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IDENTIFICATION
NOTE RENSEIGNEMENT, TECHNOLOGIE ET ARMEMENT N°15 /
FÉVRIER 2020
OLIVIER DUJARDIN
DÉTECTION
La détection est la capacité d’un capteur à mesurer une grandeur physique pour laquelle il
est conçu. Un radar va détecter une présence physique qui va renvoyer l’onde
électromagnétique émise ; un système optronique va détecter des photons pour lequel il est
calibré ; un capteur de guerre électronique va détecter des ondes électromagnétiques, etc.
Cette étape est extrêmement importante car elle est l’origine de tout ce qui va en découler.
Pour autant, une détection primaire seule ne donne pas beaucoup d’informations. C’est un
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peu comme un détecteur de mouvement qui a détecté quelque chose, il ne dit pas si c’est
un chat, une personne légitime, un voleur ou simplement quelque chose qui est tombé sous
l’effet d’un courant d’air.
Toute détection devra être d’abord classifiée, c’est-à-dire caractérisée (nature de ce qui a
provoqué la détection). Dans l’exemple ci-dessus, cela serait de faire la différence entre un
humain, un animal ou un objet.
CLASSIFICATION
Cette étape consiste à déterminer la nature de la détection. Dans le cas d’une détection
radar, cela sera de déterminer à quoi correspond la détection (nuages, aéronefs, navires,
reliefs…). Les mesures des capteurs peuvent apporter, directement ou après post-
traitement (informations issues du traitement de plusieurs détections à la suite), des
éléments de réponse. Ainsi un radar pourra donner une information de vitesse et d’altitude
(si c’est un radar tridimensionnel) relative à la détection. Ces éléments permettront déjà de
séparer les aéronefs, les navires, les nuages et le relief naturel. Les altitudes et les mesures
de vitesse permettent aussi de catégoriser les aéronefs voire, dans certains cas, grâce à
l’analyse micro-doppler, de distinguer les hélicoptères des avions.
Même chose pour les systèmes optroniques dont la forme, la mesure de température (si le
capteur travaille en infrarouge) et la vitesse de défilement permettront de classifier la nature
de la détection.
IDENTIFICATION
Cette dernière étape est la plus critique ; toute erreur peut avoir de funestes conséquences
comme ce fut le cas en Iran le 8 janvier 2020, ou en Ukraine le 27 juillet 2014. Dans le cas
iranien, cela semble être une erreur de classification (missile de croisière alors que c’était un
avion de ligne) qui a engendré une erreur d’identification. En Ukraine, c’est une erreur
d’identification de la cible qui a engendré la destruction de l’appareil.
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Ces deux exemples montrent deux choses. La première est qu’une erreur de classification a
de grandes chances d’engendrer une erreur d’identification. La deuxième est que ce n’est
pas parce que la classification est bonne que l’identification le sera.
L’identification doit permettre de déterminer avec certitude la nature civile ou militaire d’un
aéronef, si c’est un ami, un ennemi ou une entité neutre, ainsi que le caractère menaçant ou
non d’une détection. Cela n’a rien de simple surtout que les systèmes d’armes portent de
plus en plus loin : plus la zone de détection est vaste, plus il y a de travail.
L’identification est souvent réalisée grâce à la fusion des éléments techniques de plusieurs
capteurs. Ainsi les dispositifs d’identification, comme les IFF/ADS-B des avions ou les AIS
des navires, peuvent fournir toutes les informations nécessaires, mais cela ne peut être
suffisant car, pour des raisons techniques, ils peuvent ne pas fonctionner mais aussi être
faux ou brouillés. Rien n’empêche un navire ou un aéronef de falsifier son identité. Par
exemple, les IFF militaires sont cryptés, ce qui rend assez peu probable une falsification ;
mais cela n’empêche pas une panne de toucher un appareil ami. Cela s’est déjà produit : en
2003, pendant la deuxième guerre du Golfe, un avion Tornado GR4 britannique a été abattu
par erreur alors que son IFF était en panne.
Le temps entre la première détection et l’identification peut être long, jusqu’à plusieurs
heures selon les cas. C’est le temps qu’il faut pour rassembler les différents éléments
nécessaires et lever toutes les ambiguïtés qui ne manquent jamais d’exister quand la
situation tactique est chargée et que la zone à couvrir est vaste. Par exemple, lors
d’exercices de lutte antisurface, il peut être long de trouver le bâtiment militaire ennemi au
milieu d’une multitude de navires civils car, vu des capteurs (un point sur un écran radar par
exemple), rien ne ressemble plus à un navire qu’un autre navire. C’est toujours quand le
temps manque que les risques d’erreurs augmentent.
Détecter est une chose, identifier en est une autre et c’est loin d’être évident ; les cas de tirs
amis ou d’erreurs sont là pour le rappeler. Si ces dernières années l’accent a été mis sur la
« furtivité », c’est-à-dire la capacité à échapper à une détection, il n’en reste pas moins que
les tactiques pour tromper les processus de classification et d’identification restent
d’actualité. Ce qui explique aussi qu’il n’est pas forcément nécessaire de disposer d’un
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appareil « furtif » pour pénétrer en territoire ennemi. Les tactiques consistant à masquer des
chasseurs-bombardiers derrière des avions civils[2] restent valables, comme celles de
bâtiments militaires cherchant à imiter la cinématique et les feux de signalisation de
bâtiments civils ou encore une action de brouillage des IFF/ADS-B et autres AIS afin de
priver l’adversaire de toute vision tactique claire, pour ne citer que quelques exemples.
Un des défis actuels de la lutte anti-drone – la discrimination des drones avec les oiseaux,
dont la signature radar est très proche – relève de la même problématique. Aujourd’hui deux
approches sont conduites : l’une consistant à analyser les micro-doppler pour détecter les
drones multi-rotors ; l’autre reposant sur l’analyse comportementale de la détection
(cinématique d’un drone à priori différente de celle d’un oiseau). Aucune de ces deux
approches ne peut être suffisante car un drone n’est pas forcément multi-rotors, il peut
utiliser des hélices qui réfléchissent peu les ondes radar et il pourrait aussi imiter le
comportement de vol des oiseaux. Ce sont donc des éléments d’information qui ne sont pas
suffisants.
[1] https://cf2r.org/rta/la-designation-dobjectif-un-defi-pour-le-renseignement/
[2] https://fr.sputniknews.com/international/202002071043019596-syrie-un-avion-avec-172-
passagers-evite-de-justesse-des-tirs-lors-dune-attaque-disrael-/
[3] https://www.science-et-vie.com/archives/i.a.-la-faille-inattendue-41754
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