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 Actu ❘ FOCUS HAUTS-DE-FRANCE

HAUTS-DE-FRANCE

D.M.
Les figures de Capécure
Boulogne-sur-Mer
est la porte d’entrée
de produits de la mer
du monde entier. Mais
c’est aussi le premier
E ntre les navires de pêche hautu-
rière (chalutiers de pêche fraîche
et congélateurs) et les navires
de pêche artisanale (chalutiers,
fileyeurs, caseyeurs, coquillards, palangriers
et ligneurs), le port de Boulogne compte
50 entreprises
de mareyage à Capécure,
pour
2018. Dont seulement 20 517 tonnes pas-
sées par la criée. La valeur totale des ventes
s’est élevée à 80,3 millions d’euros.
Au total, près de 70  espèces diffé-
rentes débarquent à Boulogne. Parmi les
espèces dominantes capturées figurent le
port de pêche de
l’Hexagone avec, en
150 bateaux. Ce sont eux qui contribuent
à l’approvisionnement de la filière boulon-
1 500
et près de
salariés
lieu noir avec plus de 4 600 tonnes par an,
le merlan (3  643  tonnes), le maquereau
naise. Chaque année, ils débarquent à la (3  466  tonnes), le hareng (2  488  tonnes)
2019, 31 538 tonnes
débarquées. Zoom sur
criée (mais aussi acheminent par la route
lorsque le poisson est débarqué à l’étran- 130 000
par an.
 t
ou encore la coquille Saint-Jacques
(1  344  tonnes). Mais c’est l’encornet qui
son approvisionnement ger) plus de 30  000  tonnes de poisson représente, à lui seul, près de 28  % de
et les principaux dont 10  000  tonnes sont assurées par la la valeur totale des ventes (22  359  euros

acheteurs sous la criée.

Reportage : Darianna MYSZKA
Coopérative maritime étaploise (CME) et
le reste par les adhérents de l’organisation
de producteurs From Nord. Selon la Société
d’exploitation des ports du détroit (SEPD),
en 2019, 31  538  tonnes de produits ont
été enregistrées, soit 1,9 % de moins qu’en
Soit 25  %
en 2019). La pêche artisanale contribue
en majeure partie à l’approvisionnement
du mareyage français. mais la pêche au large, grâce à l’arme-
ment Euronor, dernier comptoir industriel
boulonnais, a assuré l’année dernière
5 000 tonnes de poisson (notamment du

PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020 ❘  31 ❘


lieu noir). Les pêcheurs locaux et étrangers
capturent également du rouget barbet, de
la plie, de la seiche, du merlu, de la raie ou
encore de la sole. Cette dernière, encore en
2014, représentait jusqu’à 80 % du chiffre
d’affaires des fileyeurs. Les apports en sole
à Boulogne ont encore chuté de 24 % en
2019. Aujourd’hui, elle a été remplacée par
d’autres espèces comme le bulot.
Cette diversité est fortement appré-
ciée par toute la filière halieutique. Et sur-
tout le mareyage de la zone économique
Capécure, à Boulogne. Il est composé de
50  entreprises et 1  500  salariés. Il repré-
sente, à lui seul, 25 % du mareyage français
et travaille entre 120 000 et 130 000 tonnes
de produits par an. Plusieurs sociétés de la
place comme CBM Filetage, Uni-Marée,
Les Sirènes boulonnaises, Comptoir des
pêcheurs boulonnais et récemment aussi
Whitelink Seafood France privilégient les
apports locaux plutôt que l’import. «  Au
moins 50 % de nos volumes proviennent de
la criée de Boulogne. Les volumes restent
très aléatoires car ils dépendent de la dispo-
nibilité des produits », explique Eusèbe Kéké,
responsable achat chez Les Sirènes boulon-
naises qui achète près de 2 000 tonnes de
marchandise par an. De même, du côté des
Pêcheries des Hauts-de-France (PHF), près
de 60 % des 4 600 tonnes de matière brute
achetées l’année dernière provenaient du
port de Boulogne, et le reste d’autres ports
de France.
Pour ces mareyeurs, les apports locaux
sont une garantie de fraîcheur. Certaines
entreprises de transformation comme la
société de fumaison-salaison JC David choi-
sissent le hareng boulonnais notamment
pour son certificat MSC qui garantit la dura-
bilité des stocks de pêche. D’autres, comme
Whitelink Seafood, spécialisée dans le file-
tage, ont changé leurs habitudes depuis la
crise sanitaire. « Désormais, plus de 90 %
de nos apports proviennent de Boulogne
et sont labellisés Pavillon France. On veut
valoriser la pêche française », déclare Marc
Salmon, le directeur.
Pour compléter leur ravitaillement, les
entreprises locales font tout de même appel
à d’autres criées de la région notamment
celle de Dunkerque où les apports ont consi-
dérablement baissé ces dernières années.
En 2019, les 17 bateaux ont débarqué seu-
lement 323 tonnes de poissons. Ainsi, pour
pouvoir fonctionner à plus grande échelle,
la filière halieutique boulonnaise importe
les produits qu’elle ne peut pas se procu-
rer localement. n
❘  32 ❘ PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020
Actu ❘ FOCUS HAUTS-DE-FRANCE
ÉCH S d’ENTREPRISES
L’encornet au menu
▼
des Pêcheries des Hauts-de-France
L’entreprise familiale Pêcheries des Hauts-de-France existe à
Boulogne depuis 1997 et compte 42 salariés. Depuis trois ans,
elle fait partie d’un groupe avec Norsea (négoce) et Stragel
Seafood (produits congelés). La spécialité de ce mareyeur
reste la transformation et le filetage. « On travaille à peu près tout
ce qui est débarqué, indique Stéphane Level, le directeur.
Mais il y a de moins en moins de volumes à Boulogne.
On a perdu le marché avec la sole et le bar mais
on compense avec l’encornet. On s’adapte. » Près de 40 %
des achats se font également en Normandie ou en Bretagne.
Stéphane Level, directeur des Pêcheries
des Hauts-de-France
D.M.
La pêche côtière aux Sirènes boulonnaises
▼
Fondée en 1957, la société Les Sirènes boulonnaises met en avant
ses valeurs : la valorisation de la pêcherie française, locale et
artisanale, respectueuse des littoraux. « La qualité est importante
pour nous, explique Eusèbe Kéké, responsable achat.
À la criée de Boulogne, on achète surtout le poisson de « la petite
marée », comme le maquereau, le rouget barbet mais aussi
la dorade grise ou la roussette. En fonction de la période
de l’année, on s’intéresse aussi aux céphalopodes comme
la seiche ou l’encornet. » Conditionnés, les produits sont
ensuite vendus dans le sud de l’Europe, notamment
en Espagne et en Italie.
Eusèbe Kéké, responsable achat
chez Les Sirènes boulonnaises
D.M.
JP Marée projette de s’agrandir
▼
Avec un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros, la société
JP Marée achète 4 000 tonnes de produits par an, essentiellement
à Boulogne. « Nous avons deux personnes qui repèrent les lots dès
le matin. L’achat se fait la plupart du temps au cadran mais parfois
aussi de gré à gré », explique Stéphane Pruvost, président de
l’entreprise. Outre le filetage à la main et l’emballage, la
société propose également la découpe du  saumon. Pour
le moment, le mareyeur ne travaille pas les produits
surgelés mais un projet d’agrandissement est en cours
de développement.
Stéphane Pruvost, président de JP Marée
D.M.
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Filet de queue de Cabillaud
Filet de queue de Lieu noir
Filet de Dorade sébaste
Gamme MSC Entreprise artisanale
Filet de Dorade sébaste • Dos de Dorade sébaste spécialisée dans le filetage main
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 Actu ❘ FOCUS HAUTS-DE-FRANCE

Boulogne, plaque tournante en Europe

On trouve du poisson
du monde entier
à Boulogne-sur-Mer. Et en
majorité d’Europe du Nord,
notamment de Norvège.

P lus encore que le premier port de

pêche français (en tonnage), où sont
débarquées chaque année plus de
30 000 tonnes de produits de la mer,
Boulogne-sur-Mer est avant tout une plaque
tournante et un lieu de négoce pour la trans-

D.M.
formation et la valorisation du poisson. Alors
certes, les chalutiers y ramènent moins de Beaucoup de mareyeurs, comme JP Marée, sont présents à la fois sur les achats en criée et à l’import,
poisson qu’il y a encore 20 ou 40 ans, mais pour offrir une gamme complète à leur clientèle.
cette baisse a, depuis, été compensée par
des importations.
Chaque année, plus de 200 000 tonnes de élément nécessaire à l’activité de la filière + de la filière. La société travaille 1 000 tonnes de

200 000
poissons et produits de la mer frais ou conge- boulonnaise. produits de la mer par an pour un chiffre
lés sont importées à Boulogne en prove- L’import est sujet à d’importantes fluc-  t d’affaires de 11 millions d’euros.
nance du monde entier et en majorité d’Eu- tuations, il est donc difficile de le chif- de produits de la mer frais Le négoce et le mareyage importent sur-
rope du Nord et notamment de Norvège. frer. Cependant, le mareyage du litto- ou congelés importées par tout du saumon et différents poissons blancs
Ici, tous les acteurs du milieu halieutique ral boulonnais, à lui seul, importerait près an à Boulogne. comme du cabillaud, du lieu noir ou du
sont représentés. Au total, la filière de trans- de 100  000  tonnes de produits par an. sébaste. Comme la société JP  Marée dont
formation de la Côte d’Opale, ce sont 85 éta- Certains d’entre eux privilégient l’importa- le saumon provient de Norvège, d’Islande et
blissements et plus de 280 000 tonnes de tion pour des raisons de qualité. « On achète bientôt aussi du Chili.
produits transformés et préparés par an pour selon les marées et la qualité du produit. La seconde transformation permet de
un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros. Malheureusement le marché de Boulogne ravitailler le marché en produits plus élabo-
Et cela, sans compter les entreprises de logis- s’est dégradé », regrette Thomas Bryckaert, rés. Ainsi, si le hareng a longtemps constitué
tique ou de négoce. L’import reste donc un responsable de Coboma, l’un des acteurs de la principale matière première, la production
s’est diversifiée. Elle importe également  :
flétan, maquereau, haddock (églefin) mais
aussi crevettes. Capécure accueille un grand
[Crusta C se lance dans le thon du Pacifique] nombre de PME qui travaillent ces produits :
Bourgain Fils, JC David, Delpierre ou encore
La société boulonnaise Crusta C, pour se diversifier, se lance dans la transfor- Crusta  C. Ce dernier conditionne chaque
mation de thon. Après 25 ans de cuisson de crevettes, la société proposera une année 10 000 tonnes de crevettes d’Amé-
nouvelle référence, le pavé de thon albacore sashimi (cru décongelé). Ce pro- rique du Sud, et notamment d’Équateur et
duit, censé répondre aux nouvelles tendances de marché sera transformé dans du Venezuela.
l’une des usines de Crusta C, à Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône. D’autres produits, comme des crustacés,
Le transformateur importera principalement du Pacifique du Thunnus alba- provenant de Grande-Bretagne, d’Irlande,
cares, aussi appelé thon yellowfin, pêché à la palangre en Micronésie, et cer- d’Écosse alimentent également le marché.
tifié MSC. Il sera disponible en marque de distributeur chez les grossistes et en Leur distribution est assurée dans toute la
grande distribution et pourra être consommé en produit cru, en tataki ou en France ainsi que dans les pays riverains (sur-
sushi. tout en Espagne et en Italie) en moins de
Pour garantir la fraîcheur du produit, le poisson sera surgelé à bord des 24 heures. C’est possible grâce à la gare rou-
bateaux à -50°C immédiatement après la pêche. Il sera ensuite conditionné tière de marée couplée à des plateformes de
DR

en barquette, avec un poids fixe, 140 grammes, sous skin. Le film supérieur transport. Boulogne dispose d’une logis-
(pelliplacage) évite les risques d’exsudat ou d’oxydation. Crusta C commen- tique d’approvisionnement et de distribution
cera sa production avec 500 tonnes. exemplaire, ce qui assure au site une logis-
tique fluide et efficace. n

PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020 ❘  35 ❘


Poisson blanc : l’Islande, un fournisseur privilégié
L es importations boulonnaises de cabil-
laud et autres poissons blancs se par-
tagent entre frais et congelés. Selon
FranceAgriMer, le marché du cabillaud
s’oriente de plus en plus vers le frais et l’Is-
lande reste son principal exportateur.
La société de négoce Novo Food, prési-
dée depuis 2006 par l’Islandais Gudmundur
Stefansson fait partie d’un ensemble de
trois entreprises dont Nordvik, prépara-
teur de commandes et l’usine Boulogne
Seafood rachetée il y a deux ans et qui
compte aujourd’hui près de 50  sala-
riés. Pour approvisionner son usine,
Novo Food importe, chaque année, plus
de 3  000  tonnes de produits, principale-
ment d’Islande. « Nous travaillons surtout
le poisson frais transformé, notamment
des dos, des filets ou des queues de cabil-
laud mais aussi d’autres espèces  : l’égle-
fin et la sébaste  », souligne Gudmundur
Stefansson. Toute la gamme de produits
est ensuite vendue en France (à 90 %) aux
Un pont avec la Norvège, royaume du saumon
L e saumon reste le premier poisson
importé à Boulogne-sur-Mer par les
mareyeurs, les entreprises de négoce
et les transformateurs. Tous ces acteurs
de la filière halieutique travaillent ce pro-
duit, sollicité par le marché français. Alors
que les deux grandes origines restent la
Norvège et l’Écosse, certaines entreprises
se tournent aussi vers les producteurs du
Chili ou d’Alaska.
Parmi les spécialistes du saumon fumé
dans le Boulonnais, on trouve la société
Marcel Baey. Dirigée par le groupe polo-
nais Suempol, elle conserve son ancrage
régional tout en important ses produits
de Norvège (jusqu’à 80  % de la tota-
lité) et d’Écosse (près de 300  tonnes par
an). L’entreprise s’approvisionne en sau-
mon entier mais aussi en filets prè-rigor
(300 tonnes par an), filetés avant leur rai-
deur cadavérique pour garantir une chair
d’exception.
Ce poisson à la chair rose est aussi le
produit phare d’un spécialiste du négoce,
Marine SA. Il y représente plus de la moitié
❘  36 ❘ PRODUITS DE LA MER N°202 AOÛT-SEPTEMBRE 2020
Actu ❘ FOCUS HAUTS-DE-FRANCE
grandes surfaces et aux grossistes. De son
côté, Nordvik fait venir à Boulogne plus de
12  000  tonnes du poisson blanc. Depuis
quelques années, le saumon complète l’as-
sortiment. « On le fait venir également de
l’Islande où notre partenaire possède une
ferme d’élevage. »
Une autre grande entreprise boulonnaise
s’approvisionne en Islande. VSV France fait
partie d’un groupe islandais qui possède
huit bateaux et deux usines au sud-ouest
du pays. À Boulogne-sur-Mer, la société
s’occupe de la commercialisation des pro-
duits frais, pêchés par le groupe. Au total,
3 000 tonnes par an dont 10 % sont trans-
formées par l’atelier MJ Marée. Le reste est
travaillé par d’autres acteurs boulonnais.
Parmi les espèces principales : la dorade, la
sébaste, la julienne ou encore la lotte.
Ice Fresh Seafood France, basée à
Capécure, possède un modèle économique
similaire. La société appartient au groupe
islandais Samherji, l’une des plus grandes
des produits commercialisés par an (environ
20 000 tonnes). La société travaille unique-
ment du saumon frais. Elle l’importe princi-
palement de Norvège mais sa spécialité reste
le saumon écossais avec son prestigieux
Label rouge. « C’est un produit sur lequel on
travaille depuis 30 ans et dont la demande
a explosé il y a quelques années », précise
La société Marcel Baey à Boulogne (groupe polonais Suempol)
importe jusqu’à 80 % de ses produits de Norvège.
L.F.
Du sébaste d’Islande chez Coboma.
90  %
du poisson blanc
entreprises de pêche en Islande. Elle peut
donc assurer les apports notamment de
consommé au sein cabillaud transformé par les usines du
de l’Union européenne groupe, qu’elle revend ensuite aux acteurs
est importé. boulonnais. n
N°1
Le saumon est le
premier poisson importé
à Boulogne-sur-Mer.
Arnaud Deleforge, directeur général. Ses
principaux fournisseurs sont The Scottish
Sea Farms et Mowi (ex Marine Harvest). Ce
dernier fait venir son poisson de Norvège
mais aussi d’Irlande (d’élevage convention-
nel et biologique) et des îles Féroé.
Sur le marché, on retrouve également
des produits congelés. Direct Océan, pre-
mier importateur de saumon surgelé,
achète chaque année 13  000  tonnes de
poisson dont 80 % de saumon. « Un tiers
vient du Chili, un tiers des pays du Nord et
un tiers d’Alaska et de Chine », énumère
Sébastien Roussel, directeur général.
Au vu du potentiel de cette espèce, cer-
taines entreprises envisagent la création de
leur propre ferme d’élevage. Comme Pure
Salmon avec un projet de 175 millions d’eu-
ros, annoncé le 20 janvier. Pourrait-il révo-
lutionner le marché ? La filière reste scep-
tique. « Les volumes annoncés seront trop
petits par rapport aux besoins du marché.
D.M.
La production locale ne pourra pas concur-
rencer avec les grands producteurs  »,
constate Arnaud Deleforge. n
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