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Isabelle Pitre
La thérapie humaniste
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
L’Éditeur bénéficie du soutien de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec
pour son programme d’édition.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre
du Canada pour nos activités d’édition.
La terre est bleue comme une orange.
Paul Éluard
Introduction
On franchit un grand pas quand on est capable d’exister
indépendamment du regard des autres et de chercher son salut dans
sa propre analyse. Focaliser sur soi, ses buts, sur ce qu’on sait
faire, ses qualités, ses talents et donner l’exemple. Rester soi-même
et, surtout, s’apprécier.
François Ducasse
La course au bonheur
Nous aspirons à la paix. Fondamentalement, nous recherchons tous une
certaine forme de bien-être, un état de satisfaction. Que ce soit à l’intérieur
de notre esprit, de notre corps ou dans un confort plutôt matériel, cette
aspiration vers la paix nous est commune. Personne ne cherche le contraire,
c’est bien certain.
En fait, personne n’aime le mal-être, les pertes ou la maladie. Personne
n’est venu ici pour vivre des choses comme celles-là. En tout cas, pas de
façon volontaire, j’imagine. Que nous vivions de beaux moments ou que
nous soyons confrontés à des périodes plus difficiles, nous savons que nous
avons droit au bonheur. Quelque chose en nous le sait.
Fort heureusement, d’ailleurs, puisque ce droit vaut également pour tous.
Partout où il y a la vie, il y a cette aspiration à être, ce droit à la plénitude et
à l’épanouissement. Par conséquent, si le bonheur naît de la vie, c’est que la
vie n’est rien d’autre que le bonheur. Alors, pourquoi vouloir envisager
notre existence sans lui ?
Nous passons notre vie à le chercher. Nous recherchons ici et là des
réponses sur la façon d’atteindre cette complétude. Remplir le vide en
attendant de trouver : voilà en quelque sorte comment nous occupons notre
temps.
Notre quête réelle ne se situe pas tant sur le plan d’un état d’être,
puisque, ironiquement, nous tentons par tous les moyens d’en camoufler
l’existence. Plus nous cherchons à combler ce qui nous manque, plus nous
l’alimentons. Plus nous courons après le temps, plus le temps nous échappe.
Et plus nous entretenons des attentes, plus nous attendons. À l’évidence,
nous nageons à contre-courant.
Les humains sont tous égaux, il faut le reconnaître. Chacun de nous a la
même importance vu que nous connaissons tous la même quête. La
définition du bonheur pour l’un est peut-être différente de celle d’un autre ;
mais, sans me tromper, je peux affirmer que le bonheur, pour tous, se
résume à être heureux. Maintenant, ce qui nous rend heureux est encore une
fois bien personnel, et là aussi nous pourrions en débattre. Toutefois,
comment pouvons-nous le faire sans créer un fossé entre le bonheur et
nous ?
Nous séparons au lieu d’assembler. Nous décortiquons au lieu de réunir.
Nous divisons au lieu de multiplier. Pourquoi passons-nous notre vie à
chercher un état qui est déjà là ? Cela essouffle à la longue, il me semble.
Cela me fait penser à un jeune chat qui court après sa queue. Il le fait pour
jouer, évidemment, jusqu’à ce qu’il se rende compte que cette chose qui
bouge à l’autre bout fait partie de lui. Cette queue qu’il croyait être celle
d’un autre, c’est la sienne !
Nous faisons de même avec le bonheur. Nous cherchons ailleurs ce qui
se trouve en dedans de nous. Le bonheur, c’est aussi cette partie de nous.
Peut-être est-ce difficile à concevoir pour certains, et je comprends. Nous
doutons de cette présence, car si le bonheur est déjà là, comment se fait-il
que nous ne soyons pas toujours heureux ?
Comme le disait un ami : « Pourquoi persister à chercher uniquement
dans cet endroit alors qu’il en existe plein d’autres ? » Changeons nos
lunettes pour changer notre façon de voir les choses : il y en a de toutes les
sortes.
Prenons conscience autrement de ce que nous sommes, uniquement en
regardant la vie à partir d’une autre position. Votre position ou la mienne,
pourquoi pas ? Elles sont toutes bonnes. Comprenons diversement ce que
veut dire le mot « comprendre » parmi plusieurs autres choix de mots.
Peut-être qu’aujourd’hui est un bon moment pour faire un arrêt et
s’interroger intérieurement sur cette fameuse question de la paix. Comment
est-ce que je peux personnellement contribuer à faire de mon monde un
monde meilleur, un monde où, quel que soit l’endroit où je regarde, règne
plus de paix ?
L’inconscient
Pour définir l’inconscient, cette partie située en dessous de notre
conscience, comparons-le à une superbe banque de mémoire qui
s’apparente à la sauvegarde d’un ordinateur. Tout y est, du plus lointain
souvenir au plus récent. Parfois, nous avons l’impression que certains
souvenirs, surtout les plus anciens datant de notre très jeune âge, sont
impossibles à se remémorer. Les gens disent que ça ne sert à rien de
chercher une information datant de plus de deux ans, par exemple, parce
qu’ils ne se la rappellent plus. C’est oublier que l’inconscient, lui, se
souvient.
La sauvegarde qu’il élabore grave des renseignements avant qu’ils soient
passés à la conscience. L’avant et l’après y sont, parce que l’inconscient
réenregistre les événements chaque fois qu’on se les rappelle. Les bons
coups sont là, mais eux, généralement, on s’en souvient... Quand certains
souvenirs refont leur apparition dans notre conscience, c’est qu’en quelque
sorte nous l’avons demandé. De temps à autre, le passé revient, comme ça !
Parfois, c’est captivant parce qu’on peut vérifier ses impressions avec les
gens présents à l’époque ; d’autres fois, c’est un peu moins drôle.
Oui, les erreurs sont possibles aussi. Dès lors que nous croyons avoir
éradiqué de notre mémoire un épisode ou tout un pan de notre vie, voilà que
l’inconscient nous le ramène en plein visage. Les informations se
promènent ainsi d’une rive à l’autre. De l’inconscient, où l’on ne sait pas
que l’on sait, à la conscience, là où l’on pense que l’on sait.
Nous sommes inconscients de notre inconscient
Pour avancer librement dans notre lecture, il est bon d’avoir certaines
notions de ce qu’est cette partie de notre entendement. Car, dans plusieurs
situations, cette connaissance peut nous épargner bien des maux et des
misères. L’inconscient est présent partout. C’est lui qui faisait dire non à la
femme de tout à l’heure alors qu’elle tentait de donner ses conseils. Il se
voit physiquement de toutes sortes de manières. Il s’observe dans les
micros-indices, des détails comme la couleur de la peau qui change, la
respiration ou les mouvements oculaires. Toutes sortes de signes qu’il nous
est possible de discerner lorsque nous étudions plus à fond ce genre de
langage.
Sa caractéristique première réside dans le fait que nous ne connaissons
pas son importance. Nous en sommes effectivement bien inconscients. Et le
mot est faible quand on sait, par exemple, qu’il réagit avant notre esprit
conscient. En d’autres termes, cette partie de notre esprit accomplit une
foule de tâches bien avant que nous en ayons conscience, comme celle de
classer les informations par catégories.
Notre esprit conscient demande un temps d’assimilation de l’information
beaucoup plus long. Ainsi, beaucoup d’informations demeurent
complètement inconnues de nous. Ces renseignements sont enregistrés dans
l’inconscient avant même qu’on en aperçoive une parcelle d’existence. « Ça
s’est passé juste avant que j’en aie connaissance. » Allez dire ça à
quelqu’un qui vous questionne ! Donc, qu’il s’agisse de bruits, des
mouvements que fait un chat, de l’éclairage extérieur ou de la régulation de
notre température interne lorsque nous dormons, tout cela est également
enregistré, formaté. On ne tombe pas dans un trou noir juste parce qu’on a
fermé ses yeux.
La trinité intérieure
Notre cerveau se divise en trois niveaux, qui correspondent à leur âge
respectif dans l’évolution de l’homme. C’est ce que certains thérapeutes
nomment notre trinité intérieure. Comprenons que ces trois parties ne sont
pas réellement séparées, mais pour vous faciliter la compréhension,
j’énumérerai quelques-unes de leurs propriétés distinctes.
Le cerveau reptilien d’abord, comme son nom l’indique, réfère à la partie
la plus ancienne, là où se loge notre instinct de survie. Cette partie régit,
entre autres, la coordination de toutes nos fonctions biologiques. Le
reptilien gère efficacement le corps et ses automatismes, et nous n’avons
pas idée de l’étendue de sa tâche. Pouvons-nous imaginer avoir à penser
faire battre notre cœur conformément à nos besoins ? Ce serait une tâche de
chaque instant qui impliquerait une attention constante. Alors, il vaut mieux
lui laisser ce travail.
Le cerveau limbique accueille les émotions. C’est le siège de
l’intelligence émotionnelle. Un espace, comme on l’a deviné, qui favorise la
rencontre des stimulus qui nous permettent d’avoir des réactions humaines.
C’est le lieu où nous entreposons les processus de nos apprentissages, nos
stratégies mentales et les mémoires du passé. C’est un peu la raison pour
laquelle nous revivons parfois les mêmes émotions, jusqu’à ce que nous en
comprenions le sens. Stimulus et stratégies partagent, comme un couple, la
même chambre.
Donc, le premier niveau pour la survie et le deuxième pour les émotions
qui nous fournissent des références nettes sur ce que nous considérons
comme dangereux ou risqué comparativement au reste.
Le troisième niveau est le néocortex. Cette partie de notre cerveau est la
plus récente. C’est en principe ce qui nous distingue des animaux et de
l’homme des cavernes. Le néocortex héberge notre intellect. C’est là que se
jouent le maniement des idées, le discernement, la volonté d’agir, pour ne
nommer que ces fonctions. Composé d’éléments extrêmement raffinés,
notre mental est sélectif et performe d’une manière incroyable. Nous y
expérimentons, entre autres, le temps et la distance, la théorie de la
relativité. Grâce au néocortex, nous bâtissons notre modèle du monde, notre
réalité. Il demeure peut-être à la base de l’ensemble de la programmation
neuronale, mais il est aussi notre personnalité intrinsèque. C’est à la
confluence de ce niveau finalement et de notre âme qu’il nous est permis
d’évoluer.
Des milliers, des millions, des milliards, des trillions
L’inconscient, dans le fond, est un amalgame de toutes les informations
dont nous n’avons pas conscience. Tout ce dont nous ne connaissons pas
l’existence habite là. C’est la partie de notre esprit qui se situe sous l’eau, si
on utilise l’image d’un iceberg. C’est comme chercher une aiguille dans une
botte de foin, l’aiguille, dans le cas qui nous intéresse, représentant en
proportion notre partie consciente.
On peut difficilement comprendre que la plus grande part de ce qui nous
constitue est totalement ignorée de notre conscience. Dans cette
gigantesque banque d’informations et de potentialités, nous avons déposé
consciemment des sons, des images, des odeurs et des sensations associés
aux événements vécus. Mais combien de ces stimulus y ont été entreposés
inconsciemment ?
On dit qu’en moyenne un homme d’une trentaine d’années a déjà
emmagasiné trois trillions de souvenirs dans son inconscient. Et ça
continue, chaque seconde de sa vie. On peut donc croire que quelques
souvenirs lui ont sûrement échappé ! Quatre cents milliards de sensations à
la seconde sont captées et stockées sous forme de mémoire – ça fait
beaucoup de zéros. Lorsqu’on réalise que l’humain ne garde dans sa
conscience qu’un infime pourcentage de ces expériences, on est porté à
croire qu’il nous en manque des bouts.
En conséquence, c’est peut-être avec raison que nos proches s’amusent à
rire de nos manies. Qui n’a pas vu au moins une femme s’ouvrir
automatiquement la bouche lorsqu’elle applique son mascara ? Comme s’il
y avait un lien entre les deux actions. Mais trêve de plaisanteries ! Car dans
bien des conditions, cette partie qu’on ne connaît pas nous éloigne de nos
aspirations. Nos désirs vont dans une direction, alors que nos gestes en
choisissent une autre.
L’intention est bonne
On a beau vouloir beaucoup, on a beau souhaiter très fort, ça ne marche pas
toujours comme on le veut. Prenons, par exemple, la fois où nous avons
décidé de changer une ou des habitudes alimentaires. Moins de sel, moins
de calories, plus d’exercices, nous prenons fréquemment des résolutions
qui, sur le coup, semblent définitives. « Cette fois-ci, je vous le jure que
c’est bien vrai ! » L’intention est là. Elle est vraiment bonne.
Nous sommes vraiment ennuyés par un comportement particulier, mais
au moment de faire la première action, nous ne sommes plus certains et
préférons attendre au lendemain. Nous reculons de deux pas avant d’en
faire un seul vers l’avant. Après coup, dirons-nous, ça s’annonçait mal, ce
n’était pas le bon moment. Ça ne l’est jamais, en fait, parce que l’harmonie
interne est tributaire de plusieurs facteurs.
Cet insuccès est peut-être dû au moment choisi ou à la mauvaise
organisation des priorités, pour certains. Intérieurement, d’autres personnes
se voient comme des paresseux ou des lâches. Ou est-ce une valeur plus
profonde qui est touchée et qui nous met des bâtons dans les roues ? Dans
tous les cas, on est soit déçu, soit fâché, parce que rien n’explique
véritablement ce qui s’est passé entre le désir et l’échec essuyé. Nous
mettons le tout sur le dos de la mauvaise fortune et, dans le pire des
scénarios, mieux vaut ne plus rien essayer, car notre estime est en baisse.
Rassurons-nous, ce type de situation, nous le vivons fréquemment. Notre
réaction fait partie des nombreux mécanismes inconscients. Pourquoi nous
en vouloir puisque ce qui nous semble être un échec nous indique l’exacte
faille à revoir dans notre stratégie. La majeure partie du temps, notre
inconscient possède les solutions à nos problèmes, c’est sa façon de nous
les communiquer qui est peut-être mal perçue.
Pour nous aider à voir plus clair dans tout cela, nous devons unir ce qui
est séparé, créer un pont entre tout le savoir de l’inconscient et notre
conscience. De sorte que nous intégrerons notre plein potentiel. L’un
ressemble à la partie submergée d’un iceberg, l’autre à celle qui
expérimente la lumière. L’intérieur et l’extérieur de l’eau. Alors,
considérons-nous comme complets si nous fusionnons ces deux parties en
une seule.
Sachant cela, nous pourrons permettre l’émergence de cette portion
cachée et nous prévaloir de son aide précieuse uniquement en
communiquant plus abondamment avec elle. Autrement, nous pourrions
penser être complets et rester dans l’ombre de ce que nous sommes.
Le confort des vieux souliers
L’étude des caractéristiques spécifiques de notre inconscient pourrait
représenter une encyclopédie à elle seule. Ce qui nous intéresse surtout,
c’est le fait qu’il n’aime pas le changement. Le reptilien gère très bien le
corps, et pour lui, tout changement est synonyme de stress potentiel ; il est à
l’aise dans ses souliers et préfère y rester.
Voilà qu’un homme qui présente un surplus de poids fait le choix
d’entreprendre un régime. Il décide de couper un de ses trois repas
quotidiens, tout simplement Au début, tout semble fonctionner, et l’homme
se sent bien dans sa décision. De plus, il n’a pas eu à changer ses habitudes
alimentaires, comme certains le lui suggéraient. Puis, après peu de temps, il
constate que son poids cesse de diminuer, il se stabilise.
En effet, notre homme a de plus en plus de difficulté à se rassasier. Si
bien qu’il mange plus qu’à l’accoutumée et ressent la faim plus souvent. Il
prend ses deux repas par jour et grignote tout autant. Finalement, au lieu de
perdre du poids, il en gagne.
C’est un exemple simple qui explique comment réagit notre inconscient
face au changement. En vérité, l’inconscient favorise toujours ce qui est
connu et sécuritaire. Il établit le déroulement de la journée d’aujourd’hui et,
si tout va bien, il refait la même chose le lendemain. Il adore la routine.
Pour lui, le changement est toujours source de stress. Il va vers l’inconnu et
sa mission dans le corps est beaucoup trop importante pour qu’il baisse la
garde.
Dans le cas précédent, l’inconscient démontre un énorme pouvoir
décisionnel. Il stabilise le poids malgré les efforts de l’homme. Conscient et
inconscient se bagarrent à savoir qui aura le dernier mot ; généralement, s’il
n’est pas consulté, c’est l’inconscient qui gagne. Forcément, car c’est lui
qui fait fonctionner nos organes. Pouvons-nous imaginer tout le travail qu’il
effectue afin de nous permettre de réfléchir ou de rêvasser ?
La négation au bord du précipice
En plus de ne pas aimer le changement, l’inconscient déteste le vide. Mieux
vaut toujours avoir un plan de rechange lorsqu’on désire se débarrasser
d’une habitude, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Par exemple, pour cesser
l’usage de la cigarette, il est coutumier de remplacer celle-ci par un verre
d’eau, une paille ou un cure-dent, ou encore par un plan d’action complet
pour contrer l’habitude et la dépendance physiologique.
Nous pouvons facilement nommer les éléments dont nous ne voulons
plus la présence dans notre vie, mais il est important de savoir ce que nous
souhaitons mettre en place ou à la place. Normalement, nous remplaçons ce
qui incarne le négatif par du positif. Un meilleur choix est le mot d’ordre.
Cette mauvaise chose que j’enlève doit être remplacée par une bonne,
autrement le vide se remplit de lui-même.
L’inconscient est créatif. Il prendra en charge de façon autonome cet
espace que nous avons laissé vide. Or, est-ce que son choix représentera ce
que nous souhaitons ? Ce n’est pas sûr. Il choisira ce qu’il connaît, et le plus
facile évidemment sera de remettre la même chose qu’avant. Alors, notre
attention doit travailler à générer le ou les éléments que nous voulons avoir
en place, et nous devons en être conscients. De cette manière, nous
pourrons remplir le vide en visitant plutôt le côté de nous qui bénéficie de la
lumière.
Un autre point particulier à considérer est que l’inconscient ne comprend
pas la négation. Lorsque nous recevons la consigne de ne pas imaginer un
flamant rose avec des pois jaunes, par exemple, notre première action
intellectuelle est de rechercher l’information dans la mémoire ou de la créer.
Nous allons chercher l’image dans notre esprit et, une fois qu’elle est
trouvée, nous songeons qu’il ne le fallait pas. En faisant cela, nous
inversons le processus de la pensée. À une chose dont nous ne voulons
absolument pas l’existence nous donnons la vie.
En fait, plus nous utilisons un langage négatif, plus nous alimentons le
négatif en nous. Pour l’inconscient, tout est réel, même les choses lancées à
la blague. Les paroles et les pensées mauvaises s’impriment de la même
façon que les bonnes. « Je ne veux pas être seul » se traduit par : « Je veux
être seul. » Pour lui, la compréhension ne se fait pas. Dès lors, il mettra tout
en branle pour répondre à notre souhait d’une manière presque parfaite. La
notion d’humour n’existe pas dans l’inconscient, ni le concept de faire
semblant. Tout comme il ignore les raisons pour lesquelles être seuls n’est
pas bon pour nous. Tout est capté, au détail près, et c’est à nous de prendre
conscience de l’importance de ces éléments infimes.
Je croise un homme d’une quarantaine d’années qui répète à qui veut
bien l’entendre qu’il ne passera pas le cap des 60 ans. « Rendu là, dit-il en
riant, il n’y a plus rien de bien intéressant. » Eh bien, vingt ans plus tard,
voilà qu’en lisant la rubrique nécrologique j’apprends son décès...
Mon meilleur ami, c’est moi
L’inconscient est particulier. Comme une machine, il exécute
admirablement bien ses fonctions. Mais si nous ne savions pas qu’il faut
jouer notre rôle de commandant, maintenant nous le savons. C’est à nous de
mieux diriger cette machine pour réussir à nous en faire un allié lors de nos
éventuels changements. Mon meilleur ami, c’est moi : nous connaissons
cette phrase ; or, nous sommes pareillement notre pire ennemi.
La première action à faire pour instaurer un climat d’harmonie dans notre
esprit est de le garder ouvert. Ouvert à croire que tout ça a peut-être du bon
sang, après tout. Nous avons tendance à réagir devant l’inconnu en nous
fermant les yeux. Tout de suite nous installons nos barricades, comme s’il
s’agissait d’un ennemi, ou alors nous prenons la fuite. Et normalement,
nous le faisons assez rapidement.
Ce qui représente un danger n’est pas le danger en soi. L’inconnu que
nous identifions comme un ennemi, c’est nous. Si nous prenions le temps
de le connaître, nous serions surpris des secrets que cette face cachée recèle.
L’inconscient nous est personnel, il est l’intériorisation de ce que nous
sommes depuis le tout début. Cela vaut peut-être le coup de partir à sa
découverte.
Parce qu’il est présent à chaque petit instant de notre vie, l’inconscient
les connaît tous, ces secrets, bien mieux que nous-mêmes. Il participe à tous
ces moments tout en privilégiant trois éléments : la survie du corps, le
plaisir et la facilité. Tous nos choix sont donc fonction de ces critères. C’est
l’évidence puisque tous nos comportements sont influencés par
l’inconscient. Il est là de jour comme de nuit.
Nous verrons plus tard quelle est la meilleure façon de partir à la
découverte de notre inconscient. Pour l’instant, nous devinons que cet
examen ne s’effectuera pas n’importe comment. C’est un peu comme un
enfant qui explore un nouveau monde qu’il nous faudra agir. En toute
simplicité, ouvert à la vérité qui se présente à nous, comme l’enfant qui
apprend à marcher. Sans juger de l’expérience, il tombe parfois, et se
relève. Il ne condamne pas son erreur, il apprend d’elle.
Mais si pour cet enfant qui s’abandonne naturellement à la vie toute
expérimentation favorise un apprentissage, chez nous par contre, qui avons
déjà quelques notions de ce qu’est la douleur, la résistance s’installe
rapidement et nous fait vivre tantôt l’inquiétude, tantôt la peur.
Une chute de cheval
Une jeune femme vient à la ferme pour suivre des cours d’équitation. Selon
l’histoire qu’elle raconte, elle a subi une chute de cheval, et c’est une
mauvaise expérience qu’elle voudrait oublier. Une fois en selle, son corps
devient si raide que j’ai l’impression qu’elle a cessé de respirer. Je lui
demande alors comment elle se sent. Le visage rouge, elle me répond : « Je
ne suis plus en mesure de bouger et je ne sais pas pourquoi. Plus j’essaie,
moins je suis capable. » Puis elle insiste pour que je l’aide à descendre.
Avouons-le, la résistance est bien légitime. La peur nous paralyse bien
souvent. Cette pauvre femme s’en est bien tirée ce jour-là, car j’ai promené
son cheval en laisse jusqu’à ce qu’elle parvienne à se détendre.
L’apprentissage de ce que nous sommes, est-ce une quête qui n’appartient
qu’aux plus courageux d’entre nous ? Je ne crois pas. Peut-être aux plus
persévérants.
Être conscient des automatismes de l’inconscient demande de
l’entraînement. C’est ce qu’on appelle l’alchimie de notre chemin intérieur.
Comprenons que, par cette quête, nous sommes appelés à franchir des
limites insoupçonnées, mais ce sont les nôtres. Tantôt nous posons nos
pieds à des endroits où nous ne voyons pas ce qu’il y a dessous, tantôt nous
fréquentons des zones tellement sombres de nous-mêmes que nous avons
l’impression d’avancer à tâtons ; mais partout il y a la lumière au bout du
tunnel. À nous d’en apercevoir à tout le moins une lueur.
« Notre existence se trouve entre deux éternités. Nous vivons dans un
reflet. » Nous vivons à la confluence de deux mondes séparés, à l’intérieur
d’un filtre. Cette belle citation que l’on trouve dans le Timée de Platon nous
renvoie à la notion que nous avons de l’ego et des limites qu’il érige entre
notre conscience et son plein éveil. Regardons ensemble en quoi cela est
possible.
Le conscient et l’éveil
L’esprit conscient est une partie de notre cerveau que nous connaissons
beaucoup mieux que l’inconscient. En fait, nous avons l’impression qu’il
est notre cerveau dans son entier, puisqu’il représente tout ce dont nous
sommes conscients. Nous sommes conscients de ce que nous connaissons
de nous, c’est bien logique, et nous sommes conscients que d’autres
personnes connaissent d’autres aspects de nous.
Dans l’analogie de l’iceberg, le conscient est la partie située hors de
l’eau. Nous pouvons aisément nous décrire en tant que personne physique
ou morale parce que nous possédons cette connaissance sur nous-mêmes.
Nous pouvons décrire notre personnage, dire « Je suis un homme (ou une
femme) », définir notre culture, notre rôle social ou encore nos qualités et
nos défauts. Par comparaison, il nous est impossible de fournir une
définition quelconque de ce qu’est notre inconscient.
Nous savons qu’il existe parce qu’il s’observe quand nous nous y
attendons le moins, qu’il s’entend lors de lapsus et qu’il se ressent.
L’inconscient s’ajoute donc à notre personnalité comme un élément non
défini, la plupart du temps insaisissable.
Inconscient et conscient ne sont pourtant pas opposés puisqu’ils
interagissent. Une relation subsiste entre les deux. Leur méconnaissance
respective favorise malheureusement une succession de conflits que nous
vivons de l’intérieur. Toute désharmonie physique a, de ce fait, son origine
dans notre esprit. Conséquemment, tout conflit qui perdure entre notre
esprit conscient et notre inconscient nous conduit inévitablement au mal-
être.
Quelque part vit l’inconscient, encore lui !
Parce que l’inconscient est autonome, il gère ses opérations lui-même, selon
les commandes qu’il reçoit de notre esprit conscient ; plus précisément,
selon les pensées que nous entretenons sur nous-mêmes ou sur la vie, selon
nos paroles et nos gestes. Nous avons beau laisser croire aux autres que la
peur du noir, c’est dorénavant terminé pour nous, si nous réagissons encore
au moment où nous sommes pris dans une ruelle sombre, c’est que, quelque
part, cette crainte existe encore.
Ce « quelque part », nous commençons déjà à en avoir une petite idée,
notre esprit conscient est très sélectif. Depuis le début de cette lecture,
l’esprit conscient a choisi les informations qui lui semblent importantes et a
rejeté toutes les autres. Celles qui sont évacuées par lui ne sont pas détruites
pour autant, n’allons pas croire que ce soit si simple. Elles descendent
directement dans la grande banque de l’inconscient. Tout est là ; que ce soit
très ou peu important, cela reste du domaine des possibilités. Toute
information transite ainsi en nous.
Lors de séances d’hypnose, nous retrouvons les contenus inconscients
rejetés par notre partie consciente, car ils émergent momentanément au
niveau de notre esprit. Les personnes sous hypnose parviennent à revoir des
événements de leur jeune âge très surprenants parfois, allant de la
décoration détaillée de leur chambre aux sentiments liés à ces éléments
d’aménagement, ou encore à un surnom oublié qui les a marquées au fer
rouge. Même les peluches préférées, les textures, les odeurs reviennent
provisoirement à notre conscience.
Notre esprit conscient connaît son frère
Quand nous sommes éveillés, notre inconscient s’exprime tout autant, et
spontanément. Quelquefois, il le fait sous forme d’idées de génie qui nous
effleurent l’esprit l’espace d’une seconde alors qu’on en avait fait la
demande auparavant, et d’autres fois quand, enfin, nous retrouvons ce mot
que nous avions sur le bout de la langue. Une fois exprimés, ces contenus
disparaissent à nouveau dans l’inconscient, sans toutefois cesser d’exister.
Une crainte consciente subsiste à l’égard de cette partie dont nous ne
savons rien, à savoir que l’inconscient pourrait receler des contenus sur
nous totalement inimaginables ou terrifiants. Comme si nous pouvions
avoir vécu des choses horribles sans en pressentir les indices. Peut-être est-
ce ce pressentiment qui engendre cette crainte, cette peur de l’inconnu, de
nous-mêmes. C’est possible. Toutefois, il s’agit là d’un mécanisme de
défense qui nous est propre et qui s’apparente à l’instinct de survie des
autres espèces animales. Les animaux ont ce qu’on appelle un instinct ;
nous avons l’intuition, mais rares sont les personnes qui l’écoutent
vraiment.
Nous utilisons souvent cette peur de l’inconnu pour nous retrancher loin
de ce que nous croyons être des dangers. Cependant, comment pouvons-
nous savoir ce qu’il en est véritablement si nous reculons devant la
complexité qui semble nous constituer ? Comment vivre en harmonie
sachant que nous avons peur d’une partie de nous-mêmes ?
Nous avons tout ce qu’il faut
Notre esprit conscient a ce qu’il faut pour faire le pont et unir les éléments
de la dualité qui sont présents en chacun de nous. La pratique de l’attention
construit ce pont d’unité vers l’inconscient. L’attention constitue une façon
particulière d’observer toute chose. Elle demande un moment d’arrêt, une
introspection, une volonté d’action.
Chaque fois que, consciemment, je porte mon attention sur le processus
de mes pensées, par exemple, je favorise un échange. À quoi est-ce que je
pense en ce moment précis ? est une question simple qui me pousse à
diriger mon attention sur cette pensée particulière. Dès lors, je mobilise
mon esprit conscient qui part à la recherche de l’information jusqu’à ce
qu’il la trouve et l’isole. Une fois isolée, l’information se prête à une
analyse objective et plus soutenue. Ce que j’en fais dépend alors de mes
besoins du moment. Je peux m’amuser, comme ça, à concentrer mon
attention intentionnellement sur une pensée à la fois.
Sans cette action volontaire, ma pensée passe comme n’importe quelle
autre dans le courant des pensées qui rejoignent l’inconscient. Par la
question précédente et grâce à mon attention délibérée, je parviens à assurer
le passage de l’idée de l’inconscient à ma conscience. Je me permets
d’apprendre quelque chose de nouveau sur moi-même et, ainsi, d’évoluer.
Mon discernement m’offre la possibilité d’apprécier avec justesse cette
information nouvelle et de reconquérir petit à petit qui je suis
essentiellement.
Je m’éveille à plus grand
L’éveil de la conscience semble être un bien grand concept vu qu’il nous
conduit à penser que seuls les initiés y ont droit. Or, lorsque nous prenons
l’initiative de changer notre niveau de conscience, il faut toujours nous en
remettre à notre esprit conscient, celui qui sait.
Il n’est nullement question de niveau autrement que lorsqu’on se réfère à
celui de l’eau. Grandir en conscience consiste à laisser émerger une partie
cachée de l’iceberg. Nous évoluons chaque fois que passe une information
de l’inconscient à la conscience. De la sorte, notre conscient devient plus
éveillé parce qu’il a pris conscience d’un processus inconnu de lui, un
processus inconscient.
Subséquemment, nous prenons le temps de nous découvrir d’une façon
plus complète, c’est-à-dire en tant qu’êtres et plus seulement en tant
qu’individus. Lorsque conscient et inconscient s’unissent, nous assistons à
une plus grande sérénité. Le drapeau blanc se lève enfin. Cette trêve devient
un moment magique pour quelques-uns, une sorte de tremplin. Parce qu’il
n’y a plus de combats, le terrain nous accorde assez de vision pour passer à
un plan supérieur, à une vitesse supérieure.
Le super-conscient, ou l’âme
Le super-conscient définit ce qui est au-dessus de notre conscience, ce qui
est plus vaste encore. L’âme, ou la psyché, nous ramène au mot latin anima,
ce qui nous anime, ce qui nous donne la vie. L’âme, c’est le plan des idées
parfaites, selon Platon, là où se retrouve notre idéal d’être, la plus belle
représentation de ce que nous sommes. Âme est un mot qui me plaît bien et
que j’aime employer pour exprimer ce que j’ai à exprimer. Mais cela reste
un choix personnel à chacun.
Pour faire un peu de lumière sur ce plan parfait, nous pouvons comparer
notre idéal d’être à la vision que nous avons de nous-mêmes. Une belle
vision du futur où nos rêves se construisent, ou sont peut-être entièrement
échafaudés d’avance. Parfois, cet idéal se manifeste à nous par un
pressentiment. Un quelque chose qui nous dit que nous sommes destinés à
autre chose de meilleur. D’autres fois, c’est plutôt une clairvoyance, une
image très nette de nous-mêmes projetée dans le futur.
Certains disent : « Je me suis vu dans cinq ans faisant ceci et cela.
Comme un flash de moi, en mieux. » Quand nous prenons en compte nos
claires visions, nous pouvons en donner une excellente description.
Certaines personnes qui ont déjà expérimenté cet élan qui les appelle à agir
se sont largement dépassées elles-mêmes. Peut-être l’ont-elles fait
secrètement de peur de paraître ridicules aux yeux des autres. Peu importe,
car dans tous les cas l’important n’est pas d’en parler aux autres mais à soi.
Ça nous permet de nous valider en nous-mêmes. Tout cela devient vrai.
Il y a en dedans de nous un petit moteur qui nous pousse à avancer dans
une direction précise. Ça nous surprend. Quand nous sommes sur le bon
chemin, nous nous exaltons, nous frémissons de bonheur. Alors là, nous
savons que ce que nous faisons nous rend heureux. Nous nous égarons un
moment ? Ce n’est pas grave puisque notre chemin réapparaît avec le
temps, il revient plusieurs fois même. Notre conviction est forte et sa force
nous dirige. Elle nous laisse voir de nouveau cet idéal de nous-mêmes qui
semble a priori trop beau pour être vrai et qui l’est en réalité. Nous
l’expérimentons chaque fois que nous allons jusqu’au bout de nos rêves.
Polir ses pierres
L’âme n’est peut-être pas directement la vie qui nous anime puisqu’elle-
même est nourrie par un champ d’énergie plus vaste encore. Mais par elle
se transmet la vie qui nourrit notre corps. En fait, dans l’étude que nous en
faisons ici, l’âme peint la représentation parfaite de ce que nous sommes
inconsciemment. En d’autres mots, l’âme est le reflet de l’inconscient, son
rayonnement subtil. Comprenons que « subtilité » a ici le sens de
raffinement. Plus on polit un grain de sable, plus il devient fin.
Je connais un vieil homme qui utilise une machine pour polir les pierres.
Un jour, il décide de la tester sur des pierres brutes ramassées sur le bord
d’un chemin de campagne, des cailloux pas très beaux, d’un genre que
jamais nous n’exposerions dans nos jardins. Il en place donc une poignée
dans l’appareil et le remplit d’eau. Ensuite, il ferme le tout hermétiquement.
Pendant des années, je n’entends pas parler de la machine, ni de son
contenu. Puis je repense à cette expérience passée et à son résultat possible.
Je questionne l’homme à ce sujet, qui me répond : « Eh bien, allons voir
ensemble, car moi-même j’ai oublié tout ça depuis longtemps. » Nous
trouvons l’engin toujours branché à l’électricité de la maison. Il fait tourner
un barillet dans lequel les roches se frottent continuellement entre elles,
dans l’eau. C’est de cette façon qu’elles se raffinent.
L’homme ouvre le couvercle et vide le tout sur une serviette. Oh !
splendeur ! Le résultat est si incroyable que nous en sommes tous deux
éblouis. Les cailloux sont devenus des pierres si belles que nous avons de la
difficulté à trouver les mots pour les qualifier. Elles affichent des tons
contrastants, allant du beige au gris ; elles sont rainurées selon des courbes
harmonieuses, tantôt noires, tantôt rosées, et même blanches. Et la
perfection finale se palpe sous nos doigts. La douceur qu’offrent ces pierres
devenues tellement lisses, sans aucune aspérité, est tout simplement
incroyable.
« Cela fait dix ans », affirme l’homme.
Dix ans, ça peut paraître long, mais dans ce cas-ci c’est très court.
L’âme est donc le raffinement des informations contenues dans notre
inconscient. Un raffinement d’idées projetées alors qu’elles sont déjà polies
et améliorées. Entre les deux, il y a un processus nommé le temps, qui varie
selon le système de croyances de chacun. Ce procédé, additionné aux
facettes positives et négatives de l’inconscient, influe sur la réalisation ou la
non-réalisation du plan parfait.
L’âme a besoin de conscience
Nous pouvons imaginer l’inconscient comme ce qui contient
l’intériorisation de notre être, tandis que l’âme symbolise ce vaste champ
d’informations qui gravite autour de nous. L’un est le reflet de l’autre, et
tous deux nous appartiennent, dans le sens où ils nous suivent toute notre
vie. Malgré le fait que l’âme soit immortelle comparativement à
l’inconscient, au-delà de la mort elle reste chargée du vécu de la personne.
Tant et aussi longtemps qu’il y aura quelqu’un pour s’y intéresser, l’âme et
son histoire de vie se manifesteront.
Sachant que mon attention est issue de ma partie consciente et que par
celle-ci se crée toute chose, si je porte mon attention sur un concept, alors
celui-ci existe à l’intérieur de ma réalité. Or, pour exister au-delà de la mort,
l’âme a besoin qu’on lui donne la même attention. Elle a besoin de
conscience, de notre conscience. Celle-là même qui nous permet d’établir
une communication avec ce qui nous identifie à l’intérieur.
C’est comme si, finalement, cette pleine conscience représentait le lien
entre tous les plans, ce lien qui nous met en correspondance de phases
depuis l’inconscient jusqu’à l’âme. Tous les deux possèdent leur langage
distinct, ainsi que leur moyen propre de communiquer. L’un se situe au
niveau de la cause et l’autre, la plupart du temps, de l’effet.
Dans bien des circonstances, nous considérons l’inconscient comme
notre côté sombre, alors qu’il n’en est rien. Les informations qu’il contient
sont autant d’éléments pour progresser vers notre idéal. Ce sont les
messages de notre âme qui se traduisent en lui ; et bien souvent nous ne
comprenons ce qu’elle veut réellement nous dire que lorsque nous
abandonnons le contrôle de notre ego.
Nous sommes la ligne qui sépare deux plans
Nous vivons à la confluence de ces deux plans, dans cet ego dont nous parle
Eckhart Tolle et qui nous garde enfermés comme dans un hologramme. Ce
qui se situe à l’intérieur comme ce qui se trouve à l’extérieur constitue une
seule et même chose. Tout cela n’est qu’une question de point de vue.
Quand nous sommes dans l’ego, c’est comme si la partie de l’iceberg située
sous l’eau et celle émergeant de l’eau nous étaient toutes deux également
inconnues. Nous sommes la ligne qui sépare ces deux plans. Nous pouvons
regarder soit vers le haut, soit vers le bas, mais jamais dans les deux
directions à la fois.
Pour qu’il y ait la paix à l’extérieur, il doit avant tout y avoir la paix à
l’intérieur. Les différents plans de l’être, ça reste nous. C’est comme si nous
superposions parfaitement plusieurs feuilles de papier, puis que nous
faisions, en plein centre, un trou avec une poinçonneuse. Le même trou
traverse alors dans toutes les feuilles, et un crayon peut y passer librement.
Par contre, si nous décalons une seule de ces feuilles d’un millimètre, nous
brisons le cercle initial et le crayon ne passe plus sans créer de heurts.
Nous savons que tous les endroits sombres qui nous constituent peuvent
un jour ou l’autre bénéficier de lumière. L’alignement de nos différents
plans le permet. Il n’en tient qu’à nous de réaligner les feuilles pour qu’à
nouveau passe le crayon. De même, il n’en tient qu’à nous d’éclairer toute
partie inconnue ou ignorée de notre être pour qu’elle soit à nouveau baignée
de lumière.
Mon âme, c’est ma bulle
Donc, les plans s’influencent systématiquement. Que ce soit la pensée ou le
corps, l’idée qui vient d’ailleurs ou nos impressions personnelles, ou même
communes, tout cela est lié ensemble dans un champ de conscience unifié
beaucoup plus vaste. Notre conscience d’être évolue grâce à l’union, tout
comme nous évoluons grâce à nos relations. Si l’âme gravite autour de
nous, cela implique que nous sommes dedans. C’est notre bulle à nous.
Nous ne sommes pas une âme dans un corps, comme nous sommes
habitués mentalement de le percevoir, mais bel et bien un corps à l’intérieur
d’une âme. C’est notre enveloppe subtile, l’onde qui gravite autour de nous.
Cette même bulle qui, quelquefois, nous fait ressentir que les autres
empiètent sur notre terrain. Il est entré dans ma bulle. Comme si nous
avions un champ d’énergie qui délimiterait notre espace propre.
Cette limite, elle existe. Elle peut être matérielle, bien sûr ; il peut s’agir
de notre chambre ou d’un autre lieu, et pour nous, il y a interdiction
d’entrer. Il peut s’agir aussi de limites physiques ou morales que l’autre ne
doit pas franchir. Par exemple, si je suis une personne qui aime la
tranquillité et qu’on arrive chez moi sans crier gare, il y a de bonnes
chances pour que je n’apprécie pas. Ce sont des limites invisibles, mais
elles sont tout de même là, car lorsqu’elles ne sont pas respectées, nous
sentons un malaise à l’intérieur de nous. À l’opposé, lorsqu’il nous est
possible de nous affranchir de nos limites personnelles, d’aller vers plus de
progrès, nous agrandissons toujours un peu plus notre bulle ; tout ça avec
une certaine fierté d’avoir enfin fait ce qu’il fallait.
Par exemple, après plusieurs années à travailler au même endroit, une
femme prend la décision de quitter son emploi et de démarrer sa propre
entreprise. Elle compose de petits textes intéressants, des souhaits qu’elle
veut imprimer et distribuer elle-même. Sa raison lui assure que tout cela est
inconcevable. Elle a une sécurité d’emploi, après tout. Elle risque gros
comparativement à ce qui se présente à elle dans l’avenir. Mais elle n’est
pas bien. Son travail lui pèse et ne la satisfait plus.
Cette histoire de cartes de souhaits, c’est son rêve. Elle y songe depuis
longtemps et remet toujours son projet au lendemain. Sachant que sa
décision plaira à certaines personnes alors que pas du tout à d’autres, elle
fait le pas. Sur le coup, elle a peur. La femme a l’impression de perdre la
raison et les gens abondent dans le même sens qu’elle. Mais quelque chose
est plus fort. Cela ressemble à deux petites mains qui se tapent, comme pour
s’applaudir, et partout en dedans son corps exprime sa joie de vivre.
C’est de cette fierté que nous sommes tous porteurs sur le plan de notre
âme. Nous pouvons nous amuser à imaginer une nouvelle version de nous-
mêmes, améliorée. Une version qui a les deux pieds déjà dans son rêve.
Resplendissante de bonheur, elle est là, à notre porte, et vient nous visiter
afin de nous expliquer en détail les étapes par lesquelles il nous a fallu
passer pour nous y rendre. Cette version de nous, c’est le désir de notre
âme, le meilleur de nous-mêmes qui s’exprime à notre conscience. Nous
souhaitons être en lien avec ce plan comme avec tous les plans ? Nous
savons comment faire. L’âme nous le communique.
Polir ses apprentissages comme l’amour
Il existe un plan parfait pour chacun de nous. Le modèle parfait dont parle
Platon. Il existe de ce modèle une image idéale, imprimée dans le plan de
notre âme. Tout comme la pierre que nous polissons sans cesse, nous
pouvons raffiner ce par quoi nous expérimentons la vie.
Nous expérimentons l’amour en tant qu’enfants. Puis, à l’adolescence, ce
sentiment revêt un nouveau nom. Les amours d’adolescence sont tellement
intenses que chaque fois on a l’impression de mourir un peu. On croit que
jamais plus on aimera autant, mais on vieillit et on aime encore. À 25 ans,
nous aimons à nouveau, mais différemment. Nous avons appris un peu
comment faire, et les images que nous connaissons de l’amour sont
dorénavant des images de fusion ou de déchirure, de hauts et de bas, comme
si l’amour était une vague qui se soulève sous l’influence du vent.
Nous aimons à 30 ans. Mieux établis cette fois, nous le faisons tout en
construisant autre chose ailleurs. Ni le cœur ni les pensées ne se suivent ;
toutefois, nous aimons un peu plus de nous-mêmes. Puis, à 40 ans, les
remises en question surviennent, ainsi que les leçons que nous avons
apprises de l’amour, l’amour de soi qui prime de plus en plus sur l’amour
de l’autre.
Et ainsi va la vie vers la cinquantaine, là où ce sentiment prend encore un
nouveau sens. L’amour de soi et celui des petits-enfants qui nous ramènent
aux amours passés qu’il est temps maintenant de dépasser. Et chaque fois, à
chaque âge, c’est de l’amour qu’il s’agit. À 60, 70 et 80 ans, on aime
encore. À chaque halte, on s’est dit : « Enfin, je comprends ce que c’est
l’amour, j’ai appris la leçon. » Pourtant, à chaque nouvelle arrivée, nous
comprenons encore, mais d’une façon plus subtile, plus fine.
L’amour grandit en raffinement dans notre conscience, étape par étape,
parce que notre conscience s’ouvre doucement et permet cette ascension.
C’est lors d’une pause, d’un moment de réflexion que nous pouvons
prendre conscience de notre évolution, de ce qu’il y a derrière et du chemin
que nous avons parcouru. Lorsque nous vivons l’amour, nous
l’expérimentons sans l’analyser.
L’amour est un apprentissage et dans tout apprentissage, il y a des étapes.
Si nous essayons de lire un livre russe sans avoir d’abord appris à en
décortiquer l’alphabet, nous resterons bloqués dès la page couverture.
Ainsi, nous pouvons croire que nous savons tout des choses et n’avoir
effleuré que ce qui en paraît à la surface. Nous rejetons de cette manière un
bon nombre d’enseignements.
Notre destinée, ou l’épanouissement de l’être
Tout ce qui existe peut être vécu soit en surface, soit en profondeur. Mais
pour atteindre le plan parfait, ce haut idéal d’être, nous avons à développer
plus de raffinement. Nous ne pourrons entendre les messages de notre âme
sans avoir au préalable découvert cette façon d’écouter. Nos sens
s’épanouissent à l’infini. Le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue, le toucher, tous
nos sens se développent et se raffinent. Ne vivons pas dans l’ignorance de
notre véritable destinée juste parce que nous ne l’acceptons pas.
Une fleur d’oranger désire ardemment fleurir sous la forme d’un lys.
Pour elle, rien n’est plus beau qu’un magnifique lys blanc. Elle est pourtant
fleur d’oranger, et en raison de son attitude ses désirs ne sont pas comblés.
Elle est une fleur d’oranger qui se hait parce qu’elle ne reconnaît pas sa
propre beauté.
La destinée est l’épanouissement de cette beauté présente à l’intérieur de
nous. Nous pouvons nous aussi passer à côté. Nous avons déjà notre beauté
imprimée dans le plan de notre âme. Celle qui demande à fleurir dans toute
sa splendeur mais aussi dans le respect de sa nature propre. Pour parvenir à
nous épanouir complètement, l’acceptation de notre propre rayonnement
demeure donc essentielle.
« La conscience pure, c’est l’état de conscience humain le plus simple.
Un état de conscience sans limites, silencieux et profondément établi, où
l’esprit s’identifie au champ unifié de toutes les lois de la nature et le
ressent intimement. » (John Hagelin, Ph. D.)
Notre terre
Les différents plans de l’être font penser à la façon dont la terre, notre terre,
est constituée. Comme nous, la terre possède une partie intérieure, très
dynamique, où la vie profonde bouillonne et se traduit, entre autres, par des
mètres cubes de pétrole, d’échanges gazeux ou de minerais précieux.
Notre terre comporte d’énormes quantités de richesses naturelles – tous
les jours nous en sommes informés. Elle a aussi ses failles, les petits
manques qui semblent être à l’origine d’événements tels les tremblements
de terre par lesquels nous sommes fréquemment interpellés ces temps-ci.
Cela dépend peut-être du lieu où l’on habite, mais curieusement ces
manifestations de la nature nous informent, tout comme le fait notre corps,
de l’existence d’un quelconque déséquilibre.
Les séismes n’arrivent jamais sans raison. Il y a toujours une ou des
actions que nous, les habitants de la terre, aurions dû faire pour éviter ce
genre de choses, ou du moins pour les prévenir. Cependant, comme dans
bien d’autres cas, nous ne prenons conscience de ces actions que longtemps
après.
Agir ou réagir
Oui, nous réagissons ainsi. Nous prenons conscience d’un message au
moment où il explose. Nous lui offrons alors toute notre attention, lorsque
nous n’avons plus d’autres choix. Peut-être aurait-il mieux valu comprendre
avant qu’il arrive quoi que ce soit, comme certains l’avaient pourtant
suggéré ; mais, généralement, nous ne bougeons pas lorsqu’il n’y a pas
d’urgence. Nous sommes réactifs, tout comme l’est notre inconscient. Pour
atteindre la conscience d’une personne, un événement doit être majeur.
Si, pour que nous comprenions les messages de notre corps, nos cellules
doivent crier à tue-tête, nous devinons l’importance que doit prendre un
événement pour parvenir à ébranler une population entière et la pousser à
agir.
Le langage de la terre est en lien avec sa taille, avec sa durée de vie aussi
peut-être, tout comme l’est son évolution. Il aura fallu des milliards
d’années pour que se développe la croûte terrestre. La formation de
l’atmosphère et des océans a ensuite exigé autant de temps. L’oxygène
apparaît plus tard et participe à l’arrivée d’organismes vivants qui
bénéficient de la photosynthèse nécessaire à la croissance et à la
reproduction. Notre terre représente une force naturelle composée de toutes
sortes de vies, à l’intérieur comme à l’extérieur.
L’atome, semblable à la terre
Il est amusant de constater qu’en nous tout comme sur la terre les
organismes pullulent, à plus petite échelle évidemment. Et comme nous
sommes, en tant qu’humains, une partie de l’ensemble des organismes
vivant sur la planète, nous pouvons imaginer que, à l’intérieur d’une seule
de nos cellules épithéliales, un nombre incalculable de microorganismes
échangent eux aussi, à leur façon, sur la raison de leur existence. Peut-être
que pour eux le temps va beaucoup plus vite.
Les densités terrestres vont de la matière compactée, comme le roc, à la
fluidité de l’eau ou à la subtilité de certains gaz encore plus légers que l’air.
Au-delà de la croûte terrestre, on trouve les couches externes, son
enveloppe en fait. Comme dans le cas des états de conscience supérieurs
discutés précédemment, la science répertorie la présence de plusieurs
couches autour de la terre : l’atmosphère, la troposphère, la stratosphère, la
mésosphère, puis la thermosphère et l’exosphère dont les densités se
mesurent en kilomètres et en altitude. Encore une fois, l’analogie parle
d’elle-même puisque, en plus petit, on observe des informations identiques
en ce qui concerne la composition de l’atome.
Climat, température de surface, radiation, composantes gazeuses, tout
cela appartient assurément au vocabulaire spécialisé des géologues.
Pourtant, si nous passons une heure de trop en maillot sous un soleil
tropical, sans avoir appliqué de crème solaire, nous expérimentons les
mêmes données, mais d’une façon plus directe. Nous ne sommes pas
géologues pour autant !
Donner et recevoir
Comment faire pour que notre rayonnement inspire l’autre ? Comme dans
n’importe quoi, il y a des étapes. Des étapes qui vont de la reconnaissance
du moi qui habite le corps à l’accomplissement de ce moi à travers le corps.
Nous avons tous la connaissance d’avoir deux pieds ou deux yeux. Ce sont
des parties qui nous constituent. Notre pied ou notre œil isolément, ce n’est
pas nous. Nous sommes l’ensemble de toutes ces parties réunies, pas
seulement l’une d’elles. Mais nous sommes aussi plus que cela.
Habiter son corps
Dans ce corps qui est le nôtre, il est bon de savoir ce que représente la
notion d’habitation. En tant qu’humains, nous n’avons pas encore
développé l’habileté nécessaire pour effectuer des transferts de corps afin
d’en essayer d’autres, comme le font les guerriers de La porte des étoiles.
Notre corps nous véhicule, cependant il n’est pas une voiture que nous
échangeons quand l’usure nous indique de le faire. Non, nous n’en avons
qu’un seul. C’est le nôtre et c’est à nous d’en prendre soin.
Pour les autres, nous ne pouvons qu’imaginer. Nous imaginons ce qu’est
pour l’autre de vivre dans son corps en nous basant sur nos expériences
personnelles. Toutefois, cela reste toujours du domaine des impressions.
Rien ne peut être jugé qui ne nous appartienne déjà. Le reste n’est
qu’analyses, suppositions, comparaisons.
C’est pourquoi il est bon d’ouvrir notre conscience au-delà de notre
simple perception individuelle et de nous intéresser aux autres dans leur
modèle du monde, dans leur réalité apparente, car eux aussi vivent à
l’intérieur d’un corps. Il s’agit d’enveloppes semblables à la nôtre à
première vue, mais pourtant elles sont toutes très différentes de par leur
contenu.
Ce moi qui vit à l’intérieur représente notre part de conscience. Notre
conscience d’être ce que nous sommes. Je suis un homme, je suis peintre, je
suis en santé, je suis propriétaire. Je suis tout ça par rapport à d’autres
choses. Par rapport à l’autre, donc, ma conscience d’être demeure ce que je
suis par rapport à ce que tu es. Maintenant, par rapport à nous-mêmes,
quelle est cette conscience d’être exactement ?
Si nous ne sommes jamais en rapport avec les autres, la définition de
notre conscience d’être nous ramène alors immédiatement à l’intérieur du
corps. Je suis ici, je suis bien, je suis heureux, maintenant. Nous ne sommes
pas heureux par rapport à quelqu’un d’autre, car cela impliquerait que nous
ayons des biens ou des acquis en plus ou en moins. Ce raisonnement nous
situe, en tant qu’êtres, dans une dimension beaucoup plus matérielle, une
dimension à l’extérieur du soi.
L’expérience de l’ici et du maintenant, quant à elle, nous ramène
immédiatement dans cette conscience d’être dedans notre corps. Elle nous
fait en même temps oublier que nous sommes chez nous. C’est naturel, et
tout ce qui est naturel est notre nature propre. À l’intérieur, là où je me sens
bien, j’expérimente un bien-être qui m’est propre. C’est moi. J’expérimente
aussi un vaste espace où je prends conscience de moi, et des autres. Dans
cet endroit où je pensais me sentir le plus seul, voilà que je me sens le plus
accompagné. Ici, dans mes rapports avec les autres, l’énergie passe plus
librement.
Notre conscience d’être évolue selon que nous gardons l’esprit ouvert.
Ouvert à la présence des autres dans notre même champ d’énergie. Ouvert à
comprendre que ce que nous savons se limite à notre seule expertise, à nos
uniques expériences et à ce qui est bon pour nous. Ouvert à pressentir que
les autres ont aussi leurs analyses propres, leurs expériences et l’idée de ce
qu’est le bien-être pour eux.
Même si nous ne pouvons jamais échanger notre corps, nous pouvons par
contre deviner que nos amis expérimentent eux aussi les mêmes rapports,
mais selon une façon qui leur est propre. Sans ce regard, nous restons
cloîtrés dans une enceinte, loin du monde qui nous entoure.
L’exploration des réalités
Heureusement, l’évolution nous pousse toujours à regarder un peu plus loin.
Si notre esprit explore et découvre la réalité des autres – comment leur
réalité s’avère intéressante pour eux, par rapport à eux évidemment – juste
pour le plaisir d’un apprentissage nouveau, nous avons bien des chances de
préserver notre santé mentale durant longtemps.
Et de fil en aiguille, curieusement, ce que nous découvrons nous attire, et
rien ne dit que nous ne voudrons pas un jour l’intégrer dans notre quotidien.
Éloignons-nous du jugement. Il est aisé de médire sur la façon dont vivent
les gens, ou de la critiquer. Nous jugeons toujours sans connaître, car jamais
nous ne pourrons savoir d’une façon exacte ce que c’est que de vivre dans
cette réalité-là. Nous avons peine parfois à décrire de quoi est faite la nôtre,
alors épargnons les autres de notre jugement.
Dans mon quotidien, je rencontre tellement de gens qui n’habitent tout
simplement pas leur corps ! Ceux-ci préfèrent vivre dans des
représentations mentales qu’ils se font de leur vie ou d’eux-mêmes. Il y a
une différence notoire entre le fait de créer sa vie en modifiant
volontairement ses pensées – comme dans le processus des idées qui créent
que nous verrons plus loin – et celui d’habiter dans un ailleurs incertain.
Dans le premier cas, il est question de discipline mentale et de maturité
face à soi-même ; quant au second cas, il fait allusion à une mauvaise façon
de se percevoir soi-même. On se perçoit au travers des rêves qui demeurent
à l’état de rêves et qui sont utilisés comme autant d’échappatoires à la
réalité que sont les excès en tout genre.
On ne se connaît pas
Les gens vivent donc à l’extérieur d’eux-mêmes, pour la plupart, dans un
monde imaginaire, dans les rêves et les espoirs. D’autres sont perdus dans
le tourbillon du temps. Ils courent tellement qu’ils ont presque oublié de
vivre ; ceux-là, jamais on ne les rattrape. Plusieurs autres ne rêvent plus. Ils
n’ont presque plus d’espoir. C’est alors qu’on les regarde s’engourdir
mentalement dans l’alcool, la drogue ou d’autres types d’abus.
Tranquillement, ils descendent dans un espace en eux beaucoup plus
sombre, et c’est triste. La raison en est bien simple : être dans le corps est
trop douloureux, ça fait mal.
Rappelons-nous qu’au départ nous sommes arrivés ici avec une
perfection d’être, une pureté, une volonté d’amour ; avec les vertus et les
qualités profondes de notre être comme bagage et l’innocence d’un
nouveau-né, un idéal à atteindre. Nous avons cheminé, appris, selon le
modèle des autres. Nous avons vécu selon leurs attentes, leurs jugements,
leurs croyances.
Puis nous nous sommes jugés nous-mêmes. Nous avons pris le relais du
parent critique et joué son rôle à l’égard de nous-mêmes. Nous l’avons
incarné chaque fois que nous n’arrivions pas à atteindre les idéaux des
autres. Nous avons pris nos responsabilités envers ces protagonistes en
jouant toutes sortes de rôles que l’on s’attendait à nous voir endosser ; ceux
d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes face à l’avenir ; ceux que la
société, la moralité ou la religion nous dictaient de remplir, jusqu’à ne plus
nous reconnaître parmi tous ces personnages. La majorité d’entre nous
n’avons pas écouté ce précieux conseiller intérieur lorsqu’il nous parlait de
notre propre chemin. Au-delà des signes, nous tentions par tous les moyens
d’atteindre les idéaux que les gens avaient pour nous. Peut-être était-ce
difficile à concevoir pour certains. Sans que nous prenions réellement le
temps d’établir si ces idéaux respectaient les fondements de notre être, « Tu
es ceci, tu es cela ; comme lui, comme elle. Nous, on te connaît, pas toi »
sont des phrases auxquelles nous avons cru.
Métaphoriquement, nous avons dépensé ainsi temps et énergie à essayer
de faire entrer un triangle dans une forme carrée, à faire un métier qui ne
nous convenait pas, à marier le meilleur choix de nos amis. Et, à la suite de
ces vains efforts, on nous a dit que nous ne nous conformions toujours pas
aux exigences.
Imaginons le choc quand on entend ces mots après tant de luttes. Nous
nous sommes pendant des années culpabilisés, diminués ; nous avons été
déçus de nos échecs répétés. Nous l’avons cru jusqu’à ce que quelqu’un,
quelque part, se rende compte que nous étions un formidable rond après
tout, un rond tout rond, et que notre place parfaite n’était pas ici, avec les
rectangles et les carrés, mais plutôt là-bas, avec d’autres beaux ronds pareils
à nous. C’est pathétique, mais combien remarquable dans notre vie actuelle.
En quoi est-ce si demandant de reconnaître notre véritable nature ? C’est
dommage que nous ayons besoin des autres pour le faire.
Sans les autres, jamais une telle confusion, une telle erreur
n’arriverait. C’est certain. Il ne faut pas s’en vouloir, ni à soi ni à personne
en fait, mais il ne faut pas se leurrer non plus. Les quelques fois où nous
avons l’impression que les autres en savent plus sur nous que nous-mêmes
sont celles où la confiance s’est absentée. L’erreur, c’est nous qui la
commettons, et nous le faisons en toute connaissance de cause. Par
exemple, lorsque nous choisissons de rester dans cet emploi qui ne convient
pas, car les avantages sociaux sont importants ; quand nous demeurons avec
ce conjoint que nous n’aimons plus, car son apport financier représente la
moitié des paiements. Nous abandonnons nos rêves pour ne pas bousculer
la vie des autres de peur d’être abandonnés.
Il ne faut pas non plus en vouloir à quiconque, ni aux parents ni aux gens
qui sont intervenus dans nos vies pour nous venir en aide, car chacun fait de
son mieux. Les réalités divergent. Comprenons toutefois que chaque fois
que nous avons négligé nos messages pour écouter ceux des autres, nous
nous sommes trahis un peu nous-mêmes. Nous avons créé l’éloignement
avec notre moi profond.
Un caillou dans ma chaussure
Pour qu’une personne s’ouvre à ce moi profond, elle doit avoir habité son
corps ; et pour ce faire, elle doit s’aimer complètement. Quand on vit
dedans, on peut décrire comment c’est, comme on décrit sa maison, ses
chaussures. Or, si mes chaussures sont pleines de cailloux, je ne veux tout
simplement pas les porter. Même si je sais que c’est l’unique paire que
j’aurai dans ma vie. Elles sont inconfortables, elles me blessent lorsque je
les mets dans mes pieds. J’ai envie de les jeter par-dessus bord ou de les
échanger. Je ne le peux pas, toutefois.
Tout comme mon corps, ces chaussures représentent le moyen par lequel
je me véhicule d’un point à un autre. Il n’y en a pas d’autres pour moi. Ou
bien je saute dedans, ou bien je fais sans et je demeure sur place. Je me
retrouve alors avec l’impression de marcher à côté de ma vie.
Le corps est lui aussi rempli de cailloux qui obstruent la circulation de la
vie. Ces interférences se sont accumulées au cours de notre histoire,
d’événement en événement, si bien qu’à un moment donné certains ne
veulent tout simplement plus être dedans. Comme pour les chaussures, ces
personnes préfèrent s’arrêter et ne plus évoluer plutôt que de souffrir
encore.
L’ouverture, comme première étape, nous fait prendre conscience du
nombre de cailloux présents dans nos souliers. Souvent inattendue, cette
nouvelle nous bouleverse. Comment une telle situation peut-elle se produire
sans qu’on se rende compte de rien ?
Nous sommes à un carrefour où la crainte n’a plus sa raison d’être. Soit
nous tournons le dos à ce que nous sommes, soit nous y faisons face. Au
diable les regrets ! Prenons le temps de nous rencontrer véritablement.
Personne n’a dit que nous avions à transporter ces cailloux toute la vie.
Alors, consolons-nous, car peut-être est-ce notre chance de laisser aller
plusieurs vieilles choses en signe de notre conscience qui s’éveille.
L’engagement, la discipline
Ce n’est pas en accordant la paix aux autres qu’on favorise la paix dans le
monde. En se disant qu’à rester peinard, seul de son côté, on ne dérange
personne. C’est plutôt en se l’offrant à soi-même. S’offrir ce cadeau
intérieurement, se souhaiter le bonheur ou la paix, parce que nous avons à
cœur notre propre bonheur ou notre paix, représente une bonne première
étape.
Un ami m’envoie une invitation à participer à une méditation de groupe,
une méditation planétaire pour la paix. Tous les gens de la terre méditeront
le 11 novembre 2011, à 11 h précises, écrit-il. Je le remercie poliment de
son invitation tout en lui répondant que, malheureusement, je ne pourrai pas
me joindre à eux. Cet ami s’en trouve alors très choqué ; il réitère sa
demande en me signifiant que ma réponse lui paraît très égoïste et que, peu
importe les raisons, c’est inconcevable. Je lui assure que la paix dans le
monde commence par soi, et lui suggère de prendre ce temps accordé à la
méditation pour retrouver la paix en lui.
C’est facile de regarder dans le jardin du voisin et de nous dire que nous
n’avons pas eu les mêmes chances, par exemple. C’est toujours plus beau.
« Celui-ci n’a pas vécu la même vie que moi, se plaint l’un. J’ai souffert et
lui non. Il est chanceux et je suis malchanceux. » « Quand c’est mon tour, il
ne reste jamais rien, dit l’autre. Il n’est pas passé par où je suis passé. Ma
vie est un enfer. » Et de fil en aiguille, la liste des revendications est longue.
Nous savons que personne n’est venu ici sur terre pour cohabiter avec le
mal, ni pour souffrir. Deux situations ne peuvent être évaluées l’une par
rapport à l’autre. Une existe dans la réalité d’un individu et autre chose
existe dans une autre. Peut-être y a-t-il un lien qui unit deux situations
discordantes, même quand elles sont vécues dans deux réalités séparées.
C’est possible, car les deux situations proviennent d’un état discordant chez
la personne qui avoue la subir.
Ce que nous vivons à l’intérieur se reflète à l’extérieur de nous, de nos
états internes à notre réalité externe. Par nos actions ou nos paroles, nous
façonnons le monde dans lequel nous vivons. Le temps que l’on perd à
regarder et à convoiter ce que possèdent les autres est un précieux temps
que l’on s’enlève à soi-même. L’herbe pousse alors dans notre jardin. Plus
elle pousse, moins on a envie d’y aller. Moins on a envie d’y aller, plus les
mauvaises herbes s’accumulent, et plus on croit qu’en définitive c’est
mieux ailleurs.
Il n’y a pas de possibilité d’être ailleurs. Du moins, pas tant et aussi
longtemps que le grand ménage n’est pas entièrement fait chez soi. Le
jardin qu’on n’entretient pas ne sera pas entretenu par les autres. C’est le
nôtre et il nous appartient. Nous en sommes responsables comme nous
sommes responsables de polluer les environnements autour lorsque nous
abandonnons toute action en ce sens. Il ne faut pas se surprendre de subir
des représailles.
Notre part de responsabilité
Nous sommes responsables uniquement de ce qui nous appartient, et de rien
d’autre. Cela peut sembler égoïste, voire égocentrique, et ça l’est. Être
centré sur soi-même et répondre à ses propres besoins est une attitude juste
que tous, nous avons à développer. Nos actions doivent être posées pour
nous-mêmes, avec amour.
S’aimer soi-même d’un amour véritable paraît simple, mais ça ne l’est
pas. La majorité des gens qui ont un problème de dépendance vous le
diront. Malgré la conscience qu’ils ont des méfaits qu’engendre leur
accoutumance, ils préfèrent continuer. On en entend certains se défendre en
parlant du tabac, que c’est leur seul défaut, qu’il faut bien mourir de
quelque chose. D’autres avouent aimer l’alcool plus qu’eux-mêmes, alors
qu’il les détruit.
La drogue et l’anorexie sont aussi des manières de mourir à petit feu.
Avoir un excès de poids est néfaste pour la santé. Encore là, nous avons
conscience d’agir à l’encontre de nous-mêmes, mais nous sommes
incapables de passer à côté d’un « stand à frites » sans dévorer une poutine
ou autre chose du même acabit. Toujours des actions faites dans un but
trompeur, celui d’obtenir un plaisir éphémère. Comme si nous savions déjà
quel était le prix à payer.
Or, l’amour véritable n’a pas de prix. Il part d’une intention de
bienveillance envers soi. Il se développe à partir d’un engagement profond.
Un engagement à collaborer consciemment à son propre bonheur, à sa
santé, à son succès, entre autres choses. Nos actions témoignent de cet
amour lorsqu’elles ont comme motivation profonde l’engagement que nous
avons pris envers nous-mêmes. Ces gestes bien dirigés qui nous font
grandir de l’intérieur. Ces gestes qui, à plus grande échelle, influencent les
environnements voisins et nous rapprochent de l’essence même de la vie.
Ainsi, si chacun de nous rend plus beau son jardin, alors partout où nous
marchons règne la beauté.
Cet engagement à s’aimer soi-même passe indubitablement par la
discipline. Une discipline de vie qui se définit sous un angle permissif, et
non pas comme l’encadrement restrictif que l’on connaît. Ce que nous
enseignons aujourd’hui à nos enfants en tant que parents ou éducateurs
représente les mêmes restrictions qu’on nous a imposées en tant qu’enfants.
Nous enseignons ce que nous connaissons.
La conduite que l’on adopte est de donner des conséquences. Or, pour
l’avoir expérimenté à un moment ou à un autre de notre vie, nous savons
pour la plupart que cela ne fonctionne pas. Ou nous faisons face à plus de
résistance, donc à plus de fermeture, ou nous abandonnons, et alors la
conséquence devient une récompense. La fois d’après, le problème prend de
l’ampleur, si bien que la conséquence ne satisfait plus celui qui l’impose.
Nous montons d’un cran dans l’échelle de la sévérité jusqu’à ce que,
démunis, nous abandonnions encore, mais cette fois en insistant pour avoir
de l’aide extérieure. Notre problème devient celui d’un autre, et ainsi de
suite ; nous souhaitons que quelqu’un en vienne à bout.
La discipline est à des lieues de cette façon de penser et d’agir, cependant
nous ne l’appliquons pas. Elle est méconnue de nous et gagnerait à être
connue. Surtout parce que nous vivons à une époque qui préconise les
plaisirs faciles, rapides et jetables. Nous consommons et nous jetons dans
presque tous les domaines de nos vies. J’aime, je garde. Je n’aime plus, je
jette. Nous consommons continuellement, soit pour obtenir un plaisir
solitaire, soit pour faire plaisir à d’autres.
Nous faisons de même avec nos relations, avec nos parents, notre famille
et nos enfants comme avec nos amis. Je ne veux plus de toi dans ma vie,
alors je t’ignore ou je te rejette. Puis, lorsque nous vivons un peu plus de
solitude, l’introspection nous fait réaliser qu’il vaut mieux approfondir nos
relations, entretenir nos biens, apprendre à aimer ce que nous avons. Nous
sommes tantôt celui qui jette, tantôt celui qui est jeté.
La discipline, c’est la liberté
Pratiquer une discipline de vie demeure pour chacun un moyen d’accéder à
sa liberté d’être. Une liberté dans l’effort qui donne toutefois des
permissions. Là où certains faux plaisirs nous maintiennent dans le rejet et
dans l’ignorance, la discipline nous ouvre les portes de notre cœur, de notre
vérité, de notre chemin.
D’abord, elle responsabilise. Dans l’engagement envers soi-même, la
discipline canalise la vie pour la diriger du côté de la lumière plutôt que de
celui de l’ombre. Elle implique une présence consciente au niveau de la
pensée comme elle suppose les désirs du cœur. Elle se vit dans l’attention
alors que j’ai à cœur d’être heureux dans ma vie et que je prends les
meilleures décisions pour y arriver, peut-être pas les plus faciles, mais elles
le deviendront possiblement en cours de route.
La discipline est flexible. Elle change et devient un plaisir, une joie, une
belle présence dans notre vie. Si nous restons vigilants et conscients de ce
que notre cœur désire, la discipline représente un acte d’amour envers nous
et le monde.
La vigilance suppose de maintenir une attention soutenue sur les
mécanismes du corps, sur nos besoins. Dans un état d’éveil, présents dans le
moment, nous restons lucides, éveillés à ce qui se passe dans le corps de
même que dans l’esprit, éveillés à nous-mêmes, car la plupart des messages
profonds ne se contrôlent pas, ils viennent d’eux-mêmes lorsque nous leur
donnons suffisamment de place pour pouvoir s’exprimer.
La discipline sous-entend une nourriture saine, naturelle et vivante ; nous
le savons tous très bien. Elle implique aussi un équilibre entre le travail, le
repos, la vie familiale ainsi que les activités physiques et intellectuelles. Un
juste milieu, des proportions égales partout. Elle se vit dans le respect de soi
et dans celui des autres ; dans la joie, dans l’accueil de ce que nous sommes,
comme dans la flexibilité.
La discipline est quelque chose qui évolue. Elle nous garde ouverts et
permet des prises de conscience relatives à ce que nous vivons, au moment
exact où nous le vivons. Elle permet l’harmonisation de toutes nos parties et
notre propre dépassement.
Nous avons besoin d’amour-propre pour pratiquer une bonne discipline
de vie. Indéniablement, il faut nous aimer beaucoup, nous aimer d’un
amour humain qui implique que, grâce à notre amour, nous occupons la
juste place qui nous revient. Et si la place parfaite qui a été prévue pour
nous rend heureux, chacun de nous aura à cœur le bonheur des autres.
Évidemment, la discipline se pratique également au niveau des pensées
et de la parole. Elle conduit à la paix de l’esprit, à la gratitude, au succès, et
suggère le développement des qualités du cœur. La discipline n’est jamais
restrictive quand nous adoptons une meilleure attitude face à la vie.
Elle donne une clarté d’esprit et suffisamment de guidance pour avancer.
Elle crée une attitude de succès et d’amour puisqu’elle commence par un
engagement envers soi-même à s’aimer comme on l’a toujours voulu.
N’est-ce pas là notre ultime but, d’atteindre notre plénitude d’être ? Alors,
c’est à nous maintenant de changer les règles, nos règles. Dorénavant, au
lieu de mettre tous nos efforts pour éviter ce qui nous perturbe, efforçons-
nous de nous épanouir dans notre vie. Évitons les déceptions et créons en
nous une attitude de succès.
Le classement de l’information
L’énorme quantité d’informations recueillie par nos sens dépasse de loin les
frontières de notre esprit conscient. C’est pourquoi, comme dans un
entonnoir, les actualités qui y entrent régulièrement doivent être filtrées : il
y en a trop. Le néocortex supervise le traitement d’environ sept données en
simultané. Ce qui entre en contact avec notre esprit suit un processus
sélectif, comme dans une chaîne de montage. L’information passe à travers
divers filtres de la pensée.
Ces filtres correspondent aux étapes où notre cerveau choisit les éléments
qu’il désire garder et ceux qu’il ne conservera pas. Au fur et à mesure,
l’information est traitée en conséquence. Une infime partie demeure bien en
place dans la chaîne et continue à avancer, alors que beaucoup d’éléments
sont jetés. Disons que même si certains renseignements gardés se placent
immédiatement dans notre système de classement, un nombre indéfini
d’autres informations atteignent le domaine de l’inconscient, d’où elles ne
referont jamais surface. Pour nous, elles n’existent pas et n’ont jamais
existé.
L’observation limitée de la réalité
Plusieurs ont certainement vécu un jour le genre d’expérience suivante.
Prenons l’exemple d’une voiture que nous désirons acheter. Cela fait
quelques semaines que nous en rêvons. À ce moment, le véhicule est
seulement imaginé, c’est une prévision. Il est dans notre tête sous forme
d’image.
Avant, nous croisions généralement peu souvent ce modèle sur notre
chemin, ou pas du tout. Puis nous nous mettons à en parler, et plus nous le
faisons, plus nous en observons. Comme si notre rêve demandait à être
réalisé. Enfin, quand nous achetons l’automobile et que le tout est bien réel,
nous avons l’impression qu’il y a de ces voitures partout et que jamais
auparavant nous n’en avions remarqué autant. Tout le monde a ce modèle,
ou presque. C’en est quasiment choquant.
En fait, l’information a tout simplement été sélectionnée différemment
pendant le laps de temps où nous la jugions moins importante. Et cela,
jusqu’à ce que les filtres de la pensée laissent passer suffisamment de bribes
d’information pour que le rêve devienne une réalité. La voiture a toujours
été là, seulement nous n’en avions pas conscience. Tous ces véhicules
passaient devant nous, mais avant de posséder le nôtre, nous ne les voyions
pas.
La programmation neurolinguistique (PNL) nous enseigne, dans un tour
d’horizon complexe, la manière dont s’organisent nos filtres de la pensée. Il
faut d’abord concevoir que pour chacun de nous ce tour d’horizon reste
particulier.
Le cerveau conscient ignore naturellement un grand nombre
d’informations. De cette façon, il nous épargne le temps de traiter chacune
d’entre elles consciemment, puis d’en distinguer le sens. Beaucoup de
matière est ainsi enlevée pour éviter que la programmation neuronale ne se
court-circuite. Sur les milliards d’éléments captés chaque seconde au niveau
de l’inconscient, l’omission d’une grande partie s’avère donc nécessaire.
Ce tri permet aussi d’effectuer une bonne première sélection. Dans le
même ordre d’idées, un établissement qui procède à la mise en marché de
produits maraîchers fait une première sélection des carottes qui présentent
une forme intéressante pour la consommation. Toutes les autres, qu’elles
soient bonnes à consommer ou non, sont alors immédiatement rejetées. Les
légumes sélectionnés passeront ensuite par plusieurs autres types de triage.
De même, le cerveau généralise et transporte des histoires complètement
étrangères les unes aux autres dans des départements souvent non
appropriés, juste parce qu’elles présentent une nature semblable. Si une
expérience vécue dans un contexte donné, à une époque précise, selon le
besoin du moment, l’environnement ou l’état interne d’alors cause au corps
un traumatisme, elle est classée dans un dossier qui lui est propre.
La généralisation permet, par exemple, de ranger dans le même dossier
une expérience de vie qui s’apparente à d’autres, sans le contexte, sans le
besoin, sans l’environnement – où tout diffère finalement. Faute de place ou
de temps, le cerveau réduit son plan d’action et place le tout dans le même
fichier.
Pour cette raison, nous réagissons la plupart du temps à des processus
mentaux qui proviennent d’une autre époque. Là où l’expérience originelle
démontre sa raison d’être, la généralisation vient d’emblée coller une autre
expérience qui ne s’y apparente que très peu. Au fil des années, nous
superposons sur une même charge émotionnelle un nombre de situations
irraisonnées, si bien que nos conditionnements deviennent tellement
intenses que nous réagissons immédiatement sans prendre le temps
d’analyser.
Puis, il nous arrive aussi de déformer la réalité. Quelquefois, nous
escamotons volontairement des informations conscientes parce qu’elles
semblent nuire. Comme nous n’acceptons pas seulement ce que nous
vivons, nous tentons d’imaginer autre chose. Cela revient à envoyer la
poussière sous le tapis et à s’imaginer que tout est propre.
Même si nous nous appliquons à ne pas regarder de ce côté, nous savons.
Et le fait de savoir amplifie la présence de ce que nous désirons ignorer. Au
bout d’un certain temps, c’est un véritable pan de notre existence que nous
essayons d’escamoter et, évidemment, cela influence notre perception
globale de la vie. Cela s’apparente à des œillères que nous nous serions
nous-mêmes installées pour simuler un certain confort.
D’une manière analogue, nous devinons les pensées de l’autre. Nous
pratiquons aisément la divination sans toutefois en avoir reçu le don. Nous
imaginons ce que les autres pensent de nous, ce qu’ils disent en notre
absence. Beaucoup de faussetés sont corrigées lorsque nous prenons le
temps d’aller chercher les informations à la source. Ironiquement, nous ne
le faisons pas, sachant déjà ce que les autres penseront ou diront.
Croyances et valeurs
Les filtres de l’inconscient nous aident à faire des choix dans le lot de
sensations perçues. Ils tranchent et rejettent d’étonnants fragments de
données en fonction de notre système de croyances et de valeurs. Il ne
s’agit pas ici de croyances religieuses, mais d’un système où l’inconscient
agit de lui-même. À la base, nous avons « acheté » ce que nous appelons
nos croyances.
Les croyances sont des idées préconçues issues en grande partie de notre
éducation. L’inconscient crée dans notre réalité l’exact reflet de ces idées.
Neuf fois sur dix, c’est lui qui choisit notre environnement, notre travail,
nos relations, nos revenus. Les croyances et les valeurs font de nous des
gens riches ou pauvres, en santé ou malades.
À dire vrai, ce que nous vivons comme réalité de tous les jours est le
reflet des croyances inconscientes que nous avons sur nous-mêmes et sur la
vie. Une croyance peut avoir toutes sortes d’origines. Elle peut être de
nature générationnelle (Toutes les femmes de la famille ont marié un homme
infidèle), sociale (Nous sommes nés pour un petit pain), ou encore acquise
(Chaque mois de février, mon conjoint attrape un virus – et l’autre de
renchérir que c’est vrai). Une croyance se résume à quelque chose dans
lequel on croit, quelque chose qu’on valide soi-même ou par l’entremise
des autres. La validation est primordiale parce que, comme son nom
l’indique, une croyance doit être vraie, nous devons pouvoir nous en
assurer.
L’inconscient dirige très bien, pour ne pas dire parfaitement, notre
système de croyances. Selon ce que l’on croit, il ferme l’accès sensoriel à
toute forme d’idées qui vient contrecarrer la croyance. Par opposition, il
ouvrira toutes les portes nous permettant de valider combien nous avons
raison de penser ou d’agir de telle ou telle manière.
Un fait à souligner dans ce processus sélectif de l’information est que les
éléments rejetés ne deviennent pas inexistants, ni ne disparaissent. Ils sont
perdus pour notre conscience et le resteront, parce que l’inconscient en
bloque l’accès, mais ils sont là quelque part au fond de nous.
Le centre de la vision
Dans le film Que sait-on vraiment de la réalité ! ?, les auteurs nous
expliquent d’une façon particulièrement intéressante comment se comporte
notre cerveau. Selon eux, ce dernier ne fait pas la différence entre ce qui est
imaginé au niveau de la pensée et ce que nous expérimentons les yeux
ouverts.
De plus, lorsque nous prenons le temps d’analyser plus longuement le
fonctionnement du processus de la vision, nous comprenons qu’en vérité
nos yeux agissent en fait comme des lentilles. La lumière qui entre en
contact avec l’œil se transforme rapidement en signaux électriques envoyés
dans le centre de la vision, situé à l’arrière de notre cerveau. Là, les signaux
sont traités. Voir est donc un processus qui s’expérimente à l’intérieur d’une
partie minuscule du cerveau où aucune lumière ne pénètre jamais. Dans cet
endroit complètement coupé de toute lumière, nous parvenons à définir
toutes les couleurs de l’arc-en-ciel !
Il en est de même pour le centre de l’ouïe. Nos oreilles agissent comme
des antennes et nous parvenons à entendre les sons dans un espace de notre
cerveau d’à peine quelques centimètres cubes, un espace totalement isolé du
bruit !
Curieusement, tous nos sens fonctionnent de la même manière. Nous
percevons la réalité à l’aide de signaux électriques échangés et traités à
l’intérieur de notre cerveau. Ainsi, le goût et l’odorat, par l’intermédiaire de
récepteurs perfectionnés, transmettent eux aussi des signaux qui seront
perçus par nous comme un goût ou une odeur qui, s’ils sont répertoriés
selon une croyance bien précise, seront immédiatement traités comme tels
par le cerveau. Prenons l’exemple d’un citron ; juste à y penser, nos papilles
réagissent.
Si nous voyons grâce à un endroit où le noir est total et entendons par
l’entremise d’un centre où règne le silence, la compréhension de ce que les
scientifiques interrogés nous expliquent dans Que sait-on vraiment de la
réalité ! ? devient plus aisée. Selon eux, le cerveau a la capacité de ne
capter que ce qu’il est habilité à croire.
Les croyances déterminent donc ce que tout individu est. Si je crois en
ma réussite scolaire, je réussirai à l’école. Si je crois qu’un objectif n’est
pas réaliste, il ne se réalisera pas. Quant à l’inconscient, il capte une infinité
d’autres informations dont jamais nous n’avons conscience, pour la plupart.
Ces éléments rejetés demeureront ignorés de nous suivant nos priorités et
nos choix, et ne feront jamais équipe avec nos croyances.
Tout ce qui peut être imaginé au niveau de la pensée – si toutefois cela
correspond aux désirs de notre cœur ainsi qu’à ce que nous sommes
habilités à croire de nous – peut être manifesté dans notre réalité. La vie que
nous imaginons les yeux fermés a autant de sens pour le cerveau que celle
que nous voyons les yeux ouverts ; cela stimule le même centre.
Vivre à travers tellement de filtres nous oblige à remettre plusieurs
aspects de nos vies en question. Ainsi, nombre de perceptions sont faussées
par ce que nous savons de la réalité. Et mis à part celles dont nous avons un
mince aperçu, il y en a bien d’autres.
La vie, partout
Les créateurs de la solution HeartMath, Doc Childre et Howard Martin,
mentionnent un fait surprenant dans leur livre intitulé L’intelligence
intuitive du cœur. Selon leurs recherches effectuées sur plusieurs fœtus
humains, le cœur se met à battre bien avant qu’on puisse enregistrer des
activités au niveau cérébral.
Nous le voyons palpiter lorsque nous assistons à la première
échographie. Comme si la vie s’était mise en place à l’intérieur du fœtus
avant que celui-ci développe une conscience d’être. On peut croire que
l’intellect dirige les mécanismes du corps, mais le cœur, lui, fonctionne de
lui-même. C’est intéressant, cette intelligence qui lui est propre.
La vie s’installe dans un corps qui se compose déjà des mémoires des
générations passées, entre autres les mémoires généalogiques appartenant
au père et à la mère ainsi qu’aux générations antérieures. La vie entre dans
ce petit moule, dans ce contenant déjà unique par sa composition, par sa
différence, et elle-même transporte dans son essence toute la mémoire
originelle.
D’un coup de baguette magique, la vie fait battre le cœur. La vie aime et,
par son amour, elle démarre l’amour en nous, comme un petit moteur.
L’amour de la vie est la première chose que nous expérimentons par le
cœur ; c’est une expérience que tous les êtres vivants, sans exception, ont
vécue à ce moment-là.
Profondément, nous savons ce que transporte la vie, car elle est en nous.
Nous la ressentons, nous l’éprouvons. Cependant, devant un savoir si
grand, les balises de notre esprit se referment. Cela explique peut-être
pourquoi nous avons cette impression fausse que le contenant, c’est-à-dire
notre corps, se referme au moment de notre naissance.
Notre corps a reçu la vie quand le cœur s’est mis à battre. Ce dernier
nous démontre sans cesse sa vitalité. Il reste ouvert. Il a simplement
accueilli en lui la vie, par résonance avec l’amour, et tant que l’amour est
présent à l’intérieur de l’être, l’amour plein comme l’amour espoir, la vie
continue de s’alimenter. Le petit moteur fonctionne pour autant que l’amour
soit là et reste intact jusqu’à ce que le corps s’éteigne. Il vibre à tout ce qui
représente l’amour. Je me reconnais à travers toi, alors je vibre. Voilà un
peu ce que le cœur ressent : il vibre parce que c’est sa nature de vibrer à
l’amour.
Nous sommes toute la vie
Nous avons l’impression que la vie est à l’intérieur de nous, que notre corps
contient la vie. Nous croyons que notre corps renferme ce talent que nous
avons développé dans un domaine ou dans un autre. Nous avons le
sentiment qu’il incombe à notre personnalité de trouver la solution miracle
à notre problème.
Nous imaginons également que si nous donnons trop d’amour à
quelqu’un, nos réserves vont s’épuiser. De même, nous croyons que ce
qu’on donne aux autres, on se l’enlève à soi. Et cette impression est validée
si, de surcroît, nous ne recevons rien en retour. Comme si nous étions un pot
de confiture et que chaque cuillerée qui en est retirée nous rapprochait de la
fin.
La vie est amour. Elle s’est effectivement présentée à nous de cette
façon, de l’intérieur. Pour continuer d’être alimentés par elle, nous devons
enlever le couvercle et rester ouverts, comme le cœur l’a fait au tout début.
Le bocal, notre contenant, est plein de vide, et c’est dans le vide que se
promène la vie, semblable à l’air. Elle est là et elle est partout.
Il est inconcevable d’épuiser nos réserves d’amour puisqu’il est infini.
Lorsque nous restons ouverts, nous permettons non pas à un bout de
vie, mais à la vie tout entière d’entrer et de circuler en nous. Un petit peu de
cette confiture d’amour fait le tour avant de ressortir, si c’est à cela que
notre cœur aspire.
Si nous prenons cette part comme la nôtre, cela revient par analogie à
refermer notre couvercle. Nous nous séparons ainsi de l’abondance et de la
vie ; nos impressions demeurent fausses. Rien ne nous appartient en propre.
Ni à toi ni à moi. Il n’y a pas de part, mais tout pour nous tous.
C’est nous qui sommes infinis. C’est nous qui sommes la vie. C’est nous
qui la créons par notre amour, par la façon dont nous l’exprimons. Notre
conscience de la vie fait de nous des goûteurs, des observateurs, des
testeurs, des écouteurs de ce que la vie nous apporte à chaque petit instant
par la façon dont nous l’avons façonnée. Chaque seconde nous montre à
quel point la vie est différente de ce qu’elle était l’instant d’avant, et celui
d’après.
Elle est amour puisque le cœur vibre en nous, fier d’exister. Le cœur qui
nous propose le développement de qualités plus grandes et plus nobles
encore. Nous les possédons, ces qualités, comme nous avons la possibilité
d’épanouir notre sensorialité plus subtilement encore. Alors, sachons
accueillir ces qualités en nous. Faisons-le tout simplement, en restant
ouverts.
La causalité corps-esprit
« Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable : ce qui est en bas est
comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas,
et par ces choses se fait le miracle d’une seule chose. » Voilà ce qu’il y a
plus de deux mille ans déjà écrivait Hermès Trismégiste, auteur de la très
célèbre mais très controversée Table d’Émeraude.
Dans ces mots nébuleux, peut-être difficiles à comprendre pour nous
aujourd’hui, il nous explique sans équivoque le rapport de causalité corps-
esprit, le rapport simple de la cause et de l’effet. L’un des sept principes
hermétiques, la causalité est appelée le principe de correspondance. Cela
implique qu’il existe toujours un lien qui relie entre eux les phénomènes
dans les différents plans de l’être.
Toute cause a son effet, et tout effet a sa cause. Cette affirmation suppose
que le hasard n’existe pas. Rien n’est fortuit, en vérité. Ce qui arrive à
chacun de nous dans la vie est lié étroitement à ce principe de
correspondance. Tout est le fruit de ce que nous avons voulu ou souhaité à
un moment ou à un autre de notre vie.
L’homme n’exploite que dix pour cent de son potentiel réel, dit-on. Je me
souviens que la première fois où j’ai entendu cette phrase, j’ai tenté
d’imaginer ce que serait la vie si nous étions fonctionnels à cent pour cent :
de la véritable magie ! Pour moi, nul ne connaît de réponse à cela. Mais
c’était sans savoir que ces mots qui traversent les époques ont eux aussi une
histoire qui les unit.
Il est dit qu’en éveillant notre esprit, en nous élevant au-dessus du niveau
de conscience ordinaire, nous pouvons devenir la cause au lieu de l’effet, et
bénéficier ainsi de ce que nous avons créé nous-mêmes de plus beau. Grâce
à notre conscience d’être, cette possibilité nous permet de travailler
directement à la transformation de la matière, à ce qui est présent dans notre
corps, dans nos vies.
Nous avons le choix de nous laisser porter par nos croyances, par nos
conditionnements, par nos mémoires cellulaires. En utilisant notre libre
arbitre, nous choisissons soit de créer notre réalité, soit d’agir comme des
pions sur un échiquier. Lorsque nous prenons conscience du pouvoir
intrinsèque que nous avons sur nos propres vies, sur les événements et sur
les choses, comment pouvons-nous continuer à vivre tout en laissant notre
inconscient demeurer aux commandes ?
Rhonda Byrne dit : « Tout votre pouvoir de créer se situe dans la
conscience que vous avez de ce pouvoir... et dans votre capacité à en
demeurer conscient. » L’éveil de l’homme est l’éveil de sa propre
conscience. C’est là l’appel de son être. Cette évolution l’invite à devenir
toujours plus conscient des informations cachées ou ignorées contenues
dans son inconscient, toujours plus conscient qu’il doit faire confiance à
cette partie de lui dont il ne sait rien.
La conscience est un état que nous pouvons accueillir en nous grâce à un
entraînement. C’est un effort au début et un engagement à maintenir cet
effort par la suite. Nous ne sommes peut-être pas habilités à rendre
conscient tout ce qu’il y a dans l’inconscient, mais le fait de savoir que nous
ne savons pas tout des choses est suffisant pour nous pousser à poursuivre
notre quête. En développant notre foi, notre acuité, nous commandons
consciemment ce que nous désirons recevoir dans la vie. Nous le
demandons à cette partie de nous qui manifeste les quatre-vingt-dix autres
pour cent de nos potentialités.
L’épopée d’Ulysse
Nous savons que ceux d’entre nous qui choisissent le plus facile des
chemins répondent ainsi à l’instinct de survie des générations passées.
Comme dans le voyage d’Ulysse, l’homme fuit et se complaît sur l’île des
plaisirs et de la facilité. Puis, ivre de tous ces plaisirs, il se rend compte de
l’ampleur de ses chaînes. Alors qu’il se croyait libre de faire des choix, il en
devient vite l’esclave. Sa chute le place dans une position de survivant et
l’emprisonne toujours davantage. Une triste fatalité, mais le choix de
personne.
Heureusement, l’homme évolue. Ce qu’il est aujourd’hui se présente à
nous différemment. Nous évoluons, laissant notre passé là où il doit être.
Notre cerveau change, notre corps change, notre environnement change, et
tout cela ne cesse d’évoluer vers plus de subtilité, même si nous avons
l’impression que c’était mieux hier.
Chaque époque a son lot de misères et son lot de joies. Pour alléger la
souffrance du monde, idéalement il nous faudrait arrêter de nous plaindre au
sujet du voisin et de ce qu’il n’a pas fait et commencer dès maintenant à
faire notre part. L’appui des milliards d’humains qui habitent sur la terre
avec nous est nécessaire, mais nous n’avons le contrôle que sur nos propres
paramètres.
N’attendons pas que les autres agissent. Nous avons tous en nous la
faculté de maîtriser nos vies. L’éveil de l’homme d’aujourd’hui nous élève à
un niveau de conscience supérieur où nous pouvons atteindre la pleine
maîtrise de notre ego et de notre personnalité. Au lieu de réagir devant les
événements de la vie, nous devenons enfin celui qui crée. Nous dominons la
causalité plutôt que d’en être le jouet, l’effet.
Plus qu’une équation
Par définition, la causalité est la loi de cause à effet. La cause est la graine ;
l’effet est le fruit issu de cette graine. Plus subtilement, la cause est la
pensée qu’on entretient envers une personne ou un événement, ou encore
une image de soi-même ; l’effet est le résultat de cette pensée : une bonne
ou une mauvaise estime de soi, un événement heureux ou une catastrophe.
Cause et effet sont deux états consécutifs. Ils dépendent l’un de l’autre,
bien sûr, et sont également complémentaires. Donc, s’il n’y a pas de cause,
il n’y a pas d’effet non plus. S’il n’y a pas d’effet, c’est qu’il n’y a jamais
eu de cause au départ. Mathématiquement parlant, nous pouvons expliquer
que A, la cause, égale B, l’effet.
La causalité présente des caractéristiques plutôt élémentaires. Il est dit
que telle cause produit tel effet. Encore une fois, A = B de par leurs natures.
Par exemple, si nous plantons un grain d’avoine, c’est de l’avoine que nous
récolterons. Les deux sont évidemment de nature semblable. De la même
manière, un grain de millet donne du millet. Finalement, si on change la
cause, on change l’effet.
Il est aussi intéressant de constater qu’une cause ne peut pas produire un
effet à elle seule. Si, par exemple, nous disons que le grain d’avoine donne
de l’avoine, nous simplifions le raisonnement. Dans la réalité, le grain à lui
seul ne produit rien du tout. Pour produire son effet, la cause a besoin de
divers éléments. Sans terre, sans eau, sans soleil, sans soins, rien n’arrive,
tout simplement. Le grain d’avoine dans notre main n’a aucune chance de
devenir autre chose qu’un grain d’avoine.
De même, nous pouvons comprendre qu’une pensée non exprimée, sans
alimentation ni réceptacle, demeure au niveau de l’idée, comme le font le
désir, l’intention, la parole ou l’action lorsqu’on veut faire naître un rêve.
Sous forme d’opération mathématique, nous pouvons formuler ceci : A +
(x, y, z) = B. La cause additionnée à divers éléments produisent ensemble
l’effet. Les lettres x, y et z décrivent ce qu’il faut pour permettre la
réalisation dans la matière de ce que nous avons imaginé de la cause. Un
enchaînement d’éléments, comme dans le cas du pamplemousse. Cet
enchaînement, nous le définissons comme une mouvance, un mouvement
partant de la cause pour aller vers l’effet. Ce qui nous amène à simplifier
l’équation ainsi : A + mouvement = B.
Le mouvement, c’est la vie/
Toujours, dans la cause il y a l’effet. Au présent, nous reconnaissons dans
une cause les potentialités futures. Il s’agit de potentialités, car selon la
mouvance qu’il y a entre les deux, soit la cause reste la cause, soit elle se
transforme en effet. À l’inverse, dans l’effet, nous pouvons présupposer la
cause.
Nous pouvons imaginer qu’il y a eu le grain au début, comme nous
imaginons les éléments qui ont favorisé la création du grain. Ainsi, toute
chose est considérée comme la cause par rapport au futur, ou l’effet par
rapport au passé. Les choses se succèdent de cette manière, indéfiniment.
Tout est relatif aussi par rapport à ce qu’elles complètent.
L’évolution de la cause est tantôt rapide, tantôt lente selon le plan où elle
se trouve, le point de vue d’où l’on regarde ou le rapport qu’on en fait. Cela
peut être immédiat, comme une écorchure qu’on subit en tombant, ou
prendre un temps plus ou moins long : le grain devenant le fruit, par
exemple. On peut même parler d’années ou de siècles lorsqu’on pense à la
guerre de Cent ans, à la Révolution tranquille ou à la libération de tout un
peuple.
Le principe de correspondance nous ramène aux liens qui existent entre
le corps et l’esprit. Dans le corps, nous trouvons l’expression, l’effet de la
cause qui se situe au niveau de la pensée passée. L’abattement ressenti à la
suite d’un échec à un examen, par exemple, produit sur un ensemble de
cellules définies des brisures. Ces dernières sont l’effet exprimé des pensées
que nous avons entretenues sur les événements comme sur nous-mêmes.
L’abattement ressenti en symbolise seulement le mouvement.
Selon la Dre Lilianne Reuter, les émotions sont le point de rencontre
entre la cause et l’effet. Du latin emovere, qui signifie « se mettre en
mouvement », l’émotion est la résultante directe d’une cause, mais elle n’en
est pas l’effet. En vérité, l’émotion illustre bien le lien qui existe entre le
point de rencontre et le mouvement : A + mouvement = B.
Elle se compare à un petit drapeau qui marque l’endroit précis où le
corps a reçu l’information afin de produire son effet. À l’annonce d’une
situation heureuse, les émotions observées en raison de nos ressentis –
sourire, éclats de rire, yeux pétillants, papillons dans le ventre – sont autant
de manifestations qui produisent un effet dans l’ensemble du corps. Le
bouton de rose, grâce à l’eau qui l’alimente, s’épanouit et nous montre toute
sa beauté. Voilà ce qui se passe dans notre corps : selon les événements,
selon l’émotion, il fleurit ou se dessèche.
L’émotion se manifeste à nous par l’expérience du ressenti au niveau du
corps. Ce ressenti nous annonce uniquement le point de départ de la
mouvance qui ira dans un sens ou dans un autre. C’est aussi une sensation
réactionnelle à la cause, très impulsive, qui contient cette même cause. Elle
a donc en elle beaucoup d’informations.
L’effet varie, à partir de ce point, selon la conscience que nous
développerons de cette émotion. Et cette conscience, nous le savons, ne
retient en priorité qu’une partie de l’information puisque nos
conditionnements et nos croyances limitent la capacité d’absorption de nos
canaux sensoriels. L’émotion influe sur le corps. Elle produit son effet et
reste une expérience strictement personnelle.
Elle ne se compare à aucune autre parce qu’elle découle d’un contexte
toujours très précis. Chaque émotion que nous vivons nous parle, chacune
est particulière. Par contre, pour chacun de nous, le résultat de son langage
est le même. Une émotion est soit agréable, neutre ou désagréable, rien
d’autre. Ni bien ni mal, elle est.
Silence, on tourne !
Des créateurs de réalité, voilà ce que nous sommes, rien de moins. Nous
sommes modelés selon l’image que nous entretenons de nous-mêmes et de
la vie. Tout est intéressant, tout est ravissant, car chacun de nous s’exprime
à sa manière. Chacun de nous comprend la vie selon son propre modèle du
monde. Chacun occupe sa place, a la même importance.
Chacun offre son cadeau particulier à la vie, et toute réalité existe tant
qu’il y a quelqu’un pour y croire. L’addition des réalités fait cette terre sur
laquelle nous vivons, celle que nous partageons tous ensemble. Nos réalités
additionnées construisent l’avenir où nous allons, le chemin où nous
marchons. Conséquemment, chacun fait de son mieux.
Créer favorise l’interaction. Quand je me permets d’exprimer mes plus
belles parties, je permets les plus belles expressions des autres autour de
moi. Quand je réalise la beauté des autres et l’importance de cette
expression dans la vie, je réalise idéalement la mienne.
Oui, nous pouvons nous servir des autres pour valider notre propre
avancement. Les rencontres que nous faisons dans notre vie sont gages de
notre évolution personnelle. Elles agissent comme des miroirs pour nous
éveiller à notre plus belle image. Plus nous nous permettons d’exprimer
notre beauté en faisant les choses que nous savons le mieux faire, plus nous
nous reconnaissons comme tels, et plus la vie devient simplement une
éclosion vers davantage de bonheur.
La vie se déroule comme une bobine de film qui avance dans le temps et,
heureusement pour nous, chacun semble avoir sa propre bobine. Les
rencontres que nous faisons sont autant de reflets de nous-mêmes, et par
tous les gens qui interagissent dans nos vies, nous pouvons nous
reconnaître.
« Connais-toi toi-même », dit la célèbre injonction de Socrate qui nous
invite à faire ce travail moral. Ce travail que, finalement, nous
accomplissons tous les jours sans pour autant en être toujours conscients.
La résonance, dont nous avons brièvement parlé dans l’exemple des
cordes de violons, est un phénomène qui touche les systèmes sensibles à
certaines fréquences. Or, tout être vivant extériorise sa sensibilité dans la
façon dont il s’ouvre à la vie. Nous sommes systémiquement sensibles à
diverses fréquences. Ainsi, lorsqu’un de nos semblables entre en résonance
avec nous de la même manière que le font nos deux cordes de violons, il se
produit ce qu’on appelle une fréquence de résonance. La qualité que je
perçois chez toi résonne avec celle qui est déjà en moi. Voilà pourquoi je la
reconnais. Tu es mon miroir, mon beau miroir.
En fait, la résonance se manifeste comme une énergie qui s’ajoute à celle
qui existe déjà en nous. La fréquence devient graduellement en
correspondance de phase avec l’autre. Tranquillement, nous l’apprivoisons.
Cela se passe par étapes. Au tout début, nous ressentons une forme
d’excitation interne devant cette reconnaissance de nous à travers l’autre.
Nous sentons alors une forte attirance vers celui qui occasionne cette
euphorie en nous. Notre système vibratoire fluctue alors selon des
oscillations beaucoup plus rapides, et que nous reconnaissions en l’autre
une qualité ou un défaut, nous sommes également attirés.
C’est moi dans la qualité, mais peut-être suis-je trop éloigné de moi-
même pour me reconnaître. C’est moi aussi dans le défaut, et celui-là je
n’ai généralement pas envie que ce soit moi. Comme des aimants, nous
sommes tous les deux porteurs de la polarité inverse d’une même chose.
La pacification des genres
Deux polarités nous composent ; c’est ainsi pour toute chose selon le
principe des genres : le masculin et le féminin de la tradition orientale. Nous
sommes porteurs de toutes les potentialités. Ce qui veut aussi dire que dès
la naissance reposent en nous, à l’état de germe, toutes les qualités et leurs
contraires.
Deux ondes se reconnaissent comme deux amies, deux jumelles. Elles
décident alors d’osciller ensemble quitte à laisser aller la stabilité première.
L’état grandit de plus en plus en nous, et chez l’autre aussi peut-être.
Cependant, rien ne dit qu’il éprouve au même moment la même résonance.
Ça lui appartient.
En vérité, si l’autre personne ne ressent pas le même élan que nous, c’est
que, comme pour les blessures intérieures, la guérison pour lui est
complète. Ce sera pour cet autre une façon de réaliser sa propre guérison.
Puis, par la suite, lorsque les phases correspondent vraiment ensemble,
lorsque les deux ondes communient, voilà qu’elles produisent une troisième
fréquence d’une grande pureté qui ramène aussitôt plus d’harmonie dans
notre corps.
La vibration première évolue en nous et se traduit par plus d’expression,
d’où cet état euphorique. N’avons-nous pas déjà expérimenté une telle force
dans l’amour quand, avec l’autre, nous nous sommes sentis plus grands,
plus beaux, plus en sécurité que seuls avec nous-mêmes ? Ce petit plus,
c’est ce que deux polarités qui s’accordent créent ensemble.
Les oscillations de deux sentiments contraires se reconnaissent
pareillement en nous. Elles sont des amies, des jumelles. Par cette
rencontre, elles désirent s’accorder ensemble. Comprenons que l’addition
du mépris en nous, par exemple, ne nous rendra pas plus méprisants
encore ; toutefois, sa reconnaissance, on le souhaite, nous démontrera notre
propre laideur.
Chacun de nous a la responsabilité de son propre rayonnement, et
l’harmonisation de nos polarités représente notre salut. Le mal que nous
reconnaissons chez l’autre fait partie de notre réalité d’individu, autrement
nous ne verrions que les plus belles parties des autres.
Alors, avec cette onde unique qui part de nous à la rencontre de l’autre se
produit le parfait accord, si nous acceptons la part d’ombre en nous comme
une chose bonne. Les défauts ne sont qu’une polarité contraire. Ils ont aussi
une raison d’être.
Cela part d’une bonne intention de préserver adéquatement l’équilibre
interne, selon le contexte. Par nos jugements, nous nous condamnons pour
l’éternité, alors que nous aurions dû recadrer notre comportement ou notre
action selon le choix du moment. Ainsi, ce qui nous semble être un tort, en
raison de notre méconnaissance, devient notre salut lorsqu’on le reconnaît.
Il n’existe en fait qu’une seule puissance, et c’est celle du bien.
Chaque être qui passe dans nos vies fait vibrer une partie de nous. Nous
pouvons alors traduire autant de fois tous nos états internes en fonction de
ce que ces gens arrivent à faire vibrer en nous. Celui avec qui j’aime être,
celle avec qui je me sens bien représentent cette qualité de moi que
j’affectionne ; et celui que je déteste, celle que je repousse sont ce défaut
que je n’ai pas accepté de reconnaître en moi. Il ou elle reflète ce bout de
ma vie qui me montre le travail que j’ai exécuté déjà et celui qu’il me reste
à faire pour évoluer encore. Tous ces gens ont une importance capitale dans
mon évolution.
« La gentillesse n’est pas un luxe mais une nécessité. C’est en nous
traitant mieux les uns les autres, en traitant mieux la planète que nous
pouvons espérer survivre », écrit Piero Ferrucci. Oui, les aimer tous, les
accepter tous, ces gens qui passent dans nos vies, car ils sont nous en
quelque sorte. Ils sont nous et eux aussi. Ils sont tous une partie de nous qui
résonne quelque part. Parfois, j’en conviens, ce n’est pas très agréable à
vivre, mais tout de même, nous savons que ce bout qui résonne n’appartient
qu’à nous. Soyons toujours heureux de nous découvrir ainsi à travers les
autres. C’est une pratique qui s’avère très enrichissante pour tous.
Aimons-nous les uns les autres
La compréhension de ces phénomènes nous amène directement à la notion
d’amour inconditionnel. Incontestablement, ce que nous comprenons de
nous à travers les autres, ce sont nos propres souffrances, nos joies, nos
peurs, nos aspirations, tous ces états qui résonnent en nous et qui font partie
de ces gens de la même manière.
Or, la bonne nouvelle, c’est que nous pouvons toujours nous guérir de la
douleur que nous avons découverte. Comment arriverons-nous à le faire ?
Par eux, certainement, en les aimant complètement comme nous avons
toujours voulu être aimés.
Pour développer cet amour, il importe de nous exercer à regarder tous les
êtres vivants avec les yeux de l’amour, avec une position de compassion.
De sorte que nous agissions pour soulager la souffrance de l’autre en
l’acceptant telle qu’elle se présente à nous. Nous acceptons enfin d’aimer
cette partie de nous en lui redonnant une seconde chance. N’avons-nous pas
souhaité qu’on nous offre cette possibilité à notre tour ?
L’amour, nous le savons, est un état qui se vit dans le cœur d’abord, et
ensuite dans l’esprit, parce que l’amour véritable a besoin de
compréhension. Une compréhension de ce que l’autre exprime en tant
qu’être et de ce qui lui permet de s’épanouir selon cette expression. La
compassion, elle, est un état d’esprit qui part d’une intention. Une intention
qui désire formellement alléger la souffrance de l’autre.
L’amour inconditionnel mélange l’amour et la compassion dans de justes
proportions. Il représente l’essence bienfaitrice d’où émane la
compréhension, ainsi que la capacité de reconnaître l’autre dans ce qu’il vit,
dans ses souffrances physiques, matérielles ou psychologiques.
Nous pouvons comprendre que la méchanceté n’a d’égale que la
souffrance qui se cache derrière, et que quiconque fait souffrir son prochain
souffre lui-même, indubitablement. C’est dans notre vie quotidienne que
nous pouvons commencer à appliquer l’amour, dans le contact réel que
nous avons avec les autres, dans nos relations avec nos proches.
L’amour devient perceptible dans nos comportements, dans nos gestes,
dans une parole ou une pensée. Ainsi, nous pouvons participer à réduire la
souffrance autour de nous dans un esprit d’unité. Comme un seul atome
influe assurément sur tout notre être, une simple parole, un petit mot qui
exprime l’amour peut apporter le réconfort ou la sécurité. Cela peut éviter
une erreur pour certains, ou résoudre un problème pour d’autres. Un geste
peut devenir un moyen de relâcher la tension devant le stress, une marque
de confiance pour un individu, qui sait ? Et une pensée bien orientée
entoure toujours les autres d’un halo de bonnes grâces.
Plus souvent qu’autrement, l’amour que nous offrons de cette manière
fait autant d’effet en nous qu’il en fait autour de nous. Les mots
bienfaisants, nous les disons un peu pour nous-mêmes également. Les
gestes de gentillesse que nous faisons représentent ceux que nous aimons
recevoir. Et les pensées positives inondent notre esprit à nous puisqu’elles
émanent de nous.
En fait, toutes ces bonnes actions et intentions découlent de nous et nous
alimentent tout autant qu’elles nourrissent les autres. Tout ce qu’il y a de
plus beau ou de meilleur en nous, répandons-le autour de nous.
Liens Internet
André Perrin, L’âme et le corps, Philo pour tous.
Genjo-Koan, La loi réalisée de l’Univers, BuddhaLine.
isabellepitre.blogspot.com
Lama Denys, Interdépendance et responsabilité, Buddhaline.
Le Kybalion, Étude sur la philosophie hermétique, Wikipédia.
Thich Huyen-Vi, La loi de causalité, BuddhaLine.
Thich Huyen-Vi, La loi de la non-permanence et du changement perpétuel,
BuddhaLine.
Tripod, Rupert Sheldrake, Champs morphiques et causalité formative.
Remerciements
J’aime écrire cette partie d’un livre peut-être encore plus que les autres, car
il est vrai que sans vous tous, mes amis, qui avez cru en moi, jamais je
n’aurais fait de gestes en ce sens. C’est d’abord et avant tout par vous que
cet ouvrage existe et il vous appartient de le multiplier.
D’abord, merci à mon éditeur pour ce nouveau mariage heureux. Je nous
souhaite des années de bonheur et d’accomplissement.
Merci également à mes collègues et amis de chez Coaching-Québec inc.,
Nicolas Beffort et Maryse Bergeron, qui m’ont généreusement tendu la
main et accordé pleine confiance au sein de leur merveilleuse équipe.
Merci à Joanne Riou, du Centre PNL, qui m’a offert la reconnaissance
d’âme que tout humain s’attend à recevoir lors de sa venue sur terre. Merci
pour ton accompagnement lors de mes premiers pas dans cette nouvelle
mission. Parfois, quelques mots bien placés suffisent, alors merci pour ces
mots.
Merci aussi aux membres de ma famille proche pour leur disponibilité,
leur soutien et leur droiture. Vous êtes et serez toujours un bon exemple
pour moi.
Merci à toutes les belles personnes qui traversent ma vie
quotidiennement et qui partagent avec moi un petit peu de leurs émotions et
de leur évolution. Je suis choyée de vous accompagner, vraiment.
Merci à tous mes amis et amies Facebook ainsi qu’à mes connaissances
des médias sociaux pour leur chaleureuse présence et leur intérêt envers
mon travail, pour leur couleur et pour leurs nombreuses marques d’attention
à mon endroit. Je vous aime.
Merci à la vie qui a permis au départ que mon cœur vibre à l’amour et
merci à l’amour qui s’exprime encore à travers moi.
Enfin, un grand merci à mon inconscient, ce précieux collaborateur sur
qui je peux vraiment compter.
***
Introduction
Pour commencer...
La course au bonheur
Peser le tout dans la balance
Et après...
Quelques mots sur le temps
Remerciements