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Comment s’immuniser contre

l’activisme actionnarial ?
Publié le 24 juillet 2020.
http://analysefinanciere.org/2020/07/24/activisme-actionnarial/

Le phénomène de l’activisme actionnarial a donné lieu à plusieurs


rapports ces derniers mois (Club des Juristes, Assemblée nationale,
AMF, Afep, Europlace, Droit et Croissance, Institut Sapiens, etc.).
Pour Jean-Florent Rérolle, CEO de VienGi, Senior Advisor d’Associés
en Finance et membre de la SFAF, la vraie tendance de fond est celle
du retour de l’actionnaire dans le jeu de la gouvernance.

La vraie tendance de fond, c’est celle du retour de l’actionnaire dans le


jeu de la gouvernance : un nombre croissant d’investisseurs
professionnels n’hésitent plus à s’exprimer et cherchent à influencer le
comportement des entreprises dans lesquelles ils investissent.
Promu par la réglementation européenne, favorisé par la montée de la
gestion passive qui empêche de désinvestir facilement, imposé par le
respect des promesses commerciales faites aux « Asset owners »,
l’engagement actionnarial à long terme est devenu une pratique
courante. La croissance de la finance responsable et, d’une manière plus
générale, de l’intégration des facteurs dits extra-financiers est venue
amplifier le phénomène et lui donner toujours plus de consistance.
Le phénomène n’est pas près de s’arrêter. Certes, il a un coût : il faut
mettre en place des équipes d’engagement dont la perspicacité dépend
de la séniorité de ses membres et dont l’efficacité sera liée aux processus
internes permettant de tirer parti de leurs observations dans les choix de
portefeuille. Mais ce coût peut être mutualisé par des engagements
collectifs ou bien en confiant cette tâche à des confrères désirant
rentabiliser leur structure (comme Federated Hermes) ou des acteurs
spécialisés (Sustainalytics).
Il peut aussi être rentabilisé par l’efficacité de l’engagement. L’exemple en
a été donné maintes fois par les activistes « professionnels ». Les études
montrent en effet que les Hedge funds qui se sont spécialisés dans
l’activisme ont obtenu des performances très supérieures à celles des
autres investisseurs. Cette perspective est d’autant plus alléchante que
les prévisions de rendement moyen des actions à long terme sont plutôt
moroses. Dans un registre moins actif, les fonds qui se sont spécialisés
dans l’ESG ont également connu des performances meilleures que le
marché.
En outre, l’argument qui consiste à accuser les activistes professionnels
d’être prêts à sacrifier les perspectives à long terme des entreprises pour
privilégier les mesures à court terme est de moins en moins convaincant.
Sur un échantillon de 1 000 opérations activistes, des chercheurs
américains réputés ont mis en évidence une augmentation de 7 % en
moyenne du cours sans renversement de tendance à long terme (1). Les
entreprises ciblées voient leur productivité augmenter par rapport à
celles qui n’ont pas été visées, sans augmentation du temps de travail ni
décroissance des salaires. Et si les dépenses de R&D chutent en
moyenne de 20 %, le nombre de brevets déposés augmente de 15 % et
les citations y faisant référence augmentent également de 15 %.
Autrefois plutôt timorés, les investisseurs institutionnels n’hésitent plus
désormais à voter les résolutions présentées par les activistes dans les
assemblées générales. Certains fonds adoptent des stratégies
d’escalade dont la logique est assez similaire à celle des fonds activistes
professionnels. Très critiqué, le prêt de titres est certes une abdication
regrettable de l’investisseur, mais il est aussi un soutien direct aux
initiatives des activistes. L’exemple récent de Wirecard montre que,
pourtant voués aux gémonies à l’inverse des investisseurs longs, les
« Short sellers » peuvent avoir une certaine utilité…
L’activisme et, plus généralement, le militantisme actionnarial vont
reprendre de la vigueur dans la passe économique difficile dans laquelle
nous nous engageons. La crise va mettre en lumière les entreprises qui
n’auront pas su créer de véritables avantages concurrentiels, bâtir des
modèles d’affaires résilients et allouer correctement leurs ressources
financières.
Elles doivent se préparer à cette éventualité face à des professionnels qui
ne laissent aucune part à l’improvisation. L’expérience enseigne que le
mépris, l’arrogance ou l’agressivité sont inadaptés, voire contre-
productifs, face à des investisseurs connaissant souvent mieux que le
management les dynamiques de création de valeur de l’entreprise.
Dès lors, comment se défendre contre les fonds activistes ?
L’idéal est bien sûr d’offrir aux actionnaires une rentabilité supérieure à
celle qu’ils escomptaient. À défaut, il convient de s’être sérieusement
préparé aux débats que les activistes ne manqueront pas de susciter sur
la capacité ou la volonté des dirigeants à saisir les opportunités de
création de valeur. Dans tous les cas, il s’agit de décrypter précisément
les attentes du marché financier, de s’assurer de la capacité de
l’entreprise à y répondre, de quantifier l’impact des différents scénarios
financiers et stratégiques sur sa valeur intrinsèque et de procéder à une
mise à jour régulière de ces travaux afin de pouvoir justifier à tout
moment que la stratégie suivie maximise la valeur actionnariale.
Le management doit avoir une véritable conviction sur la valeur de son
entreprise et, par un dialogue constant et signifiant, communiquer aux
investisseurs fondamentaux les éléments clés qui leur permettent de la
calculer. Son analyse doit être réaliste, approfondie et sans
complaisance.
Pour s’immuniser contre le risque d’une initiative actionnariale, il n’existe
pas de meilleur antidote que de créer de la valeur en adoptant la même
détermination et le même professionnalisme que les activistes.

Contact : analysefinanciere@sfaf.com

(1) Brav, Alon, Wei Jiang, and Hyunseob Kim. « The Real Effects of Hedge Fund Activism: Productivity, Asset

Allocation, and Labor Outcomes”.

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