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et de la concentration
d’un composé organique volatil dans
l’atmosphère d’un local de travail
ED 6058 AIDE-MÉMOIRE TECHNIQUE
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
ED 6058
juin 2009
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SOMMAIRE
1. Vitesse d’évaporation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1 Vitesse d’évaporation d’une substance organique liquide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
1.1.1 Hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
1.1.2 Établissement d’un modèle permettant d’estimer la vitesse d’évaporation . . . . . . .4
1.1.3 Domaine de validité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
1.2 Vitesse d’évaporation d’une substance organique
dans une préparation liquide (mélange de substances) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
L’ évaporation d’une substance, lorsqu’elle est isolée ou au sein d’une préparation, est
une grandeur dont la connaissance présente, pour la prévention, beaucoup d’intérêt, et
plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’une substance volatile, inflammable ou toxique. La
concentration d’une substance dans l’atmosphère étant en relation étroite avec sa vitesse
d’évaporation par unité de surface (flux d’évaporation), pouvoir estimer ces deux grandeurs
aide à l’évaluation a priori des risques encourus par les salariés.
Le but visé ici est de se faire une idée, à l’aide de quelques mesures ne nécessitant pas
d’instruments spéciaux, de la concentration moyenne susceptible d’être atteinte dans
l’atmosphère d’un local pour chaque produit utilisé. La comparaison de ce résultat avec la limite
inférieure d’inflammabilité (LII) et les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP), s’il en
existe, permettra, dans une première évaluation, de conclure quant aux risques d’inflammation,
d’explosion ou d’intoxication auxquels sont exposés les salariés présents dans le local.
Il est toujours possible, bien sûr, de connaître cette concentration par mesure directe, c’est-
à-dire le plus souvent au moyen d’un prélèvement suivi d’un dosage. Mais cette opération est
parfois lourde à mettre en œuvre et ne permet pas d’avoir a priori une idée du risque existant.
De tels dosages restent cependant la seule façon d’estimer l’exposition réelle des salariés
lorsque le procédé industriel est mis en place.
– la substance ne réagit pas avec les éléments Des mesures du flux massique d’évapora-
1. Vitesse d’évaporation présents dans l’air, tion (masse de substance évaporée par unité
– l’éventuel écoulement d’air au niveau de de temps et par unité de surface d’évapora-
la surface (ventilation) est considéré comme tion) ont tout de même été précédemment
laminaire, effectuées pour cette situation par plusieurs
1.1 Vitesse d’évaporation – les propriétés physiques de la vapeur n’in- auteurs. Cependant, il s’agit souvent de
d’une substance organique liquide cluent pas les non condensables. mesures portant sur des sources de labora-
toire de petite taille, par exemple un cristal-
lisoir de 20 cm2 pour Berton et Brats [2], ou
1.1.1 Hypothèses 1.1.2 Établissement d’un modèle encore de mesures réalisées en conditions de
permettant d’estimer dispersion atmosphérique, par exemple pour
On considère, dans ce document, le cas de la vitesse d’évaporation Mackay et Matsugu [3] pour des vitesses de
l’évaporation d’un liquide volatil au repos au vent atteignant 6 à 7 m.s-1.
travers d’une surface supérieure libre placée L’émission par évaporation à partir d’une
en contact avec l’air d’un local de travail. surface libre peut ainsi se calculer, comme Devant la complexité d’utilisation des
Il peut s’agir, par exemple, d’une substance pour les déversements, avec une équa- formules proposées et leurs limites d’appli-
contenue dans un récipient laissé ouvert tion fondée sur le modèle de Cléments, cabilité, l’INRS en collaboration avec l’Ineris
ou encore de l’épandage accidentel d’un tenant compte des différentes hypothèses (Institut national de l’environnement indus-
liquide volatil sur le sol et de son évaporation précédentes : triel et des risques) a effectué une étude
consécutive. La température du liquide . expérimentale [4] portant sur la détermi-
est supposée nettement inférieure à sa Ji = Ki. Mi Fi (1) nation de la vitesse d’évaporation de solvants
RT.
température d’ébullition. courants pour une surface d’évaporation et
Ji est le flux d’évaporation en kg.m-2.s-1 des valeurs de vitesses d’air représentatives
La vitesse d’évaporation d’une substance Mi est la masse moléculaire en kg.mol-1 de celles rencontrées sur les lieux de travail.
organique liquide se caractérise par son flux Fi est la pression de vapeur saturante ou Dans cette étude, les mesures ont été effec-
massique (quantité de matière par unité de tension de vapeur en Pa tuées avec une aire de la source d’évaporation
temps) traversant la surface d’évaporation. T est la température ambiante en Kelvin égale à 1 m2 et des vitesses d’air au niveau de
Ce flux d’évaporation dépend de divers R est la constante des gaz parfaits : la surface comprises entre 0,3 et 0,9 m.s-1.
facteurs thermodynamiques et cinétiques ; 8,31 J.mol-1.K-1
les principaux étant les suivants : Ki est le coefficient de transfert de matière de Liquides étudiés
– la masse moléculaire de la substance, la phase liquide à la phase gazeuse en m.s-1 Trois solvants représentatifs de ceux utilisés
– la température de la phase liquide et sa sur les lieux de travail [5] ont été choisis
pression de vapeur saturante, La vitesse d’évaporation est ainsi obtenue pour cette étude : l’acétone, l’alcool éthy-
– l’enthalpie de vaporisation, en multipliant le flux par la surface lique (éthanol) et le n-hexane. Les princi-
– la capacité de la substance à diffuser dans d’évaporation. pales propriétés de ces trois liquides volatils
l’air, sont rassemblées dans le tableau ci-dessous.
– la température ambiante, La pression de vapeur saturante F du liquide
– le temps d’évaporation, peut être calculée en fonction de la tempé- Mode opératoire et résultats
– l’aire et la géométrie de la surface en contact rature absolue du liquide T sous la forme Les essais ont consisté à établir la vitesse
avec l’air, d’une relation avec cinq constantes empi- d’air de balayage choisie dans une galerie
– la vitesse de l’air qui balaie la surface riques, C1 à C5, de la forme suivante [1] : de 150 m de longueur et de section carrée
d’évaporation, d’une aire de 9 m2, à introduire le liquide
– les échanges de chaleur entre l’air et la F = exp(C1 + C2 + C3.ln(T) + C4.TC5) (2) volatil étudié dans un bac carré de 1 m de
T
surface libre du liquide, ainsi que ceux avec côté et 10 cm de profondeur et à enregis-
le sol dans le cas d’un déversement… Cependant, le coefficient de transfert de trer l’évolution au cours du temps des gran-
matière de la phase liquide à la phase gazeuse deurs suivantes :
La multitude des modèles disponibles ainsi (Ki) est une donnée absente de la littérature – la masse de liquide contenue dans le bac,
que leur complexité impose, afin de pouvoir la plupart du temps ou difficilement appli- – la température de l’air dans la galerie,
extraire une formule simple et rapide d’uti- cable aux lieux de travail. En conséquence, – la température en surface du liquide,
lisation, certaines hypothèses. l’usage était d’utiliser les indices d’évapora- – la température du liquide au fond du bac.
L’analyse des études préalablement menées a tion (voir annexe I) afin de caractériser le
abouti au choix d’un modèle pouvant consti- liquide par rapport à un solvant de référence, La figure 1 illustre, à titre d’exemple, les
tuer une bonne approximation de l’éva- l’acétate de butyle ou l’oxyde de diéthyle évolutions temporelles des différentes gran-
luation des rejets en produit volatil dans (éther éthylique). deurs enregistrées pendant un des essais.
l’atmosphère, en prenant en compte les hypo-
thèses suivantes :
– la surface du liquide est à l’air libre et à Liquide Acétone Éthanol n-hexane
une température bien inférieure à sa tempé- Formule CH3–CO–CH3 CH3–CH2OH C6H14
rature d’ébullition,
Masse molaire M (kg.mol-1) 0,05808 0,04607 0,08617
– la vapeur de la substance se comporte
comme un gaz parfait, Pression de vapeur saturante à 20 °C (Pa) 24 700 5 900 16 000
– l’activité de la substance est égale à sa frac- VME (ppm) 500 1 000 20
tion molaire (loi de Raoult, voir § 1.2), Limite inférieure d’inflammabilité (% en volume) 2,15 3,3 1,1
– la pression ambiante est normale
(101,325 kPa), Point d’éclair (°C) –18 12 –22
5
Si le pourcentage volumique est supérieur Les valeurs des différentes VLEP appli-
3. Correspondance à 25 %2 de la LII, des mesures contre le cables en France sont rassemblées dans la
avec les valeurs utilisées risque d’inflammation et d’explosion sont à
prendre immédiatement. Le renouvellement
brochure ED 984 [9] publiée par l’INRS.
Les difficultés pour mesurer les vitesses d’éva- ces durées étant mesurées dans les conditions Il reste difficile, à partir de ces indices d’éva-
poration absolues, dues essentiellement au décrites dans cette même norme. poration déterminés sous certaines condi-
nombre important de paramètres à contrôler, tions (pression, température, humidité, taux
conduisent les industriels et les normalisa- Selon la norme DIN 53170 [11], l’indice de de renouvellement d’air, etc.), de remonter
teurs à leur préférer les indices d’évaporation volatilité d’un solvant (Iéther) par rapport à à une valeur de vitesse dans des conditions
normalisés, relatifs à des substances étalons l’éther éthylique est égal au quotient de la réelles. De plus, l’existence de ces deux
(éther éthylique ou acétate de butyle). durée d’évaporation du solvant étudié par indices normalisés complique parfois la
la durée d’évaporation de l’éther éthylique comparaison entre deux substances pour
Parmi les mesures relatives, une des plus pris comme référence (les conditions opéra- lesquelles on dispose d’indices selon l’une
employées – car rapide et facile à mettre en toires étant identiques à celles de la norme et l’autre norme.
œuvre – consiste à mesurer le temps de dispa- NF T 30-301).
rition d’une tâche (quantité de substance La formule suivante permet d’effectuer cette
connue) sur un papier de filtre. Ainsi, comparaison :
selon la norme NF T 30-301 : Durée d’évaporation
La norme NF T 30-30 [10] donne la défi- Durée d’évaporation de l’acétate de butyle du solvant S1
12
nition de l’indice de volatilité (ou d’évapo- Iacbu = =
Durée d’évaporation du solvant étudié Durée d’évaporation
ration) d’un solvant de la manière suivante : du solvant S2
Iacbu(S1) × Iéther(S2)
l’indice de volatilité (Iacbu) est le quotient selon la norme DIN 53170 :
de la durée d’évaporation de l’acétate de Durée d’évaporation du solvant étudié Le résultat obtenu (> ou < à 1) permet de
n-butyle pris comme solvant de référence, Iéther = conclure quant à la volatilité de la substance 1
Durée d’évaporation de l’éther éthylique
par la durée d’évaporation du solvant étudié ; par rapport à la substance 2.
Lorsque le liquide en cours d’évaporation est La courbe représentative est une portion Cas particulier de l’absence de
contenu dans un récipient, un fût par exemple, d’hyperbole. Pour une baisse de niveau faible, mouvement d’air au-dessus du liquide
le niveau baisse peu à peu. Et, même si toutes la variation de Vd est grande.
les conditions générales restent constantes, en À noter également que, lorsqu’on mesure la
particulier la vitesse de l’air U, la vitesse d’éva- vitesse d’évaporation Vi dans un air parfaite-
Vitesse d'évaporation (Vd)
poration Vi diminue progressivement. ment calme, la valeur trouvée peut être très
Pour un récipient cylindrique de surface différente de la valeur calculée, la couche de
S et de hauteur totale h, si l’on appelle d vapeurs au-dessus de la surface du liquide
la distance entre le niveau du liquide et le jouant le rôle de « bouchon » (la plupart
bord supérieur du récipient et V0 la vitesse des substances organiques volatiles ont une
d’évaporation au niveau du bord supérieur, densité de vapeur par rapport à l’air supé-
la vitesse d’évaporation Vd au niveau de d est rieure à 1).
Distance (d)
donnée par la formule empirique suivante :
1
Vd = V0.
10.d +1
√S
9
[3] Mackay D., Matsugu R.S. – Evaporation rates • Guide de rédaction d’un schéma des émissions
of liquid hydrocarbon spills on land and water. dans le secteur de la production des peintures,
The Canadian Journal of Chemical Engineering. vernis, encres d’imprimerie, colles et adhésifs.
1973, 51, pp. 434-439. Ministère de l’Écologie et du Développement
[4] Braconnier R. et coll. – Mesure du flux durable, ADEME et FIPEC, avril 2002,
d’évaporation de liquides volatils dans http://www.fipec.org
les ambiances de travail. Hygiène et sécurité
du travail. ND 2296-212-08, INRS, 2008, 212,
• Estimating Releases andWasteTreatment
Efficiencies For theToxic Chemical Release
pp. 61-71. Inventory Form. US Environmental Protection
[5] Triolet J. – Panorama de l’utilisation des Agency, 560 4-88-002, décembre 1987.
solvants en France fin 2004. Hygiène et sécurité
du travail. ND 2230-199-05, INRS, 2005, 199, • Emission Factor Documentation for AP-42,
Section 7.1. Organic Liquid StorageTanks.
pp. 65-97.
US Environmental Protection Agency,
[6] EOL : un logiciel de ventilation prévisionnelle septembre 1997, http://www.epa.gov
applicable à l’assainissement de l’air des locaux
de travail. ND 2029, INRS, 1996, 16 p. • Olander L. – Equations and formulas
for air and air contaminants – a literature review.
[7] Collineau S. et coll. – Validation expérimentale
National institute of occupational health. 1994,
du logiciel de ventilation prévisionnelle EOL-3D
16 p.
en conditions isothermes. ND 2040, INRS,
1997, 15 p. • Guide d’intervention face au risque chimique.
[8] Principes généraux de ventilation. Fédération nationale des sapeurs-pompiers
Guide pratique de ventilation n° 0. ED 695, INRS, de France. Édition 2002, 624 p.
2001, 36 p.
Les normes peuvent être obtenues en s’adressant à :
[9] Valeurs limites d’exposition professionnelle Association française de normalisation (AFNOR)
aux agents chimiques en France. ED 984, INRS, 11, avenue Francis de Pressensé
2007, 20 p. 93571 Saint-Denis La Plaine cedex
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GUYANE MARTINIQUE
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