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Review

Author(s): Maurice Dayan


Review by: Maurice Dayan
Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 79e Année, No. 1 (Janvier-Mars 1974), pp. 137-139
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40901492
Accessed: 16-12-2015 02:42 UTC

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NOTES CRITIQUES

Le Psychiatre, son « fou» et la psy- son maîtreet elle montretoute l'appli-


chanalyse,par Maud Mannoni, Paris, cationqu'on peut en fairetout en déve-
Le Seuil, coll. « Le champ freudien», loppant un style personneld'analyse et
1970. Un vol. de 265 p. comportant d'interventionen milieu psychiatrique.
indexanalytique,indexdes nomspropres On pourraitpresque recommanderson
et des cas cités, bibliographie.- Ce livreà tousceux qui se posentla question
livre apparaît d abord commeune mo- de la portée pratique du discourslaca-
saïque d'études fortdifférentes les unes nien(je dis « presque» pourne pas trahir
des autres,réflexionslibres,exposés en les intentionsde l'auteurqui ne prétend
forme,rapports sur des cas cliniques, pas introduire à l'œuvre de Lacan,
esquisses théoriques.De fait, ainsi que mais qui le fait cependantà traverssa
l'annonce l'auteur au début, certains tentative d'écouter « la vérité qui se
chapitresavaient fait l'objet d'exposés dégagedu discourspsychotique»). Rare-
antérieursséparés (devant des Instituts ment,en tout cas, on aura aussi bien
de psychiatrieet de sociologie et au mis en valeur,au plan de la cliniqueen
Congrèsinternationalde psychanalyse particulier,les ressourcescritiqueset la
de Milan en décembre1969). Pourtant visée subversivedu lacanismeà l'endroit
cette diversitéd'aspects fait l'agrément de la psychiatrieet de la psychanalyse
d'une compositionhabile et soignée et bien-pensantes.Plus qu'un exposé, le
elle ne nuiten rienà l'unitéd'un ouvrage livre de M. Mannoniest, à cet égard,
qu'inspire le thème central de l'ap- une illustration,une polémique, un
prochepsychanalytiquede la folie. Le combat. Elle prend à parti la société
travail de M. Mannoni constitue sans qui fait ses fous, l'institutionqui les
doutel'un des meilleursaccès en langue objectiveet les enferme,la « science »
française aux problèmes que soulève qui les méconnaît,la thérapeutiquequi
cetteapproche: rapportde la psychiatrie se borneà exorciserle mal incarnédans
à la folieet aux fous,insertionde l'ins- les psychoses.
titution psychanalytiquedans l'insti- Reprenonsles trois termesqui com-
tutionasilaire,positionde la psychana- posentle titre de l'ouvrage.D'abord le
lyse à l'égard de l'anti-psychiatrie. Du psychiatre.Il ne fait pas la folie; il ne
mêmecoup,il nousintroduit, d'unefaçon la découvreet ne la guéritpas davantage.
vivante et suggestive, au domaine Son acte primitifet instaurateurest la
complexe et généralementfermé au ségrégation.Il a été formépour le pra-
public des non-praticiens de la maladie tiquer,son savoirconcernant la « maladie
et de la médecinementales: Qui sont mentale », ses symptômes,ses types,
les fous? Comment l'institution les ses formes,ses conséquences sociales,
prend-elleen charge? Que vaut le savoir ne vise à rien d'autre. « La notion de
psychiatrique ? Pourquoi Tanti-psychia- « maladie mentale » que le psychiatre
trie ? Que peut faire la psychanalyse? le veuille ou non, renvoieà des critères
Et quelle psychanalyse? d'adaptationsociale,guérirsignifie« ren-
A cettedernièrequestion,il est répon- trer dans le rang des bien-pensants».
du au moinssans ambagedès la première La sociétéexigeque l'ordrene soit point
page. L'ouvrage est en effetdédié à troublé; l'acte psychiatriqueen tient
J. Lacan, à qui il doit « son articulation comptelorsde la rédactionparle médecin
théorique». M. Mannoniest une laca- d'un certificatattestantqu'un individu
nienne de stricte obédience; elle a doit être considérécomme « dangereux
parfaitement assimilél'enseignement de pour lui-mêmeet les autres », certificat

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Reçue de Métaphysiqueet de Morale

qui entraîneral'isolementdu sujet, sa sinistré; à quoi sert ce parloirsinon à


mise à l'écart de la société » (p. 21). votreplaisirpropre?) Ou encorele récit
Administrativement, le psychiatre a de la mésaventurede Jacques, à l'asile
partieliée avec la police.Au plan médical, depuis l'âge de dix-huitans, que ces
l'acte psychiatrique tientde la coercition deux seules répliques rendent vertigi-
et celui qui l'exerce prendle relais des neux : « J'ai des frèresdépareillésvenant
autorités familiale et policière. Cette d'ovules court-circuitésde la mère,
complicité avec le monde dit « sain m'expliquele père(en liberté).- J'étais
d'esprit » amène le psychiatreà « coo- trèsjeune quand je mesuisrenducompte
péreravec les forcesqui tendentà rejeter de l'état de monpère,commenteJacques
le malade horsde ce monderaisonnable. (interné)» (p. 122). Mais le propos de
Dans cette formede coopération,il se l'auteur n'est pas de montrerque les
fait sourd à la plainte du patient tant fous ne sont pas ceux qu'on croit;
il est préoccupépar cellesqui lui viennent cette question est subsidiaire. C'est
du monde dans lequel celui-ci évolue » plutôt d'indiquer qu'on fait tenir au
(p. 29). « malade » mental,quel qu'il soit, un
Cetteplainteestpourtantle seulmoyen rôle déterminé: cet isolé, du fond de
par où la foliepuisse donnerà entendre son exil, rend service à la famille,à
sa vérité.En la recouvrantde son dia- l'entourage,aux soignants,à tous ceux
gnosticnosologique,le praticienne fait qu'étreintl'angoisse.Freudn'avait-ilpas
que se défendre - et défendrela société déjà montré,dans Totemet Tabou, et
avec lui - contre l'invasion de cette l'ethnologiemodernen'a-t-ellepas révélé
vérité qui menace l'humanité entière. à traversle shamanisme,ce que signifie
Au lieu d'allerà sa rencontre pouressayer l'assignationextérieuredu pouvoirdéli-
de mettreun termeà l'aliénationdu fou, rant ? « Dans tousles cas, ditM. Mannoni,
l'institutionredouble cette aliénation c'est d*enavoir un à l'asile qui va per-
d'une maladiespécifiquement engendrée mettreau restede la famillede vivre[...].
par le cadre hospitalier.Quel que soit On « a » de l'hérédité,ou on « n'en a pas ».
le comportementdu patient dans ce La faute est à l'ascendant (dont on
cadre, c'est en termes psychiatriques expie la tare) ou au sujet (qui expie ses
qu'on l'accueille,qu'on le penseet qu'on vices). L'hôpital et l'appareil médical
le sanctionne.« Toute velléitéde rébel- dans son ensemblesont utilisés par la
lion se trouveainsi rapidementstérilisée famille dans une perspective « ma-
et nulle « adaptation », parce qu'elle gique» ; c'estun sortqui va êtreconjuré»
n'est bien souventqu'adaptationà une (p. 128).
pathologieasilaire,ne donne au « ma- Le temps de Panti-psychiatrieest
lade » les moyensde s'assumerhors des venu aprèsl'épuisementdu mythemédi-
mursde l'asile. L'universclaustralvide cal et de l'éthique asilaire. Affranchir
de son senstouterecherche d'autonomie, le sujet de tout cadre contraignant,
cette recherchese trouvant toujours recevoirla foliedans des lieux d'accueil,
« réinterprétée» en fonctionde la patho- où puisse se déroulerimpunémentune
logiedu patient.L'isolementde l'hôpital « crise » anti-sociale,permettreau fou
du reste des vivants crée un espace où d'opérerce que Laingappellesa metanoia,
toutn'estvécu que par rapportà l'entrée sa conversionau bout du voyage déli-
et à la sortie,le tempsqui séparel'une rant, suivre et assister le mouvement
de l'autreest un tempsvide et mortqui schizophréniqueau lieu de l'arrêter,
scandeet orientele stylede vie monotone de le contenir,de l'ignorer,c'est aller
et ternede chaque patient à l'asile. Le exactementau reboursde ce que veut la
psychiatredans l'écoutequ'il peut avoir psychiatrie, c'est consommer la ruinede
de la folieest ainsi directement dépen- sa prétenduethérapeutique, revue
fût-elle
dantdu systèmemêmede l'internement » et corrigéedans le sens des tentatives
(p. 59). « communautaire ».
» et « institutionnelle
Considéronsmaintenantle fou. Les Mais quelle est, dans cette âpre
nombreusesobservationsque rapporte confrontation, la place de la psychana-
M. Mannonien donnentune imagetout lyse ? L'auteurdécritsans complaisance,
autreque cellequi prévautdansle monde dans un chapitreterminal,le fonctionne-
« raisonnable». Il faut lire le discours ment des Écoles de psychanalyse,les
de ce paranoïaquequi analyse implaca- ravages provoqués par la conjonction
blement le fonctionnement de l'insti- de YE go-psychology, de la soumission
tution(ici, dit-il,on est considérécomme à la Stereotypie institutionnelle présentée

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Notescritiques

comme« adaptation» et de la didactique « recevoir» ; car f ce que cherchele


dont l'objectif n'est nullementla re- patient,c'est un témoin,et un support
cherche d'un rapport au vrai, mais à cette parole étrangèrequi s'imposeà
l'entréedans la communautéprivilégiée lui » (p. 195).
desanalysteset l'identificationau Patron. Ces conclusionsthéoriqueset pratiques,
De cette psychanalyse,il ne faut plus dont l'intérêt est indéniable,ne sont
rienattendre; elle est la ruinede la véri- malheureusement pas suffisamment
table analyse,celle qui voit en sa propre étayées. Le livre de M. Mannoni con-
finnon « l'aptitudeau bonheur» confor- vainc davantage de l'urgenceet de la
mémentaux normessociales,maisplutôt profondeur des problèmesqu'il pose que
l'acceptation,par le sujet reconnaissant de la véritédes solutionsqu'il faitentre-
son désir, « d'un destin dans lequel il voir.Dans ses présupposésfondamentaux
s'accepte comme lieu d'un manque » comme dans son débat avec l'anti-
(p. 214). Telle est la psychanalyselaca- psychiatrie,il apparaît irrésistiblement
nienne,c'est-à-direfreudienne, celle qui comme une idéologie psychanalytique.
va pouvoir relever le défi de l'anti- « Meilleure» que d'autres? Plus fine,
psychiatrieet lui disputer l'approche plus sympathique, incomparablement
authentiquede la folie.Car tel est bien accordée à son propos, et d'un réfor-
le sensultimede la démarchede M. Man- misme tellementdélicat...
noni : démontrer la compétence du laca-
nismesur le terrainminéde la psychose Maurice Dayan.
et, par suite, rejeter la contestation
globale que les anti-psychiatresont Explanation in theBehavioural Sciences,
entreprise. A ce point,la condamnation Confrontation, édité par Robert Borger
se fait nette et sans appel : « la visée et Frank Cioffi, Cambridge, at the
révolutionnaire de l'anti-psychiatrie par- University Press, 1970. Un vol. de
ticipe cependant d'une utopie. Croire 520 p. - Les éditeursdes textes réunis
qu'avec la libertéil n'y aurait plus de aans cet ouvrage(un psycnoiogueet un
folie,est faux. Il y a ainsi une certaine philosophe)ont constatéles différences
naïveté à penserque la révolutionper- profondesqui séparentles psychologues,
mettraitd'ouvrir les asiles comme les les sociologues,les philosopheset tous
prisons» (p. 176). A cettenaïveté,quelle ceux que concernentles sciences du
sciencefaut-ilopposer? Celle qui nous comportement à proposde l'explication.
montrel'échec du psychotiquedans le Non seulementquant à l'adéquationdes
rapportde l'enfantà la parole des pa- systèmesparticuliers mais
d'intelligibilité,
rents; rapportqui préexisteà l'appari- aussi quant aux formesmêmesque l'ex-
tiondu sujetet qui, d'unecertainefaçon, plicationpeutrevêtirdans le domainedu
l'engendre.Car « le milieu proprement comportement.Ils ont donc invité à
humain, nous apprend-on,n'est pas s'expliquerun certainnombrede spécia-
biologique,n'est pas social ; il est lin- listes représentant les diversaspects de
guistique» (p. 178). L'inconscientn'est ce domaine polymorphe.Chacun des
pas un réservoirde pulsions,il est le douze chapitrescomporte,autour d'une
sujet de la parole : ce que le contrôle question particulière,un exposé, un
du moi masque chez l'homme normal commentaire présentépar un lecteurde
ou chez le névrosé,mais qui se révèle cet exposé,enfinune réponsede l'auteur.
directementchez le psychotique.Ainsi La formeest sans doutetrèsconvention-
l'entrée dans la psychose est cernée nelle. Elle est à mi-chemin entrele genre
par Lacan « autour du moment où, de la pure et simple compilationd'ar-
du champ de l'autre,vientl'appel d'un ticles,trèsrépanduaux États-Unis,et le
signifiantessentielqui ne peut êtrereçu. symposiumauquel participentdes « dis-
Des paroles surgissentde l'imaginaire, cutants» plus ou moinsnombreux.Mais
qui s'imposentau sujet, et ces paroles la qualité des travaux fait assez vite
il s'y accroche,elles le rattachentà une oublierle facticeet la monotoniede ces
« humanisation» qu'il est en train de « confrontations ».
perdre[...]. Ce que le sujet essaye de Cette série de textes épistémologiques
reconstituer, c'est ce qui n'a pu être s'ouvresurune présentation trèsgénérale
assimilélors du choc avec le signifiant» des reasons and causes, par Stephen
(p. 195). Toulmin.En exergue,cetaphorisme,qui
La psychanalysene devra donc pas situe assez bien les intentionsdu philo-
« soigner» la psychose,mais plutôt la sophe : tout comportementest expli-

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