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Botte Roger. De l'esclavage et du daltonisme dans les sciences sociales. Avant-propos. In: Journal des africanistes, 2000,
tome 70, fascicule 1-2. L'ombre portée de l'esclavage. Avatars contemporains de l'oppression sociale. pp. 7-42;
doi : https://doi.org/10.3406/jafr.2000.1218
https://www.persee.fr/doc/jafr_0399-0346_2000_num_70_1_1218
De l'esclavage et du daltonisme
dans les sciences sociales
Avant-propos
1 L'esclavage perdure en effet jusqu'au début du xixe siècle dans le sud de l'Espagne et du
Portugal, en Sicile et dans les Pouilles.
1943, un travail collectif sur les guerres puniques destiné à fournir une
explication raciale à l'antagonisme de Rome et de Carthage 2.
Le dernier exemple concerne l'Afrique. Parmi les Africains, les
Africains-Américains et les Antillais, des voix dénoncent la manipulation
dont les Africains seraient l'objet pour leur faire endosser une part de
responsabilité dans la traite négrière transatlantique. Certaines de ces voix
contestent même l'existence d'un esclavage interne à l'Afrique — et de ses
avatars contemporains — et dénient en outre aux Européens le droit de
l'évoquer, disqualifiés qu'ils seraient par l'ampleur de leur responsabilité
dans la traite transatlantique et l'esclavage colonial 3. S'ils s'y risquaient
malgré tout, leur parti pris supposé les disqualifierait car il ne pourrait que
conduire à leur déculpabilisation collective et, en tout cas, à une falsification
de l'histoire : en somme, à un complot contre l'Afrique. C'est ainsi que
prévaut un mode de « raisonnement sentimentalise » — pour parler comme
Achille Mbembe — où des Africains ne se présentent jamais que sous la
figure de la victime du monde (en tant que sujet victimise) et jamais en tant
que sujet à part entière de leur destin 4. D'une certaine manière, c'est à
démentir cette vision manichéenne de l'histoire, où la victimisation
immuniserait l'Afrique de toute « critique », que s'attache ce numéro.
Les textes réunis ici ont d'abord pour ambition de dresser un état des
lieux. On part du constat que l'esclave ou l'ancien esclave est un acteur
quasiment invisible dans le paysage africain contemporain, un impensé ou
un « point aveugle » de la recherche en sciences sociales. Il s'agit donc de le
rendre visible à la manière des gender studies puisque la présence dans de très
nombreuses sociétés d'importantes communautés — parfois majoritaires
dans l'espace national (c'est le cas de la Mauritanie) — formées des anciens
esclaves est une donnée fondamentale. Pourtant, la reconnaissance de
l'esclavage se heurte soit au déni officiel soit à l'occultation de la part des États, des
organisations internationales de développement, et des chercheurs.
2 Sur les débats suscités par le programme de Mayence, voir Moses I. Finley, Esclavage antique
et idéologie moderne, Paris, Les Éditions de Minuit, 1981, p. 15-21,42-43,72-82 ;YvonGarlan,
Les esclaves en Grèce ancienne, Paris, François Maspero, 1982, p. 25-26 ; Jean Christian
Dumont, Servus. Rome et l'esclavage sous la République, Rome, Ecole française de Rome, 1987,
p. 6-9. On trouvera détaillées en notes infrapaginales les références générales qui ont nourri
cette étude et de façon abrégée (ex. : Baldus 1969) les travaux concernant en totalité ou en
grande partie les avatars postcoloniaux de l'esclavage africain. Ces derniers sont réunis en
bibliographie.
3 En France, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité, le jeudi 6 avril 2000, la proposition de
loi présentée par la députée de Guyane Christiane Taubira-Delannon reconnaissant que
l'esclavage et la traite des Noirs constituent des « crimes contre l'humanité ». Ce texte appelle
à un « devoir de mémoire ».
4 Achille Mbembe, « À propos des écritures africaines de soi », Politique africaine, 77, 2000,
p. 16-43.
56 Bernard
Toutes lesLewis,
étudesRace
citéeseticiesclavage
sont données
au Proche-Orient,
en bibliographie.
Paris, Gallimard, 1993 (lre éd. 1990),
p. 8-9. Voir cependant dans le domaine des pratiques cultuelles le travail récent d'Ahmed Rahal
(La communauté noire de Tunis. Thérapie initiatique et rite de possession, Paris, L'Harmattan,
2000, 158 p.) sur le culte bilalien (stambali ou bor i en Tunisie, diwan en Algérie, derdeba au
Maroc).
9 Ces enfants de migrants, qui ne sont plus juridiquement étrangers puisqu'ils sont français,
continuent d'être marqués d'un double stigmate d'extranéité : victimes de discriminations dans
la société française, ils le sont également dans leur milieu d'origine en raison de pratiques
sociales qui consacrent la polygamie, le mariage ou le divorce sans leur consentement et qui font
obstacle à l'accès au droit commun français. C'est ainsi que des milliers de mariages forcés
déchirent des familles issues de l'immigration (d'origine turque, africaine et maghrébine).
Fatoumata Konta, élève de terminale au lycée Colbert (Paris Xe), est l'exemple médiatisé de ce
déchirement entre deux cultures.
1 ° J'emprunte la notion au monde caribéen : voir Jean-Luc Bonniol, La couleur comme maléfice.
Une illustration créole de la généalogie des blancs et des noirs, Paris, Albin Michel, 1992, p. 12.
1 ' Comment pourrait-il en être autrement alors même que dans certaines sociétés, comme le
constate au Nord-Bénin Christine Hardung (1998 : 213) pour les Peuls et leurs anciens esclaves
(gannunkeefie ) , « le mélange de leurs animaux apparaît sur le plan idéologique aussi aberrant
qu'une liaison matrimoniale » entre eux. On relève par ailleurs dans de nombreuses sociétés des
maladies qui sont directement imputées à la miscegenation.
de la part des anciens esclaves. C'est dans ce contexte qu'au Hayre (Mali) 14,
les riimaybe contestent désormais la version « officielle » de l'histoire établie
par l'élite politique (les weheebé) et qu'ils en proposent leur
réinterprétation. De même, au Niger, l'association Timidria, qui regrouperait près de
200 000 anciens esclaves des Touaregs, tient pour partiales les connaissances
produites à ce jour sur les sociétés touarègues. Timidria affirme que ceux
qu'elle appelle des « Touaregs noirs » (en opposition aux « Touaregs
blancs », généralement dits « bleus », d'ailleurs, dans l'imaginaire colonial)
ont été à l'avant-garde du combat anticolonial. C'est ainsi qu'elle regarde
comme emblématiques de la communauté touarègue noire les héros
nationaux, bien connus pour leur résistance à la colonisation, que sont Kaocen 15,
Tegama, Almoctar Kodogo et Fihroun. Du coup, la prise de parole suscitée
par l'ouverture démocratique s'avère singulièrement iconoclaste.
Au Soudan encore, deux personnalités d'origine servile, Ali Abdallatif
et Abdel Fadiyl Almaz, sont reconnues parmi les plus éminentes du
mouvement de libération nationale, l'un en tant que dirigeant politique du
Mouvement du drapeau blanc, l'autre pour en avoir été le chef militaire lors
de l'insurrection de 1924. Ahmed Bachir (197) explicite comment la
réapparition de l'esclavage, dans la zone frontalière entre les tribus Baggara du
Sud-Kordofan et leurs voisins Dinka du Bahr al-Ghazal, est l'objet d'une
triple instrumentalisation : le gouvernement islamiste utilise les milices
impliquées dans l'asservissement de sudistes ; de leur côté, les hommes
politiques du Sud-Soudan se servent du thème de l'esclavage comme moyen
d'une politique ; certaines organisations étrangères (en particulier celles qui
se réclament du christianisme évangélique militant), enfin, dénoncent à
l'échelle internationale cette question dans des termes qui évoquent
curieusement les thèmes et les méthodes de la croisade anti-esclavagiste du
cardinal Lavigerie à la fin du xixe siècle. En réalité, ici, l'esclavage est un « sous-
produit » de la guerre civile et le rachat de captifs par ces organisations
humanitaires, dans un contexte de quasi-légalisation des activités
économiques parasitaires, peut aboutir, en offrant un débouché au rapt, à un
véritable trafic de « marchandises vivantes », l'inverse du but censément
poursuivi.
La décentralisation met en évidence une autre face de l'occultation. La
notion de « bonne gouvernance » — qui, faut-il le rappeler, est une
invention de la Banque mondiale — évoque un régime politique qui respecterait
les droits civiques et les droits de l'homme tandis que la lutte contre la
15 Parce
14 De Bruijn,
que Kaocen
Mirjam était
& vannéDijk,
de père
Hanlibre
(1995).
et de mère esclave, certains Touaregs furent très
réticents à le soutenir dans son combat ou même lui refusèrent toute aide (1916-1918).
29 Le même processus existe en sens inverse, de nombreux hâratîn ayant rejoint la société
haalpulaar. Beaucoup d'entre eux se sont « dévoilés » en 1989, revendiquant leur ancienne
identité, pour échapper aux massacres qui frappaient alors les Haalpulaar' en.
30 « Ne disaient-ils pas qu'ils n'étaient pas des esclaves ? Ils sont pourtant à leur tête. Cela
voudrait-il dire qu'être esclave actuellement est une bonne chose ? Esclaves à cause de la
politique... », propos recueillis par Ousmane Kamara à Kaëdi, novembre 1999.
31 Voir Claude Fay, « La décentralisation dans un cercle (Tenenkou, Mali) », in M.-J. Jolivet,
éd., Logiques identitaires, logiques territoriales, Autrepart, 14, 2000, p. 121-142. Sur le
renforcement du communautarisme et du clientélisme au détriment du civisme et de la citoyenneté,
voir Jacky Bouju, « Clientélisme, corruption et gouvernance locale à Mopti (Mali) », ibid.,
p. 143-163.
36 Le travail de recherche sur Gole Nyambaka est effectué par Hamid Oumar Malik, in Gilbert
Taguem Fah, Question démocratique, créativité artistique et modes politiques clandestins,
Ngaoundéré,
37 Meski Brhane2000,
(1997
p. 2-4.
: 268-269).
(multigr.)
38 Ariane Deluz (1981 : 40).
39 Certes, comme l'expérimente Geneviève Bédoucha (1984 : 82) à propos des shwâshin, « il est
difficile de percer leur silence, de rejoindre les destins, discrets parce qu'individuels, de ces
hommes sans lignage, sans terre, sans eau, qui ont assumé pourtant jusqu'à peu l'essentiel des
tâches productives dans l'oasis ». Sur la manière dont « chacun, compte tenu de son
appartenance sociale et politique, élabore une histoire différente de celle des autres, à partir des mêmes
données, dans un contexte de compétition inégale entre groupes dominants et dominés », voir
le travail exemplaire de Mamadou Diawara (1990 : 17).
40 Ariane Deluz (1981 : 25-26).
41 Voir à ce sujet la synthèse proposée pour le Sahel par Claude Raynaut et Philippe Lavigne
Delville au chap. 1 1 (« L'émancipation de la force de travail »), in C. Raynaut (1997).
42 Jusqu'à preuve du contraire. Il existe en effet, comme le démontre Gilles Holder, des sociétés
lignagères où l'existence autrefois de l'esclavage « est si bien dissimulée que les observateurs
divers, ethnologues en tête, n'en ont guère pris la mesure » : cf. « Esclaves et captifs au pays
dogon. La société esclavagiste sama », L'Homme, 145, 1998, p. 76.
complexes que le jeu des obligations réciproques fixées par la loi ou par la
coutume. Lina Brock 43 montre ainsi que la société esclavagiste touarègue
était plus complexe que ce qu'en donne à penser les représentations de l'élite
et qu'en raison du paternalisme des maîtres, les statuts intermédiaires
proliféraient.
Je n'insiste pas non plus sur la manière dont nombre de sociétés
africaines se livrèrent à un véritable travail d'ajustement structurel avant la
lettre, avec l'appui ou non du pouvoir colonial : transformation de la
dépendance personnelle en asservissement contractuel (fermage, métayage),
renforcement du contrôle sur le foncier, etc. Tandis qu'à l'inverse les anciens
groupes serviles accompagnaient les mutations avec des succès divers :
autonomisation par rapport aux cadres tribaux, possession du bétail,
obtention de droits fonciers, etc. **
D'ailleurs, ici même, Urs Peter Ruf (239) analyse comment en
Mauritanie, où l'on note une adaptation et un regain remarquable du fait tribal en
relation avec le processus de décentralisation — alors même que des
éléments essentiels du système tribal domanial (le nomadisme, la violence
guerrière...) ont cessé d'opérer — , la lutte pour l'émancipation sociale et
économique en milieu rural passe par des tentatives d'accès à la terre. Dans
un système foncier qui traduit l'inscription spatiale des rapports sociaux, la
capacité des harâtîn à contrôler une partie du territoire tribal remet en cause
les relations de pouvoir au sein de la société rurale. Pour autant, les relations
esclavagistes n'ont pas disparu mais font preuve, au contraire, d'une belle
vigueur : loin de la duplication pure et simple de l'esclavage d'antan, ces
relations « modernisées » sont à l'œuvre dans maints conflits sociaux,
économiques et symboliques. Par ailleurs, les données démographiques et
l'évolution des affiliations statutaires mettent en évidence une nette
différence entre le nombre de femmes et d'hommes ayant acquis le statut de
manumis (harâtîn) : ainsi les pratiques esclavagistes persistent-elles
davantage aux dépens des femmes.
Le fait que chez les esclaves, les hommes soient de simples géniteurs et
que leur progéniture revienne au propriétaire de la mère incite celui-ci à ne
pas la libérer. Ainsi, mieux que les hommes, les femmes gardent-elles la
mémoire de leur lignée. Mamadou Diawara, enquêtant en milieu soninké,
relève que les femmes d'origine servile sont les historiennes par excellence de
leur communauté où elles jouent un rôle prépondérant dans la production,
la transmission et la diffusion des traditions orales 45.
43 Mamadou
44
45 Lina Brock
Roger BotteDiawara
(1983
(1999).
: 10,
(1990
120).: 127 sq).
47
46 Philippe
Paul RiesmanLavigne
(1974:
Delville,
119-121).
Migrations internationales, restructurations agraires et
dynamiques associatives en pays soninké et haalpulaar (1975-1990). Essai d'anthropologie du
changement social et du développement, Marseille, EHESS, 1994, thèse de doctorat, p. 77, note 34.
48 C'est Christine Hardung (1998) qui, la première, renverse la perspective de l'échelle des
valeurs. Je reprends également ici des analyses subtiles effectuées sur d'autres objets,
notamment à propos de la construction sociale de la catégorie « femmes », par Zekeria Ould Ahmed
Salem, Retour sur le politique par le bas. De quelques modes populaires d'énonciation du politique
en Mauritanie, Lyon, Université Lumière Lyon-II, Institut d'études politiques, 1996.
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50 Roger Botte (1994). En Mauritanie, faut-il voir dans la percée spectaculaire du
néofondamentalisme auprès des couches populaires les plus déshéritées, constituées de la masse des
harâtîn, les effets de leur désaffection à l'égard d'une autorité religieuse officielle au service des
maîtres ? Sur ce néofondamentalisme : Zekeria Ould Ahmed Salem, Prêcher dans le désert.
L'univers du Cheikh Sidi Yahya et l'évolution de l'islamisme mauritanien, Journée d'études Islam
et politique en Afrique, Paris, CERI, 9 juin 2000, 28 p. multigr.
51 Les bidân, litt. « les blancs ».
52 La circonspection des informateurs, lorsqu'ils ne sont pas d'origine servile, est désormais
réelle. Il s'agit, par exemple, d'« occulter les traitements anciens infligés aux captifs et aux
délinquants, parce que l'opinion publique contemporaine les juge barbares et parce que cette
barbarie jette l'infamie sur le village et l'ethnie », Harris Memel-Fotê, L'esclavage dans les
sociétés lignagères d'Afrique noire. Exemple de la Côte-d 'Ivoire précoloniale : 1700-1920, Paris,
EHESS, 1988, thèse d'État, p. 377. Cette thèse substantielle (919 p.) expose, a contrario des
idées reçues sur les sociétés lignagères, une théorie scientifique de l'esclavage dans ce type de
sociétés. Je suis redevable à ce travail de plusieurs des idées reprises ici, notamment sur
Nkrumah et à propos du rapport colonisé/colonisateur.
53 Meillassoux (1975 : 14). Hegel y voyait, avec sa constance habituelle à se fourvoyer sur
l'Afrique, la manifestation d'un « principe africain » qui fonde l'esclavage.
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p. 10.
61 Déjà, Marie-José Jolivet s'était interrogée pareillement, à propos du schœlchérisme, sur les
représentations dont le passé peut faire l'objet et sur leurs modifications au fil des temps : « La
construction d'une mémoire historique à la Martinique : du schœlchérisme au marronisme »,
Cahiers d'Études africaines, 107-108, XXVII (3-4), 1987, p. 287-309.
selon les estimations). Ces derniers, appelés « libérés par les Blancs » (velombazaha), vivent en
marge de la société : « pour qu'une abolition soit efficace, il faut que l'idée et la décision
émanent des maîtres », voir Philippe Beaujard et Jean Tsaboto (1997 : 397).
64 Ce n'est pas le lieu de discuter ici de l'évolution conceptuelle de Nkrumah et de son
renoncement in fine à l'illusion unanimiste (la négation de conflits idéologiques dans l'Afrique
précoloniale). Sur l'utilisation de l'idéologie lignagère en tant qu'idéologie de la négation des
inégalités, se reporter à Harris Memel-Fotê, L'esclavage dans les sociétés lignagère s..., p. 2Asq.,
89sq.
65 Paulin J. Hountondji, Sur la «philosophie africaine », Paris, Maspero, 1977, p. 68, 93, 101,
203. Voir également la dernière critique en date, celle du philosophe kenyan Dismas A. Masolo,
African Philosophy in Search of Identity, Bloomington, Indiana University Press/Édimbourg,
66
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de ces 1994,
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68-83. c'est l'image d'Épinal et toujours actuelle de
l'« arbre à palabre », arbre autour duquel pourtant les esclaves (tout comme les femmes, autre
catégorie dominée, et tous les « cadets sociaux ») étaient interdits de parole. Or, à Ourossogui
(Sénégal), le 25 novembre 1990, le jour même où les électeurs choisirent d'élire pour la première
fois un maire non issu du lignage des Diallo (c'est-à-dire des « nobles ») — « victoire de la
71 Par exemple aux populations victimes des guerres d'Abomey : Ketu, Sabe, Idaisa et Mahi.
Voir Elisée Soumonni, « De l'intérieur à la côte : des lacunes à combler dans l'étude de la traite
négrière au Dahomey », Cahiers des Anneaux de la Mémoire, 1999, 1, p. 207-217. Voir
également Andrzej Krasnowolski, Les Afro-Brésiliens dans les processus de changement de la Côte
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philosophie), se métamorphose ici en « authenticité » et contribue, notamment pour les
groupes dirigeants, à « asseoir idéologiquement leur domination nationale », Jean-François
Bayart, « Le politique par le bas en Afrique noire. Questions de méthode », in J.-F. Bayard,
A. Mbembe, С Toulabor, Le politique par le bas, Paris, Karthala, 1992, p. 33.
73 Harris Memel-Fotê, L'esclavage dans les sociétés lignagères..., p. 116.
affirmé de manière extravagante que « Soundjata, fondateur de l'empire du Mali, [...] combattit
sans répit le système esclavagiste ». Sur les réécritures idéologisées de Sunjata, voir Seydou
Camara, « La tradition orale en question », Cahiers ď Études africaines, 144, XXXVI (4), 1996,
p. 763-790.
78 On peut en dresser la liste à partir de la collection « Grandes figures africaines » (Paris-
Dakar-Abidjan, ABC/NEA), initiée par l'historien guinéen Ibrahima Baba Kaké, qui choisit le
thème des grands personnages car, « en Afrique, l'histoire est avant tout le récit de la vie des
héros, bâtisseurs de royaumes et d'empires ».
79 Roger Botte, « L'esclavage africain après l'abolition de 1848. Servitude et droit du sol »,
Annales, HSS, 2000, 5, p. 1009-1037.
80 Harris Memel-Fotê, L'esclavage dans les sociétés lignagères..., p. 670.
Bibliographie
8 1 Voir Rabearimanana ( 1 997) ; Randriamaro (1997); Dominique Dumont, Leçons d'un débat
avec des « ethnonationalistes » merina, Rapports interethniques et construction nationale à
Madagascar (xixe-xxe siècles), Table ronde, 4 et 5 décembre 1998, Paris, Université Paris-VII
(Laboratoire SED ET), 32 p. multigr. ; Solofo Randrianja, Ethnonationalisme et représentations
de l'histoire à travers les journaux Feon'ny Merina et Masová, 1992-1997, ibid, 39 p. multigr.
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