ETIOPATHOGENIES DES ETATS DEPRESSIFS

A - APPROCHE BIOLOGIQUE

La plupart des théories biochimiques actuelles s'appuient sur la découverte des modifications
du SNC induites par les antidépresseurs.

1 - Caractéristiques biochimiques des états dépressifs:

a/ théorie mono-aminergique:

Les mono-amines représentent 1% des neurotransmetteurs du SNC.

Tous les ADP, quel que soit leur mécanismes d'action, activent les récepteurs:
- adrénergiques
- sérotoninergiques
- dopaminergiques
Ils corrigeraient ainsi une anomalie biologique caractéristique de la dépression.

 théorie quantitative:
L'une des 1ères hypothèses avancées a été celle d'un déficit absolu ou relatif en MA.
En effet:
- les ADP tricycliques et ISRS par inhibition de la recapture de la NA et de la sérotonine,
- et les IMAO, par inhibition de la dégradation des 3 MA
entraînent une augmentation des neurotransmetteurs au niveau de la fente synaptique.

 théorie membranaire des mono-amines:

Cette théorie rend compte du délai d'action des ADP.
Il est démontré que tous les ADP (y compris la sismothérapie mais plus rapidement)
entraînent une désensibilisation des récepteurs post-synaptiques( nbre) B-adrénergiques et
sérotoninergiques vers le 10e jour, date du début de l'effet clinique.
La dépression serait donc due à un déficit en noradrénaline et sérotonine secondaire à une
hypersensibilité ( nbre) B-adrénergiques qui freinerait par feed-back la synthèse et la libération
présynaptiques des MA.
Cette théorie du dysfonctionnement de la sensibilité des récepteurs aurait une détermination
génétique.

b/ autres hypothèses:

Elles sont en cours d'exploration.

On incrimine les systèmes:
 endorphiniques: en raison de l'effet analgésique des ADP.
 histaminiques: en raison de l'effet H1-bloquant des ADP
 gabaergiques: l'activation su système GABAergique désensibilise les récepteurs
B-adrénergiques.
 cholinergiques: en raison de la propriété anticholinergiques des tricycliniques.

2 - les explorations neuro-endocriniennes:

Les principales investigations ont concerné:

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  l'axe HT-HP-surrénalien
Dans plus de la moitié des dépressions endogènes, on observe:
- augmentation du cortisol plasmatique
- altération du rythme circadien du cortisol et de l'ACTH
- absence de freinage de la cortisolémie après administration de la déxaméthasone.
 l'axe HT-HP-thyroïdien
- altération des rythmes circadiens de TSH, T3 et T4
 l'axe HT-somatotrope
- altération des rythmes circadiens de l'hormone de croissance GH
- diminution de la sensibilité à certains tests de stimulation (insuline, amphétamines, clonidine).
 des anomalies de la prolactine restent contestés.

3 - les explorations neurophysiologiques:

Les enregistrements polygraphiques du sommeil ont montré une diminution de la période de
latence du SP. Cette anomalie serait associée à une disparition du rythme circadien de la température
corporelle.

B - APPROCHE PSYCHANALYTIQUE

La théorie analytique des états dépressifs est dominée par les travaux de Freud et
d'Abraham.
 Dans son ouvrage "Deuil et mélancolie" (1917) Freud individualise 3 étapes pour la
détermination de l'accès mélancolique:
- l'étape initiale est représentée par l'existence d'une ambivalence ancienne pour l'objet d'amour.
- l'étape suivante est représentée par la perte de cet objet d'amour narcissiquement indispensable au
sujet. L'abandon actuel réactive les situations d'abandon et de carences anciennes et libère
l'agressivité contre l'objet d'amour perdu.
- La dernière étape concerne le destin de cette libido et du sentiment agressif. L'objet n'étant plus
présent, la haine va se retourner contre le moi du sujet.
L'auto-accusation, la perte de l'estime de soi relèvent de ce mécanisme (clivage). Cette haine peut
aller jusqu'au désir de mort.
 L'apport le plus original d'Abraham concerne la notion de dépression "primaire". La
répétition des épisodes dépressifs chez un même sujet correspondrait à une compulsion de répétition
qui fait suite à une blessure narcissique infantile.

C - APPROCHE COGNITIVE

Les approches cognitives des troubles de l'humeur font toujours référence aux théories de
l'attribution qui ont été élaborés par SELIGMAN.

1 - Les théories de l'attribution:

Ces théories définissent le fonctionnement cognitif d'un individu en fonction des qualités
attributives qu'il confère aux événements.
Seligman définit "un style cognitif" des déprimés qui serait caractérisé par la prédominance de:
- l'internalité (la dépression est attribuée par le sujet à des causes internes : c'est de son fait à
lui, l'environnement a peu de responsabilité).
- La stabilité (les conditions qui ont déterminé l'état dépressif ne changent pas)
- La non-intentionnalité (quoi qu'il fasse, le déprimé pense ne pas pouvoir échapper à son
état)

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 A ces dimensions, Seligman ajoute celle de la globalité (globalement, les expériences sont
négatives).

2 - La théorie cognitive de la dépression de BECK

D'après la théorie de Beck (1974), un certain nombre de distorsions cognitives façonnées
précocement dans la vie du patient caractérisent la pensée du déprimé.
Ces distorsions cognitives sont des pensées dépressogènes stables et inconscientes, qui une
fois activées par des événements électifs, colorent l'ensemble du vécu du patient dans un sens négatif.
Ce schéma concerne surtout les dépressions dites exogènes qui seraient déclenchées par la
perte d'un objet important (mort d'un être cher, rupture sentimentale, perte de travail,…).
Par la suite, les structures cognitives négatives du patient l'orientent vers une attribution
interne de la cause de la perte (culpabilité). La tendance à la globalisation l'amène à exagérer
l'importance de cette perte dans sa vie. Après une certaine période d'évolution, il pense qu'il ne faut
rien faire pour améliorer son état (stabilité).

D - APPROCHE SOCIO-ENVIRONNEMENTALE

Cette théorie renvoie au concept de réaction.

Tout événement "life event", toute modification des rapports du sujet avec son environnement
(affectif, matériel) est suivi d'effets psychologiques et peut aboutir soit à une bonne adaptation, soit à
une mauvaise adaptation (souffrance).
En pratique, il est difficile d'incriminer tel ou tel événement dans la survenue d'un état
dépressif. Cependant, les études épidémiologiques ont montré qu'il existait une relation positive entre
l'intensité de la dépression et l'accumulation d'événements pénibles au cours de l'année précédentes.
Il apparaît que c'est davantage la répétition des événements pénibles qui est déterminante
plutôt que leur nature.
Les facteurs prédisposants dans les états dépressifs sont:
- absence de soutien social ou affectif de bonne qualité;
- NSE faible;
- Certains traits de caractère : faible estime de soi, intolérance à la frustration, labilité
émotionnelle, dépendance affective excessive

E - APPROCHE PHENOMENOLOGIQUE

Cette approche est dominée par les travaux de Minkowski ( ) et de Stauss ( ).

L'état dépressif correspondrait à une modification de la structure temporelle de la vie
psychique dans le sens où chez le sujet déprimé, il y a ralentissement voire suspension temporelle,
contrairement au maniaque chez qui cette fonction est accélérée.