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L'anonymat des œuvres De Mme de La Fayette

Author(s): H. Ashton
Source: Revue d'Histoire littéraire de la France, 21e Année, No. 3/4 (1914), pp. 712-715
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40517304
Accessed: 10-05-2020 12:49 UTC

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MÉLANGES

L'ANONYMAT DES ŒUVRES DE Mœe DE LA FAYETTE

Au début de 1879, M. Domenico Perrero publia dans la Rassegna une


lettre inédite tirée des Archives d'État de Turin. Il attribuait cette lettre,
avec raison d'ailleurs, à Mmo de la Fayette. Voici ce que cette dernière
écrivait à son ami Lescheraine, secrétaire de la Duchesse de Savoie.

... Un petit livre qui a couru il y a quinze ans et ou il plut au public


de me donner part a fait qu'on men donne encore a la Pe de Gleves :
mais ie vous asseure que ie ny en ay aucune et que M. de la
Rochefoucauld a qui on la voulu donner aussi y en a aussi peu que
moy : il en fait tant de serments qu'il est impossible de ne pas le croire
sur tout pour une chose qui peut estre avouée sans honte. Pour moy ie
suis flattée que Ion me soupçonne et ie croy que iavourois le livre si
jestois assurée que lautheur ne vint jamais me le redemander. Je le
trouve tres agréable bien escrit sans estre extrêmement châtié piain de
choses d'une délicatesse admirable et quii faut mesme relire plus dune
fois et surtout ce que cy trouve cest une parfaite imitation du monde
de la court et de la manière dont on y vit il ny a rien de romanesque
et de grimpé aussi nest ce pas un Roman cest proprement des Mémoires
et cestoit a ce que Ion ma dit le tiltre du livre mais on la changé. Voila
Monsieur mon jugement sur Me de Gleves ie vous demande aussi le
vostre on est partagé sur ce livre a se manger les uns en condamnent
ce que les autres en admirent ainsi quoyque vous direz ne craignez
point destre seul de vostre party.

M. Perrero croyait à la lettre ce que disait la Comtesse ; mais les critiques


français étaient loin d'être aussi crédules. M. Félix Hémon, trouvant capri-
cieuse l'orthographe de ce billet et le style lourd, sans élégance, incorrect,
en contesta l'authenticité. Devant ces « preuves internes », disait-il, les
preuves externes ne valent rien. M. Perrero répondit à cette critique mala-
droite en publiant toute la collection des lettres à Lescheraine. Dans deux
autres articles M. Hémon changea de tactique, fit allusion à ces lettres
comme à des « documents d'une incontestable authenticité » et par un rai-
sonnement très serré et fort intéressant, chercha à prouver qu'il ne fallait
pas prendre à la lettre ce que disait Mme de La Fayette, mais qu'on ferait bien
de lui attribuer la Princesse de C lèves malgré ses dénégations. Voilà M. Hémon
rentré dans la bonne voie.

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L ANONYMAT DES OEUVRES DE Mme DE LA FAYETTE. 713

Nous avons eu dernièrement grâce à l'amabilité de Mme Charles Jagers-


chmidt et de Mlle Feuillet de Conches le privilège de voir toute une collec-
tion de lettres inédites de Mmo de La Fayette. Nous profitons de cette occa-
sion pour les remercier chaleureusement de l'accueil qu'elles nous ont fait
chez elles et de la confiance dont elles ont fait preuve à notre égard. En
parcourant cette correspondance nous avons remarqué quelques billets
écrits au moment de la publication de la Princesse de Montpensier qui vien-
nent à l'appui de la thèse de M. Hé mon» A cette époque, comme plus tard,
Mœe de La Fayette ne voulait pas, selon sa propre expression, qu'on la prenne
u pour un auteur de profession ». Il ne faudrait pas en conclure cependant
qu'elle ne s'intéressait pas à la publication de ses œuvres.

J'ai bien envie de vous voir, écrit-elle à Ménage, et bien envie de voir
mes œuvres sortant de la presse si vous voules venir demain céans a
une heure ie seray avec vous jusques a trois et demye ie vous donne le
bon soir.

Elle écrit ainsi un mercredi et le jeudi soir elle envoie un autre billet à ce
sujet :

Je croyais avoir de vos nouvelles et celles de la P. de M. vous auries


eu des miennes ce matin pour vous prier de venir voir cette après
dinee sans que mon beau Pere ma mandé quii y viendrait incontinent
après disner et jestois asseuree qu'il y viendroit tant d'autres gens le
reste du jour que jay creu que vous aimeriez autant ne point venir icy
que dy estre avec tant de gens vous quy n'aimes pas la foule ie voudrois
bien voir demain matin la première feuille si elle est tirée bon soir
envoyés samedy savoir ce que ie feray samedi demain ie sortiray.

Mais un jour on lui déroba une copie de ce petit livre et elle n'hésita pas
de charger Ménage de mentir pour empêcher ses amis d'attribuer la Prin-
cesse de Montpensier à son véritable auteur.

J'envoye scavoir de vos nouvelles, écrit-elle, ie vous prie de me


mander quelles sont bonnes et que vous nestes plus dans le chagrin ou
ie vous vis hier ie souhaitte de tout mon cœur que cela soit ainsi cet
honneste Ferrarois quy estoit à moy ma desrobé une copie de la Prin-
cesse de Montpensier et la donné a vint personnes elle court le monde
mais par bonheur ce nest pas sous mon nom ie vous conjure si vous en
entendes parler de faire bien comme si vous rie lavies jamais veue et
de nier quelle vienne de moy si par hasard on le disoit.

Et pourtant elle ne pouvait pas se priver du plaisir de faire cadeau de


son livre à ses amis intimes, même quand un d'entre eux était « auteur de
profession » - ou peut-être à cause de cela.

Vous estes si soigneux, écrit-elle à Ménage, et si exact en tout ce quy


me regarde qu'en vérité ie ne me puis consoler que vous douties de ma

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714 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.

recognoissance et de mon amitié ié ne fais jamais de reflection a cela


qu'avec un chagrin terible et il me semble que mon interest ny est pas
moins engagé que le vostre ie vous prie de demander au libraire jusques
a 30 exemplaires de nostre Princesses ie ne me soucie pas trop quils
soient si parfaitement bien reliés ien voudrois seulement une demye
dousaine quy le fussent fort et ie les voudrois de maroquin et dorés
sur tranche s'ils nen veulent pas tant donner comme cela ie men
contenteray de quatres ie vous en renvoyé deux afin que vous en
donnies à Mlle de Scudéry et Me Amelot et vous en prendres pr vous
de ceux quy seront bien reliés que vous garderés s'il vous plaît car ie
prétends que mes œuvres ayent place dans vostre bibliothèque.

Ayant vu, d'après ces billets, que Mme de La Fayette était coutumière du fait
« d'adapter la vérité » pour garder l'anonymat, nous avons continué nos
recherches dans l'espoir de surprendre quelque aveu au sujet de la Princesse
de Clèves.
Il n'y avait rien d'étonnant dans son attitude envers Lescheraine, car dans
une autre occasion elle lui avait reproché d'avoir « la langue trop longue »,
et lui écrire qu'elle était l'auteur de la Princesse de Clèves c'était la recon-
naître devant le monde entier. Le fidèle Ménage était plus discret et nous
n'étions pas surpris de retrouver le billet suivant écrit quelques années
avant la mort de la comtesse.

Vous pou ves parler dans vostre histoire de Sablé des deux petites
histoires dont vous me parlastes hier mais ie vous demande en grace de
ne nommer personne ny pour lune ny pour lautre ie ne croy pas que
les deux personnes que vous me nommés y ayent nulle part qu'un peu de
correction les personnes qui sont de vos amis n'advouent point y en
avoir mais a vous que n'advoueroit-elle point (sic) ie suis dans un estât
qui me conduit entieremt a songer a mon salut ie suis ravie de ce que
vous me mandés de vos dispositions cela fortifiera les miennes, etc.

S'agit-il, dans cette lettre de Mme de La Fayette de la Princesse de Montpen-


sier et de la Princesse de Clèves'i Nous en étions convaincu dans notre for
intérieur, mais ce n'est pas ainsi que l'on écrit l'histoire littéraire de nos
jours. Il fallait un document et c'est parmi les brouillons de lettres de la
main de Ménage que nous avons trouvé la clef de ce billet. La voici :

... il y a cinq ou six ans que ie fis imprimer un livre de généalogies


intitulé l'Histoire de Sablé. Ce livre doit être suivi d'un autre sur la
mesme matière dans lequel au sujet de votre Princesse de Montpensier
jay dit que c'estoit cette Princesse de Montpensier dont vous aviés
escrite l'histoire avec toute sorte d'élégance et d'agrément et que cette
histoire seroit incomparable si vous n'aviez point escrit celle de la
Duchesse de Clèves qui lui est comparable. Je vous demande première-
ment Madame si vous voulez bien qu'on disse que vous avez fait des
livres et je vous demande en segond lieu si vous avez fait cette Histoire
de la Duchesse de Clèves comme je l'ay dit et comme jen suis persuadé

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L'ANONYMAT DES OEUVRES DE Mme DE LA FAYETTE. 715

car quelques uns disent que c'est Mr de la Rochefoucauld qui Ta faite et


d'autres que c'est Mr de Segrais. Aiant l'honneur de vous connoistre
depuis que vous estes née et aiant eu l'honneur de vous voir aussi
longtems, aussi longtems et aussi particulièrement que jay fait il me
seroit honteux d'avoir été mal informé de cette particularité et d'en
avoir mal informé le public. Je vous supplie donc Madame de me faire
savoir la vérité de la chose, etc.

Nous avons donc enfin sous la main de Mme de La Fayette, et à une époque
où elle pensait à son salut et non plus à mystifier un secrétaire trop bavard,
l'assurance qu'elle a bien écrit la Princesse de Clèves et cela sans la collabo-
ration de Segrais ou de La Rochefoucauld.
H. Ashton.

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