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Revue d'histoire et de philosophie

religieuses

Existe-t-il une conception primitive de l'âme ?


Martin Persson Nilsson

Citer ce document / Cite this document :

Nilsson Martin Persson. Existe-t-il une conception primitive de l'âme ?. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 10e
année n°2, Mars-avril 1930. pp. 113-125;

doi : https://doi.org/10.3406/rhpr.1930.2760

https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1930_num_10_2_2760

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REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE

RELIGIEUSES

Existe-t-il une conception primitive

de l'âme ?

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la
114 revue d'histoire et de philosophie religi

soigneusement confronté ma conception avec l


Lévy-Bruhl, mais après mûr examen je suis a
conviction qu'elle n'en est pas ébranlée. Il conv
fois de préciser ma position par quelques courte
tions.

On peut laisser de côté l'idée fondamentale


de Dürkheim sur les représentations collective
bien ou le mal fondé est ici d'importance seconda
Bruhl se sert de trois notions fondamentales p
tériser les représentations primitives : caract
tique, mentalité prélogique et loi de participat
ce qui est du caractère prélogique des repré
primitives, il n'y a évidemment rien à objecte
que le terme signifie seulement que la logique
encore évolué et ne sert pas partout et conscie
élaborer les matériaux tirés des faits et de l'e
Mais si cette expression veut signifier que la l
totalement absente ou qu'elle est essentiellement
de la nôtre, elle est fausse, et de récentes discus
suffisamment mis en évidence.

Le caractère mystique attribué aux repré


primitives ne signifie pas, autant que je puis
qu'au stade primitif les associations rattachées
sonne ou à des objets, etc..., sont différentes des
souvent irrationnelles. Ici non plus on ne peut pa
différence de nature entre le primitif et nous, e
aisé de prouver que bien des représentations cou
l'homme moderne ont aussi un caractère mystiq
La loi de participation est bien le point cen
pierre de touche de la théorie de Lévy-Bruhl. El
que pour la représentation primitive la partie es
tout.

Mais cela n'est à mon avis qu'un manque d


point des associations par la logique. Une plum
les mêmes associations que l'animal entier. Si c
EXISTE-T-IL UNE CONCEPTION PRIMITIVE DE L'AME ? 11

Le problème s'éclaircit si l'on songe que dans beaucoup


de langues le mot est n'existe pas, Pour nous qui ne pou
vons pas nous en passer, ce mot implique un jugemen
d'identité. Mais ce que nous ressentons comme tel est en
réalité seulement une juxtapposiiton de deux représenta¬
tions dont la relation réciproque demeure ouverte.
Ce n'est que lorsque la logique s'attache à comprendr
et à fixer la relation, que se pose la question : Identité ou
partie? Ce qui apparaît ici n'est donc pas foncièremen
différent de notre logique, mais c'est quelque chose don
la compréhension n'a pas encore été déterminée, et rest
indéfinie.

Il faut peut-être s'attendre à ce que la conception qu


est à la base de cette esquisse soit condamnée comme un
psychologie associationniste surannée. Je n'ai cependant
pas la prétention de prendre position dans une discussion
sur les problèmes fondamentaux de la psychologie. Je n
me sens ni le goût, ni la compétence nécessaires pour
me prononcer sur la question de savoir s'il y a de
formes de pensée à priori ou non. Je laisse donc la question
posée. Mon but, beaucoup plus simple et plus modeste, es
de montrer par un exemple comment les formes de pensée
prises à l'état embryonnaire et chaotique, où prédominent
les associations accidentelles et irrationnelles, se sont peu
à peu élaborées; et dans cette élaboration se manifeste le
rôle toujours croissant, encore qu'inconscient au début
de la logique qui contrôle la conformité ou contradiction
des associations avec les données de l'expérience; c'est ce
que j'ai appelé la clarification des associations par la
logique. Ainsi j'apporte ici, non une contribution à l'étude
des questions essentielles de la psychologie, mais seu¬
lement un chapitre de l'histoire empirique de l'évolution
de la pensée humaine.
J'évite le terme usuel d'associations d'idées, et j'em¬
ploie le simple mot d'associations, parce que le mot
116 revue d'histoire et de philosophie religieu

stade primitif peuvent être aussi arbitraires et

que possible. ι * **

'
Quand nous voulons honorer la mémoire d
aimé, nous ne nous retirons pas de préférence
chambre silencieuse, ou dans la maison de Dieu
tume veut que nous nous rendions au cimetière à
où reposent ses restes humains. Nous savons que
ne sont que de la chair pourrie et des os en décom
nous savons que l'âme n'est pas à cet endroit, m
moins nous ne pouvons nous soustraire à la puis
l'habitude.

Si nous cherchons la raison plus prof


notre attitude, nous trouverons l'explication s
c'est à cet endroit que nous avons vu pour la der
les restes du défunt ou du moins le cercueil qui le
mait. C'est là qu'ils ont déposés. Nous parlons de
comme de la dernière demeure du disparu. Les
pensées, les dernières associations qui s'attachent
prennent racine dans ce coin de terre que nous sa
fermer ses ossements. Quand nous voulons réve
souvenirs sur lui, nos associations nous entraîn
tombe. Il s'agit par conséquent de la puissance de
tions attachées au mort.
S'il en est ainsi de nous hommes modernes et
nous ne devons pas nous attendre à trouver plus d
chez les primitifs qui se laissent mener encore p
glément par leurs associations sans demander
port et quelle dépendance elles ont entre elles.
A l'époque lointaine de l'âge paléolithique le
déposé sur un lit de silex, tenant dans sa main un
poing qui est en même temps une arme et un o
tard, mais toujours encore pendant la même péri
constatons que les genoux du mort sont tirés e
c'est à dire dans la position que prend le sauv
EXISTE-T-IL UNE CONCEPTION PRIMITIVE DE L'AME ? 11

censé devoir se servir. Voilà l'explication habituelle, ratio¬


naliste de cette coutume. En réalité nous revenons ici éga¬
lement aux associations. Les besoins de nourriture e
d'armement, l'amour de la parure sont associés à l'homm
vivant et ces associations se continuant pour le mort con¬
duisent à l'offrande de nourriture, d'armes, d'orne¬
ments etc... Comme l'on sait cette pratique est un usage
jusque dans le monde civilisé.

Au lieu de parler d'une extension au mort des associa¬


tions attachées au vivant il serait plus juste de parler de
la continuation de ces associations par le mort. Ce rapport
se précise encore davantage. Ce qui est propre au vivant
par opposition au mort c'est le mouvement spontané au
sens le plus large de ce terme, c'est-à-dire le fait d'accom¬
plir de sa propre initiative des mouvements, de
actions etc... Il est vrai que ce mouvement spontané est éga¬
lement attribué au mort; c'est là une croyance archaïque
extraordinairement tenace. Elle continue à vivre de no
jours sous la forme de croyance aux revenants. Le mort
se promène lui-même avec son propre corps ou les restes
de son corps, par exemple avec son squelette. L'importance
de cette croyance pour la genèse des représentations de
l'âme a seulement été appréciée à son juste titre au cours
des dernières années; on manquait jusqu'ici d'une dési¬
gnation courante, mais on peut dire maintenant selon la
formule du roman de Maxime Gorki : « Le cadavre
vivant ». Certains savants Scandinaves ont depuis long¬
temps mis en lumière la valeur de cette croyance pour la
compréhension des représentations de l'âme. Cela pourrait
s'expliquer par le fait que les langues Scandinaves pos¬
sèdent un terme approprié (en suédois : gengângare
littéralement : le revenant).

D'autre part déjà, à l'époque paléolithique, le mort est


enterré dans la terre, c'est-à-dire on lui fait subir un trai¬
118 revue d'histoire et de philosophie religieu

en voie de putréfaction soit éloigné des vivants. Qu


soit d'ailleurs le mode de funérailles employé
primitifs, il a toujours pour fin pratique Péloigne
corps du mort.

Dans la contradiction entre le but pratique de


velissement et les dons funéraires mentionnés
se révèle le désaccord dans l'orientation de la vie
dont on n'a pas assez reconnu, à mon avis, l'im
psychologique religieuse. Le désaccord dans l'or
pousse par exemple le primitif à considérer l'arb
part comme une chose morte, à l'abattre pour e
son bois à la confection de ses outils, de sa caban
chauffage; d'autre part il est amené à le craindr
vénérer comme le siège de puissances mystérie
j'employais l'expression moderne : ambivalence
timents, mon point de vue serait peut-être plus s
apprécié. Ainsi donc on sait que le mort est mort
traite comme tel. On sait avant tout qu'il lui m
mouvement. Et malgré cela on apporte des offr
son tombeau et on croit qu'il s'agite. Les deux séri
ciations sont diamétralement opposées, mais
aujourd'hui elles se maintiennent à côté l'une de

Mais comme on sait que le mort est mort, on


implicitement par là que les associations qui so
chées au vivant sont rompues et doivent être sép
mort. C'est avant tout le cas pour la faculté de se
qui constitue la véritable marque de la vie. Nous
que la séparation des associations jusque-là c
n'est pas facile et d'autant moins que le primitif
pas concevoir que la faculté de se mouvoir soit
néant, comme il se représente difficilement que la
un phénomène naturel ou que le monde a été créé
Cette faculté de se mouvoir n'est évidemment p
sentée comme une qualité abstraite, mais dans s
EXISTE-T-IL UNE CONCEPTION PRIMITIVE DE L'AME ? 11

cesse de couler ou que la respiration s'arrête c'est la mor


qui intervient. Les faisceaux d'associations sont appelé
âmes de vie (Lebenseele) et sont spécifiés par les terme
d'âme du souffle ou d'âme du sang. L'âme du sang est e
même temps ce qu'on appelle une âme du corps, parc
que le sang est quelque-chose de corporel. La vie, plu
spécialement la faculté de se mouvoir, est encore associé
à d'autres organes, par exemple au cœur, aux intestins e
ainsi on pourrait parler d'une quantité d'âmes du corp
Mais quand une série d'associations est devenue d'usag
courant elle continue à s'accroître et s'attache à d'autre
points d'association analogues. Ainsi la vie est associé
avec d'autres parties ou sécrétions du corps et d'après cel
on désigne des âmes du corps correspondantes. Pourtant
qui s'en est envolée dans une partie du corps ou dan
quelque chose qui appartienne à l'homme. On peut san
inconvénient l'associer à des êtres ou des objets se trou
vant en dehors de l'homme, bien entendu en les supposan
en rapport si étroit avec l'homme qu'ils préparent la voi
à l'association. Le culte du Fanany qui est très répand
nous en fournit un exemple typique : le premier ver qu
sort du cadavre en décomposition est conservé et soign
comme un représentant du mort. C'est quelque chose d
vivant qui est sorti du mort. C'est d'une façon analogu
que les même associations peuvent s'appliquer à un êtr
vivant qui se dépose sur le cadavre ou s'en rapproche, pa
exemple à un papillon, un oiseau ou à un serpent qui s
glisse hors de la tombe.
Ce sont là les animaux-âmes bien connus et souven
mentionnés; ils sont arrivés à leur signification de porteur
d'âmes par le même procédé que par exemple l'âme d
souffle, c'est-à-dire par une association qui transporte l
mouvement ou la vie du mort sur quelque chose d'extérieu
en rapport avec lui.
Mais les possibilités d'associations ne sont de long
120 revue d'histoire et de philosophie religieu

mêmes contours que lui, elle exécute les mêmes


ments, bref elle est entièrement liée à l'homme.

Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que l'ombre


sidérée comme Y alter ego de l'homme et que le
associations s'y rattachent. Ce n'est donc pas san
que l'ombre est conçue comme une sorte d'âme.
Il en est de même de l'âme-image, bien qu'une
image en tous points analogue à l'objet n'existe p
dire pas pour les primitifs : c'est pourquoi la repré
d'une âme-image n'est pas arrivée à son plein ép
ment et les associations rattachées à cette image n'
encore solidifiées portent une forme plus primitiv
que les primitifs n'aiment pas se laisser photogra
effet l'appareil photographique donne une repr
tout à fait semblable et à laquelle s'attachent le
associations qu'à la personne qui est reproduite. M
un autre qui possède cette image, elle est dans un
sens son esclave, et il peut faire tout ce qu'il lui pl
qui est photographié ne sait pas ce qui va arriv
image, il n'est pas maître de son alter ego auquel s
chées les mêmes assocations qu'à lui-même. Rien d
donc qu'il se refuse à poser devant l'objectif d
graphe.
Le terme d'âme du nom est rarement employé
ralement on parle du nom comme tel et de sa sig
— mais il est en soi tout aussi justifié que les dés
d'âme-ombre et d'âme-image. Le nom d'un homm
point de contact pour des associations de genre
avec la seule différence que le nom n'est pas u
visible. Quand on nomme le nom, toutes les ass
qui s'attachent à son possesseur sont réveillée
vient l'importance bien connue du nom, im
qui peut être équivalente ou supérieure à celle d
tie du corps, par exemple des cheveux. Le fait qu
naire le nom n'est pas compté parmi les représ
EXISTE-T-IL UNE CONCEPTION PRIMITIVE DE L'AME ? 121

âme de la stèle funéraire (Grabmalseele), car la stèle funé¬


raire apparaît comme un suppléant du mort qui repose
en-dessous et cela indépendamment de sa représentation
comme siège de l'âme. La cause est que les associations qui
s'appliqueraient à celui qui repose sous la pierre sont sim¬
plement reportées sur cette dernière. Dans le culte des
héros en Grèce il arrive que la stèle funéraire soit lavée,
embaumée, voire même baisée. C'est peut-être en rapport
avec cette catégorie d'associations que la pierre tombale
se trouve munie de l'image du disparu soit dans la forme
d'un hermès comprenant la tête et les organes génitaux,
soit de telle façon que la figure soit sculptée à la surface
de la pierre haute et étroite. Le rapport est encore plus net
chez les Araméens qui vont jusqu'à appeler la pierre funé¬
raire nefesch, c'est-à-dire âme. Cela les amène à fixer
l'image sur la pierre. Finalement il résulte de ce processus
la statue tombale. A cause des associations transférées du
mort au monument funéraire, il est naturel que le monu¬
ment porte ses traits et sa stature.

Au cours de ces dernières années plusieurs savants ont


mis en évidence et discuté la profonde différence entre
les représentations de l'âme du mort et celles du vivant.
Il est étrange que cette différence ait été si longtemps
méconnue; sa mise en évidence et son appréciation signi¬
fient un grand progrès dans notre connaissance de la
genèse et du développement des représentations de l'âme.

Cette différence est universelle et compte aussi pour


nous modernes. La représentation populaire de l'âme
humaine comme un résumé des qualités intellectuelles et
morales de l'homme supposé libre de tout élément corpo¬
rel s'applique seulement à l'homme vivant. Aussitôt que
nous voulons nous remémorer l'âme d'un mort, il appa¬
raît à notre représentation comme un esprit. Rappelons
pour exemple les séances spirites avec leurs apparitions
de fantômes, et la doctrine de la matérialisation et du corps
122 revue d'histoire et de philosophie religi

la représentation encore entachée de matérialit


concerne l'âme du mort.

Cette différence est naturelle, voire même


si les représentations de l'âme sont examinée
point de vue ici exposé. L'âme d'un homme v
qu'elle est conçue dans notre représentation
agit par les organes du corps. Cette représe
l'âme se produit par la simple suppression de
est temporel. Voilà le progrès sur les repr
primitives qui laissent l'âme attachée au corp
cependant ceci de commun dans les deux cas q
ciations sont attachées au corps vivant qui for
de départ des associations.

J'ai déjà dit que les associations qui s'at


vivant peuvent aussi être transférées sur le m
fois ce qui en résulte ce n'est pas une représe
l'âme, mais la croyance aux revenants, la rep
des cadavres vivants. Quand le mort est consid
mort et non comme vivant, la situation est te
associations qui s'attachaient au vivant sont a
coupées de leurs points d'association. Malgré c
conservent dans la mémoire et continuent de
vées de point d'appui elles cherchent pour ain
nouvelle habitation. Cette comparaison peut p
peu trop pittoresque, mais elle n'est pas tout-à-
Il serait peut-être plus juste de dirte que lors
veau point d'association se présente, elle tâch
attacher.

Ce point est bien connu, c'est ce qu'on ap


libre. Il n'est pas besoin ici de longue dém

signalons
les rêves et
simplement
les hallucinations
que l'âme-image
est communémen
qui app

comme le point de départ le plus important


personnellement je penche plutôt vers l'opinio
qui attribuent aussi à l'image de la reconnai
EXISTE-T-IL UNE CONCEPTION PRIMITIVE DE L'AME ? 123

tiens qui se rattacheni à l'homme vivant : elle le fait


jusqu'au dernier point, et à un tel degré que cette repré¬
sentation de l'âme comme croyance aux esprits se
rapproche tellement de la croyance aux revenants que les
deux finissent presque par fusionner. D'autre part l'âme
libre en tant qu'image non réellement perçue conserve
quelque chose de changeant, de vague et est influencée
par d'autres représentations de l'âme, même fondue avec
elles, par exemple l'âme souffle, l'âme animale etc.
J'ai intitulé cet article : « Existe-t-il une conception
primitive de l'âme » ? Je n'ai naturellement pas l'inten¬
tion de répondre à cette question par un oui ou un non
catégorique; j'ai mis l'accent sur deux termes de la ques¬
tion, premièrement sur le mot « conception » , et deuxième¬
ment sur le mot « une ».

Ce qui vient d'être décrit et exposé brièvement peut


être appelé conception seulement d'après l'usage défec¬
tueux et vulgaire de ce terme. Ce n'est pas une véritable
conception au sens propre du mot. Une idée réelle de
l'âme n'existe pas pour les primitifs et ne se trouve même
pas à une échelle plus élevée de la culture. Ce qui existe
ce sont des groupements d'associations qui se rapportent
à un point précis et sont déterminés par lui tout en gar¬
dant l'indépendance et la variété des aspects.

De plus il n'existe pas seulement un, mais une multi¬


tude de groupements de ce genre, parce qu'il y a une mul¬
titude de points de départ. La théorie pluraliste de l'âme
a ses racines dans la nature des choses, car ces bagages
d'associations courent l'un à côté de l'autre sans qu'on les
vérifie quant à leur rapport, leur ressemblance ou leur
contradiction. Cela vient seulement très tard.

Sans doute ils influent et ils déteignent les uns sur les
autres. Ici il est inutile de multiplier les exemples, ils sont
présents à tous. Je remarquerai simplement que l'âme
124 revue d'histoire et de philosophie religie

représentations. La solidification consiste dans l


la représentation séparée de son point de dépar
tée comme un tout existant pour lui-même. A
exemple dans l'histoire de l'homme qui vendit s
au diable, l'ombre est détachée de l'homme.
soul , c'est-à-dire la vie transposée à l'ext
l'homme dans le conte, est un autre exemple b
de cette cristallisation et de cette séparation.

En terminant je voudrais faire encore une r


le mot matière de l'âme créé par les savants q
occupés des peuples indonésiens a été souvent e
également appliqué aux représentations d'autre
par exemple des Indiens de l'Amérique du No
matière de l'âme est comme une substance de
répandant à travers tout, non seulement à tr
hommes, mais aussi parmi les animaux, les pla
nature toute entière. Il y a là à mon avis une r
tion d'un autre genre que celles examinées jusqu
exige une explication spéciale.

A cet effet il faut que je rende attentif à un p


d'ordre général. Il est connu que chez les pri
repréentations et le contenu représentatif des
prodigieusement concrets et contiennent une
traits particuliers qui les constituent. Mais à cô
il y a, et c'est ce qu'on considère moins, des
tations d'ordre universel que j 'appeler ai catég
dernières se rencontrent moins comme termes
dans la construction de la langue, par exempl
genre des substantifs, dans les formes verbale
dans les classifications; le totémisme en est, à
un cas particulier. Au point de vue de la lan
apparaissent dans des mots employés comme ad
par exemple dans l'usage du redoublement pour
quelque chose de grand. Le mana doit être rang
domaine. Il se révèle dans des cas particuliers,
EXISTE-T-IL UNE CONCEPTION PRIMITIVE DE L'AME ? 125

sentation universelle qui reçoit aussi une expression orale

et se trouve par là plus affermie et développée.

Il en est exactement de même de ce qu'on appelle la

matière de l'âme. Il s'agit non de l'âme libre, mais de la

force vitale, bien qu'il se produire' naturellement des

mélanges. Cette force vitale est associée à tous les êtres

vivants; ainsi naît une représentation commune d'une

matière de l'âme répandue à travers toutes choses, matière

qui se trouve toutefois dans des relations réciproques avec

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