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FIRMES PHARMACEUTIQUES
FACE AUX MÉDICAMENTS
GÉNÉRIQUES. ACCUMULATION
VS VALORISATION
DU CAPITAL-SAVOIR
Nejla YACOUB
Laboratoire de Recherche sur l’Industrie et l’Innovation
Université du Littoral Côte d’Opale — Dunkerque
Université de Tunis El Manar — FSEG Tunis
Réseau de Recherche sur l’Innovation
Yacoub_Nejla@yahoo.com
Blandine LAPERCHE
Laboratoire de Recherche sur l’Industrie et l’Innovation
Université du Littoral Côte d’Opale — Dunkerque
Réseau de Recherche sur l’Innovation
laperche@univ-littoral.fr
1. Par grandes firmes pharmaceutiques ou Big Pharma, nous entendons les laboratoires pharma-
ceutiques dont le chiffre d’affaires annuel dépasse les 3 milliards de dollars et qui recentrent leur
activité sur la R&D en vue de l’innovation.
2. Les médicaments princeps sont les médicaments de marque, appelés également médicaments
innovants ou médicaments d’origine ou encore médicaments éthiques. C’est de par leur nou-
veauté (entre autres critères) que, conformément aux dispositions des accords sur les Droits de
la Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce (ADPIC), ces médicaments sont breveta-
bles pour une période de 20 ans, au-delà de laquelle ils tombent dans le domaine public.
3. Par définition, un blockbuster est un médicament qui génère un chiffre d’affaires annuel supé-
rieur ou égal à un milliard de dollars.
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sur les enjeux de la situation présentée dans cet article, qui sont autant de
pistes de réflexion pour la poursuite de cette recherche.
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Source : Pharmactua
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Date CA (milliards
Laboratoire Médicament Pertes en CA
d’expiration de dollars)
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Nejla Yacoub, Blandine Laperche
2004 2006
États-Unis 53 63
Allemagne 41,1 46
Royaume-Uni 49,3 34
France 12 18,2
5. Ces politiques agissent au niveau de l’offre à travers l’exception de recherche (Geci, Harpin,
2006), la possibilité de dépôt d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) abrégées (Mossin-
ghoff, 1999 ; Berthet-Maillols, 2008) et l’exclusivité de 180 jours attribuée au premier généri-
queur aux Etats-Unis, comme au niveau de la demande, à travers l’autorisation de la prescription
en Dénomination Commune Internationale (DCI), le remboursement de la sécurité sociale sur
la base du générique le moins cher (LEEM, 2008a).
6. En 1971, l’Inde a aboli la brevetabilité des médicaments (auparavant instaurée par les autori-
tés coloniales britanniques) en vue de promouvoir l’industrie pharmaceutique locale des généri-
ques (Reinhard, 2001 ; Launay et al., 2004).
7. Tel est le cas de l’Hytrin, traitement contre l’hypertension, dont le prix mensuel est de 44 dol-
lars aux Etats-Unis alors qu’en Inde il est disponible à 4 dollars, soit plus que 10% moins cher
(Reinhard, 2001).
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8. Cette stratégie consiste à fixer un prix inférieur au prix de monopole pour dissuader toute
entrée potentielle.
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9. Schumpeter (1911) distingue cinq types d’innovation : “The introduction of new goods (…),
new methods of production (…), the opening of new markets (…), the conquest of new sources of
supply (…) and the carrying out of a new organization of any industry”.
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Schéma 1 – Le capital-savoir
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Stratégies des grandes firmes pharmaceutiques…
en valeur leur capital-savoir existant. Les deux stratégies ont pour but de main-
tenir et renforcer les barrières à l’entrée affaiblies par l’expiration des brevets.
En suivant la théorie économique, on peut penser que les stratégies d’accu-
mulation seront les stratégies privilégiées par les firmes pharmaceutiques pour
renforcer de manière déterminante leurs barrières à l’entrée. C’est ce que nous
cherchons à vérifier, en étudiant d’abord les stratégies d’accumulation puis cel-
les de valorisation du capital-savoir des grandes firmes pharmaceutiques.
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Nejla Yacoub, Blandine Laperche
10. Devancées seulement par l’industrie automobile, les dépenses de R&D pharmaceutique ont
notablement crû sur les vingt dernières années passant de 10 milliards de dollars en 1992 à envi-
ron 66 milliards de dollars en 2008 (PhRMA, 2009).
11. Selon Arthur Levinson (PDG de Genentech la plus grande entreprise de biotechnologies)
lors d’une interview avec Financial Times, 6 avril 2001, p. 14.
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Stratégies des grandes firmes pharmaceutiques…
des effets secondaires des médicaments, les tests cliniques sont élargis à une
plus grande échelle, passant d’une population de [1 000 ; 2 000] à une popu-
lation de [5 000 ; 10 000]. En outre, les exigences en termes de sécurité et de
qualité du matériel utilisé dans les essais pour affiner, faciliter et accélérer le
processus de développement du médicament, alourdissent davantage les
dépenses de R&D des grandes firmes pharmaceutiques.
Aujourd’hui, la stratégie des firmes est davantage axée sur la rationalisa-
tion des efforts de R&D. Celle-ci se traduit, comme nous l’expliquons ci-des-
sous, par la réduction/recentrage et la réorganisation de la R&D interne et
par la montée en puissance de la R&D collaborative. La crise économique
récente engendre en effet un mouvement généralisé (tous secteurs confon-
dus) de réduction des effectifs 12, notamment ceux employés dans la R&D.
Ce mouvement s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de réduction des dépen-
ses de R&D et s’impose avec une plus grande acuité aux grandes firmes phar-
maceutiques également confrontées aux réductions du chiffre d’affaires liées
au terme de la période de validité de leurs brevets. Ainsi, alors que Wyeth a
supprimé 600 emplois de R&D en 2008, Pfizer et Sanofi-Aventis ont aban-
donné respectivement 3 000 et 1 300 postes de R&D dans le monde au cours
de 2009. Pour anticiper l’expiration en 2011 des brevets de ses deux médica-
ments les plus rentables (Zyprexa et Byetta 13), Eli Lilly se fixe l’objectif de
réduire sa structure de coût d’un milliard de dollars dans deux ans, via la sup-
pression de 5 500 emplois dans le monde, ramenant son effectif de 40 600 à
35 100 (Pharmactua).
Les suppressions d’emplois vont de pair avec la fermeture de nombreux
sites de production et surtout de sites de R&D. Ainsi, afin d’anticiper l’expi-
ration du brevet sur le Lipitor, Pfizer ferme le tiers de ses 20 sites de R&D
dans le monde en vue de ramener ses dépenses de R&D de 7,5 à environ
3,5 milliards de dollars sur les deux prochaines années. Il en est de même
pour Sanofi-Aventis qui ferme 27 sites de R&D dans le monde en vue d’anti-
ciper l’expiration du brevet du Plavix (Pharmactua).
Parallèlement, certains des sites de R&D fermés sont délocalisés dans des
pays émergents, en quête de facteurs de production moins chers. Ces déloca-
lisations visent dans leur majorité des pays hôtes asiatiques, tels que l’Inde,
qui a accueilli en 2009 de nombreuses filiales de R&D de Sanofi-Aventis, de
12. Les ressources humaines sont la composante principale du capital-savoir, dans la mesure où
elles incorporent, acquièrent, accumulent et enrichissent le savoir-faire, les connaissances et les
informations au sein d’une entreprise. Dans les premières grandes firmes pharmaceutiques mon-
diales les ressources humaines sont estimées à une moyenne de 75.000 salariés répartis dans le
monde, dont environ 15% dans la R&D.
13. Le Zyprexa (traitement de a schizophrénie) et le Byetta (antidiabétique) génèrent des chiffres
d’affaires annuels respectifs de 4,2 milliards de dollars et 0,678 milliard de dollars.
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de dynamiser leurs projets de R&D stagnants et/ou peu rentables. Cette stra-
tégie répond à l’enjeu majeur de combler le pipeline gap ou l’innovation gap
(Estrin, 2008) des grands laboratoires pharmaceutiques qui expriment une
difficulté à produire de nouvelles molécules équivalentes (en termes de ren-
tabilité) à celles tombées dans le domaine public.
En 2008, 64 accords de coopération portant sur les biotechnologies ont
été recensés, contre 48 en 2007 14. Ces accords portent de manière prioritaire sur
la R&D, soit 83 % du total des 64 accords. Ils sont de plus transatlantiques,
signés entre les laboratoires biopharmaceutiques américains et entreprises
biotechnologiques européennes. Dans ce cadre, Clavis Pharma (laboratoire
pharmaceutique norvégien) a signé en novembre 2009, un accord de parte-
nariat d’un montant de 380 millions de dollars avec la société américaine
Clovis Oncology en vertu duquel cette dernière se charge du développement
et de la commercialisation d’un traitement expérimental contre le cancer du
pancréas (Pharmacuta).
Le rapprochement croissant entre les grandes firmes pharmaceutiques et
les entreprises de biotechnologies est un jeu à somme positive. D’un côté, de
par leur petite taille et leur flexibilité, les start-up de biotechnologies sont
plus réactives vis-à-vis de la mouvance du marché pharmaceutique mondial
que les grands laboratoires pharmaceutiques caractérisés par une structure plus
hiérarchisée. D’un autre côté, les petites entreprises de biotechnologies ne
disposent pas des ressources financières nécessaires pour étendre leur activité
productive et commerciale à une grande échelle. Le rapprochement entre
ces deux catégories d’acteurs permet de combiner les forces de chaque parte-
naire et d’en combler les faiblesses.
Un autre aspect des mouvements de l’industrie pharmaceutique est celui
de la multiplication des coopérations avec des organismes de recherche,
publics ou privés, universitaires ou de formation. Ces coopérations qui por-
tent sur des contrats de recherche permettent le rapprochement entre la for-
mation (théorique) et l’industrie (pratique/appliquée). D’une part, les entités
de recherche accèdent à des technologies de pointe assez diversifiées (coopé-
rant avec différentes entreprises pharmaceutiques) et à des subventions de
leurs projets de recherche. D’autre part, les laboratoires pharmaceutiques
bénéficient des connaissances et des idées innovantes, jusque-là théoriques
de professeurs, doctorants, post-doctorants, lesquelles seront raffinées, appli-
quées et expérimentées au sein des laboratoires pharmaceutiques en vue de
les concrétiser. Dans ce cadre, ERYtech Pharma, une entreprise de biotech-
nologie française a signé un contrat de coopération de recherche avec
14. Selon Le Monde « Regain des Accords entre Laboratoires et Sociétés de Biotechnologies »,
le 4 mars 2009.
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15. Bien que leur principe soit le même, les bio-similaires se distinguent des génériques. Un
médicament bio-similaire est une préparation qui succède à un bio-médicament dont le procédé
de fabrication n’est plus protégé. La reproduction exacte d’un bio-médicament étant technique-
ment impossible, les bio-similaires sont similaires aux médicaments de référence sans toutefois
leur être identiques (LEEM, 2008b).
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ques et de génériqueurs puissants tels que Teva. Étant donné que ce sont les
premiers entrants sur le marché qui pourront s’y imposer, on assistera à une
course aux bio-similaires.
En revanche, les coûts élevés de développement comme de production
des bio-médicaments et des bio-similaires constituent le principal frein à
leur diffusion à une grande échelle. Ceci justifie les coopérations quasi géné-
ralisées en matière de recherches en biopharmaceutiques. Mais les résultats
(innovations majeures) ne pourront être enregistrés que sur le long terme.
Les grandes firmes pharmaceutiques s’engagent aussi dans la mise au point de
traitements de maladies rares et/ou nouvelles non explorées. L’investissement
dans ces traitements indique un ciblage sur les marchés lucratifs des maladies
rares, où les traitements sont particulièrement onéreux et bénéficient d’une
exclusivité commerciale de dix ans (7 ans aux Etats-Unis). C’est dans ce sens
que Pfizer renforce actuellement ses recherches dans ce domaine via l’acqui-
sition en novembre 2009, auprès de Protalix Biotherapeutics (une société de
biotechnologies israélienne), d’un traitement expérimental de la maladie de
Gaucher. De même, le groupe GSK développe un traitement expérimental
pour la dystrophie musculaire de Duchenne 16. Là encore, ces objectifs straté-
giques ne pourront pas donner de résultats à court terme.
Or, à l’heure actuelle, l’industrie pharmaceutique est face à des enjeux
multidimensionnels, voire paradoxaux. La percée de la concurrence des géné-
riques et la nécessité de rationaliser les dépenses de santé d’une part, et la
contrainte de rentabiliser les investissements pharmaceutiques de l’autre,
posent l’impératif d’optimiser les dépenses de R&D. La recherche de renta-
bilité est stimulée par le contexte concurrentiel (expiration des brevets),
mais aussi par la financiarisation des entreprises pharmaceutiques 17. En con-
séquence, le modèle des blockbusters est remis en cause autant par des facteurs
exogènes que par des facteurs endogènes aux laboratoires pharmaceutiques
(Boidin, Lesaffre, 2009). Même si l’innovation majeure destinée à dévelop-
per de nouveaux blockbusters est toujours présente, l’accent est mis sur
l’innovation mineure.
16. La maladie de Gaucher est une affection génétique de transmission autosomique qui touche
moins de 10 000 personnes dans le monde entier. La dystrophie musculaire de Duchenne est une
maladie grave qui implique une dégénération des fibres musculaires et qui touche à la naissance
1 sur 3500 garçons par an.
17. Grâce à la « gloire » (Angelmar, 2006) de l’innovation pharmaceutique dans les années 1990,
avec 40 nouvelles molécules en moyenne par an, le secteur est devenu très attractifs pour les
investisseurs en bourse en quête de profits à court terme ; les cours ont explosé, encourageant
davantage le processus de financiarisation. Ce processus traduit la subordination continue à la
volatilité des marchés financiers mondiaux (Montalban, 2009 ; Serfati, 2008). Le comportement
managérial des Big Pharma, leur performance, leur compétitivité et leur culture même devien-
nent subordonnés aux intérêts des actionnaires (Gleadle, Haslam, 2010).
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Étant rentable sur le court terme, plus certaine et moins coûteuse, l’inno-
vation mineure est ainsi la stratégie privilégiée par les grands groupes pharma-
ceutiques. De plus, les gains cumulatifs en termes d’efficience des innovations
mineures permanentes peuvent être plus importants que ceux des innova-
tions majeures occasionnelles (Tidd et al., 2001). Dans ce sens, l’adaptation
des princeps expirés à l’usage pédiatrique permet par exemple de bénéficier
d’une période de 6 mois supplémentaires d’exclusivité sur la nouvelle version
du médicament original. En 2002, Schering-Plough a pu bloquer l’entrée des
génériques du Claritin et réaliser des ventes de 975 millions de dollars aux
États-Unis (Combe, Haug, 2006). L’avantage d’exclusivité a pour objectif
d’encourager la recherche pédiatrique. Étant donné que les enfants consti-
tuent une population particulièrement sensible, d’autres effets indésirables
(non significatifs chez les adultes) doivent être soigneusement étudiés.
L’extension vers le marché pédiatrique constitue donc, à la fois, une innova-
tion mineure de produit (modification des dosages, de la forme galénique,
etc.) et une innovation de marché.
Tout changement des caractéristiques externes du médicament (la forme
galénique, la voie d’administration), une modification des dosages, une amé-
lioration de ses effets thérapeutiques ou une combinaison avec d’autres molé-
cules sont autant des manipulations qui donnent naissance des médicaments
appelés de « seconde génération » (par rapport au princeps de base) et per-
mettent aux laboratoires de contourner la concurrence des génériques. Ce
sont donc des innovations mineures dont l’impact devrait être, positif pour
le consommateur comme pour le producteur (Mckeown, 2008).
L’exemple le plus célèbre demeure celui d’Astra-Zeneca qui, quatre ans
avant l’expiration du brevet de son blockbuster, le Mopral, en 2004, a lancé
un médicament de seconde génération, l’Inexium, dont le chiffre d’affaires
s’élevant à 5 milliards de dollars en 2008, a permis au laboratoire de compen-
ser le repli de ses ventes du Mopral. En dépit de leur apport thérapeutique
approuvé par les autorités d’octroi d’AMM, la valeur ajoutée (en termes de
recherche) de ces médicaments demeure restreinte et répond plus à des enjeux
concurrentiels. Ceci dénote de la prééminence des objectifs de valorisation
du capital-savoir dans les orientations des grandes firmes pharmaceutiques.
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18. Suite à cette falsification, Astra-Zeneca a été poursuivi par les autorités européennes pour
abus de pouvoir et a été condamné en Juin 2005, à une amende de 60 millions d’euros par la
Commission Européenne (Berthet-Maillols, 2008).
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19. Claude Allary est le cofondateur de Bionest Partners qui est un bureau spécialiste du conseil
financier, stratégique et managérial pour les entreprises en sciences de la vie. Il est le co-auteur
d'une étude qui anticipe de quelques mois la fusion Sanofi-Aventis : « Aventis-Sanofi-Synthélabo.
Un mariage de raison - Simulation d'une fusion », Etude Exane / Bionest Partners, septembre 2003.
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
A l’heure actuelle, se posent à l’industrie pharmaceutique des contraintes de
triple dimension : i) un accroissement de la concurrence exercée par les
génériques et les pertes notables qui en découlent en termes de chiffres
d’affaires, ii) une augmentation des coûts de la R&D nécessitant sa rationa-
lisation et iii) un processus de financiarisation impulsé par des actionnaires
davantage exigeants au regard des profits. Pour faire face à ces contraintes,
les grandes firmes pharmaceutiques mettent de plus en plus l’accent sur la
valorisation de leur capital-savoir existant, et en même temps concentrent
leurs stratégies d’accumulation du capital-savoir sur l’innovation mineure.
Certes, la valorisation du capital-savoir existant et l’innovation mineure
sont des stratégies efficaces pour contourner la concurrence des génériques
et pour répondre à des objectifs de rentabilité à court terme. Mais, à long
terme, et en l’absence d’une accumulation du capital-savoir axée sur l’inno-
vation majeure, l’accent mis sur les stratégies de court terme peut nuire à la
compétitivité jusqu’à même se révéler autodestructif (March, 1991).
Pour forger une avance technologique et maintenir une force concurren-
tielle, il est donc impératif pour les Big Pharma de penser au renouveau des
stratégies d’accumulation du capital-savoir en vue de l’innovation majeure. En
effet, c’est autour de ce type d’innovation que se forgent des avantages com-
pétitifs durables. Le paradigme de la pharmacie chimique étant arrivé à une
phase de maturité/déclin, l’innovation majeure dans le domaine pharmaceuti-
que se concentre sur les biotechnologies. Les grandes firmes pharmaceutiques
entament et renforcent leurs recherches dans ce domaine principalement via
la recherche collaborative inter laboratoires pharmaceutiques, avec les labo-
ratoires de recherche mais surtout avec des entreprises innovantes de bio-
technologies.
La recherche collaborative et en particulier le rapprochement avec des
entreprises de biotechnologies permettent aux grandes firmes pharmaceuti-
ques d’enrichir leur capital-savoir, de minimiser les coûts et les risques inhé-
rents à la recherche et d’accroître leur flexibilité vis-à-vis des mutations du
marché. Mais, ces stratégies de recherche collaborative sont-elles (efficace-
ment) intégrées dans l’organisation des grandes firmes pharmaceutiques ?
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