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Royère
LA PHALANGE
FRANCE - ITALIE - ESPAGNE
SOMMAIRE et TABLE
FRANCISCO FRANCO .... Discours 1
LA PHALANGE
Rerua Mensuelle
paraissant le 15 de chaque mail
\JEAN ROYÈRE
~
DïRECTECRS | ARMAND G0D0Y
Direction et Administration : 35, rue Franklin — Tél. Passy si-u
ABONNEMENT ANNUEL
France 45 fr. Étranger 55 fr.
CENTRE NATIONAL DE PRET
teiejono : ca-iao
Discours
Espagnols! Il y a un an que, près des vieilles pierres de
Salamanque, siège guerrier de mon Quartier^Général, je vous
adressais la parole à l'occasion du décret d'unification qui
fondait en une unité politique nationale les valeurs, jus-
qu'alors dissociées, de notre Mouvement.
Aujourd'hui, je viens à nouveau me mettre en contact
public avec vous, de ces terres d'Aragon qui sont la colonne
fondamentale de la Foi et de la Patrie.
Le peuple, avec la finesse de son instinct, a accueilli avec
de9 applaudissements cette mesure, comprenant ce qu'elle si-
gnifiait pour l'Espagne, qui était de conférer l'unité à ce qui
causait, chez tant d'Espagnols, une inquiétude substantielle,
dont les dérivations eussent, si on ne les eût guidées, pu se
perdre en ces dispersions individualistes auxquelles notre ca-
ractère n'est que trop porté.
LE TRAVAIL DE L'ARRIÈRE
Pour entreprendre cette tâche immense, qui, tous, nous
rendra dignes de l'effort de ceux qui sont tombés, les plus
précieux instruments seront le travail, le talent, le sacrifice et
la vertu. Ce n'est pas dans la frivolité et le luxe que se sont
forgées la grandeur et l'unité de l'Espagne. La vie commode,
dissipée, vide d'antan n'est plus, désormais, possible. Il n'y
aura plus de place dans notre Espagne à la médisance et au
dépit de ces coteries misérables qui, dans les cercles et les grou-
pes, présidèrent au processus de notre décadence, en s'adon-
nant, grâce à l'étroitesse de leur horizon intellectuel et à l'exi-
guité de leur responsabilité, à la besogne démolisseuse et anti-
patriotique qui consistait à ternir l'honneur d'autrui et à miner
le prestige des personnalités et des institutions publiques.
J'ai, sur les épaules, le faix d'être responsable de l'avenir
de l'Espagne. Si, par le coup de victoires répétées, j'arrache
cet avenir aux mains des rouges, que personne ne pense que
je tolérerai que ces vices anciens puissent faire dévier l'avenir
de mon pays de la route tracée. Je compte, pour y aboutir, que
jusqu'aux moins doués d'intelligence comprendront aisément
que, pour réduire à la raison ces groupements de qualité na-
tionale et humaine inférieure, il me suffira d'un revers de la
LA PHALANGE
UNITÉ DE L'ESPAGNE
Dans la plus complexe des épreuves de son Histoire, l'Es-
pagne a démontré qu'étaient inépuisables ses réserves spirituel-
les et matérielles. Rien ni personne n'a pu arrêter l'Espagne
unie dans sa marche sûre vers la reconquête de son être et de
son destin.
C'est la raison pour laquelle ses ennemis séculaires ne fai-
bliront pas dans leur plan d'en détruire l'unité, comme ils l'ont
tenté après même qu'eut été promulgué le décret d'unification,
spéculant tantôt avec le nom glorieux de José-Antonio, fon-
dateur et martyr de Falange Espanola, d'autres fois rallu-
10 LA PHALANGE
RÉVOLUTION NATIONALE
Francisco FRANCO.
14 LÀ PHALANGE
Hommage
à Ângîolo SÎIVÎQ Novaro
En réimprimant, dans son numéro du 15 avril dernier, un
ancien article où était révélée au public de langue française
l'oeuvre poétique du chef des poètes néo-catholiques d'Italie, La
PJialange entendait en commémorer la mort de la seule façon
vraiment digne pour un poète, qui consiste à en exalter l'oeuvre.
Cette fois, nous avons la bonne fortune de présenter à ces mêmes
lecteurs un pathétique et touchant hommage au défunt, spécia-
lement écrit pour eux, un mois après la mort de Novaro, par un
de ses plus distingués collègues à YAccademia d'Italia, M. Lucio
d'Ambra. (Noie de la Rédaction.)
AU TRIGESIME DE LA MORT
D'ANGIOLO SILVIO NOVARO
sent une éternelle vie dans ces pages où, sous l'encre, 011 voit le
sang qui transparaît, où, dans chaque mot, on sent l'âme qui
frémit, comme si chaque instant fugitif ressuscitait, en passant,
la paternelle tragédie.
Il avait, avant qu'il chantât soii fils, été le poète de la bonté,
frère des humbles, ami des jardins, dîs infinités marines sous les
étoiles, des solitudes pleines de mystères. Dès ses premiers livres
de jeunesse, La Rovina, Il Libro délia Pieté, L'Angelo risvegliato,
son accent propre, sa voix personnelle, une façon à lui d'entou-
rer d'un halo de lyrisme les choses les plus simples dans cette
sobriété des mots dont 'je parlais tout à l'heure, où il n'excellait
pas moins à extraire comme miraculeusement de chaque vocable
jusqu'à ses dernières possibilités .lumineuses et musicales. Ecri-
vain en prose, ce fut encore un poète. Et, en vérité, il ne fut que
cela : un poète qui regardait le monde avec une stupeur d'émer-
veillement, ià la façon d'un ,lieu de douloureux passage, où, pour
aider à masquer la mélancolie de'notre éphémère séjour, la Na-
ture nous offre sa beauté, les Arts, leur enchantement, les tout pe-
tits, leurs grâces tendres, le rêve, ses fables et sa fantaisie. Tout,
de par la magie de sa plume, s'avéra capable des ensorcelle-
ments verbaux les plus délicats. Les transfigurations spirituelles,
Jes jeux de l'imagination, l'irréalisme des mythes les plus char-
mants, le monde des apologues, la souriante ingénuité des enfants,
voilà quel était son domaine.
Aussi a-t-il donné aux enfants des récits et des fables, des
chants et des musiques, qui vont des nouvelles de sa Bottega dello
Siregone aux rimes de son délicieux et parfumé Cestello. Car ce
noble poète, un peu hors du monde, vivant à l'écart des luttes et
rivalités d'intérêt et d'ambition dans sa grande solitude toute
remplie de ce que l'homme aurait dû être et non pas de ce qu'il
est, ce noble poète, dis-je, aima surtout à parler aux enfants. De
son Jacopo tombé à 20 ans, il avait surtout joui avec intensité
de la première enfance, car, déjà, sa belle adolescence hardie
était comme un présage de séparation, sinon dans la mort, du
.moins dans la distance... Et, dans chacun de ses chants pour en-
fants, le poète croyait retrouver son Jacopo enfant. Et partout
où passait sur ses pages la pensée de son Jacopo, Angiojo Silvio
Novaro atteignait la haute poésie, s'éployait, père et poète, à tra-
vers l'infini.
*
**
L'Italie pleurait, il y a un mois, un des plus délicats, des plus
« cellinesques » ciseleurs du verbe poétique de sa poésie natio-
I*A PHALANGE J.S
PREMIERE INSCRIPTION
Non! dans la nu.it des Rois! Non! dans l'aube des Musesf
Pour avoir dit guet dieu s'éveillait de vos flancs,
Glaciers du Saint-Bernard, étoiles des Abruzzes,
Il est encor vainqueur, le Commandeur gisant.
Il est encor debout sur l'espace des âges,
Celui qui, dépeuplant la fureur des nuages,
Rêvait d'y transpercer le Cygne du Printemps.
Il est dans le soleil, le blanc Poliorcète
Qui portait le Lys d'or de la Nativité,
Il est victorieux, le Chasseur de Comètes,
Hérissé des brandons de l'Immortalité!
Jusqu'aux astres volants de son ardent Calvaire,
Belle âme, âme fatale, Icare persévère
Tant, que le chant des morts détruit l'Adversité!
Egal à Bételgeuse où la Mort flambe et gronde,
Sur le plus haut sommet du virginal Ether,
L'Aigle, borgne et muet, s'est posé face au monde
Pour défier ici la Reine des Enfers,
Mais pour nous revenir, un jour, à pleines voiles,
Suivi par les terreurs d'un bataillon d'étoiles
Et ruisselant du sang des espaces déserts!
Vous donc, Alérions qui veillez sous la terre
Dardant contre le ciel vos poignards froids et nus,
Arditi, bataillons chevelus de lumière,
Pour le grand Commandeur parmi vous revenu,
Déroulez les drapeaux qui pansaient nos blessures !
Je vous le dis : « 0 Morts , par cette sépulture,
Votre labeur commence, il ne finira plus. »
III
Il est redescendu, l'Oiseleur des Victoires,
Dans le camp des lauriers où vous ne dormez pas.
Il est venu vous rendre, ô Guerriers, le Ciboire,
Son Coeur qu'il a rempli du vin de vos combats!
Par vous lui devient doux le soleil funéraire,
Plus douce que pour vous la seconde lumière
Où tu vas les serrer dans tes immenses bras,
24 LA PHALANGE
DEUXIÈME INSCRIPTION
IV
TROISIEME INSCRIPTION
Héros, toi qui, foulant les pampres de la Vie,
Sur le corps de la Terre aura dansé l'Amour,
Toi, l'Ephèbe attendu» toi, le Preneur de tours,
Dont l'exemple sera le coeur de la Patrie,
Ecoute ici la Lyre et reconnais le jour
Qui te délivrera des chaînes du Génie.
Tout passe, mais dans l'ombre une étoile bénie
Pare ton front naissant de l'immortel Retour!
D'âge en âge César trucide la Chimère
Et fait d'un sang maudit reverdir son laurier.
Les Rois l'ont désiré sous le poids de la pierre!
Mais toi, divin Esprit, sans peur et sans pitié,
foi seul fais sourdre aux cris des cordes unanimes,
Dont tu vas relever murailles et piliers,
Les larmes du Remords dans les yeux des Victimes!
V
Le voici donc plus froid que le fer de tes armes,
César! et devant Toi, couché dans le Futur,
Le Nonce des Martyrs, le Chevalier des Carmes,
Le Héraut de ton Nom, l'Ami sublime et dur!
— César! — Il est entré dans le Mépris du Monde,
Te léguant l'Air, la Terre et les portes de l'Onde
Pour mieux dormir la nuit au-delà de l'azur!
Or nous qui par nos voix, à force de leur force,
Faisons naître du ciel les Lois et les Cités,
Et de l'Arbre sacré s'ouvrir la rouge écorce
Pour l'âme délivrer de l'Immortalité,
Nous qui, dans les clairons, débondant la furie
Des Héros couronnés, rendons à leur génie
Les rostres de la Gloire et l'amère Beauté;
32 LA PHALANGE
VI
Non plus! les mots sont vains qui maudissent et frappent]
Non plus! L'Eternité glace le Créateur!
Non pins! Le Temps dévore, et le cep, et les grappes
Du vin noir dont la Mort va regonfler son coeur!
Mais la Mort ine triomphe en ce fier Mausolée,
L'âme de son Vainqueur ne s'est pas envolée :
Elle veille, elle attend son humain Rédempteur.
Si tu n'as rien à perdre, ô César, que la Gloire,
Devant ce noir Tombeau reconnais-toi, César l
Ecoute et souviens-toi! Prends garde à la Victoire!
Au feu qui vient ronger le mât des Etendards!
J'entends gronder dans l'aube un Pégase barbare
Qui boit le sang des dieux et, forçant le Ténare,
Piaffe d'emporter Rome au fracas de son char.
Le Vatican se tait devant cette Ombre ardente
Et le Pasteur de Pierre est plus mort que Jésus :
Le silence n'est grand qu'au sépulcre de Dante,
Le silence n'est pur que devant Marcellus,
César! Devant la Tombe où dorment enfermées
L'âme de l'Occident et la voix des Armées,
Je parlerais encor si je ne vivais plus !
Car bienheureux celui qui dépasse l'exemple
Et, pour sauver son Peuple, enchaîne la Raison!
Qui bâtit l'Arsenal sur les débris du Temple
Et de son Verbe amer fait surgir les canons!
Heureux l'Elu des Rois et l'Aède insensible
Qui, debout sur sa mort, fait de son coeur la cible
Des lances de Minerve et des traits d'Apollon!
Tel ici, reposant au seuil des javelines,
Comme Saint-Sébastien, le Commandeur volant
Aux flèches de l'Oubli découvre sa poitrine :
Le manteau de César rougit son monument,
Les tisons du Martyre attisent donc sa joie
Où, s'abreuvant des pleurs du Cygne de Savoie,
Lamente au fond du ciel l'Aigle de Coriolan.
34 LA PHALANGE
QUATRIÈME INSCRIPTION
VII
Dors! Tu nous as conduits jusqu'aux Portes fameuses,
Maître d'Armes qui sus attendre le Tombeau
Pour nous lancer le gant de ta fureur nombreuse!
Dors! Nous allons veiller ton immortel flambeau
Et le nourrir toujours d'une substance telle
Qu'il sera le signal des seules citadelles
Et des murs où viendra supplier le Troupeau!
Redescends dans le sein de la Reine des Mondes :
Sur le tombeau mal clos de ta Félicité
Va reflamber d'un feu plus puissant que les ondes
Le brasier de ton Etre, ô Titan de l'Eté!
Et demain, hors du sol jusqu'au sein des planètes,
L'Oiseau de Taormine élèvera la tête
Et te recouvrira de ses flancs irrités!
Dors du sommeil léger des Rois et des Athlètes!
Tu vas, pour triompher de la Mort, tout armé
Renaître comme un dieu de ta brusque défaite
Dors! Le monde est sur toi qui vins le renflammer
Comme un bûcher d'encens amassé par Hercule!
Dors! La Sibylle écoute et sur le Janicule
Un grand Cheval d'airain hume l'air parfumé!
Reconnais-moi : Je viens t'offrir ma conscience.
Je suis le Nouveau Chant et-le prodigue Archer
Empenné de ses Droits! Je suis le Porte-Lance
Des Laudes! Et je viens, debout sur ton Rocher,
Renommer pour ta mort les Vierges Impériales!
Je suis le Messager de la Muse Navale!
Reconnais-moi dans l'ombre où tu vas me chercher!
36 LA PHALANGE
Pierre PASCAJL.
LA PHALANGE 37
Une Gloire :
Valéry Larbaud
C'est en 1908 que je fis la connaissance de Valéry Lar-
baud. Je dirigeais, depuis deux ans, La Phalange que
j'avais fondée le 15 juillet 1906.
Dans le numéro du 15 août de l'année 1908, je fis paraître
Portrait d'Eliane à quatorze ans. La lecture du manuscrit,
un magnifique texte dactylographié, ce qui était, à cette
époque, un luxe, déposé chez moi par l'auteur, m'avait en-
thousiasmé et je ne le cachai pas à l'intéressé. Larbaud
était alors complètement inconnu et je me souviens du
coup au coeur que me donna cette lecture. Nous nous liâmes
d'une amitié que les années n'ont fait que resserrer. Les
amitiés littéraires sont les plus solides de toutes. Ah! la
douce chose! Larbaud devint un collaborateur attitré de la
revue à couverture orange. Or la même année parut, chez
Messein, Poèmes par un riche amateur, sans nom d'auteur.
C'était les poésies d'A. O. Barnabooth, dont le livre qui
porte ce nom comme titre devait, cinq ans après, rendre
Larbaud célèbre.
Il est rare que le sceau de la personnalité soit profon-
dément imprimé dans l'oeuvre d'un homme jeune. C'est
pourtant ce qui advint pour Larbaud. Dans les longues
nouvelles qu'il publiait à La Phalange \: Le Couperet... La
Grande Epoque et qu'il recueillit dans Enfantines, l'origina-
lité, la puissance étaient des qualités parlantes. La brillante
collaboration de La Phalange formait alors un public de
choix pour les débutants. Le talent de Larbaud fit l'unani-
mité parmi nous et peu de mois lui suffirent pour se tailler
une grande part dans notre peau de lion. Il y avait à La
Phalange un gros synchronisme et dans la ruche plusieurs
essaims. Des tendances divergentes ne nuisaient pas à la
revue, mais elles en affirmaient la vitalité. Tous étaient éga-
lement fervents s'ils étaient diversement passionnés. Or
Larbaud réunit les suffrages de jeunes aussi différents
qu'Apollinaire et Jules Romains, d'aînés aussi dissem-
38 LA PHALANGE
VALERY LARBAUD
AUX COULEURS
HE EÛME
UN VOLUME IN-16 DOUBLE COURONNE 2f fis
20 exemplaires numérotés sur pur fil 62 fr-
50 exemplaires numérotés sur alfa supérieur 42 fr*
Jean RoYÈRE.
44 LA PHALANGE
Dentée
A Jean Royère.
J'ai reçu ce matin Denise et c'est jour de fête chez moi,
comme fut jour de fête celui où Denise en personne fran-
chit avec TOUS mon seuil et vint régner, souveraine de droit
enfantin et divin, sur l'ombre lumineuse que répand dans
ma chambre le beau vitrail vert et bleu de mes étés pari-
siens.
Le cérémonial de la réception fut le même dans les deux
circonstances : une élévation. J'avais soulevé l'Enfant De-
nise pour l'installer debout sur un fauteuil, position émi-
nente d'où elle pouvait contempler son royaume et ses su-
jets : le monde enchanté des jouets et les personnages d'An-
dersen sur les étagères; et ce matin j'ai soulevé jusqu'au-
plus généreux rayon du soleil sur la Montagne Sainte-Gene-
viève le livre Denise, votre Art d'être Grand-Père, pour
mieux distinguer, sur l'épaisseur ivoirine du Japon, la pro-
cession des Strophes, et le commentaire pictural dont Jean-
Paul Dubray les a ornées, et les noms des Vôtres, et le mien
deux fois répété, en tête de vos poèmes, et la dédicace ma-
nuscrite où .vous avez résumé, le jour de vos soixante ans,
nos vingt-quatre années d'amitié.
En vérité il m'est bien agréable, mon cher ami, de pla-
cer ce volume dans ma bibliothèque à la suite de vos Eu-
rythmies, de Soeur de Narcisse nue, de Par la Lumière
peints..., de Quiétude, du recueil de 1924 de vos Poésies, et
de O Quêteuse, voici!..., et d'ajouter les joyaux dont vous
venez de parer votre Denise à ce trésor lyrique où, avant
même de vous connaître, j'avais puisé quelques-unes des
strophes du répertoire dont ma jeunesse embellissait ses
heures de solitude recherchée. Vous savez combien fidèle
a été cette admiration que vous ne deviez connaître que
Les Colombes
à Madeleine Renaudin.
René de ÔBALDIA.
Chanson inaugurale
Pour le premier jour de mon filleul, Elie.
Quels berceaux de quels enfants tristes
Dans leurs berceaux de nouveau-nés
L'onde vient-elle en rondes chastes,
En filigranes surannés,
Incanter d'une façon triste,
Nouvelle, triste, pure et vaste?
48 LA PHALANGE
Indéfinissable, infini.
Quel hôpital, hostau propret
Et propre à naître où je suis né,
Quel hôpital m'apporterait
Un peu de soleil amené
.
Par le bout d'or de son grand nez
Qui frotte au beurre les corolles?
Dans le Brouillard
Raymonde releva le coj de son manteau qui moulait son beau
corps souple aux courbes harmonieuses, enroula sa fourrure au-
tour du cou et la remonta jusqu'au bout de son nez, enfouit ses
mains dans son manchon, et en avant!-tête baissée, à travers le
brouillard.
H était si dense, si opaque, qu'on aurait pu le couper au cou-
teau. Il vous pénétrait dans la bouche et les narines, vous coupait
la respiration, donnait une sensation d'asphyxie. Rues et mai-
sons disparaissaient, dissoutes dans la masse impalpable des va-
peurs. Atmosphère de songe, mais de songe sinistre, pjein de
guets-apens.
Il fallait se frayer son chemin, tel le nageur dans l'eau, en
repoussant la puissance d'un élément. Les voitures, très rares,
avançaient doucement, au pas, ombres vagues et informes, dans
la grisaille, au bruit des grelots des chevaux. Tel un suaire épais
et doux, le brouillard bouchait toute fissure, amortissait toute
rumeur, estompait tous les visages. Et c'était de cela surtout
que se réjouissait Raymonde. Elle marchait tranquillement, con-
LA PHALANGE 51
Ada NEGRI.
(Traduction de Jeanne Tisseau.)
LA PHALANGE 55
pas fait plaisir a paru précisément dans le journal qui est l'or-
gane de ce gouvernement d'ordre et de saine administration
dont je viens de faire l'éloge. Il semblerait en vérité que lors-
qu'on dit, d'un côté, démocratie et de l'autre, fascisme, on ait
tout dit et tout résolu.
Nous sommes ici assoiffés de liberté individuelle et nous
n'avons pas tort puisque c'est là un luxe à la portée de nos
moyens.
Que le redressement lendu nécessaire par les saturnales des
foules italiennes dévoyées et démoralisées ne se soit pas opéré
sans léser certains intérêts particuliers, de nature idéologique ou
autre, 'je suis le premier à l'admettre; qu'une certaine liberté in-
dividuelle ait dû être, pour le salut de toute une nation, mise
en veilleuse, je suis le dernier à le contester.
Dans notre pays vaudois, Dieu merci ! nous n'avons pas connu
le fatal dilemme : Périr ou nous résoudre à limiter, fût-ce par
la force, cette liberté individuelle qui nous est si chère. Le fait
que l'ordre a toujours régné chez nous doit nous rendre fort
circonspects quand il s'agit d'offrir une tribune à des gens qui
condamnent avec suffisance et légèreté, sans être capables d'aller
au fond des choses, la médication héroïque que Benito Mussolini
s'est vu contraint d'appliquer au peuple italien en décomposition
morale et matérielle.
Le problème est toujours le même. Depuis trop longtemps nos
oreilles sont remplies des mêmes mots, qui autrefois avaient un
sens, qui aujourd'hui l'ont perdu — ces mots auxquels chacun
prétend attribuer une signification personnelle, au gré de son
ignorance ou de sa mystique.
Nous ne devons pas arriver à ce paradoxe. Nous aurions le
bonheur de vivre dans l'ordre, dans le respect. Nos dirigeants
auraient eu le mérite de conduire ce pays en pères de famille.
Nous n'aurions connu ni les angoisses ni les turpitudes dans
lesquelles d'autres pays se sont débattus par la grâce de la liberté
individuelle muée peu à peu en une criminelle et effrénée licence.
Et nous pourrions, par asservissement aux mots, nous laisser aller
à juger avec ironie, avec irrespect, l'effort titanique d'un grand
homme qui a su donner à son peuple égaré une conscience et
une foi?
Nous n'avons pas le droit d'agir avec une telle légèreté. Re-
mercions le Ciel de ce qu'il a épargné à nos rues certains spec-
tacles mais n'ayons pas la plus minime complaisance pour les
gens qui, après avoir acheminé une grande nation vers la catas-
LA PHALANGE 57
Docteur L. MONFRINI.
Pour l'Espagne,
unis dans la Guerre et dans la Mort
(Le fusil à l'épaule et la mante sur le dos, ils marchent
côte à côte dans la colonne. Le Requête est barbu et fort.
Le Phalangite est presque un enfant. Ils gravissent le sen-
tier vers la montagne sur le sommet de laquelle s'ouvrent à
tout moment des gerbes de mitraille. Cela sent la poudre
et la Patrie.)
Le Requête : D'où es-tu?
60 LA PHALANGE
Jacinto MlQUELARENA.
Camille PlTOLLET.
(1) Ugo Betti : Uomo e Donna, Milano, _Mondadori, 1937, 110 p;,
10 lires.
(2) Elles ont vu le jour dans la Revue : Pegaso, en octobre 1932.
C'est, d'ailleurs, cet article qui a consacré la jeune gloire d'Ugo Betti.
70 IA PHALANGE
qui allumez vos cigares, dans les clubs chics, avec des billets
de mille!
Le cercle s'affole de couples; il est trop dense; il se dé-
double. Maintenant deux roues de feu tournent autour de
l'infatigable orchestre. Les danseuses en nombre insuffi-
sant, des disputes éclatent entre les danseurs. Des ivrognes
manquent de respect à l'idole vivante qui porte la torche :
celle-ci éteint les bougies, ce qui est la plus grande offense
qu'une femme puisse faire à son partenaire, car cela veut
dire qu'elle se refuse à danser avec lui et même qu'il ne sait
pas danser. On vide l'insolent disqualifié, et tout rentre
dans l'ordre.
Tarati taratata taratati tataratoum...
Lorenzo L.ANZA.
LA PHALANGE 79
6
82 LA PHALANGE
Camille PlTOLLET.
LA PHALANGE S'è
Sur un Exemplaire
des Fleurs du Mal
Pour Ghristiane.
La Seine se bleuit de fugaces muances,
II fait froid. Sur les quais, si terne l'âme sourd
Qu'il me faudrait des mots vieillis, poussiéreux pour
Dire cette tristesse aux lambeaux de silence.
Luîgi Cérbeltini
C'est un lieu commun devenu à force d'être répété bien
agaçant que de dire ou d'écrire que la séduction innée de cer-
taines oeuvres d'art doit nous induire en méfiance. On nous as-
sure, on tente de nous faire admettre que cette séduction cache
un germe de corruption redoutable qui a pour nom _: facilité.
Je m'inscris en faux contre une telle assertion née au coeur des
jaloux et des impuissants. Si facilité il y a, elle prouve au con-
traire que l'artiste, dont elle est l'hôtesse secrète et jalousée, est
84 LA PHALANGE
Franco
A M. Armand Godoy, Insigne Poeta cris-
tào e latino.
Em Mussolini a Itâlia tem uni homem
que soube redimi-la, engrandece-la;
espirîto louçâo de gentil-homem
da Pâtria fez uma fulgente estrêla.
P®ème§
FEMME
À Armand Godo5r.
Tu es le jour, tu es la nuit; tu es le rêve, tu es l'oubli,
le temps qui passe, l'instant qui dure, l'azur, l'espace et
l'aventure. Tu es parfum, tu es couleur, ange et démon,
esprit vainqueur, âme d'airain et coeur de boue, coeur de
rubis, figure de proue.
Tu es la terre, tu es la mer, l'air et le feu, le ciel, l'enfer;
tu es la montagne et la plaine, le sphinx et la sirène, le
refrain de la cantilène.
Tu es la pomme et le serpent, la mare et la fontaine, la
prière et le chant obscène, Thérèse et Magdeleine, froide
vipère et Souveraine.
Tu es le Bi&n et son contraire, l'amour fidèle et l'adul-
tère, la franchise et l'hypocrisie, le courage et la félonie, la
loyauté, la perfidie.
Tu es la foi, le faux serment, l'honneur et l'infamie, le
drame et la comédie, la misère infinie, l'éternel tourment, la
calomnie, le néant et la vie, le vice et la vertu :
MAIS QUI ES-TU?
VILLAGE
A Charles-André Grouas.
Dans ce village il y avait, il y avait des murs sans mor-
tier, de la mousse sur les murs, des fleurs de rêve, des pans
d'azur; des pans d'azur pleins de pommiers et, dans les ceri-
saies, des corbeaux pompeux qui posaient pour Pompon.
Dans ce village il y avait, il y avait des peupliers, des
haies peuplées de baies, des éléphants de paille soumis à
la marmaille, des gerbières aux bras verts et des maisons
sortant de l'ombre comme une algèbre sort du nombre.
Dans ce village il y avait, il y avait des cours sans
amours, des portes closes parées de roses, des jardins clairs
92 LA PHALANGE
aux plants divers et, sous les toits narquois, le vain paraphe
de fils et des agrafes du télégraphe.
Dans ce village il y avait, il y avait^ de l'avoine et du
lait frais, des greniers, des étables, des miches sur les
tables, des maies et des vins parfumés, du lard aux pla-
fonds, des puits profonds et dans la rue des attelages, dès
troupeaux et des étalages.
Dans ce village il y avait, il y avait des vergers fous, des
vierges sages, des hommes doux, des coeurs volages, des cris
aigus et du tapage, des querelles et des héritages, des nais-
sances et des mariages, des enfants innocents qui, en se
baissant, montraient leur visage à tous les passants.
Dans ce village il y avait, il y avait des tonnelles et des
bosquets un clocher-bilboquet, des poules et des canards,
des tilleuls en boules, des garçons gaillards, des filles
nubiles, si bien qu'aux jours de liesse et d'allégresse, les
garçons coquets jouaient sous les charmilles : aux quilles,
au bilboquet avec les filles.
VOEU
NAISSANCE DU POEME
Le roi de l'univers :
Du Corps et de l'Ame asservie
S'épanouit LA VIE.
D10NEE .
André DEVAUX.
L*lh Verte
Pour Stuart Merrill.
Le vent vibrait, très lent et doux, aux chanterelles
Des cordages rpidis et les hunes craquaient
Rgihmiquement. Puis tout mollissait: longues, frêles,
Les drisses, lâchement pendantes, se choquaient...
LA PHALANGE 95
...
Et ,brusque, tout à coup, l'alizé nous jeta
Aux enchantements d'une minuscule baie
Où, le frais d'Est vaincu, la houle retombée,
Nous laissaient prisonniers d'une intime « huerta »,
D'un paradis perdu en l'anse dérobée, —
D'un Eden tropical aux feuillages grisants,
Aux fleurs comme de chair rose idéalisée.
(1) Depuis 1914, nous n'avions pas constaté dans le monde un be-
soin de poésie aussi fort, aussi tyrannique, frénétique, qu'aujourd'hui.
C'est un signe que la planète est malade. Ce poème, paru dans La Pha~
lange, puis recueilli en 1914 dans En suivant les goélands, date en réa-
lité du siècle dernier. C'est une des plus adorables réussites de Nau.
En suivant les goélands est épuisé depuis longtemps. Que les privilé-
giés qui le possèdent s'en enchantent! Qu'ils le relisent matin et-soirI
Nous reproduirons dans La Phalange d'autres de ces merveilles pour
embaumer vos âmes, chers lecteurs. L'Ile Verte sera l'oasis où nous
vous accompagnerons ainsi, pour oublier.
N. D. L. D.
Pour l'Italie .-
VINCENZO DE SIMONE, 4, Piazza Argcntina, à MILAN.
FRANCESCO SAPORl. 5, Via Icilio. A ROME.
Pour la Belgique :
CHARLES ANDRÉ GROUAS, 108, rue Rodenbach à
BRUXELLES.
Pour la Bulgarie :
NICOLAI OONTCHEV, 12, rue O'Mahong, à SOFIA.
Pour FAllemagne :
GUSTAVE ANCENYS. Lùtzowstr. 83, BERLIN (W. 35).\
Pour la Suisse :
PROFESSEUR E. SCHAUB-KOCH, 32, quai Gustave Ador, à
GENEVE.
Mademoiselle MARIA FOLLV. 9, avenue de la Dole, LAUSANNE.
Pour la Suède :
KARL G. OSSIANNILSSON, à LINGHEM.
Pour la Principauté de Monaco :
Mademoiselle SUZANNE MALARD, Villa Lamartine, 19, boule-
vard Princesse Gharlotte, à MONTE-CARLO.
Pour les Etats-Unis :
Madame JOSETTE LACOSTE. 137, West 27ihStreet, à NEW-YORK;
Madame MARIA LUISA S. DE FERRARA, Hôtel Ritz-Carlton,
Madison Avenue, à NEW-YORK.
Pour l'Equateur :
VICTOR M. RENDON. Aparlado G., à GUAYAQUIL.
Pour l'Afrique du Nord :
GUIDO MEDINA, à SOUSSE (Tunisie)
Pour le Liban :
CHARLES CORM, Place du Musée, BEYROUTH.
Pour la Roumanie :
SANDU TZIGARA-SAMURCAS. boulevard Col. M. Ghika, 4, à
BUCAREST.
Pour l'Indochine :
A. REBUFAT. rue Catinat, 63, à SAIGON.
Pour le Pérou ;
Dr CARLOS PAREJA PAZ SOLDAN. Pasaje Garcia Calderon 961
à LIMA.
Pour Cuba :
ANTONIO IRAIZOZ. Republica N" 2r Animas 22, Altos,
HABANA (Cuba).
JOSÉ SANCHEZ ARCILLA, Diario de la Marina, LA HAVANE.
Pour Vile Maurice :
ROBERT-EDWARD HART, Institut Port-Louis, ILE MAURICE.
(Voir la suite page 4 de couuerture.)
* LE COMMUNISME DÉPOUILLE
L'HOMME DE LA LIBERTÉ. »
Cardinal PACELLI.
Pour la Bretagne :
Madame MARIE-THÉRÈSE DAGOT. 6, Quai Richemond, Rennes..
Pour le Languedoc :
ARMAND PRAVIEL, 25, Rue Roquelaine à TOULOUSE.
Pour le Luxembourg :
JOSEPH LACAF. rue Corneille à DIEKIRCH (Luxembourg).
Pour le Portugal :
Madame MARIA DE CARMO PEIXÔTO. Calcada do Monte, 29, 3\
à LISBOÏ.NE.
Pour l'Espagne :
Dr ANGEL GONZALEZ PALENCIA, AlfonsoI,39, à SARAGOSSE.
JUAN HERNANDEZ SAMPELAYO. Villa Ichasondo, Avenida 1,
Beatrix à SAINT-SÉBASTIEN.
TRANCESCO AGUILAR Y PAZ, Jefe Provincial de Prensa y
Propaganda, Sanla-Cru: de Tenerife.