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Généralités sur la sûreté nucléaire

par Jean PETIT


Directeur Adjoint de l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire
au Commissariat à l’Énergie Atomique

1. Rappels et faits marquants ................................................................... B 3 800 - 2


2. Analyse des risques dans les installations nucléaires .................. — 5
2.1 Minerai.......................................................................................................... — 5
2.2 Élaboration ................................................................................................... — 5
2.3 Fabrication des éléments combustibles .................................................... — 6
2.4 Utilisation dans les réacteurs ..................................................................... — 6
2.5 Transport des éléments combustibles ....................................................... — 6
2.6 Retraitement................................................................................................. — 6
2.7 Déchets ......................................................................................................... — 6
3. Objectifs et moyens de la sûreté......................................................... — 7
3.1 Aspects réglementaires............................................................................... — 7
3.2 Études et essais de sûreté........................................................................... — 7
4. Autres aspects de la sûreté .................................................................. — 8
4.1 Choix des sites nucléaires........................................................................... — 8
4.2 Dispositions relatives à la qualité............................................................... — 8
4.3 Information du public.................................................................................. — 8
Références bibliographiques ......................................................................... — 8

L a sécurité nucléaire recouvre les composantes principales suivantes :


— la sûreté des installations et activités ;
— la radioprotection de l’Homme et de l’environnement sous ses aspects tech-
niques, sanitaires et médicaux ;
— le contrôle, la comptabilité et la protection physique des matières
nucléaires ;
— l’intervention en cas d'accident.
Le présent article traite essentiellement de la sûreté nucléaire.
8 - 1990
B 3 800

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie nucléaire B 3 800 − 1
GÉNÉRALITÉS SUR LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE __________________________________________________________________________________________________

1. Rappels et faits marquants La comparaison des conséquences de l’accident de Tchernobyl


avec celles de Bhopal et de Seveso ou de séismes ou inondations
récents ne fait que confirmer ce point.
Le concept de sûreté n’est pas propre à l’énergie nucléaire et il Le tableau 1 donne la liste des accidents mortels par exposition
existe sous une forme très semblable dans tous les secteurs aux rayonnements ionisants enregistrés à ce jour.
industriels : il s’agit de préciser la nature et l'importance des risques
associés à l'utilisation de l'énergie nucléaire et de mettre en œuvre On constate que, hormis Tchernobyl et les accidents de criticité
signalés dans les installations nucléaires, la majorité des accidents
les dispositions propres à minimiser ces risques, jusqu'à les rendre
mortels résultent d'erreurs dans l’utilisation de sources à usage
raisonnablement acceptables.
industriel ou médical.
Le caractère spécifique de l’énergie nucléaire réside dans la
Le tableau 2 donne une liste d’accidents survenus à des réac-
nature des risques encourus : à l’énergie nucléaire et plus généra-
teurs de puissance ayant eu des conséquences sur l’environne-
lement à la radioactivité sont associées l’émission de rayonnements
ionisants et la production de corps radioactifs, qui peuvent créer des ment ou l’irradiation du personnel.
dommages aux êtres vivants. Dans cet article, les risques nucléaires Le tableau 3 donne des exemples d’incidents ou d’accidents
seront analysés en fonction des différents types d'installation mais, ayant eu des conséquences sur la disponibilité des installations.
avant d'entrer plus dans le détail, il est nécessaire de souligner les
points suivants :
La radioactivité se mesure essentiellement, d’une part par
— la radioactivité et la connaissance de ses effets sur l’Homme l’activité des corps émetteurs et, d'autre part, par le flux de
ne sont pas nées avec l’énergie nucléaire : rappelons notamment rayonnements reçu par l’organisme vivant. Le second para-
que c'est en 1928 qu’à l’initiative des radiologues s’est créée la mètre est significatif, moyennant interprétation, des risques
Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) encourus par l’organisme.
chargée de fixer les normes de protection contre les rayonnements
ionisants ; L’activité se mesure en bequerels (Bq), un bequerel étant
l’activité d’un corps qui se désintègre à raison d’une réaction par
— il ne faut pas confondre les notions de risques potentiels et de seconde. Étant donné l’extrême petitesse de cette unité, celle
risques résiduels : s’il est nécessaire de bien évaluer les premiers utilisée dans l’ancien système était le Curie (Ci) qui est égal à
pour définir les précautions à prendre dans les utilisations, seuls les 3,7 × 1010 Bq (articles Techniques de radioprotection [B 3 906] et
seconds représentent les risques réellement encourus, compte tenu Principes et normes de radioprotection [B 3 904] dans ce traité).
des dispositions prises ;
La quantité d’énergie absorbée par unité de masse d’un
À titre d’exemple, le risque potentiel d'une bouteille de gaz de milieu irradié est appelée dose et est exprimée en grays
20 kg, type butane ou propane, est équivalent au potentiel explosif de (1 Gy = 1 J/kg) ou en rad (1 Gy = 100 rad) dans l'ancien système
plus de 100 kg de TNT : le risque résiduel, par contre, est très faible. d'unités.
L’équivalent de dose absorbée par un organisme vivant tient
— le fait que l’énergie nucléaire soit apparue sur la scène
compte en outre du mode de répartition spatiale de cette
mondiale sous une forme particulièrement violente et traumatisante
énergie selon les caractéristiques du rayonnement considéré
ne doit pas faire croire que les risques liés à l’énergie nucléaire sont,
et, en cas de contamination interne du tissu osseux, de la loca-
par nature, incomparablement plus grands que ceux liés aux autres
lisation de la source émettrice de ce rayonnement. L’équivalent
industries, de la même manière qu’une arme atomique développe
de dose absorbée s’exprime en sieverts lorsque la dose est
une puissance explosive largement supérieure à celle des armes
exprimée en grays ou en rems lorsque la dose est exprimée en
conventionnelles. Tant au niveau des risques individuels qu’à celui
rads (1 Sv = 100 rem).
de la société, il existe bien des phénomènes naturels ou d'autres
activités humaines qui présentent des risques d'ampleur au moins
égale, sinon supérieure ; en particulier, certains produits chimiques (0)
présentent des risques dus à leur toxicité tout à fait comparables. (0)
(0)

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Tableau 1 – Accidents mortels par exposition aux rayonnements ionisants


Accidents de criticité et explosion Accidents impliquant des sources scellées avec doses élevées
à l’organisme entier
8 août 1945 Los Alamos (USA) 1 mort Année Pays Source Morts
1960 URSS Césium 137 1
Accident de criticité : en empilant des blocs réflecteurs autour d’un assem- 1962 Mexique Cobalt 60 4
blage sous-critique, un employé a obtenu la masse critique. L’employé est
mort, un gardien assis à 12 m de là a reçu un équivalent de dose de 0,32 Sv. 1963 Chine Cobalt 60 2
1972 Chine Cobalt 60 3
1972 Bulgarie Césium 137 1
21 mai 1946 Los Alamos (USA) 1 mort (20 Sv)
1975 Italie Cobalt 60 1
1978 Algérie Iridium 192 1
Accident de criticité : lors d’une démonstration d’une mesure de masse 1981 États-Unis Iridium 192 1
critique, rapprochement accidentel d’une coquille creuse de réflecteur.
1982 Norvège Cobalt 60 1
1984 Maroc Iridium 192 8
15 oct. 1958 Vinc^a (Yougoslavie) 1 mort
1987 Brésil Césium 137 4
Expérience critique sans protection biologique : une divergence incontrôlée Depuis les années 40, le nombre des décès en rapport direct avec
due à une montée intempestive du niveau d’eau lourde (par erreur d’opérateur) des sources scellées industrielles et médicales est de 27. Par opposi-
a entraîné l’irradiation de six expérimentateurs. Le bilan a été de : un mort et tion aux accidents de criticité, nombre de ce type d’accidents impli-
cinq personnes traitées à Paris, notamment par greffe de moelle osseuse. quent des personnes du public et sont dus à la perte et à la
dissémination de sources radioactives. Dans ce cas, l’exposition est
le plus souvent fractionnée et prolongée pendant des temps assez
30 déc. 1958 Los Alamos (USA) 1 mort (60 Sv) longs, car la nature et l'origine de l’affection radio-induite ne sont
reconnues que tardivement. Le tableau ci-dessus montre que les
Accident de criticité : le transvasement d’une solution contenant des maté- sources impliquées sont celles dont les rayonnements sont de haute
riaux fissiles d’un récipient à géométrie sûre dans un autre à géométrie non énergie, comme les sources de cobalt 60 et d’iridium 192.
sûre a entraîné l’irradiation de trois agents (respectivement 60 ; 1,3 et 0,5 Sv). Le premier accident grave qui implique le public est survenu au
Mexique en 1962, faisant 5 victimes dont une seule survécut. Le
24 sept. 1964 Woods River Junction (USA) 1 mort deuxième est arrivé en Chine en 1963 avec 6 victimes occasionnant
2 décès. Ces deux accidents furent causés par des sources égarées
Accident de criticité : erreur de transvasement d’une solution de nitrate de cobalt 60.
d’uranyle très enrichi dans un récipient. L’accident suivant survint quinze années plus tard en 1978 en
Algérie quand 22 personnes furent surexposées à une source
d’iridium 192 ; 5 victimes reçurent des doses supralétales. Toute une
23 sept. 1983 Constituyentes (Argentine) 1 mort famille fut ainsi exposée pendant une période de 4 à 6 semaines et un
Une divergence incontrôlée, causée semble-t-il par un non-respect des décès fut à déplorer. Le détournement d'une source identique
règles de sureté, lors d’une modification du cœur, a entraîné le décès de d'environ 600 GBq (16 Ci) a causé la mort de toute une famille au
l’opérateur qui se trouvait à proximité, vraisemblablement à une distance Maroc en 1984 ; 3 personnes parmi lesquelles 2 furent exposées à de
n’excédant pas 3 ou 4 m. Selon les évaluations, les doses absorbées par la très fortes doses, fractionnées et étalées pendant plusieurs
victime vont de 5 à 20 Gy en rayons gamma, auxquelles s’ajoutent 14 à 17 Gy semaines, survécurent.
en neutrons. La dispersion, le 13 septembre 1987, de la source de radiothérapie
de Goiania au Brésil fut responsable de l’événement le plus grave
jusqu’à ce jour causé par une source scellée. En plus de la pollution
L’opérateur est décédé 48 h après l’accident ; les autres personnes radioactive grave de l’environnement, 22 personnes eurent besoin de
présentes dans la salle de contrôle n’ont été exposées qu’à des doses minimes. soins médicaux intensifs et 10 furent en position critique pendant
plusieurs jours. Ces 10 victimes reçurent des doses qui furent
26 avril 1986 Tchernobyl (URSS) 29 morts estimées entre 3 et 7 Gy. Le traitement de ces malades a posé de
graves problèmes dus à la combinaison d’une forte irradiation
Explosion à l’intérieur du bâtiment du réacteur détruisant celui-ci et entraî- externe et d’une contamination interne et externe (césium ingéré et
nant deux décès immédiats par brûlures et polytraumatismes. Les rejets de déposé sur la peau des victimes). Cet événement fut responsable de
produits radioactifs dans l’atmosphère ont duré pour l’essentiel dix jours. Près la mort de 4 personnes ; les décès survinrent dans les 5 semaines.
de 10 % de l’inventaire du cœur au moment de l’accident ont été libérés : Les accidents qui survinrent sur les lieux de travail ont donné lieu
100 % des gaz rares, 15 à 20 % des produits volatils, 3 à 5 % des produits non à un nombre moindre de victimes. De bonnes illustrations sont four-
volatils et des transuraniens. Environ deux cents personnes ont été gravement nies par les accidents mortels de 1975 en Italie (Brescia) et de 1982
irradiées et vingt neuf d’entre elles sont décédées dans les trois mois qui ont en Norvège (Kjeller, près d’Oslo), tous deux causés par l’utilisation
suivi. À cet égard, le bilan est le suivant : industrielle de sources de cobalt 60. La victime italienne reçut une
dose absorbée moyenne à la moelle osseuse de 12 Gy, distribuée de
Dose Sujets Mortalité façon très hétérogène dans l’organisme et mourut en 2 semaines. La
(Gy) hospitalisés nombre % victime norvégienne, qui avait une expérience professionnelle de
plus de trente ans, reçut une dose à la moelle entre 20 et 22 Gy et
1-2 105 0 0 mourut dans les mêmes délais. La source italienne était utilisée prin-
2-4 53 1 2 cipalement pour déparasiter des céréales alors que la norvégienne
4-8 23 7 30 l’était pour stériliser du matériel médical. Ces deux accidents,
comme la plupart des autres, auraient pu être évités facilement,
8-16 22 21 95 puisqu’ils furent causés par plusieurs violations des consignes de
1-16 203 29 14 sécurité.
Des régions contaminées, où les populations résident pour l’instant en Le dernier en date est arrivé au Salvador, le 5 février 1989, avec
permanence et qui présentent donc des risques radiologiques à long terme, une source industrielle de cobalt 60, impliquant 3 employés qui
subsistent. reçurent entre 3 et 8 Gy et qui survécurent.

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Tableau 2 – Accidents survenus à des réacteurs de puissance ayant eu des conséquences sur l’environnement
ou causé l’irradiation de personnel
Accidents ayant eu des conséquences sur l’environ- Accidents ayant eu pour conséquence une irradiation du
nement et le public : outre Tchernobyl, parmi les incidents personnel supérieure à la dose admissible.
importants survenus sur des réacteurs de puissance, un seul
(celui de Windscale) est vraiment significatif. Tous les autres 1953 NRX (Nuclear Reactor Experimental) Chalk River (Canada)
sont des incidents matériels dont quelques uns seulement ont Sur ce réacteur expérimental, lors du déchargement d’un
eu des conséquences quant à l’irradiation des travailleurs. élément combustible défectueux, celui-ci s’est coincé dans le
1957 Windscale (Grande-Bretagne) conteneur de transport et un morceau est tombé dans le puits de
stockage où il a brûlé. L’accident et les travaux de réparation
Cet accident est survenu sur un réacteur à uranium naturel, consécutifs ont conduit trois personnes à recevoir de 100
modéré par du graphite et refroidi par l'air, au cours d’une opé- à 200 mSv, quinze personnes à recevoir entre 50 et 100 mSv,
ration liée à un phénomène mal connu à l’époque (recuit du trente personnes à recevoir entre 30 et 50 mSv, et cent quatre
modérateur graphite pour y libérer l’énergie accumulée par effet
Wigner). personnes à recevoir entre 10 et 30 mSv.
Des produits de fission, essentiellement 740 TBq (ou Une quantité très faible de produits radioactifs a été libérée
20 000 Ci) d'iode 131 ont été libérés dans l’environnement. Une dans l’environnement sur une superficie de 40 ha pratiquement
surveillance très complète de l’environnement et des personnes inhabitée.
a été mise en place immédiatement. En particulier, des mesures
ont été prises pour contrôler et arrêter, en tant que de besoin, les Mars 1965 Chinon A1 (France)
livraisons de lait par les producteurs de la région. Un agent ayant franchi une balise d’interdiction et pénétré
238 personnes ont été examinées : 126 présentaient une dans le local de déchargement du combustible a reçu une dose
légère contamination au niveau de la thyroïde (la dose la plus de 0,5 Gy.
élevée était de 0,16 Sv). Parmi les travailleurs de l'installation, 96 Sept. 1979 Chinon A2 (France)
ont été légèrement contaminés (0,1 Sv au maximum au niveau
de la thyroïde malgré le port du masque) ; sur le plan de Au cours d’une opération de recherche de fuite de dioxyde de
l’irradiation externe, 14 agents ont reçu des équivalents de dose carbone, fluide de refroidissement principal du réacteur, deux
dont le maximum était égal à 47 mSv. Aucune incidence sani- agents ont été soumis respectivement à des équivalents de dose
taire visible n’a été identifiée. de 0,34 et 0,11 Sv.

Tableau 3 – Exemples d’accidents ou d’incidents ayant eu des conséquences sur la disponibilité des installations
1955 EBR 1 (Experimental Breeder Reactor) (États-Unis) Les rejets radioactifs dans l’environnement ont été très
limités, donc les conséquences pour la population négligeables,
Une fusion de combustible a conduit à une très faible grâce à la présence d’une enceinte de confinement étanche et
contamination du bâtiment et à l’arrêt définitif du réacteur. résistante. Ce type d’enceinte, améliorée en outre récemment,
équipe la totalité des réacteurs à eau ordinaire sous pression en
1966 Enrico Fermi (États-Unis) service en France, comme dans la plupart des pays occidentaux.
Rappelons que Tchernobyl en était dépourvu.
Après la fusion partielle des deux assemblages combustibles,
il a fallu 4 ans pour que l’installation soit de nouveau en fonction-
nement normal. Elle a été arrêtée définitivement en 1972 (le L'installation est considérée comme perdue.
combustible nécessaire à son fonctionnement ne pouvant plus
être fourni). TMI, accident grave pour l’installation mais aux conséquences
nulles pour l’environnement et la population, a marqué un tour-
1969 Lucens (Suisse) nant du nucléaire et de la sécurité en particulier. Il a, en effet, fait
prendre conscience à la communauté nucléaire internationale,
Il y a eu destruction d’un tube de force, fusion partielle du que, malgré leur très faible probabilité, des accidents graves
cœur, forte contamination de la caverne contenant le réacteur, étaient possibles. Il a donné le signal d’améliorations très signi-
mais aucune activité significative à l’extérieur. L’installation a été ficatives tant dans la prévention que dans la limitation des
arrêtée définitivement. conséquences. Il a également contribué à la prise en compte sys-
1969 Saint-Laurent A1 (France) tématique du facteur humain dans la genèse des accidents.

Par suite de la fusion de cinq éléments combustibles, 50 kg


d’uranium ont été dispersés dans le caisson du réacteur et 1980 Saint-Laurent A2 (France)
l’installation a été indisponible pendant un an.
Par suite de l’obstruction de 6 à 8 canaux de l’empilement de
1979 Three Mile Island 2 (puissance électrique de 900 MW) graphite par une plaque métallique, il y a eu fusion de deux élé-
(États-Unis) ments combustibles. Le réacteur a été indisponible pendant
deux ans et demi environ.
La non-fermeture complète de la vanne de décharge du pres- 1987 Creys-Malville (France)
suriseur et l’arrêt prématuré, par les opérateurs, de l’injection de
secours et des pompes primaires à la suite d’un transitoire de Une fuite de sodium observée sur la cuve du barillet de trans-
pression initié par la perte d’alimentation en eau des géné- fert des éléments combustibles, bien que ne mettant pas directe-
rateurs de vapeur, ont entraîné la fusion partielle du cœur et une ment en cause la sûreté, a entraîné un arrêt de l’installation, pour
contamination importante à l’intérieur de l’enceinte de révision et réparation, supérieur à 18 mois.
confinement.

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2. Analyse des risques surveillance dosimétrique spécifique. La surveillance du personnel,


par des détecteurs appropriés, permet de s'assurer que les normes
dans les installations de protection définies par la Commission Internationale de Protec-
tion Radiologique (CIPR) sont correctement observées.
nucléaires
Pour faire une analyse aussi exhaustive que possible des risques 2.2 Élaboration
potentiels présents dans chaque phase de l’utilisation industrielle
de l’énergie nucléaire, il est commode de suivre le cycle parcouru Le minerai permet de produire l’uranium naturel sous forme de
par le matériau de base, l’uranium, qui sera le siège de la réaction métal, d’oxyde ou de fluorure suivant l’utilisation ultérieure prévue.
nucléaire de fission et la source de l’énergie produite. Le tableau 4 À ce stade, le risque est plus d’origine chimique que radioactive.
schématise le cycle du combustible nucléaire, depuis la mine
d’extraction jusqu’au stockage des déchets radioactifs. Le problème se complique lorsqu’à partir de l’uranium naturel on
se propose de produire de l’uranium enrichi. Une nouvelle cause
Nota : le lecteur se reportera utilement à l'ensemble des articles spécialisés de ce traité
liés au cycle du combustible nucléaire. potentielle d’irradiation apparaît alors : celle d’une réaction en
chaîne divergente accidentelle dans les appareillages produisant un
uranium enrichi en isotope 235. Les caractéristiques de ce risque
sont d'être de courte durée et répétitif, mais important. Par ailleurs,
2.1 Minerai il est limité en rayon d’action. Il met en cause la sécurité des
travailleurs mais ne saurait atteindre la population. On l’appelle
Tout commence à la mine d’où l’on extrait l’uranium. Le mineur risque de criticité. Il doit être maîtrisé par différentes méthodes,
est soumis à une irradiation externe et à une irradiation interne dues utilisées ensemble ou séparément :
à l’uranium lui-même et à tous les éléments de sa chaîne, notam- — limitation de la masse d'uranium se trouvant dans les
ment le radium, le radon et le thorium. L’irradiation externe est appareils ;
provoquée par les rayonnements β et γ et l’on s’en protège par la — limitation de la concentration en isotope 235 dans les
limitation de la durée du travail et la surveillance des travailleurs à solutions ;
l’aide de dosimètres. L’irradiation interne provient de l’inhalation et — utilisation, pour les appareils, d'une géométrie adaptée : une
de la fixation des poussières dont les plus dangereuses sont émet- même quantité de matière fissile à une certaine concentration peut
trices de rayonnements α. L’évaluation de ce risque est basée sur produire une réaction en chaîne dans un récipient de forme sphé-
la mesure de la concentration en radon ; la meilleure parade rique et rester inerte dans une canalisation de faible diamètre.
consiste en la diminution de production du radon par l’utilisation
(0)
de méthodes particulières d’exploitation du gisement et en assurant
l’évacuation du radon restant par une ventilation efficace et une

Tableau 4 – Cycle du combustible (1)

(1) Le caractère synthétique d’un tel tableau ne permet pas de faire apparaître la totalité des étapes et sous-étapes, par exemple pour le transport des déchets
(article Transports des matières radioactives. Sûreté et réglementation [BN 3 845] dans ce traité).

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2.3 Fabrication des éléments combustibles capables de résister aux chocs les plus durs (chute verticale de 9 m
sans déformation notable ni perte d’étanchéité) et à des incendies
de durée importante. Par ailleurs, le refroidissement des assem-
Après production d’uranium à enrichissement prévu, celui-ci est blages transportés continue à être assuré. L'Agence Internationale
mis dans des tubes métalliques, assemblés pour constituer ce que de l’Énergie Atomique a défini les critères d’acceptation des
l'on appelle un élément combustible. On retrouve dans cette conteneurs, dont la structure assure en particulier la prévention du
opération les risques mentionnés dans les étapes précédentes, risque de criticité.
notamment irradiation interne, criticité, mais les opérations sont
simples. Il faut noter que toute forme de réutilisation du plutonium,
extrait dans les usines de retraitement, pour la fabrication d’élé-
ments combustibles, accroît le risque d’irradiation interne et de 2.6 Retraitement
contamination, ce qui exige des dispositions particulières (boîtes à
gants, par exemple).
Dans l’usine de retraitement, les éléments combustibles sont
Les éléments combustibles neufs sont alors transportés vers leur traités chimiquement en vue de séparer les différents produits
lieu d’utilisation, la centrale nucléaire, dans des conteneurs résistant qu’ils contiennent :
aux chocs et aux incendies. Un agencement approprié des — les produits de fission qui constituent les déchets radioactifs ;
conteneurs élimine, par construction, le risque de criticité. — le plutonium, matière fissile qui peut être utilisée pour la
fabrication d’autres éléments combustibles (c'est le recyclage du
plutonium) ;
2.4 Utilisation dans les réacteurs — l’uranium, appauvri en isotope 235 par son passage dans le
réacteur, qui peut être renvoyé vers l'usine de séparation isotopique
ou utilisé pour constituer la couverture de réacteurs surrégénéra-
Les éléments combustibles sont introduits dans un réacteur et le teurs.
problème des risques prend une toute autre ampleur. Pour les travailleurs, le risque provient de la radioactivité des
Contrairement à ce que l’on pourrait croire à première vue, le produits à traiter et de la possibilité de criticité due à la présence
risque n’est pas celui d’une explosion nucléaire qui occasionnerait des matières fissiles et pour les populations, de l’existence des
dans le voisinage du réacteur des dégâts de même type que ceux produits radioactifs qu’il faut maintenir confinés.
d’une arme atomique. En effet, bien qu’il existe au sein d'un
réacteur nucléaire une quantité de matière fissile largement supé-
rieure à la masse critique, et qu’en conséquence une divergence
accidentelle de la réaction en chaîne ne soit pas impossible, même
2.7 Déchets
si les précautions doivent être prises pour la prévenir, cette diver-
gence est très rapidement stoppée par des contre-réactions En fin de chaîne, il reste les déchets. On classe les déchets
physiques (effet Doppler, dilatations des structures) et aucune radioactifs en trois catégories :
énergie significative n’a le temps de se développer. Dans une arme
atomique, en revanche, on dispose d’un système d'explosif extrê- — les déchets contenant essentiellement des radioéléments à
mement sophistiqué qui a pour objectif de maintenir la réaction en vie courte (période inférieure à 30 ans) ; ils proviennent principale-
chaîne divergente pendant un temps suffisant pour qu’une énergie ment des centrales nucléaires et pour le reste des usines du cycle
de fission importante puisse se développer, malgré les du combustible, des grands laboratoires de recherche et des divers
contre-réactions physiques. De telles conditions sont par nature utilisateurs de radioéléments. Ces déchets, appelés communément
impossibles à rencontrer dans un réacteur, même dans un réacteur déchets de faible et moyenne activités, représentent plus de 90 %
rapide, ni accidentellement, ni par malveillance. du volume de l’ensemble des déchets radioactifs, mais seulement
1 % de l'activité totale. En France, la production cumulée jusqu’en
En fait, l’importance du risque potentiel dans un réacteur l’an 2000 sera inférieure à un million de mètres cubes. Ils sont
nucléaire provient de l’accumulation dans le combustible au fur et stockés définitivement en surface ou à très faible profondeur dans
à mesure de la production d’énergie, donc de la multiplication des des sites comme le Centre de Stockage de la Manche (CSM) ou à
fissions, de produits de fission radioactifs de durées de vie l’avenir celui de Soulaines, dans l’Aube, en construction ;
variables. La dissémination de ces produits dans l’environnement — les déchets de faible et moyenne activités contenant des
comme conséquence d’un accident constitue le risque essentiel radioéléments à vie longue (période supérieure à 30 ans) ; ils
qu’il faut maîtriser en assurant le confinement des produits de proviennent des usines du cycle du combustible (fabrication, retrai-
fission en toutes circonstances et pendant toute la durée de vie de tement) et de certains centres de recherche. Ces déchets sont
l’installation. souvent appelés déchets alpha. Leur production cumulée en
Un réacteur est, en outre, pendant son fonctionnement même, l’an 2000 est évaluée à quelques dizaines de milliers de mètres
une source importante de rayonnements, notamment gamma et cubes. Ces déchets, pour l’instant entreposés sur les lieux de pro-
neutrons qui constituent un risque avant tout pour les travailleurs duction, seront stockés définitivement en profondeur ;
et nécessitent des protections appropriées. — les produits hautement radioactifs contenant des radio-
éléments à vie longue (produits de fission issus du retraitement) ;
ils sont actuellement incorporés dans du verre. Les verres ainsi
formés ont une activité par unité de volume élevée et, de ce fait,
2.5 Transport des éléments combustibles dégagent une quantité de chaleur importante mais décroissante.
Leur production cumulée jusqu'en l'an 2000 sera de l’ordre
de 3 000 m3. Ces déchets sont pour l’instant entreposés sur le site
Après un certain temps de « refroidissement », les éléments des usines de retraitement où la chaleur qu’ils dégagent diminue.
combustibles sont transportés vers une usine de retraitement. Il Leur évacuation se fera par étapes, leur stockage définitif étant
s’agit, dans cette opération, de faire parcourir un chemin, parfois prévu en formation géologique.
long, à une quantité importante de matières radioactives qu’il faut
maintenir confinées et refroidies. On doit utiliser des conteneurs

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3. Objectifs et moyens Nucléaires ; des organismes analogues existent dans tous les pays
engagés dans le développement de l’énergie nucléaire. En outre,
de la sûreté les aspects techniques qui sous-tendent les aspects réglementaires
nécessitent la mise en place de services techniques étoffés en
raison de la complexité des installations et des phénomènes en
jeu : en France, c’est le Commissariat à l’Énergie Atomique
Les risques associés à la production d’énergie nucléaire sont pris
principalement qui agit en soutien technique de l’Administration
en compte, dès le stade de la conception, par les responsables des
par l’intermédiaire de l’Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire
différentes installations, et doivent rester la première préoccupation
(IPSN).
des utilisateurs pendant toutes les phases de la vie des
installations : réalisation, mise en service, exploitation et mise à
l’arrêt définitif.
L’objectif de la sûreté nucléaire est de s'assurer qu’à tout instant 3.2 Études et essais de sûreté
le niveau de risque est suffisamment bas pour être acceptable, tant
vis-à-vis des travailleurs, des installations que vis-à-vis du public et
de l’environnement. Étant donné que seuls les Pouvoirs Publics sont L’un des principes fondamentaux de la réglementation nucléaire
en mesure de décider, compte tenu des travaux des spécialistes, ce réside dans la responsabilité de l’exploitant qui doit apporter la
qui peut être acceptable, les objectifs de sûreté sont atteints à démonstration de la sûreté de son installation, en s’appuyant sur
travers la mise en œuvre par l’Administration d’un cadre les études et recherches effectuées au cours de l’élaboration du
réglementaire qui fixe les limites à respecter obligatoirement par projet et sur l’expérience obtenue au cours du fonctionnement
tous les organismes et industriels concernés. Pour éviter que la d’installations analogues ou de prototypes.
réglementation ne se réduise à un cadre administratif vide de Néanmoins, il est nécessaire que les Pouvoirs Publics, respon-
signification technique, des études et essais (§ 3.2) permettent de sables de l’élaboration et de la mise en œuvre des procédures
vérifier la validité des dispositions prévues pour faire face aux réglementaires, puissent étayer leur jugement technique sur des
différents risques potentiels analysés précédemment. résultats obtenus indépendamment, indispensables pour confirmer
la validité de la démonstration présentée par l’exploitant et pour
préciser les marges de sécurité dont dispose le projet.
3.1 Aspects réglementaires Pour effectuer ces travaux de recherches, les Pouvoirs Publics
doivent s’appuyer sur des unités bien préparées à aborder les
phénomènes complexes mis en jeu dans les différents cas de
L’intervention de l’État pour assurer le niveau de sûreté requis fonctionnement, normal et accidentel, des installations. En France,
prend trois formes essentielles : c’est au sein du Commissariat à l’Énergie Atomique (IPSN) que sont
effectuées la majorité des études de sûreté.
— la réglementation ; toute installation nucléaire doit impérati-
vement satisfaire à un certain nombre de prescriptions, critères et Citons ici quelques exemples parmi les principaux programmes
normes qui s’appliquent à tous les stades du projet, et à tous les significatifs :
partenaires : constructeurs, exploitants, sous-traitants, bureaux — l’accident de la centrale de Three Mile Island ayant montré la
d'études, etc. ; nécessité de mieux connaître le déroulement d’accidents graves
— les procédures d'autorisation et de suivi ; toute installation, très hypothétiques, des expériences de très grande ampleur ont été
dont le niveau de risque potentiel dépasse un seuil réglementaire entreprises qui demandent la mise en commun des ressources de
qui conduit à la classer dans la catégorie d’installation nucléaire de tous les partenaires français et même de nombreux partenaires
base, ne peut être construite, mise en service, exploitée et arrêtée, étrangers. Il s’agit, par exemple, de la mise au point d’un ensemble
sans une autorisation spécifique des Pouvoirs Publics, après une de codes de calcul décrivant ces accidents graves (système Cathare
analyse approfondie de sa sûreté ; pour la thermohydraulique) en s’appuyant sur un programme expé-
Nota : dans la pratique, toutes les installations qui sont traitées dans cet article et les rimental important (programme Phebus notamment). Les études
articles de la rubrique Sûreté et protection sont dans la catégorie des INB (Installation portent en particulier sur le comportement et le cheminement des
Nucléaire de Base). produits de fission vers l’extérieur, à travers les diverses barrières
— l'inspection ; la conformité d’une installation avec les dispo- interposées entre le lieu où ils se créent (éléments combustibles)
sitions de la réglementation et les prescriptions des diverses auto- et l'enceinte de confinement ;
risations accordées est vérifiée par les Pouvoirs Publics à travers la — un programme de traitement et de réhabilitation de sol
mise en œuvre d’un système d’inspection, sur les sites et dans les contaminé, lancé avant l’accident de Tchernobyl, a vu croître son
usines. importance depuis 1986, tandis qu'en 1988 le groupement d’intérêt
économique INTRA au sein duquel les principaux exploitants
Il est important de souligner que ces interventions de l’État
français (EDF, Cogema, CEA), à partir de recherches en robotique
viennent se superposer à l’application des autres textes
effectuées précédemment, développent et gèrent un parc national
réglementaires plus généraux, auxquels elles ne font pas obstacle,
de robots d’intervention mobilisables rapidement en cas d’accident,
parmi lesquels on peut citer en particulier : le Code du Travail, la
a été mis en place ;
procédure dite des Établissements classés, les textes relatifs à la
— signalons également les études tant théoriques qu’expéri-
protection de l’eau et de l’environnement, la surveillance des
mentales liées aux facteurs humains. L’exploitant qu’est Électricité
récipients sous pression, etc.
de France y joue un rôle particulièrement important.
Pour l’application de l’ensemble de la réglementation, les
Si les études que nous venons de mentionner concernent surtout
Pouvoirs Publics sont amenés à créer des structures appropriées :
les réacteurs, le reste du cycle du combustible et, en particulier, le
c’est ainsi, qu’en France, le Ministère chargé de l’Industrie et,
retraitement et le stockage des déchets à moyen et long terme béné-
depuis juillet 1988, le Secrétariat d’État à l’Environnement et à la
ficient également de programmes de recherche importants.
Prévention des Risques Technologiques et Naturels Majeurs
disposent du Service Central de Sûreté des Installations

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GÉNÉRALITÉS SUR LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE __________________________________________________________________________________________________

4. Autres aspects de la sûreté s’efforcer de les détecter et d’y porter remède, si l’on veut éviter des
incidents ultérieurs en fonctionnement. Les procédures de contrôle
de qualité font appel à diverses méthodes, destructives ou non
destructives, systématiques ou par sondages, adaptées au type de
Avant de terminer ces considérations générales, qui seront fabrication. Le contrôle de qualité représente dans les usines une
développées dans les articles de la rubrique Sûreté et protection, activité généralement bien identifiée, qui se développe en marge
on évoquera trois aspects particuliers qui font l’objet de la part des des activités de production proprement dites.
Pouvoirs Publics d’une attention spéciale.
Dans l’industrie nucléaire, l’importance attachée à la prévention
des incidents en fonctionnement a conduit à renforcer
considérablement les procédures de contrôle de la qualité à tous les
4.1 Choix des sites nucléaires stades, conception, fabrication, montages, essais et exploitation,
afin de minimiser la probabilité d’erreurs ou de défauts. C’est ce
qu'on appelle l'assurance de la qualité, qui superpose, aux
Les dispositions prises par les Pouvoirs Publics doivent permettre méthodes traditionnelles de contrôle de qualité une organisation de
d’assurer à la population, et notamment aux habitants proches ces contrôles, avec un certain nombre d’exigences réglementaires
d’une installation nucléaire, que les risques résiduels ont été en ce qui concerne l’indépendance des équipes chargées du
ramenés à un niveau suffisamment faible. contrôle à tous les niveaux, la production et l’archivage des procès-
En fait, en ce qui concerne les nuisances communes aux instal- verbaux de contrôle.
lations nucléaires et à d’autres industries, telles que le bruit, la La mise en œuvre de l’assurance de qualité impose à tous les
pollution chimique, l’échauffement des eaux, l’esthétique, etc., les partenaires (bureaux d’études, architectes industriels, fabricants et
critères retenus pour le nucléaire ne sont pas différents de ceux sous-traitants, exploitants) une discipline très rigoureuse qui
retenus pour les autres industries. En revanche, pour les aspects devrait avoir pour contrepartie à terme une meilleure fiabilité des
spécifiquement nucléaires, c’est-à-dire les risques liés à un défaut installations, en plus naturellement de la garantie du niveau de
de confinement de la radioactivité, la politique suivie pour sûreté qui reste son objectif essentiel. Des détails supplémentaires
l’implantation d'installations nucléaires est particulièrement stricte pourront être trouvés dans la rubrique Sûreté et protection de ce
et contraignante. Un examen très détaillé des interactions traité.
réciproques possibles entre une installation nucléaire et son voisi-
nage est effectué, et l’on cherche systématiquement à minimiser ces
interactions, ce qui a les conséquences suivantes :
— fixation de distances de sécurité minimales entre une instal-
4.3 Information du public
lation nucléaire et des industries potentiellement dangereuses ;
— protections particulières des installations nucléaires vis-à-vis L’effort de clarification sur la sécurité, largement entamé depuis
d’événements externes tels que chutes d’avion, explosions, 1986, et, par exemple, marqué par la mise en œuvre du serveur
tremblements de terre, inondations, etc. ; MAGNUC accessible par Minitel (qui fournit toutes les informa-
— préférence pour des sites à faible densité de population ; tions sur le fonctionnement et les incidents de toutes les installa-
— mesures prévues en cas d’accident grave tant à l’intérieur tions nucléaires) et celle des échelles de gravité des incidents et
qu’à l’extérieur des installations nucléaires (plans de secours). accidents pour les réacteurs et les installations du cycle de
Ces préoccupations, qui reviennent à faire intervenir, au moment combustible, a été poursuivi dans le domaine de la radioactivité où
du choix des sites, non seulement les risques résiduels, mais la communication demandait à être améliorée. C’est ainsi que les
également, dans une certaine mesure, les risques potentiels, directives du gouvernement de fin avril 1989 relatives à l’accessi-
résultent de l'importance qui a été attribuée à la sûreté par rapport bilité de l’information sur les mesures dans l’environnement se
aux aspects strictement économiques. sont traduites à partir du deuxième semestre de 1989, pour les
Nota : le lecteur pourra se reporter à l'article Choix des sites nucléaires [BN 3 255]. exploitants, par la publication systématique des résultats des
réseaux qu’ils utilisent pour la surveillance dans l’environnement
de leurs installations. Une présentation des valeurs relatives aux
principaux milieux (eau, air, denrées alimentaires) et aux rejets,
4.2 Dispositions relatives à la qualité homogène, simple et référencée par rapport aux limites
admissibles et à la radioactivité naturelle, a été mise au point. Le
Ministère de l’industrie les regroupe mensuellement avec celles
Le contrôle de qualité des fabrications a toujours été une pré- d’EDF sur le serveur MAGNUC tandis que les commissions locales
occupation importante dans toutes les industries ; l’expérience d’information créées pour chaque site depuis une dizaine d’années
montre, en effet, que des erreurs sont possibles dans les différentes reçoivent les données relatives à leurs sites.
étapes de fabrication des matériels, et qu’il est nécessaire de

Références bibliographiques

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