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Réel symbolique imaginaire

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Réel, symbolique et imaginaire, sont trois registres que distingue le psychanalyste. Ces trois
registres sont repris dans le schéma RSI, de Jacques Lacan.L'attribution des qualités RSI donne
une couleur, ou plus exactement une dimension aux concepts ( par exemple «le père» , le
«phallus», la «castration»).

Sommaire
[masquer]

 1 Réel, symbolique et imaginaire chez Sigmund Freud


 2 Réel, symbolique et imaginaire chez Ferenczi
 3 Réel, symbolique et imaginaire chez Jacques Lacan
o 3.1 Structures
o 3.2 Symbolique
o 3.3 Imaginaire
o 3.4 Réel
 3.4.1 La naissance du Réel chez Lacan [1]
 3.4.2 Citation de Charley Supper
 3.4.3 Index des formules lacaniennes dans le Séminaire : "L'identification"
(1961-1962)
o 3.5 Le schéma R
 3.5.1 Légende du schéma (lettres désignant les concepts)
 3.5.2 Vecteurs
 3.5.3 Ruban de Möbius
 3.5.4 Construction du Schéma R
 3.5.5 Discussion du schéma
 4 Voir aussi
 5 Notes et références
 6 Bibliographie
 7 Liens externes

Réel, symbolique et imaginaire chez Sigmund Freud [modifier]


Freud ne mentionne pas directement trois catégories qui s'opposent ; les catégories de réel, de
symbolique et d'imaginaire ne forment pas chez cet auteur des structures, ou elles ne sont pas
mentionnées comme telles.

La réalité peut être atteinte ; Freud mentionne une épreuve de réalité et un principe de réalité. Au
contraire, le fait de rater la réalité, de la dénier, de la remplacer par quelque chose de subjectif,
serait caractéristique de la psychose. Par opposition, la science, elle, permet bien de révéler ce
qui est réel.

L'imaginaire est le domaine circonscrit du fantasme, de la rêverie diurne. La personne ne


fantasme pas nécessairement : il existe une vie psychique en dehors du fantasme, une perception
de la réalité, y compris connaissance de soi - là où Melanie Klein conçoit toute activité
psychique comme relevant du fantasme, donc comme production imaginaire formation de
compromis.

Le symbolique se manifeste par exemple dans le rêve, et plus précisément dans l'élaboration
secondaire, ou prise en considération de la figurabilité. Ce mécanisme, au service de la
résistance, vise à la formation d'un rêve semblant cohérent, formant un récit chargé de sens,
lequel occulte précisément le contenu manifeste du rêve. Pour parvenir à ses fins, l'élaboration
secondaire utilise le symbolisme. Freud note en particulier que certaines représentations sont
symboles d'autres ; une représentation consciente peut signifier quelque chose d'inconscient. La
pensée freudienne distingue le vécu du sujet, le signifié qui lui est subjectif, de certains symboles
qui seraient universels, inscrits dans l'expérience humaine. Freud mentionne donc, dans
L'interprétation des rêves, plusieurs symboles récurrents, en s'appuyant sur des œuvres
antérieures, et notamment celles de Wilhelm Stekel et Herbert Silberer.

Les fanstasmes originaires soulèvent plus que toute autre notion freudienne cette question d'un
ordre symbolique, structurant fortement la vie fantasmatique, et pourtant relativement
indépendant de la vie de la personne. La révélation, par Ferenczi du réel, du symbolique et de
l'imaginaire s'appuie fortement sur une telle conception de l'origine.

Réel, symbolique et imaginaire chez Ferenczi [modifier]


Sándor Ferenczi s'intéresse au coït comme métaphore du retour dans le ventre maternel. L'idée
d'un désir de retourner dans le ventre de la mère sera développée par Otto Rank, et existe
également dans le taoïsme ; pour en rester à Ferenczi, celui-ci comprend la grossesse comme
stade de toute-puissance réelle pour le nourrisson, comme époque où tous les désirs sont
immédiatements satisfaits, d'où l'idée que, par la suite, l'adulte fantasmera un retour dans le
ventre de la mère.

C'est dans Thalassa que Ferenczi précise cette idée. Dans le coït, le retour s'effectuerait de trois
manières :

 Il y a retour imaginaire dans le ventre : l'homme rentre dans le ventre au niveau du


fantasme, lequel s'avérerait déterminé par une situation, réelle, de plaisir antérieur. Le
fantasme vise à la répétition d'une expérience de satisfaction, si l'on veut historique.
 Au niveau du phallus, il y a un retour symbolique dans le ventre. Dans le discours, qui se
montre sans ambiguïté, il y a pénétration. De même que Lacan précisera que la castration
est symbolique - puisque, dans le réel, il ne manque rien au sexe de la femme -, de même
la pénétration n'est pas réelle. Ce qui serait visé ne serait pas tant l'utérus que l'intérieur.
 Quant au sperme, il y a bien pénétration du ventre, ce qui se situe donc au niveau réel. Il
y aurait identification à la semence en ce qu'elle a le privilège d'atteindre la situation
intra-utérine. Le sperme formerait alors un alter ego narcissique.

On note donc que Ferenczi dévoile ces trois structures, mais pour montrer comment, d'une part,le
symbolisme est au service de l'imaginaire, et d'autre part comment l'identification à un objet réel,
elle aussi, étant au service du fantasme. On remarque également comme l'originaire se trouve
indissociable des ces structures, organisateur qu'il est de l'ensemble de la vie fantasmatique.
Thalassa développe sur ce point une métaphore géologique, la vie psychique de l'homme
réaccomplissant une évolution de périodes telles que l'ère glaciaire. Par exemple, cette ère
glaciaire déterminerait la période de latence.

Réel, symbolique et imaginaire chez Jacques Lacan [modifier]


Lacan propose une métaphore. Si nous prenons une table, la table imaginaire recoupe les
fonctions de cet objet, on mange dessus, elle peut servir à poser un vase, elle marque le repas,
etc. La table symbolique, c'est le mot table tel qu'il vient se lier dans le discours : à table!, faire
table rase - le signifiant table peut aussi s'insérer dans d'autres expressions, comme table des
matières. Enfin, le réel se constitue du reste, soit ce que l'on ne connait pas.

Structures [modifier]

L'approche proposée par Jacques Lacan, s'inspire des travaux de Ferdinand de Saussure et de
Claude Lévi-Strauss : elle est structuraliste.

Symbolique [modifier]

Le symbolique, c'est la capacité de représentation, le meurtre de la chose. Le symbolique est


fondé par la métaphore paternelle faisant advenir les Noms du Père.

Imaginaire [modifier]

L'Imaginaire est souvent supposé à tort précéder le Symbolique (voir ci-dessous la construction
du Schéma R). En fait l'Imaginaire humain, fiction de la totalité unifiée, est uniquement permis
par le Symbolique, donc lui succède, et n'a rien à voir avec l'imaginaire animal (non-verbal).

Dans ce registre, on trouve le moi (comme sujet aliéné, héritier de l'enfant assujet) .

Réel [modifier]
Le réel a un statut particulier, du fait que l'on ne l'atteint pas. Le réel est inaccessible. Lacan : "le
Réel, c'est l'impossible".

La naissance du Réel chez Lacan [1] [modifier]

Lacan invente la version définitive de la notion de Réel (qui deviendra le Réel de Lacan ) dans
son séminaire "L'identification" où il parle sans cesse du retournement et de l'inversion et surtout
d'une phrase extraite de Kant où il est question de : "Ein leerer Gegenstand ohne Begriff" (Un
objet vide de concept sans saisie possible avec la main).

 Leer : qui signifie en allemand : vide, inoccupé, vacant (fig. : vide de sens)
 Leerer : qui est simplement l'adaptation de l'adjectif "leer" lors de la déclinaison, lorsqu'il
est placé devant le nom auquel il s'attribue (on ne peut pas dire "ein leer gegenstand"
seulement "ein gegenstand ist leer") bien sûr le mot "leerer" peut aussi être un comparatif
de supériorité et alors il signifie : "plus vide", mais cela n'a rien à voir avec le sens dans
lequel Kant utilise ce mot.

Mettant en pratique ce dont il parle, peut-être même sans s'en rendre compte (pourquoi pas !), il
part de l'adjectif allemand "leer" et il le retourne (comme il l’a fait avec l'algorithme saussurien
s/S dont il a fait S/s), ou l'inverse pour en faire le Réel, concept dont il ne se départira plus.

Je ne suis pas sûr qu'il s'en soit rendu compte même si, toujours, Lacan appliquait à son discours
ce dont il parlait ou qu'il était en train d'élaborer. Leer -> Inversion ou retournement -> Réel

Traduction des mots allemands employés par Kant :

 Der Begriff : Le concept, idée, notion.


 Begrifflich : adj. abstrait.
 Der Gegenstand : L'objet (fig. :objet, sujet, matière).
 Gegenstandlos : sans objet, superflu.
 Gegenständlich : adj. concret, clair, objectif.
 Die Leerheit : le vide, l'inanité.
 Die Leerung : la vidange, l'évacuation, le vidage, la levée (postale)
 Leer : (adj.) : vide, inoccupé, vacant (fig. : vide de sens)
 Leeren : (verbe): vider, évacuer qch.

Citation de Charley Supper [modifier]

Le Réel de Lacan est en opposition et en contradiction avec le réel de la science.

Le Réel de Lacan - Domaine de la Trinité où les choses peuvent être en même temps là et pas
là ! C'est un lieu symbolique où jamais aucun humain n'a, n'a eu, ni n'aura accès. C'est un endroit
vide et sans fond où, sous le signe de l'éternité, se trouvent représentés en creux l'Unité et l'Infini,
comme à l'encre sympathique sur un support d'absence. C'est un trou toujours déjà vide de tout
temps dont découle l'efficacité des effets du discours de chacun à condition qu'il ait bien voulu
franchir le seuil de la mort (ou castration) symbolique. C'est l'endroit où se trouvent archivés à
foison tous les outils nécessaires à l'exercice de l'art. C'est la demeure des trois grands "A".
L'Art, l'Autre et l'Amour. On y trouve en nombre infini, toutes les lettres nécessaires à
l'écriture d'un roman… Plus vous en utilisez, plus il y en a !C'est l'endroit où l'infini (comme le
hasard) est saisi dans sa négation, comme un infini qu'il n'y a pas.Mais le fait de le citer même
dans sa négation le fait exister comme lorsqu'on dit le centaure. Chacun sait qu'il a deux bras et
quatre pattes et pourtant cela n'existe pas !

Le réel de la science - Domaine du binaire où les choses sont ou là ou pas là !

C'est un comble pourrait-on dire car c'est le même trou que le réel de Lacan, mais saisi seulement
sur le mode imaginaire dans une tentative follement pathologique de le combler, sans tenir
compte que ce mode d'abord du trou débouche sur l'addiction. Plus on le comble plus il se
multiplie. L'invention d'un vaccin crée plusieurs maladies nouvelles. L'infini s'y trouve être
l'endroit que la science cherche à combler. Cela s'appelle la folie !

Index des formules lacaniennes dans le Séminaire : "L'identification" (1961-1962) [modifier]

(à télécharger dans le dossier sur Internet : "tout Lacan")

Au sujet de la phrase de Kant : "Ein leerer Gegenstand ohne Begriff"

Pages : 150-156-157-211

Le retournement

Pages : 107-128-147-187-194-216-229-270-299-307-311-312-343-344-347-365-403

L'inversion

Pages : 57-80-97-107-11-114-188-204-216-228-231-237-243-245-247-249-252-256-260-287-
298-299-307-312-315-322-323-329-355-356-364-376-391-417

Le Réel

Pages : 24-26-31-36-37-52-57-64-65-67-68-70-72-83-89-196-199-22224-244-247-264-266-267-
282-286-287-291-297-304-305-309-310-315-316-317-318-319-344-350-362-393-394-400-404-
409-410-411

______________________________________________________________________________
___________
«Il fallait encore du temps pour que ce Réel que j’ai promu dès mes prémisses au rang de
catégorie (et dont les badauds me décriaient de ne pas le voir venir), je rendisse clair qu’il ne se
livre qu’à l’acte qui force le fantasme dont s’asseoit la réalité. Scilicet l’acte psychanalytique en
reste loin, quoique hors de lui, ce soit impossible : le réel quoi ! Interdit aux tricheurs.»

Le schéma R [modifier]

Le schéma R permet de rendre compte pour la première fois des trois champs isolés par Lacan du
Réel, du Symbolique et de l'Imaginaire. Il complète le précédent schéma de Lacan le schéma L.
En effet, dans ce schéma L, le réel était absent, seuls les deux axes, qui s'entrecroisaient, du
symbolique et de l'imaginaire étaient représentés. Cependant, comme on le verra plus bas, le
Réel n'apparaît pas sur le schéma original en deux dimensions. L'erreur commune est de croire
que la lettre R inscrite sur le quadrangle miIM désigne le réel, alors qu'une longue note de Lacan
(près d'une page ...) précise à plusieurs reprises qu'elle désigne la Réalité psychique !

Le schéma R est esquissé progressivement dans le séminaire les "Formations de l'inconscient"


notamment dans les séances consacrées à la métaphore paternelle, les deux triangles du
Symbolique et de l'Imaginaire sont en effet tout d'abord opposés en miroir. Au somment du
triangle symbolique Lacan inscrit le signifiant du Nom du père et au sommet du triangle
imaginaire, le phallus, phallus imaginaire auquel l'enfant tente de s'identifier.

Ce schéma R est par contre pleinement développé dans le texte des Écrits, "D'une question
prélimainaire à tout traitement possible de la psychose". De fait dans ce texte, Lacan utilise ce
schéma R pour construire un autre schéma qu'il appelle "Schéma I" et qui, lui, visera à rendre
compte de la structure et des lignes de force du grand délire paranoïaque du Président Schreber
(diagnostic contestable discuté ici).

Fichier:Schéma R.svg

Légende du schéma (lettres désignant les concepts) [modifier]

 Triangle en haut à gauche : triangle de l'Imaginaire, composé des points φ, m et i.


 φ : "image phallique", Phallus imaginaire.
 m : Moi.
 i : "image spéculaire", image de l'autre (petit autre) et prototype du moi idéal.
 S : "sujet dans son ineffable et stupide existence", sujet brut, réel, qui deviendra le Sujet
de l'inconscient.

 Triangle en bas à droite : triangle du Symbolique, composé des points M, P, I.


 A : Grand Autre, "trésor du signifiant", "lieu d’où peut se poser au sujet la question de
son existence".
 M : "signifiant de l’objet primordial", mère symbolique.
 P : "position en A du Nom-du-Père", père symbolique.
 I: Idéal du Moi.
 a : "objets du sujet", objet a.
 a' : (repris du schéma L: "moi du sujet", ), ici : identifications du moi.
 $ : "Sujet barré de la bande recouvrant le champ R de la Réalité psychique", sujet divisé,
Sujet de l'inconscient.

 Quadrangle MimI (Trapèze) : "champ de la Réalité (psychique)" (et non du Réel !!), qui
en 3 dimensions s'avère être une bande de Mœbius.

Vecteurs [modifier]

Le vecteur désigne les figures de l'autre imaginaire sous l'expression générale de l'image
spéculaire.

Le vecteur désigne les identifications formatrices du moi assujetties à l'identification


paternelle de l'Idéal du moi.

Lacan :

"On peut situer de i à M, soit en a, les extrémités des segments Si, Sa1, Sa2, San, SM, où
placer les figures de l’autre imaginaire dans les relations d’agression érotique où elles se
réalisent,
On peut situer de m à I, soit en a’, les extrémités de segments Sm, Sa'1, Sa'2, Sa'n, SI, où
le moi s’identifie, depuis son Urbild (image primitive) spéculaire jusqu’à l’identification
paternelle de l’Idéal du moi."

Ruban de Möbius [modifier]

Les lettres i et I, ainsi que m et M, au-delà des deux vecteurs précédemment cités, font apparaître
une jonction amenant bel et bien la Réalité psychique à se détacher comme ruban de Mobius. Si
l'on rattache m à i, i à I, I à M et M à m, on obtient non plus une bande mise à plat mais un
ruban de Mobius qui lie Imaginaire et Symbolique, et dont le trou central, où gît l'objet a,
représente le Réel.

Lacan : "les points dont ce n'est pas par hasard (ni par jeu) que nous avons choisi les lettres dont
ils se correspondent m, M, i, I et qui sont ceux dont s'encadre la seule coupure valable sur ce
schéma (soit la coupure m i I M ... ), indiquent assez que cette coupure isole dans le champ une
bande de Mœbius."

On s'en fera une idée plus précise en consultant le Schéma R légèrement modifié par nous[2]: à
insérer très bientôt[3].

Construction du Schéma R [modifier]

(on trouvera une autre version de cette construction, plus développée et plus précise dans l'article
Approche lacanienne de la psychose).
Le schéma se comprend mieux dans son évolution. Il part d'une situation d'indistinction
fusionnelle entre la mère et l'enfant, souvent appelée symbiose : mais Lacan rejette vivement ce
terme car la situation qu'il décrit n'est pas symbiotique. L'enfant est identifié au phallus, soit à
l'objet qui manque à la mère ; il y a dès l'origine manque et l'enfant reconnait le manque dans
l'autre. Il n'y a donc pas symbiose, le manque fait tiers terme, et le phallus peut le combler.

L'objet phallique est imaginaire, et l'identification de l'enfant à cet objet est une identification
imaginaire. D'autre part, le désir de l'enfant est désir de désir. L'enfant est assujet (assujetti à sa
mère). Cette triangulation marque le registre imaginaire.

Puis, l'enfant remarque que la mère s'intéresse, dans la réalité, à un père. Ce père sera un phallus
rival auprès de l'autre, auprès de la mère. La mère a donc introduit un père symbolique et déplace
l'intérêt de l'enfant, qui va se situer comme sujet désirant, inaugurant l'épreuve de réalité et
l'espace symbolique. Ce registre symbolique modifie la dialectique de l'être en dialectique de
l'avoir.

 Imaginaire :

Là où se situait la mère, se constitue la représentation imaginaire de l'objet fondamental de désir,


soit l' image spéculaire : i.
Là où l'enfant situait le phallus imaginaire, sera le lieu du sujet de l'inconscient : S.
Là où l'enfant s'était d'abord situé (enfant assujet), il y aura son Moi , aliéné : m.

 Symbolique :

La nouvelle position de l'enfant marquera le lieu de l'Idéal du Moi : I. Il y aura là a'


Là où il y avait la mère M, il y aura le petit autre a.
P est le lieu de l'inscription phallique. Ce sera le lieu du Grand Autre.

Discussion du schéma [modifier]


Quelle est l'origine, la direction, le sens, la norme des vecteurs ci-dessus cités ?

Quelle relation d'équivalence permet d'obtenir un ruban de Möebius quand on quotiente la bande
de réalité par elle ?

Voir aussi [modifier]


 Approche lacanienne de la psychose
 Terminologie lacanienne
 Algèbre lacanienne
 Réel
 Symbolique
 Imaginaire
 Théorie des quatre discours
 Analyse des logiques subjectives

Notes et références [modifier]


1. ↑ http://www.lituraterre.org/Illettrisme_et_Topologie-Naissance_du_Reel_chez_Lacan_1.htm  [archive]
2. ↑ Jean-Jacques Pinto, psychanalyste et intervenant en argumentation à l'Université de Provence. Voir
source dans la bibliographie
3. ↑ . On peut d'ores et déjà le consulter ici [archive]

Bibliographie [modifier]
 Sándor Ferenczi, Thalassa, essai sur la théorie génitale, Paris, Payot, 1966
 Jacques Lacan, Séminaire XXII : R.S.I. in Séminaires de Jacques Lacan. Editions du Seuil
 Jacques Lacan, « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose »
in J. Lacan, Écrits (1966). Editions du Seuil
 Gérard Pommier, Qu'est-ce que le «Réel»  ?, Erès, 2004, ISBN 2-7492-0340-6
 Jean-Claude Milner, Les Noms indistincts, Le Seuil, collection « Connexions du Champ
freudien », 1983
 Extrait du Mémoire de psychiatrie de J.-J. Pinto sur la psychothérapie des psychoses
(partie théorique). Avis important : ce texte, ainsi que le Schéma R développé, fait
l'objet, avec l'autorisation de son auteur, Jean-Jacques Pinto, d'une « publication sous
licence GNU de documentation libre » dans l'encyclopédie Wikipedia.

Liens externes [modifier]


 Séminaires de Lacan
 Alternative à la triade "Réel, Symbolique, Imaginaire"
 Théorie Lacanienne
 Réel, imaginaire et symbolique
 « Le réel... n’est pas la réalité »


 Auteur : Jean-Pierre BÈGUE, Psychanalyste
 Sites Web : monpsychanalyste.com

 DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : samedi 21 mai 2005
 Mots-clés : Jacques Lacan | Signifiant

 Il convient d’établir une distinction entre le réel et la réalité. Le réel dans la théorie
lacanienne, contrairement à la définition du Larousse, n’est pas la réalité.
 Ce qui nous est accessible, c’est la réalité c’est à dire le discours qui décrit et crée une
vision du monde pour tous ceux qui y participent. C’est le monde tel que nous le
percevons avec nos sens (limités et spécifiques) et notre intelligence.
 Par contre le réel se définit à partir d’une limite du savoir, limite à partir de laquelle il ne
peut être appréhendé mais plutôt cerné et déduit ; le réel dans sa globalité et sa
complexité c’est l’impossible à décrire donc l’impossible à dire.
 Le réel pour l’enfant in utero c’est l’unité avec la mère, l’endroit où tous les besoins sont
satisfaits, l’endroit où il n’y a pas d’absence ni de manque. Quand on ne fait qu’un avec
la mère ou qu’un avec le monde on est dans le réel.
 Après la naissance l’enfant va s’identifier au lien affectif qui le lie à sa mère, il va s’aimer
comme elle l’aime (privé de cet amour il peut en mourir même si ses besoins alimentaires
sont assurés), il veut être tout pour elle y compris et surtout le complément de son
manque à être ou à avoir.
 À cette époque, il est encore massivement dans le réel car il n’y a qu’un embryon de
limites entre lui et le monde extérieur ou les personnes qui l’entourent. Tout ce qu’il voit
est lui : il est le rideau qui bouge, cette main qui le caresse, ce visage qui lui sourit. Tout
ce qu’il entend est lui : cette musique, ce bruit, cette voix ; tout ce qu’il touche est lui : la
douceur d’une étoffe, la rugosité d’un objet. Il y a une continuité entre le dedans et le
dehors, entre le moi embryonnaire et l’autre d’où une relation duelle à la mère qui peut
dans certains cas se révéler aliénante si cette dernière ne souhaite pas le voir grandir par
exemple ou s’il lui sert de substitut à un manque.
 L’imaginaire, toujours dans la théorie lacanienne, n’est pas ce qui relève de l’imagination
ni du fantasme, mais tous les faits qu’on peut rassembler comme effet de l’image, c’est à
dire le caractère formateur de l’image.
 Par exemple, à travers l’expérience du miroir, l’enfant va prendre conscience de sa forme
corporelle, dans un premier temps il confond son reflet avec la réalité ; il veut saisir cette
image, en vain, puis il réalise que cette image c’est la sienne, que son moi à cette forme
humaine contenante.
 Il n’est plus tout ou dans tout, il n’est qu’une image dans le miroir. Il se forme à l’image
de la forme qu’il voit et acquiert ainsi sa forme physique mais pas encore son
individualité psychique.
 L’enfant est toujours l’autre ; s’il voit un autre enfant tomber il pleure. Peu à peu il va se
voir dans les autres et les reconnaître comme des semblables distincts de lui. Le moi est
d’abord un objet, quelque chose de l’extérieur qui le représente mais qui n’est pas lui.
 De la même façon, l’image des parents, la vision de leurs comportements va former le
moi de l’enfant et le déterminer bien au-delà de ce qu’il peut en savoir : image du père ou
de la mère, de l’adulte tout puissant, bienfaisant ou punisseur, image de frère ou de sœur
rivale ou compagnon.
 À ces images visuelles vont s’ajouter les images acoustiques, les signifiants qui eux aussi
vont former le moi.
 Le je adviendra par la suite, c’est à être nommé dans le discours que l’enfant va se
nommer par son prénom, par le pronom personnel il, puis il va acquérir le tu et enfin le
je. Le je est différent du moi, il est le pilote à l’intérieur du moi et celui qui dans l’analyse
cherchera qui il est.
 Le symbolique c’est l’accès aux mots, au langage.
 Au début le sujet ne fait qu’un avec la mère, puis cette unité fusionnelle va se fragmenter
pour donner un puzzle avec une multitude de pièces qui tiennent ensemble pour
conserver l’unité ; mais à un moment donné, une des pièces du puzzle va être symbolisée
et disparaître de ce fait du réel : ce peut être une odeur, une sensation corporelle, une
impression visuelle ou acoustique, bref un élément de l’unité.
 Cet élément mythique premier qui disparaît du réel pour être promu dans la sphère du
symbolique par le biais d’un signifiant (d’une syllabe, d’un mot) devient le premier
élément constitutif du sujet désirant.
 Cet élément perdu va mettre en route le désir par la nostalgie qu’il engendre, le sujet
voudrait le retrouver pour restaurer l’unité maintenant rendue impossible du fait de cette
perte.
 Le désir lié au manque va se transmettre par contiguïté à d’autres éléments qui viendront
accéder au symbolique par la suite et le désir s’éloignera de ce fait toujours plus loin de
sa source originelle.

LA FORCLUSION DU NOM DU PÈRE


 
 
 
Le site "Psychiatrie Infirmière" reproduit ici une intervention de Jean Luc
GRABER sur la forclusion du Nom du Père.
 
Introduction
 
Le concept de la "forclusion du Nom du Père" a été élaboré par Jacques LACAN
dans les années 1955 - 1956 - 1957. Ce concept est resté, avec celui du "stade du
miroir" (accès au dossier "stade du miroir"), un passage obligatoire à la
compréhension de l'œuvre de Jacques LACAN (accès au dossier "Jacques
LACAN: introduction, définition et théorie").
 
Jacques LACAN a parlé de la forclusion dans un texte qui s'appelle: "d'une
question préliminaire à toute réponse possible au traitement de la psychose".
De ce fait, il introduit donc cette question comme préalable d'une autre
question: "est-ce que l'on peut soigner la psychose?"
Et cette deuxième question, elle, reste en suspens, car y a-t-il une cure possible,
pour le psychotique? Nous laisserons donc pour l'instant cette question avec des
points de suspension...
 
En aucune manière nous ne prétendrons avoir fait le tour de la question de la
psychose (accès au dossier "psychose: définition, pathologie et soin"), si on ne
comprend pas ce que c'est que la forclusion du Nom du Père. Car même quand
le concept est connu et appréhendé, la grosse difficulté est encore de voir
comment ça fonctionne dans la clinique, et en particulier dans la psychose de
l'enfant.
 
Jacques LACAN a élaboré la notion de forclusion à partir de cas d'adultes,
notamment à partir du "cas SCHREBER" (dans "Cinq psychanalyses" de
Sigmund FREUD). Il s'est appuyé sur les consultations qu'il faisait à l'époque à
l'hôpital Ste Anne, où on lui présentait surtout des cas de psychotiques adultes.
Il est vrai que cette forclusion s'applique assez bien, de façon cohérente dans les
psychoses paranoïdes et paranoïaques.
Mais est-ce que cela peut nous aider dans les psychoses de l'enfant et en
particulier dans l'autisme (accès au dossier "autisme: définition et théorie")?
C'est la critique qu'il y aurait à faire sur ce que l'on sait de la forclusion. En
tout cas, il ne faut surtout pas penser que la forclusion explique tout.
 
Pour introduire la question de la forclusion on peut donc dire que le concept
essaie de rendre compte de la faille spécifique que l'on trouve chez les
psychotiques: la faille dans le système symbolique. Comment peut-on la
repérer? Bien entendu par la difficulté que le sujet a de s'exprimer, de
communiquer. A-t-il oui ou non une parole? On sait que l'enfant psychotique a
toujours une altération de la parole. Et même s'il est dans le langage, il n'a pas
forcément la parole. Il peut très bien être écholalique, c'est-à-dire parler en
écho. Il est alors dans le langage parce qu'il utilise des mots, mais ces mots en
question ne sont pas les siens. Il reprend les mots de l'autre. L'autre, avec un
grand ou un petit "a". Et c'est l'autre double, l'autre spéculaire, qu'il imite et
dont il reprend les mots. Ou alors, le psychotique invente des mots qui sont
hors langage. Bref, il y a donc toujours une faille, d'une manière ou d'une
autre, qui se traduit par un défaut de langage. Mutisme, écholalie, mais
également déraillement schizophrénique de la symbolisation: lorsque le sujet
schizophrénique se met à parler dans une sorte de "décalage", de séparation
entre ce qui est du signifiant et du signifié, il se met alors à aligner les mots les
uns à la suite des autres, sans que l'interlocuteur puisse comprendre, sans que
cela renvoie à un signifié, ou à une signification pour l'autre. Il y a coupure
entre signifiant et signifié, et les deux fonctionnent pour leur propre compte.
 
D'autres symptômes, proprement psychotiques, introduisent également cette
faille dans le système symbolique chez l'enfant et l'adulte: les hallucinations, le
fait d'entendre des voix, le fait d'avoir des idées qui s'imposent à soi et qui
traduisent en fait que, ce que le sujet ne peut garder en lui, revient du dehors,
sous la forme d'une hallucination.
 
 
Explication du concept
 
Nous allons procéder par étapes pour essayer de mieux comprendre. Ces étapes
correspondent d'ailleurs plus ou moins aux étapes par lesquelles Jacques
LACAN a amené le concept.
 
Qu'est-ce que c'est que la forclusion ?
 Etape 1 : quelle est la distinction entre forclusion et refoulement ? La
forclusion est un mécanisme de défense dans un processus psychotique,
et le refoulement un mécanisme de défense dans un processus
névrotique.
 Etape 2 : qu'est-ce qui est forclos ? Il apparaîtra que c'est un signifiant.
 Etape 3 : quel est le signifiant qui est forclos ? C'est le signifiant du Nom
du Père.
 Etape 4 : quel est ce signifiant du Nom du Père ? C'est le fait que
Jacques LACAN introduise la métaphore du Nom du Père, ce qui est une
autre formulation dans la logique de ce qu'il avait dit précédemment sur
la forclusion.
 Etape 5 : quelles sont les conséquences de la forclusion ? Ici on
retombera de nouveau dans quelque chose de bien connu: la relation de
la Mère à l'Enfant psychotique. Lorsque le Nom du Père est forclos,
qu'est-ce que cela a comme conséquence dans la relation de la Mère à
l'Enfant? On parlera de la jouissance de la Mère - ou du Père, par
rapport à l'Enfant psychotique.
Cette graduation est une progression logique, qui correspond à peu près à celle
que Jacques LACAN a élaborée dans les années 1956 - 57 - 58. On y voit en quoi
la forclusion se distingue du refoulement.
 
Le refoulement :
 
Depuis Sigmund FREUD, le refoulement est une chose qui parle désormais à
chacun de nous. On pourrait dire que c'est le fait qu'il y ait un retour du
refoulé, qui vienne trahir quelque chose du sujet parlant. Par exemple, lorsque
je fais un lapsus (accès au dossier "lapsus"), quelque chose vient se mettre en
travers de ce que j'énonce. Le lapsus que je fais vient dire autre chose que ce
que je dis. Donc même dans le lapsus, je saurai que c'est moi qui parle, que
c'est moi qui énonce, que c'est moi le sujet de l'énonciation du lapsus que je
fais. C'est à dire que, dans le cas du retour du refoulé, et donc du refoulement,
quelque chose du dedans revient du dedans. ça parle en moi. Et ça parle aux
autres, dans la mesure où si je dis un lapsus, les autres s'en rendent compte,
parce que ça leur parlera également, à eux. Le refoulement, c'est en quelque
sorte quelque chose de l'histoire qui est intégré par le sujet et sur lequel a été
porté un jugement d'existence, à un moment donné de l'histoire, et qui est
inscrit dans le sujet comme signifiant. Ce signifiant, qui est donc refoulé, est
susceptible de faire retour à tout bout de champ. Que ce soit par le lapsus, par
les rêves (accès au dossier "rêve"), ou par quelque chose se trouvant dans le
symptôme névrotique (accès au dossier "névrose: théories et définitions").
Le refoulement implique donc qu'il y ait déjà une élaboration minimum, même
si elle a été oubliée, et qui est toujours susceptible de revenir: elle revient du
dedans.
 
La forclusion :
 
Pour la forclusion, justement, c'est différent.
Et c'est différent, puisque dans la psychose, si le sujet a une hallucination, par
exemple s'il entend des voix (ou s'il voit quelque chose), il sera persuadé que ça
vient du dehors, et non pas d'en lui, de quelque part en lui où ça parle. Ce ne
sera donc pas, pour le psychotique, lui qui se parle, mais l'Autre qui lui parle.
De ce fait, dans le cas de la forclusion, ce qui vient du dedans pourra provenir
du dehors, c'est à dire que c'est le patient qui a l'impression que ça vient du
dehors.
 
- Comparer ici les:
   éléments distinctifs de la névrose,
   éléments distinctifs de l'état limite,
   éléments distinctifs de la psychose.
Jacques LACAN dit : "ce qui n'est pas symbolisé, donc ce qui n'a pas d'inscription
au niveau du système psychique, fait retour au sujet par l'extérieur, par le dehors
et dans le réel".
Réel qui n'est pas la réalité quotidienne ou banale que nous pouvons partager
mais celui qui, d'une part, a un rapport avec le corps et d'autre part, ce qui est,
pour le sujet délirant, sa réalité, sa réalité psychique.
Donc si le refoulement est quelque chose qui est inscrit et oublié, et qui, à
certains moments, fait retour, la forclusion par-contre, n'est pas inscrite et se
signale, parce qu'elle n'est pas inscrite, par un vide, un trou, dans le système
symbolique.
 
D'après une image empruntée à Serge LECLAIRE, on peut comparer
l'expérience constituée à un tissu. Ce tissu est composé d'une trame qui permet
au tissu de tenir. Dans le cas du refoulement, il y aurait une déchirure, une
sorte d'accroc dans cette trame, qui est toujours susceptible d'être reprisée.
Par-contre dans le cas de la forclusion, il y aurait un défaut dans la trame
même, comme si les fils, au moment de la confection, ne se seraient pas mis en
place. Le trou qui en résulte ne peut pas, cette fois, être reprisé, puisqu'il n'y a
pas de prise à la reprise. Alors pour combler ce trou il faudrait mettre une
autre pièce d'étoffe, ce qui n'empêche pas le trou en lui-même d'exister.
La forclusion est donc un trou, un vide. Il va aspirer toute une série de
signifiants, à la place du signifiant qui manque.
 
Pour déterminer la forclusion par rapport au refoulement, il serait intéressant
d'expliquer comment la recherche de Jacques LACAN a trouvé son point
d'appui sur les observations de Sigmund FREUD.
 
Sigmund FREUD (accès au dossier "Sigmund FREUD: introduction, définition et
théorie") a été préoccupé d'abord par la névrose. Il s'est néanmoins occupé de
la psychose et de la question de savoir s'il y avait un mécanisme spécifique de la
psychose. On pourrait dire qu'il n'y a pas réussi. Pourtant il n'a pas été loin de
réussir, car si on prend certains textes, on pourrait penser qu'il y a des phrases
de Sigmund FREUD qui pourraient également être de Jacques LACAN.
Notamment ce que Sigmund FREUD disait à propos de "l'homme aux loups"
(dans "5 psychanalyses"), où il disait à peu près dans les mêmes mots que ce qui
est du dedans, revient du dehors. Le terme qu'il utilisait était "verwerfen" =
verwerfung, que Jacques LACAN, après une longue hésitation, a traduit par
"forclusion". Il lui a fallu toute une année de séminaire pour être en mesure de
traduire ce terme. Jacques LACAN a d'abord traduit le terme par "rejet". Le
mot "verwerfen" voulant dire "avorter", pour l'animal. Le terme "forclusion"
de Jacques LACAN est un vieux terme français, qui signifie "clore dehors", ou
"fermer dehors". De for = foris = ce qui est mis à part, de côté; et de clore =
fermer.
 
On retrouve donc là la notion de quelque chose qui n'existe pas dedans, qui est
à l'extérieur et qui fait retour.
 
Mais revenons à l'homme aux loups, qui fait partie des "5 psychanalyses" de
Sigmund FREUD. Elle a été faite pendant un certain nombre d'années et est
devenue un monument de la psychanalyse. Pour remercier l'homme aux loups
des services qu'il a rendus à la cause psychanalytique, l'association
psychanalytique internationale lui a versé une certaine somme d'argent jusqu'à
la fin de ses jours.
Cet homme, dont l'histoire est d'ailleurs bien triste, puisque tout tournait
autour des grandes difficultés qu'il avait avec les autres et notamment avec les
femmes, avait une inhibition sexuelle, une tendance à un certain type de
rapports sexuels prévalent, de type anal. Cela le gênait un peu, mais à la suite
d'une blennorragie son cas s'est aggravé. Sigmund FREUD, qui a été amené à
l'analyser, s'est aperçu assez rapidement que ce patient avait, au sein de son
histoire infantile, une organisation de névrose obsessionnelle grave, à travers un
rêve que l'homme aux loups avait fait quand il avait 4 ou 5 ans, qui était un
rêve représentant des loups, assis, immobiles sur un arbre et qui le regardaient
fixement, lui-même se trouvant dans sa chambre et regardant à travers la
fenêtre.
 
Sigmund FREUD, par toute une série de déductions à partir de ce que le patient
lui apportait, en est arrivé à penser qu'en fait ce patient avait assisté à une
scène sexuelle entre son père et sa mère, quand il avait un an et demi et qu'il
avait eu un jugement de négation par rapport à ce qu'il avait vu. C'est-à-dire
qu'il avait refusé l'existence de cet évènement et qu'en suite, l'évènement en
question est réapparu dans le rêve, de manière déformée, condensée, déplacée
-selon le travail habituel des rêves- sous cette forme-là.
Sigmund FREUD dit à un moment que la difficulté du patient par rapport à la
différence des sexes trouvait son origine dans cette "scène primitive" (dont le
terme est impropre car il s'agit d'une scène sexuelle) dont il avait été témoin et
qui l'avait marqué dans son organisation libidinale. Il dit aussi que face au
problème de la castration, le patient rejeta la castration. Il la rejeta au sens
d'un refoulement, au sens où il ne voulait rien en savoir. Les choses se passaient
comme si la castration n'existait pas. Puis plus tard il reconnaît la castration
comme fait réel. "Deux courants existaient en lui, côte à côte, l'un abominait la
castration, l'autre étant tout prêt à l'accepter. Mais sans doute, un courant plus
ancien, plus profond, ayant tout simplement rejeté la castration, demeurait
incapable d'être réactivé".
Ce troisième courant, qui ne correspond ni à une dénégation, ni à un déni, ni à
un refoulement, est justement ce qui est rejeté, et c'est cela la forclusion.
De plus, ce patient avait eu à l'âge de 4 ou 5 ans, une hallucination (qu'il ne
rapporta que beaucoup plus tard à Sigmund FREUD): il se trouvait dans un
jardin public où il était en train de tailler un morceau de bois avec son canif et
d'un seul coup il s'est rendu compte qu'il s'était coupé le doigt. Son doigt ne
tenait plus que par un mince lambeau de peau. Il était horrifié, a fermé les
yeux, a eu un malaise. Et quand il est revenu à lui il s'est rendu compte que son
doigt était tout à fait normal, qu'il n'avait rien. C'était une hallucination.
Quelque chose était revenu dans le réel. Pour lui, ça avait été réel que son doigt
était coupé, et ce réel correspondait à ce qui avait été forclos.
 
La réalité de la castration, c'est à dire ce troisième courant, plus ancien, n'avait
donc pas été acceptée, avait été forclose et revenait dans le réel. Le fait avait été
réel pour lui.
 
Mais les choses ne se sont pas arrêtées là. Il a fait une analyse avec Sigmund
FREUD, un certain nombre de choses se sont éclairées pour lui, mais 16 ans
après sa cure il a de nouveau un épisode psychotique: un beau jour ce patient a
eu la certitude que son nez était mutilé, qu'il n'avait plus de nez, que son nez
était troué. Le nez devient alors l'unique objet de ses préoccupations. Il passe
son temps à sortir un miroir de sa poche, à se regarder le nez dans la glace. Il a
la conviction d'avoir été transformé au niveau physique et pense qu'il est en
train de se transformer en femme.
 
Comment ce fantasme s'est-il produit ? On constate qu'il avait au départ, un
bouton d'acné sur le nez, et qu'il avait consulté un médecin, qui lui, était très
inquiet. Alors il est allé voir un deuxième médecin, qui lui a dit que c'était une
glande qui s'était infectée, que c'était grave et qu'il ne pourrait jamais s'en
débarrasser totalement. Il va donc voir un troisième médecin, dermatologue.
Celui-ci presse le bouton en question et le patient éprouve à ce moment-là une
jouissance -dit-il-, à la vue du pus et du sang qui coulent. C'est à ce moment-là
qu'il a l'impression d'être transformé en femme et il va avoir, à partir de ce
moment, l'impression délirante que son nez est amputé, c'est à dire qu'il n'a
plus de nez, qu'il a le nez troué.
 
Ce qui veut dire que quelque chose de la castration chez ce patient n'a encore
pu être symbolisé et revient dans le réel sous forme délirante.
On sait maintenant que la forclusion a un rapport avec le processus de
symbolisation et que ça passe par la castration. Et si la forclusion se distingue
ainsi du refoulement, si elle est donc spécifique de la psychose, qu'est-ce qui est
forclos?
 
En première approximation, on peut dire que ce qui est forclos, rejeté, expulsé
au dehors, c'est un fragment de l'histoire du patient. Fragment de l'histoire qui
n'a donc pas été symbolisé à l'époque où l'évènement s'est produit. Et c'est ce
fragment de l'histoire du patient qui devient traumatique parce qu'il n'a pas
été symbolisé.
 
 
Une observation de Serge LECLAIRE
 
A titre d'exemple, on peut se référer à une observation que rapporte Serge
LECLAIRE. C'est l'histoire d'un homme forçant un peu sur la bouteille et qui,
un soir, rentre chez lui en faisant beaucoup de bruit, du tapage nocturne. Et
bien entendu, des agents de police sont arrivés. Autrefois on appelait ceux-ci
des "hirondelles". Les agents en question amènent donc énergiquement le
monsieur au poste de police, où il passe la nuit. Le lendemain matin, quand il a
cuvé son vin, il n'aura gardé aucun souvenir de cet épisode, tellement il avait
été perdu dans les brumes de l'alcool.
Les choses en sont restées là et il continua ses occupations. Mais là où ça devient
curieux, c'est que huit mois plus tard, à l'occasion d'un meeting aérien,
apparaît chez lui un délire. Et ce délire est centré sur des oiseaux.
Il se prend pour un aigle. Il construit une maison dans un arbre qui est, dit il,
une maison volière, où il y avait des espèces d'oiseaux très rares. Il écoute la
musique d'Olivier MESSIAEN (dont on sait qu'il a beaucoup écrit de musiques
sur des oiseaux). Il part dans de longues migrations... Bref, il se prend pour un
oiseau. Mais le point important est que dans ce délire -et là il bascule dans
l'horreur- il se sent attaqué par des... hirondelles!
 
Alors, que s'est-il passé ? On peut dire que cet homme, lorsqu'il était en état
d'ébriété où il a été pris par des agents de police qu'on appelle des
"hirondelles", a complètement forclos cet épisode de sa vie. Il n'a donc porté
aucun jugement d'existence sur cet évènement-là. Ca ne veut pas dire qu'il l'a
oublié, mais que cet épisode ne s'est pas inscrit en lui. Et c'est précisément
parce que cet évènement avait été forclos et non pas oublié, qu'un jour revient
dans le réel sous la forme hallucinatoire quelque chose de ce qui, justement,
s'est passé cette nuit-là et qui a effectivement existé, même si ça ne s'est pas
inscrit en lui. Et ce qui revient dans son réel, c'est l'hirondelle, mais sous forme
de l'oiseau hirondelle.
 
Donc ce qui revient ce n'est non pas la réalité oubliée, mais la réalité remaniée
par lui-même et par son système symbolique. Parce que du coup, dans ce délire,
ce n'est pas par les flics qu'il est persécuté, sinon il ne serait pas psychotique,
mais par des hirondelles en tant qu'oiseaux.
 
On peut dire qu'à partir du signifiant "hirondelle", il y a 2 signifiés :
1. l'
ag
en
t
de
p
ol
ic
e,
2. l'
oi
se
a
u.
Et c'est ce jeu des deux signifiés dans le symbolique, qui fait retour chez le
patient sous forme hallucinatoire (et certainement de façon extrêmement
pénible!).
 Le signifiant "hirondelle" a été rejeté de l'ordre symbolique.
 Le trou dans la trame ne permet donc pas l'élaboration d'un signifié (flic
et oiseau).
 Et le rejet de l'ordre symbolique donne lieu au délire dans le réel, dans
une combinaison "flic-oiseau", qui est: "hirondelles qui l'attaquent".
L'observation de Serge LECLAIRE nous donne quelques enseignements : ce qui
est forclos, ce n'est pas uniquement l'évènement traumatique (par exemple le
fait d'avoir été amené au poste de police par des agents). Ce qui est forclos est
ce qui est du symbolique et ce qui a été rejeté du symbolique. Ce qui fait défaut
dans la trame pour n'y être pas: le signifiant "hirondelle".
C'est donc le signifiant "hirondelle" en tant que mot (puisque c'est par le mot
que le délire s'est construit autour des oiseaux) ainsi que la chose (et donc le
mot mis sur la chose, puisque lien il y a) qui sont rejetés du symbolique.
Et c'est donc aussi le mot "hirondelle" qui a construit le délire autour de
l'oiseau, précisément. Avec pour déclencheur le meeting aérien.
 
Voici maintenant une clef pour comprendre la forclusion:
quand on parle, on fait constamment un travail de négation. Ainsi, par le
signifiant "hirondelle", on commence par faire le lien entre les agents cyclistes
qui sillonnent les quartiers par deux avec leurs vélos, et ces petits oiseaux qui
volent par paires. Mais ensuite, on fait un travail de négation, on exclut donc
l'un ou l'autre des signifiés suivant le contexte dans lequel le mot est employé.
Et à l'inverse, on ne peut pas dire qu'une hirondelle, c'est seulement un agent
en vélo, car c'est aussi un oiseau. C'est précisément ce que le psychotique a
beaucoup de mal à faire. Pour le patient de Serge LECLAIRE, l'hirondelle n'était
qu'oiseau et rien d'autre. Et ce "rien d'autre", est revenu dans le réel, sous
forme persécutoire.
 
Le signifiant qui appartient à l'ordre symbolique est donc forclos et retrouvé
dans le réel.
Bien sur il y a différents types de signifiants plus ou moins importants. Il existe
probablement une armature "signifiant minimum" qui fait tenir un sujet
debout, un signifiant de base qui lui permet de dire "Je", d'exister comme
autonome, comme séparé, comme existant avec un désir propre, ainsi qu'un
tabouret avec 3, 4 ou 5 pieds. Mais un tabouret avec deux pieds seulement fait
par-contre écrouler la personne, et c'est la psychose.
 
 
Le signifiant de base
 
Quel est donc ce signifiant qui fait tenir le sujet ?
Ce signifiant de base, qui permet de dire "Je", c'est le Nom du Père, que
Jacques LACAN a trouvé dans l'Oedipe universel, où il y a une mère et un père
(accès au dossier "complexe d'œdipe"). Mais un signifiant, ce n'est pas la
signification, pas uniquement la signification. Un signifiant en tant que tel, ne
signifie rien. Si on dit "hirondelle" à un Japonais, il ne comprendra rien. Un
signifiant ne dit quelque chose que dans la mesure où il est accolé à un signifié.
Mais il se trouve que le lien entre signifiant et signifié n'est jamais stable et qu'il
y a souvent une dérive sur un signifiant donné, d'un signifié différent.
 
Si on cherche un mot dans le dictionnaire, on va être renvoyé à un autre mot, et
on peut faire tout le tour du dictionnaire sans trouver le sens. Ce qui veut dire
que chaque mot renvoie à un autre mot, que chaque mot donne lieu à un autre
mot. Un signifiant, ça fonctionne de la même manière. Il renvoie à un signifié,
mais celui-ci peut renvoyer à un autre signifié. Si donc le signifiant ne veut rien
dire en soi, on peut quand même dire qu'il va créer un champ de significations.
Et ce d'autant plus que ce signifiant est un "signifiant-clé", fondamental, ou,
comme dit Jacques LACAN: "un point de capiton". C'est à dire un signifiant qui
condense ou qui crée, qui polarise ou oriente tout un champ de significations.
 
Et c'est le cas du Nom du Père et son signifiant. Mais signifiant quoi ?
Signifiant du champ de significations représenté par ce signifiant-là : tout ce
qui touche à la loi, au langage, au nom. Tout ce qui touche à la différence des
sexes. Bref, tout ce qui fait différence et qui permet à l'enfant, à l'infans, de se
sortir de la relation duelle avec la mère.
 
Donc Jacques LACAN, sous ce terme de "Nom du Père", trouve-là une
articulation signifiante tout à fait nécessaire à promouvoir le sujet, mais qui
condense en elle, toute une série de significations: la loi, le nom, la généalogie, la
filiation.
 
 
Psychogenèse du Manque
 
On va abandonner la psychose pendant un temps, pour essayer de parler du
petit sujet, de l'infans, de l'enfant qui ne parle pas encore, et on va voir
comment il arrive à parler. Les choses vont se mettre en place notamment par
la fonction maternelle, dans la relation de l'enfant et de la mère.
Pour cela, il faut faire une petite histoire naturelle du "Manque" chez
l'enfant. Le manque, ça commence très tôt, dès la naissance, en raison de l'état
d'immaturation dans lequel naît l'enfant (accès au dossier "naissance"). Il naît
infiniment plus immature que dans n'importe quelle autre espèce d'animal,
dans la mesure où il se trouve dans une étroite dépendance à l'égard de l'autre,
du premier autre, qui est la mère. Et ceci pendant longtemps.
C'est une dépendance qui est vitale. Et l'enfant va essayer de vaincre la
prématurité dans une relation de grande proximité avec la mère, une relation
duelle, d'étreinte mutuelle.
 
Puis arrive le sevrage, qui est toujours à recommencer dans des alternances de
vide et de pleins, dans des moments de faim et de satiété.
Ensuite l'enfant a l'impression corporelle d'être morcelé, et de ce morcellement,
il va en sortir grâce à ce que Jacques LACAN a décrit comme étant le Stade du
Miroir, qui n'est pas un stade génétique, un "moment" que l'on pourrait
repérer à un moment donné de sa maturation dans le temps, mais un moment
dans la structure. A partir de ce moment dans la structure, l'enfant arrive à
trouver dans l'image du miroir une image qui vient lui donner la notion de son
unité et à laquelle il s'identifie. Il éprouve alors un intense sentiment
narcissique, sorte de jubilation, parce qu'alors les différentes parties de lui-
même sont rassemblées, réunies. Mais alors, le "Manque" est là aussi: s'il
trouve une forme qui vient soutenir son unité, il découvre que cet autre, qui le
porte, et qu'auparavant il connaissait dans la mère qui le portait dans ses bras,
est une image, de laquelle il est séparé. Et il se découvre donc séparé de l'autre.
 
Il va ressentir en ce moment-là que ce qui le représente n'est qu'une image. Que
ce qu'il voit est une image sur laquelle il a intérêt à mettre un nom, s'il ne veut
pas se perdre en elle. Ce nom vient fonctionner comme médiation entre lui et
son image, mais ce nom est également une obligation de se reconnaître
différencié de la mère, et c'est là une épreuve de castration.
Tout ce qu'il pouvait ressentir de lui n'est que représenté par cette image et ce
nom. Il n'est que cela, et il s'agit d'une réduction fantastique. Réduction que
l'on pourrait comparer, car c'est la même, à lorsque l'on veut parler d'une
chose qui nous touche profondément et que l'on ne trouve que de pauvres mots
pour dire..."Je".
Lorsque "je" veux parler de moi, "je" trouve: "J-E". C'est ridicule. Alors que,
ce que je ressens de moi, ne peut pas être résumé à ce pronom, ce "Je" qui
pourtant me représente. Dès que je parle, il y a une chute, il y a un manque à
être représenté. Cela ouvre à ce que Jacques LACAN décrit sous le terme de
"refente", qui est l'entrée du sujet dans le langage, ce qui entraîne chez lui une
réduction énorme entre ce qu'il dit et ce qu'il est. Une réduction entre l'énoncé
et l'énonciation.
 
Par le stade du miroir, l'enfant découvre ce qui le représente comme image, et
non pas ce qu'il représente. Il n'est que cela. Il n'est que cette image qui lui est
renvoyée sur cette surface plane, froide, et de plus inversée. C'est dur pour lui.
 
Si on continue l'histoire naturelle du manque, on arrive à l'Oedipe. L'Oedipe
implique aussi une renonciation, du fait de l'imposition de la loi qui porte
l'interdit du corps de la mère. Cette renonciation est difficile. Pour l'enfant, elle
va être génératrice d'une organisation, dans la mesure où il accepte son propre
corps, son identité, comme sexuée. Et c'est cela qui lui permettra à son tour,
plus tard, d'être père ou d'être mère.
 
Alors comment l'enfant va t'il arriver à combler les vides provenant de
l'histoire naturelle du manque? Comment va t'il pouvoir combler les béances
qui le traversent successivement?
 
Il le fait (dans l'ordre d'une construction qui a à voir avec une structure) en
s'identifiant à une image, qui est l'image qui vient combler le manque de la
mère. L'enfant va se poser, dans son imaginaire, comme étant lui-même ce qui
comble tout manque, et donc il se préserve du manque. Il se protège de ce fait
d'être anéanti dans le manque qu'il rencontre, du fait même de son existence.
Être ce qui comble le manque et particulièrement ce qui manque à la mère, est
ce qui le protège et qui l'aide à traverser.
 
Ce qui manque à la mère, c'est ce qui est appelé par Jacques LACAN "le
Phallus". Le Phallus en tant que point de structure et non pas comme le pénis,
l'organe sexuel, même si ça en prend la forme imaginaire (d'où le terme).
 
C'est donc par ses identifications à l'image phallique que l'enfant peut
traverser cette première période.
 
 
Apparition du désir
 
Si on reprend l'image du miroir, il y a:
 l'image,
 et le Moi.
C'est à dire que le stade du miroir est le moment où le Moi et le Je se séparent.
Si le Moi arrive à se distinguer de l'image du miroir, c'est que précisément il
existe un troisième pôle, sinon il y serait toujours confondu. Et ce troisième
pôle, c'est le Phallus. Phallus qui est aussi la position du sujet, à distinguer du
Moi, et à distinguer de l'image spéculaire du miroir.
Le phallus est ce à quoi l'enfant s'accroche pour traverser ce manque qui le
marque dès le début de son existence. Il peut être également le désir du père ou
de la mère vis à vis de l'enfant. Le phallus est l'objet du désir et donc, l'objet
qui comble le manque.
 
Donc l'enfant se raccroche à l'identification au phallus, c'est à dire au désir de
la mère. Il comble de ce fait le manque de la mère. Mais quand il est identifié à
l'objet du désir de la mère, de la combler et de se combler en la comblant, il
arrive dans un rapport où il n'y a plus de manque et donc, une satisfaction.
 
Pour que le désir apparaisse, il faut maintenant qu'il se rende compte que
l'autre (le premier autre, la mère) ne puisse être comblé intégralement par lui.
Sinon il va rester dans cette identification au phallus imaginaire. Il va falloir
donc, qu'il découvre que quelque chose manque à l'autre, et donc à lui aussi,
puisqu'il ne peut pas combler intégralement l'autre, et c'est une nouvelle
épreuve qui se prépare.
 
L'important ici est non-pas qu'il découvre qu'il a, ou n'a pas, un pénis, mais
bien au contraire que la mère ne l'a pas. Car si elle n'a pas de pénis, elle est
manquante.
Ce qui veut dire que s'il comble entièrement le désir de sa mère, il n'y a aucune
raison pour qu'elle soit absente, puisqu'il est là pour la combler, et donc jamais
absent non plus.
 
Mais l'expérience fondatrice du désir n'obéit non-pas à un ordre de fait, mais à
un ordre de loi. La mère est manquante, dans la mesure où elle est soumise à la
loi. Et c'est cela qui est en jeu dans l'émergence de l'enfant au niveau du désir.
Le fait que la mère dans son désir, ne soit pas complètement occupée par
l'enfant (l'enfant phallus), ne peut se concevoir que dans la mesure où pour elle,
il en existe un autre. C'est à dire que son désir est ouvert à l'autre. Et l'autre,
c'est habituellement le père, sans être une nécessité absolue. L'autre, c'est
l'autre de la mère.
Alors cet autre, qui occupe une partie du désir de la mère, détient pour l'enfant
une place que lui pensait pouvoir tenir. A cette position imaginaire du phallus
qu'il pensait tenir, il découvre qu'il y en a un autre, que le phallus est dans
l'autre et donc, qu'il ne peut effectivement pas être identifié à ce phallus.
L'identification à l'image phallique est ce que Donald Woods WINNICOTT (accès
au dossier "D. W. WINNICOTT") appelle "l'illusion fondatrice de l'enfant",
l'illusion du couple mère-enfant, où l'enfant est dans une toute-puissance par
rapport à la mère. C'est une chose sûrement nécessaire pour asseoir le
narcissisme.
 
 
La métaphore du Nom du Père
 
A la fin de son séminaire sur la psychose, Jacques LACAN en était à ce point du
concept: il n'avait encore pas parlé de la métaphore paternelle. Ceci est venu
deux ans après, après une rencontre avec Roman JAKOBSON et un travail sur la
métaphore et la métonymie. Ceci lui a permis d'asseoir par la linguistique le
"Nom du Père" comme signifiant du désir de la mère, en opposition avec le
phallus imaginaire.
Alors, pour introduire la castration de manière plus manifeste, il a parlé de
"métaphore paternelle".
 
La métaphore est une formule de rhétorique, utilisée souvent en poésie, et qui
consiste à remplacer un mot par un autre mot. Cet autre mot faisant tomber
sous silence le premier mot, celui qui a été remplacé.
Un exemple classique de métaphore est celui tiré du poème de Victor HUGO
intitulé "Booz endormi" et parlant d'un brave homme endormi, il dit: "Sa
gerbe n'était point avare, ni haineuse".
Le mot "gerbe" vient remplacer quelque chose qui signifie la fécondité ou la
générosité. On ne sait pas ce qu'il y a dessous, mais ça ne demande qu'à sortir...
 
La métaphore est donc une substitution d'un terme par un autre. Jacques
LACAN utilise la métaphore à propos du Nom du Père. La mère va mettre un
mot sur le désir qu'elle a pour le père. Et ce mot c'est le Nom du Père.
Le Nom désigne donc cette partie que l'enfant n'a pas, qui est orientée vers un
autre, qui est nommable par le désir de la mère: le Nom du Père.
 
Mais pour être complet, quelque chose va passer dans les oubliettes par le
travail de la métaphore. Et ce qui passe dans les oubliettes, dans le refoulé, est
précisément le signifiant phallique, le phallus imaginaire. Le phallus imaginaire
qui, en passant dans le refoulé, prend le statut de signifiant.
 
La métaphore signifie donc qu'un nom vient à la place d'un désir, et la
nomination ne peut se produire que s'il y a un "autre" nommable. La
conséquence de la métaphore paternelle est que l'enfant va être délogé de la
position qu'il occupait en s'identifiant imaginairement au phallus de la mère. Il
va être soumis à la loi et renoncer à être le phallus de la mère au profit d'une
autre chose: s'accepter avec son corps sexué, avec son pénis tout simple ou sans
pénis mais pouvant le recevoir.
Il va passer de "être" (le phallus de la mère) à "avoir" (ou recevoir le pénis).
 
La castration symbolique :
Il y a donc ce passage de l'être à l'avoir qui se fait progressivement, pendant les
3, 4 ou 5 premières années, mais pour lequel il existe des éléments de structure
dès la naissance. Cette structure ne peut pas être superposable avec un moment
du développement génétique, car elle existe dès le début.
C'est précisément ce passage d'être (le phallus) à avoir (ou recevoir le pénis)
que Jacques LACAN appelle la "castration symbolique".
 
Autre conséquence, c'est le fait que la mère dénomme le père comme étant ce
qui soutient son désir à elle, et fait apparaître le père comme porteur du
phallus. Le phallus est donc dans l'autre. Le père apparaît donc en position
tierce entre l'enfant et la mère, c'est à dire en position symbolique.
 
Plus tard, au moment où l'Oedipe classique se met en place, le père apparaît
comme rival, menaçant, dangereux avec les fantasmes de castration qui y sont
liés. Mais le père, en tant qu'instance interdictrice, existe dès la naissance dans
la structure. Car il interdit à l'enfant l'accès à la mère et interdit à la mère de
réintégrer son enfant. Il fonctionne comme instance tierce de l'un comme de
l'autre. Il n'est interdicteur que dans la structure, du fait même qu'il intervient
en position tierce. Et si on le dote imaginairement du phallus, c'est parce qu'il
détient la loi.
Il faut ajouter que pour que l'enfant à son tour puisse s'accepter comme sexué,
il est nécessaire que cet autre, qui est le père, n'apparaisse pas pour lui comme
une totalité. Cela donnerait lieu à une névrose. Il faudra pour cela que le père, à
son tour, puisse aussi apparaître comme étant barré, châtré, soumis à la loi,
soumis à la castration.
L'enfant ne pourra trouver son identité sexuelle que si son père se reconnaît
lui-même comme marqué par la castration, c'est à dire comme mortel.
 
 
Retour à la psychose
 
Jacques LACAN écrit dans l'article des "Ecrits" : "c'est dans un accident dans le
registre du signifiant, à savoir la 'forclusion du Nom du Père' à la place de l'autre
étant l'échec de la métaphore paternelle, que nous désignons le défaut qui donne
à la psychose sa condition essentielle avec la structure qui la sépare de la
névrose".
Donc, le signifiant du Nom du Père n'est pas pris dans l'histoire du sujet
comme signifiant. Il est "hors" (en dehors) du sujet, hors de l'armature
signifiante minimum du sujet et rend l'échec d'une métaphore paternelle
possible.
 
Pour appuyer sa thèse et lui donner son poids et sa consistance, Jacques LACAN
a effectivement remarqué que la psychose apparaît justement dans certaines
circonstances. Il parle certainement là des psychoses de l'adolescent ou de
l'adulte. Il est moins certain qu'il parle des psychoses de l'enfant. Et Jacques
LACAN dit que, pour que la psychose apparaisse, il faut précisément qu'il y ait
un appel au nom du père, là où le nom du père est forclos. C'est lorsqu'un père
apparaît pour le sujet qui est lui-même coincé dans une relation duelle avec
quelqu'un, que la psychose apparaît. Ceci parce que l'intervention du tiers
répond à ce moment-là pour le sujet à un trou, à un vide, puisqu'il n'y a pas de
signifiant du Nom du Père. Lorsqu'un père intervient en position symbolique,
la psychose se déclenche.
 
Jacques LACAN donne des exemples :
 
 Une femme vient d'accoucher. Elle est donc dans une relation duelle
avec l'enfant, une relation imaginaire. L'époux, le père, intervient et
vient donc en position tierce par rapport à cette relation. Mais comme
chez cette femme cela est forclos -elle est psychotique mais on ne le
savait pas- c'est précisément à ce moment-là que le délire va apparaître.
Elle va halluciner quelque chose qui est forclos et ça revient dans la
réalité.
 Autre exemple : une pénitente avoue sa faute. Et au moment où elle
avoue, le confesseur devient persécuteur. Ici c'est le confesseur, l'autre,
qui prend la place tierce entre la femme et son objet (la faute). Comme il
est en position symbolique -ou tente de l'être- et comme chez elle ce
signifiant-là n'existe pas, il est forclos, la psychose se déclenche.
 Et dans l'histoire de l'homme aux loups au moment de sa rechute : le
délire (le nez troué) est apparu au moment où un médecin, qui était en
position de tiers entre Sigmund FREUD et l'homme aux loups et qui se
trouvait probablement en ce moment-là dans une relation de type
imaginaire, a pris une position symbolique, cela n'a pas été supportable
pour le patient.
 
Donc, s'il y a forclusion du Nom du Père, ou échec de la métaphore paternelle,
cela veut dire que le patient reste coincé dans une position d'être le phallus
imaginaire de la mère. Et il y est tellement identifié que cette position devient
du réel pour lui.
Dans la métaphore paternelle, le phallus passe dans le refoulé. Mais chez le
psychotique, du fait de l'échec de la métaphore paternelle, le phallus comme
signifiant n'est pas refoulé. Il est forclos. Mais il peut faire retour de l'extérieur,
comme tout ce qui est forclos. Chez l'homme aux loups, quand il était enfant, ce
qui faisait retour de l'extérieur, dans le réel, était la mutilation, l'hallucination
du doigt coupé.
 
 
Forclusion du Nom du Père : conditions de survenue et conséquences.
 
Ce qui s'est passé du côté de la mère
 
La métaphore du Nom du Père, ça veut dire que pour que l'enfant renonce à
être le phallus de la mère, il faut qu'elle parle, qu'elle désigne l'objet de son
désir, qui est autre que l'enfant. La parole de la mère est essentielle pour
permettre à l'enfant de savoir "qu'il y a de l'Autre". C'est en quelque sorte la
manière dont la mère va parler du père, l'usage qu'elle va faire de la parole du
père, ce en quoi elle va reconnaître le père dans sa parole vis à vis de l'enfant,
qui va être déterminant. Et il ne s'agit pas là tellement de l'absence ou de la
présence du père dans la réalité. Les fils de veuves ne sont pas forcément
psychotiques, pourtant il n'y a pas de père, mais il est là dans la parole de la
mère, surtout si elle est veuve de guerre. C'est à dire que le père mort est
présent, par la place qu'il occupe dans la parole de la mère. Et c'est par ce
biais-là que la métaphore peut fonctionner: c'est la substitution d'un nom à un
désir.
Pour la mère, le fait qu'elle accorde une consistance et du poids à la parole du
père, qu'elle le reconnaisse donc comme père, n'est pas si évident que ça. On
s'est aperçu qu'il y a quelque chose de la forclusion qui fonctionne chez la mère
avant la naissance de l'enfant. Ce sont souvent des mères qui donnent
l'impression que quelque part dans leur fantasme, elles ont fait l'enfant toutes
seules. Il y a eu un géniteur, on pourrait dire un père biologique, mais l'enfant,
elles l'ont fait toutes seules. Elles ont souvent du mal à s'inscrire elles-mêmes
dans une généalogie, dans une filiation, et elles ont quelques difficultés par
rapport à la loi. Non pas qu'elles soient hors la loi, elles sont la loi. Comme le
père de SCHREBER décrétait ce qui était bon pour l'enfant, très souvent la mère
du psychotique est la loi. Elle est identifiée à la loi, elle agit selon son caprice.
Quand elle est enceinte de l'enfant qui sera plus tard psychotique, elle a du mal
à imaginer cet enfant, à imaginer le corps de l'enfant. Il y a une sorte de défaut
au niveau du corps imaginé par la mère, de l'enfant. Certaines disent que
l'enfant qu'elles portaient, c'était comme un bout de viande. Ces femmes ont
souvent de la difficulté à se sentir manquantes, c'est à dire comme ayant besoin
de l'autre en ce qui concerne l'enfant. Le fantasme qu'elles ont fait l'enfant
toutes seules en est déjà une indication. Mais après la naissance de l'enfant,
elles attendent de l'enfant qu'il leur renvoie l'image de leur perfection, c'est à
dire qu'elles sont sans défaut. Ce sont des mères parfaites. Mais ce qui pourrait
venir en rupture par rapport à cela, et ce qui ne va pas être accepté par la
mère, ou ce qu'elle n'acceptera qu'au prix d'un déni (c'est à dire qu'elle
n'accepte alors pas l'enfant tel qu'il est, mais qu'elle continue à fusionner avec
l'enfant de ses rêves, l'enfant qu'elle imagine), traduit le fait qu'il y a une
difficulté pour elle à s'accepter comme manquante. Et si elle s'accepte
difficilement comme manquante, il n'y a pas besoin du père, et le père lui-même
aura du mal à s'inscrire entre l'enfant et la mère.
 
Ce qui s'est passé du côté du père
 
Quand Jacques LACAN parle du père, il ne s'agit pas du père réel, du père
empirique, celui de l'expérience. Sinon, chaque enfant sans père serait
psychotique. Ce n'est pas le père qui est manquant, c'est le père en tant que
signifiant paternel. Autrement dit, c'est la manière qu'a le père d'être lui-même
soumis à la loi, la manière dont il fonctionne dans sa propre paternité. Ce n'est
pas du tout le père absent.
Pour reprendre l'histoire du président SCHREBER, une des cinq psychanalyses
de Sigmund FREUD, il a fait une psychose paranoïde très importante. Le père
de celui-ci était un homme absolument incroyable dans la mesure où il a retiré
ses enfants à la mère quand ils étaient tout petits. Ils étaient élevés par leur
père, lui-même persuadé de détenir la vérité sur l'éducation des enfants. Il a
d'ailleurs écrit un traité qui s'appelait "gymnastique en chambre" et qui indique
comment on élève un enfant: "pour bien élever un enfant il faut que celui-ci
fasse telle gymnastique, à tel moment, pour qu'il y ait telle attitude corporelle...".
 
Et ce père, dans l'ombre duquel son fils a construit son délire (c'est à dire d'être
de filiation divine, par laquelle il rentrait en contact avec Dieu, impression de se
transformer en femme), ce père en question n'était pas du tout manquant, ni
absent. Il était trop là. Il se prenait pour le Nom du Père. Il était persuadé que
lui était la loi (et Jacques LACAN a dit d'ailleurs que le père des psychotiques
était celui qui fait la loi). Donc le Nom du Père, qui est forclos, survient dans
une situation familiale où le père n'est pas absent, mais où le père lui-même a
quelques difficultés à se situer par rapport à la loi.
Le père d'un enfant psychotique n'aura pas su ou pas pu faire entendre sa
parole. Il n'aura pas eu de place entre la mère et l'enfant, et n'aura donc pas pu
venir en tierce personne. Il n'existera pas dans le rapport que l'enfant établit
avec l'Autre, la mère, ni dans le rapport qu'elle-même établit avec l'enfant, de
manière exclusive. Il est exclus au niveau symbolique, et ne vient pas remplir
un manque, car il n'y a pas de manque dans cette relation fusionnelle que la
mère et l'enfant entretiennent. 
 
Conséquences
 
Bref, il y a un système de circularité qui s'établit entre le père et la mère. Qui a
commencé? C'est difficile à savoir bien sûr. C'est dans la structure que l'on
peut repérer, longtemps après, ce qui a pu fonctionner ou ne pas fonctionner.
Tout d'abord, la conséquence de la forclusion du Nom du Père, c'est que
l'enfant reste lié d'une certaine manière à la mère. La mère et l'enfant vont
s'enfermer l'un et l'autre dans une relation qui est faite à la fois de jouissance et
d'horreur, l'un étant le double, le négatif de l'autre. C'est à dire que l'enfant,
étant figé comme objet du désir de la mère, lui procure une jouissance. C'est
l'enfant bouche-trou. La mère ne manque plus, puisque l'enfant bouche son
propre manque. C'est l'enfant phallus, qui n'est pas reconnu comme autonome,
comme séparé, comme sexué. L'enfant bouche trou est sans sexe. La relation de
l'enfant et de sa mère est une relation qui, selon le degré où en est l'enfant, peut
être une relation d'objet partiel (accès au dossier "relation d'objet"), ou de
gemellarité, de double, mais même dans la relation gémellaire, où l'enfant est
perçu comme double de la mère, l'enfant a du mal à exister comme séparé. Il
est une sorte de réduplication de la mère. L'enfant n'est pas vécu par la mère
comme autre, alors comment pourrait-il par lui-même faire fonctionner cet
autre en lui, ce point nécessaire de la structure pour exister comme sujet?
 
Et bien sûr, comme l'enfant est coincé comme objet de jouissance de la mère,
comment pourra t'il parler? On ne parle pas à un objet. On ne parle pas à sa
main, on ne parle pas à son pied. Et de même un objet ne parle pas. Car pour
qu'un enfant commence à parler, il faut que le père et la mère parlent
ensemble. Il faut que l'enfant découvre que la partie du désir qui est occupée
par le père, c'est quelqu'un qui est nommé, on l'a dit, mais c'est aussi quelqu'un
qui parle. Et finalement, l'enfant non-psychotique va essayer, pour parler, pour
rejoindre cette partie de la mère qui ne le concerne pas, qui est occupée par un
autre, de parler comme son papa. Il va s'identifier au père parlant, pour
rejoindre cette partie du désir de la mère qui est représentée, désignée par un
nom. C'est comme ça que l'enfant apprend le langage. C'est la mère qui
habituellement s'occupe de lui, mais le premier mot que dit l'enfant, c'est papa.
C'est quand même un rude coup pour la mère. Ou alors il dit papa et maman
en même temps. C'est à dire que l'enfant, le premier mot qu'il prononce, c'est
précisément le nom du père, le signifiant qui vient désigner le père. Dans la
mesure même où c'est cet autre de la mère qu'il essaye d'atteindre en passant
par l'identification au père qui est une identification première -ce sont les
termes de Sigmund FREUD- identification sur un mode primaire, cannibalique.
Cette identification première au père, Jacques LACAN la reprend, en disant que
c'est une identification au père qui permet à l'enfant de parler, de trouver la
parole, le langage du père, pour atteindre la mère. C'est la mère qui est visée.
 
Chez l'enfant psychotique, l'absence de langage, c'est aussi une absence de
demande. Un psychotique a beaucoup de mal à demander et ça se comprend. Il
ne peut pas demander parce que demander c'est se reconnaître manquant, ça
veut dire que quand on demande quelque chose à quelqu'un c'est qu'on n'a pas
cette chose, et que l'on reconnaît que l'autre peut l'avoir. 
 
L'enfant psychotique a un statut d'objet de jouissance de la mère. Il a du mal à
percevoir son corps comme contenant. Son corps est un contenu. Pour qu'il y
ait un contenant il faut qu'il y ait accès à l'identité spéculaire, qu'il y ait une
image qui vienne le faire buter. Il faut que l'enfant ait la représentation d'une
enveloppe corporelle. L'enfant psychotique, l'enfant autiste, est dans la
répétition de cette question là. Il pourra jouer inlassablement avec de l'eau, à
vider, à remplir des contenus, année après année.
 
 
Alors si un enfant est psychotique, est-ce que ça veut dire que la mère est
psychotique?
 
C'est possible, mais ce n'est pas obligatoire. Ce n'est pas la condition nécessaire.
La mère aura de toute façon des difficultés avec l'autre, et ce n'est pas par
hasard si elle s'enferme avec l'enfant dans une relation de type fusionnel. Ce
n'est pas par hasard non-plus s'il n'y a pas reconnaissance de la parole du père.
Mais peut-on dire pour autant qu'elle est psychotique? Peut-être au niveau de
la structure, mais pas forcément au niveau des symptômes. Il y a des analystes
qui ont dit que, partant du fait que l'enfant psychotique est objet de jouissance
de la mère (ou du père), la psychose est la fille de la perversion (accès au dossier
"perversion"). C'est à dire qu'il y a plus que de la psychose, il y a de la
perversion chez les parents...
Nous abordons ici une notion délicate, puisqu'il s'agit d'éviter de distribuer de
mauvais points, de culpabiliser les parents. C'est en effet très commode d'avoir
en soi des images de parents psychotiques, mais dans la réalité ce n'est pas tout
à fait pareil, c'est même à chaque fois différent. C'est différent parce que,
quand on rencontre les parents de ces enfants, ce sont des parents qui ont vécu
5 ans, 8 ans, 10 ans ou 12 ans avec des enfants extrêmement difficiles, des
enfants tout à fait destructurants. Si on constate effectivement que la relation
est pervertie entre les parents et l'enfant psychotique, on ne sait pas si c'est ça
qui est à l'origine de la psychose, ou si c'est la conséquence d'une relation
extrêmement difficile au psychotique, qui est un enfant qui refuse, dans la
mesure où il n'a pas d'Autre en lui, il refuse l'altérité de l'autre. C'est un enfant
insupportable au niveau narcissique pour les parents, qui se défendent comme
ils peuvent, avec les mécanismes de déni, de clivage, et des sources de
satisfaction qu'on appelle perverses (accès au dossier "mécanisme de défense").
Mais pervers ça a quand même une connotation morale désagréable, qui ne
doit pas faire oublier que ce sont des parents qui souffrent et qui ont sûrement
à être aidés au sens de les aider à comprendre ce qu'il se passe dans leur propre
structure psychique.
 
 
Y a t'il une réversibilité de la psychose ?
 
Chez le psychotique, s'il n'y a pas d'Autre, il n'y a pas de sujet, il n'y a pas de
structure, est-ce que ça veut dire que c'est irréversible? C'est une question qui
est bien difficile. C'est vrai que Jacques LACAN, dans ses séminaires sur la
psychose, ne tranche pas. Il maintient un peu le suspens jusqu'à la fin et puis il
ne tranche pas. Mais il dit quand-même des choses, par exemple que le
signifiant c'est un système de tout ou rien. Il y a, ou il n'y a pas de signifiant. Si
il n'y a pas de signifiant du Nom du Père, il ne peut pas y en avoir un petit peu,
et c'est donc irréversible. Cela, il le dit au nom d'une logique de la structure.
Dans la clinique, ce n'est pas tout à fait vrai. Il y a des réversibilités de la
psychose. Il y a des enfants qui sont en psychothérapie et qui sortent de la
psychose. Il y a des bouffées psychotiques chez l'adolescent qui guérissent. Au
niveau de la structure doit persister quelque chose de la forclusion du Nom du
Père qui risque de faire appel comme un vide aspirant. C'est à l'occasion d'une
rencontre avec un tiers, avec quelqu'un qui viendrait en position tierce, qu'à
nouveau une métaphore délirante peut se mettre en place. Mais il y a quand-
même des guérisons. Par exemple des enfants psychotiques qui se mettent à
parler, qui se mettent à dire "Je", et "Je veux", qui commencent à avoir du
désir. Il y a la négation, il y a le désir, il y a la reconnaissance de l'autre comme
différent, il restera peut être avec des traits de mégalomanie, des idées et des
fantasmes de filiation particulières mais il y a quand-même du sujet qui va
apparaître.
Alors Jacques LACAN s'en sort en disant qu'il peut y avoir des compensations
néo-paternelles, c'est à dire des ersatz de père. Mais il y a quand-même des
disfonctionnements, qui sont effectivement des néo-formations, c'est à dire que
ça ne fonctionne pas tout à fait comme signifiant du Nom du Père dans le
rapport à la mère. Car c'est toujours en rapport à la mère que le nom du père
fonctionne comme signifiant.
 
 
Intervention de Jean Luc Graber:
"la forclusion du Nom du Père", mars 1983.
 
foreclosure of the father's name

The site "Psychiatric Nursing" reproduced here intervention of Jean Luc Graber on the
foreclosure of the Name of the Father.

Introduction

The concept of the "foreclosure of the Name of the Father" has been developed by Jacques Lacan
in the years 1955 - 1956 - 1957. This concept has remained, with that of "mirror stage" (access to
"mirror stage"), an obligatory passage for understanding the work of Jacques Lacan (access to
"Jacques Lacan: introduction, definition and theory ").

Jacques Lacan spoke of foreclosure in a text called "a question preliminary to any possible
response to the treatment of psychosis.
As a result, he then introduced the issue as a prior question: "Is what we can treat psychosis?"

And the second question, it remains unresolved because there a possible cure for the psychotic?
We will leave for now this issue with an ellipsis ...

In no way do we pretend to have done around the question of psychosis (access to "psychosis:
definition, pathology and treatment"), if you do not understand what it is that foreclosure of the
Name of the Father. For even when the concept is known and understood, the big difficulty is to
see how it works in the clinic, particularly in the psychotic child.

Jacques Lacan developed the concept of foreclosure from adult cases, especially from the
"Schreber case" (in "Five psychoanalysis" by Sigmund Freud). He relied on the consultations he
did then to St. Anne Hospital, where he showed particular cases of psychotic adults. It is true that
this limit applies fairly well, consistently in paranoid psychosis and paranoid.

But is that it can help us in the psychoses of the child and especially in autism (access to
"Autism: definition and theory")? It's critical that it would make what is known about the
foreclosure. In any case, it is important not think that explains everything foreclosure.

To introduce the issue of foreclosure we can say that the concept tries to account for the specific
flaw found in psychotics: the gap in the symbolic system. How can we identify? Of course the
difficulty that the subject has a voice, to communicate. Has it or not a word? We know that the
psychotic child still has a speech impairment. And even if the language did not necessarily
speak. It may well be echolalia, that is to say, speak in response. It is then in the language
because it uses words, but these words in question are not his. He takes the words of another.
The other, with a large or a small "a". And it is the other double, the other mirror, it mimics and
he repeats the words. Alternatively, the psychotic invents words that are beyond language. In
short, there is always a fault in one way or another, which results in a default language. Mutism,
echolalia, but also of the derailment schizophrenic symbolization schizophrenic when the subject
begins to speak in a sort of "delay" separation between what is the signifier and signified, it
begins to align the words together after the other without the other person can understand,
without reference to a signified, or meaning to another. It is split between signifier and signified,
and both work for their own account.

Other symptoms, psychotic properly, also introduced this vulnerability in the symbolic system in
children and adults: the hallucinations, the result of hearing voices, having ideas imposed on
oneself and which translates into the fact that what the subject can not keep him back outside, in
the form of a hallucination.
 

Explanation of concept

We will proceed by steps to try to understand. These stages also correspond more or less the
steps by which Jacques Lacan brought the concept.

What is that limit?

     *

       Step 1: What is the difference between foreclosure and repression? Foreclosure is a defense
mechanism in a psychotic process, and repression as a defense mechanism in a neurotic process.
     *

       Step 2: what is foreclosed? It appears that it is a signifier.


     *

       Step 3: What is the meaning that is foreclosed? This is the meaning of the name of the
Father.
     *

       Step 4: what is the meaning of the name of the Father? It is the fact that Jacques Lacan
introduces the metaphor of the Name of the Father, which is another formulation in the logic of
what he had said before the foreclosure.
     *

       Step 5: What are the consequences of foreclosure? Here we will fall back into something
familiar: the relationship of Mother and Child psychotic. When the Name of the Father is
foreclosed, what this has resulted in the relationship of Mother and Child? We talk about the
enjoyment of the mother - or father, compared to the psychotic child.

Graduation is a logical progression, which corresponds roughly to that Jacques Lacan developed
in the years 1956 - 57 - 58. It shows how the foreclosure is different from repression.

Repression:
 

Since Sigmund Freud, repression is a thing that now speaks to us all. One might say that is the
fact that there is a return of the repressed, which comes betray something of the speaker. For
example, when I make a slip (access to "slip"), something is getting in the way of what I state.
The slip that I just say something other than what I say. So even in the slip, I know it's me
talking, that's me which states that I am the subject of the enunciation of the slip that I do. That
is, if the return of the repressed, and therefore repression, something from within comes from
within. it speaks to me. And it speaks to others, since if I say a slip, the others realize it, because
then they will also talk to them. The repression is somehow something of the history that is
embedded in the subject and which has been dealt a trial of existence at a given moment in
history, and who is enrolled in the subject as signifier. This meaning, which is repressed, is likely
to return at any turn. Whether through the slip, by dreams (access to "dream"), or something
found in the neurotic symptom (access to "neurosis theories and definitions").

Repression implies that there is already development a minimum, even if it has been forgotten
and is always likely to return: it comes from within.

Foreclosure:

For foreclosure, exactly, is different.

And it's different because of psychosis, though the subject has a hallucination, for example if
they hear voices (or if he sees something), it will be convinced that it comes from outside, and
not of in him, somewhere where it talks about him. It will not, for the psychotic, he who speaks,
but the Other who speaks. Thus, in the event of foreclosure, which comes from within can come
from outside, ie it is the patient who feels that it comes from outside.

- Compare here:

             *

                 distinctive elements of neurosis,


             *

                 distinctive features of the borderline,


             *

                 distinctive features of psychosis.


Jacques Lacan said: "This is not symbolized, so that has no registration system level psychic is
back on the outside, from without and in reality."

Real is not the banal everyday reality or we can share but one that, first, a report with the body
and secondly, what is for the delusional about its reality, its reality psychic.

So if the discharge is something that is written and forgotten, and, at times, returns, foreclosure
by-cons, is not recorded and reported, because it is not signed by a vacuum, a hole in the
symbolic system.

According to an image taken from Serge Leclaire, we can compare the experience up to a tissue.
This tissue is composed of a frame that allows the fabric to hold. In the case of repression, there
would be a tear, a sort of hitch in the frame, which is always likely to be mended. By-cons in the
case of foreclosure, there is a flaw in the fabric, as if the son, at the time of manufacture, would
not put in place. The resulting hole can not this time, be mended, since there is no grip at the
recovery. So to fill the hole there should be another piece of cloth, which does not prevent the
hole itself to exist.

Foreclosure is a hole, a void. It will draw a series of signifiers, in place of the signifier is
missing.

To determine the foreclosure against the repression, it would be interesting to explain how the
research of Jacques Lacan has found its foothold on the observations of Sigmund Freud.

Sigmund Freud (access to "Sigmund Freud: Introduction, Definition and Theory") has been
concerned primarily with the neuroses. He nevertheless held psychosis and whether there was a
specific mechanism of psychosis. One could say that there has not been successful. Yet it has not
been far from successful, because if we take some texts, one might think there are words of
Sigmund Freud could also be that of Jacques Lacan. Including what Sigmund Freud said about
the "Wolf Man" (in "5 psychoanalysis"), which he said almost the same words that what is
within, comes from outside. The term he used was "verwerfen" = Verwerfung, as Jacques Lacan,
after long hesitation, translated by "foreclosure". It took a year of seminary to be able to translate
this term. Jacques Lacan was first translated the term "discharge". The word "verwerfen" to
mean "abortion" for the animal. The term "foreclosure" of Jacques Lacan is an old French term
which means "close out" or "shut out". From foris = for = this is put aside, for later, and to close
= close.

We find, then, the notion of something that is not in it, which is outside and who is returning.
 

But back to the Wolf Man, part of the "5 psychoanalysis" by Sigmund Freud. It was made during
a number of years and has become a monument of psychoanalysis. To thank the Wolfman
services rendered to the cause of psychoanalysis, the International Psychoanalytical Association
has paid a certain sum of money until the end of his days.

The man, whose history is indeed very sad, because everything revolved around the great
difficulties he had with others, including women, had a sexual inhibition, a tendency to a certain
type of sex prevail, type anal. This bothered him a bit, but after his gonorrhea cases has
worsened. Sigmund Freud, who was asked to analyze, realized quite quickly that this patient had
in her childhood history, an organization of severe obsessional neurosis, through a dream that the
Wolfman was done when he was 4 or 5 years old, who was representing a dream of wolves
sitting motionless on a tree and watched him intently, he found himself in his room and looking
through the window.

Sigmund Freud, through a series of deductions from the patient brought to him, came to believe
that in fact this patient had attended a sex scene between her father and mother when he was a
year and a half and he had a trial of denial over what he saw. That is to say he had denied the
existence of this event and that after the event in question reappeared in the dream, so distorted,
condensed, displaced, according to the usual work-dreams in that form there.

Sigmund Freud said at one point that the patient's difficulty in relation to sexual difference had
its origin in the "primal scene" (the term is inappropriate because it is a sexual scene) that he had
witnessed and who scored in his libidinal organization. He also said that addressing the problem
of castration, the patient rejected castration. He threw in the sense of repression in the sense that
he would not know. Things were going as if castration did not exist. Then later he acknowledges
castration as fact. "Two schools existed in him, coast to coast, one detested castration, the other
being ready to accept it. But without doubt, a current oldest, deepest, having just dismissed
castration, remained unable to be reactivated.

This third current, which is neither a denial nor a denial, or repression, is precisely what is
rejected, and that is foreclosure.

In addition, this patient had been at age 4 or 5 years, a hallucination (he brought in only much
later Sigmund Freud) he was in a public park where he was busy cutting a piece Wood with his
knife and suddenly he realized he had cut his finger. His finger was hanging by a thin flap of
skin. He was horrified, eyes closed, was unwell. And when he came back to him he realized that
his finger was completely normal, he had nothing. It was a hallucination. Something had come
into reality. For him, it was true that his finger was cut, and this reality corresponded to what had
been foreclosed.

 
The reality of castration, ie the third current, older, had not been accepted, had been foreclosed
and returned to reality. The fact was real for him.

But things did not end there. He made an analysis with Sigmund Freud, a number of things are
illuminated for him, but 16 years after treatment he had another psychotic episode: one day the
patient was convinced that his nose was mangled, that he had lost his nose, his nose was pierced.
The nose becomes the sole object of his concerns. He spends his time out a mirror from his
pocket to look at the nose in the mirror. He believes to have been transformed physically and
think it is being transformed into a woman.

How this fantasy did it happen? There he was initially a button acne on his nose, and had
consulted a doctor, who was very worried. Then he went to see a second doctor, who told him it
was a gland that was infected, it was serious and he could never get rid of it completely. He will
then see a third doctor, dermatologist. This press the button in question and the patient feels at
that moment a pleasure-he says-at the sight of pus and blood flowing. At this moment it feels to
be transformed into a woman and he will have, from this moment, the delusional impression that
his nose was amputated, ie it has no nose, his nose pierced.

This means that something of castration in this patient has yet been symbolized and back into
reality as delusional.

We now know that foreclosure is related to the process of symbolization and that it involves
castration. And if the foreclosure stands and repression, so it is therefore specific to psychosis,
what is foreclosed?

In first approximation we can say that what is barred, dismissed, expelled to the outside is a
fragment of the patient's history. Piece of history that has not been symbolized the time when the
event occurred. And this piece of history that the patient becomes traumatic because it has not
been symbolized.

An observation by Serge Leclaire

 
For example, one can refer to a comment that relates Serge Leclaire. It is the story of a man
pushing a bit on the bottle and one evening, returning home by making lots of noise, noise late at
night. And of course, police officers arrived. Once we called them the "swallows". The officers
in question so forcefully bring the man to the police station, where he spent the night. The next
morning, when he slept off his wine, he will have no recollection of this episode, so it had been
lost in the haze of alcohol.

Things have remained there and continued his occupation. But where it gets interesting is that
eight months later, during an air show, appears in his delirium. And this madness is focused on
birds.

He sees himself as an eagle. He built a tree house that is, he says, a home cage, where there were
species of rare birds. He listens to the music of Olivier Messiaen (which we know has written
extensively on music of birds). It starts in long migration ... In short, he thinks it's a bird. But the
important point is that this frenzy and then he turns into the horror he feels attacked by ...
Swallows!

So what happened? We can say that this man, when he was drunk when he was caught by police
are called "swallows" completely foreclosed this episode in his life. He has therefore raised no
trial of existence on this event then. It does not mean he has forgotten, but this episode was not
included in it. And precisely because this event had been foreclosed and not forgotten, one day
back in the real world as hallucinatory something of what precisely happened that night and that
actually existed even if it did not enter into it. And what comes in its real is the swallow, but as
the bird swallow.

So what comes is not the forgotten reality, but reality rebuilt itself and its symbolic system.
Because of the coup, in delirium, not by the cops he was persecuted if he is not psychotic, but as
the swallows as birds.

We can say that from the meaning "swallow" it is served 2:

                        1.

                           Constable,
                        2.

                           the bird.

And is this game on both served in the symbolic, which returns the patient as hallucinatory (and
certainly extremely painful!).

     *

       The meaning "swallow" was rejected from the symbolic order.
     *

       The hole in the fabric does not develop a signified (cop and bird).
     *

       And the rejection of the symbolic order leads to delirium in reality, a combination of "cop-
bird", which is: "swallows the attack.

The observation of Serge Leclaire gives us some lessons: what is foreclosed, not only the
traumatic event (eg having been brought to the police station by officers). What is barred is what
is symbolic and what has been dismissed from the symbolic. What is lacking in the frame for not
being there: the meaning "swallow".

It therefore means "swallow" as a word (since that is the word that delirium was built around the
birds) and the thing (and then put the word on the matter, since there is link ) who are rejected
from the symbolic.

And so it is also the word "swallow" that built the frenzy around the bird, specifically. With
trigger for the airshow.

Here is a key to understanding the foreclosure:

when we talk, we constantly work of negation. Thus, the meaning "swallow" it begins by making
the link between staff cyclists who travel the two districts with their bikes, and those little birds
that fly in pairs. But then, there is a work of negation, it excludes one or the other served as the
context in which the word is used. And conversely, we can not say one swallow, only one officer
on a bike, it is also a bird. Precisely what the psychotic is very difficult to do. For the patient
Serge Leclaire, the swallow was as birds and nothing else. And this "nothing", came back to
reality, as paranoid.

The meaning which belongs to the symbolic order is foreclosed and found in reality.

Of course there are different kinds of meanings more or less important. There are probably a
frame "meaning minimum" that holds a standing, meaning a base which allows him to say "I" to
exist as independent as separate as existing with a desire clean, and a stool with 3, 4 or 5 feet.
But a stool with only two feet-cons done by collapsing the person, and this psychosis.
 

The basic meaning

What is the meaning that holds the subject?

This basic meaning, that says "I" is the name of the Father, as Jacques Lacan found in the
universal Oedipus, where there is a mother and a father (access to "Oedipus complex" ). But a
meaning is not the meaning, not just the meaning. A signifier as such, means nothing. If we say
"swallow" a Japanese, he will not understand anything. A signifier says something to the extent
that it is coupled to a signified. But it turns out that the link between signifier and signified is
never stable and they tend to drift on a meaning given a different meaning.

If you want a word in the dictionary, you will be referred to another word, and can do everything
around the dictionary and found no meaning. This means that each word refers to another word,
each word gives rise to another word. A mean, it works the same way. It refers to a signified, but
it may refer to another signifier. So if the meaning does not mean anything by itself, we can still
say it will create a field of meanings. And especially since this meaning is a "mean-key, key, or,
as Jacques Lacan:" anchoring point ". That is a signifier that condenses or creates, that polarizes
and orients a whole field of meanings.

And that is where the name of the Father and its meaning. But meaning what?

Mean field of meanings represented by the signifier is: everything related to law and language,
the name. Anything relating to sexual difference. In short, everything that makes a difference and
allowing the child to the Infants, getting out of the dual relationship with the mother.

So Jacques Lacan, under the term "Name of the Father", is there a meaningful relationship
altogether necessary to promote the subject, but it condenses into a whole series of meanings: the
law, name, genealogy, parentage.

Lack of Psychogenesis
 

We'll give psychosis for a while, trying to speak the small matter of the Infants, Children who do
not speak yet, and we'll see how he comes to speak. Things will fall into place including
maternal function in the relationship between child and mother.

To this must be a small natural history of "Lack" in children. The shortage, it starts very early,
from birth due to immaturity of the state in which the child is born (access to "birth"). It comes
much more immature than in any other species of animal, as it is in close dependence on the
other, another first, which is the mother. And this for a long time.

This dependence is vital. And the child will try to defeat prematurity in a relationship of
proximity with the mother, a dual relationship, the mutual embrace.

Then came the withdrawal, which is never done in alternating empty and full, in times of hunger
and satiety.

Then the child feels physical being fragmented and this fragmentation, it will come out with
what Jacques Lacan has described as the mirror stage, which is not a genetic stage, a "time "we
could identify a point in its maturation over time, but a moment in the structure. From that
moment in the structure, the child arrives to find the image in the mirror an image that is giving
the concept of unity to which it identifies. He then experiences an intense feeling narcissistic sort
of jubilation, because then the different parts of himself are collected, combined. But then, the
"Missing" is here too: if a form is just supporting his unit, he discovers that the other, the door,
and before he knew the mother who bore in her arms, an image, which is separated. And he finds
so separated from each other.

It will feel in that moment that what is not an image. What he sees is an image that he has an
interest in putting a name, it does not get lost in it. This name is functioning as mediator between
him and his image, but this name is also an obligation to recognize distinguished from the
mother, and this is a test of castration.

All he could feel that it is represented by this image and name. It is just that, and it is a fantastic
discount. Reduction that could be compared, because it is the same, when one wants to talk about
something that touches us deeply and we are only poor words to say ... "I".

When "I" want to talk about myself, "I" is "I". It's ridiculous. While what I feel I can not be
summarized in this pronoun, the "I" which nevertheless represents me. When I speak, there is a
fall, there is a lack of being represented. This opens to what Jacques Lacan described by the term
"ripping", which is the entrance to the subject in language, resulting in him a huge reduction
between what he says and what it is. A reduction between the utterance and the utterance.
 

For the mirror stage, the child discovers that the picture is like, not what he represents. It is just
that. It is this image that is referred to on this surface, cold, and also reversed. It's hard for him.

If we continue the natural history of lack, we come to Oedipus. The Oedipus also implies a
waiver because of the imposition of the law which prohibits the body of the mother. This waiver
is difficult. For children, it will be generating an organization, insofar as he accepts his own
body, his identity as gendered. And that's what it will turn later to be a father or a mother.

So how is he going to get children to fill the gaps from the lack of natural history? How is he
going to fill that gap through successively?

It does (in order of construction that has to do with a structure) by identifying with an image,
which is the image that fills the lack of the mother. The child will ask, in his imagination, as
itself which fills any missing, and therefore it preserves the gap. It protects itself from this being
destroyed in the encounter that lack the very fact of its existence. Being that bridges the gap and
especially the loss of the mother, is what protects and helps to cross.

What is missing from the mother, which is called by Jacques Lacan "The Phallus". The Phallus
as a matter of structure and not as the penis, sexual organ, even if it takes the form imaginary
(hence the term).

It is through his identification with the phallic image that the child can get through this first
period.

Appearance of desire

If one takes the mirror image, there are:


             *

               image,
             *

               and the ego.

This means that the mirror stage is when the ego and I are separating. If I happen to stand out
from the mirror image is precisely that there is a third pole, otherwise there would always be
confused. And this third pole, the Phallus. Phallus which is also the subject position, to
distinguish it from me, and to distinguish it from the mirror image of the mirror.

The phallus is what the child clings to cross this gap that marks the beginning of its existence. It
may also be the desire of the father or mother towards the child. The phallus is the object of
desire and therefore, the object that fills the gap.

So the child clings to the identification with the phallus, that is the desire of the mother. It fills
thus the lack of the mother. But when he found the object of desire of the mother, the fill and to
fill in the filling, it comes in a report where there is lack of and therefore satisfaction.

For the desire to appear, he must now realize that the other (another first, the mother) can not be
filled entirely by him. Otherwise it will remain in this identification with the imaginary phallus.
It will therefore be necessary, he discovers that something is missing from the other, and thus
too, since he can not fully address the other, and this is a new test is being prepared.

The important thing here is not that he discovers he has or has not a penis, but instead that the
mother did not. Because if she has no penis, she is missing.

This means that it completely fills the desire of his mother, there is no reason for her absence,
since he is there to fill, and never absent either.

But the foundational experience of desire not not obey an order of fact, but an order of law. The
mother is missing, since it is subject to the law. And that is what is at stake in the emergence of
the child's level of desire. Le fait que la mère dans son désir, ne soit pas complètement occupée
par l'enfant (l'enfant phallus), ne peut se concevoir que dans la mesure où pour elle, il en existe
un autre. C'est à dire que son désir est ouvert à l'autre. Et l'autre, c'est habituellement le père, sans
être une nécessité absolue. L'autre, c'est l'autre de la mère.
Alors cet autre, qui occupe une partie du désir de la mère, détient pour l'enfant une place que lui
pensait pouvoir tenir. A cette position imaginaire du phallus qu'il pensait tenir, il découvre qu'il y
en a un autre, que le phallus est dans l'autre et donc, qu'il ne peut effectivement pas être identifié
à ce phallus.

L'identification à l'image phallique est ce que Donald Woods Winnicott (accès au dossier "D. W.
Winnicott") appelle "l'illusion fondatrice de l'enfant", l'illusion du couple mère-enfant, où
l'enfant est dans une toute-puissance par rapport à la mère. C'est une chose sûrement nécessaire
pour asseoir le narcissisme.

La métaphore du Nom du Père

A la fin de son séminaire sur la psychose, Jacques Lacan en était à ce point du concept: il n'avait
encore pas parlé de la métaphore paternelle. Ceci est venu deux ans après, après une rencontre
avec Roman Jakobson et un travail sur la métaphore et la métonymie. Ceci lui a permis d'asseoir
par la linguistique le "Nom du Père" comme signifiant du désir de la mère, en opposition avec le
phallus imaginaire.

Alors, pour introduire la castration de manière plus manifeste, il a parlé de "métaphore


paternelle".

La métaphore est une formule de rhétorique, utilisée souvent en poésie, et qui consiste à
remplacer un mot par un autre mot. Cet autre mot faisant tomber sous silence le premier mot,
celui qui a été remplacé.

Un exemple classique de métaphore est celui tiré du poème de Victor Hugo intitulé "Booz
endormi" et parlant d'un brave homme endormi, il dit: "Sa gerbe n'était point avare, ni haineuse".

Le mot "gerbe" vient remplacer quelque chose qui signifie la fécondité ou la générosité. On ne
sait pas ce qu'il y a dessous, mais ça ne demande qu'à sortir...

La métaphore est donc une substitution d'un terme par un autre. Jacques Lacan utilise la
métaphore à propos du Nom du Père. La mère va mettre un mot sur le désir qu'elle a pour le père.
Et ce mot c'est le Nom du Père.
Le Nom désigne donc cette partie que l'enfant n'a pas, qui est orientée vers un autre, qui est
nommable par le désir de la mère: le Nom du Père.

Mais pour être complet, quelque chose va passer dans les oubliettes par le travail de la
métaphore. Et ce qui passe dans les oubliettes, dans le refoulé, est précisément le signifiant
phallique, le phallus imaginaire. Le phallus imaginaire qui, en passant dans le refoulé, prend le
statut de signifiant.

La métaphore signifie donc qu'un nom vient à la place d'un désir, et la nomination ne peut se
produire que s'il y a un "autre" nommable. La conséquence de la métaphore paternelle est que
l'enfant va être délogé de la position qu'il occupait en s'identifiant imaginairement au phallus de
la mère. Il va être soumis à la loi et renoncer à être le phallus de la mère au profit d'une autre
chose: s'accepter avec son corps sexué, avec son pénis tout simple ou sans pénis mais pouvant le
recevoir.

Il va passer de "être" (le phallus de la mère) à "avoir" (ou recevoir le pénis).

La castration symbolique :

Il y a donc ce passage de l'être à l'avoir qui se fait progressivement, pendant les 3, 4 ou 5


premières années, mais pour lequel il existe des éléments de structure dès la naissance. Cette
structure ne peut pas être superposable avec un moment du développement génétique, car elle
existe dès le début.

C'est précisément ce passage d'être (le phallus) à avoir (ou recevoir le pénis) que Jacques Lacan
appelle la "castration symbolique".

Autre conséquence, c'est le fait que la mère dénomme le père comme étant ce qui soutient son
désir à elle, et fait apparaître le père comme porteur du phallus. Le phallus est donc dans l'autre.
Le père apparaît donc en position tierce entre l'enfant et la mère, c'est à dire en position
symbolique.

Plus tard, au moment où l'Oedipe classique se met en place, le père apparaît comme rival,
menaçant, dangereux avec les fantasmes de castration qui y sont liés. Mais le père, en tant
qu'instance interdictrice, existe dès la naissance dans la structure. Car il interdit à l'enfant l'accès
à la mère et interdit à la mère de réintégrer son enfant. Il fonctionne comme instance tierce de
l'un comme de l'autre. Il n'est interdicteur que dans la structure, du fait même qu'il intervient en
position tierce. Et si on le dote imaginairement du phallus, c'est parce qu'il détient la loi.

Il faut ajouter que pour que l'enfant à son tour puisse s'accepter comme sexué, il est nécessaire
que cet autre, qui est le père, n'apparaisse pas pour lui comme une totalité. Cela donnerait lieu à
une névrose. Il faudra pour cela que le père, à son tour, puisse aussi apparaître comme étant
barré, châtré, soumis à la loi, soumis à la castration.

L'enfant ne pourra trouver son identité sexuelle que si son père se reconnaît lui-même comme
marqué par la castration, c'est à dire comme mortel.

Retour à la psychose

Jacques Lacan écrit dans l'article des "Ecrits" : "c'est dans un accident dans le registre du
signifiant, à savoir la 'forclusion du Nom du Père' à la place de l'autre étant l'échec de la
métaphore paternelle, que nous désignons le défaut qui donne à la psychose sa condition
essentielle avec la structure qui la sépare de la névrose".

Donc, le signifiant du Nom du Père n'est pas pris dans l'histoire du sujet comme signifiant. Il est
"hors" (en dehors) du sujet, hors de l'armature signifiante minimum du sujet et rend l'échec d'une
métaphore paternelle possible.

Pour appuyer sa thèse et lui donner son poids et sa consistance, Jacques Lacan a effectivement
remarqué que la psychose apparaît justement dans certaines circonstances. Il parle certainement
là des psychoses de l'adolescent ou de l'adulte. Il est moins certain qu'il parle des psychoses de
l'enfant. Et Jacques Lacan dit que, pour que la psychose apparaisse, il faut précisément qu'il y ait
un appel au nom du père, là où le nom du père est forclos. C'est lorsqu'un père apparaît pour le
sujet qui est lui-même coincé dans une relation duelle avec quelqu'un, que la psychose apparaît.
Ceci parce que l'intervention du tiers répond à ce moment-là pour le sujet à un trou, à un vide,
puisqu'il n'y a pas de signifiant du Nom du Père. Lorsqu'un père intervient en position
symbolique, la psychose se déclenche.

Jacques Lacan donne des exemples :

 
     *

       Une femme vient d'accoucher. Elle est donc dans une relation duelle avec l'enfant, une
relation imaginaire. L'époux, le père, intervient et vient donc en position tierce par rapport à cette
relation. Mais comme chez cette femme cela est forclos -elle est psychotique mais on ne le savait
pas- c'est précisément à ce moment-là que le délire va apparaître. Elle va halluciner quelque
chose qui est forclos et ça revient dans la réalité.
     *

       Autre exemple : une pénitente avoue sa faute. Et au moment où elle avoue, le confesseur
devient persécuteur. Ici c'est le confesseur, l'autre, qui prend la place tierce entre la femme et son
objet (la faute). Comme il est en position symbolique -ou tente de l'être- et comme chez elle ce
signifiant-là n'existe pas, il est forclos, la psychose se déclenche.
     *

       Et dans l'histoire de l'homme aux loups au moment de sa rechute : le délire (le nez troué) est
apparu au moment où un médecin, qui était en position de tiers entre Sigmund Freud et l'homme
aux loups et qui se trouvait probablement en ce moment-là dans une relation de type imaginaire,
a pris une position symbolique, cela n'a pas été supportable pour le patient.

Donc, s'il y a forclusion du Nom du Père, ou échec de la métaphore paternelle, cela veut dire que
le patient reste coincé dans une position d'être le phallus imaginaire de la mère. Et il y est
tellement identifié que cette position devient du réel pour lui.

Dans la métaphore paternelle, le phallus passe dans le refoulé. Mais chez le psychotique, du fait
de l'échec de la métaphore paternelle, le phallus comme signifiant n'est pas refoulé. Il est forclos.
Mais il peut faire retour de l'extérieur, comme tout ce qui est forclos. Chez l'homme aux loups,
quand il était enfant, ce qui faisait retour de l'extérieur, dans le réel, était la mutilation,
l'hallucination du doigt coupé.

Forclusion du Nom du Père : conditions de survenue et conséquences.

Ce qui s'est passé du côté de la mère

La métaphore du Nom du Père, ça veut dire que pour que l'enfant renonce à être le phallus de la
mère, il faut qu'elle parle, qu'elle désigne l'objet de son désir, qui est autre que l'enfant. La parole
de la mère est essentielle pour permettre à l'enfant de savoir "qu'il y a de l'Autre". C'est en
quelque sorte la manière dont la mère va parler du père, l'usage qu'elle va faire de la parole du
père, ce en quoi elle va reconnaître le père dans sa parole vis à vis de l'enfant, qui va être
déterminant. Et il ne s'agit pas là tellement de l'absence ou de la présence du père dans la réalité.
Les fils de veuves ne sont pas forcément psychotiques, pourtant il n'y a pas de père, mais il est là
dans la parole de la mère, surtout si elle est veuve de guerre. C'est à dire que le père mort est
présent, par la place qu'il occupe dans la parole de la mère. Et c'est par ce biais-là que la
métaphore peut fonctionner: c'est la substitution d'un nom à un désir.

Pour la mère, le fait qu'elle accorde une consistance et du poids à la parole du père, qu'elle le
reconnaisse donc comme père, n'est pas si évident que ça. On s'est aperçu qu'il y a quelque chose
de la forclusion qui fonctionne chez la mère avant la naissance de l'enfant. Ce sont souvent des
mères qui donnent l'impression que quelque part dans leur fantasme, elles ont fait l'enfant toutes
seules. Il y a eu un géniteur, on pourrait dire un père biologique, mais l'enfant, elles l'ont fait
toutes seules. Elles ont souvent du mal à s'inscrire elles-mêmes dans une généalogie, dans une
filiation, et elles ont quelques difficultés par rapport à la loi. Non pas qu'elles soient hors la loi,
elles sont la loi. Comme le père de Schreber décrétait ce qui était bon pour l'enfant, très souvent
la mère du psychotique est la loi. Elle est identifiée à la loi, elle agit selon son caprice. Quand
elle est enceinte de l'enfant qui sera plus tard psychotique, elle a du mal à imaginer cet enfant, à
imaginer le corps de l'enfant. Il y a une sorte de défaut au niveau du corps imaginé par la mère,
de l'enfant. Certaines disent que l'enfant qu'elles portaient, c'était comme un bout de viande. Ces
femmes ont souvent de la difficulté à se sentir manquantes, c'est à dire comme ayant besoin de
l'autre en ce qui concerne l'enfant. Le fantasme qu'elles ont fait l'enfant toutes seules en est déjà
une indication. Mais après la naissance de l'enfant, elles attendent de l'enfant qu'il leur renvoie
l'image de leur perfection, c'est à dire qu'elles sont sans défaut. Ce sont des mères parfaites. Mais
ce qui pourrait venir en rupture par rapport à cela, et ce qui ne va pas être accepté par la mère, ou
ce qu'elle n'acceptera qu'au prix d'un déni (c'est à dire qu'elle n'accepte alors pas l'enfant tel qu'il
est, mais qu'elle continue à fusionner avec l'enfant de ses rêves, l'enfant qu'elle imagine), traduit
le fait qu'il y a une difficulté pour elle à s'accepter comme manquante. Et si elle s'accepte
difficilement comme manquante, il n'y a pas besoin du père, et le père lui-même aura du mal à
s'inscrire entre l'enfant et la mère.

Ce qui s'est passé du côté du père

Quand Jacques Lacan parle du père, il ne s'agit pas du père réel, du père empirique, celui de
l'expérience. Sinon, chaque enfant sans père serait psychotique. Ce n'est pas le père qui est
manquant, c'est le père en tant que signifiant paternel. Autrement dit, c'est la manière qu'a le père
d'être lui-même soumis à la loi, la manière dont il fonctionne dans sa propre paternité. Ce n'est
pas du tout le père absent.

Pour reprendre l'histoire du président Schreber, une des cinq psychanalyses de Sigmund Freud, il
a fait une psychose paranoïde très importante. Le père de celui-ci était un homme absolument
incroyable dans la mesure où il a retiré ses enfants à la mère quand ils étaient tout petits. Ils
étaient élevés par leur père, lui-même persuadé de détenir la vérité sur l'éducation des enfants. Il
a d'ailleurs écrit un traité qui s'appelait "gymnastique en chambre" et qui indique comment on
élève un enfant: "pour bien élever un enfant il faut que celui-ci fasse telle gymnastique, à tel
moment, pour qu'il y ait telle attitude corporelle...".

Et ce père, dans l'ombre duquel son fils a construit son délire (c'est à dire d'être de filiation
divine, par laquelle il rentrait en contact avec Dieu, impression de se transformer en femme), ce
père en question n'était pas du tout manquant, ni absent. Il était trop là. Il se prenait pour le Nom
du Père. Il était persuadé que lui était la loi (et Jacques Lacan a dit d'ailleurs que le père des
psychotiques était celui qui fait la loi). Donc le Nom du Père, qui est forclos, survient dans une
situation familiale où le père n'est pas absent, mais où le père lui-même a quelques difficultés à
se situer par rapport à la loi.

Le père d'un enfant psychotique n'aura pas su ou pas pu faire entendre sa parole. Il n'aura pas eu
de place entre la mère et l'enfant, et n'aura donc pas pu venir en tierce personne. Il n'existera pas
dans le rapport que l'enfant établit avec l'Autre, la mère, ni dans le rapport qu'elle-même établit
avec l'enfant, de manière exclusive. Il est exclus au niveau symbolique, et ne vient pas remplir un
manque, car il n'y a pas de manque dans cette relation fusionnelle que la mère et l'enfant
entretiennent.

Consequences

Bref, il y a un système de circularité qui s'établit entre le père et la mère. Qui a commencé? C'est
difficile à savoir bien sûr. C'est dans la structure que l'on peut repérer, longtemps après, ce qui a
pu fonctionner ou ne pas fonctionner. Tout d'abord, la conséquence de la forclusion du Nom du
Père, c'est que l'enfant reste lié d'une certaine manière à la mère. La mère et l'enfant vont
s'enfermer l'un et l'autre dans une relation qui est faite à la fois de jouissance et d'horreur, l'un
étant le double, le négatif de l'autre. C'est à dire que l'enfant, étant figé comme objet du désir de
la mère, lui procure une jouissance. C'est l'enfant bouche-trou. La mère ne manque plus, puisque
l'enfant bouche son propre manque. C'est l'enfant phallus, qui n'est pas reconnu comme
autonome, comme séparé, comme sexué. L'enfant bouche trou est sans sexe. La relation de
l'enfant et de sa mère est une relation qui, selon le degré où en est l'enfant, peut être une relation
d'objet partiel (accès au dossier "relation d'objet"), ou de gemellarité, de double, mais même dans
la relation gémellaire, où l'enfant est perçu comme double de la mère, l'enfant a du mal à exister
comme séparé. Il est une sorte de réduplication de la mère. L'enfant n'est pas vécu par la mère
comme autre, alors comment pourrait-il par lui-même faire fonctionner cet autre en lui, ce point
nécessaire de la structure pour exister comme sujet?
 

Et bien sûr, comme l'enfant est coincé comme objet de jouissance de la mère, comment pourra
t'il parler? On ne parle pas à un objet. On ne parle pas à sa main, on ne parle pas à son pied. Et de
même un objet ne parle pas. Car pour qu'un enfant commence à parler, il faut que le père et la
mère parlent ensemble. Il faut que l'enfant découvre que la partie du désir qui est occupée par le
père, c'est quelqu'un qui est nommé, on l'a dit, mais c'est aussi quelqu'un qui parle. Et finalement,
l'enfant non-psychotique va essayer, pour parler, pour rejoindre cette partie de la mère qui ne le
concerne pas, qui est occupée par un autre, de parler comme son papa. Il va s'identifier au père
parlant, pour rejoindre cette partie du désir de la mère qui est représentée, désignée par un nom.
C'est comme ça que l'enfant apprend le langage. C'est la mère qui habituellement s'occupe de lui,
mais le premier mot que dit l'enfant, c'est papa. C'est quand même un rude coup pour la mère. Ou
alors il dit papa et maman en même temps. C'est à dire que l'enfant, le premier mot qu'il
prononce, c'est précisément le nom du père, le signifiant qui vient désigner le père. Dans la
mesure même où c'est cet autre de la mère qu'il essaye d'atteindre en passant par l'identification
au père qui est une identification première -ce sont les termes de Sigmund Freud- identification
sur un mode primaire, cannibalique. Cette identification première au père, Jacques Lacan la
reprend, en disant que c'est une identification au père qui permet à l'enfant de parler, de trouver
la parole, le langage du père, pour atteindre la mère. C'est la mère qui est visée.

Chez l'enfant psychotique, l'absence de langage, c'est aussi une absence de demande. Un
psychotique a beaucoup de mal à demander et ça se comprend. Il ne peut pas demander parce
que demander c'est se reconnaître manquant, ça veut dire que quand on demande quelque chose à
quelqu'un c'est qu'on n'a pas cette chose, et que l'on reconnaît que l'autre peut l'avoir.

L'enfant psychotique a un statut d'objet de jouissance de la mère. Il a du mal à percevoir son


corps comme contenant. Son corps est un contenu. Pour qu'il y ait un contenant il faut qu'il y ait
accès à l'identité spéculaire, qu'il y ait une image qui vienne le faire buter. Il faut que l'enfant ait
la représentation d'une enveloppe corporelle. L'enfant psychotique, l'enfant autiste, est dans la
répétition de cette question là. Il pourra jouer inlassablement avec de l'eau, à vider, à remplir des
contenus, année après année.

Alors si un enfant est psychotique, est-ce que ça veut dire que la mère est psychotique?

C'est possible, mais ce n'est pas obligatoire. Ce n'est pas la condition nécessaire. La mère aura de
toute façon des difficultés avec l'autre, et ce n'est pas par hasard si elle s'enferme avec l'enfant
dans une relation de type fusionnel. Ce n'est pas par hasard non-plus s'il n'y a pas reconnaissance
de la parole du père. Mais peut-on dire pour autant qu'elle est psychotique? Peut-être au niveau
de la structure, mais pas forcément au niveau des symptômes. Il y a des analystes qui ont dit que,
partant du fait que l'enfant psychotique est objet de jouissance de la mère (ou du père), la
psychose est la fille de la perversion (accès au dossier "perversion"). C'est à dire qu'il y a plus
que de la psychose, il y a de la perversion chez les parents...

Nous abordons ici une notion délicate, puisqu'il s'agit d'éviter de distribuer de mauvais points, de
culpabiliser les parents. C'est en effet très commode d'avoir en soi des images de parents
psychotiques, mais dans la réalité ce n'est pas tout à fait pareil, c'est même à chaque fois
différent. C'est différent parce que, quand on rencontre les parents de ces enfants, ce sont des
parents qui ont vécu 5 ans, 8 ans, 10 ans ou 12 ans avec des enfants extrêmement difficiles, des
enfants tout à fait destructurants. Si on constate effectivement que la relation est pervertie entre
les parents et l'enfant psychotique, on ne sait pas si c'est ça qui est à l'origine de la psychose, ou
si c'est la conséquence d'une relation extrêmement difficile au psychotique, qui est un enfant qui
refuse, dans la mesure où il n'a pas d'Autre en lui, il refuse l'altérité de l'autre. C'est un enfant
insupportable au niveau narcissique pour les parents, qui se défendent comme ils peuvent, avec
les mécanismes de déni, de clivage, et des sources de satisfaction qu'on appelle perverses (accès
au dossier "mécanisme de défense"). Mais pervers ça a quand même une connotation morale
désagréable, qui ne doit pas faire oublier que ce sont des parents qui souffrent et qui ont
sûrement à être aidés au sens de les aider à comprendre ce qu'il se passe dans leur propre
structure psychique.

Y a t'il une réversibilité de la psychose ?

Chez le psychotique, s'il n'y a pas d'Autre, il n'y a pas de sujet, il n'y a pas de structure, est-ce que
ça veut dire que c'est irréversible? C'est une question qui est bien difficile. C'est vrai que Jacques
Lacan, dans ses séminaires sur la psychose, ne tranche pas. Il maintient un peu le suspens jusqu'à
la fin et puis il ne tranche pas. Mais il dit quand-même des choses, par exemple que le signifiant
c'est un système de tout ou rien. Il y a, ou il n'y a pas de signifiant. Si il n'y a pas de signifiant du
Nom du Père, il ne peut pas y en avoir un petit peu, et c'est donc irréversible. Cela, il le dit au
nom d'une logique de la structure. Dans la clinique, ce n'est pas tout à fait vrai. Il y a des
réversibilités de la psychose. Il y a des enfants qui sont en psychothérapie et qui sortent de la
psychose. Il y a des bouffées psychotiques chez l'adolescent qui guérissent. Au niveau de la
structure doit persister quelque chose de la forclusion du Nom du Père qui risque de faire appel
comme un vide aspirant. C'est à l'occasion d'une rencontre avec un tiers, avec quelqu'un qui
viendrait en position tierce, qu'à nouveau une métaphore délirante peut se mettre en place. Mais
il y a quand-même des guérisons. Par exemple des enfants psychotiques qui se mettent à parler,
qui se mettent à dire "Je", et "Je veux", qui commencent à avoir du désir. Il y a la négation, il y a
le désir, il y a la reconnaissance de l'autre comme différent, il restera peut être avec des traits de
mégalomanie, des idées et des fantasmes de filiation particulières mais il y a quand-même du
sujet qui va apparaître.

Alors Jacques Lacan s'en sort en disant qu'il peut y avoir des compensations néo-paternelles, c'est
à dire des ersatz de père. Mais il y a quand-même des disfonctionnements, qui sont effectivement
des néo-formations, c'est à dire que ça ne fonctionne pas tout à fait comme signifiant du Nom du
Père dans le rapport à la mère. Car c'est toujours en rapport à la mère que le nom du père
fonctionne comme signifiant.

Intervention de Jean Luc Graber:

"la forclusion du Nom du Père", mars 1983.

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