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Je hais la montagne, comme je hais la mer. Mais plus que tout, j'aime les sports d'hiver.

Comment ?! vous demandez-vous interloquée. Engels du Chômage, supportère des sports d'hiver,
dans le numéro d'été de Flemme Actuelle qui plus est ? Les aléas huilés du Variateur de Luminosité
breton™ lui ont-il fait perdre la tête ?

Pas d'inquiétude, chère lectrice de Flemme Actuelle. Je suis chaque jour sorti, pendant ces
besogneuses vacances au paradis du travail, avec le ciré et l'ombrelle, comme il se doit. Et comme à
mon habitude, j'ai médité, oeuvrant avec paresse à l'approfondissement de nos confusions,
mélangeant à l'instar du Variateur™ le bon grain et l'ivraie, pour vous livrer l'immangeable pain que
voici et qui accompagnera vos indo-estivales andouilles.

Non, je ne chanterai pas les bienfaits de l'ignoble divertissement qui consiste à redescendre tout
schuss, après une interminable et mécanique remontée, des pentes artificiellement enneigées en
survêtement fluo. Je ne vanterai pas les mérites du bronzage d'altitude, des bris d'os et des plâtres,
des lobotomies à la Goprault (salut à toi, Schumi!). Par ailleurs, je n'ai jamais fait ni ne ferai jamais
de ski, à moins d'être atteint de tuberculose et d'être envoyé à Davos aux frais de Monsieur, pour
ressembler à l'un de mes héros, l'ingénieur fainéant Hans Castorp de La montagne magique.

Alors, quid du Sport d'Hiver ? Oui, sortons les majuscules et le singulier pour le distinguer du loisir
consumériste et productiviste du même nom. Le Sport d'Hiver est un moment existentiel typique de
la classe verte. Il consiste à se choisir, pour une durée qui englobe la saison hivernale, un lieu de vie
où l'on se livrera méthodiquement à ne rien faire, selon son bon plaisir.

Le choix du lieu peut être déterminé par plusieurs critères. D'abord l'occasion, qui comme on sait
fait le larron, par exemple la proposition d'un ami qui met son logement usuel à disposition le temps
d'un Sport d'Hiver dans une autre contrée, ou pour de plus nantis par exemple, la mort de mémé qui
laisse l'appartement vacant à Guingamp, ou la querelle de succession qui retarde pour un temps la
vente de la maison de famille -la sienne, ou une autre. Le portefeuille ensuite : le membre de la
classe verte, qui comme on sait fait de sa vie une œuvre et par conséquent ne peut se permettre de
travailler, n'a bien souvent pas le sou vaillant. Il choisira alors son lieu de villégiature hivernale
grace à un réglage idoine des filtres sur Le Bon Coincoin. Enfin, le goût de l'exotisme et de
l'aventure : on privilégiera pour y satisfaire les lieux absolument non spectaculaires ou
spectaculairement insignifiants, afin de ne pas être tenté par la besogne, le tourisme et autres
divertissements inféodés à l'idole Travail. Une ville bretonne oubliée de Dieu, une caravane dans la
Creuse, un château en Extrémadure feront l'affaire, et permettront au sportif d'hiver de déplier son
cerveau et déployer son génie de vaurien pour tirer toute la substantifique moëlle du territoire, du
rêve et du temps libérés.

N'hésitez plus ! Vous qui vous demandez comment mettre à profit la période communément
consacrée au labeur, soit du mois d'octobre au mois de mai, sans trahir le serment qui vous attache à
la classe verte et vous engage à vivre votre vie sans jamais, au grand jamais la louer au Capital,
pratiquez le Sport d'Hiver ! Faites honneur au trou perdu pour y déverser le luxe d'un temps libéré.
Qu'un fanzine, un roman, une toile ou rien du tout n'en sorte ! Le Sport d'Hiver sera toujours un
hymne au temps qui passe et à la jouissance de ne rien faire, rien en tout cas qui vaille autre chose
que pour lui-même.

J'attends vos récits palpitants d'aventuriers du néant.

Engels du Chômage.

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