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L’industrie
de la plasturgie
À chaud ou à froid,
un premier bilan
PRÉSENTS DANS DE NOMBREUX produits industriels, les plastiques recouvrent
une grande diversité de matériaux et leur fabrication une multitude de risques
professionnels. Outre les dangers liés aux produits chimiques, des risques
de nature variée font de la plasturgie un secteur particulièrement sensible.
A
vec 7 % des emplois sion, pour fabriquer un objet. sont parfois possibles. Sinon,
de l’industrie manu- Quant aux thermodurcissables, des mesures de protection col-
facturière en France, ils sont synthétisés par une lective voire individuelle doivent
la plasturgie repré- réaction chimique concomitante être mises en place », précise
sente un secteur à leur mise en forme dans des Cosmin Patrascu, expert en pré-
majeur, malgré une forte com- moules. La transformation de vention des risques associés
pétition internationale. Indus- ces derniers reste peu automa- aux polymères à l’INRS. Cette
tries automobiles, domaine tisée. Le procédé est utilisé dans situation se rencontre particu-
médical, mais aussi fabricants la production de pièces de séries lièrement dans la fabrication
d’équipements électriques et relativement réduites, comme le de thermodurcissables dont
électroniques, de matériaux de polyester insaturé pour la fabri- les procédés de moulages sont
construction, d’emballages… cation de piscines ou le nau- encore très manuels : l’expo-
Dans l’Hexagone, les utilisateurs tisme. sition des salariés à des subs-
de matières plastiques sont très
variés. Si l’on considère uni- Des risques chimiques
quement les entreprises pour très variés
lesquelles la transformation de Les polymères sont générale-
matières plastiques est l’activité ment considérés inertes à froid La prééminence
principale, plus de 115 000 sala- mais les additifs auxquels ils du risque chimique
riés sont concernés.
Les matières plastiques sont
peuvent être associés (anti UV,
retardateurs de feu, etc.) sont,
ne doit pas masquer
constituées de polymères et pour certains, potentiellement les autres risques.
d’additifs – solvants, stabilisants dangereux. C’est donc dès la
thermiques et UV, pigments, etc. fabrication des matières et le
Elles se répartissent principale- mélange de leurs composants
ment en deux catégories. D’un que l’exposition des salariés à tances dangereuses se retrouve
côté, les thermoplastiques, les des agents chimiques dange- à toutes les étapes, notamment
plus courants, qui sont défor- reux, dont certains sont cancé- en ce qui concerne les solvants.
mables et façonnables sous rogènes, mutagènes ou toxiques Concernant les thermoplas-
l’effet de la chaleur. De l’autre, pour la reproduction (CMR), peut tiques, c’est principalement
les thermodurcissables, synthé- apparaître. « Il est nécessaire de lors de la montée en tempéra-
tisés par une réaction chimique bien faire l’inventaire de tous les ture des produits, nécessaire à
lors de leur mise en forme. Les produits utilisés et des dangers la transformation des matières
thermoplastiques sont moulés, à associés. Des substitutions par plastiques, que les risques se
chaud et en général sous pres- des produits moins dangereux concentrent : des substances
dangereuses peuvent être et de processus industriels de REPÈRES « En savoir plus »). Par ailleurs,
émises sous forme de gaz. Il transformation des plastiques : lors de travaux de purge ou de
y a parfois des dégagements la nature et la quantité des pro- n 45 : c’est l’indice nettoyage des outils (buses,
d’aldéhydes dont le formal- duits dangereux émis, en géné- de fréquence des AT fourreaux, etc.), l’opérateur peut
déhyde, qui se trouve être un ral gazeux, sont très variables. dans les entreprises être exposé à ces substances
CMR. Ces substances peuvent L’INRS a donc développé un pro- de transformation gazeuses dangereuses.
être en majorité captées au sein tocole permettant de caractéri- des matières La prééminence du risque
des machines. Cependant, des ser les produits de dégradation plastiques. chimique dans la plasturgie ne
émanations résiduelles peuvent thermique pour aider les entre- n LA MOITIÉ des doit pas pour autant masquer
être relâchées dans les espaces prises à réaliser l’évaluation des accidents du travail les autres risques, également
de travail, notamment au niveau risques et à installer des moyens sont liés très présents, comme dans tout
des buses d’injection ou des de prévention efficaces, tels que à la manutention. secteur industriel. La prévention
têtes d’extrusion. « Mais il existe le captage à la source », précise Viennent ensuite du risque chimique ne constitue
une multitude de formulations Cosmin Patrascu (lire l’encadré les accidents d’ailleurs que l’un des quatre
du travail liés objectifs de la Convention natio-
aux machines nale d’objectif établie par la
et outillages à main, CnamTS avec la fédération de la
puis ceux causés plasturgie (lire l’encadré page
par les chutes. précédente « Les quatre enjeux
n 3 730 : c’est de la convention nationale
le nombre d’objectifs pour la plasturgie ») :
d’entreprises les TMS, les risques incendie-
de transformation explosion, le bruit généré par
des matières les machines de transformation
plastiques en France. des matières plastiques ou par
l’usinage, sont également des
Données 2013 et 2014,
CnamTS. risques importants dans ce sec-
teur.
Injecter la prévention
en phase de conception
L
orsqu’une usine démé- les matières premières dans les autres : la nécessité de mettre
nage après des dizaines presses à injecter, pilotées par aux normes et de conserver
d’années d’activité, elle des programmes et contrôlées l’ensemble des énergies (eau,
peut s’appuyer sur un par des salariés. Les produits électricité) et des systèmes
large retour d’expériences finis, sous forme de polymères d’aération, de récupération ou
pour optimiser sa nouvelle (polycarbonates, polyamides…), d’évacuation dont nous dispo-
implantation. Objectif : capita-
liser sur l’ensemble des ques-
tions ou remarques posées par
le fonctionnement de l’ancien De très nombreux points
établissement, corriger d’éven-
tuelles erreurs ou difficultés pas-
concernant la protection
sées et, bien sûr, mieux évaluer de la santé et de la sécurité
et prévenir les risques. « Notre des salariés ont été étudiés
ancienne installation, qui datait
de 1948, présentait de nombreux lors de la conception.
points de progrès en matière
de prévention des risques »,
explique Philippe Billet, direc-
teur de l’usine Massy-Plastique. pouvant contenir jusqu’à trois sons pour notre fonctionnement ;
Cette structure fabrique des types de plastiques différents mais aussi, une réflexion sur les
pièces plastiques par injection, (« tri-matières ») sont transportés moyens d’accès et de circula-
qui viennent ensuite équiper un en sortie des presses sur des tapis tion, le traitement des bruits, les
grand nombre de réalisations roulants. Les points de pollution risques liés aux manutentions
industrielles : compteurs d’eau ou les plus importants sont situés en manuelles ou aux chutes de hau-
d’énergie, systèmes de distribu- sortie des presses ou au niveau teur, les ambiances thermiques
tion ou de transmission, etc. (lire des buses d’injection, notamment et en particulier la chaleur
l’encadré « Faits & chiffres »). à l’occasion des phases de purge, dans l’atelier, à proximité des
La matière plastique que pro- puisque la matière sort à haute machines… » Dans l’ancien site,
duit Massy-Plastique est réali- température et à l’air libre. la Cramif avait effectué, avec le
sée à partir de monomères ou « Nous avions repéré des points concours de son laboratoire de
substrats souvent présents sous particulièrement contrain- toxicologie et de son centre de
forme de billes. Une centrale de gnants de l’activité, sur l’ancien mesures physiques, des mesures
distribution permet d’envoyer site, poursuit le directeur. Entre sur les polluants et le bruit.
cinq presses en moyenne, des les parties courbes) des pro- débits d’air entrant et sortant, qui
retardateurs d’interventions sont duits de la centrale de distribu- varient en fonction de la tempé-
en cours d’installation sur les tion aux presses… En tout, nous rature extérieure. » L’usine a fait
presses et les tapis pour créer des avons gagné entre 5 et 10 déci- appel à un laboratoire accrédité
stocks tampons. L’objectif étant bels sur l’ensemble de l’atelier », pour venir effectuer des mesures,
de limiter le chargement des indique le directeur. Les niveaux à la fin de l’année 2015, afin de
colis à une heure de production de bruits mesurés sur la nou- vérifier que les niveaux de pol-
de produits finis au maximum… velle installation atteignent en luants sont maîtrisés à proximité
Les chariots de manutention effet les 75 à 80 dB(A). « Pour les des postes de travail. « Il reste
manuels, fabriqués sur place, personnes qui restent exposées des émissions de polluants direc-
sont systématiquement tes- à des niveaux élevés (près de tement par les produits finis, qui
tés par les opérateurs avant 80 dB(A)), nous proposons des Si dans les nouveaux se situent au niveau des tapis de
leur mise en circulation géné- protecteurs individuels contre le locaux, les niveaux de sortie des presses. Nous envisa-
rale dans l’usine. « Le système bruit », ajoute Philippe Billet. bruit ont amplement geons aussi l’installation de dis-
de montage des chariots, très Lors de la phase de conception, baissé par rapport positifs d’aspiration localisée sur
à la précédente
simple 2, permet d’effectuer des l’usine s’est intéressée de près, installation, certaines ces points », note la responsable
évolutions souples, en lien direct avec l’aide de la Cramif, à la ven- personnes restent HSE.
avec les conditions de travail tilation des locaux et au captage exposées à des Il reste à trouver une solution pour
réelles », détaille Karine Marle. des fumées à la source : « Nous niveaux élevés les interventions en hauteur :
(près de 80 dB(A))
Des « points propreté », compre- avons opté pour un dispositif de malgré les différents
« Là, nous avons un problème,
nant les contenants, poubelles captage, au plus près des points équipements constate Karine Marle. Les fabri-
et produits d’entretien courants, d’émission des polluants que sont mis en place. cants de presses ne semblent pas
jalonnent l’usine. « Ils sont placés intégrer, dans leur conception
de manière à être visibles depuis des machines la question des
tous les postes de travail envi- interventions de maintenance,
ronnants, signale Philippe Billet. notamment celles en hauteur.
Ainsi, les postes et leur environ- Nous avons mis au point, avec
nement restent propres et acces- un fournisseur, une nacelle d’ac-
sibles à tous. Il s’agissait de l’un © Philippe Castano pour l’INRS cès avec garde-corps pour les
des points noirs de l’ancienne interventions (plusieurs fois par
usine que nous nous sommes jour) sur la base des machines,
efforcés d’éliminer. » à un mètre de hauteur environ.
En revanche, pour les interven-
Interventions tions (nettoyage, changement de
en hauteur pièces, etc.) plus rares, à trois ou
La limitation du bruit a fait aussi quatre mètres, nous travaillons
l’objet d’une revue de détail : avec une nacelle électrique. Vu
« Pour éviter de retrouver des que cette solution n’est guère
niveaux de bruit similaires à le formaldéhyde et l’acrylonitrile, pratique, nous sommes d’ailleurs
ceux de l’ancienne installation, c’est-à-dire au niveau des buses preneurs de toute idée intéres-
nous avons travaillé avec nos d’injection et de purge. Il est en sante… ». n
fournisseurs, lors de la prépa- cours de déploiement sur nos 1. À propos de la RSE, voir :
ration du chantier, sur plusieurs machines de plus gros tonnages, « Responsabilité sociétale – Entre bonnes
aspects : mise en place de revê- et sera installé sur l’ensemble pratiques et utopie réaliste ». Travail
tements absorbants (sols, murs) des presses à terme », souligne & Sécurité n° 738, avril 2013.
dans l’atelier, capotage de cer- le directeur de l’usine. « Pour la 2. « En pole position, même sur les
taines machines telles que les ventilation générale, nous dis- conditions de travail », Travail & Sécurité
n° 762, juin 2015. À consulter sur :
broyeurs ou les presses, utilisa- posons d’un système presque www.travail-et-securite.fr.
tion de pièces non métalliques convenable. Presque, car nous
pour la distribution (notamment devons parfaire la maîtrise des A. B.
D
epuis 1927, l’entre- aux États-Unis. Celui d’Arbent constate Mikaël Deschamps,
prise familiale Grosfil- dans l’Ain, ouvert depuis une directeur du site. Avant de débu-
lex est implantée dans quarantaine d’années, est dédié ter dans cette action structurée
la région d’Oyonnax, à l’injection de polypropylène, de prévention, l’entreprise avait
dans l’Ain. À l’origine, avec 5 000 tonnes transfor- déjà mis en place des outils pour
elle fabriquait des coquetiers, mées chaque année. Il compte lutter contre les TMS.
ronds de serviettes et autres aujourd’hui 200 salariés. Par exemple, pour l’approvi-
manches à outils en bois. Mais en À la suite de son entrée dans la sionnement des machines en
1954, elle se lance dans la plas- démarche TMS-Pros, l’entreprise matière première, une aide à la
turgie afin de produire essentiel- a initié en 2014 un projet de manutention des sacs de gra-
lement du mobilier d’intérieur et longue haleine pour lutter contre nulés de 25 kg existe depuis
d’extérieur. La société utilise un les troubles musculosquelettiques une vingtaine d’années. Il s’agit
large éventail de techniques de (TMS), avec l’aide de la Carsat d’un préhenseur de sacs, per-
moulage et de matières plas- Rhône-Alpes. « Il y a eu certes mettant de soulever ceux-ci par
tiques (polypropylène, PVC, poly- une automatisation progressive aspiration avant leur ouverture
carbonate, etc.). Elle possède de notre activité ces derniers par l’opérateur au-dessus de la
cinq sites de production – trois temps, mais la manutention a trémie d’alimentation. De même,
dans l’Ain, un au Brésil et un toujours une place importante », des clés dynamométriques (clés
à serrage de couple) sont utili-
La préhension sées depuis deux ans pour fixer
des sacs de granulés les moules sur les presses : elles
au moyen permettent d’effectuer un serrage
d’une ventouse
existe dans à un niveau nécessaire et suffi-
l’entreprise depuis sant, et de limiter l’effort à la fois
une vingtaine lors de cette opération et du des-
d’années. serrage. « Si ces initiatives ont été
prises avant l’accompagnement
de la Carsat, elles font partie des
© Guillaume J.Plisson pour l’INRS
teur technique et membre du plateaux d’étagères à monter ainsi les opérateurs à la recherche de
CHSCT et du CE depuis 2010, que leurs accessoires, à les éti- solutions. C’est un point que nous
ont suivi une formation « per- queter et à les entourer d’un film devons améliorer dans nos pro-
sonne ressource en prévention d’emballage. Une cartographie du chains groupes projets », recon-
des TMS » auprès de la Carsat en poste a été réalisée avec l’aide naît Olivier Roussero. « Dans les
2015. L’objectif était de devenir d’un ergonome du service de démarches de prévention, les
les référents méthodologiques santé au travail en 2014. Chaque erreurs doivent être utilisées pour
du projet de prévention mis en geste a été détaillé, minuté afin affiner la méthodologie », estime
œuvre l’année précédente dans de déterminer les plus problé- Jean-Michel Odoit.
l’entreprise. « Ensemble, nous matiques en termes de TMS. Les L’entreprise prévoit de décliner
avons monté un groupe projet conclusions ont montré que les prochainement la méthode amé-
TMS composé de trois autres per-
sonnes dont un responsable des
ressources humaines, l’infirmière
du site et un ingénieur du groupe
méthode », détaille Joseph San-
toro. « En tant que membres du
CHSCT, nous nous rendons régu-
lièrement auprès des opérateurs
de tous les secteurs pour trans-
mettre à la direction les questions
© Guillaume J.Plisson pour l’INRS
Limiter la hauteur opérateurs levaient fréquemment liorée sur d’autres postes. « Nous
d’empilement les bras au-dessus de leur tête nous pencherons en priorité sur
« Pour déterminer par quel poste car les piles d’étagères et d’acces- les postes identifiés les plus à
commencer, nous sommes partis soires n’étaient pas limitées en risque par l’ergonome, tout en
de l’historique des maladies pro- hauteur. tentant compte des remontées du
fessionnelles, sur les dix dernières Les améliorations ergonomiques CHSCT et des entretiens annuels
années. Nous avons observé sur- apportées sur ce poste ont donc des opérateurs. Et bien sûr, nous
tout des lombalgies, des maux consisté principalement à limiter allons aussi mettre en place cette
de dos et des contusions de cette hauteur d’empilement, en méthode sur les autres sites fran-
l’avant-bras », détaille Jean-Paul fonction de la taille de l’opérateur. çais du groupe », précise Mikaël
Bouchardy, responsable des res- « Les aspects biomécaniques de ce Deschamps. n
sources humaines. L’enquête a poste ont bien été pris en compte. 1. Pour en savoir plus, consulter
révélé que c’était très en aval de Mais les opérateurs ne sont le programme de prévention pour
la production que se situait le pas totalement satisfaits car ils la période 2014-2017 et l’aide financière
poste le plus touché, dans l’atelier doivent réalimenter le poste plus simplifiée disponibles sur le site de la
Carsat Rhône-Alpes : www.carsat-ra.fr
d’assemblage. La tâche consiste fréquemment. Notre erreur a été
à réunir dans un même colis des de ne pas associer suffisamment K. D.
Q
ue ce soit sous Dans l’atelier axes, complémentaires dans le règles de sécurité strictes ont été
forme de tubes, d’usinage, un pont développement d’une culture de mises progressivement en place
roulant facilite la
de raccords, etc., manutention des
sécurité partagée. Afin de sensi- par secteur d’activité et affichées.
40 000 tonnes de tubes, pouvant peser biliser l’ensemble des acteurs de La démarche s’appuie à la fois sur
PVC sortent chaque jusqu’à 125 kg. l’entreprise à la prévention, des les opérateurs et sur les mana-
année des lignes de l’entre-
prise Sotra-Seperef. L’entreprise,
implantée à Sainte-Austreberthe,
dans le Pas-de-Calais, fabrique
et commercialise des produits
en polychlorure de vinyle (PVC).
Essentiellement destinée au
transport d’eau potable, irriga-
tion, eaux usées…, la production
de Sotra-Seperef est réalisée
exclusivement par extrusion. Avec
195 salariés, la société, créée en
1961, s’est récemment lancée
dans un vaste projet de préven-
tion des risques professionnels
impliquant l’ensemble de son
personnel. « Cette démarche
s’inscrit dans une politique forte
de prévention du groupe belge
Tessenderlo auquel appartient
l’entreprise », précise Michel
Bigliardi, directeur industriel de
Sotra-Seperef.
© Gaël Kerbaol/INRS
gers. Ces derniers ont été formés munication mensuelle par les chute », constate Sandrine Des-
au management de la sécurité managers permet de présenter camps. De même, dans l’atelier
sur le terrain, par un organisme l’avancement des actions cor- d’usinage, l’installation d’un
extérieur. « La sécurité est même respondantes. « Le système de pont roulant a permis de faciliter
devenue un critère d’évalua- reporting est une bonne chose. la manutention des tubes, pou-
tion des encadrants. Elle est Il contribue à l’implication des vant peser jusqu’à 125 kg.
désormais considérée comme salariés dans les différents pro- En décembre 2013, l’entreprise
un facteur de performance de jets structurés d’amélioration a créé un journal interne, où
l’entreprise », souligne Michel globale de la prévention des les démarches de prévention
Bigliardi. Chacun est concerné risques et de la préservation de sont régulièrement abordées.
par cette démarche, y compris la santé au travail dans l’entre- Chaque mois, un flash sécurité
les intérimaires qui constituent prise », estime Bruno Hermetz, est diffusé par l’intermédiaire
une population particulièrement ingénieur-conseil à la Carsat des managers à l’ensemble
vulnérable aux accidents. Tout Nord-Picardie. des équipes. Enfin, au sein des
nouvel arrivant, intérimaire ou zones d’affichage d’informa-
contractuel, passe par le dépar- Développement de la tions récemment aménagées,
tement Qualité, sécurité et envi- communication interne de grands écrans viennent
ronnement (QSE) pour une for- À ce jour, 31 groupes de travail d’être installés afin d’y diffuser
mation aux règles de sécurité ont été animés depuis 2012 et de l’information animée. « Nous
qui se conclut par un test. « Nous ont abouti à des propositions souhaitons y intégrer une com-
avons créé nous-mêmes un sys- très diverses selon les problé- posante sécurité importante »,
tème d’e-training adapté à notre matiques. Parfois, il suffit de précise Sandrine Descamps.
activité. Chaque réponse, bonne « Au départ, nous étions scep-
ou mauvaise, est commentée tiques sur la démarche, mais ce
à l’issue du test. Par ailleurs, qui importe c’est le résultat. C’est
tout nouvel arrivant travaille en un vrai changement de menta-
binôme à son poste afin d’inté- lité par rapport à ce qui nous
grer progressivement les bonnes a été enseigné à l’école, où la
pratiques », précise Sandrine productivité passait avant tout.
Descamps, responsable QSE. Changer sa façon de travailler
Toute situation à risque mise pour faire passer la sécurité
en évidence, que ce soit par en premier, ça prend du temps,
© Gaël Kerbaol/INRS
F
abrication de sanitaires, permis d’organiser les nouveaux résine polyester et de styrène, qui
matériaux pour salles de locaux en fonction des flux de correspond à la partie extérieure
bain, mais aussi pour le travail, d’améliorer la luminosité lisse et protectrice du produit fini.
nautisme ou le mobilier Pour la fabrication de de l’atelier et d’isoler les activi- Cette opération est réalisée par
urbain… les activités produits en composite, tés bruyantes dans une cabine projection au pistolet. Un tissu
la technique du
de Polyecim Composites, instal- « moulage au contact »
de détourage. Et évidemment de renfort est ensuite disposé
lée dans la zone industrielle de est la plus usitée chez d’apporter un renouvellement manuellement sur cette couche
Saint-Nazaire, sont variées et Polyecim : des couches d’air adapté à l’activité, grâce à extérieure et une nouvelle couche
pour la plupart réalisées à base de résine polyester la mise en place de cabines ven- contenant la résine est appliquée
de polyester stratifié. Un matériau et de styrène sont tilées pour les process les plus au pinceau. Le processus est
appliquées en
composite formé d’une résine alternance avec polluants pour les 29 salariés de répété afin d’obtenir le nombre
polyester et de renfort en fibres. À des couches de tissu l’entreprise. » de strates désiré.
l’occasion de son déménagement de renfort. Toutes Chez Polyecim, la technique la Pour des raisons esthétiques et
en 2012, l’entreprise a pu inté- ces opérations plus fréquemment utilisée est de résistance du matériau, les
sont réalisées
grer les principes de prévention dans des cabines
celle du « moulage au contact ». Le bulles doivent être évacuées par
des risques professionnels dès ouvertes moule est d’abord recouvert d’un pression manuelle au rouleau
la conception de ses nouveaux à flux laminaire. gelcoat, composé notamment de (ébullage), entre chaque couche
locaux. de tissus et lors du moulage de la
La maîtrise de l’exposition au structure de la pièce. « Cette tech-
styrène, contenu dans la résine nique manuelle de moulage au
polyester, grâce à un système de contact est utilisée pour les proto-
ventilation adapté faisait partie typages et les petites séries. Pour
des mesures phares. Le styrène les moyennes séries et les pièces
est un produit nocif et volatil. Il de grande taille, nous utilisons la
est difficile à substituer car indis- projection simultanée de fibres et
pensable au processus de réticu- de résine », explique Franck Pau-
lation – autrement dit le durcisse- trot, gérant de Polyecim. Toutes
ment de la matière – et est utilisé ces opérations sont réalisées
comme solvant (lire l’encadré dans des cabines ouvertes à flux
ci-dessous). « Le projet a été suivi laminaire.
© Fabrice Dimier pour l’INRS