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Ce qui se passe ici, à la limite — et qui ne passe pas la limite, jam ais —,
c’est l’union, c’est l’imagination, c’est la présentation. Ce n’est pas la pro
duction de l’hom ogène (qui fait en principe la tâche ordinaire du schème),
ce n ’est pas le simple et libre accord qui se reconnaît lui-même, en quoi
consiste la beauté : c’est en-deçà de cet accord. Mais ce n’est pas non plus
l’union des hétérogènes, pensée déjà trop rom antique, et trop dialectique
pour la stricte limite dont il s’agit ici. L’union à laquelle on touche dans le
sublime ne consiste pas à apparier la grandeur absolue avec la limite finie :
car il n ’y a rien hors de la limite, rien de présentable ni d’imprésentable.
C ’est même cette affirm ation, « il n’y a rien hors de la limite », qui distin
gue proprem ent et absolum ent une pensée du sublime (et de l’art) d ’une
pensée dialectique (et de l’achèvem ent de l’art). L’union ne se fait pas entre
un dehors et un dedans, pour engendrer l’unité d ’une limite où se présente
rait l’unité (dans cette logique, la limite doit devenir elle-même infinie, et le
seul art devient celui de tracer le « cercle de cercles » hégélien). Mais il n’y
a que la limite, unie à l’illimité en tant que celui-ci s’enlève incessament sur
son bord, et par conséquent en tant que la limite, l’unité, se divise infini
m ent dans sa propre présentation.
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