soupçon sur la collabo-
ration avec les Allemands conduit vers le poteau d’éxecution.

40
Uranus
(fragment)

Marie-Anne jouait au piano une chanson d’Edith Piaf. Ar-


chambaud écoutait avec une attention émue, croyant y reconnaître un
morceau de Chopin. Les musiciens qui ont un grand génie, se dit-il,
nous ferait croire facilement à l’existence de l’âme et à celle de
Dieu.....
- Comment appelles-tu cette chose-là?
- L’Hôtel meublé. C’est une chanson d’Edith Piaf.
Archambaud ne se piquait nullement de musique. Néanmoins, il eut
une désillusion et douta de la qualité du plaisir qu’il venait de prendre
en écoutant Marie-Anne. L’ineffable ne pouvait-il pas se passer d’un
état civil? Non, pas plus l’ineffable que le reste.....Passant à des consi-
dérations confuses sur l’époque, l’état des esprits et du sien en particu-
lier, il se sentit devenir triste et de mauvais poil.
Essoufflée par la montée des deux étages, Mme Archambaud
entra dans la salle à manger. Elle posa son sac sur la table, jeta ses
gants sur le lit, passa son mouchoir entre ses gros seins pour y éponger
la sueur et vint au piano.
- Marie-Anne, où es-tu allée hier après-midi?
Marie-Anne vira d’un quart de tour sur son tabouret, regarda sa mère
bien en face et lui expliqua qu’elle était allée chez Nadia Vincent re-
prendre un livre prêté la semaine passée.
- C’est faux. Je viens de rencontrer Nadia et sa mère.
Marie-Anne rougit. Mme Archambaud ne se contenant plus, la gifla
deux fois, du plat et du revers.
- Tiens, pour t’apprendre à mentir.
Elle s’apprêtait à poursuivre l’interrogatoire, mais Archambaud inter-
vint. Comme toujours, il était très calme. Sa haute taille, son air de
bon géant placide et réfléchi conféraient à ses paroles leur autorité
habituelle.
- Voyons, Germaine, dit-il à sa femme, pourquoi empêches-tu cette
petite de mentir? Déjà ce matin, tu as fait une scène à Pierrot en
l’accusant de t’avoir pris un billet de cinquante francs. Tu veux donc

41
lancer dans la vie des enfants désarmés, sans autres atouts qu’une
bonne orthographe et des souvenirs de catéchisme?
- Voyons, Edmond! protesta sa femme avec effarement.
- Bien sûr tu aimerais te laisser aller à tes souvenirs d’enfant de Marie.
Si nous étions seuls dans la vie, tu pourrais le faire sans inconvénient.
Mais nous avons fille et garçon. Les malheureux! On frémit de penser
qu’ils ont grandi dans la religion de l’honnêteté, de la vérité et de la
pureté. Il était grand temps...
Cette fois, Mme Archambaud éclata, expliquant à son mari que Marie-
Anne avait passé, la veille, une partie de son après-midi en compagnie
du fils Monglat. Mme Bertin les avait vus entrer ensemble dans le
Bois des Larmes.
- Voilà où elle en est! Une gamine qui n’a même pas ses dix-huit ans!
Non, c’est révoltant!
- Pourquoi? dit le père. Marie-Anne n’a pas mal choisi. Ce jeune
Monglat est riche. Son père c’est rudement bien débrouillé sous
l’occupation et le fils, résistant de la onzième heure, s’entend lui-
même aux affaires. C’est bien ce qui t’a décidée, n’est-ce pas?
Marie-Anne releva la tête, regarda son père avec reproche et, n’osant
prendre la parole, secoua la tête en signe de dénégation.
- Ce n’est pas ça? Je le regrette pour toi. Ma petite fille, souviens-toi
que, dans la vie, la seule chose qui compte, c’est l’argent. D’ailleurs,
sur ce point, ta mère pense exactement comme moi et si elle était sûre
que ce riche jeune homme t’épouse un jour, elle t’aurait déjà pardon-
née.
Troublée par cette dernière affirmation, Mme Archambaud n’y
contredit pas, mais après un temps de silence, s’écria avec un mépris
fougueux:
- L’épouser! Il n’y pense même pas!
- Je crois, en effet qu’il n’y pense pas. Mais pour une jeune fille
adroite, il peut y avoir autant de profit à devenir la maîtresse d’un
homme riche qu’à être sa femme légitime.
- Edmond! Est-ce que tu es fou? Voilà que tu encourages ta fille....Ah!
le jour où cette petite imbécile sera enceinte...
- Evidemment, dit Archambaud, en s’adressant à sa fille, c’est la chose
à ne pas faire. Il faut absolument éviter d’avoir des enfants. Ça coûte
cher, c’est un embarras, une cause de soucis, de tracas, et pour une
42
jeune fille, c’est un handicap très lourd. Ta mère s’inquiète à juste titre
de ta promenade au Bois des Larmes. Ce n’est pas un endroit où céder
à un jeune homme.
Mme Archambaud saisit le bras de la jeune fille qui était devenue
écarlate et l’entraîna hors de portée des paroles du père.

EXPLICATIONS LEXICALES

piquer v. = v.tr. entamer légèrement ou percer avec une pointe (ex.


Une guêpe l’a piqué.); fig. blesser, vexer (ex. Il fut piqué de son indif-
férence.); pop. voler (ex. Elle piquait des fringues dans les supermar-
chés.); prendre, attraper (La police l’a piquée à la sortie du bar);
faire, avoir brusquement (ex. piquer une colère); v.intr. tomber, des-
cendre brusquement (ex. un avion qui pique); (vb. pron.) se blesser
légèrement; se couvrir de tâches (ex. A cause de l’humidité, les livres
se piquent); se piquer + de: avoir la prétention d’aimer, de connaître
(ex. Il se pique de littérature.)
néanmoins conj. = cependant, pourtant
être de bon/mauvais poil = être de bonne/mauvaise humeur
se contenir v. = se maîtriser
effarement n.m. = effroi mêlé de stupeur, trouble
tracas n.m. = difficulté, souci causé par des préoccupations d’ordre
matériel
écarlate n.f. = couleur d’un rouge éclatant
portée n.f. = ensemble de petits qu’une femelle met bas en une fois
(ex. Ces chatons sont de la même portée.); charge d’un navire; dis-
tance à laquelle porte une chose (ex. la portée d’un fusil; la portée
d’une voix); fig. effet, force (ex. la portée d’un argument, d’un évé-
nement, etc.); loc. à (la) portée de....: accessible; hors de (la) portée
de...: inaccessible
Enfants de Marie = mouvement religieux de jeunes enfants

AUTOUR DU TEXTE
43
- Selon vous, cette « scène de la vie de famille » se passe à l’intérieur
d’une famille traditionnelle ou d’une famille moderne?

- Quelles relations existent entre les membres de la famille Archam-


baud?

- Est-ce que les réactions des deux parents devant l’écart de conduite
de la jeune fille sont ressemblantes?

- Comment interprétez-vous l’intervention du père?


Suggestions:
a) comme une preuve de cynisme et de cupidité
b) comme une tentative de dévier la colère de Mme Archambaud
c) comme une manière plus originale de prévenir sa fille contre les
possibles conséquences de sa conduite, ses paroles inconvenantes et
son approbation trop soutenue n’étant qu’une tactique pour la faire
prendre le contre-pied
Cherchez dans le texte les passages qui pourraient constituer des ar-
guments pour votre interprétation

- Est-ce que la réplique d’Archambaud: « Tu veux donc lancer dans la


vie des enfants désarmés, sans autres atouts qu’une bonne orthographe
et des souvenirs de catéchisme?....Les malheureux! On frémit de pen-
ser qu’ils ont grandi dans la religion de l’honnêteté, de la vérité et de
la pureté» est une simple boutade ou elle exprime un sentiment de
malaise plus profond et, implicitement, une accusation à l’adresse
d’une société en transition (l’après-guerre), où les valeurs de la morale
traditionnelle n’ont plus cours?

- Pourriez-vous caractériser en quelques phrases la société française de


l’après-guerre?

- Connaissez-vous quelques écrivains célèbres qui sont tombés sous le


coup des épurations?

44
Quand les enfants accusent leurs parents...

PAULE CONSTANT, Confidence pour confidence

Professeur universitaire, Paule Constant est aussi l’auteur de


plusieurs romans remarqués par la critique et appréciés par les lec-
teurs, notamment White spirit (1990), La Fille du gobernator (1994)
et Confidence pour confidence, qui lui a valu le prix Goncourt de
l’année 1997.

Confidence pour confidence


(fragment)

« Dans une vidéo tournée par lui pour la fête des mères, sa
fille Chrystal, 15 ans, à la question: À qui voudrais-tu ressembler?
avait répondu: A Marilyn Monroe; et à la question: A qui ne voudrais-
tu pas ressembler? - A MA MÈRE! Son joli visage tourné vers la ca-
méra, les yeux tournés droit dans l’objectif, elle expliquait qu’elle ne
voulait pas être une femme qui sacrifie sa vie privée à sa vie publique;
qui travaille jusqu’à deux heures du matin et qui s’enferme dans son
bureau le week-end pour rattraper les quelques moments qu’il lui arri-
vait de perdre avec la famille; qui ne part en vacances qu’à condition
de suivre à travers l’Europe un groupe d’étudiants qu’elle réunit cha-
que matin pour les faire travailler et qu’elle suit chaque après-midi
dans leurs excursions culturelles pendant que Crystal et son père, qui
étaient du voyage, s’occupaient comme ils pouvaient: Prends un livre
et lis!
Chrystal déclarait à la caméra qu’elle voulait de nombreux enfants, un
mari gentil et une maison bien rangée. Ils avaient bien ri tous les trois
en visionnant la casette truffée de gags, de Bunnies qui se couraient
les uns derrière les autres sans arriver à se rattraper. Il avait accéléré le
mouvement pour montrer à quel point Gloria était SPEEDÉE. Cela se

45
terminait par une giclée de coeurs roses..Les coeurs se regroupant
formaient la phrase: J’aime maman. Splatch!!!
Gloria avait moins ri lorsqu’un soir elle s’était rendu compte
que la robe de bal de Chrystal, avait déjà été achetée alors qu’elle
s’était fait une joie de consacrer son après-midi à sa fille. Elle se serait
amusée à tâter toutes ces soies suaves ou éclatantes, à chercher les
escarpins assortis....Tout était là, étalé sur le canapé, acheté avec papa
une semaine à l’avance. Mais pourquoi? avait demandé Gloria. Un flot
d’aigreurs sortit de la jolie bouche qui, entre deux aspirations de coca-
cola, lui expliquait que toutes les autres filles avaient déjà leur robe et
qu’elle avait eu peur qu’il n’en restât plus dans le modèle qu’elle dési-
rait et que papa était sorti du bureau exprès et que papa l’avait amenée
au grand magasin et que papa l’avait aidée à choisir.
- Mais je t’avais dis que je tenais à l’acheter moi-même, que cela me
faisait plaisir!
- Ah! Ton plaisir! Toujours ton plaisir, bien sûr! Elle attaquait: Et moi,
tu penses un peu à moi! Et l’enfant éclata en sanglots. Pour la consoler
son père lui promit de la conduire chez sa grand-mère qui l’habillerait
pour la grande occasion......
Gloria n’avait pas vu sa fille en robe de bal et s’en consola en se di-
sant que c’étaient des coutumes d’une mièvrerie éculée et qu’elle
n’aurait jamais dû tremper là-dedans. Maintenant Chrystal vivait plus
souvent chez ses grands-parents qu’à la maison. Cet arrangement
épargnait à l’enfant le souci de se préparer toute seule le repas du midi
et souvent celui du soir. Elle attendait interminablement ses parents
devant la télé, avec le téléphone à l’oreille, car avec sa meilleure amie,
elles ne se parlaient pas mais mettaient la même émission et la com-
mentaient au téléphone comme si elles avaient été côte à côte.
Il fallait que Gloria le comprît, c’était une trop grande solitude qu’ils
imposaient à leur fille.
Et puis, lui aussi, s’était mis à aller dîner chez ses parents pour rejoin-
dre Chrystal devant une vraie table, sans papiers, sans post-it. »

EXPLICATIONS LEXICALES

46
rattraper v. = v.tr. attraper de nouveau (ex. rattraper un prisonnier
qui s’est évadé); regagner, récupérer (ex. On ne peut rattraper la jeu-
nesse); rejoindre qqn qui a de l’avance; v.pron. se rattraper: se rac-
crocher (ex. se rattraper à une branche); regagner l’argent perdu (ex.
Après ses pertes aux jeux, il s’est rattrapé.)
être + préposition = I. être à... = exprime l’appartenance (ex. Ceci est
à moi), l’occupation (Elle est à son travail); le but ou la nécessité
(ex. C’est à prendre ou à laisser; Tout est à refaire)
II. être de .....= exprime la provenance (ex. Il
est de Normandie. Cet enfant est de lui); la participation (ex. être de la
fête; être des nôtres)
III. en être = faire partie de..( Nous organisons
une soirée, en serez-vous?); se trouver à un certain endroit (ex. J’en
étais là de mes déductions); expr. Ne plus savoir où l’on en est: per-
dre la tête, s’affoler; En être pour....(sa peine, son argent): avoir per-
du..(sa peine, son argent)
truffe n.f. = tubercule souterrain formé par certains champignons;
extrémité du museau d’un chien; arg. nez gros et rond (ex. Il a une
truffe, le gars!); fam. Quelle truffe! = Quel idiot!
truffer v. = garnir de truffes (ex. truffer une dinde); remplir en abon-
dance (ex. Les combattants ont truffé le terrain de mines.)
tâter v. = toucher attentivement, palper; fig. sonder (ex. tâter
l’adversaire); goûter, faire l’expérience (ex. Il a tâté de la prison)
escarpin n.m. = chaussure très fine qui laisse le cou-de-pied découvert
et dont la semelle est très mince
aigreur n.f. = saveur acide; fig. mauvaise humeur; pl. remarques dé-
sobligeantes ou fielleuses
mièvre adj. = vx. espiègle (ex. enfant mièvre et éveillé); doucereux
(ex. poésie d’un charme mièvre)
mièvrerie n.f. = vx. espièglerie; gentillesse, grâce fade et recherchée
éculé,e adj. = usé (ex. talons éculés), fig. passé de mode

AUTOUR DU TEXTE

47
Répondez aux questions:

- Est-ce que les rapports entre les membres de cette famille sont en-
core basés sur les principes traditionnels?
- Quelle type de femme représente Gloria?
- Comment expliquez-vous ce retour de la jeune adolescente vers des
valeurs traditionnelles (un mari, des enfants, une maison bien rangée)?
- Quelles sont les raisons de la crise que traverse cette famille?
- Est-ce que la mère a l’air de se rendre compte que sa famille est en
train de se déchirer?
- Est-ce qu’on peut avoir une vie professionnelle accomplie et en
même temps ne pas négliger sa famille?

EXPRESSION ÉCRITE

Sujet de rédaction

Commentez la phrase suivante:


« La famille, on y croit ou non, mais on ne fait pas joujou avec »
(Henry de Montherlant, Fils de Personne)

EXERCICES

I. Exercices lexicaux
48
1. Précisez le sens du verbe « relever » dans chacun des énoncés
suivants et remplacez-le par des équivalents:

Anne-Marie releva la tête et regarda son père avec reproche.


Je lui tendis la main pour l’aider à se relever.
Le tribunal ne put relever aucune charge contre lui.
L’employé du gaz est venu relever le compteur.
Le président l’a relevé de ses fonctions.
L’Union Européenne se propose d’aider les pays de l’Est à se relever.
Les coins de sa bouche se relevaient dans un sourire forcé.

2. Cherchez les synonymes du verbe « croître » et créez des énon-


cés avec chacun d’entre eux

3. Remplacez dans les énoncés suivants les verbes en italiques par


leur antonyme appartenant à la même famille lexicale:

Exemple: Son père approuvait sa conduite.


Son père désapprouvait sa conduite.

Au bout d’une heure d’essais, il avait réussi à régler le moteur.


Depuis qu’ils vivent ensemble, il a appris les bonnes manières.
Ce qui s’était passé ce dimanche nous avait uni un peu plus.
A son grand étonnement, les enfants lui obéirent.

4. Établissez la famille lexicale du mot «piquer» et formez des


énoncés avec chacun des exemples trouvés.

5. Précisez le sens des expressions en italiques et remplacez-les par


des synonymes:

Marie venait parfois le cueillir au bistrot où il se piquait le nez chaque


soir.
Alors, tu ne tiens plus, tu piques du nez?
Non, mais dis donc, quelle mouche t’a piqué?
49
En voyant arriver sa cousine, il piqua des deux.
Ses paroles m’avaient piqué au vif.
Ton argent tombe à pic, je n’avais plus le sou.
Les rochers s’élevaient à pic au-dessus de la mer.

II. Exercices grammaticaux


(la phrase exclamative)

50
1. Lisez les exemples suivants et précisez de quel type
d’exclamation il s’agit:

a) Quelles boissons ont été consommées dans cette soirée!


Ce paysage n’est-il pas magnifique!
Mon Dieu!
Qu’est-ce que tu as fait!
Que de films ai-je pu voir!
Vous avez une de ces chances!
Il est d’un calme!
Non, tu aimes ce garçon!
Quelle intelligence!
Moi, partir en vacances sans les enfants!
Quelle ne fut pas ma surprise!
Ah, le salaud!
Espèce d’andouille!
Ah, ça par exemple!
Quel manque de goût!
Zut, une priorité!
Combien d’ouvriers ont été licenciés!
Ma foi!
C’est d’un pénible!

b) «- Allô! Allo! ..Monsieur l’inspecteur est-il ici? Pas avant vingt


minutes! Dommage!...Enfin!...Quand il sera là dîtes-lui de venir chez
moi. Dans ma chambre il y un homme solidement ligoté. C’est le vo-
leur, l’assassin de Dugrival.... Ah! J’oubliais de vous dire le nom de
l’individu. Arsène Lupin! Vous ne me croyez pas?! Tant
pis!...Avertissez M. Ganimard! »
(Maurice Leblanc, Les Confidences d’Arsène Lupin)

2. Lisez cette autre version du texte déjà étudié de Raymond Que-


neau et précisez par quels moyens sont exprimées les exclama-
tions:

51
« Ce que nous étions serrés sur cette plate-forme d’autobus! Et ce que
ce garçon pouvait avoir l’air bête et ridicule! Et que fait-il? Ne le voi-
là-t-il pas qui se met à vouloir se quereller avec un bonhomme qui -
prétendait-il! ce damoiseau! - le bousculait! Et ensuite il ne trouve rien
de mieux à faire que d’aller vite occuper une place laissée libre! Au
lieu de la laisser à une dame!
Deux heures après, devinez qui je rencontre devant la gare Saint-
Lazare?! Le godelureau! En train de se faire donner des conseils ves-
timentaires! Par un camarade! A ne pas croire! »
(R. Queneau, Exercices de style, Surprises)

3. Précisez à quel niveau de langue appartiennent les énoncés sui-


vants:

Pour ce que tu t’y intéresses!


Plût au ciel qu’il ne le découvre jamais!
Merde, comment qu’ils nous ont eus!
Quel ami merveilleux vous avez en lui!
Tu parles d’un ami!
Il étale sa richesse, et comment!
Puisse-t-il rester honnête!

4. Imaginez que deux stars de cinéma se marient. Malgré leur


désir de discrétion, à la sortie de l’église une foule de badauds ou
d’admirateurs s’est attroupée. Composez un petit texte formé
essentiellement des exclamations qu’on pourrait entendre à cette
occasion.

5. Explicitez par une contextualisation appropriée les sentiments


qui pourraient être exprimés par les exclamations suivantes:

Exemple: Il vient!
joie = Chouette! Il vient! On va pouvoir jouer aux cartes!
étonnement, surprise = C’est incroyable, il a accepté mon invitation!
Il vient!
52
réprobation = Zut alors! Il a appris que je fêtais mon anniversaire! Il
vient!
déception = Dommage! Il vient!

Il pleut!
Tu travailles!
Vous partez!
Comme il a changé!

6. Quelles sont les valeurs de «si» dans les énoncés suivants:

Je me demande s’il est rentré avant le début de l’orage.


Je serais venu si tu n’avais pas invité Jean.
Il m’a offert mon parfum préféré. Si c’est gentil!
Je ne le croyais pas si généreux que ça.
Une femme qui abandonne son enfant! Si c’est pas malheureux de voir
ça!
Vous ne m’avez pas répondu si vous acceptez mon offre.
Mince alors! S’il y a du vent!

7. Vous apprenez que votre ex-compagnon, avec lequel vous avez


très récemment rompu, vient de se marier.

a) Exprimez de diverses manières votre surprise.

Exemple:
Ma parole! Il l’a fait!

b) Exprimez votre indifférence à l’égard de l’événement.

53
54
UNITÉ 3: Ainsi va la langue française

CONTENU

TEXTES:

1. La Francophonie
2. Les trésors de la francophonie
3. André Makine, Le Testament français

EXERCICES:

1. Exercices grammaticaux: la phrase injonctive

1. France 7. îles Marquises 14. Djibouti


2. Belgique 8. Tahiti (î. de la Societé) 15. Afrique Occidentale
3. Suisse 9. Maroc 16. Afrique équatoriale
4. Québec 10. Algérie et Zaire
5. Antilles françaises 11. Tunisie 17. Madagascar
(Martinique, Guadeloupe) 12. Égypte 18. Vietnam et Cambodge
6. Guyane 13. Liban 19. Nouvelle Calédonie

55
La francophonie

Dans son sens le plus général, la « francophonie » représente


l’ensemble des pays ayant en commun l’usage du français. « Est fran-
cophone », d’après le Petit Robert, « celui qui parle habituellement le
français, au moins dans certaines circonstances de la communication,
soit comme langue maternelle, soit comme langue seconde...». Etre
francophone, c’est donc être à même de parler le français couramment,
qu’il ait été appris naturellement ou à l’école, dans un système le pri-
vilégiant. Cela veut dire environ 200 millions de francophones, chiffre
qui n’est impressionnant qu’à première vue, car en fait, dans le clas-
sement international, le français se place au dixième rang, derrière
l’anglais et même derrière l’espagnol, le portugais, le chinois, l’arabe
etc. Mais même si la diffusion et le renforcement du français reste un
objectif prioritaire du mouvement francophone, ce n’est pas le nombre
de locuteurs qui constitue son plus bel atout. Véronique Le Marchand,
qui vient de publier aux éditions Milan (Toulouse) un ouvrage présen-
tant au grand public les informations essentielles sur la francophonie,
esquisse ce portrait de la francophonie, de sa naissance jusqu’à sa
maturité actuelle:
« Tel un arbre, la Francophonie a planté ses racines en Europe avant
d’étirer ses branches, d’abord en Afrique et en Amérique du Nord,
puis sur les cinq continents. Le terme francophonie, imaginé par un
géographe français au XIX-ème siècle, s’est enrichi au fil du temps de
significations nouvelles. Sa naissance institutionnelle, la Francophonie
la doit à des hommes d’État africains comme Léopold Sédar Shengor,
Habib Bourguiba ou Hamani Diori. A ces premières pierres, d’autres
se sont ajoutées construisant peu à peu ce qui allait devenir la Franco-
phonie d’aujourd’hui. Le Sommet de Hanoi, en 1997, lui donne la
dimension politique qui lui manquait et qui lui permettra de faire face
et aux grands enjeux du XXI-ème siècle.(....) L’arbre de la francopho-
nie est d’une espèce bien particulière. Sa vitalité, il la puise non pas
dans le nombre de locuteurs, mais dans la richesse d’un extraordinaire
métissage culturel et linguistique des francophones.»
56
Dans le groupe des 47 États et gouvernements faisant partie de
la communauté francophone, soit un pays sur quatre dans le monde, il
y en a d’abord dix-sept où le français est langue maternelle et offi-
cielle (France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Monaco, Andorre, Ca-
nada, Guadeloupe, Martinique, Guyane et des îles de l’océan Pacifi-
que et de l’océan Indien). Il y a ensuite un deuxième groupe de vingt
pays où le français est langue officielle et langue d’enseignement (les
anciennes colonies françaises et belges de l’Afrique). Il y a aussi les
pays où le français est langue d’enseignement et où une partie de la
population parle le français (l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Égypte,
le Brésil, le Viêt-nam). A l’occasion du Sommet francophone de 1994,
tenu à l’île Maurice, le monde francophone s’est élargi. Un certain
nombre de pays qui n’étaient qu’observateurs, ont reçu le statut de
membres de plein droit: la Roumanie, le Cambodge et la Bulgarie.
D’autres, comme l’Albanie, la Moldavie, la Pologne attendent d’être
reçus comme membres de cet espace qui n’a pas en commun seule-
ment le partage du français, mais qui est aussi un espace de solidarité,
qui veut contribuer à pallier les écarts entre les pays. Ainsi, au VIII-
ème Sommet de la Francophonie, qui a eu lieu en 1999, à Moncton, au
Canada, Roger Dehaybe, administrateur général de l’Agence Inter-
gouvernementale de la Francophonie, déclarait: « Répondre aux aspi-
rations des populations et des gouvernements qui espèrent trouver
dans la solidarité francophone une réponse concrète à leurs besoins de
développement, voici notre mission. Servons donc la grande famille
de la francophonie en utilisant au mieux nos ressources humaines et
financières, en nous concentrant sur des priorités définies de manière
multilatérale et sur des projets concrets, aux effets démultiplicateurs!»
En France, comme à l’étranger, la francophonie s’est organi-
sée et un grand nombre d’institutions lui permettent de faire entendre
sa voix. Trois organismes officiels, en France, jouent un rôle essentiel
dans le domaine de la francophonie:
- le Conseil supérieur de la langue française, chargé de présenter au
gouvernement des actions pour promouvoir, illustrer et valoriser le
français;
- la Délégation générale à la langue française, chargée de veiller à
l’emploi et à l’enrichissement du français;
57
- le Haut Conseil de la Francophonie, qui impulse les grandes ac-
tions en faveur de la francophonie.
Au niveau international se distingue comme unique opérateur
intergouvernemental l’Agence de la Francophonie. Fondée en 1970
avec pour devise: égalité, complémentarité, solidarité, l’Agence de la
Francophonie mène des actions de coopération multilatérale dans de
nombreux domaines: éducation et formation, culture et multimédia,
coopération juridique et judiciaire, développement et solidarité écono-
miques, énergie et environnement. Parmi les partenaires institutionnels
qui jouent un rôle important dans le développement de la francophonie
il faut mentionner aussi l’AUPELF-UREF (Association internationale
des Universités partiellement ou entièrement de langue française - Uni-
versité des Réseaux d’expression française), l’Université Senghor et
TV5.

EXPLICATIONS LEXICALES

être à même loc.v. = être capable


renforcer v. = rendre plus fort, plus résistant (ex. renforcer un mur);
donner plus d’intensité (ex. renforcer une couleur)
étirer v. = v.tr. allonger, étendre; v.pron. étendre ses membres (ex. Il
s’étira en bâillant); se déployer (ex. Les nuages s’étiraient.)
sommet n.m = la partie, le point le plus élevé (ex. sommet d’un toit,
d’une montagne); fig. ce qui est supérieur, l’apogée (ex. le sommet de
la gloire); conférence avec les dirigeants suprêmes (ex. le sommet
franco-arabe); l’intersection de deux côtés (ex. les trois sommets d’un
triangle)
puiser v. = prendre une portion dans une masse liquide (ex. Elle pui-
sait de l’eau à la fontaine des voisins); fig. prendre, emprunter (ex. La
documentation était puisée aux Archives. Il puisait sa force dans ses
souvenirs.)
écart n.m. = distance qui sépare deux choses (ex. Augmentez l’écart
des branches du compas!); différence entre deux grandeurs, valeurs
(ex. des écarts de développement économique); action de s’éloigner
(ex. Le cheval fit un écart en dressant les oreilles.); fig. action de

58
s’écarter d’une règle morale ou sociale, erreur (ex. Un écart de jeu-
nesse peut détruire toute une vie.); loc. adv. à l’écart de...: loin de....
enjeu n.m = mise, argent que l’on met en jeu au début d’une partie de
cartes; par ext. ce que l’on peut gagner ou perdre dans une compéti-
tion

AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions:

- Quelle est la définition de la francophonie?


- Combien de francophones y-a-t-il dans le monde?
- Combien d’États et gouvernements font partie du mouvement fran-
cophone?
- Nommez quelques institutions qui permettent à la francophonie de
faire entendre sa voix.
- Quels sont les domaines d’action de la francophonie?

EXPRESSION ORALE

Sujet de débat:

Depuis ses débuts, la francophonie a dû être un facteur d’équilibre


entre «le Nord» (les pays francophones riches) et «le Sud» (les pays
sous-développés ou en voie de développement). Est-ce que vous pen-
sez que l’admission, après la chute du communisme, de certains pays
de l’Est va créer un nouveau problème et une nouvelle délimitation
dans le sein de l’organisation? Quelles sont, selon vous, les raisons
(affectives, économiques, politiques) pour lesquelles la Roumanie a
souhaité devenir membre de la francophonie?

Les trésors de la francophonie


«Le français est votre pays. Apprenez-le, inventez-le! Ce sera
toute votre vie votre ami le plus intime, celui qui saura vous sortir de
tous les embarras par la parole appropriée.» Amoureux des mots et de
59
leur magie, Erik Orsenna, le plus jeune membre de l’Académie Fran-
çaise, écrivain récompensé avec le prix Goncourt de 1988, a lancé,
l’automne dernier, des critiques sévères contre les « sous-linguistes »
jargonisants, qui aseptisent la langue et détournent ainsi les jeunes
apprentis du plaisir de la langue. Diatribe contre l’Education natio-
nale, son livre La Grammaire est une chanson douce est aussi un
extraordinaire hymne à la langue française. Une langue non pas corse-
tée, recroquevillée sur elle-même, mais généreuse, ouverte à toutes les
variations, prête à accepter toutes les richesses que lui apportent tant
d’écrivains qui pour une raison ou une autre ont choisi de s’exprimer
en français. Pour Orsenna, la francophonie représente la réalisation
d’un rêve idéaliste: «L’empire, sans colonies! » Les 200 millions de
locuteurs de cet empire linguistique ne s’expriment évidemment pas
tous en français de Paris, ce qui ne devrait pas justifier les sentiments
de supériorité de ceux des Français qui s’imaginent pouvoir imposer
leur parler à coup de lois.* « Au XVII-ème siècle, on se moquait des
Gascons », affirme Alain Rey, le fameux linguiste qui vient de publier
la refonte totale du Grand Robert en six volumes, « aujourd’hui on se
gausse des Belges, des Québécois ou des Noirs. Ce sentiment de supé-
riorité est totalement injustifié». « On doit parler d’un français plu-
riel», insiste-t-il, « c’est-à-dire d’un système général, fondé essentiel-
lement sur une syntaxe - aux usages variables. »

A part les questions d’accent plus ou moins traînant, plus ou moins


chantant, tous les linguistes qui se sont penchés sur le problème ont
été d’accord que c’est bien le lexique qui diffère le plus d’un pays à
l’autre, comme d’un groupe à l’autre d’ailleurs. (d’après Lire, no 300,
novembre, 2001)

*
allusion à la Loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la
langue française, surnommée la « Loi Toubon », du nom du ministre de la
Culture et de la Francophonie de l’époque.
60
Voilà donc, à titre informatif, un petit vocabulaire qui signale quel-
ques unes des plus courantes différences lexicales du monde franco-
phone:

PETIT VOCABULAIRE FRANCO - FRANÇAIS

Suisse

chéni n.m. = désordre, objet sans valeur, petites saletés


crevée n.f = grande quantité; grosse bévue
dévaloir n.m = vide-ordures
donner une bonne-main = donner un pourboire
s’encoubler v. = s’empêtrer
galetas n.m = grenier
grimpion n.m. = arriviste
huitante = quatre-vingts
livret n.m = table de multiplication
se mettre à la chotte = se mettre à l’abri
nonante = quatre-vingt-dix
panosse n.f = serpillière
partir en cannelle = tomber en morceaux
piorne adj. = pleurnicheur
pôche, pôchon n.m = louche
poutser v. = nettoyer énergiquement
rebuse n.m. = retour du froid
réduire ses vieux souliers = ranger ses vieilles chaussures
renonder = rouspéter
septante = soixante-dix
tâches = devoirs pour l’école
tenir les pouces = croiser les doigts
Belgique
avoir le temps long = s’ennuyer d’attendre
bonbon n.m = biscuit sec
brosser un cours = sécher un cours
calepin n.m = cartable
carte-vue n.f = carte postale
61
chicon n.m. = endive
chien-chaud = hot-dog
déforcer v. = affaiblir
drache n.f = pluie battante
la drache nationale = la fête nationale de la Belgique (au 21 juillet)
dracher = pleuvoir à verse
endéans = dans le délai de...
épastrouiller v. = étonner fortement
farde n.m. = dossier, chemise
fricassée n.f. = omlette au lard
guindaille n.f. = beuverie d’étudiants
habitant n.m = cultivateur
légumier n.m. = marchand de légumes
pistolet n.m. = petit pain rond
quartier n.m. = petit appartement
savoir v. = pouvoir
tirer son plan = se débrouiller
tomber faible = s’évanouir
traversier n.m. = ferry-boat

Canada (Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse)


appareiller v. = préparer la terre pour les semailles
s’appareiller v. = s’habiller
assez adv. = très, beaucoup
boucane n.f = fumée
cabaret n.m. = plateau (de service)
cartable n.m. = classeur
casher (un chèque) = toucher (un chèque)
champlure n.f = robinet
charrue n.f. = chasse-neige
c’est le fun = c’est super
escousse, secousse n.f. = moment, laps de temps
espérer v. = attendre
grand bord = salle de séjour
gréyer (la table) = mettre le couvert
se grayer v. = s’habiller
se dégrayer v. = se déshabiller
magasiner, faire son magasinage = faire ses courses
62
se mettre en beau fusil/ en gribouille/ en hostie = se mettre en colère
pas mal = assez
(c’est) pas pire = (c’est) très bien
plat adj. = ennuyeux
tabagie n.f. = bureau de tabac

Quelques phrases entendues au Canada

Ton chien est mort. (T’es foutu.)


Y a un char qu’a fessé un petit suisse. (Il y a une voiture qui a heurté
un petit écureuil gris.)
Elle braillait à chaudes larmes (Elle pleurait à chaudes larmes.)
C’est plat à mort. (C’est très ennuyeux.)
Elle est en famille, elle va accoucher ben vite. (Elle est enceinte, elle
va accoucher très vite).
A matin, le postillon était chaud, il était encore sur la brosse. (Le ma-
tin, le facteur était ivre, il avait encore pris une cuite.)
Sa mère lui a donné une belle catin pour sa fête. (Sa mère lui a donné
une belle poupée pour son anniversaire.)

Conseils à la gardienne:
1. Donnez la bouteille au bébé!
2. Faites-lui faire son rapport!
3. Amenez-le se promener en carrosse!

(Conseils à la dame qui garde les enfants:


1. Donnez le biberon au bébé!
2. Faites-lui faire son rot!
3. Baladez-le en landau!)
La France qui nous habite....

ANDREI MAKINE, Le Testament français

63
Andrei Makine, écrivain d’expression française, né en Russie,
est l’auteur de plusieurs romans, dont les plus importants sont: Au
temps du fleuve Amour (1994), Le Testament français (1995) Le
Crime d’Olga Arbélina (1998), Requiem pour l’Est (2000), La Musi-
que d’une vie (2001, Grand Prix RTL - Lire).
Le Testament français, qui a réussi la performance de rempor-
ter simultanément trois des plus prestigieux prix littéraires français: Le
Goncourt, le Médicis et le Goncourt des Lycéens, nous offre le plaisir
d’une écriture d’une grande pureté et la profondeur d’un regard origi-
nal sur la France. Le narrateur du roman, le petit-fils russe d’une fran-
çaise « égarée » dans la Russie soviétique, découvre la France d’abord
comme un pays mythique, composé de paroles mystérieuses glanées
dans de vieux journaux ou dans les récits de sa grand-mère. Mais cette
première rencontre avec la France, tellement proche de l’expérience de
beaucoup d’entre nous, est essentielle et c’est elle qui influence, plus
tard, la rencontre avec la France réelle.

Le Testament français
(fragment)

64
« L’image de notre grand-mère était tissée de ces anodines
étrangetés...Jusqu’au jour où nous découvrîmes qu’un petit cailloux
couvert de rouille pouvait faire perler des larmes sur ses cils et que le
français, que nous considérions plutôt comme notre dialecte familial,
pouvait - par la magie de ses sons clairs - arracher aux eaux noires et
tumultueuses une ville fantasmatique qui revenait lentement à la vie.
D’une dame aux obscures origines non russes, Charlotte se transfor-
ma, ce soir-là, en messagère d’une France-Atlantide engloutie par le
temps.......
Chaque soir sur le balcon de Charlotte ressemblait à un fabuleux ma-
tras d’alchimiste où s’opérait une étonnante transmutation du pas-
sé....Charlotte dépliait un vieux journal, l’approchait de sa lampe à
l’abat-jour turquoise et nous annonçait le menu du banquet donné en
l’honneur des souverains russes à leur arrivée à Cherbourg:
Potage
Bisque de crevettes
Cassolettes Pompadour
Truite de la Loire braisée au Sauternes
Filet des prés-salés aux cèpes
Cailles de vigne à la Lucullus
Poulardes du Mans Cambacères....
Bartavelles et ortolans truffés rôtis
Pâté de foie gras de Nancy
Salade
Asperges en branches sauce mousseline
Glaces Succès
Dessert
Comment pouvions nous déchiffrer ces formules cabalistiques? Barta-
velles et ortolans! Cailles de vignes...! Notre grand-mère, compréhen-
sive, cherchait des équivalents en évoquant les denrées, très rudimen-
taires, qu’on trouvait encore dans les magasins russes. Ravis, nous
goûtions ces plats imaginaires agrémentés de la fraîcheur brumeuse de
l’océan (Cherbourg!), mais il fallait déjà repartir à la poursuite du
Tsar.....

65
- Vous comprenez, deux mondes se sont retrouvés l’un face à
l’autre....Oui, le Tsar, ce monarque absolu, et les représentants du
peuple français! Les représentants de la démocratie....
Le sens profond de cette confrontation nous échappait. Mais
nous distinguions maintenant, parmi les cinq cents regards fixés sur le
Tsar ceux qui ....refusaient l’enthousiasme général. Et qui surtout, à
cause de cette mystérieuse démocratie, pouvaient se le permettre......
À la fin des vacances nous quittions notre grand-mère.
L’Atlantide s’effaçait alors derrière les brumes d’automne et les pre-
mières tempêtes de neige - derrière notre vie russe......
Je suivais une file d’attente interminable qui serpentait aux
abords d’un magasin alimentaire....Il s’agissait sans doute de quelque
denrée rare pour l’hiver - des oranges ou tout simplement des pom-
mes. J’avais déjà dépassé la limite psychologique la plus importante
de cette attente - la porte du magasin devant laquelle des dizaines de
gens pataugeaient encore dans une neige boueuse. C’est à ce moment
que ma soeur vint me rejoindre...Des cris hargneux explosèrent, le
long serpent se contracta....Une secousse et je me retrouvai hors de la
file, à côté de ma soeur, face à la kyrielle serrée de ces visages hai-
neux...Nous glissâmes le long de la file d’attente en espérant être ad-
mis au moins quelques mètres plus loin de la place perdue. Mais les
corps se serraient et nous nous retrouvâmes dehors, dans la neige fon-
due..... Nous restions au bout de la file, hypnotisés par la puissance
anonyme de la foule...Et c’est comme d’une autre planète que
j’entendis soudain la voix de ma soeur - quelques paroles teintées
d’une mélancolie souriante:
- Te rappelles-tu: Bartavelles et ortolans truffés rôtis?...
Elle rit doucement. Et moi, je sentis mes poumons s’emplir d’un air
tout neuf - celui de Cherbourg - à l’odeur de brume salée, des galets
humides sur la plage et des cris sonores des mouettes dans l’infini de
l’océan...La file d’attente avançait et me poussait lentement...Je me
laissai faire sans quitter cet instant de lumière qui se dilatait en moi. Je
souris en lançant à ma soeur un discret clin d’oeil. Non, nous ne nous
sentions pas supérieurs aux gens qui se pressaient dans la file...Et
pourtant, en entendant les mots magiques, appris au banquet de Cher-
bourg, je me sentis différent d’eux. Tout simplement, l’instant qui
66
était en moi - avec ses lumières brumeuses et ses odeurs marines -
avaient rendu relatif tout ce qui nous entourait: cette ville et sa carrure
très stalinienne, cette attente nerveuse et la violence obtuse de la
foule.»

EXPLICATIONS LEXICALES

engloutir v. = v.tr. avaler gloutonnement, s’empiffrer (ex. Ils


engloutissaient des quantités impressionnantes de viande.); dépenser
rapidement (ex. Cette coquette lui a englouti rapidement la for-
tune); faire disparaître en noyant ou en submergeant (ex. La mer a
englouti le vieux bateau.)
matras n.m. = vase de verre ou de terre au long col étroit, utilisé au-
trefois en alchimie pour la distillation
bisque n.f. = potage avec un coulis de crustacés
Sauternes n.m. = vin blanc, très fruité, spécialité de la ville de Sauter-
nes, en Gironde
cèpe n.m. = variété de champignon
caille n.f. = oiseau migrateur, voisin de la perdrix; fam. gros/rond
comme une caille: grassouillet
bartavelle n.f. = espèce de perdrix rouge des montagnes
ortolan n.m. = petit oiseau à chair très estimée, variété de bruant;
denrée n.f. = provision, tout produit servant à l’alimentation de
l’homme ou du bétail; denrées alimentaires: destinées à
l’alimentation de l’homme
patauger v. = marcher sur un sol détrempé, barboter
galet n.m. = caillou poli que la mer dépose sur les rivages

AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions:


67
- Pourquoi le narrateur du roman, en évoquant les premières images
qu’il s’est créées sur la France, l’appelle la France-Atlantide?
- En lisant attentivement ce fragment, pourriez-vous expliquer ce que
symbolise le titre du roman?
- Quels sont, dans ce texte, les moments de confrontation entre les
deux mondes auxquels le jeune narrateur et sa soeur appartiennent
également?
- Au moment du rejet de la file d’attente, qu’est-ce qui aide les deux
enfants à supporter l’attitude haineuse de la foule?
- A partir de ce moment, qu’est-ce que cette France lointaine et imagi-
naire commence à représenter pour le narrateur?

EXPRESSION ÉCRITE

Sujet de rédaction

Vous avez lu dans un journal la phrase suivante: « Aujourd’hui il est


inutile d’apprendre une autre langue étrangère que l’anglais. »
Êtes-vous d’accord avec cette affirmation? Argumentez votre opinion.

EXERCICES

I. Exercices grammaticaux
(la phrase injonctive)
68
1. Transformez en injonctions les assertions suivantes, en faisant
les modifications syntaxiques requises:

Vous m’écrivez une longue lettre. Elles vont à l’école. Tu es attentif à


la route. Paul part dans deux heures. Nous ne commençons pas le tra-
vail avant 3 h. Il obéit à ses parents.

2. Remplacez les mots en italique par les pronoms personnels adé-


quats. Ensuite transformez les énoncés assertifs en injonctions en
faisant attention à la topique des pronoms:

Exemple: Tu me chantes cette chanson.


Tu me la chantes.
Chante-la moi!

Tu ne me lis pas ta poésie. Vous rappelez votre frère. Elle me prête sa


voiture. Tu apprends par coeur tes leçons. Vous lui dites la nouvelle.
Elle me répète ses paroles.

3. Par quels moyens on réalise l’injonction dans les énoncés sui-


vants:

Ne pas dépasser la dose prescrite.


Cessez tout de suite votre querelle!
Gare à toi!
Prière de ne pas fumer.
Qu’il ne dise plus rien!
Vas-tu te taire!
Silence!
Ta gueule!
Debout!
Allez-y!
Doucement!
En avant!
Laisser mijoter à feu doux.

69
4. Mettez en évidence par une contextualisation appropriée les
divers effets de sens (ordre, permission, supplication, suggestion,
recommandation) de la phrase impérative « Allez-y! »

5. Dans le cadre des relations sociales, donner des ordres ou for-


muler des requêtes d’une manière trop directe affecte négative-
ment autant l’image de l’interlocuteur que celle du locuteur. Mal-
gré l’existence d’une forme réservée tout exprès à l’expression de
l’ordre, l’impératif, les locuteurs français recourent rarement à
cette forme modale, préférant des formulations indirectes. Com-
ment pourriez-vous atténuer les injonctions suivantes?

Exemple: Ferme la porte!


Ferme la porte, s’il te plaît!
Tu peux fermer la porte?
Pourrais-tu fermer la porte?
J’aimerais autant que tu fermes la porte.
Je voulais te demander de fermer la porte.

Regardez votre route!


Passez-moi le cendrier!
Sortez!
Range tes affaires!
Ne fumez pas!

6. Exprimez par lettre une demande à caractère administratif, en


choisissant parmi les formules suivantes les plus adéquates du
point de vue des conventions sociales en vigueur:

Je sollicite par la présente.......................


Je vous demande par la présente.....
J’ai l’honneur de solliciter...........
Je vous prie de...............
Je vous serais reconnaisant(e) de bien vouloir........
Pourrais-je vous demander de.....
Vous serait-il possible de (m’accorder).......
Je souhaitairais que.......................
70
Pourriez-vous me faire la faveur de...
J’aimerais bien que........
J’exige l’octroi immédiat de............
Je voudrais bien, s’il vous plaît, ......

7. Donnez un conseil à un ami en utilisant diverses modalités


d’expression (des plus directes et pressantes aux plus précaution-
neuses)

Exemples:
Je vous conseille de................................
Je vous engage fortement de...................
Un bon conseil:.......................................
Vous auriez (tout, plutôt) intérêt à..........
Vous devriez............................................
Vous pourriez peut-être............................
À votre place (si j’étais à votre place)....

8. Identifiez les injonctions du texte ci-dessous et ensuite mettez-le


en roumain:

« - Laissez-moi tranquille! Laissez-moi tranquille!


- Veux-tu ne pas crier! fit M. Mesurat. Tu vas ameuter les voisins.
Tais-toi!
- Attends! s’écria Germaine.
Et lâchant le bras de sa soeur, elle se leva et se traîna aussi vite qu’elle
pût à la fenêtre qu’elle ferma.
- Maintenant, crie! fit-elle en s’appuyant au mur.
M. Mesurat se leva à son tour. Le sang montait à ses joues, mais il
affecta de parler d’une voix mesurée, comme un homme qui se do-
mine bien.
- Il ne s’agit pas de crier, dit-il. Adrienne, tu nous expliqueras ce qu’il
y a.
Il prit la jeune fille par le bras. Elle était sans couleur et s’appuyait
d’une main au dossier de son fauteuil.
- Que veux-tu papa? demanda-t-elle.
- Que tu nous parles! Que tu nous dise ce que tu as!
71
- Je n’ai rien.
- Alors, joue! fit Germaine qui regagna sa place. »
(Julien Green, Adrienne Mesurat)

9. Mettez en français:

« - Vino cu mine, avem acelaşi drum! insistă bătrâna. Fii liniştit, nu


vei regreta niciodată locul în care am să te duc.....
- Ascultă acum altă întâmplare! Aşa ceva ţi se poate întâmpla şi ţie,
tinere necredincios.
- Atunci spune-mi-o! Dar, pe legea mea, dacă o singură dată se
întâmplă să casc, vă las în plata Domnului şi plec, ameninţă tânărul.
Bătrâna şuşoti la urechea Sandorei:
- Nu-ţi face sânge rău, drăguţo! Dacă n-o să vină iubitul tău, o să pe-
treci o seară frumoasă cu noi....
(Gabriela Melinescu, Regina străzii)

72
UNITÉ 4: Le Paris des cafés littéraires

CONTENU

TEXTES:

1. De l’origine du café en Europe


2. Un café à histoire et histoires - Le Procope
3. Sous le signe de Flore

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux
2. Exercices grammaticaux: - l’expression de la conséquence
- L’expression du but

73
De l’origine du café en Europe

Le destin des peuples et de leur culture tient parfois à


d’étranges résolutions de l’histoire. Les sultans ottomans n’ont cessé,
au cours du XVII-ème siècle, d’étendre leur domination sur l’Europe
du sud-est, menaçant la Pologne et la Bohême, s’emparant de la Mol-
davie, de la Valachie, de la Transylvanie, de la Serbie, de la Bosnie,
faisant vaciller la couronne hongroise et lançant un défi à l’empire des
Habsbourg. Ils ont aussi caressé l’espoir de placer l’Occident sous leur
joug et de faire flotter l’étendard de l’Islam sur les terres de la chré-
tienté. Leurs rêves de conquérants se sont écroulés et les traces de leur
domination en Europe ont été effacées de la mémoire collective. Pour-
tant, ils ont marqué leur présence en Europe d’une manière durable,
car l’art de vivre turc s’est inscrit profondément dans les moeurs. Et
l’usage du café est emblématique d’une empreinte culturelle qui dé-
passe les confins des us et coutumes culinaires. En effet, avec le café,
a été introduit un genre nouveau de vie sociale et, plus encore, de vie
culturelle.
Venant du monde arabe par l’intermédiaire des Turcs, la
consommation du café gagne vite les marchés et accompagne les dis-
cussions commerciales, conclut une affaire. Elle est bientôt admise
dans les demeures et devient symbole de l’hospitalité. Elle rythme
l’existence domestique et devient l’élément clé du rituel des récep-
tions. Les divers ouvrages qui traitent des origines du café s’accordent
au moins sur une chose: celui qui aurait découvert la nature bénéfique
de l’usage du café serait un ancien derviche de l’ordre des soufis. Ce
qui est certain, c’est que plusieurs de ces ordres religieux arabes
étaient déjà au XV-ème siècle les adeptes du café, dont il se servaient
au cours de leurs cérémonies religieuses selon un rituel bien établi.
D’abord méprisés et même parfois condamnés (une fatwa à
l’égard du café est promulguée au Caire vers 1520), les établissements
où l’on sert du café vont proliférer du Caire à la Mecque. Constanti-
nople n’échappe pas à cette vogue. Un siècle après la victoire de Ma-
homet II, aux alentours de 1555, deux négociants syriens, Hakin et
74
Shams, ouvrent le premier café à Stamboul. Toutes les couches de la
société stambouliote prennent l’habitude de s’y rendre et les voya-
geurs occidentaux sont frappés par la prolifération de ces endroits où
l’on vient bavarder, fumer, passer des heures oisives, jouer ou conver-
ser. Et ce qui ajoute à leur attrait dans le monde islamique, c’est que
les conteurs populaires, qui récitent ou psalmodient des histoires qui
font oublier à leur public les ingratitudes de la réalité, y tiennent une
place de plus en plus privilégiée. Des siècles plus tard, des écrivains
européens tels: Jan Potoccki, Gérard de Nerval, Théophile Gautier,
Pierre Lotti etc., fascinés par la réputation de ces rhapsodes, feront le
voyage en Orient pour les entendre et s’inspireront dans leurs oeuvres
des légendes entendues de la bouche de ces conteurs de profession,
regroupés en corporation et attachés aux principaux cafés. Les « mai-
sons du café » ne tardent pas à être surnommées « les écoles du sa-
voir » ou « les écoles des personnes cultivées », le breuvage qu’on y
sert étant regardé comme « la divinité noire des joueurs d’échecs et
des penseurs », ou comme « le génie des songes, source de
l’imagination ».
À la même époque, des Arméniens tentent de répandre les bien-
faits du café en France, en Italie et en Angleterre. Mais il faudra attendre
plus d’un siècle pour voir l’apparition d’un lieu à Paris présentant des
caractéristiques analogues à celles des cafés turcs, non dans les apparen-
ces, mais dans l’esprit, c’est-à-dire comme point de ralliement des lettrés
et des artistes. Le Procope, qui voit le jour en 1681, rue des Fossés-
Saint-Germain, se révèle être le prototype des cafés littéraires de
l’Europe occidentale de telle sorte que dans certains pays la mode
d’aller au café sera considérée comme française.
Avant d’entrer en France, la «déesse noire» doit affronter la
résistance farouche des Académies de médecine, qui la trouvent respon-
sable d’une kyrielle de maux: intoxication, manque d’appétit, affaiblis-
sement général, mélancolie sévère, « dissolution de l’humidité du cer-
veau » et même, si le café est pris avec du lait, de lèpre.
Pour que cette hostilité cède la place à un peu plus de bien-
veillance il a fallu l’engouement inopiné de la cour de Versailles.
L’ambassade extraordinaire d’Aga Mustapha Racca, envoyé par
Mehmed IV auprès de Louis XIV a été un puissant levier pour renver-
75
ser la somme énorme de préjugés accumulés à l’encontre du café.
Reçu par le roi français et sa cour avec un luxe et un faste peu com-
muns, l’envoyé du sultan ne ménage pas non plus ses efforts pour
donner l’image la plus flatteuse de l’art de vivre turc et de ses subtili-
tés. Et la consommation du café en est une. Le raffinement de cet
émissaire de la Sublime Porte charme la cour, qui ne tarde pas à
l’imiter et à adopter le café, en trompant son amertume avec du miel
ou du sucre. Quelques réticences restent encore à surmonter. Madame
de Sévigné, au demeurant une femme de goût dont la correspondance
reste un témoignage vivant sur l’époque, se plaît à raconter à qui veut
bien l’entendre que « Racine passera comme le café ». Sa prédiction
sera cruellement démentie. Racine passera à la postérité et le café aus-
si.

EXPLICATIONS LEXICALES

s’emparer v. pron. = prendre possession indûment ou violemment de


qqch. (ex. En 1453 les Turcs s’emparent de Constantinople); se rendre
maître (d’un esprit, d’une personne) au point de dominer, subjuguer
(ex. Elle sentait qu’il s’emparait d’elle chaque jour davantage); se
saisir avidement de qqch. en vue d’une utilisation (ex. Il réussit à
s’emparer du pistolet )
vaciller v. intr. = chanceler, trembler (ex. Il vacillait sur ces jambes);
être sur le point de s’éteindre, scintiller faiblement (ex. A cause du
vent, les bougies vacillaient); osciller, être irrésolu (ex. Au lieu de
prendre une décision rapide, il vacillait); fig. devenir faible, manquer
de fermeté (ex. Vers la soixantaine sa mémoire s’était mise à vaciller)
aux alentours de loc.prep. = aux environs, vers..

défi n.m. = action de défier (ex. jeter, lancer un défi à qqn.); refus de
se soumettre, provocation (ex. Cet acte était un défi à l’autorité du
roi); (anglicisme) obstacle intérieur ou extérieur qu’une civilisation
doit surmonter dans son évolution (ex. Il n’y a pas de progrès sans
défi)
kyrielle n.f. = série interminable
76
engouement n.m. = obstruction, engorgement d’un conduit, d’un or-
gane (ex. engouement du poumon pendant une pneumonie); admira-
tion excessive et passagère pour qqn. ou qqch.
au demeurant loc.adv. = d’ailleurs, au reste (ex. Vantard, buveur,
insouciant, au demeurant le meilleur fils du monde)
levier n.m. = corps solide, mobile autour d’un point fixe, permettant
de multiplier une force (ex. Les leviers sont utilisés pour soulever les
fardeaux); fig. ce qui sert pour vaincre une résistance, moyen d’action
(Son mariage avec la fille du patron fut un puissant levier dans son
ascension professionnelle.)

AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions suivantes:

- De quelle partie du monde nous vient l’usage du café?


- Qui est, selon les légendes arabes, l’inventeur de ce « noir breu-
vage »?
- Quels sont les événements historiques qui ont favorisé l’adoption de
cette coutume en Europe?
- Quel est le prototype des cafés littéraires de l’Europe?
- Quelles institutions s’opposaient à la consommation du café?
- Quelle prédiction a fait Mme de Sévigné au sujet du café?

EXPRESSION ÉCRITE

Sujet de débat:

Est-ce que la consommation du café est une simple coutume alimen-


taire? Argumentez votre opinion.

77
78
Un café à histoire et histoires: Le Procope

« Francisco Procopio dei Coltelli, qui se disait gentilhomme de


Palerme, serait arrivé à Paris en 1670, à vingt ans. Il aurait fait partie
de la suite de Catherine de Médicis. Il serait entré en condition chez
Pascal, l’Arménien qui, en 1672, avait ouvert un petit débit à café à la
foire de Saint-Germain. Ensuite il se serait mis à son compte et aurait
été cafetier ambulant, portant sur lui un éventaire garni d’ustensiles et
de tasses, tenant d’une main un réchaud couronné d’une cafetière et,
de l’autre, une petite fontaine remplie d’eau.
En 1681, il parvient à ouvrir un établissement rue des Fossés-
Saint-Germain. Procopio ne choisit pas cet emplacement au hasard. Il
avait remarqué, derrière, un terrain de jeu de boules et imagine aussi-
tôt d’attirer la clientèle des mordus de ce passe-temps. Mais il a sur-
tout la chance que, le 28 juin 1687, les comédiens du roi soient chas-
sés de la rue Mazarine voisine à cause d’une plainte des Jansénistes et
qu’ils puissent prendre possession ensuite du Jeu de Paume de
l’Étoile, presque en face du café de Procopio - ou plutôt Procope,
puisqu’il avait francisé son nom. Ce nouveau théâtre est inauguré le
18 avril 1689 avec la représentation de Phèdre de Racine et du Méde-
cin malgré lui de Molière. En commerçant avisé, Procope loue sans
attendre la « loge de la limonade » à l’intérieur du théâtre. D’autre
part, le Café de Procope devient vite le quartier général de la comédie.
Il l’a aménagé pour lui donner un air accueillant et respectable. Des
lustres de cristal sont accrochés au plafond. Les murs sont garnis de
glaces qui reflètent l’éclat des bougies. Après les spectacles, les ac-
teurs et les auteurs dramatiques y affluent en même temps qu’une
partie du public. Les personnages les plus en vue ou les plus originaux
de ce temps s’y rendent pour participer à maintes joutes verbales, car
on y dispute avec chaleur de tout et de tous. Cet endroit n’attire pas
uniquement les lettrés et le microcosme turbulent du théâtre. Des da-
mes de qualité font arrêter leurs carrosses devant la porte de Procope
pour se faire apporter la boisson d’encre sur des soucoupes en argent.

79
Mais le grand succès de Procope Couteaux est aussi assuré
pour une autre raison. En 1689, une « parlote » (un journal parlé) qui
avait lieu au jardin du Luxembourg se déplace dans sa rue et s’installe
dans son café. Les personnes désireuses de se tenir informées sur ce
qui se passe aiment s’y rencontrer et ne plus avoir à courir la ville
pour apprendre les nouvelles. Voilà ce qui attire ici le fabuliste La
Fontaine, le grammairien Dumarsais, l’abbé Pellegrin, Poulain de
Sainte-Foix, un ancien officier de marine dont Grimm écrit que « c’est
un des hommes les plus loués par nos journalistes, parce qu’il a décla-
ré à plusieurs fois qu’il couperait les oreilles à celui d’entre eux qui
oserait l’attaquer ».
À la mort du fondateur de ce café, son fils Alexandre Procope
le reprend en lui gardant le caractère d’agence de presse (les gazettes
écrites y étaient affichées chaque jour et pouvaient être consultées par
les clients), de rendez-vous littéraire, de véritable salle de lecture ou
l’on peut trouver les ouvrages les plus récents, y compris ceux qui ont
été interdits par la censure, de libre parlement de l’intelligentsia. Au
siècle des Lumières, le café Procope est fréquenté par tous les grands
noms qui ont marqué le siècle et notamment par le parti des philoso-
phes: Voltaire, Jean Jacques Rousseau, Diderot etc. font partie de ses
habitués.
C’est là que le jeune Rousseau se réfugie après avoir rédigé un
libelle qui a beaucoup dérangé: ses ennemis enragés l’attendent devant
la porte pour le « bastonner ». C’est là encore qu’il est conduit en
triomphe après la première représentation du Devin du village à Fon-
tainebleau, le 18 octobre 1752. Son succès avait été si grand que Louis
XIV en personne, piètre amateur de musique, se mettra à chantonner
ses airs à Versailles. C’est là aussi que Piron vient réciter ses poésies
lyriques.
Mais la vedette incontestable reste Voltaire, avec sa verve et
son esprit critique qui n’épargne ses flèches à personne. Surtout pas à
Palissot, petit auteur dramatique, ennemi des philosophes. Ce dernier
déclare un beau jour à l’auteur de Candide: « Je viens de terminer une
pièce contre les philosophes! » Voltaire lui répond avec la rapidité
d’un éclair: « Ce sont mes amis et il n’y a que les polissons qui s’en
moquent ». Dépité et vexé par le jeu de mots occasionné par son nom,
80
Palissot s’en va sans réplique. Voltaire se tourne vers le journaliste
Fréron, son ennemi juré, pour lui dire: « Ah! Il fait une pièce sur les
philosophes, cela me donne une idée; j’en ferai une sur les gazetiers. »
En effet, il rédigera une comédie intitulée Le Café ou L’Écossaise, qui
se déroule dans le décor du Procope.
Voltaire n’est indulgent pour personne. Linaut, un autre habitué du
café aura droit à la remarque suivante: « Il a écrit en deux ans une
scène qui ne vaut pas deux sous; et il se croit un personnage parce
qu’il va au théâtre et chez Procope. »
Mais Voltaire est lui aussi soumis aux jugements sévères de ce tribu-
nal sarcastique et impitoyable. Le soir de la première de sa pièce Sé-
miramis, Voltaire se rend au Café Procope pour écouter ce qu’en pen-
sent tous ces arbitres du goût qui y ont établi leur quartier général.
Deux contemporains, Lonchamp et Wagnière, racontent de quelle
manière insolite Voltaire est parvenu à recueillir leurs opinions:
« Il emprunta les habits d’un ecclésiastique, se revêtit d’une soutane
avec le manteau long: bas noirs, ceinture et même le bréviaire, rien
n’y manquait. Il alla à pied chez Procope et se tapit dans un coin. Il fit
apporter une bavaroise, un petit pain et la Gazette. Pendant une heure
et demie, il eut le courage et la patience d’entendre raisonner et bavar-
der sur Sémiramis sans dire un mot. Enfin, le dernier, il sortit, prit un
fiacre rue Mazarine et rentra chez lui à onze heures. »
Après la mort d’Alexandre Procope, le nouvel acquéreur du
café, un certain Zoppi, y installe une bibliothèque assez bien fournie et
accroche les nouvelles du jour au tuyau du poêle. Cet endroit, déjà
assez frondeur, ne tardera pas à devenir le foyer ardent de la Révolu-
tion. Danton et Marat feront de lui « l’antichambre de la Convention »
et c’est dans cet endroit qu’apparaît pour la première fois le bonnet
phrygien. Danton s’y trouvait pour sa partie de cartes habituelle lors-
que trois citoyens armés de piques et de sabres et portant tous sur la
tête un étrange bonnet rouge font irruption. L’un d’eux demande à
Danton ce qu’il pense de ce bonnet porté dans les temps par Pâris. Et
Danton lui répond: Si cette coiffure n’allait pas mieux au berger Pâris
qu’à toi, je doute que la belle Hélène ait voulu le suivre à Troie.
Quelques jours plus tard, cette coiffure singulière est déjà portée par
tous les sans-culottes, devenant l’un des emblèmes de la France répu-
81
blicaine. Et c’est aussi de ce café que part le mot d’ordre de la prise
des Tuileries en août 1792.
Au XIX-ème siècle, il continuera à être fréquenté par les écri-
vains romantiques, dont Alfred de Musset, Gérard de Nerval etc. Le
poète Verlaine en fera son refuge et, quand il se trouvera dans la mi-
sère, le brave patron du café n’hésitera pas à organiser une soirée de
gala à son profit.
C’est pour tout cela que lorsque le café court le risque d’être fermé et
de finir misérablement sous la pioche des démolisseurs, l’opinion
publique s’en émeut et une solution sera trouvée pour que ce temple
de la mémoire puisse garder intacte la somme vertigineuse des souve-
nirs qu’il renferme. »
(d’après Gérard-Georges Lemaire, Les Cafés littéraires)

EXPLICATIONS LEXICALES

entrer en condition = se faire engager comme domestique


se mettre à son compte = monter sa propre affaire
éventaire n.m. = plateau en osier que les marchands ambulants por-
taient devant eux; étalage en plein air, à l’extérieur d’une boutique
(ex. Il regarda l’éventaire du marchand de journaux.)
fontaine n.f. = source; récipient contenant de l’eau muni d’un robinet
et d’un petit bassin pour les usages domestiques
mordu, e adj. = qui a subi une morsure; subst. fam. personne qui a un
goût extrême pour qqch. (ex. C’est un mordu de football), syn. fanati-
que, toqué, fou, passionné
joute n.f. = combat singulier à lance et à cheval, au Moyen Age; fig.
lutte, compétition (ex. joutes d’esprit, joutes oratoires)
devin, devineresse n.m,f. = personne qui prétend découvrir ce qui est
caché, syn. voyant, sorcier - fig.et fam. Je ne suis pas devin: je ne puis
savoir, prévoir cela

fiacre n.m. = voiture à cheval qu’on louait à la course ou à l’heure

82
polisson, onne n. et adj. = rare. vieilli. personne portée à la licence
dans ses manières ou ses propos, syn. fripon; moderne. enfant espiè-
gle, désobéissant (ex. Elle est polissonne, cette petite!)
bavaroise n.f. = infusion de thé (son nom est dû aux princes de Ba-
vière qui, étant venus au Café Procope, au milieu du XVIII-ème siè-
cle, ont demandé qu’on leur serve leur thé mélangé à du sirop dans
des carafes en cristal.)

AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions:

- Comment expliquez-vous le titre de ce fragment?


- Qui était le fondateur du Café Procope?
- Comment expliquez-vous l’alternance du conditionnel et de
l’indicatif dans les passages qui présentent Procopio dei Coltelli?
- Qu’est-ce qui a assuré le grand succès de ce café dès son début?
- Quels noms célèbres faisaient partie de ses habitués à l’époque des
Lumières?
- Qu’est-ce que c’était une « parlote »?
- Quels événements se passent sur la scène de ce café pendant la Ré-
volution?
- Quelles personnalités artistiques et littéraires fréquentaient ce café au
XIX-ème siècle?
- Pourquoi l’opinion publique a réagi lorsque le café a couru le risque
d’être démoli?

EXPRESSION ÉCRITE

Sujets de rédaction:

1. Retracez dans les grandes lignes l’histoire du Café Procope.


2. Racontez une des nombreuses histoires qui eurent lieu entre les
murs de ce café.

83
84
85
Sous le signe de Flore

Depuis le jour où le fils du roi Clovis, Childebert I, décide, au


beau milieu du VIe siècle, de faire édifier une basilique destinée à
conserver la tunique de Saint Paul, le monastère de Saint-Germain-
des-Prés (qui tire son nom de son évêque Germain) a eu une vocation
savante. La grande bibliothèque bénédictine (détruite en partie en
1794 par l’explosion du dépôt de poudre que les révolutionnaires ont
installé dans l’abbaye) était l’une des plus importantes d’Europe.
L’ancien parvis de l’église a disparu et a été remplacé par une petite
place. Longtemps, le quartier Saint-Germain-des-Prés reste à l’abri des
grandes agitations et de la vie bouillonnante du Quartier Latin, qui le
jouxte. À la fin du XIXe siècle on vient encore y rechercher la quié-
tude dans des « petits cafés d’aïeuls ».
Flore, le doyen des cafés de Saint-Germain-des Prés, fait son
apparition au début de la III-ème République, en 1885. Situé sur
l’emplacement de l’ancienne abbaye détruite pendant la Révolution,
au coin de la rue Saint-Benoît, « devant la statue du philosophe Dide-
rot, assis de guingois sur sa chaise et mesurant du porte-plume la tour
de Saint-Germain-des-Près » (Charles Maurras), il doit son nom à une
sculpture de cette divinité du printemps qui décorait jadis la porte
d’entrée d’un petit restaurant se trouvant de l’autre côté du boulevard.
La gloire de ce café commence le jour où Appolinaire et ses
camarades en littérature, décidant de créer la revue poétique Soirées
de Paris, choisissent Flore parce qu’ils étaient sûrs d’y être moins
dérangés qu’ailleurs et le transforment en véritable salle de rédaction.
Appolinaire fait du café son royaume, où il reçoit à des heures fixes,
comme le fait remarquer le mémorialiste Francis Carco: « Il y avait en
lui plusieurs hommes et des plus singuliers qui, tour à tour, vous ac-
cueillaient à la terrasse du Flore, avec une nonchalance et une malice
parfaites. On formait le cercle autour de lui. On y écoutait des para-

86
doxes que les garçons de l’établissement daignaient quelques fois
approuver. Dans ce café très littéraire, Guillaume régnait en maître. »
C’est dans ce café qu’Appolinaire a fait se rencontrer Breton
et Soupault et, un peu plus tard, ces deux jeunes poètes et Aragon,
jetant ainsi les fondements du groupe dadaïste parisien.
La première guerre mondiale assombrit le décor. En 1918, Appoli-
naire, blessé sur le front, est emporté par la grippe qui décime
l’Europe. Le Café de Flore ne commence à revivre qu’en 1930, lors-
qu’il revient à la mode et tout un aréopage de littérateurs y accoure:
André Malraux, Albert Camus, Raymond Queneau, Georges Bataille
etc. Ces colloques ne laissent pas indifférents quatre jeunes éditeurs
qui y installent leurs postes d’observation: Bernard Grasset, Robert
Denoel, Eugène et Charles Fasquelle. Les cinéastes l’adoptent à leur
tour et c’est ainsi que le metteur en scène Marcel Carné va côtoyer
« la bande à Prévert », qui s’y fait le plus remarquer. De leur collabo-
ration naîtra le film qui aujourd’hui encore est considéré le plus beau
de l’histoire du cinéma français: Les Enfants du Paradis.
Pendant la deuxième guerre mondiale (« la drôle de guerre »),
Flore devient « une vraie salle d’étude » où, pendant les coupures
d’électricité, la plupart des consommateurs profitaient de son système
d’éclairage à l’acétylène pour écrire ou lire.
Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre s’y installent complètement.
« De neuf heures du matin à midi, écrit Jean-Paul Sartre, nous y tra-
vaillions; nous allions déjeuner à deux heures et ensuite nous y reve-
nions et nous causions avec des amis jusqu’à huit heures. Après dîner,
nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela
peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous. » Un
peu plus tard, quand il aura inventé la philosophie de l’existentialisme
et l’aura illustrée dans son roman Les Chemins de la liberté, il affirme-
ra: « ...les chemins de Flore ont été quatre ans pour moi Les Chemins
de la liberté.. »
Après la Libération, le « tout Paris » artistique fréquente sa
terrasse (Picasso, Juliette Greco, Audiberti, Simone Signoret, les écri-
vains anglo-saxons: Ernest Hemingway, Lawrence Durrell, Truman
Capote etc.), de sorte que Flore a l’air d’une vaste Internationale de

87
l’esprit et devient, selon certains, « plus célèbre dans le monde que la
Sainte-Chapelle ou la Place des Vosges ».
(d’après Gérard-Georges Lemaire, Les Cafés littéraires)

EXPLICATIONS LEXICALES

parvis n.m. = espace situé devant une église et généralement entouré


d’une balustrade ou de portiques
bouillonnant,e adj. = qui bouillonne (ex. Eau bouillonnante); fig. en
effervescence, tumultueux (ex. Des idées bouillonnantes)
de guingois loc. adv. = de travers, obliquement
jouxter v. = se trouver à côté
quiétude n.f. = tranquillité d’âme, calme
daigner v. = consentir à faire qqch. parce qu’on ne juge pas cette
chose indigne
1. causer v.tr. = être cause de.., provoquer (ex. Causer malheur. Cau-
ser des dégâts. Causer du scandale.)
2. causer v. intr. = parler familièrement avec qqn., bavarder;
causerie n.f. = conversation familière (ex. La conférence a dégénéré
en causerie.); discours, discussion sans prétentions (ex. Une causerie
littéraire, scientifique.)
causette n.f. = fam. bavardage, babillage (expr. Faire la causette, faire
un brin de causette, faire une petite causette)
causeur, euse adj. et n. = qui aime causer (ex. C’est un enfant très gai
et très causeur.)

AUTOUR DU TEXTE

Répondez aux questions:

- Où est situé le Café de Flore?


- À quelle époque a-t-il fait son apparition?

88
- Quel est l’écrivain grâce auquel cet établissement presque inconnu
est devenu un café littéraire?
- Quelles sont les périodes de gloire de ce café?
- Quelles autres personnalités artistiques fréquentaient habituellement
le Café de Flore?
- Qu’est-ce qui justifie la comparaison de Flore à « une vaste Interna-
tionale de l’esprit »?
- Ou’est-ce que vous savez sur la Sainte-Chapelle et la Place des Vos-
ges, les deux monuments dont la célébrité est, dit-on, surpassée par
celle du Café de Flore?

EXPRESSION ÉCRITE

Sujet de rédaction

Présentez un café littéraire roumain.

Pour ce faire, vous pouvez consulter les ouvrages suivants:

Florentin Popescu, Cafeneaua literară şi boemii ei, Bucureşti, Editura


Tehnică, 1997
Constantin Bacalbaşa, Bucureştii de altădată, Bucureşti, Editura Mi-
nerva, 1993
Nicolae Tăutu, Nimeni n-a murit de râs, Iaşi, Editura Junimea, 1978

EXERCICES
89
I. Exercices lexicaux

1. Créez des énoncés avec les divers sens du verbe s’emparer.

2. Remplacez, dans les exemples suivants, les mots en italiques par


leurs synonymes:

Les écrivains venaient chercher dans ce café la quiétude.


Son mari est un mordu de jazz et il ne rate aucun concert important.
Il était assis de guingois dans le fauteuil et lisait son journal.
La terre a vu jadis disparaître des espèces qui paraissaient être faites
pour dominer toutes les autres.
Dans le Quartier Latin la vie est bouillonnante.

3. Complétez les points de suspension par la forme adéquate des


mots: public, grec, turc

Boire du café est une mode d’origine.......


Les dieux ......... n’avaient pas moins de défauts que les humains.
Le sultan ...... a juré de conquérir toute l’Europe.
L’opinion .........a réagi devant cette menace.
Les îles .........sont très appréciées par les touristes européens.
Après cet attentat, il a été déclaré l’ennemi........ numéro 1.

4. Créez des énoncés pour illustrer chacun des homonymes sui-


vants:
causer vb.tr. - causer vb.intr.
voile n. m. - voile n.f.
vase n. m. - vase n.f.
poêle n.m. - poêle n.f.
baie n.f. - bai,e adj

5. Etablissez la famille lexicale du mot « bouillonnant » et créez


des énoncés pour chacun des termes trouvés.

90
6. Dans les exemples suivants, remplacez le mot « histoire » par les
synonymes adéquats:

Le Café Procope a une longue histoire derrière lui.


Ce garçon ne raconte que des histoires, ne faites pas l’erreur de le
prendre trop au sérieux.
Dans ce livre, l’écrivain raconte sa propre histoire.
Il nous a fait une histoire détaillée de ses déboires sentimentaux.
S’il continue à fréquenter ces gens-là, il va s’attirer plein d’histoires.
Les journaux se sont attardés longtemps sur cette histoire de corrup-
tion au plus haut niveau.
Allez, ne faites pas tant d’histoires pour si peu!

91
II. Exercices grammaticaux

A. La conséquence

1. Reliez par un rapport de conséquence les propositions de la


colonne droite aux propositions de la colonne gauche. Variez les
marqueurs de conséquence.

Il a pris froid - il a mal a la gorge


- il a fait de la fièvre
- il est resté au lit trois jours

La fête était si ennuyeuse - je suis partie avant la fin


- j’ai failli m’endormir
- j’ai regretté d’être venue

L’inflation a augmenté - la consommation baisse


- le niveau de vie chute

2. Rattachez les propositions suivantes à l’aide des locutions: de


sorte que, de manière que, de façon que, si bien que, au point que:

Exemple:
Je t’apporterai tout le matériel; tu pourras te mettre au travail tout de
suite. (de sorte que)
Je t’apporterai tout le matériel de sorte que tu pourras te mettre au
travail tout de suite.

Ils se sont éclipsés l’un après l’autre; nous nous sommes retrouvés
seuls à table. (de sorte que)

Jean s’était fait beaucoup d’amis à Bucarest; il y revenait avec plaisir.


(de telle façon que)
92
La colère montait en lui; il dut faire un violent effort pour la contenir.
(au point que)
L’enfant s’était endormi profondément; il fallut le transporter dans les
bras jusqu’à la voiture. (si bien que)

3. Formulez quatre phrases dont les propositions subordonnées


expriment une conséquence réelle.

Exemple:
Les garçons se ressemblaient tant qu’on les prenait pour des jumeaux.

4. Formulez quatre phrases dont les subordonnées expriment une


conséquence irréelle (faites attention à l’emploi du mode).

Exemple:
Il a suffisamment travaillé pour qu’il réussisse son examen.

5. Reliez les deux propositions en utilisant les relateurs à formant


discontinu: tellement + Adj, Adv, V, de + N........que; tant +V, de +
N....que; si + Adj, Adv....que

Exemple: tant + de + N...que


Elle avait tant de gaieté dans ses yeux qu’on avait du mal à l’imaginer
triste ou de mauvaise humeur.

6. Exprimez un rapport conséquentiel à l’aide d’une proposition


infinitive.

Exemple: Elle est bête à désespérer un mouton.

7. Transformez les phrases suivantes en remplaçant les locutions à


formant discontinu si.....que, tellement....que par la locution tel
(telle) ...que, qui détermine un nom:
Exemple:
Il parlait avec une si grande passion qu’il a impressionné toute
l’assistance.
93
Il parlait avec une telle passion qu’il a impressionné toute l’assistance.

Il avait une force tellement grande qu’il pouvait déplacer des monta-
gnes.
Nous ressentions une joie si grande que nous n’arrivions pas à la
contenir.
Elle fut prise d’une émotion tellement vive qu’elle ne put empêcher
ses larmes de couler.
Sa femme possédait un tact si grand qu’elle réussissait toujours à évi-
ter ses colères.

8. Reliez les deux propositions par les locutions trop....pour que ou


assez...pour que, en faisant les transformations exigées par leur
emploi:

Exemple:
Elle est très intelligente; on ne peut pas lui débiter des mensonges
pareils.
Elle est trop intelligente pour qu’on puisse lui débiter des mensonges
pareils.

Il est très perspicace; il se rendra compte de l’erreur.


Sa situation est grave; nous décidons de le conduire à l’hôpital.
Elle est très orgueilleuse; elle n’acceptera pas notre aide.
Ils sont très occupés; tu ne peux pas les déranger maintenant.
Ils sont fatigués; ils n’auront plus envie de sortir en boîte.
Il était très malin; sa soeur ne se rendait pas compte de ses ruses.

9. Les mots « donc » et « alors » peuvent tous les deux marquer un


lien logique de cause à conséquence. Sachant que la principale
distinction entre ces deux marqueurs réside dans le fait que «
donc » introduit une conséquence présentée comme tenant de
l’ordre du nécessaire tandis que « alors » ne confère pas à la rela-
tion de consécution un caractère de nécessité, reliez les proposi-
tions suivantes par « donc » ou « alors »:

J’étais pressée, ........... j’ai pris le passage interdit.


94
Il avait pris le sens interdit et grillé un feu rouge, ......le policier lui a
retiré le permis de conduire.
Les réserves de blé avaient été épuisées, ......le prix du pain a augmen-
té.
Il est tombé du cheval, ......il s’est cassé la jambe.
Il a énormément plu, .......les chemins sont impraticables.
On avait deux valises chacun, .........on a pris un taxi.
La vie est de plus en plus chère, .......la population est mécontente.

10. Traduisez en roumain:

Il aime ce tableau à un point tel qu’il en a fait faire une copie.


Elle a énormément mangé, si bien qu’elle a eu une indigestion.
Je crois me rappeler qu’il était venu vivre ici alors que ses études tou-
chaient à leur fin, de telle façon qu’il n’a passé que quelques mois au
collège.
Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse.
Ce garçon est bête à manger du foin.
Cette fillette est mignonne à croquer.
Ils ont trop travaillé pour qu’ils ne réussissent pas leur examen.

11. Traduisez en français:

Conţinutul lucrării sale era interesant, dar a făcut atâtea greşeli de


exprimare încât profesorul i-a dat o notă mică.
Eram atât de grăbiţi să ne întoarcem acasă încât am luat primul tren.
Sunt multe şanse ca părinţii săi să nu ştie nimic din ceea ce i s-a în-
tâmplat.
A reuşit să trezească suficient interes cu privire la proiectul său de
reorganizare încât să i se permită să-l expună în cadrul primei şedinţe
a consiliului de conducere.
Ploua fără încetare de două săptămâni de-ai fi crezut c-a venit potopul.
Părea prea hotărât încât să mai pot să-l conving să renunţe la planul
său.

95
B. Le but

1. Transformez les ciconstants de but exprimés par un groupe


prépositionnel en subordonnées finales:

Exemple:
L’opinion publique se mobilisa pour le sauvetage des bébés phoques.
L’opinion publique se mobilisa pour que les bébés phoques soient
sauvés.

Les médecins ont fait de véritables miracles pour sa guérison.


Tu ferais bien de renoncer à quelques uns de tes caprices pour le réta-
blissement de la paix conjugale.
Les chercheurs de l’Institut Pasteur ont fait des efforts considérables
pour la découverte du vaccin avant l’extension de l’épidémie.
Il faudra avoir une bonne moyenne pour l’obtention d’une bourse
d’étude.
Elle avait renoncé à son ironie habituelle dans l’espoir d’une meilleure
entente avec ses nouveaux collègues.

2. Rattachez les propositions suivantes de sorte à obtenir un rap-


port de finalité:

Exemple:
Parlez-lui clairement; il comprendra vos intentions.
Parlez-lui clairement pour qu’il comprenne vos intentions.

Cette année je travaillerai mieux; mes parents seront contents de moi.


Nous mettrons en place une nouvelle organisation de l’activité de la
société; les employés gagneront du temps.
Je leur enverrai ce livre demain; ils auront le temps de le lire avant la
rentrée des vacances.
Des soins médicaux compétents seront nécessaires; il ne fera pas de
rechute.

96
3. Formulez cinq phrases dont les propositions finales soient ex-
primées par des infinitifs précédés par des prépositions ou locu-
tions prépositionnelles (pour, de manière à, dans l’intention de, afin
de etc.).

4. Dans les phrases suivantes, exprimez le rapport de finalité à


l’aide des locutions de peur que, de crainte que, en faisant attention
à l’emploi de ne explétif:

Exemple:
Il ferme la porte pour que ses parents n’entendent pas la conversation.
Il ferme la porte de crainte que ses parents n’entendent la conversa-
tion.

Ils la surveillent en permanence pour qu’elle ne renoue pas avec son


ami.
Ils ont appris tout l’été pour que le professeur ne les recale pas.
Il roule très vite pour que sa femme n’arrive pas en retard au bureau.
Nous refusons son hospitalité pour que notre présence ne le gêne pas
dans ses habitudes.

5. Dans certaines conditions, la conjonction simple que peut intro-


duire une proposition finale. Précisez ces conditions et illustrez-les
chacune par deux exemples.

Exemple:
Attrapez-moi ce salaud que je puisse l’envoyer en taule.

6. Une série de locutions conjonctionnelles peuvent introduire


aussi bien la conséquence que le but. Lisez les phrases suivantes:

Il a bien caché cette erreur de jeunesse de sorte que personne ne l’a


jamais apprise.

97
Il a bien caché cette erreur de jeunesse de sorte que jamais personne
ne l’apprenne.
Il parle de façon que tout le monde peut entendre.
Il parle de façon que tout le monde puisse entendre.
Nous nous conduisons de telle manière qu’on ne peut nous désap-
prouver.
Nous nous conduisons de telle manière qu’on ne puisse nous désap-
prouver.

a) Lesquelles des propositions ci-dessus expriment un rapport de


conséquence et lesquelles de but?

b) Quels sont les éléments qui vous ont permis de les distinguer?

7. Traduisez en français:

Voi lua toate măsurile pentru ca acest lucru să nu se mai repete.


Călca în vârful picioarelor de teamă să nu-şi trezească părinţii.
Am venit la munte ca să facem plimbări în aer liber, nu ca să circulăm
tot cu maşina.
N-au îndrăznit să traverseze defileul de frică să nu fie surprinşi de
avalanşe.
Am ascuns cu grijă cadoul ca să nu afle că-i pregătesc o surpriză.
Îi scria cu regularitate mamei sale pentru ca aceasta să nu-şi facă prea
multe griji în ceea ce-l priveşte.
Există oameni care par născuţi să ducă o viaţă liniştită, lipsită de eve-
nimente imprevizibile.

8. Rédigez un petit texte de présentation des objectifs de


l’enseignement du français en Roumanie, en faisant attention à
varier les expressions de but.

Exemples d’objectifs pédagogiques:


- faire acquérir aux apprenants les structures grammaticales de la lan-
gue française
98
- enrichir leur vocabulaire
- développer leurs compétences communicationnelles
- favoriser la compréhension de la civilisation française
- contribuer à la création d’une attitude de tolérance et de respect des
différences culturelles entre les peuples
- développer l’aptitude au raisonnement, l’esprit d’analyse et de syn-
thèse, le goût de la rigueur et de la précision

99
100
UNITÉ 5: L’école et le travail

CONTENU

TEXTES:

1. Les jeunes et leurs problèmes.

2. La fonction publique, l'administration, les fonctionnaires.

3. Témoignages: Daniel Pennac

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux

2. Exercices grammaticaux: l’expression de la cause

101
Les jeunes et leurs problèmes

À quoi peuvent bien servir les études ? Chacun des professionnels


interviewés des plus célèbres, tels l’écrivain Daniel Pennac, aux plus
anonymes, a un avis très tranché sur la question. D’un côté, le bilan est
plutôt positif. Leurs études leur ont permis d’apprendre des langues
étrangères, d’acquérir une culture générale, des méthodes de travail. Elles
leur ont enseigné la rigueur, le goût du travail et de l’effort, l’art de la
synthèse ou encore les bases essentielles d’une discipline.
De l’autre côté, au chapitre des critiques bien fournies également,
certains regrettent le manque d’encadrement, ou estiment que leur
coursus était trop théorique, qu’il ne les a pas bien préparés à la vie
active. Selon d’autres personnes interviewées tout ne s’apprend pas à
l’université ou à l’école et ‘‘ c’est en forgeant qu’on devient forgeron ‘’.
Ainsi pour FREDERIQUE Richard, 27 ans, professeur de
biologie au Mans, les études lui ont apporté des méthodes de travail
car on a appris à construire un cours mais pas à s’adapter à
l’hétérogénéité qui existe dans une classe.
Ce que l’on n’apprend pas à l’école non plus, c’est le sens des
relations humaines.
CHRISTOPHE Eckhout, 29 ans, vendeur chez Porsche considère que
‘’ savoir écouter un client, argumenter exclusivement sur ses besoins,
adapter sa façon d’être, cela ne s’apprend pas à l’école ‘’. Par contre,
les études lui ont servi à parler les langues étrangères: l’anglais et
l’espagnol. Ses études d’économie lui ont appris à proposer des plans
de financement (crédits, leasing) à ses clients car, en licence il s’est
familiarisé avec des notions de comptabilité, de rentabilité,
d’amortissement, ou de commerce international.
Une fois les études terminées, le diplôme en poches, on n’a
pas fini quand même d’apprendre. Sur le terrain bien sûr, mais aussi
peut-être tout au long de la carrière, grâce à la formation continue. Car
les métiers évoluent comme l’environnement de l’entreprise et les
méthodes de management.
PATRICK Mauvais, médecin, considère que dans toutes les
sciences du vivant on n’arrête jamais d’apprendre. ‘’ La moitié de nos
102
connaissances actuelles sera sûrement obsolète dans cinq à sept ans. En
tant que chercheur, je me dois de remettre à jour de façon permanente,
tous mes acquis, sans oublier mon savoir acquis à l’Université ‘’.
Enfin, plusieurs témoins, affirment avoir vraiment souffert
durant leur scolarité. Privé de livres, quand il était en internat
l’écrivain Daniel Pennac explique même son goût de l’écriture par «
une lecture sauvage et interdite ». Une preuve de plus que les études
peuvent être utiles.

ENQUÊTE À quoi vous ont servi vos études ?

MICKAEL MAINDRON, 23 ANS, CONSULTANT


TECHNIQUE E-BUSINESS CHEZ FI SYSTEM

Embauché dans une agence Web, Mickael Maindron est


consultant technique. il met en place des plates-formes de e-
business pour des entreprises clientes, c’est- à –dire qu’il définit
des architectures techniques, choisit les progiciels, les logiciels
et les langages de programmation utilisés. Mais il peut aussi
former les ingénieurs des sociétés dans lesquelles il intervient.
À quoi vos études vous ont-elles servi ?
D’abord, à prendre de l’assurance ! J’ai appris à m’exprimer
correctement et à trouver le ton juste. C’est très important
quand on se retrouve, comme moi, face à des clients toute la
journée. Plus important encore, mon DUT m’a permis
d’acquérir des méthodes de travail. Le rythme était très soutenu
et la pédagogie reposait surtout sur des projets en équipe, qu’il
fallait mener à terme. J’ai appris à travailler à plusieurs, à
mettre des plannings en place …. et à les respecter. Lorsque je
me suis retrouvé en entreprise, je n’ai absolument pas été
dépaysé; on bosse exactement de la même manière.

103
Y a-t-il des cours qui n’ont eu aucune utilité ?

Oui, certains chapitres de mathématiques. Je ne comprends


d’ailleurs toujours pas à quoi servent les calculs d’intégrales et
les maths purement algébriques en informatique ! À la limite,
les cours d’algorithmiques développent l’esprit logique. mais
le discours qui consiste à dire que les maths sont utiles pour la
programmation ne tient pas la route !

Mini-CV
1995 BAC S spécialité physique.
1996 DUT informatique de gestion, option génie logiciel à
Paris 5.
1998 Développeur chez FI System prépare en même temps
un diplôme d’études supérieures techniques d’informatique
au CNAM
2000 Consultant chez FI System

MARIA MALAGARDIS, 35 ANS, JOURNALISTE AU


SERVICE ÉTRANGER DU QUOTIDIEN « LIBÉRATION «

Spécialiste de l’Afrique, Maria Malagardis a été correspondante


au Cameroun et en Afrique du Sud. Elle a suivi le conflit
ruandais, et rédigé un ouvrage. Embauchée à Libération, elle
réalise des reportages et des enquêtes sur l’Afrique.

À quoi vous servent vos études aujourd’hui ?


À pas grand-chose ! Mes études ont été une succession
d’erreurs.
Il n’y a jamais eu un moment où je me suis enthousiasmée
pour une discipline ou un cours. J’ai juste eu une sensation
d’aliénation, de malentendu….Après mon bac, je me suis
inscrite en hypokhâgne. J’ai détesté. L’année suivante, j’ai fait
une licence d’histoire à Paris 1.
C’était intéressant mais déprimant: la fac n’est absolument pas
valorisée. Intéressée par le journalisme, j’ai tenté Sciences po.
104
J’ai acquis une discipline de travail mais, surtout, je me suis
retrouvée dans une école que je trouvais arrogante.

Qu’est-ce que vous n’avez pas appris à l’école ?


L’essentiel ! À ce titre, Sciences po a d’énormes défauts. J’ai
appris à disserter sur n’importe quoi pendant dix minutes mais
pas à réfléchir ! Ce qui m’a frappée, c’est le manque
d’ambition intellectuelle de l’enseignement.

Quelle est, d’après vous, la principale faiblesse de cet


enseignement ?
Le pire défaut des Sciences po est qu’on ne nous prépare pas
au monde adulte. Mon diplôme en poche, je me suis retrouvée
perdue comme une petite fille, ignorant tout du marché du
travail: en faisant mes premiers pas dans le journalisme, je me
suis vite rendu compte que les notes de synthèse et les
dissertations n’avaient rien à voir avec un article et le fait de
donner envie au lecteur de le parcourir. Cela dit, si le bourrage
de crâne s’est révélé inutile dans ma vie professionnelle,
Sciences po a été une excellente carte de visite pour démarrer
dans le métier.

Mini-CV
1983 Bac littéraire au lycée Henry – IV à Paris.
1986 Licence d’histoire et diplôme de Sciences po.
1991 correspondante en Afrique pour la Croix, Libération
2000 Embauchée au service étranger de Libération

FRÉDÉRIQUE RICHARD, 27 ANS, PROF DE BIOLOGIE


ET DE PHYSIQUE AU MANS

Frédérique Richard partage son temps entre deux collèges


privés du Mans. Elle y enseigne la biologie et la physique, soit
environ vingt heures de cours par semaine. À cela s’ajoutent
autant d’heures pour préparer les leçons, corriger les devoirs..
105
À quoi vos études vous servent-elles aujourd’hui ?
À être capable de répondre à toutes les questions des élèves,
même si elles sont hors programme. Certes, au quotidien, ce
que je leur transmets est infime par rapport à mes
connaissances. Par exemple, lorsque je leur parle de la
circulation du sang, je l’aborde de façon extrêmement
succincte. Rien à voir avec les cours de la fac ! Mais avoir un
bon niveau est indispensable pour vulgariser les notions. Mes
études m’ont apporté aussi des méthodes de travail pour
jongler entre plusieurs classes, corriger des devoirs ou
préparer des cours.

Y a–t-il des choses qu’elles ne vous ont pas apportées ?


Je n’ai pas eu de formation en psychologie de l’adolescent, en
animation, en gestion du groupe. En classe, je dois improviser.
Si on apprend à construire un cours, on n’apprend pas à
s’adapter à l’hétérogénéité d’une classe; faire comprendre à
des jeunes, dont certains ne savent pas ce qu’est une molécule,
que la température est liée à l’agitation moléculaire, ça
demande de l’imagination !
Et ça, je ne l’ai pas acquis à l’école.

Mini-CV
1992 Bac scientifique aux Sables-d’Olonne
1997 Licence de SVT à Rennes ,et entrée à l’UFM de Nantes.
1998 Décroche le CAFEP (pour travailler dans l’enseignement
privé)
199 Prof de biologie et de physique en collège au Mans

Le Monde de L’Éducation, 2000

106
Le diplôme n’est plus une garantie

Si un diplôme supérieur est nécessaire pour accéder au statut de cadre, il


n’est plus aujourd’hui une garantie. Près d’un jeune sur deux entre dans
l’enseignement supérieur, alors qu’un quart seulement des postes créés sont
destinés à des cadres. Il est donc de plus en plus difficile de donner à chaque
diplôme l’emploi qu’il espère et l’on peut s’attendre pendant quelques années
à ce que les qualifications des jeunes soient supérieures à celles requises aux
emplois disponibles.
Aujourd’hui, moins de la moitié des jeunes diplômés obtiennent le statut
convoité, contre plus des deux tiers il y a dix ans.
Les employeurs attachent en effet plus d’importance aux aptitudes et aux
compétences individuelles. En 1990, les salaires des jeunes diplômés étaient
identiques, à niveau égal, à ceux des personnes promues cadres de moins de
30 ans déjà en place; ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour un même poste
hiérarchique, les entreprises préfèrent souvent embaucher un jeune à un
salaire moins élevé que promouvoir un cadre.
51 % des chefs d’entreprises (moins de 500 salariés) pensent que par rapport
aux emplois qui leur sont proposés, les jeunes ne sont pas assez qualifiés, 12
% qu’ils sont trop qualifiés, 28 % qu’ils sont suffisamment qualifiés, 65 %
sont favorables à la mise en place d’une sélection à l’entrée dans
l’enseignement supérieur.

Francoscopie, mars 2000

EXPLICATIONS LEXICALES

avoir un avis tranché = avoir une opinion bien nette qui est
affirmée catégoriquement
acquérir v.. = devenir propriétaire de quelque chose par achat,
échange. Ex. Acquérir un immeuble; gagner, obtenir; Ex.
Acquérir des quantités de connaissances. Acquérir une culture
générale
manque n.m. = Fait de manquer, absence ou grave insuffisance
d’une chose nécessaire. Ex. Manque de vision, d’argent; carence,
pénurie ,rareté. Ex. Quel manque d’imagination !.Par manque
de, manque de; par défaut de, faute de
Ex. Manque d’encadrement: absence ou insuffisance de
préoccupations pour encadrer le personnel
107
critique n. et adj = Examen en vue de porter un jugement
examen critique: qui examine la valeur logique d’une
assertion, l’authenticité d’un texte. Ex. Remarque critique;
esprit critique :qui n’accepte aucune assertion sans s’interroger
sur sa valeur
forger v. = Travailler un métal un alliage à chaud ou à froid
pour lui donner une forme. Ex. Forger le fer; élaborer, fabriquer
Ex. Forger un mot nouveau
environnement n.m. = Entourage habituel de quelqu'un
Ex. L’environnement familial ;Ensemble des conditions qui
peuvent agir sur les activités de l’entreprise, de l’industrie.
Ex. L’environnement de l’entreprise
amortir v. = rendre moins violent, atténuer; Ex. Amortir un
choc amortissement n.m :action d’amortir; Ex. Amortissement
financier
remettre v.= mettre de nouveau; Ex. Remettre quelque chose
en état de fonctionnement
obsolète adj.= dépassé, désuet. Ex. Une technologie obsolète
preuve n.f. = ce qui sert à établir qu’une chose est vraie ;
Ex. Donner comme preuve
hypokhâgne fam. n.f. = classe de préparation à L’École
normale supérieure, précédant la khâgne
il n’y a pas de résultat qui vaille = il n’y a pas de résultat qui
ait, qui mérite de l’importance
cisailler v. = Couper quelque chose avec des cisailles (foarfece);
Ex. Cisailler des fils de fer. Raffiner ses manières d’écrire,
d’expression. Ex. Cisailler sa plume
ciseler v. = Travailler avec un ciseau (daltã ); Ex. Ciseler un bijou.
fig. Ciseler son style
vivre v. = être en vie ,exister. Ex. La joie ,le plaisir de vivre.
Vivre de sa plume = vivre de son travail d’écrivain
encrier n.m. = Petit récipient où l’on met de l’encre. Ex.
Tremper la plume dans l’encrier; au ras de l’encrier = à la
surface d’un petit récipient à encre
embaucher v. fam. = être engagé en vue d’un travail
se rendre compte = prendre conscience d’un état ou d’un
processus complexe, s’apercevoir, comprendre, remarquer;
Ex. Se rendre compte d’une chose
108
bourrer v. tr. = Remplir complètement en tassant; Ex. Bourrer
une pipe; Action insistante pour persuader. Fig. Bourrage de
crâne
démarrer v.= Commencer à rouler, à partir; Ex. La voiture
démarre brusquement. Se mettre à marcher, réussir;
Ex. Démarrer dans les affaires
prendre de l’assurance = prendre, acquérir de la confiance
en soi-même
mener à terme, à son terme = terminer, achever
mener à bonne fin = achever, terminer un travail, une affaire
mettre des plannings en place = mettre des projets en état de
fonctionnement
être dépaysé = être mal à l’aise, désorienté par le changement
de décor ,de milieu, d’habitudes
bosser v. fam. = travailler. Ex: C’est un sacré bosseur
l’apprentissage scolaire = le fait d’apprendre un métier manuel
ou technique dans une école ou chez un particulier
filtrer les appels = les faire soumettre à un contrôle, à une
vérification
être de bonne humeur = être gai, content
rassurer v. = rendre la confiance, la tranquillité d’esprit à
quelqu’un, tranquilliser; Ex. Le médecin l’a rassuré.

ACTIVITÉS

AUTOUR DU TEXTE
Identifiez les personnages de l’interview:
♦ Qui pose les questions ?
♦ Que savez-vous sur les personnes interviewées ?
♦ Quelles sont leurs professions actuelles ?
♦ Qu’est-ce que l’école leur a apporté ?
♦ Comment se sont–elles adaptées sur le marché du
travail ? Sont–elles compétitives ?
♦ Quels conseils pourrait–on donner aux jeunes qui
étudient dans les Universités ?
♦ Est ce que les métiers que les jeunes ont choisis
leur donnent satisfaction ?
109
♦ Analysez et discutez chacune des affirmations
présentées dans les interviews.

Sujet de débat

[1] Recueillez l’opinion de votre meilleur ami sur les


aspects positifs ou négatifs de l’école contemporaine.
Présentez ses idées dans un bref article.

[2] Trouvez dans le texte les indications qui contredisent


les affirmations suivantes :

¾ Plusieurs témoins affirment n’avoir jamais souffert durant


leur scolarité.

¾ Une fois les études terminées, le diplôme en poches, on a


fini d’apprendre.

¾ Ce que l’on apprend à l’école, c’est le sens des relations


humaines.

¾ Les études ne lui ont pas servi à parler les langues


étrangères.

¾ Ses études d’économie ne lui ont rien appris.

ENQUÊTE

Lisez et traduisez en roumain cette interview concernant


quelques points de vue de l’écrivain Daniel Pennac sur
l’importance des études et sur le rôle de la lecture dans la
vie d’un jeune homme.
110
DANIEL PENNAC, 56 ANS, ECRIVAIN, PROFESSEUR
DE FRANÇAIS DE 1969 A 1995,
auteur de: La débauche avec Tardi (2000), Au bonheur des
ogres (1985), Le service militaire au service de qui (1973)

Témoignages
À quoi vous ont servi vos études ?
À souffrir ! Ma scolarité a été un enfer. En primaire et en
secondaire, j’ai fait des études calamiteuses. J’étais un
mauvais élève, atrocement malheureux de l’être, je souffrais
même physiquement, et je voulais le faire payer. J’ai eu mon
bac à 20 ans révolus.
Ensuite, j’ai expédié des études de lettres modernes, hypokâgne
et une licence d’enseignement. Mais, à côté de l’enfer de
l’école, c’était un peu un purgatoire, et la matière me plaisait.

Mais vous n’avez rien appris qui vous soit utile aujourd’hui ?
Si: la douleur que j’ai ressentie de la maternelle à la terminale
m’a permis, quand j’étais prof de comprendre ce que souffre
un mauvais élève ….. plus généralement, ce qu’un bon
enseignement vous fait acquérir, c’est le sens de l’effort, car il
n’y a pas de résultat qui vaille sans effort, sans un don réel de soi.
J’ai eu la chance de rencontrer, à partir de la première, trois
profs, un de math, un d’histoire et un de philo, qui m’ont donné
le sens de la méthode, qui m’ont cadré, qui m’ont appris qu’il y
avait un bonheur à apprendre, bref qui m’ont sauvé.
Pas par l’autorité, mais par une exigeante bonté. Ils savaient
expliquer. Ils ne pratiquaient pas l’humiliation, et nous les
sentions exigeants, d’abord avec eux-mêmes. Moyennant
quoi, nous leur obéissions avec confiance.

Vous êtes devenu écrivain …… Vos études ont-elles joué


un rôle quelconque ?
Un rôle assez paradoxal. Dans le secondaire, j’étais
pensionnaire. Cela paraît inouï aujourd’hui mais on n’avait
pas le droit de lire à l’étude. Pour continuer à lire, je me suis
mis à ….. écrire ! J’inventais une suite au dernier chapitre des
Trois Mousquetaires que j’avais lu, et je le comparais à celle
de Dumas.
111
Je suis venu à l’écriture comme ça, par la lecture sauvage,
voire la lecture interdite..….

Et plus tard ?
Quand on lit Baudelaire à 17 ans, Flaubert à 18… il est
impossible qu’il n’en reste rien. Même si l’on s’emmerde
parce que c’est au programme et que les profs enseignent ces
auteurs comme de la ‘’ littérature morte’‘,
Baudelaire c’est tout de même quelqu'un. Flaubert aussi ! Les
profs m’avaient présenté leurs cadavres; je les ai vraiment
découverts vivants, plus tard et tout seul. En fait, j’écris
sûrement parce que j’ai lu, non parce que les profs m’ont appris
la littérature. J’ai été infiniment plus dynamisé par mes lectures
hors programme: elles correspondaient à mon cheminement.
Par exemple, j’ai adoré Dickens, James, Stevenson, Tolstoi, Joyce
ou encore Dostoievski. Certains auteurs dégagent de la force.
Ils mettent en appétit pour écrire, comme Proust, alors que
d’autres, que j’admire tout autant tels Céline ou Queneau, me
cisaillent la plume au ras de l’encrier.

D’après L’Etudiant no. 229 /2001

Mini- CV
1965 BAC philo à Nice
1969 Maîtrise de lettres modernes à Aix et première rentrée
scolaire.
1973 Premier ouvrage écrit Le Service militaire au service
de qui ? (Le Seuil)
1985 Au Bonheur des ogres (Gallimard)
1995 Quitte l’enseignement.
2000 La Débauche avec Tardi (B.D. Futuropolis)

112
EXPPRESION ORALE

Sujet de débat

Que représentent les études pour vous ?


Comment vous préparez-vous à la vie professionnelle ?
Répondez dans une trentaine de lignes, en vous appuyant sur
vos lectures et sur votre expérience personnelle.

113
EXERCICES
I. Exercices lexicaux
Une famille de mots : Acquérir

acquérir = devenir propriétaire d’un bien par achat, échange,


succession ;Ex. Acquérir un immeuble
acquis = obtenu, gagné ;Ex. Bien, mal acquis ne profite jamais
acquis = reconnu sans contestation;
Ex. Nous pouvons considérer comme acquis ce premier point
acquisition = action d’acquérir; fait d ‘arriver à posséder;
Ex. Faire l’acquisition d’un terrain
acquéreur = personne qui acquiert un bien; Ex. Ce tableau
n’a pas trouvé d’acquéreur.

[1] Complétez par les mots du paragraphe précèdent

‰ L’école lui a permis d’……………….. une culture générale.

‰ Je me dois de remettre à jour tous mes …………………..

‰ Mon oncle a fait l’……………….. d’un piano.

‰ Il gisait depuis longtemps dans une cave faute d'………….

‰ Elle parlait de l’aisance que ses élèves ont …….. ………en


apprenant les langues étrangères.

[2] Remplacez les mots en italiques par des synonymes.

Étudiants, nous admirons la rectitude morale de nos


professeurs. J’ai horreur des grossièretés ,dit le jeune homme
à sa copine. Mon amie a une inclination naturelle à l’étude.
C’est un homme de haute taille, il mesure 1,90 m. Les invités
parlaient tous à la fois, seuls des fragments de phrases
parvenaient jusqu'à nous. Adrien était fatigué, ses paroles
114
étaient incohérentes. Elle ressentait ce découragement qu’elle
avait cru maîtrisé. Paul commence à se désintéresser du
résultat de ce concours.
La jeune fille protesta mais d’un air qui manquait d’aplomb.
Julie se reproche son absence d’énergie.
Elle avait agi au vu et au su de tout le monde, elle n’avait
aucune raison de s’en cacher. Jacques devinait sur ce visage
mobile toutes les pensées qui s’y reflétaient. Il l’avait vue
triste et s’est efforcé de deviner la cause de sa tristesse.

[3] Remplacez les verbes en italiques par des synonymes


afin de reconstituer les proverbes ci-dessous.

Bonne volonté remplace la faculté. Ce qu’aujourd’hui tu peux


faire au lendemain ne remets. Ce qui ne coûte rien, est
considéré ne valoir rien. Fais ce que dois, arrive qui pourra. Il
ne faut pas abandonner le certain, pour l’incertain. Le soleil
brille pour tout le monde. Ce sont les petites pluies qui
endommagent les grands chemins.
Chassez le naturel, il retourne au galop. Contentement dépasse
richesse.
Dis –moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. Chat bien
nourri méprise les souris.
C’est l’hôpital qui se rit de la charité. Le destin ne peut nous
ôter que ce qu’il nous a donné. Le papier supporte tout. Qui
aime labeur arrive à honneur. Qui ne risque rien n’a rien.

[4] Complétez les phrases ci-dessous par des antonymes


des verbes en italiques :

Faut-il partir, faut il …………….. telle était l’alternative


clairement posée.
Cela aurait été aussi stupide au point qu’il en était
d’abandonner que de …………..
On le voyait au passage entrer ou …………. de son cabinet.
Une toute petite étoile s’allumait entre eux, …………. se
ravisait encore, intermittente.
115
Elle s’échappa et avec le plus grand calme, sans ……………
ni baisser la voix.

[5] Employez chacune des expressions suivantes dans une


phrase qui en précise le sens :

‰ Remettre en cause.
‰ Prendre fait et cause pour.
‰ Avoir gain de cause.
‰ Faire cause commune avec.
‰ Plaider une cause.
‰ Mettre hors de cause.
‰ En désespoir de cause.
‰ Pour les besoins de la cause.
‰ En tout état de cause.

[6] Dans chacune des phrases suivantes mettez le nom qui


convient à la place des espaces libres.

le mobile, la cause, le motif, la motivation, l’origine,


la raison, le sujet, le pourquoi

♦ On ignore …………. de ce délit.


♦ Les étudiants ont toujours demandé inlassablement
………………… de toute chose.
♦ À quelles …………………. a-t-il obéi en adoptant cette
position ?
♦ À ……………… de cette dispute, il y a une sombre
affaire d’héritage.
♦ On s’interroge sur …………… de cette catastrophe.
♦ Selon Pascal, Dieu est ……………… de toute chose.
♦ Pour quelle …………….. avez –vous agi ainsi ?
♦ Tout………………… lui est bon pour se dérober à ses
obligations.
♦ Il a présenté sa démission pour ………………futile.

116
[7] Employez dans chacune des phrases suivantes le verbe
qui convient:

causer, déchaîner, découler de, engendrer, être dû à , motiver,


provenir de, provoquer, résulter de, susciter

♦ Son attitude désinvolte ……………. l’indignation de tous.


♦ L’imprudence du chauffeur …………………l’accident.
♦ La rivalité de ces deux hommes politiques ………………
entre eux.
♦ La baisse du chiffre d’affaires de l’entreprise …………
une mauvaise gestion.
♦ L’éloquence de l’orateur ……………….. l’enthousiasme
du peuple.
♦ Ses malheurs ……………….. son incapacité à
s’exprimer.
♦ L’incompréhension de ses amis ……………. son départ.
♦ Cette légère inflation …………………….. la hausse des
salaires de l’enseignement.
♦ Son ignorance ………………. sa fainéantise.
♦ L’échec de la mise en marche de la voiture …………….
une erreur de calcul.

À la recherche d’un emploi


Formuler des demandes:

Demander une faveur = solliciter, prier, supplier, implorer


Demander l’aumône = mendier, quémander
Demander avec insistance: réclamer, revendiquer, harceler,
adresser ,formuler une demande, exiger
Demander poliment = Je voudrais bien s’il vous plaît ………
J’aimerais bien que ………………..
Pourriez-vous ………………
Vous serait – il possible de…………
Demander dans une lettre = J’ai l’honneur de solliciter……….
Je souhaiterais que …………………
117
Je vous prie de …………………
Je vous serais reconnaissante de bien
vouloir ………………….
Je vous saurais gré ………………..
Pourriez-vous me faire la faveur de …
Quelques formules de politesse à la fin des lettres

Je vous prie d’agréer Monsieur (Madame) l’expression de mes


sentiments les meilleurs (neutre), les plus distingués (neutre),
respectueux (personne importante), dévoués (supérieur
hiérarchique).
™ Veuillez recevoir l’assurance de ma considération
distinguée, de mon sincère dévouement.

™ Recevez cher Monsieur (chère Madame) mes vœux de


bonheur (mariage, naissance)

™ À un ami (une amie): Amitiés, Amicalement


Cordialement (à un collègue)

[8] Complétez avec les verbes de la liste de droite:

Jacques Durand est ouvrier. Il s’occupe de l’entretien des


machines dans une grande usine d’armement. Il gagne à
peine le SMIC. Sa femme Virginie se plaint et lui Exiger
………………….. davantage d’argent pour faire vivre
leurs enfants. Elle dit que pour finir le mois, elle est Implorer
obligée de ………………….. auprès de ses parents et
que si ça continue, elle sera forcée d’aller …………….. Mendier
à la porte de l’église. Elle ………………. son mari de
demander un poste plus rémunérateur. Jacques Durand Prier
……… alors un poste de gardien dans la zone ultra
sensible de l’usine: l’endroit où s’élaborent les projets et Postuler
où sont entreposés les prototypes. Il obtient ce poste
118
beaucoup mieux payé, mais beaucoup plus dangereux. Un
jour, le plus petit garçon de Jacques Durand est kidnappé. Quémander
Les ravisseurs ………….……. que leur soient remis les
plans d’un nouvel appareil. Jacques Durand les
……………………. de ne pas faire de mal à son enfant Réclamer
et leur promet les plans. Cependant, il avertit la police
en la …………………… d’intervenir discrètement
pour ne pas mettre en danger la vie de l’enfant. Revendiquer
Heureusement, l’histoire se termine bien. La police
réussit à encercler les ravisseurs au moment de l’échange
et ces derniers se rendent. L’affaire fait grand bruit dans Solliciter
l’entreprise. Le personnel qui travaille dans la zone
dangereuse ……………..… des mesures de sécurité
plus importantes.
Quand à Jacques Durand, il ……………… à nouveau Supplier
pour son ancien emploi avec la bénédiction de sa femme.

[9] Racontez cette histoire sous forme de lettres ou de


messages de demande:

Exemple: lettre de Jeanne à Paul, lettre de demande de poste,


message des ravisseurs

[10] La demande: classez les phrases suivantes de la plus


familière à la plus soutenue :

a) Vous pourriez vous déplacer un peu ? Je ne vois pas l’écran.


b) Tu te pousses un peu ! Je n’y vois rien.
c) Vous serait-il possible de vous déplacer un peu ? Vous me
cachez l’écran.
d) Pardon Monsieur, auriez –vous l’amabilité de vous
déplacer d’un siège ? Je suis désolé, mais vous me cachez
l’écran.

119
[11] Que dites-vous ? Qu’écrivez –vous dans les
circonstances suivantes ?

♦ Vous demandez à un collègue qu’il vous prête son


téléphone portable.
♦ Votre ami fait la tête. Vous lui demandez ce qui ne va pas.

Par téléphone;
- Vous êtes à Nancy. Vous téléphonez à la gare pour
connaître l’heure de départ du prochain train pour Paris.
- Vous venez d’arriver à Paris. Il est quatre heures du matin.
Vous demandez à un ami de venir vous chercher à la gare.

Par écrit:
- Vous demandez une augmentation à votre patron (donnez
au moins trois raisons qui motivent votre demande).

- Vous demandez à un collègue en congé que vous n’avez


pas pu trouver au téléphone s’il peut vous remplacer
demain matin.

[12] La fonction publique. L’administration. Les


fonctionnaires

Que savez-vous sur le rôle de l’administration en France ? Ce


rôle est-il différent dans votre pays ?
¾ Le secteur public
Armée, police, gendarmerie, justice, ministères,
administrations communales (mairies), administrations
départementales (préfectures et conseils généraux),
régionales (conseils régionaux ), enseignement (85 % des
écoles ),postes, impôts, sécurité sociale, SNCF (trains),
RATB (bus), EDF (électricité), GDF (gaz), musées
nationaux, etc.
L’État est également principal actionnaire dans de
nombreuses sociétés: banques, assurances, industries.

120
¾ Le statut du fonctionnaire en France
Le fonctionnaire public est recruté par concours. L’État lui
assure en principe une fonction et il s’engage à lui assurer
aussi sa retraite. Le fonctionnaire peut monter en grade grâce
à des concours internes. Son traitement augmente en fonction
d’une grille précise et complexe.
À diplôme égal, le fonctionnaire est en général moins bien
payé que s’il travaillait dans le privé.
Fonctionnaires. Près d’un actif sur quatre dépend de l ‘État.
Le secteur public comprend au total plus de 5 millions de
salariés repartis entre la fonction publique d ‘État (agents et
employés des ministères, des établissements publics ou
apparentés, employés de la Poste et de France Télécom,
enseignants des établissements privés sous contrat, la fonction
publique territoriale (personnel des collectivités locales) et la
fonction publique hospitalière (personnel des hôpitaux
publics). Ils représentent 28 % de l’ensemble des salaries
(hors emplois précaires), ce qui place la France au premier
rang des pays occidentaux. En un siècle, la part du secteur
public dans la population active a plus que triplé, du fait des
nationalisations qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale,
puis de celles de 1982. Elle a été récemment réduite par les
privatisations réalisées en 1987 – 1988 et depuis 1993.
Le taux moyen de croissance des effectifs de fonctionnaires a
été de 3,2 % par an pendant les années 60, 3,1 % pendant les
années 70, 1,1 % pendant les années 80.
Entre 1980 et 1995, l’emploi public a augmenté de 20 % en
France, alors qu’il baissait de 25 % aux Pays-Bas et en
Grande –Bretagne.
G. Mermet, Francoscopie 2000

121
II. Exercices grammaticaux
(l’expression de la cause)
1. Soulignez les subordonnées compléments circonstanciels de
cause:

[a] Comme vos actes nous suivent, nous réfléchirons aux


conséquences qu’ils peuvent avoir.
♦ Comment le paresseux récolterait-il dans sa vieillesse, puisqu’il
n’a rien semé dans sa jeunesse ?
♦ Quelques –uns se croient modestes, parce qu’ils tiennent les yeux
baissés en notre présence.
♦ Dès lors que vous ne faites pas d’efforts, je dois renoncer à vous
tirer d’embarras.

[b] Etant donné que l’avenir est incertain, soyez prudents et analysez
les difficultés.
♦ Je contredirai votre témoignage, non que je veuille vous offenser,
mais la vérité a ses droits.
♦ Comment aurais-je médit de vous l’an passé, si je n’étais pas né ?
répondit l’agneau.
♦ Du moment que votre père vous autorise à faire ce voyage, je n’ai
pas à m’y opposer.

[c]
Elle prête l’oreille, parce que c’est son père qui parle.
♦ Mais tu n’as pas faim, que tu ne finis pas tes huîtres ?
♦ La lumière baissant toujours, nous revenons sur nos pas.
♦ La princesse de Parme était gênée de faire des amabilités, vu
qu’ils en avaient fort peu pour elle.
♦ Puisqu’il était un homme sérieux, je n’ai pas besoin de vous dire
qu’il était modeste. C’est parce que je vous aime que je vous
propose cette séparation à l’amiable.
♦ Comme le vent avait cessé, la voile tomba.
♦ Du moment que notre ville favorise justement les habitudes, on
peut dire que tout est pour le mieux.

122
2. Mettez les verbes entre parenthèses au mode et au
temps qui conviennent.

♦ Du moment que tu (consentir) à revenir sur ta décision tu


devrais cesser d’insister.
♦ Attendu que le chauffeur (conduire) en état d’ivresse, le
policier a décidé de lui retirer son permis.
♦ Etant donné que chacun (vouloir) imposer son point de
vue et que le ton (monter) ce fut un vacarme incroyable.
♦ Si ce joueur a gagné le concours, c’est parce qu’il (se
montrer) combatif et persévérant.
♦ Puisque tu (se croire) si intelligente, résous donc ce
problème.
♦ Comme il (souffrir) de troubles cardiaques le jeune
violoniste a dû renoncer à une brillante carrière.
♦ Si son attitude a pu vous sembler vulgaire, ce n’est pas
qu’il (vouloir) se montrer grossier, mais c’est qu’il était
mal élevé.
♦ Nous allons vendre cette maison, non qu’elle nous
(déplaire) mais parce qu’elle est trop loin.

3. Complétez les phrases suivantes par des conjonctions


différentes :

♦ ………….. tu es si gentil, porte donc les malles.


♦ Elle ne vous a pas écrit …………. elle avait perdu notre
adresse.
♦ Mon cœur battait la chamade ……………… on annonçait
les prix du concours de patinage.
♦ Ils avaient du mal à entendre le conférencier qui parlait
d’une voix faible ……………. ils étaient placés au fond
de la salle.
♦ ……………….. il fût fatigué …………………. il n’aimât
point la musique de Wagner, il s’endormit au milieu du
concert.

123
4. Remplacez le groupe de mots en italique par une
proposition subordonnée exprimant la cause.

Sentant l’orage approcher, ils quittèrent la forêt.


Ils ont manqué l’affaire pour n’avoir pas su la contrôler.
L’ascenseur étant tombé en panne, nous avions dû monter à pied.
A force de fumer, mon père est tombé malade.
Intriguée, elle s’approcha de la vitrine.
Intelligente comme vous êtes, toutes les possibilités vous sont
offertes.
Sous prétexte de me rendre service, ma copine ne cesse de
m’agacer.
A me voir si bouleversée, ma grand-mère se sentit elle-même
émue.
Pour avoir voulu transformer l’entreprise, ils ont rencontré
l’hostilité générale.
En la persuadant de reprendre ses études, son père lui a
donné un coup de main.

5. Remplacez la proposition exprimant la cause par une


tournure équivalente introduite par un infinitif, un
gérondif ou un participe:

♦ Jean s’est cassé la jambe, parce qu’il a glissé sur la glace.


♦ L’étudiant avait été exclu de la salle d’examen, parce qu’il
avait fait du bruit.
♦ Étant donné que rien ne le retenait à Rome, il rejoignit sa
famille.
♦ Comme il ne savait pas se débrouiller, il dut demander
conseil à sa mère.
♦ Elle se réjouissait par ce qu’elle se voyait entourée par ses
élèves.
♦ On le déteste, parce qu’il est menteur.
♦ J’aime ce pays, parce que la lumière y est douce et le
paysage harmonieux.

124
♦ Du moment que le malentendu était dissipé, les gens
s’étaient réconciliés.
♦ C’est parce que le professeur m’a toujours encouragé, que
j’ai pu franchir ce moment difficile.

6. Complétez avec une expression de cause:

• La récolte a été mauvaise ……………….. la sécheresse.


• Marie a été sélectionnée pour le poste de comptable
……………….sa grande expérience.
• Il a pu éviter l’accident ……………… il avait de bons
freins.
• ……………… c’est ton anniversaire aujourd’hui, nous
allons préparer un grand gâteau.
• Il a pu obtenir le prix Nobel …………………son attitude
généreuse et humanitaire.
• ………………………. le train a une heure de retard,
allons manger une glace.

7. Réduisez la subordonnée de cause à une phrase où le


déterminant circonstanciel soit réalisé par un groupe
prépositionnel.

Modèle: L’enfant pleurait, parce qu’il avait faim (de).


L’enfant pleurait de faim.

‰ Elle criait, parce qu’elle ressentait de la douleur (de).


‰ Nous souffrions beaucoup, parce que nous avions soif (de).
‰ Il a pu être sauvé, parce que le médecin a fait une
intervention chirurgicale (grâce à).
‰ Elle a été refusée, parce qu’elle avait dépassé l’âge (à
cause de).
‰ Elle nous a demandé de partir; elle se sentait mal (sous
prétexte que).
‰ Il est venu nous voir; il a besoin de notre aide (puisque).
‰ On l’estime, parce qu’elle a de l’intelligence (pour).

125
8. Liez les deux propositions à l’aide de la locution parce que:

Modèle: Je t’ai appelé, j’ai besoin de toi.


Je t’ai appelé, parce que j’ai besoin de toi.
ƒ Il sera un bon professeur; il a des idées.
ƒ Elle lui pardonnera; elle a du caractère.
ƒ Tu peux lui parler; elle est très gentille.
ƒ Nous ne ferons pas ce voyage; il n’y a plus de billets à
réserver.
ƒ Vous ne pouvez pas partir en ce moment; il pleut à verse.
ƒ Tu dois te reposer, tu es très fatiguée.
ƒ Je ne peux pas me permettre le luxe de m’acheter ce
manteau, cela ne m’intéresse plus.

9.Traduisez en français:

(a) Acest băiat şi-a rupt piciorul pentru că a alunecat pe o


placă de polei.
(b) Familia mea, ne având obiceiul să se culce târziu, se scula
dimineaţa foarte devreme.
(c) Ei renunţă la construirea acestei case pentru că nu mai au bani.
(d) Grabiţi-vă căci timpul trece.
(e) Din cauză că ploua mărunt, a trebuit să-mi iau impermeabilul.
(f) Este inutil să-i ceri sfatul din moment ce ai luat deja o decizie.
(g) Afacerea va fi amânată dat fiind că directorul este bolnav.
(h) Doresc să văd acest spectacol, nu pentru că este bun, ci
pentru că este nou.
(i) El a cumpărat acest costum, nu pentru că era ieftin ,dar
pentru că era elegant.
(j) Fie că vederea sa este proastă, fie că se preface că nu ne
vede, el trece pe lângă noi fară să ne vadă.

126
UNITÉ 6: Voyages

CONTENU

TEXTES:

1. Écrire c'est voyager – Michel Butor

2. Le pays que j'ai quitté – Colette

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux

2. Exercices grammaticaux - L’expression de la condition.

De la splendeur de la pierre…
à la magnificence des jardins

127
J'ai trop écrit.
Si ce n'avait pas été le cas, j'aurais été sans doute
davantage connu.

MICHEL BUTOR, Écrire c’est voyager

Né à Mons ,dans le Nord de la France, en 1926,Prix Renaudot


pour La Modification en 1957, Michel Butor, professeur de
philosophie avant d'enseigner la littérature ,est l'auteur d'une
œuvre multiforme et encyclopédique: romans, poèmes, études
critiques, essais, livres d'art ou entretiens….
L'homme aux mille livres est aussi un éternel voyageur.
Michel Butor écrivain et philosophe est l'un des auteurs les
plus représentatifs du Nouveau Roman. Interrogé par les
journalistes de la revue Le Monde de l'éducation, il exprime
quelques points de vue sur la notion de voyage et sur les sens
de l'écriture contemporaine.

Écrire c’est voyager

Le Monde de l'éducation
Quelle est la place des voyages dans votre œuvre si l'on excepte
l'aspect documentaire évident ? Écrire, c'est voyager disiez- vous
dans Répertoire.
Michel Butor
Beaucoup d'écrivains ont développé ce thème. Dans l'écriture même,
il y a un trajet, dans bien des cas assez linéaire. Et puis lire, écrire
nous fait changer de décor, c'est très net dans les récits de voyage.
Dans n'importe quelle fiction, on voyage, par exemple, en
Normandie avec Madame Bovary ou à Carthage avec Salammbô.
Même dans les livres scientifiques, on voyage, mais cette fois, dans
un lieu abstrait.
Dans vos voyages, cherchez-vous un ailleurs et de quel ailleurs
s'agit-il ?
J'ai beaucoup voyagé. J'espère voyager encore un peu même si je
deviens plus raisonnable. Pour moi, voyager, c'est surtout voyager à
128
l'étranger bien que je ne connaisse pas la France à mon goût. Qu'est-
ce que je cherche dans d'autres pays ? Des points de comparaison
avec ce dont j'ai l'habitude. Ça m'a toujours été très profitable. J'ai
besoin d'aller dans d'autres cultures, dans d'autres climats et dans
d'autres langues. Je ne suis pas un polyglotte. Mais je suis passionné
pour les langues, pour la façon dont elles fonctionnent. On peut aller
dans des régions où il y a des traces gravées suffisamment fortes, par
exemple la Rome impériale en Italie pour qu'elles redeviennent très
présentes. Et puis, se promener dans les langues modernes issues de
ces langues anciennes fournit des échelons.
La Modification, Transit, Degrés, Gyroscope: autant de titres que
vous avez signés. Estimez-vous avoir bâti une œuvre hantée par les
thèmes du passage, de la transition, du mouvement ?
Ce sont certainement des thèmes majeurs. Je suis frappé par le
changement du monde. On est à une époque de transformations
extrêmement rapides. Il y a déjà eu des époques comparables dans le
passé, mais là ,on est des champions.
Aujourd'hui cela se répercute plus ou moins vite selon les régions du
monde. Je suis très sensible à cette donnée fondamentale de notre
temps. J'essaie de la raconter.
Y a -t- il eu un malentendu à vous associer à l'aventure du Nouveau
Roman ?
Il y a eu un malentendu journalistique sur la nature exacte du
Nouveau Roman parce que les gens ont essayé d'interpréter le
phénomène par rapport à d'autres qui avaient précédé.
Ils ont vu un groupe comme l'était le groupe surréaliste et une école à
l'image de l'existentialiste.Or il s'agissait d'autre chose à l'origine,
c'est-à-dire des écrivains publiant chez le même éditeur.
Quelques-uns ont cherché à s'y faire publier pour montrer, si vous
voulez, leur adhésion, comme Nathalie Sarraute ,qui avait accepté
que son premier livre, Tropismes, soit réédité aux Editions de Minuit.
De même, Marguerite Duras avait demandé à Gallimard l'autorisation
d'y publier deux livres. Néanmoins, il existait entre ces écrivains un
certain nombre de points communs. On les voit de plus en plus
clairement; d'une part l'influence de certains grands écrivains du début
du XX siècle, Proust, Joyce, Kafka, Faulkner, d'autre part l'influence
129
du cinéma. Je participais de ces influences. Lorsqu'on a commencé à
évoquer le Nouveau Roman, ce fut en grande partie autour de moi.
Seulement, j'étais un voyageur et, contrairement à d'autres, je n'avais
pas envie de fonder une école.
Que vous reste-t-il à accomplir ?
J'ai le sentiment d'être un auteur du XX e siècle. Or, nous sommes au
XXI e siècle. Ce qui est important est derrière moi. Je compare ma
situation à celle d'un concert: le soliste a exécuté son programme; à
la fin ,on lui réclame des bis, soit des morceaux plus petits. C'est
autre chose, parfois mieux. Et j'ai l'intention de donner des "encore ".

D'après Le Monde de L'Education


No.297 Novembre 2001

EXPLICATIONS LEXICALES

changer v.= Céder une chose contre une autre; Ex. Changer
une chose pour, contre une autre; changer de l’argent.
Changer quelque chose, mettre dans un autre état, lieu. Ex.
Changer de décor.
échanger v. = Laisser quelque chose à quelqu'un en recevant
une autre chose en contre partie; Ex. Il échange des timbres.
ailleurs adv. = Dans un autre lieu que celui où l’on est ou dont
on parle. Ex. Allons ailleurs, nous sommes mal ici.
polyglotte adj.et nom = Qui parle plusieurs langues;
Ex. Interprète polyglotte.
hanter v. = Fréquenter un lieu d'une manière habituelle,
familière Ex. Hanter les mauvais lieux; Habiter l’esprit en
gênant ; Ex. Fréquenté par les esprits.
néanmoins adv. et conj. = Cependant, pourtant; Ex. Néanmoins,
rien n'est encore décidé.
participer à v. = Prendre part à quelque chose;Ex. Participer
à un jeu.Participer de quelque chose ,tenir de la nature de.
Ex. Cette fête participe des plus anciennes traditions populaires.

130
trace n.f. = Empreinte ou suite d'empreintes, de marques, que
laisse le passage d’un être ou d’un objet; Ex.: Des traces de
pas sur la neige.
graver v. = Tracer sur une matière dure , au moyen d’un
instrument pointu. Ex. Graver des initiales sur une bague.
Rendre durable dans l’esprit, le cœur; Fixer, imprimer.
Ex. Ce souvenir s’est gravé dans ma mémoire.
échelon n.m. = traverse d'une échelle; Ex.: Les échelons sont
en bois, en métal.À l'échelon de = selon le niveau d'une
administration ;Ex. À l'échelon communal, départemental.
Fournir des échelons = produire, alimenter, livrer des degrés
de …... ; S'élever par échelons = s'élever graduellement;
Avancer d'un échelon = avancer d'un degré
donnée n.f. = ce qui est donné comme déterminé dans
l’énoncé d'un problème et qui sert à découvrir ce qui est
inconnu; Ex. Les données du problème. Ex. Les données d’une
science, d’une recherche expérimentale

AUTOUR DU TEXTE

Relisez attentivement le texte. Ensuite répondez aux


questions suivantes:

¾ Qu'est-ce que vous savez sur la vie et l'œuvre de Michel


Butor ?
¾ Croyez-vous comme Michel Butor qu'écrire c'est voyager ?
Pourquoi ?
¾ Que signifie en effet " voyager " pour l'écrivain Michel
Butor?
¾ Est-ce que son œuvre est vraiment hantée par les thèmes
du passage, de la transition, du mouvement ?
¾ Pourquoi l'écrivain a-t-il été associé à l'aventure du
nouveau roman ?
¾ Qu'est-ce que Michel Butor entend par le mot voyageur ?

131
2. Commentez l'affirmation : " Ecrire, c'est voyager ".

Une famille de mots: Changer

changer v. = Céder une chose contre une autre; Ex. Changer


une chose pour /contre une autre. Remplacer quelqu'un, quelque
chose par une chose, une personne de même nature;
Ex. Changer sa voiture, changer le personnel, etc.
Changer quelque chose, quelqu’un de …; mettre dans un
autre état, lieu. Ex. Changer de place
change n.m. = gagner, perdre au change, à l'échange
Ex. Bureau de change, agent de change
changeable = qui peut être changé, modifiable, remplaçable
Ex. Monnaie changeable
changeant = qui peut changer. Ex. Temps changeant
changement n.m. = le fait de changer ,de se modifier, de varier
Ex. Changement d'état Ægraduel, progressif
Changement brusque Æ le bouleversement
échanger v. = Laisser quelque chose à quelqu'un en recevant
une autre chose en contrepartie.

Lisez et traduisez en roumain le texte suivant; observez


l’emploi de « si conditionnel ».

Le pays que j'ai quitté


Au bord de la mer aux vagues grises, un jour de nostalgie
Colette s'adressant à l'homme qu'elle aime, évoque avec ferveur
le pays de son enfance.

« Si tu passais en juin, entre les prairies fauchées ,à l'heure où


la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de
mon pays, tu sentirais à leur parfum ,s'ouvrir ton cœur. Et si tu
arrivais ,un jour d'été dans mon pays ,au fond d'un jardin que
je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu
regardais bleuir au lointain, une montagne ronde où les
cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même
azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais et tu t'assoieras là,
pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie.
132
Ecoute encore, donne tes mains dans les miennes; si tu suivais,
dans mon pays un petit chemin que je connais ,jaune et bordé de
digitales d'un rose brûlant ,tu croirais gravir le sentier enchanté
qui mène hors de la vie. Le chant bondissant des frelons fourrés
de velours t'y entraîne et bat à tes oreilles comme le sang même
de ton cœur, jusqu'à la forêt là-haut, où finit le monde …..
C'est une forêt ancienne, oubliée des hommes et toute pareille
au paradis. »
Colette, Les vrilles de la vigne

De la compréhension à l'imagination

¾ À qui s'adresse l'écrivain Colette dans ce texte ?

¾ Relevez les verbes au conditionnel.Les propositions dont


ces verbes sont les noyaux expriment- elles le charme de
ce pays transfiguré par le souvenir ?

¾ Comment Colette rend-elle ce charme particulièrement


sensible ?

¾ Relisez les subordonnées circonstancielles de condition en


montrant que chacune d'elles formule une hypothèse qui
éveille la rêverie de Colette.

133
EXERCICES

I. Exercices lexicaux

[1.] Complétez les espaces libres par les mots du paragraphe


précédent: changer, change, changement, changeant,
changeable

♦ 1. Attendez - moi quelques instants près du jardin pendant


que je me ………….
♦ 2. Le prix demandé pour convertir la monnaie nationale en
monnaie étrangère s'appelle le taux de …………
♦ 3. Il y a eu un brusque ………… de temps et nous avons
dû arrêter les travaux.
♦ 4. Ma grand - mère est toujours d'humeur …………..
♦ 5. La tâche la plus difficile est de ……………le personnel
d'une administration.
♦ 6. L'EURO est une monnaie ………….dans tous les pays
qui ne font pas partie de L'Union Européenne.

[2.] Complétez les espaces libres par les verbes changer ou


échanger selon le sens :

♦ 1. À la vue de Jacques, Michel ……brusquement de visage.


♦ 2. Il est difficile de ……….. de décor à moins qu'il ne
s'agisse d'un récit de voyage.
♦ 3. Mon grand - père ……… d'humeur sans raison apparente.
♦ 4. Ils sont restés l'un près de l'autre sans ………un mot.
♦ 5. Quelques minutes plus tard ils étaient dans la voiture et
roulaient sans …………. une parole.
♦ 6. Elle se lava le visage et les mains et …………..de
blouse et de jupe.
♦ 7. Les deux femmes n'avaient jamais …………que des
mots sans importance.

134
[3.] Remplacez les mots en italiques par des synonymes:

Cette nuit - là, l'obscurité était profonde.


Voilà le résultat de votre action irréfléchie.
Son visage était marqué d'un profond bouleversement.
Pendant les premiers jours la fillette avait éprouvé une vive
répulsion à regarder l'animal tué.
Philippe était fatigué, ses paroles étaient décousues.
J'éviterai Marie car je voudrais qu'une harmonie parfaite règne
entre vous.

[4.] Complétez les phrases ci-dessous par les antonymes


des adjectifs en italique.

Vraie ou ……… cette nouvelle va sans doute inquiéter Virginie.


Votre copine est bizarre par ses changements d'humeur. Elle
est tantôt gaie, tantôt …….
Apres un hiver glacial tout le monde s'attendait à un été ……
Elle échangea quelques mots avec son copain pour la première
et …………fois.
Cet individu n'est ni beau ni …. il est quelconque.
C'était un geste assez …….. pour une jeune fille aussi timide.
La politesse de ce monsieur me semblait plutôt ……... que réelle.
Rien n'était tout à fait pareil ni tout à fait ……….
Bienveillante ou …………… la réponse était toujours la même.
Il hésitait toujours à rire ne sachant en effet si c'était comique
ou ……………..
Ses amis n'étaient ni ………. ni meilleurs que d'autres.
Elle n'en pouvait croire ses yeux tout cela semblait naturel
et …………..
Souvent le destin s'amuse à cacher une âme délicate sous une
enveloppe …………

135
[5.] Complétez les points de suspension en employant les
mots :
alternative, prévision, possibilité, pronostic ,
hypothèse, probabilité, supposition ,soupçon

♦ 1. J'avais tort à me laisser aller à ces …………..


♦ 2. Il faut envisager toutes les …………….
♦ 3. Dans l'……….. d'une hausse du coût de la vie les
salaires seront augmentés.
♦ 4. Ce journaliste se trompe rarement dans ses …………..
♦ 5. Toutes les …………..ont été examinées.
♦ 6. J'ai des doutes sur la …………. d'un accord entre eux.
♦ 7. Sans preuves, on est réduits aux ……………..
♦ 8. C'était une opinion fondée sur de simples ……………
♦ 9. Dans cette ………………… aucun choix n'est possible.
♦ 10. Il a eu une conduite exempte de tout …………….

136
II. Exercices grammaticaux
(l’expression de la condition)
¾ 1. Mettez au mode et au temps convenables les verbes
en italiques:

a) Ce second cheval devait servir de remonte en cas qu'il


(arriver) quelque accident aux chevaux des voyageurs.
b) Demande aux forêts et aux pierres ce qu'elles (dire) si
elles pouvaient parler.
c) On leur avait donné à chacun une pièce d'or, sous la
condition qu'ils (aller) camper à la montagne.
d) On estime que si tous les hommes (savoir)ce qu'ils disent
les uns des autres, il n'y aura pas quatre amis dans le monde.

¾ 2. Mettez les verbes entre parenthèses à la forme


adéquate:

a) Si vous (partir) pour La France, vous verrez des choses


intéressantes.
b) Que (faire) vous si vous n'étiez pas accepté au concours ?
c) Si vous aviez mieux lu les horaires, vous (ne pas se
tromper) d'avion.
d) Si vous expédiez ces marchandises en Allemagne vous
(devoir) fournir un certificat d'origine.
e) Si vous aviez écrit l'adresse lisiblement vos colis (arriver)
à temps.

¾ 3. Transformez les phrases suivantes dans des


macrostructures où la condition soit exprimée à
l'aide de si.
Modèle:
Il fait mauvais temps; nous ne partons plus.
S’il fait mauvais temps nous ne partirons plus.
S'il faisait mauvais temps nous ne partirions plus.

a) Nous ne sommes pas d'accord; nous renonçons à ce projet.


137
b) Ils sont fâchés; elle n'y est pour rien.
c) Vous restez sans maisons; nous pouvons toujours vous
accueillir.
d) Vous voulez partir plus vite; je ne m'y oppose pas.
e) Il y a du verglas; je ne sors pas le matin.
f) Elle a changé d'opinion; elle n'est plus tellement entêtée.
g) Le petit se sent mieux; vous pouvez lui donner un peu de lait.
h) Il est au courant de tout; il sait se défendre.
i) Vous ne vous souciez pas; vous continuez votre chemin.
j) Je suis prête; je dois m'en aller tout de suite.

¾ 4. Reliez les phrases suivantes à l'aide de si.Faites


attention à l'emploi de la forme verbale.

Modèle: Tu as du courage ,tu ne fais pas son jeu.


Si tu avais du courage ,tu ne ferais pas son jeu.

a) Il pleut; vous prenez votre parapluie.


b) Elle a du talent; elle n'accepte pas ce rôle.
c) Vous êtes d'accord ,on se voit ce matin.
d) On les attaque; ils savent combattre.
e) Vous prenez l'avion ;le voyage vous fatigue moins.
f) Il fait froid; les fleurs gèlent.
g) Vous continuez à l'insulter; elle peut vous donner
la réplique.
h) J'ai mes lunettes; je lis tout le journal.
i) Je le connais; je te le dis.
j) Vous voulez; vous pouvez étudier son cas.

¾ 5. En mettant dans les deux propositions ,puis dans


l'une des deux seulement le conditionnel passé 2e
forme, modifiez les phrases suivantes (pour chaque
phrase 3 tournures ):
a) S'il avait cherché, il avait trouvé.
b) S'ils avaient mieux manœuvré ,ils auraient gagné le match.
c) Si tu l'avais demandé, je t'aurais aidé.
138
¾ 6.Remplacez par une subordonnée complément
circonstanciel de condition les mots en italique :

a) Vous voulez chasser le naturel ? Il reviendra au galop.


b) A vaincre sans péril on triomphe sans gloire.
c) A moins d'un repentir sincère, le coupable n’obtiendra
jamais son pardon.
d) Moyennant quelques modifications, votre plan aurait des
chances d'être approuvé.
e) Il suffira de mieux ordonner vos calculs, vous résoudrez le
problème.
f) Tu veux la paix ? prépare la guerre, dit le soldat romain.

¾ 7. Complétez chacune des propositions suivantes par une


subordonnée complément circonstanciel de condition:

a) Comment entreprendrais-tu des choses difficiles ?………


b) Vous parviendrez au succès ……………………
c) L'expérience nous instruira d'une excellente manière …….
d) J'aurai l'estime des honnêtes gens ………….
e) Adresse-toi avec confiance à tes professeurs …………..
f) Nous saurions plus facilement vaincre la difficulté ………

¾ 8. Dans les réponses aux questions suivantes, remplacez


le si qui introduit la subordonnée de condition par la
locution à condition que et faites les modifications de la
forme verbale :
Modèle: Est-ce qu'il sera ici le soir s'il part à temps ?
Oui, il sera ici le soir à condition qu'il parte
à temps.
a) Est-ce qu'il sera promu fonctionnaire s'il se présente à
l'examen ?
b) Est-ce que nous avons des chances de réussir à l'examen si
nous travaillons beaucoup ?
c) Est-ce qu'il terminera son roman s'il a de l’inspiration ?
d) Est-ce qu'on la trouvera si on la cherche partout ?
e) Est-ce qu'elle sera capable d'agir si elle est appréciée ?
f) Est-ce que vous partirez si on vous le demande ?
139
¾ 9. Transformez les subordonnées conditionnelles à l'aide
des locutions à condition que et pourvu que.

Modèle: Nous partirons s'il fait beau demain.


Nous partirons à condition qu'il fasse beau demain.
Nous partirons pourvu qu'il fasse beau demain.

a) Elle pourra étudier, si elle a du temps.


b) Tu réussiras au concours si tu travailles.
c) Il vous sortira de l'embarras si vous êtes d'accord.
d) Nous finirons vite, si elle veut nous donner un coup de main
e) Nous vous proposerons une collaboration, si vous acceptez
notre invitation.

¾ 10. Dans les phrases suivantes remplacez l'idée de


condition rendue par la locution à condition que par si:

Modèle: J'irais chez elle, à condition qu'elle m'invite.


J'irais là-bas si elle m'invitait.
a) J'irais voir cette ville à condition que tu m'accompagnes.
b) Nous ferions une bonne promenade, à condition que nous
nous levions tôt.
c) Il vous aiderait à condition qu'on le lui demande.
d) Il sera heureux, à condition qu'on lui fasse confiance.
e) Je lui pardonnerais, à condition qu'elle se repentisse.
f) Nous pourrions tomber d'accord, à condition que vous
reveniez sur vos décisions.

¾ Traduisez en français:
a) Dacă va fi frumos în această seară, voi ieşi să mă plimb.
b) Dacă voi aţi putea să faceţi acest lucru, aş fi fericit.
c) Dacă aş fi urmat sfaturile dumneavoastră, nu aş fi fost în
starea în care mă vedeţi.
d) În cazul în care ar încerca să mă convingă de necesitatea
acestei acţiuni, i-aş putea spune ce gândesc eu despre asta.
e) Dacă aţi fi venit cu mine pe terasa celui mai mare hotel
din Bucureşti, v-aş fi arătat privelişti rare, inedite.
f) Chiar dacă n-ar fi fost de acord cu proiectul nostru de
licentă, profesorul nostru tot ne-ar fi ajutat.
g) Unchiul lui ar putea să-i împrumute suma de care are nevoie,
doar dacă ar putea să i-o restituie până la sfârşitul anului.
140
UNITÉ 7: Le cinéma français

CONTENU

TEXTES:

1. Le Festival de Cannes 2002

2.Quelques opinions des critiques étrangers sur le cinéma


français

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux
2. Exercices grammaticaux. L’expression de la concession.

141
Le Festival de Cannes 2002
Rarement de mémoire de Festival de Cannes, on aura assisté,
à une telle concentration de films de si haute qualité, dans des
conditions de réception et d'évaluation aussi favorables. Le
temps où la télévision couvrait le festival au point d'étouffer sa
part de cinéma véritable semble désormais révolu .
Le changement de visuel sur le film-annonce du festival projeté
en ouverture de chaque séance en sélection officielle était à
prendre au pied de la lettre: un accès direct aux films. Pourtant
rien ne laissait présager une telle cuvée exceptionnelle. Les
meilleurs surprises sont venues de cinéastes, qui, au lieu de se
contenter d'exploiter leur statut, sont partis dans de nouvelles
directions.
Cannes 2002 a surtout été l'accélérateur d'une révélation
majeure, jamais imprimée d'une façon aussi nette dans les
annales du festival. Cette année, le cinéma français et
américain étaient en retrait, tous les films marquants étant
venus d'ailleurs, de Finlande, de Corée, d'Italie, de Russie, du
Japon, de Palestine, d'Israël, d'Iran, de Chine, du Portugal etc.
De plus en plus, Cannes aura un rôle déterminant pour ces
cinématographies, dont il constitue la tête de pont, même si le
festival ne doit pas, pour maintenir son rôle et son équilibre, se
couper de la richesse du cinéma français et américain, perceptible
à longueur d'année et que le Festival de Venise, pour la France,
avait su pointer (Rohmer, Rozier, Garrel, Cantet).
Cependant quelques questions pourraient être posées:
(a) Jusqu'à quel point peut-on faire un film français qui ne
doive rien au cinéma français en tant qu'école et tradition
esthétique si l'on tient compte de l'intimisme à la française
et du goût pour le naturel ?
(b) Dans quelle mesure peut-on regarder en face le cinéma
américain sans sombrer dans les facilités d'un mimétisme
stérile ?

142
(c) Quels chemins emprunter, car c'est vrai qu'on prend des
risques et qu'on propose de nouvelles connexions inédites
et séduisantes avec pour conséquences de bousculer les
habitudes du spectateur et celles de la critique. C'est au
croisement du genre et de l'expérimental que le cinéma
avance et se renouvelle, même si à ce régime on obtient
rarement des prix.

Si le cinéma français a retrouvé le goût d'exporter, grâce au


travail des producteurs et à la prise de conscience des enjeux
de ce marché, par les cinéastes et les acteurs, reste à savoir
comment, hors de ses frontières, le cinéma français est perçu.

Lisez et traduisez en roumain les textes suivants:

Quelques opinions sur le cinéma français, ses


auteurs, ses acteurs et sur ses succès publics.
Des critiques internationaux ont répondu à un questionnaire et
ils disent comment, entre le cinéma américain d'un côté et leur
cinématographie nationale de l'autre, le cinéma français a un
rôle et une carte à jouer, le plus souvent culturelle et artistique,
comme s'il était un antidote salutaire à ce qui s'importe
unilatéralement chez eux. A l'heure où certains en France
aspirent à se couler dans le monde du cinéma américain ,il est
bon d'entendre ce que les autres disent à propos du cinéma
français:

Edmée Cuttat ( La Tribune de Genève - Suisse )


Il y a des différences de perception en Suisse en raison des
trois régions linguistiques du pays. Le public continue à
considérer le cinéma français comme un peu psychologique et
marqué par la tendance de cinéma d'auteur .
Avec les États - Unis, la France est pour nous l'autre pays du
cinéma dans le monde, même si nous sommes sensibles à
l'approche asiatique, sud - américaine etc..
143
Ce qui caractérise le mieux le cinéma français actuel, c'est sa
grande diversité qu'il s'agisse du genre abordé, des thèmes
choisis, de leur traitement ou du regard des auteurs.
Il faut relever, également, le talent incontestable de plusieurs
interprètes masculins ou féminins, qui n'est évidement pas
étranger au succès de certains films.
A relever aussi, un plus gros clivage d'ailleurs entre les films dits
d'auteur et les grosses productions commerciales du type Asterix.
Le cinéma français est effectivement plutôt perçu comme un
cinéma d'auteur, parce que le public a tendance à mettre sous cette
étiquette tout ce qui n'est pas film d'aventure, d'action, de guerre.
Plus ou moins américain, pour résumer.

Piero Detassis (Ciné- Italie )


L'image du cinéma français est en pleine évolution. De manière
générale, depuis de nombreuses années (entre les années 80 et
90) le cinéma français a été considéré en Italie comme un
cinéma minoritaire, enfermé dans un univers névrotique, un peu
trop autosatisfait cérébral et férocement auteuriste. On a pu
constater la disparition quasi complète du film de "genre" de la
tradition du polar (policier), et de la "comédie "qui avaient
contribué à son succès durant les précédentes décennies .
Au cours des dernières années l'effet Luc Besson s'est fait
majoritairement sentir, avec un retour au cinéma grand public
qui s'est fait connaître aussi en dehors de ses frontières .
C'est un cinéma qui ne dédaigne pas de s'aventurer sur le terrain
de la grandeur narrative et des effets spéciaux (capable
d'expérimenter l'hybridation avec Hollywood, les effets visuels
de Matrix ou des jeux vidéo).
Aujourd'hui, c'est la variété des genres qui paraît constituer la
plus haute qualité et singularité du cinéma français: la
persistance du cinéma d'auteur et la volonté d'affirmer une
esthétique spectaculairement baroque, usant de beaucoup
d'effets y compris digitaux.
En tant que critique, j'aime la capacité propre au cinéma
français de demeurer fidèle au cinéma d'auteur et qu'il ne soit
jamais indifférent à la présence de l'acteur.
144
Le cinéma français actuel se caractérise par sa capacité à
retrouver le terrain du cinéma grand public, sans trop abaisser le
niveau, à cultiver des visages et des personnages, à affiner le
goût de la parole et du récit et par sa tentative constante de se
livrer à des expérimentations sur le plan visuel de la mise en
scène. L'écriture cinématographique, le style, ne perdent jamais
de leur importance, même dans des films qui cherchent à imiter
le cinéma spectaculaire hollywoodien, glissant vers le cinéma
de genres et d'effets.

Junko Fukatsu (Japon)


"À la mode, artistique et intellectuel" sont les mots les plus
fréquemment employés pour parler du cinéma français. Pour
les films les plus récents, il semblerait que le mot intellectuel
devrait être remplacé par le mot commercial ou industriel.
Les films de divertissement sont assez populaires. Les films
produits par Luc Besson connaissent une distribution aussi
importante que les films en provenance d' Hollywood. Les
mélodrames ayant une petite note littéraire et des stars comme
Catherine Deneuve peuvent toujours espérer un bon succès.
Le film français qui a connu la plus grande réussite commerciale
est Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean Pierre Jeunet ,
qui a engrangé quelques dix millions de dollars, ce qui constitue
un record pour une distribution en salle art et essai. Le film a
obtenu un grand succès parmi les jeunes filles qui le voient
comme une jolie comédie romantique et non pas comme une
satire sur les marginaux .
Les films sélectionnés dans les festivals de cinéma ont tendance
à posséder une touche auteur plus forte que les autres films
français.
Récemment on a constaté qu'un film ayant gagné des prix a
plus de chances d'être distribué au Japon .Si le film n'a pas un
casting fort alors le prix est quasi indispensable car les
professionnels ne s'intéressent pas beaucoup aux réputations
faites ailleurs que dans les festivals. Les distributeurs et les
exploitants attachent plus d'attention au pouvoir commercial des
films qu'à leur valeur artistique et le terme "cinéma d'auteur" est
parfois soigneusement évité dans la publicité de peur que le
145
film soit considéré comme difficile à comprendre et destiné
aux cinéphiles.

Andrew Sarris (New York Observer - États- Unis)

Je crois qu'ici à New York les gens surestiment le cinéma


français ,entre autres parce qu'ils n'aiment pas Hollywood !
Ici, le public a aimé "Le dîner des cons" parce que c'est une
comédie non politiquement correcte, qui tranche avec le côté
''joli-joli'' des films américains.
La Nouvelle vague était au départ une idée de journaliste, mais
qui a si bien marché qu'on a attendu pendant longtemps le
nouveau Godard, le nouveau Truffaut, le nouveau Resnais ….
À New York il y a un public pour les films français romantiques,
les films sur les femmes que ne font pas les Américains.
Isabelle Hupert est l'une de mes actrices préférées.
Aux États-Unis les films français ne concernent qu'une frange
réduite du public, ils n'ont jamais pu atteindre plus de 5% du
marché. Beaucoup de gens voient les films français en vidéo
VHS et en DVD (compact disc vidéo).
Il y a aussi 400 chaînes câblées dont certaines diffusent des
films étrangers dans cinq ou six villes des États - Unis: New
York, Boston, Los Angeles, San Francisco, Austin (Texas).

146
Ce qui m'impressionne le plus dans les films français que j'ai
vus dans les festivals internationaux c'est la façon élégante et
nuancée dont sont montrées les relations humaines.
J'aime beaucoup aussi la variété des sujets et des cultures qui
enrichissent le cinéma français puisque les Français font le
plus grand nombre de films étrangers via les coproductions.

Cahiers du Cinéma, Juin 2002

EXPLICATIONS LEXICALES

au pied de la lettre, à la lettre = Au sens propre, exact du terme;


Ex. Prendre une expression à la lettre, au pied de la lettre
suivre le règlement à la lettre = s'y conformer rigoureusement
cuver v. = Séjourner dans la cuve pendant la fermentation;
Ex. Faire cuver le vin ;Fig. On le laissa cuver sa colère
cuvée n. f. = quantité de vin qui se fait à la fois dans une cuve,
fermentation .Ex. Vin de la première cuvée
présager v. = Annoncer, prévoir, faire présumer, supposer;
Ex. Cela ne présage rien de bon. Cela me laisse présager le pire
frange n. f. = Bande de tissu d'où pendent des fils servant à
orner en bordure des vêtements, des meubles; Fig. La frange
d’un tapis. Minorité plus ou moins marginale; Ex. Une frange
de la population
pointer v. = Diriger, braquer, viser; dresser en pointe;
Ex. Des arbres qui pointent vers le ciel
Le Festival a su pointer Æ Le Festival a su marquer, orienter
trancher v. = Diviser, séparer d'une manière nette, au moyen
d'un instrument dur et fin, couper; Ex. Trancher une corde, un fil.
un nœud; Terminer par une décision, un choix, résoudre en
terminant une affaire, une question; Ex. Trancher une difficulté.
engranger v. = Mettre en grange une récolte, emmagasiner;
Ex. Engranger des souvenirs, des informations.
clivage n.f. = Action de cliver. Fig. Séparation des plans ,par
niveaux. Ex. Le clivage des opinions.
dédaigner v.= Considérer avec dédain, mépris, négliger
Ex. Dédaigner les honneurs.
147
clin d'œil n.m. = Mouvement rapide de la paupière, œillade,
clignement pour faire signe; Ex. Faire un clin d'œil à quelqu'un
affiner v. = rendre plus fin, plus délicat; Ex. La lecture a
affiné son esprit. Ex. Son goût s’est affiné
se couler dans = passer d’un lieu à l’autre sans faire du bruit;
se glisser. Ex. Se couler dans son lit; Fig. Se couler dans le
monde du cinéma américain .

AUTOUR DU TEXTE

¾ Quelle est l'image du cinéma dans les pays mentionnés ?


¾ Comment a-t-elle évolué ces dernières années dans le monde ?
¾ Quels préjugés subsistent concernant les films français
chez le public et la critique ?
¾ Qu'est-ce qui caractérise le mieux le cinéma français
actuel: ses auteurs, ses acteurs, les sujets traités ou leur
qualité technique ?
¾ Quel type de films français (cinéma populaire à gros budget,
films d'auteur, films de genre) remporte actuellement le plus
gros succès ? Et dans votre pays ?
¾ Que pensent les critiques des films français sélectionnés
dans les grands festivals internationaux ?
¾ Est-ce que ce sont les mêmes films qui sont par la suite
distribués dans votre pays ?
¾ Le cinéma français est-il perçu en général comme un
cinéma d'auteur avant tout ? Et dans votre pays ? Si oui ,si
non, pourquoi ?
¾ Quel est le film français que vous avez le plus aimé ? Quel
est celui que vous n'avez pas aimé ?
¾ Que représente pour vous le cinéma français par rapport
aux autres cinématographies ?

148
EXERCICES
I. Exercices lexicaux
¾ 1. Etablissez la famille lexicale du mot: pointer

¾ 2. Complétez les espaces libres par les mots suivants:


affiner, engranger, prendre au pied de la lettre, pointer,
se couler dans, clivage, trancher, frange, distribution.
Le film projeté en ouverture du festival permettait à ………un
événement d'importance majeure .
Le festival de Cannes a su ……………. les directions les plus
importantes du cinéma français .
Malheureusement, certains producteurs du cinéma en France
aspirent à se ………….. dans le monde du cinéma américain.
Certains films français ……………. avec le côté commercial
des films américains.
Aux États - Unis les films français ne concernent qu'une ……
réduite du public.
Les films produits par Luc Besson connaissent une …………
aussi importante que les films en provenance d'Hollywood.
Le film français qui a eu la plus grande réussite commerciale est
Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Celui-ci a …………….
quelques dix millions de dollars.
Le cinéma français actuel se caractérise par sa capacité à cultiver
des visages et des personnages à ……….. le goût de la parole.
Il fait relever également le talent incontestable de quelques acteurs
français bien que nous puissions constater le gros ……………
entre les films d'auteurs et les productions commerciales.

¾ 3. Complétez les espaces libres par le noms suivants:


désaccord, disputes, opposition, contestation, désavantages,
dommages, préjudice, mépris, difficulté, opposition

1. Si tu as perdu ta carte de crédit il faut faire ………………


2. Cette situation présente plusieurs ……………..
3. Cette interruption du travail a causé un grave ……………
à notre société qui a vu baisser son chiffre d'affaires.
4. Elle réprima un geste de …………..

149
5. La sécheresse a provoqué des ……….énormes; beaucoup
de champs cultivés ont été détruits .
6. Ce monde est, malheureusement, plein de ……………..
et d'inconséquences.
7. La ………….. du métier de cinéaste commençait à lui en
donner le goût .
8. Au lieu de vous conformer à leur ordres, vous avez fait l' ……
9. Les patrons et les représentants syndicaux ont réussi à
régler leur …………..
10. Leurs perpétuelles …………. sont toujours désagréables.

¾ 4. Reliez les propositions suivantes en employant :


pourtant, malgré, en dépit de. Faites les changements
nécessaires.

♦ Ils renonceront à ce point; ils exigeront une reconnaissance


officielle de leur Association.
♦ Sa candidature n'a pas été acceptée; elle possède d'excellentes
références.
♦ On comprend fort bien qu'elle soit mécontente du résultat
de l'examen; ce n'est pas une raison suffisante pour être
impolie.
♦ Ils ont des qualités; ils ont aussi des défauts .
♦ Sa candidature n’a pas été retenue; elle possède d’excellentes
références.
♦ Le marchand a l’air honnête; ce n’est qu’une apparence.

150
II. Exercices grammaticaux
(l'expression de la concession)

¾ 1. Complétez les phrases suivantes par quoique ou


quoi que.
a)……………. cet article soit cher, il n'est pas très à la mode.
b)…………. je dise , je serai toujours appréciée.
c) Vous devez soutenir votre point de vue …….. .. il arrive.
d)…………… il fût innocent, il fut condamné .
e)……………. vous disiez, vous ne me convaincrez pas.
f)…………….. vous fassiez, il est trop tard.
g)……………….. il soit guéri, il est encore bien faible.
h)………………… paraisse jeune, Valérie est la plus âgée de
son bureau.
i)…………. tu aies une robuste constitution, évite d'abuser du
tabac.
j) Notre chef n'est jamais content ………on lui dise.

¾ 2. Complétez par où que, quel que, quelque… que:


a)……….. que vous alliez ,suivez les conseils de vos parents.
b)…………. dispositions que vous preniez, vos employés
trouveront toujours à redire.
c)………….. occupé qu'il soit, notre directeur prend toujours
le temps de parler avec ses collaborateurs.
d)…………… efforts que vous fassiez, vous ne réussirez pas
à l'examen si vous n'apprenez pas.
e)……………. soit la résultat de cette interview, il n'obtiendra
pas ce contrat.
f) Il faut être poli avec tous les acheteurs ……… ils soient.
g) Sa conduite est inadmissible ……………. en soient les
circonstances.
h) …………. fût l'heure, on le trouvait toujours à sa table
de travail.
i) Nous continuerons ……..soient les difficultés .
j) ……… promesse qu'il me fasse, je n'ai pas confiance en lui.

151
¾ 3. Mettez les verbes entre parenthèses aux modes et
aux temps convenables.
1. Quoique nous (partir) mardi prochain, nous n'avons pas
encore acheté les billets.
2. Bien qu'elle (venir) d'être malade, Marie Louise est sortie
sous la pluie.
3. Quoique vous (être) nouveau à l'Université vous connaissez
certainement Monsieur le Doyen .
4. Bien qu'il ne (pouvoir) sans doute pas venir, il doit quand
même s'en excuser.
5. Bien qu'il (posséder) une grande maison, mon grand père
n'était pas riche.
6. Bien que vous (prétendre) avoir raison, la responsabilité
de cet accident vous incombe totalement.
7. Quoique je (recevoir) une lettre de Jacques depuis dix
jours, je ne lui ai pas encore répondu.
8. Bien que Marie (paraître) très robuste, elle était de santé
fragile.
9. Bien qu'il (courir) le cent mètres plus vite que moi, je
viens de vaincre Michel.
10. Bien qu'il (se conduire) souvent avec légèreté, il n'est pas
totalement dépourvu de savoir vivre.

¾ 4. Mettez les verbes entre parenthèses aux modes et


aux temps convenables .

1. Quoi que vous (prétendre) être, vous devez respecter le


code de la route.
2. Quoi qu'on lui (dire), il ne se fâche jamais.
3. Tout homme quel qu'il (être) reste attaché à son enfance.
4. Quelle que (pouvoir) être son attitude, il faut réagir.
5. Quoi que je (faire), je ne réussirai pas sans mes efforts.
6. Quels que (être) les problèmes de l'existence, il faut
garder le bon sens et la raison .
7. Quoi qu'il (pouvoir) dire, ne changez pas d'opinion .
8. Si mignon qu'il (paraître), il possédait une force physique
étonnante.
9. Toute compréhensive qu'elle (être), elle a réagi violemment.
152
10. Pour originale qu’elle (être), cette mise en scène, elle n'a
jamais réussi à sauver la pièce.

¾ 5. Transformez en propositions subordonnées le groupe


nominal en italique:

Modèle: Malgré toutes les difficultés, il a réussi à l'examen.


Malgré qu'il ait eu toutes les difficultés, il a réussi à l'examen.

1. Malgré toutes ses réclamations, son fournisseur ne lui a pas


répondu.
2. En dépit d'une révision récente, votre voiture est de nouveau
tombée en panne.
3. En dépit de sa timidité, il arrive toujours à imposer son point
de vue.
4. Malgré nos trois rappels, la standardiste n'a pas encore
répondu.
5. Malgré son bon caractère, elle a de nombreux ennemis.

¾ 6. Transformez les phrases suivantes en employant quel


que

1. Vous lisez toutes sortes de journaux, peu importe leurs


tendances politiques.
2. La décision est prise, peu importe votre opinion .
3. C'est un homme d'action; il agit vite malgré les difficultés.
4. Ce festival est ouvert à tout le monde, peu importe l'âge
des candidats.

¾ 7. Reformulez les phrases ci-dessous en employant la


conjonction bien que

1. Elle est très fatiguée, mais elle doit absolument finir.


2. Michel a travaillé longtemps en France, mais il parle mal
le français.
3. Il est déjà midi et nos partenaires ne sont pas encore arrivés.
4. On lui avait interdit cette démarche, mais il n'y a pas renoncé.

153
5. Ils ont des problèmes d'argent, mais ils veulent absolument
participer à cette foire.

¾ 8. Complétez les phrases suivantes:

1. Quoi qu'il fasse ……………


2. Toute capricieuse qu'elle paraît ………………
3. Quand bien même on renforcerait les mesures de sécurité
…………………..
4. Il est nécessaire que vous suiviez votre traitement
médical, quelle que ………
5. Il suscite le scandale où qu'il …………………
6. Elle est sortie indemne de l'accident, encore que ………..
7. Bien que personne n'ait jamais pu le croire ………..
8. Il a refusé leur offre bien qu'il ………..
9. Cette région est habitée bien que le climat ……………..

¾ 9. Complétez les phrases suivantes par:

Quelque….que, Quel que, Quoique ou Quoi que ,à moins que.

1. …………puisse être son intelligence, il manque toujours


de caractère.
2. ………. il peigne, il utilise toujours les mêmes couleurs.
3. ……………… sérieuses ……. soient vos raisons, vous ne
réussirez pas à convaincre le public.
4. Il ne se décourage jamais ………….il arrive.
5. …………. il conduise très vite, il n'a jamais eu d'accident.
6. …… soit la luminosité, le metteur en scène aura toujours
les mêmes exigences pour bien réussir son spectacle.
7. ……….. doivent être les conséquences de votre décision
vous pourrez les assumer.
8. Elle reste de marbre …………… compliments ………..
vous lui fassiez.
9. …………… elle ne se plaigne jamais, la souffrance se lit
sur son visage.
10. Le débat est terminé ………. quelqu'un ne veuille ………
154
11. Je téléphonerai au directeur, ……….. tu veuilles ……….
12. Notre tentative d'optimiser cet investissement échouera à
………………. le financement soit suffisant.

¾ 10. La concession. Mettez en français.

1. Deşi frigul era încă foarte puternic, el ieşea devreme


pentru o plimbare prin pădure.

2. Fie că vrei fie că nu vrei, trebuie să respecţi legea.

3. Deşi Viviane trăia la Paris de la căsătoria sa, ea nu-şi


pierduse niciodată obiceiurile provinciale.

4. Desi călătoria a fost obositoare, noi nu am uitat niciodată


farmecul ei.

5. Cu toate că încălzirea actuală funcţionează normal, ne este


frig pentru că temperatura este foarte joasă.

6. Chiar dacă ar avea bani, el tot nu v-ar împrumuta, pentru


că este avar.

7. Oricât de abil aţi fi, tot n-aţi putea să schimbaţi cursul


evenimentelor.

8. Nu vă descurajaţi, oricâte deziluzii aţi avea.


9. Oricâte merite literare ar avea, acest scriitor nu va intra
niciodată în Academia franceză.

10. Orcine aţi fi, nu trebuie să vă lăsaţi asteptat mult timp.

11. El va reusi, orice aţi spune dumneavoastră.

12. Orice aţi spune despre acest oraş, eu nu vă cred pentru că


nu l-am vizitat.

155
¾ 11. Traduisez le texte suivant en roumain. Expliquez
l'orthographe de Quelle que, Quelque et Quel que.
Justifiez l'emploi du mode.

Maupassant déjeunait souvent au restaurant de la Tour Eiffel


que pourtant il n'aimait pas; c'est, disait-il, le seul endroit de
Paris où je ne la vois pas. Il faut, en effet, à Paris, prendre des
précautions infinies pour ne pas voir la Tour; quelle que soit la
saison, à travers les brumes, les demi-jours, les nuages, la pluie,
dans le soleil, en quelque point que vous soyez, quel que soit le
paysage des toits, des coupoles ou des frondaisons qui vous
sépare d'elle, la Tour est là.

Roland Barthes, La Tour Eiffel, 1964

156
UNITÉ 8: La ville

CONTENU

TEXTES:

1. La beauté des villes – Bernard-Henry Lévy

2. Les bruits de la ville – J.M.G. Le Clézio

EXERCICES:

1. Exercices lexicaux

2. Exercices grammaticaux :l’expression de la


comparaison

G. Engel / Nouveau Palais des Droits de l'Homme


157
BERNARD-HENRY LÉVY, La beauté des villes

Bernard – Henry Lévy né en 1948 fait partie de la pléiade de


nouveaux philosophes qui se sont affirmés en France à la fin de
la huitième décennie. Éditeur à la maison d’édition Grasset, il
dirige les collections Figures, Enjeux, Théoriciens où il a publié
les livres: La Barbarie au visage humain (1977), Le testament
de Dieu (1979 ), L’Idéologie française (1981), Les aventures de
la liberté (1990).
Dans le texte suivant, Bernard – Henry Lévy fait l’éloge de la
ville moderne.

Lisez et traduisez en roumain le texte suivant:

Dire la beauté des villes, déjà … Dire leur charme …. Leur


poésie … Dire, redire comment la déambulation de la
conscience éveillée dans la ville est probablement, et depuis
un siècle, l’une des grandes aventures contemporaines ….
C’était l’opinion du jeune Aragon* filant son « paysan de
Paris » entre le café Certa, le salon de coiffure de Madame
Jéhan et le passage de l’Opéra. C’était celle de Baudelaire,
poète de la ville surpeuplée, succombant au charme de ses
« passantes » et fuyant, de flânerie en flânerie, de café en
cercle de lecture, la horde de ses créanciers. C’était celle de
Shelley chantant « la fourmillante cité pleine de bruit »- ou
celle de Dickens qui se plaignait carrément, lui, en voyage, de
l’insupportable absence de bruit dans la rue, qui l’empêchait
de travailler. Et c’est vrai que je changerais bien toute la
littérature bucolique d'hier et d’aujourd’hui contre quelques
pages de ces quatre-là; c’est vrai que, contre toutes les âmes
chagrines qui vont dépeignant la grisaille, la tristesse, la
monotonie de l’esprit de métropole, je ne me lasserai jamais,
moi, d’en dire l’intarissable ressource romanesque .
*
L. Aragon écrivain français (1897-1982), poète, romancier et essayiste, l’un
des fondateurs du mouvement surréaliste, auteur du cycle romanesque Le
monde réel, Le paysan de Paris, La semaine sainte.
158
Car la vérité c’est, plus profondément peut-être, que je n’ai
jamais très bien compris non plus par quelle étrange ruse de
l’histoire la Ville est devenue au fil du temps ce lieu de chute
et de perdition, de maléfice et de servitude qu’elle est, me
semble-t-il, pour tant de mes contemporains. Bon. Je sais sa
misère. Je sais sa violence, sa cruauté. Je sais – j’ai vu – de
Calcutta* à la Bowery*, des faubourgs de Yaoundé* à ceux de
Londres ou de Rome, d’inabordables réserves où rôdent le
crime, la barbarie. Mais je sais aussi – qu’on me pardonne –
l’autre barbarie. Je sais celle qui, depuis bien plus longtemps
encore, s’attache à ce que les prophètes bibliques nommaient
« l’esprit des bois ». Je connais, je devine cette sauvagerie
native, foncière, qui sourd, disent-ils, dans la gracieuse
immédiateté des rapports entre les humains. […]
Soyons clair. Il y a, d’un côté, ceux qui croient qu’être libre
c’est vivre loin des tumultes, des désordres métropolitains, dans
l’une de ces sociétés simples, minuscules, parfaitement pures et
transparentes à elles – mêmes, qu’offre à nos nostalgies le
modèle pastoral éternel; et cette liberté n’a jamais été, à mes
yeux, que l’autre nom d’une servitude terrible, d’une oppression
insupportable qui, des origines de l’humanité à tous les régimes
fascistes d’aujourd’hui, nous soumettent au plus implacable des
maîtres: l'ordre naturel ,derechef. Et puis il y a ceux qui, à
l’inverse, savent qu’être libre, c’est tendre d’abord à relâcher les
nœuds, à desserrer l’étreinte, à s’émanciper, autant que faire se
peut, de la pression des collectifs, de la loi des communautés,
de la sourde pesée que fait en nous le lien de la société; et ceux-
là savent bien qu’elle est, cette émancipation, la définition
même de ce que peut, veut, opère, au fond, une ville quand elle
vient délier ses sujets de leurs attaches anciennes pour les livrer,
d’un coup, sans merci ni compensation, à sa légendaire
« solitude ». […]

*
Calcutta – premier port de L’Inde, capitale du Bengale –occidental.
*
Bowery – quartier pauvre de Johannesburg , la plus grande ville d 'Afrique
du Sud.
*
Yaoundé – capitale du Cameroun, pays africain.
159
J’ajoute, pour être plus clair encore, qu’il y a dans toute ville
digne de ce nom un cosmopolitisme de principe qui me
renforce encore dans cette conviction; et que, face à « l’esprit
des bois » de tout à l’heure, si spontanément prompt à séparer
l’autochtone et l’étranger, celui d’« ici » et celui de « là-bas »,
l’esprit citadin, lui, me paraît être, en tant que tel encore, une
formidable machine de résistance au chauvinisme.
Je ne dis pas, on l’imagine, qu’il n’y ait pas de xénophobie
dans les villes, et il est hélas clair que la haine raciste, quand
elle explose, y est plus foudroyante qu’ailleurs.
Mais ce que je prétends, c’est qu’on y trouve une dispersion des
êtres, une perpétuelle migration des cultures, un infini brassage
des langues, des rythmes, des corps et même des âmes .

Bernard – Henry Lévy, Questions de principe, deux, 1986


Sujets Français STL 2001,.

AUTOUR DU TEXTE

¾ Quelles sont les deux visions de la ville présentées dans le


premier paragraphe ?

¾ Quelle est la particularité syntaxique des premières phrases ?

¾ Justifiez le procédé employé dans les premières phrases,


en précisant l’effet produit sur le lecteur ?

¾ Sur quel procédé oratoire reposent les lignes du texte: »


C’était l’opinion [……] travailler ? ». Quelle tonalité
donne-t-il au début de ce texte ?

¾ Cherchez dans le deuxième paragraphe un autre exemple


de ce procédé.

¾ Quelles sont les formules avec lesquelles commencent les


paragraphes à partir du deuxième ?

160
¾ Montrez que tous ces éléments indiquent la structure du
texte, sa progression.

¾ Justifiez l’emploi des guillemets et des caractères en


italiques dans le texte.

¾ Justifiez la majuscule au mot « Ville ».

¾ Sur quelle opposition se construit l’argumentation dans le


troisième paragraphe ?

¾ Étudiez la structure et la composition de la dernière phrase


et faites un petit commentaire.

¾ Quelle est la vision de l’auteur sur la ville moderne ?

¾ Êtes-vous d’accord que la ville est devenue au fil du


temps un lieu de chute et de perdition ?

¾ Pourquoi l’auteur associe-t-il « l’autre » barbarie à la


sauvagerie native et à « l’esprit des bois » ?

¾ Quelles sont les deux conceptions de la liberté que


l’auteur oppose ?

¾ Êtes-vous d’accord avec l’auteur que « la ville apporte la


liberté » ?

¾ Qu’est-ce que l’auteur entend par le terme « émancipation » ?

EXPRESSION ÉCRITE

Sujet de rédaction

1. Rédigez une lettre que vous envoyez à un ami par laquelle


vous essayez de le persuader de venir habiter dans une
grande ville. Vous pourriez donner, par exemple à votre
lettre, un ton enthousiaste, voire une tonalité lyrique.

161
2. En quoi la ville pourrait-elle vous sembler poétique ?
Vous appuierez votre réponse sur des exemples littéraires
empruntés notamment aux poètes des XIXe et XXe siècles
que vous connaissez .

EXPLICATIONS LEXICALES

déambuler v. = Marcher sans but précis, selon sa fantaisie;


se promener. Ex. Elle déambulait dans la maison de pièce en
pièce. Des touristes déambulaient dans les rues
déambulation n.f = Action de déambuler
flâner v. = Se promener sans hâte en s’abandonnant à
l’impression et au spectacle du moment; se balader .Ex. J’ai
flâné dans les rues ;s’attarder, travailler lentement; Ex. Faire
quelque chose sans flâner
flânerie n.f = Action ou habitude de flâner
flâneur, euse adj. = Personne qui flâne ou qui aime flâner
badaud, promeneur; Ex. Les flâneurs de dimanche.
succomber v. = Être vaincu dans une lutte; Mourir; Ex. Le
blessé a succombé pendant son transfert à l’hôpital.
S’affaisser sous un poids trop lourd; Succomber à = se laisser
aller à …… ;
Ne pas résister Æ céder; Ex. Il a succombé à la tentation
carrément adv. = D’une façon nette, décidée, sans détours Æ
fortement, franchement, hardiment, nettement; Ex. Parler,
répondre carrément. Fam. Il est carrément idiotÆ complètement;
Ex. Il l’a giflé. Carrément! Æfranchement !
bucolique n.f et adj. = n.f. Poème pastoral, églogue, idylle ;
adj. Qui concerne, évoque la poésie pastorale ;
Ex. Un poète bucolique ;Qui a rapport à la vie à la campagne ;
Ex. Une scène bucolique
chagrin n.m. = État moralement douloureux.
Æ affection, douleur, peine. Ex. Avoir du chagrin. Chagrin
d’amour.
chagriner v. = Rendre quelqu’un triste Æ affliger, attrister, peiner
Ex. Son départ me chagrine, me fait de la peine
grisaille n.f. = Paysage gris, hivernal. Ex. On apercevait les
toits rouges dans la grisaille
lasser v. = Fatiguer en ennuyant .Ex. Lasser son auditoire;
Décourager, rebuter. Ex. Lasser la patience de quelqu’un
162
se lasser de = Devenir las de, fatigué de. Ex. On se lasse de tout.
Sans se lasser = inlassablement
maléfice n.m. = Opération magique visant à nuire;
Æ ensorcellement, envoûtement, sortilège Ex. Il prétend être
victime d’un maléfice.
maléfique adj. = Doué d’une action néfaste et occulte.
charme, signes maléfiques .Ex. Action maléfique.
rôder v. = Errer avec des intentions suspectes; Ex. Voyou qui
rôde dans une rue. Errer au hasard Æ vagabonder
sourdre v. = Littér. (Eau) Sortir de terre. Abstrait: Naître, surgir
Ex. La tristesse qui sourdait en lui
implacable adj. = Littér. Qu’on ne peut apaiser, fléchir;
Æ impitoyable, inflexible. Ex. D’implacables ennemi .
A quoi l’on ne peut se soustraire.
Æ irrésistible. Ex. Une logique implacable
derechef adv. = Litter. Une seconde fois; encore une fois.
Ex. Il attira derechef mon attention.
desserrer v. = relâcher ce qui était serré Ædéfaire
Ex. Desserrer son étreinte.
esprit des bois =/= esprit citadin
étreindre v. = Entourer avec les membres, avec le corps,
en serrant étroitement .Æ embrasser, enlacer, serrer
Ex. Étreindre quelqu’un sur son cœur, sa poitrine
peser v. = Déterminer le poids de quelque chose en le comparant
à un poids connu; Ex. Peser un objet avec une balance.
Æ pesage, pesée
Æ soupeser. Peser quelque chose dans sa main.
Apprécier, examiner avec attention;
Æ considérer, estimer. Ex. Peser le pour et le contre

163
Lisez et traduisez en roumain le texte suivant:

Les bruits de la ville

« Tous les bruits, tous les bruits: on n’en finissait plus de les
reconnaître au passage: les sifflements des scooters, les crécelles*
des vélomoteurs, les grincements des trolleybus, les grognements des
automobiles. Les coups de marteau sur le sol, les criaillements des
freins, les tambourinements des wagons aux jonctions ferroviaires.
L’air est bousculé. Le sol dérape. Les couleurs changent brutalement,
les rouges deviennent pourpres, puis violacés, puis bruns, puis
noirs. Les formes changent aussi, emportées par des tourbillons,
sucées par des trombes, rejetés en débris à des kilomètres de
distance. Les vitres sont opaques, de vrais miroirs de métal poli où
la lumière rebondit et se perd.
Il y a parfois de mystérieux frissons qui traversent le monde,
très vite, d’un bout à l’autre. Ou bien d’incompréhensibles douleurs qui
naissent sur les trottoirs, des points névralgiques qui installent sur
les murs leurs étoiles de nerfs. Le paysage veut respirer, n’y arrive
pas. Il étouffe pendant de longues minutes, pris par une crampe.
Le bruit souffle plus fort que le vent. Il est froid, puis il brûle
comme la gueule d’un four. Il tord les poteaux de fer, il déracine
les pylônes. Quand le vent s’arrête, tout reprend sa place, mais il y
a quelque chose, dans la position des portes et des fenêtres, qui
n’est plus comme avant.
Quelque chose grimace. Plus rien n’est sûr: le bruit a rendu toutes
les choses fragiles. Il a fêlé le verre et la pierre. Il a descellé les
barres de métal à l’intérieur des blocs de béton armé, et il suffirait
d’une secousse de rien pour que tout s’écroule en miettes.
C’est un cône d’anéantissement qui s’est posé sur la ville, l’a
rendue friable. Le bruit, la grande machine à faire du sable. Partout
sont les moteurs tonitruants* qui rongent les parois, détruisent les

*
Crécelle (n.f.) = moulinet de bois formé d’une planchette mobile qui tourne
bruyamment autour d’un axe. Bruit de crécelle = bruit sec et aigu
*
Tonitruant, e = qui fait un bruit de tonnerre énorme. Une voix tonitruante =
une voix tonnante
164
remparts. Ils ouvrent des brèches à l’invasion de la mer. Un jour, les
murailles céderont, et le terrible flot entrera d’un seul bond, il
recouvrira le monde en quelques fractions de seconde. »

J.M.G. Le Clézio, La Guerre, Gallimard, 1970

AUTOUR DU TEXTE

1. Cherchez dans le dictionnaire le sens des mots: sifflements,


grincements, grognements, criaillements, tambourinements.

2. Relevez dans le texte quelques verbes particulièrement


expressifs qui animent les choses .

3. Comment comprenez-vous l’expression « étoiles de nerfs» ?

4. Quelles impressions créent ces phrases: «L’air est bousculé. Le


sol dérape. Le paysage veut respirer, n’y arrive pas …….
Quelque chose grimace. Plus rien n’est sûr».

5. Caractérisez la vision du dernier paragraphe .

6. Essayez de définir les attitudes, les émotions, les sentiments de


l’auteur à l’égard des bruits de la ville. Quels sont les vôtres ?

Répondez dans une rédaction d’une trentaine de lignes à la


question: Pensez –vous qu’il est possible d’humaniser la ville ?

165
EXERCICES
I. Exercices lexicaux
Peser Famille de mots

Verbes Noms Adjectifs Adverbes


peser poids pesant pesamment
soupeser pesanteur
apesanteur
pesage
pèse-personnes
pèse-lettres
pèse-bébés

1. Faites une phrase avec chacun des mots ci-dessus:

Ex.: Il faut toujours peser le pour et le contre avant de prendre


une décision.

2. Remplacez le verbe peser par les synonymes qui conviennent:


appuyer, étudier, examiner, juger, accabler

Son silence vous pèse lourd.


Il pèse les avantages et les inconvénients de cette affaire.
Elle pèse ses paroles avec soin.
Le sac pèse sur les épaules.
Nous pesons les nouvelles décisions avec calme.
Ils pèsent sur la caisse pour la fermer.
Il faut peser les attitudes positives ou négatives avant d’agir.
Il faut peser les avantages et les inconvénients de la vie à la
campagne ou de la vie dans une grande ville.

3. Complétez les phrases ci-dessous par un des verbes suivants:


attendre, atteindre, étendre, entendre, éteindre, étreindre

Mettez ces verbes aux temps indiqués en italique.

Les vitres ouvertes, nous …...(imparfait) les moindres bruits.


166
Lorsqu’il n’y avait pas de visite on………(imparfait) la lampe
du vestibule.
Elle revint sur ses pas ,elle trouva une rue éclairée, elle…….
(passé simple) sans le savoir le centre de la ville.
Elle était à bout de forces, elle devrait aller s’ …. (infinitif) un peu.
Aussitôt que la porte se fut fermée, la jeune fille sentit une peur
terrible l’….. (infinitif).
J’….. (présent) une réponse à ma proposition .
Comme ils … (imparfait) le bas de l’escalier assez sombre, ils
croisèrent deux jeunes filles qui entraient.
Sur le palier elle prêta l’oreille ,elle n’… (imparfait) plus rien.
Ils …….. (passé simple) devant le feu leurs manteaux trempés.
À dix heures il vit s’……. (infinitif) la lumière dans la maison
sur la colline.
Elle nous ……..… (passé simple) dans ses bras, heureuse de
nous revoir.
Les tableaux ……….... (plus que parfait) un prix exorbitant.
Vous m’…. (futur) à l’entrée du musée à neuf heures et demie.
Il me fallut ……..(infinitif) pour traverser la chaussée qu’une
longue file de voitures passât.
Le soleil avait entièrement disparu lorsqu’ils …… (passé simple)
le sommet.

4. Employez correctement les mots indiqués entre parenthèses.


Mettez-les aux temps indiqués en italique.

(laisser, lasser) Le vieil homme ne se ………… (imparfait) pas


d’admirer les sommets de la montagne.
Elle feignait de se ……………. (infinitif) convaincre d’aller à un
concert de rock.
(roder, rôder) Jacques vient d’acheter une voiture neuve, il lui
faudra maintenant la ………. (infinitif). La police avait repéré un
inconnu qui ………… (imparfait) autour de son immeuble.
(brasser, brosser) Il ……….(plus que parfait) des pensées pendant
des mois. Le vent semblait …..…..(infinitif) les chênes et les hêtres.
Les ventilateurs ….(imparfait) l’air étouffant. Michel ….. (passé
simple) son manteau et son chapeau et sortit.
167
5. Cherchez dans le dictionnaire et expliquez les syntagmes suivants
trouvés dans le texte La beauté des villes de Bernard Henry Lévy.

littérature bucolique; l’esprit des bois; le lieu de chute;


desserrer l’étreinte; s’émanciper de la pression des collectifs,
succomber au charme; la horde de ses créanciers; la conscience
éveillée; la grisaille de la ville

6. Remplacez les adjectifs en italique par des synonymes et faites les


transformations nécessaires. Utilisez les adjectifs: analogue, autre,
différent, identique, meilleur, même, pareil, semblable, voisin.

a) C’est une situation comparable à celle don’t je t’ai déjà parlé.


b) Elles ont toutes les deux le même goût du risque.
c) Les deux chemins sont égaux en longueur.
d) Je n’ai encore jamais vu une telle impertinence.
e) Ce projet est préférable à tous ceux qu’on nous a présentés.
f) Qui donc a pu donner de tels ordres sans demander
ma permission ?
g) Toutes les réponses qu’ils ont données sont identiques.
h) Que faire dans un cas semblable ?
i) Je n’ai jamais vu rien de semblable.
j) Mon opinion est identique à la vôtre.

7. Remplacez les verbes en italiques par des synonymes. Employez


les verbes correspondre, différer, différencier, (se) distinguer,
égaler, rappeler, ressembler.

a) Cela n’est pas conforme à notre façon de penser.


b) Le prix de sa maison équivaut à 10 ou 20 ans de son salaire.
c) Aucun de ses concurrents n’a pu atteindre à son niveau de qualité.
d) Cet emploi me fait toujours penser à mon enfance.
e) Il se distingue de son associé par son avarice.
f) Lui et moi, nous n’avons pas du tout les mêmes principes.
g) Ils ont deux styles d’action tout à fait différents.
h) Ce sont quelques aspects qui permettent de faire ressortir
leurs différences.
i) Il était tout à fait différent de ses camarades.

168
Pierreclos
8. Reliez la colonne de gauche à la colonne de droite pour trouver
les expressions courantes:
1. Il est propre comme le loup blanc
2. Il est bavard comme un Turc
3. Il est riche comme un poisson dans l’eau
4. Il est sourd comme bonjour
5. Il est heureux comme un cœur
6. Il est bête comme une pie
7. Il est obstiné comme une carpe
8. C’est simple comme le bon pain
9. Elle est rusée comme Crésus
10. Il est connu comme l’eau de roche
11. Elle est jolie comme un singe
12. Il est bon comme un coup de trique
13. Il est blanc comme ses pieds
14. Il est ennuyeux comme un renard
15. Il est clair comme un sou neuf
16. Il est fort comme les blés
17. Il est faux comme la pluie
18. Il est blond comme un coq en pâte
19. Il est malin comme un bœuf
20. Il est muet comme la neige
21. Il est à l’aise comme le lait
comme un âne
comme chou
comme un jeton
comme un linge
comme une bourrique
comme une allumette
comme un pot

Château Royal de Chambord (16e S)


169
II. Exercices grammaticaux
(la subordonnée de comparaison)
1. Lisez et traduisez en roumain le fragment suivant. Relevez les
subordonnées de comparaison et les expressions marquant:
a) la ressemblance
b) la différence

« Si le but de la peinture est toujours comme il fut jadis, le


plaisir des yeux, on demande désormais à l’amateur d’y
trouver un autre plaisir que celui qui peut lui procurer aussi
bien le spectacle des choses naturelles.
On s’achemine ainsi vers un art entièrement nouveau, qui sera
à la peinture telle qu’on l’avait envisagée jusqu’ici, ce que la
musique est à la littérature. Ce sera de la peinture pure, de
même que la musique est de la littérature pure.
L’amateur de musique éprouve, en entendant un concert, une
joie d’un ordre différent de la joie qu’il éprouve en écoutant les
bruits naturels comme le murmure d’un ruisseau, le fracas d’un
torrent, le sifflement du vent dans une forêt, ou les harmonies du
langage humain fondées sur la raison et non sur l’esthétique.
De même, les peintres nouveaux procurent déjà à leurs
admirateurs des sensations artistiques uniquement dues à
l’harmonie des lumières et des ombres et indépendantes du
sujet dépeint dans le tableau. »

Guillaume Apollinaire, Les Peintres Cubistes ,


Méditations esthétiques, 1913

2. Chacune des phrases suivantes comporte une subordonnée


circonstancielle de comparaison. Soulignez les conjonctions et
les locutions qui introduisent ces subordonnées:

Mathieu écrivait comme un chat.


L’accueil n’a pas été aussi orageux qu’il aurait pu le craindre.
Il avançait en rampant, ainsi qu’un Indien.
La baisse du dollar a été moins marquée qu’on ne le craignait.
Je n’ai jamais autant ri que ce jour-là.
170
Elle était plus sensible qu’on aurait pu le croire.
Les peupliers argentés brillaient d’un éclat aussi neuf qu’au
premier matin.
Il fallait que sa maman fût debout la première pour le petit
déjeuner, de même qu’elle se couchait la dernière.

3. Transformez les phrases suivantes de telle sorte qu’elles soient


composées de deux propositions indépendantes juxtaposées
commençant par:
plus….plus; moins…..moins; plus …… moins; moins …. plus

Modèle: La route est d’autant plus dangereuse que la circulation


est plus dense.
Plus la route est dangereuse, plus la circulation est dense.

Il faut d’autant plus réduire la vitesse de la voiture que le vent


souffle plus fort.
Une voiture consomme d’autant moins d’essence qu’elle est
moins puissante.
Elle est d’autant plus chic qu’elle est moins maquillée.
Le chômage augmente d’autant plus que la situation économique
se dégrade davantage.
Je te comprends d’autant moins que tu cries plus.
Elle se porte d’autant mieux qu’elle travaille moins.
L’or est d’autant plus précieux qu’il est rare.

4. Indiquez par quels moyens est exprimée la comparaison dans


les phrases suivantes :

Tel maître, tel valet.


La nuit tombait, pareille à une fumée sombre qui couvrait déjà
les vallées.
Plus il s’efforçait de dissimuler son émotion, plus la rougeur des
joues le trahissait.
Cette surface d’eau est un merveilleux et docile miroir de toutes
les nuances du ciel.

171
5. Mettez le verbe entre parenthèses au mode et au temps qui
conviennent:
(a) - Ce livre d’art contient moins de reproductions qu’on ne (s’attendre)
à en trouver dans un pareil ouvrage.
- Il s’est comporté beaucoup mieux qu’on ne le (croire).
- Nous avons retrouvé notre maison telle que nous la (connaître).
- Je suis d’autant plus inquiet de ne pas l’avoir vue qu’elle me
(promettre) d’être ponctuelle .
- Ils auront d’autant moins de chances de me convaincre que
vous (insister) plus.
(b) - Plus le temps (passer), mieux ils (savourer) les petits plaisirs
de la vie.
- Plus longtemps vous (laisser) vieillir ce vin, meilleur il(être).
- Plus le danger (augmenter) plus notre anxiété (croître).
- Plus on le (gronder), moins cet enfant (obéir) .
- Autant sa jeunesse (être) paisible, autant sa vieillesse (être
malheureuse)

6. Complétez les phrases suivantes en choisissant entre:


plus….plus; moins……moins; plus……moins; moins …….plus;
plus……..meilleure; mieux….que; plutôt….que .

……… l’heure avançait …………. la conversation devenait


difficile.
………….. vous ferez d’efforts, ………. vous réussirez .
…………… vaut tard que jamais.
Je préfère lui mentir ………… de le chagriner.
………… je lis ce texte obscur ………… je le comprends.
………… vous boirez d’alcool ……….. vous vous porterez .
…….forte sera la musique ……. intime sera l’atmosphère.
…………... le mois de septembre sera ensoleillé ………
sera la récolte.

Château de Villandry (16e S)


172
7. Reliez les deux propositions en utilisant le pronom neutre le :
Modèle: Les pourparlers ont été difficiles. Je croyais qu’ils seraient
plus faciles.
Les pourparlers ont été plus difficiles que je ne le croyais.

a) Dans ce magasin, il y a beaucoup de choix. Elles pensait qu’il


y en avait moins.
b) Le directeur est très autoritaire. Ils espéraient qu’il serait
moins autoritaire.
c) Notre cliente n’a pas été contente. Nous espérions qu’elle serait
contente.
d) Cette démonstration a été longue.Tout le monde pensait qu’elle
serait plus longue.

8. Complétez les phrases suivantes par tant, tant que, en tant que,
autant ou autant que:

a) Elle respecte ………. ses amis …..…il méprise ses ennemies.


b) …….. on ne lui adressait pas la parole, l’enfant restait muet.
c) ………… maire de la commune, je vous remercie pour votre
généreuse contribution.
d) La date d’échéance du contrat, ………..je sache ,a été fixée.
e) Rien ne pouvait ………….. lui plaire que votre livre.
f) Il respecte ………..ses amis ………….il méprise ses ennemis.
g) Depuis son accident, elle ne montre plus ...…… d’enthousiasme.
h) Ils n’ont pas …………perdu d’argent ……….ils ne puissent
plus subvenir à ses besoins.
i) On avait …………..abusé ……….rien ne l’étonnait plus.
j) Elle respecte ……….les lois …….elle méprise les infractions.

9. Formez des phrases avec les mots et les expressions suivantes:


une sorte de; une espèce de; la ressemblance, la similitude;
autrement; différemment; pareillement; à côté de; par rapport à

Modèle: Il a eu une sorte d’interview.

173
10. Lisez les phrases suivantes et précisez :
¾ le deuxième terme de la comparaison
¾ le rapport entre les deux termes

1. La conversation était aussi animée que l’étiquette le permettait.


2. Elle était plus sûre de cela que je ne le suis.
3. Il était moins indépendant qu’il ne laissait paraître.
4. Devant le danger cet homme se montre moins courageux
qu’on n’aurait pu penser.
5. Ce mobilier n’est pas aussi vieux que vous le croyez.
6. Il court plus qu’il ne marche.
7. C’était moins grave qu’on n’aurait pu le craindre .
8. Marius travaille mieux à la maison qu’il ne travaille à l’école.
9. Cette toile me semble d’autant plus laide qu’elle me rappelle
un mauvais souvenir.

Goûts et préférences

Les médias soumettent souvent les personnalités à des questionnaires


généraux pour connaître leurs goûts et leurs préférences. Remarquez
l’humour et l’ironie de la personne interrogée. Voici le questionnaire
rempli par Jacques Dubois, écrivain contemporain virtuel.

Où aimeriez – vous vivre ?


Où va l’été.
Votre idéal de bonheur terrestre ?
Être aimé de ceux que j’aime.
Pour quelles fautes avez-vous le plus d’indulgence ?
Pour les miennes, évidemment.
Mon rêve de bonheur ?
Continuer longtemps .
Quel serait mon plus grand malheur ?
Être mortel.
Ce que je voudrais être ?
L’exception qui confirme la règle.
La couleur que je préfère ?
Celle du pastis, en juillet, à huit heures du soir.
La fleur que j’aime ?
174
Celle de la couverture du petit Larousse.
L’oiseau que je préfère ?
Celui que j’attends toujours de voir sortir des appareils photo.
Mes auteurs favoris en prose?
Les lecteurs et les lectrices qui m’ont écrit.
Mes poètes préférés ?
Les mêmes s’ils m’avaient écrit en alexandrins.
Mes héroïnes dans l’histoire ?
Jeanne d’Arc, Marie Antoinette, Marlyn Monroe
Mes héros dans l’histoire ?
Gutemberg, Louis Lumière, etc.
Votre qualité préférée chez l’homme ?
L’honnêteté.
Votre qualité préférée chez la femme ?
La sensibilité.
Votre vertu préférée ?
Celle des plantes médicinales.
Le principal trait de votre caractère ?
La sincérité.
Ce que j’apprécie le plus chez mes amis ?
La fidélité.
Ce que je déteste par- dessus tout ?
Le mensonge.
Caractères historiques que je méprise le plus ?
Les ambitieux, les dictateurs, les conquérants, les cons tout court .
Votre occupation préférée ?
Ne rien faire.

1. Définissez la personnalité de J. Dubois par quelques adjectifs.


2. Quels sont ses goûts et ses préférences ?
3. Croyez –vous que ses réponses sont sincères ?
4. Quelles sont celles qui ne vous paraissent pas sincères ?
5. Quelles sont les réponses qui relèvent surtout de l’humour et
du trait d’esprit ?
6. Répondez vous-aussi au questionnaire en essayant d’être plus
humoristique que sincère.
7. Prenez une interview à une personnalité de votre ville.
175
ÉVALUATION – AUTO-ÉVALUATION

Test 1
Trouvez la bonne solution:

(1) Si tu ……….. te rendre utile, tu viendrais nous aider.


a) veux; b) voulais; c) voudras; d) voudrais
(2) Qu’aurions-nous fait si nous …………. En France ?
a) avions été invités; b) avons été invités; c) sommes invités d) a invité
(3) Marquez la forme correcte du verbe dans la subordonnée
conditionnelle:
Si tu ne …….. pas de chandail blanc, achète un chandail rouge.
a) trouveras; b) trouverais; c) trouves; d) trouvais
(4) Complétez les blancs avec la forme correcte du verbe:
Je serais venu chez toi si j’………. que tu étais malade.
a) étais su; b) avais su; c) ai su; d) aurais su
(5) Complétez la phrase. Choisissez la solution correcte:
Tu as autant de livres ………… tes amis.
a) pour; b) que; c) comme; d) par
(6) Choisissez la forme correcte du verbe dans la subordonnée
conditionnelle.
Si vous ……….. le professeur, vous auriez compris la leçon.
a) aviez écouté; b) avez écouté; c) avions écouté; d) seriez écouté
(7) Introduisez correctement la locution dans la subordonnée:
………..mon grand-père ait 70 ans, il ne porte pas de lunettes.
a) quoique; b) quoi que; c) qui que; d) quel que
(8) Introduisez correctement la subordonnée dans la phrase :
C’est possible ………….tu ne dises rien .
a) parce que; b) même si; c) en cas où; d) à condition que
(9) Marquez la forme convenable du verbe dans la phrase :
Bien qu’il ………….. il sort se promener .
a) pleuve; b) pleut; c) il a plu; d) pleuvait
176
(10) Choisissez la locution verbale convenable dans la phrase :
Elle tousse parce qu’elle ……………
a) donne un coup de main; b) a pris froid; c) a l’air malade; d) a
pris position

Test 2
Trouvez la bonne solution.

(1) Choisissez l’élément de relation adéquat:


………… la route est mauvaise, il vaut mieux prendre le métro.
a) puisque; b) car; c) du fait que
(2) Choisissez le mode et le temps convenables dans la phrase:
Nous aimerions tant que……….avec nous .
a) êtes venues; b) veniez; c) êtes; d) venez
(3) Choisissez le mode et le temps convenables dans la phrase:
Quelques difficultés qu’elle ………… elle réussira à l’examen.
a) aura; b) a eu; c) aura; d) ait
(4) Choisissez le mode et le temps convenables pour compléter la phrase:
Quelles que ……… les difficultés, vous réussirez .
a) sont; b) ont été; c) soient; d) seront
(5) Choisissez la locution correcte:
Il est évident qu’il a toujours raison …………. les apparences
soient contraires.
a) à condition que; b) bien que; c) de manière que
(6) Choisissez le mode et le temps convenables:
Je ne connais personne qui ………… des connaissances aussi
vastes dans le domaine culturel.
a) aura; b) ait; c) a eu
(7) Choisissez le mode et le temps convenables pour remplacer les
espaces libres:
Si tu ………… Marie, tu …………la même chose que moi .
a) avais connu, aurais dit; b) avais connu, aurait dit ;
c) avait connu, aurait dit
(8) Transformez la phrase suivante en exprimant la conséquence par
si….que
177
Le vacarme était trop assourdissant pour qu’on pût comprendre
les paroles de l’acteur.
a) Le vacarme était si assourdissant qu’on ne put pas ………..
b) Le vacarme était si assourdissant qu’on ne pouvait pas .……
(9) Transposez la phrase suivante en français soigné:
Il y avait trop de fautes; c’est pourquoi on a dû les corriger.
a) ………………aussi a-t-on dû les corriger
b) …………….. aussi a- on dû les corriger
c) ……………… aussi on a dû les corriger
(10) Transformez la phrase suivante en exprimant la conséquence par
trop ……..pour que.
Cette question est si simple qu’elle en saura certainement la réponse.
a) Cette question est trop simple pour qu’elle n’en sache pas la réponse.
b) Cette question est trop simple pour qu’elle en sache la réponse.

Test 3
Traduisez en roumain.
« Il n’avait jamais vu les nuages d’aussi près. Jon aimait bien les
nuages. En bas, dans la vallée il les avait regardés souvent, couché
sur le dos derrière le mur de la ferme. Ou bien caché dans une
crique du lac, il était resté longtemps la tête renversée en arrière
jusqu'à ce qu’il sente les tendons de son cou durcis comme des
cordes. Mais ici, au sommet de la montagne ce n’était pas pareil.
Les nuages arrivaient vite, au ras de la plaine de lave, ouvrant leurs
ailes immenses.
Ils avalaient l’air et la pierre, sans bruit, sans effort, ils écartaient
leurs membranes démesurément .
Quand ils passaient sur le sommet de la montagne tout devenait
blanc, et la pierre noire se couvrait de perles. Les nuages passaient
sans ombre. »
3p.
J.M.G. Le Clézio, Celui qui n’avait jamais vu la mer

178
Mettez en français.

« Eminescu: Se ştie cât de mult şi-a iubit neamul copilul acesta genial,
aşa de blând şi duios. Prin glasul său, neamul românesc de
pretutindeni şi-a spus durerile-i seculare. Nimeni n-a spus ca el
gândurile noastre. Şi dacă sufletele care au trecut în eternitate,
mai privesc din lumea lor la cele ce se petrec pe pământ, sufletul
lui Eminescu trebuie să se simtă cu adevărat fericit când vede
holdele bogate acolo unde el a aruncat sămânţa cea bună. »
3p.
Complétez les locutions ci-dessous avec les verbes suivants:

a) se donner; régler; mettre; trouver; abattre; ne pas savoir;


lâcher; mener; rendre; bâtir; être; garder; avoir.
………. la bride
………. la vie dure à quelqu’un
………..des airs
………..le dindon de la farce
………..sur quel pied danser
………..sur le sable
………..les jambes en coton
……….. les bouchées doubles
………..quelqu’un par le but du nez Château de Chenonceau
………..blanc comme neige (16e S)
………..buisson creux
………..de la besogne
……….. compte à quelqu’un
………..un secret
b) Expressions indiquées:
Être le dindon de la farce = la victime de la plaisanterie
Mettre les bouchées doubles = aller plus vite dans un travail
un buisson creux = vide à l’intérieur
la besogne = le travail imposé par la profession
Avoir les jambes en coton = être très faible
Garder un secret = ne pas le divulguer
3p.

Total 1+9 p. =10 p.


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TEXTE PENTRU TRADUCERI

1. Afară era întuneric beznă. Strada era pustie. A început să-mi


povestească repede, cu o voce întretăiată, cum reuşise fata ei la
Universitate, în urma unui concurs de admitere foarte greu. Apoi mi-a
vorbit de bărbatul ei, care era un tip foarte brutal. Ca să mă convingă s-a
oprit să-mi arate braţele pline de vânătăi. La sfârşit a izbucnit în lacrimi,
dându-şi cu pumnii în cap. Am încercat s-o liniştesc, spunându-i că vom
merge imediat la frizerul ei, să vorbim cu el. Nici vorbă să se
liniştească....Eram lângă staţia de metrou când i-am zis asta. Părea
foarte neliniştită. Brusc, şi-a întors spre mine faţa înspăimântată, cu o
expresie de refuz total, şi a luat-o la goană ca un spectru, fluturându-şi
mânecile halatului ei bizar. Recunoaşte că aveam de ce să rămân cu
gura căscată! Şi totuşi, un sentiment de curiozitate m-a împins să mă
duc să-l văd pe soţul ei, frizerul. Şi atunci m-am dus, am intrat în
frizerie. A venit în întâmpinarea mea. Era un bărbat voinic, cu un chip
frumos. Avea vreo cincizeci de ani. Cu o voce amabilă, m-a întrebat ce
vreau. I-am vorbit de soţia lui. M-a ascultat cu atentie, fără să zică
nimic. Ceilalţi frizeri se opriseră din lucru şi ne priveau amuzaţi. După o
lungă tăcere, bărbatul mi-a răspuns:
- Se vede că nu eşti de pe aici. Soţia mea a murit de ani de zile. Nu
m-am recăsătorit. »
(Gabriela Melinescu, Regina străzii)

2. « M-am mutat cu bagajele în sala unde i-am văzut pe pasagerii


români care aşteaptă cursa Tarom-ului...Fără să audă nici un anunţ,
ceilalţi pasageri români s-au sculat de pe scaune şi au format o coadă.
Au aflat oare că se vor primi bagajele? Sau au facut-o din reflex?
Decenii în şir noi am trăit anormalitatea ca pe singura normalitate
posibilă. Asta ne-a format într-un anume fel, dar ne-a şi deformat. Un
negru, funcţionar al aeroportului american, încearca să explice pasa-
gerilor de la coadă ca e prea devreme, că n-are rost să stea în picioare,
180
să se înghesuie. Vom fi anuntaţi când va începe operaţia de primire a
bagajelor. Pasagerii ascultă fără să spună nimic şi nu se clintesc.
- Deranjează pe cineva că stăm la coadă? se hotărăşte în cele din urmă
o femeie corpolentă să-l lămurească pe negru.
- Nu.
-Atunci?
În faţa acestei logici dezarmante, negrul dă înapoi. Ridică din umeri şi
se îndepărtează. Nu pare să fi priceput mare lucru. Şi cum să priceapă?
Pentru noi cozile sunt ca nişte cântece de sirenă. Le rezistăm cu greu.
Dacă nu te aşezi la o coadă, ai senzaţia ca pierzi ceva, şi rămâi cu un
vag sentiment de frustrare. »
(Octavain Paler, Don Quijote în Est)

3. În ultimele decenii, un est-european era uşor de recunoscut la Paris,


după felul cum se uita la vitrine şi după nenumăratele ticuri pe care le
creează sărăcia....Aceste experienţe jenante ne-au creat cu timpul o
psihologie contradictorie. Pe de o parte, ne-au dat senzaţia că eram
priviţi ca nişte europeni de categorie inferioară, că eram trataţi ca nişte
provinciali ai Europei. Pe de altă parte, ne simţeam rău înţeleşi şi
frustraţi. Veneam dintr-o ţară cu numeroase valori, dar ce ştia
Occidentul despre noi? Occidentul îi cunoştea pe Dracula şi pe
Ceauşescu. Mulţi nu cunoşteau nici măcar numele poetului nostru
naţional, pe când la noi aproape orice elev de liceu poate bolborosi,
cred, un vers din Lamartine. Asemenea revelaţii descurajante ne
dădeau uneori un impuls negativ. Dacă eram socotiţi provincialii
Europei, ni se părea normal sa dăm cu tifla celor ce ne priveau de sus
doar fiindcă destinul ne-a aşezat printre victimele Yaltei, iar, de aici,
mai era puţin până la un complex invers, de superioritate, forma cea
mai rea a derutei morale care ne-a cuprins.»
(Octavian Paler, Don Quijote în Est)

4. « Singură într-un oraş străin, pentru prima oară. Oraşul era Parisul.
Avea acolo, ca mai tot românul, cunoştinte şi chiar rude. Nu se grăbea
să le caute. O bursă modestă îi îngăduia să doarmă la un hotel fără
stele din Montmartre, recomandat de cineva pentru preţul scăzut....
Stătea acolo doar câteva ore, între ultimul şi primul metrou.....Fix la
181
cinci dimineaţa, bucuria, care o veghease toată noaptea ca un căţel,
dădea năvală şi se gudura. Se aşeza pe pervazul ferestrei...pe când se
lumina de ziuă pe deasupra acoperişurilor din Montmartre...Venise
hotărâtă să reziste vestitei seducţii a Parisului. Să-l vadă cât se putea în
zece zile, fără prejudecăţi livreşti şi fără entuziasm obligatoriu.I se
dădea ocazia să-şi demonstreze că locul unde trăise până acum, aşa
urât şi greu cum trăise, era singurul acasă pentru ea, chiar dacă de
multe ori îl detesta şi îşi făcea o vină că n-avusese curajul, ca alţii, să-l
părăsească. Venise de fapt să-şi confirme că oriunde în afara
perimetrului bucureştean s-ar fi simţit străină, rătăcită, fără rost.
De acasă, din patul ei, sejurul arătase altfel: cunoştinţele şi
rudele o găzduiau, o plimbau, o invitau la localuri, nopţi întregi o
descoseau despre ce se întâmpla în ţară,...; asculta amintiri nostalgice,
făceau politică, i se dăruiau haine purtate, flecuşteţe cumpărate din
coşurile de la Tati, parfumerie de duzină; petrecea mult timp la mese
cu brânzeturi şi fructe necunoscute până atunci......
Însă din prima clipă când pusese piciorul pe asfaltul parizian, toate
acestea îi apăruseră ca o corvoadă şi căutase în agendă adresa
hotelului ieftin. Nici nu-şi mai cumpărase, conform sfaturilor, cartelă
de telefon, ci doar nepreţuita carte orange pentru toate mijloacele de
transport. Avea o hartă a nepreţuitei reţele de metrou, o legitimaţie
pentru intrarea gratuită la muzee, nu-i lipsea nimic şi nimeni. »
(Adriana Bittel, Întâlnire la Paris)

182
TEXTES À TRADUIRE

1. « Les écoliers français savent tous qu’à la bataille de Fontenoy le


commandant des gardes françaises, M. d’Anterroches, s’avançant seul
vers les Anglais se découvrit et leur cria avec cette fameuse politesse
française:
- Messieurs les Anglais, tirez les premiers!
Les écoliers anglais savent tous qu’à la bataille de Fontenoy le
commandant des gardes anglaises, Milord Hay, s’avançant seul vers
les Français, se découvrit et leur cria:
- Messieurs les Français, tirez les premiers!
Quant aux experts - partagés de naissance - ils ne se trouvent, bien
entendu, pas d’accord, ce qui est leur métier. Pour certains, ces mots
ont été prononcés à l’adresse des Français par un de leurs chefs qui,
voyant les Anglais arriver d’un brouillard tout britannique, se serait
écrié (avec la ponctuation suivante):
- Messieurs! Les Anglais! Tirez les premiers!
D’autres y voient une ruse de guerre classique à cette époque, les
stratèges français estimant qu’il était préférable de laisser l’ennemi
épuiser ses premières cartouches pour mieux attaquer ensuite. Un
grand nombre reste fidèle à la version classique de l’aimable
invitation, bien française... »
(Pierre Daninos, Les Carnets du major Thompson)

2. «Je m’ennuie en cours, je bavarde, je suis insupportable. Je n’ai


jamais pensé qu’on apprenait quelque chose en cours. C’est trop
rigide, le seul vrai lieu d’apprentissage, ce sont les romans. Cette
liberté que me donnait la passion de lire, je la perds après le bac. Un
mot étrange fait son entrée chez nous: hypokhâgne. C’est le corridor
plein d’obstacles et de chausse-trapes qui conduit à l’École normale
supérieure. Normale sup. Ma mère en parle avec vénération. L’école
de Sartre et de Georges Pompidou. La Mecque des écrivains et des
grands hommes. En hypokhâgne, aimer lire ne suffit plus à prouver
son intelligence. Au contraire: toute passion exclusive devient un
183
signe de bêtise. Le pis, c’est l’identification narcissique aux
personnages. Je suis coupable de cette terrible faute. Je ne comprends
pas comment on acquiert le recul qui permet de les examiner à
distance comme des « effets de réel » et de distinguer subtilement
l’auteur du narrateur. Il est évident que je n’entrerai jamais à la
Normale sup même si j’ai atterri par hasard dans une antichambre de
luxe, Louis-le-Grand. Je ne suis pas assez forte.....J’ai terriblement
peur. Pour Noël je demande seulement des livres de grec, de philo,
d’histoire, de critique formaliste, les plus techniques et les plus arides:
il faut me châtier pour ces années d’identification narcissique....
Pendant trois ans, la famille vit avec mon hystérie. À coup de crises de
larmes, j’impose ma loi. « Je travaille! Silence! »Ils doivent se taire
quand je l’exige, ne pas me déranger. Même mes frères doivent
apprendre à jouer en silence. Elle est de toute coeur avec moi. J’ai
choisi la voie la plus dure (....) Mais j’ai trop peur. C’est une épreuve
de force impossible. C’est impossible mais je n’ai pas le choix. Au
moment de mes crises de découragement, elle me le dit fermement: si
je n’arrive pas, je deviendrai secrétaire. Etre littéraire, ça ne conduit à
rien. Tout le monde a une licence de lettre. C’est ce que les jeunes
obtiennent quand ils ne savent pas quoi faire de leur vie. Ensuite ils ne
trouvent aucun travail. Ils deviennent secrétaires ou balayeurs.
L’université, c’est le dépotoir. Ce sera la Normale sup ou rien. Pour
finir, j’y entre. Ma mère, et avec elle toute cette société strictement
hiérarchisée que je vais détester plus tard, me prédit le plus bel avenir,
un lit de roses, des lauriers sans fin. J’ai gagné le paradis. J’entends
chanter les anges. Je suis de l’autre côté; hors d’atteinte; parmi eux; je
porte la marque: normalienne. C’est sa première grande victoire. Cet
été-là, elle parle de moi à tous ses amis: Marie est entrée à la Normale
sup; ah, oui, c’est bien, c’est drôlement difficile.»
(Catherine Cusset, La Haine de la famille)

3. « C’était un clair matin de septembre après une marée d’équinoxe


qui avait donnée à la baie un air dévasté, hagard, presque pathétique.
Nous marchions sur une grève constellée de miroirs d’eau que
faisaient frémir des poissons plats, et jonchée de coquillages

184
inhabituels, mulots, ormeaux, palourdes. Mais nous n’avions guère le
coeur à pêcher et nous regardions surtout dans la direction de la côte
sud voilée par un brouillard laiteux. Oui, il y avait du mystère dans
l’air, presque du drame, et j’ai été à peine surpris quand tu m’as
montré à une centaine de mètres deux corps humains enlacés
recouverts de sable. Nous avons aussitôt couru vers ce que nous
prenions pour des cadavres de noyés. Ce n’était pas des noyés
recouverts de sable. C’était deux statues sculptées dans le sable, d’une
étrange et poignante beauté. Les corps se lovaient dans une faible
dépression, ceints d’un lambeau de tissu gris souillé de vase qui
ajoutait à leur réalisme. On songeait à Adam et Eve avant que Dieu
vînt souffler la vie dans leur narines de limon. (.....)
Nous sommes demeurés un moment debout devant ces gisants,
comme au bord d’une tombe fraîchement ouverte. C’est alors qu’a
surgi de quelque trou invisible un drôle de diable, pieds et torse nus,
vêtu d’un bloudjine effrangé. Il a entrepris une danse gracieuse avec
de vastes gestes qui semblaient nous saluer.(...) Puis il s’est incliné,
agenouillé, prosterné devant nous, ou plutôt - nous l’avons compris
après - devant une apparition surgie dans notre dos. Nous nous
sommes retournés. A droite, le rocher du Tombelaine émergeait de la
brume. Mais surtout, suspendu comme un mirage saharien au-dessus
des nuées, le Mont-Saint-Michel brillait de toutes ses tuiles
vermeilles, de tous les vitraux de sa pyramide abbatiale. »
(Michel Tournier, Le medianoche amoureux)

4. « La saison se prête aux sorties. Nous organisons une partie sur la


pelouse de l’hôtel Xingguo. Le paysage est beau. Beau également le
contraste entre une végétation et une architecture qui se mettent
mutuellement en valeur dans les reflets chatoyants de l’automne. Les
copains prennent place sur l’herbe. (...) Li Yue s’est joint à nous. Ses
habits à la mode sont tout crasseux. Il est maigre, avec de grands yeux
et un crâne rasé. Son goût pour les gros mots style: merde, putain,
connard etc. , frappe avant toute chose. (...) Zhusha est aussi des
nôtres. Elle m’a offert un flacon d’eau tonifiante de chez Shiseido
acheté lors de sa dernière mission à Hong-Kong. Je ne l’avais pas vue

185
depuis un certain temps et je la trouve toujours aussi prévenante et
classe. (....)
Pendant que cette belle équipe s’en donne à coeur joie sur la pelouse,
une vieille dame occidentale, l’air très digne, se dirige vers nous:
- Pardon, je voudrais vous demander de quitter les lieux, nous dit-elle
en anglais, avec un fort accent américain roucoulant.
Je lui demande en anglais:
- Et pourquoi?
- Hum...fait-elle en haussant les épaules, j’habite avec mon époux
dans cette maison que vous voyez là (....) et nous aimons contempler
cette pelouse depuis notre balcon.
- Et alors?
N’ayant pas envie d’être polie, je ne prends aucune précaution avec
mon anglais. Où veut donc en venir cette vieille peau d’Amerloque?
- Vous venez troubler la tranquillité de cet endroit, dit-elle toujours de
marbre.
Son regard froid me dit qu’elle n’est pas prête à tolérer la moindre
opposition. Je fais discrètement part de son intention à Madonna.
- Quoi? Elle voudrait nous chasser d’ici?
Madonna est échauffée par l’absurdité de cette prétention. Elle, qui est
du genre à ne pas se laisser marcher sur les pieds, toujours prête au
défi et à la bagarre, monte déjà sur ses grands chevaux.
- Dis-lui qu’elle se trouve dans notre pays, que cette pelouse ne lui
appartient pas et que, par conséquent, elle n’est en mesure d’exiger
rien de nous.
Je transmet le message à la vieille dame. (...) Elle continue
imperturbable:
- Mon époux est P.D.G. de la banque Merril Lynch. Nous avons loué
cette maison parce que cette pelouse nous a séduit. Nous sommes âgés
et nous avons besoin de respirer un air pur et d’avoir un
environnement propre. Il est bien difficile de trouver un bout de
pelouse correcte à Shangai.
- C’est vrai, et c’est précisément pour cette raison que nous venons
nous aussi prendre l’air ici.

186
La vieille dame me demande avec un sourire en coin:
- Vous êtes peut-être aussi locataire là où vous habitez?
J’acquiesce.
- Combien payez-vous de loyer?
- « Ça ne vous regarde pas. Ce sont mes affaires, dis-je en souriant.
- Peut-être. Mais nous, nous payons vingt-cinq mille dollars par mois.
Un prix élevé entre autres à cause de cette pelouse. Vous autres,
Chinois, avez compris l’importance de l’environnement et votre
gouvernement sait le monnayer. C’est pourquoi je vous demande de
quitter les lieux au plus vite, dit-elle toujours souriante mais
impitoyable dans ses propos.
Le montant de son loyer nous a tous cloué au sol. Madonna, plus
finaude que nous tous, lui répond avec un léger sourire:
- OK, nous avons compris votre argument, nous allons quitter les
lieux, see you later.
En chemin, nous en venons à parler de l’époque des concessions
étrangères et du panneau Entrée interdite aux Chinois et aux chiens,
accroché à l’entrée de la concession française. Ces temps sont révolus,
mais actuellement on assiste à un retour en force des grandes
multinationales, des magnats de la finances et des gros bonnets. La
puissance économique entraîne un sentiment de supériorité, une
suprématie culturelle et notre new new génération se sent
désagréablement touchée dans son orgueil national. Mais soyons
justes: les étrangers n’achètent que ce que nous voulons leur vendre et
à des prix pareils on leur doit bien quelques égards. Le problème n’est
pas là. Nous abordons peu à peu des thèmes qui ne nous sont pas
habituels.»
( Weihui, Shanghai baby)

5. «En France, il y a des trucs où on est vachement balèzes!


Pas tout, non, il y a des trucs où on est moyens,...mais c’est des trucs
moyens, quoi....Mais il y a des trucs où on est balèzes, par
exemple...en politique.
Surtout en politique française, on est parmi les plus balèzes du monde!
En politique française! Du monde!

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Faut dire aussi qu’on est pratiquement les seuls que ça intéresse, alors,
ça sélectionne!
Non, sans blague, mais on est balèzes! On a des hommes politiques
que le monde entier nous envie. Ils pourraient venir les prendre,
d’ailleurs, mais ils ne viennent pas! Alors, euh, ils sont à nous...
Mais il y a un truc, c’est qu’on ne se sert pas de la moitié des hommes
politiques qu’on a!
Il y a plus de la moitié qui ne bossent pas!
Mais ils bouffent tous les jours!
Rigolez pas! C’est surtout avec votre pognon quand même, hein! (.....)
Tiens, on a Simone Weil! Elle était ministre de la Santé avant. Elle ne
voulait pas qu’on fume! Eh, bien, même les cheminées des hauts
fourneaux ne fument plus! C’est balèze, hein?
Il y a Robert Fabre! Beau costard! Il est entré à l’Elysée en promettant
de lutter contre le chômage. Il est sorti et il a dit:
« Les mecs, il y a déjà un chômeur de moins! J’ai trouvé du boulot,
moi! » (....)
Bon, qu’est-ce qu’on a encore?
Ah, la Chambre des dépités, par exemple...C’est pas pour dire du mal,
mais la moitié sont des bons à rien. L’autre moitié sont prêts à tout,
quand même!
Prenez aussi le Conseil des sinistres. Bon. C’est le mercredi qu’il
travaille. Mercredi, c’est connu, c’est le jour des gosses. Alors, ils
vont au sable, ils font des pâtés, c’est sympa quoi!
Donc, séance du Conseil des sinistres:
- Qui c’est qui a une idée?
- J’en ai pas, moi...
- Très bien! Suivant?
- Moi non plus!
- Bon, et vous?
- Ben, j’ai une petite idée.
- Ben, tu la gardes, hein, vieux. On est déjà assez emmerdés, hein!
Et puis ils plient les cartables et ils vont en week-end jusqu’à mardi!
Parce qu’ils ne bossent que mercredi... Heureusement, non? Vous avez
vu dans quelle merde ils nous ont mis! Qu’est-ce qu’on deviendrai
s’ils travaillaient plus!

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Regardez, par exemple Lecanuet, bon. Les gens disent tout le temps:
- Moi, j’ai voté pour celui-là et puis au lieu de mettre le pognon dans
les écoles, il le met dans les prisons.
Hé, dis donc, vous êtes exigeants! Il y a un truc dont on est sûr quand
on est ministre, c’est qu’on ne retournera pas à l’école, hein, tandis
qu’en prison, faut voir, hein! »
(Coluche, En politique on est vachement balèzes)

189
190
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

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française, CLE International, Paris, 1995
******Tests d’évaluation de français, Hachette Livre, Paris, 2001
191
Redactor: Adela MOTOC
Tehnoredactor: Ionescu VASILICHIA
Coperta: Marilena BĂLAN (GURLUI)
Bun de tipar: 19.12.2005; Coli tipar: 12
Format: 16/61 x 86
Editura şi Tipografia Fundaţiei România de Mâine
Splaiul Independenţei nr.313, Bucureşti, Sector 6, O.P. 83
Tel./Fax: 316.97.90; www.spiruharet.ro
e-mail: contact@edituraromaniademaine.ro

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