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C'était pendant le très bon et très beau festival « Putain de Garenne » qui avait

lieu en juillet dernier. Alors que je claironnais sur les cimes que j'étais chômeuse
et fière de l'être mais que peut-être quand même il faudrait bien que je retourne
bosser un moment donné… je fis une rencontre qui allait modifier durement,
significativement, sensiblement ma vie et changea ma manière d'envisager le
problème. Deux garçons qui semblaient n'attendre que l'occasion se sont postés
face à moi, un peu à la manière des témoins de Jéhovah, parlant concertés,
doucement, bon flic-mauvais flics, parfois même un peu cyniques. Pour porter la
belle parole. Quelle parole me demanderez-vous : non pas celle de Dieu mais
celle du Chômage !
J'ai rencontré les Marx et Engels du Chômage.

F.A : Vous vous présentez tous les deux comme les Marx et Engels Du Chômage affirmant
que, contrairement à ce qui se dit depuis presque 30 ans maintenant, nous sommes encore
dans des rapports de lutte des classes. Mais les classes ne seraient plus les mêmes. De quelles
classes s'agit-il?

Engels du CHOMAGE : Ecoutez, Marx s'excuse, il fait du raï dans sa chambre, et de toutes façons
l'envergure de sa pensée l'empêche de répondre succinctement aux questions car c'est un as des
brochures. On part du mensonge pour enfants selon quoi il n'existe plus dans nos contrées dites
développées qu'une grande classe moyenne, avec dedans des constellations de travailleur·se·s
riches, de travailleur·se·s pauvres, d'enfants et de retraité·e·s. Tous logé·e·s à la même enseigne :
celle du travail. Car les enfants sont des travailleur·se·s en puissance, et les retraité·e·s
d'ancien·ne·s travailleur·se·s mis·es à la casse.

F.A : Ah oui!!Le capital c'est travailler ensemble dans la même direction !


La classe joue un rôle dans le sentiment d'appartenance, sentiment constitutif d'un rapport
aux autres mais surtout à soi, positivement comme négativement d'ailleurs. Qu'elle soit
artistique, politique, sociologique, religieuse, l'appartenance fait qu'on se positionne avec ceux
qui nous ressemblent et contre les autres. Si on est tous dans la même classe, la classe
moyenne, on est tous pareils ? Alors ma question sera double (fallait pas me chercher..) Qui
sont ceux là dont on tente de parler dans flemme, avec qui nous agissons, artistiquement et
politiquement, souvent en dehors ou à côté des grands chemins? Et contre qui nous battons-
nous ?

EDC : Oui dans le sens où le travail est un moment du processus d'accroissement du capital. Mais
on constate en y regardant de plus près qu'il n'y en a plus pour tout le monde, du travail, et même
que le capital s'émancipe inéluctablement du travail. Il en faut moins pour faire fructifier le capital
parce qu'on l'a délocalisé d'abord et surtout parce que qu'il est de plus en plus squouizé via la
microélectronique. La mise au pas de l'ensemble de la population sous le mot d'ordre du travail n'est
plus jouable. Elle ne correspond plus au stade de développement ou d'écroulement où en est le
capital. Elle n'est plus qu'une stratégie pour nous faire marcher droit. Et nous faire consommer aussi
comme truies et gorets.

La classe joue un rôle dans le sentiment d'appartenance, sentiment constitutif d'un rapport
aux autres mais surtout à soi, positivement comme négativement d'ailleurs. Qu'elle soit
artistique, politique, sociologique, religieuse, l'appartenance fait qu'on se positionne avec ceux
qui nous ressemblent et contre les autres. Si on est tous dans la même classe, la classe
moyenne, on est tous pareils ? Alors ma question sera double (fallait pas me chercher..) Qui
sont ceux là dont on tente de parler dans flemme, avec qui nous agissons, artistiquement et
politiquement, souvent en dehors ou à côté des grands chemins? Et contre qui nous battons-
nous ?

EDC : Eh bien non nous ne sommes pas tous pareils ! Certes la plupart des gens ont besoin du
travail. Pour développer leur talent, pour se socialiser, ou parce que sinon i·elles dépriment, boivent
en regardant la télé ou simplement s'ennuient. Le travail va devenir une denrée de plus en plus rare
et il va falloir le partager entre celles et ceux-là, qui ne vivent qu'à condition de bouiner un peu,
trimarder en réunion, montrer le travail bien fait et s'en trouver récompensé·e·s via salaire et
reconnaissance. Ce sera la classe du labeur. Et puis il y a les autres, pas nombreux pour l'instant.
Celles et ceux de la classe verte.

F.A : La Classe verte. Pourquoi verte ? Un rapport avec les sorties natures crées par les
éclaireurs dans les années 50. Ou bien est-ce plutôt pour La lettre verte, payées moins chère,
moins rapide mais qui finit par arriver quand même. Ou alors c'est un clin d’œil à Soleil vert,
livre et film dans lequel on nous décrit une société qui ne doit sa survie qu'à la mort (la mise à
mort?) de ses inactifs.

EDC : c'est un peu tout ça et ça n'a rien à voir en même temps. La classe verte eh bien c'est une
classe quand même, elle n'a pas de statut supérieur, c'est juste une classe qui fonctionne autrement.
La classe verte, attention, c'est pas les vacances non plus! Parce que les vacances c'est seulement
quand on travaille, c'est un MOYEN de reprendre des forces, de consommer aussi pour alimenter le
capital par l'autre bout. Or la classe verte ne fonctionne pas dans le domaine des moyens, mais dans
celui des fins. Dans la classe verte on ne fait rien qui ne soit pas une fin en soi. Même manger.
Même faire l'amour. Même se promener. On ne lit pas pour être intelligent mais parce que lire est
un domaine de la vie. Parce qu'en lisant, en baisant, en se promenant, en dessinant, à chaque fois on
vit. Même si on marche d'un point à un autre il se passe un truc dans la marche qui fait que si cette
marche devenait éternelle ce serait très bien aussi. Et pas de reconnaissance ni de récompense au
bout.

F.A : Faut-il abolir le travail ? Si tout le monde rejoint la classe verte, existe t-elle encore ?

EDC : Il faut abolir le capitalisme, intégralement et sans retour. Et par là même on abolirait ce qu'on
appelle le travail, c'est-à-dire le travail abstrait, le travail comme un moment de la production de
valeur, le travail comme ce de quoi le capital se nourrit. Le travail comme moyen de faire des sous,
le travail aliéné si vous voulez. Bon. Mais si les gens veulent rester dans ce système qui va se casser
la gueule tantôt, ok, mais alors à condition qu'on répartisse le travail pour qu'il y en ait pour toute la
classe du labeur d'une, et d'autre part qu'on permette à la classe verte d'exister, en prélevant un
minimum sur la valeur que produit le capital. Parce que quand même la classe verte est bien utile
pour tout le monde, en ce qu'elle propose une possibilité à laquelle même les travailleurs aimeraient
bien penser à des moments. Sauf s' il·elle·s sont jaloux·ses mais c'est pas beau d'être jaloux·ses. Si
tout le monde rejoint la classe verte, donc le domaine des fins, alors le capitalisme, qui est le
domaine de l'aliénation où toute la vie est un moyen du capital, n'existera plus, de fait. Et là on
s'organiserait tout autrement. Il y aurait répartition des tâches mais ce ne serait plus du travail
abstrait. La plombier.e à ses heures pourrait jouir de sa plomberie et aurait aussi plein de temps pour
faire d'autres choses qu' il·elle aime. Et s' il·elle n'aime que sa plomberie eh bien qu' il·elle se livre
totalement à sa plomberie.

F.A : Justement, quelles sont les armes de la classe verte ? Une révolution est-elle envisagée,
messieurs ?

EDC : en ce moment on est dans un contexte où la classe verte est raillée, niée par l'idéologie du
travail et de la consommation. Le capital veut bien des retraité·e·s friqué·e·s, des rentier·e·s
content·e·s d'un côté, et des chômeur·se·s qui se sentent coupables de l'autre. Il y a une absence
totale de pensée du non-travail autrement que sous ces catégories totalement aliénées au capital. Et
la classe verte est rien moins que persécutée. Donc il faut filouter avec les micro redistributions
sous forme Rsa chômage ou autre, essayer de jouer franc jeu ou au contraire d'embobiner les
contrôleurs. Il faut surtout cesser de se sentir coupable car ils nous tiennent par là. De toutes façons
la classe verte DOIT exister. Et il faut coûte que coûte lutter pour que le moins possible de moments
de la vie ne soient des MOYENS, et le plus possible des FINS. D'un côté c'est existentiel, intérieur.
Mais c'est aussi collectif et concret : celles et ceux de la classe verte doivent se filer des coups de
mains, parler ensemble, faire des choses ensemble, échanger leurs goûts, leurs manières de faire ci
ou ça, comme on aime bien parler d'un livre qu'on a lu ou d'une ballade en vélo qu'on a faite. En
parler aux autres aussi sans jamais rougir, car on ne peut pas avoir honte de vivre bordel.

F.A : Que lisez vous en ce moment Marx et Engels du Chômage ?

EDC : Toujours André Dhôtel, un des grands écrivains classe verte. Marosa di Giorgio, de la poésie
érotique incroyable. Et puis Copain des Bois version 1991, un hit. Jean-Pierre martinet, Nuits
bleues calmes bières. Côté théorie il y a ces allemands, le groupe Krisis!, avec Anselm Jappe,
Robert Kurz, leur manifeste contre le travail. C'est pas mal jargon eux mais on aime bien. Et puis on
attend le prochain numéro de FLEMME ACTUELLE

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