Sunteți pe pagina 1din 113

Chapitre 1

INTRODUCTION

Ce cours expose les méthodes générales de calcul des sollicitations et des dé-
placements des structures hyperstatiques. Il consacre également une large place
aux problèmes isostatiques jugés nécessaires à la onneb clarté de l'exposé. Les
méthodes particulières classiques sont également présentées afin de donner à
l'étudiant des moyens de calcul pratiques mais aussi rigoureux que possible. Ce
chapitre est consacré à des rappels.

1.1 CLASSIFICATION DES CORPS - NOTION DE POUTRE


Les corps qu'on rencontre et qu'on sera
amené à étudier peuvent être classer en P
fonction de leurs dimensions. On distingue :
a) Les poutres (ou barres) : S

Une dimension est beaucoup plus grande dS G1

que les deux autres qui sont de même ordre G2


de grandeur.
La poutre est l'élément le plus répandu Figure 1.1
en construction. Les poutres sont associées,
entre elles ou à d'autres types d'éléments
pour constituer des systèmes ou structures.
DEFINITION : une poutre est un solide engendré par une aire plane ( S) dont le
centre de gravité décrit une courbeG1G2. Le plan P contenant S restant normal à
la courbe G1G2 (Figure 1.1).
Section : l'aire S est appelée section droite, ou plus simplement section de la
poutre.
Fibre : le volume engendré par un élémentdS de l'aire S est désigné par fibre de la
poutre.
Fibre moyenne : la courbe G1G2 est appelée fibre moyenne ou axe moyen de la
poutre. C'est le lieu géométrique des centres de gravité des sections de la poutre.
2 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Poutre gauche : c'est une poutre dont la fibre moyenne est une courbe gauche.
Poutre plane : il s'agit d'une poutre dont la fibre moyenne estune courbe plane
(c'est-à-dire contenue dans un plan).
Poutre droite : lorsque la fibre moyenne d'une poutre plane est un segment de
droite, on parle de poutre droite.
Poutre à plan moyen : c'est une poutre possédant un plan de symétrie uiq con-
tient la fibre moyenne. Ce plan est désigné par plan moyen.
Les poutres à plan moyen chargées dans ce plan se rencontrent fréquemment et
constituent un des problèmes essentiels traitéspar la Résistance des Maté-riaux.

Nous avons supposé la section S constante et dans ce cas la poutre est dite à
section constante ou poutre prismatique. Il arrive aussi qu'on soit amené, généra-
lement pour des raisons d'économie, à choisir des sections variables ; on parle dans
ce cas de poutre à section variable.

b) Les plaques, coques et membranes :


Il s'agit de corps dont deux dimensions, de même ordre de grandeur, sont
beaucoup plus grandes que la troisième (Figures 1.2a et 1.2b). Ces types d'élé-
ments ne sont pas traités ici.

c) Les poutres à parois minces ou poutres coques :


Les trois dimensions sont significatives et aucune n'est faible comparative-
ment aux autres (Figure 1.2c).

(b)

(a) (c)

Figure 1.2

1.2 SYSTEMES ET CHARGES CONSIDERES


Les systèmes qui seront considérés dans ce cours seront constitués de poutres
isolées ou de poutres reliées les unes aux autresLes. poutres peuvent être assem-
blées de façon rigide (ex. portiques) ou de manière à permettre certaines possibi-
lités de déplacement - degrés de liberté - (ex. systèmes articulés).
Les poutres (ou plus exactement leurs axes moyens), les charges extérieures et
les réactions des appuis des systèmes étudiés nsda ce cours seront générale-ment
situées dans un même plan. Dans ce cas, on ditqu'on a affaire à des sys-tèmes
plans.
Les charges qui sollicitent les systèmes comprennent :
- le poids propre (action de la pesanteur),
- les forces et les couples concentrés,
Introduction 3

- les forces et les couples répartis.


Il faut signaler qu'on entend par force concentréeune force répartie sur une
petite surface (ex. action d'une roue).
Par ailleurs, les charges sont supposées être appliquées lentement, de zéro à
leur valeur finale. On dit dans ce cas que les charges sont appliquées statique-
ment.
Enfin, nous supposerons que les charges extérieures sont directement appli-
quées aux fibres moyennes des poutres. Sous cette hypothèse, les poutres peu-
vent être représentées par leurs axes moyens.

1.3 APPUIS DES SYSTEMES PLANS


Les systèmes sont reliés à l'extérieur par des liaisons appelées appuis, et où
apparaissent des réactions qui réagissent à l'action des forces appliquées. Les
réactions et les charges exercées constituent un système de forces en équilibre, car
les constructions que nous considérons sont toujours en équilibre.
La classification des appuis se fait d'après le nombre de degrés de liberté (ddl)
(c'est-à-dire les possibilités de mouvement) qu'ils laissent au système et d'après la
nature des réactions qu'ils peuvent exercer sur lui.

a) L'appui simple (Figure 1.3)


Il a deux degrés de liberté :
- la rotation autour de l'appui,
- la translation parallèlement au support de l'appui.
La réaction est connue par son point d'application(point de contact du sys-
tème avec l'appui) et par sa direction (elle est perpendiculaire au support). Seule
l'intensité reste à déterminer.
En résumé, l'appui simple se caractérise par : 2 grésde de liberté et 1 compo-
sante de réaction. La figure 1.3a montre le principe de fonctionnement de l'appui
simple. Les figures b, c et d indiquent les représentations courantes. La eprésen-
tation adoptée ici est celle de la figured.

®
(d)
RA (a) (b) (c)

Figure 1.3 : l'appui simple.

b) L'appui double (Figure 1.4)


Il a un seul degré de liberté, la rotation autourde l'appui. Toute translation est
par contre empêchée.
Dans ce cas, la réaction de l'appui est connue uniquement par son point d'ap-
plication, le point de contact du système avec l'appui (point A) (la ligne d'action
4 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

de la réaction passe par A). La réaction est décomposée suivant deux directions
perpendiculaires et les deux composantes sont à déterminer. L'appui double
présente donc 1 degré de liberté et 2 composantesedréaction.

A
®
RA
®
RA
Art. métallique Représentation adoptée Art. de Freyssinet

Figure 1.4 : l'appui double.

c) L'encastrement (Figure 1.5)


Il n'a aucun degré de liberté. Tout dé-
placement est empêché. La réaction est un ®
vecteur pouvant occuper n'importe quelle RA
position du plan. On peut toutefois dé-
composer la réaction en 3 composantes :
- deux composantes suivant deux di- CA
rections perpendiculaires et passant Représentation
par A,
- un couple appliqué enA. Figure 1.5 : l'encastrement
En définitive, l'encastrement se caractérise par 0: degré de liberté et 3 com-
posantes de réaction.

d) Appui déformable - Appui élastique


Un appui qui peut subir un déplacement dans la direction d'une composante
de réaction est dit déformable (ex. sol compressible).
Si le déplacement est proportionnel à la composante de réaction qui l'a pro-
voqué, l'appui déformable est dit élastique.

1.4 PRINCIPE GENERAL D'ÉQUILIBRE - ÉQUATIONS D’ÉQUI LIBRE


Les conditions nécessaires et suffisantes pour qu'un système soit en équilibre
sont :
a) les sommes des projections de toutes les forces sur 3 axes passant par un
point quelconque et non situés dans un même plan doivent être nulles,
b) les sommes des moments par rapport à chacun des trois axes doivent être
nulles.
Pour une construction (structure), la vérification de ces conditions signifie
qu'elle ne peut se déplacer comme un tout (corps rigide), autrement dit elle est en
équilibre.
Introduction 5

Soient oxyz un repère trirectangle et Fx, Fy et Fz les projections sur les axes ox,
oy et oz d'une force quelconque. Les conditions d'équilibre(a) et (b) s'écri-vent
(cas général) :
S Fx = 0 SM / x = 0
SFy =0 SM / y = 0 (1.1)
S Fz = 0 SM / z = 0
Les équations (1.1) sont appeléeséquations d'équilibre de la statiqueou six
équations universelles d'équilibre.
Dans le cas d'un système plan, xy par exemple, le système d'équations (1.1)
se réduit à :
S Fx = 0 SFy = 0 SM / D = 0 (1.2)

où D est un axe quelconque perpendiculaire au plan xy.


Notons que les équations d'équilibre de la statiquesont écrites en travaillant sur
la configuration initiale du système, c'est-à-dire non déformée ; autrement dit les
déformations sont négligées.

1.5 PRINCIPE DE LA COUPE - ÉLEMENTS DE RÉDUCTION


Considérons la poutre chargée représentée à la figure 1.6. Le corps étant en
équilibre sous l'action des charges extérieures etdes réactions (supposées con-
nues), chaque partie de ce corps se trouve également en équilibre.

z
S x

A y B

Figure 1.6
Pratiquons (par l'esprit) une coupe dans la poutre suivant le plan vertical yz,
de manière à avoir deux tronçons. Intéressons-nous par exemple à la partie de
gauche. Le tronçon considéré est en équilibre sousl'action des sollicitations qui
lui sont appliquées, des composantes de réaction del'appui A et de l'action du
tronçon de droite supprimé.
L'action du tronçon de droite sur le tronçon de gau che peut être remplacée par :
une force résultante R (Rx, Ry et Rz) et un couple résultant C (Cx, Cy et Cz) agissant
au centre de gravité de la section S. Les six composantes représentant l'action de la
partie de droite sur la partie de gauche peuvent être déterminées à l'aide des
équations de la statique exprimant l'équilibre de la partie considérée (3 équations
d'équilibre de translation et 3 équationsd'équilibre de rotation).
Rx = SFx R y = SFy Rz = SFz
(1.3)
C = SC / x C y = SC / y
x Cz = SC / z
6 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Les composantes Rx, Ry, Rz, Cx, Cy et Cz s'appellent éléments de réduction


(réduction de toutes les forces à droite de la section S) dans la section S de la
poutre considérée. EnRDM, on utilise plutôt les notations Nx, Ty, Tz, Mt, My et Mz
qui désignent l'effort normal (Nx), les efforts tranchants (Ty et Tz), le moment de
torsion (Mt) et les moments fléchissants(My et Mz). Les composantes Rx, Ry, Rz, Cx,
Cy, Cz et les grandeurs Nx, Ty, Tz, Mt, My et Mz ne diffèrent que par le signe.
Les composantes Rx, Ry, Rz, Cx, Cy et Cz sont positives si elles sont orientées
dans les sens positifs des axes x, y et z du trièdre direct xyz (Figures 1.7b et 1.7c).
Par contre, pour Nx, Ty, Tz, Mt, My et Mz nous adopterons des conventions de
signes particulières (§ 1.6) pour des raisons pratiques qui apparaîtront plus loin
(Figures 1.7b et 1.7d).
La composante Nx (Rx) agit normalement à la section ; quant aux efforts Ty et
Tz (Ry et Rz), ils s'exercent tangentiellement (transversalement) à la section.
La composante Mt s'appelle moment de torsion (Cx couple de torsion), car il
tord la poutre. Convenons tout de suite de considérer un moment de torsion
comme positif s'il tend à faire tourner la section considérée dans le sens horlo-
gique.
z Rz Cz
x Rx=Nx Cx
Mt=-Cx
Ry=Ty Cy
y Tz=-Rz Mz=-Cz My=Cy
(a) (b) (c)
(d)
Figure 1.7
Les deux dernières composantes, My et Mz, sont appelées moments de flexion
(Cy et Cz couples de flexion), car ils fléchissent la poutre . La seule différence
entre les moments et les couples de flexion réside comme on l'a souligné dans la
convention des signes (Figure 1.7). Les couples Cy et Cz sont positifs s'ils sont
orientés dans les sens positifs des axes y et z du trièdre direct xyz. Pour les mo-
ments My et Mz, on a l'habitude de les considérer comme positifssi les centres de
courbure de la poutre fléchie sont du côté desz négatifs pourMy et du côté des y
négatifs pourMz.
Ceci nous amène à préciser les conventions de signes que nous utiliserons.
Mais auparavant, remarquons que dans le cas d'un système plan, xy par exemple,
les éléments de réduction se réduisent à : un moment fléchissant (M = Mz), un
effort tranchant (T = Ty) et un effort normal (N = Nx).
Enfin, il convient de noter que si on avait gardé el tronçon de droite et sup-
primé celui de gauche, on aurait trouvé dans la section des éléments de réduction
de même intensité et de même nature que ceux trouvés en considérant le tronçon
de gauche. Il serait absurde en effet de trouver dans la même section des sollici-
tations différentes selon qu'on la regarde de la gauche ou qu'on la regarde de la
droite.
Introduction 7

1.6 DEFINITIONS ET CONVENTIONS DES SIGNES DE N, T, M


Considérons un système, de préférence plan pour plus de clarté, constitué par
une poutre prismatique (Figure 1.8).
F
a
(S)

N
T
M

Figure 1.8

1.6.1 Effort normal


D'après ce qu'on vient de voir (relations 1.3 notamment), l'effort normal N
dans la section S est égal à la somme algébrique des projections surl'axe des x de
toutes les forces (charges extérieures et réactionsd'appui) agissant sur le tronçon
à gauche de S (*).
N = SF cosa (1.4a)
Un effort normal exerçant une traction sur la secti on étudiée sera considéré
comme positif.

1.6.2 Effort tranchant


L'effort tranchant T dans la section S est égal à la somme algébrique des pro-
jections sur l'axe des y de toutes les forces agissant sur la partie de la poutre située
à gauche de la section S (*).
T = SF sina (1.4b)
Nous conviendrons de considérer un effort tranchantcomme positif s'il a ten-
dance à faire tourner la section S dans le sens horlogique.

1.6.3 Moment fléchissant


Le moment fléchissant M dans la section S est égal à la somme algébrique des
moments créés dans cette section par toutes lessollicitations agissant sur le
tronçon à gauche de S (*).
M = SC + SFd sina (1.4c)
où C et d représentent un couple concentré courant et le bras de levier de la com-
posante transversale de la force courante F.

_____________________________________

( Nous avons considéré le tronçon à gauche de S mais il est bien évident qu'on obtiendrait des
efforts de même intensité et de même nature si ononsidéraitc le tronçon situé à droite de la section
étudiée.
8 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Un moment fléchissant qui provoque des tractions dans les fibres inférieures
d'une poutre horizontale sera considéré positif. Dans le cas des pièces obliques ou
verticales, on peut considérer comme positif un moment qui tend les fibres de
gauche.

1.7 DIAGRAMMES N, T, M
La construction des diagrammes des éléments de réduction constitue une étape
essentielle dans toute étude deRDM. Un diagramme est un graphe qui indique la
valeur (intensité et nature) de la sollicitation considérée dans toutes les sections du
système étudié. Ils sont tracés à partides relations (1.4).
Les diagrammes des éléments de F=5
réduction permettent de localiser 2t
les sections les plus sollicitées A 45° C=5tm
(sièges des contraintes les plus
élevées) et servent au dimension- 2m 1m 2m
nement des différents éléments
des structures. 5t 5t 5tm H=5t
Dans la construction des dia-
grammes, les valeurs positives et RA=4t RA=1t
négatives sont portées de part et
d'autre d'un axe-origine. Par ail-
leurs, pour le diagramme du mo- N ©
5t
ment fléchissant, on a pour habi-
tude de porter les ordonnées tou- 4t
jours du côté des fibres tendues. T 1t
Pour éviter tout risque de
mauvaise interprétation des dia- M
grammes, il est vivement recom-
mandé d'ajouter dans chaque aire 2

des diagrammes les précisions 8 7


suivantes :
Figure 1.9
- diagramme de N : la lettre C
ou T, selon qu'il s'agisse d'un
effort de compression ou d'un
effort de traction.
- diagramme de T : le sens de la rotation provoquée par l'effort (voir dia-
gramme de T).
- diagramme de M : on peut ajouter un arc pour préciser le sens dela courbure
provoquée par le moment (voir diagramme deM).
Introduction 9

1.8 RELATIONS CONTRAINTES-EFFORTS


Nous avons vu que les éléments
de réduction dans une section repré- z
sentent l'action sur la partie de la S
poutre située d'un côté de cette sec-
tion, des forces qui s'exercent sur x
l'autre partie. Ceci ne veut nullement
dire que la section considérée soit sx
soumise à des sollicitations ( N - T - M tx
z txy
- Mt) concentrées en son centre de
gravité (ou ailleurs). A l'intérieur d'un
corps il n'y a pas d'efforts concentrés, y
mais uniquement des contraintes dont Figure 1.10
la sommation est équivalente aux
éléments de réduction.
Les relations entre les efforts et les contraintes se déduisent facilement (Fi-
gure 1.10).
Nx = ∫ T = t dS Tz = t dS (1.5)
s x dS y ∫xy ∫
xz
S S S

Mz = My = Mt = (1.6)
∫ s x ydS ∫ s x zdS ∫ ( t xz y + t xy z )
dS
S S S

1.9 RELATIONS DIFFERENTIELLES ENTRE q, T ET M


Considérons par exemple une poutre droite symétrique chargée dans son
plan de symétrie (mais non soumise à une répartition demoments toutefois) et
isolons
par deux section (S1 et S2) un S1 S2
tronçon dx sur lequel agit une q
charge répartie transversale q M
(Figure 1.11). M+dM
Sur le tronçon dx, les gran- T O
T+dT
deurs T et M subissent les va- dx
riations dT et dM. L'équilibre
du tronçon est régi par les Figure 1.11
équations de la statique.
L'équation d'équilibre de translation verticale s'écrit :
SFv = 0 d'où on tire : q = - dT/dx (1.7a)
A partir de l'équation de l'équilibre de rotation,on obtient :
SM/o = 0 d'où on tire : T = dM/dx (1.7b)
et d'après (1.7a) :
q = - d2M/dx2 (1.7c)

Les relations (1.7) permettent de tirer quelques enseignements qui facilitent la


construction et le contrôle des diagrammes de T et de M. On peut en déduire
essentiellement :
10 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

1- L'effort tranchant est la tangente de l'angle formépar la tangente au dia-


gramme de M au niveau de la section considérée et l'axe longitudinal de la
poutre. De même, la valeur absolue de la charge répartie représente la tan-
gente de l'angle formé par la tangente au diagrammede T et l'axe longitudi-
nal de la poutre.
2- Là où T est nul, M a une valeur extrémale.
3- Là où T passe par la valeur zéro de façon discontinue, le diagramme de M
perd son allure monotone (voir figure 1.9).
4- Là où T subit un saut mais sans passer par zéro, le diagramme de M présente
un point anguleux (M change de pente).
5- La variation de M sur un tronçon donné est égale à l'aire du diagramme de T
sur ce tronçon.
6- La concavité du diagramme de M est tournée dans le sens contraire de la
charge q.
7- Le diagramme de T doit se refermer (en partant de l'extrémité gauche). Ce
corollaire exprime la nullité de la résultante desforces et permet en même
temps de retrouver les forces localisées.
8- Le diagramme de M d'un système symétrique (géométrie et chargement)est
symétrique tandis que celui deT est antisymétrique.
Introduction 12

1.10 EXERCICES Exercice 1.7 Exercice 1.8


1m F1=1t F2=2t C

Calculer les réactions des systèmes représentés ci-après.


Remarque : Dans les réponses données, une réaction positive A B A B

signifie qu'elle est dirigée vers le haut s'il s'agit d'une composante 2m 4m 2m a b
verticale et de gauche à droite lorsqu'il s'agit d'une composante
horizontale. Pour l'effort tranchant, l'effort normal et le moment Rép. : VA=-0.83 t, VB=2.83 t, HA=-1 t Rép. : VA=-C/(a+b), VB=C/(a+b)
fléchissant, les conventions des signes sont celles du § 1.6.
Exercice 1.9 Exercice 1.10
Exercice 1.1 Exercice 1.2
F1=9t F3=3t q=3t/m
q=2t/m C=6tm

A B A B
F=5t C=2tm
F2=6t A B
4m 4m A
3m 3.5m 2.5m 1m
2m 3m 1.5m 3m 3m 3m

Rép. : VA = 4.5 t, VB = 1.5 t Rép. : VA = 9 t, VB = 3 t Rép. : VA=2.6 t, VB=2.4 t Rép. : CA=-21 tm, VA=6 t

Exercice 1.3 Exercice 1.4

Exercice 1.11 Exercice 1.12


F1=6t q=3t/m
B F2=2t
A A F=1t
B
2m 4m 2m 6m 2m

Rép. : VA = 3.34 t, VB= 4.66 t Rép. : VA= 8 t, VB = 16 t


5m
Exercice 1.5 Exercice 1.6

q1=4t/m q2=2t/m
q q=2t/m q=1t/m C=16tm
B
F=33t A A 4
A
A B q=3t/m
B 5m 4m 4m
L 4.5m 2.5m 2m

Rép. : CA=-7.5 tm, VA=5 t, HA=-1 t Rép. : VA=5.33 t, VB=0.67 t


Rép. : VA=qL/6, VB=qL/3 Rép. : VA= 1.7 t, VB= 5.8 t

Exercice 1.13 Exercice 1.14


Introduction 13 Introduction 14
C=6tm C=6tm P
Exercice 1.21 Exercice 1.22
6t 2t 9t 3t
A B A B
A B A D B
D
C C 6t E
l=4m 2a 2a a 2a
2m 4m 2m 3m 3.5m 2.5m 1m

Rép. : VA=-3 t, VB=3 t Rép. : VA=3P/7, VB=4P/7 Rép. : TA+TC(g)=3.33 t Rép. : TA=TC(g)=-TC(d)=-TD(g)=4.5 t

Exercice 1.15 Exercice 1.16 TC(d)=TB(g)=-2.67 t, TB(d)=TD=2 t TD(d)=TE(g)=-TE(d)=-TB=1.5 t


MC=6.67 tm, MB=4 tm MC=13.5 tm, MD=-2.25 tm, ME=1.5 tm
1.5t/m Exercice 1.23 Exercice 1.24
2t/m 1t/m 2t

1.5t A q=3t/m 6t q=3t/m


A B A B
a=2m
2m 4m 2m a/2 a/2 a
A B
Rép. : VA=2.83 t, VB=4.67 t Rép. : VA=3.17 t, VB=3.83 t B C C
6m 2m 3m 5m

Rép. : TA=8 t Rép. : TC=TA(g)=-6 t, TA(d)=11.1 t


Tracer les diagrammes de M, T et N des systèmes
TB(g)=-10 t, TB(d)=6 t TB=-3.9 t
représentés ci-après.
Exercice 1.17 Exercice 1.18 Mmax=10.67 tm, MB=-6 tm MA=-18 tm, Mmax=2.5 tm
P P P
Exercice 1.25 Exercice 1.26
A B A D B
C D C 5t C=2tm q=2t/m C=5tm
P
a a a a 2a a

Rép. : TA=TC(g) =-TD(d)=-TB=P Rép. : MC=-MD=Pa/2 A


B
E A
D B D E

TC(d)=TD(g)=0, MC=MD=Pa T =T =T =T =-T =-T =P/2 2m 3m 1.5m 3m 3m 3m


A C(g) D(d) B C(d) D(g)

Exercice 1.19 Exercice 1.20 Rép. : TA=TD(g)=2.6 t Rép. : TA=TB=6 t

q=3t/m C
TD(d)=TB(g)=2.4 t, TB(d)=TE=0 TD=TC=0
A B A B MD=5.2 tm, MB=ME=-2 tm MA=-31 tm, MB=-14 tm, MD=ME=-5 tm
2a=4m C D
a a b

Rép. : TA=8 t, TC=TB=-4 t Rép. : TA=TB=TD=-C/(a+b)

MC=8 tm MD(g)=-Ca/(a+b), MD(d)=Cb/(a+b)


Introduction 15 Introduction 16

Exercice 1.27 Exercice 1.28


q2=20KN/m
P1=40 2 KNq1=10KN/m P2=30KN
Articulation
45° G q4=30KN/m
q P
A B A B D E C F
C C D q3=12KN/m p=10KN/m 3m
a 2a a 2a a

Rép. : TA=TC=-TB=qa Rép. : TA=TC(g)=2P/3 5m


B
MA=-qa² TC(d)=TD=TB=-P/3 Mo=15KNm

Mmax=qa²/2 MC=2Pa/3, MD=0, MB=-Pa/3

Exercice 1.29 A
1.5m 3m 1m 1m
Rép. : VA= 10.5 t, VB=18.5 t

F1=10t q1=5t/m q2=2t/m F2=6t TA=T1(g)=10.5 t, T1(d)=T2=0.5 t


Rép. : HA=-55 KN, VA=135 KN, VB=45 KN, NAE=-135 KN, NEA=-85 KN,
A T3=T4=TB(g)=-9.5 t, TB(d)=9 t
1 2 3 4 B
5 6 NDE=NED=-40 KN, NEG=NGE=NGB=NBG=-45 KN, MAE=83.75 KNm,
C=2 tm T5(g)=6.33 t, T5(d)=0.33 t, T6 =0
1 1 2m 1 1 2m 1 MEA=-41.25 KNm, MED=-71.25 KNm, MEC=-30 KNm, MFC=MFG=-15 KNm,
M1=10.5 tm, M2=11 tm,
MGF=MGB=-60 KNm, MBG=-15 KNm, TAE=55 KN, TEA=-5 KN,
M3=2 tm, M4(g)=-7.5 tm,
TDE=-40 KN, TED=-55 KN, TEC=30 KN, TCE=TCF=TFC=-15 KN,
M4(d)=-5.5 tm, MB=-15 tm,
TFG=TGF=-45 KN, TGB=45 KN, TBG=0.
M5=-0.11 tm

Exercice 1.30
q1=2t/m Rép. : VA=-8.625 t, VB=16.625 t
D E HA=-13 t, NAD=8.625 t, NDE=3 t,
1m NEB=-16.625 t,
C q2=1t/m 3m TAC=TCA=13 t, TCD=TDC=3 t
10t TDE=-8.625 t, TED=-16.625 t
B
TEB=-3 t, TBE=0, MCD=MCA=-52 tm,
4m MDE=-MDC=55 tm, MED=MEB=4.5 tm
A 4m

Exercice 1.31
18 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

2.2 EQUATION DIFFERENTIELLE DE LA DEFORMEE


Considérons une poutre horizontale simplement appuyée, fléchie dans le
plan vertical xy (Figure 2.1). Après flexion, l'axe longitudinal AB de la poutre
prend la forme courbe AMB. Cette courbe est appelée déformée ou ligne
élastique (ou élastique tout simplement) de la poutre et peut être décrite par une
équation de la forme y = f(x). Les ordonnées y représentant les flèches subies
Chapitre 2 par les sections (leurs centres de gravité plus exactement) de la pièce.

DÉPLACEMENTS DES POUTRES FLÉCHIES


R

θ
θ A x
B

Les poutres considérées sont droites et possèdent un plan de symétrie M


qui contient les charges appliquées. Dans ces conditions, la flexion se fait x dx
dans le plan de symétrie de la pièce considérée. y
Ce chapitre expose les principales méthodes qui permettent d'obtenir Figure 2.1
l'équa-tion de la déformée.
L'influence de l'effort tranchant sur la courbure de la déformée étant généra-
2.1 IMPORTANCE DES CALCULS DE DEPLACEMENTS lement très faible, elle peut être négligée (nous étudierons plus loin l'influence
de T). Nous admettrons donc que la courbure de la ligne élastique en un point
Dans toute étude de structure, outre le calcul des réactions, des éléments de
donné ne dépend que de la valeur du moment fléchissant en ce point. Dans ce
réduction et des contraintes, on fait également des calculs de déplacements. Gé-
cas, nous utilisons la relation liant la courbure au moment fléchissant obtenue
néralement, on fixe pour les déplacements des sections des limites admissibles à ne
rigoureuse-ment dans le cas de la flexion pure et qui s'écrit :
pas dépasser, tout comme pour les contraintes. Il n'est pas rare même que les
conditions de déformabilité soient plus sévères que les conditions de résistance. 1 = Mz (2.1)

La limitation des déplacements vise avant tout à préserver la R EIz


fonctionnalité de la construction. A titre d'exemple, une trop grande
D'autre part, on apprend dans les cours de Géométrie Différentielle que
déformabilité des poutres peut provoquer la fissuration des cloisons légères
la courbure en un point M, d'une courbe plane donnée par l'équation
et engendrer des désordres très gênants.
explicite y = f(x), vaut :
D'autre part, lorsque les déplacements sont importants ils peuvent modifier x 2
significativement l'action des charges appliquées (ils engendrent d'autres d y
efforts, dits effets du second ordre), et dans ce cas il est nécessaire d'en tenir 1= dx 2 (2.2)
compte. ε 3
M y"<0 R dy 2
Par ailleurs, la résolution des problèmes hyperstatiques, qui constituent l'es- [1 + ( 2
sentiel des structures habituelles, fait appel aux calculs de déplacements. y">0
M
dx ) ]
Le déplacement de la section d'une poutre peut être : Le facteur ε vaut ± 1 et a été intro-
- une translation y duit pour des raisons que nous évo-
- une rotation Figure 2.2 quons plus loin. Remarquons toutefois
Dans le cas d'une poutre horizontale fléchie dans le plan xy, l'axe des x étant que du point de vue mathématique ε
confondu avec l'axe longitudinal de la pièce, les déplacements verticaux des vaut + 1 et le signe de la courbure ne dépend que de la valeur de la dérivée
centres de gravité des sections droites, mesurés à partir de l'axe x, sont appelés se-conde (le dénominateur de l'expression (2.2) étant strictement positif).
flèches. Les rotations se font autour de l'axe z (axe neutre) et représentent les Ainsi, la courbure (ou la dérivée seconde) est positive si la concavité de la
angles, mesurés en radians, dont tournent les sections droites de la poutre. courbe est tournée vers les y positifs et elle est négative quand la concavité
est orientée vers les y négatifs (Figure 2.2).
Déplacements des poutres fléchies 19 20 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

A partir des équations (2.1) et (2.2), on déduit la relation différentielle Nous allons voir dans les paragraphes suivants quelques méthodes
sui-vante reliant le moment (Mz) et la flèche (y). parmi les plus importantes qui permettent d'obtenir l'équation de la ligne
élastique d'une poutre fléchie.
2
d y
2 2.3 INTEGRATION DIRECTE DE L'EQUATION DIFFERENTIELLE
Mz = ε dx (2.3)
3
EIz dy 2 2 Lorsque le chargement est simple et la section constante, l'expression
[1 +( ) ]
dx analy-tique du moment n'est pas compliquée et le moment d'inertie
demeure constant. L'intégration de l'équation (2.4b) reste alors aisée et
Physiquement, la dérivée première y' = dy/dx représente la pente de la tan- permet d'obtenir facilement l'équation de la déformée.
gente à la déformée y au point courant M. Dans le cadre de l'hypothèse admise
des petits déplacements, les angles sont très petits et, non seulement on peut La première intégration fournit l'expression de y' (y' = tgθ). Comme on a
confondre la tangente et l'angle (dy/dx = tgθ ≈ θ), mais le terme (dy/dx)2 y' = θ, en vertu de l'hypothèse des petits déplacements, on obtient en fait
devient négligeable devant l'unité. D'où la simplification de la relation l'expression générale de la rotation dont tourne la section courante. L'angle
est évidemment exprimé en radians.
(2.3) :
Mz d (2.4a) Notons par ailleurs que la première intégration fait apparaître une constante.
2 y
=ε = εy"
2 La deuxième intégration donne l'expression cherchée de la déformée et
EIz dx fait apparaître une deuxième constante. Les deux constantes d'intégration
Notons au passage que dans le cadre des petits déplacements, y' s'obtien-nent généralement en satisfaisant aux conditions d'appui de la
représente également la rotation de la section Σ d'abscisse x. poutre et de conti-nuité de la déformée. Ces conditions sont désignées
habituellement par condi-tions aux limites.
La valeur à donner à ε se déduit plus facilement de la dernière
Il faut toujours s'assurer que les expressions obtenues des flèches (y) et des
expression. Il suffit de comparer les signes de y" et de M z. La convention
rotations (y'), sont continues en tout point de la poutre. En effet, une discontinui-
de signes adoptée pour le moment est exactement l'opposée de celle de y"
puisqu'on considère un moment comme positif quand la concavité de la té dans l'expression de y marquerait une interruption dans la poutre tandis
déformée est tournée vers les y négatifs. qu'une discontinuité de y' voudrait dire que la poutre se brise en ce point
(articulation). Les deux situations sont absurdes car la déformée est continue.
D'où le signe adéquat à prendre :
Par contre, l'expression de la courbure (donc y'') peut être discontinue.
d² y Mz EIz y" = − Mz C'est ce qui se produit dans les sections où le moment présente une
dx²
= y" = − ou encore : (2.4b)
discontinuité (pré-sence d'un couple concentré) ou bien là où la section
EIz varie brusquement (dis-continuité de Iz).
Compte tenu des relations différentielles reliant q, T et M, on peut en déduire :
Considérons l'exemple simple de la
d3y Ty d4 y qy q poutre de section constante chargée q
=− et = y IV = = (2.5) x
3
= y'''
4 uniformément pour illustrer la mé-
dx EIz dx EIz EIz thode (Figure 2.3). y l

Il importe de noter que dans le cas des barres très élancées, les flèches peu-vent L'expression du moment est :
être importantes et l'expression (2.4b) ne fournit plus une bonne approxima-tion. Il
Figure 2.3
2
faut alors faire usage de la relation (2.3), sachant que ε vaut -1 pour les raisons Mz = − qx
données plus haut. L'utilisation de la définition exacte de la courbure introduit deux 2
différences fondamentales par rapport à l'approximation (2.4) : L'équation différentielle de l'élastique devient :
- l'équation différentielle n'est plus linéaire,
- dans le calcul du moment, il faut tenir compte de l'influence des déplace-
EIz d² y = q x²
ments, ce qui revient à introduire des moments additionnels secondaires
dx² 2
(moments du second ordre). d'où :
D'autre part, la relation (2.1) montre qu'il y a proportionnalité entre la cour-bure et
le moment fléchissant, autrement dit les développements à partir de cette équation dy
x3 x4
sont valables uniquement dans le domaine élastique linéaire. Si on sort de ce EIz =q +C (a) et EIz y = q + Cx + D (b)
domaine, il faut utiliser une relation non linéaire de la forme 1/R = f(M), déduite de dx 6 24
l'étude du comportement élastoplastique de la pièce considérée.
Déplacements des poutres fléchies 21 22 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Pour déterminer les constantes d'intégration C et D, il faut écrire deux Pour plus de commodité, on écrit l'équation différentielle de l'élastique
condi-tions aux limites. Dans le cas considéré, on peut écrire dans la sous la forme :
section d'encas-trement deux conditions sur y et y' : P
EIz y" = − Mz
1) en x = l, y = 0 (flèche nulle)
A B
2) en x = l, y' = 0 (rotation nulle) •0 ≤ x ≤ a (tronçon 1) : x
Ces conditions, sur y et y', sont des conditions aux limites géométriques a b
alors que les conditions aux limites sur y" et y''' (donc sur M et T, Mz = Pbx / l
l
respectivement) sont désignées par conditions aux limites statiques. ' Pb 2 y
3
En utilisant la condition (2), l'équation (a) donne : C = - ql /6. EIz y1 = − 2l x + C1 Figure 2.4
4 3
Et en appliquant la condition (1), on tire de l'équation (b) : D = ql /8. EI z y1 = − Pb x + C1 x + D1
D'où les expressions finales de la rotation et de la flèche : 6l
3
y' = − ql + qx 3 (2.6a) • a ≤ x ≤ l (tronçon 2) : Mz = Pa - Pax/l
6EIz 6EIz ' Pa 2
y = ql 4 − ql 3 + qx 4
(2.6b) EI z y 2 = − Pax + x + C2
l
Pa 2 Pa 3
EI z y2 = − x + x + C2 x + D2
8EIz 6 EIz 24EIz
2 6l
Une rotation est positive si elle se fait dans le sens horlogique alors
qu'une flèche est positive si elle est du côté des y positifs (vers le bas). En Les inconnues C1, D1, C2 et D2 sont déterminées à l'aide des deux conditions aux
faisant x = 0 dans les expressions (2.6a) et (2.6b), on obtient : limites en x = 0 et x = l, et des deux conditions de passage en x = a.

C/EIz = θ0 = ql3/6EIz et D/EIz = f0 = ql4/8EIz 1) en x = 0, y1 = 0 3) en x = a, y1 = y2


2) en x = l, y2 = 0 4) en x = a, y'1 = y'2
autrement dit, C et D sont respectivement la rotation et la flèche de la section
initiale de la poutre, multipliées par la rigidité flexionnelle de la poutre (EI z). La résolution de ce système d'équations donne :
2 2 3
C1 = Pab(a+2b)/6l, D1 = 0, C2 = Pa(2l +a )/6l, D2 = -Pa /6
La méthode d'intégration directe devient fastidieuse quand le
chargement et/ou la section présente(nt) des discontinuités. Dans ce cas, D'où les expressions finales, donnant les rotations et les flèches :
l'expression de Mz/EIz change à chaque discontinuité et on doit travailler par
• 0≤x≤a
tronçon. On effec-tue sur chaque tronçon une double intégration pour obtenir
l'expression de sa déformée. Mais comme à chaque double intégration on voit ' Pb 2 Pab (2.7a)
apparaître deux constantes d'intégration, le total des constantes pour toute la EI z y1 = − x + ( a + 2b )
poutre est égal au double du nombre de tronçons existants. l 6l
3
Les constantes inconnues s'obtiennent en exprimant : Pb Pab
EI y = − x + (a + 2b)x (2.7b)
- les conditions d'appui de la poutre, z1 6l 6l
- les conditions de passage aux sections de jonction entre les différents
tron-çons. Ces conditions expriment la continuité de la déformée, donc • a≤x≤l
la conti-nuité de y et de y', ' Pa 2
Pa 2 2

- certaines conditions statiques en des points particuliers. EIz y2 = − Pax + x + (2l +a ) (2.7c)
2l 6l
Ainsi, si l'expression du second membre de l'équation (2.4b) change EI y = − Pa x 2 + Pa x 3 + Pa (2l 2 + a 2 )x − Pa 3 (2.7d)
plusieurs fois (présence de plusieurs tronçons), la détermination des
constantes d'intégra-tion nécessite la résolution d'un système de plusieurs z 2 2 6l 6l 6
équations (avec autant d'inconnues), d'où un surplus de travail.
Cet exemple, pourtant simple, montre combien l'application de la méthode
Voyons cela sur l'exemple simple de la poutre bi-articulée soumise à d'intégration directe devient laborieuse quand la pièce présente des
une charge concentrée (Figure 2.4).
discontinuités (de chargement et/ou de section). On va voir dans le paragraphe
suivant com-ment, grâce à de petits aménagements dans l'application de la
méthode précé-dente, on arrive à réduire le travail à effectuer.
Déplacements des poutres fléchies 23 24 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

2.4 METHODE DE CLEBSCH OU DES PARAMETRES INITIAUX C1 = EIz y'0 = EIzθ 0


Soit la poutre bi-articulée de section constante représentée à la figure D1 = EIz y0 = EIz f0
2.5. Les charges appliquées divisent la poutre en cinq tronçons et une
application directe de la méthode d'intégration conduirait à la détermination Autrement dit, C1 et D1 représentent respectivement la rotation et la flèche,
de dix constantes d'in-tégration. multipliées par la rigidité flexionnelle de la poutre (EIz), de la section initiale.

• Tronçon 2 (a ≤ x ≤ b )
q P C
A B q 2
x M z = RA x − (x−a)
RA a 2
" q 2
b
EIz y = − RA x + (x−a)
c
' + q ( x − a )3 + C2
d EIz y = − RA
x2
l
2 3!
y
EI y = − R x 3 + q ( x − a ) 4+ C x+D
A
Figure 2.5 z 2 2
3! 4!
La méthode de Clebsch permet, grâce à un artifice de calcul, de réduire En faisant x = a dans les deux dernières équations, on en déduit que :
les constantes à deux seulement, et ce quelque soit le nombre de tronçons. C2 = C1 et D2 = D2.
D'autre part, la méthode fournit une expression unique de la déformée,
valable pour tous les tronçons. L'expression de la rotation s'obtient • Tronçon 3 (b ≤ x ≤ c)
naturellement par dérivation de la fonction de la déformée. ème
2 règle : On suppose la charge répartie appliquée sur tout le reste de
L'originalité de la méthode vient de sa présentation particulière des la poutre et on applique une charge égale et opposée pour équilibrer la
calculs. L'idée essentielle de la méthode consiste à écrire l'expression du charge ajou-tée (cet artifice permet d'avoir des expressions générales
moment sur un tronçon en ajoutant de nouveaux termes (au moins un valables sur toute la longueur de la poutre).
terme) à l'expression du moment sur le tronçon précédent en gardant la q 2 q 2
même origine des abscisses x (voir règle 1). M z = RA x − ( x − a ) + (x−b)
2 2
Appliquons cet artifice à l'exemple considéré. Ecrivons pour chaque
" 2 2
tronçon l'expression du moment, l'équation différentielle de l'élastique puis q q
effectuons les deux dérivations successives. EIz y = − RA x + 2 ( x − a ) − 2 ( x − b )
'

ère 2 q 3
q 3
1 règle : Elle consiste à placer l'origine des coordonnées x, y au centre de x
gravité d'une section extrême de la poutre, l'extrémité gauche par exemple. EIz y = −RA + (x−a) − (x−b) + C3
2 3! 3!
• Tronçon 1 (0 ≤ x ≤ RA
3 q 4
q 4

EI y =− x + (x−a) − ( x − b) +C 3 x+D
z
a):Mz=RAx 3! 4! 4! 3

"
EI z y = − R A x En comparant les flèches et les rotations dans la section de jonction x =
x2 b, on trouve : C3 = C2 et D3 = D2.
'

EI z y = − RA + C1 • Tronçon 4 (c ≤ x ≤ d )
RA 3
q 2 q 2
M z = RA x − ( x − a ) + ( x − b ) − P( x − c)
EIz y = − x + C1 x + D1 22
" q 2 q 2
En faisant x = 0 dans les deux dernières expressions, on obtient : EIz y = − RA x + ( x − a ) − ( x − b) + P( x − c)
2 2
Déplacements des poutres fléchies 25 26 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

'

2 q 3 q 3 P 2
x≤a x≤b x≤c x≤d x≤l
x 2 2 0
EI z y = −RA + (x−a) − ( x − b) + (x−c) + C4 q q
2 3! 3! 2
3 4 4 3 Mz = RAx − (x− a) + (x− b) − P(x− c) + C(x− d )
RA q q P 2 2
EIz y = − x + (x−a) − (x−b) + ( x − c) + C4 x + D4
" q 2 q 2 2 0
4! 3! EIz y = −RAx + (x− a) − (x− a) + P(x− c) − C(x− d )
3! 4! 2 2
' q 3 q 3 P 2
En comparant de nouveau les flèches et les rotations à gauche et à x2
droite de la section x = c, on montre que : C4 = C3 et D4 = D3. EIz y = EIzθ0− RA 2 + 3! (x− a) − 3! (x− b) + 2 (x− c) − C(x− d)
R
A 3 q 4 q 4 P 3 C 2
• Tronçon 5 (d ≤ x ≤ l ) EIz y = EIz f0 + EIzθ0x− x + (x− a) − (x− b) + (x− c) − (x− d)
3! 4! 4! 3! 2
ème 0
3 règle : On multiplie le couple concentré par (x-d) afin de marquer
Pour calculer une grandeur (Mz, y", y' ou y) sur un tronçon donné, il faut
la section où commence son influence et pour garder aux expressions leur
con-sidérer uniquement les termes à gauche de la limite du tronçon étudié.
générali-té.
2 2 0 Dans l'exemple traité, les conditions aux limites s'écrivent : y = 0 en x =
q q
Mz = RAx − (x−a) + (x−b) − P(x − c) + C( x − d ) 0 et en x = l. La première condition donne f 0 = 0 et à partir de la seconde on
2 2 tire la valeur de θ0.
" q 2 q 2 0

EIz y = − RAx + 2 ( x − a ) −2 ( x − b ) + P(x − c )− C( x − d ) 2.5 METHODE DE LA POUTRE CONJUGUEE


' q 3 q 3 P 2
x2 2.5.1 Principe de la méthode
EIz y = −RA 2 3! ( x − a ) − 3! ( x − b ) + 2 ( x − c) − C( x − d ) + C5
+
Cette méthode est basée sur une analogie entre les allures de la déformée de la
R 3 q 4 q 4 P 3 C 2
poutre considérée et du diagramme des moments fléchissants d'une poutre fictive
A
EIz y =− x + ( x − a) − ( x − b) + ( x − c) − (x−d) + C5 x + D5 sollicitée par une charge fictive. La méthode est également appelée mé-thode de
3! 4! 4! 3! 2 Mohr, du nom de son auteur, ou encore méthode des poids élastiques.
En comparant encore une fois les rotations et les flèches dans la section Pour une poutre fléchie, on a les relations différentielles suivantes :
de jonction (x = d), obtenues à l'aide des relations valables sur les tronçons
4 et 5, on montre que : C5 = C4 et D5 = D4. y" = - Mz/EIz (i) et Mz" = - q (ii)

Ainsi, on démontre qu'il n'y a en définitive que deux constantes qui sont identiques du point de vue mathématique.
d'intégration pour toute la poutre : Posons :
C1 = C2 = C3 = C4 = C5 = EIzy'0 = EIzθ0 y = Mf et Mz/EIz = qf
D1 = D2 = D3 = D4 = D5 = EIzy0 = EIzf0 Avec ces changements, l'équation (i) s'écrit :
Ces deux constantes caractérisent les déplacements (rotation et flèche) Mf " = - qf (iii)
de la section initiale de la poutre, d'où leur désignation par paramètres
initiaux. Elles sont déterminées à partir des conditions d'appui de la poutre et est exactement semblable à l'équation (ii). La dernière équation obtenue
s'in-terprète comme ceci : la déformée de la poutre réelle (y) est donnée par
considérée. Dans un appui simple ou double la flèche est nulle, f = 0, tandis
le dia-gramme du moment fléchissant (M f) d'une poutre fictive, appelée
que dans un encastrement on a : f = θ = 0.
poutre conju-guée, sollicitée par une charge qf = Mz/EIz.
On peut réduire à quatre le nombre total des équations en adoptant le
mode d'écriture suivant : L'équation (iii) est du second ordre et nécessite par conséquent la
détermina-tion de deux constantes d'intégration pour la connaissance
complète de Mf. Les deux constantes définissent en fait les conditions aux
limites de la poutre conju-guée qui s'obtiennent à partir de celles de la
poutre réelle puisqu'on a les corres-pondances :
y = Mf et y' = Tf
Déplacements des poutres fléchies 27 28 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Les différents cas de figure de conditions d'appui sont indiqués ci-après. 2.5.2 Exemple d'application

Poutre réelle Poutre conjuguée Reprenons l'exemple de la figure 2.3, déjà traité par la méthode
d'intégration directe.
y=0 Mf = 0 Le signe du moment de la poutre réelle est négatif puisqu'il fait tendre les fi-
bres supérieures (Figure 2.6c). Cela signifie que la charge fictive à appliquer à
y'≠ 0 Tf ≠ 0 la poutre conjuguée doit être dirigée de bas en haut (Figure 2.6d).

y=0 Mf = 0 Poutre réelle Poutre conjuguée


q
y'= 0 Tf = 0
(a) (b)
l qf = -qx²/2EIz

y≠ 0 Mf ≠ 0 Mz = -qx²/2
Tf ≠ 0
y'≠ 0
(extrémité libre)
(c) (d)

Mf ≠ 0
y≠0 Tf ≠ 0 x x
y'≠ 0
(articulation) Diagramme du moment Chargement de la p.c.

y=0
Mf = 0 Figure 2.6
y'≠ 0 Tf ≠ 0
(appui intermédiaire) Les composantes de réaction dans la section d'encastrement de la
poutre fic-tive sont :

Ces cas sont illustrés par les deux exemples suivants : T = − 1 ql2 l = − ql3 et M = 1 ql2 l 3l = ql4
E 32EI Z 6EI E 3 2EI Z 4 8EI Z
Z
Poutre réelle D'où :
y' 3 3 y = ql 4 3 4
ql qx ql x qx
=− + (j) − + (jj)
Poutre conjuguée 6EI z 6EI z 8EI z 6EI z 24EI z
Les équations (j) et (jj) sont identiques aux expressions (2.6a) et (2.6b)
obte-nues par la méthode d'intégration directe.

Poutre réelle

Poutre conjuguée

Il faut noter que pour respecter les conventions de signes adoptées pour la
ro-tation et la flèche, nous devons considérer que la charge fictive (q f = Mz/EIz)
est dirigée de haut en bas si le moment Mz est positif et vice versa.
Déplacements des poutres fléchies 29 30 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

2.6 FLECHE PROVOQUEE PAR L'EFFORT TRANCHANT 2.6.1 Travail et énergie de déformation

Sous l'effet de l'effort tranchant T y, la section Σ2 d'abscisse x+dx, subit La distorsion peut être déterminée en comparant le travail accompli par
un glissement dy par rapport à la section Σ1 d'abscisse x (Figure 2.7a). l'ef-fort tranchant au cours de la déformation de l'élément de longueur dx à
l'énergie emmagasinée dans ce même élément.
Σ1 Σ2
Le travail effectué par l'effort tranchant vaut :
Ty τxy Ty γm x

dτ e = ( 1 )Ty dyT = 1 Ty γ m dx (2.8)


2 2
γ G1 dyT
Ty+dTy L'énergie emmagasinée dans une couche bdx d'épaisseur dy (Figure
G2
2.8), avec dy suffisamment petit pour pouvoir admettre que la contrainte ne
Ty+dTy
varie pas, est donnée par :
dy dx
2
dx dx
y
d W = ( 1 )( τ xybdy )γdx = ( 1 )τ xybγdxdy (2.9)
(c)
(a) (b) 2 2
Ty+dTy
Figure 2.7

Les déplacements étant petits, on peut écrire :


dy = γdx (k) Ty z
γ τxy y
où γ représente la variation que subissent les angles, initialement droits. dy
D'autre part, en vertu de la loi de Hooke, on a :
γ = τ/G (l)
dx b
La dernière expression montre que les déplacements angulaires (γ) et
par conséquent les déplacements linéaires (dy), en raison de la relation (k), Figure 2.8 y
sont la conséquence des contraintes de cisaillement (Figure 2.7b). On sait
en effet qu'à l'intérieur des corps il n'y a pas d'efforts concentrés mais
uniquement des distri-butions de contraintes. L'énergie emmagasinée dans tout le tronçon dx s'obtient en considérant
toutes les couches élémentaires bdxdy, c'est-à-dire en sommant sur toute
Concernant la distribution des contraintes tangentielles provoquées par la section (notée A).
l'ef-fort tranchant, on apprend dans le cours de flexion simple qu'elle n'est
dW = 1
pas uni-forme sur la section ; ce qui veut dire que la déformation angulaire
γ n'est pas constante mais varie d'une couche à l'autre. La variation de γ
∫ γτ xybdxdy = dx ∫ γτ xybdy
2 A 2 A
entraîne un gau-chissement des sections initialement planes (Figure 2.7c). Sachant que :
γ
Evaluons le déplacement yT que subit le centre de gravité d'une section cou- = τ et que τ = Ty Sz*
rante par rapport à la position de l'axe de la poutre avant déformation (x). xy xy

On a : G bIz
où :
dyT = γmdx
- *
où γm représente la distorsion, mesurée par rapport à l'axe non déformé de Sz représente le moment statique par rapport à l'axe z de l'aire de la section
la poutre, de l'angle droit. comprise entre la cote y et la fibre inférieure de la section,
- b est largeur de la section à la cote y,
Déplacements des poutres fléchies 31 32 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

il vient : connu. En effet, la variation du moment, M z(x) - Mz(0), représente l'aire du


dia-gramme de Ty compris entre 0 et x.
2 *2 2 *2 2
∫S
dx dx *2

dW =
∫ T y Sz
2 bdy =
2
∫ T y Sz
2 dy =
T y dx
2
z
dy (2.10) De la relation (2.14), on peut tirer :
2 A Gb I z 2 A GbI z 2GI z h b 2 dT = − κ q (2.17)
d yT =
κ y
2 GA dx GA
dx
2 est une quantité ayant la dimension d'une aire. Elle ne dépend que
I
z des caractéristiques géométriques de la section et est toujours infé- Cette dernière quantité représente la courbure due à l'effort
rieure à la section (A), d'où sa désignation habituelle par A réd (sec-
∫ S*2
z

b
dy tion réduite).
tranchant. En su-perposant les courbures provoquées par le moment
h fléchissant et l'effort tran-chant, on obtient l'équation différentielle
complète de l'élastique ; qui s'écrit :
On peut poser : d κ
2 y Mz
κ = A avec κ = A ∫h Sz*2 dy (2.11)
2
=− − q (2.18)

2 dx EIz GA
A I b
ré d z
Si on utilise la méthode de la poutre conjuguée, la charge fictive à
Le coefficient κ, appelé facteur de cisaillement, est toujours supérieur à 1. Il considérer est dans ce cas :
caractérise la distribution des contraintes tangentielles dues à l'effort tranchant. q = M +κ q (2.19)
Plus la distribution de ces contraintes s'éloigne de la distribution uniforme, plus f z
κ est grand (il vaut 1.2 pour une section rectangulaire, 1.111 pour une section EIz GA
cir-culaire et varie généralement de 2 à 3 pour les sections en I).
Remarque : A partir de la relation (2.14), on peut tirer la relation :
L'expression (2.10) peut s'écrire :
dyT κ
2 dx 2 T
= (2.20)
dW = Ty = κTy dx (2.12) dx GA
y

2GA 2GA
ré d qui permet de faire une observation intéressante. En effet, l'équation (2.20)
En comparant les relations (2.8) et (2.12) on tire : mon-tre qu'on n'a pas dy T/dx = 0 dans une section d'encastrement, où T y
= κT (2.13) est quel-conque. Les approximations obtenues restent toutefois très
γm= Ty y proches des solutions exactes.
GA GA
ré d
2.6.2 Exemples d'application
Le glissement dyT entre les sections Σ1 et Σ2 devient :
Exemple 1
dyT = γ mdx = κTy dx (2.14)
Calculons la flèche à mi-portée d'une poutre bi-articulée sollicitée par
GA une charge P appliquée en son milieu.
Or, Tydx = dMz, donc : La flèche due au moment, qui l=10h

(2.15) peut être obtenue par particulari- P ν=0.2


dyT = κ dMz sation de la relation (2.7b) ou
GA (2.7d), vaut : h
1/2 1/2
Le déplacement du centre de gravité de la section d'abscisse x s'obtient
en in-tégrant de 0 à x :
fM ( l ) = Pl
3
b
Figure 2.9
y ( x )− y (0 ) = κ [ M ( x ) − M (0)] (2.16) 2 48EI z
T T GA z z

Pour la flèche provoquée par T, on a, en vertu de l'équation (2.16) :


Cette dernière expression est particulièrement indiquée pour le calcul des flè-
ches provoquées par l'effort tranchant lorsque le diagramme de ce dernier est fT ( l )− fT (0 ) = fT ( l ) = κ P 1 = κPl
2 2 GA22 4GA
comme G = E/2(1+ν), il vient :
Déplacements des poutres fléchies 33

f(l )= l l )= + 1.2Pl (1+ ν )


3
fM ( )+ fT ( Pl
2 2 2 4Ebh 3 4Ebh
d'où :
f ( l ) = Pl ( + .88)
12
2 4Ebh
h2
Dans le cas considéré, l =10h, la flèche due à l'effort tranchant est inférieure
à 3% de celle provoquée par le
moment. Exemple 2
Calculons la flèche de l'extrémité libre d'une poutre-console de section rec-
tangulaire (bh) soumise à une charge uniformément répartie (Figure 2.3). La
flèche provoquée par le moment seul s'obtient en faisant x=0 dans l'expression
4
(2.6b), soit : f M = ql .
8EIZ
En utilisant une nouvelle fois la relation (2.16) entre 0 et l, on obtient :

y (l )− y (0 ) = κ [ M (l )− M (0 )]
T T GA z z

Or à l'extrémité libre (x=0) le moment est nul et, d'autre part, dans la section
d'encastrement (x = l) la flèche est nulle. L'expression ci-dessus devient alors :
κ
− y (0 ) = M (l )
T GA z
2
Sachant que Mz(l) = - ql /2, il vient :
κql2
fT (0 ) = yT (0 ) =
2GA
L'expression finale de la flèche résultante s'écrit :
4 2 2 2
ql κql ql 3l
f = + = ( 2 + 2.88)
8EIz 2GA 2Ebh h
Déplacements des poutres fléchies 35 36 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

2.7 EXERCICES Exercice 2.6


f ? f ?θ ?
Chercher les déformées et les grandeurs indiquées des systèmes P M C C
représentés ci-après en utilisant la méthode d'intégration directe. A B C 3 2
Rép. : fM =pl /48EI, fC =-pl a/16EI,
Remarques : M 2
1/2 1/2 a θC =-Pl /16EI
- sauf indication contraire, M désigne la section à mi-travée et EI la
rigidité flexionnelle (EIz).
Exercice 2.7
- dans les réponses données, une flèche positive est dirigée vers le bas
et une rotation est positive si elle se fait dans le sens horlogique.
fM? fC? θC?
P 2
Exercice 2.1 Exercice 2.2 Rép. : fM =-Pal /16EI,
A B
q P
M C 2
fC =Pa (a+l)/3EI
B A 1/2 1/2 a
A B θC =Pa(3a+2l)/6EI
l l Exercice 2.8

fM? fB? θB?


4 3 2 P 2 3
Rép. : fM = 5ql /384EI Rép. : fB = Pl /3EI, θB = Pl /2EI Rép. : 0≤x≤a,EIy=13Pa x/32-Px /12
4 3 3 2 3 A M B 2
EIy = ql /24+ql x/24-qlx /12 EIy = Plx /2-Px /6 θA =13Pa /32EI
(I) (2I) (I) ≤ ≤ 3 2 3
Exercice 2.3 a
a a a/2 x 3a/2, EIy=Pa /12+9Pa x/32-Px /24
3
fM? θA? fM =35Pa /96EI.
q
fM?
4
B Rép. : fM = 5ql /768EI
Chercher les déformées et les grandeurs indiquées des systèmes
A 3 3 5 représentés ci-après en utilisant la méthode des paramètres initiaux.
l
EIy = 7ql x/360-qlx /36+qx /120l
Exercice 2.9
Exercice 2.4
q F=2ql C=ql²
fE? θE?
q 4 3 4 A B E 4 3
0≤x≤a, EIy=7qa /24-qa x/3+qx /24 Rép. : fE =ql /3EI, θE =5ql /6EI

3 l l l
θA =-qa /6EI
A B a≤x≤3a (AB)
Exercice 2.10
a 2a a 4 3 2 2 3 4
EIy=5qa /8-4qa x/3+qa x -qax /3+qx /24 P=ql C=ql²
4
fA? θA?
fM? θA? fM=-qa /24EI
Exercice 2.5 q q
A B 4 3
Rép. : fA =25ql /384EI, θA =-7ql /48EI
l/2 l/2
fA? θA?
4 A (I) (2I) (3I) B
Rép. : fA=181qa /48EI, a a a
3
θA =-65qa /36EI
Déplacements des poutres fléchies 37 38 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exercice 2.11 Exercice 2.17 Exercice 2.18


D P P D
q
fE? θE?
4 3
E B Rép. : fE =-17ql /90EI, θE =13ql /72EI A B C A B
A a≤x≤l (EA) C
l 2l l l l l l l l
4 3 5
EIy=-17ql /90+13ql x/72+qx /120l
4 3 5 3 5
l≤x≤3l (AB), EIy=-17ql /90+13ql x/72+qx /120l-19ql(x-l) /72-q(x-1) /120l
f ?θ ?θ ? f ? θ ? θ ?
D D(g) D(d) D D(g) D(d)
3 2
Rép. : fD=-Pl /4EI, θD(g)=-Pl /4EI Rép. : fD =-Pl3/3EI, θD(g)=-Pl2/6EI,
Exercice 2.12
2
θD(d) = Pl /4EI θD(d) =Pl2/2EI
q C=2ql²
E A B F fE? θE? fF?
4 3
Exercice 2.19
l l l l
Rép. : fE =5ql /8EI, θE =-2ql /3EI, fF=0
Calculer les flèches provoquées par le moment fléchissant (seul) et
l'effort tranchant (seul) au milieu de la poutre de l'exemple d'application n°1
Exercice 2.13 et à l'ex-trémité libre de la poutre de l'exemple n°2 sachant que :

P = 5 t, q = 2 t/m, h = 50 cm, b = 30 cm, l = 5 m, ν = 0.2 et E = 105 Kg/cm2.


P P P
fE? θE? - Poutre bi-articulée avec une force concentrée en son
milieu. Rép. : fM (l/2)=0.417 cm ; fT(l/2)=0.012 cm.
E B avec : P = 3 t, a = 3 m
a a a 10 2 - Poutre console uniformément chargée (extrémité libre en x
a EIz = 2 10 Kgcm
= 0). Rép. : fM (0)=5.00 cm ; fT(0)=0.048 cm.
Exercice 2.14 Rép. : fE =1.35 cm, θE =-0.00675

Exercice 2.20
Traiter les exercices 2.2, 2.6 et 2.7 avec la méthode de la poutre conjuguée.
Une poutre-console de section rectangulaire (bh) en acier (E ; G) de
Chercher les déformées et les grandeurs indiquées des systèmes longueur l supporte à son extrémité libre une charge verticale P.
représentés ci-après en utilisant la méthode de la poutre conjuguée.
Déterminer l'équation de la déformée en tenant compte de l'influence de
l'ef-fort tranchant.

Exercice 2.15 Exercice 2.16 Calculer la flèche de l'extrémité libre sous l'action de l'effort tranchant seul.
P P C Comparer cette flèche à celle provoquée par le moment de flexion seul.

B A B P = 1 t, h = 5 cm, b = 3 cm, l = 1.5 m, E = 21 105 Kg/cm2, G = 8 105 Kg/cm2.


A E
3 2 3
M C y=Pl /3EI-Pl x/2EI+Px /6EI+κPl/GA-κPx/GA
l l l 2l/3 l/3 3
yM(0)=fM =Pl /3EI=17.14 cm
yT(0)=fT =κPl/GA=0.015 cm
fM? fC? fE? θE?
3 3
Rép. : fM =-Pl /12EI, fC =3Pl /4EI Rép. : fE = -2Cl2/81EI, θE=Cl/9EI
40 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Il est représenté par l'aire hachurée (hachures inclinées) du diagramme F-d


(Fi-gure 3.1b).

F F A
F1 F1

*
Chapitre 3 l dF dτ e dF
F c
b F
LE POTENTIEL INTERNE a
dτe
d δ B δ

ET SES APPLICATIONS δ1 δ dδ δ1
0
δ dδ δ1

F1

(a) (b) (c)

Figure 3.1
Remarque : Fdδ représente plus exactement le rectangle "abcd".
3.1 INTRODUCTION Autrement dit, le travail effectué par dF au cours du déplacement dδ, qui
est un infiniment petit d'ordre supérieur à 1, est négligé.
Dans ce chapitre seront examinées les relations qui existent entre les
sollicita-tions agissant sur un système et les déplacements qu'elles produisent. Le travail total effectué par la force F 1 au cours du déplacement δ1 est
obtenu par sommation des travaux élémentaires, c'est-à-dire :
Les systèmes considérés sont généralement plans (géométrie et
chargement) mais les développements théoriques s'appliquent à tous les (3.2)
systèmes, sauf préci-sion contraire. τe= ∫δ
0
1
Fdδ

Pour garder à la théorie toute sa généralité, tout en simplifiant autant que pos-
sible les notations, nous désignerons une sollicitation par F (sollicitation généra- Il est représenté par l'aire délimitée par la courbe F-δ et l'axe des δ jusqu'à δ1.
lisée), que ce soit une force P, un couple C ou une sollicitation globale F (F 1, F2, …, De même, on appelle travail complémentaire élémentaire du
Fn) et un déplacement par δ (déplacement généralisé), que ce soit une transla-tion λ déplacement δ au cours de l'accroissement de charge dF la quantité :
(déplacement linéaire) ou une rotation γ (déplacement angulaire). * (3.3)
dτ = δdF
e
3.2 TRAVAIL DES FORCES EXTERIEURES ET ENERGIE DE Le travail complémentaire total effectué par F 1, appliquée graduellement
DEFORMATION
de 0 à F1, au cours du déplacement δ1 est donné par :
3.2.1 Notions de travail et de travail complémentaire (3.4)
τ
*
e= ∫F δdF
1

Pour fixer les idées, nous considérons le cas d'une barre prismatique 0

soumise à une traction axiale F1 qui produit un allongement δ1 (Figure 3.1a). C'est l'aire à gauche de la courbe F-δ.
Nous supposons que la force F1 est appliquée graduellement, d'une manière
lente, de façon à ne produire aucune force d'inertie. Dans ces conditions, on dit 3.2.2 Énergie et énergie complémentaire de déformation
que le chargement (force F1 ici) est appliqué statiquement et le déplacement Considérons un corps soumis à des sollicitations extérieures. Sous l'action
engendré (ici un allongement) est relié à la force appliquée par une relation re- des charges extérieures, le corps se déforme et les efforts internes (contraintes)
présentée par le diagramme "F-δ" de la figure 3.1b.
effectuent un travail qui s'oppose au travail des sollicitations extérieures.
Soit F une valeur intermédiaire et δ l'allongement correspondant. A un ac- Ce travail interne, changé de signe, est désigné par énergie potentielle
croissement dF de la charge correspond un allongement supplémentaire dδ. Le de dé-formation (W) (-τi = W).
travail élémentaire produit par F au cours de l'accroissement dδ est défini par :

dτe = Fdδ (3.1)


Le potentiel interne et ses applications 41 42 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Isolons un élément dv = dxdydz du corps considéré. L'énergie Et pour la totalité du volume du corps :
(3.12)
élémentaire emmagasinée dans dv se calcule comme le travail effectué par
les forces agissant sur les faces de l'élément dv. Ainsi, le travail effectué
*

W = ε ij dσ ij dv
v
par la force élémentaire σx.dydz au cours de la variation dεx de la
On a aussi :
déformation εx, qui produit le déplace-ment dx = dεx.dx, vaut :
(3.13)
dW = σ x .dydz.dε x dx = σ x dε x dv (3.5) *
dW0 = εdσ et W0 =
*
∫σ 1
ε dσ
dx σ 0

σ1 * 3.3 TRAVAIL ET ENERGIE DANS LE DOMAINE ELASTIQUE


dy LINEAIRE

σx dW0
a) Travail d'une force

dW0 Revenons au cas de la traction d'une barre prismatique du paragraphe
σ
dz 3.2.1. Si la relation entre F et δ est linéaire, domaine d'application de la loi
ε de Hooke (et petits déplacements), c'est-à-dire quand on a à tout moment
dx(1+dεx) ε dε ε1 du chargement la relation (Figure 3.1c) :
(a) Figure 3.2 (b) F = kδ (k = constante)

le travail total devient :


1
En considérant toutes les composantes des contraintes et en utilisant la
nota-tion indicielle, on obtient pour l'élément dv :
τe= ∫δ 1
kδ dδ = kδ 1
2

0 2
dW = σ ij d ε ij dv (3.6)
et comme : F1 = kδ1 , il vient :
τ = 1F δ (3.14)
L'énergie emmagasinée dans tout la volume du corps (v) vaut :
e 2 1 1
(3.7)

W = σ ij dε ij dv
v
Le travail total est représenté par l'aire du triangle OAB (Figure 3.1c).
*
Considérons un diagramme contrainte-déformation unidirectionnel Remarquons que dans le cas de l'élasticité linéaire, on a : τ e = τ e .
(unidi-mensionnel) (Figure 3.2b).
b) Généralisation
On a :
Si un système en équilibre est soumis à une sollicitation globale F (F1,
dW0 = σdε (3.8) F2,… Fi,…,Fn) et que les points d'application de ces forces subissent des
déplacements, dont les projections sur les directions de ces mêmes
Cette quantité a l'unité d'une énergie par unité de volume. L'intégrale :
sollicitations valent δ1, δ2,…, δn, le travail effectué au cours du chargement du
(3.9) système (passage de l'état d'équilibre initial à l'état d'équilibre final), vaut :
W0 = ∫ε 0
1
σdε
n
1 Fδ
τe = ∑ i i (3.15)
est appelée densité de l'énergie de déformation et est représentée par l'aire 2 i=1
com-prise entre la courbe σ-ε et l'axe des ε. Remarquons qu'on a :
Il faut rappeler qu'on suppose que :

W = dW dv
v
0
(3.10)
- le chargement est statique (les mises en charge sont lentes),
- le matériau a un comportement élastique linéaire (loi de Hooke vérifiée),
De même, l'énergie complémentaire élémentaire produite par un - les déplacements n'affectent pas l'action des charges (hypothèse des
accroise-ment dσij des contraintes au cours des déplacements produits par petits déplacements, pas d'effets du second ordre).
les déforma-tions εij correspondantes vaut :
* ij ij
dW = ε dσ dv (3.11)
Le potentiel interne et ses applications 43 44 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

c) Travail des réactions 3.4 PRINCIPE DE LA CONSERVATION DE L'ENERGIE

Si les appuis sont indéformables, le travail fourni par les réactions au De manière générale, quand un corps est soumis à des charges
cours de la déformation du système est nul puisque le déplacement d'un extérieures, ces charges effectuent un travail extérieur qui se transforme en
appui double ou d'un encastrement dans le sens de la réaction est nul et énergie poten-tielle interne (qui déforme le corps), en énergie cinétique et
que le déplacement d'un appui simple est perpendiculaire à la réaction. en chaleur qui se dissipe lors des frottements.
Dans le cas d'appuis élastiques, les relations (3.14) et (3.15) restent Supposons maintenant que :
valables pour les réactions. a) les charges extérieures sont appliquées statiquement (pas d'énergie cinétique),
b) les frottements dans le corps sont nuls (pas de dissipation d'énergie sous
d) Énergie potentielle de déformation forme de chaleur) c'est-à-dire que le corps considéré est parfaitement élastique,
Dans le domaine élastique linéaire, la relation contrainte-déformation c) les frottements dans les appuis sont nuls (pas de dissipation d'énergie),
(σij-εij) est linéaire et comme dans le travail, le facteur 1/2 apparaît dans alors tout le travail extérieur se transforme en énergie potentielle de
l'expression de l'énergie (Figure 3.3). déformation, c'est-à-dire qu'on a :
Ainsi, le travail fait par la force σxdydz au cours de la déformation εx qui pro- (3.19a)
τe=W
voque une variation de longueur dx = εxdx est :
dW 1 σ x dydzε x dx = 1 σ x ε x dv (3.16) Dans ce cas, on dit que le système (corps + appuis + charges) est
= conservatif et le travail, ou l'énergie de déformation, puisque τe = W, ne dépend
2 2 pas de l'or-dre dans lequel les forces sont appliquées mais uniquement de leur
Pour toutes les contraintes agissant sur dv en aura (en notation indicielle) intensité finale. Dans le cas contraire, c'est-à-dire si le travail dépendait de
l'ordre d'appli-cation des forces, on pourrait le charger d'une certaine manière et
dW 1 σ ij .ε ij dv (3.17) le décharger d'une autre manière de façon à réaliser un gain. Après plusieurs
= cycles, l'énergie ainsi gagnée ferait exploser le corps, ce qui est absurde.
2
et Si les charges cessent d'agir, l'énergie emmagasinée dans le corps lors
1 σ ε dv du chargement sera restituée sous forme de travail qui va ramener le corps
W
=
∫ ij ij
(3.18)
à son état initial.
2 v
En plus des hypothèses a), b) et c) ci-dessus nous admettrons dans ce
* qui suit que :
Remarque : Dans le cadre de l'élasticité linéaire on a : W = W .
d) le matériau vérifie la loi de Hooke (matériau élastique linéaire),
e) les déplacements sont suffisamment petits et n'affectent pas l'action des
σ
dx char-ges (pas d'effets du second ordre).
Il arrive quelquefois que le système, dans son état initial, c'est-à-dire avant
σx
σx toute application de charges, soit déjà assujetti à des efforts internes et des dé-
dy formations élastiques. C'est le cas notamment des systèmes hyperstatiques
dont les appuis subissent des déplacements (appuis non concordants), des
systèmes hyperstatiques soumis à des effets thermiques, au phénomène de
dx(1+εx) ε
retrait dans les structures en béton, des effets des défauts de montage, etc.
(a) (b)
Dans un cas pareil, le système possède déjà à l'état initial une énergie élasti-que
Figure 3.3
(Wi) emprisonnée dans le corps et qui ne peut se libérer que dans des condi-tions
particulières. Les efforts et les déformations qui seront produits par les forces
extérieures vont s'ajouter aux efforts et aux déformations existants. Dans ce cas,
l'énergie de déformation est égale au travail des forces extérieures qui se transforme
en énergie élastique interne plus l'énergie élastique initiale, d'où :

τ e + Wi = W (3.19b)

Les résultats (3.19) sont parfois désignés par théorème de Clapeyron .


Le potentiel interne et ses applications 45 46 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

3.5 TRAVAIL DE DEFORMATION DES SOLLICITATIONS SIMPLES b) Moment fléchissant


DANS LE CAS DES POUTRES
Nous allons calculer séparément le travail de déformation (énergie de défor-
dx
mation) en fonction des efforts N, M, T et M t dans une poutre (droite ou courbe) R dϕ
de longueur l. Considérons un tronçon de poutre dx (ds) suffisamment petit pour
z
pouvoir admettre que les efforts ne varient pas sur dx.
M M dA
a) Effort normal Mzy
σx =
dx y Iz
N N z
dx+ dx (a) (b) y

dA N Figure 3.5
σx =
dx A Considérons la couche dAdx. Sous l'effet des contraintes de flexion, la
dx+ dx couche subit une variation de longueur : dx = εxdx = (σx/E)dx. Compte tenu
(a) y (b) de la rela-tion de Navier, il vient :
σ = Mz y ⇒ dx = Mz y dx
Figure 3.4 x
Iz EIz
Sous l'effet des contraintes d'effort normal, le tronçon dx subit une
L'énergie emmagasinée dans la couche dAdx vaut :
variation de longueur dx définie par :
dx σx 12
1 M zy M z y 1 M z 2 y2
= ε x ⇒ dx = ε x dx = dx
d W = 2 (σ x dA) dx = 2 ( I dA) EI dx = 2 EI 2 dAdx
dx E z z z

Comme dans le cas de l'effort normal on a σx = N/A, il vient : En intégrant sur la surface on obtient l'énergie emmagasinée dans le
dx = (N/EA)dx tronçon dx :
dx M 1 M 2dx M 2

L'énergie emmagasinée dans le couche dA.dx se calcule comme le travail ef- ∫ 2 y2 ∫ y2 dA


dW dA dx
z z z

2 2
fectué par la force σx.dA au cours du déplacement dx, d'où : = 2 = 2 =
2 2 A
d W 1 (σ x dA) dx 1 ( N dA) N dx 1 N dAdx
A
EIz EIz 2EIz
= =
= 2 D'où l'énergie de déformation de la poutre, qui se calcule par intégration
2 2 A EA 2 EA sur l :
2
Remarque : La notation d W est utilisée pour désigner une quantité plus W 1 2 dx (3.21a)
petite que l'énergie élémentaire. = ∫ Mz
2 l EI
L'énergie élémentaire emmagasinée dans le tronçon dx s'obtient par z
intégra-tion sur l'aire A de la section : Dans le cas d'une flexion gauche, on a une relation similaire à (3.21a)
dx 2 1 N 2dx N 2 pour chaque moment fléchissant et pour les deux moments on aura :
dW
∫ N
2dA
∫ dA dx 2
2 W 1 + M y2 )dx (3.21b)
= 2
A EA
= 2 EA =
A 2EA =
∫( M z
2 l
EIz EI y
Et pour la totalité de la poutre :
W 1 dx (3.20)
= ∫N 2
c) Effort tranchant
D'après la relation (2.12) du chapitre 2, l'énergie emmagasinée dans un
2 l EA
tron-çon dx soumis à un effort tranchant Ty vaut :
Le potentiel interne et ses applications 47 48 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

κ T2
dW = y y dx σ y
2GA τyx
γxy
Et pour toute la poutre : τyz
τzy σx σx σx dy τxy

1
W=2 ∫l κ GAyTy2 dx τzx τxz
τxy
σz dx+ dx τyx γxydx
Si la poutre est soumise à Ty et Tz on aura : (a) (b) dx
1 κ T 2 κz
y y
T2 Figure 3.7 (c)
W= ∫( )dx
z
+
2 l GA GA Le travail de déformation de la force σxdydz au cours du déplacement dx =
d) Moment de torsion
εxdx (Figure 3.7b) vaut :
L'angle dont tourne l'une par dW = 1 (σ x dydz )ε x dx = 1 σ x ε x dxdydz
dϕt
rapport à l'autre les sections extrê- Mt Mt 2 2
mes du tronçon dx soumis à un
moment de torsion Mt est donné par Pour l'ensemble des trois contraintes normales, on applique le résultat
(Figure 3.6) : dx
(3.15), d'où :
1
dϕ t =qMt dx Figure 3.6 dW = (σ x ε x + σ y ε y + σ z ε z )dxdydz
GI P
où εx, εy et εz sont les déformations longitudinales et peuvent être exprimées en
où :
fonction des contraintes normales à partir de la loi de Hooke généralisée.
- q est une constante dépendant de la forme et des dimensions de la
2 4 Les déformations provoquées par les contraintes normales et
section, ap-pelée coefficient de torsion (q ≈ 40Ip /A ). Ce facteur vaut 1 tangentielles étant indépendantes, si outre les contraintes normales il y a
pour la section circu-laire et est supérieur à 1 pour les autres cas. des contraintes tan-gentielles, il suffit d'ajouter leur effet.
- la quantité C = GI p/q est désignée par rigidité à la torsion (ou rigidité
torsion-nelle). Le travail de la force τxydydz lors du déplacement γxydx (Figure 3.7c) vaut :
L'énergie emmagasinée dans le tronçon dx se calcule comme le travail dW 1 (τ xy dydz )γ dx = 1 τ xy γ
xy xy dxdydz
effec-tué par Mt lors du déplacement dϕt : =
1 2 2 2
qM
dW = M t dϕ t = dx t
En présence de toutes les contraintes, il vient :
2 2GI P dW 1(σ ε + ε + ε + γ + τ γ + τ γ )dxdydz (3.24)
Et pour l'ensemble de la poutre : = σ σ τ
W = 1 qM 2 dx (3.23) 2 x x y y z z xy xy yz yz zx zx
∫ t
L'énergie potentielle de déformation de tout le corps s'obtient par
2 l GI P sommation sur le volume entier :
W 1 (3.25)
3.6 EXPRESSION GENERALE DE L'ENERGIE POTENTIELLE DE
=
∫(σ x ε x + σ y ε y + σ z ε z + τ xy γ xy + τ yz γ yz + τ zx γ zx )dv
DEFORMATION 2 v

Isolons à l'intérieur d'un corps élastique un élément dv = dxdydz L'expression de W peut être exprimée en fonction des contraintes seulement
suffisam-ment petit pour pouvoir admettre que les contraintes ne varient ou des déformations uniquement en utilisant les expressions des contraintes en
pas sur les facet-tes de l'élément. fonction des déformations données par la loi de Hooke généralisée.
Calculons l'énergie emmagasinée dans l'élément dv lorsqu'il est soumis Dans le cas d'une poutre soumise aux sollicitations N, M, T et M t, l'expression de
à l'en-semble des contraintes (Figure 3.7a). W s'obtient en ajoutant les expressions (3.20), (3.21), (3.22) et (3.23) :
Le potentiel interne et ses applications 49 50 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
W=1 2 dx + 1 2 dx + 1 κT 2 dx + 1 qMt2 dx (3.26)
∫M ∫N ∫ ∫ De manière plus générale, si un système supportant la sollicitation F (F 1,
2 l EI 2 l EA 2 l GA 2 l GI P F2,…, Fn), subit un déplacement virtuel qui impose à chaque force (F i) un
dépla-cement (δi) suivant sa direction, le travail virtuel total effectué au
Notons que cette dernière expression ne découle pas de l'application du cours du dé-placement virtuel s'écrit :
prin-cipe de superposition, qui n'est pas applicable puisque l'énergie n'est n
τ =
pas reliée linéairement aux sollicitations. La relation (3.26) s'obtient par
sommation des contributions de chaque sollicitation du fait que le v ∑F δ i i
(3.27c)
i=1
déplacement provoqué par une des sollicitations ne provoque pas de travail
de la part des autres sollicitations (déplacements indépendants).
3.8 THEOREME DE CASTIGLIANO
Remarque : Si le système comporte "n" barres, la relation (3.26)
s'applique à chacune d'elles. 3.8.1 Première forme du théorème
Considérons un système élastique soumis à une sollicitation F (F 1, F2,
3.7 TRAVAIL VIRTUEL
…, Fn). Au cours de la mise en charge, le système se déforme et les points
Considérons une particule m soumise à une force F (Figure 3.8). d'application des forces subissent les déplacements δ1, δ2,…, δn (δi mesuré
Donnons à m un déplacement δ suivant la direction . suivant la direction de Fi).
L'énergie W emmagasinée dans le système au cours du chargement
F peut s'ex-primer en fonction des forces ou des déplacements de leur point
d'application (§ 3.5).
α P
δ W = W( F1 ,F2 ,..., Fn ) = W(δ 1 ,δ 2 ,..., δ n ) (a)
m
δ c
Donnons à la force Fi un accroisement dFi. Il s'ensuit une variation de
( ) l'éner-gie définie par la quantité (∂W/∂Fi)dFi et l'énergie totale, sous F (F 1,
(a) (b)
F2, …, Fn) et dFi, s'écrit :
Figure 3.8
W + ∂W dF (b)
i

Au cours du déplacement de la particule m, la force F effectue un travail ∂ Fi


égal, en valeur absolue, au produit de la composante de F agissant dans la Etant donné que le travail des forces ne dépend pas de l'ordre dans lequel el-les
direction par le déplacement δ. sont appliquées (§ 3.4), appliquons d'abord dF i ensuite la sollicitation globale
τ v = F cos α .δ (3.27a) F (F1, F2, …, Fn).

Ce travail, d'où le 1/2 a naturellement disparu car la force F avait déjà atteint La force infinitésimale dFi produit un déplacement dδi infinitésimal aussi,
si bien que le travail accompli peut être considéré comme un infiniment
sa valeur finale au moment de l'application du déplacement δ, est appelé travail
petit d'or-dre 2 qu'il est légitime de négliger : (1/2) dFidδi ≈ 0.
virtuel de F dans le déplacement virtuel δ. Si les sens du déplacement δ et de la
composante de F suivant la direction de δ sont concordants, le signe du travail Appliquons maintenant la sollicitation globale F (F1, F2, …, Fn). Le travail
est positif, dans le cas contraire il est négatif. τe accompli est égal à W (§ 3.4) : τe = W. En outre, la force dFi, dont le point
Considérons maintenant le système élastique simple de la figure 3.8b et d'ap-plication a subi un déplacement δi, produit un travail qui vaut dFiδi.
im-posons lui une déformation représentée par la courbe c. Au cours de la D'où le travail total :
déforma-tion, la force P, dont le point d'application se déplace de δ,
effectue un travail virtuel de la forme (3.27), avec α = 0 dans le cas présent. τ e + dFi δ i = W + dFi δ i (c)

τ v = P.δ (3.27b) En vertu du résultat (3.19), les expressions (b) et (c) sont égales, d'où :
∂W = δ i (3.28)
Précisons qu'on entend par déplacement virtuel tout petit déplacement
possi-ble. Petit par rapport aux dimensions du système, donc comparable ∂Fi
aux déplace-ments réels. Possible, c'est-à-dire compatible avec les liaisons
extérieures (ap-puis) et intérieures du corps. Peu importe la manière C'est la première forme du théorème de Castigliano, qui s'énonce
utilisée pour produire le déplacement virtuel. comme suit :
Le potentiel interne et ses applications 51 52 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Théorème : Dans un système élastique à appuis indéformables ( ), la


1 Exemple 2
dérivée de l'énergie de déformation par rapport à l'une des forces agissant Soit à calculer le déplacement du point d'application de la charge P (on
sur le sys-tème est égale à la projection sur la direction de cette force du sup-pose que la rigidité flexionnelle est constante).
déplacement élastique de son point d'application.
(1) Pour établir le résultat (3.28), nous avons appliqué dF i et on a admis que cet accrois- P
sent n'influençait aucunement les autres forces. En d'autres termes, nous avons supposé
Figure 3.10
que les forces F1, F2, …, Fn étaient indépendantes. Les réactions des appuis indéformables f
(appuis fixes) ayant un travail nul, même si elles étaient influencées par dF i cela ne chan- l
gerait rien. Par contre, il en va différemment avec des appuis élastiques dont les réactions
dépendent des forces appliquées (donc de dF i) et effectuent un travail. Pour que le résultat W= l κ 2 3 2
(3.28) reste applicable dans ce cas, il suffit de considérer les appuis élastiques comme ∫l (− Px )2 dx + ∫l (− P )2 dx = P l + κP l
faisant partie du système et de tenir compte de leur travail.
2EIz 0
2GA 0
6 EIz 2GA
Notons aussi que le résultat (3.28) reste valable si le corps possède une
éner-gie initiale ; elle apparaît dans (b) et (c) et se simplifie. D'où :

Exemples d'application
f = Pl 3
+ κPl
3EIz GA
Exemple 1
Exemple 3
Considérons une poutre bi-articulée de
P On veut calculer la rotation de l'extrémité B de la poutre ci-contre.
section constante chargée en son milieu par une force
concentrée P.
La flèche à mi-portée (f) s'obtient par l/2 l/2 C
γB
application directe du résultat (3.28) : A B Figure 3.11
f = ∂W/∂P Figure 3.9
Avec : W= 1 C x )2 dx + κ C )2 dx = C 2l + κC 2
W=1 2 dx +1 2
∫ Mz ∫ κTy dx
∫ (−l
∫ (−
l

2 2 l GA 2EI z 0 l 2GA 0l 6EI z 2GAl


l EIz
(P 2
( P (l − x)) dx] + (P 2 D'où :
W= 1 κ
[ ∫1/ 2
2
x) dx+ ∫l [ ∫1/ 2
2
) dx+ ∫l (− P ) dx] γ= ∂W = Cl + κC
2EI z 0 2 1/2 2 2GA 0 2 1/ 2 2
W = P2 l3 + κP2 l B
∂C 3EIz GAl

3.8.2 Deuxième forme du théorème


96EIz 8GA
Considérons à nouveau un corps élastique soumis à une sollicitation globale
D'où :
F (F1, F2,…, Fn), et désignons toujours par δ1, δ2,…, δn les déplacements
f= Pl
3 + κPl corres-pondants des forces (suivant leurs directions respectives).
Comme déjà signalé, l'énergie de déformation peut s'exprimer en fonction des
48EIz 4GA déplacements des points d'application des forces. Supposons qu'après avoir ap-

résultat déjà trouvé par une autre méthode (voir exemple d'application n°1 pliqué le sollicitation F (F 1, F2,…, Fn), on impose un incrément dδi au déplace-ment δi
du § 2.6). du point d'application de la force Fi. L'énergie totale s'exprime par :

W + ∂W dδ i (d)

∂δ i
Le potentiel interne et ses applications 53 54 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Considérons maintenant le travail total accompli lors du chargement F1, En vertu de la loi de Hooke on a :
F2,…, Fn et suite à l'application du déplacement dδi au point d'application de Fi. σ =εE=N/A⇒N=εEA
Il s'écrit :
comme ε = δ/l, il vient :
τ e + Fi .dδ i = W + Fi .dδ i (e)
N = δEA/l (c)
En égalant les expressions (d) et (e) on tire :
Et par particularisation : N1 = δ1EA/l1 avec : δ1 = δcosα et l1 = l/cos α, d'où :
∂W = F (3.29) 2
i
N1 = (δEA cos α)/l
∂δ i
ème
En remplaçant dans l'équation (b) N1 et N par leur expression, on obtient :
C'est la 2 forme du théorème de Castigliano, qu'on appelle parfois
W 2 3 (d)
1er théorème de Castigliano ou théorème inverse de Castigliano. EAδ (1+ 2 cos α )
=
Remarque : Contrairement à la 1 ère forme, la 2ème forme reste valable même si 2l
les déplacements ne sont pas fonctions linéaires homogènes des forces.
Puis, d'après l'équation (a), il vient :
Théorème : La dérivée de l'énergie de déformation, exprimée en fonction des 3
EAδ(1+2 cos α/l)=P
déplacements des points sur lesquels agissent des forces extérieures, par rapport
3
à un de ces déplacements, est égale à la force correspondante, calculée et en vertu de (c), on obtient : N(1+2 cos α)=P
suivant la direction du déplacement. D'où :
P
Exemple d'application N=
Le système hyperstatique ci- B C D 3
1+ 2 cos α
contre est constitué de trois barres α α L'effort N connu, le système devient isostatique et pour calculer N 1 il
articulées et est soumis à une force suffit d'écrire une équation d'équilibre de translation ( ΣFx = 0 ou ΣFy =
verticale P. l 0).
On veut déterminer l'effort N dans 3.9 SIMPLIFICATION DE L'EXPRESSION DE L'ENERGIE
la barre verticale AC en appli-quant le POTENTIELLE
2ème théorème de Castiglia-no. Les A
barres sont du même maté-riau (E) et
L'expression (3.26) est rarement utilisée telle quelle et ce, même
Figure 3.12a P
de même section A. lorsque les quatre efforts existent simultanément. On peut presque toujours
négliger l'in-fluence de certains termes.
∂W
Le théorème s'écrit : =P (a) On peut se limiter, avec une bonne approximation, aux termes donnés
∂δ par les sollicitations prépondérantes, c'est-à-dire :
où δ est le déplacement vertical du point - M pour les structures planes formées de poutres,
α α - N pour les poutres en treillis articulés,
d'applica-tion de la force P et représente A
l'allongement de la barre verticale AC. Les - M et N pour les arcs plans,
barres étant articulées, on a : δ1 α δ2 - M et Mt pour les structures spatiales constituées de poutres.
W 1 NAB2lAB + 1 N2AClAC + 1 N2ADlAD (b) δ
=
2EA 2EA 2EA
Par raison de symétrie on a : NAB = NAD = N1.
Posons aussi NAC = N.(de même que δ1=δ2).
De plus, lAC = l et lAB= lAD = l/cosα. Figure 3.12b

La relation entre les allongements des barres verticale et inclinées (Figure


3.12b) s'écrit : δ1=δcosα
Le potentiel interne et ses applications 55 56 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

3.10 UTILISATION D'UNE SOLLICITATION AUXILIAIRE 3.11 SUPERPOSITION DES EFFETS


Le théorème de Castigliano permet de calculer le déplacement du point de
Lorsque les conditions a, b, c, d et e du § 3.4 sont satisfaites, l'effet total
la structure confondu avec le point d'application d'une force concentrée (P ou (dé-placement final), sous la sollicitation complète, est égal à la somme des
C). Pour calculer le déplacement d'un point quelconque du système projeté sur effets de chacune des composantes de la sollicitation totale.
une direction quelconque, on applique au point considéré, dans la direction
considé-rée, une force auxiliaire (fictive) qu'on annule à la fin des calculs.
3.11.1 Coefficients d'influence des déplacements
Exemples d'application Soit δij le déplacement de la section i suivant la direction i sous l'action de la
Exemple 1 q u
sollicitation Fj, agissant en j suivant la direction j. Appelons δ ij le déplacement
Soit à calculer le déplace- C x de la section i (suivant la direction i) sous l'effet d'une sollicitation unitaire
ap-pliquée en j (suivant la direction j).
ment angulaire de l'extrémité
libre d'une poutre console de A En vertu de la proportionnalité entre les causes et les effets, on peut écrire :
l
section constante soumise à
une charge répartie uniforme δ ij = δ u.F j (3.30)
Figure 3.13 ij
(Figure 3.13). L'influence de T
étant négligeable, on ne tient compte que de M. Sous l'action de la sollicitation complète F (F 1, F2,… Fj,…, Fn), le
déplace-ment total de la section i (dans la direction i) noté δiF sera égal à :
Pour calculer la rotation demandée, on applique un couple auxiliaire C
en A afin de pouvoir utiliser le théorème de Castigliano. δ iF = δ i 1 + δ i 2 + ...+δ ij + ...+δ in

γ A = ∂W
C=0
et en vertu de (3.30) il vient :
∂C l
l
qx
2 2
Cql
3 2
q l
5
δ iF = δ u F + δ u F + ...+ δ u F + ...+δ u F (3.31a)
1 2 1 1 2
i1 1 i2 2 ij j in n
n
W= M dx = −(C + ) dx = (C l+ + )

2EI ∫ 0 2EI ∫ 0
2 2 EI 3 20 ou encore : δ iF = ∑δ iju . Fj (3.31b)
j=1
3 3
∂W 1 ql ∂W ql
= 2Cl + d'où : γ A= C=0 = u
∂C ∂C 6EI Les coefficients δ ij sont appelés coefficients d'influence des déplacements.
2EI 3

Exemple 2 3.11.2 Coefficients d'influence des sollicitations


On désire connaître la rotation de l'extrémité A d’une poutre bi-articulée Si nous particularisons la relation (3.31a) à chaque section correspondant à
soumise à une force concentrée P (Figure 3.14). un point d'application d'une force, nous obtenons un système de n équations :
u u u u
C P δ =δ F + δ F + ...+δ F + ...+δ F
A B 1F 11 1 12 2 1j j 1n n
..................................................
Figure 3.14 δ iF = δ u F + δ u F +...+δ u F j + ...+δ u F (3.32)
a b i1 1 i2 2 ij in n

l ..................................................
u u u u
δ nF = δ F + δ F + ...+δ F j + ...+δ F
n1 1 n2 2 nj nn n
W= 1 1
∫ a
(R A
2
x − C ) dx + ∫ ( R A x − C − P( x − a ))
l 2
dx Si on considère F1, F2, …, Fn comme les inconnues on peut les déduire
en ré-solvant le système ci-dessus, et on obtient :
2EI 0 2EI a

avec : RA = (Pb+C)/l, alors : γ A =∂W = − Pab ( a + 2b )


C=
0 F1 = F11 δ 1 + F12 δ 2 + ...+ F1 j δ j + ...+ F1n δ n
∂C 6EIl
.................................................
Fi = Fi 1 δ 1 + Fi 2 δ 2 + ...+ Fij δ j + ...+ Fin δ n (3.33)
Le signe "-" indique que la section tourne dans le sens contraire du
.................................................
couple auxiliaire C.
Fn = Fn 1 δ 1 + Fn2 δ 2 + ...+ Fnj δ j + ...+ Fnn δ n
Le potentiel interne et ses applications 57 58 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Les δi de ce dernier système sont en fait les δiF du système (3.32). Exemples d'application
Exemple 1 P
Les coefficients Fij s'appellent coefficients d'influence des forces. Le C
coeffi-cient Fij représente la sollicitation (par unité de déplacement) qu'on Calculons la flèche au milieu C de
doit appli-quer en i pour avoir un "déplacement unité" en j. l/2 l/2
la poutre représentée à la figure 3.15 (EI constante).
3.12 METHODE DE MOHR POUR LE CALCUL DES DEPLACEMENTS
l Mm 1 l
δc = ∫ dx= ∫Mmdx. G2 Pl
3.12.1 Cas général 0 EIl/2 EI 0 l M G1
t = 1 [∫ (−Px)(0)dx+ ∫ (−Px)( l −x)dx] 1 l/2
Soient MiF, NiF, TiF et MiF les efforts produits dans la section courante i EI 0 l/2 2
par la sollicitation globale F (F1, F2, …, Fn). ∫
= − 1 l Px.( l −x)dx
t Soit : EI l/2 2 m m
1 =0
Désignons par mij, nij, tij et mij les efforts apparaissant dans la section i sous 3
δ = 5Pl
l'action d'une sollicitation unitaire appliquée en j, suivant la direction j.
c
48EI Figure 3.15
Introdui-sons en j, suivant j, une sollicitation fictive ƒj.
Exemple 2
Sous l'action de F et ƒj, on a par superposition des effets :
M =M + f j .mij
i iF On cherche la rotation de l'extrémi-
Ni = NiF + ƒ j .nij P
té A de la poutre ci-contre (EI cons- B
Tit = Tt iF + ƒ j .tijt tante). A
M =M + ƒ .m
i iF j ij l/2 l/2
1 l 1 l/2 Px x
[
L'énergie potentielle s'exprime alors par (cas d'une pièce longue) :
1 l ( M iF + ƒ m )2 1 l ( N iF + ƒ n )2
γ A = EI 0 Mmdx. =EI 0 2 ∫ (1−
l
)dx+

W=
∫ j ij
dx + j ij

dx +
+ ∫l
P (l − x )(1 − x )dx] M

l/2 2 l
2 0 EI 2 0 EA (3.34)
Soit : Pl/4
1 l (T +ƒ t )2 1 l (M
t
+ ƒ mt )2
+ ∫ κ iF j ij
dx + ∫ q iF j ij
dx γ A = Pl 2 m
2 0 GA 2 0
GIP
16EI m1=1/2
Pour obtenir le déplacement en j (suivant la direction j), on dérive W par 1
rap-port à fj puis on pose fj = 0 (puisqu'il s'agit d'une sollicitation auxiliaire),
on ob-tient : Figure 3.16
lM m lN n l Tt l t t 3.12.2 Particularisation de la formule
M m
δ = de Mohr
jF ∫ dx + ∫ dx + ∫ κ dx + ∫ q dx (3.35)
iF ij iF ij iF ij iF ij

0 EI 0 EA 0 GA 0
GIP a) Systèmes à âme pleine : méthode de Verechtchagine
Dans ce cas, les déformations dues au moment fléchissant sont
généralement prépondérantes et les déformations provoquées par les
autres efforts, T notam-ment, peuvent être négligées. On peut donc
calculer avec une bonne approxima-tion les déplacements par l'intégrale :
l 1 (i)
δ =
jF ∫ MiF mij dx
0 EI
Remarque : Lorsque la fonction MiFmij/EI n'est pas intégrable analytique-
ment, on remplace l'intégrale ( ∫ ) par une sommation de différences finies (Σ).
Le potentiel interne et ses applications 59 60 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

a.1 Cas des pièces droites Si on pose Ω = aire du diagramme du moment fléchissant sous les
Pour calculer l'intégrale (i) on peut ds = M sollicita-tions externes et m1 la valeur du diagramme "unitaire" au droit du
centre de gra-vité de Ω, alors :
utiliser une méthode grapho- EI
dx

analytique. La fonction m, du moment


G
M
δ = l Ω .m (3.37b)
fléchissant dû à une sollicitation uni- EI jF EI 1
taire, est linéaire. Cette linéarité du
diagramme m peut être caractérisée x dx Remarque : Si le diagramme linéaire m change de pente, on travaille par in-
par la pente α qu'il fait avec l'axe xG m tervalle, puisque les résultats (3.36) et (3.37) ont été établis pour α constant.
horizontal (Figure 3.17). α m1
Exemples d'application
On démontre que : m x

l Mm M l Exemple 1 (Figure 3.15)


dx = m1. Surface de = m1.S On a :
∫0 E EI Figure 3.17
I δ = 1 Ω .m = 1 Ω .m' +
1 Ω .m"
où m1 est la valeur du moment fléchis- C EI 1 EI 1 1 EI 2 1

sant m calculée au droit du centre de avec :


gravité de l'aire M/EI.
On a : Ω=Ω1+Ω2
=1 l Pl + 1 l ( Pl + Pl ) = Pl2 + 3Pl2

∫l Mm dx = ∫ mds, avec ds = M dx, S = aire de M


- Pour 0 ≤ x ≤ l on a : m = 0
22 2 22 2 8 8
0 EI S EI EI
mais : m = xtgα, alors : 2
- Pour l ≤ x ≤ l on a : m = −1( x − l ) =l − x
Mm dx =
∫ l ∫ tgα xds = tgα ∫ xds Il vient :
2 2 2

0 EI S S
δ = 1 Ω .m" = 1
3Pl
2 5l soit : δ = 5Pl3
comme :
C
EI 2 1 8 18 C
48EI
∫ xds ∫ xds ∫S
EI

S
Exemple 2 (Figure 3.16)
xG = S
= S
⇒ xds = S.xG 2
∫ ds
S
On a : Ω = Pl /8 et m = 1 - x/l
D'où :
donc :
l
γ = 1 Ω .m = 1 Pl2 1 =
Pl
2
Mm or : xG tgα = m1
∫0 EI dx = S.tgα . xG
A EI 1 EI 8 2 16EI
alors on a bien : b) Systèmes en treillis articulés (chargés indirectement)
l Mm (3.36) Les barres du système étant rectilignes, chacune d'elles est
∫ EI dx = m1 .S soumise à un ef-fort normal uniquement, de plus cet effort est
0
constant (voir § 6.5). On a donc pour chaque barre :
a.2 Pièces droites prismatiques
l N n l dx
La section étant constante, EI peut être sorti de sous le signe intégrale.
∫ iF ij dx = NiF nij ∫
0 EA 0 EA
δ = l (3.37a)
jF ∫lMiF mijdx
EI 0
Le potentiel interne et ses applications 61 62 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Si la rigidité extentionnelle (EA) est constante, on aura :


dx = N n l
N iF nij ∫l iF ij Exemple d'application
0 EA EA On cherche la flèche en C de la structure représentée à la figure (3.18).
On suppose que EA est identique pour toutes les barres.
Pour une structure comportant a barres, la formule de Mohr s'écrit :
k =a N n l Pour l'application numérique on prendra : EA = 31510 5 kg, l = 3 m et P = 30 t.
δ = kF kj k
jF ∑ E A
(3.38)
k =1 k k Barre k EkAk lk N n N nl
kF kj kF kj k
où :
1 32 −P 2/3 −2 2/3 4P 2/3
a- δjF = déplacement du nœud j dans la direction j sous la sollicitation
glo-bale F, 2 3 P/3 2/3 2P/3
b- NkF = effort normal dans la barre k sous l'action de F, c- nkj = effort 3 3 P/3 2/3 2P/3
normal dans la barre k sous l'action d'une sollicitation unitaire d-
appliquée en j suivant j, 4 3 2P/3 1/3 2P/3
e- Ek = module d'élasticité de la barre k,
5 32 −P 2/3 2/3 −2P 2 /3
f- Ωk = aire de la section de la barre k,
lk = longueur de la barre k. 6 3 -P/3 -2/3 2P/3
P
6 7 3 0 0 0
5 7 8
8 32 −2P 2 /3 − 2/3 4P 2/3
1
l 3
4 9 B
9 3 2P/3 1/3 2P/3
A 2
C
Les résultats des calculs sont regroupés dans le tableau ci-dessus. Le
l l = 3m l
dépla-cement demandé s'obtient en divisant la somme de la dernière
colonne par la valeur de EA.
Figure 3.18
k =9 k =9

∑ = 1 ∑NkF nkj l =
N n l
kF kj k P(6 2 +10) ≈ 6 mm
g- δ CF = k
E A EA k =1 3EA
k =1 k k

3.13 DEPLACEMENT PRODUIT PAR UNE SOLLICITATION


UNITAIRE
u
Désignons par δ jk le déplacement de la section j dans la direction j
produit par une sollicitation unité agissant en k suivant la direction k.
h- Par particularisation de l'expression générale (3.35) nous
obtenons :
l t t l t t
lm m ln n m m
u
i- δ jk = ∫ ik ij
dx + ∫ ik ij
dx + ∫ κ ik ij
dx + ∫ q ik ij
dx
0 EI 0 EA 0 GA 0
GI P
(3.39)
3.14 THEOREME DE BETTI-MAXWELL
Le théorème de Betti-Maxwell se déduit de l'expression (3.39). On
remarque en effet que l'expression n'est pas modifiée si on permutait les
indices j et k, c'est-à-dire :
Le potentiel interne et ses applications 63 64 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

u u (3.40) k- • (m ,n ij ,t ij ,mt ) les efforts dans la section i du système hyperstati-


δ =δ
jk kj ij ij
que
Théorème : Le déplacement en j produit par une sollicitation unitaire l- sous l'action d'une sollicitation unitaire appliquée
agis-sant en k est égal au déplacement en k produit par la même en j.
sollicitation unitaire agissant en j. m- t
• ( MiF ,NiF ,TiF ,MiF ) les efforts dans la section i du système rendu
Illustration du théorème P F isostatique sous l'action de la sollicitation globale F.
t les efforts dans la section i du système rendu
Le sens physique de cet important théo-
rème, appelé parfois théorème sur la réci- δPP n- • (mij ,nij ,tij ,mij )
procité des déplacements, apparaît δPF o- isostatique sous l'action d'une sollicitation uni-
claire-ment sur l'exemple simple suivant. δFF taire
appliquée en j.
Soit donc le système élastique ci-contre. F
P Avec les notations ci-dessus, le théorème de Pasternak s'exprime sous
Appliquons d'abord une force P puis une
l'une des deux formes suivantes [obtenues à partir de (3.35)] :
force F. Le travail total est donné par : δFF l l l l t
N
W = 1 Pδ + 1 F δ + Pδ δFP M mij iF nij T tij Mt mij
δPP δ
∫ dx + ∫ dx + ∫κ dx + ∫ q dx (3.41)
iF iF iF

1 2 PP 2 FF PF jF =
0 EI 0 EA 0 GA 0 GIP
Appliquons maintenant F ensuite la Figure 3.19 ou
force P. t

W = 1 Fδ + 1 Pδ + F δ lM m N n T t M
l l l mt
δ
2 2 FF 2 PP FP
jF = ∫ iF ij
dx + ∫
iF ij
dx + ∫κ
iF ij
dx + ∫ q iF ij
dx (3.42)
0 EI 0 EA 0 GA 0 GI P
Comme la valeur finale du travail effectué ne dépend pas de l'ordre
dans le-quel les sollicitations ont été appliquées, on a : Démonstration

W1 = W2 ⇔ Pδ PF = Fδ FP (i) Nous raisonnerons sur une poutre continue reposant sur trois appuis et
sou-mise à une force P concentrée en k (Figure 3.20). Nous considérons
De manière générale P et F sont des "efforts généralisés" et δPF et δFP par ailleurs que le moment fléchissant est prépondérant. Il s'agit de calculer
des "déplacements généralisés". Par exemple, P une force et F un couple la flèche δjF de la section j.
et par conséquent δPF le déplacement vertical du point d'application de P
A δjK B P 1
provoqué par le couple F et δFP la rotation de la section d'application du PC
couple F sous l'effet de la force P.
j k
RB j
Le théorème de Betti-Maxwell se retrouve en faisant dans l'expression
a) Système hyperstatique c) Système rendu isostatique e) Sollicitation unitaire
(i) ci-dessus P = F = 1.

3.15 CALCUL DES DEPLACEMENTS DES SYSTEMES


HYPERSTATIQUES - THEOREME DE PASTERNAK
Dans le cas des systèmes hyperstatiques, les déplacements peuvent b) Diagramme MiF d) Diagramme M iF + M iR B f) Diagramme mij
être obte-nus en considérant dans chaque intégrale de la formule de Mohr
[(3.35) et (3.39)], pour l'un des deux éléments de réduction, les efforts Figure 3.20
correspondant au système rendu isostatique.
Désignons par : Le système (a) est équivalent au système (c) donc : MiF = MiF + MiRB
t Pour le système (c), qui est isostatique, on applique la formule de Mohr
j- •( MiF , NiF ,TiF , MiF ) les efforts dans la section courante i du
pour le calcul de δjF :
système hyperstatique sous l'action de la sollicitation globale F.
Le potentiel interne et ses applications 65 66 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

En effet, le déplacement relatif ne dépend que des éléments de réduction


δ jF = ∫l ( M iF + M iR B )mij
dx = ∫l M iF m ij
dx
agissant entre les points A et B, de sorte que les liaisons existant en dehors de ce
0 EI 0 EI tronçon ne jouent aucun rôle. Il est donc logique de considérer les liaisons les plus
On retrouve ainsi l'une des formes du théorème de Pasternak. Le théorème est simples, c'est-à-dire l'encastrement en A et une coupure complète en B (ex-trémité
particulièrement indiqué quand il y a plusieurs déplacements à calculer ; on cal-cule libre). C'est une application particulière du théorème précédent puisque le tronçon AB
une seule fois MiF et pour chaque déplacement on calcule mij en considérant (Figure 3.22) dont il est question ici peut être assimilé à une poutre

le système rendu isostatique, c’est-à-dire mij . bi-encastrée.

Exemple d'application 3.17 FORMULES DE BRESSE


Soit à calculer la flèche à mi-portée du Considérons deux sections quelconques A et B d'une poutre à plan moyen
système représenté ci-contre (EI constante). q
A chargée dans son plan. Connaissant les composantes du déplacement de A [U A
Appliquons une première fois le (translation selon x), VA (translation selon y), γA (rotation dans le plan xy)], ainsi
que les éléments de réduction courants, on se propose de calculer les
théorème de Castigliano pour calculer la
composan-tes du déplacement de B (Figure 3.23).
réaction R de l'appui A (Figure 3.21). l

δ A =∂W/∂R=0 q
y(v)
l l
δ = ( M ∂M l
∫ ∂M
A ∫ iF iF

dx = M
iF
iF

dx x ds
B(xB,yB)
B
1
Fx=1
0 EI ∂R EI 0 ∂R
∂MiF dx =
2 )xdx R Figure 3.21 γA i(x,y) ϕ Fy=1
EIδ A = ∫ l MiF ∫l ( Rx − qx A(xA,yA) x(u) UA
0 ∂R 0 2
EIδ = ( Rl3 − ql4 )=0⇒R= 3ql γ>0 VA
A
3 8 8
(a) (b)
Appliquons mintenant le théorème de Pasternak pour calculer la flèche δM en Figure 3.23
x = l/2.
En vertu du théorème complémentaire, le problème revient à calculer
δ M
=
EI
l
∫ 0
l M m dx
iF iM
les composantes du déplacement de l'extrémité libre B du tronçon AB dont
l'extrémi-té A subit les déplacements UA, VA et γA.
avec : Dans le calcul des composantes du déplacement de B, on peut distinguer
=3ql x −q 2 = 0 pour 0 ≤ x ≤ l = l − x pour l ≤ x ≤ l l'in-fluence des composantes UA, VA et γA et l'influence des charges.
M x et m ,m
iF iM iM
8 2 2 2 2 a) Contribution des composantes UA, VA et γA
1 l 3ql q l 4
ql • La translation de composantes UA et VA est reproduite intégralement
il vient : δ = ( x− x2 )( − x )dx =
M
EI ∫ l/2 8 2 2 192EI en tout point de AB donc :

Le résultat peut être retrouvé en utilisant une des méthodes du chapitre U A →U'B =UA
2, la méthode d'intégration directe par exemple en prenant pour la réaction V A →V'B =VA
de l'appui simple la valeur trouvée ci-dessus.
• La rotation γA est également reproduite sur toute la longueur AB, donc :
B
3.16 THEOREME COMPLEMENTAIRE γA →γ'B =γA
Théorème : Dans un système quelconque, le
De plus, la rotation d'ensemble γA est accompagnée d'une translation dont les
déplacement "relatif" d'un point B par rapport →
à un point A peut s'obtenir en appliquant la composantes sont les composantes d'un vecteur L défini par :
sollicitation unitaire à l'extrémité B du tronçon A
→ → → → →
isolé AB supposé encastré en A et libre en B. B
L = γ A z Λ AB avec : z(0,0,1) et AB ( xB − x A , yB − y A , 0 )
A

Figure 3.22
L e p o t e n t i e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a t i o n s6 68 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
7
D'où :
VB = VA + γ A( xB − xA )+ ∫B MiF( xB − x)
EI
ds+ ∫ B NiF sinϕ ds− ∫B κ TiF cosϕ ds
→ → → A A EA A GA
L=γA(yB−yA)x+γA(xB−xA)y M iF
Donc la rotation γA produit aussi : γB=γA+ A ∫ B
EI ds
U " B = − γ A ( y B − yA ) ou encore :
iF (yB −y) B N iF B T
V " B = γ A ( x B − xA ) U B = U A − γ A ( yB − y A )− ∫ B M ds + ∫ dx + ∫ κ
iF
dy
En résumé on a : A EI A EA A GA
B M iF ( x B − x ) iF B T
UA −γ ( yB − y A ) suivant x BN
A
VB = VA + γ A ( xB − x A )+ ∫ ds + ∫ dy − ∫ κ dx
iF
U

EI
A

V
⇒ VA+γ A ( xB − x A ) suivant y
A A EA A GA
A
M ds
γB =γA
γ
A
γ
A
+ ∫B iF

A EI
b) Contribution des charges
Si l'influence de N et de T est négligeable, les expressions ci-dessus se
Appliquons successivement les sollicitations unitaires C = 1, F x = 1 et Fy simpli-fient :
= 1 (Figure 3.23b).
• Les éléments de réduction dans la section courante i, sous l'action de
U B = U A − γ A ( yB − y A )− ∫B MiF ( yB − y ) ds
C = 1, sont : A EI
B MiF ( xB − x )
m = 1, n = 0 et t = 0 ; d'où : VB = VA + γ A ( xB − x A )+ ∫ ds
A EI
M iF
γ B= A ∫ B
EI ds M iF
γB=γA+ A ∫ B
EI ds
• Action de Fx = 1 : m = - (yB - y), n = cosϕ et t = sinϕ ; d'où :
(y −y) cosϕ B T sinϕ
B M iF B N Exemple d'application
UB =−∫ B
ds + ∫ iF
ds + ∫ κ ds
iF

A EI A EA A GA Déterminer les moments aux appuis de la poutre continue représentée


Remarquons que : ds.cosϕ = dx et ds.sinϕ = dy ; alors : à la fi-gure 3.24 sachant que l'appui (1) subit un affaissement de 5 mm.
iF 4 6 2
(yB −y) iF B T A.N. : I = 3 000 cm , E = 2 10 kg/cm .
B M B N
UB =−∫ ds + ∫ dx + ∫ κ dy
iF
Afin d'obtenir des résultats applicables dans le cas général, nous
A EI A EA A GA supposons que la poutre considérée est chargée. Nous admettrons par
• Action de Fy = 1 : m = (xB - x), n = cos(π/2 - ϕ) = sinϕ ailleurs que l'in-fluence de T peut être négligée.

et t = -sin(π/2 -ϕ) = - cosϕ ; d'où :


iF ( x B − x ) iF sinϕ B (0) (1) (2) (3) (4)
T cosϕ
B M B N
VB =∫ ds + ∫ ds − ∫ κ ds
iF

l1=5m l2=4m l3=4m l4=5m


A EI A EA A GA
ou encore : (i-1) (i)
iF (i+1) Figure 3.24
( xB −x) iF B T
B M B N
VB =∫ ds + ∫ dy − ∫ κ dx
iF

A EI A EA A GA li li+1

Les expressions finales de UB, VB et γB s'obtiennent par superposition Particularisons l'expression de VB ci-dessus à deux travées
des deux contributions examinées. successives d'une poutre continue droite. On obtient :
B B B B T sinϕ
M ( y − y) N cosϕ
UB = UA − γ A ( yB − yA )− ∫ ds + ∫ ds + ∫ κ ds
iF iF iF

A EI A EA A GA
Le potentiel interne et ses applications 69 70 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

V i − Vi − 1 = γ i −1li + ∫l i M iF ( l i − x ) dx où :
0 (EI) - Si représente l'aire du diagramme du moment des charges extérieures
i
V −V =γ l + l M (l −x) agis-sant sur la travée li supposée isostatique,
i+1 i i i+1 ∫ i+1 iF i +1
dx
- Zi est la distance de l'appui (i-1) au centre de gravité de l'aire S i,
0 (EI) Z i+1 représente la distance de l'appui (i+1) au centre de gravité de
i+1
l'aire Si+1. Avec les égalités ci-dessus l'équation (c) donne :
d'où : M l + M l + Ml +M l =
i−1 i i i i i+1 i + 1 i+1
V −V M iF ( l i − x ) dx (a)
i i−1 = γ i−1 + ∫l i
6 ( EI )i 3( EI )i 3( EI )i +1 6( EI )i+1
l
i 0
i
l (EI)
i 1 1 V−1 V SZ S Zi+1
l =−V + − + − +
i i+1 ii i+1

V +1 − V M iF ( l i +1 − x )
i i
=γi
+ ∫ i+ 1

dx (b)
i
l
i
l
i+1
l
i
l
i
+1
i
l ( EI )
i
l
i +1
(EI)
i+1
l i+1 0 l i + 1(EI)
i+1 C'est l'équation générale, dite des trois moments, qui permet de calculer
Puis, en faisant (a) - (b) et en remarquant que : les moments aux appuis des poutres continues ; elle s'applique pour
chaque appui intermédiaire. On verra dans le chapitre consacré aux
li M dx
γ i −1 − γ i = − ∫ iF poutres continues comment établir cette formule d'une autre manière.
0 (EI)
i
Si EI est constante sur toute la longueur de la poutre, l'expression
on obtient : précédente devient :
1 1 V V 1 l
i Mx
l
i+1 M 1 l
i+1 Mx M l + 2M (l + l )+ M l =
i −1 i i i i+1 i + 1 i+1
V + − i−1
+ i+1
=− iF
dx − iF
dx + iF
dx (c)
i
l l l l l ∫0 (EI) ∫0 (EI) l ∫0 (EI)
i i+1 i i +1 i i i +1 i+1 i+1 1 1 V V S Z S Zi+1
= -6EI V + − i− 1
+ i+1
−6 ii
+ i+l

Décomposons le moment final en la somme du moment des charges i


li
l l l l l
F i+1 i i+1 i i+1
agissant sur les travées supposées isostatiques (M ) et des moments aux
appuis (Mi) (Fi-gure 3.25). En particularisant l'équation trouvée au cas qui nous intéresse, pas de charges
extérieures et un seul déplacement d'appui, on trouve le système ci-après :
Si i Si+1 i+1
2 2
i-1 i i+1
i-1
18 M 1+4M = 8.1 tm
+
2
G1 G2 4M
1 +16M 2 + 4 M3 = −4.5 tm
Mi-1 Mi+1 Zi
M F
Zi+1
4M +18M3 = 0
Mi 2
On tire :
Figure 3.25
M1 = 0.55 tm, M2 = −0.44 tm, M3 = 0.10 tm ( M0 = M4 = 0 ) .
Supposons que EI est constante sur chaque travée.
1 M iF x 1 1 M i −1 + 2M i li2

l
∫ li

0(EI)
dx = −
l ( EI )
∫ 0
li
M iF xdx = −
l ( EI )
S Z
i i +
6
i i i i i i
l M 1 l 1 M+M
i+ 1 i+ 1
S + l
−∫ dx = −
iF i i+1

M iFdx = − i+1 i+1


0 (EI) +1 (EI) ∫0 (EI) 2
i i+ 1 i+1
1 MiF x dx = 1
∫l i+1 ∫l i+1
MiF xdx =
l 0 (EI) l (EI) +1 0
i+1 i +1 i +1 i
1 M +2M
S l 2
=− − Zi+1) +
i i+1
i +1 ( i +1 li +1
6
li +1( EI )i+1
Le potentiel interne et ses applications 71 72 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

3.18 EXERCICES
Exercice 3.6
q
Déterminer les expressions de la flèche et
Signes : Dans les réponses données, un déplacement vertical est positif de la rotation de l'extrémité libre. l/2 l/2
vers le bas, un déplacement horizontal est positif vers la droite et une 4 3
rotation est posi-tive si la section tourne dans le sens horlogique. Une Rép. : f = (41/384).(ql /EI) ; θ = (7/48)ql
réaction verticale est posi-tive si elle est dirigée vers le haut alors qu'une Exercice 3.7
réaction horizontale est positive si elle agit vers la droite. Un moment
fléchissant positif agit dans le sens horlogi-que.
Exercice 3.1 Calculer la flèche de l'extrémité C de
la poutre ci-contre, compte tenu de M et P=100Kg
Calculer la flèche à mi-portée, compte de T. Comparer les flèches provoquées A B C
P=1t
tenu de M (fM) et de T (fT). Comparer l'in- A B par les deux efforts. l a
fluence des deux efforts.
A. N. : Section rectangulaire (S=bh), h = 2m 2m A. N. : Section rectangulaire (S=bh),
5 2
5 2 l = 4 m, a = 1 m, h = l/12, b = 20 cm, ν = 0.2, E = 3 10 Kg/cm et κ = 1.2.
30 cm, b = 20 cm, ν = 0.15, E = 10 Kg/cm
et κ = 1.2. Rép. : fM = 9 mm ; fT = 0.18 mm
3 -3
Rép. : fM = Pl /48EI = 0.29 cm ; fT = κPl/4GS = 4.6 10 cm

Exercice 3.8 P=30t


4
Exercice 3.2 Calculer le déplacement ver- 3 5 8
Calculer la flèche de l'extrémité libre. P=200Kg tical du nœud C. Les barres du a 1
système ont toutes la même 7
Comparer les contributions de M et de T. 2m A2 B
rigidité extensionnelle ES. 6 9
A. N. : Utiliser les données de l'exercice
C
A. N: a = 3 m, ES = 315 105 Kg.
précédent. a a a
3 -3 Rép. : fC = 6 mm
Rép. : fM = Pl /3EI = 0.118 cm ; fT = kPl/GS = 1.1 10 cm

Calculer les grandeurs indiquées des systèmes ci-après. Quand elle


Exercice 3.3
A C B
n'est pas précisée, la rigidité flexionnelle est supposée constante.
Déterminer l'expression de la rotation
de l'appui B, compte tenu de M et de T. Exercice 3.9
l
Rép. : θB = Cl/3EI + κC/GSl
q=4t/m C=4tm
A C fD? θB?
D B 3
Rép. : fD = 16/EI tm ;
Exercice 3.4 a a a=2m 2
θB = 8/3EI tm
Déterminer la rotation de la section A de la poutre de l'exercice 1 en
considé-rant uniquement l'effort dominant.
2 -3 Exercice 3.10
Rép. : θA = Pl /16EI = 2.25 10

P P
Exercice 3.5 fA?
3
Calculer la flèche à mi-portée de la poutre de l'exercice 2 en considérant A Rép. : fA =31Pl /81EI
2l/3 l/3
uni-quement l'effort prépondérant.
3 -3
Rép. : f = 5Pl /48EI = 7.4 10 cm
Le potentiel interne et ses applications 73 74 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
Exercice 3.11 Exercice 3.12
Exercice 3.15
2a a P 2a a
Le système ci-contre, constitué de
B C
deux câbles (AB et AC), est soumis à
P
A
une force verticale P (les câbles sont de
P 30° 45° même nature et de même section).
a
A h=3m Déterminer les composantes hori-
2P zontale et verticale du déplacement du
6
point A (ES = 8 10 kg).
4a A P=1t V
Rép. : δ A = 0.0374 cm ;
4a H -3
δ A =-1.4 10 cm
Exercice 3.16

Calculer le déplacement du point A dans la di-


V H rection de la force P, du système ci-contre (les
δ A? δ A? θA? δVA? δHA? θA?
barres b et c sont dans un même plan horizontal).
V = 32Pa3 ; δ H = − 8Pa3 V = − 10Pa3 ; c
Rép. :δ Rép.: δ On négligera les effets directs de l'effort tran-
A 3EI A EI A EI chant. La section est circulaire de diamètre 2R, le
θ = − 6 Pa2 δ H = 59 Pa 3 ;θ = 13Pa2 module d'élasticité est E et le coefficient de Poisson P
ν. a A
A A A
EI 3EI 2EI b
Exercice 3.13 Exercice 3.14 Rép. :
H =P ( + + a2b + (a2 + b2 )c + cR2
δ
a3 b3
P D 2a A EI 3 3 1+ ν 4)
Exercice 3.17

2I
a La poutre courbe ci-contre
A P
a un rayon de courbure R, un
module d'élasticité E et un
moment d'inertie I (par rap- R
I I h
4a port à un axe perpendiculaire
à la fibre moyenne) constants. θ
H V H P
δ D? δ A? δA? θA? Elle est soumise à une force
horizontale P appliquée à son A
A B
extrémité libre A.
Calculer les composantes horizontale et verticale du déplacement du
l point A, compte tenu de M uniquement.
H 3 V = − 2PR3
Rép. : δ H = Ph 2 (2h + l ) Rép. : δ V = 6EIa3 ;δ H = − 35Pa3 Rép. : δ = − πPR ;δ
D
6EI EIA A
3EI
A 2EI A EI
θ = − 3Pa2
A
2EI
Le potentiel interne et ses applications 75 76 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exercice 3.18 Exercice 3.21


Une poutre console, de lon- RB?
gueur l et de section S=bh cons- A B 3Pa
C=Pl
tante, est chargée comme P Rép. : RB =
indiqué à la figure ci-contre. l a
1) déterminer les expressions de
la rotation et de la flèche de la P
l
poutre en utilisant la méthode d'in-
tégration directe, Exercice 3.22

2) calculer la rotation et la flèche de l'extrémité libre et préciser le sens P


de chacun des 2 déplacements, 1.25m

3) calculer la flèche de l'extrémité libre provoquée par l'effort tranchant seul, H


R A ?
4) calculer la rotation et la flèche de l'extrémité libre en utilisant le 1.25m
Rép. : RHA = 0.94P
théorème de Castigliano,
A B
Autres données : κ = 1.2, = 0.2 et l = 10h.
Rép. : 3.75m 3.75m
y' = 2 3
P (l − x ) ; y = P ( x − l ) ; f 3
= − Pl ; θ = Pl 2 ;
M M
2EI 6 EI 6EI 2EI
f = κPl ; f M = 69.4 Exercice 3.23 Exercice 3.24
q=2t/m P=2t P=10t
T
GS fT
Exercice 3.19 q=1t/m
A
2I I

Soit la poutre représentée à la figure P1 P2 P1


5m
ci-contre. I I
Déterminer le rapport entre P1 et P2 h=5m
pour que la flèche à mi-travée soit égale l l=2m l=2m l A F=5t
à celle de chaque extrémité. 2I
2m
Rép. : 22P1 = 5P2 B B

Déterminer les réactions demandées des systèmes ci-après. 4m 2m l=4m

Exercice 3.20
V H
RB? R A? R A?
∂MiF dx = l ( Rx − qx )xdx
2
q Rép. : R = 308. t Rép. : EIδ A = ∫ l MiF ∫
A RA? MB? B 0 ∂R 0 2
B = 3ql = − ql2
l Rép. : RA ;MB
8 8
78 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Considérons une structure isostatique (Figure 4.2a). Supprimons la liaison simple


v
en B et remplaçons-la par une réaction verticale ( R B ). La structure de-vient un
système libre (mécanisme) pouvant tourner autour de A. Le système de forces
v
constitué des charges appliquées et de la réaction R B doit empêcher la rotation
autour de A. Cette condition - équilibre de rotation autour de A - permet de calculer
v
Chapitre 4 RB , qui a une valeur particulière. On peut procéder de la même ma-
nière avec l’appui A et déterminer les composantes horizontale et verticale
de la réaction en A en exprimant l’équilibre de translation horizontale et
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES l’équilibre de rotation autour de B. Cet exemple montre que, s’agissant
d’une structure isostati-que, les conditions d’équilibre rendent les réactions
RELATIVES AUX SYSTÈMES déterminées et que ces der-nières ont des valeurs particulières.
HYPERSTATIQUES
A B B B
A A
(a) (b) (c)

Figure 4.2

4.1 INTRODUCTION Considérons maintenant le système de la figure 4.2b qui a été obtenu en
ajou-tant une liaison de moment à l’appui double afin d’empêcher toute rotation
On a vu que dans le cas des systèmes isostatiques, les composantes de de la section extrême A. La nouvelle structure a donc une liaison surabondante
réac-tion et les éléments de réduction dans n'importe quelle section se calculent par rapport à une structure isostatique. On dit qu’elle est une fois hyperstatique.
au moyen des équations d'équilibre de la statique seules. Il importe de bien
noter qu’un système dont les réactions peuvent être connues à partir des Etant donnée une structure hyperstatique, si on supprime toutes les
équations de la statique mais que ces dernières ne permettent pas de liaisons surabondantes et qu’on les remplace par les réactions
déterminer les efforts M, N, T dans toutes les sections, n’est pas un système correspondantes, on obtient un système isostatique qui reste en équilibre
isostatique (voir § 4.2). Ce cas est illustré par les exemples de la figure 4.1. même si on donne des valeurs arbi-traires aux réactions introduites. Dans
ce cas, les équations d’équilibre de la statique ne permettent pas de
déterminer les réactions. On doit d’abord calculer les réactions des liaisons
surabondantes à l’aide de conditions autres que celles régissant l’équilibre
du système. Ensuite, on détermine les réactions dans les liaisons restantes
du système rendu isostatique à l’aide des conditions d’équilibre.
a) Arc bi-articulé
avec tirant Dans le cas de la figure 4.2b par exemple, le système peut être rendu
v
b) Cadre fermé isostati-que en supprimant la liaison simple en B. La réaction R B sera
simplement appuyé calculée à partir de la condition de déplacement exprimant que la flèche au
Figure 4.1 v
point B du système rendu isostatique, où R B est considérée comme une
v
force extérieure (Figure 4.2c), doit être nulle : δ B = 0.
Dans une structure isostatique, les liaisons sont strictement suffisantes (en
nombre et en nature) pour assurer son équilibre et empêcher tout déplacement On voit donc que pour un système hyperstatique la détermination des réac-
rigide de la structure (c’est-à-dire un mouvement comme corps rigide). Les con- tions et des éléments de réduction n'est plus possible au moyen des équations
ditions d’équilibre - entre les réactions et les charges appliquées - suffisent par d'équilibre seules. Le nombre d’inconnues - composantes de réaction et/ou ef-
ailleurs à déterminer les réactions apparaissant dans les appuis. On dit dans ce forts internes - est dans ce cas supérieur au nombre d’équations (linéairement
cas que la structure (isostatique) est statiquement déterminée. Et il n’y a qu’un indépendantes) fournies par les conditions d’équilibre de la statique.
seul et unique groupe de réactions capable d’équilibrer les charges appliquées
(la solution est unique). Le nombre supérieur des inconnues provient comme on l’a vu du fait qu’un
système hyperstatique possède des liaisons surabondantes, c’est-à-dire qui sont en
plus par rapport à un système isostatique. Il est donc nécessaire, pour résoudre
Considérations générales relatives aux systèmes hyperstatiques 79 80 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

le système, de faire intervenir d'autres conditions afin d’obtenir le nombre


d'équations qui sont nécessaires à sa détermination complète.
Ces conditions complémentaires peuvent être obtenues en exprimant la
continuité de la déformée du système (on tient compte des déformations du
sys-tème).

4.2 LIAISONS SURABONDANTES (a) (b) (c)

On appelle liaisons surabondantes, les liaisons qu'il faudrait supprimer à


un système hyperstatique pour obtenir une structure isostatique
(géométriquement stable, qui ne soit pas libre). Leur nombre représente le
degré d'hyperstaticité du système.

On peut classer les liaisons surabondantes en deux groupes : les


liaisons su-rabondantes extérieures et les liaisons surabondantes
intérieures. Les liaisons surabondantes extérieures sont celles qui se
trouvent dans les appuis (Figure 4.3a).
(d) (e) (f)

(a) (b) (c)

Figure 4.3
(g) (h)
Les liaisons surabondantes intérieures sont celles qui proviennent de la
con-ception intérieure du système (Figure 4.3b). Généralement, les
structures hypers-tatiques ont des liaisons surabondantes tant à l'extérieur
qu'à l'intérieur (Figure 4.3c).
Figure 4.4
4.3 CALCUL DU DEGRE D'HYPERSTATICITE
Comme il a été mentionné, le nombre de liaisons surabondantes constitue le 4.3.2 Méthode des contours fermés
degré d'hyperstaticité de la structure. Il existe plusieurs méthodes pour détermi-
ner le degré d'hyperstaticité (noté H) ; nous en examinerons deux. Appelons :
- "c" le nombre de contours de la structure
4.3.1 Méthode de la suppression des liaisons
- "a" le nombre d'articulations (y compris les appuis doubles)
La méthode consiste à supprimer des liaisons jusqu'à ce que la - "s" le nombre d'appuis simples
structure de-vienne isostatique indéformable (s'assurer qu'aucune barre ou
partie du système ne constitue un mécanisme). Le nombre de liaisons Le degré d'hyperstaticité est donné par :
supprimées représente le degré d'hyperstaticité (voir exemples figure 4.4).
H = 3c - a - 2s
Considérations générales relatives aux systèmes hyperstatiques 81 82 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Cas des poutres en treillis chargées indirectement Cette méthode est essentiellement caractérisée par la création de coupures
qui libèrent chacune une liaison surabondante. Chaque liaison supprimée est
H = b + l - 2n
ensuite remplacée par une force qui joue le même rôle qu'elle.
• b + l - 2n < 0 ⇒ système déformable
• b + l - 2n = 0 ⇒ système isostatique 4.4.2 Méthode des déplacements (ou des déformations)
• b + l - 2n > 0 ⇒ système hyperstatique
Avec cette méthode, on prend comme inconnues les déplacements
avec :
générali-sés (rotations et translations) subis par les nœuds de la structure.
- "b" nombre de barres Le nombre d'inconnues de cette méthode est égal au nombre de
- "l" nombre de liaisons dans les appuis (encastrement = 3 ; appui déplacements généralisés possibles des nœuds (les degrés de liberté de la
double = 2; appui simple = 1) structure), qui est généralement différent du degré d'hyperstaticité.
- "n" nombre de nœuds Les équations supplémentaires sont obtenues en exprimant les
conditions d'équilibre statique de la structure déformée.
4.4 METHODES FONDAMENTALES DE CALCUL DES STRUCTURES
HYPERSTATIQUES On verra plus loin que cette méthode est caractérisée par le blocage
des nœuds de la structure.
Nous avons vu précédemment que pour déterminer les réactions et les
élé-ments de réduction des systèmes hyperstatiques, il fallait des équations Conclusion :
supplé-mentaires, qui sont obtenues à partir des conditions de continuité de
la déformée de la structure ou à partir des conditions d'équilibre statique de La méthode des déplacements est généralement plus intéressante
la structure dé-formée. quand le degré d'hyperstaticité devient important. La méthode des forces
est efficace quand le nombre de liaisons surabondantes (degré
Dans le cadre de l'hypothèse des petites déformations, les efforts sont d’hyperstaticité) n'est pas très élevé. Mais en définitive le choix d'une
indé-pendants des déformations dans les structures isostatiques, alors que méthode dépend plus des affinités et des aptitudes de chacun.
pour les systèmes hyperstatiques les efforts sont fonctions aussi bien des
charges que des déformations de la structure (voir § 3.17, exemple de la
poutre continue soumise au seul déplacement de l’un de ses appuis).
En raison de l'interdépendance entre les efforts et les déformations
(donc les déplacements), il en résulte deux possibilités générales d'aborder
le calcul des structures hyperstatiques, c'est-à-dire soit en s'intéressant aux
efforts (dans les liaisons surabondantes) (méthode des forces), soit en
s'intéressant aux déplace-ments (méthode des déplacements).

4.4.1 Méthode des forces


Elle est parfois appelée méthode des efforts ou méthode des sollicitations. Avec
cette méthode, on prend comme inconnues les forces dans les liaisons
surabondantes. Les liaisons surabondantes sont supprimées et remplacées par des
forces inconnues qu'il faut chercher en premier lieu. La structure initiale (hypers-
tatique) est transformée en une structure isostatique soumise aux charges exté-
rieures de départ et aux forces introduites (les inconnues hyperstatiques).

Les équations supplémentaires qui permettent de déterminer les forces


incon-nues sont obtenues en exprimant la "continuité" de la structure
déformée dans les liaisons supprimées (surabondantes).
Comme il y a plusieurs possibilités de rendre isostatique un système hypers-
tatique, il en résulte plusieurs façons de mettre le problème en équations. Pour
la simplification des calculs, il y a intérêt à considérer les liaisons surabondantes
qui rendent les équations générales de continuité aussi simples que possible.
84 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

∂W = 0 (5.1)'
∂Xi
ère
Le théorème découle de celui de Castigliano (1 forme). Ce résultat est
évi-dent dans le cas d'une inconnue hyperstatique externe (c'est-à-dire une
réaction), puisque le déplacement est nul dans la direction de la réaction.
Nous reviendrons plus loin sur la signification de ce résultat [(5.1)'] dans le
Chapitre 5 cas d'une inconnue hyperstatique interne.
Le théorème de Menabrea signifie que les forces hyperstatiques
CALCUL DES SYSTÈMES PLANS PAR LA prennent des valeurs qui rendent minimale l'énergie potentielle interne
MÉTHODE DES FORCES exprimée en fonction des sollicitations, dont les forces hyperstatiques,
appliquées au système considé-ré.
Ainsi, pour chaque inconnue hyperstatique Xi le théorème de Menabrea
four-nit une équation (de continuité). La résolution du système d’équations
ainsi ob-tenu permet de trouver les inconnues hyperstatiques et de
résoudre le problème qui devient isostatique.
Dans le cas d’un système linéaire L plan dont les éléments de réduction
5.1 SYSTEME CONCORDANT - MANQUE DE CONCORDANCE sont désignés par M, N et T (M t=0), l’expression générale de W (voir
chapitre 3) est de la forme :
DÉFINITION : On dit qu’un système hyperstatique est concordant quant
W=1 ds + 1 ds + 1 κ ds
à ses appuis, ou encore que les appuis d’un système hyperstatique sont ∫M 2 ∫N 2 ∫ T2
concor-dants, lorsque les composantes de réaction sont toutes nulles en
l’absence de sollicitations extérieures (Figure 5.1a). 2 L EI 2 L EA 2 L GA

Si le système est constitué de plusieurs barres (poutres) L i l’intégrale


est étendue à chacune d’elles :
Manque de concordance
2 2 2
W=1
∑ ∫ MEI ds + 1
∑ ∫ N ds + 1 ∑ ∫ κ T ds
a) Système concordant b) Système non concordant 2 2 EA 2 GA
i i i
L L L
i i i
Figure 5.1
Si la flexion est prépondérante par rapport aux autres sollicitations,
Dans le cas contraire - Figure 5.1b - les appuis sont dits non l’expression de l’énergie se réduit au premier terme :
1
concordants (les composantes de réaction ne sont pas toutes nulles).
W= ∑ ∫ M 2 ds
Le manque de concordance d’un appui est représenté par le 2 EI

déplacement li-néaire ou angulaire qu’il subit depuis sa position i Li

concordante jusqu’à sa position réelle.


Même lorsque le symbole de la sommation n’est pas porté, pour
simplifier l'écriture des expressions, on sait que l’intégration est étendue à
5.2 THEOREME DE MENABREA la totalité du système, donc à toutes ses parties.
THÉORÈME : La dérivée partielle de l’énergie potentielle interne (W) d’un
système par rapport à une inconnue hyperstatique externe ou par rapport à la
Pour des systèmes plans constitués de barres droites articulées (treillis)
avec des charges appliquées aux nœuds (treillis chargés indirectement),
valeur commune de deux inconnues hyperstatiques internes X i dégagées par
l’énergie est donnée par :
une coupure, est égale au manque de concordance correspondant ci.
W=1 2
∂ W = ci (5.1) ∑ ∫ NEA dx = 1 ∑ Ni2 ∫ EA
dx
2 i 2 i
∂Xi L
i
L
i

Dans le cas d’un système concordant cette dérivée est toujours nulle, soit : Et si la rigidité extensionnelle EA est constante sur chaque barre, il vient :
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 85 86 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

W = 1∑N On peut montrer que chacune de ces équations peut se mettre sous la
2L forme ci-après, connue sous le nom de formule de Müller - Breslau (ou de
i i2i Bertrand De Fonviolant),
( EA)i
∂W n

5.3 PRINCIPE DE LA METHODE DES FORCES


= 0, ⇔ ∑ Xi δ uji + δ jF = 0 j = 1, 2, ...,n (5.2)
i=1
∂X j
Pour calculer un système hyperstatique d’ordre n (H = n), on le transforme en un
système isostatique en supprimant les n liaisons surabondantes. Cela revient à
et le système des n équations de continuité peut se mettre sous la forme
explicite suivante :
pratiquer n coupures, une par inconnue hyperstatique. Pour que le système isos-
tatique soit équivalent au système initial, il faut remplacer chaque liaison sup-
primée par la force qui lui correspondant (Figure 5.2). u 1 u 2 u
δ X +δ X + ...+ δ X n + δ 1F = 0
11 12 1n
u u
P P δu X 1 + δ X 2 + ...+ δ X n + δ 2F = 0
X1 21 22 2n (5.3)
.......................................................
u
X2
δ X +δu X u
X + δ nF = 0
1 2 + ...+ δ nn n
n1 n2

h ou sous la forme matricielle :


u
[δ ]{ X} = {−δ F } (5.4)

(a) (b) Les équations du système (5.3) [ou (5.4)] sont équations canoniques
appelées de la méthode des forces.
l/2 l/2

Figure 5.2 5.4.1 Démonstration de la formule de Müller - Breslau


Considérons un système plan. Soient MiF, NiF et TiF les éléments de réduction
Les inconnues hyperstatiques X1 et X2 de l’exemple considéré sont dans la section courante i du système de base sous l’action de la sollicitation
obtenues en utilisant l’équation (5.1)’ ci-dessus. Le système d’équations s’écrit : globale F(F1, F2, ..., Fj, ...). Si on note par mij, nij, et tij les éléments de réduction
dans la même section i sous l’action d’une sollicitation unitaire appliquée dans la
∂W = 0
section j (du système de base), alors la contribution de l’inconnue hyperstatique
∂X1 (a) Xj aux éléments de réduction s’écrit :
∂W = 0 Xj mij pour le moment fléchissant ; Xj nij pour l’effort normal et Xj tij pour
l’effort tranchant.
∂X 2
Les éléments de réduction qui apparaissent en i sous l’action conjuguée
Le système isostatique obtenu par suppression des liaisons de la sollicitation globale F et des inconnues hyperstatiques X 1, X2, ..., Xn,
surabondantes (Figure 5.2b) est désigné par système de base, système s’obtiennent par superposition :
fondamental ou encore système principal.
n
M +
Une fois l’hyperstaticité levée, c’est-à-dire lorsqu’on a déterminé les
incon-nues hyperstatiques, la construction des diagrammes M, N, T revient
iF ∑X m j ij
j=1
à tracer les diagrammes d’un système isostatique (en l’occurrence le n
N +
système de base) sou-mis - simultanément - aux charges données (la
sollicitation globale F) et aux forces calculées (X 1, X2, ... Xn). L’application
iF ∑X n j ij
j=1
du principe de superposition (voir § 5.4.1) simplifie quelque peu ce travail. n
T +
iF ∑X t j ij
5.4 EQUATIONS DE CONTINUITE j= 1

Pour un système concordant d’ordre n, on aura un système de n équations : L’expression de l’énergie potentielle s’écrit alors :
∂W = 0, ∂W = 0, ..., ∂W = 0, ..., ∂W = 0
∂ X1 ∂ X2 ∂X j ∂ Xn
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 87 88 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

n n n u u
(M + Xm)
2
(N + Xn)
2
(T + Xt)
2 δ 11 X1 + δ 12 X 2 + δ 1F = 0
iF ∑ j ij iF ∑j ij iF ∑j ij u u
1 1 1 κ
W= ∫ j =1 ds + ∫ j =1 ds + ∫ j =1 ds δ 21 X1 + δ 22 X 2 + δ 2F = 0
2 L EI 2 L EA 2 L GA
u u
Les coefficients δ 11 et δ 21 sont obtenus en appliquant au système de base la
L’équation de continuité relative à la coupure k, c’est-à-dire ∂W = 0 , s’écrit: u u
sollicitation unitaire X1=1 tandis que δ 12 et δ 22 s’obtiennent sous l’effet de la
∂X k seule sollicitation X2=1. Quant aux déplacements δ1F et δ2F, ils se calculent
n n n sous l’effet des charges extérieures (ici la force P) appliquées au système
(M +
iF ∑ X m )m j ij ik
(N +
iF ∑ X n )n j ij ik
(T +
iF ∑ X t )t j ij ik
isostatique de base. Les diagrammes permettant le calcul de ces coefficients
(cas où l'in-fluence de M est prépondérante) sont montrés à la figure 5.3.
∫ j =1
EI ds + ∫ j =1
EA ds + κ ∫ j =1
GA
ds=0
Pl/2
L L L
n n l P
X m m X n n
M m
iF ik
N n
iF ik
T t
iF ik
∑ j ij ik ∑ j ij ik
X1=1
∫ ds + ∫ ds + ∫ κ ds+ ∫ j =1 ds + ∫ j =1 ds + X2=1
L EI L EA L GA L EI L EA mil mi2 MiF
n

∑ X j tij tik (a) (b) (c)


+ κ ∫ j =1
GA
ds = 0
L
n n ij n ik t ik
mm t h l

ij ik ij Figure 5.3 : Diagrammes des moments M et m


δ +
kF ∑Xj ∫ EI ds+
∫ EA ds+ ∫ κ GA ds = 0
j=1 L L L On trouve, avec h=l=a :

soit :
u = u u = u =4a3 δ = - Pa3 δ = - 29Pa3
n δ δ =δ δ
a3 a3
∑X j δ u
kj + δ kF = 0 11 3EI 12 21 2EI 22 3EI 1F
4EI 2F
48EI
j=1
La figure 5.4 montre la signification de ces coefficients.
5.4.2 Signification et calcul des coefficients
δ 11
u δ 12u P δ1F
u
La signification et le calcul des coefficients δ ij et δ iF ont été exposés dans le u
δ u21 δ
u 22
chapitre 3. Les coefficients δ ij sont les coefficients d’influence définis dans
X1=1 X2=1 δ2F
ce même chapitre 3. Leur matrice δu est appelée matrice de souplesse.
Le coefficient général δiF représente le déplacement de la section i du sys-
tème de base (dans la direction i, qui est aussi la direction de l’inconnue hypers-
tatique Xi) sous l’effet des charges appliquées (données) (F).

5.5 EXEMPLES D’APPLICATION (a) (b) (c)


Exemple 1 : inconnues hyperstatiques externes.
Soit à résoudre le portique de la figure 5.2. Pour les calculs, on considère
h=l=a. Figure 5.4 : Signification des coefficients δ

Les équations canoniques du système s’écrivent : Et à partir des équations du système on tire :
Calcul des systèmes plans par la méthode des 90 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
forces 89
u 3 u u u 2 u u 2 u u
2h l (12h+ l) h
9 22 δ = ;δ =δ =0;δ = ;δ =δ =− ;δ =δ =0;
X = P et X = P 11 3EI 12 21 22 24EI 13 31 EI 23 32
1 56 2 56 u (4h+ l) qh
4 3
qh l qh
3

Les diagrammes M, N, T peuvent être construits maintenant (Figure 5.5). δ = ;δ =- ;δ = ;δ =


33 2EI 1F 8EI 2F 12EI 3F 6EI
34
1
6 X1 X1=1 l/2 X2=1 l/2
9
X2 X3

X3=1
22 mi1=m1 mi2=m2 mi3=m3
11
M(xPa/56) N(xP/56) T(xP/56) h h

3 34 9
(a) (b) (c)

(a) (b) (c)

Figure 5.5 : Diagrammes M, N, T


MiF Figure 5.7 : Diagrammes des
moments M et m
Exemple 2 : inconnues hyperstatiques internes (Figure 5.6). (d)

X2 qh2/2
q X 1 X1
2EI
X3 X2 X3 En prenant h = l, il vient :
= 2h3 ; δ u = δ u = δ u = δ u = 0 ; δ u = 13h3 ; δ u = δ u
=
u
h EI EI δ 2
−h
11 3EI 12 21 23 32 22 24EI 13 31
(a) (b)
u
δ = 5h ; δ = − qh4 ; δ = qh4 ;δ = qh3 ;
1F EI
33 2 EI 8 EI 2F 12EI 3F
6EI
l l/2 l/2
La résolution du système d’équations donne :

X 1 = 91 qh = 0.22qh ; X 2 = 2 qh = 0.15qh ; X = − 1 qh2


Figure 5.6 3

416 13 48
2
= −0.02qh

Les équations canoniques du système s’écrivent : Le signe moins (–) devant X3, signifie que le sens réel de ce moment
est contraire au sens choisi arbitrairement.
u u u
δ 11 X1 + δ 12 X 2 + δ 13 X 3 + δ 1F = 0
u u u 5.6 CONTROLE DES RESULTATS
δ 21 X1 + δ 22 X2+δ 23 X 3 + δ 2F = 0
u u u Le contrôle des résultats peut se faire à trois niveaux : sur les coefficients
δ 31 X1 + δ 32 X2+δ 33 X 3 + δ 3F = 0
u
δij et δiF ; sur les diagrammes M, N, T et sur les déplacements.
A partir des diagrammes de la figure 5.7, on calcule les coefficients du
sys-tème obtenu.
5.6.1 Vérification des coefficients
Considérons un système hyperstatique d’ordre n. Pour alléger les expres-
sions, nous supposons que l’influence des efforts normal et tranchant est négli-
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 91 92 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

geable. Soit mit le moment (par unité de force) dans la section courante i du sera amené à vérifier le calcul des différents coefficients ainsi que les
sys-tème de base sous l’effet de : X1=1, X2=1, ..., Xn=1 ; c’est-à-dire : diagram-mes MiF et mik si on a utilisé la méthode de Verescheaguine.

mit = mi1 + mi2 + ... + min Exemple


u
en vertu du principe de superposition. Vérifions les coefficients de la matrice δ du cas traité dans l'exemple 2.
Pour les besoins de l'application numérique on prend h=3 m. Le premier
a) Somme des coefficients de chaque ligne de la matrice δ u membre de l'équation (5.6) vaut :
Considérons la kième ligne (équation relative à la coupure k). k j=n 29h 3
2h 2
5h 177
j=n j=n =n

∑δ ukj = ∑∫
m .m
ik

EI
ij
ds = ∫
m .m
ik

EI
i1
ds + ∫
m .m
ik

EI
i2
ds+ ... + ∫
m .m
ik

EI
in
ds ∑∑δ u
kj = 24EI −
EI
+
2EI
=
8EI
k j=1
j=1 L L L =1
j=1L

∫ ∫ ∫
m m m .m
= ik (m + m +...+m )ds = ik (m )ds= ik it ds Le diagramme mit nécessaire au calcul du second membre de l'équation (5.6)
EI
EI
i1 i2 in it EI

L L L est représenté à la figure 5.8. Le calcul de l'intégrale de Mohr donne :


Soit : 2
ds = 1 ( 39 + 1 + 1 ) + 1 (125 + 1 + 57 )
∫m it
j=n
m .m EI 2EI 8 3 24 EI 24 24 4
∑δ ukj = ∫ ik it
ds (5.5)
L
= 1 ( 63 )+ 1 ( 468 ) = 531 = 177
j=1 L EI
2EI 12 EI 24 24EI 8EI
La longueur L désigne la longueur totale du système (toutes les barres
s’il en comporte plusieurs).
2.5 1. 0 0.5
u
b) Somme des coefficients de la matrice δ
k=n j= k=n k=n mit
n
m
(m m .m

∑ ∑δ ukj = ∑∫ EI ik
i1 + mi2 +...+min )ds = ∑∫ ik it

EI
ds
k=1 j= h=3 m
1 k=1L k=1L

=
∫ m
EI

it

(m +m +...+m )ds=
∫m 2
it
EI

ds
Figure 5.8 : Diagramme mit,
i1 i2 in
L L
sous l'action simultanée de
0.5 X1=1, X2=1 et X3=1
Soit : 3.5

k =n j = n 2 l/2=1.5 m 1.5 m
m

∑ ∑δ ukj = ∫ EI
it
ds (5.6)
k=1 j= L
1
5.6.2 Vérification des diagrammes
c) Somme des coefficients δiF
La vérification de l’équilibre des nœuds et de parties entières de la
k=n k =n M .m M M .m structure étudiée, à partir des diagrammes des efforts, fournit un bon
∑δ
iF ik iF iF it
kF = ∑∫ EI ds = ∫ EI (mi1 +mi2 + ... +min )ds= ∫ EI
ds (5.7) moyen de contrôler les résultats obtenus. Chaque nœud ou partie de la
k =1 L L structure isolé par des coupu-res, doit être en équilibre sous l’action des
k =1 L
forces qui lui sont directement appli-quées et des efforts internes (M, N, T)
Aussi, avant de passer à la résolution du système d’équations, il est prudent de 6Pa/56
agissant aux lèvres des coupures et
procéder aux vérifications indiquées. En pratique, on trace le diagramme m it et on qu’on lit directement sur les diagram-
applique la relation (5.6). Si le résultat donné par cette dernière est identique à la mes à contrôler. 9P/56
somme de tous les termes de la matrice δu, on peut passer à l’étape suivante de 6Pa/56 34P/56
l’étude. Dans le cas contraire, on procède au contrôle de chaque ligne de la ma-trice
Exemple 9P/56
selon l’expression (5.5) et des coefficients δiF d’après la relation (5.7). On
34P/56

Figure 5.9 : Vérification de

l'équilibre d'un nœud


Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 93

On veut vérifier l'équilibre du nœud de la structure considérée dans l'exemple


1 précédent. La figure 5.9 représente le nœud avec les efforts agissant sur les
sections coupées et dont les valeurs sont lues directement sur les diagrammes des
efforts de la figure 5.5. On peut constater que les efforts agissant sur le nœud
vérifient les trois équations d'équilibre de la statique.

5.6.3 Vérification des déplacements


On peut appliquer la vérification aux déplacements connus, principalement
ceux qui sont nuls. Le calcul doit être effectué à partir des efforts trouvés (no-
tamment le diagramme final du moment).

5.7 SIGNIFICATION DES EQUATIONS DE CONTINUITE


Comme le montrent les deux exemples traités, chaque équation de continuité
exprime que le déplacement relatif des lèvres de la coupure libérant l’inconnue
hyperstatique considérée est égal au manque de concordance correspondant.
Dans le cas d’un système concordant, ce déplacement (relatif) est nul. Quand il
s'agit d'une inconnue hyperstatique externe, le déplacement relatif est en fait le
déplacement réel.
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 95
C a l c u l d e s s y s t è m e s p l a n s p a r l a m é t h o d e d e s f o r c e s9
6
Exercice 5.7 Exercice 5.8
5.8 EXERCICES

Tracer les diagrammes de M, de N et de T des systèmes suivants.


Exercice 5.1 Exercice 5.2 q=1t/m 15.3tm
P q B P=ql B C
P=2t EI P 2EI
1m
B C C 4m
e=0.5m EI
EI 2EI
2EI 8m EI D

4m 2EI
l EI 2l EI EI A B A

A D
A
1m 4m 1m 4m

Exercice 5.9 Exercice 5.10


l/2 l/2 l l

Exercice 5.3 Exercice 5.4 q=2t/m P=2t 2P

B C E 60° B C
q q=2t/m 2EI I2
A B D A B D F 3m EI EI I1 I1 L
EI EI
a EI 2m A F=5t A D

P 2EI 5t
2m 2L
a 2EI 2m
D
C C E
4m 2m
a 2a 2m 4m 2m -
A.N. : P=12t, L=4m, I1=10
3 4
m ,
6 2
I2=8I1 et E=2.1 10 kg/cm .
Exercice 5.5 Exercice 5.6
Exercice 5.11 Exercice 5.12

q=300 kg/m B C
B 2EI P=1t
P q=2t/m
A 2EI A B
2m B D
2EI 2EI D
6m A EI
EI EI EI EI
P=800 kg
1m
l EI EI l
C A D
C C E
5m 8m

l=5m l
l/2 l
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 97

Réponses :
H V
Exercice 5.1 : MA = 3Pl/56, MB=-6Pl/56, RC =-9P/56, RC =22P/56.
Exercice 5.2 : Inconnues hyperstatiques au milieu du système : XM=0.29ql2,
XN=-0.53ql, XT=-0.81ql. Réactions : MA=-0.85ql2, RAH=-1.47ql,
V 2 H V
RA =0.2ql, MD=-0.55ql , RD =-0.53ql, RD =0.8ql.

MBA=-a(2P+qa)/3, MBC=Pa, MBD=a(P-qa)/3.


H V H V
Exercice 5.4 : RC =0.24t, RC =4.17t, RE =1.63t, RE =4.17t.
H V H V
Exercice 5.5 : RC =-540.5kg, RC =569.0kg, RA =-259.5kg, RA =931.0kg,
MA=-926.5kgm, MBA=MBC=-21.5 kgm.
Exercice 5.6 : Inconnues hyperstatiques au milieu du système : XM=0, XN=0.5t
T
X =-0.34t. Moments : MA=MD=-1.65tm, MBA=MBC=1.35tm,
MCB=MCD=-1.35tm.
Exercice 5.7 : Inconnues hyperstatiques au milieu du système : XM=0.94tm,
XN=-0.45t, XT=0. Réactions : MA=MB=0.69 tm, RAH=-RBH=0.45t,

Exercice 5.8 : Inconnues hyperstatiques externes en D : RDH=-0.6t, RDv=3.6t.


Moments : MA=1.5tm, MBA=-3.3tm, MBC=12.0tm,
MCB=MCD=-2.4tm.
V H V
Exercice 5.9 : RD =4.35t, RA =-5.0t, RA =5.65t, MA=-10.59tm,
MBA=MBC=4.41tm, MCB=11tm, MCD=15tm, MCE=-4tm.
H V H V
Exercice 5.10 : RD =-2.63t, RD =3.53t, RA =-12.0t, RA =17.25t,
MA=-19.76tm, MBA=MBC=17.72tm, MCB=MCD=-10.52tm.
H V H V
Exercice 5.11 : RD =3P/8, RD =-3P/8, MD=Pl/8, RC =-3P/8, RC =11P/8,
MC=-Pl/8, MBA=-Pl/2, MBC=Pl/4, MBD=-Pl/4.
V H V H
Exercice 5.12 : RA =-0.426t, RC =0.266t, RC =5.852t, RE =-0.266t,
V
RE =4.574t, MBA=-2.13tm, MBC=-1.33tm, MBD=-3.46tm
MDB=MDE=-1.33tm.,
Signes : Pour le moment fléchissant et les composantes de réactions, les
conventions utilisées sont les suivantes : . un moment est positif s'il fait tendre
les fibres intérieures (inférieures) ; . une réaction verticale (R V) est positive si elle
agit vers le haut alors qu'une réaction horizontale (RH)est positive quand elle est
dirigée vers la droite. Pour les inconnues hyperstatiques (X N et XT), on utilise les
conventions habituelles de N et T.
100 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

les moments fléchissants qui la sollicitent sont plus faibles. La comparaison est
encore plus nettement à l’avantage de la poutre continue par rapport à une poutre
isostatique unique de même longueur. Dans une poutre continue, les appuis in-
termédiaires contribuent à réduire et à mieux répartir sur toute la poutre le mo-ment
fléchissant (qui est la sollicitation prépondérante). Cette observation reste valable
pour les déplacements qui sont nettement moins importants dans le cas des poutres
continues. Ces dernières présentent par ailleurs une plus grande rigi-dité et résistent
Chapitre 6 de ce fait mieux à l’action dynamique.

Les charges considérées ici sont supposées être appliquées


LES POUTRES CONTINUES statiquement. El-les sont constituées de charges transversales (voire
inclinées), concentrées ou réparties, et de couples.
Application de la méthode des forces
Contrairement aux poutres isostatiques, les poutres continues, comme
tous les systèmes hyperstatiques, sont très sensibles aux déplacements
des appuis. Ce phénomène a déjà été mis en exergue dans un exemple
d’application des formu-les de Bresse traitant une poutre continue soumise
au seul effet de l’affaissement d’un de ses appuis.
Lorsque des tassements d’appuis sont à craindre, les poutres isostatiques
A- POUTRES CONTINUES A ÂME PLEINE sont mieux indiquées. Si pour quelque raison que ce soit des appuis
intermédiaires sont nécessaires, on ajoute à la poutre continue des articulations
6.1 INTRODUCTION judicieusement placées de manière à la rendre isostatique et annuler ainsi sa
sensibilité aux af-faissements des appuis susceptibles de se produire.
Les poutres continues sont des structures qu'on rencontre très
fréquemment dans les constructions courantes. Ce type de poutre - poutre reposant sur plusieurs appuis et rendue
isostatique par l’ajout de rotules - est désigné par poutre Gerber. Elles sont
On appelle poutre continue une poutre reposant sur plusieurs appuis. Il s’agit obtenues en ajoutant autant d’articulations qu’il y a d’appuis intermédiaires. Pour
généralement d’appuis simples, à l’exception d’un seul qui est un appui double et s’assurer que la structure obtenue est bien isostatique et qu’il n’y a ni tronçon
dont le rôle consiste à assurer la stabilité géométrique de la poutre, comme em- déformable (tronçon libre constituant un mécanisme) ni tronçon hyperstatique, il
pêcher la translation horizontale dans le cas de la figure 6.1. L’appui double peut être suffit de respecter la règle suivante : pas plus de deux articulations entre deux
placé à une extrémité ou, plus généralement, être un appui intermédiaire. appuis, ni plus de deux appuis entre deux articulations. A titre d’exemple, la
figure 6.2 montre les deux façons possibles d’obtenir une poutre type Gerber
dans le cas de deux appuis intermédiaires.

0 1 k n (a)
l1 lk ln

Figure 6.1 : Poutre continue avec le mode (b)


de numérotation des travées

Les extrémités d’une poutre continue peuvent très bien comporter des Figure 6.2 : Exemples de poutres Gerber
porte-à-faux ou être encastrées. Le traitement de ces cas particuliers est
abordé plus loin. L’influence du moment fléchissant sur les déformations étant prépondérante
dans les poutres continues, c’est la seule sollicitation dont il sera tenu compte
Les poutres continues sont des systèmes hyperstatiques puisqu’elles lors du calcul des déplacements que nous serons amenés à effectuer.
présen-tent des liaisons surabondantes (toutes les liaisons en plus de ce
que doit compor-ter une poutre isostatique). Dans le cas d’une poutre sans
encastrements, le nom-bre de liaisons surabondantes, donc le degré
d’hyperstaticité, est égal au nombre d’appuis intermédiaires.
Comparativement à une série de poutres bi-articulées dont le nombre est égal à
celui des travées d’une poutre continue, cette dernière est plus économique car
A- Poutres continues à âme pleine 101 102 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

6.2 APPLICATION DIRECTE DE LA METHODE DES FORCES 6.3 FORMULE DES TROIS MOMENTS

Considérons une poutre


6.3.1 Etablissement de la formule
continue horizontale sans
encastrements (Figure 6.3a). (a) Considérons une poutre continue sans encastrements à n travées (Figure 6.4).
L'application directe et intui- Son degré d'hyperstaticité est égal à n-1.
tive de la méthode des forces 0 1 2 3
l1 l2 l3
conduit à considérer comme
inconnues hyperstatiques les
réactions (verticales) des (b)
0 1 k-1 k k+1 n
appuis intermédiaires. X
X1 2 l1 lk lk+1 ln

Le système de base obte-


nu par suppression des liai- Figure 6.4
sons verticales des appuis (c)
intermédiaires est une poutre
X1=1 Prenons pour inconnues hyperstatiques les moments fléchissants
simplement appuyée (Figure
6.3b). Dans ce cas, le calcul agissant au droit de chaque appui intermédiaire. Pour ce faire, on procède
des moments unitaires msk à des coupures de manière à supprimer la liaison de moment au niveau de
(Figure 6.3c et 6.3d) et du chaque appui. S’agissant d’inconnues hyperstatiques internes, chaque
moment provoqué par les (d) coupure libère deux inconnues (des moments) égales est opposées.
charges extérieures MsF, X2=1
En pratique, cela revient à introduire une articulation au-dessus de
nécessaires au calcul des chaque appui intermédiaire (Figure 6.5a). Pour remplacer les liaisons
u Figure 6.3 supprimer, on applique aux lèvres de chacune des coupures deux couples
coefficients δ et δ jF , ne
ij égaux et opposés (M1, M2, …, Mn-1) (Figure 6.5b).
présente aucune difficulté.
Cependant, ce choix n’est pas intéressant car il implique des calculs fasti-dieux à (a)
cause notamment du fait que les moments m sk et MsF sont généralement différents
de zéro sur toute la longueur de la poutre. De la sorte, les éléments de la matrice de X1=Ml Xk-1=Mk-1 Xk=Mk Xk+1=Mk+1 Xn-1=Mn-1
souplesse [δu] et du vecteur déplacement [δF] sont tous non nuls. (b)
Ceci n’est pas la seule raison ; il en existe une autre plus déterminante. Cha-que
0 1 k-1 k k+1 n-1 n
colonne de la matrice [δu] représente les déplacements (flèches s’il s’agit d’une
poutre horizontale) des points d’application des inconnues hyperstatiques provoqués
par une sollicitation unitaire. Pour une poutre comportant plusieurs appuis Figure 6.5 : Système statique de base
intermédiaires, deux colonnes successives de [δu] auront des valeurs très proches et
seront comparables. De ce fait, la matrice [δu] devient pratiquement singulière et
Le système statique de base ainsi obtenu présente une propriété
conduit à des solutions très imprécises lors de la résolution du sys-tème d’équations
remarquable. En effet, on remarque que si on charge une travée, les autres
canoniques. Aussi, on opte pour un autre choix des inconnues hyperstatiques de
ne subissent aucune influence. Ce résultat signifie que le système principal
manière à contourner cette difficulté et à réduire les calculs. se comporte comme une succession de poutres simplement appuyées
obtenues par séparation des n tra-vées (Figure 6.6).

M1 M1 Mk-1 Mk-1 Mk Mk Mk+1 Mk+1 Mn-1 Mn-1

Figure 6.6
A- Poutres continues à âme pleine 103 104 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Pour calculer les moments inconnus aux appuis, on applique le théorème de Considérons par exemple l'équation de continuité k (relative à la coupure k).
Menabrea pour chacun d’eux : Elle s’écrit :
u u u M u u M u M + δ kF = c (6.1)
∂W = c , ∂W = c , ... ∂W = c , ... ∂W = c δ M + δ M +...+δ +δ M+δ +...+δ
k1 1 k2 2 kk−1 k −1 kk k kk+1 k +1 kn−1 n −1 k
1 2 k
∂M n−1 u
∂M1 ∂M2 ∂Mk On voit apparaître dans l’équation les coefficients δ avec j = 1, 2, … , n-1
n−1
kj
où les ci représentent les manques de concordance des appuis. Ils sont nuls dans et δkF. Si nous ne tenons compte que du moment fléchissant, qui est la sollicita-
le cas des systèmes concordants. Les équations du système ci-dessus tion prépondérante, ces coefficients s’obtiennent par les intégrales
peuvent se mettre sous la forme connue de Müller-Breslau. L’équation suivantes :
courante relative à l’inconnue Mk s’écrit :
∫ Lm m sF m sk dx (b) (6.2)
n-1
u
δ kj = sk sj dx (a) δ kF = ∫ L M
∂W
= ck ⇔ ∑δ uki Mi + δ kF = ck 0 EI 0 EI
∂M n
k
∑ li
i=1
L = longueur totale =
En développant l’expression précédente, le système des "n-1" équations i=1
de continuité prend la forme :
u u u où msk (mk) et msj (mj) sont les moments fléchissants produits dans la
δ 11 M1 + δ 12 M2 + ...+δ 1n − 1 Mn − 1 + δ 1 F = c1
............................................................ section courante s du système fondamental par les couples unitaires M k=1
u u u
δ k1 M1 + δ k2 M2 + ...+δ kn− 1 Mn − 1 + δ kF = ck et Mj=1 agis-sant en k et en j, respectivement (Figure 6.8). M sF étant le
.............................................................. moment fléchissant dans la section courante du système de base sous
M +δu M + ...+δ M +δ =c l’action des charges extérieures (F).
δ u
n− 11 1 n− 12 2 n − 1n − 1 n−1 n−1F n−1
Chacune des équations exprime la condition de continuité de la poutre dé- Mk=1
k-1 k k+1
formée au-dessus d'un appui. L’équation k par exemple, exprime que la rotation (a)
relative entre les lèvres de la coupure au- lk 1 lk+1
dessus de l'appui k est égale au manque de Tangente
concordance correspondant. Dans le cas d’un d
système concordant cette rotation relative est (θk )
g Mj=1
g
nulle ; ou encore que la rotation à gauche ( θ ) (θk )
k k (b) j-1 j j+1
d
est égale à la rotation à droite (θ k ) ; ce qui lj 1 lj+1
signifie aussi qu'en chaque point (appui par Figure 6.7
exemple) il n'y a qu'une tangente car la ligne
élastique (la déformée) est continue (Figure 6.7).
Signification des coefficients u
δ et δ Figure 6.8 : Diagrammes msk et msj
ij iF
u On constate que chaque couple unitaire produit un moment fléchissant uni-
Les coefficients δ ij et δ iF représentent les rotations relatives des lèvres de quement sur les deux travées situées de part et d'autre de l'appui où il est appli-qué.
la section coupée i du système de base. Les premières sont des rotations Pour que les moments dans la section courante s produits par M k=1 et Mj=1 soient
par unité de couple. simultanément différents de zéro, il faut que les indices k et j ne diffèrent
u pas de plus d'une unité. On en déduit que les coefficients δ kj sont nuls
u
• δ ij est la rotation relative des lèvres de la section i du système de base,
dès que k diffère de j de plus d'une unité. Ainsi, dans l'équation (6.1) seuls
sous l’effet d’un couple unitaire appliqué aux lèvres de la coupure j (les sections u u u
i et j se trouvant dans le cas présent au dessus des appuis intermédiaires i et j). les coefficients δ k− 1 k , δ kk et δ k k +1 sont différents de zéro.

• δ iF est la rotation relative des lèvres de la section i du système de Compte tenu de ce résultat, l'équation générale de continuité (6.1) se
base, sous l’effet des charges extérieures (notées F). simpli-fie et devient :

δ uk k -1 M k − 1 + δ uk k Mk + δ ukk + 1 M k + 1 + δ kF = ck (6.3)
A- Poutres continues à âme pleine 105 106 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

ou encore : d'où :
u l x x dx l
δ u
k k -1 Mk−1+δ u
kk Mk + δ u
kk + 1 M k + 1 = ck − δ kF (6.4) k 1 k x ( lk − x )
δ = 1 − = dx (6.5)’
kk −1 ∫ l k lk (EI) 2 ∫ (EI)
On remarque que trois moments fléchissants interviennent dans cette 0
lk
k
0
k
équa-tion, d'où son nom de "formule des trois moments".
Si (EI)k est constante sur lk, on obtient :
u =
6.3.2 Calcul des coefficients de la formule des trois moments δ lk
kk −1 6(EI)
Il reste à calculer les coefficients intervenant dans l'équation (6.4). Considé-rons k
une poutre continue sans encastrement comportant n travées. Les diagram-
u u u Ce dernier résultat - cas avec (EI)k constante sur la lk - s'obtient plus
mes unitaires permettant le calcul des coefficients δ kk − 1 , δ kk et δ kk travée rapidement avec la méthode graphique ; il vient :
+1 sont représentés à la figure 6.9.
1 1 1 l
δu = .1.l
k
=
k

kk −1 (EI) 2 3 6(EI)
k k
Mk-1=1
(a) k-2 k-1 k
Si la rigidité flexionnelle varie sur chaque travée, on calcule les
u
coefficients analytiquement comme on l'a fait pour δ kk −1 .

Pour le reste des calculs nous supposons que EI est constante sur
1
lk-1 chaque tra-vée.
lk
Mk=1 u
• Calcul de δ kk (méthode graphique)
k-1 k k+1 1 1 2 1 1 2 l l
(b) δu = .1.l + .1.l =
k
+
k +1
(6.6)
1 kk (EI) 2 k 3 (EI) 2 k +1 3 3(EI) 3(EI)
k k +1 k k +1
u
• Calcul de δ kk +1 (méthode graphique)
lk lk+1 u l
Mk+1=1 1 1 1
k +1
δ = .1.l = (6.7)
k k +1 (EI ) 2 k +1 3 6(EI)
k +1 k +1
(c) k k+1 k+2
• Calcul de δ kF
1
Par définition, voir relation 6.2 (a) :
n l M l M l M
i m k m k+1 m
lk+1 lk+2 δ = sk sF dx = sk sF dx + sk sF
∑∫0 ∫0 ∫0 dx (6.8)
kF (EI) (EI) (EI) +1
i=1 i k k
Figure 6.9 : Diagrammes unitaires m , m et m
sk-1 sk sk+1 Seules les deux intégrales sur lk et lk+1 subsistent puisque msk est nul en
u m m (6.5) de-hors de ces travées. Soit :
• Calcul de δ kk −1 :
sk sk −1 δ kF (6.9)
n
= Rg( F ) + Rd( F )
k k
∑∫l ∫l
m m m m
u sk sk − 1 i sk sk − 1 k
δ kk −1 = ∫ L dx = dx = g( F )
0EI
i=1
o ( EI )
i
0 ( EI )k - Rk = rotation de la section k (au-dessus de l'appui k) du système
avec : statique de base sous l'effet des charges extérieures agissant sur la travée lk.

= 1 − x et msk = x d( F )
m - Rk = rotation de la section k du système statique de base sous
sk −1
l'effet des charges appliquées sur la travée lk+1.
lk lk
A- Poutres continues à âme pleine 107 108 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

• Calcul pratique de δ kF δ 1 1 Ω z
= + (6.11)
kF lk (EI) Ω k z k l k + 1 (EI) k +1 k +1
ère k k +1
1 méthode
- Ωk est l’aire du diagramme MsF sur la travée lk.
Considérons les travées lk et lk+1 (du système isostatique de base) adjacentes
à l'appui considéré k. Les deux travées constituent deux poutres - Ωk+1 est l’aire du diagramme MsF sur la travée lk+1.
simplement appuyées comme on l’a vu. - zk distance de l’appui “ k-1 ” au centre de gravité de Ωk.

Le diagramme des moments fléchissants de chaque poutre sous les charges - z k +1 distance de l’appui “ k+1 ” au centre de gravité de Ωk+1.
extérieures peut être aisément obtenu. Selon la méthode de la poutre conjuguée,
• Calcul de ck
utilisée pour le calcul des déplacements des systèmes isostatiques (voir chapitre 2),
si on charge (fictivement) les poutres par leurs diagrammes des moments Le manque de concordance d’un appui est représenté par le
g(F) déplacement li-néaire ou angulaire qu’il subit depuis sa position
respectifs divisés par la rigidité flexionnelle (q f=MsF/EI), alors Rk et
d(F)
concordante jusqu’à sa position réelle. Dans le cas présent, les manques
Rk constituent la réaction en k de la poutre de gauche et la réaction en k de concordance à introduire sont des déplacements angulaires et la
de la poutre de droite, respectivement (Figure 6.10). position concordante correspond à la position hori-zontale.

MsF/EI Les manques de concordance proviennent des dénivellations que peuvent subir
k-1 k k+1 les appuis (Figure 6.11). Comme nous travaillons dans le cadre des petits
déplacements, les dénivellations sont suffisamment petites et de ce fait les angles de
lk lk+1 g(F) d( F ) discontinuité (Figure 6.11c) peuvent être confondus avec leurs tangentes.

Rk Rk k-1 k k+1
a) Diagramme MsF b) Poutres conjuguées (a)
k-1 k+1
α β

Figure 6.10 k (c)


ème (b)
2 méthode
Sachant que le moment msk vaut “ x/lk ” sur la travée lk et “ 1-x/lk+1 ” sur la (a) Position concordante.
travée lk+1, l’équation (6.8) devient : (b) Position réelle.
M (1− x )dx
δ kF = ∫l k MsF x dx + ∫l k +1
sF
lk lk+1

0 lk (EI) 0 (EI) l k +1
k k+1
Figure 6.11
= 1 dx + 1 l (lk + 1 − x )MsF dx
∫ l xMsF k ∫ k+1

lk 0 (EI) l k +1 0 (EI) Le manque de concordance est donné par :


k k +1

La première intégrale représente le moment statique du diagramme ck = α + β = tgα + tgβ = ( k- k-1)/lk + ( k- k+1
)/l
k+1
“ MsF/(EI)k ” sur la travée lk par rapport à l’appui “ k-1 ” alors que la deuxième
=( - )/l - ( - )/l (6.12)
donne le moment statique du diagramme “ M sF/(EI)k+1 ” sur la travée lk+1 par k k-1 k k+1 k k+1
rapport à l’appui k+1. L’équation précédente peut s’écrire : Les dénivellations sont comptées positivement vers le bas.
δ = Sk + S k +1 (6.10) En introduisant dans l'équation des trois moments (6.4) les valeurs
kF trouvées des différents coefficients on obtient :
l l
k k +1

où Sk etS k +1 sont les moments statiques définis plus haut.

Dans le cas où la rigidité flexionnelle est constante sur chaque travée,


l’expression précédente prend la forme :
A- Poutres continues à âme pleine 109 110 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

l l 2 l 2
m m On peut remplacer le second membre par la réaction fictive agissant en k :
sk sk −1
∫ ∫ ∫
m
k+1
M k −1 k
dx + Mk
k msk
dx +
sk
dx + F
Rk = Rk
g(F)
+ Rk
d(F)
. Cette réaction est positive si elle est dirigée de bas en haut.
0
( EI )k
0
( EI )k
0 ( EI )
k +1
On écrit l'équation des trois moments pour chaque appui intermédiaire.
∫l
m m
+ Mk +1 k + 1 sk sk +1 dx = (6.13)
0 (EI)
k +1 6.3.3 Points particuliers
− − m M m M
= k k−1 − k+1 k
− ∫ lk sk sF
dx − ∫ lk + 1 sk sF dx
1) Présence d'un encastrement : on remplace l'encastrement par une
l k l k +1 0 (EI) 0 (EI) +1 poutre adjacente dont on fera tendre la longueur vers zéro en appliquant la
k k
formule des trois moments.
ou encore :
Mk −1 lk x(l − x ) 2 1 l 2 2) Présence d'un porte-à-faux (console) : la console sera remplacée par
1 lk x k +1 (l −x) ses effets, pour l'application de la formule des trois moments.
∫0 dx + M
∫0 (EI) dx +
∫0 dx +
k k +1
k
l2 (EI) l 2
l2 (EI) 3) Couple concentré en un appui intermédiaire : on peut soit le diviser
k k k k k +1 k +1
M l −
entre les deux travées adjacentes, soit le reporter sur l'une des deux.
k +1 k+1
x(lk +1 − x ) k − k−1 k+1 k
+
l
k +1
2
∫0
( EI )k +1
dx =
l
k

l
k +1
(6.13)’
6.3.4 Calcul des éléments de réduction
− 1 ∫ l k xMsF dx − 1 ∫lk + 1
(lk + 1 − x )MsF dx 1) Réaction de l’appui k
l 0 (EI) l 0 (EI)
k k k +1 k +1 - Action des moments aux appuis seuls (Figure 6.12).
Ces expressions sont valables dans le cas général. Mk − 1 − Mk
g
Rk (M) = ; Mk-1 Mk Mk+1
Cas particuliers
l
k k
1) Chaque travée a sa rigidité flexionnelle constante.
M lk + 2 M k lk + l +M l = R k d( M ) =
k-1
d
k+1
k −1 k +1 k +1 k +1 Rg R
k( M ) k(M)
M −
( EI )k ( EI )k ( EI ) k+1 lk lk+1
k +1 ( EI )k +1
− k−1 k+1 − k 6

k
− − lk (6.14) M l
=6 MsF xdx k k +1
Figure 6.12
lk l
k+1 lk ( EI )k 0
6 l
k+1
- Action des forces extérieures :
− ∫ MsF ( lk +1 − x )dx g d
l ( EI ) R k ( F ) = Rk (F) + Rk (F)

d'où :
k+1 0 M M
k +1 Rk = Rk ( F ) + k − 1 − Mk + k + 1 − Mk (6.17)
2) Rigidité flexionnelle constante sur toute la poutre. lk l
k +1
M l +2 M ( l +l )+M l = 2) Moment fléchissant
k−1 k k k k+1 k + 1 k +1

= 6EI
k − k−1 − k+1

l
− k − 6
∫ lk
M sF xdx (6.15)
Le diagramme final est obtenu par superposition des diagrammes (des
travées isostatiques) des charges extérieures et des moments appliqués
lk k+1 lk 0 aux appuis. Cher-chons l’expression du moment fléchissant dans la section
l
6 k+1
courante de la travée lk (d’abscisse x par rapport à l’appui k-1).
M (l

l
k +1
∫0 sF k +1
− x )dx
Chaque travée lk du système de base se comporte comme une poutre
3) Le système est concordant et EI est constante sur toute la poutre. bi-articulée sollicitée, en plus des charges extérieures, par deux couples
Mk − 1 l k + 2M k ( lk + lk + 1 ) + Mk + 1 l k +1 = Mk-1 et Mk appliqués à ses appuis. Si on désigne par Ms ( F ) le moment
produit dans la sec-tion courante de lk par les charges extérieures qui lui
=− 6 ∫l k
MsF xdx −
6
∫l k + 1
MsF ( lk +1 − x )dx
(6.16)
sont appliquées, alors l’expression générale du moment fléchissant s’écrit :
lk
l 0
0 k +1 M s = Ms ( F ) + Mk − 1 + ( Mk − Mk −1 ) x (6.18)
lk
A- Poutres continues à âme pleine 111 112 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

3) Effort tranchant B- POUTRES EN TREILLIS ARTICULES


L’expression de l'effort tranchant dans la section courante d’abscisse x
s’obtient en dérivant par rapport à x l'expression du moment. Désignons par 6.5 SYSTEMES ISOSTATIQUES PLANS EN TREILLIS ARTICULES
T l’effort tranchant dû aux charges extérieures ; il vient :
s(F) 6.5.1 Définitions
M −M (6.19)
Ts = T + k k −1
a) Système en treillis articulé
s(F)
l
k On appelle système en treillis articulé (système réticulé ou plus brièvement
6.3.5 Exemple d'application q treil-lis) un ensemble de pièces droites ou courbes, appelées barres, liées
les unes aux autres (en leurs extrémités) par des articulations. Les points
Considérons une poutre à (a) d'assemblage des barres sont appelés nœuds.
trois travées égales et à inertie
0 1 2 3
constante soumise à une charge l1=l l2=l l3=l Membrure supérieure
uniforme q (Figure 6.13a).
M1 M2 Montant Diagonale
La poutre est deux fois hy- Membrure inférieure
perstatique mais compte tenu (b)

de la symétrie, il n’y a qu’une


seule inconnue. On écrit une M1=1 Figure 6.14 : Poutre isostatique
fois l’équation des trois
moments, pour k=1. (c) ms1 b) Système plan en treillis articulé
M0=M3=0 1 Lorsque les axes des barres et les charges appliquées sont situés dans
M2=1 un même plan, on parle alors de système plan.
et M1=M2=M
c) Système chargé indirectement
Equation des trois (d) ms2

moments (appui 1) : On dit qu'un système en treillis est chargé indirectement, si toutes les forces
1 extérieures sont appliquées exclusivement aux nœuds.
M 0 l 0 + 2 M1 ( l1 + l2 ) + M2 l 2 = (e) Ms(F)
g(F) d(F)
Si les charges sont appliquées en des points quelconques et
= −6EI( R1 + R1 ) notamment en des endroits des barres autres que les nœuds, on parle
2
ql /8 alors de système chargé direc-tement.
g(F)
5 Ml = −6 EI( 2R1 ); ql2/10
d) Système isostatique
g ( F ) = R1
R1 d(F) (f) Ms(M)
g(F)
5 Ml = −12EI R Si les équations de la statique suffisent à elles seules à la détermination
1 com-plète du système, c'est-à-dire qu'elles permettent de calculer les
g(F) 1 2 ql 2 3
ql réactions et les efforts en tout point du système, le système considéré est
R = l = ql2/10
1 2EI 38 24EI dit isostatique. Dans le cas contraire, le système et dit hyperstatique.
(g) Ms
ql2 2
2ql2/25ql /40 6.5.2 Treillis chargés indirectement
⇒M=− , M est dirigé 10
Seuls les treillis isostatiques plans, chargés indirectement, seront
dans le sens opposé du sens 0.4ql 0.5ql
envisagés dans ce chapitre.
choisi arbitrairement.
(h) Ts a) Théorème :
Les figures 6.13g et 6.13h
montrent les diagrammes de 0.6ql Lorsqu'un système plan en treillis articulé, constitué de barres droites,
M et de T. est chargé indirectement, chaque barre du système n'est soumise qu'à un
effort nor-mal constant.
Figure 6.13
A- Poutres continues à âme pleine 113 114 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Considérons une barre du treillis. Le système étant en équilibre, chaque 6.5.3 Méthodes de calcul
barre le constituant l'est aussi. La barre étant articulée, ses extrémités ne
sont le siège d'aucun moment. Les seules sollicitations qu'elle supporte On peut diviser les méthodes de calcul des systèmes en treillis articulés isos-
sont les systèmes de forces concentrées aux extrémités. tatiques en deux catégories : les méthodes analytiques et les méthodes graphi-
R1 ques. La méthode graphique la plus répandue est celle de Cremona (tracé de
Chaque système de forces admet Cremona). Elle consiste à construire le polygone des forces en chaque nœud.
une résultante. Les résultantes (R1 et Les méthodes analytiques les plus usuelles sont la méthode des nœuds et la
R2) doivent obligatoirement être éga- méthode des sections. Les trois méthodes citées seront présentées.
les et opposées pour que l'équilibre Il faut souligner que, indépendamment de la méthode utilisée, on doit
puisse se réaliser. En définitive, la tou-jours commencer par le calcul des réactions.
barre n'est soumise qu'à un effort
normal constant pouvant être une a) Méthode des nœuds
R2
traction ou une compression.
Principe : La méthode consiste à isoler le nœud considéré par des coupures
b) Condition d'isostaticité libérant les efforts dans les barres et à projeter toutes les forces, efforts normaux
Figure 6.15 : Barre d'un treillis et forces extérieures, agissant sur le nœud suivant deux axes perpendiculaires.
Les barres n'étant soumises qu'à
chargé indirectement
des efforts normaux, en chaque nœud On doit obligatoirement entamer les calculs par un nœud auquel
du treillis il y a un système de forces n'aboutissent que deux barres (2 inconnues, 2 équations). Puis on passe à
en équilibre. L'équilibre d'un système y un nœud qui ne pré-sente pas plus de deux inconnues.
agissant sur une particule, un nœud
par exemple, est vérifié si la résul- F1 Exemple d'application
tante est nulle ou si les projections x
F1
suivant 2 directions perpendiculaires P/2 P P/2
(x et y par exemple), sont nulles (ΣFx 4 E F y
C 8
= 0, ΣFy = 0). Fn h 1 α 3 5 7 9 x
Fi 2 6
Si n désigne le nombre de nœuds A B
Figure 6.16 : Nœud d'un treillis D G
(les appuis sont aussi des nœuds, n =
chargé indirectement l l l l
10 pour le système de la figure 6.14),
le nombre d'équations d’équilibre de la statique qu'on peut écrire est égal à 2n.

Soient b le nombre de barres et l le nombre de liaisons dans les appuis. Figure 6.18 : Poutre isostatique
La condition d'isostaticité s'écrit :
• Nœud A
2n = b+l (6.20)
N1 Le choix du sens des efforts dans les barres est arbi-
Il faut cependant préciser que la condition (6.20) peut s'avérer traire. Le sens choisi correspond à la traction ; le calcul
insuffisante à prouver l'isostaticité d'un treillis ; le système doit en outre être montrera pour chaque barre la nature exacte de l'effort
géométriquement invariable. qu'elle porte.
N2
Une règle simple dite règle A
ΣFx = 0 ⇒ N2 = 0
de la maille triangulaire per- ΣFy = 0 ⇒N1 = -P (le signe "-" indique que la
met de vérifier si le système est
RA=P barre 1 est soumise à une compression).
isostatique et stable. Cette règle
s'énonce comme suit : si, par-
tant d'une maille triangulaire, on Figure 6.17 : Système vérifiant la
arrive à reconstituer le sys-tème condition 6.20 mais instable
en ajoutant 2 barres à la
fois, alors le système est isostatique stable.
A- Poutres continues à âme pleine 115 116 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

• Nœud C La figure 6.19 ci-après montre la nature de l'effort dans les barres étudiées.
N4
ΣFx = 0 ⇒ N3 cosα + N4 = 0 P
P/2 P/2
α ΣFy = 0 ⇒ P - N3 sinα = 0
N3 d'où :
N3 = P (traction)
N1=P P
sinα
P

Figure 6.19 : Représentation de la nature des efforts


et N4 = − P (compression)
tgα Convention :

• Nœud D - Flèches vers les nœuds = compression


- Flèches vers le centre = traction
- 0 = effort nul
N3=P/sinα N5 ΣFx =0⇒N6 = N3 cosα = b) Méthode des sections (ou de Ritter)
= P (traction) Principe : La méthode consiste à pratiquer dans le système une coupe ne
tgα rencontrant pas plus de 3 barres (sauf dans des cas précis) non concourantes, de
N2=0 α
N6 ΣFy =0⇒N5 = − N3 sinα = façon à séparer le treillis en deux parties. Pour trouver l'effort dans une des
D = − P (compression) barres, on écrit l'équation d'équilibre de rotation de l'une des deux parties par
rapport au point d'intersection des autres barres (Figure 6.20).
6
ΣM/A=0⇒N5=…
• Nœud E ΣM/B=0⇒N4=…
B 5
P 4 C
ΣFx = 0 ⇔ + N 8 + N7 cosα = 0 ΣM/C=0⇒N6=…
P/2 tgα (partie de droite) A
N4=P/tgα E Figure 6.20
N8 ΣFy =0⇒N7 = P (traction) NB : Le point d'in-
α
2 sinα tersection des barres par
3 P (compression)
⇒ N8 −
= rapport auquel on calcule les moments n'est pas nécessairement un nœud du
2 tgα système (d'où l'intérêt à travailler graphiquement).
N7
N5=P Cas particuliers
1) Deux barres coupées sont parallèles (point d'intersection rejeté à l'infini)
• Nœud F (Figure 6.21)
ΣF =0⇒N 3 P (compression) K H
'=−
P x 8 2 tgα
N8=(3/2)P/tgα N8' ΣFy= 0 ⇒ N9 = − P (compression)
A
F
L J
Figure 6.21 : Poutre en N

N9 L'effort NKH est obtenu à partir de l'équation ΣM/J = 0 et l'effort NLJ dans la

barre LJ s'obtient à partir de : ΣM/K = 0. Pour calculer NKJ, on utilise une équa-
tion d'équilibre de translation, ΣFy = 0 par exemple ; ou bien une équation
d'équilibre de rotation par rapport à un appui, ΣM/A = 0 par exemple.
A- Poutres continues à âme pleine 117 118 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

2) Plus de trois barres coupées : la méthode de Ritter peur être appliquée à sinα = 1 = Z' , d'où : Z' = 4 5 m
condition que les barres coupées soient toutes convergentes sauf une. 5 4

(a) I
et : N6 = −5.59 t
3 6 9 Pour calculer les efforts dans les barres 1, 2 et 3 on écrit les équations d'équi-libre
2 5 8 de translation en A et C. On peut également appliquer la méthode de Ritter.
1

4 (a) 7
I Nature des efforts

Figure 6.22 : Poutre en K

La coupe a-a (Figure 6.22) présente trois barres concourantes 4-5, 5-6 Remarque : Dans la pratique, les bras de leviers peuvent être mesurés
et 6-9 en 6 et l'équation ΣM/6=0 donne l'effort N47. L'effort N47 connu, on graphi-quement ce qui présente l'avantage de faciliter le travail.
fait la coupe I-I et il n'y a plus que trois efforts inconnus.
Intérêt de la méthode des sections : elle permet de calculer directement
l'ef-fort de n'importe quelle barre et constitue de ce fait un excellent moyen c) Méthode de Cremona (tracé de Cremona)
de vérifi-cation des résultats obtenus par les autres méthodes. Principe : La méthode consiste à tracer le polygone d'équilibre des
forces appliquées à chaque nœud. Tous les nœuds étant en équilibre, les
Exemple d'application polygones sont nécessairement fermés.
Pour pouvoir appliquer la méthode, il est nécessaire que le système
2t possède au moins un nœud auquel n'aboutissent que deux barres.
3t 6 3t 1m
Les étapes de la méthode :
Z' 1) On représente le système dans une échelle des longueurs.
Z i 7
2 5
1m
2) On calcule les réactions puis on numérote :
3 α a) Les intervalles entre les forces extérieures en tournant dans un
A α B
1 4 sens, le sens horlogique par exemple.
c j
b) Les intervalles du réseau (domaines intérieurs délimités par les barres).
2m 2m 2m 2m
RB
RA Ainsi, chaque barre se trouve caractérisée par deux chiffres désignant
Figure 6.23 les intervalles (domaines) adjacents.

Réactions : R A = R B = 8 t = 4 t 3) On construit le polygone des forces extérieures, dans une échelle des for-ces
choisie ; ce polygone est fermé puisque les forces extérieures sont équilibrées par les
2 réactions (équilibre global). On précise le sens des forces par des flèches.
ΣM/i = 0 ⇔ 2RA – N4 = 0 ⇒ N4 = 8 t (traction) 4) On trace ensuite le polygone des forces agissant sur chaque nœud
3t (forces extérieures et efforts dans les barres) en commençant par un nœud
ΣM/A = 0 ⇔ 2x3t + ZN5 = 0,
auquel abou-tissent seulement deux barres puis on passe à un nœud
4 m
avec : Z = n'ayant que deux efforts inconnus.
i
5 N5
3 N.B. : Les directions des efforts sont connues (orientations des barres) et
leurs sens et intensité sont obtenus en fermant chaque polygone.
⇒N5=− 5t N4
2 RA=4t
ΣM/j = 0 ⇔ Z'N6 – 2x3t + 4RB = 0
2m
⇒ Z'N6 = -10 tm
A- Poutres continues à âme pleine 119 120 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exemple d'application 4- Construction des polygones des forces agissant sur chaque nœud.

Soit à calculer les efforts dans les barres de la poutre représentée à la a) Nœud A : Les efforts intervenant sont : N 16, N65 et F51. Cette
figure 6.24 déjà calculée par la méthode de Ritter. dernière force étant connue et représentée sur le polygone des
forces extérieures. Notons que seul le point 6 est indéterminé.
2t
(3)
E
1
3t 2 3 3t

C 8 9 G l
(6)
1 4 2
A 6 7 10 11 B
(2) 6
D F
5
l l l l (4) 7 3
RA=4t 5 RB=4t 8
(4) (5)
Figure 6.24 4

La résolution du problème se fait selon les étapes ci-après.


0- On représente la structure dans une échelle des longueurs (Figure 6.24). Figure 6.26

1- Numérotation des domaines extérieurs (délimités par les forces appli- A partir du point 1 on trace une parallèle à la barre AC (N 16) et à partir de 5
quées et les réactions) : 1, 2, 3, 4 et 5 (sens horlogique, Figure 6.24). on mène une parallèle à AD (N65). L'intersection des deux parallèles détermine
le point 6 cherché. Pour connaître le sens des efforts N 16 et N65, on ferme le
2- Numérotation des domaines intérieurs (mailles) : 6, 7, 8, 9, 10, 11 (de
poly-gone en partant de l'effort connu, F51 (schémas ci-dessous).
gauche à droite). On pouvait choisir des lettres à la place des
chiffres (Figure 6.24).
1
(compresion)
On peut maintenant numéroter chaque effort (extérieur ou interne), avant de N16
passer à l'étape suivante. Chaque effort est caractérisé par les deux chiffres des A (traction)
domaines qui sont adjacents à sa direction. Les efforts internes agissant sur les N65
nœuds sont numérotés en tournant dans le sens horlogique (Figure 6.25).
F51
6 5
F23=2t

E N39 Les flèches obtenues en fermant le polygone (des efforts agissant sur le
F12=3t
N82
F34=3t nœud A) indiquent la nature de chaque effort.
N98
C N28 b) On passe ensuite au nœud D où seuls les efforts dans les barres
N61 N87 DF et DC sont inconnus.
N76
A
N16 Efforts intervenant : N56 (connu puisque N65 est connu), N67 et N75.
N67
N56 D N75 F
Dans ce cas également, seul le point 7 est indéterminé.
N65
A partir de 6 on mène une parallèle à DC (N 67) et à partir de 5 on trace
F51=4t F45=4t
Figure 6.25 une parallèle à DF (horizontale) (N 75). L'intersection des deux parallèles se
fait au point 6, donc le point 7 est confondu avec 6. Le polygone des forces
3- On trace le polygone des forces extérieures (forces appliquées et en D (N56, N67 et N75) se limite au segment 5-7 ; donc l'effort N67 = 0 (voir
réac-tions). Ce polygone est représenté par le segment vertical : 1- schémas ci-dessous).
2-3-4-5-1 (Figure 6.26).
A- Poutres continues à âme pleine 121 122 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

6 8
N56 5 N56 (traction) a

7 N76
D N75 (traction) 7

5
6
c) Point C : Efforts intervenant : N61, F12, N28, N87 et N76 (N67 = N76 = 2
0). Seul le point 8 reste à trouver. 1 3
4 4'
A partir du point 2 on trace une parallèle à CE (N28) ; puis à partir de 7 on
a
mène une parallèle à CF (N87). L'intersection des deux parallèles détermine la
position du point 8. On ferme ensuite le polygone pour déterminer le sens des Figure 6.27 : Ferme type Polonceau
efforts inconnus (N87 et N28) (N61→F12→N28→N87 et N76) (schémas ci-après).
Ayant amorcé le Cremona en 1, en arrivant en 4 on se trouve en présence de
3 efforts inconnus (N45, N46 et N44'). La coupe a-a' permet de calculer directement
1 F12
l'effort N44' (ΣM/8=0) ; après quoi on poursuit normalement le tracé de Cremona.
N28
C 2) Barres ne travaillant pas (N=0)
6 2 N61 N87
Dans l'exemple ci-contre, cinq
P
7 N76 barres ne travaillent pas (N=0) ;
néanmoins, elles sont nécessaires
8 car elle contribuent à :
- assurer l'indéformabilité et
l'isostaticité du système ;
- réduire les longueurs de Figure 6.28 : Poutre avec plusieurs
flambement ; barres non sollicitées
- faciliter les dispositions
constructives.

Remarques :
1) Utilisation combinée du tracé de Cremona et de la méthode de Ritter
Lors d'un tracé de Cremona, on ne peut pas franchir les nœuds auxquels
aboutis-sent plus de deux barres dont les efforts sont inconnus. La méthode de
Ritter permet de franchir ces nœuds. Il suffit d'effectuer une ou plusieurs coupes
don-nant les valeurs des efforts dans les barres "surabondantes". Ce cas se
présente fréquemment dans les fermes dites "Polonceau" (Figure 6.27).
A- Poutres continues à âme pleine 123 124 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

6.4 EXERCICES Exercice 6.5


Calculer les moments aux appuis et les réactions et tracer les diagrammes
du moment fléchissant et de l'effort tranchant des poutres continues ci-dessous. P=2t C=4tm q=6t/m
(0) (1) (2) EI=Cte
Exercice 6.1

P=2t q=1t/m C=4tm 1m 3m 2m


(1) EI=Cte
(2) (3)

3m 3m 5m 2m Exercice 6.6

q P=ql/2
Exercice 6.2

EI=Cte
(1) (2) (3)
q=1t/m C=3tm q=1t/m
l l/2 l/2
EI=Cte

(0) (1) (2)


2m 3m 3m 2m Exercice 6.7

Exercice 6.3 P=ql


q q EI=Cte

P=5t (1) (2) (3) (4)


l l/2 l/2 1

(1) (2) (3) (4) EI=Cte

8m 6m 4m 2m Exercice 6.8

F1=2.375t F2=4.8t
Exercice 6.4 1.5t/m 2.8t/m 1.5t/m 2.8t/m

A B C D E
P=12t
q=2t/m q=4.5t/m 1m 2m 1m
3I (1) 2I I 3m 7m 5m

(0) (2) (3)


12m 4m 4m 4m

La section de la poutre, de forme rectangulaire (bxh), varie d'un tronçon à l'autre


comme suit : SAB=20x55 cm2, SBC=25x60 cm2, SCD=25x50 cm2, SDE=25x40 cm2.
A- Poutres continues à âme pleine 125 126 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exercie 6.9 Réponses :


Exercice 6.1 : M1=-1.6 tm, M2=-1.3 tm, M3=-4.0 tm,
5t/m F1=5t F2=10t
2t/m
R1=1.049 t, R2=2.912 t, R3=3.039 t.
EI=Cte g d
Exercice 6.2 : M0=-2.0 tm, M1 =-0.5 tm, M1 =-2.5 tm, M2=-2.0
(1) (2) (3)
tm, R0=2.5 t, R1=-2t, R2=3.5t.
4m 3m 3m 2m
Exercice 6.3 : M1=0.27 tm, M2=-0.54 tm, M3=2.16 tm,
R1=-0.10 t, R2=0.55 t, R3=-3.49 t, R4=8.04 t.
Exercie 6.10
Exercice 6.4 : M1=-25.6 tm, M2=-5.5 tm, M3=-6.2 tm,
q R0=9.9 t, R1=22.6 t, R2=12.3 t, R3=9.2 t.
(1) (2) (3) (4) EI=Cte
g d
Exercice 6.5 : M0=-2.0 tm, M1 =1.3 tm, M1 =-2.7 tm, M2=-1.7
l l l a tm, R0=3.11 t, R1=5.39 t, R2=5.50 t.
2 2 2
Exercice 6.6 : M1=-17ql /192, M2=-14ql /192, M3=-11ql /192,
R1=99ql/192, R2=93ql/192, R3=45ql/192.
Exercice 6.11 2 2
Exercice 6.7 : M1=117ql /72, M2=-4ql /72,
P=10t q=3t/m q=4t/m
(0) (1) (2) (3) EI=Cte
Exercice 6.8 : MB=-11.5 tm, MC=-10.9 tm, MD=-1.4 tm,
RB=16.761 t, RC=19.327 t, RD=8.737 t.
4.5m 4.5m 6m 12m
Exercice 6.9 : M1=-7.35 tm, M2=-5.31 tm, M3=-20.00 tm,
R1=10.51 t, R2=15.54 t, R3=20.95 t.
Exercice 6.12
Exercice 6.10 : M1=qa2/52, M2=-2qa2/52, R3=7qa2/52, R4=-28qa/52.

q=0.2t/m (B)
P=0.5t R1=-3qa/52, R2=12qa/52, R3=-42qa/52, R4=85qa/52.

(A) Exercice 6.11: M0=0, M1=548.4 kgm, M2=-443.0 kgm, M4=98.4 kgm,

x1
R0=4.00 t, R1=11.10 t, R2=34.95 t , R3=25.95 t.

15m Exercice 6.12 : x1=3 m, MA=-1125 kgm, MTmax=729 kgm (x=4.42 m),
MB=3600 kgm, RA=884.1 kg, RB=2 615.9 kg,

Soit la poutre représentée ci-dessus dont la rigidité fléxionnelle est γB=0.003726 rd, f=2.96 cm, Menc=578 kgm.
2
constante et vaut 1200 tm . Signes : Les poutres considérées étant toutes horizontales, un moment
1) Quelle valeur faut-il donner à x1 pour que les moments en A et B positif signifie que les fibres inférieures sont tendues, et inversement. Une
soient égaux. réaction verticale positive est orientée vers le haut. Pour les déplacements,
une rotation est positive si la section tourne dans le sens horlogique alors
2) Prenons x1=4 m. On demande de : qu'une flèche est positive quand le déplacement se fait vers le bas.
2.1) tracer les diagrammes de M et de T,
2.2) calculer la rotation de la section B, 6.5.4 Exercices
2.3) calculer la flèche de l'extrémité libre de la poutre.
Exercice 6.13 : Poutre en K.
3) La même poutre est libre de toute charge mais son appui B subit un
affaissement de 20 mm. Calculer le moment qui apparaît dans l'encastrement.
A- Poutres continues à âme pleine 127 128 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

F1=6t F2=3t F12 P=20t


2 3 4 5 6 5' 4' D N26
a 1 N41 N54 N65 2

1 7 8 9 9' 8' 4m
5 6m
4 N45 6
a
N14 N53
A N43 C 3 E
10 11 12 13 12' 11' N34
B
4m 4m 4m
a a a a a a=2m a a

Déterminer les efforts dans les barres suivantes: 5-6 ; 5-9 ; 6-9 ; 9-13 ; 12-13. Rép. :
Rép. : N56=-5.44 t, N59=-0.19 t, N69=0.26 t, N913=-0.26 t, N1213=5.44 t. On trace :
1) Parallèle à AD (14) à partir de 1 14 → N14 (compresion)
Exercice 6.14 ⇒ ( 4 ), sens
2 ) Parallèle à AC (43) à partir de 3 43 → N43 (traction)
Calculer les efforts dans les barres.
3 ) Parallèle à CD (45) à partir de 4 45 → N45 (traction)
13 ⇒ ( 5 ), sens → N (traction)
2t 4) Parallèle à CE (53) à partir de 3 53 53
3m
10 11 12

9
2t (3)

3m 5 6 7 8
4 1
1 2 3
2m 4m 2m
5 "14"
(4)
3

Rép. : N1=N12=-1.5 t, N2=N3=-N11=-2.5 t, N4=-N8=2.7 t, N5=-0.75 t,


N6=1.25 t, N7=N10=N13=0, N9=-0.5 t.
4 2

Exercice 6.15 (2)


(1)
Calculer les efforts dans les barres à l'aide du tracé de Cremona.

F12 P=20t
D N26
1 N41 N54 N65 2

4m
5 6m
4 N45 6
N14 N53
C 3 E
N34
A- Poutres continues à âme pleine 129 130 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exercice 6.17
Déterminer les efforts dans les montants 1, 2 et 3 ainsi que l'expression géné-
rale donnant l'effort Nm dans le montant courant m.

m
3 2 1 α
P P P P P P P

a a a a a a a

Rép. : N1=0, N2=-P/2, N3=-P, Nm=-P(m-1)/2.

Exercice 6.16
Déterminer les efforts dans les barres numérotées de 1 à 3.

a
P

1 2

3
30°

Rép. : N1=3.86P, N2=2.45P, N3=-4.46P.


A- Poutres continues à âme pleine 131 132 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Ainsi dans l'exemple cité, les équations de continuité s'écrivent :


6.6 SYSTÈMES HYPERSTATIQUES EN TREILLIS ARTICULES
u X 1 + δ u X 2 +δ 1F = 0
Nous allons maintenant appliquer la méthode générale des forces au δ 11 12

calcul des systèmes hyperstatiques en treillis articulés. u


δ
u
X 1+ δ X 2 + δ 2F = 0
21 22
Nous avons vu que le degré d'yperstaticité est égal à : u
Les coefficients δ et
δ iF se calculent par les formules vues précédemment
H = b + l − 2n ij

b = nombre de barres b
n n b
N n
l = nombre de liaisons ki kj δ =
∑∫ (EA)
kF ki
∑∫
u dx dx
δ ij =
n = nombre de nœuds iF ( EA)
k =1 l k k =1 l k
k
k

L'hyperstaticité peut être interne, s'il y a des barres surabondantes (on


parlera dans ce cas d'inconnues hyperstatiques intérieures) ; externe, s'il y Si EA est constante pour chaque barre, il vient :
a des liaisons surabondantes aux appuis (inconnues hyperstatiques
b
nn b
δ
∑ ki kj

N n
extérieures). Souvent les systèmes hyperstatiques comportent des u
δ ij = lk iF =
kF ki
lk
inconnues hyperstatiques des deux ty-pes. ( EA)
k
(EA)
k
k =1 k=1
Pour calculer un système hyperstatique de degré H, il faut effectuer un nom-bre où :
équivalent (H) de coupures judicieusement choisies, soit en enlevant certains appuis,
soit en sectionnant des barres sans les supprimer, soit en combinant les deux b = nombre de barres
(suppression d'appuis + sectionnement de quelques barres), de façon à obtenir un
lk = longueur de la barre k
système isostatique de base géométriquement stable.

6.6.2 Poutre en treillis avec montants et diagonales croisées


6.6.1 Poutre continue en treillis articulé

r 1 k-1 k k+1 n=H


s

m+1
m
m-1
A B
Figure 6.30
Figure 6.29 Chacun des n panneaux du système comporte une diagonale
surabondante. Le système fondamental (isostatique) s'obtient en effectuant
Les seules inconnues hyperstatiques de la poutre représentée ci-dessus des coupures dans les n diagonales surabondantes.
pro-viennent des appuis simples surabondants.
Les efforts N1(X1), …, Nk-1, Nk, Nk+1, …, Nn dans les diagonales sectionnées
En appliquant la méthode des forces on commence par choisir un s'obtiennent à partir des équations générales. Le système d'équations s'écrit :
système fondamental par suppression des liaisons surabondantes.
u u u u u n
δ N + ...+δ N N
Un premier système fondamental est obtenu par suppression des deux appuis 11 1
....... .... .... .......... .... .... .......... .... .... .......... .... .... .......... .... .... .........
+δ12N2 1k− 1 k − 1 + δ 1k Nk + δ 1k + 1Nk +1+ ...+δ 1n n +δ1F = 0
intermédiaires ; on obtient ainsi une poutre isostatique et les deux réactions sup-
primées seront déterminées par application de la méthode des forces. u u u u u
δ
u
k1N1
+δ k2 N2 + +δ kk −1Nk − 1 +δ kk Nk + δ kk + 1Nk +1+ +δ kn Nn + δ kF = 0

Nous pouvons également transformer la poutre en un ensemble de trois ................................................................................................


pou-tres isostatiques en sectionnant les barres r et s. Il faut noter que les u u u u u u
barres r et s sont coupées et non supprimées. Les efforts normaux dans les δ N
n1 1 + δ n2 N2 + ...+δ nk −1Nk − 1 + δ nk Nk + δ nk + 1Nk+1+ ...+δ nn Nn + δ nF = 0
barres r et s cons-tituent les inconnues hyperstatiques. ème
Intéressons-nous à la k équation (relative à la diagonale k).
Les équations de continuité s'écrivent de façon unique quelque soit le δ
u
N1 + δ
u
N2 + ...+δ
u
Nk − 1 + δ
u
Nk + δ
u
Nk +1 + ...+δ
u
Nn + δ kF =0
k1 k2 kk − 1 kk kk + 1 kn
sys-tème fondamental choisi.
A- Poutres continues à âme pleine 133 134 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

u u nm+ 1k .nm+ 1k +1
Le coefficient général δ ki est donné par : δ kk +1 = lm+1
b ( EA)m+1
δ uki = ∑ n rk .nri lr nmk = effort dans le montant m sous l'action des sollicitations unitaires
( EA) appli-quées aux lèvres de la coupure de la diagonale k.
r=1 r

nrk = effort dans la barre courante r sous l'action du couple de forces nmk-1 = effort dans le montant m sous l'action des sollicitations unitaires
unitaires appliquées aux lèvres de la coupure de la diagonale k. ap-pliquées aux lèvres de la coupure de la diagonale k-1.
nri = effort dans la barre courante r sous l'action du couple de forces n
m+1 k
unitaires appliquées aux lèvres de la coupure de la diagonale i.
n
On montre aisément que les forces unitaires appliquées aux lèvres d'une m-1 k+1
= effort dans le montant m+1 sous l'action des sollicitations unitaires appliquées aux lèvres de la coupure de la
coupure quelconque n'introduisent des efforts que dans les six barres diagonale k.
appartenant au pan-neau correspondant.
= effort dans le montant m-1 sous l'action des sollicitations unitaires appliquées aux lèvres de la
coupure de la diagonale k+1.
Nk-1=1
1 u
Pour δ kk , il y a les six barres des panneaux correspondant qui interviennent.
m-1

Effort normal total


(a) H
Nk=1
N k
=N
kF
m+1

1
+

m

1
Xn
i ki i= 1

(b)

Nk+1=1
6.6.3 Exemple d'application

1
m+

1 P
1

a
P
4 (EA) = identique pour
(c) 3' toutes les barres
a/2 1 3 1'
Figure 6.31 2 2' H = b + l - 2n
u
Ainsi le coefficient δ ki sera nul dès que k diffère de i de plus d'une unité. =7+4-10=1
a a
L'équation générale de continuité s'écrit donc :
u u u
δ kk− 1 Nk − 1 + δ kk N k + δ kk+1 + δ kF = 0

Trois efforts normaux apparaissent dans cette équation d'où son nom Nous avons deux possibilités de rendre isostatique le système, soit en
de for-mule des trois N. coupant la barre 4 soit en enlevant l'appui intermédiaire.
ère
u u u 1 méthode : on supprime l'appui intermédiaire.
Les coefficients δ k ,k −1 , δ kk et δ kk +1 sont obtenus à partir des expressions
simples suivantes :
n .n b
nrk
2

u
δ kk −1 =
mk

( EA)
mk −1
lm δ
u
kk = ∑ ( EA) lr (6 termes ≠ 0)
m r= 1 r
A- Poutres continues à âme pleine 135 136 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

P P
B 4
y
1 3
A x
2
Système fondamental (S.F.) RA=P RA'=P

• Nœud A

N1F ΣFy = 0 ⇔ N1F / 2 + P = 0


P P ⇒ N1F =-P 2
45° ΣFx = 0 ⇔N2F+N1F / 2=0
N2F
P ⇒ N 2F=−N1F/ 2=P

Par symétrie on a : N1F = N1'F et N2F =N


2'F

X1
Système équivalent (S.E.) • Nœud B

Equation de continuité :
P
u B N4F ΣFy = 0 ⇔ − P+ ( P 2 )/ 2 − N3F / 2 = 0
δ 11 X1 + δ 1F = 0
45°
avec : 90°
⇒N3F =0

7 2 7 ΣFx = 0 ⇔ − ( P 2 ) / 2 + N4F = 0
n
1
∑∫ dx = ∑n k1 lk N3F
k1
u 2 ⇒N4F =−P
δ 11 = ( EA)k EA
k = 1 lk k =1 P2
et :
Par symétrie N3F = N3'F = 0
7 N n 1 7
kF k1 b) Efforts nki (i=1)
δ = N .n .l
1F ∑∫ ( EA) dx = EA ∑ kF k1 k
• Nœud A
k=1 k k =1

Calcul des efforts dans les barres. B


1 1/2 n11
a) Efforts NkF RA
=
Appliquons la méthode des nœuds. 2 1 3
2 45°
1
A R n21
'= A
A 2
X1=1
A- Poutres continues à âme pleine 137 138 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

u
ΣF = 0 ⇒ n = 2 Les coefficients δ 11 et δ 1F s'obtiennent par sommation sur les colonnes
y 11
2 cor-respondantes. Les sommes obtenues sont ensuite divisées par EA.
ΣF = 0 ⇒ n =−1 L'équation de continuité s'écrit alors :
x 21
2
1a 1 aP(
N.B.: n11 = n1'1 et n21 = n2'1 (par symétrie) ( 2 2 +3)X1 − 2+2)=0
EA 2 EA

• Nœud B d'où : X 1 = P 2( 2 +2) X1 = 1172.P


2 2+ 3
L'effort total Nk dans la barre k s'obtient par addition des efforts dus à F
45° n41 (sol-licitation globale externe) et aux inconnues Xi.
ΣFy = 0 ⇒ n31 = − 2 / 2
N =N +
∑n .X
90°
n31 2 k kF ki i
2 ΣFx =0⇔( / 2 + n31 / 2 + n41 = 0 i =1
2
2
⇒ n41 = 1 Il est pratique d'ajouter les deux dernières colonnes du tableau comme
indi-qué.

ème
2 méthode : on effectue une coupure dans la barre 4 (Figure 6.32).
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau ci-après.

4
Barre k lk (EA)k NkF nki Nkp.nki.lk n2kilk nki.Xi Nk=NkF+
nkiXi 1 3 3' 1'
1 EA 0.828P -0.586P
a/ 2 −P2 2/2 −aP 2 2 a 2 4 2 2'

2 a " P -1/2 -aP/2 a/4 -0.586P 0.414P


(a) S.F.
P P
3 " 0 0 -0.828P -0.828P
a/ 2 - 2/2 a 2 4
X1
4 a " -P 1 aP a 1.172P 0.172P

1' "
a/ 2 −P2 2/2 −aP 2 2 a24
(b) S.E.
2' a " P -1/2 -aP/2 a/4
Figure 6.32
3' " 0 0 u
a/ 2 - 2/2 a24
L'équation de continuité ne change pas : δ 11 X1 + δ 1F = 0
u
a( 2 2+3) Pour déterminer les coefficients δ 11 et δ 1F il faut calculer les efforts dans les
∑ −aP( 2 + 2)
2 barres sous l'action de la sollicitation unité X1=1 et des forces P
(sollicitation générale externe).
A- Poutres continues à âme pleine 139 140 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

a) Efforts NkF (effort dans chaque barre sous l'action des charges extérieures). B B'

X1=1 X1=1
P P (a)
A C A'

HA'=0

RA=1/2 RC=1 RA'=1/2

X1=1 X1=1
R=P/2 R=P R=P/2

(b)
Figure 6.33 1 3 3' 1'
- La barre 4 qui est sectionnée n'intervient pas dans ce cas.
- On a deux systèmes isostatiques symétriques. 2 1 1 2'
1/2 1/2 1/2 1/2

Figure 6.34

P
1 N1F

3
2 45°

N2F
P/2 P/2 P/2
• Nœud A
ΣFy = 0 ⇒ N1F = − P /
2 et par symétrie N1F = N3F ΣFy = 0 ⇒ n11 = 2 2 , ΣFx = 0 ⇒ n21 = −1 / 2
ΣFx = 0 ⇒ N2F = P / 2
P
1
N

1F
= N 3F = N 1' F = N 3' F =−P/ 2
En résumé, on a : n11
N 2F = N 2' F =P/2 1 3
A 2 1 A 45°
b) Efforts nki n21
1/2 1/2 1/2

• Nœud B
A- Poutres continues à âme pleine 141 142 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

ΣF 2 1 n
31
B 1 x =0⇔−( ) +1 + =0 2' a " P/2 -1/2 -aP/4 a/4
45° 2 2 2
90°
⇒ n31 = − 2 / 2 3' "
n31 a/ 2 −P/2- 2 /2 aP 2 4 a24
2
2 En utilisant la symétrie on peut résumer
les efforts :
a( 2 2 + 3)
∑ -aP/2 2
n =n = 2 , n =n 1
11 1' 1 21 2' 1 = −
2 2
n =n u
=− 2 ,n =1 δ 11 et δ1F étant connus, on peut calculer X1
31 3' 1 41
2 = P X1 = 0.172P
X
1 ,
2 2+3
On peut vérifier que les efforts dans les barres sont exactement ceux
trouvés avec la première méthode.

6.6.6 Exercice
Calculer les efforts dans les barres de la poutre représentée.

4
5

1 8 9 l
3 6

A 2 7 10 B
P P

l l l

Barre k lk (EA)k NkF nki NkF.nki.lk n2kilk nki.Xi Nk=MkF


+nkiXi
Solution
1 EA −P/ 2 −aP 2 4 0.121P -0.586P
a/ 2 2/2 a 2 4

2 a " P/2 -1/2 -aP/4 a/4 -0.086P 0.414P

−P/
3 " 2 - -0.121P -0.828P
a/ 2 2 /2 a 2 4
aP 2 / 4
4 a " 0 1 0 a 0.172P 0.172P

−P/
1' " 2
a/ 2 2/2 −aP 2 4 a24
A- Poutres continues à âme pleine 143 144 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

• Nœud C

y N4F
ΣFy = 0 ⇒ N3F = P
x ΣFx = 0 ⇒ N4F = − P
P 2 N3F
S.F.

• Nœud D
X2
X1
P N6F
=0⇒ N6F = 0
ΣFy
P S.E. P ΣF x = 0 ⇒ N 7 F = P
P 45°
N7F

Equations canoniques du système :


P
u u
δ 11 X 1 + δ 12 X 2 + δ 1F = 0
u u
δ 21 X 1 + δ 22 X2 + δ 2F = 0 • Nœud E

1- Efforts NkF P
ΣFx = 0 ⇒ N9 F = − P / 2
C 4 E 45° =P
ΣFy =0⇒N8F
0 N9F
1 6 8 1 N1F N8F
3
A 2 7 10 B 45°

D F N2F • Nœud F
P P P
RB=P P
RA=P
ΣFx = 0 ⇒ N10 F = P
N.B.: N5F = 0, car la barre est coupée.
P N10F
• Nœud A
2- Efforts nk1
ΣFy =0⇒N1F =−P/ 2
ΣFx =0⇒N2F =P
C 4 E
1 6 8

1
3 10 B X1=1
RAX=1 A 2 7

D F
P P
A- Poutres continues à âme pleine 145 146 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Réactions : 3- Efforts nk2

ΣFx = 0 ⇒ RAx = 1 C 4 E
ΣM / A = 0 ⇒ RBy = 0 5
X2=1
3 6 8
et : ΣFy = 0 ⇒ RAy = 0
A 7 B
• Nœud A
D F
n11
ΣFy = 0 ⇒ n11 = 0
45°
ΣFx = 0 ⇒ n21 = 1 Réactions :
1
n21 et par symétrie ΣFx = 0 ⇒ RAx = 0
ΣM / A = 0 ⇒ RBy = 0
n 91 = 0 ; n101 = 1
ΣFy = 0 ⇒ RAy = 0
N.B. : n51 = 0, car la barre 5 est coupée.
Seules les barres du panneau central supportent des efforts différents
de 0 (déjà montré précédemment).
• Nœud C
n =n =n =n =0
12 22 92 102

n41 • Nœud C

ΣFx = 0 ⇒ n41 = 0 45° n42


0
ΣFy = 0 ⇒ n31 = 0
n31 ΣFx = 0 ⇒ n42 = −1 / 2
1
0
ΣFy = 0 ⇒ n32 = −1 / 2
n32
• Nœud D
0 • Nœud D
ΣFy = 0 ⇒ n61 = 0
n61
ΣFx = 0 ⇒ n71 = 1
1
1 45° n71 2 n62
= 0 ⇒ n62 = 1
ΣF y
0
ΣFx = 0 ⇒ n72 = −1 / 2
• Nœud F n72

• Nœud F
n81
ΣFy = 0 ⇒ n81 = 0
1 n101 1 n82
ΣFx = 0 ⇒ n101 = 1 ΣFy = 0 ⇒ n82 = −1 / 2
On vérifie que n102 = 0
1 45° 0

2
A- Poutres continues à âme pleine 147

Calcul des coefficients


u 10 2 3l
n k 1 lk
δ =∑ = EA
11 (EA)
k =1 k

10 n .n
u
δ 12 = δ 21 =
u
∑ k1 k2
lk = −
l
k =1 ( EA)k 2EA
10 2
2 l( 1 + 2)

n l
u k2k
=
δ 22 =
( EA) EA
1 k

10 N .n
kF k1
δ =
1F ∑ ( EA)
lk =
3Pl
EA
1 k

10 N .n
kF k2 Pl 2
δ =∑ l = − EA
2F EA k
1

Après simplification, les équations canoniques s'écrivent :

3 − 1
X −3P
2 1
1 =
X P2
2
− 2(1+ 2)
2
d'où :
X1 = −0.964P et X2 = 0.152P

Efforts dans les barres


L'effort total dans la barre k vaut :
2
N =N +
k kF ∑n ki
.X
i
i=1

ou encore :

N k = N kF + n k1 . X 1 + n k 2 . X2 (Voir tableau)
150 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

7.2 CLASSIFICATION DES STRUCTURES


La méthode étant basée sur les déplacements des nœuds, les structures consi-
dérées sont classées en fonction des possibilités de déplacement de leurs nœuds.

On distingue deux catégories :

a) Les structures à nœuds fixes ou à nœuds invariables (Figure 7.2)


Chapitre 7
Dans de telles structures, les nœuds ne peuvent subir que des rotations.

METHODE DES ROTATIONS

7.1 INTRODUCTION (a) Figure 7.2 (b)

Bien qu’ayant un caractère général, comme la méthode des forces, la mé-thode


des rotations (des déplacements ou des déformations) est cependant surtout utilisée Notons que la dérive (c’est-à-dire la translation) des nœuds d'un système
pour le calcul des structures constituées de barres, généralement droites. peut être empêchée soit par la nature même du système (notamment le type
Des barres droites assemblées en leurs extrémités (nœuds) forment d'appuis) soit par une symétrie de la géométrie et du chargement du système.
des struc-tures appelées portiques (Figure 7.1).
b) Les structures à nœuds déplaçables (Figure 7.3)
Ce sont des structures dont les nœuds ou certains nœuds subissent
des tran-slations en plus des rotations.

(a) Figure 7.1 (b) (a) (b)

Les portiques ont un comportement essentiellement flexionnel, c'est-à-


dire que la flexion est prépondérante. On peut de ce fait négliger les Figure 7.3
déformations provoquées par l'effort normal et l'effort tranchant.
Une structure est à nœuds déplaçables si le système articulé, obtenu
Les structures auxquelles on s'intéresse ici sont planes et chargées par rem-placement de tous les nœuds et de tous les encastrements d'appui
dans leur plan. par des articu-lations, constitue un système instable (mécanisme).
D'une façon générale, la méthode des déplacements est utilisée lorsque Le nombre de translations possibles pour les nœuds représente le nombre
le de-gré d'hyperstaticité est élevé. Notons aussi qu'elle s'applique de degrés de liberté (ddl) du système articulé. Le nombre de ddl correspond au
parfaitement aux poutres continues ; dans ce cas, les appuis intermédiaires nombre de liaisons supplémentaires qu'il faut ajouter à la structure articulée
constituent les nœuds de la structure. instable pour qu'elle devienne immobile (stable), du point de vue translation.
Le nombre de translations indépendantes possibles d'un système vaut :
Kt = 2n – (b+l)
Méthode des rotations 151 152 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Avec : 2) Afin d'obtenir un système équivalent à la structure initiale, on applique des


n = nombre de nœuds et d'appuis. déplacements (inconnus) correspondant aux liaisons ajoutées (Figure 7.6).
b = nombre de barres (une console n'est pas comptée comme une barre).
l = nombre de liaisons aux appuis du système articulé. w1 (3)
w2
δ
7.3 PRINCIPE DE LA METHODE (3) (2)

Figure 7.6

Kt=1 Kt=2 Kt=3

(a) (c)

Les inconnues du problème dans le cas considéré sont :


(b)
X1 = w1 (rotation du nœud 1)
X2 = w2 (rotation du nœud 2)
X3 = δ (translation horizontale des nœuds 1 et 2, la variation de longueur
de la barre 1-2 étant négligée).
3) Pour obtenir les déplacements inconnus (X1, X2, X3) on écrit qu'il y a équilibre
Kt=1 Kt=2 des réactions (moments ou forces) apparaissant dans chaque liaison ajoutée
sous l’effet des forces extérieures et des déplacements imposés. Soit :

R1 = Σ des moments réactifs dans l'encastrement (1) = 0


(d) (e)
R2 = Σ des moments réactifs dans l'encastrement (2) = 0 (7.1)

Figure 7.4 : Exemples de calcul de Kt R3 = Σ des réactions dans la liaison (3) = 0

La méthode consiste à déterminer les déplacements (rotations et Il importe de noter que le système de base obtenu selon l'étape 1 est toujours
translations) des nœuds de la structure ; puis, en raison de constitué de barres dont chacune a soit ses deux extrémités encastrées soit une
l'interdépendance qui existe entre les déformations et les efforts, on extrémité encastrée et l'autre appuyée simplement ou doublement (Figures 7.7 et
détermine les efforts (moment, effort tranchant et effort normal). Le principe
de la méthode est décrit par les trois étapes suivan-tes.
1) On ajoute des liaisons aux nœuds de la structure initiale pour obtenir un sys-tème
dont les nœuds n'ont aucune possibilité de déplacement (rotation ou transla-tion). Le
système ainsi obtenu est appelé système statique de base (Figure 7.5b).

(a) (b)

Figure 7.7

(a) Système initial 7.8).


(b) Système de base

Figure 7.5
Méthode des rotations 153 154 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

On a : MA wA(wA>0)

Mx = MA + RAx
A x B
EIy" = -MA - RAx
RA l
2
EIy' = -MAx - RA x /2 + C
2 3 y Figure 7.9
EIy = -MAx /2 - RAx /6 + Cx + D
(a) (b)
avec :
C = EIθ0 = EIwA et D = EIf0 = EI.0 = 0
Figure 7.8 donc :
2
EIy' = -MAx - RAx /2 + EIwA
Pour terminer, on retient que la méthode des déplacements est EIy = -MAx /2 - RAx /6 + EIwAx
2 3
caractérisée par :
Conditions à l'extrémité B
1) Le blocage des nœuds.
En B (x = l), on a : θB = 0 et yB = 0
2) Un seul système de base possible, donc une façon unique de mettre le
pro-blème en équations (de ce fait, la méthode est particulièrement D'où :
indiquée pour le calcul automatique). 2
0 = -MAl - RA l /2 + EIwA
3) Des liaisons ajoutées spéciales ; en effet, 2 3
0 = -MAl /2 - RAl /6 + EIwAl
• Les encastrements ajoutés supportent uniquement des moments et ou encore :
peuvent par conséquent subir des translations.
• Les liaisons de translation supportent seulement des forces suivant la MA EIwA 4EIwA
liaison ajoutée.
l2 M
l =
2 =
A
⇒ l
2 3
7.4 SOLLICITATION DES BARRES DROITES HYPERSTATIQUES l l R = − 6EIwA (↓ )
A
2 6 R l 2
Comme nous venons de le voir, le système de base est constitué de A EIlwA
barres qui peuvent être :
- encastrées aux deux extrémités On peut maintenant calculer RB et MB.
M = M + R l = 4EIwA − 6EIwA = − 2EIwA
- encastrées d'un côté et appuyées de
B A A
l'autre Ces barres sont sollicitées par : l l l
- les déplacements appliqués R + R = 0 ⇒ R = 6EIwA (↑ )
- les charges extérieures A B B 2

l
Le calcul de ces poutres peut être effectué par l’une des méthodes Application : Rotation unitaire (wA = 1)
exposées précédemment comme la méthode des paramètres initiaux, la
méthode des forces ou encore la formule des 3 moments ou toute autre M = 4EI ; M = − 2EI ; R = − 6EI (↓);R = 6EI (↑ )
méthode. A B A B
l l 2 l 2
l
7.4.1 Barres soumises à des déplacements d'appuis b) Méthode des forces (Figure 7.10)
Examinons à titre d’exemple le cas de la poutre encastrée à ses deux u u
extrémi-tés soumise à une rotation de l’un de ses appuis (Figure 7.9). δ 11M A +δ12M B +δ1F = 1
u
δ
u
M A +δ MB + δ 2F
=0
a) Méthode des paramètres initiaux 21 22

On veut calculer les réactions. Soient RA, MA, RB et MB les composantes des = = 0 (pas de charges extérieures).
réactions aux appuis A et B qui apparaissent sous l'action de wA. δ1F δ2F
Méthode des rotations 155 156 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Les coefficients du système ci-dessus sont calculés à partir des figures Tableau 7.1
7.10c et 7.10d.
= 1 . 1 .l.1. 2 = l u = l w=1 w=1

δu l l
11 EI 2 3 3EI 22 3EI
u = 1 . 1 .l.1. 1 = l

δu 6EI/l² 2EI/l 6EI/l² 4EI/l
12 21 EI 2 3 6EI 4EI/l 6EI/l² 2EI/l 6EI/l²
d'où :
l l M A 1 4EI δ=1
MA =
3EI 6EI = ⇒ l
l l M = − 2EI δ=1
B
6EI 3EI M B 0 l
l l
6EI/l² 12EI/l3 6EI/l² 12EI/l3
wA=1
12EI/l3 6EI/l² 12EI/l3 6EI/l²

A l B (a)
δ=1

MA wA=1 MB l δ=1

(b)
3EI/l3 l
3EI/l2
3EI/l3
Figure 7.10 3 3
MA=1 3EI/l 3EI/l
3EI/l²
(c) w=1 w=1

l l
1
MB=1 3EI/l
3EI/l2 3EI/l²
(d)
3EI/l 3EI/l²

3EI/l²
δ=1
1

δ=1
Le tableau 7.1 donne les réactions, les moments et les déformées des
diffé-rents cas de figure. l l
3EI/l2
3EI/l3
7.4.2 Barres soumises à des charges 3EI/l3
3 3
Les calculs peuvent être menés par les méthodes exposées dans les 3EI/l 3EI/l 3EI/l2
chapitres précédents. Les diagrammes des moments et les réactions des
cas de charge les plus courants sont regroupés dans le tableau 7.2.
Méthode des rotations 157 158 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Tableau 7.2 7.5 NOMBRE D’INCONNUES – EQUATIONS D’ÉQUILIBRE

7.5.1 Nombre d’inconnues (K)


q q
l Le nombre d’inconnues de la méthode est égal au nombre de déplacements
possibles (rotations Kr et translations Kt) des nœuds de la structure considérée.
ql²/12 ql²/8
ql²/12 K = Kr+Kt
5ql/8
- Kr = nombre de rotations - égal au nombre de nœuds de la structure
ql/2 ql/2 9ql²/8 3ql/8 (les ap-puis n’étant pas comptés comme nœuds).
l
ql²/24 5l/8 3l/8 - Kt = nombre de déplacements linéaires indépendants (voir § 7.2).
a b a b - K représente le nombre de liaisons (encastrements ou butées de
translation) ajoutées pour immobiliser les nœuds de la structure initiale.
P P
7.5.2 Equations d’équilibre
Pab²/l² Pa²b²/l² Pab(a+2b)/2l²
Chaque équation exprime l’équilibre des réactions apparaissant dans
une liai-son ajoutée. Dans chaque liaison (i) introduite, la résultante des
2Pa²b²/l3 Pa²b(2a+3b)/2l3 réactions, en-gendrées par les forces extérieures (R iF) et par les
P(3a+b)b²/l 3
P(a+3b)a²/l 3
Pb(a²+2ab+2l²)/2l 3 3 déplacements appliqués (Rij), doit être nulle.
Ainsi, dans l’exemple de la figure 7.11 ci-dessous les équations à partir des-
P(2a+3b)a²/2l quelles seront tirés les déplacements inconnus (X1, X2 et X3) s’écrivent :
P P

R1=R11+R12+R13+R1F=0

l/2 l/2 l/2 l/2 R2=R21+R22+R23+R2F=0 (7.2)


Pl/8 Pl/8 6Pl/32
R3=R31+R32+R33+R3F=0
P/2 P/2 11P/16 5P/16 X1 X2
Avec : (3) X3
R11 = réaction (moment réactif) (1) (2)
apparaissant dans la liaison ajoutée
Pl/8 5Pl/32 1 (encastrement) sous l’action du
a b a b déplacement appliqué X1 (rotation). Figure 7.11
C C R12 = réaction (moment) appa-
raissant dans la liaison 1 sous
Ca(3a-2l)/l² l’action du déplacement X2.
6abC/l3 3C(l²-b²)/2l3 R31 = réaction (force horizontale) apparaissant dans la liaison 3 (liaison
Cb(2l-3b)/l² 6abC/l3 C(l²-3b²)/2l² 3C(l²-b²)/2l3 de translation) sous l’action du déplacement X1.
Et de manière générale :

l/2 l/2 l/2 l/2


RiF = réaction qui apparaît dans la liaison ajoutée i sous l’action de la
sollici-tation globale F (c’est-à-dire les charges appliquées).
C C Rij = réaction dans la liaison i, dont la nature est déterminée par celle de
la liaison, sous l’action du déplacement Xj.
3C/2l C/4 9C/8l
En vertu du principe de superposition des effets nous pouvons écrire :
C/2 7C/16
C/4 C/2 3C/2l C/8 9C/16 9C/8l R = ru X j (7.3)
ij ij
Méthode des rotations 159 160 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

où : L’équation canonique du système s’écrit :

• Xj est le déplacement inconnu appliqué. u


r11 X1 + R1F = 0
u
• rij est la réaction dans la liaison i sous l’action d’un déplacement unitaire, u (moment de ré-
Calcul du coefficient de réaction r
rotation ou translation selon la nature de la liaison j, appliqué à la liaison j. 11
u
action unitaire) : r
Ainsi, pour une structure à n inconnues (n déplacements inconnus des 11
u
nœuds), le système d’équations s’écrit : On indique r dans le sens de la rotation X1 appli-
11
X1 uX 2 uX n
+ R 1F =0
ru + r + ...+ r quée à l’encastrement élastique ajouté (figure ci-contre).
11 12 1n Diagramme unitaire :
............................................................
u 1 u 2 u n iF (7.4)
r X + r X + ...+ r X + R = 0
i1 i2 in 3EI/l²
X1=1
............................................................
u u u n
r X + r X + ...+ r X + R
1 2 nF = 0
X1=1
n1 n2 nn 6EI/h²
Ou encore sous forme condensée : 4EI/h
3EI/l 3EI/l²
n

∑riju X j + RiF +0 i = 1, …, n (7.5) m1

j=1

Sous forme matricielle le système d’équations canoniques s’écrit :


6EI/h²
[ ru ] [ X ] = [ − R F ] 2EI/h
u u
[r ] est appelée matrice de rigidité. Le coefficient r11 est calculé de façon à réaliser l’équilibre au nœud du
dia-gramme m1.
7.6 EXEMPLES D’APPLICATION
Equation d’équilibre :
Exemple 1 u
r
P Soit à calculer le portique ci-contre. 11 3EI/l 3EI 4EI u
10
+ −r =0
(EI) = Cte = 2 10 kgcm² l h 11
u = ( 3 + 4 )EI
l/2=2m l/2 P = 100 kg ⇒r
11 l h
h=3m Degré d’hyperstaticité : K = 1 + 0 = 0
4EI/h

Le coefficient R1F (réaction de charge) est calculé de la même manière que


u
X1 X2 P r11 .
P

X1

Système de base
Méthode des rotations 161 162 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Diagramme de la charge appliquée : Le diagramme des charges ne change pas.


L’action de la charge est limitée à la travée sur laquelle elle est appliquée.

P 75kgm
6Pl/32
R1F

62.5kgm 31.25kg
6Pl/32 68.75kg
11P/16 5Pl/32
5P/16
MF MF

48kgm

Le sens de R1F est donné par celui choisi pour X1. L’équation d’équilibre Le diagramme final des moments (M)
du nœud déterminera le signe correct. s’obtient par superposition des diagrammes M1
et MF. On note que l’équilibre de rotation du
Equation d’équilibre : 76kgm
nœud est satisfait.
R + 6Pl =0⇒R=− 6 Pl M
Les réactions aux appuis de système donné
1F 32 1F 32 peuvent s’obtenir en reportant les réactions des
L’inconnue X1, peut être calculée maintenant : diagrammes M1 et MF aux appuis réels qui les
supportent. 24kgm
3 Pl P P
X ( 3 + 4 )EI − 6 Pl = 0 ⇒ X = 18
1 1
l h 32 3 4 B 24kg RHB=24kg
( + )EI
l h 31.25kg 6.75kg
A.N : h = 300 cm et l = 400 cm
RVB=38kg
9 −5
X= 10 = rotation (en radian) du nœud rigide du système donné.
1
5
RHA=24kg
Pour passer du diagramme unitaire m1 au diagramme réel M1, on 24kg
A

multiplie le premier par X1. 68.75kg


6.75kg
6.75kg RVA=62kg
24kg *) Si X1 était négative on aurait in- A partir des réactions et des charges extérieures, on trace les diagrammes de
48kgm versé le diagramme et le sens des réac- N et de T.
27kgm tions.
6.75kg
24kg 62kg
38kg
M1 N T
24kg
24kgm
62kg 24kg
Méthode des rotations 163 164 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exemple 2 u

8EI/l R2F
r 22 R1F
q=2t/ml ql²/12
8EI/l
2EI 2EI ru22 = 20EI/l R1F=0 R2F = -ql²/12
K=2+0=2
EI l=4m

EI
4EI/l
S.D.
La résolution du système donne :

l l=4m
X =− 4 , X = 4 = 12 , ( EI ) en tm²
1 2
21EI 7EI 21EI
Diagrammes réels :
X2
X1 Les diagrammes m1 et m2 sont multipliés par X1 et X2, respectivement.
Equations canoniques :
8/21 24/21
uX + r u X + R =0
r

11 1 12 2 1F
u
r X 1 + ru X 2 + R 2F =0 12/21
S.F. 22 22
4/21 4/21 12/21 12/21
24/21

M1 M2

Diagrammes unitaires (a et b) et diagramme des charges (c) :


2/21 6/21

1 Le diagramme final du moment fléchissant s’obtient par superposition


4EI/l des diagrammes M1, M2 et MF.
8EI/l
1 4EI/l

4EI/l 4EI/l 32
68
4EI/l 20
8EI/l 4
8EI/l
a) m1 b) m2 12
34

2EI/l ql²/12=56/21 2EI/l M(1/21)


ru11 8EI/l ru12 4EI/l

ql²/24=28/21 2 6
ru11 = 12EI/l ru12 = ru21 = 4EI/l

4EI/l Effort tranchant et effort normal ; on détermine d’abord les réactions


c) MF
d’appuis.
Méthode des rotations 165 166 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Diagrammes unitaires : On peut vérifier sur la figure ci-


contre que les équilibres de transla- q=2t/ml
tions sont satisfaits : 2/14
3/4EI 3/4EI 3/4EI
3/8EI 3/8EI
∑ Fv = 0 31/7
3/4EI 3/4EI 3/4EI ∑ Fh = 0
3/8EI (1) 3/8EI (2) (réactions en t)
1/14 3/14

(i)
Exemple 3 2/7 27/7

Sous les charges extérieures :


(2EI) Le système a trois inconnues, K = 2 + 1,
q (EI) (EI) l
les deux déplacements angulaires des
nœuds rigides (X1 et X2) et un déplacement
ql/2=4 ql/2=4 linéaire (X3).
l

(F)

Pour passer des réactions unitaires aux réactions réelles on multiplie les (a)
réac-tions (1) et (2) par X1 et X2, respectivement.

1/14 1/7 3/7 3/7 Les trois équations canoniques du système s’écrivent :
1/7 3/14 u X 1 + ru X 2 + ru X 3 + R 1F = 0
r
3/7 3/7 11 12 13

1/14 (I) 3/14 (II) r u X + r u X + ru X + R =


1 2 3 2F
0
21 22 23
u
r31
u X
1 + r32 X 2 + r33u X 3 +R3F =0

X2
X1
Il faut maintenant superposer les réactions (I), (II) et (F).
X3

2/7 La dernière phase consiste à


3/14 transmettre les réactions des encas-
1/14
S.F.
trements élastiques (nœuds rigides)
27/7 31/7 aux appuis réels, c’est-à-dire aux
encastrements.
(efforts en t) 2/14
1/14 3/14 N.B. : En raison de la nature de X 3 qui est un déplacement linéaire, les coeffi-
31/7 cients ru13, ru23, ru31, ru32 et R3F sont des forces et ru33 une force/unité de longueur.
u u u u
Quant aux autres coefficients (r 11, r 12, r 21, r 22, R1F et R2F) ce sont des
Pour pouvoir calculer l’effort normal mo-ments.
(réactions en t)
en un point quelconque du système, il 1/14 3/14
suffit d’ajouter au schéma ci-contre les 2/7 27/7
charges extérieures.
Méthode des rotations 167 168 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
Diagrammes unitaires et des charges extérieures
ru13
1 12EI/l² 1

ru23
12EI/l² 8EI/l
6EI/l²
4EI/l 4EI/l 12EI/l² ru13 = -6EI/l²
6EI/l² ru23 = -6EI/l²
4EI/l 6EI/l²
4EI/l 6EI/l²
12EI/l²
8EI/l
m1 m2

2EI/l 2EI/l R1F

R2F
4EI/l² 6EI/l² R1F = ql²/12

12EI/l3 12EI/l3 6EI/l² ql/2 R2F =0


ql²/12
ql²/12

6EI/l²
ql²/24
ru31 ru32
∑Fh = 0 ⇒ ∑Fh = 0 ⇒
m3 MF
6EI/l² 6EI/l²
ru31 = -6EI/l² ru32 = -6EI/l²

ql²/12 ql/2
12EI/l3 12EI/l3

Calcul des coefficients de réaction


6EI/l² 6EI/l²
u u ru33 R3F
r 11

r 12 ru33 =24EI/l3 q R3F=ql/2-ql=-ql/2


8EI/l 4EI/l
u
r 11 = 12EI/l ru12 = 4EI/l

4EI/l

12EI/l² 12EI/l² ql/2

4EI/l ru21 8EI/l ru22 La résolution du système d’équations, donne :


ru21 = 4EI/l ru22 = 12EI/l 4EI/l X = 3 ql 3 , X = 29 ql 3 , X = 60 ql 4
1 2 3
2496 EI 2496 EI 2496 EI
Méthode des rotations 169 170 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Diagrammes réels Diagrammes N et T

116 On commence par calculer les réactions transversales de chaque barre


6 6 suppo-sée isostatique est chargée par des moments aux appuis (lus
directement sur le diagramme final de M) et les charges extérieures qui lui
58 58
sont directement appli-quées.
12
192ql/1248
M1(ql²/1248) M2(ql²/1248)
3 29 192ql/1248
70ql²/1248 122ql²/1248 273ql/1248 273ql/1248

q ⇒ q
9ql/1248 87ql/1248

180 180 ql²/12

q ql²/24 975ql/1248 273ql/1248


281ql²/1248 151ql²/1248
M3(ql²/1248) (a) (b)
MF
On trace ensuite le diagramme de T (en considérant chaque barre
180 180 ql²/12 séparément puis celui de N en vérifiant l’équilibre de translation aux nœuds.

360ql/1248 360ql/1248 624ql/1248


273 273
192 C
Diagramme (final) des moments et réactions aux encastrements.
273
T(ql/1248) T N(ql/1248) C
122
70
A B
M(ql²/1248)

975 192 192

281 151 Vérification :


On vérifie l’équilibre de rotation et de translation de chaque nœud.
a) Equilibre de rotation
H = 975ql / 1248 H
= 273ql /
R R
B
1248
A
70ql²/1248 122ql²/1248

70ql²/124 122ql²/1248
∑M=0 ∑M=0
Méthode des rotations 171 172 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
b) Equilibre de translation
Pour l’étape 6, on tiendra compte des trois observations suivantes :
192
u
- Les coefficients r jj sont toujours strictement supérieurs à zéro.
273 273 u
- Les coefficients r ij
sont différents de zéro seulement quand i et j sont
192 des nœuds voisins (liés par la barre ij).
u
ql/1248 - r ij = ruji
273 Les efforts normaux sont obtenus à partir des conditions d’équilibre de
tran-slation de chaque barre isolée par des coupes.
273
192 ∑Fh=0, ∑Fv=0 ∑Fh=0, ∑Fv=0

192

7.7 CALCUL DES EFFORTS INTERNES


Comme on vient de le voir, le diagramme final des moments
fléchissants est obtenu par superposition des diagrammes dus aux charges
extérieures et aux déplacements appliqués. Les diagrammes unitaires sont
multipliés par les valeurs algébriques des déplacements correspondants
puis superposés au diagramme sous les charges extérieures.
Les efforts tranchants et normaux peuvent être calculés en considérant
cha-que barre comme une poutre isostatique (bi-articulée) soumise aux
charges exté-rieures qui lui sont appliquées et à des moments d’appuis
donnés par le dia-gramme final des moments fléchissants.

7.8 VERIFICATION DES RESULTATS


La vérification consiste essentiellement à s’assurer de l’équilibre, de transla-
tion et de rotation, de chaque nœud et de parties entières de la structure.

7.9 LES ETAPES DE LA METHODE


L’application de la méthode des rotations peut se résumer aux étapes
élémen-taires suivantes :
1- déterminer le nombre d’inconnues
2- représenter le système statique de base
3- porter les charges extérieures et les déplacements (inconnus) appliquées
4- écrire le système d’équations
5- tracer les diagrammes unitaires et celui (ou ceux) des charges extérieures
u
6- calculer les coefficients de réaction (r ij, RiF)
7- résoudre le système d’équations pour obtenir les déplacements des nœuds
8- passer des diagrammes unitaires aux diagrammes réels en multipliant
chaque diagramme par le déplacement (avec son signe) qui lui correspond
9- tracer le diagramme final des moments par superposition des diagrammes
obtenus à l’étape 8 et du diagramme sous les charges extérieures
10- calculer les efforts N et T comme indiqué au paragraphe (7.7) puis
tracer leurs diagrammes.
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 173
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 174

7.10 EXERCICES Exercice 7.5

Tracer les diagrammes de M, de N et de T des systèmes suivants. q=8t/ml


B EI C E
l EI
Exercice 7.1 Exercice 7.2
P q=1t/ml EI

A C A B
EI EI D 2m A D

l
EI l=6m l
EI P=4t
2m

B C Exercice 7.6 Exercice 7.7

l/2 l/2 6m 4m B C B C
2EI EI P
6m EI EI 6m

Exercice 7.3 EI EI
A D
q=1t/ml
B C
EI E A D
8m
8m

6m EI EI

Exercice 7.8
A D
D B C
6m 4m I2
P=20t
Exercice 7.4 4.5m I1

A
q=2t/ml q

A B EI D F 2.5m 6m
EI EI 12m

6 6
A.N. : EI1=64 10 kgm², EI2=43 10 kgm².
C E

6m 12m 6m
Calcul des systèmes plans par la méthode des forces 175

Exercice 7.9

C
l

q=2t/ml
B D F
EI
2l EI EI

A E

2l l=5m

Exercice 7.10

P=1000 daN
q=600 daN/ml
B 2EI C E 2EI F
4m EI EI

A D

5m 2m 3m

A.N. : I = 1, E = Cte.
178 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

dans l'exécution pratique de la méthode, le calcul des rotations n'est pas explicité,
on travaille directement sur les moments agissant aux extrémités des barres.

Convention des signes :


Vu le caractère systématique de la méthode, on adopte M>0 M<0
pour le moment fléchissant une convention différente de
Chapitre 8 celle de la RDM. Un moment sera considéré comme positif
s'il tend à provoquer une rotation dans le sens trigonomé- Figure 8.1
MÉTHODE DE CROSS trique (Figure 8.1).

8.2 REPARTITION ENTRE LES BARRES D'UN MOMENT APPLIQUE


A UN NŒUD COMMUN
Considérons un nœud (A) (qui ne subit pas de translation) auquel aboutissent
n barres qui sont encastrées ou articulées à leur autre extrémité et appliquons lui
un couple MA (Figure 8.2).
Les portiques peuvent être avantageusement calculés par ce qu'on appelle
la méthode de Cross, du nom de son auteur Hardy Cross (USA, 1930). Cette Sous l'action de MA, le nœud A tourne
mé-thode est en fait une version améliorée, sur le plan des calculs, qui sont plus d'un angle ωA. Le moment repris par 1
simples, de la méthode des déplacements. Si les méthodes des forces et des chacune des barres est proportionnel à la 2
dé-placements sont exactes du point de vue résistance des matériaux (RDM), la rotation ωA et peut s'écrire : MA
méthode de Cross est approximative même du point de vue; l'approximation est (8.1)
MAi = -KAiωA
toutefois acceptable, l'erreur étant de l'ordre de 5%. A
KAi étant une constante appelée facteur de 4
Conçue principalement pour le calcul des systèmes dits à nœuds fixes rigidité de la barre Ai. C'est le moment fléchis-
(sys-tèmes dont les nœuds subissent uniquement des rotations), la sant (en valeur absolue) à l'extrémité A de la
méthode a été gé-néralisée aux systèmes à nœuds déplaçables, c’est-à- barre Ai sous l'action d'une rotation unitaire 3
dire pouvant subir aussi bien des rotations que des translations.
appliquée en A (ωA=1). Notons que le signe
La méthode de Cross a suscité l'intérêt de nombreux auteurs qui se moins devant le deuxième membre de (8.1)
sont atta-chés à la perfectionner en simplifiant davantage les calculs et en montre que les moments de reprise
développant de nouvelles méthodes de calcul pour les systèmes à nœuds s'opposent au moment appliqué (MA).
Figure 8.2
déplaçables, où la mé-thode originale de Cross était assez fastidieuse.
Le nœud étant en équilibre, les moments de reprise doivent équilibrer le
mo-ment appliqué MA, c’est-à-dire qu'on a :
8.1 PRINCIPE DE LA METHODE
n
La méthode mise au point par Cross est inspirée du procédé
mathématique de résolution par approximations successives des systèmes
MA + ∑M Ai =
0 i=1
linéaires. Pour bien montrer le principe de la méthode, on raisonnera sur le
cas des systèmes à nœuds fixes. compte tenu de (8.1), on tire :
On suppose qu'à l'état initial les nœuds de la structure sont bloqués et ωA = M A
ne peu-vent subir aucune rotation. Après application des charges, on libère n
successive-ment chacun des nœuds qu'on laisse tourner, puis on le bloque
à nouveau avant de passer au nœud suivant.
∑K Ai
i=1

Ces opérations sont répétées jusqu'à ce que la libération des nœuds ne L'équation (8.1) s'écrit alors :
provo-que plus de rotation. Cela signifie alors que l'état d'équilibre est atteint.
M =− K M
Ai
Comme à chaque étape du calcul il n'y a qu'un seul nœud libre, il en résulte qu'à
Ai n A
chaque étape il n'y a qu'une seule inconnue, la rotation du nœud libéré. Ain-si, le K
système d'équations d'équilibre propre à la méthode générale, se résume à une seule ∑ Ai
équation à une inconnue dont la résolution est immédiate. Notons que i=1
Méthode des rotations 179 180 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Posons : Lorsque E, I et S sont constants, les expressions précédentes deviennent :


C = K (8.2) a=c= L + 1 b= L − 1
Ai Ai
n 3EI LGS 6EI LGS
∑K Ai Si on néglige la déformation due à l'effort tranchant, les deux dernières
i=1 for-mules se réduisent à :
CAi est appelé coefficient de répartition de la barre Ai.
a=c= L b= L
Remarques 3EI 6EI

1) on peut vérifier que : ∑CAi = 1. 8.3.2 Facteurs de rigidité et de transmission


2) Cij ≠ Cji en général. Ces facteurs s'expriment en fonction des coefficients a, b et c. On
Les couples de reprise s'expriment alors par : distingue deux types de barre : bi-encastrée ou encastrée à l'une des
extrémités (nœud A) et articulée à l'autre.
MiA = −CAi M A (8.3)
1) Barre AB encastrée aux deux extrémités
La rotation ωA provoque également une transmission de couples aux c
extrémi-tés des barres. Les couples transmis sont proportionnels aux KAB = λAB = b
moments de reprise et sont donnés par : ac − b² c (8.5)
a b
(8.4) KBA = λBA =
M =λ M ac − b² a
iA Ai Ai
2) Barre AB encastrée en A et articulée en B
La constante λAi est appelée facteur de transmission du nœud A vers le nœud i.
=
K 1
On notera que pour des barres comme Ak, qui est articulée à son autre λAB =0
AB
extré-mité, le facteur de transmission est nul puisque MkA = 0. c (8.6)
1 b
8.3 FACTEURS DE RIGIDITE – FACTEURS DE TRANSMISSION
K
= λBA =
BA a
c
Ces coefficients ne dépendent que des caractéristiques géométriques (S, I, L) et
mécaniques (E, G) de la barre considérée (voir méthode des déplacements). Dans le cas où la barre est de section constante, de même nature, et si
on né-glige l'influence de T on a :
8.3.1 Coefficients de souplesse d'une barre K =K = 4EI A B
AB BA
(a)
Soit une poutre bi-articulée AB de longueur L, de section S et de
L

1) 1 (8.7)
modules d'élasticité E et G. On appelle coefficients de souplesse ou λ =λ
AB BA =
caractéristiques mé-caniques de la poutre AB, les coefficients suivants : 2
B
(b) A
L x dx 1L dx
a=γ
u
AA ∫ +
= (1− L ) EI L2 κ GS
2
∫ KAB = KBA = 3EI
o 0
2) L (8.8)
L x dx 1L dx λ 1 Figure 8.3
λAB =0, BA =
c=γ
u
BB = ∫( L )
2
EI
+
L
2 ∫κ GS 2
0 0 Afin d'alléger l'exposé, nous ne considérerons que le cas des barres
u L (1− x ) x dx − 1 L κ dx
b = γ BA = prismati-ques (influence de T négligeable) ; le raisonnement est
évidemment valable pour les autres cas.
2
∫ L L EI L ∫ GS
0 0
Méthode des rotations 181 182 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

8.3.3 Exemple 8.4 SYSTEMES A NŒUDS FIXES

Soit à calculer les coefficients CAi et λAi de la structure représentée à 8.4.1 Exposé de la méthode
la figure 8.4. On a :
C = K Afin de fixer les idées nous raisonnerons sur la structure
Ai Ai représentée à la fi-gure 8.5.
4

∑K Aj
B C E
j=1
Fi-
K = 4(3EI) = 12EI K = 4(2EI) = 8EI
A1 A2

L L L L
K = 3(5EI) = 15EI K =4(EI) = 4EI Figure 8.5
A3 A4
L L L L D
A
1
L;3EI
4 A 2 Figure 8.4 Supposons que les nœuds B et C ont été bloqués (verrouillés) avant l'applica-tion
des charges. Les barres sont donc bi-encastrées (barres AB, BC et CD) ou encastrée
et articulée (barre CE) et peuvent être considérées séparément.
L;EI L;2EI
L ;5EI Dans ce cas, les moments aux extrémités de chaque barre, dus aux
4 3 charges extérieures, peuvent être calculés par l'une des méthodes
exposées dans les cha-pitres précédents.

Ces moments, désignés par M , sont appelés moments


K d'encastrement parfait ou plus simplement moments d'encastrement.
= 39EI
et
∑ Aj
L Ainsi, aux appuis on a les mo-ments :
j=1
d’où : CA1 = 12 CA2 = 8 CA3 = 15 CA4 = 4 M AB en A, M DC en D, M EC = 0 en E

39 39 39 39 et aux nœuds :
De plus :
M B = M BA + M BC en B, M C = M CB + M CD + M CE en C
λ =λA2 =λA4 = 1 et λA3 =0 Du point de vue mécanique, bloquer les nœuds B et C revient à
A1
appliquer à ces nœuds des moments, dits de fixation ou de blocage, qui
2 valent "-MB" et "-MC", respectivement.
Pour parvenir à l'état final réel, il faut que tous les nœuds soient
débloqués (libres). Au lieu de déverrouiller tous les nœuds simultanément,
avec la méthode de Cross on libère un nœud à la fois.
Commençons par débloquer le nœud B par exemple qui va pouvoir tourner.
Effectuer cette opération de déverrouillage, équivaut à appliquer un moment
M(1)B = MB en B. Les nœuds A et C étant toujours bloqués, le couple M(1)B sera
réparti entre les barres BA et BC selon la relation (8.3).
Méthode des rotations 183 184 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

On obtient : Or : CCB + CCD + CCE = 1 ; donc on a bien M = 0.


= −C BA M ( 1) = −C BC M (1 )
Nous avons ainsi accompli un tour complet des nœuds c’est-à-dire que nous
M r( 1 ) M r( 1 )
BA B BC B avons réalisé la première itération (1er cycle), d'où le (1) porté en puissance.
Quant aux moments transmis, ils sont donnés par la formule (8.4).
On notera également que le moment en B est désormais différent de
t( 1) = M BAr(1 ) = −CBA M B(1) t(1 ) =
M BC
r(1)
= −CBC M B
(1)
zéro puisque on a :
M M
t( 1 ) M (1 )
AB CB
2 2 2 2 M r(1 )
M BC = = −C
CB C

Faisons maintenant le bilan des moments agissant en B avant de le 2 CB 2


bloquer à nouveau. Le moment résultant en B vaut : (2)
Ce moment sera noté M B et représente le nouveau moment de
(1) (1) r(1) r(1) libération du nœud B.
M = M BA + M BC − M B +M B +M BA +M BC
On bloque ensuite le nœud C (en équilibre maintenant) et on entame la
r(1) r(1) (1) (1) (1) ème ème ère
M = M BA + M BC + M BA + M BC =MB − CBA M B − CBC M B 2 itération (2 cycle) en procédant comme lors de la 1 itération.
(2)
(1)
Débloquer B revient à appliquer un moment de libération valant M B.
M = M B (1− CBA − CBC ) On calcule à nouveau les moments répartis et les moments transmis, etc.
Comme : CBA + CBC = 1, il en résulte M = 0, c’est-à-dire que le nœud B est Au bout de 3 ou 4 itérations, les moments de fixation (ou de libération)
en équilibre. On fixe maintenant le nœud B dans sa position d'équilibre, sans de-viennent négligeables et on peut alors arrêter les opérations. Cela
devoir appliquer un moment de fixation puisque le moment résultant est nul. signifie qu'on peut libérer les nœuds sans qu'il y ait modification sensible
des moments existant aux nœuds. L'équilibre est atteint.
Avant de libérer le nœud suivant, en l’occurrence le nœud C, il convient de
préciser son moment de fixation. En effet, aux moments d'encastrement initiaux Le moment final à l'extrémité d'une barre sera la somme algébrique de
t(1) tous les moments correspondant à cette extrémité c’est-à-dire :
est venu s'ajouter le couple transmis M CB ; donc le couple de blocage vaut :
- le moment d'encastrement parfait,
F t(1) t(1) - les moments répartis,
M C = −M C − M CB = −(M CB + M CD + M CE + M CB ) - les moments transmis.
avec : Par exemple, le moment MCB agissant à l'extrémité C de la barre CB vaut :
t( 1) M (1 ) r(1 ) r(2 ) t(1 ) t(2 )
B MCB = M CB + MCB + MCB + ...+ M BC + M BC + ... (8.9)
MCB = −CBC 2
Nous libérons le nœud C en lui appliquant un moment de libération qui vaut : 8.4.2 Les étapes de la méthode
M(1)C = MFC et qui sera réparti comme suit : Pour résumer ce qui a été exposé, on retient que la méthode de Cross
=−CM ( 1) r( 1 ) CD (1) = −C CE M ( 1 )
M r( 1 ) M = −C M M r( 1 ) s'appli-que de la façon suivante :
CB CB C CD C CE C
Les couples transmis correspondants valent : a) on calcule les facteurs de répartition ;

= M CBr(1 ) = −C CB MC(1) MCD


r(1 ) = −C (1) =0 b) on bloque tous les nœuds et on calcule les moments d'encastrement
MC sous l'action des charges extérieures ;
M t( 1) ; M t( 1 ) = ; M t( 1 )
BC DC CD EC c) on calcule les moments de fixation (ou de blocage) ;
2 2 2 2
Le nœud C est maintenant en équilibre comme on peut le constater en d) on libère un nœud, de préférence celui qui possède le moment de
faisant le bilan des moments. fixation le plus élevé en valeur absolue et on calcule les moments répartis ;

M = MCB + MCD + MCE + MCB


t(1)
− MC
(1)
+ MC
(1)
+ MCB
r(1)
+ MCD
r(1)
+ MCE
r(1) e) on calcule pour chacune des barres le couple qui est transmis à
l'autre ex-trémité ;
(1) r(1) r(1) r(1) (1) (1) (1) (1)
M = MC + MCB + MCD + MCE = MC − CCBMC − CCDMC − CCE MC f) le nœud libéré étant en équilibre, ou le bloque à nouveau avant de
libérer le nœud suivant.
(1)
M = MC (1− CCB − CCD − CCE )
Méthode des rotations 185 186 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

8.4.3 Procédé pratique d'exécution de la méthode de Cross 8.4.4 Calcul des éléments de réduction

Vu le caractère systématique de la méthode, il est commode d'effectuer • Moment fléchissant


les calculs sous forme de tableau (voir tableau page suivante).
Les moments aux extrémités étant connus, chaque barre est à considérer iso-
ère
Les trois premières lignes du tableau comportent les nœuds (1 ligne), lément et isostatique. Elle sera soumise aux charges extérieures qui lui sont di-
ème rectement appliquées et aux moments calculés de Cross (faire attention au signe).
les barres (2 ligne) et les coefficients de répartition changés de signe
ème
(3 ligne). Le signe moins est ajouté pour éviter le risque de l'oublier lors Le diagramme final des moments de la structure est constitué par les
du calcul des couples répartis. Ces 3 lignes restent identiques quel que soit dia-grammes de l'ensemble des barres (considérées chacune séparément).
le type de charge-ment.
ème • Effort tranchant
La 4 ligne comporte les moments d'encastrement aux extrémités de
chaque barre. Désignons par TFx l'effort tranchant dans la section courante d'abscisse x de
la barre AB (de longueur L ) supposée isostatique sous l'action des
Dans le reste du tableau on distingue :
charges qui lui sont directement appliquées. Alors l'effort tranchant
a) les 2 premières colonnes de gauche
total est donné par :
- dans la 1ère colonne on indique le numéro du nœud libéré, F M +M
- dans la deuxième colonne on porte la valeur (avec son signe) du AB BA
moment de libération correspondant. Tx = T x + L (8.10)
b) le reste des colonnes MAB et MBA sont les moments de Cross (c’est-à-dire avec la convention de
Elles comportent les couples de reprise et les couples transmis. Chaque li- signes de la méthode de Cross). Avec la convention classique de la
gne de cette partie du tableau correspond à la libération d'un nœud.
résistance des maté-riaux, l'expression devient :
On arrête les calculs lorsqu'on constate que les couples de libération
sont né-gligeables. T = T F + M −M (8.11)
AB BA
x x
Chaque fois qu'un nœud a été libéré, on trace un trait horizontal L
traversant toutes les colonnes relatives aux barres aboutissant à ce nœud • Effort normal
(trait discontinu dans le tableau). Cette trace horizontale signifie qu'à cet
instant le nœud en ques-tion est en équilibre (ΣM = 0). Les efforts tranchants dans les différentes barres étant connus, les
efforts normaux s'obtiennent en vérifiant les conditions d'équilibre de
Le tableau se termine par une ligne des totaux. On porte dans chaque case la translation de chaque nœud.
somme algébrique de tous les couples qui y ont été inscrits. Cette somme repré-
sente le moment réel (avec le signe de Cross) agissant à l'extrémité considérée. Noeud (ou appui) A B C D E

Barre (ou extrémité) AB BA BC CB CD CE DE EC


Remarques :
- la ligne des barres est en fait la ligne des "extrémités des barres" (4 Coef. de répartition x (-) -CBA -CBC -CCB -CCD -CCE
barres = 8 extrémités dans l'exemple considéré).
M
- la dernière colonne n'est pas nécessaire dans le cas qui nous a servi Mot. d’encastrement parfait AB M BA M BC M CB M CD M CE M CD 0
d'exemple puisqu'il s'agit d'une articulation (M = 0).
- les coefficients de répartition CAB, CDE et CEC ne sont pas nécessaires Noeud Moment de libéra-
car il s'agit d'appuis et non de nœuds. Libéré tion
B M (1) =M BA + M BC
B
C

Moments aux extrémités


des barres

Tableau d’exécution de la méthode de Cross.


Méthode des rotations 187 188 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Noeud (ou appui) 4 1 2 5 3


8.4.5 Exemple d'application
Barre (ou extrémité) 41 14 12 21 23 25 52 32
On veut résoudre le portique représenté par la méthode de Cross. La
charge répartie vaut 1 t/ml. Coef. de répartition -0.25 -0.75 -0.50 -0.333 -0.167
x (-1)
Mot. d’encastrement 0.0 00 3.0 -3.0 0.0 0.0 0.0 0.0
q (tm)
1 2 3 Nœud Mot de
libéré libér. (tm)
1 3 - 0.375 -0.75 -2.25 -1.125
Figure 8.6
6m 2 -4.125 1.031 2.063 1.375 0.688 0.344 0.688

4 5
1 1.031 - 0.129 -0.258 -0.773 -0.387
6m 4m
2 -0.387 0.097 0.194 0.129 0.065 0.033 0.065
Les facteurs de rigidité valent : 1 0.097 - 0.012 -0.024 -0.073 -0.036
K 12 =K21 =3 ; K23 =K32 =2 ; K14 =K41 =K25 =K52 =1 2 -0.036 0.009 0.018 0.012 0.006 0.003 0.006
Solution : Mots aux extrémités - 0.516 -1.032 1.041 -2.273 1.516 0.759 0.380 0.759
des barres
a) Facteurs de répartition
K 1 K 3 Diagrammes M, N et T
14 12
C = K +K = 4 = 0.25, C = K +K = 4 = 0.75, et C14 +C12 =1 Pour les diagrammes de M et de T, on étudie chaque barre séparément,
14 12
14 12 14 12 sup-posée isostatique et chargée par les sollicitations extérieures qui lui
K K
C23 = 23 = 2 = 0.333, C21 = 21 = 3 = 0.50 sont directe-ment appliquées et par des moments aux extrémités obtenus
K +K +K 6 K +K +K 6 par la méthode de Cross (dernière ligne du tableau de Cross). Les efforts
21 23 25 21 23 25 normaux dans les barres sont obtenus à partir des conditions d'équilibre de
K translation horizontale et verti-cale des nœuds 1 et 2.
C25 = 25 = 1 = 0.167 et C21 + C23 + C25 = 1
K 21 + K 23 + K 25 6
2.28
N.B. : Tous les coefficients de transmission valent 1/2.
1.52
b) Moments d'encastrement parfait.
1.03
Seule la travée 12 est chargée. Avec la convention de Cross on a :
0.76
M =qL² = 3 tm
12 =−M21
12
0.76
M(tm)
Les autres moments sont nuls.

Le reste des calculs est montré dans le tableau de la page suivante. La


der-nière ligne donne les moments recherchés aux extrémités des barres. 0.52 0.38
Méthode des rotations 189 190 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
2.79
A partir des équations (b) on obtient :
0.57 C d d (c)
θ i = Mij − λ jiM ji
0.26 K ij (1−λ λ ji )
C ij
0.07
C C Si la barre ij est de rigidité constante, donc λij = λji = 0.5, il vient :
d 1 M dji
T(t) N(t) 4 Mij −
3.21 θi= 2 (c')
0.26 0.19 2.79 3.78 3 K ij

Pour une barre ij encastrée en i et articulée en j on a :


Figure 8.8
+ Kijθ i
M =M et M =0
ij ij ji
8.4.6 Vérifications
D’où :
d = Mijd
Au cours des calculs il est nécessaire d'effectuer les vérifications suivantes : M =M =Kθ θ
a) S'assurer que la somme des coefficients de reprise de chaque nœud ij -M ij et i
vaut bien "1". ij ij i
K
ij
b) Vérifier que le moment de libération est bien équilibré par la somme Application :
des couples de reprise.
Vérifions la rotation du nœud 1 de l’exemple traité. En considérant la
Les diagrammes peuvent être contrôlés en s’assurant que : barre 12 on trouve en 1 :
c) L'équilibre de rotation, et éventuellement l'équilibre de translation, s'il M d −1 M d (1.041− 3.000 )− 1 (−2.273 − (−3.000 ))
n'a pas été vérifié lors du calcul des efforts normaux, de chaque nœud sont 4 12 2 21 4 2
vérifiés. Il y a lieu de noter que la condition d’équilibre de rotation des θ1= 3 = = −1.032
nœuds a été déjà utilisée pour la répartition des moments, il s’agit ici de K 12 3 3
s’assurer qu’il n’y a pas eu d’erreur par la suite.
Si on considère la barre 14 on trouve :
d) Les barres qui aboutissent au même nœud subissent la même rotation. d d
En raison de la rigidité des nœuds, toutes les barres concourant en un nœud M14 − 1 M41 (-1.032 − 0.000 ) − 1 ( −0.516 − 0.000 )
4 4
tournent d’un même angle. Les moments aux extrémités des barres étant θ1 = 3
2
= 2
= −1.032
connus (tableau de Cross), les rotations des nœuds peuvent être déterminées. K 14 3 1

Considérons une barre ij et désignons par θi et θj les rotations des Le signe moins indique que le nœud tourne dans le sens inverse au
extrémités, donc des nœuds i et j. sens posi-tif de Cross, c’est-à-dire qu’il tourne dans le sens horlogique.
Le moment à l’extrémité i par exemple s’écrit, dans le cas d’une barre
bi-encastrée :

M =M +K θ +λ K θ (a1)
ij ij ij i ji ji j

De même, on a en j :

M ji = M ji + K jiθ j + λij Kijθ i (a2)


Des équations (a) on tire :

Md =M −M =−Kθ+λKθ
ij ij ij ij i ji ji j
d (b)
M =M −M =Kθ+λKθ i
ji ji ji ji j ij ij
Méthode des rotations 191 192 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exemples d’application Barre AB :

M ql² q=600 kg/m


AB =+ = 800
P 12 MAB MBA
B C E M = − ql² = −800
BA
q 2EI 2EI 12 l=5m
2,00m 3,00m
Barre CE :
4,00m I
I
C 3
P=10 kg
E M =0
3
EC
P = 10 kg
MCE M = Pa.b (b + a 2 ) = 960 kg.m
CE
a=2m b=3m l²
A D

5,00 m 5,00 m
Nœuds A B C D E

1) Raideurs des barres : Barres AB BA BC CB CD CE DC EC

R = I ; RBC = 2I Coefficient de
AB répartition Cij -0.3846 -0.6153 -0.4211 -0.2622 -0.3158
4 5 pris en (-)
R =I ; R = 3 . 2I = 3I
CD CE Moments
4 4 5 10 d’encastrement 800 -800 0 0 0 960 0 0
parfait Mij
2) Coefficients de répartition des barres :
R 14 1er Cycle
BA
C
= R =
B bloqué
BA +R ≅ 0.3846
BA BC 14+25 M =-800
R 25
MB=MB(1) B(1)

BC
C
BC = = ≅ 0.6154
C bloqué
R +R M =M
25+14 C C(1)
MC(1)=1206.12
BC BA
C débloqué -253.95 -507.90 -317.45 -380.89 -158.73 0
Vérification : ΣCij=1 ; CBA+CBC = 0.3846 + 0.6153 = 0.9999 ≅ 1
R 25 2ème Cycle
CB
C
= = ≅ 0.4210 B bloqué
CB MB(2)=-253.95
R
CB
+R
CD
+R
CE 2 5+1 4+3 10 M =M
B B(2)
R 14
CD
C B débloqué +48.83 +97.67 +156.26 +78.13
CD = R +R +R = ≅ 0.2632
CD CB CE 1 4+2 5+3 10 C bloqué
R 3 10 M =M
CE C C(2)
MC(2)=78.13
C = = ≅ 0.3158
CE
R CE + R CD + R CB 3 10+1 4+2 5 C débloqué -16.45 -32.90 -20.56 -24.67 -10.28
3ème Cycle
CCB+CCD+CCE = 1 ; 0.4210 + 0.2632 + 0.3158 = 1
B bloqué
MB(3)=-16.45
M =M
B B(3)
B débloqué 3.16 6.33 10.12 5.06

C bloqué
M =M MC(3)=5.06
C C(3)
C débloqué -1.07 -2.13 -1.33 -1.60 -0.67 0

3) Calcul des moments d’encastrement parfaits :


Méthode des rotations 193 194 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

B bloqué
M =M MB(4)=-1.07 A B
B B(4)
B débloqué 0.20 0.41 0.66 0.33
1600
4ème Cycle
387,91
C bloqué 387,91 _
MC(4)=0.33 1006
M =M
C C(4) A B
C débloqué -0.07 -0.14 -0.09 -0.10 -0.04 0 707,22

Σ 1006 -387.91 387.74 -213.43 -339.43 552.74 -169.72 0


q=600 kg/m

+
Trace du diagramme de M ql²/8=1200

387,74 213,43 P 1600


B C 552,74 E 387,91
387,91 339,43
A
2,00 m 3,00 m +
4,00 m q 492,78
169,72 2,00 m 2,00 m

1006
A D
5,00 m 5,00 m

Diagramme de M le long de AB Diagramme de M le long de CE


Méthode des rotations 195 196 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Diagramme de M sur toute la structure


387,74 552,74
552,74 3
P=10

C E
213,43
552,74 387,91
552,74 332,43
_ 868,36

C E
492,78
3 331,64
P=10 1006 196,72

C E +
2,00 m 3,00 m

1200

552,74
+

868,36

M le long de DC

M le long de BC

387,74 213,43 169,72 339,43


B C D C

387,74 339,43

213,43
_ _
B C D C
+

169,72
198 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Outre le problème de la recherche de la position la plus défavorable, les


char-ges mobiles peuvent provoquer une action dynamique résultant de
vibrations ou de chocs. Ce problème ne sera pas traité ici.
Hormis dans des cas très simples, la recherche de la position critique du
chargement est une opération assez complexe. Considérons à titre d’exemple
une poutre bi-articulée. Si la poutre est soumise à une force unique (Figure
Chapitre 9 9.2a), il est évident que le moment maximum par exemple apparaît à mi-portée
quand la force est placée en cette même section. Dans le cas d’un chargement
LIGNES D’INFLUENCE constitué de deux forces (Figure 9.2b), la position de ce dernier qui provoque le
plus grand moment dans la poutre n’est déjà plus évidente. Même quand la
section est fixée, la recherche de la position qui provoque le plus fort moment en
cette section nécessite de longs calculs.

P P1 P2
A C B
a
x l/2-x l/2 l
9.1 INTRODUCTION
(a) (b)
Jusqu’à présent nous avons étudié des structures soumises à des charges
im-mobiles. Mais il existe de nombreux cas où les constructions supportent des
Figure 9.2
charges mobiles. L’exemple le plus commun est celui des ponts. Le chargement
mobile étant dans ce cas représenté par l’action de la circulation des véhicules
et des trains. Comme autre exemple, citons les ponts roulants qu’on rencontre Le problème complexe de la recherche de la position critique d’un
dans les ateliers de fabrication. Le chariot, qui déplace des pièces d’un point à charge-ment mobile peut être grandement simplifié par l’utilisation des
un autre de l’atelier, se meut sur des rails fixés à des poutres. lignes d’influence que nous allons définir d’abord puis examiner leurs
propriétés dans les paragraphes qui suivent.
La figure 1 montre un exemple de chargement mobile, en l’occurrence
le sys-tème Bc. Les distances entre les roues sont fixes et le chargement, 9.2 DEFINITIONS
représenté dans le cas présent par un système de six forces concentrées,
se déplace comme un tout. Les lignes d’influence montrent graphiquement comment varient les
diverses grandeurs qu’on rencontre habituellement, tous les effets
6t 12t 12t 6t 12t 12t élastiques auxquels s’intéresse la résistance des matériaux, sous
1 2 3 4 5 6 l’influence d’une charge constante qui se déplace sur la structure.
4,5m 1,5m 4,5m 4,5m 1,5m
La grandeur ou effet élastique peut être :
- une contrainte en un point précis ;
- le déplacement (rotation - translation) d’une section donnée ;
Figure 9.1 - une composante de réaction d’un appui ;
- un élément de réduction dans une section donnée.
Quand une charge (chargement) est mobile, c’est-à-dire pouvant occuper
n’importe quelle position sur la poutre, la question qui vient immédiatement à La charge mobile est habituellement une force verticale unité, vu qu’en
l’esprit est de savoir, pour une grandeur donnée, quelle est la position de la
géné-ral on s’intéresse à l’action des charges verticales sur les
constructions. Elle peut cependant être un couple, une force horizontale,
charge (chargement) qui provoque la plus grande valeur de la grandeur étudiée.
une discontinuité de la section, un manque de concordance, etc.
Cette grandeur peut être un effet élastique quelconque : déplacement d’une
sec-tion, réaction d’un appui, moment dans une section, etc. Il s’agit donc de Considérons par exemple une poutre-console de longueur l sur laquelle cir-
trouver la positon de la charge (chargement) qui provoque l’effet maximum et la cule une force P (Figure 9.3a) et intéressons-nous au moment d’encastrement.
section où il se produit (section la plus dangereuse). C’est le problème majeur
des char-gements mobiles. Il faut noter que la position du chargement qui
provoque le plus grand effet pour une grandeur donnée (par exemple le moment
fléchissant) ne l’est pas en général pour une autre grandeur (l’effort tranchant
par exemple) et que ce qui intéresse l’ingénieur en définitive, c’est la position
qui provoque les contraintes les plus importantes.
Méthode des rotations 199 200 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
P
En vertu du principe de superposition, la structure étant élastique, on
A B peut toujours écrire :
(a) x l
E = C.f(e,c) (9.1)
(b) a l.i.MB Figure 9.3 f(e,c) désignant ici la fonction d’influence de l’effet E produit par la cause C.
Le diagramme de l’effet E montre par chaque ordonnée la valeur de cet
l
effet dans la section correspondante sous l’action de la cause C, immobile,
appliquée en c (Figure 9.4c). Le diagramme est obtenu en portant en
c b
ordonnées les valeurs de l’effet E à l’aplomb de chaque section.

(c) Pl Le diagramme d’influence donne l’ordonnée par laquelle il faut multiplier


la cause C pour avoir l’effet E dans la section fixe d’abscisse e (Figure
9.4d). Le diagramme s’obtient en portant la valeur de l’effet E à l’aplomb de
chaque posi-tion de la cause C prise égale à l’unité.
Le moment d’encastrement est donné par l’expression :
MB = - P(l-x) (a) 9.3 UTILISATION DES LIGNES D’INFLUENCE

En faisant varier x de 0 à l, on constate la variation de M B en fonction de Les lignes d’influence permettent de calculer assez facilement les effets
la position de P sur la poutre. Le facteur « - (l-x) » de l’équation (a) par élas-tiques produits par les chargements les plus divers. Elles sont plus
lequel la force P est multipliée pour avoir le moment en B est appelé particulière-ment utiles dans la recherche des valeurs extrêmes de ces
fonction d’influence (parfois coefficient d’influence) de M B. La ligne effets et des positions du chargement qui les provoquent.
représentative de cette fonction - représentée par la droite ab de la figure Reprenons l’exemple de la poutre-console et considérons un chargement
9.3b - est appelée ligne d’influence de MB.
composé de trois charges concentrées dont les distances mutuelles (d 1 et d2)
Le diagramme oab (Figure 9.3b) est désigné par diagramme d’influence sont invariables (Figure 9.5a). Signalons qu’un système de forces mobiles
de MB. concen-trées pouvant se déplacer en maintenant fixes les distances entre les
points d’application des forces est appelé convoi.
Différence entre ligne d’influence et ligne représentative d’une grandeur D’après la définition du diagramme d’influence et en vertu du principe
de su-perposition, le moment en B sous l’action du système de forces vaut :
Le diagramme d’influence, délimité par la ligne d’influence et la droite re-
père (droite ob de la figure 9.3b), ne doit pas être confondu avec le diagramme 3
du moment fléchissant de la poutre, qui est pour sa part délimité par une droite
repère et la ligne représentative de l’effort considéré (Figure 9.3c).
M B = −( P1 y1 + P2 y2 + P3 y3 ) = − ∑Pi yi (a)
i =1

Considérons une structure élastique et intéressons-nous à l’effet P1 P2 P3


élastique E produit par une cause mobile C (Figure 9.4a).
A
(a) B

A E C B A E C B d1 d2
e (variable) e (fixe) l
(b) l y1 y2
c (fixe) c (variable)

(a) (b)

ye y3
Ligne représentative de E Ligne d'influence de E

Figure 9.5

(c) Figure 9.4 (d) Comme les valeurs du coefficient d’influence (ordonnées du diagramme
d’influence) augmentent quand on se rapproche de l’extrémité libre, on conclue
que la valeur extrême du moment d’encastrement s’obtient en plaçant le charge-
ment de manière à faire coïncider la force P1 avec l’extrémité libre de la poutre.
Méthode des rotations 201 202 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Les lignes d’influence sont d’une utilité autrement plus grande dans les
cas complexes. Elles peuvent être également utilisées dans l’étude de
l’action des charges réparties. Si la poutre précédente est soumise à une
charge répartie uni-forme partielle comme indiqué à la figure 9.6a, le P1 P1 Pn
moment qu’elle produit dans l’encastrement se calcule en assimilant la
charge répartie à une série de forces élémentaires qdx. (a)
x1

x2
qdx
y1 y2 S
(a) A B
(b) yn
d
l S y
Figure 9.7

La connaissance de la ligne d’influence d’un effet élastique E permet de


(b) cal-culer la valeur de cet effet sous l’action de la sollicitation globale en
généralisant les relations (a) et (b) précédentes :
Figure 9.6
n x
2

d
E= ∑Pi yi + ∫q.ydx (9.2)


M B = − q.ydx (a) i=1
x1
0

Soit : 9.4 LIGNE D’INFLUENCE D’UN DEPLACEMENT


d d
9.4.1 Méthode basée sur le théorème de Betti-Maxwell
∫ ∫
MB = − q.ydx = −q ydx = −qS
Le problème est de tracer la ligne d’influence du déplacement d’une
0 0
section i d’abscisse xi = e (constante). Il s’agit donc de calculer le
où S est l’aire du diagramme d’influence se trouvant sous la charge répartie déplacement subi par la section étudiée sous l’action d’une force verticale
(Fi-gure 9.6b). Ce résultat peut être utilisé pour calculer le moment quelle unité qui se déplace sur la structure considérée.
que soit la partie de la poutre chargée. Il permet entre autres de déduire
La méthode intuitive, directe, consiste à construire la ligne d’influence point
que la position criti-que consiste à placer la charge le plus proche possible
par point, en plaçant la charge unitaire en diverses positions et en déterminant
de l’extrémité libre. D’autres utilisations des lignes d’influence, comme le
le déplacement provoqué dans la section i. Cette méthode, tout à fait générale,
calcul des réactions, seront montrées plus loin.
pouvant s’appliquer quel que soit l’effet élastique et la structure étudiés, est ce-
pendant assez fastidieuse à l’exception des cas très simples.
Généralisation
Soit une structure élastique soumise à un système de forces concentrées Le théorème de Betti-Maxwell, dont l’une des formes les plus usitées ex-prime
que le déplacement provoqué dans la section i par une charge concentrée unité
P1, P2, ..., Pn et une densité de charge q répartie sur un tronçon "d " compris
agissant dans la section j est égal au déplacement apparaissant en j lorsque
entre les sections d’abscisses x1 et x2, respectivement (Figure 9.7a).
u u
la même charge est appliquée en i, c’est-à-dire δ ij = δ ji , fournit une
méthode plus simple.
Méthode des rotations 203 204 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Pour fixer les idées, considérons l’exemple de la figure 9.8.


1
1 1 (a) A B
i j x
j i
e e l
x x
(b)
(a)
f3
f1 f2
(b) Figure 9.8

Chercher la ligne d’influence du déplacement δ, en l’occurrence la flèche de la P P P


u
section i, revient à calculer δ ix en faisant varier x de zéro à l (0≤x≤l). Or d’après le (c) A B
u u u l/4 l/4
théorème de Betti-Maxwell δ ix = δ xi . δ xi représentant le déplace-
ment de la section courante d’abscisse x sous l’effet d’une charge unité fixe l
ap-pliquée en i ; on voit que si x varie de 0 à l, on obtient la déformée de la
poutre sous l’action de la force unité agissant en i. Figure 9.9
Cette déformée est donnée par :
En conclusion, la ligne d’influence du déplacement est donnée par la
ligne représentative de ce même déplacement sous l’effet d’une charge u = 1 ( x3 − 3l 2 x + 2l 3 ) (a)
δ
unitaire appli-quée en i. Ainsi, pour tracer la ligne d’influence du
déplacement vertical d’une section i, il suffit de tracer la déformée de la xA EI
structure sous l’action d’une force verticale unité appliquée à la section i.
L’expression obtenue, fonction d’influence, n’est pas une fonction
Le tracé des lignes d’influence des déplacements se trouve ainsi simplifié linéaire de x. La ligne d’influence est une parabole cubique (Figure 9.9b).
puisqu’il est ramené à la recherche de déformées. Par conséquent tous les
résul-tats concernant les déplacements, comme le théorème de Pasternak pour En guise d’application, calculons la flèche f A provoquée par le chargement
le calcul des déplacements des systèmes hyperstatiques, peuvent être utilisés. de la figure 9.9c. Les déplacements étant petits, la flèche cherchée peut
s’obtenir par superposition des effets de chacune des forces du chargement.
9.4.2 Exemple d’application f A = Pf1 + Pf2 + Pf3 = P( f1 + f2 + f3 )
Reprenons l’exemple de la poutre-console, supposée de rigidité Les flèches f1, f2 et f3 s’obtiennent par particularisation de l’expression (a)
flexionnelle constante.
précédente. Il vient :
On veut tracer la ligne d’influence de la flèche δ de l’extrémité libre A. 3 3 (128 + 81+ 40 ) = 3
D’après les résultats du paragraphe précédent, le problème revient à f A = Pl ( 2 + 81 + 5 ) = Pl 249 Pl
déterminer la déformée de la poutre sous l’action d’une force verticale unité EI 64 8 64EI 64 EI
appliquée en A (Figure 9.9a).
9.5 SYSTEMES ISOSTATIQUES

9.5.1 Méthodes de détermination des lignes d’influence

a) Méthode directe
Elle consiste en règle générale à chercher l’expression analytique de l’effet
élastique étudié dans la section considérée sous l’effet d’une charge unité. La
position de la charge est considérée comme la variable de l’expression
cherchée, c’est-à-dire l’équation de la ligne d’influence de l’effet élastique étudié
dans la section considérée. La ligne d’influence est tracée à partir des valeurs
obtenues (coefficients d’influence) pour plusieurs positions de la cause (charge).
Méthode des rotations 205 206 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

En verra plus loin que le tracé des lignes d’influence peut être grandement
P=1
simplifié dans de nombreux cas. Par exemple, l’effet élastique est souvent une
(a) A B
fonction linéaire de la position (abscisse) de la cause. Dans ce cas, la ligne
d’influence est une droite, ou plusieurs segments de droite, qu’on peut construire x l-x
à raison de 2 points par segment. Par ailleurs, les conditions de fixation de la
structure donnent souvent des indications précieuses qui facilitent le tracé. a
(b) l y
b) Méthode cinématique S
o
Elle permet d’obtenir directement la forme exacte de la ligne d’influence. b
La détermination d’une seule ordonnée suffit pour avoir l’échelle correcte
du dia-gramme d’influence. l
(c) o y' S'
La méthode est basée sur le théorème des travaux virtuels. Pour obtenir la li-gne
d’influence d’une grandeur - R, M, N, T - on supprime la liaison lui corres-pondant et P1 P2 Pn
on la remplace par une inconnue (ou 2 inconnues égales et opposées s’il s’agit d’une
(d) A B
liaison interne). Avec la suppression d’une liaison, externe ou interne, le système
isostatique devient alors un mécanisme à un degré de liberté, pouvant se déplacer q
sans se déformer (comme un corps indéformable).
(e) A B
On applique ensuite au mécanisme un déplacement virtuel, c’est-à-dire
très petit et compatible avec les liaisons restantes. La configuration
obtenue repré-sente la ligne d’influence cherchée. L’échelle réelle du
diagramme s’obtient en calculant l’ordonnée d’un point. Figure 9.10

Pour une charge concentrée P, les réactions en A et B s’obtiennent en


9.5.2 Ligne d’influence d’une réaction d’appui
multi-pliant les coefficients d’influence correspondants, y et y’,
Les lignes d’influence offre un moyen assez simple de calcul ou de vérifica- respectivement, par P (Figures 9.10b et c). Dans le cas d’un système de
tion des réactions. Considérons la poutre bi-articulée de la figure 9.10a. plusieurs forces concentrées P1, P2, ..., Pn (Figure 9.10d), on a :
Les réactions RA et RB sont données par : n n
R =
A ∑P y i i
et RB = ∑Pi yi'
RA = 1.(l − x ) et RB = 1. x (a) i=1 i=1
l l
Si la poutre supporte une charge q uniformément répartie sur un
(l − x ) x tronçon (Fi-gure 9.10e), la réaction d’un appui est obtenue en multipliant
où et sont les coefficients d’influence de RA et RB, respectivement. Ils
l l par q l’aire du diagramme d’influence de la réaction considérée délimitée
par le tronçon char-gé ;
sont représentés graphiquement par les lignes d’influence ao (Figure
3.10b) et ob (Figure 9.10c). RA = qS et RB = qS’

Par exemple, dans le cas d’une charge q répartie sur la moitié gauche
de la poutre on trouve :

RA = q 1 l (1+ 1 ) = 3ql et RB = q 1 l 1 = ql
2 2 8 2 22 8
2B
En observant que les coefficients d’influence sont numériquement égaux aux
réactions apparaissant dans les appuis sous une charge unité, on peut déduire
une méthode très simple de construction des lignes d’influence. Considérons par
exemple la poutre de la figure 9.11a et intéressons-nous à la ligne d’influence de
la réaction en A. Quand la charge mobile, supposée dirigée vers le bas, est sur
A, la réaction en cet appui vaut 1, la force étant reprise en totalité par cet appui.
Lorsque la charge se trouve en B ou C, la réaction en A est nulle pour la même
Méthode des rotations 207 208 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

raison invoquée précédemment. Sachant par ailleurs que la réaction est une
fonc-tion linéaire de x (position de la charge par rapport à une extrémité de la P=1
poutre), on trace aisément la ligne d’influence qui est composée de segments (a) A B
de droite passant par les ordonnées 1 en A et 0 en B et C. L’unique façon de
a x l-x b
construire la ligne d’influence de RA est celle indiquée à la figure 9.11b.
Pour la ligne d’influence de RB, elle passe par 0 en A, 1 en B et 0 à j
nouveau en C (Figure 9.11c). Le même procédé est utilisé pour tracer la
ligne d’influence de la réaction de l’appui C (Figure 9.11d).

δ y
(a) A B C (b)
(b) 1 + k
RA

Figure 9.12
(c) + 1 L’équation des travaux virtuels s’écrit :
y
RAδ − 1.y = 0 ⇒ RA = δ
(d) +
où δ est le déplacement du point d’application de la réaction RA. La droite jk
(Figure 9.12b) donne la forme exacte de la ligne d’influence de la réaction.
_ Pour avoir l’échelle correcte, il suffit de prendre δ = 1. La méthode est d’un
grand service dans le cas de structures complexes. Considérons la poutre
cantilever de la figure 9.13a.
Figure 9.11
A B C D
On notera que la somme des ordonnées des lignes d’influence des réactions (a)
+ 1
de la poutre est égale à 1 quelle que soit la section considérée (équilibre de
tran-slation verticale). Cette condition offre un moyen de contrôle des
diagrammes d’influence obtenus. Si par exemple en une section quelconque
cette somme est différente de 1 ou que son signe est tel que la charge unité
n’est pas équilibrée, c’est qu’il y a erreur. Cette méthode est d’une grande utilité (b) _
dans le calcul des réactions des poutres isostatiques complexes avec plusieurs
charges (poutres cantilevers notamment).
Figure 9.13
Méthode cinématique
Pour construire la ligne d’influence de la réaction de l’appui B par
Elle rappelle beaucoup la méthode précédente. Considérons la poutre exemple, on supprime l’appui et on donne à la section B un déplacement
bi-articulée de la figure 9.12a. Pour tracer la ligne d’influence de la réaction unité positif (vers le haut). La nouvelle configuration de la poutre ainsi
de l’appui A, on supprime la liaison et on la remplace par une force obtenue définit la ligne d’influence cherchée (Figure 9.13b). De la même
verticale RA puis on donne un déplacement vertical au mécanisme obtenu manière, on trace les lignes d’influence des autres réactions.
qui peut tourner autour de l’appui B (Figure 9.12b).
Méthode des rotations 209 210 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Exemples d’application 3) Calcul des moments d’encastrement parfaits :


Barre AB :
ql² q=600 kg/m
P M
B C E AB =+ = 800
12 MAB MBA
q 2EI 2EI M = −ql² = −800
2,00m 3,00m BA
l=5m
4,00m I
12
I Barre CE :
3

P = 10 kg C
P=10 kg
3 M =0
EC
E Pa.b
A D MCE M = (b + a 2 ) = 960 kg.m
CE
a=2m b=3m l²
5,00 m 5,00 m

1) Raideurs des barres :


R = I ; R = 2I BC
AB
4 5
R =I ; R = 3 . 2I =3I
CD CE
4 4 5 10
2) Coefficients de répartition des barres :
R 14
BA
C
BA = R +R = ≅ 0.3846
BA BC 14+25
R 25
BC
C
BC = = ≅ 0.6154
R +R 25+14
BC BA

Vérification : ΣCij=1 ; CBA+CBC = 0.3846 + 0.6153 = 0.9999 ≅ 1


R 25
CB
C
CB = = ≅ 0.4210
R +R +R
CB CD CE 2 5+1 4+3 10
R 14
CD
C
CD = R +R +R = ≅ 0.2632
CD CB CE 1 4+2 5+3 10
R 3 10
CE
C = = ≅ 0.3158
CE
R CE + R CD + R CB 3 10+1 4+2 5

CCB+CCD+CCE = 1 ; 0.4210 + 0.2632 + 0.3158 = 1


Méthode des rotations 211 212 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Nœuds A B C D E Trace du diagramme de M


Barres AB BA BC CB CD CE DC EC
387,74 213,43 P
Coefficient de B C 552,74 E
répartition Cij -0.3846 -0.6153 -0.4211 -0.2622 -0.3158 387,91 339,43
pris en (-)
Moments 2,00 m 3,00 m
d’encastrement 800 -800 0 0 0 960 0 0 4,00 m q
parfait Mij
1006 169,72
1er Cycle

B bloqué
MB(1)=-800 A D
M =M
B B(1) 5,00 m 5,00 m
C bloqué
M =M MC(1)=1206.12
C C(1)
C débloqué -253.95 -507.90 -317.45 -380.89 -158.73 0
2ème Cycle Diagramme de M le long de AB
B bloqué
MB(2)=-253.95
M =M
B B(2) A B
B débloqué +48.83 +97.67 +156.26 +78.13
C bloqué 1600
M =M MC(2)=78.13 387,91 387,91
C C(2)
C débloqué -16.45 -32.90 -20.56 -24.67 -10.28 1006 _
A B
3ème Cycle 707,22
B bloqué
MB(3)=-16.45
M =M
B B(3)
B débloqué 3.16 6.33 10.12 5.06
q=600 kg/m
C bloqué
M =M MC(3)=5.06 +
C C(3)
C débloqué -1.07 -2.13 -1.33 -1.60 -0.67 0
ql²/8=1200
B bloqué
MB(4)=-1.07
M =M 1600
B B(4)
B débloqué 0.20 0.41 0.66 0.33 387,91

4ème Cycle A
C bloqué +
MC(4)=0.33 492,78
M =M
C C(4)
C débloqué -0.07 -0.14 -0.09 -0.10 -0.04 0
2,00 m 2,00 m
Σ 1006 -387.91 387.74 -213.43 -339.43 552.74 -169.72 0
Méthode des rotations 213 214 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES

Diagramme de M le long de CE Diagramme de M sur toute la structure

3
387,74 552,74
552,74
P=10 213,43
C E 387,91
552,74 332,43
552,74

868,36
_ 492,78
C E 331,64
3
P=10 1006 196,72

+
C E
2,00 m 3,00 m

1200

552,74
+

868,36

M le long de DC

M le long de BC

387,74 213,43 169,72 339,43


B C D C

387,74 339,43

213,43
_ _
B C D C
+

169,72

S-ar putea să vă placă și